Réplique du Gouvernement de la République du Honduras

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6609
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COUR INTERNATIONALDEJUSTICE

AFFAIRERELATIVEAU DIFFERENDFRONTALIER TERRESTRE
INSULAIRE ETMARITIME
(EL SALVADO-HONDURAS)

REPLIQUE
DU GOUVERNEMENTDE LA

REPUBLIQUEDU HONDURAS

VOLUME 1

12 JANVIER 1990 TABLE DES MATIERES

(VOLUME 1)

INTRODUCTIONGENERALE ....................................... 1

CHAPITRE 1 OBJET DU DIFFEREND ET OBJET DE LA DEMANDE .... 2

A. Objet du différend ........................... 2
B. Objet de la demande adressée à la Cour ....... 2

1. Introduction ............................ 2
2. La frontière terrestre .................. 3

3. Les iles ................................ 3
4. Les espaces maritimes ................... 4

C. Conclusions ............... i.................. 6

CHAPITRE II LE DROIT APPLICABLE A LA SOLUTION DU
DIFFEREND .................................... 7

Section 1 Introduction ................................. 7
A. Les divergences entre les Parties sur
le droit applicable .......................... 7

1. La position d'El Salvador ............... 8
a) Généralités ........................ 8

b) par El Salvadors .................... 12

c) Liens artificielsentre les
différents tracéssoutenus par
El Salvador ........................ 18
2. La position du Honduras ................. 20

B. Conclusions sur le droitapplicable .......... 22 (ii)

Section II L'uti possidetis juris, la sentence du
23 janvier 1933 et la jurisprudence
internationale ............................... 24
Introduction ................................. 24

Remarques sur l'autoritéde la chose jugée ... 32

Conclusions .................................. 36

CHAPITRE III LES MOYENS DEDPREWEUT1......................... 43

Section 1 Introduction ................................. 43

Section II Limites des terrains, limitesdes anciennes
provinces, aux fins de l'applicationde l'uti
possidetis juris de 1821 ..................... 47
La position d'ElSalvador: la limite des
terrains ..................................... 47

1. Introduction ............................ 47

2. La position d'ElSalvador se fonde
droit espagnoldes Indesont................ 47

a) Les postulatsde la position
d'El Salvador ...................... 47

b) Les postulats dela position d'El
Salvador sont dépourvus de fondement
dans le droitespagnol des Indes ... 50
3. La conséquencequ'El Salvador prétend
tirer aux fins de l'applicationde l'uti
possidetis iuris implique une.déformation
du principe ............................. 59

a) La thèse d'El Salvador: priseen
terrains et exclusion des limites
des anciennes provinces ............ 59 b) ~a thèse d'El Salvador implique
une déformationde l'uti possidetis
iuriç .............................. 61

i) par référence auxanciennesre
limites administratives ....... 61

ii) La jurisprudence internationale
consacre la détermination
des anciennes limites
administrativespour
l'applicationdu principe ..... 65
iii) En particulier,la sentence
arbitrale du 23 janvier 1933
se réfère aux limites adminis-
tratives des anciennes
provinces ................ ;.... 68

4. La position d'ElSalvador sur lalimite
des terrainsest incohérenteet ne
prétentionsdans les zones en litige de
Tepangüisir,Naguaterique,Dolores et
Goascoran ............................... 74

a) L'incohérence dans letemps de la
position d'El Salvador ............. 74

b) Les prétentions territoriales d'El
Tepangüisir,Naguaterique,Dolores
et Goascoran s'appuientsur la
limite des terrains ................ 77

B. La position duHonduras: la limite des
provinces .................................... 82

Section III La force probante des titres des terrains
Couronne"et.................................... 84

A. La force probantedes titres des terrains .
communaux .................................... 84

1. La position d'ElSalvador ............... 84 2. La position du Honduras .................
B. La question des "terres de la Couronne" ......

PREMIERE
PARTIE LE DIFFEREND FRONTALIER TERRESTRE ............

CHAPITRE IV LE SECTEUR DE LA FROh'TIERE TERRESTRE ENTRE
LE POINT APPELE EL TRIFINIO. SOMMET DU CERRO
MONTECRISTO, ET LE SOMMET DU CERRO EL ZAPOTAL
(TEPANG~ISIR) ................................
Section 1 Introduction .................................

.Section II Les divergences des Parties sur la
délimitation .................................

A. Les divergences des Parties sur le tracéde
la ligne frontière ...........................
1. Le tracé de la ligne frontière dans le
secteur selon El Salvador ...............

a) Le tracé salvadorienet la non-
avec le "libellé"de l'arpentagele
des 20 et 21 mars 1776 par le juge
des terres du district de
Chalatenango ....................... 102

b) imprécis et dénué de tout fondement
lorsqu'il invoque les "tierras
realengas"pour revendiquer la
portion de territoire non couverte
par le "titulo ejidal" de 1776 en
applicationde l'uti possidetis
juris de 1821 .....................
2. Le tracé de la ligne frontière dans le
secteur selon le Honduras ............... 105

3. Conclusions ............................. 107 B. Les divergences des Partiessur le fondement
juridiquede la délimitation ................. IO9

1. L'applicationde l'uti possidetisjuris
par El Salvador:pluralité de tracé,
pluralité de fondement .................. 111
a) Le titre de 1776 ne couvre pas la
totalitéde la ligne frontière
contrairement à l'assertiond'El
Salvador ........................... 111 .

b) La prétentiond'El Salvador
sur les "tierras ejidales"du titre
fondement juridiqueu................ 114

c) La prétention d'El Salvador
sur les "tierrasrealengas" à
l'ouest du titre de 1776 est
djuridiquee.......................... 122

d) Le recoursaux effectivitésdans
ce secteur de la frontière
terrestrepar El Salvador est
dépourvude tout fondement
juridique .......................... 123
2. La position du Honduras:l'uti possidetis
juriç comme unique fondement ............ 124

Section III Le tracé de la ligne frontière dans le
secteur en applicationde l'uti possidetis
juris de 1821 ................................ 126
A. Le tracé salvadorien selonle titre de
Citala de 1776 ............................... 126

1. Insuffisancedu titrede Citala de 1776
pour déterminer la totalitéde la
frontière terrestre ..................... 127
2. El Salvador propose une interprétation
erronée des limites des terres selonle
titre de 1776 ........................... 128 a) Première sous-section:du Cerro El
Zapotal à Piedra Menuda: l'accord
des Parties sur la limitedu titre
de 1776 ............................ 129
b) Deuxième sous-section: dePiedra
Menuda au Mojon de Talquezalaren
El Pomola: l'actuel tracé
salvadoriensur la basedu titre
de 1776 est erroné, et à tort,
ne prend pas en considérationle
chevauchementdu titre de Citala
et du titre d'ocotepequede 1818 ... 130

i) La non concordancede la
prétention salvadorienneet
des limites du titre de 1776 .. 130
ii) Le "titulo ejidal" d'ocotepeque
de 1818-1820 .................. 132

c) Troisième sous-section: du MojOn
de Pomola en El Talquezalar à la
Junta de la Quebrada de Taquilapa,
des divergences fondamentales
entre les Parties .................. 142

B. provinces selonles documents antérieursennàs
1821 ......................................... 145

1. Du Cerro de Montecristo à la Junta de
la Quebrada de Taquilapa, le tracé
hondurien est justifié par les "tierras
realengas" dépendantde la juridiction
de la province de Gracias a Dios ........ 147

2. De la Junta de la Quebrada de Taquilapa
au Cerro El Zapotal en passant par Las
Lempa et la rivière Jupula, le tracée
hondurien est justifié par le titre des
"tierras ejidales" de Citala de 1776 .... 151

C. Conclusions .................................. 153Section IV Les données postérieures à 1821 en relation
avec les limites établies en applicationde
l'uti possidetis juris ....................... 154
A. Les titres des terres émis par la République
du Honduras .................................. 158

1. Sur les "tierras realengas" à l'Ouest des
"tierras ejidales"du titre de 1776 ..... 158

a) Le titre des terres de Montecristo
ou Penascal de 1886 ................ 158
b) Le titre des terres de Malcotal de
1882 ............................... 161

c) Le titre des terres de Tontolar de
1845 ............................... 163

d) Pomola de 1824e..................... 164

2. Sur les "tierras ejida1es"du titrede
1776 .................................... 165

B. Le comportementdiplomatique des Parties
provinces d.................................... 171

1. Les négociationsde La Hermita de 1881 .. 173

2. Les négociationsdes limites de 1884 et
la Convention non ratifiée du 10 avril
1884 .................................... 177

3. 1934nàg1936t............................. 182

a) Les points d'accord entre les
Parties ............................ 183

b) Les divergencesentre les Parties .. 189
4. Les négociationsde 1972 ................ 191

5. Les négociationsdu Traité Généralde
Paix (1980-1985) ........................ 193 (viii)

C. Les descriptions des auteursou autorités
hondurienneset salvadoriennesdu tracé de la
ligne frontière à la fin du XIXe siècle ...... 200

CHAPITRE V LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE ENTRE LE
ROCHER DE CAYAGUANCA ET LA CONFLUENCE DU
RUISSEAU DO CHIQUITA OU OSCLTRAAVEC LA RIVIERE
STJMPUL(MONTAGNE DE CAYAGUANCA) .............. 203

Section 1 Les divergencesentre les Parties sur
l'interprétationdu titre de 1742 ............ 204
A. Les divergences à caractère géographique ..... 204

B. Les divergencesgéographiqueset titre
juridique .................................... 207

Section II Les divergencesentre les Parties sur la
titre de 1742ré................................ 213

Section III Les divergences entre les Parties sur les
principes juridiquesapplicables à la
délimitation terrestredu secteurde la
montagne de Cayaguanca ....................... 221
A. La position d'El Salvador: primauté des
effectivités ................................. 221

B. La position du Honduras:primauté du
titre colonial ............................ ;.. 228

Section IV Les autres titres et actes postérieurs à
possidetis juris en faveur du Honduras ....... 238

A. Les titres de terres républicains ............ 239

B. Les documents de la pratique interne
hondurienne .................................. 244

C. et El Salvadorpl............................... 246

D. La cartographiedu secteur ................... 250Section V Conclusions .................................. 252
A. sur l'uti possidetisiuris de 1821 ........... 252

B. Sur les actes de confirmation oula
ratificationde l'uti possidetis juris
de 1821 ...................................... 254

CHAPITRE VI LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE ENTRE
LA BORNE DE PACACIO ET LA BORNE DITE WZA
DEL WON (SAZALAPA-LAVIRTUD) ............... 257

Section 1 Introduction ................................. 257
Les divergencesdes Parties sur la
Section II délimitation ................................. 262

Les divergencesdes Parties sur le tracé
de la ligne frontière ........................ 262

1. le secteur selon El Salvadorre............ 263

a) Le tracé salvadorien constitue
un maximum de prétentions
territoriales depuis 1889 .......... 264

b) pluralité de tracéss ................ 266

c) Contradictionsentre les différents
tracés de la ligne frontière
selon El Salvador .................. 269

2. secteur selon le Hondurasti............... 271

3. Conclusions ............................. 276

Les divergencesdes Parties sur le fondement
juridiquede la délimitation ................. 276
1. L'applicationde l'uti possidetis juris
par El Salvador ......................... 277 a) couvre pas la totalité de la ligne
frontière,contrairement auxtitres
produits par le Honduras ........... 278

b) Le titre d'Arcatao de 1724 ne
possède pas de force probante
supérieure à celle des titres
honduriens ......................... 281
2. El Salvador invoqueen méme temps les
"effectivités" ........................ ;. 284

Section III Le tracé de la ligne frontièredans le
secteur en application de l'uti possidetis
juris de 1821 ................................ 287
A. Le tracé salvadorien selon le titre des
terres dlArcatao ............................. 287

1. Insuffisancedu titre dqArcatao pour
déterminer la totalitéde la ligne
frontière ............................... 288

2. El Salvador propose une interprétation
dlArcatao,selon le titre de 1724 i...... 290

a) Premier secteur:l'arpentage
de 1723 ne dépasse pas la ligne
de la rivière Sazalapa ............. 292

b) Deuxième secteur: la limite
une ligne qui va de lauit
rivière Sazalapa au tripoint
de Guanacaste ...................... 294

c) Troisième secteur: les limites
des terres dlArcatao coïncident
avec celles des terres de San
Juan de Lacatao et de Gualcimaca ... 299
3. El Salvador passe sous silenceou tente
de déformer les éléments fournis par les
titres hondurienset relatifs aux terres
contiguës à celles d'Arcatao ............ 302B. Les limites des anciennes provinces selon
les documentsantérieurs à 1821 .............. 313

1. De la borne Pacacio à la borne Poza de
la Golondrina sur la rivière Sazalapa ... 314

a) Poza del Toroa...................... 314

b) La limite de la rivière Sazalapa,
de la borne Poza del Toro à la
borne Poza de la Golondrina ........ 316

2. De la borne Pozade la Golondrina au
Guanacaste ou El Platanar ............... 320
a) De la rivièreSazalapa à la borne
du Guanacaste ou El Platanar ....... 320

b) Le tripoint du Guanacasteou El
Platanar ........................... 323

3. Du tripoint du Guanacasteau tripoint
du mont d'Arcataguera ................... 326
a) Le tracé en direction Sud entre
les terres dlArcatao et celles de
San Juan de Lacatao,depuis le
Guanacaste ......................... 327

b) Le mont d'Arcataguera,tripoint
et GualcimacaAr...................... 328

4: Du tripoint d'Arcataqueraau col de
Las Lagunetas ........................... 331

a) Concordance des bornes dlArcatao
et de Gualcimaca ................... 331

b) Le col de Las Lagunetas ............ 333
5. Du col de Las Lagunetas à la borne
Poza del Cajon .......................... 336 (xii)

a) de Jesus et celles de Gualcimaca
et San Juan de Lacatao ............. 336

b) La jonctionde la rivière El
Amati110 ou Gualcuquin avec un ,
autre ravin à la Poza del Caj6n .... 341

C. Conclusions .................................. 345
Section IV Les données postérieures à 1821 en relation
avec les limites établies en applicationde
l'uti possidetis juris ....................... 350

A. Introduction ................................. 350

B. Les limites étatiques selonles titres des
au XIXe sièclesp............................... 351

1. De la borne Pacacio à la borne du
Guanacaste ou El Platanar (Sazalapa) .... 352

2. De la borne du Guanacaste à la borne
Poza del Cajon (La Virtud) .............. 356

C. relation avec les limites dans ce secteur .... 361

1. Introduction ............................ 361

2. Les documents des autorités
honduriennes ............................ 363

3. El Salvador et le Hondurasque.............. 365

a) Actes de reconnaissancede la
part d'El Salvador ................. 365

b) ' Actes de protestationde
la part du Honduras ................ 368

D. Conclusions .................................. 369CHAPITREVI1 LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE ENTRE
LA SOURCE DU RUISSEAU LA ORILLA ET LA
B(NAGUATERIQUE-COLOMONCAGUA)N.................. 373

Section 1 Introduction ................................. 373

Section II Les divergences des Parties sur la
délimitation ................................. 378

A. de la ligne frontièrert........................ 378

1. Le tracé de la ligne frontièredans le
secteur selon El Salvador ............... 379

a) Le tracé de la ligne frontière
entre la source du ruisseauLa
ou Quiaguara r....................... 380

i) Les fluctuationsdu tracé
salvadorien depuis1869 ....... 381

ii) Un tracé à plusieurs faces ou
une pluralité de tracés
salvadoriens .................. 385
iii) Contradictions entre les
différents tracés dela ligne
frontière défenduepar El
Salvador ...................... 387

b) Lla rivièreNegro et leonMalpaso dee
Similaton .......................... 389

i) Les fluctuationsdu tracé
salvadorien depuis 1861 ....... 390

ii) Un tracé à plusieurs facesou
usalvadoriens .................. 394 iii) Contradictionsentre les
différents tracésde la ligne
frontièredéfendue par El
Salvador ...................... 395
2. Le tracé de la ligne frontière dans le
secteur selonle Honduras ............... 397

B. Les divergencesdes Parties sur le fondement
juridiquede la délimitation ................. 400

1. tracés, pluralité de fondementsli......... 400

2. La position du Honduras: l'&
possidetis juris comme fondement
unique .................................. 403

Section III Le tracé de la ligne £rentièr eans ce
juris de 1821pl................................ 404

A. Premier sous-secteur: de la source du
ruisseauLa Orilla à la rivière Negro
ou Quiaguara ................................. 406 .

1. titres de Torola et de Arambalaesy
Perquin, ................................ 406

a) Le tracé salvadoriendepuis la
source du ruisseau La Orilla
jusqu'auxterres de Torola et
du mont "Monte Redondo" à la
rivière Negro ...................... 407
i) Les limitesdes terres de
Torola et de celles deArambala
y Perquin par rapport aux
prétentionssalvadoriennes
dans ce sous-secteur .......... 407

ii) Torola et de Arambalasy.
Perquin par rapport aux
prétentionssalvadoriennes
dans ce sous-secteur .......... 410 b) Le tracé salvadoriendans la
et les limites des terres deecteur
Torola ............................. 412

i) Les titres des terres de
Torola ........................ 412

ii) Le tracé salvadorien:la
Las Tijeretasu................. 417

iii) La référence à la rivière
Las Cariaset au chemin de
Colomoncagua à Torola, dans le
document de 1743 .............. 420

iv) borne La Cruz, Quecruzou El
Picacho de la part d'El
Salvador ...................... 426

v) L'identificationde la colline
Monte Redondo avec le Cerro
d'Alguaci1Mayor .............. 428
c) La position d'El Salvador face aux
documents produits par le mémoire
du Honduras ........................ 433

i) La contestationsalvadorienne
des titres des terres de
Colomoncagua .................. 433
ii) Les objections salvadoriennes
au réarpentagedes terres de
Colomoncagua en1793 .......... 437

iii) Les référencesd'El Salvador
au titre de 1694 et aux
1869ci.......................... 443

2. Le tracé hondurien selon les documents
antérieurs à 1821 relatifsaux terres
de Colomoncagua ......................... 447 (xvi)

Paqe

a) Introduction ....................... 447
b) De la source du ruisseau La Orilla
à la borne de Las Tijeretasou El
Amatillo ........................... 449

i) Les bornes de Champate,
Portillo Blanco et Obrajito ... 450

ii) Les bornes de La Laguneta ou
Laguna Seca et de Las Tijeretas
ou El Amati110 ................ 454
iii) La ligne frontièrede la
source du ruisseau La Orilla
jusqu'à Las Tijeretasou El
Amati110 ...................... 457

c) De Las Tijeretasou El Amatillo
à la borne Monte Redondo ou
Esquinero .......................... 458
i) La rivière Masirreou de Las
Tijeretas, Quecruz,le chemin
royal et Agua Sarca ........... 458

ii) La ligne frontièrede Las
Tijeretas ou El Amatillo
au Monte Redondo ou
Agua Sarca .................... 465

d) la rivière Negro,El Palmar ou à
Quiaguara .......................... 466

i) Le chemin royal et la borne El
Carrizal, limite des anciennes
provinces ..................... 466

ii) La ligne frontièredu tripoint
de Agua Sarca à la rivière
Negro ......................... 473
B. Second sous-secteur:de la rivière Negro ou
Quiaguara la borne du Malpaso de
Similaton .................................... 474Le tracé salvadorienselon le titre
de Perquin y Arambala de 1815 ........... 474

a) Le tracé salvadorienpar rapport
au titre des terres de Perquin y
Arambala de 1815 ................... 475

i) yaArambala et les prétentionsin
d'El Salvador au Nord de la
rivière Negroou Quiaguara .... 475

ii) Insuffisancedu titre de
Perquin y Arambala de 1815 eu
égard aux prétentions
salvadoriennesdans ce sous-
secteur ....................... 478
b) L'arpentagedes terres de Perquin
y ,Ararnbalae 1769 et le titre
de 1815 ............................ 479

i) Le silence d'El Salvador sur
le litige entre Jocoaraet
Perquin y Arambala de
1769-1773 ..................... 479
ii) Les irrégularitésde
l'arpentagede 1769 selon
les procéduresmenées devant
le Tribunaldes Terres de
1'Audienciade Guatemala,en
1770-1773 ..................... 484

iii) Le titre de Perquin y
Ararnbalaprouve que les
rivièreNegro ou Quiaguara la
faisaient partiede la province
de Comayagua .................. 486

c) Les références d'El Salvador au
titre de Jocoara de 1776 et à la
rivière Negro ou Quiaguara ......... 490

i) Naguateriquede 1776de.......... 490 (xviii)

ii) Les référencesd'El Salvador
à la rivière Negro ............ 495
2. Le tracé hondurienselon les documents
antérieurs à 1821 ....................... 497

a) Les documents établissantque la
rivière Negro ou Quiaguara était
Comayagua et de San Miguelce......... 498

b) Conclusion: lalimite de la
rivière Negroou Quiaguara ......... 500

Section IV Les données postérieures à 1821 en relation
avec les limites établies en applicationde
l'uti possidetis juris ....................... 501
A. Premier sous-secteur:de la source du
ruisseau LaOrilla à la rivière Negro ou
Quiaguara .................................... 502

1. Les communications entreles autorités
honduriennes ............................ 502
2. La correspondancediplomatiqueentre
El Salvador et le Honduras .............. 507

B. Second sous-secteur:de la rivière Negro ou
Quiaguara à la borne du Malpaso de
Similatôn .................................... 511
1. Introduction ............................ 511

2. La reconnaissancepar El Salvador de la
limite de la rivière Negro ou Quiaguara
en 1861 et 1869 ......................... 512

3. Les communicationsentre autorités
honduriennes ............................ 517
4. La correspondancediplomatiqueentre
El Salvador et le Honduras .............. 526

LISTE DES CARTES ILLUSTRATIVES .............................. 533

LISTE DES ANNEXES WCUMENTAIRES ............................. 535 (VOLUME II)

CHAPITRE VI11 LE SECTEUR DE LA FRONTIERETERRESTRE ENTRE
LA CONFLUENCEDU TOROLA AVEC LE RUISSEAU DE
MANSUPUCAGUAET LE PASO D'UNIFIE(DOLORES) .... 559

Section 1 Introduction ................................. 559
Section II Lesdivergencesdes Parties sur la
délimitation ................................. 564

A. Les divergencesdes Partiessur le tracé
. de la ligne frontière ........................ 564
1. Le tracé de la ligne frontièredans
le secteur selon El Salvador ............ 565

a) Le tracé salvadorien constitue un
maximum de prétentions
territorialesdans ce secteur ...... 566
b) Un tracé a plusieurs faces ou une
pluralitéde tracés ................ 568

c) Contradictionsentre les
différents tracéssoutenuspar
El Salvador ........................ 570
2. Le tracé de la ligne frontièredans
ce secteur selon le Honduras ............ 572

B. Les divergencesdes Parties sur le
fondement juridiquede la délimitation ....... 577

1. de tracés, pluralitéde fondementsé ...... 577

a) La position salvadorienne sur
l'uti possidetis juris de 1821 ..... 577

b) El Salvador recourten outre aux
realengas"é......................... 581

2. La position du Honduras: l'uti
possidetis iuris comme unique
fondement ............................... 584 a) La position hondurienne n'est pas
fondée sur la notion de
"frontières naturelles" ............ 584

b) L'uti possidetis juris et son
applicationpar le Honduras ........ 588
Section III Letracé de la ligne frontièredans ce
secteur en application del'uti possidetis
juris de 1821 ................................ 590

A. Le tracé salvadorienselon le titre des
terres de Poloros de 1760 .................... 590
1. Insuffisancedu titre de Poloros de
1760 .................................... 591

2. Les données de l'arpentagedu terrai'n
de Poloros selon le titre de 1760 ....... 593

a) La référenceau torrentde
sur le Rio Torola .................. 594

b) La référenceau côteau qui sépare
les terresde Poloros decelles
de Los Lopez ....................... 603

c) et àéla rivière Unired.............. 608

d) Conclusions:Les limitesdes
terres de Poloros entre la rivière
Torola et la riviere Unire selon
le titre de 1760 ................... 616

3. salvadoriennesdu titre de Poloros de
1760 et leurs projectionscroissantes
vers le Nord ............................ 618

a) Les lignes soutenuespar El
Salvadordans les négociations
des limites ........................ 619 b) Les variations successives dans la
distances et les directions de la
ligne soutenuepar El Salvador ..... 623

4. Conclusions ............................. 624

Le tracéhondurien selon les documents
antérieurs à 1821 ............................ 626
1. Le Rio Torola jusqu'à sa
confluence avec le torrent d'Agua
Caliente ................................ 627

a) Les documents de 1789 et 1803
sur les bornes des terres de
Cacaoterique ....................... 627
b) Les bornes qui divisent les
terres de Cacaoteriqueet les
terres de Poloros .................. 632

2. La limite de la juridictionsde San
Miguel au Sud du Rio Torola et les
terres de San Miguel de Sapigre ......... 638 .
a) La position salvadorienne respecte
les terres de San Miguel
de Sapigre ......................... 638

b) La situation des terres de San
Sud du RioSaTorolaa.................. 641

c) Les limites de la juridictionde
Tegucigalpa auSud du Rio Torola ... 644

3. L'arpentagede Poloros de 1760 ne
modifie pas les limites des anciennes
provinces ............................... 647
a) Introduction ....................... 647

b) Le silence de l'arpentagede
Poloros sur les terres de San
Miguel de Sapigre .................. 648 (xxii)

C) Les procéduresd'arpentagedes
terrains selon le droit espagnol
en vigueur en 1760 et l'arpentage
de Poloros ......................... 650
d) La force probante de l'arpentage
de Poloros de 1760 aux fins de
l'applicationde l'uti possidetis
juris de 1821 ...................... 657
C. Conclusions ................................... 661

Section IV Les données postérieures à 1821 en relation
avec les limites établies en application de
l'uti possidetis juris ....................... 663

A. Introduction ................................. 663
B. La limite du Rio Torola ...................... 666

1. Le terrain de Monteca ................... 666

a) La présence des habitantsd'opatoro
au Sud du Rio Torola entre 1821
et 1854 ............................ 667 .
b) Les limites des terres de
Monteca ............................ 671

2. Les titres des terres délivrés par le
et le Rio TorolaHo........................ 676

a) Le titre des terres de Sacualpa
de 1856 ............................ 676

b) Le titre des terres de Matasanos,
Hornos y Estanciasde 1856 ......... 678
c) Le titre des terres de Dolores
de 1879 ............................ 680

C. Le comportementdes Parties en relationavec
la limite du Rio Torola ...................... 682
1. Les documents desautorités
honduriennes ............................ 682 (xxiii)

2. les deux Etatsn.......................... 693

D. Conclusions .................................. 698

CHAPITRE IX LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE
(GOASCORAN)M.................................. 701

Section 1 Les divergencesdes Parties dansla zone
du Goascoran ................................. 701

A. Le désaccord des Parties sur le tracéde
la frontière ................................. 701
1. La position du Honduras: un seul
tracé ................................... 702

2. La position d'El Salvador:une
pluralité de tracés ..................... 705
B. Le désaccord des Parties sur le fondement
juridiquede la délimitation ................. 710

1. La position du Honduras: un fondement
juridiqueunique ........................ 710

a) revendicationdans la zone du
Goascoran .......................... 711

b) Le principe de l'uti possidetis
juris de 1821 ...................... 713

2. pluralité de fondementsor................. 715

a) Un recours inopérant à la théorie
de l'acquiescementpar El
Salvador ........................... 716

i) du Honduras àala souveraineté
salvadoriennesur la zone du
Goascoran ..................... 716 (xxiv)

ii) L'impossible acquiescement
d'El Salvador à la
souverainetédu Honduras
sur la zone du Goascoran ...... 718
b) La renonciationpar El Salvador
à la prétendue règle de
l'inaltérabilitédu tracé
frontalier encas d'avulsion ....... 720

c) Les prétendues "effectivités"
salvadoriennesdans la zone du
Goascoran .......................... 724
Section II Le tracé de la ligne frontière dansla zone
du Goascoran en applicationde l'e
possidetis juris de 1821 ..................... 728

A. Le tracé salvadorienselon les titres des
terres, un tracé imaginaire .................. 730
1. El Salvador donne une interprétationet
une localisationerronées de la pétition
de-Don Juan Bautista de Fuentes ......... 732

2. El Salvador donne une interprétationet
une localisationerronées de l'arpentage
réalisé, le 30 octobre 1694,par le
yaUriarte D............................... 733

B. Le tracé hondurien fondésur l'uti possidetis
juris de 1821 ................................ 734

1: Le Rio Goascoran, limite des
juridictions coloniales de San Miguel
et de Tegucigalpa ....................... 734
a) Rappel de la thèse hondurienne ..... 734

b) Critique de la thèse hondurienne
dans le contre-mémoire
salvadorien ........................ 736
c) La réaffirmationde la thèse
hondurienne ........................ 737 2. Le Rio Goascoran, limite des terres
du village indien.deGoascoran .......... 742

Section III Les données postérieures à 1821 en relation
avec les limites établies en applicationde
l'uti possidetis juris de 1821 ............... 748

A. du Hondurasde.................................. 748

1. L'identificationdes terres couvertes
par le titre de Calicanto ............... 749

2. Les terres de ~alicanto,partie
intégrantedu territoirehondurien lors
de l'arpentagede 1864 .................. 750
B. Le comportement des Parties après 1821 en
relationavec les limites dans la zone du
Goascoran .................................... 752

1. Introduction ............................ 752

2. Les documents desautorités
honduriennes ............................ 755
a) Les documents internes honduriens
relatifs à la zone non contestée
du Rio Goascoran enamont de
"Los Amates" ....................... 755

b) Les documents internes honduriens
relatifs à la zone contestée
"Los Amates"or....................... 758

i) Le rapport duGouverneur de
Nacaome, en date du 6 octobre
1930, au Secrétaire d'Etat au
Développement, à l'Agriculture
et au Travail ................. 758
ii) Le rapport en date du 23
juillet 1941 de la Municipalité
dlAlianza au Gouverneur de
Nacaome ....................... 760 (xxvi)

iii) L'échangede correspondances
administratives,entre
novembre 1941 et janvier
1942, sur les variationsdu
Rio Goascoran dansla zone
du "Rinconde Muruhuaca" ...... 762

3. La correspondance diplomatique entre
El Salvador et le Honduras .............. 766
a) Les incidentsde frontièresliés à
la répressionde la contrebande dans
le secteur compris entre El Naranjo
et El Pasadero:Note du 21 août 1937,
du Ministre salvadorien des Relations
Extérieures à l'Ambassadeurdu
Honduras à San Salvador ............ 767

b) Les incidentsde frontières liésaux
prétendus abus des autorités
honduriennesdans la zone d'"El
Rincon de la Ceiba":Note du 26
février 1943, de l'Ambassade d'El
Salvador à Tegucigalpaau Secrétaire
d'Etat aux Relations Extérieures
du Honduras ........................ 770
c) L'échangede Notes entre les
Ministèresdes Relations Extérieures
d'El Salvador et du Honduras des
10 novembre 1949 - 5 janvier 1950,
28 février - 2 mai 1950 et du
7 février 1951 ..................... 776

d) Les incidentsde frontières
survenus entrela Police hondurienne
des Forêts et des pécheurs
salvadoriensdans l'"Esterodel Pez
Espada": la réponse, endate du
9 janvier 1956, du Ministère des
Relations Extérieures à la Note de
protestationdu Ministère des
transmiselext8rdécembre 1955lvador
à l'Ambassadedu Honduras à
San Salvador ....................... 780 Conclusions ........................ 785

4. La reconnaissancepar El Salvador de la
souverainetédu Honduras sur la zone
du,Goascoran ............................ 787

a) Le rappel de la position du
Honduras ........................... 787
b) La pétition de principe d'El
Salvador ........................... 788

C. Une cartographie concordante ................. 797

1. L'examendu contenu des cartes .......... 802

a) L'appréciationd'ensemble:une
concordance quasi totale en faveur
Goascoran auHondurasla z.............. 803

b) L'évaluation des cartesselon
leur origine ....................... 807

i) Aucune carte honduriennene
montre la zone du Goascoraén
comme relevantde la
souverainetésalvadorienne .... 808
ii) La plupart des cartes
salvadoriennes montrent la
zone du Goascorancomme
relevant totalement ou presque
totalementde la souveraineté
du Honduras ................... 814

iii) La quasi-totalitédes cartes
montrent la zone du Goascoran
comme étant hondurienne ....... 836

I Une seule carte d'origine .
indépendante indique la
zone du Goascoran comme
salvadorienne, mais cette
carte a été ultérieurement
rectifiée ................ 838 R La concordanceabsolue des
autres carte d'origine
indépendantepour indiquer
la zone du Goascoran comme
hondurienne .............. 841

I La confirmationde
du Goascoran auHondurase
par des documents divers
d'origine indépendante ... 851

c) L'évaluation des cartes à la
lumière du facteur temporel ........ 855

i) Cartographie salvadorienne
différend dans la zone duu
Goascoran ..................... 857

ii) Cartographie desEtats tiers
et date de la naissancedu
différenddans la zone du
Goascoran ..................... 863

2. l'égard des cartest...................... 866

a) Par son attitude active, ElSalvador
a reconnu la souverainetédu Honduras
sur la zone du Goascoran ........... 868

b) Par son attitudepassive, El
Salvador a admis la cartographie
Goascoran commerelevantde ladu
souverainetédu Honduras ........... 873

Conclusions ........................ 880

DEUXIEMFi
PARTIE LE DIFFEREND INSULAIRE ........................ 883

CHAPITRE X LE DIFFEREND INSULAIRE ....................... 883Section 1 Objet du différend ........................... 883
A. Introduction ................................. 883

B. Une prétention politiquequi ne peut être
prise en considération ....................... 891

C. Un artifice pour pallier l'absence de fondement
Meangueralà l'époque contemporaineor........... 895

Section II Droit applicable ............................. 900

A. L'uti possidetis iuris comme principe de
droit international général .................. 902
B. La règle convenue à l'article 26 du Traité
Général de Paixdu 30 octobre 1980 ........... 909

C. Le droit spécial applicableentre les
Parties déroge aux autresrègles du droit
international général relatives à
l'attributionde territoires ................. 916
Section III La supérioritédes titres invoquéspar le
Honduras selon l'uti possidetis juris
de 1821 ...................................... 922

A. El Salvador n'a pas donné de réponse aux
et l'attributiondes îles au Hondurasrte
au XVIe siècle ............................... 925

B. El Salvador ne peut valablement contester
1"intégrationterritorialede la province
de Comayagua avec 1'AlcaldiaMayor de
Tegucigalpa .................................. 933
C. Le caractère supplétifde l'argumentdit
"ecclésiastique" ............................. 945

D. Le dépeuplementdes îles en raisondes
invasionsde pirates dans le Golfe de
Fonseca ...................................... 966 Insuffisancedes documents coloniauxcivils
prétentions .................................. 985

Section IV Les données postérieures à 1821 .............. 1005

A. Cristallisationdu différend en 1854 .........1005
B. Non reconnaissancedes prétentions
salvadoriennespar les autorités
honduriennes ................................. 1018

TROISIEME LE DIFFEREND MARITIME ........................ 1029
PARTIE

CüAPITRE XI LE DIFFEREND MARITIME ........................ 1029

Section 1 La valeur de la sentence de 1917 ............. 1030
A. Ambigüitéde la thèse salvadorienne ..........1030

1. La thèsede la valeur objective de la
sentence de 1917 ........................ 1031

2. sentence de 1917al........................ 1038

Rappel de la portée effectivede la position
hondurienne à l'égard de la sentence .........1040

1. La position hondurienneau regard de la
sentencee ................................ 1040

2. L'absencede toute reconnaissancepar
le Honduras d'un condominium,fut-il
résiduel, nesaurait être contestée .....1041
Section II Un condominium à contenu variable ............1042

A. Ambigüité dela thèse salvadorienne ..........1042

1. La thèse ducondominiumgénéral demeure
la position privilégiéed'El Salvador ...1042 2. La thèse du condominiumrésiduel,
reconnue àad'autres endroitsde sonet
contre-mémoire s'imposeau El Salvador ..1044

3. Rappel du fait que le condominium
résiduel, associé à l'existencede
zones de juridictionexclusive,
implique la délimitation ................1045
Rappel du droit international relatif au
statut exceptionnelde condominium ...........1046

1. Conditions d'établissement ..............1046

2. Le condominium ne se ramène pas à la
liberté de navigation ...................1048
Section III Le statut juridique véritable du Golfe
de Fonseca ................................... 1048

A. La volonté salvadoriennededévaluer la
spécificitédu statut juridiquedu Golfe
de Fonseca ................................... 1050
1. Contradiction entrel'invocation de la
sentence de 1917 et l'affirmationde la
banalité du statut juridique du Golfe
de Fonseca ...................... :.....,.1050

2. Tentative pour estomper ladistinction
d'intérètso.............................. 1052

B. Les enseignementsde la pratique
internationale:le caractère très
exceptionneldu recours au condominium .......1056

. 1. Analyse de la pratique ..................1059
2. Les enseignementsde la pratique ........1072

C. La confusion persistented'El Salvador
entre arrangementsprécaires de fait,
résultantsde l'absencede délimitation,
et condominium ............................... 10.73 (xxxii)

D. dussàstl'absencede délimitationrau..............1078

E. Délimitationet liberté de la navigation .....1085

1. Positiongénérale du problème ...........1085

2. Le cas d'espèce ......................... 1087
F. Conclusion généralede la section ............1093

Section IV Le droit du Honduras à une délimitation
équitable des eaux de l'océan Pacifique en
dehors du Golfe .............................. 1097

1. Le Cour a-t-elle le pouvoir de
délimitation endehors du Golfe ? .......1097
a) L'argumentque le sens littéralde
la Question II posée à la Cour
exclut sa compétencepour la
délimitation ....................... 1098

b) L'argumentqu'il n'y a pas eu de
négociationsentre les Parties sur
la délimitation ....................1099
c) L'argument qu'ilest inapproprié
pour le Honduras de se baser sur
les propositionsd'El Salvador
durant les négociations ............1100

d) L'argumentque la Cour ne peut pas
délimiterentre le Honduraset
El Salvador à cause de l'absence
du Nicaragua de l'affaire ..........1101
e) L'argumentque le Honduras s'appuie
sur une façadecôtière, ignorant
l'"écrand'îles" formé par les îles
salvadoriennesde Conchaguita,
Meanguera et Meanguerita (et les
Farallones) ........................ 1102

2. réclamation hondurienneepàéun plateau
continentaldans l'Océan Pacifique ? ....1105 (xxxiii)

3. La position salvadoriennesur la
délimitationtelle que révélée dans
son contre-mémoire ......................1109
a) L'observationque les droits de
navigation n'engendrent pas des
droits à un plateau continental
ou à une zone économique
exclusive ..........................1109

b) L'observationque le Honduras n'est
Pacifiquepuisqu'il n'a pas den
"façade"côtière sur l'océan
Pacifiqueétant bloqué par
l'"écran"des iles de Conchaguita,
Meanguera, Meanguerita et les
Farallones .........................1110

c) L'observationque le Honduras est
désavantagé"sans façade côtière
sur le Pacifique ...................1113

d) La thèseapparented'El Salvador ...1114

i) Le caractère dela ligne de
fermeturedu Golfe ............1115

ii) Lthèse de l'"écrand'îles" .....1119

iii) La nouvelle prétentiond'El
Salvador à la souveraineté
sur les eaux au-delà de
l'embouchuredu Golfe .........1120

iv) Lde la position du Nicaragua ...1121

CONCLUSIONS .................................................1123

A. En ce qui concerne le différend
frontalier terrestre .........................1123 (xxxiv)

B . En ce qui concerne le différend
insulaire .................................... 1128

C . maritimei..................................... 1128

LISTE DES CARTES ILLUSTRATIVES .............................. 1131
LISTE DES ANNEXES DOCUMENTAIRES ............................. 1133

Annexe 1 ..................................................... 1133
Annexe II ................................................... 1133

Annexe III .................................................. 1134
Annexe IV ................................................... 1137

Annexe V .................................................... 1145
Annexe VI ................................................... 1150

Annexe VI1 .................................................. 1150
Annexe VI11 ................................................. 1153

Annexe IX ................................................... 1155 MEMOIRE EN REPLIQUE DU GOUVERNEMENT DE LA
REPUBLIQUE DU HONDURAS

(VOLUME 1)

INTRODUCTION GENERALE

1. Ce mémoire en réplique est déposé conformément à

l'ordonnancerendue par la Chambre de la Cour Internationale
de Justice dans l'Affairedu différend frontalierterrestre,

insulaire et maritime (El Salvador/Honduras~ fixant au
12 janvier 1990 la date d'expirationdu délai pour le dépôt

d'un mémoire par le Honduraset El Salvador.

2. Le mémoire en réplique de la République du

Honduras sera divisé en trois parties. La première sera
consacrée au différend frontalier terrestre(Volume 1 et

Volume II), la deuxième au différend insulaireet la
troisième au différend maritime (Volume II). Le mémoire se
termineraavec les Conclusions dela Républiquedu Honduras.

Il comprenddeux volumes d'Annexes documentaires.

3. Au seuil du présent mémoire en Réplique, le
Gouvernement de la République du Honduras croit utile de
rappeler quelqu&s notions fondamentales qui ont trait,à

l'objet du différend, à l'objet de la demande, et, à
l'interprétationde l'article 2 du Compromis du 24 mai 1986

ainsi qu'au droit applicable à la solutiondu différend. CHAPITRE 1

OBJET DU DIFFEREND ET OBJET DE LA DEMANDE

A. OBJET DU DIFFWEND

1. La distinction entre l'objet du différend et
l'objet de la demande formulée quant à ce différend a déjà

été dégagée par le Gouvernementde la République du Honduras
dans son contre-mémoire1.

2. Le différend soumis à la Chambre de la Cour a un

triple objet, à savoir: la frontière terrestre dans les
secteurs non décrits par l'article 16 du Traité Général de

Paix du 30 octobre 1980, le statut juridiquedes îles de la
baie de Fonseca, et le statut des espacesmaritimes.

B. OBJET DE LA DEMANDE ADRESSEE A LA COUR

1. Introduction

3. La demande adressée à la Cour quant à ces trois

objets est énoncée à l'article 2 du Compromis du 24 mai
1986. Toutefois, comme les Parties sont divisées au sujet de

l'interprétationqu'il convient de donner au paragraphe 2 de
cet article, la Chambre de la Cour se trouve saisie, par

voie de Conclusions, de demandes divergentes quant austatut
juridiquedes îles et quant au statut des espaces maritimes.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. II,
p. 5-19. 2. La frontière terrestre

4. Aucune difficulté n'existe en effet quant à

l'identificationde l'objet que le Compromis de 1986 désigne
comme étant "la liqne frontiére dans les zonesou secteurs

non décrits à l'article 16 du Traité Général de Paixdu
30 octobre 1980". Les deux Parties s'accordent à voir dans

cette disposition un contentieux de délimitation que la
lecture de l'article 16du Traité de Paix suffit à préciser.

3. Les îles

5. Quant aux îles, le Gouvernement de la République

du Honduras, se fondant sur l'histoire des négociationsqui
ont précédé la rédaction du Compromis de 1986l, soutient que

la demande concerne le statut des deux îles de Meangueia et
de Meanguerita dont la Chambre de la Cour est appelée à dire

si elles relèvent de la souverainetédu Honduras ou de celle
d'El Salvador. Pour sa part, le Gouvernement de la

E?épubliqued'El Salvador, négligeant le fait que les seules
îles disputées dans le passé sont celles de Meanguera et de

Meanguerita, considère que le différend a trait à toutes les
îles de la baie de Fonseca à l'exceptionde la seule île de

Zacata Grande. En conséquence, le Gouvernement de la
RépubliquedlEl.Salvadordemande, par voie de Conclusions,

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XII,
p. 633-635.que sa souveraineté soit reconnue surtoutes ces îles1. En

présentant pareilleConclusion, la République d'El Salvador
énonce une demande qui dépassela portée du différend et,

par là méme, méconnaît la volonté commune des Parties telle
qu'elle peut se dégager des négociations qui ont abouti à

l'élaborationdu Compromis de 1986.

4. Les espaces maritimes

6. Quant aux es~aces maritimes, le Gouvernementde la
République du Honduras demande à la Chambre de la Cour de
procéder à leur délimitation, tant à l'extérieur qu'à

l'intérieur du golfe de Fonseca. Les arguments qui plaident
en faveur de cette interprétation ont été abondamment

développés par le Gouvernementde la République du Honduras
dans son mémoire2 et dans son contre-mémoire3.

7. Pour sa part, la République d'El Salvador soutient

que la Chambre de la Cour n'a pas reçu mission de procéder à
pareille délimitation et celapour la double raisonque:

- à l'intérieur du golfe de Fonseca, la nature de

condominium du golfe de Fonseca, constatéepar la
sentence de la Cour de Justice centre-américaine

1 Mémoire d'El Salvador, SubmissionII: trad. fr.,
p. 87 et contre-mémoire d'El Salvador, chap. VI,
p. 161-165.

2 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,

sect. 1I.A. p. 703.

3 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, chap. XIII,
sect. II, p. 640-661 et chap. XIV-XV, p. 689-730. du 9 mars 1917,s'opposerait à ce que les espaces

maritimes communsdu golfe puissent faire l'objet
d'une quelconquedélimitation1;

- à l'extérieurdu golfe de Fonseca, la delimitation
des espaces maritimes ne relèverait pas de la

compétencede la Chambrede la ~our2.

8. La République du Honduras estime avoir déjà
amplement démontréque l'interprétation avancée sur ce point
par la Partie adverse aboutit à priver de toute

signification le paragraphe 2 de l'article 2 du Compromis
qui confie à la Chambre de la Cour lamission de déterminer

le statut juridique "des espaces maritimes" sans distinguer
selon que ces espaces sont situés à l'intérieur ou à
l'extérieurdu golfe de Fonseca.

9. Si la Chambre de la Cour doit déterminerle statut
juridique des espaces maritimes, ce n'est pas simplement

pour les qualifier (de mer intérieureou de mer territoriale
ou de zone économique) mais aussi pour établir à leur égard

les droitsde souverainetéou de juridictiondes Partiesen

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 13; trad. fr., p. 74

suiv.ntre-mémoired'El Salvador, chap. 7.1-7.3, p. 212 et

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 8, p. 254 et
suiv.présence1. Que l'on adopte le concept de condominium ou

celui de communauté d'intérêts entre les trois Etats
riverains du golfe, dans les deux hypothèses,le Honduras

doit Otre considéré comme étant unEtat cdtier et, en cette
qualité, il doit se voir reconnaître sur les espaces

maritimes situésau-del& de la ligne de fermeture du golfe
de Fonseca la jouissance des droits que cette qualité
impliqueau sens du nouveau droit de la mer2.

C. CONCLUSIONS

10. Le Gouvernement de la République du Honduras

rappelle enfinque la qualification de "condominium" donnée
aux eaux du golfe de Fonseca par la sentence du 9mars 1917

de la Cour de Justice centre-américaine estjuridiquement
incorrecte, que toute communauté d'intérêts entre Etats

souverains comporte délimitation3 et qu'enfin la sentence de
la Cour de Justice centre-américainede 1917 ne lui est pas

opposable4.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. II,
p. 11-16, par. 11-15.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XV,
p. 711.

3 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,

p. 687-69.0.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIII,
p. 681. CHAPITRE II

LE DROIT APPLICABLEA LA SOLüTTON DU DIFFHCEND

Section 1. Introduction

A. LES DIVERGENCES ENTRELES PARTIES SUR LE DROIT APPLICABLE

1. Ainsi que le Gouvernement de la République du
Honduras l'a exposé dans son contre-mémoire1, les Parties

qui admettent, l'uneet l'autre, que le différend frontalier
qui les oppose doit êtretranché sur la basedu principe de

l'uti possidetis juris, sont en désaccord sur la manière
dont ce principe doit être interprété et appliqué en

1'espèce.

2. Dans la présente section, on s'attachera à

dégager, dans les grandes lignes,ces points de divergence.
Ceux-ci ne se limitent pas A des questions de fait telles

que la localisation ou l'identificationde certains lieux
géographiques, ni mëme à l'interprétation de tel ou tel
document présenté comme titre de juridiction.Ils sont plus

fondamentauxcar ils ont essentiellementtrait, d'une part à
la fonction respective queles titres de juridictionet les

effectivités peuvent légitimement remplir dans la mise en
Œuvre du principe de l'uti possidetis juris et, d'autre

part, à la nature des preuves et documents susceptibles
d'ëtre considérés commetitres de juridiction.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IV,

p. 23. 1. La position d'El Salvador

aJ Généralités

3. Alors que le Gouvernement de la République du

Honduras, fidèle à sa position traditionnelle, entend
privilégier les titres de juridiction émanantde la Couronne

d'Espagne, conformément à l'esprit de l'article 26 du Traité
Général de Paix du 30 octobre 1980, le Gouvernement dela

République d'El Salvador,conscient de la pauvreté de ses
titres de juridiction, a adopté une attitude ambigüe en

faisant cumulativement état, au mépris de l'ordre de
priorité des modes de preuve établi par l'article 26 du

Traité Général de Paix, soit de l'équité, soit de prétendues
effectivités, soit de titres de propriété qui, selon le

droit colonial espagnolen vigueur en 1821, ne peuvent être
assimilés à des titres de juridiction,ni en vertu du droit

international américain ni en vertu du Traité Général de
Paix de 1980 auquel se réfère expressément l'article 5 du

Compromis du 24 mai 1986.

4. Sans entrer dans un exposé détaillé de la position
adoptée à cet égard par la Partie adverse, exposé quisera

fait dans les chapitres consacrés à chacun des secteurs
contestés, il suffira, dans la présente introduction, de

souligner le recours abusif qu'a fait la République d'El
Salvador aux notionsdl"ejidos"et de "tierrasrealengas".

5. En droit espagnol, la Couronne d'Espagne, qui

avait le dominium de toutes les "tierras realengas" pouvait
octroyer la propriété, soit à des communautés indigènes,

soit à des particuliers, sous le système dit de la
"compositionde terres" ou vente aux enchères, commencé avec

les Réales Cedulas de 1591. 6. Selon la thèse défenduepar la République d'El
Salvador, de telles concessions revêtent un caractère

politique et doivent, dès lors, être considérées comme
emportant automatiquement transfert de juridiction

provinciale quantaux terres concédées1.

Cette interprétation ne trouve aucun appui dans le

droit colonial de l'époqueainsi que la République du
Honduras croitl'avoir démontré antérieurement2 et ainsi que

l'établit, de manière décisive, la consultation du
ProfesseurAlejandroNieto quiest reproduiteen Annexe 1 du
contre-mémoiredu Honduras.

7. C'est également dans l'espoir de suppléer à des
titres de juridiction défaillants que la République d'El

Salvador afait état de la catégoriedes "tierrasrealengas"
ou terres en friche qui, en droit colonial, étaiqnt

propriété de la Couronne. Contrairement à la thèse
salvadorienne qui ne s'appuie sur aucune loi et aucune
doctrine,la Républiquedu Hondurassoutientque la présence

de "tierras realengas" n'avait aucun effet sur la
délimitationdes provinces.

Non contente d'ignorer ces principes fondamentaux,la
République d'ElSalvador affirme enguise de conclusion que,

selon la doctrine établiepar la sentencearbitrale

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.9; trad. Er.,

p. 27.
2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VI

sect. II, p. 50.prononcée le 23 janvier 1933 dans l'affairedu différend

frontalier entre le Guatemala et le Honduras, ces "tierras
realengas" appartiennent au El Salvador "jusqu'au point où

le Honduras peut produireun titre comparable, par sa force
et ses effets juridiques à ceux présentéspar la République

d'El salvadorl." Cette conclusionest une pure pétition de
principe, la République d'El Salvador restant en défautde
prouver que l'existence de "tierras realengas" entrainait

des conséquences sur les limites de juridiction des
provinces.

8. C'est à tort que la République d'El Salvador a

tenté de soutenir que la distinction traditionnellement
défendue par le Honduras entre les titres de juridiction

- seule base possible d'applicationdu principe de l'uti
possidetis juris- et limites de terres concédées aux

communautés villageoises - dépourvues d'effets enmatière de
limites provinciales - aurait été abandonnée en 1881 au

cours des négociations deLa Hermita et lors de la rédaction
du projet de traité Cruz-Letona en1884.

On répondra à cette allégation en rappelant que ni
l'une ni l'autre de ces négociations de nature politique

n'ont débouché sur un engagement juridique, le projet Cruz-
Letona ayant été rejeté le 3 février 1885 par le Congrès

national hondurien comme préjudiciable aux intérêts de la
Nation.

1 C.P.I.J. Affaire de l'Usine de Chorzow
(compétence), Arrëtdu 26 juillet 1927, série A no 8, p. 19
et même affaire (fond), Arrët du 13 septembre 1928, série A
no 17, p. 51. Une jurisprudence fermementétablie enseigne que les
propositions, déclarationsou admissions faitesau cours de

négociations qui n'ont pas abouti à un accord formel ne
sauraient être prises en considération par le juge. En

pareille circonstance, les propositions sont toujours
présumées faites "sansl'intentionde s'obliger" sur un seul

des éléments de la négociation avortée. Etablie par la Cour
Permanente de Justice Internationale dans l'affaire de
l'Usine de ~horzow~, cette jurisprudence aété confirmée en

1957 par la sentence arbitraleprononcée dans l'affaire du
Lac ~anoux~.

9. En définitive, il apparaît qu'en se réclamant

cumulativement à propos d'un même secteur contesté de titres
de propriété, de contrôle administratif,d1e£fectivités ou

d'équité, la République d'El Salvador invoque une pluralité
de prétendus fondements juridiques qui, pour la plupart, ne

trouvent de justificationni en droit colonialespagnol, ni
dans l'article 26 du Traité Général de Paix de 1980 qui

consacre la prééminence du principe de l'uti possidetis
juris prouvé sur la base des titres de juridiction émanant

de la Couronne d'Espagne.

10. Cette pluralité de fondementsdevait entraîner par
voie de conséquence une pluralité de tracés des liqnes

frontières revendiquéespar la Républiqued'El Salvador.Des

2 R.S.A., vol. XII, p. 311.exemples de cet éclectisme seront donnés dans la suite de la

présente réplique. On se bornera ici à relever que, pour le
secteur Sazalapa-La Virtud, quatre tracés salvadoriens

différents - en y comprenant la ligne Barberena- ont été
revendiqués par laPartie adverse entre les années 1889 et

1988l, ce qui est un veritable défi au principe de 11*
possidetis iuris selon lequel la date de l'accession à
l'indépendance a pour effet de geler la situation

territoriale, mais ce qui est parfaitement compréhensible
dans l'esprit de la diplomatie salvadorienne de poussée

constante vers le Nord et le Nord-Ouest aux dépens du
territoirehondurien.

La pluralité des limites soutenueswr El Salvador

11'. On se rappellera, en effet, que si le contre-

mémoire d'El Salvador se réfère dans les Conclusions A
"...the line indicated in the submissions contained in the

Memorial of El Salvador", l'examen de celles-ci a montré
qu'en réalité il existe un renvoi à certaines sectionsdu

chapitre 6. Et on a constaté deux lignes différentes:
d'abord, la ligne résultant de la limite des terrains,

d'après les documents invoqués par El Salvador; ensuite,une
ligne décrite aux chapitres 6.69 à 6.73.

12. Cette dualité est nettementmise en relief par les
cartes du mémoire et du contre-mémoire salvadorien. On peut

constater,en effet, que:

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, première partie,
chap. III, p. 81-154; contre-mémoire du ond duras ,ol. 1,
chap. IV, p. 23-39 et chap. VI, p. 134-190. - Pour la zone de la montagne de Tepangüisir, El

Salvador s'appuie sur le titre de Citali de 1776,

dont les limites sont représentées par la carte
6.1 du mémoire à laquelle renvoie le chapitre

6.a1; et aussi par la carte 6.1 du "Book of Maps"
annexé. C'est la ligne de l'uti possidetis juris.

Mais, d'autrepart, on trouve une autre lignepour
la montagne de Tepangüisir au chapitre 6.69; et

cette fois il renvoie à la carte 6.7. Si l'on
projette les cartes salvadoriennes 6.1 et 6.7,

comme cela a été fait dans la carte hondurienne
2.1 du contre-mémoire, on remarquera qu'il
n'existe pas de coïncidence dans la partie plus à

l'ouest, car un large triangle revendiquépar El
Salvador est situéau-dela des limites du titre de

Citali.

- Pour la zone de Las Pilas ou Cayaguanca, El
Salvador se prévaut du titre des terrains

communaux de La Palma, arpentésen 1829; terrains
dont les limites sont représentées par la carte

6.2 du mémoire, à laquelle renvoie le chapitre
6.192; et aussi, par la carte 6.11 du "Book of

Maps" annexé au mémoire. Cependant, on trouve une
autre lignepour ce secteur auchapitre 6.70 et là

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.8; trad. fr.,
p. 27.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.19; trad. fr.,
p. 30. il existe un renvoi à la carte 6.8. De même, si on

projette les cartes saïvadoriennes6.2 et 6.8,
comme cela a été fait dans la carte hondurienne

3.1 du contre-mémoire, on peut remarquer que la
limite Nord ne coïncide pas, la ligne des

"effectivités"allant plus au Nord.

- Dans la zone dlArcatao ou Zazalapa, la

contradiction entre les lignes est plus frappante.

Ici, El Salvador s'appuie sur le titre des
terrains d'Arcatao de 1724, dont les limites sont
représentées par la carte 6.3 du mémoire, à

laquelle rénvoie le chapitre 6.2~~. Par contre, le
chapitre 6.71 décrit une ligne assez différente,

s'appuyant sur les "effectivités", qui est
représentée par la carte 6.9 du mémoire. Si on

regarde les deux lignesprécédentes,comme on peut
le faire sur la carte hondurienne 4.1 du contre-

mémoire, on constatera que la deuxième ligne
dépasse de beaucoup la première, la ligne du titre

d'Arcatao ne couvrant en réalité que la partie
centrale du secteur endispute.

- Dans la zone de Perquin, Sabanetas ou

Naquaterique, El Salvador s'appuie sur le titre
des terrains de Perquin y Arambala de 1815;

terrains dont les limites sont représentées à la
carte 6.4, à laquelle renvoie le chapitre6.35 du

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.28; trad. fr.,

p. 33. mémoire1; et aussi par la carte 6.IV du "Book of
Maps". Néanmoins, une autre ligne est décrite au

chapitre 6.72, qui renvoie à la représentation de
la carte 6.10. Et la comparaisondes deux lignes,

que l'on peut faire à la carte hondurienne 5.2 du
contre-mémoire, permet de constater qu'elles ne

coïncident pas; la ligne fondée sur les
"effectivités" allant au-delà de la ligne des

titres de 1815 et 1743 dans cinq zones, les quatre
premières numérotées 1 à IV, la cinquième étant

située à l'Est, au-delà de la liaison entre la
montagne de La Isla et le Malpaso de Similaton.

- Pour Monteca ou Poloros, El Salvador s'appuie sur
le titre du terrain de Poloros de 1760, dont les

limites sont représentées à la carte 6.5 du
mémoire, à laquelle renvoiele chapitre 6.5s2, et

aussi à la carte 6.5 du "Book of Maps". Cependant,
une autre ligne est décriteau chapitre 6.73 du

mémoire salvadorien, qui renvoie pour sa
représentation à la carte 6.11. Si on compare ces

deux lignes, comme cela a été fait dans la carte
hondurienne 6.1 du contre-mémoire, on peut

constater qu'elles ne coïncident pas dans la
partie Ouest de la zone, la ligne fondée sur des

prétendues "effectivités" allant au-delà de la
première.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.35; trad. fr.,
p. 36.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.55; trad. fr'.,

p. 43. - Finalement, dans la zone dite de l'Estuaire du

Goascorèn, El Salvador s'appuie sur le titre du
terrain de Los Amates dont les limites sont

arbitrairement localisées dans la carte 6.6 du
mémoire à laquelle renvoie le chapitre 6.62l; et

aussi à la carte V.l du "Book of Maps". Mais au
chapitre 6.73 on trouve la description d'une autre

ligne, avec un renvoi à la carte 6.12 du mémoire.
La comparaison entre les deux lignes, une fois

encore, met en relief. le fait qu'elles ne
coïncident pas, la deuxième englobant la totalité

de la zone en dispute.

La comparaison entre ces deux lignes peut être faite
aussi à l'aide des cartes salvadoriennesdu contre-mémoire

3.A (Tepangüisir), 3.C (Cayaguanca), 3.D (La Virtud-
Sazalapa), 3.1 (Colomoncagua-Nahuaterique), 3.5 (Dolores),

et 3.K (Goascoran). Et le contraste est grand, ces cartes
ayant été composées avec des couleurs différentes pour les

titres de terres et pour les autres zones revendiquées par
El Salvador.

13. Dualite, donc, des tracés salvadoriens, l'un

s'appuyant sur l'uti possidetis juris, l'autre sur les
"effectivités". Et,par rapport au second, cela est aussi

confirmé par les six cartes,non numérotées, surles "Human

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.62; trad. Fr.,
p. 45.Settlements" dans les zonesen dispute, insérées après le
chapitre 7 du mémoire. Ces cartes représententla ligne

revendiquéepar El Salvador aux chapitres 6.69 à 6.73 et non
la ligne s'appuyantsur les titres des terrains.

14. Enfin, on se rappellera que le Gouvernement d'El

Salvador avait avancé une autre "base" deses prétentions
dans le paragraphe 2du point 1 des Conclusionsdu mémoire:

le droit exclusif sur les "tierras realengas" situées entre
les terrains concédés par la Couronne d'Espagne.

La "localisation" des "tierrasrealengas"est faite par
El Salvador aux cartes 6.7 a 6.12 du mémoire. Mais deux

points méritent d'être soulignés à cet égard. D'une part,
qu'il n'existe aucune "ligne" concrète, mais une prétention

territoriale entièrement indéterminée, les "tierres
realengas" (Crown Lands) ayant été indiquéesdans les cartes

6.7 a 6.12 par une zone ombragée d'étendueillimitée.

D'autre part, que le Gouvernement d'El Salvador tombe
dans une flagrante contradictionsur ce point, lorsqu'il

parle de la "Localization of Crown Lands (tierrasrealengas)
bevond the Common Land (tierras ejidales) described in the

title of...". Mais les cartes 6.7 à 6.12 ne sont pas celles
qui représententles limites des terrains - cartes 6.1 à 6.6

et 6.1 à 6.VI du "Book of Maps" -: il s'aqit des cartes
représentant la liqne décrite aux chapitres 6.69 à 6.73,

voire la liqne fondée sur des prétendues "effectivités". Et
on voit mal comment El Salvador peut établir une contiguité

entre "tierras realengas" et "effectivités", même en
admettant par hypothése son droit exclusif auxpremières, si

la deuxième ligne va au-delà de la limite des terrains
concédés par la Couronne d'Espagne. Cependant, cettecontradiction met en relief un autre trait saillant des

tracés salvadoriens.

Liens artificiels entre les différents tracés
soutenus par El Salvador

15. A la vérité, soutenir devant la Chambre de la
Cour, cumulativement, trois tracés différents, s'appuyant

sur des "bases" ou fondements juridiques distincts, comme le
fait El Salvador, constitue sans doute une position peu

habituelle dans les litigesde délimitation. Et, en tout
cas, assez difficilede justifier.

Conscient de cette difficulté insurmontable, le

Gouvernement d'El Salvador a essayéd'établir des liens
artificiels entre les trois tracés. Mais inévitablement, il

tombe dans des contradictions.

16. D'abord, il essaie d'identifier la ligne établie
d'après son interprétation des limites des terrains, voire

la ligne qui s'appuie sur l'uti possidetis juris et la ligne
fondée sur des prétendues "effectivités" et décrite aux

chapitres 6.69 à 6.73 du mémoire.

Un premier moyen est la référence incluse dans les
cartes 6.1 a 6.VI du "Book of Maps", car l'intitulé commun

de ces cartes est le suivant "Interpretation of the Common
Lands Title of... (ici le nom du titre ou titres), which

protects the zone of..." (Tepangüisir,etc.). Il s'agit d'un
intitulé délibérément trompeur, car il présuppose une

identité entre la revendication d'ElSalvador et les limites
des terrains des communautés d'après les titres concédéspar
la Couronne d'Espagne. Mais le titre ou les titres, enréalité, ne pourrait ou ne pourraient "protéger" qu'une
partie de la revendication territorialesalvadorienne, la

ligne fondée sur l'uti possidetis jurisne coïncidant pas,
en tout ou en partie, avec la ligne fondée sur des

prétendues "effectivités" et décrite aux chapitres 6.69 à
6.73.

17. Deuxième moyen, encoreplus inexact et trompeur:

le paragraphe qui précède la description de la ligne faite
aux chapitres 6.69 à 6.73, sous la rubrique"Conclusion"du

chapitre 6, où il y est dit, en effet que:

"The Commons Title issued by the Crown and the
Spanish authoritieson behalf of the Province of
San Salvador and which embrace the disputed zones
let us determine with absolute evidence the
boundaries of the commons perimeter belonging to
El Salvador, same which, although demarcating with
absolute precision the limites of salvadorefian
common lands are not restrictive of its
jurisdiction because in the Colonial days, a
province's jurisdiction always extended beyond the
limite of its commons. The interpretation ofthese
technicall~the line that determines the inclusione

zoneç. Aotechnical interpretation which preser,ving
the salvadoreiian rights in the claimed Crown
Lands, goes as following..." (soulignépar nous).

L'obscurité' délibérée, voire la confusion dans le

raisonnement,ne cache pas pour autant le résultat: la ligne
qui suit dans les chapitres6.69 à 6.73 c'est la ligne

déterminant "l'ensemble desterrains communauxcompris dans
les zones en litige". En apparence, donc, une lignefondée

sur les limites des terrains communauxet, conséquemment,
sur l'uti possidetisjuris. Mais cette ligne, comme on l'a

déjà mis en relief, va au-delà de la ligne selon les titres
des terrains, et il suffit de comparer les cartes 6.1 à 6.6

(ou 6.1 à 6.VI) d'un côté et les cartes 6.7 à 6.12 et celles
des "Human Settlements''de l'autre. 18. Ensuite, le Gouvernement d'El Salvador essaie

d'établir un lien entre la ligne fondée sur des prétendues
"effectivités" etsa prétention sur les "tierras realengas".

Et le moyen pour y arriver, c'est l'intitulé des cartes 6.7
à 6.12: "Localizationof the Crown Lands bevond the Common
Lands...". Cependant, on a dé jA mis en relief que la zone

ombragée pour les "tierras realengas" n'est pas le
prolongement de la ligne fondée sur l'uti possidetis, mais

de la ligne, allant au-delà, et qui s'appuiesur des
prétendues "effectivités".Il s'agit, en effet, des cartes

auxquelles renvoient les chapitres 6.69 à 6.73 du mémoire
salvadorien.

19. Enfin, la pluralité de tracés soutenus

simultanément par El Salvador le fait tomber dans des
contradictionsinsurmontables.Aux chapitres IV, V, VI, VII,
VI11 et IX du présent écrit, ces contradictions ont été

mises en relief par rapport à chacun des secteurs,ainsi que
la pluralité de tracés avancéepar El Salvador.

2. La ~sition du Honduras

20. Le comportementd'El Salvador contraste avec celui

du Honduras dont lesconclusions n'ont qu'un seul fondement
juridisue, à savoir le principe de l'uti possidetis juris

dont le sens et la portée ont été exposés dans le mémoire et
dans le contre-mémoire du ~ondurasl. Cette interprétation
n'est pas différentede celle que la Chambre de la Cour

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, première partie,
chap. III, p. 81-154; contre-mémoire du Honduras, vol. 1,
chap. IV, p. 23-39 et chap. VI, p. 134-190.instituée pour régler le différend frontalier entre le
Burkina-Faso et la République du Mali a donnée par son arrêt

du 22 décembre 1986l. Analysant "larelation juridique entre
les effectivités et les titres", la Chambre s'est exprimée

comme suit:

"A cet effet plusieurs éventualités peuvent être
distinguées. Dans le cas où le fait correspond
exactement au droit, où une administration
effective s'ajoute h l'uti possidetis juris,
l'effectivité n'intervient en réalitque pour
confirmer l'exercice du droit né d'un titre
juridique.
Dans le cas où le fait ne correspondpas au droit,
où le territoire objetdu différend est administré
effectivement par un Etat autre que celui qui
possède le titre juridique, il' y a lieu de
préférer le titulaire du titre. Dans l'éventualité
où 1"effectivité' ne coexiste avec aucun titre
juridique, elle doit inévitablementêtre prise en
considération. 11 est enfin des cas où le titre
juridique n'est pas de nature à faire apparaître
de façon précise l'étendue territoriale sur
laquelle il porte. Les 'effectivités' peuvent
alors jouer un rôle essentiel pour indiquer
comment le titre est interprétédans la pratique."

A la lecture du chapitre suivant on constatera que

l'ordre dans lequel, dans cette dernière affaire, la Chambre
de la Cour a présenté les rapports entre titres et

effectivités n'est pas éloigné de celui qui a inspiré la
sentence pronon'cée le 23 janvier 1933 dans le différend

frontalier entre le Guatemalaet le ~onduras2et, moins

1 C.I.J. Recueil 1986,p. 586-587,par. 63.

2 R.S.A., vol. II, p. 1324.encore, de celui dont a fait application le Conseil Fédéral

suisse dans la sentence du 24 mars 1922 qui a tranché le
différend frontalier entre la Colombie et le ~enezuelal.

21. L'unité de fondement juridique que la République

du Honduras a délibérément choisidans la défense de ses
droits a entraîné, par voie de conséquence,l'unité de tracé

de la liqne frontière qu'elle revendique en forme de
conclusions dans chacun des secteurc sontestés.

B. CONCLUSIONS SUR LE DROIT APPLICABLE

22. Ainsi que la République du Honduras l'a expliqué

au seuil de son mémoire, le différend soumis à la Chambre de
la Cour présente des caractèresdifférents selon les objets
(territoire terrestre - iles - espaces maritimes)et cette

différence d'objets commande l'application de normes
juridiquesspécifiquesen fonctionde ces objets.

23. Dans la mesure où le différend a pour objet la

délimitationde la frontière terrestre dans les secteursnon
décrits par l'article 16 du Traité Général de Paix du

30 octobre 1980, les Partiessont d'accord pour demander à
la Chambre de la Cour de faire application du principe

général de l'uti possidetis juris2. S'agissantdes iles,

1 R.S.A., vol. 1, p. 228.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 3; trad. fr., p. 12.Meanguera et Meanguerita, le même principe trouvera

application pour la raison qu'elles relevaient, avant
l'indépendance, de la province de l'Empire espagnol à

laquelle 1'Etat du Honduras a succédé.

24. Les difficultés quant à la mise en Œuvre du
principe de l'uti possidetis iuris en matière de

délimitationde la frontière terrestresont nées du fait que
la République d'El Salvador suggère d'accorder,dans la mise

en Œuvre concrètede ce principe, une influence démesurée à
l'effectivitéde la possession et à un ensemble de facteurs

d'équité qui aboutissent à dénaturer la raison d'être et la
significationpropre du principe1.

A l'appui de sa thèse, la République d'El Salvador n'a

fait état d'aucune doctrine cohérente et, quant à la
jurisprudence, El Salvador s'est borné à citer, en la

déformant, la seule sentence arbitrale prononcée le 23
janvier 1933 dans le différend frontalierentre le Guatemala
et le Honduras, négligeant ainsi les nombreuses décisions

citées dans son mémoire par la Républiquedu on duras^.

25. Le Gouvernementdu Honduras n'a pas l'intention de
reprendre en détail l'analyse de la jurisprudence dontil a

fait état et dont se dégage l'expression d'un consensus
général en faveur de la primauté des titres sur les éléments

factuels dans la mise en Œuvre du principe de l'uti

possidetis iuris danslequel le Conseilfédéral suisse,

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IV,

p. 26-40.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, p. 81-154.statuant en 1922 dans le conflit de frontières entre la

Colombie et le Venezuela, a vu, à juste titre, un "principe
de droit constitutionnelet internationalto1.

26. En matière de succession d'Etats la Chambre de la

Cour appelée à trancher le différend entre le Burkina Faso
et la République du Mali a qualifié le principe de l'*

possidetis juris de "principe d'ordregénéral nécessairement
lié à la décolonisationoù qu'elle se produise2".

27. Etant donné l'importance que la Partie adverse

semble attacher à la sentence arbitraledu 23 janvier 1933
pour étayer sa thèse, il a paru essentiel au Gouvernementdu

Honduras de rétablir la portéeexacte de cette sentence en
la situant dans son contexteet en ne négligeant aucunde

ses aspects. Tel sera l'objetde la section suivante.

Section II. L'uti possidetis juris, la sentence du 23 janvier
1933 et la jurisprudenceinternationale

A. INTRODUCTION

28. La section 1 du chapitre II de la partie 1 du
contre-mémoiredu Gouvernementd'El Salvador est consacrée à

"L'interprétationcorrecte du principe de l'uti possidetis
juris dans le cas des titres officiels de terrains

communaux3".

1 Sentence du 24 mars 1922, w, vol. 1, p. 223 et

suiv.

2 C.I.J. Recueil 1986, Arrêt du 22décembre 1986,
p. 564-567, par. 19-26.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. II; trad. fr.,
p. 10. Alors que le contre-mémoire de la République du

Honduras avait fondé sa propre interprétation du principe de
l'uti possidetis juris sur l'analyse de dix sentences

arbitralesl, le contre-mémoire d'El Salvador a limité son
examen A quelques extraits de la seule sentence arbitrale

prononcée le 23 janvier 1933 par le Tribunal Arbitral
institué par le Traité conclu le 16 juillet 1930 entre le

Guatemala et le Honduras. Ce choix s'explique évidemment par
la place qu'occupent dans cette sentencela possession et le

contrôle administratif en tant que critères du principe de
l'uti possidetis.

La République du Honduras, qui a elle-même cité de
larges extraitsde la sentence du 23 janvier 1933 aux pages

138 à 144 de son mémoire, a fait suivre ces extraits de
commentaires que la Partie adverse feint d'ignorer et sur

lesquels il est indispensable derevenir.

29. Le point de départ de toute analyse d'une sentence
arbitrale doit toujours être recherché dans les termes du

compromis par lequel les parties ont délimité les pouvoirs
des arbitres. Il en est ainsi, notamment, quant au droit

applicable puisque,aussi bien, il n'existe en matière de
délimitation de frontières, et sous réserve du droit des

peuples à disposer d'eux-mêmes et de la prohibition du
recours à la 'force, aucune norme de jus coqens mais

uniquement des principes généraux destinésà combler les
lacunes du compromisou à en éclairer le sens et la portée.

L'article V du Traité du 16 juillet 1930 est rédigé

comme suit:

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III,

p. 123-150. "The High Contracting Parties are agreed that the
only line that can be established de jure between
their respective countries is that of the uti
possidetis-of 1821. Consequently, it is for the
Tribunal to determine this line. If the Tribunal
finds that either has during its subsequent
development acquired beyond this line interest
which must be taken into consideration in
establishing the final frontier, it shall modify
as it may consider suitable the line of the uti
possidetis of 1821 and shall fix such territorial
or other compensationas it may deem equitable for
one Party to the other."

L'expression "in their subsequent development" devant
nécessairement désigner des développements postérieursà

1821, il apparaît que le Tribunal, en principe juge de
droit, disposait aussi de pouvoirs anormaux lui permettant

de statuer en justiceet en équité. En fait on constatera
que le Tribunal a eu recours à cette faculté avec prudence

et mesure.

30. Dans la partie introductive de la sentence, le
Tribunal a relevé, d'entrée de jeu, qu'il existait une

divergence de vues entre les parties quant au sens de
l'expression"uti possidetis de1821".

Le Tribunal résume comme suit les thèses développées

sur ce point par les parties:

"Guatemala urges that it was because of the
failure of these proceedingsland the

Il s'agit des négociations qui ont précédé la
conclusion du Traité du ler août 1914 qui ne permettait de
recourir à la possession que dans la mesure où elle
apparaîtrait juste, légale et bien fondée, conformémentaux
principes généraux du droit et aux règles de justice
consacréespar le droit des gens. unsatisfactorinessof that test1,that the Parties
in the present Treatymust be taken to have
intended to prescribe a different test and hence
deliberately used the expression 'uti possidetis
of 1821' as referring to the factual situation,
instead of uti possidetis juris, as defining legal
right. Honduras, on. the contrary, refers to the
former proceedings as showing an agreement between
the two countries as to the 'principe of uti
possidetis of 1821' and this is deemed to- be
continued by Article V of the Treaty of 1930,
which is said to require the 'running a juridical
line de iure between the two countries upon the
uti possidetis, naturally iuriç of 1~21'~."

La suppression du mot iuriç dans le Traité de 1930 a

semblée significative au Tribunal qui en a tiré les
conséquencessuivantes:

"The Treaty of 1930 is a new agreement whichmakes
no mention of the earlier and unsuccessful efforts
at settlement and must stand on its own footing.
The expression 'uti possidetis' undoubtedly refers
to possession. It makes possession the test. In
determining in what sense the Parties referred to
possession, we must have regard to their situation
at the moment the colonial regime was terminated.
They were not in the position of warringStates
terminating hostilities by accepking the status of
territory on the basis of conquest. Nor had they
derived rights from different sovereigns.The
territory of each Party had belonged to the Crown
of Spain. The ownership of the Spanish monarchhad
been absolute.In fact and law, the Spanish

1 de l'uti possidetis juris.

2 R.S.A., vol. II, p. 1323. On peut s'étonner que le
Tribunal ne se soit pas expliqué sur la portée juridique des
mots de iure qui figurentdans l'article V du compromis.monarch had been in possession of al1 the
territory of each. Prior to independence, each
colonial entity being simply a unit of
administration in al1 respects subject to the
Spanish King, there was no possession infact or
law, in a political sense, independent of his
possession. The only possession ofeither colonial
entity before independence wassuch as could be
ascribed to it by virtue of the administrative
authority it enjoyed. The concept of 'e
possidetis juris of 1821' thus necessarily refers
to an administrative control which rested on the
will of the Spanish Crown. For the purpose of
drawing the line of 'uti possidetis of 1821' we
must look to the existenceof that administrative
control. Where administrative control was
exercised by the colonial entitywith the will of
the Spanish monarch,there can be no doubt that it
was a juridical control, and the line drawn
according to the limits of that control would be
juridical line. If, on the other hand, either
colonial entity prior to independencehad asserted
administrative controlcontrary tothe will of the
Spanish Crown, that would have been mere
usurpation, and as, ex hypothese, the colonial
regime still existed and the only source of
authority was theCrown (except during the brief
period of the operation of the Constitution of
Cadiz), such usurpation could not confer any
status of 'possession' as against the Crown's
possession infact and law.

The question, then, is one of the administrative
control held prior to independence pursuant to the
will of the Spanish Crown. The the for the
application of this test is agreed upon by the
Partie,s.It is the year 1821 when independence was
declared. We are to seek the evidence of
administrative control at that time. In
ascertaining the necessary support for that
administrative controlin the will of the Spanish
King, we are at liberty to resort to al1
manifestationsof that will - to royal cedulas, or
rescripts, to royal orders, laws and decrees,and
also, in the absence of precise laws or rescripts,
to conduct indicating royal acquiescence in
colonial assertions of administrative authority.
The Crown was at liberty at al1 times to change
its royal commands or to interpret them by
allowing what it did not forbid. Inthis situation the continued and unopposed assertion of
administrativeauthority by either of the colonial
entities. under claim of right, which is not shown
to be an act of usurpation because of conflict
with a clear and definite expression of the royal
will, is entitled to weight and is not to be
overborne by reference to antecedent provisionsor
recitals of an equivocal character. Statements by
historians and others, of repute, and
authenticated maps, are also to be considered,
although such descriptive material is of slight
value when it relates to territory of which little
or nothing was known and in which it does not
appear that any administrative control was
actually exercised. It must be noted that
particular difficultiesare encountered in drawinq
the line of 'uti possidetis of18211, by reason oÉ
the lack of trustworthy information durina
colonial times withrespect-toa large part of thé
territory in dispute. Much of this territorywas
been visited were vaguely known. In consequence,ly
not only had boundaries of jurisdictionnot been
fixed with precision by the Crown but there were
great areas in which there had been no effort to
assert anY semblance of administrative
authorityl."

On retiendra esssentiellementde cette citation:

- l'insistance avec laquelle le Tribunal rappelle

que, dans la mise en Œuvre du critère du contrôle
administratif, il faut en principe toujours se

rappocter à la date critique de 1821;

1 R.S.A., vol. II, p. 1324-1325. Texte déjà cité en
langue française dans le mémoire du Honduras, vol. 1,
chap. III, p. 140-142. - l'ordre dans lequel le Tribunal cite les modesde

preuve de la volonté royale, à savoir: 1) les
cédules royales, rescrits et décrets et 2)

l'absence de tels documents émanant de la
Couronne, les comportements significatifs

d'acquiescement royal aux assertions coloniales
d'autoritéadministrative:

- l'exigence selon laquelle les actes de contrôle
administratif émanant des entités coloniales

doivent avoir été faits "under claim of right" et
sans opposition de la part de la partie adverse,

faute de quoi ils doivent être considérés comme
des actes d'usurpation.

Toutes ces' conditions témoignent de la volonté du

Tribunal de rechercher, au besoin par des présomptions
proches de la fiction, la volonté du monarque espagnol,ce

qui est une manière de faire qui est fort proche de la
techniquede l'uti possidetis juris.

31. Dans d'autres passages de la sentence, certains

comportements postérieurs à l'indépendance ont été
considérés par le Tribunal comme reflétant rétroactivement

la volonté royale. C'est à propos de la contestation
relative à la région.dlRmatiqueque le Tribunal a pris en

considération différents décrets du Guatemala, tous
postérieurs à l'indépendance,pour le motif suivant:

"While no State can acquire jurisdiction over
territory in anotherState by mere declarationon
its own behalf, it is equally true that these
assertions of authority by Guatemala (and other
acts on her part disclosed by the evidence),
shortly after independence, with respect to the territory to the north and west of the Motagua
river, embracing the Amatique Coast region, were
public, forma1 acts and show clearly the
understanding of Guatemala that this was her
territory. These assertions invited opposition on
the part of Honduras if they were believed
unwarrantedl."

On observera que, lorsqu'il a été confronté à des
situations de fait dans lesquelles il n'existait ni

documents probants ou fiables émanant de la Couronne
d'Espagne, ni actes unilatéraux des parties édictés à une

date postérieure maisproche de la date de Ilindépendance,
le Tribunal, "which is not required to perform the
impossible, and manifestly is bound to establish that

lineZWr a pris soin d'invoquer la disposition expresse du
compromis selon laquelleil avait été habilité à ,établirla

ligne "as justice may requireW3 en vue de satisfaire les
exigences d'équité découlant des activités des parties,

postérieures à l'indépendance. Dans le souci d'éviter que
l'on puisse, dans ce cas, l'accuser d'arbitraire, le

Tribunal prend soin de préciser que:

"In fixing the boundary, the Tribunal must have
regard, 1") to the facts of actual possession:
2") to the question whether possession by one
Party has been acquired in good faith, and without
invading the right of theother Party; and 3") to

1 R.S.A., p. 1327.

2 R.S.A., vol. II, p. 1352.

3 R.s.A., vol. II, p. 1352. the relation of territory actually occupied to
that which is as yet unoccupied. In the light of
the facts as thus ascertained questions of
compensation may 'be determinedi."

C'est sur base de ces critéres que le Tribunal a
tranché la contestation relative à la zone qui s'étend de
Cerro Oscuro à Angostura sur la riviére ~aria~ua~.

32. Il n'est pas inutilede rappeler que la sentence
du 23 janvier 1933, prononcée dans un différend sui opposait

le Guatemala au Honduras ne revêt pas l'autoritéde la chose
jugée dans le présent litige qui oppose El Salvador au

Honduras.

33. L'autorité de la chose jugée implique en effet
qu'il y ait, entre deux affaires, identitédes parties,

identité d'objet et identité de cause3. Commentant la portée
de l'article 59 du Statut de la Cour Permanente de Justice
Internationale (dont le texte est identique à celui de

l'article 59 du Statut de la Cour Internationale de

Justice), selon lequel "La décision de la' Cour n'est
obligatoireque pour les parties en litige et dans le cas

1 ibid.

2 -bid., p. 1355-1357.

3 Limbourg, L'autorité de choseiuqée des décisions
des juridictions internationales, R.C.A.D.I., 1929-V,
p. 523.qui a été décidé", le Juge Anzilotti a écrit qu'il faut y
voir "les trois éléments traditionnels d'identification:

persona, petitum, causa petendiWl.

Au surplus, l'autorité de la chose jugée ne s'attache
qu'au seul dispositif de la sentence ou de l'arrét, A

l'exclusion de ses motifs. Ainsi que l'a dit la Cour
Permanente dans son avisconsultatif no 11:

"il est certain que les motifs contenus dans une
décision, tout au moins dans la mesure où ils
dépassent la portée du dispositif, n'ont pas force
obligatoire pour les parties2."

34. Les observations qui précèdentet qui ont trait h
l'autorité de la chose jugée n'affectent cependantpas

nécessairement l'opposabilité aux tiers de certaines
décisions relatives à des situationsobjectives de la nature

de celles qui ont été relevéesdans l'affaire de l'île de
Palmas ou dans l'affairedu statut juridiquedu Groënland

oriental3.

1 C.P.I.J., Interprétation des arrêts no 7 et 8
(Usine de Chorzow), arrêt no 13, SérieA, no 13, p. 23.

2 C.P.I.J., série B, no 11, p. 29-30. Dans le même
sens, voir Ch. de Visschec, Aspects récents du droit
procédural de la Cour Internationalde Justice, Paris 1966,
p. 179, et du même, La chose iuqée devant la Cour
International de La Have, R.B.D.I.,,1965, 1, p. 5-14. Voir
aussi Ch. Rousseau, Droit internationalpublic, V, no 455,
p. 472.

3 S. Rosenne, The International Court of Justice,
1957, p. 437 et suiv. 35. On se gardera enfin de confondre le problème de
l'étendue de la chose iuqée avec celui de l'autorité des

précédents judiciaires. Ainsi que Charles de Visscher l'a
rappelé:

"Bien que le droit judiciaire internationalne
connaisse pas le système des précédents au sens du
droit anglo-saxon, c'est un fait indéniable que
les énonciations de droit contenues dans les
arrêts d'une cour institutionnaliséecomme l'est
la Cour Internationale de Justice, emportent
souvent une force de conviction et, de ce fait,
acquièrent une autorité au-delàdu cas décidé1."

Il s'agit dans cecas, selon M. Limbourg, de prendre en

considération "l'autorité scientifiquew2 des décisions de
justice, leur nombre et leur stabilité.

36. Parmi les problèmes liés au principe de l'autorité

de la chose jugée, il y a lieu de citer celui de la
contradiction entre deux sentences successives dans

lesquelles se trouve en cause un Etat engagé dans deux
litiges l'opposant successivement deux Etats différents.

Dans l'étude qu'il a consacrée à ce problème, le

Professeur Charles Rousseau a décelé une telle
contradiction, au sujet de la qualification d'un acte

juridique,entr6 la sentence du Roi d'Espagne du 23 décembre

1 Ch. de Visscher, op. cit., p. 180.

2 Limbourg, op. cit., p. 549.1906, prononcée dans le litiqe opposant le Honduras au
Nicaraqua, et la sentence du Tribunal Arbitral du 23 janvier

1933 dans le différend de frontièresentre le Honduras et le
~uatelamal.

Dans chacune de ces deux affaires,les arbitres ont été

appelés à dire quelle était la portée juridique de deux
cédules royales du 23 août 1745 désignant Juan Vera en

qualité de Gouverneur et Commandant de la province du
Honduras et Don Alonso Fernandez de Heredia comme Gouverneur

et Commandant général dela province du Nicaragua.

Alors que la sentence royale du 23 décembre 1906 avait
vu,,dans ces désignations, des actesimpliquant délimitation

territoriale, la sentence de 1933 en a jugé autrement pour
le motif que:

"the terms of this appointment, and of that of
Vera's successor,Ibanez Cuevas in 1748, show that
this grant of military authoritywas for special
reasons expresslylimited to thetwo functions of
defence and the prevention of illicit commerce,
and was not for the purpose of disturbing or
altering the limits of provincial administrative
authority in other matters. This is indicated by
the terms of theroyal instructionsto Vera to the
effect that it was not the royal will to make any
change in the political and civil government of
the Province of Honduras, and that Vera, in
executing his special militaryauthority, should
be careful toabstain £rom mixing 'in the

1 Charles Rousseau, Le règlement arbitral et
judiciaire et lesEtats tiers, : Mélanges H. Rolin, 1964, political and civil government of the Alcandia of
Tegucigalpa nor of any other governancy that may
reach to the said Coast which may have its
Governor, or Alcalde Mayor, because that is to
remain absolutely as it has been under the Alcade
Mayor or ~overnor'l."

Et le savant auteurde conclure:

"C'est ;à une hypothèse classique de contrariété
de jugements. Mais dans un systèmeindividualiste
et relativistecomme le droit international, fondé
sur l'indépendance et l'équivalence des actes
juridiques concurrents et des titres qu'ils
consacrent - que les uns et les autres soient
d'origine conventionnelle ou juridictionnelle,
départiteur central'absence d'unerouorganisation
judiciaire hiérarchiquement ordonnéez."

C. CONCLUSIONS

37. Une lecture attentive de la sentence du 23 janvier

1933 rendue dans l'affaire de la frontière entre le
Guatemala et le Honduras révèle que le Tribunal présidé par

Charles E. Hughes s'est trouvé placé devant une situation
particulièrementcomplexe, en droit et en fait.

38. En droit, l'article V du Traité du 16 juillet 1930
faisait devoir au Tribunal de tracer une ligne qui, du

commun accord des parties,ne pouvait ëtre fondéeque sur le
principe de l'uti possidetisde 1821. Nonobstant

1 R.Ç.A., vol. II, p. 1329.

2 Charles Rousseau,op. cit., p. 310.l'oppositionde vues entre les Partiessur le sens de cette

expression, le Tribunala réussi à donner à celle-ci une
interprétation qu'il a dégagée de la volonté commune des

,parties en se fondant sur l'histoire de leurs relations
conventionnelles et, plus particulièrement sur les

négociations qu'elles avaient eues, avant la conclusion du
Traité des 19 et 20 janvier 1895, comparées au texte de

l'article V du Traité de 1930~.

11 semble, en effet, qu'au cours de la procédure de
médiation conduite sous l'empire du Traité de ~895~, les

parties avaienten vue un règlement fondé sur le principe de
l'uti possidetis juris de 1821. Selon le Tribunal lui-même,

c'est bien ce principe qu'entendait refléter l'article II,
4O du Traité de 1895. Or, ce principe n'a pas été énoncé,

expressément ou tacitement, dans le Traité de 1930 qui a
adopté la formule neutre: "uti possidetisde 1821".

Confronté à cette situation, le Tribunall'a appréciée

comme suit:

"The reference to uti possidetis in the mediation
proceedings cannot be regarded as determinative,
for, while the Parties were then in accord that
the test provided by the Treaties of 1895 and 1914
embodied the principeuti possidetis juris, it is
not without significancethat when they negociated
the Treaty of 1930 the qualified word juriç was
not used3."

1 R.S.A., vol. II, p. 1324.

2 Reproduit dans le mémoire du Honduras, vol. 1,
chap. III, p. 115-117.

3 R.s.A. vol. II, p. 1324. Aucune filiation ne pouvant être établie entre les

Traités de 1895 et 1914 d'une part et le Traité de 1930,
d'autre part, le Tribunala estimé que celui-ci devait être
considéré comme "a new agreement which makes no mentionof

the earlier and unsuccessful efforts at settlement and must
stand on its own footing1."

De là le Tribunal a conclu que l'expression uti

possidetis de 1821, se référait "indubitablement" à la
"possession"2.

C'est donc par une interprétation souverainede la

volonté des parties et en tenant compte du contexte
historique de leurs relations conventionnelles et non par

application d'un principe général de droit que la conception
traditionnelle de l'uti possidetis s'est trouvé écartée. On

ne saurait dès lors en déduire'aucune 'conclusionpour la
solution du différend actuellement soumisau jugementde la

Chambre de la Cour.

39. Sur le plan des faits soumis à son appréciation,
le Tribunal a également été placé devant une situation

complexe parce que la plupart des titres invoquéspar les
parties se sont révélés inexistants ouéquivoques et que

l'appréciation des faits existant en 1821 se trouvait
entravée par le caractère inhabité ou inexploré des

territoires en cause. Le Tribunal a souligné ce fait dans
les termes suivants:

1 ibid.

2 ibid. "It must be noted that particular difficultiesare
encountered in drawing the line of 'uti possidetis
of 18211, by reason of the lack 'of trustworthy
information during colonial times with respect to
a large part of the territory in dispute. Much of
this territory was unexplored. Otherparts which
had occasionally been visitedwere but vaguely
known. In consequence, not only had boundaries of
jurisdiction not been fixed with precisionby the
Crown, but there were great areas in which there
had been no effort to assert any semblance of
administrative authorityl."

Cette considération deportée générale, qui figure dans

la partie introductive dela sentence intitulée "Principes
généraux", a trouvé écho dans le passage de la sentence

consacré à la région située à l'Est et au Sud de la rivière
Motagua, lorsque leTribunal soucieux de légitimer certains

empiètements effectués debonne foi au-delà de la ligne de
l'uti possidetis,a déclaréce qui suit:

''Inthis region in dispute, east and south of the
Motagua river,where it has been found impossible
to establish the line of uti possidetis of 1821,
it is manifest that neither Partycan be regarded
as infringing the rights of the other Party in
making developments accordingto the demands of
economic progress, so long as territory already
occupied has not been invaded.

In view of the nature of the territory, long
uninhabited and unknown, and of the lack of
author'itativedelimitation, it was natural that
there should have been conflicting conceptions of
the extent of jurisdictionand that each Party

1 R.S.A., vol. II, p. 1325. should believe that it was entitled to advance
into the unoccupied zone as its interests seemed
to require. Such advances in good faith, followed
by occupation and development, unquestionably
created equities which enterprises subsequently
undertaken would be bound to consider. When it
appears that the two Parties, seeking to extend
their area of possession, havecome into conflict,
the question of priority of occupation necessarily
arises. Priority in settlementin good faith would
appropriatelyestablish priority of rightl."

: En définitive, dans quatre secteurs en litige2, le
Tribunal a constaté qu'il lui était impossible de déterminer

la ligne frontière sur base, soit de titres, soit d'un
contrôle administratif effectifde la part des provinces et

s'est vu contraint de faire état deprésomptionsde contrôle
auxquelles le souverain espagnol aurait acquiescé, soit

encore aux considérations d'équitédont l'article V du
compromis l'autorisait à faire état.

40. Le Gouvernement du Honduras n'entend évidemment

pas contester le bien fondé de la sentence du 23 janvier
dont le dispositifa acquis force jugée entre les -parties.

Il soutient toutefois que cette sentence, fondéesur des
motifs propres à la cause, n'est pas représentativede la

jurisprudence et de la doctrine relatives au principe de
l'uti possidetis. Une doctrine cohérente et de portée

générale du principe de l'uti possidetisse dégage, non pas

1 R.S.A., vol. II, p. 1359.

2 ibid., p. 1351.d'une sentence isolée, mais d'un ensemble de décisions et
arrêts formant, malgréleur diversité due A la spécificité

de chaque cas d'espèce, une "jurisprudence". De cette
jurisprudence dont le mémoire du Honduras a fait largement

état, il se dégage que si l'uti possidetis jurisn'est pas,
au sens propre du terme, une "règle de droit, il est

indubitablement, quant au règlement des litiges de
frontières entre Etats d'Amérique Latine, un "principe

général de droit" au sens de l'article 38, paragraphe 1,
littera c. du Statut de la Cour Internationalede Justice.

41. Il faut se garder d'exagérer les différencesentre

la jurisprudence classique de l'uti uossidetis juris et la
solution consacréepar la sentence du 23 janvier 1933. Le

grand soin avec lequel cettedernière sentence a examiné, en
ordre successif, les titresprésentés par les parties, les

actes administratifs émanantde la Couronne, les acteç
administratifsdes Provinces accomplis avantet après 1821,

de même que la parcimonie avec laquelle le Tribunal, ne
pouvant faire 'l'impossible"1 a recouru à l'équité,
témoignent de la volonté constantedu Tribunal de fonder les

droits des parties sur la volonté expresse, tacite ou mème
présumée du Roi d'Espagne, ce qui est de l'essence même du

principe de l'uti possidetis juris dont le Honduras s'est
toujours réclamé.

1 R.Ç.A., vol. II, p. 1352. CHAPITRE III

L'APPLICATION DE L'UT1 POSSIDETIS JURISET LES
MOYENS DE PREUVE

Section 1.Introduction

1. Au chapitre précédent,a été mise en évidence
l'ambigüité de la position juridiquedu Gouvernement d'El
Salvador quant au droit applicable à la délimitationde la

frontière terrestre dans les zones en litige. On se
souviendra qu'El Salvador invoque non seulementl'uti

possidetis juris et la possession effective ("effectivités")
simultanément, mais,de surcroît, un droitexclusif sur les
"terres de la Couronne" (tierrasrealengas). Cela a pour

conséquence - sans doute surprenante- qu'il revendique
devant la Chambre de la Cour une pluralitéde tracés à la

fois, pluralité qui va de pair avec les différents
fondementsjuridiquesinvoqués.

C'est là que réside la première divergence des Parties
sur le droit applicable; car le Gouvernement du Honduras

n'invoque qu'un seul fondementjuridique: l'uti possidetis
juriç. Et, en conséquence, il n'a revendiqué qu'un tracé
pour la frontière terrestre: celui des limites

administrativesdes anciennes provinces espagnoles, telles
qu'elles ressortent des documents antérieursà 1821.

2. Mais il reste une seconde divergence, liée à
l'applicationde l'uti possidetis iuris et aux moyens de

preuve des limites existanten 1821. Cette divergenceest
apparue dès le premier écrit d'El Salvador, carles
chapitres 4, 5 et 6 de son mémoire comportent diversesthèses ayant trait aux "ejidos' et aux "terres de la
Couronne", thèses dont les erreurs et inexactitudes par

rapport au droit espagnol ont été exposées dans le contre-
mémoire du ~ondurasl.

Le contre-mémoire d'El Salvador, dans son chapitreII,
est revenu sur ces thèses pour les mettre ensuite en

application, dans l'examen effectué au chapitre III. Il en
a, en outre, exposé d'autres, ne figurant pas dans son

mémoire, et se rapportant à la force probante des titres
produits par le Honduras.

Ainsi, après avoir signaléle consensus des Partiessur

l'application de l'uti possidetis juris et la date critique
de 1821, le Gouvernement d'El Salvador affirme que ce

consensus n'est qu'apparent, étant donné qu'il existe"a
radical disagreement' entre ellessur deux points, à savoir:

"...both in relation to the force and validity
that should be given to the Forma1 Title Deeds to
Cornons ("Titulos ejidales") as a firm and
decisive proof of uti possidetis juris and in
relation to the manner in which such Formal Title
Deeds to Cornons should be interpreted and
applied2."

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 41-121.

2 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 2.2, p. 12. Mais au surplus, il est significatif que le
Gouvernement d'El Salvador ait inclus sa thèse sur ces

points dans les Conclusions qu'il soumet à la Chambre de la
Cour et dans lesquelles il prétend avoir démontré quatre

points, outre les arguments déjàexposés dans son mémoire.
Les deux premiersse rapportent aux titres présentés par El

Salvador; les deux derniers, auxtitres produits par le
~ondurasl.

3. En réalité, nonobstant les points figurant dans

les Conclusions d'El Salvador, il suffit de lire le
chapitre II de son contre-mémoire pour comprendre que la
divergence fondamentale des Partiessur l'application de

l'uti possidetis juris repose sur ce qui suit: pour El
Salvador, ce sont les limites des terrains concédés par la

Couronne d'Espagne qui déterminent la ligne à établir en
application dudit principe, y compris si un terrain fait

partie d'une autre province, et non pas les limites des
provinces.

Ainsi, selon le Gouvernement d'El Salvador, le litige

actuel relatif à la ligne frontière dans les zones
contestées devrait être tranché sur la base d'un principe

d'identité entre "lands boundaries defined by the Forma1
Title Deed to Commons of the indigenous communities" et

"international boundaries of the territoriesof each State"
à la date critique de 18212. Cette divergence entre les
Parties sera examinée à la section II du présent chapitre.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.2,

p. 292.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.4, p. 13. 4. Mais, en sus de cette divergence fondamentale
relative à l'application de l'uti gossidetis juris, il

convient d'en mentionner deux autres, également en rapport
avec ce principe.

5. D'une part, le Gouvernementd'El Salvador a opposé

les "Formal Title Deed to Gommons", qu'il a présentés à la
Chambre de la Cour, aux simples "Title Deed to private
proprietary interest in land" produits par le ~ondurasl. La

finalité de cette thèse salvadorienne, ainsi qu'il ressort
de la lecture du chapitre 3 de son contre-mémoire, est

d'attribuer une force probante supérieure aux documents d'El
Salvador, par rapport aux titres de terrains produits par le

Honduras. Cette divergence entre les Parties fera l'objet de
la section III, A du présent chapitre.

6. D'autre part, le Gouvernementd'El Salvador - qui,

dans son mémoirez, avait consacré un chapitre aux "terres de
la Couronne" (Crown Lands) - revient sur ce point dans son

second écrit, en l'incorporantaux ~onclusions3.On est donc
contraint d'aborder brièvement - à la section III, B du
présent chapitre - ce sujet déjà examiné dans le contre-

mémoire hondurien4.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, I,2,
p. 292.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 5; trad. fr.,
p. 23-24.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.4, p. 13 et
Submissions, 1, 2, i), p. 292.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 83-94. Section II. Limites des terrains, limitesdes anciennes
provinces, auxfins de l'applicationde l'e

possidetis jurisde 1821

A. LA POSITION D'EL SALVADOR:LA LIMITE DES TERRAINS

1. Introduction
*

7. Pour l'essentiel, la thèse d'El Salvador sur la
limite des terrains aux fins de l'application de l'-ti

possidetis juris de 1821 se fonde sur un double postulat,
contraire au droit espagnol des Indes; elle aboutit à une

conséquence qui défigure le contenu et les effets de l'uti
possidetis juris en matière de délimitation,tel qu'il a été

reconnu par la jurisprudenceinternationale.

Mais d'autre part, on pourra observerque la position
d'El Salvador n'est qu'un argument taillé sur mesure pour

soutenir ses prétentions injustifiées dans plusieursdes
secteurs de la frontière terrestre. Il n'est donc pas

surprenant que le Gouvernement d'El Salvador considére que
ce point de droit constitue "the crucial issue in this

litigationl."

2. La positiond'El Salvador se fonde sur un double postulat
contraireau droit espaqnoldes Indes

Les postulatsde la position d'El Salvador

8. Le premier postulat de la position salvadorienne

est le caractère des "ejidos" ou terrains attribués à une

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.5, p. 13.communauté indigène en Amérique par les autorités
espagnoles. Dans son mémoire, à propos de la concession

d'"ejidos" dans la montagne de Tepangüisir à la communauté
de Citala, en 1776, El Salvador a affirméque:

"...(the) Commons constitute a political
institutionwhich belongs not only to the township
to which it belongs but also to the Province of
which the township forms part1' (souligné par
nous).

9. .En second lieu, en partant de ce caractère des

"ejidos", El Salvador a prétendu que, en ce qui concerne la
montagne de Tepangüisir, la concession du terrain à la

communauté de Citala a produit un effet juridiqueimportant,
à savoir que:

"...the administrative controlover that mountain
(Tepangüisir)was also necessarily adjudicated to
the Province of whith the township entitled to
Commons formed part, in this case therefore to the
Province of San ~alvador~' (soulignépar nous).

Dans son contre-mémoire, El Salvador a insisté de
nouveau sur la notion de contrôle administratif, en se

fondant sur la sentence arbitraleprononcée le 23 janvier

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.9; trad. fr.,

p. 27.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.9; trad. fr.,
p. 27.1933 dans le différend frontalier entre le Guatemala et le

~ondurasl, qu'il interprète de façon erronée. C'est ainsi
que, d'une part, il a soutenuque:

"Once a particularCommons had been adjudicatedto
particular settlement, it is unquestionable that
the administrative control over the wholeof these
communal landscame to be exercised by and £rom
the jurisdiction appropriate to the particular'
settlement benefitted2"(soulignépar nous).

d'autre part, que la nécessité dudit contrôle administratif

se justifiait par le "communal characterof the Commons",
sur la base qu'étaitnécessaire:

"...a strict and continuous local administrative
control in order to avoid any fundamental
alteration of the nature of the institution
through theimplantationof any individualprivate
property3."

A l'appui de cette thése, El Salvador s'est référé h
certaines dispositions dudroit espagnol des Indes et au
"dispositif"du titre de Poloros de 1760~. On examinera ces

référencesau paragraphesuivant.

1 R.S.A., vol. II, p. 1324.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.7, p. 15-16.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.8, p. 16.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.10-2.14,
p. 17-18. Les postulats de la position d'El Salvador sont

dépourvus de fondement dans le droit espaqnol des
Indes

10. D'abord, il convient de rappeler que le droit
espagnol en vigueur en Amérique Centrale jusqu'en 1821

n'est, pour la Chambre de la Cour, qu'un système juridique
auquel renvoie le droit international applicable à la

délimitation, comme s'il existait un continuum iuris. Il
n'est qu'un "élément de fait, parmi d'autres" dans le

présent litige "ou un moyen. de preuve" de la situation
territorialeexistant à la date critiquel.

Par conséquent, les fondements de la thèse d'El

Salvador exigent, d'une part, l'apport d'éléments de fait
visant à déterminer quel était le droitespagnol des Indes

et, d'autre part, une interprétation rigoureusede ses
dispositions. Et, en vérité, il est surprenant qu'El

Salvador se réfère à diverses dispositionsdu droit espagnol
sans fournir la preuve de sa teneur, validité et application
éventuelle, ainsi qu'il le fait - entre autres - aux

chapitres 2.10 à 2.13 de son contre-mémoire.Cela exige
également de substituer un raisonnement rigoureux à de

simples assertions dépourvues de fondement: car les "ejidos"
ne sont pas "a political institution";de même, la

1 C.I.J. Recueil 1986, p. 568, par. 30, Affaire du
différend frontalier(BurkinaFaso/Républiquedu Mali.concession d'un terrain n'entraîne pas "nécessairement",ou

comme un fait "unquestionable", un transfert de juridiction
à l'autre province ou un contrôle administratifde celle-

cil.

11. Le Gouvernement du Honduras a produit les
principales dispositions du droit espagnol des Indes
relatives aux terres2. Il a également proposé une

interprétation autorisée de ces dispositions3. Cette étude
aboutit à certaines conclusions mettant en évidence

l'inexactitudede la thèse soutenuepar El Salvador.

12. En effet, les "ejidos" ou terrains communauxdont
El Salvador invoque l'es titres de concession ne sont

aucunement une "institutionpolitique". Ce sont des "ejidos
de composition",et non pas des "ejidos de peuplement" ou de

"réduction", concédés à diverses époques du régime de
"composition des terresde la Couronne", ainsi qu'on l'a

déja montré4.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.9; trad. fr.,
p. 27; contre-mémoiredlE1.Salvador,chap. 2.7, p. 15-16.

2 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe11.1,
11.2, 11.3 et 11.4, p. 63 et suiv.

3 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe 1,

Consultation établiepar le Professeur A. Nieto Garcia, p. 1
et suiv.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 68-74. Cela apparaît clairement chez legrand historien du

droit des Indes à qui El Salvador se réfère au chapitre 2.19
de son contre-mémoire,José Maria Ots y Capdequi, et dans

l'ouvrage qui y est cité. En ce qui concerne les "Reales
Cédulas" de 1591, cet auteur indique que ce sont des raisons

fiscales qui ont poussé la Couronne d'Espagne à procéder à
la vente de "terres en friche" ou "terres de la Couronne";

et, après avoir cité deux illustres auteurs espagnols qui
traitent de la vente de terres, Juan de Solorzano et Antonio

de Léon Pinelo,il ajoute ce qui suit:

"Le fait est qu'à une date quenous ne pouvons
préciser, mais qui doit être de quelques années
antérieures à 1591, apparut, parallèlement à ceux
étudiés aux chapitres précédents, un nouveau titre
permettant d'acquérirla possession des terres en
friche ou terres de la Couronne; l'adjudication
aux enchères publiques au plus offrant; en cette
année 1591 tous les titres générateurs de la
possession sur les terres, établis jusqu'alors,
furent soumis à révision fiscalel" (souligné par
nous).

Les terrains furent donc acquis par les communautés de
Citala, Arcatao, Torola, Perquin y Arambala et Poloros par

voie de vente ou composition avec la Couronne, ainsi que
l'indiquent les titres invoqués par El Salvador. Ce sont

donc des biens faisant partie du domaine privé et non du
domaine public de ces communautés; et, pour celles-ci, il

n'y a avec le terrain qu'une relation à caractère

1 J.M. Ots Capdequi, Historiadel Derecho espafiolen
América y del Derecho Indiano, Madrid, 1968, p. 235.patrimonial1. La nature "politique" des "ejidos de
composition"est donc contraireau droit espagnol envigueur

en Amérique Centralejusqu'en1821.

13. En second lieu, la Chambre de la Cour sait déjà
que le droit espagnol distinguait nettement entre propriété
privée de particuliers ou de communautés et pouvoir ou

"juridiction"des autorités,distinction qui se fonde sur la
différenciation entrele dominium et l'imperiumac potestas
établie en droitromain et reprisepar les différentsdroits

européens,notammentle droit espagnol.

Par conséquent, la limite d'un terrain concédé par la
Couronne d'Espagneaux Indes ne fait apparaître que le
dominium ou propriété privéede la communauté indigène ou du

particulier qui l'a acquis par vente ou composition. En
revanche, le territoire est la limite, dans l'espace, de

l'imperiumou de la juridictiond'une autorité. Et le droit
espagnol des Indes sanctionnait sévèrementl'"usurpation"
d'un territoirepar une autorité extérieure, saufs'il y

avait une "soumission" préalable pour une affaire
particuliere,comme le montre l'arpentagedu terrain de la

montagne de Tepangüisir. Ce point a été exposé en détail
dans le contre-mémoirehondurien et il n'est pas nécessaire
de revenir sur les éléments aboutissants à cette

conclusion2.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 74-83.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 78-83. 14. Or, il découle de cette conclusion uneconséquence
importante aux fins du présent litige, à savoir que

l'attribution, par "composition" avec la Couronne, d'un
"ejido" dans une autre province ne modifie pas les limites

du territoire de la province dans le ressort de laquelle se
trouve le terrain,en faveur de la province où est située la

communauté ayant la propriété dudit terrain. Et il ne se
produit pas non plus de modification dans l'exercice de la

juridictionpar les autorités de la première au profit de la
deuxième.

L'idée d'un "transfert"de contrôle administratif,par

suite de l'acquisition d'un terrain, est inconnue du droit
espagnol, compte tenu de la distinction de base entre

dominium et imperium. Et sur ce point, le droit espagnol en
vigueur en Amérique n'exprime que ce qui constitue un

principe général ou commun aux divers systèmesjuridiques, à
savoir: que les communautés territoriales, yincluses les

municipalités ou les communautés d'habitants qui les
composent, peuvent être propriétaires, collectivement ou
individuellement,de terres, immeublesou droits fonciersen

dehors des limites de son territoire; et que les immeubles
ou terrains extérieurs au territoire de la collectivité

propriétaire restent soumis à la juridiction et à
l'administrationdes autorités dansle ressort desquelles le

terrain ou l'immeubleest situé.

L'étude de la situation existanteou ayant existé dans
le passé dans plusieurs frontières peut aisément offrir des

exemples concluants de ce principe. Mais sans y s'attarder,
un seul point mérite d'être signalé: ce principe, n'est

qu'un corollaire de l'exclusivité de la comp6tence
territoriale; exclusivité applicableaux provinces d'aprèsle droit espagnol envigueur en Rmérique Centrale. Et le

comportement des juges sous-délégués de terres, mis en
relief dans les documentsprésentés à la Chambre de la Cour,

en est la preuve: ils respectentles limites desprovinces.

15. Pour justifier sa thèse d'un "transfert" du
contrôle administratif comme conséquence de l'acquisition

d'un terrain, El Salvador a recouru à divers arguments dans
son contre-mémoire1. D'abord, il cite un passage de
l'ouvrage de M. Ost Capdequi essayant d'établir une liaison

entre l'utilisation des "ejidos" et les pouvoirs des

municipalitésen la matière2. Mais la citation se réfère aux
"ejidos de peuplement", donnée qui est omise par des points

de suspension; car ledit passage se rapporte aux "ejidos"
qui sont "des terres situées aux environsdu villageW3.

En second lieu, El Salvador fait allusion à plusieurs .

dispositions du droit espagnol. Mais,comme d'habitude, ces
références manquentde rigueur ou ne concernent pas le point

en question. En effet, on fait appel à la "Novisima
Recopilacionde las Leyes de Espaïia" de 18054. Mais il

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.9-2.14,
p. 16-18.

2 Contre-mémoire d'El Salvadorc ,hap. 2.9, p. 17.

3 J.M. Ots Capdequi, Historia del Derecho espaiiolen
América y del Derecho Indiano, Madrid, 1968, p. 240. Sur les
"ejidos de peuplement" voir contre-mémoire du Honduras,
vol. 1, chap. V, p. 55-56.

4 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.10, p. 17.s'agit là d'un corpus de lois de Castille, et non des Indes,

ayant une valeur purement supplétive en iImérique1.Il se
réfère également à un "Décret Royal" du 19 décembre 1798

sans indiquer ses sources. Or, semble-t-il, celui-ci ne
régit pas le droit des terres en Amérique, car il ne figure
pas dans le Cedulario de Tierras (1497-1820) éditépar F. de

soïano2.

Par ailleurs, les dispositionscitées se rapportant aux
Indes régissent d'autres matières et, en aucun cas,

n'établissent de lien entre les "ejidos de composition" et
les territoirescommunaux, pas plus qu'elles ne stipulent le

transfert du contrôle administratif à une autre province,
par suite de la vente du terrain. Les "Ordonnances faites

pour les Découvertes,Nouveaux Peuplements etPacifications"
du 13 juillet 1573, invoquéespar El salvador3 ne régissent,

vu leur date, que les "ejidos de peuplement" et de
"réduction' et non pas les "ejidos de composition". En

second lieu, El Salvador fait état de la Loi XIV, titre XII
du Livre IV .de la "Recopilacion de Leyes de Indias" de

16804. Mais cette Loi XIV se borne a reproduire l'une des
"Reales Cédulas" de 1591 qui, précisément, instaure le

régime de "compositiondes terres" avec la Couronne ou de

1 F. Tomas y Valiente, Manuel de Historia del
Derecho espaiiol,Madrid, 1983,p. 339-340 et 397-398.

2 F. de Solano, Cedulariode Tierras, Compilacion de

la leqislacionaqraria colonial(1497-1820l,Mexico, 1984.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.11, p. 17.

4 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.12, p. 17.vente de "terres de la Couronne". Enfin, El Salvador invoque
un "Décret" du Parlement espagnol du 13 septembre 18131.

Mais l'article 6 de cette disposition renvoie au Décret du 4
janvier 1813 dont le but était la vente aux enchères deç

terrains "en friche" ou "de la Couronne", à l'exception des
"ejidos nécessaires aux villagesw2; et il est évident qulil

ne régit aucun des points sur lesquels El Salvador tentede
justifiersa thèse.

16. Enfin, El Salvador prétend que le "continous

administrative control" des municipalités sur les terrains
"...emerged from the Forma1 Title Deeds themçelves, as in .

the case of the Title Deed to the Commons of Poloros in
17603." En vérité, l'exempleest mal choisi car, comme on le

verra au chapitre VI11 de la présente réplique,ce titre de
1760 se fonde sur un arpentage irrégulier du terrain, qui a

omis les limites des provinces et le fait qu'on arpentait
leç terres de l'ancien village de San Miguel de Sapigre,

appartenant à la province de Comayagua.

Mais, outre ce fait, la partie finale du titre de 1760
montre précisément le contraire de ce qu'El Salvador prétend

prouver. En effet, ce document attribue à la communauté de
Poloros un droit de propriété sur le terrain acquis par

"composition"ou vente, sans seréférer à aucun élémentde

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.13, p. 17.

2 F. de Solano, op. cit., p. 547-552.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.14, p. 18.droit public. Et, la Audiencia de Guatemala présumantque le

terrain se trouve dans 1'Alcaldia de San Miguel, ordonne aux
"Alcaldes ordinaires" de la ville de San Miguel de protéger

ou défendre la possession du terrain par ladite communauté,
au cas.où elle serait menacéepar un tiers.

Or, El Salvador semble jouer sur l'équivoque du fait
que le texte fait allusion aux "Alcaldes ordinaires";or, .

s'agissant d'une "protection (amparo) de la possession", ces
autorités ne sont pas de simples mairesou échevins d'une

commune, mais sont des autoritésjudiciaires car, selon le
droit espagnol des Indes "dans l'ordrejudiciaire, incombait
aux Alcaldes ordinaires - ou magistrats ordinaires, commeon

les appelait également - l'exercice en première instancede
la juridiction civile et rim min el Clem"^. l'expose

l'auteur, en effet, "l'amparo royal" est une institution
procédurale visant a protéger quiconque possède un titre

légitime, de l'usurpationde la possession d'un terrainpar
des tiers2.

Il n'existe donc pas, comme le prétend El Salvador, de
"contrôle administratif"pour éviter la vente du terrain.

Lt"amparo" du titre de 1760 est une voie procédurale visant
à protéger la possession du terrain et s'exerce par des

autorités dotéesde fonctions judiciaires.On se trouve dans
la sphère du droit privé et non dans celle du droit public.

J.M. Ost Capdequi, Historia del Derecho espaiiolen
América y del Derecho Indiano,Madrid, 1968, p. 1947.

J.M. Ost Capdequi,op. cit., p. 237. Cela est corroboré par l'examen d'un autre titre de
terres produitpar El Salvador, celui de Perquin y Arambala

de 1815. Sa partie finale comportele mëme "'amparo'de la
possession", avec cependant une particularité, à savoir

qu'il est recommandé "...à tous les juges et officiers de
justice de la Province de San Miguel et de celle de
Comayaqua 'de les protéger et de les défendre...". La

référence auxautorités judiciairesde Comayagua montreque
le terrainse trouvait, en partie, dans la province de San
Miguel et, pour la partie situéeau Nord de la rivièreNegro

ou Quiaguara,dans cellede Comayagua.

3. Laconséquencequ'El Salvadorprétend tirer aux fins de
l'applicationde l'uti possidetisjuris impliqueune
déformationdu principe

a La thèse d'El Salvador:prise en considérationdes
limites des terrains et exclusion des limites des

anciennes provinces

17. Le Gouvernement d'El Salvador, commeon vient de
l'indiquer, prétend que la concession à une communauté
d'indigène d'un terrain situé dans une autreprovince

entraîne "nécessairement" attribution du "contrôle
administratif"s.urledit terrain à la province oùse trouve
ladite communautél. Partant de ce postulat, il tente de

tirer une conclusion dans l'optique de l'application de
l'uti ~ossidetisjuris pour la déterminationde la frontière
dans les zones en litige,à savoir:

1 Contre-mémoire d'ElSalvador,chap. 2.7, p. 15-16. "...In al1 these cases (terrains de Poloros,de
Perquin et Arambala et de Citala à la montagne de
Tepangüisir) the line of demarcation established
in the Forma1 Title Deed to the Cornons in
question is, in accordance with the principle of
uti possidetis juris transformed into the
sovereign title to the territory in question in
accordance with PublicInternationalLaw and with
Article 26 of the General Peace Treaty of
1980~."

On notera qu'El Salvador admet que, en vertu du

principe de l'uti possidetis juris, naît un titre sur le
territoire depuis le moment de l'indépendance des

Républiques, titredéterminé par une ligne; ce qui contredit
manifestement son recours concomitant aux "effectivités".

Mais, selon El Salvador, cette ligne est "...the line of
demarcation established in the Forma1 Title Deed to
Cornons", c'est-à-direla limite des terrains.

18. Mais, d'autre part, cette position présente un

aspect négatif, en rapport avec le précédent. Face à la
position défenduepar le Honduras, El Salvador prétendque

"what has to be taken into account" par la Cour lorsqu'elle
procèdera à la détermination:

"...are the precised and defined boundaries which
these Title Deed indicate by virtue of the
boundary markers and geographical features
described therein rather than paying attention, as
the Memorial of Honduras argues, to the recitals
which these Title Deed may possiblycontain as to
the 'ancient Erontier' which formerly divided one
Province from another in the 'Capitania General'
of ~uatemala~."

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.41, p. 36.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.35, p. 33 La conclusion d'El Salvador, sous son aspect négatif,
est claire: il faut exclure les limites des anciennes

provinces mentionnées dans les documentsantérieurs à 1821;
et la Chambre de la Cour ne doit prendre en compte que les
limites des terrains définies dansles titres de propriété

concédéspar laCouronne d'Espagne.

La thèse d'El Salvador impliqueune déformation de

l'uti mssidetis juris

19. Sans qu'il soit besoin de longs développements,
cela apparaît nettement si l'on considère tout d'abord la
fonction du principe, eu égard à son contenu et à ses

effets, ensuite l'applicatiod ne l'uti possidetis juris par
la jurisprudence internationale et enfin, en particulier,

par la sentence arbitrale du 23 janvier1833, rendue dans le
différend frontalierentre le Guatemala et le Honduras,
sentence à laquelle El Salvador s'est expressément référ é

l'appuide sa thèse.

i) L'uti possidetis jurisopère par référence aux

anciennes limitesadministratives

20. Ce point est unanimement admis par la
jurisprudence internationale,qui souligne la fonction
stabilisatricede l'uti possidetis juris, compte tenu de son

contenu et de ses effetsen matière de délimitation.

Par rapport à une frontière établiepar accord, cet
aspect a été mis en relief par la Cour Internationalede
Justice dans sonarrêt de 1962 dans l'affairedu Temple de

Préah Vihéar, en affirmant que si deux Etats fixent une
frontière "...one of the primary objects is to achievestability and finalityl". On retrouve la méme idée lorsque
la délimitation s'effectue conformément à l'uti possidetis

iuriç, à défaut d'accord entre les Etats.

21. Dans la sentence arbitrale prononcée le 24 mars
1922 par le Conseil Fédéral suisse dans ledifférend de

limites entre la Colombie et le Venezuela, il est dit que le
principe fut adopté par les Républiquesaméricaines:

"...à l'effet de constater que les limites des
Républiques nouvellement constituées seraient les
frontières des provinces espagnoles auxquelles
elles se substituaient"

et, de ce fait, "ce principe avait aussi l'avantage de

supprimer, on l'espérait, les contestationsde limites entre
les nouveaux ~tats~." La limite des anciennes provinces,

transformée en frontières internationales, offraientdonc un
élément de stabilité, face à.des éventuelles tentatives de

modificationdes limites par des occupations defait.

De même, dans la sentence arbitralede 1981 concernant

le différend frontalier entre les Emirats de Dubai et
Sharjah, ce point fut mis en avant en se référant au

"principe de stabilité des frontières"; en effet, après
avoir fait allusion au dictum de la Cour Internationale de

Justice dans l'affairedu Temple de Préah Vihéar et à

C.I.J. Recueil 1962,p. 34.

2 R.S.A., vol. 1, p. 228.l'article 62 de la Convention de Vienne sur le droit des
Traités de 1969, il est dit que:

"It is unnecessary to emphasise that the re-
opening of the legal status of boundaries of a I
State may given rise to very grave consequences,
which may endanger the life of the Stateitself.
This is the justificationfor the doctrine of uti
possidetis juris which itself is at a root of the
respect accorded to administrative boundaries
established in South America in earlier colonial
time by the authorities of Spain and Portugaland
which seems to have revived more recently in
frica al."

22. L'allusion au continent africain dans cette
sentence arbitrale est liée à la résolution adoptée en 1964

par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
l0O.U.A, réunie au caire2; cette résolution renferme

l'engagement de "respecter les frontières existantes au
moment où ils ont accédé 2il'indépendance".

La Chambre de la Cour dans l'affaire du différend

frontalier Burkina Faso/République du Mali, fait aussi
référence à cette résolution ainsi qu'à "de nombreuses

déclarations faitespar des respondablesafricains" lorsde
l'indépendance de leurs pays et qui "contenaient engerme

les éléments del'uti possidetis", à savoir:

1 In the matter of an arbitration concerning the

border between the Emirates of Dubai and Sharjah, Award,
1981, p. 60.

AGH/Rés. 16 (1). "...le maintien du statu quo territorialau moment
de l'accession à l'indépendance et posaient le
principe du respect aussi bien des frontières
résultant des accords internationauxque de celles
issues de simples divisionsadministratives1."

Ainsi apres avoir affirmé que l'uti possidetis iuris
"constitue un principe général", la Cour a précisé sa
fonction, dans les termes suivants:

"Son but évident est d'éviter que l'indépendance
et la stabilité des nouveaux Etatsne soient mises
en danger par des luttes fratricidesnées de la
contestation des frontières la suite du retrait
de la puissance administrative2."

23. En résumé, la fonction stabilisatrice de l'*

possidetis juris est fondée sur le respect "...des limites
territorialesau moment de l'accession à l'indépendance, ces

limites résultant d'un accord international antérieurou de
"simples divisions administratives".Et, à cette fin, le
principe produit un effet juridique fondamental "...la

transformation des limites administratives en frontières
internationales proprement dites3'.

1 C.I.J. Recueil '1986, p. 564, par. 19 et p. 565,
par. 22.

2 ibid., p. 565. par. 20.

3 c.1.J. Recueil 1986, p. 566, Par. 23. ii) La jurisprudence internationale consacre la
détermination des anciennes limites

administratives pourl'applicationdu principe

24. Cela apparaît, en premier lieu, dans la
jurisprudencede la Cour Internationalede Justice. Et les

nombreuses référeices faites, au paragraphe précédent, à
l'affaire du différend frontalier BurkinaFaso/Républiquedu

Mali, réglée par la Cour dans son arrêt du 22 décembre 1986,
rendent nécessairesen vérité de revenir surce point.

25. En second lieu, la référence aux limites
administratives établiespar la puissance colonisatrice est

une constante de la jurisprudencearbitrale et, notamment,
des décisions ayant réglé les conflits frontaliers entre

Etats de l'Amériquehispanique.

En effet, dans la sentence arbitraledu Roi d'Espagne
du 16 mars 1891, sur le différend de limites entre la

Colombie et le Venezuela, l'arbitre, se référant au
compromis entre les parties du 14 septembre 1881 et

notamment à son article 1, a précisé sa tâche aux termes
suivants:

"11 résulte que par Convention des Hautes Parties
intéressées,la Sentence arbitraledevra fixer les
limites qui séparaient en l'année 1810 l'ancienne
Capitainerie générale de Venezuela, aujourd'hui
les Etats-Unis du même nom, de la Vice-Royauté de
Santa Fé, aujourd'hui République de colombiel."

1 R.S.A., vol. 1, p.-293De même, c'est la recherche des limites entre les anciennes
provinces qui a guidé la sentence arbitraleprononcée par le

Roi d'Espagne le 23décembre 1906 dans le différend
frontalier entre le Honduras et le Nicaraqua pour déterminer

la frontière au Cap Gracias a Dios. Et, de ce fait, après
avoir indiqué les limites de la province du Honduras, par

rapport à certains DécretsRoyaux établissant la juridiction
d'autorités de cette province et de celle du Nicaragua, il
est dit que, dans ces documents, "...on signale donc le Cap

Gracias a Dios comme point limitrophe des juridictions
concédées auxdits Gouverneurs du Honduras et du Nicaragua";

et aussi que "...la démarcation fixée à la province ou
intendance de Comayagua ou Honduras par ladite Cédula Royale

du 24 juillet 1791, est restée invariable au moment où les
provinces du Honduras et du Nicaragua ont recouvré leur

indépendance1..."

26. Trois autres affaires également relatives à
l'Amérique hispanique confirment nettement la référence

faite par les arbitres aux limites des anciennes provinces
établies par la Couronne d'Espagne. C'est le cas en effet de
la sentence arbitrale prononcée le 9 juillet 1909 par le

Président de la République d'Argentine, dans l'affairedu
différend frontalier entre la Bolivie et le Pérou.

L'article 1 du Compromis du 30 décembre 1902 avait confié à
l'arbitre la tâche de statuer sur:

1 C.I.J., Mémoires, Plaidoiries et Documents,
affaire de la sentence arbitrale renduepar le Roi d'Espaqne
le 23 décembre 1906, vol. 1, p. 20-21. "...the question of boundaries pending between the
two Republics, in order to obtain an award that
shall be definitive and without appeal, whereby
al1 the territory which in 1910 belonged to the
jurisdiction or district of the Audiencia of
Charcas within the boundaries of the Viceroyalty
the former Sovereign, shallof fa11 to the Republic '
of Bolivia; and al1 the territory which at that
same date in virtue of enactments of like origin
belonged to the Viceroyalty ofLima, shall fa11 to
the Republic of perul."

Et celui-ci, en interprétant cette disposition qui fondait

sa compétence,déclara que:

"...it must be understood that... the High
Contracting Parties empowered him to fix the
dividing line between the Audiencia of Charcas and
respective territorial rights0,are concerned2..."

Deuxièmement, c'est la position exprimée par la

sentence arbitrale du 24 mars 1922, dans l'affairede
limites entre la Colombie et le Venezuela. Cette sentence,

qui a précisé le contenu et les effets du principe, commeon
l'a mis en relief ci-dessus, fait référence à plusieurs

reprises aux limites administratives des anciennes
provinces, et par exemple, on déclare ce qui suit:

'~'ut; possidetis juris de 1810, c'est-à-dire les
limites des anciennes provinces espagnolesde la
Nouvelle Grenade et du Venezuela font donc loi
pour les deux Etats... Chacun des deux Etats était
réputé souverain etpossesseur du territoire à

1 R.S.A., vol. XI, p. 139.

2 --id p. 142. l'intérieur des limites tracées par l'ancien
souverain espagnol, et cela depuis 1810, soit
depuis le début de l'existence de la Colombie
comme du ~enezuelal."

Enfin, la sentence arbitrale prononcée le 23 janvier
1933 dans le différend de limites entre le Guatemala et le

on dur asadopté la même position. Or, attendu qu'El
Salvador tente de se fonder sur cette sentence arbitrale

pour just'ifierla limite des terrains, il convient de
l'examiner séparément.

iii)En particulier, la sentence arbitrale du
23 janvier 1933 se réfère aux limites

administrativesdes anciennes provinces

27. Au chapitre II de son contre-mémoire,El Salvador
s'est référé à trois reprises à la sentence arbitrale de

1933. Une première fois, dans le but de mettre en relief
"the correct significanceof the principe of uti possidetis

iuriçn3. Mais, comme il a été au chapitre précédent, il
n'est pas étonnant que ce soit la seule sentence arbitrale

invoquée parmi toutes celles qui ont appliqué l'e
possidetis juris: ce choix s'explique aisément comptetenu
de la place qu'occupent dans la sentence de 1933 les idées

de possessionet de contrôle administratifsur lesquellesEl

1 R.S.A., vol. 1, p. 289.

2 R.S.A., vol. II,p. 1307-1366.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.6, p. 14-15.Salvador essaie d'étayer ses arguments. C'est-à-dire l'idée
d'un transfertdu contrôle administratif par suite de la

concessiond'un terrain situé dans une autreprovince et la
conséquence ici examinée: la nécessité de prendre en

considération leslimites des terrains et non les limites
des anciennesprovinces.

28. La seconde référence à la sentence de 1933 se
rattache à un autre argument,exposé par El Salvador, en
faveur de ce choix de la limite des terrains:les références

aux limites de provinces dans les titres de terres sont
accidentellesou impréciseset par conséquent:

"...are in no way able to serve, in the manner
argued by Honduras, as the basis for the
delimitation which the Chamber is obliged to
... carryl."

C'est en liaison avec cet argument qu'El Salvador recourt
pour la seconde fois h la sentence de 1933, dont il
reproduit un passage hors de tout contexte, passage sans

doute choisi h cause de la phrase dans laquelle il est dit
que l'absence de définitiondes limites de provinces dans
les acteset dispositionsde la Couronned'Espagne.

"...cannotbe deemed to be suppliedby general and
ambiguous references to the territorywhich are
found in public documentsbut which do not attempt
to describe to boundary line2."

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.42, p 36.

2 R.S.A., vol. II, p. 1336. Il est évident que cette citation doit être mise en

rapport avec l'analyse documentaire minutieuse à laquelle se
livra le Tribunal arbitral à propos des limites de la région

de Omoa et de la zone de Cuyamel, aux pages précédentes1, et
qui l'amena à la conclusionque "Hence, the evidence affords

no sufficient basis for drawing the lint of uti possidetis
juris of 1821 so as to include Omoa in either Guatemala or

Honduras". Mais on notera, en second lieu, que le tribunal a
exclu ces documents qui ne comportent que des références

"general" et "ambiguous" au territoire, sans exclurepour
autant les références concrètes et claires, telles que

celles figurant dans les titres de terres, en ce qui
concerne quatre zones en litige et sur lesquelles on

reviendraplus tard.

Mais de plus, cette citationisolée de la sentence de
1933 ne montre nullement que le tribunal ait accordé sa

préférence auxlimites établiessur les titres des terrains.
En vérité, cela ne correspond pas a la libéralité avec

laquelle le Tribunal a admis les moyens de preuve2. Cela ne
correspond pas non plusà la délimitation du territoire

contigu à Omoa, auquel se réfère le passage cité par El
Salvador. Au paragraphe suivant de la sentence, est examiné

"a deed, executed in 1822, of a parce1 of land in the
Cuyamel area". Mais le recours à ce titre de terres ne

modifia pas la Conclusion préalablement obtenue et en effet
il est dit que:

1 R.S.A., vol. II, p. 1330-1336.

2 R.S.A., vol. II, p. 1324-1325. the vTribunalacktof establishitthe linessiofe uti
possidetis juris of 1821 so as to include the
Cuyamel area, as described above, either in
Guatemala or in ~ondurasl."

29. Or, la sentence arbitralede 1933, même en partant

de l'idée d'un "...administrative control held prior to
independence pursuant to the will of the Spanish crown2"

n'exclut en aucune façon,dans l'optique de l'applicationde
l'uti possidetis jurisde 1821, la référence auxlimites des

anciennes provinces, non plus qu'elle ne privilégie les
limites établies dans les titres de terres, tout en

considérant ces documents comme desmoyens de preuve
adéquats.

En ce qui concerne le premier point, il suffit
d'indiquer que le tribunal,en définissantsa compétence sur

la base du compromisdu 16 juillet 1930, déclara que:

"Both Parties agree that the principle adopted
(uti possidetis juris of 1821) had reference to
demarcations which existed under the colonial
reqime, that is, to the administrative limits of
the colonial entities of Guatemala and Honduras
differ as to the test to be applied in determing
these limits3" (soulignépar nous).

1 R.S.A., vol. II, p. 1337.

2 R.S.A., vol.II, p. 1324.

3 R.S.A., vol. II, p. 1322. En ce qui concerne le second point, le tribunal admit
que, pour déterminer la situation territoriale existanten

1821, il avait qualité pour recouric à divers moyens de
preuve:

"to royal cedulas or rescripts. to royal orders,
laws and decrees, and also, in the absence of
precise laws or rescripts, to conduct indicating
royal acquiescence in colonial assertions of
administrative authorityl."

Et, parmi ces moyens de preuve, le tribunal prit en compte
les titres de terres (grants)en considérant que, vu la

procédure suivie pour leur délivrance, ils mettaient en
évidence "...the exercice of civil jurisdiction within the

territory2."Mais il admit également comme moyens de preuve
d'autres documents, parmi lesquels la "evidence of judicial

administration"par les autorités d'une desprovinces3.

30. Finalement, contrairement à la thèse défendue par
El Salvador, la sentence arbitrale de 1933 se réfere, a
plusieurs reprises,aux limites des provinces indiquéesdans

les titres de terres. C'est le cas en effet en ce qui
concerne un titre de La Brea, où il est dit que ce lieu

"divides the two jurisdictionsof Chiquimula andGracias a

1 ibid., p. 1325.

2 R.S.A., vol. II, p. 1345.

3 m., p. 1334.~iosl"; et ce cas présente une profonde analogia evec le
titre de Naguateriqueen faveurde la communautéde Jocoara,

car il inclut un litige de 1773 au cours duquel furent
établies les limites deprovinces.

De même, en ce qui concerne letitre de Miramundo, dans
lequel le Juge sous-déléguédes Terres de Chiquimula déclara
en 1794 qu'une montagne séparait "the 'jurisdiction of

Chiquimula fromthat of Gracias a ~ios~".De même, en ce qui
concerne l'arpentage, en1754, d'un terrainnommé Tapexco de
Avila y Leona, letribunal indique que, dans ledit document:

"it is stated that the Potrero property wason the
and the Province of ~hi~uimula3."Gracias a Dios

Et il en est de même pour l'arpentage du terrain de Los
Jutes, en 1722, document dans lequel il est dit que Las

Cruces est le lieu reconnu"as a landmark and boundaryfor
the division of the jurisdiction of Chiquimula andat which
that of Gracias a Dios commences4".La Chambre de la Cour

aura remarqué l'identité de ces références aux limites des
provinces avec les références faites dans les documents
présentéspar les Parties dansle présent litige.

1 ibid., p. 1346.
-
2 ibid p. 1346.

3 M., p. 1348.

4 -bid., p. 1349. 4. La positiond'El Salvador sur la limitedes terrains est

incohérenteet ne constituequ'un expédient pour ses
prétentionsdans les zones en litiqe de Tepanqüisir,

Naquaterique,Dolores et Goascoran

L'incohérence dans le temps de la position d'El '
Salvador

31. Comme on l'exposeraau chapitre VIII, la position
salvadorienne seprononçant pour une absolue identitéentre

limites des terrains et frontières des nouvelles
~é~ubli~ueslse manifestepour la première fois dans la note
du 30 septembre 1879, dans laquelle le Gouvernement d'El

Salvador affirme que le terrain de Dolores "...fait partie
intégrante de ses "ejidos" et par conséquent du territoire

alv va dor (iouligné par nous). Cette position, comme la
Chambre de la Cour le sait, est celle qui inspire les
solutions politiques des négociations de 1884, ainsi que

l'attitude des délégués salvadoriens au cours des
négociationsde 1888.

Il y a cependant lieu de se demander si El Salvadora

adopté la même position antérieurement A 1884. La réponse A
cette questionest négative, ainsique le Gouvernement,d'El
Salvador le reconnaît expressément dansson contre-mémoire.

Le chapitre II, section II consacre un long paragraphe à ce
sujet; bien qu'il s'agissede pallier cette reconnaisance en

1 Contre-mémoired'El ~alvador,chap. 2.4, p. 13.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe
V.20, p. 336.alléguant que la distinction entre limites de terrains et
limites des anciennes provinces,aux fins d'application de

l'uti possidetis juris, ne fut qu'"un principe poçsible"
dans les négociations initiales, principe abandonné

lorsqu'expira la validité du traité d'arbitrage du
18 décembre 18801.

32. La reconnaissance expresse d'El Salvador rend

superflu un examen détaillé des antécédents. Toutefois,
attendu qu'El Salvador passe sous silence ou tente de

dissimuler certains faits, il convient ici de les indiquer
très brièvement.

En premier lieu, les constitutions d'ElSalvador de

1824 à 1864 acceptent, en ce qui,concerne le territoire de
l1Etat, l'uti possidetis juris quant aux limites des

anciennes provinces. Ainsi, dans celle de-1824, il est fait
référence au territoire qui constituait antérieurement

"l'Intendance de San Salvador et l'hlcaldia Mayor de
Sonsonate".Dans celle de 1840, il est dit qu'El Salvador se

compose "des anciennes provinces deSan Salvador, Sonsonate,
San Vicente et San Miguel"; et enfin, celle de 1864 indique

que 1'Etat se compose "des anciennes divisions, dénommées
Provinces, de San Salvador, Sonsonate, SanVicente et San

Miguel". Les limites du territoire de la République sont
donc les limites'desprovinces2.

Contre-mémoire d'El Salvador, chap2 ..20, p. 23 et
chap. 2.21-2.34, p. 23-32.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 11.3.1, p. 46-50. 33. En second lieu, la dissociation entre limites de
terrains et limites des provinces qui deviennent frontières

entre Etats, se manifeste dans lecomportementd'El Salvador
à l'égard du Honduras, antérieurementà 1884.

Tout d'abord, en ce qui concerne le secteur en litige

de Naguaterique, cela apparait de façon expresse dans la
Note salvadorienne du 14 mai 1861 manifestant que "...une

partie du terrain des habitants dlArambala y Perquin se
trouve en territoire hondurienM1. Puis, dans les

négociations sur les limites dans cette zone, de 1861 et
1869, au cours desquelles El Salvador reconnait que la

rivière Negro était la limite des anciennesprovinces2. De
méme, en ce qui concerne le secteur en litige de

Tepangüisir, 1orsqu'El Salvador, dans sa Note du 11 octobre
1882, fait état que "des propriétés de salvadoriens

s'étendent en territoirehondurien, comme c'estégalement le
cas avec plusieurs propriétaires de votre République dont
les terrains se trouvent en partie, sous la juridictiond'El

salvador3."

On note le même comportement, de façon implicitee ,n ce
qui concerne les zonesen litige de Doloreset de Goascoran.

Dans la première, cela apparaitlors du "Villatoro Incident"
entre 1842 et 1854,car il n'est pas faitallusion au

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
1,
Annexe III.l.l.A,p. 51.

2 Réplique du Honduras, vol. 1, chap. VII,
p. 511-532 et mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes III.l.l.B et 111.1.9, p. 53 et 62.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.45, p. 156.terrain de Poloros situéau Nord de la rivière ~orolal. Dans
la seconde, la preuve en est l'admission de la rivière

Goascoran dans les négociationsde 1880, 1884 et 188~~alors
que ladite rivière figure comme limitedes provinces dans

divers documents antérieurs à 18213.

Les prétentions territorialesd'El Salvador dans
les zones de Tepanqüisir,Naquaterique,Dolores et

Goascoran s'appuient sur la limitedes terrains

34. Pour El Salvador, la divergence entre les Parties
sur la limite des terrains ou la limite des provinces aux
fins d'application de l'uti possidetis juris constitue "the

crucial issue in this litigation"4. Et en vérité, cette
affirmation est justifiée: si la Chambre de la Cour

n'acceptait pas la position salvadoriennesur la limite des
terrains, ses prétentions territoriales seraient

compromises,au moins dans quatre des zones en litige de la
frontiére terrestre.

Cela ressort, indirectement, des références à certaines

zones que fait El Salvador au chapitre II de son contre-
mémoire. D'abord, à la zone de Dolores et au titre de

1 Réplique du Honduras, vol. II, chap. VIII, p. 666
et suiv.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.35,p. 362-365.

3 S., p. 345-353.

4 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.37, p. 34.Poloros de 1760~. Ensuite, au secteur de Naguaterique et au
titre de Perquin y Arambala de 181~~. Enfin, à la zone de

Tepangüisir et au titre de Citala de 17763, pour conclure
que:

"In al1 these cases, the line of demarcation
established in the Forma1 Title Deed to the
Commons,in question is. in accordance with the
principle of uti possidetis juris transformed into
the sovereign title to the territory in question
in accordance with Public International Law and
with Article 26 of the General Peace ~reat~"~.

El Salvador oublie de mentionner la zone de Goascorin,

peut-être parce que le titre de "Los Amates" de 1695
n'englobe pas la totalité de cette zone, à en juger par la

carfe salvadorienne 3.K de son contre-mémoire. Mais la
position salvadorienne est similaire à celle adoptée en ce

qui concerne les autres zones en litige mentionnées au
chapitre II.

35. El Salvador se voit confronté, comme la Chambre de

la Cour le sait déjà, dans ces quatre zones à un grave
probléme, car les limites des provinces sont distinctes des

limites des terrains.Mais il existe, en outre, une

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.5., p. 13.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.38,
p. 34-35.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.40,

p. 35-36.

4 Contre-mémoire d'El Salvaldor, chap. 2.41, p. 36.particularité qu'il convient de souligner: les documents
antérieurs à 1821 n'indiquentpas les limites de provinces

de facon "qénérale"ou "ambiquë", maisde facon concrète et
claire. Et ces documents sont,en majeure partie, des titres

de terres,c'est-à-diredes documentsse référant à une zone
géoqraphique concrète située précisément d'uc nôté ou de
l'autre des anciennes limites administratives.

- Dans la zone de Tepanqüisiroù, selonEl Salvador,

apparaît "...in the purest possible form the
central and most crucial issue that arises in this
frontier disputew1, les deux Partiesen effet,

fondent leurs prétentions surle titre de Citala
de 1776. Mais ce document ne fournit pasque les
seules limites du terrain: il énonce en toute

netteté que la montagne de Tepangüisir faisait
partie de la province de Gracias a Dios. Aux fins

de l'application de l'uti possidetis juris, ce
sont les lieux indiqués dans ce document, à
l'Ouest, au Sud et à l'Est du terrain qui sont

pertinents car ces lieux faisaient partie, en
1776, de la province de Gracias a Dios, de même

que les "terres de la Couronne" contiguës. Et il
appartient au El Salvador de prouver, face à ce
document de 1776, que les limites de la province

de Gracias a Dios étaient différentes ou
s'étendaientplus au Nord. Invoquer uniquement les
limites du terrain n'est qu'un expédient qui

dénaturel'uti possidetisjuris.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.1, p. 40.- Dans la zone de Naquaterique, El Salvador invoque
les limites du terrain de Perquin y Arambala,

selon le titre de 1815. Mais ledit titre renferme
le jugement du Tribunal privatif des Terres de la

Real Audiencia de Guatemala, en date du 8 mai
1773, jugement qui met fin au litige entre les
habitants de Jocoara et ceux de Perquin y

Arambala, relatif aux terres de la montagne de
Naguaterique. Il ressort dudit litige que cette

montagne faisait partie de la province de
Comayagua et que la limite avec celle de San

Miguel était la rivière Negro Ou Quiaguara. Ce
fait a été reconnu par El Salvador en 1861 - à

deux occasions - et en 1869'. La limite des
anciennes provinces est donc déterminée; et

s'agissant d'une rivière, cette limite ne pose
aucun problème d'idenfification; elle est claire

et précise. Là aussi, invoquer uniquement les
limites du terrain, comme le fait El Salvador, est
un simple expédient contraire a l'uti possidetis

iuriç.

- Dans la zone de Dolores, El Salvador invoqueles
limites du terrain de Poloros de 1760, au Nord de

la rivière Torola. Mais le document ne dit pas
était la limite des anciennes provinces;

or, on sait, grace aux documents de 1789 et de
1803 relatifs aux bornes de Cacaoterique, qu'une

partie de l'arpentage de 1760, au Nord de la
rivière Torola, eut lieu dans les limites de la
province de Comayagua. Le titre du terrain de

Cojiniquil de 1734 apprend également que la
province de Comayagua s'étendait auSud de la rivière Torola, en englobant les terres du village
éteint de San Miguel de Sapigre, dont leslimites

peuvent être précisées par des documents du XIXe
siècle. Par conséquent, El Salvador ne peut

invoquer les limites du terrain de Poloros sans
dénaturer l'uti possidetis iuris.

- Enfin, dans la zone de Goascoran, El Salvador

invoque les limites de 1695 du terrain de "Los
Amates" qu'il localise arbitrairement au bord de

l'estuaire de La Cutu. Mais, grâceà des documents
du XV1lIe, on sait quel était le cours de la
rivière Goascoran; et de nombreux documents

antérieurs à 1821 montrent, de façon indubitable,
que la "grande rivière de Goascoran' était la

limite des anciennes provinces. Aux fins
d'application de l'uti possidetis iuris, il

appartient au El Salvador de prouver que ces
limites étaient différentes à la date critique de

1821; invoquer les limites du terrain de "Los
Amates" est non seulement insuffisant mis aussi

contraireaudit principe.

36. Enfin, la Chambre de la Cour observera qu'El
Salvador ne fait pas allusion à la zone en litige de

Cayaquanca au chapitre II de son contre-mémoire. Laraison
en est fort simple: il invoque uniquementun document de

1829 relatif aux terresd'El Dulce Nombrede ~a Palma. De ce
fait, il se place en dehors de l'article 26 du Traité
Général de Paix et de l'application de l'uti possidetis

juriç, faisant appel en réalité aux "effectivités". Par
contre, le Honduras fonde l'applicationde l'uti possidetis

iuris sur les procédures des Juges de Terres de 1742 et sur
les arpentages desterres d'ocotepequede 1816 et 1818. En ce qui concerne la zone de Sazalapa-La Virtud, El

Salvador se borne à reprocher au Honduras uneprétendue
absence de cohérence, en affirmant que son application de
l'uti possidetis juris se fonde sur les limites des

terrains1. Mais il suffit de lire les écrits présentés par
le Honduras pour démentir cette affirmation. Dans cette

zone, de même que dans le secteur de Colomoncaqua, les
titres des terrains n'indiquent pas seulement leurs limites,

mais énoncent aussi, en toute netteté, quelles étaient les
limites des anciennesprovinces.

B. LA POSITION DU HONDURAS: LA LIMITE DES PROVINCES

37. La Chambre de la Cour connaît la position du

Gouvernement du Honduras sur le droit applicable à la
délimitation de la frontière terrestre, positionexposée

dans son mémoire2 et dans son contre-mémoire3; c'est
pourquoi il ne sera pas nécessaire de la répéter ici de

fa~on détaillée.

En revanche, il convient de rappeler certains aspects
fondamentaux. En premier lieu, que, conformément à

l'article 5 du Compromis du 24 mai 1986 en rapport avec le

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.46,
p. 38-39.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, .p.81-163.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IV,
p. 23-39.statut de la Cour et à l'article 26 du Traité Général de

Paix de 1980, le Gouvernement du Honduras considèreque le
différend frontalier terrestre devraitêtre tranché par

application du principe de l'uti possidetis iuris. En second
lieu, que, pour l'applicationdudit principe, les Parties

doivent fournir à la Chambre de la Cour des documentsémanant
des autorités espagnoles, laïques ou ecclésiastiques,

antérieurs à 1821, qui "...indiquentles ressorts ou limites
des territoires ou des localités", ainsi que le stipule

l'article 26 du Traité Généralde Paix.

38. En troisième lieu, que compte tenu de cette
disposition, et à la lumière des diverses sentences et

arrêts ayant fait applicationde l'uti possidetis iuris,la
déterminationde la frontière entre lesdeux Républiques au
moment de leur indépendance devrait ètre faite en

considération des limites des anciennes juridictions oudes
anciennes provinces auxquelles se sont substitués El

Salvadoret le Honduras.

Ainsi qu'on l'a montré antérieurement,cette position
est celle unanimement admise par la jurisprudence

internationale. Elleest aussi inhérenteau principe, dont
l'application emporte "...la transformation de limites

administratives en frontières internationales proprement
ditesl."

C.I.J. Recueil 1986,p. 566, par. 23- Section III. La force probante des titres des terrains

communaux et la question des "terres de la Couronnen

A. LA FORCE PROBANTE DES TITRES DES TERRAINS COMMUNAUX

1. La position d'El Salvador

39. Selon le Gouvernement d'El Salvador, il y a
désaccord entre les Parties sur la manière dont les titres

officiels des terrains communaux (Formal Title Deed to
Commons) ou '"titulosejidales" doivent Otre interprétés et

appliqués1. Et le contre-mémoire salvadorien aconsacré à
cette question la section III du chapitre III, à en juger

par son intitulé.

Or, ainsi qu'on l'a souligné dans la section
précédente, l'intituléde cette partie du chapitre II du

contre-mémoire d'El Salvador ne correspond pas à son
contenu. En réalité, il ressort de la simple lecture que la

préoccupation salvadorienne est toute autre, à savoir
justifier l'identitéentre limites de terrains et limites

internationalesdes deux Républiques,aux fins d'application
de l'uti possidetis juris. Il n'y a donc pas lieu de revenir

sur ce point déjà examiné; mais il convient cependant
d'indiquer, d'une part, la contradictiondans laquelle tombe

El Salvador lorsqu'il présentele "dispositif" du titre
comme indiquant la ligne de démarcation du terrain2. En

réalité, le "dispositif"est la concessiondu terrain; et

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.2, p. 12.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.36, p. 33.cette concession"par composition"ou vente avec la Couronne
requérait l'arpentage ou réarpentage préalable du terrain,

procédure où les limites sont consignées. D'autre part, on
comprend mal la restriction que tente d'introduire El
Salvador, en limitant la portée et la Eorce probante du

document à une seule de ses parties. Lesrègle's élémentaires
d'interprétationexigent au contraire de prendre en compte
la totalité du texte et, éventuellement, le contexte des

titres.

40. Mais, d'autre part, El Salvador a introduit dans
ses conclusionsune opposition entreles titresdes terrains
constituant un "Formal Title Deeds to Commons" et ceux qui

ne sont que "Title Deed to Private Proprietary interest in
landMl. Et il a largement fait usage de cette distinctionau
chapitre III, lorsqu'il examine les titres de terres

produits par El Salvador et par le Honduras, à savoir:

- dans la zone de ~e~an~üisir~

- dans la zone de cayaguanca3
- dans la zone de Sazalapa-Lavirtud4
- et en particulier, dansla zone de Colomoncaguaou

~orola~.

1 Contrermémoire d'El Salvador, Submissions, I,2,
points (i) et (ii),par oppositionaux points (iii) et (iv).

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.3, p.40.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.46,
p. 68-69.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.59-3.63,
p. 77-79.

5 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.87-3.97,
p. 93-99. Il est manifeste que cette distinction tente
d'attribuer une force probante supérieure auxdocuments

produits par El Salvador par rapport à ceux fournis par le
Honduras. Il est dit, en outre, que "the majority" des

simples "Title Deed" produits par le Honduras se réfèrent à
des terrainsqui "...are situated either outside the disputed

sectors or in sectors which already been delimitedby the
General Peace Treatyof 19801."

2. La position du Honduras

41. La distinction établiepar El Salvador entre deux

catégories de titres de terres n'a été ni expliquée ni
justifiée dans son mémoire2 ou dans son contre-mémoire3,

comme il aurait dû le faire. Cependant, il n'est pas
difficile de comprendre que cette distinction est, d'une

part, en corrélation avec une thèse déjà connue, à savoir
que les terrains communaux "constitute a political

in~titution"~,thèse par laquelle il tente de justifier un
prétendu "transfert" de contrele administratif d'une

province l'autre.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, I,2,
point (iv), p. 293.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 4; trad. fr.,
p. 16-22.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. II, p. 12.

4 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 6.9, p. 166. Mais, d'autre part, la distinction est présentée comme
une règleparticulièreen matière de preuve. Ce qui est, par

exemple, manifeste dans le cas des titres de terres de la
zone de Sazalapa-La Virtud. En effet, El Salvador affirme

initialementque le titre salvadorien dtArcatao de 1724 est
"Formal Title Deed to Commons": en revanche, lorsqu'il

examine les titres hondùriens - Hacienda de Sazalapa de
1746; Colopele de 1779; San Juan de Lacatao de 1776 et 1786
et Gualcimaca de 1783 - il prétend que ce sont de simples

"Title to Proprietary interest in land" ou, négativement,
qu'ils ne constituentpas un "Formal Title Deed to Commons";

et EL Salvador conclut en affirmant que le titre salvadorien
dlArcatao,

"...by virtue of being a Forma1 Title Deed to
Commons (has) greater probative valuethan the
Title Deeds to private proprietary interest
presented by ~ondurasl."

42. Cette distinction se fonde sur le fait que le

titulaire du terrain est soit une communauté indigène, soit
un particulier;ce qui entraine que les titres de terres des
communautés revêtent une "greater probative value" que les

titres des particuliers.Le Gouvernementdu Honduras ne peut
accepter ni la distinction sur laquelle se fonde El Salvador

ni les conséquences qu'il prétend en tirer quant à la force
probante de certains documents par rapport A d'autres, et ce

pour diverses raisons.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.63, p. 79
par rapport aux chapitres 3.60, p. 78; 3.59, p. 77-78; 3.51,
p. 72 et 3.56, p. 75. En premier lieu,la distinctiond'El Salvadoroublie un
élémentdu droit espagnoldes Indesauquel on s'est référé à

plusieurs reprises, à savoir que les titres de terrains
produitspar El Salvador, commeceux fournispar le Honduras,

se réfèrent à des "ejidos de composition",c'est-à-diredes
terres acquises aussi bien par des communautés quepar des
particuliers, par suite de ventes de la part de la

couronne1.

Ce ne sont donc pas des biens du domaine public d'une

commune, mais des biens faisant l'objetd'une relation
patrimoniale de propriété, que leur titulaire soit une

communauté indigène ou un particulier. Dans un cas comme
dans l'autre, la concession de la Couronne requiert un
paiement ou "composition",ainsi que tous les titres le

laissent apparaître; et tous sont délivréssous le même
régime de "composition de terres", sans distinguer si le
requérantest un particulier ou une communauti éndigène.

43. En second lieu, la distinction d'El Salvador ne
trouve aucune justification dans l'article 26 du Traité

Général de Paix. Rappelonsque cette distinctionse ,réfère à
des "documentsémanant de la Couronne d'Espagneou de toute

autre autorité espagnole" pourvu que lesdits documents
"indiquentles ressortsou les limites de territoiresou de
localités".Il suffit donc qu'ilsaient été délivréspar une

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 63-83.autorité espagnole antérieurement 21 1821 et soient

pertinents en matière de limites de territoires ou de
localités, aux fins de l'application de l'uti possidetis

iuriçl.

Enfin, si, selon le droit espagnol des Indes, les
titres de terrains des communautés indigènes, comme les

titres de particuliers, sont des documentspublics et
produisent les mêmes effets sur la propriété de la terre,
pour quelle raison les uns auraient-ils,par rapport aux

autres, une "greater probative value" ? 11 est évident que
ledit article 26 du Traité Général de Paix de 1980 ne

contient aucune règle particulière en matière de preuve
justifiantla position d'El Salvador.

44. La distinctiond'El Salvador estdonc dépourvuede

toute fondement juridique. Et, ainsi qu'on peut en juger
dans le contre-mémoire salvadorien, elle n'a d'autre

finalité que d'éluder le poids juridique des titres de
terres produits par le Honduras pour déterminer les limites

des anciennes provinces. En ce qui concerne les références
de ces documents aux limites des anciennes juridictions,il

y a lieu de renvoyer aux considérations exposéesdans le
contre-mémoirehondurien2.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,

p. 103-109.
2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,

p. 115-121. Finalement le Gouvernement d'El Salvador soutientque

la majorité des titres de terres présentéspar le Honduras
concernent des terrains qui sont situés soit en dehors des

zones contestées,soit dans des zonesdéjà délimitéespar le
Traité Général de Paix de 1980~.

Cette affirmation,d'une part, confirme le radicalisme

des positions adoptées par El Salvador auxquelles s'est
référé le Gouvernement du ond dura car^;il suffit de se

rapporter aux titres des terrains inclusdans les annexesdu
mémoire et du contre-mémoire hondurien, ainsi qu'à leur

examen dans ces écrits,pour démentir une telle affirmation.
Mais, d'autre part, l'affirmation d'El Salvador doiêttre
mise en corrélation avec un fait significatif: lorsqu'un

document antérieur à 1821 contredit la position
salvadorienne, El Salvador recourt à l'expédient facile

consistant à soutenir que ledit document-se. rapporte à un
secteur extérieur à la zone en litige. C'est en effet ce qui

se produit en ce qui concerne la montagne de Cayaguanca et
les procédures des Juges de Terres de ~742~. De mëme que

pour le titre de la montagne de Naguaterique enfaveur des
habitants de Jocoara de 1776, car El Salvador prétend

- contrairement aux termesdu jugement du Tribunal des
Terres de Guatemalade 1773, figurantdans le titre de

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions,
I,2, (iv), p. 293.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. 1,
p. 2-3.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.35, p. 62.Perquin y Arambala de 1815 - que "...le titre en question ne
vise pas la montagne de Nahuaterique, mais les terres
royales situées à l'ouest ou au Sud-Ouest de cette

montagnel."

45. Enfin, même si un titre de terres fait allusion à
un secteur situé en dehors des zones contestées,ledit

document est pertinent s'il met en évidence une situation
régie par le droit espagnol. C'est le cas du titre des

terrains de Joateca et ~asala*, produit par le Gouvernement
du ond dura ain^;i que du titre duterrain de ~arula~.Ces

documents montrent qu'une communauté indigène pouvait
acquérir, par "composition" ou vente,des terrains dans une
autre province, sansque cela n'entraîne une modificatioo nu

un transfert des limites ou juridictions.C'est au second de
ces documents que s'est référé le délégué du Honduras lors

des négociationsde 1888, face à la thèse salvadoriennede
l'identité entre limites de terrains et limites des

nouvelles~é~ubli~ues5.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.77; trad.
fr., p. 49.

2 Contre-mémoire du Honduras, carte 5.3, en regard
de la page 364.

Mémoire du Honduras., Annexes vol. III,
Annexe VII.1.18, p. 1462.

4 ibid vol. III, Annexes V11.1.19.A et VII.1.19.B,
p. 1485 et 1502.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 111.2.8, p. 237. B. LA QUESTION DES "TERRES DE LA COIJRONNE"

46. Cette question fut exposée par El Salvador dans
son mémoire1 et fit l'objet de l'une de ses ~onclusions2

revendiquant un droit exclusif sur les "terres de .la
Couronne" qui seraient situées"...between the Common Lands

of El Salvador and Honduras respectively".C'est ainsi que
s'élargissait la ligne défendue aux chapitres6.69 à 6.73

dudit écrit, au moyen de cette prétentionindéterminéedans
1'espace.

Dans son contre-mémoire, le Gouvernement du Honduras

mit en relief le caractère des "terres de la Couronne" et
l'absence de fondement de la prétention salvadorienne

relative à la délimitation de la frontière terrestre3. Ces
terrains, appartenant à la Couronne, étaient localisés dans

le ressort d'une des provinces dont les limites sont à
déterminer aux fins de l'applicationde l'uti possidetis

juriç. 11s étaient, d'autre part, la base pour la politique
de "composition" ou vente de terrainspar laCouronne.

47. Dans son contre-mémoire,El Salvador s'est référé
à nouveau aux "terresde la Couronne", d'unepart en

1 Mémoire d'El Salvador,chap. 5, p. 45, "Tierras

realengas (CrownLands)".

2 Mémoire d'El Salvador, Submissions, I,2, p. 191.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 83-94.formulant sa thèse sur l'identitéentre limites de terrains
et limites des ~épubliquesl et, d'autre part, dans ses

~onclusions~.

Or, El Salvador ne parle pas des "terres de la

Couronne" ou "Crown Lands", comme dans lepremier écrit,
mais des "...Royal Landholdings, within the same

jurisdiction"; et elles sont donc. rattachées aux "lands
boundaries defined by the "Formal Title Deeds to the
Commons", parmi lesquelles sont inclus les "Royal

Landsholdings". Demême que dans le mémoire salvadorien,
cela ne justifie pas non plus qu'El Salvador détienne un
droit exclusifsur ces terrains.

48. Outre l'obscurité délibérée de cette Conclusion
d'El Salvador, il convient de relever deux éléments. En

premier lieu, il est erroné de parler d'une "juridiction"
des "indigenous communities" titulaires d'un terrain.Les

communautés indigènes étaient simplement titulaired'un
droit de propriété surle terrain, selon le droit espagnol
des Indes. Une fois de plus, El Salvador tente de démontrer

- sans y parvenir - que les "ejidosde composition"sont une
"institutionpolitique".

Mais, en second lieu, "terres dela Couronne" et
limites de terrains appartenant à une communauté indigène
sont des catégories s'excluanmtutuellementdans le droit

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.4, p. 13.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions,I,2,
(i), p. 292.espagnol des Indes. Les premières sont des "friches"et sont
propriété de la Couronne; les terrains appartiennent à un

particulierou à une communautéindigène. Par conséquent, si
le critère ou base de l'application de l'uti possidetis

juris est "the land boundaries definedby the 'Formal Title
Deed to the Cornons' of the indigenous cornunitiesl", la

conséquence logique en est que "the Royal Landholdings" sont
extérieures à ces limites. La position d'El Salvador tombe

donc dans une contradiction.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1,2
(i), p. 292 et chap. 2.4, p.13. ARGUMENTS OF A HUMAN NATliB PRESENTED Bi' EL SALVADOR
IN SUPPORT OF ITS FRONTIER-KIGHTS ("EFFECTIVITES")

b.1. El Salvador 1-eiterates iri this Reply that

the same probative value must in this
litigation be given to. on the orle hartd. the evidence

of a juridical natiir-e fi.ir'rrished ty the Forma1 Ti tle

Deeds to 'ommons issued in its favour by the Spanish

Ci-owri in strict compl iarice wi th the pi'ocedural
requiremerits whicli the Spanist~ Crown had itself

established and. on the other hand. tlie arguments

of a liuniail nature ("effectivitt%s"). This was recoynised

b? El Salvador and Horiduras in Article 26 of the
General Peace Treaty of 19i3û signed by the two States,

a recognition which was niotivated bg trie historical

circumstances which have brought about the present

conf i guration of tlie tijo States and b? consideration.s
of elenientary justice towards the Salvadoran population

which has traditionally inhabitecl the area close to

the fi-ontier. Honduras. despi te the ef fort..s of tliose

who pi-epared the H.C.M. aricl the cciiiinients made on the
contents of the E.S.M. ,lj by i ts Anibassador in L.ondon,

Mas Veliisquez Diaz, has not been able for a single

moment to detract in aiiv wa? fr-oin the value of such

"effectivites" as evidence in this litigation. Indeed.
denying the probative value of the "effectivités"

would contradict tlie spirit and the letter of the

General Peace Treaty of 1980 and perpetuate an

histoi-ical injustice wliich El Salvadoi- has suffered
ever since the date of independence of Central America.

1. H.C.M.: Annexes: pp. 292 et seq..4.2. Honduras has introduced comments such as

tliat niade by Aiiibasss~dor Ve1aSquc.z' Diaz to
the effect that (2j. "El iSalvad01~ essaie d'introduire

rians cette affaire ce qu'i 1 appelle des arguments

de nature humait-te" . Such coinriierits coiist i tiite an atternpt

tu reduce the process of analvsiirg and resolving the,
issues which ,arise in tliis 1 i tiyation to a siinple

jui-idical operat ion. wtien these issues have rioc only

sc~ci olog i cal coniiot.ations but al so an evident human

background. Honduras i tsel f r,ecoynised this in i ts
loriy-terni insistence that the conf 1 icr between the

two States in 1969 was motivated b? questions of human

settlenierrts aiid frontiei-S. Yet. iiow that it is before

an iiiternati orial tribunal. Honduras rüishes to reduce
the issues before that tribunal to a simple evaluation

of the evidence of a juriclical nature wheii it has

alwavs previously accepted, in the lengthy negotiations

that have taken place .between the Parties. and in
the General Peace Ti-eaty of 1980. that the question

of the hiiirian sett 1emeiits was a Fundarilental aspect

of this dispute.

A.3. Honduras, having contended. that (3):

"101-sqii'El Salvador invoque 1 'uti ~ossidetis

, 1 'ciprjl ication qii' i1 en fait est inconsistente.

Il rie prodiri t pas de doc:uments de 1 'epoqiie coloniale

poiii' certaines sections de la ligne clivisoir-e". it
yoes on to af Firm that El Salvador "tente de
(4)
r-eiif0rcc.i- des pi-eiives aussi tenues el: des arguments

aiissi inexacts par le recours aux effectivités".

-. H.C.M.: Alinexes: p. 292.
3. H.C.M.: p. 318.

4. H.C.M.: p. 3484.4. With the same iiitentioiiof attacking tlie

probative value of the "effectivités".
Honduras makes the following statement
(5)'
"Coniiiiil a été dit précédemment. en ce qui concerne
les quatre zotiesindiquées sur la carte 5.2. en regard
de la page 328 di1préseiitcontre-mémoire, El Salvador
ne fournit aucun dociimeiil:de 1 'époque coloiiiale
indiquant des limites de territoires, ni méme des
docuinents postérieurs à 1821. Son tracé de la ligiie
dans ces zones ne peut pas. par conséqueiit, se baser
sui- l'uti possidetis iiirisde 1821, mais sur un autre
fondement: le recours aux "effectivités". Ce qui
évidemment itieten lumiére le "dualisme" de la position
juridique d'El Salvador. qui invoque conjointement
des effectivités et des titres juridiques.
contrai reinent aux dispositions de 1'article 2G du
Ti.aité Général de Paix de 1980. La finalité de cette
attitude est, eiidernière instance. de faire prévaloir
les effectivités sur les titres. ainsi qu'on peut
en juger a la simple lecture du chapitre 7 de son
mémoiI-e."

Honduras thus coiicl udes by affirming that El Salvador

has ended up in a "dualism" of evidence in which it
abandons Forilla1'Ttle Deeds and has recourse or1y

to the "effectivités". No such "diialism" exists in
the aryuments pi.esented by El Salvador; it is inore

accurate to sa? that the arguments produced by Honduras
are guilt? of "unilateralism" in that the- wish in

an arbitrai-y nianner to eradicate the human aryunients
envisayed bv the VI-ovisionsof a bindina Treûtv which

Honduras sianed and ratified in 1980.

4.5. The reality is that the argument of Honduras
set out above has no validity whatsoevei-.

El Salvador has relied on two diffeïent types of
evideiice whicti mutuall? complement and fortify one

another and which will enable the membeïs of the
Chamber, by virtue of the 1inks betweei, the eviherice

presented by El Salvador, to pronounce a just decisionthat takes into account the strength of the int-egrated

truth and the weight of these complementarv arguments.

4.6. In the process of evaluation of the evidence
pi-oduced in a trial. the judge. in the

function 01: inipartingjustice. has the right to take
the whole of these proceedings into account with the

objective that. ahove al1 else, the judgement may
be consistent wi th realitv and jlistice.

4.7. Both the General Peace Treaty of' 1980 and
the Special Agreement betweeii El Sa1vador

and Honduras to submit the land fr-oiitier dispute to
the International Court of .Justice are governed by

Public International Law. Consequently. it is not
possible to accept an arbitrary reduction of the

applicable principles of Public International Law
by eithei- of th*? Parties to this Treaty and this

Special rigreeineiltA.rticle 26 of the Gerieral Peace
Treaty of 1980 clearly States that, for the

deliniitatioriof the frontier line in the disputed
areas, El Saivacloi-and Honduras accept as evidence

the documents mentioned therein and that "account
shall equally be taken of other methods of proof and

argumeiits ancl reasoris of a juridical . historical .or
human nature or of any other kind which may be adduced

by the Parties and which are admissible uiider
International Law". This Provision determines the

range of evidence which inay be adduced by the Parties
but. equally. determines the standard to be adopted

in evaluating the evidence so adduced.

4.8. The Chainbertherefore has well-defined powers
and evideiitiary standards with which to

resolve the conflicts over territorial delimitation
and to deteriniiie the juridical status of the islands.
to which El Salvador has proved that it is enti tled.

and of tlie maritinie spaces. Tliese are the criteria011 wtiich the Clrarnberof the International Court of
Justice relied in its judgement in the Case concerning

the Frontier Dispute between Burkina Faso ancl the

Republic of Mali (6)'

4.9. Honduras is capriciously trying to forget
that the decision which is to be handed

down by the Chamber is. as a result of the express
maiidateof the Part-ies.to be subject to the provisions

of Article 26 of the Geiieral Peace Treat? of 1980
and of the Special Agreement. Honduras wishes to leave

to one side the "effectivites" and thus evade the
substantially human components of a dispute which

relates not onl? to the ownership of physical areas
but also to the persailent destiny of communities of

huinanbe ings .

4.10. El Salvador. in a section of the E.S.C.M.
lieaded "No Arguments of a Human Nature can

validly be invoked by Honduras", stated that. in the

H.M., <,): "The human beings involved receive uo
consideration whatever in the discussioii of a matter

which basically coricerns hurnan beinys. .... No
i'eference whatever is made to the fact that what is

in issue are inhabited settlenients.wheïe people 1ive,
work. eat and drink. need rnedicines and education.

and where by tradition and custointhey feel that they
have their roots."

4.11. The "effectivites" have. above al 1 in cases

such as this one, special sigiiificancr and
singulaï importance in the process of the determination

6. I.C.J. Reports 1986, p. 554.

7. E.S.C.M.: Para. 4.6.. p. 132 of the issues before the Chamber. namely the resolution
of the conflicts over the land frontier and the

determination of the juridical status of the islands

.. and the maritime spaces. This prominence of the
"effectivités" is riota matter only of mere legalities
but also of uiiquestionablejustice.

4.12. In the Case concern_ina the Frontier D~sDu~~

between Burkina Faso and the Republic of
Mali, the Chamber of the International Court of

Justice, having esamined the arguments pïesented by
the two Parties, stated (8>:

"a distinction must be dïawn among several
eventualities. Where the act corresponds exactly to
law, where effective administration is additional
to the titi possidetis iuris. the only role of
effecti- is to confirm the exercise of the right
dei-ived from a legal title. Where the act does riot
corresporid to the law. where the territor). which is
the subject of the dispute is effectivelv administered
bv a State other than the one possessirig the legal
title. preference should be giveri to the holder of
the title. In the event that the effectivite does
not co-esist with aiiy legal title, it must invariably
be taken into coiisider-ation. Finûlly. there are cases
where the legal title is not capable of showin9 exactly
the territorial expanse to which it relates. The
effectivités can then play an essential role in showing
how the title is interpi-etedin practice."

4.13. El Salvador has preseiit.edin the E.S.M.

and the E.S.C.M. documentation which is
more than sufficient to prove full- that, in al1 the

sectors of the land frontier clainied bv Honduras
(TecpangUisir Mountairi. Las .Pilas or Cayaguanca.

ArCatÛo or Zazalapa. Nahuaterique and Torola, DolOres,
Monteca and Poloros~ and the Estuary of the Rfo
Goascoran), El Salvadoi- has esercised and continues

to exercise an effective administrative control.

8. I.C.J. Reports 1986. Para. 63. p. 554.'Consequentlu. El Salvador is able to make t@e following
affirmations:

(1) That, by virtiie of trie practice of effective

administrative control. the "animus" on the part of
the administrative organs of state of El Salvador

to possess these disputed ter-ritorieS has been.
expressly dernonstrated.

(2) Tliat. in consequence, El Salvadui- has satisfied

the requirements of "effectivite" by means of the
effective exercise of State authority over the

territories clainierl hy Honduras. such authoi-i tv having
beeri exercised coiitinuously and iiotoriotisyl through

a quite incontroveïtible administrative system.

(3) That. alonyside the "animus occupandi". El Salvador
has exei'cised and continues to exerçise a physical

possession of these territories which can iiino sense
be categor-isedas fictitious.

(41 l'liat.by nleaiisof these "effectivi tes". El Salvador

has sufficiently proveri the existence of the two
elenients which are necessars in order to estahlish

sovereiyri title arid te mariifestatioii of State
authority.

4.14. El Salvador provided in the E.S.M. an
(9)
account of how the Government of El Salvador.
its niunicipal authoïities. and the people of El

Sa vadoï liad developeri and esploited econorncal 1y
al1 the sectors of the land frontier and of the islands

wliich are claiined by Honduras. as well as the
relationshilj hetweeii iiiüand the land wtiich has been

fcii-tifiedfor three quarters of a ceiitury. thus
ci-eatiiig i1-refutahleSalvadorari iiiterests.l'hese same

9. E.S.M. :Paras. 7.8. -7.10..arguments were also iiivoked by El Salvador in. tlie

E.S.C.M. ( ,,, iri order once agaiii to affii-II that the
social and economic development of the sectors claimed

by Honduras has been carried out by the Goveriiment
and by the municipal authorities of El Salvador aiid

by the huinanpopulation tliathas established its roc~ts
in these territories.

4.15. Honduras is now re-iecting these arguiiirnts

relating to hiiman settli?nieiit snd er:oiiom(i
development . foryettiny tliat these sanie aryiinients
were the basis of the claiinbrouylithy Honduras against

Guatemala which 1ed to ttie Aybitration brtweeii
Guatemala and Honduras. il1 which Honduras was awarded

substantial territories to which Guatemala had always
consideïed itself to be entitled.

4. 16. In this Arbitration betweenGuntemala and

Honduras, the Tribunal of Arbitration stated
that (Il):

ri Fixiriythe boundary, the Tribunal must have regard
(1) to the facts of actual )~ussessiori; (2) to the
question whetheï possession by one Party has been
acquired iii yood faith and without invadirigthe rigtit
of the other Party; and (3) to the relation of
territo~y actually occupied to that which is as yet
unoccu~~eid."

4.17. The Triburial subsequeiit 1y appli ecl these
principles to the facts in the following

manner in the following passages:

1O. E.S.C.M.: Paras. 4.11.-4.15.. pp. 135-137
11. Guatemala-Honduras Special BouiidaryTribunal:
Opinion and Award (Washington. D.C. (1933))
p. 70."Horiduras has been in possessi.on of Oiiioasince 1832

"The developments in the Cuvainel area after. 1832 were
made by Honduras (13).

"it was not until about 1912 that Honduras soiight
by her coricessions and grants to establisti her
interests to the West of that line. Since independence.
and until about 1912, Honrluras had beeri erigaged iri
developing the territory east of the Tinto river,
through the cuvamel area. arid in the soutli iri ttie
direction of Cerro San Ildrfonso"
('14i'

4.18. El Salvador has proven that the fafits (t-tie
actual possession) corresponds to the i.ght

(the Formal Title Deeds to Gommons); namely, tliat

the territories, the islancls. ancl the inai-iiine spaces
are admiriistered hy El Salvador, wtio possesses the

tit-le, understanding by that the appropriate wi-itt-eri

document. It has also been pruven that El Salvador
has possession.

4.19. EI Salvador-, through the ai:yunients wliich

it. has expouiided to the Chaiiiber in the

E.s.M.. in the E.Y.C.M.; and in this Repl':. reaffii-ms
its request that a decision stiuuld be haridt-dclown

in accordançe with the rights which it lias invoked.
namely in accordance with the justice due to the

Salvadoran human gr-oups wtio tiave fised their roots

in the territories and in the islarids wliiclitlonduras
clainis without. the sl iyhtest. t t El S:~lvador

12. Guatemala-Honduras Special Boundarv Tribunal:
Opinion and Award (washington. D:c. (1937))
p. 87.

13. Guatemala-Honduras Special Roundary Tribunal:
Opinion arid Award (Washingtori. D.C. (1933) )
p. 88.
14. Guatema la-HondilrasSpec ia1 Bouridary 71ibitna1:
Opinion and Award (Washington. D.C. (1933))

p. 92. ttierefore requests that a decision shoiilii be Iiaiided

down which 1-esolves the terri ,oi-ial de1 imitation aiid

establishes the juridical StatUS of the maritime

spaces. The human. social , cultural . ecunvniic.
adiiiiiii strative and po1 i tical development irhich Iias

beeri sarried out by the people of El Sal\,ador- in these

disputed sectors determines bevond any douhr that

these sectors belony to El Salvador: it has been on
the basis of this understaiidiiig that the Ciovernnient

of El Salvador and its miinici~ial authorites over a

1engthy per i od of time tiave exeïc i sed full

adininistrative control over these sectors and have
brought about its development to the benefit of

ttiousands of Salvadoran fami 1ies wlio have f ised thei r

'1-oots in the sectors and iii the islands claimed by

Hoiiduras.

4.20. This is iiot inel-el? a legal question, nor

merely a right to possessioii on the t~asis

of exrrcise over a long Deriad of time. This is. above

al 1 . a situation wi th prufounïl liunian repercussions.
Wi11 the Chamber be iticlined to wrest territorv froiii

a Çtate so unjustlv dirniriislied iri size as El Salvador

wi thoiit fi 1-st pondering wtiat each inch of its scai-ce

and uiiprociuctive terri tory i-epresents 'for t:iat country?
From tliis point of view, law. coiisîience, and juslice

are al1 in favour of El Salvador- and that Republic

consequent ly expects, wi th total siiiceri ty and full

conf ideilce. that the Chamber wi 11 reach i ts decision
as the result of a consideration of the global problems

of this litigation and on the basis of the inteyrated

view of the evidence presented. LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE ENTRE LE ROCHER DE

CAYAGUANCA ET LA CONFLUENCE DU RUISSEAUDU CHIQUITA
OU OSCURA AVEC LA RIVIERE SUMPUL
(MONTAGNE DE CAYAGUANCA)

1. L'obstinationd'El Salvador à dénommer ce secteur

litigieux "Las ila as" en, dénotant un 'intentionalité"2
dans la dénomination hondurienne de Cayaguanca, obligele
Hondurasune fois de plus à dénoncer l'absencede rigueurde

cette position. En effet, l'expression "secteurde Las
Pilas" ne se réfère à aucun espace ou environnement
géographiqueample ou générique, mais à une enclave concrète

constituéed'un petit village, d'ailleurs, fondé à l'époque
républicaine.En revanche, les références honduriennes à la

"montagnede Cayaguanca"ou au secteur compris entreladite
montagne et le confluent du Chiquita ou Oscura avec le
Sumpul concerne, en premier lieu, tout un secteur

géographiquequi fait l'objet de différendset qui est bien
établi du point de vue toponymique:et, en second lieu, on

se trouve devant une référence fréquemmentutilisée dans la
documentationhistorique espagnole, du moins de 1701 à 1742.
En conséquence, la Chambre de la Cour saura tirer les

conclusions quis'imposentquant à la dénomination employée
par El ~alvador, laquelle ignore les expressions
traditionnelles figurant dans les documents antérieurs à

1821.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.19, 3.20 et

3.36, p. 51-63.
2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.19, p. 51. 2. Ainsi donc, Cayaguanca ne désigne pas seulement un

nom spécifique, mais la globalité d'un massif montagneux
- dont la localité principale la plus proche fut toujours,

historiquement Ocotepeque - qui comporte des monts élevés,
parmi lesquels se détache par son altitude le Pital. On a

toujours reconnuen Cayaguanca un espace physique déterminé
dans lequel Las Pilas constituent une désignation

géographiqueparticulièreet distinctequi, en aucun cas, ne
représentel'ensemble.

Section 1.Les divergences entreles Parties sur

l'interprétationdu titre de 1742

A. LES DIVERGENCES A CARACTEREGEOGRAPHIQUE

3. El ~alvadorl prétend qu'en réalité les titres de

1702, 1740 et 1742 ne sont pas applicables au secteur
considéré, maisau secteurde ~e~angüisir~,attendu que:

"in these Title Deeds it is clearly indicated that
the Principal Land Judge of the 'Real Audiencia'
of Guatemala ordered that the lands to the West of
the river Lempa should be given to the inhabitants
of Citala."

4. Il est flagrant que cette affirmation est
insoutenableet prouve que la confusion est vraiment du côté

salvadorien.Tant du point de vue de la dénominationque par
rapportà leur localisation géographique, il existe deux

1 m.

2 ibid.secteurs clairement différenciés dont l'identificationne
donne pas lieu à erreur. D'unepart, les titressusvisés de

1702, 1740 et 1742 se réfèrent précisémentau site de
Jupula, distant et distinct de celui de ~e~an~üisirl;
d'autre part, le lieu appelé Tepanguisir fut arpenté à la

demande de Citala en 1776~. Par conséquent,deux territoires
séparés physiquement et arpentés à trente quatre ans

d'intervalle, ne peuvent faire facilement l'objet de
confusion, à moins que celle-ci réponde à des fins peu

avouables.

5. El Salvador affirme également que les titres

susvisésen 1702, 1740 et 1742 se réferent "to the second of
the sectors of the frontier delimited by the General Peace

~reat~3",sans aucun rapportavec le secteur deLas Pilas ou
Cayaguanca.Mais la réalité est tout autre, car le titre de
Jupula de 1742, invoqué par le Honduras comme preuve

principale de l'uti possidetis iuris de 1821, se réfère
précisément A la zone litigieuse de Cayaguanca, problème

préalablement soulevé, dans son contre-mémoire, par le
Honduras et, de façon inexplicable, escamotd éans le contre-
mémoire d'El Salvador. Dansle titre de Jupula susvisé, il

est indiqué indubitablement que:

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, carte 3.1,
p. 212 et mémoire du Honduras,vol. 1, carte 8.6.2, p. 352.

2 Mémoire duHonduras, vol. 1, chap. VIII, p. 293 et
suiv; contre-mémoire du Hondurasv ,ol. 1, chap. VI, p. 123
et suiv.

3 Contre-mémoire d'EL Salvador,chap. 3.21, p. 52. "...en ce qui concerne la possession des terres de
Jupula que l'on prétend attribuer aux habitants de
Citala, ils n'ont rien à objecter sinon qu'ils
s'en remettent à ce qu'ils ont dit; et qu'ils
sollicitent seulement qu'on leur laisse une
montaqne dite Cayaquancaqui se trouve en amont de
la rivière de Jupula, qui est 'terre de la.
Couronne ' (realenqai et que les indiqènes du
quartier de San Sebastian dudit villaqe ont
cultivé, ce avec quoi ils s'estimeront satisfaits
et dédommaqés des terres de Jupula; ... siqné par
l'écrivain public dudit villaqe pour les habitants
et coniointement au Juqes et témoins ...'IL
(soulignépar nous).

La mention de la montagne de Cayaguanca qui est faite
dans ce paragraphe du titre de 1742 est sans ambigüitéet ne

prête pas à des interprétations telles que celles,formulées
par El Salvador. Et, si cet extrait n'était pas suffisant,

un autre passage dudit titre ajoute ce qui suit:

"...en cet endroit les habitants du.- vi-laae
dlOcotepeque déclarèrent que la montaqne qu'ils
ce au présent
depuis cette dernière
, qu'ils appellent 'Cayaquanca',
et qui est celle que cultivaient et cultivent les
habitants dlOcotepequeet qu'ils se contenteraient
de cette mcJntaqne: et en eff~~. no--s a~-,s.
constatant qul;ls y ont leurs chaumes,. ..
déclarons qu'ellesleur appartiennent,que cela ne
porte pas préjudice à des tiers et qu'elles ne
figurent sur aucun titre des habitants du village
de Citala; c'est pourquoi conformément aux
dispositions de Votre Excellence, nous ordonnons
aux habitants de Ocotepeque de faireusase de
ladite montaqne L..." (soulignépar nous).

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XI.l.l, p. 2069.

2 ibid.
- 6. En définitive, les passages précités des
procédures effectuées en 1742 par les juges Pedro Diaz del

Castillo et Juan Segundino de Lanuza sont dignes de foi et
indubitables en ce qui concerne l'espace géographiquequi

fit l'objet de leur décision. Premièrement, on attribua à
Citali la zone de Jupula comprise entrele mont El Zapotal

et le confluent de la rivière Numuapa jusqu'au confluent
avec la rivière Jupula, et qui se poursuit en amont de

celle-ci jusqu'aupied "d'un rocher blanc qui se trouve au
sommet d'un mont très élevé1." Or, il est clair que ce

secteur attribué à Citali est compris dansle second secteur
délimité par le Traité Général de Paix de 1980.

Deuxièmement, on attribua au village d'ocotepeque la
montagne de Cayaguanca, située à l'Est du "pied d'un Rocher
Blanc qui se trouve au sommet d'un mont très élevé où l'on

constata la présence d'un tas de pierres qui se trouve
mentionné dans le titre2." Il s'agit de la montagne de

Cayaguanca. attribuée à titre de compensation pour la
cession aux habitants de Citala, de la part de ceux

d'ocotepeque,des terres de Jupula.

B. LES DIVERGENCES GEOGRAPEIQUES ET TITRE JURIDIQUE

7. En termes strictement juridiques, les conséquences
de la position honduriennequant à la pertinence du titre de

1742, dans sonapplication au secteur de la frontière

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. 1,
Annexes 1-11, p. 139-144,par. 3.

2 ibid.
-terrestre situé entre Cayaguanc et le confluentdu Chiquita
ou Oscura avec la rivière Sumpul, contredisentouvertement

la position défenduepar El Salvador. Le Honduras fait
valoir le titre de Jupula de 1742 pour établir les droitsde

possession et de propriété des Indiens d'ocotepequesur la
montagne de Cayaguanca, à la date susmentionnée; ainsi,à la
date critique de 1821, l'application dl e'uti possidetis

juris consolide le droit du Honduras sur la zone en litige
de Cayaguanca.Ainsi, l'invocationdu titre de 1742 par le

Honduras,loin de revendiquerune zonedéjà délimitéepar le
Traité Généralde Paix de 1980, cherche à prouver ses droits
sur lazone litigieusede Cayaguanca.

8. C'est une attitude tout à fait opposée à celle

d'El Salvador. L'argumentatios nalvadorienne, selon laquelle
le titre de 1742 n'est pas applicable à ce secteur
frontalier controversé, cache en réalité une subtile

tentativede recourir à l'uti possidetisjuris de 1821, car,
ne disposant pasdu moindre titre colonial établissant ses

droits sur la zone à la date susdite, elle se limite
simplement a soutenir que le titre invoqué par le Honduras
se réfère à un autre secteur. LaChambre de la Cour saura

apprécier équitablement et selon le droit si lesréférences
géographiques figurantsur celui-ci sont suffisantes en
elles-mêmes, oupas.

9. En outre, El Salvador prétendque les titres de

1701, 1740 et 1742 ne concernent pasle secteur en litige,
au motif que:

"the sector of Las Pilas is situated,
geographically speaking, outside the lands
belonging to Ocotepequeand in no way was affected
by the discussion of the boundary between Citala
and Ocotepeque contained in the three Title Deeds mentioned above because, among other reasons, the
commissions of the judges in question did not
include the sector of Las pilas1."

10. Sur ce point, la thèse salvadorienneest à nouveau

dépourvue de toute rigueur et joue constamment dans
l'ambigüité.L'affirmation selon laquelle le secteur de Las

Pilas est situé en dehorsdes terres dlOcotepequeet, par
conséquent, n'est pas affecté par les litiges entre ce
dernier village et celui de Citala, relatifs aux trois

titres susmentionnés, mérite quelquecsommentaires.

11. En premier lieu, comme on l'a déjà vu,
l'expression "secteur de Las Pilas" n'est pas appropriée
dans le contexte de la documentation coloniale espagnole

antérieure à 1821, car, dans aucun document,Las Pilas n'est
identifié à un secteur ou environnement géographique connu

mais à une petite localitéet à un torrent dépourvus de
connotations politiques ou géographiques au-del8de leurs
strictes limites et que c'est seulement à l'époque

républicaine que cette dénomination est liée à cette
localité. Par conséquent, les titres susvisés pouvaient

difficilement faire concrètementréférence à une petite
localité située à l'intérieur d'un massif montagneux
complexe, auquel les Indiens se référaient, de façon

générique, par. le nom de "montagne de Cayaguanca", a
fortiori sion tient compte du fait que la petite localité

de Las Pilas est d'origine républicaine et n'existait pas
alors.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.20, p. 52. 12. En second lieu, El Salvador prétend que les terres
de Las Pilas sont situées en dehors des terresappartenant à

Ocotepeque et ne sont pas affectées par la délimitationdes
terres de Citala, effectuée par les titres susmentionnés.

Or, ce qui est demandé aux juges sur le titre de Jupulade
1742 n'est pas l'attributionde telle ou telle localité aux

villes d'ocotepeque ou Citala, mais la délimitation, au
profit de l'une ou l'autre, d'un ensemble géographique

complet situé à l'Est de celles-ci. Il fut établi, à cet
égard, que Cayaguancaappartenaitaux Indiens d'ocotepeque:

"...en effet, constatant en notre qualité de
juges, qu'ils y ont leurs chaumes, nous déclarons
qu'elle leur appartient, que cela ne lèse aucun
tiers et qu'elle ne figure pas sur le titre des
habitants du village de Citala; ainsi, en vertu
des dispositions de sa seigneurie, nous ordonnons
aux habitants de Ocotepeque qu'ils fassent usaqe
de ladite montaqne..." (soulignépar nous).

11 n'y a aucune raison valable de mettre en doute

l'interprétationde la décision judiciairequi a séparé les
terres correspondant à Citala de celles appartenant à

Ocotepeque, en déclarant expressémenqtue la montagne de
Cayaguanca appartenait à Ocotepeque. Par conséquent, le

secteur dit "secteur de Las Pilas'' n'appartient pas à
Citala, c'est-à-dire au El Salvador. Et la référence

générique qui, 'dans le titre de 1742, est faite à la
"montagne de Cayaguanca" sans aucuneréserve de la part des

deux parties,prouve que les juges faisaient allusion à un
secteur concret et global que les parties et eux-mêmes

connaissaient bien, à savoir un ensemble montagneuxavec des
monts et plusieurs autres accidents géographiquesqui, du

point de vue géographique, constituaient uneentité unique,
parfaitement identifiable par les indiens qui n'ont formulé

aucune question à ce sujet au moment du procès. Dans le cascontraire, le titre aurait comporté les distinctions et
nuances nécessaires à son domaine matériel d'applicationpar

ce que les jugesl'estimentnécessaireet que les Parties le
réclament.

13. Enfin, la position salvadoriennefait allusion
une hypothétique carencdee compétencejudiciairedes juges,

en signalantque "the commissions ofthe judges in question
did notincludethe sector ofLas Pilas."

14. Mais cette thèse est indéfendable. Le texte du
dispositifdu titre de Jupulade 1742 est lesuivant:

"Nous, Pedro Diaz del Castillo et Juan Segundino
de Lanuza, juges nomméspar Sa Seigneurie le clerc
Conseil de Sa Majesté, son Auditeur et Juge dedu
Cours de la Real Audiencia et de la Chancellerie,
résidant en la ville de Guatemala, Juge privatif
du droit royal des Terres et du Recouvrementdes
taxes de son ressort, aux fins de reconnaîtreles
terres du village d'ocotepeque et celles du
présent villagedans le cadre du procès qui oppose
les uns et les autres,ainsi qu'en atteste la note
d'introduction auxprésents actesl..."

La compétence judiciairede ces juges est hors de tout
doute, attendu que, ainsi qu'en attest ee passage précité,
ils fondentleur intervention sur la note d'introductionaux

actes, dans laquelle figurela mission qui leur aété
confiée et lemandat conférépour reconnaîtreles terresde

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, Annexes, vol. 1.
Annexes 1-11, p. 139-144,par. 3.Citala et d'ocotepeque, sans aucune restriction,et pour
assigner à chacune des parties les terres qui leur

revenaient. Par conséquent, en attribuant à Ocotepeque la
montagne de Cayaguanca, ils agirent en application de leurs

pouvoirs expressémentdélimités.

15. El Salvador expose également quelques thèses en
référence au titre de 17021. Cependant, ces affirmations

semblent sortir du contexte, car elles se réfèrent à une
zone qui est déjà clairement délimitéepar le Traité Général

de Paix de 1980. Par conséquent, on ne s'attardera pas à
analyser le paragraphe cité, l'estimant parfaitement

superflu et hors de propos.

16. Il y a encore d'autres allégationsd'El salvador
affectant également des zones qui ont déjàfait l'objet de

délimitation par le Traité Général de Paix de 1980~.
Cependant, certaines déclarations doivent être

catégoriquement rejetées par le Honduras. Ainsiquand il est
dit que:

"Honduras distorts these Title Deeds which refer
to a sector which is already delimited, giving
them an erroneous interpretationbased on partial
citations."

17. ~orrec'tement comprise, la thèse du Honduras

affirme que l'arpentage de Jupula de 1740 affectait
l'arpentageréalisé en 1701, en faveur d'ocotepeque,sur une

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.22, p. 53.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.23, p. 54.superficie approximativede seize caballerias de terre,

auxquellesrenoncécentles Indiensd'ocotepequeen faveurde
Citala en 1742, ainsi qu'en atteste le texte du titre de
Jupula .établi à cette dernière date. Par conséquent, la

position du ond dur non, seulement ne défigure pas le
contenu du titre de Jupula, mais l'interprete correctement
en s'en tenant fidèlementA ses termes.

Section II. Les divergences entre les Partiesur la
validité,la régularitéet l'efficacitédu titre

de 1742

18. Les attaques injustifiées et réitérées d'El

Salvador contre le titre de 1742 constituent la meilleure
preuve que ledit titre est totalement opposé à ses

prétentions et confirme, au contraire, lesthèses exposées
par le Honduras.

19. L'argument salvadorien du "territorial
imperialism"l qu'ont prétendùment exercé les habitants
d'ocotepequesur les terres de Citala, est dépourvude toute

base historique, constitue un argument purement politique
sans fondementet est juridiquementirrecevabledu point de
vue de l'uti possidetis juris. En outre, il manifeste

clairement qu'El Salvador ne dispose d'aucune preuve ou
document démonGant l'existence de terres appartenant à
Citala antérieurementaux procéduresde 1701.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.24, p.55. 20. En réalité, il ressort du titre mëme de Jupula de
1742 qu'il n'existe pas de preuve à caractère documentaire

que ces terres appartenaient à Citala. Quant au noyau de

peuplement, Ocotepeque étaitplus ancien et plus peuplé que
Citala, et il ressort objectivement des procédures

judiciaires de 1742 l'attribution à Citala de terres
appartenant à Ocotepeque, en échange de quoi il est reconnu
à cette dernière la montagne de Cayaguanca. Les faits

objectifs font donc apparaître un phénomène justement
inverse à celui de l'"impérialismeterritorial",en dépit du

fait qu'il existait entre les deux localitésdes problèmes

de terres qui réclamaient une attributiondéfinitive.

21. L'argument salvadorien sur la "ma1ice"l des
habitants d0Ocotepeque parait également surprenant dans le

présent contexte.D'une part, il revient à faire prévaloir
un obiter dictum sur le raisonnementde fond. D'autre part,

il occulte une fois de plus le fait évident qu'El Salvador
ne produit aucun titre relatif aux terresde Citala. La

procédure de 1742 met en évidence que les juges cèdent aux
Indiens d'ocotepequela montagne de Cayaguanca,au motif que

ceux-ci ont cédé ceux de Citala les terres de Jupula.
C'est-à-dire que les Indiens d'ocotepeque détinrent pendant

un temps antérieurla propriété des terres de Jupula. Cette
attitude peut-elle être qualifiée de malicieuse 7

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.24 et 3.27,
p. 55 et 57. 22. Le troisieme argument salvadorien contre le titre
de 1742 concerne la procédure judiciaire elle-même. En

premier lieu, il prétend que les juges officiants étaient
dépourvus de compétence pour statuer sur Las Pilas, c'est-à-

dire en dehors des juridictionsd'ocotepequeet de Citala:

"consequently the Sub-Delegate LanJ dudges did not
have the powers to grant, by way of compensation,
lands which were outside the jurisdiction of
Citala and Ocotepeque,which were the only areas
comprised within their commissionsl."

En outre, on argue du fait que la fonction des juges
consistait à "merely acceded to what had been requestedo*2.

Enfin, El Salvador noteque le mémoire du Honduras affirme:

Judge OrozcojManrique de Lara but the approval by
this superior judge does not appear in the extract
presented by ond duras^."

23. En ce qui concerne la première des questions

soulevées au paragraphe précédent, il semble nécessaire de
répéter une fois de plus que la mission confiée aux deux

juges comprenait la reconnaissancedes terres d'ocotepeque,
ainsi que le firent les délégués en vue d'attribuer la

montagne de Cayaguanca aux Indiens d'ocotepeque. Et s'ils
attribuerent cette montagne à Ocotepeque c'est parce que

ladite montagne étaitcomprise dans la juridictionde la

Contre-mémoiredgEl Salvador,chap. 3.31, p. 60.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.32, p. 60

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.33, p. 60.provincedu Honduras,ce que les juges devaientparfaitement
savoir puisqu'il s'agissaitd'une question de fait bien
connue d'une juridictionspécialisée dans lesproblèmes de

terres.

D'autre part, le fait que la montagne de Cayaguanca
n'était pas comprise dansl'arpentagede Jupula fut établi
par les juges avec une précision.absolue. Par conséquent,

l'argument d'El Salvador, selon lequel le secteur
- improprementdénommé - "Las Pilas" était en dehors de la
juridiction de Citala, est absolument dépourvu de

pertinence.C'est précisément parce qu'on privait Ocotepeque
des terres de Jupula qu'on lui attribuait la montagne de

Cayaguanca,qui était située, selon le document de 1742, à
l'Est de la dernière borne fixéepour les terres de Jupula.
Et quand cette attributionfut réalisée,c'est, sans nul

doute, que les limites de cet environnementétaient bien
connues des juges et des deux parties, attenduque ceux-ci
affirmèrent que ladite attributionne nuisait en rien à

Citald - en ce qui concerne les terres de Jupula - ni ne
portaitpréjudice à des tiersl. Il est évidentque les actes
de procédure ne pouvaient faire référenceà "Las Pilas"

puisquece petit villagen'étaitpas encore fondé.

L'affirmation qui précède est compatibleen touspoints
avec une analyse de la zone en question, du point de vue
géographique et orographique, attendu que la montagne

susvisée jouxtait, dans le secteur Nord-Ouest,des terrains
dlOcotepequeet des terres de Jupula; à l'Est, la rivière
Sumpul, étant donnéqu'à l'Est de ladite rivièrese trouve

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. 1,
Annexes 1-11, p. 139-144,par. 3.un autre massif montagneux différent constituédes

contreforts les plus méridionaux de la cordillère du
Merendon, sur le territoire du Honduras; et au Sud, elle

jouxtaitdes terresde la Couronne.

24. Quant aux deux autres objections salvadoriennes

mentionnées plushaut, au paragraphe 22, lesdites objections
méritent un commentaire, du fait de leur évidente

inexactitude de fond. Préalablement, on doit s'excuser
devant la Chambre de la Cour d'avoir à répéter une fois de
plus que l'article 26 du Traité Général de Paix, applicable

au présent litige par consentementdes Parties,établit que,
pour la délimitation dela ligne frontalière dans les divers
secteurs en litige, il sera pris,comme base les documents

établis par la Couronne d'Espagne ou par toute autre
autorité espagnole, séculaireou ecclésiastique, pendant

l'époque coloniale,et mentionnant toujours des juridictions
ou limitesde territoiresou localités.

Cette formule s'applique exactement aux procéduresdes
juges Del Castillo et De Lanusa, de 1742, car ils
indiquèrentles juridictions à Citali et à Ocotepeque, dans

la procédure d'attribution territoriale', respectivementde
Jupula et de Cayaguanca. L'affirmation judiciaireelon

laquelle la montagne de Cayaguanca appartenait aux Indiens
dlOcotepequeconstituerpar conséquent,un titre légitimede
propriété émanantdes autoritéscoloniales compétentes dans

l'ordrelaïqueou civil,habilitées à cet effet.

Enfin, il faut rejeter avec la plus grande vigueur
l'affirmation d'El Salvador selon laquelle seules les
procédures de Jupula ont été menées par le supérieur

hiérarchique, lejuge Orozco Manrique de Lara, étant donnéque cette approbation comprenait toutesles procédures

réalisées et non pas seulement certaines, ainsi qu'il
ressort de l'interprétation injustifiée et arbitraire d'El
Salvador. L'attitude d'El Salvador revient, en l'occurence,

à renverser la charge de la preuve, et ce pays ne produit
aucune preuve de ce que lesdites procédures n'auraient pas

été approuvées.En résumé, la positionde la Républiqued'El
Salvador quant aux procéduresde 1742 peut être qualifiée,
sans exagération, de surprenante,'étant donné qu'elle

n'accepte comme valides que cellesqu'elle estimepropices,
en rejetant toutesles autres qui pourraient nuir à ses

prétentions. Le titre de 1742, principalement, constitue
une entité du point de vue de la preuve, et il ne peut pas
être accepté et interprété partiellement, mais comme un

tout.

25. L'argument salvadorien selon lequel les procédures

de 1742 "satisfies neither the prerequisites nor the
safeguards insisted upon by the Spanish administration

during the colonialperiod for a valid attributionof title
of ~ommonsl",est complètementhors de propos et dépourvude
sens dans leprésentcontexte.

26. Le Honduras a présenté un document exhaustifsur

les systèmes et le régime juridiquedes "ejidosW2. Il est
évidentque les procéduresde 1742, pour ce qui concerne les
Indiens d'ocotepeque, ne constituent en aucune façon

l'établissementd'un titred"'ejidos"sujet à certaines

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.34,p. 61.

2 Contre-mémoiredu Honduras,vol. 1, chap. V,p. 50
et suiv.formalitésrequises.Bien au contraire,la nature et le 'fond

des procédures avaient un sens complètement différent.
Lorsque les juges attribuent aux Indiens d'ocotepeque la

possession de la montagne de Cayaguanca, où ils avaient
leurs "chaumes",ils appliquaienten réalité la lêgislation
colonia1.equi ordonnait de protéger la possession des

indigènessur les terresqu'ils exploitaient.

La loi XVIII émanant du Roi Philippe IV d'Espagne

durant la période 1642-1646, ordonnaittextuellementce qui
suit:

"Que l'on laisse les terres aux Indiens. Nous
ordonnons que la vente, l'attribution et la
"composition"de terres se fassent de telle sorte
qu'on laisse aux Indiens, en plus, toutes celles
qui leur appartenaient, et notamment les terres
collectives, leseaux et les irrigations;et les
d'irrigation,ou toute autre exploitation, ou que,
par leur industrie personnelle, ils auraient
fertilisées,soient réservéesen premier lieu, et
qu'0.n ne puisse en aucun cas les vendre, ni
aliéner; et que les juges qui y furent envoyés
recensent les Indiens qui s'ytrouvent et celles
qu'ils attribueront à chacun des tributaires,
vieux exemptés, caciques,gouverneurs,absents et
communautésl.

En conséquence,ces juges non seulement rempliront les

formalités requigeç par l'administrationcoloniale mais de
plus procèderont à l'applicationet h l'observancestricte

de cette législation.

1 Recopilacionde Leves de los Reynosde las Indias,
t. II, Edicioneç de Cultura Hispdnica, Madrid, 1973,
p. 103-104. 27. El Salvador prétend également que les procédures

de 1742 ne satisfont pas aux formalités requises et
sauvegardes nécessaires à une attribution formelle de titres

juridiques: "Noteven one of these safeguards is satisfied
in the case of the so-called Forma1 Title Deed cited by
Honduras1."A ce sujet, il suffit de rappelerque:

"l'expression 'titre juridique' sembls ee référer
exclusivement à l'idée de preuve documentaire.Il
est à peine besoin de rappeler que ce n'est pas la
seule acceptation du mot 'titre'. .. En réalité la
notion de titre peut également et plus
généralementviser aussi bien tout moyende reuve
susceptibled'établir l'existence d'un droit5."

Par conséquentet en dehors de tout problème de forme,
si un titre juridique est un quelconque moyen de preuve

susceptible d'établir l'existence d'ud nroit au bénéfice de
l'une des Parties, lesprocédures de 1742 constituent, en

l'occurrence, la source du droit que le Honduras invoque à
l'appui du secteur frontaliercorrespondant à la montagne de

Cayaguanca.

28. De tout ce qui précède, on peut déduire, en

premier lieu,que les juges délégués de 1742 ont satisfait à
toutes les formalitésrequises et aux sauvegardes exigées

par la législation coloniale espagnole, relativement à la
protection desterres qui étaient en possessiondes

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.34, p. 61.

2 C.I.J. Recueil 1986,p. 564, par. 18.indigènes. Ensecond lieu, que les terres attribuées aux

Indiens d'ocotepeque (la montagne de Cayaguanca) étaient
comprises dans la province du Honduras. En troisième lieu,

que 1a.décision judiciaire portant assignatioa nux Indiens
d'ocotepeque de la montagne de Cayaguanca ne portait pas

préjudice à des tiers et répond à une incontestable
connaissance de l'environnement physiquede la part des
juges. Enfin, la localisation géographique de la montagne de

Cayaguanca doit se faire exclusivement à partir des
références figurant à cet effetdans les procéduresde 1742,

qui serventde titre à la positiondu Honduras.

SectionIII. Les divergencesentre lesParties sur les

principes juridiquesapplicables à la délimitation
terrestredu secteurde la montagnede Cayaguanca

A. LA POSITIOND'EL SALVADOR:PRIWTE DES EFFECTIVITES

29. La contestation multiple d'El Salvador à
l'encontre du titre de Jupula de 1742 a un' objectif très

concret, en ce qui concerne le secteur de la frontière
terrestre correspondant à la montagne de Cayaguanca:
substituer à l'uti possidetis juris de 1821 le titre

républicaindu Dulce Nombre de la Palma, de 1833~. Et cette
thèse essaie d'être corroborée par d'autres effectivités

complémentaires et résiduelles, toutes postérieures à la
date critique de 1821. Par un remarquable jeu de
prestidigitation juridique, El Salvador prétend opérer une

modification complète de l'article26 du Traité Généralde

Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.35, p. 62 et
carte 3.C.Paix de 1980 en transformant les effectivités en principe
directeur et en reléguant l'uti possidetis juris de 1821 au

rang de principe subsidiaire. Cependant, une interprétation
de cette nature heurte frontalementles termes précis

employés dansledit article 26.

30. A l'appui de sa thèse, El Salvador manipule
maintenant des arguments erratiqueset hétérogènes. D'une

part, il soutientque:

"nor in any map prepared either in Honduras or in
El Salvador, does the PeRa of Cayaguanca appear in
this sector, nor has either of the two States ever
claimed that this most elevated pointin this
sector, the Cerro of Pital, which has always been
recognised as being within the territory ofEl
Salvador, should be identified as the PeRa of
cayaguancal."

Dans d'autres cas, il tente d'attribuerau mémoire du

Honduras des affirmationsinexistantes, en recourant à des
constructions grammaticales et à des phrases éminement

équivoques2.

En outre, il se fonde sur des erreurs géographiques
dans la localisation de la montagne de cayaguanca3, ainsi

que sur des critiques de l'interprétationde la frontière
selon le délégué'Bustamenteen 1890, à partir des opinions

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.36, p. 63.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.37,p. 63 en

relation avec le mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 341.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.42, p. 65.de vallejol. Et, à cet égard, il convient d'ajouter
seulement qu'une partie de la montagne de Cayaguanca se

situe au Nord du rocher de Cayaguanca et le reste de ladite
montagne se situe à l'Est dudit rocher2. D'autre part, en ce

qui concerne la description faite par le Père Antonio R.
Vallejo, le paragraphe salvadorienqui est confus identifie,
de façon erronée, la description de ce qui est la zone de

Jupula, au secteur biendifférent de Tepanqüisir. En effet,

la référence qui est faite aux bornes et sites correspond
uniquement ausecteur de Jupula (et n'englobe pas le secteur
de Tepangüisir,ainsi que le prétend à tort El Salvador); il

est donc logiquede ne pas l'incluredans la zone ou secteur
de Cayaguanca, qui est complètement distinct. Malgré la

confusion susvisée dans lescitations et les références
proposées par El Salvador, Bustamente a inclus le secteur de

Cayaguanca dans le territoire du Honduras, en précisantque
la ligne séparative entre les deux Républiques va du

confluent du torrent Chiquita ou Oscura en direction
Sud 87O 35' Est, et sur une distance de 2.880 mètres,

jusqu'au rocher de Cayaguanca, ce qui situe la montagne en
territoirehondurien.

31. D'autre part, El Salvador soutientce qui suit:

"It was not until the Meetings of the Joint
Boundaty Commission in the period £rom 1980 to
1985 that Honduras presented for the first time
three different claims in relation to the sector

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.43-3.44,

p. 66-67.
2 Mémoire du Honduras, vol. 1, carte B.6.3, p. 352. of Las Pilas, althoughnot even at these Meetings
did it base its claims on the Title Deed to Citala
of 1742l."

La première partie de l'affirmation qui précède est
manifestement inexacte, ainsi que l'a montré le Gouvernement

du Honduras en deux occasions2. Quant à la seconde partie,
il est également inexact de déclarer que le Honduras a

présenté trois réclamations différentes sur le secteur de
Cayaguanca, pendant la période 1980-1985.En réalité, durant

cette période,eurent lieu des négociations bilatérales dans

lesquelles le Honduras a proposé des solutions
transactionnelles ayant pour objet d'arriver à concilier les
intérêts réciproques,en toute bonne foi, et sans que les

deux Parties n'invoquent des titres. A cette occasion, El

Salvador ne modifia jamais sa position, fermée et
excessivement favorableà des solutions transactionnelles.

Dans le cas présent, au contraire, on participe à un
règlementpar voie judiciaireet le Honduras est tout à fait

fondé à produire tous les documents,titres et preuves qu'il
estime nécessaires pour étayer ses prétentions. Par

conséquent, la mise en parallèle des deux procédures est,
pour le moins, peu heureuse.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.44, p. 67.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. X, p. 345 et

suiv.; contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe V.l,
p. 181. 32. Mais l'axe de l'argument salvadorienpour tenter

de prouver ses prétentions sur le secteur frontalier en
cause est, sans doute, le titre du Dulce Nombre de La Palma,

de 1833~. Ce titre:

"although obviously subsequent to the date of the
independence of Central America, was executed by
the competent authorities of the area under the
regime of the Central American Federal Republic
and in the name of the Sovereign State. In this
sense, this is a juridicalaction which is binding
upon Honduras, which wasat that time a member of
that Federal state2.''

33. Cette thèse mérite quelques observations
critiques. El Salvador semble postuler l'existenced'une

espèce d'uti possidetisiuris républicaincar on ne peut pas
expliquer autrement le fait que le titre de 1833 soit
considéré comme opposable A la République du Honduras.

D'autre part, l'autoritéqui a établi ledit titre,avait des
pouvoirs purementlocaux et sa juridictionne comprenaitque

le territoire salvadorien. En conséquence, elle était
dépourvue de tout pouvoircontraignant sur le territoire du

Honduras, à qui il n'était pas opposable. D'autrepart, ce
qui est encore plusimportant, ledit document était dépourvu

de force et de nature juridiquessuffisantes pour modifier
la ligne frontière entre les deuxEtats. En effet, la

constitution de .la République Fédérale d'Amérique Centrale,
en date du 22 novembre 1824, ne délimita jamais les

territoiresdes Etats membres; son article 7 se bornait à

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.45-3.46,
p. 67-69.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.45, p. 68.faire remarquerque "la démarcationdu territoiredes Etats
se fera par loi constitutionnelle1." Mais cette loi ne fut
jamais promulguée, notamment parc eue, durant la période

fédérale, lesrevendications territoriale sntre ses membres
ne furent jamaisexpressémentformulées.

En revanche, dès la première constitution "politique"
du Honduras,en date du 11 décembre 1825 (parconséquent,en
période fédérale), il était dit, à l'article 4, que le

territoire hondurien "compren dout ce qui correspond, eta
correspondu, à 1'Evéché du ond du rasP^r. conséquent,

pendant le temps où s'est maintenuela République Fédérale
d'Amérique Centrale, on accepta sans doute leprincipe de
l'uti possidetis juris de 1821 dans la détermination du

territoire national hondurien, qui,à son tour, influaitsur
le titre de Jupula de 1742 pour ce qui concernait la
montagne deCayaguanca.En résumé,la procédure menéepar El

Salvador,dont les autoritésinternes ont établi le titre de
El Dulce Nombre de La Palma, constituait une procédure ultra
vires constitutionnellement et internationalement

inopposable au Honduras. Et, vu l'absence flagrante de
divulgation de cette procédure,le Honduras n'eut pas la
possibiliténi l'occasionde s'y opposerexpressément.

34. En laissant de côté l'absence totalede fondement
juridique permettant d'opposer a uonduras le titre de La

Palma, il faut soulignerqu'El Salvador réaliseune

1 Mémoiredu Honduras,vol. 1, chap. II, p. 40.

2 Mémoiredu Honduras,vol. 1, chap. II,p. 43.interprétation erronée de ses propres termes littéraux.
Ainsi il conclutque: "This Forma1 Title Deed includes the

whole of this disputedsectorl."

La Chambre de la Cour connaît déjà la position

hondurienne à ce sujet2. De celle-ci, rappelonsseulement
que le titre dmejidos" de La Palma ne couvre pas la

totalité du secteur en litige de la montagne de Cayaguanca;
de tels titres n'établissent jamais de limites.
L'interprétationcorrecte de la limite Nord de cet arpentage

est une ligne droite qui va du confluent du torrent
Copantillo avec la rivière Sumpul jusqu'à la colline de

Santa Rosa ou El Marrano, ligne qui se situe plus au Sud que
celle revendiquéepar El Salvadoret se sépare de celle-ci à
environ deux kilomètres en direction Sud dans la zone du

rocher de cayaguanca3.

35. En conclusion de ce chapitre, El Salvador ne
fournit pas d'él6ments nouveaux dans son contre-mémoireet
il est significatifqu'il ait été incapable de fournir le

moindre document ou titre colonialà l'appui de ses
prétentions dans lesecteur de la montagne Cayaguanca.Le
seul titre effectivement produit est un titre républicain de

1833, mais qui ne trouve sa justification ou salégitimité
dans aucun titre colonialantérieur.D'où sonobstination à

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.46, p. 68.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII,
p. 240 et suiv.

3 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VII,
cartes 3.1 et 3.2.modifier malicieusement l'ordrede préférence qu'établit

l'article26 du Traité Généralde Paix de 1980, en tentant
de faire prévaloir les effectivités et autres éléments
"subsidiaires*s*ur un titre colonial de 1742, consolidé dans

tous ses élémentspar l'uti possidetisjuris de 1821.

B. LA POSITIONDO HONDURAS: PRIMAUTE DU TITRECOLONIAL

36. Ainsi que l'a indiqué la Cour Internationalede

Justice dans l'arrët du 22 décembre 1986 dansl'affaire du
différend frontalier entre le Burkina Faso et la République
du ali i le,principede l'uti possidetisjuris:

"...est constitué de différents éléments. Le
premier, misen reliefpar le génitif latinjuriç,
accorde au titre juridique la prééminence sur la
possession effective comme base de 1a
souveraineté'(soulignépar nous).

37. Dans cette mëme décision, la Cour signalait

égalementque la distinction entreconflitsd'attributionet
conflitsde délimitation:

"a entre autres effets d'opposer 'titres
l'expression 'titre juridique' semble se référer
exclusivement à l'idée de preuve documentaire.Il
est à peine besoin de rappelerque ce n'est pas la
seule acceptationdu mot 'titre'. .. En réalit'éla
notion de titre peut également et plus
généralementviser aussi bien toutmoyen de preuve
susceptible d'établir l'existenced'un droit que
la source mëme de ce droit2."

1 C.I.J. Recueil 1986, p. 566, par.23.
2 C.I.J. Recueil 1986,p. 564, par. 18. 38. Enfin, l'occasionde cette même affaire,ont été
examinées les relations existant. dans les contentieux

territoriaux, entre les titres juridiques et les
effectivités, conformémenatu schéma suivant1:

- Si le fait correspond exactementau droit, les

effectivitésne font que corroborerle titre;
- Si le fait ne correspond pas au droit et que le

territoire contesté est administré effectivement
par un autre Etat que celui que possède le titre
juridique,le titre prévautsur leseffectivités;
- En l'absence de titre l'effectivité doit

inévitablementêtre prise en compte;
- Si le titre est obscur et imprécis, les

effectivités peuventjouer alors un rôle pour
indiquer commentle titre est interpréterdans la
pratique.

39. Les affirmations jurisprudentielles qui précèdent
constituent, à leur tour, les fondements juridiques

permettantde justifierles prétentionsjuridiquesformulées
par le Gouvernementdu Honduras dans son mémoire et son
contre-mémoire. Il considère qu'il dispose de titres

suffisantspour entraînerl'applicationde l'uti possidetis
juris de 1821, raison pour laquelle les effectivités ne
jouentpas un rô'le prépondérantdans ce secteur.En effet, à

partir desdits titres,on peut soutenirque, dans le secteur
litigieuxde Cayaguanca,la ligne frontièreva du rocherde
Cayaguanca,en ligne droite,jusqu'au pointde confluencedu

torrentChiquitaou Oscura avec la rivièreSumpul.

1 C.I.J. Recueil 1986, p. 568, par. 63; contre-
mémoiredu Honduras,vol. 1, chap. VII,p. 223. 40. Le Gouvernementdu Honduras réaffirmeque la ligne
antérieurement décritecorrespond aux procédures judiciaires
d'attribution de la montagne de Cayaguanca, procédures

réalisées en 1742 à la communauté indigèned'ocotepeque. Il
s'agit d'un titre décisif émanant des autorités coloniales

espagnoleset antérieur à la date critique de 1821.

41. Le Gouvernementdu Honduras réaffirme quela ligne
antérieurementdécrite correspond aux procédures judiciaires

d'attribution de la montagne de Cayaguanca à la communauté
indigène d'ocotepeque, procédures réalisées en 1742. Il

s'agit d'un titre décisif émanant des autorités coloniales
espagnoles etantérieur à la date critiquede 1821.

42. Dans la procédure de 1742, dont la Cour connaît
déjà le texte1, sontformulées les affirmations suivantes:

- que les terres de Jupula étaientrevendiquéespar

les habitants de Citala et par ceux d'ocotepeque;
- que les habitants dlOcotepeque sollicitent

seulement qu'on leur laisse la montagne de
Cayaguanca;
- qu'ainsi ils s'estimerontsatisfaits et dédommagés

des terresde Jupula;
- que la montagne sollicitée s'étenddepuis la

dernière borne des terres de Jupula, en direction
Est (sans précisions complémentaires, les jugeant

sans doute superfluespour identifierle secteur);

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XI.l.l, p. 2069; contre-mémoiredu Honduras, vol. 1,
chap. VII, p. 229 et 230. - que lesdites terres avaient été cultivées et
étaient cultivées, à ce moment là, par les

habitantsd'ocotepeque;
- que les juges ont affirmé sans ambigüité qu'elles

leur appartiennent(aux habitants dlOcotepeque)et
que cela ne porte pas préjudice à des tiers et
qu'elles ne figurentsur aucun titredu village de

Citala.

43. On est donc en présence d'un titredocumentaire

colonial espagnol, antérieur à 1821, titre suffisamment
complet pour déterminer l'existenced'un droit et la source
même de ce droit, pour reprendreles termes employéspar la

Cour dans sa décisiondu 22 décembre1986.

Ce qui précède explique lesefforts inutileset confus
d'El Salvadorpour contester la validitéde ce titre: depuis
l'absence de juridiction desjuges délégués jusqu'à

l'inapplicabilité dutitre à la zone géographique de
Cayaguanca, en passant par d'autres contestations
complémentaires.En réalité,El Salvador ne produit pas une

seule preuve documentairepour attaquerle titre de 1742,
mais seulementdes variantes interprétatives dépourvues de
fondement réel. Mais les efforts d'El Salvador dans ce sens

constituent une bonne preuve de l'importance du titre
hondurien, à fortiori si on considère que cet Etat a été

incapablede produirele moindre titre antérieur à 1821.

44. Les droits du Honduras sur le secteur frontalier

correspondant A la montagne deCayaguancasont confirmés,en
tous points, par d'autres titres coloniaux. A l'occasiondes opérationsd'arpentage réalisées sur

les terres d'ocotepeque,l'arpenteur Manuel Sanchez affirme,
le 5 mai 1817, que:

"Les Indiens de Ocotepequepossèdentle territoire
maïs, leurscultures potagèresutet arbres fruitiers
car la plupart de ces terres sont abondamment
arrosées et les pentes des montaqnes à leurs
extrémités sont bonnespour la culture du maïs
-tc. Les ancêtres des Indiens ont possédé
pacifiquement ces étendues1"(soulignépar nous) .

45. Dans le document intitulé "Réarpentag dees terres

d'OcotepequeW de 1818, effectué, sousl'autorité du Juge
privatif des Terres de Guatemala, par le sous-déléguéchargé
de mission spéciale par le Gouverneur intendant de la

province de Cayaguanca, divers témoins firent état des
terres qui délimitaient leurs possessions immémoriales2.
Lesdits témoins déclarèrenq tue:

"- ...les Indiens de Ocotepeque ont été en
possessiondes terres délimitées par... le mont de
cayaguanca3...'
- les bornes des terrains appartenant aux indiens
(quioten'existeaiepas dansoinl'annexe, fait facea'
au nord), 'le mont Cayaguanca', ou encore
'l'extrémité Sud du même mont de
Cayaguanca'4."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe IX.l.l.D, p. 1793; contre-mémoire du Honduras,
vol. 1, chap. VII, p. 230.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe IX.l.l.C,p. 1677. 46. Le juge chargé de l'arpentage des terres des

Indiens d'ocotepeque signale que "dans le but de faire
l'inspection du terrain à arpenter" il a grimpé "au sommet

du mont de Cayaguanca et qu'il vit les bornes que les
témoins avaient mentionnées".Le lendemain, 17 novembre

1818, le juge établit un rapport circonstanciésur les
opérations qu'il a réalisées1. Le 24 novembre 1818,le juge

rapporte qu'il se trouvait au sommet du mont de Cavaquanca
sui fait face au Sud et, devant les difficultés physiques

pour tendre la corde, il dut terminer l'arpentageau jugé2.

47. Ces opérations d'arpentage et de bornage
effectuées sur les terres d'ocotepequeen 1817 et 1818, sont

pertinentes à deux points de vue. En premier lieu, parce
qu'elles confirmenten tous points les procédures.de 1732et

prouvent catégoriquementce qui est dit, à savoir que les
terres de Cayaguanca appartenaient et avaient appartenu

depuis des temps immémoriauxaux Indiens d'ocotepeque, qui
les destinaient à la culture et à la récolte d'alimentsde

base. En second lieu, parce que les documents espagnols de
l'époque coloniale appuyaient parfaitementla thèse selon

laquelle les références à la "montagne de Cayaguanca" ne se
rapportaient pas à une hauteur ou un mont précis, mais

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe IX.l.l.C, p. 1718: contre-mémoire du Honduras,
vol. 1, chap. VII, p. 232.

2 Mémoire du Honduras, . Annexes, vol. IV,
Annexe IX.l.l.C, p. 1721; contre-mémoire du Honduras,
vol. 1, chap. VII, p. 233.identifiaient,au sens large, un secteur ou massif bien
connu des habitants de la région. En particulier, les

habitants de l'"AncienneOcotepeque" ne réclamaient,ni ne
possédaient,de pics déterminés, mais les flancs d'un massif

montagneuxpour y réaliser leurs cultures.Et, vu la faible
population de cette zone, il n'était pas nécessaire de
mentionner avec précision le périmètre des procédures

judiciaires.

48. En conséquence, et en application de l'*
possidetis juris de 1821, conformément aux termes de
l'article 26 du Traité Général de Paix, les titres coloniaux

produits par le Honduras et se rapportant au secteur
frontalier compris entre le rocher de Cayaguanca et le

confluent du ruisseau Chiquita ou Oscura avec la rivière
Sumpul, prévalent sur d'hypothétiques "effectivités ou sur
des documents de l'époque républicaine, mêmesi l'on admet

l'efficacitéet le bien fondéde ces documents,ce qui n'est
pas le cas ici.

49. Dans cet ordred'idées, le mémoire présentépar le
Gouvernementdu Honduras fait une large analyse du contenu

de l'uti possidetisjuris dans la jurisprudencearbitraleet
judiciairel. De façon .surprenante, le contre-mémoire
présenté par El Salvador limitel'examen jurisprudentiel

dudit principeà une seule décision:

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, p. 123 et
suiv. "The correct significanceof the Principle of uti
possidetis juris was defined with complete
precision in the judgement of the Tribunal which
decided the Arbitration between Guatemala and
~ondurasl..'

L'affirmation qui précède peut être accusée de
sectaire, partialeet insuffisammentattentive aux autres

contributions jurisprudentielles. En laissant de côté
l'effet relatif des décisions de jurisprudence
internationale,la tendance à tout réduire a une seule

décision précise court le risque de sombrer dans
l'arbitraireou, à tout le moins, dans le sectarismqeui, de
fason hypothétique, joue en faveur d'u Etat déterminé.

50. Le jugement arbitralrendu le 23 janvier1933 dans
le différend frontalier entre le Guatemala et le Honduras

n'est absolumentpas déterminant en ce qui concerne le
secteur frontalier de la montagne de Cayaguanca. S'il est
sûr qu'apparuten cette occasionla nécessitéde préciser la

"volontédu monarque espagnol"2et qu'il fut rappeléque le
Tribunal "which is not required to perform the impossible,
and manifestlyis bound to establishthat line3', il n'en

1 Contre-mémoire,d'El Salvador, chap. II, p. 14 et
suiv.

2 R.S.A., vol. II, p.1324-1325, ce texte est
également cité dans le mémoire du Honduras, vol. 1,
chap. III, p. 140-142.
3 R.S.A., vol. II, p. 1352.est pas de mOme dans le casprésent. Les procéduresde 1742
et les opérations d'arpentage de 1817-1818 constituent des

titres et documents prouvant efficacemen la volonté royale.
Toutes les autorités qui intervinrentalors le firent au nom

et pour le compte du Roi d'Espagne, et en application des
compétenceset attributionslégalement établies.

51. D'ailleurs, dans une autre partie du présent
écrit, on analyse des arguments complémentairee st plus

complexes qui réfutent la possibilité d'extrapoler
mécaniquementla décision arbitrale de 1933en l'appliquant
à la présenteaffairel.

52. En définitive,pour ce qui concerne lesecteur de

la frontière terrestre comprise entre le rocher de
Cayaguancaet le confluentdu ruisseaudu Chiquita ou Oscura
avec la rivière Sumpul, lesthèses défenduespar El Salvador

dans son contre-mémoire sou£frent de plusieurs
contradictionsde fond. La première de celles-ci concerne
les procédures de 1742 relatives à la montagne de

Cayaguanca. D'une part, El Salvador conteste le document
colonialespagnolquant à la forme, au fond et à sa possible

application au secteur litigieux, ainsi qu'on l'a montré
précédemment.Mais il tente, d'autre part, d'entirer parti
pour étayer ses propres prétentions, lorsqu'il laisse

entendreque ledit documentlui est favorable. Dans ce

1 Réplique du Honduras, vol. 1, chap. 11-111,
p. 7-94.contexte, il faut signalerque ledit document constitue,en
tant que titre juridique,une unité; il ne parait donc pas
correct d'en accepter les termes quandils sont favorables,

ou jugés tels, à ses propres prétentionset de les récuser
quand l'autrePartie les allègue pour affirmerses droits.

La seconde des contradictions dialectiques contenues
dans la position salvadorienne concerne l'uti possidetis
juris de 1821. En effet, l'article 26 du Traité Général de

Paix de 1980 ne fait pas de doute quantà la portée
prioritaire dudit principe dans le présent différendl.

Cependant, ainsiqu'on l'a montré précédemment2,la position
de fond d'El Salvadorconsiste à rejeter de fait 1's
possidetis juris de 1821 pour faire valoir les effectivités

et, notamment, le titre républicainde 1833. L'explication
de cette argumentation contradictoireparait simple; en
effet El Salvador est dépourvu de titre juridique antérieur

à la date de l'indépendance, contrairemen àt la République
du Honduras.

En liaison avecce qui précède, il convient de rappeler
que la singulière position salvadoriennn ee consistepas en

une contestationformellede l'uti possidetis juris de 1821,
mais en un rejet de fait, plus subtil et tangentiel. En
prétendant que le sens correct dudit principe est

exclusivement &lui exprimé par le jugement arbitral du
29 janvier1933, dansl'affaire opposant le Guatemalaet le

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, p. 81 et
suiv.

2 W., p. 221, par. 29.Honduras, on met en évidence le reste de l'importante
jurisprudence internationale existante notamment le récent .

jugementde la Cour Internationalede Justicedu 22 décembre
1986. En d'autres termes, l'acceptationexclusive d'une
construction jurisprudentielledéterminée, qu'El Salvador

estime formulée à la mesure de ses intérêts, implique une
contestation defait de l'uti possidetisjuris tel qu'il a

été globalementformulé par l'ensemble de la jurisprudence
internationale.

53. Par conséquent,la République du Honduras déclare
que, en.ce qui concerne le secteur frontalier correspondant

à la montagne de Cayaguanca, le titre de 1742 établit
l'existence d'undroit en sa faveur, en application stricte
de l'uti possidetisjuris de 1821. Cependant,ci-après,elle

présentera à la Chambre de la Cour des arguments
complémentairesconfirmant et ratifiant ledittitre. Il ne

s'agit, en aucun cas, de recourir à la technique des
effectivités,mais de confirmer l'existenceet la validité
d'un titre juridique originaire, en le corroborant par

d'autrescomportementsultérieursdes Parties.

Section IV. Les autres titreset actes postérieurs

A 1821, confirmantou ratifiantl'uti possidetis
iuriç en faveurdu Honduras

54. Postérieurement à la date critique de 1821, la
pratique en vigueur dans ce secteur s'avère, en elle-même,

incomplète et, peut-être, insuffisanp teur revendiquer,de
façon autonome et indubitable,la souverainetédu Honduras

sur le secteur de la montagne de Cayaguanca.Mais là n'est
pas, en l'occurrence, le propos du Honduras. 11 s'agit, au
contraire, de présenter à la Chambre de la Cour desarguments complémentaires a os te ripouri confirmer - et
non pas pour remplacer- l'uti possidetisjuris.

En termes généraux, leséléments les plus pertinents de
la pratique peuvent être regroupés dans les catégories

suivantes: en premier lieu, les titres de terres
républicains; en second lieu, les documents de la

correspondance interneentre autorités honduriennes;en
troisième lieu, les éléments de la pratique diplomatique
entre les Républiquesdu Honduras et d'El Salvador; enfin,

la cartographie existantesur la montagnede Cayaguanca.

A. LES TITRES DE TERRES REPUBLICAINS

55. Le titre de terres "Volcan de ~a~aguanca"1
concerne un terrain d'une superficiede trois "caballerias"

un tiers; ilest localisé entre le frontod nu Cayaguancaqui
fait face au Nord et le mont de Los Cedros, dansla
juridiction du village d'ocotepeque. En tant que terrain

national (terre de la Couronne), il fut demandé en
concession en 1823, devant le sous-déléguédes Finances de
l'Intendancede Gracias a Dios, par Antonio Santos, habitant

du village d'ocotepeque.L'arpentagedu terrain fut réalisé
par le sous-déléguédes Finances del'Intendancede Gracias

a Dios, FranciscoMilla, le 6 mars 1824, aprèsavoir

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe
11.1, p. 65.vérifié, par enquète effectuée à cet effet par la mairie
d'ocotepeque,que ledit terrainétait national (terre de la

Couronne).

Les opérationsd'arpentage et d'évaluation du terrain
furent soumises à l'approbationde l'Intendantdes Finances
de Gracias a Dios, le 7 mars 1824, qui, à son tour, les

porta à la connaissancede l'intendanceGénérale de 1'Etat.
Conformémentau rapporten date du 14 février 1842, présenté

par l'Intendancede Gracias a Dios à l'IntendanceGénérale
de l'Etat, la valeur du terrainfut acquittée par le
demandeur, Monsieur Santos, en 1834, l'attestation

correspondante étant établie et authentifiéepar le chef de
1'Etat du Honduras, Joaquin Rivera. Le 2 mars 1842,

l'Intendance Générale des Financesdéclara l'affaire
classée; Andrés Santos avait donc déjà acquittéle prix du
terrainet obtenu le titre formelde celui-ci.

Les terres faisant l'objet du présent titre couvrent

une superficie approximative d'un kilomètre carré dela
partie la plus septentrionalede la zone en litige1. Il
convient de noter que l'acte d'arpentage du terrain, de

1824, ne mentionne aucun terrain salvadorien limitrophe en
directionSud.

Les opérations d'arpentage dudit terrain "Volcan de
Cayaguanca" furent pratiquées conformément au xispositions

de l'"Instructionspécialeque devaientscrupuleusement

Voir la carte hondurienne11.1 en regard de cette
page.observer les sous-délégués à qui Juan de Subiria a confié la
mission de pratiquer les arpentageset autres opérations",

établie en 1793 et qui était encore en vigueur en 1824, en
vertu des dispositionsdu point 7 de l'Acte d'Indépendance
de l'AmériqueCentrale,en date du 15 septembre1821, lequel

maintenait temporairement la législation coloniale
espagnole. L'adjudication desdites terres et la délivrance

du titre s'effectuèrent conformément aux dispositionsde la
Loi sur la Vente de Terres de la Couronne, promulguée par
1'Etathondurienle 19 mars 1829.

56. Le titre "Volcan de Cayaguanca" de18381 concerne.

un terrain d'une superficie approximative de quatre
"caballerias"et quelques. Il fut arpenté le 6 juin 1836 à
la demande de Hermenegildo Pinto, l'arpentage du terrain

étant effectuépar l'arpenteurIgnacio Maria Molina, délégué
nommé par l'Intendance du Département de Graciasa Dios,

après avoir vérifiéque le terrain demandé en concession
était bien national. A l'issue des opérations d'arpentage,
le délégué Molina renditcompte de ses actes de procédure à

l'Intendance de Gracias a Dios et celle-ci les remit à
l'IntendanceGénérale de 1'Etat pour que la conformité en

soit vérifiéepar le Réviseur Spécial, qui trouva les actes
de procédure conformesau droit.

~'~ntendanceGénérale de 1'Etat retourna le dossier à
l'Intendancede Gracias a Dios et l'adjudicationdes terres,

aux enchères, fut faite le7 octobre 1836 en faveurde

1 Voir la carte hondurienne 11.1 de la présente
réplique.demandeur Hermenegildo Pinto. Cette formalité étant
accomplie et le versement de la valeur de l'adjudication

étant effectués,l'Intendancede Gracias a Dios remit les
actes au mandatairede Monsieur Pinto, qui lesprésenta au
Gouvernement Suprême en vue de l'établissementdu titre.

Ledit titre fut délivré le 30 juin 1838 par 'le chef de
1'Etat hondurien, conformément à la Loi Réglementaire des

Terres,en date du 23 juillet1836.

Selon l'acte figurant dans le titre afférent,

l'arpentagede ces terres commença à la borne d'angledes
terres d'Andrés Santos et de Luis Lemus; il est indiqué

qu'en arrivant à la seconde borne au bord du volcan de
Cayaguanca, onchangea de direction pour s'orienterau Sud-
Sud-Est,on compta 55 cordéeset on arriva à la cime la plus

élevée du volcan de Cayaguanca, d'où l'on aperçoit le
village d'ocotepeque;de là, on poursuivit l'arpentage en

direction Est-Nord-Est par une crête en contrebas, pour
atteindreun torrentqui est.la source de la rivière Sumpul,
à laquelle on arriva en ayant compté 22 cordes dans cette

direction; on y plaça une borne, la quatrième de cet
arpentage.

Cette description nefait aucun doute sur le lieu où
l'arpenteurIgnacio de Molina plaça la troisième borne,le

6 juin 1836. En eEfet, la cime la plus élevée du volcan de
Cayaguanca, d'oùl'on aperçoit le village d'ocotepeque,ne

peut être autreque le mont duPital, point de triangulation
qui, sur la feuille cartographiquede Nueva Ocotepeque à
l'échelle1/50 OOOe, apparaît à une altitude de 2.739 mètres

au-dessus du niveau de la merl. Par conséquent, cela

Mémoire du Honduras,vol. 1, carte B.6.2, p. 348.renforce la thèse selonlaquelle Cayaguancadonnait son nom
à l'ensemblede la zone, dans laquellese situe le mont du
Pital.

57. Le titre de terres de "Las ~ubes"~,qui comprend

une superficieapproximatived'une "caballeria",fut demandé
en concessionpar Carlos Solis, habitant d'ocotepeque,le 5
octobre 1885. L'arpentagefut réalisé le 17 juin 1886, après

que les autorités honduriennes aient vérifique ledit
terrain était national et se trouvait dans la juridiction

territoriale du Honduras. L'arpentage Eut effectuée par
l'arpenteur Juan Bautista Collart, qui avait convoqué
préalablement les propriétaires des terrains limitrophes

dont les titres sont mentionnéspar ledit arpenteur pour ce
qui concerne les opérationds'arpentage.

Ayant achevé ses opérations, l'arpenteurCollart remis
l'original du dossier à l'Administrationdes Revenus de

Copin qui l'avait chargé de l'exécutionde l'arpentage.La
vente ou adjudicationdu terrain aux enchèresse fit en
faveur du demandeur Carlos Solis, en audience publique qui

eut lieu dans les locaux de l'Administration desRevenus.Le
Secrétariat d0Etat du Ministère des Finances approuva les
actes et ordonna l'établissementdu titre correspondant, en

faveur du demandeur. Le titre fut délivré par le
Gouvernement hondurienle 30 mai 1888.

Le terrain de "Las Nubes"'se localise, en totalité,
dans la zone litigieuseet en couvre une superficie

1 Voir la carte hondurienne 11.1 de la présente
réplique.approximative d'un demi kilomètre carré. Selon l'arpentage
pratiqué par l'ingénieurJuan B. Collart, ledit terrainest

délimité comme suit: depuis la cime la plus élevée du mont
Cayaguanca, en suivant la direction Sud 8O Est, par le bord

d'une crëte élevéeet rocheuse,on atteint, en ligne droite,
une espèce de coin à une distance de 15 cordées (750aunes);

de ce coin, en suivant la direction Sud 60° Ouest, on
arrive, à une distance de 15 cordées, à la cime du mont

Botoncillal; et, de cette borne, en ligne droite en
direction Nord,on arrive à la borne du Pinabetal.

B. LES WCUMENTS DE LA PRATIQUE INTERNE HONDURIENNE

58,. Il ressort des actes de procédure de 1742 que la
culture du maïs était une pratique courantesur les pentes

de la montagne de Cayaguanca,au moins depuis le XVIIIe
siècle. Certaines fois, les habitants des villages

salvadorienssitués au Sud de ladite montagne devaient venir
chercher leurs cultures sur les terres honduriennessituées.

plus au Nord, ce qui les obligeait à franchir la frontière
établie de fait entre Cayaguanca et le confluent du ruisseau

Chiquita ou Oscura avec la rivière Sumpul.

59. Ce qui précède est démontré de façon digne de foi
dans le document remispar le Ministère de l'Intérieur,la

Justice, la Santé et la Bienfaisance du Honduras au
Gouverneur politique d'ocotepeque, en date du 25 avril

19341. Dans cette note, il est dit textuellement ce qui
suit:

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe
11.4, p. 109. "Le Ministre desRelations Extérieures a transmis
au Ministère dont il a la charge un communiquédu
transcritun autre communiquéémanant du Ministèrer,
des Relationsde cette République, où il apparaît
que M. le Président de ce pays déclare que le
Commandant Départementalde Chalatenango lui a
transcritun télégrammedu Commandant localde San-
Iqnacio,l'informantque les habitantsde ce lieu,
du fait que les terres de cet endroit sont
épuisées, ont franchi la frontière hondurienne
pour semer du maïs, après avoir rétribué les
propriétaires desterres; mais que maintenant,ils
n'ont pas l'autorisation de sortir le maïs. Comme
cette mesure est due sans aucun doute à
les qrainsde première nécessité.en raisonde late-.
pénurie, et -comme il s'aqit d'une démarche
entreprise par M. le President d'El Salvador
veuillez donner des instructions à la ~unicipalitk
de cet endroit oùles habitantsde San Iqnacio ont
semé leur maïs pour que ceux-ci soient autorisés à
récolter leurs qrains demaïs sans qu'ils aient à
payer la taxe.Tenez moi au courantde cet arrêté''
(soulignépar nous).

Il ressort de ce document officiel hondurien que les
habitantsde San Ignacio, localité située aS uud-Ouestde la
ligne frontière proposée par le Honduras dansle secteur de

la montagne de cayaguancal,devaient' franchir la frontière
vers le Nord. Le fait que le Ministère de l'Intérieur du
Honduras transmette l'ordre au Gouverneur politique

d'ocotepeque prouve que les terres concernées étaient
situées sur ladite commune, c'est-à-diresur des terres de

la montagne de Cayaguanca,car San Ignacio se trouve au Sud-
Est de Citala. L'interventiondu Présidentd'El Salvador et
du Ministèredes Relations Extérieures du Honduras

1 Mémoiredu Honduras,vol. 1, carte B.6.2, p. 348témoignent indubitablement de ce que les terres situées au

Nord de San Ignacio étaient situées dans la juridiction
territoriale de la République du Honduras. En effet, il

s'agit d'un acte juridictionnel hondurienqui confirme sa
souveraineté sur le territoire considéré, acte reconnu

expressément par le chef de 1'Etat d'El Salvador. D'autre
part, il est évident que cet acte constitue une

manifestation des relations de voisinage entre les deux
côtés de la frontière, au moins durant la période

considérée.

Il convient de souligner,par ailleurs, que la requête
salvadorienne sollicitant lefranchissementde la frontière

et la liberté de culture ne se limite pas à un secteur
particulier (Nord-Estou Nord-Ouest de cette localité de San

Ignacio), ce qui implique que dans les deux cas on
reconnaissait la souveraineté territorialehondurienne, à

une certaine distance de San Ignacio vers le Nord. C'est
pourquoi, les autorités honduriennes ont communiqué l'ordre

aux autorités d'ocotepeque dans la juridiction de laquelle
les habitants de San Ignacio cultivaient leur maïs; on

n'oubliera pasque Cayaguanca se trouve dans la juridiction
d'ocotepeque.

C. LA PRATIQUE DIPLOMATIQUE ENTRELE HONDURAS ET EL SALVADOR

60. Le 4 septembre 1936, le Ministère des Relations

Extérieures du Honduras transcrit une note de la
Chancellerie salvadorienne "contenantl'information selon

laquelle, le 30 août dernier, le salvadorien Adolfo
Galdamez, filsde Esther Galdamez, habitants du canton "San
Ramon", futblessé par balle à la frontièredu Honduras avecEl Salvador et, ainsi blessé, fut transporte à sinuapal. A

cette même date, le MinistPre des Relations Extérieuresdu
Honduras informeson homologued'El Salvador dece qui suit:

"En ce qui concerne la blessure que reçut le
citoyen salvadorien Adolfo Galdamez, Monsieur le
Président .de la République (du Honduras) fut tenu
informé par le Général J. Léon Castro, chef
expéditionnaire du département dlOcotepeque, par
un télégramme dont les termes sont les suivants:
'Source de Sumpul via Nueva Ocotepeque, ler
septembre 1936 - Monsieur le Président, Maison
Présidentielle - j'ai suivi l'enquête visant à
établir où et comment a été blessé le citoyen
salvadorien Adolfo Galdamez, et il en ressort
qu'il a été capturé par un groupe de' soldats; il
était équipé d'une Winchester et déclara qu'il
venait de là où se trouvaient lesrévolutionnaires
honduriens.à Sinuapa; en cours de route, il tentae
de s'échapper et ce fut alors qu'il fut blessé.
Telle est la vérité. - Respectueusement - J.L.
Castro02."

Dans la présente correspondance diplomatique il

apparaît clairement,entre autres choses, que, suite a la
demande d'information, de la part d'El Salvador,

relativement aux blessuressubies en territoire hondurien
par un ressortissantdudit pays, la réponse officielle de la
République du Honduras reprend un télégramme de l'autorité

militaire, rédige aux "Sources de Sumpul". Cette réponse,
qui n'a pas fait l'objetde contestationou de commentaire

Réplique du ond dur Annsxes, vol. 1, Annexe
11.5, p. 110.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe
11.5, p. 110.de la part d'El Salvador,prouve que ce lieu était reconnu
comme territoire hondurien.Or, il s'agit d'une portion de

territoire revendiquée par El Salvador dans le présent
litige1,en arguantdu fait que les "sourcesdu Sumpul" sont

situées dans l'environnementdu mont El Pital. La réalité
est que le site connu comme "sourced su Sumpul" fut reconnu
à cette occasion par El Salvador comme étant une partie

intégrante du territoire national du Honduras. L'importance
stratégiquedu mont El Pital pour lecontrôledes mouvements

révolutionnaires dans ce secteur frontalier explique
valablement la présence d'un contingent militaire hondurien
dans cette région.Dans le cas contraire, ce sont des forces

armées d'El Salvador qui auraient occupé leditmont, bien
que, vu son importance stratégique, cela eüt été

recommandablepour le contrôlede la frontière.

61. Ce qui précède n'estpas un fait isolé, dépourvu

de continuité, ainsi que le montrent d'autreséléments,
quasi contemporains,de la pratique diplomatique.Dans le

même ordre d'idées, il existe une autre Note du Ministère
des Relations Extérieures de la République d'El Salvador,
adressée le 22 aoüt 1936 à la mission diplomatique du

Honduras au El salvadorz et dans laquelle on donnait copie
d'une Note que le Ministrede la Guerre, dela Marine et de

1 Contre-mémoiredu Honduras, vol. Il carte 3.1,
p. 212.

2 Contre-mémoire du HondurasI Annexes, Annexe V,
p. 181.l'Aviation d'ElSalvador avait adressée à son collègue des

Relations Extérieureset dans laquelle il était dit que le
commandant du département de Chalatenango lui indiquait ce

qui suit:

"17 août - Le conunandant local de La Palma
m'informe que, selon les informations qu'il a
obtenues, les généraux révolutionnaires
Encarnacion Arita et Pompilio Aguiluz et les
colonels FresbindoArita et Santos Chinchilla se
trouvent dans la montanqe de 'El Pital',
juridiction d'ocotepeque, au Honduras, et qu'ils
se dirigent vers Nuevo Ocotepeque, - Dieu, Union
départemental" (soulignéapar nous).dier -Commandant

62. L'importance juridique de la Note qui précèdeest

évidente. premièrement, le comportement d'El Salvador peut
être analysé d'un double point de vue: soit comme une

manifestation de consentement ou de reconnaissance par
rapport à une situation de fait, de la part de celui qui

aurait pu, et aurait dû, s'opposer a cette situation, soit
comme un acte de procédure unilatéralede la part d'une

autorité dotée des compétences suffisantes pour manifester
le consentement d'un Etat à s'engager (le Ministre des

Relations Extérieures), lequel se prononce officiellement
dans une question précise face à un Etat étranger. On sait

que ce type d'actes et de comportements qu',ils soient
qualifiés d'une façon ou d'une autre, génèrent son
opposabilité à d'autres Etats. Contribue également a ce

postulat le fait que l'acte du Ministre salvadoriendes
Relations Extérieures étaitdiligenté par le Ministre de la

Guerre; et ce dernier agit sur demanded'une autorité
militaire locale, ayant juridictiondans la zone litigieuse.

Par conséquent, il y a lieu de présumer que le commandant
local de La Palma, de même que le commandant du départementde Chalatenango,savaient précisémentque le mont "El Pital"
était situé en territoirehondurien. Deuxièmement, à partir

des donnéesprécédentes,on remarquerala contradictionde la
position ultérieure d'ElSalvador, puisque cetEtat soutient

la thèse de la position effective dans lesecteur.

63. En résum6, la pratique diplomatiqueentre les deux
pays amène à la conclusion que les autorités officielles
salvadoriennes, usant de leurs compétences, doivent

reconnaitre que la partie la plus haute de la zone ou
secteur de Cayaguanca (les sources de la rivière Sumpul et

le mont El Pital) sont parties intégrantes du territoire du
Honduras.

D. LA CARTOGRAPHIE DU SECTEUR

64. En dépit de la superficie relativement réduitedu

secteur dénommé "Montagne de Cayaguanca" - ce qui ne
favorise pas la présentation d'éléments cartographiques

nombreux- il ne manque pas de cartes historiques
déterminant que ledit secteur était traditionnellement

considéré comme partie intégrantedu territoire hondurien.
Ces cartes, établies et imprimées au XIXe siècle, sont

significativescar elles sont antérieures à l'apparitiondu
di£férendl.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, cartesA.6, p. 8; A.8, p. 9; A.12, P. 11-12
et A.19, p. 14-15. 65. C'est le cas, en premier lieu,de la carte ~.6l
intitulée "Carte de 1'Etat Fédéral d'El Salvador", établie

en 1839 par le colonel Juan Galindo,qui situe la zone de la
montagne de Cayaquanca comme faisantpartie du territoire du

Honduras, et non en territoiresalvadorien.En second lieu,
ce fait est confirmé par la carte A.8 ou "Carte de 1'Etat

d'El Salvador et d'une partie de celui du Honduras (Amérique
Centrale) indiquant le projet de tracé du chemin de fer

interocéanique du Honduras, publiée par Ephraim George
Squier en 1853".En troisième lieu, la carte A.12 ou "Carte
Générale de la République d'El Salvador" mérite une

attention spéciale, car il s'agit d'un travail réalisépar
Maximilien V. Sonnestern en 1859 par ordre du Président de

la République d'El Salvador; cette cartemontre clairement
que, dans la zone de Cayaguanca, la frontière interceptela

rivière Sumpul très au Sud de la source, et non à la source
même, ainsi qu'El Salvador le prétend de façon injustifiée

et inexplicable. Enfin, la carte A.19 intitulée "Cartedu
Honduras" et préparée par Francisco Altschull pour le

Directoire National du Honduras en 1898, montre clairement
que la zone contestée de la montagne de Cayaguancase trouve

en territoirehondurien.

66. Ainsi qu'on peut en juger, les éléments
cartographiques fournis sont aussi bien officiels que

privés; dans ceitains cas, il s'agit de cartes établies à la
demande des autoritésdu Honduras, et, dans d'autres, à

1 Sur les rapports entre la cartographie dans ce
secteur et les problèmes générauxde la cartographie qui
confirment ou ratifient l'uti possidetis iuris de 1821, voir
les observationsde la section 1II.C du chapitre IX.l'instigationdes autoritésd'El Salvador. Par conséquent,
compte tenu de ce double point de vue, ils sont

irréprochables en tant qu'éléments accessoires de
confirmation.

SectionV. Conclusions

A. SURL'UT1 POSSIDETISJURIS DE 1821

67. Les grands axes de l'argumentation autourdesquels

s'articule la position juridique du Gouvernement du
Honduras, en ce qui concerne le secteur frontalier

correspondant à la montagne de Cayaguanca, demeurent
fondamentalement les mêmes. Les arguments honduriens
répondent à une positionde principe cohérente et confirment

la nécessitéd'appliquerl'uti possidetisiuris de 1821 avec
toutes ses conséquences.Dans cet ordre d'idées, le Honduras

soutient,une fois de plus, que les procédures'de 1742 sont
pleinement applicables au secteur considéré et représentent
un titre juridique valide et complet, commemoyen de preuve

pour établir ses droits de souverainetéterritorialesur la
zone de Cayaguanca. Par conséquent, il maintient la

pertinence de la ligne frontière revendiquée, entre le
rocher de Cayaguanca et le confluent de Chiquita ou Oscura
avec la rivièreSumpul.

68. En revanche, les arguments formuléespar El

Salvador dans son contre-mémoire, relatifs à
l'interprétation, l'inapplicabilité ratione loci,
l'incompétencejuridictionnelle des juges et autres vicesde

forme ou de fond, à propos des'procédures menées en 1742,
sont totalement dépourvusde rigueur et de fondement,ainsi

qu'on a tenté de le démontrer dans les paragraphesprécédents du présent chapitre. Cette argumentation
s'expliquepar l'impossibilité d'El Salvador de produire un
semblable titre, se fondant sur l'uti ~ossidetis juris de

-821.

69. Les arguments salvadoriens relatifs a
l'"impérialismeterritorial" et à la "malice" des Indiens
d'ocotepeque, à propos desdites procéduresde 1742, sonten

réalité non pertinents en termesjuridiques. Il s'agit de
simples jugements de valeur sur les intentions et les
comportements.et sont dépourvus de tout fondement et de

toute pertinence entermesde droit.

70. Le moyen par lequel El Salvador justifie ses
prétentions sur le secteur en litige avec l'argument
exclusif du titre républicain d'El DulceNombre de La Palma

et, en somme, des effectivités, constitueune preuve
évidente de son incapacité à produire des titres ou
documentspertinentsantérieurs à la date de 1821.

71. La tentative d'El Salvador de réduire la

constructionjurisprudentielle complexe etcontinuede l'm
possidetis juris au jugement arbitral du 23 janvier 1933,
dans l'affaire opposant le Guatemala au Honduras, procède

d'une mutilation arbitraire d'une riche doctrine
jurisprudentielleen la matière. Il s'agit d'une constante
dans la positionde cet Etat, à savoir.prendreexclusivement

en compte les éléments présumés lui être bénéfiques (bien
que, dans ledit jugement, le contenune soit pas applicable

à ce secteur frontalier, pour les raisons indiquées), en
ignorant un ensemble important d'éléments de la réalité et
d'éléments juridiques qui, selon lui, contredisent ses

prétentions. Sur ce point, la position du Gouvernement duHonduras consiste à accepter toutes les affirmations
jurisprudentielles sur le principe de l'uti possidetis

juris, sans aucunemutilation ni réduction.

72. En définitive,on perçoit deuxcontradictions dans
la position défendue par El Salvador dans son contre-

mémoire, relativement au secteur el nitige de la montagne de
Cayaguanca. En premier lieu, la position tactiquede cet

Etat sur le titre de 1742 invoqué par le Honduras dans les
procédures d'ocotepeque, consiste à contester ces

procédures, sur la forme et sur le fond, dans la mesure où
elles nuisent à ses prétentions; mais il accepte les termes

dudit titre pour ce qu'il estime bénéfique à ses intérêts.
D'autre part, El Salvador semble accepter formellement

l'application de l'uti possidetis jurisde 1821 et il ne
pouvait en être autrementau vu des termes de l'article 5 du

Compromis du 20 mai 1986, en liaison avec l'article 26 du
Traité Généralde Paix de 1980. Mais, de façon tangentielle,

il rejettede fait l'applicationdudit principe, en faisant
prévaloir les effectivités. ~t cette contradiction

s'explique par l'inexistencede titre salvadorien antérieur
à 1821.

B. SiJRLES ACTES DE CONFIRMATION OU LA RATIFICATION DE
L'UTI WSSIDETIS JURIS DE 1821

73. Ainsi qu'on l'a indiqué précédemment,la position

du Honduras est ferme en ce qui concerne l'applicationde ce
principe pour résoudre le présent différenddans le secteur

de la montagne de Cayaguanca. Nonobstantce qui précède, il
existe d'autres éléments de preuve qui confirment

l'effectivité dudit titre et que l'on souhaite soumettre àl'appréciation de la Chambre de la Cour pour leur
valorisationen termes dedroit.

74. Les titres de terres républicains produits par la
République du Hondurasprouvent que ce pays a exercé sa

juridiction surdes biens immeubles en diverses parties du
secteur en litige,notammentdans la régiondu mont El Pital.

75. Les documents de la pratique administrative sont
également significatifsen ce qui concerne le fait que la

montagne de Cayaguanca est traditionnellementconsidérée
comme appartenantau Honduras.

76. Les documentsde la pratique diplomatique entreEl
salvador et le Honduras constituent une bonne preuve de ce
que les autoritéssalvadoriennes ont reconnu, en diverses

occasions, que le mont El Pital fait partie intégrante du
territoirehondurien. Et le Gouvernement duHonduras pense

que ces actes de reconnaissance génèrent des effets
juridiques opposables au El Salvador, au profit des
prétentionshonduriennes.

77. Les actes de juridiction accomplis par le
Honduras, quoiquehétérogènes et dispersés, confirmentles

éléments précédents,car les autoritésde ce pays ont exercé
pacifiquement leurs pouvoirs souverains sur plusieurs

localitésdisperséesdu secteur en litige, au Nord, au Sud,
à l'Est et à l'ouest.

78. Pour leur part, divers éléments cartographiques
corroborent également les conclusions précédentes, car
plusieurs cartes, officielleset privées, salvadorienneset

honduriennes, situent le secteur de la montagne deCayaguanca dans le territoire national de la République du

Honduras.

79. En définitive, les actes de confirmatioou de

ratification produitspar le Honduras prouvent que l'uti
possidetis iuris de 1821 ne constituait pasun titre de pure
forme, sans rapport avec la pratique ultérieure. Bien au

contraire, ces actes sont venus confirmerque le secteur
correspondant à la montagne de Cayaguanca futconsidéré par

les Parties commeune partie intégrante du territoirede la
République du Honduras, conformément à la ligne frontiere
revendiquéepar ce pays dans sonmémoire. CHAPITRE VI

LE SECTEUR DE LA FRONTIERETERRESTRE ENTRE LA BORNE

DE PACACIOET LA BORNE DITE POZA DEL WON
(SAZALAPA-LA VIRTUD)

Section 1. Introduction

1. Selon les premiers écrits des Parties, il existe

un accord entre elles sur la délimitation des points
extrêmes de ce secteur en litige, à savoir: à l'Ouest, la

borne de Pacacio sur la rivière du même nom et, à l'Est, la
borne dite Poza del Cajon, sur la rivière Amati110 ou

Gualcuquin. Cette concordance de vues s'étend, ainsi qu'on
l'a montré dans le contre-mémoire du ~ondurasl, à la

localisationdesdits points extrêmesau moyen de coordonnées
géographiques, en dépit de certaines divergences mineures et

d'ordre technique.

Dans le contre-mémoire d'El Salvador, il n'y a pas de
nouvelles références à ces questions, puisque la position

adoptée dans le mémoire est reprisez. C'est pourquoi,
conformément aux dispositions de l'article 49.3 du règlement

de la Cour, on ne reviendra pas sur ce point dans le présent
écrit.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 261-263.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions1.1,

p. 292. 2. Cependant, il ressort de l'examen du contre-
mémoire d'El Salvador, en liaison avec le contre-mémoiredu

~ondurasl qu'il y a encore d'importantes divergences entre
les Partiessur d'autres pointset, en premier lieu, sur la
dénomination employéepar El Salvador pour désigner ce

secteur en litige2, dénomination quiest reprise dans le
contre-mémoire salvadorien.

En ce qui concerne la question de la dénominationdu
secteur en litige, le Gouvernementdu Honduras ne juge pas

nécessaire d'insister sur ce point et renvoie aux
développements de son précédent écrit3. Il suffit de
rappeler icique la dénominationarbitraired'El Salvadorne

vise qu'à étayer ses prétentionsdans le secteur; ainsi, la
référence à "Arcatao ou Zazalapa", de même que les

prétentions salvadoriennes, sont totalement dépourvues de
fondement.

3. Or, outre le point précédent,la Cour observera
que les Parties sont encore diviséessur divers points
concernantla délimitationde la frontière terrestre dans ce

secteur:divergencesde plus grandeenvergure.

1 Contre-mémoire d'~l Salvador, chap. 3.46-3.63,
p. 70-79; contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VIII, p.
255-313.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 255-257.

3 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 255-257. 4. En premier lieu, il y a un trés large désaccord
entre les Parties quant au tracé de la liqne frontièresur
la totalitédu secteur;c'est-à-dire entre la borne Pacacio,

à l'ouest, et la borne Poza del Cajon, à 1'~stl. En second
lieu, le désaccord entre les Partiesconcerne le fondement

juridique de leurs positions sur la délimitation. El
Salvador, en effet, tout en reconnaissantcomme le Honduras
la prééminence de ,liuti possidetis juris de 1821, en fait

une application inconsistante; en outre, il abandonne ce
fondement en invoquant l'application de certaines

"effectivités" douteuses2. A quoi s'ajoute le recours aux
"terres de la Couronne" (tierras realengas),basé sur une
interprétation aussi inexacte qu'injustifiée du droit

espagnoldes Indes.

5. Enfin, mëme si on limite le débat au premier
fondement, à savoir le principe de l'uti possidetis juris,
les Parties sont encore divisées sur son application, à la

lumière des "titres de terres" et autres documents
antérieurs à 1821 qui permettent de déterminerquelles sont

les limitesdes anciennes provincesespagnoles.El Salvador,
en effet, procède à une interprétation erronédeu seul

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.1,
p. 292; contre-mémoire du Honduras, Conclusions A.3,
p. 732-733.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.63, p 79;
chap. IV, p. 129-140.document antérieur à 1821 qu'il ait produit; et, d'autre
part, en confrontant les élémentsque fournissentles divers
titres de terres produits par le Honduras - et qui

permettent d'établir avec certitude la totalité dutracé de
la ligne - El Salvador tente d'éluder certains éléments ou

de les dénaturerl.

6. D'autre part, on observera de même que, dans les
écrits antérieurs des Parties, il subsiste encore des

divergences importantes sur divers points relatifsau droit
espagnol en vigueur en Amérique Centralejusqu'en 1821. Or

ces divergences ont une portée générale, attendu qu'elles
concernent la délimitation dans d'autres secteurs en litige

de la frontière terrestre; mais elles apparaissent de fason
spécifique sur ce secteur de Sazalapa-La Virtud. Parmi
celles-ci, il convient de distinguer les points suivants:

- les divergences entre les Partiessur la nature

des "ejidos"et sur les effets de l'attributionde
terres à une communauté indigène quant aux limites

des anciennes provinces; car El Salvador confond
délibérément "termino"et "territoire",ainsi que

"propriété"et "juridictionW2.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.50-3.61,
p. 71-79; contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 285-309.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. II, p. 12-32;
contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V, p. 50-83. - les divergences entre les Parties sur
l'interprétationet 'la force probantedes "titres

d'ejidos", aux fins d'application de l'uti
possidetis iurisl. A quoi s'ajoute la distinction

incorrecte que fait El Salvador entre "formal
title deed to Common" et simple "title deed to

private proprietary interest in landn2.

- les divergences existantes sur la nature des

"terres de la Couronne" ou "friches" et leurs
effets sur la délimitation de la frontière

terrestre, El Salvador ayant fait référenceà
l'existence dans ce secteur de "extensive royal

landh~ldin~s"~.

7. Ce sont les différences de portée, générale ou
particulière, parmi les divergences entre les Parties, qui

ont guidé le plande présentation duprésent chapitre de la
Réplique. Celles d'ordre général et relatives au droit
espagnol des Indes ont déjà été examinées dans les

chapitres II et III et les conclusions auxquelles on a
abouti serontprises en compte en divers paragraphesdu

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. II, p. 33-39.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.50-3.54,
3;59-3.60 et 3.63, p. 71-74 et 77-79; contre-mémoire du
Honduras, vol. Ir chap. V, p. 41-83 et 101-121.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.63, p. 79;
contre-mémoire du Honduras, vol. Ir chap. V, p. 83-101.présent chapitre. En revanche,les désaccords spécifiques ou
particuliersde ce secteur seront traités dans les sections

suivantes.

Section II. Les divergencesdes Partiessur la délimitation

8. Dans cette section,on examinera enpremier lieu

les divergences des Parties sur le tracé de la ligne
frontière dansce secteur, divergences mises en relief dans
les "Conclusions" soumises B la Cour (A). Mais il existe

aussi une seconde divergencefondamentaleentre les Parties,
en ce qui concerne le fondement juridique de la

délimitation, attenduqu'El Salvador invoque, nos neulement
l'uti possidetis iuris de 1-821, mais aussi d'autres
arguments (B).

A. LES DIVERGENCESDES PARTIES SURLE TRACE DE

LA LIGNE FRONTIERE

9. Les "Conclusions"du contre-mémoired'El Salvador

se limitent à demander, de façon générique,que la Cour
délimite les secteursen litige de la frontière terrestre

entre les deux Républiques"...in accordance with the line
indicatedin the Submissionscontained in the Memorial of El
salvador"1.Le Honduras,pour sa part, a reproduitdans son

contre-mémoirele tracé de la frontière terrestre dans ce
secteur, figurant déjà dans les Conclusiod nes son mémoire2.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions,1.1,

p. 292.
2 Contre-mémoire du Honduras, vol.
11,
ConclusionsA.3, p. 732-733. Il suffit de comparer les.deux tracés pour constater
qu'il subsisteencore un profond désaccordentre les Parties

sur la délimitation de la frontière entre la borne Pacacio
et la borne Poza del Cajbn. Ce désaccord a déjà été mis en

évidence dans le contre-mémoire hondurien, lorsque celui-ci
examine le tracé de la ligne frontière selon El Salvador et

selon le ~ondurasl. Or, il convient de renouveler cet
examen, à la lumière des argumentsexposés dans le contre-

mémoire d'El Salvador.

1. Le tracé de la liqnefrontièredans le secteur
selon El Salvador

10. Etant donné que le tracé salvadorienexposé dans

son mémoire a déjà fait l'objetd'un examen dans le contre-
mémoire du Honduras, il suffirait, comme on vient de

l'indiquer, d'un simplerenvoi aux considérationscritiques
qui y sont développées2. Cependant, le contre-mémoired'El
Salvador, en exposant les fondements deses prétentionsdans

ce secteur3, soulève h nouveau les problèmes de base de ce
tracé, sans modifier pour autant les Conclusions formulées

dans son mémoire.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 263-27'4.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 263-269.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.63, p. 79 C'est pourquoi il est nécessaire d'examiner à nouveau

le trace de la ligne frontière selon El Salvador, afin de
mettre en évidence ses caractéristiques fondamentales; c'est

ce que l'on fera dans les paragraphessuivants.

Le tracé salvadorien constitue un maximumde

prétentions territoriales depuis 1889

11. A titre d'antécédent, il est bon de rappeler deux
éléments qui ont déjà été signaléspar le Gouvernement du

Honduras. En premier lieu, le fait que, entre 1821et 1884,
il n'y ait pas le moindre différend entre les Partiessur la

délimitationde la frontière de ce secteur; demême, il n'y

a pas la moindre oppositionde la part d'El Salvador lorsque
la République du Honduras, dans le cadre de l'exercicede sa
souveraineté, commence,à partir de 1837, à délivrer des

titres de terres dans ce secteur, en remplacementdes titres
coloniaux antérieurs (San Juan de Lacatao, Colopele et

autres) et sur les mêmes terres que celles couvertes par ces
derniersl,compte tenu des limites des anciennesprovinces.

En second lieu, rappelons quelors des négociationssur

les limites entre lesdeux Républiques,en 1884, El salvador
reconnut "...la ligne de démarcation existante et sans

discussion entre Nombre de Jesus, au El Salvador, et La
Virtud, au Honduras"; c'est-à-dire depuis la borne de La

Barranca ou Barranco Blanco jusqu'à la borne Poza del
~aj6n2.

Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 321-322.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 322-323
et Annexes, vol. 1, Annexe 111.1.51, p. 172; Carte
hondurienne8.5.3 en regard de la page 332. 12. .Cependant - et malgré cet assentiment ou
reconnaissance d'ElSalvador - le différend dans ce secteur

apparaît après la descriptionque fait de la frontière entre
les deux Républiques l'Ingénieur salvadorienSantiago 1.

Barberena, en 1889 et 1892, description qui se trouve, en
partie, sur la "Nouvelle carte d'ElSalvador" de Messieurs

Barberena et ~lcainel.

La "ligne Barberena" constituela première prétention
salvadorienne dansce secteur. Mais,comme le sait la Cour,

il faudra, en dépit de certains incidents survenus dans la
zone de Gualcimaca vers le milieu de notre siècle, attendre

1972 pour que El Salvador formule, à l'encontredu Honduras,
de nouvelles prétentions territoriales,qui sont suivies de

celles exposées au sein de la Commission mixtedes limites
El Salvador-Honduras en 1985 et, finalement, de celles
figurant dans le tracé salvadoriendu mémoire de 198a2.

13. Si l'on y inclut la "ligne Barberena", il y a

quatre tracés salvadoriensde la ligne frontière dans ce
secteur de 1889 à 1988. Mais si on compare ce dernier aux

précédents, on obtient deux conclusions significatives,
selon le Gouvernementdu Honduras.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.2.1O.B et III.Z.lO.C, p. 260-269 et Annexes
cartographiques A.17 et A.18. Sur cette carte, voir les
remarques traitéesau chapitre IX, section IIT.C, p. 797 et
suiv.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 324-327;

contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VIII, p. 268-269. Tout d'abord, les quatre tracés sont distincts. Ce qui
met clairement en évidence le comportement erratique ou

fluctuant d'El Salvador en ce qui concerne ses prétentions
territoriales. Mais la comparaison des quatre tracés fait

ressortir une autre conclusion: lasuccession dans le temps
des prétentions territoriales d'El Salvador dans ce secteur

s'accompagne de leur extension progressivedans l'espace;
c'est ainsi que le tracé exposé dans le mémoire salvadorien

et repris dans le contre-mémoireconstitue le niveaumaximum
de ses prétentions territoriales, de 1889 h nos joursl. Dans

son contre-mémoire,El Salvador a reconnu, par son silence,
la pertinence de ces deux conclusionsdu Gouvernement du

Honduras.

Un tracé A plusieurs faces ou une pluralité de
tracés

14. Les explications qui précèdent permettent de

situer le tracé salvadorien dans son contexte historique.
Mais, si on examine son contenu intrinsèque, en dépit de
l'obscurité délibérée avec laquelle El Salvador a formulé

ses ~onclusions2, on est surpris par une première
constatation:El Salvador ne revendiquepas un seul tracé de

la ligne frontière dansce secteur, maisplusieurs.

Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, carte en
regard de la page 326; contre-mémoiredu Honduras, vol. 1,
chap. VIII, p. 269.

2 Mémoire d'El Salvador, Conclusions 1.1 et 1.2;
trad. Er., p. 86-87 et chap.6.71; trad. fr., p. 48-49. 15. En premier lieu, il y a un tracé des limites des
terres dlArcatao, selon l'interprétation salvadoriennedu

titre de 1724, tracé qui est décrit dans ce document et,
partiellement, dans lemémoire salvadorienl.

Ce tracé ne comprend qu'une partie réduitede la ligne
frontière entrela borne Pacacio et la borne Poza del Cajon,

et son fondement se trouve dans l'uti possidetis juris de
-821. La représentationgraphique du tracé des limites des

terres d'Arcatao, selon l'interprétation d'El Salvador,
figure sur la carte salvadorienne 6.3 comprise dans le

mémoire, et à laquelle renvoie le chapitre 6.28.

16. Mais, en englobant en partiele précédent, El

Salvador revendiqueun second tracé au chapitre 6.71 de son
mémoire. Il s'agit d'une ligne qui, en partant de la Poza

del Cajon, à l'Est, sur la rivière Gualcuquin ou El
Amatillo.

"...suit ladite rivière en amont...jusqu'à sa
source. De là, elle continue en ligne
droite...jusqu'au sommet du Cerro El Fraile. De ce
sommet elle continue (en ligne droite) ...usqu'au
sommet du Cerro La Pintal...De là, elle continue
en ligne droite ...usqu'à la source du ruisseau -
ou rivière - Pacacio...De là, elle suit le cours
du ruisseau - ou rivière - connu sous le nodudit
Pacacio...(de alal..borneu'àPacacio)9."nt

1 ~émoire d'El Salvador, chap. 6.28; trad. fr.,
p. 32-33 et contre-mémoired'El Salvador, Annexes, vol. III,
p. 1-48.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.71; trad. fr.,
p. 48-49. Ce tracé est distinct et plus étendu que celui des

limites des terres d'Arcatao; et, logiquement, il ne peut
pas se fonder sur le titre d'"ejidos" de 1724, bien que ce

soit ainsi que le présente El salvadorl. En réalité, c'est
un tracé dont l'unique fondementne peut se trouver que dans

le recours aux "effectivités" et qui est représenté
graphiquement sur la carte s'alvadorienne6.9, reproduite

dans le mémoireet à laquelle renvoiele chapitre 6.71 dudit
écrit. Sur la carte hondurienne 4.2 on peut comparer ce

tracé au précédent2.

17. Finalement, le tracé salvadorien du chapitre 6.71
de son mémoire n'a qu'une valeur relative eu égard à deux

éléments: en premier lieu, le fait que, au-delà de celui-ci,
la carte salvadorienne6.9 "localise",par une zone ombrée,

les "terres de la Couronne" qui, selon El Salvador, se
trouvent "...beyond the common land (.tierrasejidales)

described in the title of Arcatao". En second lieu, le fait
qu'El Salvador a prétendudans la conclusion 1.2 de son

mémoire que doivent se rattacher aux espaces revendiqués par
cet Etat. les:

"...terres de la Couronne (tierras realenqas)
situées entre les terrains communauxd'El Salvador
et du Honduras qui reviennent à juste titre à El
Salvador après une comparaison des concessions des
terrains communaux faites par la Couronne
d'Espagne et les autorités espagnoles en faveur
des Provinces de San Salvador et de Comayagua et
Tegucigalpaau Honduras."

Mémoire d'El Salvador, chap. 3 G. Conclusion,
trad. fr.,p. 47-48.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,

carte 4.2 en regard de la page 276. Compte tenu de ces deux éléments, on peut estimer, à
juste titre, qu'El Salvador essaie d'étendreses prétentions

se fondant sur les terres de la Couronne (tierras
realengas), terres qui, selon son interprétationerronée du

droit espagnol des Indes, nepeuvent appartenir qu'au El
Salvador. Ce tracé, comme l'observera iaCour, est distinct
et encore plus étendu que le précédent du chapitre 6.71 de

son mémoire; et, bien qu'il soit formulé de façon générique
dans la conclusion 1.2 de son mémoire, il peut se

concrétiser, selon la thèse salvadorienne, en ce qui
concerne chacun dessecteurs. Pour ce qui est, précisément,

du secteur en litige, le contre-mémoire d'El Salvadorse
réfère, entre autres arguments, aux "terres de la Couronne"

(royal landholdings)l.

Contradictions entre les différents tracés de la
liqne frontièreselon El Salvador

18. Le fait de réclamer, simultanément,trois tracés

distincts de la ligne frontière est, à la vérité, difficile
à justifier. Conscient de cette difficulté, El Salvador

tente en vain d'établir une relation entre eux; mais, en le
faisant, il déforme grossièrement la réalité et se perd en

contradictions.

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.63,p. 79. 19. Ainsi, en premier lieu, El Salvador prétend que le
titre dlArcatao de 1724 "protects the zone of zazalapaM1;

c'est-à-dire la totalité du secteur compris entre la borne
Pacacio et la borne Poza del Caj6n. Mais il suffit

d'observer la carte hondurienne 4.22 pour constater deux
choses:

- en premier lieu, le tracé des limites des terres
dlArcatao selon la carte salvadorienne 6.3 ne

comprend en réalité que la partie centrale du
secteur en litige et ne couvre pas la totalité des

prétentions salvadoriennes selon la carte 6.9. Ce
qui implique que ces prétentions élargies d'El

Salvador ne se fondent pas sur l'uti .possidetis
iuriç.

- en second lieu, on peut vérifier que le tracé

salvadorien des limites des terres dlArcatao selon
la carte 6.3 va en partie au-delà du tracé de la

carte salvadorienne6.9; à savoir la ligne qui va
depuis la source de la rivière Gualcuquinou El

Amati110 au sommet du Cerro El Fraile. Une fois de
plus, la contradiction est flagrante et met en

évidence l'inexactitudedu paragraphe qui précède
le chapitre 6.69 du mémoire d'El ~alvador3.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.25-6.28; trad. fr.,
p. 32-33 et carte 6.3.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VI11 en

regard de la page 276.
3 Mémoire d'El Salvador, vol. 1, G. Conclusion;

trad. Er., p. 47 in fine et p. 48. 20. Mais la Cour observera une autre contradiction
significative. Selonl'énoncé de la carte salvadorienne6.9,

à laquelle renvoiele chapitre 3.71 de son mémoire, celle-ci
représente la "localisation" des "terresde la Couronne"
(crown land) " ..beyond the common land (tierras ejidales)

described in the title of Arcatao."

Par cet énonce, il est évident qu'El Salvador prétend
identifier ou associer le premier tracé - relatif aux

limites des terres d'Arcatao, selon l'interprétation
salvadorienne de la carte 6.3 - à celui de la ligne décrite
au chapitre 6.71 de son mémoire et représentée sur la

carte 6.9. Mais, on vient de le montrer, les deux tracés ne
coïncident en aucune façon, ni par excès, ni par défaut. Il

en résulte - cela est véritablementsurprenant - que si l'on
juxtapose les cartes salvadoriennes 6.3 et 6.9, on trouve

une zone - celle dans laquelle la ligne du titre dlArcatao
dépasse ou va au-delà de la ligne, sourcede la rivière El
Amatillo, sommet du Cerro El Fraile, de couleur rose sur la

carte hondurienne 4.2 - qui, pour El Salvador, est à la fois
un espace compris dans le titre d1Arcatao de 1724 et' un

espace de "terres de la Couronne".

2. Le trace de la liqne frontièredans le secteur

selon le Honduras

21. La Cour connaît déjà le tracé de la ligne
frontièredans ce secteur selonle Honduras, tel qu'il futexposé dans sonmémoire1 et repris dans soncontre-mémoire2.
La carte hondurienneB.5.2 figurant.aumémoire3 constitue la

représenta,tiognraphique de ce tracé.

Sans qu'il soit besoin de répéter ici ledit tracé, il
est néanmoins intéressant d'en souligner trois aspects

fondamentaux: sa continuité, son unité et sa large
justification documentaire.

22. En ce qui concerne la continuité du tracé dans le

temps, il faut tenir compte du fait que la première
description de la frontière entre El Salvador et le

Honduras, après les négociations de 1884, est celle
effectuée par l'Ingénieur hondurien José Maria Bustamente,

en 1890; elle est à l'origine de ce que l'on peut appeler la
"ligne Bustamente". Mais, face au El Salvador, le tracé de

la ligne frontière a été suscité au siècle actuel, à trois
moments: en 1972, à l'occasion des négociations d'Antigua

(~uatemala)4;en 1985, au sein de la Commission mixte des
limites El ~alvador-~ondurasset, en£in, devant la Cour,

dans les écritsprécédents.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions,
p. 742-743.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions,
p. 732-733.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX en regard de

la page 328.

4 Mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 317

5 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 327. On peut juger de la continuité de la position
hondurienne, de 1890 à ce jour, en tenant compte du fait
que, sauf pour deux variantes du tracé du mémoire par

rapport aux précédents - résultant d'une plus grande
précision dans les limites des terres de Gualcirnaca et San

Juan de Lacatao, selon les documents de 1783 et 1786 - dans
tous les tracés de la ligne frontière il y a identitéentre
les points fondamentauxqui déterminent lédit tracé. 11

s'agit, dansle sens Ouest-Est,des points suivants:

borne Pacacio,sur la .rivièrePacacio.

borne Poza del Toro, à la confluencede la rivière
Gualcinga avecla rivièreSazalapa.

rivièrede Sazalapa enamont.
borne Poza de la Golondrina.
borne dite de la Canada,Guanacasteou Platanar.

mont El Ocotilloou Gualcirnaca.
borne de la Barrancaou BarrancoBlanco.
mont de la Bolsa.

borne Poza del Cajon, sur la rivière Amati110 ou
Gualcuquin.

23. L'unité du tracé hondurien est double.D'une part,
le Honduras a revendiquéet revendique une ligne unique et

non une pluralitéde tracés, de 1890 h nos jours. D'autre
part, cette unité du tracé hondurien résultede ce que le
Honduras a invoqué et invoque, pour la délimitationde la

frontière dans ce secteur, un fondement juridiqueunique:
l'uti possidetisjuris de 18211.

1 Mémoire du Honduras,vol. 1, chap. III, p. 81-163,
chap. IX. p. 328-337; contre-mémoiredu Honduras, vol. 1,
chap. VIII, p. 274-313. Le Honduras n'a pas revendiquédans le passé, ni ne

revendique aujourd'hui, d'autres limites territorialeq sue
celles de l'ancienneprovince placée sousla Couronne
d'Espagne jusqu'au15 septembre 1821; ces limites sont

déterminablessur la base des documents,antérieurs à cette
date, fixant,conformémentau droit espagnol des Indes, les
limites des juridictions coloniales. Cette positioest

conséquente non seulement par rapport audit principe de
l'uti possidetis iuris, affirmé par la jurisprudence

internationale, mais aussi par rapport aux termes de
l'article 26 du Traité Général de Paix de 1980 entre El
Salvadoret le Honduras.

24. Le tracé hondurien, enfin,est larqementjustifié

sur le plan documentaire.D'une part, et indirectement,il
se justifie par le titre salvadoriendlArcatao de 1724
correctement interprétéet par sa comparaison avec les

titres des terrains contigus,produits par le Honduras,
ainsi qu'on peut en juger sur la carte hondurienne 4.1,

figurantdans son contre-mémoire1.

D'autre part,de façon directe,par les titresproduits

par le Honduras et indiquant tousles points fondamentaux
qui déterminentle tracé de la ligne frontière et permettent
la localisation géographique deceux-ci2. Il s'agit en

ef£et:

1 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VI11 en
regardde la page 260.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 335-337
et carte8.5.2 en regardde la page 328.- du titre des terres de San Juan d'El Chapulin de

1766, pour la rivière Pacacio, où se trouve la
borne Pacacio, point extrëmeà l'ouest du secteur;

- du titre des terres de Concepcion de las Cuevas de
1741 et de celui des terres de l'Hacienda de

Sazalapa de 1745, pour la Poza del Toro; et tous
deux pour la rivière ou torrent de'Sazalapa;

- du titre des terres de Colopele de 1779, pour la
Poza de la Golondrina;

- du titre des terres de San Juan de Lacatao,
réarpentages de 1766 et 1786, ainsi que du titre

de Colopele de 1779, pour La Cafiada,El Platanar
ou Guanacaste;

- du titre des terres de Gualcimacade 1783, pour le
mont de El Ocotillo ou Gualcimaca et les points

particuliers du Cerro del Tambor, El Sapo, Loma
Redonda et Arcataguera;

- du titre des terres de San Juan de Lacatao,
réarpentages de 1766 et 1786 et du titre ,de
Gualcimaca de 1783 pour Barranco Blanco, la

~arrania ou Portillo de La Laquneta;

- enfin, ledit titre des terres de San Juan de

Lacatao, réarpentages de 1766 et 1786, pour le
Cerro de la Bolsa ou Cerron, ainsi que pour le

point extrême du secteur A l'Est: la Poza del
W. 3. Conclusions

25. Outre d'autres aspects mis en évidence dans les

paragraphes précédents,la Cour appréciera le profond
contraste de positions entre un unique tracé de la ligne
f.rontière,de la part du Honduras, et une pluralité de

tracés, de la part d'El Salvador. Ainsi, les divergences
entre les Partiesrevêtentun tripleaspect:

- désaccord entre le tracé hondurien et le tracé
salvadorienbasé sur les "terresde la Couronne";

- désaccord entre letracé hondurien et le tracé
salvadorien décrit au chapitre 6.71 de son

mémoire,basé sur le recours aux "effectivités":

- désaccord entre letracé hondurien et le tracé

salvadorien des limites des terres dlArcatao, eu
égard à une partie réduite de la ligne frontière,
dans l'application de l'uti possidetis juris de

1821.

B. LES DIVWGENCES DES PARTIES SUR LE FONDEMENT

JURIDIQUE DE LA DELIMITATION

26. Ainsi 'qu'onl'a montrédans le précédent écritdu

Honduras, il y a accord entre les Partiessur la prééminence
du principe de l'uti possidetis juris de 1821 comme
fondement juridiquede la délimitation dansce secteur et

dans les autres secteurs de la frontièreterrestrel,et cela

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 23-27 et chap. VIII, p. 274-276.est expressément admis dans le contre-mémoire d'El

salvadorl. Par conséquent, il n'est pas nécessaire
d'insister sur ce point, ainsi que le prescrit

l'article 49.3 du Règlement de la Cour.

27. Cependant, en dépit de cette convergence devues,
il subsiste encore d'importantes divergences entreles

Parties sur le fondement de la délimitation. En effet, on
pourra constater qu'El Salvador, en faisant application de

l'uti possidetis iuris de 1821, le fait de façon
inconsistante (1). En second lieu, malgré les dispositions

de l'article 26 du Traité Général de Paix de 1980, il
recourt aux "effectivités"(2). Enfin, il tente de s'appuyer
sur une thèse erronée relative aux "terres de la Couronne"

et dénuée de tout fondement dans le droit espagnol des
Indes (3).

C'est ainsi qu'a la pluralité des tracés salvadoriens

précédemment examinéscorrespond unediversité de fondement
juridique qu'El Salvador invoque simultanément. Cq eui met

clairement en évidence l'incohérence juridique de sa
position sur ce point.

1. L'applicationde l'uti possidetis juris par El Salvador

28. L'applicationdu principe par El Salvador se fonde

exclusivementsur le titre de terresdlArcatao de 1724. Mais
les limites de ces terres - même si l'on s'en tient à

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.1, p. 12 et
chap. 3.50-3.63, p. 70-79.l'interprétation erronéeque fait El Salvador du titre - ne
couvrent pas la totalité de la ligne frontière dans ce

secteur (a). De plus, le titre d'Arcatao ne possède pas,
ainsi que le prétend El Salvador, de force probante

supérieure à celle des titres de terres produits par le
Honduras (b).

Le titre d'Arcatao de 1724 ne couvre pas la
totalité de la liqne frontière, contrairement aux

titres produitspar le Honduras

29. Dans le contre-mémoired'El Salvador, il est dit,
d'une part, que "In this sector, El Salvador has relied on

the forma1 title deed to the Commons of ~rcatao l..." et
l'affirmationest exacte car seul est produit ledit document

de 1724. Mais, par ailleurs, ledit écrit ajoute que les
limites de terres daArcatao "...make it.possible to carry

out the territorial delimitation in this sector in the
manner sought by El salvador2."

La seconde affirmationcorrespond à ce qui est exposé

dans son mémoire, attenduque, selon la carte 6.3 qui y est
insérée, le titre dlArcatao "protects the zone of Zazalapa".

Mais, ainsi qu'il a été démontré dans le contre-mémoiredu
Honduras, cette affirmation est inexacte3.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.48,
p. 70-71.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.49, p. 71.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 277-279. 30. En effet, même en admettant à titre d'hypothèse
l'interprétation salvadorienne du titre de 1724, les limites

des terres d'Arcatao ne se projettent que sur la partie
centrale de la zone en litiqe et non sur la totalité de

celle-ci, de la borne Pacacio à la borne Poza delCajon.

On peut le voir clairement sur la carte hondurienne
4.1, insérée dans .le contre-mémoire1. Mais cela se vérifie

également avec les cartes salvadoriennes elles-mêmes3.D et
3.E de son contre-mémoire2. Par conséquent, même s'il

invoque l'uti possidetis juris, El Salvador l'applique de
façon limitéeou inconsistante.

31. Or, la simple constatation de ce fait engendre

deux conséquences importantes qu'El Salvador a éludées dans
son contre-mémoire, à savoir:

- El Salvador n'a produit aucun document antérieur à

1821 pour justifier, en conformité avec l'e
possidetis juris, ses prétentions sur un secteur

étendu de la ligne frontière: à savoir, à l'ouest,
celui compris entre la borne Pacacio et le torrent

qui "descend 21 la rencontre de la rivière
Gualquiere et Sazalapa", selon la précision du

titre d'Arcatao lui-mêmede 1724; et

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI11 en

regard de la page 260.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. III en regard
des pages 74 et 75. - de même, il n'a produit aucun document antérieur à

1821 pour justifier, en conformitéavec l'&
possidetis juris, ses prétentions sur un second

secteur trèsétendu de la ligne frontière: celui
compris, à l'Est, entre la dernière borne du titre
dtArcatao - et la première dutitre salvadoriendu

Nombre de Jesus - et le point extrëme du secteur
en litige,la bornePoza del Cajon.

32. Il y a donc un "vide" de titres salvadoriensdans
ces deux secteurs importants. Au contraire, le Honduras a
présenté à la Cour, en ce qui concerne cesdeux secteurs,

différents documents antérieurs à 1821 permettant d'établir
quelles étaient les limites de juridiction entre les
anciennesprovinces.En effet,

- en ce qui concernele premier secteur, à l'Ouest,
ont été produits les titres de terresde San Juan

de El Chapulin de 1776, des terres de Concepcion.
de las Cuevas de 1741 et de l'Haciendade Sazalapa
de 1744, titres qui indiquent les points

déterminant le tracé hondurien, tels que la
rivière Pacacio, la borne Poza del Toro et la

rivièreSazalapa enamontl.

- en ce qui concerne le second secteur, à l'Est, les

titres de Gualcimaca de 1783 et de San Juan de
Lacatao, réarpentagesde 1766 et 1786, titres qui
indiquent les points Barranco Blanco ou La

Barrancaet le Cerro de la Bolsa ou Cerron du

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 310-311. tracé hondurien1, et on n'oubliera pas, par

ailleurs, que, dans ce secteur, il était reconnu
en 1884 qu'il y avait une frontière "sans
discussion"entre les deux ~é~ubli~ues~.

Le Gouvernement du Honduras est convaincùque la Cour,

en déterminantla ligne frontièredans ces deux secteurs en
conformité avec l'uti possidetis juris, tiendra compte de
cette double conclusion, négative et positive, sur

l'applicationdu principe.

Le titre dlArcataode 1724 ne wssède pas de force

probante supérieure à celle des titres honduriens

33. Ce qui précède constitueune première difficulté
pour la position d'El Salvador invoquant l'uti possidetis
juriç, attendu qu'il existe un "vide" de titres salvadoriens

dans deux larges secteursde cette zone en litige et que le
Honduras a produit une justificationdocumentairecomplète.

Mais là ou l'on peut s'appuyer sur le titre d'Arcatao de
1724, on se heurte à une autredifficulté, à savoir que les
titres produits par le Honduras démentent l'interprétation

erronée des limites dudit terrain et, en revanche,mettent
en évidence la situationexistanten 1821.

Conscient de cette seconde difficulté, El Salvador a
recouru dans son contre-mémoire soit au silence sur les

preuves produitespar le Honduras ou à leur déformation
- ainsi qu'on le verra plus loin - soit A différents

2 Mémoire du Honduras,vol. 1, chap. IX, p. 337-338.arguments qui tentent d'amoindrir la force probante des
documents honduriens contredisant l'interprétation d'El

Salvador concernant les limites de terres d'Arcatao, à
savoir des titres des terrains contigus de l'Hacienda de

Sazalapa de 1744, de Colopele de 1779, de San Juan de
Lacatao de 1776 et 1786 et de Gualcimacade 1783.

A cette fin, El Salvador établitune distinction entre
documents qui sont "Formal title deed to Commons" et ceux

qui ne sont que "title relating to private proprietary
interest in land". En se fondant sur cette distinction, il

échafaude l'argumentsuivant:

i) le titre salvadorien d'Arcatao de 1774 est un
"formal title deed to ~ommons"~.

ii) en revanche, le titre hondurien du terrain contigu

de l'Hacienda de Sazalapa n'est qu'un "title to
private proprietary interest in land"2, de même

que celui de Colopele de 177g3. Pour le titre
hondurien de San Juan de Lacatao de 1776 et 1786,

il est dit que ce n'est pas "a formal title deed
to commons"4, de même que pour le titre de

Gualcimaca de 17835.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.48,
p. 70-71.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.60,p. 78.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.59,
p. 77-78.

4 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.51, p. 72.

5 Contre-mémoired'El Salvador, chap.3.56, p. 75. et comme on pouvait s'y attendre, la conclusion

est la suivante:

"...the Formal Title Deed to the Commons of San
BartolomeArcatao of 1724, has,bv virtue of beinq
a Forma1 Deed to Commonsgreate; probative valu;
than the Title Deeds to private proprietary
interests presented bv HondurasL''(souligné par
nous).

34. L'argument précédentest repris par El Salvador
pour d'autres secteurs et, étant donnP son caractère

général, il a fait l'objet d'un examen au chapitre III de la
présente Réplique. C'est pourquoi, sans qu'ilsoit besoin
d'exposer à nouveau les critiquesqui y sont formulées, il

suffitde rappelersimplement:

- que la distinctionque fait El Salvador entre deux

catégories distinctes detitres de terres, selon
que son titulaireest une communauté indigène ou

un particulier, est dénuée de fondement dans le
droit espagnol en vigueur en Amérique Centrale
jusqu'en 1821: les uns et les autres sont des

"ejidos de composition" et, par conséquent,
constituent des "forma1 title deeds to land" ou

des concessions de friches qui étaient patrimoine
de la C.ouronnd'Espagne.

- que cette distinction,en outre, n'a pas debase

juridique, eu égard à la force probante du
documentselon ledroit espagnoldes Indes; car

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.63, p. 79. les uns et les autres sont des "documentspublics"
établis ou autorisés par des autorités espagnoles

en Amérique et qui possèdent, dans le droit
espagnol, une égale force probatoire.

- que la distinction qu'El Salvador tente d'établir

est, en fin de compte, contraireaux dispositions
de l'article 26 du Traité Général de Paixde 1980,

qui admet la force probante, aux fins
d'application de l'uti possidetis juris de 1821,

de tout document établipar des autorités civiles
ou ecclésiastiquesavant 1821, pourvu que lesdits

documents servent à déterminer les limites des
anciennes juridictions.

2. El Salvador invoqueen même temps les "effectivités"

35. Ce point a déjà été mis en relief dans l'écrit
hondurien antérieur1mais, dans celui-ci comme dans d'autres

secteurs de la frontière en litige, à la pluralité de tracés
d'El Salvador correspond une pluralité de fondements

juridiques. Ici en effet, le tracé selon les limites du
terrain dlArcatao, arpenté en 1724, se base sur

l'application de l'uti possidetis iuris mais le tracé décrit
au chapitre 6.71 du mémoire d'El Salvador implique un

recours aux "effectivités".

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 280-283. Dans son contre-mémoire, El Salvador a réitéré sa

position sur id fondement juridique dela délimitation. En
effet, El Salvador y inclut un chapitre IV intitulé
"Arguments of Human Nature presented by El Salvador in

support of its Frontiers Rights ("effectivitésl')l. Dans ce
chapitre IV on trouve des références et affirmations

relatives au secteur de la fontière terrestre que l'on
examine présentement.

36. En effet, El Salvador soutient que les

attestations de naissance et de décès établies entre autres,
par la mairie d'Arcatao:

"...prove that the perçons who integrate the
Salvadore,nan(sic) groups settled in the disputed
sectors and who live in the cantons and villages
contained within the sectors shown in the maps in
this ~nnexes~ have recognized and continue to
recognize as their sole sovereign E1
salvador3..."

Comme cela a déjà été indiqué dans le contre-mémoire

hondurien4, El Salvador n's'présent que guinze attestations
d'actes de l'état civil relatifs à ce secteur pour la

période 1911-1985. Le très petit nombre d'actesprésentés,
au regard de l'étendue de la période invoquée, met

certainement à l'épreuve l'affirmation salvadorienne que
l'on vient de 'transcrire. En marge de cet élément, la

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap.
IV,
p. 129-140.
2 Mémoire d'El Salvador, chap 7, Annexes,

p. 134-142.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 4.11,
p. 135-136.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 282-283.référence faite dans le contre-mémoire à la carte jointe

après le chapitre 7 de son mémoire mérite un commentaire
supplémentaire à la fin du sujet présentementtraité.

37. Il s'agit de la carte intitulée "Human Settlement

included in the Non Delimited Zones, El Salvador-Honduras
Frontier. Arcatao or Zazalapa" sur laquelle sont représentés

seize villages, "cantons" (cantones) et "métairies"
(caserios) compris à l'intérieur de deux lignes. La ligne

située le plus au Sud correspond, avecune marge de diverses
imprécisions,aux limites soutenues par le Honduras dansce

secteur de la frontière terrestreen litige. La ligne située
plus au Nord correspond aux limites revendiquées par El

Salvador.

On pourra observer que cette seconde ligne, del'ouest
à l'Est suit le cours de la rivière Pacacio jusqu'à sa

source puis, de là, elle va en ligne droite jusqu'à la
colline La Pintal; de là, en ligne droite, elle rejoint la

colline El Fraile et, de ce point, elle se prolonge jusqu'à
la source de la rivière Gualcuquin, continuant par ladite

rivière jusqu'àla Poza del Caj6n. Il ne s'agit certainement
pas du tracé des terres dlArcatao selon le titre de 1724,

mais la carte 6.3 du mémoire d'El Salvador montre que ces
terres ne comprennent que la partie centrale du secteur en

litige. C'est au contraire, la ligne décrite dans le
chapitre 6.71 du mémoire d'El Salvador, distincte de la

précédente, qui implique des prétentions territoriales plus
importantes. La référence aux "Human settlements" en

relation avec ladite ligne montre à l'évidence que son
unique fondementjuridique repose sur le recours de la part

d'El Salvador aux "effectivités". Section III. Le tracé de la ligne frontiPredans le secteur
en applicationde l'uti possidetis juris de 1821

38. Comme on vient de le montrer, les theses d'El
Salvador baséessur les "effectivités'et sur les "terresde

la Couronne" sont dépourvuesde fondement. Or, pour ce qui
est du véritable fondement en vue de la délimitation de la

frontière dans ce secteur, à savoir l'uti possidetisjuris
de 1821, il est nécessairede considérer l'application de ce

principe par les Parties, à la lumière des documents de
l'époque coloniale produitsde part et d'autre.

A cette fin, on examinera, en premier lieu, le tracé

salvadorien des limites des anciennesprovinces, basé sur le
titre dlArcatao de 1724 (A). En second lieu, le tracé

hondurien, justifié par différents titres de terres
antérieurs à 1821 (B). Ce qui permettra de formuler quelques

conclusions (C) sur les thèses des Parties.

A. LE TRACE SALVADORIENSELON LE TITRE
DES TERRES D'ARCATAO

39. Trois points méritent d'être signalés en ce qui

concerne l'applicationpar El Salvador de l'uti possidetis
iuriç. En premier lieu, l'unique document qu'il produit,le

titre de 1724, est insuffisant car il ne couvre pas la
totalité du secteur en litige(1). Mais, en second lieu, El

Salvador présente une interprétation erroné des limites des
terres d'Arcatao selon ledit titre (2). Enfin, lorsqu'il

compare ledit titre à ceux des terrains contigus produits
par le Honduras, il tente de déformer ou d'éluder les

données qui en dérivent (3). 1. Insuffisancedu titre d'Arcatao pour déterminer la

totalitéde la liqne frontière

40. Ainsi que la Cour le sait, El Salvador n'a produit ,
qu'un document antérieur à 1821 relativement à ce secteur de

la frontière terrestre: le titre de terres établien 1724 en
faveur de la communauté et des 'indigènesd .u village de San

Bartolomé d1~rcatao1. Il suffit d'observer les cartes 3.D et
3.E figurant dans le contre-mémoire salvadorien2 pour

pouvoir constater l'insuffisance dudit titre aux fins
d'application del'uti possidetis juris dans ce secteur; car

il ne se réfère qu'à une partie - la partie centrale - de ce
secteur.

Cette conclusion a déjà été exposée dans l'écrit

précédent du ond dura st^;elle a été reprise à la
section II du présent chapitre après avoir mis en évidence

la pluralité des tracés salvadoriens et leurs
contradictions.Par conséquent, il ne parait pas nécessaire

d'approfondir ce point, encore qu'ilconvienne de rappeler,
pour le moins, l'essentiel de cette conclusion concernant
les cartes salvadoriennes 3.D et 3.E.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.48, p. 70-71

et Annexes, vol. III, Annexe IV, p. 1-47.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. III, après les
pages 74 et 75.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 277-279 et 310-313. 41.' On pourra observer, en premier lieu, que la ligne
qui constitue - selon El Salvador - la "representationas a

whole of the common lands of Arcatao(1724)" ne coïncide, ni
par excès ni par défaut, avec la "frontierline supportedby

El Salvador''dans ses conclusions, c'est-à-dire avec la
ligne décriteau chapitre 6.71 du mémoire salvadorien et qui

se fonde sur un recours aux "effectivités" non justifié
d'après l'article26 du Traité Général de Paix de 1980.

Mais, en second lieu, il convient, en partant de cette
donnée, de tirer deux conséquencesimportantes. D'une part,

qu'il y a des contradictions entre les différents tracés
salvadoriens, dans la zone où la ligne du titre dlArcatao

outrepasse la "frontier line supported by El Salvador":
c'est-à-dire, selon la carte 3.D, dans la zone située au

Nord et à l'Est de la ligne qui va depuis "El Platanar"
jusqu'à des "monts très élevés". En second lieu - et cela

est très pertinent aux fins du présent paragraphe - qu'il y
a un "vide" de titres salvadoriens dansdeux zones étendues
du secteur en litige.

C'est en effetle cas à l'ouest, depuis le point où El

Salvador situe la "Quebrada Colomariguan"sur la carte 3.D
jusqu'a la borne Pacacio; et également à l'Est, depuis le

"Portillo Las Lagunetas" selon la même carte, jusqu'à la
borne Poza del Caj6n. Dans ces deux zones, par conséquent,
El Salvador ne peut pas prouver quelles étaient les limites

des anciennes provinces espagnolesen application de l'e
possidetis juris de 1821, ce qui contraste - comme on l'a

déjà indiqué à la section II du présent chapitre - avec les
titres de terres produits par le Honduras, titres qui

justifient amplement le tracé de la ligne frontière dans la
totalité dusecteur.2. El Salvador proposeune interprétationerronée des limites
des terres dlArcatao, selon le titre de 1724

42. Les terres dlArcatao ont été arpentées, dans la

partie qui intéresse le présent litige. le 10 août 1723,par
le sous-lieutenant José Gonzalez Batres, Juge sous-délégué

de l'arpentage des terres de San Salvador, San Miguel et
Villa de San vic6nte1. El Salvador, partant de la

description de cet arpentage - qu'il déformedélibérément en
certains points - présente une interprétation erronée des

limites de ces terrains, dont la représentation se trouve
sur les cartes 6.3 du mémoire et 6.111 du "Book of Maps" et
qu'il a reprise sur les cartes 3.D et 3.~ de son écrit

postérieur2.

L'interprétation erronée quefait El Salvador du titre
de 1724 a déjà été mise en évidencepar le Honduras dans son

écrit antérieur3. Cependant, il convient de rappeler les
trois secteurs où apparait clairement l'erreur

d'interprétation, étant donnéles omissions ou déformations
délibérées que contiennent les cartes salvadoriennes 3.D,

3.E et 3.F figurant dans le contre-mémoire. Ces secteurs
sont les suivants:

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe IV, p. 33-35, texte en castillan, p. 7-9, trad.
anglaise.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. III, après les

pages 74 et 75.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 289-293.- le premier secteur, celui situé à l'Est du ravin

Colomariguan selon la carte salvadorienne 3.D, où
El Salvador prétend que l'arpentagede 1723 s'est

poursuivi au Nord de la rivière ou torrent de
Sazalapa, jusqu'à quelques points appelés
Chupadero de Agua Caliente et Arboles de

Sicaguite, pour descendre ensuite, en direction
Sud, jusqu'à la rivièreou torrent de Sazalapa.

- le deuxième secteur, celui situé à l'Est du

précédent, où la ligne salvadorienne suit, après
la rivière de Sazalapa, le ravin de la Golondrina

vers le Nord pour bifurquer à l'Est et atteindre
le mont El Fraile ("some heighty hills") et, de

là, en ligne'droite et en direction Sud-Sud-Est
jusqu'au point où la carte 3.D situe le

"Portezuelo in Arcataguera Hill"; de là, elle
s'incurve en direction Sud-Sud-Ouest jusqu'au
point appelé "Sapo Hillock", pour continuer

ensuite, en ligne droite, jusqu'au Cerro Caracol
("Caraco1 Hill")et au "Ocotal Hill".

- Enfin, le troisième secteur, celui situé dans le

prolongement de "Ocotal Hill" la ligne se
poursuivant, selon l'interprétationd'El Salvador,

vers in mont sans nom ("unnamedhill") et, de là,
en ligne droite vers le "Portillodel Camino Real",

(col du Chemin Royal) et, après s'être incurvée en
directionOuest, vers lemont Lagunetas. Premier secteur: l'arpentaqe de 1723 ne dépasse

pas la liqne de la rivière Sazalapa

43. Comme on vient de l'indiquer, El Salvador prétend
que l'arpentage, à partir du "ravin de Colomariguan", s'est

poursuivi au Nord de la rivière Sazalapa, pour atteindre le
point dit "Chupadero del Agua Caliente' qu'il situe par

conséquent au Nord de ladite rivière; puis, de là, il
poursuivit vers l'Est jusqu'aux "Arboles de Sicaquite" et un
ravin, pour redescendre à la rivière Sazalapa. Mais le

passage pertinent de l'arpentage réalisé le 10 août 1723
stipule ce qui suit, après avoir mentionné le ravin de

Colomariguan:

"...puis, changeant de cap pour nous orienter Sud-
cordées, au arChupadero àde la Agua Caliente,trenen
étant venus par les crêtes du mont Colomariquan;
puis, changeant de cap pour nous orienter Ouest-
Est, après avoir traversé un ravin, nous primesun
étroit côteau, nous arrivâmes à quelques arbres
appelés Sigaguites; nous laissàmes des bornes de
pierre sur ladite colline,pour arriver à un petit
torrent - point jusqu'où nous comptâmes huit
cordées - qui descend à la rencontre de la rivière
Gualquire et Sazalapa; puis, en suivant la même
direction en amont du Sazalapa, en longeant la
limite de la province de Gracias a Dios et des
terres de l'Hacienda de sazalapal..." (souligné
par nous).

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe p. 33-34 texte espagnol; trad. anglaise p. 7-8. 44. En effet, si l'on tient compte des caps et

directions suivis par l'arpenteur, on observe que celui-ci
vint d'une direction "Sud-Nord" pour atteindre le Chupadero

del Agua Caliente; et, de là, changea de direction pour
aller "d'Ouest enEst", sans que soit indiqué aucun autre

chanqement de direction par la suite, car depuis les
"Arboles de Sicaguites" et le torrent qui descend. à la

rencontre des rivières de Gualquire et Sazalapa, l'arpentage
se poursuivit dans "la même direction", en amont de la
rivière Sazalapa.

Par conséquent, contrairement à ce que prétend El

Salvador, l'arpentage nes'est pas poursuivi en changeantde
direction pour s'orienter Nord-Sud,le long du torrent qui

"descend à la rencontre de la rivière Gualquire et
Sazalapa", et l'arpenteur, loin d'indiquer ce changement de

direction, déclare très clairement qu'il a continué en
suivant "la même direction" que celle prise depuis le

Chupadero del Agua Caliente, en amont de la rivière
Sazalapa, à savoir "d'Ouest en Est". Cela implique, en

somme. que les points indiqués dans l'arpentage - Chupadero
de Agua Caliente, Arboles de Sicaguites, ravin sans nom - ne

se trouventpas au Nord mais au Sud de la rivière Sazalapa.

45. Cette conclusion corrobore, face à

l'interprétation erronéed'El Salvador, d'autres données de
l'arpentage du 10 août 1723. Il convient d'observer, en

premier lieu, que si l'arpenteur avaittraversé la rivière
Sazalapa pour aller, en direction "Sud-Nord", au Chupadero

de Agua Caliente, il aurait clairementmentionné ce fait; il
est surprenant qu'il ne le fasse pas, alors qu'il indique

avec précision divers ravins et cours d'eau. En second lieu, le titre indique qu'on est arrivé au
Chupadero de Agua Caliente "...en étant venus par les crêtes

du mont Colomariguan".Mais sur la carte salvadorienne6.111
du "Book of Maps" annexé à son mémoire, ainsi que sur la

carte hondurienne, on peut constater qu'au Nord de la
rivière Sazalapa il n'existe aucune zone montagneuse;et les

"crêtes du mont Colomariguan" sont,par conséquent, au Sud
de ladite rivière, où nous trouvons effectivement une zone

de collines. Enfin, au Sud de la rivière Sazalapa, la même
carte salvadorienne 6.111 indique l'existence d'un lieu
dénommé "Sicahuites" - ou "Sicaquites" sur la carte

hondurienne 4.1 du contre-mémoire- ce qui permet de
déterminer la position des "arbres appelés Sicaguites"

auxquels se réfère l'arpentagede 1723.

46. En somme, le texte même du titre d'Arcatao de 1724
met en évidence le caractère erroné de l'interprétation

salvadorienne,car l'arpenteur n'a jamais traversé, vers le
Nord, la rivière Sazalapa, limite avec la province de

Gracias a Dios, et cette conclusion, commeon le verra par
la suite, est corroborée d'une part, par l'arpentage des

terres de l'Hacienda de Sazalapa, réalisé en 1741, et,
d'autre part, par les données de plusieurs documents

postérieurs A 1821.

bJ ~euxièke secteur: la limite des terres d'Arcatao
suit une liqne qui va de la rivière Sazalapa au

tripoint de Guanacaste

47. Dans ce deuxième secteur, commeon l'a dit, El
Salvador prétend que l'arpentage de 1723 suivait la rivière
Sazalapa pour continuer vers le Nord, au-delà de la borne

Poza de la Golondrina, par le ravin de la Golondrina, puis,en direction Est, jusqu'à un point qu'il situe sur le mont

El Fraile; puis, de là, en ligne droite et en direction
approximative Sud-Sud-Est, jusqu'au point où la carte 3.D

situe le "col de Arcataguera Hill", à partir de quoi la
direction change à nouveau, au Sud-Sud-Ouest,pour atteindre

le point où elle situe le mont du Sapo et, plus tard, en
ligne droite,le mont Caraco1 et le mont du Ocotal.

Or, le passage correspondantde l'arpentage du10 août

1723 stipulece qui suit:

"And followinq the same course upwaters the
Zasalapa, borderinq with the Province of Gracias a
Dios, which are lands of the Ranch of Zasalapa,
till getting to the top of some very hiqh hills.
where- theré is a ~uaiacaste tree,-a fross was
marked and a stony landmark built, and till there
the distance was of six cords.And changing the O
course £rom North to South, we were come by the
crest of a hi11 that has a Portezuelo through the
which passes the road that conduces to the city of
Gracias a Dios, the which hi11 is named
Arcataguera, and till the said hi11 there were
twentyfive cords,and from there 1 went across a
mountain's deephollow till the Sapohillock where
another stony landmark was placed, there having
been fifteen cords, and £rom there we arrived to
the Guanpo hillock, which is very high and another
landmark of Stones was built, and so far there
borderly to lands of San Juan de las catasl..s ."

(soulignépar nous).

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,

Annexe p. 33-34; trad. anglaise p. 8. 48. El Salvador déplace à nouveau, vers le Nord, les
lieux indiqués sur le titre d'Arcatao, sans respecter le

texte de la description. Cela apparaît clairement, en
premier lieu, lorsque l'on considère les capsou directions

de l'arpentage.

En effet, l'interprétation salvadorienne du titre de
1724 présupposeque l'arpenteur - qui longeaitles terres de

l'Hacienda de Sazalapa par la rivière du même nom et dans
"la même direction", "d'ouesten Est" - continua au-delà de
la Poza de la Golondrina, en suivant le torrent de la

Golondrina jusqu'à sa confluence avec un autre. Ce qui
suppose un changement de direction, vers le Nord, que

n'indique pas le titre dlArcatao. Puis, que l'arpenteur
changea de direction vers l'Est pour arriver à quelques

"monts très élevés où se trouve un arbre de Guanacaste",
changement de direction qui n'est pas non plus consigné sur

le titre. Selon la même interprétation, à partir dece point
il changea à nouveau de direction, dans le sensSud-Sud-Est,

pour aller au col de Arcataguera; et, aprèsun nouveau
changement de direction, dans le sens Sud-Sud-Ouest cette

fois, il poursuit jusqu'au mont El Sapo et, de là, au
Guampa, avec un dernier changement de direction, plus vers

le Sud. Or, le titre ne fait en aucune façon allusion à ces
trois derniers changements de direction de l'arpentage.

En somme, la ligne que réclame El Salvador dans ce
second secteur implique cinq chanqements de direction dans

l'arpentaqe avec des orientations diverses, depuis la
rivière Sazalapa.En revanche, le titre de 1724, comme on

vient de le voir, n'indique qu'un seul chanqement de
direction, du Nord au Sud, depuis les monts où se trouve

l'arbre de Guanacaste. Les points que le titre indique,après le Guanacaçte,se trouvent dans la même directiondu

Nord au Sud et non comme El Salvador les situe sur la
carte 3.D de son contre-mémoire.

49. En second lieu, le titre stipule que, depuis le

Guanacaste, l'arpentage "...jouxte les terres de San Juan de
la Catao...', point qui est repris plus loindans le texte1.

Cela met clairement en évidence l'erreur d'interprétation
d'El Salvador, comme on peut en juger sur la carte
salvadorienne3.D.

Celle-ci, de même que la 6.111 du "Book of Mapç", situe

très au Nord quelques "monts très élevés" qui sont ceuxde
l'arbre de Guanacaste selon le titre de 1724. Mais,

lorsqu'elle représente les terres de San Juan deLacatao, la
carte 3.D indique clairementque celles-ci rejoignent celles,

dlArcatao au point dit "mont El Platanar", point qui se
trouve beaucoup plus au Sud de .celui des "monts très

élevés". Cela entraîne évidemment une contradictiondans
l'interprétation salvadorienne du titre de 1724, car si

celui-ci stipule que les terres d'Arcatao jouxtent celles de
San Juan de Lacatao depuis.les "monts très élevés où se

trouve un arbre de Guanacaste",El Salvador se trouve obligé
de choisir entre deux choses: ou bien les terres de San Juan

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe, p. 35 texte espagnol: trad. anglaise,p. 9.de Lacatao arrivent jusqu'aux "monts très élevés''où la
carte 3.D les situe - ce qui n'est pas fait sur ladite

carte - ou.le Guanacaste est le "mont El Platanar", auquel
cas la localisation sur la carte 3.D des "monts très élevés"

est incorrecte et dément l'interprétation salvadorienne du
titre de 1724, avec pour conséquence que tous les points

indiqués sur le titre se trouvent au Sud du Guanacaste ou
Platanar.

50. En réalité, le second terme de l'alternative est

correct, car il correspond a l'information que reprend le
titre de 1724, à savoir que: "...depuis le Guanacaste
jusqu'à cet endroit nousavons longé des terres de San Juan

de Lacatao". Aussi bien sur la carte salvadorienne 3.D que
sur la carte hondurienne 4.1 du contre-mémoire, c'est le

point où jouxtent les terres de El Guanacaste ou El
Platanar.

Car cela est confirmé par une autre donnée importante,

à savoir que ce point est un tripoint depuis 1779, date à
laquelle eut lieu l'arpentage des terres de Colopele. Le

titre de Colopele stipule, en toute netteté, que l'arpenteur
est arrivé en direction Sud-Est:

"...jusqu'A un endroit appelé Guanacaste où se
trouve'une borne des terres concédées au village
d'Arcatao, où j'ai trouvé les habitants de ce
village avec leur titrel."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.5, p. 1895. Mais, de plus, le titre de Colopele détermine, avecune

égale netteté, la ligne qui va de la rivière Sazalapa au
Guanacaste. Il indique, en effet, que, en directionSud-Est,

on laissa à la droite de l'arpenteur les terres de
l'Hacienda de Sazalapa et "...on a continué en restant du

même côté des terres d'Arcatao jusqu'à ladite borne de
Guanacaste."

Troisième secteur: les limites des terres

dlArcatao coïncident avec cellesdes terres de San
Juan de Lacatao et de Gualcimaca

51. Dans ce secteur, ElSalvador prétend que la ligne

des terres dlArcatao se poursuit du mont "El Platanar" au
"mont El Caracol" et, de là, au mont du Ocotal, en direction

générale Nord-Sud; puis, changeant de direction pour
s'orienter Sud-Sud-Est,elle continue vers un "mont sans

nom" et, après un léger changement de direction, plus au
Sud, vers le "col du Chemin Royal"; et de ce point, en

changeant de direction pour s'orienter vers l'Ouest, elle
continue vers le "col Las Lagunetas".

Le passage correspondantdu titre dlArcatao de 1724 a
déjà été partiellementcité dans le second secteur, mais il

convient de le restituer dans son intégralité, car il
stipule ce qui sùit, à partir duGuanacasteou Platanar:

"And changing the course from North to South, we
were come by the crest of a hi11 that has a
Portezuelo through the which passes the road that
conduces to the city of Gracias a Dios, the which
hi11 is named Arcataquera, and till the said hi11
there were twentyfive cords, and £rom there 1 went
across a mountain's deep hollow till the Çapq
hillock where another stony landmark was placed,
there having been fifteen cords, and £rom there we arrived to the Guanpo hillock, which is very high
and another landmark of Stones was built, and so
far there were tencords, and it is to know that
it is borderly to lands of San Juan de las Catas,
and followinq the same course we reached with
twentyfive cords some white talpetates, whichare
visible from alittle indigo factorythat belongs
to Juan de Lemus and which hassome people, in the
lands of the Ranch of Las Catas, at the other side
of a little dry gorge that goes from South to
North, and it is to know that the white talpetates
are used as landmarks, and are in a depressionof
the plain where two landmarks werp elaced on, and
from there we went straight to the summit of the
Caraco1 hi11 and till that hi11 there were fifteen
cords. And with the same route from North to
South, we were arrived tothe ocotal that is on
top of that hill, and we did it with twentyfive
cords, and chanqinq the course £rom the West to
the East with tencords we reached a bill on whose
top we found an old stony landmark,and thaishi11
divides the two jurisdictions, the one of San
Salvador fromthat of Gracias a Dios; and chanqinq
aqain the course £rom North to South, we reached
with twenty cords a Portillo throuqh the which
goes the Camino Real. The which Portillo has to
its East side a quite highty hill, which is the
one of Guanacaste, and till this passage we have
been bordering'the lands of San Juan Las Catas,
which belong to theCaptain don Ramon Perdomo, and
bordered thee landse of the HaciendaWestNombre de
Jesis, in the jurisdiction of the city of San
~alvadorl..."(soulignépar nous).

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
p. 34-35 texte espagnol;la traduction anglaisep. 8-9 est
incorrecte sur plusieurs points: elle fait allusioau
"Ranch of Las Catas' et à "the lands of San Juan Las Catas;
elle identifie mal "theocotal" en employant l'expression
"on top of that hill"; et elle déforme un passage en disant
que "the which Portillo has to its East side a quite heighty
hill, which is the one of Guanacaste, and til this
passaqe..." alors que le texte espagnol dit "du Guanacaste
jusqu'à cet endroit..."(soulignépar nous). 52. Il ressort de l'examen du second secteur que le

Guanacaste s'identifie avec le "mont El Platanar" et avec la
localisation qu'indiquentla carte salvadorienne 3.D comme
la carte hondurienne 4.1; et, par conséquent, tous les

points qui sont décritspar la suite se trouvent au Sud du
Guanacaste ou Platanar. Ce qui prouve, en soi, le caractère

erroné de l'interprétationque fait El Salvador du titre
d'Arcatao dans ce secteur.

Mais en outre, ainsi que le Honduras l'a mis en
évidence dans son contre-mémoire, l'interprétation d'El

Salvador est inexacte quant aux donnéesque fournissent les
limites des terres de San Juande Lacatao - arpentages de

1766 et 1786 - et en particulier les limites des terres de
Gualcimaca - arpentage de 176g1 -. Sans préjudice de cet
examen qui sera effectué plus loin, il est intéressantde

mentionner iciquelques éléments.

- au Sud du Guanacaste ou El Platanar, les terres

dtArcatao et celles de San Juan de Lacatao sont
contiguës sur une certaine étendue, selon une

orientation généraleNord-Sud.

- il existe un second tripoint constitué par les

limites des terres dlArcatao, San Juan de Lacatao

de ~ualcimacaet situé sur le mont de Arcataguera.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 293-309. - à partir du tripoint et en direction générale Sud,
il y a coïncidence parfaiteentre les limites

d'Arcatao et des terres de Gualcimaca, le titre de
ces dernières identifiant diverses bornes des

terres dlArcatao. Ce qui exclut l'absorptiondes
terres de Gualcimaca dans celles d'Arcatao, ainsi

que le représentent les cartes salvadoriennes3.D
et 6.111.

- enfin, il y a un autre point à l'extrême Sud du
secteur, où les terres de Gualcimacacoïncident

avec celles d'Arcatao et Nombre de Jesus; car,
selon l'arpentagede Gualcimaca en1769, il existe

une borne à Las Lagunetas "...qui est la dernière
dtArcatao et la première de Nombre de Jesus".

3.El Salvadorpasse sous silenceou tente de déformer les

éléments fournispar les titres honduriens et relatifs
aux terres contiquës A celles dlArcatao

53. Au paragraphe précédent,on a mis en évidence le

fait que l'interprétation salvadorienne des limites des
terres dlArcatao était contraire aux termes mêmes du titre

d'"ejidos" de 1724, unique document antérieur à 1821 produit
par El Salvador. Mais en outre, son erreur d'interprétation
est corroborée'par les données que fournissent les divers

titres honduriens des terres jouxtant celles d1Arcatao,
titres qui sont postérieurs à celui de 1724 et, par

conséquent, se réfèrent nécessairement aux limitesdes
terres dtArcatao en les précisant. Devant cette grande difficulté rencontrée dans sa
thèse. ET Salvador a recouru dans son contre-mémoire à

divers expédients. D'une part, ainsi qu'on l'a déjà
préalablement exposé1, il tente de réduire la force probante

des titres hondurienspar la distinction entre "forma1 title
deed to common" - celui dlArcatao de 1724 - et simples

"title deed to proprietary interest in land", les titres
honduriens. Mais cette distinction, outreson inexactitude,
constitue une confession indirecte du poids que possèdent

les éléments produits par le Honduras pour l'applicationde
l'uti possidetis juris de 1821.

D'autre part, El Salvador passe sous silence ou tente

de déformer, à son profit, les éléments figurantdans les
divers titres honduriens, auxquels il ne fait que des

références partiales2. Cela se reflète aussi, très
clairement dans les cartes salvadoriennes3.D et 3.F qui

sont significatives de ces silences ou déformations de la
réalité3. Ce second aspect de la position salvadorienne sera
mis en relief plus loin, dans le cadre des différents titres

produits par le Honduras.

1 Réplique du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 281 et
suiv.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.52-3.62,
p. 72-79.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. III, aprPs les
pages 74-78. 54. Comme on peut en juger sur la carte 4.1 du contre-
mémoire du ~ondurasl, à partir dupoint extrémedu'çecteur à
l'Ouest, la borne de Pacacio, les limites des anciennes

provinces en 1821 peuvent être déterminéespar les données
que fournissent les titres honduriens de San Juan El

Chapulin de 1766 et de Concepcion de las Cuevas de 1741,
suivis par celui de l'Haciendade Sazalapa de 1746.

El Salvador passe sous silence les limites de terreç

des deux premiers titres, auxquels il ne fait allusion que
pour affirmer que:

"...in neither of theçe titles were the
inhabitants ofArcatao either citedor present and
as a result these title deeds did not fix the
juriçdictional boundaries of the two provinces2."

en renvoyant à la carte 3.F. Mais l'argument utilisépar El
Salvador pour tenter de réduire la force probantedes titres

honduriens est surprenant. Si l'on observe la carte
salvadorienne 3.F, on pourra constaterque - outre qu'elle

déforme les limites de terres de San Juan El Chapulin - elle
ne représente pas les limites des terreç de Concepcion de

las Cuevas ni celles des terres dlArcatao, conformément à
son interprétationdu titre de 1724. La seconde omission,en
vérité, est délibérée;en effet, selon El Salvador, leç

1 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VIII, en
regar,dde la page 260.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.61,
p. 78-79.terres d'Arcatao ne jouxtent pas celles de San Juan El
Chapulin ni celles de Concepcion de las Cuevas, puisqu'il

existe un "vide" de titres salvadoriens dans ce secteur,
ainsi qu'on peut en juger sur la carte hondurienne4.1. Par

conséquent, s'il n'y avait pas contiguïté, les habitants
dlArcatao pouvaient difficilement être cités lorsque furent

arpentées les terres de San Juan El Chapulin ou de
Concepcion de las Cuevas; de sorte que l'argument

salvadorien est contraire à la réalité historiqueet entre
en contradiction avec sa propre interprétation du titre

d4Arcatao.

55. En ce qui concerne le titre hondurien de
l'Haciendade Sazalapa de 1741 et celui de Colopele de 1779,

il convient de signaler plusieurs éléments significatifs
dans la position défendue par El Salvador dans son contre-
mémoire et sur la carte 3.F y figurant1.

En premier lieu, lorsqu'il se réfère au titre hondurien

de Colopele, El Salvador cite un passage du titre dlArcatao
de 1724 dont la traduction anglaise - différente de celle

qui figure dans les annexes2 - déforme délibérément le texte
orisinal. D'une part, elle remplace l'expression "upwaters

the Zazalapa", à savoir: en amont de la rivière,par "above

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.60, p. 78 et
chap. 3.59, p. 77-78.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
p. 8.Zazalapa"; d'autre part, au lieu d'indiquer, comme le fait
le document de 1724, que l'arpenteur allait "bordering with

the province of Gracias a Dios", sur la rivière Sazalapa,
elle remplace par "which has a boundarywith the province of
Gracias a ~iosl", et se fondant sur cette déformation du

texte, elle conclut que le titre de Colopele confirme la
"projectionvers le Nord' des terres d'Arcatao.

"...which extends as far as the confluence of the
river Gualquire and Zazalapa and above the river
Zazalapa has a boundary with the lands of the
Hacienda of that nameL" (soulignépar nous).

56. En second lieu, la Cour observera que sur sa
carte 3.F. El Salvador évite délibérément de représenter

aussi bien les limites des terres d'Arcatao que celles de
l'Hacienda de Sazalapa, bien qu'il soutienne qLie le titre

hondurien de 1746 relatif aux secondes constitue "...a
further confirmation of the projection towards the North of
the Forma1 Title Deed to the Commons of ~rcatao~".

Mais l'explicationen est très simple: ainsi qu'on peut

en juger sur la carte hondurienne 4.1 du contre-mémoire,
l'Hacienda de Sazalapacommence plus A l'Ouest des terres

dlArcataor selon l'interprétationque fait El Salvador du
titre de 1724; car le titre hondurien de 1746 indique que
l'arpenteurarriva à la rivière de Sazalapa puisalla "...en

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.59, p. 77.

2 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.59, p. 78.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.60, p. 78.remontant le ravin en question de Sazalapa" jusqu'enun lieu

où il commença "à suivre la limite avec les terres des
habitants du village d'ArcataoU. Ld il les rencontra "...et

ils ont dit que le ravin en question - Sazalapa -
constituait la limite et la division des terres";

l'arpenteur continua "...en suivant la limite de ces terres
qui sont de la juridictionde San salvadorl".

Il est clair qu'El Salvador omet les données qui
précèdent. Celles-ci mettent en évidence,comme le titre

même d'Arcatao, que les arpentages de 1723 et 1741,
effectués selon une orientation générale Ouest-Est, n'ont

jamais traverséla rivière de Sazalapa, limite des anciennes
provinces et des terres d'Arcatao et de l'Hacienda de

Sazalapa.

57. En troisième lieu, lorsqu'il se réfère au titre
hondurien de Colopele de 1779, El Salvador reconnaît qu'il

est mentionné dans l'arpentage de ces terres que "...the
boundary marker of Guanacaste where the inhabitants of

Arcatao with their title deed were waiting"; et que cela
concorde avecce qui est dit dans le titred1~rcatao2.Mais

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.2, p. 1832; contre-mémoiredu Honduras, vol. 1,
chap. VIII, p. 295-296.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.59, p. 77.il passe sous silence le faitque le Guanacaste ou Platanar
est également contigu avec les terres de San Juan de

Lacatao, ainsi que le Honduras l'a montré1.

Or, sur la carte salvadorienne 3.F., sont représentées
- avec diverses erreurs - les limites des terres de

Colopele, bien sue soient omises celles dlArcatao. Il est
significatif que l'extrême Sud de cette carte 3.F. indique

"mont éminent. Site Guanacaste" enun lieu qui coïncide avec
l'indication,sur la carte 3.D, du "mont El Platanar". Ainsi

donc, si le Guanacaste se trouve, comme l'admet El Salvador,
à l'extrême Sud des terres de Colopele et jouxte celles de

San Juan de Lacatao,il ne peut soutenir en même temps que
sa localisation se trouve beaucoup plus au Nord, là ou il

situe "some heighty hills' sur la carte 6.111 ou "monts très
élevés" sur la carte 3.D. Si le Guanacaste ou Platanar

constitue la limite des terres dlArcatao, celles-ci ne
peuvent logiquement pas s'étendre plus au Nord, sur celles
de Colopele, ainsi que le prétend l'interprétaiton

salvadorienne du titre dlArcatao, selon les cartes 3.D et
6.111 ou 6.3.

58. En ce qui concerne les titres honduriens des

terres de San Juan de Lacatao, qui furent arpentées en 1766
et 1786, il convient de signaler en premier lieuque la

représentationgraphique figurant sur la carte salvadorienne
3.Dne se réfère qu'au premier arpentage,celui de 1766,et

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 297-300.omet le second. Maisen outre, la carte 3.D ne correspond ni

aux données contenuesdans les documents de 1766 et 1786 ni
à celles du titre même dtArcatao de 1724; il convient de

tenir compte, d'une part, que selon ladite carte les terres
de Lacatao et celles d'Arcatao ne sont pas contiguës au Sud
du "montEl Platanar" alorsque tous les documents indiquent

clairement le contraire; d'autre part,que les limites de
Lacatao, au Sud, sont fixées sur la rivière Gualcuquin ou

Los Amates, alors que les documents honduriens - qui se
réfèrent longuement à un litige avec le propriétaire de

l'Hacienda salvadorienne de Nombre de ~esusl - permettent
d'établir les limites réelles, beaucoup plusau Sud de

ladite rivière.

En second lieu, devant l'évidenceque fournissent les
documents honduriens, El Salvador se réfugie dans un curieux

argument: lanon reconnaissancedes bornes indiquées sur les
titre de Lacatao de 1766 et 1786 par les habitants

d1~rcatao2. Et, entraîné par cet argument, en ce qui
concerne les limites des terres de Nombre de Jesus et de
Lacatao, El Salvador en vient à affirmer qu'on doit exclure

la reconnaissancedu col de Las Lagunetas effectuée par le
propriétairede Nombre de Jesus, attendu que "...thisSimon

1 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe IV.3,
p. 161-163.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.52,
p. 72-73.de Amaya in fact had nothing whatever to do with the
authoritieç of the communitiesof ~rcataol."

Enfin, El Salvador recourt à une omission dans le texte

de l'arpentage de Lacataode 1786 pour soutenir que la borne
qui séparait les terres d'Arcatao de celles de Lacatao

"...was situated in a mountainous area"; etil conclut en
affirmant que les terres d'Arcatao "extended as far as this

mountainous area towards the north, exactly as is claimed by
El ~alvador2.' Mais le passage de l'arpentage deGualcimaca

cité dans le contre-mémoire d'ElSalvador est incomplet car
il omet, par des points de suspension qu'il s'agit d'une

borne de Gualcimaca. au centre du secteur en litige et non
au Nord. Le texte complet, avec les paragraphes qui

précèdent et ceux qui suivent celui cité par El Salvador,
est le suivant:

I..et en changeant de direction une cinquième
fois de 20 degrés du nord au nord-est, et on a
procédé aux mesures vers une montagne escarpée
dont la base se trouve à la limite des terres de
Gualcimaca, propriété de Laureano Serrano qui
.accompagnait les arpenteurs dans cette partie des
mesures, et en continuantdans cette directionon
a commencé à monter cette montagne, et l'on est
arrivé à son sommet et on a continué à faire les
mesures jusqu'à trouver d'autres bornes de
Gualcimaca, où se trouvent celles qui divisent les
terreS.de Arcatao, village de la juridiction de
San Salvador et celles que l'on mesure et à cette

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.53, p. 73.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.55,

p. 74-75. de ce village dont la limite se trouve vers laants
frontière à gauche des terres de ce village, en
suivant un chemin royal dénommé de los Trigueros,
jusqu'à arriver à un champ de canne à sucre où se
terminent les terres de ce village et où commence
la frontière avec celle du village de ~uarital..."
(souligné par nous) (le premier souligné est le
texte omis par El Salvador).

Ainsi que le montre nettement ce texte du document de

1786, l'arpenteur de Lacatao avançait en direction Nord et
Nord-Est en longeant les terres de Gualcimaca; il arrive à

une borne, où se trouvaient les habitants dlArcatao et qui
est le tripoint du mont dlArcataguera,où se touchent les

terres dlArcatao, Lacatao et Gualcimaca.Puis, laissant à sa
gauche les terres d'Arcatao, l'arpenteur arrive au point où

coïncident les terres dlArcatao, Lacatao et Colopele,
celles-ci étant propriété de la communauté de Guarita,

c'est-à-dire au tripoint d1Arcataguera ou El Platanar . Par
conséquent, lorsqu'il se réfère au triooint du Guanacaste,

le passage qu'invoque El Salvador, loin de prouver la
"projection vers le Nord" des terres d'Arcatao, la réduit

clairement, à son préjudice. Ce qui met en évidence le
manque de rigueur de la thèse salvadorienne.

59. Enfin, en ce qui concerne le titre honduriende

Gualcimaca de 1783, El Salvador se voit obligé de
reconnaître divers éléments qui sont contraires à son

interprétationdu titre de terresd'hrcatao.Ce qui peut

Contre-mémoire du Honduras, Annexes,Annexe IV.3,
p. 164.expliquer que ni la carte 3.D ni la 3.F ne représentent les
limites des terres de Gualcimaca conformémenr à ce document
antérieur à 1821.

Ainsi, en premier lieu, El Salvador admet l'existence

d'une borne "...which constitutes the tripartite boundary
between the jurisdictions (sic) of Gualcimaca, San Juan de

Lacatao and ~rcataol"; c'est-à-dire le tripoint du mont de
Ar,cataguera.En second lieu, bien qu'il déclare que la

localisation de certaines bornes indiquées sur le titre de
Gualcimaca "...presents some difficulties",il reconnaît un

fait mis en évidence par le ond dura s ^,voir:

"In general terms it can be said that some of its
boundary markers coincide with the boundary
markers O£ the Forma1 Title Deed to The Common of
San Bartolomé Arcatao.. . examples are the Cerro El
Sapo, the Cerro Guanpa, the Cerro Caraco1 and the
Cerro El 0cotillo3."

Enfin, El Salvador affirme que l'arpentage de

Gualcimaca "...reached a place called La Laguneta, which
constituted the final boundary marker dividing Arcatao and

~ualcimaca4."

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.57,p. 75.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 301-306.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.57,
p. 75-76.

4 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.57,p. 76. Par conséquent, El Salvador ne peut, à partir de ces

affirmations, soutenir l'inexistence des terres de
Gualcimaca - comme il le fait sur les cartes 6.3 et 6.111 -

car celles dlArcatao les jouxtent,ainsi que l'a reconnu El
Salvador. Par conséquent, il est indirectement admis que

l'interprétation salvadorienne du titre dtArcatao de 1724
est erronée, étant donnéla localisation géographiquede la

zone de Gualcimaca,indiqué& sur la carte 3.D elle-même d'El
Salvador.

B. LES LIMITES DES ANCIENNES PROVINCES SELON LES

' DOCUMENTS ANTERIEURS A 1821

60. Pour déterminer quelles sont les limites des
anciennes provinces espagnoles, il est nécessaired'examiner

tous les documents antérieurs à 1821 qui se réfèrent à ce
secteur en litige, y compris le titre salvadoriend'Arcatao

de 1724. A cet effet, on indiquera, dans le sens-Ouest-Est,
différents sous-secteursentre certains points pertinents

pour la délimitation, à partir de la borne Pacacio,et par
l'examen des divers titres de terres, on mettra en évidence

l'exactitude du tracé hondurien en accord avec l'&
possidetis juris de 1821.

Ce tracé est celui préconisé dans les conclusions du

~ondurasl, et sa représentation cartographique figure sur la
carte 4.1 du contre-mémoire2,ainsi que sur la carte 111.1

en regard de la page 352de la présente Réplique.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions
A.3, p. 732-733.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VIII, en
regard de la page 260. 1. De la borne Pacacioà la borne Poza de la Golondrina
sur le rivière Sazalapa

61. Afin de mieux préciser les limites et leur

fondement documentaire, on considèrera séparément deux
parties à l'intérieur de ce sous-secteur, dans le sens

général Ouest-Est.La première est celle comprise entrela
borne Pacacio et la borne de Poza del Toro, dont les limites
sont déterminées conformément aux titres hondurien de San

Juan de Chapulin et de Concepcion de las Cuevas (a). La
seconde va de la borne de Poza del Toro jusquà laborne Poza

de la Golondrina, le long de la rivière Sazalapa, limite
déterminée sur les titres honduriens de l'Hacienda de

Sazalapa et de Colopele, ainsique sur le titre salvadorien
d4Arcatao (b).

a De la borne Pacacioà la borne Poza del Tor0

62. Comme on l'a mis en évidence, El Salvador n'a

produit aucun document antérieurà 1821 qui se réfère à
cette partie du secteur. D'autre part, face aux titres

honduriens de San Juan de Chapulin de 1766 et de Concepcion
de las Cuevasde 1741, il a tenté, en premisr lieu, de leur

dénier toute pertinence; et, en second lieu,de déformer la
réalité. car la carte salvadorienne3.F déforme les limites

du premier et, de même, omet les limites de terres du
second, de même que celles des terres d'~rcatao1.

Réplique du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 302 et
suiv. 63. Or, en ce qui concerne le tracé de la frontière
dans cette partie du secteur, il faut partir d'unedonnée de

base, à savoir que, dans l'article 16 du Traité Général de
Paix de 1980, El Salvador a reconnuque la frontière entre

les deux Républiques passait par la rivière Sumpul "....en
aval de cette rivière jusqu'à sa confluenceavec la rivière

Pacacio" et qu'elle continuait "de ce point, en amont de la
rivière Pacacio jusqu'à la borne de Pacacio, qui se trouve

sur la rivièremêmel" (soulignépar nous).

La portion comprise entrela rivière Sumpul et la borne
de Pacacio est significative. En effet, non seulementelle
indique l'orientation générale de la frontière mais elle

coïncide avec leslimites de San Juan de Chapulin, ainsi que
le reconnaît la carte salvadorienne 3.F. Mais en outre,

l'arpentage de ces terres, effectué le7 octobre 1761,
indique qu'on longeait, à partir d'une grande colline, les

terres de Las Cuevas, à l'Est, en direction Sud; puis, on
changea de direction vers, l'Ouest, en allant "...par un

ravin et nous sommes arrivés à un ruisseau que nous avons
descendu jusqu'à la jonction avec la rivière Grande de

sumpui*."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe IV.1.55, p.809-821.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.3, p. 1846 et contre-mémoire du Honduras,
carte 4.1, p. 260. 64. Les terres de San Juan de Chapulin jouxtent, à

l'Est, celles de Concepcion de las Cuevas; et lesunes et
les autres jouxtent, au Sud, celles de Santa Lucia, de la

juridiction de San Salvador, ainsi que le stipulent les
titres de celles-ci (San Juan de Chapulin).

L'arpentage des terres de Concepcion de las Cuevas,
effectué le 2 décembre 1719, permet d'identifier clairement

leur limite orientale "...la rivière appelée Gualcinga"; et
cette rivière les sépare des terres de l'Hacienda de

Sazalapa. Mais il stipule également qu'un ravin appelé La
Puerta servait de borne "...à cet endroit -Concepcion de

las Cuevas - et à l'endroit appelé Santa ~ucial." On a déjà
dit qu'El Salvador ne représente pas cartographiquementles
limites des terres de Concepcion de las Cuevas;et les mêmes

raisons l'ont sans doute obligé à ne pas le faire pour
celles des terres de Santa Lucia, dont il.passe sous silence

le titrede terres.

bJ La limite de la rivière Sazalapa,de la borne Poza
del Toro & la borne Poza de la Golondrina

65. L'arpentage des terres de l'Hacienda de Sazalapa
eut lieu le 18 septembre 17412, c'est-à-direpostérieurement

à l'arpentage des terres dlArcatao, effectué en 1723. El
Salvador - recourant même à une déformation du texte, comme

on l'a dit - tente de nier les données concluantesque

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.1.1., p. 1820.
2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.1.2., p. 1831-1833.fournit ledit arpentage de 1741 par rapport a son

interprétation erronéedes limites de terres dtArcatao; et, .
d'autre part, il tente d'éluder cette .évidenceen omettant

la représentation cartographique des deux titres sur la
carte 3.F.

Or, il est intéressant de souligner au moins quatre

points, dans le titre de l'Hacienda de Sazalapa, afin de
déterminer les limites des anciennes provinces dans ce

secteur. En premier lieu,signalons que, avantde procéder à
l'arpentage, les habitantsd'Arcatao furent cités en tant

que voisins. Ceux-ci déclarèrent très nettement "...qu'il
n'y a pas de contradiction entre lesinesureç"l.En second

lieu, l'arpentage détermine, sans aucun doutepossible. que
la limite occidentale de l'Hacienda de Sazalapa était la

rivière Gualcinqa, rivière qui peut être localisée sur la
carte hondurienne4.1 du contre-mémoirecomme sur la carte

salvadorienne 6.111 du "Book of Maps". L'arpentage de 1741
mentionne à quatre reprises "la rivière~ua1cinga"Z.

Cet élément est relié à un troisième, à savoir que

l'arpentage commençaen un point parfaitement déterminable
"...un endroit appelé Lagartera, où un ravin dénommé
Sazalapa rejointla rivière Gualcinga". Ce point est repris

à la fin de l'arpentage, lorsqu'il est dit que "...on a
retrouvéle début qui se trouve à la jonctionde la rivière

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.2., p. 1830.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexes X.1.2, p..1832.en question - Gualcinga - et du ravin de sazalapal." Si l'on
observe la carte salvadorienne 6.111 du "Book of Maps" à

partir de cette donnée, on peut en déduire une conclusion
importante, à savoir que, entre le point où le Gualcinga se

jette dans le Sazalapa et le point où El Salvador situe son
tracé vers le Nord, au-delà de la rivière Sazalapa, il y a

une distance d'environtrois kilomètres.

66. Cette conclusion permet d'entrer enfin dans le
déroulement de l'arpentage de 1741. En effet, le document

indique que, à partir de la confluence des rivières
Gualcinga et Sazalapa:

"...l'arpenteura commencé à tendre la corde et en
présence des témoins, il a continué de l'ouest
vers l'Est en remontant le ravin en question de
Sazalapa à l'embouchure duquel il a traversé une
plaine accidentée" (souligné par nous).

car c'est là que se trouvent les contreforts de la "Loma
Alta" selon la carte salvadorienne 6.111. Après le texte

précédemmentcité, le document ajoute qu'ensuite:

"...l'on a commencé à suivre la limite avec les
terres des habitants du village de Arcatao où nous
avons rencontré ces habitantset ils ont dit que
le ravin en question - Sazalapa - constituait la
1imite.et la division des terres,et en suivant la

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.2, p. 1832. limite de ces terres qui sontde la juridictionde
San Salvador, on a continué jusqu'à arriver à la
jonction d'un petit ravin appelé Platanar avec I
celui de sazalapal..."

Ainsi que la Cour l'aura observé, l'arpentage de 1741

est un texte clair et précis: il en ressort deux conclusions
fondamentales.En premier lieu, que l'arpenteur, à partir de

la confluence de la rivière Gualsinga avec la rivière
Sazalapa, a suivi cette dernière en amont, dans le çenç
Ouest-Est, sans chanqer de direction A aucun moment. En

second lieu, que ladite rivière de Sazalapa séparait non
seulement les terres d'Arcatao de celles de l'Hacienda de

Sazalapa, mais aussi les provinces de San Salvador et de
Gracias a Dios. Il est clair que les deux conclusions

mettent en évidence le caractPre erroné de l'interprétation
que fait El Salvador de l'arpentagedes terres d'Arcatao en

1723. A cette .occasion, il convient de le répéter,
l'arpenteur allait également, comme en 1741, "d'ouest en

Est"; il arriva à un petit torrent qui se trouve avec les
rivières Gualquire et Sazalapa "...et en suivant la même

direction en amontdu Zazalapa, en lonqeant la province de
Gracias a Dios, qui sont les terres de l'Hacienda de

Zazalapa...", il continua pour arriver au montélevé où il y
avait un arbre de ~uanacaste~.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.2., p. 1832.
2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,

p. 8. 2. De la borne Poza de la Golondrinaau Guanacaste

ou El Platanar

67. On examinera, d'une part, letracé de la ligne
depuis la rivière de Sazalapa jusqu'à la borne de Guanacaste

ou El Platanar (a), selon le titre de Colopele de 1779.
D'autre part, le tripoint de Guanacaste ou El Platanar,

déterminé par ledit document ainsi que par les titres de
terres dlArcataoet de San Juan de Lacatao (b).

a De la riviPre SazalapaA la borne du Guanacaste ou
El Platanar

68. Ainsi qu'on l'a indiqué, El Salvador propose, sur

sa carte 3.F, une représentationcartographique des terres
de Colopele, arpentées en 1779, bien qu'il omette

délibérément les limites des terres de l'Hacienda de
Sazalapa et des terres dlArcatao. Bien que la représentation

de la carte 3.F soit incorrecte sur diverspoints, elle
permet d'apprécier, d'unepart, que la limite occidentale
des terres de Colopele suit une orientation générale Sud-

Est. D'autre part, elle indique, à l'extrême Suddes terres
de Colopele, un point dénommé, selon El Salvador, "Mont

Eminent. Site de Guanacaste", le contre-mémoire d'El
Salvador ayant reconnuque la borne du Guanacaste était la

limite entre le; terres dtArcatao et de colopele1.

1 contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.59, p. 77. 69. La communauté indigène deGuarita avait arpenté en

1775 ses terres, situées au Nord de celles de San Juan de
Chapulin et de San ~ablol. Quatre ans plus tard, en 1779,

ils demandèrent que d'autres terres leur soient arpentées,
dans le voisinage d'un endroit dénommé "vieux villagede

Colopele", terres qui étaient devenues "terres de la
Couronne" ou 'friches"après l'extinctiondudit village2.

Ce point est déterminé par une enquête auprès de
témoins qui affirment en outre que les terres de Colopele

étaient "...voisines des endroits dénommés Sazalapa,
Arcatao, village d'Indiens, San Juan de ~acatao~. .." et,

après la citation des habitantslimitrophes et l'inspection
de visu des terres, on pratiqua l'arpentage, le

11 mars 1779, sur ordre du Juge sous-délégué des terres de
Gracias a Dios, Manuel de castro4. Aux fins de détermination

de la frontièredans cette partie du secteur, l'arpentagede
Colopele révèle deux faits importants:

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.4., p. 1858.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.4., p. 1884-1886.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.4., p. 1866-1888.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
IV,
Annexe X.1.4., p. 1888-1894. En premier lieu, l'orientationqénérale Sud-Est de la
limite occidentale des terres de Colopele. En effet,

l'arpentage commença sur les rives de la rivière Gualcinga
pour longer les terres de l'Hacienda de Sazalapa avec une

orientation "Est-Sud-Est"; et, en arrivant à la seconde
borne de ces terres, on changea de directionpour s'orienter

"au Sud-Est", en poursuivant"en ligne droite" par divers
points "...jusqulà un endroit appeléGuanacaste où se trouve
une borne des terres concédées au village de ~rcataol.. ." En

second lieu, après avoir cessé de longer les terres de
Sazalapa, on commença à lonqer les terres de Arcatao en

allant en direction Sud-Est, car, ainsi que le dit
clairement le texte de ce document:

"...Et après avoir continué jusqu'à ce ravin 4
droite des terres de Sazalapa, on a continué
restant du mëme côté des terres dlArcatao jusqu'à
ladite borne du ~uanacaste2...' (souligné par
nous).

Par conséquent, l'arpentage de Colopele de 1779,
conjointement à celui de l'Hacienda de Sazalapa de 1741,

permet d'établirque la ligne séparative entre les anciennes
provinces de Gracias a Dios et de San Salvador suivait la

rivière Sazalapa et, à partir d'un point situé sur ladite
rivière - identifiable à la borne de Poza de la Golondrina -

1 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.4., p. 1895.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.4., p. 1895.elle continuait en ligne droite, en direction Sud-Est,

jusqu'à la borne de Guanacaste. Ce qui, comme on l'a dit
auparavant, met en évidence l'erreur d'interprétationd'El

Salvador en ce qui concerne les limites d'Arcatao,
représentées surses cartes 6.111 et 6.3.

Le tripointdu Guanacaste ou El Platanar

70. La borne du Guanacaste est indiquée sur le titre
d'Arcatao de 1724, comme le lieu "...where there is a

Guanacaste treeU1 en précisant plus avantque "depuis le
Guanacaste" on longeait des terres de l'Haciendade San Juan

de ~acatao2. Dans l'arpentage de San Juan de Lacatao de
1776, il est fait allusion à un "...coteau qu'on appelle
Platanar" au sommet duquel "...se trouvaientle maire et les

habitants de San Bartolomé Arcatas"et ils déclarèrent que
"...cet endroit était la limite de leursterres3."

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
p. 8 trad. anglaise.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
p. 35; le texte espagnol dit que "...et il faut savoir que
depuis le Guanacaste jusqu'à cet endroit, nous avons longé
les terres de San Juan la Catao.. .". La traduction anglaise
de la page 9 est incorrecte.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.7, p. 1988. D'autre part, ainsi qu'on vient de l'indiquer,
l'arpentage de Colopele de 1779 se réfère également au

Guanacaste. Maisce document ajoute que depuis leditpoint:

"...on a changé de direction en se dirigeant
d'après la boussole versle Nord Est et on a tendu
la corde sur un chemin royal qui vient du village
de Arcatao en allant vers celui de Tambla et nous
avons continué plusieurs cordes en suivant à
droite la propriété de San Juan de Lacataol"
(soulignépar nous).

71. 11 ressort indubitablement des différents
arpentages effectués entre 1724 et 1779 que la borne de

Guanacaste était tripoint des terres dlArcatao, Colopele et
San Juan de Lacatao. Certes, il demeure une différence de
dénomination, étant donné que si le premier et le dernier

arpentage l'appellent "Guanacaste", danscelui de Lacatao de
1776 il est dénommé "El Platanar".

Néanmoins, la direction de l'arpentage de 1776 permet

d'établir la coïncidence, ainsi que le fait de trouver en
cet endroit la présence des habitants d8Arcatao. D'autre

part, ainsi qu'on l'a dit précédemment,il est significatif
que, sur la carte salvadorienne3.F, il soit indiqué "site

de Guanacaste"en un lieu qui, sur la carte 3.D, est appelé

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.4, p. 1895-1896."El Platanar". Enfin, ainsi qu'on l'a exposé dans le contre-

mémoire du Honduras, l'arpentage de 1837 des terres de San
Antonio de las Cuevas stipule qu'on l'on arriva "...à

l'endroit de la Canada anciennement 'Guanacaste',où il y
avait deux bornes de pierre: l'unedes terres dlArcatao et
l'autre des terres de San Juan de ~acataol" (souligné par

nous).

72. Le titre de Colopele de 1779 permet la
localisationde la borne "Guanacaste"ou "~1 Platanar'.Mais

l'élément précédentest significatif car il corrobore cette
localisation à l'aide d'autres éléments,en partant du fait

qu'il s'agit d'un "coteau" selon le titre de Lacatao de 1776
ou de "monts trèsélevés''selon le titre dlArcataode 1724.

Si, en premier lieu, on se reporte à la toponymie

actuelle de la zone, on pourra observer que, sur la carte
salvadorienne6.111 du "Book of Maps", il y a, au Sud d'une

élévation - la colline Rancho Quemado - un lieu appelé
précisément "La Canada". Sur la carte hondurienne 4.1 on
trouve la même indication concordante, mais il s'y ajoute

une autre à l'Est, celle du "mont La Canada", et sur l'une
comme sur l'autre carte, est indiquée, sur un mont, un peu

plus au Sud, une station de triangulation appelée "La
Canada". Cela suppose donc une surprenantecoïncidence

toponymique pour trois lieux très proches les uns des
autres.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.2, p. 2043. Cependant, si on veut identifier le mont de La Canada,
Guanacaste ou El Platanar, il convient de tenir compte du

fait que, sur le titre de San Juan de Lacatao de 1776, il
est dit, après avoir mentionné le "coteau qu'on appelle

Platanar", que l'arpenteur "...a pris la corde a nouveau,
marchant sur la crête de la montagne nommée El Caraco1 ayant

en vue, sur le côté Ouest, le villaqe dl~rcataol."Or, la
seule montagne qui se trouve à hauteur du village d'Arcatao

est précisément celle qui s'étend de la station de
triangulation de La Canada vers le Sud, direction dans

laquellemarchait l'arpenteurde 1776.

3. Du tripoint du Guanacaste au tripointdu mont

dlArcataquera

73. Dans cette partie de la frontière égalementil est
intéressant d'examinerséparément le tracé en directionSud,

à partir de la borne de Guanacaste (a)et un second point où
se rejoignent les terres d'Arcatao, San Juan de Lacatao et

Gualcimaca: le mont d1Arcataguera(b).

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.1.7, p. 1989. a Le tracé en direction Sud entre les terres
dlArcatao et celles de San Juan de Lacatao, depuis

le Guanacaste

74. Il n'est pas nécessaire d'insister surce tracé
dont les points essentiels ontété établispar rapport à son

point initial, la borne de Guanacaste, El Platanar ou La
Canada. Mais El Salvador a cependant tenté d'éluder ou de

nier ces faits, ainsi que le montre sa carte 3.F, en se
réfugiant ainsi dans le curieux argument selon lequel les
bornes entre San Juan de Lacatao et Arcatao n'ont pas été

reconnues par les habitants de ce village. Or, outre
1'inadéquationde l'argument,cela est inexactl.

75. La contiguïté des terres d'Arcatao et de celles de

San Juan de Lacatao est attestée sur le titre meme des
premières, datant de 1724, où il est dit que "...depuis le

Guanacaste, nous avons longé les terres de San Juan la
catao2. Cela est confirmé par l'arpentage de San Juan de

Lacatao de 1776 lorsque ce document stipule que les
habitants dlArcatao ont déclaré que le côteau d'El Platanar

était "...la limite de leurs terres"et ajoute que:

1 Dans l'arpentagede Lacatao de 1776,. les habitants
dtArcatao étaient présents à la borne de Guanacaste ou
Platanar; mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.7, p. 1988; dans celui de 1786, leur présence est
notée en un autre point au Sud, Arcataquera; contre-mémoire
du Honduras, Annexes,Annexe IV.3,p. 164.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes,vol. III,
p. 35 pour le texte espagnol. La traduction anglaisede la
page 9 est incorrecte,comme on l'a signalé. "L'arpenteur a pris la corde à nouveau, marchant
sur "le fil (la crête) de la montaqne nommée El
Caracol, ayant en vue, sur le côté ouest le
village de Arcatao, et suivant les limites
territoriales des indiqènesarrivant ainsi à un
mont pointul..." (soulignépar nous).

En second lieu, ce texte indique la localisation des
limites des terres limitrophes dlArcatao et Lacatao

lorsqu'il se réfère à la "crête de la montagne nommée El
Caracol", indiquée sur la carte hondurienne 4.1 et sur la

salvadorienne 6.111; ce qui coïncide avecla description de
l'arpenteur dlArcatao en 1723 lorsque ce titre salvadorien

affirme que "we were come by the crest of a hi112." Enfin,
c'est le titre dlArcatao lui-même qui établit la direction

dans laquelle était effectué l'arpentage car, à partir de la
borne de Guanacaste, on changea de direction pour s'orienter

"Nord-Sud".

bJ Le mont dVArcataquera, tripoint des terres
d'Arcatao,Lacatao et Gualcimaca

76. Les références à ce point apparaissent sur divers

documents; pour la première fois, sur le titre d'Arcatao de
1724 lorsqu'il indique que l'arpenteur, en direction Nord-

Sud, vint par le sommet d'un mont "...qui a un col où passe

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV, Annexe
X.1.7, p. 1989.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
p. 8 trad. anglaise; "se vLno por la cumbre de un cerro"
selon le texte espagnoloriginal, p. 34.le chemin qui mène à la ville de Gracias a Dios, lequelmont

se nomme ~rcatagueral."La référence coïncide avec celledu
titre de San Juan de Lacatao de 1776, où il est indiqué que,

depuis le Guanacasteou El Platanar, en longeant les terres
dtArcatao,on arriva:

("portillo" en espagnol) qui constitue le chemin

allant du village à cette haciendaz."

D'autre part, bien que ne lui donnant pas de
dénomination, le titre de Gualcimaca de 1783 stipule que

l'arpentagecommença:

"...à un endroit au pied d'une petite colline
escarpée où nous avons rencontré les habitants du
village de Arcatao, qui ont présenté leur titre et
qui ont fait constater qu'il y avait une borne au
pied de cette petite colline escarpée qui sert de
limite de leurs terres et de celles du domaine de
San Juan de Lacatao5."

Finalement, cela est confirmé par l'arpentage de San
Juan de Lacatao de 1786 qui fait allusionaux bornes "...qui

divisent les terres d'Arcatao,village de la juridictionde

Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
texte espagnol p. 34; trad. anglaise, p. 8.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV, Annexe

X.1.7, p. 1989.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV, Annexe
X.1.6.A, p. 1929.San Salvador et celles que l'on mesure et à cette borne se
trouvaient les habitants de ce village l..." (souligné par

nous).

77. Devant cette évidence documentaire,El Salvador
s'est vu ob1,igéde reconnaître qu'en ce point les terres

dQArcatao,Lacatao et Gualcimaca se rejoignaient2.

En effet, si la borne de Guanacaste, El Platanar ou la
Cafiadase trouve sur le site de ce nom, il est évident

- comme on l'a dit précédemment- que cela dément la
"projection vers le Nord" des terres d1Arcataor comme le

prétend El Salvador sur les cartes 3.D et 3.F; or, en
l'occurrence, on arrive à un résultat similaire avec le

tripoint du mont d'Arcataguera, qui dément la "projection
vers l'Est" des terres d'Arcatao. Entre celles-ci et celles

de Lacatao se trouvent, au Sud du tripoint, les terres de
Gualcimaca, arpentées en 1783, et, par conséquent, elles
peuvent difficilement être englobées dans les terres

d'Arcatao, ainsi que cela est représenté surles cartes 3.D
et 3.F.

En effet, comme on le verra plus loin, le Guanacaste

comme le mont dlArcataguera mettent en évidence une autre
erreur d'El Salvador, à savoir 1e.caractéreincorrectde la

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe IV.3,
p. 164.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe IV.3,

p. 164.localisation - beaucoup plus auNord - des points qui, sur
la carte 3.D, se trouvent au Sud du "col sur le mont

Arcataguera": ceux-ci jouxtent, en réalité,les terres de
Gualcimaca,au centre du secteur en litige.

4. Du tripoint dnArcataqueraau col de Las Laqunetas

78. Dans cette partie du tracé revendiqué par le

Honduras, les terres dlArcatao sont contiguës à celles de
Gualcimaca, arpentées en 1769. C'est pourquoi, on mettra
d'abord en évidence la concordance des bornes indiquéessur

les titres de propriété des terres (a). En second lieu, on
examinera séparément le point terminalde cette contiguïté

entre Arcatao et Gualcimaca, à savoir le col de Las
Lagunetas (b).

aJ Concordancedes bornes d8Arcataci etde Gualcimaca

79. Le Honduras a montré dans son contre-mémoire
l'importance que revét - aux fins de délimitation dans ce

secteur - l'arpentage des terres de Gualcimaca, effectué le
6 mars 1769 par Manuel de Castro, Juge sous-délégué des

terres de Gracias a Dios et du district de Tencoa. Il a
affirmé qu'il existait "...une parfaite concordance entre

les bornes mentionnées sur le titre de 1724 (Arcatao) et
celles de l'arpe"tagede 1769" (~ualcimacal ).

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 303. En effet, cela ressort clairement de la comparaison des
termes des deux titres; car l'arpenteurde Gualcimaca se

réfère à plusieurs reprises aux bornes des terres d'Arcatao
qui se trouvent au Sud du tripoint de ~rcata~ueral.Ce qui

permet de déterminer, dans le sens général Nord-Sud, qu'il y
a concordancesur les points suivants:

1. la borne du mont Arcataguera

2. la borne de la colline de Sapo
3. la borne de la colline de Guampa

4. la borne des TalpetatesBlancos
5. la borne du mont Caraco1

6. la borne du Ocotillo ou Ocotal
7. la borne du col de Las Lagunetas

80. Cette concordance a étéexpressémentadmise par El

Salvador, à l'examen du titre de terres de ~ualcimaca~.
D'une part, lorsqu'il se réfère aux points initial et final

de cette partie du tracé, à savoir les bornes de Arcataguera
et le col de Las Lagunetas; car la première "...constitutes

the tripartite boundary between the jurisdictions of
Gualcimaca, San Juan de Lacataoet Arcatao" et, en ce qui

concerne la seconde, il affirme que l'arpentage de
Gualcimaca est arrivé à "...the place called La Laguneta,

which constitutes the final boundary marker dividing Arcatao
and ~ualcimaca~.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VIII,
p. 304-305.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.57,

p. 75-76.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.57,
p. 75-76. D'autre part, en ce qui concerne les points
intermédiairessitués entre lemont de Arcataguera et le col

de Las Lagunetas,El Salvador admet que:

"In general terms it can be said that çome of its
boundary markers (Gualcimaca) coincide with the
boundary markers of the Forma1 Title Deed to the
Commons of San Bartolomé Arcatao. ..; examples are
the Cerro El Sapo, the Cerro Guan a the Cerro
Caraco1 and the Cerro Ocotilloeç~ouli~né par
nous).

Par conséquent, il y a concordance sur six des sept

points indiqués par le Honduras dans son contre-mémoire.
L'omission du lieu des "Talpetates Blancos... qui font

office de borne", selon le titre dlArcatao, ne se justifie,
semble-t-il, que par le fait que le titre de Gualcimaca

n'inclut pas cette dénominationet se réfère seulement à une
, "...autre borne que nous avons trouvée.. .en faisant partie
du titre d1Arcatao".La concordance des partiessur ce point

exclut tout examen supplémentaire dansle présent écrit.

Le col deLas Laqunetas

81. Bien que sa dénomination soitomise, ce point est
identifié dans l'arpentage des terres dlArcatao effectué en

1723. Ce document établit, en premier lieu, sa proximité
avec la borne du mont du Ocotillo ou El Ocotal, car

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.57,
p. 75-76.l'arpenteur changea de direction à cet endroit, pour
s'orienter vers l'Est, pour atteindre le col. En second

lieu, le document stipule que, en venant du Ocotal ou
Ocotillo:

"...we reached a hi11 on whose top we found a old
stony landmark, and this hi11 divides the two
iurisdictions, the one of San Salvador from that
of Gracias a Dios: and chènging again the course
£rom North to South we reached with twenty cordes
a Portillo through the whichgoes the Camino Real.
The which Portillo has to its East side a quite
heighty hilll" (soulignépar nous).

Enfin, après avoir indiqué que depuis le Guanacaste

jusque là on avait longé les terres de Lacatao, l'arpentage
de 1723 consigne que l'on changea de direction pour

s'orienter "d'Est en Ouest" et "we have bordered the lands
of the Hacienda Nombrede Jesus, in the juriçdiction ofthe

city of San .Salvador2".Il s'agit donc du point où les
terres d'Arcatao commencent à jouxter celles de Nombre de

Jesus.

82. Or, lorsque l'on effectue l'arpentage desterres
de Gualcimaca de 1769, les données antérieuresse

confirment. En effet, l'arpenteurde Gualcimaca,de même que
celui d'Arcatao en 1723. arriva à la colline du mont du

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes,vol. III,
p. 8-9.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,

p. 9.Ocotillo ou Ocotal et, la, changeant de direction vers

l'Est, partit en ligne droite:

"...en descendant de la colline, à la recherche
d'un ravin sans eau, profond qui fait une brèche
("Portillo")qu'on appelle de lasLagunetas, où on
a trouvé uneautre borne qui est la dernière de la
propriété des Arcataos d'après son titre et la
première appartenant à la propriété de Nombre de
~esusl..."

Ainsi qu'on peut en juger sur la carte hondurienne 4.1,

Gualcimaca se trouve entre les terres d'Arcatao et celles de
Lacatao. Par conséquent, il ressort du texte cité ci-dessus

que le col de Las Lagunetas est, depuis 1769, un tripoint
des terresde Gualcimaca,Arcatao et Nombre de Jesus.

83. A partir de ces données, il n'est pas difficilede

localiser le col de Las Lagunetas, ainsi que l'a fait le
Honduras sur la carte 4.1. D'autre part, on pourra observer
que, sur la carte salvadorienne 6.111 du "Book of Maps", on

indique un lieu appelé "La Laguneta"et un "Mont Lagunetas",
lieux qui sont précisément situés à l'Est de l'autre, le

"mont El Ocotillo", également figuré sur la carte
salvadorienne 6.111. Par conséquent, il y a concordance

entre la toponymie actuelle et celle des documents de 1723
et 1769.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
IV,
Annexe X.1.6.A, p. 1930. (Le texte cité à cette page corrige
le texte de l'annexe). 5. Du col de Las Laqunetasà la borne Poza del Cai6n

84. Dans cette partie terminale du tracé, on
déterminera,en premier lieu, les points qui constituent les

limites entre les terres des deux provinces (a). En second
lieu, on examinera la zone terminale du tracé, à proximité

de la borne Poza del Cajon (b).

aJ Les limites des terres de Nombre de Jesus et
celles de Gualcimaca et San Juan de Lacatao

85. Sur sa carte 3.D, El Salvador a commis une erreur
d'interprétationquant aux limitesdes terres de San Juan de

Lacatao, selon l'arpentagede 1776, en omettant - de façon
injustifiée - celles de l'arpentagede 1786 ainsi que celles

des terres de Gualcimaca. D'autre part, commeon l'a montré,
El Salvador tente d'éluderles données quefournissent les

documents antérieurs, enaffirmant que les bornes n'ont pas
été identifiées par les habitants dl~rcataol; affirmation

que, de façon surprenante,il étend aux bornes qui limitent
les terres de Nombre de Jesus et San Juan de Lacatao, plus à

l'~st2.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.52,
p. 72-73.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.53,p. 73. 86. Or, ainsi qu'on l'a vu au paragrapheprécédent, le

col de Las Lagunetas est la dernière borne entreArcatao et
Gualcimaca et la première de l'Hacienda de Nombre de Jesus,

à l'ouest de cette proprieté. A partir de ce point,
l'arpentage des terres de Gualcimaca de 1769 stipule que:

"...laissant de coté les terres du village de
Arcatao, on a commencé à suivre la limite à main
droite des terres du village déjà nommées de
Nombre de Jesus, en continuant dans la même
direction jusqu'à un ravin appelé Barranco Blanco
qui sert de borne et frontière aux terresde
ladite propriétéde Nombre de Jesus et de celles
du domainede San Juan de Lacatao, en divisant les
deux juridictionsde cette province et de celle de
San Salvador,au voisinaqe duauel on est arrivé en
comptant vingt huit cÜerdasl..." (souligné par
nous).

La seconde borne de Nombre de Jesus, à l'Ouest, est
donc celle du Barranco Blanco, où ces terres jouxtentcelles

de Gualcimaca et de Lacatao. Mais l'arpentagede 1769, très
précis dans sa description des lieux, indique un autre

élément important, à savoir que le Barranco Blancose trouve
dans la zone de Las Lagunetas, bien que ce soit un point

distinct du col de Las Lagunetas. En effet, l'arpenteur, qui
marchait versl'Est, changea de direction pour s'orienterau

Nord-Nord-Ouestet consigna que:

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.6.A, p. 1930. "...on a commencé à tendre une cinquième fois la
corde en commençant à mesurer au bord du même
ravin ("barranco") Blanco et qui se trouve dans
les Lagunetas aux abordsd'un ravin sans eau, en
sortant sur une petite plaine jusqu'à arriver à la
brèche ("portillo") des dites ~a~unetasl.. ."

Le texte ci-dessus peut expliquer que l'arpentage de
San Juan de Lacatao de 1786 se réfère à "une brèche de Las

Lagunetas" alors qu'en réalité c'est la borne de Barranco
Blanco, sur ledit site de Las Lagunetas. Cela apparaît

clairement sur le document de 1786 où il est dit qu'il
s'agit "...d'une autre borne de la propriété de Nombre de

Jesus gui dessert éqalement les terres de ~ualcimaca~";ce
qui concorde avec la référence figurant dansl'arpentagede

Gualcimaca de 1783. D'autre part, il est fait allusion à la
présence en ce lieu du propriétaire des terres de

Gualcimaca; s'il s'était agi du col de Las Lagunetas,il
aurait été fait mention aussi biendes terres que des

habitants d'hrcatao, ce qui n'est pas le cas.

87. Les bornes postérieures à celles de Barranco
Blanco, en direction Sud-Est, sont précisées dans les

arpentages de San Juan de Lacatao.de 1776 et 1786. Dans le
premier il est fait allusion à "un coteau" et il est ajouté

que :

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe ~.1.6.~, p. 1930. (~e texte cité à cette page corrige
le texte de l'annexe).

2 Contre-mémoire du Honduras, Annexes,Annexe IV.3,
p. 164. "Au sommet de ce coteau on a identifié uneautre
-orne de la hacienda du bachelier (Nombre de
Jesus) et en suivant cette direction Ouest-Est
trois cent quatre cordes, on a tiré la corde sur ce
méme coteau suivant le fil de la montagne et puis
on descendit un terrain rocailleuxet on arriva au
gué d'un torrent nommé Los Amates, avec cinquante
cordes, ce torrent faisant partiede ce nouvel
arpentage1" (soulignépar nous).

L'arpentage de 1786 a été effectué dans le sens
contraire et ledocument stipule ce qui suit:

"...en laissant à gauche les terres de ombre de
Jesus jusqu'à arriver à une plaine qui se trouve à
mi-hauteur de la colline où se trouve une borne
ancienne de Nombre de Jesus qu'on appelle la borne
des Macuylisquas et il a continué en tirant la
corde jusqu'au sommet d'une haute colline escarpée
dénommée Cerro Grandequi se trouve en face de la
montaune de Quepure, et on a continué iusau'à la
base de celle-ci où-se trouve un ébouleken; rouge
et il a continué dans la méme direction en
recherchant une brèche de Las ~a~unetas2..."
(soulignépar nous).

On pourra observer que le texte de 1786, après la
référence B la "borne ancienner'de Nombre de Jesus indique

une autre hauteur, le mont Grande, concordant ainsi avec
l'arpentagede 1776. Or, ce point peut être précisé à l'aide

de l'arpentage desterres de Nombre de Jesus, eEEectuépar

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.7, p. 1989.

2 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, AnnexeIV.3,
p. 163-164. Pedro Diez del Castillo en 1742. Curieusement, El Salvador
n'a pas produit ce document, mais une partie de celui-ci se

retrouve dans un document postérieur: le titre des nouveaux
terrains de La Virtud, de 1838, produit par le ~ondurasl. Il

y est dit que l'arpenteur de Nombre de Jesus, en 1742,
arriva à une grande colline appeléeLa Bolsa:

"...en arrivant à l'est de la jonction qui fait la
rivière de los Amates ou Amati110 avec un petit
ravin que l'on nomme maintenant de los Lajos, à
partir de là on a continué dans cette direction de
l'est vers l'ouest en remontant une colline et on
est arrivé à une petite brèche qui se trouve au
début du ravin et où j'ai fait mettre une borne
entière à l'endroit même où passe un chemin royal,
on a continué en remontant une colline et on est
arrivé à une hauteur très élevée et escarpée qui
se trouve en un endroit appelé le Patas et en
continuant par le sommet de la colline, on est
arrivé jusqu'à la jonction avec un autre pic très
élevé qui fait suite sur une longueur que l'on
estimait à 50 cordadas."

Les héritiers de Nombre de Jesus ont reconnu que c'est

là que se trouvait la limite de leursterres, l'arpentagese
conformant aux données du document de 1742, à partir dudit

mont de La Bolsa. Celui-ci est donc la troisième borne des
terres de Nombre de Jesus et de San Juan de Lacatao. Et de

là, comme on l'a vu, on continue jusqu'au point extrême du
secteur, à l'Est. La même référence figuredans l'arpentage

des terres de San Sebastian d'El Pa10 Verde, du
3 août 1843~.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.1.10, p. 2027-2039;p. 2030-2031.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
. Annexe X.1.13, p. 2065. bJ La ionction de la rivière El Amati110 ou

Gualcuauinavec un autre ravin à la Poza del Cai6n

88. A l'article 16 du Traité Général de Paix de 1980,
les Partiesont convenu que le point initial du quatrième

secteur de la frontiere, qui y était défini, était "...la
borne dite Poza del Cajon sur la rivière appelée El Amatillo

ou Gualcuquin", en maintenant néanmoins leur désaccord pour
le secteur situé au Nord et à l'Est dudit point. El Salvador

prétend en effet que la ligne frontière,depuis la Poza del
Cajon "...suit ladite rivière en amont sur 5000 mètres

jusqu'à sa source" et, de là, vers un autre point plus
éloigné en direction Nord-Ouest.

Cette prétention salvadorienne est dénuée de

justificationdocumentaire,ce qui entraîne son rejet. Mais,
sans doute pour étayer indirectementcette-prétention, El

Salvador a représenté,sur la carte 3.D de son contre-
mémoire, les limites des terres de San Juan de Lacatao selon

l'arpentage de 1776, en fixant leur limite occidentale sur
la rivière Gualcuquin ou Los Amates jusqu'à "l'intersection

avec le ravin Los Amates". En vérité, cette localisationest
arbitraire, si bien qu'El Salvador semble soutenir une
position similaire à celle qu'avait adoptée au XVIIIe siècle

le propriétaire de l'Hacienda de Nombre de Jesus, Simon

Amaya, et dont 1;s autorités espagnoles de l'époque ont jugé
qu'elle était dépourvue defondement. 89. Les antécédentsdu litige entre lepropriétairede
Nombre de Jesus et celui de l'Hacienda de Lacatao figurent

dans l'arpentage de cette dernière, effectué en 17~6~. Cet
arpentage arriva à la rivière Lempa et se poursuivit le long

de celle-ci pouratteindre la confluence avec la rivière Los
Amates ou Gualcuquin, en indiquantque cette dernière tenait

lieu de limite à l'Hacienda de Nombre de Jesus "...jusqulà
l'endroit de la jonctionavec un petit ravin dénommé Tuquin

ou de Los Amatillo ou du Palo Verde", car il portait toutes
ces dénominations, ce petit ravin étant "la limite des

juridictionset la division des provincesz.

C'est en ce point que le propriétaire de l'Haciendade
Nombre de Jesus, le bachelier Simon de Amaya, accompagné

d'autres personnes, vint à la rencontre de Manuel de Castro,
Juge sous-délégué des terres de Gracias a Dios et du

district de Tencoa.

"...et ils ont prétendu, par l'intermédiaire du
titre qu'ils ont montré, avoir acquis un droit sur
le morceau de terre mesuré à l'intérieur des
limites que forment le ravin El Amatillo ou Pa10
Verde et la petite rivière de Gualcuquin, en
disant également que cette. petite rivière de
Gualcuquin était la limite divisant les provinces
de San Salvador et ~oma~agua3."

1 Contre-mémoire du Honduras, Annexes,Annexe IV.3,
p. 161-163.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe IV.3,
p. 161-162.

3 Contre-mémoire du Honduras, Annexes,Annexe IV.3,
p. 162. Cependant, le Juge sous-délégué des terres rejeta leur

requête en leur indiquant que lorsque l'on avait effectué,
en 1776, l'arpentage des terres de Lacatao et que Simon

&aya était présent "...il a été procédé à la mesure par le
ravin de Pa10 Verde ou El Amatillo". De même, lorsqu'en 1742

avaient été arpentées les terres de Nombre de Jesus par
Pedro Diez del Castillo et qu'à cette occasion un litige

avait éclaté à propos de ce même point, le Juge sous-délégué
de San Salvador avait ordonné que l'on poursuivît

l'arpentage "là où Ramon Perdomo disait que se trouvait la
limite de cette propriété.et la limite des provinces", à

savoir dans le ravin du Pa10 Verde ou de El Amatillo, le
propriétaire de Nombre de Jesus n'ayant pas, depuis 1742,

déféré devant les tribunaux, bien que le Juge sous-délégué
lui eût dit "que c'était une bonne occasionpour obtenir par

voie de justice les droits qu'il s'imaginait détenirl.'
Finalement, Manuel de Castro ordonna à l'arpenteur "...de

continuer l'arpentage par cet anqle en recherchant les
bornes anciennes du domaine de Nombre de Jesus" sans lui

causer le moindre préjudice.

90. L'échange de motifs entre Simon Amaya et Manuel de

Castro, en 1786, est significatifpour d'autres points du
présent litige. Ainsi, il en ressort un fait important, a

savoir que le Juge sous-délégué de San Salvador, en 1742,
comme le Juge sous-déléguéde Gracias a Dios, en 1786,

1 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe IV.3,
p. 163.décidèrent que l'arpentage ne se poursuivrait pas ensuivant
le cours de la rivière Gualcuquin ou El Amatillo, mais en
faisant un angle par rapport à ladite rivière et en passant

par le ravin appelé du Tuquin, d'El Amatillo ou d'El Pa10
Verde.

Ce fait est confirmé par un autre, figurant sur le

titre des nouveaux "ejidos" de La Virtud de 1838 - dans
lequel est repris, comme on l'a dit, une partie de

l'arpentage de Nombre de Jesus, de 1742 - qui affirme que
"...il est arrivé à cette collineen arrivant à l'est et de

la jonction que fait la rivière de Los Amates ou Amatillo
avec un petit ravin que l'on nomme maintenant de Las

~ajasl." Il convient, enfin, designaler qu'il est indiqué,
dans l'arpentage des terres de San Sebastian d'El Pa10

Verde, effectué le 3 août 1843, que:

"...nous sommes enfin arrivés à la jonction d'un
petit ravin appelé de Lajas avec la rivière de El
Amatillo, jonctionqui est également appelée la
Posa del Cajon, suivantce que dit le titre des
Marias Echeverria, sonactuelé apossesseur2..." José

1 Mémoie du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.l.lO, p. 2030-2031.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.13, p. 2065. C. CONCLUSIONS

91. L'applicationpar El Salvador du principe de l'uti

possidetis iuris à la date critiquede 1821 se caractérise,
en premier lieu, par sa justificationdocumentaire limitée.

Il n'a produit que le titre de terres de la communauté
indigène de San Bartolomé Arcatao, établi en 1724;et, bien

que les documents honduriens antérieurs à 1821 fassent
référence à d'autres titres de terres relatifs à des

propriétés limitrophes,de la province de San Salvador,
telles que ceux de Santa Lucia, La Trinidad et Nombre de

Jesus, il est inexplicableque ces documents aientété omis.

Or, le titre dlArcatao de 1724 ne permet pas de
déterminer la totalité des limites des anciennes provinces

dans ce secteur en litige, car les terres de cette
communauté se trouvent situées exclusivementdans la partie

centrale de la zone. Par conséquent, dansdeux sous-secteurs
très étendus, El Salvador n'a produit aucune justification

documentaire aux finsde l'uti possidetis juris de 1821. Le
premier est celui compris entrela borne Pacacio, à l'ouest,

et le point où El Salvador situe sur sa carte 6.111 la
"CaiïadaColomariguan".Le second, A l'Est, va depuis le col
de Las Lagunetas, sur le site du même nom et au Sud des

terres de Gualcimaca, jusqu'à la borne Poza del Caj6n.

92. En second lieu, en ce qui concerne la partie
centrale du secteur en litige, El Salvador a présenté une

interprétation erronée des limites des terres de la
communauté d'Arcatao selon le titre de 1724; et cela se

reflète dans les représentations cartographiques figurant
dans ses mémoire et contre-mémoire.En effet, El Salvador a

tenté d'établir une "projectionvers le Nord" des terresd'Arcatao, en soutenantque celles-ci s'étendent, à l'Est de
la "Canada Colomariguan",au-delà de la riviére de Sazalapa;

mais cela est démenti,.tant par le titredqArcatao lui-méme
que par le titre hondurien de l'Hacienda de Sazalapa,

arpenté en 1741.

De même, El Salvador a réalisé uneautre "projection
vers le Nord". des terres dlArcatao, sur une zone située à

l'Est de la précédente, en soutenant que leurs limites
suivaient le ravin de la Golondrina, vers le Nord, puis

divers points vers l'Est et d'autres directions. Or, le
titre d8Arcatao de 1724 ne justifie pas cette

interprétation; en revanche les titres honduriens de
l'Hacienda de Sazalapa, de 1741, et de Colopele, de 1779,

mettent en évidence que les limites de ces terres allaient,
en direction Sud-Est, de la rivière de Sazalapa à la borne

de Guanacasteou El Platanar, tripoint des terres dlArcatao,
Colopele et San Juande Lacatao.

Enfin, dans une partie du secteur au Sud du précédent,

El Salvador a réalisé une "projection vers l'Est" des
limites des terres dtArcatao, en englobant dans leur

périmètre l'Haciendahondurienne de Gualcimaca.Or, le titre
même dlArcataor de 1724, ne corrobore pas ces prétentions;

et cela est confirmé par les données que fournit l'arpentage
des terres de ~ualcimaca, effectué en 1769. Il permet de

déterminer un autre tripoint, celuidu mont d'Arcataguera,
entre les terres dlArcatao, Gualcimaca et San Juan de

Lacatao, et après être passé par divers points indiquéssur
les documents d'Arcatao et de Gualcimaca, il détermine le

point terminal de cette partie de la frontière, constitué
par le col de Las Lagunetas. 93. L'application par le Honduras de l'uti possidetis
juris de 1821 se fonde sur sept documents des autorités

espagnoles, antérieurs à cette date et se rapportant à des
terrains dont les limites furent arpentées entre 1719 et

1786; et elle se fonde également sur le titre d'Arcatao de
1724, produit par El Salvador, concernant la partie centrale

de la zone en litige et dont les données concordent avec
celles figurant dans les documentshonduriens.D'autre part,

cette documentation permet d'établir les limites des
anciennes provinces dans la totalité du secteur en litige,

depuis la borne Pacacio, à l'Ouest, jusqu'a la borne Poza
del Cajon, à l'Est.

Ces documents indiquent expressémenten diverses

occasions qu'un lieu ou un cours d'eau est limite des terres
qui sont arpentées et, aussi, limite des anciennes provinces

et juridictionsde Gracias a Dios et de San Salvador. Dans
d'autres cas, ils ne mentionnent que les limites des

terrains qui sont propriétés de communautés ou de
particuliers;mais il est avéré que l'arpentage fut ordonné

par le Juge sous-déléguédes terres de Gracias a Dios et du
district de Tencoa, qui a assisté aux opérations pratiques,

puisqu'il s'agissaitde terres relevant de sa juridiction.
Cette autorité possède donc une juridiction territoriale

définie et, sauf preuve contraire, il faut présumerqu'il a
agi à l'intérieur de sa juridiction. C'est pourquoi,

l'arpentage des terres détermine indirectement les limites
du territoire d'une ancienne province. Celui effectué en1786 et relatif aux terresde Lacatao, est très significatif
à cet égard, car il montre le respect, de la part des Juges

sous-délégués des terres, des limites des provincesl.

94. L'examen de cette documentationa permis d'établir
la limite des anciennesprovinces de Gracias a Dios et de

San Salvador, dans ce secteur. Cette limite est, dans le
sens Ouest-Est,la suivante:

1. De la borne Pacacio, sur la rivière du mëme nom, à

la confluence du ravin La Puerta avec la rivière
Gualcinga et en aval de la rivière Gualcinga, à

l'endroit appelé Lagartera où elle rejoint la
rivière de Sazalapa (borne Poza del Toro), d'après

les données des titres de San Juan El Chapulin de
1766, de Concepcion de las Cuevas de 1741 et de

l'Haciendade Sazalapade 1741.

2. De la confluence de la rivière Gualcinga avec la
rivière Sazalapa, en aval de cette rivière,

jusqu'à la borne dite Poza de la Golondrina, à la
limite des terres de la Hacienda de Sazalapa et

des terres de Colopele, d'après les titres
dlArcatao de 1724, de la Hacienda de Sazalapa de

1741 et de Colopele de 1779.

1 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe IV.3,
p. 161-163. Exposé du Juge Manuel de Castro à l'intentiondu
propriétairede l'Haciendade Nombre de Jesus.3. De la limite des terres de Sazalapa et Colopele
sur la rivière de Sazalapa, en direction Sud-Est

jusqu'à la borne du Guanacaste ou El Platanar. te
tracé entre les deux points,est déterminé par le

titre de Colopele de 1779; le Guanacaste ou El
Platanar, par le titre d1Arcatao de 1724, le titre

de Lacatao de 1776et celui de Colopele de 1779.

4. De la borne du Guanacaste ou El Platanar, en
direction Sud,par la crête de la montagne nommée

El Caracol, jusqu'à un mont, point où se trouve un
"col" dit Arcataguera sur le titre d'Arcatao de

1724; Cet endroit est le tripoint des terres
d9Arcatao, San Juan de Lacatao et Gualcimaca,
selon les documents desterres dlArcatao,de 1724,

de Gualcimaca, de 1783,et de Lacatao,de 1786.

5. Du tripoint précédent, selon une orientation
générale du Sud, par les points suivants: borne de

la colline de Sapo,borne de la colline de Guampa,
borne de Los Talpetates Blancos, borne de Loma

Redonda, borne du mont Caracol, borne du Ocotillo
ou Ocotal et borne du col de Las Lagunetas, qui

sont des points indiquéssur le titre d'Arcatao,
de 1724, sur celui de Gualcimaca, de 1783, ou,

dans la plupart des cas, sur l'un et sur l'autre.

6. De la borne du col de Las Lagunetas à la borne du
Barranco Blanco,sur le site de Las Lagunetas; de

la, A la borne ancienne de Nombre de Jesus, au
sommet d'une haute colline dite de la Bolsa et,
par d'autres points, jusqu'à la jonction d'un

petit ravin - appelé Tuquin, de LosAmatillos ou du Pa10 Verde - avec la rivière de Los Amatas ou
Gualcuquin, lieu appelé plus tard Poza del Cajon.

Ces points sont déterminés dans les arpentagd es
San Juan de Lacatao de 1776 et 1786, ainsique

dans les références à l'arpentage de Nombre de
Jesus, de 1742, figurant sur le document de 1786
et sur d'autrespostérieurs.

Eu égard aux éléments que l'on vient d'indiquer, le

Gouvernement du Honduras est convaincu que la Cour, en
rejetant toute prétention contraire d'El Salvador,
déterminera la ligne frontière dans ce secteur conformément

aux Conclusions exposéed sans le présent écrit.

Section IV.Les données postérieures A 1821 en relationavec
les limites établiesen applicationde l'e
possidetisjuris

A. INTRODUCTION

95. Dans la section précédente, on a exposé les
résultats atteints en application del'uti possidetis juris

de 1821, fondement de la délimitation de la frontière
terrestre. Ceci a permis d'établir quelles étaient les
limites des anciennes provinces dans ce secteur, à la date

critiqueacceptéepar les Parties.

De l'ensemble des éléments postérieurs à 1821, on
n'examinera ici, que ceux ayant une relationdirecte avec
les limites établiesen application de l'uti possidetis

iuriç. A cet effet, deux groupes de faits sont spécialement
remarquables. 96. En premier lieu, les éléments qu'offrent les

titres de terres délivrés par les autoritésde la République
du Honduras à partir de 1821; car ces documents en

déterminant les limites avec la République d'El Salvador,
mettent en évidence une continuité avec les résultats

atteints en application de l'uti possidetis juris. C'est-à-
dire une continuité et une identité des limites des

anciennes provinces par rapport à celles des nouveaux Etats
indépendants.

En second lieu, d'autres documents permettent

d'apprécier ce qu'a été le comportement des Parties,
postérieurement à 1821, en relationavec les limites des

anciennes provinces. De cette façon on mettra en relief,
d'abord, la position des autorités honduriennes, au travers

de la correspondanceinterne. On examinera, ensuite, dansla
correspondance diplomatiquepostérieure a 1'821,l'attitude

tant.dlEl Salvador que du Honduras sur les questions des
linites dans ce secteur et, de la même manière, on examinera

certains points particuliers des négociations sur les
limites ayanteu lieu entre les Parties.

B. LES LIMITES ETATIQUESSELON LES TITRES DES TERRES DELIVRES

PAR LA REPUBLIQUE DU HONDURAS AU XIXe SIECLE

97. Les 6léments qu'apportent ces documents seront
examinés par rapport à deux sous-secteurs de la ligne

frontière de cette zone en litige. Dans le sens-général
Ouest-Est, le premier sous-secteurest celui qui va de la

borne de Pacacio, point extrême du secteur à l'Ouest,
jusqu'à la borne du Guanacaste, La Canada ou El Platanar,

c'est-à-dire le sous-secteur de Sazalapa. Le second sous-
secteur est celui de La Virtud compris entre la borne duGuanacaste, La Canada ou El Platanar et la borne Poza del

Cajon, point extrême à 1'~stl.

1. De la borne Pacacio a la borne du Guanacaste ou El
Platanar (Sazalapal

98. Ainsi qu'on l'a mis en relief dans la section III

du présent chapitre, dans ce premier sous-secteur, les
limites des anciennes provinces en 1821 ont été déterminées

par les titres des terres de San Juan El Chapulin de 1776,
de Concepcion de las Cuevas de 1721, de l'Hacienda de

Sazalapa de 1744 et de Colopele de 1779. Le tracé de la
ligne va de la borne Pacacio à la rivière Gualcinga et, en

aval de cette rivière, à la borne Posa del Tor0 où elle
rejoint la rivière de Sazalapa; de là, en amont de la

rivière Sazalapa, jusqu'à la borne dite Poza de la
Golondrina et,de là, à la borne du Guanacaste, LaCanada ou

El platanar2.

99. Au cours du XIXe siècle, la République du Honduras

n'a concédé aucuntitre de terres dans la partie de la ligne
comprise entre la borne Pacacio et la borne Poza del Toro,

le droit de propriété des terres se poursuivant en vertu des
titres de San Juan El Chapulin de 1776 et de Concepcion de

las Cuevas de 1721. Cet élément est mis en évidence dans un
document de 1843, l'arpentage de l'Hacienda de Sazalapa,

qui, lorsqu'il indique qu'à l'ouest des terres que l'on
allait mesurerfut présent:

Réplique du Honduras, carte 111.1, en regard de
cette page.

Réplique du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 287 et
suiv. i 1
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i "...Casimirio Lopez qui, sur la citation qui lui
fut faite, présenta le titre de l'Hacienda de
Conception de las Cuevas qui comprend une
superficie de deux chevaleries (caballerias (3,86
ares), vingt sept cordées et quarante quatre aunes
carrées, mesurées par le sieur Francisco Martinez
de Tejada en l'année 171g1."

Au Nord des terres de San Juan El Chapulin et de
Concepcion de las Cuevas, il y a lieu d'indiquer par contre

que l'ancien titredu terrain de San Pablo, de 1714, fut
remplacé par le nouveau titrede San Pablo y El Copante en

18~7~.

100. Entre la borne Poza del Toro et la borne Poza de

la Golondrina, les limites des deux Républiques sont mises
en évidence dans l'arpentage de l'Hacienda de Sazalapa

effectué en 18433. Comme dans l'arpentage de ce terrain en
1744, l'arpenteur, après être allé vers l'Ouest en

contiguïté avec les terres de Concepcion de las Cuevas
arriva, le 21 novembre 1843, à la jonction de la rivière de

Gualsinga avec celle de Sazalapa,point qui:

I,
...sert de limite aux terres du village de
Arcatao et à celles qui vont être mesurées,
celles-ci étant à droite de la rivière le long de
laquelle nous avons porté la corde jusqu'à
atteindre après 27 cordées la jonction d'un autre
ravin gu'ils appellent deGualquiri avec la

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1, p. 113; l'arpentagede 1719 dans le mémoire du
Honduras, Annexes,vol. IV, Annexe, X.l.l, p. 1820-1821.

Réplique du Honduras, Annexes, -vol. 1,
Annexe 111.2, p. 119.

3 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.1, p. 113-114. rivière dont nous nous occupons, sur le bord de
laquelle et à quelques pas on a mis une borne.. .
En continuant à porter la corde sur la berge de la
même rivière en amont de Sazalapa nous arrivâmes
Arcatao... roLes dhabitantsquidea ce vivillagee ne
présentèrent pas leurs titres relatifs aux deux
bornes parce que, comme la limite de
leurs terres était très notoirement marquée par
cette rivière dont tout le monde sait qu'elle
divise, de ce côté, les terres de cet Etat et
celles d'El Salvador il ne leur paraissait pas
nécessaire de comvaraitre... malaré la dépêche
officielle que je feur envoyaisl..-" (soulign;par
nous).

Aussitôt après, et en continuant en amontde la rivière

Sazalapa, l'arpenteur arriva "...à un endroit rocailleux où
débouche dans la rivière un ravin, appelé de la Golondrina,

qui sépare lesterres du sieur Clemente ~avarro~, de celles
du village d'ArcataoW; cet endroit est tenu pour la limite

entre les terres de Colopele et. celles d'Arcatao. Enfin,
l'arpentage de 1843 s'est poursuivi en direction du Nord,

vers la borne de Liquidambar,en contiguïtéavec les terres
de Colopele.

En somme, l'arpentage desterres de Sazalapa, en 1843,

a fait ressortir que les limites entre El Salvador et le
Honduras sont, dans cesous-secteur,la rivière de Sazalapa,
vers l'amont de cette rivière,depuis son unionavec la

1 Ce sont les terresde Colopele, arpentéesen 1836,
comme on le verra plus loin.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1, p. 114.rivière Gualcinga à l'Ouest, jusqu'aupoint où elle reçoit
le ravin de la Golondrina à l'Est. C'est-à-direque ce sont

les mêmes limitesque celles des anciennesprovinces selon
les documentsdu XVIIIe siecle.

101. De la borne Poza de la Golondrina à la borne du

Guanacaste ou El Platanar, les terres d1Arcatao et celles de
Colopele coïncident depuis le XVIII~ siècle comme on l'a vu

dans la section III. En 1836, les terres de Colopele sont de
nouveau arpentées à la demande de Clemente Navarro et le

document apporte un renseignement important lorsqu'il

indique que:

"...nous nous sommes rendus à la colline de la
Canada, où nous avons rencontré 1'Alcalde et la
communauté des indiaenes du villaae de Arcata----., - .
à la vie du titre de leurs terre; concédées,
borne même des terres des deux Etats du Honduras
et d'El Salvador, j'ai pris la boussole pour
commencer l'arpentage1.. ." (soulignépar nous).

La colline de la Caiiada, comme cela a été mis en
évidence précédemment, est le tripoint du Guanacaste ou El

Platanar. Et ce point, on considère en 1836 qu'il constitue
la limite du territoire des deux Républiques. Une fois de

plus, il existe une identité et une continuité absolues avec
les éléments concernés appliquant l'uti possidetis iuris de

-821.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.9, p. 2024. 2. De la borne du Guanacaste la borne Poza del Cai6n
jLa VirtudL

102. Dans ce sous-secteur, les limites des anciennes
provinces ont été déterminées dansla section III d'après

les titres des terrains de San Juan de Lacatao, arpentésen
1776 et en 1786 et d'après ceux de Gualcimaca, arpentésen

1769. Selon ces documents,le tracé de la ligne va depuis la
borne du Guanacaste, en direction Sud, par le fil de la

montagne dite El Caracol, jusqu'au mont où se trouve le
"portillo" (brèche) ditArcataguera;de là, aux bornes dites

de Sapo, Guampa, TalpetatesBlancos, Loma Redonda, Caracol,
Ocotal et au "portillo"de Las Lagunetas;de là à la borne

Baranco Blanco, à la borne ancienne sur une colline, dite de
la Bolsa et, finalement, à la Poza del Caj6n.

103. Les premiers points du tracé sont indiqués dans
l'arpentage du terrain de San Antonio de Las Cuevas,

effectué le 3 mars 1837 sur une partie de l'ancien domaine
de San Juan de Lacatao. Ce document atteste,en effet, que

en venant d'un point nommé Piedra del Tigre dans la
direction Sud-Ouest,

"...on est arrivé à l'endroit de la Cafiada,appelé
anciennement de Guanacaste où l'on a rencontré
deux bornes de oierre ensemble. et il m'a été dit
que l'une d'eiles appartenait aux terres du
village de Arcatao de la juridiction de 1'Etat
d'El Salvdor et l'autre au domaine déjà nommé de
San Juan..." (soulignépar nous).

point qui fut admis par le maire d'Arcatao. Ce document
ajoute aussitôt aprèsque:

"...on a pris la direction du sud, en considérant
comme étant mesurées les 25 cordes que l'on dit exister depuis ce lieu (La Cafiadaou Guanacaste)
jusqu'à la brèche de la colline del Tambor appelée
précédemment Sapp. Arrivé à cette brèche on a
trouvé encore deux bornes qui correspondent
également aux terresdes indigènes de Arcatao, au
domaine de San Juan et aux terres de
~ualcimacal..." (soulignépar nous).

Comme l'aura observé la Cour, le document de 1837 indique
les memes lieux et, également, les mêmes orientationset

distances que celles consignées dans lestitres d'Arcatao de
1724, de Gualcimaca de 1783 et de Lacatao de1786. Il existe

donc une identité et une continuité complètesentre les
limites des anciennes provinces et celles des nouveaux

Etats.

104. On arrive à la même conclusion d'aprèsl'arpentage
du terrain de Gualcimaca effectué le 23 février 1~37~. De

méme que ce qui se produisit au cours du précédent arpentage
de ce terrain, réalisé en 176g3, les indigènes d'Arcatao se

présentèrent aussiavec le titre de 1724 de leurs terres et
ce document fut examiné de nouveau en 1837 afin de
rechercherles limites entre Gualcimacaet Arcatao.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.12, p. 2043-2044.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.6.B, p. 1952-1953.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.6.Ar p. 1929-1930. Aussi, on ne peut être surprisque l'arpentage de 1837
commence à "...la brèche de cette colline du Tambor" d'où

"...on s'est orienté à l'aide de la boussole en direction
Ouest un quart au Sud-Ouest" et "...on est passé par la

colline du Sapo" pour arriver bientôt "...à une hauteur
élevée connue sous le nom de Guapa" servant de borne, comme

le Sapo, entre Arcatao et Gualcimaca. Par la suite,
l'arpenteur s'est dirigé "vers le Sud, d'après les

indications du titre lui-même de la communauté" d'Arcatao
jusqu'à arriver "au flanc de la colline du Caracol" et,

après avoir précisé cet endroit grâce aux édifices existant
à proximité, il est arrivé au lieudit "Ocotillo". Enfin,

changeant de direction vers le Sud-Est, il est allé en ligne
droite jusqu'à "la borne qui se trouve dans la brèche du

Gramal", située entre les terres deArcatao et du Nombre de
Jésus; puis en allant en direction de l'Est, il arriva à

"une borne en un lieu appelé'~aLaquneta", qui constitue la
limite avec les terres du Nombre de ~ésusl.

105. Finalement, en ce qui concerne la partie de la

ligne entre Las Lagunetas et la borne Poza del Cajon, point
extrême du secteur en litige à l'Est, on a mentionné,dans

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.1.6.B, p. 1952-1953.la section III, les titres des terrains de La Virtud,

arpentés en 1837l et ceux de San Sebastian de Pa10 Verde,
arpentés en 1843~.

L'arpentage des terrains de La Virtud se poursuivit

enfin sur la partie méridionale de l'ancienne Hacienda de
San Juan Lacatao. L'enquêtecommença en 1835, à la demande

de la municipalité de La Virtud et une première mesure fut
pratiquée l'année suivante3, mais lesterres incluses dans

cette première mesure étant insuffisantes pour répondre aux
dispositions prévues par la législation agraire de 1835 et

1836 de la République du ond dura un^,econd arpentage eut
lieu les 4 et 5 mars 1837. AU ^ins du présent litige, il
convient de séparer, d'une part la référence faite en

liaison avec la limite Nord-Ouest des terresà "la brèche de
la colline du Tambor", borne des terres de Arcatao,

Gualcimaca, Concepcion de las Cuevas et La ~irtud5 et,
d'autre part, concernant le secteur de la ligne qui nous

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.I.8, p. 1999 et suiv.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, 'vol. IV,
Annexe X.1.13, p. 2054 et suiv.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.8, p. 2006-2008.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.8, p. 2010-2012.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.8, p. 2019.intéresse ici, la référence faite à la "grande colline
connue sous le nom de La Bolsa", limite "des terres du

domaine de Nombre de Jésus et de ce qui était autrefois le
domaine de San Juan de ~acatao"~. Il convient de signaler

que ce point s'identifie, lorsquel'on voit l'ancien titre
de 1742 des terres du Nombre de Jésus, comme l'exprime le

document de 1837.

Quant au terrain de San Sebastian d'El Pa10 Verde,
situé au Sud des "ejidos" de La Virtud mesurés en 1837,

l'arpentage de 1843est important relativement à deux points
de la ligne Frontière. En premier lieu, le point constitué

par la colline et borne de La Bolsa, avec une nouvelle
référence au titredu Nombre de Jésus de 1742, de même qu'en

1837. En second lieu, le point se trouvant "à la jonction
d'un petit ravin nommé Las Lajas avec la rivière del

Amatillo, jonction qui est également appelée la Posa del
~ajon*.~~ Ceci constitue, ainsi qu'on l'a indiqué, le point

extrême du secteur en litige.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV.
Annexe X.1.8, p. 2017.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.13, p. 2065. C. LE COMPORTEMENTDES PARTIES APRES',1821 EN RELATION
AVEC LES LIMITES DANS CE SECT~TR

1. Introduction
l

106. Les concessions de terres octroyées par la

République du Honduras entre 1837 et 1844 mettent en
évidence une continuité et une identitéavec les limites des

anciennes provinces espagnoles établies en application de
l'uti possidetis juris de 1821. Mais, d'autre part, ces

procédures sont remarquables en liaison avec le comportement
des Parties à propos des limites dans ce secteur en litige

de la frontière.

,.:..
En effet, l'intervention de ...::erses autorités
honduriennes se manifestent dans lesdo:,siersde concession

des terres, depuis le Gouvernement Suprême jusqu'aux
personnes déléguées pour effectuer l'arpentage. Et ces
autorités agissent dans un espace concrétisé par des limites

territoriales précises. D'autre part, lors de la réalisation
des opérations d'arpentage dans ce secteur, furent convoqués

et furent présents les frontaliers d'El Salvador,
municipalités et particuliers,qui ne formulèrent aucune

protestation ou plainte contre les interventions des
autorités du Honduras. Ce qui explique, ainsi qu'on l'a déjà
> '
indiqué, dans le mémoire du Honduras,Iiqul.l, Salvador n'ait
finalement présentéaucune réclamation territoriale dans ce
l
secteur pendant tout le XIXe siècle et la p.,. grande partie
du siècle actuel1. -
;
8

...
1 Mémoire du Honduras, vol. 1.:ychap. IX, p. 321-322.
.:.. 107. Comme on le verra ci-après, les documents des

autorités du Honduras, ainsi que la correspondance
diplomatique entre lesdeux Républiquessur les limites dans

ce secteur, confirment ce qui précède. Mais il ne faut pas
oublier, d'autre part,un élément relatifau déroulement de

la controverse: les négociations de 1884 sur les limites.
Lors de celles-ci, ainsi qu'on l'a déjà indiqué1, les

Délégués des deux Républiques, "aprèsavoir recueilli les
données nécessaires",décrivirent la ligne dans ce secteur,

de l'Est à l'ouest, dans lestermes suivants:

"De ce lieu (le col appelé Amatillo), où la
rivière Lempa pénètreen territoire salvadorien,
en divisant les Départementsde Chalatenango etde
Cabanas se trouvent &s limites reconnuespar les
villaqes frontaliers des deux Républiques;en
cornmenCant au col de Amatillo la liqne de
démarcation existante et sans discussion entre
Nombre de Jésus d'El Salvador et La Virtud du
Honduras; et en suivant la ligne qui divise les
Départements de Chalatenango et de Gracias jusqu'à
la montagne de Cayaguanca entre les villages de
Citala et d'ocotepeque, où le torrent de Pacayas
prend sa sou<ce2" (soulignépar nous).
t
1
La référence au%"'limites reconnues par les villages

frontaliers" se rattache directement, c'est évident,aux
arpentages menés à bie,qentre 1835 et 1844 et elle exprime
# \
une totaleabsence de,c1ln\lits entre les deux Républiques à

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 322-324.

2 Mémoire du, Honduras, Annexes, vol. ' 1,
Annexe 111.1.51, p. 172.propos des frontières, en affirmant expressément,

relativement aux limites entre les villages de Nombre de
Jésus, d'El Salvador, et de La Virtud, du Honduras, qu'il

existait une ligne "sansdiscussion" de la Posa del Cajon, à

l'Est, jusqu'à La Laguneta, à l'Ouestl.

2. Les documentsdes autorités honduriennes

108. En relation avec le sous-secteur de Sazalapa, de
la borne Pacacio, à l'Ouest, jusqu'au point du Guanacaste,

La Canada ou El Platanar, à l'Est, il n'existe pas de
documents du XIXe siècle faisant preuve d'un conflit sur les

limites. Par contre, dans deux documents de 1849, on pourra
apprécier l'intervention des autorités du Honduras

relativement à l'exportation de marchandises vers El
Salvador "par la voie de ~azala~a"~.

Un document plein d'intérêt est constitué par la

communicationdu 26 avril 1928, du Ministère de la Guerre et
de la Marine à celui des Relations Extérieures,informant ce

dernier que, à Sazalapa, "...une escorte salvadorienne s'est
introduite sur notre territoiresur une profondeurd'environ

une demi lieue de distance de la frontière" pour capturer
quelques indigènes salvadoriens3. A cet endroit, la limite

est constituéepar la rivière Sazalapa.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, carte 8.5.3 en regard

de la page 332.

2 Réplique du . Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes 111.4 et 111.5, p. 130-131.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.6, p. 132. 109. Concernant le sous-secteur de La Virtud, c'est-à-
dire du point du Guanacaste ou La Canada jusqu'à la Posa del

Cajon, il n'existe, non plus, aucun document concernantdes
conflits de limites au cours du XIXe siècle. De l'ample

pratique administrativeon présente un document du 9 juillet
1835 se rapportant à la vente des terres de l'ancienne

Hacienda de San Juan Arcatao ou Lacatao, antérieure aux
arpentages desterres de La virtudl.

110.Au cours du présent siècle apparaissent,

naturellement,divers documentsdes autorités du Honduras à
propos des limites dans ce sous-secteur, relativement à un

point très concret, Gualcimaca qui, avec El Amatillo,
constitue 1lobjet des prétentions salvadoriennes2.Ces

documents trouvent leur reflet dans la correspondance
diplomatique entre El Salvador et le Honduras car ils

constituent l'antécédentdes protestations de la partie
hondurienne. Ces documents culminent avec la communication

du Ministère des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 18 juin 19673, en relationavec un grave incident survenu

au villagede Gualcimaca.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.3, p. 129.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes 111.8,p. 138 et 111.10, p.'141.

3 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.11, p. 142. 3. La correspondancediplomatiaueentre El Salvador
et le Honduras

111. Les vingt-trois documents présentéscorrespondent

à la période 1938-1960, ce qui prouve encore une fois
l'inexistenced'un conflit sur les limites toutau long du
XIXe siècle et une bonne partie du siècle actuel. Aux fins

d'examen, cette documentation peut être divisbe en deux
groupes: d'abord les actesde reconnaissancepar El Salvador
de la localisation de certains villages en territoire

hondurien, en contradiction avec lesprétentions actuelles
puis, en secondlieu, les actes de protestationdu Honduras

à la suite de violationsde son territoireet les réponses
d'El Salvador.

9 Actes de reconnaissancede la part d'El Salvador

112. Dans le croquis intitulé "Human seitlements

included in the Non Delimited Zones El Salvador-Honduras
frontier. Arcatao ou Zazalapa" se trouvant dans le mémoire
d'El salvadorl apparaît, entre autres, lelieu dit, &

Vecina, dans le sous-secteur de La Virtud. Mais la
prétention salvadorienne actuelle, fondée sur les

"effectivités" est en contradiction avec la note
salvadorienne du 30 novembre 1938 dans laquelleil était
demandéau ~onduiasde:

1 Mémoire d'El Salvador, aprèschap. 7.22, cinquième
croquis. "...mainteniren détention provisoire,pendant que
seraient faites les démarchesafin d'obtenir une
commission rogatoire permettant d'obtenir
l'extradition d'individus...(ui) résident au lieu-
dit 'La Vecina', juridiction de Villa La Virtud,
Département de Gracias, de cette République,
inculpés (par) le tribunal de première instancede
chalatenangol..."

113. La mëme attitude se produisit en rapport avec un
autre lieu compris dans le mëme mémoire d'El Salvador, Laç

Laqunetas qui fait aussi actuellement l'objet des
prétentions salvadoriennes. En effet, par une note du 2 août

1944, El Salvador demanda, à la requête du Gouverneur du
département de Chalatenango, qu'uneenquête soit ouverte à

propos des blessures subies par un national salvadorien qui
"...allait chercher du maïs. (au) lieu-dit Laguneta,
Honduras", ajoutant que des incidents s'étaient produits

"...avec des travailleurs (de) cet endroit (qui) passaient
là-basu2 (soulignépar nous).

114. Mais encore plus significativeen rapport avec les

limites du. sous-secteur de Sazalapa est la note d'El
Salvador du 9 février 1946 dans laquelle est transcrite un
rapport du Directeur Général de la Garde Nationale de ladite

République. En liaison avec une précédente protestation du
Honduras du 15 janvier de cette méme année, à la suite

d'incidents survenus entre des nationauxhondurienset des

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.12, p. 143.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.14, p. 146.gardes de la Garde Nationale salvadorienne du village de
Arcatao, le document indique que "...personnedéclara avoir

connu les gardes qui, dit-on,ont traversé la frontière".Il
résulte du journal de service du poste de Arcatao

qu'uniquement deux des gardes de la Garde Nationale
salvadorienne:

"...ont pris le service de 2 à 6 heures, le trois
de ce mois, par la route qui va de arcatao à
Guarita ondu dura ét),t arrivés jusqu'à la rive
de la rivière 'Zazalapa'qui sert de limite entre
les deux Ré~ublique"~(soulignépar nous).

L'aEEirmation est sans équivoque, car il s'agit de la
méme limite qui résulte des documents du XVIIIe siècle et

qui a été confirmée par l'arpentage de 1844. Et comme il
s'agit d'une rivière, celle de Sazalapa, on peut

difficilement justifier la pénétration des forces
salvadoriennesen territoire hondurien sous le prétexte que

"...la frontière n'était pas parfaitement déterminée"et que
la Garde Nationale s'est guidée grâce aux indications des

habitants. En tout cas, le rapport indique que l'on a
ordonné la mutation de tout le personnel du poste d'Arcatao

et que "on a donné les instructions nécessairespour qu'à
l'avenir des incidentsde ce genre ne se reproduisentplus'',
ce qui rend évident le bien-fondé de la protestation

hondurienne.

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.15, p. 147. Actes de protestationde la part du Honduras

115. Le 23 août 1941, le Ministère des Relations
Extérieures du Honduras donna instructions au Ministre du

Honduras au El Salvador de porter à la connaissance du
Gouvernement d'El Salvador la pénétration en territoire

hondurien de huit individusappartenant à la Garde du Trésor
d'El Salvador quiarrivèrent au village de Las Cuevas, dans

le sous-secteur de Sazalapa. Prenant motif de cet incident,
le Gouvernement du Honduras demandait au Gouvernementd'El

Salvador d'adopter "les mesures nécessaires" pour que les
coupables soient châtiés et pour éviter "que ces faits se

reproduisent à 1'avenirw1.

116. Néanmoins, la correspondance diplomatique montre
que les protestations du Honduras pour violation de son

territoire se réfèrent- principalement au village de
Gualcimaca, situé dans le sous-secteur de La Virtud, ce qui

ne laisse de surprendre étantdonné que les limites du
terrain de Arcatao et de Gualcimaca, furent clairement

fixées au XVIIIe siècle et confirméesau XIXe siècle.

Dans diverses notesd'El Salvador, il est reconnu que
le village de Gualcimaca formeune partie du territoire

hondurienz. Mais, à partir de 1949, les protestations du
Honduras se succédèrent enraison d'incursionsdes forces

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.13, p. 145.

Réplique du Honduras, Annexes, ,vol. 1,
Annexes 111.23, p. 157; 111.25, p. 159 et 111.33,
p. 167.d'El Salvador dans le village précité de Gualcimaca. Ces

protestations se sont poursuivies jusqu'aux dernières.en
1960~. Les incidents se sont poursuivis,ainsi que le montre
le communiqué de la Chancellerie honduriennedu 18 juin

1967, jusqu'à des dates proches du conflit armé de 1969
entre les deux ~é~ubliques~.

117. Enfin, il convient de faire ressortir qu'en 1949,

la violation du territoire hondurienpar les forces d'El
Salvador s'est étendue jusqu'à El Amatillo, dans le même

sous-secteur de La Virtud. Comme le montre la note
hondurienne du 31 janvier 1949, l'incident trouva son
origine dans l'attitudede la municipalité salvadoriennede

Nombre de Jésus.qui estimait que la limite entre les deux
Républiques était "la rivière Amatillo". Mais cela donna

lieu immédiatement à une protestation du Gouvernement du
Honduras contenue dansla note précitée3.

D. CONCLUSIONS

118. L'examen des données postérieures à 1821, en

liaison avec les limites établies en application de l'd
possidetis juris a permis d'établir certainesconclusions

généralesqu'il convientde récapituler maintenant.

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes 111.16, p. 149; 111.22, P. 156; 111.24. p. 158;
111.27, p. 161; 111.30, p. 164; 111.32, P. 166 et 111.34,
p. 168.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.11, p. 142.

3 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.18, p. 151. En premier lieu, les titres des terres octroyéspar la

République du Honduras, entre 1837et 1844, font ressortir
que les limites entre les deux Républiques, avec antériorité

à 1821, sont les mëmes que celles qui furent déterminées en
conformité avec les documents délivrés par les autorités

espagnoles au XvlIIe siècle. Mais, en second lieu, les
procédures des autorités honduriennes, entre 183e 5t 1844,

permettent d'établirsans doute possible,que la République
du Honduras, postérieurement à 1821, s'est comportéecomme

le souverain du territoire qui constituait antérieurement
l'Intendance et Evëché du Honduras sans qu'existe, tout au

long du XIXe siècle et pendant une bonne partie du siècle
actuel, de protestation ou de réclamation quelconquede la

part d'El Salvador, relativement aux limites,dans ce
secteur de la frontièreen litige.

Les négociations de 1884 en particulier, confirment

cette conclusion lorsqu'elles font allusion aux "limites
reconnues par les villages frontaliers des deuxRépubliques"

et, de mëme, en faisant allusion a la ligne "existante et
sans discussion" entre Nombre de Jésus et La Virtud.

119. En liaison avec le comportement des Parties,

postérieur à 1821, les documents des autorités honduriennes
et la correspondance diplomatique entre le Honduras et El

Salvador mettent en évidence deux points importants. En
premier lieu qu'El Salvador a, en contradiction avec ses

prétentions territoriales actuelles, reconnu expressément
que certains villages comme La Virtud, Las Lagunetas ou
Gualcimaca font partie du territoire du Honduras,

conformément aux limites établies en application de l'&
possidetis juris de 1821. En second lieu que le Honduras, au moyen de

protestations réitérées adressees au El Salvador, s'est
opposé aux prétentions territoriales de cet Etat, au-delàdes

limites de 1821. Attitude que l'on peut apprécier, tant en
ce qui concerne Las Cuevas et El Amati110 que,

réitérat.ivement,eu égard à Gualcimaca. CHAPITRE VI1

LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE ENTRELA SOüRCE DU
RUISSEAU LA ORILLA ET LA BORNE DU MALPASO DE SIMILATDN

(NAGUATERIQUE-COLOMONCAGUA)

Section 1. Introduction

1. .Dans son contre-mémoire, le Gouvernement du
Honduras a fait allusion à une première divergence entre les

Parties, celle relative à la dénomination de ce secteurl.
Or, cette divergence s'est partiellement atténuée attendu

que, dans son contre-mémoire, El Salvador a abandonné la
référence à "Perquin, Sabanetas ou NahuateriqueU2, en

faisant dorénavant allusion à "~ahuateri~ue"~. Le
Gouvernement du Honduras ne juge pas nécessaire de revenir
sur ce point.

D'autre part, El Salvador a accepté "to divide this

sector into two sub-sectors" aux fins d'examen, ainsi que
cela a été fait dans le mémoire du ond dura 1s^e.n sera

tenu compte, ainsi qu'on le verra plus loin, lorsqu'on
établira le plan du présent chapitre.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 315-316.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6: trad. fr.,p. 33.

Contre-mémoired'El Salvador, chap. III, p. 79.

4 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.65, p. 80. 2. 11 est cependant regrettable que les points
susvisés soient les seuls sur lesquels il y a accord entre

les Parties, outre celui concernant l'identificationdes
points extrëmesdu secteur, accord qui est consacré dans les

dispositions de l'article 16 du Traité Général de Paix de
19801.

Le désaccord apparaît, en premier lieu, en ce qui

concerne la localisation géographique de la "source du
ruisseau La Orilla" et de la "borne du Malpaso de

Similaton", points extrëmesdu présent secteur au Sud-Ouest
et au Nord-Est. Dans le premier cas, la divergence n'est que

de 7" de latitude et 8" de longitude et peut avoir un
caractère technique,vu sa faible valeur. En ce qui concerne
la borne du Malpaso de Similaton, l'écart par rapport a la

localisationdu Honduras atteint 1'25"en latitude et 1'24"
en longitude,ce qui exclut qu'il puisse s'agir d'une simple

différence technique. Cela fut mis en évidence, en 1985,
dans le débat qui eut lieu entre les Parties sur ce point,

au sèin de la Commission mixte des limites El
~a1vador.-~knduras,ainsi qu'on l'a exposé dans le contre-

mémoire2. Or, attendu qu'El Salvador n'a pas fait allusion à
ce point dans son contre-mémoire,il suffit, une fois de

plus, de faire état ici du désaccord des Parties sur la
localisationdudit point.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 323 et suiv.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 377-380. 3. Dans les Conclusions de son contre-mémoire, El

Salvador a demandé à la Cour de délimiter la frontière
terrestre "...in accordance with the line indicated in the

Submissions" de son mémoire1 bien qu'en réalité il ne
revendique pas uneseule ligne mais une pluralité de tracés.
Le Honduras, pour sa part, a repris la ligne qu'il a exposée

dans son mémoire2. La divergence entre les Parties quant au
tracé de la ligne frontière dans leprésent secteur subsiste

donc dans son intégralité.

A cela s'ajoute,en troisième lieu, un désaccord entre
les Parties sur le fondement juridique de la délimitation.

En théorie, El Salvador invoque - de mOme que le Honduras -
l'uti possidetis iuris de 1821; il affirme ainsi que la base

de ses prétentions dans ce secteur sont les titres des
terrains de Torola de 1743 et de Arambala y Perquin de

18153. Or, à la pluralité de tracés salvadorienscorrespond
une pluralité de fondements juridiques. C'est ainsi qu'El

Salvador recourt, en secondlieu, aux "effectivités" et,
enfin, à la notion de "terres de la Couronne" (tierras

realengas).

4. Il convient de signaler, en quatrième lieu, que,

en ce qui concerne l'application de l'uti possidetis juris
de 1821, il existe d'importantes divergences entre le tracé

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.1,
p. 292.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II,
Conclusions,A.4, p.733-734.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.64,
p. 79-80, répété au chap. 3.66, p. 80 et au chap. 3.82,
p. 89.respectif revendiquépar les Parties. Dans le sous-secteur

de Colomoncagua - ou de Torola, selon la dénomination
salvadorienne - El Salvador, en s'appuyantsur le titre de

Torola de 1743, insiste sur une limite qui, d'une façon
générale, suit la rivière Las Canas; alors que les documents

des XVIIe et XVIIIe siècles, fournis par le Honduras,
déterminent quelles étaient les limites entre les anciennes

provinces, à l'Est de ladite rivière.

Dans le sous-secteur de Naguaterique, le Honduras a
prouvé que la limite des anciennes provinces était la
riviére Negro ou Quiagara, et que ladite limite a été

clairement reconnue par El Salvador en 1861 et 1869. En
revanche, El Salvador passe ce fait sous silence, ainsi que

le procès de 1773 devant le Tribunal Principal des Terres de
1'Audienciade Guatemala,et revendique une lignefondée sur

une interprétation erronéedes limites des terres de
Arambala y Perquin selon le titrede 1815.

5. Enfin, d'autres divergences entre les Parties

s'ajoutent aux précédentes;elles découlent d'une erreur
d'interprétationde la part d'El Salvadorquant aux éléments
qu'offre le droit espagnol des Indes. En effet, on a déjà

parlé de l'allégation des "terres de la couronne", en
matiére de délimitationl.Mais, en outre. se pose à nouveau

la question relative A la nature des "ejidos" et aux effets
de la concessionde terres à une communauté indigène sur les

Mémoire d'El Salvador, Conclusions, 1, point 2;
trad. fr., p. 87.limites des anciennes provinces1, question qui fait
désormais 1'objet d'une conclusion spéci£ique2. Et se pose

également la question relative à la force probante des
documents antérieurs à 1821, puisque El Salvador établitune

distinction injustifiée entre "Formal Title Deeds" et
simples "title deeds to proprietary interest in land" en

essayant de restreindre ou d'exclure la pertinence de
certains ,documents fournispar le ond duras^.

6. Comme on l'a dit au chapitre précédent, la nature

et la portée des divergences entre les Parties déterminent
le plan de l'exposé dans le présent chapitre. Les

divergences d'ordre général relatives au droit espagnol des
Indes ont déjà été examinées au chapitre III; il n'est donc

pas nécessaire de reprendre ici ces considérations. Par
contre, on examinera, dans les sections suivantes, les

divergences spécifiques à ce secteur.

Dans la section II, on abordera les divergences des
Parties sur le tracé de la ligne frontière et le fondement
juridique de la délimitation demandée à la Chambre de la

Cour et dans la section III, les divergences relativesà
l'application de l'uti possidetis juris aux documents

antérieurs à.1821. Enfin, à la section IV, on mettra en

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2, p. 12-32;

contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. VI p. 50-83.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.2
(i), p. 292.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 4X-83 et 101-121.évidence certains faitspostérieurs à 1821 qui confirment ou
corroborent les conclusionsénoncées à la section précédente

quant à la délimitation.

Section II. Les divergences des Partiessur la délimitation

7. Dans cette section on exposera dans un premier

temps les divergences entre lesParties sur le tracé de la
ligne frontière dans ce secteur, selon les "Conclusions"

soumises à la Chambre de la Cour par chacune d'entre
elles (A). Puis on abordera, dans un deuxième temps, une

autre divergence entre les Parties, concernant le fondement
juridique de la délimitation car El Salvador invoque, non

seulement l'uti possidetis juris de 1821, mais également
d'autres fondementsjuridiques (B).

A. LES DIVERGENCESDES PARTIES SUR LE TRACE DE LA
LIGNE FRONTIERE

8. Comme on l'a indiqué dans les chapitres

précédents, El Salvador a demandé à la Chambre de la Cour,
dans les "Conclusions" du contre-mémoire, de délimiter les

secteurs en litige de la frontière terrestre ". ..in
accordance with the line indicated in the submissions

contained in the Memorial of El ~alvadorl". En ce qui
concerne le Honduras, les "Conclusions" de son contre-

mémoire reproduisent le tracé de la ligne figurant dans
l'écrit précédent2.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions 1.1,
p. 292.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions
A.4, p. 733-734. Les Parties, par conséquent, ont repris dans leurs
seconds écrits le tracé exposé dans les premiers, ce qui

implique qu'une profonde divergence subsiste entre elles,
comme on peut en juger en comparant le tracé de la ligne
selon l'une et l'autre partie1. D'autre part, unedivergence

subsiste également quant à la localisation géographique du
point extrême de ce secteur à l'Est, la borne du Malpaso de

Similaton, divergence mise en évidence dans l'écrit
précédent du m on dur aou^.en tenant compte de ces données,

il convient de revenir sur ces divergences entre les
Parties, à la lumière de l'argumentationdu contre-mémoire

d'El Salvador.

1. Le tracé de la liqne frontièredans le secteur
selon El Salvador

9. Le Honduras a déjà examiné dans son contre-mémoire
le tracé - ou mieux les tracés- défendu(s) par El

salvador3. Les "Conclusions" du mémoire salvadorien ayant
été reprisesdans son deuxième écrit,on pourrait considérer

superflu de se livrer à un nouvel examen. Cependant, le
contre-mémoire d'El Salvador, en exposant ses prétentions

sur ce secteur4 soulève de nouveau les problèmes
fondamentaux quisont à la base dudit ou desdits tracé(s).

1 contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 325-339.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 323-325.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 323-339.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, chap3.64-3.101,
p. 79-103 et aussichap. IV sur les "effectivités". Ainsi, le Hondurasse voit contraint d'exposer ici les
caractéristiques fondamentales du ou des tracé(s)

salvadorien(s). A cette fin, seront examinés séparément le
sous-secteur compris entre la source du ruisseau La Orilla

et la rivière Negro ou Quiaguara (Colomoncagua ou Torola) et
celui qui s'étendde cette riviere au Malpaso de Similaton
(Naguateriqueou Nahuaterique).

Le tracé de la liqne frontière entrela source du

ruisseau La Orilla et la rivière Neqro ou
Quiaquara

10. D'après le tracé décrit dans le chapitre 6.72 du

mémoire salvadorien, la ligne va, selon une direction Ouest-
Est, de la source du ruisseau La Orilla au sommet du Cerro

El Volcancillo; de là, en lignedroite, au lieu dit Cajon de
Champate, d'où elle suit le cours du fleuve de Las Canas en

amont, jusqu'à un coude de cetterivière; et de là, jusqu'au
sommet du Cerro El Alquacil; de là, en ligne droite jusqu'à

une borne sur le cours du fleuve La Presa, Las Flores ou
Pichigual; et de là en aval de ce fleuve, jusqu'à son

confluentavec la rivière ~egrol.

Pour ce qui est de la position d'ElSalvador, on mettra
en évidence, en premier lieu, les fluctuations du tracé

salvadorien. On montrera, en deuxième lieu, que cette
position entraîne une pluralité de tracés. Et enfin, on
soulignera les contradictions destracés salvadoriens.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49-50. i) Les fluctuationsdu tracé salvadorien depuis 1869

11. Dans son contre-mémoire, El Salvador fait

référence aux premières négociations sur les limites, celles
qui se sont tenues à Champate en 1869, bien qu'il n'indique

pas les limites alors défenduespar le délégué salvadorienl.
Mais, comme il en a coutume, El Salvador ne procède pas à un

examen complet du déroulement de la controverse.Comme la
Chambre de la Cour l'aura noté, deux facteurs importants

expliquent cette attitude: d'une part, depuis 1869 jusqu'à
ce jour, ~l Salvador a défendudifférents tracés,et d'autre

part, sa position devant la Chambre de la Cour constitue,
comme à l'ordinaire, un maximum de prétentions

territoriales.

12. Pour ce qui est de ce sous-secteur,El Salvador a
défendu depuis 1844 un tracé constant pour la partie de la

ligne au Nord du Caj6n de Champate, car celle-ci continue en
amont de la rivière Las Canas. Cependant, la cohérence de la

position salvadorienne ne va pas plus loin car, pour la
partie comprise entre le cours final dela rivière Las Caiias

et la rivière Negro ou Quiaguara, la position salvadorienne
n'a cessé de fluctuer.

11 en va ainsi, en premier lieu,pour ce qui est du

point situé sur la rivière Negro ou Quiaguara auquel
parvient le tracé salvadorien et la direction Sud du tracé,

pour rejoindre la rivière Las Caiias.En 1869, le délégué
salvadorien ayant reconnu la rivièreNegro ou Quiaguara

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.91-3.93,
p. 96-97.comme la limite entre les deux Républiques lors des
négociations de Naguaterique, il proposa lors des
. .
négociations qui ont immédiatement suivies, à Champate, en
juillet de cette année, que la ligne vers le Sud commence à

la "confluence de la rivière Negro et de la rivière
~ichigual'l.Mais en 1880, lors des négociationsde Saco, El

Salvador proposa un point beaucoup plus à l'Est puisque la
ligne, du Cerro Alumbrador dans le secteur de Naguaterique,

serait allée "jusqu'à la traversée de la rivière Negro, en
directiondu ~uiriri~."

En 1884, El Salvador modifie à nouveau sa position,

puisque la ligne traverse alors la rivière Negro ou
Quiaguara en venant du coteau de Chagualaca,au Nord, et se

dirigeant du sommet du cdteau "Redondo" ou "AguacilMayor"
vers le sud3. Comme on peut en juger d'après la carte

hondurienne B.2.5 du mémoire, cela suppose un déplacement
vers l'Ouest, bien que la ligne soit tracée à l'Est de la

rivière Pichigual, commeen 1880.

Au XXe siècle, le tracé salvadorien enregistre de
nouvelles fluctuations.Lors des négociations d'Antigua de

1972, la ligne va du Cerro de Chagualaca"jusqu'aucoude de

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1.

Annexe 111.1.11,p. 68.

2 Mémoi re du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24, p. 101 et carte 8.2.5, p. 196 pour la
localisationde la borne de Guiriri.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.51, p. 171.la rivière Negro le plus proche de la colline ~hagualacal",
ce qui entraine un nouveau déplacement vers l'Ouest par

rapport à 1884. Cependant, en 1985, au sein de la Commission
mixte deslimites El Salvador/Honduras,El Salvador revint à

sa position de 1884~, ce qui n'empéche pas le chapitre 6.72
du mémoire d'apporter une ultime variation: de Chagualaca,

la ligne va "jusqu'à un coude du Negro" situé à l'ouest de
la confluence de cette rivière avec celle de Pichigual,d'où

elle "suit le cours du Negro vers l'amont sur 1800 mètres"
jusqu'à sa confluence avecle Pichigual.

En somme, de 1869 à nos jours, El Salvador a défendu

cinq tracés différents, le tracé soutenu devant la Chambre
de la Cour représentant un maximum de prétentions

territoriales.

13. En deuxième lieu, la position 'd'El Salvador
concernant le point sur lequel la ligne, selon une direction

Nord-Sud, touche la rivière Las Caiias,enregistre également
de nettes fluctuations.En 1869, de la rivière Pichigual, on

se dirige vers un plateau dénomméEl Llano Seco et, de là,
"à la source de la rivière Las Cacas formée par deux

torrents3." Cependant, en 1884, la géographie parait avoir
changé puisquele point de rencontre de la ligne est le

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe IV.1.22.A, p. 578.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.20, p. 900.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,.
Annexe 111.1.11, p. 67."côteau Alguacil Mayor où la rivière Las Canas prend sa
sourcel", la Convention non ratifiée du 10 avril 1884

confondant par ailleurs le Cerro Alguacil Mayor avec le
'Monte Redondo', point sur lequel on reviendra plus loin2.

Pourtant, l'étude de l'ingénieur salvadorien

M. Barberena ne considère pas que 1'Alguacil Mayor est la
source de la rivière Las ~afias3.Néanmoins, El Salvador a

maintenu cette position lors des négociations d'Antiguade
19724. Cela dit, en 1985, .il abandonne cette positionpour

revenir à celle de 18845. Et dans le chapitre 6.72 de son
mémoire, on enregistre encore une autre variation:

maintenant, du Cerro El Agualcil, la ligne "se poursuit en
ligne droite dans la direction Sud 73O 14' 11" Ouest sur

1881 mètres jusqu'à un coude de Las caiias6."

Le Cerro Agualcil Mayor ,n'est plus considéré comme la
source de Las Canas, qui d'ailleurs a disparu. Mais les

fluctuations salvadoriennes depuis 1869 ne poursuiventqu'un

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.51, p. 172.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.1.54,,p.180, (art. 5 de la Convention de 1884).

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.2.1O.C,p. 268.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,

Annexe IV.1.22.A,p. 578.

5 Mémoi e du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe V.1.20. p. 900.

6 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49.but: éliminer le Cerro Quecruz, La Cruz et El Picacho, qui

démentent ces tracés salvadoriens.

ii) Un tracé a plusieurs faces ou une pluralité de
tracés salvadoriens

14. L'examen antérieur perir.etde situer la position

actuelle d'El Salvador dans son cadre historique. Mais si
l'on considère le contenu intrinsèque de la position
soutenue devantla Chambre de la Cour, on est frappé par une

constatation:malgré l'obscuritédélibérée des "Conclusions"
de son mémoire1, El Salvador ne soutient pas devant la

Chambre de la Cour un tracé unique de la ligne frontière
dans ce sous-secteur, maisune pluralité de tracés.

15. En effet, en premier lieu, il existe un tracé des

limites des terres de Torola et de celles de Perquiny
Arambala au Sud de la rivière Neqro. Et il constitue

l'interprétation salvadorienne des titres de 1743 et 1615,
exposée, tant dans son mémoirez, que dans son contre-

mémoire3. Ce tracé est représente sur les cartes
salvadoriennes 6.4 et 6.IV du mémoire intitulées

"Interpretation of the Common Lands Title of Perquin-
Arambala and Torola, which protectsthe zone of Nahuaterique

or Sabanetas", de mëme que sur les cartes 3.H et 3.1 du
contre-mémoire salvadorien.

1 Mémoire d'El Salvador, Conclusions 1.1 et aussi

1.2 et renvoi aux conclusionsdu chap. 6, en particulier
chap. 6.72; trad. fr., p. 49.

2 Mémoire d'El Salvador, chap.6.30-6.49; trad. fr.,
p. 33-42.

3 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 3.64-3.101,
p. 79-102. Mais il convient d'observer, cependant,que ce tracé

comprend seulement une partie de la ligne entre la source du
ruisseau La Orilla et la rivière Negro: celle qui va de la

rivière Las Cafias,au pied du Cerro de Tijeretas jusqu'au
Cerro Alguacil Mayor, en relationavec le titre de 1743. Sur

la carte salvadorienne3.1, on observe que la ligne selon le
titre de Perquin y Arambala de 1815 se situe beaucoup plus à

l'Est que la ligne de la rivière Pichigual, un espace coloré
en bleu se trouvant entre les deux.

En deuxième lieu, il existe un autre tracé: celui

décrit dans le chapitre 6.72 du mémoire d'El Salvador. Ce
tracé est plus étendu que le précédent, puisqu'il va de la

source du ruisseau La Orilla jusqu'à la rivière Negro. Comme
le montre la carte salvadorienne3.1, ce tracé présente deux

particularités par rapport au premier: d'une part, il
dépasse les limites des terres de Torola à l'Ouest et

d'autre part, entre le CerroAlguacil Mayor et la rivière
Negro, ce second tracé,étant situé plus à l'ouest, englobe

le tracé des limites des terres de Perquin y Arambala.
Concernant ce dernier point, il convient de souligner que le

fondement de ce second tracé n'est pas l'uti possidetis
juris de 1821, mais le recours aux "effectivités",ce que

confirme la carte sur les "Human Settlements" dans ce
secteur, figurant à la suite du chapitre 6 du mémoire

salvadorien.

Enfin, si on s'en tient a la Conclusion 1.2 du mémoire
salvadorienet à la carte 6.10 incluse dans ledit écrit sur

la "Localisationof Crown Lands (tierras realengas)"dans ce
secteur, il convient de constater, qu'en plus des deux

tracés antérieurs, El Salvador en défend un troisième fondé
sur la notion de terres de la Couronne. Or, comme la Chambrede la Cour l'aura observé, il s'agit plus d'une prétention

territoriale supplémentaire, de portée indéterminée, que
d'un véritable tracé, c'est-à-dire uneligne. En effet, la

Conclusion 1.2 du mémoire d'El Salvador revêt un caractère
générique et sur la carte 6.10 déjà citée, les terres de la

Couronne (tierras realengas)sont indiquées au moyen d'une
zone sombre,potentiellementillimitée.

iii) Contradictions entre les différents tracés de la

ligne frontière défenduepar El Salvador

16. Comme on l'a déjà mentionné dans les chapitres
précédents, il est difficile de justifier de défendre en

même temps trois tracés différents dans le cadre d'un litige
sur la délimitation, l'un des tracés revêtant en outre un

caractère générique et indéterminé. Conscient de cette
difficulté, El Salvador tente d'établirun lien artificiel

entre eux. Maisil ne peut en aucun cas masquer les graves
contradictionsexistant entre les différentstracés.

17. En premier lieu, il existe une contradiction entre

le tracé des limites des terres de Torola et celles de
Perquin y Arambala au Sud de la rivière Negro et le tracé

décrit dans le chapitre 6.72 du mémoire d'El Salvador. Le
paragraphe qui suit le point "G. Conclusions" du chapitre 6

du mémoire salvadorien essaieartificiellement d'unirles
deux tracésl, de même que l'énoncé de la carte 6.4 dudit

écrit qui affirme que, selon l'interprétationsalvadorienne,
les titres de Torola de1743 et de Perquin y Arambala de

1815 "...protects thezone of Nahuateriqueor Sabanetas".

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6; trad. fr.,
p. 47-48. Cependant, comme on l'a déjà souligné dans notre écrit
précédent1, les deux tracés ne coïncident que pour la partie

centrale de ce sous-secteur. A l'ouest, il reste une vaste
zone, numérotée IV sur la carte 5.2 dudit écrit, au-delà des

limites des terres de Torola, et au Nord de celles-ci, les
zones numérotées 1 et III, au-delà des limites des terres de

Perquin y Arambala au Sud de la rivière Negro. La dualité de
tracés, qui ne coïncident pas, démontre qu'El Salvador

recourt, en même temps, à un double fondement juridique:
l'uti possidetisde 1821 et les "effectivités".

Mais il existe également une contradiction entre le

tracé qui se fonde sur les titres fonciersde 1734 et 1815
et la prétention fondée sur les terres de la Couronne

(tierras realengas). Selon la Conclusion 1.2 du mémoire
salvadorien, ces terres sont "situées entre les terrains

communaux d'El Salvador et du Honduras", ce qui suppose,
logiquement, qu'elles sontadjacentes à un titre foncier

présenté par El Salvador. Pour cette raison, la carte
salvadorienne 6.10 indique qu'il s'agit des terres de la

Couronne qui se trouvent "...au-dela des terrains communaux
(tierras ejidales) décrits dans les titres de Perquin y
Arambala et Torola." Mais cet énoncé est, comme l'aura

observé la Chambre de la Cour, radicalement erroné: dans la
partie de la ligne au Nord des terres de Torola, celles de

Perquin y Arambala n'arrivent pasjusqu'à la ligne décrite

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 331-335.dans le chapitre 6.72 puisqu'elles sont au milieu des zones
numérotées 1 et III, comme on l'a déjà dit. Une prétention

fondée sur les terres de la Couronne n'a pas lieu d'être
puisqu'il existe dans lesdites zones une "absence"de titres
salvadoriens, ce qui démontre l'inexactitude de la

"localisation" indiquée sur la carte 6.10. Cela est par
ailleurs corroborépar la carte salvadorienne3.1 du contre-

mémoire où apparaît, coloré en bleu, l'espace entre la
limite des terres de Perquin y Arambala au Sud de la rivière

Negro et la ligne décrite dans le chapitre6.72.

Le tracé de la liqne frontière entrela rivière
Neqro et le Malpaso de Similaton

17. Selon le chapitre 6.72du mémoire d'El Salvador,

le tracé dans ce sous-secteur de Naquaterique s'étend au
Nord de la rivière Negro par les points suivants, à partir

d'un coude de cette rivière situé à 14O 00' 22" de latitude
Nord et 8E0 14' 16" de longitude Ouest: le sommet du Cerro

Chagualaca ou Marquezote; de là, au sommet du Cerro La
Ardilla; de là, jusqu'à la montagne de La Isla; de la,

jusqu'à la borne de 1'Antiguo Mojon de La Loma; et de là, à
la borne du Malpaso de Similaton. Ce dernier point,comme il

a été mis en évidence dans le contre-mémoirehondurien, est
placé d'une manière erronée à 14O 00' 53" de latitude Nord

et 8E0 03' 54" de longitudeouest1.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 323-325 et 377-380. Pour ce qui est de cette ligne,on exposera, en premier
lieu, les fluctuations du tracé salvadorien, en deuxième

lieu, l'existence d'une pluralité de tracés et enfin, les
contradictions entreles différentstracés.

i) Les fluctuationsdu tracé salvadorien depuis1861

18. La position d'El Salvador concernantle tracé de

la ligne frontièredans ce sous-secteur peut être appréciée
à deux moments distincts. Au cours d'une première période,

de 1861 à 1880, El Salvador reconnaîtla rivière Negro ou
Quiaguara comme la limite des anciennes provinces, limite

qui s'étend jusqu'au Malpaso de Similaton. La Note
salvadorienne du 14 mai 18611 en fournit la preuve, comme

les procès-verbaux des négociations qui ont eu lieu à la
montagne d'El Mono, en 18612 et à la .montagne de

Naguaterique en186g3.

El Salvador l'admet dans son contre-mémoire, faisant
allusion aux négociations de 1861 et 1869 et à la

communicationdu 14 mai 18614, bien qu'il prétendeminimiser

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe III.l.l.A,p. 51.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes III.l.l.B,p. 54.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.9,p. 62-63.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.20-2.23,
p. 22-25. la portée de sa reconnaissance affirmantque ce fut

seulement une "solution" possible au conflit sur les
limites, abandonnéeen 1884. On reviendra sur ce point plus

loin dans la section IV du présent chapitre.

19. A partir de 1880, El Salvador modifiesa position,
défendant un tracé fondé, non plus sur les limites des

anciennes provinces, mais sur les limites des terres de
Perquin y Arambala selon le titre de 1815. Or, de 1880 à

1972, la localisation de certains points ayant changé, on
enregistre, logiquement, différentes altérationsdans le

tracé, comme on peut en juger d'après la carte hondurienne
~.2.5~. Depuis 1972, les prétentions territorialesd'El

Salvador dépassent clairement le cadre du titre de 1815 à
.l'Ouest et à l'Est du sous-secteur ici examiné, modifiant

jusqu'à la localisation du point extrême de ce secteur à
l'Est, le Malpaso de Similaton.

Il en va ainsi, par exemple, pour la partie de la

ligne, à l'Ouest, de la rivière Negro jusqu'au Cerro El
Alumbrador. En 1880, El Salvador proposeun tracé qui va de

ce point "jusqu'à la traversée de la rivière Negro, en
direction de ~uiriri"2. Mais en 1884, apparaît un nouveau

point entre le Cerro El Alumbrador et la rivière Negro. Le
"côteau de Chagualaca", situé au Sud-Ouest du premier, et

logiquement, la ligne sera modifiée, allant d'Alumbrador à
Chagualacaet de lh non àGuiriri, comme en 1880, mais à

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, en regard de la

page 196.
2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 111.1.24,p. 101.Agualcil ~ayorl. A partir de 1972, on enregistre un nouveau
changement: de la colline de Chagualaca, la ligne "prend

approximativement la direction Ouest-Sud-Ouest jusqu'au
coude de la rivière Negro la plus proche de la colline de

~hagualaca"~, ce qui va au-delà de toute interprétation du
titre de 1815. En 1985, cependant, ce tracé est abandonné et

El Salvador revient à celui de 1884~. Mais cela ne l'empêche
pas, finalement, de réintroduire la ligne décrite au

chapitre 6.72 du mémoire salvadorien4.

20. En ce qui concerne la partie de la ligne au Nord,
El Salvador s'est référéde manière constante depuis 1880au

Cerro La Ardilla. Mais il convient d'observer qu'El Salvador
a ici été incohérent par rapport à sa thèse de l'identité

entre les limites des titres fonciersantérieurs à 1821 et
celles des anciennes provinces. En effet, bien que la

concession de terres de la montagne de Naguaterique,
octroyée aux habitants de Jocoara en 1770, ait été incluse

dans le titre même de Perquin y Arambala de 1815,
l'origine du litige postérieur devantle juge privatif de

terres du Guatemala, El Salvador n'a jamais, de 1880 à nos
jours, tenu en compte les limites dece terrain. Or, comme

1 Mémoire .du Honduras, Annexes, vol.
1,
Annexe 111.1.51, p. 171.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11.
Annexe IV.1.22.A,p. 578.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.20, p. $00.

4 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49.le montrent la carte hondurienne B.2.2l et la carte
hondurienne B.2.4 de 1916~, les terres des habitants de

Jocoara se trouvent, précisément, au Sud du Cerro La
Ardilla.

Enfin, les fluctuationsdu tracé salvadorien entreLa

Ardilla et le Malpaso de Similaton sont également
significatives.En 1880, le tracé va du Malpaso de Similaton

vers le Nord, à "un endroit nommé La Isla" et de là "au
Puente de Enmedio", la localisation de ces deux points étant

indiquée par référence à certains chemins3. En 1884, en
revanche, la référence au "Puente de Enmedio" disparaît et

"La Isla" est localisée beaucoup plusau ~ord~. En 1972,
nouvelle modification puisquedu Malpaso de Similaton, la

ligne parvient "à l'ancienne riviere de La Loma", de là, à
"La Isla", encore localiséeplus au Nord, et, de là, à "La

~rdilla"5. Mais la référence à la "riviete de La Loma" est
abandonnée en 19856, bien que réaparaisse la ligne décrite

dans le chapitre6.72 comme "Antiguo Moj6n de La ~oma~."

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, en regard de la
page 216.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, en regard de la

page 212.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24, p. 101. ...

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.51, p. 171.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe IV.1.22.A,p. 578.

6 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.20, p. 900.

7 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72, trad. fr.,
p. 49. En somme, jusqu'en 1972, El Salvador interprète en sa
faveur les limites du titre de 1815. Et depuis cette date,

et en particulier, devant la Chambre de la Cour, ses
prétentions s'étendent versl'Ouest de la ligne du Cerro de
Sapamani-Montagne de La Isla, comme on peut le constater

d'après les cartes salvadoriennes3.H et 3.1 du contre-
mémoire.

ii) On tracé A plusieurs faces ou une pluralité de

tracés salvadoriens

21. De même que pour le secteur précédent, El Salvador
défend vis-à-vis de la montagne de Naquaterique une

pluralité de tracés. En effet, si on s'en tient simplement à
la carte salvadorienne3.1 du contre-mémoire, ilconvient de
remarquer:

- En premier lieu, un tracé extérieur, celui décrit

dans la chapitre 6.72 du mémoire d'El Salvador,
tracé qui coïncide en partie, mais qui en englobe

aussi un autre, à savoir: le tracé des limites des
terres de Perquin y Arambala au Nord de la rivière

Negro, selon l'interprétation salvadorienne du
titre de 1815:

- La conséquence en est, logiquement, qu'existent à
l'ouest une zone - numérotée II sur la carte 5.2

du contre-mémoire hondurien1 - au-delà de la ligne
Cerro de Chagualaca-Guiriridu titrede 1815,

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, en regard de
lapage 328. de même qu'une deuxième zone, à l'Est, au-delàde

la ligne Montana de La Isla - Cerro Sapamani -
Portillo Equilatina du même titre foncier de

Perquin-Arambala.

22. Mais il existe aussi,en troisième lieu,un tracé

ou des prétentions supplémentairesd'El Salvador, fondées
sur la notion de terres de la Couronne (tierrasrealengas).

Comme on l'a indiqué, cettenotion figure expressémentdans
la Conclusion 1.2 du mémoire d'El Salvador et elle fait
l'objet d'une réserve spécifique à la fin du paragraphe G.

Conclusion, du chapitre 6 dudit écrit1. La "localisation"
des terres de la Couronne dans ce sous-secteur est
représentée sur la carte salvadorienne 6.IV du mémoire au

moyen d'unezone sombre.

Ce tracé, de manière tout à fait surprenante,s'étend
au-delà de la ligne décrite dans le chapitre 6.72, a l'ouest
et à l'Est du présent sous-secteur. La référence au titre de

Perquin y Arambala tellequ'elle est représentée sur la
carte salvadorienne 6.10 est'donc inexacte.

iii) Contradictions entreles différents tracés de la
ligne frontière défenduepar El Salvador

23. La première contradiction est cellequi surgit
entre, d'une part, le tracé des limites des terres de

Perquiny Arambala auNord de la rivière Negro,selon

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6; trad. fr., p. 48:
"tout en réservantles droits salvadoriens sur les terres de
la Couronnerevendiquées".l'interprétationsalvadoriennedu titre de 1815 et, d'autre
part, le tracé décrit dans le chapitre 6.72 du mémoire d'El

Salvador. Comme on l'a déjà dit pour le sous-secteur
précédent, l'énoncé des cartes 6.10 et 6.4 et le paragraphe

qui suit le point G. Conclusions du chapitre 6 du mémoire
tentent de pallier artificiellementla contradiction, mais

la différence de colorationsur la carte salvadorienne3.1
du contre-mémoire, à elle seule, la met en évidence de

manière non-équivoque.

Il existe en effet deux zones, à l'Ouest et à l'Est de
ce sous-secteur, qui dépassent les limites que

l'interprétation salvadorienne attribueau titre de 1815.
L'existence de ces deux zones montre, une fois de plus,

qu'El Salvador n'invoque pas uniquement l'uti possidetis
juris de 1821 mais également les "effectivités".

La deuxième contradiction est également similaire à

celle que l'on a indiquée pour le premier secteur. Elle
surgit entre le tracé fondé sur les limites du titre de 1815

et la prétention fondée sur la notion des terres de la
Couronne (tierras realengas), conformément à la carte

salvadorienne6.10 du mémoire.

Effectivement, en ce qui concerne les deux zones que
l'on a indiqué, les "terresde la Couronne" sont adjacentes,

non pas aux limitesdu titre de 1815, mais à la ligne
décrite dans le chapitre 6.72du mémoire salvadorien. Par

conséquent, en maniantla notion de "terres de la Couronne"
au-delà d'une ligne fondée sur le recours aux

"effectivités",El Salvador adopte une position tout à fait
incohérente par rapport à ce qu'il avait exposé dans le

paragraphe 1.2 des Conclusions de sonmémcire. 2. Le tracé de la liqne frontièredans le secteur

selon le Honduras

24. La Chambre de la Cour connaît le tracé de la ligne
frontière dans ce secteur selon le ~ondurasl. La carte 1v.12

représente graphiquement ledit tracé, en relation avec les
Conclusions duprésent écrit.

Ainsi, sans qu'il soit besoinde reprendre ici le tracé
hondurien concernant chacun des deux sous-secteurs, on

mettra uniquement en évidence trois caractères fondamentaux
de la ligne défendue par le Honduras: sa continuité, son

unité et son ample justificationdocumentaire.

25. La continuité du tracé hondurien dans le temps
peut étre appréciée lors des négociations successivessur

les limites entre les deux Républiques, de 1861 a 1985. En
effet, si on écarte la solution politiqueet sans lendemain

de 1884, il convient de constater:

- Pour ce qui est du premier sous-secteur, de la

source du ruisseau La Orilla jusqu'à la rivière

Negro, le Délégué du Honduras lors des
négotiationsde 1869 s'est refusé à reconnaître la
limite de la rivière LasCanas, ses pouvoirs ne

1 Mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions,

p. 743-744; contre-mémoiredu Honduras, vol. II, p. 733-734.

Réplique du Honduras, vol. 1, chap. VII, en regard
de la page 448. s'étendant pas auSud de la borne de ~uiriril, et
l'opposition des habitants de Colomoncagua vis-à-

vis de cette limite s'étant déjà manifestée à
l'occasion de la nouvelle mesure des terrains

communaux de Torola en 1844. En 1890, l'étude de
D. José Maria Bustamante offre une description

détaillée de la ligne, de la berge du Rincon, sur
la rivière Negro, jusqu'à La 0rilla2. C'est le

même tracé qui avait été défendu lors des
négociationsde 19723 et en 198s4.

- Concernant le second sous-secteur, de la rivière

Negro au Malpaso de Similaton, la limite des
anciennes provinces constituée par la rivière

Negro ou Quiaguara est défendue par le Honduras en
1861 et 1869, position que partageait El Salvador,

ainsi qu'on l'a déjà dits. Cette limite est celle
qui est indiquéedans l'étude de D. José Maria

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.9,p. 63-64.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.15,p. 297-298.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,

Annexe IV.1.22.A,p. 578.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. Il,
Annexe V.l.27, p. 984.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1r
Annexe III.l.l.A-111.1.9,p. 51-63. Bustamante de 1890~ et celle défendue par le

Honduras, tant en 1972~ qu'en 19853.

26. En deuxième lieu, du XIXe siècle jusqu'à nos
jours, le Honduras a défendu un tracé unique de la ligne

frontière et non une pluralitéde tracés. Ceci découle bien
entendu du fait qu'il a invoqué pour la délimitation un

fondement juridiqueunique: l'uti possidetis juris de 1821.

Cette position est consacrée dans la première
Constitution de la République de 1825 et s'exprime très

clairement dans les instructions données au délégué
hondurien le 4 mai 1880~. Pour cette raison, le Honduras n'a

pas prétendu dans le passé ni ne prétend aujourd'hui à
d'autres limites territorialesque celles des anciennes

provinces espagnolesen 1821.

Enfin, le tracé hondurien dans ce secteur est corroboré
Far de très nombreuxdocuments. A défaut de décrets royaux

(Reales Cédulas)ou autres dispositionsgénérales fixantles
limites des provinces dans le Royaume de Guatemala, celles-

ci apparaissent clairement dans différentstitres fonciers,

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.15,p. 293-297.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,

Annexe IV.1.22.Atp. 578.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe V.1.27, p. 981.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.23,p. 98.datant des XVIIe et XVIII~ siècles. Concernant la montagne

de Naguaterique, la limite de la rivière Negro ou Quiaguara
est consacrée dans lespoursuites judiciairesdevant le juge

privatif des terres de la Real Audiencia de Guatemala,
engagées par la communauté dlArambala y Perquin contre celle
de Jocoara. La section III, relative à l'application de

l'uti possidetis juris, sera consacrée à l'examen de ces
documents.

B. LES DIVERGENCESDES PARTIES SUR LE FONDEMENT

JURIDIQUE DE LA DELIMITATION

1 La position d'El Salvador: pluralité de tracés,
pluralité de fondements

27. En principe, il existe un accord entre les Parties

sur le fondement juridique de la délimitation dans ce
secteur et dans d'autres secteursde la frontière terrestre.

El Salvador l'a reconnu dans son contre-mémoire lorsqu'il a
déclaré que "Both envisage the application of the

fundamental principle ofuti possidetis iuris" à la date
critique de 18211.

En particulier, El Salvador invoque ce fondement
juridique pour ce qui est du sous-secteur de Colomoncagua ou

Torola, affirmantque "El Salvador bases its claims on the

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.1, p. 12.Forma1 Title Deed to the Commons of Santiago Torola issued

by the Spanish authorities"en ~743~. De méme, concernant le
sous-secteurde Naguaterique, il déclare que:

"The claim of El Salvador to the subsector of
Nahuaterique is established by the Forma1 Title
Deed to the Commons of the twin indigenous
communities or Arambala and .perquin2.

Or, El Salvador considère que cet accord sur le

fondement de la délimitation n'est qu'apparent:en réalité,
un désaccord radical subsiste quant à l'application du

principe concernant deux points. En premier lieu, "the force
and validity that should be given to the Forma1 Title Deeds

to Common" (titulos ejidales) comme moyen de preuve de l'uti
possidetis iuris. En deuxième lieu, la manière d'interpréter

et d'appliquer ces documents3. Ceci affecte bien évidemment
le titre de Perquin y Arambala de 1815 pour la partie des

terrains situés au Nord de la rivière Negro ou Quiaguara. Il
n'est donc pas surprenant qu'El Salvador considère que le

premier principe constitue "the crucial issue in this
litigation4."

Contre-mémoired'El Salvador chap.3.83, p. 89.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.66, p. 80.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.1-2.2,
p. 12.

4 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.5, p. 13. Ces points ont déjà fait l'objet d'un examen dans le
chapitre III du présentécrit et on n'y reviendra pas ici.

En revanche, il est intéressant de signaler les autres
fondements juridiques invoqués par El Salvador pour la
délimitation dece secteur.

28. En effeb, l'examen réalisédans le paragraphe A de

cette section II a permis de mettre en évidence qu'El
Salvador défenden même temps une pluralité de tracés et que

chaque tracé repose sur un fondement juridique différent.

En plus de l'uti possidetis juris de 1821, El Salvador
a recours aux "effectivités" comme fondement de la ligne

décrite dans lechapitre 6.72 de son mémoire, car celle-ci,
comme on l'a déjà dit ne coïncide que partiellementavec le

tracé des limites des terrains de Torola et de Perquin y
Arambala, selon l'interprétationsalvadorienne des titresde

1743 et 1815. Mais il convient de ne pas oublier, enoutre,
que la position défendue dans, le chapitre 7 du mémoire

salvadorienl a été reprise dans le chapitre IV dans son
second écrit2. Ce chapitre IV contient à la fois une

référence à certaines "effectivités" dans ce secteur, en
relation avec l'inscriptionsur les Registres d'El Salvador

de "the rustic inmoveable properties inTorola, Perquin,
~rambala3" et une référence qu'utilise la carte des "Human

Settlements"de 'ce secteur de Naquaterique,qui figure dans

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 7; trad. fr.,
p. 51-62.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. IV,
p. 129-140.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 4.11, p. 135. 1
son mémoire1. Les limites tracées sur cette carte ne sont

pas celles des terrains de Torolaet de Perquin y Arambala l
selon les documents du XVIIIe siècle: c'estla ligne décrite

dans le chapitre6.72 du mémoire salvadorien.

Mais, de plus, on a indiqué qu'au-delà de cette ligne
fondée sur les "effectivités", El Salvador a étendu ses

prétentions territorialesen ayant recours à la notion de
terres de la Couronne (tierrasrealengas).Cette prétention,

toute aussi irrecevable que celle fondée sur les
"effectivités",figure dans la Conclusion 1.2 du mémoire

d'El Salvador. Les Conclusionsde cet écrit ont été reprises
dans les Conclusions du contre-mémoire, commeon l'a déjà

remarqué.

2. La position du Honduras: l'uti wssidetis iuris
comme fondement unique ' '

29. Comme on l'a déjà dit, le Honduras défend un tracé
unique de la frontière terrestre dans ce secteur et il

invoque un fondement unique pour la délimitation:l'e
possidetis juris de 1821. Vu que la Chambre de la Cour

connaît déjà la position du Honduras sur la prééminence de
ce principe, conforme à l'article 26 du Traité Général de

Paix de 19802, il n'est pas nécessaire d'insister sur ce
point.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 4.16,p. 137.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, p. 81-163;
contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. V, p. 23-39. Il suffit de rappeler, concernantla délimitation dans

ce secteur, que ledit principe est le seul fondement
applicable1. Son application se voit facilitée par les
différents documents,datant des XVIIe et XVIIIe siècles,

qui fixent les limites des terres de Colomoncagua et,aussi,
déterminent les limites des anciennes provinces dans le

premier sous-secteur. Dans le second sous-secteur, la
fixation de la rivière Negro ou Quiaguara comme limitedes

juridictions, indépendammentdes limites des terres de
Perquin y Arambala au Nord de ladite rivière, est mise en

évidence très clairement au cours du litige relatif aux
terres de la montagne de Naguaterique,entre les communautés

de Jocoara et Perquin y Arambala. litige résolu par la
sentence du juge privatif des terres de la Real Audiencia de

Guatemala du 8 mai 1773. L'examen de ces documents, pour ce
qui est de ceux présentéspar El Salvador, est l'objetde la

section suivante, consacrée à établir le tracé de la ligne
frontière en application de l'uti possidetis jurisde 1821.

Section III. Le tracé de la ligne frontièredans ce secteur
en applicationde l'uti possidetis juris de 1821

30. Ainsi qu'on l'a mis en évidence dans la section

précédente, le fondement juridique de la délimitation que
les Parties ont confiée à la Chambre de la Cour est l'*

possidetis juris de 1821. Par conséquent,on examinera, dans
la présente section,l'applicationdudit principe par les

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 216 et
suiv.; contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 339
et suiv. Parties, par rapport à chacun des deux sous-secteurs, en

lesquels cette partie de la frontière en litige a été
divisée: celuiqui s'étend de la source du ruisseau La

Orilla jusqu'à la rivière Negro ou Quiaguara (premier sous-
secteur)et celui compris entre cetteriviéreet la borne du
Malpaso de Similaton(secondsous-secteur).

Dans chacun de ces sous-secteurs,on mettra enévidence

le tracé revendiquépar El Salvador et celui alléguépar le
Honduras, ainsi que les documents antérieurs à 1821 ayant
servi de base auxdits tracés.

31. En ce qui concernece plan d'examen, il convient
de formuler deux observations préliminaires. En premier

lieu, que, si on a choisi comme premier sous-secteurcelui
qui s'étend de La Orilla à la rivière Negro ou Quiaguara,

l'objectifest tout simplemen't de poursuivre l'examen de la
.frontière terrestre en litige dans le sens général Ouest-
Est, comme au chapitre précédent. Le Gouvernement du

Honduras estime que cela se justifiepar le fait que c'est
le mème sens que celui adopté par l'article 16 du Traité

Généralde Paix de 1980.

En second lieu, on aura remarquéque le premier sous-

secteur est plus étendu que celui de "Torola", selon le
contre-mémoired'El Salvador.En effet, il dépasse la limite
Nord des terres de Torola,conformément autitre de 1743: la

borne "Monte Redondo",pour continuerdans la méme direction
vers le Nord, jusqu'à la rivière Negroou Quiaguara.Ce .qui

impliquedonc, non seulement l'examen du titre de 1743, mais
aussi celuide la partie des terres de Arambala y Perquin,
au Sud de la rivière Negro ou Quiaguara. L'étendue du premier sous-secteurne se justifie pas
par sa géographie, mais par des raisons historiques. C'est

en effet là que se produisit, au XVIIIe siècle, le conflit
entre la communauté de Colomoncagua et celles de Torola et

d'Arambala y Perquin, à propos des limites de terres. Et
dans certains documents, celles de la première communauté
sont décrites par rapport à celles des deux communautés de

la province de San Miguel, ce qui implique leur examen
conjoint. Ainsi ce sont des raisons historiques qui

justifient l'étendue du second sous-secteur, de la rivière
Negro ou Quiaguara au Malpaso de Similaton: dans ce cas,

1'affrontement a lieu entre la communauté de Jocoara et
celle de Arambala y Perquin, à propos de la montagne de

Nahuaterique,au Nord de ladite rivière.

A. PREMIER SOUS-SECTEUR:DE LA SOURCE DU RUISSEAU LA ORILLA
A LA RIVIERE NEGRO OU QUIAGUARA

32. Ainsi qu'on l'a indiqué, on examinera séparément

les positions défendues par El Salvador (1) et par le
Honduras (2).

1. Le tracé d'El Salvador selon les titres de Torola et

de Arambala y Perquin

33. En ce qui concerne la position salvadorienne, on
mettra d'abord en évidence l'insuffisance des titresde

Torola de 1743 et de Arambala y Perquin de 1815 (a). En
second lieu, on exposera l'erreur d'interprétationd'El
Salvador sur les limites de terres de Torola selon le titre

de 1743 (b). Et, enfin, on examinera la position d'El
Salvador face aux documents antérieurs à 1821, fournis par

le Honduras, El Salvador tentant de passersous silence ou
de déformer leséléments qu'offrent ces documents (c). Le tracé salvadorien depuis la source du ruisseau
La Orilla iusqu'aux terres de Torola et du mont

"MonteRedondo" la rivièreNeqro

i) Les limites des terres de Torola et de celles de

Arambala y Perquin par rapport aux prétentions
salvadoriennesdans ce sous-secteur

34. Selon la carte salvadorienne6.IV du "Book of
Maps" - qui constitue l'interprétation des limites des

terres de ~orola et de celles de Arambala y Perquin - les
limites des premières atteignent la rivière de Las Caiiasen
un point situé à environ 8.000 mètres de la source du

ruisseau La Orilla; de là, elles suivent le cours dela
rivièreLas Canas en amont, jusqu'à un point,pour continuer
jusqu'au "Mont El Alguacil".Quant aux terres de Arambala y

Perquin, la mëme carte6.IV indique que, depuis le "Mont El
Aguacil", les limites vont en direction Nord-Est, jusqu'au

"Roble Negro"; puis au "Guiriri Hillock" et, depuis ce
point, jusqu'àla rivièreNegro, El Palmar ou Quiaguara.

En revanche, si on s'en tient au tracé décrit au
chapitre6.72 du mémoire d'El Salvador, cette ligne, selon
une orientation Sud-Ouestà Nord, est la suivante:

"de la source du ruisseauLa Orilla, elle suit en
ligne droiteau sommetdu Cerro El Volcancillo et,
de là, au lieu dit Cajon de Champate, sur la
rivièrede Las Caiias:elle suit de ce point le
cours de la rivièrede Las Caiiasen amont, jusqu'à
un coude de cette rivière situé à 13O 56' 21" de
latitude Nord et 88O 15' 16" de longitude Ouest;
Alguacil;de là, en ligne droitejusqu'àune borne
sur la rivière La Presa, Las Floresou Pichigual;
et de la elle suit le cours de cette rivière en aval jusqu'à un coude de la rivière Negro, del
Palmar ou ~uia~uaral.'

Ce second tracé est représenté sur la carte salvadorienne
6.10 du mémoire, à laquelle renvoie le chapitre 6.7'2.

35. Si l'on compare ces deux lignes, ainsi que le fait

la carte hondurienne 5.2 du contre-mémoire2. on peut
constater qu'il existe, dans ce sous-secteur, troisparties

différentes:

- la première est celle qui va de la source du

ruisseau La Orilla jusqu'à la limite des terres de
Torola sur la rivière de Las CaRas. Cette partie

forme la zone numéro IV de la carte
hondurienne 5.2, entre la ligne salvadorienne

décrite au chapitre 6.72 de son mémoire et le
tracé hondurien.Mais il est évident que le tracé

salvadorien ne se fonde pas sur le titre des
terres de Torola de 1743, ni sur aucun autre

document antérieur à 1821; et de ce fait, dans
cette partie de la ligne revendiquée par El

Salvador, il existe un "vide" de documents
mentionnés à l'article 26 du Traité Général de

Paix de 1980.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49-50 où la ligne est décrite en sens Nord-Sud.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Vol. 1, p. 328. - la deuxième partie est celle constituée par la

limite des terres de Torola selon l'interprétation
salvadoriennedu titre de 1743; elle suit le cours

de la rivière Las Canas en amont de cette rivière,
jusqu'à un point situé à 13O 56' 21" de latitude

Nord et 88O 15' 16" de longitude Ouest et, de là,
en ligne droite jusqu'au sommet du "Cerro El

Aguacil". Cette ligne coïncideavec celle décrite
au chapitre 6.72 du mémoire salvadorien.

- la troisième partieest celle comprise entre ledit

"Cerro El Alguacil" et la rivière Negro, del
Palmar ou Quiaguara. Mais c'est ici que la ligne

décrite au chapitre 6.72 du mémoire salvadorien se
sépare de la ligne qui représente les limites des
terres de Arambala y Perquin sur la carte 6.IV,

puisqutil y a entre elles les zones numérotées 1 à
III sur la carte hondurienne 5.2 du contre-

mémoire. Par conséquent, apparaît à nouveau un
"vide" de documents antérieurs à 1821 susceptibles

de justifier le tracé salvadoriendu chapitre 6.72
de son mémoire, car il est clair que ledit tracé

est différent de celui des limites de terres de
~rambala y Perquin, selon le titre de 1815.

Ces éléments ont été reconnuspar El Salvador sur la

carte 3.1 de son contre-mémoire.Sur celle-ci en effet - en
dépit de diverses erreurs - on peut constater qu'aucun

document antérieur A 1821 ne justifie la ligne depuis la
source du ruisseau La Orilla jusqu'aux terres de Torola; et,
au Nord de celles-ci, une zone colorée en bleu,sépare les

terres de Arambala y Perquin de la ligne décrite au
chapitre 6.72 de son mémoire. ii) Insuffisancedes titres de Torola et de Arambala y
Perquin par rapport aux prétentions salvadoriennes

dans ce sous-secteur

36. Les données que l'on vient d'indiquer induisent
une conséquence importante auregard de l'applicationpar El

Salvador de l'uti possidetis juris de 1821, à savoir que,
même en prenantcomme hypothèse l'identitéentre limites de

terres et limites des anciennes provinces - ainsi que le
soutient El salvadorl - les titres de Torola et de Arambala

y Perquin ne fondent pas les prétentions salvadoriennesdans
deux des trois partiesde la ligne: au Sud-Ouest, celle qui
va de la source du ruisseau LaOrilla à la limite des terres

de Torola sur la rivière Las Caiias;et, au Nord, celle qui
s'étend du "Cerro El Aguacil" à la rivière Negro, d'El

Palmar ou Quiaguara.

Il n'y a donc pas application de l'uti possidetisiuris
dans ces deux parties étendues de la ligne. Et, le

Gouvernement du Honduras est convaincu que la Chambre de la
Cour en tiendra compte lorsqu'elle procédera à la

délimitation dela ligne frontièredans ce sous-secteur.

37. Conscient de la faiblesse de sa position, El

Salvador a désvspérément tenté, dans son contre-mémoire,
d'obvier aux conséquences.A cette fin, après qu'il eut

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.4, p. 13.contesté les documents produits par le ~ondurasl, il a
procédé à une réduction des limites des terres de

Colomoncagua,sur la carte 3.1. Selon cette interprétation
salvadorienne, lesdites terres ne vont que jusqu'à la
rivière Las Cafias,dans la partie de la ligne située au

Nord-Ouest des terres de Torola; et, en outre, elles ne
s'étendent pasjusqu'à lasource du ruisseauLa Orilla. Et,
dans la partie situéeau Nord des terres de Torola, celles

de Colomoncagua ne vont que jusqu'à la ligne décrite au
chapitre 6.72 du mémoire salvadorien.

Ainsi, El Salvador essaiede compenser son "vide" de
documents antérieurs à 1821 par la même carence dela part

du Honduras.Mais si le premier fait est indubitable - c'est
ce que reconnaît El Salvador sur la carte 3.1 - le second
est inexact. Ainsi que la Chambre de la Cour le sait déjA,

le tracé hondurien sur la totalité du sous-secteur de
Colomoncaguaou Torola est justifié par des documents des

XVIIe et XVIIIe siècles. 11 s'agit de ceux relatifsaux
terres de Colomoncagua et permettant d'établir, non
seulement leurs limites, mais aussi celles des anciennes

provinces.

1 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 3.88, p. 94. Le tracé salvadorien dansla partie centrale de ce

sous-secteuret les limites des terresde Torola

i) Les titresdes terres de Torola

38. Dans ses deux premiers écrits, El Salvador s'est

référé à trois titresde terres de la communauté de Santiago
Torola, de la juridiction de San ~i~uell. Le premier, dont

on ignore la date, fut détruit en 1736, selon les
affirmationsd'indigènesde cette communauté.Et El Salvador

a produit plusieurs documents relatifs à l'incendie dont le
village de Torola fut victime enjanvier de cette année-là2.

Quoiqu'il en soit,même en admettant ce fait, on ignore

quelles étaient les limites des terres de Torola, selon le
premier document. Or, les suivants, de 1743 à 1844,

indiquent effectivement les limites. Mais ces deux documents
méritent quelques observationspréalables, avant d'aborder

l'examen de leur contenu.

39. Le titre de 1743 n'a pas été présenté avec le
mémoire d'El Salvador, mais à un moment ultérieur.Ce qui

explique les observations faites par le Gouvernementdu

1 Mémoire d'ElSalvador, chap. 6.41-6.45; trad. fr.,

p. 38-40; contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.83-3.86,
p. 89-93.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes,
Annexes VIII.4 et VIII.6, p. 152-189 et 209-214.Honduras dans son contre-mémoire1.Or, outre ce qui précède,

le titre de 1743 suscite deuxobservations.

En premier lieu, a été présentée devant la Chambre de
la Cour, non pas la copie du document original de 1743, mais

celle d'un témoignage recueilli en 1843 par l'écrivain
public Don José Cordova, sur ordre du Gouvernement d'El

Salvador. Etant donné les fonctions deM. Cordova, il est
difficile, en vérité, d'expliquer la nécessité de cette

interventiondu gouvernement, à la suite de la requète de la
communauté de Torola demandant qu'il soit fait témoignag du

document. Mais il convient de signaler que l'initiative de
la communauté de Torola datede novembre 1843, c'est-à-dire

seulement deux mois avant que le Gouverneur de San Miguel,
Joaquin E. Guzman, décide le réarpentage du terrain de

Torola, qui sera effectué en mars1844. Et dans ces
procédures, lesréférences autitre de 174'3proviennent sans

doute du témoignage recueilliun mois plus tôt.

En second lieu, El Salvador a affirmé plusieurs
reprisesque le titre de Torola de 1743 est un "Forma1 Title

Deed to ~ommon"2. Ce qui entraînerait certains effets en
matière de délimitation,selon la thèse salvadorienne3.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 341 et 345.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.83,
p. 89-90.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.16,p. 19. "This remeasurement wasauthorised on 7 May 1743
and was confirmedthat same year by Captain Juan
José de Caiias,who duly executed a new Forma1
Title Deed to the Cornons of TorolaL" (souligné
par nous).

Cependant, le texte. qui précède contient deux
inexactitudes, de droit et de fait. D'un côté, le

réarpentage de 1743 s'effectue dans la seconde période du
régime de "composition"de terres avec la Couronne, période

qui s'ouvre par la Real Cédula du 30 octobre 1692 créantla
Superintendancedu Bénéfice et de la Composition des Terres,

au sein du Conseil des Indes,et se clôt par l'Instruction
Royale du 15 octobre 17542. Pendant cette période, les

titres concédés par les Audiencias étaient soumis à une
confirmation ultérieure de la part de la ~u~erintendance3.

Par conséquent, Juan José deCaiias pouvait difficilement
"duly to execute a new forma1 title deed", ainsi que

l'affirmeEl Salvador.

D'autre part, le témoignage du document de 1743 dément
l'affirmation salvadorienne. En effet, après avoir réalisé
l'arpentage et calculé l'étendue du terrain, Juan José de

Caiias"...considering the excessive areaof lands that as
Cornons of the town of Torola have been measured4",ordonna

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.83,

p. 89-90.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 70-71.

3 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.12,
p. 86.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII, p. 9.que l'on pratiquât une audition de témoins et, celle-ci

étant faite, il établit un rapport à l'intention de
1'Audiencia de Guatemala, sur les conflits des populations

limitrophesl.C'est ainsi que se terminèrentles procédures,
leurs résultats étant remis à la Audiencia afinque, au vu

de l'instruction, elle "...decide whatever seem
convenientz". Le témoignage de 1843 ne reprend aucun texte
du XVIII~ siècle et la conclusion, compte tenu de ces

éléments, est évidente: il n'y a pas eu de "Forma1 Title
Deed to Common" de 1743, mais seulement un réarpentage des

terrains de Torola, cette année-là.

Selon la thèse que soutient à tort El Salvador, cela

restreint la force probante du document de 1743. Or, la
valeur de ce document:doit s'apprécieren fonction de son
contenu intrinsèque, c'est-à-dire par rapport à la

détermination des limites des anciennes pr.ovinces. On
reviendrasur ce point plusloin.

40. Le Honduras a déjà invoqué l'origineet la nature

du réarpentagede 1844 dans sonprécédent mémoire3. Mais El
Salvador a invoqué à nouveau ce document plusieurs

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,

Annexe VIII,p. 11-12.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII, p. 12.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 381-386.reprises1, en affirmant notammenq tue "...this remeasurement

was duly confirmed in Torolaon 16 March 1844 and was handed
down to the interested parties on 4 March 18462" (souligné

par nous).

Or, il ressort de la simple lecturedu document que le
16 mars 1844 est la date à laquelle le juge compétent remit

les pièces de procédure établies au Gouverneur du
Département "...afin que, au vu de celles-ci, ilordonne ce

qu'il jugera utile3". Il n'y eut donc aucune "confirmation"
de la part d'autorités salvadoriennes. Et de plus, il n'y

eut aucune concessionde titre de terrains aux indigènes de
Torola, puisque la référenceau 4 mars 1846 est inexacte.

Cela apparaît clairement, en effet, dans la Note
diplomatique que le Gouvernement d'El Salvador envoya à

celui du Honduras en date du ler mai 1852. Cette
communication rapporte la requête de la communauté de Torola

demandant que soit pratiqué un nouveau réarpentage du
terrain avec, cette fois, la participation d'autorités

honduriennes et salvadoriennes, ce qui met en doute la
valeur de celui pratiqué en 1844. En ce qui concerne ledit

réarpentage, il est exposé que l'arpentage du terrain fut
incomplet, attendu que les habitants de la communauté du

Honduras s'y étaient opposés,en indiquant que:

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.85-3.86,

p. 90 et 91-93.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.84, p. 90.

Document espagnoldéposé par El Salvador au Greffe
de la Cour et transmis tel quel au Honduras en 1989, p. 40. "...à l'issue de la mission du juge et de
l'arpenteur, ils en rendirent compte et la
rocédure ne fut as validée à cause de
l'opposition des haPbitants de ~olomonca~ua~"
(soulignépar nous).

La conclusion est donc semblable à celle exposée
relativementau document de 1743. Il est sûr qu'il n'existe

aucun "Forma1 Title Deed to Common" de 1844 en faveur de
Torola, mais un simple réarpentage de leurs terres à cette

date, réarpentage dépourvu d'effets puisqu'il est postérieur
à la date critiquede 1821.

ii) Le tracé salvadorien: la localisationdu Portillo
de Las Tijeretas

41. Selon le réarpentage des terred se Torola de 1743,

l'arpenteur Juan José de Catias arriva au "col appelé
Portillo de San Diego" et, à partir de ce point, changea de

direction:

"...from South to North and the cord passed
between some ta11 rocks which are next to the
cited Portillo and with forty cords was reached a
place called the ~ijeretas2..."

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.lO, p. 194.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII, p. 7. Sur la carte salvadorienne6.IV, le Portillo de Las
Tijeretas se situe sur une élévation à l'Ouest d'un cours

d'eau appelé "Pitas River" et au Nord-Ouest du village de
San Diego. Mais, ainsi qu'on peut le constater sur la carte

IV.l à la page 448 de la présente réplique, il se trouve
plus à l'Est.

42. Ainsi que l'a exposé le Gouvernement du Honduras

dans le contre-mémoire, divers documents relatifs auxterres
de Colomoncagua se réfèrent à Las Tijeretas, appelé

également Cerro matillo1. Ces documents permettent en outre
d'obtenir une localisation correctd ee ce lieu.

Ainsi, dans l'indication des bornes du terrain de

Colomoncagua, faitepar les indigènes de cette communauté en
1767, il est indiqué que, après le Cerro Bonete, la ligne se

dirige vers le chemin de San Diego pour parvenir:

"...à un col sur le versant d'un côteau qui, en
langue des natifs, s'appelle Oytaquecresquinet
appellent lCerro ~isceria~..." les gens d'ici

En 1793, les indigènes de Colomoncagua indiquent à nouveau

une borne sur El Amati110 "...qui se trouve sur le chemin
qui arrive San Diego",ce que corrobore le juge compétent,

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. Ir chap. IX,

p. 400-401.
2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.8, p. 1209.Andres Perez, lorsqu'il indique qu'il arriva "...à un col où
j'ai trouvé El Amatillo à l'endroit mème du chemin qui va à

San ~ie~ol."

Il y a donc trois références au "chemin de San Diego"

en liaison avec les terres de Colomoncagua; ce qui indique
que ledit chemin est celui qui va à San Diego depuis

Colomoncagua. Et cela est confirmé par la carte
salvadorienne3.H puisqu'elle représente un chemin qui part

de San Diego et passe par El Amatillo ou Las Tijeretas, pour
arriver à Colomoncagua.

43. D'autre part, les données de la carte 3.H
coïncident avec le "Plan destravaux topographiquesexécutés

par la commission salvadorienne deslimites avec le Honduras

dans la zone de Naguaterique", de 1916 (carte B.4.2 en
regard de la page 212.du contre-mémoirehondurien). Or, si

El Amatillo ou Las Tijeretas se trouve plus à l'Est de son
emplacement de la carte salvadorienne 6.IV, on pourra

relever une double contradiction dans la position d'El
Salvador: d'une part, entre la carte 3.H et la carte 3.1;
d'autre part, sur les deux cartes, en ce qui concerne la

limite occidentale desterres de Torola, qui se trouve plus
à l'Est, car le réarpentagede 1743 indiqueque la ligne a

atteint Las ~ijeietasou El Amatillo.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III, Annexe
VII.l.ll, p. 1298-1308. iii) La référence à la rivière Las Caiiaset au chemin
de Colomoncagua à Torola, dans le document de 1743

44. Dans le réarpentagede 1743 il est dit que, après

être parvenu à Las Tijeretas,

"...along the same path, with twenty fourcords we
came 'to a ravinlike bank of the Las Cafiasriver,
where, walking Eastwards, the cord was extended
upwaters and were measured eighty cords till the
Royal Road that goes £rom Torola to the town of
~olomoncagua~."

En se fondant sur ce texte, El Salvador prétendque la

ligne des terres deTorola suit la rivière Las Cafiasen
amont, pendant environ 7.000 mètres, pour arriver au chemin

de Torola à Colomoncagua et, de là, se dirige vers le mont
dit "Monte Redonda". Et cela est représenté sur la

carte 6.IV ainsi que sur les cartes 3.H et 3.1 de son
contre-mémoire.Mais cette interprétationest erronée, pour

diverses raisons, comme on le verrra ci-après.

45. En premier lieu, pour situer le point sur la berqe
de la rivière Las Cafias,on sait qu'il se trouve au Nord de

Las Tijeretas; et le second point, comme on l'a vu au
paragraphe précédent, et situé plus à l'Est, sur le chemin

de San Diego à Colomoncagua, ce qui modifie sensiblementla
représentationde la carte salvadorienne6.IV.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII.l,p. 7. Mais en second lieu, si on s'en tient à la ligne

revendiquéepar El Salvador, jusqu'au chemin royal qui va de
Torola à Colomoncagua, et à l'endroit où il situe ce

dernier, les données du réarpentage de 1743 ie coïncident
pas avec l'interprétation salvadorienne. Ainsi, d'une part,

en examinant la direction suivie par l'arpenteur depuis le
point situé sur la berge de la rivière de Las Cafias,on

aperçoit qu'elle "allaitvers l'Est1'("walking Eastward").
Selon la carte salvadorienne6.IV. le cours de la rivière en

amont suit une direction Nord-Est, puis une direction Nord
et, finalement, revient auNord-Est. Il n'y a donc pas la

direction indiquée dans le textede 1743.

D'autre part, les distances ne coïncident pas nonplus.
Le document indique que l'on a mesuré "quatre-vingts

cordées" depuis lepoint situé sur la berge de la rivière
Las Catiasjusqu'au chemin royal de Torola à Colomoncagua, à

savoir 3.320 mètres. Mais, si on s'en tient à la ligne de la
carte 6.IV, il y a, entre les deux points précédents,

environ 7.000 mètres. La différence est supérieure à 100 %
et exclut donc une erreur, de toute évidence excessive, de

l'arpenteur. Conscient de cette divergence par rapport aux
données du document de 1743, El Salvador, contrairement aux

autres tronçons de la ligne, n'indique pas ladistance en
cordées pour celui-ci

Enfin, le point d'arrivée est le "chemin royal qui va

de Torola au village de Colomoncagua".Sur la carte 6.IV, ce
point se situe, arbitrairement, à hauteur du "Cerro El

Alguacil'. Mais il suffit d'observer la situation des
villages de Torola et de Colomoncaguapour vérifier que le

chemin du document de 1743 est un autre, situé plusau Sud,
à savoir celui qui, passant par le site de Piletas ou LasPiletas, au Sud de la rivière de Las Canas, traverse un
ravin - sans nom sur la carte salvadorienne6.IV; le ravin

de Las Tijeretas sur la carte hondurienneIV.l à la page 448
de cette réplique - et poursuit en direction Sud-Est

jusqu'auvillage de Torola.

46. Or, cela étant dit, il convient de replacer dans
son contexte historique la référence à la rivière de Las
Caiiasdu réarpentage de 1743, c'est-à-dire de la mettre en

relation avec d'autresdocuments antérieurs et postérieurs à
cette date et se rapportant auxterres de Colomoncagua.

L'examen de ces documents, depuis l'arpentage de Las

Joyas et Jicaguites de 1694 jusqu'aux procédures de Andres
Perez de 17931, ne' fait absolument pas référence à la

rivière Las Canas. En revanche, il est fait allusion au
grand torrent de "Yuquina" ou "Yunquena". Et. ainsi que le

montre le réarpentagede ~orola en 1844, ce cours d'eau est
précisément larivière Las canas2.

47. C'est ainsi que, lorsqu'on mesure le terrain de

Las Joyas et de Los Jicaguitesen 1694, le document stipule
que l'arpentage commença:

".. .sur l'emplacement nommé Las Joyas, où on a
commencé tirer la corde, en laissant sur le
couchant un grand torrentappelé Yuquina où l'on a
mis une borne, entirant lacorde vers l'orient

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.2, p.1021 et SU~V.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 393-394. jusqu'à un coteau appelé Quecruz, on a trouvé
45 cordes, et les jardins potagers des indiens de l
Torola sont restés en dehors de l'arpentagel..."

Le texte fait apparaître, en premier lieu, que la
rivière Las Cafiasou torrent Yuquina est à .l'Ouest de la

ligne ("al poniente"), puiscontinue vers l'Est et donc,
fait partie de l'arpentage. Mais il y a encore deux

coïncidences significatives avec le document de1743: d'une
part, on suit la mème direction dans l'arpentage,vers

1'~st. D'autre part, on arrive au coteau Quecruz - La Cruz
ou El Picacho - de mërne qu'en 1743: à "l'endroit qu'ils

appellent La Cruz"; le document de 1694 stipule que c'est là
que furent convoqués les indigènes de Torola et que l'on

reconnut que ce point constituait "...la division des deux
juridictions de San Miguelet de Gracias a Dios". El

Salvador, ainsi qu'on le verra plus loin, omet délibérément
toute réference à la borne de la Cruz ou Quecruz.

48. Dans la reconnaissancedes bornes de Colomoncagua

par Miguel Garcia Jalon, en 1767, procédure engagéedu fait
de l'occupation illégale d'une partie des terres, les
indigènes de cette communauté déclarèrent,en indiquant

leurs limites, que:

''...de.Cerro Tisceria (Las Tirejetas) sur le
versant du côteau, on va jusqu'au point de
rencontre de deux ruisseaux, le premier tombe et
s'appelle Yuquena et l'autre tombe et s'appelle

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.2, p. 1022,. Mborne, par rleinravin, onremonteceltout droit aux
jardins potagers de Torola, on monte sur un côteau
élevé qui s'appelle ~uecruzl..." (souligné par
nous).

Ce texte, très précis dans sa description, revêt une

importance inégalableet coïncide, tant avec le document de
1694 qu'avec celui de 1743. Ainsi, en premier lieu, il

indique la ligne entre la borne de Las Tijeretas et le
second point, en faisant allusion au "versant du côteau". En

second lieu, il détermine le point de rencontre de deux
cours d'eau identifiables: la rivière Las Canas ou Yuquena
et le ravin Masirre ou de Las Tijeretas, en indiquant que

tous deux se dirigent vers le Sud ("tombe").Et on trouve en
troisième lieu, une référence ultérieure, tant aux jardins

potagers de Torola, exclus de l'arpentage, qu'au mont
Quecruz ou la Cruz, point d'arrivée en direction Ouest, sur

les documents de 1694, 1743 et 1767.

Mais, en outre, le texte de cette dernière dateprécise
un point important, à savoir que c'est "ce ravinde Masirre,
celui qui sert de borne" entre les terres de Colomoncagua et

celles de Torola, et non pas la rivière Yuquina ou Las
Canas. Celle-ci se trouve à l'Ouest ou, si l'on veut, au

couchant, comme le dit le document de 1694, et donc à
l'intérieur de T'arpentage. Cela est confirmé par la carte

salvadorienne 3.1 qui représente les terres de Las Soyas et
de Los Jicaguites,conformément au documentde 1694.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209. 49. En somme, compte tenu de sa référence ultérieure
au mont La Cruz ou Quecruz et de la distance pour arriver à

ce point, en direction Est-Nord-Est, le document de 1743
faisait allusion, non pas à la rivière Las Caiiasen amont,

mais à l'amont du ravin Masire; ce qui est confirmé par les
documents de 1694 et 1767. Ainsi, ils se rejoignent toussur

une ligne qui, depuis Las Tijeretas - limite des anciennes
provinces - suit, vers le Nord, le versant du côteau,

parvient à la confluence de la rivière Las Caiias(Yuquina)
et du ravin de Masire (ou de Las Tijeretas) et continue en
direction Est-Nord-Est pour arriver au mont La Cruz ou

Quecruz, après être passé par le chemin de Torola A
Colomoncagua.

En tentant d'éluder cette conclusion,El Salvador, de

façon surprenante, désignece cours d'eau, sur la carte 3.1,
par "rivière Las Caiias" jusqu'aux limites de Torola à

l'Ouest et, en amont de ce point, "rivière Sicahuite ou
Mazirre". En cela il contredit sa carte 3.1 et la carte 6.IV
de son mémoire qui n'indiquentqu'une "rivière Las Caiias";

et il est également en contradiction avec le "Plan des
Travaux Topographiques" de1916. D'autre part, le changement

de dénomination de la rivière entraine une contradiction
avec la ligne du chapitre 6.72 de son mémoire dans lequel,

en sens Nord-Sud, est décrit un-tracé qui va d'El Alguacil a
un coude de la rivière Las Caiiaset "de là, elle suit le

cours Las Caiiasvers l'aval sur 12.000mètres1..."

Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49-50. iv) L'omissiondélibérée de la borne La Cruz, Quecruz

ou El Picacho de la part d'El Salvador

50. En indiquant les bornes du terrain de Torola selon
le réarpentage de 1743, dans la partie pertinente auxfins

du présent litige,El Salvador énumère lesbornes suivantes:

Boundary Marker: Portillo de San Diego
- 5th BoundaryMarker: Portille de Las Tijeretas
- 6th BoundaryMarker: Rio de Las Cafias
- 7th BoundaryMarker: The royal road which goes from
the township of Torola to
Colomoncagua
- 8th BoundaryMarker: Monte Redondo

Cette énumération des bornes, quatrième à huitième, se
répète à propos du réarpentagede 1844~. Or, aussi bien pour

le document de 1743 que pour celui de 1844, il y a une
omission délibérée entre le septième ("chemin royal") et le

huitième point ("Monte Redondo"); en effet, El Salvador
supprime la borne Quecruz, La Cruz ou El Picacho.

51. Le réarpentage de 1743 ne laisse aucun doute sur

ce point car, après avoir fait référence à la rivière Las
Cafias,il indique que l'on arpenta quatre vingt cordées.

"...till the Royal Road that goes £rom Torola to
the torn of Colomoncagua... and continuing from
the West to East to a place called La Cruz were
calculated eiqhty cords, and herefrom to another
place called Monte ~edondo2" (soulignépar nous).

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.86,

p. 91-92.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII.1, p. 7. La Cruz est donc la borne précédant celle de Monte
Redondo. Cela est évident puisqu'elle sert de base au calcul

de la distance entreledit point et le précédent et entre La
Cruz et Monte Redondo.

En 1844, la référence à La Cruz se répète. Dans le
réarpentage du 11 mars de cette année-là, les indigènes de

Colomoncagua s'opposèrent à ce que l'arpentage se poursuive
en amont de la riviére Las CaRas, en alléguant:

"...qu'il n'était pas conforme car le titre de San
Pedro Montagua donnaitpour bornes de leurs terres
celles de Las Tijeretas à Los Picachos (les
pics1... lesdits pics étaient la limite de La
Cruz ."

En revanche, les habitants de Colomoncagua reconnurent
la borne.Monte Redondo,la partie de la ligne comprise entre

las Tijeretas et ce point demeurant ainsi non arpentée. Le
rapport de l'arpenteur, endate du 16 mars 1844, reprend ce
fait en déclarantque:

"...à cause de l'opposition du village de
Colomoncagua, l'arpentage nese poursuivit paspar
les bornes de la rivière de Canas, le chemin royal
et le site de La Cruz, car les habitants voulaient
donner ces noms à d'autres lieux,au préjudice des
intéressés2"(soulignépar nous).

De même qu'en 1743, la Cruz est, en 1844, la borne des
terres de Torola.

Document espagnoldéposé par El Salvador au Greffe
de la Cour et transmis tel quel au Honduras en 1989, p. 21
et 23.

2 Document espagnol déposé par El Salvador au Greffe
de la Cour et transmis telquel au Hondurasen 1989, p. 41. 52. Or, en 1844, il ne se posa pas de problème de
localisation des points indiqués dans le rapport de

l'arpenteur, ainsi qu'il l'affirme; en réalité, à cette
date-là comme aujourd'hui, El Salvador prétendait suivre le

cours de la rivière Las Caiias en amont, sur. une longueur
d'environ 7.000 mètres; ce qui nese justifie, comme on l'a

vu, ni par le document de 1743 lui-même,ni par ceux de 1694
et 1767. Ceux-ci indiquentla borne de La Cruz et, vu la

situation de celle-ci, il est difficile de revendiquer la
ligne de la rivière Las Cafiasen amont. A fortiori lorsque

divers documents relatifs aux terres de Colomoncagua
indiquent une ligne qui va de Las Tijeretas à La Cruz sans
spécifierla variante de la rivièreMasirre.

En ce qui concerne la localisationdu "site La Cruz",

elle n'est pas difficile, étant donné les éléments fournis
par divers documents des XVIIe et XVIII~'siècles et sa

situation entre Las Tijeretas et Monte Redondo. Mais la
Chambre de la Cour observera qu'ElSalvador -bien qu'il nie

l'existence de cette borne dans le document de 1743 et de
1844 - produit une localisationdudit point sur la carte

3.H, où est indiqué le "Cerro Quecruz" en liaison avec le
titre des terres de Las Soyas et Jicaguites de 1694. Cette
localisation coïncideavec celle de la carte hondurienne

IV.l ci-après page 448 et cette coïncidence se prolonge, de
façon significative, dans la représentation, sur la carte

3.H. d'un chemin qui part de Torola, au Sud-Ouest du "Cerro
Quecruz".

V) L'identificationde la colline Monte Redondoavec

le Cerro dlAlguacilMayor

53. On se rappelle qu'El Salvador prétend que,
conformément aux arpentages des terrains de Torola de 1743et 1844, la ligne suit, à partir d'un point proche de Las
Tijeretas, le coursde la rivière Las Caiiasen amont; ce qui

est inexact, ainsiqu'on l'a vu précédemment. Il prétend de
même que, depuis la rivière Las Caiias,la ligne arrive au

chemin de Torola à Colomoncagua;mais, de façon erronée,il
déplace ledit chemin vers le Nord-Ouest lorsqu'il se trouve

au Sud de la borne de La Cruz ou Quecruz.En troisième lieu,
ainsi qu'on l'aindiqué, El Salvador supprimecette borne,

bien qu'elle figure dans les documentsde 1743 et 1844.

Enfin, l'interprétationd'El Salvador conclut sur une

autre donnée qu'il convient d'examiner maintenant:
l'identificationdu "Cerro Monte Redondo" avec le "Cerro del

Alguacil Mayor", situé plus à l'ouest.

54. Ainsi qu'on l'a indiqué, dans le réarpentage de
1743, a partir du chemin de Torola à Colomoncagua,la ligne

va h la borne de La Cruz ou Quecruz; le texte ajoute ensuite
que, à partir de ce lieu, on continue:

"...to another place called Monte Redondo and on
the top of the knoll was erected a stony landmark
till the which were measured thirtyeightcords,
and till the where, also, 1 have been borderinq
the Commons of Colomoncaqua and 1 bequin toborde;
with the Commons of Perquin and Arambalal"
(soulignepar nous).

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII, p. 7. Le texte souligné par nous ajoute un
passage de l'original espagnol qui, de façon surprenante, a
été omis par El Salvador. Ce passage, qui se réfère à
l'arpentage, et non au délégué comme dans la traduction
salvadorienne, stipule que: " ..a longé des terres de
Colomoncagua et commence à longer des 'ejidos'de Perquin y
Arambala",p. 40. Etant donné que l'arpenteuralla en sens Est-Nord-Est,
depuis la confluence de la rivière'Las CaRas avec le ravin

de Las Tijeretas,qu'il passa par le chemin royal de Torola
à Colomoncagua et arriva à La Cruz et au Monte Redondo, dans

la même direction, il est évident que "Monte Redondo" ne
peut pas être identifié à 1'"AlguacilMayor", situéau Nord-

Ouest. D'ailleurs, le réarpentage de 1844 le confirme,
puisque l'arpenteurdéclare que:

,...on ne poursuivit pas l'arpentagepar les
bornes de la rivière de Cafias,chemin royal et
site de La Cruz... on leva la corde et on alla la
placer à la borne de Monte Redondo, qui forme
l'angle de ces terres, Perquines et
~olomonca~ua~".

Sur la carte salvadorienne 3.H, ainsi qu'on l'a
indiqué, est localisé le "chemin royal" qui part de Torola,

ainsi que le "Cerro Quecruz". Compte tenu de l'orientation
de l'arpentage de 1743 et vu la localisation des points

précédents, celle que propose El Salvador du "Cerro Monte
Redondo ou Alguacil Mayor", en assimilant deux points

distincts, estcontradictoire.

55. Cette identification s'amorce par la position
adoptée par le délégué salvadorien, M. Sancho, lors des

négociat'ions sur-les limites,en juillet 1869; elleculmine
avec les négociations de 1884, où elle est consacrée. Lors

des négociations de Champate, en effet, El Salvador
prétendit que la ligne divisoire entre les deux Républiques

se poursuivait,du Nord au Sud:

1 Document espagnol déposépar El Salvador au GreEEe
de la Cour et transmis tel quel au Honduras en 1989,p. 41. "...pour arriver à la source de la rivière Las
Caiiasformée par deux torrents, l'un qui descend
du village de Colomoncagua à droite, l'autre qui
descend à gauche, des terres de Torola et où les
terrains communaux de ce village formentun angle;
en longeant le cours de la rivière en aval, on
passe au pied de Las ~ijeretasl.. ."

Ainsi qu'on l'aexposé, la référence à la "source de la

rivière Las Caiias"ne se justifie par aucun document, ni
antérieur ni postérieur à 1821. Elle réapparait cependant

dans les négociations de 1884, où il est alors ajouté que
c'est là que se trouve le "Cerro Alguacil Mayor". Dans le

procès-verbal de la cinquième conférence, tenue à Carolina
le 13 mars 1884, il est dit en effet que:

"Une fois examinés les titres respectifs et
conformément au textedes plus authentiques, on
continua la limite nationale à partir du cdteau
'Aquacil Mayor' où la rivière Caiias prend sa
source, en suivant le cours en aval jusqu'à un
,endroit appelé 'Cajon de Champateo2.. .Io(souligné
par nous).

56. La thèse salvadorienne de 1869 triomphe donc en

1884 en tant que solution purement politique;celle-ci est
dissimulée par la référence au texte de certains documents

antérieurs à 1821 qui n'indiquent pas la source de la
rivièreLas Caiiasni le mont du "Alguacil Mayor".

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 111.1.11,p. 67.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.51,p. 172. Mais il restait une difficulté, étant donné que le
réarpentagede 1743, comme celuide 1844, indiquent,quant à

eux, la borne de La Cruz et le mont Monte Redondo; et le
délégué hondurien M. Chavez, s'était opposé, en 1869, aux

prétentions d'El Salvadorse rapportant, précisément, au
Picacho, Quecurus ou Piedra cruzl. C'est pourquoice point

fut supprimé lors de la rédaction de la Convention du
10 avril 1884; et,en ce qui concernele "Monte Redondo",on

eut recours à un procédé très simple: l'identifier à
1'"Alguacil Mayor". C'est ainsi que l'article 17 de la

Conventioncommence par les mots suivants:

"Article 17. Du côteau Redondo, appelé aussi
Alquacil Mayor, où la rivière Caiias prend sa
source, en suivant le cours de celle-ci en aval,
jusqu'à un lieu appelé 'Caj6n de Champate' 2...'*
(soulignépar nous).

57. En somme, ce n'est pas le réarpentagede 1743 qui
sert de base au El Salvador pour prétendre que la limite des

terres de ~orola suit la rivière Las Caiiaset, à partir d'un
coude de cette rivière, va au mont du Alguacil Mayor. La
base se trouve dans les négociationsdes limites de 1869 et,

en particulier, dans celles de 1884qui aboutissent à la
Convention Cruz-Letona. Ainsi, El Salvador n'applique pas,

en réalité, l'uti possidetis juris de 1821, car son
interprétation des documents antérieurs à cette date

n'aboutit, une foisde plus, qu'à la solution politiquede
1884.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.11,p. 68 et Annexe 111.1.14,p. 83-87.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol: 1,
Annexe 111.1.54,p. 182. a La position d'El Salvador face aux documents !

groduits Dar le mémoire du Honduras i

i) La contestation salvadorienne des titres des

terres de Colomoncagua

58. Le Gouvernement du Honduras a produit dans son
mémoire cinq dossiers de documents relatifs aux terres de

Colomoncagua, documents antérieurs à 1821 qui, non
seulement, établissent les limites de celles-ci, mais

permettent de déterminer celles des anciennes provincesdans
ce sous-secteurl. Dans son contre-mémoire, El Salvador a
contesté cesdocuments, à l'exception de celui de 1694~~ et,

en particulier, le réarpentage de Andres Perez de 1793,
contre lequel il formule quatreobjections3.

Un premier argument d'El Salvador, face aux documents

de 1653, 1663 et 1665, se fonde sur la distinction qu'il
fait entre "Forma1 Title Deeds to Commons" et les autres

documents sur les limites de terres. Eu égard à cette
distinction,il prétend que lesdits documents"do not have

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 231-240
et Annexes, vol. III, Annexes VII.1.7, p. 1151 et suiv.,
V11.1.8, p. 1209 et suiv., vII.1.10, p. 1275 et suiv.,
VII.l.ll, p. 1296 et suiv., et VII.1.12, p. 1326 et suiv.

2 Contre-mémoire d"~l Salvador, chap. 3.87-3.88,
p. 93-95.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.94-3.97,
p. 97-99.any probative effect in this frontier litigationl". Le

Gouvernement du Honduras ne juge pas nécessairede revenir
sur cette question; il se bornera à rappeler l'absence de

fondement juridiquede cette these et l'inexactitudede la
conclusion à laquellearrive El Salvador.

59. Un second argumentsalvadorien, faceaux documents

de 1653, 1663 et 1665 mais aussi à ceux de 1767, 1770 et
1793, se base sur la non intervention des indigènes de

Torola dans les procédures; de sorte que, à ceux-ci "...were
not given the opportunity to raise any objections thereto2."
Mais cet argument est peu rigoureux en ce qui concerne

certains documents et, par rapport à d'autres, il est
inexact.

En effet, il suffit d'observer, en premierlieu, que

les documents de 1653, 1663 et 1665 et celui de 1811 sur
Santo Domingo, se réfèrent à l'arpentagede terrains qui ne

jouxtent pas ceux de la communauté de Torola, ainsi qu'il
ressort du texte et ainsi qu'on peut le voir sur la carte

IV.l à la page 448 du présent écrit.Par conséquent, la
citation de cette communauté et sa présence aux arpentages

n'étaient pas justifiées dans le droit espagnol des Indes.
En revanche, les documents de 1694, 1766, 1767 et 1793 se

réfèrent à des terres de Colomoncagua limitrophes de celles
de Torola; le tekte de ces documentsstipule:

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.88, p. 94.

2 Contre-mémoired'El salvador, chap. 3.88, p. 94. - En ce qui concerne le document de 1694: "...après

avoir cité à comparaître lesdits Indiend se Torola
qui se trouvaientprésents1."dans celui de 1766,
que sur le chemin de Torola à Colomoncagua"...est

apparu le maire et les natifs de ~orola~."Et dans
celui de 1793, Andres Perez consigne que, à
Quecruz ou Piedra Cruz jai rencontré les

natifs du village de Torola quiont présenté leurs
titres3." L'affirmation d'El Salvador est donc

inexacte, ainsi que celle selon laquellcees
arpentages se sont exclusivement basés sur
"excessiveunilateralclaims"de Colomoncagua.

- En ce qui concerne le document de 1767, El
Salvador oublie qu'il s'agit d'une reconnaissance

des bornes de Colomoncagua, réalisée dans un but
spécifique, à savoir protéger cette communauté

face à certains usurpateurs de leurs terres, parmi
lesquels ne figure pas, à cette date, la
communautéde Torola. Par conséquent,seuls furent

cités les occupantssans titre, desterres de

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7,p. 1185.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7,p. 1200.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.11,p. 1302. ~olomoncagua~. Mais cela n'enlève rien à

l'importance du document, puisqu'il y est rappelé
quelles étaient les bornes de Colomoncagua et que

leur reconnaissance aété opérée par Miguel Garcia
Jalon, ainsi que par les écrits du défenseur des

indiens de ~olomoncagua~.

60. D'autre part,El Salvador exclutla force probante
du document de 1766 du fait que les procédures entaméespar

Cristobal de Pineda ont été annulées par 1'Audiencia de
~uatemala~. Or, ainsi que cela fut déterminé en 1767, la
plainte des indigènes de Colomoncagua qui sert de base à

ladite annulation se réfère a des terrains ne jouxtant pas
celui de Torola et usurpés par leurs voisins4. En ce qui

concerne les limites entre Colomoncagua et Torola, deux
éléments méritentd'être signalés:

- En premier lieu, que le document de 1766 stipule

que sur le chemin de Torola à Colomoncagua étaient
présents "le maire et les ,natifsde Torola et ils

ont lu le titre de ce village qui est compris dans

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.8, p. 1219.
2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.l.8, p. 1209, 1218 et 1230-1231.

3 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 3.88, p. 94.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe VII.1.8, p. 1210-1214. la citation", puis ils furent cités en bonne et
due forme1.

- En second lieu, que, ainsi qu'il ressort du texte,
le titre de Colomoncagua lu aux natifs de Torola

est celui de Soyas et Los Jicaguites, de 1694,
puis en 1766, il est dit que:

"...ce titre déclare que la rivière Masire est la
division de cette juridiction de Gracias a Dios
avec celle de San Miguel, ce qui est exclu de cet
arpentage (sont) les jardins potagers,des indiens
de Torola car la corde est passé près de ceux-ci
par une ligne de crête 9i est venue se terminer à
ladite pierre (Quecruz) ."

La nullité du document de 1766 n'affecte donc en rien

les limites des terres de Colomoncagua avec Torola.Et ce
document confirme et précise celui de 1694 qu'El Salvador a

exclu de sa contestation.

ii) Les objections salvadoriennes au réarpentage des

terres de Colomoncaguaen 1793

61. El Salvador estime que le réarpentage réalisé en
1793 par Andres Perez "...containsmany contradictionsand

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.7, p. 1200.
2 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7, p. 1200.irregularities whichdeprive it of any probativevalue", en
formulant quatre objections contre ledit document1.

Les seconde et troisième objections se rapportent aux

terrains de La Magdalena et La Negra Vieja, d'une part, et à
ceux de Guarajarnbala,d'autre part. Etant donné la situation

des uns et des autres, ainsi qu'on le voit sur la carte
hondurienne IV.l page 448 ci-après et, en partie, sur la

carte salvadorienne3.H du contre-mémoire, ellesn'affectent
en rien le présent litige. Il est, en revanche, intéressant

d'examiner les objections relatives à San Fernando et aux
terrains de Santa Ana, car elles sont liées aux limitesdans

le présent sous-secteur.

62. En ce qui concerne San Fernando, El Salvador
affirme que le réarpentagede 1793 englobaitce village dans

les terres de Colomoncagua, ce qui. a, fait douter
l'Intendance de San Salvador de sa pertinence. C'est pour

cette raison que les habitants de San Fernando s'opposèrent
au réarpentagede Andres Perez "...as the deed specifically

states2."

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.94, p. 97 et
chap. 3.95-3.97,p. 97-99.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.94,

p. 97-98. L'argument salvadorienest lié, en réalité, B la

question des "terres de la Couronne" à l'Ouest de celles
arpentées en 1769 à Perquin y Arambala et aux limitesdes
anciennes provinces entre les terres de cette communautéet

la rivière Negroou Pichigual,question quia été exposée de
façon détaillée dans le contre-mémoire hondurienl. Sans

qu'il soit besoin de reprendre ici cet examen, il convient
cependant de rappeler simplement que, dans deux documents
antêrieurs au titre des terres de Perquin y Arambala, ceux

de 1766 et 1767, il est établi quelles sont les limites des
terres de Colomoncagua danscette partie de la ligne. Et en
outre, sont indiqués comme limitesdes anciennes provinces

le "chemin royal" etla borne de El carrisa12.

Le réarpentage de 1793 confirme les limites des
documents précédents. Il permet d'apprécier lescauses de
l'oppositioninitialedes habitantsde San Fernando, lorsque

le réarpentagearriva, le 8 mars 1793, à Aqua Sarca ou Monte
Redondo, OU commencent les terres de Perquin y Arambala, à

savoir le terrain situé à l'ouest de celles-ci dont on
prétendit, en1769, qu'ellesétaient "terresde la Couronne"
et occupéespar les habitants de San ~ernando3.Or, après

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 386-391.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
AnnexesV11.1.7,p. 1198 et VII.1.8 p. 1209 et 1231.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8,p. 1231.une suspension de l'arpentage le 8 mars, il fut repris le
11 avril, en présence des indigènes de San Fernando; et,

lorsqulAndresPerez demanda quellesétaient la limite des
t'erreset la ligne frontièredes juridictionsde San Miguel

et de Gracias a Dios, il lui fut indiquéque c'était le
"chemin royal" qui venait des terres de Torola. Le
réarpentagese poursuivitalors, sansopposition, jusqu'à la

borne de Zoropay ou el Carrisal,puis jusqu'à la rivière
~egrol.

63. A la fin de l'acte du11 avril 1793, Andres Perez
note que, comme il était déjà tard pour continuer
l'arpentaqe:

...j ai ordonné au métreur de mettre une marque
("sefial")pour continuer le lendemain l'arpentage,
dans la direction,que nous suivons, et là dessus
nous nous sommes retirés pourpasser la nuit à la
bourgade ("aldea")de San Fernando, laquellese
trouve dans les limites des terres du village de
San Pedro ~olomoncagua~"(soulignépar nous).

Ce texte englobe donc la bourgade de San Fernando dans

les terres de Colomoncagua; car,bien qu'il y ait indication
d'une "marque" et d'une "bourgade",l'originalespagnol, en
utilisant le terme "cual" - c'est-à-dire "que" - relie la

fin de la phrasea un seul substantif, à savoir le plus

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll,p. 1310-1311.

2 Mémoire du Honduras, ' Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll,p. 1310.proche: la bourgade de San Fernando. El Salvador, étant

donné qu'il n'admet pas la dissociation entre limitesde
terrains et limites juridictionnelles,ne peut évidemment

pas accepter l'élément que fournit le document de 1793.
Mais, dans la perspective du présent litige, l'élément

pertinent est la limite des juridictions;or, les documents
de 1766, 1767 et 1793 concordent sur le fait que cette

limite était.le "chemin royal" et la borne de Soropayou El
Carrisal, sur le tronçon de ligne compris entre les terres

de Torola et la rivière Negro.

64. En ce qui concerne le terrain de Santa Ana, El
Salvador conteste le réarpentagede 1793 du Eait qu'il étend

les limites des terres de Colomoncagua au-delà de celles
indiquées _en 1766; car, à cette date, selon l'argument

salvadorien, la rivière Las Cafias se trouve "within the
province of El Salvador". Et c'est l'extension des limites

en 1793 qui a amené les habitants de Torola à s'opposer à
1'arpentage1.

11 est surprenant, en vérité, qu'El Salvador se fonde

sur le document de 1766, en contestant celuide 1793, alors
que, cinq pages avant, il l'avait exclu au motif que les

proc6dures entamées par Cristobal de Pineda avaient été

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.97, p. 99.annulées par la Audiencia de ~uatemalal. Mais il n'existe
pas là une contradiction entre les arpentages de 1766et

1793: dans le premier, il est dit, à propos du terrain de
Santa Ana, que l'on a suivi ses lisières, conformément au

titre que possédaient les indigènes de Colomoncagua; puis,
ainsi qu'on l'a vu au paragraphe précédent, il est indiqué

que "...la rivière Masirre est la division de cette
juridiction de Gracias a Dios avec celle de San Miguel",

comme sur le titre de 1694~. Il s'agit du ravin Masirre ou
de Las Tijeretas, qui se jette dans la rivière Las Cafiasou

Yuquina et suit une direction Est-Nord-Est; de là, on se
dirigea vers le chemin de Torola à Colomoncagua,puis vers

Quecruz ouLa Cruz.

En 1793, le réarpentage indiquela borne de Champate,
El Talpetate Blanco, uncôteau "appelé Montecito",la Laguna

ou Laguneta et El Amatillo ou Las Tijeretas, d'où l'on
poursuivit versQuecruz ou La Cruz. Et Andres Perez note

que, à ce point, "...jlai rencontré les natifs dudit village
de Torola, qui ont présenté leurs titres"; et il ajoute que

"celui-ci déclare que la limite des juridictions et la
frontièrede la ville de San Miguel et de la ville de

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.88, p. 94.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7, p. 1200.Gracias a Dios, province de Comayagua, se trouve là-baslv
(soulignépar nous). Face à l'affirmationd'El Salvador, il

convient de signaler que le maire de Torola ne contesta pas
le réarpentage et ne s'opposa pas aux limites avec

colomoncaguaet qu'au contraire, il déclara que:

"...jusqulà cet endroit il n'attaquerait personne
en justice et qu'il n'avait pas eu non plus de
litige ' avec les 'guancos' (contrères) de
Colomoncagua surles terres, les endroits et les
bornes qu'ils ont toujours reconnus2."

iii) Les références d'El Salvadorau titre de 1694 et
aux négociationsdes limites de 1869

65. Etant donné qu'El Salvador ne peut justifier la

ligne de la rivière Las Caiiasen amont, jusqu'au "Cerro del
Alguacil Mayor", il a tenté de contester, sans fondement,

les documents produits par le Honduras, qui mettent en
évidence son interprétation erronée du réarpentagede Torola

en 1743. Et, désormais, il tente désespérément de
rechercher, à l'appui de sa thèse, d'autres documents,

antérieurs et postérieurs à 1821, bien qu'en déformant leur
contenu et en prétendantque ceux-ci confirmentla ligne de

la rivièreLas Caiias.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1308.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1308. C'est ainsi qu'il recourt, enpremier lieu, au titre de

1694 relatif aux terrainsde Las Joyas ou Los Jicaguites.
Etant donné que ce document fait référence au grand torrent
Yuquina - la rivière Las Caiias - El Salvador estime que

"this title deed is in favour of El ~alvadorl."Mais cette
affirmation oublie que le document indiqueque la rivière

est située "au couchant" et, par conséquent, est comprise
dans l'arpentage;ce que l'on constate, par ailleurs, sur la

carte salvadorienne 3.H, où figurent les limites dudit
titre. Il est clair qu'El Salvador supprime la suite du

document de 1694 où il est indiqué que l'on poursuivit"vers
l'orient"pour arriver à la borne de Quecruz, ainsi que cela

est représentésur la carte 3.H d'El Salvador;ce qui exclut
la rivière Las Canas en amont, jusqu'h El Aguacil ~a~or~.On

se rappelle, par ailleurs, qu'en 17663 comme en 1767~~ il
est précisé que la limite est le ravin de Masirre ou ravin

de Las Tijeretas, où l'on arrive, en sens "vers l'orient"
-à savoir Est-Nord-Est- au chemin de Torola à

Colomoncagua, puis à La Cruz ou Quecruz.

1 ContreAmémoired'El Salvador,chap. 3.89, p. 95.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7, p. 1185.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VI1.1.7, p. 1200.

4 Mémoire .du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.8, p. 1209. 66. En second lieu, c'est dans les négociations des
limites du 26 juin et du 15 juillet 1869 qu'El Salvador

essaie de trouver une confirmation de ses thèses sur la
rivière Las Canas. Et, là encore, il déforme les textes,sur
divers points. Mais il ne faut pas oublier que c'est au

cours de ces négociationsde 1869, comme de cellesde 1884,
qu'apparaît l'identification entre "Monte Redondo' et "El

Alguacil Mayor", ainsi qu'on l'a vu précédemment.

En ce qui concerne lesnégociationsdu 26 juin 1869, El
Salvador confond délibérément une "reconnaissancd e"s lieux

ou inspection - entre la rivière Negro et la rivière Las
Canas - avec une "reconnaissance"par les deux commissions

d'un point de droit, à savoir que la frontière "extended as
far as the river de Las canas1." Mais le procès-verbal est
clair et établit qu'eut lieu une simple reconnaissance

visuelle de la zone, sans convenir en rien de la
délimitation2.

En ce qui concerne lesnégociationsde juillet 1869, El

Salvador y fait diverses références, toutes inexactes, et
omet d'autres éléments. Ainsi, il affirme que les délégués

"did agree to accept certain boundary markers such at that
at Las Tijeretas and the road £rom Gracias a Dios to San

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.90, p. 96.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.9,p. 64.~i~uell." Le procès-verbal stipule que les délégués ont
parcouru ou visité certains des lieux indiqués sur les

titres - Champate, Portillo Blanco, Laguneta, Barrancon et
Picacho - mais n'ont pas pu se mettre d'accord2. En second
lieu, El Salvador fait allusion au rapport du délégué

hondurien, M. Chavez,en citant certains passages en dehors
de leur contexte, et notamment la référence à un document

qui déclare "pour notre part, que la ligne frontière des
juridictionsest la rivière Las ~afias~." Or, on connaît bien

le document auquel fait allusionM. Chavez; il s'agit du
document de 1804 qui, curieusement,est "apparu"au cours du

réarpentagede 1844, dont l'irrégularité adéjà été mise en
évidence dans le précédent mémoire4. Ledit document ne fut

accepté ni par les indigènes de Torola, en 1844, ni par le
délégué hondurien,en 1869.

Enfin, El Salvador invoquela position adoptée par son
délégué dans ces négociations de 1869, au cours desquelles

fut d'ores et déjà établie la nullité du réarpentage de
1793, au motif qu'il englobait la bourgade de San Fernando

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.92, p. 96.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.11,p. 66.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.92, p. 97.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 383-384.dans les terres de ~olomonca~ua~.Mais cette allégation, qui
est aujourd'hui reprisedans le contre-mémoiresalvadorien,
!
est dépourvue de tout fondement, ainsi qu'on l'a montré
précédemment. Cela pourra se confirmer à l'examen du tracé

hondurien dans ce sous-secteur, examenqui fera l'objet des
paragraphes suivants.

2. Le tracé hondurien selon les documents antérieurs à 1821

relatifsaux terres de Colomoncaqua

Introduction

67. L'application de l'uti possidetis juris dans ce
sous-secteur,de la part du Honduras, se fonde sur un nombre

considérable de documents relatifs aux terres de
Colomoncagua et antérieurs à 18212. Ils peuvent être divisés

en deux groupes:

- Le premier comprendles documents de 1653, 1663 et

1665 relatifs aux terrainsde Santa Ana, arpentés
à la demande de Pedro Romero; et celui de 1694

relatif au terrainde Las Soyas et Los Jicaguites,
arpenté à la demande de la communauté indigène de

Colomoncagua.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.93, p. 97.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 231-240
sur les documents et leur texte au vol. III des Annexes,
Annexes VII.1.7, p. 1151 et suiv.; VII.1.8, p. 1209 et
suiv.; VII.1.10, p. 1275 et suiv.; VII.1.9, p. 1296 et
suiv.; et VII.1.12, p. 1326 et suiv. - Au XVIII~ siècle, les terrains de Santa Ana
passent aux mains de la communauté de

Colomoncagua. Mais cel'le-ci subit plusieurs
usurpations de terresde la part des voisins; ce

qui donne lieu aux procéduresde 1766, 1767, 1793
et 1811, dans le but de sauvegarder leurs droits.
Les différents documents de ces procédures

indiquent non seulement les limites globales des
terres de Colomoncagua, mais aussi celles des

anciennes provinces.

68. Le tracé hondurien de la ligne, depuis la source
du ruisseau La Orilla jusqu'à larivière Negro, a été exposé

dans les précédents mémoiresl. Par conséquent,la Chambre de
la Cour connait déjà les bornes qu'indiquentce tracé..

Cependant. - et même au risque de répéter certains
faits - il convient de revenir surcet examen, euégard aux

arguments et a la documentationqu'El Salvador a fourni dans
son contre-mémoire,et notamment le titre susvisé de Torola

de 1743. A cette in, on divisera la ligne dans ce sous-
secteur en trois parties: la première, de la source de La

Orilla à Las Tijeretas ou El Amatillo, est celle où existe
un "vide"de documents salvadoriens,attendu que n'a pas été

produit le titre de l'Haciendade San.Diego,auquel fait

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 240-245;
contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 397-405. ~~~rc.r~~mc~~~wm~~
DEPARTAMENTODSL: INIIBUCA.LLMPIRA U. PAZ1:50.000 ...- ...--. .allusion le réarpentagede Torola en 1743l. Dans la seconde,

depuis Las Tijeretas au Monte Redondoou borne Esquinero,
les terres de Torola et celles de Colomoncagua sont

limitrophes.Et dans la troisième,depuis "Monte Redondo"ou
Esquinero à la rivièreNegro ou Quiaguara,il y a contigüité
entre les terres de Colomoncagua et celles de Perquin y

Arambala, bien que l'on ait également signalé un "vide"de
documents salvadoriens pour la zone comprise entre la ligne
du chapitre 6.72 de son mémoire et la limite des terres de

Perquin y Arambala. Afin d'assister la Chambre de la Cour,
le Hondurasa établila carte IV.l en regardde cette page.

bJ De la source du ruisseau La Orilla a la borne de
Las Tijeretasou El Amati110

69. Dans cettepremière partiede la ligne, à l'Ouest
des terres de Torola, El Salvador, comme on l'a dit, ne

présente aucun document antérieurà 1821. Cependant, il
prétend que la ligne, depuis La Orilla, continue en ligne

droite jusqu'au sommet du mont El Volcancillo et, de là,
jusqu'au Caj6n de Champate; depuisce point, elle suitla
rivière Las Caiiasen amont. Mais diversdocuments fournis

par le Honduras indiquent un tracé différent, entre certains
points qui serventde bornesaux terresde Colomoncagua.

1 Contre-mémoire d'El SalvadorA,nnexes, vol. VI,
Annexe VIII, p. 7. i) Les bornes de Champate, Portillo Blanco et
Obrajito

70. Le premier point, la borne de Champate, est

mentionnée dans l'arpentage,effectué à la demande de Pedro
Romero le 16 octobre 1665, dedeux lopins de terres de la
Couronne, de deux "caballerias"de superficie, d'après sa

requête. Selon cet arpentage, le côté Sud du terrain passe
par le ravin dit de "La Cueva Hedionda" pour arriver à

'...un côteau qu'ils appellent ~chan~ate"~. En 1766, il
n'est pas fait mentionde ce point, les bornes de Santa Ana

étant exclues2.

Pourtant, il est bien faital1usion.à Champate dans la
description des bornes de Colomoncagua, faite par ses

habitants en 17673. Et lorsque Miguel Garcia de Jalon
reconnaît les bornes, il mentionne: "la rivière de Champate
qui conflueavec le torrent Cueva~edionda~."Enfin, dans la

description des bornes qu'effectueSixto Gonzalez en 1792,
au nom des habitantsde Colomoncagua, ilest indiqué que la

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.6, p. 1107.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7, p. 1199.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.8, p. 1209.
4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.8, p. 1218.première longueur "...va rejoindre Champate"et "se tournant

vers l'orient, pour la deuxième longueur, on fait se
promener la corde du côté de Champate au côteau de

~ontecitol...". Et dans le réarpentage de Andres Perez, en
date du 7 mars 1793, le texte stipule:

"...on a descendu le torrent jusqu'à ce qu'on
rejoigne Champate et on a franchi la rivière
jusqu'à ce qu'on arrive près de la basse-cour de
don Felipe de Argueta qui refusait de reconnaître
une borne que l'éclaireur déjh nommé m'avait
communiquée,et on y est arrivé après 5 cordes; et
de là, en faisant face à l'orient-on est monté sur
une butte aplatie recouvertede pierres, et de là
on est passé à une petite savani et on-est monté
en haut d'un grand côteau où l'on voit un endroit
appelé le ~on'tecito~ ." (soulignépar nous).

71. Le second point est la borne à laquelle on vient
de faire allusion, à la fin du texte précédent; c'est la

borne dite Portillo Blanco, Talpetate Blanco ou Montecito,
point qui est localisé sur la carte salvadorienne 3.H du

contre-mémoireet constitue le point B de la carte IV.l du
présent document.

Elle est mentionnée pour la première fois dans

l'arpentage du site de Santa Ana, réalisé à la demande de
Pedro Romero le 12 juillet 1663; le texte stipule que, en

direction Sud, "...on est passé par un mauvais passage fait
de talpetatesoù se trouve unecroix, jusqu'àce qu'on

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1298.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1307.arrive en haut d'un petit montlu. Elle ne figure pas dans
les procédures de 1766, les terres de Santa Ana en étant
exclues, comme on l'a dit; mais il figure dans la

description des bornes, de 1767, dans. laquelle est
mentionnée une borne "...qu'on appelle Talpetate ~lanco"~.

Enfin, Sixto Gonzalez,en 1792, en énumérant les bornes de
Colomoncagua, indique que la limite va "...du côté de

Champate au côteau de ~ontecito~." Et, dans l'arpentage de
Andrez Perez de 1793,il est dit que l'on monta en haut de:

"...un grand côteau où l'on voit un endroit appelé
le Montecito sur lequel a travailléFelipe Argueta
et qui se trouve aujourd'huien ruines; et pour
que votre connaissance soit plus précise, je dis
qu'il y a au sommet du côteau que l'on a monté, à
gauche ou au Nord une manqeoire blanche de
~alpete~..." (soulignépar nous).

72. Le troisième point, la colline ou borne dite

Obrajito, est situé au Sud de la rivière Las Canas, comme
les précédents, selon l'arpentage de 1663 du site de Santa

Ana; il est seulement mentionné, après ëtre arrivé à Los

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.6, p. 1100.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.10, p. 1289.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1307.Talpetates, "un petit mont''qui constituela limiteavec les

terres de Antonio ~erezl. C'est le point C de la carte IV.l
de la présente réplique.

En 1767, lorsque les habitants de, Colomoncagua

décrivent.les bornes de leurs terres, ils déclarèrentque
depuis TalpetateBlanco:

"...on monte une butte jusqu'a ce qu'on parvienne
a un grand coteau que nous appelons dans notre
langue Jocontenan en langue castillane il
l'appelle Cerro ~onete~...'

On pourra cependant observer que, sur la carte
hondurienne IV.l de la présente répliquecomme sur la carte

salvadorienne6.IV du "Book of Maps" du mémoire, il y a, sur
un mont, un point de triangulationappelé "Los Bonetes" et,

un peu plus au Sud, un "Cerro Los Bonetes". Tous deux se
trouvent à l'Est de la borne Obrajito. Et, lorsqu'il

reconnaît les bornes en novembre 1767, Miguel Garcia de
Jalon fait allusion à "un côteau élevé Joconte", en

utilisant la dénomination des autochtones pour le "Cerro
~onete"~.En revanche,le

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.l.l, p. 1000.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1218.défenseur des habitants, Antonio Jarabeytia, indique, à
propos des terres de Felipe Argueta, que son titre

'...s'appliqueaux Tijeretas et au ~onetillol."

Il convient de signaler que ce point n'est pas
spécifiquement mentionnédans la description des bornes de

1792, qui indique seulementque, à partir de Montecito, on
se dirigea "ensuite à La ~aguneta'~.Ce qui s'explique peut-

être par la proximité entre ces deux points. Mais, par
contre, Andres Perez, lorsqu'il effectue le réarpentage,

précise que, après le Talpetate Blanco, "...on a continué
dans la même direction - face à l'orient - et en contournant

un côteau, on a pris une plaine ..." avant d'arriver à La
~aguna3 (soulignépar nous).

ii) Les bornes de La Laguneta ou Laguna Seca et de Las

Tijeretasou El Amati110

73. Le quatrième point de la ligne est la borne dite

La Laquneta, La Laquna ou Laquna Seca. Ce point est désigné
sur la carte salvadorienne3.H par "paraje La Laguneta" et,

sur la carte IV.l du présent écrit, par le point D. On
pourra également observerque, sur la carte

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1230.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.11, p. 1298.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.11, p. 1307.salvadorienne6.IV, se trouve, à l'Est du point de
triangulationde Los Bonetes, une dépressionde terrain et,

au Sud-Sud-Est,une lagune Las Mesitas.

Dans l'arpentage dusite de Santa Ana, de 1663, il est
dit que, après avoir franchi la rivière -celle de Las

Canas - on commença mesurer "en allant vers l'orient" et,
après être arrivé "à une butte", on prit le chemin royal

"...et il est passé par une lagune1." Bien qu'elle ne fût
pas mentionnée par les habitants, elle fut reconnue, en

1767, par Miguel Garcia de Jalon qui l'appelle "Laguna
secam2. En 1792, elle est à nouveau mentionnée dans la

description des bornes de Colomoncagua comme "LaLaguneta"
et elle est identifiéepar Andres Perez, lorsqu'ilpratique

le réarpentage du terrain, car, apres avoir contourné un
côteau et être passé par une plaine:

"...on est arrivé à la lagune apres 40 cordes, et
a cet endroit sont arrivés Clemente Argueta et
Felipe Argueta qui ont dit que le titre avec
lequel il soutenait que ces terres étaient eux,
était resté à la ville de San ~iguel 3..."

1 Mémoire 'du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.6, p. 1100.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1218.

3 Mémoire. du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1307. El Salvador, à présent, soutient
la même position: réclamer sans titre à l'appui. 74. Au cinquième point de la ligne, Las Tiieretas ou
El Amatillo, commence la contiguité avec les terres de la
communauté de Torola, de la province de San Miguel. C'est

pourquoi ce point est indiqué sur le titre de ces terres,en
1743; on y arrive en prenant la direction Nord à partir du

Portillo (col) de San~iegol.

Ainsi qu'on l'a indiqué en examinant le tracé
salvadorien,ce point se réfère au chemin de San Diego dans

la description des bornes de Colomoncagua, de 1767, dans
laquelle est indiquée sa dénomination vernaculaire,

Oytaquecresquin, et espagnole, "Cerro ~isceria"~. Dans la
reconnaissance effectuée par Miguel Garcia de Jalon en
novembre de cette année 1767,est employée pour la première

fois l'expression"...un grand côteau appelé ~ytancres~ue"~.
Le défenseur des habitants de Colomoncagua, Domino Antonio

Jarabeytia, mentionne par deux fois Las Tijeretas, à propos
des prétentionsde Felipe Argueta, en précisantque ce point

"...forme la division des deux juridiction En"^792,la

Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII,p. 7.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1218.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1230.description des bornes de Colomoncagua stipule que "...on

arrive à Amatillo qui se trouve sur le chemin qui arrive à
San ~ie~ol;" cela est repris lors du réarpentaqede 1793,

pratiqué par Andres Perez qui, dans une seconde mention,
l'appelle "Amatillode ~hica~uites"~.

Sur la carte 6.IV, El Salvador a situé ce point plus à

l'Ouest. Mais cela est en contradiction avec une
représentationde 1916, sur laquelle figurele chemin de San

~iego3, et avec la carte 3.H du contre-mémoire,qui indique
un "Cerro Amatillo" près du chemin de Torola à Colomoncagua,

c'est-à-dire au point E de la carte hondurienne IV.l du
présent écrit.

iii) La ligne frontière de la source du ruisseau La

Orilla jusqu'h Las Tijeretas ou El Amatillo

75. En conclusion, le Gouvernement du Honduras est
fondé à demander à la Chambre de la Cour que la délimitation

dans ce sous-secteur, à partir de la source du ruisseau La
Orilla, suive une ligne qui, au Sud de la rivière de Las
Catias,va à la borne de Champate; de là, en ligne droite et

en direction Est-Nord-Est, jusqu'à la borne Portillo Blanco,

1 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1298.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.11, p. 1308.

Réplique du Honduras,vol 1, carte IV.l en regard
de la page 448.Talpetate Blanco ou Montecito; de là, dans la méme direction
et en ligne droite,.jusqu'à la borne dite Obrajito, près du
mont Bonete; de la, dans la même direction et en ligne

droite, jusqu'à la borne La Laguna, La Laguneta ou Laguna
Seca; et, de là, jusqu'a la borne de Las Tijeretas ou El

Amatillo, près du chemin de San Diego à Colomoncagua. Ces
points, dont les coordonnées géographiques sont indiquées

dans les Conclusions,sont représentéspar les lettres A, Bi
C, D et E de la carte IV.l du présent écrit.

9 De Las Tijeretas ou El Amatillo à la borne Monte

Redondo ou Esauinero

i) La rivière Masirre ou de Las Tijeretas, Quecruz,
le chemin royal et AguaSarca

76. Lors de l'examen du tracé salvadbrien selon le

réarpentage des terres de Torola, en 1793, ont été mis en
évidence les points fondamentaux de cette partie de la

ligne, sur laquelle sont limitrophes les terres de
Colomoncagua et celles de Torola. Cependant, il convient de

revenir sur certains éléments pour préciser le tracé
hondurien.

Le premier .élémentest celui relatif à la direction de

la liqne à partir de Las Tijeretas ou El Amatillo. Dans la
description des bornes de Colomoncagua de1792, il est

seulement indiqué que "...la corde continue A être tirée et
arrive au pic nommé~uecruzl." Et, lorsqu'ilprocède au

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p.1298.réarpentage du terrain en 1793, Andres Perez fait d'abord
allusion à El Amatillo, puis à "Amatillo de Chicaquites",
d'où il se dirigea "en direction de l'orienten allant -out

droit jusqu'au pic nommé Quècruzl." Selon des documents
antérieurs, la rivière de Chicaguites est le torrent de
Masirre ou de LasTijeretas.

77. Le document le plus ancien est le titre de Las
Joyas y Las Jicaguites,de 1694. Ainsiqu'on l'a indiqué,ce

document établit que le grand torrentappelé Yuquina - la
rivière LasCanas - se trouve "au couchant"de l'arpentage
et, par conséquent,dans le périmétredes terres qu'on était

en train d'arpenter. Maisil est précisé que l'arpentagese
poursuivit vers l'orient pour arriver à Quecruz, en
n'englobant pasles jardins potagers des Indiensde ~orola2.

Dans le réarpentagedes terres de Torola, en 1743, on
arrive, à partir de Las Tijeretas,en direction Nord "...to

a ravinlikebank of the Las Canas river".Et, comme en 1694,
on change de direction vers l'orient, en poursuivant
l'arpentageen amont d'une rivière,jusqu'aucheminde

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.11,p. 1308.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.2,p. 1022.Torola à Colomoncagua, puis jusqu'au site de La cruzl.

Attendu que l'on changea de direction en arrivant à la.
rivière Las Canas, pour se diriger ensuitevers l'Est, on

n'a pas pu continuer en amont de cette rivière, maisd'une
autre qui conflue avec la rivière Las Canas, à savoir le
torrent de Las Tijerretas ou du Picacho. Cela se confirme

par lefait que ce n'est qu'en suivant ce torrent vers l'Est
que l'on peut arriverau chemin de Torola à Colomoncaguaet,

de' là, au site de La Cruz ou Quecruz. Il y a donc
concordanceentre ledocumentde 1694 et celui de 1743.

D'autre part,le tracé de la ligne par le torrent de
Las Tijeretas pour arriver à La Cruz ou Quecruz, est

confirmé par deux documents, de 1766 et 1767. Dans les
procédures de Cristobal de Pineda, de 1766, il est affirmé
que :

"...on est allé au bord d'un côteau (Tijeretas),
puis on est descendu à la rivière deChicaquiteet
en amont on a arpenté en hauteur car le terrain
était très accidenté jusqu'à une pierre pointue
qu'il y a tout droiten face du cheminroyal dece
village à celui de Torola..." (soulignépar nous).

La rivière de Chicaguite est le torrent de Las
Tijeretas car, en 1793, Andres Perez mentionne le "Amati110

de Chicaguites"après avoir indiquéLas ~ijeretas~.Et ce

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII, p. 7.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll,p. 1308.n'est qu'en suivant ce cours d'eau en amont que l'on arrive

au chemin de Torola à Colomoncagua et à la "pierre pointue"
de La Cruz ou Quecruz, comme en 1694 et en 1743. Mais le

document de 1766 ajoute que, à La Cruz, se trouvaient le
maire et les natifs de Torola, qui présentèrentleur titre:

"...et ils ont lu le titre de ce village qui est
compris dans la citation, et ce titre déclare que
la rivière de Masirre est la division de cette
juridiction de Gracias a Dios avec celle de San
Miguel; ce qui est exclu de cet arpentage (sont)
les jardins potagersdes indiens de Torola car la
corde est passée près de ceux-ci par une ligne de
crête qui est venue se terminer ladite
pierrel.

Enfin, la description des bornes de Colomoncagua, en

1767, corrobore lesdonnées fournies par les documents de
1694, 1743 et 1766 en précisant plusieurs points

fondamentaux.Le texte,déjà cité précédemment, stipule que:

"...de Cerro Tisceria (Tijeretas) sur le versant
du côteau, on va jusqu'au point de rencontre de
deux ruisseaux, le premier tombe et s'appelle
Yuquina et l'autre tombe et s'appelle Masirre,ce
ravin de Masirre est celui qui sert de borne, par
le ravin on monte tout droit aux jardinspotagers
de Torola (et) on monte tout droit sur un côteau
élevé qui s'appelle ~uecruz2."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.7, p. 1200.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209. 78. En second lieu, cette ligne, qui va du confluent
de la rivière Las Canas et du torrent Masirre ou Las

Tijeretas jusqu'à Quecruz, le long dudit torrent, coupe le
chemin de Torola à Colomoncaqua, ainsi qu'on l'a déterminé

plus haut, conformément aux documentsde 1743 et 1766.
D'autre part, comme on l'a également montré précédemment

lors de l.'examendu tracé salvadorien, le mont La Cruz ou
Quecruz est indiqué aussi bien sur les documents des terres
de Torola, de 1743 et 1844, que sur ceux des terres de

Colomoncagua, de 1694, 1766, 1767, 1792 et 1793. Devant une
évidence aussi concluante, il est inutile de revenir surce

point de la ligne.

79. Il est, en revanche, intéressant de préciser enfin
le tronçon de la ligne compris entreLa Cruz ou Quecruz et

Monte Redondo,Esquinero ou Aqua Sarca, point qui constitue,
au Nord, la limite des terres de Torola. Dans le réarpentage

de Torola en 1743, il est établi que, à partir de La Cruz ou
Quecruz, on poursuivit en direction Est - en réalité, Est-
Nord-Est - pour arriver "...to another place called Monte

Redondo". Et, jusqu'à ce point, il est indiqué que
1 arpentage ""as bordering the Commons of ~olomoncagua" l. En

revanche, dans aucun des documentsrelatifs aux terres de
Colomoncagua, il n'est fait allusion au mont "Monte

Redondo" , mais tous conviennent d'un lieu appelé Aqua
~arca~. Cependant,Agua Sarca ou Monte Redondoest le

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VI,
Annexe VIII.l, p. 7. Ainsi qu'on l'a indiqué, la traduction
anglaise omet, inexplicablement, que l'on longeait les
terres de Colomoncagua.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe V11.1.7, p. 1200, Annexe VII.1.8, p. 1209, 1218,
1230, Annexe VII.l.ll, p. 1298et 1300.tripoint des terres de Torola, de Colomoncaguaet de Perquin
y Arambala. Et le réarpentagede 1793 de AndresPerez le met

en évidence en indiquant que, après avoir franchi les
marécages appelésAgua Sarca, on gravit un "côteau aplati"

où se trouvaient les habitants de Perquin y Arambala et de
San ~ernandol.

80. En ce qui concerne la localisation de Agua Sarca

ou Monte Redondo, on a déjà indiqué qu'El Salvador, depuis
1869 et 1884, a tenté de le situer plus à l'Ouest en

l'identifiant à 1'"Alguacil Mayor". Mais le titre de Torola
de 1743 dément cette localisation arbitraire,puisqu'il

indique que l'arpentage, de La Cruz à Monte Redondo, était
orienté vers l'Est.

Sur la carte hondurienne IV.l de ce chapitre comme sur

la carte salvadorienne 6.IV. se trouvent deux indications
dl"Agua Sarca". L'une, au Nord-Est du mont El Picacho;

l'autre, dans la même direction, indique un "ravin Agua
Zarca", à environ 1.700 mètres du point précédentet au Sud
de la montagne El Mascarron. Mais, dans la description des

bornes de Colomoncaqua,de 1767, il est précisé ce qui suit:

"...il y a à un endroit un petit ravin que nous
appelons el Agua Sarca; de là, au versant du
côteau, on arrive au chemin royal qui va au
village de Perquin, ce meme chemin sert de borne
jusqu'à ce qu'on arrive aux deux points de
rencontredes deux chemins depuis ledit village

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll, p. 1308. avec le chemin qui vient de Torola, que nous
appelons La Cruz de la ~ollal..." (souligné par
nous).

Argua Sarca est donc un petit ravin, ou des marécages
selon le document de 1793. Et, aussi bien sur celuide 1767
que sur ce dernier, après avoir franchi Agua Sarca, on

gravit "un côteau" ou un "côteau aplati".

En troisième lieu, près de Agua Sarca se trouve le
"chemin royal" selon le document de 1793 ou les chemins de

Colomoncagua à Perquin y Arambala et, de ce village, à
Torola, selon celui de 1767. Compte tenu de cela, le seul

lieu où ces trois données coïncident, et celui où elles.
cpincident avec la toponymie actuelle, est le mont El
Moscarron, ainsi que cela figure suc La carte IV.l du

présent chapitre,où il est indiqué par la lettre 1.

D'autre part, le titre de Perquin y Arambalade 1815
confirme la référencedu document de 1767. Ce titre stipule,

dans la descriptionde la portion de limites allant du Roble
Negro au tripoint de Agua Sarca ou Monte Redondo, en sens

Nord-Sud,que:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.8, p. 1209. "...we met the road that departs £rom this town
Colomoncagua andthat meets with the lands of the
Town of Torola.. . and in the last mentionedspot
was foundand old stony landmark that 1 commanded
to rebuild without contradiction £rom those of
Colomoncagua neither those of ~orolal. '

ii) La ligne frontièrede Las Tijeretasou El Amatillo

au Monte Redondo ouAgua Sarca

81. En conclusion,il ressort de l'examen qui précède

que la ligne frontière, depuisle mont de Las Tijeretas ou
El Amatillo, se poursuit en directionNord jusqu'aupoint de
confluencede la rivière Las Canas avec le torrentMasirre,

de Las Tijeretas ou du Picacho; de là, en directionNord-
Est, elle suit le cours de ce torrent en amont, jusqu'au
chemin de Torola à Colomoncaguaet, dans la même direction,

jusqu'aumont La Cruz ou Quecruz; de là, elle se dirige vers
le chemin royal de Torola à Perquin y Arambala, jusqu'au
mont Monte Redondo ou AgUa Sarca, tripoint des terres de

Torola,Colomoncaguaet Perquin y Arambala.

Ces points,dont les coordonnées géographiques figurent

dans les Conclusions, sont représentés par les lettres E,
F (confluentCanas/Masirre),G (chemin Tocola/Colomoncagua),
H (Quecruz) et 1 (Monte Redonqo/Agua Sarca) sur la carte

IV.l du présent chapitre.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI, p. 18, La traduction anglaise utilise
castillan,p. 41, indique "ela"camino que sale de este pueblo
para Colomoncagua". dJ De Aqua Sarca ou Monte Redondo A la riviére Neqro,
El Palmar ou Quiaqara

82. Dans cette partie du tracé, El Salvador prétend
que, depuis "Monte Redondo" - identifié par erreur à

1'"Alguacil Mayor" - la ligne va jusqu'h une borne située
sur la rivière La Presa, Las Flores ou Pichigual; de là,

elle suit cette rivière en aval jusqu'à sa confluence avec
la rivière Negro ou El ~almarl. Mais, par ailleurs, la carte

6.IV représente la limite des terres de Perquin y Arambala
par une ligne qui va du "Monte Redondo ou Alguacil Mayor" au

"Roble Negro"; de là, au "Guiriri Hillock"; puis, de ce
point, à la rivière Negroou El Palmar.

Ainsi, il reste entre les deux lignes une zone dans

laquelle il y a un "vide' de titres salvadoriens.Et, sur la
carte 3.1 du contre-mémoired'El Salvador, celui-ci prétend
également qu'il y a un vide de titres honduriens, ce qui est

inexact.

i) Le chemin royal et la borne El Carrizal, limite
des anciennes provinces

83. En ce qui concerne le point de départ de cette

portion de ligne, le contre-mémoiresalvadorien présenteun
élément significatif.En effet, lorsqu'ilénumère les bornes
du terrain de Perquin y Arambala selonl'arpentage de 1769,

il omet délibérément une borne, entre la huitième (Roble
Negro) et la neuvième (Loma Monguetas):celle qui constitue

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49.le tripoint entre ces terres et celles de Colomoncagua et
~orolal. Or, le titre de Perquin y Arambala de 1815 ne

laisse aucun doute à cet égard; en effet, comme on l'a
exposé précédemmenten localisant la borne Monte Redondo,
Agua Sarca ou Esquinero, l'arpentage de ces terres arrive,

après la borne Roble Negro, au chemin de Colomoncagua à
Perquin y Arambala, où "...was found an old stony landmark",

reconstruite sans opposition de la part des voisins de
Torola et Colomoncagua;puis, de là;

"...changing the course £rom West to East with a
declination to the southeast, the cord was
extended bordering the lands of the Town of Torola
and with twentysix cords we reached a hillock that
they cal1 ong guet as^."

Mais un autre élément se rattache à ce silence: dans la
traduction anglaise du titre de Perquin y Arambala de 1815,

il est dit, à propos de la direction que suivait l'arpentage
de la rivière Negro au tripoint de Monte Redondo ou Agua

Sarca, que celle-ci était "...£rom North to South with
declination to southwest3." Dans l'original espagnol, par

contre, l'inclination est "au sud-~st"~, la traduction
anglaise est doncinexacte.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.70, p. 82.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes,vol. IV,
Annexe VI.l, p. 18.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.l, p. 17.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,

Annexe VI.l, p. 91. Il est évident que cette inexactitude,de même que le

silence sur le tripoint, est liée à la localisationqu'El
Salvador a donnée de ce point, sur le mont "El Alguacil
Mayor". En effet, celui-ci se trouve au Sud-Ouest du "Roble

Negro"; en revanche, Agua Sarca ou Monte Redondo se trouve
au Sud-Est. Par conséquent,le titre de Perquin y Arambala
concorde sur ce point avec celui de Torola de 1743 et avec

les documents relatifs à Colomoncagua.Tous ces documents
mettent en évidence le caractère arbitraire de la

localisationdu tripoint sur le mont "El Alguacil Mayor",
ainsi que le prétendEl Salvadordepuis 1869-1884.

84. Entre Monte Redondo ou Agua Sarca et la rivière
Negro, l'arpentagede Perquin y Arambala effectué en1769

indique deuxbornes. Du Nord au Sud, la première se situe
"sur une colline qu'ils appellenG tuiriri"; la seconde, à
trente six cordées (1.484mètres) de la précédente, est

"Roble ~e~ro"~. C'est sur ce point que les habitants de
Colomoncagua contestèrent la localisationde la borne Roble
Negro "en disant qu'elle était plus à l'intérieur"ou vers

l'Est;on reviendra plusloin surce point2.

Or, eu égard à la contestation de la communauté de
Colomoncagua, l'arpentage de 1769 comporte certaines
indicationsqu'il convientd'examiner.En premier lieu, il y

est dit que "pour la partie Ouestet Sud-Ouest"de la borne

1 Contre-mémoired'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.l, p. 17.

2 Contre-mémoire d'El salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.l, p. 17.de Guiriri, il y avait "...some Realengo Lands belonging to
this jurisdiction"; il précise ensuite que, lorsque

l'arpentage arriva au tripoint avec Torola et Colomoncagua
"...along some ten cords we walked borderingRealengo Lands
and afterwards with ~olomoncaqua~" [souligné par nous).

Entre Guiriri - où commencent les "terres de la Couronne" -
et le tripoint, on mesura 76 cordées; la contigüitéavec les

terres de Colomoncagua s'étendaitdonc sur 66 cordées,
c'est-à-dire 2.739 mètres sur les 3.154 mesurés entre les
deux points; ce qui révèle l'inexactitudede la carte

salvadorienne 3.1 du contre-mémoire sur ce point,
puisqu'elle exclut toute contigüité entre les terres de

Colomoncaguaet de Perquin y Arambala.

En second lieu, l'arpentagede 1769 affirme que "...the
Negro River which they also cal1 Pichigal ... divides this
juridiction ofthat of Gracias a Dios". Cela est répétépour

la borne du Roble Negro par "les auxiliaires" qui
assistaient l'arpenteur, car iest dit que "...from the

said Oak to the Negro or Pichigual River there was something
like a quarter of league and in the said river ends this
jurisdiction2."Mais ces affirmations,ainsi qu'on l'a déjà

montré dans le contre-mémoire hondurien3, sont inexactes,
ainsi que le démontrent les documents aussibien antérieurs

que postérieurs à l'arpentagede Perquin y Arambala de 1769.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
~nnexe VI.1, p. 17-18.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.1, p. 17.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 386-391. 85. En effet, les limites des juridictionsde Gracias
a Dios et de San Miguel, entre "Monte Redondo" ou "Agua

Sarca" et la rivière Negro ou El Palmar, ne sont pas la
rivière Negro ou Pichigual, mais le chemin royal, puis la

borne d'El Carrizal ou Sorocay, plus à l'Est.

Dans la descriptiondes bornes de Colomoncagua de1767,

document dont on a déjà remarqué la précision pourd'autres
points, il est dit que, depuis le tripoint de Agua Sarca ou

Monte Redondo:

"...on arrive au chemin royal qui va au village de
qu'on arrive aux deux pointsde rencontre des deuxce
chemins depuis ledit village avec le chemin qui
vient de Torola, que nous appelons La Cruz de la
Jova, le même chemin sert deborne jusqu'à arriver
à la pointe d'une plaine qui s'appelle Carrizal
sur un petit col d'un petit cô-teau,et le chemin
est très mauvais car il est de talpetate pur,
c'est-à-dire une cape de boue jaune et de sable
fin, on appelle cet endroit Malpais; de Malpais on
traverse en regardant vers le Nord des ravins et
une rivièreappelée Tau (déchiré) ...; sort au col
de Rio ~eqrol.. ." (soulignépar nous).

La reconnaissance des bornes par Miguel Garcia Jalon
confirme ces points, en mentionnantEl Carrizal comme étant

le "côteau de ~al~ais"~. Et le défenseurdes indigènes de
Colomoncaguaind'iquer en 1767, que les habitantsde Perquin

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1218.y Arambala prétendentque leur appartient "...un lopin de
terres qui est en-dessous de Malpais, borne dont fait

mention le titre royal, nomméepar moi El ~arrizall."

Dans la description des bornes de Colomoncaguade 1792,
est mentionné, à nouveau, le "chemin royal"qui mène à Agua

Sarca, en ajoutantque:

"...par le même chemin elle suit le grand cdteau
du Carrizal qui s'appelait autrefois Soropay,,et
de là elle descend h un torrent jusqu'h arriver au
Rio ~egro~."

Mais, dans le réarpentagede Andres Perez de 1793, lorsque
l'arpentage reprend le 11 avril, un point important est

précisé, à savoir: que le chemin royal était non seulement
la limite entre les terres de Colomoncagua et celles de

Perquin y Arambala, mais aussi "...la division des
juridictions deSan Miguel et deGracias a ~ios~." Ce chemin

royal, ainsi qu'il est précisé dans la description des
bornes 'de Colomoncagua en 1767, "...sert de borne jusqu'à

arriver à la pointe d'une plaine qui s'appelle~arrizal4."

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1231. .

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.l.ll, p. 1298.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.l.ll,p. 1310.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8, p. 1209. 86. En ce qui concernela localisationde la borne El

Carrizal ou Soropay, il faut tenir compte de deux éléments.
En premier lieu, qu'Andres Perez a ordonné à l'arpenteur de

ne se diriger que vers deux points: le 11 avril, au "côteau
qui sert de borne, nommé Soropay" et, le lendemain, "au
côteau del 0cote"l. Et dans l'arpentage des terres de

Perquin y Arambala, deux points sont également indiqués
entre le tripoint d'Agua Sarca et la rivière Negro, ensens

Sud-Nord:le Roble Negroet la colline de Guiriri.

En second lieu, il faut noter que, certes, les
indigènes de Colomoncagua ne s'opposent pas, en 1769, à

l'arpentagede Perquin y Arambala, à la borne de la colline
de Guiriri - puisque le document ne signale rien en ce

sens - mais qu'ils contestent,en revanche, la localisation
que l'on attribua à la borne du "Roble Negro",en affirmant

qu'elle se trouvait "plus vers l'intérie~r"~,c'est-à-dire
vers l'Est par rapport au point indiqué sur la carte

salvadorienneV1.4.

Compte tenu de cet élément, ainsi que des références à
El Carrizal ou Soropay que l'on trouve dans les documents de

1767, on peut estimer que ce point ne peut pas être qualifié
de "non identifiable",comme le fait El Salvador sur la
carte 3.1 de son.contre-mémoire, bien qu'il représenteun

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.11, p. 1310-1311.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.1, p. 17.chemin qui part de Colomoncagua, puis s'interrompt.Ledit
chemin, ainsi qu'on peut le voir sur la carte salvadorienne

VI.4 et sur les cartes honduriennes,passe précisémentpar
les élévations du RobleNegro. Et il convient de signaler

que, près de celle où se situe la borne de ce nom et un peu
plus loin vers l'Est, figure un point de triangulation
également appelé "RobleNegro". Ce fait concorde donc avec

celui fourni par l'arpentagede 1769, lorsque les indigènes
de Colomoncagua ont fait opposition.D'autre part, si, à

partir du tripointd'Agua Sarca, on marche vers leNord par
le chemin royal,le terrain ne présente pas d'élévations,
étant donné la présence du ravin de San Fernando; et, au

bout, on trouve précisémentles élévations de Roble Negro.
C'est, sans aucun doute, la zone appelée "Malpais" sur les
documents de 1767, où il y avait des prétentions

contradictoiresentre Colomoncagua et Perquin y Arambala,
selon le rapport du défenseur deColomoncagua,qui localise

la borne de El Carrizalau Nord de ~a1pais.l.

ii) La liqne frontière du tripoint de Agua Sarca à la

rivière Negro

87. En résumé, l'examen qui précède montre à
l'évidenceque la ligne frontière, à partir du tripoint de
Agua Sarca ou Monte Redondo, se poursuit,en direction Nord-

Nord-Est,par le'chemin royalpour arriver à la bornede El

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.8,p. 1231.Carrisal ou Soropay, située sur l'élévation la plus
orientale par rapport au Roble Negro - actuel point de
triangulation - à proximité du chemin de Colomoncagua à San

Fernando et Arambalay Perquin; de là, elle se dirige, en
direction Nord,vers le mont d'0cote ou colline de Guiriri;

et, de là, vers la borne du Rincon, sur la rivière Negro,
d'El Palmar ou Quiaguara.

Cette ligne est représentée par les points 1 (Agua
Sarca), J (chemin royal), K (Carrisal ou Soropay), L (mont
du Ocote ou Guiriri) et M (borne du RincOn) sur la carte

IV.l à la page 448 du présent écrit.

B. SECOND SOUS-SECTEUR:DE LA RIVIERENEGRO OU QUIAGUARA
A LA BORNE DU MALPASO DE'SIMILATON

1. Le tracé salvadorienselon le titrede Perquin
y Arambalade 1815

88. L'applicationpar El Salvador de l'uti possidetis
juriç se fonde sur le titre des terres dePerquin y Arambala

de 1815. C'est pourquoi, on mettra en évidence
l'insuffisancede ce document, eu égard à ses prétentions
dans ce sous-secteur (a). En second lieu, on examinera

l'arpentagedes terres dePerquin y Arambala au Nord de la
rivière Negro etle titre de 1815 par rapport au litige de
1770-1773(b). Enfin, la position d'El Salvador sur letitre

de Jocoara de 1776 et sur la rivière Negro ou Quiaguara,
limitedes provinces(c). Le tracé salvadorien par rap~ort au titre des

. terres de Peruuin y Arambala de 1815

i) La limite des terres de Perquin y Arambala et les
prétentions d'El Salvador au Nord de la rivière

Negro ou Quiaguara

89. Dans le contre-mémoire d'El Salvador sont
énumérées les bornes suivantes qui délimitent les terres de

la communauté de Perquin y Arambala,au Nord de la rivière
Negro, El Palmar ou Quiaguara, selon le titre de 181s1, et

dans le sens Est-Ouest:

20th BoundaryMarker: mont Sapamani
21th BoundaryMarker: montagne La Isla
22th BoundaryMarker: mont de La Ardilla, où
l'arpentagea commencé en 1769
2nd Boundary Marker: mont Salalamuya
3rd Boundary Marker: Sojoara
4th Boundary Marker: mont Mapansapa
5th Boundary Marker: col de Olosicala
6th Boundary Marker: mont Chagualaca
7th Boundary Marker: colline Guiriri

La représentationde ces limites figure sur la carte
salvadorienne6.IV du "Book of Maps" fourni par son mémoire,

de même que sur les croquis salvadoriens 3.H et 3.1 du
contre-mémoire2.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.70,
p. 82-83.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. III après les

pages 102 et 103 respectivement. Par contre, au chapitre6.2 de son mémoire, ElSalvador

a décrit une seconde ligne qui commence, non pas au mont de
Sapamani, mais à la borne du Malpaso de Similaton; de là,la
frontière se poursuit en ligne droite jusqu'à la borne de

Antiguo Mojon de La Loma; de là, elle continue en ligne
droite jusqu'à la montagne de La Isla; de là, elle se
poursuit enligne droitejusqu'ausommet du mont La Ardilla;

de là, elle continueen ligne droitejusqu'ausommet du mont
El Alumbrador;de là, elle continueen ligne droite jusqu'au
sommet du mont Chagualaca ou Marquezote; de là, elle se

poursuit en lignedroite jusqu'à un coude du Negro; et
finalement, elle suit le cours du Negro en amont jusqu'àson

confluent avec la rivière La Presa, Las Flores ou
pichiguall.

90. Si on représente ensemble les deux lignes
précédentes,comme cela a été fait sur la carte hondurienne
5.2 du contre-mémoire, de mëme que sur la carte

salvadorienne3.1, on pourra observer immédiatemenq tue, à
l'intérieurde ce sous-secteur,on distingue trois parties
nettementdifférenciées:

- la première, A l'Est est une zone comprise entre

la ligne du chapitre 6.72 du mémoire d'El Salvador
et la ligne de la limite des terres de Perquin y
Arambalaselon le titre de 1815, zonecoloréeen

Mémoire d'El Salvador, chap. 6.72; trad. fr.,
p. 49. bleu sur la carte salvadorienne 3.1 du contre-
mémoire. La ligne la plus extérieure, à l'Est, ne
se base pas logiquementsur le documentde 1815:

de même que celui-ci ne "protège" pas la zone
compriseantre lesdeux lignes.

- la deuxième est constituée de la partie centrale
de ce sous-secteur, entrela borne de la montagne

de La Isla, à l'Est, et le mont de Chagualaca, à
l'ouest. Dans cette deuxième partie,la ligne
décrite au chapitre 6.72 du mémoire salvadorien

coïncide avec le tracé des limitesdes terres de
Perquin .y Arambala, selon l'interprétation

salvadorienne représentés eur la carte6.IV.

- enfin, à partir du mont de Chagualaca, il y a à

nouveau une différence entre la ligne du
chapitre 6.72 du mémoire d'ElSalvadoret le tracé
des limites des terres dePerquin y Arambala selon

la carte salvadorienne 6.IV. En effet, si la
seconde ligne sepoursuit jusqu'à la rivièreNegro

en directionde la colline de Guiriri, la première
s'oriente à l'ouest-Sud-Ouest sur2.650 mètres
jusqu'à un coude de la rivière Negro; et, de là,

elle suit lecours de cette riviére en amont sur
1.800 mètres jusqu'à sa confluence avecla rivière
La Presa, Las Flores ouPichigalet, suit en amont

la rivière Negro jusqu'au point "Paso del rio
Negro" de la carte salvadorienne 3.H. Il y a donc

une zone entre les deux lignes, numérotée II sur
la carte hondurienne 5.2 du contre-mémoire et
colorée en jaune. On la trouve aussi sur la carte

salvadorienne 3.1, coloréeen bleu. De même que dans la première partie, la ligne la plus
extérieure, à l'ouest, ne se fonde pas sur le titre de

Perquin y Arambala de 1815; de, même, ce document ne
"protège" pas la zone comprise entre les deux lignes.

ii) Insuffisance du titre de Perquin y Arambala de

1815 eu égard aux prétentions salvadoriennes dans
ce sous-secteur

91. La ligne du chapitre 6.72 de son mémoire constitue

le tracé le plus extérieurqu'El Salvador revendique devant
la Chambre de la Cour. Or, de l'examen qui précède, on peut
tirer une conséquence importante en ce qui concerne

l'application par El Salvador de l'uti possidetis juris, a
savoir que, même en acceptant, à titre d'hypothèse, la thèse

salvadorienne sur l'identité entre limitesde terres et
limites des anciennes provincesl, il est évident que le

titre de Perquin y Arambala de 1815 ne fonde pas la totalité
de ses prétentions dans ce sous-secteur.Et, par conséquent,

il est inexact d'affirmer que ledit titre "protège" le
secteur de Nahuaterique, comme celaest fait sur la carte

6.IV et comme cela est répété dans le contre-mémoire
salvadorien, dansles termessuivants:

"The claim of El Salvador to the sub-sector of
Nahuaterique is established by the Forma1 Title
Deed to the Commons of the twin indigenous
communities of Arambala and perquin2" (souligné
par nous).

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 2.4, p. 13.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.66, p. 80. 92. En effet, ainsi qu'on vient de l'exposer,il n'y a

pas, dans deux parties de la ligne, coïncidence entre le
tracé du chapitre 6.72 du mémoire et la limitedes terres de

Perquin y Arambala: dans la premiére, à l'Est, et dans la
troisième, à l'Ouest. Ce qui suppose, en définitive, que,
dans ces deux parties du tracé, El Salvador n'applique pas

l'uti possidetis juris, puisqu'il existe un "vide" de
documents antérieurs à 1821.

Cette conclusion a déjà été exposée dans le précédent

mémoire du Gouvernement du Honduras dans lequel il estima,
à juste titre, qu'El Salvador étendaitses prétentionsdans
ce sous-secteur au-delà des limites des terres de Perquin y

Arambala selon le titre de181~~. Il estimait égalementque
c'est à cause de l'insuffisance de ce document qu'El

Salvador invoquait un autre fondement juridique en recourant
aux "effectivités"2.Ces deux conclusions continuent à être
applicables à la position d'El Salvador exposée dans son

contre-mémoire.

L'arpentaqe des terres de Perquin y Arambala de
1769 et le titre de 1815

i) Le silence d'El Salvador sur le litige entre
Jocoara et Perquiny Arambalade 1769-1773

93. Dans son contre-mémoire,El Salvador a exposé en
détail les procéduresengagéesen 1769 et qui devaient

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, p. 327-328.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. X,
p. 348-355.aboutir à l'établissementdu titre de terres de Perquin y
Arambala en 1815l. Cet exposé, ainsi que la Chambre de la

Cour le notera, reprend les éléments figurant déjà dans le
mémoire salvadorien2, pour conclure par deux affirmations

relativesau titre de 1815:

"...this Forma1 Title Deed to the Cornons of
Arambala and Perquin satisfies the formalities
required by the Spanish Crown for the
establishment of such Forma1 Title Deeds;
consequently, this Forma1 Title Deed... is
indisputabl superior tothe Title Deeds relied on
by Honduras!5.1#

Il faut rattacher ces deux affirmations à une troisième
figurant au chapitre 2 du contre-mémoire.C'est là qu'El

Salvador défend la thèse de l'identité entre limites de
terres et limites des anciennes provinces;et à l'appui de
cette thèse, il invoque les négociationsde 1884 entre

MM. Cruz et Letona, en affirmantque ceux-ci:

"...agreed to act in the same manner as would a
judge, that is to Say to study the documents
presented by each Party and to determine which
document ought to be given preference in relation

Contre-mémoire d'El Salvador, chap.3.67-3.72,
p. 80-84.

2 Mémoire d'El Salvador,chap. 6.31-6.39; trad. Er.,
p. 34-37.

Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.73, p. 84 to each issue in dispute ... It was as a result of
this process that Cruz concluded that the titles
of Poloros and of Perquin y Arambala 'established
permanent landholdingsof traditionalaccuracygl."

Outre le caractèreerroné de ces suppositions - que les

négociateurs de 1884 agissent en qualité de juges -
l'affirmation précédente est significative; en,effet, une
fois de plus, ellemontre qu'El Salvador,bien qu'il invoque

l'uti possidetis juris de 1821, fonde sa thèse, en réalité,
sur les solutions politiques trouvées en 1884. Aucun effet
juridique ne s'est produitdu fait que le Congrès National

du Hondurasn'a pas approuvé le Traité Cruz-Letonade cette
année.

94. Or, à propos de la première de ces affirmations,
il est intéressant de préciser trois points. En premier
lieu, El Salvador, après s'être référé .à l'arpentage des

terres de Perquin y Arambala du 12 juin 1769, prétend que
"on 17 June 1769, the 'Juge Sous-déléguédu Droit Royal des
Terres'... approved this measurement2." Mais, en réalité,
cette approbation n'existe pas. En effet, Antoniode Guzmin

décida simplement que soient rattachées aux procédures de
réarpentage les formalités additionnelles - auditions de
témoins effectuées à la demande du défenseur des indigenes

de Perquin y Arambala- et que les actes en soient remisau
Juge Privatifdu Droit Royal des Terresde Guatemala"...and

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.26,
p. 26-27.

2 Contre-mémoired.'ElSalvador,chap. 3.70, p. 83.in view of the said diligences Your Seigniory will be so
served as to provide whatever youdecide as convenientl."

En second lieu, il est également inexact de soutenir

que "this title deed was confirmed inNew Guatemala on 15
December 181~~." S'il n'y avait pas eu d'approbation

préalable, il pouvait difficilement y avoir une
confirmation. Cette date est donc, en réalité, celle de

l'établissementdu titre. Mais le document de 1815, après
l'accord du 17 juin 1769, contient d'autres textes auxquels

El Salvador a déjà fait allusion dans son mémoire3, et
qu'aujourd'hui, de façon significative, il passe sous

silence dans soncontre-mémoire.

95. Il s'agit en effet des documents relatifs au
litige entre la communauté de Jocoara et celle de Perquin y

Arambala, à propos des terres de la montagne de
Naguaterique.Ce litige débuta en 1770 et prit fin avec le
jugement duTribunal Principal des Terresde 1'Audiencia de

Guatemala, en date du 8 mai 1773~. Ce jugement, favorable a
la communauté de Jocoara, constituele fondement du titre de

terres accordé à cette communauté le17 décembre 1776~.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,

Annexe VI.l, p. 28.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.72, p. 84.

3 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.37: trad. fr.,
p. 36.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III, Annexes
VII.1.9, p. 1242-1268.

5 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII,
p. 218-222. Mais en outre, le jugement de 1773 du Tribunal des
Terres de Guatemala constitueun élément préalable à la

concession dutitre de terres A Perquin y Arambala, en1815.
La preuve en est le fait que ledit document contientle
texte du jugement de 1773, ainsi que celui du décret du

20 mai 1776 déboutant l'appel interjete devant la Real
Audiencia par la communauté de Perquin y Arambala, contre

ledit jugementl.Pour preuve également le fait que le titre
de 1815 fut concédéaprès rapport préalable duprocureuret
de l'assesseurgénéral qui examinèrentces antécédents2.

Par conséquent,il existe certesune relationentre le
titre de Jocoara de 1776 et celui de Perquin y Arambala de

1815, ainsique l'affirmeEl salvador3.Mais cette relation
est précisément'le litiqe de 1770-1773 entre les deux
communautés.Or, El Salvadorpasse délibérbmentsous silence

ce litige.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.l, p. 28-29.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.1, p. 31-32.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.78,
p. 86-87. ii) Les irrégularitésde l'arpentagede 1769 selon les
procédures menées devantle Tribunal des Terresde

llAudienciade Guatemala, en 1770-1773

96. Cet élément omispar El Salvador a déjà été exposé
dans le précédent mémoire1. Sans qu'il soit nécessaire de

procéder à nouveau à son examen, il convient cependantde
rappeler deux points.

En premier lieu, on note que ces irrégularitésliées à

l'arpentage des terres de Naguaterique en 1769 ont été
dénoncées, devant le Tribunal des Terresde 1'Audiencia de

Guatemala, par les mémoires de l'avocat de la communauté de
~ocoara~. La mention de ces irrégularités fut reprise dans

le jugementdu 8 mai 1773, dans les termessuivants:

...je déclare que l'on doit affirmer les droits
des indigènes du village de Jocoara.. . en blamant
l'attitude injuste, spécialement celle que le
Commissaire don Antonio Guzman a prise dans
plusieurs démarches, et l'on réserve aux indiens
les droits de dommages et intérëts sur sa personne
et sur ses biens3."

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 356-362.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9, p. 1252-1255 et 1259-1262.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9, p. 1266-1267; contre-mémoired'El Salvador,
Annexes, vol. IV, Annexe VI.l, p. 1-34. Il est évident qu'il s'agit d'un jugement trèssévère
quant à la conduite du Sous-délégué des Terres de San
Miguel; car il débouche sur une déclaration de

responsabilité pour dommages-intérêts, enaveur des
habitants de Jocoara. ce qui présuppose l'existenced'un
fait illicitedans le comportementde laditeautorité.

97. En second lieu, l'illégalité de la conduite du
Sous-délégué des Terres de SanMiguel est nécessairement

liée aux procéduresdu délégué Ignacio de Castro. Cela fut
mis en évidence par l'avocat des habitants de Jocoara,

devant le Tribunal des Terres de ~uatemalal.Mais l'enquête
qu'effectua, en 1770, IsidoroMingo, Juge sous-déléguédes
Terres de Comayagua,permet de déterminer la nature de ces

irrégularitéscommisespar Ignacio de Castro; car, en ce qui
concernel'arpentagedu 12 juin 1769, il est dit:

Iqui n'a pas tiré de corde, ni n'a pris

aucune mesure, et qu'il a été amené par les
indigénesde Arambala et Perquin à trois ou quatre
entendu Castro direque ses endroits seraientlesnt
limites des terrains mentionnés,et qu'avec ...
(déchiré)... il a mis fin aux arpentages et est
reparti pourSan ~iguel~."

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 360.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9, p. 1247. Cela explique les imprécisions de l'acte du 12 juin
1769 et aussi le fait que, à plusieurs reprises, le délégué

se réfère au témoignage des auxiliaires ou "practicos" cjui
l'accompagnaient.Et, en toute logique, cela culmine dans le

fait qu'ont été arpentées, en faveur de Perquin y Arambala,
des terres situéesau Nord de la rivière Negro ou Quiaguara

et faisantpartie de la province de ~omayagual.

iii) Le titre de Perquin y Arambala prouve que les
terres situées au Nord de la rivière Negro ou
Quiaguara faisaient partie de la province de

Comayagua

98. Dans son premier mémoi.re,El Salvador a prétendu
que, sur le titre de Perquin y Arambala de 1815 "...il est

indiqué que les terres attribuées à Perquin y Arambala ont
toujours fait partie de la .provincede San ~iguel~." Et,

dans son contre-mémoire, cette affirmation est reprise dans
les termessuivants:

"...in the Forma1 Title Deed to the Commons of
Arambala and Perquin, it was established that the
lands granted to the inhabitants of Arambala and
Perquin as communal property had always formed
part of... the Province of San Miguel and thereby
of the Alcaldia Mayor of San salvador3."

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 361-362 et 363-365.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.40, Conclusionii);
trad. fr., p. 37.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.74, p. 84. Dans les deux mémoires, ces affirmations ne sont
accompagnées d'aucuneréférence au texte du document de

1815, comme il aurait dû le faire. Mais il ne s'agit même
pas d'une affirmationpeu rigoureuse,attendu qu'en réalité
elle est inexacte. Lasimple lecturedu document suffit à

montrer que celui-ci, non seulement ne comporte pas cette
affirmation, mais induit le contraire, à savoir

, l'appartenancedes terres de Naguaterique, auNord de la
rivièreNegro ou Quiaguara, à la provincede ~orna~agual.

99. En premier lieu, commeon l'a indiqué,le titre de
1815 contient le jugement du Tribunal des Terres de

1'Audienciade Guatemala,en date du 8 mai 1773, qui réglait
le litige relatifaux terresde la montagnede Naguaterique,
opposant la communauté de Perquin y Arambala à celle de

~ocoara~.

Dans ledit litige,l'avocatde Perquiny Arambalaavait
soutenuque les terres arpentéesen 1769 enfaveurde ladite
communauté se trouvaientdans la province de San Miguel, du

fait que la limite des juridictions étaitle lieu appelé
Sojoara et, concrètement, la rivière salalamuya3. Cette

prétention figure dans le jugement, quiindique que le
litige se rapportait:

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 367-374.

2 Contre-mémoired'El Salvador, Annexes,vol. IV,
Annexe VI.l, p. 28-29.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9, p. 1255-1256 (premier écrit); p. 1264-1265
(deuxièmeécrit). "...on the matter of the expoliation that to the
first (Perquin y Arambala) was done on the lands
that as commons they had in the mountain of
Naguaterique of theprovince of San Miguel."

Or, après avoir exposé la prétention de Perquin y
Arambala, le texte du jugementde 1773 stipule:

"...examined that has been the merit of these
Acts, the adduced and deduced by both parts and
everything else that is to be seen,
1 declare that those of the Town of Arambala and
Perquin have not proven their action as long and
well how it was convenient,but instead have done
it enoughly those of the Town of Jocoara of the
jurisdictionof Comayaqua, where are the disputed
landç, and consequently,
1 declare that the Naturals of the cited Town of
Jocoara are to be legally backed in the possession
they have had over the 2 caballerias and 201
cords, as it results of the Act of December
twentytwo, of seven hundred seventy, pages 81 and
82l... (soulignépar nous).

Par conséquent, les terres de la montagne de
Naguaterique faisaient partie de la province de Comayagua;

car la limite avec celle de San Miguel n'était pas la
rivière Salalamuyamais la rivière Negroou Quiaguara, ainsi

que cela fut établi au cours des procéduresde 1770-1773.

100. En second lieu, ce fait est confirmé dans l'acte
de concession des terres à Perquin y Arambala, en date du

15 décembre 1815, c'est-à-dire dans ce qui en constitue le
dispositif. Et la comparaison avec le titre de Jocoara de

1776 est significatifà cet égard.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.1, p. 29. Dans les deux titres, llAudiencia de Guatemala,
agissant au nom de Sa Majesté le Roi d'Espagne, et

conformément à la Real Cédula du15 octobre 1754 promulguée
à San Lorenzo el Real, concèdele terrainà.la communauté
bénéficiaire,en lui conférant le droit de l'utiliser. ~t,

outre l'acte de concession,est inclu un ordre à l'intention
des autoritésde la province, afin que celles-ci protègent

les droits à une possession pacifique de la part de la
communauté titulaire desterres. Mais c'est là que le titre
de Jocoara de 1776 diffèrede celui de Perquin y Arambala de

1815. Dans le premier,le texte stipule que:

"Et j'ordonneau Sous-déléquéde la Province de
Comayaqua... de leur remettre la possession des
terres mentionnées... (et) tout qui leur revient
de fait et de droit, où il les protègera et
défendra, comme moi je le fais par le présent
titre, sans admettre qu'ils en soient dépossédés
en partie ou en totalité sans avoir été entendus
au préalable et avoir été battus en justice l..."
(soulignépar nous).

En revanche, celuide Perquin y Arambala de 1815 ne se
réfère pas à l'autoritéd'une seule province, mais à celles
des deux provinces, car il stipule:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol III,
Annexe VII.1.9, p. 1269. Justice Majorsof the Provinceof San ~i~Üel and
of that of Comayaqua to protect andto defend them
in their os sessiown.thout consentina tobe them
spoiled nêither in a part nor in the ;hole of the
lands that comprehend the said common without
first being hearedand by privilege and by right
defeatedl..." (soulignépar nous).

Il est évident que la différence repose sur les

constatationsdu jugement de 1773 relatif aux limites des
provinceset, en conséquence, à l'appartenance à la province
de Comayagua desterres situées au Nord de la rivière Negro

ou Quiaguara. Cela expliqueque, pour le titre de Jocoara,
le mandat de protection s'adressait uniquement aSous-
délégué des Terres de Comayagua et que, pour celui de

Perquin y Arambala, il s'adressait aussibien aux autorités
de San Miguel - pour les terres situéesau Sud de la rivière
Negro - qu'A celles de Comayagua,pour la partie au Nord.

CJ Les référencesd'El Salvador au titre de Jocoara
de 1776 et A la rivièreNeqro ou Quiaquara

i) Le titre des terresde Naquateriquede 1776

101. Selon El Salvador,la positiondu Honduras dansce
secteurse fonde "exclusively" sur le titredes terres dela

1 Contre-mémoired'El Salvador, Annexes, vol. IV.
Annexe VI.l, p.33.montagne de Naguaterique de 1776~. Cela est inexact, ainsi
qu'on le montrera plusloin. Or, ledit titreest considéré
comme "insuffisant",attendu qu'il ne comprend qu'une zone,

de deux "caballerias"et deux cent une "cordées",inférieure
à celle attribuéeau titre de Perquin y ~rambala~.Et, en

second lieu:

"This Formal Title Deed to Cornons of Jocoara
refers not to the Mountain of Nahuateriquebut to
Royal Landholdings to the West or South-West of
the ~ountain~."

Ce qui est justifié par les références que fait le
titre de 1815 aux "terres de la Couronne" situées à l'Ouest

et au Sud-Ouest de celles de Perquin y Arambala. C'est
pourquoi, comme on pourra le voir sur les cartes
salvadoriennes 3.H et 3.1 du contre-mémoire,les terres de

Jocoara selonle titre de 1776 ne sont pas représentées B
l'intérieurdes limites du titre de 1815; et, dans sa soif

d'exclusion,El Salvador les omet également au-delà de la
ligne qui va de la montagnede La Isla au col de Osicala.

102. En ce qui concerne l'insuffisance dutitre des
terres de Naguaterique de 1776, la Chambre de la Cour
observeraque l'objectiond'El Salvadorse fondesur sa

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.76, p. 85.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.76,
p. 85-86.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.77, p. 86.thèse relative à l'identité entre limites de terres et
limites des anciennesprovinces1, question qu'il considère

comme étant "the crucial issue in this litigati~n"~.

Or, comme l'a montré le Gouvernement du Honduras dans
le mémoire précédent et dans celui-ci3, la thèse d'El

Salvador est dépourvue de fondement juridique dans le droit
espagnol des Indes; et elle est contraire à l'article 26 du

Traité Général de Paixde 1980. Par conséquent, il ne s'agit
que d'un argument taillésur mesure pour tenter de justifier

la faiblesse de sa position, non seulement dans ce sous-
secteur de Naquaterique, mais aussi dans la totalité du

secteur de Tepangüisiret dans celui de Dolores.

L'élément fondamental,pour procéder à la délimitation
conformément à l'uti possidetis iuris de 1821, sont les

limites des anciennes provinces à cette date. Or, dans le
litige de 1770-1773 entre la communauté de Jocoara et celle

de Perquin y Arambala, relatif aux terresde la première sur
la montagne de Nahuaterique, la décision du 8 mai 1773 se

fonde sur une constatation, à savoir que la limite entre San

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.3-2.4,
p. i2-13.

2 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 2.5, p. 13.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 41-83 et 101-121; Réplique du Honduras, vol. 1,
chap. III, p. 47 et suiv.Miguel et Comayagua setrouve la rivièreNegro ou Quiaguara.
Et cette donnéeest incluse,comme on l'a dit, dans le titre

de 1815, puisqu'il habilite non seulement les autorités de
San Miguel, mais aussi celles de Comayagua, à protéger les

droits concédés à Perquin y Arambala. Il est clair qu'El
Salvador passe ces faits sous silence; mais son silence,
comme on le verra à la section IV, ne se limite pas aux

faits antérieurs A 1821; il s'étend aussi, de façon
surprenante, à sa reconnaissancede la rivière Negro ou
Quiaguara commelimite des anciennesprovinces en 1861 - en

deux occasionset par des autorités distinctes - et en 1869.

103. En second lieu, El Salvador affirmeque les terres

comprises dans le titre de Jocoara de 1776 ne se trouvent
pas sur la montagne deNahuaterique,au motif que ce sont

des "terres de la Couronne" situées à l'Ouest et au Sud-
Ouest de celle-ci1.Or, l'arpentagede ce terrain, effectué
par IsidoroMingo, Sous-déléguédes Terres de Comayagua, en

1770, dément cettea££irmation2.

Mais en outre, il convient d'observer qu'El Salvador

oublie un argument exposépar l'avocatde Perquin y Arambala
lors du litige de 1770-1773, A savoir que la limite de la
juridictionétait:

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.77, p. 86.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9,p. 1247-1248. "...l'endroit appelé Sojoara et cet endroit est
situé beaucoup plus loin que la montagne ce

juriiictionl..." (soulignépar nous).

Les terres faisantl'objet du litigese trouvaient donc
sur la montagne de Nahuaterique;ce que confirme le jugement

du 8 mai 1773 lorsqu'il fait allusionaux prétentions de
Perquin y Arambala sur les terres '"...dans les monts de

~ahuateri~ue~."Et enfin il faut signalerque la concession
du titre de 1815 est accordée par 1'Audiencia de Guatemala

en référence aux limites déterminées dans l'arpentage"...of
the which shall only be excluded the field adscribed to
those of the townof ~ocoara~. "

En résumé, les terres faisant l'objet du titre de 1776

en faveur de Jocoara se trouvent dans le périmètre de
l'arpentage des terres mesurées en faveur de Perquin y

Arambala en 1769, ainsi que cela est représentésur la carte
hondurienne IV.l a la page 448 du présent chapitre. Et leur
localisation, en vertu des termes du titre de 1776 et de

celui de 1815, est la zone de la montagne de Nahuaterique.
Ainsi, les cartes salvadoriennes3.H et 3.1, qui suppriment

la zone concédée a Jocoara en 1776, sont inexactes.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.9, p. 1256.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9, p. 1266.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.l, p. 32. ii) Les référencesd'El Salvador à la rivièreNegro

104. Ainsi qu'on peut le voir sur la carte

salvadorienne 6.IV, il y a, dans ce secteur, deux cours
d'eau dénommés "rivière Negro". L'un, à l'Ouest, est le

"Negro or Pichigual river", coulant en sens Sud-Nord;
l'autre est la "rivière Negro ou El Palmar", dont
\l'orientationgénérale est Est-Ouest.Le titre des terres de

Perquin y Arambala cite le premier: en effet, lorsque
l'arpenteur arrivaà la borne "Roble Negro", les auxiliaires
du délégué affirmèrent qu'il était la limite des

juridictions1.Par contre, il ne comporte aucune référence
au second.

Dans son contre-mémoire,El Sàlvador s'appuie sur le
titre de 1815, en indiquantque la limite des juridictions

était la rivière Negro ou Pichigual; et il soulève un
problème d'identification de la rivière Negrocitée par le
Honduras, en affirmantque la référence à la rivière Negro

ou Quiaguara, faite lors des conférences des limites, au
siècle dernier, n'est pas pertinente,car "...what count for

the purpose of identifying the river are the Spanish
Colonialdocuments2. "

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IV,
Annexe VI.l, p. 17.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.74-3.75,
p. 84-85. 105. Le problème d'identification de la rivière Negro

comme limite des juridictions est, en vérité, un faux
problème; en effet, la riv'ière a laquelle il est fait

allusion dans le litigede 1770-1773 est la rivièreappelée
"rivière Negro ou El Palmar" sur la carte salvadorienne

6.IV; dont le cours est celui qui se trouve au Sud de la
montagne de Naguaterique. Et, El Salvador reconnaît

expressément ce fait lorsqu'il affirme, au chapitre 11 du
contre-mémoire, que les terres de Perquin y Arambala

"...extend bevond the rio Neqro as far as the Cerro de la
~rdillal."

D'autre part, l'identification dela riviére Negro, El

Palmar ou Quiaguara, de la part du Honduras, se fonde sur
divers documents antérieurs à 1821, ainsi qu'on l'a exposé

dans les précédents écrits2.En premier lieu, dans l'enquête
testimoniale effectuéepar le Juge Sous-Délégué des Terres

de Comayagua en 1769; en secondlieu, dans les écrits des
parties devantle Tribunal des Terres de Guatemala, lorsdu

litige de 1770-1773; en troisième lieu, dans le rapport du
procureur; et, enfin, dans le jugement du 8 mai 1773, dont

la donnée de base, comme on l'a dit, est que la rivière
Negro ou Quiaguara est la limite des provinces. Mais il est

clair que ces documents ont été passés sous silence par El
Salvador.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.38, p. 34.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VI, p. 218-223;
contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. IX,p. 367-374. Corroborant les faits qui précèdent,le Honduras a
exposé l'attitude du Gouvernemen t'El Salvadordans la Note

du 14 mai 1861, ainsi que dans les négociationsde 1861 et
186g1. Cette attitude est indubitable, attendu qu'il est
affirmé à plusieursreprisesque:

"...l'ancienne frontière des Provinces d'El
Salvador et du Honduras est formée de ce côté par
la rivière Negro qui, en langue indigène,
s'appelle ~uiaguara*."

2. Le tracé hondurien selonles documents antérieurs 1821

106. L'examen du tracé salvadorien auquelon a procédé

dans le paragraphe précédent a également permis d'indiquer
les documents sur lesquelsse fonde la position du Honduras

pour ce qui est des données essentielles.A savoir, d'une
part, le faitque la rivièreNegro ou Quiaguara constitue la
limite des provinces de Comayagua et San Miguel dans ce

sous-secteuret, par voie de conséquence,que la montagne de
Naguaterique appartient à la province de Comayagua.Il est
donc suffisant de rappeler ici lesdits documents, dont

l'analyse détailléese trouve d6jà dans le contre-mémoire
hondurien3.

1 Mémoire du Honduras,vol. 1, chap. VI, p. 223-229:
contre-mémoiredu Honduras,vol. 1, chap. IX, p. 375-377.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II
Annexe 111.1.2,p. 54et Annexe 111.1.9,p. 62-63.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 367 et suiv. aJ Les documents établissantque la rivière Neqro ou

~uiaquara était la limite entre les provinces de
Comayaqua etde San Miquel

107. L'arpentage des terres de Perquin y Arambala de
1769 ne se réfère pas à la rivière Negro ouQuiaguara, bien

que dans le document même il soit spécifié que l'on se
dirigeait vers le Nord-Est à partir de l'ancien emplacement

des deux villages pour se rendre au pied du Cerro Ardilla,
ce qui implique nécessairement de traverser ladite rivière
dans la direction indiquée1. Don Iqnacio de Castro a donc

délibérément iqnoréla limite des provinces de Comavaqua et
de San Miquel. Mais cette limite ressort des différents

documentsdélivrésentre 1769 et 1773.

En premier lieu, elle est mise en évidence par les
procédures antérieureset postérieures à la concession de
terres de la montagne de Naguaterique à la communauté de

Jocoara, de la province de Comayaqua, couvertespar ledit
titre foncier. En particulier,la limite de la rivière Negro

est déterminée:

- par l'enquête testimoniale menée par Don Isidoro

Mingo, juge sous-déléguédes terres de la province
de Comayaguale 12 février 176g2;

1 contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 364-365.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,

Annexe VII.1.9, p. 1243-1247. - également, par le rapport du sus-mentionné Don

Isidoro Mingo à Don Domingo Lopez de Urruelo, juge
privatif de terres du Tribunal Royal de Guatemala

(Real A~diencia)~;

- et, finalement par le rapport du Procureur du
Tribunal Privatif de terres de la Real Audiencia

de ~uatemala~.

108. En deuxième lieu, aussitôt lelitige entamé entre
Perquin y Arambala et Jocoara devant leTribunal Privatif de
terres de Guatemala, le débat s'est centré sur la rivière

qui sert de limite entre les provinces dece sous-secteur,
celui de Salamuya ou El Negro ou Quiaguara:

a) Les écrits produits au nom de Perquin y Arambala

soulignent que la rivière Salamuya étaitla limite
des provinces, prétendant ainsiprouver que la
montagne de Naguaterique relevait de la

juridiction de San ~iguel~. Mais ceci est démenti
par les habitants de Jocoara qui se réfèrent "à la

rivière ~u~a~uara"~.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. III,
Annexe VII.1.9, p. 1248-1250.

2 ibid p. 1251-1252.

3 -1id P. 1256 et 1262-1263. b) La sentence du juge privatif de terres de
Guatemala du 8 mai 1773 a déclaré que "les

habitants dlArambala et de Perquin n'ont pas
apporté suffisamment de preuves... et en revanche
l'ont fait ceux de Jocoara, juridiction de

Comayagua où se trouvent situées les terres
litigieuses1.

bJ Conclusion: la limite de la rivière Neqro ou
Quiaquara

109.Le Gouvernement du Honduras estime que les
documents auxquels il a été fait référence dans le

paragraphe précédent indiquent clairementla limite des
anciennesprovincesau cours du XVIIIe siècle. Par ailleurs,
comme on l'a déjà indiqué,l'identificationde la rivière

Negro ou Quiaguara ne soulèveaucun problème dans lesdits
documents. En particulier, cette identification a été
clairement miseen évidence par le litige de 1770-1773, vu

que la montagne de Naguaterique,où se trouvent les terres
concédées à Jocoara, est situéeau Nord de la rivière Negro
ou Quiaguara, fait que les Partiesont mentionné de manière

répétée dans leurs écrits présentés au juge privatif de
terres de la Real Audienciade ~uatemala~.

1- -bid.,p. 1266-1267.

2 e., p. 1252-1266. Mais d'autre part, le Chambre de la Cour aura tenu
compte de ce que la limite de la rivière Negro ou Quiaguara

Put reconnue de manière non équivoque par El Salvador à
trois reprises, en 1861 et en 1869. Ladite rivière fut
identifiée comme un cours d'eau différent de la rivière

Negro ou Pichigual,affluent de cette dernière. On peut le
voir clairement sur la carte 3.H du contre-mémoire d'El

.Salvador1qui indique deux cours d'eau différents: à
l'ouest, la rivière "Negro ou Pichigual" et, selon la
direction générale Ouest-Est, la rivière "Negro ou

Cuyaguara". On reviendra dans la section suivante de ce
chapitresur la positionsalvadorienneen 1861 et 1869.

Section IV. Les données postérieuresà 1821 en relation
avec les limitesétablies en applicationde

l'uti wssidetis juris

110. Ainsi qu'on l'a fait dans d'autres chapitres

relatifs à la délimitation de la frontière terrestre,on
exposera dans cette section uniquement les données

entretenant un rapport direct avec les limitesétablies en
application de l'uti possidetis juris de 1821-et qui sont
postérieures à cette date.De mëme, le but de cet exposé est

uniquementde soulignerle comportementdes Partiesau sujet
desditeslimites~aprèsl'indépendance.

Pour faciliter l'examen de ces données, on les
regroupera selon les deux sous-secteursde la zone en

litige, c'est-à-dire,de la source du ruisseauLa Orilla à

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap IV, après la
page 102.la rivière Negroou Quiaguara et de cette rivièreau Malpaso
de Similaton,limite A l'extrêmeEst.

A. PREMIER SOUS-SECTEUR:DE LA SOURCE DU RUISSEAU
LA ORILLA A LA RIVIERE NEGRO OU QUIAGUARA

111. Dans ce sous-secteur,le Gouvernement duHonduras
n'a octroyé aucun titre foncier au XIXe siècle. Ainsi, la

communauté indigène de Colomoncagua - constituée en
municipalitéen 1871 - a continué de vivre après 1821 avec
les mêmes titres fonciers accordés par les autorités

espagnoles aux XVIIe et xvIIIe siècLes, documents qui
démontrent les limites des anciennes provinces, conformément

au principede l'uti possidetis juriç.

Cependant, le comportement des Parties au sujet des

limites des anciennes provincespeut être déterminé en
examinant deux groupes de documents. Tout d'abord, la
correspondance interne ou, si l'on préfère, le5

communications entre les autorités de la République du
Honduras et ensuite, la correspondance diplomatique entre El
Salvador et le Honduras relativeaux limites dans ce sous-

secteur.

1. Les communicationsentre les autorités honduriennes

112. A l'intérieur dece premier groupe, on examinera

de nouveaux documents datant de 1884 à 19611. Le premier

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 11
Annexes IV.l-IV.9,p. 171-192.d'entre eux, en date du 27 mars 1884, permet d'apprécierla
situationdans ce sous-secteurau cours de la période qui a
immédiatement précédé lesnégociations entre MM. Cruz et

Letona.

En effet, à l'occasion d'une assignation adresséepar
la municipalité salvadorienne du bourg de Rosario à deux
habitants du lieu dénommé La Laquna, le maire de

Colomoncagua,dans une communication du15 mars adresséeau
bourg de Rosario, affirme que ledit lieu relèvede la
"juridictionde ce village", faisant allusion "a la ligne

qui sépare les deux Républiques" pour soutenir que la
municipalité salvadorienne "à aucune époque n'a exercé

d'aucune façonsa juridiction"sur ce lieu. Mais la réponse
du maire dubourg de Rosario est égalementintéressantecar
celui-ci l'invite à résoudre le problèmeen comparant le

titre foncier de Colomoncagua et celui de la propriété
(hacienda)de San Diego, d'El Salvador,ce qui aurait permis

de fixer "...d'un commun accord,les limitesdu terrain de
cette communautéet de celui du terrainsus-mentionnél."

Les anciens titres fonciers, par conséquent,sont'ceux
qui permettent d'établir les limites de ce secteur, en
application de l'uti possidetis juris de 1821. Mais la

Chambre de la Cour aura observéque l'autoritésalvadorienne
fait allusion au titre de la propriété de San Diego,

document auquelil a égalementfait référencelors des

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes IV.l, p. 172.négociationssur les limitesqui se sont tenues à Champate

en 186g1. Vu la position salvadorienne lors du siècle
dernier, il est étonnant que ledit titre n'ait pas été
présenté lors du présent litige, seul celui des terres de

Torola l'ayantété.

113. Deux autres documents - de 1884 et 1888 -

permettent d'établir le procédé, de toute évidence
irrégulier, adopté par les délégués, MM. Cruz et Letona,

pour le tracé des limites dans ce secteur, lors des
négociations qui se sont tenues en mars-avril 1884. En
effet, le ler avril 1884, lemaire de Colomoncaguaa fait

savoir qu'il n'avait pas pu rencontrer celuidu bourg de
Rosario, d'El Salvador, pour fixer les limites en relation

avec l'incidentsurvenu à La Laguna, car il avait reçu une
communication de M. Cruz, délégué du Honduras, et s'était
rendu, conformément aux instructionde ce dernier, au

village de Carolina, où il était arrivé le 29 mars2. Le
documentajoute que le lendemain,ils commencèrent:

"...la lecture des titres correspondantsmais,
d'ores et déjà, les arpenteurs, A. Byrne et Maximo
Brizuela, accomp.g-és despersonnes concernées de
San Fernando et Torola, avaient tracé la liqne dès
la veille(le 29), sans avoir produit les

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.11,p. 69.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes IV.2, p. 173. documents ou titresfonciers de cette commune,
même s'être renseiqné un tant soit peu sur la
liqne ou les bornes ni les bornes anciennement
reconnuesl..."

Par conséquent,le tracé de la liune a précédé l'examen
des titres fonciers, fait qui est corroboré par l'enquête

testimonialesuivie devant le juge de Letras (de Paix) du
département d0Intibuca en avril 1888~. Cela prouve que MM.
Cruz et Letona,loin d'avoir établi-un tracé "conformément

au texte des (titres)plus authentiques", commele rapporte
le procès-verbalde la Se Conférencede 18843, ont seulement
convenu d'une solution politique destinée à satisfaire aux

prétentionssalvadoriennes.

Cette donnée permetd'évaluer. à leur juste valeur les

négociations sur les limites de 1884. Bien entendu, El
Salvador leur attribue "much greater significance" qu'aux

autres négociationsqui se sont tenues au XIXesiècle4, ce
qui est compréhensible,vu leurs résultats favorables.Mais
il est surprenant d'affirmer, comme El Salvador l'a fait

dans son contre-mémoire, que lors des négociations, les
délégués "adreed to act in the rnanneas would a judges",en
examinant les titres fonciers. En effet, les faits

précédemmentmentionnésprouvent précisément le contraire.

1 -bid.,p. 173.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes IV.5,p. 181.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.51,p. 172.

Contre-mémoiredlElSalvador,chap. 2.24, p. 25.

5 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.26,p. 26. 114. Cela étant, le document du ler avril de cette
année prévoyait déjà que le fait que le traité adopté en

1884, qui allait dans le sens des prétentions
salvadoriennes,augurait de graves ~roblèmesl.Et en ef£et,

ceux-ci ne tardèrent pas à se manifester, El Salvador ayant
immédiatement tenté de prendre possessionpar la force du

territoireen litige.

Deux documents, des 12 et 23 avril 1884, mettent en
évidence cette attitude d'El salvador2. Malheureusement,

leurs conséquencesse sont prolongées dans le temps, bien
que le Parlement hondurien n'ait pas ratifié la Convention

du 10 avril 1884. Ainsi, un document du 16 février de 1887
déclare que la prétention des autorités salvadoriennesde .

nommer un délégué pour le canton d'El Covinol, "se base sur
la convention passée entre les Gouvernementsdu Honduras et

d'El salvador3." Il en va de même pour l'informationannexe
au document du 3 aoüt ~883~. La situation s'est prolongée
jusqu'en 1912, comme on peut en juger d'après le rapport

inclus dans un document du 12 avril de cette année, qui
décrit la ligne frontalière et les incursions de

salvadorienssur le territoirehondurien, ajoutantque:

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexes IV.2, p. 173.
2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II

Annexe 111.1.55,p. 184-185 et Annexe 111.1.56,p. 186-190.

3 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.3, p. 175.

4 ibid., Annexe IV.4, p. 177. "Pour accaparerchaque jour davantage notrepartie
du territoire, les habitants salvadoriens
invoquent la ligne tracée par Don Francisco Cruz
et le Général Lisandro Letona, laquelle a été
désavouée1."

115. Cependant, il est important de souligner que les
autorités honduriennesn'ont jamais admis les prétentions

d'El Salvador s'appuyant sur les négociationsde 1884. On le
constate, en effet, dans le document déjhcité du 16 février

1887 concernant le lieu dénommé El copino12. La même
attitude a été observée pour ce qui est de la bourgade
Picacho, où s'était introduit un groupe de salvadoriens

"sans respecter la ligne internationaleit3E .t les autorités
font part de l'intentionde ressortissants salvadoriensde

construire une maison à El Rincon, juste au Nord de ce sous-
secteur4 ainsi que de certains incidents survenus au hameau

de La Laquna,en 19615.

2. La correspondance diplomatique entre El Salvador

et le Honduras

116. Les quatorze documents mentionnés dans ce
paragraphe datent des années 1852 à 1961. Le plus ancien

permet d'apprécierun fait déjà relevé dans la section III

1' Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.6, p. 189.

2 ibid., AnnexeIV.3, p. 175.
-
3 ibid., Annexe IV.7, p. 190.
-

4 -bid., Annexe IV.8, p. 191.

5 -bid., Annexe IV.9, p. 192.du présent chapitre au sujet du nouvel arpentage des terres
de Torola effectué en 1844: l'oppositiondes habitants de
Colomoncagua à la limite de la rivière Las Canas, qui a

empêché en partie que l'on procédâtaux mesures. En raison
de ladite opposition "laprocédure ne fut pas validéepar

les autoritésçalvadoriennesl." Cecc iontredit clairement le
contre-mémoiresalvadorien2,comme on 1 'a déjà souligné.

117. D'autres documents sont également révélateurs des
contradictionsentre les différentespositions adoptées par
El Salvador au fil du temps. Un premier exemple est fourni

par le statu quo dans les zonesen litige de la frontière
terrestre,convenu par les deux Partiesdans l'article 5 de

la Conventionde Tegucigalpadu 28 septembre 1~86~et auquel
le contre-mémoire salvadorief nait allusion4.A ce sujet, la
Note salvadoriennedu 13 septembre 1912, aprèsavoir fait

part d'une communication interne,déclareque:

"Par la présentedépêche,Votre Excellence prendra
connaissance dece que le Gouvernement aordonné
aux autorités concernées de maintenir le statu quo
entre les deux pays, tant que ne serait pas
définitivementréglé le vieux conflit relatif aux
limites5..."

~éplique du Honduras,. Annexes, vol. 1,
Annexe IV.lO, p. 194.
2 Contre-mémoire d'ElSalvador,chap. 3.84, p. 90.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 111.2.2,p. 222-223.
4 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.27,

p. 27-28.

5 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.13, p. 197. Mais les références à un point de la ligne établie
conformément à ll.utiposçidetis iuris de 1821 dans la
section III, 2, c, i), Aqua Sarca, sont encore plus

significatives. Al'occasionde poursuites pénales, le délit
en cause étant l'occupation d'un terrain, la Note
salvadoriennedu 20 mai 1937 transcritune communicationdu

maire de Torola relativeau "canton AguaSarca, relevantde
cette juridiction", bien qu'il soit signalé que le maire de
Colomoncaguaestimequ'il s'agitdu territoirehondurienl.

Une Note postérieure, du 22 juillet de la même année,

transcrit une autre communication dans laquelle il est
rapportéque:

"...dans le but d'exécuter les deux décisions
précédentes,je me suis rendu à l'endroitmêmg~~d

-~
localité de Torola que nous avons pu voir 2..."

Dans son contre-mémoire, El Salvador,bien entendu,n'a
pas fait allusion à Agua Sarca.Comme on l'a déjà exposé

dans la section III, il a omis délibérément,en indiquant
les bornes des terres de Torola, la borne de la Cruz,
Quecruz ou El Picacho, mentionnée dans la communication

figurantdans la.Note salvadoi renne du 22 juillet 1937. Bien
que cette communicationfasse plus loin allusion,de manière

1 --id 1 Annexe IV.19,p. 206.

2 -bid., Annexe IV.20,p. 208.erronée, à la limite de la rivière Las Canas, le
Gouvernementdu Honduras nedoute pas que la Chambre de la
Cour tiendra dûment compte de ces référencesB Agua Sarcaet

à la borne de La Cruz, comptetenu qu'il s'agit des limites
des anciennesprovinces.

118. Enfin, d'après différentes Notesdiplomatiques,il

est possible d'apprécier le comportement des Parties en ce
qui concernecertains endroitsde la zone en litige. Ainsi,
El Salvador,dans la Note du 8 juillet 1861, faisant réponse

à une Note de protestation émanant du Honduras le 26 juin de
la même année, reconnaîtque la Valle de Champate se trouve
sur le territoirehondurienl.Cette protestations'exprime a

'nouveau en 1961, alors que les autorités salvadoriennes
manifestent leur intention de recenser comme salvadoriens
les habitantsd'El Copinolet de champate2.

Pour ce qui est de La Laquna, on constate que le
Honduras a protesté en 18~4~ et en 19504, affirmant

clairement que ledit lieu appartient à la "juridictionde
Colomoncagua". Il en va de même pour El Picacho, comme le
prouvent les Notes honduriennes d19305 et de 1959, cette

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.ll, p. 195.

2 m., Annexe IV.23,p. 212.

3 -ibid.,Annexe IV.12,p. 196.

4 m., Annexe IV.21,p. 210.

5 -ibid.,Annexe IV.15, p. 199.dernière précisantque le lieu dit Jabali, dans la zone d'El
Picacho, se trouve "à environ un kilomètre à l'intérieur du

territoire national1." Enfin, il convient de mentionner ici,
en raison des rapports qu'il entretientavec Colomoncagua,

bien qu'il se trouve immédiatement au Nord de la rivière
Negro, les Notes diplomatiques du 16 décembre 19312, du

26 septembre 1936~ et du 23 fevrier 1937~ relatives au lieu
dénommé El Rincon, dans lesquelles le Honduras affirmesans
équivoque que ledit endroit se trouve sur son territoire.

B. SECOND SOUS-SECTEUR:DE LA RIVIWE NEGRO OU QUIAGUARA

A LA BORNE DU MALPASO DE SIMILATON

1. Introduction

119. Dans ce sous-secteur, il convient de signaler un
titre foncier postérieur à 1821: celui concédé par le

Gouvernement du Honduras à la municipalité de Santa Elena le
29 septembre 1893. Mais, vu les circonstancesde cet octroi,
ce titre sera examiné plusloin. D'autre part, en raisonde

son retentissement sur les événements postérieurs, il
convient de rappeler ici, à titre préliminaire,la position

d'El Salvador sur les limites des anciennes provinces en
1861 et 1869, ce qui amène le Honduras à modifier le plan

que l'on a suivi dans les autres chapitres.

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.22, p. 211.

2 --id fAnnexe IV.16, p. 200.

3 -.id 'Annexe IV.17, p. 203.

4 ibid Annexe IV.18, p. 205.
-. f Ainsi, aprèsavoir évoqué la position salvadorienne en
1861 et 1869, on examinera, dans un deuxième temps, les

données qui ressortent des communications entre les
autorités honduriennes au sujet des limites de ce sous-
secteur, puis,en dernier lieu, les données quise dégagent

de la correspondance diplomatique échangée entre les deux
Républiques.

2. La reconnaissancepar El Salvadorde la limitede la
rivière Neqroou Quiaquaraen 1861 et 1869

120. Le Gouvernementdu Honduras a déjà expliqué dans
son premier écrit1 et dans son contre-mémoirequ'El Salvador

avait reconnu cette limite, de sorte qu'il n'est pas utile
de revenir ici sur ces considérations. Cependant, El

Salvador a fait référencedans son contre-mémoire aux
négociations de 1861 et 1869, essayant désespérémentde
minimiser, au moyen de divers arguments, l'importancede ce

fait2. Il est par conséquent nécessaire de revenir sur la
reconnaissancedes anciennes limites par El Salvador, en

situantce fait dans soncontexte.

1 Mémoiredu Honduras,vol. 1, chap. IX, p. 375-377.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. II, en
particulier chap. 2.22, p. 25 et chap. 3.75,
p. 84-85. 121. En premier lieu, El Salvador prétend minimiser ce

fait, le réduisant à une "formulafor a solution"examinée
lors des négociationsde 1861 et 18691. Mais la réalité est
toute différente.

Il'suffitde considérer,d'une part, qu'El Salvadorn'a

pas adopté cette position uniquement au cours des
négociationsde 1861 et 1869. Les premières furent entamées
à la demande d'El Salvador, comme on peut en juger d'après

la Note du Ministre,M. viteri, en date du 14 mai 1861, dans
laquelle il est affirmé, de manière très claire, "qu'une
partie du terrain des habitants d'Arambala y Perquin

trouve en territoire hondurien2 ." El Salvador, de manière
bien compréhensible,n'insiste pas sur ce point dans son
contre-mémoire. D'autre part, la position d'El Salvador

telle qu'elleressort de la Note du 14 mai 1861 correspond
au contenu desdocumentsdu XVIIIe siècle relatifsau litige

de 1770-1773 entreles habitants de Perquin y Arambala et
ceux de Jocoara,au cours duquel il avait été déterminéque
la montagne de Naguaterique relevait de la juridictionde

Comayagua,point couvert par le titre de Perquin y Arambala
de 1815. Elle correspondéqalement à la partie dispositive
dudit titre où il est fait allusion,non seulement aux juges

et autorités de San Miguel, mais éqalement à ceux de
Colomoncagua. En résumé, il ne s'agit d'une simple

"proposition"au cours des négociations, carla position
d'El Salvador concordeavec lesdocumentsantérieurs à 1821.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.23, p. 25.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe III.l.l.A, p. 51. 122. Mais il convientd'observer, en deuxième lieu,que
les négociationsde 1861 et 1869 ne constituent en aucune

façon un simple échange de"formulas for a solution". Les
délégués des deux Républiques,en effet, constatent certains

faits, concordants avec la réalité de 1821, et déterminent
la situation dans la zone en litige. Ainsi, en 1861, il est

affirmé, comme cela avait déja été le cas dans la Note
salvadorienne du 14 mai de cette année, qu'"une partie des

terres communales" de Perquin y Arambala "se trouvent dans
le territoire du Honduras", ce qui est corroboré dans une

autre déclaration: "suivant l'opinion générale et la lecture
des dossiers", l'ancienne ligne entreles provinces d'El

Salvador et du Honduras "...est formée de ce côté par la
rivière Negro qui, en langue indigène, s'appelle

~uia~uaral." En 1869, lors des discussions sur les limites
du territoire des deux Etats, ce fait est jugé conforme A

l'uti possidetis iuriç de 1821 et permet de déclarer que
"...c'est la rivière Negro qui forme la frontière entre les

deux ~épubli~ues2.'

123. D'autre part, en 1861 et' en 1869, le droit de

propriété de Perquin y Arambala sur les terres au Nord de la
rivière Negro fut reconnu, exception faitedes terres

concédées en 1760 aux habitantsde Jocoara sur la montagne
de Naguaterique,ce qui est conforme au titre méme de 181s3.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.l.l.B, p. 54.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1.
Annexe 111.1.9, p. 62.

3 Mémoire . du Honduras,. Annexes, vol. 1,
Annexe III.l.l.B, p. 53 pour 1861 et Annexe 111.1.9, p. 62
pour 1869.Le fait que la rivière Negroconstitue la frontièrentre
les deux Républiques entraînelogiquement unedifférence
entre les limites des terres et celle des anciennes
provinces. Dans son contre-mémoire,El Salvador reconnaît
expressément ce fait1 mais, une fois de plus, en essayant
d'en réduire la portée, il déforme la réalité.El Salvador,

en effet, limite l'acceptatiode cette diffêrencedans le
temps "..at an early moment", et il minimise le caractère
"as a possible principle": et il soutient qu'elle Eut
rapidementabandonnéecar:

"This distinction, included in article 6 of the
treaty ofarbitrationof 18 December 1880 did not
survive the extinctionof this ~reat~~."

Mais cela débouche sur une contradictionflagrante:la
distinction entre les limites des terres des communautés

indigèneset les limitesdes anciennes provincne se fonde
pas sur un accord entre lesParties, mais sur les documents
conformes au droit esuaqnol en vigueur en Amérique Centrale
jusqu'en 1821. D'autrepart, la distinctiona été reconàue
plusieurs reprisespar El Salvador,en 1861 et 1869. c'est-
à-dire- la signaturedu Traité de 1880.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.20,
p. 22-23.
2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.20, p. 23. 124. Enfin, El Salvador a soutenuque:

"...very quickly, came to be understood that
this distinction, which would have resulted in
placinq the Commons of, for example, Perquin and
Arambala under the political sovereiqnty in
Honduras, did not have the sliahtest uossibilitv
of leadina to a iust and ~acifi-csolu<ion of the
acute conglict thé existingl" (soulignépar nous).

Cependant, la distinction ne fut pas utilisée en 1861

et 1869 par El Salvador et le Honduras comme un "possible
principle" de règlement2 ou comme une simple "formula for a

solution"3. En réalité, la distinction est une conséquence
d'une double reconnaissancede la part d'El Salvador: gue la

rivière Neqro ou Quiaquara avait été la limite des anciennes
Provinces et que, par conséquent, ladite rivière "forme la

frontière entre les deux Républiques" après l'indépendance.
Ce qui revient, en somme, à l'acceptation par El Salvador,

d'un résultat atteinten appliquant l'uti possidetis iuris
de 1821. Si ce résultat impliqueque le territoire au Nord

de la rivière Negro ou Quiaguaraest "under the political
sovereignty of Honduras", cela découle de la reconnaissance

antérieure. Par conséquent, El Salvador peut difficilement
soutenir que cela ne constitue pas "a just and pacific

solution" du conflit sur les limites, alors qu'il a
clairement accepté ledit principe et, par conséquent, le

titre du Honduras sur le territoire enlitige.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.21, p. 23.

2 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 2.20, p. 23.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.23, p. 25. 3 Les communicationsentre autoritéshonduriennes

125. Parmi les nombreuxdocuments qui existent depuis

1852, on en a sélectionnéseize datant de 1856 à 1916~. Un
premier groupe de ces documents se rattache à ce que l'on a
exposé dans le paragraphe précédent, puisqu'ilsillustrent

la situation dans ce sous-secteur jusqu'en 1880 et la
position du Hondurasen matièrede limites.

En effet, une communication du 28 février 1856,
relative à certains faits survenus à des habitants de San

Francisco, d'El Salvador,permet au Honduras d'apprécier
deux points. D'une part, que "...le point de Naguaterique

sus-mentionné se trouve de ce côté de la rivière Negro,
liqne qui de tous temps a séparé les territoire d'El
Salvador et de cet Etat". Celacorrobore non seulement les

documents du XVIII~ siècle, mais également "Ifopinion
générale" dont il avait été tenu compte lors des
négociations de 1861. D'autre part, cela démontre

l'intervention d'une autorité hondurienne h Naguaterique
pour y faire exécuterla législationhondurienne2.

La position du Honduras vis-à-vis dela rivereNegro ou
Quiaguara est reprise dans trois autres documents. Il en va

ainsi de la communication dumaire de Santa Elenaen date du

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.24,p. 214.

2 -bid., Annexe IV.24, p. 214.28 mai 1877 qui affirme que "la ligne de séparation va

jusqu'à la rivièrel", de même que de la communication
émanant de la même autorité, en date du 16 décembre 1878,
qui n'admet pas, face auxprétentionssalvadoriennes,que le

Cerro de La Ardilla constitue unelimite car ce point "se
situe à trois lieues à l'intérieur du territoire
hondurienz."Cette position est exprimée par le Gouverneur

politique de La Paz au Gouverneur de Cotora, dans une
communication du 12 janvier 1880, à l'occasion de
l'intrusion d'autorités et ressortissantssalvadoriens sur

le territoirehondurien,affirmantque:

"Il ne paraît pas superflu de faire savoir à M. le
Gouverneur que, depuis plus de soixante-dixans,
la ligne de séparation reconnue des deux
Républiques est la rivière ~e~ro~..."

126. Un deuxième groupe dedocuments se rapporte aux
négociationsde MM. Cruz et Letona de 1884 et leurs effets
sur la zone en litige. Un document endate du 29 mars 1884

permet de constater que le procédé suivi par les délégués
était entaché d'irrégularités, ce qui avait également été le
cas pour le sous-secteurde Colomoncagua.Les Municipalités

de San Juan Yarulaet SantaElena, en effet, affirmentque:

"Le 25 - comme il a été dit - les délégués
touchèrent à la limite (con el lindero)du Malpaso
de Similatonque ces villaqesont été

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.26,p. 217.
2 ibid.,Annexe IV. 27, p. 219.
-
3 ibid Annexe IV.28,p. 221.
-- entre lesdeux Républiques;et les délégués, ayantn
néqligé ce bornage,.sans pratiquer aucune enquëte
slint;oduisirent-par le chemin royal... jusqu'à
parvenir au point connu sous lesnoms de Sabaneta
Grande et Carrisalon, de la juridiction de San
Juan Yarula où les délégués se réunirent jusqu'au
26 courant: de ce point au Mal Paso il y a environ
une lieueet demiL. ..' (soulignépar nous).

Cela expliquele tracéadopté par la suite, allant d'un

lieu dénommé La Cruz del Camposanto -point qui n'avait
jamais été considéré commeune limite - à La ~rdilla~.Mais
l'irrégularité du procédé suivi par les délégués s'est

aggravée puisque les Municipalités affirmentqu'alors
qu'elles accouraient pour défendre leurs droits, les
délégués "...nous congédièrentsans nous entendre3",ce qui
contraste vraiment avec le caractère "quasi-judiciaire"

qu'El Salvadorattribue auxnégociationsde 1884~.

Après avoir pris connaissancd ee la ligne tracéepar

MM. Cruz et Letona, la municipalité de Santa Elena a
protesté,,car le délégué hondurien n'avait pas tenu compte
des documents qui protégeaient les droits de ladite

municipalitéet qu'ildevait posséder, ce que confirma le

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II
Annexe 111.1.30,p. 177.

2 -.id p. 178.

3 -.id p. 177.

4 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 2.26, p. 26.Gouverneur Politique de La pazl. Il est significatif que

cette autorité, dans une communication du 19 avril 1886,
après avoir signaléles troubles existantsdans la zone, ait
mentionné que du bétail avait été remis à des ressortissants

salvadoriens conformément aux principes de justice et
d'esprit de concorde découlant "...des instructionsdirectes

que j'ai reçues de M. le Président Général ~oqran~". Mais
les conséquences négatives des négociations de 1884 pour la

paix à Naquatesique peuvent s'apprécier, un an plus tard,
dans deux communications de la municipalité de Santa Elena,

l'une en date du 17 janvier 1888, adressée au Pouvoir
Exécutif suprême3 et l'autre en date du 28 février 1896,

adressée au Congrès ~ationa14.

127. Le troisième groupe de documentsa trait au çtatu
quo dans la zone de Naquaterique, question débattue entre

les Parties dès les négociations de. 18885. Vu les
interprétations divergentesde l'article 5 de la Convention

sur les limites signée le 28 septembre 1886 à ~equciqalpa~,
il convient de préciser deux points.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.57, p. 191-192.

2 Répliqùe du Honduras, Annexes, vol. 11
Annexe IV.29, p. 222.

3 ibid., Annexe IV.30, p. 223.
-
4 ibid Annexe IV.31, p. 225.
-*

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.8, p. 235-249.

6 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.2, p. 223. En premier lieu, l'article -5 .sus-mentionnéde la
Conventionde 1886 fait allusion à la ligne valable en 1884
et qui fut ratifiée "par le statu quo convenu entre les

Gouvernements des deux Républiques", c'est-à-dire celui
convenu lors des négociations de 1880 puisque les deux
délégués firent constaterque, vu les difficultés pour

tracer la frontière "...il est convenu.. . de laisser le
statu quo des terrains qui sont en litige1." Endeuxième
lieu, la Conventionde 1886 configurele statu quo dans les

zones en litige concernantdeux liqnes: celle de 1884, qu'il
faut totalementécarter, et celle admise avant cette date
que "les autorités et les villages frontaliersgarderont et

respecteront."Par conséquent,vu les actes de 1861 et 1869,
la ligne qui devait être respectée étaitcelle de la rivière

Negro ou Quiaguara, sansqu'El Salvador ne pût faire valoir
aucune prétention sur Naguaterique, prétention qui ne
pouvait s'appuyerque sur la ligne de 1884. Bien évidemment,

les deux Parties doivent s'abstenirde tout acte dans la
zone en litige susceptiblede modifier la situationde fait
qui y prévalaitavant les négociationsde 1884.

Cette attitude des autorités honduriennes peut se
constater, y compris avant même la signature de la

Convention de Tegucigalpa du 28 septembre 1886. En effet,
dans une communication du 19 avril de cette année, le
Gouverneur Politique de La Paz déclareque:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24, p. 102. "...j'ai jugé opportun d'adresser une
communication au Gouverneur de Gotera, lui
proposant que nous reconnaissions la ligne
considérée comme la ligne de séparation avant la
Convention Cruz-Letona, jusqu'à ce qu'une décision
définitive sur son tracé soit prise. Ma
proposition était, me semble-t-il,
indiscutablement équitable parce que, ladite
Convention n'ayant pas acquis force de loi dans
les deux Républiques, les choses devaient rester
dans l'état où elles se trouvaient auparavantet
il est bien connu sue le Torola et son affluent la
rivière Neqro avaient été respectés comme
frontières de ce côtéL" (soulignépar nous).

Cette proposition,par conséquent, devance de quelques
mois la solution convenuedans l'article 5 de la Convention

de Tegucigalpadéjà citée et il est significatifqu'elle ait
été faite par D. Manuel Colindres, qui sera en 1888 le

délégué du Honduras pour les négociations sur les limites
avec El Salvador. Les instructionsdonnées le 13 juin 1916 à

un autre négociateur hondurien, D. Romulo E. Duron,
permettent d'apprécier la continuité de la position du

Honduras. Après avoir mentionnéla Convention de ~egucigàl~a
du 28 septembre 1886,ce documentdéclare:

"La ligne de séparation considérée comme telle en
1884, et A laquelle se référe cette Convention,
n'est autre que celle tracée par les mandatés
hondurien et salvadorien, don Emeterio Chavez et
don Francisco Sancho, sur la montagne de
Nahuaterique le 26 juin 1869... la rivière Negro
étant fixée ence point comme limitede séparation
entre les deux Républiques,conformémentaux

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.29, p. 222. données qui ressortentdes titres communaux des
villages limitrophesde Similaton, Jocoara et
Colomoncaguapour le Honduras et ceux diArambala,
Perquin et Torola pour El Salvador,principalement
ceux dlArambalay perquinl.. ."

128.-Par ailleurs, le respect du statu quo de la part
du Honduras sur le territoirecontesté explique son attitude
vis-à-vis du titre foncier concédé à la municipalité de

Santa Elena. Dans la communication adresséeau Congrès
National du Honduras le 28 février 1896, il est fait
allusion au statu quo convenu en 1896 et il est indiqué

qu'il n'avait pas eu d'effet en raison de l'attitude des
autoritésdlArambalay Perquin,ajoutantplus loinque:

"le village de Santa Elena a récemmentdémandé et
obtenu le réarpentage d'un terrain appelé
Naguaterique, situé de ce côté-ci de la rivière
Negro et par conséquent, en-deçà de la ligne de
séparation reconnue par cette République, maisle
en approuvant lesopérationsde réarpentageet en3,
ordonnant que le titre soitétendu en Faveur du
village de Santa Elena, le fit en avertissant
celui-ci que la possession du terrain ne lui
serait pas accordée tant que la question des
limites ne serait pas réglée avecEl ~alvador2"
(soulignépar nous).

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.36,p. 233.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.31,p. 227. Tels sont, en effet, les termes de l'accord du Pouvoir
exécutif du 29 septembre 1893. Mais il convient d'observer

que le réarpentagedu terrain, réalisé conformément à la Loi
Foncière (Ley~egiementariade Tierras) du 23 juillet 1836,

commence en décembre 1879 et que le terrain est arpenté par
D. Julin Cruz le 19 mars 1890, c'est-à-dire avant les

négociationssur les limites tenues à Saco du 3 au 7 juin de
cette année, au cours desquelles fut établile statu quo

dans cette zonel. Par conséquent, bien qu'il s'agisse d'un
fait antérieur,le Gouvernementdu Honduras s'est abstenu de

modifier la situationexistante sur le territoirecontesté.

129. L'attitude d'El Salvador, en revanche, fut bien

différente puisque, malgré le statu quo de 1880, ratifié
dans la Convention de Tegucigalpa de 1886, les

ressortissants et autorités salvadoriennes continuèrentde
pénétrer sur le territoire contesté comme avant la première

date sus-mentionnée2. Les autorités. du Honduras ont
toutefois dénoncé ces faits aux autorités supérieures avant

et après le statu quo convenu le 7 juin 1880. On peut en
juger d'après la correspondancediplomatique échangée entre

les deux Républiques,comme on le verra plus loin.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24,p. 99-102.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.25, p. 216, pour 1877; Annexe IV.26, P. 217,
également pour 1877; Annexe IV.27, p. 218, Pour 1878 et
Annexe 1v.28, p. 220, pour 1880. D'autres documents, comme celui déjà cité du 19 avril

188fj1 et celui du 17 janvier 188e2 témoignent de cette
attitude, de même que celui du 21 décembre 1907~. Mais il ne

s'agit pas uniquement de simples plaintes. Comme on'peut en
juger d'après un document du 3 avril 1916, les autorités

honduriennes ont mené des opérations de police sur le
territoire contesté, face aux intrusions des autorités

salvadoriennes. Ainsi, le Ministre de la Guerre et de la
Marine communique au Ministre des RelationsExtérieuresque,

face à la présence d'autorités salvadoriennes à
Naguaterique:

"des ordres furent donnés à ce sujet d'envoyer une
force composée de 30 hommes, laquelle sommera le
maire, le représentant municipalet le secrétaire
d'Arambala de se retirer immédiatement du
territoire national qu'ils ont violé4."

130.Enfin. quatre documents se réfèrent aux
négociations sur les limites dans ce secteur, lesquelles

débutèrent en 1916. Celui du 13 juin 1916 déja cité a trait
au statu quo dans la zone en litige5.Le second, endate du

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.29, p. 222.

2 G., Annexe IV.30, p. 223.

3 ibid Annexe IV.34, p. 231.
-*
4 ibid Annexe IV.35, p. 232.
-. I

5 W., Annexe IV.36, p. 233.4 juillet de la méme année, informe du déroulement des
négociations, précisant par ailleurs la position juridique

d'El Salvador, qui est la même que celle qu'il avait
soutenue en 1888~.

Le document du 13 août 1916 permet d'apprécier les
troubles existantsdans la zone en litige au cours mëme des

négociations2. Enfin, celui du 20 octobre 1916 est important
car il contient une communication de la déléguation

salvadorienne adressée à la délégation hondurienne dans
laquelle elle admet la construction, par des ingénieurs

salvadoriens, d'une nouvelle borne près de Sabaneta, la
délégation hondurienne ayant également protesté contre la

construction d'une autre borne "près du Mal Paso de
~imilaton3,"Comme la Chambre de la Cour l'aura observé, cet
endroit se situe en un point extréme du secteur, à l'Est,

une divergence existant entre les Parties sur sa
localisation.comme cela a été évoqué dans le contre-mémoire

hondurien4.

4. La correspondance diplomatique entreEl Salvador
et le Honduras

131. Depuis 1861 jusqu'à ce jour, les Parties ont

échangé une abondante correspondancerelativeaux limites

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.37, p. 235.

2 -.id ' Annexe IV.38, p. 237.

3 -ibid., Annexe IV.39, p. 239.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX,
p. 323-325.dans ce sous-secteur. On n'a sélectionné, parmi cette

correspondance diplomatique,que dix-huit documents, dont
les dates s'étalent entre 1873 et 1959l, auxquels il faut

ajouter ceux que l'on a déjà inclus dans les annexesdu
contre-mémoire, et notamment la Note d'El Salvador en date

du 14 mai 1861, déjà examinée.

132. Un premier groupe de documents permet d'apprécier

l'attitude d'El Salvador en ce qui concerne le statu quo
dans le territoire contesté. Ainsi, dans une Note du

30 janvier 1873, El Salvador sollicite un règlement
définitif de la question des limites,proposant également

que "...dans l'entre-temps, les habitants de Jocoara ne
dérangent pas ceux d'Arambala, les choses restant en l'etat

où elles ont été jusqu'alors2."Cette idée est reprise dans
une Note du 8 février 1883 contenant une déclaration du

représentant municipal dlArambalaqui affirme que:

"...les habitants de Jocoara... au lieu de
respecter le statu quo, comme il est juste,
avancent toujours davantage et réduisent le
miniscules proportions3.'e je représente à de

l Réplique du Honduras, vol. Ir Annexes IV.40-IV.57,
p. 241-265.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.40, p. 241.

3 ibid Annexe IV.43, p. 246.
-- Cependant, El Salvador change de position par la suite,
bien qu'il ait signé la Convention de Tegucigalpa du

27 septembre 1886. On peut en juger d'après un télégrammedu
16 mars 1916 de la Chancellerie d'ElSalvador auquelil est
fait allusion dans une Note honduriennedu 24 mars de la

même année, protestant contre le commencementde travaux de.
construction d'un ermitage à ~aguateriquel. Mais cette

position se radicalise cette même année, ainsi que cela
ressort d'une Note salvadoriennedu 16 mai 1916, confirmant

un télégramme en date du 18 avril de la même année, qui
affirme qu'"il ne faut pas considérer en vigueur" .les

dispositions de l'article 5 de la Convention de Tegucigalpa
de 1886, car elles ont été remplacées par une Convention

postérieuresur les limites et:

stipulé au sujet d'une quelconque ligne que lest
deux Républiques auraient à respecter à titre
provisoire en attendant 1a délimitation
définitive, les relations de frontière entre les
deux Etats ne sont régies par d'autres normes que
la possession que les deux Etats détiennent
actuellement2...' (soulignépar nous).

Comme on pourra l'observer,El Salvador oublieque le

respect de la situation existante sur un territoirecontesté
constitue un principe ou une norme de portée générale;et

son attitude en 1916 anticipe le recoursaux "effectivités"
que la Chambre de la Cour connaît.Mais l'incohérencede la

1 W., Annexe IV.49, p. 253.

2 W., Annexe IV.54, p. 261.position salvadorienneest aussi reflétée par la Note de
l'Ambassade d'El Salvador au Honduras en date du 26 juin
1959, qui proteste contre la présence d'une réserve

militairechargée de contrôlerl'immigration à Sabanetas,et
qui soutient, d'une part, que ce lieu se trouve sur le

territoiresalvadorien,et d'autrepart que ledit lieu"fait
partie de la zone soumiseau statu quo entre.El Salvadoret
cette République amie, zone dans laquelle n'existe pas de

ligne frontalièredéfinie1."

133. Trois Notes de protestationd'El Salvador, entre

1881 et ,1889,ont trait au sujet sus-mentionné mais elles
permettentd'apprécierégalementla situation existante dans
la zone en litige2.

En ce qui concerne lesactes de protestation de la part
du Honduras,il est à noter que certains figurentdans la

correspondanceéchangée entre le Gouvernementdu Département
de La Paz et celui du Département deGotera, d'El Salvador.
Tel est le cas, entre autres, du document en date du
15 février 18773. Mais dans la correspondance diplomatique

proprement dite, les actes de protestation dela part du
Hondurasface à la présence des autorités salvadoriennes

1 -bid.,Annexe IV.57,p. 265.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 11
Annexe IV.42,p. 243, du 17 novembre 1881; Annexe IV.43,
p. 245, du 8 février 1883 et Annexe IV.44, p. 247, du
16 décembre1889.

3 -bid.,Annexe IV.41,p. 242.dans la zone en litige, ont considérablementaugmenté au

cours de la période qui s'étendde 1906 à 1916. On peut en
juger, d'une part, d'après les Notes honduriennes du
30 octobre 1906~ et du 8 août 1907, dans laquelle El

Salvador est prié de respecter le statu quo 'existant à
~a~uateri~ue~. D'autre part, les documents apportés
démontrent que les protestations honduriennesont été
reprises en 1916. Il en va ainsi, en effet, de la

protestationcontre le projet de co'nstructiond'un ermitage
dans cette zone, selon les Notes du 4 mars 19~6~ et du
24 mars 1916~ et du 8 avril de la mëme année. Cette dernière

mentionne,au sujet des futuresnégociationssur les limites
dans ce sous-secteur,acceptées par El Salvador, qu'ilest
nécessaire, "comme question préalableA tout accord amiable,

que V.E. daigne ordonner la suspension immédiatedes travaux
de constructionde l'ermitage5..."

Le Honduras proteste également,dans une Note du

4 avril 1916~ contre le projet de constructiond'une salle
de réunion du conseil de la part des autoritésd'Arambala
et, quelques années plus tard,dans une Notedu 28 mars

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe IV.46,p. 250.

2 -bid.,Annexe IV.47,p. 251.

3 -bid.,Annexe IV.48,p. 252.

4 -bid.,Annexe IV.49,p. 253.

5 -bid.,Annexe IV.51, p. 25I.

6 -bid., Annexe IV.50,p. 255.19281r contre la constructiond'un autre bâtiment.Les actes
de protestation de la part du Honduras ont également pour
objet la présence occasionnelle de forces salvadoriennes

dans la zone, comme c'est le cas pour la Note du 6 mai
1916~.

134. Enfin, on aura observé qu'une partie des documents
déjd cités, de même que la correspondance interne, ont trait
aux négociationsde 1916 sur les limites. Sans qu'il soit

besoin d'entrer ici dans les détails du déroulementdesdites
négociations ni de leur issue inattendue, il convient
néanmoins de souligner le comportement d'El Salvador

concernantle règlementpacieiquede la question des limites
dans ce sous-secteur.

En effet, comme le rapporte la Note hondurienne du
2 mai 19163, les négociations débutèrent alors que la
prorogation de la Conventionsur les limites du 19 janvier

1895, convenue en1906, était sur le point d'être mise en
Œuvre, raison pour laquelle le Honduraspropose la signature
d'une ".. .convention deprorogationde notre traité sur les

limites, pour la durée que nous jugerons nécessaire."El
Salvador, dansune Note du 8 juin 1916, a indiquéqu'il

1 Réplique du Hondura,s Annexes, vol. 1,
Annexe IV.56,p. 261.
2 ibid.,Annexe IV.53,p. 259.
-
3 ibid Annexe IV.52,p. 258.
-. Iétudiait la proposition hondurienne mais la Note du 22 août

de la même année rejeta ladite proposition:, la jugeant
inutilepuisque:

"...si la Commission salvadorienne et la
Commission hondurienne ne parvenaientpas, lors de
ces discussions, à un accord, la question ne
pourrait pas être résoluepar une autre Cour que
la Cour de Justice Centraméricaineétablie. par la
Convention en cause, signée à Washington le
20 décembre 1907~."

Annexe 1v.55;p.qu263.du. Honduras:, Annexes.,vol.. 1, LISTE DES CARTES ILLUSTRATIVES

1.1 Titres républicains .................................. 160

1.2 Lignes de 1935 ....................................... 184

a) Propositionhondurienne
b) Proposition salvadorienne
c) Ligne approuvée ad referendumpar la
.délégationd'El Salvador
1.3 Ligne ad referendumde 1935 sur la carte
de M. Birdeye ........................................ 196

1.4 Représentation graphique desprétentions
successivesd'El Salvador (lignesde 1881,
1884, 1935, 1972 et 1985) ............................ 172

II. Cayaguanca

11.1 Titres républicains .................................. 240

III. Sazalapa-La Virtud

111.1 Titres républicains .................................. 352

IV. Naguaterique
IV.1 Limites des juridictionsdes anciennes
provinces~d'aprèsles documents antérieurs
A 1821 (sous-secteursde Colomoncaguaet
de Naguaterique) ..................................... 448

V. Dolores
V.1 Titres républicains .................................. 676

V.2 Représentationgraphique des limites des
terres de Dolores et des terres de Monteca,
montrant les limites de San Miguel de Sapigre ....... 674V.3 Représentation graphique des limitesdes
montrant leslimitesde San Miguel de Sapigreque, 645
........

VI. Goascoran

VI.l de l'île de Calicantoq................................ 750

VII. Le differendinsulaire
VII.l Laprovince-intendance du Hondurasen 1791 ........... 934

VIII. Le différendmaritime
VIII.l Positionsdes incidents navals entre 1982
et 1989 ..............................................1080

VIII.2 La thèse d'El Salvadoren relationavec sa
prétentionmaritime ..................................1114 LISTE DES ANNEXES DOCUMENTAIRES

ANNEXE 1

ZONEDE TEPANGUISIR

Titre du terrain de Montecristo ou Penascal de 1886 .....................

Titre du terrain d'El Malcotal de 1882 6-ccroquis ..................16.......
Titre du terrain de Tontolar de 1845 et croquis ...................36.

Titre du terrain de San Andres de Ocotepeque de 1914 ...........47......

Titre du terrain dlApomola de 1854 (Extraits) .....................6.........
Communication du Ministre des Relations Extérieures d'El
Salvador au Gouverneur du Département de Chalatenango
endate du 19 avril 1881 .............................................4...............

ANNEXE n

ZONEDE LAMONTAGNEDE CAYAGUANCA

II . Titre du terrain du volcan de Cayaguanca de 1834 et
croquis ..........................................................................

Titre du terrain du volcan de Cayaguanca de 1836 et
croquis ..........................................................
..............................
Titre du terrain de Las Nubes de 1888 et croquis ..................8......

Communication no 4183 du Ministre de l'intérieur, de la
Justice, de la Santé et de la Bienfaisance
Honduras en date du 25 avril 1934Relat...............................1..........

Rapport no 1878 de l'Envoyé Extraordinaire et Ministre
Plénipotentiaire du Honduras à San Salvador au Ministre
4 septembre 1936Ext...................................................1.....
..........

11.6 Note no A.800.D.1278 du Ministre des Relations
Extérieures d'El Salvador à l'Envoyé Extraordinaire
et Ministre Plénipotentiaire du Honduras à San Salvador
en date du 22 août 1936 ...........................................1............. ANNEXE III

ZONE DE SUA-LA VIRTUD

III1 Titre du terrain de Sazalapa de 1844 et croquis annexé à
l'arpentage fait en 1843 (Extraits)..............................1............

111.2 croquis annexé (Extraits)a.......................................11..............

111.3 Communication du Ministère au Chef Intendant de
Gracias, en date du 9 juillet1835, sur la vente des terrains
de Hacienda de San Juan Arcatao ou Lacatao ...................12.......

de Gracias, en date dundant22e 'uillet1849, d'exportert des
marchandises par la route de 4azalapa .........................13...........

Autorisation de l'Intendant de Hacienda, du Département
de Gracias, en date du 30 aoüt 1849, d'exporter des
marchandises par la route de Sazalapa ..........................3.........
Communication du Ministre de la Guerre et de la Marine
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 26 avril 1921, à propos de l'intrusion
d'une patrouille salvadorienne à Sazalapa .......................13..........

Départementon de dGraciasouvaunemMinistre desitiRelations
Extérieures du Honduras, en date du 28 mars 1925, à
propos des limites entre La Virtud et
Arcatao (A) B laquelle s'ajoute la plainte de D. José Maria
Cordoba (B).....................................................1.
.....................

Commission d'Etudes territorialesud du Honduras, en date
du 4 février 1955, à ropos des limites territoriales du
hameau El Pepeto, de 8 ualcimaca ..............................13..............

Communication du Ministre de la Défense du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
territoirers hondurien, propcommune la pdeétratGualcimaca,
municipalité de La Virtud, de cinq gardes nationaux
d'El Salvador......................................................
................... 111.10 Communication du Ministre de l'Intérieur et de la Justice
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 19 octobre 1959, à propos de la
pénétration sur le territoire hondurien, commune de
nationauxa, d'ElcipaSalvador, Lqui Virtont deséquestré
quatre habitants de ce lieu .........................................1..............

111.11 Communication du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 18 juin 1967, informant de la
pénétration de gardes nationaux d'El Salvador sur la
le drapeau hondurien Gu..............................................2........
....

111.12 Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
30 novembre 1938, sollicitant la détention provisoire en
vue de leur extradition future, de deux personnes résidant
à La Vecina, juridiction de La Virtud, Département de
Gracias, Honduras ................................................143.....
...............
111.13 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras au Ministre du Honduras au El Salvador, en date
du 21 aoüt 1941, afin qu'il communique au Gouvernement
d'El Salvador que des incidents sont survenus au lieu de
Las Cuevas, juridiction de Guarita, et qu'un détachement
territoire du Honduras, et qu'il demande que les coupables
soient sanctionnés ................................................144...
.................

111.14 Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
2 août 1944, à propos d'un incident survenu au lieudit
Lagunetas, Honduras, à un ressortissant salvadonen ............146......

111.15 Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 12 février 1946, à propos de la pénétration de
forces armées salvadoriennes au nord la rivière Sazalapa,
limite des deux Républiques .....................................147..........................

111.16 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
San Salvador,haren datefairdu 12 janvier du 1949, afin qu'ilà
communique au Gouvernement d'El Salvador les incidents
survenus dans la commune de Gualcimaca et qu'il sollicite
que soit mis finà ces agissements ................................149.....................

111.17 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Chargé d'Affaires ad intérim du Honduras à San
du Hondurasndatedu 15 janvier,er 1B propos des incidents dee
Gualcimaca ......................................................150 ....................111.18 Note de la légation du Honduras à San Salvador, en date
du 31 janvier 1949, sur les incidents de Gualcimaca et El
Amatillo, causés par les autorités d'El Salvador ..................151.........

III.19 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
Honduras du 31 janvier 1949en r.......................................................

111.20 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 9 février 1949, sur les incidents de Gualcimaca,
assurant que des instructions ont étédonnées pour que
soient respectées les limites territoriales .........................154...............
111.21 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 29 octobre 1951, accusant réception d'une Note
du Honduras du 27 septembre, à propos des incidents de
Gualcimaca .........................................................5.
.......................

111.22 Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en date au
du 27 février 1952, sollicitant une vérification des faits
survenus à Gualcimaca et que de tels incidents soient
évités à l'avenir..........................................................
.............

111.23 en date dunis4éavril 1952, accusant réception de la Note du
Honduras du 27 février, sur les incidents de Gualcimaca,
Honduras ...........................................................
.7.........................

111.24 Note de l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en date
sur les incidents de Gualcimacaran....................................5...............

111.25 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 11 février 1954, sur les incidents de
la commune de Gualcimaca, Honduras .............................59..........
111.26 Note du Ministére des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 5 octobre 1954, en réponse A la Note du
Honduras du llfévner, sur les incidents de
Gualcimaca, Honduras ..............................................6...........
....

111.27 HondurasionA l'Ambassade du Hondurasions ExàéSan Salvador, en
date du 14octobre 1954, afin qu'il communique au
Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador que de
nouveaux incidents sont survenus à Gualcimaca ..................61....

111.28 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
Gualcimaca du........................................................
6.....................111.29 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 29 octobre 1954, sur les incidents de
Gualcimaca .......................................................1....
.......................
111.30 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 12 mars 1957, afin que soient sollicitées du
Gouvernement d'El Salvador la vérification des faits et la
Gualcimaca d........................................................6.
....................

111.31 Note de 1'~mbassade d'El Salvador à Tegucigalpa, en date
du 28 octobre 1958, sur les incidents de la commune de
Gualcimaca, juridiction de la Virtud, Honduras ....................5......
111.32 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 28 octobre 1958, protestant contre la violation du
territoire du Honduras sur la commune de Gualcimaca ............6..

111.33 Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en datea au
du ler novembre 1958, exprimant les sentiments du
Gouvernement d'El Salvador devant les incidents de la
commune de Gualcimaca et sa promesse de sanctionner les
coupables .........................................................6..........................
111.34 Note de l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 19janvier 1960, sur la pénétration de gardes nationaux
d'El Salvador sur la commune de Gualcimaca,
juridiction du Honduras ............................................8.............
..

ANNEXE TV

ZONE DE NAGUATERIQUE-COMMONCAGUA

A. Colomoncagua

IV.1 Communication du Sous-secrétaire de l'Intérieur du
Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
lettre du Maire de Colomoncagua au Maire de la Villa d'Elune
Rosario d'El Salvador, répondant sur les incidents
ayant eu lieu à La Laguna .......................................1.....................IV.2 Communication di Maire de Coiomoncagua au Ministère de I
l'Intérieur du Honduras, en date du ler avril 1884, à
et Letona pour tracer la ligne frontiére, protestantruz contre
ce tracé et informant de la présence immédiate des
autorités salvadoriennes dans la zone .............................173.................

IV.3 Communication du Ministre de l'Intérieur du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
Salvador, prétend, inommer un déléguépour le canton d'Ell
Copinol, de la juridiction de Colomoncagua, sans tenir
compte de ce que la Convention entre MM.Cruz et Letona
n'a pas étéapprouvée par le Congrès du Honduras ...............175.......

IV.4 d'Intibuca au Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date
du 3 août 1888, faisant part de l'information demandée
sur les incidents entre les habitants de Colomoncagua,
Honduras et de Torola, Arambala y Perquin, El
Salvador .........................................................
...7.....................

IV.5 dlIntibuca au Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date
du 30 novembre 1888, donnant des informations sur la
façon dont a étéréaliséle tracé de la ligne frontière entre
MM.Cruz et Letona et les graves conséquences de ce tracé
pour les habitants de Colomoncagua ...............................8...........
IV.6
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 12 avril 1912, donnant des informations sur la situation
de la ligne entre le Terreno Blanco et Mal Paso,
conséquence des prétentions d'El Salvador basées sur la
convention passée entre MM.Cruz et Letona ........................8.......
IV.7 Communication du Ministre de l'Intérieur, de la Justice et
de la Santé du Honduras au Ministre des Relations
Extérieures du Honduras, en date du 14 février 1930,
l'informant de pénétrations de salvadoriens sur la
commune d'El Picacho, de la juridiction de
Colomoncagua .......................................................90..................
IV.8 Communication du Ministre de l'Intérieur, de la Justice, de
la Santé et du Bien Public du Honduras au Ministre des
Relations Extérieures du Honduras, en date du 3juin 1937,
l'informant de la construction d'une maison à El Rincon,
juridiction de Colornoncagua, par un ressortissant
salvadorien ........................................................
.....................IV.9 Communication du Secrétaire Généralde la Présidence du
Honduras, aen Mdatetredu de22 juinatio1961, donnantres des
informations sur des menaces de la part des autorités et
des habitants de Carolina, El Salvador, à l'encontre des
habitants du hameau de La Laguna, juridiction de
Colomoncagua .....................................................92.................

lV.10 d'El Salvador au Ministre des Relations Extérieures du
Gouvernement Suprême du Honduras, en date du ler mai
1852, sollicitant, que soit procédé à I'arpentage des 'ejidos'
de Torola par des arpenteurs des deux pays et joignant
une copie conforme de l'arpentage antérieur de 1844 ............193......

IV.ll Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,
des Relations Extérieures du Honduras duà la No26 juin, sur la
pénétration d'autorités salvadoriennes sur le territoire du
Honduras, dans la vallée de Champate, communiquant le
chatiment du responsable et l'adoption de mesures pour
que de tels faits ne se reproduisent pas ...........................95..........

IV.12 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras,
des autorités de la Villa d'El Rosario, d'El Salvador, que le
lieudit La Capuna a toujours appartenu à Colomoncagua
et ..llicitant que soient respectées les anciennes
frontieres .........................................................196............
..........................

IV.13 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
date du 13 septembretions1912, en rapport avec les incidentsen
entre les habitants de Colomoncagua et d'Arambala,
indiquant que le Gouvernement a ordonné le maintien du
statu auo entre ,les deux pays jusqu'il ce que soit
définitivement résolu le conflit des limites .......................197..............

IV.14 Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa, en datedu
des Relations Extérieures du Honduras du 28janvier, surre
la pénétration de ressortissants salvadoriens sur le canton
d'El Picacho,juridiction d'lntibuca ...............................198....................

IV.15 Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras
a l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
20 février 1930, à propos de la pénétration de
ressortissants salvadoriens sur la commune d'El Picacho,
juridiction de Colornoncagua .....................................................IV.16 Note du Ministére des Relations Extérieures du Honduras,
rétablissement 16de la borne d'El Cerro de Chagualaca qureste
sans effet, car elle n'est pas approuvée par le
Gouvernement du Honduras et sollicitant que soit
maintenu le statu QUO antérieur dans la zone et que cesse
la présence des salvadoriens danscette zone .....................2.0....

IV.17 Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras
à l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
26 novembre 1936, sur la pénétration d'autorités
salvadoriennes à El Rincon, territoire hondurien,
capturant deux habitants ..........................................2.3..................
IV.18 Instructions du Ministère des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 23 février 1937, pour que soient dénonces devant
la chancellerie d'El Salvador les incidents survenus B El
Rincon et El Planeado et que soient chtities les
responsables salvadoriens ..........................................2.5.................

IV.19 Note de la légation d'El Salvador B Tegucigalpa au
Ministère des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 20 mai 1937, sur l'occupation d'un terrain à la
proximité d'Agua Zarca, que le Mairede Colomoncagua
considère à l'intérieur du territoire hon..........................6.........
ligne respectée par les deux municipalités
IV.20 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 22 juillet 1937, sur l'occupation d'un terrain à la
proximité dlAgua Zarca, dans laquelle il est dit que la
borne Loma de la Cruz est la limite du Honduras et d'El
Salvador selon le titre desterres de Torola ........................0.......

IV.21 Note de l'Ambassade du Honduras à San Salvador au
Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador, en date
du 13 octobre 1950. sur la ~énetration d'autorités
salvadoriennes à La ~aguna, juridiction de Colomoncagua,
capturant des villageois honduriens. sollicitant aue soit
soient rendus à leurs foyers .........................................0..............

IV.22 Instructions du Ministère des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 21 mai 1959, pour que soit formulée une
protestation contre la pénétration d'autorités
salvadoriennes sur le territoire de Jabali, juridiction d'El
Picacho et que soient sanctionnés les coupables ...................1... IV.23 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 31 juillet 1961, pour que soit formulée une
protestation contre la pénétration d'autorités
salvadoriennes sur les hameaux El Copinol et Champate,
de Champate de ....................................................
..2................

B. Naguateriaue

IV.24 Suprême du Honduras, en date du 28 février 1856, sur lecutif
comportement du Juge de Marcala à Naguatenque. et
indiquant que la riviére Negro est la ligne divisoire qui a
toujours éte connue entre El Salvador et le Honduras ..............4..

IV.25 Communication du Maire de Santa Elena au Gouvemeur
propos de la pénétration de salvadonens févriesur le territoirei
hondurien ...........................................................
..........................

IV.26 Communication du Maire de Santa Elena au Juge de
Hacienda du Honduras, en datedu 28 mai 1877, informant
la ligne divisoire est la rivière Negro................................7........

IV.27 Communication du Maire de Santa Elena au Gouvemeur
Politique du Département de La Paz au Honduras, en date
du 16 décembre 1878, transcrivant d'autres
communications et signalant que la ligne du port de La
Salvador étantieàttrois lieues......................................218.........................

IV.28 Communication du Gouverneur Politique du Département
de La Paz au Ministre Généraldu Gouvernement Suprême
de la République du Honduras, en date du 12janvier 1880,
et celle destinée au Gouverneur de Gotera, d'El Salvador,
protestant pour des faits survenus à Naguatenque et
indiquant que la ligne divisoire reconnue par les
Républiques est la rivière Negro ..................................2............

IV.29 Rapport du Gouvemeur Politique du Département de La
avnlau1886,stàe propos d'incidents survenus en daAeDolores et
Naguatenque, indiquant la nécessité de respecter le statu
q- et le fait qu'El Torola et la rivière Negro ont été
respectés en tant que frontière ....................................22................IV.30 Pouvoir Exécutif Suprême du Honduras, et rapport jointena au
du Gouverneur Politique de La Paz, en date du 17 janvier
1888, sur les conséquences fàcheuses qu'a produit à
Naguaterique la Convention Cruz-Letona, car les autorités
dlArambala y Perquin ont cru qu'elle était définitive et
ont pénétré plus avant du côté de la rivière Negro,
frontière reconnue dans cette convention ........................223...............
IV.31 Communication de la Municipalité de Santa Elena au
Congrès National du Honduras, en date du 28 février
1896 ........................................................
....22..........................

IV.32 Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 23 décembre 1907, transcrivant un télégramme du
Gouverneur Politique de La Paz, à propos de la
pénétration de salvadonens prenant du bétail hondurien à
Naguaterique, territoire hondurien ...............................22...............

IV.33 Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 3 mars 1916, l'informant que des habitants dlArambala,
El Salvador, construisent un ermitage à El Portillo de
Naguatenque .....................................................230
....................

IV.34 Communication du Ministre de l'Intérieur du Honduras au
du 9 mars 1916, sur l'inspection pratiquéeurasà Naguaterique
en rapport avec la construction d'un ermitage, à l'autre
bout d'une rue que les salvadoriens considèrent comme la
ligne divisoire de la Convention Cruz-Letona .....................31.......

IV.35 Communication du Ministre de la Guerre et de la Marine
Honduras, en date du 3 avril 1916, l'informantres du qu'une
force armée a étéenvoyée à Naguaterique pour que les
autorités d'Arambala, El Salvador, libèrent immédiatement
le territoire nationalqu'ils ont occupé ...........................23..............

IV.36 Honduras au Déléguénistdu Honduras, D. Romulo ExtDuron, pour
les négociations sur les limites avec El Salvador, en date
du 13 juin 1916, à propos de la ligne à laquelle se réfèrele
statu QUO convenu en 1886 par les deux Républiques ............2....

IV.37 Rapport du Déléguédu Honduras, D. Romulo Duron, au
duni4 juilletR1916, sur les négociations en cours sur les
limites.......................................................
...2........................IV.38 Télégrammedu Délégué du Honduras, D. Romulo Duron, au
dunis13 août Rela1916, Eàtérpropos dude la protestation du
Gouverneur du Département de Morazan au Honduras,
informant de quelques incidents tels que la tentative
sal..dorienne pour changer le nom de la rivière Negro en
riviere El Palmar ..................................................23...
.............

IV.39 Duron, au Ministre des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 20 octobre 1916, transcrivant la
communication de la Commission d'El Salvador sur la
construction de deux nouvelles bornes pres de Malpaso de
Similaton et de Sabanetas ..........................................3.............
IV.40 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 30 janvier 1873, proposant que soit pratiqué un
bornage définitif et que, pendant ce temps, les choses
restent en l'état ....................................................41....
..............

IV.41 Gouverneurion du DépartementPolitide Gotera, en date du 15
février 1877, à propos des incidents de Naguaterique ............242......

IV.42 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 17 novembre 1881, accompagnant une plainte du
Naguatenque depuis la fixation des limites en 1861 situ...............4...

IV.43 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 8 février 1883, dans laquelle est inclus un écrit du
Syndicat Municipal dlArambala, à propos de la situation à
Naguatenque .......................................................
5...................
IV.44 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 16 décembre 1889, incluant des communications
des autorités salvadoriennes sur la situation à
Naguaterique .......................................................4...................
IV.45 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 18 septembre 1905, sollicitant une enquëte sur les
incidents survenus à Naguatenque et au cours desquels le
Maire de Santa Elena a trouvé la mon tandis que d'autres
ressortissants honduriens ont étéblessés ...................................IV.46 au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 30 octobre 1906, a propos d'incidents survenus a
Naguaterique, sollicitant que soit maintenu le statu auo
sur le terrain en litige............................................2............
....

IV.47 au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 8 août 1907, à propos d'incidents survenus à
Naguaterique, informant que des ordres ont été donnés
pour que le statu QUO sur la zone ne soit pas violé...............251........

IV.48 au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 4 mars 1916, à propos de la construction d'un
ermitage par les ressortissants salvadoriens à El Portillo
de Naguaterique .....................................................2.....
..............

IV.49 au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 24 mars 1916, rejetant un télégramme du
Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador du 16
mars et réitérant les droits du Honduras sur la montagne
de Naguaterique .....................................................3.....
..............
IV.50 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 4 avril 1916, protestant contre la présence d'une
force armée salvadorienne, aidant à la construction d'une
salle de réunion pour le conseil municipal, exécutée par les
autorités d'Arambala et demandant que soient sanctionnés
les coupables ..........................................................
....................
IV.51 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 8 avril 1916, à propos de négociations sur les
limites entre les deux Républiques et sollicitant comme
l'ermitage prédeableNaguateriquevaux soiente coimmédiatement de
suspendus ........................................................
........................

IV.52 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
des limites en vigueurr ..........................................................
....

IV.53 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 6 mai 1916, protestant contre la présence d'une
l'intérieur du territoire du Hondurast a...............................9......... IV.54 au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, endor
date du 16 mai 1916, à propos du statu QUO dans la zone
et affirmant que la ligne devant être respectée est celle .
qui sépare les possessions actuelles de l'une et l'autre
Républiques ......................................................
2.1..................
IV.35 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 22 août 1916, n'acceptant pas la prorogation de la
Convention des limites en vigueur et que si l'on ne
parvient pas à un accord, le litige pourra trouver une
solution devant la Cour de Justice Centre Américaine,
établie Dar l'Accord de Washington. le 20 décembre

IV.56 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 28 mars 1928, incluant une communication du
construction d'un édifice sur des terrainsesde Marcala ............26....

lV.57 Note de l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa au
Ministère des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 26 juin 1959, a propos de la présence des autorités
honduriennes dans la zone de Naguaterique faisant l'objet
d'un statu QUO entre les deux Républiques .........................5........

ANNEXE V

ZONE DE DOLORES

V.1 Acte des procédures effectuées en raison de la visite
juridique et canonique de la Mission de Goascoran, de
l'illustrissime Sr. DoctorD. Juan Gomez de Parada, Evêque
de Guatemala et Verapaz, 1734 (Extraits) .................................
V.2 Acte des procédures effectuées en raison de la visite
juridique et canonique de la Mission de Goascoran de
l'illustrissime et révérendissime, Sr. D. Fray Pedro Pardo
de Figueroa, Evëque de Guatemala et Verapaz, 1739
(Extraits) ......................................................
..6....................
Titre du terrain de Sacualpa de 1856 (Extraits) (A) et
Réarpentage dudit terrain de 1853 (Extrait) (B) ..................270

Titre du terrain de Matasano, Homos et Estancias de
1856 .........................................................
...2..1..........................Communication du Gouverneur Politique du Département
du L8juin 1874,niàtpropos de la pénétration de salvadoriens '
au-delà de la rivière Torola, ligne divisoire entre le
Honduras et El Salvador .........................................2..............
...

Communication de la Municipalité d'opatoro au
duuve10 novembreique du1877,rtaccompagnantPaz, euneateenquête
testimoniale faite devant le Juge de Paix, à propos de la
ligne divisoire entre le Honduras et El Salvador, le 2
novembre de la mêmeannée .....................................287.........................

Paz au Ministre Général duti ue 8uouvernement Suprême du
Honduras, en date du 10 octobre 1879, à pro os de
confréries et de fondations pieuses, indiquant que fans les
environs d'opatoro il y a celle de Dolores situee il
Dolores ...........................................................2.
..............................
Titre du terrain de Los Dolores de 1879, dont l'arpentage
fut pratiqué en avril 1877 ........................................2....................

Communication du Gouverneur Politique du Département
de La Paz au Ministre Généraldu Gouvernement Suprême
la communicationdatefaite au Gouverneur1879de La Union, d'El
Salvador, sollicitant des autorités salvadoriennes qu'elles
s'abstiennent de passer outre la juridiction hondurienne
sans son consentement ............................................0............
..

date du 10 décembre 1879,nt là Jpropos du terrain de Dolores
et des limites d'El Salvador et du Honduras dans cette
zone, demandée par le Gouverneur Po1iti$~ece~
Département de Comayagua le 4 décembre
année ..........................................................
..0.............................

La Paz pour le Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date
du 18 décembre 1879, à propos de l'appartenance du
terrain de Dolores du côté de la rivière Torola, à la
République du Honduras, et dans lequel il est indiqué
u'El Salvador s'est approprié le terrain du village disparu
3e Sapigre ........................................................3
........................
Enquête testimoniale effectuée par le Gouverneur
Politique du Département de La Paz à l'intention du
Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date du 14 juillet
1885, à propos de la pénétration d'un groupe de
bétail; faits dénoncés par le Maire d'opatoro le 26 juin deu
la mêmeannée ...................................................31..
................. Communication du Gouverneur Politique du Département
de La Paz au Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date
du 28 mai 1886, dans laquelle il propose une ligne divisoire
entre El Salvador et le Honduras, jusqu'à ce que soit
érivière Goascoranéfidans le Golfe de Fonseca jusqu'à de lala
bordure d'El Rincon ...............................................1........
.......

Accord de la Municipalité d'opatoro, en date du 9
septembre 1894, à propos des préjudices subis par les
habitants des terrains de Dolores,. du fait des
Salvador; comme conséquence du tracé adopté en 1884sants d'El
par MM. Cruz et Letona, pour sa transmission à
l'Assemblée Nationale, à laquelle s'ajoute l'exposé des
voisins de cette municipalité le 26 août de la même
année ........................................................
...314...........................
Procès-Verbal de la session extraordinaire de la
Municipalité d'opatoro, en date du 11 novembre 1896,
donnant des informations sur les limites dans la zone de
Dolores, à la demande de D. Pedro H. Bonilla .....................22....

El Salvador présenté au Gouvernements entrdu Honduras part
D. Pedro H. Bonilla, en date du 15 aoiit 1897 (Extraits) ............4..

Communication du Ministre de l'Intérieur au Ministre des
Relations Extérieures du Honduras, en date du ler juin
1918, en relation avec une protestation du Gouvernement
honduriennesr, sur son territoire,nédans laquelle il est fait
référence à la borne de La Guacamaya ............................30...........

Procès-Verbal dressé par le Gouverneur Politique du
Département de La Paz, en date du 19 juin 1933,
des faits survenusclàrOcote Manchon, situé d'àpune demi lieuer
de la ligne divisoire d'El Salvador ...............................................

Note du Ministre Général du Gouvernement Suprême d'El
Salvador au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 22 mars 1849, sollicitant que les
propriétaire des terres de Monteca M.Villatoro et joignant au
la pétition de M. Bonilla au Gouvernement Suprême .................... V.20 en date Midu 6 novembre 1879, en réponsees du Hà laraNote d'El
Salvador du 30 septembre, dans laquelle il est montré que
le terrain de Dolores fait partie intégrante du territoire du
Honduras et qu'à aucun moment il n'y a eu de dispute à
propos du "dominio" et par laquelle il accepte que la
géomètres .......................................................
.......................

.V.21 Pu'otedu Ministre des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 4 septembre 1895, dans laquelle est incluse une
communication du Gouverneur Politique du Département
de La Paz informant que, suivant les -instructions du
LaésUnion du demandant il s'que adlessé voisinserdeur Poloros
s'abstiennent d'habiter sur le terrain de Dolores jusqu'à ce
que soit régléela question des limites ..........................................

V.22 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 15 juillet 1896, sollicitant que soit respecté
République en ce quis autoconcernefronl'occupatione par Pes
habitants dlOpatoro et Poloros du terrain en litige de
Dolores et qu'on évite les conflits dans la zone ...................339..........

V.23 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 10 août 1896, en réponse à la Note du
ordres ont étédonnés pour que les habitantst dit qude Poloros
libèrent le terrain en litige de Dolores.........................................

V.24 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 26 septembre 1935, en réponse aux Notes du
Honduras des 15 et 24 du mêmemois, protestant contre
frontière d'unn 'callejon" pour les habitants80de Poloros eta
faisant état d'une enquête sur ces faits .....................................

V.25 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador, en
Poloros 15abandonnent demalesntterres qqu'ils hoccupent au
préjudice des habitants d'opatoro et joignant les
informations du Maire de ce village sur la présence de
ressortissants salvadoriens dans la zone ...........................4.......

V.26 Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras,
de ressortissants salvadoriensroteset contreontdes incidentse
survenus à El Retinto et Brinca Tigre ..............................4.......... Note de la légation du Honduras à San Salvador, en date
du 14 septembre,41,montrantnse que les lieuxe d'Los Ranchos,
Lajitas et Mesetas sont en territoire hondunen, la ligne
divisoire entre les' deux Républiques étant la rivière
ToroIa .......................................................
......7.......................

Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 15 octobre 1941, montrant que malgré la
incidents continuentteàrEl Nichon....................................49.............

Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 23 mars 1942, à propos de la pénétration de
salvadoriens dans la zone en litige, de patrouilles militaires
àcoupables soient chàtiésfi............................................0...........
...

Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 30 juillet 1943, enAréponse aux Notes du
Honduras des 28 et 29 du mêmemois, à propos d'incidents
occasionnés par les habitants de Poloros ..........................5...........
Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
13 août 1943, accusant réception d'une Note du Honduras
du 10 du mêmemois, à propos d'incidents ayant eu lieu à
El Retirito, juridiction d'opatoro ...................................3................

Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
Honduras dudu5 a15juin,194a,'eproposnsede launepénétration
d'habitants de Poloros sur le territoire de Dolores pour
faire paître du bétail, ainsi que des communications des
Maires de Nueva Esparta et de Poloros faisant référence
aux faits dénoncéset à la ligne frontière dans la zone...........354.....

en date Mindu 5 juins Re1951, en réponseres dàElune Note du
Honduras du 29 mai, a propos de blessures causées 8
l'inspecteur des frontières hondunen alors qu'il parcourait
les lieux de Dolores et Ocote Manchon ...........................3.............

Dépêchede l'Ambassade du Honduras à San Salvador au
du 30 mai 1962, dans laquelleeuresest transcriteeune Note du
Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
accusant réception d'une Note hondurienne du Il mai
dans laquelle il est fait protestation contre la violation du
territoire national à Hacienda de Dolores par des gardes
salvadoriens assiégeant la maison de M.Antonio
Martinez Argueta .................................................358..
................. ANNEXE VI
ZONEDEGOASCORAN

VI.1 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
l'Agricultureu et du Travail, dedu Honduras,blicsen date du
8janvier 1931 ........................................................
..................

VI.2 Note no 1201 du Ministère d'Etat au Développement, à
l'Agriculture et au Travail du Honduras au Ministre des
du 10 octobre 1930rie.................................................0......
.........

VI.3 Note officielle no 360 du Ministère de l'Intérieur, de la
Justice, de la Santé et de la Bienfaisance du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 24 juillet 1941 ...................................................2.......
............
VI.4 Notes officielles no 1981, en date du ler décembre 1941, et
no 2664, en date du 17 janvier 1942, du Ministère de
l'Intérieur, de la Justice, de la Santé et de la Bienfaisance
du Honduras au Ministére des Relations Extérieures du
Honduras ............................................................4...........................
Note no 279 de l'Ambassade du Honduras à San Salvador
au Ministère des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 24 août 1937 ...............................................7........
.....

HondurasG. 1au0/4MinistrembadesdeRelations d'Extérieures du
Honduras, en date du 26 février 1943 .........................................

Note S.A.G. no 5056 A.L. du Ministère des. Relations
Extérieures du Honduras à l'Ambassadeur du Honduras à
San Salvador, en date du 9 janvier 1956 ............................1..........
Note Na 621 (537) de l'Ambassade du Guatemala à
Tegucigalpa au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 31 juillet 1962 ................................5.........

ANNEXE M

LE DLFFEREND INSULAIRE

VII.1 Honduras, en date du 26 septembrelvador 1985 et propositiondu
annexée (Extraits) ................................................3.7....
.......... Acte notarié des déclarations faites à Radio Honduras par
l'Ambassadeur d'El Salvador, S.E. Ernesto Arneta Peralta,
le Il février 1985 (Extraits) .........................................8...........
Table des matières du livre "Documents et Doctrines en
relation avec le problème des frontières entre El Salvador
et le Honduras". Université "Dr. Jose Matias Delgado', San
Salvador, 1985 (Extraits) ............................................85..................

Thèse présentée par Nazario Salaverna (fils) devant le
l'université Nationale d'Ela FSalvador, lorsuride la cérémoniede
publique qui a eu lieu avant l'obtention de son doctorat A
4 heures de l'après midi le 2 novembre 1893 (Extraits) .............8.

Procès-Verbal de la Commission mixte des limites entre El
Salvador et le Honduras, en date des 9et 10
décembre 1985 (Extraits) ..........................................3......................
Disposition Royale délivrée à El Escorial, le 28 juin 1568,
relative à 1'Audiencia de Guatemala et pour que l'un
quelconque de ses Ministres s'y rendant
crée cette Audiencia ................................................3..............
.......

Structure et développement de l'Administration olitique
et territonale du Guatemala, Flavio J. 6uesada,
1983 (Extraits)......................................................3..5...
.................
Alcaldia Mayor de Tegucigalpa ....................................3...............

Procès à l'encontre de Enrique Gomez et Andres Ysleno
pour contrebande de marchandises anglaises,
octobre 1675 ........................................................3...
.....................

Procès à l'encontre de Juan de Llanos y Valdez pour avoir
f1677d.............................................................
..3...............................

Procès à l'encontre de Francisco Bravo de Arriola pour
avoir fait de la teinture d'indigo avec les indiens,
octobre 1677 ........................................................39..
.....................

Décision de l'Alcade Mayor del Real de Minas de
l'oncigafasse sortirindes Antgraines Aydea, icetteisjuridiction,
juin 1682 ..........................................................
..9.......................

Plaidoirie en défense du "cura beneficiado de Choluteca'
dans les actions intentées par le curé doctrinaire
de Goascoran, 1692 (Extraits) ..............................................................VII.10 Chronique du Père Vasquez de 1704 (Tome TV)..........................

A. Description de la "Custodia de Santa Catarina du
Honduras" .........................................................
...4....................

B. Description du Couvent de Nieves de Amapal ...........................
C. Description du Couvent de Nacaome .........................................

VII.l 1. Communications d'avril 1819 ...................................................

A. Note de Don Pedro Benedi, Sergent majorde San Miguel, à
Messieurs les Sous-délégués de Nacaome et
Choluteca,San Miguel, 6 avril 1819 ..................................9............
B. Note de Don Manuel Lucas Sierra, adjoint au Maire de
Nacaome à l'Alcade Mayor de Tegucigalpa, Don Narciso
Mallol, 8 avril 1819 ....................................................9.......
.........

C. Note du Gouverneur de la Province - Intendance du
Honduras, Don Jose Tinoco, à l'Alcade Mayor de
Tegucigalpa, 8 avril 1819 ................................................................

D. àote l'AlcadeustMayorrera, dejoinTegucigalpa,ire dDonholutNarciso
Mallol, 14 avril 1819 ...................................................0.........
.......

E. Note de Don Justo Herrera, adjoint au Maire de Choluteca,
à l'Alcade Mayor de Tegucigalpa, Don Narciso
Mallol, 19 avril 1819 ...................................................2........
......

F. TConchagua,de devantno Don Lucas Sierra, adjointt ddepol'Alcade
Mayor de Nacaome, 3 mai 1819 ......................................3...........

VII.12 Pétition pour que les indiens de Meangola et Las Nieves de
Amapala s'unissent en un seul village, 1698 ..................................

VII.13 Villa de Choluteca .....................................................0......
...........
A. SeMce du 'Toston", 1660 .............................................0...............

B. 'Juicio de residencia" à l'encontre de Don Diego de .
Aguileta, 1673 et "Penas de Camaram,1670 ............................1.....

C. Service du "Toston', 1682-1683 ........................................3..............

VII.14 Procès-Verbal établissant que les Vueces Reales' de la
Plavinouvelle Tegopulationexerdent 1'iie deritZacate,légdeimecette
juridiction, 17i7 .......................................................4.
...............

VII.15 Rapport Henderson, 1847 .............................................7.................VI1.16 Terres de Meanguera .............................................4.............
......

A . "enuncia" des terres de Meanguera, 17 octobre 1854 ...........4.....
B .
24 octobre 1854 l...................................................4.......
...............

VII.17 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
date du 16 Novembre 1854s .......................................43...................

VII.18 Déclaration coaointe des Présidents des Républiques du
Honduras et d'El Salvador. 31 juillet 1986 (Extraits) ............4....

ANNEXE WI

LE DIFFEREND MARLTIME

VIII.1 Rapports des autorités honduriennes sur des incidents
navals survenus entre 1982 et 1988 ...............................433...................
A . Rapport no 10-9D2/9D en date du 2février 1987 ..................33......

B. Rapport no 005-9D2/9D en date du 20 janvier 1987 :...............5...
C.
Rapport no 15-9D2/1D2 en date du 5 février 1987 ................3....
D. Rapport du 15 mars 1987 ...........................................9..................

E. Rapport no 23-9D2/9D du 16 mars 1987 ............................1........
F. Rapport no 29-9D2/9D du 24 avril 1987 ............................4..........

G. Rapport no 169-9D/UF du 22 juillet 1987 .....................................
H. Rapport du 22juillet 1987 .........................................4..................

. Rapport no 176-9D/OF du 28 juillet 1987 ....................................

J . Rapport du 15 août 1988 ..........................................................
K . Rapport no 152-9D/DF du 31 août 1988 ...........................5..........

L . Rapport no 205-9D/OF du 17octobre 1988 ................................
M . Rapport du 18 octobre 1988 .........................................7................Rapport ne 206.88-9D/OF du 18 octobre 1988 .......................8......

Rapport no 209-9D/DF8 dudu 26 octobre 1988 ..........................
Rapport des autorités honduriennes sur des incidents
navals survenus en 1989 .............................................1............
...

Mémorandum de Maitre Guillermo Caceres Pineda au
Président de la Commission de Souveraineté et des
Frontières, en date du 10 avril 1989 ........................................
Rapport no 128.DA du Ministère des Relations Extérieures
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 6 avril 1989 ................................462....................

Herman Ivan029-9Ramirez Lanza, Commandantate D.E.Mde la Force
Navale du Honduras au Commandant Généralde la Force
Navale du Honduras, le Capitaine de vaisseau, Don Armilfo
Contaredo Lopez, en date du 22 mars 1989 .......................463.............

Contreras, Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Président de la Commission de Souveraineté et des
Frontières, en date du 27 mars 1989 ..............................465..................

Rapport no 046-CSF-P du Président de la Commission de
Extérieures du Honduras,tières en date due de3 avril 1989 et
carte ..........................................................
.....6..........................

Rapport no 060-CAYM-89 du Ministre des Relations
Extérieures du Honduras au Ministre des Relations
Extérieures d'El Salvador, en date du 30 mai 1989 ...............469........
Communiqué de presse no 38-89 du Ministre des Relations
Extérieures du Honduras, en date du 30 mai 1989 ...............470........

Rap ort préparé par l'Institut de Recherches Standford,
Men fO' Park, Californie (U.S.A) sur le développement
1968o.......................................................
...............................

Rappdrt de Messieurs Giudicelli et Wirth effectué à la
demande de la Société Nationale d'Investissement
(CONADI) sur les différentes possibilités de
Panama, 1979 (Extraits) .........................................................
... VII1.5 Annexe II au rapport de M. Ulf N. Wijkstrom du PNUD
relatif au développement institutionnel du secteur de la
pëche au Honduras et aux possibilités de développement
de ce secteur, 1976 .................................................7.........
.........
VIII.6 Article 10 de la Constitution Politique de la République du
Nicaragua, "La Gaceta", 9 janvier 1987 ............................480.................

I ANNEXE IX
,r TEMOIGNAGESDE LA PRESENCE HUMAINE ET DES AUTORITES
HONDURIENNES DANS LES ZONES EN LITIGE DE LAF'RONTIERE
TERRESTRE
,.
IX. Introduction .........................................................
.....................

IX.1 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Tepangüisir ..............4..3....

Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Cayaguanca ......................
IX.3 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Sazalapa
La Virtud ..........................................................
...........................

IX.4 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Naguatenque ............6.....
Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Colomoncagua ...........7....

IX.5 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Dolores ..................7........
IX.6 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Goascoran ...............8.....

CERTIFICATION ..................;...............................904.................... MEMOIRE EN REPLIQUE DU GOWERNWNT

DE LA
REPUBLIQUE DU HONDURAS

(VOLUME 11)

CHAPITRE VI11

LE SECTEUR DE LA PRONTIERE TERRESTRE ENTRE LA CONFLUENCEDU
MROLA AVEC LE RUISSEAU DE MANSUPUCAGUA ETLE PASO D'UNIRE

DOLORES )

Section 1. Introduction

1. Ainsi que le précédent écrit du Honduraç l'avait
déjà souligné, les Parties sont parvenues à un accord sur

les pointç extrëmes de ce secteur en litige, comme sur la
localisation, deçdits points, au moyen de coordonnées

Dans son contre-mémoire,El Salvador n'est
pas revenu.sur la question puiçqu'il a confirmé dans ses

Conclusions la position adoptée danç son mémoire2. Par
conséquent, il n'est pas nécessaire, conformément à

l'article 49.3 du Règlement de la Cour, de revenir sur ce
point danç le présent écrit.

2. Toutefpis, c'est ici que s'arrête l'accord entre

les Parties. En effet, en comparant l'exposé fait sur ce
secteur par les Parties dans leurs contre-mémoires

reçpectifç3, on pourra constater que d'importantes

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chapitre X,

p. 428-429.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Submisçionç, 1.1,
p 292.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.102-3.122,
p. 103-117; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X.
p. 419-480.divergences subsistententre elles sur d'autres questions.
Entre autres et en premier lieu, le problème de la

dénomination de ce secteur, bien qu'El Salvador fasse
référence dans son deuxième écrit à la dénominationutilisée

par le Honduras et mentionne, indistinctement "Dolores,
Monteca et ~oioros~~l.

Le Gouvernement du Honduras n'estime pas nécessaire

d'insister à nouveau sur cette divergence et renvoie à sa
position telle que définie dans son précédent écrit2. La

dénomination correcte dece secteur, en tout état de cause,
est celle de 1"article 16 du Traité Général de Paix de 1980

qui fait référence à ses points extrêmes.

3. En plus de cette discordance, la Chambre de la
Cour aura remarqué qu'il en demeure de plus importantes,

comme cela est également le cas pour d'autres secteurs de la
frontière terrestre. En effet, il convient de signaler, en

deuxième lieu, le désaccord des Parties sur la totalité du
tracé de la ligne frontièredans ce secteur, c'est-à-dire,

du point de confluence entre le Torola et le torrent de
Mansupucagua, à l'Ouest, jusqu'au gué ou Paso dlUnire, à

l'Est, puisque les Parties ont reprisles Conclusions de
leurs mémoires respectifs3.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. III,sect. V,

p. 103.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 419-427.

3 Contre-mémoire d'El Salvàdor, Submissions,1.1,
p. 292; contre-mémoiredu Honduras, vol. II, Conclusions,
A.5, p. 735. En troisième lieu, les Partiessont encore diviséessur

le fondement juridique de la délimitation. Certes, dans son
contre-mémoire, ElSalvador affirme que le fondement de ses

droits est "theForma1 Title Deed to the Commons of Poloros
of 1760M1, ce qui implique l'applicationde l'uti possidetis

juris de 1821. Etant donné que ce fondement juridique est
également accepté par le Honduras, on pourrait penser qu'il

y a accord des Partiessur ce point. Cependant, commeon l'a
déjà relevé dans le contre-mémoire hondurien, El Salvador

défend en même temps plusieurs tracés reposant sur les
fondements juridiques différents2.Il invoque, d'un côté, le

principe de l'uti possidetis juris et, de l'autre, les
"effectivites",bien que cette notion revête, dans l'exposé

salvadorien, un contenuambigü. De ce fait, l'exposé fait
dans le chapitre 3 du contre-mémoire d'El Salvador est

complété par celui du chapitre 4 sur les "Arguments ofHuman
Nature Presented by El Salvador in Support of its Frontier
Rights (effectivités)." Il faut rappeler, par ailleurs,

qu'El Salvador a eu recours dans les Conclusions de son
mémoire à un autre argument, basé sur la notion de "terres

de la Couronne" (tierrasrealengas), qu'il reprend dans les
conclusionsde son dernierécrit.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.103
p. 103-104.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 435-447. Enfin, concernant le premier fondement juridique,l' uti

possidetis juris de 1821, les Parties sontencore divisées
sur l'application du principe dans ce secteur. Dans son

contre-mémoire,.El Salvador s'est demandé quelles pouvaient
être les objectionsdu Honduras à un titre tel que celui de

Poloros de 1760 "so clear and ~ategorical"~. Il a par
ailleurs combattu les documents antérieurs à 1821 présentés

par le Honduras comme preuves des limites des anciennes
juridictions et provinces2 en ajoutant, dans ce contexte,

des arguments sur des faits postérieurs à cette date de
18213.

4. En outre, la Chambre de la ,Cour aura observé,

qu'en plus des trois points précédents, des désaccords
persistent entre les Parties sur divers points relatifs au

droit espagnol en vigueur en Amérique Centrale jusqu'en
1821, désaccords qui affectent également d'autressecteurs

en litige de la frontière terrestreet qui revêtent, de ce
fait, un caractère général.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.105, p. 105.

2 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 3.106-3.110,
p. 105-110.

3 Contre-mémoire d'El Salvador,chap. 3.111-3.121,
p. 110-116. En effet, se pose ici le problème de la nature

juridique des "terrains communaux" ("ejidos") et des

conséquences sur les limites des anciennes juridictions et
provinces de la concession de terres à une communauté

indigène1. Ce à quoi s'ajoute, une fois de plus, la
distinction établiepar El Salvador entre un "Formal Title
Deed to Commons" et les simples "title deed to private

proprietary intereçt in landM2. Cette distinction est

dépourvue de fondement en droit espagnol,ainsi que l'écrit
antérieur.l'a souligné3. Il en va de même pour la prétention
salvadorienne reposant sur la notion de "terres de la

Couronne" et ses conséquencesen matière de délimitation4.

5. Comme dans les chapitres précédents de cet écrit,

la portée variable des divergences entre les Parties, que
celles-ci portent sur plusieurs secteurs en même temps ou
sur celui-ci enparticulier, doitservir de ligne directrice

pour le plan de l'exposé.Les désaccordsde caractère

1 Contre'mémoire d'El Salvador, chap. II, p. 12-32;
contre-mémoiredu Honduras, vol. 1, chap. V,p. 50-83.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.109, p. 107,
sur les documentsrelatifs au terrainde Cacaoterique.

3 Contre-mémoire du - Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 41-83 et 101-121.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 83-101.général relatifs au droit espagnoldes Indes ont déjà été
examinés dans le chapitre III et le présent chapitre n'y

reviendra donc pas. En revanche, les discordances
particulières à ce secteur en litige seront envisagéed sans

les trois sectionssuivantes.

La section II abordera les désaccords entre les Parties
sur le tracé de la ligne frontièreet sur le fondement de la

délimitation. La section III exposera les divergences
relatives à l'applicationde l'uti possidetis juris de 1821.

Enfin, la section IV examinera certainsfaits postérieurs à
1821 qui permettront de corroborer les conclusions

auxquelles auront abouti les sections précédentes sur la
délimitation dansce secteur.

Section II. Les divergencesdes Parties sur la délimitation

6. Ainsi que l'on vient de l'indiquer, cette section

abordera les désaccords des Parties sur le tracé de la ligne
frontière dans ce secteur (A), puis les divergences sur le
fondement juridiquede la délimitationque doit mener à bien

la Chambre de la Cour (8).

A. LES DIVERGENCESDES PARTIES SUR LE TRACE DE LA
LIGNE FRONTIERE

7. El Salvador,dans les "Conclusions"de son contre-

mémoire demande, de manière générique, que la Chambre de la
Cour délimite les secteurs de la frontière terrestre en

litige entre les Etats "...in accordance with the line
indicated in the submissionscontained in the Memorial of Elsalvadorl. Le Honduras, quant à lui, a repris dans son

contre-mémoire les Conclusions de son mémoire pour ce qui
est de ce secteur2.

Ainsi, les divergences des Parties, qui avaient déjà

été relevées dans le précédent écrit3, demeurent. La
comparaison entre les tracés de la ligne frontière d'El

Salvador d'une part (l), et du Honduras, d'autre part (2)
permettra de le vérifier à nouveau.

1. Le tracé de la liqne frontière dansle secteur selon

El Salvador

8. En considérant le tracé d'El Salvador exposé dans
les Conclusions de son mémoire4, on en relèvera ses

caractéristiques. Il s'agit, en effet, de prétentions
territoriales maximales(a) et d'un tracé à plusieurs faces

ou une pluralité de tracés (b), ce qui débouche sur des
contradictions entre les différents tracés salvadoriens (c).

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.1,
p. 292.

2 Contre-mémoire du Honduras, Conclusions, A.5,

p. 735.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. X,
p. 263-274.

4 Mémoire d'El Salvador, Conclusions 1.1 et 1.2 et
chap. 6.73; trad. fr., p. 86-87 et 50. Le tracé salvadorien constitue un maximum de
prétentions territoriales dansce secteur

9. L'histoire du conflit et des négociations

concernant les limites de ce secteur a été retracée dans le
mémoire du ~ondurasl. Les négociations débutèrent en1880,

se poursuivirenten 1884 et 1888 et, au xXe siècle, en 1972
et en 1980-1985.

Si l'on compare les différents tracés salvadoriens de

1880 à 1988, on remarque deux choses. D'une part, le tracé
salvadoriende la ligne frontièredans ce secteur se modifie

progressivement aufil du temps. D'autre part, le tracé de
1988 représente le point culminant des prétentions

territorialesd'El Salvador.

10. L'évolution dans le temps des prétentions
salvadoriennespeut s'apprécier à l'aide de la carte 6.4 du

contre-mémoire hondurien2.En 1880, El Salvador défend une
ligne "A" qui est proche du Torola, de son point de

confluence avec le torrent de Mansupucagua, et va, se
déplaçant d'ouest enEst, jusqu'au Cerro de Ribita et la

rivière Unire, ce qui correspond, dans l'ensemble, au
contenu du titre de Poloros de 1760, ainsi qu'on le

constateraplus loin.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII,
p. 250-274.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, en regard de
la page 460. En 1884, à l'occasion des conférences de Cruz-Letona,

la ligne est sensiblement modifiée. A l'ouest, apparaît un
"Cerro de Lopez" dont la localisation et le nom sont

contraires aux termes du titre de 1760 et à l'Est le "Cerro
de Ribita" se 'déplace également vers le Nord, de manière

inexplicable. En 1888, El Salvador confirmera le tracé
précédent qui, comme les précédents, découle d'une

interprétation erronéedu titre foncierde Poloros.

En 1972, à l'occasion des négociations d'Antigua, au
Guatemala, El Salvador modifie une troisième foisson tracé.

Comme par le passé, il déplace le "Cerro de Ribita" qui se
situe alors "dans un point dont les coordonnées sont

10°44'11", c'est-à-dire à proximité du lieu dit "Brinco
Tigre" ou "Salta Tigre'' (Ligne "CM). Cela suppose une

nouvelle extension des prétentions salvadoriennes vers le
Nord.

Enfin, celles-ci augmentent davantage encore avec le

tracé exposé dans le chapitre 6.73 du mémoire d'El Salvador,
cette fois-ci vers l'Ouest. En 1988, en effet, la ligne

droite qui, en 1972, allait du fictif "Cerro de Lopez" à la
confluence du torrent de Mansupucagua avec le Torola, est

modifiée puisque, comme le montre lecroquis 6.11 d'El
Salvador, la noqvelle ligne va du "Cerro de Lopez" jusqu'à

la borne du Moj6n Alto de la Loza et, de là, à la source du
ruisseau Mansupucagua puis elle continue en aval dudit

ruisseau jusqu'à sa confluence avec le Torola. La différence
entre la ligne de 1972 et celle de 1986 peut s'apprécier à

l'aide de la carte hondurienne 6.2 du contre-mémoire1.

1 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, en regard de
la page 432. 11. Il découle de ce qui précède, en premier lieu, que

le tracé défendu par El Salvador dans son mémoire est le
quatrième depuis 1880. En deuxième lieu,que si l'on compare

le tracé de 1988 et ceux de 1972, 1884 et 1880, on note une
continuelle extension des prétentions salvadoriennes,qui

culminent précisémentavec le tracé de 1988.

Par ailleurs, la position d'El.Salvador en 1988 revêt
une autre particularité: il n'existe pas un tracé unique

mais une pluralité de tracés. Ce point fera l'objet du
paragraphe suivant.

bJ Un tracé a plusieurs faces ou une pluralité de

tracés

12. Dans le paragraphe précédent, on a resitué le
tracé salvadorien de 1988 dans son contexte historique.Il

convient à présent d'en aborder le contenu intrinsèque. Bien
qu'El Salvadorse réfère dans les Conclusions deson contre-

mémoire à "the line indicated in the submissions" de son
mémoirel, le même problème qui s'était déjà présentépour

d'autres secteurs se pose également pour celui-ci:
l'existence d'une pluralité de tracés qui reposent sur

différents fondements juridiques. Le contre-mémoire
hondurien avait déjà abordé ce thème2, mais comme El

Salvador a repris ses Conclusions initiales dans son contre-
mémoire, on se voit dans l'obligation de revenir sur ce

point.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.1,
p. 292.

2 Contre-mémoire du 'Honduras, vol. II, chap. Xi
p. 430-433. 13. En effet, malgré l'obscurité dontEl Salvador a

délibérément entouré les Conclusions de son mémoirel, tant
les différents textes et références,que les représentations

cartographiques qui lesaccompagnent font apparaitre trois
tracés distincts.

Le premier est celui des limites du terrain de Poloros

selon l'interprétation du document de 1760 que donne El
Salvador en 1988. Et la carte salvadorienne6.V du "Book of

Maps", tout comme la carte 6.5 figurant dans le mémoire,
expliquent qu'il s'agitde 1'"Interpretationof the Common

Lands Title of Poloros which protects the zone of Monteca".
Ce tracé, d'Est en Ouest, part en amont de la rivière Unire

et du torrent dlUnire, passe par la "Unire River Headwater"
puis, en ligne droite, par la "Ribita Hill" (Cerro de

Ribita), à côté de "Salta Tigre", il continue ensuite en
ligne droite vers l'Ouest jusqu'à la "Lopez Hillock" (Cerro

de Lopez) puis descend, toujours en ligne droite, jusqu'à la
confluencedu torrentde Mansupucaguaet du Torola.

14. Toutefois, sion se réfère à la ligne décrite dans

le chapitre 6.73 du mémoire salvadorien,il existe un second
tracé. Une illustration cartographique ee nst donnée par le

croquis salvadorien 6.11 figurant dans le mémoire, auquel
renvoie le chapitre 6.73 déjà mentionné. Il diffère du tracé

antérieur pour ce qui est de la partie occidentale de la
ligne, puisque de la "Lopez Hill", qui sur la carte 6.V

était la "Lopez Hillock",le tracésuit une ligne droite

1 Mémoire d'El Salvador, Conclusions 1.1 et 1.2;
chap. 6.G. Conclusion et chap.6.73; trad. f., p. 86-87,
47-48 et 50.juçqu'au "Landmark on the Top of 'Altode la Loza' "; puis il

continue jusqu'à "Headwaterç Mansupucagua gorge" et, de là,
en aval de ce cours d'eau, jusqu'à sa -confluence avec la

rivière Torola.La différence entre ce tracé et celui de la
carte 6.V apparaît sur la carte hondurienne 6.~~.

Enfin, ce tracé est encore aggrandi puisque dans le

croquis 6.11 du mémoire salvadorien il est représenté au
moyen d'une zone adjacente à la ligne la "localization of

Crown Land (tierras realengaç) beyond the Comon Land
(tierras ejidaleç) described in the title of Poloros". Il

convient d'observer, d'une part, que ce troiçieme tracé des
"terres de la Couronne" ne se situe pas au-delà des terrains

communaux décritsdans le titre de Poloros puisque, comme on
l'a déjà vu, la description du titre de 1760 est représentée

différemment pour ce qui concerne sa partie occidentale sur
la carte 6.V. D'autre part, que l'extension des prétentions

salvadoriennes basée sur la notion de "terres de la
Couronne" est, en vérité, illimitéeet il est clair qu'elle

ne constitue aucune "localisation"

Q Contradictions entre les différents tracés
soutenus par El Salvador

15. En ce, qui concerne uniquement le tracé qui se

fonde sur le titre foncierde Poloros de 1760, on a déjà mis
en évidence dans un paragraphe précédent que le tracé

soutenu en 1986est le quatrième chronologiquementet qu'il
diffère des tracés antérieurs. Il existeraitdonc une

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, en regard de

la page 432.première contradiction entre lespositions d'El Salvador sur
un même tracé. Or, en 1988, comme on vient de le voir, trois

tracés différents sont défendus, qui reposent sur des
fondements juridiques différents, ce qui débouche
inévitablement surd'autres contradictions dansla position

salvadoriennedevant la Cour.

11 en va ainsi, en effet, pour le tracé qui se fonde

sur le titre de Poloros de 1760 et celui décrit dans le
chapitre 6.73 du mémoire.Le premier diffère du second pour

sa partie occidentale, sur la parcelle située entre "Lopez
Hill" ou "Lopez Hillock" et la confluence du torrent de

Mansupucagua et du Torola. Mais cette différence entreles
deux tracés exprime en réalité un changement de fondement
juridique: pourla partie du second tracé qui dépasse le

premier, El Salvador ne peut pas invoquerl'uti possidetis
juris de 1821 en s'appuyant sur le titre de Poloros, de

sorte que ses prétentions territorialesmaximales se fondent
sur les "effectivités".

Cette contradiction, comme on l'a déjà dit, est

illustréepar la carte hondurienne 6.2 du contre-mémoireet,
il convient également de le souligner, par le croquis

salvadorien 3.51. Mais d'après ce croquis surgissent aussi
d'autres contradictions internes dans la position soutenue

par El Salvador eu égard à la pluralité de tracés. Il est
difficile d'expliquer,d'une part, comment sur le croquis

3.5 les terres de Cacaoterique,représentéesde manière

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. III, après la
page 116.erronée, sont contigües à celles de Poloros dans la partie
occidentale du secteur en litige, alors que dans son

mémoire, El Salvador avait inclu la zone entre les limites
découlant du titre de Poloros et la ligne du chapitre 6.73,

sa prétentionmaximale, en invoquantles "effectivités".

D'un autre côté, la contradiction se prolonge pour ce
qui est du tracédes terres de la Couronne selon le croquis

6.11 figurant dans le mémoire. Selon le croquis 3.5 du
contre-mémoire, El Salvador fait à présent se cotoyer les

terres de Poloros et celles de Cacaoterique à l'Ouest de
"Salta ~igre", à l'exception d'unezone limitée, au Sud-Est

de la "Loma de Lopez". Cela signifie-t-il qu'El Salvador
abandonne sa position sur les terres de la Couronne vu que

celles-ci, selon le croquis 6.11, se superposent à celles
qui sont maintenant, sur le croquis 3.5, les terres de

Cacaoterique ?

2. Le tracé de la liqne frontièredans ce secteur
selon le Honduras

16. La Chambre de la Cour connait déjà le tracé de la

ligne frontière selonle Honduras. Comme il l'a expose dans
son mémoire1 et dans son contre-mémoire2,de la confluence

du torrent Mansupucagua avec la rivière Torola, la ligne
suit la rivière Torola en amont jusqu'à sa source, connue

1 Mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions,

p. 744-745.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, Conclusions,
p. 735.sous le nom de torrent de la Guacamaya; de ce point, elle
continue en ligne droite, jusqu'au col de la Guacamaya; de

ce lieu, en ligne droite, jusqu'àun point sur la rivière
Unire, à proximité du lieu connu sous le nom de El Coyolar;

et de là, en suivant la rivière Unire en aval, jusqu'au gué
d'Unire sur ladite rivière. La carte hondurienne V.1 à la

page 676 de ce chapitre donne une représentationgraphique
de ce tracé.

Ce tracé présente troiscaractéristiques principales:

sa continuité dans le temps, son unicité et le fait qu'il
constitue des prétentionsterritoriales minimales.

17. En premier lieu, il existe une continuitédans le

temps du tracé hondurien, depuis lespremières négociations
sur les frontières,en 1880, jusqu'à ce jour. En 1880, en

effet, la proposition du délégué du Honduras, M. Cruz était
la suivante:

"3. A partir du passage d'Unire, en ligne droite
jusqu'à la butte de Guacamaya.
4. A partir de Guacamaya,en ligne droite,jusqu'à
la confluence du torrent Arenal et de la Torola,
puis en aval de ladite rivière jusqu'à sa
confluence avec la rivière de San ~ntoniol."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.23, p. 100. Cette position est reprise lors de l'arbitrage de 18811
et des négociations de Guanacastillo de 1888~. Au XXe

siècle, la mëme ligne est défendue par le Honduras en 19723
et en 1985 pour les négociations au sein de la Commission
mixte El ~alvador- on duras^.

Cette continuité dans le temps suppose une unicité du

tracé hondurien de 1880 à nos jours, ce qui contraste avec
le comportement incohérent d'El Salvador qui, de 1880 à

1988, a défendu quatre lignes différentes. Il convient de
noter, par ailleurs, qu'au cours des négociationssur les

limites en 1880, 1888 et 1985, le Honduras a proposé au El
Salvador des solutions transactionnelles qui portaientsur

la partie la plus orientale du tracé tout en maintenant,
pour le reste, le cours du Torola. Aucune de ces

propositions n'a reçu l'assentimentd'El Salvador.

18. En ce qui concerne l'unicité de tracé, le Honduras
a défendu devant la Chambre de la Cour, de mëme que par le

passé, une ligne unique et non une pluralité de tracés.
L'unicité de tracé hondurien reposesur un fondement

1 Mémoice. du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe III.1.38.A,p. 139.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.8, p. 234-235.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe IV.1.22.A,p. 577.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe V.1.27, p. 981.juridique unique: l'uti possidetis juris de 1821, ainsi que
cela a été exposé dans les précédents écrits1.

Les documents qui justifient ce tracé hondurien, en

application de ce principe, ont déjà été également présentés
par les précédents écrits.Pour ce qui est de la partie du

tracé comprise entre la confluence du torrent de
Mansupucagua et du Torola et, en amont de ce cours d'eau, la

confluence du Torola avec le torrent d'Agua Caliente, le
Honduras s'appuie sur des documents relatifs aux bornesdu

terrain de Cacaoterique datant de 1789 et 1803. Pour la
partie du tracé qui va du point extrême - la confluence du

Torola et du torrent d'Agua Caliente - jusqu'au Paso
dlUnire, les limites entre les juridictionsde San Miguel et

de la Mairie de Tegucigalpa sont déterminées d'aprèsle
titre de Cojiniquil de 1734. Concernant cette partie, le
Honduras a également présenté le titre de San Antonio de

Padua de 1738.

19. Enfin, le tracé hondurien représente des
prétentions territoriales minimales pour ce qui est de la

partie de la ligne à l'Est de la confluence du torrent
d'Agua Caliente avec leTorola. En effet, commeon

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI1,
p. 275-277; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 435-436.l'examinera égalementdans la section III du présent écrit,

le titre des terrains de Cojiniquil de 1734 prouve que la
juridiction de Tegucigalpa s'étendait à l'époque au Sud du

Torola, le long d'une ligrieen direction de l'Ouest qui
partait de la colline du Coyolar. L'arpentage de Poloros de

1760, mises à part ses irrégularités,ne modifia en aucune
façon les limites des juridictions de San Miguel et
Tegucigalpa.

Par conséquent, étant donnéqu'il incombe à la Chambre

de la Cour de délimiter la frontière conformément à l'uti
possidetis iuris de 1821, cette limite des anciennes

juridictions est pertinente. Néanmoins, lors des
négociations sur les limites qiii eurent lieu en 1880 et

1888, le Gouvernementdu Honduras n'a pas défendu le tracé
tel qu'il ressort des documents de 1734, 1789 et 1803, mais .

au contraire la ligne du Torola, jusqu'à sa source et, de
là, au gué d'Unire, comme on vient de l'expliquer. Par

ailleurs, .comme on l'exposera dans la section IV de ce
chapitre, le Gouvernement du Honduras a uniquement affirmé

ses droits tels qu'ils découlent de cette ligne. Cela est dû
au fait que les documents de 1734, 1789 et 1803 n'ont pas

été connus du Gouvernement du Honduras jusqu'au "rapport"
que lui remit M. Pedro H. Bonilla le 15 août 1897l.

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.16, p. 324. B. LES DIVERGENCES DES PARTIES SUR LE FONDEMENT JURIDIQUE

DE LA DELIMITATION

1. La.positiond'El Salvador: pluralité de tracés,
pluralité de fondements

La position salvadorienne sur l'uti possidetis

iuris de 1821

20. Comme on l'a déjà indiquédans l'écrit précédentl,

il existe en principe un accord entre les Parties sur le
fondement juridique de la délimitation de ce secteur, et des

autres, de la frontière terrestre. Cette concordance de vues
a également étéadmise par El Salvador qui a affirmé que les

Parties:

"Both envisage the application of the fundamental
principle of uti possidetis juris and both accept
as the critical date the year 1821 the date of
the independence of Central ~merica?."

Il a en particulier invoquéce fondement juridiquepour
ce secteur puisqu'il a affirmé dans son contre-mémoire que

"El Salvador bases its rights on the Forma1 Title Deed to
the Commons of Poloros of 17603." Et 'ilréitère cette

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 435-437.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 2.1,p. 12.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.103,
p. 103-104.position à la fin de l'examen de cette partie de la

frontière en soutenant que "...the frontier line claimed by
El Salvador is completely supported" par le document de

17601.

21. Cependant, El Salvador a estimé que l'accord des
Parties sur l'uti possidetis juris de 1821 n'est qu'apparent

puisque, bien que les Parties admettent toutesdeux le même
principe, subsiste entre elles "a radical disagreement" sur

deux points: "the force and validity that should be given to
the Forma1 Title Deeds to Commons ("titulos ejidales")"

comme moyen de preuve de l'uti possidetis juris et la façon
d'interpréteret d'appliquer ces documents2.

Il y a indubitablement désaccord entre les Parties

puisque le Gouvernement du Honduras ne partage pas les
thèses soutenues par celui d'El Salvador dans le chapitre 4

de son mémoire3. La raison en est que les thèses
salvadoriennes, comme on l'a déjà mis en évidence dans le

chapitre V, sections II et III du contre-mémoire du
Honduras, sont contraires au droit espagnoldes 1ndes4.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap.3.122, p. 117.

2 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap.2.2, p. 12.

3 Mémoire d'El Salvador, chap. 4; trad. fr.,
p. 16-23.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 50-83 et 101-121.Mais, comme on le verra plus loin, cette divergence 'de

portée générale affecte tout particulièrementle secteur de
la frontière terrestreque l'on examine à présent, eu égard

au titre foncierde Poloros de 1760.

22. En effet, le premier point de la thèse d'El
Salvador est le suivant: selon le document de 1760, les

limites des terres de Poloros étaient, au Nord du Torola,
les hauteurs dénommées "Cerro Lopez" et "Cerro Ribita".
Ledit terrain ayantété concédé par les autorités espagnoles

à la communautéde Poloros, de la province de San Miguel, il
en résulteque:,

"The Cornons, by reason of its very own particular
nature, necessarily remained subject to the
administrative controlof the authorities of the
town locality to whichit had been adjudicated in
a continuous and constant forml..."

C'est-à-dire, pour les terrainsde Poloros, attribués à

cette localité de l'ancienne provincede San Miguel, comme
il est indiqué postérieurement2. Et cette conséquence en

découle, selonla thèse d'El Salvador:

"...even when, at the time of the measurement of
the Cornons in question, the whole or some part of
the la,ndsjudicially adjudicated, were comprised
within the jurisdiction of the adjoining
~rovince3.'

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.8, p. 16.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.14-2.15,
p. 18-19.

3 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 2.7, p.16. El Salvador reconnaîtque cette question est de portée

générale et qu'elle se pose dans d'autres secteurs1 et il
estime qu'elle constitue "the crucial issue in this

litigati~n"~.Le Gouvernement du Honduras, pour les raisons
exposées dans son contre-mémoire et dans le chapitre III de

cet écrit, ne saurait accepter les thèses précédentes d'El
Salvador. Il suffit de signaler pour l'heure, au sujet du

titre de Pol.orosde 1760, que ce document, mises à part ses
irrégularités au regard du droit espagnol, n'a pas modifié

les limites des juridictions de Tegucigalpa et San Miguel
qui, en 1734, s'étendaient au Sud du Torola en une ligne à

l'ouest de la colline du Coyolar.

23. En deuxième lieu, El Salvador a soutenuque, du

fait qu'il est un "Formal Title Deed to Cornmon",le titre
foncier de Poloros de 1760 possede une force probante

supérieure à celle des documents antérieurs à 1821 présentés
par le Honduras, qui n'offrentpas cette caractéristique.

Ainsi, en se référant aux documents de 1789 et 1803 relatifs
à la reconnaissance des bornes du terrain de Cacaoterique,

El Salvador tente d'en diminuer l'importance entant que
moyens de preuve dans ce litigeen affirmant que "It is not

a Forma1 Deed to Commons" puisque n'existe aucune
"...judicial approval of this document"3.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.103, p. 104.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.5, p. 13.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.109,
p. 107-108. El Salvador reprend à ce sujet une thèse déjà exposée
dans son mémoire1 dont l'incohérence a déjà été soulignée

dans le contre-mémoire hondurien2. Il suffit simplement de
rappeler ici que cette thèse va à l'encontre du droit

espagnol des Indes, qu'elle constitue une interprétation
contraire à l'article 26 du Traité Général de Paix de 1980

et enfin, qu'elle ne correspond pas à la jurisprudence des
tribunaux internationauxqui ont fait application de l'&

possidetis iuris.

El Salvador recourten outre aux effectivités et
aux "tierrasrealenqas"

24. Comme on l'a déjà indiqué, El Salvador ne défend

pas un tracé unique de la ligne frontière mais une pluralité
de tracés qui reposent sur différents fondementsjuridiques.

L'examen des conclusions présentées devantla Chambre de la
Cour dans le mémoire salvadorien3, lesquelles ont été

reprises dans le contre-mémoire4 permetde le constater.

1 ~émoirè d'El Salvador, chap. 3.9; trad. fr., p. 14

et chap. 4; trad; fr., p. 16-23.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 101-121.

3 Mémoire d'El Salvador, Conclusions,1.1 et 1.2 et
chap. 6.73; trad. fr., p. 86-87 et 50.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, Submissions, 1.1,
p. 292. En premier lieu, El Salvador a recours aux

"effectivités",ainsi que cela était relevédans le contre-
mémoire hondurien1. Dans son deuxième écrit, il a maintenu

cette position ainsi que le fait apparaître le chapitre 4
intitulé "Argumentsof Human Nature presentedby El Salvador

in support of its Frontier tights" ("Effectivités").Sans
qu'il soit besoin de reprendre ici les arguments déjà

avancés dans le contre-mémoire hondurien, il suffit de
rappeler, d'une part, que le recours aux effectivités,face

à l'uti possidetisjuris de 1821, est contraire aux termes
de l'article 26 du Traité Général de Paix de 1980. D'autre

part, que sa revendication de la zone a l'ouest de la ligne
représentant les limites des terrains,de Poloros, selon

l'interprétation salvadorienne, ne s'appuie sur aucune
preuve qui puisse être prise en considération. Cette

situation n'a pas été modifiée par la preuve apportée dans
les annexes de son contre-mémoire sur les individus

participants entre 1922 et 1960 dans les "Rural Military
~osts"~. Enfin, comme le laissevoir le croquis salvadorien

3.5, la zone au sujet de laquelle sont invoquéesles
"effectivités"est incluse dans les limites des terrains de

Cacaoterique, d'où il ressort qu'elles ne sont pas
opposablesau titre hondurien3.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 440-441.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. IX,
Annexe XI.5, p. 83-88.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 441-447. 25. Enfin, en plus de l'uti possidetis juris et des
"effectivités", El Salvador a essayé de fonder ses

prétentions sur la notion de "terres de la Couronne"
(tierras realengas), en revendiquant celles qui sont

"situées entre les terrains communauxd'El Salvador et du
Honduras qui reviennent à juste titre à El ~alvadorl~~.En ce

qui concerne le secteur de la frontière terrestre enlitige,
"la localisation"des "terres de la Couronne" figuresur le

croquis 6.11 du mémoire salvadorien.

Dans son second écrit, El Salvador n'estpas revenu sur
ce fondement juridique en ce qui concerne la zone de

Dolores. A en juger d'après le croquis 3.J ci-joint2, il a
en partie renoncé à cet argument, étant donné qu'à l'ouest

de "Brinco de Tigre",les limites des terrains de Poloros et
les terres de Cacaoterique y sont contigües, à l'exception

d'une petite zone au Sud-Ouest de la "Loma de Lopez". En
tout état de cause, commeon l'a déjà exposédans le contre-

mémoire, l'argument salvadorien qui s'appuie sur la notion
de "terres de la Couronne" est dénué de tout fondement en

droit espagnol des Indes et ce ne sont pas ces terres qui
doivent entrer en ligne de comptepour la délimitationde la

frontière terrestre, mais les limites des anciennes
juridictionset provinces3.Enfin, El Salvador aura le plus

1 Mémoire d'El Salvador,Conclusion 1.2; trad. fr.,

p. 87.
2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. III, après

p. 116.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. 1, chap. V,
p. 88-101.grand mal à déterminer quelle norme de droit international
institue une attribution exclusive de ces terresen sa

faveur et au détriment du Honduras, puisqu'il affirme dans
les Conclusions de son mémoire ces terres "reviennent à

juste titre à El Salvador.''

2. La position du Honduras: l'uticossidetis juris
comme unique fondement

a La position hondurienne n'est pas fondée sur la

notion de "frontières naturellesn

26. Dans le chapitre Iï de son contre-mémoire, El
Salvador, eu égard à la position défendue par le Honduras au

sujet de ce secteur à l'occasion de l'arbitrage de 1881, a
soutenu que le principal argument utilisé par le

représentant hondurien M. Cruz n'avait pas été la
distinction entre limites des terrains communauxet limites

internationalesdes deux Etats:

IO
..bct rather the invocation of the concept of
the 'natural ffontier'. This argument, which
appears on a number of occasions in the Memorial
of Honduras and the Annexes thereto, has for
present purposes to be rejected out of hand.
Neither in the Special Agreement nor in the
author'ityto establish the line of the frontieronen
the basis of what constitutes the best 'natural
frontier'l."

1 Contre-mémoire d'El salvado;, chap. 2.29,

p. 28-29. Plus loin, El Salvador consacre à ce sujet le

paragraphe B du chapitre 3 qu'il intitule "The invocationof
the concept of the Natural Frontier and the identification

of the Cerro Ribita" et il se réfère aux positions adoptées
au XIXe siècle par MM. Cruz, Lazo et ust ta ma nestel.

modifications successives de la localisation qu'El Salvador
a attribuée au "Cerro Ribita" entre1880 et 1886 seront

examinées plus loin, en liaison avec l'interprétation ou les
interprétations salvadoriennes du titre de Poloros de 1760.
Mais il est.significatif qu'El Salvador, pour justifier de

si surprenants changements de localisation, prétend que
c'est le Honduras qui a soutenu l'idée de "frontières

naturelles".

27. La distinction entre les aqri limitati, Œuvre de
l'arpentage des hommes, et les aqri arcifinii, délimitées

par un accident géographique - fleuve ou chaîne de
montagnes - découle du droit romain comme l'a indiqué la

sentence arbitrale du 15 juin 1911 dans l'affaire chamiza12.
Si, d'une part, l'on considère cette origine, et d'autre
part, si l'on se rappelle que les limites arcifinii

assuraient, pensait-on, stabilitéet permanence, il n'est
pas étonnant qu'elles aienteu au siècle dernier la faveur

de la doctrine et qu'elles aient été adoptées par les
traités de délimitation, en denombreuses occasions3.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.111-3.118,
p. 110-115.

2 R.S.A., vol. XI, p. 320.

Sur la pratique des Etats dans ce domaine, J.H.W.
Verzijl, InternationalLaw in Historical Perspective,vol.
III, Leyden, 1970, p. 513 et suiv. El Salvador reconnaît que la notion de "frontières
naturelles" apparaît dans la Convention signée avec le

Honduras le 3 janvier 1889 ainsi que dans une autre
convention de cette époque1. Toutefois, il convient de

préciser que cette notion n'est pas la plus déterminante en
matière de délimitation. L'article 2 de la Convention

d'arbitrage de 1889 accorde la priorité, en matière de
délimitation, à l'accord entre les deux Etats et, à défaut

d'accord, il prévoit l'applicationde l'uti possidetiç juris
par l'arbitre, sans que celui-ci ne puisse reconnaître

"aucune valeur juridique à la possession de fait alléguée
par l'une ou l'autre des Parties". A l'intérieur des

facultés accordées à l'arbitre, celui-ci, "à défaut de
preuve de souveraineté",statuera ex aequo et bon0 notamment

en prenant comme critère des frontières "si possible
naturelles2."

28. Cependant, comme la doctrine l'a fait remarquer,

la notion de "frontières naturelles" revêt un double sens.
D'une part, c'est une notion politique qui exprime un

desideratum territorial. D'autre part, elle "only denotes a
particular type of boundary. It relates to the choice of

rivers, mountains, deçerts and so 0113."Cela impliqueque la

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.30,p. 29.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
1,
Annexe 111.2.11, p. 271.

3 J.H.w. Verzijl, International Law in Hiçtorical
Perspective, vol. III, Leyden, 1970, p. 516. référence à un cours d'eau, comme c'est le cas en

l'occurrence pour le Torola, suppose seulement une limite
qui est constituée par un accident géographique et le choix

de cette limite ne se justifie pas parcequ'elle est une
"frontière naturelle", maispour d'autres raisons.

Ainsi, ce sont les arguments ou les raisons qui

justifient cette limite et qui ont été avancés lors des
négociations entre les Parties qui sont déterminants.

L'examen des négociationsqui se sont tenues au sujetde ce
secteur, de 1880 à 1985, démontre que les affirmations

précédentes d'El Salvador sont dénuées de tout fondement.
Ainsi, dans les Instructions données au délégué hondurien

M.Cruz pour les négociations de 1880, il apparaît
clairement que c'est sur l'uti possidetis juris de 1821 que
se fonde la position hondurienne,puisqu'après avoirindiqué

la nécessité d'une étude de la documentation historique, il
est dit que:

"Les limites de notre République que vous devrez
faire valoir sont les mêmes que celles qui
correspondaient au temps de la domination
espagnoleà la province du Honduras, et que celui-
ci a conservé lorsqu'il a proclamé son
indépendance et formé un Etat de la Fédération
d'Amérique centrale1."

Au cours des négociationsdu 3 au 7 juin 1880, le débat

sur ce secteur s'est centré, du côté d'El Salvador,sur le
titre foncier de Poloros de 1760 et sur le terrain de

Monteca acheté par M. Villatoro.Du côté du Honduras,ont

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1.
Annexe 111.1.23, p. 98.été invoqués le titre de San Antonio de Paduade 1738 et le

titre foncier de Dolores de 187g1. En 1888, lors des
négociations de Guanacastillo, les mêmes arguments sont

repris et amplifiés de part et d'autre2. Il suffit de lire
l'exposé de M. Cruz, délégué du Honduras lors de l'arbitrage

de 1881, pour vérifier que les références aux coursd'eau
Negro et Torola, limites défendues par le Honduras, se

justifient par des arguments d'une nature différente: le
droit espagnol des Indes, la loi constitutive des

Républiques, la possession immémorialeet les conventions3.

L'uti possidetis juris et son application par le
Honduras

29. La Chambre de la Cour connait déjà la position du
Gouvernement du Honduras sur la prééminence de l'c

possidetis juris de 1821, exposée dans les deux écrits
précédents4. Il n'est donc pas nécessairede revenir sur ce

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.1.24,.p. 99-102 et pour plus de détails, voir le
rapport des delégués salvadoriens en Annexe 111.1.25,
p. 103-106.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.8,p. 233-250.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.1.38.A,p. 138-144, en particulierp. 143.

4 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI1,

p. 275-277; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 435-436. point, mais il convient néanmoins d'apporter quelques

précisionsau sujet de ce secteur.

Tout d'abord, le Gouvernement du Honduras considère
que, pour ce qui concerne les documents auxquels se réfère

l'article 26 du 'Traité Général de Paix de 1980, la
prééminence revient à ceux qui, comme le titre de Cojiniquil

de 1734, permettent de déterminer quelles étaient les
limites des juridictions de San Miguel et Tegucigalpa. En

..second lieu, sont pertinents ceux qui, sans indiquer les
limites des anciennesprovinces, ont entraîné l'actiod n'une

autorité coloniale au sujet d'un terrain, car l'on peut
présumer, sauf preuve du contraire, que cette autorité

agissait dans le cadrede sa juridictionterritoriale.C'est
le cas des documentsde 1789 et 1803 relatifs au terrain de

Cacaoterique mais la présomption, dans lecas du titre de
Poloros de 1760, est démentie par le contenu du titre de
Cojiniquil de 1734. Et en aucun cas, le droit espagnol

n'admet que la concession de terres à une communauté puisse
modifier les limites des anciennes provinces.

Il convient de signaler, par ailleurs, que l'article 26

du Traité Général de Paix accorde une force probante
identique à tous les documents qui, délivrés par les

autorités espagnoles,permettent d'établirles limites d'un
territoire ou d'une localité. Et ceci, comme on l'a déjà

dit, qu'ils contiennent une référence tant explicite
qu'implicite à ce fait antérieur à 1821. Par conséquent, le

caractère du document, judiciaire ou extrajudiciaire,
importe peu, de même qu'il importe peu, dans le cas des

titres de terres, que ceux-ci appartiennent à une communauté
indigène ouà un particulier. Section III. Le tracé de la ligne frontièredans ce secteur

en applicationde l'uti possidetis juris de 1821

30. Eu égard au véritable fondement juridiqu pour la
délimitation de la frontière dans ce secteur ou dans les

autres, c'est-à-dire l'uti possidetis juris de 1821, cette
section sera consacrée à l'application de ce principe par

les Parties, à la lumière des documents délivrés avant cette
date par les autorités espagnoles. A cette fin, on étudiera

en premier lieu le tracé salvadorien qui se fonde sur le
titre de 1760 des terres de la commune d'indiens deSan Juan

Poloros (A). En deuxième lieu, on envisagera le tracé
hondurien des limites des anciennes provinces, basé sur

différents documents antérieurs à 1821 (B). Et l'examen des
thèses de l'une et l'autre Partie permettra, en dernier

lieu, de tirer certaines conclusionssur l'applicationdu
principe (C).

A. LE TRACE SALVADORIEN.SELON LE TITRE DES TERRES

DE POLOROS DE 1760

31. Selon la mention de la carte 6.5 du mémoire
salvadorien, le titre des terres de Poloros de 1760

"protects the zone of Monteca". Mais face à cette
affirmation, il .convientde mettre en évidence la portée de

ce document eu égardaux prétentions salvadoriennes dans ce
secteur (1). Ensuite, on expliquera en détailles données

qui ressortentdes termes mêmes de ce titre de 1760 (2).

Cet examen, en soi, démontre que l'interprétation
salvadoriennedes limites des terres de Poloros est erronée.

Mais il convient néanmoins de signaler les différentes
interprétations du document de 1760 qu'El Salvador asuccessivement défendues,en en déformant le texte (3). On

terminera l'examendes positions d'El Salvador sur l'e
possidetis juris en tirantquelques conclusions(4).

1. Insuffisancedu titre de Poloros de 1760

32. El Salvador a répétédans son contre-mémoirequ'il
"...bases its rights on the Forma1 Title Deed to the Cornons

of Poloros of 17601." Après avoir affirmé,d'une part, que
ce titre "extends as far as the Cerros of Ribita and Lopez"

(souligné par nous) et d'autre part, que le Honduras l'a
reconnu implicitement2 - ce qui est faux -.,El Salvador se

demande finalement "What are the objections of the
Government of Honduras to a Forma1 Title Deed to Cornons

which is so clear and cateqorical?3" (soulignépar nous).

La première objection du Gouvernement du Honduras, et
qui pourra difficilement être démentie par l'autre Partie,

réside, précisémentdans l'insuffisance de l'arpentage de
1760 pour fonder les prétentions d'El Salvador dans ce
secteur car, si l'uti possidetis juris de 1821 est invoqué,

il est évident que ce document ne "protège" pas la totalité
des prétentionssalvadoriennes,qui vont bien au-delà.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.103,
p. 103-104.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.104, p. 104.

3 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.105, p. 105. 33. Il est clair que telle est la conséquence de la

pluralité de tracés défendue par El Salvador, que l'on a
déjà mentionnée. Dans la mesure où on a déjà examiné ce

point dans le contre-mémoire, il suffitde renvoyer à cette
étudel, sans toutefois négligerde rappeler ici les données

saillantes.

En premier lieu, si l'on compare, d'une part, la
représentation cartographique des limites des terres de

Poloros qu'El Salvador a effectuéesur la carte 6.5 de son
mémoire et 6.V du "Book of Maps" et, d'autre part, la ligne

décrite au chapitre 6.73 du mémoire salvadorien et
représentée sur la carte 6.11, ci-incluse, on pourra

constater que ces lignes ne coïncident pas. C'est ce que
montre clairement la carte hondurienne 6.2 du contre-

mémoire2.

En deuxième lieu, le fait que ces deux lignes ne
coïncident pas apparaît, fondamentalement, dans la zone

située à l'ouest du tracé qui va en ligne droite de la
confluence du torrent de Mansupucaguaet du Torola jusqu'à

1 Contre-mémoire du. Honduras, vol. II, chap. X,
p. 430-433.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X, en
regard de la page 432.la "Lopez Hillock", c'est-à-dire à l'ouest des limites qu'El

Salvador attribue au titre de Poloros de 1760. La
conséquence logique en est que, pour la zone qui dépasse ces

limites extrêmes, El Salvador ne peut invoquer l'-ti
possidetis iuris de 1821 sur la base du titrede Poloros de

1760.

2. Les données de l'arpentaqedu terrain de Poloros

selon le titre de 1760

34. La seconde objection du Gouvernement du Honduras
concerne l'interprétationqu'El Salvador donne du titre de

Poloros de 1760 et, en particulier, les limites de ce
terrain selon la représentation figurant sur la carte

salvadorienne6.V du "Book of Maps", sur le croquis 6.5 de
son mémoireet sur le croquis 3.5 de son contre-mémoire.

En effet, cette interprétationest contraire, à divers

titres, aux termes mêmes du document de 1760. Celaapparaît
clairement si l'on examine, en premier lieu, la mention que

fait ce document du torrent de Mansupucagua et le silence
qu'il garde sur le Toco.la(a), en deuxième lieu, la mention

du côteau qui sépare les terres de Poloros de celles de
Lopez (b) et enfin, le passage du titre de Poloros qui fait

allusion au "Cerro de Ribita" et à la rivière Unire (c). Cet
examen une fois achevé, on pourra en conclure, grâce aux

données apportéespar le titre de Poloros, quelles étaient
les limites de ce terrain sur la parcelle situéeentre la

rivière Torolaet la rivière Unire aux termesdu document de
1760 (d). a La référence au torrent de Mansupucaqua et le
silence du texte sur leRio Torola

35. Pour ce qui est de la partie de l'arpentage des

terres de Poloros qui intéresse ici le. Honduras, le
14 février 1760, l'arpenteur arriva " ..au torrent de

Manzupucagua", en venant de "Piedra Parada", "Cerro Viejo"
et "Cerro de Amacayacagua".On a déjà mis en évidence dans

le contre-mémoire1, l'imprécision de la direction de
l'arpentage à partir du point extrëme que l'on vient de
signaler. Quant à la référence au torrent de Manzupucagua,

elle paraitéquivoque.

Or, conunel'a souligné l'article 16 du Traité Général
de Paix de 1980 en délimitant le sixième secteur de la

frontière terrestre, pour arriverau torrent de Manzupucagua
en venant du Nord ou du ~ord-~ord-ouest,il'faut traverser

la rivière Torola car celle-ci "...reçoit sur sa rive nord
le ruisseau de ~anzupucaqua~"(soulignépar nous). Et quant

à la rivière Torola, le document de 1760 qarde un étonnant
silence. Silence d'autant plus surprenant que, par ailleurs,
la "Carte qui représente les cures de la Province de San

Miguel au sein de l'archevëchédu Guatemala" de 18043 montre
que, d'une part, la dénomination de "rivière Torola" était

connue cette date et, d'autre part, qu'on la considérait
comme un cours d'eau de fort débit.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 453-454.

2 Mémoire du Honduras, Annexes. vol. 11,
Annexe IV.1.55, p. 813.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
Cartographique, carteA.3. 36. Il faut signaler à cet égard qu'El Salvador a
également observé le silencequ'avait gardé l'arpentage de

1760 sur la rivière Torola et ce, même après le Traité
Général de Paix de 1980 et les termes très clairs qu'il

utilise en se référant à deux reprises à cette rivière.
Ainsi, sur la carte 6.V du "Book of Maps" en annexe à son

mémoire, El Salvador nomme le Torola "Rio Lajitas" pour ce
qui est de la partie à l'Est de la confluence de celui-ci

avec le torrent de Manzupucagua, et à l'Ouest de ce point,
il ne lui attribue aucun nom.

Par ailleurs, dans les croquis6.5 et 6.11 de son

mémoire et 3.5 de son contre-mémoire, ElSalvador a adopté
une position équivoqueen divisant de manière injustifiéele

Torola: à l'ouest jusqu'à sa confluenceavec le torrent de
Manzupucagua, il le nomme bien Torola, mais à l'Est de ce

point, il l'appelle de nouveau "Rio Lajitas". Il est clair

que le silence ou l'ambiguïté est lié au tracé défendu par
le Honduras dans ce secteur de la frontière terrestre, qui

suit le cours de la rivière Torola enamont, à partir de sa
confluence avec le torrent Manzupucagua. Il n'est donc pas

surprenant qu'El Salvadorse base sur ce torrent, mentionné
par le document de 1760, tant pour le tracé de la ligne tel

que décrit dans le chapitre 6.73 de son mémoireque pour le
tracé, plus réduit,des limites de terrain de Poloros.

37. Toutefois, il convient de se demander si le

silence du document de 1760 au sujet de la rivière Torola ne
signifie pas en fait que c'est à celle-ci qu'il estfait

référence sous le nom de torrent de Manzupucaqua. On peut
répondre par l'affirmativesi l'on examine les termes de ce

document, bien qu'il y ait une obscurité due à une
expression en espagnol "encuyo derecho" ou ("en cuyo ladoderecho") à laquelle on n'a pas prêté attention. Tant la

traduction anglaise figurant à l'annexe V du contre-mémoire
d'El salvadorl que la traduction française2 sont

incorrectes.

Le texte espagnol, dans lepassage pertinentconcernant
le torrent de Manzupucagua,est le suivant:

"...y de alli siguiendo dicho rumbo se Ilego a la
quebrada de Mansupucagua, en cuyo derecho tienen
Hacienda los de el Pueblo de Opatoro de ,la
Jurisdiccion de Comayagua (aquiuna roturita) de
estos naturales, y queda dicha Hacienda dentro de
esta ~edida~" (soulignépar nous).

L'expression espagnole "en cuyo derecho" a été
faussement traduite enanglais par "ofwhose rightsw4 et en

français par "au droit duquel.". Mais en réalité, elle
signifie ''àla droite duquel"ou "a la droite" du torrent de

Manzupucagua, point de référence de celui qui relate
l'arpentage pour situer les terrains des habitants

d'opatoro.On peut s'en rendre compte en constatantque:

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe V, p. 53.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 453-455.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe V, p. 78.

4 Contre-mémoire d'El Salvador,Annexes, vol. III,
AnnexeV, p. 53. i) En espagnol, le terme "derecho" dérive tant du

latin directus, qui se rapporte au jus, le droit
ou le juste, que de dexter, le côté droit, celui
opposé au cŒur. Ainsi, les trois premières

acceptations que le dictionnaire de la langue
espagnole de la Real Academia de la Lenqua donne

du mot "derecho" se réfèrent aux sens de
rectiligne, direct, vertical, sansdéviation. La

quatrième définition indique le sens de "à nain
droite", et la cinquième définitionse réfère à ce

"qui donne sur/ou qui regarde vers la droite ou
qui est situé à main droite" et la sixième précise

que le mot "derecho' est applicable "...à ce qui,
dans l'axe d'un thalweg, se situe du côté droit

par rapport à l'observateur placé en amont des
eaux1."

ii) Cette acceptation du mot "derecho" est d'usage
actuellement2, mais ce qui compte davantage est

qu'elle l'était déjà au XVIIIe siècle, comme on
peut en juger d'aprés le Diccionario de

Autoridades, publié par la Real Academia en 1732.
En effet, si les deux premières acceptations du

mot "derecho" se réfèrent aux sens de direct,
rectili,gneet juste, la troisième définition est

la suivante:

1 Real Academia Espafiola,Diccionario de la Lengua
Espafiola,Madrid, 1970,p. 434.

2 Maria Moliner, Diccionario de usa del Espafiol,
vol. A-G, Madrid, 1966, p. 893. "se rapporte également à tout'ce qui est placé ou
situé et se voit du côté opposé à celui du cŒur de
l'homme; et l'on dit ainsi 'coin droit de
l'autel', celui de ltEvangile, parce que l'on
considère le prêtre regardantles fidèlesde face,
et on appelle main droite celle qui est du côté
opposé à celui du cŒur. Lat. Dexter, -, um.
YEPES, Chron. Cent. afio510, f. 28. En regardant
vers le cours d'eau, légèrement à main droite1."

38. Par conséquent, si l'on restitue son sens au
document de 1760, celui-ci signifie que les terrains des

habitants des villaqes d0Opatoro se situent sur la rive
droite du torrentde Mansupucaqua,c'est-à-dire en regardant

ce cours d'eau vers la droite, en aval de celui-ci.

Toutefois, comme on peut le constater sur n'importe
laquelle des cartes relatives à ce secteur, si l'on accepte

qu'il est fait référence au torrent de Mansupucagua et non
au Torola, la conséquence en est que les terrains des

habitants d'opatoro se situent en dehors de la zone en
litiqe, à l'Ouest de celle-ci. Or cela serait contraireau

document de 1760 qui affirmeque "...ces terrains se situent
à l'intérieurde cette mesure". En revanche, si, au lieu de
se référer au torrent de Mansupucagua, l'arpentage de 1760

se réfère en fait au Torola, cela concorderait avec les
données apportées par le document. Qui plus est, la

localisation des terrains des habitants dVOpatoro sur lei
rives du Torola et non sur celles du torrent de Mansupucagua

Real Academia EspaRola, Diccionario de Autoridades
éd. fac-sim. de celle de 1732, t. III, vol. D-N, Madrid,
1969, p. 79.est corroborée par d'autres documents postérieurs, documents

établis avant les premières négociations de 1880 sur les
limites de ce secteur:

i) En premier lieu, par la Note du Gouvernement d'El

Salvador à celui du Honduras en date du 22 mars
1849 à laquelle est jointe une requête de

Guadalupe Argueta, gendre de M. Villatoro,
propriétaire du terrain de Monteca, qui demande

aide et assistance face aux incursions des
habitants d'opatoro sur ce terrain. La requête

précise que: "...notre terrain est contigü aux
terres dudit ~illage"~.Cette contiguïté ne serait

pas possible si les terrains des habitants
dlOpatoro se situaient à l'Ouest du torrent de

Mansupucagua puisqu'on a déjà déterminé que le
terrain de Monteca côtoie la rivière ~orola~.

ii) En deuxième lieu, cela apparaît clairementdans
une communication de la Municipalité de

Cacaoterique au Président du Honduras, en date du
27 avril 1856. Cette dernière, en se plaignant des

incursions des habitants de Poloros sur ses
terres, en plus de celles deshabitants d'opatoro,

indique,avec précision que: "...lesOpatoro ont

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.19, p. 334.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, AnnexeVII.3,
p. 237-238. Acte de partage d'un terrain dans l'Hacienda de
Monteca, de 1889. une propriété communale de huit vaches sur la rive

du ~orolal." Un document du 10 octobre 1879 le
confirme, puisqu'au cours d'un exposé sur les

confrèries ou fondations religieuses de la région,
il indiqueque:

"Dans la région d'opatoro se trouve une petite
confrérie qui possède 40 têtes de bétail et qui
appartient à 1'Eglise du village d'opatoro: son
nom est 'Dolores'. Elleest située dans un endroit
qui s'appelle également'Dolores 2 .,

iii) Enfin, lors d'une audition de témoins devant le

juge de paix d'opatoro, le 2 novembre 1877, l'un
des témoins, M. Juan Rodriguez a affirmé que le

terrain des habitants d'opatoro appelé "Dolores"
se situait "...contre ledit ruisseau 'Torola' au
niveau du Cerro dlOpire". La précision du lieu est

importante et Eut répétée par un autre témoin,
M. Vicente Garcia, en ces termes:

"Le terrain de Dolores appartient aux habitants de
ce village et que depuis-qu'il a ouvert les yeux,
il connait cette oropriété. il aioute pour lusde
preuve, il déclare que l'ex-haciéndadé ce Gillage
est établie en face de la riviêre de Torola sus-
mentionnée à la hauteur du coteau de opire3"
(soulignépar nous).

1 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe VII.l,
p. 227. Par erreur, le mot "tienen" (ont) a été,traduit par
"ont eu" et le mot "orilla" (rive)par "à la source".

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe V.7,
p. 293.

3 Réplique du Honduras, Annexes,vol. 1, Annexe V.6,
p. 290. Les données précédentes sont,en vérité, concluantes.
Et il convient de considérer,eu égard auxdites données, que

l'arpentagede 1760 des terrains de Poloros est parvenu à un
point sur la rivière Torola situé à proximité du lieu où les

habitants daOpatoro faisaient paître leur bétail, sur la
rive droite de laditerivière. Cela concorde, commeon le

verra plus loin, avec les références que fit en 1803
M. Sixto Gonzalez Santino lorsqu'il procéda à la

reconnaissancedes bornes des terres de Cacaoteriqueet avec
les données contenues dans le document de 1789, celui qui le

précédait, puisqu'y sont indiquées les bornes de Poloros qui
délimitent ces terres de Cacaoterique.

Il n'est pas difficile de préciser le point de la

rivière Torola auquel est parvenu l'arpentagede 1760. Sur
la carte salvadorienne6.V et à l'Est de la rivière Venado

ou Ocote Manchon, affluent du Torola, apparaît l'indication

"Plan Hacienda Dolores" à proximité de cette rivière et au
Nord de celle-ci. Au Sud du Torola figurela mention "Valle

de Upire" et, légèrement plus à l'ouest de cet endroit, le
"Cerro dlUpire". La carte hondurienne 6.2du contre-mémoire

fait égalementapparaître ces deux endroits et les localise
de manière concordante, de même que la référence aux

"propriétésde Dolores" à l'Est de la rivière Agua Caliente
et à proximité du,Torola.

39. En outre, il n'est pas nécessairede recourir à

des documents postérieurspour déterminerque l'arpentagede
1760 est parvenu au Torola et s'est poursuivi, en allant

vers l'Est-Nord-Est, à partir d'un point situé à l'Est du
torrent ou de la riviére Agua Caliente.Le document lui-mëme

le confirme grâce à un autre élément qu'il contient: la
distance totale entre la rivière Torola, présentéesous le

nom de torrent de Mansupucagua,et la rivièredoUnire. Le titre de Poloros affirmeen effet que, du premier de

ces points, jusqu'au côteau qui.séparait les terres que'l'on
mesurait de celles de Lopez, on a mesuré "soixante-dix

cordes" et que de ce côteau à la rivière Unire, on a aussi
mesuré 70 cordes. Cela suppose un total de 140 cordes,

c'est-à-dire 5810 mètres. Toutefois, si on utilise l'échelle
de la carte salvadorienne 6.V, on peut se rendre compte

(1) qu'entre la confluence du torrent de Mansupucagua et du
Torola, à l'Ouest, et la rivière d'mire, à l'Est,.suivant

une direction Est-Nord-Est, la distance est d'environ
12000 mètres; (2) si l'on part d'un point plus à l'Est, la

confluence du torrent d'Agua Caliente ou du Venado avec le
Torola, suivant la même .direction jusqu'à la rivière

dlUnirer il y a une distance d'environ8800 mètres; (3) en
revanche, si on considère le "Plan de la Hacienda Dolores"

de ladite carte 6.V, et que l'on progresse à partir de ce
point, toujours suivant la même direction, jusqu'à la

rivière Unire, il n'y a environque 7500 mètres.

Les distances n'ont été évaluées ou calculées qu'à vue
d'=il et elles sont donc approximatives.Mais la rive Nord

du Torola est une zone ou ne se trouve aucun endroitélevé
ou abrupt, mises à part quelques hauteurs,ce qui évite de

graves erreurs de calcul. De ce fait, la différence entre
5800 et 12000 mèt,resest en tout état de cause excessive et

injustifiée en tant qu'erreur de calcul. La distance qui
s'approche le plus de la distance consignée dansce document

est précisément celle qui situele point de départ de cette
partie de l'arpentage sur leTorola, en un point qui

coïncide avec la localisation du "Plan de la Hacienda
Dolores" sur la carte salvadorienne 6.V, à environ

7500 mètres de la rivière Unire. La référence au côteau qui sépare les terresde
Poloros de celles de Los Lopez

40. Si on s'en tient à la représentationdes limites

du terrain de Poloros qu'El Salvador a donnée sur la carte
6.V du "Book of Maps" et sur le croquis 3.J de son contre-

mémoire, on pourra observer qu'à partir de "Mansupucagua
gorge", le tracé suit une ligne droite, durant environ

5000 mètres, jusqu'à "Lopez Hillock". L'angle de cette ligne
vers le Nord, d'environ 22 degrés, suppose un tracé d-
directionNord-Nord-Est.

Or, cette interprétationsalvadoriennedu titre de 1760

est incorrecte endivers points, au regard des termes mêmes
du document. Le passage pertinentde celui-ci, aprèsavoir

fait allusion aux terres des habitants d'opatoro, continue
ainsi dans le texte original espagnol:

"...y mudando de rumbo de Oeste al Este con
abatimiento al Nordeste, se llego a una loma y
divide estas tierras con las de los Lopez en cuyo
derecho esta el Jato de los Lopez, y dicho Jato
queda fuera, se tantearon setenta cuerdasl.. ."

Dans ce texte apparaît de nouveau l'expression
espagnole "en cuyo derecho", déjà examinée, expressionqui a

été omise de manière injustifiée dansla traductionanglaise
présentée par El ~alvador2et qui a été mal traduite en

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe V, p. 78.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes,vol. III,

Annexe V, p. 53.français1. Si l'on restitue sonsens à cette expression, le

texte français de ce passage du document serait le suivant:

"...et changeant.de direction pour se. diriger de
l'Ouest en Est avec inflexion au Nord-Est, on
arrive à un côteau qui sépare ces terres (celles
de Poloros)de celles des Lopez à la droite duquel
se trouve le Jato de los Lopez, et ledit Jato
reste en dehors, on a évalué soixante-dix
cordes..."

41. Si l'on compare le texte du document de 1760 tel
que l'on vi'entde le transcrire et l'interprétation qu'en

donne El Salvador, on pourra immédiatement repérer
différentes erreurs. C'est le cas pour ce qui est, tout

d'abord, de la distance entre "Mansupucaguagorge" et "Lopez
Hillock". Le titre de Poloros indique que l'on a calculé

"soixante-dix cordes", ce qui suppose une distance de
2905 mètres. El Salvador, indique en revanche unedistance

de 5000 mètres si l'on en juge d'après la carte 6.V et, bien
que ladite mesure se soit faite par "évaluation" oucalcul

approximatif, la différence est en tout état de cause
excessive.

En deuxième lieu,le cap ou la direction revêt une plus
grande importance encore dans la mesure où il affecte la

localisationdu oôteau qui sépare les terresde Poloros de
celles de Lopezet autres points, postérieurs à

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 455.l'arpentage de 1760. Ce document affirme que l'on a changé
de direction en arrivant au torrent de Mansupucagua - la

rivière Torola - pour poursuivre d'ouest en Est avec
"inflexion au Nord-Est". El Salvador, en revanche, suit la
direction Nord-Nord-Est.et, bien que "l'inflexionNord-Est"

puisse atteindre le cap Est-Nord-Est, la différence est
significativepuisqu'elle est d'au moins quarantedegrés. Il

convient de rappeler que dans le rapport sur les
irrégularités commises lors des arpentages des terres et

moyens d'y remédier du 2 mars 1740 on indique aux
arpenteurs:

"Après avoirdit qu'il était nécessaired'indiquer
les directions dans les arpentages, je les
présenterai ci-aprèsafin que celui qui ne les
connaît pas puisse les apprendre facilement. Ce
sont les suivantes: Nord, Nord-Nord-Est, Nord-Est,
Est-Nord-Est, ~stl...''

42. Les deux données précédentes, en troisième lieu,
sont significatives pour la localisation du côteau qui
sépare le terrain de Poloros du "Jato des Lopes". El

Salvador, en prétendant situer ce point beaucoup plus à
l'Ouest et au Nord, s'est référé de manière impropre.au

"Cerro" (butte) et au "Monte" (mont) deLopez mais le "Cerro
de Lopez" de la carte salvadorienne6.V n'est qu'une fiction

intéressée, cont.raireaux termes mêmes de l'arpentage de
1760.

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe 11.17,
p. 116. On peut en juger en considérant, tout d'abord, la

dénomination dudit point. Le document de 1760, en se
référant à des hauteurs connues, indique leurs noms et ainsi

on cite, par exemple, la "butte élevée (cerroalto) qui
s'appelle Zalamare", "le côteau (loma) des Porcs", "le

côteau (loma) du Guapinol", "labutte élevée (cerro alto)
qui s'appelle pierre debout" ou "la butte (cerro)

Amancayacagua"; dans d'autres cas on parle de "côteau de
pierres" (loma de piedras)l. Pour le point qui occupe le

Honduras, on se situe dans la deuxième hypothèse, et la
hauteur est seulement présentée comme "un côteau qui sépare

ces terres (Poloros)de celles des Lopez".D'un autre côté,
comme on vient de le voir dans les autres exemples

précédents, le document de 1760 distingue entreune "loma"
(côteau), un "cerro" (butte) et un "cerro alto" (butte

élevée); termes qui, en espagnol, expriment clairement des
diEférences entre des hauteurs plus ou moins élevées, ainsi

que le Honduras l'a déjà mis enévidence2. Par conséquent,
c'est seulement en déformant le document de 1760 que l'on

peut transformer un "côteau" (loma) en "butte" (cerro) et
l'appeler,qui plus est, "Loma de Lopez" (côteaude Lopez).

43. Au vu de cette conclusion, une conséquence

s'impose pour ce qui est de la localisation géographique
dudit côteau: celui-ci, en effet, ne peut pas être localisé

en ayant recou.rs à la toponimie actuelle du secteur en
.litigecar, en 1760, il ne possédaitaucun nom connu.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,

Annexe V, p. 75-77 du texte original espagnol; trad. angl.
p. 50-51.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 456 et note 2. Si on s'en tient aux termes du titre de Poloros, les

références sont les suivantes: il s'agit, en premier lieu,
d'une faible hauteur; elle est située, en deuxième lieu, au

Est-Nord-Est du point où l'arpentage est parvenu au Torola.
Enfin, elle se trouve à une distance de 2905 mètres de ce

point. Cela suppose, en définitive, une localisation proche
de l'endroit appelé "Mesetas" (plateaux)sur la carte

salvadorienne6.V ou "quebrada" (torrent) de 1 '~ceitunol.

44. Enfin, il existe une double référence dans le
document de 1760 à laquelle les Parties ne semblent pas

avoir prêté suffisamment attention lors des négociationsde
1880 et de celles qui ont suivi. Cela est sans aucun doute

dû à une erreur sur le sens de l'expression espagnole "en
cuyo derecho" (au côté droit duquel).

En effet, le titre de Poloros se réfère à "un coteau"

en ajoutant, en premier lieu, que "à la droite duquel (du
côteau) se trouve le Jato de Los Lopez". En deuxième lieu,

que "ledit Jato reste en dehors" de l'arpentage des terres
de Poloros. Cela doit être relié, d'après le contextedu

document de 1760, au fait que l'arpentage se poursuivait
selon une direction Est-Nord-Est.Si on tient compte du fait

qu'en espagnol le mot "jato" ou "hato" signifie, tant un
troupeau plus ou moins important, que l'endroit où l'on

piend soin dudit bétail2, la conclusionde cette double

1 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, carte 6.1, en
regard de la page 430.

2 Real Academia Espaiiola,Diccionario de la Lenqua
Espaiiola,Madrid, 1970, p. 696, "hato".référence est claire: les terres des Lopez se situaient h

droite du côteau qui sépare les terres de Poloros et, par
conséquent, si l'on suit l'arpentage endirection Est-Nord-

Est, dans une zone au Sud ou Sud-Est de cette direction.

Or, cette conclusion entraine une autre conséquence
importante puisque les terres des Lopez restent "en dehors"

des terres de Poloros. Cela signifie logiquement qu'il
n'existe pas de continuité dans le tracé en direction Est-

Nord-Est mais une inflexion de celui-ci vers le Sud ou le
Sud-Est, pour lonqer les terres des Lopez. Une fois de plus,
cela rapproche le tracé des limites de Poloros du Torola, en

vertu de cette inflexionvers le Sud ou Sud-Est.

La référence au Cerro de Ribita et à la rivière
Unire

45. Selon la carte salvadorienne 6.V du "Book of

Maps", la limite des terres de Poloros, selon le titre de
1760, va du "Cerro Lopez", "Mojon alto de Lopez" ou Lopez

Hillock" suivant une direction générale Ouest-Est, jusqu'au
"Cerro de Ribitfi"ou "Ribita Hill", qui se situe près du

lieu dit "Salta Tigre", une distance de 6000 mètres séparant
les deux points. Plus loin, la direction du tracé change,

vers l'Est-Sud-Est,pour arriver à un point dénommé "Unire
River Headwater", qui se situe à environ 4000mètres du lieu

où a été placé "Ribita Hill". Finalement, il suit le cours
du torrent Unire (quebrada Unire) jusqu'au "Unire River

Bank", en directiongénérale vers le Sud.

sur' la carte 3.5 du contre-mémoire, cette

interprétationdu document de 1760 est reprise. Cependant,
on y ajoute une donnéesignificative:les limites des terresde San Antonio de Padua, de la juridictionde Comayagua sont
représentéescomme s'étendant jusqu'autorrent (quebrada)et
la rivière Unire, bien au Sud de la source de ce cours d'eau

et du lieu où se situait le "Cerro de Ribita". Mais tant
l'interprétationde la carte 6.V que celle du croquis 3.5

sont erronées, au regard des termes de l'arpentagede 1760.

46. En effet, le titre des terres de Poloros, après
s'être référé aux terresdes Lopez, précise que l'arpentage
se poursuivit de cette façon:

"...et en suivant la mème direction on arrive au
Cerro de Ribita, borne (linde) avec les terres de
San Antonio de l'autre juridiction,et la rivière
Unire. Et l'on a calculé soixante-dixcordes ..."

La traduction de ce texte qu'offre El Salvador diffère
en partie de la précédente, comme on peut le constater:

"...and along the described path was reached the
Ribita Hill, which borders lands of the Town-of
San Antonio of the other jurisdictionand borders
also with Unire River, and seventy cordes were
estimatedi..." (soulignépar nous).

Tout d'abord, il est plus exact de traduire "el mismo
rumbo" (la même direction) par "the same course" et non par

"the described path". Ensuite, le document de 1760 ne fait
aucunement référence à la ville (Town) de San Antonio car il
mentionne seulement "lastierras" (les terres) de ce nom. Et

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,
Annexe V, p. 53.plus significatif encore, El Salvador a omis une virgule

après "juridiction"et a ajouté, sans que cela ne soit en
rien justifié: "borders also with", ce qui aboutit à une
nette altération du texte. Celui-ci, en effet, affirme que

le "Cerro de Ribita" côtoie les terresde San Antonio et que
l'arpenteur est parvenu à ce point, et ensuite à la rivière

u.

47. Une fois précisés ces points, il est intéressant
de comparer les éléments qui ressortent du titre de Poloros

de 1760 et l'interprétationqu'en donne El Salvador. Comme
on va le voir, on constate que ces éléments ont subi

plusieurs déformations.

48. Si on examine la distance entre les points

indiqués dans le document de 1760, celui-ci indique que l'on
a calculé "soixante-dix cordes" - 2905 mètres- entre le

côteau qui sépare les terres de Poloros et le Jato de los
Lopez d'une part, et d'autre part. Selon la

carte salvadorienne6.V, il y a une distance de 6000 mètres
entre "Lopez Hillock" et le "Cerro de Ribita". Mais El

Salvador, en situant le deuxième point bien plus au Nord, et
en omettant, qui plus est, la parcelle entre le "Cerro de

Ribita" et la rivière Unire, se trouve de nouveau gravement
en porte-à-faux,avec le texte. C'est pourquoi il n'indique
aucune distance pour la parcelle entre Ribita et "Unire

River Bank" sur la carte 6.V alors qu'existent environ
4000 mètres supplémentairesentre Ribita et "Unire River

Headwater" et environ 2500 autresde la source de 1'Unire au
"Unire River Bank".

En somme, les "soixante-dixcordes" ou 2905 mètres se

sont transformés, selon l'interprétationd'El Salvador, en12500 mètres environ du "Lopez Hillock" au "Unire River

Bank". Même en admettant que les "soixante-dix cordes" du
texte-de 1760 ont été évaluées ou calculées à vue d'@il, il

est évident qu'uneerreur de l'arpenteursupérieure à un peu
plus du triple de la distance paraît excessive.Mais il est

clair qu'une erreur si démesurée ne peut que résulter de la
localisation erronéepar El Salvador de "Lopez Hillock" et

du "Cerro de Ribita", bien à l'Est et au Nord de leur
situation réelle, ce qui est corroboré par d'autres données

que l'on va maintenantmettre en évidence.

49. Cela apparaît, en effet, si on examine la
direction de l'arpentage.Le document de 1760, sur ce point,

est sans ambiguïté, puisqu'il affirme que l'on s'est avancé,
suivant .une seule direction, du Torola, ,le torrent de

Mansupucagua dans le texte, ju~qu'à la rivière Unire. Et
l'on précise que la direction est d'ouest en Est, avec une

inflexion versle Nord-Est ousi l'on préfèreEst-Nord-Est.

Selon la carte 6.V et le croquis 3.5 d'El Salvador, les
directions sontdifférentes.De "Lopez Hillock" à Ribita, il

est évident que la direction est d'Ouest en Est, avec une
très légère inflexion vers l'Est-Nord-Est. Mais,

contrairement au documentde 1760, à partir du Cerro de
Ribita, la direction générale devient Est-Sud-Est, jusqu'à

la source de 1'Unire (Unire River Headwater). Ensuite, à
partir de ce point, se produit un nouveau changementde cap,

de direction générale Nord-Sud, jusqu'à 1'Unire.

Comme on vient de le voir, c'est dans ces deux
parcelles dans lesquelles les directions changent de manière

injustifiéequ'il n'y a pas concordance entre les distances
affirmées par le titre de Poloros. Pas plus qu'il n'y aconcordance avec les directions de l'arpentage. La

conclusion est évidente: "Lopez Hillock" et le "Cerro de
Ribita" ont été localisés de manière arbitraire par El

Salvador puisqu'elles se situent beaucoup trop au Sud et
toutes deux sont situées sur une même ligne qui, du Torola

et suivant une direction Est-Nord-Est, parvientjusqu'à la
rivière Unire, comme cela est représentésur la carte V.2.

50. Par ailleurs, les données précédentespeuvent être

également corroboréespar un nouvel examendu texte de 1760,
en rapport avec le croquis 3.5 du contre-mémoire d'El
Salvador. Le titre de Poloros, comme on s'en souvient,

affirme qu'en suivant la même direction,d'ouest en Est avec
inflexionau Nord-Est:

"...on arrive au Cerro Ribita, borne (linde) avec
les terres de San Antonio de l'autre juridiction,
et la rivière Unire..."

Dans la partie centrale de cette phrase, entre virgule,

ce texte affirme clairement que le point appelé "Cerro
Ribiti" constituait une limite ou une borne entre les terres

de Poloros et celles de San Antonio. Et par sa référence à
"l'autre juridiction", il indique que la limite des

juridictionsde San Miguel et Comayagua se situait également
là. Le fait que,ces deux terrains se côtoyaient est reconnu

par El Salvador sur le croquis 3.5 de son contre-mémoire
bien que' la représentationdes limites de l'un et l'autre

terrainssoit incorrecte.

En admettant ceci, El Salvador tombe dans une
contradiction qu'illustrele croquis 3.5: si le "Cerro de

Ribita" est la limite entre les terres de Poloroset celles
de San Antonio, il est évident qu'ellene peut pas en mêmetemps être située là où la représente le croquis 3.5, mais

au contraire bien plus au Sud et à l'Est. De l'avis du
Gouvernement du Honduras, cette contradiction est

significative pour la localisation dudit point car si, en
réalité, il se trouve à proximité de la "orilla de Unire" ou

"rive de 1'UnireW, selon le texte de 1760, la conséquence en
est, au vu du croquis 3.5 qu'il a été déplacé de 5000 mètres

plus au Nord ou à l'Ouest, mesurés selonune ligne droite.

51. Enfin, le titre de Poloros de 1760 affirme "qu'on
arriva au Cerro de Ribita, ..et la rivière Unire". Cela

indique clairementqu'il s'agit dedeux points distinctset,
comme l'affirme à juste titre le contre-mémoire d'El
Salvador "...two distinct points which the surveyorreached

one after theotherl.'

En l'admettant, il ne faut pas oublier que le document
de 1760 établit que Ribita est la limite des terres de

Poloros et de celles de San Antonio. Cela entraîne une
conséquence importantequ'El Salvador élude: si les terres

de San Antonio s'étendent jusqu'au Cerro de Ribita, ce
terrain s'étend logiquement à l'Ouest de la rivière Unire et

ne se contente pas, comme le montre le croquis 3.5 du
contre-mémoire salvadorien, de côtoyer ladite rivière.Cet

élément, de l'avis du Gouvernement du Honduras, est
significatif car le titre de San Antonio de Padua de 1682

indique précisémentque le point extrême de cesterres est

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.115, p. 113.le Cerro dounirel. Certes, ce nom diffère de celuide Ribita

mais sur ce point les titres de San Antonio de 1682 et de
Poloros de 1760 concordent en se référant tous deux à une

butte (cerro). Le nom de cette butte dans le premier de ces
textes indique sa proximité à la rivière du même nom,

l'Unire, ce que le titre de Poloros permet également
d'apprécier,puisqu'il y est précisé l'on va tout d'abord au

Cerro Ribita puis à la rivière Unire, selon une direction
Est-Nord-Est.

52. Cette donnée, en elle-même, dément

l'interprétationsalvadorienne du titre de Poloros de 1760
qui localise le Cerro de Ribita près de "Salta Tigre": si

Ribita est une butte proche de la rivière Unire, il est
inexplicablequ'elle se situe, comme El Salvador le prétend,

à environ 4000 metres de la source de 1'Unire et à environ
6500 metres de la "Unire River Bank".

Les Parties, certes, sontdivisées sur l'identification

de la rivière Unire. Selon la carte 6.V d'El Salvador, au
Nord de la "Unire River Bank" se trouve le torrent d'Unire

(quebradade Unire) et au Sud du même point la rivière (rio)
Unire. En revanche, pour le Honduras, comme on peut le

constater sur la carte 6.1 du contre-mémoire, la rivière
Unire est le c0ur.sd'eau qui, sur la carte d'El Salvador 6.V

est appelée "quebradaGuanacaste", à l'Ouest de la "quebrada
de Unire". Ce nom de "Guanacaste" est repris sur la carte

salvadorienne 6.V ou apparaît un "Cerro de Guanacaste",au
Sud-Ouestet très prochedu torrent du même nom ou "rivière

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe VIII.l.l, p. 1543 et contre-mémoire du Honduras,
vol. II, chap. X, p. 477-478.Unire" pour le Honduras. Le fait que ces points coïncident
est significatif: comme l'indiquent certains témoignages du

XIX~ siècle, sur le Cerro de Guanacaste ou Guanacastillo
existait une borneancienne, qui fut détruite en 1884l. Le

Cerro Guanacaste est donc le Cerro dlUnire du titre de San
Antonio de 1682 et le Cerro de Ribita du titre de Poloros de

1760.

~l Salvador a bien évidemment mis en doute la
destruction de la borne de Guanacastillo en 1884~. Mais les

références au Guanacaste ou Guanacastillo apparaissent lors
des négociations du XIXe siècle sur les limites, bien qu'a

l'époque les prétentions territoriales salvadoriennes
s'étendissent vers le Nord, comme on peut le constater sur

la carte VI.4 du contre-mémoire hondurien3.En 1880, on
indique que le Cerro de Ribita "se trouve plus au Nord que

celui de la ~uacarna~a~";référence qui coïncide avec la
situation du Cerro de Guanacaste. En 1884, bien que le Cerro

de Ribita soit localisé plus auNord, on affirme qu'il est
le point le plus élevé des alentours qui "se composentde

quatre cimes en comptant la première proéminence appelée
~uanacastillo5."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.15,.p. 288-289 et Annexe III.2.10.A, p. 258.
Rapport de l'Ingénieur don Vincente Aracil y Crespo du
21 décembre 1888.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.118, p. 115.

3 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, en regard de
la page 460.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 11.1.24, p. 102.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1.
Annexe 111.1.51, p. 170. a Conclusions: les limites des terres de Poloros

entre la rivière Torola et la rivière Unire selon
le titre de 1760

53. Dans son précédent écrit, le Gouvernement du

Honduras a mis en évidence diversesparticularités à la fois
intrinsèques et extrinsèques du titre de Poloros de 17601;

particularités qu'iln'est pas nécessaire d'exposerici à
nouveau en détail.Mais il convient quand même de rappeler,

car c'est une particularitédes plus importantes,que le
document de 1760 omet les limites des terres de Poloros

selon l'arpentage de 1725. Il ne se réfère pas non plus aux
terres du village disparu de San Miguel de Sapigre et qui

avaient côtoyé cellesde Poloros ou aux terres du village de
Cacaoterique qui continuaient de les côtoyer. Il ne
mentionne pas plus de voisins ou limitrophes, entre,le

Torola et la rivière Unire, à l'exception des terres des
habitants d'opatoro et des terres du Jato de los Lopez

lesquels n'ont pas été cités ni n'étaient présentslors de
l'arpentage.

Ces omissions ou silences, en vérité, sont

significatifs, surtout si l'on tient compte des
prescriptions rigoureuses du droit espagnoldes Indes sur la

pratique des arpentages pour ce qui est de la "composition"
ou vente de terres2.Mises à part ces particularités,le

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 447-452.

2 Contre-mémoire du Honduras, Annexes,

Annexes 11.1-11.18et, en particulier11.17, p. 112.document de 1760, en indiquant les lieux, directions et

distances observés au cours de l'arpentage, présentedes
données qu'il est nécessaire d'apprécier à leur juste valeur

sans les déformer arbitrairement. L'examendu textede 1760,
dans le respect du sens de ses termes, a mis enévidence les

diverses erreurs commisespar El Salvador en établissantles
limites des terres de Poloros selonledit document.

54. En premier lieu, les termes du titre de Poloros de

1760 permettent d'établir que l'arpentage est parvenu
jusqu'au Torola, en un point que l'on peut localiser surles

terres des habitants dlOpatoro, dont la situation a été
déterminée par différents documentsantérieurs à 1880. Cet

endroit, en effet, se situe sur la rive Nord du Torola et
beaucoup plus l'Est que le torrent de Mansupucagua, Face à

Upire.

Le document de 1760, en deuxième lieu, se réfère à un
côteau (loma) qui sépare les terres dePoloros de celles de

los Lopez et exclut par conséquent tout "pic" (pico) "mont"
(monte) ou "butte" (cerro) de Lopez. Eu égard à la direction

de l'arpentage,d'ouest en Est avec inflexion au Nord-Est ou
~st-~ord-~st,et sa distance par rapport au point précédent,

ledit côteau peut étre localisé à l'ouest du torrent de
llAceituno, dans un endroit que la carte salvadorienne6.V

dénomme "Mesetas" (plateaux). Etant donné qu'aux termes du
titre de 1760, le "Jato de los Lopez"r .este en dehors de

l'arpentage et du côté droit du côteau qui le sépare des
terres de Poloros, la limite de celles-ci est donc

logiquement légèrement infléchie verl se Sud ou Sud-Ouest,
ce qui la rapprochedu Torola. Enfin, le document de 1760 affirmeque l'arpentage est

parvenu au Cerro de Ribita puis à la rivière Unire, ce Cerro
étant la limite avec les terres de' San Antonio de la

juridictionde Comayagua, à l'Ouest de la rivière Unire. Eu
égard à la direction de l'arpentage et à la proximité de la

rivière Unire, le Cerro de Ribita peut être localisé sur le
"Cerro Guanacaste" ou Guanacastillo, qui est à la même

hauteur que le titre de San Antonio de Padua de '1682 désigne
sous le nom de "Cerro Unire". Une représentation

cartographiquedu tracé des limites de Poloros, conformeaux
données qui se dégagent du 'titre de 1760, figure sur la

carte 6.11.

3. Les diverses interprétationssalvadoriennesdu titre de
Poloros de 1760 et leurs projections croissantes

vers le Nord

55. Les conclusions que l'on vient d'exposer, fondées
sur les termes mëmes du titre de Poloros de 1760,permettent

d'apprécier les déformationsqu'ont fait subir à ce document
les diverses interprétations d'El Salvador, à partir de

1880. A cette fin, on indiquera les lignes proposéespar El
Salvador lors des négociations sur les limites (a). En

deuxième lieu, on verra les variations qu'entraînentces
différentes limites sur la localisation des lieux, sur les

directions et les distances mentionnées dans ce
document (b).

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, carte 6.1,
p. 430. Les liqnes soutenues par El Salvador dans les

néqociationsdes limites

56. Le Gouvernement du Honduras a déjà retracé
l'histoire des négociations sur les limites de ce secteurl.

De même, on a indiqué les trois lignes défendues par El
Salvador, à trois moments distincts, depuis le début de

18802..Par conséquent, il n'est pas nécessaire de reprendre
ici le même examen,d'autant plus qu'El Salvador,bien qu'il
fasse allusion ponctuellement à certaines données des

négociations sur les limites, évite dans son contre-mémoire
de mentionner les antécédents historiques, sans doute pour

ne pas faire apparaître la diversité des interprétations
qu'il a données du titre de Poloros de 1760. Cependant, il

convient au moins de rappeler ici les positions
salvadoriennes de 1880, 1884 et celle de 1972 car cette

dernière conduit directement à son interprétationactuelle,
illustrée par la carte 6.V de son mémoire et le croquis 3.J

de son contre-mémoire.

57. Comme on le constate sur la carte hondurienne 6.4
du contre-mémoire, la ligne soutenue par El Salvador lors

des négociations sur les limites de 1880 coïncide en grande
partie avec celle qui avait été précédemment établie,

conformément aux termes du titre de Poloros de 1760. Cette
ligne "A", en effet, tombe dans le secteur en litige à

partir d'un point sur le Torola qui se trouve beaucoupplus

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI1,
p. 255-274.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 459-461 et carte 6.4 en regard de la page 460. à l'Est de la confluence de cette rivière avec le torrent de

Mansupucagua. En deuxième lieu, elle suit une direction
générale Est-Nord-Est, qui concorde avec celledu document

de 1760 et elle situe le Cerro de Ribita dans les environs
de la rivière Unire, ainsi que cela ressort de l'arpentage

de Poloros.

La ligne soutenue par le Honduras en 1880, tout comme
aujourd'hui, est celle de la rivière Torola, en aval de ce

cours d'eau à partir du Cerro de la Guacamaya. Cependant, le
Cerro de Ribita ayant été situéà environ 2000 mètres au

Nord-Est de ce point extrême, et les deux Parties ayant
accepté qu'une partie de ce tracé suivait le Torola, la

différence entre leurs positions respectives n'était pas si
, marquée. C'estce qu'exprime le rapport du 20 juin 1880 des

délégués honduriens dans les termes suivants:

"Cette légère divergence étant,on reconnaît plus
loin comme ligne frontièreentre les deux pays la
rivière de Torola depuis sa confluenceavec le
torrent del Arenal enaval jusqu'à la confluence
de cette même rivière Torola avec celle de San
~ntoniol..."

La divergence indiquée par le texte est représentéesur

le croquis 6.3 du contre-mémoire hondurien par la zone
comprise entrel'espoints A B C; Ribita étant lepoint B~ et

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.26,p. 108-109.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
croquis de 1880reproduit surla carte 6.3, en regard de la
page 458.la parcelle de la rivière Torola correspondant aux points c

et D. Le rapport du 13 juin 1880 de la Commission
salvadorienne affirme également très clairement que les

hauteurs de Lopez et Ribita coïncident "...pratiquementavec
les rivières de Torolaet Guajiniquil"ou unirel.

58. L'extension vers le Nord des prétentions

territorialesd'El Salvador débuta lors des négociations de
1884 sur les limites. On peut en juger d'après le croquis
annexé au procès-verbal de la troisième séance, du 24 mars

de ladite année, souscrit par les ingénieurs MM. Byrne et
~rizuelaz et d'après la ligne "B" de la carte

hondurienne6.4.

En effet, il convient d'observer qu'en identifiant le
Cerro de Ribita avec le sommet le plus élevé et le plus

septentrional des cimes de Guanacastillo.,on la déplace
légèrement vers le Nord par rapport à sa position de 18803.

Mais la modification de l'interprétationsalvadorienne est
encore plus importantepour la partie occidentalede la zone

en litige: un "Cerro de Lopez"surgit à 3461 mètres au Nord-
Est de la confluencede la rivière Torolaavec le torrent de

Mansupucagua, alorsqu'en 1880 on avait reconnu qu'il était
proche du Torola. Par ailleurs, en situant le "Cerro Lopez"

plus haut que le,"CerroRibita" sur la rivièreTorola, il en

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.25,p. 105.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, carte 6.5 en
regard de la page 462.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.51, p. 170.découle que la ligne reliant les deux points, au lieu de'
suivre la direction Est-Nord-Estmentionnée par le titre de

1760, change d'inclinaison pour suivre approximativement une
direction Est-Sud-Est.

Ces variations ne peuvent s'expliquerque par le fait

que MM. Cruz et Letona ont interprété "...les souhaits de
leurs Gouvernements respectifs", ainsi que le dit le procès-

verbal du 24 mars 1884, et non le titre de Poloros de 1760.
Mais il est surprenant que cela ait été le fait des mêmes

négociateurs que ceux de 1880, et M. Cruz se le verra
reproché1.

59. Enfin, l'extension vers le Nord des limites des

terres de Poloros culmine avecl'interprétationdéfendue par
El Salvador lors des négociations d'Antigua, Guatemala,en

1972, et qui constitue l'antécédentde sa position actuelle.
Comme on peut en juger d'après la ligne "C" de la carte du

contre-mémoire hondurien6.4, le Cerro de Ribita est à
nouveau déplacé vers le Nord-Estet se retrouve près du lieu

dit "Salta Tigre", à plus de 4000 mètres de la source de
1'Unire. Ce changement entraine bien évidemment une autre

modification de la distance entre le "Cerro Lopez" et le
"Cerro Ribita".

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.60, p. 203-205. Rapport de la Commission des
Relations Extérieures sur le mémoire du Secrétaire d'Etat
aux Relations Extérieures,du 30 janvier 1885. Avec cette nouvelle interprétation, El Salvador

s'éloigne totalement des données du document de 1760. D'une
ligne entre le Torolaet 1'Unire dont la longueur avait été

estimée à cent quarante cordesou 5810 mètres, on arrive à
une ligne différente, trois fois plus longue. D'une

direction Est-Nord-Est constante, on arrive à quatre
directions différentes: Nord-Est, Est-Nord-Est, Sud-Est,Sud

qui formentles côtés supérieurs d'untrapèze irrégulier.

bJ Les variations successives dansla localisation
des lieux, dans les distances etles directions de

la liqne soutenuepar El Salvador

60. Ces changementsde position d'El Salvador ont déjà
été exposés en détail dans le contre-mémoirehondurienl.Par

conséquent, il suffit de renvoyer à cet examen, sans qu'il
soit ici nécessairede le reprendre.

Les interprétationssalvadoriennesde 1884 et 1972 du

titre de Poloros, illustréespar la carte 6.V de son mémoire
et le croquis 3.5 du contre-mémoire ont, par essence,

supposé deux altérations fondamentaleq sui affectenttout le
tracé. D'une part, la localisation de la "loma" ou côteau

qui sépare les terres de Poloros de celles de los Lopez, qui
est transformée en "Cerro de Lopez" et que la carte 6.V

situe à environ 4000 mètres de la confluence du Torola et du
torrent de Mansupucagua en ligne droite et une direction

Nord-Est. D'autre part, le déplacement parallèle du Cerro de
Ribita qui, à partir de 1972, se retrouve à environ

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 461-465.4000 mètres du Cerro de Guanacaste ou Cerro dlUnire en ligne

droite et en direction Nord-Ouest. Les changements de
directions et de distances sont la conséquence logiquedes

deux déplacements.

4. Conclusions

61. Comme on s'en souviendra,El Salvador se demandait

étaient les objections du Honduras face à un
document aussi "clear andcategorical" que le titre de

Poloros de 1760, en soulignantque les limites dudit terrain
étaient "...perfectlyidentifiable",tant par la topographie

du siècle dernier que par celle d'aujourd'hui1.Toutefois,
comme cela ressort des paragraphes précédents, ilconvient

de formuler, à bon droit, diverses objections face au tracé
salvadorienselon le titrede Poloros de 1760.

62. En premier lieu, on a démontré que ce document est

insuffisant pour justifier les prétentions salvadoriennes
dans ce secteur de la frontière en litige car, même en

admettant l'interprétation d'El Salvador des limites de ce
terrain, lesdites limitesne coïncident pas, à l'Ouest de ce

secteur, avec celles qui sont défendues dansle
chapitre 6.73 de son mémoire et reprises dans son contre-

mémoire.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.105, p. 105
et chap. 3.123, p. 117. En deuxième lieu, El Salvador propose une

interprétation erronéedu document de 1760 si on la compare
aux données qui se dégagent des termes mêmes du document.

L'arpentage, en effet, ne suit en aucune façon la ligne
représentée sur la carte salvadorienne 6.V, mais au

contraire une ligne plus au Sud que l'on a déjà décrite.
Enfin, le Gouvernement du Honduras a démontré qu'El Salvador

a défendu successivement différentesinterprétationsde ce
document de 1760, de 1880 jusqu'à ce jour. Il a ainsi

modifié progressivementet arbitrairementla localisationde
certains points citésdans le document de 1760, demême que

les distances et les directions de l'arpentage. Cela est
particulièrementnet pour les points nommés "Cerro de Lopez"

et "Cerro Ribita", dont le déplacement vers le Nord-Est et
le 'Nord-Ouest, respectivement, vise a accroître

considérablement les prétentions territoriales d'El
Salvador.

63. Les trois objections précédentes du Gouvernement

du Honduras ne portent pas tant sur le document de 1760 que
sur les positions qu'El Salvador a adoptées sous couvert de

celui-ci. Par conséquent, la question de savoir si la ligne
du terrain de Poloros, selon l'arpentagede 1760, permet de

déterminer les limites des anciennes juridictions et
provinces de 1821, en application de l'uti possidetis juris

reste ouverte.

La réponse à cette question dépend,d'une part, de la
conformité des procédures entaméesen 1760 avec le droit

espagnol alors en vigueur en Amérique Centraleet d'autre
part, des données qui ressortent d'autresdocuments,

antérieurs à 1821, sur les limites des juridictions et
provinces. Enfin, il convient d'étudier si les conclusionsde cet examen sont corroboréespar d'autres moyens de preuve
de la période postérieure à 1821. Les deux premiers points

feront l'objet du paragraphe B de cette section et le
dernier sera examiné dansla section IV de cet écrit.

B. LE TRACE HONDURIEN SELON LES DOCUMENTS ANTERIEURS A 1821

64. Dans ce secteur, le Gouvernement du Honduras
soutient que la ligne frontière des anciennes provinces,de

la confluence du torrent Mansupucagua avec la rivière
Torola, à l'Ouest, suit vers l'Est la rivière Torola en

amont jusqu'à sa source et de là au col de la Guacamaya; et
de ce point au gué ou Paso de Unire, sur la rivièrede ce
1
nom .

En tenant compte des documents antérieurs à 1821 qui
justifient le tracé hondurien, il est possible, commeon l'a

fait dans les écrits précédents,de diviser cette ligne en
deux parties afin d'en faciliter l'examen. Dans le présent
écrit, on exposera pour chacune d'elles la position d'El

Salvador face aux documents présentés par le Honduras, de
même que les données qui ressortentde ces documents.

1 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, Conclusions,

p. 735. 1. Le Rio Torola jussu'h sa confluenceavec le

torrentd8Aqua Caliente

Les documents de 1789 et 1803 sur les bornes des
terres de Cacaoterisue

65. Pour ce qui est de la partie de la frontière
comprise entre le point où le torrent de Mansupucagua

conflue avec le Torola et le point, situé plusà l'Est où le
torrent d'Agua Caliente conflueégalement avec le Torola, le

tracé hondurien en amont de ladite rivière se justifie par
les données qui se dégagent de deux documents relatifs aux

terres de la communauté indigènede Santiago Cacaoterique.
Le premier est une description des bornes du terrain

adoptées par la "Junta de Cabildo" ou Conseil de la
communauté le 2 mars 1789. Le second est constitué par les

procédures entamées en1803 par M. Sixto Gonzalez Santino,
mandaté par le juge foncier de la province de Comayagua et

qui incluentle premier document cité1.

Dans son contre-mémoire,El Salvador a commenté ces
documents en essayant d'en diminuel r'importanceeu égard au

présent litige2. Sur le croquis 3.5 dudit écrit, les limites
des terres de Cacaoteriqueont été mal interprétéeset sont

contraires aux termes des documents de 1789et 1803. Il est
donc nécessaire d'examinerles positions d'El Salvador sur

ces documentsavant d'en exposer le contenu.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe VIII.1.5, p. 1594.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.106-3.108,
p. 105-109. 66. En premier lieu, El Salvador s'est étonnéde ce
que ces documents n'aient pas été expressément mentionnés

lors des négociations sur les limites qui se sont tenues
entre 1880 et 1888, lors de l'arbitrage de 1881et au cours

de l'étude de Bustamante de 1890. Partant de cette
constatation, il conclut que les documents sur les terres de

Cacaoterique:

"...which now appear on the scene have been
produced from the unknown for the purposes of this
litigation, somethingwhich inevitablymakes them
highly suspiciousl."

Le point de départ du raisonnement d'El Salvadorest
correct mais celui-ci, tout d'abord, oublie les faits
postérieurs aux négociations qui se sont tenues à

Guanacastillo en 1888 et dont l'échec est à l'origine de
l'étude de Bustamante. En effet, une nouvelle convention fut

signée le 19 janvier 1895 à San Salvador pour résoudre la
question des limites. Elle prévoyait une procédure de

règlement des conflits au sein d'une Commission mixte et,
aux termes de ses articles 3 à 7, un recours à l'arbitrage

pour les questions non résolues par la Commission, dans un
délai d'un mois après la clôture des travaux de cette

dernière2.

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.106,p. 105.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
1,
Annexe 111.2.17, p. 316. Devant l'éventualité de soumettre le différend

frontalier à l'arbitrage, compte tenu du délai prévu à
l'article3 de la Convention du 19 janvi'er 1895, le

Gouvernement du Honduras demanda à M. Pedro H. Bonilla de
rédiger un "Rapport sur les limites territoriales' que

celui-ci lui remit le 15 août 1897. Ledit rapport
- s'appuyant sur les documents déjà mentionnés lors des

négociations de 1880-1888, mais aussi sur de nouveaux
documents que M. Bonilla avait été chargé de chercher -

examine, en plus desdits documents, ceux qui concernent le
terrain de Cacaoterique de 1789 et 1803, ainsi que le titre
de Cojiniquil de 1738, pour les terres de San Miguel de

sapigrel. Ainsi, ces documents ne surgissent pas "from the
unknown" mais sont au contraire le fruit de recherches

faites pour les négociations sur les limites, comme tant
d'autres, et ils étaient déjà connusen 1897.

Cela dit, s'ils n'avaient pas été mentionnés au sein de

la Commission mixte sur les limites, c'est parceque celle-
ci, qui avait été prévue par la Convention du 19 janvier

1895, et malgré la prorogation de cet accord, n'entra pas en
fonctions avant 1916 et sans que soit abordé l'examen de ce

secteur en litige, par le seul fait de la délégation
salvadorienne2. Il a donc fallu attendre les négociations

d'Antigua de 1972 et celles de la Commission mixte El
Salvador/Hondurasde 1980-1985.

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.16, p. 324.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
Annexes 111.2.26-111.2.36,p. 331-379. 1, Mais lors de ces dernières, ledébat s'est centrésur

une proposition de transaction émanant du Honduras qui se
fondait, précisément, sur les documents des terres de

Cacaoteriqueen rapport avec le titre de Polorosde 1760, et
mention a été faite des terres de San Miguel de Sapigre, ce

qui surprend égalementEl Salvador aujourd'hui1.

Par ailleurs, et mis à part ce que l'on vient
d'expliquer, même si les documents de 1789 et 1803 avaient

été présentés uniquement devant la Chambre de la Cour et non
lors des négociations du XIXe siècle, ils n'en seraientpas

pour autant, contrairement à ce qu'affirme El Salvador,
"highly suspicious".C'est au contraire le moment exigé par

l'article 50 du Règlement de la Cour puisqu'il s'agit "d'un
document pertinent produit à l'appui" d'une des thèses du

Gouvernement du Honduras et l'article 56 du Règlement
n'exclut pas, sous certaines conditions, la production des

documents, y compris au cours de la procédure orale.

67. En deuxième lieu, El Salvador a affirmé que la
reconnaissancedes bornes de 1803 s'est faite "on the basis

of a paper in incomprehensible language", citanu tn passage
de ces procédures2.Cependant ce passage ne se réfère pas au

document de 1789, maisau premier titre de Cacaoterique de

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexes V.1.25, p. 967.

2 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.109, p. 107.1617, comme on peut en juger d'après les témoignages

recueillis après la reconnaissance des bornes de
cacaoterique1. La description des bornes de 1789 est

comprise dans les procédures de 1803 en espagnol et elle est
reprise dans la même langue par les témoinsz.

Enfin, El Salvador a fait appel, une fois de plus, à la

distinction entre "Forma1 Title Deed to Common" et les
autres documentssur les limites, en essayant de diminuer la

portée de ceux que l'on examine ici3. Celui de 1789, certes,
n'est qu'une déclaration faitepar la communauté indigènede

Cacaoterique sur les bornes de ses terres. Quant aux
procédures entamées en 1803, elles ont consisté en une

"vista de ojos" ou reconnaissance du terrain et de ses
bornes, c'est-à-dire un acte préalable à un nouvel

arpentage, sans que celui-ci ne puisse se faire, en raison
de l'opposition des habitants d'opatoro et de l'invalidité

du document de161ï4.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1611-1615.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1597, 1599-1600.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.109, p. 107.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe VIII.1.5, p. 1616-1617. Rapport du Commissionné au
Gouverneur Intendantet au Juge Privatif de Terres. Ceci étant, la distinction à laquelle El Salvador a
recours est dénuée de fondement juridique, ainsi qu'on l'a

déjà expliqué. Les documents de 1789et 1803, même s'ils ne
sont pas des titres fonciers, sont pertinents en raison de

leur date et de l'autorité espagnole qui y a pris part et
parce qu'il se réfèrent aux limites d'un terrain qui

permettent d'établir les limites des anciennes provinces de
1821.

Les bornes qui divisent les terresde Cacaoterique

et les terresde Poloros

68. En réalité, El Salvador a essayé, avec les
arguments précédents,de minimiser une donnée importante,

mise en valeur par les documents de 1789 et 1803: le fait
que les terres de Cacaoterique et cellesde Poloros se

côtoient au niveau du torrent de Liumunin ou Agua Caliente
et sur le Torola, plus à l'Ouest. Etant donné que les
procédures de 1803 sont postérieures au réarpentagede

Poloros et qu'elles sont très claires et précises sur ce
point, l'interprétation salvadoriennd eu titre de Poloros de

1760 se révèle erronée.

El Salvador a, bien évidemment, nié que les terres de
Cacaoterique et cellesde Poloros se côtoient, en affirmant

que la thèse hondurienne ne se fonde que sur "certain
topographical similarities" et qu'elle est "merely

speculative"l.Par ailleurs, dans son croquis3.5, il a

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.109, p. 108.tenté d'étayer ces arguments en ayant recours à un procédê

singulier: en transformant ce qui sur sa carte 6.V se
dénommait "Quebradade Los Verdes" en "Rio Liumunin" cité

dans le document de 1803, ce qui, évidemment, élimine les
"topographical similarities". Logiquement, ce croquis 3.5

propose une représentation nettemend téformée des limites de
Cacaoterique en essayant de maintenir, en même temps, son

interprétationerronée du titre de Poloros de 1760.

69. Comme on l'a déjà expliqué dans les écrits
précédents1,les terres de Cacaoteriqueet celles de Poloros

se côtoyaient en deux bornes: la borne dite du Carrizal, à
proximité du torrent Liumuninou "Agua Caliente"et la borne

de Sisicruz ou "Llano del Camaron", à la confluence du
torrent de Mansupucaguaet du Torola.

Le fait qu'il s'agit de bornes qui séparentles terres

de Cacaoteriqueet de Poloros est clairement exprimédans le
document de 178g2, ainsi qu'à deux reprises, lors des

procédures de 1803. Tout d'abord, le délégué a fait
constater, après avoir reconnu la borne I'BrincoTigre" que

certaines des bornes suivantes "...sont limitrophesavec les
villages de Poloros et Lislique, dans la juridictionde San

Miguel", et il a donc cité àcomparaîtreles habitantsde

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII,
p. 277-283; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 473-476.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe VIII.1.5, p. 1597.ces deux communautés1. Ensuite, et plus. spécifiquement,

s'agissant de l'identification desbornes du Carrizal et de
Sisicruz, il est précisé que les habitants de Poloros et de

Lislique étaient présents lors de la reconnaissance de la
seconde de ces bornes2.

70. En deuxième lieu, pour ce qui concerne la

localisation des bornes du Carrizal et de sisicruz3, il
n'existe pas de divergence entre les Partiessur le fait que

la reconnaissance de 1803 s'est faite selon une direction
générale Nord-Sud, jusqu'à la borne "Brinco Tigre" ou "Salta

Tigre". On se rappellera que cette dernière sépare les
terres de Cacaoteriqueet celles de Sapigre,au Sud.

Le délégué explique que de "Brinco Tigre", il s'est

rendu à Planchaquira, sans indiquer la direction, mais en
indiquant la distance de ce lieu par rapport'auprécédent, a
savoir "un peu plus de deux lieues". Cependant, le

témoignage des indigènes, au sujet des bornes du terrain,

précise que de "Brinco Tigre" "...on descend à Planchaquira

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1603.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1603-1604.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI1,
carte B.3.2, en regard de la page 252.jusqu'à un torrent qui déverse dans la rivière ~iumunin"1

(soulignépar nous), ce qui indique que l'on avançait du Sud
en Sud-Ouest ou, si l'on préfère, vers la mer du Sud, comme

le dit ailleurs le document.

Selon le délégué, Planchaquiraest un endroit situé à

un peu plus de deux lieues de "Brinco Tigre"où existe "un
bois d'ocote où l'on travaillait jadisle bois pour les

bâtiments", en ajoutant que tel est le sens du mot
"Planchaquira" en langue indigène. Sur la carte

salvadorienne6.V, on trouve un "Cerro Ocote Manchon" et un
"Sitio de Ocote Manchon", à l'Ouest et à l'Est du torrent

qui s'appelle également, entre autres dénominations
- Venado, Honda - "d'ocote Manchon", c'est-à-dire letorrent

d'Agua Caliente sur les cartes honduriennes, toponimiequi
n'est pas très différente de celle d'El Salvador, étant

donné que sur la carte V.5 du "Book of Maps" existe à côté
du torrent "dlOcote Manchon" un Cerro "Agua Caliente ou

Tranca". "Planchaquira" est donc "Ocote Manchon" et le
"Sitio de Ocote Manchon" sur la carte salvadorienne 6.5 se

trouve, précisément, sur un torrent qui se déverse dans la
rivière Liumunin. Il y a, par conséquent, parfaite
coïncidenceavec le texte des procédures de 1803.

De cette façon, il reste établi que du "Brinco Tigre",

la reconnaissance des bornes en 1803 est parvenue à
"Planchaquira", A proximité du torrent d'"0cote Manchon" ou

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1600."Agua Caliente", selonune directiongénérale Sud-Ouest. Et
l'on peut apprécier la concordance avec la toponimie

actuelle grâce aux documents de 1789 et 1803 sur un autre
point: le torrent d'"Agua Caliente" car le deuxième de ces

textes dit:

"...nous sommes descendus vers un torrent qu'on
nomme Liumunin (en langue indigèneeau chaude) et
deux lieues plus bas en suivant ce torrent jusqu'à
arriver en face d'un côteau couvert de laîches où
se trouve une borne de Poloros et ce villagel.'

La borne d'en face d'un "Carrizal",par conséquent, se

trouve à proximité du torrent "d'Agua Caliente", deux lieues
plus bas que le "Sitio dlOcote Manchon". La borne de

Sisicruz est décrite dans le passage suivant du texte de
1803 où il est indiqué que le jour suivant:

"...traversant des côteaux à savanes, petits
torrents en suivant la lisière d'une plaine
d'environ une lieue, nous sommes arrivés à la
borne de Sisicruz, qui signifie la 'Plaine du
Camaron'. Dans cette savane, il y a trois
monticules de pierres: l'un appartient au village
de Lislique, l'autre à celui de Poloros (ses
notables étaient présents et il s'agit de .village
appartenant à San Salvador) et le dernier à celui
de Cacaoterique, affirmant tous qu'il s'agissait
de la septième borne et du site où se trouve le
champ ,de maïs de ~ataimbre~."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1603-1604. Le texte espagnol dit:
"Frente de un Carrizal hay en la pendiente de una loma un
mojon del pueblo de Poloros,y este pueblo".

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1604. 1 Sisicruz est donc un tripoint entre les terres de

Lisiique, Poloros et Cacaoterique, à proximité du Torola. El
Salvador l'a admis lors des négociations de 1880 en

proposant que la délimitation, se dirige a partir du Cerro
de Lopez, vers:

"...la limite des terrains communaux du village de
Lislique, appartenant au El Salvador jusqu'à la
confluence avec la rivière Torola, conformément à
la démarcationdes titres respectifsde Poloros et
~isli~uel."

Sur le croquis 3.5 du contre-mémoire,El Salvador situe

Sisicruz (Llanodel Camaron) à.la confluence du torrent de
Mansupucagua et du Torola, de mëme que la carte

hondurienne8.3.2 du mémoire. Les Parties sont donc d'accord
sur la localisationde ce point.

71. Ce qui précéde rend inutile l'examen du tracé

salvadorien des limites des terres de Cacaoterique selon le
croquis 3.5 de son contre-mémoire,lequel est contraire aux

documents de 1789 et 1803. El Salvador, en effet, doit
expliquer commentla ligne droite entre "Brinco Tigre" et

"Planchaquira" suit la direction Est-Ouest alors que le
délégué descendait en 1803 vers le Sud, comment on peut

présenter "Planchaquira" comme la "Loma de Lopez" et
indiquer qu'elle est "borne de Poloros". Et, il lui serait

sans aucun doute malaisé d'expliquer commentle torrent
Liumunin ou Agua Caliente s'est déplacé vers l'Ouest, venant

occuper la situation qui sur la carte salvadorienne 6.V
correspondait autorrent de "Palo Verde".

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24, p. 101. 2. La limite de la juridictionde San Mique1 au Sud du
Rio Torola et les terresde San Mique1 de Sapiqre

La position salvadorienne respecteles terres de

San Mique1 de Sapiqre

72. Dans son mémoire, le Gouvernement du Honduras a
exposé les données relatives aux terres du village de San

Miguel de Sapigre, disparu entre 1739 et 1760~. Sur la base
des documents relatifs aux terrains contigüs de

Cacaoterique, à l'ouest et de Cojiniquil, à l'Est, il a
effectué une reconstitution des limites des terres de

Sapigre, qui s'étendent du Nord au Sud du ~orola~. De méme,
dans le contre-mémoire hondurien, ont été examinées les

limites des terres de Sapigreen rapport avec celles de
Poloros, soulignant que le réarpentage de ces dernières, en

1760, aboutit à une considérable extensiondes terres de

sapigre3.

Dans son contre-mémoire, El Salvador exprime, d'une

part, sa surprise devant l'introduction dans le débat de
cette référenceaux terres de Sapigre,estimant que c'est là

1 Mémoire du Honduras, vol. 11 chap. VII,
p. 283-289.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, carte 8.3.2, en
regard de la page 252.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 469-473.un fait nouveau1. D'autre part, il considère que la

reconstitution des limites de Sapigre aboutit à un tracé
hypothétique et injustifié, produit d'un "paroxysm of

speculations"2. Il convient donc d'examiner ici les
arguments salvadoriens sur cette question.

73. En ce qui concerne le premier point, la surprise

salvadorienne est en vérité injustifiée.Une référence au
village de Sapigre apparaît,en effet, dans la communication

que le Chef de district de Lamani, M. Estaban Torres, a
adressée le 2 juin 1843 à l'acquéreur des terrains de

Monteca, M. villatoro3. Le contre-mémoire salvadorien,bien
qu'il examine "The Villatoro 1ncidentM4 garde le silencesur

ce document avancé dans le mémoirehondurien.

Mais, par ailleurs, El Salvador peut difficilement
prétendre être surpris sur ce point si 'l'on tient compte

d'une donnée beaucoup plus récente: la délégation du
Honduras, en présentant une proposition de transaction sur

la zone en litige de Dolores s'est référée très clairement
aux terres de San ~iguel'de Sapigre lors de la séance des

24-25 octobre 1985 de la Commission mixte 1
Salvador/Hondurassur les limites5.

1 Contre'mémoired'El Salvador, chap. 3.108, p. 107.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.110,
p. 109-110.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe VIII.1.6.B, p. 1622.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.119-3.121,
p. 115-116.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.25, p. 966-977. 74. En ce qui concerne le deuxième point,qui est plus

important, El Salvador a soutenu que la reconstitutiondes
limites des terres de Sapigre effectuée par le Honduras

était une simple hypothèseet il se demandait ensuite "How
can it be possible to base the utipossidetis iuris on a

hypothetical line?l"

L'examen du titre des terres de Sapigre, certes,aurait
permis d'établir leurs limites. Mais El Salvador, après

avoir admis que ce village "disappearedfrom the map in the
Eighteen century2" a exclu une telle possibilité en

affirmant que le titre s'est perdu "...at the time of the
disappearance of the settlement3", ce qui est en vérité

significatif. Cependant, même en l'absence de ce document,
la reconstitutionest possible en se fondant, ainsi que l'a

fait le Honduras, sur les titres des terrains contigüs.Tel
est le cas, pour ce qui est des limites des terres de

Sapigre à l'Est et au Sud, de l'arpentage du terrain de
Cojiniquil de 17344 et, commedéjà vu plus haut,de la

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.110, p. 109.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.108, p. 107

et chap. 3.110, p. 109.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.110,p. 109.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1551-1553,en particulier.reconnaissancedes bornes du terrain de Cacaoterique, selon

les documents de 1789 et 1803, qui indiquent la limite de
Sapigre au Nord-Ouest, à partir de la borne "Brinco de

Tigre". Il n'existe donc pas une "ligne hypothétique" mais
au contraire une ligne prouvée par d'autres documents

antérieurs 211821.

La situation des terres de San Miquel de Sapiqre
au Nord et au Sud du Rio Torola

75. Les données qui ressortent de l'arpentage du
terrain de Cojiniquil en 1734, comme celui visant la

reconnaissance des bornes de Cacaoterique, selon les
documents de 1789 et 1803, ont déjà été exposées dans le

mémoire hondurien1. Il n'est donc pas nécessaire de
reprendre cet examen bien qu'il soit utile de revenir sur

certains pointsfondamentaux.

En premier lieu, selon les documents de 1789 et 1803,
relatifs au terrain de Cacaoterique,on peut déterminer

point extrême, au Nord, des terres de Sapiqre. Ce lieu est
la borne "Brinco de Tigre", puisque pour les quatre bornes

précédentes - Cuayaguara, Chumesquera, San Antonio et
torrent Maria - le délégué M. Sixto Gonzalez Santino, qui

marchait "le visage tourné versle Sud" signale seulementla

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII, p. 284-287
et carte B.3.2.présence des habitants d'opatoro pour la première d'entre
elles1 et les indigènes qui accompagnent le délégué ont

indiqué qu'en ce lieu se trouvait le village de Sapigre
"dont il ne reste plus rien".

Le côté occidental des terres de Sapigre, de "Brinco de

Tigre", suit le cours de la reconnaissance des bornes de
Cacaoterique, en passant par "Planchaquira" et le torrent

qui se déverse dans la rivière Liumunin ou Agua Caliente. Il
n'est, en effet, pas fait mention de quelque autre terrain

'contigüet il n'est pas dit qu'il s'agit la de terres de la
Couronne. Ce n'est qu'en arrivant à la borne du "Carrizal"

que l'on indique que celle-ci sépare les terrains de
Cacaoterique et ceux de ~oloros~. Par conséquent, les terres

de San Miguel de Sapigre s'étendentau Nord du Torola.

76. Le côté oriental du terrain de Sapigre peut ëtre
déterminé pour sa partie extrême, au Sud-Est du Torola, par

l'arpentagedes terres de Cojiniquil de 17343.

Après avoir recueillides témoignages,sur lesquels on

reviendra, l'arpentagedu 20 janvier 1734 indique le point
méridional extrêmedes terres de Sapigre,

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1597, 1599-1600 et 1601-1603.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.5, p. 1603-1604.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1552-1553,en particulier. "...la colline du Coyolar, point où se trouvent
les limites de cette juridiction avec les terres
du site nommé Guerique, du côté sud et de l'autre
coté, avec les terres du village de Sapigrel."

Plus au Nord, on indique "la colline qu'on appelle El

Volillo, celle-ci étant la limite reconnue par les
indigènes" de Sapigre. Et finalement, la "rivière Unire" en
arrivant jusqu'a un point "où la rivière sertde limite avec

les terres de San ~ntonio~."Ces points sont identifiés tant
sur la carte hondurienne 8.3.2 du mémoire, que sur le

croquis 3.5 du contre-mémoire d'El Salvador. Enfin, la
limite des terres de Cojiniquil étant la rivière Unire ou

Guajiniquil, il est évident que le document de 1734 ne fait
plus référence aux terresde Sapigre au Nord de ce point

mais il est logique de supposer que celles-ci continuaient
jusqu'au Nord-Est jusqu'à"Brinco de Tigre".

77. Les terres de Sapigre sont donc contigües à celles

de Cojiniquil, au Sud-Est du Torola.En tenant compte de
cette donnée obtenue grâce auxdocuments relatifsaux terres

de Cojiniquil, la conclusion est significative: leTorola se
situe au centre des terres de Sapigre ou, si l'on préfère

l'exprimer différemment: selon les documents de 1734, 1789
et 1803, les terres de Sapigre s'étendent au Nord et au Sud
de ladite rivière.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1553.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1553. L'arpentage du terrain de Cojiniquil de 1734 éclaire en
outre sur un autre point important aux fins du présent

litige: les limites,au Sud du Torola, des terres de Sapigre
et de la juridictionde Tegucigalpa à laquelle appartientce

village.

CJ Les limites de la juridiction de Tequciqalpa au
Sud du Rio Torola

78. Comme on l'a indiqué, avant de procéder à

l'arpentage du terrain de Cojiniquil, le juge foncier
adjoint, le Capitaine Rodrigo de Vargasa recueilli des

témoignages et a effectué une reconnaissance du terrain.
Pour ne pas léser les droits des voisins et "ne violer

aucune autre juridiction",il demanda aux indigènes du
village de Sapigre "quelles étaient les limites de cette

juridictionet celle de SanMiguel".

"et ils m'ont répondu que, partant du lieu où se
rivière de Guajiniquil.On va après vers des hauts
côteaux qui sont les limites d'un site nommé
Gueripe. Ils m'ont dit que les vieillards de leur
village ont toujours signaléces lieux comme étant
la limite de cette juridiction jusqu'à une colline
qu'on appelle le Coyolar. De là, on va tout droit
jusqu'à passer prèsde leur villaqel"(soulignépar
nous).

' Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1552.+a~la+uo~ap seJial Sap sa+!u!l
sap anb!qdo~b uo!+o(uas,aida~ 79. Selon le texte précédent, il existe deux liqnes

décrites par les indigènes de Sapigre. Lapremière est celle
.quiarrive à la colline du Coyolara partir d'une caverneet

en passant par la rivière Guajiniquil, ligne qui passe par
la colline "El Volillo" selon l'arpentage du 20 janvier

1734. La direction de cette ligne est Nord-Sud, comme on
peut en juger d'après le croquissalvadorien 3.5 qui indique

le Guajiniquil ainsique les collines "El Volillo"et "El
Coyolar", plus au Sud. Par conséquent, il y a concordance

entre le croquis salvadorien3.5 et la carte hondurienne
B.3.2 sur la limite occidentaledes terres de Cojiniquil,

contigüesà celles de Sapigre.

Le texte décrit également unedeuxième liqne qui va de
la colline El Coyolar en ligne droite et passe près du
village de Sapigre. Cette ligne est également la limite

entre la juridiction de Tegucigalpa et celle de San Miguel
selon le témoignage deshabitants de Sapigre, que l'on a

interrogés sur ce point (voir carte V.3 en regard de cette
page). Les autres personnes presentes le confirment car,

comme l'affirme le texte de 1734: "Les autres ont confirmé
pareillement que ces lieux sont les limites de cette

juridictionl"(soulignépar nous) .

80. Cette deuxième ligne est importante aux finsdu
présent litige eu égard à une autre donnée indiquée par le

document de 1734: la situationdes terres de Sapigre,à

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1553.l'Ouest de la ligne qui va de Guajiniquil à la colline du
Coyolar. En effet, si l'on en tient compte, la ligne qui, de

ce point extrême, en suivant une ligne droite,passe près du
village de Sapigre, se diriqe nécessairement vers l'Ouest et

elle constitue, à l'Ouest de la colline du Coyolar, la
limite tant des terres de Sapigre, que de la juridictionde

Tegucigalpa.

Le document de 1734, certes, n'indique pasquel est le
point final de cette secondeligne mPme si l'on sait que sur

la rive Nord du Torola les terres de Sapigre et celles de
Cacaoterique sont contigües. Par ailleurs, le fait

d'indiquer que cette ligne passe près du village de Sapigre
ne permet pas de déterminer sa direction puisquele document

ne précise pas où se situait le village. Mais en tout cas.
il existe un fait irréfutable, étant donnéla situation de

la colline du Coyolar qu'El Salvador a admise sur son
croquis 3.5 et de la limite occidentale des terrains de

Cojiniquil, selon une direction Nord-Sud: cette seconde
ligne, quelleque soit sa direction précise,se situe au Sud

du Torola.

Cette donnée, en elle-même, est pertinente aux fins de
l'uti possidetisjuris de 1821 puisqu'elle démontre, quelle

que soit la direckion de cette ligne, que la juridictionde
Tequciqalpa s'étendait au Sud du Torola et atteiqnait la

cclline du Covolar, au Sud-Est. Mais cela entraîne une autre
conséquence non moins pertinente: que le réarpentage des

terres de Poloros en 1760, après la disparition de Sapigre,
s'est fait en grande partie à l'intérieur du territoire de

la juridiction de Tegucigalpa, comprenant les terres de
Sapigre au Sud et au Nord du Torola. 3.L'arpentaqede Polorosde 1760ne modifiepas les limites

des anciennesprovinces

Introduction

81. Lors des négociations surles limites de cette

zone en litige qui ont eu lieu au XIXe siècle,
l'argumentationd'El Salvador s'est exclusivemenf tondée sur
l'arpentage de Poloros de 1760~. Comme on l'a vu dans la

section II, il a avancé une interprétationde ce document
non seulement erronée mais aussi changeante, puisqu'il a
modifié progressivement la situation de "Cerro de Lopez' et

du "CerroRibita".

Pour sa part, le Honduras a mis en évidence en 1880 et
1888, comme lorsde l'arbitragede 1881, les irrégularités
du titre de Poloros au regard du droit espagnol.Mais,

jusqu'au rapport de M. Pedro H. Bonilla de 1897, on ne
connaissait ni les documentsde 1789 et 1803 relatifs aux
terres de Cacaoterique, ni les données du titre de

Cojiniquil de 1734 relatives aux terres de San Miguel de
Sapigre. Par conséquent, lorsdu débat entre les Partiesau

XIXe siècle, un fait essentieln'a pas été pris en compte:
la juridiction de Tegucigalpa s'étendait jusqu'aSuud du
Torola et à l'Ouestde la collinedu Coyolar.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII,
p. 255-271. 82. L'arpentage de Poloros de 1760, comme on l'a

souligné dans la section II, est parvenu cependant jusqu'au
Nord du Torola, suivant une ligne qui va de la confluence du

Torola avec le torrent d'Agua Caliente et jusqu'à la rivière
Unire. 11 est aussi postérieur à la disparition du village
de San Miguel de Sapigre de la juridictionde Tegucigalpa.

De ce fait, il convient d'examiner deux points. En

premier lieu, la conformité de l'arpentage de 1760 avec le
droit espagnol; en second lieu, les effets dudit arpentage

sur les limites des anciennes provinces et, enfin, la force
probante du document de 1760 aux fins de l'uti possidetis

juris de 1821.

Le silence de l'arpentaqe de Poloros sur les
terres de San Mique1 de Sapiqre

83. Dans les écrits précédents, le Gouvernement du

Honduras a souligné que le village de San Miguel de Sapigre
appartenait à Choluteca, juridiction de la Mairie de

Tegucigalpa et qu'il s'était éteint. probablement à la suite
d'une épidémie de peste, entre 1734 et 1760~. Dans son

contre-mémoire, El Salvador n'a pas combattu ces points,
admettant que ce village avait disparu aucours du XVIIIe
siècle et que le titre foncier s'était perdu à cette

occasion2.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII, p. 284;

contre-mémoiredu Honduras, vol. II, chap. X, p. 470-471.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. III,
p. 109-110. L'existence de Sapigre peut être déterminée jusqu'en

1739, c'est-à-dire vingt et un ans avant l'arpentage de
Poloros. C'est en effet ce qui ressort du titre surle

terrain de Cojiniquil de 1734 que côtoyait à l'Est celui de
la communauté de Sapigre. Cela est également prouvé par les

documents relatifs à la visite canonique qu'a effectué
l'évêque de Guatemala à la paroisse et la cure de San

Jeronimo Guascoran,en 1734 et 1739, à la demande de l'ordre
franciscain. Lorsque le responsable de la paroisse et la

cure fut interrogé sur les quatre villages qu'elle
comprenait,il répondit:

"Que cette administration estcomposée de sept
villages qui sont: le chef-lieu de San Jeronimo
Guascoran, San Antonio Lan.ue, San Sebastian
Aramecina, San Juan Poloros, San Mique1 'Sapiqre,
Nuestra Senora de la Asuncion de Anamoros et
Santiago Lislic. Qu'en tout, il devait y avoir
environ 627 indiens et trente ,sept familles de
métisl..." (soulignépar nous).

8.4. Lors de l'arpentage de Poloros de 1760, il est

fait référence aux terres de Anamoros et celles "d'un
village indien de cette juridiction" qui sans aucun doute

est Lislique ou Lislic. Mais, bien qu'il ne se soit écoulé
que vingt et un ans depuis 1739, l'arpentage ne mentionne

absolument pas, ni le village, ni les terres de San Miguel
de Sapigre, ce qui est surprenantz.

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes V.l-V.2, p. 268-269.

2 Contre-mémoired'El Salvador, vol. III, Annexe V,
p. 48-106. Vu que les terres de Sapigre s'étendaient jusqu'a la

colline du Coyolar et au Sud du Torola, selon le titre de
Cojiniquil de 1734, on a de bonnes raisonsde supposer qu'à

l'époque elles côtoyaient les terres de Poloros. Cette
donnée figurait sans aucun doute dans lWantigua medida"

(anciennemesure) de 1725 que présentèrent les habitants de
Poloros et où étaient consignées les bornes du terrain1.

Mais le document de 1760, ne reprit pas le texte précédent
de 1725, ni ne fit mention des anciennesbornes, comme il y

était tenu d'après le droit espagnol. Si ces données sont
omises et si l'on ne mentionne pas Sapigre, cela ne peut

s'expliquerque d'une façon: l'arpentagede Poloros a repris
une partie des terres de Sapigre, disparu quelques années
auparavant.

fl Les procédures d'arpentaqe des terrains selon le

droit espaqnol en viqueur en 1760 et l'arpentaqe
de Poloros

85. Les principales dispositions de droit espagnol sur

la vente et la "composition" des terres en Amérique ont été
réunies dans l'annexe II et étudiées dans l'annexe 1 du

contre-mémoire du Honduras. Il suffit donc de signaler ici
que l'arpentage de Poloros de 1760 a été effectué en vertu

de l'Instructiondu 15 octobre 17542 et des procédures

1 Contre-mémoired'El Salvador, vol. III, Annexe V,

p. 48.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.13,
p. 88.déterminées par l'Instruction du ler juillet 1746~. Le

rapport du 2 mars 1746 sur les irrégularités dans les
arpentages estégalement pertinent2.

86. 11 convient de signaler les deux phases de

l'arpentage. Lors de la première, préalable à l'arpentage
proprement dit, le Juge délégué:

"...se rendra chez le demandeur et sur les lieux
où elles se trouvent et après avoir convoqué les
indiens voisins et autres personnes l'imitropheset
intéressées, et avoir désigné un défenseur
éventuellement pour les indiens, ainsi qu'un
interprète et des arpenteurs, illes verra et les
reconnaîtra de visu et après avoir reçu des
informations pour savoir si les terres que l'on
prétend arpenter sontdes friches ou terres de la
Couronne et appartenant à Sa Majesté, il procèdera
à leur arpentage et bornage3..."

Cela étant, dansde nombreux cas, il ne s'agit pas du

premier arpentage du terrain, mais d'une procédure
postérieure ou de Iréarpentage",occasion de fréquents abus
comme le signale le Rapport du 2 mars 17464.

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe11.14,

p. 95.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.17,
p. 112.

3 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.14,
p. 101. Article 13 de l'Instructionde 1746.

4 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.17,
p.117. De ce fait, aux termes de l'article 6 de
l'Instructionde 1746. "S'ils se présentent devant le juge commissaire
certaines personnes en déclarantque les terres
qu'ils possèdent ont été arpentées et composées
avec Sa Majesté et que par accident les titres de
ces terres ont été perdus, dissimulésou brûlés,
il admettra que l'information et les preuves
qu'ils en donneront avec des témoins qui
déposeront sur l'affaire en tout individualité,
netteté et distinction. Et cela étant fait, s'ils
demandent le réarpentage des terres pour vérifier
si elles ont été déjà arpentées et composées, il
le fera en se conformant pour la découverte des
bornes aux déclarations des témoins1. "

Dans l'hypothèse d'un réarpentage,par conséquent, de
fortes garanties sont exigées et, en tout cas, l'audition

préalable de témoins. Lorsqu'il s'agit de vérifier le
réarpentage sur la base de documents précédents, le Rapport

du 2 mars 1746 indique que, pour éviter des fraudes à la
"Réal Hacienda"et des préjudicespour les particuliers.

"...les Juges, après avoir procédé auxformalités
judiciaires de citation et autres formalités
essentielles et nécessaires, ne procéderont pas
aux réarpentages sans étre en possession des
titres de terres que l'on va réarpenter ainsi que
de ceux des voisins limitrophes ou à défaut
d'informations très légalessur les terrains de
chacun, les délimitations,bornes et préemptions,
car il est possible que certains arpentages
postérieurs aient empiétésur les limites des
arpentages précédents, soit par ignorance, soit
par malice et cela ne doit en aucun cas étre
permis2..."

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.14,
p. 103. Article 16 de l'Instructionde 1746.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.17,
p. 117. En somme, la première phasedes procédures d'arpentage

requiert nécessairement l'audition en bonne et due forme des
voisins, la reconnaissancede visu du terrain et l'audition

de témoins pour savoir si ces terres appartiennent à la
Couronne. S'il s'agit d'un réarpentage, il est obligatoire

de consulter préalablement, tant les titres précédents du
terrain, que les titres des terres limitrophes;et si les
premiers se sont perdus ou ont été brûlés, il faudra

procéder à une audition de témoins.

87. Quant aux opérations de réarpentage proprement
dites, elles sontrégies minutieusementpar.l'Instructionde

17461. Et "la façon d'arpenter"est également déterminée de
maniére détaillée par le Rapport du 2 mars 1746~. Sans

entrer ici dans l'examen de ces régulations, il convient
néanmoins de signaler un point sur le calcul des distances

en cordes entre les différentes bornes. Il est en effet
prescrit:

"...de ne pas suivre la pratique commune qui
consiste, en prétextant le travail impossible ou
pour s'en dispenser, à arpenter et à indiquer les
distances à vue d'Œil, car en pratiquant ainsiil
est moralement impossiblede ne pas léser les
finances royales ou les parties ... et le juge en
toute conscience ne doit pas effectuer des
arpentages à vue d'Œilde façon répétée et les

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe 11.14,
p. 100-103 et 98-99.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe 11.17,
p. 113-122. parties ne doivent pas y consentir car le juge ne
s'acquitte pas ainsi de son obligation et les
parties mettent en péril leur quiétude et leurs
biens1..."

88. Au vu de ces dispositions de droit espagnol des
Indes en vigueur en 1760, il convient d'examiner maintenant

la régularitéde l'arpentagede Poloros de 1760. Ce document
présente pour le moins les irrégularités suivantes:

i) En premier lieu, le document de 1760, bien qu'il

parte d'un arpentage précédent de 1725 qui
indiquait les bornes de terrain, ne reprend pas ce

document ni n'indique quelles étaient leslimites
des terres2.

ii) En deuxième lieu, le document de 1760 indique
qu'ont été cités pour l'arpentage' les "voisins

limitrophes". Mais on n'indique pas qui ils
étaient et leurs déclarations ne sont pas

consignées3. On fait seulement allusion, plus
tard, au propriétaire de Jucaniquil dont on dit

qu'il fut cité4 et aux habitantsd'Anamorosdont

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe 11.17,
p. 114.

2 Contre-mémoired'El Salvador,vol. III, Annexe V,
p. 48.

3 Contre-mémoired'El Salvador, vol. III, Annexe V,
p. 48.

4 Contre-mémoire d'El Salvador, vol. III, Annexe V,

p. 49. on dit qu'ils étaient présents1. Mais il faut

observer que bien que l'on ait indiqué que
l'arpentage de 1760 côtoyait les terres de

Gueripe, de Bautista et, plus tard, le "village
d'indiens de cette juridiction" - Lislique - on ne
précise pas s'ils ont été cités ou si les voisins

étaient présents. Aprèsêtre arrivé au Torola, on
ne mentionne pas les habitants de Cacaoterique,

pas plus qu'on ne les cite à comparaitre. De méme,
les habitants dlOpatoro, le propriétaire du "Jato

de los Lopez" et celui des terres de San Antonio
de Padua ne sont ni cités ni ne comparaissent2.

Ainsi, on ne disposait que du titre des terres
dtAnamoros mais non ceux des voisins car ceux-ci,

comme on vient de le voir, ne furent pas cités à
comparaître, en violation d'une formalité

"essentielleet nécessaire"du procédé.

iii) Les dispositions de droit .espagnol ci-dessus
mentionnées exigent qu'avant d'effectuer un
arpentage on procède à une reconnaissance du

terrain de visu et que l'on entende les témoins
sur le point de savoir si les terres appartiennent

à la Couronne ou sur leur appartenance et sur
. leurs limites. Selon le document de 1760, cette

audition de témoins n'a pas eu lieu. Bien que le
procès-verbaldu ler février de la même année

1 Contre-mémoired'El Salvador, vol. III, Annexe V,
p. 52.

2 Contre-mémoired'El Salvador, vol. III, Annexe V,

p. 51-53. indique que le délégué sortit du village de

Poloros "to make the visual inspection of the
places of the Common Lands", il $'agit d'une

précision sans aucun contenu puisque l'on
n'indique aucune limite du terrain, en gagnant

immédiatementla première de ses bornes1.

iv) Lors de la seconde phase des opérations
d'arpentage, les prescriptions du Rapport du
2 mars 1746 n'ont pas été respectées puisque les

distances entre les bornes furent calculées par
évaluation ou "estimation". Le document de 1760

indique que l'on eut recours à cette pratique de
manière répétée et, en particulier,pour la partie

de l'arpentage entre le Torola et la rivière
Unire.

89. Comme on l'a dit, les irrégularités précédentes

entichent la procédure de l'arpentagede 1760. Pour ce qui
est des trois premières d'entreelles, on peut apprécier le

silence gardé sur les limites antérieures du terrain, selon
le document de 1725 et le fait que les propriétaires des

terres contigües n'ont pas été cités pas plus que leurs
titres n'ont été consultés.

Cela étant, si l'on .tient compte de ce que l'on a

exposé dans les paragraphes qui précèdent, une autre
irrégularitéentache l'arpentagede 1760 concernant la

1 Contre-mémoired'El Salvador,vol. III, Annexe V,

p. 49.compétence de l'autorité qui est intervenue.Celle-ci, en

effet, usurpa ou empiéta, pour une partie de l'arpentage,
sur la juridictionde Tegucigalpa qui, en 1734, s'étendait
au Sud du Torola et à l'Ouest de la colline du Coyolar,

comme on l'a vu en examinant les terres de San Miguel de
Sapigre.

a La force probante de l'arpentaue de Poloros de
1760 aux Pins de l'applicationde l'uti possidetis
juris de1821

90. L'arpentage des terres de Polorosest donc un

document irrégulierpar rapportau droit espagnol envigueur
cette date. Irrégularité en premier liep uour ce qui est
de la procédured'arpentage mais aussi, en deuxième lieu,en

raison de l'incompétencede l'autoritéde la provincede San
Miguel qui est intervenue à l'intérieurde la juridictionde
Tegucigalpa.

Si l'on avait fait valoir ces irrégularités devantle
"Juez de Tierras" de la "Audiencia" de Guatemala, cela

aurait sans aucun doute affecté la validité du titreconcédé
aux habitants dePoloros. Cela étant, le droit espagnolest,

devant la Chambre de la Cour, un "élément de fait" ou un
"moyende preuve et de démonstrationde ce qu'on a appelé le
'legs colonial' c'est-à-direde 'l'instantané territorial' à

la date critique8'lIl n'est donc pas pertinentde procéder

1 C.I.J. Recueil 1986,p. 568, par.30.à un jugement sur la valeur des procédures de 1760. Il
convient en revanchede se demander quelle est la force

probante de ce document aux fins de l'application del'e
possidetis juris de 1821 car la mission de la Chambre de la

Cour est de procéder à la délimitation dans ce secteur en
application dudit principe. A cet égard, il est nécessaire

d'aborder deux points.

91. En premier lieu, le fait d'avoir inclu dans
l'arpentagede 1760 une partie des terres du village disparu

de San Miguel de Sapigre, au Sud et au Nord du Torola, sans
indiquercette donnée dans les procéduresd'arpentage.

Comme on l'a indiqué dans l'écrit précédent,

l'extinction d'une communauté indigène, comme c'est le cas
pour celle de Sapigre, impliquait en droit espagnol la

caducité du titre de propriété de ses terres. Celles-ci
devenaient terresde la Couronne de sorte qu'elles pouvaient

être à nouveau arpentées en faveur d'un autre demandeur1.
Preuve en est, par exemple, la concession du titre des

terres de Colopele en 1779 en faveur de la communauté
indigènede ~uarita~.

Après la demande de cette communauté, lejuge adjoint

de la province de Gracias a Dios et du district de Tencoa,
M. Manuel de ~asfro, se rendit au village de Guarita et, le

6 mars 1779, permit que l'on procédât:

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 472.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.5, p. 1884. "...à l'acquisition d'informations pour savoir si
les terres du lieu de Colopele sont de llEtat, &
villaqe ancien ayant été détruitl."

Lors de l'audition des témoins, exigée en droit espagnol

ainsi qu'on l'a souligné, les trois personnes qui
comparurent déclarèrent que le village ancien de Colopele

avait été détruit "...raison pour laquelle les terres sont
retombées dans le patrimoine royal et elles sont de

11~tat2." De même, on précise qu'elles n'avaient pas fait
l'objet d'un arpentage et on en indique les limites3.

Postérieurement,"au vu de l'informationprécédente montrant
que lesditesterres sont bien de 1'Etat et faisant partiedu

patrimoine royal",on cita les voisins limitrophes4,dont
les noms et déclarations sont consignés, et l'onprocéda à

une "inspection à vue" du terrain dont on indique les
limites5 et, enfin, à l'arpentage proprement dit des

terresa.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.5, p. 1886.

2 Mémoire du Honduras, Annexes,
vol. IV,
Annexe X.1.5, p. 1886. Déclarationde Casimir0 Carjaval.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.5, p. 1886-1888.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, .vol.IV,
Annexe X.1.5, p. 1890-1891.

5 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe X.1.5, p. 1892-1893.

6 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,

Annexe X.1.5, p. 1894-1897. Si l'on compare cetteprocédure à celle suivieen 1760,

en vérité le contraste est grand. Mais la différence entre
l'une et l'autre réside, eu égard aux éléments de droit

espagnol ci-dessus exposés, simplement en ceci: dans le cas
de Colopele, en 1779, les conditionsrequises par le droit

espagnol furent respectées. Or, ,ce ne fut pas le cas des
procédures de 1760, ce qui rejaillit négativementsur la

force probantede ce document.

92. Mais, en second lieu, la question précédente se
rattache à une autre, plus fondamentale:celle de savoir &

le titre de Poloros de 1760 est un document pertinentpour
déterminer les limites des anciennes juridictions et

provinces. Pour diverses raisons, la réponse à cette
question est négative.

En effet, même en admettant, à titre d'hypothèse, la

régularité des procédures entamées en 1760, ce document
indique seulement les limites des terres de Poloros et non

les limites entre la Mairie de Tegucigala, à laquelle
appartient Sapigre, et la province de San Miguel. Par

conséquent, l'arpentage ayant été vérifié par une autorité
de cette dernière, on pourrait penser qu'il existe une

présomption selon laquelle cette autorité a agi dans les
limites de sa juridiction territoriale et, de ce fait, que

le terrain arpenté,sauf preuve du contraire appartenait à
la province de San Miguel.

Cependant, le titre de Cojiniquil de 1734 indique les

limites entre Tegucigalpa et San Miguel. Celles-ci
s'étendent, entout état de cause,au Sud du Torola, jusqu'à

une ligne qui va à l'ouest de la colline du Coyolar. Ainsi,
mise à part l'incompétencede l'autorité de San Miguel quiest intervenue en 1760, le document n'a pas modifié la

limite des juridictionsde Tegucigalpa et San Miguel puisque
la présomptionqu'offre l'arpentagede 1760 est démentie par

les données apportées par le titre de Cojiniquil de 1734,
sans que n'existe aucun document entre cette dateet 1821

qui ait 'modifiéles limites de l'une et l'autre juridiction.

C. CONCLUSIONS

93. El Salvador fonde ses prétentions dans ce secteur
sur le titredu terrain de Poloros de 1760. Mais il propose

une interprétation erronée des termes de ce document
puisque, dans la partie pertinente aux fins du présent

litige, l'arpentagene suit pas la ligne représentéesur la
carte salvadorienne 6.V et sur le croquis 3.5, mais au

contraire une ligne qui, de la confluence du Torola et du
torrent d'Agua Caliente, se dirige d'Est-Nord-Est jusqu'au

côteau qui sépare les terres de Poloros de cellesdu "Jato
de Los Lopez", longeant ces dernières vers le Sud, et de là,

au Cerro Ribita, situé sur le Cerro de Guanacaste ou
dlUnire, à proximité de cette riviére et, de Ribita,
parvient à la rivière Unire. Par ailleurs, El Salvador a

défendu diverses interprétationsdu document des terres .de
Poloros, modifiant arbitrairement à partir de 1880 les

lieux, directionset distances, ce qui permet de .jugerle
bien fondé de ses prétentions.

Le document de 1760, en troisième lieu, fait état d'un

arpentage qui estirrégulierau regard du droit espagnoldes
Indes en vigueur à l'époque, irrégularitésliées au fait que

l'on a oublié que le terrain arpenté comprenait, en partie,
les terres du village de San Miguel de Sapigre, de la Mairie

de Tegucigalpa, disparuentre 1734 et 1760. Enfin, le titrede Poloros, indépendammentde ses irrégularités,ne modifie

pas les limites des anciennes juridictions établiespar des
documents antérieurs.

94. Il a été démontré que le tracé hondurien, pour la
partie comprise entre la confluence du Torola et le torrent

de Mansupucagua d'une part et le torrent d'Agua Caliente
d'autre part, est conforme aux documents des terres de

Cacaoterique de 1789 et 1803 qui indiquent les bornes du
Carrizal et de Sisicruz. Les mêmes documents,ainsi que le

titre du terrain de Cojiniquil,'arpentéen 1734, permettent
d'établir pourcette époque, non seulement les limites des

terres de San Miguel de Sapigre, mais également unpoint
plus pertinent aux fins du présent litige: que la
juridictionde la Mairie de Tegucigalpas'étendait,en 1734,

au Sud du Torola, le long d'une ligne qui se dirige vers
l'Ouest à partir du Cerro du Coyolar, point sur la

localisationduquel les Parties coïncident.

Cette limite des juridictions de Tegucigalpa et San
Miguel, au Sud du Torola et jusqu'à la colline du Coyolar

n'a pas été modifiée après 1734puisque, même en admettant à
titre d'hypothèse, la régularité du document de Poloros de
1760, la concession de terres à cette communauté n'implique,

en aucune façon, selon le droit espagnol des Indes, une
altérationdes limites desdites juridictionç . Section IV. Les données postérieuresà 1821 en relation
avec les limites établiesen applicationde l'uti

possidetis juris

A. INTRODUCTION

94. A la section III qui précède on a montré que,

conformément à l'uti possidetis iuris de 1821, les limites
des anciennes juridictions de Tegucigalpa et de San Miguel,

dans cette zone en litige, se trouvaient au Sud de la
rivière Torola. Or, ainsi qu'il ressort de la Note du

Ministère des Relations Extérieuresdu Honduras en date du 6
novembre 18791, El Salvador formule pour la première fois,
cette année-la, une prétention sur le terrain de Dolores

situé au Nord de la rivière Torola.

En effet, la Note hondurienne du 6 novembre 1879accuse
réception d'une autre Note, en date du 30 septembre 1879,

émanant d'El Salvador et dans laquelle il était dit que le
terrain de Dolores "...fait partie intégrante,des "ejidos"

de Poloros et, par conséquent, du territoire salvadorien2"
(souligné par nous). Mais la prétention salvadorienne est

catégoriquement rejetéepar le Gouvernement du Honduras, qui
ajoute que:

"Jamais sa possession n'a été contestée; pour le
moins mon Gouvernement n'a pas trace qu'il se soit
produit auparavant la moindre chose sir ce
point3."

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.20, p. 336.

2 u., Annexe V.20, p. 336.

3 M., Annexe V.20, p. 336. 95. La prétention d'El Salvador -ainsi qu'on le

remarque - se fonde sur l'identité entre limites des
"terrenos ejidales" et limites du territoire des

Républiques. Et le différend sur la zone de Dolores, qui
commence en 1879, donnera lieu entre les Parties aux

premières négociations des limites relativement à ce
secteur; ces négociations eurent lieu à Saco du 3 au 7 juin

1880~.

Ainsi que la Chambre de la Cour le sait déjà, El

~alvador, au cours de ces négociations de 1880, revendiqua
un tracé fondé sur les limites du terrain de ~olorosl. Mais

l'élément significatif est que le tracé proposé par le
Honduras allait:

"A partir du passage de Unire, en ligne droite,
jusqu'au côteau de la Guacamaya. A partir de la
Guacamaya, en ligne droite, jusqu'àla confluence
du torrent Arenal et de la Torola; puis, en aval
de ladite rivière sa confluence avec la
rivière San Antonio l"sq(soulignépar nous).

Il s'agit par conséquent d'un tracé dans lequel la

rivière Torola apparaît comme limite principale. ,Et cela
implique, en toute logique, que l'on suit les limites des

anciennes provinces, selon les documents antérieurs à 1821;
en particulier, ceux se rapportant aussi bienau terrain de

Cacaoterique qu'a celui de Cojiniquil, qui mettent en
évidence que, avant l'arpentagede Poloros en 1760, se

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24, p. 99-102.trouvaient, au Sud de la Torola, les terres du village de
San Miguel de Sapigre et les limites des juridictions de

Tegucigalpaet de San Miguel.

96. A partir de 1880, le différend frontalierdans
cette zone demeure conforme à cette configurationinitiale.

or, la position du Gouvernement du Honduras, tant en 1880
qu'en 1888, peut s'expliquer par trois faits d'égale
pertinence.

En premier lieu, le fait que, bien qu'il ne manque pas

de références aux terrainsde San Miguel de Sapigre dans
certains documentshonduriens antérieurs à 18801, ce n'est

qu'en 1897 que le Gouvernement du Honduras eut connaissance
des documents pertinents sur ce point, mis en évidence par

le rapport de M. Pedro H. c on il Cea^ui explique qu'en
1880 et 1888 les délégués du Honduras ne font référence
qu'au titrede San Antonio de ~adua3. Pour les négociations

de 188Ci4,ce point a déjà été abordé à la section III qui
précède et il n'est pas nécessaire d'yrevenir.

1 Tels que la communication du chef du district de
Lamani à M. Villatoro du 2 juin 1843, mémoire du Honduras,
Annexes, vol. IV, Annexe VIII.1.6.8, p. 1622 et l'enquete du
7 décembre 1879, réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.lO, p. 304.

2 ibid., Annexe V.16, p. 324.
-

3 Rapport de la commission salvadorienne, mémoiredu
Honduras, Annexes,vol. 1, Annexe 111.1.25, p. 103-106, où
daté de 1838, l'arpentagedu terrain ayant eu lieu en1738.t

4 G., Annexe, 111.2.8,p. 233-250. 97. Il convient, en revanche, d'examiner les deux

autres faits ou situations pertinents, relatifs à la limite
de la rivière Torola.Le premier émane du titre de Hacienda

de Monteca, délivré en 1842 par le Gouvernement d'El
Salvador à M. Villatoro; carles limites de ce terrain sont

doublement importantes pour le présentlitige sur la zone de
Dolores. Laseconde situationest celle relative aux titres

de terres concédés par le Gouvernement du Honduras dans
cette zone, entre 1856 et 1879; car, comme on le verra, la

limite Sud de deux de ces terrains est précisément la
rivière Torola.

Ces deux situations feront l'objet du paragraphe

suivant (B). Enfin, comme on l'a fait pour d'autres secteurs
de la ligne frontière,on exposera les données émanant de la

correspondance interne entre les autoritéshonduriennes sur
les limites dans ce secteur ainsi que les données fournies
par la correspondance diplomatique entre les deux

Républiques (C), ce qui permettra de dégager certaines
conclusions (D).

B. LA LIMITE DU RIO TOROLA

1. Le terrain de Monteca

98. On rappellera d'abord certains faits, survenus

entre 1842 et 1854, concernantHacienda de Monteca et la
présence des habitants d'opatoro au Sud de la Torola (a). En

second lieu, on examinera les limites du terrain de Monteca;
ce qui permettra d'établir, en référence au XVIIIe siècle,

les limites de Poloros antérieures à 1760 et les limites du
terrain de San Miguel de Sapigre, et, de méme,la limite de

la rivière Torola au XIXe siècle (b). La présence des ,habitantsdlOpatoro au Sud du Rio

Torola entre 1821 et 1854

99. Comme on l'a exposé à la précédente sectionIII,
l'arpentage du terrain de Poloros en 1760 indique que le

village d'Opatoro, de la juridiction de Comayagua,
comprenait à cette date une "hacienda" dans la zone en

litige1. Et, en tenant compte d'autres documents qui ysont
examinés, on peut établir que l'"hacienda" des habitants

d'opatoro était située sur la rive droite de la rivière
Torola, à proximité du lieu où la carte salvadorienne 6.V

indique le "plan hacienda Dolores".D'autre part, ainsi que
le montrent divers documentsdu XIXe siècle, les habitants
d'opatoro utilisaient égalementles terres situées au Sud de

la rivière Torola, situation qui n'allait pas se modifier
entre 1821 et 1842.

Cependant, ainsi que l'ont indiqué les précédents

écrits du ond dura la^,résence des habitants dlOpatoro au
Sud de la Torola se voit troublée par certains faits entre

1842 et 1854. En premier lieu, du fait qu'ont été déclarées
patrimoine de 1'Etat les terres dénomméesde Monteca et que,

la vente aux enchères en ayant été ordonnée, elles furent
acquises par José villatoro3. En second lieu, du fait que le

nouveau propriétaire a demandé, au moinsà partir de 1843,

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,

Annexe V.1, p. 53 et 78.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI1,
p. 251-255; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 421-426.

3 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe VII.2,
p. 229-230.que les habitants d'opatoro quittent le terrain; ce qui
donne lieu à la communicationdu chef du district de Lamani,

en date du 2 juin 1843, dans laquelle il est indiqué que
lesdites terres faisaient partiede l'ancien village de San

Miguel de sapigre1. Et cette demande est renouvelée par la
Note diplomatique d'El Salvador en date du 22 mars 1849, qui

comprend une requêtedu gendre de M. Villatoro dans laquelle
il déclare, entre autres, qu'il a préalablement demandé
protection contre la présence des habitants d'opatoro, car:

"...Il s'avère que notre hacienda jouxte des
terres dudit village et des terres des habitants
du village de Poloros qui, avant que nous les
achetions, les retenaient indûment et
travaillaient sur lesdites terres de
~onteca~.'

Enfin, la Chambre de la Cour sait également que le

Gouvernement d'El Salvador, accédant aux requêtes du
propriétaire de Monteca, ordonna en 1854 aux habitants

dlOpatoro de cesser d'exploiter ledit terrain,sauf s'ils
parvenaient à un accord avec leur propriétaire3.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.6.B, p. 1622.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.19, p. 334.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.6.CI p. 1623. 100. El Salvador, dans son contre-mémoire a fait
référence à "The Villatoro incident" en indiquant les

interprétations divergentesque les Parties ont données aux
faits précédents1. Mais il faut souligner qu'El Salvador
ajoute qu'aucune de ces interprétations"...is relevant for

the purposes of deciding this frontier dispute", étant donné
que "this incident occured in 1854", et il conclut en

déclarant que:

"For the same reason, the Title Deeds executed in
1856 and 1857 by Honduras and, finally, in 1879 by
the President of Honduras in favour of the
inhabitants of Opatoro similarly have no relevance
whatever to this judicial proceeding2."

Cette argumentation d'El Salvador appelle un triple
commentaire. En premier lieu, on observera qu'El Salvador

omet la relation existante entre le terr.aind .e Monteca et
les terres de l'ancien village de San Miguel de Sapigre,

relation mise en évidence par le Gouvernement du Honduras
dans son premier écrit3. En second lieu, en se référant aux

titres de terres concédés par le Honduras dans la zone en
litige, en 1856 et 1879, El Salvador anticipe des faitsnon

exposés dans le mémoire hondurien. Enfin, il est
significatif qu'El Salvador considère comme non-pertinents

les faits survenusentre 1854 et 1879, c'est-à-direaprès

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.119-3.120,
p. 115.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.121, p. 116.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap.VI1,
p. 254-255.1821. Cela implique en effetqu'il accepte, en matière de
preuve, les conséquences dérivant de la date critique
acceptée par les deux parties1. Mais immédiatement surgit,

une fois de plus, la contradiction avec d'autres positions
défendues par El Salvador; il ne sied pas, en effet,

d'invoquer la date critique de 1821 et l'uti possidetis
juriç et, en même temps, des "effectivités' très

postérieures à cette date.

101. Cela dit, il convient de rappeler quelle a été et
quelle est la position du Gouvernement du Honduras en ce qui

concerne "the Villatoro incident". En premier lieu, les
faits de 1842-1854 montrent qu'à cette époque le

Gouvernement du Honduras croyait que les limites des
anciennes provinces dans cette zone -et par conséquent

celles du territoire de la République - étaient celles de la
rivière Torola. Cela est confirmé dans les documents

immédiatement postérieurs2.

En second lieu, lorsqu'àpartir de 1879 le Gouvernement
du Honduras apprend que les limites des anciennes provinces
se trouvaient au Sud de la rivière Torola, les faits de

1842-1854 relatifs à l'Hacienda de Monteca revêtent une
signification nouvelle,bien que cela n'ait pas modifié la

position défendue dans les négociations de 1880 et de 1888.
En effet, les terres de Monteca - de même qu'une partiede

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 2.1, p. 12.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe V.5,
p. 285.celles de Poloros - sont liées au terrain de San Miguel de
Sapigre. Et, eu égard à cela, on peut expliquer le fait que

les habitants dlOpatoro "retenaient indûment et
travaillaient" les terres de Monteca en 1842, ainsi qu'il

est dit dans l'écrit figurant dans la Note salvadoriennedu
22 mars 184g1.

Il y a donc, pendant de longues années,possession de

fait de la part des habitants d'opatoro. Mais ce fait amène
le 'Honduras, à son tour, à s'interroger sur l'effectivité,
dans les faits, du titre de Poloros de 1760; car cette

communauté est titulaire des terres qui allaient constituer
l'Hacienda de Monteca et, sans l'existencepréalable de San

Miguel de Sapigre, il est difficile d'expliquer cette
situation de fait. Mais, enfin, cela est confirmé par

l'examen des limites du territoire de Monteca: celles-ci
coïncident en effetavec celles de San Miguel de Sapigre, au

sud de la Torola.

Q Les limites des terres de Monteca

102. Les éléments les plus pertinents ont déjà été
exposés dans les précédents écritsdu Gouvernement du

~onduras2. Il convient de rappeler,en premier lieu, qu'en

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.19, p. 334.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. VII,

p. 251-255; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,
p. 421-426.délivrant le titre de l'Hacienda de Monteca à M. Villatoro,
le 20 novembre 1842, le Gouvernement d'El Salvador

recommanda à l'intéressé:

permettront,deà,l'arpentage spécifique du terrain
pour dénombrer les 'caballerias' dont il se
compose, et afin qu'il n'y ait motif à désaccord
et à litige entre ses héritiers1."

Car Monteca est vendue sans une détermination précise

de ses limites. Mais il faut observer, en second lieu, que
dans la lettre de M. Villatoro sollicitant du Gouvernement

d'El Salvador l'établissement du titre, il déclare, après
avoir indiquéles actes relatifs à l'acquisitionde Monteca:

"...toute l'opération s'est effectuée en présence
des voisins limitrophes et principalement de la
municipalité de Poloros dont les membres vinrent
en personne indiquer les limites et anciennes
bornes délimitant la zone du terrain de Monteca,
ainsi que cela est consi né aux procès-verbauxen
sept feuillets ci-joints2' [soulignépar nous).

103. Il est probable que se trouvent, dans les archives

salvadoriennes, les actesdu Gouvernement ordonnantla vente
du terrain de Monteca ainsi que les sept feuillets des

proces-verbaux susvisés.Ces documents permettraient sans
doute de reconstituerles limites du terrain.

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe VII.2,

p. 230.

2 Contre-mémoiredu ond durasAnnexes, Annexe VII.2,
p. 229. Or, en ce qui concerne les pièces susmentionnées, se
posent plusieurs questions intéressantes dans l'optique du

présent litige. Il y a lieu, en effet, de se demander à quel
moment leGouvernementd'El Salvadorannule les droits de la

communauté de Poloros sur les terres qui vont constituer
l'Hacienda de Monteca; mais aussi, quelles étaient "les

limites et anciennes bornes délimitantla zone du terrain de
Monteca". '

Et cette seconde question estd'autant plus pertinente

que, comme on l'a indiqué, Monteca prend naissance sans
arpentage préalable déterminant ses limites; ce qui montre

que les "anciennesbornes" ne pouvaient étre que celles d'un
terrain limitrophe, celuide Poloros.Mais, étant donné que

ce terrain s'étend, en 1760, auNord de la Torola, quelles
sont les "anciennes bornes" situées au Sud du terrain de

Monteca ? Il est évident qu'il ne peut y avoir qu'une
réponse: les bornes qu'indiquentles habitants de Poloros en

1842 sont cellesdu terrain de cette communauté antérieures
à 1760; c'est-à-direles bornes délimitant ce terrain avec

celui de San Miguel de Sapiqre.

Le fait que ce soient les habitants de Poloros qui
indiquent les "anciennesbornes" est significatif. Mais cela

se rattache à un autre fait, mentionné dans le titre de
terres de 1760: ce document fait allusion à un "ancien

arpentage" de 1725, que les habitants de Poloros
présentèrent à cette datel.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. III,

Annexe V, p. 48. 104. En définitive, l'Haciendade Monteca possède comme

bornes au Sud les anciennes bornes de Poloros de 1725; et
par conséquent, ce terrain est constitué sur celui qui

était, à cette date, le terrain de San Miguel de Sapigre,
village alors existant et limitrophe de Poloros.

Mais la finalité de l'analyse jusque là n'est pas de

prouver les limites des terres d'une communauté indigène.Ce
qui importe, en réalité, ce sont les limites des anciennes

provinces de 1821. Et la conclusion précédente doit donc
être rattachée à un élément mis en relief, à la section III

qui précède, par le titre de Cojiniquil de 1734: la ligne à
l'Ouest du Coyolar délimitant les terres de San Miguel de

Sapigre est la limite des .provincesde Tegucigalpa et de San
Miguel.

105. Comme l'indique le contre-mémoire hondurien1, les

limites du terrain de Monteca sont connus par l'arpentage du
terrain fait en avril-mai 1889par M. José Antonio ~oucel~,

acte préalable au partage du terrainentre les héritiers de
M. Villatoro, qui fut approuvé par le Tribunal de Première

Instance de Santa Rosa le 22 février 18983. Selon
l'arpentage de M. Loucel, les bornes du'terrain de Monteca

sont les suivantes (carte V.2, en regard de cette page):

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. X,

p. 425-426.

2 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe VII.3,
p. 231-242.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.6.D, p. 1624-1629.+uoj+uou lo~a+uo~ap saija) sap -,,-,....-.-,..",,..-.,.,,..-m.--.-,.-- "*,""-".,,".,m,~,."--"-"-r-------..--..---m..."-*-.
-.-----".--m"--.n-- ,,.I-I*-,IU.,-^-..P..Yi-*I----".. ..,..--.--..-..".
+a sa~oloaap saiia+sap sa+!w!l --.,--.-m"=-"n-.u-..---m,n -- -.".--, -.--. , "
sap anb~qdoibuo!+o~uasa~da~ mz,rm.. ,-mT-,> ..,m>,w33w w.,9p -,,,,...~wm-.".~*.-,,. .,,..
-...-4.-na*,.<V.P.L.%,P.--U.-"I,.9L-DYx-n. u-'.,,..
UQIr"~r"~.Yaiol*.*<n..i..-.a*~i4M,rr-.mli. - 'au Sud du terrain, en direction Ouest-Est, la

première borne,où commença l'arpentage,est celle

de Zapote; la seconde, la borne du Talquezal ou
Malpaso; la troisième, la borne du Cerro Las

Marias; la quatrième, la borne de la Puerta; la
cinquième, la borne du Potrero del Ocotall. Les

premières bornes se trouvent à environ trois
kilomètres au Sud de la rivière Torola; celle du

Potrero del Ocotal à environ deux kilomètres de
ladite rivière (Points J, 1, H, G, FI E de la

carte V.2).

- a l'Est, la limite du terrain est constituée par

.la ligne allant du Potrero del Ocotal à la sixième

borne, celle du Cerro de la Guacamaya "...que
reconnurent les habitants d0Opatoro; c'est là que

commence la bande faisant l'objet d'un litige
entre les Gouvernements d'El Salvador et du

ond du ras^.

- au Nord, depuis la borne de la Guacamaya, la

limite suit "...le cours Je la rivière Torola en
aval" pour arriver à un point où la rivière croise

une ligne idéale reliant le Mont de Lopez et, au
Sud, la borne de Guajiniquil; "cette ligne est

celle qu'indiquent les documents de
M. ~illatoro3".

'1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe VII.3,
p. 231-236.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, AnnexeVII.3,
p. 237.

3 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes,Annexe VII.3,

p. 238-240. - enfin, à l'Ouest, depuis le point susvisé sur la

rivière Torola, la ligne se poursuit jusqu'à la
borne du Guajiniquil; et, de là, à la borne du

Zapote, lieu où a commencé l'arpentagel.

2. Les titres des terres délivrés par le Gouvernement

du Honduras (1856-1879)et le Rio Torola

106. Entre 1856 et 1879, le Gouvernement du Honduras a
délivré trois titres de terres dans la zone en litige de

Dolores, au Nord de la rivière Torola. Le premier est celui
du terrain. de Sacualpa de 1856, réarpenté ensuite en 1893;

le second est celui du terrain de Matasano, Hornos y
Estancias, égalementdélivré en 1856, et enfin, le titre du

terrain de Los Dolores, délivréen 187g2 (voir carte V.l en
regard de cette page).

Le titre des terres de Sacualpade 1856

107. La requête demandantque soit arpenté le terrain

de Sacualpa fut introduitepar le village d'opatoro le
20 janvier 1853. Mais lorsque furent citésles habitants de

Cacaoterique, ceux-ci s'opposèrent à l'arpentage en
invoquantleur ancien titre, ainsi qu'il ressortdes

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe VII.3,

p. 240-242.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexes
v.3, p. 270; V.4, p. 281 et V.8, P. 294.documents du 11 février et du 11 novembre 1853, le

Gouvernement ayant ordonnéinitialement que soit suspendue
la concessiondu terrain aux requérants1.

Il est intéressant de relever deux faits dans le

dossier du terrain de Sacualpa. En premier lieu, ainsi qu'on
peut le voir sur la carte hondurienne V.l, l'arpentage du

terrain commença "en un lieu appelé Lopez" et sa limite Sud
s'étend jusqu'à Brinca Tigre. En second lieu, l'opposition

des habitants de Cacaoterique, comme on l'a dit, se fondait
sur la reconnaissance des bornes effectuée en 1803 par

M. Sixto Gonzalez Santino; et le dossier authentifie un
extrait de ce document, dans lequel il est fait référence

aux bornes des terres de Cacaoterique appelées Chunesguara,
Masala et Brinca Tigre. Par conséquent, le terrain de

Sacualpa était inclus dans lepérimètre des anciennes terres
de Cacaoterique,selon le document de 1803.

108. Le conflit entre les habitants de Cacaoteriqueet

dlOpatoro fut réglé par la décision du Gouvernement en date
du 10 janvier 1856.Ultérieurement, en1899, fut pratiqué un

réarpentage du terrain, où l'on enregistra une nouvelle
opposition des habitants de Cacaoterique. Mais l'opposition

fut rejetée par le ~ouvernement2.

~e~li~ue du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.3.A' p. 270.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.3.8, p. 278. bJ Le titre des terres de Matasanos, Hornos y

Estancias de 1856

109. Le titre de ce terrain fut délivré à M. Camilo

Cisne le 7 aoùt 1856; et l'arpentage fut effectué par
M. Lucas Rios en avril de cette méme année1. Il convient de

signaler trois pointsde ce dossier.

En premier lieu, le vaste terrain de Matasanos, Hornos
y Estancias est constitué d'une partie des anciennes terres

de Cacaoterique, conformément à la reconnaissancede bornes
pratiquée en 1803 par M. Sixto Gonzalez Santino; ce qui

apparaît sur la carte V.l du présent chapitre, où sont
tracées les limites du terrain de 1856 et les limites des

anciennes terres de Cacaoterique. En second lieu, selon les
procès-verbaux des 24 et 25 avril 1856, l'arpenteur, se
déplaçant selon une direction générale Nord-Sud, pénétra

dans la zone en litige en indiquant que:

"...on tira la corde à travers des bois de pins
(ocotales) pour parvenir à l'ancienne fromagerie
de tranquilino, à trente cordées, où l'on érigea
une borne de pierres. La boussole étant placéeen
ce point, on prit la direction S. 10° E. et l'on
arriva à la Piedra Parada à trente cordées, en
prenant pour borne ladite pierre. De là, on prit
la direction S. 10° et, en franchissantle torrent
du Arenal. on arriva au confluent dudit torrent
limite des frontières de cei pays avec El Salvador,
et où l'on érigea une autre borneLt'(souligné par
nousi .

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe V.4,
p. 281.

2 m., Annexe V.4, p. 282. Le jour suivant, 26 avril 1856, il est dit que:

"en suivant le cours dela Torola de ce coté, on
arriva au premier coude, a cinquante cordées; au
second, en direction N. 70° O, on compta dix-huit
cordées et au troisième, en direction Ouest,
quatre cordées1..."

110. Le terrain de Matasanos, Hornos y Estancias,
arpenté en 1856, occupe la partie occidentale de la zone en

litige. Et la limite Sud, comme on l'a dit, est la rivière
Torola, depuis leconfluent de cette rivière avec le torrent

Arenal, vers l'Ouest, en suivant les courbes ou coudes
successifs de la Torola. Il est donc évident qu'en 1856le

Gouvernement du Honduras pense que ladite rivière était la
limite des anciennesprovinces; ce qui apparaît clairement
lorsqu'il fait allusion au fait que la Torola "...est

reconnue comme limite des frontières dec.e pays avec El
Salvador".

Mais d'autre part, l'arpentagede 1856 et la concession

du titre de terrain ne suscita aucune réaction de la part
d'El Salvador; ce n'est qu'en septembre 1879 que celui-ci
revendique la zone en litige, en se fondant sur l'ancien

titre de Poloros de 1760 et sur la base de l'argument erroné
de l'identité entre limitesde terres et limites des

anciennesprovinces.

Réplique du Honduras, Annexes,vol. 1, Annexe V.4,
p. 283. CJ Le titre des terres de Dolores de 1879

111. Le titre du terrain de Dolores, délivré à la

municipalité d'opatoro par décision du Gouvernement en date
du 10 août 1879, fut sollicité par ladite municipalité le

6 avril 1877l. Or, plusieurs points de ce dossier méritent
d'être soulignés.

En premier lieu, le fait que, avant de pratiquer

l'arpentage du terrain, on procéda, le 10 avril 1877, à une
information par témoins, devant le Tribunal de Paix

d'opatoro, concernant la localisation de ce terrain et son
caractère de "terres de la Couronne" ou "nationales".Les

trois témoins comparants déclarèrent unanimement que le
terrain de Los Dolores était propriété nationale "...et est
situé dans la présente juridiction nationale jusqu'à la

riviere Torola qui sert de ligne séparative entre le
Honduras et El Salvador"; que "la rivière Torola sépare les

deux Etats" et que "la riviere Torola sépare les deux
Républiques,en amont2. "

L'arpentage du terrain, après citation despopulations

limitrophes honduriennes, commença le 27 avril 1877 au
tripoint situé entre les terrains de Sacualpa, de Matasanos

y Estancias et de celui de Dolores qu'on allait arpenter;on
continua en direction générale Sud, lelong des limites des

1 Réplique du Honduras, Annexes,vol. 1, Annexe V.8,
p. 294.

2 M., Annexe V.8, p. 294-295.terres de Matasanos, Hornos y Estancias, déjà mentionnées

- fromagerie de Tranquilino, torrent Arenal - le texte
stipulant que "...on compta 25 cordées jusqu'au confluent de
ce torrent avec la rivière Torola qui est reconnue comme

limite entre les territoiresdu Honduras et d'El ~alvadorl"
(soulignépar nous). De là, on poursuivit:

"...au bord de la Torola, en amont... jusqu'à
l'Hacienda de Dolores." Et le lendemain, 28 avril,
on poursuivit en amont de la Torola "en ayant la
rivière sur la droite" et en passant par le
confluent du torrent du Aceituno avec la Torola;
on laissa sur la gauche le Cerro de Peiia, on
franchit le torrent du Naranjo, on passa à Lajitas
et on arriva "au col de la Guacamaya" (souligné
par nous).

112. Comme on peut le voir sur la carte v.12, le
terrain de Los Dolores pénètre en partie dans les anciennes

terres de Cacaoterique, selon ledocument de 1803. L'autre
partie est celle constituée des anciennes terres de San

Miguel de Sapigre, au Nord de la Torola, ainsi qu'on l'a
indiqué dans la section III du présent chapitre; et sa
limite orientale sont les terres de San Antonio de Padua ou

du Nord, ainsi que le dit l'arpentage du29 avril. II y a
donc une parfaite continuité avec les titres de terres

antérieurs à 1821.

La référence de la rivière Torola comme limite Sud,
jusqu'à la source de ce cours d'eau sur le mont de la

Guacamaya, reflète la croyance du Gouvernementdu Honduras

1 M., Annexe V.8, p. 296.

2 Réplique du Honduras, carte V.1, en regard de la
p. 676.quant aux limites des anciennes provinces en 1877-1879. Et

il est significatif que, aussi bien sur ce titre que sur
celui de Matasano, Hornos y Estancias de 1856, il soit fait

allusion à la rivière Torolacomme limite "reconnue" par les
deux Républiques. Mais cette situation,admise depuis 1821,

sera, comme on l'a indiqué, contestéepar El Salvador dans
la Note diplomatiquedu 30 septembre 1879.

C. LE COMPORTEMENTDES PARTIES EN RELATION AVEC LA

LIMITE DU RIO TOROLA

1. Les documentsdes autorités honduriennes

113. Parmi les communications internes des autorités
honduriennes, relativesaux limites dans ce secteur, on a
sélectionné 15 documents établis entre 1874et 1933, dont

certains ont déjà été cités dans la section II (par exemple,
ceux figurant auxannexes V.7, V.15 et V.16). Le premier

groupe de documents permet d'apprécier la position des
autorités honduriennesen ce qui concerne la limite de la

rivière Torola.

Le plus ancien est la communication de la municipalité
de Cacaoterique en date du 27 avril 1856, à laquelle il est

fait référencedans le contre-mémoiredu ~ondurasl.Suite au
litige entre cette cokunauté et celle d'opatoro lors de

l'arpentage des terres de Sacualpa, on se réfère aux
anciennes limites des terres de Cacaoterique et, à plusieurs

reprises, à la limite de la rivière Torola; et il est

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe VII.l,
p. 227-228. Santa Ana et en continuant en amont jusqu'au col
de la Guacamaya, source dela rivière Torolaet où
sont contigües les terres d'opatoro et celles de
San Antonio del ort tel."

- Le deuxième témoin:

"...qu'il connaît de,sourcesûre une partie de la
ligne qui sépare les deux pays et qui est la
rivière Torola, depuis Encuentros,juridiction de
Similaton, en amont, en longeant des terrains de
Santa Ana et en continuant toujours en amont
Torola et où sont contigües les terrese la d'opatoro
et celles de San Antonio del or te^."

- Le troisième témoin:

"...que depuis qu'il s'appelle Juan Rodriguez il
connaît de source sûre la ligne séparative entre
le Honduras et El Salvador qu'i est la riviere
connue sous le nom de Torola, depuis Encuentros,
juridiction de Similaton, en amont, en longeant
des terrains de Santa Ana et en continuant en
amont, en passant par l'Hacienda de Dolores,
jusqu'au col de la Guacamaya où ce village jouxte
San Antonio del Norte, à côté du point de
~nire3."

1 ibid , Annexe V.6, p. 288, le témoin était
domicilié à Anamoros, au El Salvador.

2 ibid Annexe V.6, p. 288-289, le témoin était

également domicilié à Anamoros, auEl Salvador.
3 ibid , Annexe V.6, p. 289-290, le témoin était

domicilié à Opatoro et âgé de soixante-dixans.indiqué, d'autre part,que les habitants dlOpatoro avaient,

de vieille date,une hacienda au bord de ladite rivière. De
même, dans la communication de la municipalité.d'Opatorodu

8 juin 1874, où celle-ci se plaint du comportement des
habitants de Poloros,il est dit que:

"Il est notoire et hors de doute que la rivière
Torola sert, dans cette direction, de ligne
séparative entre le Honduraset El Salvador; mais,
en dépit de cette vérité très connue sur toute la
frontière, les autoritéslocales de Poloros ont
récemment ordonné plusieurs incursions de
personnes armées sur les terrains situés de ce
côté de la rivière, l'une de ces incursions
arrivant même jusqu'au point appelé Aceituna de
notre territoire municipal1..."

La municipalité d'opatoro renouvelle ces plaintes dans
sa communication du 10 novembre 1877, adressée au

Gouvernement du Département de La Paz, et à laquelle est
jointe une information par témoins effectuée devant le

Tribunal de Paix, dont l'une des questions porte sur la
ligne séparative entre le Honduras et El Salvador. Les

réponses furentles suivantes:

- Le premier témoin:

"...qu'il connait de source sûre la ligne
séparativeentre les deux pays,qui est la rivière
Similaton,en amont, en longeantdes terrains de de

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe V.5,
p. 285. Quatre autres témoins, habitants de Poloros, reprennent

ces affirmationsdevant le Tribunal de Paix, le 10 novembre
18771.

114. Ces trois documents sont antérieurs à la Note d'El

Salvador en date du 30 septembre 1879. Ils montrent,
conjointementaux arpentages des terrains pratiqués en 1856

et 1877 par le Gouvernement du Honduras, quelle était la
situationdans la zone, qui sera plus tard, en litige.

Or, à la suite de la prétention d'El Salvador sur la
zone de Dolores, le Gouvernement du Honduras, comme il

l'avait indiqué dans sa Note du 6 novembre 1879, s'informa
pour connaître en détail les données relatives à la

frontière dans ce secteur. Cela apparaît clairement dans
l'enquéte duTribunal de Paix d'Opatoro, le 7 décembre 1879,

et ce, à la demande du Gouverneur du Département de
comayagua2.

Cette enquête reprend un élément de la précédente,

effectuée en 1877, car les quatre témoins - habitants de
Poloros, Anamoros et Nueva Esparta, villages d'El Salvador -
s'accordent à déclarer que la ligne séparative entre le

Honduras et El Salvador "est constituée par la rivière
Torola", le terrain de Dolores étant situé au Nord de ladite

rivière.Mais il est également intéressantde considérer les

1 ibid., Annexe V.6, p. 290.

* Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.lO, p. 304.allusions que font deux des témoins aux terrains de San

Miguel de Sapigre:

- Le premier, habitant de Poloros, ,déclareque le

terrain de Dolores ne fait pas partie des terres

de Poloros:

était situécàncôté de Poloros, était la propriété
de 1'Etat du Honduras, qu'il appartenait au
village de San Juan (sic) ~Gigre et-que le titre
de ces terres de Monteca existait enla ville de
~oma~a~ual"(soulignépar nous).

- Le troisième, habitant de Nueva Esparta, est

encore plus explicitepuisqu'ildéclare que:

"...il sait par ses parents et ancêtres que le
terrain de Monteca situé A côté de Poloros était
hondurien, propriété de San Miguel de Sapigre
appartenant au département de Comayagua et que le
titre qui accréditait Sapigre,aux dires de ses
ancêtres, existait en la ville de Comayagua et
même que la première borne étaitsituée dans la
zone de Poloros, au point appelé 'El Ocotio' et
que les limites se poursuivent iusqu'à ce qu'elles
jouxtent LisliqueL" (soulignépar nous).

On rappellera que la borne Potrero del Ocotal du
terrain de Monteca est la dernière de la Limite Sud, à

l'Est. Et le témoin de 1879 parle d'une borne de Sapigre
appelée "El Ocotio" et décrit la limite Sud, d'Est en Ouest,

étant donné qu'il indique comme point final les terres de
Lislique,à l'ouest.

1 ibid., Annexe V.10, p. 305.

2 ibid., Annexe V.lO, p. 306. 115. Un second élément del'enquête sollicitée par le
Gouvernement du Honduras en novembre 1879 sur la zone de
Dolores, à la suite de la prétention d'E- Salvador, figure

dans le rapportque remet le Gouverneurdu département deLa
Paz, le 18 décembre de cette même année1. Faisant
expressément référence à la Note d'El Salvador en date du

30 septembreet à la concessiondu terrain à la municipalité
d'opatoro - origine de ladite prétention - ce document

stipule que "...le terrain de Los Dolores n'a jamais été
inclus dans le territoire salvadorien, maisdans celui du
Honduras, selon la plus constante tradition...", et il

ajoute que:

"...bien au contraire, au-delà de ce terrain, en
direction de la frontière d'El Salvador, il y a
environ trente ans que Poloros s'est approprié
sans aucun titre le terrain du village abandonné
du Honduras appelé San Juan (sic) de Sapigre,
composé d'au moins vingt 'caballerias'de terres,
d'excellentspâturages...De toute façon, Monsieur
le Ministre, l'hypothèse jusqu'alors avancée par
le Gouvernement salvadorienselon laquelle le
terrain de 'Dolores'.situéde ce côté-ci de la
Torola, appartiendrait auEl Salvador, est aussi
l'histoire et aux traditions juridictionnellee su
Honduras, depuis les temps primitifs, durant le
Gouvernement de l'Espagne, et après
l'indépendance."

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
AnnexeV.11, p. 308. On se rappelle que, jusqu'en 1897, le Gouvernement du

Honduras ne connaît pas les documents relatifsaux terres de
Cacaoterique de 1803 et de Cojiniquil de 1734, qui

permettent d'identifierles limites des terres de San Miguel
de Sapigre et des anciennes provinces au Sud de la Torola.

Mais l'enquête de témoins ainsi que le rapport de 1879
mettent en évidence une tradition localerelative aux terres

de Sapigre. Et cela se renouvelle lorsque M. Pedro H.
Bonilla commence l'étude des limites territoriales avec El

Salvador, comme le montre le procès-verbal de la séance
extraordinaire du Conseil Municipal dlOpatoro, le 11

novembre 1~96~.

Les déclarants, tous âgés de plus de 60 ans, déclarent
qu'ils connaissaient, "par tradition véhiculée par leurs

aïeuls", les relations entreOpatoro et Poloros, qui furent
rompues en 1858 et que:

"...ils savent, éqalement par tradition, que, le
village abandonné de San Miguel de Sapigre
appartenait au Honduras, étant situé sur~ ~la
bordure Sud de la plaine de Monteca en premier
lieu, et à l'extremité en un point appelé Las
Marias, aujourd'hui juridiction-de ~s~aita dm
Salvador; on peut encore trouver à ce jour, en
certains lieu;, quelques indices ou ves~iges du
village2 ..." (soulignépar nous).

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.15, p. 322.

2 ibid., Annexe V.15, p. 323. Ce témoignage est important, ainsi qu'on l'a indiqué

dans la section III du présent chapitre. Sur la carte
salvadorienneV.6 du "Book of Maps", annexé au mémoire d'El

Salvador, on peut constaterqu'il existe,sur la bordure Sud
des plaines de Monteca, un "Cerro de LasMarias" ainsi qu'un

lieu dénommé Las Marias. Et, selon ce que déclarèrent les
indigènes de San Miguel de Sapigre en 1734 devant le

Capitaine Rodrigo de Vargas, au cours de l'arpentagede
Cojiniquil, la limite des juridictions étaitle mont de El

Coyolar et "de là on va tout droit jusqu'à passer près de
notre villaqel" (soulignépar nous). Si Sapigre s'est éteint

entre 1739 et 1760, la dernière localisationde son village
fut à Las Marias, ainsi que le déclare le témoignage de

1896; et près de là passait la ligne qui divisait les
anciennesprovinces.

116. Un second groupe de documents se rapporteaux

~ffets, dans ce secteur, de la Convention négociée en 1884
par MM. Cruz et Letona et concernant le statu quo convenu à

l'article 5 de la Convention de Tegucigalpa du 28 septembre
1886.

Ainsi que la Chambre de la Cour le sait déjà, la

municipalité d10patoro s'est adressée au Gouvernement du
Honduras le 26 mars 1884 pour demander que le résultat'des

négociations entre MM. Cruz et Letona "ne soient pas
approuvés",demande favorablement instruite par le

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. IV,
Annexe VIII.1.2, p. 1552. Gouverneur Politique du département de La pazl. Mais il

convient de souligner que ce document fait également part du
procédé injustifiédes autorités salvadoriennes,car, avant

mëme la signature de la Convention du 10 avril 1884, les
habitants de Poloros occupèrent les habitations de la zone

appartenant aux habitantsde Poloros et s'approprièrent le
bétail de ceux qui s'y trouvaient2. La mëme plainte est
adressée au Gouvernement du Honduras par la municipalité de

. Santa Ana en ce qui concerne le terrain de Matasano, Hornos
Y Estancias, situé dans la zone de Dolores et qui lui avait

été concédé en 1856 sans contestation de la part d'El
~alvador3. Et la municipalité dSOpatoro.réitère sa plainte

au Gouvernementle 22 mai 18844.

Or, le statu auo convenu en 1886 ne fut pas respecté
par les autorités de Poloros. Dans la requëte que la
municipalité d'opatoro forme à l'intention de l'Assemblée

Constituante le 9 septembre 1894, elle décrit la situation
de la zone et les préjudices subis par les habitants

dlOpatoro.Il est dit dans ce document que la cause en est

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.52,p. 175-176.

2 ibid., p. 175.
-
3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
1,
Annexe 111.1.55,p. 184-185.
4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe

111.1.58,p. 193-194.la Convention de 1884 car, bien qu'elle n'ait pas été
approuvée par le Honduras, elle a entrainé la présence de

salvadoriens dans la zone "sans aucun droit eten faisant
usage de la forcew1.

Devant ces faits, la municipalité d'opatoro demandait

que soit pratiquée une délimitation entre les deux
Républiques. Cette requête apparaît également dans la

communication du Gouverneur Politique du département de La
Paz, en date du 28 mai 1886, proposant une délimitation

basée sur les résultats des négociations de 1880, à titre
provisoire2.

117. Enfin, un groupe de documents concerne

l'enregistrement des plaintes des autorités honduriennes
pour pénétration d'autorités et de ressortissants

salvadoriens dansla zone en litige.

C'est ce qui ressort en effet de la communication du
Gouverneur du département de La Paz, en date du 5 décembre

1879, rendant compte d'une démarche effectuée auprèdu
Gouverneur de La Union (El Salvador), eu égard aufait que

"...les autorités des villages dudit département (violèrent)
une juridictionétrangère sans leconsentementdes autres

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.14, p. 314.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.13, p. 312.autorités1." Cela ressort également de la communication du

même Gouverneur de La Paz, en date du 27 juin 1885, face à
la pénétration dans la zone d'une bande armée venant de

Poloros et emportant le bétail appartenant aux habitants
d'opatoro2. Une dernière plainte émanant du Gouverneur de La

Paz, 'et datée du 19 juin 1933, se rapporte à des faits
survenus à Ocote anc ch on^.

D'autre part, le document du Ministère de l'Intérieur,

du ler juin 1918, montre que les autorités d'opatoro
exercent leurs fonctions dans la zone en litige car, en

réponse à un télégramme du Ministère des Relations
Extérieures d'El Salvador, protestant contre une pénétration
des autorités honduriennessur le territoire salvadorien,on

note que le Maire de Poloros avait procédé à la
reconnaissance de la borne de La Guacamaya "...qui sert de

limite entre notre Républiqueet El Salvador et, en même
temps, avec Mercedes, borne que l'on ne trouva pas et dont

on pense qu'elle fut détruite par des salvadoriens4."

1 ~éplique du Honduras, Annexes,vol. 1, Annexe v.9,
p. 303.

2 --id Annexe V.12, p. 310.

3 --id 1 Annexe V.17, p. 330.

4 ibid., Annexe V.17, p. 330. 2. La correspondance diplomatique entreles deux Etats

118. En ce qui concerne leslimites dans ce secteur, le

Honduras produit 16 documents couvrant la période 1849 à
1962, auxquels s'ajoutent deux autres figurant dans les

annexes du mémoire hondurien1.

Le plus ancien est la Note salvadoriennedu 22 mars

1849 à laquelle il est fait précédemment allusion à propos
du "Villatoro incident". LaChambre de la Cour observera que

dans l'écrit qui y est annexé, le représentant du
propriétaire de Monteca affirme que ce terrain "jouxtedes

terres dudit village d'OpatoroM. Et le Gouvernement d'El
Salvador, acceptant ce fait, ne formule aucune réclamation

sur le territoire situé au Nord de la riviére Torola, comme
il eût été opportun de le faire s'il s'en considérait

souverain2. Le Gouvernement du Honduras, dans sa Note du
6 novembre 1879, put à juste titre déclarer, lorsqu'il

rejeta la prétention salvadorienne, que "...jamais sa
possession n'a été contestée; pour le moins mon Gouvernement
n'en a pas trace3..."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1.
Annexe 111.2.1, p. 221 et Annexe 111.2.4, p. 225.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.19, p. 334.

3 -bid., Annexe V.20, p. 336. Il convient de signaler, d'autre part, que le
Gouvernement du Honduras a revendiqué comme limite la

rivière Torola, au moins depuis 1854-1856 et qu'à aucun
moment il n'a modifié sa position. Citons, à titre

d'exemple, la Note hondurienne du 10 octobre 1941 dans
laquelle, en rejetant une protestation salvadorienne

relative aux lieux Los Ranchos et Las Mesetas, il affirme
que ceux-ci:

"...relèvent de la juridiction municipale
d'opatoro et sont, par conséquent, en territoire
hondurien. La ligne séparative entre les deux
Républiques, dans le secteur correspondant aux
territoires municipauxde Poloros (El Salvador) et
d'opatoro (Honduras), ne prête à aucune confusion,
étant donné qu'elle est délimitée par la rivière
Torola, les lieux de Lajitas, Los Ranchos et Las
Mesetas se trouvant au Nord de ladite rivière1".

119. En ce qui concerne le statu cri0dans la zone en
litige, plusieurs documents sont pertinents à cet égard.

Dans une Note hondurienne du 18 juin 1886, il est demandé
que soit respecté "...le statu quo établi avec le
Gouvernement d'El Salvador en 1884, jusqu'à la détermination

définitive de la frontière2." Et, une autre Note
hondurienne,du 2 juillet 1888, fait état de l'urgencequ'il

y a à ratifier la Convention du 28 septembre 1886, devant la
fréquence des incidents se produisant dans les zones en

litige3.

1 W., Annexe V.27, p. 347.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.1, p. 221.

3 -bid., Annexe 111.2.4, p. 225. Mais, en dehors du statu quo convenu en 1886, il

convient de mentionner un accord ayant la même finalité,
signé entre les Gouverneurs de La Paz et de La Union, et
basé sur une évacuation mutuelle du territoire en litige de

Dolores, accord qui fit l'objet d'un échange de Notes entre
les deux Gouvernements. C'est en effet ce qui résulte des

Notes honduriennes du 4 septembre 1~95~ et du 15 juillet
11396~,ainsi que de la Note salvadorienne du 10 août 1896,

en réponse à la précédente indiquantque le Gouverneur de
San Miguel a ordonné que soit communiqué aux habitants de
Poloros "...l'-évacuationimmédiate du terrain litigieux", en

se fondant sur la nécessité de mettre en pratique les
accords signés. par les Gouverneurs de La Paz et de La

union3.

120. En dépit du statu quo adopté, les incidents se
poursuivirent dans la zone en litige, notamment la
pénétration à Dolores d'autorités et de ressortissants

salvadoriens. Ce qui donne lieu à un troisième groupe de
documents de la correspondance diplomatique, constitué de

diverses Notes de protestation de la part du Gouvernement du
Honduras.

Outre les documents susmentionnés,il convient de citer
la Note du 26 septembre 1935, motivée par le fait que les

habitants de Poloros ont percé une rue en territoire

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.21, p. 337.

2 -bid., Annexe V.22, p. 339.

3 M., Annexe V.23, p. 340.hondurien, à environ 280 aunes au-delà de la frontière1. Il

en est de même dans la Note du 15 août 1941 comportant un
rapport du Maire dqOpatoro relatif à la présence de

ressortissants salvadoriens en divers endroits2. Le 14
octobre 1941, une Note hondurienne proteste à cause d'un

incident survenu à El Retirito et contre la présence de
ressortissantssalvadoriens à Brinca ~iqre~.

De même dans sa Note du 10 octobre 1941 susvisée, le

Gouvernement du Honduras proteste en considérantque les
lieux dénommés Los Ranchos, Lajitas et Las Mesetas sont en

territoire hondurien4. Et,dans la Note salvadorienne du
30 juillet 1943, il est fait allusion à deux Notes du

Gouvernement du Honduras, en date des 28 et 29 juillet de
cette même année, protestant contreles incidents provoqués

par les habitants de ~oloros5. Puis une nouvelle
protestation hondurienne, dans la Note du 18 juin 1947,
relative à l'introduction, dans la zone, de bovins amenés

par les habitants de Poloros et de Nueva Esparta (El
Salvador),ainsi qu'en fait état la Note salvadoriennedu

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.24, p. 341.

2 -bid., Annexe V.25, p. 342.

3 ibid., Annexe V.26, p. 345.

4 ibid., Annexe V.27, p. 347.

5 -ibid., Annexe V.30, p. 352.15 août 1947l. Et enfin, on clôt la liste par la Note de
protestation du Gouvernement du Honduras à l'intention d'El

Salvador, en date du 11 mai 1962, motivée par la pénétration
de dix gardes salvadoriens et quelques civils dans

l'Hacienda de Dolores, propriété du citoyen hondurien
Martinez ~rgueta~.

121. Enfin, un groupe de documents met en évidence

l'exercice, par des autorités honduriennes, de fonctions de
police dans la zone en litige. Ainsi, laNote hondurienne du
15 octobre 1941 rapporte une communicationdu Gouverneur

Politique du département de La Paz, faisant allusion au fait
que dans la zone de Dolores:

"J'Y maintiens les quatre inspecteurs de ce
Département, mais, la zone étant si vaste et ses
douanes si réduites,ils peuvent à peine contrôler
une petite bandede ce grand secteur menacé3."

De même, un vol ayant été commis dans le hameau de San

Sebastian, le Commandant d'Armes ordonna "...aux commandants
locaux dlOpatoro et de Santa Ana d'aller effectuer une ronde

le long de la frontière, sans trop s'approcherde la ligne
séparative",ainsi qu'il est dit dans les communications

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe V.32, p. 354.

2 ibid., Annexe V.34, p. 358.

3 m., Annexe V.28, p. 349.transmises à l'Ambassade du Honduras au El Salvador, pour

faire les démarches qui s'imposent, le23 mars 1942l.

La Note salvadoriennedu 5 juin 1951 accuse réception

d'une Note honduriennedu 29 mai de cette même année, qui
informait que "...alors que l'inspecteur de la frontière

faisait une inspection à Dolores et à Ocote Manchon,
juridiction d'opatoro, il fut attaqué par balles par un

groupe d'individusqui prirent la fuite2..." (souligné par
nous).

D. CONCLUSIONS

122. L'examen des faits postérieurs à 1821 ayant un
rapport avec les limites de ce secteur permet d'établir

plusieurs conclusions pertinentes dans l'optique du présent
litige. Enpremier lieu, on a pu observer que, avant que M.

Pedro H. Bonilla ne présente au Gouvernementdu Honduras son
étude sur les limites territoriales en 1897, divers

documents antérieurs à cette date mettent en évidence
l'existence d'une tradition locale se rapportant au terrain

de San Miguel de Sapigre et de ses limites, au Sud de la
rivière Torola. Cette tradition localepermet, entre autres

choses, de préciser que la limite Sud dudit terrain - et des
anciennes provinces - à l'ouest du mont de El Coyolar,
passait hproximité du mont ou lieu de Las Marias. Ce qui

1 -bid., Annexe V.29, p. 350.

2 ibid., Annexe V.33, p. 357.implique, en somme, que toute la vallée de la rivière Torola ,
faisait également partie de l'ancienne intendance du

Honduras en 1760, date à laquelle sont arpentés les terrains
de Poloros.

Ainsi la présence des habitants d'opatoro au Sud de la

Torola jusqu'en 1854 s'explique clairement; de même que le
fait que le terrain de l'Hacienda de Monteca se constitue

avec les "anciennes bornes"de Poloros, sur la limite'sud.
Et les limites de ce terrain, conformément à l'arpentage de

1889, montrent que les bornes, sur son côté Sud, coïncident
avec la ligne qui; depuis le mont de El Coyolar, passe près

de Las Marias. Les faits postérieurs à 1821 permettentdonc
de compléter les données établies en application de l'e

possidetis juris.

123. En second lieu, le silence d'El 'Salvador entre
1821 et 1879 en ce qui concerne l'espacesitué au Nord de la

rivière Torola, lié au comportementdu Honduras entre 1854 et
cette dernière date, met en évidence que, postérieurement à

leur indépendance, les deux Républiques considèrent comme
limite reconnue et incontestée, celle que constituela

rivière Torola.

En effet, El Salvador, lorçqu'il sollicite
l'interventiond" Honduras afin que les habitants dVOpatoro

quittent le terrain de Monteca, en 1849, ne formule aucune
réclamation surl'espace situé au Nord dudit terrain, c'est-

A-dire au Nord de la Torola, en amont de ladite rivière vers
l'Ouest à partir de la borne de la Guacamaya. En second

lieu, lorsqu'est vendu le terrain de Monteca, celui-ci a
comme limites celles de la rivière Torola. De même, El

Salvador ne formule aucune protestation en 1856 lorsqu'onarpente le terrain de Matasanos, Hornos y Estancias, au Nord

de la rivière Torola, et pas davantage en 1877, date de
l'arpentage du terrain de Dolores. Sa réclamation a lieule
30 septembre 1879 et, comme l'a déclaré le Gouvernement du

Honduras en la rejetant pour absence de fondement, il
s'agissait d'une nouveauté, car il n'avait "jamais" était

informé d'une telle prétention.

Le Gouvernementdu Honduras, conformémentaux documents
postérieurs à 1821, a considéré que la limite des anciennes

provinces - et par conséquent, de son territoire - était la
rivière Torola. Cela explique son comportement en 1854,

lorsqu'il ordonne aux habitants d'opatoro de quitter
Monteca; cela explique également lestitres de terres
attribués dans la zone située au Nord de la Torola, en 1856

et 1879. Depuis cette date jusqu'à aujourd'hui, il a
revendiqué la limite de la rivière Torola face aux

prétentions d'ElSalvador. Ce comportement ressort de façon
certaine des communications internes des autorités

honduriennes ainsi que de la correspondance diplomatique
entre les deux Républiques. CHAPITRE IX

LE SECTEUR DE LA FRONTIERE TERRESTRE ENTRE "LOSAMATES"
ET LE GOLFE DE FONSECA

(GOASCORAN)

Section 1. Les divergencesdes Parties dans la zone
du Goascorin

1. Le d6saccord des.Parties dans la zone du Goascoran

est total. Il se manifeste A un double pointde vue que l'on
rappellera schématiquement dans les présents développements.

Il porte d'abord sur le tracéde la ligne divisoire mais il
porte égalementsur le fondement juridiquerespectif de la

position des Parties. Sur l'un et l'autre points, ce
désaccord peut être systématisé en une formule:alors que la

thèse du Honduras se caractérise, dansla zone du Goascoran
comme dans les autres zones terrestres contestées, par

l'unité et la cohérence, celle d'El Salvador se distingue
par la pluralité et par de constantes hésitations et

contradictions.

A. LE DESACCORDDES PARTIES SUR LE TRACE DE LA FRONTIERE

2. Le probleme de la localisation du différend dans
la zone du Goascoran se pose en termes simples.Les deux

Gouvernementsdu Honduras et d'El Salvador avaient en effet
admis, dans l'article 16 du Traité Général de Paix du

30 octobre 1980, que la frontière terrestre correspondait au
cours du Rio Goascorân depuis son confluent avec le RioGuajiniquil ou Pescado "jusqu'au point de ladite rivière

appelée Los Amatesl." Par ailleurs, au cours des travaux de
la Commission mixte de délimitation instituée le ler mai

1980 et chargée par l'article 18 du Traité Général de Paix
de "démarquerla ligne frontière décrite à l'article 16", les

deux Délégations étaientparvenues à un accord de principe
pour déterminer les coordonnées du lieu-dit "Los Amates",

dans l'"Acta no 2' du 15 février 1983~.

En revanche, en aval de ce point jusqu'au littoraldu
Golfe de Fonseca, le désaccord entre les Parties sur le

tracé de la frontière est complet. Cependant, comme on l'a
déjà indiqué, le Honduras s'en est toujours tenu à un seul

tracé, la position d'El Salvador dans cette zone se
caractérisant par des changements successifs et par une

pluralité de tracés.

1. La position du Honduras: un seul tracé

3. Depuis son accession à l'indépendance en1821, le
Gouvernement du Honduras a toujours soutenu - chaque fois

qu'il a été amené à prendre position, d'une manière ou d'une
autre, à une occasion ou à une autre, sur cette question -

que la frontière avec El Salvador, en aval comme en amont de
"Los Amates", suivait le cours du Rio Goascoran jusqu'à la

Baie de La Union, c'est-à-dire jusqu'à cettesous-baie,

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,

Annexe ïV.1.55,p. 813.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, p. 489-492,
par. 8-10.nettement localisée, située au Nord-Ouest du Golfe de
Fonseca. Plus précisément, il a toujours considéré que la

ligne divisoire dans cettezone coïncidait avec le bras le
plus septentrionaldu Rio Goascoran jusqu'à son embouchure

- répétons-le une nouvellefois - dans la Baie de la Union,
au Nord-Ouest des iles Ramaditas. Cette référence au cours
actuel du Rio Goascoran, quellesqu'aient été les variations

mineures qu'il a pu connaître dans sonlit depuis 1821, n'a
jamais varié, avant comme après la naissance du différend

dans cette zone.

4. Dans son 'mémoire1et dans son contre-mémoire2, le

Honduras a déjà démontré que telle avait été sa position au
XIXe siècle, notamment au cours des grandes négociations

territoriales et frontaliéres des années 1880-1888. Le
Honduras établira de même dans la présente réplique3qu'il a

toujours soutenu une thèse identiqudans ses documents
administratifsinternes, dans sa correspondancediplomatique
avec El Salvador mais aussi dans sa cartographiede la zone

du Goascoran jusqu'a la date de la naissancedu différend en
1972.

1 ~émoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 362-368,
par. 8-12.

2 contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 502-505,par. 21-22; p. 593-601,par. 100-105.

3 infra., p. 755-786, par'.49-79 et p. 808-814,
par. 96-102. Il en a été de même lorsqulEl Salvador a revendiqué,

pour la première fois, cette zone, au cours des négociations
qui se sont déroulées à Antigua en juin 1972l et lorsque, à

la suite de la signature, le 24 mai 1986, du Compromis
dlEsquipulas,le Honduras a déposé ses deux premières pièces

écrites au Greffe de la Cour, dans le présentdifférend. Les
conclusions du mémoire hondurien2,reprises dans le contre-

mémoire3, précisent en effet que, dans.la zone du Goascoran,
la frontière suit, à partir de "Los Amates", le Rio

Goascoran "en aval, par le milieu de son lit, en passant par
le Rinc6n de Muruhuaca et Barrancones jusqu'àson embouchure

au Nord-Ouest des îles Ramaditas (13O 24' 26" de latitude
Nord et 87O 49' 05" de longitude Ouest) dansla Baie de La

Uni6n".

5. Pas la moindre discordance ne peut donc être
relevée dans la position du Honduras dans la zone du

Goascoran, depuis son accession à l'indépendance jusqu'aux
plus récents développements du présent contentieux. On ne

voit d'ailleurs pas comment il aurait pu en être
différemment, puisque les autorités honduriennes ont

toujours exercé et continuent à exercer, effectivement,dans
cette zone, la souveraineté territoriale, d'une façon

publique, paisible et continue.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 372,
par. 17; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 499-501,par. 18-19.

2 Mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions,p. 745,
par. 6.

Contre-mémoire du Honduras, vol. II, Conclusions,
p. 735, par. 6. 2. La position d'ElSalvador: une pluralité de tracés

6. Face à l'unité et à la cohérence de la position
hondurienne, la position salvadorienne fait montre d'une

singulière hétérogénéité. A plusieurs reprises en effet,
elle a varié dans le temps, le Gouvernement d'El Salvador

reconnaissant ou revendiquant des tracés frontaliers
différents dans la zone du Goascoran. Comme le Honduras l'a

déji démontré1 et le précisera dans la présente réplique,
sur le plan particulier de la cartographie2, la Partie

adverse a admis ou soutenu successivement trois lignes
divisoires dans cette zone.

7. Dans une première phase, de 1821 à 1972, c'est-à-

dire pendant plus de 150 ans, El Salvador n'a jamais
revendiqué cette zone et il a toujours reconnu comme

frontière le cours actuel du Rio Goascoran, en aval de "Los
Amates", jusqu'à son embouchure dans la Baie de La Union.

Comme le Honduras l'a établi3, le comportement du
Gouvernement salvadorien pendantcette longue période n'a

pas varié: par son silence d'abord, par sa reconnaissance
expresse ensuite, par son acquiescement enfin, il a

clairement accepté la frontière du Goascoran. De 1821 à
1861, les problèmes frontaliers n'ont jamaisété évoqué

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 362-375,
par. 8-20 et p. 386-390, par. 28-30; contre-mémoire du
Honduras, vol. II, chap. XI, p. 502-513,par. 20-32.

2 infra. ,. 814-833, par. 103-114.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 593-606,par. 100-110.entre les deux pays et comme le Honduras exerçait sa
juridiction sur cette zone du Goascoran, El Salvador n'a

jamais formulé la moindre revendication ni fait valoir le
moindre titre. De 1861 à 1880, El Salvador aurait eu

l'occasion de poser le problème de cette zone puisque
d'importantes négociations territorialesse sont déroulées

pendant cettepériode, mais il ne l'a jamais fait. De 1880 à
1888, El Salvador a expressément reconnu,dans les procès-

verbaux des conversations frontalières de 1880, 1884 et
1888, "comme frontière indiscutée et indiscutable, le cours

de la rivière Goascoran, depuis son embouchure à la Baie de
La Union, au Golfe de Fonseca, en amont, iussu'à sa

confluence avec la rivière Guajiniquil ou du ~escadol"
(souligné par nous). Enfin de 1888 à 1972, El Salvador a

confirmé, par sa conduite, la souveraineté hondurienne sur
la zone du Goascoran, en particulier parcequ'il ne s'est pas

opposé et n'a pas protesté contrele Décret hondurien no 13
du 27 septembre 1958 qui avait proclamé la zone du
Goascoran, au moins en partie, "zone forestière protégée

no lW2. Pendant cette première période, El Salvador avait
reconnu la frontière du Goascoran, telle qu'elle figure sur

la carte Sonnenstern de 18593, à laquelle la Délégation
salvadorienne s'était expressément référée au cours de

négociations territoriales entre les deuxpays4.

1 Procès-verbal de la réunion du 9 novembre 1888,
mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe 111.2.8,
p. 234.

2 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. 1,
Annexe 11.2.31,p. 39-41.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique,carte A.12.

4 infra. p. 818, par. 106 8. Dans une seconde phase, de 1972 à 1988, El

Salvador a radicalement changé de position. En effet, comme
le Honduras l'a déjà établi1, c'est au cours des

' négociations territoriales quise sont déroulées à Antigua
en 1972 que le Gouvernement salvadoriena revendiquépour la

première fois la zone du Goascoran. Plus précisément, c'est
le 11 juin 1972 que la Délégation d'El Salvador a prétendu

que:

"l'endroit où la rivière Goascoran débouche dans
le Golfe de Fonseca se trouve au Nord-Ouest de
l'île Conejo, et (que) là commence la liqne de
division entre les deux pays, en suivant ensuite
la rivière mentionnée jusqu'au lieu appelé 'Los
Amate~'~" (soulignépar nous).

C'est dire que, pendant cette seconde période, la frontière
s'identifiait,pour El Salvador, en aval de "Los Amates", à

la "Rompicionde Los Amates" et à 1"'Estero El coyolM3.

9. Dans une troisième phase enfin, depuis 1988, El
Salvador a modifié une nouvelle fois sa position dans la

zone du Goascoran. En effet, comme l'a déjà relevé le
contre-mémoire hondurien4,la Partie adverse,a soutenu,

1 ~émoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 372,

p.r499-501, par. 18-19; p. 505-509, par. 23-27;II.P.h60;-610;
par. 111-113.

2 Mémoire du Honduras, Annexes,
vol. II,
Annexe IV.1.22.A,p. 577.

3 Mémoire du Honduras,vol. 1, carte B.7.1.

4 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 509-513, par. 28-32.dans le mémoire qu'elle a déposé, le ler juin 1988, au
Greffe de la Cour dans le présent contentieux, que, dans

cette zone,

"la liqne frontière est constituée par un ancien
bras - le plus oriental - du Goascoran, lequel se
jette dans le même qolfe, à savoir l'estuaire
Jsic) de La Cutu, dans la circonscription de
Pasaquina, département de La Union en République
d'El Salvadorl" (soulignépar nous).

Ainsi, pendant cette dernière période, pour El Salvador, la
frontière correspond dans la zone du Goascoran, en aval de
"Los Amates", à la "Rompicion de Los hates" et à l'"Estero

La cutuW2.

10. La position d'El Salvador dans la zone du
Goascoran, telle qu'elle vient d'étre schématisée, appelle

trois observations principales.

En premier lieu, elle se caractérise par une poussée
progressive et continue dans l'espace vers l'Est et par des

revendications, chaque fois projetées plus avant, à
l'intérieur du territoire hondurien. Le point

d'aboutissement de la frontière terrestre se serait ainsi
trouvé successivementreporté, si l'on suivaitEl Salvador,

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.59;trad. fr.,
p. 45.

2 Mémoire d'El Salvador, "Book of Maps", carte 6.VI;

contre-mémoiredu Honduras, vol. II, carte 7.3.de l'embouchure du Rio Goascoran près des iles Ramaditas
vers l'"Estero El Coyol", puis vers l'"Estero La Cutu".

C'est comme s'il y avait une sorte de "juridictionrampante"
salvadorienne, empiétant de plus en plus dans des espaces

soumis traditionnellementdepuis 1821 à la souveraineté du
Honduras.

En second lieu, la position salvadorienne se

caractérise par une sorte d'accélération dans le temps. La
Partie adverse a en effet reconnucomme ligne divisoire,

pendant plus de 150 ans, de 1821 à 1972, le bras .le plus
septentrional du Rio Goascoran. Puis elle a prétendu,
pendant quelque 16 ans, de 1972 à 1988, que la frontière

devait correspondre à la "Rompicion de Los Amates" et à
l'"Estero El Coyol" et finalement elle soutient depuis1988,

c'est-à-dire depuis environ une année et demie, que la
frontière devait s'identifier à la "Rompicionde Los Amates"

et à l'"EsteroLa Cutu".

En troisième lieu enfin, on ajoutera que, mëme dans le
cadre général de ces trois étapes, la position salvadorienne

n'a pas toujours été rigoureusementla mëme et a connu, dans
chacune de ces phases, certaines variationset hésitations.

Le contre-mémoire hondurien1 a ainsi montré que, dans la
période 1972-1988, la Délégation salvadorienne avait

présenté, les 23 et 24 mai 1985, dans le cadre des travaux
de la Commissionmixte des limites, un document aux

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,

p. 606-610, par. 111-113.termes duquel "La partie orientale de la ligne terrestre

commence à l'embouchure duGoascoran, Baie de La Union, en
suivant la même rivière en remontantle courant de ses eaux

jusqu'à Los Amates1." De même la présente réplique établira
un peu plus loin2 que la cartographie salvadorienne a connu

certaines variations comme le montrent les divergences entre
les cartes Barberena de 1905-1913et la carte Sonnensternde

1859 à laquelle s'était cependant expressément référéEl
Salvador lors de la Conférence de Saco en 1880. Elle

établira également les contradictions de la cartographie
officielle salvadorienne dansles années qui ont précédé et

suivi la naissance du différend. On ne saurait mieux mettre
en lumière, face à la fermeté et à la cohérence de la thèse

hondurienne, les flottements dela thèse salvadoriennepour
déterminer le tracé de la frontière dans la zone du

Goascoran.

B. LE DESACCORD DES PARTIES SUR LE FONDEMENT JURIDIQUE
DE LA DELIMITATION

1. La position du Honduras: unfondement juridiqueunique

11. Comme le Honduras l'a déjà souligné dans ses

pièces écrites antérieures3, sa thèse est fondée, dans la
zone du Goascoran comme dans les autres zones terrestres

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.20, p. 899.

2 infra., p. 857-863,par. 132-135.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. 385-394,
par. 27-33; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 593-630,par. 100-130.contestées, sur le principe de l'uti posçidetis juris de

-821. Mais il convient de rappeler au préalable que la ,
revendicationsalvadoriennesur cette zone du Goascoran est

irrecevable dans la mesure où elle n'est intervenue que
tardivement en 1972 et que, en raison de son comportement

pendant la période antérieure comprise entre 1821 et 1972,
El Salvador avait acquiescé à la frontièredu Goascoran.

a L'irrecevabilitéde la revendicationdans la zone
du Goascoran

12. Pour le Honduras en effet, El Salvador est

irrecevable à revendiquer devant la Chambre des droits sur
la zone du Goascoran er.raison de sa reconnaissancede la

frontière du Rio Goascoran, en aval de "LosAmates", jusqu'à
son embouchure au Nord-Ouest des îles Ramaditas. D'une part,

de 1821 à 1972, El Salvador n'a jamais formulé la moindre
opposition ni la moindre protestation contrela présence

honduriennedans la zone du Goascoran. D'autrepart, pendant
cette même période, et notamment, comme on vient de le

rappelerl,pendant les grandes négociations territorialee st
frontalières qui se sont déroulées entre les deux pays

pendant les années 1880-1888,El Salvador a expressément
reconnu la frontièredu Rio Goascoran.

13. Or la jurisprudence internationale a toujours
admis que l'attitude d'un Etat à propos d'un territoire ou

d'une frontière contestés suffit pour exprimer son
consentement à l'attribution ou à la délimitationdu

1 W., par. 7.territoire en question. Lorsque les circonstancessont de

nature à appeler dans un délai raisonnable une réactiod ne la
part de 1'Etat concerné et que cet Etat n'a pas réagi, on

doit - comme l'a jugé avec force la Cour Internationalede
Justice dans son arrêt du 15 juin 1962 en l'affaire du

Temple de Préah Vihéar - "de ce fait, conclure à leur
acquiescement. Qui tacet consentire videtur si loqui

debuisset ac potuissetl".En d'autres termes, pour reprendre
l'analysedu professeurCharles de Visscher,

"Dans les litiges qu mettent en cause les
frontières communes de deux Etats, tout acte de
souverainetéde l'un d'eux dans la zone contestée
appelle naturellementune réaction chez l'autre...
L absence de protestation ou opposition
quelconque ... ne (peut) s'interpréter que comme
une renonciation à faire valoir une prétention
contraire2."

Comme ~l Salvador ne s'est jamais opposé, pendant plus
de 150 ans, de 1821 à 1972, à l'exercice effectif, "continu

et pacifique", de la souveraineté territoriale hondurienne
dans la zone du Goascoran, il n'est plus,en droit de revenir
sur son acquiescement à la frontière du Rio Goascoran et il

ne peut revendiquer, comme il le fait dans le présent
différend, cette zone. Son action devant la Chambre doit

être considéréecomme étant irrecevable.

C.I.J. Recueil 1962,p. 23.

2 Problèmes d'interprétation judiciaire endroit
international public, Paris Pedone 1963, p. 173-174. Le principe.del'uti possidetis juris de 1821

14. El Salvador est d'autant moins fondé à revendiquer

la zone du Goascoran que le Honduraç fonde ses droits de
souverainetéterritorialedans ladite zonesur le principe de

l'uti possidetis juriç de 1821. Comme il l'a établi dans ses
premières pièces écrites1,les documents espagnols, civils

et ecclésiastiques, ainsi que les titres de terres
antérieurs à 1821 considèrent le Rio Goascoran comme la

ligne séparative des juridictions de San Miguel et de
comayagua2.

15. Or le principe de l'uti poççidetis juris de 1821

est opposable au El Salvador, commed'ailleurs au Honduras,
à un double titre, sur le plan du droit international
général comme sur le plan du droit international

particulier.

Il s'agit en effet d'un principe de droit
internationaledont la généralité et l'universalitésont de

plus en plus fréquemment reconnuespar la jurisprudence
internationale. Dans l'arrët du 22 décembre 1986 en

l'affaire du différend frontalier entre le Burkina Faso et
la République du Mali, la Chambre de la Cour Internationale

de Justice l'avait qualifié de "principe général,
logiquement liéau phénomènede l'accession à l'indépendance

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 390-394,
par. 31-33; contre-mémoiredu Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 618-630,par. 120-130.

2 Mémoiredu Honduras, vol. 1, carte 8.7.3, p. 390.où qu'il se manifeste1". Plus récemment, le Tribunal
arbitral, dans la sentence qu'il a renduele 31 juillet1989

dans l'affairede la détermination de la frontière maritime
entre la Guinée Bissau et le Sénéqal a étendu l'application

du principe de l'uti possidetis juris aux frontières
maritimes2.

Par ailleurs,le principe de l'uti possidetis juris de

-821 est applicable dans les relations particulièresdu
Honduras et d'El Salvador. En effet, conformément à
l'article 26 du Traité Généralde Paix du 30 octobre 1980,

la Commission mixte de délimitation Honduras-El Salvador et
par voie de conséquence, compte tenu de l'article 5 du

Compromis du 24 mai 1986 qui renvoie aux dispositions du
Traité Général de Paix, la Chambre doit prima facie statuer

sur la base des "documentsétablis par la Couronne d'Espagne
ou toute autre autorité espagnole; 'séculière ou

ecclésiastique,durant l'époque coloniale, qui indiquent les
ressorts oules limites de territoiresou de localités3".

. Conformément au principede l'uti possidetis juris de
1821 qui lie ainsi les Parties au présent différend, les
-
divisions administratives et ecclésiastiques de l'époque
colonialepermettentde déterminer la frontière

C.I.J. Recueil 1986, p. 565, par. 20.

2 sentence,p. 48-55, par. 61-66.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,

Annexe IV.1.55,p. 815.internationale entrele Honduras et El Salvador dans la zone
du Goascoran.

2. La position d'El Salvador:une pluralitéde fondements

16. Face à la thèse hondurienne qui se caractérisepar

un fondement juridique unique,la position salvadorienne
apparaît comme ambigue et hésitante. La Partie adverse

essaie en effet, laborieusement, de trouver une
justification à ses prétentions dans la zone du Goascoran

dans une pluralité de fondements juridiques, qui changent
d'ailleursde sa première à sa seconde pièce écritel.

El Salvador a ainsi invoqué, dans ses écritures, le

principe de l'uti ~ossidetis iuris de 1821, mais les titres
de juridictionsde la période coloniale qu'il a avancés sont

si fragiles et si inconsistants2,qu'il a tenté de recourir,
pour pallier à leur insuffisance, à un faisceau hétérogène

de fondements juridiques complémentaires, auxquels seront
consacrés les présents développements.El Salvador s'était

ainsi appuyé, dans son mémoire, sur la distinction

alluvionnement-avulsion et la soi-disant règle de
l'inaltérabilitédu tracé frontalieren cas d'avulsion,mais

il y renoncera dans son contre-mémoire.El Salvador a par
ailleurs suggéré, dansson contre-mémoire, afinde suppléer

A la carence des titres de propriété de la période coloniale

Mémoire d'El Salvador, chap. 6.59-6.68; trad. fr.,
p. 45-47; contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.123-3.138,
p. 117-128.

2 infra.,par. 29-32.qu'il a produits dans son mémoire, de recourir à de

prétendues "effectivités' salvadoriennes dansla zone du
Goascoran. En désespoir de cause, la Partie adverse,

consciente des insuffisances des différents fondements
juridiques excipés jusque là pour justifierses prétentions

dans cette zone et écarter l'argumentationhondurienne, a
tenté de faire appel, dans des conditions étranges, à la

théorie de l'acquiescement.C.'est sur ce dernier pointque le
Gouvernement du Honduras fera d'abord quelques observations.

Un recours inopérant à la théorie de

l'acquiescementDar El Salvador

i) Le prétendu "acquiescement" du Honduras .à la
souveraineté salvadorienne sur la zone du

Goascoriin

17. Dans son mémoire, le Gouvernement du Honduras
avait souligné que la revendication salvadoriennesur la

zone du Goascoran avait été "tardive", puisqu'elle ne
s'était jamais manifestée avant les conversations d'Antigua
en 19721. Il avait également apportéla démonstration de la

reconnaissance salvadorienne de la souveraineté du Honduras
sur cette zone et de l'acquiescement salvadorien à la

frontière du Rio~oascoran~.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 362-368,
par. 8-12.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 369-371,
par. 13-16; p. 386-390,par. 28-30. Or, pour répondre à ces observations du Honduras, El
Salvador s'est borné. dans son contre-mémoire, à renverser

purement et simplement l'argument. Il s'est en effet
contenté de remarquer:

"...the only reason why El Salvador has not
previously discussed this sector is that it was
already within its jurisdiction and because there
existed acquiescence and recoqnitionby Honduras
that this sector was within the territory of El
SalvadorL" (souligné par nous).

~t, à partir de cette affirmation,la Partie adverse avait
conclu que le Honduras "had in consequencerecoqnised the

sovereiqntv of El Salvador in this area2" (souligné par
nous), et partant que le Honduras avait admis comme

f.rontière"the oldest and most easterly ofthe branches of
the River Goascoran, which flows into the Gulf of Fonseca
opposite the Island of Zacate Grande in the place known as

the Estuary (sic) of La cutu3."

Comme on le démontrera plus loin4, non seulement ce
sont là autant d'affirmations de la Partie adverse

dépourvues de tout commencement de preuve et contraires à
l'exerciceeffectif de la souveraineté hondurienne dans la

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.123,
p. 117-118.

2 -bid., chap. 3.124, p. 118.

3 ibid., chap. 3.123, p. 117.

4 infra p. 788-796, par. 82-88.
-. *zone en question, mais encore ces affirmations constituent

une véritable pétition de principe, puisqulEl Salvador tient
pour admis ce qu'il devait démontrer.Il oublie ainsi le

principe fondamentalde procédure que la Cour Internationale
de Justice a rappelé dans les termes suivantsen son arrêt

du 26 novembre 1984 dans l'affaire des activités militaires
et paramilitairesau Nicaraqua et contre celui-ci: "c'est en

définitive au plaideur qui cherche à établir un fait
qu'incombe la charge de la preuve1".

ii) L'impossible acquiescement d'El Salvador à la

souverainetédu Honduras sur la zone du Goascoran

18. Par ailleurs, El Salvador soutient, pour écarter
l'argument hondurien de l'acquiescement salvadorien à la

frontière du Goascoran pendant la période 1821-197~~, que
les conditions d'applicationde l'acquiescement doivent être

particulièrement strictes en l'espèce. En effet, de son
point de vue, on se trouverait en présence, avec la

distinction entre l'alluvionnement et l'avulsion et les
conséquences qu'il convient d'en tirer sur le tracé
frontalier, d'une donnée qui se caractérise par "the

uncertainty andlack of definition which existsin relation
to this question3".

1 C.I.J. Recueil 1984, p. 437, par. 101.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 369-371,

par. 13-16; p. 386-390,par. 28-30.

3 . Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.135, p. 125. En d'autres termes, pour la Partie adverse,

l'acquiescementne sauraitëtre excipé en l'espèce parce que
le Rio Goascoran constitueraitun fleuve frontièreau tracé

par'trop changeant:

"A river which is exposed to the typeof mutations
to which the River Goascoran is subject does not
constitute a boundary which is sufficiently
certain for acquiescenceto take place in respect
Parties haveuireached ann aqreement or there hase
been a judicialdecision as to what normhas to be
followed in the event of mutations or chanqes in
the course of the river1" (souligné par nous).

19. Le Honduras ne peut naturellement pas suivre la

Partie adverse sur ce terrain pour au moins trois raisons.
En premier lieu, on voit mal pourquoi l'argument de

l'acquiescement pourrait ëtre avancé par El Salvador alors
qu'il serait interdit au Honduras, à propos du même Rio

Goascoran. En second lieu, El Salvador oublie, comme l'a
démontré le contre-mémoirehondurien2, que leRio Goascoran

empruntait soncours actuel des la fin du xVIII~ siècle3 et
qu'en particulier sonembouchure était déjh à cette époque

exactement la même qu'aujourd'hui,comme l'atteste

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.135,p. 126.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 576-585,par. 88-94.

Même s'il est vrai qu'il a pu connaître quelques
variations mineures depuislors, comme le montrent la
documentation administrative interne hondurienneu la
correspondance diplomatique entre le Honduras et El
Salvador. (cf. infra. ,. 758-766, par. 53-61 et p. 770-775,
par. 67-71).notamment la carte marine du Golfe de Fonseca dresséepar

les officiers du brick Activo en 1794-1796~. En troisième
lieu enfin, affirmer, comme lefait la Partie adverse,que,

dans l'hypothèse d'un coursd'eau frontalierqui connaitraît
des variations, on ne pourrait admettre le recours à

l'acquiescement qu'en cas d'un accord entre les Etats
concernés ou d'une décision judiciair eéterminant le droit

applicable à ces modifications, est purement imaginaire:
aucun précédent ni aucune décision jurisprudentielle ne

permettent d'avancer une telle proposition.

Q La renonciation par El Salvador à la prétendue
rèqle de l'inaltérabilitédu tracé frontalier en

cas d'avulsion

20. En tout état de cause, le problème soulevépar la
Partie adverse touchant la mise en Œuvre de la théorie de

l'acquiescementen cas d'avulsion n'est plus pertinent. En
effet, le Honduras et El Salvador se sont rejoints dans

leurs contre-mémoiresrespectifs2, pour douter des

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe

cartographique,A.2.

En tout état de cause, les phénomènes naturels qui
auraient affecté son cours avant 1821 ne seraient pas
pertinents dansII, chap. XI, p. 581-585,par. 91-94).ire du
Honduras, vol.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 549-572, par. 66-82; contre-mémoire d'El Salvador,
chap. 3.133-3.134, p. 124-125.conséquences juridiques parfois tirées par certains auteurs

de la distinction alluvionnement-avulsionet de l'existence
d'une règle prescrivant l'inaltérabilitéd'un tracé

frontalier en cas d'avulsion. Les deux Parties au présent
différend admettent qu'en définitive, en cette matière, tout

est cas d'espèce.

21. A cet égard, le Gouvernement du Honduras voudrait
respectueusementattirer l'attention de la Chambre sur le

changement de position d'El Salvador, entre son mémoire et
son contre-mémoire,quant au fondement juridiquede sa thèse

dans la zone du Goascoran.

Dans son mémoire, en effet, El Salvador prétendait,
entre autres, pour justifier son point de vue dans ce

secteur, y appliquer la soi-disant règlede l'inaltérabilité
du tracé frontalieren cas d'avulsion. Invoquant l'arbitrage

d'El Chamizal et s'appuyant sur l'autorité de Hackworth, il
se fondait sur l'existence d'une règle de droit
international indiscuté et indiscutable,selon laquelle "si

une rivière abandonne son ancien cours, la frontière
internationale demeure aumilieu du cours abandonné de la

rivièrel". Dès lors, El Salvador concluait que l'ancien
cours du Rio Goascoran -qui, de son point de vue,

correspondait à la "Rompicionde Los Amates" et se jetait

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.66; trad. fr.,

p. 46.dans le Golfe de Fonseca par l'"Estero La Cutu" - devait
constituer la ligne divisoire. De surcroît, dans son

mémoire, la Partie adverse insinuait que, si le Rio
Goascoran ne pouvait rejoindre son ancien lit, un tel

détournement seraitla conséquence de la construction d'une
digue par le Honduras sur la rive gauchedu Rio Goascoran à

"LOS AmatesUl.

Dans son contre-mémoire, en revanchesi El Salvador
continue à invoquer, bien qu'avec discrétion, la digue de

"Los AmatesM2, il adopte à l'égard des consiguines de
l'avulsion sur le tracé d'une frontière fluviale une

position toutedifférente de cellequ'il avait soutenue dans
son mémoire. Il évoque sans doute, dans un premier

mouvement, ce qu'il appelle "the prevailing principles of
Public International Law" concernant les effets juridiques

distincts qu'entraineraient respectivement l'alluvionnement
et l'avulsion sur une frontière fluviale3. Maisaussitôt

après, il doute du bien fondé de la prétendue règle de
l'inaltérabilitédu tracé frontalier en cas d'avulsion et

ajoute:

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.65-6.66; trad. fr.,

p. 46.

2 Contre-mémoire d'El Salvadorc,hap. 3.132, p. 124.

La présente réplique renvoieà ce sujet aux
développementsdu contre-mémoire,dans lequel le Honduras a
montré que l'insinuation salvadorienne touchant les effets
de la digue de "LosAmates" était dénuéede tout fondement.
(contre-mémoiredu Honduras, vol. II, chap. XI, p. 585-592,
par. 95-98).

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.133,
p. 124-125. "On the other hand, there are prestigious authors
such as Anzilotti who criticise thisdistinction
drawing attention to the fact that this alleqed
rule is merely an opinion as a matter of principle
and that the problem ouqht instead tobe resolved
in every case dependinq on what was the intention
of the Parties when they fixed the river as their
boundary. Further, the Brazilian commentator on
treaties, Accioly, indicates various cases and
various treaties in which the principle that the
Prontier followedthe new course of the river was
applied on the basis that theState who lost a
-ortion of its territory-had to be indemnifiedl"
(soulignépar nous).

Et El Salvador de conclure, comme on l'a déjà relevé, à
1"'uncertainty and lack of definition which exists in

relation to this question", c'est-à-dire, en d'autres
termes, à l'inexistence d'une règle de droit international

en la matière.

22. On ne saurait mieux mettre en lumière les
hésitations et les atermoiements de la Partie adverse dans

sa recherched'un fondement juridiquea ses prétentions dans
la zone du Goascoran.De toutes manières, en renonçant ainsi

à la prétendue règle de l'inaltérabilitédu tracé frontalier
en cas d'avulsion, El Salvador rejoint lesconclusions

auxquelles était parvenu le Honduras dans son contre-
mémoirez. S'appuyant sur une analyse de la pratique des
Etats et invoquadt également l'autoritdélAnzilotti,le

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.134,p. 125.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 550-572,par. 68-82.Honduras avait également soutenuqu'"il n'existe pas de

règles générales en la matière''et que tout .dépend des
circonstancespropres à chaque cas d'espèce. Ainsi les deux

Parties au présent différend considèrent-elles,l'une et
l'autre, que l'invariabilitéd'un tracé fluvial frontalier

dans l'hypothèsed'un brusque déplacementdu cours d'eau ne
constitue pas une règle de droit internationalpositif.

Les prétendues "effectivités"salvadoriennes dans

la zone du Goascori4n

23. El Salvador invoqueenfin, comme ultime fondement
de sa thèse dans la zone du Goascoran, de prétendues

"effectivités".Il s'agit des "arguments of human nature",
auxquels la Partie adverse entend accorder, dans le

chapitre IV de son contre-mémoire, une place considérable Se
référant à la dernière phrase de l'article'26 du Traité

Général de Paix du 30 octobre 1980, aux termes de laquelle
"il sera également tenu compte", pour délimiter la frontière

dans les zones contestées, "des autrespreuves, thèses et
argumentations d'ordrejuridique, historique ou humain et de

tout autre élément présentépar les Parties et admissibles
en droit international"1, la Partie adverse veut en fait
artificiellementpallier aux insuffisancesde ses titres de

juridiction.Le Honduras qui a déjà démontré2qu'El

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
111
Annexe IV.l.55,p. 815.

2 Contre-mémoire du Honduras,' vol. 1, chap. IV,
p. 23-39, par. 1-23; cf. çupra., réplique du Honduras,
chap. II.Bl p. 22.Salvador, en accordant ainsi .une influence excessive aux

arguments d'effectivités,a dénaturé la raison d'être et la
significationdu principe de l'uti possidetiç juris de 1821,

ne reviendrapas sur cette analyse générale.

24. Le Gouvernement du Honduras entend seulement
remarquer que l'invocationpar El Salvador de l'effectivité

de sa possession dans la zone du Goascoran ne manque pas
d'être surprenante. Non pas que la Partie adverse insiste

longuement sur ce point; elle se borne à rappeler, avec
discrétion1, les cartes reproduites à la fin du chapitre VI1

de son mémoire "in which are shown the cantons and
"caserios" (hamlets) in the six sectors of the land

frontiers in dispute" (souligné par nous), c'est-à-dire
notamment dans le secteur qu'elle dénomme "the Estuary (sic)

of the River Goascoran"et à ajouter. sans insister, "It is
in those cantons and hamlets that the Salvadorefianhuman

groups, who recoqnise as their sovereiqn the State and
Government of El Salvador, have settled" (souligné par

nous).

Si l'on se reporte à la carte pertinente du mémoire
salvadorien, relavive à la zone du Goascoran et intitulée

"Human Settlements included in the non-delimited zones El
Salvador-HondurasFrontier Estuary (sic) of the ~oascoran~"

(soulignépar no&), que constate-t-on ? On remarqueque,

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 4.16, p. 137.

2 Il s'agit d'une carte à l'échelle 1/200 OOOe,
préparée par la Direction qeneral de limites, Ministeriode
RelacionesEsteriores,Republica deEl Salvador.dans la zone comprise entre le cours actuel du Rio Goascoran

et "La Rompicion de Los Amates", qualifiée d'"Antigua Cauce"
du Rio Goascoran, et l'"Estero La Cutu", défini comme

l'"Antigua desembocadura" du même Rio Goascoran, figurent,
parmi les "caserios" ("hamlets"), les quatre lieux-dits
suivants: Los Amates, La Ceiba, El Conchal et El Capulin. Ce

qui signifie par conséquent que, d'après la Partie adverse,
des "groupes humains salvadoriens" seraient installé dans

ces différents hameaux de la zone du Goascoran et qu'ils
auraient reconnu "as their sovereign' 1'Etat et le

Gouvernementd'El Salvador.

25. Cette affirmation avancée par la Partie adverse
sans le moindre commencement de preuve est singulière

lorsque l'on saitque cette zone a toujours relevé sans
interruption depuis 1821 et continue à relever de la

souveraineté territoriale hondurienne et que les autorités
du Honduras y exercent,selon l'expressionsouvent citée de

l'arbitre Max Huberdans la sentence Palmasdu 4 avril 1928,
"the continous and peaceful display of territorial

sovereigntyl".

Il suffit en effet de parcourir lesdocuments annexés à

la présente réplique2pour constater que les habitants de
ces quatre hameaux de Los Amates,.La Ceiba, El Conchal et El

Capulin sont, non pas des ressortissantssalvadoriens, mais
des ressortissants honduriens (état civil), que les terres

1 Nations Unies,Recueil des sentences arbitrales,

vol. II, p. 839.

2 '~é~li~ue du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe IX.6,p. 829 et suiv.de cette zone sont enregistrésnon pas par le cadastre

salvadorien mais par le cadastre hondurien et plus
généralement que "les fonctions d'Etat" sont exercées non
pas par les services publicssalvadoriens mais par les

services publics honduriens(impôts, opérations électorales,
activités administratives et judiciaires,.civiles ou
criminelles, actes de policeet patrouilles militaires,

nomination des maires ou paiement du traitement des
fonctionnaires,recensementde la population, etc.). En un
mot, ce faisceau de données fait clairement apparaître que

la zone du Goascoran est non pas salvadorienne, mais
hondurienne. Les références faites par le contre-mémoire
salvadorien aux "effectivités" salvadoriennesdans cette

zone sont doncabusives.

26. Le malaise qu'ont ressenti les rédacteurs de ces
développements apparaît dans les contradictions
recêlent. D'un càté, ils affirment, sans hésitations mais

sans preuves, que les habitants des "caserios" de Los
Amates, La Ceiba, El Conchal et El Capulin dépendentde
1'Etat et du Gouvernementd'El Salvador. Mais, d'un autre

côté, lorsque,quelques pages plus loin,ils font état des
patrouillesmilitaires destinées à assurer la protection de
"the SalvadoreÏianpopulation of the sectors claimed by

~ondurasl" et que, pour étayer leurs propos, ils renvoient
au volume IX des Annexes du contre-mémoire,force est de
constater, lorsquel'on parcourt.cesdocuments, qu'iln'y a

pas la moindre trace de "military jurisdiction"d'El
Salvadordans la zone du ~oascoran~.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, cha4p.19, p. 139.

2 Voir la liste des Annexes que réunit ce volume IX
et toutparticulièrement la note explicativequ'il comporte. Section II. Le tracé de la ligne frontièredans la zone
du Goascoran en applicationde l'uti possidetis

27. Comme il a été précédemment indiqué1,El Salvador
a tenté, au coursdu présent différend, de justifier sa

position dans la zone du Goascoran par un faisceau de
fondements juridiques,parmi lesquels il range le principe

de l'uti possidetis iuris de 1821. Il voit mëme dans ce
principe ou feintd'y voir, dans la zone du Goascoran comme
dans les autres secteursterrestres contestés, "la norme

fondamentale servant de base à la délimitation de la
fontière terrestre enlitige2". El Salvador tenteainsi, au

moins formellement, de se conformer à la disposition
primaire de l'article 26 du Traité Général de Paix du

30 octobre 1980qui renvoieprima facie, pour déterminer le
tracé frontalier, aux "documents établis par la Couronne

d'Espagne... durant l'époque coloniale, qui indiquent les
ressorts ou les limites de territoires oude localités3".

La Partie adverse donne par conséquent l'impression, du
moins en apparence, de rencontrerle point de vue du

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 3.4; trad. fr.,
p. 13. De même, dans son contre-mémoire,la Partie adverse
fait état de "the application of the principle of uti
possidetis juris, which is obviously the primary issue that
has to be decided in that case". (contre-mémoire d'El
Salvador,chap. 4.5, p. 131-132).

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe IV.1.55,p. 815.~ondurasl. Le contre-mémoire salvadorien lui-même relève à
cet égard que les deux Parties "envisagethe application of

the fundamental principle of uti possidetis juris and...
accept as the critical date the year 18212".

28. Cette référence commune au principe de 1'-

possidetis iuris de 1821 par les deux Parties au présent
différend ne doit cependant pas tromper. Elle ne doit pas

dissimuler qu'El Salvador, au-delà de sa déclaration de
principe, privilégie en réalitédes fondements juridiques
autres que l'uti possidetis jurisde 1821, et notamment le

recours aux "effectivités", voire à une équité indéterminée
et subjective3. Ce glissement dans le raisonnement de la

Partie adverse est un procédé lui permettant de pallier
l'insuffisance et l'artificialité des titres de terres

qu'elle met enavant.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 2.1, p. 12;
cf. contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 581-585, par. 91-94 et p. 618, par. 120.

3 Ainsi est-il frappant que, dans son contre-
mémoire, El Salvador - après avoir rappelé que l'application
du principe de l'uti possidetis juris était "the primary
issue that has to be decided in that case" (supra.,
note 1) - avait aussitôtajouté que "it is necessary to add
the consideration of the configuration of the population of
the two States, something which undoubtedlyconstitutes an
aspect of this dispute which cannot possibly be overlooked"
(contre-mémoired'El Salvador, chap. 4.5, p. 132). La Partie
adverse vidait ainsi pratiquement de son contenu la
proposition précédente concernant la primauté de l'uti
possidetis juris. Tel est précisément le cas pour la zone du Goascoran
bien que, comme on l'a montré précédemment1, le renvoi par

El Salvador, danç ce secteur aux "argumentçof human nature"
soit dépourvu de tout commencement de preuve et çe heurte à

l'incontournable exercice de la souveraineté territoriale
hondurienne dans la zone du Goascorin depuis 1821. Cette

tentative par El Salvador de trouver dans cette zone un
fondement juridiqueautre que l'uti poçsidetis juriç à ses

revendicationstournait donc court.

Aussi bien voudrait-on seulementmontrer danç les
présents développementçque les deux Parties sont en complet

désaccord, a'u-delàde la référence au principe de 1'uti
posçidetis iuris de 1821, çur la mise en Œuvre concrète de

ce principe dans la zone du Goascoran et sur
l'interprétation qu'il convient de donner aux titres de

terres de l'époque coloniale.Alorç que le titre de terres
avancé par El Salvador débouche sur un tracé frontalier

purement fantaisiste, le recours par le Honduras aux
documents civils et ecclésiastiques espagnols établis

antérieurement à 1821 est décisif pour prouver que, dèç
cette époque, le Rio Goascoranconstituait la limite des
provinces de San Miguel et de Tegucigalpa.

A. LE TRACE SALVADORIEN SELONLES TITRES DES TERRES,

UN TRACE IMAGINAIRE

29. El Salvador entend, au moins formellement,
justifier ses droits et seç prétentions dans la zone du

Goascoran en se fondant "sur les titres officiels de

1 ,,pra., par. 23-26propriété mis en exécution par les juges fonciers ("jueces

de tierras")dans le secteur1".Plus précisément,El Salvador
s'appuie sur un procès-verbal d'arpentage effectué, le

30 octobre 1694, à la demande de Don Juan Bautista de
Fuentes, originairede la Province de San Miguel, dans "une

zone dite Los Amates", par le Capitaine Don Franciscode
Goicochea y Uriarte, sur délégation de 1'"Alcalde Mayor' de

San Salvador, le Lieutenant principalDon José Calvo de
~ara2.

Or, comme le Honduras l'a déjà démontré dans son

contre-mémoire,ce titre de propriété de Don Juan Bautista
de Fuentes est purement "imaginaireM3.Il est naturellement

inutile de revenir sur les détails de cette démonstration
mais il est importe cependantde rappeler qu'El Salvador a

donné de ce titre une interprétationet une représentation
erronées. Il a ainsi affirmé sans preuves ce qu'il devait

démontrer,mettant en lumièrel'artificialitédes titres sur
lesquels il s'appuie et le caractère fictif de son recours

au principede l'uti possidetis iuris de 1821.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.64; trad. fr.,
p. 46.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.61-6.64; trad. fr.,
p. 45-46; cf. contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.137,
p. 126-127.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 514-543,par. 33-60. 1. El Salvadordonne une interprétationet une localisation
erronéesde la pétition de Don Juan Bautista de Fuentes

30. On rappellera1 que la demande d'acquisition de
terres par Don Juan Bautista de Fuentes - sur laquelle se

fonde la Partie adverse2 - permet seulement d'affirmer que
les terrains en question entraient dans la catégorie des

"tierras realengas" et qu'elles étaient situées "dans une
zone dite Los Amates", le long d'un "Estero", à proximité de

la mer, mais sans préciser de quel "Estero"il s'agissait.

En revanche, la demande d'arpentage de Don Juan
Bautista de Fuentes ne permet aucunement de prétendre, comme

le fait El Salvador, que les terrains ainsi désignés
jouxtaient un "Estero" bien déterminé, l'"Estero El
Capulin". En effet des discordances gravesont été relevées,

par le contre-mémoire hondurien, entrele texte de la
pétition cité dans le mémoire salvadorien et le texte

correspondant publiédans l'Annexe VI11 à ce même mémoire.
Le rajout, dans le texte du mémoire, de la précision

- évidemment fondamentale - suivant laquelle les terres en
quest'ion jouxtaient l'"Estero El Capulin" constitue une

allégationinventée de toute pièce par El Salvador.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,

p. 515-519,par. 34-36.
2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.61; trad. fr.,

p. 45; Annexe 8, p. 11 2. El Salvador donneune interprétationet une localication

erronées de l'arpentaqeréalisé, le 30 octobre 1694,par
le Capitaine Don Franciscode Goicocheav Uriarte

31. L'analyse précédenteest confirmée par le texte
même du procès-verbald'arpentage qu'effectua,le 30 octobre

1694, le Capitaine Don Francisco deGoicochea y ri art Enel.
effet, absolument rien' ne permet de prétendre, comme l'a

fait El Salvador, que ce document ne peut avoir de sens que
"si l'on considèrel'ancien lit comme la ligne de partage du

Goascoran lorsqu'il se jetait dans l'estuaire (sic) de "La
~utu"~. 11 s'agit là d'un abus de langagemanifeste.

32. Tout aussi arbitraire est la représentation
graphique qu'a donnée El Salvador de l'arpentaqe du

30 octobre 1694 qui figure sur la carte 6.VI dans le "Book
Of Maps" annexé au mémoire salvadorien3.Cette carte situe

en effet les terrains qui auraient été ainsi mesurés par le
Capitaine Don Francisco de Goicochea y Uriarte entre

l'"EsteroEl Capulin" et l'"EsteroLa Cutu".

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 519-543,par. 37-60.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.63; trad. fr.,

p. 46.
3 Contre-mémoired'El Salvador, Map 3.K, p. 128. Cette localisation est tout à fait fantaisiste car
- comme l'a démontré le Honduras dans son contre-mémoire1 -

il existe une discordance manifesteentre la zone
effectivement arpentée le 30 octobre 1694 et la

représentation qu'en a donnée la Partie adverse dans les
cartes précitées 6.VI et 3.K. La "zone dite Los Amates"

décrite dans le procès-verbal d'arpentage n'a absolument
rien à voir avec le croquis avancépar El Salvador, pour des

raisons tant géographiquesque toponymiques. Laphotographie
aérienne de l'"Estero El Capulin" reproduitedans le contre-

mémoire hondurien2 permet de prendre consciencedu caractère
imaginairedu titre ainsi avancé par la Partie adverseet de

la localisation qu'elle en donne pour justifier ses
prétentions dans la zone du Goascoran. Le procès-verbal

réalisé le 30 octobre 1694 dans la "zone dite Los Amates"
doit par conséquent êtreécarté par la Chambre.

B. LE TRACE HONDURIEN FONDE SUR L'UT1 POSSIDETIS
JURIS DE 1821

1. Le Rio Goascor&n,limite des juridictionscoloniales

de San Mique1 et de Tequciqalpa

Rappel de la thése hondurienne

33. Le Honduras a montré, dans ses premières
écritures,que, dans la zone du Goascoran comme dans les

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 528-543,par. 48-60.

2 Contre-mémoiredu Honduras, vol. II, croquis 7.4,

p. 742.autres secteurs terrestres contestés, devaient étre
maintenues les limites, telles qu'elles existaienten 1821,
conformément aux titres de l'époque coloniale. Il a ainsi

établi l'existence de la frontière du Rio Goascoran. Plus
précisément, il a apporté la preuve que, d'après les

documents de l'adrninistratiioncivile et de l'administration
ecclésiastique antérieurs à 1821, le Rio Goascoran,dans son
-.
cours actuel, constituait la limite des anciennes
juridictionsde San Miguel et de ~egucigal~a~.

Cette constatation,évidemment essentielle, fondée sur

l'analyse d'un ensemble detitres, était naturellementliée
à l'évolution de l'organisation administrative et des

découpages territoriaux de la région pendant la période
coloniale. Du point de vue du Honduras, elle reposait sur le

détachement de la ville de Jerez de la Choluteca de la
juridiction de Guatemala et sur son incorporation à

1'"Alcaldia Mayor del Real de Minas" de Tegucigalpa, ce
transfert ayant été effectué par l'ordonnance du 31 octobre
15802. Cette affectation de la juridiction de la ville de

Jerez de la Choluteca à la Province de Comayagua étant de
surcroît confirmée par une série de décisions - "real

cédula", "ordonnance",etc. - de l'administrationcoloniale,
civile et ecclésiastique,adoptées jusqu'à l'extrême fin du

XVIIïe siècle3.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 380-381,
par. 26 i); p. 390-393, par. 31-32; contre-mémoire du
Honduras, vol. II, chap. XI, p. 573-580, par. 84-90 et
p. 618-625, par. 120-128.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
v,
Annexe XI11.2.5, p. 2281-2282.

3 Infra. p,r. 38. Critique de la thèse hondurienne dans le contre-
mémoire salvadorien

34. Si le contre-mémoire salvadorien a négligéde

répondre au cŒur de la démonstration hondurienne - qui
concernait, rappelons-leune fois encore, l'existence de la

frontière du Rio Goascoran entreles Provinces de San Miguel
et de Tegucigalpa pendantla période coloniale - il s'eçt

efforcé de contester un élément accesçoire de l'argument
hondurien, à savoir l'incorporation de Choluteca à la

juridiciton du Honduras lorsde la création de 1"'Alcaldia
Mayor del Real de Minas" de Tegucigalpaen 1580. En d'autres

termes, la Partie adverse a feint d'ignorerl'essentiel de
l'argument hondurien pour insister çur ce qui eçt

secondaire.

35. Le contre-mémoire salvadorien a en effet mis en
doute l'affirmation hondurienne selon laquelle1"'Alcaldia

Mayor" de.Tegucigalpa aurait étécréée e? 1580. Il soutient
que le Honduras

"iç trying to base its position in this sector on
the uti posçidetis juris of 1821 by establishing
that the River Goaçcoran waç the boundarvo- the
jurisdictions of the colonial provinces of
Comayagua and San Miguel: it supports this
affirmationprimarly on the separationof Jerez de
Choluteca from the juriçdiction of Guatemala, to
which it formerly belonged, and its çubjection to
the 'AlcaldiaMayor' of Tegucigalpa as from 1580.
However, this argument is not correct, because in
1580 the 'Alcaldia Mayor'of Tegucigalpa wasnot
created as an independent province with its own
territory; rather the office of 'AlcaldeMayor' of
Mines was established by the 'Real Audiencia' of
Guatemala with the title of 'Alcalde Mayor of
Mines' in the Provinceof Honduras with exclusive
juriçdiction to hear matter of mines to the
jurisdictionof San Miguel and of Choluteca, both within the jurisdiction of the Province of
Guatemala. This is demonstrated by the Commission
which was given to Juan Cisneros de ~e~nosol."

Et à l'appui de sa critique, la Partie adverse avance

différents documents,selon lesquels la décision prise en
faveur de Don Juan Cisneros de Reynoso,

"far from adding territory to Honduras, as is
claimed, instead removed £rom the Governor of
Honduras his jurisdictionover matters concerning
mines, since both the mines of San Miguel and
Choluteca remained under the administrative
control of the President-Governor of
~uatemalaz".

CJ La réaffirmationde la thèsehondurienne

36. Les observationsde la Partie adverse n'emportent
cependant pas la conviction car, pour éviter de répondre à

l'argumentation centraledu Honduras, elles comportentun
glissement, une dérive de l'essentiel à l'accessoire.C'est

pourquoi le Gouvernement du Honduras maintient son
affirmation principale, à laquelle El Salvador n'a pas

répondu, affirmation selon laquelle la limite des
juridictions de San Miguel et de Tegucigalpa pendant la

période coloniale correspondait au cours actuel du Rio
~oascor~n3.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.126,
p. 119-120;Annexes, vol. V, Annexe VII.lO, p. 121-122.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.127,

p. 120-121.

3 supra., par. 33. Le Gouvernement du Honduras entend également maintenir
son affirmation incidente relative au transfertde la

juridiction de Choluteca à 1"'Alcaldia Mayor del Real de
Minas" de Tegucigalpa. Il rejette en eEEet sur ce point

l'argumentation salvadorienne pour trois raisons
principales.

37. Première raison, le texte du Brevet Royal du
31 octobre 1580 relatif à la nomination de Don Juan Cisneros

de Reynoso - sur lequel s'appuie la Partie adverse et qui
est donné dans les ~nnexes du contre-mémoire salvadorienl -

est incomplet. Si on le compare avec le texte publié dans
les Annexes du mémoire hondurien2, il apparaît que le

document salvadorienne comporte pas la liste des villages
ou s'exerceront les pouvoirs du nouvel "Alcalde Mayor de

toutes les mines du Honduras". Or le texte original de la
décision du 31 octobre 1580 définit sa compétence ratione

loci dans les termes suivants:

oficio y cargo de nuestroo y Alcalde Mayor de las
dichas Minas de Guascoran y las mas de suso
declarado con la jurisdiccion de Ulla, Joxona,
Tutumbla, Lugaren e Curaren, Reditoca,
Lepaterique, Tigucigalpa,Comayagua de los Indios,
Tamara, Agalteca,Liquitamaya, Tapali, Guarabuqui,
Urica, Guaymaca, Apasapo, terminos y jurisdiccion
de .San Miguel, Pasaquina, Caperique,
Aguanqueterique, Ticla, Locterique,La Villa de La

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. V,
Annexe VII.10, p. 121-122.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.2.5, p. 2281-2282. Choluteca con los pueblos desu jurisdiccion y
como ta1 traigas vara de la nuestra justicia y en
las dichas minas y asientos y pueblos
susodichos..."

38. Seconde raison, l'interprétationque donne le ~
contre-mémoire salvadoriende la décision du 31 octobre 1580

ne peut être retenue. Le Gouvernement du Honduras estime en
effet, à la suite de l'historien hondurienRomulo E. Duron,
que ce document apporte bien la preuve que la ville de Jerez

de la Choluteca avec les villages qui en dépendent était
bien incorporée à la juridiction de Tegucigalpa. Pour cet

auteur, en effet:

"Juan Cisneros de Reinoso, nombradopor seis aiios,
habia sucedido en efecto a Juan de la Cueva, en
1580. El nombramiento de aquél se hizo por Real
provision de la Audiencia librada enGuatemala el
31 de Octubre de aquel afio.Esta Real provision
creo la jurisdiccion de la Alcaldia Mayor,
mas declaradassrespect0 a Juan de la Cueva, conas
los pueblos de Ula, Joxona. Tutumbla, Luqarén,
Cuareni, Redituca, Lepaterique, Tegucigalpa,
Comayagua de los indios, Tamara, Agalteca,
Liquitimaya, Tapali, Guarabuqui,Urica, Guaymaca,
Apasapo, Pasaquina, Caperique, Aguanqueterique,
Ticla, Locterique y la Villa de Choluteca con los
pueblos de su jurisdiccion. Por esta Real
provision de 31 de Octubre de 1580 incorpora,
pues, la Audiencia a la jurisdiccion de
Tegucigalpa la villade Jerez de la Frontera de la
Choluteca, con sus pueblos, y asi dejo de formar
parte de la provincia particular de Guatemala
dicha villa con el Golfo de Fonseca y sus islas,
en donde habia pueblos sujetos a su jurisdiccion.
Y asi fué como Honduras,que hasta la fecha de la
relacion copiada en el capitulo precedente solo
tenia costa en la mar del Norte, vino a tenerla en
la mar del Sur. Y asi se explica que los Alcaldes
Mayores, de 1580en adelante, hayan encabezado sus
diligencias, escribiendo después del nombre, las palabras 'Alcalde Mayor del Real de Minas de
Tegucigalpa y de la Villa de Jerez de la
Choluteca'l.

Le Gouvernement du Honduras est d'autant plus fondé à
rejeter l'interprétation salvadorienne de la décision du

31 octobre 1580 qu'une "Real Cédula" du 28 septembre 1587 a
confirmé l'interprétation honduriennede ce document. En

effet, cette "Real Cédula" de 1587 fait figurer la
communauté indienne de Goascoran sur la liste des villages

composant 1'"Alcaldia Mayor"de ~eguci~al~a~.

39. Troisième raison, enfin, à supposer même que
l'interprétationdonnée par le contre-mémoire salvadorien du

Brevet Royal du 31 octobre 1580 soit correcte et que cette
décision administrativepermette de soutenir que les mines

de San Miguel et de Choluteca étaient alors sous "le
contrôle administratif" du Gouverneur du Guatemala - ce que
le Gouvernement du Honduras conteste - il n'en demeure pas

moins que la communauté indienne de Goascoran a été
expressément rattachée, pendant la période coloniale,

antérieurement par conséquent à 1821, à l'entité coloniale
hondurienne.

1 "Opinion sobreel Nombramiento de Juan Cisneros de
Reynoso" in Bosquejo Historico de Honduras 1502 à 1921, Tip.
del Comercio, San PedroSula 1927, p. 36. On trouve la table
des matiéres de l'ouvrage de Duron dans le mémoire du
Honduras, Annexes, vol. V, Annexe XIII.2.45, p. 2370-2372.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 391,
par. 32. Le mémoire et le contre-mémoire honduriens ont apporté
la preuve qu'un ensemble de décisions - touchant, notamment

mais pas seulement, les découpages successifs des
circonscriptions territoriales coloniales de la région,

qu'elles soient d'ordrecivil ou d'ordre ecclésiastique -
sont autant de témoignagesde l'incorporationde Choluteca à

1'"AlcaldiaMayor" de ~e~ucigal~al.

La présente réplique ne reviendra naturellement pas sur
cette démonstration. Elle rappellera seulement troi de ces

mesures qui établissent, dans des ordres de compétences
différentes, le rattachement de la zone du Goascoran à

l'entité coloniale hondurienne. On citera d'abord, en
matière minière, la "Real Cédula" du 28 septembre 1608,par

laquelle le Capitaine Don Juan Lobatofut nommé "Alcalde
Mayor de Tegucigalpa y de las Minas y Registros de ellas de

la Provincia de Honduras y de las Acapazapo (Goascoran) y
villa de la Choluteca" (Archivo General de Indias de
Sevilla, Indiferente General 449). On rappellera également,

en matière ecclésiastique,la "Real Cédula" du 2 décembre
1672 qui détacha la paroisse de la ville de Choluteca de

l'évêché de Guatemala pour l'incorporer à l'évêché du
~onduras2.On rappelleraenfin, dans le domaine de

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. IX, P. 391-393,
par. 32; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 619-625, par. 122-128.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI
Annexe XIII.2.10, p. 2291.l'administration générale, que, lors de la constitution de
1'"Intendencia" de la Province du Honduras, conformément à

l'ordonnance royaledu 4 septembre 1786, 1"'Alcaldia Mayor"
de Tegucigalpa fut intégrée avec l'ancienne Province de

comayagua dans la nouvelle juridiction qui comprenait
cholutecal; de même, lors du rétablissement de -1'"Alcaldia

Mayor" de Tegucigalpa par le Décret Royal du 24 janvier
1818, l'appartenance de Choluteca à 1"'Alcaldia Mayor" de

Tegucigalpa ne fut pas modifiée2.C'est dire que, pendant la
période coloniale, Choluteca - et partant la zone du

Goascoran - était rattachée à l'entité administrative qui
allait devenir en 1821 1'Etat du Honduras et qu'en tout état

de cause le Rio Goascoran constituait la frontière entre les
juridictionsde San Miguel et de Tegucigalpa.

2. Le Rio Goasctir6n,limite des terresdu villaqe

indien de Goascoran

40. Les titres de terres que le Gouvernement du

Honduras a analysés dans ses pièces écrites3 étaient
destinés à compléter les documents administratifs et

ecclésiastiques de l'époque coloniale qui viennent d'être
rappelés et à montrer que le Rio Goascoran, ligne séparative

des juridictionscoloniales de San Miguel et de Tegucigalpa,

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 391,
par. 32.

2 Mémoire du Honduras. Annexes, vol. 1,
Annexe 1.1.5, p. 13; contre-mémoire du Honduras, vol. II,
chap. XI, p. 620, par. 122.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 393-394,
par. 33; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 626-630, par. 129-130.constituait également, jusqu'à son embouchure dans la Baie
de la Union, la limite occidentale des terres du village

indien de Goascor.5n.

Parmi ces titres de terres, le Gouvernement du Honduras
avait produit en premier lieu, le "titre de Guayabal"

correspondant aux terres de Guayabal proprement dites ainsi
qu'à celles de 1"'Estancia de 'santaAna". Ce titre, dont le

mémoire hondurien avait donné une représentation
cartographique1, était composé d'un jeu très complet de

documents datant de la période comprise entrele 15 juin
1691 et le 7 février 1692~. Parmi les textes les plus

pertinents pour le présent différend, il convient de
rappeler. 1) le procès-verbald'arpentage du 28 juillet 1691

effectué, à la demande de Pedro NuRez, par le Juge des
Terres José de ~olina3, 2) l'annonce publique faite au
village de Goascoran,le 29 aoüt 1691, par le même Juge des

~erres.4,et 3) l'ordonnance prise, le 31 août 1691, par le
même Juge José de Molina, concernant le cautionnement

effectué par Don Juan Bautista de Fuentes en faveur de Pedro
~uRez5. Ces trois pièces apportent la preuve que les terres

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, carte B.7.2, p.378.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XII.1.2, p. 2107-2121.

3 Mémmoire du Honduras, Annexes. vol. VI
Annexe XII.1.2, p. 2112-2113.

4 Mémoire du Honduras, Annexes,m., p. 2116.

5 Mémoire du Honduras, Annexes,W., p. 2117.du village indien de Goascoran s'étendaient à l'Ouest

jusqu'au Rio Goascoran, jusqu'à ce qu'il se jette dans la
mer.

Les données ainsi fournies par le "titre de Guayabal"

étaient confirmées par d'autres titres de terres voisines
mis en avant par le mémoire hondurien1. Il s'agissait

notamment de l'arpentage et du réarpentage des terres de
Mongoya, effectués respectivement en 1671 et en 16942 ainsi

que de l'arpentagedes "ejidos"du village de Langue réalisé
en 18213.

41. Le contre-mémoiresalvadorien ne s'estpas livré à

une véritable contestation, fondée sur une analyse
approfondie des titres de terre de l'époque coloniale ainsi

avancés par le Honduras.

Il s'est contente d'observer, d'une façon très
superficielle,que le Honduras, dans la zone du Goascoran

"has presented Title Deeds which cannot be
classified as important either because they relate
to areas outside the disputed sector or cannot be
mapped because they identify only one or two
boundarymarkers.- this is the case, for example,

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 393-394,
par. 33.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe iX.l.l.~, p. 2071 et ~nnexe IX.l.l.B, p. 2086.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, ibid.,

Annexe XII.1.4, p. 2143. with the Title Deeds relating to the Remeasurement
of the Sitio de Mongoya in 1671, to the Sitio de
remeasurement of GMongoya of 1696, (sic)lW. the

11 s'agit par conséquent d'une simple affirmation, dépourvue

de tout commencementde preuve.

42. Aussi bien, le Gouvernementdu Honduras rejette-t-
il l'allégation salvadorienne. D'unepart, il n'a jamais

prétendu que les titres de Mongoya (1671 et 1694) comme
d'ailleurs le titre de Langue (18211~ portaient sur des

terres situées dans la zone contestée du Goascoran; il
s'agit seulement, de son point de vue de "titres de terres

limitrophes qui corroborentles éléments du titrew de
~ua~abal~. Ainsi, les titres de Mongoya apportent-ils la

preuve que les terres auxquelles ils correspondentsont

1 contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.136, p. 126.

2 La Partie adverse admetd'ailleursque ce titre de
Langue est favorable au Honduras. En effet, le contre-
mémoire salvadorienreconnait que "the Title Deed of Langue
of 1821 covers the area to the east of the formerchannel of
the River GoascOran whose mouth is opposite the island of
Conejo and thus overlaps the area claimed by El Salvador
between this former mouth of the River Goascoran and the
even older mouth of this river opposite the Estuary (sic) of
La Cutu" (contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.138,
p. 128). Ce passage est également significatif des
incertitudes salvadoriennessur ce que serait "l'ancien lit"
du Rio Goascoran.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 393-394,
par. 33.situées "dans la juridiction de hol lu t et cqal*les

"Indiens natifs et contribuables du village de Goascoran
(relèvent de) la juridictiondes mines de ~egucigalpa~".Par

ailleurs, le Honduras a soutenu, dans son mémoire et
continue à soutenir, que le titre de Guayabal et de
1"'Estancia de Santa Ana" apporte la preuve que l'arpentage

effectué le 28 juillet 1691 par le Juge des Terres Joséde
Molina avait été réalisé jusqu'au Rio Goascoran, y compris

jusqu'à son estuaire3.

D'autre part, le Honduras estime que l'observation du

contre-mémoire salvadorien selon laquelleles titres de
terres avancés dans la zone du Goascoran par le Honduras ne

peuvent être représentés cartographiquement"because they
identify one or two boundary markers" - à supposer qu'elles
soit fondée, ce que le Honduras conteste - vaut tout

particulièrementpour la représentationcartographique qu'a
donnée la Partie adverse du titre de Don Juan Bautista de

Fuentes de 169s4. On se bornera à renvoyer aux
développementsdu contre-mémoire hondurienqui ont amplement
démontré le caractère irréel de la localisation de la

pétition de Don Juan Bautista de Fuentes et de l'arpentage
du Capitaine Don Francisco deGoicochea y uriarte5.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe IX.l.l.A,p. 2083.

2 ibid Annexe IX.l.l.B,p. 2089.
--
3 ibid Annexe XII.1.2, p. 2112.
--
4 Mémoire d'El Salvador, "Book of Maps", carte 6.VI;

contre-mémoire d'ElSalvador, map 3.K, p. 128.
5 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,

p. 514-543, par. 33-60;supra., par. 29-32. Enfin, le Honduras considère que, en tout état de

cause, les observations du contre-mémoire salvadorien
n'infirment en rien la démonstration qu'avait apportée le

contre-mémoire hondurien1et selon laquelle les donnéesdu
"titre de Guayabal" étaient confirmées par un ensemble de

témoignages effectués en 1805. Il s'agissait de témoignages
d'Indiens de Goascoran devant le Lieutenant Gouverneur de

Nacabme, Don José Gabriel Vela, pour obtenir la
certification de leurstitres de terres2. Orces témoignages

établissent clairementque le Rio Goascoran constitue, dans
les années qui ont précédé l'accession à l'indépendancedu
Honduras et d'El Salvador, la limite occidentale des terres

du village indien de Goascoran. On rappellera seulement,
parmi d'autres, 1a déposition, particulièrement

significative, faite le 9 juillet 1805 par Juan Miguel
Lopez, d'après lequel les terres de la Communauté indienne

de Goascoran s'étendaient "du côté de l'Est... jusqu'à la
mer... tandis qu'à l'Ouestlesdites propriétéssont limitées

par la qrande rivière appelée Goascoran, éqalement jusqu'à
la mer3" (soulignépar nous).

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 628-630,par. 130.

2 Mémoire du Honduras , Annexes, vol. V,
Annexe XII.1.5.E,p. 2191-2196.

3 ibid p. 2194.
-- 1 Section III. Les donnéespostérieures à 1821 en relation
avec les limitesétabliesen applicationde

l'uti possidetis juris de 1821

A. LES TITRES DES TERRES EMIS PAR LA REPUBLIQUEDU HONDURAS

43. Parmi les titres républicains relatifs à la zone
du Goascoran, on se bornera à mentionner le titre relatif

aux ter,res de Calicanto qui regroupe un ensemble de
documents produits dans les années 1858-186~~.Ces documents

portent sur la réclamation qu'avaitfaite un habitant de
Nacaome, Don Lorenzo Romero, auprès des autorités
administrativeshonduriennes,de son titre de propriété sur

les terres de Calicanto, titre qui avait disparu des
archives.

Ce faisceau de décisions administratives et judiciaires

(rapports, arpentages,témoignages, etc.) - dans l'analyse
détaillée desquelles il est inutile d'entrer - a pour

conséquence d'infirmer, pour les terrains qu'elles
concernent, la thèse soutenue par El Salvador dans le

présent différend, selon laquelle la ligne frontière serait
constituée, dansla zone du Goascoran,par l'ancien bras,le

plus oriental, du Rio Goascoran débouchantdans l'"Estero La
~utu"2. Après avoir tenté d'identifierles terres

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XII.1.4, p. 2143-2179.

2 Mémoire d'El Salvador, chap.6.59; trad. fr.,
p. 45; contre-mémoire d'El Salvador,chap. 3.123, p. 117.correspondant au titre de Calicanto, on montrera que ce
titre est incompatible avec les prétentions salvadoriennes

dans la zone du Goascoran.

1. L'identificationdes terres couvertespar le
titre de Calicanto

44. Du point de vue de la Partie adverse,

"the Title Deed of the Isla de Calicanto of 1861
and 1864 covers an area between these'two mouths
of the River Goascoran, overlapping partially the
lands of the township of Langue and partially (in
the southern part) the territory claimed by El
salvadorl."

Le titre de Calicanto, selon l'interprétation qui enest
ainsi donnée, correspondraitaux terres situées au Sud des

"caserios"d'El Corozo et de La Cutu, limitées à l'Est et à
l'ouest par la partie la plus septentrionalede l'"Estero La

Cutu' et de l'"EsteroEl Capulin".

Une transposition plus précise des données fournies

notamment, par le procès-verbal d'arpentagedu 31 décembre
18642 conduirait, selon toute vraisemblance, à une

localisation sensiblementdifférente de celle indiquée par
le contre-mémoire salvadorien et par la carte 3.K. Il semble

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 3.38, p. 128
et map 3.K.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe X11.1.4, p. 2150-2151.en effet que le titre de Calicanto portesur un ensemble de

terrains plus circonscrit (voir carte VI.l en regard de
cette page. Notamment, au Sud du "caserio" de La Cutu, la

limite Est des terres de Calicanto ne s'identifie pas à la
grande boucle de la partie la plus septentrionale de

l'"EsteroLa Cutu".

En tout état de cause, que l'interprétationdonnée au
titre de Calicanto soit plus ou moins extensive, les terres

qu'il couvre sont situéesau Sud de l'extrémitéméridionale
de la "Rompici6n de Los Amates" et à l'Est de l'extrémité

septentrionale de l'"Estero El Capulin". Et même s'il y a
désaccord sur leur limite orientale, les terres de Calicanto

correspondent, à n'en pas douter, à une parcelle, plus ou
moins grande, de la zone du Goascoran que revendique, dans

le présent différend,la Partie adverse.

2. Les terres de Calicanto,partie intéqrante du territoire
hondurien lorsde l'arpentaqede 1864

45. L'intérêt du titre de Calicanto est qu'il implique

que les terres auxquelles il correspond dépendaient du
Honduras, confirmant ainsi la souveraineté territoriale

honduriennedans ce secteur au cours des années 1858-1865.

D'une part, les terres de Calicanto entrent dans la
catégorie de biens communaux appartenant à des villages qui

ont toujours été honduriens. Lefait qu'il semble y avoir
quelque hésitation sur le point de savoir de quel village

elles relèvent est d'importance secondaire, puisqueles
municipalités concernées n'ont jamais été salvadoriennes.

D'après un document du 27 avril 1858, provenant de
l'Intendance des finances du Département de Choluteca,

"l'île dénommée "Calicanto" appartient aux terrainscommunaux des villages de Goascoran et de ~anguel". En

revanche un autre document du 2 septembre 1858 de
l'intendance du Département de Choluteca fait état "des

terrains communauxdu village de Langue dans lequel on pense
qu'est comprise l'île de calicanto2". Quant au rapport

d'arpentage du 27 décembre 1864, il indique, pour sa part,
que Calicanto est situé "Côte des Amates, juridiction

d'~lianza3".

D'autre part et surtout, on peut induire de ces
documents que les terres de Calicanto ont toujours

exclusivement relevé des compétences des seules autorités
administratives et judiciaires du Honduras, à l'exclusion

des autorités d'El Salvador. Ont été en effet appelés à
intervenir dans ce dossier non seulement, commeon l'a déjà

relevé, les municipalités dqAlianza, de Goascoran ou de
Langue ainsi que l'Intendancedes finances du Départementde

Choluteca,mais également le premier Tribunalde la ville de
Choluteca ou encorela Direction généraledes revenus de

1'Etat de Comayagua. Aucun élément de ce dossier ne permet
par conséquent de dire que les terres de Calicanto aient eu

un lien, d'une quelconque nature, avec les autorités
administrativeset judiciaires salvadoriennes.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XII.1.4, p. 2154.

2 ibid
sr P. 2159.

3 ibid p. 2143-2144; cf., dans le même sens,
p. 2153 ou p. 2171. B. LE COMPORTEMENT DES PARTIESAPRES 1821 EN RELATION AVEC
LES LIMITES DANS LA ZONE DU GOASCORAN

1. Introduction

46. Le Gouvernementdu Honduras soutient que la Partie

adverse, par son comportement, a reconnu que le cours du Rio
Goascoran, tel qu'il existe depuis 1821 et tel qu'il est

actuellement - c'est-à-dire depuis le lieu-dit "Los Amates"
jusqu'à l'embouchure de son bras le plus septentrionalau

Nord-Ouest des iles ~amaditasl - correspond à la frontière
entre les deuxRépubliques.

47. On sait en effet que le droit international
attache des conséquences juridiques directes au comportement

des Etats dans les matières les plus diverses, mais plus
spécialement dans les contentieux de frontières terrestres

ou maritimes2. Faut-il rappeler que la Cour Internationale
de Justice, dans son arrët du 18 novembre 1960 en l'affaire

de la sentence arbitrale rendue par le Roi d'Espagne le
23 décembre 1906,a jugé que

"...le Nicaragua a, par ses déclarations expresses
et par son comportement, reconnu le caractère
valable de la sentence et (qu')il n'est plus en
droit de revenir sur cette reconnaissance pour
constàter la validité de la sentence3.'

1 Mémoire du Honduras, cartes 8.7.1 et 8.7.2;
contre-mémoiredu Honduras, carte7.1.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,

p. 610-617,par. 114-119.

3 C.I.J. Recueil 1960, p. 213.De même, dans l'arrêt rendu le 15 juin 1962 dans l'affaire

du Temple de Préah Vihéar, la Cour a déclaré que "la
Thaïlande, en raison de sa conduite, ne saurait aujourd'hui

affirmer qu'elle n'a pas accepté la carte" et "par
conséquent... la frontière qui y est indiquée1 ?" Faut-il

rappeler également que la sentence arbitraledu 22 décembre
1963 relative à l'interprétation de l'accord aérien du

27 mars 1946 entre les Etats-Uniset la France a admis que

"L'analyse de la conduite des parties amène donc
le Tribunal à conclure que, à la suite de
l'attitude adoptée à partir du 14 mai 1955 par les
autorités françaises, le droit dedesservir dans
les conditions ci-dessus rappelées... a été
acquis2.

Plus récemment encore, en matière de délimitation maritime,
la Cour Internationalede Justice dans l'arrêt qu'elle a

rendu le 24 février 1982 dans l'affaire du plateau
continental (Tunisie/Libye), a jugé que, "parmi les
circonstances pertinentes dont il faut tenir compte pour

aboutir à une délimitationéquitable", l'une d'elles "qui,
de l'avis de la Cour, est d'une haute importancepour la

détermination de la méthode de délimitation, a trait au
comportementdes ~arties3."

C.I.J. Recueil 1962, p. 32.

2 Revue qénérale de droit international public1965,

vol. 69, p. 253.

3 C.I.J. Recueil 1982, p. 83, par. 117. 48. Il est inutile de multiplier les exemples, mais il

résulte d'une jurisprudence constante que le juge ou
l'arbitre international déduisent des droits et des

obligations de laconduite des Etats qui s'est manifestée
par un faisceau convergent d'actesde nature diverse, à

partir du momentoù leur attitude est "claire et constante".
Que l'on se place dans une situation d'estoppel,

d'acquiescement ou de reconnaissance, l'essentielest en
effet que 1'Etat considéré ait attesté"d'une manière claire

et constante son acceptation'l. Or il est manifeste que non
seulement le Gouvernement du Honduras mais que le

Gouvernement d'El Salvador, par un comportement parfaitement
clair et non contradictoire,"absolument net et constanta~2,

a accepté le cours du Rio Goascoran comme ligne divisoire
traditionnelle incontestéeentre les deux Républiques. Le

Honduras en a déjà apporté la preuve dans ses premières
pièces écrites en analysant la position salvadorienneau

cours des négociations territorialesqui se sont déroulées
entre les deux pays dans la période 1880-18883 et en

montrant, par l'examen de la conduite des autorités
salvadoriennes, à certaines occasions, dans la période

1888-1972, qu'elles avaient admis la .souveraineté
honduriennesur la zone du

1 c.I.J. Recueil 1969, p. 26, par. 30; C-I.J.
Recueil 1984, p. 309, par. 145.

2 C.I.J. Recueil 1969,p. 25, par. 28.

3 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 369-371,
par. 13-16, p. 386-390, par. 38-30; contre-mémoire du
Honduras, vol. II, chap. XI, p. 502-504, par. 21-22,
p. 596-601, par. 102-105.~oascoranl. Il souhaiterait complétercette démonstration,

dans les développementsqui vont suivre, par l'analysed'une
part de certains documents internes de l'administration

hondurienne et d'autre part de la correspondance
diplomatiqueéchangée entre les deux Gouvernements.

2. Les documentsdes autorités honduriennes

49. Les autorités honduriennes, qu'elles soient
gouvernementalesou locales, n'ont jamais doutédepuis 1821

que le cours du Rio Goascoran correspondait à la frontière
entre les deux Républiques.Non seulement elles n'ont jamais

renoncé expressément à leurs droits sur cette zone mais
elles ont toujours, de façon active et positive, considéré

- à l'occasion des modifications que ce cours d'eau a pu
connaître soit en dehors du secteur contesté compris entre

le confluent entrele Rio Goascoran et le Rio Guajiniquil ou
Pescado et le point précité de "Los Amates", soit dans le

secteur contesté en aval de "Los Amates" jusqu'à
l'embouchure du Rio Goascoran, au Nord-Ouest des iles

Ramaditas - que cette zone relevait de la souveraineté
hondurienne.

9 Les documents internes honduriens relatifs ci la
zone non contestée du Rio Goascoran en amont de

"Los Amates"

50. Le Rio Goascoran a connu des variationsdans son
cours, dues à des crues, dans la zone dite "El Olanchano"

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 601-606, par. 106-110.comprise approximativement entre deux boucles du cours
d'eau, celledu Nord située au Sud d'Alianza et celle du Sud

située près de "Los Amates" (croquisno 1).

Tel fut le cas notamment dans le courant de l'année
1930. Il est significatif que les correspondanceséchangées '

à cette occasion entre les autorités locales du Département
de Valle et les autorités centralesde Tegucigalpa, ainsi

qu'entre différents Ministères, n'ont jamais exprimé le
moindre doute sur le fait que le Rio Goascoran constituait,

dans ce secteur, la ligne divisoire naturelle, jamais
contestée entre les deux Etats voisins. Il résulte au

contraire de ces documents que l'administrationdu Honduras
a toujours souhaité que des mesures soient prises pour

stabiliserde façon définitive le cours du Rio Goascoran.

51. On citera en ce sens la lettre adressée le
8 janvier 1931 par le Ministère des Relations Extérieuresau

Ministre du Développement, des Travaux Publics, de
l'Agriculture et du ~ravaill. Dans cette lettre, le

Ministère des Relations Extérieures a fait état d'une
correspondance antérieure entre le Gouvernement du

Département de Valle et le Ministère précité du
Développement,relativeau

"fait que le Rio Goascoran, dans la Costa de Los
Amates du Départementde Valle, à l'endroit appelé
'ElOlanchano',a débordé sur notre territoire,

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.l, p. 359. favorisant ainsi El Salvador d'une étendue de
terrain d'environ 3 kilomètres de largeur sur
environ 2 lieues de longueur, ce quifait craindre
que, par mauvais temps, le fleuve, en débordant,
déferle par un canal, nous faisant ainsi perdre
une surface considérable de notre territoire
côtier."

Cette même correspondance envisageait également

l'éventualité de désigner un ingénieur qui choisirait"la
voie la plus courte (entreles deux bords de la rivière) en

vue du projet de constructiond'un pont avec El Salvador" et
déterminerait le site "où pourrait se construire unedigue

sur ce fleuve, de façon à éviter que la progression dudit
fleuve continue."

52. 11 apparaît ainsi que, malgré les variations du

lit du Rio Goascoran, dansle secteur d'"El Olanchano", les
autorités honduriennes ont toujours considéréque cette
rivière constituait la ligne divisoire incontestée avec le

territoire salvadorien.Et ce point de vue, comme on le
sait, a été entériné par le Traité Général de Paix du

30 octobre 1980 entre les Républiques d'El Salvador et du
Honduras, dont l'article 16 a relevé, parmi les frontières

reconnues et non sujettes à contestation,dans le septième
secteur, le Rio Goascoran, de son confluent avec le Rio

Guajiniquil ou Pescado jusqu'à "Los Amates". C'est dire que,
dans cette partie de son cours, le Rio Goascoran a été

rangé, conformément l'article 17 du même Traité, "parmi
les limites définitives des deux Etats... invariables à

perpétuité1.'

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe IV.1.55, p. 813. Les documents internes honduriens relatifs à la

zone contestée du Rio Goascoran, en aval de "Los
Amates"

53. Les correspondances administratives entre les

autorités locales et les autorités centrales honduriennes
considèrent que le Rio Goascoran constitue la frontière

entre les deux Républiques non seulement en amont de "Los
Amates", mais également dans le secteur situé en aval de

"Los Amates", jusqu'à son embouchure dans le Golfe de
Fonseca, au Nord-Ouest des îles Ramaditas. On se bornera à

donner trois illustrations de ces documents internes
honduriens.

i) Le rapport du Gouverneur de Nacaome, en date du 6

octobre 1930, au Secrétaire d'Etat au
Développement, à l'Agricultureet au Travail

54. Ce département ministériel ayant demandé, par une

note no 870 du 22 septembre 1930, au gouverneurde Nacabme,
d'effectuer une enquête sur les débordements du Rio

Goascoran à "El Olanchano", ce dernier lui a adressé un
rapport le 6 octobre 19301 qui mérite d'être cité:

"L'enquête a établi que le Rio Goascorin a
progressé sur la rive gauche, à l'endroit de la
Côte de Los Amates, juridiction d'Alianza, depuis
1906. Cette progression se fait chaque hiver et
résulte de fortes crues du fleuve qui a progressé
à présent d'environ 40 'manzanas' comprises à
partir d'un point appelé 'el Olanchano' jusqu'à

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.2, p. 360-361. 'La Ceiba', représentant unesurface d'environ
3 kilomètres de longueur et de 200 mètres de
largeur à un endroit et de 400 mètres à l'autre.
11 est à craindre que le cours du fleuve
s'amplifie au niveau du canal.. ., car quand le
point qu'on ne peut le traverser qu'encanoë et ilel
n'a qu'un kilomètre de longueur. Si cela devait
malheureusementarriver, El Salvador bénéficierait
d'environ 20 'caballerias' de bonnes terres
labourables. Les moyens d'action les plus
efficaces pour empêcher la progression du fleuve
sont les suivants: placer, à la source ou à
l'endroit où le fleuve a commencé sa progression,
une digue faite de chaux et de pierre, assez
profonde, de façon à ce qu'elle puisse dévier ou
contenir les grandes crues du fleuve, en les
'repoussant sur la rive opposée; il faudrait
ensuite, à partir de là, constituer une palissade
tout le lonq de la liqne actuelle jusqu'à
l'endroit ap~elé 'La Ceiba', avec du bois ou des
troncs de saule, aui s'enracine facilementdans
ces endroits. Ce travail doit se faire pendant
l'été, de façon a ce qu'une fois l'hiver revenu,
les troncs soient bien enracinéset puissent
résisteraux crues du fleuve" (soulignépar nous).

Il résulte par conséquent de ce document que. pour les

autorités administratives du Département de Valle, il ne
fait aucun doute que leRio Goascoran constitue la frontière

entre les deux pays non seulement en amont de "Los Amates"
mais également en aval de ce même lieu puisque "La Ceiba"

précisément est située au Sud, Sud-Ouest de "Los ~mates"1.

1 Mémoiredu Honduras, cartes9.7.1 et 9.7.2 ii) Le rapport en date du 23 juillet 1941 de la

Municipalitéd'Alianza au Gouverneurde Nacaome

55. Ce rapport1 a été demandé aux autorités locales de
la zone du Rio Goascoran à la suite de plaintes provenantde

ressortissants honduriens, propriétaires de terres situées
le long du Rio Goascoran ou dans les îles fluviales. En

effet, des ressortissants salvadoriens avaient pénétrén
février 1941 sur le territoire du Honduras pour enlever du
bétail appartenant aux agriculteurs honduriens dans "une

petite île que forme le Rio Goascoran" et pour vendre aux
enchères à Pasaquinales animaux ainsivolés.

Cette "île du Goascoran" était, selon toute

vraisemblance, située, lorsque les faits précités sont
survenus, dans la zone non contestée du Rio Goascoran,dont

il a été questionprécédemment2,voire plusen amont dans la
partie du cours d'eau comprise entre les localités

honduriennes d'Alianza et de Goascoran. Quoiqu'il en soit,
ce rapport du 23 juillet 1941 mérite d'ètre mentionné. Il

permet en effet de mieux comprendre, du point de vue des
riverains, la vie et les variations du Rio Goascoran et de

montrer que les crues saisonnières qu'il connaît sont
susceptibles d'entraîner des altérations de son cours. Ce

document établit surtout que, dans l'esprit de ses
rédacteurs - c'est-à-dire, rappelons-le, les autorités
municipales de la localité hondurienned1Alianza - le Rio

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.3, p. 362-363.

2 W., par. 50-52.Goascoran constitue sans aucundou,tepossible la frontière
entre les deux Républiques, non seulement enamont de "Los

mates", mais également enaval jusqu'à son embouchuredans
le Golfe'de Fonseca.

56. En effet, on peut lire dans le rapport du 23

juillet 1941:

"L'ile en cause1 a été formée par le fleuve, du
fait des variations de son cours. De plus, cette
ile est traversée par un canal qui, quand le
fleuve est en crue, se remplit d'eau, formant
ainsi deux îles. Mais 'pendant l'été, les eaux ne
passent que par un bras (du fleuve) sur la rive
salvadorienne, laissant ainsi à notre faveur les
iles précitées, d'où ont été emmenés (en février)
les animaux qui ont fait l'objet de la plainte.
Dans ce cas, le terrain en cause fait partie de
notre territoire. si l'on considère au2-~ -l-~
frontière entrelés deux pays est siqnalée par lz
eaux du fleuve Goascoran, partir de la
confluence du fleuve Guaiiniquil ou Pescado avec
le fleuve San Juan, jusqu'à son embouchureL"
(soulignépar nous).

Il s'agit de la petite ile précitée dite "du
Goascoran".

2 Le rapport ajoute: "De ce fait, ce terrain fait
partie de la Commune de Goascoran, qui se compose de trois
propriétés rurales (haciendas),

- celle de "El Guayabal" (inscriteau registre de la
Propriété du Département, Tome II, no XIV,
p. 67-73, à Nacaome, le 8 octobre 1903),
- la hacienda de "Mongoya:'(inscrite au registre de
la Propriété du Département, Tome II,no XLIII,
p. 53-64, à Nacaome, le 8 octobre 1903),
- la' hacienda de "El Portillo de Diriquiran"

(inscrite au Tome II, no XLIII, p. 39-47, à
Nacaome, le 8octobre 1903). iii) L'échange de correspondances administratives,
entre novembre 1941 et janvier 1942, sur les

variations du Ri6 Goascoran dans la zone du
"Rinc6n de Muruhuaca"

57. 11 s'agit d'une série de messages adressés

respectivement le 28 novembre 1941 (message no 245), le
5 janvier 1942 (message no 328) et le 15 janvier 1942

(message no 420) par le Maire d'Alianza au Gouverneur de
Nacaome et transmis par les soins de ce dernier aux

autorités centrales de Tegucigalpa, d'abord au Ministèrede
1'Intérieur, puis finalement au Ministère des Relations

~xtérieuresl. Cet ensemble de documents administratifs
honduriens confirmeles conclusions précédentestout en les

complétant et en les précisant, puisqu'ils concernent une
modification du cours du Rio Goascoran - non plus, comme

dans le cas précédent, dans la partie de son cours située en
amont de "Los Amates" - mais dans la zone contestée dans le

présent différend,en aval de "LosAmates".

58. En effet, ces documents visent une division du Rio

Goascoran en plusieurs bras, survenue au cours des derniers
mois de l'année 1941, au lieu-dit "Rincon de Muruhuaca",

c'est-à-dire dans la partie du Rio Goascoran comprise entre
le Canton Barracones et La ceiba2, plus précisémententre le

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.4, p. 364 et suiv.

2 Mémoiredu Honduras, carteB.7.1.Cauce del Muerto et le Cauce El Guichoso, tels qu'ils

figurent sur la carte hondurienne 2556 II à leur confluent
avec le Rio Goascoran. Or ces différents bras du Rio
Goascoran, à la fin de l'année 1941,étaient sur le point

d'être asséchés, à l'exception de l'un d'entre eux qui
restait rempli et par lequel les eaux continuaient à

s'écouler.

En conséquence, le "Rincbn de Muruhuaca" - d'une

étendue d'environ 3 "caballerias", c'est-à-dire
d'approximativemetn 220hectares - se trouvait rattaché au
territoiresalvadorien.Le Maire dlAlianza,dans son message

précité no 245 du 28 novembre 1941, informaitle Gouverneur
de Nacabme que "les Salvadoriens projettent de construire un

poste de douane terrestre à cet endroit,exerçantainsi leur
souveraineté sur ledit terrain, alors que des habitants
d'Alianza y possèdent de riches propriétés". Il demandait

également des instructions sur les mesures à prendre,
suggérant qu'"il serait opportun de construire uneclôture
solide sur la rive du cours naturel du fleuve ou bien de

canalisercelui-cide façon à éviter les déviationsdu cours
d'eau".

59. Quelques semaines plus tard,dans un nouveau
message no 328 du 5 janvier 1942, le, Maire dtAlianza

réitérait sa demande auprès du Gouverneur de Nacabme,
estimant qu'il pourrait récupérer les terres ainsi perdues

en trois journées de travail "en canalisantune cinquantaine
de 'varas' (soit environ 52 m.) sur les bancs de sable". Le
point important à soulignerdans cette note, c'est que, pour

le Maire d'Alianza, "les terrains perdus du fait du
changementdu cours des eaux sont situés à proximité de la
frontière hondurienne" - dans le texte original espagnol,"el curso de las aguasperdidas es permanente pegado a la

margen hondurefia" - (souligné par nous). Ce qui signifie,
par conséquent, que, pour les autorités municipales dela
localité hondurienned'Alianza, il était indiscutable qu'à

cette date - c'est-à-dire à la fin de l'année 1941et au
début de l'année 1942 - la frontière entre les deux

Républiques correspondait au "cours normal" du Rio
Goascoran, avant les modifications subies peu auparavant,

dans la partie de son cours situé en aval de "Los Amates" à
l'ouest du "Rinconde Muruhuaca".

60. Ce point de vue de l'administration localesur le

tracé frontalier dans 'ce secteur a été confirmé à la'fois
par le Gouverneur de Nacaome et par l'administration

centralede Tegucigalpa.

Pour les services du Ministère de l'Intérieur, ainsi
qu'il apparaît dans le télégramme no 2868 du 7 janvier 1942

adressé au Gouverneurde ~acaomel, il serait souhaitable de
réaliser la canalisation suggérée par le Maire dlAlianza

"afin de dévier les eaux du fleuve et éviter ainsi la
diminution de notre territoire",tant ilest vrai que, pour

l'administration centrale hondurienne,"le changement du
cours du Rio Goascoran porte préjudice au territoire

hondurien" (souligné par ncius). ,

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.4, p. 365. Le Gouverneur de Nacabme informera, à son tour, le

Ministère de l'Intérieur, dans un télégramme no 1945 du
10 janvier 1942 qu'il avait rencontré le Maire et le Syndic
de la Municipalité dlAlianza ainsi que le propriétaire

terrien hondurien concerné et qu'ils avaient convenu de
faire effectuer les travaux précédemment envisagés de

canalisation des eaux qui, avec une équipe de 30 civils
dirigés par les notables dlAlianza, devaient durer cinq

jours. 11 est remarquable que, d'après ce document, le
Gouverneur de Nacaome avait ordonné aux autorités locales

d'Alianza "d'accepter la coopération offerte spontanément
par le salvadorien M. Valentin Arias, habitant de Pasaquina,
car le parcours qui doit être canalisé est situé en face de

ses propriétés et M. Arias a reconnu qu'il s'agit là d'une
opération juste et léqalel' (soulignépar nous).

61. Que les travaux en question n'aient pu être, en

définitive, achevés - comme en témoigne le message no 420 du
15 janvier 1942 adressé par le Maire dlAlianza au Gouverneur

de ~acaome~ - importe peu pour le présent différend. Ce
qu'il convient en revanche de retenir de cetensemble de
documents administratifs honduriens relatifs au"Rincon de

1 Dans le texte original espagnol, on peutlire:
"reconociendo el Sr. Arias la justicia y legalidad de la
operacion".

2 Il signale en effet que "contrairement aux
prévisions initiales, le travail est très difficile". En
effet, d'après le Maire dlAlianza, "Le nouveau cours du
fleuve et d'environ 60 'varas' - soit approximativement
50 mètres - et la profondeur de l'eau est d'à peu près
6 mètres. Les vagues détruisentce qui a été construit et
rendent le travail impossible, car ellessont très
violentes. Le Honduras ne perd pas ses droits sur
'Muruhuaca', carle grand cours du fleuve est chargé d'eau
salée, et avec les prochainescrues, il coulera avec force
pour de nombreuses années"(soulignépar nous).Muruhuaca", c'est que, pour les autorités centrales

(Ministères de l'Intérieur et des Relations Extérieures),

trois points étaient incontestables. D'une part, le
territoire situé à l'Est du Rio Goascoran, de "Los Amates"
jusqu'à la Baie de La Union, relevait de la souveraineté

hondurienne. D'autre part, dans ce même secteur, le Rio
Goascoran, dans le lit qu'il empruntait avant les

modifications survenues à la hauteur du "Rincon de
Muruhuaca" à la fin de l'année 1941, constituait la

frontière indiscutée entre les deux Républiques. Enfin, ce
point de vue était expressémentadmis par les ressortissants

salvadoriens, comme M. Valentin Arias, propriétaire de

terres situées à l'Ouest du Rio Goascoran et les autorités
salvadoriennes, certainement informéesde cette situation,

ne l'avaient aucunement contestée.La Partie adverse, dans
son contre-mémoire, ne dément pas cette analyse. Elle ne

peut d'ailleurs pas la démentir, puisque le Gouvernement
d'El Salvador a toujours admis, avant comme après 1942, que

la zone située au Sud de "Los Arnates",qu'il revendique
seulement depuis 1972,relevait bien de la souveraineté du

Honduras.

3. La correspondance diplomatique entreEl Salvador
et le Honduras
. .

62. L'analyse précédente est confirmée par l'examen

des notes diplomatiques qu'El Salvador a adressées au
Honduras. Elles montrent, de toute évidence, qu'il

n'existait pas de différend entre les deu,xpays dans la
zone, aujourd'hui revendiquéepar El Salvador devant la

Chambre de la Cour, du Rio Goascoran et que ce cours d'eau
constituait bien la ligne divisoire entre eux. Plusieurs'

notes diplomatiques,échangées 'entre les Chancelleries dansla période comprise entre 1937 et 1956, le plus souvent à

propos d'incidents de frontièresmineurs, sont à cet égard
particulièrementsignificatives. Onen citera quatre.

a Les incidents de frontières liés à la répression

de la contrebande dans le secteur compris entre El
Naranjo et El Pasadero: note du 21 août 1937, du

Ministre salvadoriendes Relations Extérieures à
l'Ambassadeurdu Honduras à San Salvador

63. Cette note diplomatiquedu 21 août 1937l contenait

un rapport, en date du 6 août 1937, transmis au Ministre
salvadorien des Finances par la voie hiérarchique par les

autorités douanières salvadoriennes locales en poste "dans
la zone frontalière du Honduras", rapport qui portait sur

"la répression de la contrebande de marchandises
étrangères".Ce rapport qui provenait du "Jefe de Resguardo"

de "Los Horcones" concernait plus particulièrement"le
secteur compris entre El Naranjo et El Pasadero".

64. A cet égard, on peut avoir quelques hésitations
pour identifier le lieu-ditEl Naranjo, puisqu'il existe,

sur la cartographie hondurienne et salvadorienne de la
région, deux sites ainsi dénommés au El Salvador, dans le

Département de La Union qui jouxtent"la zone frontalière
avec le Honduras", le long du Rio Goascoran. Lepremier, le

"caserioLos Naranjos",est localiséau Sud du "Cerro El

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.5, p. 367.Naranjo" et au Nord du "Canton Piedras Blancas", à proximité
de la grande boucle du Rio Goascoran comprise entreAlianza

et "Los Mates", c'est-à-dire dans la partie non contestée
du Rio Goascoran, en amont de "Los Mates"l. En revanche, le

second site dénommé "Los Naranjos"se trouve également près
du Rio Goascoran, mais en aval de "LosMates", au Nord de

Barrancones, au Nord-Ouest du "Rincon de Muruhuaca", â
proximité du confluent du "Cauce El Guichoso" et du Rio

Goascoran, c'est-à-direde la zone contestée dans leprésent
différend2. Quantau second point mentionnédans le rapport

du 6 août 1937, "El Pasadero",il figure aussi bien sur la
carte hondurienneque sur la carte salvadorienne précitées

et sa localisation n'est pas douteuse:il jouxte le Rio
Goascoran à proximité de son point de confluence avec

l'"Estero Las Conchas", c'est-à-dire à proximité de la
frontière entre les deux pays, conformément aux intentions

du Honduras.

65. Or précisément, dans sonrapport précité du 6 août
1937, adressé au Délégué des Douanes salvadoriennes à

Pasaquina, le chef de poste de "Los Horcones" M. Alejandro
Menjivar, a fait état d'un incident de crontière dans le

secteur du Rio Goascoran "compris entreEl Naranjo et El

Pasadero". Il rapporte, de façon singulière, que, dans ce
secteur, "personne n'ose passer la frontière avec des

marchandises de contrebande, car il s'agit d'un endroit qui

1 Carte hondurienne, Hoja 2556 II; mémoire du
Honduras, cartes 8.7.1 et B.7.2.

2 Mémoired'El Salvador, carte6.VI.
.;est surveillé de près par la police montée du Chef
d'expédition hondurien, le Colonel Francisco Amador"

(souligné par nous). Selon l'auteur du rapport, "les abus"
qu'aurait "continuellement" commisle Colonel Amador "contre

les salvadoriens" susciteraient "une telle panique que
personne n'a le couraqe de pénétrer en territoire hondurien

par ce secteur (qui représente environ 24 kilomètres)"
(souligné par nous). Ce même rapport indique par ailleurs

que, le 28 juillet 1937, quatre soldats armésdu Colonel
Amador auraient "pénétréen territoiresalvadorien,jusqu'au

Canton Piedras Blancas qui se trouve à 2 kilomètres de la
frontière" et assassiné un ressortissant hondurien se

trouvant dans la maison du Commissaire de Piedras Blancas,
repartant aussitôt "vers la frontière du côté de l'endroit

appelé El Olanchano".

66. Bien entendu, de tels faits 'invoqués dans le
rapport salvadorien -à supposer qu'ils fussent bien

établis, ce qui n'a jamaisété démontré - ne sauraient être
considérés comme une "agression" et tout au plus ils
constitueraientun "incident frontalier", au sens qu'a donné

à ce terme la sentence arbitrale rendue, le 3 septembre
1935, dans l'affaire relative à l'incident du Walwal qui a

opposé 1'Ethiopie et l'ltaliel. En revanche, ce qu'il
importe de relever dans ce rapport transmis par le Minsitre

salvadorien des Relations Extérieuresau Gouvernement du
Honduras, c'est que, du point de vue des autoritéslocales

1 Nations Unies, Recueil des Sentences arbitrales,
vol. III, p. 1658-1667.salvadoriennes entériné par les autorités centrales, le

"secteur compris entre El Naranjo et El Pasadero"
correspondait à "la zone frontalière avecle Honduras", ce

qui signifiait que,pour elles, la frontière entre les deux
pays coïncidait avec le cours du Rio Goascoran", non

seulement en amont, mais également en avalde "Los Amates".
Cette position est exactement contraire à celle que soutient

El Salvador dans le présent différend, puisqu'il prétend
qu'à partir de "Los Amates", la frontière doit s'identifier

à la "Rompicion de Los Amates" avant de suivre l'"Estero La
Cutu" jusqu'au Golfe de Fonseca. En revanche, cette position

d'El Salvador en 1937 correspond rigoureusement à la thèse
qu'a toujours soutenue le Honduras, y compris dans le

présent contentieux.

Q Les incidentsde frontière liés aux prétendus abus
des autorités honduriennes dans la zone d'"El

Rinc6n de la Ceiba": note du 26 février 1943 de
l'Ambassade d'El Salvador à Tequciqalpa au

Secrétaire d8Etat aux Relations Extérieures du
Honduras

67. Par cette note du 26 février 1943, l'Ambassade

d'El Salvador à Tegucigalpa a transmis au Gouvernemend tu
Honduras le rapport qu'avait adressé, le 21 janvier 1943, le

garde-côtes salvadorien, Florentin Reyes, aux autorités
portuaires de La union1. En effet, à la suite d'une plainte

des autorités administrativesdu "Canton de Barrancones" sur
les prétendus abus qu'auraientcommis les autorités

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VI.6, p. 369 et suiv.administrativeshonduriennesdans la zone d'"El Rincon de la

Ceiba" (amendesimposées arbitrairement à des ressortissants
salvadoriens et convocations en territoire hondurien à La

Alianza), leCommandant du Port de La Union envoyale garde-
côtes Florentin Reyespour enquêter sur le terrain.

68. Ces évènements étaient liés aux changements
survenus dans le cours du Rio Goascoran en 1941, évoqués

précédemment1 dans des échanges decorrespondances internes
entre les autorités locales et les autorités centrales

honduriennes.Le fait que la zone concernée ait étédénommée
"Rincon de Muruhuaca" par l'administrationdu Honduras et

"Rincon de la Ceiba" par l'administration d'El Salvador est
négligeable, Muruhuaca étant situé au Sud du "Cauce El

Guichoso" et La Ceiba au ~ord~. Le point important à relever
est que, dans un cas comme dans l'autre, pour

l'administration honduriennecomme pour l'administration
salvadorienne,les zones concernéesdu Rio Goascoran etaient

situées en aval de "Los Amates", c'est-à-dire dans la zone
contestée dans leprésent différend.

69. Dans son rapport d'enquête du 21 janvier 1943, le

garde-côtesFlorentin Reyes a relevé que le Rio Goascoranse
jetait auparavant dans le Golfe deFonseca par l'"Estero de
Barrancones".Or quelques annéesauparavant - ''ily a à peu

1 ,,pra., par. 57-61.

Voir la carte hondurienne Hoja2556 II: mémoire du
Honduras, cartes 8.7.1 et B.7.2.près trois ans" dit le rapport ~e~esl - le Rio Goascoran
aurait abandonné son lit dans cette zone et il se serait

alors jeté dans l'"Estero Llano Largo", pénétrant ainsi,
comme le reconnaît l'enquêteur salvadorien, "sur le

territoire hondurien" (soulignépar nous). Le garde-côtes
FlorentinReyes précise ensuite:

"Comme ce fleuve (le Rio Goascoran) sert de
division entre les deux Républiques,du fait du
nouveau cours pris par ses eaux, il s'est
introduit sur leterritoire hondurienvers le nord
et il débouche au nord-ouest, à environ 3 milles.
Le véritable cours du Rio est asséché et se
remplit d'eau salée lorsqu'il y a de fortes
marées2" (soulignépar nous).

On ne saurait donc plus clairement reconnaître d'une part

que le Rio Goascoran constitue bien la frontière,en aval de
"Los Amates", entre El Salvador et le Honduras et d'autre

part qu'en changeant ainside lit, le Rio Goascoran avait

1 ' Il semble que, d'après les documents
administratifs honduriens (çupra., par. 58), le changement
du cours du Rio Goascoran serait plut6t survenu pendant les
derniers mois de l'année1941. Le caractère approximatifde
la remarque du rapport Reyes permet néanmoins de penser
qu'il s'agit du même phénomène.

2 Le texte original en espagnolest encore plus
significatif: "Ciertamente el rio hace como tres aiio
abandono su curso, pues desemboca en el esterode
Barrancones saliendo a esta bahia - en la actualidad su
cauce ha cambiado desembocando en el 'Llano Larqo',
territorio Hondureiio; es decir como este rio.sirve de linea
divisoria entre los dos Repiiblicasse ha internado con el
nuevo curso en territorio Hondureiio hacia el Norte y
desemboca al Noroeste como a tres millas y que el verdadero
cauce del rio queda en sequedad, llenandose de agun salada
en mareas grandes" (soulignépar nous).pénétré sur un territoire qui, pour les autorites
salvadoriennes,relevait et ne pouvait relever que de la
souverainetéhondurienne.

70. Par ailleurs,le rapport Reyes du 21 janvier 1943

fait état d'un incident survenu, quelquesjours auparavant,
le 18 janvier, au cours duquel cinq soldats honduriensarmés
auraient pénétré dans la maison d'un ressortissant

salvadorien -M. Claudio Lopez - qui est inscrit sur les
registresdu port de La Union et dont lesembarcations sont
immatriculésdans les bureauxdu même Port.

Sans doute le garde-côtes Florentin Reyen se décrit-il

pas très clairementla situation ni ne localise-t-ilpas
nettement la maison de M. Claudio Lopez. D'une part, en
effet, il considèreque, du fait du changementdu lit du Rio

Goascoran de l'"Ester0de Barrancones"vers l'"EsteroLlano
Largo", "11 est... logique que, de ce fait, les autorités
honduriennespénètrentsur le territoirequi appartient à El

Salvador..."D'autre part,il souligne que les cinq soldats
honduriensqui ont fouilléla maison de M. Lopez ont commis

des abus, "la maison de ce dernier (étant) située à
proximité du terrain de l'ancien lit du fleuve, vers notre
territoire"et il ajoute, un peu plus loin, que "la maison

dudit M. Lopez se trouve à l'intérieurde notre territoire,
du fait que le fleuve a abandonné son cours initial". On
peut donc penser que, pour le garde-cotes Reyes,la maison

de M. Lopez était bien située sur la rive salvadoriennedu
Rio Goascoran antérieure au changement de lit et que les

autorités honduriennes n'avaient pas le droit de la
fouiller. En revanche,il considère comme "logique"que ces
mêmes autoritéshonduriennes pouvaientcontinuer à aller,

comme auparavant, sur la rive honduriennedu Rio Goascoran,là où elle était avant le changement de lit, c'est-à-dire

dans la zone comprise entre le lit asséché de l'"Estero de
Barrancones" et le lit nouveau de l'"Estero Llano Largo"
dans le "Rincon de la ceibaW1. Le point importantest que le

rapport Reyes rappelle, à cette occasion,une nouvelle fois
qu'''Ilest bien connu aue la liqne qui divise les deux

Républiquesest le fleuve~oascoran~"(soulignépar nous).

Il est donc de notoriété publique, pour l'auteurde ce
rapport, que le Rio Goascoran dans son cours antérieur 'au

changement qu'il a connu en 1941 constituait la frontière
entre les deux Etats voisins. C'est là le point essentiel

que confirme la suggestion, que fait le garde-côtes
Florentin Reyes à la fin de son rapport d'enquête, de

procéder, par une Commission d'Experts, à la démarcation
"d'une véritable ligne divisoire" pour que soit assurée la

protectiondes habitants de cette zonefrontière.

71. En conclusion,il résulte de la note adressée, le
26 février 1943,par l'Ambassaded'El Salvador à Tegucigalpa

au Ministère honduriendes Relations Extérieures,que c'est
le Rio Goascoranqui constitue,en aval de "Los Amates",la

Mais naturellementle garde-côtesReyes commet une
erreur lorsqu'il dit que le territoire en question
"appartientà El Salvador". On ne peut dire d'un seul trait
que les soldats honduriens ont le droit de pénétrer surun
territoire donné et que ce mëme territoire relève de la
souverainetéd'El Salvador. .

Le texte original en espagnolaffirme avec force:
"como es bien sabido, la linea divisoria entre las dos
Republicases el Rio Goascoran" (souligné par nous).ligne divisoire entre El Salvador et le Honduras. Plus

précisément, c'est le "coursnaturel'' du Rio Goascoran
correspondant à lmEstero de Barrancones" - asséché en temps

normal à la suite du changement de lit survenu en 1941, mais
susceptiblede se remplir d'eausalée provenant de la mer en

période de fortes marées - et non pas le nouveaucours qu'il
a pris alors dans le "Llano Largo"qui constitue,pour les

autorités d'El Salvador,la frontière entre les deux pays,
les terres situées entre l'ancien et le nouveau cours
demeurant sur le "territoire hondurien"et continuant à

relever par conséquent de la souverainetéhondurienne.Et si
c'est à tort que des soldatshonduriens enarmes sont allés

au-delà de l'ancien lit du Rio Goascoran, sur la' rive
salvadorienne de l'"Estero de Barrancones" et ont ainsi

violé la souveraineté territoriale d'El Salvador -à
supposer bien entendu que les faits incriminés auxautorités

honduriennes dans le rapport Reyes soient établis - le
véritable tracé de la frontière entre les deux pays ne

saurait fairede doute.

Les affirmations relatives au tracé frontalier que
contient le rapport Reyes sont d'autant plus importantes

qu'elles émanent d'un membre du service portuaire de La
Union qui a manifestementune parfaite connaissancede la
zone et qui est alléenqueter sur le terrain. De surcroît,

ces affirmations n'ont été suspectées par aucun des
supérieurs hiérarchiques du garde-côtes, ni par les

autorités du port de La Union, ni par les services du
Ministére de la Défense, ni par ceux du Ministère des

Relations Extérieures quiont qualité pour se prononcer sur
une question de souveraineté territoriale et qui ont 'chargé

l'Ambassadeur d'El Salvador à Tegucigalpa de transmettre ce
rapport au Gouvernementdu Honduras. Q L'échanqe de. notes entre les Ministères des
Relations Extérieures d'El Salvador et du Honduras

des 10 novembre 1949 - 5 janvier 1950, 28 février
- 2 mai 1950 et du 7 février 1951

72. Indépendamment de tout incident de frontière, le

Gouvernement salvadorien a proposé aux autorités
honduriennes de constituer une Commission mixte "pour

procéder à l'étude, à la démarcation et au bornage de la
frontière"entre les deux Républiques.

Le 6 mars 1949, le Bureau salvadorien de Cartographie

et de Géographie avait en effet adressé au Ministre des
Travaux publics dont il dépendait une communication no 246,

dans laquelle il expliquait la nécessité d'établirun réseau
de triangulation le long de la frontière avec le Honduras

afin de dresser, sur la base de photographiesaériennes, une
carte planimétrique à l'échelle 1/200 OOOe. Mais pour celà,

il était

"indispensable que l'on réalise au préalable la
démarcation de la frontière de la République
voisine du Honduras, étant donné que, à part les
frontières naturelles telles que les rivières
Goascoran, Lempa, Sumpul etc., il n'existe aucune
démarcation et, depuis l'année 1861, l'une et
l'autre Partie ont présenté des réclamations en
diverses zones de la frontière et il est
indispensable que les deux Gouvernements
parviennent à un accord définitif à ce sujet1"
(soulignépar nous).

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.2.43,p. 411.

On peut lire dans le texte original espagnol: "Siendo
que, fuera de los linderos naturales como los rio de
Goascoran, Lempa, Sumpul etc, no existe ninquna demarcacion Cette note, transmise le 8 octobre 1949 au Ministère des

Relations Extérieuresfut communiquée,le 10 novembre 1949,
à l'Ambassade salvadorienne à Tegucigalpa, laquelle l'a
remise, le 22 novembre 1949, au Ministère hondurien des

Relations Extérieures.Ce dernier lui en accusa réception le
5 janvier 1950, reprenant les termes mêmes de la note

Salvadoriennel.

73. Un nouvel échange de notes eut lieu peu après,
afin que soient précisées lesconditions de fonctionnement

de la future Commission mixte. Le 28 février 1950,
l'Ambassade salvadorienne à Tegucigalpa remit au Ministère

hondurien des Relations Extérieures une notedu Ministère
salvadorien, en date du 17 février, qui transcrivit une
communication, elle-mëme datée du 3 février 1950, du

Ministère des Travaux publics, dans laquelle il était
précisé dans un point 4: "La Commission mixte étudierale

terrain et localiserasur la carte préliminairele projet de
ligne frontière, en prenant comme base les démarcations

.traditionnellement reconnuescomme celles des rivières
Goascoran,Lempa, Sumpul etc2.. ." (soulignépar nous).

Fin de la note page précédente

unaesye otra par.teen diversas zonas de la fronteracioneydes
indispensable que ambos Gobiernos lleguen a un acuerdo
definitivo sobreel particular" (souligné par nous).

Elle ajoutait: "On préférera l'adoptionde frontières
naturelles en profitantdes avantages topographiquespour
une meilleure identification et un bornage plus facile, que
ce soit des rivières,des cours d'eau, des lignes de partage
des eaux etc...". Le Ministère hondurien des Relations Extérieures en
accusera réception le 29 mai 1950, reprenant les termes de

la proposition salvadorienne et suggérant certaines
modifications et certains rajouts. Il reprendra en

particulier - on doit le souligner - la formule
salvadorienneprécitée du point 4, précisant seulementqu'il
s'agissait des "démarcations traditionnellement reconnues

par les deux pays, comme lesrivières Goascoran, Lempa,
Sumpul etcl..."(soulignépar nous ).

Par une dernière note du 7 février 1951, le Ministre
salvadorien des Relations Extérieuresfera plusieurs mises

au point touchant les propositions honduriennes. Mais il
reprendra sans aucune observation la formule précédente du

point 4 avec le précision que lui avait ajoutée le Ministère
hondurien, relative aux "démarcations traditionnellement

reconnues par les deux pays, comme les rivières Goascoran,
Lempa, Sumpul etc2.. ."(soulignépar nous).

74. C'est dire que, pendant cette période 1949-1951,
le Gouvernement salvadorien a expressément reconnu, à trois
reprises, la frontière "traditionnelle"du Rio Goascoran

réitérant ainsi toute naturellement la position qu'il avait
toujours eue, de façon implicite ou de façon explicite,

depuis 1821. Il est évident que si les autorités
salvadoriennes avaient alors jugé, a l'occasion de ces

différents échanges de notes, que la frontière dans cette
zone devait correspondre, en aval de "Los Amates", à

1 M., p. 417.

2 ibid., p. 419.l'ancien lit du Rio Goascoran et suivre la "Rompicionde Los
Amates" jusqu'àla côte, que ce soit par l'"Estero El Coyol"
ou par l'"Ester0 La Cutu", elles n'auraientpas manqué de le

dire.

Les autorités salvadoriennes auraient tout aussi bien
affirmé - si telle avait été alors leur conviction - que la

frontiére,en aval de "Los Amates",ne suit le Rio Goascoran
que jusqu'à son confluent avec un "cauce" comme le "cauce

del Muerto' ou le "cauce El Guichoso" et qu'à partir de ce
point elle coïncide avec le "cauce" considéré avant

d'atteindre par l'"Ester0 del Pez Espada" le littoral de la
Baie de La Union. Ainsi leur position aurait été conforme

avec la thèse de Barberena, telle qu'elleapparaît sur les
cartes qu'il a publiées en 1905et en 19131. Or elles ne
l'ont pas fait.

Ainsi El Salvador considérait officiellement,en

1950-1951, que la zone du Goascoran qu'il revendique
aujourd'hui relevaitalors de la souveraineté hondurienne.

L'élaboration des notes sa1vadorienne.spar des services
aussi techniques et compétentsque le Bureau de Cartographie

et de Géographie, entérinées à la fois par le Ministère des
Travaux publics et par le Ministère des Relations

Extérieures ainsi que l'irnpoctancedu sujet traité ne
permettent d'avoir aucun doute. En 1950-1951, les autorités
salvadoriennes estimaient que le Rio Goascoran, de Los

Amates a son embouchure près des îles Ramaditas, constituait
bien la frontière entreles deux Républiques.

1 infra., par. 110-112. Les incidents de frontière survenus entre la

Police hondurienne des ForOts et des pécheurs
salvadoriens dans l'"Estero del Pez Espada": la

réponse, en date du 9 janvier 1956, du Ministère
des Relations Extérieures à la note de

protestation du Ministère des Relations
Extérieures d'El Salvador transmise le 8 décembre

1955 à l'Ambassadedu Honduras à San Salvador

75. Cet échange de correspondances diplomatiques entre
les deux Gouvernementsa suivi la capture de l'embarcation

"Novel" appartenant à un ressortissant salvadorien,
M. Apolonio Ortiz, le 22 novembre 1955, à 11 heures du

matin, par la Police des Fo.réts ("Policia Forestal") du
Honduras qui dépend de la Direction généraledes Ressources

~aturellesl, alors que M. Ortiz avait été surprisen train
de couper du bois et de pêcher à l'embouchure de l'"Estero

del Pez Espada".

A la suite de cet incident, le Capitaine du Port de La
Union, M. Joaquin Zaldivar,a fait réaliser une enquête sur

le terrain et adressé un rapportau Ministère de la Défense
qui a été transmis au Ministère des Relations Extérieures

lequel a, à son tour, sur cette base, protestéauprès de
l'Ambassade du Honduras à San Salvador par une note du

8 décembre 1955. De son côté, le Gouvernement hondurien a

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 604, par. 108-109 et Annexes, vol. 1, Annexe 11.2.3,
p. 39-41.ordonné une enquêtequi a été effectuée par la Direction
générale des Ressources naturelles, dont les éléments ont

été repris dans la note no 5056 A.G., en date du 9 janvier
1956, du Ministère des Relations Extérieuresdu Honduras,

adressée à son Ambassade en El .Salvador1. De cette note du
9 janvier 1956, trois pointsse dégagent nettement.

76. En premier lieu, du point de vue hondurien, il y a
eu déviation artificielle du cours traditionnel du Rio

Goascoran du fait de ressortissantssalvadoriens.En effet,
ces derniers - il s'agissait de charretiers salvadoriens,

propriétaires de bétail, résidant sur la rive du Rio
Goascoran - ont construit, vers 1943, "un barrage de pierres

sur le fleuve, de façon a faciliter le transport de bois
hondurien qui leur sert a alimenter leurs fours à sel" au

lieu-dit "El Pasadero de las Carretas", "situéà 4 ou
6 kilomètres,approximativement,de son embouchure".

Le résultat de cette initiative salvadorienne,

entreprise unilatéralement sans l'accord des autorités
honduriennes, a été "de modifier artificiellementle cours

du fleuve, l'obligeant à couler par l'"Estero de Pez Espada"
au début et par la suite par l'"Estero de Llano Largo",
faisant pénétrer le fleuve sur le territoire hondurien"

(souligné par .nous). Une telle modification du cours
traditionneldu Rio Goascoran,purement artificielle,

Annexe VI.7, p. 371. du Honduras, Annexes, vol. 1,puisqu'elle est due au fait de l'homme, favorisait par

conséquent les riverains salvadoriens et en mëme temps
portait préjudice aux riverains hondurien qui ne pouvaient

plus accéder à la zone comprise entre l'ancien et le nouveau
cours du Rio Goascoran. Aussi bien, les autorités

honduriennes ont-elles saisi cette occasion "pour faire
entendre (leur) protestationénergique en ce qui concernela

déviation du cours initial du Rio Goascoran, déviation qui
résulte de l'action des travailleursdu sel salvadoriens, à

l'endroit appeléEl Pasadero de lasCarretas".

77. En second lieu, du point de vue hondurien, cette
initiative salvadorienne a entraîné une violation du

territoiredu Honduras à un double point de vue. D'une part,
en effet, - et le rapport de la Direction générale des

Ressources Naturelles le répète à plusieurs reprises - la
présence de ressortissants salvadoriens à l'embouchure de

l'"Estero de Pez Espada", qu'ils y viennent pour pêcher ou
pour couper du bois, "constitueune violationdu territoire

hondurien1" (soulignépar nous). Et la capture, par la
Police hondurienne des forets, de l'embarcation "Novel"
appartenant au ressortissant salvadorien M. Apolonio Ortiza

été la juste sanctionde cette violation2et cette

1 "Un allanamiento al territorio hondureiio", dit le

texte espagnol original.

2 "La presenciade botes y ciudadanos salvadoreiios
en el 'Estero de Pez Espada' constituyeun allanamiento al
territoriohondurefio",dit le texte espagnol.constatation étaitassortied'un avertissement solennel: "Si
les salvadoriens récidivent, ils nous obligeront à les

capturer de nouveau; sauf si les autorités salvadoriennes
tolèrent que les honduriens fassent de même sur le
territoiresalvadorienl."

Mais la violation du territoire hondurienn'lestpas
seulement le fait de simples particuliers, nationaux

salvadoriens riverains de l'ancien cours du Rio Goascoran,
il est également lefait - ce qui est beaucoupplus grave -

de soldats salvadoriens. En effet, comme l'a admis le
Capitaine du Port de La Union, M. Joaquin Zaldivar, 'à deux
reprises des militaires salvadoriens, sous la conduite 'du

Maître Ulises Reyes, ont été envoyés dans l'"Estero de Pez
Espada" et dans le "Cauce del Muerto" et ils ont été
reconnuspar la Police forestièrehondurienne.Aussi bien le

Ministère des Relations Extérieuresdu Honduras a-t-il
protesté, dans sa note du 9 janvier 1956, ''dufait des
incursions que citoyens et autorités salvadoriennesfont

fréquemment sur un territoire qui est sans nul doute
hondurien"(soulignépar nous).

1 Le texte espagnol originalest encore plus
explicite: "Si, vuelven los salvadoreiiosa allanar el
territorio hondureiio,nos obligaran a volverles c aapturar;
excepto el caso de que las autoridadessalvadorefias toleren
pescar y aondcortarscascaras de Mangle". Ce rapport de la
Direction générale desRessources Naturelles rappelle à cet
égard: "Aucune embarcation hondurienne, ni aucun policier
forestier n'a traversé l'axede l'ancien cours du Rio
Goascoran pour aller fairela même chose sur les côtes du
Département de La Union ou pour y capturer des canots
salvadoriens. Mais si les policiersforestiers honduriens
traversaientle Rio Goascoran, les autorités salvadoriennes
auraient parfaitementle droit de les capturer pour avoir
violé le territoiresalvadorien". 78. En troisième lieu, enfin, la note hondurienne du
9 janvier 1956 rappelle que le Rio Goascoran, dans son

ancien cours, tel qu'il existait avant la déviation
effectuée unilatéralement par des ressortissants

salvadoriens, constitue la frontière internationaleentre
les deux Etats. La Direction générale des Ressources

Naturelles honduriennes rappelle ainsq iue:

"le Rio Goascoran, depuis l'indépendance du
Honduras en 1821, jusqu'en 1943 environ, suivait
normalement son cours traditionnel, depuis
l'endroit où il prend sa naissance jusqu'à son
embouchure dans le Golfe de Fonseca et il sert de
limite internationale entre les Républiques du
Honduras et d'El Salvador''(soulignépar nous).

De même, un peu plus loin, elle répète que les
ressortissants honduriens possèdent le droit exclusif

d'utiliser, non seulement le nouveau cours du Rio Goascoran
résultant de la déviation artificielle réalisée

unilatéralementdu côté salvadorienmais également "les eaux
souterraines et les ressources naturelles jusqu'à l'axe de
l'ancien cours du Rio, qui est la limite internationale

entre les deux Nations" (souligné par nous). Elle reprend
enfin la même idée lorsqu'elle mentionne l'incidentà

l'origine de cet échange de notes:

1...les Policiers Forestiers ont capturédes
embarcations salvadoriennes qui traversent
l'ancien cours du Rio Goascoran, limite
internationale entrele Honduras et El Salvador et
qui, violant le territoire hondurien, viennent
couper du bois sur les côtes du Département de
Valle..." (soulignépar nous). Conclusions

79. De l'analyse précédente de la correspondance
diplomatique entrele Honduras et El Salvador relative à la

zone du Goascoran, il résulte une double constatation.
L'une, matérielle, est que le Rio Goascoran depuiç1821, en
amont comme en aval de "Los Amates", a sans doute connu des

variations, naturelles dues à de fortes crues ou
artificielles, dues à la main de l'homme; ces variations

cependant ("El Olanchano", "Rincon de Muruhuaca", "Rincon de
la Ceiba" etc) n'ont été que mineures et momentanées par

'rapport au cours du Rio Goascoran jusqu'à son embouchure
près des îles Ramaditas, tel qu'il est représenté sur les

cartes contemporaines, qu'elles soient honduriennes1 ou
salvadoriennes2.En tout état de cause, pour l'essentiel,il

a réintégréle lit qu'il suivait et en tout cas l'embouchure
par laquelle il gagnait la Baie de La Union, des la fin du

XVIII~ siècle comme en atteste la carte levée vers 1796 par
le Commandant du brick espagnol "~ctivo"~ et qu'il a

toujours empruntée depuiç lors comme en attestent la carte
marine américaine dressée en 1884 par le U.S.S. ~an~er~ou
la carte marine françaisede 18865.

1 Mémoire du Honduras, cartesB.7.1 et 8.7.2.

2 Mémoire d'El Salvador, carte6.VI.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carteA.2.

4 W., carte A.14.

5 ibid., carte A.15.
- La seconde constatationest d'ordre juridique. Par son

comportement, le Hondurasa toujours considéré que c'est ce
cours du Rio Goascoran et pas un autre qui constitue la

frontière entre les deux Républiques: en effet il a non
seulement affirmé ses droits dans la zone, mais il a

protesté lorsqu'il a estimé que certains actes d'El Salvador
lésaient ses droits dans la même zone. A l'inverse, El

Salvador, par son comportement, tant actif que passif, ne
peut contester, comme il le fait dans le présent différend

que la zone du Goascoran comprise entre le cours actuel du
fleuve frontière, de "Los Amates"jusqu'à son embouchure, au

Nord-Ouest des iles Ramaditas et son ancien cours de "Los
Amates" jusqu'à l'embouchure de l'"Estero La ~utu"l relève
de la souverainetédu Honduras. Il ne peut revendiqueraucun

droit sur cette zone dans la mesure où son comportement
constitue un acquiescement à cette situation: protestations

du Honduras à la suite de la violation de son territoirepar
El Salvador, reconnaissance par El Salvador de la

souveraineté du Honduras sur le secteur en question en
contradiction avec ses prétentions actuelles et

reconnaissance par El Salvador du cours du Rio Goascoran
depuis son embouchure à proximité des iles Ramaditas jusqu'à

"Los Amates" comme fleuve frontière entre les deux
Républiques.

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.59; trad. fr.,
p. 45 et chap. 6.68; trad. fr., p. 47; contre-mémoired'El
Salvador,chap. 3.123-3.138,p. 117-128. 4. La reconnaissancepar El Salvador de la souverainetédu
Honduras sur la zone du Goascorin

80. La correspondance diplomatique entrele Honduras

et El Salvador, qui vient d'être examinée, ne fait que
confirmer la démonstration plus générale que le Honduras

avait apportée dans ses pièces écrites précédentes, selon
laquelle El Salvador a toujours reconnu la souveraineté

hondurienne sur cette zone du Goascoran. Or El Salvador n'a
pas répondu à l'argumentationhondurienne.

& Le rappel de la position du ~ondurasl

81. Dans son mémoire2, leHonduras a établi que, de

1821 à 1972, El Salvador n'avait jamais formulé à l'égard du
Honduras la moindre réclamationsur le territoire situé à

l'Est du Rio Goascoran, depuis "Los Amates" jusqu'à son
embouchure à proximité des iles Ramaditas et qu'il n'avait

jamais protesté contre l'exercice effectif, pacifiqueet
continu, de la souveraineté du Honduras sur ce territoire,
d'où un acquiescement de la part d'El Salvador à la

frontière du Rio Goascoran ainsi défini. Le Honduras a
également prouvéque, au cours des négociations quise sont

déroulées en matière de délimitation territoriale entre les
deux pays en 1880, 1884 et 1888, El Salvador avait

expressément reconnula frontière du Rio Goascoran comme
ligne divisoire, incontestée et incontestable, entre les

deux Républiques.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 364-365,
par. 10-11; p. 369-371,par. 13-16; p. 386-390,par. 28-30. Dans son contre-mémoire1, le Hondurasavait développé

la même argumentation montrantque la revendication d'El
Salvador sur la zone du Goascoran était irrecevable non

seulement parcequ'il avait clairement acquiescé à la
souveraineté hondurienne de 1821 à 1972 mais aussi parce

qu'il avait proposé, en 1985, au cours des négociationsqui
se sont déroulées au sein de la Commission mixte des

limites, que le Rio Goascoran constituait, des îles
Ramaditas à "Los Amates", la frontière entre les deux

Républiques.

Q La pétition de principe d'El Salvador

82. Le Gouvernement du Honduras estime qu'il est
inutile de revenir sur cette démonstration et la présente
réplique renvoie à ces différents développements. 11

voudrait seulementremarquerque la Partie adverse, dans son
mémoire2, avait complètement négligé cet aspectdu dossier

et que sa réponsedans son contre-mémoire3est pour lemoins
singulière. El Salvador se borne en effet, sans apporter le

moindre commencement de preuve et par une pétition de
principe pure et simple, à tenir pour admise la proposition

même qu'il avait A démontrer, retournant ainsi contrele

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 593-617,par. 100-119.

2 Mémoire d'El Salvador, chap. 6.59-6.68; trad. fr.,
p. 45-47.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.123-3.125,
p. 117-119.Honduras la conclusion de l'argumentation qu'il avait
développée dans ses pièces écrites et qu'on vient de

rappeler brièvement.

83. D'une part en effet, à l'observation dumémoire
hondurien suivant laquelle il faudra attendre les

négociations qui se sont déroulées à Antigua en 1972 pour
que El Salvador revendiquela zone du Goascoran, en d'autres

termes qu'il n'y a pas eu de différend de 1821 à 1972 et que
dès lors on se trouve en présence d'un "litige territorial

tardifM1, El Salvador s'est borné à répondre, dans son
contre-mémoire, que:

"this affirmation is not correct... since the only
reason why El Salvador has not previously
discussed this sector is that it was already
within its jurisdictionand because there existed
acquiescenceand recognitionby Honduras that this
sector was withinthe territoryof El ~alvador~."

El Salvador considère ainsi,pour illustrerson propos,que,

dans la période comprise entre 1861et 1869, c'est-à-dire
entre la Conférence de La MontaRa del Mono et celle de

Champate, "this sector was the subject neither of
controversy nor of discussion since Honduras presentedno
claim thereto and the sector thus remained outside the

dispute3.'

Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 363,
par. 8.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.123,
p. 117-118.

3 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 3.124,p. 118 Le Gouvernement du Honduras voit mal comment El

Salvador, contrairement à l'évidence, peutaffirmer que la
zone du Goascoran est placée "dans les limites de sa

juridiction" ("within its jurisdiction") et comment les
autorités honduriennes auraient pu reconnaître une telle

situation si évidemment contraire à la réalité et à leurs
intérëts et y acquiescer, à moins d'y avoir expressément

renoncé. Mais faut-il rappeler avec Anzilotti qu'en droit
international, "la renonciation, qui a pour effet

l'extinctiondu droit, ne se présume pas1."

84. Par ailleurs, El Salvador ne peut prétendre que,
dans la période 1880-1888, iln'a pas été question du Rio

Goascorin, comme ligne divisoire entre les deux Républiques,
au cours des différentesconversations sur les frontières
-.
qui se sont déroulées à Saco en 1880 et en 1884 et à La
Union en 1888~. Aussi bien, comme précédemment, par un
artifice qui ne saurait échapper, il se borne à affirmer,

sans preuve, la conclusion à laquelle il souhaiteparvenir:

Anzilotti, Cours de droit international,trad. fr.
par G. Gidel, Paris Sirey,1929, p. 350.

2 D'autant moins qu'il reprend dans son contre-
mémoire (p. 118-119, chap.3.124-3.125) le texte même des
procès-verbaux des négociations ou de l'article 3 de la
Convention Cruz-Letona (cf. contre-mémoire du Honduras,
vol. II, p. 596-601,par. 102-105). "...the Commissionersdid not at any point specify
which mouth of the river theywere going to take .
into account for the purpose of establishingthe
frontier between the two Republicsbut, giventhat
the frontier in this sectorhad never previously
been questioned by Honduras, which had in
consequence recognized the sovereignty of El
thatadwhat the Commissioners werecalrecognisingas
the frontier was the old mouth of the River
~oascoranl."

Comme les négociateursdes années 1880-1888 n'ont pas
déterminé de quelle embouchure du Rio Goascoran il

s'agissait, la Partie adverse en conclut que c'est à
l'ancienne embouchure du Rio Goascoran qu'ils avaient pensé
et non pas à l'embouchurequ'il empruntait au moment des

conversations de 1880-1888 (c'est-à-dire A proximité des
îles Ramaditas), puisque le Honduras n'avait jamais
revendiqué le secteur compris entre l'ancien lit et le lit

actuel du Rio Goascoran.

85. Le Gouvernement du Honduras remarqued'abord qu'il
n'avait pas à revendiquer,au cours des négociations, un
secteur qu'il possédait déjà et sur lequel El Salvador

n'avait jamaisémis la moindre réclamation.Mais il remarque
également qu'une telle argumentation est rigoureusement
inconciliableavec la position qu'a ultérieurement tenue El

Salvadorsur ce sujet.

Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 3.124,
p. 118-119. En d'autres termes, on ne peut interpréterl'expression
"embouchure du Goascoran, Baie de La Union", telle qu'elle
figure dans l'article 3 de la Convention Cruz-Letonadu

10 avril 1884 ou, dans une forme voisine, dans les procès-
verbaux des rencontresde Saco (4 juin 1880 et 15 mars 1884)

ou de La Union (9 novembre 1888), qu'à la lumière de la
pratique subséquente. On sait en effet que la doctrine et la

jurisprudence sont unanimes pour admettre, comme l'a
souligné la Commission du Droit international dans son
commentaire de la disposition de son projet qui deviendra

l'article 31 par. 3 de la Convention deVienne sur le droit
des traités de 1969, que la pratique ultérieurementsuivie

dans l'application d'un traité en vigueur est d'une
importance "manifeste" en tant qu'élément d'interprétation,

"car elle constitue une preuve objectivede l'accord des
parties sur le sens du traité1". Il en sera de même d'un

traité non ratifié lorsque, comme dans le cas de la
Convention Cruz-Letona, la pratique ultérieure a été
"concordante, commune et d'une certaine constance", pour

reprendre la formule de l'Ambassadeur Mustafa Kamil
~asseenz.

86. Le défaut de cohérence de la thèse salvadorienne

apparaît à un premier niveau, en ce sens que la Partie
adverse, dans son contre-mémoire,ne précise pas ce qu'elle

entend par"the old mouth of the River Goascoran".En

1 Conf. des Nations Unies sur le droit des traités,
Première et deuxième sessions, Doc. Off., doc.
A/CONF.39/11/Add.2,p. 45, par. 15.

2 L'interprétationdes traités d'après la Convention
de Vienne sur 16 droit des traités, R.C.D.A.~, vol. 151,
1976-111,p. 49, par. 19.d'autres termes, elle n'indiquepas ce que les négociateurs

honduriens et salvadoriens auraient voulu désigner de la
sorte, dans la période 1880-1888, par l'expression
"embouchuredu Goascoran, Baiede La Union", s'ils avaient,

contre toute vraisemblance, pensé à une embouchureautre que
celle qu'empruntait alorsle Rio Goascoran, c'est-à-direau

Nord-Ouestdes îles Ramaditas.

Se serait-il agi de l'"Estero El Coyol", comme

l'avaient soutenules négociateurs salvadoriens h Antigua en
1972 ? Se serait-il agi de l'"Estero La Cutu", comme l'a

prétendu El Salvadordans lapremière piéceécrite déposéele
ler juin 1988 au Greffe de la Cour dans le présent
différend1 ? Bien entendu, le contre-mémoire salvadorien

n'apporteaucune réponse à ces questions,laissantapparaître
une nouvellefois les hésitationset les flottementsde la

Partie adverse danscette zone.

87. Mais le défaut de cohérence de la thèse

salvadorienne apparaît plus fortement encore à un second
niveau, en ce sens qu'El Salvador ne peutprétendre devant

la Chambre que le silence des négociateurs hondurienset
salvadoriens au cours des conversations territorialeqsui se

sont déroulées entre 1880 et 1888 sur la localisationde
l'"embouchure du Goascoran, Baie de La Union" impliquait
"logiquement"une référence à "the old mouth of the River

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 509-513,par. 28-32 et le croquis7.3.Goascoran", alors que manifestement ce même Gouvernement,
dans des documents internescomme dans des correspondances

diplomatiques échangées avec le Honduras en 1937, en 1943,
en 1949, en 1951 ou en 1956 a reconnu que la lignedivisoire
entre les deux Républiques correspondait non pas à l'ancien

lit du Rio Goascoran mais, commeon l'a montré précédemment,
au cours qu'il suivait effectivement à la date où ces

rapports administratifs ont étérédigés.

Ainsi, la note adressée le 21 août 1937 par le Ministre
des Relations Extérieures d'El Salvador à l'Ambassade du
~ondurasl contenait un rapport du 6 aoüt 1937 émanant du

"Jefe de Resguardo" de Los Horcones considérantque le Rio
Goascoran, dans le secteur compris "entre El Naranjo et El

Pasadero", lieux-dits situés l'un et l'autre sur le cours
actuel du Rio Goascorin, constituait la frontière entre les

deux Républiques.De même, la note remise le 26 février 1943
par l'Ambassade d'El Salvador au Ministère des Relations
Extérieures du ond dur cantenait le rapport du 21 janvier

1943 d'un garde-cô.esdu Port de La Union pour lequel le Rio
Goascoran - qui se jetait, avant que son cours ne se

modifie, dans le Golfe de Fonsecapar l'"Estero de
Barrancones" et qui depuis se jette dans le "Llano Largo,

territorio hondurefio" - est la frontière internationale
entre le Honduras et El Salvador ("sirve de linea divisoria
entre las dos Republicas").De même encore, dans les notes

1 çupra., par. 63-66 et Annexe VI.5.

2 ç,pra., par. 67-71 et Annexe VI.6.salvadoriennes des 10 novembre 1949, 28 février 1950 et

7 février 19511, a été admise l'existence de frontières
"traditionnellement reconnues par les deux pays comme celles

des rivières Goascoran, Lempa, Sumpul etc.". Enfin, à la
suite de l'incident survenu en 1955 entre la Police
hondurienne des Foréts et des pêcheurs salvadoriens dans

l'"Estero de Pez ~spada"2, l'affirmation que contient la
note du 9 janvier 1956 du Ministère des Relations

Extérieures du Honduras - suivant laquellele cours du Rio
Goascoran avant la déviation artificielle due au fait de
ressortissantssalvadoriens constituait la limite entre les

deux pays ("el cauce antiguo del RioGoascor&n, limite
internacionalentre Hondurasy Salvador")n'a suscité aucune

réaction de la part du Gouvernement d'El Salvador. De
surcroît, à supposer même que l'on s'en tienne au seul

extrait du rapporteffectué sur le terrain, à la demande du
Capitaine du Port de La Union, par le Maître Reyes que
contient la note hondurienne précitée du 9 janvier 1956, ce

dernier aurait seulement constaté que la capture de
l'embarcation salvadorienne "Novel" dans l'"Estero de Pez

Espada" constituait une "agression. commise sur le
territoire salvadorien",ce qui ne signifiepas du tout que,
de son point de vue, la frontière internationale entre les

deux pays devait correspondre à l'ancien lit du Rio
Goascoran suivant, à partir de "Los Amates" "laRompici8n de

Los Amates" et se jetant dans le Golfe de Fonseca par
l'"EsteroEl Coyol" et a fortioripar l'"EsteroLa Cutu".

m., par. 72-74 et mémoire du Honduras,
Annexes, vol. 1, Annexe 111.2.42,p. 411.

2 W., par. 75-78 et Annexe VI.7. 88. La thèse ainsi avancée par la Partie adverse dans

son contre-mémoire est dépourvue de tout fondement. La
pratique suivie par El Salvador postérieurement aux

conversations quise sont dérouléesentre 1880 et 1888 entre
les deux pays ne permet, en aucune manière, d'interpréter

l'expression alors employée,notamment dans l'article 3 de
la Convention Cruz-Letona du 10 avril 1884, "embouchure du
Goascoran, Baie de La Union", commecorrespondant à "the old

mouth of the River Goascoran", c'est-à-dire à l'"Estero El
Coyol" ou à l'"EsteroLa ~utu"l.

Comme le Gouvernement du Honduras l'a déjà souligné

dans son contre-mémoire2, descontradictions aussipatentes
entre les prétentions d'un Etat devant un Tribunal

international et son comportement antérieursur la même
question sont inadmissibles. Allecians contraria non

audiendus est.

1 Cette interprétation se trouve par ailleurs
confirmée par "le sens ordinaire" (art.31, par. ler de la
Convention de Vienne sur le droit des traités) qu'il
convient de donner à cette expression.Si les rédacteurs de
l'article 3 de la Convention de 1884 avaient visé comme
embouchure du Rio Goascoran l'"EsteroLa Cutu" ou l'"Estero
El Coyol", ils n'auraientcertainement pasajouté "Baie de
La Union" pour préciserla partie du Golfe de Fonsecaoù le
Rio Goascoran se jette dans la mer. La Baie de La ,Union,
telle qu'elle est indiquée sur toutes les cartes, constitue
une indentation bien spécifiée au Nord-Ouest du Golfe de
Fonseca, sans aucun rapport avec l'"Estero El Coyol" et
l'"Estero La Cutu", ce dernier se jettant même clairement
dans, la Baie Chismuyo située auNord-Est du Golfe de
Fonseca.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 617, par. 119. C. UNE CARTOGRAPHIE CONCORDANTE

89. L'appartenancede la zone du Goascoran au Honduras

se trouve.confirmée par la cartographie. Un simple coup
d'ceilsur le jeu de cartes que le Gouvernement hondurien a

présenté dans le volume.VI des annexes à son mémoire suffit
en effet pour constater que, quelle que soit l'origine de
ces cartes et la date à laquelle ellesont été publiées, le

secteur compris entre le cours actuel du Rio Goascoran de
"Los Amates" à son embouchure au Nord-Ouest des îles

Ramaditas et ce que la Partie adverse considère comme
l'ancien lit du Rio Goascoran de "Los Amates" à l'"Estero La

cutuwl a toujours été considéré, à quelques nuances près,
comme relevant de la souverainetédu Honduras.

Il importe cependant, à ce state de la procédure, de

pousser plus avant l'examen du matériau cartographique qui
établit, par une concordancequasi absolue sur laquelle le

Gouvernement du Honduras se permet d'attirer
respectueusementl'attentionde la Chambre, que la situation

existante en 1821 dans la zone du ~oascorbn a été maintenue
depuis lors.

90. Sans doute est-il difficile de traiter in

abstracto la question de la valeur probante des cartes dans
les différends territoriauxet frontalierset on ne saurait

trouver dans le droit international un ensemble tout formé

1 Mémoire d'El Salvador,carte 6.VI.de règles détailléeset précises1, prêtes à être appliquées

pour résoudre tous les problèmes susceptibles de se
présenter en la matière, mais plutôt un faisceau de

directives qui permettent d'utiliser la cartographie comme
élément de preuve et, pour le moins, de confirmer une

conclusion à laquelle le juge est parvenu par d'autres
moyens. En cette matière, en effet, tout dépend du cas

d'espèce et des circonstances qui lui sont propres, de la
nature, de l'origine, de la date ou des conditions dans

lesquelles les cartes présentées par les Parties ont été
élaborées.

Les tribunaux internationauxne peuvent cependant en
aucun cas négliger ou ignorer la cartographie dans des

différends de ce genre. Ils le peuvent d'autantmoins que la
jurisprudence, réticente pendant longtemps à reconnaître la

valeur probante des cartes2, a paru, d'une facon générale,

1 Tel est le cas cependant lorsqu'une carte fait

partie intégrante d'un traité de frontières. Comme l'a
souligné la Chambre de la Cour dans son arrêt du 22 décembre
1986, les cartes peuvent acquérir "valeur juridique"
lorsque, par exemple, elles "sont annexées à un texte
officiel dont elles font partie intégrante",dans la mesure
où elles "constituent l'expression de la volonté de 1'Etat
ou des Etats concernés'' C.I.J. Recueil 1986, p. 582,
par. 54.

2 Voir notamment l'avis consultatifdonné le 6 mai
1923 par le Cour Permanente de Justice Internationale dans
l'affaire de Jaworzina relative à la délimitation de la
frontière ~olono-tchécoslovaau-. (Série B. no 8. 1923).
D. 33. ou fa sentence artibrale rendue le 4 avril -1928
Max ~uber dans l'affaire de l'île Palmas, Nations unies,
Recueil des sentences arbitrales, vol. II, p. 852-854. Dans
ces différents cas, la cartoqra.hi. reculait devant tout
élément juridique contraire.même si elle est parfois nuancée en raison des données
particulières à chaque affaire, plus disposée à accueillir,

depuis les années 50, la cartographie comme élément de
preuvel.

1 Pour une analyse de l'évolution de la
jurisprudence,on consultera notamment Ch. Cheney Hyde, Mapç
as Evidence in International Boundary Disputes, American
Journal of International Law 1933, vol. 27, p. 311-317 et,
du même auteur, InternationalLaw chiefly as interpretedand
applied by the United States, Boston Little, Brown and Co.,
Second Revised Edition, 1945, vol. one, p. 492-497,
par. 151 A; G. Weissberg, Maps as Evidence in International
Law: a Reappraisal, American Journal of International Law
1963, vol. 57, p. 781-803; T.S. Murty, Boundariesand Ma~s,
Indian Journal of International Law 1964, p. 367-388; A.
Munkman, Adjudication and Adiustment in International
Judicial Decision and the Çettlement of Territorial and
Boundarv Disputes, the British Yearbook of InternationalLaw
1972-1973, vol. XLVI, p. 1-116; D.V. Çandifer, Evidence
before InternationalTribunals,UniversityPress of Virginia,
Charlottesville,Revised Ed. 1975, -. 229-240, sect. 50: Ch.
Rousseau, Droit international public, t. III, Les
Compétences, Paris, Sirey, 1977, D. 246-249- -ar. 175: B.
~olieker-~tern, in arbitra gans l'affairedu Canal de ~e'aqle
entre 1'Arqentine et le Chili, Revue Générale de Droit
international public 1979, vol. 83, p. 7-50, aux p. 35-49;
Fritz Münch, Karten in Volkerrecht, ~edachtnisschrift für
Friedrich Klein, Verlag Franz Vahlen, München, 1977,
p. 335-354;.G. Ress, ~he Delimitation and Demarcation of
Frontiers in InternationalTreaties and Maps, in Institute
of Public International Law and InternationalRelations of-
Thessaloniki, vol. XIV, National and International
Boundaries 1985, p. 399-458,etc.

On consultera également avec profit les pièces écrites
et plaidoiries dans l'affaire du Canal du Beagle, notamment
la plaidoirie du Professeur Prosper Weil des 14 et 15
septembre 1976 (Oral Pleadings and Related Documents
submitted on behalf of the Government of Chile, 1976, VR 4
et VR 5, p. 89-134) et du 13 octobre 1976 (m., VR 19,
p. 315-320) et dans l'affaire du différend frontalier
Burkina Faso/République du Mali, les mémoires du Mali
(p. 163-247) et du Burkina Faso (p. 113-136) et leurs
contre-mémoiresrespectifs (pour le Mali, p. 98-134 et pourSuite de la note 1 page précédente.

le Burkina Faso, p. 71-82 et 144-153) et les plaidoiries des
professeurs Cot (C 2/CR 86/3, p. 73 et suiv et 86/10, p. 47
et suiv.) et Pierre-Marie Dupuy (C 2/CR 86/7, p. 35 et
suiv.; 86/8, p. 21 et suiv. et 86/13, p. 59 et suiv.).

On consultera surtout enfin la jurisprudence. A cet
égard, on citera d'abord lesarrêts rendus par la Cour
Internationalede Justice le 17 novembre 1953 dans l'affaire
des Minquiers et des Ecréhous entre le Royaume Uni et la
France, C.I.J. Recueil 1953, p. 66-67, le 20 juin 1959 dans
l'affaire relative à la souveraineté sur certaines parcelles
territoriales entre la Belqique et les Pays-Bas, C.I.J.
Recueil 1959, p. 225-226 et surtout le 15 juin 1962 dans
l'affaire du Temple de Vihéar entre le Cambodqe et la
Thaïlande, dans laquelle le tracé de la carte de l'annexe 1,
bien qu'étant manifestement contraire à la lettre du traité,
a joué un rôle décisif dans le raisonnement de la Cour,
C.I.J. Recueil 1962, p. 23-24; cf. également sur le rôle de
la carte thaïlandaise de 1937, indiquant le temple en
territoire cambodgien,p. 27.

On citera également les sentences arbitrales du
19 février 1968 en l'affaire du Rann de Kutch entre l'Inde
et le Pakistan, Nations Unies, R.S.A., vol.XVII, notamment
p. 83-217, p. 535-542, et surtout du 18 février 1977 en
l'affaire du Canal du Beaqle entre 1'Arqentine et le Chili
InternationalLaw Report, vol. 52, p. 201-220, par. 136-163.
Dans cette dernière décision, s'il est vrai que la
cartographie n'a été utilisée qu'à titre confirmatif, en
tant que contribuantau processus normal d'interprétationdu
Traité du 23 juillet 1881 (M., p. 201, par. 137 et
p. 220, par. 163), le Tribunal a proposé de reconnaître de
façon très libérale la valeur probante de la cartographie
dans les instances internationales.

à-dire dans l'arrët duas o22 décembre 1986 en l'affaire'estdu
différend frontalier entre le Burkina Faso et la République
du Mali, (C.I.J. Recueil 1986, p. 582-586, par. 53-62), la
Chambre de la Cour Internationalede Justice a semblé moins
favorable au recours à la cartographie, encore que sa
position soit en définitive très nuancée. En effet, la
Chambre a formulé, au départ de son raisonnement, le
principe suivant lequel "En matière de délimitation de
frontièresou de conflit territorial internationall ,esFin de la note 1 page précédente.

cartes ne sont que de simples indications, plus ou moins
exactes selon le cas; elles neconstituent jamais - à elles
seules et du seul fait de leur existence - un titre
territorial, c'est-à-dire un document auquel le droit
international confère une valeur juridique intrinsèqueaux
fins de l'établissement des droits territoriaux" 'ibidr
p. 582, par. 53; cf. p. 583, par. 56). ,Mais lorsque la
Chambre procède à l'examen concret $es deux cartes qui
"paraissent globalement, avoir une importance toute
particulière aux fins de l'affaire (W., p. 584, par. 59),
elle relève à propos de la carte de l'Afrique de l'Ouest
français entre 1958 et 1960:In"..t.en tenant compte de la date
à laquelle les levésont été effectuées et de la neutralité
de la source, la Chambre considère que, si toutes les autres
preuves font défaut ou ne suffisent pas pour faire
apparaître un tracé précis, la valeur probante de la carte
de 1'I.G.N devient déterminante"(W., p. 586, par. 62).
On peut penser que, si la Chambre à eu "une vigilance
particulière dans l'examen du dossier cartographique"
(M., p. 584, par. 581, c'est en raison des circonstances
de l'affaire quil'ont amenée à constater le double paradoxe
suivant: "d'une part la Chambre a devant elle unemasse
considérable de cartes, croquiset dessins pour une région
dite pourtant inconnue et d'autre part aucun tracé
frontalier indiscutable ne peut étre dégagé de cet abondant
matériau cartographique" . C'est dire que, pour la
Chambre, le traitementdes cartes dépend des donnéesde fait
propres à chaque dossier mais que leur poids en tant
qu'éléments de preuve ne saurait être écarté prima facie
(cf. La sentence arbitralerendue le 29 se~tembre 1988 dans
l'a£faire de Taba, International Leqal~atgrials, 1988, vol.
xxv11, p. 1472-1473, par. 184; p. 1478-1480, par. 202-205;
p. 1484-1485,par. 219).

La .résente affaire dans la zone du Goascoran se
rattache plutôt à l'affaire du Canal du Beaqle qu'à
l'affaire Burkina Faso/Républiquedu Mali. Elle n'a rien de
commun avec ce dernier cas. dans leauel la Chambre tout. en
étant confrontée à un "abondant matériau cartographique"
(-bid., p. 584, par. 58) n'a finalement attaché
d'importance, comme on l'a vu, qu'a la carte I.G.N, les
autres cartes étant, pour une raison ou une autre,
suspectes. Laprésente affaire est beaucoup plus proche en
revanche de l'affaire duCanal du Beaqle puisque. comme dans
la présente affaire, il y a "prépondérance" de la
cartographie dansun seul sens,ainsi qu'on va le démontrer. 91. Il ne s'agit donc pas d'exagérer la portée de

cette évolution jurisprudentielle car les circonstances
favorables à la force probante des cartes qui ont été

réunies dans certaines affaires ne se retrouveront pas
nécessairement dans d'autres affaires.Ce qui est, en tout

cas, certain, c'est que, dans le présent différend, ces
circonstancessont incontestablement réunies.

En effet, dans le présent différend entrele Honduras

et El Salvador dans la zone du Goascorin, les cartes jouent
en réalité un double rôle. En premier lieu, elles

constituent en elles-mêmes unepreuve: par la concordance
impressionnante de leur contenu, les cartes établissent, de

façon indiscutable,que la zone en question relève de la
souveraineté du Honduras. De surcroît, en second lieu, les

cartes doivent être prises en compte pour analyser
l'attitude des Parties à leur égard. Par son comportement à

la fois actif et passif en matière cartographique, El
Salvador a acquiescé à la frontière du Rio Goascoran depuis

son confluentavec le Rio Pescado ou Guajiniquil jusqu'à son
embouchure au Nord-Ouest des îles Ramaditas. A ce double

titre, la cartographie constitue un élément de preuve
hautement significatif qui vient confirmer les autres

preuves que le Honduras a apportées à sa souveraineté,
publique, paisible et continue, depuis 1821 sur la zone du

Goascoran.

1. L'examen du contenu des cartes

92. Pour mesurer le rôle des cartes, en tant
qu'éléments de preuve, dans la zone du Goascoran, le

Gouvernement du Honduras entend se placer à un triple point
de vue. Il les appréciera d'abord globalement, puis il lesappréciera une à une en fonction de leur origine et de la

date à laquelle elles ont été élaborées. La convergence de
cette triple analyse, sous réserve de quelques exceptions

douteuses, est saisissante.

L'appréciation d'ensemble: une concordance quasi

totale en faveur de l'appartenancede la zone du
Goascoran au Honduras

93. Cette appréciation d'ensemblepeut se faire à la

lumière des conclusions auxquellesétait parvenue la
sentence arbitrale du 18 février 1977 dans l'affairedu

Canal du Beaqle. Dans ce différend, en effet, l'Argentine
avait contesté, d'une manièregénérale, la valeur probante

de la cartographie1, prétendant notamment, à propos de la
cartographienon officielle, que seule "une concordanceplus

ou moins complète" pouvait avoir une quelconque
signification. L'Argentine relevait enparticulier que

quelque 20 cartes d'origine privée - dont 8 provenant
d0~rgentine, 12 dqEtats tiers, mais aucune du Chili -
indiquaient le groupe des iles contestées comme relevant de

la souveraineté argentine.Par conséquent, du point de vue
de l'Argentine, quel que soit le nombre des cartes

établissantle contraire,"there is no concordanceW2.

Or le ~ribu'nalArbitral a écarté ce point de vue qu'il
a considérécomme trop restrictif:

1 I.L.R., vol. 52, p. 203, par. 138.

2 ibid., p. 204, par. 139.
- "As a matter of normal use in such a context, the
notion of concordance must mean a general, and not
necessarily an absolute, unqualified, concordance.
But in the opinion of the Court, concordanceas
such is an unrealistic test for a dispute in which
there is much to be said on both sides. What
counts is not concordance (hardly to be expected)
but preponderance, provided it is sufficiently
marked and that its components are sufficiently
signifiant having regard to the'point sought to
be established. When a tribunal is faced by a
conflict of evidence, it cannot simply rule it al1
eachoside, qualitativelyor quantitatively,really
does balance and cancel out that on the other.
Where there is a definite preponderanceon the one
side - particularly if it is a very marked
preponderance - and while ofcourse every map must
be assessed on its own merits - the cumulative
impact of a largenumber of maps, relevantfor the
particular case, that tell the same story
- especially where some of them emanate £rom the
opposite Party,or from third countries, - cannot
but be considerable, either as indications of
general or at least widespread repute or belief,
or else as confirmatory of conclusions reached as
in the present case, independentlyof the maps ~.~~

Il est remarquableque, dans la zone du Goascoran, il y
a non seulement "prépondérance", au sens où la sentence

précitée l'entend, mais une concordance quasi absolue des'
cartes dans un sens favorable au Honduras. Il y a en effet

un beaucoup plus grand nombre de cartes indiquant d'une
manière ou d'une.autre - tracé de la ligne divisoire par les

signes conventionnelshabituels ou coloriage différent de
part et d'autre de la frontière - la souveraineté du

Honduras sur la zone contestée que le contraire.Sur quelque
88 cartes, publiées de 1826 à 1974 et suffisammentprécises

1 I.L.R., vol 52, p. 204, par. 139.pour définir la frontière entrele Honduras et El Salvador,

dans la zone du Goascoran, au Sud de "Los Amates", 81
confirment la thèse hondurienne, dont 79 totalement et 2

partiellement. une convergence de la cartographie,
lorsqu'elle est aussi nette, ne peut être ignorée par la

Chambre: elle doit être considérée comme un élément de
preuve sérieux.

Par ailleurs, les 7 cartes montrant la zone du

Goascoran comme salvadorienne appellent les observations
suivantes. La première d'entre elles, la carte publiée à

l'échelle de 1/5 000 OOOe par J.H. Colton en 1853 à New
York, connue sous le nom de la "Colton's CentralAmerica"
comportait une erreur grossière puisque la frontière entre

les deux pays correspondaitau Rio Nacabme mais elle sera
rectifiée par la suite et fera coïnciderla ligne divisoire

avec le Rio Goascoran dans les éditions paruesen 1874 et
1898l. Par ailleurs, les 6 autres cartes qui indiquent la

zone du Goascoran comme relevant de la souveraineté d'El
Salvador sont des cartes salvadoriennes officielles,

publiées entre 1965 et 19742. Il s'agit par conséquent
d'exceptions dont les unes sont douteuses puisqu'elles ont

paru dans les années précédant immédiatement les
négociations qui se sont tenues à Antigua et au cours

desquelles El Salvador, le 11 juin 1972, a renoncé à sa
position traditionnelle dans la zone du Goascoran en

revendiquantcomme frontière, à partir de "LosAmates", un

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. .VI, Annexe
cartographique, carteA.13 et infra. ,ar. 73-74.

2 infra. par. 130-136.ancien lit du Rio Goascoran dont l'embouchure aurait

correspondu à l'"Estero El ~o~ol"l et dont les autres sont
irrecevables parce qu'elles sont postérieures à la naissance

du différend dans cettezone.

94. C'est dire, en définitive, que de 1826 à 1972, à
savoir pendant prèsd'un siècle et demi, la cartographie

fait apparaître plus qu'une simple "prépondérance", maisune
"concordance"quasi absolue des cartes2 montrantque la zone
du Goascoran appartient au Honduras. On se trouve par

conséquent dans une situation que réalise presque
parfaitement 1"'unrealistic test" de la convergence totale

de la cartographie, auquel faisait allusion la sentence
précitée du Canal du Beagle.

Sur ce point, la présente affaire ne va pas sans

rappeler l'Alaska Boundary Case entre les Etats-Unis et la
Grande-Bretaqne, dans laquellel'unanimité cartographique

touchant l'interprétation du traité anglo-russe des
16-28 février 1825avait permis de la considérer comme "the

common understanding of mankind". En effet, les trois
arbitres américains,MM. Elihu Root, HenryCabot Lodge et

George Turner, dansleur opinion A la suite de la sentence
arbitrale du 20 octobre 1903, avaient relevé:

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 372,
par. 17; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 499-506, par.18-23.

2 Il sera procédé plus loin à l'analyse des deux
cartes salvadoriennes, ditescartes Barberena, indiquant que
cette zone du Goascoran, telle qu'elle est revendiquée
aujourd'hui par El Salvador, n'appartientau Honduras qu'en
quasi totalité seulement, (infra. par. 110-112). "The officia1 maps published by Russia, Great
Britain, Canada, British Columbia, andthe United
States - many in nomber - for a period of more
than sixty years after the Treaty, known to the
public officers of the different Governments, and
accepted as the basis of officia1action, without a
single exceptioncarried the line around the heads
of al1 the inlets, and were wholly irreconcilable
with the other construction.

During al1 that period the cartographers of
England, France, Germany,Russia, Spain, the United
States, and Canada were permitted to represent the
line in the same way, without any question or
suggestion to the contrary, so that it was
understanding of mankindthat the region now inommon
dispute was Russian and not British Territory.And
the United States were permitted to purchase the
territory, forty-twoyears after the Treaty, with
this understanding.

These thin s show a practical interpretation of
the Treaty 4.11

L'évaluationdes cartes selon leur oriqine

95. 11 convient, au-delà, de cette appréciation

globale, de procéder à l'examen des cartes une à une - du
moins pour les plus importantes - en opérant une ventilation

entre elles suivant qu'elles proviennent duHonduras, d'El

1 Nations-Unies, Recueildes Sentences arbitrales,
vol. XV, p. 525, par. 4.

On citera également, parmi la jurisprudence fédérale,
l'"opinion"du "Judicial Committee of the Privv Council" ans
le différend frontalier au Labrador entre \e Canada et
Terre-Neuve en1927 (137 L.T.R. 199). Cf. The King v. Price
(1926),S.C.R. (Can.) 28.Salvador ou d'Etats tiers.'Leur interprétation, à la lumière

des directives dégagéespar la jurisprudence,confirme, en
la précisant, l'évaluationd'ensembleprécédente.

i) Aucune carte honduriennene montre la zone du

Goascoran comme relevant de la souveraineté
salvadorienne

96. Le fait pour un Etat de s'attribuer sur sa

cartographie officielle ou semi-officielle un territoire
contesté n'a qu'une valeur de preuve relative. Cette règle

évidente de bon sens doit cependant être nuancée car tout
dépend, sur ce point également, des circonstances propres à

chaque cas d'espèce. Si, en effet, de telles cartes se
rencontrent de fason répétée et continue et plus encore si

elles ne comportent aucune exceptionpendant un long laps de
temps, par exemple 150 ans, cette constance a une

signification évidente, surtout lorsque ces cartesne sont
pas d'une origine unique,toujours recopiées,mais qu'elles

sont refaitessur des bases techniquesnouvelles. De telles
cartes témoignent d'une cohérence rigoureuse dans le temps,

elles apparaissent corne l'expression permanente de la
conviction de 1'Etat dont elles émanent quant à la

légitimitéde ses prétentions sur le territoire enquestion,
en d'autres termes comme la preuve la plus évidente de ses

intentions. Elles ne sauraient dont êtrenégligées dans un
différend territorial ou frontalier.

Or tel estprécisément le cas en l'espèce. Une analyse

attentive des cartes honduriennes, qu'elles soient
officielles, semi-officielles ou privées, permetde

constater qu'aucune d'elles nemontre la zone du Goascoran
comme salvadorienne et que toutes, sans exception, fontcoïncider la frontière entre les deux pays au Sud de "Los
Amates" avec le cours actueldu Rio Goascoran, jusqu'à son
embouchure au Nord-Ouest des iles Ramaditas. On a relevé

ainsi - sans que soit naturellement prise en compte leur
exactitude plusou moins grande, variable selonla date à
laquelle ellesont été élaborées - 16 cartesqui considèrent

la zone comme hondurienne. Pour ne pas alourdir
excessivementla démonstration,on se bornera à en analyser

4 parmi les plus significatives.

- "Mapa de la Republicade Honduras" deByrne (1886)

97. Cette carte1 a été dressée pat A. Thomas Byrne

"Ingeniero civil de1 Gobierno de Honduras". Cet ingénieur
américain avait été nommé le 7 mars 1884 par les autorités
honduriennes comme expert de la Commission chargée de

démarquer la frontière avecEl Salvador, peu avant que fût
négociéela Conventi.onCruz-Letona.

Cette carte porte l'écusson officiel de la République
du Honduras ainsi que la légende suivante: "Se vende por

E.C. Fiallos y Coripaiiia, Ingenieros civilesy mecanicos y
peritos de minas en la Republica,por acuerdo especial del
Supremo Gobierno. !Pegucigalpa".Elle a été publiée en 1886 à

New York par l'éditeur d'atlasbien connu "G.W. & C.B.
Bolton y Compaiiia".Des rectificationslui seront apportées

par l'auteur à la demande du Gouvernementdu Honduras en ce
qui concernele tracé de la frontièreavec le Guatemala,

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, cartA.16.mais la nouvelle édition qui en sera faite plus tard ne

'comporteraaucune modification dans la zone pertinente du
Goascoran.

98. Cette carte de Byrne, à l'échellede 1/1 000 OOOe,

montre clairement, en raison du coloriage rose qui
caractérise le tracéde la frontière entre le Honduras et El

Salvador, que la zone contestée du Goascoran appartient au
Honduras, la ligne divisoire correspondantau Rio Goascoran

dans son cours actuel quise jette dans la Baie de La Union.

Elle présente un intérêt particulier parce qu'elle
correspond à une transcription du tracé de la frontière

déssiné par Byrne et repris dans le projet de Convention
Cruz-Letona du 10 avril 1884. Cette carte confirme par
conséquent l'interprétationque donne le Honduras de

l'article 3 de cette convention1 etconstitue un élément de
preuve supplémentairepour écarter l'interprétation avancée

par la Partie adverse2.

- "Mapa de Honduras"de Altschul (1899)

99. Cette carte3 a été élaborée par l'ingénieur
topographe américain Francisco Altschul qui avait été

notamment chargépar le Gouvernement hondurien4 de préparer

2 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 3.125, p. 119.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carteA.19.

4 Le Président de la République du Honduras, Paz
Barahona, demandera égalementà Altschul de préparer un
rapport surla Mosquitia.une carte du Honduras pour le service des Postes. Cette
carte sera publiée, ainsi que le précise la légende, "para

el Directorio Nacional de Honduras", à New York en 1899 par
la "Spanish American Directories Co",étant entenduqu'elle

demeure "propriedad, Francisco Altschul, Tegucigalpa,
Honduras". On peut donc considérer qu'elle présente un

statut semi-officiel.

Dressée a l'échelle de 1/2 000 OOOe, mais d'une

exactitude relative, cette cartemontre cependantque le Rio
Goascoran constituela frontière entre les deux pays depuis

Aramecina jusqu'à son extrémité, dans la partie la plus
septentrionale dela Baie de La Union, en face du port de La

Union. Malgré son tracé approximatif,notamment du littoral
salvadoriende la Baie de La Union, la carte Altschul place

indiscutablement le territoire contesté du Goascoran à
l'intérieur du Honduras en raison à la £ois du coloriage

différent du Département de Valle d'un côté et de 1'Etat
d'El Salvador de l'autre et du tracé en tireté de la

frontiere internationale dans le Rio Goascoran en aval de
"Los Rmates".

- "Mapa General de Honduras" de Aquilar Paz (1933 et

1954)

100. Cette cartea été dressée par le Dr. Jesus Aguilar
Paz, un érudit hondurien (1897-1972),principalement connu

par son relevé du territoire du Honduras réalisé sur le
terrain, village par village, et par la "Mapa General de

Honduras" qui est considérée, aujourd'hui encore, comme
étant la meilleure carte d'ensemble du pays. Cette carte au

1/500 OOOe, approuvée par le Gouvernement du Honduras, par
l'accord no 689, en date du 23 janvier 1930~ a été publiée àdeux reprises, une première fois en 1933 et la seconde en

1954, cette dernière ayant été dessinéepar la Division
cartographique du Conseil nationalde Géographie du Brésil
et portant par ailleurs en légende:

"Este mapa esta basado en los leventamientos
geodesicos y topograficos anteriores, en los
planos de las lineas ferreas, en las medidas
agrarias y en el reconocimiento persona1 del
territorio, hecho por el autor, desde mil
novecientos quince."

Cette carte qui, malgré son origine privée, est la carte

officielle du Honduras, a été largement diffusée, à
l'intérieur du Honduras, notamment dans les administrations

et les écoles, mais également à l'extérieur. On le trouve
ainsi dans toutes les Ambassades et tous les Consulats du

Honduras et elle a été largement diffuséeauprès de nombreux
pays étrangers, notamment par le canal des Ambassades

accréditées à Tegucigalpa.

101.Or, la carte Aguilar Paz, à l'instar des
précédentes, faitapparaître, de façon indiscutable,que la

zone du Goascoran revendiquéedans le présent différend par
El Salvador, comprise entrel'"Estero La Cutu" et le cours

actuel du Rio Goascoran jusqu'à son embouchure dans la Baie
de La Union, relève de la souveraineté du Honduras. Le

coloriage en jaune du Département de Valle et la présence
des tiretés habituels pour représenter la frontière entre
les deux pays sur la rive salvadoriennedu Rio Goascoran

La légende indique: "Aprobado por el Gobierno.
Acuerdo no 689, de 23 de Enero de 1930".jusqu'à Barrancones et comme ligne médiane de Barrancones

jusqu'à son embouchure ne sauraient mieux traduire, du point
de vue hondurien, la permanence du fait frontalierdans

cette zone non seulement depuisle confluent du Rio Pescado
ou Guajiniquil et du Rio Goascoran, mais également en aval

de "Los Amates" jusqu'à la Baie de La Union. Les
incertitudesdu tracé, notammentde la configurationcôtière

et des différents"Esteros", le fait que les îles Ramaditas,
le "Cauce El Picadero Nuevo" et l'"Esterodel Pez Espada" ne

soient pas mentionnés ou, s'ils sont dessinés, qu'ils ne
soient pas dénommés, importe peu; elles ne sauraient

d'ailleurs surprendrepour une carte dressée à l'échelle de
1/500 OOOe.

- Mapa de la "Bahia Chismuyo" (195),

102. La dernière carte hondurienne 'dont on fera état
est la "Hoja 265611. série E 752" intitulée "Bahia Chismuyo,

Honduras, C.A., Departamentode Valle". Cette feuille, qui a
donné lieu à deux éditions, la première en 1957 et la

seconde, plus complète, en 1959, a été élaborée par
1'"Instituto Geografico Nacional' du Honduras, dont elle

porte l'écusson. Enraison de son caractère officielet de
sa précision, c'est elle qui a été remise à la Partie

adverse dans le cadre des travaux de la Commission mixte de
délimitation instituée le ler mai 1980~ et qui a été

utilisée dans les pièces écrites du Honduras au cours du
présent différend2.Naturellement,comme on le sait, sur

1 Cf. l'article 18 du r rai Gétéral de Paix du
30 octobre 1980.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, cartes 8.7.1, 8.7.2
et 8.7.3; contre-mémoiredu Honduras, vol. II, cartes 7.1 et
7.3.cette feuille, la frontière dans la zone contestée du

Goascoran, correspond,de "Los Amates" à la Baie de La
Union, au cours actuel du Rio Goascoran, jusqu'au Nord-Ouest

des îles Ramaditas. Cette carte est d'autant plus
significative qu'elle a été dressée et diffusée bien avant

que le Gouvernement d'El Salvadorne revendiquecette zone.

ii) La plupart des cartes salvadoriennes montrentla
zone du Goascoran comme relevant totalement ou

presque totalementde la souverainetédu Honduras

103. A n'en pas douter, une carte émanant d'une Partie
un différend qui attribue le territoire contesté à la

Partie adverse a une valeur probante exceptionnellement
forte. La jurisprudence et la doctrine sont unanimes pour

souligner l'importance de cette règle générale
d'interprétationde la cartographie.

Déjà Max Huber, dont on sait cependant la

circonspectionpour recourir à la cartographiepour trancher
une question de souveraineté, a fait une remarqued'un grand

intérêt à cet égard, dans la sentence qu'il a rendue le
4 avril 1928 dans l'affaire de l'île Palmas. Après avoir

souligné que les cartes élaboréessur la based'informations
nouvelles soigneusement rec'ueillies ont une force de

persuasion plus grande que celles'qui ne sont que la copie
de cartes antérieures,il a en effet ajouté:

"...officialor semi-official.maps seem capable of
fulfilling these conditions, and they would be of
special interest in case where they do no assert
the sovereiqnty of the country of which the
Government has caused them to be issuedL"
(soulignépar nous). Tout aussi significatives sont les remarques de Hyde,
l'un des premiers représentantsde la doctrine à avoir

systématisé ce problème de la valeur probante de la
cartographie. Pour cet auteure,n effet:

"The cartographer officially employed to portray
the political limits of aparticular State is
usually cognizant of their scope. His map may,
therefore, be taken as the embodiment of the full
extent of its territorialpretensions. Thus a map
published by a State, or under its auspices, or
purporting to reflect its position, and which it
has been disposed to utilize as a means of
publicly revealing its position, may be fairly
accepted as establishing that when issued it
represented what that'state deemed the limits of
its domain. Moreover, when a series of maps of
such a kind, appearinq within a few decades, tell
the same story and depict substantially the same
limits, the conclusionis justified that they mark
a frontier beyond which the interested States
cannot qo without some fresh and definite and
respectable processof acquisition, such as one
embodied in a treaty of accession. Thus in the
course of a boundary arbitration the most obvious
function of an officia1 map issued under the
auspices of a particular litiqant may be that of
holdinq that litiqant in leash. Arbitral tribunals
have perceived the point and dwelt upon it2"
(soulignépar nous).

La Sentence du 18 février 1977 en l'affairedu Canal de
Beagle a repris la même idée en la synthétisant dans une

formule particulièrementexpressive:

1 Nations Unies,R.S.A., vol. II, p. 852.

2 International Law chiefly as interpreted and
applied by the United States, Boston, Little,Brown & Co.,
1945, vol. 1, p. 496, par. 151A. "Clearly, a map amanatinq from Party X showin
certain territory as belonqinq to Party Y is -pO?
far qreater evidential value in support of Y's
claim to that territory than a map emanatinq from
Y itself, showinq the same thinqL" (souligné par
nous).

104. Or précisément la cartographie salvadorienne dela

zone du Goascoran correspond exactement à cette situation.
On a en effet relevé au moins 14 cartes d'El Salvadorqui

reconnaissent totalement ou presque totalemenlta zone du
Goascoran qu'il revendique dans le présent différendcomme

étant hondurienne. On se bornera à analyser les plus
significatives dansla période compriseentre 1821 et 1965,

soit qu'elles reconnaissent, pourla majorité d'entre elles,
le cours actuel du Rio Goascoran à partir de "Los Amates"

comme la frontière internationaleentre les deux Républiques
soit que, pour quelques-unes d'entre elles, elles ne le

suivent que partiellement, empiétant ainsi, bien que
légèrement, sur le territoire hondurien. Mais il est

remarquablequ'aucune de ces cartes,pourtant officiellesou
semi-officielles,même parmi celles qui, pour des raisons

évidentes qui seront élucidées, sont suspectes, n'a fait
coïncider les prétentions d'El Salvadoravec les lignes

qu'il avancera en 1972 ("Estero El Coyol") et a fortiori en
1988 devant la Chambre ("EsteroLa Cutu").

1 International Law Report, vol. 52, p. 205,

par. 142 (1). - "Mapa General de la Rephblica d'El Salvador" de

Sonnenstern (1859)

105. Cette cartel a été dressée par un ingénieur civil

allemand, Maximilian von Sonnensternet a été publiée, comme
l'indique la légende, en 1859, aux Etats-Unis, par

"Litografia G. Kraetzer, East New York Long Island", sous
forme d'une feuilleen couleur de 745 mm. sur 560.

Sonnenstern fait autorité dans l'histoire de la
cartographie de cette partie du monde2. En particulier, il

est connu pour avoir levé, en plus de la carte précitée d'El
~alvador, la carte générale du Guatemala et celle du

Nicaragua, qui ont été publiées égalementchez Kraetzer en
1859, ainsi qu'une carte générale del'AmériqueCentrale qui

a paru en 1860. Sonnenstern s'esttrouvé, dans ces
conditions, en contact étroit avec les différents

Gouvernementsde la région3.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe

cartographique, carteA.12.

2 W. Bonacker, Biblioqraphie der Strassenkarte,
Kirschbaum Verlao. Bonn Bad-Godesbero. D. 238: Toolev's
Dictionary of ~aGharkers, Compiled by-~.V. ~ooie~ with a
Preface by H. Wallis, Alan R. Liss, Inc. New York, Meridian
Publishing Cy; Amsterdam, 1979,p. 589 et le supplément à ce
même ouvrageparu en 1985.

, En particulier avec le Gouvernement du Nicaragua.
Sonnençterna ainsi publiéun "Report on the Nicaraguaroute
for an Interoceanic Ship-Canal with a review of other
proposed routes" qui avait été préparé à la demande du
Ministre des Travaux Publics du Nicaragua.Ce rapport a été
traduit pour le "United States Coast Survey" et publié en
1874 par le Government Printing Office à Washington. Il est
précédé d'une lettre adressée par le Ministre des Travaux
Publics du Nicaragua au Congres qui expliquq eue Sonnençtern
a été choisi en raisonde ses compétencesparticulières. 106. La "Mapa General de la Republica d'El Salvador"de

Sonnenstern présente un intérêt exceptionnel, pour le
présent différend, àcinq pointsde vue.

Tout d'abord, elle est la première carte générale d'El

Salvador qui a été dressée, aucune carte dece genre n'ayant
été faite, semble-t-il, auparavant.

En second lieu, cette carte a été levée, comme elle

l'indique elle-même, "por ordén de Su Excellencia Sr. Don
Rafael Campo" (soulignépar nous) qui a été Président de la

République d'El Salvador de 1856 à 1860. Elle doit par
conséquent être considérée comme une carte officielle ou, à

tout le moins, commeune carte semi-officielle,la première
en tout état de cause d'El Salvador.

En troisième lieu, cette carte, en raison de la

notoriété de son auteur et de sa connaissance particulière
de cette partie du monde, est d'une qualité technique

remarquable pour l'époque, compte tenu de son échelle qui
est approximativementde 1/385 000e. Elle comporte de plus

toute une série d'informations complémentaires (plan de
Nueva San Salvador, altitude des volcans et des villes

principales,coupes verticalesde différentes routes, etc.).

En quatrième lieu, il convient d'insister sur la
signification de cette carte en raison de la date de sa

publication, 1859, c'est-à-dire juste avant les grandes
négociations territorialeset frontalières entre les deux

Républiques qui ontcommencé, commeon le sait, en 1861 auxnégociationsde la Montana del ~onol. Il est remarquableque

ni en 18612, ni en 1869 aux rencontres de la Montana de
Naguaterique et de champate3, il n'a été fait allusion au

secteur du Goascorèn; c'est seulement au cours des
négociations qui se sont tenues à Saco en 1880 que les deux

Délégations ont reconnu que "suivant l'opinion communedes
habitants des deux pays,la zone orientale du territoire
d'El Salvador est séparée de la zone occidentalede celui du

Honduras par le Rio ~oascoran~.' Dès lors, la carte de
Sonnenstern de 1859 a la plus grande force probantepour

indiquer quelles étaient les intentions réelles du
Gouvernement d'El Salvador dans la zone du Goascoran, dans

une période non suspecte.

En cinquième lieu, enfin et surtout, cette carte
Sonnenstern présenteun intérêt exceptionnel parcequ'elle a

La sentence rendue dans l'affaire du Canal du
Beaqle a remarqué à propos de la cartographieantérieure au
Traité du 23 juillet 1881: "...just as it was in the Treaty
itself that the Court had to find a solution, it is only
from just before or near the date of the Treaty that
cartography becomes definitely relevant for elucidating or
confirming its correct interpretation" w, vol. 52,
p. 209, par. 147.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.l.l.BIp. 52.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
Annexe 111.1.9, p. 62 et Annexe 111.1.11,p. 66. 1,

4 Procés-verbal de la réunion du 4 juin 1880,

mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe 111.1.24,
p. 99.été utilisée par les négociateurs honduriens et

salvadoriens, précisément au cours des conversations
précitées de Saco, en juin 1880, comme preuve directe de

leur intention commune dansla zone du Goascoran et comme
partie intégrante de l'accord auquel ils étaient parvenus

sur le tracé de la frontière dans cette zone. C'est en
effet, à Saco, le 6 juin 1880, que la Délégationdu Honduras

avait proposé

"de délimiter le territoire de l'une et l'autre
République en l'établissant comme fronti---
inaltérable ... 1. A Dartir de la rivière

et c'est le même jour que la Délégation d'El Salvadoravait

accepté la proposition hondurienne précédente et reconnu le
tracé frontalier suivant:

"1. A la zone orientaled'El Salvador, à partir de
l'embouchure de la rivière Goascoran dans la Baie
de La Union, dans le Golfe de Fonseca, puis en
amont de cette rivière jusqu'a sa confluence avec
son affluent appelé indifféremment Guajiniquil,
Pescado ou UnireL" (soulignépar nous).

La rencontre des intentions des deux Délégations sur la

frontièredu Goascoran était doncparfaite.Mais leur accord

1 Procès-verbal de la réunion du 6 juin 1880,
p. 100.

2 ibid
-. r P. 101.ne s'en est pas tenu à une définition abstraite de la ligne

divisoire dans la zone par un renvoi pur et simple au Rio
Goascoran, il s'est concrétisé par un renvoi à une
représentation cartographique précise. En effet, le 7 juin

1880, pour faire le point des 'négociations,les délégués
honduriens et salvadoriens - conduits respectivement,
rappelons-le,par M. Cruz et par le Général Letona - se sont

expressémnt référées à la carte Sonnenstern:

"Après avoir examiné attentivement les frontieres
gui délimitent la division territoriale des deux
Républiques, proposée dans le document précédent
et le confrontant aux documents et même à une
carte qéoqraphiaued'El Salvadordessinée en 1858l
par M. Maximilian SonnensternL" (souligné par
nous),

les deux Délégations ont énuméré les zones danslesquelles
elles n'étaient pas parvenues à un accord, la zone du
Goascoran ne figurant pas, bien entendu, dansla liste. La

carte Sonnenstern illustrait, par conséquent, très
exactement, leur intention sur le tracé de la ligne
divisoire dans cette zone. L'accord des Parties,qui sera

confirmépar la suite sur ce point en 1884 - notamment dans

1 Comme on le sait, c'est en 1859 que cette carte a
été publiée.

2 procès-verbalde la réunion du 7 juin 1880, M.,
p. 102.l'article 3 de la Convention Cruz-Letonadu 10 avril 18841 -
et en 1888, s'est ainsi réalisé sur la frontière du

Goascoran telle qu'elle figure sur la carte Sonnensternde
1859.

107. Or la carte Sonnensternmontre clairementque le

Rio Goascoran depuis son confluent avec le Rio Pescado
jusqu'à son embouchure dansla Baie de La UniOn constitue la

frontière internationaleentre le Honduras et El Salvador au
même titre, par exemple, que le Rio Paz constitue la

frontière interna'tionale entre El Salvador et le Guatemala.
Le coloriage différent de part et d'autre'du Rio Goascoran
(rose du côté du' Honduras, bleu du côté du Département

salvadorien de San%Miguel)!ne permet pas d'avoir lemoindre
doute a ce sujet.

D'autre part, c'est manifestement le bras le plus

occidental du Rio.Goascoran que la carte Sonnenstern retient
comme frontière-entre lesdeux Républiques. Et si, dans la

dernière partie'dè.son tracé, à partir'de la zone-de "Los.
Amates", le Rio Goascoran va plutôt dans une direction Nord-
Sud-Ouest - alors'que dans son cours.actuel il s'oriente

plutôt dans une dsrection Est-Sud-Ouest - la localisationde
son embouchure',telle qu'elle figure sur cette carte, est

sensiblement même que celle'que l'on voit surles cartes
marines de l'époque.comme la carte américainede Clark "West

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.1.54., p. 179.Coast of Central America. Gulf of g on se Scrvayed by
U.S.S. Ranger, 1884"l, la carte française du Service

Hydrographique dela Marine publiée en18~6~ou même sur les
cartes actuelles commela carte hondurienne Hoja 2656 II ou
la carte salvadorienne3.

On remarqueraenfin que la carte Sonnenstern indique, à

l'est de l'embouchuredu Rio Goascoran,au Nord-Est des iles
Conejo et Violin, un "estero" dénommé "El EsteroEl

Cubulero" qui pourrait correspondre à l'actuel "Estero La
Cutu". Mais on n'y trouve aucune trace d'un ancienlit du
Rio Goascoran rappelant la "Rompicici6n de Los Amates" ni

d'un "Estero" qui pourraitêtre identifié à l'actuel "Estero
El Coyol" alors que, on le sait, au cours des négociations

d'Antigua, en 1972,È1 Salvador a prétendu4que:

Golfe de Fonseca se trouve auNord-Ouest de l'île
Conejo et (que) là commence la ligne de division
entre les deux pays, en suivant ensuitela rivière
mentionnée jusqu'au lieuappelé Los ~mates5."

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe

cartographique, carteA.14.

2 Mémoiredu Honduras, Annexes, M., carte A.15.

3 Mémoire d'El Salvador,Book of Maps, carte 6.VI.

4 Mémoire du Honduras, vol.1, carte 8.7.1.

5 Mémoire .du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe IV.1.22.B,p. 577. Dès lors, il est hors de doute que la zone du Goascoran

à laquelle prétend aujourd'hui El Salvador relevaiten 1859,
sur la carte Sonnenstern dressée à la demande du Président

de la République salvadorienne, de la souveraineté du
Honduras, dansson intégralité.

- "Mapa politico, escolar Y teleqrafico de la
-.
Reptiblicad'El Salvador", de Dawson(1887)

108. Cette carte a été dressée par G.J. Dawson à San
Salvador en 1887 sous le contrôle du Consul général E.

Pector et elle a été publiée à Paris par la maison Erhard
frères. Elle donne également une importante liste d'auteurs

et de documents consultéspour son élaboration: "Coronel
Manuel Fernandez, M.V. Sonnenstern, J.M. Caceres, Sir

William Belcher, Dario Gonzalez, David J. Guzman, Aug. v. de
Gehuchte, Rafael Reyes, W.A. Goodyear, E.G. Squier, Santiago

1. Barberena, Miguel Chacon, F. de Montessus, M. Brizuela,
A.J. Byrne, Roman Angula, MiguelR. Pefia,Samuel Menendez,

Tulio Castellanos, Toribio Reina,Salvador L. Carazo,
Casiano L. Martinez, Ministerio de Gobernacion, Ministerio

de Relaciones Exteriores,Esteban J. Castro.'' C'est dire que
Dawson a non seulement utilisédes cartes élaborées par des

cartographes au service du Gouvernement hondurien comme
'~~rnel ou au service du Gouvernement salvadoriencomme

sonnenstern2mais également celles émanant des cartographes

1 supra., par.97-98.

2 supra., par. 105-107.indépendants comme 5quier1. Mais la mention, parmi les

auteurs consultés, deBarberena ou de services officiels
comme le Ministère des RelationsExtérieures permet de
penser que le tracé de la frontière sur cette carte est

conforme aux prétentionsd'El Salvadorlors des négociations
qui se sont déroulées à La Union en 1888, au cours
desquelles les délégués salvadorien ont proposé, "puisqu'il

n'y a aucune controverseconcernant la frontière des deux
~é~ub'li~uess"ur le Rio Goascorand'''établir comme frontière

indiscutéeet indiscutablele cours du Rio Goascoran depuis
son embouchure à la Baie de La Union, au Golfe de Fonseca,
en amont, jusqu'à son confluent avec le Rio Guajiniquilou

du pescado2."

109. Or il est manifeste que,sur la carte Dawson,la

frontière internationaleentre les deux Républiques suit le
Rio Goascoran depuisson confluent avecle Rio Guajiniquil

jusqu'à.sonembouchure dansla Baie de La Union, embouchure
qui est correctementlocaliséeet coïncide avecsa situation
actuelle. La présence d'une "ile Manglar" au-dessous du

Canton de Barranconesattribuéeau El Salvadorne manque pas
de surprendre,car cette île ne figure sur aucune autre
carte et n'est mentionnée dansaucun document.Par ailleurs,

le fait que les iles Ramaditas ne soient pas dessinées sur
la carte bien que leur nom y figure ne change rien à ce que
la totalité de la zone du Goascoran, telle qu'elle est

aujourd'huirevendiquéepar ElSalvador, figure sur cette

1 infra.,par. 124-127.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
1,
Annexe 111.2.8, p. 233-234.carte publiée en 1887 comine relevant de la souveraineté

hondurienne. Commeon le sait, les cartes les plus exactes
de l'époque pour la détermination de l'embouchure du Rio

Goascorzin sont les cartes marines américaine deClark
publiée en 1884 ou française publiée en 1886~.

- "Nuevo Mapa d'El Salvador" de Barberena (1905 et

1913)

110. Cette carte qui a été levée, comme leprécise la
légende, "por disposicion y bajo los auspicios del Supremo

Gobierno pour los Ingenieros Doctores Don Santiago1.
Barberena y Don Jose E. Alcaine de la Universidad de San
Salvador", a donné lieu à deux éditions. Lapremière qui a

paru en 1905 porte les dates "1892-1905"~et la seconde qui
a paru en 1913 porte les dates "1892-1913'3, l'une et

l'autre ayant été éditées sous forme d'un livre à Londres
par "Waterlow & Sons, Limited".

Son auteur principal est par conséquent le Dr.

Barberena, 'éruditsalvadorien bien connu (1851-1916), dont
on sait le rôle essentiel qu'il a joué dans la détermination

de la politique frontalière d'ElSalvador. En octobre 1888,
il a été en effet désigné comme ingénieur topographe de la
~ommissionsalvadoriennechargée d'étudier les questions de

1 supra., par. 107.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carteA.17.

3 . Mémoire du Honduras, Annexes,u., carte A.18.frontières pendantes avec le Hondurae st dans le rapport
qu'il a présenté au Gouvernement en 188 il a décrit la ligne

connue sous le nom de "ligne Barberena" qui reflèteles
nouvelles aspirationsterritoriales, exprimées ou virtuelles,
d'~1 Salvadoraprès l'échecdes négociationsdans la période

comprise entre 1880 et 1888, notamment au cours des
conférencesde 1884 et de 1888. C'est dire que cette carte

Barberena constitue une pièce dans la stratégie générale
salvadorienne qui s'est traduite par une pr6jection
progressivedes revendicationsd'El Salvadorde plus en plus

loin vers l'Est et que par conséquent ellene manque pas
d'être suspecte1.

111. Si les deux éditions de la carte Barberena
diffèrent sur certains points dans le tracé de la frontière
entre le Honduraset El Salvador, ellessont rigoureusement

identiques ence qui concerne la zone du Goascor6n. Elles
appellent donc, dans les présentsdéveloppements, des

commentairesidentiques.

En premier lieu, les cartesBarberena font clairement

apparaître que le Rio Goascoran, depuisson confluentavec
le Rio Pescado jusqu'à son embouchure dansla Baie de La
Union, constitue la frontière internationale entre les deux

Républiques.On ne sauraiten douter, même s'il est vrai que
le tiretéqui symbolisela frontière semble interrompu e

1 L'annexe cartographiquedu mémoire hondurien avait
déjà remarqué, propos de l'édition de 1905,
qu'"~ndiscutablement,il s'agit d'une cartetendancieusequi
territoriales d'ElSalvador";mémoire du Honduras, Annexes,ns
vol. VI, Annexe cartographique,p. 13, commentaire de la
carte A.17.quelques kilomètresau Nord de ce qui pourraitètre le lieu-
dit "Los Amates". Cette interruptionn'est pas significative

pour deux raisons. D'une part, on peut constater une
interruption similaire dansla dernière partie du cours du

Rio de Paz à la frontière d'El Salvador et du Guatemala.
D'autre part et surtout, le coloriage du territoire

salvadorien - en jaune sur la carte de 1905,en rose sur la
carte de 1913 - montre clairement que les auteurs de ces

cartes considéraient que la souveraineté d'El Salvador ne
s'étendait pas au-delà du cours du Rio Goascoian tel qu'ils

l'avaient fait figurer.

En second lieu, les deux cartes Barberena n'indiquent
pas comme frontière,dans son segment terminal qui jouxte la

Baie de La Union, le bras le plus oriental du Rio Goascoran
qui est représentépar un simple trait et à l'embouchure

duquel figurent deux ilots"islitas cerca de la boca del
Goascoran",dont il y a tout lieu de penser qu'il s'agit des
iles ~amaditasl. Elles considèrent en effet comme ligne

divisoire le bras du Rio Goascoran que leurs auteurs
auraient regardé comme étant alors son bras principal,

qu'ils ont dessiné par deux traits avec uneile dénommée
"Peje Espada". Comme par ailleurs il suit une direction

Nord-Sud, il pourrait correspondre à l'actuel "Estero del
Pez Espada".

Il correspondraitainsi à l'actuelle embouchuredu
Rio Goascoran, telle qu'elle figure sur les cartes
hondurienneet salvadorienne. 112. Ainsi le tracé de la frontière qui apparaît sur

les deux cartes Barberena a-t-il pour conséquence
d'attribuer au El Salvador le territoire comprisentre le
cours normal du Rio Goascoran dont l'embouchurese situe

bien, ainsi que l'admettent les auteurs des cartes, à
proximité des iles Ramaditas et de l'"Estero del Pez

Espada". Cette "erreur" ne serait en réalité qu'une manŒuvre
pour justifier une politique d'empiètementet d'infiltration

progressive et pour servir de point d'appui à des
revendications ultérieures sur des parties de la cbte

hondurienne surla Baie de La Union.

Les cartes Barberena de 1905 et de 1913 sont en effet
suspectes, commeon l'a déjà relevé, enraison de la qualité

de leurs auteurs et de la date de leur publication. Elles
sont d'abord en contradiction avec la thèse qu'avait
toujours soutenue El Salvador au cours des négociations

territorialesde 1880, 1884 et 1888l, pendant lesquelles les
deux Etats voisins étaient convenus de reconnaître le Rio

Goascoran comme étant la frontière à partir de son
embouchure dans la Baie de La Union - "en direction Nord-

Est", a mëme précisé le procès-verbalde la réunion de Saco
du 4 juin 18802 - jusqu'à son confluentavec le Rio

1 Et notamment par l'article 3 de la Convention
Cruz-Letonadu 10 avril 1884.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.24,p. 99.Guajiniquil ou pescadol. Les cartes Barberena sont également
en contradiction avec les thèses qu'El Salvador soutiendra

en 1972 au cours des négociations d'Antigua en revendiquant
la zone du Goascoran jusqu'à l'"Estero El Coyol" et en 1988

dans ses premiers écrits déposés devantla Chambre lorsqu'il
prétendra à la zone jusqu'à l'"Estero La Cutu". Enfin elles

ne coïncident pas davantage avec la cartographie
salvadorienne officielle,qu'elle soit antérieure comme la
carte Sonnensternde 185g2 ou la carte Dawson de 18873 ou

qu'elle soit postérieure, commeon va le démontrer.

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. XI, p. 369-371,
par. 13-16; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 502-504, par. 21-22 et p. 596-601, par. 102-105. Ces
cartes ne correspondentpas davantage à la description qu'a
donnée Barberena en 1889de la frontière entre les deux
Républiques: "L'embouchure du Rio Goascoran se trouve au
N10 kilomètres.u La ligneLafrontière se dirige: 1. vers lede
Nord-Est sur une distance de 7 kilomètres; puis elle se
dirige au Nord sur 7 kilomètres; elle se poursuit vers
l'Ouest sur 6 kilomètres puis elle se poursuit à nouveau en
direction Nord avec une légère inclinaison vers l'Est,
jusqu'à l'endroit où le Guajiniquil se jette dans le
Goascor6n". Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe III.2.10.B,p. 261 (soulignépar nous)

2 B., par. 105-1117.

3 B., par. 108-110. - La reconnaissancedu Rio Goascoran dans son cours

actuel jusqu'aux iles Ramaditas comme frontière
.entre les deux Républiques par la cartoqraphie
officielle salvadoriennepubliée dans la période

1945-1965

113. A la différence des cartesBarberena précédemment
analysées, les cartes officielles d'El Salvador qui ont été

dressées au lendemainde la seconde guerre mondiale jusqu'en
1965 sont unanimespour reconnaîtreque la zone du Goascoran

relève, dans sa totalité - y compris entre l'"Estero Pez de
'Espada" .et le cours actuel de la rivière jusqu'à son
embouchure au Nord-Ouest des îles Ramaditas- de la

souveraineté du Honduras. En d'autres termes, elles
admettent que la frontière entre les deux Républiques en

aval de "LosAmates" correspond au bras le plus oriental du
Rio Goascoran,ainsi que l'a toujours soutenu le Honduras.

On se bornera à donner d'abord une liste, non

exhaustive,de ces cartes.

- "Mapa Escolar Preliminar d'El Salvador" (19521

Cette carte, à l'échelle de 1/200 OOOe, a été signée

par le Directeur de la Cartographie M. Alivio Cornejo et
approuvée par le Ministre des Travaux Public M. A. Garcia

Prieto en décembre 1952.

- "Mapa General de El Salvador" (1955)

Cette carte, à l'échelle approximativede 1/475 OOOe,

fait partie de l'"Atlas Censal", publié par la Direction
générale des Statistiqueset des Recensementsqui dépend duMinistère de 1'Economie. Elle a été préparée par la Section
de Cargographie Statistique dirigéepar M. Victor Kury
Asprides avec le concoursde M. Alford Archer, géographe

consultant du Bureau de Recensement de Washington et de
M. Lud Dreikorn,Lithographeassistant1.

- "Mapa Preliminar Basico d'El'Salvador, con Limites

municipales" (1955)

Comme la précédente, cette carte a été publiée par la

Direction générale des Statistiques et du Recensement du
Ministère de llEconomie.

- "Mapa Turistico d'El Salvador"(1955-1959)

Cette carte, qui porte en note la mention "Datos
tomados del Mapa Preliminar de 1955 (Edicion Provisional)",

ne porte pas de date, mais on peut penser qu'elle a été
éditée par la "Junta Nacional de Turismo" dans la période

comprise entre 1955 et 1959, date à laquelle elle a été
consultée à la Bibliothèquedu Congrès, à Washington.

- "Mapa de la RepUblica d'El Salvador" (environ

1960)

Cette carte, à l'échelle de 1/350 OOOe, a été publiée

par la "Junta Nacional de Turismo d'El Salvador",
probablement au début des années 60 et impriméepar

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Appendice II
à l'AnnexeXI.l, p. 347-384 et carte 1.1, voir également
"Mapa Fisico de El Salvador",m., carte 1.2.l'entreprise de lithographie "B. Zadik y Co" au Guatemala.

Elle avait été officiellement remise par les autorités
salvadoriennes au Gouvernement du Honduras, puisqu'elle

porte le sceau "Cortesiade la Embajada d'El Salvador en
Honduras".

- "Mapa de la RepBblica d'El Salvador. Eçso
Standard" (environ19601

Cette carte, qui ne porte pas de date, a été

vraisemblablementpubliée, commela précédente, audébut des
années 60. Elle porte en légende "Pr,eparadopara la Esso

Standard Oil S.A. Limited, con informacion proporcionada por
la Direction General de Caminos del Ministerio de Obras

PBblicas y la Direccion General de Estadisticas yCensos del
Ministerio de Economia. Mapa basico y revision por la

Direccion General de Cartografia del Ministerio de Obras
P6blicas". Cette carte indique, à l'instar des précédentes,

que la zone du Goascoran, dans sa totalité, est hondurienne
alors que précisémentEsso possédait alors une raffineriede
pétrole dans le Port de La Union, à quelques kilomètrespar

conséquent de l'embouchuredu cours actuel du Rio Goascoran,
tel qu'il figure surcette carte.

114. Afin de ne pas alourdir la démonstration, on se

bornera A analyçer une seule de ces cartes dont on peut
prenser qu'elle est particulièrement significative.Il

s'agit de la carte précitée intitulée "Mapa General d'El
Salvador", publiée à l'échelle 1/475 OOOe, en août 1955,

dans l'"Atlas Censal d'El Salvador", par le Ministère de
llEconomie. Cette carte a une autorité particulière
puisqu'ellea été préparée par la Section de Cartographiede

la "Direccion GeneraldlEstadisticay Censos", sur la basedes données fournies par la "Direction General de
Cartografia d'El ~alvador"1.

Or il est remarquableque cette carte fasse clairement

figurer, sur la partie de la frontière Honduras-El Salvador
comprise entre le Cerro Montecristo et le confluent du Rio

Goascoran et du Rio Guajiniquil, la mention "Frontera
Indefinida" avec un tireté de couleur rouge alors que la

frontière El Salvador-Guatemalaet la dernière partie de la
frontière El Salvador-Honduras entrele confluent du Rio

Guajiniquil et le Rio Goascoran et l'embouchure de cette
rivière dans la Baie de La Union ne porte pas cette mention
et constitue, aux termesde la légende, une "Limite de

Fronteras" qui, à la différence de la "frontière indéfinie",
figure sous la forme d'un tireté de couleur noir, interrompu

de points à espaces réguliers2.

Cette carte est par conséquent d'un intérêtparticulier
parce qu'elle reflète certainement la position exacted'El

Salvador à la date de sa publication, en août1955, ainsi

1 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Appendice II
à l'Annexe XI.l., carte 1.1 voir également "Mapa Fisico de
El Salvador", m., carte 1.2.

2 Ainsi cette carte salvadorienne de 1955 se
conforme-t-elle exactementaux règles admises en matière
cartographique.Comme l'a rappelé K.A. Sinnhuber, "As early
as 1913 the SecondInternational Map conference on the 1.M.W
(International Map of the world on the millionthscale) in
Paris approved the resolutionthat "Un siqne spécial sera
employé pour indiquer les frontières qui n'ont pas un
caractère définitif ou qui sont en litiqe' (the
authoritativetext is in French,.(Re~resentationof Disouted
Boundaries in General Atlases, The Cartographic .Tou>nal,
December 1964, p. 25, soulignépar nous).que ses prétentions territoriales extrêmes. Comme par

ailleurs, la représentationtant de la côte de la Baie de La
Union et des différents "Esteros" que du cours du Rio
~oascoran~ est infiniment plus précise que dans les cartes

précitées du XIXe siècle ou du début du XXe siècle, le
Gouvernementdu Honduras considèreque si, a cette date, en
1955, El Salvador avait revendiqué cette zone jusqu'à

l'"Estero El Coyol" comme il le fera en 1972 ou jusqu'à
l'"Estero La Cutu" - qui est d'ailleurs mentionné sur la
carte -, comme il le fera en 1988, il n'aurait pas manquéde

l'indiquer.Pour le moins, il n'auraitpas manqué de faire
figurer, sur la partie du Rio Goascoran comprise entre "Los
Amates" et l'embouchure de la rivière près des îles

Ramaditas, le tireté de couleur rouge et la mention
"Frontera Indefinida" commeil l'a fait dans la partie de la
frontière comprise entre leconfluentdu Rio Goascoranet le

Rio Guajiniquilet le CerroMontecristo.

Par conséquent, cette carte générale d'El Salvador de

1955 est essentiellecar elle montre, très clairement, la
zone du Goascoran entreson cours actuel depuis"Los Amates"
jusqu'a son embouchure et son ancien cours, tel que le

présente la Partie adverse, entre"Los Amates"et l'"Estero
La Cutu", commerelevantde la souverainetédu Honduras.

En particulierdans la directionEst-Sud-Ouestqui
est donnée à la dernière partie du Rio Goascoran comprise
entre "Los Amates" et son embouchure et qui coïncide
exacteme'ntavec les cartes actuelles tant honduriennesque
salvadoriennes. iii) La quasi-totalité des cartes provenant des pays
tiers montrent la zone du Goascoran comme étant

hondurienne.

115. Les cartes émanantdlEtats tiers doivent avoir une
valeur probante considérable, prima facie supérieure à

celles des Etats parties à un différend, dans la mesure où
elles constituaientdes sources indépendantesque l'on ne

peut suspecter. Mais naturellement tout dépend des
circonstances propres à chaque cas d'espèce, notammentdu

degré de neutralité de l'organisme dont elles émanent ou
encore du point de savoir si elles ne sont pas la

transcription pureet simple des cartes des Etatsparties au
différend.

En ce sens, la sentence du 18 février 1977 dans
l'affairedu Canal du Beaqle avait remarqué:

"While maps coming £rom sources other than those
of the Parties are not on that account to be
regarded as necessarily more correct or more
objective, they have, prima facie, an independent
status which can give them great value unlessthey
are mere reproductionsof - or based on originals
derived £rom - maps produced by one of the
Parties, - or else are being published in the
country concerned by, or on behalf, or at the
request of a Party, or are obviously politically
motivated. But where their independent status is
not open to doubt on one or other of these
grounds, they are siqnificant relative to a qiven
territorial settlement where they reveal the
existence of a qeneral understandinq in a certain
sense, as to what that settlement is, or, where
they conflict, the lack of any such general
understandinglfl(soulignépar nous).

1 I.L.R., vol. 52, p. 206, par. 142,2. De même, la Chambre de la Cour dans l'arrêt du
22 décembre 1986 en l'affai're du différend frontalier

Burkina Faso/République du Mali, pourtant moins favorable
que le Tribunal arbitraldans le recours à la cartographie,

avait insisté sur l'intérêt d'une carte de l'Afrique de
l'ouest au 1/200OOOe publiée par 1'I.G.N français entre

1958 et 1960~. Elle a relevé que 1'I.G.N était un "organisme
neutre par rapport aux Parties au présent différend'' et que

la carte en question qu'il a éditée "tout en n'ayant pas
valeur de 'titre juridique, constitue une' représentation

visuelle à la fois des textes disponibles et des
renseignements recueillissur le terrain". Elle a même

ajouté qu'"en tenant comptede la date à laquelle les levés
ont été effectués et de la neutralité de la source, la

Chambre considère que, si toutes les autres preuves font
défaut ou ne suffisent pas pour faire apparaître un tracé

précis, la valeur probante de la carte de 1'I.G.N devient
déterminante2"(soulignépar nous).

116. Sur la base des règles ainsi dégagéespar la

jurisprudence, il apparait que la cartographie indépendante,
émanant des Etatstiers, relative à la zone du Goascorin, a

une valeur probante considérable, car il s'en dégage
incontestablement "a general understanding in a certain

sense", toujours ou presque toujours favorable au Honduras.
En effet, sur quelque 52 cartes terrestres d'origine

1 supra., par. 90, p. 797, note 1,P. 801.

2 C.I.J. Recueil 1986, p. 586, par. 62.indépendanteet susceptibles d'êtreinterprétéesl,publiées
de 1826 à 1948, 51 reconnaisent le cours actuel du Rio
Goascoran comme frontière entre les deux Républiques e't

indiquent par conséquent la zone du Goascoran comme étant
hondurienne. En d'autres termes, une seule carte émanant
dlEtats tiers considère cettezone comme salvadorienneet

encore faut-il préciser qu'elle serapar la suite rectifiée.
Il convient d'ajouter par ailleurs que de nombreuxdocuments

cartographiques denature diverse, commedes atlas ou des
documents de navigation, confirmentl'appartenance de la
zone du Goascoranau Honduras.

a Une seule carte d'origine indépendanteindique la
zone du Goascoran comme salvadorienne,mais cette

carte a été ultérieurementrectifiée

117. Ce cas exceptionnelmérite qu'on s'y attarde2. Il

s'agit d'une cartede l'Amérique Centrale qui se trouve dans
l'Atlas de J.H. Colton dont la premiére édition a été

publiée à New York en 1853. Cette carte est naturellement
très générale puisque son échelle est approximativementde
1/5 400 000e. Néanmoins elle attribue indiscutablementla

zone contestéedu Goascoran - et même, commeon va le voir
bien au-delà - au El Salvador.

1 Environ 40 cartes, émanant également d'Etats
tiers, sont si peu claires dans leur représentationde la
zone du Goascoran qu'ilest impossiblede les interpréter.
C'est d'ailleurségalement le cas de 3 cartes salvadoriennes
et de 5 cartes honduriennes. En effet la frontière, telle qu'elle figuresur cette
carte, coupeen ligne droite le RioGoascoran aux environs
du village de San Juan jusqu'au Rio Nacabme en un point

situé à la hauteur de Reitoca. A partir de ce point, la
frontière suit le Rio Nacaome en aval jusqu'àson embouchure

dans la Baie de Chismuyo. C'est dire que cette carte de
Colton reconnaît au El Salvador à l'Est du Rio Goascoran

tout un secteur bien plus considérable que celui que
revendiqueaujourd'huila Partieadverse devant laChambre.

L'erreur que comportait ainsila frontière entreles
deux Républiques à proximité du Golfe de Fonseca était

manifestementgrossière.D'une part, lepoint d'intersection
de la frontière avecle Rio Goascoran à proximitédu village
de San Juan est bien au Nord de son confluent avec le Rio

Guajiniquil ou Pescado qui a toujours été reconnu, comme
l'avait souligné le procès-verbal, endate du 4 juin 1880,

des rencontres de Saco, "suivant l'opinioncommune des
habitants desdeux pays"1, comme le point à partir duquel la
frontière bifurque en direction du Sud-Sud-Ouest et

s'identifieavec le Rio Goascoran. D'autre part El Salvador
dont on connaît cependant la stratégie territoriale

e'nvahissante,n'a jamais revendiqué, dans cette partie de la
frontièreavec le Honduras,les territoiressitués entre le
Rio Goascoran, depuisson confluentavec le Rio Guajiniquil

' ou Rio Pescado jusqu'à "Los Amates", et le Rio Nacaome à
proximitéde Reitoca jusqu'à son embouchur dans la Baie de

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
Annexe 111.1.24, p. 99. 1,Chismuyo: comme on le sait, sa revendication la plus

extrême, qui correspond au mémoiredéposé devant la Chambre
en 1988, coïncide avec ce que la Partie adverse considère

comme l'ancien litdu Rio Goascoran, en aval de Los Amates
jusqu'à l'"EsteroLa Cutu".

118. Cette erreur évidente qui figure dans l'Atlas de
Colton paru en 1853 se retrouve cependantdans les éditions

qui ont immédiatement suivi sa première éditioe nt qui ont
été publiéesen 1855 et en 1856.

Mais il convient aussitôt de rappeler - ce qui infirme

singulièrement la portée de ces cartes publiées de 1853 à
1856 - que cette erreur a été corrigée par la suite et que

les éditions postérieuresde l'Atlas de Colton, celle de
1874 comme celle de 1898, ont donné une exacte

représentationde la frontière internationale dansla zone
du Goascoran. Si l'on analyse ainsi l'Atlas général publié

par la Maison G.W & C.B Colton & Co. de New York en 1874, on
constate en effet que la carte no 90, dite "Colton'sCentral

~merica"1, fait clairement apparaître, grâce au coloriage
utilisé, le Rio Goascoran dans son cours actuel,jusqu'à son

embouchure dans la Baie de la Union, comme la ligne
divisoire entre le Honduraset El Salvador. Tout en étant à

l'échelle d'environ 1/5 000 000e, cette carte est assez
précise dans cette zone, parce qu'elle indique le tracé du
projet du "Honduras InteroceanicRailway" de Puerto Caballos

au Golfe de Fonseca. Elle fait ainsi clairemena tpparaître
que le Rio Goascoran, dansl'ultimepartie de son parcours

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe

cartographique, carteA.13.avant de se jeter dans la Baie de La Union, à partir d'un
point correspondant très vraisemblabkement à "Los Amates",

abandonne sa direction antérieure Nord-Sud et bifurque
nettement versle Sud-Ouest.Ainsi, pour l'éditionde 1874

- de méme que pour l'édition suivante publiée en1898 par la
Maison Colton, Ohman & Co. à New York, à l'échelled'environ
de 1/2 500 OOOe - la zone du Goascoran relève dans son

intégralitéde la souverainetédu Honduras.

B La concordance absoluedes autres cartes d'origine

indépendante pour indiquerla zone du Goascorin
comme hondurienne

119. Le cas de la carte de Colton mis à part, il est
saisissant que 51 cartes provenant de sources neutreset
indépendantes,publiées dansla période comprise entre 1826

et 1948, sont concordanteset constituent,malgré certaines
approximations, autant d'éléments confirmantla thèse du

Honduras dans la zone du Goascoran. On se bornera
naturellement à commenter les cartes les plus significatives
- publiées avantle début des négociationsterritoriales et

frontalièresentre les deux pays, commencées en1861 - qui
ont été le résultat de travaux .originaux effectuésde
première main, sur le terrain ou qui ont joué un r61e

important dans l'historiographie cartographique de la
région.

- "Map of Guatemala"de Arrowsmith(18261

120. Cette carte a été dressée par un ingénieur

hydrographe anglais, A. James Arrowsmith, qui, en tant
qu'"Hydrographede Sa Majesté",a levé de nombreusescartes

terrestres, mais aussi nautiques pour le compte del'Amirauté. Ainsi que l'indique la légende, cette carte du
Guatemala, à l'échelle approximativede 1/2 500 OOOe, a été

"Reduced from the Surveyin the Archives of that Country'' et
publiée à Londres en 1826. Bien que cette carte comporte

l'avertissementsuivant,

"Although this map contains much information of
the inferior partof the country hitherto unknown
in Europe it has little pretension to scientific
arrangement. The original survey however having
been followed throughoutit may be said to convey
a just idea of the present states of geography in
Guatemala"

elle est historiquement importante car elle est la première
à indiquer lesdivisions des anciennes provinces coloniales

et les frontières desnouveaux Etatsqui venaient d'accéder
à l'indépendance en 1821.

Cette carte, malgré son imperfection,est d'un intérêt

particulier pour la zone du Goascoran. Elle est en effet la
première carte, publiée après 1821, faisant aboutir la

frontière entre les deux Etats voisins à l'embouchuredu Rio
Goascoran qu'elle localise dans la Baie de La Union.

- "Chart to accornpanyThompson's Official Visit to

Guatemala"de Thompson (1829)

121. Cette carte, comme la précédente, a été élaborée
par un ingénieur hydrographeanglais, G.A. Thompson, qui

avait été chargé par le Gouvernement britannique de

recueillir des informations sur la République
centraméricaine à la suite de son indépendance.Dans ce but,
il avait effectué, à titre officiel, plusieurs voyagesdans

cette partie du monde en 1825 et en 1829, publiant ainsi, àson retour à Londres en 1829, un ouvrage intitulé "Narracion
de una visita oficial a Guatemala, viniendo de Mexico".

C'est donc à cette occasion que Thompson a dressé une

carte qui fait partie de son rapport et qui montre "the
Divisions of the Five States and the proposed junction of

the two ~eas"1. Cette carte ainsi publiée enjanvier 1829 à
Londres, à l'échelle approximative de1/4 000 OOOe, se fonde

sur la carte précitée dlArrowsrnithde 1826, mais elle y
incorpore en outre le tracé des frontières desEtats, sur la

base des informations fournies à Thompson par Don José
Cecilio del Valle. D'après cette carte, le Honduras ne

compte qu'un front étroit de mer sur le Golfe de Fonseca
entre la Baie de Chismuyo et le Rio Goascoran. Quelles que

soient les approximations dans letracé de ce cours d'eau,
le point important à souligner dans la carte de Thompsonest

que le Rio Goascoran constitue la frontièreentre les deux
Républiques, jusqu'à son embouchure, dans la partie la plus

occidentale dela Baie de La Union.

- "Mapa del Estado Federado Del Salvador"de Galindo

(1838).

122. Cette carte a été dressée par un explorateur
d'origine européenne, le Colonel Juan Galindo qui envoya

toute une série de mémoires relatifs aux différentp says de
l'Amérique à la Société de Géographie de Parispendant les

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carteA.5.années 1831-1838. La carte qui fait partiede ces rapports
et a été publiée à Paris, le 6 février 1838, présente des

garanties de neutralité particulières parce qu'elle a été
élaborée à l'époque de la Confédération des Etatsd'Amérique

Centrale, c'est-à-dirependant une période ne connaissant
pas de différends frontaliers entre ses membres.

La carte de ~alindol montre clairementque la frontière

d'El Salvador avec le Honduras coïncide avec le Rio
Goascoran jusqu'à son embouchure dans la Baie de La Union.

Dans la descript'ionque Galindo donne de la frontière, on
peut d'ailleurs lire: "Del lado de Honduras, el limite es el

Rio Guajiniquil que desembocaen el Rio Goascoran, que es el
limite hasta la bahia de Conchagua".

Le tracé du Rio Goascoran apparaît beaucoup plus

nettement que sur la carte de Thompson,bien qu'il présente
également des approximations.Il suit en effet une direction

générale Nord-Sud et se jette dans la mer à l'extrëmité la
plus occidentale de la Baie de La Union que Galindo dénomme
le Golfe de Conchagua. C'est dire que, sur cette carte comme

sur 'la précédente, l'embouchure du Rio Goascoran est
sensiblement plus à l'ouest que son actuelle embouchure et

semble plutôt correspondre à l'"Ester0 La Manzanilla". Mais
en tout état de cause - et c'est le point important à

souligner - il est hors de doute que, pour la carte de
Galindo comme pour la carte de Thompson, la zone du

Goascoran, aujourd'hui revendiquée par El Salvador, relève
dans sa totalité de la souverainetéhondurienne.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carteA.6. - "Map of Central America" de Bailv (18501

123. John Baily était un 'historienet géographe anglais

qui eut des relations étroites avec l'historien
guatemaltèque Domingo Juarros après l'accession à

l'indépendance des pays d'AmériqueCentrale et qui réalisa
par la suite une série d'études sur les pays de cette
région. Il fut chargé en 1838 par le Président de la

Fédération Centramécicaine d'effectuer une reconnaissance
sur le ,terrain dans l'isthme du Nicaragua dans la

perspectivedu percement d'un canal interocéanique.

Baily dressa ainsi une carte de la région, intitulée
"Map of Central America, including the Statesof Guatemala,

El Salvador, Honduras, Nicaragua and Costa Rica, the
territories of Belice and Mosquito, with partsof Mexico,

Yucatan and New Grenada... with additions £rom the latest
surveys of the Admiralty's Moro Col. Lloyd, Garella and

Published by Trelawney Saunders, F.R.G.SW. La carte parut
ainsi à Londres en 1850 et elle indique la zone du Goascoran

comme appartenant au Honduras. A l'instar des cartes
précédentes de Thompson etde Galindo, le Rio Goascoran suit
une direction généraleNord-Sud et se jette dans la partie

la plus occidentale dela Baie de La Union.

- Les cartes de Squier (1849-18541

124. Le diplomate américain Ephraim George Squier
(1821-1888) est probablement l'un des auteurs les plus

fiables de son époque sur les problèmes de l'Amérique
Centrale en raison de sa connaissance approfondiede la

région, comme observateur politique, mais aussicomme
géographe, historien et archéologue. Envoyé en 184commechargé d'affaires des Etats-Unis, il s'opposa énergiquement
aux tentatives anglaises d'agrandir le territoire des

Mosquitos et, son intérêt se porta également sur les
avantages qui résulteraient du percement d'un canal de

jonction entre l'Atlantique et le Pacifique ou de la
construction d'un cheminde fer interocéanique.Il publiera

ainsi toute une série d'études sur ces différentes
questions, notamment dans 1;AmericanWhig Review, ainsi que,

entre autres, un grand ouvrage sur le Nicaragua paru à New
York et à Londres en 1852. C'est dans ce contexte qu'ila

élaboré plusieurs cartesde la région qui ont été publiées à
Washington, Pariset Londres. Parmielles, on citera:

- la "Map of Central America, showing the pretended
Boundaries of the Mosquito Kingdom, the route of

the proposed Canal", publiée à l'échelle
approximative de 1/50 000 OOOe, à Washington en

18491.

- la "Carte de 1'Etat de San Salvador et d'une
partie de celui de Honduras (Amérique Centrale)

indiquant le tracé du chemin de fer projeté
interocéanique de Honduras", publiée à Paris en

1853, à l'échelle approximativede 1/1 350 OOOe,
dans le Bulletin de la Société de ~éographiez.Une

version anglaise de cette même carte paraîtra la
mëme année à Londres.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique,carte A.7.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, u., carte A.8. - la "Map of Honduras agd San Salvador, Central

America, showing the line of the proposedHonduras
Interoceanic Railway", dessinée par D.C. Hitchcock

et publiée en 1854 à New York, à l'échelle
approximativede 1/1 200 OOOe, par "Sarony and Co.
~ith"1. Cette carte sera également publiée à Paris

en 18~8~.

Cet ensemble de cartes de Squier appelle les trois
observationssuivantes.

125. En premier lieu, si la carte de 1849 n'est que

trés approximative, celles de 1853 et de 1854 sont
infiniment plus précises et ont comporté d'importantes

corrections. Ce qui peut s'expliquer sans doute par les
différences considérables d'échelle(1/50 000 OOOe pour la

première; 1/1 350 OOOe et 1/1 200 OOOe pour lesdeux autres)
mais surtout parceque les cartes de 1853et de 1854 ont été

publiées après les levés effectués sur le terrain en 1853,
par Squier et son équipe.

On se bornera a donnerun exemple de ces rectifications
pour la zone du Goascoran: dans la carte de 1849, le tracé

du littoral de la Baie de La Union ainsique la localisation
de la ville de La Union sont manifestement erronés; de même

1 Mémoire du Honduras, m., carte A.9.

2 Il convient enfin de citer la carte publiée par
Squier et Jeffers en 1854 à New York, à l'échelle de
1/1 000 OOOe, "The State ofSan Salvador and the proposed
Honduras Rail Road, £rom the surveys made in 1853 by
E. G. Squier & W.N. Jeffers". Cette carte qui fait
clairement apparaître la frontière entre le Honduras et El
Salvador, notamment dans la zone du Goascoran, ne fait que
reprendra les données qu'on trouve dans les cartes publiées
antérieurementpar Squier.c'est à tort qu'elle désigne sous lenom de Rio Lempa - qui
est situé, comme on le sait, dans la partie occidentale du

Honduras et d'El Salvador - le cours d'eau frontalier qui
n'est autre que le Rio Goascoran. Or ces différenteserreurs

ont été soigneusement corrigées dans les cartep sostérieures
de 1853 et de 1854, qui sont par conséquent les seules

fiables.

126. En second lieu, ces cartes de 1853 et de 1854
indiquent clairementla zone contestée du Goascoran comme

hondurienne. C'est le Rio Goascoran qui constitue le cours
d'eau frontalier entre les deux pays depuis son confluent

avec le Rio Pescado jusqu'à son embouchure dansla Baie de
La Union, en particulier dans sa partie finale, en aval de

"Los mates", qui correspond à son cours actuel.

Or il faut rappelerque Squier avait une connaissance
directe de cette zone puisqu'il y avait fait une

reconnaissance en 1853 dans la perspective de la
construction du "Honduras Interoceanic Railway" qui devait

relier Puerto Caballos sur l'Océan Atlantique à Zacate
Grande dans le Golfe de Fonseca. Une bretelle était mëme

prévue, comme lemontrent les cartes de 1853et de 1854, sur
la côte Nord de la Baie Chismuyo dont le point terminal

correspondait approximativement à l'embouchure de l'"Estero
Jiote Grande". On peut d'ailleurslire sur la carte de 1854
la note suivante aux termesde laquelle:

"The observationsembodied in the Map were made by
the members of the party of reconnaissance ofthe
'HondurasInteroceanicRailway' consisting ofE.G.
Squier, Lieut. W.N. Jeffers, U.S.N, S.W. Woodhouse
M.D., D.C. Hitchcock, and their Associates. The
topography is not expressed when unknown. Places
eisited and the positions of which have been
determined, are designated by a light line drawn beneath them, thus Sensenti. The positions of al1
others are laid down approximately from the best
information which could be obtained. The Atlantic
Coast is from the surveys of Coms. Own and
Barnett, the Gulf of Fonseca from Survey by Sir
Edwd. Belcherl."

~t précisément les localités situées de part et d'autre du
Rio Goascoran, côté hondurien et côté salvadorien,le long

du projet de voie ferrée sont soulignées par une "light
line"; on citera notamment du côté hondurien Port of San

Lorenzo, Port of La Brea, Nacaome, Goascoran, Aramecina,
Caridad et du côté salvadorien LaUnion, Conchagua, Jacoro,

Sauce, Tabanco, sacoz. C'est dire le sérieux de la
reconnaissanceainsi effectuéepar Squier et son équipe et

la connaissance approfondie qu'il avait de la zone du
Goascoran - répétons le une fois encore des deux côtés du
Rio Goascoran - zone que devait traverserle chemin de fer

interocéanique.On ne peut doncmettre en doute le tracé de
la frontière que Squier a indiqué sur ses cartes, sa

neutralité étant évidente, aucun motif inavouablene le
poussant à situer la ligne séparative des souverainetés des

deux Etats voisinsailleurs que là ou elle était reconnue
par tous.

1 ~émoire' du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carte A.9.

2 La carte publiée à Paris en 1853ne comporte pas
le note qui figure sur la carte publiée a New York en 1854,
mais certaines localités y sont également soulignées,
désignant ainsi sans aucun doute les lieux qui ont été
visités par Squier et son équipe. Le plus souvent, ce sont
certaines différences:deuainsirtLangueest souligné suraussla
carte de 1853'mais pas sur celle de 1854;. à l'inverse,
Goascoran est soulignésur la carte de 1854, et pas sur
celle de:1853. 127. En troisième lieu, enfin, les cartes deSquier ont
eu une influence certaine sur la cartographie postérieure,

en particulierpour les cartographesspécialement intéressés
par les liaisons interocéaniques. On citera, entre autres,

la "Map of Central America, showing the differentlines of
Atlantic and Pacific ~ommunication"~ dressée à l'échelle

approximative de 1/2 800 OOOe, par James Wyld, "Geographer
to the Queen and i3.R.H Prince Albert" et publiée à Londres
en 1856, ou encore "A new Map of Central America drawn with

the help of al1 recent surveys and other itinerarymaterials
hitherto published"2, élaborée à l'échelle approximativede

1/2 642 OOOe, par le géographe allemand H. Kiepert et éditée
à Berlin en 1858 chez D. ~eimer~.

Il suffit de jeter un coup d'Œil sur ces différentes

cartes publiée par des auteurs indépendants avant que ne
commencent les négociations territorialeset frontalières

entre les deux Républiques - la première d'entre elles
étant, rappelons-le,la rencontre de la Montana del Mono en

1861 - au cours desquelles s'est forméle noyau originel de
l'actuel différend, pour faire une double constatation.

D'une part, le Rio Goascorancorrectement localisé,

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique, carteA.lO.

2 Mémoire du Honduras,E., carte A.11.

3 Cette carte est connue sous le nom de la "H.
Kiepert'sNeue Karte vonMittel America".notamment à son embouchure, constituela frontièreentre le
Honduras et El Salvador. D'autre part, la totalité de la

zone du Goascoran, telle qu'elle est aujourd'huirevendiquée
par El Salvador, est indiquée comme étant placée sous la
souverainetédu ~ondurasl.

Y La confirmation de l'appartenancede la zone du

Goascoran au Honduras par des documents divers
d'origine indépendante

128.Pour achever ce tableau, très incomplet, du
matériau cartographique provenantd'Etats tiers, le
Gouvernement du Honduras voudrait citerencore quelques

atlas largement répandusdans le grand public, de source
indépendante et de grande réputation. Tous confirment en
effet, unanimement, la thèse du Honduras dans la zone du

Goascoran. En plus de l'Atlas de Colton précédemment
commenté2,on fera état des atlassuivants:

On pourrait naturellement multiplie lres exemples
de cartes d'origineindépendantepubliées plus récemmentet
indiquant comme hondurienne la zone du Goascoran.Pour ne
pas alourdir la démonstration,on se bornera à citer la
éditée ene1933,eàlal'échellede 1/500 OOOe, par 1"'Instituto
Panamericano de Geografia e Historia" (Presidente:
Prof. Salvador Massip; Director: Ing. Pedro C. Sanchez;
Sub-Director: Ing. 0ftavio Bustamente). 'Cette carte,
dessinée "bajo la direccion inmediata del Sr. Ing. Luciano
L6pez Sorcini", indique très clairement- avec le signe
"lin. inter''et non pas avec le signe "contencioso " la
frontière du Rio Goascoran comme frontière internationale
entre le Honduraset El Salvador et la zone du Goascoran
aujourd'hui revendiquépear El Salvadorcomme hondurienne.

2 çupra., par. 117-118. - "Rand, MC' Nallv & Co's Indexed Atlas of the

World" publié à Chicago en 1892 ('Map of Central

America", p. 192). Le tracé frontalierfavorable
au Honduras dans la zone du Goascoran est confirmé
par les éditions suivantes de ce même Atlas

publiées en 1899 (p. 204), en 1902 (p. 17), en
1924 (p. 125), ainsi que par ses éditions plus

récentes publiées en 1969, 1974 ou 1981 ("Central
America", p. 236-237).

- "The Times Atlas of the World, publié à Londres,

dont les éditions successives ont toujours
représenté la zone du Goascoran comme étant
hondurienne. A titre d'exemple, on citera

seulement l'édition de 1957 (vol. VI plate 113,
"Mexico and Central America" ) ainsi que, depuis

1967, dans la "Comprehensive Edition" du même
Atlas, la "fourth edition" publiée en 1972 (plate

115, "Mexico and Central AmericaU)l ou la "sixth
edition" publiéeen 1980 (plate 115, e.).

- "National qeoqraphic Atlasof the World" publié à

Washington par la National Geographic Society,
dont les éditions successives ont confirmé la

On peut lire dans la préface de cette édition:
"The duty of a cartographer, when delineating an
international frontier, is to inform the traveller,
businessman or politician of the authority governing the
territory in question at the time themap was drawn... In
other words,The Times Atlas aims atreflectingthe de facto
political situation. An Atlas can show where a frontier is
disputed; it strays beyond its proper sphere if it tries to
adjudicate between the rightsand wrongs of the dispute
rather than set down the facts as they are." frontière du Rio Goascoran. A titre illustratif,

on citera.seulement les éditions publiéesen 1970
(revised third ed., p. 66-67) ou en 1981 (Second

Printing, 1983,p. 114-115).

On pourrait multiplierles exemples à 1"infini. On se
bornera à mentionner l'"Atlas Universel de Géographie" de

Vivien de Saint-Martin et Schrader, publié en 1923 à Paris
par la Librairie Hachette (carte 68 "Amérique Centrale"),

l'"Atlas international",publié en 1975 à Genève par Edito
Services (planche"Central America", p. 226-227) ou 1"'Atlas

Univerçalis", publié en 1984 à Paris par 1'Encyclopaedia
Universalis ("Amérique Centrale",p. 236). Dans tous ces

ouvrages de référence, qu'ils aient été publiés avant ou
après la naissance du différend en 1972, la zone du

Goascoran relève de la souverainetéhondurienne.

129. Pour compléter cettevue d'ensemble du matériau
cartographique, dont la valeur probante .ne peut être

négligée pour trancherle présent différend dans la zone du
Goascoran, le Gouvernement du Honduras voudrait montrer que

cette concordance des cartes d'origine indépendante,
hautement significative en soi, se trouve encore renforcée

par certains documentsrelatifs à la navigation en mer qui

renvoient à des cartes nautiques.

Les Instructionsnautiques anglaisessont, à cet égard,

d'un intérêt particulier.On peut lire en effet dans la 8e

édition du "Pacific Coasts of .Central America and United
States Pilot. Pacific Coasts of Panama (West of Punta

Marioto), Costa Rica including Isla del Coco, Nicaragua,
Honduras, El Salvador, Guatemala,Mexico and United States

of America; off-lying islands between latitudes 4O N and4E0 25' N." publié en 1975 "by the Hydrographer of the
Navy": "International Boundary. The boundary between

Honduras and El Salvador is in the vicinity of Rio Goascoran
which discharqes into the qulf 6 t miles NW of Isla Garova
j13O 20' N. 87O 43' w)~" (soulignépar nous).

Une vérificationde cette affirmation des Instructions

nautiques anglaises est aisée à trouver. Si l'on se reporte
en effet à l'une des cartes nautiques anglaises auxquelles

renvoient les Instructions~auti~ues~,l'on constate que la
distance comprise entre lepoint Nord-Ouest de l'île Garova

et l'embouchure du Rio Goascoran est bien de 6,5 miles
marins.

C'est dire qu'en 1975 les rédacteurs de ce document
remarquablement informé qui sont les Instructions nautiques

anglaises ont considéré que la frontière internationale
entre le Honduraset El Salvador correspond très exactement

au Rio Goascoran jusqu'à son embouchure dans la Baie de La
UniBn. En'd'autres termes, ils se sont référés à la limite

qui a toujours été reconnue comme telle par les deux Etats
voisins et par la cartographie quasi-unanime et n'ont tenu

aucun compte de la revendicationque venait de faire, pour
la première fois, en 1972, à Antigua, El Salvador, de cette

zone jusqu'à l'"EsteroEl Coyol".

1 Pacific Coasts of Central America and United
States Pilot,.chap.4, p. 92, 4.45.

2 .,bid Charts 1960, plan of Golfo de Fonseca;
1049. a L'évaluation des cartes à la lumière du facteur

temwrel

130. Le tableau d'ensemble des cartes de la zone du
Goascoran qui vient d'ëtre présenté doit être complété par
la prise en considération plus systématique de leur

situation dans le temps. La force probante d'une carte est
naturellement fonctionde deux données temporelles,d'une

part la date de sa publicationet d'autre part la date de la
naissance du différend, le rapport entre ces deux dates

permettant de procéder à une ventilation dans le matériau
cartographique. La règle générale sur ce point est

naturellement que la valeur susceptible d'ëtre attribuée à
des cartes publiées après la naissance du différend sera

beaucoup plus douteuse que celle des cartes publiées avant,
car on se trouve en présence de ce que l'on pourrait appeler

des "self-savingmaps''l,m 'ais cette règle doit tenir compte
des circonstancespropres à chaque espèce: c'est ainsi que

les cartes publiées par l'une des Parties à un différend
postérieurement à la naissance du differend peuvent être

prises en compte lorsqu'elles ne font que confirmer une
cartographie antérieure, rigoureusement cohérente2; à
l'inverse, les cartespubliées dans les annéesqui précèdent

immédiatement la naissance du différend peuvent être
suspectes,lorsqu'ellesconstituent une rupture dans une

Pour une analyse de la jurisprudence,cf. çupra.,
par. 103.

2 m., par. 96.pratique cartographique de longue durée et traduisent ainsi

un changement de politique territoriale ou frontalièd raens
un secteur donné.Quant aux cartes émanantd'Etats tiers,

publiées postérieurement à la naissancedu différend, elles
pourront indirectement contribuer à élucider une situation
territoriale antérieure.

131. En l'espèce, dans la zone du Goascoran, la date

charnière par rapport A laquelle les cartesdoivent être
examinées est 1972. On peut en effet fixer exactementla
date de la naissancedu différenddans cette zoneau 11 juin

1972. C'est en effet à ce moment précis qu'El Salvador,
rompant avec une attitude qu'il avait continûmentobservée

depuis 1821, sans la moindre exception, a revendiqué,pour
la première fois,la zone situéeen aval de "Los Amates", à

l'Estdu Rio Goascoranjusquà l'"EsteroEl ~o~ol"l.

La cartographie hondurienne de la zone, postérieure à

1972, n'appelle aucun commentaireparticulier.En effet les
cartes honduriennes n'ont jamais varié dans leur

représentationde la zone du Goascoran, qu'elles aientété
publiées après ou avant 1972. En effet, elles n'avaient pas
à varier, puisque la souveraineté du Honduras s'y est

toujours exercée et continue à s'y exercer d'une manière
effective,à la fois publique,paisibleet continue.

1 Mémoire du Honduras, vol. If chap. XI, p. 372,
par. 17; contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XI,
p. 505-506, par. 23; mémoire du Honduras, Annexes,vol. II,
Annexe IV.1.22.A, p. 577. En revanche,il convient de faire quelquesobservations

sur les cartes salvadoriennes et les cartes des Etats tiers
en fonctionde la date de leur publicationpar rapport à la

date de la naissance du différend, dans la zone du
Goascoran.

i) Cartographie salvadorienneet date de la naissance
du différenddans la zone du Goascoran

132. L'élémenttemporel doit entrer en ligne de compte
pour apprécier la cartographie salvadorienne de la zone du

Goascoran, car il met pleinementen lumière le défaut de
cohérence de la position d'El Salvador,ses variations,ses
hésitations et ses repentirs1. Eneffet, on ne décèle pas

moins de cinq phases principales dans l'histoire de la
cartographie salvadorienndee ce secteur:

- Premièrephase: 1821-1905

De la date de l'accession à l'indépendance duHonduras
et d'El Salvador jusqu'à la date de la première carte
Barberena, c'est-à-dire pendant 84 ans, toutes les cartes

salvadoriennes indiquent, sans exception,la zone du
Goascoran, dans son intégralité, commé etant hondurienne.

Elles retiennent le cours actueldu Rio Goascoranen tant
que frontièreentre lesdeux Républiques.La carte de

1 çupra., p. 706, par. 10.Sonnenstern publiée en 185g1 constitue le document le plus
significatif et le plus fiable, tant en raison de ses

qualités techniques que de la date et des conditions dans
lesquelles il a été élaboré et utilisé pendantla Conférence
4
de Saco en 1880, de toute cette période.

- Seconde phase: 1905-1913
l

Il s'agit d'une brève période de 8 années marquée par

la publication des deux cartes ~arberena~. Ces cartes
salvadoriennes attribuentau .Hondurasla quasi-totalité de

la zone aujourd'hui contestée du Goascoran, à l'exception
d'une étroite parcelle de,territoire comprise entre le cours

actuel du Rio Goascoran jusqu'à son embouchure à proximité
des iles Ramaditas et l'"Estero del Pez Espada". Pendant

cette seconde phase de la cartographie salvadorienne, la
frontière entre les deux Républiques est considérée comme
suivant le Rio Goascoran en aval de "LosArnates"jusqu'à son

confluent avec l'"Estero del Pez Espada" et à partir de ce
point, à la hauteur de l'ile "Peje Espada" - qui,

remarquons-le, n'apparait sur aucun autre document
cartographique - ce même "Estero del Pez Espada", jusqu'à

son embouchure dansla Baie de La Uniân.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. VI, Annexe
cartographique,carte A.12; çupra., par. 105-107.

2 Mémoire du Honduras, M., cartes A.17 et A.18;
çupra., par. 110-112. - Troisième phase: 1913-1965

De la date de la publication de la seconde carte
Barberena à la date de la publication de la première carte

salvadorienne incluant dans le territoire d'El Salvador la
zone du Goascoran jusqu'à l'"Ester0 El Coyol", toute la

cartographie d'El Salvador indique à nouveau, sans
exception, la zone du Goascoran, dans sa totalité, comme
étant hondurienne. Sur les cartes de cette période, d'une

durée supérieure à 50 ans, la frontière entre les deux
Républiques, en aval de "Los Amates", coïncide

rigoureusementavec le cours actuel du Rio Goascoran jusqu'à
son embouchure dans la Baie de La Union, à la hauteur des

iles Ramaditas. La "Mapa General d'El Salvador" publiéeen
19551 constitue, parmi d'autres, une bonne illustration de

la cartographie salvadorienne de cettetroisième période,
rejoignant et confirmant ainsi - naturellement en plus
précis - la cartographie de la première phase qu'illustrait

la carte de Sonnenstern.

- Quatrième phase: 1965-1988

Cette nouvelle période dans la cartographie
salvadorienne correspond aux années qui ont immédiatement

précédé et qui ont suivi la date de la naissance du
différend, lors des conversations d'Antigua en 1972,
jusqu'audépôt du mémoire salvadoriendevant la Chambre.

Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Appendice II
à l'Annexe XI.I., carte 1.1; çupra., par. 114. Cf. également
"Mapa fisico de El Salvador", M., carte 1.2.Pendant ces 15 années, les cartes salvadoriennes indiquent

la zone contestée du Goascoran comme étant salvadorienne,
étant entendu que la frontière entre les deux Républiques,

en aval de "Los Amates", suit ce que la Partie adverse
considérait alors comme l'ancien cours du Rio Goascoran,

c'est-à-dire la "Rompicion de Los Amates" et l'"Estero El
coy0l"l.

- Cinquième phase enfin: depuis 1988

Le dernier épisode de l'histoire de la cartographie

salvadorienne dans la zone du Goascoran correspond au
présent contentieux devant la Chambre. En effet les cartes

illustrant le mémoire salvadorien déposéau Greffe de la
Cour le ler juin 1988~ revendiquent, comme on le sait, un

nouveau tracé de la frontière dans cette zone,correspondant
en aval de "Los Amates" à l'ancien cours du Rio Goascoran

qui, par rapport à la phase antérieure de la cartographie
salvadorienne,se serait modifiéau-delà de la "Rompicionde

Los Amates". Il ne correspondrait plus a l'"Estero El
Coyol", au Nord-Nord-Ouestde l'île Conejo, mais à l'"Estero

La Cutu", au Nord-Est de la meme île.

Cette grille de la cartographie salvadorienne de la
zone du Goascoran permet trois constatations principales.

1 Mémoire du Honduras,vol. 1, carte B.7.1.

2 Mémoire d'El,Salvador,"Book of Maps", carte 6.VI. 133. En premier lieu, jusqu'en 1965, la cartographie
salvadorienne a sans discontinuité, depuis 1821, admil sa

souverainetédu Honduras sur la totalitéou quasi-totalité
de la zone du Goascoran. L'exception toute relatieet
infime des cartes Barberena -qui porte seulement,

rappelons-le,sur l'étroitebande de terre comprise entrele
Rio Goascoran et l'"Estero Pez Espada" - ne doit pas être
prise en compte, car,ainsi qu'il a été démontré,ces deux

cartes publiéesen 1905 et en 1913 sont suspectes.De toutes
manières, la cartographie officielle postérieure d'El
Salvador a reconnu comme frontière avec le Honduras le Rio

Goascoran dansson cours actuel jusqu'à son embouchuredans
la Baie de La Union, àproximitédes iles Ramaditas.

134. En second lieu, à partir de 1965, la cartographie
salvadorienne a brusquement changé de cap puisqu'elle a
montré la zone du Goascorin comme relevant de la

souverainetéd'El Salvador. Depuis lors, ellen'a pas pour
autant fait montre de plus de cohérence puisque, projetant

les revendications territorialessalvadoriennes toujours
plus à l'Est, elle a indiquécomme frontière entreles deux
Républiques d'abord l'"Estero El Coyol", puis l'"Estero La

Cutu".

Parfois même, undocument postérieur à 1965 révèleles

contradictionsde la Partie adverse commele fait apparaître
le "Diccionario Geografico d'El Salvador" publié par
ll"Instituto Geografico Nacional Ingeniero Pablo Arnoldo

Guzman" qui dépend du Ministère des Travaux Publics. Dans
son tome IV publié en 1976, consacré à l'Est d'El Salvador
et notamment aux départementsfrontaliersde La Union et de

Morazan, les cartes indiquent sans doute les nouvelles
revendications salvadoriennes dans la zone du Goascoran(page 262notamment).Il est néanmoins frappant que, dans le

tome II du même ouvrage publié en 1973 et consacré au
Centre-Ouest d'El Salvador, la carte générale de la
"Reptiblicade El Salvador''qui figure au début (page9)

indique clairement comme frontière le coursdu Rio
Goascorin, conformément à la tradition cartographique

salvadorienne antérieureà 1965 et il en est de même dans le
tome III publié en1974 (page 2).

Dans le même sens, on remarquera que la carte 3.K,
publiée à la page 128 du contre-mémoire salvadoriendu

10 février 1989, reconnaît, au moyen des mêmes symboles,
sans contestation possible, comme frontière entre l deux
Républiques,le Rio Goascoran,non seulement en amont, mais

également enaval de "Los Amates" jusqu'à son embouchureau
Nord-Ouest des îles Ramaditas. Elle souligne tout aussi

précisément qu'ils'agit bien de 1'"~ctbal cauce" du Rio
Goascoran.

11 convient d'ajouterque les cartes salvadoriennes
publiées entre 1965 et 1972, c'est-à-dire avantla date de

la naissance du différend sont de faible valeur probante.
Elles ont été en effet élaborées par un organisme officiel
salvadorien à un moment éminemmentsuspect, dansla mesure

où elles interrompent une pratique remontant à 1821 et où
elles annoncent et précèdent immédiatement un changementde
la politique salvadorienne dans le secteur qui se

manifesteraen 1972, lors des conversationd s'Antigua.

135. Ainsi, alors que la cartographiehondurienne n'a
pas varié au cours du temps, l'élément temporelest
particulièrement importantpour apprécier les cartes

salvadoriennesqui sont inconsistantesentre elles. C'estdire - et c'est la troisième constatation qu'impose la

grille générale de la cartographie salvadorienne- que
l'examen de ce materiau cartographique à la lumière du
facteur temporelconfirme la démonstrationqu'avaitapportée

le Honduras dans son mémoireet son contre-mémoirede la
reconnaissance par la Partie adverse de la souveraineté
hondurienne sur la totalité de la zone du Goascoran.

L'histoiredes cartes salvadoriennes de la zone du '~oascoran
constitue la meilleure preuvedes intentionsdu Gouvernement
d'El Salvador pendant près d'un siècle et demi et de son

brusque changementd'attitudes qui surviendraau cours des
conversationsd'Antiguaen 1972.

ii) Cartographie des Etats tiers et date de la
naissancedu différenddans la zone du Goascorin

136. Ainsi qu'il a été démontrédans'les développements
précédents1, la cartographiede source indépendante émanant

dlEtats tiers a été unanime pour confirmer la thèse
hondurienne etpour indiquerle Rio Goascorindans son cours
actuel comme frontière entre les deux Républiques. La

constatation est d'évidence jusqu'en 1972, date de la
naissance du différenddans la zone du Goascoran.Mais elle
se vérifie également, commeon a pu le voir, pour des

cartes, des atlasou des documents commeles Instructions
nautiques britanniques,publiées postérieurement A 1972. Ce
qui témoigne, une fois de plus, de la "concordance"quasi-

absolue de la cartographie, à la fois quantitative et
qualitative, dansun mëme sens favorable auHonduras.

W., p. 836-854, par. 115-129. 137. On voudrait seulementmontrer, à propos de la

cartographie indépendante, que lorsqu'un document
cartographique publié postérieurement à la date de la
naissancedu différend fait état d'un litigedans la zone du

Goascoran entre le Honduras et El Salvador,ce document est
en lui-même significatif, en quelque sorte a contrario,

lorsque, faisant partied'une série ou d'une collection
régulièrement mise à jour, les éditions antérieures ne
mentionnaient pas l'existence d'undifférenddans la zone.

Les cartes marines américaines sont à cet égard d'un

grand intérêt car elles émanent d'un organisme, 1'"U.S.
Naval Oceanographic 0ffice"l de Washington, placé sous
l'autorité du "Secretary of the Navy", dont la compétence

technique, la connaissance particulière de la zone et la
neutralité ne peuvent être mises en doute. On rappellera

seulement, à cet égard, que des photographiesaériennes ont
été prises, au cours de l'été 1986,du "Southern Honduras El
Salvador Border" et que l'organisme américain enquestion

est d'une rig'oureuse neutralité dans le présent différend.
On peut lui appliquer mot pour mot l'observationque la
Chambre de la Cour avait faite, dans son arrêt du

22 décembre 1986 en l'affaire du différend frontalier
Burkina Faso/République du Mali, à propos de 1'I.G.N

français qu'elle avait qualifié d'"organisme neutre par
rapportaux Partiesau présentdifférendw2.

Il s'agit maintenantde la 'DefenseMapping Agency
Hydrographic/TopographicCenter".
2 C.I.J. Recueil 1986, p. 586, par. 62. 138. Or l'examen des éditions successive$de la carte
nautique américaineno 21521, relative au Golfe de Fonseca

est d'un grand intérét.

L'édition actuelle - il s'agit de la 12e - de cette

carte, intitulée "Central America El Salvador-Honduras-
Nicaragua Golfode Fonseca - From various sources to 1983",
et datée "April 20, 1985"l indique en effet que la zone du

Goascoran est "in dispute":et que le Rio Goascoran du côté
salvadorien et, du côté hondurien, la "Rompici6n de Los
Amates" et l'"Estero El Coyol" constituent des limites

"indefinite".Même si la légende prend soin de préciser que
"The representation of internationalboundaries is not
necessarily authoritati6eV2.Cette carte de 1985 est d'un

grand intérêt car elle rend objectivement compte d'un
différend dans la zone du Goascoran en indiquant la
revendication salvadorienne, telle qu'elle avait été

formulée en 1972 à Antigua, c'est-à-dire jusqu'à l'"Estero
El Coyol".

Cette 12e édition de la carte no 21521 présente
également un grand intérét si on la compare avec les
éditions antérieures. Si l'on consulte ainsi à titre

d'exemple - mais il en est de mëmepour toutesles éditions

1 On en trouve un extrait dans le contre-mémoiredu
Honduras,vol. II, carte 7.2.

Elle représente également l'amorc de la frontière
terrestreentre le Honduraset le Nicaragua.qui ont précédé celle de 1985 - la 10e édition révisée du

21 décembre 1970, intitulée "Central America - West Coast
Gulf of Fonseca from U.S. Navy surveys to 1930 with
additions £rom British survey in 1838", on constate

qu'aucune frontière terrestre n'est indiquée.Il en était
sans doute ainsi parce que, a l'époque, le Service
Océanographique américainn'indiquait pas la frontière

terrestresur les cartesmarines.

Mais la comparaisonde ces deux cartes, celle parue en
1985 et celle parueen 1970, est éclairante.En mentionnant
dans l'édition de 1985 un différend frontalier entre le

Honduras et El Salvador dont il n'était pas fait état dans
les éditions antérieures, les auteurs d la carte voulaient
dire a contrario que, jusqu'h la publication de la 12e

édition de la carte, il n'y avait aucune difficulté touchant
la déterminationde la frontière terrestre dans la zone du
Goascoran.

2. L'examende l'attitudedes Parties a l'éqarddes cartes

139. Analysées du point de vue de leur contenu, les
cartes dans leprésent différend permettent de conclure à

une concordance impressionnante de la représentationde la
zone du Goascoran émanant des Parties maia sussi des Etats
tiers. Les cartes peuvent égalementêtre examinées à un

second pointde vue, dans la mesure où, en plus de la preuve
de la situation réelle, elles mettent enévidence l'attitude

des Parties et éclairentleur interprétation de cette
situation réelle. Et cette attitude a nécessairementune
signification. Non certes que le Gouvernementdu Hondurasprétendeque

la simple émission d'une carteconstitue un acte de
souveraineté1.Mais il veut dire que la publication d'une

carte, officielle ou semi-officielle,fait partie de la
conduite d'un Etat. Dès lors, lorsqu'un Etat a représenté
son territoire avec une limite clairement définie, il lui

sera difficile de contredire sa propre conduite en
revendiquant une parcelle de territoire au-delà de cette

limite; en d'autres termes,son attitude active constitue
une forte présomption de reconnaissancedu contenu de la
carte. A l'inverse, lorsqu'un Etat ayant connaissanced'une

carte ne proteste pas et n'entameaucune action contre cette
carte, son attitude passive sera considéréecomme une preuve
de son accord avec le contenu de la carte. Pour la

jurisprudence internationale en effet, la concordance d'une
revendication avec la cartographie officielle ou semi-

officielle d'unEtat renforcela revendication tandis que le
défaut de concordance d'une revendication avec la
cartographie officielle ou semi-officielle affaiblit

d'autant larevendication.

La cohérence de ia position du Honduras en matière
cartographiquedans la zone du Goascorana été suffisamment
démontréedans les précédents développementpsour qu'il soit

1 Cf. en ce sens la plaidoirie prononcée le 5 mai
1959 par Me. Bisdom dans l'affaire relative à la
souveraineté sur certaines parcelles frontalières,
C.I.J.,Mémoires, plaidoiries et documents, 1959,
p. 582.utile d'y revenir1. En revanche on voudrait brièvement

montrer que la Partie adverse, à la fois par.son attitude
active et par son attitude passive en la matière,,a affaibli
sa position dans cette zone.

a Par son attitude active,El Salvador a reconnu la

souverainetédu Honduras sur la zone du Goascoran

140. Comme il a déjà été établi2, la Partie adverse a
admis, par sa propre cartographie, l'appartenance au

Honduras de la zone du Goascoranjusqu'en 1965. 11 suffit à
cet égard de rappeler à nouveau la signification

particulière de la carte Sonnenstern publiéeen 18593 et de
la carte de l'"Atlas Censal d'El Salvador"publiée en 19554.

Ces deux cartes sont en effet d'une grande pertinence.
D'une part ce sont des cartes officielles: la carte

Sonnensterna été levée sur l'ordre du Président salvadorien
"Sr. Don Rafael Campo"; quant à la "Mapa General de El

Salvador", elle a été dressée par les services du Ministère
de 1'Economie.D'autre part, ces cartes sont, chacune à leur

époque respective,d'une grande fiabilité technique puisque
la carte de 1955 a été élaborée sur la base des

1 supra., par. 96-102 et par. 131.

2 m., par. 103-114.

3 m., par. 105-107.

4 m., par. 114.renseignements fournis, par la "Direction General de
Cartografia" d'El Salvador et que l'ingénieur allemand

Sonnenstern était à son époque une autorité en matière
cartographique pour l'Amérique Centrale. Enfin ces cartes

constituent la preuve la plus évidente des intentions du
Gouvernement d'El Salvador à deux dates clés - 1859 et

1955 - de l'histoire des relations territoriales et
frontalières entre les deux Républiques, avant que ne
commencent les grandes négociations des années 1861-1888 et

avant qu'El Salvador ne change sa politique territoriale
dans la zone du Goascoran en 1972.

141. La jurisprudence illustre parfaitement les

observations précédentes. On se bornera à en donner trois
exemples.

a ab o la sentence de Max Huber du 4 avril'1928 en
l'affairede l'île Palmas. On a dit déjà2 l'attitude

1 Auparavant, dans la sentence arbitrale qu'il avait
rendue, le 5 février 1895, en l'affaire des Missions entre
1'Arqentine et le Brésil (La Fontaine, Pasicrisie
internationale, .Berne, 1902, D. 340-342). le Président
Cleveland avait attaché une grande importance à 1'attitude
des Parties à l'égard des cartes. L'une des raisons, semble-
t-il, ,pour lesquelles il avait reconnu lasouveraineté du
Brésil sur le territoire des Missions avait été que des
cartes officielles argentines l'avaient indiqué comme
n'appartenant pas à l'Argentine et que les autorités
argentines intervinrent trop tardivement pour qu'elles
soient rectifiées (cf. F. Münch, Karten in Volkerrecht,
Gedachtnisschriftfür Friedrich Klein,Verlag Franz Vahlen,
München, 1977, p. 350).

supra., par. 90 et par. 103.réservéedu célèbre arbitre à l'égard des cartesen général,
puisque, selon lui, c'est "with the greatest caution can

account be taken of maps in deciding a question of
sovereigntyl."Mais on sait qu'il nuance la portée de son

affirmationde principe en ajoutant aussitôt "at any rate in
the case of an islarid such as ~aïmas2.~~Surtout MaxHuber
complète son analyse sur la valeur probante de la

cartographie en indiquant à quelles conditions ellepeut
être utilementinvoquée:

"Above al1 ..official or semi-officialmaps seem
capable of fulfilling these conditions, and they
do not assert the sovereiqnty of the country ofy
which the Government has caused them to be
issuedj" (soulignépar nous).

L'analyse de Max Huber s'applique donc exactement à des
cartes comme les cartes salvadorienne de Sonnenstern(1859)

ou de l'"Atlas Censal" (1955) qui montrent, l'uneet
l'autre, la zone du Goascoran comme placée sous la

souverainetéhondurienne.

De mëme, dans l'affairedes Honduras Borders, le

Tribunal arbitralprésidé par Chief Justice Charles Evans
Hughes a estimé, dans la sentence du 23 janvier 1933, qu'il
était important, pour trancher le problème de la

souverainetésur le port d'omoa,de releverque le Guatemala

'1 Nations Unies, Recueil des Sentences arbitrales,
vol. II, p. 852.

2 ibid., p. 852.
-
3 ibid., p. 852.avait publié une carte officielle indiquant que le port

d'omoa faisait partie du territoire hondurien. Pour le
Tribunal, en effet,

"The attitude of Guatemala is shown by her action
in authorizinq and publishinq, in 1832, the map of
Miqual Rivera Maestre... However, erroneous the
line of the upper Tinto River, as indicatedon the
Rivera map mai have been in view of the obvious
lack at the time of accurate knowledge of the
region between the mountains andthe sea, it
cannot be doubted that the described river was
well known at its mouth. This deliberate and
forma1 description by Guatemala of theboundary of
Chiquimula thus clearly indicated theacquiescence
of Guatemala in the possession of Omoa by
Honduras, an acquiescence which may reasonably be
deemed to have been due to the recognition by
Guatemala of the propriety of that possession in
view of the early relation of Omoa to Honduras.
Nothing has been shown to alter the conclusion
which was thus reached one hundred years agol"
(soulignépar nous).

A n'en pas douter la carte Rivera de 1832, malgré les
erreurs qu'elle contenait, a été un élément décisif, au même

titre qu'une concession accordéeen 1834 par le Guatemala,
aux termes de laquelle le Rio Tinto était "the boundary line

on the coast", pour attribuer le port d'Omoa au Honduras.

1 Nations Unies, Recueil des Sentences arbitrales,
vol. II, p. 1360-1361. La Sentence avait déjà précisé
auparavant-que "Guatemala apparently recoqnized the Control
obtained bv Honduras when, in 1832, Guatemala officially
ap~roved the Rivera Map... which showed the river Tinto as
the boundary line between the two States on the Coast"
(ibid., p. 1330-1331, soulignépar nous). On citera également l'arrêt de la Cour Internationale
de Justice du 15 juin 1962 dans l'affaire du temple.de Préah

Vihéar, non pas en ce qui concerne l'acquiescement à la
fameuse carte de l'Annexe I sur laquelle on reviendra plus

loin, mais en ce qui concerne la cartographie thaïlandaise
elle-mème. "La Cour ne peut négliger le fait, par exemple,

qu'en 1937, après le levé effectué par la Thaïlande en
1934-1935...,le Service qéoqraphiqueroyal siamois a publié

une carte indiquant Préah Vihéar en territoirecambodqienl"
(souligné par nous). Cette donnée, qui rappelle

singulièrement le présent différend, a contribué à
affaiblir,aux yeux de la Cour, la position de la Thaïlande.

On rappellera enfin la sentence du 18 février 1977 dans

l'affaire du Canal du Beaqle qui a considéré que la carte
Latzina était d'une grande valeur probante. Cette carte

argentine publiée en 1882-1883 avait été dressée en effet
sous la supervision de M. Latzina, Directeurde l'Office

National des Statistiqueset à la suite de l'interventiondu
Président de la République et du futur Ministre de
l'Intérieur.Or, pour le Tribunal arbitral,

"The Latzina map... provides an excellent example
of the relevance of a map not so much for its own
sake - (it could, theoretically, have been
inaccurate) - but for the circumstances of its
product'ionand dissemination, making it of high

1 C.I.J. Recueil 1962,p. 27. probative value on account of the evidence
afforded by this episode, namely of officia1
Argentine recognition,at the time, of the Chilean
character of the PNL ~roup~."

Même s'il est vrai que les cartes salvadoriennes de

Sonnensternet de l'"AtlasCensal" n'ont pas connu une aussi
ample publicitéque la carte de Latzina, elles la rappellent

cependantpar ses différentes caractéristiques.

bJ Par son attitude passive,El Salvador a admis la

cartoqraphie hondurienne indiquant la zone du
Goascoran comme relevant de la souveraineté du

Honduras

142. La cartographie hondurienne, ainsiqu'il a été

précédemment démontré2 a toujours représenté, sans la
moindre exception ni la moindre interruption,avec une
rigoureuse continuité depuis 1821 jusqu'à maintenant,avant

comme après la naissance du différend, la zone du Goakcoran
comme hondurienne. Or il est frappant que les autorités

salvadoriennes n'ont jamais réagi contre une telle
représentation graphique émanant d Honduras.

A cet égard, la "Mapa General de la RepYblica de
Honduras" du Dr. Jesus Aguilar Paz est particulièrement

significative.~appelons3que cette cartea été approuvée

1 I.L.R., vol. 52, p. 198, par. 128.

supra., par.96-102.

3 ~upra.,par. 100-101.par le Gouvernementdu Honduras par un "Acuerdo no 689" du
23 janvier 1930 et qu'elle a donné lieu à deux éditions,la
première en 1933, la seconde en 1954. S'il est vrai cette

carte est d'une précision relative compte tenu de son
échelle au 1/500 OOOe, elle montre néanmoins très clairement

la zone du Goascoran, telle qu'elle est revendiquéepar El
Salvador dans le présent différend, comme relevant de la
souveraineté du Honduras et le Rio Goascoran depuis son

embouchure dansla Baie de La Union jusqu'à son confluent
avec le Rio Guajiniquilou Pescado, en aval et en amont par

conséquent de "Los Amates", comme correspondant au tracé
frontalierentre lesdeux Républiques.

143. Cette carte qui a été largement disséminée à
l'intérieur comme à l'extérieur du Honduras, dans les
milieux scientifiques commedans les milieux diplomatiques,

a certainementété portée à la connaissancedes autorités
salvadoriennes,d'une manière ou d'une autre, à un moment ou

à un autre, après1933 et après 1954. Ellesn'ont cependant
jamais réagi à aucun momentl.

Cette absence de protestation ess tans doute logique si
l'on prend en considération l'attitude antérieure d'El,

Salvador ou, si pour s'en tenir au seul domaine
cartographique, .on prend en considération une carte
salvadorienneconcomitante;la concordanceen effet entre la

A cet égard, il est significatifde releverque le
Gouvernementvoisin du Guatemalaa protesté,par une notedu
31 juillet 1962 (répliquedu Honduras, Annexes,vol. 1,
Annexe VI.8, p. 375), contre cettemême carte Aguilar Paz
hondureno".On ne peut manquer de relever la différence deio
comportement entrele Gouvernement du Guatemala et celui
d'El Salvador.carte dlAguilar Paz de 1954 et la carte de l'"Atlas Censal
de El Salvador''de 1955 est saisissante:c'est bien la même

frontière qui est représentée dans ces deux cartes
officielles, leRio Goascoran dans son cours actuee lt dans
les deux cartesla zone du Goascoran esthondurienne.

Mais cette absence de protestation des autorités
salvadoriennes nemanque pas de surprendresi l'on envisage

le comportementqu'elles aurontpar la suite en 1972 lors
des conversationsd'Antigua et depuis 1988 dans le présent

différend. Dans cette perspective en effet, El Salvador
avait l'obligationde réagir et il ne l'a pas fait. On ne se
trouve doncpas en présence de n'importequel silence, mais

d'un silence en quelque sorte "qualifié"1 auquel la
jurisprudenceattache des conséquences juridiques.

1 Sur cette notion de "silence qualifié"

Problèmesd'interprétationji.udiciaireen droit international
public, ParisPedone, 1963, p. 168.

Cette notion a été également utiliséepar le
Tribunal fédéral suisse,dans l'arrêt qu'il a rendu, le
2 juillet 1980, en l'affaire Cantondu valais c. Canton de
Tessin, dans des termes qu'il faut rappeler: "Il convient
finalement d'examiner si le cantondu Valais a reconnu la
frontière tracée sur la carte nationale de la Suisse par
acte concluant, en raison de son acceptation passivede
cette limitependant un laps de temps prolongé. S'appuyant
sur une notiontraditionnelledu droit anglo-saxon,le droit
principe qui veut que l'acceptationpassive d'une situationle
puisse faire naître un lien juridique;ce terme correspond A
peu près à la notion de "qualifiziertesStillschweigen"
(silence qualifié) (Strupp/Schlochhauer,Worterbuch des
Volkerrecht,2e éd., vol. III, p. 391). Par "acquiescence",
on entend le silence qui a été observé à'propos d'une
revendication juridique avancée par un autre sujet de droit
et qui a pour effet que, selon le principe de la bonne foi,
cette attitudepassive ne peut étre interprétéeque comme
constituant une reconnaissanct eacite. Il s'agit ainsi de 144. Cette attitude passive,ce silence des autorités

salvadoriennes devant l'affirmationde la souveraineté
honduriennesur la zone du Goascoranpar lacarte officielle
dlAguilar Paz qu'elles n'ont pu ignorer, signifiequ'elles

ont acquiescé à la frontière proclaméesur ce document
cartographiquedans le secteuren question.

Sir Hersch Lauterpacht,dans un texte souvent cité,
avait remarqué:

"The absence of protest may... in itself become a
source of legal right inasmuchas it is related to
- or forms a constituantelement of - estoppel or
prescription.Like these two generally recognized
legal principles, the far-reaching effect of the
failure to protest is not a mere artificialityof
the law. It is an essential requirement of
stability, a requirement even more importantn
the internationalthan in other spheres; it is a
states £rom playing fastand loose with situationsts
affecting others: and it is in accordance with
equity inasmuch as it protects a State from the
contingency of incurring responsibilities and
expense, in relianceon the apparent acquiescence
of others and being subsequently confronted with a
challengeon the part of those very statesl".

Suite de la note 1 page précédente

attitude passive fondée sur le principede la bonne foi. Le
facteur tempsy joue un rôle important,car c'est lui qui,
en règlegénérale,confère à l'absence d'objection contre la
réclamation formulée Dar un autre suiet de dr--t le
caractère d'une acceptation tacite" (~nnuaire suisse de
droit international,1981, vol. XXXVII,p. 233).

1 Sovereigntyover submarineareas, British Yearbook
of InternationalLaw, 1950, p. 395-396. C'est que, comme l'avait déjà souligné la sentence
arbitrale du Conseil fédéral suissedu 24 mars 1922 en

l'affaire des frontières colombo-venezuelienneçr "L'absence
de protestationest, en droit international, unedes formes
de l'acceptationou de la reconnaissancede certainsfaitsl"

(souligné par nous) et comme le rappellera la sentence
arbitrale rendue le 18 octobre 1981 dans l'affaire
concernant "the border between the Emirates of Dubai and

Sharjah", "a State must react, althouth using peaceful
means, when it considers that one of its rights is

threatenedby the action of anotherstate2".

145. Cette règle générale s'appliquetout naturellement

au probléme particulier de la cartographie. C'est
' précisément ce qu'a fait la Cour Internationalde Justice

dans son arrêt précite du 15 juin 1962 en l'affaire du
temple de Préah Vihéar à propos du comportement de la
Thaïlande face à la célèbre cartede l'Annexe 1. La Cour a

en effet jugé que la Thaïlande, s'étant abstenue de
protester, alorsque la situation l'exigeait, se trouvaitde
ce fait avoir acquiescé à la frontière dans lesecteur du

temple, tellequ'elle figuraitsur lacarte de l'Annexe1:

"...il est clair que les circonstances étaient de
réactionde la part des autorités siamoises,aune

1 Nations Unies, Recueil des Sentences arbitrales,
vol. 1, p. 251.

2 Award, p. 155. Et la même sentenceajoute: "Such a
rule is,perfectly logical as lack of action in a situation
like this can only mean two things: either theState does
not believe that it really possesses the disputed right or
for its own private reasons, it decides not to maintain it"
(ibid.,.p.155). cas où celles-ciauraient voulu contester la carte
ou auraient eu de qraves questions à soulever à
son éqard. Or, elles n'ont réaqi ni à l'époque, ni
pendant de nombreuses années et l'on doit, de ce
fait, conclure a leur acquiescementL" (souligné
par nous).

La même règle a été également appliquéepar la sentence
arbitrale du 18 février 1977 rendue en l'affairedu Canal du

Beaqle, à propos de la carte prieto2. Cette carte publiée en
1881 par le Service hydrographique chilien avait donné lieu

à une large diffusion auprès des gouvernements étrangers,
parmi lesquels celui de l'Argentine et elle indiquait

naturellement que les iles contestées par l'Argentine - le
groupe PLN - relevait de la souveraineté chilienne. Or le

Tribunal arbitral a constaté qu'au moment où l'Argentine a
eu connaissance de cette carte, elle n'avait émis aucune

protestation et l'avait par conséquent acceptée tacitement.
Le fait que l'Argentineait émis, bien des années plus tard,

des réserves à l'égard du contenu de la carte Prieto,a paru

C.I.J. Recueil 1962, p. 23.

Le juge Alfaro avait ajouté dans son opinion
individuelle encette même affaire: "La passivité en face de
certains faits.est la forme la plus générale de
l'acquiescement ou du consentement tacite. Si un Etat
n'affirme pas son droit lorsque ce droit est contesté
ouvertement par un autre Etat, cette carence ne peut
signifier que l'abandon de ce droit..Le silence d'un Etat en
présence de faits contrairesou préjudiciables à des droits
revendiqués ultérieurement par cet Etat devant un tribunal
international ne peut être interprété que comme une
reconnaissance tacite donnée antérieurement au litige"
C.I.J. Recueil 1962, p. 40.

2 I.L.R., vol. 52, p. 195, par. 121 et p. 199-201,
par. 131-135.dépourvu de toute significationau Tribunal. En effet, ce

n'était pas le contenu de la carte qui était en cause, mais
l'attitude de l'Argentine à l'égard de ce contenu quelle
qu'en fût l'exactitude.Mais surtout, du point de vue du

Tribunal, une contestation trop tardive de cette carte ne
pouvait être prise en considération:

challenged theauthenticityof the map was duringave
the period of its original emergence or reasonably
soon after, instead of many years laterl."

C'est dire que l'absence de réaction de l'Argentine à
l'égardde la carte Prieto au moment desa publicationa été

considéréepar le Tribunal commela preuve de l'accord du
Gouvernement argentin avec le contenude cette carte.

146. L'attitude des autorités salvadoriennes A l'égard
de la carte Aguilar Paz est beaucoup plus simple. En effet
elles n'ont jamais formuléde réserves à l'égard de son

contenu, même tardivement.Par leur défaut de protestation,
elles ont donné la meilleure preuv ee leurs intentions face
à la frontière du Goascoran, intentionsqu'elles devaient

confirmerpeu après en publiant la carte de l'"AtlasCensal"
de 1955. Elles ont ainsi acquiescé A la souveraineté
hondurienne surla zone du Goascoran.

En définitive, tant l'existence d'une chaine
cartographique quasi-ininterrompuedans un seul sens,

favorableau Hondurasque l'analysede l'attituded'ElSalvador à l'égard de ce matériau cartographique confirment

le comportement généralde la Partie adverse. El Salvador
avait non seulement expressément reconnu la souveraineté du

Honduras dans la zone du Goascoran dans sa correspondance
diplomatique, mais il avait tacitement acquiescé à cette
frontière duRio Goascoran,en aval de "Los Amates" jusqu'à

son embouchure au Nord-Ouest des îles Ramaditas, par son
absence totalede protestationface a l'exercice effectif de

la souveraineté hondurienne dans cette zone. El Salvador a
donné constammentjusqu'en 1972 "une acceptation claire et
constanteUlde cette situation.

Conclusions

147. Se fondant sur les arguments qui viennent d'être
développés, le Gouvernement du Honduras prie ..

respectueusementla Chambre de rejeter les prétentionsde la
Partie adverse sur la zone du Goascoran et de juger,
conformément aux conclusionsde son mémoire2 et de son

contre-mémoire3,que, dans le secteur compris entre "Los
Amates" et le Golfe de Fonseca, la frontière correspond à la

ligne médiane du Rio Goascoran jusqu'à son embouchure au
Nord-Ouestdes îles Ramaditas, dansla Baie de La Union. Le

1 C.I.J. Recueil 1969, p. 26, par. 145.
2 Mémoire duHonduras, vol. II, Conclusions,p. 745,

par. 6.
3 Contre-mémoire duHonduras, vol. II, Conclusions,

p. 735, par. 6.Gouvernement d'El Salvador, tant par ses déclarations
expresses que par son comportement, dans ses correspondances

diplomatiques comme en matière cartographique,a reconnu la
souveraineté honduriennesur cette zone, acquiesçant ainsi à

la frontière du GoascorAn et renforçant les titres du
Honduras fondés sur l'uti possidetis juris de 1821. DE[IXIEWEPARTIE

LE DIFFWEND INSULAIRE

CHAPITRE X

LE DIFFWEND INSULAIRE

Section 1. Objet du différend

A. INTRODUCTION

1. Le contre-mémoired'El Salvador présentediverses
considérationstendant à étayer la position selon laquelle
le différend insulaireentre El Salvador et le Honduras,

soumis à la Cour par le Compromisdu 24 mai 1986, s'étend à
"toutesles îles" du Golfe de Fonseca à l'exceptionde l'île

de Zacate Grande,et non aux seules îles de Meangueraet, de
sa dépendance, Meanguerita,ainsi que le soutient le

Honduras. Néanmoins, le Gouvernementdu Honduras pense que
cette divergencefondamentalequi sépare les Partiespeut
être levée si la Cour décide, par application du principe

fondamentalde bonne foi, que cette nouvelle positiond'El
Salvador, ainsique ses fondements,ne sont pas recevables.

Ainsi qu'on le démontrera ci-après, la position d'El

Salvadorobéit en effet, d'une part, à la réactivationd'une
prétention politique qui n'est pas recevable(B) et, d'autre
part, à un artifice de procédure tendant à pallier l'absence

de fondement légal à la présence contemporaine d'El Salvador
à Meanguera (C). 2. Il est cependant nécessaire, d'embléed ,e réfuter

à nouveau le seul argument juridique avancé par le
Gouvernement d'El Salvador pour couvrir ses motivations

réelles, à savoir que la rédaction du paragraphe 2 de
l'article 2 du Compromis - qui reprend textuellement la
terminologiedu Traité Général de Paix du 30 octobre 1980 -

et qui stipulequ'il estdemandé à la Cour de "déterminerla
situation juridique insulaire", doit être interprété comme

se référant à une déterminationjudiciairede la situation
de la souverainetéde chaque île du.Golfe et que c'est le
sens que donnèrent les Parties à cette disposition

conventionnelle depuis 1980,tant pour les négociations
directes au sein de la Commissionmixte des limiteset les
mécanismes parallèles de la période 1980-1985, que lorsque,

le différend n'étant pas résolu, on s'adresse - dans les
mêmes termes, on le répétera - à la Cour Internationalede

Justice.

3. En premier lieu, l'expression "déterminerla

situation juridique insulaire"ne signifie pas que l'on
sollicite la détermination de la situation juridique de

toutes et de chacune des îles du Golfe. En second lieu,
l'interprétation la plus correcte de l'expression est
qu'elle s'applique à la situationdes iles qui sont de fait

en situation d'indétermination, c'est-à-dire à celles que
les Parties considéraient comme étanten litige au moment de
la signaturedu Compromis.Et la seule façon de vérifier ce

point de vue est d'apprécier les déclarations et le
comportementdes Partiesau cours de la période considérée,

à savoir 1980-1985. C'est pourquod iemander, comme lefait
le contre-mémoired'El Salvador,que l'on n'examine pas les
procès-verbaux de la Commission mixtedes limites ou la

correspondance diplomatique de cette période,n'est pasacceptable. Car ce sont ces documents qui peuvent fournir
des éclaircissementssur la volonté des Parties, maintenant
que l'une d'elles, El Salvador, tente de renverser sa

position.

4. A la Commission mixte, dans le Groupe Assesseur

chargé des questions insulaireset maritimes,fut débattu le
problème de la souverainetédes iles, en étroite relation

avec la fixationd'une ligne de délimitation dans le ~olfel.
On suivit cettemême procéduredans le mécanisme parallèle
des représentants de haut niveau des Présidents d'El

Salvador et du EIonduras2 et les résultats de ces
négociations, ainsique cela a été documentédevant la Cour,
révèlent incontestablemenq tue les deux seules îles dont la

souveraineté était considérée commelitigieuse étaient
Meanguera et Meanguerita.On peut en juger en comparant les

lignes de délimitation dans le Golfe que chaque Partie
propose comme solutiondu probleme3. On peut également en
juger par l'enlisement des négociations du mécanisme

parallèle4.On peut enfin le constaterpar 1'insertion,dans
les procès-verbauxde la Commission,de deux déclarations,

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.7.A, p. 838, par. VI1 et Annexes V.1.12, p. 851,
par. VIII.

2 Contre-mémoiredu Honduras, Annexes, Annexe X.2,
p. 282, par. 3.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.20, p. 899 avant dernier paragraphe et
Annexe V.1.21, p. 908 dernier paragraphe.

4 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe X.2,
p. 283, par. 4.l'une d'El Salvador et l'autredu Honduras,toutes deux à la

séance du 22 février 1984l, et relatives au caractère
litigieux de l'île de Meanguera. Il n'est fait aucune
mention d'une autre île dans ces procès-verbaux, à

l'exceptionde l'île du Tigre, dont on examinera plus loin
la situationspéciale.

Les conclusionsdu contre-mémoired'El Salvador,en ses
chapitres 6.5 et 6.6 sont, par conséquent, manifestement

erronées. Dans aucun procès-verbal de la Commission, on
n'enregistre que les propositions formulées dans les

négociations "could not be invoked subsequently in any
judicialproceedings2", mais ce dont il s'agit ce n'est pas
que la substance de ses propositions pourrait être opposée

au El Salvador, maisc'est que, en ce qui concerne les îles,
il ait indubitablementsoutenu, h partir de la proposition

de mai 1985, un objet de différend qui se référait
uniquement aux deux îles de Meanguera et Meanguerita.
Contrairement à ce qu'énonce, de façon surprenante,le

contre-mémoire d'El Salvador, audit chapitre 6.5, "The
proposa1 put up for negociation by El Salvador" ne fut

jamais véritablement retirée. Même si, à propos de la
contre-proposition honduriennel ,a délégation d'El Salvador
déclara, au cours de la séance des 5 et 6 septembre 19853,

que, à l'exceptiondes deux petites sections,"quant au

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
11,
Annexe V.1.13, p. 852.
2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 6.5, p. 163.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe V.1.23, p. 944-945.reste de la propositionhondurienne...on ne l'accepte pas",

le Gouvernement salvadorien continuaà négocier. Le
Président Duarte délégua à Tegucigalpa, fin septembre, le
Vice-Président R. Castillo Claramount avec unenouvelle

propositionl, légèrement différente de celle de mai, qui
donna lieu à de nouvellesdiscussionsen octobre et novembre

et qui, à nouveau, dans la comparaison des lignesde
délimitation maritime dans le Golfe, proposées par chacune
des Parties, laissait évidemmentles îles de Meanguera et

Meanguerita en situationde litige2. Enfin, lors de la
séance de la Commissiondes 9 et 10 décembre,la délégation

présidée par le Vice-Ministre des Relations Extérieures
déclara que "El Salvador réitère les exposés généraux Faits
devant la Commissionpendant la séance de mai de l'année en

cours..."

C'est sur la base des prétentions des Parties,

consignées dansle procès-verbalde la séance finale de la
Commission mixte des limites, les9 et 10 décembre 1985,que

les deux Gouvernements considèrent qu'il subsistaientd .es
divergenceset que les négociations directesprévuespar le

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.l, p. 377.
2 Les propositions d'El Salvadoert du Honduras

révèlent ainsi une divergence en' ce qui concerne la
éventuellement sur l'île Conejo), mais de cetteaddivergence
procède du différend relatif à la localisation de
l'embouchure de la rivière Goascoran, c'est-à-dire à
l'extrêmitédu tracéde la ligne de frontiére terrestre dans
le secteur de Goascoran et ne fait donc pas partie du
différend spr la détermination juridiquiensulaire.Traité Généralde Paix sont closes; c'est sur cette base, en
ce qui concernel'objet du différend,que l'on signa, le 24
mai 1986, le Compromis visant à soumettre l'affaire à la

Cour, sansque soit à nouveau abordée la 'questioninsulaire, ,
au cours du premier semestre1986.
l

5. De son côté, lecomportementdes Parties dansleur
activité diplomatiquemet en évidence que, pour les deux

Gouvernements, le différend juridique insulaire porte
officiellementet concrètementsur les iles de Meanguera et
Meanguerita.Après la propositionsalvadoriennede mai 1985,

c'est le seul différend dont on considère qu'il doit être
réglé, soit par la négociation directe alors en cours, soit
par le recours obligatoire,en vertu du Traité Généralde

Paix, à la Cour Internationalede Justice, ou bien, comme
cela fut incidemment envisagélors de la réunion des
Présidents d'El Salvador et du Honduras, 'les 10 et 11

juillet1985, par le recours à une médiationad hoc:

Ce différend existe bien et s'est concrétisédepuis la
protestation salvadorienne du 12 octobre 1854, la
propositiondu Gouvernement hondurien en date du 26 octobre

de cette année-là, visant à régler les différendsde façon
amiable et négociée, et la réponse du Gouvernement
salvadorien du16 novembre 1854 acceptant la négociationet

nommantun délégué à cet effetl.

1 infra. sect. IV, p. 1012, par. 77. En février 1984, eut lieu un échange de notes sus
Meanguera et ~eanguerital;ainsi qu'en témoigne le procès-

verbal de la Commissionmixte des 21 et 22 février1984.

Au cours du premier trimestrede l'année 1985, il y eut

trois Notes diplomatiquem sentionnant lesîles, Notes surle
contenu desquelles le mémoire du Honduras a donné d'amples

explications2.Il suffit donc de rappeler qu'après la Note
honduriennedu 11 mars 19~5~, il n'y 'eutplus de prétentions
salvadoriennessur l'île d'El Tigre, sur d'autres ileç ou,

en général, sur toutesles iles du Golfe de Fonseca.En tout
cas, il n'y a pas de mention de cette nature, du moins

jusqu'en1988, alors qu'estdéjà engagée la procéduredevant
la Cour Internationalede Justice et qu'il s'est agi,
semble-t-il,de présenter à nouveau à la Chambre de la Cour

une prétention générale à des fins politiques et
procédurières.

L'activité diplomatique, y compris celle qui se
développa au plus haut niveau et par le truchement de

négociations entre les délégués des Présidents, conforte
donc l'interprétation hondurienne sul r'objet du différend
insulaire.

6. Si, par ailleurs, on examine divers articles de

presse et des chroniques journalistiqued se cette période,

1 Notes diplomatiques en annexes, mémoire du
Honduras, Annexes, vol. V, Annexes XIII.1.18 et XIII.1.19,
p. 2266.

2 Mémoiredu Honduras,vol. II, p. 488-490.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XIII.1.22,p. 2271. 'relatifs au différend insulaire,l'interprétation ci-dessus
la réduisant à Meanguera est pleinement corroborée. Le

Gouvernement du Honduras n'accepte pas que les déclarations

de trois hauts fonctionnaires honduriens1 citées par le
contre-mémoire d'El Salvador. servent à fonder un droit
salvadorien sur les iles en litige2, de même que ne peut

avoir cette connotation le reportage de "La Tribuna" de
~eguci~al~a~.

Ce qu'on ne peut nier, en revanche, c'est que ces

publications, comme d'autres de la période de 1980 à 1985,
révèlent clairementque, pour le Gouvernementd'El Salvador,

comme pour celui du Honduras, le différend est centré sur
Meanguera et Meanguerita. De même que ledit Gouvernement les

considère publiquement comme des îles "en litige" et sous
"tutelle et surveillance de la Force Armée d'El Salvador",

selon l'expression de l'Ambassadeur d'El Salvador au
Honduras, Dr. Ernesto Arrieta Peralta, dans des déclarations

du 11 février 1985 faites à Radio ~ondurasl et annexées à la
présente réplique.

7. La conclusion de cette évidence est donc que le

différend porte sur les deux îles et que la prétention
visant à l'élargir obéit à des motivations purement

1 Contre-mémoired'El Salvador, Annexes,vol. VIII,
Annexes X.13, X.14,X.15 et X.16, p. 245-257.

2 infra., sect. IV, p. 1022-1.026par. 82-83.

3 Contre-mémoired'El Salvador, Annexes, vol. VIII,

Annexe X.17, p. 258.

4 Réplique du Honduras, Annexes, vol, 1,
Annexe VII.2, p. 382.politiques ou de tactique procédurière, quine permettent

pas leur recevabilitépar la Cour.

B. UNE PRETENTIONPOLITIQUEQUI NE PEUT ETRE PRISE
EN CONSIDERATION

8. La position que le Gouvernement d'El Salvador
tente d'accréditer dans ses écrits devant la Cour

Internationalede Justice, aprèsavoir accepté, sur la base
du Traité Généralde Paix, de solliciter avec le Honduras
une décision judiciairede déclaration de souveraineté sur

les îles Meanguera et Meanguerita, est une position à
caractère politique. Celle-ci est réactivée pour rendre

hommage à l'approchehistorique menéepar le publiciste et
géographe salvadorien Dr. Santiago 1. Barberena en 18931, à
la suite d'autres auteurs salvadoriens tels que José Maria

Caceres et Nazario Salavarria, approche qui bénéficie
égalementdu soutien de milieux politiques et universitaires

d'El Salvador.

1 Article de Santiago 1. Barberena. mémoire du
Honduras,Annexes,vol. V, Annexe XIII.1.15,p. 2257.

"Bien qu'il soit notoire que les îles de la jolie baie
de Fonseca appargiennentau El Salvador, divers publicistes
du Honduras ont soutenule contraire, raison pour laquelle
j'ai cru de mon devoirde réunir dans le présent article les
principales preuves attestantque durant la domination
espagnole sur ces pays, le susdit groupe des îles en
question faisaitpartie de la juridictiondu districtde San
Miguel de la Alcalde Mayor de San Salvador, et qu'il
indépendance, et cespeniles n'ont jamaisnéétéepexpressément
cédées ni aliénées à la Républiquedu Hondurasni en tout ni
en partie. Mais encore le Honduras acquit par occupationde
fait laiportionde côte qu'il a du côté du Pacifique." Ces milieux encouragèrent en1985 la publication a San

Salvador d'un livre intitulé "Documentos y doctrinas
relacionadaspcon el problema de fronteras El Salvador-

ond duras" qu, reprend la série d'études, documents
administratifs et doctrines qui, du point de vue des

éditeurs, sous-tendent la position juridique d'El Salvador,
dans son différend frontalieravec le Honduras. Il s'agit
d'une édition de l'université"Dr. José Matias Delgado"dont

des personnalités éminentes sont membres des organes
directeurs et font également partie de la Commission des

Etudeç Territorialesdu Gouvernement salvadorien.En ce qui
concerne le Golfe de Fonseca, le livre reproduit

essentiellement les articles de 19.16 et 1917 de l'ex-
Ministre, Dr. Salvador Rodriguez, à l'apui de la thèse du

condominium de ses eaux, dite "doctrine Melendez' en
l'honneurdu PrésidentMelendez.

Dans la question insulaire, le livre reprend

l'introduction à la thèse de doctorat de M. Nazario
Salavarria, en datedu 7 novembre 1893, dont évidemment il

reprend à,son compte les postulats.

9. M. Salavarria commencepar indiquerqu'il a choisi
comme sujet d'étude présentant un "intérêt pour ma Patrie":

"El Salvador a-t,-ilou non le droit de revendiquerles îles
de Zacate Grande, El Tigre et les îlots contigus, situés

dans le Golfe de Fonseca 1" (soulignépar nous).

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.3, p. 385. On peut constater que le point de départ est la

revendicationdes îles sous souverainetéhondurienne et cela
- on ne l'oubliera pas - dans le contexte politique déjà

exposé dans le mémoire hondurien, à savoir que l'occupation
militaire d'El Tigre, en 1873-1874, n'avait pas eu de
succès, mais qu'El Salvador avait entamé une pénétration

dans les territoires continentaux et insulaires honduriens,
par la voie du peuplement1.M. Salavarria expose ensuite le

résultat de ses recherches qui, dans la ligne du Gouverneur
Guzman, en 1854, appuient, selon lui, la thèse selon

laquelle:

"en 1833, le Gouvernement d'El Salvador autorisa
celui du Honduras à occuper provisoirementles
deux îles, El Tigre et Zacate Grande, à la
condition que ce dernier désarmerait et
concentreraitles dissidentsémigrés de San Miguel
qui, isolés sur son territoire,intriguaient à la
frontière..."

mais que ladite Convention ne reçut pas de confirmation
ultérieure de la part des autor,itéssuprêmes de la Nation.

Il indique qu'il est de son devoir "de démontrer que sous la
domination espagnole lesdites îles appartenaient à la
juridiction de 1'Alcaldia de San Miguel" et, après avoir

mentionné la protestation du Gouvernement salvadorien de
1854, il considère que la "prescriptionacquisitive qui, à

son avis, sous-tend la position hondurienne, n'est rien
d'autre qu'un accord de convenance" "qu'aucune loi positive

ne prend en compte et ne régit en cas de conflit
international."

1 "Policy of creating new settlements"; contre-
mémoire d'El Salvador, chap. 6.63, p. 200. Mais, en plus, les raisonnements de M. Salavarria

débouchent sur une extraordinaire réclamation qui,
quoiqu'irréaliste, n'en cesse malheureusement pas moins

d'ëtre posée de temps en temps par ce~tains milieux
politiques radicaux d'El Salvador. Les trois derniers

paragraphesdu texte comportent en effet ce qui suit:

"Je dis cela parce que, le Honduras ne possédant
- pour ainsi dire - pas de façade maritime sur la
mer du Sud, son seul port sur le Pacifique est
Amapala, sur l'île 'de~1 Tigre, mais s'il conserve
les qrandes îles du Golfe de Fonseca qu'il possède
actuellement et qu'en échanqe il cède une étroite
bande le lonq de sa frontière avec le Guatemala,
depuis El Bruio jusqu'à l'Atlantique, El Salvador
estimera la compensation suffisante et, pour le
majeure de se défaire de quelques lieux cairées de
territoires.
Je ne doute pas que les honduriens, qui se sont
toujours distingués par leur clairvoyance et leur
noble caractère, reconnaîtront à notre République
sŒur et sincèrement amie, le droit qui est le sien
de revendiquer Zacate Grande, El Tigre et les
îlots contigus, comme partie intégrante du sol
salvadorien.
J'ai déjà dit que je ne crois pas en l'opinion
particulière d'un étudiant pour promouvoir une
réclamation formelle ence qui concerne les îles;
mais je crois, en revanche, quela raison saura se
superposer aux fugaces idées partisanes et valider
ce qui nous a été injustementenlevé.
Nazario Salavarria (fils)
San Salvador, le 2 novembre 1893l" (souligné par
nous ).

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.4, p. 390. Documentos v doctrinas relacionadas
con el problema de fronteras El Salvador-Honduras,
Université Dr. José Matias Delgado, San Salvador, 1985,
p. 88-89. 10. La prétention politique d'El Salvador n'est

évidemment pas admissible dans l'actuelle procédure, c'est
pourquoi il faudraexaminer, par la suite, un autre aspect

plus plausible pour comprendre les écritsdu mémoire et du
contre-mémoiresalvadoriens.

C.LINARTIFICE POUR PALLIER L'ABSENCE DE FONDEMENT LEGAL

DE LA PRETENTION D'EL SALVADOR SUR MEANGUERA A
L'EPOQUE CONTEMPORAINE

11. La seconde, et la plus puissante, raison pour

tenter d'étendre le différend à toutes les iles relève d'une
tactique procédurière destinée à pallier l'absence de

fondement légalde la prétention salvadorienne sur les deux
iles en litige.

Ainsi qu'on a pu en juger tant dans le mémoire que dans

le contre-mémoire, El Salvador postule, dans sa requête
devant la Chambre de la Cour, que le fondement primaire de

ses prétentions est un usage immémorialbasé sur des titres
coloniaux et, corrélativement, que l'on doit également

considérer l'exercice de fonctions d'Etat à l'époque
moderne.

Pour renforcer les deux arguments, la tactique adoptée

dans cette phase judiciaire du litige, consiste alors à
tenter de comparer, devant la Chambre de la Cour, la
situation de l'ile d'El Tigre avec celle de l'ile de

Meanguera. Car El Salvador pensequ'ainsi, si cette approche
était acceptée,El Salvador pourrait - lorsque le Honduras

démontre sa propre souverainetésur El Tigre, tant par des
titres coloniauxqu'en les corroborant par des exercices de

juridiction à l'époque républicaine - mieux faire valoir saprésence sur Meanguera au cours du XXe siècle, bien que le
Honduras la juge illégale. El Salvador tenterait ainsi

d'ignorer également la pleine efficacité, comme droit
applicable, du principe de l'uti possidetis juris de 1821 et

des obligations dérivées de l'article26 du Traité Général
de Paix.

Le Gouvernement du Honduras, pour sa part, n'admet pas

que soient mis en cause ses droits souverainssur les îles
d'El Tigre, Zacate Grande et autres, du Golfe qui lui

appartiennent historiquement, géographiquement et
juridiquement. C'est pourquoi l'objetdu litige ne peut se

définir que par la coïncidence entre les points devue des
Parties, c'est-à-dire en considérant que les îles de

Meanguera et Meanguerita sont en litige. Cependant, on
analysera ensuite, à titre purement illustratif,certains

aspects de la situation de l'île d'~1 Tigre pour montrer
clairement que l'approche salvadorienne ne peut être admise

par la Chambre de la Cour car elle est artificielle dans ses
prémisses et dans ses conséquences supposées.

12. En premier lieu, la prémisse selon laquelle la

comparaison de situations écarterait l'applicationde l'c
possidetis juris, est complètement erronée car, de toute
évidence, la revendication salvadoriennesur l'île d'El

Tigre est précisément et clairement une prétentionfondée
sur l'uti possidetis juris, c'est-à-dire sur de prétendus

titres de l'époque coloniale.

Il n'est pas exact que l'île d'El Tigre dépendît de San
Miguel à l'époque coloniale. Mais même dans l'hypothèse où

il en aurait été ainsi, attendu que le prétendu accord
territorial de 1833 n'a pas existé et que par conséquentla souveraineté du Honduras procéderait d'une occupation de

fait de l'île en 1821 ou en 1833, la question est la
suivante: en quoi cette situation hypothétique

contribuerait-elle'à étayer la prétention salvadorienne sur
l'ile de Meanguera et sa dépendance Meanguerita ?

Cette approche n'aurait pas pour conséquence de
dispenser El Salvador de fournir de preuves de ses prétendus

titres coloniaux sur ces deux iles. Bien au contraire, El
Salvador demeureraitobligé, aux termes du Compromis et du

Traité Général dePaix, de soumettre ses prétentions au test
de l'uti possidetis iuris de 1821.

13. En second lieu, en ce qui concerne la prémisse

selon laquelle la comparaison des exercices de juridiction à
l'époque républicaine depuis le xIXe siècle ou plus

récemment (distincts des exercicesde juridiction à l'époque
coloniale) peut favoriser la prétention salvadorienne soit

sur l'île d'El Tigre, soit sur Meanguera, la réponse est à
nouveau négative. Le Gouvernement du Honduras a déjà

présenté dans son mémoire -même s'il s'agissait d'illustrer
l'activité de 1'Etat dans son rayonnement de pays riverain
de l'océan Pacifique - quatre documents concernant: la

création du port de Amapala, sur l'île de El Tigre, en 1833;
la nomination de son commandant et administrateur en 1835;

la déclaration d'El Tigre comme port de dépôt en 1844 et
comme zone franche en 1847~. Font aussi abondamment

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexes XIII.1.3.A, p. 2223, XIII.1.3.BI p. 2226 et
XIII.1.4.A, p. 2227, XIII.1.4.B, p. 2228.référence à l'île d'El Tigre les livres, déposés à la Cour,

des publicistes honduriens Antonio R. Vallejo, Gustavo A.
Castaneda, Romulo E. Duron et Pedro Rivas, dont les tables

des matières figurent également enannexe du mémoire du
~ondurasl .

A cette occasion, on peut ajouter, aux fins

d'illustration sus-indiquée, que 1'Etat du Honduras est
incontestablementet ostensiblement souverainsur l'île d'~1

Tigre depuis l'indépendancepar rapport à l'Espagne et qu'il
y a exercé des fonctions juridictionnelles continues,
I
excepté lorsque des'unitésmilitaires de pays étrangers ont
occupé l'ile par la force, comme cela se produisit, pendant

une courte période, en 1849, avec le débarquement
\
britannique, et en 1873-1874 avec l'occupation
salvadorienne. Sur El Tigre, les autorités de 1'Etat du

Honduras ont nommé, depuis le XIXe siècle, des autorités
administrativeset judiciaires,ont établi des compagnies de

navigation transocéanique et organisé toutes sortes
d'activités économiqueset sociales. Elles ont accordé des

lettres patentespour des consuls étrangers, y compris ceux
d'El Salvador, et réglementé la concession de "ejidos", de

terres privées et de services. C'est sur l'île d'El Tigre
qu'a commencé le gouvernement de plusieurs piésidents du
1
Honduras et l'île a été le théàtre de divers événements
internationaux.

1 Mémoire du Honduras, Annexes,1 vol.
V,
Annexes XIII.2.44, p. 2365, XIII.2.45, p. 2370, XIII.2.46,
p. 2373 et XIII.2.47, p. 2374. En ce qui concerne le présent différend devant la

Chambre de la Cour et s'il était nécessaire de fixer une
date de reconnaissance postérieure à 1821, on peut ajouter

que le Gouvernement d'El Salvador reconnaît la souveraineté
du Honduras sur El Tigre depuis la note du 12 octobre 1854,

ainsi que le déclarèrent à diverses occasions les
publicistessalvadorienseux-mémes.

Les conséquences de la comparaison ne dispensent donc

pas de prouver la prétention salvadorienne sur l'île de
Meanguera, ni n'y contribuent. Cette île est en litige

depuis 1854 et le Gouvernement d'El Salvador lui-même a
déclaré qu'il l'occupe depuis1833l, bien que ce fait soit

également contesté par le Honduras. Les exercices de
juridiction salvadoriens sur l'île de Meanguera sont

sporadiques et non reconnus par le Honduras et la présence
même de 1'Etat salvadoriensur l'île ne commence réellement,

sur le plan administratif, qu'en 1916 avec la création de la
Commune, dans le contexte de l'opposition salvadorienneau

Traité Bryan-Chamorro.

Ainsi qu'on en jugera aux paragraphes suivants, El
Salvador n'a pas encore présenté, ainsi que l'exige le droit

applicable au présent litige, le titre juridique qui fonde
sa position sur Meanguera et Meanqueritaet l'artifice

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 6.59, p. 198.consistant à étendre l'objet du différend pour rechercher
des solutions .transactionnelles ou des compensations

territoriales, n'est pas compatibles ave la fonction de la
cour.

Section II. Droit applicable

14. La divergence essentielleentre la position d'El

Salvador et celles du Honduras ence qui concerne le droit
applicable, provient de l'inconsistance avec laquelle le

Gouvernement d'El Salvadora présenté ses positions et
arguments.

Le Gouvernement d'El Salvador indique au chapitre 3.4

du mémoire, que le principe de l'uti possidetis juris peut
même s'appliquer sansbase conventionnelle, en vertudu

paragraphe 1 de l'article 38 du Statut de la Cour
Internationalede Justice, car, outre que ce principe est,

entre Etats hispano-américains, un "principe général de
droit", il constitue une "International customa ,s evidence

of a general practice, accepted as law."

A l'examen de la Conclusion II présentée à la Chambre
de la Cour, figurant dans le mémoire salvadorien et

confirmée par le contre-mémoire,on peut constater, d'autre
part, que le ~ouvernernentd'El Salvador est du mêmeavis que

le Honduras, attenduqu'il demande que 'soit déterminée la
situation juridique desîles en litige, sur la base "of the

titles granted by the Spanish Crown"ou sur la base "of long
established possession." En effet, cette requête reflètela

position salvadorienne traditionnelle visant à soumettre au
principe de l'uti possidetis juris le différend avec le

Honduras, y comprisle différend sur lesîles, telle qu'elleest enregistrée depuis les notes de 1854. La "possession
immémoriale" qui fonde la revendicationsalvadorienne, dans

la Note du Ministre des Relations Extérieures et les
rapports Guzman d'octobre 1854, n'est autre que la

possession immémoriale de la période coloniale. Ellene peut
pas logiquementëtre une prétendue possession de 1821 à 1854

ou de 1833 à 1854.

C'est aussi la conception défendue par Barberena en
1893.et qui constitua la base des discussions à l'époque

contemporaine et à la Commission mixte en 1980-1985.
Cependant elle est aujourd'hui contredite par celle qui,
dans les écrits devant la Cour, est favorable à une

détermination de la souveraineté sur la base d'un
"continuous and peaceful display of territorial

sovereignity", enfaveur de 1'Etat qui "has performed state
Eunctions and exercise State authorityU1 dans les îles en

litige, à une époque récente.

Cette seconde conception, si elle se présente comme
exclusive de la conclusionprincipale du mémoire lui-même, à

savoir l'invocationde titres coloniaux pour justifier les
droits des Parties,ne doit pas ëtre acceptée, car les actes

administratifs. postérieurs à la date critique de
l'indépendance,dans un conflit d'application obligatoire du

principe de l'uti ~ossidetis iuris, ne sont pas des actes
susceptibles de créer un titre de souveraineté, mais sont,

ou bien la confirmation d'un titre originadle souveraineté

1 Mémoire d'El Salvador, chap. 10.11, version
anglaise, p. 152; trad. Er., p. 67.ou bien le reflet d'une usurpation, d'une occupation

illégale qui n'affecterait pas un autre titre original
contraire.

On examinera donc ci-après commentle principe de l'&

possidetis iuriss'applique pleinement au présent différend
insulaire (A), comment la règle établie à l'article 26 du

Traité Général de Paix a été acceptée par El Salvador comme
applicable au différend insulaire, à titre d'obligation

conventionnelle indépendantede l'application concurrentedu
principe de l'uti possidetis iuris (B) et comment, dans les

circonstances spécifiques du présent cas, les règles
spéciales qui s'appliquent entre les Parties dérogent à

d'autres règles du droit international général relatives à
l'attributionde territoires (C).

A. L'UT1 POSSIDETIS JURISCOMME PRINCIPE DE DROIT
INTERNATIONAL GENERAL

15. Le Gouvernement du Honduras a largement développé

dans son mémoire sa conception de l'uti possidetis iuris et
la pertinence de son application à la fixation de la ligne

frontière dans les six secteurs terrestres, de même qu'au
différend insulairel.

16. Le Honduras soutient en outre que les premières

constitutions des deux PaYsI promulguées après
l'indépendance par rapport à l'Espagne, et dont les

dispositions reprises dans des constitutions postérieures ne

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XV, p. 521,
par. 1.furent pas contestées, établissentdes règles qui renvoient,
pour l'identification des limites de juridictions des

provinces en voie d'émancipation, à leur détermination par
des titres ayant été établis à l'époque coloniale. Cette

position hondurienne est cohérente et constante, depuis
cette date jusqu'à nos jours.

El Salvador, pour sa part, ne s'écarte pas de cette
interprétation, en termes généraux, étant donné que son

désaccord porte surla valeur en soi des preuves documentées
que produit le Honduras ou sur la valeur qui doit être

attribuée aux documents ecclésiastiques. 11 faut signaler,
en outre, que la pratique d'inclure dans les constitutions

les limites de 1'Etat ou les règles matérielles présidant à
leur fixation, est également une pratique généralement

adoptée par divers Etats hispano-américains1.

Le désaccord entre les Parties ne concerne doncpas non
plus la pertinence qu'il y a à invoquer ces règles

constitutionnelles,et moins encore le fait de savoir si ce
sont bien aux titres coloniaux que se réfèrent ces règles.

Il y a accord, pour ainsi dire, sur le fait que les Etats
qui viennent à la vie indépendante succèdentaux puissances

coloniales avec les limites ou dans les espaces qu'elles
avaient territorialement occupés jusqu'au moment de

l'indépendance.Et, bien qu'il s'agissede la succession à

1 Cf: L'important article de 1'Ambassadeur
Julio A. Barberis ~a reqla del Uti possidetis en las
controversias limitrofes entre Estados hispanoamericanos,
Liber Amicorurn:hommaae au ~rofesseur José Perez Montéro.
Universitéde Oviedo, f988.la puissance coloniale, l'application de l'uti possidetis

iuriç cherche à identifier les limites et les espaces sous
juridiction des provinces ou divisions administratives

coloniales.

La divergence apparait parce qu'El Salvadoc ronsidère
que ces règles ne s'appliquent pas à la succession en

matière d'îles.

17. Pour le Honduras, en revanche, l'applicationdu
principe de l'uti possidetis juris à un différend insulaire

n'est exclue en aucune façon par aucune règle de droit
international généralet il considère au contraire que le

principe s'appliqueobligatoirement à un différend entre
Etats hispano-américains, à moins d'être. explicitement

écarté par les Parties.

En ce sens, le principe de l'uti possidetis juris est
également un principe d'attribution territoriale, étant

donné que son application permetde reconstituer lecontrôle
administratifqu'a exercé, sur un territoire insulaire, une

certaine circonscription coloniale1.

1 En un autre sens, on peut aussi considérer le
principe comme applicable à l'attributiond'une ile, en vue
d'identifier une ligne maritime héritée de la situation
coloniale et qui produira ainsi la confirmation de la
souveraineté sur les iles situées d'un côté et d'autre de
celle-ci. Cette conclusion est illustrée par la jurisprudence
arbitrale relative à des différendsinsulairesqui ont opposé

aussi bien une puissance européenne à un Etat latino-
américain1que deux Etats latino-américains.

18. Comme exemple du premier cas, on citera la

sentence prononcée le 30 juin 186~~ par S.M. la Reine
Isabelle II d'Espagne dans le différend entre les Pays-Bas

et le Venezuela à propos du "droit de domination (dominio)
et de souveraineté(s~berania)~sur 1'ile d'nves.

Cette sentence mérite de retenir l'attention de la

Chambre de la Cour pour les raisons suivantes:

En premier lieu: On soulignera que, pour trancher le
différend, la sentence prend pleinement en compte la

détermination et l'assignation de territoiro esérées par la
législation espagnole en relevantque:

"Vu l'ordonnance royale du 13 juin 1786, qui, en
décrétant la création à Caracas d'un tribunal, à
l'effet d'éviter les préjudices qui résultaient
pour les habitants de cette ville de l'obligation
de recourir en appel devant le Tribunal de San
Domingue,disposaitque le ressortde ce tribunal

1 Cette constatation permet d'affirmer qu'auxyeux

de l'arbitre le principe de l'uti possidetis juris était
opposable,en Amérique, à une puissanceeuropéenne.

2 La Pradelle et Politi's,Recueil des Arbitraqes
internationaux.II, p. 412-415.

3 Telle est la terminologie utilisée par la
Convention d'arbitragedu 5 août 1857 sur base de laquelle
la sentencea été rendue. de comprendrait plusque la partie espagnolede
l'île, l'îlede Cuba et celle de Porto-Rico, d'où
il résulte que l'île d'Aves devait faire partiedu
ressort du tribunalde Caracas."

En deuxième lieu: On observera que la sentence confirme

la succession dlEtats née de la décolonisationau profit du
Venezuela en se rangeant à la thèse présentée par le

gouvernement dece pays et en déclarant cequi suit:

"Considérantque 1'île d'Aves a dû faire partie du
territoire de 1'Audiencia de Caracas lorsque
celle-ci fut créée le 13 juin 1786 et que, lorsque
le Venezuela s'est constitué comme nation
indépendante,il le fit à partir du territoire de
la Capitainerie générale du même nom, e déclarant,
après coup, en vigueur dans le nouvel Etat toutes
les dispositions adoptéespar le gouvernement
espagnol jusqu'en 1808, par quoi il put considérer
l'île d'Aves comme partiede la province espagnole
de Venezuela."

Ce passage de la sentence reprend l'argumentation du
Venezuelaque le Tribunalrésumaitcomme suit:

"Considérant qu'à son tour le Venezuela fonde
principalement son droit sur celuiqu'avait
l'Espagneavant la constitutionde cette République
comme Etat indépendantet que, s'il résulte bien
que l'Espagne n'a pas matériellement occupé le
territoire de l'île d'Aves, il est indubitable
qu'il 'lui appartenait comme faisant partides
Indes Occidentales qui étaient sous la domination
(dominio) des Rois d'Espagne, conformément à la
loi 1, Titre V, livre 1 de la Recopilaci6n des
~ndesl."

1 La Pradelle et Politis, op. cit., p. 89. En troisième lieu: On observera enfin que si la
sentence prononcéedans l'affaire de l'ile d'Aves a pu être

critiquée par la doctrine1, c'estpour la raison qu'elle se
borne à affirmer, sans en fournir la preuve, que l'ile

d'Aves, découverte par l'Espagne, avait été effectivement
occupée par elle avant la date de l'indépendance du

Venezuela. Pareille circonstancen'existe pas en l'espèce,
l'occupation effective des iles Meanguera et Meanguerita par

l'Espagne avant 1821 étant bien établie et non discutée
entre les Parties.

19. L'applicationde l'uti possidetis juris a été plus

nette encore dans le différend frontalier entre la Colombie
et le Costa-Rica qui a donné lieu à la sentence arbitrale
prononcée le 11 septembre 1900 par le Président de la

République française, Emile~oubet~.

Le dispositif de cette sentenceest précédé, notamment,

de la justification suivante:

"Ayant procédé à une étude minutieuse et
approfondie desdits actes, à nous soumis par les
parties, notamment: des cédules royales du 27
juillet 1513, du 6 septembre 1521, dela provision
royale du 21 avril 1529, des cédules royalesdu
2 mars 1537, des 11 janvier et 9 mai 1541, du
21 janvier 1557, des 23 février et 18 juillet

1 Voir la note doctrinale dans La Pradelle et

Politis.'W., II, p. 417.

2 C.T.S., vol. 189, p. 54-87 et N.A.G., t. 32,
p. 412-413 et mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III,
p. 127. 1560, des 4 et 9 août 1561, du 8 septembre 1563,
du 28 juin 1568, du 17 juillet 1572 de la
capitulation du Pardo du ler décembre 1573, de la
Recopilacion de Las Leyes de Indias de 1680,
particulièrement des lois IV, VI et IX de ce
recueil, des cédules royales des 21 juillet et 13
novembre 1722, du 20 août 1789, du 24 mai 1740, du
31 octobre 1742, du 30 novembre 1756, des
différentes instructions émanant du souverain
espagnol et adressées -tant aux autorités
supérieures de la vice-royauté de Santa-Fé qu'à
celles de la capitaineriegénérale de Guatemala au
cours du XVIIIe siècle et dans les années
suivantes; des ordres royaux de 1803 et 1805, des
stipulations du traité conclu en 1825 entre les
deux Républiques indépendantese,tc.,. etc...

Et conscient de l'importance de notre haute
mission, ainsique du très grand honneur qui nous
a été fait d'être choisi comme juge dans le.
présent débat, n'ayant rien négligé pour nous
rendre un compte exact de la valeur des titres
invoquéspar l'un et l'autre des deux pays."

C'est au terme de cette "étude minutieuse"de tous les
titres produits parles deux partiesque la sentence fixe la

frontière terrestrede càte à côte: en ce qui concerne les
îles proches de la càte, il décide lesquelles appartiennent

respectivement au Costa Rica et à la Colombie, selon
qu'elles se trouvent d'un côté ou de l'autre de la ligne

imaginaire projetée à partir des points où se termine, dans
chaque océan, la ligne terrestre;et, en ce qui concerne les

iles les plus 'éloignées, il applique pleinement l'c
possidetis juris et dispose ce qui suit:

"Quant aux iles les plus éloignées du continent et
comprises entre la cote de Mosquitos et l'isthme
de Panama nommément: Mangle-Chico, Mangle-Grande,
Cayos-de-Albuquerque, SanAndrés, Santa-Catalina,
Provindencia, Escudo-de-Veragua, ainsique toutes
autres iles, ilots et bancs relevant de l'ancienne
province de Cartagena, sous la dénomination de
canton de San Andrés, il est entendu que le territoire de ces iles, sans en excepter une,
appartientaux Etats-Unisde Colombie."

La position du Gouvernement du Honduras, confort éer
la jurisprudence internationale qui précède, eque le

principe de l'uti possidetis juris est applicable à un
différend insulaire entredes pays hispano-américains, à

moins que les Parties aient convenu de soumettre auTribunal
une règle matérielle distincte comme droit applicable

B. LAREGLE CONVENUE A L'ARTICLE 26DU TRAITE GENERAL DE

PAIX DU 30OCTOBRE 1980

20. L'article 5 du Compromis fait un renvoispécifique
au Traité Général de Paix, en ce qui concerne le droit

applicable au présent différend,et il ne fait aucun doute
que ce renvoi se réfère à l'article 26 dudit Traité.

La divergence quecrée aujourd'hui le Gouvernement d'El

Salvador consiste à prétendre que ladite règle de
l'article26 ne s'appliquepas au différend insulaire. Mais,
avant de démontrerque le Gouvernement d'El Salvador a donné

son total assentiment à l'applicationde l'articleau litige
sur les îles, dans les travaux de la Commission mixteet, de

façon plus générale,que, dans une Note de son Ministre des
Relations ~xtérïeures, il l'a considéré comme fondement de

sa position dans tout le différend, il convient de donner
réponse à deux allégations du contre-mémoire salvadorien.

21. En premier lieu, le Gouvernement salvadorienne

peut pas prétendre que l'article 5 du Compromis exclut
l'application, au différend insulaire, de la règle

matérielle de l'article 26,car cela n'est pas dit dans le
texte de l'article 5 et la règle primaire d'interprétationest, selon l'article 31 de la Convention de Vienne sur le

Droit des Traités, qu'unedisposition conventionnelle doit
être interprétée de bonne foi selon le sens ordinaire à

attribuer à ses termes.

22. En second lieu, en ce qui concerne l'assertion du
chapitre 5.9 du contre-mémoire salvadorien, selon laquelle

l'article 26 s'intitulait "The delimitation of the frontier
which is undefined" et que le texte établissait "quite

categorically" que la règle de l'article s'appliquait
exclusivement à la délimitationde la frontière terrestre,

les trois observations suivantes sont pertinentes:

a) Le titre qui est citén'est pas celui de l'article
26 mais celui de tout le chapitre IV du Traité. Ce

chapitre concerne tout le différend, vu qu'il
comprend les importants articles 27 et 28 relatifs

aux mécanismes destinés à consigner dans les
procès-verbauxde la Commission mixte les accords

et désaccords qu'auront engendrés les négociations
directes, selon le mandat prescrit par

l'article 18 du Traité. L'article 27 établissait
que la Commission devait,présenter aux deux

gouvernements la ligne de délimitation dans les
zones ,en litige et de mëme, pour le Gouvernement

du Honduras, cette disposition n'excluait en
aucune façonque, en cas d'accord de fond au sein

de la Commission, celle-ciproposât une liqne de
frontière maritime dans le Golfe qui aurait

éqalement pour effet de concrétiser dans un
instrument internationalla souveraineté sur les

iles de chaque pays; Quant à l'article 28, dans le procès-verbalde la

séance des 9 et 10 décembre 1985de la Commission
mixte, le Gouvernement du Honduras demanda que

soient consignéesau point 7 les divergences entre
les parties1. Laréponse d'El salvador2 fut qu'on

n'avait plus le tempsde s'acquitter du sous-
alinéa second de l'article, mais que "en 'outre,

dans la situation dans laquelle se trouve la
négociation directe, il est clair' que les

divergences actuelles englobentla totalité des
zones"; il ajoutait qu'il regrettaitque le

Honduras ait adoptésa position initiale, alors
qu'El Salvador "dans ce même procès-verbal, a

renouvelé une position", celle de mai, qu'il
qualifie de conciliatriceet qui, rappelons-le,se

référait aux iles en litige, en fonction d'une
ligne de délimitationdans le Golfe.

b) Le Gouvernement salvadorien a toujours considéré

que le différend insulaire concerne un désaccord
sur une "zone en litige".

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.27, p. 980.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.5, p. 391. Cette partie du procès-verbal de la
séance des 10 et 11 décembre 1985n'avait pas été traduite,
bien que le texte espagnol intégral du procès-verbal aitété
déposé au Secrétariatde la Cour en 1988. Cette idée est reprise, non seulement dans la
proposition salvadorienne de mai 1985l, mais aussi

dans les déclarations salvadoriennes insérées dans
les procès-verbaux de juillet 19135~,où il est

fait explicitement référence au fait qu'une
proposition du Honduras "sur la délimitation

terrestre, insulaireet maritime des neuf zones"
fut admise dans le procès-verbal de juin 19823

dans lequel le Vice-Ministre des Relations
Extérieures d'El Salvador déclare que son

gouvernement présentera "une propositionqui
comprend toutes les zones qui sont demeurées
indéfinies, en vertudes no 2 et 4 de l'article 18

du Traité Général de Paix" et probablement dans
d'autres procès-verbaux, y compris ceux des 26 et

27 mars 1981 auquel on se réfèrera plusloin.

Dans les annexes aux mémoire et contre-mémoire,El
Salvador poursuit cette classification, attendu

que les annexes au chapitre V du mémoire se
réfèrent à des documents "in the controversial

zones of Tecpanguisir,Las Pilas... and in the

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.20, a) in fine, p. 898.

2 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.22, p. 917.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.16, p. 837. island of Meanguera in the Gulf..." ou, également,

dans la zone insulaire (Meanguera du Golfe).
L'annexe XI.6 du contre-mémoire s'intitule "Zone

of Meanguera of Gulf".

11 faut signaler que, pour le Gouvernement du
Honduras, l'utilisation du concept de "zone en
litige" - pour les trois catégories de différend,

y compris le différend insulaire - n'a pas été
considérée comme techniquement correctecar, dans

le contexte du différend général existant, on
sollicitait, pour les zones terrestres, une

fonction de délimitation (fixation d'une ligne),
mais, pour les iles en litige, une fonction

déclarative de reconnaissancede souveraineté sur
celles-ci (conflit d'attribution) et,pour les

différends maritimes, une simple fonction de
délimitation. Le fait qu'il n'y ait pas

coïncidence entre les Parties n'enlève cependant
rien à la valeur que revét, aux fins du droit

applicable, le fait que le Gouvernement
salvadorien a constamment considéré le différend

insulaire comme un différend se rapportant à une
zone et devant, à ce titre, être englobé dans le
cadre de l'article 26 du Traité Général de Paix.

c) Le troisième élément à considérer est que, méme si

l'article 26 ne se réfère pas explicitement au
différend insulaire,le sens de celui-ci doit étre

dégagé à la lumière du comportement des Parties
dans la période postérieure à l'entrée en vigueur

du Traité Général. C'est-à-dire que le
comportement des Parties peut de toute évidence, et de façon autorisée par le droit international,
élargir ou restreindre l'application de l'article,

de sorte que son champ d'application acquiertun
contenu concret et tangible,compatible avec

l'objet et le but de la disposition.

23. En ce sens, le Gouvernement d'El Salvador a donné

son total assentiment à ce que la règle de l'article 26
s'applique au différend insulaire et troisdocuments le

prouvent.

Premièrement, l'accord adopté à la Commission mixtedes
limites, dès le début de ses travaux, selon le procès-verbal

de la séance des 26 et 27 mars 19811, lorsque les deux pays
décident:

"quant à la zone des iles... on aura comme
objectifs, entre autres: a). .. b)... c) ... le but
de tels objectifs est de mettre en application
l'Article 26 du Traité, d'après lequel,on tiendra
comute des facteurs humains et autres, admis Dar-
le droit international"(soulignépar nous).

Deuxièmement, la déclaration de la délégation
salvadorienne, inscrite dans le procès-verbal de la

Commission mixte des limites de la séance des 22-24 aoüt
19842, où il est dit qu'elle espère que la délégation

hondurienne:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,

Annexe V.1.3, p. 834.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 11,
Annexe V.1.15, p. 868, à partir de la ligne 21. "fera sa présentation par écrit, lors de cette
Réunion ou dans une prochaine, sur la question
insulaire, les espaces maritimes, questionsde
sécurité, questions de navigation et aspects
relatifs à la coopération entre les deux -p-ys,
pour ëtre traités et étudiés toujours conformément
à l'article 26 du Traité" (soulignépar nous).

Troisièmement, la Note no 180 du 24 janvier 1984,
reproduite en annexe du mémoire du ~ondurasl, dans laquelle

le Ministre des Relations Extérieures d'ElSalvador, en
réponse à la Note du Ministre des Relations Extérieuresdu

ond duras da,s laquelle ce dernier contestait certaines
dispositions de la Constitution récemment approuvée d'El

Salvador, se rapportant à l'irréductibilité du territoire
salvadorien et aux prétendus fondements des droits d'El

Salvador sur les îles et espaces maritimes en litige,
répondaitce qui suit:

"Il est nécessaire de signaler de plus que,
conformément à l'article 26 du Traité Général de
Paix déjà mentionné et à d'autres dispositions de
celui-ci, El Salvador a parfaitement le droit
d'utiliser toutesles preuves et raisons admises
par le droit international pour la ju-tification
de sa domination territo;iale, qu'elle soit
continentale, insulaireou maritime..." (souligné
par nous).

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
Annexe XIII.1.17,p. 2264. v,

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
V,
Annexe XIII.1.16, p. 2262. 24. Finalement, les obligations conventionnelles qui,
pour El Salvador comme pour le Honduras, ont dérivé de

l'article 5 du Compromis du 24 mai 1986 et de l'article 26
du Traité Géneral de Paix doivent, de l'avisdu Gouvernement

du Hondurasr être considérées comme applicables de façon
autonome et concurremment avec l'invocation du principe

général de l'uti possidetis juris. Ainsi que l'indique la
Cour Internationalede Justice dans l'affaire des Activités

militaires et paramilitaires au Nicaraqua, et contre celui-
cil.
-

"...Même si deux normes provenantdes deux sources
du droit international apparaissent identique sar
leur contenu et même si les Etats considérés sont
liés par les règles en question sur les deux plans
conventionnel et coutumier, ces normes conservent
une existence distincte..."

C. LE DROIT SPECIAL APPLICABLE ENTRE LES PARTIES DEROGE AUX

AUTRES REGLES DU DROIT INTERNATIONAL GENERAL RELATIVES
A L'ATTRIBUTION DE TERRITOIRES

25. Après les considérations qui précèdent, il ne

reste qu'à faire deux observations quantaux conséquencesde
la constatation selon laquelle la prétention du Gouvernement

d'El Salvador est soumise, comme celle du Honduras, aux
règles dérivées du principe de l'utipossidetis juris.

1 C.I.J. Recueil 1986, Arrêt du 27 juin 1986, p. 93,
par. 175 et suiv. La première est que ces règles, dont la teneur

spéciEique est fournie en l'occurence par l'article 26 du
Traité Général de Paix et, par exemple, par les règles

constitutionnellesrenvoyant à la législation et aux actes
de juridictioncoloniaux, ont, en vertu de leur condition de

rèqles spéciales dans les relations entreEl Salvador et le
Honduras, priorité sur les autres règles du droit

international généralqui, à défaut, seraient susceptibles
de s'appliquer. Cela vise des règles coutumières comme

celles dérivées de principes de droit international public
relatifs à l'attribution de territoires. Il en est de méme

des règles que l'on peut déduire de décisions arbitrales ou
judiciairesl.

26. La seconde observationse rapporte aux assertions

du chapitre 5.8 du contre-mémoire d'El Salvador qui,
étrangement, interprète l'article 5 du Compromis comme

donnant prioritéaux dispositions de l'article 38 du Statut
de la Cour sur les dispositionsdu Traité Général.

Selon la République d'ElSalvador:

"Le Honduras a apparemment oublié que l'article 5
du Compromis qui constitue la base de la
juridiction de la Cour, confère priorité aux
dispositions de l'article 38 du Statut de la Cour
sur les dispositions du Traité Général de paix2."

1 W., chap. II, sect. II, p. 909-916,
par. 20-24 B.

2 Contre-mémoired'El salvador; chap. 5.8, p. 145.En réponse à cette allégation, on observera d'abord que,
sous réserve du droit des peuples à disposer d'eux-mémes, et

d'autres règles, tellesque la prohibition de l'acquisition
de territoires par la force, les normes du droit

international généralen matière d'acquisitionde territoire
ne relèvent pas de la catégorie du jus coqens et que, de la

même manière, les Parties sont libres de convenir entre
elles des moyens de preuve qu'elles soumettront à la Cour,

sous réserve - bien entendu - que la Cour aura toute liberté
d'en apprécier, dans chaque cas d'espèce, la pertinence et

le poids.

Des exemples nombreux de cette liberté des Parties sont

fournis par la pratique des Etats d'Amérique Latine qui,
dans leurs litigesde frontières donnent mission à l'arbitre

de statuer sur base de titres, cartes ou autres documents
publics et "de refuser toute valeur juridique à la

possession de fait." Dans ce sens, on citera notamment:

- Le Traité Gamez-Bonilla du 7 octobre 1894 entre le
Honduras et le Nicaragua, article III.

- Le Traité de limites du 19 janvier 1895 entre le

Honduras et El Salvador, article II, 402.

1 C.I.J. Recueil 1960, Mémoires, Plaidoiries et
Documents,p. 354-361.

2 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, p. 115. - Le Traité du ler mars 1895 entre'le Guatemala et
le Honduras,article VI~.

A propos de l'article 5 du Compromis intervenu dans la

présente affaire, on observera que cet article, intitulé
"Droit applicable" est une disposition de portée générale

qui n'opère aucune distinction entre les divers éléments
- terrestre,maritime et insulaire - du différend..

On soulignera de même que par cet article 5 du
Compromis, les Partiesont demandé à la Chambre de la Cour

"de tenir compte, en rendant son arrêt, des normes de droit
applicablesentre les Parties", ce qui est une allusiontrès

claire au droit spécifique A l'AmériqueLatine.

Enfin, l'article 5 du Compromis poursuit par les mots:
"y compris s'il y a lieu, des dispositionsdu Traité Général
de Paix", ce qui est parfaitement logique puisquele

compromis n'est que la mise en Œuvre du Traité Général de
Paix avec lequel il forme un tout indissoluble.

27. Dans son premier mémoire, le Gouvernement de la

République du Honduras croit avoir démontré, en s'appuyant
notamment sur l'arrêt prononcépar la Cour Internationalede

Justice dans l'affaire de la sentence du Roi dlEspaqne,que
l'article 26 du Traité Général de Paix devait trouver
application dansla présente affaire, pour autant que ses

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. III, p. 117dispositionsne se révèlent pasincompatiblesavec le Statut
de la Cour ou avec la nature d'organe judiciaire de celle-

cil.

Aucune "priorité" ne peut donc ëtre attribuée à
l'article 38 du Statut de la Cour par rapport à l'article 5

du Compromis combinéavec l'article 26 du Traite Général de
Paix et, cela, pour la simple raison qu'il n'existe aucune

identité de nature ou d'objet entre ces deux dispositions
complémentaires.

La parfaite harmonie entre ces deux dispositions estau

surplus clairement manifestée par le texte mëmede l'article
5 du Compromis qui débute par les mots: "Conformément au

paragraphe 1 de l'article 38 du Statut de la Cour
Internationalede Justice..."

De mëme, il n'existe aucune antinomie entre l'article

26 du Traité Général dePaix et l'article 38 du Statut de la
Cour pour la raison que l'article 26 édicte des règles de

droit matériel alorsque l'article 38 du Statut de la Cour
énumère les sources formelles du droit international do let

principe de l'uti possidetis fait nécessairement partie
selon la jurisprudence la plusrécente.

Cette jurisprudence témoigne de l'extension du principe

de l'uti possidetis juris, non seulement dans son
élargissement à d'autres continents que la seule Amérique,

1 Mémoire duHonduras, vol. 1, chap. III, p. 85-90mais aussi dans son approfondissementpar l'applicationqui

en a été faite aux frontières maritimes par la sentence
arbitrale prononcée le 31 juillet 1989 par le tribunal

arbitral qui a tranché le différend entrela République de
Guinée-Bissau et la République du Sénéqal au sujet de leur

frontièreen merl.

Le "statut juridiqued'une île", abstraction faitede
ses espaces maritimes, s'analyse .essentiellementdans sa
dépendance à l'égard d'une souveraineté étatiqueen conflit

- comme en l'espèce - avec une autre souverainetéétatique.

L'idée de base, la ratio leqis qui a déterminé les
Etats d'Amérique Latine à adopter le principe de 1'&

possidetis iuris et qui, dans la suite, a déterminé les
Etats africains à s'y rallier est un souci de sécurité

juridique qui vaut par identité de motifs pour les îles qui
font l'objet du présent litige pour la double raison que les

îles de Meanguera et de Meanguerita relevaienten 1821 de la
Province du Honduras ainsi qu'il a été démontré dans le

volume II du mémoire du ~onduras2.

1 Tribunal arbitral pour la détermination de la

frontiére maritimeGuinée-Bissau/Sénégal, Genève 1989.

2 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XVI, p. 527 et
suiv. Section III.La supérioritédes titres invoqués par le
Honduras selon l'utipossidetis juris de 1821

28. Dans cette section, le Gouvernement du Honduras

estime pertinent de procéder à une analyse des documents
produits par les Parties en vue d'accréditer les titres

coloniaux qu'ils invoquent sur les iles en litige, répondant
ainsi à diverses allégations d'El Salvador qu'il estime

dépourvues de fondement. Il convient de souligner d'emblée
que le Gouvernement d'El Salvador n'a pas suffisamment

accrédité les documents coloniaux qui appuient ses
prétentions sur l'île de Meanguera; en effet son

argumentation est essentiellement consacrée 'à tenter de
dénaturer les titres et les documents de base produits par

le Honduras et à tenter, de façon assez confuse, d'étendre
le différend à toutes les îles du Golfe de Fonseca.

D'autre part, on ne peut mettre en doute que les deux

Gouvernements admettent expressémentque leurs positions
sont soumises au test de l'uti possidetisjuris de 1821. Le

Gouvernement d'El Salvador, dans la Conclusion II de son
mémoire, demande à la Chambre de la Cour de déterminer la

situation juridique des iles en litige, sur la base des
titres coloniaux établispar la Couronne dg~spagnel.Il

Et de façon autonome ou concurrente, sur la base
d'une possession immémoriale en sa faveur qui,
objectivement, depuis sa réclamationde 1854, ne peut être
identifiée qu'àla possession immémorialecoloniale, supra.,
sect. II, p. 900, par. 14.renouvelle sa requête dans le contre-mémoire en ajoutant de

nouvelles ~onclusions~, toutes en application de 1'G
possidetis juris qui, à son avis, a montré:

a) que ni 1'AlcaldiaMayor de Tegucigalpa ni 1'Evêché

de Comayagua n'exerçaientde juridiction civileou
ecclésiastique en 1821 sur les îles du Golfe, et

que, par conséquent, c'était la province coloniale
de San Salvador,par le truchementde San Miguel,

qui les exerçait.

b) que la province coloniale du Honduras, lorsqu'elle
fut constituée, n'avait pas de côtes sur l'Océan

Pacifique.

c) que les "Reales Cédulas" de 1563 et 1564
laissèrent le Golfe de Fonseca dans'la juridiction

de 1'Audiencia-Capitainerie Générale de Guatemala
et, plus spécifiquement, dansla juridiction de

San Miguel, dans la province coloniale de San
Salvador.

d) que, lorsque la Couronne d'Espagne établissait une

juridiction sur lesiles, elle le faisaitau moyen
d'une "Real Cédula"et qu'aucune ne fut émise en

faveur du Honduras, en ce qui concerne les iles du
Golfe de Fonseca.

1 Contre-mémoired'El Salvador, Submissions 11.3 et
4, p. 293-294. 29. Pour mieux traiter les divers sujets en

discussion, on les considèrera, dansla présente réplique,
comme suit:

Au paragraphe A) on mettra particulièrement en évidence

que l'invocationerronée des Cédulas de 1563et 1564 par le
Gouvernement d'ElSalvador, masqueen réalité sonabsence de

réponse aux arguments du Honduras sur ce que prouvent les
documents du XVIe siècle.

Au paragraphe B) on montrera que le Gouvernement d'El

Salvador ne peut contester valablement le processus
d'intégration territorialede la province du Honduras, et

ses conséquencessur le présent différend.

Au paragraphe C) on répondra à la position
salvadoriennesur l'argumentdit "ecclésiastique".

Au paragraphe D) on examinera la pertinence dans la

présente affairedes invasions successivesdes pirates dans
le Golfe de Fonseca, cause du dépeuplement des iles

Meanguera et Meanguerita.

Au paragraphe E) enfin, on montrera l'insuffisancedes
documents coloniaux civils invoqués par El Salvador à

l'appui de ses prétentions sur les iles et, en revanche, les
droits plus fondésdu Honduras dans sa prétention à voir

dire par laCour que le Honduras détient la souverainetésur
les iles de Meanguera et, de sa dépendance, Meanguerita.

Ainsi qu'on l'a montré en d'autres occasions, la

référence aux "iles en litige" se limite toujours, dans ces
exposés du Gouvernementdu Honduras, à l'ile de Meanquera etsa dépendance Meanquerita et les références ou réponses aux

arguments salvadoriens relatifs à d'autres îles n'ont que
valeur d'éclaircissements surla véritable signification des

documents examinés ou de précisions dans le contexte général
du différend sur ces deux iles.

A. EL SALVADOR N'A PAS DONNE DE REPONSE AUX ARGUWENTS DU

HONDURAS SUR LA DECOUVERTE ET L'ATTRIBUTION DES ILES AU
HONDURAS AU XVIe SIECLE

30. En ce qui concerne la découverte et la prise de

possession de Meanguera, ainsi que de 1'ile d'El Tigre, par
Andrès Niïio,en 1522, le Gouvernementd'El Salvador n'y fait

aucun commentaire dans ses écrits mais, de toute évidence,
ce n'est pas un fait qu'il conteste. Au contraire, dans

diverses publications, le Gouvernement salvadorien ou des
historiens salvadoriens prétendent que l'île de Meanguera,

qu'ils appellent "Petronila", fut la première ile du Golfe
que Ni50 et les espagnols découvrent et qu'ils

s'approprient. Celaest important car le conquistador du
Cuzcatlan, qui deviendra la province de San Salvador, fut

Pedro de Alvarado et il est évident que ce ne fut pas son
expéditionqui découvrit les iles du Golfe de Fonseca.

Or, la découverte eut des conséquence de droit et cela

est pertinent dans le présent différend. En effet, le
Capitaine Gil Gonzalez Davila, dont Niïio était membre de

l'expédition, obtint de la Couronne d'Espagne, après ses
expéditions dans le Sud et le Nord du Honduras, une vaste

"~obernaci6n"l~dont la partie centrale étaitprécisément le

1 Mémoire du Honduras, vol. 1, chap. II, p. 10.territoire de ce qui serait la province du Honduras et dont
la vocation essentielle était d'assurer l'importante

communication interocéanique recherchéepar les espagnols.
Cette "Gobernacion"eut une existence éphémère par rapport à

toute l'étendue territoriale que lui assignait le Roi
d'Espagne, mais elle est importante à plus d'un titre pour

1a constitution suivante de plusieurs divisions
administrativescoloniales.

En premier lieu, la Gobernacion de Gil Gonzalez Davila

s'étendait de l'Océan Atlantique, Mer des Caraïbes, à
l'Océan Pacifique,Mer du Sud.

En deuxième lieu, lorsqu'en 1524~ 1'Audiencia de Saint

Domingue envoya le Procureur Morenopour régler les conflits
de juridiction entre les capitaines espagnols,la décision

de llAudiencia, au nom du Roi d'Espagne, dispose que
Pedrarias Davila, au Sud-Est, ainsi que Pedro de Alvarado,

au Sud-Ouest, doivent laisser libres et en dehors de leurs
juridictions respectivesles territoires découvertspar Gil

Gonzalez Davila au Sud de ce qui est aujourd'hui le
Honduras, c'est-à-dire la région de Nacaome, Choluteca et

les iles.

En troisième lieu,et résultant de ce qui précède, ces
territoires situés sur la cote Pacifique furent intégrés à

la Gobernacion du Honduras, confiée à Francisco de ~ontejo~

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,

Annexe XIII.2.1, p. 2273.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.2.3, p. 2277.qui non seulement exerçaitla juridiction, depuis Comayagua

(Valladolid), sur la ville d'espagnols de Choluteca, mais
qui, en outre, par le biais d'un accord passé avec les

habitants de San Miguel -non approuvé par le Roi
d'Espagne - espérait étendre sa juridiction sur les

territoires comprisentre la rivière Lempa et la Baie de
Fonseca.

En quatrième lieu, compte tenu précisémentdu fait que

le Roi n'autorisa pas l'intégration sollicitée par Montejo,
lesdits territoires, au Sud du Honduras, donservant une

identité propre, demeurèrentdans une situation changeante
pendant une courte période, jusqu'à la création de

1'AlcaldiaMayor de Tegucigalpa en1578-1580.

La ville de Jerez de la Frontera de Choluteca, fut
dotée d'un territoire sous sa juridiction; des documents

mentionnent qu'elle fut rattachée à San Salvador et à San
Miguel, seulement pour une courte période. Lorsque fut

créée, en 1578, 1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa, son espace
territorial, selon ce qu'expose clairement la "Real

~rovision"~ nommant Cisneros de Reynoso en 1580, indique
expressément deux aspects pertinents pour la présente

section:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XIII.2.5, p. 2281. a) que la juridictionde la Alcaldia Mayor comprend:

"...la ville de Choluteca avec les villages de sa
juridiction...O

b) que cette juridiction dela AlcaldiaMayor s'étend

jusqu'aux:

"(les) limiteset juridictions de la ville de San
Miguel..."

31. C'est cependant en ce qui concerne une période
immédiatement antérieure que le mémoire et le contre-mémoire

d'El Salvador introduisent,aux chapitres 12.3 et 6.15-6.16
re~~ectivementl,l'argumentationselon laquelle les "Cédulas

Reales" de 1563 et 1564, en modifiant la compétence de
1'Audiencia des Confins, établie en la ville de Gracias au

Honduras, et en disposant que la région du Golfe de Fonseca
serait rattachée, d'abord à 1'Audiencia de la Nouvelle

Espagne (Mexique), puis à 1'Audiencia de Guatemala, eurent
pour effet de priver la province du Hondurasde titre légal

pour exercer sa juridiction sur Cholutecaet, partant, sur
les iles en litige.

11 existe, par conséquent, en ce qui concerne

l1interprétation,dela portée de ces "Cédulas", un point de
désaccord important entre El Salvador et le Honduras.

1 Mémoire d'El Salvador, chap.12.3; trad. fr.,

p. 71; contre-mémoire d'El Salvador, chap. 6, p. 171-172. Pour le Gouvernement d'El Salvador, ces "Cédulas",en
incluant le Golfe de Fonseca dans la juridiction de

1'Audiencia de Guatemala (qui avait la même délimitation
territorialeque la Capitainerie Générale de Guatemala) ont

créé une situation immuable dont, curieusement, ahérité la
seule nation salvadorienne. El Salvador se proclame en

effet, dans la présente procédure, unique successeur de
1'Audienciade Guatemala et réactive les prétentionsdénuées

de fondement de la République du Guatemala qui, en 1918,
semblait vouloir remettre en cause la souveraineté du

Honduras sur ces régions du Sud (Choluteca,Nacaome et les
îles). Dans la Conclusion II iii) du contre-mémoire, le

Gouvernement d'El Salvador en vient méme à affirmer, sans
aucun fondement dans lesdites "Cédulas"ni dans d'autres

documents connexes, que cette juridiction attribuée à
1'Audienciade Guatemala fut donnée "more specifically" à la

juridictionde San Miguel.

Bien qu'elle maintienne l'obscurité sur cette
allégation, l'interprétation logiquede celle-ci parait

indiquer que, pour le Gouvernement d'El Salvadbr, ces
"Cédulas Reales" seraientle titre colonial originelqu'il
invoque pour étayer sa réclamation relative à la

souverainetésur les îles en litige. C'est pour cette raison
qu'il demande à ,la Cour de statuer sur la base des documents

établis par la Couronne d'Espagne,conclusion qui, en .ces
termes, est erronée. Premierement, parce que ces "Cédulas

Reales" n'établissentpas spécifiquementune juridiction en
faveur de San Miguel et, deuxièmement, parce que 1a

décision, conformément à l'article 26 du Traité Général de
Paix, doit se baser sur des documents établis par des

autorités coloniales, civiles ou ecclésiastiquesen général,
et pas seulementsur des "CédulasReales". 32. Les réfutations du Honduras face aux arguments
développés par le Gouvernement salvadorien, sont les

suivantes:

a) Les "Cédulas Reales" de 1563 et 1564 ont été
abrogées par la "Cédula Real" du 28 juin 156a1,

appliquée en 1570, qui rétablissait la compétence
de 1'Audiencia de Guatemala sur le territoire sur

lequel allaient s'établirpar la suite les cinq
Républiques centraméricaines.Ainsi que l'indique

l'historien Flavio J. Quezada S., si la "Cédula
Real" du 17 septembre 1563 fractionnait le

territoire de ladite Audiencia en deux parties
- les provinces de Chiapas, Soconusco, Guatemala

et Honduras demeurant rattachées à 1'Audiencia de
Mexico, tandis que la province du Nicaragua,

Cartago et même la Castilla de Oro étaient
incorporées à 1'Audiencia de Panama - la "Cédula

Real" de 1568 rétablissait la juridiction de
1'Audiencia de Guatemala sur les provinces de
Chiapas, Soconusco, Guatemala, Honduraset Costa

~ica2, étant donné que se maintenait en faveur de
1'Audiencia de Panama la juridiction sur la

province dite Castilla de Oro.

Réplique . du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.6, p. 393.

2 Flavio Quesada S., Estructuracion y desarollo de
la Administracion politica territorial de Guatemala,
Editorial Universitaria de Guatemala, 1983. En particulier,
p. 40-46 et 50-52. L'auteur cite largement dans ses travaux
les Œuvres des éminents auteurs Domingo Juarros, Francisco
de Paula Garcia Pelaezet Manuel Rubio Sanchez. Par conséquent, à l'issue d'une très courte

période, 1'Audiencia de Guatemala, siégeant depuis
1549 dans la ville de santiag0 de Guatemala,

récupère son entière autonomie par rapport aux
autres grandes divisions administratives

coloniales, comme Mexico, Saint Domingue, La
Nouvelle Grenade (Colombie)et Panama (Castilla de

Oro).

b) Le second argument d'El Salvador est que la

province d'El Salvador succéda à 1'Audiencia de
Guatemala pour la juridiction sur la région du

Golfe de Fonseca. La réponse négative émane de
deux constatations:

- premièrement, qu'en aucune partie des

"Cédulas Reales" de 1563, 1564 ou 1568, il
n'est dit que la juridiction sur le Golfe de

Fonseca est dévolue à 1'Alcaldia Mayor de San
Salvador ou à la ville de San Miguel.

- deuxièmement, qu'en réalité llAudiencia de

Guatemala ne fut pas, à proprement parler,
une "Gobernacion", mais un groupement de

"co,rregimientos"et d'"Alca1dias Mayores" et
que, par conséquent, c'estdans les zones de
juridiction de ces circonscriptions, en

principe explicitées par une liste de
villages et villes assignés à celles-ci, que

l'on doit confirmer si tei ou tel territoire
ou, en l'occurence, iles, se trouvent dans

une circonscription déterminée. Comme l'indique l'historien Quesada, corroborant

Francisco de Paula Garcia Pelaez vers 1585 "on doit
considérer comme achevé l'établissement général et la

répartition des corregimientos, Alcaldias Mayores et
gobernaci8nes du Royaume de Guatemala". Selon l'auteur

Domingo Juarros, cité par Quezada, à la fin du xVIe siècle,
auraient été établis dans le Royaume, Audiencia ou

Capitainerie Générale de Guatemala, quatre"gobernaci6nes"
qui étaient Comayagua (Honduras), Nicaragua, Costa Ric et

Soconusco, neuf "Alcaldias Mayores" , y compris San Salvador
et Tegucigalpa,et dix-huit "~orregimientos"~.

Ainsi que l'a montré le Gouvernement du Honduras, la

ville de Choluteca, avec les villages dépendant de sa
juridiction, fut assignée à 1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa

en 1578.

C) Enfin, quant à l'argument du chapitre 6.14 du
contre-mémoire d'El Salvador selon lequel

l'assignation d'îles à une circonscriptiondevait
toujours s'opérer par "Cédula Real" utilisant

l'exemple de la "Cedula Real" du 20 octobre 1528
qui attribuait l'île de Guanajos à 1a

"Gobernaci6nWdu Honduras, il convient de signaler
que, contrairement aux assertions d'El Salvador,

cette procédure n'était pas la règle, mais
l'exception. L'existence de cette "Cédula Real"

1 FlavioJ. Quesada, op. cit., p. 50-51; réplique du
Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe VII.7, p. 395. sur Guanaja - qui forma ensuite, avec Roatan et

Utila, les iles de la Baie (Bay Islands) sur le
littoral Nord du Honduras - Eut très opportune

pour le Honduras, car elleconstitua un important
fondement légaldans son litige avec l'Angleterre

à propos desdites îles. Mais, dans la pratique
coloniale espagnole, les exemples d'assignation

d'îles spécifiques au territoire d'une division
administrativecontinentale par "Cédula Real" sont

très rares et, dans le droit espagnol de l'époque,
il n'y a pas de dispositions interdisantque

l'assignation s'effectue sur la base d'autres
procédures.

Si en outre, comme on l'a montré plus haut, El
Salvador ne peut pas non plus valablement invoquer

une "Cédula Real" ayant assignéà San Salvador ou .
à San Miguel, les iles en litige, l'argumentest

donc dépourvu de pertinence dans le présent
litige.

B. EL SALVAWR NE PEUT PAS VALABLEMENT CONTESTER

L'INTEGRATION TERRITORIALE DE LA PROVINCE DE
COMAYAGUA AVEC L'ALCALDIA MAYOR

DE TEGUCIGALPA

33. Le Gouvernement d'El Salvador qui, dans son
mémoire, prétendait remettre en cause l'assignation de

Choluteca et Nacabme à 1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa,
fait, dans son contre-mémoire, un pas de plus dans son
audacieuse escalade argumentaire et met maintenant en doute

le fait mëme que ~e~uci~al~aait fait partiede la province
du Honduras, qui allait accéder à l'indépendance en 1821

comme Etat du Honduras. Cette position se base essentiellement sur trois

arguments, à savoir:

Premièrement, selon El Salvador, 1'Alcaldia Mayor de
Tegucigalpa est distincte de la "Gobernacion" de Comayagua

ou Honduras.

Deuxièmement, 1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa a été
constituéepar "Real Provision"et non par "Real Cédula".

Troisièmement,1'Alcaldia de Tegucigalpa,ou sa partie

Sud, faisaient partiede 1'Audienciade Guatemala et non de
la "Gobernacion" du Honduras et, comme tels,ils étaient

assignés aux "AlcaldiasMayores" de San Salvador et de San
Miguel, qui formèrentensuite 1'Etat d'El Salvador.

34. En ce qui concerne le premier arqument, qui est

pratiquement un argument grammatical,dans la mesure où il
soutient que le territoire ayant une façade sur la mer des

Caraïbes, se dénommant "Gobernacionde Honduras" et ayant
pour capitale la ville de Comayagua, était distinct du

territoire ayant une façade sur le Golfe de Fonseca et
s'appelant "Alcaldia Mayor de Tegucigalpa", la réponse

claire est qu'en effet c'étaient deux divisions
administratives distinctes, mais que les dénominations

distinctesn'ont pas de pertinence juridique.

En effet, il ne s'agit pas, dans le présent litige, de
la succession de la "Gobernacion" du Honduras, du XV1Ie

siècle, mais de celle de la Province-Intendancedu Honduras,
constituée au XVIIIe siècle et qui, comme telle, accéda à

l'indépendanceen 1821. En ce qui concerne le territoire général de cette

Province-Intendance,les documents coloniaux et les auteurs,
tant coloniaux que contemporains, sont formels: la

"Gobernacion"du Honduras fut réunie à 1'Alcaldia Mayor de
Tegucigalpa.Comme l'indiquebien S.M. le Roi Alphonse XIII,
dans un considérant du jugement du 23 décembre 1906,

figurant au contre-mémoiredu Honduras, page 652, mais qu'il
convientde répéter:

"4) ... la Province du Honduras a été formée en
1791 avec tous les territoires de la province
primitive de Comayagua, ceux de sa voisine
Tegucigalpa et les autres de l'évêché de Comayagua
constituant ainsi unerégion qui confinait au sud
avec le Nicaragua,au sud-ouestet à l'ouest avec
l'océan Pacifique,San Salvador et Guatemala."

Mais il faut noter en outre que 1'Alcaldia Mayor de

Tegucigalpa fut réunie à la "Gobernacion" du Honduras ou
Comayagua avec tous les villages de sa juridication,parmi

lesquels figurait Choluteca depuis la nominationde Cisneros
de Reynoso en 1580 et on peut constater qu'il est assigné à

Tegucigalpa dansla série de nominations qu'a présentée le
contre-mémoire d'El Salvador aux annexes IV.7 et 1v.81.
Comme le montre la carte VII.l en regard de cette page,

l'intégration du futur Etat du Honduras se fit
progressivement.D'une part, la "Gobernacion"originelle de

Comayagua, à l'ouest;la Teguzgalpa,terre de missionset

1 Le titre de cette Annexe IX.8 est erroné car il

doit dire "...in the provinces of Guatemala..." et non au
singulier "...in the Province..."de tribus Mosquitos, à l'Est; Tegucigalpa, au centre-sud.
Tous les villages cités dans la nomination de Cisneros de

Reynoso, à quelques variantes d'écriture près, sont
conservés de nos jours, ainsi qu'on peut facilement le

vérifier sur des cartes modernes de la République du
Honduras.

Dans ladite nomination se trouvent Las Minas de

Guscucuran, Guazucuranou Goascoran, les villages de Xoxona
ou Ojojona; Titumbla, aujourd'hui Tatumbla; Curaren,

Reitoca, Lepaterique; et, comme point central, le "mineral"
puis ville de ~egucigalpa et sa cité jumelle Comayaguela ou

Comayagua des indiens.

35. Quant aux affirmations des chapitres6.16 et 6.17
du contre-mémoire salvadorien, il convient d'éclaircir

plusieurs erreurset contradictions:

- En premier lieu, bien qu'il y eût des mines dans

la juridiction de Choluteca, comme Goascoran, San
Marcos puis El Corpus, la juridictionde 1'Alcalde

Mayor s'étendait seulement sur .la ville de
Choluteca et ses villages, et non sur les mines de

Choluteca, ainsi que l'indique tendancieusementle
contre-mémoire salvadorien.

- En deuxième lieu, le fait que le Gouverneur de

Comayagua ou Honduras ait protesté parce que
s'était établie une autre division territoriale à

Tegucigalpa, qui lui retirait le contrôle sur les
mines et les villages, prouve que, comme le

soutient le Gouvernement du Honduras, Tegucigalpa
et les villages environnants faisaient partiede cette "Gobernacion"du Honduras avant la création
de 1'Alcaldia Mayor, c'est-à-dire depuis Gonzalez

Davila et Montejo.

- En troisième lieu, les listes de villages ou sites.
que l'on peut trouverdans des documentsrelatifs

à la "Gobernacion" du Honduras ne sont pas
pertinentesdans ce cas. De toute évidence, depuis

1580, il-y avait deux entités territorialesdans
ce qui sera par la suite la Province-Intendancedu

Honduras. Choluteca, Naca6me ou les iles ne
peuvent pas par conséquent figurer sur les listes

de villages des régions occidentale,
septentrionale ou'orientale de ce qui sera plus

tard 1'Etat du Honduras.

36. En ce qui concerne le deuxième arqument figurant
aux chapitres 6.15 et 6.16 du contre-mémoire salvadorien,

qui fait une distinctionentre ''Real Cédula" et "Real
Provisi6nW, il convient également de noter que cette

distinction n'a pas non plus de pertinence juridique en
l'occurrence. L'administration du territoire américain
supposait la promulgation. d'une législation coloniale

spéciale, connue sousle nom générique de "Lois des Indes"
qui constituaientun ensemble de dispositions émanant des

autorités tant métropoltaines que locales.

La "RealProvisi6nVétait une ordonnanceédictée par le
Conseil des Indes, les Vice-Rois oules Audiencias aunom du

Roi. Ces organes agissaient par délégation royaleet leurs
dispositions, si ellesn'étaient pas révoquées par le Roi,

avaient forcede loi et étaient exécutoires. Dans la "Recopilacionde Leyes de Indias" (Recueil des
Lois des Indes) de 1680, on trouve diverses dispositions

(lois) établissant clairementqu'il y avait différentes
modalités d'approbation, par la Couronne Royale, des lois

applicables auxIndes.

Le Roi Philippe IV, qui ordonna la "Recopilacion",
dispose dans la Loi Première de celle-cique:

"...les lois promulguéespour le bon 'gouvernement
de nos Indes, iles et terre ferme de la mer
Océane, nord et sud, qui ont été transmises par
différentes 'Cédulas', 'Provisi6nes1,instructions
et lettres, sont réunies et se réduisent à ce
corpus de façon légale et il est ordonné de les
conserver, lesrespecter etles appliquer ..."

Il est indiqué également que:

"...s'il convient d'en faire d'autres, en sus de
celles contenues dans le présent livre, les Vice-
Rois, Présidents, Audiencias, Gouverneurs et
Alcaldes Mayores, nous en informentpar le
truchement du Conseildes Indes afin que, après
examen, l'on prenne la décision la plus adéquate
et que ces lois soient ajoutées sur un cahier
annexe..."

La nomination des Alcaldes Mayores de "Mines" est
confiée spécialement aux Vice-Rois etPrésidents dlAudiencia

"...àqui il appartientd'y pourvoir...",selon le Livre IV,
Titre XXI, Tome II des Lois des Indes. La nomination peut

égalementêtre décrétée directement par le Roi.

La nomination de Cisneros de Reynoso en 1580 est par
conséquent toutà fait légitime,de même que cellede sessuccesseurs. La nomination du capitaine de ~lcegal en 1601

est rédigée à Valladolid (Espagne). Les nominations
dlAlcaldes Mayores des XVIIe et XVIIIe siècles, reproduites
dans les annexes IV.7 et IX.18 du contre-mémoire d'El

Salvador, - sept au total - émanent du Roi, et il s'agit de
"Cédulas Reales" édictées à Madrid, El Pardo, San Idelfonso

et San Lorenzo del Escorial.

37. En ce qui concerne le troisième arqument,il n'y
a, dans les documentscoloniaux, aucun point favorable à la

thèse salvadorienne,a l'exception de la phrase "de la
Province de Guatemala", après la référence à la ville de

Choluteca, lorsqu'il est fait mention des nominations
dlAlcaldes Mayores de Tegucigalpa. Le Honduras considèrq eue

cette phrase étaitune clause de style qui est évidemment'
tombée en désuétude. Elle visait bien plus l'ensembledu

territoire de 1'Audiencia de Guatemala qu'une province
spécifique de Guatemala- et cela est confirmé, par exemple,

dans les annexes IX.8 du contre-mémoire salvadorien oùd ,ans
les nominations dlAlcaldes Mayores de Tegucigalpa, il est

fait mention de leur localisation "...in the provinces of
Guatemala...", c'est-à-dire comme l'une des divisions

administrativesde 1'Audiencia.

Si, comme le Honduras l'amontré à l'annexe IX.5 de son

contre-mémoire, l'historien Manuel Rubio Sanchez explique
clairement, dans une publication patronné par le

1 Mémoire du Honduras, Annexes vol. V,
Annexe XIII.2.6, p. 2283.Gouvernement salvadorien lui-même, qu'à.so avis la ville de
Choluteca passa dans la juridictiod ne Tegucigalpa à partir

de 1602, on comprend difficilement pourquoiaujourd'hui,
dans ses écrits devant la Cour, le Gouvernement salvadorien

veut rouvrir une discussion close il y a un certain temps
par les juristeset les historiens dela région.

La raison la plus évidente est qu'il prétend jeter la

confusion sur les compétences réelled ses Alcaldes Mayores
et, par là, nier toute valeur de légitimité aux actes de

juridiction de 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa sur l'îlede
Meanguera et ses habitants motivés par les attaques de

pirates de 1684.

Cependant, ainsi que la Cour l'appréciera, les
compétences de 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa, comme celles
de 1'Alcalde Mayor d'El Salvador, furent, toujours très

complètes pour ce qui était de l'exercice, dans un espace
territorial déterminé, de la juridication civile,

commerciale, criminelle, militaire, fiscale,de protection
des indigènes, etc..Dans la nomination enqualité dlAlcalde

Mayor de Cisneros de ~e~nosol, le Roi décrète en effetque
"...à ce titre vous porterez les insignesde notre

justice..." et cela "...dans les lieux et aux endroits en
question et dans les limitesoù vous aurez une juridiction

civile et criminelle...". Et aussi "...vous aurez à
connaître de toutes les plaidoirieset affaires civiles et

1 Mémoire du ,Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.2.5,p. 2281-2282.criminelles en cours ou à venir, d'office ou à la requéte

des parties, dansla ville de Choluteca." Et, dans la série
de preuves documentéesaccompagnantle mémoire et le contre-

mémoire du Honduras, 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa exerce
une qatmietrès étendue de compétences.

Tenter de dénaturer cette évidence en considérant que

1'Alcalde Mayor pouvait, en dernière instance, être nommé
par le Président de la Audiencia de Guatemala, ou qu'il en

dépendait, c'est tenter de simplifier de façon inadmissible
la riche et complexe relation administrative entreles

diverses circonscriptions coloniales espagnoles dont on
pourrait dire, en des termes modernes, qu'elles opéraient

comme les étatsfédérésdans un Etat Fédéral.

En aucun cas, les ambiguïtésterminologiquesne peuvent
pour autant prévaloir sur le contenu réel des documents et

de l'exercice de l'autoritédans la pratique.

38. Le Gouvernement du Honduras, quoiqueparfaitement
conscient que le différend actuel portesur la détermination

de l'autorité qui exerçaitsa juridiction sur les iles en
litige et non pas sur Tegucigalpa, se permet néanmoins de

produire de nouveaux documents, relatifs à la période
pertinente 1675-1682,qui montrent, à titre additionnel, que

1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa exerçait sa juridictionsur
la ville de Choluteca et les localités du Sud bordant le

Golfe de Fonseca et qu'il exerçait ses multiples compétences
dans une totale autonomieet conformément à la législation
en vigueur.

a) Dans le "Procès contre Enrique Gomez et Andrés

Ysleiïo, pour contrebande de marchandises anglaises" de 1675-1677, le "Maître de camp"

Fernando Alfonso Salbatierra qui est identifié
comme "Alcalde Mayor, de par sa Majesté, de cette

province et de la ville de Jerez de la Choluteca",
se déclare informé de la nouvelle selon laquelle

les prevenus ont "neuf cargaisons de lingerie de
contrebande" qui viennent du port de Omoa et il

envoie les chercher dans les environs de Texiguat.
Le document comporte huit pages et le rapport

initial estétabli "en ce village de Real de Minas
de Tegucigalpa, le douzenovembre 1677l."

b) Dans un autre document, le même Sieur Salbatierra,

au village de Goascoran, juridiction de "la
présente Alcaldia Mayor", le 22 septembre 1677,

entame un procès contre Juan Llanos yValdes, pour
avoir fait de l'encre d'indigo avec des indiens.

Sa fonction est celle d'"A1calde Mayor de Las
Minas et des registres de cette province du

Honduras et de la ville de Jerez de la
choluteca2."

c) Dans le "Procès intenté contreFrancisco Bravo de
~rriola'~, en 1677 l'adjointde 1'Alcalde Mayor de

Tegucigalpa à Choluteca,M. Fernando Range1

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.8.A, p. 397.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.8.B, p. 398.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.8.C, p. 399 Salvatierra,tiéclarequ'il a fait l'inspectionde

manufactures d'indigo "de cette juridiction". Il
constate que Par les déclarations des

propriétaires il a appris que M. Bravo de Arriola
a fait de l'encre d'indigo avec des indiens, en

contravention des brevets royaux et d'autres
décrets passés.

d) Dans un document daté du "village de Realde Minas

de Tegucigalpa", le 30 juin 1682, le capitaine
Antonio de Ayala, Alcalde Mayor de ce "Real de

Minas" et de la ville de Jerez de Choluteca",
indiquant avoir appris qu'il y avait peu de maïs
et de blé dans "cette juridiction",et que l'on

s'attend à des ruptures d'approvisionnement,
"ordonnequ'aucune personne de quelque qualitéque

ce soit, ne sorte de cette juridiction, sans son
autorisation, du maïs, du blé ou de la farine",

sous peine d'une amende de cinquantepesos1.

39. Pour conclure ce paragraphe, on peut ajouter une
preuve supplémentaire de l'absence de fondement de la

prétention énoncéedans les écrits salvadorienset tendant à
remettre en cause. l'intégration territoriale du Honduras.

Celle-ci consiste dans le fait qu'au moment de
l'indépendancepar rapport à l'Espagne, alorsque Cornayagua

et Tegucigalpa accèdentensemble à la vie républicainecomme

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.8.D, p. 399.Etat du Honduras, a lieu au El Salvador une union
conventionnelleentre ce qui était la Province-Intendancede

San Salvador et l0Alcaldia Mayor de sonsonatel,
circonscription administrative qui a les caractéristiques

suivantes:

a) Elle ne dépend pas, de toute évidence, des
autorités de San Salvador et n'a pas dépendu

d'elles auxdiverses époques où San Salvador était
AlcaldiaMayor.

b) Sonsonate est géographiquement limitrophe d'autres

divisions territoriales de la province de
Guatemala, qui se regroupent, au moment de

l'indépendance, pour former1'Etat du Guatemala.

C) L'autonomie de 1'Alcaldia Mayor de Sonsonate qui
lui permet de s'unir n'est pas mise en doute,

puisque, même si à un certain momentles autorités
de Guatemala réclament cette circonscription,

celles de San Salvador peuvent s'unir ou annexer
Sonsonate sans le consentemend te Guatemala.

Or, si Sonsonate fait la preuve de.son autonomie pour

choisir sa destinée, 1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa, dans
l'hypothèsethéoriqueoù elle n'aurait pasdéjà été unie à

1 Le second paragraphedu préambule de la première
Constitution d'El Salvador,promulguée le 12 juin 1824,
stipule: "Nous, représentants des peuples compris dans
l'Intendance de San Salvador et dans 1'Alcaldia.Mayor de
Sonsonate.' Ricardo Gallardo Las Constituciones de El
Salvador,Edition Cultura Hispanica, Madrid,1961.Comayagua, aurait dû avoir, au même titre, une autonomie
similaire. Autrement dit, ce que démontrent ces faits c'est
que 1'Alcaldia Mayor de Sonsonate, comme celle de

Tegucigalpa, quoique faisantpartie ou étant des divisions
de 1'Audiencia-Capitainerie Générale du Guatemala, étaient

des provinces autonomes et non dépendantes d'une province
spécifique de Guatemala ou de 1'Alcaldia Mayor de San

Salvador.

C. LE CARACTERE SUPPLETIFDE L'ARGOMENT
DIT "ECCLESIASTIQUE"

40. Le Gouvernement d'El Salvador consacre les

chapitres 5.11 à 5.27 du contre-mémoire à examiner ce qu'il
qualifie d'"argument écclésiastique". Il tente tout d'abord

d'ignorer la pertinence qu'a ledit argument dans le
differend insulaire,pour finir, de fason contradictoire,

par produire deuxdocuments provenant d'ordres religieux et
par faire des commentaires sur une autre série de documents

d'origine ecclésiastique.Tout cela à l'appui de la thèse
selon laquelle les îles de Meanguera et Meanguerita ne
dépendaient pas de la juridiction de 1'Alcaldia Mayor de

Tegucigalpa.

Le Gouvernementdu Honduras, pour sa part, estime avoir
démontré que le principe de l'uti possidetis juris et son

expression dans la règle de l'article26 du Traité Général
de Paix sont applicables au différend insulaire. Par

conséquent, ilest de son devoir de rappeler ce que dispose
cet article, dans l'optique du présent paragraphe, à savoir

que la Chambre de la Cour fonde sa décisionsur:

"les documents établis par la Couronne d'Espagne
ou -oute autre autorité espaqnole, laïque ou ecclésiastique, durant l'époque coloniale, qui
indiquent les ressorts... de territoires..."
(soulignépar nous).

Il doit également rappeler que le recours à
l'allégation de l'"argument ecclésiastique",tant en vertu

de l'ordonnance Royale de 1571 que de la première
Constitution du Honduras de 1825, est également pertinent à

la lumière du droit applicable. L'Ordonnance de 1571 était
loi civile dans tout le Royaume. Le Honduras ne prétend

évidemment pas que son application aboutira toujours à une
absolue correspondance entre les limites de juridiction
temporelle et la juridication spirituelle, attendu qu'en

effet cette conformité, commedisait la loi, devait exister
autant que cela était possible.

Le Honduras ne prétend pas non plus que la disposition

de l'article 4 de ça Constitution de 1825 soit considérée
comme une disposition de droit ecclésiastique. La

disposition constitutionnelle était évidemment unr ègle de
droit public qui - il est important de le rappeler - ne fut

jamais contestée par le Gouvernement d'El Salvador et qui,
par conséquent, est une preuve des limites entre les deux

Etats, parfaitement recevable selonle droit international
en vigueur en 1821, comme aujourd'hui.

D'autre part, ce qui, de l'avis du Honduras, est

pertinent dans la référence aux limites de l'évêché du
Honduras, c'est que pour pouvoir mieux préciser ou

identifier les limites de 1'Etat du Honduras en 1821, on
peut se référer aux documents ecclésiastiques coloniaux pour

vérifier lesdites limites ouvérifier la juridiction d'une
circonscription territoriale ecclésiastique et sa

correspondance avec les limites ou juridictions d'une
circonscription territorialecivile. C'est la position qu'a défendue le Honduras dans

l'arbitrage avec le Guatemala en indiquant que l'allégation
spécifique du Guatemala, fondée sur des dociments

ecclésiastiques, relativement à un secteur de la frontière,
n'était pas recevable. Il n'y a donc pas contradictionentre
la position que défendait le Honduras en 1930-1933et celle

qu'il défend dans le présent litige. Et, par conséquent, il
n'y a pas non plus contradictionavec la position du Conseil

d'Etat espagnol dans l'arbitrage de 1906, parce que, selon
le passage du contre-mémoire salvadorien, cet organisme a

constaté que, dans une allégation concrète, "...l'évëque
d'un diocèse aurait exercé sa juridictionsur le territoire

en litige...".

On peut donc résumer les arguments qui précédent en
admettant que l'argument dit "ecclésiastique"a un caractère

supplétif dans les différends régis par l'uti possidetis
juriç et que c'est en ce sens qu'il convient d'examiner ci-

après les documents présentéspar les Parties.

41. Avant de procéder audit examen, il convient,
d'autre part, de rappeler qu'El Salvador n'est pas en

désaccord avec le Honduras sur le fait que la cure de
Choluteca fut incorporée a l'évêché du Honduras en 1672-
1676. En ce qui concerne l'intégration de cet évêché, ce que

semble encore contester El Salvador, c'est l'assignationde
la cure de Nacaome à ce même évëché. Et cela, en dépit du

fait que son propre contre-mémoire cite,aux chapitres 5.21,
5.22 et 5.24, des documents prouvant que Nacabme faisait

partie de l'évêchéde comayagual.

1 infra., p. 961, par. 49. Le contre-mémoire du Honduras a déjà produit une série

d'arguments pour confirmer que ladite incorporation a dû
effectivement s'opérer peu de temps après celle de la cure

de Choluteca. Quoiqu'il en soit, ainsi que le montre le
document de 167g1, cette année-là les autorités religieuses

de Nacaome étaient entièrementsoumises à la juridiction
civile de la Alcaldia Mayor de Tegucigalpa. De plus, le

document est évidemment un document civil et non
ecclésiastique.

D'autre part, les récits et rapports de visites des
évêques du Honduras au XVIIIe siècle situent clairement

Nacabme comme cure ordinaire du Honduras, tandis que les
visites des évëques de Guatemala, qui administraient El

Salvador, n'englobent paç Nacaome dans leur juridiction.

L'argument devrait donc êtreconsidéré' comme écarté.

Cependant, l'ambiguïté subsiste, peut-être parce que, outre
la cure ordinaire de Nacaome, il y avait aussi à Nacabme,
premièrement un couvent de l'ordre de Saint-François et, y

succédant, une '~uardania"~ du même ordre à Nacaome ou
Goascoran, destinés à la protection des Indiens et qui

étaient à la charge, dans le premier cas, d'un "Guardian"
et, dans le second, d'un curé dit "doctrinero".

42. Pour le Gouvernement du Honduras, cette

distinction de charge, de type ecclésiastique, ne doit pas

prêter à confusion.Le Gouvernementd'El Salvador avance, au

1 Contre-mémoire du Honduras, Annexes, Annexe IX.4,

p. 276.

2 Territoire assigné aux couvents de franciscains
pour demander l'aumône.chapitre 6.13 du contre-mémoire, en se fondant sur le
document qu'il joint en annexe X.6, que Nacabme ne fut pas

rattachée à l'évêché du Honduras car, en 1713, en vertu du
"Royal Patronage to the doctrine of Nacaome" qu'il situe à

San Miguel, le Roi nomme Frère José Cordero à la direction

devenue vacante de la Doctrine.

Or, il convient de faire la lumière sur le fait que
cette disposition se réfère à l'action de l'ordre religieux

de Saint-Françoiset que, en ce sens, la Doctrine de Nacabme
assignée à la circonscription dite "Province franciscaine"

régionale ayant son siège à Guatemala, pouvait aussi
dépendre cette année-là du Royal patronage sans affecter

pour autant la juridictiondes évêques1.

Le Gouvernement du Honduras peut fournir des preuves
que des divergences importantes surgissaient périodiquement

entre les curés "doctrineros"et les curés ordinaires, sans

que cela n'affectât les juridictions territoriales. Ce que
montrent, en revanche, ces divergences c'est que, bien

qu'ayant des missions et des champs d'actiondifférents, les
intérêts pouvaient cependant s'imbriquee rt cela parce que

tous deux se consacraient à la propagation de la foi et, à
travers cette activité, à la perception de revenus, soit

pour les Ordres, soit pour les évëques.

C'est ainsi que dans un document de 169~~ concernant le
même Frère José Cordero du document de l'annexe X.6, on peut

apprécier les aspects suivants:

1 infra., p.953-956, par. 45-46.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.9, p. 401, par. 9. a) Le "cura beneficiado' de Choluteca" plaide une
défense motivée par "les procédures injustement
mises en oeuvre par Frère Joseph Cordero, curé

'doctrinero' du district de Goascoran" en ce qui
concerne "les paroissiens qui vivent dans la

vallée de la Choluteca et deNacaome".

b) Le curé de Choluteca indique expressément que ces
habitants

"...ont été paroissiens de ladite cure à ma
charge, dont ils ont été pré-sujets et qu'ils
l'ont reconnue comme telle, sans être rejetée par
les traditions d'un autre curé et, moins encore,
des religieux 'doctrineros'..."

et que

"dans les occasions où ils (les "doctrineros") ont
administré les sacrements de la pénitence, des
baptêmes et des mariages, ce Eut avec
l'autorisation desdits curés de la ville de
Choluteca..."

C) Grossissant la distinction qui existait légalement
entre l'endoctrinement des Indiens et le zèle

spirituel des espagnols et des métis, il ajoute
ainsi .que le curé "doctrinero" "...peut
difficilement fonder la part de religion qui

dispose que lui appartiennent les paroissiens
espagnols et autres métis", car les "Cédulas

Reales" qui permettent aux curés "doctrineros"
d'administrer les sacrements à ceux qui résident

dans leurs doctrines sous-entendentqu'ils sont
"leurs paroissiens et n'appartiennent pas à un

autre curé...". d) Le curé de Choluteca réaffirme finalement sa

pleine juridiction ecclésiastique en indiquant

"...que l'un des motifs de la "Cédula Real" du
4 décembre 1672 par laquelle S.M. a bien voulu
ordonner d'incorporerladite cure de Choluteca à
l'évëché du Honduras, fut d'incorporer les dîmes
de ladite cure audit évëché et, les dîmes de
toutes ces fermesappartenant au Fermierdes Dimes
de la Choluteca, ainsi qu'en fait état la
Certification des Officiers Royaux qu'il a dûment
présentée, on ne peut nier que les paroissiens qui
acquittent les dîmes profitent dudit bénéfice,
d'autant que l'incorporation que réalisa et
ordonna Sa Majesté fut universelle et absolue et
non informellecomme le veut la partie adverse..."

43. En ce qui concerne les documents ecclësiastiques
présentés devant la Chambre de la Cour en général, le

Gouvernement d'El Salvador diffère fondamentalement du
Gouvernement du Honduras dans sa façon d'appréhender les

trois classes distinctes de documents ecclésiastiques, à
savoir: les documents provenantdes Ordres religieux, les

documents provenant des cures ordinaires ("curas seculares")
et les documents généraux de visites ou recensementsétablis

par les évêques.

'Ces documents ont une valeur inégale qui reflèteleurs
origines diverses et, dansle présent litige, la nécessité

d'attribuer la plus grande influence aux documents les plus
directs eu égard aulien ou à l'absence de lien entre les

îles en litige et une circonscription ecclésiastique
déterminée.

Il en est de même du point de vueselon lequell'examen

respectif de ces documents doit s'effectuer, en outre, en
recherchant leur concordance ou leur confirmation par desdocuments émanant d'autorités civiles, étant donné que telle
était la loi.

44. En ce qui concerne les documents provenant des

Ordres reliqieux, le Gouvernement du Honduras a présenté, en
annexe IX.3 de son contre-mémoire, desextraits du récit de
voyage de Frère Alonso Ponce, qui montrent que les indigènes

de Meanguera étaient confiés, dès 1586, au couvent de
Nacabme, de la "~ustodialdu Honduras".

L'assignation des iles du Golfe de Fonseca au couvent

de San Andrés de Nacabme avait été décidée pratiquement
depuis l'installation,en 1574, de ce couvent, auquel le

Père provincial Bernardino Perez rattacha une série de
localités, telles que Pespire, Tapatoca, Pasaquina,

Goascoran, Poloros, Sapigre, Aramecina et Langue, outre
Nacabme et les iles en général2.

La configuration approximativedu territoire de ce

couvent est reproduite, aux finsd'illustration,au croquis
de la page opposée.

1 Dans l'ordre des franciscains, groupement de
couvents en nombre insuffisantpour former une province.

2 "Chronique de la 'Provincia del Santisimo Nombre

Jesus de Guatemala'", par le Père Francisco Vasquez,
1, p. 233, Guatemala, 1937. Bibliothèque de l'université
de Sevilla, "Historia de America", cité par A. Vallejo;
mémoire du Honduras, Annexes, vol. V, Annexe XIII.2.39,
p. 2348. Rappelons que l'action des couvents et "guardanias"

consistait en des activités d'endoctrinement et de
protection des indiens qui, pour des raisons de meilleure

propagation de la foi, en respectant leur identité, étaient
confiées à des frères des Ordres, dansles premiers temps de

la colonisation espagnole. Avec le temps, 1'Eglise
Catholique structura mieux l'administration ecclésiastique

des diverses provinces et, bien qu'il y eût pratiquement
jusqu'à l'indépendancedes actions de missionnaires dévoués

dans des territoires non explorés ou éloignés des villes, la
création d'évêchés, devicariats et de cures ordinaires se

superposa effectivement à l'action des Ordres. Les activités
des frères et curés "doctrineros" perdent ainsi leur

dimension initiale, surtoutsur le plan territorial: si, au
début de la conquête, les missionnaires avaient intégré à

1'Eglise et au Royaume des tribus installées dans des
régions entières,avec la modernisationde l'administration

coloniale, leur oeuvre se transforme en oeuvre privée et,
parfois mêmeopposée à l'autorité civile.

45. Le Gouvernement d'El Salvador,pour sa part,

produit dans son contre-mémoiredeux documents. L'un qu'il
date, au chapitre 5.18, de 1665, mais qui, sur le document

figurant en annexeIV.l, porte la date de 1673 dans le texte
en espagnol moderneet aucune date sur l'original espagnol.

Un autre qu'il date, au chapitre 5.19, de 1670, mais qui,
sur le document figurant en annexe IX.2, porte la date de

1681.

Pour El Salvador, ces textes, antérieurs à la série de
documents produitspar le Honduras concernant l'exercice de

juridiction civile des autorités de 1'Alcaldia Mayor de
Tegucigalpa sur Meanguera, au cours de la période 1678-1687,démontrent, grâce à la liste des institutions religieuses de

l'Ordre de Saint-François (premier document) et de l'ordre
de Saint-Dominique (second document)qu'il y avait à cette

époque un couvent dénommé "Amapala" dont dépendaienles
indigènes des iles de Conchagua,Teca et ~eangola.

Il est nécessaire de fournir les précisions suivantes

sur ces documents, ainsi que sur les conclusions qu'en tire
le Gouvernementd'El Salvador.

a) Les couvents des Ordres ne dépendaient pas de

'l'évëché de Guatemala, mais des maisons régionales
des Ordres dénommées, en ce qui concerne les

franciscains, "Province du Très Saint Nom de
Jésus".

b) Amapala ou était situé le couvent n'est pas l'ile

dtAmapala, mais un site de la terre ferme, près du
volcan Conchagua et du port de San Carlos,

aujourd'hui La Unibn. On l'appelait "village de
Nieves de Amapala" et "Couvent de Nieves de

Amapala". 11 apparaît dans les documents des
annexes X.7 et X.12 du contre-mémoire d'El

Salvador, de mëme que dans le récit de Frère
Alonso Ponce, annexe IX.3 du contre-mémoire du

Honduras.

c) L'installationdu couvent de Nieves de Amapala ne
supposait pas, en soi, une modification des

limites de la juridiction ecclésiastique des
évêchés car, à cette époque et aux siècles

suivants, les couvents et les "doctrines" à la
charge des ordres fonctionnent parallèlement à l'action des cures ordinaires, paroisses et
évêchés.

Il est donc importantde souligner, commeau sous-

alinéa a), qu'il est incorrect d'indiquer, ainsi
que le fait le chapitre 5.19 du contre-mémoire

d'El Salvador, que ces institutions étaient
administrées par l'évëché de Guatemala. C'étaient
des institutionsprivées comme le sont aujourd'hui

les couvents ou institutsque peuvent avoir, dans
divers pays, les mêmes Ordres franciscains,

dominicains, salésiensou jésuites.

d) C'est la raison pour laquelle la mention, dans la
Chronique du Père vasquezl, selon laquelle les

deux couvents, celui de "Nacaome" et celui de
"Nieves de Amapala" dépendent du siège franciscain
de Guatemala, n'a pas de signification

déterminante en soi,dans la question du découpage
des juridictions ecclésiastiques,et moins encore

dans celle des juridictionsciviles. Comme on peut
le lire dans cette chronique, ces deux couvents

ainsi que ceux de Comayagua, Tegucigalpa et San
Miguel étaient mëme considérés comme faisant

partie de la "custodia de Santa Catarina" du
ond dur Ceci .ne veut pas dire qu'ils se
trouvaient tous situés sur le territoire

hondurien.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1, Annexe
VII.10, p. 404. CROQUIS 1

DTEGUCIGALPA

COUVENT DE SAN ANDRES DE NACAOME

1574
.SOURCEi Chroniqude la provinduSontisimo Nombrde Jesus de

Guotemola, volume 1 pog.2porFray FranciscoVosquez,
(VaIlelpag28 delaReplica Barberena) 46. Les documents produits par les Parties montrent
indubitablementque la question du champ d'action,en ce qui

concerne le couvent de Nacabme auquel succédala "Guardania"
franciscaine de Goascoran - localité située à 20 kilomètres

à l'ouest de Nacabme - fut relativement changeante, non
seulement au XVIe siècle, mais aussi au XVIIe et même au

XVIIIe siècles.

Les documents de la Chronique du Père Vasquez dressent
la liste de localités dépendantdudit couvent de Nacaome,

telles que Poloros, Anamorbs et Lislique, situées à l'ouest
de la rivière Goascoran et que des documents du XVIIIe

siècle reconnaissent déjà comme faisant partie de
circonscriptions ecclésiastiques et civiles manifestement

dépendantes de l'évêché de Guatemala et des Alcaldias
Mayores de San Salvador et San Miguel.

La position du Gouvernement du Honduras est donc que

les listes de localités indigènes, soumises à l'action
prosélytiste des différents Ordres, n'ont pas d'incidence
sur la question de l'assignation des localités à une

juridiction territoriale. Par définition, l'action des
Ordres, de leurs frères et "doctrineros" s'adressait aux

individus et non aux territoires, enl'occurrence les iles,
qui demeurent toujours sous la compétencedu pouvoircivil.

Les éléments fournis par ces deux documents

salvadoriens, une fois clarifiées leur forme et leur date,
n'ont donc pas pour effet, selon' le Gouvernement du

Honduras, de contrer efficacement la preuve fondée sur la
série de documentsproduits par le Honduras et établissant

que Meanguera dépendaitde luAlcaldiaMayor de ~egucigal~a. 47. En ce qui concerne le document du mémoire du

~ondurasl, intitulé "Brève histoire de la paroisse de
Choluteca", de 1816, rédigée par Frère Manuel Bendafia,le

Gouvernement d'El Salvador, au chapitre 5.25 du contre-
mémoire, ne trouve pas d'autresobjections que de signaler

que le document ne réunit pas les conditions prévues par
l'article 26 du Traité Général de Paix et que, en fin de

compte, il ne provient que de "a certain Fray Manuel
Bendaiia".

Pour la première objection, la répons-eest claire:

L'article 26 admet tout type de documents émanant des
autorités ecclésiastiques et Frère Bendaiial'était. Selon

des faits bien connus des historiens dela région, et cela
répond également à la seconde objection, Frère Manuel

Bendaiia dirigea le couvent de la Merced de Jerez de
Choluteca de 1780 à 1782 et était, en 1783, Commandeur du

couvent de la Merced de Leon,. au Nicaragua. Il le fut
également, ensuite, du couvent de Valladolid, Comayagua,et

accéda à la haute dignité de "Provincial" de l'Ordre, à
Guatemala.

Pour ce qui est du. document proprement dit2, les

observationssuivantes semblentpertinentes:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.2.13,p. 2296.

2 Citations extraites de l'annexe susdite, mémoire
du Honduras, p. 2296.a) Dans celui-ci, il est rappelé que la cure de
Choluteca "fut détachée de l'évêché de Guatemala

pour ëtre annexée à l'évëché de Comayagua et faire
partie de la Alcaldia Mayor de Tequciqalpa...". Il
s'agit d'une preuve écrite patente de la

coïncidence entre juridiction ecclésiastiqueet
juridictioncivile (soulignépar nous).

b) La relation avec les actions des Ordres est

également clairement établie, car le document
indique que l'évêque de Comayagua "...Frère Alonso

de Bargas, laissa cette cure (de Choluteca) aux
mains de curés séculierset les Guardanias de

Nacaome et de Goascoran" aux Ordres. C'est-à-dire
que les activités des "doctrineros" se faisaient
avec l'autorisation de l'évêque (souligné par

nous).

c) La zone géographique relevant de la cure de
Choluteca, outre les localités de la terre ferme,

couvre "...toutes les iles du Golfe de Chonchagua
ou Amapala..."; cette affirmation serait en

contradictionavec une juridictionsur les iles de
Conchagua et Punta Zacatepar des circonscriptions

civiles ou ecclésiastiques salvadoriennes mais
qui, en tout état de cause, n'est pas l'objet du
différendsoumis à la Chambre de la Cour.

d) La juridiction du curé ordinaire et les activités

du couvent de la Merced, tous deux de Choluteca,
sont confirmées, en une même phrase, par Frère

Bendafia,qui ne gomme pas pour autant l'évidente
distinction entre la nature respectivede leurs

compétences.Le texte dit que: ".. .l'administration de ces iles et leurs
indigènes relève d'un curé - il faut entendre
'curé ordinaire1"- et de surcroit '...des
religieux de la Merced.. .' Le curé ordinaire et
ceux-ci '...se répartissent à deux la visite des
îles de Zacate Grande, El Tigre et Meanguera'."

Dans ces iles, il y a des ermitages et des
registres des confréries qui se sont établies sur

leurs haciendas..." L'administration - nouvelle
distinction - est assurée aussi bien par "le curé

que par l'ordre de la Merced...".

e) A Meanguera - dernier élémentpertinent - on était
parvenu à ériger un ermitage. Mais compte tenu des
conditions de navigation, les visites ne s'y font

que de janvier à mars. Et, contrairement à ce
qu'insinue malicieusementle contre-mémoire d'El

Salvador au chapitre 5.25 susvisé, dernière
phrase, Frère Bendafiane dit pas que Meanguera

"was inhabited by mariners from San Carlos", mais
que ces marins - des paroissiens qui ont aidé à

construire l'ermitage - sont ceux qui "font le
transport" entre San Carlos (La Union) et le
Nicaragua, c'est-à-dire qu'ils sont de passage

dans l'ile, à l'occasionde leurs voyages.

48. Quant aux documents provenant de cures ordinaires
("seculares"), El Salvador n'en produit aucun. Il n'y a

qu'au chapitre 5.27 qu'il tente une interprétationfavorable
des documents relatifsaux cures de la Province de San

Miguel, figurant enannexes XIII.2.29 A et B et en annexe
cartographique A.3 du mémoire du Honduras, à savoir "l'Acte
du dossier instruitpar les cures de Yayantique, Goteraet

La Conchagua" en1804, portant sur le vicariatde Anamoros.Les observations suivantes s'appliquent à cette
interprétation:

a) Le document n'avait paspour but de dresser la

liste des localités ou îles relevant de l'évêché
de Comayagua; si bien qu'il n'y avait pas lieude

s'attendre à y trouver des iles assignées à celui-
ci.

b) En revanche, le document stipule que la cure

salvadorienne de Conchagua jouxte les cures de
Goascoran et de Aguantequerique. En ce sens, c'est
une preuve supplémentaire de ce que les divisions

territoriales salvadoriennes s'arrêtaientà la
rivière Goascoran et que, par conséquent, non

seulement Nacaomeet Choluteca étaient totalement
intégrées à Tegucigalpa,mais encore le territoire

de cette Alcaldia Mayor et de l'évêché de
Comayagua s'interposaient entre les territoires

salvadorienset le Nicaragua.

c) L'opinion qui précède renforce l'interprétation
hondurienne selon laquelle l'idéeque l'ile de

Meanguera dépendait d'ElViejo, au Nicaragua,
était une erreur; cette erreur provient, du reste,

de l'opinion de plusieurs auteurs salvadorienq sui
confondent 1e fait qu'il existait une

communication maritime fluide entre Conchaget
El Viejo - connue depuis le voyage du Père Ponce

en 1586.- avec la présomption selon laquelle
1'AlcaldiaMayor de San Salvador et la terre ferme

nicaraguayenne seraient contiguës. L'explicationa contrario est plus simple et on la

retrouve dans de nombreux récits de voyageurs,
tant à l'époque coloniale que républicaine, à

savoir que pour aller d'El Salvador au Nicaragua
ou vice-versa, il était plus rapide et plus

confortable de traverser le Golfe que de faire le
parcours a dos de mule et à pieds, par la terre

ferme de la côte hondurienne, sur un trajet de
plus de deux cents kilomètres.

d) Le plan figurant en annexe du rapport de 1804 et

relatif au vicariat d'Anamoros est très vasteet
détaillé. Il y avait un intérêt réel à faire

connaitre les circonscriptions des cures
ordinaires, à des fins religieuseset dans un but

de recouvrement des dimes. L'autorité
ecclésiastique la plus directement intéressée

n'allait pas laisser échapper la moindre référence
à des îles qu'elle considérait de sa juridiction.

Elle pouvait se tromper pour ce qui ne relevait
pas de sa compétence, parce que celan'avait pas

d'importance pour ses fonctions et les objectifs
du plan. Mais le fait de ne pas inclure Meanguera
dans la cure de Conchagua signifie clairement que

l'île de Meanguera n'était pas dans la juridiction
de ladite cure, la plus orientalede l'évëché de

Guatemala.

49. Enfin, en ce qui concerne les documents qénéraux
de visites ou recensements rédiqés par les évêques, le

Gouvernement d'ElSalvador n'en produit aucun enregistrant
l'île de Meanguera comme dépendante de l'évëché de

Guatemala. Il ne peut pas démentir que, dans le mémoireprésenté aux Cortes d'Espagneen 1821 par le Père José Maria

Mendes, à titre de "Descriptiondu Royaume du Guatemala sur
le plan spirituel"l, il soit fait étatde ce que la cure de

Conchagua est "la plus orientale de la métropole" et qu'il
n'y soit pas fait mention des iles du Golfe de Fonseca comme

faisant partiede cette cure.

Certes, le Gouvernement d'El Salvador fait une
interprétationdu rapport détaillé de la visite de l'évêque

Cortes y Larraz en 1770, en essayant d'étendre la
description à des iles distinctes de PuntaZacate, qui porte
le numéro 33 sur le graphique annexé au rapport, mais ce

même graphique, annexé commefigure 1 en page 648 du contre-
mémoire hondurien,réfute cette allégation. Sile rapport de

l'évêque Cortes mentionne, dans une section autre que celle
consacrée à Conchagua, un village de Meanguera, il s'agit du

village situé sur la terre ferme, dans le district de
Jocatique, et non pas de l'île en litige.

D'autre part, le Gouvernement d'El .Salvador2insiste

sur le fait que, aussi bien dans le rapport du chapelain
José del Valle, de 1765, relatif aux cures de 1'Alcaldia

Mayor de Tegucigalpa, où figure "...a full description of
(the curacies) of Choluteca and Nacabme...", que sur la
Liste des Cures et Paroisses du Honduras, établie par

l'évêque Cadiiianosde Comayagua en 1791, où "...duly appear

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.2.33,p. 2329.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 5.21-5.23,
p. 153-155.both the Parish of Choluteca and the Parish of Nacaome.. .",

ne figurent pas commedépendantes de celles-ci les iles de
Meanguera et Meanguerita.

La première conclusion sur ces documents,que toutefois

El Salvador, dans son empressement à tenter de faire
ressortir un seul aspect du différend, oubliede consigner,
est que ces documents sont unepreuve supplémentairede ce

que Nacaome et Choluteca sont effectivement et
incontestablement des cures de l'évëché du Honduras au

XVIIIe siècle, ainsi que le soutient le Honduras. Et la
référence à la sentence du Tribunal Arbitralprésidé par le

juge Hughes prouve que, si le rapport Cadifianos n'inclut pas
le Golfe Dulce ou Golfe de Saint-Thomas, face au Bélize,

comme étant hondurien, ilaffirme en revanche - en incluant
Nacaome et Choluteca - que le Honduras est riverain de

l'océan Pacifique dansle Golfe de Fonseca.

El Salvador oublie également,ou feint d'oublier, que
le litiqe frontalierentre le Nicaraqua et le Honduras a été
tranché par la sentence arbitrale du Roi d'Espagne le

23 décembre 1906. .En ce sens, les plaidoiries de l'éminent
professeur Rolin, Conseil du Nicaragua dans le procès de

1958-1960 devant la Cour. Internationale de Justice, qui
décida que cette sentence devait être appliquée par le

Nicaragua, n'ont aucune pertinence dans le présent
différend. En plus, quand le professeur Rolin écrivaitque

cette note était étrangère a 1'Alcaldia Mayor de
Tegucigalpa, il ne se référait pas à la côte Sud, mais à la

côte sur la mer des Caraïbes, fait qui pourrait être
pertinent dans la controverse entre le Nicaragua et le

Honduras. En ce qui concerne la non-inclusion de l'ile de
Meanguera dans les rapports ecclésiastiques honduriens,

l'explication est la suivante: les iles étaient inhabitées
depuis 1684 et les rapports des évêques portaient sur les

paroissiens recensés et non sur les territoires.

C'est pourquoi le document de 1733 auquel fait
référence le chapitre 5.20 du contre-mémoire salvadorien

(qui le reproduit en annexe IX.3) et se rapportant aux
consultationsvisant à remédier à "...the bad administration

of certain Curacies and doctrines of the Bishopric of
Honduras", n'est pas non plus pertinent en ce qui concerne
l'élément fondamental de l'assignationou non de Meanguera à

l'évêché de Comayagua.

L'objectif du rapport étaitd'essayer de fonder une
nouvelle cure dans une zone peuplée de la cure de Choluteca,

au Nord de ladite ville. Le document prouve, par ailleurs
- et le contre-mémoire salvadorienle paise çoigneusement

sous silence - ce qui suit:

a) Le texte se rapporte au village de Texiguat, situé
''A seize lieues" au Nord de Choluteca, qui a

toujours figuré parmi les villages assignés à
1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa,ce qui constitue

une preuve supplémentairede la juridiction de
Tegucigalpasur Choluteca.

b) A la page 36 de l'annexe, ligne 7, le document
indique textuellementque les haciendas d'élevage

et les fermes à indigo de la cure de Choluteca
"...are on the border line with the Bishopric of

Nicaragua...". C'est-à-dire que l'évêché du Honduras s'interpose, dans cette région, entre

l'évêché du Guatemala, dont dépend El Salvador, et
l'évêché du Nicaragua.

c) De mëme, à la page 37 de l'annexe, le texte
souligne que le village de Texiguat ".. .is the

largeçt that this curate has, because of being
almost annihilated the others...", ce qui

constitue une preuve supplémentairedes graves
répercussions qu'eurent les incursiond se pirates

sur la région Suddu Honduras.

50. En guise de conclusiondes analyses effectuées, le

Gouvernement du Honduras pense qu'il faudrait constater
qu'une hiérarchiedes documents s'impose:

a) En premier lieu, se situent les documents

indiquant qu'une juridiction ecclésiastique sur
les îles en litige coïncide avec une juridiction

civile: situation du document établi par le Frère
Manuel Bendana en 1816, date qui est d'ailleurs la
plus proche de l'indépendancedes deux Etats.

b) En deuxième lieu, les documents indiquanq tu'une

circonscription ecclésiastique n'exercepaç de
juridiction spécifique sur les iles en litige: ce

qui est le cas de la description et de la carte de
la cure de Conchagua,de 1804.

c) En troisième lieu, les documents mentionnanq tue

les localités des îles sont génériquementsous une
certaine dépendance: c'est le cas des documents
des ordres religieux. d) En quatrième lieu, les rapports généraux des
évêques, revêtant une réelle importance en ce qui

concerne les iles du Golfe de Fonseca: c'est le
cas du rapport de l'évêque du Guatemala Cortes y

Larraz, en 1770.

D. LE DEPEUPLEMENTDES ILES EN RAISON DES INVASIONSDE
PIRATES DANS LE GOLFE DE WNSECA

51. Après les deux écrits des Parties et les documents

qu'elles ont produits, il y a un aspect particulièrement
pertinent pour la présente affaire, bien qu'il ne crée pas à

proprement parler de désaccord entre les Parties. C'est le
fait qu'effectivement - les documents le prouvent - le Golfe
de Fonseca, ses côtes, ses iles, ses habitants et,

concrètement, l'île de ~eangueral, ont été gravement
affectés par les invasions de corsaires et de pirates

hostiles à la Couronne d'Espagne, à une période qui s'étend
sur presque quaranteans, de 1684 à 1721.

Pour le Gouvernement du Honduras, la pertinence de

cette situation, sérieusement ressentiepar les autorités
coloniales espagnoles et par la population en général, est

fondamentalementdouble:

a) d'une part, les incursions de pirates causent le
départ des habitantsde Meanguera versla terre

1 La petite ile de Meanquerita a toujours été
présentée par le Gouvernement du Honduras comme une
dépendance de l'ile de Meanguera car, dans les faits,elle a
toujoursété associés a celle-ci,sans identitépropre. ferme,et la destruction des maisons, des puits et

des cultures de lie ce qui a pour conséquence
que, à partir de janvier 1685, cette île est

complètement inhabitée.

b) d'autre part, la situation de dépeuplement de
Meanguera, ainsi que d'autres iles et hameaux

situés sur' les cotes du Golfe, principalement
celles de Nacadme et de Choluteca, dure plus d'un

siècle, jusqu'à l'indépendance. Cela explique
également que, lorsque se produit, en 1819, une

alerte d'invasion au Sud du Honduras, non pas
cette fois de pirates ou de corsaires, mais de

navires d'insurgés armés, ce sont les autorités de
la province du Honduras qui réagissent

énergiquement au niveau national et que cette
mobilisation est véritablement une preuve

supplémentairede sa juridictionsur les îles, vu
les intérëts supérieurs de défense et de sécurité

du territoirede la province qu'elle sauvegardait.

En d'autres termes, cela montre qu'il y a un fil
conducteur qui mène de l'activité de 1'Alcalde Mayor de

Tegucigalpa, en 1684, à celle du Gouverneur-Intendantde.la
Province du Honduras et de 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa,

en 1819, et que cela est une preuve supplémentaire montrant
où se situait l'assignation territorialede l'ile de

Meanguera et autres iles, par rapport aux autorités de
chacune des divisionsadministrativescoloniales. A propos de ces faits documentés, le Gouvernement d'El
Salvador n'a que deux réactions de véritable impuissance,

dans la mesure où il tente de "disqualifier" non pas les
documents, mais les acteurs, ne pouvant évidemment pas

dénaturer les actes auxquels ils participent, ni leurs
conséquences. Ainsi, au chapitre 6.70, page 205 de son

contre-mémoire, lorsque,bien que le chapitre concerneles
situations de l'époque républicaine, il indique soudain

qu'il serait, à son avis, absurde de donner de l'importance

"...the purely fortituous circumstancethat more
than three centuries ago, in 1684, it was the
'Alcalde' of Tegucigalpa who charged a Spaniard
who could not even siqn his own name with the task
of burning down dwellings, blocking up wells of
drinking water, cutting down fruit trees and
dismantling the Church on Meanguera ..." (souligné
par nous).

De même au chapitre 6.52, page 194 du contre-mémoire,
lorsque la proclamation sur la sécurité de la province que

défend le Gouverneur-Intendant du Honduras e n819, suscite
pour tout commentaire qu'il s'y insinue "...certain

reactionnary comments tothe movement for independence that
was already in existence at this the...", une observation

totalement dépourvuede pertinence dans l'examen juridique
du présent litige.

52. Le livre de M. Peter Gerhard intitulé "Pirates on

the West Coast of New Spain: 1575-1742", publié par "the
Arthur H. Clark Company, Glendale, California" en 1960,

illustre parfaitement les origineset l'évolution de la
piraterie sur la côte occidentaledes Indes. C'était, de la

part des pirates, une activité essentiellement orientée vers
la recherche des routes empruntées par les galions serendant du Pérou au Mexique et, surtout, de la route du

navire dénommé "Galion de Manille" qui, depuis 1'Orient,
venait aux Indes deux fois par an.

Les autorités espagnoles étaient conscientes de cette

grave menace et des souffrances quesubissait la population
-ôtière, depuis l'apparition des premières incursionsde

Francis Drake en 1579 et les expéditions de plusieurs
hollandais, notamment, en 1614.

A cet égard, sa politique de défense était
indubitablementle combat naval et, en l'absencede ce type

de défense, l'incendie et l'abandon des villages, ce qui
avait pour conséquenceque les pirates avaient probablement

de graves pénuries en aliments, lorsqu'ils arrivaient sur
les côtes. C'est ainsi que, après sa prise par Cavendish, le

port de Guatulco, au Mexique, Eut détruit en 1616 sur ordre
du Vice-Roi; c'est ce qui se produisit également à

Meanguera, en 1684.

Le livre de M. Gerhard utilise une riche information
provenant des Chroniques écrites et publiées par les membres

d'expédition eux-mêmes, telsque Drake, Dampier,Raveneau de
Lussan, Shelvocke et autres, ainsi que des archives

coloniales espagnoles.Selon les sources,Speilbergenet les
dénommés Pechelingues remportèrent une victoire navale sur

l'armada .espagnole à Canete (Pérou), les 17 et 18 juillet
1615 et, vers le 20 septembre, ils étaient au large des

côtes de l'Amérique Centrale,dans les environs de la Baie
d'Amapala.

53. Dans la période intéressante pour le présent

litige, on ne relève pas moins de huit incursions dont on
conserve des traces documentaires: a) Au milieu de l'année 1684, les successeurs du
Capitaine Cook, qui mourut dans le Golfe de

Nicoya', étaient décidés à attaquer l'Amérique
Centrale. Le2 aoùt, ils étaient en vue de Realejo
(Nicaragua).Selon l'ouvragede Gerhard, page 157:

"On August 5, Davis and Eaton sailed fromRealejo
toward Amapala Bay or the Gulf of Fonseca. The
next day Davis took some men, in the ship's boats
and landed first on Meanguera Island and then on
Amapala, capturing a priest and antagonizing the
Indians. The ships followed in and were careened,
trimmed, and victualed whilelying some five weeks
at Amapala Island, unmolestedby the Spaniards..."

Puis les boucaniers se séparèrent et marchèrent dans des

directionsopposées.

b) En 1685, le groupe de pirates anglais Davis, Swan,
Townley et Knight attaquèrent El Realejo et
marchèrent sur la.ville de Leon (Nicaragua) qu'ils

mirent à sac et incendièrent. Ils furent frappés
d'épidémie lorsqu'ils allaient partir et

décidèrent donc de rester dans la Baie d'Amapala.
"There they lay several weeks at a small island

where the sick, almost half of the crew, were set
ashore.' Lesespagnols ne les attaquèrent pasmais

les pirates firent plusieurs incursionsur la
terre ferme pour voler du bétail. A la fin

septembre,ils partirentpour l'ile de ~ocosl.

1 op. cit., p. 163 c) Le 10 avril 1686, une autre troupe de pirates,

cette fois français, attaqua Granada (Nicaragua),
prirent la ville, mais "again the Spaniards had

removed al1 but a few supplies" et les trésors
importants avaientété emmenés vers l'intérieur.

Le pirate Raveneau de Lussan raconte cette
aventure en indiquant les éventuels désaccords

entre anglais et français. Parmi ceux-ci, Grogniet
et environ 145 compatriotes passèrent la saison

des pluies dans la Baie d'Amapala.

La page 179 de l'ouvragecité poursuit ainsi:

"Little is known about Grogniet activities during
the next eight months. Apparently he spentmost of
this time on one of the islands in the Bay of
mapala. Soon after arriving there, 112 pirates
marched inland and secured 450 pounds of gold at a
mining camp halfway to Tegucigalpa."

d) Le 16 juillet1687, le Picardordonne que:

"...the bucaneer squadron set coursefor the Bay
of Amapala anchorinq off Tigre Island on July 23.
Al1 the islands irÏ the bay were now dese-rted,
followina the Spanish ~olicv of leavina nothina
for the -pirates-to st~all"~(souligné nous).

Le Picard accueille alors trente autres boucaniers qui

accompagnaientGrogniet l'année précédente:

"...They had turned back in the vicinity of
Acapulco and reachedAmapala some months

1 op. cit., p. 186. previously. After a battle with the spaniardsl
they had been hiding out in the islands of the
bay, while a large war galley and several Spanish
piraguas prowled around looking for them."

e) En décembre 1687, la flotte pirate prend à nouveau
Guatulco, au Mexique, mais, se trouvant

pratiquement abandonnée et sans vivres, elle
retourne une fois de plus dans le Golfe de

Fonseca.

A la page 187 de l'ouvrage cité,on peut lire:

"The bucaneer were now determined to march back
across Central America to the North Sea. Long
hours were spent making preparations for the
difficult passage and torturing prisonersto get
24, the ships wereingscuttled, and on Januaryber2,

to the headwaters of the Segovia River. After and
two-month trek most of them arrived at Cape
Gracias a Dios, on the shore of the Caribbean..."

f) En 1705, Dampier, après de nombreuses difficultés,

arrive dans la Baie dtAmapala le 6 février. Funell
et la majorité de ses hommes l'abandonnentavec le

meilleur navire. Selon Gerhard, page 207:

Ce combat dans l'ile de El Tigre, en mai 1687, a
notamment causé la mort du Capitaine Fabian de Alvarado,
chef de la compagnie de Choluteca, dont la succession ou
l'avis mortuaire est consignée dans un document déposé aux
Archives Nationalesdu Honduras. "Dampier stayed a few days longer at Amapala
trying to patch up his wretched 'Saint Georget. He
was now left with only twenty-eight men.. . He
sailed £rom Amapala sometime in February and made
his way south to Ecuador."

g) Le ler mai 1720, arrive dans le Golfe de Fonseca
le pirate Clipperton qui attend trois semaines

dans les iles que lui soit versée une rançon pour
la séquestration d'un marquis et l'équipage d'un

navire espagnoll.

h) Dernier point de ce récit d'une période cruciale:
en 1721, Shelvocke effectue plusieurs incursions

sur le littoral mexicain et centraméricain en
attaquant, avec peu de réussite, des bâteaux

espagnols au large d'Acapulco et dlAcajutla
(Sonsonate); les autorités espagnoles le somment

alors de se rendre. Shelvocke n'accepte pasmais
il lui est pratiquement impossiblede se procurer

des vivres. "The water supply was very low and
none was found in a two-day search at Amapala
Elay2."Le 11 mai, il arrive et il obtient des

vivres dans l'île de Coiba, au large du Panama.

54. Les conséquences de ces attaques incessantes,des
actes de pillage et des intimidations des pirates furent

très importantespour les populations côtières.Comme le

1 op. cit., p. 222.

2 op. cit., p. 225.résume fort justement Gerhard aux pages 241 et 242 sur
lesquelles s'achèvent son livre:

"The value to Spain of the ships sunk, towns
burned, agriculture and commerce destroyed and
inhibited, and other direct and indirect effects
of these raids ascendedto many millions of pesos.
While it is true that relatively little was done
to fortify Pacific ports or protect shipping,
still the threat of aggression caused the
Spaniards to go to considerable trouble and
expense. Whenever word arrived of the presence of
a foreign enemy in the Pacific, although the alarm
often proved to be false, the placid life of the
Viceroyalty was replaced by turmoil. Soldiers had
to be equipped and provisioned and sent down to
the coast..."

Dans une dernière conclusion, parfaitement applicable

aux événements qui se déroulèrent sur la côte Sud du
Honduras, l'auteur indique que:

"Perhaps the most permanenteffect of piracy on
the West coast of Mexico was an indirect one
brought about by the reiterated order forbidding
or discouraging colonisation of the coastal
region..."

55. Le dépeuplement de Meanguera et d'autres iles'du
Golfe dura tout au long du XVIIIesiècle et deux témoignages

de source autorisée en font état dans des documents déjà
présentés à la Chambre de la Cour. C'est ainsi que dans

l'annexe IX.l du contre-mémoire du Honduras, page 267, on
trouve les propos suivants, à la fin du paragraphe se

rapportant à la description des côtes des mers du Sud et du
Nord du Guatemala, faite en 1758 par l'ingénieur Luis Diez

Navarre:. "...la partie supérieure (textero) de la Baie
appartient à la juridiction de 1'AlcaldiaMayor de
Tegucigalpa et c'est le district qu'ils appellent
la Choluteca appartenant à la Province du
Honduras. 11 y a dans cette baie trois grandes
iles qui peuvent ètre peuplées ou qui l'ont été
jusqu'en 1718 lorsque les Anqlais l'ont pillée et
ces iles ont été ainsi dépeuplées, elles se
nomment du Tigre, de Meanguera etde Conchagua. .."
(soulignépar nous).

De même, à l'annexe XIII.l.l du mémoire du Honduras,

page 2210, à savoir la "Description du Golfe de Fonseca ou
d1Amapala" effectuée par l'expédition du "Bergantin Activo"
en 1794-1796, il est dit expressémentau paragraphe 4, à

propos de la descriptionde l'ile de Meanguera:

"Dans la partie montagneuse, il y a quelques
pièces d'eau, des bananeraies, d'autres arbres
fruitiers et de fragments des chaux et des pierres
datant du grand villaqe d'indiens chrétiensqui
l'habitaient au siecle dernier en faisant avec la
côte du Pérou et au moyen de bâteaux un grand
commerce de rocou qu'ils cueillaient. Ceç
indiqenes se virent obliqés d'abandonner leur ix
car leur villaqe avait été saccaqé et ruiné par
des hommes téméraires d'unbateau anqlais, des
pirates aui se sont fortifiéessur l'ile du Tiare
au nord-ést de celle de Meanguera" (soulignépar
nous).

Il est important de noter également qu'à cette époque,
c'est-à-dire vers la fin du siècle, Meanguera était toujours
inhabitée, mais non pas les iles du Tigre et de Zacate

Grande, dénommée San Antonio ou Sacatera dans ce récit du
"Bergantin Activo"qui indique, à propos de l'île du Tigre:

"...elle est très fertile et elle est habitée d'unepopulation métisse1. Apropos de Zacate Grande, il dit "Dans

cette ile habitent diverses familles,il y a beaucoup de
bétails bovins, des juments qui donnent de bonnes

mules2...".

Le récit indiqued'autre part que "toutes les îles sont

de 1'Etat (espagnol) bienque certaines soient habitées par
des gens à peau sombre qui pratiquent l'élevagedu bétail et

le travail des champs3.. .". Cette indication est pertinente
car elle est une preuve de plus que la juridiction sur les

îles comme territoires, se maintient dans les divisions
administratives, représentant laCouronne d'Espagne etque,
quelle que soit la forme d'exploitationde leurs terres par

les particuliers, individuellemeno tu à titre de communauté
indigène, cela n'affecte pas le fait fondamental de

l'appartenancedes iles à 1'Etat espagnol.

56. L'île de Meanguera, ainsi qu'on peut en juger
d'après le document établipar Frère Manuel enda ana r^,ta

inhabitée jusqu'à l'indépendance, en 1821. Elle n'était
fréquentéeque par les marins qui faisaientdifférents

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XIII.1.1, p. 2212.

2 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XIII.l.l, p. 2212, dernier paragraphe.

3 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. v,
Annexe XIII.l.l, p. 2213.

4 supra., p. 957, par. 47. Mémoire du ond duras,
Annexes, vol. V, Annexe XIII.2.13,p. 2296.parcours à travers le Golfe de Fonseca. Meanguera n'est pas
citée dans la mobilisation générale décrétée et organisée en

181g1 par le Gouverneur-Intendant de Comayagua, pour
défendre la côte Sud de la Province du Honduras. L'activité

militaire est pourtant très importante et couvre la défense
du Golfe et de ses iles, sous le contrôle administratif

immédiat des autorités coloniales de Nacabme et Choluteca,
la coordination étant assurée par 1'Alcalde Mayor de

Tegucigalpa, Narciso Mallol. Pour le Gouvernement du
Honduras, les documents qu'ilprésente et qui prouvent des

exercices de juridiction desdites autorités, sont par
conséquent pertinents en l'occurence. Ils démontrent en

particulier le contrôle de ces autorités sur la partie
centrale de la Baie de Fonseca.

Les éléments essentiels de la proclamation du
Gouverneur Tinoco y Contreras sont, d'une part, qu'il

communique à tous les habitants de la province que se
prépare une invasion de pirates qui peut avoir des

conséquences sérieuses sur les vies humaines et les
propriétés. D'autre part, que "...les endroits où les

pirates désirent débarquerpour ravager cette province ..."
sont "...les ports de la mer du Sud, El Realejo, Choluteca,

Nacaome et GoaScor~n..."

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XVI,
p. 557-558 et Annexes, vol. V, Annexes XIII.2.30 et
XIII.2.31, p. 2324-2326. Dans le communiqué de 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa,
adressé directement auCapitaine Général, président de la

Audiencia de Guatemala, en vue de solliciter une aide
économique pour sa circonscription, l'élémentessentiel est
qu'il considère, avec le Gouverneur de Comayagua, Commandant

Général des Armes du Districtdu Honduras, que la menace des
pirates s'exerce dans "...ces juridictions ..." sur "...une

plage de plus de 20 lieues avec des villages pillés chaque
fois...". Le souvenir des invasions de la période 1682-1721

reste vivace.

Les événements concrets d'avril 1819 sont consignés
avec suffisammentde détails, même si la menace d'invasion

provient en réalité de navires d'indépendantistes créoles,
comportant quelquefois des élémentsanglais. Une notedatée
du six, émanant de Pedro ~enedil, Sergent-major de San

Miguel, et adressée aux sous-délégués de Nacaome et
Choluteca, mentionne clairement les différentes

juridictions, à savoir San Miguel à l'Ouest du Golfe et
Tegucigalpa dans la région centrale qui, selon le

Gouvernement du Honduras, comprenait les iles de Zacate
Grande, El Tigreet Meanguera.

Ladite note précise que "le 31 mars dernier, un navire
avait mouillé au large de Maquique, sur la côte qui s'étend

de Usulutin à l'embouchurede la (criquede) Conchagua ...",

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.ll.A, p. 409.puis il fit voile vers El Realejo (Nicaragua). A cet égard,
il ajoute que "...nos ordonnances cessaient de s'appliquer";

elles se limitaient, ainsi que le soutient le Gouvernement
du Honduras, à la crique de Conchagua et, comme on le verra
par la suite, aux iles càtieres d'El Salvador, en

particulierconchaguital.

Cependant, poursuit le document, une "note" l'informe
"qu'une frégate à haut gréement, un brigantin, des chaloupes

armées et une grande canonnière ont attaque le port de El
Realejo..." en faisant plusieurs prises. Sur ce, M. Benedi
déclara:

"...à vous, sous-déléguésdes districts de Nacabme
et Choluteca, je communique cette nouvelle afin
que vous preniez les mesures préventivesde nature
à préserver, dans la mesure du possible, les vies
humaines et les haciendas des habitants situés sur
les rives du grand lacde la Conchagua et les
villages immédiats ..."

Enfin, M. Benedi propose "...que chaque fois que ce
Commandement d'Armes (celui de San Miguel) sera requis pour

prêter de l'aide, il s'exécutera. .."

57. Le 8 avril, l'adjoint de 1'Alcalde Mayor de

Tegucigalpa à Nacabme, Manuel Lucas Sierra, informe
1'Alcalde ~a~orl que, dans le port de Conchagua (La Union],

"...tout le monde était sortipour fuir et que, au large de

1 infra., p. 979-983, par. 57-59.(des iles de) Conchagua et Martin Pérez se trouvaient trois

navires et un plus petit, à une distance d'environ cinq
lieues du port et arborant un pavillon rose...". De même que

"...il y avait dans ce port deux compagnies de San Miguel
pour assurer la défense..."

L'adjoint de Nacaome signale également qu'il est en

communication avec l'adjoint de Choluteca et qu'il a placé
trois postes de guet "...l'un sur la côte de Goascoran... un

autre au port de San Lorenzo et un autre dans celui de La
Brea...", ports tous distantsde quatre lieues deNacaome.

Le Gouverneur Tinoco est donc déjà informéet, dans une
dépêche envoyée le 8 avril de comayagua2, il informe

1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa qu'ila pris immédiatementun
arrêté visant à "mettre cent hommes sous les armes afin

qu'ils accourent..." à Nacabme, à l'endroit que l'on jugera
utile. Il convenait de compléter cette mobilisation, menée

sous la direction du lieutenant-colonel Andres Brito, avec
des soldats du bataillon de Olancho et d'autres recruesde

villages voisinsde Tegucigalpa,tels que Aguanqueterique.

Annexe VII.ll.B, p. 409-410.Honduras, Annexes, vol. 1,

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.ll.C, p. 410. 58. Le 14 avril, croyant que la menace était écartée,
l'adjoint de 1'Alcalde de Choluteca, Justo José Herrera,

transmet à 1'Alcalde Mayor de ~e~ucigal~alune information
de l'une de ses vigies placée à l'endroit dénommé "site de

l'île" et qui détaille plusieurs mouvementsde trois navires
ennemis aperçus entre "...les rochers escarpés (farallones)
et Punta Corda." Il constate ensuitequ'il s'agit en réalité

de six navires et que "...un canot ou chaloupe..." est
adossé au "...mont (ile) de El Tigre...". Le rapport

mentionne d'autres points qui ne sont pas tout à fait
identifiés, maisse trouvent surla terre ferme, comme l'est

la "vigie de Las Tablas''qui devrait descendrepour observer
"...une embouchure (de rivière ou mer) qu'ils appellent
Ycaco...", tandis qu'un autre informateur resteplacé dans

une "...autre embouchure, appelée Las Doradas, contre l'île
de Cosiguina..."

Le 19 avril, le rapport de Herrera à leAlcaldeMayor de

~egucigalpa~est plus completet démontre, conjointement aux
dispositions de l'adjoint de 1'Alcalde de Nacaôme, le
contrôle administratifde ces circonscriptionssur les côtes

et les iles du Golfe de Fonseca, sauf dans l'accès à la mer
par le chenal qui mène à La Union, entre unt Ctiquirin et

les îles de Conchaguita et Punta Zacate,c'est-à-direce qui
constituait géographiquement "la criqu de Conchagua' et qui

est défendu par 1'AlcaldiaMayor de San Miguel.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.ll.D, p. 410-411.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.ll.E, p. 412. M. Herrera confirme l'arrivée du sous-lieutenant Juan
Antonio Yneztroza et de 26 hommes et fait savoir:

a) qu'il a décidé "...de placer six soldats sur
l'île", qu'il n'identifie pas, mais indique que

"...c'est l'endroit le plus propice à observer les
changements qui peuvent se produire, étant donné

qu'ils peuvent nous tenir informés avant que les
ennemis ne débarquent".

b) qu'il recensera les ports1 qui peuvent présenter

les plus grands risques et qui "...sont tous ceux
qui sont orientés vers les ports de El Viejo..."
(au Nicaragua).

c) qu'il a des postes de guet dans les ports "...de

Carranza et San Bernardo..."dans cette direction,
mais non identifiablesde façon süre, et dans ce"x

de "...San José Ycaco et Doradas..." dans le "site
de l'ile". Ces ports ont une vue sur la traversée
de Conchagua à Farallones.

d) que le 16 avril, la vigie de Las Tablas, Manuel

Francisco Fiallos "...n'a rien pu observer car la
mer était couvertede vapeurs...",alors que à

Il convient de remarquer qu'on utilise, dans ces
documents, le terme de "port" pour désigner tous les lieux
possibles de débarquement, sur la terre ferme ou sur les
iles, et que, sur les iles où il y a des éminences, comme
sur l'ile de El Tigre, la mention est parfois, sous forme
abrégée, le "mont de El Tigre" et non le "mont de l'ile de
El Tigre". "...l'embouchure du Ycaco et du joli estuaire
(ester0 Hermoso), qui étaient dégraféson n'a rien

vu.. "

e) que le 17 avril, la vigie de l'île a vu que les
navires se sont retirés: "'...nous les avons vus
entrer à la Punta Gorda.. .", mais "...nous ne

savons pas s'ils ont mouillé derrière ou s'ils
sont partis car aujourd'hui, versdix heures, un

autre a traversé (la mer) en venant du bas des
Farallones.. "

Compte tenu de la configuration duGolfe, cette vigie,
pour pouvoir apprécier les mouvementsà l'extrémité de

celui-ci, devait indibutablementse trouver soit sur l'ile
d'El Tigre soit sur l'île deMeanguera.

f) enfin, que le préposé au port de San Bernardo

rendit compte qu'iln'y avait rien à signaler,
qu'était parvenue au village de El Viejo la
nouvelle selon laquelle un des navires des pirates

était parti vers Conchagua et avait relâché des
prisonniers et que la vigie de Los Dorados

certifiait également qu'il n'y avaitrien de
nouveau.

59. Dans un autre document, du3 mai, l'adjoint au
maire de Nacabme rapportequ'il a interrogéCayetano Rivera,

habitant du port de Conchagua, dont le témoignage fournit
deux éléments corroborant la division juridictionnelle sur

les-îles, à la veille de l'indépendance.

D'une part, il dit que: "...José Guillermo, gendarme de Conchagua,
habitant de l'ile de Punta de Sacatesavait que le
mercredi ou jeudi (de la Semaine Sainte),
s'approcha de la terre une grande chaloupe
ennemie, demandant à faire provisiond'eau douce;
elle était conduite par environ vingt cinq hommes
parmi lesquels des noirs, des anglais et un qui
les dirigeait et leur servait d'interprète.Tous
portaient des fusils et des armes et ils
disposaient de quelques petits canonsl."

D'autre part, il dit que, lorsque la provision d'eaudouce
fut faite, la chaloupe gagna le large en sondant les

profondeurs, vers le port de Conchagua. L'adjoint au maire
de Nacaome préciseégalement que "...cherchant les courants

de l'ile de El Tigre, sur la côte de notre district...",ils
se dirigèrent, grâce à ceux-ci, vers le vaisseau qui était

amarré "...au milieu du champs de la vigie du mont (El
Tigre) et de Conchaguita, commel'aperçut la vigie dudit

mont...".

L'état d'urgence prit fin peu après le mois de mai,

bien que les autorités du Sud du Honduras ne cessèrent de
profiter de l'occasion pour renouveler leurs requëtes aux

autorités centrales,afin que soit mis à leur disposition un
contingent permanent et bien armé pour la défense de la

côte, étant donné que les habitants sont devenus méfiantset
se disent que les pirates pourraient revenir en janvier

prochain.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.ll.F, p. 413.E. INSUFFISANCE DES WCUWENTS COLONIAUX CIVILS INVOQUES PAR EL

SALVADOR POUR ETAYER SES PRETENTIONS

60. Le Gouvernement d'El Salvador présente, dans son
contre-mémoire, un série dedocuments coloniauxcivils pour

étayer ses positions et tenter de réfuter les arguments et
preuves fournis par le Honduras dans son mémoire. A cet

égard, il convient de signaler d'emblée que tous ces
documents, à l'exception de deux, se rapportent à des îles

autres que celles en litige de Meanguera et Meanguerita ou
se réfèrent à divers actes ou preuves de juridictionsur la

terre ferme continentale salvadorienne.

Il convient donc d'indiquer que, outre les raisons
exposées à la section 1 de la présente réplique,c'est faute

de preuves documentées sur les exercices de juridiction sur
Meanguera et Meanguerita qu'El Salvador recourt à

l'expédient consistant à tenter d'étendre le débat à toutes
les îles. Ainsi, dans son raisonnement, une preuve sur

Conchaguitadoit valoir comme preuve sur Meanguera.

Pour le Gouvernement du Honduras, on pourra mieux
apprécier les divergences entre les Parties si l'on sépare

convenablement les divers documents pour les examiner en
fonction de leurs différences de nature et de valeur

probatoire.

En premier lieu, aux paragraphes61 à 65 ci-après, on
considèrera l'ensemble de documents qui n'ont en réalité

qu'un caractère auxiliairepour apprécier le meilleur droit
invoquépar les Partiessur les deuxîles en litige. Puis, aux paragraphes66 et 67, on examinera le premier
document salvadorien, de 1677,figurant à l'annexe X.4 du

contre-mémoire et se rapportant à l'affaire du recouvrement
de quelques imp6ts par un officier siégeant à San Salvador.

En corrélation aveccette affaire, on examinera égalementle
document de 1674, de l'annexeIX.6.

En troisième lieu, aux paragraphes 68 et 69, on

analysera le second document salvadorien, de 1711, figurant
en annexe X.ll du contre-mémoire. A cet égard, le

Gouvernementdu Honduras est en mesure de prouver, notamment
avec un document de 1698, que ce document de 1711 se

rapporte à un impôt levé sur les indigènes de Meangola qui,
pour cette année-là,s'étaientétablis sur la terreferme de
la province de San Miguel,près de San Carlos-La Union.

En guise de concluçion,on montrera, aux paragraphes 70

à 73, l'absence de véritable réponse d'El Salvador aux
documents coloniaux civils et aux arguments présentés par le

Honduras à l'appui de sa position.

61. Le premier documentpertinent, dans la catégorie
générale, est la demande de terres effectuée par Lorenzo

Irala en 1766 et à laquelle se réfèrent aussi bien le
mémoire d'El Salvador que celui du Honduras. Aux chapitres

6.43 à 6.45 de son contre-mémoire, le Gouvernement d'El
Salvador amplifie son enthousiasme pour le document et

déclare qu'il ". ..sweeps away in a precise and categorial
form al1 the doubts and divergences which could possible

exist as to whether San Miguel or Tegucigalpa exercised
juridictionover the içlandsof the Gulf of Fonseca..." En vérité, le document n'a rien à voir avec le présent
différend. Le Gouvernementdu Honduras, ainsi qu'il l'a déjà

montré dans son contre-mémoire,soutient même que l'ile sur
laquelle Irala sollicitait des terres est Zacate Grande, et

non pas Exposicion. Divers documents coloniaux relatifs à
Zacate Grande, ne prêtant pas à controverse et déposés aux

Archives Nationales du Honduras, prouveraient de surcroît
que Irala obtint en effet des terres sur ladite île, terres

qui ensuite, par succession et vente, furent transmises à
d'autres propriétaires, toutes ces transactions s'opérant
dans la juridiction de Tegucigalpa, par le truchement de

Nacaome.

D'autre part, l'acquisition était évidemment de droit
privé et n'impliquait aucune référence à la juridiction

territoriale enfaveur de San Miguel.

Insister sur le fait qu'il se rapporte à Exposicion,
n'est ni correct ni pertinent car, quand bien même il

s'agirait de Exposicion, si l'on observe une carte nautique
du Golfe on peut très facilement constater que, même s'il y
avait eu, à Exposicion, des propriétés de salvadariens ou

même si l'on pouvait prouverque San Miguel avait exercé sa
juridiction sur l'le, ce qui est impossible, le fait que

celles-ci, propriétés et juridiction, "...extended as
far...", prouverait dans l'absolu, que San Miguel exerçait

juridiction sur les iles situées dans la partie centrale du
Golfe, à savoir Zacate Grande, Tigreet Meanguera.

L'Audiencia de Guatemala statua en Faveur de Irala,
après que le juge local de San Miguel eut reconnu qu'il ne

savait pas si l'autre province exerçait sa juridictios nur
l'île, et non pas pour établir ou modifier les juridictionsmais, simplement,pour faciliter l'opération économique que
supposait l'acquisition de terres.

En ce qui concerne les affirmations du chapitre 6.47 -n
fine, et la production en annexe du mémoire salvadorie de

deux nominations d'adjoints de 1'~lcalde Mayor de
Tegucigalpa à Nacaome, une précision est nécessaire: dans

les documents, l'île de Zacate Grande est mentionnée comme
nouvelle localité de Nacabme, car en effet cette île

commençait alors à se repeupler. Cette mention n'a
absolument rien à voir avec la situation des autres îles,

car on ne se réfère pas à cette ile comme étant laseule île
sous juridictionde Tegucigalpa, à l'exclusiondes autres.

62. En ce qui concerne les documentsdes annexes X. 5,

X.7 et X.2 du contre-mémoire salvadorien, leur
caractéristique principale, comme leprécédent, est qu'ils
ne se rapportent pas à 1'île de Meanguera ou Meangola. Les

deux premiers, de 1674 et 1706, se rapportentau villaqe de
Amapala sur la terre fermeet aux villages de Teca et

Conchagua, sur l'île de Conchaguita. Le troisième, de 1625,
est une "encomienda" en faveur d'Isabel Recinos. Mais la

"encomienda" est une institutionsur les personnes (les
indiens) et non sur les territoires.Et le texte du document

espagnol - vu que la traduction anglaise est incorrect-e
stipule que deva'itêtre effectué un versement "...de la part
des indiens qu'elle avait en 'encomienda'dans les iles de

Amapalal..." (soulignépar nous). Dans cette phrase, Amapala

1 Le texte anglais, en page 3 de l'Annexe X.2,

lignes 4 et 5, dit: "Some of the indians that had themin
améliorer le début de la phrase, il faudrait dire, pour fale
moins: "in the islandsof Amapala".est tout le Golfe et il n'est pas précisé que la
"encomienda" soit sur l'ile d'El Tigre, comme elle

s'appelait alors, et que c'est l'île à laquelle prétendse
référer El Salvador. Le document n'est donc pas pertinent.

De plus, le titre qui lui est donné dans les annexes est
tendancieux.

En ce qui concerne le village -d'hapala, sur la terre

ferme, on a déjà fourni des explications suffisantesau
chapitre C de la présente section. Le document X.5 porte sur
la division entre San Salvadoret San Miguel. L'original

espagnol présentéest illisible.Le document X.7 est le même
que celui présenté en annexe XIII.2.26 du mémoire du

Honduras et sa seule utilité, comme on l'a alors indiqué,
est qu'il fait état de ce que les indiens de l'îlede

Conchaguita (alors Conchagua) s'établirentprès du village
de Amapala, sur la terre ferme,après avoir fui devant les

pirates.

63. Le document X.10 auquel renvoiele chapitre 6.51

du contre-mémoire salvadorien, est le rapport du Gouverneur
du Honduras, Anguiano,de 1804. C'est un rapport détaillé

pour certaines activités, mais non pour d'autres. En effet,
les îles du Golfe ne figurent pas sur les listes de

villages, mais il se vérifie par d'autres documents - comme
ceux présentés au chapitre D - que plusieurs îles du Golfe

dépendaientde ce Gouverneur.

Il est probable que leur omission soit due à leur

situation de dépeuplement, étant donné que les cadres qui y
figurent sont des recensementsde familles. D'autre part,il

confirme une fois de plus que Nacabme et Choluteca faisaient
partie de la Province-Intendance du Honduras e1 n804 et ilest toujours appréciable de voir reconnu ce fait dans les

écrits salvadoriens.

64. Pour en finir avec les documents généraux, il
convient de se référer maintenant à ceux mentionnés aux
chapitres 6.35 et 6.36, annexes X.8 et X.12 du contre-

mémoire salvadorien, qui mentionnent essentiellementle
village de Nuestra Seiiorade las Nieves de Amapala comme

dépendant de San Miguel, ce qui était le cas parce qu'il se
trouvait sur la terre ferme.

Dans le rapport de Galvez, de 1742, reproduit en annexe

X.8, la mention est claire car elle dit que Nieves de
Amapala est aussi éloigné de la capitale de la province que

Santiago Conchagua,village voisin situé sur la terre ferme.
C'est vrai que, pour El Salvador, l'objectif de la citation

est de prétendre que San Miguel "hada common boundary with
the Province of Nicaragua...",mais cette traduction est là
encore tendancieuse. Le texte espagnol dit que les indiens

de Conchagua entretiennentles canoës "...para el pasaje del
brazo de mar que divide esta provincia de la de

Nicaragua..." ("pour le passage du bras de mer qui sépare
cette province de celle du Nicaragua"). Il n'est pas

question ici d'une frontière commune maistout au contraire,
d'un bras de mer qu'il faut franchiret qui sépare les deux

provinces. c'est-à-dire - c'est ce que soutient le
Honduras - qu'à cette date, comme aujourd'hui, il y a des

îles et des espaces maritimes qui séparent El Salvador du
Nicaragua.

65. Le document X.3 de 1667 auquel renvoient les
chapitres 6.24 et 6.25 du contre-mémoire salvadorienest un

document intermédiaire parceque l'île de Meangola y estmentionnée. Le Gouvernement du Honduras a déjà présenté son

interprétationdudit document dans son mémoire et, quant aux
affirmationsdu Gouvernementd'El Salvador, dans soncontre-

mémoire, il se bornera à apporter troisprécisions:

a) 11 y a accord entre les Parties sur le fait que
1'Audiencia de Guatemala a interdit au Juge

Réformateur des Cultures de Maïs de San Miguel et
Choluteca d'exercerses compétences sur les iles
du Golfe.'

b) Pour le Gouvernement du Honduras, on ne peut pas

inférer du document qu'il y avait une règle
générale selon laquelle "...jurisdiction over the

islands was exercised from San Miguel..."

c) De mène il soutient que l'on ne peut en inférer
que les trois villages cités, à savoir Teca et

Conchagua, d'une part, et Meangola, de l'autre,
étaient sous une même juridiction: premièrement,

parce qu'il y a une référence générique des
villages d'autresîles et il est évident que, pour

la démarche des maires des trois villages,
directement à Guatemala, il s'agissait d'un
probléme commun aux habitants de toutes les îles

et c'est ainsi que l'a entendu, dans son arrêt, la
Audiencia. Deuxièmement,parce que le Juge du Maïs

avait cette Fonction tant à San Miguel gue dans la
iuridiction de Choluteca. C'est-à-dire ainsi que

le soutient le Honduras, qu'il y avait des îles
sous la juridictionde San Miguel et des iles sous

la juridiction de Choluteca, relevant de
1'AlcaldiaMayor de Tegucigalpa. 66. Le premier document présentépar El Salvador pour
fonder son titre sur Meanguera est le document de l'annexe

X.4 de 1677, auquel renvoie le chapitre 6.27 du contre-
mémoire, confirmé d'une certaine manière par le document de

l'annexe IX.6 de 1694 auquel renvoie le chapitre 6.19.

Pour le Gouvernementd'El Salvador:

"...jurisdictionby San Miguel over tax collection
in the islands of Teca and Miangola.. . shows that
Choluteca was not exercising jurisdictionover the
islands, consequently the mention of Choluteca in
the document executed in 1682 which is annexes to
the Memorial of ~ondurasl did not signify the
exclusion of the jurisdictionof San Miguel or of
San salvador2..."

Pour le Gouvernement du Honduras, le document de
l'annexe X.4 ne prouve pas une juridiction territoriale de

San Miguel sur 1'île de Meangola. Le document est un accusé'
de réception d'un agent des finances que l'on charge de
procéder à des recouvrements dans certains villages. Bien

que l'agent fasse des efforts pour situer lesdits villages
dans certaines juridictions - et, au passage, il faut

remarquer que, à propos de Texigat, il parle spécifiquement
d'une juridictionde Choluteca - il reconnait.égalementque,
pour un village, Santo Domingo Guisapa, il ne sait pas de

laquelle des trois juridictions couvertespar son action
(San Salvador, SanMiguel ou Choluteca) il dépend.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XIII.2.17,p. 2303-2304.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 6.19, p. 180. Il y a donc des risques d'erreur dans ses

appréciations. Mais, par ailleurs, le Gouvernement du
Honduras estime qu'ily a un aspect plus pertinent, à savoir

que ce recouvrement d'impôtsest inclus dans le problème
plus général déjà exposé à la page 534 du mémoire du

Honduras et à propos duquelest présenté, en annexe XIII.2.7
à la page 2284, le document de 1687; il s'agit d'un "Dossier

établi à 1'Audiencia de Guatemala: pour que les impôts
royaux du district de Choluteca ne soient plus recouvrés par

les Maires Principaux de San Salvador mais par les Officiers
Royaux de Honduras."

Dans ce "dossier", 1'Alcalde Mayor de San Salvador

reconnaît clairement que le district de la ville de
Choluteca relève de la "juridiction de 1'Alcaldia Mayor de

Tegucigalpa..." et demande que ne lui soit plus confiée la
collecte des impôts dudit district, au motif 'qu'ilest situé

à 80 lieues de son lieu de résidence. Et dans le même
document figure également une "Attestation" de l'hlcalde

Mayor de Tegucigalpasur les villages sous sa juridictionet
assujettis à l'impôt; cette attestation inclut leshabitants

de Meanguera; ce village était abandonnéet ses habitants
étaient donc dispersés.

Ce document contredit effectivementle document produit

par le Gouvernement salvadorienpuisqu'il indique que les
recouvrements étaient une fonction, a caractère

instrumentaire, séparéede l'évaluation et de la fixation
des impôts, et que les autorités de San Salvador ne

voulaientpas l'exercer à l'égard de Choluteca qui était une
autre juridiction. C'est aussi pour cette raison que le document

salvadorien de l'annexe IX.6 n'affecte pas la position du
Honduras, car celui-ci consigne également qu'il y a deux

juridictions séparées: celle de la "City of San Miguel and
its provinces" et celle de Choluteca, "...this said town and

its juri~dictions"~. Il dit également qu'il y a un
fonctionnaire Joseph de Miranda, qui est "treasurer of the

Royal Cashbox of His Majesty", aussi bien pour San Miguel
que pour Choluteca. Enfin, que ledit fonctionnairedu Trésor

Royal, lorsqu'il procède à l'évaluation à San Miguel, signe
avec 1'Alcalde Ordinaire le plus ancien de cette ville,

Gabriel del Valle ~vanillo~ et, lorsqu'il le fait dans la
ville de Choluteca, c'est avec 1'Alcalde Ordinaire le plus

ancien de cette ville, en l'occurence Ramon de Moncada. Par
ailleurs, l'île de Meanguera n'est pas mentionnée dans ce

document IX.6.

67. Quant à la référence selon laquelle ledocument de
1682-1684 figurant en annexe du mémoire du ond duras^,

n'affirme pas la juridiction de Choluteca sur Meangola, la
simple lecture suffit à détruire l'allégation salvadorienne.
Ce document est une liste de villages dressée par

1'Audiencia de Guatemala pour tout le territoire de celle-ci
et les juridictions territoriales y sont clairement

consignées.C'est undocument qui fixeles montants que

1 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VII,
Annexe IX.6, p. 70.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. VII,
Annexe IX.6, p. 69.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,

Annexe XIII.2.17,p. 1303-2304.doivent verser a titre de condamnation ("pends de Cimara" en

espagnol) les villages relevant d'une juridiction
déterminée. Il n'est pas question ici de la fapon de

procéder aux recouvrements ni de l'endroit d'où il faudra
déplacer un agent du Trésor, comme c'est le cas des

documents salvadoriens. C'est un document établi par
l'autorité suprême.du Royaume ou Capitainerie Générale, à

vocation de permanence, et il est étayé par les autres
documents et actes de juridiction sur Meanguera, présentés

par le Honduras et concernant la mëme période.

68. Le second document présentépar El Salvador est

l'annexe X de 1711 auquel renvoie le chapitre 6.34 du
contre-mémoire;selon celui-ci, en faisant état de ce qu'une

collecte d'impôts devait avoir lieu "...in the island of
Miangola (Meanguera)...", le document, à son avis "...really

demonstrates that this islandwas within the jurisdictionof
San Miguel..."

En premier lieu, il faut signaler que le document ne

fait paç mention d'une "ile" de Meanguera. Et le
Gouvernement du Honduras penseque cela est normalcar l'île

était dépeuplée depuis 1684 et cette situation se maintint
jusqu'à la date de l'indépendance, en 1821. Le village de

Miangola qui figure sur le document étaitailleurs.

En second lieu, il faut également noter que cette
"imposition"est une "New Accountand Pol1 of the neighbours
and native indians" d'un village qu'il situe dans la

province de San Miguel et qu'elle se substitueou sesuperpose à "l'imposition" (appraisal)du ler février 1602.

En ce sens on peut dire qu'il y a une certaine continuité
dans l'identité du village dont cependant le Gouvernement du

Honduras soutientqu'il n'a pas en 1711 la même localisation
qu'aux XVIe et XVIIe siècles.

L'explicationn'est pas difficile à comprendre car il y
a des documents certifiant de façon successive - et le

Gouvernement du Honduras les a produits - premièrement, que

le village localisé sur le, et l'île proprement dite,
dépendaient de Choluteca et donc de 1'Alcaldia Mayor de
Tegucigalpa; deuxièmement,que 1'Alcalde Mayor évacua les

habitants et détruisit les maisons, les puits et les
semences de l'le, pour mieux défendre la province des

incursions de pirates; et troisièmement, que les indigènes

de Meanguera reçurent des terres, d'abord à Colama, puis à
Nacaome, mais que, selon le témoignage ultérieur de
1'Alcalde Mayor, ils étaient, en 1687, dispersés et

appauvris.

69. Un document de 1698l, annexé à la présente
réplique, donne des éclaircissements pertinentssur ce qui

s'est passé par la suite: les indigènes qui avaient fui
Meanguera s'établirent finalement sur la terre ferme

salvadorienne, à côté du village d'llmapala.

Réplique, du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.12, p. 415. Ce village dlAmapala n'est évidemment pas le village

qui est dénommé ainsi au XIXe siècle, dans l'ile d'El Tigre,
mais le village salvadorien de la terre ferme qui figure

déjà sur les listes de villages de la juridiction de San
Miguel, par exemple sur le document de 15901, presqu'à la

fin, où il est dit que "Amapala", comme d'autres villages
"...se trouve à une à deux lieues et demi de la plage, sur

la côte, près de la mer, après la rivière de Lempa. ..".
C'est le village où s'établit par la suite le "Couvent de

Nieves de ~mapala"; sont également pertinents à cet égard
les développementsdu paragrapheC.

Le document de 1698, quant à lui, est une "pétition

pour que les indiens de Meangola et de Las Nieves de Amapala
s'unissent en un seul village, vu qu'ils sont très pauvres

et sans protection...". 11 commence par une présentationdu
Procureur du Roi devant 1'Audiencia de Guatemala,

accompagnée d'une attestation annexe du "Guardian" du
districtde Nieves de Amapala, datée du 9 mai 1698.

Le Guardian explique que le village d'Amapala a connu
des malheurs et des calamitéset il rappelleque lors de:

"...la dernière invasion de l'ennemi pirate sur
cette côte, le villaqe qui subit le plus de dégâts
fut celui de Nuestra Sefiora de las Nieves de
Amapala car, étant le plus proche de la mer, les
pirates mirent le feu à l'église et au couvent,
puis à toutes les maisonsdes indiens;ceux-ci,

1 Mémoire du
Honduras, Annexes, vol V,
Annexe XIII.2.14, p. 2297. voyant que les ruines étaient irréparables,
abandonnèrent le site et partirent ailleurs en
quête d'un lieu convenablepour fonder un nouveau
village..."

Il ajoute en outre que "se voyant sans église, sans village,
sans personnes ni moyens leur permettant de venir à bout de

tant de misère, ils se sont joints au village de La
Miangola...". Et, à propos de la localisation de ces deux

villages, il précise ce qui suit:

"...le site et le lieu où est fondé le village de
Mianqola est le mêmeque celui où se trouvait le
village de Amapala,car il est si proche de lui
qu'il n'y a entre les deux qu'une distance
d'environ trois à quatre cordées..."

Après avoir indiqué que depuis:

"...l'année dernière, quatre-vingt-dix-sept,se
sont associés les indiens de La Miangola et ceux
de Amapala et qu'ils décidèrent d'aller rendre
compte à Votre Altesse de la misère dans laquelle
ils se trouvaient."

il atteste enfin qu'il luidemande:

"...qu'il leur donne l'autorisation et... leur
ordonne expressément que solidairement ils
abandonnent le site sur lequel ils se trouvent à
ce jour et qu'ils aillent fonder et peupler un
site appelé Cheperal qu'ils ont récemment
découvert et qui se trouve à une demie-lieue du
village de La Conchaqua vers le littoral,au motif
que ledit site, ainsi qu'ils l'ont constaté, est
très propice à la nature des indiens... bordé de
monts, pourvu d'entrées et de sorties, très
favorable à la culture du maïs et riche en
rivières..." L'attestation est signée par Frère Luis Dovalos Osorio,

à Yanyantique le 27 juin 1698. Suivent, dans le dossier,
plusieurs témoignagesse rapportant à cette affaire et il se
termine sur une décision de 1'Audiencia autorisant "...les

indiens de Amapala à rester attachés audit village de
Meangola..." dont on a noté qu'il se trouve sur la terre

ferme. En ce qui concerne le transfert en unautre endroit,
il déclare toutefoisque "...il n'y a pas lieu...".

Plus tard, ce village de Miangola a dû disparaître à

son tour ou, plus probablement, ses habitants réunis à ceux
d'hapala ont dû être transférés plus au Nord, étant donné

que, selon ce qui figure en annexe du mémoire du Honduras,
dans la toponymie dU~mapala1,suivant en cela des historiens

salvadoriens: "Amapala" (village),sur la terre ferme, connu
sous le nom de "Pueblo Viejo", au'Sud de la ville de San

Carlos de La UniOn", perdit progressivement spopulation
et, en 1788-1790, s'éteignit, sa population s'intégrantà

celle de Conchagua.

70. En ce qui concerne les documents présentés par le

Honduras, le Gouvernement d'El Salvador n'aque deux lignes
d'argumentationpour les attaquer,aux chapitre6.19 et 6.28

de son contre-mémoire.

Le premier est que, dans "...the proceedings relating
to the abandonmentof Meanguera ...",les indigènes

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.1.2, p. 2219.présentèrent leur demande d'établissementsur la terre ferme
à 1'Audiencia de Guatemala, ce qui, selon lui, démontre que

cette dernière était un organe hiérarchiquement supérieur à
1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa.Or, en réalité, personnene

conteste ce fait et la demande des indigènes étaitconforme
en droit, car c'était 1'Audiencia qui pouvait la leur

accorder et, en l'occurence, engager 1'Alcalde Mayor de
Tegucigalpa à leur procurer expressément les terres

sollicitées. Ce n'est pas que 1'Audiencia eût délégué ses
fonctions à "...the authorities closest to the area where

the Indians had taken refuge...",mais précisément parceque
le, comme les sites de Colama et Nacaome, était sous, la

juridiction de 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa. C'était ce
fonctionnairequi, conformément à la loi, devait exercerles

compétences correspondantes, dans l'espace territorial de sa
circonscription.

Ensuite, les indigènes .se dispersèrent mais, tant

qu'ils résidèrent dans la juridictionde 1'Alcaldia Mayor ou
à l'égard de ceux qui y restèrent, 1'Alcalde Mayor continua

d'exercer son autorité, ainsi que le prouve - en dépit de
l'objection du Gouvernement d'El Salvador - le document de

1687 figurant en annexe du mémoire du ~ondurasl. Selon ce
document, c'est précisément 1'Alcalde Mayor qui fournit les

informations sur les villages et les personnes relevantde
sa juridiction, en relatant la situation de plusieurs

d'entre eux et des "habitants del'île de la Meangola qui ne
se sont pas groupés en village...".

1 Mémoire du
Honduras, Annexes, vol. V,
Annexe XIII.2.7, p. 2284. Le second front de l'argumentation salvadorienne, au

chapitre 6.19, est de toute évidence dépourvu de tout
fondement matérielet beaucoup moins juridique. Il consiste

- semble-t-il, car l'argument est confus - à considérer que
c'était le Président-Gouverneurdu Guatemala qui détenaitla
juridiction, mais comme aussi "...in his turn had

jurisdiction over San Miguel and its district...", d'une
certaine façon ladite juridiction du PréSident-Gouverneur

était également aux mains de 1'AlcaldeMayor de San Miguel.

71. Le document de 1590,figurant en annexe du mémoire
du ~ondurasl, ainsi que le document de .1682-16842, prouvent

clairement l'assignation de l'île de Meangola à la
juridiction de la ville de Choluteca. En ce qui concerne la

période pertinentedes événements documentés dans les écrits
des Parties, le Gouvernement du Honduras produit, dans la

présente réplique,trois documents supplémentaires prouvant
également cette assignation.

Le premier3 date de 1660; il s'agit du "Compte et récit

sous serment" du service du "Toston" dans la juridiction de
Choluteca. Y figurent les impôts du "Toston' dans les

villages comme Linaca, Guacirope,Texiguat et "...La

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V.
Annexe XIII.2.14, p. 2297.

2 ~émoiye du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XI11.2.17,p. 2303-2304.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.13.A, p. 420.Miangola" avec, pour ce dernier, vingt tostones. Y sont
également inclus Colama, Orocuina et Pespire.

Le deuxième1 datant de 1670-1673, est un "service du

toston", à l'instar des "penas de Cimaras" qui furent
prélevées, au titre de 1670, sur les villages de la

juridiction de la ville de Choluteca, y compris Meangola,
dans le "juicio de residencia" fait en 1673 à 1'Alcalde

Mayor de Tegucigalpa, Don Diegode Aguleta y Peralta.

Le troisième2 de 1682-1683, est un "Compte et récit
sous serment" de Tributs Royaux dans la province de San

Miguel et Villa de Jerez de la Choluteca, dans lequel les
deux circonscriptions sont traitées séparément. Ce qui

correspond au "tostonde la Choluteca" avec ses différents
villages, comprend Goascorin avec 29 tostones, Aramesina

avec 41 tostones, Apasapo avec 7 tostones et "La Miangola"
avec 24 tostones.Et il y a dix autres villages.

72. En ce qui concerne le procès contre Francisco

Felix, auquel fait référence le chapitre du contre-mémoire
d'El Salvador et qui figure comme annexe du mémoire du

~onduras3, la position d'El Salvador est également erronée,
car il ne s'agissait pas de la capture incidente d'un

criminel, ainsi qu'il tente de présenter l'affaire.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.13.8, p. 421.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.13.C, p. 423.

3 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. V,

Annexe XIII.2.16, p. 2302. Au contraire, ainsi qu'on peut en juger à la lecturedu

document, il s'agit d'un procès complet qui est engagé
devant 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa qui est doté de la

compétence judiciaire afférenteaux causes criminelles et
qui exerce également la compétence administrative pour

capturer les inculpés; c'est pourquoi il ordonne
l'arrestation de Felix, puisqu'on connaît sa demeure. Cette

capture ne s'effectue pas par une procédure extraordinaire
dans une province étrangère, mais tout a fait normalement en

un lieu, l'ile de Meanguera, que, de toute évidence,
I'Alcalde Mayor qui est alors dans le districtde Nacaome,

considère comme faisant partie des territoires placés sous
sa juridiction.

Dans cette affaire, .il n'y a aucune similitude avec

l'incident extrait de l'affaire des Minquiers et des
~crehousl.

73. Il est important de noter, avant de conclure cette

section, que, pour le Gouvernement du Honduras, la situation
de l'ile de Meanguera, de 1685 à 1821, fut celle d'une île
inhabitée, dont l'assignation à 1'Alcaldia Mayor de

Tegucigalpa demeura intacte. Le Gouvernement d'El Salvador

n'a fourni aucune preuve documentée confortant ses
prétentions, prétendument fondées sur des titres
historiques, selon lesquelles l'ile de Meanguera était

assignée à 1'Alcaldia Mayor de San Miguel ou en dépendait
administrativement.

1 C.I.J., Recueil 1953. Dans divers récits et documents de l'époque coloniale,
diffusés par des publicistes et des historiens, tant d'El

Salvador et du Honduras que de pays tiers, il est rapporté
que l'île de Conchagua ou Conchaguita, ou les localitésde

celle-ci - identifiées comme étant Tecaet Conchagua -
étaient bien, quant à elles, assignées à ladite Alcaldia

Mayor de San Miguel ou que celle-ci exerçaitsur cette île
des actes de juridiction. On peut faire la même déduction

pour l'île de Punta Zacate, qui est comprise dans la
juridiction de la cure de Conchagua, selon desdocuments

produits par le Honduras dans la présente procédure,
quoique, dans cette île,il y eut aussi, par la suite, des

demandes de concession (denuncias) de terres de la part de
ressortissantshonduriens.

Quoiqu'il en soit, ces îles ne font pas l'objetdu
différend soumis à la décision de la Chambre de la Cour et

les considérations qui précèdent ont pour seul but de
souligner que l'absence de documents de nature à fonder que

l'île de Meanguera dépendaitdes divisions administratives
coloniales salvadoriennes - alors qu'il existe bien des

documents pour les autres iles - est un fait qui doit être
apprécié commeil convient. Il contribue en eEfet à montrer

que le Gouvernement d'ElSalvador nepossède, sur les iles
de Meanguera et Meanguerita, aucun titre fondésur

l'exercice de juridiction, surune possession immémoriale ou
sur des titres établispar la Couronne d'Espagneou par des

autorités coloniales civileo su ecclésiastiquesespagnoles. Section IV. Les données postérieures à 1821

A. CRISTALLISATION DU DIFFEREND EN 1854

74. La position du Gouvernement du Honduras est que,

au moment de 1'indépendance par rapport à l'Espagne, le
15 septembre 1821, 1'Etat du Honduras assumait la

souveraineté sur les îles de Meanguera et Meanguerita, à
titre de successeur des domaines du Monarque espagnol. Ainsi

qu'on l'a montré dans les différents écrits du Honduraç à
l'attention de la Chambre de la Cour, le Monarque espagnol

exerçait le contrôle administratif sur les îles en litige
par le truchement de 1'Alcaldia Mayor de Tegucigalpa, et

notamment par des actes des circonscriptionsde Nacaome et
de Choluteca,dont dépendaient directement les iles.

El Salvador, commel'ont montré égalementles écrits du

Honduras et les documents produits par les Parties, ne
possède pas de titre colonial sur lesdites iles, ni ne peut

prouver que les circonscriptions administratives de San
Salvador et de San Miguel exerçaientleur juridiction sur

celles-ci à l'époquecoloniale.

Malgré cela, le Gouvernementd'El Salvador, au débutdu
chapitre 6.53 de la section III du chapitre VI de son

contre-mémoire,intitulé "The peaceful and continous display
of State Authority", commencepar soutenir la seconde ligne

de fondement de ses prétentions eninvoquant directement la
décision du Juge Principal des Terres dela Réal Audiencia

de Guatemala de 1766l qui, selon lui, règla "...the question

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 6.3, p. 195.of the jurisdiction over the islands in favour of San
Miguel...". La raison en est simple et réside dans le fait

que le Gouvernement d'El Salvador reconnaît que, en
l'absence de titre colonial, les actes de présence

salvadorienne dans les iles à l'époque républicaine sont des
usurpations violant le titre légitime produit par le

Honduras et que, par conséquent, ils ne sont pas recevables
comme preuve de souveraineté dansla présente procédure.

Or, d'une part, cette décision de 1766 n'eut pas

du'...influence over the physical possession ofthe islands
following the date of Independance...", car Meanguera et

Meanguerita demeurèrent, après le 15 septembre 1821, sousla
dépendance du Honduras, et, d'autre part, elle n'eut

finalement aucune répercussion ence qui concerne le partage
des juridictions à l'époque coloniale, car les terres

sollicitées sur l'ile en question étaient situéessur l'ile
de Zacate Grânde,également hondurienne.

Les éléments qui précèdent ontdéjà été démontrés par
le Gouvernement du Honduras, mais ils peuvent être confirmés

par plusieurs documents, parmi lesquels, un document de
1787, présenté en annexe de la présente réplique et intitulé

"Actes examinant si, est certaine, prescrite et légale, la
possession légitime en laquelle se trouvenl tes Juges Royaux

de la Province de Tegucigalpa et de la juridiction de ce
district, de la nouvelle localitéde l'ile de Zacate,de ses

biens et habitants..."

Il s'agit d'une procédure engagée par Juan Judas
Salavarria, Juge de la ville de Nacaome, sur ordre de

1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa, et se rapportant à la
succession de Juan Antonio Bonilla, décédé au mois dedécembre 1786 et qui était "...propriétaire et possesseur de
l'hacienda sise en l'ile de Zacate, contiguë à la terre

ferme que comprend la juridiction de ce district ..." de
Nacaome.

Le Sieur Bonilla s'était établi à San Miguel avant de
mourir et il fallait faire l'inventairede ses biens et

procéder à d'autres formalités judiciaires, en évitant un
conflit de juridiction avec les juges de San Miguel et de

Gotera. Par conséquent, la procédure recourt à de nombreux
témoignages portant sur divers aspects relatifs aux

précédents détenteurs de propriétés sur l'île, et parmi
lesquels est particulièrement pertinent celui recueillà

Nacabme le 7 février 1787 auprès de Francisco Antonio
Espinoza quidéclare sous la foi du serment:

"...que l'île de Zacate se trouve à proximité
immédiate de la terre ferme de la présente
juridiction,du càté appelé El Apintal.. . que, de
ladite ile jusqu'à cette ville en incluant
l'estuaire délimité, la distance est de cinq
lieues, gue ladite île était déserte et dépeuplée
jusqu'à ce que Lorenzo Irala, que le déclarant
connaissait bien, commença à y conduire du bétail
et à y faire des bâtiments d'hacienda rurale pour
les élever, que, autant qu'il s'en souvienne, ce
fut dans les années 67 à 68 que les terres furent
demandées en concessioncomme étant 'terresde la
Couronne', qu'elles furent 'composéeset achetées
à Sa Majesté'l..." (soulignépar nous).

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.14,p. 425. Selon le témoignage, et d'autres, l'île de Zacate

(aujourd'hui, Zacate Grande) figurait aussi bien dans le
titre et la juridiction dqEusebio ~ainez, en qualité I

d'adjoint de 1'Alcalde Mayor de Tegucigalpa à Nacaome, que
dans celui délivré à Francisco Javier Manzanaros par la même

autorité, documents reproduits en annexes 2 et 3 du
chapitre 11 du mémoire d'El Salvador.

75. Dans la période initiale de l'indépendance,

présentent également une pertinence juridique particulière
pour la présente affaire les Constitutions du Honduras et

d'El Salvador, respectivement promulguéesle 11 décembre
1825 et le 12 juin 1824 et non contestées par l'une ou

l'autre des Parties.

Dans une récenteétude sur la norme de l'uti possidetis
dans les différends frontaliers entre 'Etats hispano-

américains1, le Dr. Julio Barberis présente bien le problème '

lorsqu'il déclare à propos du droit qui leur est applicable:

"En troisième lieu, les normes applicables peuvent
être fournies par le droit interne des parties;
ainsi, si dans une question frontalière la
constitution de 1'Etat ou la loi qui établit ses
frontières stipulent que le territoire national
correspond à ce qui était auparavant la
ProvinceA, la Capitainerie Générale S ou
1'Evêché Zr l'arbitre devra tenir compte des
limites de ces divisions administratives ou

1 Julio Barberis Liber Amicorum Coleccion de
Estudios Juridicos en homenaje al Profesor Dr. José Perez
Montero, Université d'Oviedo, 1988,p. 127. ecclésiastiques pour déterminer la frontière. En
Amérique Hispaniquese présentent certainscas de
ce genre dans lesquels la constitution ou les lois
internes d'un Etat fixent comme limites
internationales celles qui existaient à l'époque
coloniale."

~t il indique qu'on peut citer comme exemple plusieurs
constitutions, entre autres celles du Costa Rica, de

l1Equateur,d'El Salvador, du Honduras et du Nicaragua.

En ce qui concerne le sens des dispositions adoptées
par la constitution hondurienne de 1825, on peut renvoyer

aux développements figurant déjà à la section III,
chapitre D, paragraphe 40, supra.

En ce qui concerne les dispositions de l'article 4 de

la constitution salvadorienne de 1824,on a déjà consigné
diverses considérationsqui confirment clairement que 1'Etat

salvadorien, en accédant à la vie indépendante, acceptait
pleinement et sans aucune réserve,d'être successeurde la

Province-Intendancede San Salvador et de 1'Alcaldia Mayor
de Sonsonate, dans l'espace territorial qu'elles englobaient

au 15 septembre 1821. Il convient d'apporter une seule
précision sur l'identification de la "enseiiada de

Conchagua", à laquelle se réfèrent, comme limite, les
constitutions salvadoriennes de1824 et 1841, comme celledu

Honduras de 18391.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe II.1.3, p.20 et Annexes 11.3.1-11.3.2,p. 46. La "ensefiada de Conchagua", selon la position du

Gouvernement du Honduras, n'est pas tout le Golfe de
Fonseca, de Conchaguaou d'Amapala, ainsi qu'on l'appelait

aussi. C'est un espage géographique plus réduit, mentionné
dans différents documentscoloniaux et qui correspondait à

l'entrée par le chenal entre la terre ferme salvadorienne et
l'ile de Conchagua, et à ce qui est connu, sur les cartes

nautiques modernes, sous le nom de Baie de la Union. Cela
est normal parce qu'elle se trouvait dans cette zone

protégée du Golfe où fut établi leport dénommé "de Fonseca"
(après San Carlos/La Union), et également appelé "port de
Conchagua"dans certainsdocumentscoloniaux.

La référence répétée à une limite de 1'Etat d'El

Salvador dans la "ensefiadade Conchagua" prouve, selon le
Gouvernement du Honduras, qu'au moment de l'indépendance

dudit Etat, il ne se considérait pas comme exerçant une
juridiction sur une île qui, comme Meanguera, était bien

éloignée de cette "ensefiada".11 est significatif que ce
soit beaucoup plus tard, dans la constitution de 1871

- lorsque El Salvador a entamé une politique d'expansion
territoriale versle Nord et l'Est - que cette dénomination

a changé, l'article 4 de ladite constitution parlant d'une
limite dans "le Golfe deFonseca".

C'est pourquoi - et a contrario - lorsque le Congres
hondurien rejette, en1885, la Convention Cruz-Letona,il

est réaffirmé que la limite maritime devaitêtre tracée à
partir de l'embouchurede la rivière Goascoran dans le Golfe

de Fonseca, c'est-à-dire dans la Baie de La Union,
l'ancienne"ensefiadade Conchagua". 76. Les chapitres 6.54 à 6.56 du contre-mémoire d'El

Salvador se rapportent, en dénaturant les faits, à
l'occupation des îles du Golfe par des navires britanniques

à l'instigation du Consul Général Federico Chatfield, en
1849. Non pas qu'il conteste les faits présentés dans le

mémoire du Honduras, mais il attribue au Gouvernementdu
Honduras des attitudes qu'il convient de clarifier de la

façon suivante:

a) Il est absurde de reprocher au Honduras de ne pas
s'être opposé aux actions de Chatfield "...that he
had made a mistake in his juridical investigation

as the rights of thetwo States in respect of the
island...", car à ce moment-là, on ne connaissait

pas les intentions véritables de M. Chatfield, ni
les investigations qu'il avait commandées. Or en

1989 on connaît bien que "l'investigation
fondamentale" de M. Chatfield était celle qui

ressortait du Rapport ~endersonl; et qui
établissait clairement que l'île de Meanguera

appartenait au Honduras. Le fait que M. Chatfield
aurait voulu faire jouer les prétentions d'El

Salvador sur le, pour tirer le meilleur parti
de la situation, est sans conséquences juridiques

dans cette affaire.

b) Si "Honduras confineditself to tryinq to recover
the island of El Tiqre" (souligné par El
Salvador), c'était parce que El Tiqre était la

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
,AnnexeVII.16. p. 428. seule ile qu'occupèrent les Britanniques (souligné
par nous). D'autre part, on peut rappeler que le

Gouvernement hondurien, outre l'opérationdénommée
"manŒuvre diplomatique", fit des préparatifs

militaires à Choluteca et que le Superintendantdu
Gouvernement Britannique pour toutes les iles
était installé à El Tigre.

Il n'y eut pas de différend entre El Salvador et le

Honduras parceque les deux pays s'unirentpour se défendre
contre les menées de Chatfield.

D'autre part, il n'est pas exact de prétendre que l'île

de Meanguera était occupée par El Salvador et qu'elle
demeure, après ces événements, "under the peaceful

occupation ofthe Government of El Salvador".

77. Le différend entre El Salvador et le Honduras
apparaît en 1854, probablement parceque, à cette époque, il

y avait une sensibilisationplus grande des Gouvernementset
de l'opinion publiquesur l'importancedu contrôle des iles

dans leur rapport avec les projets de chemin de fer
interocéanique à travers le Honduras et que, dans les deux

pays, ont lieu des demandes de concessionde terres dans les
iles, de la part de ressortissants honduriens et

salvadoriens.

En ce qui concerne le Honduras, il a déjà exposé dans
son mémoire, d'une part, que le Gouvernement d'ElSalvador,
dans sa protestation du 12 octobre, s'est plaint au

Gouvernement du Honduras que son président avait
"...accueilli la dénonciation qui lui a été formulée

relativementà l'île de Meanguera...."et, d'autre part,quele commandant de La Union informe son gouvernement "...que

sont arrivés à Meanguera le 20 de ce mois (d'octobre ..O
deux fonctionnaires honduriens et que "...ils ont arpente

l'ile en questionl..."

Ces exercices évidentsde juridiction Furenteffectués
en conformité avec les lois honduriennes en la matière,

grâce à l'ouverture des procédures respectives à
l'Intendance (Département)de Choluteca. La demande de

concession de terres sur l'ile de Meanguera fut faite par
Lucas Resulen, auquel fait allusionle second rapport du

Gouverneur Guzman et - ce qui est particulièrement
pertinent - avant que ne s'engage précipitamment au El

Salvador une série de demandes de concession de terres sur
plusieurs iles. En effet, dans le document présenté par El

Salvador en annexe 5 du chapitre 11 de son mémoire, et qui
est un avis de la "Gaceta del Gobierno" d'août1856, il est

fait état de ce que les demandes de concessionde terres ont
été transmises au "Surveyor of the Department of San Miguel

M. Estevan Travieso" afin qu'il procède à leur arpentage et
que celle correspondant à l'ile de Meanguera luifut envoyée

le 25 septembre 1~54~, après les contrats honduriens
relatifs à la vente des iles.

D'autre part, selonun document provenant de Nacaome,

daté du 17 octobre 1854 et envoyé par l'Intendant
(Gouverneur)de Cholutecaau Ministre Généraldu

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. v,
Annexe XIII.l.ll, p. 2248.

2
La traduction "25th Septembe1 r845" est inexacte.Gouvernement du ~ondurasl, l'Intendant communique que le
Sieur Travieso lui a fait savoir verbalement qu'on lui avait

demandé, de San Miguel, de pratiquer l'arpentage de 1:île de
Meanguera, mais que, selon l'Intendant:

"Cette île fait l'objet d'une demande de
concession de terres et, après examen du dossier
conformément au droit, il s'avère qu'elle
appartient au Honduras; à cet effet, nous avons
fait pratiquer l'arpentage car, du fait de cette
rumeur, il lui semble qu'il ne fallait pas le
suspendre."

L'Intendant indique également que l'île de Punta Sacate

allait également être vendue aux enchères le lendemain,
8 octobre, car il ressort du dossier de demande de

concession qu'elle est la propriété de 1'Etat hondurien,
mais qu'il a décidé de suspendre la vente aux enchères,

étant donné qu'il ne connaît pas exactement les limites de
chacun des Etats dans cette partie du Golfe de Fonseca.

C'est alors qu'est intervenue la protestation

salvadorienne et la décision du Gouvernement du Honduras
d'entamer des négociations diplomatiques avec le

Gouvernement d'El Salvador. Le Ministre José Maria Cacho, au
nom du Président de la République, répond donc à l'Intendant

de Choluteca le 24 octobre 1854~ comme suit:

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.16.A, p. 428.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.16.8, p. 428. "...Vous avez agi prudemment en suspendant la
vente aux enchères des terres de l'île Punta
Sacate, bien que celles-ci, comme celles de
Mianguera et d'autres, s'avèrent appartenir au
Honduras ainsi qu'il résulte des enquêtes
consécutivesaux demandes de concession."

D'autre part, il lui donne les instructions à suivre

dans les circonstancesqui se présentent:

"Le Gouvernement d'El Salvador a adressé une
réclamation relative à ces iles, parvenue hier en
notre Ministère; en attendant que la question
soulevée aboutisse à un règlement, le gouvernement
suprême souhaite que vous suspendiez les
procédures en cours engagées à la suite des
demandes de concession de terres sur les iles du
Golfe de Conchagua, et ce afin d'éviterdes motifs
de désaccord avec le Gouvernementd'El Salvador."

78. En ce qui concerne la cristallisationdu différend
en 1854, El Salvador, aux chapitres6.57 et 6.66 du contre-

mémoire tente, sans succès, de dénaturer les faits et le
sens de la correspondance diplomatique échangée entrle

Gouvernement d'El Salvador et celui du Honduras, en octobre
1854, à la suite du rapport du Trésorier Général des

Finances du Honduras, M. Lucas Rios. Selon les documents
probatoires eux-mêmes,il est sür que la Note salvadorienne

était une note de protestation; c'est ainsi que l'entend le
contre-mémoire salvadorien lorsqu'id lit:

a) Au chapitre 6.58: "El Salvador protested by note

on 12 october 1854. .." contre le projet de vente
des iles par le Honduras.

b) A la page 19, en citant le texte de la Note: "In

respect of (the islands) which are the property of
El Salvador, my Government solemnly protests through me as intermediary againstany alienation
which be made of its property..."

Les éléments du différend étaient donc posés et ils

l'étaient à propos de l'ile de Meanguera, la seule île que
singularisèrent aussi bien le Gouverneur Guzman que le

Ministre des RelationsExtérieures Ignacio Gomez dans leurs
communications publiées dans "La Gaceta"d'El salvadorl,

étant donné qu'ils y reconnaissaientque les îles d'El Tigre
et de Zacate Grande sont honduriennes. D'après cette Note,

il est donc indubitable que le litige porte, pour El
Salvador, sur la souverainetéde Meanguera.

En ce qui concerne le Honduras,ses autorités prirent

dûment en compte lesdites communications et, bien que
considérant fondamentalement que les iles en question

appartenaient à 1'Etat hondurien, mais néanmoins soucieuxde
conserver les meilleures relations avec le pays voisin,

elles répondirent en termes conciliantsafin que l'affaire
fût examinée et réglée à l'amiable. Le Gouvernement d'El

Salvador accepta à son tour que s'engagent des négociations
sur l'aliénation des iles du Golfe de Fonseca;c'est l'objet

de la Note du 16 novembre 1854, annexée à la présente
répliquez et dont les aspects essentiels sontles suivants:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol.
'J,
Annexes XIII.1.12.A-XIII.1.12.D, p. 2249-2254.

2 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe Vïï.17, p. 430. a) Le Ministre salvadorienYgnacio Gomez fait savoir
qu'il a porté à la connaissancedu Président d'El

Salvador la Note hondurienne du 26 octobre
relative "...à la réclamation faite par notre

gouvernement...",le Président l'engageant à faire
savoir au Ministre des Relations Extérieuresdu

Honduras "...qu'il se réjouit des bonnes
dispositions" du gouvernement suprême du Honduras

tendant à régler l'affaire de "...façon
amiable...".

b) Le Gouvernement d'El Salvador nomme comme

représentant "...le délégué Maître Maximo Soto
afin qu'il engage les négociations..." et, eu

égard au double aspect considéré dans la note du
12octobre, qu'il tente, d'une part, de

"...conclure un accord qui concilie les intérêts
des Etats..." et, d'autre part, qu'il tente de

conclure un accord sur "...le compromis que
pourrait constituer l'aliénation (des îles) à des

étrangers...".

On n'a pas trace du résultat des négociations menées
entre les deux gouvernements, mais il est indiscutableque
leur échec dans la solution du litige sur les iles, laissa

celles-ci dans la situation spéciale d'îles en différend,
avec pour conséquencede priver de pertinence juridique tout

acte ultérieurdes parties sur les îles.

Selon la constante position qu'il a adoptée dans ses
écrits à l'attentionde la Cour, le Honduras considérait,en

1854, qu'il était souverain de l'ile de Meanguera à titre de
successeur de 1'Etat espagnol. Quantau El Salvador, on adéjà montré qu'il ne détenait aucun titre colonial bien
qu'il crût de bonne foi pouvoir'invoquer une possession

coloniale immémoriale sur certaines iles, y compris
Meanguera. En réalité, El Salvador ne pouvait donc fonder

ses prétentions que sur une prétendueoccupation de l'îleen
1833 ou sur une thèse peu valable invoquant ia proximité de

l'île par rapport à la terre ferme salvadorienne, cesdeux
fondements étant également non-pertinents dans un différend

soumis à l'uti possidetis juris.

De cette divergenceentre les Parties au moment de la
naissance du différend, la Chambre de la Cour tirera sans

doute les conséquencesqui s'imposent et qui, selon le
Gouvernement du Honduras, doivent partir de deux

constatations essentielles: premièrement, que vers 1854, le
Gouvernement du Honduras, en mettant en vente l'îlede

Meanguera et d'autres, après avoir mis .en Œuvre des
procédures d'arpentageet des demandes de concession de

terres, agissait incontestablementcomme souverainde cette
île, confirmant ainsi l'existencede son titre colonial

dérivé de l'Espagne. Deuxièmement,qu'El Salvador n'a pas de
titre colonial et n'a pas pu prouver qu'il a exercé sa

juridiction sur l'île de Meanguera avant 1854, date de la
naissance du différend, lors des négociationsdirectes entre

les deux pays.

B. NON RECONNAISSANCEDES PRETENTIONSSALVAWRIENNES PAR
LES AUTORITESHONDURIENNES

79. Après l'échec des négociations de 1854, la

question principalequi se pose est de savoir si, une fois
prouvé que le Honduras détient un titre colonial sur les

îles de Meanguera et Meanguerita, on peut admettre qu'ElSalvador puisse se prévaloir d'un nouveau titre,

prétendûment fondé sur l'abandon de ses droits, de la part
du Honduras, et la création d'un nouveau titre en faveur

d'El Salvador.

La divergence de vues entre les Partiesest totale sur
ce point. El Salvador, conscient de ne pouvoir invoquer

aujourd'hui un ti-t~e basé sur la possession coloniale
immémorialequi fondaitla position de son gouvernementdans

la note de 1854, a rapidement transformé sa seconde ligne
d'argumentation, au chapitre 6.65 du contre-mémoire,en,une

requête tendant à ce que la Chambre de la Cour reconnaisse
que l'exercice de certains actes d'administration locale

peuvent, si celui-ci se prolonge même sur une courte
période, démontrer la souveraineté d'El Salvador, en dépit

des droits du Honduras dérivant d'un titre colonial.

Citant a nouveau, en dehorsde tout contexte, l'affaire
des Minquiers et des Ecrehous, El Salvador en vient à

insinuer que "...littlemore than fifty years ..." pourraient
suffir à prouver un titre qui serait fondésur un exercice

pacifique et continu de juridiction de 1'Etat salvadorien
sur les iles en litige.

80. Les difficultés à accepter ce raisonnement, avec
lequel le Gouvernement du Honduras est vigoureusement en

désaccord,procèdent de trois objections importantes:

La première se rapporte à la nature dulitige. Car il
s'agit d'un différend régi par l'uti possidetis juris de

-r21 ce qui engendre des conséquences juridiques
inévitables que les écrits du Honduras ont déjàexpliquées

et que reprennent la jurisprudence et la doctrine la plusqualifiée en la matière; celles-ci nient toute valeur
probatoire auxactes ne corroborant pasun titre colonial et

contraires à un autre titre.

81. La seconde procède d'une analyse des faits
prouvant qu'il n'y a pas eu, de la part d'El Salvador,

d'exercice continu de juridiction sur les iles de Meanguera
et Meanguerita qui, de toute évidence, se trouvaient

également dans une situation dedépeuplementde fait pendant
presque tout le XIXe siècle.

Les concessions et ventes de terres dans les iles - ce

sur quoi El Salvador veut fonder ses droits, au point
qu'elles apparaissentplus anciennes par suite d'une erreur

de traduction qui situe en 1845~ celles réalisées à
Meanguera - se produisirent en réalité toutes aumoment ou
apréç la naissance du différend par suite des notes du 12

octobre 1854. Au moins sur l'île de Meanguera, elles
n'eurent d'ailleurs pas d'effectivit car en 1879, en pleine

expansion salvadorienne sur les îles, les terres furent à
nouveau mises en ventez. El Salvador justifieses actions

par la nécessité de créer des établissementsdu fait de la
densité de sa population, mais cette densité était, en 1856

ou en 1879, et même beaucoup plus tard, inexistante. Les
raisons étaient doncautres et le Gouvernementdu Honduras a

1 Mémoire d'El Salvador, Annexes, vol. II, Annexe 5,
du chapitre 11.

2 Mémoire d'El Salvador, Annexes,vol. II, Annexe 6,
du chapitre 11.déjh indiqué,comment, dans cettepériode de deux décennies

d'instabilité politique au Honduras, des tcoupes
salvadoriennes en vinrent même à occuper temporairement

l'île d'El Tigre en 1873-1874. Dans ces circonstances, ces
situations ne peuvent servir de fondement pour créer des

droits ou servir de base à un titre ayant une valeur
supérieure à celui du Honduras.

La présence administrative salvadorienns eur les îles

en litige date en réalité de 1916, avec la création de la
commune de Meanguera del Golfo, dans le -contexte de

l'opposition salvadorienne au Traité Bryan-Chamorro.Et même
dans cette période - outre le fait que le Honduras ne

reconnut pas non plus cette présence- les actions
administrativesou législatives salvadoriennes n'eurent pas

de réalité effective; car,ni en 1914 ni en 1916 ni en 1989,
il n'a été créé de port libre sur l'île de Meanguera, ni

réalisé la moindre construction pour le promouvoir.

L'île de Meanguera n'a vu se développer aucune activité
économique dans le Golfe de Fonseca et sa population, qui

était en 1916 de 250 habitants, une bonne partie des
honduriens s'est uniquement consacrée à l'agriculture et à

la pêche de subsistance.C'est pourquoi, lereportagede "La
Tribuna" de 1984l fait état de nombreux témoignages

d'indifférencesur la question de l'assignation territoriale
à l'un ou à l'autre des pays. Les constructionsde bâtiments

et d'installationsde servicespar le Gouvernement

1 Contre-mémoired'El Salvador, Annexes, vol. VIII,
Annexe X.17, p. 258.salvadorien sur l'île de Meanguera sont postérieures à 1969
et, à ce titre, ne peuvent pas être non plus opposables au

Honduras, en vertu de l'article 37 du Traité Général de
Paix, qui constitue également une norme applicable dans ce

différend en vertu de l'article 5du ~om~romisl.

82. La troisième objection procède de l'absence de
consentement ou d'acquiescement du Honduras à l'égard des

actes d'El Salvador. On ne peut sûrement pas reprocher au
Honduras d'avoir confié le règlement du différend à la

négociation diplomatique ou à un tiers. C'est cependant la
position que semble adopter devantla Chambre de la Cour le

Gouvernement d'El Salvador lorsqu'ilqualifie l'étude de M.
Antonio R. Vallejo, de 1899, de "extremelynationalistic"et

qu'il ajoute que son contenu - qui est, selon lui, une
réclamation sur les iles en litige - fut présenté trop tard

pour ëtre pris en considération2.

Les négociationsont-elles commencé seulement en1899 ?
Evidemment non. Est-ce alors que le Honduras avait accepté,

à l'issue des diverses négociationsou parce qu'il avait eu
connaissance d'actes d'administration salvadoriens, qu'El

Salvador eût un titre valide sur Meangueraet Meanguerita ?
Là encore, la réponse est négative.

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. II,
Annexe IV.1.55,p. 818.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 6.69, p. 204. Si on considère les négociations,on a déjà montré que

celles-ci s'engagèrent immédiatement aprèl sa naissance du
différend, en octobre-novembre 1854, mais qu'elles ne

donnèrent pas de résultats. Laseconde série de négociations
s'ouvrit à l'occasion des conférences dénommées "Cruz-

Letona" de 1884 qui comprenaient la ligne de frontière
terrestre et, ainsi que le reconnait le Gouvernement
salvadorien au chapitre 6.68 de son contre-mémoire,

englobaient également le trace d'une ligne de frontière
maritime. Dans ces négociations, le représentant du

Honduras, M. Francisco Cruz,accepta que Meanguera figuredu
côté salvadorien dela ligne de frontière maritime, mais le

Congrès National du Honduras, après un débat, rejeta la
Convention signée qui fut désapprouvée.El Salvador tente

une fois de plus depersonnaliserle sujet en indiquantdans
plusieurs passagesde ses écrits que M. Cruz fut vivement

critiqué au Honduras pour son action, mais 'sansremarquer,
premièrement, que, au-delà de la critique de Cruz, le

Congrès Nationalrejeta les termes de la Convention au motif
qu'elle était "contraireaux droits territoriaux évidentsdu

Honduras..." et, deuxièmement,que l'avis (dictamen)lde la
Commission des Relations Extérieuresdu Congrès hondurien
déclare de façon catégorique,en ce qui concerne la ligne

maritime, que "Le Golfe de Fonseca, notre magnifique
constellation de ports dans le Pacifique... s'est trouvé

d'un trait de plume presqu'entièrementdu côté d'El

1 "Dictamen" corresponden anglais à "Opinion" ou
"Report" mais pas a "Sentence" ainsi que le traduit par
erreur lemémoire d'El Salvador, Annexe 1 du chapitre 4. Cf.
texte dans le mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 111.1.60,p. 202.Salvador"; l'allusion à des "ports" se rapporte évidemment
aux lieux d'embarquementdans les îles - puisque la côte

hondurienne de Nacaome et Choluteca ne faisait pas l'objet
de réclamation - et plus précisément aux iles de Meanguera

et Meanguerita et peut-être à d'autres, mais, en toute
logique, ne vise pas les iles que la ligne plaçait du côté

hondurien.

Et si - comme l'a déjà expliqué le Honduras - dans la

Convention Zelaya-Castellanos de 1886 qui entra
effectivement en viqueur, les Parties convinrent qu'il

fallait faire totalement abstraction des lignes de frontière
de la Convention Cruz-Letona, il en résulte donc que, à

l'issue de cette période, les iles demeurèrent en litige et
qu'El Salvador connaissait parfaitement l'opposition du

Honduras à ses prétentions sur celles-ci.

En ce qui concerne la période 1914-1916, la Note du
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date du

30 septembre 1916, présentée dans le mémoire et, là encore,
aux actes salvadoriensvisant à améliorer sa

position juridique à Meanguera, est rédigée en termes
catégoriques stipulanttextuellementque:

"Les droits qu'El Salvador a cru avoir sur une
partie'du Golfe de Fonseca ou sur certaines de ces
îles ne sont pas définis ni reconnus par le
ond durl.." (soulignépar nous).

1 Mémoire du Honduras,
Annexes, vol. V.
Annexe XII.2.40, p. 2356. D'autre part, ne peuvent pas non plus être invoqués

comme reconnaissances de la part du Honduras - ainsi que
l'ont fait à l'occasion des historiens salvadoriens - des

études de l'époque ou les documents connus ou cités la
Cour centre-américainede Justice, dansle jugemententre El

Salvador et le Nicaragua, car le Honduras n'en étaitpas
partie et avait clairementréservé ses droits dans la Note

susvisée. Cela est particu'lièrement vrai d'une étude de la
Société des Avocats du Honduras de décembre 1916, publiée

dans la revue "ForoHondureno" et dans laquelle, à propos de
la situation géographique du Golfe, est mentionnée la
séparation des iles effectuée par la Convention Cruz-Letona,

car cette même étude indique expressémentque: "...entre El
Salvador et le Honduras il n'a pas été conclu de traité

définitif délimitant la véritable juridictiondans les eaux
de ce Golfe..." et, en outre, que la Société des Avocats

n'avait pas été "officiellement" consultée pour émettre un
avis, qui fut donc présentéspontanément.

83. Enfin, en ce qui concerne les prétendues

confirmations de reconnaissance par le Honduras des
prétentions d'El Salvador, à des dates récentes, et

auxquelles font allusion les chapitres 6.80 à ,6.84 du
contre-mémoire, il convient de donner les précisions

suivantes:

a) La déclaration du Colonel Ruben Montoya,
commandant de la force navale du Honduras,

s'intitulait, selonl'annexe X.13 même du contre-
mémoire d'El Salvador: "Nous sommes en mesure
d'exercer la souveraineté sur l'ile de Meanguera"

et indiquait qu'historiquement,c'est-à-dire en
vertu d'un titre historique ...lile est hondurienne...". Cette déclaration ne fut pas une
reconnaissance de la prétention salvadorienne,

mais une affirmation de la souveraineté du
Honduras, qui donna même lieu à une protestation

diplomatique de la part d'El Salvador prétendant
que le Honduras voulait user de la force pour

occuper Meanguera.

b) La déclaration de M. Carlos Orbin Montoya,

président du Congrès National du Honduras,
reproduite en annexe X.14 du contre-mémoire

salvadorien,est également citée en dehors de tout
contexte, attendu que ce que recherchait

M. Montoya, dans l'interview reproduit par le
quotidien hondurien "La Tribuna",c'était relancer

les négociations directes afin d'éviterune
coüteuse procédure judiciaire à La Haye. Il faut

noter en outre, que M. Montaya faitexpressément
référence à la thèse hondurienne relativeau titre

sur les iles, lorsqu'il dit que "...we have the
documentation that these (islands) were of

Honduras...".

c) Enfin, dans les déclarations de l'Ambassadeur
Suazo Tomé, la thèse salvadorienne ne peut

rencontrer ni acceptation ni reconnaissance, étant
donné que le diplomate déclare que ce seront les

titres juridiques quidémontreront lasouveraineté
et que ce qui existe de fait c'est une

administration salvadoriennesur les iles, et non
pas une souveraineté. 84. Enfin, le Gouvernement du Honduras désire

mentionner que, dans le but de renforcer à l'avenir les
relations d'amitié. entre leurs peuples et leurs

Gouvernements respectifs,les Présidents d'El Salvador et du
Honduras adoptèrent, le31 juillet1986, à San Salvador, une

Déclaration dans laquelle, au paragraphe 2 relatif au
différend actuellement soumis à la décision de la Cour

Internationale de Justice, ilsont solennellement engagé
leurs Etats respectifs à respecter l'Arrêt qui sera rendu à

cet égard et assumèrent ainsi expressément l'engagement
d'éviter que ne soient victimes des troubles les familles

résidant dans les zones en litige ainsi que leurs
propriétés,en disposantque:

"...ils convinrent de l'opportunité de créer une
Commission Spéciale chargée d'étudier et de
proposer des solutions aux problèmes humains,
civils et économiques susceptibles d'affecter
leurs ressortissants,une fois résolu le problème
frontalierl."

1 Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VII.18, p. 431. TROISIEME PARTIE

LE DIFFEREND MARITIME

CHAPITRE XI

LE DIFFEREND MARITIME

1. A propos du différend maritime, le contre-mémoire
d'El Salvador reprend pour une large part les arguments

qu'il avait développés dans sa première pièce écrite.
Plusieurs éléments nouveaux sont cependant à signaler, qui

ne modifient pas fondamentalementles thèses adverses, mais
traduisent cependant en bien des cas la'multiplication des

confusions juridiques,l'approximation ou la contradiction
de plusieurs arguments salvadoriens les uns avec le sutres.

2. C'est en premier lieu le cas à propos de la

sentence de 1917, dont on constate mieux à présent qu'El
Salvador préte des fondementscontradictoires à sa prétendue

opposabilité au Honduras, tout en méconnaissant la portée
très limitée qu'elle accorde en réalité à son assise

spatiale.

C'est aussi ce qui ressort des tentatives d'El Salvador
pour effacer la spécificité du statut juridiquedu Golfe de

Fonseca, en faisant dire à un auteur, en particulier,et à
la pratique étatique, en général, des chosesque pas plus la

seconde que le premier n'ont voulu dire.

C'est enfin ce qui découle despropos exprimés à propos

de la question de la délimitation des espaces maritimes à
l'extérieurdu golfe. 3. On étudiera donc successivement, en quatre
sections, d'abord la valeur de la sentence de 1917 dansles

écritures salvadoriennes (I), puis l'assise variable
qu'elles assignent au prétendu condominium sur les eaux à

l'intérieur dugolfe (II), avantde rappeler, par référence
à la pratique étatique si malmenéepar le contre-mémoire

adverse, quel est le véritable statut juridique du Golfe de
Fonseca (III). On rétablira enfin les fondements juridiques

et les raisons légales du droit du Honduras à une
délimitation équitable des espaces maritimes à l'extérieur

de la baie (IV).

4. Le contre-mémoire d'El Salvador pëche par une
double ambigüité. L'une concerne la portée juridiquede la

sentence rendue par la Cour centre-américainede Justice en
1917. L'autre porte sur l'étendue du champ d'application

spatial du prétendu condominium.

Section 1. La valeur de la sentencede 1917

Pour mesurer la contradiction de la position d'El
Salvador, il convient d'abordd'en faire l'analyse, puisde

rappeler la portée effective de la sentence à l'égard du
Honduras.

A. AMBIGUITE DE LA THESE SALVADORIENNE

5. Dans son contre-mémoire, le Gouvernement d'El

Salvador ne parvient pas à surmonter une contradiction
fondamentale de son argumentation. En ce qui concerne la

sentence de 1917, il soutient en effet cumulativementla
thèse de sa portée objective et celle de sa portée

subjective. 1. La thèse de la valeur objective de la sentence de 1917

6. La thèse de la valeur objective de la sentence est

soutenue à plusieurs reprisestout au long du contre-mémoire
d'El salvadorl. Selon cette manière de voir, la sentence

. serait constitutive d'un statutterritorial et, de ce fait,
opposable à tous les Etats, y compris au Honduras. Ce

raisonnement consiste à transposer dans le domaine
judiciaire une théorie qui a eu son heure de succès dans le

Droit des Traités.

7. La théorie des traités établissant des statuts
territoriaux avec une valeur opposable erqa omnes, reposait

sur des finalités politiques. Elle a permis à des coalitions
de puissances, spécialement à la fin du XIX~ siècle,

d'édifier dans leur intérêt commun des régimes applicables à
certaines zones. On peut citer, entre autres, le statut

conventionnel du Congo, élaboré par la Conférence de Berlin
de 1885 et l'internationalisationdu Canal de Suez, décidée

en 1888 par la Convention de Constantinople.

Compte tenu du fait que les puissances signataires
étaient suffisamment fortes pour imposer au reste du monde

des régimes édifiés par elles, la doctrine avait finipar
admettre que ces conventions territorialesconstituaient une

exception à la règle de l'effet relatif des traités.

1 contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 7.2, p. 213,
7.34, p. 233, 7.65, p. 251 et 7.69, p. 252-253. 8. En réalité, cesaccords émanaient de ce que l'on a
appelé "des gouvernements internationaux de fait" et

exprimaient l'expansion d'un impérialisme concomittant à
celle du colonialisme. C'est la raison pour laquelle le

processus de décolonisation qui s'est produit à partir des
années cinquante, a été marqué par une vive critique de

cette pratique et de sa justification.Les pays ayant accédé
à l'indépendanceou ayant recouvréleur souveraineté se sont

tous retrouvés pour affirmer la règle classique dela portée
relative des accords internationaux.La Conférence de Vienne

sur le Droit des Traités, en 1968 et 1969, leur a donné
l'occasion de faire écarter de la Convention la théorie de

l'applicabilité objective et absolue des Traités
territoriaux. L'article 34 de la Convention de 1969 reprend

la règle traditionnelle selon laquelle, endehors des
parties, tout accord est une ces inter alios acta, qui ne

peut donc ni créer des droits au bénéfice'des tiers, ni
mettre d'obligations à leur charge.

9. Il est pour le moins surprenant que le contre-

mémoire d'El Salvador n'hésite pas à montrer une double
audace: celle de vouloir ressusciter une théorie aujourd'hui

décriée et désuète; celle de tenter de surcroit d'en étendre

l'application au domaine judiciaire. Or même à l'époque où
elle était considérée comme applicable à certains traités,

cette théorie ne jouait pas à l'égard des sentences
judiciaires ou arbitrales. On sait que l'intervention du

juge ou de l'arbitre international est subordonnée à
l'accord des parties à un différend, tel que cet accord se

manifeste dans un traité préalable au litige ou dans un
compromis particulier à celui-ci. Un Etat ne pouvant être

assigné devant un tribunal contre son gré, l'application
qu'on voudrait lui imposer d'une sentence rendue dans unprocès auquel il n'était pas partie, constituerait une

atteinte évidente à sa souveraineté. Or on sait aussi,
depuis l'arrêt de la Cour permanente de Justice

internationale, intervenudans l'affaire de Wimbledon, que
les atteintes à la souveraineté nese présument pas.

10. Il convient ici d'écarter une autre situation

conventionnelle particulière qui ne saurait non plus6tre
invoquée à l'appui de la thèse d'El Salvador. Il s'agit de

traités déterminantun statut territorial entredes Etats
qui sont lesseuls compétentspour le fixer.

L'exemple le plus net est celui d'un traité de

frontières entre deux ou plusieurs Etats. Ces derniers
jouissent d'une compétence exclusive pour opérer cette

délimitation. 11 est incontestableque celle-ci doit ëtre
respectée par les Etats tiers, mais cela tient à la nature

mëme d'un accord quine peut être conclu que par les deux
Etats territorialement compétents. Tel traité constitue

l'exercice normal par ces Etats de leur souveraineté
territoriale, laquelle comporte la capacité de déterminer

leur assise territoriale en accord avec leurs voisins
immédiats.

Il ne s'agit pas, dans cette hypothèse, d'une exception
à l'effet relatif des Traités, mais, tout simplement, de

l'établissement d'un fait juridique par les seuls Etats
habilités à le produire et que les Etats tiers,qui, par

hypothèse, n'ont aucune compétence sur les espaces
concernés,ne peuvent que constater sonexistence.

En revanche, ces Etats tiers seraient fondésà

contester son opposabilité à leur égard s'ilspeuvent, eux-
mêmes, invoquerun titre territorial, méconnu pal re traité. 11. Si l'on transposece raisonnement à une sentence

juridictionnelle ou arbitrale, réglant un cas de
délimitation entre les parties à un différend, la solution

adoptée par elle ne sera opposable qu'auxparties. Quant aux
autres Etats, étrangers à l'affaire, ils ne peuvent se voir

opposer une sentence qui affecterait leursdroits.

Tel est bien le cas du Honduras par rapport à la
sentence rendue en 1917 par la Cour centre-américaine à la
suite d'une procédure à laquelle ils n'ont pas participé.

11 est difficile de mêler, de façon plus arbitraire,
des éléments n'ayant aucun rapport entre eux. On observera,

que ce n'est pas de la sentence de 1917 que résulte la
souveraineté des Etats riverains sur leseaux de la baie de

Fonseca. Elle étaitbien antérieure à ce jugement intervenu
entre deux riverains, puisqu'elle remonte à la création des

trois Etats.

12. Pour tenterde renforcer cette thèse, à vrai dire
insoutenable, le contre-mémoire d'El Salvadorémaille son
argumentation, sur le condominium objectif, de diverses

remarques guère plus convaincantes. C'estainsi qu'au
chapitre 7.34 le contre-mémoire tire comme conclusiondu

prétendu caractère objectif de la sentence, sa
reconnaissancepar les grandes puissancesmaritimes.

"Who have never placed in doubt the character of
the Gulf as a Bay exclusively belonging toits
three riparian States while at the same time they
have benefitted from the rightof innocent passage
proclaimedby the decision of 1917."

13. El Salvador sent bien d'ailleurs la faiblesse de
sa thèse et c'est la raison pour laquelle aux chapitres7.66et 7.67, il croit pouvoir évoquer le fait qu'avant d'accéder

à l'indépendance, les trois Etats ont constitué une entité
unique. Le contre-mémoire croitutile de faire une citation

d'un auteur, Sir John Fischer Williams, selon lequel
persisterait toujours entre les pays d'AmériqueCentrale, la

tendance à constituer une Union fédérale et qu'en
conséquence leurs rapports mutuels sont "un peu plus

qu'internationaux".

On voit mal comment conclure à l'existence d'un
condominium à partir de considérations de ce genre. La

conscience des Etats d'Amérique Centrale d'avoir certains
intérêts communs ne les pousse pas aujourd'hui à se fondre

en un seul Etat. Tout ce qu'ils ont tenté a été, il y a une
vingtaine' d'années, de créer un système d'intégration

économique qui d'ailleurs a échoué. Au surplus, ces
considérations comme celles del'auteur cité, concernent non

pas spécifiquement les trois riverains du golfe mais
l'ensemble des Etats d'AmériqueCentrale et, de ce point de

vue aussi, ne présente aucunepertinence dans la présente
affaire..On observera enfin que ces trois Etats n'envisagent

pas de fusionner puisqu'à des titres divers,.ils sont à
l'heure actuelle en litige devant la Cour Internationalede

Justice..

14. Par ailleurs, le fait que les puissancesmaritimes
ne mettent pas enquestion la souveraineté d'El Salvador, du

Honduras et du Nicaragua ne veut pas dire que, pour autant,
ces trois Etatssont en condominium.

Là encore, le contre-mémoire salvadorien croit pouvoir

faire appel à des considérations gratuitespour tenter
d'accréditer sa thèse de la souveraineté commune. Onrelèvera trois deses allégations. D'abord au chapitre 7.68,
il déclare:

"What was in issue wasnot the recognition of
common ownershipof an object which is capable of
being divided up but rather thedefinition of an
object which had, for geographical reasons, an
indivisible character givenits configuration and
dimensions1."

15. El Salvador ne craint pas de se mettre en
contradiction flagranteavec lui-mëme. Après avoir fondé le

condominium du chapitre 7.67 sur la reconnaissance des
puissances maritimes,il déclare dès le chapitre suivant que

cette reconnaissance n'a pas d'importance. Il fait alors
référence aux inconstances géographiques particulières du

Golfe qui interdiraient toutedivision. Le Gouvernement du
Honduras croit avoir démontré, dès sa première écriture,

dans son mémoire, que les facteurs géographiques doivent
ëtre pris en compte non pour en tirer l'existence

automatique d'un condominium maispour constater ce que le
droit international moderne reconnaîtcomme une communauté

d'intéréts. La différence entre lesdeux notions est, on le
rappellera, essentielle:alors que le condominium, procédé

exceptionnel dans le droit des gens, ne peut résulter que
d'un accord formel entre les Etats intéressés ,a communauté

d'intérëts ne p.rivepas ses Etats de leurs souverainetés
respectives,mais leur impose, dans l'exercice decelles-ci,

de ne rien faire qui puisse porter atteinte aux intérêtsd .es
autres pays concernés.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 7.68, p. 252. On sait que ce régime, essentiellementégalitaire, a
été analysé par la Cour Permanente de Justice Internationale

dans l'affaire relative à la juridiction territorialede la
Commission internationalede l'Oder, en 1929, et confirmé

depuis par de multiples instruments. On mesure ce que peut
avoir de simpliste, sinon d'extravagant,l'affirmation du

contre-mémoire salvadorienl selon laquelle ce n'"est pas
seulement le Honduras, mais le monde entier qui est lié par

le jugement de la Cour centre-américainede 1917, déclarant
un condominium."

16. Au surplus, le contre-mémoire d'El Salvador

soutient que sa thèse du condominium objectif est conforme
au nouveau droit de la mer. Cette argumentation est

présentée de façon équivoque. Il est certain que si des
Etats désirent constitueren commun un condominium, ils

peuvent le faire à condition d'exprimer clairementleur
volonté. En revanche, si une telle convention n'existepas,

on ne peut pas supposer l'existence d'un condominium qui
s'imposerait,non seulement aux intéressés mais à l'ensemble

de la communauté internationale,sur la based'une prétendue
portée objective attribuée à une sentence judiciaire. Non

seulement, commeon l'a vu, une telle construction théorique
est dépourvue de toute pertinence, mais elle est, de

surcroît, contraire aux tendances du nouveau droit de la
mer. Comme le Honduras l'a montré2 dans son contre-mémoire,

l'évolutiondu droit de la mer, en ce qui concerne le statut

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 7.69,
p. 252-253.

2 contre-mémoire'du Honduras, vol. II, chap. XIV,
p. 692, par. 9.juridique des eaux adjacentes à des côtes, ne s'est pas
faite dans le sensde l'indivision mais tout au contraire

dans celui de la délimitation.

17. Enfin, le contre-mémoire d'El Salvador n'hésite
pas à mêler les inexactitudes auxaffirmationspéremptoires.

Au chapitre 7.68, il déclare que la Cour reconnaît unemer
territoriale à l'intérieur du Golfe qui peut être divisée,

le reste,de celui-ci ne pouvant pas l'étre du fait de sa
nature. Cette assertion appelle d'abord la rectification

d'une erreur de droit; il ne peut y avoir de mer
territoriale dans une baie historique qui, à ce titre, est

composé d'eaux intérieures.La zone littorale d'une lieue
marine visée par la Cour, répond à des considérations

pratiques, mais ne peut pas remettre enquestion la nature
juridique des eaux du golfe. Quant à l'allégation que

celui-ci est insusceptiblede division, elle constitue,on
l'a vu, une affirmation gratuite démentie en fait et en

droit.

El Salvador (et c'est là une de ses contradictions
majeures), mêle constamment les arguments tirés de la

prétendue valeur objective de la sentence de 1917 et de
l'attitude subjective qu'il attribueau Honduras.

2. La thèse de la valeur subjectivede la sentence de 1917

18. D'après cette seconde conception,El Salvador

soutient que la sentence tire son opposabilité auHonduras
de la prétendue acceptation par lui de son contenu,

acceptation dont El Salvador est en réalité dans
l'incapacitéd'apporter la preuve. Il s'efforce de soutenir que le Honduras limitait,lors

de la saisine de la Cour centre-américaine,sa revendication
à une zone littoraleet que celle-ci lui ayant été reconnue

par le jugement, il a donc obtenu satisfaction. Ce n'est pas
en déformant systématiquement la véritable position

juridique du Honduras qu'El Salvador peut justifier la
sienne. Or le Honduras, qui ne pouvait se considérer comme

lié par une sentence qui lui demeurait étrangère, avait
toujours tout à la fois revendiqué la souverainetéet sur la

zone littoraleet sur le reste du Golfe.

19. Il est inutile d'épiloguer sur les réactions des
autorités du Honduras à la suite de la sentence de 1917. Ces

réactions sont aisées à comprendre dans leur exacte portée.
Les personnalités honduriennes citées dans le contre-mémoire

d'El Salvador se sont réjouies du fait que la Cour centre-
américaine reconnaissait au Honduras le principe d'une zone

littorale au régime juridique assimilée à celui du
territoire terrestre. Pour autant, cette satisfactionne

pouvait dépasserle plan des principes. Tout Etat a en effet
besoin de savoir les limites latéralesd'une zone relevant

de sa souveraineté. Or, en l'espèce, aucune délimitation
n'est intervenueentre El Salvador et le Honduras pour la

zone littorale d'une lieue. Il en résulte de sérieuses
difficultés, comme on le verra à la section III du présent

chapitre.

Le défaut de délimitation est donc total. Il affecte
aussi bien la zone littorale que la partie résiduelle du

golfe. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'il y ait un
condominium. Cela signifie seulement que la délimitation

conclue par le Honduras avec le Nicaragua et qui, dans le
passé, avait été également recherchée dans un accord avec El

Salvador, reste à faire avec ce dernier. B. RAPPEL DE LA PORTEE EFFECTIVE DE LA POSITION HONDURIENNE

A L'EGARD DE LA SENTENCE

1. La position hondurienneau reqard de la prétendue
autorité subjectivede la sentence

20. On peut résumer ainsi la position hondurienne au

regard de la prétendue autoritésubjective de la sentence à
son égard. Il est clair que le Honduras exerce sa

souveraineté sur la zone littorale d'une lieue adjacente à
ses côtes. Il est tout aussi clair qu'il ne tient pas cette

souverainetéde la sentence de 1917, intervenue à l'occasion
d'un procès dans lequel il n'était pas partie. Qu'il se soit

réjoui que la Cour ait au moins, en principe, reconnu son
droit sur cette zone littorale, ne signifie nullement qu'il

ait admis une portée juridiquede la sentence à son égard.
Il a pu prendre acte d'un fait qui, de toutes façons, ne

rencontrait qu'incomplètement sa propr position.

En réalité, le défaut de délimitation affecte tout
autant la zone littorale que la zone résiduelle du Golfe.

Pour autant, le Honduras n'a jamais admis que la non-
délimitation avait pour effet de placer les eaux du golfe

sous un régime de condominium.

21. Comme le Honduras l'adéjà relevé dans son contre-
mémoire, au chapitre XIV, tout se passe, dans l'esprit d'El

Salvador, comme si le condominium était l'état naturel et
originel de toute zone maritime tant qu'une délimitation

n'est pas intervenue. Si on suivait El Salvador dans cette
assertion, on devrait reconnaîtreque la Mer du Nord était,

jusqu'en'1969,un condominium.Or la Cour Internationalede
Justice a jugé le contraire. L'absence de délimitation neveut pas dire que les Etats riverains n'ontpas de droits
souverains sur une zone maritime; elle signifie que cette

délimitation reste à faire sur la base du droit, en
déterminant les titres juridiques des Etats intéresséspar

cette opération1.

2. L'absence de toute reconnaissance par le Honduras d'un
condominium,fut-il résiduel,ne saurait être contestée

22. Sans revenir dans le détail sur la démonstration

qui a été faite par son contre-mémoire,au chapitre XIV, on
rappellera les points suivants: d'unepart, le caractère

très général de la protestation émise par le Ministre des
Relations Extérieuresdu Hondurasqui, en dénonçant la thèse

du condominium, englobait l'ensembledu golfe et ne se
limitait pas à la zone littorale d'une lieue. D'autrepart,
le fait que le Honduras ait pu prendre acte de la

reconnaissancepar la sentence de 1917 de sa souveraineté
sur la zone littorale, ne saurait être interpr6té comme

signifiant qu'il renonfait à la délimitation pour la zone
restante, alors que la première n'est elle-même pas

délimitée.

A vrai dire, on touche ici à une autre contradiction
essentielledu contre-mémoire salvadorien.

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIV,
p. 704. Section II. Un condominium à contenu variable

23. L'argumentation du contre-mémoire d'El Salvador

souffre d'une autre contradictionqui n'est pas moins grave
que la première. Cette contradiction concerne l'étendue

spatiale du prétendu condominium.

Le contre-mémoire d'El Salvador soutientde façon
concomittantedeux thèses différentes.

D'une part la conception totaledu condominium soutenu

par cet Etat, depuis leXIXe siècle sous le nom de doctrine
Menendez.

D'autre part, s'appuyant sur la sentence de 1917, El

Salvador n'invoquequ'un dominium réduit ou résiduel, une
fois extraitela zone littoralede trois milles nautiques.

Il convient de mettre en valeur cette contradiction

avant de rappeler les règles du droit international
auxquellesest subordonnéel'existenced'un condominium.

A. AMBIGUITE DE LA THESE SALVRWRIENNE

1. La thèse du condominiumqénéral demeurela position
priviléqiéed'El Salvador

24. Elle constitue sa position traditionnelle celle à

laquelle il a donné une valeur constitutionnelle, celle
enfin qu'il a défendue devant la Cour de Justice centre-

américaine en 1917. On se souvient que la requête d'El
Salvador qui a entraîné à l'époque la protestation du

Honduras soutenait l'existencd e'un condominium s'étendant à
l'ensemble duGolfe. C'est encore la même attitude qui apparaît dans le

contre-mémoire d'El Salvador. On peut notamment citer'les
chapitres 7.9 et suivants qui, à la faveur de citations

d'auteurs, d'ailleurs inexactemeni tnterprétées,s'efforcent
de démontrer que plusieurs baies multinationales seraient

placées en régime de condominium.

Si les cas cités par El Salvador démontrent son
attachement a la conception large du condominium,

l'interprétationqu'il en donne au fond, est inexacte.Elle
repose toujours sur le même travers consistant à déduire

l'existence d'un condominium du fait qu'aucune délimitation
n'est intervenue dans les baies citées en référence. Ni la

citation faite de C.C. Hyde au chapitre 7.10, ni celle du
texte de Harvard Law School rapporté au chapitre 7.11 ne

parlent de condominium. Ils indiquent clairementqu'un Etat
riverain ne saurait se considérer comme maître de la baie et

que les autres riverains ontdes droits égaux auxsiens, la
mise en Œuvre de tous, nécessitant un accord entre ces

Etats. Cet accord pourrait tout aussi bien effectuer une
délimitation et prévoir une coopération entre les riverains

aux fins de mettreen Œuvre leur communautéd'intérêts.

Ces points devront être développés plus loinl. A ce
stade, il convient de mettre au clair la manŒuvre d'El

Salvador.Au traversde ses citationsfaussement

1 Réplique du Honduras, vol. II, chap. XI, p. 1048
et suiv.interprétées, son objectif final est évident. Pour toutes
les baies qu'il envisage,il voudrait faire croire que c'est

la totalité de leur étendue qui est placée sous condominium,
ce qui le conduit à prétendre qu'il en est de même pour le

Golfe de Fonseca.

25. On doit également relever ici la démarche
incorrecte d'El Salvador à l'égard de la sentence de 1917.

Alors qu'il prétend vouer à celle-ci un respect scrupuleux,
il la trahit en réalité. En effet, la sentence a du

condominium une conception réduite à la partie résiduelledu
Golfe, une fois extraite la zone littorale d'une lieue. En

restant attaché à la doctrine Menendez revendiquant un
condominium couvrant la totalité de la Baie, El .Salvador

méconnaît la conception d'une sentence dont il se fait
pourtant le défenseur. On est là au cŒur de sa

contradiction.

2. La thèse du condominium résiduel, affirméepar la
sentencede 1917, et reconnue à d'autres endroits

de son contre-mémoire s'impose au El Salvador

26. Conduit par son argumentation à s'appuyer sur
cette sentence,il est obligé de reconnaîtrecomme elle, que

le Golfe comprend deux types de zone, l'une de compétence
exclusive d'une étendue d'une lieue marine, l'autre qui

serait sous le condominiumdes trois riverains.

On fera notamment référenceaux chapitres 7.31 et
suivants du contre-mémoire salvadorien pour illustrer cette

position.

"When the Gulf was transferred to the riparian
central American States, this utilization in common continued, with the partial exception of
the three nautical miles closest to the coasts,
and indeed continues up until the present
dayl.'*

Au chapitre 7.32, El Salvador fait précisément reproche

au Honduras de ne pas se soumettre à la sentence et, par
conséquent, à sa conception bipartite du Golfe.

27. Au chapitre 7.34, il soutient que dans sa

définition du statut juridiquedu Golfe, la sentence aurait
une portée déclaratoire, ce qui veut dire qu'elle aurait

valeur de constatation d'une situation juridique. On voit
mal comment une telle assertion peut se conjuguer dans

l'esprit d'El Salvador avec son attachement à la solution
contraire postuléepar la doctrine de Menendez.

En réalité, le Golfe de Fonseca comprend bien deux

parties mais, aux yeux du Honduras, celle qui se trouve
entre la limite extrême de la zone littorale et la ligne de

fermeture de la Baie n'est pas soumise à un régime de
condominium. En effet, les conditions d'établissementd'un

tel régime n'ont jamais été réunies.

3. Rappel du fait que le condominium résiduel,associé
à l'existencede zones de juridictionexclusive,

implique la délimitation

28. Cette observation a une valeur décisive. Même si,
par hypothèse, le Honduras désirait appliquer la sentence de

1 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 7.31, p. 2311917 en dépit de son inopposabilité à son égard, il faudrait
délimiter les zones respectivesde juridiction exclusivedes

deux pays en cause.

Il en est ainsi en raison du fait que chacune de ces

zones chevauchel'autre, étant donnél'exigüité de l'étendue
des eaux du Golfe, particulièrement dans la partie incluant

le Honduras et El Salvador.

L'ensemble des remarquesqui précèdent et spécialement
la dénonciation des diverses ambigüitéset contradictions

qui entachent la rigueur du contre-mémoire salvadorien,
trouve son explication dans l'impossibilité pour la Partie

adverse de justifier, sur le plan juridique, l'existence
d'un condominium quel qu'ilsoit.

B. RAPPEL DU DROIT INTERNATIONAL RELATIF AU STATUT

EXCEPTIONNEL DE CONDOMINIUM

1. Conditions d'établissement

29. On relèvera les règles suivantes:

- Le condominium constituantun régime juridique qui

porte atteinte au principe confiant auxorganes de
1'Etat l'exercice exclusif de la souveraineté

territoriale, ne peut avoir qu'un caractère
exceptionnel et, en tout état de cause, ne peut

être présumél.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XVIII, p. 615,
par. 27 et suiv. - Seul l'accord des Etats intéresséspeut être la

source juridique d'un condominium. Le mémoire du
~ondurasl rapporte divers précédents qui le

démontrent.

- Un condominium successoralne peut résulter que

d'une convention expresse qui, dans la pratique,

intervient à la suite d'un conflit armé. En
l'espèce, on ne saurait soutenir qu'il serait issu

de l'application de la règle de l'uti oossidetis
sur la base de l'existence historique de la

République Fédérale centre-américaine. Vouloir
utiliser le principe de l'uti possidetis pour
fonder un condominium serait un détournement

abusif de celui-ci et du rôle que le droit
international lui attribue. L'utipossidetis est

destiné non à prolonger l'ancienne entité globale
en un condominium mais tout au contraire à

faciliter la délimitation des zones terrestreset
maritimes relevant des Etats issus de l'ancienne

entité.

- On ne saurait déduire l'existence d'uncondominium
de l'usage pacifique des eaux de la Baie par les

trois riverains,alors qu'entredeux d'entre eux,

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XVIII, p. 602
et suiv., par. 8-11. le Honduras et le Nicaragua, est intervenue une
délimitation de ceseaux en 1911 et que leur usage

présente le même caractère.

2. Le condominium ne se ramène pas à la liberté
de naviqation

Le régime du condominium, dans lescas exceptionnels où

il existe, n'a pas pour valeur spécifique de garantir la
liberté de navigation. Comme pour l'usage pacifique de la

Baie, la liberté de navigation n'est pas affectée par la
délimitation intervenue entre le Honduras et le Nicaragua.

Ainsi que la section suivante le démontrera, El

Salvador établit une confusion entre condominium et liberté
de navigation en raisonnant comme si seul le premier pouvait

garantir la seconde.On verra qu'il n'en est rien et que le
statut juridique véritable du Golfe permet la libre

circulation des navires des trois Etats riverains comme
celle des pavillons étrangers.

Section III. Le statut juridiquevéritabledu Golfe de Fonseca

30. Le chapitre VI1 du contre-mémoire d'El Salvador

est dominé par un trait marquant: la volonté d'effacer
autant que faire se peut la spécificité du statut juridique

du golfe de Fonseca, pourtant unanimementreconnue par la
doctrine. Cette entreprisevise un but, celui de démontrer à

la Cour que la situation de cette baie historique
trinationale est finalement d'une grande banalité et qu'ilexiste ailleurs dans le monde des situations semblables,

dans lesquelles qui plus est les CO-riverains n'ont pas
délimité leurs zones maritimes respectivesde juridiction,
établissant ainsi sur la totalité de chacune des baies

concernéesun authentique condominium.

Si l'on suitalors un tel raisonnement,on parvient en

effet à l'étrange conclusion que le condominium seraitune
sorte de statut fréquent sinon même ordinaire dans bon

nombre de littoraux maritimesintéressant plusieurs Etats,
comme s'il était dans la nature de la souveraineté de se

partager !

31. Afin d'analyser systématiquement la façon dont El

Salvador a construit dans son contre-mémoire l'argumentation
dont on vient de rappeler l'orientation générale et les buts

essentiels, on reprendra successivement ses principaux
éléments.

C'est ainsi qu'on .étudiera les témoignages de la

volonté salvadoriennede dévaluer la spécificité juridique
du Golfe de Fonseca (A), puis les conclusions parfaitement

erronées qu'il entend pour ce faire tirer de la
pratique (B), dont il amalgame les éléments les plus variés

en s'appuyant surune confusion constanteentre arrangements
précaires de fait, résultant de l'absence de délimitation,

et instauration d'un authentique condominium (C). En
l'espèce, la précarité de la situation de fait existant

entre les deux pays révèle fréquemment toutesses
vicissitudes, par la persistence, et même la recrudescence

dans les dernières années des incidents opposantdans le
golfe les forces navales comme les ressortissants

saïvadoriens aux autorités hondurienne(D). On concluera cette analyse en rétablissant les conditions exactes,en

' droit international général et en l'espèce, des conditions
dans lesquelles se situent respectivement délimitation et

liberté de la navigation dans la baie historique
trinationaleque constitue le Golfe de Fonseca (E).

A. LA VOLONTE SALVAWRIENNE DE DEVALUER LA SPECIFICITE

DU STATUT JURIDIQUEDU GOLFE DE FONSECA

1. Contradiction entrel'invocationde la sentence de 1917
et l'affirmationde la banalité du statut juridiquedu

Golfe de Fonseca

32. Qu'il soit permis, avant toutes choses, de relever
l'une des nombreuses contradictionsde la Partie adverse.

Elle consiste, d'une part, à se prévaloir, dans les
conditions ambigues évoquées plus haut, de la sentence de

1917 émanant de la Cour de Justice centre-américaine,et
d'autre part, à prétendre que le statut juridiquedu Golfe

de Fonseca est dépourvu de spécificité vraimentnotable. Or,
ainsi que l'a souligné l'intégralité de la doctrine

consacrée à l'étude juridique des baies en droit
international,cette sentence a défini une solution tout à

fait particulière (solution si particulière, d'ailleurs,
qu'elle n'a jamais été reconnue par deux des trois co-

riverains du golfe !). Gilbert Gidel voyait ainsi dans la
sentence énoncée par la Cour un cas absolument unique, et

parlait même à son endroit d'anomalie1 !.

1 Gilbert Gidel, Le droit international public de la
mer, Paris, Sirey 1934.Tome III, La mer territorialeet la
zone contigue, p.604-608 et surtout p. 626-627, où
l'éminent auteurdéclare: "Il est pourtant au moins un cas En réalité, le statut juridique du Golfe de Fonseca,
sans constituer une véritable étrangeté, est néanmoins

spécifique; mais il doit cette spécificité à une situation
de fait à la base de la création d'une communauté d'intérêts

entre les Etats riverains, non à une décision judiciaire,
inopposable au Honduras et jamais acceptée par le Nicaragua.

Examinons à présent les différents aspects de
l'argumentationsalvadorienne.

Fin de la note page précédente

où une baie qualifiée d'historiquecomporte une pluralité de
riverains et a vu assigner à ses eaux le caractère d'eaux
'territoriales'. L'arrét de la Cour de Justice centre-
américaine du 9 mars 1917 dans le différend entre El
Salvador et le Nicaragua à propos du traité Bryan-Chamorro
et du Golfe de Fonseca (précité,chap. VI) qui se fonde sur
le caractère de 'baie historique'qu'il reconnait au golfe
de Fonseca dont sont riveraines les Républiques de
Nicaragua, Honduraset Salvador, n'attribuepas aux eaux de
ce golfe le caractère d'eaux intérieures comme l'exigerait
ce caractère de baie historique, mais le caractère d'eaux
territoriales. C'est là une anomalie tout à fait notable
dans le système logique des baies historiques." Il ajoute un
peu plus loin: "l'arrêt du 9 mars 1917 apparait dans la
théorie des 'baies historiques' comme un accident qui ne
saurait en altérer la ligne" (p. 627), propos repris
notamment par Charles de Visscher, dans Problèmes de
confins, Paris, Pedone 1969,p. 138. Au demeurant, le
contre-mémoire salvadorien se contredit là aussi lui-méme,
puisqu'il déclare par ailleurs, au chapitre 7.33,
p. 232-233: "The Central American Court of Justice, in
establishing for the Gulf of Fonseca a regime in the
explicit form of a territorial seafor each of the riparian
States and of a maritime area subject to con-dominium,
established a juridical definition which wassui qeneris,
derived £rom the particular individualnature of the said
historic bay; "sur la qualification par la Cour centre-
américaine des eaux de la baie comme 'eaux territoriales'."
voir mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX, p. 647 et
suiv., par. 18 et suiv. 2. Tentative pour estomperla distinction entre condominium
et communautéd'intéréts

33. Une première observation doitici etre faite: le

contre-mémoire d'El Salvador multiplie les périphrases et
les expressionsdonnant à penser qu'il existerait en droit

une équivalence sinon meme une véritable identité entre
différentes notions, comme cellede "communauté", "co-

propriété" (CO-ownership), condominium, ou "souveraineté
conjointe" (joint sovereignty)l. Ce brouillage

terminologique est manifestement destiné à noyer la notion
de "communauté d'intérèts" dansun flou artistique dontEl

Salvador espèrequ'elle s'y dissoudra.

34. Or, s'il est éventuellement admissible quoique
discutable de considérer comme équivalents les statuts de

"condominium" et de "CO-souverainetéW2,il est en revanche
tout à fait impossiblede confondre "communauté d'intérêts",

notion mise en exergue par le Honduras pour caractériser la
situation juridique du golfe, et "condominium", thèse

officielle et classique défenduepar El Salvaaor, notamment
dans le cadre dela célèbre "doctrineMelendez".

1 Voir en particulier, ses "summary and
conclusions", chap. 7.58, p. 248 et chap. 7.5 et 7.7 et
suiv., p. 215-216 demème que chap. 7.27, p. 228.

Dans son ouvrage consacré au condominium,Monsieur
Alain Coret prend, semble-t'il à juste titre, le soin de
bien distinguer les deux notions. Alain Coret, &
condominium, Paris,L.G.D.J., 1960, p. 54 et suiv. 35. La démonstration de la distinction entre les deux

notions comme entre les deux régimes distincts qu'elle
génèrent a déjà été faite dans le mémoire hondurien1et l'on

craindrait de lasser la Chambre de la Cour par sa
répétition.

36. Pour synthétiser, on peut ainsi se contenter

d'insister sur les points suivants:

- quant à leurs fondements respectifs, communauté

d'intérêts et condominium différent enceci que la

premiére découle d'une situation de fait, alors
que le second procède toujours d'un acte juridique

consensuel. Il n'y a pas de condomnium sans
accord2. En revanche, la communauté d'intérêts

n'est pas le fruit d'une rencontre de volontés.
Elle est imposée aux Etats limitrophes par les

données naturelles de l'espace territorial que
leur contiguité les oblige à partager. Cette

contraiqte des faits, parce qu'extérieure aux
volontés souveraines, présente un caractère

objectif, à l'inverse du cohdominium, par
excellence toujours subjectif pour ses promoteurs,

liés par un traitéparticulier.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XVIII, p. 599
et suiv., particulièrementp. 600-604.

2 "Seul l'accord peut être la source juridique du
condominium et de sa reconnaissance par les Etats tiers
auxquels il aura été dûment notifié". Cavaglieri, Rèqles
générales du droit de la paix, R.C.A.D.1 1929, vol. 26,
p. 389 et Ch. Rousseau, R.C.A.D.1 1948, vol. 73,
p. 220-228. C'est d'ailleurs parce qu'elle présente ce

caractère objectif que la communauté d'intérét ne
saurait voir restreindre son champ d'application

au seul domaine fluvial, commetente en vain de
l'affirmer le contre-mémoire d'El ~alvadorl; elle

est au contraire susceptible de s'appliquer à
toute situation entraînant l'exercice de

souverainetés mitoyennessur un site naturel dont
l'unité physique conditionne l'exercice par

chacune des compétencesqu'il possède sur la part
de cet espace relevant de sa juridiction.

- quant à leur régime juridique respectif, on

constate aussi des différences profondes entre
communauté d'intérëtset condominium. La première,

précisément parce qu'elle découle de données
géographiques de fait, implique par elle-meme une

obligation cardinale, bien dégagée par la Cour
Permanente de Justice Internationale dans
l'affaire de la Commission internationale de

L'Oder: celle d'une rigoureuse égalité de droit
entre les Etats intéressész, obligation dont le

respect ne nécessite par lui-même l'élaboration

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 7.32, p. 232.

2 C.p.J.1. Recueil, Série A., arrêt du 10 septembre

1929, no 23, no 16, p. 27. d'aucun régime conventionnel spéciall. En

revanche, les rares traités à l'origine du statut
exceptionnel de condominia ayant existé ou

existant encore définissent précisément l'espace
sur lequel leur commune souveraineté s'exercera.

Ils établissent le plus souvent rigoureusementles
conditions dans lesquelles l'exercice conjoint de

compétences habituellement exercées à titre
exclusif par chaque Etat sera organisé et même,

dans une large majorité de cas, se dotent
d'organes communs, destinés à faciliter lamise en

Œuvre de ce régime hautementdérogatoire au droit
commun2. Contrairement à la communauté d'intérëts,

résultant si l'on peut dire "de la nature des
choses", le condominium est toujours une

construction artificielle, dont on chercherait
vainement la trace dans le cas du Golfe de

Fonseca. On ne trouve là ni accord, ni,
évidemment, organecommun.

1 C'est seulement si les Etats intéressés à cette
communauté d'intérêt, désireuxd'en aménager les conditions
d'exercice de manière dynamique,veulent organiser entre eux
la coopération que l'accord deviendra nécessaire. Voir le
mémoire du Honduras qui en donne une illustration à propos
de ce que pourrait être en ce sens un accord entre les co-
riverains du Golfe de Fonseca, vol. II, p. 687-689, par.
97-100.

2 A. Coret voit ainsi dans la constitution d'organes
un des éléments constitutifs de la définition du
condominium;op. cit., p. 55 et suiv.; çupra;, p. 1052,
notez. Sans aller jusqu'à faire de la 'création
d'institutions communes un des critères constitutifs du
condominium, on doit en tout cas constater que
l'institutionnalisation est souvent impliquée par les
nécessités de l'organisation concrète du régime de co-
souverainetécaractérisant lecondominium. 37. On remarquera au demeurant que les écritures
salvadoriennes,dans le souci de fondre la spécificité du

régime juridique du golfe dans l'amalgamdes concepts
gravitant autourde la notion de condominium, ne s'attaquent

jamais de front à celle de communauté d'intérêts,qu'elles
préfèrent ignorer, si ce n'est une fois, déjà citée
(chap. 7.32). pour dire qu'il s'agit étroitement d'une

notion de droit fluvial, confondant ainsi le domaine dans
lequel elle fut historiquement dégagée par la Cour

Permanente de Justice Internationale et la signification
juridique fondamentale dudit concept juridique, indépendante

d'un milieu déterminé.

B. LES ENSEIGNEMENTS DELA PRATIQUE INTERNATIONALE:
LE CARACTERE TRES EXCEPTIONNELDU RECOURS

AU CONWMINIUM

38. Pour persuader la Cour de la banalité de la
situation juridique duGolfe, El Salvador est obligé de

tenter de la convaincreque le condominium sur leseaux,
régime dont il réclame ici l'application,est une solution

courante, avérée par l'abondance de la pratique
internationale.Il tente alors d'utiliser cette pratique et

de la présenter de telle façonqu'elle semble corroborerses
thèses. Il est intéressant d'analyser précisémenl ta façon

dont est composée l'argumentation salvadoriennesous
l'intitulé: "Co-ownership in Multinational Bays and

Estuaries", au chapitre 7.7 et suivants de son contre-
mémoire.

39. Cette sectioncommence par la réitération del'une

des incohérences les plus fondamentaledse la thèse d'El
Salvador, celle,déjà relevée, d'aprèslaquelle, en dépitdel'existence prétendue d'unecommunauté d'intérêts entre
trois Etats à l'intérieur du golfe, deux d'entre eux

seulement (El Salvador et le Nicaragua) gouverneraient sa
ligne de fermeture entre Punta Conseguinaet Punta Amapala,

sans nous instruire autrement sur la façon dont 3 équivaut
soudainement à 2 aux abords du large1 !

40. A la suite, le contre-mémoired'El ~alvadorz tente

en particulier de s'appuyer sur la pratique internationale
telle qu'elleserait analyséedans le livre de M. L. Bouchez

("The regime of Bays in InternationalLaw"). Pour ce faire,
il n'hésite pas à se livrer à des montages dans la

présentation des citations, procédé que la République du
Honduras laisse à la Chambre de la Cour le soin d'apprécier,

pour accréditer l'idée d'après laquelle la liberté de
navigation à l'intérieur duGolfe ne serait garantieque par

l'absencede délimitation.

En effet, afin de donner l'impressionque le recours à
la non-délimitationet au condominium sont choses courantes

dans la pratique internationaledes Etats CO-riverainsde
baies multinationales, le contre-mémoired'El Salvador

Rappelons que cette assertion est parfaitement
incompatible avec la sentence de 1917, puisque celle-ci
situe précisément la zone résiduelle placée sous condominium
dans une région située au-delàdes zones de juridiction
nationales de chacun des trois riverains, c'est-à-dire,
précisément, vers l'entrée du Golfe, la limite de cette
prétendue zone commune étant constituéepar la ligne de
fermeture Punta Conseguina-PuntA amapala.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 7.15et suiv.,
p. 219 et suiv.permute plusieurs passages de l'étude très prudente et

systématique que l'auteur précité fait, au chapitre III de
son ouvrage, du cas des "bays enclosed by the territory of

more than one stateW1.

41. C'est ainsi qu'il commence à la page 221,
chapitre 7.18 par citer un extrait situé à la fin du

chapitre précité, au terme d'une section dans laquelle M.
Bouchez constate l'impossibilitéde dégager des règles

générales en matière de délimitation des baies
multinationales sur la base de la pratique. Observant la

diversité des cas de figure envisageables, l'auteur y
conclut très prudemment,s'appuyant en particulier sur le

cas difficile du Golfe d'Akaba, que deux types de solutions
sont envisageables pour ces baies multinationales, la

délimitation ou 1'établissement éventueld'un condominium2.
Ce faisant, il formule une proposition doctrinale mais ne

décrit pas l'état de la pratique étatique. Or le contre-
mémoire d'El ~alvador3, comme s'il s'agissait là d'une

illustrationdes propositionsde l'auteur cité, enchaîne à

1 11 suffit, pour s'en assurer, de porter attention

aux références de page des diverses citations empruntées à
l'ouvrage de L. Bouchez, en comparant notamment cellesde la
note 15, page 221 du contre-mémoire d'El Salvador avec
celles des notes suivantes, en particulier no 19 à 31,
page 223 et de se reporter à la structure et au sens général
de l'analyse contenue dans.le texte de l'auteur cité.

2 L. Bouchez, The Reqime of Bays in International
Leyden, Sijthoff ,1964,p. 196.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 7.19,
p. 222-223.la suite de cette citation uneénumération de cas concrets
de baies partagées par plusieurs riverainsque L. Bouchez

étudiait en réalité au tout début de son chapitre, sans lien
direct avec ses propositions terminales ni volonté de

démontrer qu'il y aurait un usage commun dans le recours à
la formule du condominium. Il s'agit donc, de la part d'El

Salvador, d'un montage parfaitement artificielet d'une
présentation volontairementdéformée et orientée des propos

d'un auteur.

42. Mais, au-delà de cette ..habilité de présentation
salvadorienne des écrits doctrinaux,puisque le contre-

mémoire adverse se livre (chapitre7.19) à la citation d'un
certain nombre de cas dans lesquels il croit .pouvoirtrouver

un appui à ses thèses, on les examinera à notre tour de plus
près; on constatera aisément qu'à la vérité, la liste

d'exemples donnés par El Salvador manque singulièrementde
pertinence.. Surles nombreux cas présentéspar lui pour
démontrer la fréquence des condominia maritimes et

l'inutilité d'un accord pour les établir, aucun ne confirme
ces thèses.

1. Analyse de la pratique

43. En premier lieu, le cas de l'Ems-Dollart, entre

les Pays-Bas et' la République Fédérale d'Allemagne est
manifestement étranger à un condominium. Ainsique l'expose

très clairement M. Bouchez, dont iln'est pas nécessaire de
reprendre ici le détail des développement, il y a eu de très

longue date contestationréciproquede droits entre les deux
pays intéressés. L'Allemagne revendiquantsur la base de

titres historiques la souveraineté sur l'ensemble de
l'estuaire, cependantque les Pays-Bas s'en tiennent à lathèse selon laquelle le thalweg du principal. chenal de
navigation devrait être pris comme ligne divisoire. L'Accord

du 14 mai 1962 additionnel à la Convention du 8 avril 1960,
sans encore procéder à une délimitation précise, répartit

les zones d'exercice des compétences respectivesde chacun

des deux Etats de part et d'autre de la frontière
d'exploitation ("exploitation-boundary")existant dans les
faits. Il est évident que l'on ne peut alors parler icide

condominium,puisqu'il n'y a pas (et qu'il n'y a jamais eu)
d'exercice conjoint des compétences,ni a fortiori d'organes

communs de gestion, même si les accords précités organisent
entre les deux Etatç une coopérationassez

44. Le second cas, celui de l'estuaire de 1'Escault

(Weçter Schelde) intéressant les Pays-Bas et la Belgique,
est en réalité.particulièrement illustratif à la fois des

difficultês et des nécessités de la délimitation des baies
et estuaires partagés par deux ou plusieurs Etats. Cette

nécessité, quoiqu'encorenon satisfaite, a été constamment
soulignées, notamment par les autoritésbelges2. L'auteur se

prononce lui-même soit pour la soumission de ce différend
latent à la Cour Internationale de Justice ou,à

1 Un accord a été négocié et adopté entre les deux
pays en 1984 pour accroître leur coopération dans cette
région, notamment en vue de la construction d'un nouveau
port et l'exploitation de certaines ressources naturelles.
Mais ce traité n'a pas encore été ratifié, par la R.F.A. et
ne semble pas devoir l'être prochainement.Au demeurant, il
ne comporte aucune dispositionapportant une solution au
problème de délimitation.Les deux pays concernés sont bien
d'accord pour constater qu'il n'y a pas et qu'il n'y a
jamais eu de condominiumsur l'embouchurede l'Ems-Dollart.

2 L. Bouchez, op.cit., p. 133.l'arbitrage, soit pour une délimitation conventionnelle,
établie sur la base duprincipe du ~halwegl. En pratique,

les relations d'amitié et de bon voisinage existantentre
ces deux pays, membres du BENELUX, permettentd'éviter des

problèmes majeurs, et il y a certes coopération entre les
deux CO-riverains,mais pas la moindre trace de condominium.

45. La situation dans les LoughsFoyle et Carlingford,

situés entre la République d'Irlandeet l'Ulster (Irlandedu
Nord) n'est pas davantage illustrative du recours au

condominium, méme si un accord spécial a été conclu entre
les deux Etats relativement'au problème particulierde la

pêche au saumon, en fonction duquel les législations
respectives des deux riverains organisentdepuis 1952 la

coopération entreles deux Etats. Il existe une commission
commune, la Foyle Fisheries Commission, dont le titre

indique bien le mandat limité.C'est en raisonde ce dernier
caractère que l'on ne peut suivre L. Bouchez lorsqu'il
formule, d'ailleurs très prudemment, l'hypothèsed'après

laquelle:

"it is perhaps desirable to consider provisionally
the water areas as condominia, themore so as the
Carlington Lough and the greater part of Lough
Foyle will fa11 under the regime of the
territorial seain the case of measurement of low-
waterz."

1 M., p. 135.

2 - rd P. 137.On constate à la lecture de cette citationqu'il ne s'agit
pas pour l'auteur de formuler une qualification jugéepar

lui impérative mais d'avancer une proposition, de toute
façon désignée comme provisoire. Au demeurant, on peut

considérer que L. Bouchez, précisément parce qu'il émet une
suggestion, s'écarteainsi délibérémentde la réalité:d'une

part, en effet, pas plus qu'une hirondelle ne fait le
printemps, la péche au saumon ne fait la souveraineté;

l'exercice des compétencessouveraines ne saurait se réduire
à la gestion de cette activité,même dans une régionoù elle

présente une importance économique. L'existence d'une
coopération organique entre lesdeux Etats en ce domaine

très particulier n'entraîne pas de conséquences générales
sur les conditions d'exercice dela souveraineté dans .la

zone considérée. D'autrepart, y compris dans ce domaine
fort restreint,il n'y a pas en l'occurrence de souveraineté

commune mais tout au plus, en dehors de la création de la
commission précitée, harmonisation des législations

respectives et reconnaissance réciproque des jugements
pénaux1. Par conséquent, le cas de l'estuaire des Loughs

Foyle et Carlington ne fournit pas plus que les précédents
d'illustration d'un condominium sur les eaux d'une baie

internationale.

46. Vient ensuite la Baie du Figuier, intéressant
l'Espagne et la France, dans la région d'Hendaye. Voici

enfin un cas de condominium ! Il concerne 1'Ile de la
Conférence, située dans l'estuaire de la Bidassoa,placée

1 ibid p. 136. Notons qu'une telle coopération
n'existe même pas dansles rapports entreEl Salvador et le
Honduras.effectivement sous la. commune souveraineté des deux

riverains. A cela, il y a une origine simple: l'accord entre
les Parties, une première fois établi dans la Convention de

Bayonne de 1856, puis dans le traité de mars 1879 également
conclu à Bayonne, statut enfin définitivement précisédans
la convention franco-espagnoledu 27 mars 19011. On est

ainsi placé en face d'une illustration de ce que les
écritures de la République du Honduras ont constamment

souligné: la nécessité d'un accord à la base de
l'établissement de ce statut hautement dérogatoire et

rarissime qu'est le condominium. Loin de condamner la
position du Honduras, le cas de la Baie du Figuier la

conforte.

47. En ce qui concerne le Golfede Menton, il n'y a
qu'un détail omis par El Salvador, c'est que le Golfe de

Menton... n'est pas un golfe mais une légère indentation,
qui ne correspond nullement à une baie au sens de l'article

7 de la Convention de Genève de 1958 sur la mer territoriale
et la zone contiguë pas plus d'ailleurs qu'à celui de
l'article 10 de la Convention de Montego Bay. Les

Gouvernements italien et français seraient sans doute les
premiers surpris d'apprendre qu'il existe un condominium

dans un "Golfe deMenton" au demeurant inexistant.

48. Quant au Golfe de Trieste, il est pourvu d'une
délimitation depuis l'interventio 'des accords dtOsimo, du

10 novembre 1975 entre l'Italie et la Yougoslavie. La
frontière maritime entre les deux pays a alors été Eixée

1 L. Bouchez, m., p. 138. Voir Ch. Rousseau,
frontières de la France, Revue générale .de droit
international public,R.D.I.P., 1954, p. 228, 369-372.pour l'essentiel par le recours à une ligne médiane

équidistante par rapport au profil géographique des côtes
des deux pays1. La réalisation de cet accord est une
manifestation supplémentaire de la très courante nécessité

d'une délimitation deseaux dans les golfes multinationaux,
car l'absence de définition de la frontière est par

excellence source de litige entre les gouvernements
concernés. Au demeurant, l'analyse des relations souvent

tendues prévalant entre les deux pays antérieurement à la
négociationde ce traité dans la région considérée ne permet

en rien, bien au contraire, de conclure qu'il y aurait
existé par le passé le moindre condominium2.

49. L'opinion de E. Ullmann selon laquelle aurait

existé avant 1918 un condominium entre la Turquie et
l'Autriche-Hongrie sur la Baie de Klek, question ne

présentant plus aujourd'hui qu'un intérêt historique,
demeure isolée et n'est étayée par aucun élément probant.

Pour ce qui concerne le Golfe de Soloum, rappelonsque,

contrairement à ce qu'affirme le contre-mémoire d'El
Salvador à la page 223, il ne se trouve pas placédans la

région de Macao, puisqu'il est partagé par 1'Egypte et la
Libye. L. Bouchez, en accord avec la totalité des auteurs et

des instructions nautiques,le considère comme baigné par la
haute mer, la laissede basse mer fournissantla base à

1 Voir Manlio Udina, Un modèle de rèqlement

frontalier: les accords d'Osimo entre l'Italie et la
Youqoslavie et la solution du .problème de Trieste.
R.G.D.I.P., 1979, p. 302-315.

2 Florio, Problemi della frontiera marittima ne1
Golfo di Trieste, Rivista di Diritto internazionale 1977,
p. 467 et suiv.partir de laquelle devait étre tracée la mer territorialede

chacun des deux riverains, puisqu'aussi bien son ouverture
ne lui permet pas de rentrer dans la définition des baies

retenue par la Convention de Genève de 1958 sur la mer
territorialeet la zone contigue.

Par ailleurs, la région de Sibuko Bay et Cowie Bay,

vaste zone maritime bordée d'îles et partagée par
l'Indonésie et la Malaisie, a fait l'objet d'une

délimitation partielle par les anciennes puissances
coloniales (Pays-Baset Grande-Bretagne) dançle traité du

28 septembre 1915~. Ce traité interrompt la délimitation
danç la région de Cowie Bay, mais ne comporte pas de mention

de l'instaurationconcomittante d'un quelconque condominium.
Ce n'est pas davantage le cas à propos de l'estuaire indo-

pakistanais des Sundarbans dont les documents dela Bengal
Boundary Commission (1947) révélent bien la volonté de
l'ancienne puissancecoloniale de délimiter les eaux, même

si en pratique cette délimitationdemeure défectueuçe2. De
manière analogue, c'est également un cas de claire volonté

de délimitationmais d'imprécision dela ligne divisoireque
présente la région de Khor ~bdullah~. Enfin, une autre

situation d'inachèvement de la délimitation dépourvuede

1 De Martens, N.R.G., 3e série,XII, p. 266.

2 L. Bouchez, op. cit., supra., p. 142-143.

3 ibid, p. 143.
-toute instaurationconcomittantede condominium est réalisée
dans le cas de la Baie du Honduras, intéressant dans sa

partie la. plus reculée non pas la République du Honduras
mais deux autres Etats, Belize (ancien Honduras britannique)

et le Guatemala.

50. Le cas de San Juan del Norte et de Salinas Bay
n'est pas dépourvu d'intérët pour la présente affaire,

notamment parce qu'il concerneune situation intéressant
deux Etats de la même régioncentre-américaine, leNicaragua

et le Costa-Rica. Il a également fait l'objet d'un jugement
par la Cour de Justice centre-américaine, laquelle décida

aussi dans ce cas qu'il y avait un condominium des deux
Etats sur les deux baies considérées.

Au-delà de cette apparente similitude, on doit

cependant immédiatement constater des différences
fondamentales entre le cas de ces deux baies et celui du

Golfe de Fonseca. En effet, à la différence de la présente
espèce, ces deux baies ont fait l'objet, antérieurementau

jugement de la Cour de Justice centre-américaine,
successivement detrois traités et d'une sentence arbitrale,

donnant à la Cour centre-américainedes indications fiables
sur la volonté des Parties de reconnaître sur les zones
considérées un regime de condominium. Le premier traité est

celui du 15 avril 1858, dit Cafias-Jerez, dont les articles
IV et VI indiquent clairementque les deux pays entendent

comme communes la Baie de San Juan del Norte et celle de
Salinas. Le second accord est celui du 5 février 1883, qui

confirme les dispositionsprécédentes.Puis un an plus tard,
le 19 janvier 1884, un nouveau traité semble cette foisen

retrait par rapport au précédent, dans la mesure où la
commune souverainetén'est décidée qu'à propos de la Baie deSalinas. Cette circonstanceet quelques autres ont fait que

l'ensemble de la question frontalièrefut ensuite soumise à
l'arbitrage du Président Cleveland,qui, s'il ne reconnut

pas expressément le condominium, releva l'existence de
droits et obligations respectifs des deux Etats sur ces

baies. C'est enfin le mëme traité Eryan-Chamorro conclu
entre le Nicaragua et les Etats-Unis qui provoqua la saisine

de la Cour de Justice centre-américainepar le Costa-Rica.
Dans cette affaire,contrairement à ce qu'elle trouvait dans

les éléments du dossier r'elatif à la Baie de Fonseca, la
Cour put ainsi s'appuyer sur des preuves conventionnelles

expresses de la volonté deS.deux Etats de reconnaître un
condominium, mëme s'il existe une contradiction partielle

entre le dernier et les deux premiersaccords1. Lasituation
était donc tout à fait différente de cellerencontrée par.

les juges centre-américains à propos du Golfe dont la Cour
Internationale de Justice examine aujourd"hui le statut

juridique. Au demeurant, la suite des rapports entre le
Costa-Rica et le Nicaragua devait montrer combien la

solution du condominium, mëmedélibérémentconsentie par les
Parties, est lourde de conflits futurs: dans les années

cinquante, lesdifficultés reprirententre les deux Etats et
réapparaissent sporadiquement depuis.

51. Le cas de la Baie de Manzanillo, dans laquelle

aboutit la frontière entre la République Dominicaine et
Haïti, est totalement insusceptiblede fournir l'exemple

d'une baie placée souscondominium. En effet, s'il est exactque la délimitation maritimedans la région, établie par le
traité du 9 novembre 1874, ne comporte ,pas d'indication

précise sur la frontière au sein de cette baie, les termes
de la législation nationale dominicaine manifestent très
clairement que 1'Etat dont elle émane entend respecter les

droits de son voisin mais reste fermement attaché au projet
de délimiter équitablementavec lui les zones de juridiction

respectivesdes deux pays1.

52. La non-délimitationde la frontière maritimeentre
le Pérou et 1'Equateur dans la Boca de Capones a provoqué
durant la majeure partie de l'histoire des relations entre

les deux pays des difficultés très sérieuses, ayant entrainé
à certains moments des affrontements armés, à d'autres la

rupture des relations diplomatiques.Ce n'est du restequ'au
prix d'une médiation collective de plusieurs Etats

américains, suivie en 1955 d'une intervention diplomatique
de l'Organisation des Etats Américains, que ces relations
ont pu être rétablies. Cet état de choses explique, d'une

part, qu'il ait été impossible jusqu'à maintenant de
parvenir à une délimitation définitive des frontières

maritimes dans cette zone, et, d'autre part,illustre que
l'absence de délimitation est toujours source de conflits,

latents ou déclarés selonles moments2. Elle est évidemment
caractéristiqued'une absence totalede condominium.

1 .,bid p. 163.

2 ibid , p. 168. 53. Il est par ailleurs étrange que le contre-mémoire

d'El Salvador, qui s'attache à démontrer que le condominium
peut ne pas découler d'un traité formel1 croie pouvoir'

trouver au chapitre 7.20 un renfort dans le régime du Rio de
la Plata défini par l'Argentine et l'Uruguay en 1974. En

effet, s'il est un régime peu spontané, établi par un traité
complexe, comprenant 23 chapitres aux dispositions

nombreuses et détaillées, comme d'ailleursEl Salvador le
reconnaît lui-même, c'est bien celui qui entra en vigueur

entre ces deux Etats le 12 février 1974. Il ne mettait pas
du tout fin à un système de "CO-ownership" ainsi que le

déclare le contre-mémoire d'El Salvador, mais à une longue
période de contestations réciproques de souveraineté et de

difficultés multiples entre les parties2. Le Traité du Rio
de la Plata n'établit pas un condominium sur le site

considéré. Il définit un régime très détaillé de
reconnaissance réciproquede droits et de compétence, tout

particulièrement enmatière de navigation, avec, notamment,
une réglementation précisede l'utilisationdes chenaux. Il

est parfaitement exact qu'au-delà de zones de juridictions
nationalesexclusives, propres à chacun des riverains, il

Contre-mémoire d'El Salvador, chap 7.22 et suiv.,
p. 225 et suiv.

2 Voir notamment José Antonio Greno Velasco,
Arqentina-Uruquay: punto final de una larqa controversia,
Revista de Politica Internacional, no 132, Madrid, mars-
avril 1974, p. 44; H. Gros Espiell, Le traité relatif au
"Rio de la Plata" et sa facade maritime. Annuaire £rançais
de droit international,1975, p. 241-249. 4
déclare que la juridiction sur leseaux du fleuve est

commune. Mais ceci fait partied'un ensemble conventionnel
très élaboré et n'a évidemment rien à voir avec

l'établissement spontanéd'une sorte de CO-souveraineté
maritime de fait dont El Salvador se plait à entretenir

l'illusion.

54. On arrive ainsi au terme de cette soit disante
"really significant list of examples" censés "répudier

complètement l'affirmation du Honduras d'après laquelle le
concept de 'CO-ownershipor joint sovereignty'est desuet et
transitoire1."

En réalité, la Chambre de la Cour aura pu constaterque

cet amalgame de situations juridiquestrès diverses ne
présente pasun seul cas dans lequel on puisse conclure à la

création spontanéed'un condominium de fait, thèse qui a
pourtant les faveurs d'El Salvador.

55. Au demeurant,ce n'est qu'au prix du montage et de

la permutation des divers passages du livre de L. Bouchez
qu'El Salvador tentede donner l'impressionque cet auteur

est généralement favorable à la solution du condominium dans
le cas de baies multinationales, condominiuq mue, de toute

façon, M. Bouchez désignebien comme devant être établi par

223.
1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap 7.19, p.voie d'accord1. En effet, dans la section 7 du chapitre III

précité, il remarque toute la difficulté d'instaurationet
de viabilité d'une telle formule:

"the exercise of joint sovereignty over a
territory requiresa very close relation between
the States involvedso Ear as the object of joint
sovereignty is concerned2."

Il ajoute un peuplus loin:

"in other words, it is highly questionable whether
these relative factors can ensure the durable
characterof a condominium".

et conclut:

"The status of condominium of bays enclosed by
more than one State has to be rejected as a
general principle3."

1 C'est, aussi ce que fait Accioly, pourtant
incompréhensiblementcité à charge contre les thèses du
Honduras par le contre-mémoire d'El Salvador au chap. 7.23.
En effet, comme le dit clairement la citation faitepar ce
contre-mémoire, Accioly déclare:"El condominio se funda
siempre en un arreglo O tratado, que impide los conflictos
de jurisdicci6n". (Le condominiumse fonde toujourssur un
accord ou traité, qui empêche les conflitdse juridiction).

2 L. Bouchez, op.cit., p. 186.

3 -bid. 2. Les enseiqnernentsde la pratique

56. Trois conclusions fondamentales,qui confirment
pleinement les positions constantes du Honduras, paraissent

ainsi pouvoir être tirées de cette énumération de la
pratique étatique:

- la première, c'est que les cas dans lesquels la

liste précitée nous met en présence de
condominium, ou, ce qui n'est pas la même chose,
d'utilisation commune des eaux sur un espace

donné, résultent exclusivement d'un traité
explicite. Ce sont les situations vérifiées pour

la Baie du Figuier (Espagne/France),pour San Juan
del Norte et la Baie de Salinas (Nicaragua/Coçta

Rica), enfin, sur une partie seulement de
l'estuairedu Rio de la Plata.

- la deuxième, c'est que la solution du condominium,

de toute façon exceptionnelle, est difficile à
mettre en place mais plus encore à vivre; elle

demeure de toute façon une source permanentede
litiges et de conflits divers, ainsi que

l'illustrent par exemple les rapports entre le
Costa Rica et le Nicaragua, à propos des baies

précitées.

- la troisième, conséquenceautant qu'illustration

de la précédente, c'est que partout où
l'amélioration des relations entre les Etats

concernés le permet, et à moins que leur
coopération soit par ailleurs excellente [comme

pour les pays membres du BENELUX) ils cherchent à mettre un terme aux occasions de conflit
provoquées par l'absence de délimitation, et

définissent clairement leurs frontière maritimes,
qu'elles intéressent ou non une baie

multinationale.

C. LA CONFUSION PERSISTENTED'EL SALVADORENTRE ARRANGEMENTS
PRECAIRES DE FAIT, RESULTANTSDE L'ABSENCEDE DELIMITATION,

ET CONDOMINIUM

57. Pour El Salvador, on l'a vu à sa façon d'analyser
la pratique, l'absence de délimitation est le signe de la

volonté des Etats concernés de placer les eaux qui les
concernent sous indivision. Une telle assertionest

cependant manifestement irréaliste.

L'absence ou la non précision de la délimitation ne
procèdent jamaisd'une volonté de placer la baie partagée

par deux ou plusieurs Etats sous condominium implicite.
Elles sont seulement la plupart du temps le résultat d'un

blocage des négociations antérieures, et s'alimentent des
craintes de rencontrer des difficultés nouvellesdans la

réouverture de discussions futures. Alors, bien souvent, et
tant que les Etats concernés n'y sont pas poussés par la

survenance de nouveaux incidents ouque l'utilisationqu'ils
font des eaux le leur permet, ils s'accomodent à peu près

d'un partage approximatifdes zones maritimes concernées ou
d'une reconnaissance empirique des droits de l'autre
riverain à l'exercicede certaines activités.

Lorsqu'on ne lui substitue pas de façon explicite et

délibérée un statut conventionnel particulier, la non-délimitation résulte ainsi des vicissitudes de la

coexistenceet n'est qu'un pis-allerl.

58. En réalité, la thèse d'El Salvador résult de la
confusion persistenteentre, d'une part, l'instaurationd'un

condominium, système "savant" par excellence, puisqu'il
suppose que les partenaires soient parvenus à triompher de

la tendance naturellede la souveraineté, qui estd'ëtre
exclusive, et, d'autre part, les situationsdans lesquelles

la frontière maritime n'a pas été délimitée ou mëme
suffisamment définie.Les deux types de situations sont

pourtant bien distincts:

- le condominium reste un régime par définition

spécifique de fusion des souverainetés, organisé

nécessairementpar la voie d'un accord explicite,
à la fois parce qu'il s'agit d'une dérogation au

caractère majeur de la souverainetéétatique, par
principe individuelleet exclusive, et parce que

sa mise en place suppose l'aménagement de règles
spéciales.

1 C'est très exactement lesens de la citation de
Cavaglieri qu'El Salvador cite dans ses propres écritures
(chap.7.22, p. 226 lorsque cet auteur déclare:"Il se peut
que l'établissement de la frontière sur certains points
présente de telles difficultésqu'il soit impossible aux
Etats intéressés d'arriver à un accord. Tantque cet accord
n'est pas possible, on soumet le territoirepro indivisio à
l'autorité commune des Puissances contestantes". Se peut-il
de marquer plus nettement le caractère transitoiret
imparfait de ce genre de solution ? - les cas de non-délimitation n'entraînent pas pour

autant l'indivision. Ils provoquent l'exercice
concurrent des compétences émanant de

souverainetés distinctes. Ce sont là des
situations la plupart du temps difficiles,

auxquelles sont apportées par la force des choses
des solutions toujours précaires, résultantdes

nécessités de la vie pratique mais constamment
soumises aux aléas des fluctuations propres aux

relations des populations riveraines comme à
celles des gouvernementsmitoyens.

59. On ne peut cependant confondre en d'roit, sous

peine d'amalgame, exercice commun,exercice conjoint et
exercice concurrent des compétences souveraines, chacun de
ces états marquant un stadedifférent dans la distinction

des compétences mises en Œuvre par chacun des Etats
intéressés. On ne peut assimiler la gestion empirique de

rapports de voisinage potentiellement conflictuelsavec
l'aménagement rationnaliséet l'exercice organisé d'une

souverainetécommune.

60. Il est bien sûr exact que les cas de non
délimitation des frontières maritimes sont beaucoup plus

fréquents que ceux qui affectent les confins terrestres, ce
qui est aisément explicable, pour diverses raisons, de fait

et de droit. De ce dernier point de vue, en particulier, la
relative imprécision qui affecta pendant longtemps les

critères reconnuspar le droit internationalen matière de
délimitation des espaces maritimes n'a pas facilité les
choses. En fait, partout, notamment, où les utilisations de

la mer étaient principalement tournées vers la navigation,
(moins, vers la pêche) an a tenté, tant bien que mal,lorsqu'on ne parvenait pas à se mettre d'accord sur des

frontières stables et précises, de coexister en se
reconnaissant mutuellement une certaine liberté de

navigation. Dans les zones dont la configuration naturelle
engendre une communauté d'intérêts entre les Etats
intéressés, comme c'est le cas du golfe de Fonseca, sa

perception par les gouvernements concernés se traduit alors
par des concessions précaires et réciproques, justifiéespar

le désir de garantir l'égalitéde droit entre les différents
riverains, concessions sans lesquelles la coexistence

devient toutsimplement impossible.

61. Ces situations généralement insatisfaisantes sur
le long terme ne permettent évidemment en rien de soutenir,

comme semble le faire El ~alvadorl qu'il existerait endroit
international une catégorie particulièrede condominia

propres au droit de la mer, caractérisés par des "working
arrangementsM2, condominia maritimes de fait, en quelque

sorte, fondés sur la tolérance réciproque et non sur un
accord explicite3.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 7.22-7.31,
p. 225.

2 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 7.28, p. 229.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 7.22 et suiv.,

p. 225,et suiv. L'exercice de la souveraineté connait certes parfois
certains accomodements, mais elle est trop vitale aux Etats

pour qu'ils acceptentordinairement de la fondre avec celle
du voisin dans le flou inconsistant de pratiques ambigues.

De telles situations incertaines existent, d'ailleurs de
moins en moins, parce qu'elles tournent presque toujours

mal, mais, à moins de dire que tout est égal à n'importe
quoi, elles n'ont rien à voir avec le condominium, alors

qu'elles peuvent en bien des cas s'expliquer par la
perception entre les intéressés d'une communauté d'intérêts,

les incitant à pratiquer une tolérance ou à chercher
empiriquementdes compromis.

On ne peut mettre sur le méme pied une reconnaissance

réciproque mais précaire et partielle de droits établie en
fait sous la pression des nécessités1 avec la mise en place

d'un système élaboré de souveraineté commune, qui concerne
par définition la plénitude des compétences.

62. La grande précarité de l'état de fait prévalant

entre le Honduraset El Salvador confirme au demeurantqu'il
n'y a jamais eu d'accord stable, méme implicite, entre les

deux Parties tant sur l'assise spatiale quesur le contenu
des droits qu'ils se reconnaissent réciproquement.La

fragilité de cette situation de pur fait explique la
persistence sur le long terme et la recrudescence récente

d'incidents divers entre les deuxpays dans la région du
Golfe les concernant plusparticulièrement.

1 contre-mémoire d'El Salvador, chap. 7.27, p. 228;

chap. 7.29, p. 229 et chap. 7.68, p. 252. D. PERSISTENCE DES INCIDENTS BILATERAUX DUS A

L'ABSENCE DE DELIMITATION

63. En l'occurrence, il ne s'agit pas de nier qu'il
existe entre le Honduraset El Salvador un état de fait en

fonction duquel l'un et l'autre Etat se reconnaissent
certains droits réciproques, particulièrement en matière de

navigation, de même qu'El Salvador a en règle générale
reconnu la souverainetéexclusive de son voisin immédiat sur

une zone d'une lieue marine (attitude au demeurant
incompatibleavec l'attachementpersistant de ce même pays à

la "doctrine Melendez" de condominium général , sur
l'intégralité des eaux du golfe1). Cette situation est

cependant inassimilable à l'existenced'un condominium. Elle
est empirique, partielle,fragile, notamment parcequ'aucun

des deux Gouvernements ni aucune des deux populations
concernés ne sait exactement ni quelle est la détermination

précise des droits reconnus à l'autre, ni surtout quelles
sont les limites de la zone de pleine juridiction propre à

chaque pays. Contrairement à ce que prétend El Salvador,
cette situationn'engendre pas du toutla sérénité dans les

rapports entre les deux Etats et c'est tout simplement parce
qu'il y a là depuis plus d'un siècle et demi un foyer de

troubles et d'instabilité permanente que la volonté d'y
mettre un terme définitif constitue la cause fondamentalede

la présente affaire.

1 De la même manière, mais en plein accord avec sa
position traditionnelle, le Honduras reconnaît au El
Salvador la plénitude des compétences sur une zone
équivalente. Mais précisément, rappelons-le toujours, du
fait du chevauchement des deux zones de juridiction
nationales sur l'essentiel de leur étendue, la délimitation
précise de l'une par rapport à l'autre est indispensable. 64. L'examen très concret des conditions de ce

voisinage difficile manifestecombien il est fallacieux
d'invoquer en l'espèce, comme le fait le contre-mémoire d'El

Salvador à ses chapitres 7.32 et suivants, le préceptelatin
quieta non moverel. Il confirme également combienest

malaisée l'acohabitationsans délimitation, surtout dans .une
région comme celle-ci, marquéepar l'instabilité politique

de plusieurs des pays qui la composent. Quieta non movere ?
Etrange quiétude en vérité, et plus, encore dans les

dernières années, puisqu'au moment méme où la Commission
mixte des limites mise en place par le Traité Généralde

Paix de 1980 tentait non sans mal de parvenir à un règlement
négocié, la multiplicationdes incidents sporadiques entre

forces navalesdes deux pays, les intrusions nombreuses et
parfois provocatricesdes navires militaires salvadoriens

dans les eaux honduriennes, la fréquence des pratiques de
pêche non autorisées dans les zones de juridiction

honduriennes par les citoyens salvadoriens, incidents,
provocations et intrusions qui se poursuivent encore

actuellement, semblaientet semblent encore remettreen
cause la reconnaissance par El Salvador de la compétence

exclusive des autorités de Tegucigalpa sur sa zone de
juridiction nationale.

L'idée.tout à fait .fallacieuseque ces écritures
çalvadoriennes cherchent à accréditer auprèsde la Chambre
de la Cour est que la sentence de 1917 a créé un "régime
objectif" valide erqa omnes; (contre-mémoire d'ElSalvador,
chap. ,7.34,p. 233) qui se serait imposé aux trois riverains
du Golfe. Outre que cette thèse est bien entendu
incompatible avec le principe fondamental d'autorité
relative de chose jugée, il est évident que l'attitude du
Honduras tant au moment de la sentence que par la suite a
toujours clairementattesté qu'il n'avait jamais varié dans
son refus de la thèse du condominium. (Mémoire du Honduras,
o. 11 chap. XVIII, sect. III, p.'632 et suiv. et contre-
mémoire du Honduras, vol. II.,chap. XIV, p. 689-710). 65. La Chambre de la Cour trouvera en annexe VIII.1 à

la présente Réplique un tableau récapitulatif des 25
incidents, dont certains très graves puisqu'ayant failli

dégénérer en conflits armés,qui ont été répertoriéspar les
forces navales honduriennes basées à Amapala, entre le 17

mars 1982 et le 26 octobre 1988. Elle constatera, en
consultant la carte VIII.l faisant face à cette page, que la

localisationde ces différents incidents est très dispersée.
Loin d'être concentrés dans une zone déterminée, ces

incidents se sont produits jusquedans la partie centrale du
Golfe de Fonseca. Ceci est particulièrement préoccupant. En

effet, il est ainsi révélé que, malgré l'affirmation
réitérée d'après laquelle il respecterait la zone de

juridiction exclusivehondurienne, faite à nouveau dans son
contre-mémoire auchapitre 7.3, page 213, affirmation dont

on pouvait en effetvérifier la réalité à certains moments
de l'histoire des relations entre les deux pays analysés

dans le mémoire du ~ondurasl, le Gouvernement d'El Salvador
et nombre de ses ressortissants ont semblé dans les

dernières années revenir sur cette reconnaissance,comme si
la doctrine Melendez d'un condominium sur l'ensemble des

eaux du Golfe reprenait chez eux inexorablementses droits.
On en donnera ci-aprèsquelques exemples tirés de l'ensemble

des incidents dont le procès-verbal, dressé par les
autorités militaires honduriennes, est reproduit en annexe2.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,
p. 676-683.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VIII.l, p. 433-460 et Annexe VIII.2,
p. 461-470. 66. Le 17 mars 1982, a lieu un affrontement armé entre

la vedette rapideno 52 des forces navales hondurienneset
un avion C-47 salvadorien, qui se livra à des mitraillages.

En 1985, sur 7 évènements répertoriés, signalonsen
particulier l'interception,le 23 avril, de la vedette

hondurienne no 42 et du bateau no 5502, également hondurien,
par un garde-côtes salvadorien. Chacundes commandants

d'unités, hondurienet salvadorien,prétendit être dans ses
eaux nationales et n'avoir par conséquent aucune

autorisation à demander aux autorités de l'autre pays pour
patrouiller dans ces parages. Le 28 septembre de la même

année, eurent lieu des affrontements armés entre vedettes
honduriennes et salvadoriennes pour les mêmes raisons,

répétés notamment le29 octobre.

67. En janvier 1986, un garde-côtes salvadorien
pénètre très avant dans leseaux honduriennes pendantsix

heures, sans avoir demandé autorisation. Le ler septembre de
la même année deux vedettes rapidesdes forces navales

salvadoriennes se comportent de la même manière, en
s'avançant délibérément jusqu'à moins de 500 mètres de l'ile

de Conejo.

68. L'année 1987 est caractérisée par une très nette
recrudescencedes incursions salvadoriennes et des incidents

divers pour violation de la souveraineté hondurienne, dont
les forces navales honduriennesrendent compte en onze

occasions. Ces graves méconnaissances de la souveraineté
territoriale honduriennene sont plus seulement le fait

d'unités militaires, mais aussi celui de pêcheurs civils,
isolés ou en groupe, encouragés, semble-t'il, par le

comportement des autorités salvadoriennes à multiplier ces
agissements. A plusieurs reprises,des pêcheurs de "curiles"(coquillages marins comestibles commercialisables dans les
marchés de la région) sont surpris dans des zones situées

très en profondeur dansles eaux honduriennes, comme par
exemple dans la Baie de Chismuyo, en retrait de l'île

hondurienne de Zacate Grande (voir carte VIII.l à la
page 1080), où sont interceptées29 personnes, le 23 avril.

A plusieurs reprises également, les. vedettes militaires
salvadoriennes se livrent à des opérations de provocation

par des incursions délibérées dans les eaux du Honduras,
souvent en appui à des initiatives de pëcheurs civils

salvadoriens, commepar exemple le 22 juillet.

69. On enregistrera encore l'année suivante (1988),
4évènements analogues dont en particuliele dernier,

intervenu le 17 octobre, fut d'une gravité particulièreet
porta à nouveau très explicitement, entre les commandants

d'unités navales salvadorienneset honduriennes, comme
plusieurs fois par le passé, sur la contestation par les

éléments çalvadoriens de la limite des eaux du Honduras
qu'ils prétendaient ramener, au mépris de toutes les

traditions régionales, à la ligne des bouées marquant
l'entrée du chenal de San Lorenzo conduisant au port de

Henecan (voir carteVIII.l en regardde la page 1080).

70. Enfin, il y a quelques mois, en avril et en mai
1989, se sont également produits trois incidentsgraves,

dont on peut dire qu'ils accentuent la dégradationdes
conditions concrètesde voisinage entre les deux pays sur

.les eaux du golfe. Ils ont fait l'un et l'autre l'objet de
Notes de protestation envoyées par les autorités

honduriennes à leur homologue salvadorien. La première de ces Notes, datée du 6 avril 1989, se
réfère aux évènements survenus le 17 mars 1989. Ce jour là,

deux embarcations appartenant aux .forces navales
salvadoriennes s'établirent à moins de trois milles

nautiques du poste avancé d'Islitas, situé sur l'île

hondurienne d'El Tigre,c'est-à-dire à l'intérieur de la
zone de juridiction hondurienneque, par commodité de

langage et conformément à l'habitude entre les deux pays, la
Note de protestation qualifie d'"eaux territoriales"

honduriennes. Devant l'attitude hostile et menaçante des
unités salvadoriennes et par souci de ne pas aggraver la

situation, les forces navales honduriennes, après avoir
constaté l'incursiondes vedettes étrangères et leur avoir

indiqué qu'elles avaient violé l'espace territorial
hondurien, préférèrent se retirer. Plus tard, au cours de la

même journée, une nouvelle incursiondes unités navales
salvadoriennesfut à déplorer dans la mème région.

En dépit de la protestation émise par le Ministre des

Relations Extérieures de la République du Honduras
consécutivement à cette action salvadorienne très

délibérément inamicale, celle-ci Eut malheureusementsuivie
d'une autre, qui eut lieu le 23 mai 1989: une patrouille

hondurienne fut attaquéece jour là dans le secteur des
Farallones, à nouveau dans des eaux manifestement

honduriennes. Cet évènement fut également suivi d'une
protestationofficielle desautorités salvadoriennesl.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VIII.Z.F, p. 469. 71. La significationde tous ces incidents est claire:

elle manifeste la volonté délibérée des unités navales
salvadoriennes,par définition organes de1'Etat dont elles

battent pavillon, de remettre en cause l'étendue des eaux
honduriennes; elle illustre également l'ignorance

persistante des populationsde la région des limites exactes
des zones de juridiction respectives des deux pays,

ignorance à bien des égards excusablepuisque ces limites
n'existent toujours pas. Elle indique enfin la non

connaissance par les pêcheurs salvadoriens des conditions
auxquelles ils peuvent en particulier se livrer à leurs

activités à l'intérieur duterritoire maritime hondurien.

A cet égard notamment, on se trouve semble-t'il
clairement en retrait par rapport à la situation qui

prévalait entre les deux pays autourdes années vingt de ce
siècle, ainsi qu'en témoignaitalors par exemple l'incident

des pêcheurs de San Alejo, rapporté et analysé dans le
mémoire du ~ondurasl.

72. Loin d'inspirer la quiétude dont parle assez

légèrement le contre-mémoire d'El Salvador, cette
dégradation paraitau contraire au Gouvernement du Honduras

particulièrement préoccupante. Elle l'a encouragé à recourir
à la Chambre de la Cour pour que la délimitationexacte des

eaux respectivesdes deux pays dans le Golfe, nceudde tout
le problème, puisse enfin être assurée,étant donné que les

négociations ayant eu lieu au sein de la Commission mixte
des limites, quoique passées prèsd'un accord, n'ont

finalement paspu aboutir.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,
p. 679-683, par. 80-89. E. DELIMITATIONET LIBWTE DE LA NAVIGATION

73. Une tendance marquante du contre-mémoire de la

République d'El Salvador consiste à lier de façon univoque
con'dominiumet liberté de la navigation, comme si cette

dernière ne pouvait être garantie que par un régime aussi
marginal, lorsque la baie considérée est multinationale.En

réalité, la délimitation des eaux d'une baie multinationale
n'est nullement incompatible avec le maintien de la liberté

de la navigation, au bénéfice de tous les riverains et de
tous les pavillons se dirigeant vers leurs ports.

L'évolutionde la doctrine, parallèle à celle du droit de la
mer est à cet égard significative. En l'espèce, qui plus

est, les données de fait confirment que la délimitation,
dont on a par ailleurs déjà souvent souligné la nécessitél,

n'apporteraaucune entrave à la navigation, ainsid'ailleurs
que l'atteste depuis le début de ce siècle la délimitation

existant à l'intérieur du Golfe entre le Nicaragua et le
Honduras.

1. Position qénérale du problème

74. Pour la grande majorité de la doctrine classique,

l'ensembledes discussions relatives au statut juridiquedes
eaux de la mer à plus ou moins grande proximité du littoral

est justifié par une grande préoccupation,fondamentale:

. Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,
p. 687-690, par. 97-103 et contre-mémoiredu Honduras,
vol. II, chap. XIII, p. 681-689,par. 18-26.celle d'étendre dans toute la mesure du possible la liberté
de la navigation internationaleet d'éviter que les Etats

côtiers n'étendent à son détriment les zones d'exercice de
leur compétence territoriale. Cette préoccupation est

partagée par la jurisprudence internationale.

75. C'est ainsi, par exemple, lors de l'affaire des

Pêcheries (Royaume-Uni/Norvèq e 1, que lorsqu'elle a
rationnaliséet appliqué sa théorie des baies historiques et

défini les critères en fonction desquels il était loisible
aux Etats de tirer des lignes de bases droites entre les

points appropriés de leurs côtes, la Cour Internationalede
Justice a constamment eu à l'esprit la nécessité de

sauvegarder au maximum le champ de la liberté de la
navigation internationale, tout en faisant droit aux

intérêts légitimes du riverain. Les règles coutumières
gouvernant la fermeture des baies obéissent à la même

inspiration. C'est ce qui explique, entre autres,que le
statut de baie historique présente un caractère fortement
dérogatoire. Ainsi,pour cette doctrine, incarnée notamment

par les écrits de Gilbert Gidel, le lien entre statutdes
eaux et régime de la navigation est-il direct. Le premier

revêt en quelque sorte une dimension instrumentale,
puisqu'il sert essentiellement à déterminer le second. On

comprend alors que ces auteurs envisagent pour le moins avec
circonspection la délimitation des eaux à l'intérieur d'une

baie multinationale*.

1 C.I.J. Recueil 1951,p. 137 et suiv.

2 C'est notamment ainsi que s'explique la position
sans nuance d'oppenheim citée dans le contre-mémoire d'El
Salvador, chap. 7.09, p. 216-217. Voir Oppenheim,
InternationalLaw, 8e ed., vol. 1,p. 508-509. 76. Cependant, l'examensans a priori de la pratique,
auquel s'est notamment livré L. Bouchez, si souvent cité et

si constamment déformé par le contre-mémoired'El Salvador,
permet cependant de parvenir à une conclusionbeaucoup plus

nuancée: s'il n'existe pas de règle générale prescrivantla
delimitation à l'intérieur de baies partagéespar plusieurs

Etats, il n'en existe pas non plus qui l'interdisentl;ceci
explique au demeurantque ni la Convention de Genève de1958

(mer territorialeet zone contiguë)ni la Convention de 1982
sur le nouveau droit de la mer ne comportent de disposition

interdisant de telles délimitations, tout.en indiquant dans
leurs articles respectifs sur la fermeture des baies

(article 7, Convention de Genève et article 10, Convention
de Montego Bay) qu'ils ne concernent que les baies dépendant

d'un seul Etat.

2. Le cas d'espèce

77. C'est néanmoins au regard des prémisses classiques
rappelées plushaut que le statut du Golfe de Fonseca aparu

si particulier, dans la mesure où, précisément ici, statut
juridique des eaux et régime de la navigation maritimene

correspondent pas pleinement aux règles classiqueL s. Baie
intéresse en effet à la fois plusieurs Etats, ce qui incite

à préserver en son sein la liberté de la navigation. Pour
autant, elleresté égalementmarquée par son appartenance

1 L. Bouchez, op. cit., p. 195 et suiv.aux eaux d'une baie historique, qui sont, comme chacun sait,

des eaux intérieures, donc en principe soustraites à
l'obligation de leur possesseur de respecter la liberté du

passage innocent1.

78. C'est ainsi dans un contexte apparamment paradoxal
qu'il convient de situer aussi la question de la

délimitation de seseaux.

- D'une part, en effet, ce statut d'eaux
intérieures, ramenantces espaces maritimes à un

régime à certains égards très proche de celui du
territoire terrestre,incitait les trois Etats à

définir surson étendue les limites de leurs zones
de juridiction respectives.C'est ce qui fut fait

en 1900 entre le Honduras et le Nicaragua, à
l'instar de ce à quoi ils ont aussi procédé à la

même époque sur le territoire terrestre2. C'est '
aussi ce qui fut tenté à plusieurs reprises, mais

jusqu'ici jamaisréussi, entre El Salvador et le
Honduras, et cet échec ne peut être dissocié de

celui qui affecte égalementla déterminationde la
frontière terrestre entre les deux pays,

particulièrement à l'embouchure de la rivière
~oascoran3. Il demeure que cettevolonté de

1 Mémoire du Honduras, vol. 11, chap. XIX,

p. 646-664, par. 17-52.

2 Sur l'accord de délimitation de 1900, voir mémoire
du Honduras, vol. II, chap. XIX, p.666 et suiv.,
par. 57-60.

3 -.id I p. 683 et suiv., par. 90-93. délimitation, manifestée tour à tour par chacun

des trois Etats riverains du golfe de Fonseca, y
compris par El Salvador quoi qu'il puisse en dire

aujourd'hui1, illustre bienleur conviction que
ces eaux ne sont pas communes mais partagées entre

trois souverainetésdistinctesz.

D'autre part, il a toujours été de l'intérêt des
trois riverains depuis l'indépendance,de pouvoir

circuler librementdans le Golfe, et d'accueillir
dans leurs ports respectifs les navires battant

pavillon des Etats tiers3. En toute rigueur, eu
égard à la qualité d'eaux intérieuresde ces eaux,

il ne s'agit pas alors pour le navire étrangerde
l'exercice d'un droit de passage innocent, mais

d'une obligation de déférer à la volonté de 1'Etat
côtier de sa destination; le navire tiers qui

vient du large pénétre dans ces eaux intérieures
parce qu'il se rend dans un port auquel il est

autorisé à accoster, cas de figure finalement
ordinaire dans toutes les eaux intérieures.Comme

le disait le délégué britanniqueà la conférence

1 ibid.

Rappelons encore une fois que, même si l'on se
place, à titre purement académique, dans l'hypothèse oùil
aurait convenu d'appliquer la sentence de 1917, la zone
déclarée communeet sous condominium par la Cour .eut été de
toute façon beaucoup plus restreinte que chacune des trois
zones sous juridiction nationale.

3 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIV, p. 660 et
suiv., par. 45-48. de Genève de 1958 sur le droit de la mer: "The
main purpose of any maritime voyagewas, (and

still is) after all, to arrive at the port of
destination1."

79. En pratique, notamment du fait de l'utilisation

des routes de navigation, ce passage des navires tiers dans
le Golfe pour se rendre à tel ou tel des ports qu'il abrite,

s'effectuant dans la tolérance réciproquedes riverains,
s'identifie spontanément à un libre passage ou passage

innocent, ce qui peut du reste expliquer que la
qualification d'"eaux territoriales", erronée d'un strict

point de vue juridique, n'ait pas paru telle aux
législateurs nationaux de chacun des deux pays ni mëme à la

Cour de Justice centre-américaine, quil'emploie également
dans sa sentence.

80. Au demeurant, il existe d'autrescas dans lesquels

les circonstances propres à certaines régions littorales
expliquent que les Etats directementconcernés considèrent
que la liberté de navigation peut coexister avec un statut

d'eaux intérieures2.On peut par exemple citeren ce sens le

1 UNCLOS 1, Off. Rec., p. 79.

2 Voir par exemple le constat dressé par Francis
Rigaldes, & Le statut du qolfe du Saint-Laurent endroit
internationalpublic, Ann. canadien de droit international
1985, p. 104; voir aussiM. El Baradei, The Eqyptian-Israeli
Peace Treaty and Access to the Gulf of Aqaba: a New Leqal
reqime,& American Journal of InternationalLaw, July 1982,
vol. 76. no 3.cas du détroit de Juan de Fuca, partagé entre le Canada et

les ~tats-unis1. A partir du momentoù il est entendu par
les Etats riverains d'une baie multinationale qu'ils

n'apporteronten principe pas d'entrave à la navigation, ce
qui correspond en fait à leur propre intérêt, il n'y a pas

d'objection à ce qu'ils délimitentles eaux sur lesquelles
s'exercent leur souveraineté respective2. Ceci est

particulièrement vrai lorsque .ces Etats entretiennent de
très longue date avec la baie considérée un rapport

d'intimité suffisant pour la conserver effectivementsous
leur contrôle. Ainsi que l'observait CharlesCh. Hyde:

1 Voir L. Bouchez,op. cit., p. 152-153.

2 Moins encore aujourd'hui que par le passé, en
raison de la diversification des usages de la mer, on ne
peut sous estimer la différence existant entre une baie
historique multinationale, même ouverte à la navigation des
tiers, et une baie multinationaleordinaire.
En effet, le fait qu'en toute rigueur, mêmesi elle est en
fait très largement admise, la navigation s'y trouve
subordonnée à la règlementation des riverains (puisque les
eaux historiques sont des eaux intérieures) permet à ces
derniers d'exercer la plénitude de leurs compétences
territorialessur.les eaux du golfe; et ceci ne concerne pas
seulement le régime de la navigation mais aussi la
règlementation de tous les autres usages de l'espace
maritime concerné.
Cependant, du fait même que chacun des riverains de la baie
considérée exerce pleinement ses compétences, il devient
d'autant plus nécessaire de répartir et de délimiter
clairement leurs aires respectives d'application, afin
d'éviter les chevauchements et les concurrences
d'administration, qui entraînent inévitablement des
con£lits. "When the geographical relationshipof a bay to
the adjacent or enveloping land is such that the
sovereign of the latter, if a single State, might
not unlawfully claim the waters as part of its
territory, it is not apparent why a like privilege
should be denied to two or more States to which
such land belongs, at least if they are so agreed,
and accept as between themselves adivision of the
waters concerned. No requirement of international
law as such depriveç them of that privilege,
notwithstanding the deposition of some who would
leave little room forits application1."

81. Enfin, on peut illustrer concrètement,par les

données de fait caractérisant la présenteaffaire, la
constatation que la délimitation, renduepar ailleurs ici

indispensable à l'organisation d'une coopération dynamique
fondée sur la communauté d'intérêts, n'apporte aucune

entrave à la navigation.

1 C. Hyde, International Law Chiefly As Interpreted

and Applied by the United States, 2d ed., 1945, p. 475. On
constate que, dans ce texte, Ch. Hyde évoque expressémentla
possibilité d'une délimitation internationale intervenant
entre les riverainsde la baie concernée, passage que le
contre-mémoire d'ElSalvador, qui se réfère aussi à Hyde,
s'est bien entendu empresséde passer sous silence. (Voir
contre-mémoire d!El Salvador, chap. 7.10, p. 217; voir aussi
Ph. Jessup, The Law. of Territorial Waters and Maritime
Jurisdiction, 1927, p. 476 ainsi que le projet de la Harvard
Law School, Research in InternationalLaw, "Territorial
Waters", A.J.I.L., 1929, vol. 29, special supplement,
p. 274, cité également par le contre-mémoire d'El Salvador,
chap. 7.11, p. 217), comme si la qualification d'eaux
intérieures du Golfe de Fonseca était en cause entre les
deux Parties au présent litige, alors que chacun sait que ce
n'est pas le cas. (Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,
p. 659, par. 40 et suiv.). Si l'on compare en effet la carte C.3 et la carte C.5
reproduites respectivement aux pages 678 et 704 du mémoire

du Honduras, on constatera sans peine que les routes de
navigation existantes restent parfaitementcompatibles avec

la délimitation de chacune des zones de juridiction
nationale à l'intérieur du Golfe. Les unes et les autres se

trouvent en effet dotées d'au moins une voie desservant les
ports de chacun des Etats riverains, ce qui facilite encore
les communications avecla pleine mer, sans que le statut de

ces eaux comme eaux intérieures pose par ailleurs de
difficultés concrètes. On le voit, la délimitation

définitive et complète des zones de juridictionnationale à
l'intérieur du Golfe, déjà presque totalement accomplie

entre le Honduras et le Nicaragua, n'apporterait de toute
façon aucune entrave à la navigation.

P. CONCLUSION GENERALEDE LA SECTION

82. Au terme de cette analyse détailléedes thèses

adverses concernant le statut juridique duGolfe de Fonseca,
cinq conclusions fondamentalessont à retenir:

1) En premier lieu:

a) le Golfe de Fonseca est une baie historique

trinationale. S'agissant d'une baie historique,
ses eaux sontdes eaux intérieures.

b) ces eaux intérieuressont réparties en fait et en

droit entre chacun des riverains.Chacun y possède
en effet une zone de juridiction pleine et

exclusive. Celle-ci, il convient de bien
l'observer, n'est pas limitée en pratique à une zone d'une lieue marine (ou trois milles

nautiques) de large, contrairement à ce
qu'affirmait la sentence de 1917. En effet, des

1900, l'accord de délimitation maritime à
l'intérieur du Golfe conclu entre le Honduraset

le Nicaragua, tracé très simplement selon la
néthode de l'équidistance à partir des côtes

respectives des deux Parties, laisse à chacune
d'entre elles des espaces d'eaux intérieures

nationales dont la largeur excède très largement
en certains endroits la largeur de trois milles

nautiques, pour dépasser même celle de sept
milles, du côté nicaraguayen, dans la région

située au large de Monypenny Point.

2) Il résulte alors de cette contiguité des trois
zones de juridiction nationale à l'intérieurd'un golfe à la

superficie restreinteque la délimitationde chacune d'entre
elles par rapport à celle du voisin est indispensable,pour

éviter les chevauchements sinoninévitablesdes unes sur les
autres. Déjà presque totalement effectuée entre le Honduras

et le Nicaragua, elle reste à opérer entre le Honduras et El
Salvador.

3) Cette tâche ne peut ëtre accomplie que par la Cour

elle-même, puisquela voie de la négociation n'a jamais pu,
depuis lgindépendance.desdeux pays, aboutir à un résultatl.

1 Cette longue expérience infructueuse,
particulièrementnette dans le cadre de la mise en Œuvre du
Traité de Paix de 1980 (négociationsmenées au sein de la
Commission mixte des limites entre 1980et 1985) manifeste,
bien qu'on ne peut pas attendre autre chose de l'arrêt de la
Chambre, qu'une délimitationprécise des zones respectives
des deux Parties à l'intérieurdu golfe doit intervenir. La nécessité de cette délimitationest avérée par un

faisceau d'éléments, dont en particulier l'existence depuis
le début du siècle d'une ligne divisoiretracée par voie

d'accord entre le Honduras et le Nicaragua. On aura
d'ailleurs remarqué qu'El Salvador est très embarassé par

l'effectivité de cette délimitationhonduro-nicaraguayenne,
dont il ne parle jamais dans ses écritures, parce qu'en

pratique, il en a admis la validité et l'opposabilité à son
égard.

La recrudescence des incidents survenus ces dernières

années entre les éléments des forces navales d'El Salvador
et du Honduras à l'intérieurde la Baie, jointe à l'attitude

des pêcheurs salvadoriens, beaucoupmoins soucieux que par
le passé de demander les autorisations de pêche

indispensables à leurs activités dans leseaux honduriennes,
confirme l'urgence d'une délimitation judiciairecomplète,

désormais seul moyen, après l'échec des négociations
bilatérales, de mettre un terme aux difficultés constante

entre les deux pays.

4) La délimitation des eaux à l'intérieur duGolfe
est indispensable au développement de la coopération des

riverains, impliquéepar la communauté d'intérêts qui les
liel. On doit à cet égard rappeler que plusieursfois déjà,

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,
p. 687-689, par. 97-103; contre-mémoire du Honduras,
vol. II, chap. XIII, p. 681-688, par. 18-26.par le passé, des projets de développementmis à l'étude en

ce qui concerneen particulier l'exploitation des ressources
de pëche, ont du étre ajournés faute de détermination
précise de la délimitation des zones de juridiction

respectivesdes riverains etdu régime juridiquedes eauxl.

A ce jour, la communauté d'intérëtsentre les trois

Etats côtiers, qui résulte avanttout des données objectives
de la géographie physique et humaine, a pour l'essentiel une

valeur conservatoire,il est vrai tout à fait fondamentale:
celle de fournir une base légale à l'obligationde garantir
le respect d'une rigoureuse égalité de droits entre le

Honduras, El Salvador et le Nicaragua. Mais, faute de
délimitation des zones respectives de juridiction du

Honduras et d'El Salvador, les riverains n'ont pu
concrétiser et développer les virtualités de la coopération

qu'impliquepourtant logiquementla communautéd1intérëts2.

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe VIII.3, p. 471, le rapport de mission effectué en
juillet 1968 par l'Institut d'investigations Stanford, Men10
Park, Californie,' sur le développement du sud du Honduras,
et l'étude réalisée en 1979 par le ministère des ressources
naturelles plus spécialement sur les possibilités de
développement de la pêche, en relation avec des projets
régionaux de la FA0 et du PNUD. L'un et l'autre concluent
qu'un préalable à tout programme de développement estla
détermination précise du statut des eaux du golfe.

2 On rappellera lesefforts faitsen ce sens par la
délégation hondurienne lors de la session de juin 1985, au
cours de laquelle elleprésenta à la Partie salvadorienneun
projet complet d'accordde coopérationdans divers domaines,
dont on a cité le contenu dans le mémoire du Honduras,
vol. 11, chap. XIX, p. 688, par. 100. La seule traduction concrètede cette communauté est

restée celle de la tolérance réciproque de la libre
navigation des navires des riverains et de ceux des Etats
tiers à destination de leurs ports respectifs à l'intérieur

du ~olfel.

5) Cette délimitation deseaux à l'intérieur de la
baie trinationale constituée par le Golfe de Fonseca n'est

par ailleurs interditepar aucune regle générale de droit de
la mer. Elle ne portera notamment en l'occurence aucune

entrave à la navigation,mëme si celle-ci, comme c'est déjà
le cas à 1'heur.eactuelle, demeure davantage conditionnée

par la réglementationde 1'Etat du port de destination,du
fait de la qualité d'eaux intérieures des eaux du ~olfe~.

Section IV. Le droit du Honduras à une délimitation

équitabledes eaux de l'Océan Pacifiqueen
dehors du Golfe

1. La Cour a-t-ellele pouvoir de délimitation
en dehors du Golfe ?

83. Au chapitre VI11 du contre-mémoire d'El Salvador

une réponse négative continue à être donnée à cette
question. Elleest basée sur cinq arguments différents.

1 W., p. 1062-1063, par. 46-47 et mémoire du
Honduras,vol. II, chap. XIX, p. 659 et suiv., par. 40-52.

2 Mémoire du Honduras, m. L'arqument que le sens littéral de la Question II

posée A la Cour exclut sa compétence pour la
délimitation

84. Cet argument se rapporte à l'intention véritable

des Parties lorsqu'elles ont utilisé la phrase "déterminer
le statut juridique...". La raison pour cette phrase, qui,

on l'admettraest obscure, n'est pas difficile à trouver. 11
est bien connu qu'El Salvador étaitattaché au concept d'un

condominium sur les eaux à l'intérieur du Golfe. En effet,
l'article 84 de la Constitution d'El salvadorl consacre ce

concept ("the common waters of the Gulf of Fonseca"). La
Question II du Compromis a été conçue pour couvrir, d'une

manière compréhensive,la totalité de la frontière maritime
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Golfe. Par

conséquent, El Salvador avait besoin d'un projet. dequestion
qui n'excluait pas, par ses propres termes, la possibilité

d'un condominium dans le Golfe. En contraste, le Honduras
rejeta l'idée d'un condominium dans le Golfe et poursu.ivit

une délimitation tant à l'intérieur qu'a l'extérieur du
Golfe.

Comme le contre-mémoire du Honduras l'a montré en

détail2, la solution de ce problème a été trouvée par
l'adoption, pour les besoins de la Question II, de la

formule qui avait été utilisée dans le Traité de Paix pour
définir l'acte de mission de la Commission mixte des

limites, à savoir:

1 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe 11.3.12, p. 50.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIII,
p. 675-681 et chap. XI, p. 719-725. "4) Déterminer le régime juridiquedes iles et des
espaces maritimes".

La raison pour laquelle cette formuleétait satisfaisante
pour El Salvador était qu'elle ne portait pas préjudice à sa

position concernant un condominium sur les eaux à
l'intérieur du Golfe. Et, la raison pour laquelle cette

formule était satisfaisantepour le Honduras était que, tant
avant qu'après 1980, El Salvador avait discuté de la

délimitation sous cette formule tant à 1'intérieur qu'à
l'extérieur du Golfe avec le Honduras. En vérité, les

Parties n'ont pas atteint un accord sur une ligne. Mais il
semble qu'elles se soient mises d'accord que la forme des

mots utilisés n'empëchait pas le Honduras de plaider pour
une délimitation, et que le point de savoir s'il devait y

avoir une délimitation faisait partidee leur différend.

En conséquence, il est faux de prétendre que les mots
utilisés dans la Question II ont un sens d'accord Parties

excluant 1a délimitation. Les procès-verbaux des
négociationsmontrent exactement le contraire. En effet, le
Honduras a maintenudans son contre-mémoirequ'il y a une

violation de bonne foi de la part d'El Salvador lorsque
celui-cimaintientmaintenant le contrairel.

Q L'arqument qu'il n'y a pas eu de néqociations

entre les Partiessur la délimitation2

85. Cet argument peut seulement ëtre basé sur
l'ignorancedes procès-verbaux.Il est tout à fait clair que

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.10,
p. 256-257.les Parties négocient la délimitation en dehors du Golfe
depuis 197s1. Le fait qu'El Salvador était prêt à considérer

seulement une zone conjointe de coopérationen dehors du
Golfe ne signifie pas que les Parties n'ont pas négociésur

la délimitation: il signifie seulement qu'elles ne se sont
pas mises d'accord.

a L'arqument qu'il est inapproprié pour le Honduras
de se baser sur les propositions d'El Salvador

durant les néqociations2

86. Cet argument est clairement incompatible avec
l'argumentprécédent. Si unedélimitation en dehors du Golfe

n'avait jamais fait l'objet de négociations, ilne pourrait
y avoir guère de propositions d'El Salvadorque le Honduras

pourrait invoquer.

En fait, cependant,le Honduras n'invoque aucune de ces
propositions,dans le sens que le Honduras ne cherche pas à

"lier" El Salvador par une quelconque proposition
spécifique. Il doit être évident à la Chambre de la Cour que

l'offre d'une zone conjointe de coopération n'est pas
acceptablepour le Honduras et n'est pas le but poursuivi

1 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XV,
p. 719-726, par. 13-20. Egalement, bien sûr, les Parties ont
négocié au sujetd'une frontière danç le Golfe, voir mémoire
du Honduras, vol. II, chap. XIX, p. 687-689, par. 98-100.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.5,p. 255 et
chap. 8.41, p. 270-271.par le Honduras dans ce litige. Le but du Honduras est un

but parfaitement légitime. c'est-à-dire de montrer, par
référence aux négociations entreles Parties, quelleétait

leur intention en rédigeantla Question II du Compromis.

L'arqument que la Cour ne peut pas délimiter entre

le Honduras et El Salvador a cause de l'absence du
Nicaraqua de l'affaire1

87. Le seul court paragraphe dans lecontre-mémoire

d'El Salvador n'est pas une réponseà la méthodologie
avancée par le Honduras dans son mémoire2. En effet, il

semblerait presquequ'El Salvador n'a pas pris la peine de
lire le mémoire hondurien correctement.Le Honduras a
expressément accepté:

"comme prémisse,que toute délimitation entre~l
Salvador et le Honduras ne doit ni empiéter sur,
ni préjudicier, de quelquefaçon que ce soit, les
zones maritimes (ou les frontières de ces zones
appartenant soit au Guatemala soit au Nicaragua 4."

Pour cette raison, le Hondurasa soigneusement identifié en
dehors du Golfe une zone pertinente qui ne saurait être

considérée comme l'objet de réclamations soit par le
Guatemala ou le Nicaragua, et la ligne proposée par le

Honduras ne saurait ëtre considérée commeempiétant sur des
zones faisant l'objet d'unequelconque réclamationpar l'un

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap.8.8, p. 256

2 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX, p. 703,
par. 134-135,chap. XX, p. 709-739,par. 1-40.

3 ibid p.720rpar.15.
Iou l'autre de ces deux Etats. De la même manière, même à

l'intérieur du Golfe la méthodologie suggérée par le
Honduras pr0tég.eentièrement les droits du ~icaragual.

.Enconséquence, il est tout à fait insuffisant pour El

Salvador d'affirmer tout simplement que, en raison du
préjudice des intérêts nicaraguayens, la Cour doit

s'abstenir de toute délimitation. Il appartient à El
Salvador de montrer comment, précisément, la méthodologie

avancée par le Honduras est défectueuse en ce sens qu'elle
entraînerait inévitablementla Chambre de la Cour à rendre

un jugement préjudiciable aux intérêts des Etats tiers. Pour
le moment, El Salvador n'a pas tenté de satisfaire la charge

de cette preuve.

9 L'arqument que le Honduras s'appuie sur une facade
côtière, iqnorant l'"écran d'îles* formé par les

îles salvadoriennes de Conchaquita, Meanquera et
Meanquerita (et les ~arallonesl~

88. Le Honduras soumet respectueusement que cet

argument apparaît n'avoir rien à voir avec la compétence de
la Cour. Il s'agit plutôt d'un argument sur le fond de la

prétention hondurienne selon laquelle,en raison de ses
cotes dans le Golfe, le Honduras a droit à une zone maritime

tantà l'intérieurqu'à l'extérieurdu Golfe.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XIX,
p. 697-6510,par. 120-125 et p. 704-7013, par. 137-145.

2 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.9, p. 256 et

chap. 8.62, p. 282. Mëme sur cette base l'argument est défectueux.
Premièrement, il suppose ce qu'El Salvador a à prouver

(c'est-à-direque Meanguera et Meanguerita appartiennent au
El Salvador). Deuxièmement, il est incompatible avec

l'argument principal d'ElSalvador que les eaux du Golfe
font l'objet d'un condominium. Car cet argument doit

signifier que le Honduras a des droits égaux avec El
Salvador dans les eauxdu Golfe se trouvant à l'Ouest (ou au

large) de ces iles. 1.1 ne saurait ëtre question d'îles

formant "écran"de telle sorte que les eaux du Golfe situées
à l'Ouest des îles soient soumises exclusivement à la

souveraineté soit, d'El Salvador, soit du Nicaragua, car
ceci serait incompatibleavec l'argument d'El Salvador que

les eaux sont soumises à condominium. Troisièmement,
l'argument est incompatible avec la pratique des Etats et

avec la jurisprudenceétablie. Par exemple, dans 1' affaire
du plateau continental entre le Royaume-Uni et la France de

1977l, le Tribunal Arbitral a expressémentrejeté l'argument
que les îles anglo-normandes formaient un "écran" de telle

sorte à prévenir un quelconque droit de la France à des
zones de plateau continentalau Nord (et au large) de ces

îles.

89. Si aucun de ces arguments n'a aucunmérite réel,
il reste à'voir quelle position El Salvador a adopté en ce

qui concerne la fonction de la Cour relativementaux eaux en
dehors du Golfe. Essentiellement El Salvador "is prepared to

accept that the question of entitlementthus raised by

1 L'affaire de la délimitation du plateau
continental (Royaume-Uni/France), 1a Documentation
française,Paris 1977, p. 104-105,par. 100.Honduras shouldbe decided by the court1." Ce changement de

position n'est pas sans intérêt. Il semble qu'El Salvador a
été forcé de reconnaitre la futilité de sa position

précédente selon laquelle une décision sur le "statut" des
eaux était demandée. La saisine de la Cour Internationale de
Justice n'est guère nécessaire pour qu'il soit déclare

qu'au-delà de la ligne de fermeture du Golfe, les eaux
étaient successivement la mer territoriale,la zone contiguë

et la zone économique exclusive. Mais, si El Salvador
concède maintenantque la Cour peut décider du titre, ceci

doit impliquer une déclaration sur les limites de ce titre.
Une déclaration de titre sans détermination de la zone où

existe le titre - définie par une frontièrede telle sorte à
délimiter la zone appartenant à chaque Partie - serait un

exercice dépourvu de signification pour la Chambre de la
Cour. Certainement, ceci ne contribuerait en rien à la

solution du différend entre les Parties. En interprétant la
Question II, tel que rédigée dans le Compromis, la Cour est

autorisée à adopter l'interprétation qui est la plus
effective pour résoudre le différend entre les parties2. En

effet, à la lumière de l'engagement des Parties, dans le
Traité Général de Paix, de régler "les différends de tout

genre", il est impératif que la Chambre de la Cour adopte
l'interprétationde la Question II qui est la mieux adaptée

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap.8.7, p. 255.

2 Pour les précédents en faveur de cette règle
d'interprétation, voir le contre-mémoire du Honduras,
vol. II, chap. XIII, p. 670-671,par. 4-5.pour résoudre la totalité du différend entre les Parties, ce

qui implique la délimitation, et non pas seulement une
déclarationsur le titre.

2. El Salvadora-t-il "accepténla réclamation hondurienne

à un plateau continental dansl'Oc6an Pacifique ?

90. Juridiquement, qu'El Salvador ait accepté ou non
la réclamation hondurienne est impertinent.C'est parce que,

en droit, tous les droits du Honduras au plateau continental
dans l'océan Pacifique existent ab initioet de jure1: ils

ne dépendent pas d'une quelconque proclamation ou
revendication expressedu ond dur ets^encore moins de

l'"acceptationwd'un Etat voisin.

En conséquence la déclaration du Dr. Pohl à la

Conférence du Droit de la Mer, en juillet 1974, pour le
compte d'El Salvador, ne saurait priver le Honduras de ses

droits3, et le fait pour El Salvador de critiquer la
réclamation hondurienne comme étant une "paperassertion",

Affaires du plateau continental de la Mer du Nord,
C.I.J. Recueil 1969, par. 19: "Il y a là un droit inhérent.
Point n'est besoin pour l'exercer de suivre un processus
juridique particulier ni d'accomplir des actes juridiques
spéciaux."

2 Voir aussi article 2 (3) de la Convention de 1958
et article 77 (3) de la Conventionde 1982.

3 Cette déclarationest déjh traitée dans le contre-
mémoire du Honduras, vol. II, chap. XV, p. 718, par. 12.non activement poursuivie, est juridiquement fausse et
impertinentel.

91. Le Honduras a indiqué dans son mémoire2 que,
simplement pour établir la vérité historique, il avait

réclamé un plateau continental dans l'océan Pacifique dès
1950, par le décret no 102. Comme il a déjà été expliqué,

l'existence ou l'absence d'une réclamation formelle n'est
pas exigée par le droit, de telie sorte que le point n'a pas
une grande importance. Néanmoins, les commentaires d'El

Salvador sur la législation honduriennepertinente sont si
extraordinaires,et si mal conçus, qu'on aurait tort de leur

permettre de rester non corrigés.

La conclusion à laquelle El Salvador arrive, sur la
base de sa lecturedes décrets honduriens no 102 et 103, est

que "it is quite evident that the name 'Pacific' can only
have (been used ?) to describe the islands which Honduras
claims to have within the Gulf of ~onseca~. ..' Il est clair

qu'il y a une erreur dans cette phrase puisqu'ellen'a aucun
verbe, et son apparent manque de sens peut donc être dû à un

manque de soin dans la reproduction.Mais il est nécessaire
de rappeler à la Cour que les deux décrets font référence à

un "continentaland insular shelf... in both the Atlantic

1 C.I.J. Recueil 1969, par. 19: " ..ce droit est
indépendantde son exercice effectif."

2 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XX, p. 714,
par. 6.

3 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.23,
p. 262-263.and Pacific Oceans" (soulignépar nous). Que le mot "océan'
puisse décrire des îles est incompréhensible. Pourle reste,

le commentaire d'El Salvador sur ces deux décrets est
simplement une affirmation qu'une quelconque réclamation
hondurienne à un plateau continentaldans l'océan Pacifique

dépendrait du titre du Honduras à des iles dans le Golfe de
Fonseca et ne pourrait pas avoir pour origine le territoire

continental du ~ondurasl. Ceci est juridiquementfaux, comme
le Honduras l'a montré en détaildans son mémoire2.

En ce qui concerne le décret no 25 du 17 janvier 19513,

qu'El Salvador trouve pertinentdans le sens que l'article 3
du dispositif s'applique seulement à l'océan ~tlanti~ue~,El

Salvador semble ne pas avoir remarqué que cet article
concerne la protection et le contrôle de la chasse et de la

pêche. Le Honduras n'avait aucun besoin pratique de
promulguer une zone de protection de la pëche de 200 milles

dans l'océan Pacifiqueen 1951.

1 Contre-mémoired'El Salvador, chap. 8.24, p. 263.
L'argument supplémentaire salvadorien selon lequelle
Honduras n'a pas d'île dans l'océan PaciEique (et par
conséquent n'a pas de prétention à un plateau mëme sous sa
propre législation) est également erroné. L'article 1 du
Traité entre l'Espagne et le Honduras du 15 mars 1866
dispose: "Sa Majesté Catholique renonce... à tout le
territoire... (limité) et au Sud par la 'ensenada' de
Conchagua dans le Pacifique et les iles adjacentes à ses
côtes dans les deux océans".

2 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XX,
p. 723-729, par. 18-24.

Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexe II.2.2., p. 37.
4 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 8.25,p. 263. 92. En fait, les tentativesd'El Salvador de nier que

le Honduras a le statut d'un Etat côtier vis-à-visde
l'océan Pacifique vont directement à l'encontre, non
seulement du bon sens, mais d'un long antécédent

historique1. En effet, dans l'article 1 de la Convention des
limites, signée à San Miguel par El Salvador et le Honduras

le 10 avril 1984, il est stipulé que "La frontière
maritime... commence au ~acifique2.. ." Dans la sentence du

Roi d'Espagne de 1906, le préambule introductif rappellele
fait que "La province du Honduras a été forméeen 1791...

constituant ainsi une région qui confinait au Sud-Ouest et à
l'Ouest avec l'océan pacifique3...". Dans les constitutions
honduriennes, et ce d'une manière constante depuis 1839, le

Honduras s'est décrit lui-même comme un riverain de l'océan
~acifique4.

1 Pour la découverte de la côte Pacifique du
Honduras en 1513, voir le mémoire du Honduras, vol. 1,
chap. II, p. 8-9, par. 3. L'affirmation de juridiction fut
faite en 1525 (W., p. 11-13, par. 6-8) et en 1531 le
Honduras demanda au ConseilSuprëme des Indes de définir ses
frontières comme touchant les deux Océans (W., p. 11,
par. 7). Dans les années 1530-1536le Gouverneur du Honduras
prévoyait une route liant les deux océans (W., p. 16,
par. 8). En 1574, les iles du Golfe furent soumises à la
juridiction ecc~ésiastique de 1'Evêché de Comayagua ou du
Honduras (ibid., p. 23, par. 14). Les négociations entre le
Honduras et El Salvador en 1884, conduisant à la Convention
Cdes eaux du Pacifique"e(m., à p. 509, par. 23).me... partant

2 Mémoire du, Honduras, Annexes, vol. 1,

Annexe 111.1.54, p. 179.

3 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XII,
p. 652, par. 15.

4 Mémoire du Honduras, Annexes, vol. 1,
Annexes 11.1.3-11.3.12.p. 20-50. 3. La position salvadorienne surla délimitation telle
que révélée dans son contre-mémoire

93. El Salvador refuse d'être "entrainé' dans une

discussion sur la délimitation, mais est prët à offrir
quelques argumentssur le titre. Il fait un certain nombre

d'observationssur le titre qui méritentquelques réponses.

L'observation que les droits de naviqation

n'enqendrent pas des droits à un plateau
continentalou à une zone économique exclusive

94. Cette observation, développée aux chapitres 8.30

et 8.31 est entièrement correcte maisest basée sur une
mécompréhension de l'argument du Honduras. Le 'Hondurasne

prétend pas que les droits de navigation engendrentdes
droits à un plateau continentalou à une zone économique

exclusive. L'argument hondurienest que, alors que ses
droits d'accès à l'océan Pacifique ont été

traditionnellement reconnus et alors que traditionnellement
la manifestation primaire de ce droit d'accès étaitle droit

de navigation, il n'est pas acceptable au Honduras (ou en
droit) de confiner les droits du Honduras en tant qu'Etat

côtier à une simple liberté de navigation. En résumé, le
Honduras réclameun droit à une zone économique exclusive

comme de droit, en tant qu'Etat côtier sur la basede la
façade côtière honduriennefaisant face à l'océan Pacifique,

et n'accepte pas qu'il n'a droit qu'à la liberté de
navigation. L'observation que le Honduras n'est pas un Etat

côtier sur l'océanPacifique puisqu'il n'a pas de
"facade" côtière sur l'Océan Pacifique étant

bloqué par l'"écrann des îles de Conchaquita,
Meanquera, Meanquerita et les ~arallones~

95. Cet argument a déjà été rejeté ci-dessus2 pour

autant qu'il s'appuie sur la notion que ces îles génèrent .
leurs propres zones maritimes se projetant vers l'Ouest tant

à l'intérieur qu'en dehors du Golfe. Cependant, il est
nécessaire d'ajouter quelque chose en ce qui' concerne la

manière dont El Salvador traite la jurisprudence invoquée
par le Honduras.

Il sera rappelé que, dans son mémoire3, le Honduras a

invoqué un certain nombre de décisions arbitrales ou
judiciaires pour montrer que les droits à un plateau

continental ou à d'autres zones maritimes n'étaient pas
nécessairement généréspar la côte la plus proche et que les

côtes "au fond" d'un golfe ou d'une baie pouvaient générer
une prétention maritime à des zones en dehorsdu golfe ou de

la baie mëme si des côtes plus proches existent à
l'embouchuredu Golfe ou de la Baie.

1 Contre-mémoire d'ElSalvador, chap. 8.9, p. 256 et
chap. 8.62, p. 282.

2 m., p. 1102-1105,par. 88-89.

3 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XX,
p. 723-729. Comme on pouvait s'y attendre, le contre-mémoire d'~l
Salvador trouve que ces affaires Sont impertinentes. Des

affaires du plateau continental de la Mer du Nord, ~l
Salvador dit qu'il n'y avait pas d'iles et que l'embouchure

de la baie était plus large1.Ceci est parfaitement vrai.
Mais quelle est la pertinence de cette remarque ? Comme on

l'a vu, l'existenced'îles à l'intérieur du Golfe dans la
présente affaire n'a aucuneinfluencesur la délimitationen

dehors du Golfe, et la thèse d'El Salvador ne dépend pas en
fait de l'argument de l'"écran d'iles". En ce qui concerne

le fait que la baie est plus large, on pourrait évidemment
prétendre que plus la baie est étroite (comme dans cette
affaire), plusl'inéquité est grande que de se baser sur la

proximité ou l'équidistance. Et c'est le rejet de
l'équidistanceou de la proximité dans cette affairequi a

constitué le point essentiel de la décision, car, quelque
soit la taille de la baie, les côtes danoises et

hollandaises étaient plus proches des zonesen dispute que
les côtes allemandes.

El Salvador rejette l'affaire du plateau .continental

entre le Royaume Uni et la France sur la base qu'il n'y a
aucune comparaison parceque, dans cette affaire,

"it is the general configuration of the
territories of El Salvador and Nicaragua, closing
in the Gulf of Fonseca, coupled with theIslands
of Cosiguina, Meanguera, Meanguerita and
Farallones, that screens the coast of Honduras
£rom the ~acific2."

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.68,
p. 285-286.

2 -bid,, chap. 8.69, p. 286-287.Ainsi, encore, on retrouve l'argument erronéde l'"écran
d'îles", tout à fait incompatibleavec la vraie thèse d'El

Salvador qui repose sur unemer territorialede 12 milles à
partir de Punta Amapala. Et, El Salvador ignore le point

essentiel qui est que la zone de plateau continental
attachée à la côte française et située au Nord des iles
anglo-normandesest bien plus proche de ces iles.

L' affaire du Golfe du Maine est aussi rejetée,

principalement sur la base que la côte américaine n'était
pas séparée de l'océan Atlantique mais s'étendaitautour du

Cap codl. Mais ceci ignore le point essentiel que, pour les
besoins du titre, la Chambre a inclu toute la côte des

Etats-Unis située au fond du Golfe. Et la Chambre a rejeté
lléquidi.stancebasée simplement sur les deux promontoiresdu

Cap Cod et de la Nouvelle Ecosse se faisantface.

En ce qui concerne l'affaire de la Guinée/Guinée-
Bissau, El Salvador a raison en décrivantles deux affaires
comme géographiquement très différentes. Mais c'est le

principe de droit énoncé par le ~ribunal~ sur lequel le
Honduras souhaiteattirer l'attention. Ce principe se réfère

en termes tout à fait générauxà l'inéquité inhérente de la
méthode de l'équidistance dans toutes lés situations dans

lesquelles un "middle country" est "enclaved". Le principe,
tel que formulé, est entièrement approprié dans la présente

situation.

1 u., chap. 8.70, p. 287-288.

et cité par El Salvador, m., chap. 8.71, p.
288-289. En conséquence,en traitant de ces affaires, cen'est
pas suffisant pour El Salvador d'indiquerles différences

géographiquespar rapport à la présente affaire.Il va plus
ou moins de soi qu'il n'y a pas deux affaires

géographiquement identiques. Cependant, le Honduras
considère que ces affaires illustrentdes principes de droit

qui sont tout à fait applicables à la présente affaire.

L'observation que le Honduras est un "Etat
qéographiquement désavantaqé" sans facade côtière

sur le pacifique1

96. El Salvador cite l'article 70 (2) de la Convention
de 1982 et suggère que la définition s'applique parfaitement

au Honduras. Il sera rappelé que cette définition est la
suivante:

"...Etats côtiers, y compris les Etats riverains
d'une mer fermée ou semi-fermée, que leur
situation géographique rend tributaire de
l'exploitation des ressources biologiques des
zones économiques exclusives d'autres Etats de la
sous-région ou région pour un approvisionnement
suffisant en poissons destiné à l'alimentationde
leur population ou d'une partie de leur
population, ainsi que des Etats côtiers qui ne
peuvent prétendre à une zone exclusivepropre."

Mais le fait est que, pendant toutela IIIe Conférence
sur le droit de la mer, le Honduras a été un membre du

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.33-8.34,

p. 267-268.groupe des Etats côtiers, n'a jamais été un membre du groupe

des "Etats géographiquement désavantagés" et n'a jamais
réclamé un tel statut.

Le Honduras n'a pas connaissance qu'une partie de sa

population est dépendante, pour son alimentation, de la
pêche dans la zone économique exclusive d'El Salvador. Plus
important, cette observation invite simplement à poser la

question. Le but d'El Salvador est évidemment de faire en
sorte que, au moins dans l'Océan Pacifique, le Honduras

n'ait pas de zone économique exclusive propre. Mais il
appartient à la Cour de décider si c'est le cas et, si ce

n'est pas le cas, de délimiter les zones respectives des
deux Parties. Cependant, la question n'est pas forclose

simplementpar la citation de l'article 70 (2).

La thèse apparente d'El Salvador

97. El Salvador déclare que la ligne de fermeture du
Golfe n'est pas une ligne de base, qu'il a une zone

exclusive de 3 milles à l'intérieur du ~olfel mais une mer
territorialede 12.milles en dehors du Golfe, que cette mer

territoriale est une projection vers le Sud à partir de la
côte d'El Salvador (et non pas à l'Ouest à partir de la

ligne de fermeture), qu'il a une frontière de la mer
territoriale communeavec le Nicaragua au point médiande la
ligne de fermeture basée sur l'équidistance, et que le

Honduras en conséquence n'a aucune part dans une quelconque
ligne de base commune représentéepar la ligne de 'fermeture.

1 m., chap. 7.1, p. 212.La thèse salvadorienne peut être représentée graphiquement,

comme ceci est montré sur la carte VIII.2 faisant face à
cette page.

Aux fins d'analyse, il peut être utile d'isoler

certains éléments de cettethèse.

i) Le caractèrede la ligne de fermeturedu Golfe

98. Il est évident pourquoi El Salvador cherche à nier
que cette lignede fermeture est une ligne de base. La thèse

du Honduras a toujoursété que la ligne de fermeture du
Golfe représente la division entre les eaux "historiques"ou

intérieures du Golfe et la mer territoriale s'étendantau-
delà, qu'en tant qu'Etat côtier dans le Golfe le Hondurasa

droit à une portion équitable de cette ligne de base1, et
qu'en conséquence, les zones maritimes du Honduras, mer

territoriale, plateau continental et zone économique, se
projettent à l'Ouest dans l'océanPacifique.

99. La thèse d'El Salvador est basée sur la négation
de la ligne de fermeture commeligne de base. Mais, comme il

a été noté dans le contre-mémoiredu EIonduras2,il y a une
inconsistance évidente dans l'argument salvadorien selon

lequel:

1 En effet, même sur la base de la thèse
salvadorienne que les eaux du Golfe relèvent d'un
condominium, le Honduras prétendrait qu'il a des droits
égaux sur les eaux situées le long de la ligne de fermeture.

2 Contre-mémoire du Honduras, vol. II, chap. XX,
p. 714, par. 6. - Les eaux du Golfe sont un condominium dans lequel
le Honduras a des droits égaux.

- Le Honduras n'a pas de droit aux eaux de la ligne

de fermeturedu Golfe.

- En conséquence, le Honduras n'a aucun droit à une
quelconque part de la ligne de base constituéepar

cette ligne de fermeture.

El Salvador cherche donc à échapper à cette
inconsistanceévidente en plaidant que la ligne de fermeture

n'est pas, en fait, une ligne de base. Pour appuyer ce
nouvel argument, El Salvador avance une série de

propositions.

100. Premièrement, El Salvador suggère que les lignes
de base sont définies exclusivement et d'une manière

exhaustivedans les articles5 à 13 de la Convention de 1982
et que ces articles n'incluent pas ce type de ligne de
fermeture1.Ceci est inexactcar les baies "historiques'ou

golfes ne sont pas inclus dans ces dispositions. En fait
l'article 10 (6) les exclut expressément. Maisle fait

d'être sui qeneris et doivent ëtre traitées cas par cas ne
signifie pas que la ligne.de fermetured'une baiehistorique

ou d'un golfe n'est pas une ligne de base.

1 Contre-mémoire d'El Salvador, chap. 8.36-8.37,
p. 269-270. 101. Deuxièmement, El Salvador prétend que le fait que
le Golfe est une baie historique et a une ligne de fermeture

ne signifie pas qu'il s'agit d'une ligne de base1. Mais
alors de quoi s'agit-il ? Si, en vérité, c'est une ligne

séparant les eaux intérieures du Golfe de la mer
territoriale situéeau-delà, quoi d'autre cela peut-il être
si ce n'est une ligne de base ? El Salvador omet d'indiquer

quelle catégorieou terme juridique s'applique à cette ligne
de fermeturequi ne serait pas une lignede base !

102. Troisièmement,El Salvador rejette le point de vue

du Honduras qu'El Salvador a dans le passé accepté la ligne
de fermeture commeune ligne de base et l'a traitée en tant

que telle. C'est ici que la proposition salvadorienne de mai
1985, telle qu'illustréepar la carte reproduite en face de

la page 684 du volume II du mémoire hondurien,prend toute
sa signification. Car elle montre, d'une manière

indiscutable,que la zone conjointe de coopérationmaritime
El Salvador/Honduras,proposée par El Salvador devait être

une zone de 200 milles projetée à partir de la liqne de
-ase. En d'autres termes,El Salvador utilisa la ligne de

fermeture comme une lignede base. Il sera notéaussi que la
zone se projetait à l'Ouest à partir de la ligne de
fermeture et non au Sud à partir de la côte d'El Salvador,

comme El Salvador le soutient maintenant dans sa thèse
devant la Cour. Cette thèse et la proposition de mai 1985

sont, évidemment,incompatibles.

1 -.id chap.8.42, p. 271. Il doit être ajouté qu'El Salvador cherche maintenant à

exclure toute prise enconsidérationde cette propositionde
mai 1985, ce qui n'est pas étonnant ! Il prétend que c'est

une preuve inadmissible car s'agissandt'une proposition
faite durant des négociations. Mais comme on l'a déjà

indiqué1, le Honduras ne cherche pas à utiliser cette
proposition afin d'y lier El Salvador comme une solution au
différend. Le Honduras s'y réfère simplement pourmontrer

qu'en 1985 El Salvador lui-même traitait la ligne de
fermeturecomme une ligne de base.

103. Quatrièmement, El Salvador accuse le Honduras de

confondre CO-propriétédes eaux avec des droits à une ligne
de base communez. 11 faut rappeler que la CO-propriété - la

thèse du condominium - est soutenue par El Salvador et non
par le Honduras. Ainsi, c'est au El Salvador d'expliquer

comment les eaux du Golfe peuvent être sous condominium
alors que l'embouchure du Golfe est sous souveraineté

nationale. Le Honduras dit tout simplement que les eaux du
Golfe sont des eaux intérieuressous un régime de communauté

d'intérêts (sauf pour une ceinture littorale de 3 milles).
Il s'ensuit en conséquence que le Honduras doit avoir

quelques droits ou intérêts juridiquesdans ces mêmes eaux
au point de fermeture du Golfe. Mais les droits du Honduras
a une zone maritime dansl'océan Pacifique ne résultent pas

de la communauté d'intérêts dans les eaux du Golfe, et le

1 ,,pra.,p.1100.

2 Contre-mémoired'El Salvador,chap. 8.46, p. 273.Honduras ne le prétend pas. Comme la méthodologie proposée

par le Honduras l'a très clairement démontré, les droits du
Honduras à une zone maritime proviennent des côtes

honduriennes.

ii) La contradictionavec la thése de l'"écrand'îles"

104. La thèse salvadorienne contient maintenant des
contradictions inhérentesque le Honduras peut seulement

identifiermais pas expliquer.

Comme il a été noté ci-dessus, El Salvador fait
beaucoup de l'argumentque le Honduras ne peut pas avoir une

"prolongation naturelle" ou une projection à partir de ses
côtes vers l'ouest dans l'océan Pacifique à cause de l'écran

des îles -Conchaguita, Meanguera, Meanguerita et
Farallones. Ceci implique que c'est la projection de ces
îles vers l'ouest dans l'océan Pacifique quigénére la zone

maritime en dehors du Golfe. Mais El Salvador prétend en
même temps que la zone maritime immédiatementen dehors du

Golfe est une mer territoriale partagée entre El Salvador et
le Nicaragua sur la base d'une projection Sud et Nord de

leurs côtes continentales.

Selon cette thèse, l'argument de l'"écran d'iles"
devient impertinent, carce qui bloque toute projectionde

la côte hondurienne dans l'Océan Pacifique, c'est le bloc
formé par les mers territoriales se chevauchant et se

projetant de Punta Amapala sur le côté salvadorien à Punta
Cosiguinasur le côté nicaraguayen. iii) La nouvelle prétention d'El Salvador à la

souveraineté sur les eaux au-delà de l'embouchure
du Golfe

105. Il est implicite dans la thèse d'El Salvador que

les eaux immédiatementen dehors du Golfe, et en dehors de

la limite traditionnellede 3 milles à partir de la côte,
sont maintenant les eaux territoriales soit d'El Salvador,

soit du Nicaragua. A l'origine, ellesfaisaient partie, bien
sûr, de la haute mer.

En fait, donc, El Salvador avance une nouvelle

réclamation à une mer territoriale de 12 milles, suppose que
le Nicaragua est du même avis, et en vertu de cette

réclamation se propose de refuser au Honduras tous droits à
la ligne de fermeture, à une quelconque zonemaritime dans

l'Océan Pacifique et même à l'accès à la Haute Mer comme un
droit (excepté en vertu du droit de passage innocent à

travers les eaux territoriales).Comme le contre-mémoiredu
lionduras1l'a expliqué, 1'extension des eaux territoriales

de 3 milles à 12 milles, faisant partie de l'évolutiondu
droit de la mer, était supposé ne pas violer ou entraver les

droits des autres Etats en ce qui concerne l'accès à la
haute mer ou à leur zone économique exclusive propre. Mais

El Salvador supposele contraire et affirme qu'en réclamant
12 milles maintenant, tous les droits du Honduras sont

éteints.

1 Mémoire du Honduras, vol. II, chap. XX,
p. 711-715. iv) La caractérisation erronée de la position du

Nicaragua

106. Il est regrettablequ'El Salvador fasseun certain
nombre de suppositions concernant les prétentions

nicaraguayennes quine sont ni nécessaires ni, semble-t-il,
exactes.

Il doit ëtre souligné, encore une fois, que la

méthodologie de la délimitation proposée par le Honduras
dans son mémoire rend inutile que des suppositions soient

Faites au sujet des prétentions nicaraguayennesmais en fait
laisse ces réclamations pour de futures négociations entre

le Honduras et le Nicaragua. Car les zones pertinentes
choisies par le Honduras excluent toutes zones sur
lesquelles on pourrait raisonnablement penser que le

Nicaragua auraitune prétention.

A l'opposé. El Salvador suppose que le Nicaragua
considère qu'il a une frontière maritime commune avec El

~a'lvador,tant au point de la division de la ligne de
fermeture a l'embouchure du Golfe que dans les eaux de

l'Océan Pacifiqueen dehors du Golfe.

Il apparaît qu'il n'y a aucune raison pour cette
supposition.Le Nicaragua a publié une nouvelle Constitution

en 1987l. Son article 10 définit le territoire nationaldans
les termes suivants:

Réplique du Honduras, Annexes, vol. 11
Annexe VIII.6, p. 480, La Gaceta, Diario Official,9 janvier
1987. "Le territoirenational est situé entre les océans
Atlantique et Pacifique et les Républiques du
Honduras et du Costa-Rica. Il comprend les iles et
les ilots adjacents, le sol et le sous-sol, la mer
territoriale, lesplateaux continentaux, les fonds
marins, l'espaceaérien et extra atmosphérique."

Par conséquent, il apparaît que le Nicaragua considère

que ses voisins, pour les besoins de la délimitation
maritime, sont le Honduras et le Costa Rica, tant dans

l'Océan Atlantique que dans l'Océan Pacifique. Il n'y a
aucune mention d'El Salvador. CONCLUSIONS

Au vu des faits et arquments exposés ci-dessus, le

Gouvernementde la République du Honduras prie la Cour de:

A. En ce qui concerne le différendfrontalierterrestre:

- dire et juger que le tracé de la frontière entre

El Salvador et le Honduras est constitué par la

ligne suivante dans les zones ou secteurs non
décrits à l'article 16 du Traité Général de Paix

du 30 octobre 1980:

1. Secteur de la frontière terrestre compris entre le
point appelé .El Trifinio, sommet du Cerro
Montecristo, et le sommet du Cerro del Zapotal:Du

sommet du Cerro Montec'risto (14O 25' 20" de
latitude Nord et 89' 21' 28" de longitude Ouest),

Tripoint entre le Honduras, El Salvador et le
Guatemala et en direction Sud-Est, jusqu'à la

source la plus septentrionale de la rivière San
Miguel Ingenio ou Taguilapa, (14O 24' 00" de

latitude Nord et 89" 20' 10" de longitude Ouest),
connu sous le nom de torrent de la Chicotera, d'où

l'on poursuit en aval par le milieu du lit de
ladite rivière jusqu'au gué du chemin qui vient de

Citala en direction de Metapan, (14O 20' 55" de
latitude Nord et 89' 19' 33" de longitude Ouest),
sur le site de Las Cruces. Du point précédent en

direction Est, en ligne droite jusqu'à la
confluence de la rivière Jupula avec la rivière

Lempa (14O 21' 06" de latitude Nord et 89O 13' 10" de longitude Ouest), ladite ligne passant par le

site El Cobre, et de cette confluence, en ligne
droite jusqu'à la cime du mont Zapotal

(14O 23' 26" de latitude Nord et 89O 14' 43" de
longitudeOuest).

2. Secteur de la frontière terrestre compris entre le

Rocher de Cayaguanca et la confluence du ruisseau
du Chiquita ou Oscura avec la rivière Sumpul. Du

Rocher de Cayaguanca (14O 21' 55''de latitude Nord
et 89O 10' 05" de longitude Ouest), en ligne

droite jusqu'à la confluence du torrent Chiquita
ou Oscura avec la rivière Sumpul (14O 20' 25" de

latitudeNord et 89O 04' 57" de longitudeOuest).

3. Secteur de la frontière terrestre compris entre la
borne de Pacacio et la borne dite Poza del Cajon.

De la borne Pacacio (14O 06' 28" de latitude Nord
et 88O 49' 20" de longitudeOuest), sur la rivière

du même nom, en ligne droite jusqu'à la confluence
du torrent La Puerta avec la rivière Gualcinga

(14O 06' 24" de latitude Nord et 88" 47' 04" de
longitude Ouest) et de là en aval de ladite

rivière, par le rni1,i.de~ son lit pour parvenir à
la borne Poza del Toro (14O 04' 14" de latitude

Nord et 88O 47' 00" de longitude Ouest), situé à
la confluence de la rivière Gualcinga avec la

rivière Sazalapa sur La Lagartera, de là en
suivant ladite rivi,èreen amont par le milieu de

son cours jusqu'à la borne de Poza de la
Golondrina (14O 06' 55" de latitude Nord et

8E0 44' 32" de longitude Ouest), de ce point, en
ligne droite, jusqu'à la borne La Canada, Guanacaste ou Platanar (14O 06' 04" de latitude
Nord et 88O 43' 52" de longitude Ouest), de cette

borne, en ligne droite, à la borne de El Portillo
du mont del Tambor (14O 04' 47" de latitude Nord

et 88O 44' 06" de longitude Ouest), également
connue sous le nom de Portillo de El Sapo; de

cette borne, en ligne droite, jusqu'à la borne
Guaupa (14O 04' 33" de latitude Nord et
88O 44' 40" de longitude Ouest), en passant par la

colline de El Sapo; de là, en ligne droite,
jusqu'à la cime de la Loma Redonda (14O 03" 46" de

latitude Nord et 88O 44' 35" de longitude Ouest);
de la Loma Redonda, en ligne droite, jusqu'à la

cime du mont de El Ocotillo ou Gualcimaca
(14O 03' 25" de latitude Nord et 88O 44' 22" de

longitude Ouest), en passant par le mont de El
Caracol. De la borne de El Ocotillo, en ligne

droite, jusqu'à la borne de la Barranca ou
Barranco Blanco (14O 02' 55" de latitude Nord et

88O 43' 27" de longitude Ouest); de là jusqu'au
mont de La Bolsa (14O 02' 05" de latitude Nord et

88O 42' 40' de longitudeOuest); et de ce lieu, en
ligne droite, jusqu'à la borne Poza del Cajon

(14O 01' 28" de latitude Nord et 88O 41' 10" de
longitude Ouest), sur la rivière Amati110 ou

Gualcuquin.

4. Secteur de la frontière terrestrecompris entre la
source du ruisseau La Orilla et la borne du

Malpaso de Similaton. De la source du torrent La
Orilla (13O 53' 50'' de latitude Nord et

88O 20' 30" de longitude Ouest), jusqu'au col de
El Jobo (13O 53' 40" de latitude Nord et88" 20' 25" de longitude Ouest), situéau pied du
mont appelé Volcancillo; de là jusqu'à la source

la plus méridionale du torrent Cueva Hedionda
(13" 53' 46" de latitude Nord et 88O 20' 00" de

longitude Ouest), en suivant soncours en aval par
le milieu de son lit jusqu'à la borne Champate

(13O 53' 20" de latitude Nord et 88" 19' 02" de
longitude Ouest), jusqu'à sa confluence avec la

rivière de Canas ou Santa Ana, de là en suivant le
chemin royal, en passant par les bornes Portillo

Blanco (13" 53' 40" de latitude Nord et
88O 18' 24" de longitude Ouest), Obrajito

(13O 53' 50" de latitude Nord et 88O 17' 28" de
longitude Ouest), Laguna Seca (13O 54' 03" de

latitude Nord et 88" 16' 46" de longitude Ouest),
Amati110 ou Las Tijeretas (13" 54' 28" de latitude

Nord et 88O 15' 42" de longitude Ouest),de là, en
direction Nord, jusqu'aupoint de confluence de la

rivière Las Canas avec le torrent Masire ou Las
Tijeretas (13O 55' 03" de latitude Nord et

88" 15' 45" de longitude Ouest); de là, en
direction Nord-Est, elle suit le cours de ce

torrent en amont, jusqu'au chemin de Torola à
Colomoncagua et, dans la même direction, jusqu'à

la source du mont La Cruz, Quecruz ou El Picacho
(13" 55' 59" de latitude Nord et 88" 13' 10" de

longitude Ouest); de là, à la borne MonteRedondo,
Esquinero ou Sirin (13" 56' 55" de latitude Nord

et 88" 13' 10" de longitude Ouest) et de là, à la
borne El Carrisal ou Soropay (13" 57' 41" de

latitude Nord et 88O 12' 52" de longitude Ouest);
de là, elle se dirige en direction Nord au mont du

Ocote ou colline de Guiriri (13°59'00" de latitude Nord et 8E0 12' 55" de longitude Ouest);
et de là, dans la même direction, à la borne du

Rincon, sur la rivière Negro, Quiaguara ouEl
Palmar (13' 59' 33" de latitude Nord et

88O 12' 59" de longitude Ouest); delà, en suivant
la riviere Negro en amont, jusqu'à la borne Las

Pilas à la source de cette même rivière
(14O 00' 00" de latitude Nord et 8E0 06' 30" de

longitude Ouest) et de ce lieu jusqu'au Malpaso de
Similaton (13O 59' 28" de latitude Nord et

8E0 04' 21" de longitudeOuest).

5. Secteur de la frontière terrestre compris entre la
confluence du Torola avec le ruisseau de

Manzupucagua et le gué d'Unire. De la confluence
du torrent Manzupucagua avec la rivière Torola

(13O 54' 00" de latitude Nord et 87" 54' 30" de
longitude Ouest), et en suivant la rivière Torola

en amont par le milieu de son lit jusqu'à sa
source connue sous le nom de torrent de La
Guacamaya (13O 53' 30" de latitude Nord et

87O 48' 22" de longitude Ouest); de ce point, en
ligne droite, jusqu'au col de la Guacamaya

(13O 53' 20" de latitude Nord et 87' 48' 19" de
longitude Ouest); de ce lieu, en ligne droite,

jusqu'à un point situé sur la rivière Unire
(13O 52' 37" de latitude Nord et 87' 47' 04" de

longitude Ouest), à proximité du lieu connu sous
le nom de El Coyolar, et de là, en suivant la

rivière Unire en aval, jusqu'au gué de Unire ou
Limon (13O 52' 07" de latitude Nord et 87' 46' 00"

de longitudeOuest), sur ladite rivière. 6. Secteur de la frontière terrestre compris entre

Los Amates et le Golfe de Fonseca. Du point
dénommé Los Amates, sur la rivière Goascoran

(13O 26' 28" de latitude Nord et 87O 43' 20" de
longitude Ouest), en suivant ladite rivière en

aval par le milieu de son lit, en par le
Rincon de Muruhuaca et Barrancones jusqu'à son

embouchure au Nord-Ouest des iles Ramaditas
(13O 24' 26" de latitude Nord et 87O 49' 05" de

longitudeOuest) dans la Baie de la Union.

- rejeter les Conclusions du Gouvernement d'El

Salvador y compris celles énoncées auparagraphe .2
du point 1 du contre-mémoire concernant la

délimitationde la Erontière terrestre.

B. En ce qui concerne ledifférend insulaire:

- déclarer que les seules iles de Meanquera et
Meanguerita sont en litige entre les Parties et

qu'elles relèvent de la souveraineté de la
République du Honduras.

C. En ce qui concerne ledifférend maritime:

1) - relativement a la zone sujette a délimitation à

l'intérieurdu golfe:

- dire et juger que la communauté d'intérêts

existant entre El Salvador et le Honduras du fait
de leur CO-riveraineté à l'intérieur d'une baie

historique refermée sur elle-même engendre entre
eux une parfaite égalité de droits, .qui, cependant, n'a jamais été transforméepar ces
mémes Etats en condominium;

- dire et juger, dès lors, que chacun des deux Etats

a le droit d'exercerses compétences à l'intérieur
de zones qu'il convient, entre El Salvador et le

Honduras, dedélimiter précisément;

- dire et juger que le tracé de la ligne de
délimitation des zones relevant. à l'intérieur du

golfe, des compétences respectives du Hondurae st
d'~l Salvador, en prenant en considération toutes

les circonstances pertinentes dans le souci
d'aboutir à une solution équitable est réalisé

comme suit:

la ligne équidistante des laisses de basse mer des
côtes cont'inentales etinsulaires des deux Etats,

partant, a l'intérieur de la baie de l'Union, de
l'embouchure du Rio Goascoran (13O 24' 26'' de

latitude nord et 87' 49' 05" de longitude ouest),
jusqu'au point situé à un mille marin de l'île

salvadorienne de Conchaguita et de l'île
honduriennede Meanguera, au sud de la première et

à l'ouest de la seconde;

à partir de ce point, la ligne joignant lespoints
situés à un mille marin del'ile'de Conchaguita,

au sud de cette ile jusqu'au point situé a trois
mille marins de la côte continentale

salvadorienne; à partir de ce point, la ligne joignant les points
situés à trois mille marins de la côte

salvadorienne jusqu'à sa rencontre avec la ligne
de fermeture du golfe; (Voir la carte illustrative

C.5).

- dire et juger. que la communauté d'intérêts
existant entre El Salvador et le Honduras comme

Etats riverains du golfe implique à leur profit un
droit égal à exercer leurs juridictionssur des

espaces maritimes situés au-delà de la ligne de
fermeture du golfe;

relativement à la zone à l'extérieurdu golfe:

- dire et juger que le tracé de la ligne de

délimitation qui, tenant compte de toutes les
circonstancespertinentes, aboutira à une solution

équitable est réalisée par une ligne d'azimut
constant égal à 215,5O, qui part de la ligne de

fermeture du golfe, en un point situé à trois
milles marins de la côte d'El Salvador, jusqu'à

200 milles de ce point, délimitant ainsila mer
territoriale, la zone économique exclusiveet le

plateau continental d'El Salvador et du Honduras
(Voir carte illustrative C.6 du mémoire du

Honduras).

Carlos RobertoREINA
Agent de la Républiquedu Honduras LISTE DES CARTES ILLUSTRATIVES

1. Tepangüisir
1.1 Titres républicains .................................. 160

1.2 Lignes de 1935 ....................................... 184

a) Propositionhondurienne
b) Propositionsalvadorienne
c) Ligne approuvéead referendumpar la
délégation d'El Salvador
1.3 Ligne ad referendumde 1935 sur la carte
de M. Birdeye ........................................ 196

1.4 Représentation graphiquedes prétentions
successivesd'El Salvador (lignes de 1881,
1884, 1935, 1972 et 1985) ............................ 172

II. Cayaguanca
11.1 Titres républicains .................................. 240

III. Sazalapa-LaVirtud

111.1 Titres républicains .................................. 352

IV. Naquaterique
IV.l Limites des juridictionsdes anciennes
provinces'd'aprèsles documents antérieurs
à 1821 (sous-secteurs de Colomoncaguaet
de Naquaterique) ..................................... 448

V. Dolores
V.l Titres républicains .................................. 676

V.2 Représentation graphique des limites des
terres de Dolores et des terres de Monteca,
montrant les limites de San Miguel de Sapigre ....... 674V.3 Représentation graphique deslimites des
terres de Monteca-et des terres de Cacaoterique,
montrant les limitesde San Miguel de Sapigre ........ 645

VI. Goascorin
VI.l Représentationgraphique du titre républicain
de l'ile de Calicanto ................................ 750

VII. Le différend insulaire
VII.1 ~a province-intendancedu Honduras en 1791 ........... 934

VIII. Le différend maritime

VIII.l Positions des incidents navals entre1982
et 1989 .............................................. 1080
VIII.2 La thèse d'El Salvador en relationavec sa
prétention maritime .................................. 1114 LISTE DES ANNEXES DOCUMENTAIRES

ANNEXE 1

ZONEDE TEPANGUISIR

Titre du terrain de Montecristo ou Penascal de 1886 ..........................
1
Titre du terrain d'El Malcotal de 1882 et croquis ...................6.....

Titre du terrain de Tontolar de 1845 et croquis ....................36...........

Titre du terrain de San Andres de Ocotepeque de 1914 ...........47......

Titre du terrain dlApomola de 1854 (Extraits) ......................1.....
Communication du Ministre des Relations Extérieures d'El
Salvador au Gouverneur du Département de Chalatenango
en datedu 19 avril 1881 ..........................................:...64......................

ANNEXE II
ZONEDELAMONTAGNEDECAYAGUANCA

Titre du terrain du volcan de Cayaguanca de 1834 et
croquis .....................................................
..........5.................

croquisu .....................................................
............................

Titre du terrain de Las Nubes de 1888 et croquis .........................

Communication no 4183 du Ministre de l'intérieur, de la
Justice, de la Santé et de la Bienfaisance
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras en date du 25 avril 1934 .............................................
Rapport no 1878 de l'Envoyé Extraordinaire et Ministre
Plénipotentiaire du Honduras a San Salvador au Ministre
des Relations Extérieures du Honduras en date du
4 septembre 1936 ...................................................1.
.................

Note no A.800.D.1278 du Ministre des Relations
Extérieures d'El Salvador a l'Envoyé Extraordinaire
en date due P22 août 1936ir............................................11........
...... ANNEXE III

ZONE DE SAZALAPA-LA VIRTUD

III1 Titre du terrain de Sazalapa de 1844 et croquis annexé à
l'arpentage fait en 1843 (Extraits) ............................................
111.2 Titre du terrain de San Pablo et El Copante de 1887 et
croquis annexé (Extraits) .............................................9.............

111.3 Communication du Ministère au Chef Intendant de
Gracias, en date du 9 juillet 1835, sur la vente des terrains
de Hacienda de San Juan Arcatao ou Lacatao .............................

Autorisation de l'Intendant de Hacienda, du Département
marchandises epar la route de Sazalapa 18.....................................

Autorisation de l'Intendant de Hacienda, du Département
de Gracias, en date du 30 août 1849, d'exporter des
marchandises par la route de Sazalapa .....................................

Communication du Ministre de la Guerre et de la Marine
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
d'une patrouille salvadorienneril à9Sazalapaop...........................2.....

Communication du Gouvernement Politique du
Département de Gracias au Ministre des Relations
Extérieures du Honduras, en date du 28 mars 1925, à
-propos des limites entre La Virtud et
Arcatao (A) à laquelle s'ajoute la plainte de D. José Maria
Cordoba (B) .....................................................
..................
Communication du Maire de La Virtud au Secrétariat de la
Commission d'Etudes territoriales du Honduras, en date
du 4 février 1955, à propos des limites territoriales du
hameau El Pepeto, de Gualcimaca ..................................3...........

Communication du Ministre de la Défense du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
territoirers hondurien, procommunede la pénderatioGualcimaca,e
municipalité de La Virtud, de cinq gardes nationaux
d'El Salvador .....................................................
...9.............. III.10 Communication du Ministre de l'Intérieur et de la Justice
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 19 octobre 1959, à propos de la
Gualcimaca, smunicipalitéitoide hLadurVirtud, codeune gardes
nationaux d'El Salvador, qui ont séquestré
quatre habitants de ce lieu........................................141........................

III.11 communication du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 18 juin 1967, informant de la
pénétration de gardes nationaux d'El Salvador sur la
commune de Gualcimaca ou ils amenèrent
le drapeau hondurien ..............................................142......
................
111.12
30 novembrelégat1938, sollicitant la détentionlpaprovisoireduen
vue de leur extradition future, de deux personnes résidant
à La Vecina, juridiction de La Virtud, Département de
Gracias, Honduras ..................................................143.
.................

III.13 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras au Ministre du Honduras au El Salvador, en date
d'El Salvador que des qu'iincidentsqusont survenusuveau lieu de
Las Cuevas, juridiction de Guarita, et qu'un détachement
de la police de Hacienda, El Salvador, a pénétré sur le
territoire du Honduras, et qu'il demande que les coupables
soient sanctionnés ..................................................144
..................

Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
2 août 1944, à propos d'un incident survenu au lieudit
Lagunetas,Honduras, à un ressortissant salvadorien ............146,.....

Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 12 février 1946, à propos de la pénétration de
forces armées salvadoriennes au nord la rivière Sazalapa,
limite des deux Républiques ........................................4.............

Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras au Chargé d1.4ffaires ad intérim du Honduras à
San Salvador, en date du 12 janvier 1949, afin qu'il
communique au Gouvernement d'El Salvador les incidents
que soit mis fin càmces agissementsac..................................4.........

III17 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Chargé d'Affaires ad intérim du Honduras à San
Salvador, en date du 27 janvier 1949, en réponse à la Note
du Honduras du 15 janvier, à propos des incidents de
Gualcimaca .......................................................
1.0.................III.18 Note de la légation du Honduras à San Salvador, en date
Amatillo, causés par les autorités d'El Salvadoralcim....................5.1...

III.19 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 4 février 1949, en réponse à la Note du
Honduras du 31 janvier 1949 .......................................15............

111.20 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
assurantdu que des instructionsles iont été données pour que
soient respectées les limites territoriales ..........................1.........

111.21 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 29 octobre 1951, accusant réception d'une Note
du Honduras du 27 septembre, à propos des incidents de
Gualcimaca ........................................................
15..................

111.22 Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,lvadoen dateu
du 27 février 1952, sollicitant une vérification des faits
survenus à Gualcimaca et que de tels incidents soient
évités à l'avenir .....................................................15
...............

111.23 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 4 avril 1952, accusant réception de la Note du
Honduras ........................................................
...15...................

111.24 Note de l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en date
du 12 novembre 1952, réitérant les Notes antérieures
sur les incidents de Gualcimaca ....................................1.............

111.25 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
la commune de Gualcimaca, Honduras954, sur.............................15.........

111.26 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 5 octobre 1954, en réponse à la Note du
Honduras du Il février, sur les incidents de
Gualcimaca, Honduras ................................................6....
.........

111.27 Instructions du Ministère des Relations Extérieures du
date dus à14 octobrede 1954,Hoafinas qu'il Scommuniquer, en au
Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador que de
nouveaux incidents sont survenus à Gualcimaca ..................16.1...

111.28 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 18 octobre 1954, sur les incidents de
Gualcimaca ....................................................
....16.............111.29 Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
Gualcimacau .........................................................1.3.....................

111.30 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 12 mars 1957, afin que soient sollicitées du
Gouvernement d'El Salvador la vérification des faits et la
sanction des coupables des nouveaux incidents de
Gualcimaca ......................................................
..6.................
111.31 Note de l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa, en date
du 28 octobre 1958, sur les incidents de la commune de
Gualcimaca, juridiction de la Virtud, Honduras ...................1.5....

111.32 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 28 octobre 1958, protestant contre la violation du
territoire du Honduras sur la commune de Gualcimaca ...........166....

111.33 Ministre des Relations Extérieuresdordu Honduras,cigaen dateu
du ler novembre 1958, exprimant les sentiments du
Gouvernement d'El Salvador devant les incidents de la
commune de Gualcimaca et sa promesse de sanctionner les
coupables .......................................................
...6..................

111.34 Note de l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
d'El9 jaSalvador60, sur la lanétcommunede gardde natGualcimaca,
juridiction du Honduras .......................................................
..

ANNEXE IV

ZONE DE NAGUATERIQUE-COLOMONCAGUA

A. Colomoncagua

IV.1 Commuriication du Sous-secrétaire de l'Intérieur du
Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 27 mars 1884, transcrivant une
lettre du Maire de Colomoncagua au Maire de la Villa d'El
Rosario d'El Salvador, répondant sur les incidents
ayanteu lieu à La Laguna .........................................1.............IV.2 Communication du Maire de Colomoncagua au Ministère de
l'Intérieur du Honduras, en date du ler avril 1884, à
propos de l'irrégularité du procédé employé par MM. Cruz
et Letona pour tracer la ligne frontiére, protestant contre
ce tracé et informant de la présence immédiate des
autorités salvadoriennes dans la zone ..............................7........I
IV.3 Communication du Ministre de l'Intérieur du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 16février 1887, informant que le Maire de Carolina, El
Salvador, prétend nommer un déléguépour le canton d'El
Copinol, de la juridiction de Colomoncagua, sans tenir
compte de ce que la Convention entre MM. Cruz et Letona
n'a pas étéapprouvée par le Congrès du Honduras .........................
IV.4 Communication du Gouverneur Politique du Département
dlIntibuca au Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date
du 3 août 1888,faisant part de l'information demandée
sur les incidents entre les habitants de Colomoncagua,
Honduras et de Torola, Arambala y Perquin, El
Salvador ...................................................
.......7................

IV.5 Communication du Gouverneur Politique du Département
dlIntibuca au Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date
façon dont a étéréaliséle tracé de la ligne frontière entrela
MM. Cruz et Letona et les graves conséquences de cetracé
pour les habitants de Colomoncagua .............................1...........

IV.6 Communication du Ministre de l'Intérieur du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 12avril 1912, donnant des informations sur la situation
de la ligne entre le Terreno Blanco et Mal Paso,
convention passéeentretionMM. Cruz et Letonar ......................8......

.7 Communication du Ministre de l'Intérieur, de la Justice et
de la Santé du Honduras au Ministre des Relations
Extérieures du Honduras, en date du 14 février 1930,
l'informant de pénétrations de salvadoriens sur la
commune d'El Picacho, de la juridiction de
Colomoncagua ...................................................
..0.................
.8 Communication du Ministre de l'Intérieur, de la Justice, de
la Santé et du Bien Public du Honduras au Ministre des
Relations Extérieures du Honduras, en date du 3 juin 1937,
l'informant de la construction d'une maison à El Rincon,
juridiction de Colornoncagua, par un ressortissant
salvadorien ....................................................
..9................ IV.9 Communication du Secrétaire Général de la Présidence du
Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 22 juin 1961, donnant des
des habitants deur dCarolina,s El Salvador,es àutl'encontre des
habitants du hameau de La Laguna, juridiction de
Colomoncagua .....................................................
.9.................

IV.10 Note du Ministre des Relations du Gouvernement Suprême
d'El Salvador au Ministre des Relations Extérieures du
Gouvernement Suprême du Honduras, en date du ler mai
1852, sollicitant,que soit procédé à l'arpentage des "ejidos"
une copie conformearpede l'arpentageesantérieur det j1844a............193......

IV.11 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 8 juillet 1861, en réponse à la Note du Ministre
des Relations Extérieures du Honduras du 26 juin, sur la
pénétration d'autorités salvadoriennes sur le territoire du
Honduras, dans la vallée de Champate, communiquant le
châtiment du responsable et l'adoption de mesures pour
que de tels faits ne se reproduisent pas ...........................19........
IV.12 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras,
en date du ler avril 1884, affirmant face au comportement
des autorités de la Villa d'El Rosario, d'El Salvador, que le
lieudit La Capuna a toujours appartenu à Colornoncagua
et sollicitant que soient respectées les anciennes
frontières ....................................................
......96..............

IV.13 au .Ministre des Relationsions Extérieures du Honduras, endor
date du 13 septembre 1912, en rapport avec les incidents
entre les habitants de Colomoncagua et d'Arambala,
indiquant que le Gouvernement a ordonné le maintien du
statu QUO entre les deux pays jusqu'à ce que soit
définitivement résolu le conflit des limites ..........................7......

IV.14 Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
30 janvier 1930, accusant réception de la Note du Ministre
la pénétration de ressortissants Honsalvadoriens 28surnle cantonr
d'El Picacho, juridiction dlIntibuca .................................98........

IV.15 Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras
à l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
20février 1930, à propos de la pénétration de
ressortissants salvadoriens sur la commune d'El Picacho,
juridiction de Colomoncagua .........................................9...........Note du Ministère des Relations Extérieures du Honduras,
rétablissement 1de la borne d'El Cerro de Chagualaca restee le
sans effet, car elle n'est pas approuvée par le
Gouvernement du Honduras et sollicitant que soit
maintenu le statu quo antérieur dans la zone et que cesse
la présence des salvadoriens danscette zone ..............................

~ote du Ministère des Relations Extérieures du Honduras
à l'Ambassade d'El Salvador à Tegucigalpa, en date du
salvadoriennes 19à6, ElsurRincon, pénterritoire dhondurien,
capturant deux habitants ............................................3..............

Instructions du Ministère des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 23 février 1937, pour que soient dénoncés devant
la chanc.ellerie d'El Salvador les incidents survenus à El
Rincon et El Planeado et que soient châtiés les
responsables salvadoriens .........................................................
Note de la légation d'El Salvador à Tegucigalpa au
Ministère des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 20 mai 1937, sur l'occupation d'un terrain à la
proximité dlAgua Zarca, que le Mairede Colomoncagua
considère à l'intérieur du territoire hondurien selon la
ligne respectée par les deux municipalités .................................

Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
proximité2 jd'Agua Zarca, dans laquelleon il est ditique à la
borne Loma de la Cruz est la limite du Honduras et d'El
Salvador selon le titre des terres de Torola ................................

Note de l'Ambassade du Honduras à San Salvador au
Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador, en date
du 13 octobre 1950, sur la pénétration d'autorités
salvadoriennes à La Laguna, juridiction de Colomoncagua,
capturant des villageois honduriens, sollicitant que soit
soient rendus ànleurs foyers .......................................2.............

Instructions du Ministère des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 21 mai 1959, pour que soit formulée une
protestation contre la pénétration d'autorités
salvadoriennes sur le territoire de Jabali, juridiction d'El
Picacho et que soient sanctionnés les coupables .................21.... IV.23 Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
Honduras à l'Ambassade du Honduras à San Salvador, en
date du 31 juillet 1961, pour que soit formulée une
protestation contre la pénétration d'autorités
juridictionnde Colomoncaguaameauet la destructiont Cdemla borne
de Champate ......................................................
212.................

B. Naguaterique

IV.24 Communication du Délégué, M. Meza, au Pouvoir Exécutif
Suprême du Honduras, en date du 28 fgvrier 1856, sur le
indiquantentque la rivière Negro est la ligne divisoire qui ea .
toujours étéconnue entre El Salvador et le Honduras ...........214.....

IV.25 Communication du Maire de Santa Elena au Gouverneur
Politique du Département, en date du 10 février 1877, à
propos de la pénétration de salvadoriens sur le territoire
hondurien ....................................................
....2.................

IV.26 Hacienda du Honduras, en date duanta 28 mai 1877, informant
des activités de salvadoriens dans la zone et précisant que
la ligne divisoire est la rivière Negro .............................2...........

IV.27 Communication du Maire de Santa Elena au Gouverneur
Politique du Département de La Paz au Honduras, en date
du 16 décembre 1878, transcrivant d'autres
communications et signalant que la ligne du port de La
Ardilla appartient à ce village, la ligne divisoire avec El
Salvador étant à trois lieues.......................................1............
IV.28 Communication du Gouverneur Politique du Département
de La Paz au Ministre Général du Gouvernement Suprême
de la République du Honduras, en date du 12 janvier 1880,
transcrivant une communication du Maire de Santa Elena
et celle destinée au Gouverneur de Gotera, d'El Salvador,
protestant pour des faits survenus à Naguatenque et
indiquant que la ligne divisoire reconnue par les
Républiques est la rivière Negro ...........................................................
IV.29 Rapport du Gouverneur Politique du Département de La
Paz au Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date du 19
avril 1886, à propos d'incidents survenus à Dolores et
Naguaterique, indiquant la nécessité de respecter le statu
q- et le fait qu'El Torola et la rivière Negro ont été
respectés en tant que frontiére ....................................22...........Communication de la Municipalité de Santa Elena au
du Gouverneur Politiquee du de La Paz, en date du 17 janvierjoint
1888, sur les conséquences fâcheuses qu'a produit à
Naguaterique la Convention Cruz-Letona, car les autorités
dlArambala y Perquin ont cru qu'elle était définitive et
ont pénétré plus avant du côté de la rivière Negro,
frontière reconnue dans cette convention .........................223..............

Communication de la Municipalité de Santa Elena au
1896r....................................................
.............................

Communication du Ministre de l'Intérieur du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 23 décembre 1907, transcrivant un télégramme du
Gouverneur Politique de La Paz, à propos de la
pénétration de salvadoriens prenant du bétail hondurien à
Naguaterique, territoire hondurien ................................2..9.........

Ministre des Relations Extérieures du Honduras, Hondurasen date
du 3 mars 1916, l'informant que des habitants dlArambala,
El Salvador, construisent un ermitage à El Portillo de
Naguaterique ......'................................................2......
........

Communication du Ministre de l'Intérieur du Honduras au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 9 mars 1916, sur l'inspection pratiquée' à Naguaterique
en rapport avec la construction d'un ermitage, à l'autre
ligne divisoire de la Convention Cruz-Letonasidèr.....................2.......

Communication du Ministre de la Guerre et de la Marine
du Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 3 avril 1916, l'informant qu'une
force armée a été envoyée à Naguaterique pour que les
autorités d'Arambala, El Salvador,libèrent immédiatement
le territoirenational qu'ils ont occupé ............................23.........

Instructions du Ministre des Relations Extérieures du
les négociations sur les limites avec El Salvador, en datepour
du 13 juin 1916, à propos de la ligne à laquelle se réfère le
statu auo convenu en 1886 par les deux Républiques .....................

Rapport du Déléguédu Honduras, D. Romulo Duron, au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 4 juillet '1916, sur les négociations en cours sur les
limites ...................................................
.........2................Ministre des Relations Extérieuresduras, du Honduras,ron, en date
du 13 aoiit 1916, à propos de la protestation du
Gouverneur du Département de Morazan au Honduras,
informant de quelques incidents tels que la tentative
salvadorienne pour changer le nom de la rivière Negro en
riviere El Palmar ....................................................2.7..

Duron, au Ministre des Relations Extérieures du Honduras,Romulo
en date du 20 octobre 1916, transcrivant la
communication de la Commission d'El Salvador sur la
construction de deux nouvelles bornes prés de Malpaso de
Similaton et de Sabanetas ............................................39...........

Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
date dustr30 janvierla1873, proposanteureque soit pratiqué un en
bornage définitif et que, pendant ce temps, les choses .
restent enl'état .......................................................
1..............

Communication du Gouverneur Politique de Comayagua au
Gouverneur du Département de Gotera, en date du 15
février 1877, à propos des incidents de Naguaterique .....................

au Ministreistrdes Relationsns EExtérieuresd'Edu Honduras, en
date du 17 novembre 1881, accompagnant une plainte du
Syndicat Municipal dlArambala, à propos de la situation à
Naguaterique depuis la fixation des limites en 1861 ................3..

Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
Syndicat Municipal dlArambala, laquelàepropos de la situationu à
Naguaterique .......................................................
..5...............

Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 16 décembre 1889, incluant des communications
des autorités salvadoriennes sur la situation à
Naguaterique .....................................................
..................
Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
datedu 18 septembre 1905, sollicitant une enquête sur les
incidents survenus à Naguaterique et au cours desquels le
Maire de Santa Elena a trouvé la mort tandis que d'autres
ressortissants honduriens ont étéblessés ..................................Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
Naguaterique,tobrsollicitant que soit maintenuents le statu auo à
sur le terrain en litige ..............................................250....
..................

Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 8 août 1907, à propos d'incidents survenus à
Naguaterique, informant que des ordres ont été donnés
pour que le statu QUO sur la zone ne soit pas violé ...............251........
Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 4 mars 1916, à propos de la construction d'un
ermitage par les ressortissants salvadoriens à El Portillo
de Naguaterique ....................................................25...
..............

Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 24 mars 1916, rejetant un télégramme du
mars et réitérant les droits du Honduras sur la montagne du 16
de Naguaterique .....................................................5.
..............

Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 4 avril 1916, protestant contre la présence d'une
force armée salvadorienne, aidant à la construction d'une
salle de réunion pour le conseil municipal, exécutée par les
autorités dlArambala et demandant que soient sanctionnés
les coupables .....................................................
.25...............
Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 8 avril 1916, à propos de négociations sur les
limites entre les deux Républiques et sollicitant comme
question préalable que les travaux de construction de
l'ermitage de Naguaterique soient immédiatement
suspendus ............................................................5.............

au Ministreistrdes Relationsns Extérieuresieurd'El Salvador, en
date .du. 2 mai 1916, sur la prorogation de la Convention
des limites en vigueur ..............................................25......
......

Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador, en
date du 6 mai 1916, protestant contre la présence d'une
force armée salvadorienne au point appelé El Caiman, à
l'intérieur du territoire du Honduras ..............................25........ IV.54 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 16 mai 1916, à propos du statu quo dans la zone
et affirmant que la ligne devant être respectée est celle
Républiquesle.........................................................
......................

IV.55 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 22 août 1916, n'acceptant pas la prorogation de la
Convention des limites en vigueur et que si l'on ne
parvient pas à un accord, le litige pourra trouver une
solution devant la Cour de Justice Centre Américaine,
1907l......................................................
..........6....................

IV.56 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 28 mars 1928, incluant une communication du
Ministre de la Guerre, sur la suspension des travaux de
construction d'un édifice sur des terrains de Marcala ............264.....

IV.57 Ministère des Relations Extérieures du Honduras, ena date
du 26 juin 1959,. a propos de la présence des autorités
honduriennes dans la zone de Naguaterique faisant l'objet
d'un statu quo entre les deux Républiques ................................

ANNEXE V

ZONE DE DOLORES

V.1 Acte des procédures effectuées en raison de la visite
juridique et canonique de la Mission de Goascoran, de
l'illustrissime Sr. Doctor D. Juan Gomez de Parada, Evêque
de Guatemala et Verapaz, 1734 (Extraits) ..................................
V.2 Acte de3 procédures effectuées en raison de la visite
juridique et canonique de la Mission de Goascoran de
l'illustrissime et révérendissime, Sr. D. Fray Pedro Pardo
de Figueroa, Evêque de Guatemala et Verapaz, 1739
(Extraits) ....................................................
.....................

V.3 Titre du terrain de Sacualpa de 1856 (Extraits) (A) et
Réarpentage dudit terrain de 1853 (Extrait) (B) .................2......
V.4 Titre du terrain de Matasano, Hornos et Estancias de
1856 ......................................................
.........28...................Communication du Gouverneur Politique du Département
du 8 juin 1874,niàtrpropos de la pénétration de salvadoriens
au-delà de la rivière Torola, ligne divisoire entre le
Honduras et El Salvador ............................................285............
..

Communication de la Municipalité dlOpatoro au
Gouverneur Politique du Département de La Paz, en date
du 10 novembre 1877, accompagnant une enquête
testimoniale faite devant le Juge de Paix, à propos de la
novembre de la mêmeannée le Hond........................................8............

Rapport du Gouverneur Politique du Département de La
Paz au Ministre Général du Gouvernement Suprëme du
Honduras, en date du 10 octobre 1879, à propos de
confréries et de fondations pieuses, indiquant que dans les
environs dlOpatoro il y a celle de Dolores située à
Dolores ........................................................
.....2.3...................

fut pratiqué en avril 1877Dol..........................................2.4............

Communication du Gouverneur Politique du Département
de La Paz au Ministre Général du Gouvernement Suprême
du Honduras, en date du 5 décembre 1879, l'informant de
la communication faite au Gouverneur de La Union. d'El
Salvador, sollicitant des autorités salvadoriennes qu'elles
s'abstiennent de passer outre la juridiction hondurienne
sans son consentement .............................................3.3.......
...
Enquête testimoniale devant le Juge de Paix d'opatoro, en
date du 10 décembre 1879, à propos du terrain de Dolores
et des limites d'El Salvador et du Honduras dans cette
zone, demandée par le Gouverneur Politique du
Département de Comayagua le 4 décembre de cette
année ....................................................
...........0................

Rapport du Gouvernement Politique du Département de
du 18 décembre Minist1879, làInproposr dde l'appartenancete du
terrain ,de Dolores du côté de la rivière Torola, à la
République du Honduras, et dans lequel il est indiqué
qu'El Salvador s'est approprié le terrain du village disparu
de Sapigre .......................................................
...08................

Enquête testimoniale effectuée par le Gouverneur
Politique du Département de La Paz à l'intention du
Ministre de l'Intérieur du Honduras, en date du 14 juillet
salvadoriens armés deà San Sebastian, où ils ont pris du de
bétail; faits dénoncés par le Maire d'opatoro le 26 juin de
la mêmeannée .......................................................
0................ Communication du Gouverneur Politique du Département
du 28 mai 1886, dans laquelle il propose uneuras,ligne divisoire
entre El Salvador et le Honduras, jusqu'à ce que soit
établie la ligne définitive, depuis l'embouchure de la
rivière Goascoran dans le Golfe de Fonseca jusqu'à la
bordure d'El Rincon ...................................................2....
.......

Accord de la Municipalité dlOpatoro, en date du 9
septembre 1894, à propos des préjudices subis par les
comportementses terdes autorités Detoreressortissantsit d'El
Salvador, comme conséquence du tracé adopté en 1884
par MM. Cruz et Letona, pour sa transmission à
l'Assemblée Nationale, à laquelle s'ajoute l'exposé des
voisins de cette municipalité le 26 août de la même
année ......................................................
...........................

Procès-Verbal de la session extraordinaire' de la
donnantalitdes informations ensur les limitesnodans la zone de96,
Dolores, a la demande de D. Pedro H. Bonilla .............................

Rapport sur les limites territoriales entre le Honduras et
El Salvador présenté au Gouvernement du Honduras par
D. Pedro H. Bonilla, en date du 15 août 1897 (Extraits) ..........324....

Communication du Ministre de l'Intérieur au Ministre des
1918, en relation avec une protestation duen dateGouvernement
d'El Salvador, à propos de la pénétration des autorités
honduriennes sur son territoire, dans laquelle il est fait
référence a la borne de La Guacamaya ............................33.........

Procès-Verbal dressé par le Gouverneur Politique du
Département de La Paz, en date du 19 juin 1933,
contenant des déclarations des autorités d'opatoro sur
des faits survenus à Ocote Manchon, situé à une demi lieue
de la ligne divisoire d'El Salvador ..................................3..........
Note du Ministre Général du Gouvernement Suprême d'El
Salvador au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 22 mars 1849, sollicitant que les
indigènes dlOpatoro ne causent pas préjudice au
propriétaire des terres de Monteca M. Villatoro et joignant
la pétition de M. Bonilla au Gouvernement Suprême ..............334...V.20 en date dunist6 novembreation1879, en réponse àdla Note d'El
Salvador du 30 septembre, dans laquelle il est montré que
le terrain de Dolores faitpartie intégrante du territoire du
Honduras et qu'à aucun moment il n'y a eu de dispute à
propos du "dominio" et par laquelle il accepte que la
question soit tranchée par une commission mixte de
géomètres ....................................................
......................

V.21 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras,
communication4 sepdu Gouverneur, danPolitiquee du Départemente
de La Paz informant que, suivant les instructions du
Président du Honduras, il s'est adressé au Gouverneur de
La Union demandant que les voisins de Poloros
s'abstiennent d'habiter sur le terrain de Dolores jusqu'à ce
que soit régléela question des limites ......................................

V.22 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras, .
l'accorddu entreillles autoritésllifrontalièressoidereschaque
République en ce qui concerne l'occupation par les
habitants d'opatoro et Poloros du terrain en litige de
Dolores et qu'on évite les conflits dans la zone ..........................

V?23 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 10 août 1896, en réponse à la Note du
Honduras du 15 juillet, dans laquelle il est dit que des
ordres ont étédonnés pour que les habitants de Poloros
libèrent le terrain en litige de Dolores ............................3..........
V.24 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 26 septembre 1935, en réponse aux Notes du
Honduras des 15 et 24 du même mois, protestant contre
l'ouverture en territoire hondurien à 280 varas de la
frontière d'un "callejon" pour les habitants de Poloros et
faisant état d'une enquête sur ces faits ..........................34..........

V.25 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador, en
Poloros abandonnent941, lesandterres qqu'ils hoccupent au
préjudice des habitants dlOpatoro et joignant les
informations du Maire de ce village sur la présence de
ressortissants salvadoriens dans la zone ..........................3.........

V.26 Note du Ministére des Relations Extérieures du Honduras,
en date du 14 octobre 1941, protestant contre la présence
de ressortissants salvadoriens et contre des incidents
survenus à El Retirito et Brinca Tigre .............................3.......... Note de la légation du Honduras à San Salvador, en date
du 10 octobre 1941, en réponse à une Note d'El Salvador
Lajitas et Mesetas sont en territoires liehondurien,Rala ligne
divisoire entre les deux Républiques étant la rivière
Torola ......................................................
......4......................

Note du Ministère des ,Relations Extérieures du Honduras,
en date du 1'5octobre 1941, montrant que malgré la
présence de 4 inspecteurs dans la zone de Dolores, les
incidents continuent à El Nicho ...................................349......................

en date dunist23emars Re1942, à propos de la pénétration de
salvadoriens dansla zone en litige, de patrouilles militaires
à la frontière pour vérifier les faits et demandant que les
coupables soient chaties. .............................................0...........
...

Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 30 juillet 1943, en réponse aux Notes du
Honduras des 28 et 29 du mëme mois, à propos d'incidents
occasionnés par les habitants de Poloros ..................................

N13eaoûtla1943,taccusant Sréception d'uneuciNote du Hondurasu
du 10 du même mois, à propos d'incidents ayant eu lieu à
El Retirito,juridiction dlOpatoro ................................3............

Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 15 août 1947, en réponse à une Note du
Honduras du 15juin, à propos de la pénétration
d'habitants de Poloros sur le territoire de Dolores pour
faire paître du bétail, ainsi que des communications des
Maires de Nueva Esparta et de Poloros faisant référence
aux faits dénoncés et à la ligne frontière dans la zone...........3..4.
Note du Ministère des Relations Extérieures d'El Salvador,
en date du 5 juin 1951, en réponse à une Note du
Honduras du 29 mai, à propos de blessures causées à
l'inspecteur des frontières hondurien alors qu'il parcourait
les lieux de Dolores et Ocote Manchon ...........................3...........

~é~êchede l'Ambassade du Honduras à San Salvador au
Ministre des Relations Extérieures du Honduras, en date
du 30 mai 1962, dans laquelle est transcrite une Note du
accusante réceptionelad'une Note hondurienne d'El duSalIl mai
dans laquelle il est fait protestation contre la violation du
territoire national à Hacienda de Dolores par des gardes
salvadoriens assiégeant la maison de M. Antonio
Martinez Argueta ...................................................5.
............. ANNEXE VI

VI.1 Note du Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Ministre du Développement, des Travaux Publics, de
l'Agriculture et du Travail du Honduras, en date du
8 janvier 1931 ......................................................
5................
VI.2 Note no 1201 du ,Ministère d'Etat au Développement, à
l'Agriculture et au Travail du Honduras au Ministre des
Relations Extérieures du Honduras, en date
du 10 octobre 1930 .................................................3.0...
.........

VI.3 Note officielle no 360 du Ministère de l'Intérieur, de la
Justice, de la Santé et de la Bienfaisance du Honduras au
duni24 juillet 1941o....................................................2...
............

VI.4 Notes officielles no 1981, en date du ler décembre 1941, et
no 2664, en date du 17 janvier 1942, du Ministère de
l'Intérieur, de la Justice, de la Santé et de la Bienfaisance
du Honduras au Ministère des Relations Extérieures du
Honduras .........................................................
364........................
VI.5 Note no 279 de l'Ambassade du Honduras à San Salvador
au Ministère des Relations Extérieures du Honduras, en
date du 24 août 1937 ...............................................6.....
........

VI.6 Note no G. 1020/43 de l'Ambassade d'El Salvador au
Honduras au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras, en date du 26 février 1943 ...............................9........
VI.7
Extérieures du Honduras.L. duàMl'Ambassadeur du Hondurasionsà
San Salvador, en date du 9 janvier 1956 ...........................371...............

VI.8 Note No 621 (537) de l'Ambassade du Guatemala a
Tegucigalpa au Ministre des Relations Extérieures du
Honduras,en date du 31 juillet 1962 ................................5..........

ANNEXE VI1

LE DIFFEREND INSULAIRE

VII.1 Note du Président d'El Salvador au Président du
Honduras, en date du 26 septembre 1985 et proposition
annexée (Extraits) .....................................................
.................. VII.2 l'Ambassadeurdes dd'El Salvador, S.E. Ernesto ArrietaondurasPeralta,
le Il février 1985 (Extraits) ..........................................382.....................

VII.3 Table des matières du livre "Documents et Doctrines en
relation avec le problème des frontières entre El Salvador
et le Honduras". Université "Dr. Jose Matias Delgado", San
Salvador, 1985 (Extraits) .......................................................................
VII.4 Thèse présentée par Nazario Salaverria (fils) devant le
Comité Directeur de la Faculté de Jurisprudence de
l'université Nationale d'El Salvador, lors de la cérémonie
publique qui a eu lieu avant l'obtention de son doctorat à
4 heures de l'après midi le 2 novembre 1893 (Extraits) ...........388...

VII.5 Salvadorerbal et delea CHonduras, mixteenes ldatees des en9et10l
décembre 1985 (Extraits) ............................................................

VII.6 Disposition Royale délivrée à El Escorial, le 28 juin 1568,
relative à 1'Audiencia de Guatemala et pour que l'un
quelconque de ses Ministres s'y rendant
crée cette Audiencia ....................................................9......
.......
VII.7 Structure et développement de l'Administration olitique
et territoriale du Guatemala, Flavio J. 8 uesada,
1983 (Extraits) .................................................................

VII.8. Alcaldia Mayor de Tegucigalpa ....................................................

A. Ppours à contrebande de Enridee marchandisesdres Yslanglaises,
octobre 1675 .........................................................
..................

B. Procès à l'encontre de Juan de Llanos y Valdez pour avoir
fait de la teinture d'indigo avec les indiens, septembre
1677 ..........................................................
........3......................

C. Pavoir faitl'deconlae teinturecisd'indigo avece Arriles indiens,
octobre 1677 ...........................................................3....................

D. Décision de l'Alcade Mayor del Real de Minas de
Tegucigalpa, Capitaine Antonio de Ayala, interdisant que
l'on fasse sortir des graines de cette juridiction,
juin 1682 ...........................................................
..........................
VII.9 Plaidoirie en défense du "cura beneficiado de Choluteca"
dans les actions intentées .par le curé doctrinaire
de Goascoran, 1692 (Extraits) ........................................0..............VII.10 Chronique du Père Vasquez de 1704 (Tome IV) ......................4...
A. Description de la "Custodia de Santa Catarina du
Honduras" ..........................................................
..4.4..................

Description du Couvent de Nieves de Amapal .....................406....

Description du Couvent de Nacaome ...........................................
Communications d'avril 1819 .........................................0...........

Note de Don Pedro Benedi, Sergent major de San Miguel, à
Messieurs les Sous-délégués de Nacaome et
Choluteca, San Miguel, 6 avril 1819 .................................4............
Note de Don Manuel Lucas Sierra, adjoint au Maire de
Nacaome à l'Alcade Mayor de Tegucigalpa, Don Narciso
Mallol, 8 avril 1819 ....................................................0.....
.........

Note du Gouverneur de la Province - Intendance du
Honduras, Don Jose Tinoco, à l'Alcade Mayor de
Tegucigalpa, 8 avril 1819 ..............................................10............
Note de Don Justo Herrera, adjoint au Maire de Choluteca,
à l'Alcade Mayor de Tegucigalpa, Don Narciso
Mallol, 14 avril 1819 ..................................................4.0..
.........

Note de Don Justo Herrera, adjoint au Maire de Choluteca,
à l'Alcade Mayor de Tegucigalpa, , Don Narciso
Mallol, 19 avril 1819 ....................................................2....
......
Témoignage de Cayetano Rivera, habitant du port de
Conchagua, devant Don Lucas Sierra, adjoint de l'Alcade
Mayor de Nacaome, 3 mai 1819 .....................................4.3.......

VII.12 Pétition pour que les indiens de Meangola et Las Nieves de
Amapala s'unissent en un seul village, 1698 .........................15.....
Villa de Choluteca .....................................................2..
...........

Service du "Toston", 1660 ............................................4...........
.

"Juicio de residencia" à l'encontre de Don Diego de
Aguileta, 1673 et "Penas de Camara",l670 ...........................21...
Service du "Toston", 1682-1683 .......................................2............

Procès-Verbal établissant que les "Jueces Reales" de la
Province de Tegucigalpa exercent une autorité légitime sur
la nouvelle population de l'île de Zacate, de cette
juridiction, 1787 ........................................................24..............

VII.15 Rapport Henderson, 1847 .............................................2.............VI1.6 Terres de Meanguera ...................................................8........
......

A . @Denunciandes terres de Meanguera. 17 octobre 1854 ................
B . Suspension de la "Denuncian des terres de Meanguera.
24 octobre 1854 ......................................................
.8..............

VII.17 Note du Ministre des Relations Extérieures d'El Salvador
au Ministre des Relations Extérieures du Honduras. en
date du 16 Novembre 1854 .........................................4.............
VIL18 Déclaration conjointe des Présidents des Républiques du
Honduras et d'El Salvador. 31 juillet 1986 (Extraits) .............431.....

ANNEXE vrn

LE DIFFEREND MARITIME

VIII.1 Rapports des autorités honduriennes sur des incidents
navals survenus entre 1982 et 1988 .................................3.............

A . Rapport no 10-9D2/9D en date du 2 février 1987 .................43.....
B . Rapport no 005-9D2/9D en date du 20 janvier 1987 ...............3.5..

C . Rapport no 15-9D2/lD2 en date du 5 février 1987 ................4.....

D . Rapport du 15mars 1987 ............................................39..............
E . Rapport no 23-9D2/9D du 16 mars 1987 ...........................4.1...

F . Rapport no 29-9D2/9D du 24 avril 1987 ............................443........

G . Rapport no 169-9D/UF du 22 juillet 1987 ..........................4.5......
H . Rapport du 22 juillet 1987 ...........................................4............

1. Rapport.nO 176-9D/OF du 28 juillet 1987 ..........................4.1........

J. Rapport du 15 aoüt 1988 .............................................3...........
K . Rapport no 152-9D/DF du 31 août 1988 ..............................4..........

L. Rapport no 205-9D/OF du 17 octobre 1988 ...........................5.......
M.
Rapport du 18 octobre 1988 .........................................5...........Rapport no 206.88-9D/OF du 18 octobre 1988 .......................8.......

Rapport no 209-9D/DF8 du du 26 octobre 1988 ....................5.....

Rapport des autorités honduriennes sur des incidents
navals survenus en 1989 .............................................6..........
...
Mémorandum de Maître Guillermo Caceres Pineda au
Président de la Commission de Souveraineté et des
Frontières, en date du 10 avril 1989 .................................1............
l
du Honduras128.DAau Ministrere des Relations ExtExtérieures du
Honduras, en date du 6 avril 1989 ..................................6............

Rapport no 029-9D/OF du Capitaine de frégate D.E.M.N.,
Herman Ivan Ramirez Lanza, Commandant de la Force
Navale du Honduras au Commandant Général de la Force
Contaredo HoLopez, en date du 22 mars 1989au, D.......................................
463
Communication no 041.CAYM-89 de S.E. Carlos Lopez
Contreras, Ministre des Relations Extérieures du Honduras
au Président de la Commission de Souveraineté et des
Frontières, en date du 27 mars 1989 ...............................465.................
Rapport no 046-CSF-P du Président de la Commission de
Souveraineté et des Frontières au Ministre des Relations
Extérieures du Honduras, en date du 3 avril 1989 et
carte ......................................................
.............................

Rapport no 060-CAYM-89 du Ministre des Relations
Extérieures d'El Salvador, en date du 30 mai 1989 .....................

Communiqué de presse no 38-89 du Ministre des Relations
Extérieures du Honduras, en date du 30 mai 1989 ................470.......

Rapport préparé par l'Institut de Recherches Standford,
économique, du Sudornidu Honduras, enr le date depemejuillet
1968 ...................;...........................................................
............

Rapport de Messieurs Giudicelli et Wirth effectué à la
demande de la Société Nationale d'Investissement
(CONADI) sur les différentes possibilités de
Panama, 1979 (Extraits) ...........................................4.................
... VIII.5 Annexe II au rapport de M. Ulf N. Wükstrom du PNUD
relatif au développement institutionnel du secteur de la.
pêche au Honduras et aux possibilités de développement
de ce secteur, 1976 .....................................................
...........
VIII.6 Article 10 de la Constitution Politique de la République du
Nicaragua, "La Gaceta", 9 janvier 1987 ........................................

ANNEXE IX
1 TEMOIGNAGES DE LA PRESENCE HUMAINE ET DES AUTORITES
HONDURIENNES DANS LES ZONES EN LITIGE DE LA FRONTIERE
TERRESTRE

Introduction ......................................................481
.....................
1 IX.1 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Tepangüisir ..............4.......

IX.2 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Cayaguanca ........................
IX.3 Témoignages de la présence humaine .et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Sazalapa
La Virtud .......................................................
..1.....................

IX.4 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Naguaterique ............63....
Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Colomoncagua ...........73...

IX.5 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Dolores ..........................
IX.6 Témoignages de la présence humaine et des autorités
honduriennes dans la zone en litige de Goascoran ...............82.....

CERTIFICATION ..................................................90.
..............

Document file FR
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Document Long Title

Réplique du Gouvernement de la République du Honduras

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