Opinion dissidente de M. Schwebel (traduction)

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070-19860627-JUD-01-09-EN
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070-19860627-JUD-01-00-EN
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OPINION DISSIDENTEDE M. SCHWEBEL

[Traduction]

Para[graphes
1-5

II. RÉSUMÉ DES PRINCIPALES CONCLUSIONS DE DROIT

III. PREMISSE FACTUELLES

A. Le Gouvernement nicaraguayen est arrivéau pouvoir grâce à
certaines des formes mêmesd'intervention dont il se plaint
actuellement (appendice, par. 2-7)
B. LenouveauGouvernement du Nicaragua s'estfaitreconnaître
par lesautresEtats en contrepartie d'engagementsinternatio-

naux touchant ses politiques intérieureet extérieure, engage-
ments qu'il a délibérément enfreints (appendice, par.8-13)
C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a requ de la com-
munautéinternationale, y compris des Etats-Unis, une aide
sans précédent (appendice, par.14-15)
D. L'administration Carter a suspendu l'aide au Nicaragua en
janvier 1981en raison de son soutien à l'insurrection au Sal-

vador, attesti: notamment par des documents saisis sur des
guérilleros salvadoriens(appendice, par. 16-22)
E. L'administration Reagan a mis fin à l'aideau Gouvernement
nicaraguayen tout en le dispensant de son obligation de rem-
bourser l'aide déjà accordéedans l'espoir qu'ilmettrait fin à
son aide aux insurrections à l'étranger; plus tard, l'adminis-
tration Reagan a offertàdeux reprisesde reprendre l'aide sile

Nicaragua cessait d'appuyer l'insurrection au Salvador mais
ces offres n'ont pas étéacceptées(appendice, par. 23-24)
F. L'administration Reagan a précisé auGouvernement nicara-
guayen en 1981 qu'elle considéraitla révolutionsandiniste
(comme irréversible ); comme condition à la coexistence,
elle a exigéqu'il soit mis fin à l'envoi d'armes au Salvador
(appendice, par. 25-26)

G. Devant la Cour,desreprésentantsdu Gouvernement du Nica-
ragua ont soiitenuà tort que celui-ci n'avait ((jamai))fourni
d'armes ou d'assistance matérielle à l'insurrection au Salva-
dor, cj(amais eu d'installations salvadoriennes de cornrnan-
dement et de contrôle sur le territoire nicaraguayen et ({ja-
mais )permisque sonterritoire fût utilisépour l'entraînement
d'insurgés salvadoriens(appendice, par. 27) ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 260

Paragraphes

H. En dépitde ses dénégations, le Gouvernement nicaraguayen
sert en faitepuis 1979de vlaaue tournante vour I'achemine-
ment d'armes-etde munitions destinéesaux insurgéssalvado-
riens; le commandement et le contrôle de l'insurrection sal-
vadorienne sont exercés à partir du territoire nicaraguayen,

avec la coopération des Gouvernements cubain et nicara-
guayen ;les insurgéssalvadorienssont entraînésàCuba et au
Nicaragua ; àun moment donné,la station de radiodiffusion
des insurgés salvadoriensa émis à partir du territoire nicara-
guayen ;l'appui politique et diplomatique apporté par le
Nicaragua àl'insurrection salvadorienne est absolu, public et
constant (appendice, par. 28-188)
1. En 1979,des membres de la garde nationale du Nicaragua se
sont enfuis au Honduras, d'où ilsont menédes opérationsde

harcèlement contre le Nicaragua. Des officiers de l'armée
argentine ont commencé à entraîner ces contre-révolution-
nairesà la fin de 1980ou au début de1981et ont continuéde
le faire jusqu'en 1984(appendice, par. 189-190)
J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les
demandes réitéréedses Etats-Unis pour qu'il mette fin à son
appui matérielaux insurgés salvadoriens, lesEtats-Unis ont
décidé d'exercerdespressions militairessur leNicaragua pour
le contraindreà faire ce qu'ilne voulait pas faire (appendice,
par. 169-170, 173, 110, 121-122, 128-129)

K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait
pour but d'interdire le trafic d'armes à destination d'El Sal-
vador, bien que tel ne fût manifestement pas l'objectif des
contras(appendice, par. 156-173,et arrêtde la Cour)
L. En octobre 1983, à la suite apparemment des pressions des
Etats-Unis, leNicaragua a proposéquatre traités,cequi a été
interprétécommeune offre de sapart demettre fin à l'appuià
la rébellion auSalvador si les Etats-Unis cessaient d'appuyer
les contras et le Gouvernement d'El Salvador (appendice,

par. 174-178)
M. En 1983,lesEtats-Unis ont demandéau Nicaragua de réduire
son arsenal rnilitaire, de rompre ses liens avec l'Union sovié-
tiqueet Cuba et d'honorer l'engagement qu'ilavaitpris envers
I'OEAet ses membres d'instaurer une société démocratique
(appendice, par. 194-198)
N. Au début de 1984, les Etats-Unis ont entrepris une action
militaire directe quoique secrètecontre le Nicaragua, en atta-
quant ses installations pétrolièreset en minant sesports (ap-
pendice, par. 199,et arrêt dela Cour)

O. Depuisjanvier 1985en particulier, les déclarationsdes Etats-
Unis peuvent être interprétéescommseubordonnant la cessa-
tion de leurappui auxcontrasà une modification radicale de la
politique du Gouvernement nicaraguayen ou, à défaut, au
renversement du Gouvernement nicaraguayen (appendice,
par. 200-205) Paragraphes
P. Il est prouve que les contras, les forces gouvernementales
nicaraguayennes et les insurgéssalvadoriens ont commis des

atrocitésetque la CIA a prônédesactescontraires au droit de
la guerre (appendice, par. 206-224) 40
Q. Lesconsultations de Contadora destinées àrétablirla paix en
Amériquecentrale s'étendent aladémocratisationdesrégimes
des cinq pays d'Amériquecentrale (appendice, par. 225-
227) 41

IV. LE DROIT 42-272

A. Introduction 42
B. Questions de recevabilitéet de justiciabilité 43-77

1. Questions politiques 43-50
2. Pouvoirde la Cour de seprononcer sur lesemplois encours
de la force 51-60
3. Affaire du Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-
Unis a Téhéran 61-68
4. La Cour ne peut pas se prononcer sur la nécessitéd'un
emploi continu de la force dans les circonstances de I'es-

pèce 69-77
C. La pertinence et l'effet de la réserve relativeaux(<traités
multilatéraux 78-99

1. La Cour était etest tenue d'appliquer la réserve 78-90
2. Les rapports entre le droit international coutumier et la
réserve 91-99

D. La question de la compétenceen vertu du traitéd'amitié,de
commerce et de navigation 100-106
E. Les effets de l'absence d'El Salvador 107-113
F. Les effets de l'absencedes Etats-Unis 114-127

1. Evénementsayant influencé I'absencedes Etats-Unis 114-115
2. Lesens de l'article 53 du Statut 116-127

G. L'appréciationpar la Cour des élémentsde preuve 128-153
1. Le titre de l'affaire 128-131
2. La Cour n'a pas uséde son pouvoir d'établir desfaits 132-134
3. Les réglesde preuve énoncées et appliquéespar la Cour 135-153

H. L'appui matSrielapporté parle Gouvernement du Nicaragua
à l'insurrection au Salvador équivautjuridiquement à une
agression arméedu Nicaragua contre El Salvador 154-161
1. LaconclusiondelaCour estincompatible avecladéfinitionde
162-171
l'agressiondonnéepar l'Assembléegénérale
J. La question de savoir si des mesures de légitimedéfensene
peuvent êtreprises que dans le cas d'une agression armée 172-173
K. Lesvuesde laCour surlacontre-intervention et l'appui qu'elle
apporte implicitement aux guerres de libération)) 174-181 Paragraphes
L. ElSalvador a le droit de recourirà la Iégitime défenscontre
l'agressionarméedu Nicaragua 182-184
M. Les Etats-Unis ont ledroit d'agirde concert avec El Salvador
dans le cadre de la légitime défense collective 185-200

1. La position d'El Salvador 185-191
2. La position des Etats-Unis 192
3. La pertinence des dispositions du traité interaméricain
d'assistance mutuelle 193-197
4. La situation au regard dela Charte desNations Unieset du
droit international coutumier 198-200

N. Considérationssur la nécessité et la proportionnalité 201-214
O. Les mesures de Iégitimedéfense collectivepeuvent licitement
s'étendreau territoire nicaraguayen 215-220
P. LesEtats-Unis n'ontpasportéalaconnaissancedu Conseilde
sécuritéles mesures de légitime défense qu'ilsrenaient 221-230

Q. Si les Etats-Unis sont fondés àinvoquer la Iégitime défense,
cela suffit a réfuter pratiquement toutes les thèses nicara-
guayennes 231-233
R. Le minage des ports nicaraguayens étaitilliciteà I'égarddes
Etats tiers mais licitel'égarddu Nicaragua 234-240
S. Les Etats-Unis ne sont pas intervenus illicitement dans les
affaires intérieuresou extérieuresdu Nicaragua 241-250
T. Les Etats-Unis n'ont pas violéles obligations que le traité
d'amitié,de commerce et de navigation leur impose envers le
Nicaragua 251-256
U. La responsabilitédu chef de la violation du droit de la guerre 257-261

V. Le Nicaragua est l'agresseur,car il a lepremier àemployer
la force arméeen violation de la Charte 262-265
W. Les affirmations inexactes formuléesdevant la Cour par les
représentants du Nicaragua doivent jouer contre ses préten-
tions plutôt qu'en leur faveur 266-267
X. En tout étatde cause la Cour doit rejeter les demandes du
Nicaragua parce qu'il a les mains sales 268-272

Paragraphes
(Appendice)

1-227
A. Les sandinistes sont arrivésau pouvoir grâce à certaines des
formes mêmesd'intervention dont ils se plaignent actuelle-

ment 2-7
B. Lenouveau Gouvernementdu Nicaragua s'est faitreconnaître
par lesautres Etats en contrepartie d'engagementsinternatio-
naux touchant ses politiques intérieure etextérieure, engage-
ments qu'il a délibérémenetnfreints 8-13
C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a reçu de la com-
munauté internationale, y compris des Etats-Unis, une aide
sans précédent 14-15 Paragraphes
(Appendice)
D. L'administration Carter a suspendu I'aide au Nicaragua en

raison de son soutien à l'insurrection auSalvador, attestépar
des documents saisis sur des guérillerossalvadoriens 16-22

E. L'administration Reagan a mis fin à I'aideau Gouvernement
nicaraguayen en ledispensant de son obligation de rembour-
ser l'aidedéjàaccordée,et ce dans l'espoir qu'ilmettrait finà
son aide aux insurrections à l'étranger; plus tard, l'adminis-
tration Reagan aoffert àdeux reprisesde reprendre I'aide si le
Nicaragua cessait d'appuyer l'insurrection au Salvador, mais

ces offres n'ont pas étéacceptées 23-24
F. L'administration Reagan a précisé au Gouvernement nicara-
guayen en 1981 qu'elle considérait la révolution sandiniste
comme irréversible O,l'unique condition posée à la coexis-
tence étantqu'il soit mis finà l'envoid'armes au Salvador 25-26
G. Devant la Cour, des représentants duGouvernement du Ni-
caragua ont soutenu que celui-ci n'avait <<amais ))fourni
d'armes ou d'autre assistance matérielleà l'insurrection au

Salvador, ((jamais )eu d'installations salvadoriennesde com-
mandement et de contrôle sur le territoire nicaraguayen et
((jamais ))permis que son territoire fût utilisépour l'entraîne-
ment d'insurgéssalvadoriens 27
H. En dépitde ses dénégations,le Gouvernement nicaraguayen
sert en fait depuis 1979de plaque tournante pour l'achemi-
nement d'armes et de munitions destinéesaux insurgéssalva-
doriens ; le commandement et le contrôle de l'insurrection

salvadoriennesont exercés àpartir du territoire nicaraguayen,
avec la coopération des Gouvernements cubain et nicara-
guayen ;lesinsurgés salvadorienssont entraînés àCuba et au
Nicaragua ;11un moment donné,la station de radiodiffusion
des insurvés salvadoriens à émis à partir du territoire nicara-
guayen ; l'appui politique et dipiornatique apporté par le
Nicaragua à l'insurrectionsalvadorienne est absolu..public et
constant 28-188

1. Faits reconnus par des membres du Gouvernement du
Nicaragua 29-62
2. Faits reconnus par les témoins citépsar le Gouvernement

du Nicaragua 63-77
3. Faits reconnus par les conseils du Nicaragua 78-86
4. Faits reconnus par les chefs de I'insurrection salvado-
rienne 87-97
5. Déclarationsde transfuges 98-107
6. Déclarationsde diplomates de pays tiers 108
7. Déclarationsdu Gouvernement d'ElSalvadoraccusant le
Nicaragua d'aider l'insurrection salvadorienne 109-129

8. Déclarationsdu Gouvernement du Honduras accusant le
Nicaragua de subversion au Salvador aussi bien qu'au
Honduras 130-138 Paragraphes
(Appendice)

9. Déclarationsdu Gouvernement du Costa Ricaaccusant le
Nicaragua d'actes de subversion 139
10. Déclarationsdu Congrèsdes Etats-Unis et de membres du
Congrès opposés à l'aide américaineaux contras 140-155

11. La transcription des entretiens entre le sous-secrétaire
d'Etat Eriders et le coordonnateur Ortega 156-170
12. Autres tentatives de règlement pacifique faites par les
Etats-Unis 171-173

13. Les quatre traités proposéspar le Nicaragua en 1983 174-178
14. Les précisions relatives I'aidedu Nicaragua à la subver-
sion au Salvador figurant dans le document «Revolution
Beyond Our Borders » et dans les publications antérieures
dûment soumises à la Cour - et la réponse du Nicara-
gua 179-188

1. En 1979,des membres de lagardenationale nica~aguayennese
sont enfuis au Honduras, d'où ilsont menédes opérationsde
harcèlement contre le Nicaragua. Des officiers de l'armée

argentine ont commencé à entraîner ces contre-révolution-
naires apparemment vers lafin de 1980ou audébutde 198 1et
ont continué à le faire jusqu'au débutde 1984 189-190
J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les
demandes réitéréed ses Etats-Unis pour qu'il mette fin son
appui matérielaux insurgés salvadoriens, les Etats-Unis ont
décidéd'exercerdes pressions militaires sur leNicaragua pour
le contraindre à faire ce qu'il ne voulait pas faire 191
K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait

pour but d'interdire le trafic d'armes destination d'El Sal-
vador, bien que tel ne fût manifestement pas l'objectif des
contras 192
L. En octobre 1983, à la suite apparemment des pressions des
Etats-Unis, le Nicaragua a proposé quatre traités,ce qui a été
interprétécornme une offre de sapart de mettre fià l'appuià
la rébellionau Salvador si les Etats-Unis cessaient d'appuyer
lescontraset le Gouvernement d'El Salvador 193

M. En 1983,lesEtats-Unis ont demandéau Nicaragua de réduire
son arsenal militaire, de rompre ses liens avec l'Union sovié-
tique et Cuba et d'honorer l'engagement qu'ilavaitpris envers
I'OEA et ses membres d'instaurer une sociétédémocratique 194-198
N. Au début de 1984, les Etats-Unis ont entrepris une ac-
tion militaire directe quoique secrètecontre le Nicaragua, en
attaquant ses installations pétrolières et en minant ses
ports 199
O. Depuis janvier 1985en particulier, les déclarations des Etats-

Unis peuvent êtreinterprétéescomme subordonnant la cessa-
tion de leur1,aui aux contrasàune modification radicale de la
politique du Gouvernement nicaraguayen ou, à défaut, au
renversement du Gouvernement nicaraguayen 200-205 Paragraphes
(Appendice)
P. Il est prouvé que les contras, les forces gouvernementales
nicaraguayennes et les insurgéssalvadoriens ont commis des

atrocitéset quela CIA a prônédesactescontraires au droit de
la guerre 206-224
Q. Lesconsultations de Contadora destinées à rétablir lapaix en
Amériquecentrales'étendent aladémocratisationdesrégimes
des cinq pays d'Amérique centrale 225-227 1. Dire queje me dissocie de l'arrêtrendu par la Cour est peu dire tant
lesdivergencesdevuesentre elleet moi sont profondes. Jepartage l'avisde
la Cour lorsqu'elle conclut que les Etats-Unis, en n'ayant pas signalé
l'existenceet l'emplacementdes mines poséespar eux, ont agi en violation
du droit international coutumier (pour cequiest des navires d'Etats tiers).
Je conviens que la publication pour le compte de la CIA d'un manuel
préconisant desactescontraires audroit de laguerre est indéfendable etje
souscrisaquelquesautres aspects del'arrêt. Irleste qu'à mon avis,dans son
arrêt,la Cour perçoit mal et interprète mal des faits essentiels - non tant
ceux qui concernent les actes des Etats-Unis dont le Nicaragua se plaint

que ceux qui concernent les actes du Nicaragua dont les Etats-Unis se
plaignent. Quantaudroit, silaCour se trouve unanime àcertainségards,à
d'autres, par contre --et il s'agitdes points dedroit lesplus importants -,
elle l'appréhendeet l'applique mal. C'est notamment le cas quand elle
interprète la notion d'agression arméeau sens de la Charte des Nations
Unies et du droit international coutumier, quand elle donne l'impression
de justifier l'intervention étrangèrevisant a accélérerle processus de
décolonisation 0 et quand elle énoncela quasi-totalitéde ses conclusions
et sur celle des deux Parties qui a agi en violation de ses responsabilités
internationales et sur celle qui, pour avoir menéune action défensive, n'a
pas violé les siennes. Pour des raisons qui sont encore plus claires
aujourd'hui qu'elles ne l'étaient lorsque laCour a rendu son arrêt du
26 novembre 1984 -- entre-temps les questions de compétence ont été

l'objet d'un examen plus approfondi -, la Cour, dans le présent arrêt,
exerce une compétence qu'à mon avis elle n'a pas vraiment et elle se
prononce sur une question vitale qui,je crois, n'est pasjusticiable. Et, je
regrette infiniment de le dire, je me dissocie du présentarrêtparce que,
selon moi, la Cour y accepte en réalitéles faux témoignagesde représen-
tants du Gouvernement de la République du Nicaragua sur un point qui
est, sinon essentiel pour le règlement de la présente affaire, comme je
l'estime, du moins important, quel que soit le point de vue auquel on se
place. Quant àsavoirquel est l'effetsurla validitéde l'arrêtdu poids que la
cour a attribué a c& faux témoignages,c'est une question que seuls
d'autres pourront trancher.
2. Ce sont là des critiques inhabituelles au sein d'une Cour qui, à juste

titre, est fort respectée.Comme elles émanent d'un ressortissant d'une
Partie à l'affaire,je n'ignore pas que ses conclusions doivent êtrepleine-
ment motivées. Laprésenteopinion seradonc longue, non seulement pour
cette raison mais encoreparce que lesdivergencesde vuesentre la Cour et
moi-mêmeportent en particulier sur les faits. Ces faits font l'objet d'une
controverse fondamemtale.J'estimeque l'exposédesfaits par la Cour n'est
pas exact. La Cour décrit suffisammentles faits qui l'ont conduite a desconclusionsen droit défavorablesaux Etats-Unis mais elle décritinsuffi-
samment les faits qui auraient dû la conduire à des conclusions en droit
défavorables au Nicaragua. Dans ces conditions, étant donné que les

Parties divergent profondément surles faitset que ces faits sont appréciés
différemment par la Cour et par moi-même,je me crois tenu d'étayer
matériellement lesconclusions auxquellesj'aiabouti. Etje ne peux lefaire
en quelques pages.
3. La présente opinion est par conséquent construite comme suit. Elle
contient :premièrement, un résumédes principales conclusions en droit
auxquellesje suisparvenu ;deuxièmement,un bref exposédes prémisses
factuelles sur lesquellesellerepose - cesprémissessont étayées dans I'ap-
pendice ci-après ;troisièmement, une analyse des principaux points de
droitque l'affaire - (demêmeque l'arrêtde la Cour - pose, questions dont
certaines ont un caractère préliminaire tandisque d'autres sont cruciales
pour le fond ; et, quatrièmement, un appendice où les faits que la Cour a
inadéquatement décritssont exposéset analysésen détail.Si les faits sont

relégués dans un appendice, ce n'est pas parce qu'ils revêtent uneimpor-
tance secondaire. Au contraire, ils revêtentune importance primordiale.
Mais je pense que ce procédéfacilitera la lecture de la présente opinion
dissidente.
4. Aucommencement decette longueopinion, ilconvient de rappeler ce
qu'un éminentjuge dela Cour, leregretté PhilipC.Jessup,aécritaudébut
de la longue opinion dissidente de cent dix-sept pages impriméesqu'il a
jointe à l'arrêtrendu par la Cour dans les affaires du Sud-Ouest ufri-
cain :

<(Cet examen exhaustif est d'autant plus indispensable queje suis
en désaccordavec la Cour non seulement sur les motifsjuridiques et
les interprétations de faits exposésdans l'arrêt, mais aussisur la
manière généraledont elle a réglé l'affaire.En ce qui concerne la
nature et la valeur des opinions dissidentes, je souscris entièrement
aux vues d'un grand juge, ancien membre de la Cour, sir Hersch
Lauterpacht, qui a si souventet sibrillamment servila cause du droit

international et de lajustice internationale grâce aux opinions indi-
viduelles ou dissidentes qu'il a émises.Je me réfère à la section 23 de
son ouvrage, The DevelopmentofInternationalLaw by theInternatio-
nal Court, 1958. Ily cite, en l'approuvant de toute évidence(dans la
note 10,page 66), la <(claire définition donnée par Charles Evans
Hughes qui a été membre de la Cour permanente de Justice interna-
tionale et, ultérieurement, ChiefJustice des Etats-Unis :

<<Une opinion dissidente expriméedans un tribunal de dernier
ressort esturi appel à l'esprit toujours présent du droit, à l'intelli-
gence d'unjour futur où une décisionultérieurerectifierapeut-être
l'erreur dans laquelle le juge qui émetcette opinion croit que le
tribunal est tombé.

Ce n'est pas par manque de respect pour la Cour, mais bien au contraire par respect pour l'une de ses grandes et précieusestradi-
tions, quej'exprime mon désaccordavec sesconclusionslorsque cela
est nécessaire. (C.I.J. Recueil1966, p. 325-326.)

5. J'ajouterai qu'enexposant mon point de vuesur lesfaitset le droit en
la présente affaireje ne prends pas position sur les aspects politiques de
l'affaire. J'ai certaines idées sur l'opportunité et la praticabilité de la
politique que les Etats-Unis, le Nicaragua, El Salvador et d'autres Etats
intéressésont suivie et suivent à propos des problèmes enjeu en l'espèce.
Mais je me suis efforcéde les dissocier de l'exposédes faits et de l'éva-
luation du droit auxquelsj'ai procédédans la présente opinion. Si, sur la
plupart de ces problèmes, j'ai effectivement conclu que.vu les violations

antérieures et persistantes du droit international par le Nicaragua, les
mesures de riposte prises par les Etats-Unis ne constituent pas une vio-
lationdu droit international, ilnefaut nullement endéduirequejejuge que
la lignede conduite etla pratique des Etats-Unis - et du Nicaragua - sont
souhaitables ou non, réalisablesou non,politiquement opportunes ou non,
raisonnablesou non, ou encorehumaines ou non. Je ne dis pasque ledroit
et la politique sont indépendants l'un de l'autre, loinde là. A l'évidence,
le droit est censépromouvoir la politique générale - et il le fai;la con-
formitéde la politique au droit doit bien sûr êtreappréciéeen fonctionde
cette véritéfondamentale. Néanmoins les Etats et les hommes ne sontpas
tenus de faire tout ceque ledroit permet et ilsne sont pastoujours bien avi-
sésde le faire. A mon avis, le véritablerôle d'unjuge de la Cour connaît
des limites : il doit déterminer ce que le droit permet ou exige, sans se

prononcer sur le bien-fondé de la politique suivie à l'intérieurde ces
limites.

II. RÉSUMB DES PRINCIPALES CONCLUSIONS DE DROIT

6. Sans avoir prét.exté et encore moins subi une provocation, le Nica-
ragua, depuis 1979,apporte etpersiste à apporter son soutienaux activités
visant à renverser le Gouvernement d'El Salvador, en fournissant une
assistance massive, importante et soutenue à la rébelliondans ce pays -
rébellionqui, avant de bénéficierde l'aidedu Nicaragua et d'autres pays,
était mal organisée, maléquipée etinefficace. Les actes délictueuxdu
Gouvernement nicaraguayen ne se sont pas limités à la fourniturede très
grandes quantitésd'armes,munitions etautres approvisionnements (cequi
en soi pourrait êtreconsidéré commen'équivalantpas à une agression
armée) ;leNicaragua, ainsi queCuba, ont participé aux côtésdesrebelles
salvadoriens à l'organisation et àla préparation de leurs actes d'insurrec-
tion, de même qu'à leue rntraînement ;leNicaragua a mis àla disposition
des insurgéssalvadoriens des moyens de commandement et de contrôle,

des bases et des moyens de transmission, et il leur a offert refuge, ce qui a
permis aux dirigeants de l'insurrection salvadorienne d'opérer à partir du
territoire nicaraguayen. Au regard du droit international coutumier et dudroit international conventionnel, ces actes de subversion nicaraguayens
sont d'une ampleur telle qu'ils ne fontpasque constituer une intervention

illicite dans les affaires d'El Salvado; ils équivalent en plusà une agres-
sion arméecontre ElSalvador. (On relèveraque, dans leursécritures,aussi
bien leNicaragua que les Etats-Unis conviennent quela fourniturepar un
Etat d'un appui matérielappréciable à des forces arméesirrégulièresqui
s'emploient à renverser par la force le gouvernement d'un autre Etat
équivaut à une agression arméedu premier Etat contre le second.) El
Salvador a non seulement le droit de se défendre contre cette agression
armée ;il peut encore - et il l'afai- demander aux Etats-Unisde l'aider
dans l'exercicedu droit de légitimedéfensecollective.Les Etats-Unis, eux,
sont juridiquement fondés à réagir. Ils peuvent licitement riposter aux
efforts déployés dans l'ombre par le Nicaragua pour renverser le Gouver-

nement d'El Salvador ; à cet effet, ils peuvent exercer des pressions mili-
taires ou autres sur le Gouvernement du Nicaragua, ouvertement ou
secrètement.Cespressions, militaires ou autres, ilspeuvent lesexercer soit
directement sur le Gouvernement, le territoire et le peuple du Nicaragua,
soit indirectement, par le biais des actes des rebelles nicaraguayens - les
contras - en les soutenant.
7. S'il est vrai que les pressions exercéespar les Etats-Unis sur le
Nicaragua sont dans leur essence licites, il n'en reste pas moins que des
questions subsistent quant à la légalitéde certains aspects du comporte-
ment desEtats-Unis. A mon avis,laquestion fondamentale est la suivante.

Sil'onadmetque lesEtats-Unis peuvent s'unirau Salvador dans lamiseen
Œuvrede mesures de légitimedéfense collective (mêmesi,contrairement à
l'article 51 de la Charte des Nations Unies, ces mesures n'ont pas été
portées à la connaissance du Conseil de sécuritédesNations Unies - les
mesures défensives secrètes nesont en effet pas portées àsa connaissance
en raison de leur nature), ces mesures doivent êtrenécessaireset propor-
tionnéesaux actes délictueux - lesacteséquivalant à une agression armée
- du Nicaragua. Et elles doivent être intrinsèquement etpar nature des
mesures de légitime défense.
8. Dans ces conditions, le fait que les Etats-Unis ont posé desmines
dans des ports nicaraguayens sans en notifier l'existence constituait une

violation du droit international. Ce minagepouvait affecter - et ilaaffecté
- desEtats tiers auxquels aucun argument de légitimedéfensene pouvait
en l'occurrenceêtreopposé.Mais vis-à-visdu Nicaragua, le minage n'était
pas moins licite que d'autres mesures de pression.
9. Mais l'appui des Etats-Unis aux contras, les attaques directes des
Etats-Unis contre des réservoirsde pétrole, des ports et des oléoducs
nicaraguayenset autres actes des Etats-Unis, comme lessurvols à des fins
de renseignement, les manŒuvres militaires et navales et l'embargo sur le
commerce, étaient-ilsdes actes de légitimedéfense qui n'étaientni néces-
saires ni proportionnés ?Je ne le crois pas. Le fait que le Nicaragua s'est
toujours et encore refusé àmettre fin à sa subversion arméeau Salvador en

montre la nécessité,du moins peut-on le soutenir. S'il est vrai que les
mesuresdéfensivesdoivent êtreparleur nature proportionnées - questionqui est examinéeplus loin - les activitésdes Etats-Unis, loin d'êtredis-
proportionnées aux actes contre lesquels elles constituent un moyen de
défense,sont remarquablement proportionnées. De mêmeque lesrebelles
salvadoriens, forts de l'appui essentiel du Nicaragua, conduisent une
rébellion au Salvador, les Etats-Unis, agissant eu titre de la légitime
défensecollective, appuient les rebelles qui conduisent une rebellion au
Nicaragua. Les rebelles salvadoriens attaquent sans distinction d'impor-

tants objectifs économiques au Salvador ;les Etats-Unis attaquent sélec-
tivement des objectifs économiquesd'importance militaire, tels que ports
et réservoirsde pétrole,au Nicaragua. A supposer mêmeque la politique
des Etats-Unis ait actuellement pour but de renverser le Gouvernement
nicaraguayen - ce qui n'est nullement établi - ce but ne serait pas
nécessairement disproportionné à celui que vise manifestement l'appui
accordépar le Nicaragua aux rebelles salvadoriens, à savoir le renverse-
ment du Gouvernement d'El Salvador. Prétendre, comme les conseils du
Nicaragua l'ont fait, qu'un acte visant à renverser un gouvernement ne
saurait êtreune mesure défensive,c'estcommettre une erreur flagrante qui
aurait surpris Roosevelt etChurchill(ainsi que Staline),lesquels ont insisté
sur la capitulation sans condition des puissances de l'Axe. Dans le cadre
des hostilitésinternationales qui secouent actuellement le monde, 1'Etat

qui maintient êtrevictime d'une agression arméepose, comme première
condition à la paix, le renversement du gouvernement de 1'Etat qu'il
considère comme l'agresseur - condition que d'aucuns peuvent juger
extrême et d'autres non,mais que la communauté internationale n'a en
tout cas pas condamnéesur le plan juridique. De plus,je conviens avec la
Cour que, sile Nicaragua a appuyél'opposition arméeau Salvador et sice
fait constitue une agression arméecontre El Salvador, les Etats-Unissont
habilités à invoquer la légitime défensecollective, même au casoù ils
pourraient avoir un motif supplémentaire,et peut-être plusdécisif,tenant
à l'orientation politique du Gouvernement nicaraguayen.
10. Cependant, on pourrait soutenir que la nécessitédes mesures que
les Etats-Unis ont prises en arguant de la légitime défense collectivea été
mise en cause tout particulièrement depuis qu'en 1983 le Nicaragua a

commencé à faire savoir qu'il étaitdisposéà mettre fin à son appui à la
subversion arméecontre le Gouvernement d'El Salvador si les Etats-Unis
cessaient à la fois leur appui direct au Gouvernement d'El Salvador et
leurs pressions sur celui du Nicaragua. On pourrait soutenir que depuis
ce moment-là en tout cas il existait des moyens pacifiques de résoudre
le différendet qu'il aurait fallu les exploiter avant de s'obstinàrexercer
des pressions armées. Pour les raisons exposées ci-après,il est douteux
que la question de la nécessitéde l'emploi continu de la force soit jus-
ticiable.
11. La Cour a conclu qu'elle pouvait se prononcer sur la nécessitédes
pressions exercéespar les Etats-Unis contre le Nicaragua. Mais elle a
conclu également qu'elle n'étaitpas obligéede se prononcer sur cette
question, étant donné queces pressions - c'est-à-dire les mesures que les

Etats-Unis avaient prises en arguant de l'exercicede leur droit de légitimedéfensecollective - ne pouvaient constituer une riposte à une agression

armée antérieurelancéepar le Nicaragua contre El Salvador, à défaut
d'une telle agression armée. La Cour conclut cependant que les mesures
prises par les Etats-Unis contre le Nicaragua ne sauraient en aucune
manière êtrejustifiées par la nécessité.
12. Je ne souscrisà aucune de cesconclusions. L'exposépar la Courdes
faits qui l'ont conduite à conclure qu'il n'y a pas eu d'agression armée
contre El Salvador de la part du Nicaragua et l'interprétation qu'elle
semble donner de ces faits reposent essentiellement sur quelques consta-
tations qu'elle a faites: il n'a pas étéprouvéque le Gouvernement du
Nicaragua lui-mêmeétaitmêlé à l'envoid'armes aux insurgéssalvadoriens,
et encore moins à un quelconque acte de subversion connexe, comme
l'entraînement d'insurgéssalvadorienset la mise àla disposition de leurs

dirigeants d'un quartier général enterritoire nicaraguayen - allégations
auxquelles la Courporte peu d'attention ;les envois d'armes aux insurgés
salvadoriensqui ont pu passer par le Nicaragua semblent avoir, dans une
large mesure ou totalement, cessé audébut de 1981 ;en conséquence,les
mesures qui ont étéprises par les Etats-Unis quelques mois après, et qui
ont été maintenuespendant quelques années,ne sauraient constituer une
riposte opportune, nécessaire et proportionnée àce trafic d'armes, si tant
est qu'ily en ait eu un. Ces constatations, à leur tour, reflètent les règles
de preuve que la Cour a retenues pour la présente affaire et qu'elle enten-
dait appliquer, mais qui ne l'ont pas étéde façon appropriée, comme
on le verra.A mon avis, pour les raisons exposéesen détaildans I'appen-

dice à la présente opinion, il n'estpas possible de défendre entoute objec-
tivitélesconclusions defait auxquelles la Cour est parvenue sur la délicate
question de la réalitéet de l'ampleur de l'intervention du Gouverne-
ment nicaraguayen au Salvador au profit de l'insurrection dans ce pays
- intervention qui ne se limite pas à la fourniture d'armes, tant s'en
faut.
13. Pourcequi estdu droit, la Cour déclareque, mêmesil'envoid'armes
traversant le Nicaragua à destination des insurgéssalvadoriens pouvait
être imputé au Gouvernement nicaraguayen, iln'équivaudraitpas en droit
à une agression arméecontre El Salvador. En l'absence d'une agression
armée,déclarela Cour, El Salvador n'est pasfondé à riposter dans I'exer-

cice du droit de légitimedéfense - ce qu'il n'a pas fai- et les Etats-Unis
ne sont pas fondés ilriposter dans l'exercicedu droit de légitimedéfense
collective- ce qu'ils n'ont pas fait. Je pense que, l'interprétation donnée
par la Cour de cequi équivaut à une agression arméeet des règlesdedroit
quiendécoulentn'estpas compatible avecledroitinternational acceptéet
avec les réalitésdes relations internationales. A mon avis, les conclusions
de la Cour sur ce qu'El Salvador et les Etats-Unis ont fait réellement ne
correspondent pas aux faits.
14. Lavéritéc ,'estqu'en l'espèceI'Etat qui lepremier est intervenu dans
lesaffairesd'un autreEtat enemployant la force a été le Nicaragua, lequel
ainauguréet maintenu une politique visant à déstabiliserou àrenverser les
gouvernements des pays voisins, en particulier celui d'El Salvador. Endroit international contemporain, 1'Etatqui lepremieremploie illicitement
la forcecontre un autre Etat, dans un cas particulier et sans provocation
antérieure - par exemple en prenant une part active à l'envoi de bandes

armées sur son territoire -, est réputéêtrel'agresseur. Un examen de la
situation ne peut que confirmer définitivementque le Nicaragua apparaît
bien comme l'agresseur. En outre, le Nicaragua a aggravéson comporte-
ment délictueuxenproduisant devant la Courde faux témoignage:dans le
souci délibéréde dissimuler la vérité.En conséquence, sous ces deux
aspects, le Nicaragua ne s'est pas présentédevant la Cour avec les mains
propres. Un arrêten sa faveur ne sejustifie donc pas et ne se serait même
pasjustifiés'ilfallait conclure- ce qui n'estpas lecas - que la riposte des
Etats-Unis n'était pas nécessaire ou qu'elle étaitdisproportionnée.
15. La Cour est arrivée à des conclusions fort différentes. Bien qu'en
désaccord avec sesconclusions de droit - en particulier parce qu'elles

reposent sur l'affirmation qu'il n'ya pas eud'acte du Nicaragua équivalant
à une agression arméecontre El Salvadorauquel les Etats-Unis pouvaient
riposter au titre de la légitimedéfense collective-je reconnais que la Cour
attache à la notion d'agression arméeune signification juridique soute-
nable et que certaines de ses autres conclusions en droit sont aussi soute-
nables. La Cour aurait pu rendre un arrêt défendable - non fondédans ses
conclusions finales. à mon avis, mais qui ne soit pas indéfendable - où
elle aurait reconnu non seulement les faits relatifs à I'intervention des
Etats-Unis au Nicaragua, mais aussi les faits relatifsà l'intervention anté-
rieure et continue du Nicaragua au Salvador, où elle aurait taxé l'inter-
vention du Nicaragua d'illicite (cequi est indéniablement le cas) mais où

elleaurait aussi conc:luque cetteintervention n'équivalaitcependant pas à
une agression arméecontre El Salvador, ou que, mêmedans cette hypo-
thèse, la riposte des Etats-Unis n'était pas nécessaireou qu'elle était
inopportune ou disproportionnée. Elleaurait pu fort bien adresser d'autres
reproches aux Etats-Unis, et notamment leur reprocher de n'avoir pas
portéles mesures prises par eux à la connaissance du Conseil de sécurité
des Nations Unies et de n'avoir pas dûment recouru aux instances inter-
nationales de règlement pacifique et de sécuritécollective constituées en
application de la Charte des Nations Unies et la charte de l'Organisation
des Etats américains.
16. Mais la Cour a procédé d'uneautre manière. Elle a exclu ou écarté

des élémentsde preuve irréfutables, ou elle s'est dispenséede les étudier
alors qu'ils établissentl'existence d'uneintervention importante et conti-
nue du Nicaragua dans l'insurrection salvadorienne, intervention qui a
consisté non seulement en la fourniture de grandes quantités d'armes
légèresjusqu'au début de 1981,mais encore en la fourniture d'armes, de
munitions de toutes sortes et autres approvisionnements aprèsle débutde
1981 et en la fourniture de moyens de commandement et de contrôle,
d'entraînement, de transmission et autres, avant et après 1981. Les faits,
aussi bien que le droit, exigeaient la condamnation de ces actes du Nica-
ragua qui, même s'ils n'équivalenp tas à une agression armée,n'en cons-
tituent pas moins nécessairement uneintervention illicite. Pour des raisons ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 273

qu'aucune considérationjudiciaire oujudicieuse n'étaye,la Cour a choisi
de dépréciercesfaits, de ne pas en tirer de conséquencesjuridiques, et elle

semblemême,en réalitéc ,autionner la présentation erronéedes faits par le
Nicaragua. Ainsi, la Cour apeut-êtremis encauselavaliditéd'un arrêt qui
estliéaux éléments de faitsur lesquelsilrepose. Il s'ensuitque lacrédibilité
du Nicaragua n'a pas étéétablieet que celle de la Cour a étéébranlée.De
plus, à mon avis, la Cour a encore affaibli son arrêten laissant supposer
que, sur le plan juridique, on appliquerait peut-être deux poids deux
mesures à l'emploi de la force dans les relations internationales:I'inter-
vention serait exclue sauf, semble-t-il, dans le cadre du <(processus de
décolonisation o.Je regrette vivement de devoir dire qu'à mon sens la
Cour, loin de s'êtreassuréedesfaits et du droit commele veut son Statut,
s'est déconsidérée.

III. PRÉMISSE SACTUELLES

A. Le Gouvernement nicaraguayen est arriva éu pouvoir grâcea certaines
desformes mêmesdl'nterventiondont il se plaint actuellement (appendice,
par. 2-7)

17. Le renversement en 1979 du président Somoza par une rébellion
largement répandueet populaire, placée sous ladirection des forces com-
battantes des sandinistes, a reçu une aide vitale de la part de gouverne-
ments étrangers. Le président Castro a regroupé diverses factions de la

direction sandiniste en un directoire composé de neuf comandantes, qui
gouvernent aujourd'hui le Nicaragua, et Cuba a fourni aux forces sandi-
nistes unies de grandes quantitésd'armes, des servicesde conseillers sur le
terrain et a assuré leurformation. Le Venezuela a fourni aux sandinistes
des armes, de l'argent et un appui logistique. Le Costa Rica a offert un
sanctuaire à de trèsriombreusesforces sandinistes baséessur sonterritoire
et il a étéle principal intermédiaire pour l'acheminement des grandes
quantitésd'armes fournies par desEtats tiers et destinéesaux sandinistes.
Le Panama a lui aussi servi d'intermédiairedans lemêmesenset a détaché
des membres de la garde nationale panaméenne auprès des forces qui
combattaient le régime Somoza.Pour sa part, le Honduras n'a pas pu, ou

n'a pas voulu, prendre des mesures effectives contre les forcessandinistes
qui opéraient à partir de son territoire. Ainsi, les sandinistes, qui se plai-
gnent aujourd'hui d'intervention étrangère, en particulier de l'envoi sur
leur territoire de forces irrégulièresqui ont trouvérefuge dans des pays
voisins et qui sont financées,entraînées et approvisionnées par un Etat
étranger,sont en fail.arrivés au pouvoir grâceàune intervention étrangère
qui revêtaitles mêmesformes et qui étaitdirigéecontre le gouvernement
qu'ils combattaient alors.
18. De plus, la chute du président Somoza a étéfacilitéepar d'autres
pressions étrangèresexercéessur son gouvernement. Les Etats-Unis ont
uséde leur influence pour empêcherl'octroi de prêts internationaux au ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.sCHWEBEL) 274

Gouvernement nicaraguayen. Ils ont mis fin à leur aide militaire età la

fourniturede matérielmilitaire au Gouvernement du Nicaragua, et ilsont
persuadé d'autres gouvernements gros fournisseurs de cesser de lui vendre
des munitions. A l'Organisation des Etats américains,de vives pressions
ont été exercéessur le présidentSomoza pour qu'il démissionne,pressions
qui ont abouti à l'adoption le 23juin 1979d'une résolutiondans laquelle
la dix-septième réunionde consultation des ministres des relations exté-
rieures demandait le remplacement immédiat et définitif du régime
Somoza D.

B. Le nouveau Gouvernementdu Nicaragua s'est fait reconnaîtrepar les
autres Etats en contrepartie d'engagementsinternationaux touchant ses
politiquesintérieuree?extérieure,engagementsqu'il a délibérément enfreints
(appendice,par. 8-13)

19. En réponse à la résolution précitée- où étaitaussi recommandée
l'instauration au Nicaragua d'un gouvernement démocratique qui garan-
tirait les droits de l'homme de tous les Nicaraguayens et qui organiserait
desélections libres- lajunte gouvernementale de reconstruction nationale
du Nicaragua a adressé à 1'OEA ainsi qu'aux ministres des relations
extérieuresdes Etats membres de l'organisation O,le 12juillet 1979,son
plan écritconcernant la démissionde Somoza et sa prise du pouvoir. La
junte y prenait l'engagement que, dès que les Etats membres de I'OEA
reconnaîtraient le gouvernement de reconstruction nationale comme gou-

vernement Iégitimedu Nicaragua, celui-ci, une fois au pouvoir, promul-
guerait et appliquerait immédiatement des lois qui répondraient auxpres-
criptions de I'OEA. Les Etats membres de I'OEAont exécuté leurpart de
ce marché international, individuellement et collectivement, en reconnais-
sant rapidement le gouvernement de reconstruction nationale comme
gouvernement légitimedu Nicaragua ainsi que le souhaitait lajunte. Mais
lessandinistes - qui n'ont pas tardé às'emparer du contrôle exclusif de la
junte etdes formations ultérieuresdu Gouvernement nicaraguayen et l'ont
conservé - n'ont pas exécuté leurpart du marché.Au contraire, ils ont
manquésur des points importants aux assurances que lajunte avait don-
nées a I'OEA et à ses membres, et cela dans le cadre d'une politique
gouvernementale délibérée, bienavant que l'état d'urgence consécutif

aux agressions arméescontre le gouvernement révolutionnaire puisse le
justifier.

C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a reçu de la communauté
internationale,y cowiprisdesEtats-Unis, uneaidesansprécéden(tappendice,
par. 14-15)

20. L'avènementdu gouvernement révolutionnaire au Nicaragua a été
saluépratiquement dans le monde entier. L'aidea affluéau Nicaragua, en
provenance de pays de l'Est, de pays occidentaux et de l'Amériquelatine.
Parmi les pays occidentaux figuraient non seulement ceux d'Europe maisaussi les Etats-Unis, lesquels, au cours des dix-huit premiers mois d'exis-
tence du gouvernement sandiniste, ont accordéau Nicaragua une aide
économiqueplusimportante qu'aucun autre pays et plus élevée que toute
I'aide qu'ils avaientaccordéeenvingt ans au régimede la famille Somoza.
L'administration Carter s'est employée ànouer des relations amicales avec
le nouveau Gouvernement nicaraguayen qui, pour sa part, a adopté un
hymne national où il est proclaméque les Yankees sont (les ennemis de
l'humanité ))Les Etats-Unis ont posé commecondition fondamentale à
l'octroi de leur aide que le Nicaragua ne favorise ni la violence ni le

terrorisme dans d'autres pays - condition destinée à découragerl'appui à
l'insurrection au Salvador qui, lorsque les sandinistes sont arrivés au
pouvoir au Nicaragua, couvait plus qu'elle neflambait.

D. L'administration Carter a suspendu l'aideau Nicaragua enjanvier 1981
en raison de son soutien a l'insurrection au Salvador, attesté notamment
par des documents saisis sur des guérilleros salvadoriens (appendice,

par. 16-22)

21. Face à des preuves convaincantes qui établissaient que le Gouver-
nement du Nicaragua fournissait massivement en armes les insurgésd'El
Salvador - dont l'action devait culminer avec 1'0offensive finale de
janvier 1981 - I'administration Carter, vers la fin de son mandat, a sus-
pendu I'aideécononuqueau Gouvernement du Nicaragua et repris I'aide
militaire au Gouvernement d'El Salvador. Au nombre de ces preuves
figuraient desdocuments saisis,démontrantla participation de pays com-
munistes, en particulier Cuba, et du Nicaragua à l'unification,à la plani-
fication,à l'entraînement, a l'armement et àl'approvisionnement de I'in-
surrection salvadorienne dont les installations de commandement et de

contrôle se trouvaient au Nicaragua.

E. L'administration Reagan a mis fin a I'aide au Gouvernement nica-
raguayen tout en le dispensant de son obligation de rembourser I'aidedéja
accordéedans l'espoir qu'il mettrait fin a son aide aux insurrections a
l'étranger;plus tard, I'administration Reagana offert a deux reprises de
reprendre laide si le Nicaragua cessait d'appuyer l'insurrectiau Salvador

mais ces offres n'ontpas étéacceptées (appendice,par. 23-24)

22. En avril 1981,I'administration Reagan a mis fin à I'aide au Gou-
vernement du Nicaragua, qui avait étésuspendue, car son aide à I'insur-
rection au Salvadorétait étayée par des preuves. Commela suspension de
cette aide par l'administration Carter, enjanvier, et lesprotestations diplo-
matiques instantes des Etats-Unis, appuyées par des rapports détaillés
des services de renseignement, avaient dans une certaine mesure réussi à
persuader le Gouvernement nicaraguayen d'interrompre sa fourniture
d'armes aux insurgés salvadoriens,I'administration Reagan a renoncé au
remboursement de I'aide prévupar lalégislation américaine. En août 1981,
lesEtats-Unis ont officiellement offert au Gouvernement du Nicaragua dereprendre l'aide, à condition que celui-ci mette fin à son assistance aux
rebellesd'ElSalvador,laquelle avaitalors repris. LesEtats-Unis ont réitéré
leur offreen avril 1982mais leNicaragua n'a acceptéaucunede cesoffres.
Il a niéavoir apporté Urietelle assistance.

F. L'administration Reagan a préciséau Gouvernement nicaraguayenen

1981 qu'elle considérait la révolutionsandiniste « comme irréversible » ;
comme condition à ,lacoexistence, elle a exigéqu'il soit mis fin à l'envoi
d'armes au Salvador (appendice,par. 25-26)

23. Ledossier du Nicaragua contient un pièceindiquant qu'en 1981les
Etats-Unis ont dépêché M. Thomas O. Enders, alors sous-secrétaire
d'Etat,à Managua et qu'à l'occasiond'entretiens au plus haut niveau avec
le Gouvernement nicaraguayen il a donnél'assurance - selon la trans-
cription d'une conversation communiquée par le Nicaragua - que le
Gouvernement des Etats-Unis était disposé àaccepter la révolution nica-
raguayenne << comme irréversible àcondition que leNicaragua mette fin

au flux d'armes vers El Salvador.

G. Devant la Cour, des représentantsdu Gouvernement du Nicaragua ont
soutenu à tort que celui-ci n'avait((jamai» fourni d'armes ou d'assistance
matérielle à I'insu,rrection au Salvador, ((jamais )) eu d'installations
salvadoriennes decommandementet de contrôlesurleterritoire nicaraguayen
et cijamais )) permis que son territoirefût utilisé pour l'entraînement

d'insurgés salvadoriens(appendice,par. 27)

24. Leministre des relations extérieuresdu Nicaragua a produit devant
la Cour une attestation, invoquée à plusieurs reprises par leNicaragua, où
il déclarece qui suil:<<En réalité,mon gouvernement ne participe pas et
n'ajamais participé à la fourniture d'armesou autres approvisionnements
à une quelconquedesfactionsopposées dans laguerre civileau Salvador. ))
Un autre ministre (duNicaragua, produit par le Nicaragua en tant que
témoinprincipal devant la Cour, a affirmésous serment que son gouver-
nement n'avait jarnais eupour politique de fournir desarmesaux forces
d'opposition en Amériquecentrale. Enfin, et c'est la dernière fois que le

c ou verne m nicanatuayen s'est exprimésur cette question essentielle,
l'agent du Nicaragua a écrit ce qui suit dans une lettre en date du
26 novembre 1985adressée à la Cour :
t<Ainsi qu'il l'aconstamment affirmé, le Gouvernement du Nica-
ragua n'ajamais fourni d'armes ou d'assistance matérielleaux insur-

gésau Salvador, ni acceptéque son territoire fût utilisàune tellefin.
Il n'ajamais permis aux insurgéssalvadoriens d'établirun siège,une
base d'opérations oude commandement, ou un dispositif de contrôle
sur leterritoire nicaraguayen, et iln'ajamais permis que son territoire
soit utilisépour y entraîner les insurgéssalvadoriens. ))

25. Aprèsmûre réflexion,j'en suis arrivé à la conclusion que ces décla-rations sont fausses. Amon avis, ilest possible de leprouver et c'estce que

je fais dansI'appentlice à la présente opinion, oùje traite des élémentsde
fait.
26. Dire que lesrespoiisables gouvernementaux usent de dissimulation,
c'est bien entendu énoncerun lieu commun. On pense souvent que la rai-
son d'Etat justifie d'esdéclarationsincomplètes, trompeusesou contraires
aux faits. Par leur nature même,les opérations de couverture sont cen-
séescouvrir, rendre crédible le <(niable )).En l'occurrence, certaines dé-
clarations de représentants des Etats-Unis au Conseil de sécuritédes
Nations Unies ont étémoins que francheset il a étéétabliqu'elles étaient
en contradiction avecd'autres déclarationsémanantdesplus hautes auto-
ritésdes Etats-Unis. De plus, leGouvernement des Etats-Unis a formulé à
l'encontre du Gouvi:rnement du Nicaragua certaines allégations qui sem-

blent erronéesou exagérées,ou du moins non étayéespar les éléments
d'information rendils publics.
27. On ne saurait cependant mettre sur le même planles déclarations
officiellesfaitesdev,antla Cour et lesdéclarationsofficiellesfaites ailleurs.
Il fautétablir la véritéavantde rendre lajustice. Il est inadmissible que les
représentants du gouvernementd'une partie àune affaire portéedevant la
Cour déforment délibérémenlta réalité,car la fonction judiciaire s'en
trouve menacée dans son essence même. Tel estle cas en particulier
lorsqu'il arrive, cornme dans la présente affaire, que les déformations
portent sur des faits dont le caractère essentiel est discutable mais dont
l'importance qu'ils revêtenatu regard dela décisionque la Cour est appelée
à rendre ne l'est pas.

H. En dépitde ses dénégutionsl,e Gouvernementnicuruguayensert enfait
depuis 1979 deplaquetournuntepour l'acheminementd'ormesetdemunitions
destinéesaux insurgés salvadoriens ; le commandement et le contrôle de
l'insurrection alva va doriesont exercésapartir du territoire nicaraguayen,
aveclacoopération des Gouvernements cubainet nicaraguayen ; les insurgés
sahadoriens sont enr'raîné s Cubaet au Nicaragua ; à unmoment donné,la
stationde radiodiffu>;iones insurgéssalvadoriena s émisapartir duterritoire
nicaraguayen ; l'appui politique et diplomatique apporté par le Nicaragua
à /'insurrection saliladorienne est absolu, public et constant (appendice,
par. 28-188)

28. Il me semble qu'objectivement il ne fait aucun doute que le Gou-
vernement du Nicaragua, peu aprèsl'arrivéedes sandinistes au pouvoir, a
commencé àfournir une aide matérielle aux insurgés d'ElSalvadoret qu'il
a continué de le faire jusqu'à aujourd'hui (et certainement jusqu'à la
périodependant laquelle la Cour a étésaisie de la présenteaffaire). Ainsi
que le montre l'exposédétaillé des faitsdans l'appendice ci-après, le
Nicaragua a servi d'intermédiaireconvaincu pour l'acheminement de très
grandes quantitésd'armes destinées aux insurgéssalvadoriens et pour leur
approvisionnement continu en munitions, matérielset médicaments, en
provenance de Cuba, du Viet Nam, de I'Ethiopie et de certains Etatsd'Europe de l'Est. La fourniture d'armes semble avoir étémassive en vue
de 1'0offensive finalle des insurgéssalvadoriensprévuepourjanvier 1981,
avoir considérablement diminuéensuite, avoir repris en 1982et êtreirré-
gulière mais non négligeabledepuis ; il semble qu'une fourniture impor-
tante et peut-êtrevitale de munitions, d'explosifs et de médicaments a été
maintenue presque continûment. Le Nicaragua a aidé à l'entraînement
d'insurgés salvadoriens à Cuba et au Nicaragua même. Descentres de

commandement et de contrôle des opérations militaires des insurgés sal-
vadoriens ont opéré à partir du territoire nicaraguayen, et ils continuent
peut-êtrede lefaire. Des dirigeants militaires et politiques de I'insurrection
salvadorienne ont éitébasés auNicaragua ; cela est incontestable pour la
période quiprécède un assassinat quia eu lieu à Managua en 1983et qui a
été entouré depublicité, à savoir l'assassinat par des révolutionnaires
rivaux d'une dirigeante de I'insurrection salvadoriennequi y résidait,et un
suicide retentissant ;iManagua, celui d'un dirigeant encoreplusillustre de
I'insurrection salvadorienne à la suite de cet assassinat.Après l'arrivéedes
sandinistes au pouvoir, la station de radiodiffusion de I'insurrection sal-

vadorienne a émispendant un certain temps à partir du territoire nicara-
guayen. L'appui politique et diplomatique que le Nicaragua a apportéen
vue du renversement du Gouvernement d'El Salvador par les insurgés
salvadoriens a été absolu, public et constant.
29. Ces faits ont étédans une large mesure reconnus par des respon-
sables du Gouverni:ment nicaraguayen dans des déclarations faites par
eux. Selon une source publique autorisée citant ses propos, le président
Ortega a déclaréen 1985(et il ne l'ajamais nié) :

<<Nous somnnesdisposés ...àsuspendre sous contrôle international
tout transit par notre territoire d'aide militaire ou autre destinéeaux
Salvadoriens. Nous avons ditque laseulechose que nous demandions
étaitque I'on rie nous attaque pas ...))

Lequasi-aveu du prksident Ortega est encoreplus probant siI'onsereporte
aux termes qu'ilaeniployésenespagnol :<(estamos dispuestos ..a suspen-
der todo transito por nuestro territorio de ayuda militar u otra a los sal-
vadorenos ...))Le Nicaragua ne pouvait <(suspendre O que ce qui étaiten
cours. (La Cour écarteces propos du président Ortega qu'elle considère

comme manifestement non convaincants ;voir ci-aprèsleparagraphe 149.
Les propos du président Ortega sont reproduits intégralement aux para-
graphes 30 et 31 de l'appendice à la présente opinion.) En outre, pas plus
tard qu'en avril 198'6,le président Ortega a accordéune autre interview à
un organe de presse ;onrapporte qu'iladéclaréque leNicaragua étaitprêt
à consentir a mettre fin à l'aide aux <forces irrégulières )>de la régionen
échangede l'abandon par les Etats-Unis de leurs pressions militaires sur le
Nicaragua. et qu'il a qualifié cela d'o arrangement réciproque >> (ibid.,
par. 33).

30. Ces faits concernant l'appui matérieldu Nicaragua àI'insurrection
au Salvador sont corroborés par ce qu'ont admis des dirigeants de I'in-
surrection salvadorienne,et confirmésencoreplus explicitement et vigou-reusement par les déclarations de transfuges de cette insurrection et de
transfuges sandinistes. Ces faits sont fermement attestés par les Gouver-
nements d'El Salvador et du Honduras, principales cibles actuelles de la
politique nicaraguayenne d'appui à l'insurrection et à la subversion à
l'étranger.Les déclarations du Gouvernement du Costa Rica et sa poli-
tique diplomatique ]postérieureà l'accession des sandinistes au pouvoir
confirment cette éva.luationdes faits.

31. Le Gouverneiment des Etats-Unis a toujours maintenu que tels
étaientles faits et ilfourni d'abondants élémentsde preuve à l'appui de
ses affirmations. Presque aucun d'eux n'aété réfuté de façon spécifique

ou satisfaisante par11: icaragua - ou par la Cour - en la présente affaire.
Il convient de citer, au nombre de ces élémentsde preuve, des envois
d'armes àdestinatioind'El Salvador saisis alors que, partis du Nicaragua,
ils transitaient par le Honduras et le Costa Rica, des documents saisis sur
des insurgés salvadoriens, qui indiquaient que leurs armes provenaient
directement du Nicaragua, et des armes, dont il a été établia ,près vérifi-
cation de leur numéirode série, qu'ellesavaient été abandonnées par des
soldatsaméricainsail Viet Nam et qui,avant d'êtresaisies surdes insurgés
salvadoriens, avaient étéexpédiéesdu Viet Nam à Cuba et de là au
Nicaragua pour être:remises aux insurgés salvadoriens. Par ailleurs, le

Congrès des Etats-CJnis, qui n'a pas appuyépleinement la politique du
Gouvernement des Etats-Unis à l'égarddu Nicaragua, a maintes fois
appuyépleinement cette version des faits.Cequi est non moinsconcluant,
c'estque d'éminents membresdu Congrèsdes Etats-Unisqui sontcontre
l'appui apportépar les Etats-Unis aux contras et ne sont pas partisans des
pressions arméessur le Nicaragua (ils disposent des rapports des services
de renseignements dluGouvernement des Etats-Unis en la matière) ont
conclu, comme c'est le cas de M. Boland, que l'insurrection au Salva-
dor :

dépend pour survivre - qu'il s'agissedes armes, des munitions, du
financement, de la logistique ou des installations de commandement
et de contrôle --d'une aide extérieure,qui vient du Nicaragua et de
Cuba ..contrairement aux dénégationsrépétéesdes autorités du

Nicaragua, ce pays se trouve engagé à fond dans son appui à l'insur-
rection sa1vado:rienneo.

32. De même.des critiques bien au courant de la politique des Etats-
Unis en Amérique centrale concluent, comme Christopher Dickey dans
sonouvrageintitulé Withthe Contras, A Reporrerinthe WildsofNicaragua,
1985 :
((à mesure que les résultats des électionsparvenaient, donnant la

victoireà Reagan et à sa plate-forme républicaine, lessandinistes se
montraient plu!<généreux envers les rebellessalvadoriens. A la mi-
novembre, les Salvadoriens se plaignaient de ne pouvoir distribuer
tout leur matériel. Tant d'armes;ne pouvaient êtrecachées.Certaines furent saisies.
D'autres furent découvertes grâce à l'interception de messages radio-
phoniques. Dès lors, la nouvelle administration Reagan apu apporter
la preuve que ...le combat pour El Salvador et le combat pour le
Nicaragua étaient un seul et mêmecombat. ))(P. 75.)

Sur le point de savoir si les envois d'armes ont cessé en 1981, Dickey

conclut qu'en i982 : En fait, les envois d'armes aux salvadoriens ...
n'avaient pas cessé.Ils s'étaientmême accrus. ))(Ihid.,p. 133.)

1. En 1979, des mem'hresde la garde nationale du Nicaragua se sont enfuis
uu Honduras, d'où ils ont mené des opérations de harcèlementcontre le
Nicaragua. Des officiers de l'armée argentine ont commencé à entraîner ces
contre-révolutionnair~ eslsafin de 1980ouau débutde 1981et ont continuéde
lefaire jusqu'en 1984 (appendice,par. 189-190)

33. Au moment clela chute du président Somoza, en juillet 1979, un
certain nombre d'anciens membres de la garde nationale du Nicaragua se
sont enfuis au Honduras, d'où ilsont montédepetitscoups de main contre
le Nicaragua. A un rnoment mal défini, mais quise situerait vers la fin de
1980ou au débutde 1981,des officiers argentins, détachéspar le gouver-
nement militairequi dirigeait alors l'Argentine, ont commencé à entraîner
ces contre-révolutionnaires - lescontras - au Honduras et en Argentine.
Ces officiers argentins n'ont étérappelés qu'audébut de 1984,quelques

mois après la chute du régimemilitaire en Argentine. Le premier Etat à
intervenir contre le Gouvernement nicaraguayen n'a donc pas étéles
Etats-Unis mais l'Argentine (apparemment avec l'appui du Gouverne-
ment du Honduras). On ne sait pas avec précision si cette intervention
argentine a bénéficé àl'origine d'un appui des Etats-Unis. Ceque l'onsait
avec précision.c'est que, lorsque les Etats-Unis eux-mêmesont commencé
à appuyer les contras (tout à la fin de 1981ou au début de 1982).leurs
agents ont coopéréavec ceux de l'Argentine et les ont apparemment aidé
financièrement. L'entraînement des contras semble êtrerestéessentielle-

ment l'affaire des Argentins jusqu'au débutde 1984.

J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les demandes
réitérée dses Etats-Unis pour qu'ilmettefina son appui matérielaux insurgés
salvadoriens. lesEtats-Unis ont décidéd'exercer despressions militairessur le
Nicaraguapour lecontraindre cifaire ce qu'ilne voulaitpas faire (appendice,
par. 169-170, 173, 110, 121-122, 128-129)

34. Ennovembre 1981,huit moisaprèsque lesEtats-Uniseurent misfin
à leur aide au Nicaragua, et trois mois aprèsque le Nicaragua s'abstint de
répondre positivement aux Etats-Unis, qui lui avaient demandé d'une
manière claire et pressante (et au niveau élevéqu'impliquait la missionconfiée à M. Enders) de cesser d'apporter son appui matérielaux insurgés
salvadoriens en éch.angede la reprise de l'aide des Etats-Unis et d'autres
mesures d'encouragement, les Etats-Unis ont décidéd'exercer des pres-
sions militaires sur le Nicaragua pour le contraindre à faire ce qu'il ne
voulait pas. Cespressions furent bien accueilliespar leGouvernement d'El
Salvador,auquel lesEtats-Unis apportaient alorsuneassistance matérielle
importante, occupéqu'il était à repousser les attaques des rebelles et à

soutenir une éconorniedéfaillante. El Salvador fit savoir clairement qu'il
considéraitque les pressions exercéespar les Etats-Unis sur le Nicaragua
constituaient des mesuresprises dans lecadre de la légitimedéfensecontre
l'agressionet l'intervention dont ilétaitvictime de la part du Nicaragua, et
il maintient ce point de vue.

K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait pour but
d'interdire le trafic &!'armes destination d'El Salvador, bien que tel nefût
manifestementpas /'objectifdes contras (appendice,par. 156-173,et arrêtde

la Cour)

35. Les Etats-Unis ont dit que leur programme avait pour but d'inter-
dire le trafic d'armes et de mettre fin aux autres formes d'appui matériel
apportépar le Nicaragua aux rebellessalvadoriens. Tel étaitbien le but de
la politique des Etats-Unis dans les premiers temps (du moins si inter-
dire ))doit signifie((faire cesser)))ainsi qu'ilressort non seulement de la

missionmêmedont :M.Enders s'estchargéen1981mais aussi du fait qu'en
1982les Etats-Unis ont offert de cesser d'apporter leur appui aux contras
si le Nicaragua cessait d'apporter le sien à la rébellion au Salvador. Le
Nicaragua a refuséet, en continuant ànier en dépit desfaitsqu'ilaidait les
rebelles salvadorien:~,il s'est complètement aliénéla sympathie des auto-
ritésdes Etats-Unis. Mais les contras, aux côtés desquels se rangèrent
bientôt des sandinistes déçus et mécontents ainsi que des campesinos
opprimés, avaient dvidemment un autre objectif, le renversement du
régimesandiniste.

L. En octobre 1983, à la suite apparemment despressions des Etats-Unis, le
Nicaragua aproposéquatre traités,ce quia été interprétcé omme uneoffrede
sa ;art de mettre fin à l'appui à la rébellionau Salvador si les Etats-Unis
cessaient d'appuyer lescontras et le Gouvernementd'ElSalvador (appendice,
par. 174- 178)

36. En octobre 1983,sous l'effetapparemmentdes pressions des Etats-

Unis, le Nicaragua a présentéquatre projets de traités,ce qui a étégéné-
ralement interprétéirommeune offre de sa part de mettre fin à l'appuià la
rébellionau Salvador si les Etats-Unis cessaient d'aider non seulement les
contras mais aussi le Gouvernement d'El Salvador. Les Etats-Unis refu-
sèrent.M. En 1983,lesEtut:?- UnisontdemandéauNicaraguaderéduiresonarsenal
militaire,derompresesliensavecl'Unionsoviétique etCubaetd'honorerI'enga-
gement qu'il avaitpris envers I'OEA etses membres d'instaurerune société
démocratique (appendicep ,ar. 194-198)

37. Immédiatement après leur prise du pouvoir, et bien avant qu'une
quelconque menace militaire ne pèse sur le Nicaragua, les sandinistes se
mirent à constituer une arsenal militaire sans précédent en Amérique
centrale. Un très grand nombre de conseillers militaires de Cuba, et un
nombre moins important mais appréciable de conseillers militaires de

l'Union soviétique etd'autres Etats d'Europe orientale, ainsi que de la
Libyeet del'organisation de libérationde la Palestine, s'établirent bientôt
au Nicaragua ;des f~onctionnairesde Cuba et d'autres pays communistes
furent placés à des postes clésdans les ministères nicaraguayens. Les
nombreux élémentsde la sociéténicaraguayenne qui s'étaientopposésau
régimeSomozaet avaient appuyé à sesdébutslajuntedu gouvernement de
reconstruction nationale furent écartés,et lesélectionsque les sandinistes
qualifiaient de <désagrémentbourgeois ))furent reportéesjusqu'à lafin de
1984.A partir de 1983,les Etats-Unis ne demandèrent plus seulement au
Nicaragua de cesser d'appuyer la subversion chez ses voisins et de s'oc-
cuper de ses propres problèmes ;ilslui demandèrent égalementde réduire
son arsenal militaire. de rompre ses liens avecCuba et l'Union soviétique,
et d'honorer l'engagement qu'il avait pris envers I'OEA et ses membres
d'instaurer une société pluraliste et démocratiquedans laquelle le gouver-
nement serait libremientéluau suffrage universel, lequel devait s'étendre

aux forcesd'opposition représentéespar les contraset leursalliéspolitiques
(dont certaines personnalités démocrates du Nicaragua étaient venues
grossir les rangs).

N. Au début de 1984,lesEtats-Unis ont entrepris uneaction militaire directe
quoiquesecrète contreleNicaragua, enattaquant ses installationspétrolières
et en minant se:sports (appendice,par. 199, et arrêd t e la Cour)

38. Au débutde 1!?84,afin d'intensifier leurspressions sur leNicaragua,
les Etats-Unis ont entrepris une action militaire directe quoique secrète
contre le Nicaragua. Des commandos d'Amérique latine au service de la

CIA lancèrentdes attaques contre des réservoirsde pétroleetdes oléoducs
ainsi quecontre des ii~stallationsportuaires au Nicaragua,et des agents des
Etats-Unis posèrent ,desmines dans lesports et dans leseaux territoiriales
du Nicaragua. Le mouillage de mines et les autres actions militaires
directesdes Etats-Uriis contre leNicaragua cessèrent à l'époqueoù la Cour
rendit son ordonnance en indication de mesures conservatoires, en mai
1984,mais l'appui desEtats-Unis aux contrasa étémaintenu, avec cepen-
dant des interruptions et des limitations imposéespar le Congrès depuis
le milieu de 1984. L'entraînement militaire des forces contras par des
conseillers des Etats-Unis semble avoir cessé,et l'aide a étélimitée aux
formes dites (humanitaires (non meurtrières).O. Depuisjanvier1985enparticulier, lesdéclarationsde Estats-Unispeuvent
êrreinterprétéescommesubordonnantlacessationde leur appuiaux contras
a une modificationr,adicalede lapolitique du Gouvernement nicaraguayen
ou, à défaut,au renversementdu Gouvernement nicaraguayen(appendice,
par. 200-205)

39. Depuisjanvier 1985en particulier, lorsqu'ils ont cesséde participer
a l'instance introduite devant la Cour, les Etats-Unis ont fait des décla-
rations qui peuvent Ctreinterprétées commesubordonnant la cessation de
leur appui aux contr,asa une modification radicale de la politique et de la
composition du Gouvernement nicaraguayen ou, à défaut, au renverse-
ment de ce gouvernement. Les Etats-Unis semblent considérer que, si le
régimesandiniste n'estpas tempéréde manière adéboucher surun partage
du pouvoir avec l'opposition, il n'est pas possible de se fier au Gouver-
nement nicaraguayen quand il promet de cesser d'entretenir la subversion
chez ses voisins. Les Etats-Unis ont insistépour que le Gouvernement
nicaraguayen négocieaveclescontrasmais leGouvernement nicaraguayen

a refusé.

P. Il esrprouvéquelescontras, lesforcesgouvernementales nicaraguayennes
erlesinsurgéssalvadoriensontcommisdes atrocités et quleaCIA aprônédes
actes contraire:;au droit de la guerre(appendice,par. 206-224)

40. Il est prouvéque lescontraset, dans une certaine mesure, les forces
gouvernementales et les agentsgouvernementaux du Nicaragua ont com-
misdes atrocités.La CIA a préparé et faitpublier un manuel qui incite les
contrasà commettre desactescontraires au droitde laguerre. Au Salvador,
desatrocitésont étécommisespar lesinsurgés avecl'appuidu Nicaragua et
des escadrons de la mort d'extrêmedroite.

Q. Les consultationsde Contadoradestinéesa rétablirlapaix en Amérique
centrales'étendentaladémocratisation derségimesdescinqpaysd'Amérique
centrale(appendice,par. 225-227)

41. Depuis janvier 1983, les Etats d'Amérique latine appartenant au
groupe deContadora s'efforcent avecpersévérance ep tar tous lesmoyens
de rétablir desrelations de paix et de coopération entre le Nicaragua, El
Salvador, le Honduras, le Costa Rica et le Guatemala. Leur initiative ne
porte pas seulement sur les problèmes que posent l'appui aux forces
irrégulières, letrafic:d'armes, les manŒuvres militaires, les bases étran-
gères,les conseillers militaires étrangers,les effectifs militaires et lespres-
sionséconomiquesextérieures. Elleporte aussi sur la démocratisation des
régimesdes cinq pa:ysd'Amérique centrale. Les initiateurs des consulta-
tions deContadora, auxquellesle Nicaragua participe, sont partisde l'idée
que dans les Etats dl'Amériquecentrale en litige certains processus poli-
tiques sont une souirce de préoccupations internationales. Ce sont ces

préoccupations que traduisent les propositions de Contadora. IV. LE DROIT

A. Introduction

42. Comme il ressort de l'arrêtde la Couret des différentesopinions de
sesmembres, ycompris de laprésenteopinion dissidente, ledroit seprête à
plus d'une interprétation dans l'affaire à l'examen, et cela sur bien des
points. Je commencerai par les questions préliminaires et les questions de
procédure suivantes :recevabilité etjusticiabilité, problèmesnon résolus
de compétence résultantde la réserve relativeaux traités multilatéraux
(réserveVandenberg) figurant dans la déclarationd'acceptation faite par

les Etats-Unis d'Amkrique conformément à la clause facultative ou résul-
tant du traité bilatéira1d'amitié,de commerce et de navigation, et pro-
blèmes liés à la non-comparution d'une partie et à la demande d'inter-
vention d'un Etat. J'irxamineraiensuite les multiples questions juridiques
relatives au fond et surtout la question de savoir si l'aide matérielle
apportéepar le Nicaragua pour renverser le Gouvernement d'El Salvador
équivaut à une agression arméecontre El Salvador, agression à laquelle ila
été riposté au titre de la légitimedéfensecollective, après que les Etats-
Unis se furent légitimementjoints au Salvador.

B. Questions de recevabilitéet dejusticiabilité

1. Questionspolitiqulos

43. Dans son arrêtdu 26 novembre 1984,la Cour a refuséde fairedroit
aux arguments présentéspar les Etats-Unis en vue de démontrer que la
présente espèce n'étaitpas recevable (C.I.J. Recueil 1984, p. 429-441).
Dans mon opinion dissidente jointe à l'arrêtde la Cour, j'ai écri:

Or, bien que n'acceptant pas toutes lesconclusions de la Cour sur
ce sujet [la recevabilité],je n'estime pas convaincants au stade actuel
les arguments des Etats-Unis sur l'irrecevabilitéde l'instance. C'est
pourquoi je me suisjoint à la Cour en votant en faveur de la receva-
bilitéde la requkte ...[cette conclusion]ne préjuge pas néanmoinsma
position sur lesquestions de recevabilitéui pourront seposer lors de
la procédure su:rle fond. >)(Ibid.,p. 562.)

44. Arrivé àcestade de la procédure,jemevoisfondé à développer mon
point de vue. Je dirai, en résuméq, ueje demeure fort peu convaincu de la
valeur des thèses des Etats-Unis sur la recevabilité.Cependant, compte
tenu desfaits de l'espèce, tels qu'ilsont évolau cours de la procéduresur
le fond, je suis parvenuà la conclusion qu'il vaut mieux dire qu'il y a un

élémentessentiel de l'affaire qui n'est pas justiciable.
45. Je ne peux pas accepter l'argument - que les Etats-Unis n'in-
voquent d'ailleurs pas - selon lequel l'emploi de la force par un pays qui
se trouve ou prétendsetrouver en étatde légitimedéfenseest une question ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 285

politique qui n'estpar conséquentpasjusticiable.Cette thèsen'estpas
convaincante au regard du droit international coutumier comme du droit
de la Charte des Naitions Unies.
46. Aux termes de l'article 51de la Charte :((Aucune dis~osition de la

présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de Iégitime défense,
individuelle ou collective. dans lecas où un Membredes Nations Unies est
l'objet d'une agressiomnarmée. Or cette disposition ne peut raisonnable-
ment s'interpréter commesignifiant que seul 1'Etatqui exerce le droit de
légitimedéfensequ'il invoque est juge de la Iégitimitéde ses actions. La
Charte autorise expressément le Conseilde sécurité à constater «I'exis-
tence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte
d'agression ... Il est donc clair que le Conseil de sécurité est habilitéàse
prononcer sur la légitimitédu recours par un Etat à la Iégitimedéfenseet a
décider si ce recours est Iégitime ou s'il constitue au contraire un acte
d'agression. Les Etat:s-Unisle reconnaissent bien. D'ailleurs ils ne préten-

dent pas que l'emploide laforce par desEtats au titre de la Iégitimedéfense
constitue un actepolitiquequi ne dépendpas de la manièredont lesautres
Etats voient la situation en droit. Ce que les Etats-Unis soutiennent, c'est
que cette appréciation de la situtation incombe collectivement au Conseil
de sécurité, en premier lieu,et, en second lieu mais d'une manière moins
nette, à l'Assembléegénéraleet aux organismes régionaux agissant sous
l'autoritédu Conseil de sécurité, maisque la Cour n'a pas reçu un tel
pouvoir d'appréciation.
47. Néanmoins,d'kminents juristes internationaux ont soutenu et con-
tinuent de soutenir que l'emploide la force en étatdelégitimedéfense est

une question politique sur laquelle aucun tribunal, y compris la Cour
internationale de Justice,ne devrait statuer. Des analogies ont étéétablies
avec la retenue dont font preuve les juridictions nationales qui refusent de
se prononcer sur certaines questions - telles que la légalitde l'emploi par
1'Etatde ses forces armées àl'échelon international - au motif qu'ils'agitlà
de questions politiques confiées à d'autres autoritéset ila étéaffirméque la
Cour internationale cleJustice devait ou devrait faire preuve d'une retenue
semblable.
48. Ce raisonnement soulève deux questions : l'emploi de la force par
un Etat qui setrouve ou prétendsetrouver en étatdelégitimedéfense est-il
une questionpolitiquequi, par essence,n'estpasjusticiable ? Sil'emploide

la force par un Etat aiutitre de la légitimedéfensedépendd'une évaluation
de la situation en droit, la responsabilité de cette évaluation a-t-elle été
confiéeau Conseil d,esécuritéet refusée à la Cour ?
49. Les bases théoriques de la thèse qui répond par la négative à la
première question oint fait I'objet de recherches approfondies dans un
ouvrage de Hersch Lauterpacht qui n'ajamais étésurpasséet qui a trait à
un sujet fondamental : The Function of Law in the Inrernational Commu-
nity, 1933.Selon cet auteur :

«La notionjuridique de légitime défense exigep , ar nature, que le
choix d'yrecouriirrelèved'abord de l'appréciationde 1'Etatconcerné. En effet, si le recours à la légitimedéfenseétait subordonné à une
autorisation préalable d'un organe judiciaire, il ne s'agirait plus
d'une légitimedéfensede soi-même ;il s'agirait de l'exécution d'une

décision judiciaire. (Op. cit.p. 179.)
Cependant. observe Lauterpacht, la doctrine selon laquelle la légitimitéde
l'exercice du droit de légitime défense

n'est pas susceptibled'être appréciéejudiciairement ..ne peut être
admise comme étantjuridiquement exacte. Si la notion de légitime
défenseest une notionjuridique ...tout acte accompli en vertu de la
légitime défensedoit êtrealors susceptible d'évaluation endroit ..Le
droit de légitimedéfenseest un principejuridique généralet, en tant
que tel, il est nécessairement reconnu dans toute sa portée endroit
international. biais ce n'est pas un droit fondamentalement différent
du droitcorrespondant dont jouissent lesparticuliersen droit interne.
Dans lesdeux c.asil s'agitd'un droit absolu, dans la mesure où aucun

systèmejuridique ne peut l'ignorer ; dans les deux cas il s'agit aussi
d'un droit relatif, dans la mesure où ilest reconnu et réglementépar le
droit. Il est reconnu dans la mesure - et dans la seule mesure - où le
fait d'yrecourir n'estpas en soiillégal.Ilest réglementédans lamesure
où ilincombe aux tribunauxde déciders'ilest nécessaired'yrecourir,
et jusqu'à quel point et pendant combien de temps. Il n'y a pas le
moindre rapport entre le contenu du droit de légitimedéfenseet la
thèse selon laquelle il est au-dessus de la loi et n'est pas susceptible
d'une appréciation en droit. Une telle thèse est contradictoire puis-
qu'elle prétend être fondéesur un droit mais qu'elle écarte toute
réglementationjuridique et toute appréciation en droit. Comme tout
litige qui soulèved'importants problèmes, la question du droit de re-
courir à la guerre au titre de lalégitimedéfense estsusceptible de faire

l'objet d'une décisiondejustice, et ce n'est que si les Etats décident
que les questions de cette nature ne seront pas tranchéespar un tri-
bunal étranger que ces questions peuvent ne pas êtrejusticiables. r)
(Ibid., p. 179-180.)
50. Au procèsde IVuremberg,où la contribution de Lauterpacht aétési
grande - tant en ce qui concerne la conception et la composition de la

juridiction matérielle du tribunal qu'en ce qui concerne les arguments
avancésdevant cette juridiction par le conseil du Royaume-Uni - Lau-
terpacht, après avoiireu à subir le défilédes témoignagesd'actes de bar-
barie organiséed'uni:indicible horreur, a néanmoins eu leprivilègede voir
un tribunal historique marquer de son sceau le raisonnement si convain-
cant qu'il avait tenu :

On a préteridu ausurplus que, dans cecas, et,conformément aux
réservesformuléespar diverses puissances signataires, lors de la con-
clusion du Pactt:Briand-Kellogg, ilappartenait àl'Allemagnedejuger
en dernier ressort de la nécessitéd'une action préventive. Maissi le
droit international doit jamais devenir une réalité, laquestion de savoir si une ac,tionentreprise sous le prétextede la légitimedéfense
étaitde caractère agressif ou bien défensif,devra faire l'objet d'une
enquêteappropriéeet d'un arbitrage.
))(Procèsdes grands criminels
deguerre devant le Tribunam l ilitaireinternational, Nuremberg, 4no-
vembre 1945-leroctobre 1946,jugement, p. 219.)

2. Pouvoirde la Courde se prononcer sur lesemploisen coursde laforce

51. Quant à la seconde thèse,suivant laquelle l'appréciationde la Iégi-
timitédu recours par un Etat à la légitimedéfenseest une question confiée
principalement au Conseil de sécuritée ,t qui est exceptionnellement refu-
sée à Cour, elle est tlhéoriquementdéfendableet politiquement plausible.
Rien n'empêchait en pricipe les Etats, lorsqu'ilsont crla nouvelle orga-
nisation internationale dont la Cour est un organeprincipal, de ne confier
ce pouvoir d'appréciation qu'au Conseilde sécurité ou à ce dernier et à

d'autres organespolitiques, telsquel'Assembléegénéraleetlesorganismes
régionaux agissantsous l'autoritédu Conseil de sécurité. Est-ce bien cela
qu'ont fait les auteurs de la Charte des Nations Unies et du Statut de la
Cour ? Voilà à quoi doit répondreun membre de la Cour.
52. Au cours de la phase de l'instance relative à la compétenceet à la
recevabilité,les Etats-Unis ont présenté une analysepénétrante à l'appui
de leur thèsesuivant laquelleà encroire l'espritet lalettre de la Charte, les
auteurs de cet instrument entendaient laisser entièrement au Conseil de
sécuritéle soin de se prononcer sur l'existenced'une agression. Les Etats-
Unis ont fait observer que la requêteadressée à la Cour par le Nicaragua
reposait sur l'assertion selon laquelle l'intégriterritoriale et I'indépen-
dance politique du Nicaragua étaient alorsl'objet d'un emploi illicitede la
force par les Etats-Unis. Le Nicaragua lui-même, bienavant de recourir à

laCour, acherchéenvain a obtenir du Conseilde sécurité qu'ildéclareque
les activités des Etats-Unis qu'il alléguaitconstituaient une agression
contre leNicaragua. (Dans lacommunication que leNicaragua a adressée
au Conseil de sécuritéle 29 mars 1984,celui-ci étaitpriéd'examiner << la
recrudescence des agressions dont est actuellement victime leNicaragua
(S/ 16449).Lesactes dont leNicaragua se plaignait au Conseil de sécurité
etquecepays qualifiait de nouveaux actesd'agression(SPV.2525, p.6.16,
18, 23,63, 68-70, et :S/PV.2529,p. 95-96)étaientles actes mêmesdont le
Nicaragua s'est plaint dans sa requête introductive d'instance devant la
Cour. Dans la requlateelle-même,il est dit que le Nicaragua a appelé
l'attention du Conseil de sécuritéet de l'AssembléegénéraledesNations
Unies <sur ces agissements des Etats-Unis, sur leur caractère de menace

oud'atteinte àlapair;etd'actesd'agression (par. 12).)LesEtats-Unis ont
relevéque le fait que le Conseil de sécurité n'avaitpas fait droit aux
demandes du Nicaragua était sans importance ;la Cour n'étaitni com-
pétente pour renverser les décisionsdu Conseil de sécuriténi habilitée à
exercer des fonctions expressément confiées au Conseilde sécurité.
53. Les Etats-Unis ont soutenu <(qu'iln'ajamais étédans lesintentions
des rédacteursde la Charte des Nations Unies de fairejouer l'article 36,paragraphe 2,du Statut de la Cour ..[à propos d'une] utilisation illicitede
la force armée, se déroulant en ce moment même ..)) (audience du
16octobre 1984,matin). Ils ont soutenu que l'article 24de la Charte ne
confèrecertes au Conseil de sécurité que laresponsabilité<< principale du
maintien de la paix. et de la sécurité internationales, mais que c'est à
l'Assembléegénérale età desorganismes régionaux,et non à la Cour, que
des responsabilitéscomplémentairesont été conférées. La Courduit jouer
un rôle qui est expressémentet clairement défini au chapitre VI de la
Charte en matière de règlement pacifiquedes différends internationaux.

Mais,s'agissantd'uneaffaire ayant trait davantage à une (<action en cas de
menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acted'agression ))au sens
du chapitre VI1de la Charte, rien dans celle-ciou dans le Statut ne laisse
entendre que laCou]:ait un rôle àjouer. Au contraire, comme ilressort des
actes de la conférericede San Francisco, il a étédécidé <de laisser au
Conseil l'entièreappréciationde cequiconstitueune menace àlapaix, une
atteinte à la paix, ou un acte d'agression (Conférencedes Nations Unies
surl'organisationinternationale,vol. 11,p. 33).Pour les Etats-Unis, il était
clair, lorsqu'ils ont ratifié laCharte et le Statut, que ce dernier ((n'auto-

riserait pas la Cour liempiéter surles fonctions du Conseil de sécuritéou
sur cellesde l'Assembléegénérale (rapport de lacommission desaffaires
étrangères intituléThe Charter of the United Nations, 79eCongrès, pre-
mière session, 1945, p. 14).
54. Les Etats-Uniisont bien admis que l'article 12,paragraphe 1, de la
Charte dispose que tant que le Conseil de sécuritéremplit, à l'égardd'un
différend particulier, les fonctions qui lui sont attribuées, l'Assemblée
générale ne doit fairi:aucune recommandation sur cedifférend,tandis que
la Cour n'estpas souimise à une interdiction expresse de cegenre ;mais ils
ont soutenu que c'étaitparce que :

<<les rédacteursde la Charte entendaient que, parmi les organes des
Nations Unies, seule l'Assemblée généraleeût un rôle complémen-
taire de celui du Conseil de sécuritéencequi concernelemaintien de
la paix et de la sécurité internationales. On n'a tout simplement

jamais envisagé à la conférencede San Francisco que la Cour aurait,
ou devrait avoir, compétencepour se charger de telles questions. ))
(Audience du 16octobre 1984,après-midi.)
55. Pour cequi est desprécédentesaffairesmettant encause l'emploide

la forcearméedont IlaCour a été saisie,comme cellesdu Détroit deCorfou
et des incidents aériens, lesEtats-Unis ont soulignéque, dans tous lescas,
l'action incriminée avaitdéjà eulieu :
(<Dans chaque affaire,la Cour étaitpriéedestatuersur lesdroits et

devoirs des pairties à propos d'une action entièrement passée,qui
n'était plusen cours, et qui n'étaitpas seulement un des maillons de
toute une chaîne d'actions. ))(Ibid.)
56. Malgréla force de ces arguments et l'appui qu'ils trouvent dans les
passages du compte rendu de la conférencede San Francisco citéspar lesEtats-Unis,je nepeulxadmettreque l'idéedesrédacteursde la Charte et du

Statutait été d'exclurede lacompétencede la Cour lesdifférendsrelevant
du chapitre VI1de laCharte desNations Unies, nique lapratique des Etats
quant à l'interprétation de la Charte et du Statut confirme un tel des-
sein.
57. Il se peut fort bien, comme un conseil des Etats-Unis l'a affirmé,
qu'<(on n'ait tout simplement jamais envisagé à la conférence de San
Francisco que la Cour aurait, oudevrait avoir,compétencepour secharger
de telles questions )).Il se peut fort bien que, si la question avait été
résolument poséei,l eûtété décidé d'exclurede lacompétencede la Cour le
pouvoir de statuer sur des questions soumises au Conseil de sécurité en
vertu du chapitre VI1ou impliquant l'emploi continu de la force armée

dans lesrelationsinternationales. On Deutcertainement faire valoir au'au-
cune puissance disposant du droit de veto au Conseil de sécuritén'a
envisagé le risque,a.lorsque l'exercicede ce droit lui permettait de faire
échec a toute accusation d'agression portée contre elle au Conseil de
sécurité, d'être stigniatisépaer un arrêtde la Cour la déclarant coupable
d'agression dans l'affaire et les circonstances mêmesoù elle aurait exercé
son veto au Conseil de sécurité.
58. Mais si cette ;argumentation est parfaitement défendable, elle est à
mon sens insuffisan1:e.Tout d'abord, parce que nulle disposition du Statut
de la Cour n'indique que les différends impliquant l'emploi continu de la
force arméesont exclus de sa compétence.Au contraire, l'article 36 du

Statut est rédigé en itermescompréhensifs.Le paragraphe 1 prévoitque la
compétencede la Cour s'étend à toutes les affaires que les parties lui
soumettront ainsi qiu'o à tous les cas spécialement prévusdans la Charte
des Nations Unies ou dans les traités et conventions en vigueur o. Le
paragraphe 2disposleque lesEtatspourront reconnaître lajuridiction de la
Cour sur tous les différendsd'ordre juridique ayant pour objet :

a) l'interprétation d'un traité ;
b) tout point de droit international ;
c) la réalitd'etout fait qui, s'ilétaitétabli,constituerait laviolation
d'un engagement international ;
d) la nature ou l'étenduede la réparationdue pour la rupture d'un
engagement international. ))

Ces termes générauxn'excluent pas de lajuridiction de la Cour les diffé-
rends relatifs a l'emploicontinu de la force. Certes,un Etat reconnaissant
lacompétencede la Cour en vertu de l'article36,paragraphe 2,pourrait en
exclure les différends impliquant l'emploi de la force armée, et certains
pays l'ontfait. Mais cen'estpas lecasdesEtats-Unis. (Il reste qu'onpeut se
demander si, dans l'expression <(tous les différends d'ordre juridique ))
employéedans leur déclaration d'adhésion à la clause facultative, les
Etats-Unis ont entendu inclure les différends impliquant l'emploi de la
force, pour les motiifsexposésdans l'opinion de M. Oda en la présente

affaire.)
59. Maintenant, !iion envisagele texte de la Charte, dont le Statut de laCour forme partie intégrante, la situation est moins nette. La thèsedes
Etats-Unis trouve quelque appui dans la structure et les termes de la
Charte et dans les travaux préparatoires. Mais cet appui est ambivalent,

comme le montrent les interprétations opposéesdes Etats-Unis et de la
Courquant auximplications de l'article 12,paragraphe 1,de la Charte. On
ne saurait déduire d,'indicesaussi ambigus une restriction d'aussi grande
portée à la compétencede la Cour.
60. Deplus, si leConseil desécuritéesthabilitépar laCharte à constater
l'existenced'un acted'agression, cen'estpas en tantquejuridiction. Ilpeut
conclure à 1'existenc:d'une agression - ou, plus fréquemment, refuser de
conclure dans ce sens - pour des considérations politiques plus quejuri-
diques. Sidécisifsque soient lesfaits susceptibles de constituer l'agression,
le Conseil de sécuritén'outrepasse pas ses droits en décidant qu'une
constatation d'unacte d'agression ferait régresselacausede lapaix au lieu
de la promouvoir. Eh bref, le Conseil de sécuritéest un organe politique
guidépar des motifs politiques. Il peut tenir compte de considérations
juridiques mais, à la différence d'untribunal, n'est pas tenu de les appli-

quer.

3. Affaire du Personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à
Téhéran

61. Ces conclusions sont confirméespar les arguments avancéspar les
Etats-Unis eux-mêrnesdans l'affaire du Personneldiplomatique et consu-
laire des Etats-Unis à Téhéran.Il faut rappeler que, peu après la prise
d'otages en Iran, les Etats-Unis ont demandél'aidedu Conseil de sécurité
Dour obtenir leur libération.Par une lettre du 9 novembre 1979.ils ont
demandéau Consei:lde sécurité que soit examiné d'urgencecequi Pourrait
êtrefait afin que les otages soient relâchés. Le 25 novembre 1979, le
Secrétairegénéra dle l'Organisation des Nations Unies a,dans l'exercicede

lacompétenceexceptionnelle que lui confèrel'article99de la Charte pour
attirer l'attention du Conseil de sécuritésur toute affaire quà,son avis,
pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité interna-
tionales, demandé que le Conseil de sécuritése réunisse d'urgence en vue
de rechercherune solution pacifiquede lacrisedes otages.Dans son allocu-
tion devant leConsi:il,le27 novembre 1979,leSecrétairegénéraa l déclaré
que la situation en Iran constituait une menace pour la paix et la sécurité
dans la région et qu'elle risquait d'avoirdes conséquencestrèsgravespour
le monde entier (S,/PV.2172). Le 29 novembre 1979, les Etats-Unis ont
adressé à la Cour hternationale de Justice une requête introductived'ins-
tance contre l'Iran. Le 4 décembre1979,le Conseil de sécurité aadopté à
l'unanimitéune résolutiondemandant au Gouvernement iranien delibérer
immédiatementle personnel détenu.Lors des audiences qui eurent lieu le
10décembredevan,tla Cour sur la demande parallèle des Etats-Unis en

indication de mesuresconservatoires, le Présidentde la Cour a conclu son
exposéintroductif enposant à l'agentdes Etats-Unis laquestion suivante :
Quelle portée laCour devrait-elle attacher, aux fins de la présenteins-tance, a la résolution457 adoptéepar le Conseil de sécurité 4 décembre
1979 ? ))(C.1.J.Mémoires, Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-

Unis à Téhéranp,. 19.)
62. La réponseapportée à cette question par M. Roberts Owen, alors
conseiller juridique du département d'Etat, est instructiv:
Je voudrais;ici, en réponsà une question poséepar le Président
de la Cour, présenter une dernière observation sur la compétence.
Comme la Cour le sait, le Conseil de sécuritédesNations Unies s'est
occupédu présentdifférendet,dans larésolution457adoptéeilya six

jours, le Consei.1adresse un urgent appel au Gouvernement de l'Iran
pour qu'il relâche immédiatementles otages. Dans ces conditions, il
ne serait peut-être pas inconcevable de soutenir que la Cour doit
s'abstenir d'exercersa compétence àl'égarddu mêmedifférend.
J'affirme respectueusement que tout argument à cet effet serait
indéfendable.Certes, ilest impressionnant de constaterque lesquinze
pays représentksau Conseil de sécuritéq,uinze pays représentant des
vues et desphil.osophiestrès diverses,ont votà l'unanimité,15voix
contre zéro, en faveurde la résolutiondont j'aiparlé.Il n'enreste pas
moins que le Conseil de sécuritéest un organe politique auquel il
incombe de chexcher à résoudrelesproblèmesinternationaux par des
moyenspolitiques. Par contraste, la Cour internationale deJustice est
un organejudiciaire chargéd'employerdesméthodesjudiciaires pour

résoudreles problèmes relevantde sa compétence.Absolument rien
dans la Charte des Nations Unies, ni dans le Statut de la Cour, ne
donne à pense]:que l'action du Conseil de sécuritéaurait pour effet
d'exclure cellede la Cour, mêmesi les deux actions sont à certains
égardsparallèles.A l'opposé, aux termesde l'article 12de la Charte
des Nations Unies, tant que le Conseil de sécuritéremplit ses fonc-
tions à l'égardd'un différend, l'Assemblée généraln ee doit faire
aucune recommandation sur ce différend,mais la Charte n'impose
aucune restrict.ion comparable à la Cour. Comme Rosenne l'a fait
observer à la page 87 de son traité The Law and Practiceof the
International CourtofJustice,le fait que l'un des organes politiques
des Nations Unies s'occupe d'undifférenddonnén'empêchepas la
Cour de se prononcer sur ceux des aspects du même différendqui

relèventde sa compétence.
En résumé,IlesEtats-Unis ont saisi la Cour d'un différendqui re-
lèvemanifestement de sa compétence obligatoire etje crois pouvoir
affirmer que si nous arrivons à établirque l'indication de mesures
conservatoires estjustifiéeet nécessaireconformément à l'article 41
du Statut, il incomberaà la Cour d'indiquer de telles mesures, indé-
pendamment de toute disposition parallèle qu'aurait pu adopter le
Conseil de sécuritédes Nations Unies. r(Ibid., p. 28-29. Voir aussi
p. 33-34.)

63. A la demande des Etats-Unis, le Conseil de sécurités'est réunide
nouveau fin décembre,lorsqu'il est devenu manifeste que l'Iran n'avaitaucuneintention de seconformer à l'ordonnance enindication de mesures
conservatoires du 15 décembre 1979, qui demandait essentiellement la
libération immédiatedesotages. Le31décembre1979,leConseil a adopté
une résolution dans laquelle il exprimait son inquiétude à propos de la
situation ((qui pourrait avoir des conséquences gravespour la paix et la
sécurité internationales O, rappelait l'avis du Secrétaire général selon
lequel la crise en cours entre l'Iran et les Etats-Unis constituait une

((menace grave pouirla paix et la sécuritéinternationales )),tenait expres-
sément compte- dei; termes de l'ordonnance rendue par la cour le
15décembre1979,rappelait les termes de l'article2,paragraphes 3et 4, de
la Charte, déplorait le maintien en détention des otages à l'encontre de
l'ordonnance de la Cour, demandait instamment à l'Iran de libérer immé-
diatement les otage:set décidait de se réunir le 7 janvier 1980 ((pour
examiner la situation et, en cas d'inobservation de la présenterésolution,
pour adopter des mesures efficacesconformémentaux articles 39et 41de

la Charte des Natioas Unies )).
64. Ainsi, dans une affairequi sepoursuivait alors activement devant la
Cour, le Conseil de sécurité ajugé parfaitementopportun de prendre des
mesures et d'envisager d'en prendre d'autres en application du cha-
pitre VI1de laCharte. Enl'occurrence,ilaétéfaitéchecaux autres mesures
par l'exercicedu droit de veto.Néanmoins,je ne croispas que cerappel des
actions engagéesparallèlement devant leConseil de sécuritéetlaCourpar
lesEtats-Unis à prolposd'unequestion censéereleverdu chapitre VI1de la
Charte puisse s'accorder avecla thèse qu'ilssoutiennent dans la présente

espèce,selonlaquelle laCour ne saurait connaître d'uneaffaireimpliquant
l'emploi continu de la force arméemotif pris que la Charte conférerait
l'entière responsabillitde telles affaires aux organes politiques de l7Orga-
nisation. Comme la Cour l'a affirmédans son arrêtdu 24 mai 1980 :

<(il ne semble ktre venu à l'esprit d'aucunmembre du Conseil qu'ily
eût ou pût y avoir rien d'irrégulierdans l'exercice simultanépar la
Cour etpar le Clonseilde sécurité deleursfonctions respectives. Lefait
n'est d'ailleurs passurprenant. (Personneldiplomatiqueet consulaire
des Etats-Unis a TéhéranC , .I.J. Recueil 1980, p. 21-22, par. 40.)

La Cour cite ensuite les termes de l'article 12 de la Charte.
65. Certes, l'affaire du Personneldiplomatiqueet consulaire desEtats-
Unis a Téhéran n'impliquait pas un emploi continu de la force dans les
relations internatioinales du mêmetype que celui mis en jeu dans la pré-
sente espèce. Maisil convient de rappeler que les Etats-Unis ont expliqué
leur expédition avortéede sauvetage des otages par (l'exercice de leur
droit inhérent de légitime défense,en vue de sauver les ressortissants

américainsquisont etdemeurent lesvictimesde l'attaque arméeiranienne
contre notre ambassade )),et qu'ils ont portécette expédition a la con-
naissance du Conseil de sécurité (<en application de l'article 51 de la
Charte des Nation:; Unies (C.I.J. Mémoires, Personned liplomatiqueet
consulairedes Etats-Unis a Téhéranp,. 486). C'était là, à mon sens, une
qualificationjuridique valable de latentative de sauvetagepuisqu'ilyavaiteuune attaque arméecontre l'ambassade desEtats-Unis, et que des otages
américainsétaientdétenuspar la force desarmes dans desconditions que
les Etats-Unis considéraient avec raison comme dangereuses. Dans son
arrêt du24mai 1980:la Cour elle-mêmes ,ans seprononcer sur lecaractère

licite de l'opérationde sauvetage, parle de<{l'attaque armée perpétrée le
4 novembre 1979 par des militants contre l'ambassade des Etats-Unis H
(C.I.J. Recueil1986: p. 29). Au moment où l'arrêta étérendu, les faits
n'appartenaient pas entièrement au passé commedans l'affairedu Détroit
deCorfou ;l'emploidelaforcecontre lesotages sepoursuivaitet lamenace
contre la paix - situation viséeau chapitre VI1 - provoquée par leur
détention persistait.
66. Mais si, à mon avis, l'affaire du Personneldiplomatiqueet consu-
laire des Etats-Unis à Téhéran montre que la Cour peut statuer sur les
aspectsjuridiques d'une affaire soumise simultanément à l'examen actif
du Conseil de sécuritéenvertu du chapitre VI1de la Charte, il existe une
différencecapitale, sousl'anglede lacomplexitédes faits, entre l'affairedu
Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-Unis a Téhéran et celledont

la Cour est actuellement saisie.
67. Dans lapremière espèce,il n'yavait pas de désaccordimportant sur
lescirconstances matériellesde la prise d'otageset de la détention. L'Iran
les divulguait tandis que les Etats-Unis et la communauté internationale
les condamnaient. Incontestées pour l'essentiel, elles étaient en outre
attestéespar une maissede renseignements indiscutéssoumis à la Courpar
les Etats-Unis.
68. Dans la présenteespèce, lasituation est trèsdifférente.Les Parties
s'opposent radicalelment sur l'exposédes faits. Il est exact que certaines
allégationsdu Nicaragua contre les Etats-Unis sont étayées par des décla-
rations officiellesde:sEtats-Unis qui reviennenà lesreconnaître. Mais les
allégationsdes Etats-Unis contre leNicaragua sont niéesavec véhémence
par celui-ci - même si,comme il ressort de l'appendice à la présente

opinion, les dénégationsdu Nicaragua sont contredites par ses propres
déclarations etpar d'autres moyens de preuve. La parfaite exactitude des
accusations portéespar les Etats-Unis contre le Nicaragua a étéétablie
dans la mesure où ilressort des faits, d'une part, que c'estleNicaragua qui
a engagé une actioriarméesubversive contre le Gouvernement d'El Sal-
vador avant que les Etats-Unis n'y répliquentpar des mesures tendant à
venir en aide au Salvador contre le Nicaragua et, de l'autre, que le Nica-
ragua amaintenu son appui matérielauxforcesqui visent à renverserpar la
violence le Gouvernement d'El Salvador. Néanmoins, une question déli-
cate reste en partie dans l'ombre.

4. La Cournepeutpas seprononcersurlanécessité d'unemploi continudela
force dans les circonstancesde l'espèce

69. Pour que la riposte des Etats-Unis au comportement agressif du
Nicaragua soit licite, il faut qu'elle soit nécessaire.La Cour est-elle en
mesurede statuer sur lanécessitéd'un recourscontinu des Etats-Unis àdesmesures de légitimedéfense collective ? J'en doute pour la principale

raison que,pour seprononcer sur cette nécessitél,a Courdoit examiner si
les Etats-Unis agissent ou non raisonnablement en refusant lesassurances
tardives du Gouvernement nicaraguayen quant àsa volontéde laisser en
paix les gouvernements des pays voisins si les Etats-Unis cessent de I'in-
quiéter.Il est extrêmementdifficile à la Cour de porter actuellement un tel
jugement, lequel implique inévitablement uneappréciation desmotifs et
de la bonne foi du 'Nicaraguaet des Etats-Unis.
70. On peut dire que les pressions exercéespar les Etats-Unis sur le

Nicaragua étaientjustifiéespar la nécessitéd ,e lafin de 1981 àla moitiéde
1983au moins, époclueoù il sembleque leNicaragua se soit montréprêt à
affirmer sa volontéclene pasappuyer la rébellionau Salvador (notamment
mais non exclusivementpar sa proposition relative aux quatre traitésdont
ilest question aux paragraphes 174 à 178de l'appendice), à condition que
les Etats-Unis cessent de soutenir les contras et le Gouvernement d'El
Salvador. On peut linterpréterl'acceptation par le Nicaragua de la liste
d'objectifsdugroupe deContadora en datedu 9septembre 1983commela

consécrationde sa position. Mais si ces apparences sont vraies, la Cour
peut-elle vraimentjuger, sur la base de critèresjuridiques, si lesEtats-Unis
ont eu raison ou tort de rejeter cette offre tardive du Nicaragua ?Si le
comportement antérieur du Nicaragua, par son caractère illégitimeet
équivoque, avait convaincu lesEtats-Unis qu'ils nepouvaient ajouter foi à
cechangement deposition oude tactique de sapart, peut-on leur reprocher
d'avoir rejetélesquatre projets de traitésdu Nicaragua et les déclarations
qu'ilafaites par la siiitedans lemêmeesprit, sur un plan bilatéraletdans le
cadre des consultations de Contadora, les Etats-Unis craignant que le

Nicaragua. une fois les contras abandonnés ou dispersés, et aumoment
choisi par lui, ne reprenne ses actes de subversion arméecontre les pays
voisins ? Après tout., leGouvernement nicaraguayen a affirmé (dans un
discours prononcé par un des neuf comandantesau pouvoir) que sa poli-
tique d'o interventionnisme ))- c'est le terme choisi par le commandant
Bayardo Arce - <ne peut cesser o.(<(Commander Bayardo Arce's Secret
Speechbefore the Nicaraguan SocialistParty (PSN) )>DepartmentofState
Publication 9422, 1085,p. 4.)

71. C'est là une question raisonnable, maisje doute qu'elle soitjusti-
ciable. Je dis cela, non pasà cause de ce que les Etats-Unis ont appeléle
caractère «ongoing» (<(encours 1))de l'affaireet la natur<(changeante
de sonévolution.Le:Statutde la Cour prévoit àjuste titre que celle-cipeut
connaître d'affaires ((en cours ;sinon, les dispositions du Statut l'habi-
litant à indiquer ((quelles mesures conservatoires du droit de chacun
doivent êtreprises à titre provisoirw n'auraient aucun sens.Jene croispas
non plus que la réponse à la question outrepasse la capacitéde la Cour à
cause du refus des Etats-Unis de prendre part à la procédure devant la

Cour sur lefond ou lprincipalement à causedecerefus. Ilserait difficileàla
Cour d'établirquels sont les véritablesmotifs de la politique d'une partie
sur une question cornmecelle-ci,et sicette politique est raisonnable, même
si cette partie comparaissait. La Cour n'est pas en mesure d'ordonner lacommunication des archives de la CIA et de la Maison-Banche - ni celles
du Gouvernement nicaraguayen, sans parler de celles du Gouvernement
cubain et autres tenants de la subversion au Salvador. Que le tribunal de
Nuremberg soit parvenu en fin de compte (<<ultimately est le terme

employéen anglais ]parle tribunalà apprécier lanécessitéa ,prèsexamen
desfaits et au vu d'un moyende preuve offert par l'accusation (lesarchives
saisieschez ledéfendeur),est une chose. Mais c'en est uneautre sila Cour
doit se prononcer en toute assurance sur les politiques- et les mobiles-
desEtats immédiatementintéresséss ,urtout dans lecas où non seulement
unepartie fait défautet serefusede toutefaçon pour desraisons de sécurité
à divulguer des renseignements qu'elle estime secrets mais où d'autres
Etats tout autant intéressédeprès à l'instancen'yparticipent pas non plus
et ne sont apparemiment pas dans de meilleures dispositions. D'énormes
difficultésattendaie:nt la Cour si elle voulait se prononcer sur la validité
d'une allégationde Iégitimedéfensecollectiveen I'absencenon seulement
des Etats-Unis, partie à l'affaire, mais aussi d'autres pays participantà

cette action collectiveO, à savoir El Salvador et le Honduras, qui
n'étaientpas partiesà l'affaire.Comme on leverra on ne saurait reprocher
à El Salvador de ni: pas êtreintervenu dans la phase sur le fond ; con-
trairement àce qu'affirme leNicaragua les allégations faites par El Sal-
vador ne peuvent pasêtredémentiespar lerefus de cepays de comparaître
pour les défendre.
72. S'agissant d'un gouvernement qui, comme celui du Nicaragua, n'a
pas affaire àun conigrèsdominé par l'opposition, qui n'est pas contraint
d'adopter une loisur l'allocationdecréditsauxservicesde renseignements,
qui n'est pas soumis à la tutelle d'une commission restreinte du rensei-
gnement ni aux réviflationsd'une presse libre,dont les ministères sefont
assister deconseillersenvoyéspar desrégimesautoritaires, dont l'idéologie

n'estpas libérale,et dont lesministres déformentla réalitédevant la Cour,
il est d'autant plus difficile d'établir lavéritéquant à ses actions et, a
fortior qiuant à ses mobiles.
73. De plus, s'ilest vrai que, par une appréhension plus complètedes
faits la Cour aurait étémieux à mêmede se prononcer sur la nécessité de
l'action des Etats-Unis au regard de la légitimedéfensealléguéei,l est à
noter qu'elle nes'estpas souciéede rechercher cesfaits,comme on leverra.
Même sil'on admei:que les pouvoirs d'investigation de la Cour auraient
peut-êtrepu, siellelesavait exercés,luipermettre de prendre une décision
en meilleure connai.ssancede cause sur la nécessitéou I'absencede néces-
sitédesactionsdes Ettats-Unisau regard de lalégitimedéfensecollective,le
fait est que la Cour s'est abstenue de les exercer.
74. Eu égard à l'ensemblede cesconsidérations,laCouraurait bien fait

de conclure prudeniment qu'une question qui est au cŒur de l'affaire -
cellede savoir sil'argument de légitimedéfense invoquépar les Etats-Unis
estjustifié- n'estpas actuellement justiciable. Or, la Cour a décidéde se
prononcer surcette question en se fondant sur les faits misen lumière, tels
qu'elle lesavait éta'blis.
75. Amon avis,l'établissementdesfaits par laCour n'estpas seulementcritiquable en raisonidu caractère particulier de l'affaire et, peut-être,du
refusde laCour d'exirrcersespouvoirs d'investigation ;laCour, en partie à
cause d'une mauvaise application des règlesde preuve qu'elle a énoncées
pour laprésenteespèce,n'amêmepasreconnu ni appréciécorrectementles
faits qui ressortent effectivement du dossier et de la présente opinion

dissidente, y cornpri,~le fait que le Gouvernement nicaraguayen a délibé-
rément déformé la vérité. Elle n'apas non plus tiréles conclusions juri-
diques exactes des faits qu'elle semble à certains égards reconnaître, en
refusant par exemple d'appliquer au Nicaragua ce principe généralfon-
damental du droit défini de façon si imagéepar l'expression mains
'fO-reS- -).
76. Etant donnéqueje ne partage pas l'avisde la Cour selon lequel la
auestion de la nécessité des actions des Etats-Unis est en l'étatactuel des

chosesjusticiable, je mesenstenu d'exprimerunjugement - comme l'afait
la Cour - sur la baije des faits qui lui sont soumis et qui appartiennent
au domaine public, aussi incomplets qu'ils puissent être. Pourles raisons
exposéesaux paragrinphessuivants de la présente opinion,ma conclusion
est que les Etats-Unis ont agi et continuent d'agir rai~onnablement - en
tout cas de manièrenon déraisonnable - en décidantque l'exerciceconti-
nu des pressions arméeset autres sur le Nicaragua est nécessairepour

juguler l'exercicecontinu par le Nicaragua de pressions armées et autres
sur El Salvador. Si l'action des Etats-Unis est nécessaire, elle estalors
justifiéeen droit.
77. Celane veutp,asdireque - commeilestsoulignéauparagraphe 5de
la présente opinion - j'approuve ou désapprouve les politiques pour-
suiviespar les Etats-1Jnisvis-à-visdu Nicaragua, d'ElSalvadoroud'autres
pays d'Amériquecentrale. Je conclus simplement que, au regard du droit

international, les Etats-Unis agissent de façon licite en exerçant des pres-
sionsarméeset autre:ssur le Nicaragua dans le but de l'amener à renoncer
définitivement à sonactionarméesubversivecontre leGouvernement d'El
Salvador et ceux d'autres pays voisins.

C. La pertinence et l'effet
de la réserve relative aux ((traitésmultilatéraux ))

1. La Cour étaitet est tenue d'appliquer la réserve

78. Je pense qu'une des faiblesses de la décision de la Cour sur la
compétencerésidedans la manièredont ellea traitéla réserve relativeaux

((traitésmultilatéraux ))(réserveVandenberg),apportéeparlesEtats-Unis
à leur acceptation de lajuridiction obligatoire de la Cour, laquelle dispose
que cettejuridiction ne s'étendpas

aux différends résultant d'un traité multilatéral, à moins qiie
1) toutes les parties au traité que la décisionconcerne soient égale-
ment parties à l'affaire soumise à la Cour, ou que 2) les Etats-Unis
d'Amériqueacceptent expressément lacompétencede la Cour o.Pour les motifs que j'ai exposésdans mon opinion dissidente, je reste

persuadé que la Cour a éludé l'application de cette réserve (voir
C.I.J. Recueil 1984, p. 602-613).
79. Lefaitque la Cour n'apas donnéeffet àlaréserverelativeaux traités
multilatérauxaustade de I'affaire auquelelleétaitcenséeen avoir, celuide
lacompétence,aeu (lesconséquences regrettables.Les Etats-Unis ont pris
motif de cette carence pour se retirer de l'affaire. Ils l'ont aussi invoquée
pour retirer leur acce:ptationde lacompétenceobligatoirede laCour. Dans
une déposition devant la commission des affaires étrangèresdu Sénat,
faite le 4 décembre 1985,M. Abraham D. Sofaer, conseillerjuridique du
département d'Etat, s'est exprimé ainsi :

<Nous avonssérieusement envisagé lapossibilitéde modifier notre

déclarationde 1946au lieud'ymettre fin,maisnous sommes arrivés à
la conclusion qu'une modification ne répondrait pas à nos préoccu-
pations. Aucun libellé restrictifque nous pourrions rédiger n'empê-
cherait la Cour de se déclarercompétente si elle voulait connaître
d'une affaire dléterminéec ,omme le démontre le sort qu'elle a fait
subir a notre réserverelative auxtraitésmultilatérauxdans I'affairedu
Nicaragua. Cette réserve exclut lesdifférends résultantd'un traité
multilatéral àmoins que toutes les parties au traitéque la décision
concerne ne comparaissent aussi devant la Cour. Malgré les exposés
écritset oraux du Nicaragua devant la Cour,qui mettaient expressé-
ment en cause El Salvador, le Honduras et le Costa Rica par des
allégations relaiiveà des violations deschartes des Nations Unies et
de l'Organisation des Etats américainsetdemandaient que les Etats-

Unis cessent de prêterassistance àces pays, malgrédes déclarations
reçues directement de ceux-ci, une majoritéde la Cour a refuséde
reconnaître que la décisionlesconcernerait et ellea refusé dedonner
effetà la réserve. (O The United States and the World Court O,
Department of State CurrentPolicy No. 769, p. 3.)

Cet argument n'a d'ailleurspas prévaluqu'à Washington ;ilyatout lieude
redouter que d'autres Etats qui ont accompagnéde réserves leurdéclara-
tion, envertu de laclausefacultative, pourraient retirercettedéclarationen
craignant eux aussi que la Cour n'applique pas leurs réservessi l'occasion
s'enprésentait. Un Etat est déjàrevenu sur son adhésion, peut-êtredans
cette crainte.

80. Mais si la Cour a évitél'application de la réserve relative auxtraités
multilatéraux dans la phase sur la compétence,elle l'ajointe au fond au
motif que <(ce n'est qu'à partir du moment où les grandes lignes de son
arrêtse dessineraient qu'elle pourrait déterminer quels Etats seraient
<<affectés (C.I.J. 1'2ecuei l984, p. 425, par. 75). Ainsi, alors que les
grandes lignes de l'arrêtse dessinaient, la Cour a tranché la question de
savoir si l'unquelcorique des Etats parties aux quatre traités invoquéspar
le Nicaragua, en particulier la Charte des Nations Unies et la charte de
I'OEA,serait affectépar cet arrêt.Elleest parvenue à la conclusion qu'ElSalvador serait affecté - conclusion correcte qui, toutefois, n'étaitpas
moins évidenteau stade de la compétence qu'aujourd'hui.
81. En fait, l'évidencede la conclusion selon laquelle El Salvador
(comme le Honduras et le Costa Rica) serait inéluctablement affectépar
l'arrêtde la Cour, quelle qu'en soit la teneur, était à mon avis non seule-
ment démontrable mais démontrée en1984,au stade de la compétence
(voir C.I.J. Recueil1984,p. 604-608).L'arrêtrendu aujourd'hui en apporte
une nouvelle démonstration :la Cour s'estappliquée à expliquerpourquoi
ilapparaît maintenant qu'El Salvadorsera affecté,alors que ce n'étaitpas
lecas en 1984.La Cour affirmeque, de façon générale, slia demandeétait

rejetéesur la base desfaits, aucun tiers ne pourrait êtreaffectépar l'arrêt.
Elle poursuit :
<Dans l'hypothèseoù la Cour conclurait en l'espèceque l'emploi
de la force par les Etats-Unis contre le Nicaragua n'est pas suffisam-

ment établi,la qluestionde lajustification par lalégitimedéfensene se
poserait pas, et iilserait excluqu'El Salvador puisse être(affecté par
la décision. ))
82. Cette explication n'est manifestement pas convaincante. Prernière-

ment il n'étaitpas moins patent en 1984qu'aujourd'hui que les Etats-Unis
avaient fait usagede laforce contre leNicaragua.Ala datedu 26novembre
1984,cetemploi de laforce contre leNicaragua avait non seulement donné
lieu àdes accusationisde la part de celui-ci mais, par la voie législativeou
par toute autre voie.,les Etats-Unis l'avaient officiellement et àplusieurs
reprises reconnu,et c'était unfait de notoriétédans lemonde entier. Toute
tentativefaite par la Cour pour laisser entendre lecontraire est totalement
indéfendable. Deuxiièmement,comme je l'ai fait observer en 1984 :

<L'idéeexpriméepar la Cour, en disant que, dans l'hypothèseoù
ellerejetterait la requêtedu Nicaragua, aucunEtat tiers ne pourrait se
dire affectépar l'arrêt, n'esptas plus convaincante. Autant dire,pour
transposer l'affaire sur leplan interne, que siun individu A est accusé
devant un tribunal du pays dont il est ressortissant d'actes de terro-

risme,avectrafic d'armes et de stupéfiants,et que lesindividus B,Cet
D, ressortissan1:sétrangers se trouvant hors du ressort du tribunal,
sont citéssans i!treinculpés,ils ne seront pas concernés -juridique-
ment, économiquement,moralement ou de toute autre manière - par
un jugement aux termes duquel A est déclarénon coupable.

83. La Cour a conclu àjuste titre dans l'arrêt renduaujourd'hui que
l'application de la réserve relativeaux traités multilatéraux ne peut être
évitéeaumotif que les Etats-Unis, n'ayant pas participé à l'instance sur le
fond, n'auraient pas soulevécette exception au moment ou, apparemment,
la Cour leur a reconnu cette faculté. Vu que la Cour elle-mêmeavait dit
que, à partir du moment où lesgrandes lignesde son arrêtsedessineraient
elle pourrait déterminer quels Etats seraient affectés O, cela supposait
qu'à cestade elle examinerait la question. Pour leur part, les Etats-Unis

avaient officiellement soulevé,arguments à l'appui, une exception fondéesurla réserverelativeauxtraitésmultilatéraux ;ilsn'ontjamais retirécette

exception ni renoncé à la faire valoir;la Cour en reste saisie après en
avoir différél'examenjusqu'à laprocéduresurlefond. Ilya plus, silaCour
avait évitéd'appliquer la réserve aumotif que les Etats-Unis n'étaientpas
présents pour en réclamer l'application, elle aurait enfreint la lettre et
l'esprit de l'article 53du Statut. Compte tenu de cette disposition impé-
rative, la Cour ((doit))avant de statuer sur la demande, <(s'assurer non
seulement qu'elleacompétence ..mais que lesconclusions sont fondéesen
fait et en droit)).Ayant sursis à l'examen d'une exception préliminaire
d'incompétenceau motif que cette exception ne présentaitpas un caractère
exclusivement préliniinaire,laCour restait tenue deprocéder àson examen

durant la phase de l'affairà laquelle ellel'avait renvoyée,que la partie qui
l'avait invoquéefût ou non présente pour la soutenir. Toute décision
contraireaurait privkd'effet l'article 53du Statut et serait aàll'encontre
de ce que la Cour a dit de l'interprétation de l'article 53 dans l'affaire du
Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-Unis à Téhéran :

33. Il est regrettable que le Gouvernement de l'Iran ne se soit pas
présentédevant la Cour pour développer sesarguments sur les ques-
tions de droit et defait qui seposent en I'espèceet qu'en conséquence
la Cour n'ait pas eu l'aide que l'exposéde ces arguments et toute
preuve présentée à l'appui auraient pu lui apporter. Néanmoins,
lorsqu'elle appliiquel'article 53du Statut, la Cour doit, en vertu d'une
jurisprudence constante, commencer par examiner d'office toute
question préliminairede recevabilitéoudecompétenceque paraissent
soulever en I'espèceles renseignements à sa disposition et dont le
règlement pourrait faire obstacleà la poursuite de l'examen au fond

des thèsesdu demandeur. (Personnel diplomatique et consulaird ees
Etats-Unis à Tkhérana , rrêt,C.I.J. Recueil 1980, p. 18.)

84. La principale thèsedu Nicaragua contre I'application de la réserve
relative auxtraitésmultilatéraux à cestade aconsisté à dire que l'argument

des Etats-Unis suivant lequel El Salvador, le Honduras et le Costa Rica
seraient affectés pa:r la décision en I'espècene valait plus à partir du
moment où les Etats-Unis reconnaissent leur dessein de renverser le Gou-
vernement nicaraguayen. Le Nicaragua soutient que le renversement est
incompatible avec la légitimedéfense et que, dans ces conditions, I'argu-
ment des Etats-Unis disparaît tout simplement H(mémoiredu Nicara-
gua, p. 185).
85. Cet argument est simple. mais exagérément simpliste.En premier
lieu, il n'est nullement établique les Etats-Unis cherchent à renverser le
Gouvernement nicaraguayen (appendice à la présenteopinion, par. 23-26,
157-159, 200-205). IEnsecond lieu, à supposer, pour les besoins de la

démonstration, que le but des activités militaires et paramilitaires des
Etats-Unis au Nicaragua et contre celui-ci soit de renverser le gouverne-
ment de ce pays, il rie s'ensuit pas que cela serait nécessairement incom-
patible avec l'argument tiréde la légitimedéfense et équivaudrait à yrenoncer. Il y a des cas, à vrai dire la plupart, où le renversement du
gouvernement agresseur pourrait constituer un acte de légitimedéfense

non nécessaireet disproportionné, mais dans d'autres cepeut êtreun acte
nécessaireet proportionné.Tout dépend des faits,s'ilspeuvent être établis.
86. La position officielle des Etats-Unis a étéet demeure qu'ils ne
cherchent pas à renverser le Gouvernement du Nicaragua et que les pres-
sions qu'ils continuent d'exercer sur ce gouvernement sont des mesures
licitesdelégitimedéfensecollectiveprises pour venir en aide àElSalvador.
Contrairement à ce qu'a prétendule Nicaragua devant la Cour, les Etats-
Unis n'ont renoncé iiaucun de ces moyens. Le Nicaragua a beau soutenir
que les Etats-Unis, en se retirant de l'affaire, ont cesséd'invoquer la
légitime défense collectivepourjustifierjuridiquement l'exercicede pres-
sionssur leNicaragua, l'ouvrage«RevolutionBeyondOurBorders»,publié

par ledépartementd'Etat enseptembre 1985,soit neuf moisenviron après
l'annonce par lesEtats-Unis de leur retrait, réaffirmecettejustification. Le
15janvier 1986 enclorele secrétaired7Etat Shultz, dans une conférence
donnéeen public sur le thème Low-IntensityWarfare :the Challenge of
Ambiguity ))déclarait :

<Aprèsavoir perpétré uneagression contre leurs voisins et fourni
des armes à des terroristes comme le groupe M-19 en Colombie, [les
Nicaraguayens] ont eu le cynisme de s'adresser àla Cour internatio-
nale de Justice pour nousaccuser d'agression simplement parce que
nous aidons El Salvador à se défendre. (Department of State Cur-
rent Policy No. 783, p. 1).

87. Puisque laclauserelative aux traitésmultilatérauxest une réserveen
vigueur,qui limitelaportéede l'acceptation delajuridiction de la Cour par
les Etats-Unis, la C'ourest tenue de l'appliquer et donc de revenir à la
question dont elleadifféré l'examendans son arrêtdu 26novembre 1984 :

El Salvador, le Hontiuras et le Costa Rica, ou l'un d'entre eux, seront-ils
<<affectés))par l'arrêtde la Cour dans la présente phase de l'affaire ?
88. Il est clair que l'arrêtde la Cour, qui fait droit aux principales
demandes du Nicaragua et rejette les principaux moyens des Etats-Unis,
affecte nécessairemerzE tl Salvador, le Honduras et le Costa Rica. Ceux-ci
sont affectésnon seulement dans leurs droits, mais d'un point de vue
politique, militaire, é:conorniquet moral (on noteraque la réserve relative
aux traitésmultilatérauxneprécisepas qu'ilsdoivent l'êtrjeuridiquement).
Les exposés mêmed su Nicaragua renforcent cette conclusion. Commeje
l'ai fait observer dans mon opinion dissidente jointe à l'arrêt du26 no-
vembre 1984 :

<(Dèsleparagraphe 1de sa requête,ilest ditque les Etats-Unis ont
installéplusde <(dix mille mercenaires ...dans plus de dix camps de
base au Honduras, le long de la frontière avec le Nicaragua ... ...Le
Nicaragua prétend égalementque deux mille <<mercenaires H,soute-

nus par lesEtats-Unis, opèrent contre son territoire, partir du Costa
Rica ...et que le Gouvernement costa-ricien agit de concert avec les Etats-Unis ...De plus, lors des audiences qui viennent de se tenir,
l'agent du Nicaragua a affirmé que, dans ce mêmedifférend, << les
Etats-Unis possèdent des bases, des stations de radar, des avions

espions, des balteaux espions, que les arméesd'El Salvador et du
Honduras sont à leur service... - en d'autres termes, que les Etats-
Unis agissent de concert avec le Honduras et El Salvador. 11est en
conséquencemiinifesteque, si lesfaits avancéspar le Nicaragua sont
tenus pour exacts et sila Cour décidede faire droit aux demandes du
Nicaragua, sa décisionconcernera nécessairement lesintérêtsdu
Honduras, du Costa Ricaet d'El Salvador.Cela ressort avecuneclarté
particulière de ce que le Nicaragua demande à la Cour de dire et
juger ..alinéa 1;)de sa requête : les Etats-Unis

<<ont le devoir exprès de mettre fin et de renoncer immédiate-
ment ..à tout appui de quelque nature qu'il soit - y compris l'en-
traînement et la fourniture d'armes, de munitions, de fonds, d'ap-
provisionnerrients, d'assistance, de direction ou toute autre forme
de soutien - ;toute nation ..selivrant ou sedisposant a selivrer à
des actions militaires ou paramilitaires au Nicaragua ou contre
celui-ci..))

En effet les Etats-Unis fournissent un soutien actif au Honduras et à
El Salvador sous forme d'entraînement, d'armements, de crédits,
etc. ;le Nicaragua lui-même,dans sa requêteeten plaidoirie, a affir-
méque le Honduras et El Salvador se livrent, de concert avec les
Etats-Unis, à desactions militaires ou paramilitaires au Nicaragua ou
contre celui-ci ; et le Honduras et El Salvador, dans leurs communi-
cations à la Cour, ont déclaréqu'en réalité c'estleNicaragua qui s'est
livréet qui se livre contre eux a divers actes d'agression directe ou

indirecte, y comiprisdes agressions armées ...Autrement dit, le Nica-
ragua demande à la Cour un arrêtenjoignant aux Etats-Unis de
mettre fin et dt: renoncer aux actions collectives qu'il affirme être
dirigéescontre lui, alors que les Etats-Unis, le Honduras et El Sal-
vador affirment que ces mêmesactions sont des actes de légitime
défensecollectivecontre les agressions du Nicaragua. La décisionde
la Cour sur cepoint critique ne pourra donc pas ne pas <<concerner ))
le Honduras, El Salvador et - vules allégationsdu Nicaragua - le
Costa Rica en plus des Etats-Unis.

89. Bienquelesconclusions finalesdu Nicaragua en l'espèce eussentété
rédigéee sn termesgénéraux, ellen se remettaient pas encause l'analysequi
précède.11étaitdemiandé à la Cour de dire etjuger que :

<(les Etats-Unis ont violéles obligations de droit international indi-
quéesdans lemkmoire ...[et]d'énoncer avecclartél'obligation qu'ont
les Etats-Unis dlemettre fin auxdites violations du droit internatio-

nal ... (audience du 20 septembre 1985).La Cour a statué au fond et en faveur de la demande du Nicaragua. Les
allégationsde celui-ci tendaient, par leur essence même, à stigmatiser les

Etats-Unis comme coupables d'avoir violé lesobligations dont ils sont
tenus de ne pas employer la force contre le Nicaragua et de ne pas inter-
venir contre lui; de Ilamême manière et nécessairement, lesallégationsdu
Nicaragua, par leur essence même,entraînaient le rejet du moyen de
défenseinvoquépar les Etats-Unis, à savoir qu'ils agissentdans l'exercice
de la légitimedéfensecollective.Or ElSalvadoret leHondurasappuient la
thèse selon laquelleles Etats-Unis agissent dans l'exercicede la légitime
défensecollectivenon pas seulement en paroles, mais par leursactes sur
le terraino. El Salvador et le Honduras sont nécessairement << affectés
par la décisionde la Cour sur l'argument de légitime défense collective

avancépar les Etats-Unis, et ils devaient l'être,que la Cour accepte ou
rejette cet argument. Affirmer lecontraire, au motif que lesseulesParties à
la présente instancesont les Etats-Unis et leNicaragua et que l'arrêtde la
Cour ne vise et ne llieque ces deux Etats, n'aurait évidemmentpas été
convaincant. Non seulement une telle prise de position aurait rendu ino-
pérante la réserve relativeaux traités multilatéraux,mais elle aurait été
contraire au sens dlesarticles 62 et 63 du Statut, qui reconnaissent et
envisagent la possibilitéque des Etats non parties à l'affaire soient<(af-
fectés ))par la décisiion.
90. LeNicaragua soutenait en outreque ni ElSalvador,ni leCosta Rica,
ni le Honduras ne pouvaient être (affectés par une décisionen l'espèce,

car une décisionfavorable aux demandes du Nicaragua contre les Etats-
Unis ne porterait atteinte à <aucun droit ou intérêt (<légitime de ces
Etats. Un tel argume:ntest spécieux.LeNicaragua estime peut-êtreque les
Etats voisins n'ont pas le droit et qu'il n'estpas de leur intérête résister
aux insurrections alppuyéespar les sandinistes ; que leur intérêtbien
compris consiste à s.esoumettre à ce que le commandant Bayardo Arce
proclame être (<la dictature du prolétariat (Arce, loc.cit., p. 4). Mais les
Gouvernements d'El Salvador,du Honduras et du Costa Rica nepartagent
évidemmentpascette manièrede voir ;ilssemblentcroire qu'ilestjuste de
résisterà l'appui que le Nicaragua fournit à la subversion. Quant isavoir
s'ilspeuvent y résister<< légitimement ))cela dépenddes faits qui carac-

térisent lesactes du Nicaragua et du droit qui lesrégit, ainsiquedesfaits et
du droit mis en cause par les réactions des Etats-Unis, d'El Salvador, du
Honduras et du Costa Rica. Cela nedépend pasde ladétermination, avant
dire droit et avant examen des faits, de ce qui est légitime.

2. Les rapports entre le droit internationalcoutumieret laréserve

91. L'argumentation duNicaragua en cequiconcerne laréserverelative
aux traitésmultilatéirauxrepose surl'idéeque les demandes fondées surle
droit international général etcoutumier et sur des traités bilatérauxne

relèventpas de cette exception et que laCour peut donc statuer à leur sujet.
Bienque laquestion ne soit nullement aussi simple - commeje l'aiindiqué
dans mon opinion dissidente jointe à l'arrêtdu 26 novembre 1984,auxparagraphes 85 à 90 - le Nicaragua a raison de faire observer qu'au
paragraphe 73 de l'arrêtde 1984la Cour ajugéque des principes comme
ceux

<(du non-recours à la force, de la non-intervention, du respect de
l'indépendance etde l'intégritéterritoriale des Etats et de la liberté
de navigation conservent un caractèreobligatoireen tant qu'éléments
du droit international coutumier, bien que les dispositions du droit
conventionnel auxquelies ils ont étéincorporés soient applicableso.

92. Après avoirapprofondi le problèmedes rapportsentre lesprincipes
et dipositions de la Charte des Nations Unies et de la charte de 170EA
d'une part et de l'autre du droit international coutumier - question sur
laquellej'ai expresskment réservé ma positionau paragraphe 90 de mon
opinion dissidente jointeà l'arrêtde la Cour du 26novembre 1984-je suis
parvenu aux conclu.sionssuivantes.
93. Les Parties à laprésenteaffaire, les Etats-Unis et leNicaragua, sont
toutes deux Membres de l'organisation des Nations Unies et de I'Orga-

nisation des Etats américainset sont liéespar les chartes de ces organi-
sations. Les principes fondamentaux de droit international qui régissent
aujourd'hui l'emploi de la force dans les relations internationales sont
énoncés dans la ChairtedesNations Unies et,pour cequiconcerne lesEtats
du continent américain,lesprincipes fondamentaux de droit international
auxquels ils sont teniusen ce qui concerne l'intervention dans les affaires
d'autres Etats américainsfigurent dans la charte de l'organisation des
Etats américains.La réserve relativeaux traités multilatéraux soustraitde
lajuridiction de la Cour les différends résultantd'un traité multilatéraà
moins que toutes les parties au traitéque la décisionconcerne ne soient
égalementparties à l'affaire soumiseà la Cour. Il a été démontré qu'El
Salvador, le Honduras et le Costa Rica ne manqueront pas d'être affectés
par la décisionde la Cour - conclusion que la Cour a elle-même acceptée

en substance, tardivement - alors que ces Etats ne sont pas parties à
l'instance. Il s'ensuitque la Cour ne peut pas statuer sur les demandes du
Nicaragua eninvoquanteten appliquant lesprincipeset lesdispositions de
l'une etl'autre charte. La Cour peut-elle donner vraiment effeà la réserve
relative aux traitésiultilatérauxen appliquant néanmoinscesprincipeset
dispositions au motil'queceux-ci,oucertainsd'entre eux,appartiennent au
droit international c:outumier?
94. La thèse seloinlaquelle les principes, sinon les dispositions, de la
ChartedesNations Unies régissantI'emploide la force dans les relations
internationles ont éttincorporésdans ledroitinternational coutumier fait
dans l'ensemble autcorité,même sila pratique des Etats témoigned'une
adhésionassez erratique aux principes de droit proclaméspar la Charte.
D'ailleurs, on pourirait mêmesoutenir que la pratique des Etats, par

opposition à cequ'ilsprônent, montre bien que lesrestrictions à l'usagede
la force dans lesrela.tionsinternationales figurant dans la Charte ne font
pas partie du droit international coutumier.
95. Néanmoins,mêmesil'onaccepteun argument qui est généralementadmis, à savoir que les restrictions de la Charte relatives à l'emploi de la
forceontétéincorporéesdans ledroitinternational coutumier, sibien que

des pays comme la Suisse, les deux Coréeset certains Etats minuscules,
quoique non membres de l'organisation desNations Unies, sont liéspar
les principes de 1'ari:icle2 de la Charte, il n'en demeure pas moins que le
Nicaragua et les Etats-Unis sont Membres de l'organisation des Nations
Unies (ainsi aue de:I'OEA). Puisau'ils sont liésDar les chartes de ces
organisations, ce seiraitfaire une application fictive du droit que de les
traiter comme s'ils ne l'étaientpas etcomme s'ilsn'étaienttenus qu'au res-
pect du droit international coutumier, encore que cela revienne essentiel-
lement au même - nionpas probablement sil'on songe àune règlede pro-

cédure commecelle qui impose l'obligation de rendre compte au Conseil
de sécurité envertu de l'article 51,mais du point de vue de la substance
de l'article2,paragraphe 4.Agir de la sorte reviendrait à appliquer ledroit
pertinent en l'espèce - lequel comprend la réserve relative auxtraités
multilatéraux - en ignorant cette réserve au lieude l'appliquer. Etant
donnéquel'article2.,paragraphe 4,et l'article51(ainsi que lesdispositions
comparables de la charte de I'OEA et celles traitant de l'intervention)
constituent les normesjuridiques spécifiquement acceptéescomme perti-
nentes par les Partit:s en litige, et que la réserve relativeaux traitésmul-

tilatéraux interdit à la Cour d'appliquer au différend ces normes telles
qu'elles sont énonc€esdans ces traités,j'en conclus que la Cour n'a pas
compétencepour appliquer au différendtant lesdits traitésque lesnormes
qu'ils contiennent.
96. Ma conclusion vaut, qu'il soit ou non exact d'affirmer que ces
principes font aussi ]partiedu droit international coutumier contemporain
sur l'emploi de la force dans les relations internationales. Si, comme la
Commission du droiitinternational l'a déclaré (les principes relatifsà la
menace ou à l'emploide la force énoncés dans la Chartesont des règlesdu

droit international généralqui sont aujourd'hui d'application univer-
selleO, et<(leparagraphe 4 de l'article2,ainsi que d'autres dispositions de
la Charte, énoncent avec toute l'autoritévoulue le droit coutumier mo-
derne concernant lamenaceou l'emploide la force ))(Annuairedela Com-
missiondudroit international, 1966,vol. II, p. 269),et si,comme un conseil
du Nicaragua l'a soutenu, ces dispositions de l'article 2, paragraphe 4,
reprennent les principes générauxdu droit international )(audience du
25 avril 1984), la Cour n'est guèrefondée àexaminer l'affaire dont elleest
saisieenignorant les,termes de i'article2,paragraphe 4.Certes,une norme

de droit peut se trouver à la fois dans le droit international coutumier et
dans un traité.Un traitécodifiant une norme coutumière ne supplante pas
nécessairementlacoutume et ilest certain que lepassage d'une disposition
d'un traitéuniversel dans le droit international coutumier n'a pas pour
effet que lesecond supplante lepremier. Mais en l'espècela Cour setrouve
enprésenced'uneré.serve à sacompétenceque lepoids de sajurisprudence
de plus de soixante ans l'oblige à appliquer, afin de lui donner effet plutôt
que de l'en priver. Comme l'a dit sir Hersch Lauterpacht à propos de la
compétence-de la Cour : (tla pratique établiede la Cour qui est, de son côté,conforme au
principe fondamental du règlementjudiciaire international ...veut
quelaCour ne sedéclarepas compétente à moins quel'intention de lui

conférercompéi.encen'aitété établiesansaucundoute raisonnnable
(affaire relativeà Certains emprunts norvégiensa,rrêt,C.I.J. Recueil
1957, p. 58).

Ainsi, la Cour est tenue de donner son effet propre à la réserve relative aux
traitésmultilatéraux..Ilne luiest pas loisibled'éviter sonapplicationpar le
biais d'un argument qui, s'il est techniquement défendable, reviendrait
concrètement à rendlreinopérante une limitation que les Etats-Unis ont
mise à lajuridiction de laCour. En conséquence,tout en reconnaissant que
laconclusion inverseformuléepar laCour peut sedéfendre,je conclus que
l'identitéfondamentale, encore qu'incomplètepeut-être,qui est générale-
ment admiseentre lesprincipes de la Charte et ceux du droit international
coutumier sur l'emploide laforce dans lesrelationsinternationales, au lieu

d'autoriser laCour àappliquer lesprincipescoutumiersauxproblèmes qui
sont au cŒur dela présenteaffaire, lui interdit de procéderainsi en raison
des limitations imposées à sajuridiction par la réserve relativeaux traités
multilatéraux.
97. 11reste que ce.tteinterdiction ne s'étendpas aux questions touchant
la libertéde la navigation, domaine régipar le droit international coutu-
mier bien avant la Charte et qui n'a pas étéintégrédans celle-ci.
98. On ne saurait non plus prétendre de façon convaincante que les
dispositions généralesde la charte de I'OEA relatives à l'intervention
constituent le droit international coutumier et général. Aucuntraitéuni-
versel n'aincorporécesdispositions dans ledroit international généralO . n
ne trouveguèred'indicesdans lacoutume - dans lapratique desEtats - qui
suggèrent,et encore moins démontrent,l'existenced'une pratique accep-

téecomme étantledroit qui seraiten touspoints conforme aux normes de
non-intervention prescrites par la chartedel'organisation des Etats amé-
ricains. Dans la pratique des Etats d'Amérique - des Etats latino-améri-
cainscomme des autres - il n'ya aucune ébauched'une règlecoutumière
de non-intervention qui soit aussi catégoriqueet généraleque les dispo-
sitions de la chartede I'OEA.On peut donc soutenir que, dans laprésente
espèce, laCour peut appliquer le droit international coutumier relatif à la
non-intervention tel qu'il existe,c'est-à-direun droit beaucoup plus étroit
que celui édictépar la charte de l'organisation des Etats américainspour
les Etats qui y soni: parties. Il est reconnu depuis longtemps que, par
essence,cedroit interdit l'ingérencedictatoriale d'un Etat dans lesaffaires
d'un autre. La réserve relativeaux traités multilatéraux n'interdiraitdonc
pas à la Cour d'examiner siles mesures prises par les Etats-Uniscontre le
Nicaragua, directement et indirectement, constituent une ingérence dic-

tatoriale dans les affaires de ce pays.
99. Mais on peut soutenir au contraire que,commeen l'occurrence,les
Etats-Unis et leNicaragua (ainsi que les Etats (taffectés )>sont liéspar les
termes de la charte cle1'OEAetque les dispositions de cet instrument nonseulement visent l'ingérencedictatoriale mais qu'elles vontbeaucoup plus
loindans l'interdiction de l'intervention, (quipeut lepluspeut lemoins ;
en conséquence,pui,sque la charte de I'OEA énonceentre les Parties, et
entre elles et les Etats concernés, les normes juridiques spécifiques et
pertinentes, et que la réserve relativeaux traités multilatéraux interdit à la
Cour d'appliquer ces normes, il s'ensuit que la Cour n'a pas compétence
pour connaître des griefs d'intervention en l'espècequi doivent tous s'in-
terpréter à la lumièredes termes extensifs de la charte de I'OEA.Je pense
que ce dernier argument, bien que discutable, est le plus fort. De plus, les

griefs d'intervention en l'espècesont si intimement liés à ceux relatifs à
l'emploi illicitede laforce- lesfaits sur lesquelsreposent cesdeuxchefsde
la requêtesont siproches - que l'artificedu raisonnement reconnaissant à
la Cour compétence:pour connaître des accusations d'intervention et lui
déniant compétence pour statuer sur celles d'emploi illicitede la force
renforce cette conclusion.

D. La questionde la compétenceen vertudu traité d'amitié,
de commerceet de navigation

100. Dans son arrêtdu 26 novembre 1984,la Cour a conclu non seu-
lement qu'elleétait compétente envertu de la clausefacultative du Statut
de la Cour mais qu'elle avait aussi une compétence, i<aussi limitéesoit-
elle)),envertu des termes du traitéd'amitié,de commerce et de navigation
de 1956entre le Nicaragua et les Etats-Unis (C.I.J. Recueil 1984, p. 426).
La Cour a souligné(quece traité contient une clausecompromissoire ainsi
conçue :

((Tout différend qui pourrait s'éleverentre les parties quant à
l'interprétation,ou à l'application du présent traitéet qui ne pourrait
pas êtreréglé{d'unemanière satisfaisante par la voie diplomatique
sera portédevant la Cour internationale de Justice, à moins que les
parties ne conviennent de le régler par d'autres moyens pacifi-
ques. ))

La Cour, ayant observéque le Nicaragua alléguaitla violation par les
Etats-Unis de certaines dispositions du traité, aconclu :

<Vu ces dispositions du traité de 1956, et notamment celles ...
prévoyant lalilbertéde commerce et de navigation, et les mentions de

la paix et de l'amitiéque l'on trouvedans le préambule,il n'est pas
douteux que, dans les circonstances où le Nicaragua a présentésa
requête à la Cour et d'aprèsles faits qui y sont alléguési,l existe un
différendentre les Parties ..quant à l'ccinterprétation ou à l'appli-
cation du traité...En conséquence la Cour conclut que, dans la
mesure où les demandes formuléesdans la requêtedu Nicaragua
révèlentl'existcenced'un différend surl'interprétation oul'application
des articles du traitéde 1956 ..la Cour a compétence pour en con-
naître en vertu de ce traité. )) 101. Indépendamment du fait qu'à ce stade le Nicaragua et la Cour

n'ont pas vraiment iréussi à lier les griefs du Nicaragua contre les Etats-
Unisvisant l'emploi illicitede laforceaux termesde cetraitéde commerce,
cette conclusion apparemment défendablede la Cour ne l'est que parce
que celle-ci passe sous silence les termes de l'article XXI, paragraphe 1,
alinéad), du traité, quisont les suivants :

<(1. Leprése:nttraiténe fera pas obstacle à l'application de me-
sures :

d) nécessaires 51l'exécutiondes obligations de l'uneou l'autre partie
relatives au maintien ou au rétablissement de la paix et de la
sécurité internationalesou à la protection des intérêtsvitaux de

cette partie en ce qui concerne sa sécurité ..))
Voicice quej'ai conclusur ce point dans mon opinion dissidente jointe à
l'arrêtde la Cour du 26 novembre 1984 :

Or on ne saurait prétendre - et d'ailleurs leNicaragua, pas plus
que la Cour,ne leprétend - que,pour la raison que le traité <ne fera
pas obstacle à l'application de mesures ...nécessaires à l'exécution
des obligations de l'une ou l'autre partie relatives au maintien de la
paix et de la sécurité internationalesou à la protection des intérêts
vitaux de cette partie en ce qui concerne sa sécurité, ces exclusions

mêmesautorisent la Cour à statuer surdes griefs fondéssur le traité
qui ont trait...au maintien de lapaix et de la sécuritéinternationales,
ou à la protection des intérêtsvitaux en matière de sécurité.Il est
évidentque, lorsqu'un traitéexclut de sesdispositionscertains sujets,
ces sujets ne relèventpas du champ d'application de la clausejuri-
dictionnelle du traité. Et le fait que cette clause soit bien une clause
d'exclusion ne ressort pas seulement de ses termes, mais aussi des
travaux préparatoires du traité,dont le compte rendu était joint en
annexe aux écrituresdesEtats-Unis dans l'affaire du Personneldipfo-

matique et con.sulairedes Etats-Unis à Téhéran(C.I.J. Mémoires,
annexe 50,p. 2:33).On trouve en effet dans cette documentation une
listed'unevingt.ainede traitésd'amitiéd ,ecommerceet de navigation,
ycompris celuiconclu avecleNicaragua, suivied'un (<Mémorandum
sur laclause reliitiveau règlementdesdifférendsfigurantdans letraité
d'amitié,de commerce et de navigation conclu avec la Chine ))qui
contient le paragraphe suivant :

<(La clause compromissoire ...est limitéeaux questions intéres-
sant l'interprétationou l'application dudit traité,c'est-à-dire qu'il
s'agit d'une clause compromissoire spéciale etnon pas générale.
Elle vise un traitédont la négociationa donné lieu à une docu-
mentation volumineuse précisantl'intention des parties. Ce traité
porte sur des questions qui sont communes à un trèsgrand nombre
de traités,coinclusaucours d'une longue périodepar pratiquement
tous les pays. Une bonne partie de ce qui fait généralement l'objet du traitéet, dans certains cas, sous un énoncé quasi identique, a
donnélieu à (lesdécisionsjudiciairesrendues par les tribunauxdes
Etats-Unis mêmeset d'autres pays. Les sources faisant autorité
pour l'interprétationdudit traitésont doncdans une large mesure
bien établiesetbien connues. En outre, il est expressément précisé
que certaines questionsimportantes, notammentl'immigration, le
commercede fourniture militaire et «les intérêts vitaudxupays en
périodedecrisenationale u n'entrentpasdanslechamp d'application
du traité.Vu ce qui précède,il est difficile d'imaginer comment
l'article XXVIIIpourrait faire courir au Gouvernement des Etats-

Unis le risque d'une action judiciaire au sujet d'une question de
nature à le gêner. (P. 235. Les italiques sont de moi.)
Un deuxième imémorandum,intitulé (Memorandum du départe-
ment d'Etat sui-les dispositions du traitéde commerce relatives à la
Cour internationale de Justice conclut de même,tant en ce qui

concerne la portéede la compétence reconnue à la Cour en vertu des
traitésd'amitié.de commerce et de navigation, que pour cequi est des
clauses d'exclusion en matière de sécurité nationale :
ce document [du département d'Etat] ...dégage un certain
nombre d'élkmentsqui, à son avis, rendent la disposition satisfai-

sante...11s'agit notamment du fait que la disposition est limitée
aux différends quis'élèveraient très précisément au sud jeut traité
intéressé,du fait aussi que ces traitésportent sur des questions
bien connues au sujet desquelles lescomptes rendus de la négocia-
tion donnent une information détailléed , u fait qu'il existedéjàde
nombreuxprécédentsconcernant l'interprétationd'unbon nombre
des questions viséesdans ces traités et du fait que des questions
relevant de la compétence nationale comme la politique d'immi-
gration et la.sécuritméilitairesont excluesduchamp d'applicationde
ces traitéspar des réservesexpresses. (Ibid., p. 237. Les italiques
sont de moi.)

Il ressort donc de l'article XXIdu traitéde 1956que les parties à cet
instrument entendaient exclurede son champ d'application letype de
demandes (<(rktablissement de la paix et de la sécurité internatio-
nales ))et protection des (intérêtsvitaux ..en ce qui concerne [la]
sécurité O) à 1';ippuidesquelles le Nicaragua tente d'invoquer ledit
(C.I.J. Recueil 1984,p. 635-637, par. 128.)
traité.
102. Le Nicaragua, dans son mémoiresur le fond, et un de sesconseils,

au cours d'une plaidoirie pourtant longue et détailléesur plusieurs dispo-
sitions du traité, orit étéremarquablement peu diserts sur l'article XXI,
paragraphe 1, alinéad). Ils n'ont pas dit mot des travaux préparatoires
que je viens de citer. Sur la disposition proprement dite du traité, le
mémoiredu Nicaragua contient les passages suivants :

<Cependant:,les parties à un traiténe peuvent s'exonérerde toute E. The Effectof the Absenceof

El Salvador
107. Before turning to the question of the effect on the Court's proce-

dures of the absence of the United States from this stage of the proceed-
ings, observations on the absence of El Salvador are in order. From the
outset of the case, the United States rnaintained that the irnmediate object
of Nicaraguan acztivitiestantamount to armed attack is El Salvador, and
the United Statespresented anaffirmative defenceessentially based on the
contention that it acts in collective self-defence with El Salvador. On
15August 1984,El Salvador filed a Declaration of Intervention under
Article 63 of thr: Statute which, while supporting these United States
contentions, sought to show why, under the treaties on which Nicaragua
relied in its Application, the Court lackedjurisdiction in the case. At the
tirne, the logic of El Salvador's clairnto intervene under Article 63 in the
jurisdictional phase of the proceedings was surnmarized in the following
way :

"First, El Salvador claims to be acting in collective self-defence
with the United States to resist Nicaraguan intervention and aggres-
sion ;
Second, the United States claims to be acting in collective self-
defence witlnEl Salvador to resist Nicaraguan intervention in and

aggression aigainstEl Salvador ;

Third, El Salvador itself, by reason of the terrns of its adherence to
the Court's cornpulsory jurisdiction, is not subject to the Court's
jurisdiction in this class of rnatter involving clairns of aggression,
self-defence, etc., and El Salvador does not consent to the Court's
jurisdiction ;
Fourth, the Court cannot adjudge the legality of the actions of the
United States ofwhichNicaragua complains without in effectadjudg-
ingthe legalityof the actions of ElSalvador, for the United States and
El Salvador act jointly in collective self-defence against Nicara-
gua ;
Fifth, since the Court cannot exercise jurisdiction either in the

absence of El Salvador whose rights are at issue, or where Nicaragua
directly seelcsto bring El Salvador before the Court in this class of
rnatter, it equally cannot exercise jurisdiction where the effect of
Nicaragua's action against the United States - were the Court to
assumejurisdiction over it - would be indirectly to bring El Salva-
dor's rights before the Court in the very class of matter which El
Salvador's .adherence to the Court's cornpulsory jurisdiction ex-
cludes." (My dissenting opinion to the Court's Order of 4 October
1984,I. C.J. Reports 1984, p. 227.)

El Salvador then also reserved the right in a later, substantive phase of the responsabilité ]pourles violations des dispositions dudit traité en se
contentant d'iavoquer une disposition exonérative.C'est à la Cour, et
non aux parties, qu'il appartient de déterminer la validitéde telles
assertions.

L'alinéad) [de l'article XXI,paragraphe 11 ..ne peut ...êtreinvoqué

pourjustifier lesactivitésdesEtats-Unis. En effet, cettedisposition se
réfère implicitement auxdispositionsdela Charte des Nations Unies
qui visent lema.intiende lapaix et de la sécuritéinternationales.Or ila
été démontré ...que les activités militaireset paramilitaires menées
par les Etats-Unis au Nicaragua et contre celui-ci sont complètement
incompatibles avec ces dispositions de la Charte. (Mémoire du
Nicaragua, par. 430 et 432.)

103. Dans sa plaidoirie, le conseil du Nicaragua a niél'importance de
l'articleXXI,paragraphe 1,alinéad).Sur lepoint de savoir si les mesures
prises par les Etats-1Jnis contre leNicaragua sont nécessaires à l'exécution
de leurs obligations relatives au maintien de la paix et de la sécurité
internationales, iladit que lesconditionspréalables à l'application de cette
disposition <(ne sont évidemment pas réunies enl'espèce ))Quant àsavoir

silesmesuresprises par lesEtats-Uniscontre leNicaragua sont nécessaires
à laprotection desintérêtsessentielsde sécurité des Etats-Unis, leconseil a
entendu traiter de cette question en traduisant <(intérêtsessentiels de
sécurité )>par intérêtsvitaux )>,puis en affirmant que cette disposition
visait1'~état denécessité (enoubliant qu'une autre disposition du traité
réserveledroitdes Parties ((deprendre lesmesuresnécessairesau maintien
de l'ordre et à la protection de la santéet de la sécurité publiques etdes
bonnes mŒurs O).L,econseil du Nicaragua a fait peu de cas des affirma-

tionsdesEtats-Unis selon lesquelles lespolitiques du Nicaragua envers ses
voisins et son intégration de plus en plus poussée au bloc soviétique
constituent pour les Etats-Unis un défi à leurs ((intérêtsessentiels de
sécurité o. Pour sa part, la Cour considère que le minage des ports nica-
raguayens par les Etats-Unis et leurs attaques directes contre des ports et
des installations pktrolières, tout comme leur embargo commercial, ne
<(sauraient en aucuincas êtrejustifiéspar la <(nécessité u de protégerles
intérêtv sitaux desécurité desEtats-Unis. LaCour conclut aussi qu'un Etat

- en l'occurrence 11:sEtats-Unis agissant en vertu de l'article XXI,para-
graphe 1,alinéa d),du traité - ne saurait avoir quelque <obligation ))de
mettre en Œuvre des mesures de légitimedéfensecollective, réservefaite
desobligations imposéespar lesdécisionsdu Conseil de sécuritéen appli-
cation du chapitre VI1de la Charte des Nations Unies ou par I'OEA en
vertu des articles 3 et 20 du traité interaméricain d'assistance mutuelle
(traité de Rio).

104. On peut débattre la question de savoir si les mesures qui ont été
prises en l'occurrence par les Etats-Unis contre le Nicaragua sont des
mesures <(nécessaii:es à l'exécutiondes obligations de l'une ou l'autrepartie relativesau maintien ou au rétablissementde lapaix et de lasécurité
internationales ou à la protection des intérêtsvitaux de cette partie en ce
qui concerne sa sécurité )>.Cette question, dans la mesure où elle se rap-
porte auxdites oblig;ations,sera examinéeultérieurement. On peut néan-
moins observer à ce:point que l'affirmation de la Cour selon laquelle les
seulesobligations d'agir au titrede la Iégitimedéfensecollectivesont celles
imposéespar leConseil de sécurité desNations Unies ou par I'OEAne fait
pas que traduire un.einterprétation erronéedu droit conventionnel per-

tinent. Sila Cour avait raison - cequi n'estpas lecas - lesobligationsdes
Etats parties au traitéde l'Atlantique Nord et au pacte de Varsovie, entre
autres traités,seraieintillusoires. Ainsi, en vertu de l'article 5 du traitéde
l'Atlantique Nord :

<(Les parties; conviennent qu'une attaque arméecontre l'une ou
plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amériquedu Nord
seraconsidéréecomme une attaque dirigéecontre toutes lesparties, et
en conséquenc~e :llesconviennent que, si une telle attaque seproduit,

chacune d'elles, dans l'exercicedu droit de légitime défense, indivi-
duelle ou collective,reconnu par l'article 51de la Charte desNations
Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant
aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle
action qu'ellejugera nécessaire, y compris l'emploide la force armée,
pour rétablir e:t assurer la sécuritédans la région de l'Atlantique
Nord. O

(Voir, dans le mêmesens, l'article 4 du traitéd'amitié,de coopération et
d'assistance mutuelle signé à Varsovie le 14 mai 1955.)Quant à la con-
clusion de la Cour selonlaquelle lespressions directesdesEtats-Unis sur le
Nicaragua ne << sauraient en aucun cas êtrejustifiéespar la <(nécessité
de protégerles intér&tsvitaux de sécurité des Etats-Unis, on peut dire que,
dans la mesure où la Cour, ou toute autre juridiction, peut porter un tel
jugement, celui-ci semble ignorer l'action subversive du Nicaragua contre
sesvoisins, laquelle affectecertainement lesintérêts vitaux de sécuritédes

Etats-Unis (voir C.,I.J.Recueil 1984, p. 195-199).(On peut rappeler que
Lauterpacht, dans son ouvrage intitulé The Functionof Law in the Inter-
nationalCommunity, conclut qu'il est <(douteux qu'aucun tribunal puisse,
dans l'exercicede se:sfonctions judiciaires, rejeter l'assertion de 1'Etatqui
prétend qu'un différend affecte sa sécurité (p. 188)).
105. Il est clair eintout cas que l'article XXI du traité dispose que le
présent traiténe fera pas obstacle à l'application de [telles] mesures o.
L'application de ces mesures n'est pas réglementéepar le traité et cette

clause est bien une clause dérogatoire. A mon avis, quand un traitéexclut
certaines matièresde sonchamp d'application, illesexclut aussi sur leplan
juridictionnel. ((Devant des termes aussi explicites, on voit mal comment
un tribunal pourraii: invoquer le traité pour exercer sa propre juridiction
à l'égardde matières qui en ont étéexpressément exclues. ))(W. Michael
Reisman, Has the International Court Exceeded its Jurisdiction? )), E. Les effetsde I'absence

d'El Salvador

107. Avant de passer à la question des effets que la non-comparution
desEtats-Unis à la présentephasede I'instancea eussur la démarchede la
Cour, il convient de s'arrêtersur I'absence d'ElSalvador. Dès le débutde
I'instance,les Etats-Unis ont soutenu qu'El Salvador était lacible directe
des activitésdu Nicaragua assimilables à une agression arméeet ils ont
essentiellement axéleur argumentation sur la thèse selon laquelleilsexer-
cent avec El Salvador leur droit de Iégitimedéfensecollective. Le 15août
1984,El Salvador a déposéune déclarationd'intervention sur la base de
l'article 63du Statuitdans laquelle il appuie les thèsesdes Etats-Unis tout
en essayant de démontrer pourquoi. en raison des traitésinvoquéspar le
Nicaragua dans sa requête, laCour n'a pas compétence en l'espèce.A
l'époque,la logiquedel'argumentation par laquelle ElSalvadorcherchait à
intervenir en vertu clel'article63 dans la phase de la compétenceavait été

résuméecomme suit :
Premièrem'ent,El Salvador affirme exercer avec les Etats-Unis
son droit de Iégitimedéfensecollectivecontre une intervention et une
agression du Nicaragua.
Deuxièmement, les Etats-Unis affirment exercer avec El Salvador

leur droit de légitimedéfensecollective contre une intervention du
Nicaragua au Salvador et une agression du Nicaragua contre El Sal-
vador.
Troisièmement, El Salvador lui-même,en raison des termes de son
adhésion à lajuridiction obligatoire de la Cour, n'est pas soumis à
laditejuridiction pour la catégoriede questions se rapportant à des
actes d'agressia~n, e Iégitimedéfense, etc.,et El Salvador ne consent
pas présentement à cettejuridiction de la Cour.
Quatrièmement, la Cour ne peut se prononcer sur la légalitédes
actes dont le Nicaragua accuse les Etats-Unis sans se prononcer en
fait sur la Iégalides actes d'El Salvadorétant donnéque les Etats-
Unis et El Salvador agissent conjointement en exerçant leur droit de
Iégitime défense collectivecontre le Nicaragua.

Cinquièmement, la Cour ne pouvant exercer sajuridiction ni en
I'absence d'ElSalvador, dont les droits sont en cause, ni sur la caté-
gorie des questions pour lesquelles leNicaragua cherche directement
à traduire ElSalvadordevant elle,ellene peut davantage l'exercer sur
I'instanceintentéepar le Nicaragua contre les Etats-Unis, puisque, si
la Cour se déclarait compétente,les droits d'El Salvador se trouve-
raient indirectement soumis à l'examen de la Cour dans la catégorie
mêmede questions qu'exclut l'adhésion d'ES lalvador à lajuridiction
obligatoire de 1;îCour.)>(Extrait de mon opinion dissidentejointe à
l'ordonnance de la Cour du 4 octobre 1984, C.I.J. Recueil 1984,
p. 227.)

A l'époque,El Salvador s'est aussi réservé le droit - pour une phaseultérieuresur le fonidde l'affaire - de se faire entendre au sujet de I'in-
terprétationet de l'application desconventions auxquelles il étaitpartie et
que le Nicaragua avait invoquées.
108. Depuis la crléationde la Cour, cen'étaitque ladeuxième foisqu'un
Etat demandait à intervenir sur la base de I'article 63 du Statut et la
premièreque lademandeportait sur laphase de lacompétence.La requête
d'El Salvador n'étaitdépourvue ni d'importance ni d'intérêtm , ais elle

posait un certain nombre de questions que la Cour aurait bien fait d'élu-
cider lorsdesaudiences visées à I'article84du Règlementde laCour, lequel
disposeque, si ..il1est fait objectioà ..la recevabilité d'unedéclaration
d'intervention, la Cour entend, avant de statuer, 1'Etatdésireux d'inter-
venir ainsi que les parties )).
109. Or le Présidentde la Cour - celui de l'époque - a fait publier le
27 septembre 1984 iuncommuniquéde presse dont il ressortait en réalité
que la demande d'intervention d'El Salvador serait rejetée.Ce communi-
quéde presse a étédiffuséavant même toutdélibéré de la Cour sur cette

demande. (Voir à ire propos l'opinion individuelle de M. Oda, C.I.J.
Recueil 1984, p. 221, et mon opinion dissidente, ibid.p. 232-233.)
110. Lorsque la Cour s'est réunie,elle s'est empresséede rendre unie
ordonnance rejetant la demande d'intervention d'El Salvador, tout en
refusant de l'entendre, malgréles termes de l'article 84 du Règlement(et
bien qu'El Salvador aitdemandé à êtreentendu). Le Nicaragua, bien que
prétendant n'avoir rien à objecter O, a formulé des objections, et sa
position semble en fait avoir étéadoptéepar la Cour. (Voir C.I.J. Recueil
1984, p. 227-233.)L'ordonnance que la Cour a rendue avant l'examendes

faits et par laquelle elle a refuséd'entendre El Salvador et a rejeté som-
mairement sa demande contient un minimum de motifs, sibien qu'on peut
la considérércomme pratiquement non motivée.
111. Ces questions de procédureont fait l'objet d'une analyse appro-
fondie de la part d'un spécialistedes affaires de la Cour, M.Jerzy Sztucki,
professeur de droit international à l'universitéd'Uppsala. Cetauteur ne se
borne pas àestimer non fondés,dupoint devuede laprocédureetdu droit,
lerefus d'entendre ElSalvador et même celud i e l'autoriser intervenir au
stade de la compétence.Il se voit même forcé de conclure que :

la décisionde la Cour risque de renforcer les soupçons de politisa-
tion de lajustice etde parti prisanti-occidental - soupçons qui sesont
déjà faitjour sur d'autres points dans l'affaire du Nicaragua ))(<In-
tervention under Article 63 of the I.C.J. Statute in the Phase of the
PreliminaryPrcaedings :the "Salvadoran Incident" ))AmericanJour-
nal of International Law, vol. 79, octobre 1985,p. 1036).

112. On peut raisonnablement supposer que la manièredont la Cour a
traitéla déclaration d'intervention d'El Salvador, au regard de la procé-

dure, a influencé la décision prisepar cet Etat de ne pas exercer son droit
d'intervention au stade du fond - décisionqui, à son tour, a forcément
influébeaucoup surledéroulementde la procédure surle fond et qui a puinfluer de mêmesur l'élaborationde l'arrêtpar la Cour (onpeut sans doute
en dire autant de l'absence des Etats-Unis).
113. Le Nicaragua a soutenu que, puisque El Salvador n'était pas
intervenu dans la phase consacréeau fond, on devait en tirer des conclu-
sions contraires quant à la véracitédes faits allégués par El Salvador dans
sadéclaration d'intervention.Amon avis,on nepeut raisonnablement rien
déduirede semblable, en raison notamment de la manièredont la Cour a
traitéla déclarationd'ElSalvador. Dans cesconditions, et aussi bien pour
cette raison que pour d'autres - notamment le retrait des Etats-Unis - il

aurait étésurprenant qu'El Salvador choisisse d'intervenir au stade du
fond. Quoi qu'il en soit, il était juridiquement libre d'intervenir ou non.
Mais ce n'estpasparce qu'ElSalvadora choiside ne pas intervenir que ses
moyens de fait et de droit devaient êtrenégligésO . r, comme on le verra,
non seulement le Nicaragua a soutenu qu'ils nedevaient pas êtrepris en
considération. mais la Cour, dans ses attendus, ne tient pas compte des
moyens de fait et de droit d'El Salvador.

F. .Leseffets de l'absencedes Etats-Unis

1. Evénementsayant influencél'absencedes Etats-Unis

114. Dans leur déclaration du 18janvier 1985 par laquelle les Etats-
Unis se retirent de 1;iprésente procédure - déclarationqui est elle-même
critiquéedans lesopinions que sir Robert Jennings et M.Lachs ontjointes
au présent arrêt - le:;Etats-Unis, outre qu'ilsrejettent lesconclusions de la
Courquant à lacomlpétenceet àla recevabilité,mentionnent commemotif
de leur retrait le fail:que la Cour a rejeté <(sommairement la demande
d'El Salvador, «sans donner de raisons et sans mêmeentendre El Salva-

dor, en violation du droit d'El Salvadoret au méprisdes propres règlesde
la Cour (International Legal Materials,vol. XXIV, no 1,janvier 1985,
p. 248).Commeautre cause de leur retrait, les Etats-Unis critiquent d'une
façon plus générale, la hâte aveclaquelle la Cour s'estprononcée surces
questions - qui est relevéedans plusieurs des opinions individuelles ou
dissidentes ... (ibid.;voir C.I.J.Recueil1984,p. 207, 474,616). Dans une
lettre du 19avril 198~4le, Gouvernement des Etats-Unis avait déjàexprimé
ses préoccupations devant le fait que l'ouverture de la procédure orale
relative à la demande en indication de mesures conservatoires avait lieu à

une date qui ne lui donnerait pas une marge suffisante pour pouvoir, au
sensdel'article74,paragraphe 3,du RèglementdelaCour, sefairedûment
<représenter àl'audience, <(celaps de temps étantmanifestement insuf-
fisant pour qu'il puisse faire pleinement valoir ses arguments ...
115. Le 27 décembre1984,trois semaines environ avant que les Etats-
Unis n'annoncent leur décisionde se retirer de l'affaire, le Présidentde la
Cour (à l'époque)a donné à 1'AssociatedPress, à La Haye, une interview
dans laquelle, selon le texte publié, le Président Eliasaurait déclaré,au
sujet de la notification faite par les Etats-Unis en 1984relativement à la
juridiction obligatoiirede la Cour acceptéepar eux en 1946 : Dans unsystème civiliséde droit international, il n'est pas acceptable qu'une
nation, quelle qu'elle soit, rétracte ainsi sans préavis un engagement
solennel. D'après 1'AssociatedPress, le Président Eliasaurait poursuivi
en ces termes : ((Lorsqu'un Etat rétracte son acceptation de notre juri-
diction sans préavis, cela mène à l'anarchie et au désordre. ))Il aurait dit

encore : Un Etat qui défielaCour ne s'en tirerapas commecela. Bienque
certains Etats veuillt:ntdonner l'impression qu'ils nes'ensoucient guère,ils
s'en soucient en réalité. On lisait ensuite que M. Elias concédait que
l'éventuelle politisa.tion de la Cour était ((une question très, trèsimpor-
tante O,mais que, selon lui, la Cour n'était pas utilisée comme tribune de
propagande en l'affaire opposant le Nicaragua aux Etats-Unis :

(<On dit souvent que le différend actuelentre les Etats-Unis et le
Nicaragua est uineaffairepurement politique. Mais c'estunequestion
d'agression ;uineviolation de droits et obligationsjuridiques entre
Etats. Le Nicaragua était fondé à porter l'affaire devant la Cour et
nousnous sommesprononcésdans cesens. S'ils'étaitagid'uneaffaire
purement politique, sans questions dedroit dont nous puissions con-

naître, nous l'aurions tout de suite rejetée. ))
L'Associated Pressfait dire encore au Présidentde l'époqueque, sila Cour
ne possèdeaucun pouvoir d'exécution,elle ((peut aider à édifier unordre
public mondial et ài faire de lui une force réelle ))par ses décisions.Le
Président aurait contesté la thèse des Etats-Unis suivant laquelle une

instance devant la Cour compromettrait lesnégociationsdeContadora, et
fait observer que les Etats-Unis avaient obtenu une décisionde la Cour au
sujet des otages amléricains à Téhéran, alorsmêmeque des négociations
bilatéralesse poursiiivaient. ((Nous avons pris parti pour les Américains
cette fois-là O,a-t-il déclaré, d'aprèIs'AssociatedPress. Et voilà l'une des
raisons pour lesquelllesnous avons déclarérecevable la plainte du Nica-
ragua. Nous ne pouvons pas nous déjugerde façon flagrante. Selon le

texte publié, le Président Eliasaurait aussi déclaréque l'invasion de la
Grenade dirigéeDar les Etats-Unis était contraire à une (attitude
respectueuse ie ~a'~irimauté du droit o.t(Lespetites nations sedemandent
ce qui est arrivé à la primauté du droit quand les Etats-Unis peuvent se
conduire decette mainière ))adit lePrésident Eliasau sujetde l'invasionde
la Grenade en 1983,toujours selon 1'AssociatedPress. D'après lamême
source, il aurait déclaré ensuiteque : le droit international moderne ne

tolérerapas la diplomatie de la canonnière des sièclespassés. A ce sujet,
M. Shabtai Rosenn~ea écrit :
((Qu'unjuge, et àplus forte raison le Président,s'exprimeenpublic
sur une affaire en cours est un fait absolument sans précédent et est
contraire à toutes les normes d'administration de la justice ...cette

interview, qui aété donnéeavant que les Etats-Unis n'annoncent leur
intention de ne:pas participer à la suite de l'instance ...et qui peut
même avoir précipité leur décisioa n,étérapportée dans la presse. ))
(t<The Changing Role of the International Court D, Israel Law
Review, vol. 20, 1985,p. 196,note 33.)2. Le sens de l'articr'e53 du Statut

116. L'article 53 du Statut de la Cour est ainsi libellé :

1. Lorsqu'iinedesparties neseprésentepas, ou s'abstient defaire
valoir ses moyi:ns, l'autre partie peut demander à la Cour de lui
adjuger ses conclusions.
2. la Cour, avant d'y faire droit, doit s'assurer non seulement
qu'elle a compktence aux termes des articles 36 et 37, mais que les
conclusions sont fondéesen fait et en droit.

117. Comment doit s'entendre et s'interpréter l'article 53 ? Il est clair
que la Cour peut statuer en l'absence d'une partie. Auparavant, elle doit
s'assurer D - must ...satisfy itsel1)- non seulement qu'elle a compé-
tence, <(mais que lesconclusions sontfondéesen fait eten droit r)Comme
la Cour l'a affirmé dans l'affaire du Détroitde Corfou, il faut qu'elle
acquièrela conviction que lesconclusions de la partie comparantesont
fondées(C.I.J. Recueil 1949, p. 248). Il est hors de propos d'affirmer -
comme l'a fait un conseil du Nicaragua - que toute objection a ces
conclusions doit êtreprouvéepar la partie qui la soulève ; ce qui compte

c'estlaconviction de la Cour. Si,comme enl'espèce,ledéfendeurasoulevé
des objections, le requérant doit, pour avoir gain de cause. convaincre la
Cour que ces objections ne sont pas pertinentes.
118. Il est également vrai que des conclusions ne peuvent êtredites
fondées en fait et en droit que si on ne leur oppose pas activement des
moyens de défense siiffisants,fondésenfait et endroit.Side tels moyens de
défense positifssont fondésenfait et endroit,lesconclusions doivent alors
êtrerejetées, quelleque soit la valeur que l'on puisse leur attribuer en
l'absence desdits moyens. Cela est élémentaire.Si A allègue dans sa
demandeque Bl'a assailli,etsi Ballègue,pour sa défense,qu'ayant surpris
Aen train d'assaillir leurvoisin commun C il a voléau secours de Cet qu'il
a alors frappé A, mais pas plus fort que cela n'était nécessairepour

l'empêcherd'attaquer C, on ne peut conclure que la demande de A est
fondéeen fait et en droit que s'il est démontréque le moyen de défense
invoquépar B ne l'est pas. II n'y a pour moi pas d'autre interprétation
possible de l'article 53. Cette interprétation présente une importance
décisiveau regard de la présente espèce.
119. Le fait - que:je regrette personnellement - que les Etats-Unis ont
décidéde ne pas participer à la procéduresur le fond ne change rien à la
conclusion qui précède.Quelque regrettable que puisse êtreleur absence,
une partie ne transgresse pas le Statut en ne participant pas àla procédure
devant la Cour (voir H. W. A. Thirlway, Non-appearancebeforethe Inter-
narionulCourtofJusfice, 1985,p. 64-82). En s'abstenant de prendre part à
la présente instance sur le fond, les Etats-Unis agissent de la manière
envisagéepar l'article 53 : ilsne sesontpas présentés eitlssesont abstenus

defaire valoir leursmoyens - non pas la totalitéde leurs moyens, mais une
partie de leurs moyeris,puisqueaprès avoir opposéactivement une défense
au fond dans les phases antérieures de l'affaire ils se sont abstenus deprésenter, dans la phase actuelle, des pièces de procédure écrite oudes
plaidoiries qui lesjustifient pleinement. Telles sont précisément lescon-
ditions dans lesquellesla Cour est tenue de s'acquitter de sa tâche, laquelle
consiste à s'assurer que les conclusions sont fondéesen fait et en droit.
120. Pour s'assurer tant du bien-fondédes conclusions que de la valeur

des moyens opposés àcelles-ci,la Cour ne doit pas s'entenir aux écritures
de la partie comparainte. En réalité,sices écrituresne la satisfont pas, elle
n'a pas le droit des'encontenter. En l'espèce, les piècesde procédure des
deux Parties contiennent nombre d'éléments relatifs àdes points de fond
contestés :en effet, les Etats-Unis ont bien participé aux phases anté-
rieures de l'affaireet soumis de longues piècesavec annexes, où figure, sur
lesquestions de fait et dedroit, une abondantedocumentation sur laquelle
ils s'appuient pour reprocher au Nicaragua une intervention ayant le
caractère d'une agression contre ses voisins (voir, en particulier, annexes
au contre-mémoire (sur la compétence et la recevabilité) présentéespar
les Etats-Unis d'AmQique, nos42 à 105et 110,surtout l'annexe 50. Voir
aussi deux importants documents présentés en1984par les Etats-Unis con-
formément à l'article 50 du Règlement : Department of state, Communist

InterferenceinElSalvador.DocumentsDemonstrating CommunistSupport
ofthe SalvadoranInsurgency,1981 ;et Department of State and Depart-
ment of Defense, BackgroundPaper : Nicaragua'sMilitary Build-Upand
Supportfor CentralAmericanSubversion, 1984.Les annexeset documents
susmentionnés renferment une grande partie des données qui ont été
reprises dans l'ouvrage publié enseptembre 1985 par le département
d'Etat sous le titre ((Revolution Beyond Our Border» s, Sandinista Inter-
ventioninCentralAmerica.)De plus, dans lespiècesde procédureduNica-
ragua, de nombreux élémentsvont àl'encontre de ses propres demandes.
Le Nicaragua a produit des centaines d'articles de presse et de longs
extraits de lois et débatsdu Congrès etde déclarationsgouvernementales
des Etats-Unis, dont certains élémentsdémentent ses allégations.On ne

voit pas pourquoi la Cour n'aurait pas dû attribuer le mêmepoids à ces
éléments qu'aux passagesdes mêmes sourcesqui corroborent les alléga-
tions nicaraguayennles. Cependant, et nonobstant ce qu'ont plaidé les
Etats-Unis et le Nicaragua, il existe des sources que le Nicaragua n'a pas
invoquées, et qui scint pourtant d'une nature semblable à celles qu'il
invoque, à savoir d'antres articles de presse et d'autres passages dedébats
du Congrès. etc. Il aiirait étéindéfendableque la Cour accorde une éven-
tuelle valeur probante à l'article A du New York Timesparce qu'il s'agit
d'une descentaines d,ecoupures verséesau dossierpar le Nicaragua, mais
qu'elle refuse toute valeur probante àl'article Bdu New York Times,parce
que ni le Nicaragua ni mêmeles Etats-Unis ne l'ont présenté.
121. Si la Cour, pour (s'assurer du bien-fondé des conclusions,juge
nécessaire d'utiliser des documents des Nations Unies, des articles de

journaux. des complies rendus de débats du Congrès, des ouvrages et
articles de commentateurs et d'autres sources du domaine public - y
compris des publications et documents du Gouvernement des Etats-Unis
- iniéressantles faits et le droit en l'espèce, c'estpour elle non seulementun droit mais une obligation de le faire, que ces éléments figurent ou non
dans les piécesde procédure des Parties. De même,si les écrituresde la

Partie comparante n''emportent pas la conviction de la Cour ou des juges
sur des questions de lait ou de droit, ceux-ci ont la faculté, sinon l'obliga-
tion, d'interroger selconle cas l'agent, les conseils ou les témoins.
122. Que dire du cas du document intitulé «Revolution Beyond Our
Borders u ? L'analysequi précèdesuggéreetla pratiquede la Cour indique
que celle-ciest en droit de tenir compte d'une telle publication bien qu'elle
ne constitue pas une piècede procédure officielle du Gouvernement des
Etats-Unis, dûment soumise à la Cour. La encore, il eût été indéfendable
que la Cour tienne compte de la masse de documents présentéspar le
Nicaragua, qui inclut notamment des articles dejournaux sur les activités

et les politiques des ,gouvernements,mais qu'elle exclue une déclaration
officiellehautement pertinente d'un gouvernement partie a l'affaire. Cette
maniére d'agiraurait été d'autant plus indéfendable que cet ouvrage avait
été publiésous la forme d'un document des Nations Unies, auquel le
Nicaragua avait apporté un démentiofficiel.
123. De plus, la pratique de la Cour montre qu'elle s'est maintes fois
fondéesur descommunications irréguliéresémanantd'Etats parties à une
affaire et qu'elle s'est mêmefondée sur des documents et déclarations
d'Etats absents qui n.elui étaient pas adresséset qui avaient étépubliés
après la clôture de la procédure orale. Pas moins de quinze arrêts et

ordonnances de la Cour font état de communications et de documents
émanant d'un Etat non comparant. En outre, nombre d'opinions indivi-
duelles et dissidentes mentionnent les communications et documents de
tels Etats.
124. Dans lesaffai.resdes Essais nucléaires a Cour ne s'estpas bornéeà
tenir compte, dans sa~narrêt, dedéclarations émanant d'un Etat absent ;
cesdéclarationsn'éta.ientpas destinéesà la Cour, et certainesd'entre elles
- qui avaient un caractére décisif - avaient étéfaites après la fin des
plaidoiries. La Cour .aalors jugé qu'elleétait

tenue de prendre en considération des faits nouveaux survenus tant
avant qu'aprésla clôture de la procédure orale. Etant donné la non-
comparution du défendeur, il incombe tout particulièrement à la
Cour de s'assurer qu'elleest bien en possession de tous les faits dis-
ponibles. ))

Et la Cour a cité, en leuraccordant une importance capitale, les déclara-
tions publiques de certaines autorités françaises relatives aux essais
nucléairesfuturs, mai.sen ajoutant :<(Il est vrai que cesdéclarationsn'ont
pas étéfaitesdevant l^our, maisellessontdu domaine public ..Il estbien
entendu nécessaire d'examinertoutes cesdéclarations ...)En suite de quoi

la Cour a déclaréque, bien qu'ayant conscience de l'importance du prin-
cipe que traduit la maxime audi alterampartem, «elle ne pense pas que ce
principe l'empêchede prendre en considération des déclarations posté-
rieures a la procédure orale ...))(C.I.J. Recueil 1974, p. 263-265).
125. L'étudede Thirlway intitulée Non-uppearunce beforethe Internu- tional Court of Justice contient un exposécomplet des travaux prépara-
toiresde l'article 53,dont ilressort qu'ilnepeut êtredonné gain de causeau
demandeur en l'absencedu défendeurque si le premier présente le plus
de preuves etjustifie sa cause <(de la façon la plus complète (p. 24).
Thirlway rappelle que le membre américain du comité consultatif de
juristes qui a élaborele Statut de la Cour permanente de Justice interna-
tionale, l'éminenthomme d'Etat Elihu Root, étaitaccompagnéde James
BrownScott,grand spécialistedu droit international qui étaitsecrétairede

la Fondation Carnegie pour la paix internationale. Scott a apparemment
siégé au comitécommes'ilenétaitmembre etaassistéRootpendant toutes
lesséances(voir PhilipC. Jessup, ElihuRoot, 1939,vol.II, p. 419,426). Il a
rédigé à l'intention du conseild'administration de la fondation un rapport
publiéen 1920,qui contient le passage suivant au sujet de l'exercicepar la
Cour de lacompétencequ'elletient de l'article53du Statut, passage qui est
citédans l'ouvrage de Thirlway :

((La condition essentielle de l'exercice de la compétence en une
telleaffaire estet doitêtrequeledemandeur, bien qu'ilagisse exparte,
présentesa cau:sede façon aussi complète que si le défendeur était
présent,et que la Cour tienne spécialementcompte des intérêts du
défendeur absenit.Cela nesignifiepas que laCour doiveprendre parti.
Cela veut dire en revanche que la Cour, sans épouserla cause du
défendeur,n'en doit pas moins agir comme son conseil. On dit fort
bien en français que <(les absents ont toujours tort )).La Cour doit

partir du principe que lapartie absentea raison etnonpas tort, sauf au
demandeur à prouver le contraire. ))(P. 25.)

Or, si laCour doit tenir spécialementcomptedes intérêts du défendeur
absent ))et même partir du principe que lapartie absente a raison et non
pas tort, sauf au demandeur à prouver le contraire O, cela signifie qu'en
l'espèce,pour que laCourpût donner gain de cause au Nicaragua, ilaurait

fallu que celui-cieûtétablique lesmoyensde défensepositifs invoquéspar
les Etats-Unis n'étaientpas fondés.Pour les raisons exposées ci-dessus,
cette conclusion s'irnpose, mêmesi l'on n'accepte pas l'interprétation
donnéepar Scott de l'article 53. Cependant l'interprétation de Scott ren-
force cette conclusion et va mêmeplus loin, car c'est à 1'Etatcomparant
qu'elle impose la charge de la preuve : c'est lui qui doit démontrer que
1'Etatabsent atort, et laCour doitpartir duprincipe <(que lapartie absente
a raison et non pas tort, sauf au demandeur à prouver le contraire )).
126. Malgré la fidélité avec laquelle Scotat sans doute traduit I'inten-

tion des rédacteurs (le I'article 53du Statut, on peut hésiter à accepter
ce qui semble êtresa1conclusion, à savoir que l'article 53 renverserait la
charge de la preuve. Une telle conclusion risquerait d'inciter les Etats
à faire défaut, avec Il'espoirde se trouver en meilleure posture que s'ils
comparaissaient. La tendance des défendeurs à ne pas comparaître, qui
s'est manifestéetout particulièrement et à plusieurs reprises depuis que Islande a fait défautdans I'affaire relativeà la Compétenceen matièrede
pêcheries, en 1972,rie renforce ni le prestige ni l'efficacitéde la Cour et
constitue d'ailleurs un des traits les plus préoccupants de l'évolutionde
celle-ci. De plus, connmeje l'ailaisséentendre au début dela présentesec-
tion. ilest hors de propos de parler du fardeau de la preuve puisque ce qui
compte, c'est que, si des objections sont opposéesaux conclusions de la

partie comparante, (cettepartie parvienne à convaincre la Cour que ces
objections sont mal fondées,de façon que celle-ci statue conforniément
aux exigences de l'article 53.
127. Je pense que, correctement compris, l'article 53 n'accorde à 1'Etat
comparant aucun avantage en dehors de celui qu'il tire de l'absence de
1'Etatqui fait défaut. Si, dans une affaire comme celle dont la Cour est
saisie, la partie non ~comparanteoppose un moyen de défensepositif a la
demande (moyen qiii pourrait être aussi opposépar la Cour ou par un
juge), la partie comparante doit, pour avoir gain de cause, démontrerque
ce moyen n'est pas bon. L'absence d'une partie aura pour effet, selon les
cas, de faciliter cette démonstration ou de la compliquer. Il est révélateur
que le Nicaragua se soit précisément efforcé d'établirque le moyen de

défense positif invoquépar les Etats-Unis n'étaitfondéni en fait ni en
droit :ledébata été engagéet bien engagé.Quant a savoir si lesefforts du
Nicaragua ont réussi,c'est une tout autre question.

G. L'apprtlciationpar la Cour des élémentsde preuve

1. Le titre de l'affaire

128. Le titre mêmede l'affaire montre que,dès le début,la Cour l'amal
comprise. A mon avis, cette mauvaise compréhension a profondément
influencé son appréciation desmoyens de preuve. Elleéclaire l'optiquede

la Cour en I'affaire,optique qui, à mon sens, consiste a mettre l'accent sur
ce qui apparaît comme des actes délictueuxdes Etats-Unis et à réduire
l'importance des actes délictueuxattribuables au Nicaragua. En effet, le
titre de l'affaire retient la thèse essentielledu Nicaragua (et les termes
essentiels de sa requête :voir les paragraphes 26 a) et 26 g)) :I'affaire
concerne, et concerne exclusivement, les Activités militaireset paramili-
taires au Nicaragua et contre celui-ci(Nicaragua c. Etats-Unisd'Amérique).
Or,dèsledébut,lesEtats-Unis ont euxaussiexposé à la Cour une thèsequi
était opposée à celle-ciet qui voulait que leprincipal souci de la Cour - si
elledevait sesaisirde I'affaire aufond, ceque contestaient les Etats-Unis -
devait être des'attac:heressentiellement à examiner les activitésdu Nica-
ragua au titre de son .aideaux rebelles salvadoriens et autres, au Salvador et
contre celui-ci ainsi que dans des pays voisins et contre ceux-ci. Les

Etats-Unis, tout en s'employant àcontester la compétencede la Cour et la
recevabilitéde la req,uêtenicaraguayenne, ont constamment allégué,cequi
constituait un moyeride défense positif,que leursactivitésau Nicaragua et
contre celui-ciétaient etsontjustifiéesen tant qu'actes de légitimedéfensecollective destinés ;isoutenir El Salvador. Ldns ces conditions, il est
singulier que la Couraitadopté - et conservé - pour cette affaire un titre
qui reflète de façon aussi évidente et exclusive l'essentiel de la thèsedu
Nicaragua. Une telle prise de position de la part de la Cour est sans
précédent.
129. Sil'onsereporte à laliste de toutes lesaffaires dont la Cour actuelle
a eu à connaître - liste qui figure dans lesAnnuairesde la Cour - on ne
trouve aucun titre comparable. La première affaire, par exemple, est inti-
tulée Détroitde Corfou(Royaume-Unic. Albanie). Si un titre analogue a
celuide la présenteespècelui avaitété donné,ilaurait été libelléà peu près

commesuit :Activitésdemouillagedeminesdansledétroitde Corfoucontre
leRoyaume-Uni. Or laCour achoisiune formuleneutre, par laquelle ilétait
implicitement admis que l'Albanie pouvait avoir des moyens de défense à
opposer à larequêtedu Royaume-Uni.Et ellel'afait àproposd'une affaire
qui, peut-êtreplus que toute autre dont elle a été jusqu'ici saisie,présente
des points communs avec la substance de la présente espèce, puisque
l'emploide la force et desquestionsd'intervention étaient aussi enjeu. Sur
un total d'un peu plus de soixante-dix affaires dont la Cour actuellea eu à
connaître jusqu'ici, aucune n'estintituléede façon àne refléter quela thèse

du demandeur, et pairconséquent àexclurecelle du défendeur - excepté la
présente affaire.
130. La Cour a toujours agi comme les tribunaux ont coutume de le
faire. Les procèsportent généralement commetitre ((Dupontc. Durand»,
et non pas ((Intrusion illicitedeDupontsurlefonds deDurand».D'ailleurs,
dans certains systènnesjuridiques, le souci d'objectivité etde modération
est tel qu'il n'estpas fait mention du nom des parties au procès. celui-ci
n'étant connuque par le numéro quilui est attribué,ou par un numérode
page dans le recuei'ld'arrêtsoù il est publié.
131. Dans une lettre qu'ila adressée au Greffierle 27avril 1984,l'agent
des Etats-Unis, se référant autitre de l'affaire, a déclaréque les Etats-

Unis considèrent le titre sus-énoncécomme préjugeant la question D. Il a
alors demandé qu'a il soit remplacépar une formule plus neutre M.Il a
développé ce point de vuedans une lettredu 2mai 1984.Or la Cour n'apas
donné suite à sa demande, malgréles défauts évidents du titre.

2. La Cour n'a pasuséde sonpouvoir d'établirdesfaits

132. Dans lesaffaires des Essais nucléaires l, Cour adéclaréavecraison
que :t(Etant donnk la non-comparution du défendeur, il incombe tout

particulièrement à l,aCour de s'assurer qu'elle est bien en possession de
tous lesfaits disponibles. (C.I.J. Recueil1974, p. 263.)Dans son arrêtdu
26 novembre 1984 sur la compétence et la recevabilité en la présente
affaire, la Cour a noté,à propos des difficultés qu'ellerencontrerait selon
lesEtats-Unis pour ktablirlesfaitsalors que laforceétait employée dans une
situation où des considérations de sécurité s'imposaient.que la Cour
dispose de pouvoirs considérables pour obtenir ces preuves ))(C.I.J.
Recueil 1984, p. 437).D'aprèssonStatut, la Cour dispose effectivement detelspouvoirs, comrriecela ressort des articles 49 et 50.Etant donnéla con-
troverse due au fait que les Etats-Unis accusaient le Nicaragua de soutenir
l'insurrection étrangèreet que le Nicaragua rejetait énergiquement ces
accusations - malgré les preuves à l'appui de ces accusations qui ont été
révélée lsrs de laprocédureorale-, on aurait pu penser que la Couraurait
choisi, pour obtenir les preuves, d'user des pouvoirs considérables sur
lesquels elle avait appelé l'attention lors de la phase de la compétence.
Par exemple, la COIJ~ aurait pu, en vertu de l'article 50 du Statut, confier
à une commission appropriée de juges ou à un autre organisme la tâche
d'effectuer une enquête surles faits dans les territoires du Nicaragua, des
Etats-Unis d'Amérilque,d'El Salvador, du Honduras, du Costa Rica, du

Guatemala et de Cuba, enquêtequi aurait pu conduire à des élémentsde
preuve que certains gouvernementsprétendaient avoir en leur possession,
et qui aurait pu perimettred'interroger despersonnes bien informéesmais
qui n'auraient sans cela pas pu ou pas voulu comparaître devant la Cour.
133. Acesujet, ilya lieude rappelerenparticulier que leGouvernement
de la République d'El Salvador. dans sa déclaration d'intervention de
1984,aaffirméqu'ilavait la preuve positive )du transit par leNicaragua
d'armes destinées àdesélémentssubversifssalvadoriens,qui avaientétépré-
cédemmentlivréesauxsandinistes(déclarationd'intervention. par. VIII. D).
Lors d'une conférencede presse, leprésidentDuarte a égalementparléde , ,
preuves qu'il étaitclisposé à produire à la Cour internationale de Justice.

Parlant de preuves tangibles ..que leNicaragua envoie desarmes au Sal-
vador ...o,le présidentDuarte a affirméque oces preuves existent ...Nous
allonsprésenter toutes cespreuves à la Cour, àLa Haye,le moment venu. ))
(Conférence de pre.ssedu 30juillet 1984,Foreign Broadcast Information
Service (FBIS), Daily Report, Lufin America, reproduit dans les annexes
au contre-mémoireprésentépar les Etats-Unis d'Amérique(sur la compé-
tence et la recevabilité),annexe 54, p. 1,5). Dans sa déclaration d'inter-
vention, El Salvadclraffirme aussi que «le quartier général ))des rebelles
salvadoriens, installéprès de Managua, est le centrede commandement
d'où sont dirigéesles opérations de guérillaet où est coordonné l'appui
logistique, y compriisles envois de munitions, de vêtements etd'argent ...

(par. V), que le Nicaragua offre des abris et des cachettes aux éléments
subversifs du FMLN, et les moyens de communication de cegroupe sont
installésdans le nord-ouest du Nicaragua. Ces moyens decommunication
sont utiliséspour transmettre des instructions et des messages aux unités
subversives opérant sur le territoire salvadorien. (Par. VI.) De plus :

((le Front sandiniste de libération nationale a mis à la dispositiondes
guérillerossalvadoriens, à partir du milieu de l'année1980,certains
centres d'entraiînement situés surle territoire nicaraguayen ..dirigés
par des militaires cubains et nicaraguayens ...installéà El Paraiso, à
Jocote Dulce. r'Bosquesde Jilao, et au kilomètre 14sur l'autoroute du
Sud. Les deux premiers de ces endroits se trouvent dans la banlieue

sud de Managua ; les deux autres, à l'extérieurde la mêmeville.
(Ihid.)La déclaration d'El Salvador contient un certain nombre d'allégations

spécifiquesdecegenre(par. III-VIII, IX,X).Ilest affirméenoutre,dans la
déclarationd'intervention, qu'ElSalvador a non seulement renouveléen
1984 ses demandes d'assistance auprès des Etats-Unis, lesquels étaient
priés d'agir autitre dlalégitimedéfensecollective,mais quecesdemandes
avaient été formulée:^précédemmentpar lajunte gouvernementale révo-
lutionnaire et par le Gouvernement du président Magafia, dès octobre
1979peut-être(par. XII).
134. Non seulement laCour n'apasdécidé de procéderauneenquêteen
vertu de l'article50de son Statut,pour des raisons qui tiennent surtout a
l'attitude des Etats-Unis et qu'on peut comprendre dans une certaine
mesure. En plus, sans justification aucune, la Cour a même négligé de

demander a El Salvador de lui communiquer (la preuve positive >)des
menées subversives (duNicaragua qu'El Salvadorprétendaitposséder.La
Cour va jusqu'à dire qu'il n'est pas prouvé qu'ElSalvador ait jamais
demandé, avantque leNicaragua n'introduise la présenteinstance,queles
Etats-Unis d'Amérique luiapportent leur assistance au titre de la légitime
défense collective.Or la Cour n'a pas invitéEl Salvador à produire les
moyens de preuve é,tayantla thèse officiellequ'ila présentée à la Cour et
suivant laquelle ilavait formuléde tellesdemandesdes annéesauparavant.
Demêmequ'aumonnentd'adopter un titrepour l'affairelaCour avait paru
essentiellement se préoccuper des allégationsdu Nicaragua et non des
moyens de défense opposéspar les Etats-Unis a ces allégations, elles'est
montréepeu encline à prendre les mesures qu'elleaurait pu prendrepour

établirou réfuterles faits relatifs aux allégationsdes Etats-Unis et d'El
Salvador, et ce bien qu'il lui faille, selon l'article53de son Statut,s'as-
surer ))que les conclusions sont fondées en fait.

3. Les règlesdepreuve énoncée et appliquéepsar la Cour

135. Comme la Cour le fait observer àjuste titre dans le présentarrêt,
l'unedesprincipales difficultés qu'ellea rencontréesaétéd'établlie rsfaits
intéressantle différend. L'absence des Etats-Unis pendant la procédure
sur le fond n'a fait qu'aggraver ces difficultés.Dans la mesure où des
problèmes de preuve ont nui à l'établissementdes prétentions des Etats-

Unis quant aux fait:$,ce sont les Etats-Unis qui, en ne comparaissant pas,
ont aggravé leurspropres difficultés - et celles de la Cour. Mais on peut
aussi conclure que les Etats-Unis se sont retirés de la procédure non
seulement parce qu'ils n'étaientpas disposés àaccepter lesconclusions de
la Cour sur sa compétenceet la recevabilitéde la requête,mais encore en
réactioncontre certaines décisionsde procédureprises par la Cour (voir la
déclaration des Etats-Unisdu 18janvier 1985,loc rit.et leparagraphe 114
de la présenteopinion). Poursa part, la Cour affirme dans leprésentarrêt,
à propos de l'égalité entre les parties, qu'+à plus forte raison lorsque la
situation est compliquéepar unenon-comparution croit-elleindispensable
d'assurer entre les parties une égalité aussiparfaite que possible 1).
136. Cette affirrniationdoit êtreappréciéeeuégard àcequ'a faitlaCour.Dans leprésentarrêt.,laCour aénoncéenmatièrede preuve des règlesqui,
tout en paraissant raisonnables, me semblent à la réflexion discutables.

Qui plus est, je trouve que la manière dont la Cour a réglé en pratique les
problèmesde preuve n'a pas étéde nature a << assurer entre lesparties une
égalité aussiparfaite que possible o.
137. La Cour dit êtreen possession d'informations documentaires de
nature et d'origine variées.Elle déclarequ'elle a accueilli les articles de
presse et les extraits d'ouvrages <(avec beaucoup de prudence O, et que
((mêmequand ilsparaissaientrépondre aune norme d'objectivitéélevée O,
elleles a considérés (<non pas commelapreuve des faits, mais comme des
élémentsqui peuvent contribuer, dans certaines conditions, àcorroborer

leur existence, à titre d'indices venant s'ajouter a d'autres moyens de
preuve o. Elle ajoute qu'a il reste que la notoriété publiqued'un fait peut
être établiepar de tels élémentset que la Cour peut en tenir compte dans
une certaine mesure )).
138. S'agissant dlrs déclarations émanant de personnalités politiques
officielles de haut rang, elles(possèdent une valeur probante particulière
lorsqu'elles reconnaissent des faits ou des comportements défavorables à
1'Etatque représent,ecelui qui les a formulées.Elles s'analysent alors en
une sorte d'aveu. La Cour maintient dans son arrêtque, vu le devoir
élémentaired'assurer l'égalité entre lesParties, <ni l'article 53du Statut, ni

aucune autre base, n'aurait pujustifier une attitude sélective o.La Cour ne
peut cependant accorder à cessources la mêmevaleur selonque letexte de
la déclarationofficielleconsidéréfigure dans une publication officielle ou
non et selon qu'il a étéounon traduit. La Cour conclut aussi que son arrêt
doit êtrebasésur lesfaitsintervenusjusqu'à laclôture de laprocédureorale
sur le fond de l'affaire.
139. Ces critères :semblentassez raisonnables, et conçus en réalitépour
assurer une égalitéparfaite entre les Parties. Mais le sont-ils vraiment ? 11
est de fait que I'app'licationde ces règlesde preuve favorise un gouverne-

ment tel que le Gouvernement du Nicaragua et défavoriseun gouverne-
ment tel que celui des Etats-Unis. Comme tout ce qui a trait à I'adminis-
tration, au Congrès et à la vie publique a un caractère assez ouvert et
démocratiqueaux Etats-Unis, iln'estguèredifficilede trouver des textes et
aveux officiels du gouvernement, signés,certifiés et publiés. En revanche,
comme leGouvernement du Nicaragua est assezferméetautoritaire. on ne
trouve pas dans la piressenicaraguayenne, contrôléeetcensurée,des textes
gouvernementaux certifiésde ce genre ou des aveux de cette sorte. A vrai
dire, la Cour est mal placéepour tenir compte de telles considérations ;il
n'empêche qu'elles existent.

140. Quant à la décisionde la Cour de fonder sonjugement sur lesseuls
faitssurvenusavant ladate de laclôture de la procédureorale,ilest à noter
que le précédentde la Cour qui semble le plus pertinent va précisément
dans le sens contraire (affaires des Essais nucléaires,C.I.J. Recueil 1974,
p. 263-265 ;voir aussi le paragraphe 124de la présente opinion). 141. Néanmoins, vu les contraintes inhérentes auxquelles la Cour est
soumise, on pourrait estimer qu'elle a, en matière de preuve, des vues
appropriées, ou en tout cas inévitables,à condition que ces vues se con-
crétisentde manière àassurer dans toute la mesure du possible cette égalité
parfaite entre les parties à laquelle la Cour tend. En fait, l'application
concrète des règlesde preuve que la Cour a énoncéesdans la présente
affaire a nuà la coinfirmation des prétentions des Etats-Unis. C'est pour
lesraisons exposéesdans lesparagraphes qui suivent quej'ai abouti, àmon
grand regret, à cette conclusion fâcheuse.
142. Les Etats-Unis ont dûment déposéen 1984 à la Courde nombreux

documents probants à l'appui de leurs assertions quant au soutien matériel
apportépar le Nicairagua à l'insurrection arméeau Salvador.Certaines de
ces informations sont contenues dans un ouvrage int"tulé Cornmunisr
InterferenceinEl S~ilvador,DocumentsDemonstratingCornrnunisS t upport
ofthe SalvadoranIn:rurgencyc,hoixdedocumentsqui auraient été saisissur
des insurgés salvadoriens etqui sont résumésaux paragraphes 16 à 20 de
l'appendice à la prksente opinion. Certes, il est possible de contester sur
certains points un livre blanc des Etats-Unis qui analyse ces documents
(annexe 50 au contire-mémoiredes Etats-Unis), mais les documents eux-
mêmesont été qualifiésd'authentiques par des critiques bien informésde

lapolitiquedes Etats-Unis en Amériquecentrale (paragraphes 19et 151de
I'appendice à la prksente opinion). Leur authenticité n'a pas étémise en
doute à la Cour ou par la Cour. Dans ses écritures et ses plaidoiries, le
Nicaragua ne sembllepas s'être référé spécifiqueme àntes documents.
Dans le présent arri!t, la Cour ne s'yréfère qu'enpassant, essentiellement
pour faire observer que, puisque ces documents emploient presque tou-
jours des noms de code(comme ((Lagos r)-lacs - pour Nicaragua r))la
Cour ne peut seprononcer sur ces documents sans l'assistance desexperts
des Etats-Unis qui auraient pu êtrecitéscomme témoinssi les Etats-Unis

avaient comparu. La Cour omet de relever que le recueil de documents
contient en préface une clé(chronologie et organisation) et que chaque
document est lui-mirmeprécédé d'un glossaire où lescodessont expliqués.
C'est ainsi qu'au début du document A, le glossaire A commence par
expliquer que le mot <<Fidel )>désigne <Fidel Castro )).De plus, un
appendice aux écrii.uresdu Nicaragua - qui est un moyen de preuve du
Nicaragua - renferme lui aussi une explication des noms de code et un
commentaire instructif sur lesdocuments eux-mêmes rédigé par M.C. W.
BillYoung, membre du Congrès (voir mémoiredu Nicaragua, annexe E,
pièce1,p. 37et suiv.).A mon avis, un petit effort d'imagination suffitpour

comprendre lesens de cesdocuments: ces documents sont très accablants
pour leNicaragua. 1LesEtats-Unis ont égalementdéposé àla Cour en 1984
un Background Paper: Nicaragua's Military Build-Up and Support for
CentralArnericanSubversion, loc.rit., compilation et analyse de données
factuelles, dont mention est faite aux paragraphes 77et 168de I'appendice
à la présente opinion. La Cour n'examinepas sérieusement cesdonnéesni
leur analyse. L'unique fait que la Cour juge bon d'établir d'aprèscette
publication est que les Etats-Unis ont survoléle territoire du Nicaragua-fait dont témoignent lesphotographies aériennesd'installations nicara-
guayennes reproduites dans le BackgroundPaper. La Cour ne juge pas
intéressant, et encore moins concluant, de relever que, sur une de ces
photographies, celle du camp militaire de Rio Blanco au Nicaragua, on
peut lire sur le sol le siglesalvadorien<FMLN ))De même,la Cournedit
rien des photographies reproduites dans cette publication qui montrent
des armes et des documents qui auraient été saisis en mars 1983sur un

groupe de guérillercsssalvadoriens interceptés au Honduras, et en parti-
culier de laphotogr.aphie d'un document sur lequel on peut lire nettement
((FSLN et <(FMLN (loc.cil.).
143. L'importance de ces documents tient aux révélations qu'ilscon-
tiennent. Ils sont égalementimportants du point de vue de l'idéeque la
Cour se fait des preuves. La Cour exclut de très grandes quantités d'élé-
ments qui confirment les accusations portées par les Etats-Uniscontre le
Nicaragua quant àIl'appuimatériel qu'ilfournit à l'insurrection au Salva-

dor, motif pris apparemment que ces articles de presse, ouvrages, etc., ne
peuvent êtreproduits que s'ils confirment d'autres élémentsde preuve.
Ces articles de presse, ouvrages et rapports du Congrès - de mêmeque
certains aveux publiicsdu président et d'autres responsables du Nicaragua
- corroborent en réalité la teneurdecesdocuments, lesquelssont lesautres
élémentsde preuve. Mais la Cour, en écartant ces pièces, s'estimeappa-
remment fondée à exclure desélémentsqui,en application de ses règlesde
preuve, pourraient par ailleurs êtreadmisen tant qu'éléments corroborant

des faits établis par ces documents.
144. Ainsi donc, après avoir déclarédans son arrêtqu'elle était pour
accueillir((avecbeaucoup deprudence lesarticles depresse et lesextraits
d'ouvrages, la Couir maintient qu'ils ne peuvent que contribuer <dans
certaines conditions ))a attester l'existence d'un fait. Dans quelles condi-
tions ? Il se trouve qu'il s'agiten fait essentiellement des conditions en-
tourant la corroboration des prétentions du Nicaragua. Et dans son arrêt
la Cour juge bon, plus d'une fois, de citer à cet effet des sources journa-

listiques. Comment sefait-il que la Cour utilise sipeu, pour corroborer les
prétentions des Etats-Unis, les trèsabondants articles de presse, rapports
du Congrès et autres rapports qui étayent les thèses des Etats-Unis -
rapports dont beaucoup ont été soumiscomme preuves par le Nicaragua ?
C'est peut-être parce que, selon les critères avancéspar la Cour, ils ne
corroborent pas desfaitsétablisindépendamment. Mais ce n'est là qu'une
présomption, et cet.teprésomption est dénuéede tout fondement en la
présenteaffaire.

145. Ne nous bornons pas aux informations documentaires visées ci-
dessus, que des artii:les de presse, rapports du Congrès et autres rapports
étayent. Considéronsl'ensemble des donnéesréunies et présentées dans
l'appendice à la pré:senteopinion. Elles montrent de bien des façons, avec
force détailset sur la foide nombreuses sources - certainescontraires aux
intérêtsdu Gouvernement des Etats-Unis en la présente affaire -. que
le Gouvernement diuNicaragua s'emploie avecconstance, depuis 1979, à
renverser le Gouver.nement d'El Salvador enaccordant une aide matérielleà l'insurrection arméedans ce pays. Ces données corroborent des faits
établis indépendamment ;elles prouvent la réalité, lamatérialitéet l'am-
pleur desdites activités du Nicaragua. C'est en lisant l'appendice à la
présente opinion qu'on se rendra le mieux comptede cette abondance de
confirmations. Mais auels faits saillantsétablis indéwendamment - outre

les faits mentionnés dans les deux documents des Êtats-unis citésplus
haut - ces donnéesconfirment-elles ?
146. Le premier témoindu Nicaragua - que le conseil du Nicaragua a
traité davantage enexpert qu'en témoin - venu déposersur la question de
savoir si le Nicaragua avait participé à l'envoi d'armes aux insurgéssal-
vadoriens, M. David MacMichael, a admis devant la Cour, en réponse à
mes questions, que (,l'onpeut considérer commeun fait qu'au moins à la
fin de 1980 et au clébutde 1981 le Gouvernement nicaraguayen était
impliquédans l'exprfditiond'armes aux insurgés d'ElSalvador (appen-
dice, par. 76). Il a reconnu que l'ancien secrétaire d'Etat démocrate,
Edmund Muskie, avait dit la vérité lorsqu'ilavait déclaré enjanvier 1981
que les armes et approvisionnements expédiéspar avion aux insurgés
salvadoriens au Salvador l'étaientà laconnaissanceet avecl'assistance des

autoritésnicaraguayennes (ibid.).Il a reconnu que lesdirigeants militaires
de l'insurrection salvadorienne sont basés auNicaragua (ibid., par. 73). Il
a témoignésur ces questions, et d'autres questions encore, àpartir de son
propre examen des cilémentsde preuve. Il n'a pas produit de preuve par
ouï-dire. M. MacMichael a déclaréavoir examiné toutes les données,
brutes et analysées,que les services de renseignements des Etats-Unis
avaient recueillies sur la question de l'aide du Nicaragua à l'insurrection
salvadoriennepour lapériode1979-1983 (jusqu'àcequ'ilquitte sonposte à
la CIA, au débutde 1983).Certes, il ne pouvait rien faire d'autre que de
donner son propre a.vissur ces informations, et l'allusion de la Cour à ce
propos est fondée. Mais l'avisde M. MacMichael pour la période allantde
l'arrivéedes sandinistes au pouvoir, enjuillet 1979,au printemps 1981est

corroborépar diverses sources probantes, ainsi qu'il est établidans I'ap-
pendice àla présentceopinion. En outre, lesdites conclusions de M. Mac-
Michael n'ont été misesen doute ni par leNicaragua ni par aucun membre
de la Cour. D'ailleurs, une foisla lumièrefaite sur cesaveux,lesconseils du
Nicaragua,qui avaient auparavant longuement interrogéM. MacMichael,
se sont manifestement bien gardésde le rappeler à la barre pour lui poser
d'autres questions, a.find'essayer de regagner le terrain qu'il avait si mal-
heureusement fait perdre au Nicaragua.
147. Lors de sa dkposition, M. MacMichael a aussi déclaréque,aprèsle
débutde 1981,il ne :pouvaitêtreétablique le Nicaragua avait expédiédes
armes a l'insurrection salvadorienne (conclusion à laquelle on peut con-
sidérer qu'ila apporiéune restriction lorsqu'il aaffirméque des cargaisons
d'armes devant passer par leNicaragua avaient été saisiesau Costa Rica en

1982). Les abondantes informations rassembléesdans l'appendice à la
présente opinion m'ontrent bien que le flux d'armes était suspendu au
printemps 1981,mais elles montrent aussi qu'il a repris très brusquement
en 1982,puis qu'il s'estpoursuivi, irrégulièrement semble-t-ilet dans une ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 328

moindre mesure. Autrement dit, ces informations ne corroborent pas

l'opinion de M. Ma~cMichaelpour la période postérieureau printemps
1981. Mais ce n'est guère une raison pour exclure des informations qui
confirment son témoignagepour la période antérieureau printemps 1981.
Ce n'estpas non plu:<une raison pour excluredes informations concernant
la période postérieure à 1981, informations qui sont importantes parce
qu'elles montrent à l'évidenceque les assertions du Nicaragua concer-
nant la période postérieure à 1981 sont elles aussi fausses, ne serait-ce
qu'en raison du fait que ces informations, bien que n'étayant pasl'opinion
de M. MacMichael pour la période postérieure à 1981, sont renforcées
par d'autres informations d'importance, dont lesquasi-aveux du président

du Nicaragua.On sesouviendra que laCour estime que desdéclarationsde
personnalités politiques de haut rang possèdent <une valeur probante
particulièreD.
148. Il importe de rappeler que, dans son arrêt,la Cour omet de noter
que ces déc1aration.ssous serment du témoin du Nicaragua, M. Mac-
Michael, pour la périodeantérieure à1981sont en contradiction flagrante
aveccellesdu ministre des relations extérieuresdu Nicaragua et cellesd'un
autre témoin vedette, lecommandant Carrion, un des neuf comandantes
qui gouvernent le Nicaragua. De fait, le commandant Carrion s'est con-
trediten témoignant devant la Courque leNicaragua n'avait <jamais ))eu
pour politique de fournir des armes à des insurgésétra;igers,alors qu'il

maintenait dans le même temps,dans une déposition produite par le
Nicaragua devant la Cour, qu'a il y a bien longtemps ))que le Nicaragua
n'avaitpas envoyéd'armesauxinsurgésd'ElSalvador(appendice, par. 55).
Ilest aussià noter qiie le Nicaragua a accordébeaucoup de poids - et que
la Cour fait de même - a une déclaration sous serment de M. Edgar
Chamorro, transfugedes contras,mais que la Cour omet de souligner non
seulement que d'autres élémentsde preuve (articles de presse) soumis par
le Nicaragua ne corroborent pas certains points de cette déclaration de
M. Chamorro, mais encore que ces mêmesélémentsde preuve sont consti-
tuéspardes propos de celui-ci quicontredisent certainspoints de sa décla-
ration sous serment.

149. Je ne doute pas qu'en ce qui concerne les élémentsde preuve la
Cour s'est efforcée d'assurer une égalitparfaite entre les Parties, maisje
dois conclure à regret qu'elle n'y est pas parvenue. Prenons un autre
exemple frappant. Comme indiquéplus haut, la Cour maintient qu'elle a
évité une<<attitude sélective à l'égarddes déclarations reproduites dans
la presse, y compris lesdéclarationsde personnalitéspolitiques du rang le
plus élevéO. r, la Cour tient compte de déclarationsdu président Reagan
parues dans la presse:,alors qu'elle n'accordepas de poids aux déclarations
faites par leprésidentOrtega àl'occasion d'interviews accordéesàlapresse
enjanvier 1985et en avril 1986.lorsqu'il a admis que le Nicaragua était
disposé à suspendre son aide matérielle aux insurgés d'ElSalvador à

condition que les Etats-Unis mettent un terme à leur aide matérielle aux
contras(voir ci-dessiis par. 29 et appendice, par. 30-33).Ces déclarations
réitéréedsu présideritOrtega ont étépubliéesd'abord en 1985dans leurversion originale, en espagnol, dans le New York Timeset dans l'ABCde
Madrid,puisen 1986,dans d'autres termes mais dans lemêmesens,dans le

Wall Street Journal. Non seulement le Nicaragua semble ne pas avoir
demandéque des rectificatifs soient apportés àces articles de presse, non
seulement cesorganes de presse n'ont pas publiéde rectificatif, mais dans
lecas du New YorkTimesil a été confirméque la déclarationdu président
Ortega - diffusée à plus d'un million d'exemplaires - n'a pas fait l'objet
d'une communication de la part du Gouvernement nicaraguayen. A l'As-
semblée générale des Nations Unies, le représentant d'El Salvador a cité
des passages decette déclaration du président Ortega publiéedans le New
York Times ;I1authe:nticitet la portéede cette déclaration n'ont pas été
niéespar le représentant du Nicaragua, lequel a par ailleurs participéau
débat.Néanmoins, la Cour considère que la déclaration faite par le pré-
sident Ortega en 1985est de peu d'importance parce que, suppose-t-elle,
ellesignifiepeut-être:simplementque leNicaragua est disposé à suspendre

l'acheminement des armes aux Salvadoriens à travers le Nicaragua. à
condition que les Etats-Unis indiquent au Nicaragua les itinéraires
empruntés. Sur quoiila Cour se base-t-elle pour faire cette supposition ?
Elle se base sur le ifait qu'une offre dans ce sens avait étéfaite par le
président Ortega à M. Enders en 1981,plus de trois annéesauparavant,
offre que M. Enders avait déclinéeen disant que les Etats-Unis ne pou-
vaient divulguer au Nicaragua leurs sources de renseignements. La Cour
conclut aussi que ladéclaration du présidentOrtega ne peut vouloir dire ce
qu'elle dit puisqu'elle est en contradiction avec la politique officielle
maintes fois exposéedu Nicaragua, en contradiction avec ses dénégations
énergiquesquant à laifourniture d'armes auxinsurgéssalvadoriens. Mais le
proprede tout aveu est d'être encontradiction avecla position que défend
son auteur. De plus, le président Ortega a fait une déclaration dans le

mêmesens une année plus tard, àl'occasion d'une interview accordéeau
WallStreetJournal.11est évidentque, quand leprésident Ortega adéclaré
sans détoursque le Nicaragua était disposé à suspendre le passage sur son
territoire de l'aide militairedestinéeaux Salvadoriens en échangede l'arrêt
des attaques contre le Nicaragua, il a fait, pour reprendre l'expression
employéepar le représentant d'El Salvador à l'Assemblée générald ees
Nations Unies, un aveu éloquent (A/40/PV.90, p. 83).La Cour a-t-elle
réservé àcet aveu le sort qu'il convenait pour garantir une égalitéparfaite
entre les Parties?
150. Il faut recon.naître qu'il ne devait pas êtrefacile de défendre la
crédibilitéde lathèsenicaraguayenne. D'unepart, la Cour tientpourétabli
qu'entrejuillet 1979et les tout premiers mois de 1981un flux intermittent

d'armes destinées à l'opposition arméeau Salvador traversait le territoire
du Nicaragua. D'au,trepart, elle constate qu'elle:

<ne dispose pas d'éléments suffisantspour pouvoir conclure avec
certitude que,depuis lespremiers mois de 1981,l'opposition arméeau
Salvadoraitcontinué à recevoir,du territoire du Nicaragua, une assis-Salvador ;perhaps that iswhy the Nicaraguan Agent and counsel found it

prudent not to pursue the question. As noted, Mr. MacMichael stated that
when former Secretary of State Muskie made charges to this effect,
declaring that arms were being flown to Salvadoran insurgents from
Nicaragua "certalinlywith the knowledge and to some extent the help of
Nicaraguan authiorities", he spoke the truth (Hearing of 19 September
1985,afternoon ;see this opinion's appendix,para. 76). Mr. MacMichael
confirmed that tlefectors from Nicaragua and a crashed and captured
aircraft in ElSalvador from Papalonal contributed to establishing as a fact
the use of the facilities at Papalonal to fly arms to the Salvadoran insur-
gency (ibid.).Not only the Ortega/Enders transcript but an admission by
President Ortega. in an interview with a correspondent of the New York
Times confirms the employment of Papalonal for the shipment of arms to
the insurgents in El Salvador (appendix. paras. 57-58).

153. Despite al1this, the Court finds itself able to conclude that it still
remains to be proved that any aid to the insurgents in El Salvador is
imputable to the authorities of Nicaragua. It repeats that theGovernment
ofNicaragua cannot beheld "responsible for any flowofarms" at any time
to the insurgency in El Salvador. It thus infers, for example, that the
Government of Nicaragua, before the representations of the United States
Ambassador, diclnot know of theexistence of the airport at Papalonal, and
was not party to its employment. The Court would have the world believe
that a substantial military airport not far from Managua could be
designed. built, brought into operation and used for months for many
flightscarrying arms to Salvadoran insurgents, al1without the knowledge
and support of the Nicaraguan Government. These are its conclusions.
Mine are that the Court, in so sustaining the credibility of Nicaragua's
case, has strained the credibility of the Court.

H. TheNicaraguanGovernment'sMaterial Support of Insurgencyin El
Salvador 1s Legally Tantamountto an Armed Attack hy Nicaraguaupon
El Salvador

154. The fact!;demonstratingthe reality, actuality and extent of actions
of the Nicaraguan Government in materially supporting insurgency in El
Salvador have been sketched above and are presented in detail in the
appendix to this opinion (paras. 28-188).Are those actions legally tanta-
mount toan armed attack by Nicaragua upon ElSalvador ?The Court - in
a decision f~nd~amentalto its Judgment - has concluded that they are
not. ACTIVITÉS MII.ITAIRES ET PARAMILITAIRES (OPDISS .CHWEBEL) 331

étaient irréfutables.Le témoin du Nicaragua, M. MacMichael, avait
reconnu auparavant que l'aéroportde Papalonal avait étéutilisépar des

aéronefstransportant des armes aux insurgés d'ElSalvador ;c'est peut-
être pourcette raison que l'agent et les conseils du Nicaragua ont jugé
prudent de ne pas insister. Comme je l'ai indiqué, M. MacMichael a
déclaréque, lorsquie l'ancien secrétaired'Etat Muskie avait porté des
accusations dans cesens,en déclarantque desarmes étaientexpediéespar
avion aux insurgéssalvadoriens à partir du Nicaragua certainement à la
connaissance et, dainsune certaine mesure, avec l'assistance des autorités
nicaraguayennes )),il disait la vérité(audience du 19 septembre, après-
midi ; voir appendice à la présente opinion, par. 76). M. MacMichael a
confirméque,pour ktablir que lesinstallations de Papalonal avaient servà
l'expéditionpar voieaérienned'armes auxinsurgéssalvadoriens, on s'était

fondénotamment sur les diresdesdéserteursdu Nicaragua et sur la saisie
au Salvador d'un avionaccidentéen provenance de Papalonal (ibid.)Non
seulement le compte rendu des entretiens entre M. Ortega et M. Enders
maisaussidesdéc1a:rationf saites par leprésident Ortegà l'occasiond'une
interview accordée à un correspondant du New York Times confirment
l'utilisation de Papalonal pour l'expéditiond'armes aux insurgésd'El
Salvador (appendice, par. 57-58).
153. Malgrétout, la Cour estime pouvoir conclure qu'il resteà prouver
qu'une aide, quelle qu'elle soit, aux insurgés d'ElSalvador est imputable
aux autoritésdu Nicaragua. Elle répèteque le Gouvernement du Nicara-

gua ne peut êtretenu pour responsable des envois d'armes ))à I'insur-
rection au Salvador,à quelquepériodeque cesoit. Elleen déduit donc,par
exemple,que leGouivernementdu Nicaragua, avant lesreprésentationsde
l'ambassadeur des Etats-Unis ignorait l'existencede l'aéroportde Papa-
lonal et qu'iln'enétait pasun utilisateur. La Cour voudrait fairecroire au
monde qu'un important aéroport militaire, situé àproximitéde Managua,
apu êtreconçu,construit, mis en serviceet utilisédes mois durant pour de
nombreuses expéditions d'armes aux insurgés salvadoriens, à l'insu du
Gouvernement du Nicaragua et sans son aide. Telles sont sesconclusions.
Les miennes sont que la Cour, en accordant ainsi crédit à la thèse du
Nicaragua. a porté atteinte à son propre crédit.

H. L'appui matériel apporté par le Gouvernementdu Nicaragua à
l'insurrectionau Salvador équivautjuridiquementà une agression armée du
Nicaragua contre El Salvador

154. Lesfaitsétablissantlaréalité, l'actualetl'ampleurdesactionsdu
Gouvernement nicaraguayen visant à appuyer matériellementI'insurrec-
tion au Salvador orit étéexposés ci-dessus etsont décrits en détaildans
l'appendice à la prksente opinion (par. 28-188). Ces actions équivalent-
ellesen droità une agression arméedu Nicaragua contre El Salvador ? La

Cour - dans une décisionfondamentale pour son arrêt - a conclu que
non.333 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO . P.SCHWEBEL)

on behalf of that state ; . ..' (Yearbook of the International Law

Commission, 1974,Vol. II, Part 1,p. 277.)

Commenting on this provision in the Third Report on State Respon-
sibility to the International Law Commission, former Special Rap-
porteur, Judge Roberto Ago, writes :

'Theattribution to the State, as a subject of international law, of
the conduct of persons who are in fact operating on its behalf or at
its instigation is unanimously upheld by the writers on inter-
national law who have dealt with this question.' (Ibid., 1971,
Vol. II, Part 1,p. 266.)

Judge Ago continues :

'. .private persons may be secretly appointed to carry out parti-
cular missionsor tasks to which the organs of the State prefer not to
assign regular State officials ; people may be sent as so-called
"v01untee:rs"to help an insurrectional movement in a neighbouring
country -- and many more examples could be given'. (Ibid.,
p. 263.)

229. Brownliesupports this view.In InternationalLaw and the Use

ofForce byStates, he notes that although 'theterms "use of force" and
"resort to force" are frequently employed by writers these terms have
not been the subject of detailed consideration'. His own analysis,
based on a survey of the literature, follows :

'Therecanbelittledoubtthat "useofforce" iscommonlyunderstood
to irnply a military attack, an "armed artack': by the organized
military,naval,orairforces ofastate ;but theconceptinpractice and
principlehasa widersignificance. ...governmentsmay act bymeans
ofcompletely"unofficial"agents,includingarmedbands,and "volun-
teers", or may give aid to groups of insurgents on the territory of
another State.' (International Law and the Useof Forceby States,
1963,p. 361.)

Brownlie notes that although sporadic operations by armed groups
might not simount to armed attack

'it is coriceivablethat a CO-ordinatedand general campaign by
powerful bands or irregulars,with obviousor easilyproven compli-
city of a ,governmentof a statefrom whichthey operate would con- personnes agissaitenfait pour lecompte decet Etat ;...)(Annuaire

de la Commission du droit international, 1974, vol. II, première
partie, p. 288.)

L'ancien rappa~rteur spécialde la Commission, M. Roberto Ago,
écrivait à ce sujet dans son troisièmerapport sur la responsabilitédes
Etats :

<(L'attribution à l'Etat, sujet de droit international, du compor-
tement de personnes agissant en fait pour son compte ou sur son

instigation est unanimement soutenue par les auteurs de droit
international qui ont traité la question. (Ibid., 1971, vol. II,
première partie, p. 281.)

Et M. Ago ajoutait :

<(des particuliers sont secrètement préposés à l'accomplissement
de missions ou de besognes déterminéesdont les organes de
1'Etatestiment préférablede ne pas charger directement de vrais
agents de 1'E.tat ; des personnes sont envoyées,en tant que pré-

tendus <(volontaires ))aider un mouvement insurrectionnel dans
un pays voisin - et les exemples pourraient se multiplier o.(Ibid.,
p. 278.)

229. Brownlie est du même avis.Dans son ouvrage, International
Lawand the UseofForcebyStates, ilfaitremarquer que, bien que ((les
expressions <(emploi de la force et <(recours à la force soient
fréquemment employéespar les auteurs, elles n'ont pas fait l'objet

d'uneétudedétaillée D.Aprèsquoi ilpropose sapropre analyse,faite à
partir de la doctrine :

((Certes1'e.xpression «emploidelaforce »estcommunément inter-
prétée comm~edésignant uneattaque militaire, une ((agression
armée»par lesforces terrestres,navalesouaériennes organiséesd'un
Etat ;mais cette notiona enpratique et enprincipe une signification
plus large ...les gouvernements peuvent agirpar l'intermédiaire

d'agents complètement«non officiels ))tels que des bandes armées,
oupar I'interfiaédiairdee((volontaires»,ou encoreilspeuvent fournir
une aide à des groupesd'insurgés opéran str le territoired'unautre
Etat. » (International Law and the Use of Force by States, 1963,
p. 36 1.)

Et Brownlie ajoute que, si les opérations sporadiques de groupes
armés n'équivalent pas toujours à une agression armée,en revanche

(onpeut concevoirqu'une campagneorganiséeetgénéra mle,néepar
depuissantes bandesarméesoupardepuissantsgroupesd'irréguliers,
avec la complicité évidento eufacile à prouver du gouvernement de I'Etata partirrduquel ils opèrent,constitue une « agression armée ))
(International Law and the Use of Force by States, 1963, p. 278-
279).

231.Rosalyn Higginsconsidèreelleaussi que l'emploi d'irréguliers
pour commettre des agressions arméescontre un autreEtat constitue,
<(d'un point de vue pratique ))un emploi de la force (« The Legal

Limits to the IJse of Force by Sovereign States, United Nations
Practice O, British Year Book of International Law, vol. 37, première
partie, 1961,p. 278).Cet auteur décritlescirconstancesqui ontdonné
une importanct: accrue aux emplois indirects de la force dans la
pratique des Nations Unies. A San Francisco, fait-elle remarquer,
l'accent étaitmis essentiellement sur les méthodes conventionnelles
d'agressionarmée ; mais <(lesévénements malheureux desquinzeder-

nièresannées ))ont obligé à reviser en grande partie la notion d'em-
ploi de la force(ibid.p. 288-289).Les <(activités normatives menées
par l'Assembléegénéraleet la Commission du droit international
pour définirl'agressionindirecteetpour lamettre hors laloine sesont
donc pas produites in vacuo, mais résultent de tout un ensemble
constituépar le:;efforts continuspour définirl'agression,par lesprin-
cipes de Nuremberg et par la suited'incidents auxquels ont eu à faire

face le Conseil de sécurité etl'Assembléegénérale (ibid.,p. 290).
232. Rifaat d,écritégalement lafaçon dont les dangers de l'emploi
indirect de la force ont peuà peu pris valeur d'évidence.Depuis 1945,
écritcetauteur, lesEtats ont plus souvent recours à desbandes armées
ou à d'autres ennploisclandestins de la force, pour tenter d'échapper
aux interdictions énoncées à l'article 2, paragraphe 4 :

Les Etats, tout en acceptant apparemment l'obligation de ne
pas employer laforcedans leursrelations mutuelles,commencèrent
à rechercher d'autres méthodesde pression clandestine afin de
poursuivre leurs politiques nationales sans confrontation armée
directe.
L'incompatibilitéde l'agressionarméeexterne,de typeclassique,
avec les règlesactuelles des relations internationales, a conduit à

l'apparition d'autres méthodes d'agression clandestine ou indi-
recte.))(International Aggression, 1979,p. 217.)

Parmi ces méth,odesfigurent <(la subversion, le fait de fomenter des
luttes civiles, l'aide aux bandes arméesou l'envoi d'irrégulierspour
appuyer les groupes rebelles dans les pays visés ))...
233.Il existe donca notre époqueunedoctrinepratiquement unanime
au sujet de l'em,vloiindirect de la force par l'intermédiairede groupes

armésde mercenairesoud'irréguliers. Lesdoutes quipouvaient exister
à cesujetdans lesmilieuxjuridiques avant lasecondeguerremondiale
ont été dissipés par les événementd se la période quia suiviceconflit.Pour quei'inter~fictiodnelémploidelaforcequi est énoncé el'article2,
paragraphe 4,c!itun sens, ilfaut qu'elles'applique aussi à cet aspect
nouveau et dangereuxde l'activitémilitairemenéepar des mercenaires
ou des irréguliersarmés. Comme l'écritNovogrod, <(soutenir que
l'agression directe et l'agression indirecte ne peuvent pas être à titre
égaldes violations de l'article 2, paragraphe 4, de la Charte serait
pousser le respect de la lettrejusqu'au fétichisme (IndirectAggres-
sion, p. 227).

2. L'attitude des Etats-Unis

234. Les Etats-Unis ont toujours été parmiles plus ardents défen-
seurs de l'idéeq,uel'emploi d'ungroupe armépar un Etat pour mener
des activités militairescontre un autreEtat équivaut àun emploi de la
force. Là encore, il suffira de citer quelques-uns seulement des prin-
cipaux auteurs, parmi tous ceux qui se sont exprimésdans ce sens.
235.Dès194'7M , .Austin,représentantdes Etats-Unis, condamnait

devant le Conseil de sécuritéle soutien fourni à la guérilla en
Grèce :
A mon avis, nous ne devons pas donner un sens étroit aux
dispositions (dela (<Grande Charte ))des Nations Unies. A notre

époque,il y a, pour un Etat désireux d'employer la forcecontre
l'intégritéterritoriale d'un autre Etat, maintes manières de procé-
der. L'invasion par des armées organiséesne constitue pas le seul
moyen de porter atteinte à l'indépendance d'un paysD . e nosjours,
on peut employer la force efficacement en recourant aux moyens
détournés del'infiltration, de l'intimidation et du subterfuge.
Mais personne ne s'y trompe. Aucun homme intelligent, con-
naissant les faits, ne peut manquer de reconnaître qu'ily a, dans le
cas qui nous occupe, recours à la force, si habile que soit le sub-
terfuge. Nou:sdevons reconnaître ce que les citoyensintelligentset
avertissavent déjà.En soutenant la guérilladans le nord de la
Grèce,la Yougoslavie,la Bulgarieet l'Albanieont employéla force

contre l'inté,gritéterritoriale et l'indépendance politique de la
Grèce.En fait, ellesont commis lesactes mêmesquel'organisation
desNations IJnies a été chargée d'empêchere,t ellesont enfreint le
plus important des principes fondamentaux qui sont à la base de
notre Organisation. r(Conseilde sécuritéd ,euxièmeannéep , rocès-
verbaux officiels,1947, 147eet 148eséance;p. 1120-1121 .)

236.En 1965 dans une étuderédigée pour leconseillerjuridique du
département d'Etat, Richard Baxter concluait :
((Sil'onpeut voir dans l'envoide volontairesune forme d'agres-
sion indirecte, il arrive aussi que l'action de 1'Etatresponsable soit

évidenteau point que l'agression n'aitplus d'indirect que lenom. Il
existe en effet toute une gamme de comportements possibles,
depuis les démpartdse volontaires individuels sur le territoire d'un Etat neutre, ce qui n'est pas une violation de l'obligation de neu-
tralitéde I'Etat,jusqu'à l'engagementpur et simplede 1'Etatsous le
voilede la notion de <(volontaires o. Il faudraitque la définitionde
l'emploide leiforce préciselescas où la responsabilitéde 1'Etatest
engagée. )(Study of the Principles of InternationaL l aw Concerning
FriendiyRela.tionsand Co-operationamong StatesinAccordance with
the Charter of the UnitedNations, 1965,p. 1-12.)

237. En 1969,la même positionétaitadoptée par John Lawrence
Hargrove, reprksentant des Etats-Unis au comitéspécialdesNations
Unies sur la question de la définitionde l'agression :

<La Charte parle, à I'article 2, paragraphe 4, de l'emploi de la
force dans les relations internationales ;elle ne fait pas de diffé-
rence entre lesdivers typesde forceillégale,endéfinissantleplus ou
moins d'illégalité d'aprèlessdiversesformes de forceemployée.Les
articles 1et 39de la Charte parlent d'<<agression ));euxnonplus ne

font aucune différenceentre les types d'agression en fonction des
formes de violence qui peuvent avoir la préférencede tel ou tel
agresseur. Ilri'ya tout simplement dans la Charte, du débutala fin,
aucune disposition qui indique que les Etats puissent de quelque
façon que ce soit tourner la condamnation que fait la Charte des
actes de force illégaux dirigéscontre un autre Etat en choisissant
avec prudence des moyens adaptés à des fins illégitimes. (Décla-
ration deJohinLawrence Hargrove, représentant desEtats-Unisau

comité spécial sur la question de la définition de l'agression,
25 mars 1969,communiquéde presse USUN-32 (69), p. 5.)
238. La même positionfut adoptéeen 1973par M. Schwebel,alors

représentantde!;Etats-Unis auprèsdececomité. Ecrivant unan avant
l'adoption de la définition,M. Schwebelaffirmait que <(la Charte des
Nations Unies ne fait pas de distinction entre les emplois de la force
directsetindirects ))et que <(lesformes d'agressionmodernes lesplus
fréquentes tendent à être desformes d'agression indirectes. )>(OAg-
gression, Intervention and Self-Defence in Modern International
Law ))Recueildes cours,Académiede droit international, La Haye,
t. 136(1972-II), p. 458.)

3. La pratique des Nations Unies
239. La pratiqueconstantedesNations Uniesconfirme l'idée que tout

engagementsubstantiel dans les activitésde groupes insurgés armés
constitueuneviolationde l'interdictionde l'emploide laforce énoncée à
l'article2,paragraphe 4, de la Charte.
240. Presque (lèsleurcréation,lesNations Unies sesont appliquées
a définiret à préciser lanotion d'emploi de la force inscrite dans la
Charte, et il existe toute une sériede résolutions etautres textes qui,
définissant ou c.ondamnant l'emploide la force et l'agression,tradui-sent une évolution progressive,allant de l'illégitimité proclaméd ees
actes de soutien aux groupes insurgésjusqu'à des condamnations
formellesprononcéesenvertu de l'article2,paragraphe 4. Leprojet de
déclarationsur /es droits et devoirs desEtats, adoptéen 1949par la

Commission du droit international, imposait aux Etats, entre autres
devoirs,celui :
«de s'abstenirdefomenter laguerre civilesurle territoire d'unautre
Etat, etd'empêcheq rue des activitésne s'organisent surson propre
territoireafin de lafomenter»(article 4, Rapport de la Commission
du droit international,documents officiels del'Assembléegénérale,

quatrièmesenion, supplémentno10, p. 9, doc. A/925, 1949).
De même, le projetde code des crimes contre la paix et la sécurité de
l'humanité, luiaiussirédigé par la Commission du droit international,
comptait parmi les crimes énumérés :

((4) L'incursion sur le territoire d'un Etat, en provenance du
territoire d'u:nautre Etat, de bandes armées agissant à des fins
politiques;
5) Lefait, pour les autorités d'uEtat, d'entreprendre ou d'encou-
ragerdesactivitésvisant à fomenter laguerreciviledansunautreEtat,
ou le fait, pour les autorités d'un Etat, de tolérer des activités
organisées visant àfomenter la guerre civile dans un autre Etat. ))
(RapportdelaCommissiondudroit international, documentsofficiels

del'Assemblée générale, neuvième session,supplémn eot9,p. 10-12,
doc. A/2693, 1954.)
241. L'Asserribléegénérale, elle aussi,a condamné à maintes re-
prises l'emploi de la force par l'intermédiairede groupes insurgés.
Dans sa résolutionde 1950sur la paix par les actes, elle a dénoncé
«l'intervention d'un Etat dans les affaires intérieures d'un autre
d'enchanger,en recourant à la menace ou àl'emploide
Etat aux fins
la force,legouv~:mementlégalementconstitué o.(Résolution380(V).)
((Quelles quesoientles armesutiliséest,oute agression, qu'ellesoit
perpétrée ouvertement,qu'elleprenne la forme d'une incitation à la
guerre civiledans l'intérêdttne puissance étrangèreo,u qu'elle sepro-
duisede toutetzutremanière,estleplusgravedetouslescrimescontrela

paix et lasécurité du monde tout entier.»
(Voir aussi la résolution 290 (IV) de l'Assembléegénéralesur les
éléments essentiels de la paix et sadéclaration de 1965sur l'inadmis-
sibilitéde 1'inti:rvention dans les affaires intérieures des Etats et
la protection de leur indépendance et de leur souveraineté,résolu-
tion 2131 (XX).)

242. La position de l'Assemblée à l'égardde l'emploi de groupes
insurgésarmésa encore étéprécisée dans sa déclarationde 1970sur
lesrelationsamicales etlacoopérationentre lesEtats, inscrite dans sa
résolution2625 (XXV), adoptée sans vote le 24 octobre 1970.... 243. Lepremier principeaffirmé danscette déclaration est I'interdic-
fionde I'emploide laforce, pourlaquellel'Assembléereprend les termes
de I'article2, pm-agraphe 4,de la Charte. Ce principe s'appliqueaux
diversesformes departicipationaux activitésde bandes armées qus iont
prévuesdans la déclaration :

t(ChaqueEtat a ledevoirdes'abstenir d'organiser ou d'encourager
I'organisatiordieforces irrégulièresoudebandes arméenso ,tamment
de bandes de mercenaires, en vue d'incursions sur le territoire d'un
autre Etat.
Chaque Eiat a le devoirde s'abstenird'organiseret d'encourager
desactesdeg,uerrecivileoudesactesdeterrorismesur leterritoired'un
autreEtat, d'yaider ou d'yparticiper, ou de tolérersur sonterritoire

des activités organisées en vue de perpétrerde tels actes, lorsqueles
actes mentioinnésdans leprésent paragrapheimpliquent unemenace
ou I'emploi d'elaforce. ))
244. D'aprèsM. Lachs, tles moyens indirects d'attaquer les Etats

sont interdits par cette déclaration (t(The Development and Gene-
ral Trends of Iinternational Law in Our Time ))Recueil des cours,La
Haye, t. 169(1980-IV),p. 166).De même,pour M.Jiménezde Aré-
chaga, ancien I'résidentde la Cour, la déclarationde 1970représente
<une étapeimportante dans ledéroulementde certainesimplications
de l'article2, paragraphe 4 u. Cet auteur voit les origines de la décla-
ration dans un recours accru aux méthodes d'agression indirecte
depuis 1945,sous forme t(d'envoide forces irrégulièresou de bandes
armées,ou de soutien ou d'encouragement donné par un gouverne-

ment à des actt:sde guerre civiledans un autre Etat )>Reconnaissant
que t(cesactesimpliquentparfois l'emploide la force O,ilaffirme que
lebut de ladéclaration étaitsimplement d'empêcher leE s tatsde faire
<indirectement ce que la Charte les empêchede faire directement
(Recueil des cours,La Haye, t. 159(1979-1),p. 93).
245. L'évolul!iodne la questionau sein desNations Unies a culminé
avecl'adoption,en 1974, de larésolution 3314 (XXIX), comportant une
définition de I'agression approuvée par la Sixième Commission, et

adoptée à l'Assemblée généra pler consensusle 14décembre 1974.
246. L'articlepremier deladéfinition décrI it'agressionpar((I'emploi
de laforce arméepar unEtat contrelasouveraineté, l'intégritté errito-
rialeouI'indépcndancp eolitique d'un autreEtat ».Ainsi ladéfinition de
I'agressionrenvoieelle aussi, de manière directeet explicite, à I'inter-
dictionde l'emploide laforce quiest énoncé e l'article2,paragraphe 4,
de la Charte. L'article3 de la définitionprécisecertains actes qui
réunissent les conditiond se I'agression,c'est-à-dire qui constituent un
emploi de la force en violation de l'article 2, paragraphe 4, de la

Charte. On no.teraaux fins de laprésenteaffaire que,parmi ces actes,
figurent à I'article3, alinéag) :
«L'envoipar unEtat ouensonnomde bandesoudegroupesarmés,
deforces irrigulièresou de mercenaires quise livrent à des actesde force arméecontreun autre Etat d'unegravité telle qu'ils équivalent

aux actes énumérés ci-dessu osu, lefait de s'engager d'unemanière
substantielledans une telle action. ))
247. L'Union soviétiqueavait proposéde placer cet alinéasous un
titre particulier: <<Agression indirecte ))(projet de proposition sou-
mis par l'Union soviétique,comitéspécialde l'Assemblée générale
pour laquestion de ladéfinitionde l'agression,document des Nations

Unies A/AC.134/L.12). Cependant, dans le texte définitif,cet alinéa
n'est pas différenciédes autres formes d'agression, plus avouées,le
comité spéciaalyant admis l'idéeque la Charte des Nations Uniesne
permetpas de di,stinguerentreunEtat employantlui-même laforce et un
Etat employantlaforce par l'intermédiaire de groupesinsurgésarmés
(voir RapportdelaSixième Commission,document des Nations Unies
A/8929, p. 6, 1974 ; voir aussiStone, ConflictthroughConsensus,1977,
p. 89). La définition condamne l'envodie bandes arméescomme cons-
tituantun emploi delaforce au mêmetitre que l'invasiondirecte,le bom-

bardement,le blocusou les autresformes classiques d'agressioa nrmée
(voir ibid., p. 75 ; voir aussi Ferencz, <(A Proposed ~ehnition of
Aggression i)I.uternationa1and Comparative Law Quarterly,vol. 22,
1973,p. 421 ; voir également ladéclarationde 1981sur I'inadmissi-
bilitéde l'intervention et de l'ingérencedans les affaires intérieures
des Etats, Documents officiels del'Assembléegénéralet,rente-sixième
session, document des Nations Unies A/Res.36/103 (1981)). ))(Les
italiques sont dlemoi.)

158. Sur cette question, ainsi que le souligne le mémoiredu Nicaragua,
les Etats-Unis et le Nicaragua sont d'accord. Comme les Etats-Unis l'ont
officiellement fait observer dans le cadre du présent litige :

<(Un des élémentsdistinctifs du débat public sur le conflit qui
frappe l'Amériquecentrale est que toutes les parties intéressées
admettent le p.rincipe selon lequel un pays qui fournit des équipe-
ments, un appui logistique, des moyens d'entraînement et d'autres
moyens matérielsaux forces insurgées enlutte contre le gouverne-
ment d'un autre pays se livre à un emploi de la force qui estjuridi-
quement impossible à distinguer des opérations militaires de type
conventionnel imenéespar des forces arméesrégulière ...Ainsi, I'es-
sentie1 du débat n'est pas de savoir quelle est la norme juridique

applicable, mais quels sont les faits à apprécier à la lumièrede cette
norme juridique incontestée. i)(((Revolution Beyond Our Borders»,
P 1.)
159. Pour sa part, El Salvador affirme dans sa déclaration d'interven-
tion que :

<(leNicaragua (estdevenu une base à partir de laquelle des terroristes
s'efforcent de renverser le gouvernement élupar la population de
notre nation. Ces terroristes sont dirigés,armés, approvisionnés et
entraînéspar leNicaragua dans lebut d'arrêter lavieéconomique,de provoquer la déstabilisation socialeet de placer la population sous la
terreur et à la merci des agressions armées d'éléments subversifs
dirigéset basésau Nicaragua... Le fait est que nous sommes les
victimes de l'agression et des attaques arméesdu Nicaragua, et cela
depuis 1980au moins. 1)(Par. III et IV.)

160. Dans l'arrêt rendu aujourd'hui,la Cour reconnaît que les vues des
parties quant au droit applicable à leur différend ont une très grande
importance,enparticulier lorsque cesvuesconcordent. La Cour ne nie pas
non plus qu'en l'espéce les Parties sont d'accord sur la définition desactes
qui peuvent constituer une agression armée.Néanmoins, sur la délicate
question de savoir si l'assistanceapportéepar un Etat à des forces armées
irrégulièresétrangères qui cherchent à renverser le gouvernement d'un
autre Etat peut équivaloir à une agression arméedu premier pays contre le

second, la Cour parvient à une conclusion opposée à l'avisconcordant des
deux Parties.
161. La conclusion de la Cour n'est pas conforme à la doctrine domi-
nante, au droit età 1.apratique. Elleva àl'encontre des vues expriméespar
M. Brownlie, qui sont citéesdans le mémoiredu Nicaragua et selon
lesquelles 1'~emp1o:ide la force 1)peut comprendre non seulement une
agression arméeorganiséepar les forces régulières d'unEtat mais aussi la

fourniture d'une << a.ideà des groupes d'insurgésopérant sur le territoire
d'un autre Etat o. E4leva à l'encontre de la conclusion de M. Brownlie
selon laquelle une campagne générale menép ear des irréguliers avec la
complicitédu gouvernement de 1'Etat à partir duquel ils opèrent peut
constituer une <(agression armée o. Elle va à I'encontre de ce que le
mémoiredu Nicaragua qualifie de <(doctrine pratiquement unanime à
notre époque au sujet de l'emploi indirect de la force ...)>Et elle va à
l'encontre de la posiitionsoutenue par les Etats-Unis depuis 1947suivant

laquelle l'appui d'un pays aux guérillerosopérant contre un autre pays
équivaut à une agression arméecontre l'intégrité territoriale et l'indépen-
dance politique de ce dernier. Elle va à l'encontre de ce qui constitue,
comme l'observe à juste !itre le Nicaragua, une pratique constante de
l'organisation des Nations Unies qui voit dans <(tout engagement subs-
tantiel1) dans les activitésde groupes insurgésarmés une violation de
«l'interdiction de l'emploide la force énoncée àl'article 2, paragraphe 4,
de la Charte 1).Elle va à l'encontre des nombreuses déclarations dans

lesquelles les Nations Unies ont mentionnéle devoir des Etats, au regard
du droit international, de s'abstenir de fomenter la guerre civile - forme
d'agressionque l'Assemblée généraa ledénoncéecomme <(leplus gravede
tous lescrimescontre lapaix et la sécurité 1)Elleva à l'encontre destermes
de la déclaration relative aux <(relations amicales O, que la Cour traite
comme une expression autoriséedu droit international coutumier - dé-
claration qui se foride sur l'article 2, paragraphe 4, de la Charte pour

proclamer que : ((Chaque Etat a le devoir de s'abstenir d'organiser et
d'encourager des actes de guerre civileou desactes de terrorismesur leter-
ritoire d'un autre Etat, d'y aider ou d'y participer,...lorsque les actes ...impliquent une meriaceou l'emploide la force. ))Elleva à l'encontre de la
conclusion de M.Lachsselonlaquelle <(lesmoyens indirects d'attaquer les
Etats sont interdits )par cette déclaration. Elle va aussi àl'encontre de la
conclusion de M.Jiménezde Aréchaga suivant laquellecette déclaration,
<étape importante dans le déroulementde certaines implications de l'ar-
ticle 2, paragraphe 4 )),vise l'agression indirecte, y compris le soutien

donnépar un gouvernement àdesactes de guerre civiledans un autre Etat.
De tels actes, souligne-t-il,<(impliquentparfois l'emploide laforceet ilne
faut pas permettre aux Etats de faire indirectement ce que la Charte
les empêchede faire directement ... Enfin la conclusion de la Cour est
contraire à la lettre eà l'espritde la définitionde l'agressionadoptée par
lesNations Unieset qui est invoquéetant par le Nicaragua que par la Cour.

1. La conclusionde ,laCourest incompatibleavecla définition de l'agression
donnéepar I'Assemblée générale

162. La conclusion à laquelle la Cour est parvenue sur cette question va
à l'encontre des nombreuses sources autorisées qui sont citéesdans le
mémoiredu Nicaragua, qu'il s'agissede la pratique des Etats ou de l'in-
terpréation des Nations Unies, mais la Cour n'est pas la première à sou-
tenir que des actes de subversion armée - d'o agression indirecte ))-

perpétréspar un Etat contre un autre ne peuvent êtreassimilés à une
agression armée.Au cours des longs débats à l'issue desquels l'Assemblée
généraledes Natioris Unies a finalement adoptéla définitionde l'agres-
sion,lesavissurcettequestionétaientpartagés.L'Union soviétique,un des
principaux instigate:ursde l'adoption d'une définitionde l'agression,énu-
méraitparmi les acitesd'oagression armée(directe ou indirecte) O de son
projet de définition :

l'emploi par un Etat de la force armée consistant à envoyer sur le
territoire d'un autre Etat des bandes armées,des mercenaires, des

terroristes ou des saboteurs, ainsi que le recours à d'autres formes
d'activité subversivei,mpliquant l'emploide la forcearmée,envuede
provoquer un bouleversement intérieur dans un autre Etat ..)>
(A/8719, p. 8 ;les italiques sont de moi).

Six Etats - l'Australie, leCanada, les Etats-Unis d'Amérique,l'Italie, le
Japon et le Royaurrie-Uni - ont proposé quel'emploide la force dans les
relations internationales, ouvertement ou secrètement, directement ou
indirectement O,par un Etat contre l'intégritéterritoriale ou I'indépen-

dance politique de tout autre Etat puisse constituer une agression armée
lorsqu'il estopérépar des moyens tels que :
<(6) le fait d'organiser, d'appuyer ou de diriger des bandes armées

ou des forces irrégulièresou volontaires qui procèdent à des incur-
sions ou à des infiltrations dans un autre Etat ;
7) le fait d'organiser, d'appuyer ou de diriger des luttes civiles
violentes ou des actes de terrorisme dans un autre Etat ; ou 8) le fait d'organiser, d'appuyer ou de diriger des activités subver-
sivestendant au renversement par la violence du gouvernement d'un

autre Etat ))(AJ8719, p. 13).
163. En nette contradiction avec ces conceptions de 1'0Est et de

l'aOuest )>,treize Etats de petite et moyenne importance ont proposéun
projet de définition de l'agression qui ne s'appliquait pas aux emplois
directs aussi bien qu'aux emplois indirects de la force. Leur projet ne
mentionnait que I'emploide la force arméepar un Etat contre un autre
Etat et omettait manifestement, dans la liste des actes d'agression, les
actes de force opérkspar des moyens indirects. Le projet des treize puis-
sances précisait ensuite, dans un passage distinct de la liste des actes
d'agression, que :

<Lorsqu'un Etat est victime sur son propre territoire d'actes de
subversion ou de terrorisme, ou des deux à la fois, commis par des
bandes irrégulières,volontaires ou arméesorganisée ouappuyéespar
un autre Etat, il peut prendre toutes les mesures raisonnables et
appropriées pour préserver son existence et ses institutions, sans
invoquer ledroit de Iégitimedéfense individuelleou collectivecontre
l'autre Etat c'onformément à l'article 51 de la Charte. (Ibid.,
p. IO.)

Cette disposition complétaitune autre clause ainsi conçue :

<Le droit naturel de Iégitimedéfense, individuelle ou collective,
d'un Etat ne peut êtreexercé qu'encas d'attaque armée(agression
armée)par un autre Etat ..))(Ibid.)

164. Comme M.Julius Stone - que l'on s'accorde àreconnaître comme
l'un des plus grands spécialistesdu sièclepour ce qui est du droit de
l'emploide la force dans les relations internationales - aconclu, à propos
de la proposition des treize puissances :

supprimer ledroit de Iégitimedéfenseindividuelle et collectiveétait
évidemment l'objet mêmd ee la proposition des treize puissances ...
Cette proposition cherchait à atteindre cet objectif, d'une part en

s'abstenant de stigmatiser l'agression,d'autre part en employant des
termesexprès.L'adoption d'une telledisposition aurait étécontraire à
la Charte et au droit international généraltel qu'ilavait étéaccepté à
bien des égards.
Premièrement, ..ledroit international attribuait une responsabilité
à 1'Etatqui, sciemment, servait de base à de telles activitésparami-
litaires et il conféraità 1'Etat victime des droits assez étendus de
Iégitime défensepour s'yopposer.
Deuxièmem~enta,ucunedes dispositions de la Charte visant à I'em-
ploi illicitede la force, arméeou non, nejustifie une distinction entre
l'emploidirect de laforcepar l'agresseur putatifet sonemploi indirect

par l'intermédiairede bandes armées, forces irrégulièrese,tc ... Troisièmement ...l'Assemblée généralaeplus d'une fois inclus au
moins certains types d'agression <indirecte dans sa définition de
1'<a(gression ...
Quatrièmement,on peut ajouterqu'au moins depuis laguerre civile
espagnole le recours à la force armée, sous sesformes les plus endé-

miques et les plus persistantes ...a eu lieu dans descirconstances qui
impliquent une <(agression dans le projet de l'Union soviétique et
celui des six puiissancesmais qui entraînent une absolution presque
totale dans le projet des treize puissances. ))(Conflict throughCon-
sensus, 1977,p. 89-90.)

On observera que 1,eraisonnement juridique qui sous-tend l'arrêtde la
Cour en l'espècesernble avoir étébien exprimépar cette proposition des
treize puissances que M. Stone a qualifiéde <(contraire à la Charte et au
droit international général ...
165. La proposition des treize puissances n'a pas étéacceptée par
le comité spécialdes Nations Unies pour la question de la définition

de l'agression. Elle n'a pas étéacceptéepar l'Assemblée généraleE .n
revanche, celle-ci a adopté par consensus une définition de l'agression
qui, sans reprendre dans leur totalitéles propositions des six puissances
et de l'Union soviétiiquee ,n reprend quand même l'essentiel. L'énuméra-
tion à l'article3des actes qui réunissent<< lesconditions d'un acte d'agres-
sion comprend notamment :

<g) l'envoipar un Etat ou en son nom de bandes ou de groupes
armés.de force:sirrégulières oude mercenaires qui se livrent à des
actes de force arméecontre un autre Etat d'une gravité telle qu'ils
équivalentaux actes énuméréc si-dessus, oulefait de s'engagerd'une
manière substai~tielledans une telle action. ))(Les italiques sont de
moi.)

Ainsi que lerelève M.Stone,aprèsavoirétudié lesdébatsducomitéspécial
consacrés à la question :

<(c'estlepoint de vuedes sixqui l'aemporté.Autrement dit, une telle

activitéconstitue une agressionpure et simple,ouvrant droit au même
titre que toute autre agressiondirecteà l'exercicedu droit de la légitime
défense conformémentau droit international généralet à l'article 51
de la Charte. ))(Loc. cit., p. 75.)

Comme l'adit aussi l'ambassadeurde Chypre, M. Rossides,qui en est ap-
paremment l'auteur, l'article 3, alinéag), introduit dans la défition <u <ne
forme d'agression indirecte ...pour autant que cette agression indirecte
corresponde en pratique àune attaque armée ))(1479eséancede la Sixième
Commission de l'Assembléegénérale,18octobre 1974,A/C.6/SR. 1479,
par. 15).
166. Il a étédémontrp élus haut et ilressort de l'appendice à laprésente
opinion que le Gouvernement du Nicaragua est <(engagé d'une manière substantielle
dans l'envoide bandes et groupes armés et de forces irré-
gulières au Salvador.Le Nicaragua n'a apparemment pas ((envoyé des
troupes nicaraguayennes irrégulièrescombattre au Salvador mais il s'est
(engagéd'une manière substantielle dans l'envoi et le rappel des chefs
de l'insurrection salvadorienne. Comme l'a admis dans sa déposition
M. MacMichael, un.des principaux témoinsdu Nicaragua, et ainsi qu'il
ressort d'autres moyens de preuve (voir lesparagraphes 73,87 à 92,95,96,
99à 112,105,1G8,116,120,124 à 126,143 à 145,149,186,188 de l'appen-
dice à la présente opinion), l'état-majorde l'insurrection salvadorienne
a étéétabliau Nicaragua, d'où partaient les ordres, et d'où ses membres

pouvaient se rendre: au Salvador et revenir à leur base nicaraguayenne
avec l'appui total LIGouvernement nicaraguayen, situation qui équivaut
foncièrement à 1'e~nvoi>)par le Nicaragua des chefs chargésde diriger l'in-
surrection au Salvad~orA. insi que conclut M. Stone, si l'article3, alinéag),
(exigequ'ily ait eu un ((envoi dans le pays visé, ilincrimine 1'Etathôte
non seulement lorsqu'il a lui-mêmeprocédé àl'envoi, mais aussi lorsqu'il
s'est engagéde manière substantielle dans une telle action H ([oc. cil.,
p. 75-76). L'engagement substantiel du Nicaragua se traduit en outre par
la fourniture d'armes, munitions, autres approvisionnements, par l'entraî-

nement qui a étédispensé desmoyens de commandement et de contrôle,
par un sanctuaire et par des formes mineures d'assistance aux insurgéssal-
vadoriens. Ces insurgés, à leur tour, se livrenà des actes de force armée
contre un autre Etat, El Salvador. Ces actes sont d'une telle gravité qu'ils
équivalent aux autres actes énumérés à l'article 3 de la définiton de
I'agression, telsque l'invasion,l'attaque, lebombardement et leblocus. Les
milliersde Salvadoriens tués oublesséset lepréjudiceconsidérableinfligé
à l'infrastructure elà l'économiesavadoriennes par ces attaques des
insurgésappuyéscomme ils le sont par le Nicaragua démontrent ample-
ment la gravitéde leurs actes.

167. Il ne s'ensui(.pas seulement que les multiples actes d'intervention
subversivedu Nicaragua contre El Salvador sont des actes d'agression,les-
quelstombent sousl~e coup desinterdictions de ladéfinitionde l'agression.
On relèvera aussique cette définition - contrairement a laproposition des
treizepuissances - segarde bien d'interdire à un Etat d'exercerledroit de
légitimedéfenseindividuelle ou collective s'il <est victime sur son propre
territoire d'actes de subversion ou de terrorisme, ou des deux à la fois,
commis par des bandes irrégulières, volontairesou armées organisées ou
appuyéespar un autre Etat o. Cette interdiction, qui avait étproposée,a

été jugéeinacceptable par la communauté internationale. Il est au con-
traire évident, compte tenu de la définition et du droit international cou-
tumier ainsi que de la pratique des Nations Unies et des Etats, que c'est
précisémentdans cescirconstancesqu'un Etat est habilité à agir au titre de
la légitimedéfenseinidividuelleou collective.Poury êtrehabilité,iln'apas
à démontrerquelesforcesirrégulièresopérantsursonterritoire agissenten
qualitéd'agents de 1I'Etatou des Etats étrangers qui les appuient. Il lui
suffit d'établirque cet Etat ou ces Etats sont engagésde manièresubs-
tantielle))dans l'envoi desdites forces irrégulièressur son territoire. 168. Il ne faut paiss'exagérerl'importance de ladéfinitionde l'agression
par l'Assemblée générale - ni d'aucune autre définitionde l'agression. Il
nes'agitpasd'un texteconventionnelmaisd'une résolutionde l'Assemblée
généralequi reconnaît à juste titre la primautéde la Charte des Nations

Unies et le rôle prépondérantque joue le Conseil de sécurité en cas
d'agression. Cette définitionest soumise à des conditions et elle présente
des faiblesses,des ambiguïtéset des obscurités. Elleestsujette à évolution,
comme doit l'êtretoute définition de l'agression car ce n'est en fin de
compte que dans chaque cas d'espèce, à la lumière des circonstances
particulières, que l'agression peut êtredéfinieet établie. D'autre part,
cette définition de l'agression ne figurepas dans une résolutionde l'As-
sembléegénéraleqiui aurait pour objet de proclamer des principes de

droit international c:outurniernon réglementéspar la Charte des Nations
Unies. La portéejuridique de telles résolutionsa suscité unecontroverse
qui est sans intérêtici. Cette résolution est plutôt une interprétation
par l'Assemblée générad leesdispositions de la Charte relatives àl'emploi
de laforcearmée - l'emploide laforcearmée <en violation de laCharte o.
En tant que telle, elle est en soi importante. Considérée commeil con-
vient à la lumière des élémentsde pratique et de doctrine rassemblés
dans le mémoire du Nicaragua - qu'on pourrait considérablement

étoffer auxmêmesfins - la définitionne peut êtreignorée.En substance
néanmoins,l'arrêtclela Cour - tout en affirmant que la définition de
l'agression reflète le droit international coutumier - ne dit mot ni
de la portée de la définition de l'agression ni de la pratique des Etats
et de 14 doctrine lesquelles sont, sur ce point capital, consacréespar la
définition.
169. En réalitéla Cour déprécie ladéfinitionde I'agressionadoptéepar
l'Assemblée générale mais cela ne ressorptas des termes de l'arrêt.Au
contraire. la Cour affirme :

<(on peut considérer comme admis que, par agression armée,il faut
entendre non seulement l'actiondes forces arméesrégulières à travers
une frontière internationale mais encore <l'envoipar un Etat ou en
son nom de barides ou de groupes armés,de forces irrégulièresou de
mercenaires qui1se livrentà des actes de force arméecontre un autre
Etat d'une gravité telle qu'ils équivalent (entre autres) à une véri-
table agression arméeaccomplie par des forces régulières, <ou [au]

fait de s'engager d'une manièresubstantielle dans une telle action o.
Cette description, qui figureà l'article3,alinéag), de la définitionde
l'agressionannexée à la résolution3314(XXIX) de l'Assemblée géné-
rale, peut êtreconsidéréecomme l'expression du droit international
coutumier. La Cour ne voit pas de raison de refuser d'admettre qu'en
droit international coutumier la prohibition de I'agression armée
puisse s'appliqiier à l'envoi par un Etat de bandes armées sur le
territoire d'unautreEtat sicetteopérationest telle,par sesdimensions

et ses effets, qu'elle aurait étéqualifiée d'agressionarméeet non de
simple incident de frontière si elle avait étéle fait de forces armées régulières. Maisla Cour ne pense pas que la notion d'o agression
armée puisse recouvrir non seulement l'action de bandes armées
dans le cas où cette action revêtune ampleur particulière, mais aussi

une assistance ,ades rebelles prenant la forme de fourniture d'arme-
ments ou d'assistance logistiqueou autre. On peut voir dans une telle
assistance une menace ou un emploi de la force, ou l'équivalentd'une
intervention d,ans les affaires intérieures et extérieures d'autres
Etats.

170. Le raisonnement de la Cour n'estpas à l'abri de critiques, compte
tenu des termesde la définitionde l'agressionet du droit international cou-
tumier - sans parler des réalitése la guerremoderne. L'article3,alinéag),
nerangepas seulement I'envoide bandes arméesparmilesactes réunissant
les conditions d'un acte d'agression ;il spécifieque le fait pour un Etat de

<(s'engager d'une manièresubstantielle dans une telleactionconstitue un
acte d'agression. Ces termes sont d'une importance capitale en l'espèce.
Comme ilest soulignéau paragraphe 166de laprésente opinion et comme
il sera précisédans Il'appendice,le Nicaragua s'est engagé non seulement
substantiellement mais aussi profondémentdans de nombreux aspects de
l'envoi de groupes (d'insurgésarmésau Salvador - en particulier dans
l'envoides chefsde l'insurrection basésau Nicaragua -, quand bien même
le Nicaragua n'a pas lui-même envoyé directemenc tes bandes arméesde
son territoire dans celui d'El Salvador. L'envoide bandes arméesest une
chose ;le fait de((s'engager d'une manièresubstantielle dans une telle
action en est une autre.

171. Supposons maintenant, pour lesbesoins de ma démonstration,que
la Cour soit fondée à conclure que la fourniture d'armes ou d'un appui
logistique aux rebelles n'équivautpeut-être pas ensoi à une agression
armée(postulat auquel je ne souscris pas, ne serait-ce qu'en raison de
l'imprécisionde 1'e:icpression appui logistique ))qui peut recouvrir le
transport, le cantorinement et l'approvisionnement de forces). Cela ne
signifie pas nécessairementque l'engagement d'un Etat dans l'envoi de
bandes arméesne peut êtreassimilé àune agression arméelorsque, en plus,
il est si substantiel qu'il englobe non seulement la fourniture d'armes et
d'une assistance 1og.istiquemais aussi la participationà la réorganisation

des rebelles, la four:nitureà ceux-ci de moyens de commandement et de
contrôle sur son territoire pour renverser legouvernement du pays voisin,
la fourniture d'un sanctuaire à l'état-major militaireet politique de l'in-
surrection étrangère:,cequi permet à celui-ci, pendant des périodesde
répit,de poursuivre ses plans et opérations en vue du renversement du
gouvernement voisiri,la miseà ladisposition de cesbandes arméessurson
territoire de moyens d'entraînement ainsi que de facilitésde transit aux
insurgésétrangersqui vont s'entraîner dans lespays tiers, et l'autorisation
accordée aux rebelles d'exploiter des installations de radiodiffusion et
autres moyens de c~ommunication à partir de son territoire pour qu'ils
puissent poursuivre leurs activités subversives.Le fait est que cette assis-

tance multiforme et prolongéedu Gouvernement nicaraguayen à l'insur- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 347

rection salvadorienne a étéun facteur majeur, et peut êtrele facteur
déterminantqui a abouti àla transformation d'actes d'insurrection terro-

riste qui étaientrestésen grandepartie sporadiques jusqu'en 1979,encore
que graves, en une guérilla organisée et efficacqui, aujourd'hui, pose un
redoutable défiau (Gouvernementet au peuple d'El Salvador.

J. La questionde savoir sides mesuresde légitimedéfense ne peuvent
êtrepri,sesque dans le cas d'uneagressionarmée

172. La Cour a conclu à l'absenced'une agression arméedu Nicaragua
contre El Salvador r:tà l'absence- ce qui est fauxàmes yeux - de toute
action du Nicaragua équivalant àune agression arméecontre El Salvador.
La Courfait observix àjuste titre que laquestion de la licéd'une riposte
à une menace imminente d'agression arméen'a pas étésoulevéeen l'es-
pèce,et qu'en conséquenceellene formule aucun avissurcettequestion. Il

reste qu'onpourrait interpréterl'arrêt comme signifiantqu'un Etat ne peut
riposter au titre de la légitimedéfense etque des pays alliés ne peuvent
intervenir àses cotks, au titre de la légitimedéfensecollective, qu'en cas
d'agression armée.11c 1onvient d'observer que, si c'est bien ainsi que doit
s'interpréter l'arrête la Cour, une telle conclusion constitue un obiter
dictum.La question de savoir siun Etat peut riposter au titre de la légitime
défense à des actioris autres qu'une agression arméen'étaitpas poséeen
l'espèce.Les Etats-Unis alléguaientque le Nicaragua était intervenu et
continuait à intervenir au Salvador et dans d'autres Etats voisins pour
fomenter etsoutenirdes agressionsarméescontre lesgouvernements deces
Etats et qu'en l'occiirrenceson intervention subversive avait constituéet
constituait une agression armée.Le Nicaragua niait et continue de nier
toute intervention de ce genre; par ailleurs, il accuse les Etats-Unis de se

livrer directement et indirectement à des agressions arméescontre lui.
Aussi bien le Nicaragua que les Etats-Unis reconnaissent que l'appui
matérielapporté par un Etat à des forces irrégulièresqui cherchent à
renverser le gouverriement d'un autre Etat équivaut nonseulement à une
intervention illicite :maisaussiune agression arméedu premier contre le
second. C'est surlesfaits, et non sur ledroit,queporte essentiellement leur
désaccord. La question de savoir siun Etat a ledroit de riposter au titre de
la légitimedéfense à des actions qui ne constituent pas une agression
armée,ou n'en sont.pas l'équivalent,n'a pas été débattue.
173. Pour ma part,je ne mesuispas attaché àcettequestion importante
carje suis d'accord sur cepoint avec les Parties. Il faut bien voir qu'en

l'espèce cesont surtout les faits, et non le droit, qui font problème; la
question extrêmemi:ntimportante de savoir si un Etat peut exercer son
droit de légitime défenseen i'absence d'une agression arméen'a pas été
discutée,ce qui se comprend. A toutes fins utiles, je tiens néanmoins à
préciserqueje récusepersonnellement toute interprétation de la Charte
des Nations Unies qui reviendrait àlire l'article 51comme s'ilétaitainsi
libellé: Aucune disposition de la présenteCharte ne porte atteinte au
droit naturel de légitime défense, individuelou collective,dans lecas, etdans le cas seulement, où un Membre desNations Unies est l'objet d'une
agression armée ... Je ne pense pas que, dans sa lettre ni dans son esprit,
l'article51vise àsupprimer ledroitde légitimedéfensereconnu par ledroit
international coutuinier, ni à limiter sa portée aux termes exprès dans
lesquels il est rédigk.Je reconnais que la question est controversable et
qu'on peutémettre iison sujet des avis divergents maisje juge celui de sir
Humphrey Waldock:plus convaincant que les interprétations opposées :

L'article 51 restreint-il le droit coutumier pour ne le rendre
applicablequ'au cas de résistance à une agression arméepar un autre
Etat ?Apparemment non. Le droit de légitimedéfenseindividuelle a
été considéré comme automatiquementexclu tant du Pacte [de la

Sociétédes Nations] que du pacte de Paris qui n'en faisaient pas
mention. Il en serait alléde mêmede la Charte en l'absence de l'ar-
ticle 51qui d'ailleurs ne figuraitpas dans les propositions initiales de
Dumbarton Oaks. Comme on le sait, l'article 51 n'a pas été ajouté
pour définirledroit individuel de légitimedéfensemaispourpréciser
la situation au regard des accords collectifs de défense mutuelle, en
particulier du traitéinteraméricaindit acte de Chapultepec. Vu que
ces accords traitent de la défensecontre une agression extérieure,il

était naturelque l'article 51vise le droit de se défendrecontre une
agression )).L'article51doit aussiêtreinterprétédans son contexte, à
savoir le chapiire VII. Il réservele droit de se défendrecontre les
graves ruptures de la paix qui son dûment qualifiées d'agressions
armées.Ce serait mal comprendre le sens de l'article 51 que de l'in-
terpréter,par simple déduction, commeprohibant tout recours a la
force au titre de la légitimedéfense en riposte a un emploi illicitede la
force ne constituant pas une ((agression armée D.Ainsi,je ne verrais

aucune violation de la Charte dans l'emploide la force arméepar le
Danemark ou lalSuèdepourempêcherl'abordage illiciteen haute mer
d'un de leurs bâtiments de pêchedans la Baltique. L'arrêt rendu dans
l'affaire du Détroitde Corfous'accorde entièrement avec ce point de
vue... (C. H. h4.Waldock, (The Regulation of the Use of Force by
Individual States in International Law ))Recueildescours,La Haye,
t. 81 (1952-II), ]p.496-497. Dans le mêmesens : D. W. Bowett, Self-
Dejencein International Law,1958,p. 182-193 ; Myres S. McDougal
et Florentin0 P. Feliciano, Law and Minimum WorldPublic Order,

1961, p. 232-24.1 ;Oscar Schachter, The kght of States to Use
Armed Force O,MichiganLaw Review, 1984, vol. 82, p. 1620-1634.)

K. Les vuesde lu Cour surlu contre-interventionet l'appui qu'elleapporte
implicitementuux ((guerresde lihérution ))

174. Lorsque, daris son arrêt,la Cour examine les questions que pose
l'intervention, elledéclareque, en fournissant un appui au Nicaragua, les
Etats-Unis ont comimis (une violation indubitable du principe de non-
intervention )).Par ailleurs, la Cour estime possible - ce qui est assez
remarquable - d'ab'soudrele Nicaragua de tout acte d'intervention auSalvador, malgré lesmultiplesactes d'intervention commis par le Nicara-
gua au Salvadorpour soutenir les insurgés salvadoriens. LaCour parvient
ensuite à la conclusion suivante :

<Sur leplan du droit, la Courne saurait considérerla riposte àune
intervention du Nicaragua comme une tellejustification. L'agression
armée ouvrirait un droit à la Iégitimedéfensecollective, mais un
recours à la for~ced'une moindre gravité nesaurait ...autoriser des
contre-mesures collectives impliquant l'emploi de la force. Les faits
reprochésau Nicaragua, à supposer même qu'ilsaient étéétablis et
qu'ils lui soientimputables, n'auraient pujustifier descontre-mesures

proportionnées que de la part de 1'Etat qui en aurait étévictime,
c'est-à-direElSalvador, leHonduras ouleCosta Rica. Ilsne sauraient
justifier descontre-mesures prises par un Etat tiers, les Etats-Unis, et
en particulier uineintervention impliquant l'usage de la force. ))

175. On peut voir dans cette conclusion un obiter dictum de la Cour,
étant donné quela contre-intervention n'a pas étéinvoquéedevant elle,
mais le fait que cette conclusion est inutile ne la rend pas plus exacte. A
mon avis,ellerepose sur un certain nombre d'erreurs manifestes. La Cour
semble tenir le raisonnement suivant : quelque insidieux, soutenus, subs-
tantiels et effectifs que soient les efforts déployéspar 1'EtatA pour ren-
verser le gouvernement de I'Etat B, si ces efforts ne constituent pas une
agression arméecontre 1'EtatBou n'équivalentpas à une telleagression,ils
n'habilitent pas 1'EtatB à recourir àla légitimedéfenseet,par conséquent,
n'habilitent pas 1'EtatC à sejoindre à 1'EtatBpourprendre des mesuresde
légitime défense collective. L'Etat B. 1'Etatvictime, peut prendre contre

I'Etat A des contre-mesures dont la Cour ne précisepas l'ampleur. Mais
1'EtatC n'en est pa- po-r autant justifié à prendre contre 1'EtatA des
contre-mesures impliquant l'usage de la force.
176. Selon moi, le raisonnement de la Cour, tel qu'appliqué enl'espèce
en tout cas, est erroné pour les raisons suivantes : a) un Etat n'est pas
nécessairementetabsolument contraintde nerecourir àlalégitimedéfense
que s'ilest l'objetd'une agression armée ;b) quoi qu'il en soit, une agres-
sion arméen'estpas seulement constituéepar lefaitque des forces armées
régulières traversent desfrontières internationales ; il ne s'agit pas seule-
ment de l'envoi par 1'Etat A de bandes arméesde l'autre côté d'une
frontière internationale, pour attaquer 1'EtatB ou renverser son gouver-

nement ;aux termes de la définitionde l'agression, il s'agit du << fait de
s'engagerd'une manièresubstantielle dans une telle action et l'ontrouve
précisément un exemple de ce genre d'engagement susbstantiel dans I'en-
gagement multiformedu Nicaragua, consistant à encourageret à soutenir
l'insurrection salvadorienne ; c) dans le cas présent, ou le Nicaragua a
accompli et continue d'accomplir des actes de soutien à l'insurrection
arméecontre le Gouvernement d'El Salvador, actes que ce pays et les
Etats-Unis ont dénoncéet qui sont établisdans l'appendice a la présente
opinion, le Gouverne:mentd'El Salvador pouvait soit recourir àla légitime
défense,soit capituler. Des mesures de contre-intervention moins rigou-reuses ne suffisaient pas. Iladécidéde recourir àla légitimedéfensemais il
n'estpas en mesure deporter la bataille sur leterritoire de 1'Etatagresseur,

le Nicaragua ;d) dans ces conditions, El Salvador peut rechercher une
assistance dans la légitimedéfensecollective. Pareille assistance peut en
tout cas avoir lieu sur leterritoire d'ElSalvador, notamment sousforme de
financement, de ravitaillement et d'entraînement des troupes d'El Salva-
dorpar les Etats-Unis. Or, comme je l'indiquerai plus loin, le droit inter-
national contemporain reconnaît qu'un Etat tiers peut exercer des mesures
impliquant l'emploide la force contre l'agresseur sur son propre territoire
et contre ses propres forces armées et ressources militaires.
177. Pour toutes lesraisonsquiprécèdent,j'estime que la Cour n'estpas
convaincante 1orsqu"elleexpose ce qu'elle considère comme l'application
du droit de lacontre-intervention à la présenteaffaire. D'une manièreplus

généralej,e pense quqellesoulèvedesquestions délicates.Supposons que le
soutien que 1'Etat A apporte à la subversion dans 1'Etat B soit assez
important et efficace pour mettre en périll'indépendance politique de
1'EtatB mais n'équivalepas à une agression arméecontre cet Etat. Sup-
posons en outreque I'EtatA n'intervienne pas seulement pour son propre
compte contre 1'EtatB mais de concert avec une grande puissance et un
mouvement international organisé, lequelremporte depuis longtemps des
succèsau servicede lacause de lasubversion et de l'expansion, sur lesplans
idéologique etpratique, et qu'il ait les moyens et la volontéde stimuler
encore le progrès de ce que ce mouvement considère comme étant déter-
minépar l'histoire. Si l'obiter dictum de la Cour devait êtreconsidéré

comme énonçantle droit auquel les Etats se soumettent, d'autres grandes
puissances et d'autres Etats seraient ou risqueraient d'êtrepratiquement à
court de moyens pour intervenir efficacement en vue de protéger l'indé-
pendance politique de 1'Etat B ainsi que de tous autres Etats se trou-
vant dans une situatiion semblable, lesquels sont pour la plupart de petits
Etats. Selon la Cour, 1'EtatBpourrait prendre des contre-mesures contre
1'EtatA, mais il n'est.pas précisés'ilpourrait s'agirde mesures impliquant
l'emploide la force. Ce qu'elleaffirme c'estque les Etats tiers ne sauraient
recourir à l'emploi de la force, que la protection de l'indépendancepoli-
tique - ou de l'intégritéterritoriale - de 1'Etat B dépende ou non de
l'application de telle:;mesures. En résumél,a Cour semble fournir - tout à

fait gratuitement - lunerecette pour le renversement des gouvernements
faibles par des gouvernements prédateurs, tout en niant aux éventuelles
victimes ce qui peut, dans certains cas, êtreleur seul espoir de survie.
178. Une autre considération apparemment incidente de la Cour vient
amplifier considérablement lesconséquences fâcheusesde l'interprétation
qu'elle donne de la portée de la contre-intervention licite. Lorsqu'elle
examine la nature de l'intervention prohibée, au paragraphe 206 de son
arrêt,la Cour fait observer qu'un certain nombre d'exemples d'interven-
tions étrangèresdans un Etat, au bénéfice de forcesd'opposition au gouver-
nement de celui-ci, ont pu êtrerelevésau cours des dernières années. Elle
ajoute : ((La Cour ne songe pas ici au processus de décolonisation. Cette
question n'est pas en cause en la présente affaire. ))La Cour se demande ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 35 1

ensuite si les Etats jouissent d'un droit généralqui les autoriserait à
intervenir, directement ou non, avec ou sans force armée,pour appuyer

l'opposition interne d'un autre Etat, dont la cause paraîtrait particulière-
ment digne en raison des valeurs politiques et morales avec lesquelles elle
s'identifierait. C'es.juste titre que la Cour fait observer que l'apparition
d'un tel droit généraslupposerait une modification fondamentale du droit
coutumier relatif au principe de non-intervention.
179. La conséque:nce,ou assurément une conséquencepossible de la
juxtaposition de ces déclarationsde la Cour, est que, pour celle-ci,il existe
ou ilpeut existerun droit d'intervention nonpas général mais particulier,à
condition que ce droit favorise le <processus de décolonisation o.Autre-
ment dit, ces déclarationsde la Cour peuvent s'interpréter commesigni-
fiant que la Cour admet par voie de conséquence une exception a l'inter-

diction de 1'intervent.ionet seprononce pour lalicéitédesinterventions qui
visent a soutenir des <guerres de libération )>,ou du moins certaines
d'entre elles, tout en condamnant les interventions d'un autre caractère
politique.
180. Dans le droit international contemporain, le droit à l'autodéter-
mination, à la libertciet a l'indépendance despeuples est universellement
reconnu ; le droit des peuples de lutter pour parvenir à ces fins est uni-
versellement accepte: ;mais ce qui n'estpas universellement reconnu et ce
quin'estpas universc:llementaccepté,c'estledroit de cespeuplesd'obtenir
une assistance ou un appui de l'extérieursous forme d'intervention.
Autrement dit, un rn.ouvementou un Etat étranger peutfournir une assis-

tance morale, politique et humanitaire à un peuple luttant pour l'auto-
détermination mais un mouvement ou un Etat étranger ne peut pas
intervenir dans cette lutte en recourant a la force, ni en fournissant des
armes, des approvisiionnements ou tout autre appui logistique dans le
cadrede la rébellion arméeI.len vaainsi, qu'ilait étéproclaméou non que
la lutte s'inscrivait dans le processus de décolonisation ou étaitdirigée
contre la domination coloniale. En outre, dans bien des cas, on peut se
demander quelles entitésse prêtenta la décolonisation. La question de
savoir ce qu'est une colonie et qui est le colonisateur suscite d'énormes
divergencesde vues. Lesexemples ne manquent pas de cequi pourrait être
qualifié,par esprit de chicane, de colonies - mais sans que cela soit

nécessairementdéraisonnable.Il suffira, dans le cas présent,de souligner
que tout est question de point de vue.
181. C'est aussi bienpour des raisons de principe quepour des raisons
pratiques que, pendant des années,les grandsEtats ont adhéréaux consi-
dérationsrappelées dans leparagraphe précédent.Il ne faut pas s'attendre
a ce que l'idéequ'ils se font du droit ou du contenu du droit soit in-
fluencépar un obiter dictum ambigu formuléd'autoritépar la Cour sur
une question dont or1ne trouve pas trace dans l'argumentation des Parties.
Tout au plus pourrait-on peut-être considérerqu'en énonçantcette pro-
position inutile laCour ne prend pas position sur la licéité d'uneinter-
vention s'inscrivant dans le processus de décolonisation, mais qu'elle se
borne à faire allusionà un phénomène qui faitl'objet de points de vue ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISSS . CHWEBEL)352

divergents dans la communauté internationale. Mais même ainsiil est
difficile de compreridre pourquoi la Cour a soulevé unequestion aussi
controversée,d'autant plus qu'elle reconnaît que cette question n'est pas
en cause dans la présenteaffaire.

L. El Salvadora le droit de recourira la légitime défense
contrel'agression armée du Nicaragua

182. Si,commeor1l'avu,ElSalvador non seulement <(estimeêtrel'objet
d'une agression armke réellede la part du Nicaragua (déclarationd'inter-
vention, par. 1),mais est en fait - et selon le droit admis aujourd'hui -
effectivement l'objet d'une telle agression, il s'ensuit que ce pays peut
invoquer et mettre en Œuvre contre le Nicaragua le droit naturel de
légitimedéfensei,ndlividuelleou collective O, que lui reconnaît l'article 51
de la Charte des Nations Unies. Ce droit, il le possèdenon seulement en

vertu de l'article51de la Charte des Nations Unies, mais conformément
aux principes interaiméricainsapplicables, qui sont rappelésci-après.Il le
possède également surla base des principes du droit international coutu-
mier. L'existence,en droit international coutumier, de ce que l'article 51
appelle <ledroit naturel de légitimedéfense,individuelleoucollective O,ne
fait aucun doute. Comme l'écrivaitLauterpacht : <ledroitde recourir à la
force ...àdes fins de légitimedéfense constitue une limite permanente à la
prohibition du recours à la forcedans tout systèmede droit (Oppenheirn's
International Law, vol. II,7eéd.,p. 187). <(Ledroit de légitimedéfenseest

un principe généralde droit et, comme tel, il est nécessairement reconnu
sans restriction en droit international. (H. Lauterpacht, TheFunctionof
Law in the In~ernationalComrnunity,p. 179-180.)

183. Une hypothkse éclaireranotre propos. Supposons simplement que
leNicaragua reste ce:qu'il est mais qu'ElSalvador soit un Etat comparable
à un des grands pays d'Amériquelatine - dotéd'un territoire et d'une
population décuplés et d'un potentielmilitaire largement supérieur à ce

qu'il est effectivement. Supposons en outre qu'El Salvador ainsi agrandi
soitvictimedesactesd'intervention par la forcedans lesquelsleNicaragua
est en fait<(engagéde manièresubstantielle depuis 1979,ainsi qu'ila été
établi. Peut-on supposer qu'El Salvador ainsi agrandi aurait mais n'exer-
cerait pas lui-mêmepar la force un droit de légitimedéfensedirectcontre
le Nicaragua ? Si El Salvador a fait preuve de modération, s'il n'a pas
protestéaussi promptement ni aussi bruyamment et formellement qu'il
aurait pu le faire, s'iln'a pas tentélui-mêmed'attaquer les dépôts, abris,
bases d'entraînement, et moyensde commandement et decontrôle dont les

insurgéssalvadoriensdisposent sur leterritoire du Nicaragua, n'est-cepas
plutôt fautede moyensque parce qu'il n'étaitpasjuridiquement fondé à le
faire ? Autrement dit, toutes les questions que l'on peut légitimement
soulever quant au recours d'El Salvador à la légitime défensecontre
l'agression bienétabliedu Nicaragua ne sauraient mettre encause son titre
juridique. 184. Les questions qu'il convient d'examiner sontplutôt les suivantes :
en l'occurrence, lesEtats-Unis pouvaient-ils légitimementagir de concert
avec El Salvador, dans le cadre de la légitimedéfensecollective, contre le
Nicaragua? S'ils le pouvaient, était-ce seulement sur le territoire d'El

Salvador, ou cette diifense pouvait-elle s'exercer sur le territoire du Nica-
ragua ? Dans ce dernier cas, les mesures prises ont-elles éténécessaireset
proportionnées à l'agression arméedu Nicaragua contre El Salvador?
Quelles conséquence:sfaut-il attacher au fait que les Etats-Unis n'ont pas
portéces mesures à liiconnaissance du Conseil de sécurité ? Sil'onconclut
que les Etats-Unis ont agi dans le cadre de la légitimedéfensecollective,
cela constitue-t-il unejustification suffisante face aux accusationssuivant
lesquelles ils auraient manqué aux responsabilités qui leur incombent en
droit international à l'égarddu Nicaragua ?

M. Les Etats-Unis ont le droit d'agirde concert avec ElSalvador
dans le cadre de la légitimedéfense collective

1. La position d'ElSalvador

185. El Salvador soutient que :
notre nation ne peut ni ne doit rester indifférente devant cette
agression manifeste et cette déstabilisation par la violence de la so-
ciétésalvadorienne,qui oblige 1'Etatet legouvernement àsedéfendre

par des moyens légitimes.Aussiavons-nous demandéet continuons-
nous à demander l'assistance des Etats-Unis d'Amérique etde di-
verses autres nations démocratiques ; cette assistance nous est
nécessaire,d'abord pour nous défendre contrecette agression étran-
gère,qui soutieilt le terrorisme subversif sur notre territoire, ensuite
pour limiter etritparer lesdommageséconomiquesque ceconflit nous
inflige.))(Déclaration d'intervention, par. III.)
El Salvador ajoute que :

<(Placésdevant cette agression, nous nous sommes trouvés obli-
gésde nous défendre, mais, nos moyens économiques et militaires
n'étant pas suffisants pour faire faceà un appareil international qui
dispose de ressourcesillimitées,nous avons recherchéun appui et une
assistance à l'étranger. L'article51 de la Charte des Nations Unies
nous donne le droit naturel et inhérentde prendre des mesures indi-
viduelles et collectives de légitime défense. C'esten songeant à cela

que le président.Duarte, pendant sa récente visite auxEtats-Unis et
lors de ses entretiens avec les membres du Congrès de ce pays, a
réaffirmél'importance, pour notre défense,de l'assistance des Etats-
Unis et des nations démocratiques. ))(Ibid., par. XII.)
Et El Salvador conclut en ces termes :

<<De l'avis d'ElSalvador, la Cour ne peut donc pas statuer sur les
griefs du Nicar,agua contre les Etats-Unis sans se prononcer sur la légitimitéou la.légalitéde toute action armée attribuée aux Etats-
Unis par le Nicaragua ni, par conséquent, sur le droit qu'ont El
Salvador et les Etats-Unis de recourir à des mesures collectives de
légitime défense.Les griefs du Nicaragua contre les Etats-Unis sont
directement liésaux griefs d'El Salvador contre le Nicaragua ...

Une action enjustice contre les Etats-Unis invoquant l'assistance
fournie par ce pays à la demande expresse d'El Salvador pour per-
mettre à cepays d'assurer sa Iégitimedéfensene saurait avoir de suite

sans que cela implique une prise de position - sousforme de décision
judiciaire, de reconnaissance oud'attribution - concernant ledroit de
légitime défense, individuelle ou collective,que reconnaît à toute
nation l'article51de la Chartedes Nations Unies. (Ibid., par. XIV.)
186. Le Nicaragua affirme dans sesobservations du 10septembre 1984

sur la déclaration d'intervention d'El Salvador que celle-ci
<(comporte une:sériede paragraphes où sont alléguéed ses activitésdu
Nicaragua qu'EiISalvador qualifie d'o attaque armée )>A cet égard,il
importe que la (Coursache que c'estla première fois qu'ElSalvador se
déclarevictime:d'une attaque arméede la part du Nicaragua. ))

La Cour reprend cette thèsedu Nicaragua et conclut que les moyens de
preuve disponibles l'autorisent à penser que les Etats-Unis n'ont pas reçu,
avant la déclaration d'intervention d'El Salvador du 15 août 1984. de
demande d'assistance d'El Salvador(ou du Honduras ou du Costa Rica),
pour qu'ils exercenitleur droit de légitimedéfensecollective contre une

prétendue agressioniarmée du Nicaragua.
187. L'inconvénientde la thèseduNicaragua etdes conclusions concor-
dantes de la Cour, c'est qu'elles ne sont pas dûment étayéespar les faits.
II ressort en effet descitations reproduites aux paragraphes 110, 116, 117,
118, 121,128et 129de l'appendice à laprésente opinion qu'El Salavadora
maintes fois affirmé faire l'objet d'une agression armée de la part du
Nicaragua bien avaint le dépôt de sa déclaration d'intervention et qu'à
plusieurs reprises il a publiquement indiqué qu'il demandait en consé-
quence l'aide des Etats-Unis.
188. En concluaint différemment, la Cour omet de tenir compte des

déclarationsd'El Sallvadorcitées auxparagraphes susmentionnés de l'ap-
pendice mais en retient d'autres d'oùsont absentes de tellesaffirmationset
demandes. Elle ajoute :
LaCour relèvecependant que,d'après lecompterendu fournipar
l'agentdu Nicairaguade l'entretien du 12août 1981entre leprésident
Ortega du Nicaragua et M. Enders, ce dernier aurait évoquéles

mesures que plourraient prendre les Etats-Unis
[si]la course aux armements enAmériquecentrale sedéveloppe à
un point tel quecertains despays de la région [c'est-à-diredespays
voisins du Nicaragua] nous invitent àles protéger autitre du traité
interamérica.in[d'assistance mutuelle] O, ce qui pourrait laisser entendre qu'aucune demande de cet ordre
n'avait encore étéprésentée.Certes le compte rendu a été établi

unilatéralement et l'on nesaurait présumerqu'il soit exact et oppo-
sable aux Etats-Unis. Mais en l'absence de preuves directes d'une
demande d'assistance formelleque l'undestrois Etatsaurait adressée
à ces derniers, la Cour considèreque ce document n'est pas entière-
ment dénuéd'importance. ))

189. Si la Cour estime qu'il faut accorder une certaine portée à ce
compte rendu, j'estimepour mapart que laCour amalinterprétélestermes
du traitéinteraméricaind'assistance mutuelle (le traitéde Rio O)men-
tionnépar M. Enders. Ce traité contient deux dispositions distinctes en
vertu desquelles les Etats-Unis peuvent protégerEl Salvador. La première
est énoncée aux paragraphes1 et 2 de l'article 3, qui sont ainsi libellés :

<(1. Les hautes parties contractantes conviennent qu'une attaque
armée provenant de quelque Etat contre un Etat américainsera con-
sidéréecomme une attaque contre tous les Etats américains ; en
conséquence,chacune desdites parties contractantes s'engage àaider
à faire face à l'!attaque,en exercice du droit immanent de légitime
défense individiuelle ou collective que reconnaît l'article 51 de la
Charte des Nations Unies.
2. A la demande de 1'Etat ou des Etats directement attaqués, et
jusqu'à la décisionde l'organe de consultation du système interamé-

ricain, chaque partie contractante pourra déterminer les mesures
immédiates qu'elleadoptera individuellement, en accomplissement
de l'obligation (dontfait mention le paragraphe précédent et confor-
mément auprincipe de solidarité continentale. L'organe de consul-
tation se réunirasans délai,dans le but d'examiner ces mesureset de
déterminercell'esde caractère collectif qu'il convient d'adopter.

Il est évidentque l'(observationprécitéede M. Enders ne visait pas une
attaque arméeau sens de l'article 3 puisque les propos qu'il tenait à ce
moment-là ne conce:rnaientque le développementde la course aux arme-
ments en Amérique (centrale,dans lequel leNicaragua a nettementjoué un
rôlede premier plan. (Voir à l'appui de cette conclusion la suite du compte
rendu de l'entretien entre M. Ortega et M. Enders citéau paragraphe 157
de l'appendice.)Que:lledisposition du traitédeRio M.Enders avait-il alors
en vue ? Vraisemblsiblement l'article 6, qui est ainsi libell:

<(Si l'inviolabilité ou l'intégritdu territoire, la souveraineté ou
l'indépendance politiquede quelque Etat américainétaientaffectées
par une agression qui ne soit pas une attaque arméeoupar un conflit
extracontinental ou intracontinental, ou par quelque autre fait ou
situation susceptible de mettre en périllapaix de l'Amérique, l'organe
de consultationi se réunira, immédiatement, afinde décider desme-
suresqui. en casd'agression,doivent êtreprises pour venir en aide à la victime de l'agression,ou,en tout cas, cellesqu'il convientde prendre
pour la défense:commune, et pour le maintien de la paix et de la
sécuritécontine!ntales.

Ilest possible que, di1point de vued'ElSalvadoret des Etats-Unis- point
de vue que l'organe de consultation de I'OEApouvait êtreamené à par-
tager - la constitution d'un arsenal exceptionnel au Nicaragua apparais-
sait comme un fait ciuune situation susceptible de mettre en périlla paix
(comme dans le cas de la crise des missiles cubains). Mais je pense que
lesdits propos de M. Enders n'importent pas quand on chercheà établirs'il
estvrai qu'avant etalprèsle 12août 1981ElSalvador a,ainsi qu'il l'affirme,
demandél'aide des Etats-Unis pour faire face àdes actes du Nicaragua
qu'il considéraitconnmeéquivalant à une agression arméecontre lui.
190. Comme il a é:tobservé ci-dessus,sila Cour avaitquelque motif de

douter de l'exactitude des affirmations d'El Salvador à cet égard,il lui
aurait étéparfaitementpossible de l'inviteà fournir des preuvesà l'appui
des allégations formuléesdans sadéclaration d'intervention. Mais la Cour
a préféré tireurne conclusion douteuse d'un compte rendu d'entretien
fourni par le Nicaragua, tout en passant sous silence desdéclarationsd'El
Salvador qui sont du domaine public et qui corroborent ses affirmations.
La Cour croit pouvoir prendre pour argent comptant les diverses alléga-
tions du Nicaragua et de témoinsproduitspar lui mais dénietoute valeurà
l'affirmation d'un E:tat, par ailleurs étayéepar des élémentsde preuve
relevant du domaine public, selon laquellecet Etat subitdepuisdesannées
une agression armée et a demandé qu'on lui vienne en aide pour la
repousser.

191. Au surplus, iilsemble que seules comptent pour la Cour la décla-
ration officielleet publique par laquelle un Etat annonce qu'ilest victime
d'une agressionarmkeet la déclarationofficielleetpublique par laquelle il
demande de l'aide. Mais où est-il écritque, lorsqu'un Etat favorise en
sous-main la subversion dans un autre Etat par une multitude de moyens
équivalant à une agression armée, celui-ci n'apas le droit de solliciter
officieusement et discrètement une aide étrangère ? On peut rétorquer
qu'aux termes de l'article51de la Charte des Nations Unies les mesures
prisespar des Membres dans l'exercicedu droitde légitimedéfense doivent
être immédiatementportées à la connaissance du Conseil de sécurité. et
argument, qui n'estpas dénuéde valeur, est néanmoins insuffisant à mon
avis, pour les raisons quej'exposerai plus loin (voir les paragraphes 221
227 de la présente opinion).

2. La positiondesEtats-Unis

192. Pour leur part, les Etats-Unis, s'exprimant par le canal de leur
secrétaired'Etat, onitsoumisà la Cour une déclaration sous serment ainsi
conçue :

<<J'affirme que les Etats-Unis reconnaissent et respectent les inter-
dictions dont la Charte des Nations Unies frappe la menace ou
l'emploide la force, et qu'ils considèrent leur politique et leurs acti- vités en Amérique centrale, notamment à l'égarddu Nicaragua,

comme pleinement compatibles aveclesdispositions de la Charte des
Nations Unies. Dans l'exercicedu droit naturel de légitime défense
collective, et dans le respect des obligations dont ils sont tenus en
vertu du traité interaméricaind'assistance mutuelle, les Etats-Unis
ont appuyéder;activités militaires menéescontre des forces que le
Nicaragua dirigeait ou soutenait :c'étaitlà opposer un moyen néces-
saire et proportionné de résistance et de dissuasion aux activités
militaires et paramilitaires du Nicaragua contre ses voisins, dans
l'attente d'unrkglementpacifique du conflit. J'affirmede surcroît que
lapolitiquedesEtats-Unis dans larégion n'ani pour objet ni pour but
de renverser le Gouvernement du Nicaragua. Notre position à cet
égard estclaire:et notoire. Comme le président Reagan l'a déclaré

dans une lettre ouverte au sénateurBaker, le 4 avril 1984 :
<(Les Etats-Unis ne cherchent pas à déstabiliser ou renverser le
Gouverneme:ntdu Nicaragua, ni à imposer ou établirpar la force
une forme particulière de gouvernement dans ce pays.
Nous essayons, entre autres choses, d'inciter les sandinistes à
participer à des négociations utilesetà conclure avec leurs voisins
des accords constructifs et vérifiablessur la paix dans la région.

Selonnous, l'unedesconditions préalablesde laréussitede toute
négociation à cet égard estque le Gouvernement du Nicaragua
cessede s'ingérerdans les affaires intérieuresou extérieuresde ses
voisins. comme il en est tenu à titre de membre de I'OEA.

3. La pertinence des dispositions du traité interaméricain d'assistance
mutuelle

193. C'estdans lesdispositions du traitédeRio que se trouve laréponse
ala question de savoir si les Etats-Unis ont ledroit d'agir avecElSalvador
dans lecadrede la lkgitimedéfensecollective.LeNicaragua n'ainvoquéle
traitéde Rio nidans sarequêteni dans sonargumentation, d'où ildécoule,
à mon avis, que le différendne résultepas de ce traité multilatéral etqu'il
ne tombe donc pas - du moins peut-on le soutenir - sous le coup de la
réserve relative auxtraités multilatéraux.Ce qui compte en tout cas, c'est

qu'El Salvador,lesEtats-Unis et leNicaragua sont parties au traitéde Rio
et qu'ils sont liépar cet instrument.
194. Le traitéde Rio, qui a étéconclu après l'entréeen vigueur de la
Charte des Nations Unies, fait suite à I'actede Chapultepec. Ce dernier
instrument, adopté à la conférence interaméricaine surles problèmes de
guerre et de paix ein 1945,établitle principe suivant lequel une attaque
contre un Etat améiricain,quel qu'il soit, serait considércomme un acte
d'agression contre tous les autres Etats américains. L'article51 de la
Charte desNations Unies a été rédigéessentiellemens tur lesinstancesdes
Etats latino-américains, qui entendaient se réserver la possibilité d'agir
dans l'exercicede la légitime défense individuelleet collective conformé-
ment à I'acte de Chapultepec : (Les travaux préparatoires montrent que l'article 51visait à sau-

vegarder les dispositions du traité de Chapultepec prévoyant une
défensecollectiiveencas d'agression armée. Aux termesdu rapport de
commission présenté à ce sujet à la conférencede San Francisco,
<(l'emploi des armes dans l'exercicede la légitimedéfense demeure
admiset sans restriction ..Quand l'article51a étéadopté en 1945,il
visaitàlégitimerlesdispositions de I'actede Chapultepec relatives àla
sécurité...Ce traité disposait eneffet qu'une agression contre un Etat
américain serait considéréceommeun acte d'agressioncontre tous. Il
ena été fait mention expresse àlaconférencede San Francisco comme
raison des mesures de légitime défense collective prévues à I'ar-
ticle 1...Quanidun Etat vient en aide àun autre, le problème qui se

pose du point de vuejuridique n'est pas de savoir si le premier a un
droit de défense individuelle maissi le second est victime d'une at-
taque extérieure. (Oscar Schachter, loc. citp. 1633-1634, 1639.)

Parlant au nom des Etats d'Amériquelatine, le ministre des relations
extérieuresde la Colombie a présentécomme suit, à San Francisco, l'in-
terprétation officielle de I'article 5:

((Pour les pays de l'Amérique latine,comme l'a dit le sénateur
Vandenberg, l'(originedu terme <défense collective n'est autre que
la nécessitéde maintenir les systèmes régionaux telsque le [système

interaméricain:).La Charte, d'un point de vue général, estune cons-
titution, et elle rend légitimele droit de défensecollective exercé
conformément aux pactes régionaux, du moment que ceux-ci ne
s'opposent pas aux buts et principes del'organisation exprimésdans
laCharte. Siun groupe de pays liésentre euxpar un accord régional se
déclarentsolidairespour leur défensemutuelle,commedans lecasdes
Etats américains, ils déclencheront cette défense en commun au
moment où l'und'euxsera attaqué.Et ledroit de défensen'appartient
pas seulement au pays directement victime de l'agression ; il s'étend
aux pays qui, par des accords régionaux, sesont rendus solidaires du

pays directement attaqué. Ceci s'applique typiquement au système
américain. L'acte de Chapultepec prévoit la défense collectivede
l'hémisphère, et précisq eue si un pays américain estattaqué,tous les
autres se considèrent attaqués également. En conséquence, estIégi-
time de la part. de tous ces pays toute mesure prise pour repousser
l'agression. etautoriséepar I'articleexaminéhier par le sous-comité.
L'approbation de I'article rendrait une telle mesure conforme à la
Charte, et un accord régionalpourrait êtremis en application, à
condition que le but n'en soit pas illégitime,comme le serait, par
exemple, une agression en commun contre un autre Etat. On peut en
déduire que l'approbation de I'article impliquerait que I'acte de
Chapultepec n'estpas en contradiction avec la Charte. (Documents

de la Conférencedes Nations Uniessur l'organisation internationale,
vol. 12, p. 691-,692.) 195. Le traitéde Rio, qui a donc étéconclu pour faire suite à l'acte de
Chapultepec et conformément à la Charte des Nations Unies contient les
dispositions citéesau paragraphe 189de la présente opinion. On notera
qu'aux termes de I'article 3 de ce traité,dans le cas où 1'Etatattaqué le

demandera, << chaque partie contractante pourra déterminer les mesures
immédiates qu'elle adoptera individuellement, en accomplissement de
l'obligation )de traiter une attaque contre un Etat américaincomme une
attaquecontre tous lesEtats américains. Elleseralibre delefairejusqu'à ce
quel'organedeconsultation deI'OEAouleConseilde sécuritédes Nations
Unies prenne les mesures nécessaires aumaintien de la paix et de la
sécuritéinternationales.Par contre, si un Etat américainest victime d'une
(<agression qui ne soitpas une attaque armée ..l'organede consultation se
réunira, immédiatement, afinde déciderdes mesures qui, en cas d'agres-
sion, doivent êtreprises pour venir en aide à la victime... (art. 6).
196. En application du traitéde Rio et dans l'exercice de son droit
naturel reconnu par I'article51de laCharte desNations Unies. ElSalvador
a résisté à l'agression arméedu Nicaragua en recourant à la légitime

défense, etles Etat.s-Unis ont déterminéde même<< les mesures immé-
diates [a prendre] individuellement, en accomplissement de l'obligation
qu'ils avaient souscrite de traiter une attaque contre un Etat américain
comme une attaque contre tous les Etats américains, eux-mêmey s com-
pris. D'après lalettr~eet l'espritdu traitéde Rio, les Etats-Unis ont le droit
de déterminereux-rriêmes lem s esuresà prendrejusqu'à ce que I'OEA ou le
Conseilde sécurité dlesNations Unies prennent à leur tour des mesures ;ils
n'ont besoin de l'autorisation préalable ni de I'OEA ni du Conseil de
sécurité.Ce faisant les Etats-Unis exécutent l'obligation qu'ilsont sous-
crite d'agirdans 1'ex.ercicde la légitimedéfensecollective(contrairement
à l'opinion indéfendlable de la Cour). Comme l'ancien directeur du dépar-
tement juridique de I'OEA l'a écrit :

(<Alors que 1,alégitimedéfense n'estqu'un droit selon la Charte des
Nations Unies, selon l'article 3 du traitéde Rio elle est à la fois un
droit et une obligation. Cette différence s'expliquepar le fait que ce
traitéest fondésur une promesse d'assistance mutuelle. (Francisco
V. Garcia Amador, << The Rio deJaneiro Treaty :Genesis, Develop-
ment, and Decline of a Regional System of Collective Security )),
Inter-AmericanLaw Review,vol. 17, 1985,p. 11-12.)

197. Si,comme le montre l'articlede M. Garcia Amador, le systèmede
sécuritécollective dt:I'OEAn'apas toujoursparfaitement fonctionné, et si
le traitéde Rio proprement dit fait l'objet de revisions importantes qui ne
sont pas encore entréesen vigueur, il faut quand mêmenoter que I'inter-

prétationque I'OEAadonnéeetl'application qu'elleafaite de cetraitélors
de circonstancesanalogues tendent àcorroborer l'interprétation desobli-
gationsjuridiques que lesEtats-Unis donnent actuellement. En riposte aux
efforts maintes fois déployéspar Cuba pour renverser certains gouverne-
ments d'Amériquelatine pendant les années soixante,l'organe de consul-tation du systèmeinteraméricains'estréuni eta adoptédes résolutionsqui
reconnaissaient que:de telles activités subversives pourraient aboutir à
l'exercicedu droit de légitimedéfenseindividuelle ou collective.C'est ainsi
que la résolution 1de laneuvièmeréunionde consultation de 1964contient
notamment les déclarations suivantes :

((La neuvièmeréunionde consultation des ministres des relations
extérieures,faisant office d'organe de consultation enapplication des
dispositions du traité interaméricaind'assistance mutuelle,
ayant pris connaissance du rapport de la commission d'enquête

désignée le3décembre1963par leConseil de l'organisation des Etats
américains,faisant provisoirement fonctiond'organe deconsultation,
et
Considérant :

Que, dans leisconclusions du rapport précité,il est établique <(la
Républiquedu Venezuelaaété lacible d'une séried'actions soutenues
et dirigéespar le Gouvernement de Cuba,qui visaient ouvertement à
déstabiliserles institutions vénézuéliennee st à renverser le Gouver-
nement démocratique du Venezuela par des actes de terrorisme, de
sabotage, de violence et de guérilla ;et
Que les actes précités,comme tous actes d'intervention et d'agres-
sion, sont contraires aux principes et aux buts du système interamé-

ricain,
Décide :

1. De déclarerque lesactesconstatéspar la commission d'enquête
constituent une agression et une intervention du Gouvernement de
Cuba dans les affaires intérieures du Venezuela, et affectent tous les
Etats membres.
2. De conda.mner catégoriquement le Gouvernement actuel de
Cuba pour ses a.ctesd'agression etd'intervention contre l'inviolabilité
du territoire, la.souveraineté, et l'indépendance politique du Vene-
zuela.

5. D'avertir le Gouvernement de Cuba que, s'il persiste à com-
mettre desactesprésentantlescaractéristiquesd'uneagressionet d'une
intervention contre un ou plusieurs Etats membres de l'organisation,

les Etats membres protégeront leurs droits essentiels d'Etats souve-
rains en recourant à la légitime défense,soit individuellement, soit
collectivement, voire en employant la force armée, jusqu'à ce que
l'organedecon!;ultation prenne des mesures pour garantir lapaix et la
sécuritédans l'hémisphère. )>(Inter-American Institute of Internatio-
nal Legal Studies, The Inter-American System, 1966,p. 168-169.)

Le paragraphe 5 de cette résolution étaye clairement l'opinion selon
laquelle, d'aprèsle d.roiten vigueur entre les Etats membres de I'OEA,lesactions du Nicaragua qui sont en cause dans la présente espèce sont
précisémentde cellesquijustifient l'emploide la forcearméeau titre de la
légitimedéfenseindividuelle ou collective.

4. La situation au regard de la Charte des Nations Unies et du droit inter-
national coutumier

198. Pour I'esseritiel,l'action des Etats-Unis est tout aussi manifeste-
ment conforme à l'article51de la ChartedesNations Unies qu'au traitéde
Rio - à ceci prèsque les Etats-Unis n'ont pas porté immédiatement à la
connaissance du Conseil de sécuritéles mesures prises dans l'exercicede
leur droit de légitimedéfensecollective.(Le traitéde Rio reconnaît d'ail-
leursaussilacompétencepostérieuredu Conseilde sécurité.O ) n verraplus
loin ce qu'implique cette omission. Mais avant de quitter le systèmein-

teraméricain, il convient de noter aussi que le texte reviséde la charte
de l'Organisation dlesEtats américains prévoit,que l'agression contre
un Etat américainconstitueune agressioncontre tous lesautresEtats amé-
ricains (art. 3). Quant à l'article 27, il est ainsi conç:
<Toute agression exercéepar un Etat contre l'intégrité ou l'invio-

labilité du territoire ou contre la souveraineté ou l'indépendance
politique d'un Etat américainsera considérée commeune agression
contre les autres Etats américains. ))
199. Lauterpacht, après avoir fait observer que le droit de << légitime
défensecontre une agression physique doit êtreconsidérécommeun droit
naturel, tant des individus quedes Etats ))cite l'article 51de la Charte et

poursuit en ces termes :
<On notera que, en un sens, l'article 51élargit ledroit de Iégitime
défense commeon le comprend habituellement - et le droit corres-
pondant de recourir àlaforce - en autorisant la légitimedéfenseaussi
bien individuelle que collective. Cela signifie qu'un Membre des

Nations Unies peut prendre des mesures de légitimedéfense non
seulement quand il est lui-même l'objetd'une agression armée, mais
aussi quand une agression arméeest dirigéecontre un ou plusieurs
Etats dont la skcuritéet l'indépendance sontjugées essentiellespour
la sécuritéet I'indé~endancede 1'Etataui résiste ainsi à l'ugresseur ou
participe à unt: résistancearméecontre lui. Cet élargissementde la
notion de légitimedéfense consacre bien l'idéeau'en définitiveles
intérêtsdem s embres delacommunautéinternationale au maintien de

la paix coïncident. Il revient aussi à reconnaître en pratique que, à
défaut d'un mécanisme efficacedes Nations Unies permettant de
réprimer les actes d'agression - et si ce droit de légitimedéfense
collectiven'étaitpas reconnu -, laporte seraitouverte à l'annihilation
progressive de:; victimes des actes d'agression d'un oude plusieurs
Etats qui prétendraient dominer le monde. Dans cette optique, la
légitimedéfensecollectiven'estriend'autre qu'une conceptionration-
nellede la légitimedéfenseindividuelle. >(Oppenheim'sInternational
Law, vol. II,71éd.,1952,p. 155-156.)Les Etats-Unis ont ,officiellementdéclaréqu'à leur avis les politiques et
lesactions du Gouvernement du Nicaragua constituent unemenace excep-
tionnelle et extraordinaireàla sécuriténationale età lapolitiqueétrangère
des Etats-Unis ...)(Executive Order du Présidenten datedu lermai 1985
(annexe supplémen1:aireBdu Nicaragua, pièce 1)).Dans son discours du
16 mars 1986,le président Reagan a parlé

<(d'un danger grandissant en Amérique centrale qui menace la sécu-
ritédes Etats-Unis ...Je veux parler du Nicaragua ...Ce n'est pas le
Nicaragua tout seul qui nous menace, mais ceux qui utilisent le
Nicaragua comme sanctuaire privilégié de leur luttecontre les Etats-
Unis. Lesvoisins du Nicaragua constituent leurs premiers objectifs.

200. Si l'onjuge les Etats-Unis (et El Salvador) non d'après la Charte
des Nations Unies et celle de I'OEAou d'aprèsles traités interaméricains
pertinents, mais d'après le droit international coutumier, il est tout aussi
évidentque les Etats-Unis et El Salvador sont habilités à s'associer pour
exercer leur droit naturel de légitimedéfensecollective et cela sans auto-
risation préalable d'aucune organisation internationale, universelle ou
régionale.Avant laCharte des Nations Unies - ou du moins avant lepacte
de Paris et la Sociéti:des Nations- les Etats étaientlibres de recourià la
force et d'entrer en guerre pour n'importe quelle raison ou sans raison. A
une époque où il était possible de recourir si librement à la force, une
limitation de l'emploi de la force au titre de la légitime défenseétait
inconcevable. En particulier, lorsqu'un Etat étaitvictime d'une agression

armée, cet Etat et ses alliésétaient parfaitement libres de riposter dans
l'exercice de la légitimedéfense.(Il convient de rappeler que les critères
restrictifs retenus dans l'affaire du Caroline valaient pour la légitime
défensepréventive,et non pour une riposte à une agression armée ou à
l'équivalent d'unetelle agression.) Quant à l'étatdu droit international
pendant la période 1920-1939, on relèvera que les tribunaux militaires
internationaux de Nuremberg et de Tokyo ont estiméque l'interdiction
généraledu recours à la force armée comportait nécessairement une
exception en faveur du recours à la force armée à des fins de légitime
défense, pour autant que les conditions justifiant la légitime défense
étaient réunies.

N. Considérationssur la nécessité et la proporrionnalité

201. Au paragraphe 9de la présenteopinion,j'ai commencé à formuler
desconsidérations sur la nécessitéet la proportionnalitédes mesuresprises
par les Etats-Unis contre le Nicaragua. Pour les raisons exposéesci-dessus
aux paragraphes 69 à 77, j'ai conclu qu'il était préférablede considérer
comme actuellemenit non justiciable la question de savoir si ces mesures
étaientnécessaires. IdaCour a étéd'un autre avis, et elle a conclu que les
actionsdirectes et indirectes entreprises par les Etats-Uniscontre leNica-
ragua ne pouvaient pas se justifier en tant que mesures nécessaires de Iégitimedéfensecollective. S'il faut se prononcer sur la question de la
nécessité - et la Cour s'estprononcéesur cette question - il s'agitessen-
tiellement de savoir si les Etats-Unis disposaient de moyens pacifiques
pour atteindre les buts qu'ilsont cherché à atteindrepar la force. Dans un
rapport àlaCommission du droit international, M.Agos'estexprimédans
les termes suivants :

<(En soulignant l'exigenceducaractère nécessairede l'action menée
en étatde Iégitime défense,on veut insister sur le point que I'Etat
agressé ..nedoit en l'occurrencepas avoireude moyenautre d'arrêter
l'agressionque lerecours à l'emploide la forcearmée.Autrement dit,
s'ilavait pu atteindre ledit résultatpar des mesures n'impliquant pas
l'emploide laforcearmée,lajustification du comportement adoptéen
contradiction avecl'interdiction générale du recours à la force armée
ne pourrait pa:sjouer. Il y a là une précisionqui va de soi et qui est
généralementreconnue ; elle ne demande donc pas une discussion
supplémentaire... ))(<<Additif au huitièmerapport sur la responsabi-

litédes Etats O,Annuairede la Commissiondudroit international, 1980,
vol. II, prerniè:repartie, p. 67.)
202. Au début de 1979,les rebelles salvadoriens étaient relativement
faibles ;commeindiqué à la page 2de l'annexe 50 au contre-mémoire des
Etats-Unis, avant 1980, les divers groupes de guérilleros au Salvador

étaient mal coordo:nnés,mal équipés ; ils étaient armésde pistolets, de
carabineset de fusil:de chasse.(Le Nicaragua n'aproduit aucune preuve à
l'encontre de cesassertions.) Enjanvier 1981,lesinsurgésont pu organiser
leur <<offensive finale))grâce à I'aide qu'ilsavaient reçue directement de
Cuba et qui leur avait permis de renforcer leur cohésion, grâce à des
livraisons massives d'armes qui transitaient principalement par le Nica-
ragua, grâce à l'entraînement qu'ils recevaient à Cuba et au Nicaragua et
grâce aux mesures de coordination et de commandement qui étaient prises
du Nicaragua. Depilis lors, ils ont étéen mesure de maintenir leurs actes
d'hostilitéà un certain niveau, bien fournis qu'ilsétaient.Ilest évidentque
le Gouvernement d'El Salvador, confronté à une insurrection continuel-

lement alimentéepar une intervention étrangère provenant en particulier
du Nicaragua et d'eCuba, n'avait pas d'autre moyen d'action contre
l'agressioninterne eitexterne que le recoursà la force armée.Si le Gouver-
nement d'El Salvador avait renoncé à combattre les insurgés,et s'ils'était
limité àsemontrer prêt à négocieraveceux,lerégime au pouvoiraurait été
renversédepuis des années.Le Gouvernement d'El Salvador s'est égale-
ment rendu compte qu'il ne pouvait résister efficacement à des insurgés
appuyésde 1'étrangt:srans obtenir lui-même une assistanceétrangère ;il a
alors demandél'aidedesEtats-Unis. Ceux-ciont répondu à sa demande en
janvier 1981,en reprenant leur fourniture d'armes aux forces duGouver-
nement d'El Salvador et en les entraînant de nouveau ainsi qu'en aug-

mentant sonaide économiqueet financière.Par la suite, environ une année
plus tard, les Etats-Unis ont en outre exercédes pressions armées surle
Nicaragua, qui était à l'originede bon nombre des problèmesd'El Salva-dor. Lesmesuresprises par lesEtats-Uniscontre leNicaragua étaient-elles

nécessaires ?ElSalvador n'étaitpas assezfortpour lesappliquer lui-même
et il les a bien accueillies car elles allaient rendre moins efficace l'in-
tervention dont il était victime de la part du Nicaragua (voir les para-
graphes 121, 128et 129de l'appendice à la présente opinion).
203. A mon avis, il n'étaitpas déraisonnable de décider,comme les
Etats-Unis l'ont fait versla fin de 1981,qu'ilétaitnécessaire d'exercerdes
pressions arméessur le Nicaragua. Pendant plus d'une année,les Etats-
Unis s'étaient efforcésd'aider El Salvador à réprimerl'insurrection et à
contrer l'intervention nicaraguayenne destinée à appuyer cette insurrec-
tion, en apportantà ElSalvador une aide limitéeaceseulpaysetenfaisant
des représentations par la voie diplomatique au Gouvernement du Nica-
ragua. Les deux méthodess'étaientrévéléeis nsuffisantes. L'insurrection
au Salvador était contenue mais non réprimée ; les souffrances humaines
et les dommages matériels qu'ellecausait dans le pays continuaient d'être

d'une gravitéinacceptable. Le Nicaragua n'avait pas réponduassez posi-
tivement et réso1umi:natux prières,avertissementsetoffres des Etats-Unis
(comme la perspeci:ive d'une reprise de l'aide économique). Aprèsde
nombreux mois d'expériences malheureuses,lesEtats-Unis pouvaient rai-
sonnablement conclure, vers la fin de 1981,qu'iln'y avait aucune chance
que l'insurrection au Salvador se calme s'ilsne coupaient pas la route à
l'intervention étrangèrequi la soutenait et qu'il n'y avait aucune chance
que le Nicaragua cesse son intervention à moins d'y être contraint.Lors-
qu'un Etat agresseur ne peut êtrepersuadéde mettre fin à son agression, il
n'est pas déraisonnable de chercher àl'y contraindre.
204. Cependant, tonpourrait soutenir que les Etats-Unis, aprèsl'échec
de la mission Enders et de leurs autres représentationspar la voie diplo-
matique, auraient dîi, avant de prendre des mesures de force, recourir aux

moyens multilatéraiixde règlement pacifique, notamment a ceux qu'of-
frent l'organisation des Etats américains et l'organisation des Nations
Unies. C'est la un a"gument de ~oids. Vraisemblablement. les Etats-Unis
ontjugé de telsnnoyensaura'ientété inefficaces.SiplauSibleque puisse
êtrece point de vue, on pourrait néanmoins soutenir que les Etats-Unis
auraient dû épuiserces recours multilatéraux,encorequ'ily ait un certain
nombre de circonstances atténuantes.
205. Premièrement, les Etats-Unis ont maintenu leurs relations diplo-
matiques avecle Goluvernementdu Nicaragua et se sont montrésdisposés
à négocier aveclui(voir, par exemple, les propositions de règlement paci-
fiqueque lesEtats-Unis ont faites au Nicaragua en 1982,mêmeaprèsavoir
commencé à apport.er leur appui aux contras, appendice a la présente

opinion, par. 171). Plusieurs sériesde négociations bilatérales ont été
organiséesentre les Etats-Unis et le Nicaragua depuis que les Etats-Unis
ont pris des mesures de force. Deuxièmement, lesEtats-Unis ont participé
a une importante initiative multilatéralevisant a parvenià un règlement
pacifique, mais le Nicaragua y a opposé un refus (appendice, par. 172).
Troisièmement, les Etats-Unis ont activement soutenu le processus de
Contadora, dèsses débutsen 1983 - ou ont affirmél'avoir fait(les avissontpartagés surlepoint de savoirsilesEtats-Unis - etleNicaragua - ont
véritablement apporté leur appui au processus de Contadora). En l'ap-
prouvant catégoriquement, l'organisation des Etats américains etl'Orga-

nisation des Nations Unies l'ont reconnu comme le mode de règlement
préférable et prioritaire auquelelles devaient donner le pas. Quatrième-
ment, leConseil de sécurité del'organisation desNations Unies a étésaisi
à plusieurs reprises par le Nicaragua de ce que ce dernier qualifait de
différend bilatéralavec les Etats-Unis et ceux-ciontjoué unrôle actif lors
de l'examende laquestion au Conseil de sécurité. Certes, ilosnt plus d'une
fois exercé leurdroit de veto pour empêcherl'adoption de résolutions
souhaitéespar le Nicaragua (tandis que d'autres fois ils ont votépour des
résolutionspertinentes). Mais le fait que le Conseil de sécuriténe soit pas
parvenu à adopter une résolution ne signifiepas pour autant qu'iln'a pas
réussi à s'occuper d'un différendou d'une situation ou à examiner une
accusation de menace contre la paix, de rupture de la paix ou d'acte
d'agression.

206. Il reste que l'onpeut contester la nécessides mesures impliquant
l'emploide la force que les Etats-Unis ont prises. Mais vu la difficultéde
trancher cette question àcestade, commeje l'aiindiquéci-dessus,et vu les
considérations qui précèdent,je ne pense pas qu'on puisse conclure, en
droit, que ces mesures n'étaientpas nécessaires.

207. C'estense fondant notamment sur lesconstatations suivantes que
la Cour a conclu que la nécessité njeustifiait pas lesmesures prises par les
Etats-Unis contre 16Nicaragua. Elle relèveque ces mesures n'ont été
adoptéeset n'ont commencé à produire leurs effets que plusieurs mois
aprèsque la grande offensivelancéepar les insurgéscontre le Gouverne-
ment d'El Salvador eut été totalementrepoussée (janvier1981).Ellecon-
clut que le péril majeurpour le Gouvernement salvadorien a ainsi pu être

<(écarté sansque lesEtats-Unis aient déclenché leursactivitéasu Nicara-
gua et contre lui et elle en déduitu'<<il n'estdonc pas possible de consi-
dérercelles-cicomme ayant étéentreprisessous l'empirede la nécessité o.
208. A mon avis, cette déduction de la Cour est aussi simpliste que
péremptoire. Elle netient pas suffisamment compte des faits. Il est exact
que lecomplotourdi entreCuba, leNicaragua etd'autres Etats pour armer
et appuyer I'insurrectionau Salvadorafin de renverser legouvernement de
ce pays s'estd'abord traduit dans les faits par la préparation de1' 0ffen-
sive finale de janvier 1981,et que cette offensive a échoué. Il est exact
qu'ensuite, au début de 1981,après avoir été pourainsi dire pris en fla-
grant délit d'envoimiassifd'armes etd'autres moyens d'assistance aux re-
belles salvadoriens, le Gouvernement du Nicaragua a suspendu lesenvois
d'armes - pendant quelque temps. Mais il est aussi exact que, lorsqu'en

août 1981M. Enders;a insistéauprèsdu commandant Ortega pour que le
Nicaragua cesse définitivementd'apporter sonappui matériel auxinsurgés
salvadoriens, le flux 'd'armes,de munitions, d'explosifs, etc.,qui leur était
destinéet qui transitait par le Nicaragua avait repris, et que la fourniture
par leNicaragua aux insurgésde postes de commandement et de contrôle,d'installations d'entraînement etd'autres moyensd'assistances'étaitpour-
suivie avec la mêmeintensité. Il est aussi de fait qu'en 1982 les envois
auxinsurgés d'armestransitant par leNicaragua se sont de nouveau accrus
brusquement pour continuer irrégulièrementet dans de moindres pro-
portions apparemment. Pour sa part, le Gouvernement d'El Salvador a
continué d'être harcelé par les attaques d'insurgés bienarmés et bien

équipése ,n 1981,en 1982et dans lesannéesquiont suivi ;ill'estencoreà ce
jour. Par conséquent, on peut vraiment mettre en doute la conclusion
péremptoirede laCour selonlaquelle ElSalvador n'avaitplus besoin d'une
assistance des Etats-Unis telle qu'elle lui a été fourniepar ceux-ci sous
forme d'activitésau Nicaragua et contre le Nicaragua. La Cour peut bien
êtred'avis que le péril majeurpour El Salvador avait été <(écarté avant
que les ~tats-unis n.'interviennent,mais on peut supposer que tel n'a pas
étél'avisdu Gouvernement d'El Salvador et des milliers de Salvadoriens
qui ont souffert ou qui sont morts depuisjanvier 1981,victimesdirectesou
indirectes des lutte:; civiles alimentéespar l'intervention étrangère.La
Cour semble partir (lel'idée qu'ElSalvadorpeut êtreindéfinimentsaigné
par desinsurgésapprovisonnéspar leNicaragua maisque ni ElSalvador ni

aucun alliévenant àison secours ne peut prendre en riposte des mesures
dirigéesdirectement contre la voied'acheminement principale, immédiate
et continue d'approvisionnement des insurgésen armes, munitions, explo-
sifs et médicaments, a savoir le Nicaragua. La Cour semble sensible à
l'argument selonlequel ce n'est que lorsque les insurgéssont en mesure,
grâce au matérielfourni par le Nicaragua, de préparer une (<offensive
finale massive qu'on est fondé à considérer commenécessairesles me-
sures prises en riposte par les Etats-Unis contre le Nicaragua. Mais il
n'est pas sûr que ces considérations d'ordre militaire traduisent bien la
penséede la Cour ou qu'elles soientplus convaincantes que le raisonne-
ment qui la fait aboutirà la conclusion que les activitésdes Etats-Unis ne
peuvent sejustifier par la nécessité.
209. En fait, ce que la Cour estime c'est qu'on peut soutenir que les

Etats-Unis étaient peut-être fondés à riposter immédiatement et ouverte-
ment à l'appui que le Nicaragua avait apporté à 1'<<ffensive finale))des
insurgéssalvadorienisenjanvier 1981,en recourant à l'emploi de la force
contre le Nicaragua. mais que rien ne peut justifier le recours déguiséla
force arméeplus tard.A mon avis,laCour estparvenue là àune conclusion
particulièrement suiprenante. Pendant la périodequi s'est écouléeentre
janvier 1981et le moment où le présidentReagan a donnél'autorisation
d'exercerdes pressions arméescontrele Nicaragua, vers la fin de la même
année,les Etats-Unis ont déployéde grands efforts pour régler leurdif-
férend avec le Nicaragua par des moyens pacifiques. Ils ont essayé
notamment, par la mission Enders, de convaincre le Nicaragua de cesser
les activités par lesquelles il aidaità renverser le Gouvernement d'El

Salavador. Ce n'est que lorsque ces efforts ont échouéque les Etats-Unis
ont eu recours à des mesures de force. Peut-on vraiment reprocher aux
Etats-Unis d'avoir pris letemps d'essayerd'abord de recourirà desmoyens
de règlement pacifique ? fully,which is not surprising in viewof itsplainly logicallink with the

whole concept of self-defence." (Loc. cit., p. 70.)

214. As observed above, the requirement of immediate response to
armedattack whichJudge Agosetsout isequally met in the instant caseby
the United States. There is no question of measures of force being exerted
in 1982or later in response to aggressiveacts which occurred only in the
period from the summer of 1979to the winter of 1981.Rather, as is shown
in the appendix to this opinion, successiveacts of aggressiveintervention

by Nicaragua in ElSalvador have continued at least into 1985,if not to the
present day. They were continuing when the United States mounted its
responsive armed pressures. Moreover, in so far as the question of the
timing of the initial application of armed pressures against Nicaragua is
concerned - and this isaquestion which the Court raises - not onlywasit
reasonable for the United States to pursue possibilities of peaceful settle-
ment before applying such pressures. The modalities of pressure which it
choseby their na!ure took timeto organize.The contrascouldnot bearmed
and trained overnight. Again it may be asked, would it have been legalfor
the United States Air Force to have bombed Nicaraguan bridges in Jan-
uary 1981whereas itwas illegalfor the contrasto have blown those bridges
with United States support in March 1982 ?

O. Measures of CollectiveSelf-DefenceMay LawfullyExtend to

Nicaraguan Territory
215. Ifit begranted that theUnited States isentitled totake measures in
collective self-defence in support of El Salvador, must those measures be
confined to the territory of El Salvador or may they lawfullybe applied -

as in fact they have been applied - to the territory of Nicaragua
itself?
216. The question of whether a State suffering armed attack, or actions
tantamount to armed attack, must confineitsdefence to itsown territory is
aquestion which has more pre-occupied scholars than statesmen. Learned
opinion is divided, but State practice, 1 believe, is not so indetermi-
nate.
217. Thus onemaycontrast the viewsof Professor Oscar Schachter with
those of Professor John Norton Moore. Professor Schachter, in addressing
thepermissible 1.imitsofcounter-intervention, observes that a principle has
"been proposed" for placing limits on counter-intervention, namely, "that
the counter-intervention should be limited to the territory of the state
where the civil war takes place". He continues :

"This territorial limitation on counter-intervention has been ob-
served in nearly al1recent civilwars. However, it apparently has been tèreimmédiatde l'action menéeen Iégitimt:défensedevraêtreappré-

ciée.Notons, à toutes fins utiles, que la pratique et la doctrine sem-
blent êtreentièrement d'accord avec I'exigenceconsidérée icic ,e qui
ne saurait surprendre, vu le lien logique évidentque ladite exigence
présenteavec la notion mêmede légitimedéfense. (Loc. cit., p. 68.)
214. Commeje l'aifait remarquer plus haut, l'exigenced'une réplique
immédiate à l'agressionarméeque M.Ago indique est égalementsatisfaite
en l'espècepar les Etats-Unis. La force n'a pas étéemployéeen 1982ou
aprèsen riposte à des actes d'agression sesituant uniquement au cours de

lapériodequiva de l'été 1979 àl'hiver1981.En réalitéc ,omme il ressort de
l'appendice à la pré.senteopinion, certains actes successifs d'intervention
agressive du Nicaragua au Salvador se sont poursuivis jusqu'en 1985au
moins, voirejusqu'à aujourd'hui. Ils sepoursuivaient encore à l'époque où
les Etats-Unis ont commencé à riposter en exerçant des pressions armées.
Quant à savoirà quelle époquelesEtats-Unis ont commencé àexercer des
pressions arméescontre le Nicaragua - c'est une question que la Cour
soulève -, on observera non seulement qu'il était raisonnable que les
Etats-Unis exploitent lespossibilitésde règlementpacifique avant d'exer-
cer ces pressions, mais encore qu'en raison de leur nature les moyens de
pression qu'ils avaient choisis d'exercer exigeaient un certain temps de

préparation. Les contrasne pouvaient pas être armés et entraînéd sujour
au lendemain. Là encore, on peut se demander si l'arméede l'air améri-
caine aurait pu borribarder licitement des ponts nicaraguayens enjanvier
1981alors que c'est illicitement que les contrasont fait sauter ces ponts
avec l'aide des Etats-Unis en mars 1982.

O. Les mesuresde légitime défense collectivepeuventlicitement s'étendre
au territoire nicaraguayen

215. Sil'onadmet quelesEtats-Unis ont ledroit deprendre desmesures
de légitimedéfensecollectivepour venir en aide au Salvador, ces mesures
doivent-elles êtrelimitées au territoire d'El Salvador ou peuvent-elles
licitement s'appliquer- comme ce fut lecas - au territoire du Nicaragua
lui-même ?
216. Savoir si un Etat victime d'une agression arméeou d'agissements
équivalant à une agression armée doit limiter sa défense à son propre
territoire est une qut:stionquia préoccupélespublicistesdavantage que les
hommes d'Etat. La doctrine est divisée maisil me semble que la pratique

n'est guèrehésitante.
217. On peut, pal:exemple,opposer lespointsde vued'Oscar Schachter
et de John Norton hloore. Apropos des limitesdans lesquellesune contre-
intervention estpennise, lepremier indique qu'il(<aété proposé >)d'établir
pourprincipequ'une contre-intervention devrait êtrelimitéeau territoire
de I'Etat en proie à la guerre civilo. Il poursuit:

((Cette 1imit.ationterritoriale de la contre-intervention a étéres-
pectéedans presque toutes les guerres civiles récentes. Les Etats- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 370

Unis semblent toutefois l'avoir abandonnée dans la mesure où leur
<(contre-intervention ))aux côtésdu régimesalvadorien est alléejus-
qu'aappuyer lesforces antisandinistes combattant sur lesoldu Nica-
ragua. Les Etats-Unis ont justifié leuraction par la disposition de

I'article51relative àla légitimedéfense collectivep ,our la raison pro-
bablement que leNicaragua selivrait a une agression arméecontre El
Salvador. Les Etats-Unis sont également <(contre-intervenus contre
le Nicaragua t:n minant les approches des ports nicaraguayens.
(Loc. cit.,p. 1643-1644.)

John Norton Moore rétorque

<(Cette règle <(proposée n'appartient pas audroit international et
n'y a pas sa place. Comme on l'a vu, la doctrinedominante a depuis
longtemps soutenu l'idéequ'une agression ((indirecte )) intensive
constitue une agression arméeautorisant une riposte défensivecon-
formément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies et au droit
international coutumier. Puisqu'en vertu d'une règle traditionnelle
l'aide apportée à la demande d'un gouvernement à l'intérieurde ses

propres frontiètresest licite mêmeen l'absence d'agressionarmée,le
but mêmede laconstatation d'uneagression arméeest d'autoriser des
mesures défensivesproportionnelles contre 1'Etatagresseur. Rien ne
démontre que les auteurs de l'article 51 de la Charte entendaient
limiter la port~ée de ce texte comme le voudrait la règle proposée
ou que les Eta1.sparties à la Charte ont adoptéune telle règle.Con-

trairement à ce que pense Oscar Schachter, pour qui la limitation
proposée a éti:respectée <tdans presque toutes les guerres civiles
récentes )),les Etats-Unis l'ont expressément rejetée lorsde la
guerre du Viet Nam quand d'aucuns ont soutenu qu'il étaitinterdit
d'exercer contre le Nord-Viet Nam des mesures de défenseen ri-
poste à son agression <(indirecte )) contre le Sud-Viet Nam. Cette
limitation semble avoir étéaussi largement rejetée en pratique

par d'autres Etats, dont la France, l'Union soviétique,la Chine et
Israël.
En principe, leseulbut d'unetellerègleserait de chercher à circons-
crire les conflits de façon qu'ilsrisquent moinsde s'étendretemtoria-
lement. Mais il sepourrait bien que cette règleencourage lesconflitset
les agressions <indirectes ))car les Etats seraient convaincus qu'une

agression neprksentepas de sérieux risques :sielleréussit,ilsgagnent ;
si elle échoue,ce n'estpas gravecar ils peuvent recommencer.Comme
cette éventualitéle montre bien, la facultéde se défendreen vertu
du droit interriational coutumier et de la Charte se traduit par un
droit de défenseeffective, le droit de prendre des mesures raison-
nables et nécessairespour faire cesser rapidement l'agressionet pour
protégerles valeurs menacées.Pourquoi El Salvador et d'autres Etats

d'Amérique centraledevraient-ils êtreobligésd'accepter d'êtreles
victimesd'uneguerresecrèteetinterminable ? ...Lescritèresà appliquer
pour déterminer laportéeréelledu droit de sedéfendre sontlescritères bien établisde la nécessitéet de la proportionnalitér)(<The Secret
War in Central America and the Future of World Order r)American
Journalof Inte.rnationa1Law, janvier 1986,vol. 80, p. 190-194.)

218. D'après mol, lapratique suivie par les Etats depuis que la Charte
des Nations Unies est entréeen vigueur montre qu'au titre de la légitime
défense, individuelleou collective, le combat peut êtremené jusqu'à la
source de l'agression, que celle-ci soit directe ou indirecte. Par exemple,
durant la guerre de Corée,de 1950 à 1953, les Nations Unies n'ont pas
considéréque le droit international les obligeaità limiter leur ripostà
l'agression déclenchée par la Corée du Nord contre la République de
Coréeau territoire de cette dernière. Bien au contraire, leurs forces ont
avancédans le territoire de la République populaire démocratique de
Corée ;et,àcejour, unefrange du territoirequifaisaitautrefoispartie dela
Corée du Nord demeure sous le contrôle de la Républiquede Corée.A
diversesreprises depuisle milieudesannéescinquante, Israël a répliqué au
soutien apportéparl'étranger àdesforcesirrégulièresopérantcontreluien

s'attaquant à ce qui était,selon lui, les bases étrangèresde ces forces. De
toute évidence, Israëln'a pas estiméque le droit international limitait sa
riposte à son territoire ou aux territoires sous son contrôle. En 1958,
pendant la guerre d'Algérie,la France n'a pas estiméque le droit inter-
national l'obligeait ne réagir,au soutien accordéaux insurgés algériens,
que sur le territoire de l'Algériefrançaise. Au contraire, la France s'enest
prisà cequi, selon elle,était unebase rebelle, sitàéSakiet-Sidi-Youssef
enTunisie. Quand, en 1964,leRoyaume-Unia bombardélefortdeHarib à
l'intérieurdu territoire de la Républiquearabe yéménitei,l a soutenu que
son action étaitlicite, en raison d'actes antérieurs d'agression contre la
Fédérationde l'Arabie du Sud dont il assurait alors la défense etles
relations extérieures.Le Royaume-Uni ne croyait pas devoir limiter sa
risposte défensivea.uterritoire de la fédération. Pendant la dizained'an-
néesqu'a duré leur participation active à la guerre du Viet Nam, les

Etats-Unis n'ont pas estiméque le droit international les obligeaità ne
réagir au soutienaccordéauxinsurgés vietnamienspar le Nord-Viet Nam
que sur le territoire de la Républiquedu Viet Nam. Au contraire, ils ont
bombardéet miné leterritoire et les eaux de la République démocratique
du VietNam. Par la suite, quand la Républiquepopulairede Chinea réagi
à l'assistanceapportéepar leVietNam à une factionqui s'étaitemparéedu
pouvoir au Kampuchea démocratique - c'est-à-dirà cequi était pourelle
une invasion vietnamienne du Kampuchea - elle n'a pas considéréque
le droit international l'obligeaàne réagir qu'enterritoire kampuchéen.
Au contraire, elle s'en est pris au territoire et aux forces arméesde la
République socialiijte du Viet Nam au Viet Nam. De la mêmefaçon,
pour réprimer la résistancekampuchéenne, le Viet Nam n'a pas cru
devoir restreindre son action au territoire du Kampuchea. 11a pénétréau

contraire sur le sol thaïlandais où les forces de résistancekampuchéennes
s'étaient réfugiéeILorsqu'ilapris les armes contre l'Iran en 1979,l'Iraq a
invoquénotamment l'appui que l'Iran apportait selon luàla subversionen territoire iraquien. L'Iraq ne s'est pas contentéde lutter contre cette
subversion sur son propre territoire. L'Iran non plus n'a pas limité à son
propre territoire sa riposte contre l'Iraq ;au contraire, il s'est avancé en
territoireiraquien. L.'Unionsoviétique etI'Afghanistan,réagissant cesder-
nièresannées à l'assistancea la résistanceafghanequ'ilsprétendaient venue

du territoire pakistanais, n'ont pas jugéque le droit international limitait
leur riposte au territoire afghan ;le territoire pakistanais a subi des raids
aériens.Le Nicaragua lui-mêmen'a pas limitésa riposte aux attaques des
contras au territoirenicaraguayen,oùellesont eulieu ;ilaportélecombat en
territoire hondurien où des bases de contras étaientsignalées. LeNicaragua
ne s'estpas borné à exercer son droit de poursuite mais a apparemment
lancé desattaques préemptivescontre les bases des contras au Honduras.
219. Ce qui compte en la matièrece n'est pas de savoir si l'on tient ou
non pour licites lesactes susmentionnésdes Nations Unies, d'Isarël, de la
France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de la Chine, du Viet Nam, de
l'Iraq. de l'Union soviétique,de 1'Afghanistanet du Nicaragua. Je ne veux

nullement laisser en.tendreque touscesactesont lamêmevaleurjuridique ;
certains étaient nettement licites, d'autres ne l'étaient nettement pas.
L'important est que cesactes, revendiqués comme licitespar leursauteurs,
attestent une pratiqueétatique abondante et significative,qui montre que
la limiteproposée à lalégitimedéfenseet àlacontre-intervention n'estpas
appliquée aujourd'hui comme règlede droit international. Elle n'est pas
consacréepar une pratique étatique généralement admise.
220. Néanmoins,si la règlesuggérée n'estpas acceptéeconviendrait-il
qu'ellelesoit ? La victimed'une agression directeou indirecte, et 1'Etatou
les Etats qui l'aidenta résisterà cette agression, devraient-ils limiter leur
riposte au territoire de la victime ? Le but d'un tel principe serait de

contenir les conflits de façon qu'ils ne s'étendent pas ouqu'ils risquent
moins de s'étendre territorialement. But assurément louable ! Mais il
semble bien que les inconvénientsque présenteraitla mise en auvre d'un
telprincipe surpasseraient sesavantages. Limiter leshostilitésau territoire
de la victime aurait notamment pour effet d'encourager la (victimisa-
tion ));dans ce cas, l'agresseurpotentiel n'en sera que plus porté à penser
qu'ilne prend pas grand risque àcommettre un acte d'agression. Il pourra
se dire qu'il n'a pas grand-chose à perdre au déclenchement d'une agres-
sionocculte, par exempleen appuyant secrètement uneinsurrection contre
legouvernement d'un Etat voisin. Sil'agression réussit, lesbutsde I'agres-
seur sont atteints ; sinon, il n'aura pas à en subir le contrecoup sur son

territoire. S'il n'afait qu'accorder un appui appréciable a des insurgés
étrangers, ces derniers seront seuls a en supporter les conséquences.
L'agresseur perdra ]peut-être sa mise matérielledans l'insurrection étran-
gère, mais riende plus ;sesforces ne seront pas l'objetd'actes de semonce
sur son propre territoire, aveclesdommages humains et matérielsque cela
suppose. Ainsi, quand une tentative de subversion étrangèreéchoue, elle
peut êtresuivie d'uineautre a un moment plus propice. L'agresseur peut
mêmeaccorder sans désemparer son soutien à l'insurrection étrangère,
protégé qu'il est dans une certaine mesure par la «règle )de droit inter-national qui le met à l'abri d'une réaction défensive contre ses propres
forces, sur son propre territoire. En un mot, une telle règleencouragerait
I'agression plutôt que le contraire. Elle ne réussirait donc mêmepas à
limiter lesrisques d'expansion territorialedes hostilités. Mieuxvaut nepas

toucher au droit international actuel, lequel fait dépendredes dispositions
de la Charte des Nations Unies et des critères de la nécessité etde la
proportionnalité les limites dans lesquellesla Iégitimedéfense individuelle
et collective peut êtreexercée.

P. Les Etats-Unis n'ontpas portéà la connaissancedu Conseil de sécurité
les mesures de légitimedéfense qu'ils prenaient

221. L'article 51de la Charte des Nations Unies dispose que :
«Lesmesuresprises par des Membres dans l'exercicede cedroitde
Iégitimedéfensesont immédiatement portées à la connaissance du
Conseil de sécuritéet n'affectent en rienlepouvoir et ledevoir qu'a le
Conseil, en vertu de la présenteCharte, d'agir à tout moment de la

manière qu'il juge nécessairepour maintenir ou rétablirla paix et la
sécurité internationales.
Les Etats-Unis n'ont pas porté à la connaissance du Conseil de sécurité le
fait qu'ilsont commencé,endécembre1981ou audébutde 1982, aappuyer
les contras. Ils n'ont pas avisé nonplus le Conseil de leurs actions ulté-
rieures. telles que l'attaque desinstallations pétrolièresdu Nicaragua ou le
minage de ses ports. Cela signifie-t-il que les mesures prises par les Etats-
Unis n'étaientpas des mesures prises ..dans l'exercice de ce droit de

Iégitimedéfense )?
222. A mon avis, aucuneimputation semblable nes'impose,et celapour
plusieurs raisons. Premièrement, le droit de Iégitime défense est undroit
naturel ;la Charte stipulequ'aucune de sesdispositions ne porteatteinte à
ce droit naturel - on peut donc dire que cela vaut pour l'obligation de
porter les mesuresprises àla connaissancedu Conseil de sécurité. Deuxiè-
mement, si l'agressiondont il s'agit - celle du Nicaragua - est occulte (et
ellel'est),et si la riposàecette agression est occulte (comme elle l'aété au
début,encore que partiellement), on voit mal comment elle pourrait alors
être portée à la connaissance du Conseil de sécurité.Un Etat qui entre-

prend une action secrète nepeut, en même temps, laporter publiquement
et officiellement à la connaissance du Conseil. Faut-il déduire de l'obli-
gation d'informer prévue àl'article 51que, sous le régimede la Charte, les
agresseurs sont libres d'agir de façon secrète, maisque ceux qui se défen-
dent contre eux n'ont pas la mêmeliberté? Ce serait un résultat assez
bizarre. Selon une interprétation plus raisonnable des obligations qu'im-
pose la Charte, quand un Etat commet une agression, autrement dit une
violation grave de ses obligationsjuridiques internationales, et qu'il com-
met cette agression secrètement, il n'est pas fondé à se plaindre si un ou
plusieurs Etats, dans l'exercice de leur droit de légitimedéfensecontre
cette agression, ripostent secrètement eux aussi. Ex injuriajus non oritur :

((~ucun droit ne-peut naître d'un dommage. 223. Troisièmement,il n'est pas du tout évidentque, dans l'espritde la
Charte des Nations Unies, et selon ce qui peut se déduirede l'obligation
d'informer le Conseil de sécuritéi,l soit interdit de recouràrdes actions
clandestines de légitime défense.Les mesures défensives peuvent être

ostensibles ou secrètes, et elles l'ont étédans des guerres qui se sont
déroulées avantetaprèsl'entréeenvigueurde laCharte desNations Unies.
Dans la guerre de Corée, l'appuides Nations Unies à des opérations
paramilitaires clandestines n'a pas étjugéillicite par l'organisation. Au
cours des hostilités clandestines déclenchéespar l'Indonésiecontre la
Malaisieen 1965,leRoyaume-Uni ne s'estpas borné àdonner àla Malaisie
une assistance directe; il aurait en outre fourni une assistance secrète aux
guérilleroset aux insurgésopérant contre les forces du présidentSukarno
en territoire indonésien. Ces diverses mesures n'ont pas étéportées à la
connaissance du Conseil de sécuritémais elles n'en perdent pas pour
autant leur caractèredéfensif.Il apparaît donc qu'en riposte à une agres-
siondes mesures clandestines ont étéep t euvent légitimementêtrepriseset
qu'elles ne sauraient, vu leur nature, êtreportées à la connaissance du

Conseil de sécurité sans queleur sûreté etleur efficacité nes'en trouvent
compromises.
224. Quatrièmement, il se peut qu'un Etat agissant en état delégitime
défensepréfère agir secrètement,non parce qu'ildoute - ou doitdouter -
de la licéitéde son action, mais pour d'autres raisons parfaitement res-
pectables. En l'espèce, ilsemble par exemple que le Gouvernement du
Honduras tienne àne pas reconnaître officiellement cequi est claià titre
officieux :que les contrasont des bases au Honduras. Apparemment, le
Gouvernement du Honduras ne souhaitait pas, et continue à ne pas
souhaiter, s'engager.ouvertement etofficiellement dans lavoiede relations
hostiles avec le Nicaragua mêmes'ildénonçait nettement la politique de
cet Etat. Siles Etats-Unis avaient opéréàvisagedécouvertet avaient alors

fait rapport au Conseil de sécurité, celaaurait pu soulever des problèmes
auxquels le Honduras aurait attaché de l'importance. Par ailleurs,il a pu
sembler aux Etats-lJnis que leschances de parvenir à un accommodement
diplomatique avec le Nicaragua seraient plus grandes si des pressions
discrèteset non proçlaméesétaientexercéessur ce pays. Si les Etats-Unis
ont agide façon secrèteplutôt qu'ostensible, c'estpeut-êtreaussi pour des
raisons tenant à la surveillance exercéepar le Congrèsou pour des motifs
de politique intérieure. Maisde telles considérations n'impliquent pas
nécessairementque les mesures prises par les Etats-Unis, ou leurs moti-
vations, n'avaient pas un caractèredéfensif.Pour toutes ces raisons, le fait
que les Etats-Unis n'ont pas porté à la connaissance du Conseil de sécu-
ritéles mesures qu'ils prenaient ne signifie pas nécessairement qu'elles
n'avaient pas un caractère défensifni que les Etats-Unis considéraient
qu'ils ne les avaient pas prises dans l'exercice de leur droit de légitime

défense collective.
225. Il faut ajouter que, si les Etats-Unis n'ont pas portà la connais-
sance du Conseil de sécuritéles mesures qu'ils disent avoir prises dans
l'exercicedu droit clelégitime défensei,l est arrivé plusd'une fois, lors dedébatsquiont eu lieuau Conseil à la suite de plaintes du Nicaragua contre
les Etats-Unis, que ceux-ci fassent savoir qu'ilsparticipaientà une action
défensiveen riposte à des actes d'agression commis antérieurement et
présentementpar leNicaragua. Les Etats-Unis l'ontfait savoir bien avant

que leNicaragua n'eûtintroduit laprésenteinstancedevant la Cour. Ainsi,
dès mars 1982, peu après que les contras, soutenus par les Etats-Unis,
eurent intensifié leursactivités,lNicaraguaadéposéuneplainte devantle
Conseil de sécurité, et c'esltecoordonnateur Ortega qui est venu y repré-
senter le Nicaragua.. Mme Kirkpatrick lui a répondu par une longue dia-
tribe. Lesaccusatiorishabituelles du NicaragL, et des Etats-Unis. ,.i sont
maintenant bien coinnues,furent échangées.Les Etats-Unis indiquèrent,
lors du débatdu Conseil de sécurité, qu'ils avaient pris certaines mesures
de riposte <pour lasauvegarde de [leur]propre sécuritéetde celled'autres

Etats menacéspar legouvernement sandiniste ))(voir S/PV.2335, p. 48).Il
s'agissaiten particulier de survols, mais les Etats-Unis concluaient que ces
mesuresavaient été ]prisesdans lecadre de la légitimedéfenseindividuelle
ou collective. Etant ,donnéque les pressions militaires exercéesà l'époque
par les Etats-Unis sur le Nicaragua étaient secrètes,on ne pouvait guère
s'attendre à ce qu'ils énumèrentexpressément les mesures qu'ils avaient
prises pour aider les contras au titre de la légitime défense. Ils sesont
exprimésen termes généraux.
226. Répondantune nouvelle fois à une plainte du Nicxagua, Mme Kirk-
patrick a déclaréaii Conseil de sécurité,le 2 avril 1982, que son gou-

vernement est attaché au principe de non-intervention mais que << de
toute évidence ...celanesignifienullement quelesEtats-Unis renoncent au
droitde sedéfendre,ni que nous n'aiderons pas lesautres àsedéfendre ..))
(S/PV.2347, p. 7.) Replacéedans son contexte, cette déclaration indique
aussique lesEtats-Unis songeaient à un droitde légitimedéfensecollective
contre lesactesdu Nicaragua au Salvador. Dans la mêmeveined , evant les
plaintes renouveléesdu Nicaragua, Mme Kirkpatrick a affirméau Conseil
de sécurité,le 25 mars 1983 :

(<Ainsi, il est légitimepour les gouvernements communistes d'en-
traîner lesarméesdeguérilleroset de fairela guerre à leurs voisinsnon
communistes. IIest illégitimepour les non-communistes d'essayerde
se défendreeux-mêmes oupour d'autres de les aider à se défendre.0
(9PV.2423, p. 54-55.)

Le 9 mai 1983, Mme Kirkpatrick a déclaréau Conseil de sécurité

<Le Gouvernement du Nicaragua une fois de plus s'est porté
devant leConseil pour exigerque lesNations Unies lui accordent une
protection internationale pendant qu'ildéstabilisesesvoisins. Il pré-
tend qu'un peuple réprimépar les armesétrangèresd'une superpuis-
sance n'a pas le droit de se défendre contre cette répression. ))
(SPV.2431, p. 62.)

On peut considérerqu'unefoisdeplus lesEtats-Unis ont reconnu,quoiqueen termes prudents, ledroit d'El Salvador dedemander une aidecontre les
actes d'agression du Nicaragua et le droit des Etats-Unis de la leur accor-
der. Le 3février1984aencore été l'occasionpour lesEtats-Unis d'affirmer
au Conseil de sécurité : Nous avons l'intention de poursuivre notre
coopération avec les amis que nous avons en Amérique centrale ...pour
défendre la liberté ..r)(S/PV.2513, p. 27.) Le 30 mars 1984,après avoir
dénoncéle soutien que le Nicaragua continuait d'apporter aux guérilleros
dans d'autres pays, et principalement au Salvador, les Etats-Unis ont

prétendu que le Nicaragua s'était adresséau Conseil de sécurité en
cherchant a empêcher ses voisinsde se défendre contre les efforts de
subversion et de renversement effectuéscontre les pays voisins a partir du
Nicaragua r)(S/PV.;!525, p. 41).
227. Malgré ce qui précèdei,l n'en reste pas moins que, si on la prend à
la lettre, une des conditions poséespar la Charte desNations Unies a été
violée.Cette condition relèvede la procédure ;en elle-même,elleneporte
pas atteinte et, d'après les termes de l'article 51, elle ne peut pas porter
atteinte au droit fondamental et naturel de légitime défense, individuelle
oucollective. Lesmesures que lesEtats-Unisont prises pour veniren aide a
El Salvador, en recourant notamment a la force contre le Nicaragua, de
défensivesqu'ellesétaientnedeviennentpas agressivesparce qu'elles n'ont
pas été portées à la connaissance du Conseil de sécurité.Il y a néanmoins
violation d'une disposition importante destinéea permettre au Conseil de
sécurité d'exercerentemps voulu sa compétencepostérieure. Même s'ilest
raisonnable de considérer que le Nicaragua est déchu du droit de se

plaindre des mesures clandestines de riposte des Etats-Unis, a cause des
actes d'intervention et d'agression clandestins qu'il a commis et commet
encore, la communaiitéinternationale dans son ensemble, représentéepar
le Conseil de sécurité,a intérêtque la paix et la sécurité internationales
soient maintenues et il ne faudrait pas que leur maintien soit hypothéqué
par lefait qu'un Etat n'apas porté à la connaissancedu Conseil de sécurité
les mesures défensives qu'ila prises.
228. Il convient cependant de rappeler que, si la licéitédes actes des
Etats-Unis en l'espècedoit êtreappréciée, nonpas par rapport àla Charte
des Nations Unieset aux autres traitésinvoquéspar le Nicaragua mais, du
fait de la réserveaméricainerelative aux traités multilatéraux,par rapport
au droit international coutumier, on ne trouve pas trace, dans le droit
international couturriier, d'une obligationqu'auraient les Etats d'informer
leConseil de sécurité. Parconséquent,dans l'affairedont la Cour est saisie,
on peut conclure en tout étatde cause que les Etats-Unis ne peuvent pas

êtreconsidéréscomme ayant violéune obligationjuridique internationale
parce qu'ils n'ont pasporté des mesures défensives a la connaissance du
Conseil de sécurité.
229. En ce qui concerne l'obligation d'informer le Conseil de sécurité
prescriteà l'article51de la Charte desNations Unies, ilsembleque laCour
sefonde dans son arrêt surun autre argument, qui peut serésumercomme
suit :puisque El Salvador n'ajamais prétendu qu'il agissait au titre de la
légitime défense, av.ant de déposer sa déclaration d'intervention en laprésente affaire en 1984,et puisque les Etats-Unis n'ontjamais prétendu
qu'ils agissaient au titre de la légitimedéfensecollective, avant que la

présenteinstancesoitintroduite, ilest trop tard pourque cesdeux Etats, ou
tout au moins les Etats-Unis, invoquent la légitimedéfensemaintenant.
J'aidéjàexprimédesdoutesquant àla réalitdesfaits sur lesquelsla Cour
se fonde pour parvenir à cette conclusion (voir ci-dessus par. 186-190).
230. Aprèstout, une telle limitation existe-t-elle en droit international
général ?Aux termes de l'article51de la Charte, lesmesuresprises par des
Membres de l'orgariisation desNations Unies dans l'exercicede leur droit
de légitime défense individuelle ou collective<(sont immédiatement por-
téesà laconnaissance du Conseil desécurité D.Mais, sicesmesures ne sont
pas portées a sa connaissance, s'ensuit-il qu'on ne peut pas prétendre
ensuite qu'il s'agissaitde mesures de légitimedéfense ? Je ne le crois pas.

En effet, parvenirà une telleconclusion reviendrait àattribuer àune règle
de procédure, si importante soit-elle, le caractère décisifd'une règlede
droit matériel, cequi ne serait pasjustifié.Un Etat ne peut êtreprivéou se
priver lui-mêmede son droit naturel de légitime défense, individuelleou
collective,pour n'avoirpas porté à la connaissance du Conseil de sécurité
les mesures qu'il a prises dans l'exercicede ce droit.

Q. Si les Etats-Unis sont fondésà invoquer la légitimedéfense,
cela suffit à réfuter pratiquement toutes les thèses nicaraguayennes

231. Quand un E.tatest accuséd'avoir utilisé la forcede manière illicite,
alors qu'ilétait en fait enétatde légitime défense, cet Etat est exonérée

tout manquement à ses engagements internationaux. A mon avis, tel est
précisément lasituation en l'espèce.
232. C'est dans cette optique que, lors de l'élaboration des projets
d'articles de laCon~missiondu droit international sur la responsabilité
des Etats, dans le chapitre intitulé<(Circonstances excluant I'illicéitéO,
M. Ago a proposéla disposition suivante :

« Article 34. Légitimedéfense
L'illicéitd'un fait d'un Etat non conforme à une obligation inter-
nationale enversun autre Etat est excluesicefait aétécommispourse
défendresoi-même ouun autre Etat d'une agressionarméeselon les
termes del'article51de laCharte desNations Unies. r)(Annuairede la
Commission du droit international, 1980, vol. II, première partie,

p. 68.)
Il ressort du commentaire détaillédont M. Ago a assorti cet article que
celui-ci exprime bien le droit international en la matière (ibid.,
p. 50-68).
233. LaCommission du droit international aapprouvélaproposition et

le raisonnement de M. Ago, et elle a rédigéson projet d'article comme
suit: <(Article34. Légitimedéfense

L'illicéité d'ufnait d'un Etat non conforme à une obligation inter-
nationale de cet Etat est excluesicefait constitue une mesure licitede
Iégitimedéfense prise en conformité avec la Charte des Nations
Unies. )> (Annuaire de la Commission du droit interrlational, 1980,
vol. II,deuxièmepartie, p. 50.)

Lecommentaire de laCommission relatif à cet article contient lespassages
suivants :

1)Leprésentarticle neviselaIégitimedéfensequedu pointde vue
et dans le cadre des circonstances excluant I'illicéité...Son but est
uniquement de préciserque, là ou les conditions nécessaires à I'exis-
tence d'un état deIégitimedéfensesont remplies, un recours par un
Etat à l'emploide la force arméeeffectuédans le but précisd'arrêter
ou de repousser une agression d'un autre Etat ne saurait êtreun fait
internationalenient illicite, et cela en dépit de I'existence actuelle,
dans la Charte des Nations Unies et dans le droit international cou-
tumier, de l'interdiction généraldeu recours àl'emploide la force.[Le
présent article]..se limite à prendre comme prémisse I'existencedu
principe généraladmettant la Iégitimedéfensecommeexception cer-
taine, et ne pouvant pas faire l'objet d'une renonciation,à I'interdic-

tion générale du recours àl'emploide laforcearmée,etil selimite àen
tirer lesconséquencesqui s'imposentencequi concerne l'exclusionde
I'illicéitdes faits de 1'Etatdans lesquels ce recours a lieu dans les
conditions qui constituent l'étatde Iégitimedéfense.

L'existence. àlabasedu comportement adoptéparI'Etat,d'unétatde
Iégitimedéfense a poureffet ..de suspendre ou de supprimer tout à
fait en l'espècele devoir d'observer l'obligation internationale qui,
dans le cas présent,est l'obligation généralede s'abstenir de l'emploi
ou de la menace:de la force dans lesrelations internationales. Quand
on est en présence d'unétatde Iégitimedéfense, l'élément objectd ifu
fait internation.alement illiciteà savoir la violation de I'obligation
interdisant le rr:coursà la force, fait défaut et, partant, aucun fait

illicite n'a pu avoir lieu.(Ibid.,p. 50, 58.)

R. Le minage des ports nicaraguayensétaitillicite à l'égarddes Etats tiers
mais licite à l'égarddu Nicaragua

234. Il n'estpascontestéque leseaux ou lesports nicaraguayens ont été

minés en1984.Des preuves n'ont pasété présentées à la Cour, ni ne sont
apparues dans le domaine public, pour réfuter les affirmations nicara-
guayennes suivant lesquellesdes agents du Gouvernement desEtats-Unis
avaient procédéau minage. Au contraire, le président des Etats-Unis et
d'autres responsableijde l'exécutifaméricainont admis que les Etats-Unis ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS CHWEBEL) 379

étaient impliquésdans la pose de petites mines dans les eaux des ports

nicaraguayens, et il existe des preuves de leurs déclarations.
235. On ne sait pas trèsbien si le minage visaità interrompre la navi-
gation commerciale ou s'ilrépondait éventuellement à un but de belligé-
rance, tel que l'interruption des expéditions d'armes en provenance de
pays communistes r:t à destination du Nicaragua, pour réexpéditionaux
insurgés d'El Salvador,ou les deux à la fois. Les mines n'étaient pas
conçues pour provoquer des dommages importants et elles n'en ont pas
provoqué.Elles ont cependant causédes avaries aux navires de plusieurs
Etats. De plus, la marine nicaraguayenne a subi des pertes lors des opé-
rations de déminage,et le commerce du Nicaragua a souffert de ces évé-
nements.
236. Au XXesiècle,il a étéfaitabondamment usage de mines au cours
d'opérationsde guerre. Leur emploi, dans certaines conditions, est envi-
sagépar la convention de La Haye de 1907relative àla pose de mines de

contact sous-mari ni:^automatiques, à laquelle le Nicaragua et les Etats-
Unis sont parties. En droit international, un belligérant a la faculté de
prendre des mesures raisonnables (a fortiori dans les eaux intérieuresde
son adversaire) pour empêcherles navires, y compris ceux qui battent
pavillon d'un Etat tiiers,de faire relâche dans les ports ennemis. L'emploi
de mines au cours d'hostilitésn'estdonc pas en soiillicite.Il en est ainsi de
nosjours, que leshostilitéssoient déclaréesou non ;il n'estpas nécessaire
qu'un étatdeguerreou de belligéranceexiste.Sil'emploide laforce par les
Etats-Unis contre leNicaragua est licite,alors lerecours au minage dans le
cadre de cet emploi de la force peut, en principe, l'être ausàicondition
d'avoir lecaractèred'une mesure prise dans I'exercicedu droit de légitime
défensecollective.
237. Ainsi que M.Ago l'asoulignédans lespassages de son rapport à la

Commission du droit international citésau paragraphe 212de la présente
opinion, les mesures de légitime défensep, our êtreproportionnées, n'ont
pas besoin d'êtrela répliqueexactedes mesuresoffensivesde l'agresseur.Il
faut rappeler en outre que, comme le Honduras l'aprétendudans sa note
de protestation au Nicaragua du 30juin 1983, leNicaragua a apparem-
ment minéles routes honduriennes, ce qui a entraînédes pertes en vies
humaines (contre-niémoire des ~tats-unis, annexe 61) ; le minage de
routes au Salvadorpar lesinsurgésdecepays,au moyende mines terrestres
et d'explosifs quiseraientfournis par leNicaragua ou transiteraient par ce
pays, est de pratique courante. Les pertes qui en résultent dépassentde
beaucoup celles qu'a provoquées leminage des ports nicaraguayens. En
conséquence,le fait que le Nicaragua s'en soit tenu à poser des mines
terrestres ouàaider ;lesposer et sesoit bornéà menacer de miner lesports

étrangers(voirappendice, par. 119, 136),n'apasen lui-mêmepour résultat
de rendre le minage des ports nicaraguayens par les Etats-Unis, dans
l'exercicede leur droitde Iégitimedéfense collective,disproportionnéou à
d'autres égardsilliciteà l'égarddu Nicaragua.
238. Toutefois, à l'égarddes Etats tiers dont les navires ont étéen-
dommagés ou les ressortissants blesséspar des mines posées par lesEtats-Unis ou pour leur compte, ilsepeut que lesEtats-Unis assument une
responsabilitéinternationale. LesEtats tiers avaientet ont toujours ledroit
de commercer avec leNicaragua, et leurs navires celui de relâcher dans les
ports nicaraguayens. S'il fallait admettre que les Etats-Unis peuvent
prendre des mesures équivalant à un blocus des ports nicaraguayens, par
exemple en minant <:esports, ce ne pourrait êtreque si leminage des ports
nicaraguayens était annoncépubliquement et officiellement et si la navi-
gation internationale était dûment avertie par lesEtats-Unis que des mines
seraient ou avaient été mouilléesdans telles et telles eaux. Or aucun
avertissement de ce genre n'aétédonnéparles Etats-Unis, ni à l'avanceni
au moment de la pose des mines ; la navigation internationale n'a pas été

dûment alertée en temps voulu et de manière officielle.Il semble que les
contras aient fait de:smises en garde contre le minage des ports nicara-
guayens (voir The Mining of Nicaraguan Ports and Harbors, Hearing
and Markup before the Committee on Foreign Affairs O,House of Repre-
sentatives, Ninety-e~ghthCongress, Second Session, on H. Con. Res. 290,
p. 31,40). Mais on peut se demander s'ilétaitdans l'ordre des choses que
les Etats tiers et leur marine prennent au sérieuxde tels avertissementsdes
contras.On pourrait soutenir que les mises en garde des contrasatténuent
peut-êtrela responsabilitédes Etats-Unis ; maisje ne crois pas qu'elles les
dégageraient de toute responsabilité.
239. L'obligation incombant à un Etat de faire connaître l'existence

d'un champde minesposéespar luiou dont ilaconnaissancea été affirmée
par la Cour en l'affaire du Détroitde Corfou(C.I.J. Recueil1949,p. 22). A
cet effet, elle s'est fondéenon sur la convention de La Haye de 1907,

(<qui est applicable en temps de guerre, mais sur certains principes
généraux et bien reconnus, telsque des considérations élémentaires
d'humanité, pliis absolus encore en temps de paix qu'en temps de
guerre, le principe de la liberté des communications maritimes et
l'obligation, pour tout Etat,de ne pas laisser utiliser son territoire aux
fins d'actes conitraires aux droits d'autres Etats )).

Les Etats-Unis n'orit pas respectécette obligation d'informer les Etats
tiers.
240. Par rapport au Nicaragua,cependant, un autre facteur entre enjeu,
en plus de ceux qui ont été indiquésci-dessus. Le Nicaragua viole une
obligation très importante, que la Cour a mentionnée dans I'affaire du
Détroitde Corfou,celle (de ne pas laisser utiliser son territoire aux fins
d'actes contraires aux droits d'autres Etats ))Puisque leNicaragua violeet
persiste à violer cette obligation primordiale, qu'il a commencé à le faire
plusieurs années avant la pose des mines et a persisté à le faire pendant et
après, iln'est pas foridéà seplaindre du minage de sespropres ports. Pour

reprendre la conclusion de l'opinion individuellede Hudson dans I'affaire
des Prises d'eau a la Meuse (C.P.J.I. sérieA/ B no 70,p. 77) : <(Un important principe d'équité sembleraitêtreque, quand deux

parties ont assuméuneobligationidentiqueou réciproque,une partie
qui, de manière continue, n'exécute pascette obligation, ne devrait
pas êtreautorisée à tirer avantaged'une non-observation analogue de
cette obligation par l'autre partie ...un tribunal. liépar le droit
international, ne devrait pas reculer devant l'application d'un prin-
cipe si évidemmentjuste. ))

Et, comme concluait Anzilotti dans son opinion dissidente en la même
affaire :

<(Je n'ai vraiment aucun douteque le principe qui est à la base de
cette conclusion (inadimplenti non est adimplendum) soit si juste, si
équitable,si universellement reconnu qu'il doive être appliquéaussi
dans les rapports internationaux. 11s'agit, en tout cas, d'un de ces
<principes génkrauxdedroit reconnus par lesnations civilisées que
la Cour applique en vertu de l'article 38 de son Statut. ))(C.P.J.I.

serie AIB no 70:p. 50.)
Wilfred Jenks a soulignéque : La conviction de Hudson que ce principe
était applicablea été partagéepar la majoritéde la Cour (ibid.,p. 25)et par

Anzilotti (ibid.p. 50). ))(The Prospects of InternationalAdjudication, 1964,
p. 326, note 30.) La Cour a conclu en ces termes :

Dans ces conditions, la Cour estime difficile d'admettre que les
Pays-Bas soient.fondésa critiquer aujourd'hui la construction et le
fonctionnemeni. d'uneéclusedont eux-mêmesavaientantérieurement
donnéI'exemplle. ))(Prises d'eaua la Meuse, C.P.J.I. sérieA/B no 70,
p. 25.)

S. Les Etats-Unis ne sontpas intervenus illicitement
dans les a/J~iresintérieures ouextérieures duNicaragua

241. Sefondant sur lesmêmesfaits qu'ilallèguecontre lesEtats-Unis en
ce qui concerne I'eniploi de la force contre lui, le Nicaragua affirme en

outreque les Etats-Unis ont violéleursobligationsen vertu desarticles 18,
19.20 et 21 de la charte de l'organisation desEtats américainset en vertu
du droit international coutumier. Sa thèse est essentiellement que les
Etats-Unis sont intervenus illicitement dans les affaires intérieures et
extérieuresdu Nicar,aguaen essayant de modifier la politique du Gouver-
nement nicaraguayen ou le régime lui-même.

242. Compte tenu des injonctions généraleset catégoriquescontre l'in-

tervention que contient la charte de I'OEA et des règlesbeaucoup plus
limitées mais néannioins importantes du droit international coutumier
relatives à la non-intervention, la thèse nicaraguayenne paraît extrême-
ment solide à première vue. A l'analyse, elle se révèlecependant inadé-
quate, et cela pour deux raisons (en plus de celles qui découlent de laréserve relative aux traités multilatéraux).La première contribue beau-
coup à réfuterlesthèsesnicaraguayennes au sujet de l'intervention illicite.
La seconde les réduit à néant.
243. Il a étéindiqué que, pour obtenir que I'OEA et ses membres la
reconnaissent commesuccédantau gouvernement du présidentSomoza,la

junte de reconstruction nationale, donnant suite à la résolutionde I'OEA
du 23juin 1979,s'était engagéevis-à-vis de l'OEA et de ses membres à
gouverner conformkment à des normes et pratiques démocratiques bien
définies(voir lesparagraphes 8 à 13de l'appendice à la présente opinion).
Il a aussi étéindiqué que le Gouvernement nicaraguayen n'avait pas
respecté ses engagements et que son attitude étaitdélibérée ectorrespon-
dait à une politique gouvernementale voulue. (Ibid.)
244. Il est admis en droit international qu'un gouvernementrépond des
actes de révolutionnaires arrivés au pouvoirqui engagent leur responsa-
bilité civileetcontractuelle (voir la sentence rendue par William H. Taft,
arbitre unique, dan.s l'affaire Tinoco, 1923, Nations Unies, Recueil des
sentences arbitrales,vol. 1,p. 375). Comme l'a dit F. K. Nielsen :

Un gouvernement est responsabledes actes des révolutionnaires

qui ont triomphé. La règlede responsabilité s'applique à la respon-
sabilitécivileainsiqu'aux obligationscontractuelles souscrites par les
révo1utionnaire:çqui ont réussi à s'emparer du contrôle de 1'Etatou à
rejeter l'autorité d'un gouvernement établi. )) (International Law
Applied to Reclczmations,1933,p. 32.)

Il est de mêmeadmis que les groupes d'insurgés peuvent conclure des
traités(voir les((Projets d'articles sur le droit des traitéO,accompagnés
d'un commentaire, rapport de laCommission du droit international sur les
travaux de sa dix-huitième session, Annuaire de la Commission du droit
international,1966,vol. 11,p. 193).La <règle ..dont onconstate qu'elle est
établiedans la pratique des Etats et acceptéepar la doctrine ... est, selon
Hans Blix, que :

Un gouvernement révolutionnaire est compétent en vertu du
droit international pour concluredestraités au nom de 1'Etatqu'ildit
représenter ... àla seule condition qu'il paraisse jouir de l'autorité

effective, de sorte qu'il soit hautement probable qu'il est àmême en
fait de remplir 1t:sobligations qu'ilest disposà souscrire... (Treaty-
Making Power, 1960,p. 146.)

245. Dans son avisconsultatif sur lesDécretsdenationalitépromulgué ùs
Tunis et LIU Maroc (C.P.J.I. série Bno 4, p. 24), la Cour permanente de
Justice internationale a cerné dans des termes devenus classiques ce qui
relèvede la compéte:ncenationale :

La question de savoir si une certaine matière rentre ou ne rentre
pas dans le domaine exclusif d'un Etat est une question essentielle-
ment relative : elle dépend du développement desrapports interna- ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL)383

tionaux ..il se peut très bien que. dans une matière qui n'est pas, en

principe, régléepar le droit international, la libertéde 1'Etatde dis-
poser à son gri: soit néanmoins restreinte par des engagements qu'il
aurait pris envers d'autres Etats. En ce cas, la compétence de I'Etat.
exclusive en principe, se trouve limitéepar des règlesde droit inter-

national. ))

Rien n'empêcheun Etat ou une junte révolutionnaire capable de lier cet
Etat de prendre des engagements vis-à-vis d'autres Etats dans des do-
maines qui relèveraient normalement de sa compétence exclusive. C'est

ainsi au'en vertu di1statut du Conseil de I'Euro~e chacun des membres
de ce Conseil reconnaît le principe de la prééminencedu droit et le prin-
cipe en vertu duquel toute personne placéesous sa juridiction doit jouir
desdroits de l'hommeet des Libertés fondamentales 1(art. 3).Tout membre
du Conseil qui aurait gravement violél'article 3 pourrait êtresuspendu de

son droit de représentation. Les événementsmontrent que le Conseil de
l'Europe entend faire respecter ces obligations internationales ; on ne
saurait s'en dégager en invoquant la compétence nationale et la non-
intervention.

246. De façon analogue, la junte nicaraguayenne de reconstruction
nationale, par les engagements qu'elle a pris non seulement envers I'OEA
mais envers ses membres. dont les Etats-Unis (membres qui, individuel-
lement, et en contrepartie desdits engagements, ont reconnu la junte

comme Gouvernement de la République du Nicaragua), a. elle aussi. fait
de son régimeinterne et de sa politique étrangère, dans la mesure résultant
de ses engagements., un élémentde ses obligations internationales. Ainsi,
quelle que puisse être normalement la liberté O du Nicaragua de dis-
poser a son gré ))cette libertéest (<néanmoins restreinte par des engage-

ments ...pris envers ))les membres de I'OEA, y compris les Etats-Unis. Il
s'ensuit que, quand les Etats-Unis exigent que le Nicaragua s'acquitte des
engagements souscritsenvers I'OEA et ses membres, y compris les Etats-
Unis, qu'il s'agisse du respect des droits de l'homme, de faire régner la
justice civile et d'organiser des élections libres,et quand ils exigent que la

junte respecte ses .promesses concernant (un gouvernement vraiment
démocratique ...et garantissant pleinement lesdroits de l'homme et les
libertés fondamenGles O, y compris la libertéd'expression et de publi-
cation et la liblertésyndicale )).ainsi qu'« une politique extérieure

indépendante de non-alignement )>(voir les paragraphes 8 à 11 de l'ap-
pendice àla présenteopinion), les Etats-Unis n'o interviennent pas dans
les affaires intérieuresou extérieuresdu Nicaragua. Ces exigences ne sont
pas une forme d'ingérenceou de tendance attentatoire à la personnalité

de 1'Etat du Nicaragua. II s'agit d'efforts parfaitement fondés en droit
pour inciter le Nicaragua à respecter ses obligations internationales.
247. La Cour a cependant jugé que, par les communications qu'il a
adressées en 1979 à.I'OEA et à ses membres. le Nicaragua n'a pas pris
d'engagements. On relèvera que cette conclusion est incompatible non

seulement avec lesvues desEtats-Unis que la Cour cite dans sonarrêt.mais aussi, apparemment, avec celles du Nicaragua (voir le paragraphe 53 de
l'appendice à la présente opinion). A mon avis, il est clair que les enga-
gements du Nicaragua sont en substance les suivants : en contrepartie du
fait que I'OEAetsesmembres dépouillaientlegouvernement Somozadesa
légitimitéet reconnaissaient la junte comme le Gouvernement du Nica-
ragua, lajunte s'estexpressément engagéeenversI'OEAet ses membres à
réaliser ))des obligations précises (voirles paragraphes 8 à 13 de I'ap-
pendice, et en particulier le paragraphe 10).L'ancien directeur du dépar-
tement des affaires Juridiques de I'OEA, M. F. V. Garcia Amador, m'a

renforcédans cette conclusion lorsqu'il a déclaréque lesdits engagements
de la junte constituaient pour elle une obligation formelle o. A son
avis :

Ces obligations impliquent la constitution d'un gouvernement
démocratique où sont représentés lesprincipaux groupes de I'oppo-
sition au précédentrégime,et la garantie que la junte respectera les
droits de l'hommede tousles Nicaraguayens, sans exception. Les con-
ditions imposéespar la réunion[la dix-septième réunionde consul-
tation des ministres des relations extérieures de I'OEA en 19791
n'étaientpas inattendues, compte tenu en particulier de la résolution
adoptéele 23juin 1979quiproposait [le] <(remplacement immédiat et

définitifdu régimede Somoza ))pour résoudre la situation au Nica-
ragua. O(Loc. c.it.,p. 40.)
248. Il est bien évident que,par les engagements écrits qu'ellea pris à
l'égardde I'OEA et de ses membres, la junte n'a pas conclu un accord

international ayant liiforme d'un traité.Cependant, comme lereconnaît la
convention de Vienrie sur le droit des traités(art. 3) et comme l'ajugé la
Courpermanente de Justice internationale en l'affaire du Statut juridique
du Groënland orientczl(arrêt,1933, C.P.J.I. série A/ B no 53, p. 7l), un
engagement international qui oblige un Etat n'exigepas la forme écriteet
moins encore une formeparticulièrement solennelle. Il s'agit seulementde
savoir si l'organe étatique concerné adonné une assurance ou pris un
engagement qui,corriptetenu des circonstances, doit êtreconsidérécomme

leliant.Quand un gouvernement révolutionnairequi demandait à sefaire
reconnaître a donné à des gouvernements étrangers certaines assurances,
celles-ciont plus d'uinefois étéconsidéréespar ces gouvernementscomme
obligeant legouverni:ment révolutionnaireet sessuccesseurs.Je nevoispas
pourquoi en l'occurrence les assurances données par la junte n'étaient
pas obligatoires, d'autant qu'elles avaient été donnéesnon seulement à
I'OEAmais aussi à s'e(1Etats membres )).C'étaient des assurancesque la
junte disait avoir <(réaffirmées )),qu'elle qualifiait de ((décision qui,

laissait-elle entendre, avait étéprise par elle conformément à la résolu-
tion de la dix-septième réunionde consultation des ministres des relations
extérieuresde 1'OEPhadoptée le 23juin 1979 o.Elle ajoutait que le gou-
vernement prendrai1 immédiatement les mesures suivantes : ...Décré-
terla loiorganique qui régiralesinstitutions de I'EtatO conformément à un
programme que le gouvernement de reconstruction nationale réalisera.Comme la commission interaméricaine des droits de l'homme l'a reconnu,

I'OEA a niéla légitimitédu gouvernement Somoza. Elle a reconnu lajunte
à des conditions que celle-ci a acceptées. En contrepartie, la junte a
expressément stipuléce qui suit :immédiatementaprèsson installation au
Nicaragua, les Etats membres de I'OEA ... procèdent [à sa reconnais-
sance] en tant que gouvernement Iégitimedu Nicaragua ... ));pour sapart,

il prend immédiatement les mesures suivantes ... : promulguer la loi
fondamentale ... Décréterla loi organique [et] mettre en Œuvre [son]
programme (appendice. par. 10).L'OEA et sesmembres ont honoréleurs
engagements mais leGouvernement du Nicaragua n'apas honorélessiens.

Il est clair non seulement qu'une obligation internationale est née mais
aussi qu'elle a étéviolée.
249. Il n'en découlecependant pas que les Etats-Unis ont le droit d'em-
ployer n'importe quel moyen pour amener le Nicaragua a honorer ses
obligations internationales. Selon la Charte desNations Unies et selon le

droit international coutumier contemporain, un Etat n'a pas, d'une ma-
nière générale,le droit d'employer la force pour obliger un autre Etat
à s'acquitter de se:; obligations juridiques internationales ; il ne peut
employer la force que s'ilen est régulièrementrequis par l'organisation des

Nations Unies ou par des organismes régionaux agissant conformément
aux buts et principe!; des Nations Unies. ou encore dans l'exercicedu droit
de légitimedéfense individuelle ou collective.
250. J'en arrive àla seconde raison, laquelleest décisive. LesEtats-Unis
affirment que les mesures de force qu'ils ont prises, directement et indi-

rectement. contre le Nicaragua, sont des mesures de légitime défense
collective. Si cette affirmation est fondée - et, pour les raisons exposées
ci-dessus. je la crois fondée - c'est une justification à opposer aux accu-
sations du Nicaragua, qu'elles portent sur l'emploi illicitede la forceou sur
l'intervention dont il se dit l'objet. Cela ressort des termes mêmesde la

charte de I'OEA, dont les articles 21 et 22 sont ainsi conçus :
Article 71

Les Etats am.éricainss'engagent dans leursrelations internationales
à ne pas recourir à l'emploi de la force. si ce n'est dans le cas de

Iégitiniedéfense,conformément aux traitésen vigueur, ou dans le cas
de l'exécutiondesdits traités.
Article 27

Les mesuresadoptées, conformémentaux traitésen vigueur, en vue
du maintien de la paix et de la sécurité. neconstituent pas une
violation des principes énoncés aux articles 18 et 20. ))

Comme je l'ai montré ci-dessus, l'emploi de la force par les Etats-Unis

cadre non seulement avec la ChartedesNations Unies mais aussi avec le
traité de Rio - l'un des traités en vigueur 1)auxquels renvoient les ar-
ticles 21 et 22 de Hacharte de I'OEA. En conséquence. les mesures
adoptées,conformément aux traités en vigueur. en vue du maintien de la
paix et de la sécurité ))par les Etats-Unis et El Salvador. dans l'exercicedeleur droit naturel de légitime défense collective, ne constituent pas une
violation des principes énoncésaux articles 18 et 20 de la charte de
I'OEA. Elles ne contreviennent pas non plus au droit international cou-
tumier. Quand un Etat est accusé d'intervention alors qu'il agissait en fait
dans le cadre de la légitimedéfensecollective, les mesures qu'il prend

s'entendent non comme une intervention illicite,mais comme des mesures
justifiées de contre-intervention ou de légitimedéfense.

T. Les Etats-Unis n'ontpas violéles obligations quele traité d'amitié,
de commerce et de navigation leur impose envers le Nicaragua

25 1. Si,commeje l'aiconclu plus haut, laCour n'apas compétencepour
se prononcer sur les griefs du Nicaragua fondés sur le traité bilatéral
d'amitié,de commerce et de navigation (voir les paragraphes 100 à 106de
la présente opinion)..il ne lui appartient pas dedire que les Etats-Unis ont
violélesobligations qu'ilsont envers le Nicaragua en vertu de ce traité.En
revanche, sila Cour estcompétente,ilconvient alors d'examiner, comme le

fait la Cour, les violations de ce traitéque le Nicaragua invoque.
252. Il est un point, parmi d'autres, sur lequel le Nicaragua revient
souvent quand il ex;posesa thèse :le traitédont il s'agit n'estpas qu'un
traitédecommerce, maisaussiun traitéd'amitié,et lesactescommis par les
Etats-Unis (soutien apporté aux contras,attaques lancéescontre des ins-
tallations pétrolière:;,minage de ports nicaraguayens, etc.) ne sont guère
amicaux. Cette dernière conclusion est évidemment exacte. En revanche,
les conseils du Nicaragua ne parlent pas des actes inamicaux commis
précédemmentpar le Nicaragua. Or, si c'est vraiment l'amitié qui est au
centre du traité(contrairement à cequeje pense), on peut direque cesactes
ont engagé laresponsabilité du Nicaragua en vertu de ce traité.
253. Peut-on considérercommeun acte amical, compatible avecce que
le Nicaragua affirme êtrel'essencedu traité,le fait que le Gouvernement
nicaraguayen a adopté, depuis qu'il a pris le pouvoir en 1979,un hymne

national qui contient le vers suivant :((Nous lutteronscontre le Yankee,
ennemi de l'humanité D,et ce malgré les représentations faites par les
Etats-Unis? (Voir Lawrence E. Harrison, The Need for a "Yankee
Oppressor". Crisis und Opportunity, U.S. Policy in Centrul Americu und
the Curibbeun, de Mark Falcoff et Robert Royal, 1984,p. 436.) La propa-
gande hostile aux Etats-Unis qui a paru régulièrementdans la presse offi-
cielle sandiniste, depuis que les révolutionnaires ont pris le pouvoir, y
compris pendant les,dix-huitmoisau cours desquels les Etats-Unis ont été
le principal dispensateur d'aide économique auNicaragua, était-elle ami-
cale? (lbid.,p. 437.) Amicales, les attaques politiques que les ministres
nicaraguayens ont faites publiquement et à tout propos contre les Etats-
Unis depuis que les sandinistes ont pris le pouvoir ?(lbid.)Et la politique
ouverte et absolue que leGouvernement nicaraguayen suivait pour aider à

renverser le Gouvernement d'El Salvador, alliédes Etats-Unis, peut-elle
êtreconsidéréecomme amicale ? Si la mention, dans le préambule du
traité,du resserrement des liens de paix et d'amitié doitêtreconsidéréecomme imposant au.%parties l'obligation de seconduire de façon amicale
I'une envers I'autre, comme le soutient le Nicaragua et comme la Cour
semble le reconnaître dans une certaine mesure. comment se fait-il que la
Cour n'ait pas tenu compte de cesviolations antérieures et persistantes du
traité par le Nicaragua ? Peut-êtreparce qu'elle a considéréqu'il fallait

distinguer, mêmedainsle casd'un traité d'amitié.la catégoriegénéraledes
actesinamicaux de la catégorieparticulièredes actes qui tendent <(àpriver
letraitéde son but et de son objet D.Mais, àmon avis, mêmecettecatégorie
particulière qu'elle créeamène la Cour à étendre de façon injustifiée et
inopportune la compétence que lui confère un traité de ce genre.

254. En tout étatde cause, la conclusion selon laquelle les Etats-Unis
ont violéles obligations qu'ils ont envers le Nicaragua en vertu du traité
n'est pas fondée.cair le traité n'interdit pas à une partie de prendre des
mesures ((nécessaires à l'exécution des obligations de l'une ou I'autre

partie relatives au maintien ...de la paix et de la sécuritéinternationales
ou àla protectiondes intérêtsvitaux de cettepartieence qui concernesa
sécurité o. .l'ai démontréplus haut que les Etats-Unis soutiennent avec
raison que les mesures qu'ils ont prises pour aider El Salvador, y compris
les mesures dirigéescontre le Nicaragua, étaient nécessairesà l'exécution

de l'obligation que leur impose le traitéde Rio de considérer une attaque
contre El Salvador commeuneattaque contre les Etats-Unis. En outre. les
Etats-Unisont soutenu que les mesures qu'ils avaient prises étaientnéces-
saires à la protection de leurs intérêtsvitaux en ce qui concerne leur

sécuritéa, rgument qiuine peut êtrerejetévu que leNicaragua est de plusen
plus intégréau groupe des Etats qui suivent l'Union soviétiqueet vu que le
Nicaragua continue d'entretenir la subversionchez sesvoisins. Si les Etats-
Unis sont fondés à irivoquer soit la clause relative aux mesures nécessaires
au maintien de la paix, soit la clause relative aux mesures nécessairesà la

protection des intéretsvitaux d'une partie en ce qui concerne sa sécurité.
I'uneou l'autre de cesclauses constitue un moyen de défensesuffisant pour
les disculper des accusations de violation du traité,si plausibles puissent-
elles sembler au regard des dispositions particulières du traité,notamment
en ce qui concerne le mouillage de mines et l'embargo commercial.

255. Pourtant. la Cour conclut que, s'agissant des pressions qu'ils ont
exercéessur le Nicaragua. les Etats-Unis ne peuvent pas êtreconsidérés
comme ayant agi en vertu de l'article XXI du traité.où il est stipuléque le
traité ne fera pas obstacle à l'application de mesures nécessairesà l'exé-

cution des t(obligations Ode I'uneou l'autre partie relatives au maintien ou
au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. La Cour
déclare:

La Cour ne pense pas que la disposition du traitéde 1956puisse
s'appliquer à la mise en euvre du droit de légitimedéfense indivi-
duelle ou collective. ))

Voilà cequ'elle déclareaprèsavoiraffirméquepar mesures nécessaires ((à
l'exécutiondes obligations de I'une ou I'autre partie relatives au maintien
ou au rétablissement de la paix et de la sécuritéinternationales O il fautentendre les mesures que 1'Etaten question ((doit prendre en exécution
d'un engagement international ... Mais la Cour ne dit pas pourquoi un tel
engagement fait défaut enl'espèce.Commeje l'aidémontréci-dessus, les

Etats-Unis sont liésprécisémenptar un engagement de ce genre, en vertu
du traitéde Rio.
256. Il convient d'ajouter qu'aucun principe ni aucune disposition du
droit international ou du droit en général n'empêch uen droit d'êtreaussi
une obligation. Un citoyen peut avoir le droit de vote ;dans de nombreux
pays, il a également I'obligationde voter. Un citoyen peut avoir ledroit de
servir dans les forces arméesde son pays ; il peut égalementen avoir
I'obligation. UnEtat peut avoir ledroitdeprendredes mesuresde Iégitime
défense collectivesiun autre Etat est victime d'une agression armée ;mais
le premier Etat peuit aussi avoir contracté envers le second I'obligation
conventionnelle de prendre des mesures de Iégitimedéfensecollective.

D'ailleurs, lanotion mêmede sécurité collectiveimplique qu'un Etat a à la
foisI'obligationet ledroit d'aider lesautres Etatsà résisteràune agression.
En la présenteespèce, lesEtats-Unis ont pris un tel engagement vis-à-vis
d'El Salvador confcirmémentau traitéde Rio. Par conséquent,les Etats-
Unis ont en mêmetemps un droit et une obligation (c'est là une des
conclusions auxquelles parvient M. Garcia Amador dans sa magistrale
interprétation du traitéde Rio ;voirci-dessus leparagraphe 196).L'appui
apporté par les Etats-Unis à El Salvador pour résister à l'aide que le
Nicaragua fournit a.uxélémentssubversifs au Salvador correspond donc
très exactement auxobligations souscrites en vertu du traitéde Rio et du
traité bilatéralde 1'956.

U. La responsabilitédu chefde la violationdu droit de la guerre

257. La Cour a conclu à juste titre que la responsabilité juridique
internationale du chefdes violations du droitde laguerre par lescontrasne
peut êtreimputée ;au Gouvernement des Etats-Unis. Pour des raisons
analogues, la resporisabilitéjuridique internationale du chef de violations
du droit de la guerrt:par les insurgésau Salvador ne peut pas, à mon avis,
êtreimputéeau Gouvernement du Nicaragua. Cependant, leNicaragua est
responsable de toutes lesviolations du droitde la guerre commises par ses
forces armées etdont la preuve a étéapportée (appendice à la présente

opinion, par. 13, 28, 206, 224, et les sources qui y sont mentionnées).
258. Néanmoins,la Cour déclareque les Etats-Unis, en produisant un
manuel intitulé Operarionessicolog~casen guerra de guerrillas et en le
répandantparmi lesforces contras,<(ont encouragé ))despersonnes ou des
groupes de personniesdu Nicaragua <(à commettre des actes contraires
aux principes générauxdu droit humanitaire n.
259. Ledroit international coutumier ne connaît pas ledélitd'c< encou-
ragement )).Il semble qu'aucun Etat n'ait jamais ététenu responsable
d'avoir violé lescoriventions de Genèvede 1949relatives à la protection
des victimes des conflits armés au motif qu'il aurait prôné des actes
contraires au droit humanitaire, bien qu'on puisse raisonnablement sou- tenir qu'un Etat qui encourage à commettre des violations ne fait pas
respecter les conventions de Genève comme il y est tenu par les disposi-
tions de celles-ci. VI. Ago a fait remarquer dans son septième rapport sur
la responsabilité des Etats, présentéà la Commission du droit internatio-
nal. qu'il serait erroné. de céderà la tentation de rapprochements trop

faciles... entre I'iricitation adressée par un Etat souverain à un autre à
commettre un fait internationalement illicite et la figure juridique de
1'0instigation au délit )>du droit pénal interne. Cette dernière figurejuri-
dique puise ses origines et trouve sa justification dans les mobiles psy-

chologiques de la détermination de la conduite individuelle - mobiles
auxquels on ne saurait assimiler ceux de la conduite étatique dans le$
rapports internationaux o. M. Ago conclut qu'en droit international
(nous ne connaissons pas de cas où. sur un plan juridique, on a prétendu à
la responsabilité internationale d'un Etat uniquement du fait de cette

incitation O(Anrluuirr de lu Corr~rr~issiondu droit internutionul1978,vol. II.
première partie, p. 52. par. 62. 63.)
260. Comme il ressort clairement de l'arrêtde la Cour et des observa-
tions que je formule sur ledit manuel dans l'appendice à la présente

opinion,ce manuel prône certainsactes qui sont conformesau droit de la
guerre et d'autres actes qui en sont des violations flagrantes. Il n'est pas
établique ces recommandations reflétaientla politiquedélibérée des Etats-
Unis - ilsemble au contraire que le manuel soit dû à l'initiative irréfléchie

d'un ou de plusieurs subalternes -, mais elles sont néanmoins répréhen-
sibles. Ce qui est indiscutable, que le Gouvernement des Etats-Unis puisse
ou non êtreconsidérécomme responsable, en vertu du droit international,
de la publication de ce manuel du chef d'((encouragement O,c'est qu'au-
cun gouvernement lnepeut trouver dejustification pour prôner officielle-

ment desactescontrairesau droit de la guerre. C'est pour cette raison que
j'ai votéen faveur ~clu sous-paragraphe pertinent du dispositif de l'arrêt.
261. Cependant, toutes ces recommandations. ainsi que les nombreuses
et odieuses violations du droit de la guerre attribuées à certains contras, et
donton a des preuves (mais qui nesont pas attribuées aux Etats-Unis), ne

transforment pas les mesures défensives prises par les Etats-Unis en
mesures agressives, constatation qui ne découlepas seulement du fait que
ces violations ne leuirsont pas attribuées. La différence qui existe entre les
règlesjuridiques régissant le droit d'employer la force à l'écheloninter-

national et les règlesjuridiques qui régissentla manière dont cette force
peut êtreemployée est àla fois importante et fondamentale. Au cours de la
seconde guerre moi~diale. les gouvernements des Etats alliés,qui se fai-
saient appeler <(Nations unies O, ont agi licitement dans le cadre de la

légitimedéfenseindividuelle ou collective contre l'agression des puissances
de l'Axe. Mais cela ne signifie pas que les forces de ces Nations unies n'ont
commis aucune violation du droit de la guerre, quand bien mêmeces
violations étaient modestes par rapport aux crimes de guerre délibérés et
sans précédent perpétrésen particulier par l'Allemagne. Pourtant. ces

violations du droit tle la guerre commises par les forces des Nations unies
n'ont pas transfornié leur lutte défensiveen une lutte d'agression. ACTIVITES MII.ITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 390

V. Le Nicaragua est l'agresseurc,ar il a étélepremier à employer
la.forcearméeen violationde la Charte

262. LeGouvernement de la RépubliqueduNicaragua s'estadressé à la
Cour en alléguantqu'ilétaitvictime d'actes illicitesd'emploide la force et
d'intervention. 11a cependant étédémontréque : a) le Gouvernement du
Nicaragua estparvenu au pouvoir grâceprécisément à certaines des formes
d'emploi de la force et d'intervention de l'étrangerdont il se plaint à
présent ; b)depuis son arrivéeau pouvoir, il a violé les engagements qu'il

avait pris envers 1'OEAet sesmembres dont certains l'ontaidé às'emparer
du pouvoir ; c)le Gouvernement nicaraguayen s'est livré lui-même à des
acteséquivalant à uineagression arméecontre El Salvador et à de multiples
actesd'intervention au Salvador et dans d'autres Etats voisins ;d)cesactes
d'agression du Gouvernement nicaraguayen ont étécommis <(en pre-
mier )),c'est-à-direavant que les Etats-Unis n'aient ripostépar lesmesures
dont le Nicaragua lleurfait grief. Dans ces conditions, les thèses nicara-
guayennes sont d'une belle audace !
263. Dans la définitionde l'agressionadoptéepar l'Assemblée générale

des Nations Unies le 14décembre 1974sont rangésparmi les actes qua-
lifiésd'actes d'agressionnon seulement <(l'envoipar un Etat ouenson nom
debandesou degroupes armés,de forcesirrégulièresoude mercenaires qui
se livrentà des attaques de forces arméescontre un autre Etat ..ou le fait
de s'engagerd'une rnanièresubstantielle dans une telle action »mais aussi
<(l'emploidelaforc~e arméeenviolation de la Charte par un Etat agissant le
premier [ce qui] constitue la preuve suffisante à première vue d'un acte
d'agression ... Cetiieinterprétation des obligations qu'impose la Charte
est en accord plut6t qu'en désaccord avecle droit international coutu-
mier.

264. Il est clair t:n l'espèceque l'emploi de la force armée à l'échelon
international - c'est-à-dire le fait pour le Nicaragua de s'être <engagé
d'une manière substantielle )) dans 1'<e(nvoi au Salvador de bandes
arméesquisesont livrées à desactes de force arméecontre cet Etat - a été
commis d'abord par le Nicaragua. Il a étéétablique la participation des
sandinistes à l'armement, à l'entraînement, au commandement et au con-
trôle des insurgéssalvadoriens, dont les dirigeants <envoyés r)du Nica-
ragua au Salvador faisaient fréquemment la navette entre les deux pays,
remonte à 1979,qu'ellea atteint son maximum enjanvier 1981puis a fluc-
tué.Le Nicaragua, pour sa part, n'aétabli aucunemploi de la force, direct

ou indirect, des Eta.ts-Unis contre le Nicaragua, avant décembre 1981ou
débutde 1982.11eri résulte qu'en l'espèce l'agresseur es àt première vuele
Nicaragua.
265. Il est révélateurque le Nicaragua ne rejette pas l'analysejuridique
qui précède, maisnie les faits sur lesquels elle repose. Le Nicaragua ne
soutient pas que ce qui constitue à première vueune agression n'en était
pas une parce que. s'il a appuyél'insurrection au Salvador, c'étaitpour
réagir à une provocation ou attaque, ou à une menace imminente d'at-
taque, de la part d'El Salvador. Le Nicaragua ne soutient pas qu'il puisselicitement essayer de renverser le Gouvernement d'El Salvador. dans le
cadre de ce que certains pourraient appeler une guerre de libération D.Au
contraire ilreconnaît indirectement que si, en fait. ils'est effectivement
livréà des actes d'intervention armée équivalant à une agression armée
contre El Salvador avant que les Etats-Unis n'aient riposté par des actes

d'intervention armke contre lui-même,c'est lui. le Nicaragua, qui est
l'agresseur. et non les Etats-Unis. C'est vraisemblablement la raison pour
laquelle officiellement le Nicaragua s'est évertué a nier devant la Cour ce
que ses dirigeants. son conseil et ses témoinsont implicitement ou expli-
citement reconnu, à savoir que le Nicaragua était engagéd'une manière
substantielle dans l'armement des rebelles d'El Salvador, en vue notam-

ment de leur offensive finale ))de janvier 1981. Bien que n'ayant peut-
être pas mesurétou,te la portée de cet aspect tant qu'un procès à ce sujet
n'étaitpas engagé,il se rend apparemment pleinement compte à présent
qu'admettre qu'il était effectivement engagé, vu les proportions et le
moment de son engagement, reviendrait à vouer sa propre cause à
l'échec.

W. Les affirmationsinexactesformuléesdevantla Courpar lesreprésentants
du Nicaragua doiveirtjouer contresesprétentionsplutôt qu'en leurfaveur

266. Comment le Nicaragua a-t-il tentéde sortir de ce dilemme ? Par

des affirmations inexactes, calculéeset répétéesD . 'une part, ses ministres
- qui en droit international ont le pouvoir d'engager la responsabilité de
1'Etat (comme c'est le cas de l'agent du Nicaragua) - ont juré devant la
Cour que le Nicaragua n'avait ((jamais fourni d'armes ni d'autre assis-
tance matérielle aux insurgés d'El Salvador (voir le paragraphe 24 de la
présente opinion). D'autre part, ilaétéétablq iue le Nicaragua a fourni des
armes et autre assistance matérielle aux insurgés d'El Salvador (voir les

paragraphes 28 à 32, 133, 146 a 153 de la présente opinion et les para-
graphes 28 a 188 de l'appendice).
267. Comment la Cour apprécie-t-elle les affirmations erronées formu-
léespar les représen.tantsd'une partie ?A mon avis, etje regrette d'avoir à
le dire, en excluant, en sous-estimant ou en minimisant l'importance des
faits relatifsa l'appui matérielque le Nicaragua a apporté aux insurgés

salvadoriens. en corisidérant que cet appui ne peut êtreimputé au Gou-
vernement nicaraguayen, et en concluant que, mêmes'il était vrai que le
Nicaragua avait apporté apparemment quelques annéesplus tôt son appui
ou permis qu'un ap.pui soit apporté aux insurgéssalvadoriens, cet appui
n'équivautpas àune agression arméedu Nicaragua contre El Salvador. La
Cour va plus loin. en ne considérant mêmepas que lesfaits relatifs àl'appui

matérielfourni par lieNicaragua pour aider a renverser le Gouvernement
salvadorien constituent une intervention illicite du Nicaragua dans les
affaires intérieures d'El Salvador. Apparemment. pour la Cour, il est
illicite que les Etats-Unis interviennent dans les affaires du Nicaragua en
vue de renverser son gouvernement ou de modifier sa politique, mais il
n'est pas illicite- clu moins la Cour ne dit pas qu'il est illicite - que leNicaragua intervienne dans les affaires d'El Salvador en vue de renverser
son gouvernement (oude modifier sa politique - cela bien que I'interven-
tion du Nicaragua soit antérieure à celle des Etats-Unis. La Cour :
<considèrequ'en droit international si un Etat, en vile de faire pres-

sion sur un auitreEtat, appuie et assiste, dans le territoire de celui-ci,
des bandes arrnéesdont l'action tend a renverser son gouvernement,
cela équivaut ;iintervenir dans ses affaires intérieures ...

La Cour applique strictement cette conclusion sans faille aux Etats-Unis

(malgréles moyens de défense que ceux-ci font valoir contre cette con-
clusion). Elle conclut que les Etats-Unis ont commis <(une violation indu-
bitable du principe: de non-intervention ))Pourtant elle s'abstient d'ap-
pliquer ceprincipe du droit international au Nicaragua,quoique l'appui ou
l'assistance que ce 'derniera apportés aux bandes armées au Salvador ne
soient que trop évildents(et quoique le Nicaragua n'ait aucun moyen de
défenseet n'en ait fait valoir aucun pour justifier son intervention, si ce
n'est le moyen consistant à en nier mensongèrement la réalité)C . omment
la Cour justifie-t-elle cette application remarquable du droit ? En fait, en

faisant sienne la thksequi est à la base des affirmations du Nicaragua. En
conséquence, quelleque soitl'intention de laCour, sonarrêt apour résultat
qu'au lieu de jouer contre les prétentions du Nicaragua, les déclarations
inexactes,calculéesetcapitales de sesreprésentantsont permis de protéger
ces prétentions et de les faire aboutir.

X. En tout étatde cause la Cour doit rejeter lesdemandes du Nicaragua

parce qu'ila les mains sales

268. Le Nicaragua ne s'estpas présenté devantla Cour avec les mains
propres. Au contraire, comme agresseur, indirectement responsable -
mais responsable r:n définitive - d'un grand nombre de morts et de
destructions généralisées au Salvador,dépassant semble-t-il de beaucoup
en ampleur ce que le Nicaragua a subi, le Nicaragua a les mains odieu-
sement sales. Il a aggravéson cas par ses affirmations inexactes devant la
Cour. Ainsi, que ce soit en raison de son intervention armée illicite au
Salvador ou de sa tentative délibérée d'égarerC laour sur la réalitéde cette
intervention par les faux témoignagesde ses ministres, le Nicaragua doit
être débouté deses demandes contre les Etats-Unis.

269. Ainsi qu'il a été rappeléau paragraphe 240 de la présente opinion,
la Cour permanente de Justiceinternationale a appliqué une variante de la
doctrine des mairis propres en l'affaire desPrises d'eauà la Meuse. Le
motif qui l'a conduite à le faire a étéexposépar Anzilotti dans une
déclaration célèbre qui n'ajamais été contredite : <(Le principe ... (ina-
dimplenti non est adimplendum) est si juste, si équitable, si universelle-
ment reconnu qu'ildoit êtreappliquédans lesrelationsinternationales ...r)
(Elisabeth Zoller, Peacetime Uniluteral Remedies :An Analysis of Counter-
meusures, 1984,pp. 16-17).Ce principe a étélonguement développépar ACTIVITES MIlLlTAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 393

Hudson. Comme celui-ci l'a fait observer en rappelant les maximes d'équité
qui (1ont exercéune grande influence au cours de la période créatricedu
développement du droit anglo-américain O, l'égalité est l'équitéet qui

veut l'équitédoit ag,iréquitablement )).Un tribunal d'équité refuse d'ac-
corder réparation a.uplaignant qui s'est mal conduit à l'égardde ce qui
fait le fond du litige1)(citation dans LUM?o.F fEnglund, de Halsbury. 2eéd..
1934,p. 87). Hudson constate yu'((un principe très semblable étaitadmis

en droit romain ... l"exceptionon udimplenti contructus... O Il démontreque
c'est surce principe que reposent certains articles du code civil allemand et
qu'il s'agiten fait d'o un principe général »de droit. Selon Hudson. on ne
pouvait ordonner à la Belgique de mettre fin à une certaine activitéalors

que les Pays-Bas pouvaient persévérerdans une activitésemblable - con-
clusion qui aurait dlûêtreinstructive dans le cas présent. Pour reprendre
les termes de Hudson, ((la Cour est invitéeà ordonner en quelque sorte
l'accomplissement :spécifiqued'une obligation réciproque que le deman-

deur lui-mêmene remplit pas. Elle doit évidemment refuser de le faire.
(Loc,.cit., p. 77-78. Voir aussi la conclusion de la Cour, p. 25.) Dans la
présente espèceaussi. le Nicaragua requiert la Cour d'ordonner I'accom-
plissement spécifiqued'une obligation réciproque dont il ne s'acquitte pas

pour sa part et, là aussi, la Cour aurait dû évidemment refuser de le
faire.
270. La doctrine des mains propres O trouve un appui direct non
seulement dans I'affaire des Prises d'eau Lilu Meuse, mais aussi. dans une

certaine mesure. dans la conclusion formulée par la Cour permanente de
Justice internationale dans I'affaire des Concessions Muvrommutis en
Pule.~tine (C.P.J.I. série A no 5. p. 50). quand elle a déclaré que
((M. Mavrommatis devait accomplir les actes qu'il a accomplis pour prk-

server ses contrats de lu déchéance quu iutrement les uuruit fruppés O (les
italiques sont de moi). Cette doctrine trouve une base encore plus solide
dans la conclusion formulée par Anzilotti en I'affairedu Stututjuridiq~~edu
Groënlund orientul (C.P.J.I. sérieA/B no 53, p. 95). suivant laquelle ((un

acte illégalne peut servir de base à une action en justice D. Dans leurs
opinions dissidentes jointes à l'arrêtrendu dans I'affaire du Per.~onneI
diplomatique et c~on.~uluirdees Etats-Utlis Li Tel~érun(C.I.J. Recxieil 1980,
p. 53-55. 62 et 63). MM. Morozov et Tarazi ont invoqué un principe

analogue. (La Couir permanente de Justice internationle a également
apporté un certain appui à la doctrine en I'affaire de l'Usine de Chorzow
(C.P.J.I. sérieA no13,p. 3l), quand elle a conclu qu'<(une partie ne saurait
opposer à l'autre I(efait de ne pas avoir rempli une obligation ... si la

première, par un actecontraire au droit, a empêchéla seconde de remplir
l'obligation en question ...O) Le principe selon lequel un acte illicitene peut
fonder une action enjustice est. d'après Cheng. <(généralementadmis par
les tribunaux internationaux ))(Bin Cheng. Generul Principles of LUMu I.s

Applied hj Internutionul Courts und Tribunuis, 1958. p. 155). Cheng cite
I'affaire du Clark C'luim,1862.dans laquelle un commissaire américain a
écartéla demande présentéeau dom d'un citoyen américain en posant la
question suivante : Pour ce qui est des Etats-Unis. peut-on admettre que ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)394

l'onprofite de sespropres fautes ? ...Une partiequi demandejustice doit se
présenter avec les rnains propres ...))(John Bassett Moore, History and

Digest of the InternafionalArbitrations to whichthe United States Has Been
a Party, 1898,vol. III, p. 2738, 2739.) Dans l'affaire Pelletier, en 1885,le
secrétaired'Etat des Etats-Unis a <(catégoriquement et sans délai aban-
donné la demande présentéecontre Haïti par un certain Pelletier - qui
avait pourtant bénéficié d'une décisionarbitrale - en raison des fautes
commises par le plaignant :

<(Ex turpi causa non oritur : ce principe a étéappliqué par d'in-
nombrables décisionsrendues sur la base du droit romain, dans les

nations de tradition latine,eten vertu de la common law en Angleterre
et aux Etats-Unis. r>(Foreign Relations of the United States, 1887,
p. 607.)

Le secrétaire d'Etat citait en outre lord Mansfield comme ayant dit que :
<(Le principe d'ordre public est : ex do10 ma10 non oritur actio.
(P. 607.)
271. Plus récemment, sir Gerald Fitzmaunce - qui était à l'époque
conseillerjuridique iiu Foreign Office et devait peu aprèsêtreélumembre
de la Cour - a rap:pelél'application dans le domaine international des

maximes de commori/aw : <qui veut l'équité doit agir équitablement )et
qui demande réparation en équité doitavoir les mains propres ))pour
conclure :

<(Ainsi, un Etat coupable d'une conduite illicite peut êtreprivédu
nécessaire locu:;standi in judicio l'autorisant à se plaindre d'actes
illicites correspondants d'autres Etats, en particulier si ces actes
résultent dessiensou visent àrépliquer aux siens - en d'autres termes
s'ilsont été provoqués parlui-même. )>(<(The General Principles of
International Law )),Recueil des cours, Académiede droit interna-

tional, La Haye. t. 92(1957-II), p. 119.Pour d'autres exemplesrécents
qui montrent que la Cour est fondée à appliquer la doctrine des
<(mains propre:s O,voir Oscar Schachter, <(International Law in the
Hostage Crisis O, American Hostages in Iran, 1985,p. 344.)

272. LeNicaragua est précisémentun Etat decette catégorie,coupable
d'une conduite illiciite.Par conséquent, sa conduite aurait dû suffire pour
que la Cour conclue que le Nicaragua s'était lui-même privd éu nécessaire

locusstandi l'autorisant à se plaindre d'actes illicitescorrespondants des
Etats-Unis. d'autant plusque, siactes illicites il yavait, ceux-cirésultaient
des siens ou visaient à répliquer aux siens - en d'autres termes, avaient
étéprovoquéspar lui-même )>.

(Signé) Stephen M. SCHWEBEL. 1. Le présent appendice présente les données sur lesquelles s'appuient
les prémissesénoncéesà la section IIIde la présente opinion. Ilest axésur
les faits relatifs aux allégations portéescontre le Nicaragua, lesquelles sont
particulièrement controversées et n'ont pas étésuffisammentanalyséespar
la Cour. Aussi s'attache-t-il essentiellement aux faits qui ont trait à I'exis-

tence. à la nature, à laduréeet au maintien de l'appui matérielapporté par
le Nicaragua à I'insiurrection dans des pays voisins. notamment El Salva-
dor. Dans la mesuri: où d'autres prémissesd'ordre factuel sont générale-
ment acceptées, elles ne seront pas développées ici avec autant de
détails.

A. Les sandinistes sont arrivés aupouvoir grâceàcertainesdesformes mêmes
d'intervention dont ils se plaignent actuellement

2. Foncièrement. leNicaragua seplaint d'êtrevictime d'une agression et
d'une intervention de la part des Etats-Unis. Le Gouvernement de la
République du Nicaragua soutient qu'il est le gouvernement légitime et
reconnu de cet Etat ; que celui-ci peut prétendre, en vertu du droit inter-

national contemporain, à n'êtrepas exposé a la menace ou à l'emploi de la
force contre son intégrité territoriale ou son indépendance politique ;et
qu'il a lui-mêmele droit de mettre en Œuvre les politiques qu'il a choisies,
sans intervention étrangère visant à peser sur ces politiques, sa propre
composition et son maintien au pouvoir. Il affirme que les Etats-Unis
recourent à la menace et à l'emploi de la force contre son indépendance
politique et qu'ils interviennent au Nicaragua pour en renverser le gou-

vernement.
3. Etant donnéclesaccusations. ilest instructif de rappeler que le gou-
vernement actuel de la République du Nicaragua est parvenu au pouvoir
avec le concours prkcisément de certaines des formes d'emploi de la force
et de certains des types d'intervention étrangèredont ilseplaint àprésent.
Le droit à la révolui.ionà l'intérieurd'un Etat n'est pas en cause ici. C'est
néanmoins un fait que la révolution sandiniste ne s'est pas dérouléesim-

plement à l'intérieur d'un Etat - ce n'était pas un produit purement
intérieur. Au contraire. bien qu'essentiellement nicaraguayenne par ses
origines. par les forces combattantes et le soutien populaire, la révolution
qui a pris le pouvoir au Nicaragua en 1979 a été.dans une large mesure,
organisée, formée,armée, financée,appuyée et soutenue par des Etats
étrangers hostiles au Gouvernement nicaraguayen de l'époque. Celui-ci,

dominédepuis des décenniespar la famille Somoza. était reconnu dans le
monde entier comme le Gouvernement de la République du Nicaragua. Il
étaitau pouvoir depuis très longtemps. Ses représentants avaient signéla
Charte des Nations Unies et la charte de l'organisation des Etats améri-cains. Tout autant que le Gouvernement actuel de la République du
Nicaragua, ilavait di-oitàla protection issuedesprincipes et de la pratique

du droit international. (Finalement, quelques semaines avant la chute du
gouvernement Somoza, I'OEA était parvenue à la conclusion que ledit
gouvernement n'avait pas droit àcette protection à cause, apparemment,
de ses violations de.sdroits de l'homme. Que cette décisionfût ou non
justifiée en droit international, elle était sans précédent,contraire à la
pratique antérieure (desEtats.)
4. Le Front sandiniste de libération nationale (Frente Sandinista de
Liberacion Nacional - FSLN) a été fondéau Honduras, le23juillet 1961,
par trois Nicaraguayens incontestablement guidéspar l'exemple du pré-
sident Fidel Castro, avec son encouragement et son appui (voir David
Nolan, FSLN : The Ideology of the Sandinistas and the Nicaraguan Revo-

lution,1984, p.22-23). Pendant les quinze premières annéesde sa lutte, le
front comptait peu de membres. A l'époquedu long séjour à Cuba de
Carlos Fonseca Aniador, l'un de ses trois fondateurs et son premier
secrétaire général.il se manifestait principalement par la publication
occasionnelle d'un communiqué de La Havane. L'influence du régime
cubain de Fidel Castro ne paraît pas avoirétémoindreau coursdesannées
deformation du FSL.Nqu'elle nel'estaujourd'hui. En 1975leFSLN s'était
divisé en troisfactions, chacune préconisant une stratégiepropre pour la
prise du pouvoir. Le26décembre1978, ilfut annoncé à La Havane que les
trois factions du front sandiniste avaient décidéde fusionner, politique-
ment et militairement. opération dans laquelle on a dit que le prési-
dent Fidel Castro avait joué un rôle fondamental. En mars 1979, Radio

La Havane annonça la création du directoire unifiésandiniste de neuf
membres, soit trois désignéspar chaque faction (il s'agit des neuf coman-
duntes de lu Revolucion qui gouvernent aujourd'hui le Nicaragua).
5. Entre-temps, au Nicaragua même, unnouveau chef charismatique ))
était soudain apparu. Le22 août 1978,des guérillerossandinistes conduits
par EdénPastora Gbmez - dit commandant Zéro ))- s'emparèrent du
palais nationalà Managua. prenant quelque millecinq centspersonnes en
otagesqui furent échangées contre cinquante-huit prisonnierspolitiques (y
compris lecofondateur etseulsurvivant du groupe initial du FSLN, Tomas
Borge Martinez, aujourd'hui ministre de l'intérieur). Déjà l'assassinat, le
10janvier 1978,du rédacteur en chef de La Prensa, Pedro Joaquin Cha-

morro. avait provoqiléun déchaînement sansprécédentde l'opposition au
gouvernement Somoza. L'exploit d'EdénPastora galvanisa lesénergies.et,
enseptembre 1978, une insurrectionouverte éclata.Bienque ne faisantpas
partie du petit groupe des neuf, EdénPastora fut nommé chef de l'armée
sandiniste en octobre 1978. Sesforces, nombreuses, bien armées et basées
au Costa Rica, d'où ellesopéraient avec l'appui tacite du gouvernement,
affrontèrent les troupes de Somoza au cours d'engagements à l'issue
incertaine. Fait plus important, dès l'été1979 les guérillerossandinistes
contrôlaient plusieurs villeset livraient bataille dans lesprincipaux centre
urbains du nord et du centre du Nicaragua. Ces forces relativement
modestesjouissaient. du soutien actif de lapopulation ;des attaques et dessoulèvements se produisaient un peu partout. et la garde nationale de
Somoza, largement o3ncentréedans le Sud pourluttercontre les troupes de
Pastora. avait du mal à faire face aux actions multiples et persistantes des
sandinistes dans d'autres régions.Les Etats-Unis avaient mis fin deux ans
auparavant à la fourniture d'armes, de munitions et de piècesde rechange

au gouvernement Somoza et ils décourageaient les autres gouvernements
de se substituer à eux. Le 29 mai, les forces de Pastora lancèrent une
offensive depuis le Costa Rica. Presséde démissionner par les membres de
I'OEA, privéde l'appui politique et matériel des Etats-Unis, acculé à la
défaite par des assauts généralisésau nord et au centre ainsi que par
l'offensive de Pastora au sud, Somoza donna sa démission et s'enfuit à

l'étranger le 17juille:t. La garde nationale, harceléede toutes parts, s'ef-
fondra et lajunte de reconstruction nationale dans laquelle les sandinistes
ont joué un rôle fatidique s'empara du pouvoir.
6. Bon nombre des guérillerossandinistes qui avaient lutté avec tant de
détermination pour renverser le gouvernement Somoza avaient étéentraî-
nésà Cuba (comme l'a reconnu dans sa déposition le commandant Car-

rion. audiencedu 13septembre 1985).On apeine àcroire que lesdirigeants
sandinistes. dont certains firent des séjoursprolongésà~Üba. n'yreeurent
aucune formation. Des conseillers militaires cubains e rirent Dart à l'of-
fensive sandiniste firiale du milieu de 1979.De grandesquantités d'armes
parvenaient aux sandinistes. à l'origine principalement du Venezuela (qui
fait partie aujourd'hui du groupede Contadora) et. plus tard. de Cuba. Ces

armes étaient surtouit débarquéesau Costa Rica, où elles étaient distri-
buées aux forces sandinistes stationnées dans le pays, avec I'appui du
gouvernement. Une enquêteeffectuée depuis par I'assemblèe nationale
costa-ricienne a établique, de décembre 1978àjuillet 1979, ily avait eu au
moinssoixante trans.ports aériensvers leCosta Rica d'armes, de munitions
et d'autres fournitures destinées aux guérilleros sandinistes. en prove-

nance essentiellemen!.deCuba (Asamblea Legislativa.San José,C.R.. Corni-
si6n de Asuntos Especiales. Iriformesobreel Trufico de Armas. Epe. 8768).
Le rapport démontre aussi qu'après la victoire des sandinistes certaines
de ces armes qui n'avaient pas encore été distribuéesont étéréexpédiées
du Costa Rica au Salvador. Le Panama fournissait aussi des armes aux san-
dinistes. et des membres de la garde nationale panaméenne combattaient
à leurs côtks. Ces faits sont bien connus. indiscutés pour l'essentiel et

relatés par diverses sources (notamment Shirley Christian. Nic~uruguu.
Revolutior~in the Fun~zilv, 985.p. 29, 32. 78-81, 88-97). On possède moins
de détails sur l'approvisionnement des guérilleros sandinistes opérant à
partir du Honduras. Il est clair qu'ils constituaient une force importante,
toléréepar le Hondluras mêmesi elle n'a pas reçu du Gouvernement
hondurien l'appui déterminéque le Gouvernement du Costa Rica pro-

diguait au sud (voir la déclaration du représentant du Honduras à la
trente-neuvième session de l'Assemblée généraledes Nations Unies,
A/39/PV.36. p. 77. ci-après par. 138). Toutes ces opérations étrangères
étaient,comme celles menéespar les Etats-Unis pour appuyer les coritru.~,
clandestines o. Ni Cuba, ni le Venezuela. ni Panama. ni le Costa Rican'ont proclaménijustifié leurs activités ;il n'ya pas eu de déclaration de
guerre, le Conseil de sécuritén'a pas étéaverti et il n'a mêmepas été
prétendu que des agressions antérieuresdu Gouvernement nicaraguayen
auraient provoquéces mesures si manifestement destinées à renverser ce
gouvernement.

7. Dans sa déposition,le commandant Carrion a estiméque les forces
sandinistes représentaient en 1979un total de quelque trois mille àquatre
mille hommes en armes (audience du 13 septembre 1985). Il a reconnu
qu'un tiers environ de ces effectifs étaientbasésau Costa Rica (ibid.). Le
commandant Carrion a, àjuste titre ou non, minimiséle rôle de ces forces
dans l'issue des cornbats (Christian écritque les meilleures troupes de
Somozaavaient été r:nvoyéesau sud pour affronter cellesd'EdénPastora).
Tout en insistant, ce qui est logique, sur les hauts faits des guérilleros
opérantau Nicaragua qui, selon lui,étaient équipésd'armes achetée sur le
marché des armements, le commandant Carrion n'a pas préciséoù les
sandinistes, àl'intérieurdu Nicaragua, seprocuraient l'argent nécessaire à
ces achats. Quoi q~i'ilen soit, le témoignage du commandant Carrion
confirme plus qu'il ri'infirme lesfaits, a savoir que Cuba ajouéun rôle clé
dans la création.l'or,ganisation,l'entraînement et l'approvisionnement des
révolutionnaires saridinistes, qui recevaient de surcroît une aide appré-
ciable du Venezuela, du Costa Rica et du Panama. Quoi que l'on puisse

penser des mériteset des torts respectifs des gouvernements somoziste et
sandiniste, il resteque la révolution sandiniste a ainsi bénéficiéde cer-
tainesdesformes mêmesd'intervention dont ellecroitpouvoir aujourd'hui
accuser les Etats-Unis. L'intervention a étappuyéeavecvigueur, bien que
parfois en sous-main, par plusieurs gouvernements d'Amérique latine
qui défendent les principes de la non-intervention. Au surplus, l'organi-
sation des Etats amkricains a elle-mêmeretirésa reconnaissance au Gou-
vernement nicaragu,ayen encore au pouvoir et représentéa I'OEA, pour
l'accorder à une jurite dont le FSLN était une composante motrice, en
échange d'assurancesdonnéespar cette mêmejunte - autre acte d'inter-
vention, mais non arméet inavoué.

B. Le nouveau Gouilernementdu Nicaragua s'est fait reconnaîtrp ear les
autres Etats en contrepartie d'engagements internationauxtouchant ses
politiques intérieure etextérieure, engagements qu'il a délibérément
enfreints

8. Le23juin 1979,ladix-septièmeréuniondeconsultation desministres
des relations extérieures de l'organisation des Etats américains aadopté
une résolutionexceptionnelle qui, pour reprendre les termes d'un rapport
de la commission interaméricaine des droits de l'homme,

pour la première fois dans l'histoire de I'OEA et peut-être pour la
premièrefoisdamsl'histoired'une organisation internationale, privait
le gouvernemerit en titre d'un Etat membre de l'organisation de sa
légitimité,à cause des violations des droits de l'homme que ce gou- vernement avait perpétrées contre sapropre population )) (OEA,
Report on the Situation of Human Rights in the Republicof Nicaragua,
1981, p. 2).

Larésolution invitai.à trouver une solution au conflit arméfaisantrage au
Nicaragua, qu'elledkcrivaitcommeun <(graveproblème...qu'ilappartient
exclusivement au peuple nicaraguayen de résoudre O, <<sur les bases sui-
vantes )):

((1. Remplacement immédiatet définitifdu régimede Somoza ;

2. Installation au Nicaragua d'un gouvernement démocratique
dont la composition comprenne les principaux groupes de I'opposi-
tion au régimede Somoza, et soit librement choisi par le peuple
nicaraguayen ;
3. Garantie du respect des droits de l'homme de tous les Nicara-
guayens sans exception ;
4. Organisation dans les plus brefs délais d'élections libres con-
duisant à l'insti~llationd'un gouvernement authentiquement démo-

cratique qui garantisse la paix, la liberté et la justice.
(OEA/Ser.F/ 11.17.)

9. En réponse à la résolution précitéel,e 12juillet 1979, alors que
Somoza étaittoujours au pouvoir, la junte du gouvernement de recons-
truction nationale di1Nicaragua a adressé ausecrétairegénéralde I'OEA
<(ainsi qu'aux ministres des relations extérieuresdes Etats membres de
l'organisation )un document contenant son << plan pour lapaix ».Lajunte
écrivaitceci :

<<Nous avons établi ce plan à partir de la résolution de la dix-
septième réunionde consultation du 23juin 1979,résolution histo-

riquedans tous lessensdu terme ..Nous soumettons àlacommunauté
des Etats du coritinent américain.dans lecadredenotre (<plan pour la
paix O,lesobjectifs que notre gouvernement s'estfixésdèsl'instant où
il a étéformé ...ous souhaitons en réaffirmercertains :

1. Notre ferme intention de faire pleinement respecter lesdroitsde
l'homme dans notre pays, conformément à la déclaration uni-
verselle des droits de l'homme des Nations Unies et à la charte
des droits de l'homme de I'OEA ...

III. Notre déci.siond'appliquer lajustice civile dans notre pays ...

V. Un plan pour organiser les premières élections libresdans notre
pays depuis le débutde ce siècle ...
IIappartient maintenant aux gouvernementsdes pays du continent
américainde prendre la parole pour rendre pleinement effective la ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 400

solidaritéavecla luttequenotre peuple a menéepour rendre possibles
la démocratie et la justice au Nicaragua.
Nous vousdenzandonsde transmettreletexte delaprésente lettreaux
ministres des affaires étrangèred se I'OEA ... (Lettre du 26 novembre
1985 ;les italiques sont de moi.)

10. Le (<plan du gouvernement de reconstruction nationale pour assu-
rer la paix spécifiaitque

<la solidarité du continent américain estindispensable pour que le
plan ci-aprèspuisse êtremis en Œuvreconformément à larésolutionde
ladix-septièmeréunionde consultatioi~desministresdesaffaires étrun-

gères de I'OEA, adoptée le23 juin 1979 )) (les italiques sont de
moi).

Il fixait les <étapes(duplan ))à savoir :Somoza présente sadémission ;
mise en place du gouvernement de reconstruction nationale ; puis,
(cImmédiatenzentaprès l'installationdugouvernementdereconstruc-

tion nationaleau Nicaragua, lesEtats membres de I'OEA ...procèdent
aux démarches ofjïciellesnécessairespour reconnaîtrecegouvernement
en tant que gouv(ernementlégitimedu Nicaragua ...Le gouvernementde
reconstruction n~ztionalperend immédiatement lesmesuressuivantes :...
Promulguerla loifondamentale qui régiraprovisoiremenlte gouverne-
ment de reconstruction nationale ...Décréter la loi organique quirégira
les institutions de I'Etat. Mettre en Œuvre leprogrammedu Gouverne-

ment dereconstructionnationale ...))(Lettre du 26novembre 1985 ;les
italiques sont d~emoi.)
11. Cette lettre de lajunte à I'OEAétaitaccompagnéedu programme de

lajunte, de la loi organiqueet de la loi de garantie. Leprogramme, datédu
9 juillet 1979, était tout à la fois ample et détaillé.Il promettait <(un
gouvernement véritablementdémocratiquedejustice et de progrès social
avec << garantie complète des droits de I'homme et des << libertésfonda-
mentales ))y compris le <(droit de libre expression, de communication et
de propagation des idées O, la libertésyndicale, << une politique étrangère
indépendantede nori-alignement et bien d'autres choses encore(contre-

mémoiredes Etats-C'nisd'Amérique,annexe 67). La loiorganique - ou loi
fondamentale - (ihl;d.,annexe 68) introduit dans la législation nicara-
guayenne le principe selon lequel (le Gouvernement de la République a
pour objectif immédnatet pour tâcheprincipale de réaliser sonprogramme
de gouvernement rendu public le 9juillet 1979 o.A cette fin, il adopte en
tant que principes fondamentaux ))les droits définisdans la déclaration
universelle des droits de I'homme, lepacte international relatif aux droits
économiques,sociauxet culturelset lepacte international relatif aux droits

civils et politiques et proclame <<la liberté illimitéede pensée orale et
écrite...))Les dispositions relatives a la junte, au conseil d'Etat, etc.,
disposent notamment que <<dans la mesure où le permettra l'étatde la
reconstruction nationale, des élections générales seront organisées envue dedésigner uneassembléenationale ... Laloisur lesdroits etgaranties des
Nicaraguayens (« Loi de garantie )))(ibid., annexe 69) contient une liste
détailléedesdroits civilset économiques,ycompris l'abolition de la peine
demort et laproscription de la torture, ledroit àla libertéindividuelle et la
sécuritépersonnelle, le droit de grève, etc.

12. Les membres de 1'OEAont exécuté leurDart de ce marché inter-
national, imposé unilatéralement, en reconnaissant promptement le gou-
vernement de reconstruction nationale comme ((legouvernement légitime
du Nicaragua H,ainsi que lesouhaitait expressémentlajunte. En revanche
le FSLN - qui n'allait pas tarder a s'assurer une mainmise durable sur la
junte et les formations ultérieuresdu Gouvernement nicaraguayen - n'a
pas rempli lesengagements qu'ilavait souscrits à l'égardde I'OEAet de ses
membres. On ne salirait dire que le régimenicaraguayen est authenti-
quement démocratique )); loin de garantir pleinement H les droits de

l'homme et les libertésfondamentales, il fournit de nombreux exemples
d'arrestations et de jiugements arbitraires et des indices de violations en-
core plus graves ; il est aussi prouvéque des atrocités sontcommises par
lesforces arméesdu lGouvernementnicaraguayen, enparticulier contre les
Miskitos et d'autres Indiens ;la libertéde la presse et la libertésyndicale
sont durement entravées,et cela depuis la prise du pouvoir par les sandi-
nistes ; loin d'agir comme un Etat non aligné, le Nicaragua s'associe
presque rituellement à Cuba pour appuyer les prises de positions interna-
tionales de l'Union soviétique, etles élections,après avoir étéretardées

jusqu'en 1984,ont eu lieu dans des conditions telles que la domination
sandiniste ne pouvait êtreremise en cause, quelle que fût la volonté
populaire.
13. J'allongerais 21l'excèsuneopinion dontje déploredéjàlalongueur si
j'entrais dans ledétailde cesconclusions etdetout cequi lesdocumente.Je
reconnais que les avis peuvent êtrepartagésquant aux conclusions juri-
diques a tirer d'un rapprochement entre la résolutionde I'OEAdu 23juin
1979 et sa mise en Œuvre par les membres de I'OEA, d'une part, et

l'acceptation de cette résolutionpar lajunte et la carence du Gouverne-
ment nicaraguayen au regard des termesde cette acceptation, d'autre part.
J'ai traité plus hau,t du droit relatif à ces questions. Ce qui n'est pas
douteux, en tout cas,c'estquelefront sandiniste,pratiquement dèssa prise
du pouvoir, a manqluésur des points importants aux assurances que la
junte avait données à I'OEA,et cela bien avant que l'état d'urgencepro-
voquépar les attaques des contraset des Etats-Unis pût lejustifier. Ces
violations se poursu:iventdans le flux et le reflux des pressions des contras
et des Etats-Unis,et peut-êtremêmedans unecertaine mesure - difficileà

évaluer - stimuléespar ces pressions. Parmi les nombreuses sources qui
peuvent êtrecitées à l'appui de ces conclusions figurent les suivantes :
(<Comandante Bayardo Arce's Secret Speech before the Nicaraguan
Socialist Party (PSN) O, discours reproduit dans un certain nombre de
publications, y compris la brochure 9422 du département d'Etat de mars
1985 ; Amnesty International, Nicaragua, TheHuman Rights Record,
1986 ; Robert S. Leiken, (The Battle for Nicaragua O, The New York ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL)
402

Review of Books, 13 mars 1986, vol. XXXIII, no 4 ; Shirley Christian,
Nicaragua : Revolution in the Family, 1985 ; Douglas W. Payne, The
Democratic Mask : :TheConsolidation of the Sandinista Revolution, 1985 ;
David Nolan, FSLA1 :The Ideology of the Sandinistas and the Nicaraguan
Revolution, 1984 ; et, Department of State, Broken Promises :Sandinista
Repression of Human Rights in Nicaragua, 1984.

C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a reçu
de la communautéinternationale, y compris des Etats-Unis,
une aide sans précédent

14. Lorsque les sandinistes ont pris le pouvoir en juillet 1979,I'admi-
nistration Carter a tout fait pour aider la junte et nouer des relations
amicales. A l'issue d'une réunion tenue le 15juillet 1979entre un repré-
sentant du département d'Etat et des dirigeants sandinistes, au cours de

laquelle les Etats-Unis promirent leur appui, Sergio Ramirez Mercado,
membre de lajunte, aurait dit : En ce momentje pense qu'il n'ya aucun
point de désaccordentre nous (ONicaraguan Rebels Say U.S. 1sReady
to Back Régime Led byThem O, New York Times, 16juillet 1979,p. 1).
Le secrétaire dlEtat Cyrus Vance déclarait alors :

<(En offrant notre amitiéet notre aide économique, nous renfor-
çons leschances de la démocratie au Nicaragua. Nous nepouvons pas
garantir que la démocraties'instaurera. Mais si nous tournons le dos
au Nicaragua, nous pouvons presque garantir qu'elle échouera.
(Washington Post, 28 septembre 1979.)

15. Aucoursdes dix-huit premiers mois d'existencedu nouveau régime,
les Etats-Unis - principaux fournisseurs à eux seuls de l'assistance éco-
nomique au Nicaragua pendant cette période - accordèrent au gouver-
nement de ce pays quelque 108millions de dollars d'aide directe, notam-
ment diverssecours, dontde grandesquantités de vivreset de médicaments
immédiatement aprésla chute de Somoza, évaluées à quelque 25 millions

dedollars ;ilsappuyèrent l'octroiau Gouvernement nicaraguayen deprêts
de la Banque interarnéricainede développementet de la Banque mondiale
qui s'élevèrent à262.millions de dollars entre le milieu de 1979et la fin de
1980 ;ils facilitèrent la renégociationd'échéancesimportantes de la dette
nicaraguayenne auprès des banques américaines ;ils offrirent au Nicara-
gua I'aide du Peace Corps ; ils proposèrent d'entraîner militairement les
forces nicaraguayennes dans les bases américainesdu Panama, et le pré-
sident Carter reçut amicalement à la Maison-Blanche lecoordonnateur de
lajunte Daniel Ortega. D'autres Etats et d'autres organisations interna-

tionales consentirent égalementau nouveau Gouvernement nicaraguayen
une aide économiqiued'une générosité exceptionnellel,e total de I'aide
occidentale, de juillet 1979 à la fin de 1982, dépassant 1,6 milliard de
dollars. La valeur de I'aide militaire,économiqueet autre fournie pendant
cette période au Nicaragua par Cuba et par l'union soviétique,ainsi que ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)403

par lesailiésde l'union soviétiquetelsque la Républiquedémocratiquealle-
mande, le Viet Nam, I'Ethiopieet la Bulgarie,n'estpas faciàcalculer,mais
de toute évidence elleétait importante. Le Nicaragua reçut également une
assistance militaire de la Libye (il convient de se remémorerici l'incident
des <<fournitures médicales découvertes àbord d'un aéronef libyen fai-
sant route vers le Nicaragua qui s'était poséau Brésil),ainsi que d'autres
sources, comme l'organisation de libération de la Palestine.

D. L'administration Carter a suspendu l'aideau Nicaragua en raison de son
soutienà l'insurrectionau Salvador, attestépar des documentssaisis sur des
guérilleros salvadoriens

16. Dans le cas des Etats-Unis cependant, et à l'initiative du Congrès,
I'aideétait subordonnée à une condition : le Président devait certifierque
le Nicaragua n'appwyaitpas le terrorisme ni la violence dans d'autres pays
avant que les créditsvotés puissentêtreversés(loi spécialed'assistance à
l'Amériquecentrale. 1979, art. 536 g), Public Law 96-257, approuvée le
3 1 mai 1980).A partir de septembre 1980,les preuves d'une aide nicara-
guayenne aux insurgés d'El Salvadorétaient suffisamment nombreuses
pour justifier des représentations de l'ambassadeur des Etats-Unis et une
visite à Managua, en octobre, du vice-secrétaire d'Etat adjoint James
Cheek. M. Cheek informa leGouvernement nicaraguayen que l'assistance
aux rebelles salvadoriens obligerait les Etats-Unis à mettre fin à leur

programme d'aide et compromettrait lesrelations entre lesEtats-Unis et le
Nicaragua ; il fournit alors, semble-t-il, au Gouvernement nicaraguayen
des détails sur les armes transitant par le Nicaragua à destination d'El
Salvador. Des documents saisis ultérieurement sur des insurgés d'El Sal-
vador, et que les Etats-Unis ont déposés auGreffe en 1984,indiquent que
cettedémarchefut piriseau sérieuxpar leGouvernement nicaraguayen, qui
suspendit pendant un certain temps les envois d'armes, en même temps
qu'il s'efforçait, apparemment, de repéreret d'éliminerles informateurs
des Etats-Unis.
17. Dans une réponse à une question poséepar la Cour, le Gouverne-
ment nicaraguayen nie l'existence de cetteconversation avec un représen-

tant du département d'Etat. Ce n'est là que l'une des nombreuses décla-
rations tendancieuses faites par le Nicaragua devant la Cour. Parmi les
diverses sources qui confirment la visite de M. Cheek à Managua et les
conversations que lui-mêmeetI'ambassadeurdesEtats-Unis ont euesalors
a ce sujet avec le Gouvernement nicaraguayen, voir Christian, op. cir.,
page 194, ainsi que la publication du département d'Etat (Revolution
Beyond Our Borders »,Sandinista Intervention in Central America (Special
Report 132, US Dept. of State, septembre 1985) (appelée ci-dessous
N RevolutionBeyond Our Borders»), pages 20 et 21, ou il est rendu compte
des entretiens de M. Cheek avec le coordonnateur Ortega, le ministre
des relations extérieures D'Escoto et les commandants ~rce, Wheelock
et Humberto Ortega.

18. Lesdocuments saisisdont j'ai parlé, (pris au parti communiste d'ElSalvador en novembre 1980et à l'arméerévolutionnaire du peuple (ERP)

en janvier 1981 (annexe 50 au contre-mémoire des Etats-Unis sur la
compétence et la re:cevabilité,p. 2). ont étépubliés par le département
d'Etat sous le titre : Cornmunist Interference in El Salvador.. Documents
Demonstrating Communist Support ofthe Salvadoran Insurgency, 23février
1981.Ces documents, s'ilssont authentiques, ne confirment pas seulement
les conversations avec M. Cheek à Managua ; ils montrent aussi que les
insurgésont pris calnsciencede l'existence d'un

problème de sécuritécommençant par une entrevue ...avec un
certain James Cheek ..qui s'estmontréaucourant d'envois terrestres
transitant par le Nicaragua ;dans des petits véhiculeset ..des ten-
tatives faites par mer. Ces faits soulèventla question d'une mauvaise
gestion éventuellede l'information de la part de ceux qui travaillent
dans ce domaine ...une enquêteva être faite...il nous semble très
étrangequ'un fonctionnaire gringo vienne ...formuler pratiquement
une mise en garde dans un cas comme celui-ci. S'il étaitvrai qu'ils
avaient trouvéquelque chose de concret, logiquement ils nous atta-

queraient ...ils ne nous mettraient pas en garde ...)(Doc. J, p. 94.)
(Il est a noter que leCongrèsacritiquéla communication au Nicaragua de
renseignements d'un tel intérêt stratégique.Voir la déclaration de
C. W. BillYoung. membre du Congrès,reproduite en annexe au mémoire
du Nicaragua (annexe E, pièce 1,p. 40).)
19. L'authenticiti:de cesdocuments saisiset surtout l'exactitudede I'ana-

lyse présentéedans le livre blanc du département d'Etat (voir annexe 50,
loc. cit.ont donné lieu à une controverse dans la presse peu après leur
publication en 1981.LeGouvernement desEtats-Unisaréfuté lescritiques
avec force détails ; il soutient que ces documents sont authentiques
(Department of State. ((Response to Stories Published in the Wall
Street Jourtiul and the WushingtonPost about Special Report No. 80 o.
17juin 1981,et ((Revolution Beyond Our Borders »,p. 5. note 2. où il est
affirmé : L'authenticité de ces documents ..a depuis lors étéconfir-
méepar de no~vell~essources de renseignements et par des transfuges. )>)
Cette conclusion est confirmée aussi bienpar des détracteurs que par des
partisans bien informésde la politique du Gouvernement des Etats-Unis à

l'égard duNicaragua. Christopher Dickey, dont l'ouvragecritique intitulé
With the Contras :A Reporter in the Wilds of Nicaragua, 1985,témoigne
d'une connaissance approfondie de certains élémentsde fait enjeu dans la
présente affaire, conclut que les documents d'origine eux-mêmes sem-
blent tout a fait correspondre aceque lesdirigeants et desreprésentants de
l'insurrection salvatlorienne et aussi lessandinistes m'ont déclaréen privé
a Managua en octobre 1983et en mai 1984 O (p. 281-282, 73-74), et il
considère ces documents comme authentiques. Robert E. White, ancien
ambassadeur des Etats-Unis au Salvador, critique implacable de la poli-
tique suivie par le président Reagan à l'égarddu Nicaragua et d'El Sal-
vador, a déclaré êtredu même avis(ci-aprèspar. 151).Un partisan de lapolitique suiviepar lesEtats-Unis à l'égarddu Nicaragua, qui a publiéune
étudecirconstanciéleet documentéede ce qu'il tient pour une agression
commise par le Gouvernement nicaraguayen contre El Salvador, le Hon-
duras et leCosta Rica,qualifie luiaussi lesdocuments saisisd'authentiques
et ilcitedes détailsrévélateurs auant au rôle multiforme du Gouvernement
nicaraguayen dans l'armement, l'approvisionnement. l'entraînement et la
direction de I'insurirectionau Salvador (Robert F. Turner, Nicaragua v.
United States :A Look ut the Facts,sous presse. L'étudede M.Turner est
fondéeen partie sur des travaux de recherche effectuéspour le compte du
départementd'Etat et fait référence à descommunications diplomatiques).

Cet ouvrage renferme une mine de détails concrets supplémentaires à
l'appui des conclusions avancéespar l'auteur, l'une d'ellesétant que le
Gouvernement nicaraguayen a joué et continue de jouer un rôle crucial
dans l'appui à I'insiirrection salvadorienne,en tant que plaque tournante
pour l'acheminement des fonds, munitions et approvisionnements et
comme centre d'entraînement et de commandement.
20. Ni dans sespiiècesécritesnipendant laprocédure oraleleNicaragua
n'a réfuté oumentionnéexvressément cesdocuments saisis. L'arrêtde la
Cour n'en tient pratiquement pas compte. Or, ces documents étayentet
illustrent lesallégationsdes Etats-Unis quant au ravitaillement massif,par

le Nicaragua, Cuba, le Viet Nam, I'Ethiopie et d'autres pays, des insurgés
salvadoriens en armes et munitions, lesquelles passaient toutes par le
Nicaragua (doc. (3, p. 8). Les documents décrivent le rôle joué par le
président Fidel Castro dans l'unification de l'insurrection salvadorienne
(doc. A) ; relatent l'appui((magnifique ))que le camp socialiste apporte
à cette insurrection (doc. C, p. 2) ;rapportent les assurances donnéespar
les dirigeants sandinistes à propos de la mise à la disposition de I'insur-
rection salvadorienne d'un quartier généraa lu Nicaragua avec toutes les
mesures de sécurité )(doc. D,p. 4) ; indiquent aussi que leNicaragua a fait
sienne la cause d'E.S. [El Salvador] O (doc. D, p. 5) ; donnent des pré-

cisions sur les assurances donnéespar le Viet Nam, 1'Ethiopieet d'autres
pays (socialistes O quant à l'envoi de plusieurs tonnes d'armes à l'insur-
rection salvadorieni~e(doc. Eet F) ; montrent que le Nicaragua a accepté
de garder pour lui les armes fabriquéesdans les pays communistes et de
fournir en leurs lieu et place aux insurgés salvadoriens des armes de
fabrication occidentale puiséesdans sespropres stocks (doc. G) ; précisent
que 130 tonnes d'armes et autres matériels(une fraction de la quantité
totale) sont parvenues au Nicaragua pour êtreexpédiéesau Salvador
(doc. 1); fontétatde la suspensiondes livraisons d'armes nicaraguayennes

au Salvador en septembre 1980 en réponseaux protestations des Etats-
Unis (doc. J) ;et indiquent que lefront sandiniste de libération nationale a
communiquéaux guérillerossalvadoriensun calendrier pour la reprise des
livraisons d'armes (doc. K). Ainsi qu'on peut lire dans les documents:

(La manière dont tous les pays du bloc socialiste se sont pleine-
ment engagés ;iaccéder à chacune de nos requêtes,certainsdoublant
mêmel'aide piromise,est impressionnante. C'est lapremière révolu- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)406

tion en Amériquelatine qu'ils sesoient engagésinconditionnellement
à aider avant la.prisedu pouvoir. )(Doc. K,p. 4 ;voirla traduction en
langue anglaise donnéedans ((Revolution Beyond Our Border» s,p. 7,
ainsi que lesautres références quiy sont faites àcesdocuments saisis,
p. 5-7.)

Ces documents offrent une preuve remarquable de l'influence que le
Gouvernement nicaraguayen exerce sur l'insurrection salvadorienne, en ce
qui concerne non seiilement la fourniture d'armes mais aussi la stratégie et
la tactique (voirdoc. K, R). Comme indiqué plus loin, un certain nombre
de sources corroborent la teneur de ces documents.
21. L'accord d'assistance entre les Etats-Unis et le Nicaragua ne fut
signéque le 17octobre 1980,bien qu'une bonne partie des fonds eussent
étéversésavant cette date. Le ou verne m nicanrtguayen affirma, lors
des conversations avec Cheek qui précédèrent cette signature,qu'il n'en-

voyait pas d'armes aux insurgésd'El Salvador. Le 12septembre 1980,afin
d'essayer de maintenir de bonnes relations avec le Gouvernement nicara-
guayen et de lui accorder le bénéficede doutes pourtant grandissants, et
malgréles renseignirments préoccupants qui avaient motivé la mission
Cheek, leprésidentCarter certifia au Congrèsqu'il n'existaitpas de preuve
d'une assistance et d'un soutien du Gouvernement nicaraguayen au ter-
rorisme et à la violeiîcedans d'autres pays. Cette décisionaurait étéprise
parce que les élémerits dont on disposait alors au sujet de l'implication du
Gouvernement nicaraguayen dans des activités terroristes n'étaient pas
concluants O (voir l'attestation présidentielleno80-26 du 12septembre

1980, reproduite dans la Weekîy Compilationof Presidential Documents,
vol. 16, no37, p. 1712,et citéedans la lettre à la Cour en date du 26 no-
vembre 1985,ainsi que (Revolution Beyond Our Border ),op. cit.p. 20).
Cependant, contrairement à la conclusion tiréepar le Nicaragua dans la
lettre du 26 novembre 1985.et à laauelle la Cour dans son arrêtsemble
ajouter foi, cela ne traduit pas vraiment <(les vues du Gouvernement des
Etats-Unis à lafin de 1980 quant à l'appui qu'aurait fourni le Nicaragua
aux forces d'opposition au Salvador ... (les italiques sont de moi). Ce
n'est pas avant fin décembreou débutjanvier D,selon ce qu'aurait confié

à Shirley Christian l'ambassadeur des Etats-Unis, M. Pezzullo, (que les
Etats-Unis obtinrent un tableau plus complet de l'importance de l'aide
fournie par le Nicaragua aux guérilleros d'ElSalvador ))(op.cit., p. 194).
22. Enjanvier 1981,au vu de ce tableau plus complet, l'administration
Carter suspendit certaines formes d'assistance. Comme l'écrivitalors le
New York Times :

D'après des déclarationsfaites aujourd'hui de source officielle,
les Etats-Unis ont suspendu la semaine dernière les versements faits
au Nicaragua sur un fonds de soutien économiquede 75 millions de
dollars parce qii'ilsont acquis la preuve que lesguérilleros gauchistes
d'El Salvador ont étéapprovisionnés en armes par le Nicaragua.
(OThe U.S. Halts Nicaragua Aid Over Help for Guerrillas )),New
York Times, 23janvier 1981,p. A3.) ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS SCHWEBEL) 407

Néanmoins,la suspension des envois d'armes du Nicaragua aux insurgés
d'El Salvador en septembre 1980fut profitable aux sandinistes, en leur
permettant d'obtenir le versement de la plus grande partie de I'aide éco-
nomique votéepar :leCongrès des Etats-Unis. La reprise d'expéditions
massivesd'armes en vue de I'<o (ffensive finaleH des insurgéssalvadoriens
leur en fit perdre la dernièrefraction et, cequi est plus important, remit en
cause lapossibilitéd'luneaide directe future (déjàprévue) ainsique l'appui
des Etats-Unis dans les institutions multilatérales.Elle se révélplus tard
beaucoup plus préjudiciable encore.

E. L'administration Reagan a mis fin à I'aide au Gouvernement
nicaraguayen en le dispensant de son obligation de rembourser I'aidedéjà
accordée, etce dans Pespoirqu'ilmettrait fin à son aide aux insurrectionsà
l'étranger;plus tard, l'administration Reagana offert à deux reprises de
reprendre l'aide sileYicaraguacessait d'appuyer l'insurrectionau Salvador,
mais ces offresn'ontpas étéacceptées

23. Au vu de preuves dont il résultaitque le Nicaragua avait repris son
soutien à 1'insurrec.tionsalvadorienne, le président Reagan adopta le
leravril 1981une attestation par laquelle il étaitmis finà l'assistance au
Nicaragua. La déclaration publiéealors par le département d'Etat indi-
quait cependant :

((La présente:administration a adresséde vigoureuses représenta-
tions aux Nicaraguayens pour lesinciter à cesserleur soutien militaire
aux guérilleros d'ElSalvador. Leur réponse a étépositive. Nous
n'avons pasde preuves concrètesde mouvements d'armes traversant
le Nicaragua ces dernièressemaines et les activitésde propagande et
certaines autres activitésde soutien ont diminué.Le fait au'un trafic
d'armes sepoursuit peut-être,et d'autres formes de soutien trèspro-
bablement, continue cependant à nous préoccuper.
D'importants intérêtd se sécuritédes Etats-Unis sonten jeu dans la
région. Nous voulons encourager le maintien des tendances favo-

rables récemment enregistrées en cequi concerne le soutien nicara-
guayen auxguérillerosd'El Salvador.Nousentendons aussi continuer
à assister au Nicaragua les forces modéréesqui résistent à la domi-
nation marxiste et s'efforcent d'Œuvrer en faveur d'uneoption démo-
cratique et de faire survivre le secteur privé.
Reconnaissant la manière dont le Nicaragua a réagi à ce jour et
compte tenu dc:nos intérêts de sécurité nationaledans la région,le
Présidenta décidé de faire usagede sespouvoirs spéciauxen vertu de
l'article 614) Ildu FAA pour maintenir les créditsESF qui ont été
versés en totalité au Gouvernement du Nicaragua - en d'autres
termes, pour ne pas exiger leur remboursement immédiat.

Nous envisageonsla reprise de P.L.-480et une assistance ultérieure
au développementsi les tendances favorables semaintiennent. Nous
n'excluons pas la reprise de I'assistance ESF ultérieurement si la situation au Nicaragua s'améliore.r)(Documents onAmerican Foreign
Policy, 1981,dm. 687, p. 1298.)

En d'autres termes, le Gouvernement nicaraguayen ayant réagide façon
positive aux rep:résentationsdes Etats-Unis, en suspendant apparem-
ment de nouveau les envois d'armes aux guérilleros salvadoriens,le pré-
sident Reagan renonçait à appliquer la disposition de la législationdes
Etats-Unis qui prévoyait le remboursement immédiat des prêts d'aide
économique accordks au Nicaragua,encas de violation de leurs conditions
d'octroi ;il indiquait en outre que l'assistance économiqueau Nicaragua
pourrait reprendre si les tendances favorables qui s'étaient manifestées

depuis peu se confirmaient. Ce n'est guère là le choix politique d'un
président qui, d'emblée, selonle Nicaragua, aurait saisi le prétexte de
l'appui du Gouvernement nicaraguayen aux guérillerosd'ElSalvadorpour
tenter de le renverser.
24. Ainsi à cette époquecomme par la suite, les Etats-Unis ont fait
savoir au Nicaragua qu'ils seraient disposéàreprendre leur assistance si le
Gouvernement nicsiraguayen cessait ses tentatives de subversion dans
d'autres Etats de la.région et modérait son effort déjà exceptionnel de
réarmement. Le 12 août 1981,Thomas O. Enders, alors secrétaired'Etat
adjoint, a informé les plus hauts dirigeants du Gouvernement nicara-
guayen à Managua que les Etats-Unis seraient disposés àreprendre leur
assistance si leur pays cessait d'appuyer l'insurrection dans les Etats voi-

sins. Cette offre n'a pas étéacceptée.

F. Lbdministration Reagan a préciséau Gouvernement nicaraguayen en
1981 qu'elle considt?rait la révolutionsandiniste « comme irréversible »,
l'unique conditionposée a la coexistence étant qu'il soit mis fin à l'envoi
d'armes au Salvador

25. Le Gouvernement nicaraguayen a de sa propre initiative commu-
niqué un compte rendu de l'un des entretiens importants qu'a eus
M. Enders à Managua en août 1981,en l'assortissant de sa propre inter-
prétation (lettre du 26 novembre 1985). Il peut êtreintéressant tout
d'abord de citer lesimpressions que l'ambassadeur du Nicaragua en poste
à Washington à cette époque a retiréesde ces entretiens :

Durant mes premiers jours de fonctions, j'ai eu l'impression que
les Etats-Unis ne toléreraient pas une victoire militaire gauchiste au
Salvador. En outre, certaines observations de l'ambassadeur des
Etats-Unis au 'Nicaragua, Lawrence Pezzullo, me poursuivaient de
façon persistante. Je crois pouvoir dire que M. Pezzullo éprouvede

sincères sentiments de sympathie pour mon pays. C'est pendant le
printemps de 1981 - quelque temps aprèsl'échecde l'offensive finale
dejanvier des guérillerossalvadoriens - qu'il a plaidé,de façon ami-
cale et sincère,pour que le Gouvernement de Managua s'abstienne
d'aider les insurrections dans les pays voisins. L'ambassadeur a sou-
lignéque cela étaitimportant pour le propre bien du Nicaragua. En août 1981,le secrétaired'Etat adjoint aux affaires interaméri-
caines, Thomas Enders, a rencontré au plus haut niveau mes supé-
rieurs à Managua. Le messagequ'il apportait étaitclair :en échange
d'une non-exportation de l'insurrection etd'une réduction desforces
arméesdu Nicaragua, lesEtats-Unis s'engageaient àappuyer leNica-
ragua par des arrangements mutuels de sécuritérégionale etpar la
poursuite de l'aide économique.Le Gouvernement des Etats-Unis
n'avait pas l'intention de s'immiscer dans nos affaires intérieures.
ou te fois, vous devez comprendre que si vous vous comportez en
totalitaires, vos voisins verront peut-être en vous des agresseurs

potentiels o. J'avais le sentiment que, malgré soncaractère péremp-
toire, la position des Etats-Unis vis-à-visdu Nicaragua était définie
par M. Enders (avecfranchise, mais aussi avec respect pour ledroit du
Nicaragua de choisir son propre destin. M. Enders a indiquéque l'on
se trouvaità une croiséedeschemins :l'unconduisant à l'amitiéentre
les Etats-Unis et le Nicaragua ; l'autreà un éloignementdes deux
pays. D'après lui, le Nicaragua s'étaitpeut-êtredéjà engagé surla
seconde voie. Il n'étaitcependant pas trop tard pour parvenir à
s'entendre. ))(Arturo J. Cruz, ((Nicaragua's Imperiled Revolution O,
ForeignAffairs, été1983,p. 1041-1042.)

26. EdénPastora, quant à lui,donne aux entretiens qui sesont déroulés
avec M. Enders unt: autre dimension, moins diplomatique :

<En rendant compte à Fidel Castro des entretiens que le FSLN
avait eus avec 'ThomasEnders, ..Daniel Ortega a déclaréqu'Enders
avait confiéen ]privéqu'en saqualitéde représentant des Etats-Unis il
étaitvenu àManagua non paspour défendrelesdroitsde l'opposition
démocratique,imaisplutôt pour insister pour que le FSLN mette fin à
toute ingérence:au Salvador ..qu'il étaitvenu au Nicaragua en tant

que représentant du président Reagan pour dire que le Nicaragua
était considéré comme perdu pour les Etats-Unis - que c'étaitlà le
problème du parti démocratedes Etats-Unis, mais que celui du parti
républicainétait nonpas le Nicaragua mais El Salvador, pays qu'il
n'avait pas l'intention de perdre. De plus, Enders avait dit à Daniel
que les Nicaraguayens pouvaient faire ce que bon leur semblait -
qu'ils pouvaiend imposer le communisme, qu'ils pouvaient s'appro-
prier La Prensa;qu'ils pouvaientexproprier lesbiens des particuliers,
qu'ils pouvaient agir à leur guise - mais qu'ils devaient cesserde se
mêlerde la situation au Salvador,d'entraîner le Nicaragua dans une

confrontation IEst-Ouest,faute de quoi ils seraient écrasés. (Edén
Pastora Gomez, «Nicaragua 1983-1985 :Two Years StruggleAgainst
Soviet Interverition ))Journal of ConremporaryStudies (printemps/
été1985),p. 10-11 .)

Là encore, voilà ce qu'il en est en réalitéde l'argument cléavancépar le
Nicaragua en la présente affaire, à savoir que les Etats-Unis ont eu pour
objectif dèsl'accessionde Reagan à la présidencede renverser le Gouver-nement du Nicaragua !Qu'EdénPastora ait ou non un souvenir exact du
rapport fait par Daniel Ortega à Fidel Castro despropos que M. Enders lui
avait tenus en privé,lecompte rendu des entretiensentreOrtegaet Enders
communiqué par 11:Nicaragua confirme l'essentiel. Dèsla deuxième
phrase de son entretien avec lecommandant Ortega, M. Enders a déclaré
catégoriquementque les Etats-Unis considéraientla révolutionsandiniste
<(comme irréversible ))(voir ci-après les paragraphes 156 à 168 et en
particulier le paragraphe 157).

G. Devant la Cour, les représentants duGouvernement du Nicaragua ont
soutenu que celui-ci,n'avaitcjamais »fourni d'armes ou d'autre assistance
matérielle à l'insurrection au Salvador, ((jamais » eu d'installations
salvadoriennes decornmandementetde contrôlesurleterritoire nicaraguayen
ni cjamais » permis que son territoire fût utilisé pour l'entraînement
d'insurgés salvadoriens

27. Comme indiqué dans le corps mêmede la présente opinion, le
Gouvernement du Nicaragua a. àmaintes reprises, abondamment et caté-

goriquement nié avoir, entant que gouvernement, fourni des armes ou
quelque autre assistance matérielle à I'insurrection au Salvador, ou avoir
appuyéI'insurrection dans d'autres pays d'Amérique centrale.Les déné-
gations apportées à l'occasion de témoignagesdevant la Cour et dans les
communications officiellesque leGouvernement du Nicaragua a soumises
à la Cour sont de la plus haute importance en la présenteespèce.J'évo-
querai simplement, iititre d'exemple,trois de cesnombreuses dénégations
catégoriquesdu Nicaragua :

a) Dans son attestai:ion du 21 avril 1984jointe en annexe au mémoiredu
Nicaragua et ensuite maintes fois citéedevant la Cour par le Gouver-
nement du Nicaragua, M. Miguel d'Escoto Brockmann, ministre des
relations extérieuiresdu Nicaragua, déclarece qui suit :

J'ai connaiiçsancedes allégationsdu Gouvernement des Etats-
Unis d'Amériqueselon lesquelles mon gouvernement enverrait des
armes, des munitions et du matériel de transmission ainsi que des
fournitures médicalesaux rebelles qui se livrent à la guerre civile
contre leGouvernement d'El Salvador.Cesallégationssont fausses et
ne sont qu'un prétexte employépar les Etats-Unis pour continuer
leurs activités militaires etparamilitaires illicitescontre le Nicaragua

en vue de renverser mon gouvernement. En réalité,mon gouverne-
ment neparticipe pas etn'ajamais participé àla fourniture d'armesou
autres approvisionnements à l'unequelconque des factions opposées
dans la guerre civile au Salvador. (Mémoire du Nicaragua,
annexe B.)
b) Dans le témoignagesous serment qu'il a fait devant la Cour, le com-
mandant Carriori a déclaré : <(Mon gouvernement n'a jamais eu de

politique de fourniture d'armes aux forces d'opposition en Amérique
centrale. )(Audience du 13 septembre 1985.) ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 411

C) En réponse auxquestionsqui lui étaientposées, l'agentdu Nicaragua a
affirmé ce qui suit, dans une lettre en date du 26 novembre 1985
adresséeau Greffier :
Ainsi qu'il l'a constamment affirmé, leGouvernement du Nica-

ragua n'ajamais fourni d'armes ou d'assistance matérielle auxinsur-
gésau Salvador, ni acceptéque son territoire fût utiliséà une telle fin.
Il n'ajamais permis aux insurgéssalvadoriensd'établir un siège,une
base d'opérations oude commandement, ou un dispositif de contrôle
sur le territoire nicaraguayen, et il n'ajamais permis que son territoire
soit utilisépouiry entraîner les insurgés salvadoriens.

H. En dépit deses dénégationsl,e Gouvernement nicaraguayensert enfait
depuis 1979 deplaque tournantepour l'acheminementd'armeset demunitions
destinéesaux insurgéssalvadoriens; le commandement et le contrôle de
l'insurrectionsalvadclriennesont exercésàpartir du territoire nicaraguayen,

avec la coopérationdes gouvernements cubainet nicaraguayen ; les insurgés
salvadoriens sontent,~aînéàs Cuba et au Nicaragua ; à unmoment donné, la
station de rudiodfis.ion des insurgéssalvadoriensa émisàpartir duterritoire
nicaraguayen ; I'appiripolitique et diplomatique apportépar le Nicaragua à
l'insurrection salvadorienne est absolu, public et constant

28. Les élémentsqui tendent à démontrer - et dans certains cas
démontrent - que le Gouvernement du Nicaragua apporte une aide
matérielle àl'insurre,ctionau Salvador sont substantiels.Aucund'entre eux
n'est en soi concluant. Mais vu la situation au Nicaragua, ce n'est pas
surprenant. Le Nicaragua n'a pas de régimedémocratique, pas de parle-

ment dominépar l'opposition, pas de commission restreinte du renseigne-
ment ;iln'a ni amendement Boland limitant son action au Salvador, ni loi
sur la libertéde l'information obligeant le gouvernement àrendre publi-
ques ses activités,ni presse libre prompte àpublier toute information que
le gouvernement souhaite taire. Le Gouvernement du Nicaragua n'a
pas besoin d'adopter de loi autorisant sesactivités secrètes auSalvadorou
dans d'autres pays d'Amérique centrale ; et loin de prendre un décret pu-
blic interdisant les assassinats politiques, il aurait selon certaines sources
pris secrètement un décret autorisant de tels assassinats, lequel aurait

étéappliquédes ceritaines de fois (voir Inside the Sandinista Régime :A
Special lnvestigator'~ Perspective, publié par le département d'Etat en
1985.Cerapport contient desallégations précisesavancéep sar AlvaroJosé
Baldizon Aviles,récemmentencorelieutenant attaché à la commission des
enquêtesspéciales diuministèrede l'intérieur,qui a quittéle Nicaragua en
emportant avec lui des documents censément officiels qui étayent ses
allégations et dont le plus important est reproduit dans la publication
susmentionnée. Un article sur les accusations portées par M. Baldizon
Aviles a paru dans le WashingtonPost du 19septembre 1985,page A26.

Voir aussi l'article di: Robert. Leiken, loc. citpage 52, qui rend comptede l'interviewque Baldizon lui a accordée etdesobservations du directeur
d'Americas Watch sur les accusations de Baldizon. Le conseil supérieur
des entreprises privées(COSEP) a accusédes agents sandinistes d'êtreres-
ponsables de l'assassinat, le 17 novembre 1980, de son président par
intérim, Jorge Salazar. Voir The Nicaruguan Revolutionary Process, étude
réalisée par leCOSEP en 1983,revue, traduite et mise àjour par le centre
d'information nicaraguayen enjanvier 1985,pages 3et 4. Des exégètesde
la révolutionnicaraguayenne tiennent cette accusation pour fondée. Voir
Christian, op. cit.pages 181 à 184,et Dickey, op. cit.pages 80 à 82.) Eu
égard à la nature du régime nicaraguayen et à la présencedans les minis-

tères nicaraguayens de nombreux conseillers qui viennent de régimes
totalitaires étrangers, on peut supposer qu'il nesera pas facile de percerà
jour ce que le Gouvernement du Nicaragua a des raisons de cacher. Cela
n'empêchepas qu'il existedes preuves abondantes - et suffisantes- de ce
que nie ce gouvernement.

1. Faits reconnuspur des membres du Gouvernementdu Nicaragua

29. La Cour, àjuste titre, accordeun poids particulier aux déclarations
d'une partie portant sur des points de fait lorsque ces déclarationsvont à
l'encontre de ses intérêtsI.l est remarquable qu'en la présente affaire une
partiecomme le Nicaxagua,qui nieaussi catégoriquementeten bloc un fait
crucial, ait cependant fait un certain nombre de déclarations importantes
qui reviennent à le reconnaître. Il ne s'agit certes pas de lois du Congrès,
signéespar le Président et publiées dans l'équivalent auNicaragua du
CongressionulRecord, mais cesélémentsn'enconstituent pas moins, vu les
circonstances, des indices sérieux.
30. Le président du Nicaragua, le commandant Daniel Ortega Saave-

dra, a accordé en janvier 1985 une interview à un éminent romancier
péruvien,Mario Vargas Llosa, lequel a par la suite publié unreportage sur
le mois qu'il avaitpasséau Nicaragua, les nombreuses interviews qu'il y
avait recueillieset les.conclusions auxquelles ilétaitparvenu. Ce reportage
aparu sous le titre In Nicaragua ))dans leNew York Times Magazine du
28 avril 1985.Au cours de l'interview, le présidentOrtega aurait déclaré à
M. Vargas :«nos tensions internes seront résolues, là n'est pas la diffi-
culté o.Il aurait poursuivi :

La difficult~i.c'est la négociation avecles Etats-Unis. C'est de là
que viennent tous nos problèmes. Le président Reagan n'a pas re-
noncé à l'idéede nous détruire. Il semble négocier, puis il fait
machine arrière ...Il veut notre capitulation.
Nousavons dit que nous sommesdisposés àfaire partir lesCubains,
les Soviétiques et les autres conseillers ; ù suspendre sous contrôle
internutionul tout transit par notre territoire d'aide milituire ou autre
destinéeaux Sulvudoriens.Nous avonsdit que la seulechose que nous

demandions était que l'on ne nous attaque pas et que les Etats-Unis
n'arment pas et ne financent pas ...les bandes qui entrent chez nous
pour nous tuer, pour brûler lesrécoltes etqui nous obligent àdétour- ner d'énormesrt:ssources humaines et économiques dont nous avons
le besoin le plu:; pressant pour le développement. H (P. 17 ; les ita-

liques sont de moi.)
Leprésident Ortegarierédigeait pasiciun document officielmais ilparlait
- tout comme le président Reagan, lors de sa fameuse conférence de
presse, ne rédigeait ]pasun document officiel traitant des modalités de
l'ajustement de la politiquenicaraguayenne, mais déclaraitqu'ilentendait
que le Nicaragua imette les pouces )).C'étaient là des propos qui en

disaient long,maisceux du présidentOrtegane sontpas moins révélateurs.
Et quedit leprésident Ortega ? Sesparoles sont citéesentre guillemets - il
n'enest pas simplement rendu compte, ellessont citées - par un auteur de
renom s'exprimant dans unjournal de réputationinégaléed ,ans lestermes
suivants :

((nous sommes disposés ...à suspendre sous contrôle international
tout transit par notre territoire d'aide militaireou autre destinéeaux
Salvadoriens. Nous avons dit que la seulechose que nous demandions
était ...que les Etats-Unis n'arment pas et ne financent pas ...les
bandes qui entrent chez nous pour nous tuer ...

Le président Ortega n'aurait pas parlé de suspendre le transit de l'aide
militaire au Salvador par le Nicaragua si un tel mouvement n'avait pas

existé.On ne peut mettre fin àcequi n'apas commencé.On ne peut mettre
fin àcequi ne sepoursuit pas. Les Etats-Unis,indubitablement, arment les
contras : cela doit cesser;enretour dit leprésidentOrtega,leNicaragua est
prêta t(suspendre tout transit par son territoire d'aide militairedestinée
aux Salvadoriens. Voilà qui est sincère !
31. Naturellement, si l'intention est de minimiser toute déclaration du
Nicaragua contraire à ses intérêts tout engrossissant les déclarations du
même genre desEtats-Unis, on peut trouver des raisons de minimiser la
déclaration qui vient d'être citéeL .e président Ortega et M. Vargas par-
laient en espagnol et l'article de M. Vargas est entièrement traduit de

l'espagnol, cequi permet d'insinuer qu'il y a eu erreurde traduction. Mais
cettehypothèse ne tient pas sion sereporte à laversion originale espagnole
ci-après des propos du président Ortega :

Lo dificil es la negociacion con Estados Unidos. De alli viene
todo el problemia. El presidente Reagan no renuncia a acabar con
nosotros y, por eso, aparenta negociar, pero luego da marcha atras,
como en Manzanillo. No quiere negociacion. Quiere que nos rinda-
mos. Hemos dic;ho que estamos dispuestos a sacar a los cubanos,
soviéticosy demas asesores ; a suspender todo transit0 por nuestro
territorio de ayuda militar u otra a los salvadorefios, bajo verificacion
internacional. Hemos dicho que Io unico que pedimos es que no nos
agredan y que Estados Unidos no arme y financie,jactandose de el10
ante el mundo, a las bandas que entran a matarnos, a quemar las

cosechas, y que nos obligan a distraer enormes recursos humanos y ACTIVITÉS MILiTAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 414

economicos que nos hacen una falta angustiosa para el desarrollo.

(Ce texte en espagnol des propos tenus en espagnol par le président
Ortega est tiré(d'uneversion espagnole de l'article de Vargas Llosa
paru dans l'ABC de Madrid daté du 12 mai 1985, sous le titre El
Sandinista, Tranquilo )); les italiques sont de moi.)

Ou bien on peut laisser entendre que la citation étant extraite d'unjournal
idoit y avoir unefautetypographique ou que l'auteur. étantromancier. ila
brodé. Enfin on pourrait dire que, si le président Ortega a prononcé ces

paroles, ce n'étaitpas sérieusement.
32. Mais si l'on veut apprécier objectivement les propos du chef de
I'Etat citéspar une sourceautorisée, ilest impossible de passer sous silence
ce quasi-aveu du président Ortega. De plus. si la traduction en anglais de

ces propos avait étéiant soit peu incorrecte. ily a tout lieu de croire que le
Gouvernement du Nicaragua aurait demandé la publication d'un rectifi-
catif. ce que le New York Times. suivant une politique bien établie, lui
aurait accordé immédiatement. Or. aucun rectificatif n'a étédemandé ni
publié(d'aprèsla lettre du 3 1décembre 1985qui m'a étéadresséepar Mar-

tin Arnold, directeur adjoint du New York TinzesMuguzine). Ainsi que le
représentant d'El Salvador. qui a donné lecture des propos citésdu pré-
sident Ortega devant l'Assembléegénéraledes Nations Unies, l'adéclaré.
voilà un aveu éloquent ))(A/40/PV.90, p. 83). Les propos du président
Ortega tels qu'ilsont étéprononcés à l'origine en espagnol sont mêmeplus

accusateurs que leur ,iraduction en anglais (Oweare willing to stop D). puis-
que leur auteur adinet que le Nicaragua pourrait <<suspendre ))la livrai-
son d'armes aux insurgés salvadorieiis. Les déclarations du porte-parole
du Nicaragua citéesci-aprtis pourront êtrefort bien appréciéesà la lumitire
de ce quasi-aveu fait en 1985 par le président Ortega, lorsque celui-ci a

admis qu'une aide militaire transitait vers El Salvador par le Nicaragua.
et que le Nicaragua aurait pu y mettre fin mais ne l'avait pas fait.
33. Les déclarations en question seront citéesdans l'ordre chronolo-
gique. Mais il n'est pas sans intérêtde noter tout d'abord que récemment
encore. en avril 1986,le président Ortega a fait une deuxième déclaratioii

publique qui renforce la portée de celle déjà citée.Dans un article publik
dans le WuIl Srrrrr Jourtlul du 18avril 1986.à la page 2, Clifford Krauss
rend compte d'une interview que le président Ortega a accordée à Mana-
gua le 16avril 1986et au cours de laquelle il a déclaréque le Nicaragua est
prêtà négocieret à signer avec les Etats-Unis un traitéde sécuritémutuelle

qui ferait de l'Amérique centrale une (1zone neutre 10.soustraite à la
compétition Est-Ouest. L'article se poursuit en ces termes :

En proposant un traitébilatéral avec les Etats-Unis. M. Ortega a
indique que le Nicaragua est prêtà convenir d'un retrait de tous les
conseillers militilires étrangerset d'une cessation de l'aide aux forces
irrégulières O dans la région. En échange. a-t-il dit. les Etats-Unis
devraient mettre fin à leurs pressions militaires sur le Nicaragu:~ et

cesser leurs man.wiivresmilitaires dans la région.IIa qualifiéle traité
;iiiisi proposé d"~arrangement réciproque. ))Il està noter que le président Ortega affirme que le Nicaragua est prêt à

convenir d'une cessation de l'aideaux forces irrégulièresdans la région,et
qu'en échange lesEtats-Unis devraient mettre fin à leurs pressions mili-
taires sur leNicarag.ua.C'est ceque le président Ortega a qualifiéd'ccar-
rangement réciproque o. Une déduction s'impose inéluctablement : le
Nicaragua est prêt àmettre fin à sonaide suivieaux forcesirrégulièressiles
Etats-Unis sont disposés àmettre un terme à leurspressions militaires sur
leNicaragua. Sila Cour est fondée àconclure qu'on ne saurait imputer au
Nicaragua l'envoi à aucun moment d'une aide militaire aux forces irrégu-
lièressa1vadorienne:j.et certainement pas aprèsle débutde l'année1981,
comment se fait-il que leprésidentOrtega. en 1985et en 1986,ait fait des

déclarations publiques qui infirment a ce point cette conclusion ? Qui est
censéêtrele mieux au fait de cette question, le président Ortega ou la
Cour ?
34. En 1969,leFSLN a publié lepremier exposé détailléde sesobjectifs.
Les sandinistes ont déclarédéfendrequinze principes, dont :« 14.Lutter
en faveur de l'instauration d'une c(union véritabledespeuples d'Amérique
centrale à l'intérieur d'un seul et mêmepays O, en commençant par
appuyer les mouvements de libération nationale dans les pays voisins. ))
(Citédans Nolan, loc.cil.,p. 37.)

35. En septembre 1979, peu après que les sandinistes eurent pris le
pouvoir, le directoire national du FSLN convoqua une assembléepour
permettre aux c(cadres moyens ))de procéder à un échangede vues direct
avec les dirigeants. A la suite de cet échangede vues, des directives géné-
rales furent élaborées et un rapport sur la réunionde troisjours - rapport
appelé ((document ties soixante-douze heures - fut distribué parmi les
sandinistes. Ce rapport est digned'intérêtP . ar exemple on peut y lire que
dèsseptembre 1979,alors que lesEtats-Unis apportaient au Nicaragua une
aide supérieure à celle de tout autre Etat occidental :

levéritableennemi auquel nous aurions àfaire face est la puissance
impérialistedes Etats-Unis, le problème de la traîtrise et de la dé-
magogie de la bourgeoisie réactionnaire locale étant moins impor-
tant o.

Dèsseptembre 19791a ,lors que les survivances du pluralisme étaient plus
nombreuses qu'aujourd'hui, le <document des soixante-douze heures
affirmait : <(nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que le
sandinisme représente la seule force interne o. Il est particulièrement

intéressantde noter,compte tenu de l'intensification du potentiel militaire
nicaraguayen qui s'amorçait alors,que le rapport conclut que c(la garde
nationale vaincue cie peut organiser pour le moment d'attaque contre
nous et qu'aucun des voisins du Nicaragua n'oserait appuyer la garde
nationale ;ilest aussi indiquéqu'il n'estpas besoin de disposerd'une force
arméeimportante pour faireface à laperspective inexistante d'une contre-
révolution armée.S''agissantde la politique étrangère,on trouve dans le
document des soixante-douze heures le passage suivant : ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 416

La politique étrangère de la révolution populaire sandiniste
repose sur ... le principe de l'internationalisme révolutionnaire. La

politique étrangère du FSLN a pour objectif de consolider la révo-
lution nicaraguayenne,ce qui permettra de renforcer la révolutionen
Amérique centrale, en Amérique latine et dans le monde ... Elle vise
de façon généraleà contribuer à renforcer les luttes livréespar les

pays d'Amérique latine contre les dictatures fascistes et en f~veur de
l'instauration di: la démocratie et de la libération nationale ... IIfaut
insister sur la nécessitéde contrecarrer la politique d'agression des
dictatures militiiires du Guatemala et d'El Salvador, en tirant profit
des frictions internes dans ces pays. tout en soulignant nos diffé-

rences avec le Honduras et la conduite amicale du Costa Rica et du
Panama. ))(OAnalysis of the Situation and Tasks of the Sandinista
People's Revolution O,5 octobre 1979.Traduction en anglais figurant
dans l'aérogramme microfilmé non confidentiel du département

d'Etat A-103, datéde Managua, du 26 décembre 1979.)

36. En janvier 1980. Tomas Borge, ministre de l'intérieur, assistant à
une cérémonieorganisée à La Havane à l'occasion du vingt et unième
anniversaire de la révolution cubaine, déclarait :

Le Nicaragua doit exprimer sa solidarité avec les autres peuples

d'Amérique latinequi luttent contre l'impérialismeou qui s'efforcent
de secouer le joug de maîtres étrangers... C'est ce que nous devons
apprendre auprl2sde nos frères cubains. qui, nonobstant la faiblesse
de leurs moyens et leur pauvreté. ont étégénéreux avecnotre peuple.
Et demain, s'il le faut, nous nous priverons de manger pour exprimer

notre solidarité avec nos frères d'Amérique latine. avec la même
affection, fermeté et solidarité que les Cubains ont manifestées. ))
(Agence de presse panaméenne ACAN, 4 janvier 1980.)

37. En juin 1980. le commandant Borge déclarait devant un auditoire

nord-coréen : (les r~évolutionnairesnicaraguayens n'auront de cesse que
les impérialistes n'aient étérenversés dans le monde entier ..>)(FBIS,
Corée duNord, 12juin 1980, p. D16).
38. Le 1Ojanvier 1981, au moment de I'«offensive finale Olancéepar la
guérillasalvadorienrie pour renverser le Gouvernement d'El Salvador, les

guérilleros, émettanitdepuis une station de radio clandestine située au
Nicaragua, annoncèrent que (<l'heure [était]venue ..en vue de la prise du
pouvoir 1)(FMLN-FDR. El Sulvudor on the Threshold of u Dernocrutic
Revolutionury Victory, p. 82-83). Radio Managua, prenant le relais.

affirma :

((Quelques heures après que l'ordre de lancer l'offensive pour
abattre le régime mis enplace par lajunte militaire démocrate chré-
tienne eut étédlonnépar le commandement généraldu FMLN, on
signalait les premières victoires remportées par nos forces. (((Rrvo-
lution Beyond Our Borders i),p. 9.) 39. Quelques jours plus tôt, le ministre des relations extérieures du
Nicaragua, M. d'Escoto, avait déclaréau cours d'une interview télé-
visée :

<<(Question :jMonsieur le ministre, qu'en est-ildes rumeurs selon
lesquelles des combattants nicaraguayens participent à la lutte de
libérationque livre le peuple salvadorien ?

[Réponse :] Je ne suis pas en mesure de nier qu'il y a la-bas des
Nicaraguayens. Je trouverais mêmeétrangequ'iln'yait pas là-bas de
Nicaraguayens - des Nicaraguayens qui vivent au Salvador depuis
longtemps, et d'autres Nicaraguayens aussi qui sont peut-êtrearrivés
au Salvador pluisrécemment.

Mais il y a peu, nous avons entendu parler d'un rapport où il est
question de mer,cenairesnicaraguayens. Simercenaires nicaraguayens
il y a, il doit s'agirde gardes nationaux recrutéspar l'arméesalvado-
rienne. Le mot mercenaire ne s'applique pas à un mouvement de
libération. En toutétat decause, la seulechose qui a été confirméeest
laprésencede miercenairesdesEtats-Unis, qui luttent contre lepeuple
salvadorien. ))(FBIS, Panama City Televisora Nacional, 7 janvier
1981.)

Le ministre des relations extérieures devaitdévelopperses vues quelques
jours plus tard. Selon une dépêchede l'Agence France-Presse radiodif-

fuséele 14janvier 1981(FBIS, Amérique centrale1 ,5janvier 1981,p. 17) :

<(Le ministre des relations extérieuresdu Nicaragua, M. Miguel
d'Escoto,aqualifiéicimême,cetaprès-midi,d'oinvention totale 1)un
rapport selon lequel deux péniches pleinesde guérilleros venuesdu
Nicaragua ont accosté au Salvador.
M. dlEscoto ilajoutéque son gouvernement ne peut empêcherles
Nicaraguayens {de <(se porter volontaires pour participer à la défense
du peuple salvadorien H.
(<J'ai dit en Equateur qu'il n'estpas rare que des guérilleros nica-

raguayens se trouvent au Salvador,participant à la lutteque lepeuple
salvadorien livre pour sa libération O,a-t-il souligné.

M. d'Escoto a dit : «IIfaut faire une distinction entre un merce-
naire qui combat dans un pays étranger pour une solde, et un gué-
rillero, qui combat par solidarité avec un peuple qui lutte pour sa
libération ou ses idéaux.

40. De même,enjanvier1981,un autre conlandanteaurait, selon Radio
Sandino de Managua (FBIS, Amériquecentrale, 29 janvier 1981, p. 11)
parlé en ces termes sur le thème <(El Salvador Will Overcome H (<(El

Salvador vaincra r)):
Le commaiîdant de la révolution Carlos Nunez, membre du ACTIVITÉS MIL1TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEI.) 418

directoire national du Front sandiniste de libération nationale, a

dénoncéla campagne de mensonges et de silence sur notre révolutiori
que mène la presse internationale réactionnaire. IIa pris la parole à
l'ouverture de la première réunion internationale de solidarité avec le
Nicaragua. tenue sur le thème El Salvador vaincra )).
IIa déclaré.entre autres points forts de son discours. qu'il est du

devoir d'un internationaliste de diffuser les informations qui concer-
nent notre situation. Ila dit aussi que la solidarité réciproque et
I'internatioi~alisme des nations passent par la lutte cornmune de tous
les peuples pour leur libération, leur indépendance et leur souverai-
netéet contre l'ennemi commun.
A propos de l'apport du peuple nicaraguayen à la lutte générale

livréepar les pays frères, Nunez a souligné qu'ilinquiétait et deses-
pérait l'impérialisme yankee.

41. Dans une interview accordée au magazine Bohenriu qui paraît à
Caracas (numéro daté du 20-26 avril 1981), le commandant Borge s'est
exprimé en ces termes :

(Question :/LeGouvernement des Etats-Unis soutient avec force

que le Nicaragua sert de têtede pont aux Cubains et aux Soviétiques
pour l'acheminement des armes destinées au Salvador.
[Rkponse :/ On prétend que nous envoyons des armes au Salvador.

d'ailleurs sans en donner de preuves véritables. Supposons malgré
tout que des armes venues d'ici soient parvenues au Salvador. Cela est
possible. Et même, ilse peut que des combattants nicaraguayens
soient passés au Salvador. En tout cas. nous n'avons pas pris de
décision dans ce sens qu'on puisse nous reprocher. Notre solidarité

avec ce pays et ce peuple fait partie intégrante de la consolidation de
notre processus révolutionnaire. )>

42. Le 19juillet 1981. prenant la parole à l'occasion des cérémonies
marquant le deuxième anniversaire de la victoire de la révolution nicara-
guayenne (FBIS, Amérique <~entrule2,1juillet 198 1, p. Y-IO), le comman-
dant Borge a déclaréce qui suit :

Cette révolution dépasse nos frontières. Notre révolution a tou-
jours été internationaliste depuis le moment où Sandino a commencé
à se battre à La Segovia. Aux côtés de Sandino se trouvaient des
internationalistes du monde entier ...Aux côtésde Sandino se trouvait
legrand dirigeant du peuple salvadorien, Farabundo Marti ...Tous les

rkvolutionnaires et en particulier tous les peuples d'Amérique latine
savent que notre peuple est de tout ceur avec eux. que les ceurs
battent à l'unisson. L'Amériquelatine est dans le cmur de la révolu-
tion nicaraguayenne et la révolution nicaraguayenne est dans le ceur
de l'Amériquelatine. Cela ne signifie pas que nous exportons notre
révolution. IIsuffit qu'on prenne exemple sur nous - et cela. nous ne pouvons l'évite ..Le processus révolutionnaireira de l'avant ...lors-
que nous parlons d'économie mixte,de pluralisme et d'unité natio-

nale, c'est dans le contexte de la révolution et non pas contre la
révolution ...
43. En février 1982, parlant devant la cinquième conférence perma-
nente des partis politiques d'Amériquelatine, le commandant Borge a
déclaréce qui suit (service intérieurde Managua, 21 février1982) :

Comment un patriote peut-il rester indifférent au sort de ses
frèresd'Amériquelatine ? ..Comment pouvons-nous rester les bras
croisés alorsque des crimes sont perpétrésau Salvador et au Guate-
mala? Comment ne pas êtresolidaire des efforts de ces peuples
héroïquessans perdre le respect de soi-même,tout simplement le
respect de soi-même,dans ce continent ? ..Qu'un seul des peuples
d'Amérique latinesaigne, et c'est toute l'Amériquelatine qui saigne.
C'est pourquoi nous, sandinistes, sommes solidaires de tous les

peuples qui luttent pour leur libération. Si nous sommes accusés
d'exprimer notre solidarité, et si nous sommes pour cela traînésau
banc des accusés,nous dirons :nous avons manifesténotre solidarité
avec tous les peuples d'Amériquelatine par le passé,nous le faisons
maintenant et nous continuerons de le faire.
44. Deux événementsexceptionnels qui ont eu lieu à l'occasion de la

session de l'Assembléegénéraledes Nations Unies de 1981 donnent la
mesure de l'appui politique et diplomatique - ainsi que logistique - du
Gouvernement nicaraguayen aux insurgésd'ElSalvador.Prenant laparole
devant l'Assemblée généralle e 8 octobre 1981, lecommandant Ortega a
déclaréqu'il étaitporteur de propositions concrètes de nature à réglerla
crise traverséepar El Salvador :
«que nous ont fait parvenir lespatriotes salvadoriens. Auparavant,je

voudrais dire que nous avons parmi nous, accompagnant la déléga-
tion nicaraguayenne, le président dufront démocratiquerévolution-
naire d'El Salvador et membre de la commission politique conjointe
du front Farabundo Marti pour la libération nationale...lecamarade
Guillermo Ungo. )(A/36/PV.29, p. 27.)
Le commandant Ortega a alors donné lecture de l'autorisation que les

insurgéssalvadoriens lui avaient donnéede transmettre leurs propositions
à l'Assemblée généralp eu, is de leurs propositions détaillé-sen présence
d'un desdirigeants de l'insurrection qui accompagnait la délégation nica-
raguayenne à l'Assemblée générale D.ans une attaque en règlecontre les
Etats-Unis d'Amérique pour leurs <(agressions, les ingérences,les pres-
sions et les chantages qui <(n'ont jamais cessé (ibid p. 24-25), le
commandant Ortega a affirmé aussi, apparemment en tant que porte-
parole des révolutionnairesdu Nicaragua et d'El Salvador :

(Nos peuples sont disposés à répondre commearépondu Sandino,
face à toute tentative d'agression directe ou indirecte, que ce soit au Nicaragua ou en El Salvador. Nous savons tous que les menaces
d'invasion visent surtout ces deux peuples. (A/36/PV.29, p. 26.)

45. En réponse,le présidentDuarte a fait observer que le représentant
du Nicaragua à l'Assemblée générale
est apparu davantage comme le porte-parole d'un groupearméque
comme le représentant de son pays - un groupe armédont l'activité
principale, à El Salvador, a consisté à mener une campagne de ter-

rorisme. de sabotage, de destruction et de mort, dans laquelle la
victime n'est pas l'ennemi qu'on essaieinutilement de fabriquer de
toutes pièces.mais le peuple salvadorien tout entier O (A/36/PV.33,
p. 113).
Et le président Duarte poursuivait en ces termes :

(iNul n'a été surprisde voir que c'est le gouvernement sandiniste
qui a étéle seul disposé à remplir une mission aussi peu honorable,
étantdonnéqu'il est.depuis ledébut,l'instrument choisi qui apermis
que son territoire serve de base pour l'approvisionnement en armes.
de refuge et de soutien pour les groupes arméset de caisse de réso-

nance pour ses fallacieuses campagnes de propagande. Du fait de sa
responsabilité dans le tragique conflit que connaît El Salvador, le
Gouvernement nicaraguayen est donc fort mal placépour servir de
porte-parole crédible à une proposition de paix. (Ihid.)

Le représentant d'El Salvador qui citait devant l'Assembléegénéralele
messagesusmentionnédu présidentDuarte afaitobserver àsontour que le
Nicaragua. en <[disant] publiquement depuis la tribunequ'une personne
qui milite dans l'opposition d'un autre pays occupe matériellement les
siègesqui reviennent à la délégationdu Nicaragua O,invite l'Assemblée
générale à se transformer (en une instance chaotique ou en un cirque
politique (ihid., p. 116).
46. En 1982.le commandant Borge, dans un message à la conférence

continentale pour la paix, les droits de l'homme et l'autodétermination
au Salvador, affirmait :
La lutte du peuplesalvadorien est lalutte de tous leshommes et de
toutes les femmes du continent ...C'est la lutte de tous ceux qui
estiment qu'il est deleur devoird'appuyer un David vaillant face àun

Goliath criminel et arrogant, c'est la poursuitede la lutte de Sandino,
de Farabundo Marti. de Che Guevara et de Salvador Allende.
(Radio Sandino, 21janvier 1982.)
47. Invité à dire ce qu'il répondraità l'ambassadrice Jeane Kirkpatrick
qui avait dkclaréque. puisque la révolutiontriomphait au Nicaragua. par le

jeu de la théoriedes dominos elle serait exportéeau Salvador, puis au
Guatemala. puis au Honduras. puis au Mexique D.le commandant Borge
répondit : Voilà une prophétiehistorique de Ronald Reagan qui est tout
à fait vraie! (Claudia Dreifus. (iPlayboy Interview :The Sandinistas O,
Plr~,,~hogs~,tembre 1983.p. 192.) ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 421

48. En 1983,lecommandant Humberto OrtegaSaavedra,ministre de la
défense du Nicaragua, disait :<(Bien sûr, nous n'avons pas honte d'aider
El Salvador. Nous voudrions aider tous les révolutionnaires. (Michael
Kramer, The Not-Quite War ))New York Times, 12 septembre 1983,
p. 39.)
49. En 1983,le commandant Bayardo Arce aurait tenu les propos sui-
vants :<(Nous ne renonceronsjamais à aider nos frères d'ElSalvador. )>

(Ihid.)Dès 1980,il avait promis une «assistance inconditionnelle au pro-
cessus révolutionnaire au Guatemala et au Salvador ))(citédans « Revo-
(utionBeyond Our Borders»,op. cit.p,.5).
50. En 1983, le commandant Arce déclarait également cequi suit :
l'internationalisme ne cédera pas ..tant que les Salvadoriens lutteront
pour conquérir leur liberté, leNicaragua continuera à affirmer sa solida-
rité (Christopher Dickey, <<Leftist Guerrillas in El Salvador Defend
Cuban Ties O, WashingtonPost, 11 mars 1983).
51. Selon la déclarationd'intervention d'El Salvadordéposée enjuillet

1983, le ministre des affaires étrangères du Nicaragua a admis l'appui
apporté par le Nicaragua à l'insurrection au Salvador :
<Les autoritésofficielles du Nicaragua ont publiquement admis le

rôle direct que joue leur pays dans la guerre qui nous est livrée.En
juillet 1983,lors d'uneréuniondesministresdesaffairesétrangèresdu
groupe de Contadora, Miguel D'Escoto, ministre des affaires étran-
gèresdu Nicaragua, que son homologue salvadorien, Fidel Chavez
Mena, pressait de questions sur le soutien matérieldu Nicaragua àla
subversion sur le territoire d'El Salvador, a ouvertement et effronté-
ment reconnu la réalitéde ce soutien devant ses collèguesdu groupe
de Contadora. Cette déclaration, faite dans ces circonstances parti-
culières, est significative, dans la mesure où l'attitude intervention-

niste adoptéepar le Gouvernement nicaraguayen dans son ardeur à
exporter la subversion ne se manifeste pas seulement à l'égard d'El
Salvador, mais concerne aussi des pays tels que la Colombie, leCosta
Rica, le Honduras et d'autres pays d'Amériquelatine, avec certains
desquels le Nicaragua a de sérieusesdifficultés. Celles-cis'expliquent
par le fait que le Nicaragua, comme il l'a lui-mêmereconnu officiel-
lement, est devenu un centre d'exportation de la révolutiondans tous
les pays de cette partie du monde. ))(Par. IX.)

52. Dans sa déclaration d'intervention, El Salvador affirmait par ail-
leurs que M. Ortega, chef de I'Etat nicaraguayen, avait déclaré publique-
ment, au cours d'une interview donnée peu de temps auparavant à la
télévision allemande, qu'« ilpourrait rencontrer le présidentDuarte, mais

que cela n'empêcheraitpas les guérilleros salvadoriens de continuer à
recevoir un soutien )).Toujours dans sa déclaration d'intervention, El
Salvadorconsidérait que cespropos,prononcés par celuiqui exerçait alors
lesfonctions decoordonnateur de lajunte sandiniste «impliquent un aveu
d'intervention et expriment la position officielle du Gouvernement du
Nicaragua à ce sujet... (par. XIII). 53. En inai 1984. le commandant Arce prononqa devant le comité
politique du parti socialiste nicaraguayen un discours. dont le texte a été
reproduit dans Lu Vung~~urdu de Barcelone du 3ljuillet 1984.Ce discours
a ceci de particulier que son auteur y traite avec un franc mépris les
élections nicaraguayennes (G un désagrément bourgeois O) et admet que

les sandinistes n'avaient jamais eu l'intention de tenir les promesses de
pluralisme politique, de non-alignement dans les relations internationales
et d'économie mixte qu'ils avaient faites devant I'OEA et ailleurs. Le
comniandant Arce qualifie d'o engagement ))le programme du Gouver-
nement nicaraguayen destinéà mettreenŒuvre cestroisprincipes. Il parle

de la dictature du prolétariat ))au Nicaragua. Les propos du comman-
dant Arce qui suivent ont un rapport direct avec la question de savoir si le
Nicaragua suit ou non une politique interventionniste :

((L'impérialismeexige troischoses de nous : que nous renoncions à
I'iriterventionnisme. que nous renoncions à nos liens stratégiquesavec

l'union soviétiqueet le bloc socialiste, et que nous soyonsdesdémo-
crates. Nous ne pourrions cesser d'êtreinternationalistes sans cesser
d'être révolutionnaires.
Nous ne pourrions rompre nos relations stratégiques sans cesser
d'être rkvolutionnaires. Cela ne peut même pas êtreenvisagé.

Mais la superstructure. la démocratie,comme on dit, la démocratie
bourgeoise possède un élémentdont nous pourrions nous accommo-
der, ou mêmetirer profit pour construire le socialisme au Nicaragua.
Quels sont ces avantages ?Qu'avons-nous expliqué aux dirigeants du

parti ?L'intérêetssentiel des élections,ence qui nousconcerne, réside
dans la rédactiond'une nouvelle constitution. C'est là l'important. La
nouvelle coiistitution nous permettra d'élaborer les principes juri-
diques et politiques qui présideront à la construction du socialisme
au Nicaragua.

Nous nous servons d'un instrument revendiquépar la bourgeoisie.
qui désarme la bourgeoisie internationale. pour faire avancer notre
stratégie.Cet instrument nous permet de neutraliser l'agressivitéde
I'impkrialisme. et dans le mêmetemps de faire progresser notre révo-

lution.

Qu'on vote pour tous les acquis de la révolution, pour I'alphabé-
tisatioii, pour I'kducation des adultes. pour les confiscations. pour la
nationalisation des banques et du commerce extérieur, pour I'ensei-
gnernent gratuit, pour lesconseillers militaires soviétiqueset cubains.

pour l'internationalisme de la révolution. Qu'on vote pour tout cela.
Telle est la réalitéde notre révolution. et tout ce que nous avons fait
procède de cette dynamique. ))

Le comniandant Arce affirme do~ic que le Nicaragua ((ne saurait ...
renoncer à l'interventionnisme ... O II ne précisepas dans son discours lateneur de l'interventionnisme nicaraguayen. Mais il avait déclaré, à une

autre occasion, <(tant que les Salvadoriens lutteront ...le Nicaragua con-
tinuera à affirmer sa solidarité ..>)La teneur de l'interventionnisme nica-
raguayen est explicitée ailleurs, non seulementdans des déclarations de
personnalitésnicaraguayennes, maisencore dans un trèsgrand nombre de
documents. (La presse internationale a longuement rendu compte du
discours d'Arce. Une traduction en anglais de l'intégralitédu texte du
discours d'Arcea été publiéedans laDepartmentofState Publication9422,
mars 1985, accompagnée d'une liste des organes de presse où il a été
reproduit. Le discours aurait étéenregistré au magnétophone à l'insu
d'Arce,puispubliédans La Vanguardia ;d'aprèsTheEconomistdu 23août
1984et le WashingtonPost du 12août 1984,p. A-1,le président Ortega a

reconnu l'authenticitédu discours.)
54. EdénPastora, qui est aujourd'hui un opposant au Gouvernement
nicaraguayen fut, pendant un temps, le plus célèbredes cornandantes
nicaraguayens - sansjamais, toutefois, avoir été l'undes neuf - et devint
vice-ministre dès la mise en place du régime post-somoziste. Un des
conseils du Nicaragua a insistésur son indépendancevis-à-visde la CIA.
Un article de lui, paru dans une revue spécialisée américaine, revêt une
importance toute spéciale :

<(Lorsque le gouvernement de Managua, incarné par les neuf
hautespersonnalitéscommunistes, étaitentrainde mettre au point les
plans de l'insurrection au Salvador, je participais aux réunions du
directoirenational :j'étaisen fait ledixième membrede cedirectoire,
sans en porter le titre officiellement. Avec précautionet force diplo-
matie,j'ai dit auxautres chefsqueje n'étaispas d'accord avecl'idéede
lancer les Salvadoriens dans une insurrection ..)) (Edén Pastora
Gomez, loc. cit., p. 9-10.)

55. On trouve dans l'annexe 1au mémoiredu Nicaragua sur le fond
un rapport d'avril 1985 sur les atrocitéscommises contre des civils par
les contre-révolutionnaires opérant au Nicaragua, rapport rédigépar
MM. Donald Fox et Michael J. Glennon à l'intention du groupe juri-
dique international des droits de l'homme et du bureau de l'Amérique
latineà Washington (pièce3).Cerapport contient enappendiceun certain
nombre de dépositionsque MM. Fox et Glennon ont recueillies et qu'ils
ont, semble-t-il, reproduites intégralement. Parmi ces dépositionsfigure
celle de Luis Carrion, ministre adjoint de l'intérieur,faite apparemment

au début de 1985 (elle n'est pas datée). Dans cette déposition, que le
Gouvernement du Nicaragua a produite comme preuve en la présente ins-
tance. les propos du commandant Carrion sont rapportés comme suit :
Nousn'apportons aucune aide auxrebellesdu Salvador. Je nesais
pas quand nous l'avonsfait pour ladernièrefois. Ilya bien longtemps
que nous ne leur avonsenvoyéaucune aide matérielle.Voilàpourquoi
Reagan a dit que l'aide aux contras n'a pas pour but d'arrêterles
transports d'armes, maisde renverser le Gouvernement du Nicara-
gua ! (P. 34.)Les contradictions qui existent entre les propos du commandant Carrion
précités,produits comme preuve par le Nicaragua, et son témoignage
devant la Cour. en tant que témoin citépar le Nicaragua. sont flagrantes.

Devant la Cour. le commandant CarriOn a déclaré,sousserment. que son
gouvernement n'avait jamais 1)eu de politique de fourniture d'armes aux
insurgés salvadoriens. Et dans la déposition faite devant MM. Fox et

Glennon le mêmecommandant CarriOn soutient que <(nous - ce qui.
dans lecontexte, ne peut s'entendre que du Gouvernement du Nicaragua -
ti'upportor~suucune aide )) aux rebelles du Salvador, et non pas que
((nous ))ne I'avons,jurnaisfait. Cette conclusion est renforcéepar la phrase

qui suit : Ilj~a bien longtempsque nousne leur avons envoyéaucune aide
matérielle. ))(Les italiques sont de moi.) Or il faut entendre aussi. par
aucune aide matérielle )),la fourniture d'armes qui est assurément une
forme d'aide matérielle - d'où l'allusion aux transportsd'armes O àla fin

du passage précitéde la déposition du commandant Carrion. Lorsque le
commandant Carrion affirme que ily a bien longtemps ))qu'il n'apas été
apporté d'aide aux rebelles salvadoriens, ilsous-entend que. à un moment

donné,uneaide a étéenvoyée,et que nous ))l'avons envoyée.End'autres
termes. ilveut dire, dans ce passage, que toutedéclaration selon laquelle le
Gouvernenient du Nicaragua n'a ((jamais ))envoyé d'aide aux rebelles
salvadoriens est inexacte et que, au contraire, à un moment donné. le

Gouvernement du Nicaragua a eu une politique de fournitured'armes aux
insurgés d'ElSalvador.
56. Selon une interview accordée à Managua au journal New York

Tinzesle 16juillet 1985,le président Ortega aurait <(admis que le territoire
du Nicaragua a servi à un moment donné à acheminer des armes aux
guérilleros d'El Salvador ... L'article continue comme suit :

Peu après la réunion à la Maison-Blanche, le président Carter a

critiqué les sandinistes. ceux-ci ayant étéaccusésd'avoir envoyédes
armes aux révolutionnaires d'El Salvador.
D'après M. Ortega, les membres des forces nicaraguayennes
auraient aidéà ces envois d'armes. mais ils l'auraient fait sans I'ap-

probation du gouvernement. 1) (New York Times, 18 juillet 1985,
p.A10.)

57. Des extraits. apparemment de cette même interview du 16juillet
1985 accordéepar le président Ortega. ont étéreproduits ultérieurement

dans unedépêchedatéedu 17septembre 1985.Celle-ci cite comme suit les
propos du président Ortega :

II nous est arrivéde tomber sur des groupes de quarante à cin-
quantede nos soldats. équipésde sacs à dos et d'armes. en route vers

El Salvador ;mais. nous l'avons dit, nous avons dû les arrêteret les
châtier 1).
M.Ortega a déclarequ'àun moment donne lepremier ambassadeur
des Etats-Unis auprès du gouvernement sandiniste, Lawrence Pez-

zullo, lui avait présentédes documents prouvant qu'un aérodrome situédans la province occidentale du Leon était utilisépour trans-

porter des armes destinées aux rebelles salvadoriens.Il a di: Nous
avons pris les mesures nécessairespour que cet aérodrome ne serve
plus à ce genre d'activités.))(New York Times, 17 septembre 1985,
P 2.)

58. 11faut noter que dans son interview le président Ortega déclare à
propos de l'utilisation de I'aérodromedans la province occidentale du
Leon (voir ci-dessous pour l'utilisation de I'aérodromede Papalonal) :
Nous avonspris lesmesures nécessairespour que cet aérodromeneserve
plus à ce genre d'activités.))(Les italiques sont de moi.) C'est admettre
clairement que I'aérodromea servi à ce genre d'activitéso.Quelles acti-

vités? Comme on le démontrera, l'expéditionpar voie aérienned'armes
aux insurgés salvadoriens.Se peut-il que les activités menées àPapalonal
aient étéle fruit d'une libre initiative, un coup de têtedejeunes et ardents
guérilleros agissantà l'insu du Gouvernement nicaraguayen et sans son
appui ?La réponse à cette question s'impose mais le passage d'un docu-
ment probant des Etats-Unis dont j'ai donnélecture à l'audience à I'oc-
casion de mon interrogatoire de l'agent et conseiller du Nicaragua la rend
encoreplus évidente.Ce passage est le suivant (audience du 18septembre
1985) :

((Il est apparu que la principale base d'opérations étaitun champ

d'aviation àPapalonal. Les moyens mis en Œuvre et la rapiditéde la
construction à Papalonal, zoneisolée à23millesmarins au nord-ouest
de Managua, sans activité commerciale ou économique dans les
parages, sont révélateursde son rôle militaire. A la fin dejuillet 1980,
ce terrain étaitune piste agricole en terre battue d'environ 800mètres
de long. Au mois de décembre,les photographies ont fait apparaître
une piste allongéeet niveléeavecdes aires de dispersion en dur et des
entrepôts en construction. En janvier 1981, la longueur de la piste
avaitété portéeà 1200mètres.Une airededemi-tour avait été ajoutée
à chaque extrémité.Une aire de stationnement de garage avec trois
aires en dur avait étéconstruiteà l'extrémité ouestde la piste. Trois

aires de stationnement de trafic avaient étédégagées et trois hangars
ou entrepôts, chacun d'une largeur d'environ 15 mètres, avaient été
construits sur ces aires.
Le 2janvier 1981,un C-47 a été observé à Papalonal pour la pre-
mière fois.Deux C-47ont été observés en févrierC. es C-47 et DC-3 ...
servaient à acheminer d'importants chargements d'armes de Papa-
lonal jusqu'à des zones d'infiltration des guérillas au sud-est d'El
Salvador. On a reconnu, au Nicaragua, plusieurs pilotes qui faisaient
régulièrementle voyaged'El Salvador.Des repéragesradar ont aussi
permis de constater des vols de Papalonal vers le sud-est d'El Salva-
dor.

Le 24 janvier 1981, un C-47 a parachuté des armes à proximité
d'une petite piste au sud-est d'El Salvador. Le 24 janvier 1981, un ACTIVI'TÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 426

Cessna du Nicaragua s'est écraséau décollageaprès avoir déchargé
des passagers sur une piste au Salvador, près du lieu où le C-47 avait

effectuéson parachutage. Un deuxièmeavion. un Piper Aztec, envoyé
pour recupérer l'équipageabattu. a étémitrailléau sol par l'aviation
salvadorienne. Le pilote et des armes ont étépris. Le pilote a déclaré
qu'il était employépar la compagnieaériennenationale du Nicaragua
(LANICA) et que le vol avait eu pour point de départ l'aéroport

international Sandino à Managua. (Department of State. R~volu-
IIO~IBt;,'orrdOur Borders o.p. 7-8.)

59. Le Nicaragua n'a pas réfutécette preuve de la reconstruction et de
l'utilisation de la piste de Papalonal bien qu'elle ait étésoumise àson agent
et conseil pendant la procédure orale. Elle s'accorde difficilement avec la
déclaration faite par le président Ortega dans son interview au Netr York
Tirticsselon laquelle l'utilisation de Papalonal pour approvisionner I'in-

surrection salvadorienne s'étaitfaite à l'insu et sans l'appui du Gouver-
nement nicaraguayen. II se peut fort bien que la piste d'atterrissage ait été
ferméeaprès que I'anibassadeur des Etats-Unis eut signaléau comman-
dant Ortega que les Etats-Unis savaient qu'elle étaitutiliséepour expédier
des armes destinées aux insurgéssalvadoriens. Mais cela ne démontrepas
pour autant qu'elle n'a pas été construite et utilisépar le Gouvernement

iiicaraguayen pour les fins auxquelles elle a étéen fait utilisée.
60. IIfaut noter aussi que lesphotographies aériennesde Papalonal. qui
ont probablement servi à étayer les représentations faites par les Etats-
Unis auprès du commandant Ortega et dont l'une est reproduite dans le
document intitulé (<RevolutionBe,,ondOur Borders (p. 8) ont étéprises à

partir d'un aéronefdes Etats-Unis qui a survolé le territoire nicaraguayen
- ce contre quoi le Nicaragua a vigoureusement protesté. Mais le fait que
ces survols ont permis d'apporter au commandant Ortega lui-mêmela
preuve de I'utilisation internationalement illicite du territoire nicara-
gunyeii qu'il affirmait ignorer atteste leur caractère défensif. et partant

licite.
61. Sereviendrai sur la question de la piste de Papalonal à propos de la
dépositiondu principal témoin citépar leNicaragua. Mais ilest intéressant
i ce point de citer les conclusions de Dickey :

L'administration Carter. aux derniers jours du mandat du Prési-
dent. a suspendu le versement du reliquat des 75 millions de dollars
qu'elle avait obtenus l'année d'avantau titre de l'aide aux sa~idiilistes.

II n'y avait d'autre choix. IIeût étéen effet impossible. après 1'0of-
fensive finale ))salvadorieiine. d'attester que les sandinisteh n'ap-
p~iyaieiit pah (l'autres mouvements rebelles. Les Nicar;igu;iyeiis
iivaieiit iigiLivecune ii-idiscrétioniiicroyiihle. I)es iiiiiiéesplus tard. des
dissidents et des dirigeants rebelles salvadoriens qui se trouvaient à

Managua et à La Havane 3 l'époque rappelaient. avec un hochement
de [Pte. qu'ils avaient mêmeforniédes acrobates qui devaient parti-
ciper àSan Salvadorau défilé de la victoire. Edén Pastora se souvenait
des conimand;ints de la guérillasalvitdorienne, revctus de leurs uni- formes impeccables, dirigeant leur victoire - puis contemplant leur
défaite - d'un centre de commandemant installédans la demeure

d'une maîtresse de Somoza. A la date du 14janvier, les services de
renseignements des Etats-Unis avaient mis la main sur un nombre
incalculable de preuves à charge, y compris un camion dont le toit
était garnide M-16 et qui circulait au Honduras. Lejeu était terminé
et on demandait descomptes. ((Vous n'êtesque desirresponsables u,
a dit l'ambassadeur Pezzullo a Borge et Daniel Ortega lors d'une
réception. ((Nous vousavons pris enflagrantdélit. Et lessandinistes
le savaient. Ils commencèrent a prendre des mesures pour rattrapper
les dommages. Au mois de mars, ils avaient fermé lapiste d'atterris-

sage de Pamplonas qui avait étéutiliséepour approvionner les Sal-
vadoriens. Les aéronefsont étédésarmésl,es pilotes dispersés. u(Loc.
cit., p. 105.Les propos citésde l'ambassadeur Pezzullo sont extraits
d'une interview qu'il a accordée(p. 290). Voir aussi, pour de plus
amplesdétailssur leslivraisons d'armes nicaraguayennes auxinsurgés
salvadoriens, p. 75. Voir aussi, Christian, op. cit., p. 193-196.)

Dickey ne conclutpas seulement au caractèreirréfutablede l'approvision-
nement en armes des rebelles salvadoriens par le Gouvernement nicara-

guayen en vue de l'offensive de janvier 1981. Il rapporte qu'en 1982 les
livraisons d'armes aux Salvadoriens ((n'avaient pas cessé.Elles s'étaient
intensifiées. (P. 133.)
62. Le passage suivant de (Revolution BeyondOur Borders ))(p. 10-11)
montre que la fourniture d'armes aux insurgéssalvadoriens par le Nica-
ragua, qui avait momentanément cesséaprès l'offensive de janvier 1981
puis repris, s'est en fait intensifiéeen 1982 :

Avecl'aidedeCuba, leur sourceprincipaled'approvisionnement,

les Nicaraguayens intensifièrent leurs livraisons d'armes aux unités
duFMLN, de manière à permettre à cedernier de lancer une offensive
pour empêcherle déroulement paisible des élections à l'Assemblée
constituante du 28 mars 1982.
Au cours des trois premiers mois de 1982, les envois d'armes au
Salvador atteignirent le niveau le plus haut enregistré depuis 1'0of-
fensive finale ))de 1981. Lestransports d'armes depuis le Nicaragua
s'effectuaient par la voie maritime ou par la voie terrestre,à travers le
Honduras. En février1982,un envoi important arriva par voie mari-
time du Nicaragua sur la côte d'usulutan. Au début de mars 1982.

une unitéde guérilladu Salvador reçut plusieurs milliers debâtonsde
TNT et dedétonateurs (cinq bâtonsde TNT suffisent a faire sauter un
pylône électrique).
Outre les armes légèreset les indispensables munitions, les opéra-
tions de ravitaillement menées en 1982procurèrent aux guérillasdes
quantités importantes d'armes plus lourdes, notamment des fusils
sans reculde 57millimètresetdes M-72anti-tank, accroissant ainsi de
manière sensible leur puissance de feu. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 428

2. Faits reconnus pur lestémoinscitéspar le Gouvernement du Nicaruguu

63. La déposition du commandant Carrion qui a témoignépour son
gouvernement a été rapportéeplus haut. Deux autres témoins citésà la

demande du Gouveriiement nicaraguayen ont eux aussi reconnu des faits
importants.
64. Le rapport de MM. Fox et Glennon déjàmentionné - rapport sur
lequel s'appuyait le témoignagede M. Glennon - énonceune conclusion
qui va dans le même sensque le témoignage du commandant Carrion
figurant dans ce rapport : le Gouvernement sandiniste affirme n'avoir

pas fourni d'armes aux guérilleros salvadoriens depuis un certain temps
(mémoiredu Nicaragua, annexe 1,pièce 3. p. 6; les italiques sont de moi).
Cette affirmation contredit de toute évidenceles déclarations faites sous
serment par le ministre des relations extérieures, M. D'Escoto, et par le
vice-ministre, M. Luis Carrion, selon lesquelles le Gouvernement nicara-
guayen n'aurait jamais fourni d'armes aux guérilleros salvadoriens.

65. Bien plus révélatricesencore sont les déclarations de M. David
MacMichael. ancien analyste de la CIA, citécomme témoin principal par
le Nicaragua. Son interrogatoire par un des conseils du Nicaragua a donné
lieu à l'échangesuivant :

(Question :] Vous connaissiez donc les renseignements recueillis
par le Gouvernement des Etats-Unis en ce qui concerne le trafic

d'armes ou d'armements entre le Nicaragua et les rebelles d'El Sal-
vador ?
[Réponse:] Oui.

Q. : Bien. Je voudrais maintenant évoquerla périodeoù vous avez
été employépar la CIA ; est-ce qu'il y a eu pendant cette période,
c'est-à-dire entremars 1981 et avril 1983,des preuves convaincantes

que le Gouvernement du Nicaragua expédiaitdesarmes aux rebelles
d'El Salvador ?
R. :Non.

Q. : Est-ce qu'il y eu des preuves tangibles que pendant cette
période des armes aient étéexpédiéesdepuis le territoire nicara-
guayen. ou soient passées par le territoire nicaraguayen, àdestination

des rebelles d'El Salvador, avec l'approbation, l'autorisation, la con-
nivence ou I'acc:oi-ddu Gouvernement du Nicaragua ?

R. :Non, rien ne le prouve.
Q. : Y a-t-il des preuves tangibles qu'au cours de cette même
période il y ait eu d'importants envois d'armes dont le Gouverne-
ment du Nicaragua aurait eu préalablement connaissance, partant de

son territoire ou le traversant, à destination des rebelles d'El Sal-
vador ''

R. :Non. il n'y en a pas. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)429

Q. :Y a-t-il des preuves tangibles que pendant cette période d'im-
portantes quantités d'armements soient arrivées auSalvador par le
Nicaragua ?
R. :Depuis le Nicaragua, c'est-à-dire dont l'origine serait le Nica-

ragua. non.
Q. :Y a-t-il des preuves tangibles d'expéditions d'armesaux gué-
rilleros salvadoriens à partir d'autres pays de la région ?

R. :Oui.
Q. :Pourriez-vousnous donner quelques exemples, s'ilvous plaît ?
R. :Je pense que lemeilleur exemple serait lespreuves recueillies le

15mars 1982,date à laquelle un raid a étéeffectuécontre un dépôt
d'armes à San José (Costa Rica), au cours duquel on a pris une
quantitéconsidérabled'armes - plus d'unecentaine de fusils,d'armes
automatiquesde divers types, d'autres matériels militaires,de mines,
etc.- ainsiqu'un certain nombre de véhicules - une demi-douzaine,je
crois, qui avaient servià transporter ces armes ou qui étaient destinés
au transport de cesarmes.Ona saisidesdocuments sur lesprisonniers
qui ont été faits- et qui étaient,je dirais, un groupe multinational -

indiquant avec certitude que plus d'une demi-douzaine d'expéditions
d'armes avaient déjàété effectuées à partir decedépôt.Sije n'enaipas
parlé enréponse à votre question précédente,monsieur Chayes, c'est
qu'il me semblait que si les armes avaient étéexpédiéesde San José
(Costa Rica)par la route elles avaient dû d'une façon ou d'une autre
traverser le Nicaragua. (Audience du 16 septembre 1985.)

Deux remarques sur cet échangede propos. Tout d'abord, dans ses ques-
tions, le conseil du Nicaragua emploie des adjectifs - est-ce qu'il y a eu
des preuves convaincantes O,des preuves <(tangibles O,ou encore des

preuves tangibles ...d'oimportants envois d'armes )>- qui déterminent
quelque peu les réponses. Et plus important encore, lors de sa déposi-
tion initiale, M. MacMichael a affirmé qu'il y avait effectivement des
preuves tangibles d'envois d'armes aux guérillerossalvadoriens à partir
d'autres pays de la région (en l'occurrence,le Costa Rica) et transitant
par le Nicaragua.
66. Les explications donnéesau Conseil de sécuritépar le représentant
permanent des Etats-Unis auprès de l'organisation des Nations Unies

quelques jours après l'incident précisdont il a étéquestion ne manquent
pas d'intérêtL . e 25mars 1982,l'ambassadrice Jeane Kirkpatrick déclarait
en effet :

Le 15mars 1982la policejudiciaire costa-ricienne a annoncéla
découverte d'une maison, à San José, où elleavait trouvé une cache
considérable d'armes, d'explosifs, d'uniformes, de passeports et de
documents, avec des sceaux d'immigration falsifiésen provenancede
plus detrente pays, et desvéhiculeséquipéd se compartiments secrets,
le tout liéà un trafic d'armes, à travers le territoire du Costa Rica, à destination des guérillerossalvadoriens. Neuf personnes ont étéarrê-
tées :des Salvadoriens. des Nicaraguayens. un Argentin, unChilien et
un Costa-Ricien. Jusqu'ici, la police du Costa Rica a saisi treize

véhiculesdestinésà la contrebande d'armes. La police a confisquéde
cent cinquante r'cent soixante-quinze armes, allant de mausers à des
mitraillettes. du TNT. des grenades à fragmentation. des lance-
grenades. des munitions et cinq cents uniformes de campagne. L'un
des terroristes capturés a dit à la police que les armes et les autres

marchandises devaient êtrelivréesaux guérillerossalvadoriens avant
le20 mars. (<pour les élections. (9PV.2335, p. 46.)

67. Immédiatement après l'échangerapporté ci-dessus, l'interrogatoire
de M. MacMichael s'est poursuivi en ces termes :

[Que.~tion :/Monsieur MacMichael, nousavonsjusqu'ici parléde
la période pendant laquelle vous avez été employéà la CIA - du
6 mars 1981 au 3 avril 1983. Maintenant, indépendamment de toute
limite de temps : avez-vous vu à un moment quelconque des preuves
quelconques de l'envoi d'armes aux rebelles salvadoriens depuis le

Nicaragua ?
/Réponse:] Oui, j'en ai vu.

Q. : Quand ?
R. : De fin 1980 au tout début de 1981.

Q. : De quelles sources émanaient ces preuves ?
R. : Toutes sortes de sources :il y a eu des preuves documentaires.

pouvant êtreàmon aviscodées.ily a eu - c'est là leplus important -
des saisieseffectives de cargaisons d'armes donton a pu remonter à la
source au Nicaragua et il y a eu des récitsde transfuges du Nicaragua
qui ont confirmé ces livraisons.

Q. : Cela prouve-t-il que le Gouvernement du Nicaragua ait été
impliqué pendant cette période?
R. : Non, mais je ne pourrais pas l'exclure.

Q. : Y a-t-il eu à cette époquedes livraisons d'armes aux insurgés
salvadoriens en provenance d'autres pays de la région?

R. : Oui. il y en a eu.
Q. : Pourriez-vous nous donner des exemples ?

R. : Il y a eu à cette époque des livraisons pour lesquelles on a pu
remonter à la source jusqu'au Costa Rica ;ily en a eu d'autres à cette
époque dont on a su qu'elles avaient transité par le Panama.

Q. : Et les preuves. à supposer qu'elles aient existé. d'un trafic
d'armes en provenance du Nicaragua ont-elles disparu ?

R. : Les preuves du type que j'ai décritont disparu. Il n'y en a plus
eu iiprks le tout début de 198 1. février-mars au plus tard. Q. :Vous dites qu'a un certain moment, a peu de chose près a
l'époqueoù vous êtesentréau service de la CIA, on n'a plus relevé
aucune preuve. Ces preuves ont-elles jamais réapparu ?
R.: Comme je l'ai dit : non. )) (Audience du 16 septembre

1985.)
Lesdéclarationsde ce témoin - en réponse auxquestions de la Partie qui

lecitait- sont remarquables. Le témoin mêmd eu Nicaragua affirme qu'il
a vu la preuve que de fin 1980au tout débutde 1981 O,il y a eu effec-
tivement <(envoi d'armes auxrebelles salvadoriens depuis le Nicaragua H.
Surquoi M. MacMichael s'appuie-t-il pour avancercette conclusion ? Sur
des preuves documentaires, des saisies d'armes et des témoignagesde
transfuges. Mais à la question ((Cela prouve-t-il que le Gouvernement du
Nicaragua ait été impliquépendant cette période ? r),M. MacMichael
répond : «Non, maisje ne pourrais pas l'exclure.

68. Enfin, en conclusion de cet interrogatoire, M. Chayes et M. Mac-
Michael échangentles propos suivants :

<[Question :]Résumonsdonc votredéposition.Entre mars 1981et
avril 1983,dans le cadre de vos fonctions au service de la Central
Intelligence Agency et a titre professionnel, vous aviez accès aux
données obtenuespar les servicesde renseignements à propos de la
fourniture d'armes aux rebellessalvadoriens et vous les avez analy-
sées, est-ce bien exact ?

[Réponse :/ C'est exact.
Q. : Cela comprenait les renseignements obtenusde l'ensembledes
sources que vous avez précédemment répertoriéeasu cours de votre

déposition ?
R. : Oui.

Q. :Dans les données obtenuespar les servicesde renseignements
que vous avez analysées, vousn'aveztrouvéaucune preuve convain-
cante de la fourniture d'armes aux rebelles salvadoriens par le Gou-
vernement du Nicaragua ni de la complicitédu Gouvernement nica-
raguayen dans cette fourniture ?

R. : Je n'en ai pas trouvé la preuve.
Q. : Puis-jevous demander, en votre qualitédespécialistede I'ana-
lyse du renseignement, si l'absence d'une telle preuvea une quel-

conque importance quand il s'agit d'exprimer une opinion sur la
fourniture d'armes par le Nicaragua aux rebelles salvadoriens ?
R. : Je dirais qu'elle rend trèssujetteà caution l'affirmation selon
laquelle le Gouvernement nicaraguayen serait ainsi impliqué.

Q. : Etes-vous prêt àréaffirmer votre conclusion généralq euant à
l'existence d'untrafic d'armes en provenance du Nicaragua à desti-
nation des insurgéssalvadoriens ? ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS .CHWEBEL) 432

R. :Je ne croispas ùl'existenced'un tel trafic actuellement ni au cours
desquutre dernitres unnéesau moins, etje crois que lesaffirmationsen
sens contraire du Gouvernement des Etats-Unis visent à justifier sa
politique envers le Gouvernement du Nicaragua. (Audience du
16septembre 1985 ;les italiques sont de moi.)

69. Lesobservations ultérieuresde l'agentdu Nicaragua sur laportéedu
témoignagede M. MacMichael devant la Cour ne sont pas safi; in:érêt.

Dans sa lettre du 26 novembre 1985.M. Argüello Gomez dit ceci :

((En résuméde ces témoignages etde ces faits :le Gouvernement
du Nicaragua n'ajamais fourni d'armes ou d'autre matérielde guerre
aux insurgésd'El Salvador, ni autorisél'utilisation de son territoire à
cette fin. II se peut que, sans l'autorisation du Gouvernement nica-
raguayen et en opposition avec sa politique, des sympathisants des
insurgésleuraient envoyéde petites quantitésd'armesen provenance
du territoire nicaraguayen ou ayant transitépar celui-ci ; le Gouver-
nement nicaraguayen a fait tout ce qui était en son pouvoir pour

empêcheret arrêterces trafics d'armes. M.David MacMichael,ancien
agent de laCIA citécomme témoinpar leNicaragua, adéclaré que des
armes avaient étéenvoyées aux insurgés d'ElSalvador à partir du
territoire nicaraguayen au tout début de 1981, mais que ces envois
avaient cesséaprès mars 1981,sans reprendre ensuite ;qu'il n'avait
pas connaissance d'autres envois d'armes entre avril 1981 et avril
1983.époquea laquelle il a cesséde travailler pour la CIA ;et que les
faits ((ne prouvaient pas ))que le Gouvernement nicaraguayen était

responsable des envoisd'armes au tout débutde 198 1.Et les témoins
du Gouvernement nicaraguayen ont déclaréque celui-ci n'avait eu
aucun rôle ni aucune responsabilitédans ces envois ni dans d'autres
(voir, par exemple, audience du 16 septembre 1985). ))

70. On peut se demander si cette interprétation du témoignage de
M.MacMichael ne dépassepas les limites de la bonne foi car s'ilest vrai
que M. MacMichael a conclu que les faits ne prouvaient pas O la com-
plicitédu Nicaragua. il a dit aussi - entre autres choses : je ne pourrais

pas l'exclure D.Mais ce qu'il y a de singulier dans cette lettre. c'est que
l'agent du Nicaragua ignore purement et simplement les réponses de
M. MacMichael aux questions poséespar la Cour. Comme on le verra ci-
dessous. ces réponses : a)contredisent directement les affirmations répé-
téesdu Nicaragua selon lesquellescepays n'aurait jamais fournid'armes
ou d'autre matériel de guerre aux insurgés d'El Salvador, ni autorisé
l'utilisation de son territoire à cette fin ))et h) démontrent, soit que le
ministre des relations extérieuresM. D'Escoto et le commandant Carrion

ont travesti les faits dans leurs dépositions sous serment. soit que le
témoignagede M. MacMichael est si fondamentalement vicié qu'ilcon-
vient de le récuser. LaCour avait le choix entre tenir pour véridiques les ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 433

affirmations de MM. D'Escoto et Carrion et paur mensongèrescelles de
M. MacMichael, ou l'inverse. Puisque cependant, comme il ressort de
nombre d'autres élémentsde preuve, le commandant Carrion s'est con-
tredit en soumettant aussi à la Cour une déclaration écrite qui recoupele
témoignage de M. MacMichael mais infirme son propre témoignage et

celui du ministre des relations extérieures, M. D'Escoto. il sembleexact de
conclure que c'est M. MacMichael qui a dit la vérité.
71. Examinons maintenant certains passages de l'interrogatoire de
M. MacMichael par la Cour dont il a été questionau paragraphe précé-
dent. Tout d'abord :

<([M. Schwebel :] Voici ma première question. Vous avez dit que
vousavezcommencé votreserviceactif àla CIA le 6mars 1981et que
vous l'avez cessé le 3 avril 1983,ou vers cette date. Ai-je raison de

supposer que votre dépositionserapporte essentiellement àla période
comprise entre mars 1981et avril 1983,du moins dans la mesure où
elle s'appuie sur un service officiel?
[M. MacMichael / C'est exact ..et depuis mon départje n'ai ni eu
accès à des documents secrets, ni tentéd'y avoir accès.

Q. :Dans ces conditions, si le Gouvernement du Nicaragua avait
expédiédesarmesau Salvador avant mars 1981,par exemple en 1980
et au débutde 1981,afin d'équiperla grande offensive dejanvier des

insurgésau Salvador, vous ne seriezpas en mesure de le savoir ; est-ce
exact ?
R. :Monsieur le Juge,je crois avoir déclaréqu'à cette époquej'ai
examinéladocumentationla plus récenterelative auxrenseignements
pour cette périodeetj'ai dit aujourd'hui qu'il y avait des élémentsde

preuve sérieuxet que,de la façon dont je vois leschoses,je nepouvais
pas considérer commeexclue une participation du Gouvernementdu
Nicaragua pendant cette période.
Q. :Considéreriez-vous une telleparticipation comme établie ?

R. :Je préfèrem'en tenir à ma réponse, à savoir queje nepouvais la
considérer comme exclue. Pour vous répondre avec aussi peu de
détours que possible, je serais plutôt porté à la considérer comme
acquise que comme exclue. ))(Audience du 16 septembre 1985.)

On remarquera que M. MacMichael ne soutient pas catégoriquement
l'opinion qui lui est attribuée par l'agent du Nicaragua, à savoir que les
faits <ne prouvaient pas ))la complicité du Nicaragua ; il serait même
plutôt porté à la considérercomme acquise H que comme <exclue o.On
relèveraégalementque M.MacMichaelfait allusion à des faits dont il a eu
connaissance personnellement ;il affirme qu'il a examiné <la documen-
tation la plus récenterelative aux renseignements ))pour la période 1979-
1981. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. sCHWEBEL) 434

72. J'ai ensuite demandé à M. MacMichael comment il pouvait expli-
quer que M. Boland, membre du Congrès, ayant eu accès aux mdmes
renseigiiements que lui-même, ainsiqu'il lereconnaît, soit parvenu à la
conclusion que (contrairement aux dénégationsréitéréed ses responsables
du Nicaragua. ce pays se trouve engagéà fond dans l'aide à I'insurrectioii

salvadorienne ))(ihirl.).Pour répondre à cette question, qu'il a qualifiéede
((très importante O,M. MacMichael a avancédes explications qui seront
examinées plus loin (par. 146. 154 et 155). Vient ensuite le dialogue sui-
vant :

cl(Question :/ Je vous remercie. monsieur MacMichael, et cela
m'amèneàposer la question suivante : imaginonsun instant que votre
thèse soit juste et que l'afflux d'armes du Nicaragua au Salvador
pendant la périodeoù vous étiezen fonctions ait en grande partie ou

entièrement pris fin. Supposons pour le moment qu'il y ait eu des
eiivois d'armes du Nicaragua aux insurgésd'El Salvadoren vue de la
grande offensive du début de 198 1.Comme le commandant Carrion
en a témoigné. ;ila fin de 1981l'appui de la CIA aux <.ot~trué staiten
place. vous arrivez je pense en mars 198 1 et restez jusqu'en 1983, et

pendant à tout lemoinsune grande partie de cette période l'opération
c.oiilrnétait activement subventionnée et se déroulait. N'est-il pas
possible de supposer que loin d'êtreinefficaces les cotitrtrsétaientdes
plus efficaces. et que la raison mêmepour laquelle le Couverilement
nicaraguayen a cessé sesenvois d'armes, à supposer qu'il I'ait fait.

était la pression exercéepar les contrus ? II pouvait constater que sa
politique allait àl'encontre du but recherchéparce qu'elle avait abouti
au financementdes c,ontrcrs Darles Etats-Unisalors uue lesdémarches
des Etats-Unis n'avaient eu aucun résultat. Cette explication est-elle
plausible ?

(Réponse :/ Je pense qu'elle est plausible...etje poursuivrai si vous
le désirez.Je crois pouvoir dire. et c'est mêmemon avis, que l'envoi
alléguéd'armes du Nicaragua aux insurgés d'ElSalvador a pris fin.

qu'aucune preuve tangible et probante d'un tel afflux d'armes n'exis-
tait à l'époqueoù j'etudiais la question et. sij'ai bien compris. vous
laissez entendre que cela pourrait être dû à l'action aussi excellente
qu'efficace et au travail préventif accompli par les unitéscontrus.

Q. :Non. sije peux êtreun peu plus clair.je ne veux pas dire que les
cmtrus ontétéforcémentefficaces pourinterdire lesenvoisd'armes. II
se peut qu'ils aient étéefficaces jusqu'à un certain point. ou au

contraire inefficaces, franchement je n'en sais rien. mais je propose
conime explication possible des événementsque vous avez décritsque
le Nicaragua avait compris qu'une politique d'envoi d'armes aux
insurgésd'El Salvador devait se payer, qu'il craignait que le prix à
payer soit encore plus lourd, ce qui l'aurait décidéà mettre fin aux

envoisd'armes, à supposer qu'il I'aitfait, ce sur quoi je neprends pas
position. Je ne fais qu'avancer une hypothèse. R. : Je vous remercie. Ce quej'allais dire est que, sic'estexact, alors
il est très difficile d'expliquer pourquoi, pendant toute cette période,
le Gouvernement des Etats-Unis a continué à soutenir que cet afflux
d'armes se poursuivait, s'ilétait vraiment terminé parce que le Gou-
vernement du Nicaragua avaitpris conscience desdangers auxquels il
s'exposait en continuant à être impliqué ou à sembler l'être.A vrai
dire, je trouve étrangeque le Gouvernement des Etats-Unis ait con-
tinué à soutenir que les envois d'armes se poursuivaient.

Q. :Je suis bien d'accord, si en fait les envois avaient pris fin. J'ai
dit que j'exprimais une hypothèse. ))(Audience du 16 septembre
1985.)
C'est un dialogue fort instructif, car il confirme que M. MacMichael
accepte le fait que le Nicaragua a envoyédes armes aux insurgés salva-

doriens avant mars 1981 ;ilindique aussi qu'il accepte l'hypothèse que,si
ce transport d'armes a peut-êtrecessépendant la période mars 1981-avril
1983,c'est parce que le Gouvernement nicaraguayen a commencé à res-
sentir l'effet des pressions exercéessur lui en raison de ses activitéssub-
versives au Salvador. (Cette hypothèse s'appliquerait aussi bien à un
ralentissement ou à une dissimulation plus efficace du trafic d'armes qu'à
sa cessation.)
73. Le dialogue reprend ensuite en ces termes :

[Question :/ Pour en venir à un autre aspect de ces faits, mon-
sieur MacMichael, est-il exact que les dirigeants de l'insurrection
salvadorienne soient basés auNicaragua et y opèrent régulièrement
sans êtreapparemment gênép sar les autorités nicaraguayennes ?
[Réponse :/ Je pense que la réponse àcette question devra êtreun
oui mitigé,dans la mesure où les dirigeants politiques et, parfois, les
dirigeants militaires, de l'insurrection salvadorienne ont déclaréde

façon crédiblequ'ils opéraient à partir d'une base au Nicaragua - ce
que le Gouvernement des Etats-Unis a fréquemment qualifié de
quartier généralde commandement et de contrôle - et qu'alors une
telleaction pourrait àcoup sûr êtrequalifiée d'inamicale à l'égarddu
Gouvernement d'El Salvador reconnu par les Etats-Unis. J'ai limité
mon témoignage à l'accusation d'envois réguliersd'armes. ))(Ibid.)

74. Suit un échangeprolongésur le transit éventuelpar le Nicaragua
d'armes en provenance de Cuba et destinéesaux insurgés salvadoriens.
M. MacMichael refuse de tirer des conclusions mais reconnaît que ce type
d'activitéde la part de Cuba est «plausible (ibid.).
75. Puis vient le dialogue suivant :

<([Question :]Monsieur MacMichael, avez-vous entendu parler de
Radio Liberacion ?
(Réponse :] J'ai entendu parler de Radio Liberacion, oui.
Q. : Qu'est-ce que c'est ? Pouvez-vous le dire, s'il vous plaît,à la

Cour ? R. :C'estune devancièrede Radio Venceremos - la station de base
utiliséepar le FMLN au Salvador. Je crois qu'à un certain moment
une émissionde radio appelée t(Radio Liberacion ))étaitcenséepro-
venir du Nicaragua.

Q. : Est-ce que ces émissionsprovenaient en fait du Nicaragua,
d'après ceque vous en savez ?
R. : D'après ce queje sais,je crois pouvoir dire oui, c'est là l'in-

formation dont je dispose. ))(Audience du 16 septembre 1985.)

M. MacMichael admet donc que les insurgéssalvadoriens émettaient a
partir du Nicaragua. Le Foreign Broadcast Information Service (FBIS)
a publié les transcriptions de nombreuses émissions de ce genre. Par
exemple, le 9janvier 1981,Radio Liberacion, émettant à partir du Nica-
ragua, s'estvantéede ceque lenouveau présidentdes Etats-Unis - le pré-
sident cow-boy » - prendrait sesfonctions trop tard pour empêcherla vic-
toire de la guérillaau Salvador (FBIS, Amériquecentrale, 12janvier 1981).
76. C'est alors que se produit cet échange crucial de propos entre

M. MacMichael et moi-même :
(([Question :] Avez-vousentendu parler d'un terrain d'aviation ou

d'une piste d'aviation au Nicaragua, à Papalonal ?
[Réponse:] Oui. j'en ai entendu parler.

Q. :Savez-vousque,sousl'administration Carter, leGouvernement
des Etats-Unis a fait des représentations au Gouvernement du Nica-
ragua au sujet de l'utilisation de ce terrain comme principale base de
départ pour l'envoi d'armes aux insurgés d'ElSalvador?

R. : Oui,je m'en souviens très bien.
Q. : Dans une interview au Washington Post, publiéele 30janvier
1981, l'ancien secrétaired'Etat, Edmund Muskie, a déclaréque les

armes et approvisionnements utilisésdans la sanglante guerre civile
d'ElSalvadorétaientexpédiés du Nicaragua par avion <(certainement
à la connaissance et, dans une certaine mesure, avec l'assistance des
autoritésnicaraguayennes o. Or, comme vous le savez, l'administra-
tion au nom de laquelle M. Muskie s'exprimait avait donnéplus de
100 millions de dollars d'assistance au gouvernement sandiniste
depuis son arrivée aupouvoir.

R. :C'est exiict.

Q. : ..Pensez-vous que M. Muskie disait la vérité?
R. :Oh oui, dans ce cas. Par rxemple, lors de l'interrogatoire de
M.Chayes.j'ai parlédes renseigne ;lentsqui existaient à cette époque
- fin 1980et au tout débutde 1981 --et quandj'ai parléde transfuges

je pensais en fait à certaines personnes qui ..ont déclaréquand elles
étaient interrogéesaprès leur départ du Nicaragua qu'elles avaient
pris part aux opérations à partir de Papalonal à la fin de 1980et au ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL)437

tout débutde1981 ;commeje l'aidit,j'étais aucourant ;ilya eu aussi
l'interception d'un aéronefqui étaitparti de là - et qui s'estécraséou
n'apas pu redécollerdu Salvadoroù il avait atterri - etje pense que
c'était soit audébutdejanvier soit à la fin de décembre1980.C'est le
type de preuve dont j'ai parlé, qui a disparu par la suite.

Q. .. Si je comprends bien, monsieur MacMichael, vous pensez
que l'onpeut considérercomme un fait qu'au moins àla fin de 1980et
au début de 1981leGouvernement nicaraguayen était impliquédans
I'expédition d'armes aux insurgés d'El Salvador. Est-ce là la conclu-
sion que je peux tirer de vos remarques ?

R. : Cela me gênebeaucoup que vous ayez l'air de m'arracher cela
comme un clou d'une poutre mais, en effet, c'est bien mon opinion. ))
(Audience du 16 septembre 1985.)

77. Cet échangeappelle plusieurs remarques. Tout d'abord, M. Mac-
Michael confirme que l'administration Carter avait protesté auprès du
Nicaragua au sujet de l'utilisation de la piste de Papalonal pour l'envoi
d'armes aux insurgés salvadoriens (voir à cet égard la déclaration du
président Ortega au New York Times citée auparagraphe 57 du présent
appendice). Ensuite, il estime véridiques les accusations portées par le

secrétaired'Etat du présidentCarter contre le Nicaragua. à savoir que ce
pays avait eu connaissance de l'envoi d'armes aux insurgéssalvadoriens et
l'aurait soutenu. (Si M. Muskie disait vrai, il faut en déduireque divers
porte-parole du Gouvernement nicaraguayen ont menti en soutenant le
contraire sur ce point précis.)En troisième lieu,le récitque fait M. Mac-
Michael des opérations àpartir de Papalonal correspond de trèsprès à la
relation qu'en donnent les Etats-Unis (<(Revolution BeyondOurBorders )),
p. 18-19,28-29) - dont de larges extraits ont étélus pendant lesaudiences

de la Cour (voir le paragraphe 58 ci-dessus) et qui est incompatible avec
l'affirmation réitérée du Gouvernement nicaraguayen selon laquelle il
n'aurait jamais ))participé à l'envoi d'armes aux insurgéssalvadoriens
(voir aussi Background Paper :Nicaragua'sMilitary Build-Upand Support
for Central American Subversion,p. 21-22, soumis par les Etats-Unis à la
Cour en même tempsque leur contre-mémoire, et la déclaration faite le
25 mars 1982au Conseil de sécuritépar l'ambassadrice Jeane Kirkpatrick
à propos du rôle de la piste d'aviation de Papalonal, 9PV.2335, p. 43).

Enfin - point primordial - M. MacMichael affirme que <(l'on peut
considérercommeun fait qu'au moins à la fin de 1980et au début de 1981
le Gouvernement nicaraguayen était impliquédans I'expéditiond'armes
aux insurgés d'ElSalvador H. Cette affirmation ébranle celles, pourtant
fondamentales, du Gouvernement nicaraguayen en l'espèce.Si ce que
M. MacMichael considère comme vrai est effectivement la réalité,il faut
obligatoirement en déduire - non pas éventuellement, mais obligatoire-

ment - que le ministre des relations extérieures, M. D'Escoto, le com-
mandant Carrion et l'agentdu Nicaragua ont, sousserment, dit descontre-
vérités.3. Fuits reconnus pur les conseils du Nicaragua

78. Contrairement à la pratique suivie devant la Cour et aux disposi-
tions de l'article 53 du Règlement de la Cour. le Gouvernement nicara-
guayen a révélé àla presse lecontenu de sespiècesécritesavant que la Cour
ne les rende publiques (voir le New York Timesdu 7 mai 1985.p. A 16,où

figure un résumédétaillé du mémoiredu Nicaragua sur lefond, que la Cour
n'a rendu public qu'à l'ouverture de la procédure oraleenseptembre). Dès
lors. iln'étaitpeut-êtrepasétonnant que peu avant les audiences de la Cour
sur le fond MM. ('hayes et Reichler accordent un entretien a Shirley
Christian. du Ne~l YorkTimes,dont les lecteurs ont étéinformésde ce que

le Gouvernement du Nicaragua essaiera de prouver lors de la procédure
qui s'ouvre la semaine prochaine devant la Cour mondiale ... (New York
Tinic 8s.septembre 1985. p. 23). Cet article comporte les passages sui-
vants :

Rkpondant à une accusation réitérée des Etats-Unis. les avocats
du Nicaragua disent être prêts à reconnaître que le gouvernement de
Managua a fourni des armes aux guérilleros salvadoriens pour la

grande offensive de janvier 1981 contre le Gouvernement d'El Sal-
vador appuyépar les Etats-Unis. Mais ils plaideront qu'il n'y a pas de
preuves convaincantes démontrant qu'il y ait eu depuis lors d'impor-
tants envois d'armes.

Plusieurs paragraphes plus loin. l'article conclut :

((D'après les avocats, leur témoin principal pour réfuter I'accusa-
tion des Etats-Unis que les sandinistes aidaient les guérillassalvado-
riennes - raison initiale invoquée par le gouvernement pour aider les
(,ontrus - serait David MacMichael, ancien analyste de la CIA.

M. MacMichael a déjà témoignédevant le Congrès qu'à son avis la
thèse du Gouvernement américain était faible.
Certaines personnalités officielles américaines affirment que les
sandinistes ont tacitement reconnu il ya plusieurs annéesqu'il y avait

peut-être une aide du Nicaragua aux guérilleros salvadoriens. mais
qu'elle provenait uniquement de particuliers.
M. Reichler a déclaréqu'il recommandait fermement au Nica-
ragua de ne pas engager la prockdure devant la Cour si cet Etat se
trouvait encore melk à un trafic d'armes à destination d'El Salvador.

(Ils nous ont assuré dès le dkbut qu'ils n'avaient rien à cacher )).
dit-il.1)

79. 11ressort donc de cet article que les avocats-conseils du Nicaragua :
U)reconnaissent que le Gouvernement nicaraguayen a fourni des armes
aux insurgés salvadoriens pour leur offensive finale de janvier 1981 ;
b) maintiennent qu'il n'y a pas de preuves convaincantes de l'envoi

d'<(importantes quantités d'armements depuis cette date ; c) déclarent
avoir conseilléau Gouvernement nicaraguayen de ne pas engager la pro-
cédure s'il se trouvait <<encore ))mêlé à un trafic d'armes :d) qualifientM. MacMichael de ((témoinprincipal o. On notera que,lorsque ce témoin
principal a déposé,il a attesté la réalitédes faits dont les avocats du
Nicaragua avaient dit qu'ils les reconnaîtraient comme vrais.
80. Dans un nouvel article du 14septembre 1985,égalementde Shirley
Christian, on lit notamment :

Les avocats américainsdu Gouvernement nicaraguayen, dont la
cause, actuellement entendue par la Cour de La Haye, accuse les
Etats-Unis d'agression en raison de l'aide qu'ilsapportent aux re-
belles nicaraguayens, ont reconnu que des armements avaient été

expédiés au Salvadoravant l'offensivede la guérilladejanvier 1981,
mais qu'iln'ya pas de preuves convaincantes de l'envoid'impor-
tantes quantitésd'armes depuis 1981.Ils affirment par ailleurs qu'il
n'existe pasde preuves que le Gouvernement nicaraguayen soit res-
ponsable des envois d'armes fin 1980 et début 1981. (New York
Times, 14septembre 1985,p. 3.)

Alors que l'articledu 8 septembre 1985comportedes affirmations qui, si
elles sont vraies, sont en contradiction avec la position du Gouvernement
nicaraguayen selon laquelle il n'aurait ((jamais ))envoyéd'armes aux
rebelles salvadoriens, celui du 14 septembre porte moins atteinte à la
crédibilité du Nicaragua.Selon cet article, les avocats du Nicaragua ont

reconnu que des armements avaient été expédiés auSalvadoren prévision
de l'offensive finalede 1981,et en outre qu'il n'y a pas de preuves (<con-
vaincantes ))de l'envoi d'(cimportantes ))quantités d'armes après cette
date. Mais lesavocats ont égalementdit non pas qu'il est faux mais <qu'il
n'yapas de preuves oque leGouvernement nicaraguayen soit responsable
des envois d'armes de la fin de 1980au débutde 1981.
81. Dans sa lettre adressée à la Cour le 15 octobre 1985, l'agent du

Nicaragua déclarececi :
Lesconseilsdu Nicaragua n'ontjamais déclaréni laisséentendre
que leGouvernement nicaraguayen fournissaitdesarmesaux rebelles
salvadoriensou approuvait la fourniture d'armes par d'autres parties

intéressées à partir du territoire nicaraguayen. Toute information de
presse prétendant attribuer explicitement ou implicitement de telles
prises de position aux conseils du Nicaragua est inexacte. ))

Aucun commentaire n'estfourni quant aux propos effectivement tenus, ni
pour préciseren quoi les deux articles rendant compte des propos tenus
seraient (<inexacts o.
82. Dans sa plaidoirie devant la Cour, M.Chayesa tergiverséen décla-
rant : <<le Nicaragua a fourni des preuves concrètes et crédiblesqu'il ne
fournit pas actuellement d'armes auSalvador,et qu'iln'ena pas fourni au
cours du passéqui rious intéresse (audience du 19septembre 1985).La
question se pose de savoir ce qu'est ce passéqui nous intéresse ? On

remarquera tout d'abord que le Nicaragua n'a fourni aucune preuve de ce
qu'ilfait (actuellement ))sice n'est lesaffirmations complaisantes de son
ministre des relations extérieures,du commandant Carrion etde son agent. Ila présentéle témoignagede M. MacMichael, qui, dans la mesure où ila
une quelconque valeur, ne vaut que pour la période pendant laquelle il dit
avoir eu accès aux données des services de renseignement, à savoir du
milieu de 1979àavril 1983.Avril 1983,ce n'estpas « actuellement o.Quant
au passé, les déclarations des responsables nicaraguayens et des témoins

du Nicaragua suffisent à démontrer la faussetéde cette allégation, sauf si
on exclut - ce qui est discutable - la période précédantavril 1981parce
qu'elle ne nous intéressepas o.Et pour quelle raison ne nous intéresse-
rait-elle pas, si ce n'est qu'elle gênele Nicaragua ? Si on envisage les
motivations des Etats-Unis, les actions menées par le Nicaragua avant

avril 1981 sont manifestement intéressantes puisqu'elles ont entraîné,
entre autres conséquences, non seulement l'appui aux contras, mais en-
core : a) la reprise de I'aide militaire des Etats-Unis au Gouvernement
d'El Salvador ; h) la suspension de I'aide économique au Gouvernement
du Nicaragua par l'administration Carter ;c) la cessation de I'aide écono-

mique au Gouvernement du Nicaragua par l'administration Reagan. Il res-
sort en effet de plusieurs documents qu'un des facteurs déterminants qui
ont poussé les Etats-Unis à appuyer les contras et qui les ont persuadés
qu'ils ne pouvaient faire confiance au gouvernement sandiniste a éténon
seulement l'envoi d'armes en vue de l'offensive finale - offensive que ni le

Gouvernement salvadorien ni leGouvernement desEtats-Unis n'ontjugée
sans intérêt - mais aussi le fait que le Gouvernement nicaraguayen n'a
cesséde déguiserla réalitéde son action, que ce soit avant janvier 1981ou
après : pratique dans laquelle le Gouvernement nicaraguayen persiste
devant la Cour (voir, par exemple, Roy Gutman, <(Nicaragua :America's

Diplomatic Charade O,ForeignPolicy, automne 1984,p. 6 : (<La méfiance
de Haigenvers lesNicaraguayens est due àleurs démentissur l'aidefournie
aux guérilleros salvadoriens au début de 1981 ; voir aussi, Alexander
M. Haig, Jr.. Cuveat, 1984, p. 88-89, 103. 109. 122-123).
suivante:
83. Quant à M. Brownlie il formule I'« hypothèse

Imaginons un petit pays pendant une période de cinq ou six ans.
Et supposons que, pour la première annéede cette période. ilexiste
des preuves d'un trafic d'armes entre ce petit pays et un pays voisin.
La Cour. si elle estimait que cet ensemble de faitsjustifie le type de
coercition dont les Etats-Unis ont été responsablespendant quatre à

cinq ans. longtemps après la fin de ce trafic hypothétique. pourrait
alorsjustifier l'emploi massif de divers moyens de coercition tout au
long de cette période de quatre ou cinq ans. Mais. d'après moi. il
s'agirait virtuellement d'lin retour à la situation des années trente en
Europe, c'est-à-dire à la diplomatie de la provocation, où un incident

quelconque servait de prétexte à une longue suite d'actions coerci-
tives. ))(Audience du 20 septembre 1985.)

Apparemment, c'est là inviter la Cour àjustifier le travestissement desfaits
par les représentants du Nicaragua, à faire abstraction de la mauvaise foi
de cepays et àexcuser lesviolations du droit international qu'il a commises ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISSS . CHWEBEL)441

pendant lapériodeallant dejuillet 1979àjanvier 1981,sousdeux prétextes
notamment :a) parce que le Nicaragua aurait cesséd'envoyerdes armes ;
b) parce que cesenvois ayant cesséet leNicaragua étantleNicaragua et les
Etats-Unis étantles Etats-Unis, la réactiondes Etats-Unis est dispropor-

tionnée,et qu'en conséquence cesont les Etats-Unis qui pratiquent la
diplomatie de la provocation 1).
84. Lefait estque l'hypothèsede M. Brownlien'estqu'unehypothèse,et
que les envois d'armes et autres formes d'appui à l'insurrection salvado-
rienne par le Nicaragua n'ont pas cessé.Cela ne revient pas à dire que la
question de la proportionnalité de la réactiondes Etats-Unis ne se pose

pas, ni qu'il ne s'agït pas d'une vraiequestion car c'en est une. Mais la
déclarationde M. Brownlien'équivaut qu'à unenouvellc eonfirmation, par
lesconseils du Nicaragua, de la duplicité du Gouvernement nicaraguayen
devant la Cour. On peut manifestement en déduirela reconnaissance que,
pendant la période initialedes événementsen cause, le Gouvernement
nicaraguayen a bel et bien fourni des armes et d'autres formes d'appui
matériel à l'insurrection salvadorienne.

85. Voyons, pour en finir avec les affirmations des conseils du Nicara-
gua, la déclaration finalede son agent. Cette déclaration commencepar ce
que l'on peut considérercomme une proclamation politique, et non juri-
dique : La cause (le mon pays est aussi la cause de toutes les petites
nations du monde ...La cause de mon pays est aussi, et a toujours été,la
cause de l'Amériquel:atine. )(Audience du 20 septembre 1985.)L'agent
brode sur ce thèmet:n appelant à <(mobiliser la force du droit internatio-

nal )),non en tant qu'arbitre impartial entre Etats, mais «pour permettre à
l'Amériquelatine de sedéfendrecontre lesinnombrables interventions des
Etats-Unis (ibid.).Encequi concerne cequ'ilreconnaît êtreune question
critique en la présente instance, ((la question de l'envoi d'armes au Sal-
vador o,il répèteque la position du Nicaragua ((reste ce qu'elle étaitau
débutdel'affaireet cequ'ellea toujours étéN . ous ne nous sommesjamais
écartésde cette position. 1)Il cite de nouveau la déclaration écritede

notre ministre des affaires étrangères,le père Miguel D'Escoto )),qui
((affirmait sous serrnent ))que, <en réalité, mongouvernement ne parti-
cipe pas et n'a jama.is participé à la fourniture d'armes ou autres appro-
visionnements à l'une quelconque des factions opposéesdans la guerre
civileau Salvador o.Ilcite lecommandant Carrion qui, dans sadéposition
sousserment,a ditque songouvernement n'avait ((jamais )eu depolitique
de fourniture d'armes aux forcesd'opposition en Amériquecentrale. Il nie

également qu'ily ait eu <plusieurs )>centres d'entraînement mis à la
disposition des insurgés salvadoriens.Il affirme que les conseils du Nica-
ragua n'ont jamais prétendu le contraire. Puis il évoque le témoignage
de M. MacMichael, la seule personne qui avait étudiétous les faits
qu'avaient pu rassembler les Etats-Unis au sujet de l'approvisionnement
en armes des guérillerossalvadoriens à l'époquequi nous intéresse o.
86. Cette dernière phrase appelledeux remarques. Premièrement, il est

inconcevable que M1.MacMichael soit (la seule personne ))ayant étudié
tous les faits. D'une part, c'est invraisemblable en soi ; d'autre part, ACTIVITÉS MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 442

M. MacMichael a lui-.mêma edmis devant la Courque M. Boland, membre
du Congrès(et vraisemblablement d'autres membres des commissions du

renseignenient). avait eu accèsaux mêmesdonnéesque lui-même : Je
suis persuadé o.adéclaré M.MacMichael, que lespreuves que M. Boland.
membre du Congrès. a vues sont pour l'essentiel celles que j'ai vues
moi-même (audience du 16septembre 1985).Deuxièmement. l'agentdu
Nicaragua reprend l'argument que lui avait soufflé M.Chayes : celui de
((la période quinou:i intéresse D.L'agent du Nicaragua avait précédem-
ment soutenu qu'a ilestsans pertinence dediscuter d'événements survenus
il y a cinq ans )>(audience du 19 septembre 1985). Mais là encore ces

allusions à une <période qui nous intéresse peuvent se comprendre
commeune reconnaissance du fait que le Nicaragua, pendant la période
qui ne l'intéresse pas. a bel et bien fourni des armes aux insurgéssalva-
doriens.

4. Faits reconnus par les chefs de l'insurrectiosulvudorienne

87. Le9avril 1983ont eu lieu à Managua lesobsèquesde Melida Anaya
Montes connue sous le pseudonyme de (commandant Ana Maria )>Le
chef de l'insurrection salvadorienne. Cayetano Carpio (<(commandant
Marcial O).a prononcésur la place de la Révolution-Commandant-Ana-
Maria. en présencedes plus éminentespersonnalités du Gouvernement
nicaraguayen. du FSLN et de groupements insurrectionnels salvadoriens.
I'klogefunèbre de sa,camarade salvadorienne assassinée.II a proclamé :

«L'administration Reagan,qui est l'ennemiede l'humanitéet qui
menace lespeuples d'Amérique centraleet du monde entier. prépare
tous lesjours des actions d'agression politique et militaire dirigées
contre nos 1eurtles.
C'estpourquoi ilest siprofondément émouvantqu'endestemps de
grand deuil comme ceux que traversent nos populations le peuple du
Nicaragua nous offre cette solidaritéréconfortanteet nousencourage
à poursuivre la lutte contre l'ennemicommun avec une ardeur redou-

blée.
Les impérialistesaccusent le Nicaragua en prétendant que les diri-
geants du peupl*esalvadorien setrouvent ici ;ils'agitdes dirigeants du
FMLN-FDR. A mon avis.cette accusation a été proféréecomme sila
solidarité d'un ]peupleavec un autre étaitquelque chose dont il faut
avoir honte. Mais une chose est évidente.lesmembres du directoire et
de tous sesgroupes d'action, dont certainsse trouv6nt dans le pays et
d'autres à 1't;tr~inger. oursuivent avec fermeté leur activité.car ils

sont conscients de la nécessitéde lier la lutte internei la solidarité
internationale et au combat de tous les peuples pour la libérationde
l'Amériquecentrale et du Salvador. C'est pourquoi nous nous dépla-
Consd'unpays iiun autre. Toutefois. lorsque nousnous trouvons dans
quelque autre pays, ils ne reprochent pas à ce pays de recevoir le
directoire du FDR. par exemple. J'ai subi le choc de cette nouvelle ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS CHWEBEL) 443

accablante lors d'un congrès qui se tient actuellement en Libye. De
ce pays lointain, des déserts africains, je suis revenu en toute hâte
ici,-pour essayer d'arriveà temps pour les obsèques de notre com-
.ae"e.
Toutefois, les; impérialistes n'accusent pas ces autres pays. Ils
accusent le Nicaragua. Pourquoi ? Parce que les impérialistespra-
tiquent une politique générale dirigéceontre nos peuples d'Amérique
centrale qui se sont déjà soulevésde façon irréversibledans un com-
bat révo1utionn;sirequi les mènerajusqu'à la victoire finale.
Le combat des peuples d'Amériquecentrale est un seul et unique
combat. Lorsqu'il constituait son arméerebelle dans les montagnes,
Sandino avait avecluidescompagnons venus de tous lespays d'Amé-
rique centrale. Et tous ces pays d'Amériquecentrale ont combattu
l'impérialismedans le cadre des luttes et des réalisationsdes héroï-

ques guérilleros nicaraguayens.Notre chef révolutionnaire, le com-
pagnon Farabundo Marti, était là, aux côtésde Sandino.

Le peuple sallvadorienlutte sans relâche, mais le combat de nos

deux peuples n'estpas seulement celuid'El Salvadoretdu Nicaragua.
C'est pourquoi 'l'administrationReagan ne cesse de comploter, d'or-
ganiser des coups de main, des agressions et des blocus politiques et
militaires et d'élaborer desplans pour intensifier l'agression non
seulement contre El Salvador mais aussi contre le Nicaragua. En
conséquence, àluneépoquecommecelle-ci, àun moment de l'histoire
où tous nos peuples sont en marche vers l'indépendance, devantle
glorieux exemple que nous a donné le peuple nicaraguayen et sa
profonde solidaritédans les moments de deuil et aussi,j'en suis sûr,
dans les moments de grande joie, lorsque nous serons à portéede la
victoire, nous continuerons àluttercoude à coudepour la libération
totale de l'Amérique centrale.

Le peuple d'El Salvador vous sera reconnaissant du fond du cŒur
pour cet homm,agerendu à l'unde nos enfants, à l'un de nos chefs-
aujourd'hui, toujours et sans relâche - et pour ces expressions de
solidaritémanifestéespar lepeuple du Nicaragua. Toutes les nations
d'Amériquecentrale son?en butte à l'agressionde l'impérialismedes

Etats-Unis. Noiùsluttonscontre leur intervention par tous lesmoyens
honorables qui sont à notre portée,mais nous savons aussi que toutes
les nations d'Amérique centrale s'uniront en un brasier révolution-
naire sil'impérialisme desEtats-Unis devait mettre en Œuvresesplans
d'agression contre le Nicaragua ou El Salvador.

Soyez assurésque nous lutterons jusqu'au bout pour assurer la
victoire finale de tous les pays d'Amériquecentrale, qui méritent
d'êtremaîtres de leurs destinées.Au nom du FMLN et du FDR, et surtout au nom descompagnonsdes forcespopulaires de libérationde
Farabundo Marti, mes très chers amis unis dans le mêmecombat, je
vous dis toute notre reconnaissance. En avant vers la victoire finale !
La révolutionouila mort ! (FBIS. Amériquecentrale, 11avril 1983.
p. 8-9.)

88. Le communiqué sandiniste lu aux forces insurrectionnelles salva-
doriennes pendant le service funéraire étaitainsi conçu :
Frères !la rnort du commandant Ana Maria, commandant en

second du FPL salvadorien et membre du DRU du FMLN, adésolé le
cŒurdes Nicaraguayens. Lecommandant Ana Maria areprésentéles
intérêtsde son peuple depuis qu'elle avait assuméla direction de la
lutte des enseignants et rejoint la lutte armée du glorieux peuple
salvadorien. Elle a été toutà la fois une voix et un fusil, une mission-
naire et une combattante. Ellereprésentaitadmirablement lesintérêts
de la révolution eta grandement contribué à assurer l'unitéet I'in-
tensification de la lutte du peuple salvadorien. Sa mort endeuille le
drapeau nicaraguayen et les cŒurs des habitants de l'Amériquecen-
trale,à une époque où la férocitéde I'impérialisme à l'égardd'El

Salvador et du Nicaragua ne cessede s'amplifier. Samort survient au
moment où l'impérialismea déclenchéla guerre contre notre peuple.
Mais la mort d'Ana Maria n'estpas simplement une nouvelle démons-
tration de la cruautésansbornes de nosennemis. C'estégalement une
nouvelle et puissante raison de traduire lacolèredu peuple en volonté
et en victoires.
Au nom du peuple nicaraguayen, le directoire national du FSLN
exprime sa fervente solidarité avec les compagnons du DRU du
FMLN, du FDR, du FPL, du peuple salvadorien et tout particuliè-
rement avec notre compagnon Salvador Cayetano Carpio, Marcial.

Nos peuples sont invincibles. car ils sont révolutionnaires. Vive la
lutte héroïquedu peuple salvadorien ![La foule répond : sVive ! O]
Vive l'immortel souvenir du commandant Ana Maria ! [La foule
répond : Vive ! D] Une patrie libre ! [La foule répond : (Ou la
mort !O] [Signé]Directoire national du FSLN. )>(Ibid p .,Il.)

89. Quelques jours plus tard, on a appris que Cayetano Carpio s'était
suicidé à Managua en raison apparemment du fait que c'étaientses par-
ti~ans(et non la CIA comme on l'enavait accuséeinitialement) qui avaient
assasaint: Melida Ariaya Montes et. selon certaines rumeurs. à cause des
pressions exercéessur luipar leGouvernement du Nicaragua (voirci-après
l'article de James Le Moyne. par. 188).Toutes les sommitésdu Gouver-
nement nicaraguayen assistaient à ses obsèques.
90. 11convient de remarquer qu'en réponse àune question que j'avais
posée, l'agentdu Nicaragua d fait parvenir à la Cour la déclaration sui-
vante, dans une lettre en date du 26 novembre 1985 :

(12.1. Melida Anaya Montes étaitarrivéeau Nicaragua en qualité
de réfugiéeenviironun mois avant sa mort ; elle n'apas éludomicile dans le pays, et l'on ne trouve pas de trace d'une activité profession-
nelle durant son séjour. Cayetano Carpio est arrivé au Nicaragua
aprèsledécèsde Melida Anaya Montes pour assister aux obsèques ;il
n'a pas élu domicileet n'a pas exercéd'activitépendant les quelques
jours où il y a sejourné.

2.2. Melida Ariaya Montes et Cayetano Carpio étaientassociésau
mouvement insurrectionnel au Salvador.
Cette déclaration peu.t êtrecomparéeavec le récitqu'a fait Christopher
Dickey de l'assassinat de Melida Anaya Montes par les partisans de

Cayetano Carpio. Il note que << le domicile d'une frêledame salvado-
rienne ))qui commandait en second la faction la plus importante de la
guérillasalvadorienne était unemaison située àManagua ; il signale qu'il
l'ainterviewéedans cette maison en novembre 1981(loc. cit.p. 212, 304).
<<Le 6 avril [1983]Ana Maria a étéassassinéedans son coquet bunga-
low de Managua. (]P.213.) La chronique de Dickey se poursuit ainsi :

(Lorsque la nouvelle du meurtre a été divulguée,Tomas Borge et
Lenin Cerna, chef de la sécuritéd'Etat, ont donné une conférencede
presse. Cerna lui-même a été chargé de diriger l'enquête.Et Borge a
rapidement déduit quelles en seraient les conclusions. Ce meurtre,
a-t-il dit, a contraint le Nicaragua à reconnaître qu'un membre du
directoire de la guérilla salvadorienne résidait à Managua. Cela
semble confirmezrles accusations constamment formuléespar l'ad-

ministration Reagan selon lesquelles les sandinistes fournissaient
aux Salvadoriens des moyens de commandement et de contrôle.
Donc, qui aurait pu assassiner Ana Maria si ce n'est la CIA ? Qui
d'autre serait d'une telle cruauté ?
(Je n'aipas besoin de présenter despreuvesformelles, a dit Borge.
Je n'ai pas besoin de dire ((voilà l'assassinO,car chacun sait qui est
l'assassin.
Mais les compagnons d'Ana Maria parmi les guérillerossalvado-
riens n'étaient rien moinsque convaincus. Ils savaient l'amertume de

Marcial. Ils ont insistépour que Borge approfondisse son enquête.
Après deuxjours, une servante de la demeured'Ana Maria a avouésa
complicité à la police sandiniste. L'échodes cris d'Ana Maria la
hantait et l'empêchaitde dormir, leur a-t-elle dit. Elle a dénoncé
d'autres conspirateurs, ce qui a rapidement menéla piste vers l'ami et
leconfident le plus proche de Marcial lui-même.Et la responsabilité.
même indirecte.de Marcial comme auteur du meurtre a été plus
humiliante pour lessandinistes - et tout particulièrement pour Borge
- que tout-ce que la CIA aurait pu inventer.

Mais à mesuire qu'on découvrait les faits - et le lieutenant de
Marciala reconnu sans vergogne avoir fait cequiétaitnécessairepour
sauvegarder les idéauxde Marcial - Marcial a non seulement refusé
d'avouer la moiindreparticipation au crime, mais a accusé lessandi-
nistes -- mêmeTomas Borge - de comploter contre lui. Vieux et
malade. il demeurait intraitable. ACTIVITÉS MILI'ïAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 446

Le 12avril, Marcial est décédé chez lui à Managua. (P. 213-214.
La citation du commandant Borge est tiréede la déclaration qu'il a
faite lors d'une conférencede presse.)

Dickey signale qu'il iiexaminéla lettre d'adieu de Cayetano Carpio àses
partisans ((avec des responsables du FMLN à Managua en juin 1984 u
(p. 304). Il rapporte qu'il a interviewé des guérilleros salvado-
riens et des dirigeants de l'opposition qui résidaient manifestement à
Managua en novembre 1981 )>(p. 290).

91. La lettre de l'agent du Nicaragua du 26 novembre 1985 signale
que :
(<LeGouvernementdu Nicaragua apermis etcontinue à permettre

aux réfugiés salvadoriens, qu'ilssoient ou non associésau mouvement
insurrectionnel, d'entrer sur leterritoire nicaraguayen ..LeNicaragua
n'est pas le seul pays qui permette à des Salvadoriens éventuelle-
ment associés aii mouvement d'insurrection de pénétrer surson ter-
ritoire...))

et conclut que
Il semble donc que les représentants les plus éminents du mou-

vement insurrectionnel salvadorien aient passé plus de temps et
déployédavantage d'activité politique aux Etats-Unis qu'au Nica-
ragua.

Si l'exactitude de cette dernière affirmation ne peut êtreappréciée,I'in-
sistance mise dans lalettre en question à affirmer que le Nicaragua n'a
jamais permis aux irisurgéssalvadoriens d'établir un siège...sur le terri-
toire nicaraguayen ))peut être comparéeavec ce que rapporte Dickey. Si
Melida Anaya Montes. résidant à Managua, était le commandant en
second de la plus importante faction de guérilleros salvadoriens,et silefait
qu'elleavait effectivement évincé Cayetano Carpio - qui résidaitlui aussi
à Managua - en tant que commandant en chef contribue à expliquer son

assassinat (voir Christopher Dickey, Salvador Rebel Intrigue )),Wush-
ington Po.st, 27juin 1983, et Stephen Kinzer, Salvador Rebels Revile
Late Chief O, New York Times, 14décembre 1983),où se trouvait donc le
quartier généraldes forces de libération populaire salvadoriennes si ce
n'est à la résidence ouau quartier généralde I'un des deux à Managua ?
(Voir aussi le paragraphe 188ci-après.)
92. En 1982, le New York Times a, au terme d'une importante série
d'interviews de chefsde la guérilla et d'autrespersonnalitéspar I'unde ses

correspondants les plus chevronnésen Amérique latine, Alan Riding -
auquel le représentant du Nicaragua au Conseil de sécurités'est référé
comme étant le correspondant américain bien connu, spécialiste des
affaires latino-américaines ... (S/PV.2423, p. 38) et (une source améri-
caille hien au fait des evénementsqui se deroulent dans la région 1(ihid.,
p. 39-40) . annoncP que :

Lescinq groupes de guérillas'efforçant de renverser lajunte civile et militaire d'El Salvador sont dirigéspar des marxistes ...Lors de
nombreux entretiens au Mexique et au Nicaragua, les chefs de l'in-
surrection ..ont admis que, dans lepassé,ilsavaient reçu desarmes de
Cuba par l'intermédiairedu Nicaragua, comme l'affirme I'adminis-
tration Reagan ...les guérillasavouent désormais que Cuba avait
acceptéde leur fournir les armements nécessaires - dont une bonne
part est passée;parle Nicaragua - afin de les aider dans leur of-

fensive finale ))du 10janvier 1981,quelques jours avant l'entrée en
fonctions du président Reagan. Les guérillerosdisent que Cuba a
cessédepuis 1or:sde fournir des armes ...Le Nicaragua est un lieu de
rencontre utile [pour les chefs de la guérilla], mais ceux-ci serendent
égalementau Mexiqueet àPanama pour discuter avecdesdiplomates
et des homme:; politiques étrangers. (Alan Riding, (Salvador
Rebels :Five-Sided Alliance Searching for New, Moderate Image O,
New York Times, 18mars 1982,p. 1, 16.)

93. Le Los Angeles Times rapporte pour sa part :

La guérilla d'extrême gaucha eu Salvador s'estvantée dimanche
de l'étroitessede sesliens avec Cuba et leNicaragua, en ajoutant que
sa lutte contre le gouvernement en place soutenu par les Etats-Unis
s'inscrivait dan!; un conflit régionalplus vaste ...
Dans cette émissionradio, provenant d'un endroit secret au Nica-
ragua voisin - dont le régimesandiniste marxiste a permis aux gué-
rilleros salvadoiriensd'établir leur commandement à Managua - la
guérillas'estégalementvantéed'avoirimportédesarmes <(par toutes

les routes possibles >>et d'avoir utilisétous les pays d'Amériquecen-
trale, et les autres r)à cette fin.
Cette déclarationsemble étayerlesaccusations de l'administration
Reagan, pour qui l'insurrection estau moins encouragéeet armée,si
ce n'est dirigée,par l'Union soviétique,Cuba et le Nicaragua, et vise
a renverser, l'un après l'autre, les régimesmodérésde la région. r)
(<(Salvadoran Rebels Brag of Cuban Ties O, Los Angeles Times,
13 mars 1983.)

94. Le 14mars 1983,le WashingtonPost a publiéune dépêcheanalogue
de Christopher Dickey au San Salvador :

Les guérilleros d'ElSalvador, bravant le président Reagan qui
dans un discours prononcé la semaine dernière avait instamment
invitéles Etats-Unis a renforcer leur appui au gouvernement qu'ils
combattent. ont réaffirmé leurvolontéde maintenir leur solidarité
avec Cuba et le:Nicaragua.
Dans lecomrnuniquéde la nuit précédente, ils ont aussi menacéde
<(régionaliserouvertement dans cecontexte )leursactivités militaires

si 1'administrai.ion Reagan continuait à amplifier l'appui qu'elle
apporte au Gouvernement salvadorien moribond.
Dans un conimuniquédiffusépar leur radio clandestine Vencere-
mos, les rebelles ont déclaré : ((Nous sommes et nous entendons ACTIVIT~S MILI1:AIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL)448

demeurer lesamis des peuples de Cuba et du Nicaragua. et nous n'en
avons pas honte. Tout au contraire, nous sommes fiers d'entretenir
desrelations aveccespeuples, bastions de la lutte anti-impérialiste.Ce
n'est pas à l'administration Reagan de dicter au FMLN [front Fara-
bundo Marti de libération nationale] qui doivent êtreses amis et ses

ennemis. Cettt: déclaration ne niait en aucune façon avoir reçu
l'appui de Cuba et du Nicaragua. comme cela a étéle cas pour les
rebelles dans le passé ...
Le communiqué des rebelles défendait leur <<droit »d'obtenir des
armes de toute source que cesoit. Tout ensoulignant que leur quartier
généraé l tait situédans lepays même, ainsique leur émetteurradio, ils
ont reconnu avoir exécuté d'o importantes missions à l'extérieur
d'El Salvador.

(Nous avons accompli d'importantes actions de logistique d'un
caractère clandestin qui nous ont permis d'armer nos forces et de leur
fournir des muniitionspendant de longues périodes.Nous avons exé-
cutéces opérations par toutes les voies qui nous étaient ouvertes, et
nous avons utilisé à cette fin tous les pays d'Amérique centrale et
d'autres régions O, ajoute le communiqué.
Puisque Washington s'estengagéde plus en plus dans la régionau
cours des mois t-coulés,les Nicaraguayens ont également réaffirmé

leurs liens étroits, sinon leur appui matériel concret, aux insurgés
salvadoriens.
Les dirigeant:; sandinistes à Managua se sentent en butte à une
pression croissante de la part d'un mouvement insurrectionnel qui
seraitfinancéensous main par Washington, action qui contribuerait à
(1interdire)>la fourniture d'armes aux guérillerossalvadoriens. Pre-
nant la parole le 3 mars à l'occasion des obsèques de dix-sept ado-
lescents sandinistes tuéspar lescontre-révolutionnaires, le comman-

dant nicaraguayen Bayardo Arce a déclaréque l'internationalisme
[de son parti] rie cédera pas 1)et que <(tant que les Salvadoriens
lutteront pour conquérir leurliberté,le Nicaragua continuera à affir-
mer sa solidaritlbI>

95. Le New YorkTimes du 19mai 1985a publiéla dépêche suivante en
provenance d'ElSalvador, sous letitre «El Salvador met lesguérillerossur
la défensive I):

<Ilyadeux semaines, l'arméea tendu uneembuscade àun officier
supérieurrebelle, MmeNidia Diaz, qui était prétendumentporteuse
de documents importants, et l'afaiteprisonnière. Un autre officier de
grade élevé, Napoleon Romero, qui a annoncéqu'il s'étaitrendu, a
déclaréau cours d'une interview accordéela semaine dernièreque les
insurgéséprouvaientdes difficultés à obtenir du soutien. (L'automne
dernier, les rebelles n'ont pas réussi à recruter par la force de nou-
veaux combattants.) Parlant en présenced'un fonctionnaire du gou-

vernement, M. Romero a ajoutéque lesinsurgésmanquaient aussi de
matériel. II a affirmé que Cuba et le Nicaragua fournissaient aux guérilleros 70 pour cent de leurs balles et de leurs explosifs. L'état-
major des rebelles travaille et est installéau Salvador, a-t-il déclaré,
mais chacune des cinq factions militaires a des bureaux à Mana-

gua. Le grade important de M. Romero dans le cadre des forces de
libération populaire a été confirmé par d'autres insurgés, mais ses
commentaires peuvent avoir été influencéspar son emprisonnement,
qui a duréplus 13'unmois.

96. Les documents visésdans l'article susmentionné,saisis lors de la
capture de Nidia Diaz par les forces du Gouvernement salvadorien, qui
serait le commandant rebelle le plus important jamais fait prisonnier par
les forces gouvernemi:ntales, sont longuement analysésdans le New York

Tintesdu 21mai 1985,page Al 1,sous la signature de James Le Moyne.
Celui-ci écritque ces documents << semblentconstituer pratiquement I'en-
semble des archives du parti révolutionnaire des travailleurs O, dont
Mme Diaz est un ((haut responsable H,et que divers détails <(semblent
confirmer l'authenticitéde ces documents ))Parmi les faits ressortant de
ces documents on peut citer les suivants :

- Les rebelles salvadoriens considèrent le Nicaragua comme leur plus
proche allié.
- Les guérillerossalvadoriens suivent des cours en Union soviétique, au

Viet Nam et en Bulgarie.
- Les sandinistes paraissaient disposés à suspendre toute assistance aux
rebelles salvadoriens à la fin de 1983et l'ont peut-êtrefait, du moins
temporairement.
- JoséNapoleon Duiarteest le principal et le plus dangereux ennemi »
des insurgés.
- Les responsables de la rébellionsalvadorienne résidant au Nicaragua

ont quitté très teinporairement ce pays en novembre 1983 ; à cette
époque, commeil est notédans un document, les sandinistes s'apprê-
taientà expulser 16:sinsurgésde Managua et à leur couper définitive-
ment les vivres )>,de crainte d'êtreattaqués par les Etats-Unis. Les
Salvadoriens ont demandél'intercession de Fidel )).
- Si les Etats-Unis (levaient envahir le Nicaragua, les insurgéssalvado-
rienscombattraient dans lesrangs de l'arméesandiniste ;dans cecas, les

Nicaraguayens ne pourraient plus <(assurer les vivres )) aux insurgés
salvadorienset laplupart deschefsrebellesrésidant àManagua seraient
obligésde quitter le pays.
- Les guérilleros salvadoriensdevraient marquer leur désird'unitéavec
les Nicaraguayens, ce qui implique << une coordination concrète aussi
étroiteque possible sur tous lesplans, politique, militaire, diplomatique
et en matière de propagande 1).

L'un des documents adressés par les cinq commandants en chef des
rebellessalvadoriens au directoirenational sandiniste le 10 novembre 1983

invite celui-cià foumir aux insurgéssalvadoriens << de nouvelles et auda-
cieuses formes d'assistance ...Nous vous remercions de toute l'aide que ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 450

vous nous avez fournie et espéronsque cette aide se poursuivra. car elle est

indispensable pour faire pièce à toute forme d'invasion en Amérique
centrale. Ces déclarations de dirigeants de l'insurrection salvadorienne
mettant en cause le Nicaragua àpropos de la période 1983et au-delà sont à
ajouter à celles. amples et accablantes, de chefs de l'insurrection salvado-
rienne et de grands pays communistes relatéesdans lesdocuments saisis en

1980 et en 1981. dorit des extraits sont reproduits au paragraphe 20 du
présent appendice.
97. Le NCMY -ork lînzes du 18novembre 1985(p. A 15)a publiéun appel
de vingt pages signe des commandants en chef du front Farabundo Marti
de libération nationale réclamant la fin de 1'0intervention )>des Etats-Unis

au Salvador. la suspension de la constitution, la formation d'un gouver-
nement provisoire comprenant des représentants des insurgés,la fusion de
l'armée rebelleet de celle du gouvernement et l'organisation d'élections.
Cet article concluait :

Marquant uin nouveau revirement par rapport aux propositioiis
précédentes.le document des insurgésreconnaît que les guérilleros
bénéficientd'une certaine assistance extérieure etpropose d'y renon-

cer à l'avenir si le gouvernement renonce également à demander une
aide extérieure. ))

98. Quelle valeur probante peut-on attribuer aux déclarations de trans-
fuges ?Sur ce point ledébatreste ouvert. L'argumentation du Nicaragua se
fonde largement sur l'attestation d'Edgar Chamorro. transfuge des contrus,
dont les affirmationii sont également prises en considération par la Cour.
M. MacMichael lui aussi. lorsqu'il a exposécomment ilétaitparvenu à la

conclusion que. au cours de la période allant du milieu de 1979 àjanvier
198 1.le Gouvernement nicaraguayen avait envoyédes armes aux insurgés
salvadoriens, s'est appuyé. entre autres témoignages. sur celui de trans-
fuges (audience du 16 septembre 1985). Tout en mettant en doute, à
d'autres moments de son interrogatoire, la valeur des témoignagesde trans-

fuges. M. MacMichael a aisément reconnu qu'un transfuge tombé aux
mains des autoritésdes Etats-Unis n'avait rien àcraindre si ses révélations
allaient à l'encontre de ce que les Etats-Unis souhaitaient qu'il dise (ihid.).
99. Le témoignage d'un de ces transfuges a été soumisà la Cour. dans
l'annexe 46 au contre-mémoire des Etats-Unis. Michael Bolanos Hunter,

ancien chef de guérillaet ancien officier auprès du ministère nicaraguayen
de l'intérieur, a fait bon nombre de révélationsqui, si elles sont vraies,
démontrent que le (;ouvernement du Nicaragua a essayéde renverser le
gouvernement de certains pays voisins. dont celui d'El Salvador. M. Bola-
nos a ainsi déclarédans l'interview publiée dans le Wushington Po.~tet

reproduite à l'annexe 46 :
(C'est dans un centre nicaraguayen situé à une dizaine de kilo-

mètres de Managua, placésous la supervision d'un conseiller cubain, ACTIVITES MILIlrAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 45 1

queleraidspectaculaireetdévastateurquelesguérillerosgauchistesont
lancéau Salvador,enjanvier 1982,contre labaseaériennemilitairedu
Gouvernement salvadorien àHopango, a étéplanifié, etque les gué-
rilleros ont étéentraînés.Cette information que Bolanos dit tenir du

conseiller cubain illustre l'ampleur de l'aide que, selon Bolanos, le
Nicaragua appo.rte aux rebelles qui luttent contre le Gouvernement
d'El Salvador soutenu par les Etats-Unis.
100. Un article plils détaillésur les allégationsde M. Bolanos a paru

dans le Washingtonl'ost du 19octobre 1983(p. A15), sous le titre ((De-
fector : Salvadoran Rebels Closely Tied to Sandinistas ))((<Révélations
d'un transfuge : Les rebelles salvadoriens entretiennent des liens étroits
avec les sandinistes O).L'article est ainsiconçu :

(Selon un transfuge du service du contre-espionnage nicara-
guayen, les commandants en chef des rebelles gauchistes qui com-
battent le Gouvernement salvadorien soutenu par les Etats-Unis se
rendent fréquemment à Managua (Nicaragua), pour s'entretenir,avec
les responsables sandinistes, de l'approvisionnement en armes, de
stratégieset de tactiques.
Miguel Bolarios Hunter, se faisant l'écho d'accusationsportées

depuis longtempsdéjàpar l'administration Reagan, a déclaréque le
Nicaragua fournit fusils, conseils, moyens de coordination et d'en-
traînement aux guérilleros d'El Salvador depuis que ceux-ci ont
entrepris de renverser le gouvernement de ce pays en 1979.
Mais au dire de Bolanos, les armes en provenance de Cuba et de
l'Union soviétiqueet transitant par le Nicaragua n'ont certainement
pas cessé d'affluer,parce qu'ils possèdentmaintenant cinq fois plus
d'armes <que rious n'en avions lorsque nous avons renversénotre

dictateur, le généralAnastasio Somoza )).
D'aprèsBolai~os,leNicaragua serait devenu «un nouveau Cuba )),
entraînant les forces de guérillade toute l'Amériquelatine. En sa
qualitéde responsable sandiniste ayant pour mission de travailler
contre l'ambassade des Etats-Unis, il aurait rencontré des chefs des
guérillascolombienne, argentine, chilienne, guatémaltèque, costa-
ricienne et salvadorienne en visite au Nicaragua, guérillasqui dis-
posent toutes de centres d'opérations à Managua.

Selon Bolanos, les Salvadoriens possèdent deux maisons dans le
quartier résidentielde Las Colinas, à Managua, dont l'une sert de
centre de transmission et l'autre de (<refuge r)pour les guérilleros
salvadoriens de:passage à Managua et de lieu de réunion avec les
responsables nicaraguayens.
Les Salvadoriens de passage auraient aussi à leur disposition les
maisons des responsables nicaraguayens, et certains chefs de guérilla
passeraient plus de temps àManagua qu'au Salvador. (<Ilsvont dans

la montagne en avion pour lajournée, pour remonter le moral des
troupes, et parfois ils rentrent le soir.))
Le Nicaragua se prêteraitmieux que Cuba au rôle de centre d'en- traînement des guérilleros car le pays est desservi par des lignes
aériennes comniercialesrégulièreset ses frontières sont perméables,
tandis que Cuba,étantune île,n'offrepas aux guérilleroslapossibilité
d'aller et de venir sans êtrerepérés.
Bolanos a déclaré avoircombattu en 1979, lorsque Managua est
tombée aux mainsdes sandinistes, avec un Salvadorien connu sous le
nom de Memo qui. retournéau Salvador, y est devenu comman-
dant en second desunitésde guérillaqui combattent dans la province
de MorazAn, dans le nord-est du pays. Il aurait rencontré Memo à
Managua en octobre dernier. et celui-ci a dit qu'ils utilisaient pour
obtenir des armes les mêmes méthodes que nous utilisions au Nica-
ragua o.

Bolanos a e:cpliquéque ces livraisons d'armes étaient assurées
notamment par des avions qui effectuaient deux vols par jour et qui
atterrissaient surdes tronçonsd'autoroute barricadés,àl'intérieurdes
zones contrôlées par les guérilleros.Il a préciséque chaque avion
transportait entretrente et quarante fusils,que lesmédicamentset les
munitions étaient souvent parachutés. tandis que d'autres armes
étaient transportées, en cachette, par camion ou a dos d'âne.
Bolanos a indiquéque son cousin, Miguel Guzman Bolanos, res-
ponsable de la (distributiondes armes au Nicaragua, lui avait dit que
Luis Carrion, membre du directoire sandiniste, avait obtenu en 1980,
lors d'un voyage en Union soviétique.la promesse que les Sovié-

tiques fourniraient aux Nicaraguayens deux mitrailleusesAK47 pour
chaque arme qu'ils donneraient aux guérilleros salvadoriens. Ces
armescomprenaient des fusils de fabrication américaineque lessan-
dinistes s'étaientprocurésa Cuba, qui à son tour se lesétait procurés
au Viet Nam.

Bolanos a d,écritles suites de l'assassinatà Managua. le 6 avril
dernier, d'un chef de la guérillasalvadorienne, Melida Anaya Montes,
qui, a-t-il dit, s'est produit en face de la maison d'où des agents de
Bolanos surveillaient la résidenceproche d'un attaché politique à
l'ambassade des Etats-Unis. Le supérieur hiérarchiquede Bolanos,
Lenin Cerna. 'directeur du département de la sûreté nationale au
ministèrede l'intérieur, aaccuséleresponsable desaffairesétrangères
du parti sandiniste,Julio Lopez, de n'avoir pas assuréla sécuritédu
chef de guérillaet de ne l'avoir pas tenu au courant des arrange-
men tx.
Selon Bolanos, Montes. trahie par sa cuisinièreet un de sesgardes
des raisons politiques - elle
du corps. aurait étéassassinéepour
revenait de Cuba et souhaitait un plus large dialogue entre les gué-
rilleros et le Gouvernement salvadorien. ))
101. 11est un deuxième transfuge notoire, le comandante Montene-
gro O,personnage dont M. MacMichael a reconnu l'importance (audience
du 16septembre 1985).Un article du New York Times le concernant estreproduit à l'annexe 48 du contre-mémoire des Etats-Unis. Arquimedes
Canadas, dit commandant Montenegro, a en tant que chef de la guérilla
salvadorienne connu un succès éclatant en parvenant au cours d'une
opération à anéantir au sol l'essentiel de la flotte aérienne salvadorienne.
Dans une interview donnée à Washington en 1983, M. Canadas déclare
qu'avant 1980l'insurrection au Salvador étaitlargement ((nationaliste O,
maisque, depuis, Cuba <dirige lesactivités))de l'insurrection. 11décritles

destructions considtérablescauséespar cette dernière à l'infrastructure
salvadorienne. S'agiijsantde l'anéantissementde laflotte militaire aérienne
salvadorienne, ses propos sont ainsi rapportés :

Les sept soldats qui ont mené à bien l'opérationavaient suivi un
entraînement de six mois à La Havane. En octobre, lorsque j'étais à
Managua, Villalobas m'a confié la responsabilité de la mission.
Joaquin Villalobas est le chef de l'arméerévolutionnaire du peuple.
(OCuba Directs Salvador Insurgency, Former Guerrilla Lieutenant

Says D, New York Times2 ,8juillet 1983,p. A10.)

Expliquant sa défectionaprès son arrestation, M. Canadas déclareavoir
fait connaître son rnécontenternent de voir le processus transformé et
manipulépar d'autres intérêtsl,es Cubains et les Nicaraguayens o.L'ar-
ticle poursuit en ces termes :

«M. Canadas a déclaréavoir pris conscience de l'engagement
cubain au milieude l'année1980,lorsque lefront Farabundo Marti de
libération nationale a étémis sur pied pour coiffer les groupes de
guérilla salvadoriens, y compris l'arméerévolutionnaire du peuple.
Pour surveiller le front, un conseil exécutif supérieur, la direction

révolutionnaire:unifiée - ou DRU - futconstituéelorsd'une réunion
secrète tenue à La Havane, a-t-il ajouté.
(Du point de vue politique et militaire, toutes les décisionsque la
DRU a prises --sur leplan de la stratégie,sur leplan militaire- l'ont
étéen coordiniation avec les Cubains.
M. Canadas a dit par exemple qu'en novembre 1980, lorsque les
chefs de guérilla sesont réunisà La Havane ((lesCubains ont autorisé

le plan militaire de l'offensive finale de janvier 1981 o.

L'article continue a.insi

(M. Canadas ajoute qu'enjuin 1980, à l'issue d'une réuniondes
chefs de guérilla à La Havane, mais à laquelle il ne participait pas,
les armes ont commencé à arriver et, après cette réunion,les com-
mandants ne sont pas retournésau Salvador o. Il a déclaréque c'està
ce moment-là que les chefs ont transféréle centre des opérations au
Nicaragua.
«Ils ne sontjamais retournés [au Salvador], à l'exception de Vil-

lalobas, qui ai étéle dernier à quitter El Salvador, en février
1981. ((Avant cela. nousne recevions pas beaucoup d'armes. a-t-il ajouté.
Et après.la majeure partie des armes a été fournie par leViet Nam, des
M-16 américain.,. Lesarmes étaient transportées du Viet Nam à La
Havane. de La ]Havaneà Managua, et de Managua au Salvador.

M. Canadas conclut en décrivant les réunions de Managua :

<(Trois mois plus tard,enoctobre, le mêmegroupede Salvadoriens
et de Cubains s'étaitréunià Managua. Nous avons examiné tout ce

qui avait étéfait depuis juillet. Nous avons analyséla prise de Villa el
Rosario dans laprovince de Morazan. C'étaitun villageoccupépar les
guérilleros. Cela prouvait combien nous avions progressé. S'agissant
dufront central, ilsont dit que le sabotage des lignes de tension etdes
lignes téléphoniquesne suffisait pas. Il fallait intensifier les activités

dans ce domaine.

102. En 1984.lecommandant Montenegro a donnéune autre interview,
publiéedans le New York Times (et reproduite à l'annexe 49 du contre-
mémoire des Etats-llnis). C'est cette interview, accordée <<près de deux
ans après l'arrestation ))de son auteur, que M. MacMichael a commentée

lors d'une audience, non sans scepticisme (audiencedu 16septembre 1985).
L'article du New York Times contient des détails importants et mérite
d'êtrereproduit dans son intégralité :

((Les révélations d'un ancien chef de la rébellionsalvadorienne
sur Icatrafic d'armes à pariir du Nicarugua

Un ancien commandant de la guérilla salvadorienne arrêté au
Honduras a affirméaujourd'hui que la quasi-totalité des armes que
recevaient les unitésde gukrilla sous ses ordres provenait du Nica-

ragua.
L'ancien guérillero Arquimedes Canadas. connu dans la guérilla
sous le nom de comandante Alejandro Montenegro. a par ailleurs
confirmé les assertions contestées de l'administration Reagan selon
lesquelles le quartier généraldes guérillerossalvadoriens se trouve au

Nicaragua, en révélant qu'il s'étairtendu en secret dans ce pays en
1981et qu'il y avait rencontré son supérieur. le chef d'état-major de
l'arméenicaraguayenne et quatre conseillers cubains.
M. Canadas a déclarédans une interview qu'en 1981 et 1982 les

unitésde guérillade San Salvador et du nord de la ville placéessous
soncommandement avaient reçu 99.9 pour cent de leurs armes du
Nicaragua.
Cette déclaration contredit ce que plusieurs chefs de guérilla,dont
M. Canadas lui-même,avaient dit lors d'interviews accordées en

février1982dans leur campde montagne proche du volcan de Gua-
zapa.
Armés de fusils M-16 de fabrication américaine. les chefs de la
guérillasalvadorienne avaient déclaré que leurs armes avaient étésoit
saisies aux forcesgouvernementales. soit achetéesaumarchénoir,soitachetéesdirectement a des officiers de l'arméesalvadorienne. Seul
l'un d'eux avaitadmis s'être rendu auNicaragua, mais aucun n'avait
dit êtrealléà Cuba.

Réunions à Cuba et à Managua

Aujourd'hui, M. Montenegro déclare, par l'intermédiaire d'un
interprète, avoir reçu l'ordre de son supérieur en 1982de donner de
faux renseignements et de déclarerque les armes étaient des armes
saisies ou acheté,e,lors qu'en fait elles avaient ététransportéespar
camion de Managua au Salvador, via le Honduras.
Dans une interview de trois heures accordée mardi soir, M. Cana-
das, que des unitésde l'arméehondurienne ont arrêté en août 1982a
Tegucigalpa alors qu'il étaiten route pour le Nicaragua, a déclaré
s'êtrerendu a Cuba une fois età Managua deux fois pour rencontrer
Joaquin Villalobas, commandant en chef de l'arméerévolutionnaire
du peuple (ERP).
L'ERPest la plus importantedes cinq unitésde guérilla regroupées
au sein du front Farabundo Marti de libération nationale.

Livraisons mensuelles d'armes

Au cours de l'interview, M.Canadas a dit qu'en 1981et 1982les
commandos opkrant dans les villes et deux cents guérilleros placés
sous son commandement, à Guazapa, recevaient chaque mois des
armesenprovenancedu Nicaragua quiétaientacheminées àtravers le
Honduras dans des camions à doubles parois et àdouble fond. 11a
indiqué que les camions passaient par le poste de douane de Las
Manos, sur la frontière entre le Nicaragua et le Honduras, et par le
poste de douane d'Amantillo, sur la frontière entre le Honduras et El
Salvador.
Chaque camion transportait entre vingt-cinq et trente fusils et
quelque sept mille cartouches. Les fusils, a-t-il déclaré,étaient des
M-16de fabrication américainesaisis au Viet Nam et des fusils FAL,
utilisésdu temps de Somoza par l'arméenicaraguayenne.
Parfois, les camions ne transportaient pas de fusils mais que des
munitions. Dan.sce cas, lechargementcomprenait en générajlusqu'à
quinze millecartouches, des grenades de fabrication soviétiqueet des

explosifs comm,ele TNT pour les opérationsde sabotage contre des
installations gouvernementales.
Des responsables américainsont indiqué que, depuis l'arrestation
de Canadas, lesautoritéshondurienness'efforçaientde mettre fin aux
transports d'armesqui se faisaient pratiquement au grand jour sur les
routes honduriennes. Des officiers américains ont déclaréque les
armes en proveinancedu Nicaragua sont maintenant parachutéesde
nuit ou transportéesdans des canots ou des hors-bord qui opèrent le
long des côtes du Pacifique, entre le Nicaragua et El Salvador.
M. Canadas a indiqué s'êtrerendu, en octobre 1981, au poste ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISSS. CHWEBEL)456

de commandement de la guérillasalvadorienne au Nicaragua, sur
convocation de M. Villalobas, que les officiers de I'armée salvado-
rienne tiennent pour le plus habile et le plus important des chefs de
guérilla.
<(Je ne sais pas où se trouvait ceposteexactement,parce quej'y ai
étéconduitlesyeux bandés,a-t-il déclaréN . ous avons roulépendant
quinze minutes environ sur l'autoroute au sud de Managua,puisnous
avonschangéde véhicule.Puis. nous avonsencore roulépendant dix a
quinze minutes. Nous sommesarrivésdevant une maison,trèsgrande,
avec un jardin où se trouvaient des bancs en fer.

A droite de l'entréeprincipale se trouvait un bureau où travaillait
Villalobas,a-t-il poursuivi. Dans la maison, ilyavait une grande pièce
où leschefs des autresgroupes de guérillaétaientréunis,etoù ilsont
étérejoints par. des Cubains et des sandinistes. Il y avait quatre
Cubains.
Il a ajouté: (Nous avons eu une réunion d'environdeux heures,
une nuit, avec le chef d'état-major de l'arméesandiniste, Joaquin
Cuadra.
Cuadra n'aparlépratiquement que de la situationau Nicaragua. Ils
voulaient savoir.quelle étaitla nature de la rébellionau Salvador. s'il
s'agissait d'une rébellionpaysanne. ou si elle étaitle fait de tous les

élémentsde la population. Au Nicaragua, ont-ilsdit, elle avaitété le
fait de tous lesélémentde lapopulation. Mais, à cette réunion.on n'a
pas parlé de l'aide. A cette époque, l'aide avait atteint son point
culminant. (OA Former Salvadoran Rebel Chief Tellsof Arms from
Nicaragua o.New York Times1 ,2juillet 1984.)

103. Une confrontation entre le texte de cette interview et les observa-
tions de M. MacMichael A ce propos ne parvient pas a ébranlerles affir-
mations du commaindant Montenegro. Premièrement, M. MacMichael
confirme l'arrestation de Montenegro dans lescirconstancesdécritespar la
presse. Deuxièmement.M.MacMichael ditqu'en 1982ilavait eu accèsaux

résultats des premiers interrogatoires de Montenegro. A l'époque. il
n'étaitabsolument pas question d'armes D,a dit M. MacMichael. Ainsi
M. MacMichael en 1985.parlant sans notes, affirme sans sourciller que
dans un rapport qu'il a lu trois ans auparavant il n'étaitabsolument pas
question d'armes (iiudiencedu 16septembre 1985).(M. MacMichael n'a
pas pu. pour se rafraîchir la mémoire,se reporter avant l'audience à un
compte rendu des premiers interrogatoires de Montenegro ni à sespropres
notes àce sujet. puisque la détentionde telsdocuments serait illégale.)Au
contraire. M. MacMichael s'est souvenu qu'~une bonne partie de I'inter-
rogatoire concernait la façon dont il[Montenegro] avait dirigél'opération
de commando ))coritre l'aérodrome salvadorien (ihid.)M. MacMichael
confirme que Montenegroprétendait,avantsonarrestation. que lesarmes

desguérillerosétaieritachetéesousaisies(ainsi que Montenegro l'explique
dans sesinterviews)et M. MacMichael fait observer que lesdéclarationsde
Montenegroont étéfaitesdeux ans aprèsson arrestation, périodependantlaquelle il s'est trouvé entre les mains d'interrogateurs très habiles
(audience du 16septembre 1985).M. MacMichael a déclaréqu'in l'étaitpas
en mesure de dire quelle histoire étaitlavraie. Mais ilreconnaît que,tombé
aux mains des Américains, Montenegro pouvait parler librement, sans
crainte de sanctions. Peut-on en dire autant de ses déclarations sur le
terrain, lorsqu'il étaiitchef de guérill?
104. Ilest un troisième transfuge dont lesallégations viennenttoutjuste
d'êtrepubliées :il s'agit d'AlvaroJoséBaldizon Aviles, déjà mentionnéau
paragraphe 28 du présentappendice. Ses déclarations concernent essen-
tiellement des allégationsde violations des droits de l'homme au Nicara-
gua par lesforces nicaraguayennes et par des agents du Gouvernement du
Nicaragua. Certains de ces assassinatset autres atrocités allégués auraient

eu lieu au cours d'hostilités (commepar exemple celles dont ont été
victimes les Indiens dissidents). A propos de l'appui du Gouvernement
nicaraguayen àI'insi~rrectionà l'étranger(en l'occurrence, au Costa Rica
plutôt qu'au Salvador), on peut citer l'extrait ci-aprèsde la déclarationde
Baldizon :

<En mars 1983,un groupe de quarante-cinq membres environ du
parti populaire d'avant-garde (PVP) du Costa Rica étaitentraîné à
la guérilla,sur le domaine de 1'AfricanOil Palm Cultivation Project,
près d'El Castillo dans le sud du Nicaragua ...Le chef des Costa-
Riciens, <(Ramiro )),avait environ quarante ans, mesurait à peu près

1.75 mètre, avait la peau blanche, les cheveux noirs, et portait une
barbe. Il étaitto,ujoursaccompagnéd'un lieutenant de l'armée nicara-
guayenne ..Les autres Costa-Riciens vivaient à une douzaine de kilo-
mètres surune collineappeléeEl Bambu au bord du San Juan,dans
la zone frontalikrecosta-ricienne.Leursactivitésétaient dirigée s par-
tir du siège,par des moyens radio.
Les Costa-Riciens, qui justifiaient leur présence à El Castillo en
prétendant travailler sur IAfrican Pulm Project et êtremembres d'un
bataillon de réservemilitaire affecté à des travaux pour ce projet,
restaient là six mois. Après quoi ils retournaient au Costa Rica et
étaient remplacés par un autre groupe, qui restait là un nouveau

semestre. Certains portaient des fusils FAL munis de viseurs télesco-
piques et recevaient un entraînement de tireur d'élitepour abattre
les bateliers du San Juan qui transportaient et approvisionnaient les
rebelles nicaraguayens antisandinistes. Les sandinistes assuraient cet
entraînement parce que selon eux trèspeu de bateliers connaissaient
bien lefleuve et lesantisandinistes auraient du mal à lesremplacer.
(Inside the Sundinistu Régime :A Speciul Investigutor's Perspective,
Department of State. 1985, p. 25-26.)

105. Dans son numéro du 8juin 1985,le WashingtonPost rend compte,
sous le titre Nouvelles sources d'informations sur l'aide aux rebelles
salvadoriens :selon un transfuge et des documents saisis, le Nicaragua

aurait retiré unepartie de son aide (p. A12),des révélations faitespar un ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 458

quatrième transfuge ou tiréesde documents saisis chez lesinsurgés (ils'agit
apparemment des mëmes documents que ceux saisis sur Nidia Diaz dont il
est question aux paragraphes 95 et 96 ci-dessus) :

11ressort de renseignements donnéspar un transfugequi adéserté
récemment le camp des rebelles. des résultats de l'analyse par les

Etats-Unis d'armes saisies ainsi que de documents saisis chez les
insurgés.que le Nicaragua. Cuba et d'autres pays d'extrême gauche
jouent depuis 1'380un rôle de premier plan dans l'armement et I'en-
traînement des guérilleros d'El Salvador, quoique. depuis 1983. ces
pays aient progressivement réduit leur aide.

D'après ces sources, les pressions exercéespar les Etats-Unis ont
amenélegouvernement sandiniste du Nicaragua àretirer en plusieurs
occasions son appui aux rebelles salvadoriens, en suspendant les
livraisons de miinitions et en restreignant à Managua les activitésdes
rebelles du frorit Farabundo Marti de libération nationale.

C'est ainsiau"i1ressort des notes et de la corres~ondance saisieschez
les rebelles que. suite à l'invasion de la Grenade par les Etats-Unis
en octobre 1983. le Nicaragua a réduit son assistance, ce qui aurait
suscitéde vives protestations de la part des guérillerossalvadoriens.
Les documenits et autres renseignements ne permettent pas d'ap-
précier le volume exact de I'aide que le Nicaragua a apportée ces

derniers mois. imais il semble que les livraisons de munitions aient
considérablement diminué. Le transfuge.ancien responsable militaire
et politique, a (déclaré n'avoir connaissance que de deux livraisons
effectuéescette année.
Ces nouveaux renseignements permettent de reconstituer I'évolu-

tion de I'aideque les rebelles salvadoriens - le FMLN - reçoivent de
l'extérieur.D'aucuns ont mis en doute la valeur du récitdu transfuge
et desdocuments saisis, mais ilreste que ces renseignementstendent à
confirmer les déclarations faites depuis deux ans par les responsables
américains et s,alvadoriens.

Un haut responsable américain a déclaré: La réaction de I'am-
bassade a été : ((Parbleu, nous vous l'avions bien dit.
Le Gouvernement et l'ambassade des Etats-Unis ont indiquéque
les documents avaient étésaisis le 18avril sur un chef rebelle de haut
rang. Mnle Nidia Diaz. membre de la délégationde la guérilla aux
entretiens de pa.ixqui sesont tenus à La Palma en octobre dernier. Les

autoritéssalvadoriennes ont refuséd'accéderaux demandes faites par
MI"' Diaz depuis son arrestation pour rencontrer des journalistes.
Le FMLN a taxéces documents de faux.
Selon les renseignements ainsi recueillis sur I'aide aux guérilleros.
les pays d'extrêmegauche auraient fourni initialement. entre 1980et

le début de 1983. de six mille à sept mille fusils automatiques. des
mortiers et des lance-grenades. Ces armes auraient étéacheminéesdu
Nicaragua clandestinement. principalement dans despetits avions ou
par la voie terrestre à travers le Honduras. Toujours selon ces renseignements, Cuba, l'union soviétique, le
Viet Nam, la Biilgarieet l'Allemagnede l'Est auraient entraînérégu-
lièrementdes groupes de chefs de guérilla à l'action militaireet poli-
tique. Au débutdes années quatre-vingt, le commandement général
du FMLN se réunissait régulièrement à Managua.
Mais depuis deux ans environ, l'aide militairede l'étrangerconsiste
essentiellement en munitions et en explosifs,et elleest de plusen plus
acheminéepar la voie maritime.
Le haut responsable américain précité a déclaré : <La plupart
s'accordent à dire que lesénormesimportations d'armes ont cesséen
1982. ))
Cesenvois ont diminuépour trois raisons, semble-t-il :parce qu'ils

étaient moinsnrfcessaires,parce que lesEtats-Unis exerçaientdes pres-
sions sur le Nicaragua et parce que les forces arméeshonduriennes
ont démantelé en1982et en 1983une bonne partie du réseau d'appui
clandestin au FMLN au Honduras.
Selonletransfuge, lessandinistesauraient euxaussicommencévers
le milieu de l'année1983 à retirer leur protection. A cette époque,le
commandement généraldu FMLN aurait dû transférerses réunions
au Salvador, dans les zones contrôléespar les rebelles, le Nicaragua
s'étant trouvé embarrassépar l'assassinat d'unchef rebelle salvado-
rien de haut rang à Managua, lors d'un différend entre factions.
L'aide nicaraguayenne et autre aux rebelles salvadoriens est au

cŒurdu débatsur l'Amériquecentrale qui sepoursuit aux Etats-Unis.
Le gouvernement n'a cesséd'affirmer que le Nicaragua ((exporte
la révolution etil a mis en avant cette accusation, en particulier,
pourjustifier l'organisation et le financement de la force rebelle qui
luttemaintenaint pour renverser le gouvernement sandiniste révolu-
tionnaire de Managua.
Les détracteursde la politique américaineont fait observer que le
Gouvernement américain n'avaitpas suffisamment de preuves attes-
tant la fourniture d'une aide militaire régulière etimportante aux
guérillerosdepuis l'échecde leur offensive finaleu dejanvier 1981.
Malgré leseffortsprioritaires misen Œuvre,aucune livraison d'armes
en provenance du Nicaragua n'a étéinterceptée.

Les chefs di: la rébellion salvadorienne et les autorités nicara-
guayennes ont apporté aux accusations américaines des réponses
prudentes, parfois contradictoires. Les rebelles salvadoriens ont par
exemple admis.qu'ils importaient clandestinement des armes et des
munitions via leNicaragua, mais en ajoutant qu'ils seprocuraient ces
armessur lemarchéinternational et non pas auprèsdu gouvernement
sandiniste. Le Nicaragua a reconnu apporter un appui diplomatique
et moral aux guérilleros, mais nie leur avoirfourni des munitions.
Le transfuge - de son vrai nom, Napoleon Romero, mais plus
connu sous sorinom de guerre MiguelCastellanos - a déclaréqu'en-
viron 70 pour cent des armes automatiques dont disposait le FMLN

venaient de l'étranger,le reste étantpris aux forces arméessalvado- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 460

riennes. Certaines des armes en provenance de l'étranger étaient
achetéessur le imarchéinternational. a-t-il ajouté. mais la plupart
étaient fournies par des gouvernements aniis.
Romero. âgéde trente-cinq ans, commandait le front de libération
populaire opérai~t à San Salvador - une des deux principales com-

posantes des cinq forces que regroupe le FMLN - jusqu'à sa déser-
tion au débutavril. II a dit, dans une interview de quatre-vingt-dix
minutes, avoir été déçu l'annéeprécédentepar le mouvement révo-
lutionnaire en raison de sa violence et de l'absence de résultats.
Romero a étéretenu lu sieurs semaines Dar les militaires. avant
d'êtremis à la di:jpositiondesjournalistes. IIvivrait actuellement sous
la protection des militaires.
Le mouvement de la guérillaa prétenduque Romero avait ététor-
turépendant sa garde à vue et que ce qu'il dit maintenant est faux.
Etant un transfuge, Romero a tout intérêtànoircir le FMLN, mais
ses réponsesclaires pendant l'interview,conduite dans un bureau du
service de presse des forces armées, semblaient franches. Un officier
supérieursalvadorien a assisté à l'interview,mais pendant de brèves
périodes seulement.

Les renseignements que Romero a donnéssur la provenance des
armes sont corroborés par une enquêteque les services secrets de
l'arméeaméricaineont faitesur les numérosde sériedes fusils auto-
matiques M-16de fabrication américainesaisischezlesguérilleros.II
ressort de cette enquêtequ'un peu moins de 25 pour cent des fusils
avaient étéinitialement fournisà l'arméesalvadorienne, et donc pro-
bablementpris par les rebelles.Quant aux autres, ilsauraientétépour
la plupart abandonnés au Viet Nam lors de l'évacuationdes troupes
américainesen 1975.
Romero a dit que, à son avis, Cuba étaitresponsable de I'organi-
sation de la majeure partie de l'appui international aux guérilleros
salvadoriens.
Le Nicaragua sert uniquement de relais pour acheminer tout ce
qui arrive de Cuba o.a-t-il précisé.

Le transfuge a fait observer par ailleurs qu'à plusieurs égardsles
pays d'extrême gauchen'avaient pas étémêlés àl'action du FMLN.
Ainsi. a son avis. aucun conseiller ni instructeur officiel cubain ou
nicaraguayen ne s'étaitrendu au Salvador pour superviser directe-
ment l'action des guérilleros.
De plus. toujours au dire de Romero, chacunedes cinq factionsqui
composent le FMLN possède son propre émetteur radio pour com-
muniquer directement avec ses représentants à Managua, mais I'in-
surrection n'est pas dirigée au jour lejour à partir du Nicaragua
comme le croy,ait le Gouvernement des Etats-Unis. Les chefs du
FMLN sur leterrain mettent eux-mêmesaupoint leurstratégieetleur
tactique. encore qu'ils sollicitent souvent l'avis du Nicaragua et de
Cuba, a-t-il dit.
Les documents saisis qui ont étérendus publicsjusqu'ici attestent que le FMLN dépend de l'appui nicaraguayen, en révélantnotam-

ment l'inquiétudesuscitéeau seindu mouvement rebelle à lafinde 1983
par le retrait de l'appui sandiniste.l ressort des comptes rendus de
réunions, desdocuments d'information et des lettres que leschefs de
la guérillasalvadorienne avaient instamment demandé que le Nica-
ragua poursuive son aide.
Une liste de deux pages de dirigeants du FMLN, indiquant I'en-
traînement qu'ilsavaient suiviou qu'ilsdevaient recevoir à l'étranger,
montre aussi la part que de nombreux pays du bloc soviétiqueont
priseà la mise ei-iplace d'un encadrement révolutionnaire au Salva-
dor.

106. L'ouvrage «HevolutionBeyond OurBorders u donne d'autres pré-
cisions sur les révélationsde M. Romero qui prouvent que le Nicaragua
continuait à fournir des armes aux insurgéssalvadorienset à les ravitailler
en 1983 :

<(Le ravitaillement en force des guérillas à partir du Nicaragua
se poursuivit jusque dans le courant de 1983. D'après Napoleon
Romero, troisième en rang dans la hiérarchie de la principale fac-
tion de guérilladuFMLN jusqu'à sadésertionenavril 1985,legroupe
dont il étaitembre recevait du Nicaragua jusqu'à 50tonnes de ma-
térielpar trimestreavant que le Nicaragua ne réduisît seslivraisonsà
la suite de l'intervention caraïbo-américaineàla Grenade. Romero a
décriten détail11f:onctionnement exact du réseau logistique.La pre-

mière voie d'infiltration avait étéun pont aérien. D'après Romero,
les armes, parties de points situés surla presqu'île de Cosiguina, au
Nicaragua, étaient déchargéessur le littoral du départementde Saint
Vincent, au Salvador. La première livraison ainsi effectuée se serait
composéede trois cents armes, infiltrées à la fin de 1981 en vue de
1'0offensive finale de janvier 1981. Toujours d'après Romero, ce
pont aérienfut suspendu lorsque les forces armées salvadoriennes
réussirent à s'ennparer d'une grande quantité d'armes transportées
par voie aérienne à partir du Nicaragua. C'est depuis ce moment-là,
en 1981,que les livraisons par voie de mer devinrent - et continuent
d'être- le mode principal d'infiltration.

D'aprésle récitde Romero, lepoint dedépart de la route maritime
se situait dans le département de Chinandega, au Nicaragua, ou dans
des îles telles que La Concha, au large de cette côte ; après quoi,
traversant labai,ede Fonseca, les bateaux débarquaient sur la côte
du département d'usulutan, au Salvador. Des milliers de cartouches
tiennent dans un nombre relativement réduit de caisses. aisément
transportées àdos d'homme, àdos d'animal ou par véhiculeselondes
itinérairesvariés. L'absence occasionnelledes forces gouvernemen-
tales et les distances relativement courtes qui séparent le littoral des
principaux frontsde guérilla réduisent ladifficultéqu'il y aàassurer
certains typesdt: soutien logistique aux guérillaà partir du Nicara-

gua. )(Op. ci?.,p. 11.) ACTIVITES MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.sCHWEBEL) 462

107. On trouve aussi dans ((Revolution Be,>ondOur Borders » des pré-

cisions, tiréesde déclarations de M. Romero et d'autres transfuges. sur les
moyens utiliséspour acheminer sans discontinuer et encore en 1985 les
arnies et munitions en provenance du Nicaragua et destinéesaux insurgés
salvadoriens : ces arrnes et munitions sont généralementtransportées par
bateau et canot jusqui'à un point situé sur le littoral d'El Salvador où elles

sont recueillies puis transportées àdos d'animal. àdos d'homme ou dans de
petits vèhicules. C'est ainsi qu'on peut lire :

D'après Napoleon Romero, ancien commandant du FPL, cette
infrastructurepermettait de livrer de 20 000 à 30 000 cartouches par
mois au seul FPL. cequi représente unecentaine de cartouches. soit la
charge usuelle (l'un combattant. pour 3000 guérilleros. ou encore
200 cartouclies. :<oitde quoi livrer une bataille en règle,pour 1500gué-

rilleros. Une livraison de cet ordre pèse environ 1300 livres et tient
dans quelque 34 caisses métalliques. qui peuvent êtreaisémenttrans-
portéespar 15à 20 hommes. 6 animaux de charge ou un petit camion
de ravitaillemeni.. Etant donnéla faible superficie d'El Salvador et les
courtes distances enjeu, le matériel quipénètrepar le littoral d'Usu-

lutan peut, lorsclue les conditions sont favorables. êtreconduit à l'un
quelconque des fronts de guérilla en une semaine environ. (Ihid.,
p. 11. note 26.)

6. D~c.1urution.d se diplonzutesde pp-..stiers

108. A cet ensemble de déclarations et d'accusations établissant l'appui
du Gouvernement nicaraguayen à l'insurrection à l'étranger.particulière-
ment au Salvador, on peut ajouter l'opinion de plusieurs diplomates en

poste dans la capitale nicaraguayenne interrogés en 1984 par le corres-
pondant permanent du New York Times qui relate ainsi ces entretiens :

(1Selon desdiplomates de pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique
latine en poste ici. le Gouvernement nicaraguayen continuerait à
envoyer du niatèrielmilitaireaux insurgéssalvadoriens et àmettredes
camps d'entraînement à leur disposition sur le territoire du Nicaragua.
Les Etats-Unis font ce reproche au Nicaragua depuis 1980. Le

Nicaragua. sans nier explicitement toutescesaccusations,qualifie son
soutien de << moral et politique o.
Selon ces diplomates. dont certains représentent des pays ayant
critiqué la polii.ique des Etats-Unis en Amérique centrale, l'appui
militaire aux irisurgés salvadoriens aurait diminué depuis l'année

dernithe. mais resterait important.
Pas (le commentaires de la part du Nicaragua

Lors d'une conférence de presse tenue la semaine dernière. le pré-
sident Reagan a dit que le Nicaragua <exporte la révolution au
Salvador. son voisin. et aide. appuie, arme et entraîne les guérillasqui

cherchent à renverser un gouvernement régulièrementèlu )). Un porte-parole des insurgéssalvadoriens au Costa Rica, Jorge
Villacorta, a dit à l'occasion d'un entretien téléphoniqueque les
guérilleros avaient acheté des armes au marché noir et auprès de
certains chefs de la criminalité organiséeaux Etats-Unis. Ces arme-
ments passaient par le Nicaragua, mais aussi par le Guatemala, le

Costa Rica et d'autres pays.
Nous réfutonsl'allégation selon laquelle leNicaragua nous four-
nirait des armes )),a déclaréce porte-parole.
Mais les diplomates occidentaux semblent êtreconvaincus de la
véracitédes rapports des services de renseignements américains sur
les attaches militaires entre le Nicaragua et les insurgéssalvado-
riens.
<(J'estime qui: l'appui aux révolutionnaires salvadoriens continue

et que ce soutien est très important pour les sandinistes )),dit un
diplomate occidental. <(Les sandinistescraignent, si la guérillasalva-
dorienne venait à faiblir, que leur propre régime soitplus isoléet plus
vulnérable à une attaque.
Les chefs de la guérillasalvadorienne insistent sur le fait qu'ils ne
reçoivent du Nicaragua qu'une petite quantité d'aide, notamment
sous forme de matérielde communication, de médicaments, et de
quelques munitions. Selon eux, la plus grandepartie de leur matériel

est achetée aumarchénoir ou prise aux troupes gouvernementales
salvadoriennes.
Un responsable de l'ambassade desEtats-Unis à San Salvadora dit
aujourd'hui : <(le n'estpas de fusilsetd'armes légères que lesrebelles
ont un besoin urgent. ))
Ily a deux semaines, Fred C. Iklé, sous-secrétaire à la défense,a dit
que la moitiéeriviron des armes utiliséespar les insurgésétaient des

armes fournies au Salvador par les Etats-Unis et prises aux troupes
gouvernementalLessalvadoriennes. Plus tard, le Pentagone a précisé
que cette estimation s'appuyait sur une enquêtelimitée à quelques
régionsoù opéraient les insurgés. Ailleurs,d'après le Pentagone, le
chiffre serait plus près d'un tiers ou d'un quart.

D'où viennent les armes des insurgés ?
M. Ikléa diit aussi que, selon les Etats-Unis, 80 pour cent des

munitions et des explosifs utiliséspar les insurgésprovenaient de
Cuba et de l'Union soviétique,en transitant par le Nicaragua.
Des responsables du gouvernement à Washington ont dit
aujourd'hui que de petits avions et navires effectuaient le ravitaille-
ment la nuit, a partir du Nicaragua. Selon eux, la direction et le
contrôle des opérations de la guérillase font encore de Managua. A
Mexico, un membre de l'insurrection a dit que seuleune petite partie
de l'état-majorétait encoreau Nicaragua.

<Tous les commandants vivent actuellement au Morazan )),a-t-il
dit, parlant d'une province de l'est d'El Salvador. ACTIVIT~S MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 464

Il y a plusieurs mois. sur proposition du Nicaragua, plusieurs civils
salvadoriens sympathisants de l'insurrection ont quitté le Nicara-
gua pour, a-t-on dit, tenter de supprimer un éventuelprétexted'in-
tervention militaire de la part des Etats-Unis. Cela dit, on estime
que les responsables des insurgésse rendent souvent à Managua. Des
membres du Congrèsen visitedans cette villeont pu y rencontrer des

commandants de la guérilla. y compris Ana Guadalupe Martinez. de
l'arméerévolutionnaire du peuple.
Les servicesde renseignements occidentaux pensent que l'aide ne
transite plus par la routeà travers le Honduras. mais est acheminée
quotidiennement par des avions légers à destination de petits aéro-
dromes de fortune dans les régions d'ElSalvador qui sont aux mains
des guérilleros.
Certains partisans du Gouvernement nicaraguayen ont misces allé-
gations en doute. et demandéaux Etats-Unis de fournir des preuves.

Lesdiplomates reconnaissent qu'ils n'ontaucune preuve mais disent
êtreconvaincusque les liens militaires entre le Nicaragua et lesinsur-
gésrestent solides.
(11se peut que tout ce que disent les Américainsne soit pas vrai,
mais il ont pour eux la logique et le bon sensO,déclareun diplomate
hispanophone. L'idéologiedessandinistes lesoblige à aiderd'autres
pays à adopter un systèmepolitique semblable au leur.
Des mots d'ordre favorables à la cause des insurgéssalvadoriens
sont régulièremc-ntrépétés lord se manifestations nicaraguayennes

et la presse rerid compte presque quotidiennement des victoires
des insurgés etdes atrocités attribuées auxforces armées salvado-
riennes.

Les postes de communication des insurgés
Selon les responsables américains.quatre au moins des cinq prin-
cipaux groupes d'insurgéssalvadoriens disposent de postes de télé-
communication:~ au Nicaragua pour transmettre des instructions
à leurs forces ail Salvador. Certaines des équipesde démolition sal-

vadoriennes auraient aussi été forméesau Nicaragua. )) (Stephen
Kinzer, <(Salvador Rebels Still Said to Get Nicaraguan Aid O,New
York Times, 11 avril 1984,p. 1. 8.)

Cet article est reprotiuià l'annexe 49 du contre-mémoiredes Etats-Unis.
Le Nicaragua n'a soumis aucune preuve qui permette de le réfuter.

7. Déclurations du 'Gouvernement d'El Salvador accusant le Nicaragua
d'aider l'insurrectiosalvadorienne

109. Une des affirmations surprenantes du Nicaragua en la pré-
sente instance est celle qui figure dans l'attestation de M. Miguel
d'Escoto Brockmanri, ministre des relations extérieuresdu Nicaragua. qui
dit : ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 465

<Ilest intéressantde noter que cesallégationssont lefait seulement
du Gouvernement des Etats-Unis et non du Gouvernement d'El Sal-
vador qui est la victime supposéede ce prétendu trafic d'armes. Le
Nicaragua et El Salvador entretiennent des relations diplomatiques
complètes et pourtant El Salvador n'a jamais, pas mêmeune fois,
protestéauprèsde mon gouvernement en l'accusant de complicitéou
de responsabiliti: dans une opération quelconque de traficd'armes ou

de fourniture de matériel militaire à des groupes rebelles dans ce
pays.

110. Les accusations d'El Salvador n'ontpeut-êtrepasempruntéla voie
diplomatique, mais des accusations, tant officiellesqu'officieuses, ont bel
et bien eu lieu. Ainsi, en janvier 1981, pendant 1'~offensive finale H,le
présidentJosé Napoleon Duarte a dénoncéI'intervention nicaraguayenne
et cubaine et demandé l'aide des Etats-Unis pour y résister. D'aprèsle
Wushing-ton Post :

<Duarte a dknoncéI'intervention cubaine et nicaraguayenne au
Salvador plusieilrs fois au cours des derniers jours ...Il a également
demandé au president élu Reagan d'<c exporter la démocratie au
Salvadoret dan:; le monde entier, et de renforcer I'aide au gouverne-
ment local, surtout l'aide économique. ))(<Fighting Subsides in El
Salvador : 3 Joi~rnalists Hurt O, Washington Post, 13janvier 1981,
p. 1.)

111. Selon une dépêchede l'agence France-Presse datéedu 17janvier
1981(FBIS, Amérique centrale,17janvier 1981,p. 5) :

<(Le présidentde lajunte gouvernementale salvadorienne, M.José
Napoleon Duarte, a ajoutécejour de nouveaux élémentsaux accu-
sations touchant l'ingérencedu Nicaragua dans leconflit salvadorien
en montrant une caisse de cartouches qui, a-t-il dit, fait partie des
munitions que leVenezuela a fournies aux sandinistes pour lesaider à
renverser Somoza.

Leprésident ...seréférantauxcartouches,a expliquéqu'avant de se

trouver dans les mains des guérillerossalvadoriens chez lesquelselles
ont étédécouvertes, ellessetrouvaient dans cellesdu Front sandiniste
de libération nationale. Il s'est également référé ad uébarquement,
abondamment commenté,de combattants étrangers sur la côte sal-
vadorienne ...
[Le président Duarte a déclaréque] << ...les bateaux saisis ne sont
pas faits pour naviguer en haute mer. Ils ne peuvent êtreutilisésque
pour traverser le golfe de Fonseca. Le golfe de Fonseca s'étend, à
l'est,sur la côte pacifique d'El Salvador et ses eaux bordent les côtes
du Honduras et du Nicaragua. » ACTIVITÉS MILIliAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 466

112. D'aprèsune dépêche du service intérieurde San Salvador datéedu
28janvier 1981 (FBIS. Amc;riqueceritrule,29janvier 1981.p. 8). un Cessna
immatriculé au Nicaragua a largué des fusilsFAL destinés A un groupe de

guérilleros qui les attendait. Peu après le parachutage. l'appareil a fait un
atterrissage forcé :le:;nien~bresde son équipage,blessés,ont étésecourus
par lesguérilleroset emmenés A l'intérieur ducampde la guérilla. L'armée
salvadorieniie. appuyéepar des hélicoptkres.a repérélecamp. l'a cernéet
est sortie victorieuse de l'affrontement. Le Cessna nicaraguayen a été

retrouvé détruit.
113. Au cours d'urie séancede l'Assembléegénérale desNations Unies
tenue Ie 12octobre 198 1. le représentant d'El Salvador a communiqué la
reponse, négative, du président Duarte aux propositions des guérilleros

salvadoriens dont le président Ortega avait donné lecture à I'Asseniblée
générale (voir paragraphes 44 et 45 du présent appendice). Le président
Duarte a protesté contre <(la manière grossière. abusive et clairement
interventionniste dorit M. Ortega avait abordé la question de la situation

intérieured'El Salvador (A/36/PV.33. p. 112).Aux termes du message lu
devant I'Assenihléegénérale.le président Duarte condamnait In <(mis-
sion ... peu honorable )>que le gouvernement sandiniste remplissait en
permettant que <son territoire serve de base pour I'approvisionneinent en
armes. de refuge et de soutien pour les groupes armés et de caisse de

résonance pour ses fallacieuses campagnes de propagande )(ihi(l.,p. 113).
Faisant observer que le gouvernement en place au Nicaragua n'avait
aucune leqon àdonner au Salvador. ila affirméque lesefforts déployéspar
le Nicaragua pour <(se faire l'arbitre de la pacification d'autres pays tout

en suscitant <(une psychose de guerre dans son propre peuple était
véritahlrii~entune offense à la conscience des peuples civilisés et épris de
paix ...1)
114. Le 25 mars 1982. El Salvador a adressé une lettre au Président du
Conseil de sécurité(S/ 14727). dans laquelle ilappelait l'attention sur la

nécessite cruciale pour les autres Etats. en particulier le Nicaragua. de
suivre l'exemple d'El Salvador en adhérant au principe de non-ingérence. II
affirmait que leNicaragua était la principale source de I'aggravatiori de la
tension dans la région et ilfaisait observer que la prétendue solidarite 1)

de certains mouvements idéologiques ne pouvait justifier l'abandon des
principes fondameni.aux du droit international.
115. Au Conseil de sécuritédes Nations Unies, le 30 mars 1982. le
représeiitaiit d'El Salvador, répondant a l'une des dix accusations d'agres-

sion que le Nicaraguij avait portées contre les Etats-Unisdevant le Conseil
de sécuritéet qui toutes reprennent pour l'essentiel les allégations dont le
Nicaragua a saisi la Cour en la présente affaire. a élevéla protestation
suivante :

<(El Salvador a étévictime d'actes d'intervention effectuéscontre la
volonté du Gouvernement salvadorien et qui constituent des actes
d'agression. Toutefois, malgré cesactes d'intervention et d'agression
qui portent atteinte à notre souveraineté, et afin de conserver des ACTIVITÉS MILI1:AIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 467

relations amicale:^ avec lespays encourageant ou exécutantces actes,
nous leur avons demandéd'ymettre fin. C'estpourquoi nous n'avons
pas voulu présenterune plainte officielle aux organismes internatio-
naux compétents. )>(SPV.2341, p. 42.)

116. Le28mars 1983,leministredesrelations extérieuresd'El Salvador,
M.Fidel Chavez Mena, adéclarédevantleConseil de sécurité des Nations
Unies qu'El Salvadoi-

a étévictime,entre autres,d'actes belliqueux et hostiles, d'un trans-
fert d'armes continu qui a eu pour dernier maillon de la chaîne la

républiquevoisine du Nicaragua, ..qui ne pratique ni ne respecte le
principe de la non-intervention dans les affaires intérieuresdes Etats
d'Amérique centrale o.

Il a porté l'accusation suivante :

(Iln'échappera àpersonne que lesgroupesarmésquiopèrenten El
Salvador ont leur quartier général auNicaragua, d'où émanent les
décisionset se canalise un appui logistique, sans lesquels ils seraient
incapables de persister dans leur lutte et auraient étéincorporésau
processus démocratique. ))(S/PV.2425, 28 mars 1983,p. 8.)

117. En novembre 1983,l'ambassadeur Rosales Rivera, représentant
d'El Salvador auprès de l'organisation des Nations Unies, s'est plaint
devant l'Assemblée généraldee ce que leNicaragua pratiquait ((une poli-

tique interventionniste )>:
mon pays aétéhvictime e, tre autresactes belliqueux et hostiles,d'un

trafic d'armes continu, le dernier maillon de la chaîne étantle Nica-
ragua, d'où des groupes armés d'extrêmegauche opèrent en El Sal-
vador. Leur quartier général setrouve au Nicaragua, et c'est de ce
territoire qu'ils canalisent leur appui logistique. (A/38/PV.49,
10 novembre 1983,p. 17.)

M. Rivera, aprèsavciirlu des pages de donnéesdétailléestendant à étayer
cette accusation, a ajouté :

Il serait insenséque mon gouvernement, qu'on accusedu dehors,
reste entièrement passif devant un gouvernement dont la politique
extérieureconsiste àappuyer desactesbelliqueux par sesactions etses
déclarationsofficiellesde propagande, par l'établissementde camps
d'entraînement.,decoordination des actesde guerreetde logistique,et

par l'approvisionnement systématiqueet continu desgroupes de gué-
rilleros, comme c'est le cas du pays voisin, le Nicaragua. Le comble,
c'est que le coordonnateur de la junte sandiniste, le commandant
Ortega, a prétendu représenter la guérilla d'ElSalvador dans des
instances internationales, y compris celle-ci. A cet égard, le Gouvernement salvadorien rejette le contexte ten-
dancieux dans lequel la délégationdu Nicaragua a faitallusion ànotre

pays. ce matin. Je voudrais souligner que nous protestons contre
l'abus commis par la junte sandiniste du Nicaragua lorsqu'elle parle
d'El Salvador. L.efait qu'un petit groupe d'extrémistesde gauche qui
cherchent vainement àprendre le pouvoir par la violence ait donnésa
voix à lajunte sandiniste du Nicaragua ne donne aucunement le droit
au Nicaragua dtrparler au nom du peuple d'El Salvador. Celui-ci ne

peut êtrereprésentéque par son gouvernement librement élu.comme
cela s'estproduit le 28 mars 1982lorsd'électionsdont le monde entier
a été témoin, griiceaux informations extensives fournies par la presse
à ce sujet ainsi qu'à la présence de nombreux observateurs interna-
tionaux invitésà cette occasion.
L'agression commise par le Nicaragua a donc étéde pair avec la

violation par ci: pays du principe de la non-ingérence. Devant ces
actes hostiles et manifestement agressifs. qui constituent une violation
des droits de l'homme, nous ne pouvons que réitérernotre dénoncia-
tion et notre ccmdamnation. Tant que le régimesandiniste gardera
comme pilier de sa politique l'imposition du marxismeet du léninisme
dans toute l'Amérique centrale, essayant de mettre en place cette

doctrine au Salvadord'abord et dans tous les pays voisins ensuite, il
sera impossible de maintenir la coexistence pacifique et un minimum
d'harmonie daris la région.Que l'on supprime ce facteur de déstabi-
lisation et une situation normale de paix reviendra dans la région. ))
(A/38/PV.49. p. 23, 24-25.)

118. M. Alvaro R4agaiia Borga, président d'El Salvador, a accordé un
entretien aujournal espagnol ABC (reproduit dans le contre-mémoire des
Etats-Unis, annexe 51) en décembre 1983, qui a donné lieu à l'échange
suivant :

(Question :/ Monsieur le Président.oùet comment lesguérilleros
s'approvisionnent-ils ?

[Hkpot~se:] Soyez-en sûr : au Nicaragua. et exclusivement au Nica-
ragua. Depuis deux semaines, nous avons détectésoixante-huit incur-
sions aériennes pour le parachutage de matériel, d'armes et de muni-

tions dans la rtkgionde Morazan, où sont concentrés la plupart des
guérilleros...
Q. :Je vous rappelle. monsieur le Président,que l'une des maximes

de Lénineétaitcelle-ci : Contre le corps. la violence ;contre l'âme.
le mensonge.
R. : Eh bieri, ils ont retenu leur leçon ! Alors que les Nicara-

guayens attirerit l'attention du monde entier en hurlant. depuis deux
ans. qu'ilssont sur lepoint d'être envahisi,ls n'ont cessé.eux, d'envahir
d'autres pays. IIn'y a qu'un point de départ à la subversion armée :
le Nicaragua. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 469

119. A l'occasionde la reprise du débatau Conseil de sécurité, le3avril
1984,sur lesplaintes du Nicaragua, lereprésentant d'ElSalvadoradéclaré
ce qui suit :
<Au cours dii mois dernier seulement, le Gouvernement salvado-
rien a adressé plusieursnotes de protestation à Managua, rejetant les
déclarationsirrespectueuses faites au sujet du processus électoral d'El
Salvador par leprésidentdu conseil d'Etat de cepayset le ministre de

la défense. Dernême,il y a eu des protestations formelles devant les
déclarations d'appui faites par le commandant Henry Ruiz à la gué-
rilla salvadorierine. La communication faite récemmentpar le minis-
tèrede la défensedu Nicaragua selon lequel il pourrait y avoir des
mines acoustiq~iesdans les ports de la région,du Panama au Guate-
mala, poséespar des mouvements centraméricains, ont également
suscité lesprott:stations de notre gouvernement qui dénonce à nou-
veau aujourd'hui la collaboration étroite et les liens de logistique
qui existententirelesgroupes de guérillerosetlegouvernement sandi-
niste. (S/PV.;!528, p. 59-60.)

120. José Napoleon Duarte a étééluprésident d'El Salvador en mai
1984. Dans son discroursd'investiture du le1juin, qui figure dans l'an-
nexe 52 au contre-mémoire des Etats-Unis (p. 6), le président Duarte a
déclaréceci :

Salvadorieris, il nous faut reconnaître courageusement. franche-
ment et avec réalisme,que notre patrie est plongéedans un conflit
arméqui touche chacun d'entre nous. Ce conflit arméa dépassénos
frontières, pour devenir un enjeu de la lutte entre les grandes puis-
sances. Avec l')aidede gouvernements marxistes comme celui du
Nicaragua, de Cuba et de l'Union soviétique,une armée a étéformée
et équipée, etlleaenvahi notre patrie. Sesopérationssont dirigéesde
l'étranger.Armées de matériel ultramoderne, les forces marxistes
harcèlent nos forces arméeset ne cessent d'entreprendre des actions
visant àdétruirenotre économie,entraînant d'innombrables morts et
la souffrance de centaines de milliers de Salvadoriens.

121. Lors d'une conférence depresse, le 30juillet 1984,dont letexte est
reproduit intégralement à l'annexe 53 au contre-mémoiredes Etats-Unis,
leprésidentDuarte acommencépar rendre compte d'un voyageen Europe
où le président Ortega l'avait précédéL .e président Duarte a accuséle
président Ortega, pendant le voyage de celui-ci en Europe, d'avoir admis
qu'<<il [Ortega] ava.it aidé, aidait et continuerait d'aider les guérilleros
salvadoriens o. Le présidentDuarte a ainsi révélé que c'était<(lui [Ortega]
qui attaque et intervient ouvertement et directement dans notre pays

(p.2). 11a continué: : «J'ai ordonné que nous protestions officiellement
auprèsdu Nicaragua àce sujet. (Ibid.) En outre, leprésidentDuarte adit
qu'ilavait ordonnéd'étudierlapossibilitédedéposerune plainte auprès de
la Cour internation;ale de Justice en raison de l'intervention du Nicaragua ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 470

dans lesaffaires d'El :Salvador. ((Nous ne pourrions survivre sans l'aide des
Etats-Unis ..o. a-t-il ajouté avant de poursuivre :

<(à supposer que le Nicaragua cesse son appui à la guérilla.cesse de
recourir àla subversionetd'exporter la révolutiondans lesautres pays
d'Amériquecentrale, j'accepterais de signer un traité. non seulement
avec le Nicaragua. mais avec tout autre pays du monde qui fasse

preuve de respect, comme nous ..))(Contre-mémoire des Etats-Unis.
annexe 53. p. 3).

En réponse à d'autres questions. le président Duarte a déclaré :
Ce que j'ai dit. du point de vue salvadorien. c'est que nous avons

un problème d'.agressionde la part d'un pays qui s'appelle le Nica-
ragua, contre El Salvador, que ces messieurs envoient des armes,
entraînent des h.ommes.transportent des munitions et apportent tout
cela au Salvador. J'ai dit qu'en ce moment mêmeils utilisent des
bateaux de pêcliepour faire pénétrerdes armes au Salvador la nuit.

Cette situatictn. El Salvador doit y mettre fin... Ainsi. les rbontras
créent une espltce de barrière qui empêche les Nicaraguayens de
continuer àenvoyer des armesau Salvador par la voie terrestre. Alors.
ils lesenvoient par mer. etactuellement ils lesfont pénétrerpar Monte
Cristo, El Coco et El Espino. Tout cela parce qu'ils ne peuvent le faire

par la terre. puisque les contrus y sont, d'une fac;onou d'une autre.

Vous voyez donc qu'il y a là deux concepts fort différents. Ma
position est cohérente. Je défends mon pays. J'ai déjàdit que je ne
voulais aucune arme. aucune munition. aucune fourniture d'aucune

sorte dans mon pays, qui constituerait une aide à la guérilladans ma
patrie. et queje suis hostile à tout ce qui peut constituer un appui àce
type d'action. que ce soit ici ou là-bas. C'est pour cela quej'ai dit aux
Nicaraguayens que j'estimais qu'El Salvador les avait toujours res-
pectéset que donc ils devaient respecter El Salvador. (P. 4-5.)

Puis vient l'échangede propos suivants :

Roberto Block. de l'agence de presse Reuter. Monsieur le Pré-
sident. vous a.vez évoquéà plusieurs reprises les armes fournies

par le Nicaragua aux guérilleros salvadoriens. et vous êtesvenu au
Congrès ...demander des armes. de I'aide. etdemander que les contrus
au Nicaragua mettent fin a ce trafic. J'aimerais connaître les
preuves tangibles qui existent de ces envoisd'armes du Nicaragua au
Salvador. Si ces preuves existent. pourquoi avez-vous demandé que

ce soit de simp'lesdéclarations qui soient envoyéesà La Haye. et non
pas ces preuves tangibles d'envois d'armes à partir du Nicaragua ?
[Duurte] ... ILorsqu'unchef d'Etat avoue qu'il aide la guérilla.on
peut en conclu,requ'il aide effectiveinent la guérilla.Quelle meilleure

preuve. donc, que cette déclaration catégorique d'un chef d'Eut ?
Rien n'est plu:; puissant que ses aveux. Tout celapour expliquer que lespreuves existent bel et bien. On en
trouve sur toutes les plages. Un nombre accablant de paysans disent
avoir vu des gens arriver avec des armes, qu'ils chargent sur des
chevaux pour partir ensuite dans la montagne. Ce que vous voulez,
c'est les voirvous-même.Ehbien.je vousinvite à aller surcesplageset
à regarder, la nuit, déchargerles armes. Je vous signale un trèsbon
endroit, l'île de Monte Cristo. On ne cesse de décharger desarmes,
là-bas. On ya trouvédescaches.Nous allonssoumettre tous cesfaits à
la Cour de La Haye le moment venu.

[Block] Après50 millions de dollars ..versésaux contraspar les
Etats-Unis, vous dites que les armes continuent d'arriver ...
[Duarte, l'interrompant] ..Je n'aijamais dit qu'il fallaitdonner une
aide aux contras pour qu'ils envahissentle territoire nicaraguayen. Je
n'aijamais dit cela. Ce que j'ai dit, c'estque quelqu'un le fait, ce qui
empêcheles armes d'arriver au Salvador. Voilà cequej'ai dit, etje le
répète.Je n'airien contre le fait d'empêcherles armes de pénétrerau
Salvador. Si,par une quelconque action dans le monde, on empêche
ces armes d'entrer auSalvador,cette action est la bienvenue, car elle
nous débarrassera de ce problème constant que sont les morts, les

meurtres et tout cequi accable notre patrie. Voilàce qu'il faut empê-
cher.

Ils n'ont pas pu arrêterce trafic d'armes. Celane vous montre-t-il
pas que leproblèmeest bien plus profond qu'on ne l'imagine ?Com-
ment cesarmes carrivent-ellesici,et d'où viennent-ell?sLeur tactique
est tellement raffinéeque de toute évidence ellecomplique le pro-

blème.(P. 5.)
122. Ce dialogue montre à quel point El Salvador est convaincu que le
Nicaragua continue d'envoyer des armes pour alimenter l'insurrection
salvadorienne ;ilcorrobore cesaccusations, fait ressortir l'importance des
activitésdu Nicaragua pour l'insurrection, montre pourquoi El Salvador
est favorable aux pressions exercéespar les contras sur le Nicaragua, et

permet de comprendre que, si la déclarationd'intervention d'ElSalvador
avait étéaccueillienormalement et non de lafaçon singulièredont elleaété
reçue, El Salvador aurait très bien pu participer à la présente instance -
laquelle en aurait é1.étransformée.

123. Les protestations d'El Salvador, faites devant l'organisation des
Nations Unies et par l'intermédiairedes organes d'information, n'ont pas
non plus négligé les voies diplomatiques bilatérales.Le 20juillet 1984,le
ministre des relations extérieurespar intérim d'El Salvador aenvoyé au
ministre des relations extérieures du Nicaragua la note de protestation
suivante :

«Au nomde mongouvernement,je tiens à protester énergiquement
contre les déclarationsque le coordonnateur de lajunte révolution- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL)472

naire du Gouvernement du Nicaragua, Daniel Ortega Saavedra, a

faite le 12 de ce mois à un organe d'information de la République
fédéraled'Allemagne, dans lesquelles il reconnaît et réaffirme publi-
quement I'appui inconditionnel que votregouvernement apporte aux
groupes des guérilleros de la FDR/FMLN.

Comme vous le savez, le peuple salvadorien est victime depuis
plusieurs annéesd'une agression armée, financéeet dirigée selon les
desseins d'une puissance étrangère à ce continent, par des intermé-
diaires qui, comme Cuba et le Nicaragua, apportent un appui poli-
tique, logistique et matériel auxgroupesqui envisagent d'installer au
Salvador une dictature totalitaire, en recourant pour ce faire au

terrorisme et à !:outessortes d'actes de violence.
L'attitude int1:rventionniste du Nicaragua, dont un des plus hauts
porte-parole politiques a apporté une fois de plus la preuve, a trans-
formé ce pays en un foyer de tension et en un élémentde déstabili-
sation dans la région.Cetteattitude a susciténombre de protestations

et de dénonciations de la part de mon pays et d'autres pays de la
régionet préoccupe de ce fait les pays démocratiques du continent et
la communauté internationale tout entière.
Aussi, me permettrai-je de souligner à votre attention que le
gouvernement constitutionnel présidé par José Napoleon Duarte.
répondant à la volonté souveraine du peuple salvadorien. exige

du Gouvernement du Nicaragua qu'il respecte sa souveraineté,
cesse immédiatement de s'immiscer dans ses affaires intérieures et
respecte 1'autod.éterminationdu peuple salvadorien qui aspire à la
paix et à la justice par la démocratie. (Télégramme non confiden-
tiel 08416 émaciantde San Salvador, département d'Etat.)

124. Le 24 août 1984. El Salvador a renouveléses protestations. Dans

une note remise à l'ambassade du Nicaragua à San Salvador, le ministère
des relations extérieures d'El Salvador faisait observer que le Gouverne-
nient nicaraguayen. c par la voix de sesplus hauts représentants.a affirméà
plusieurs repriseset par divers canaux son appui aux groupes de guérilleros
salvadoriens )).et pc~ursuivaiten ces termes :

L'intervention et l'attitude ouvertement hostile du Gouverne-
ment [nicaraguayen]envers le Gouvernement salvadorien, ainsi que

l'appui officiel que le Nicaragua apporte aux rebelles au Salvador,
sont apparus ail grandjour lors des obsèques du commandant Ana
Maria (Melida Anaya Montes) qui se sont dérouléesà Managua en
avril 1983.O

II notait que le cornmandant Daniel Ortega, le ministre de l'intérieur
Borge. et Rafael Cordova. membre de la junte. ainsi que des délegués

cubains et des représentants de laguérillasalvadorienne avaient assistéaux
obsttques. II soulignait que l'intervention du Nicaragua dans les affaires
intérieures d'El Salvador et I'appui matériel et logistique apporté auxgroupes rebelles <représent[ai]entune violation flagrante des normes les
plus élémentairesdu droit international (ACAN, Panama, 0221 TU,
FBIS, télégramme nonconfidentiel PA 2403552, daté du 24 août
1984).
125. S'adressant à l'Assemblée générale deN sations Unies en 1984, le
président Duarte a déclaré :

«El Salvador connaît depuis plus de quatre ans les effets d'une
guerreimpitoyable qui nous a saignésetappauvris. Plus decinquante
mille Salvadoriens ont étélesvictimesinnocentes de cet affrontement
fratricide. Plus d'un demi-million de personnes ont dû abandonner
leurs foyers et tout ce qu'elles possédaient. Les forces subversives se
sont lancéesdans une campagne de terreur et de destruction systé-
matique qui excèdele plus et doit prendre fin.

Je souhaite pouvoir, au nom du Gouvernement démocratique d'El
Salvador, signer un accord qui répondeaux efforts faits par legroupe
de Contadora à.condition qu'il soit juste et convenable pour El Sal-
vador. II doit garantir strictement l'application et la validité des
vingt et un poii~tsacceptéspar tous les participants ;il doit assurer

desmesures appropriéespour permettre lavérificationdetout cedont
nous serons convenus. Nous devons veiller à ce que les obligationsà
assumer pour mettre un terme àla présencede conseillers militaires
étrangers et à l'aide militaire extérieurà la région ainsiqu'à l'aide
fournie aux insurgés terroristes qui portent atteinteà notre gouver-
nement démocratiquelégitimesatisfassent lescontrôles lesplusstricts
et soient respectéessimultanément par chacun.

Je voudrais maintenant dire quelques mots aux nations qui, d'une
manière ou d'une autre, se sont engagées à faire succomber mon
peuple, ainsi qu'aux chefs guérilleros, nonpas àceux qui vivent dans
le confort et donnent des ordres depuis Managua ou La Havane, ou
depuis d'autres nations qui prétendent êtredémocratiques mais par
lesquelles on peut exporter la violence et la mort. Je me réfère aux
chefs qui sont dans les montagnes de ma patrie, à ceux qui souffrent
des intempéries et à ceux qui connaissent la véritable situation du
peuple salvadorien quand ils attaquent les villages, espérant en vain
êtrereçus comme des libérateurs, alors qu'en vérité ilsarrivent en

oppresseurs. 1)(A/39/PV.24, p. 3, 7-8, 16.)
Le président Duar.te a conclu son allocution en invitant les chefs du
mouvement guérillero à le rencontrer le 15octobre 1984dans le village de

La Palma.
126. S'adressant à l'Assemblée générald ees Nations Unies en 1985,le
vice-président d'El Salvador a porté l'accusation suivante :
<(legouvernerrient sandiniste du Nicaragua permet que son territoire serve de sanctuaire à la subversion salvadorienne ; c'est là que repo-
sent, se ravitaillent et s'entraînent lesgroupes armésd'extrême gauche
et c'esàpartir de là qu'est coordonné et envoyél'appuilogistique à la

guérilla en El S,alvador ))(A/40/PV.19, p. 20).
127. En 1985, le président d'El Salvador a publiquement accusé le

Nicaraguad'avoirjoué un rôle dans l'enlèvementde sa fille par les insurgés
salvadoriens. Le Nicaragua est en Amériquecentrale le point de départ
du totalitarisme et de la violence. et un sanctuaire pour les terroristes )),
a-t-il affirmé (Intert~utionul Heruld Tribune, 2-3 novembre 1985). 11a
ajouté :

ma fille ...n'aurait pas étéau nombre des victimes de la violence sans

pitié des terroristes si ceux-ci ne bénéficiaientpas de l'appui. de
l'autorité. de l'approbation et de la protection opportune de la dic-
tature terroriste du Nicaragua o.

Dans un entretien accordé en Espagne à El Puis, le président Duarte a
donné des détails sur la participation présuméedes Nicaraguayens à
I'enlèvement.affirmant qu'il avait en sa possession des enregistrements de
conversationsentre les ravisseurs disant : (Pour cela. il faut que je con-

sulte Managua. ))(El Puis 6.novembre 1985.)Dans ce même entretien, il
donnait des précisionssur l'emplacement des bases présuméesde la gue-
rilla salvadorienne ;iu Nicaragua. L'enlèvement de filles de présidents
semble êtreune spécialitédu terrorisme centraméricain :le Honduras a
officiellement imputé l'enlèvement de la fille du président hondurien de

l'époqueà un groupe de Nicaraguayens et de Salvadoriens (voir lediscoiirs
devant le Conseil dt: sécuritédu représentant du Honduras. le 28 mars
1983. 9PV.2425. p. 57).
128. Concernant les déclarations du Gouvernement d'El Salvador. il

convient enfin de souligner que ce gouvernement affirme depuis des
annéesque le Nicarisgua emploie la force contre lui et intervient illicitr-
ment dans les luttes intestines d'El Salvador.et qu'il affirme tant sondroit
de légitimedéfenseque le besoin qu'il a de l'aide des Etats-Unis pour se
défeiidrecontre le ~:icara~ua(voir lespassages pertinents de la déclaration

d'intervention d'El :Salvador citésdans l'arrêtde la Cour, ainsi que les
paragraphes 110 et 112 à 124 ci-dessus). C'est ainsi qu'en juin 1983 -
environ neuf mois avant que leNicaragua n'ait intentéla présenteaction -
M. Alvaro Magafia Borga. qui était alors président d'El Salvador a. lors

d'une visite officielle à Washington, fait la dkclaration suivante :
s L'interventiion militaire étrangèredans nos affaires intérieures

constitue le principal obstacle à nos efforts visant l'instauration de la
paix. L'ingérencede pays communistes extérieurs au continent par
l'intermédiairede Cuba et du Nicaragua. appuyant des groupes armés
luttant contre uingouvernement légitime.éluselon les formes cons-
titutionnelles. constitue une agression violant le principe mêmedu

droit international et tout spécialement le principe de non-interven-
tion dans les affaires intérieures d'Etats tiers. Devant une telle situation, nos forces arméesont l'obligation cons-
titutionnelle de défendrelasouverainetéde la nation et derepousser, à
titre de légitimedéfense, la subversionarméequi nous est imposéede
l'extérieur.
Cette agression de l'extérieura détruit des villages, a forcédes
centaines de milliers de pauvres Salvadoriens à abandonner leurs
demeures. Elle a causéla destruction systématique de nos moyens de
production, de ilosrécoltes,de nos ponts et chaussées,de notre réseau
de communications et de transports et de l'infrastructure de tous les
services publics;...

Nul ne saurait contester ledroit d'une nation de sedéfendrecontre
l'agression extérieureet contre la destruction des rares biens qui
ne sont produits dans un pays en développement qu'au prix de
grands sacrifice:^.'est pourquoi nous avons le droit de compter sur
la compréhension et la solidarité de toutes les autres nations libres
du monde, de mêmeque sur la compréhension et la solidarité de
nos frères d'A~nériquecentrale, avec lesquels nous partageons les
mêmesidéaux clémocratiquee st, auxquelsje tiens àexprimer ma gra-
titude. (Depai~tmentof State Bulletin, vol. 83, no 2077, août 1983,
p. 84.)

129. En 1985,le président Duarte, dans une lettre approuvant la pro-
position d'avril 1985du Gouvernement desEtats-Unis visant à fournir une
aide aux insurgés nicaraguayens, écrivait :

<Nous restons inquiets devant le flux continu d'approvisionne-
ments et de munitions en provenance du Nicaragua et à destination

des forces de la ,guérilla.qui luttent contre mon gouvernement et nos
programmes de réforme,de démocratisation, de réconciliationet de
paix ...[Nlous sommes très sensibles à tous les efforts que votre
gouvernement peut faire pour renforcer les obstacles àde telles acti-
vités - efforts qu'un petit pays comme El Salvador ne peut assumer
seul. (Lettre au président Reagan, 4 avril 1985, reproduite dans
((Revolution Beyond Our Borders u,loc. cit., p. 26, note 34.)

8. Déclarationsdu Gouvernementdu Honduras accusant le Nicaragua de
subversionau Sahador aussi bien qu'au Honduras

130. Le Gouvern,ement du Honduras a formulé d'innombrables accu-
sations d'intervention et d'agression contre le Gouvernement du Nicara-
gua. A dix reprises le Nicaragua a saisile Conseil de sécuritépour accuser
les Etats-Unis d'actes d'agression - de ces actes mêmesqui ont fait l'objet
de la présente affaire devant la Cour ;chacune de ces saisines a fourni une

occasion, entre autres, aux représentants du Gouvernement du Honduras
(que le Nicaragua accusait d'agir de concert avec les Etats-Unis) d'accuser
à leur tour le Gouv~rrnementdu Nicaragua.
131. De plus, le Honduras a non seulement protestéen raison desactescommis par le Nicaragua contresonpropre territoire, mais aussi en raison

de ceux commis par le Nicaragua contre El Salvador. C'est ainsi que le
23 mars 1983,le représentant du Honduras a déclaréau Conseil de sécu-
rité:
((Dans mon pays, j'ai pu constater qu'il y avait beaucoup de
camions énormes quitransportent desarmes depuis la frontière nica-

raguayenne, en utilisant le territoire hondurien ;des preuves en ont
été fournies à maintes reprises à la presse internationale et au corps
diplomatique. C'estpourquoi nous voudrions que l'onexige lerespect
absolu des frontières. (9PV.2420, p. 27-30.)
Plus tard, au cours du mêmedébat, il a déclaréque non seulement le

Honduras avait aci:uellementlapreuve que des guérillerosnicaraguayens
ont pris part à 1'en:lèvemend te cent hommes d'affaires honduriens à San
Pedro Sula, mais que des armes passent du Nicaragua en El Salvador.
Cela est évident (ihid.,p. 72).
132. Lors dudébatqui s'estdérouléau Conseil de sécurité le9mai 1983.
le représentant du Honduras a déclaré :

Le gouvernement sandiniste du Nicaragua ne se contente pas de
s'armer de mainièredémesurée oude prononcer des déclarations
agressives ; il en est venu maintenant à pratiquer nettement l'inter-
ventionnisme ailseindespays voisinsenfavorisant letrafic des armes.
Je les ai vues;jt: lesai touchées;ellesexistent. Sivous voulez lesvoir.
j'ai desquantitésde photographies ..Pratiquer cesinterventions, c'est
unechose délicate. Enplus du trafic des armes. il ya le terrorisme;il
existe des mouvements subversifs dans la régionqui n'encouragent
pas la paix, mais favorisent au contraire le maintien d'un climat de

tension et de violence en Amérique centrale. A ce sujet, le Honduras
tientà déclarerqu'il est prêt à utiliser son droit légitime etsouverain
de défendre son système démocratique de vie. (9PV.2431.
p. 42.)
Il a ajouté :

((Il ne s'agit pas d'un problème bilatéral entre le Honduras et le
Nicaragua. Les armes qui sont destinées [à renverser le] Gouverne-
ment d'El Salvador passent par mon territoire. Je ne tiens pas à
continuer à citer certainsjournaux mais je voudrais cependant me
référerau New York Times d'hier, où il est indiqué que les armes

destinées à El Salvador sont passéespar mon pays par huit voies
différentesen faisant un détourpar le détroitde Jiquilisco et par le
golfede Fonseca.Ce qui est bon pour I'unest aussi bon pour l'autre et
vous savezqu'aux Etats-Unis ily a I'unet l'autre dans cette lutte. O
(Ihid.,p. 49-50.)

133. Lors du débatau Conseil de sécurité quis'est dérouléle 25 mars
1983,le représentant du Honduras a de nouveau déclaréque des armes ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 477

continue[nt] de passer par notre territoire afin de déstabiliser le Gouver-
nement salvadorien :,(S/PV.2423, p. 82).
134. Lors du débat au Conseil de sécuritédu 28 mars 1983,le repré-

sentant du Honduras, parlant de l'appui fourni par le Nicaragua aux
mouvements de guérillaau Salvador,a déclaréque lesfrontières terrestres
du Honduras [avaient] étéviolées : nous avons des camions chargés
d'armes ...qui ont été capturés )(9PV.2425, p. 81).
135. En juillet 1983,l'ambassadeur du Honduras auprès de l'organi-
sation des Etats américains a développéces affirmations dans une décla-
ration faite devant I'OEA dont le texte a été reproduit à l'annexe 59 du
contre-mémoire des Etats-Unis. L'ambassadeur a lancé les accusations
suivantes :

Il imported'appeler l'attention desreprésentants sur lefait que le
régimetotalitaire du Nicaragua est la principale cause de la crise
régionale, en raisonde ses actions visant à déstabiliserles gouverne-
ments d'Amérique centrale. Ces actions comprennent notamment
l'appui direct ailx groupes terroristes et subversifs. Pour ce faire, le
Nicaragua bénéficie de l'aidedegroupeset depaysantidémocratiques
étrangers à l'Amériquecentrale.

Le Nicaragua persiste dans sa spirale de réarmement. Il continue
son trafic d'armes a partir de nombreux points de son territoire,
essentiellement en direction d'El Salvador, violant à cette occasion
notre souveraineté.
Les actions visant à la déstabilisation politique de la région n'ont

pas cessé :au contraire, elless'amplifient. Lesactes de provocation et
d'agression contre le Honduras n'ont, eux non plus, pas cessé :ils
s'exacerbent.

Tout cela montre clairement que l'Amériquecentrale vit actuelle-
ment un conflit généralisé provoqué par le Nicaragua et ayant des

conséquencessur tous lespays de la région.Il ne s'agitdonc pas d'un
conflit bilatéral.,comme s'efforce de le faire croire le régimesandi-
niste.

Aprèsavoir donné denombreux détails sur ce renforcement du potentiel
militaire du Nicaragua, qui dépassecelui de tous les autres pays d'Amé-
rique centrale réunis,le représentant du Honduras a poursuivi :

Le Gouvernement nicaraguayen envoie des armes dans lesautres
pays d'Amériquecentrale, notamment au Salvador, depuis 1980.En

ce qui concerne plus spécialement le Honduras, le Nicaragua a, à
plusieurs reprises, violénotre territoire dans le cadre de ce trafic.
Le 17janvier 1981,lestroupes de l'arméehondurienne et lesagents de la sécuritépubliqueont saisi un important chargement d'armes et
de fournitures militairesà 16kilomètres de Comayagua. Ce charge-
ment étaitcamouflé à l'intérieurd'un véhiculequi était entrédans
notre territoire par le poste frontière de Guasaule. Les armes saisies

étaient destinéeà la guérillasalvadorienne.C'étaientdes fusils M-16,
G-3 et FAL, des carabines M-1, des chargeurs 50-cal, des fusées
chinoises RPG, des obus de mortier de 81 millimètres,des chargeurs
de munition (caterinas), du matérielde communication et des médi-
caments. Cinq 1.-Iondurienset douze Salvadoriens ont étarrêtéspour
avoir participéà cet envoi d'armes et de fournitures.
Ce trafic d'armes s'estpoursuivi par divers moyens. Le 7avril 1981,
des troupes du lle bataillon d'infanterie, stationnà Choluteca, ont
saisi un autre véhicule transportant des munitions de 7,62 et de
536 millimètre:; emballéesdans des sacs de polyéthylèneet cachées
dans lesparoisdu véhicule.Cessoldatsont égalementsaisiune grande
quantité de matériel destinéà l'organisation populaire arméerévo-

lutionnaire, ORPA, du Guatemala, qui étaitle destinataire de tout ce
chargement. Le véhicule,parti du Nicaragua, a étéarrêtéau poste
frontière de Guasaule.
Le territoire du Honduras a égalementété utiliséde manièreillicite
pour le passagt: de troupes entre le Nicaragua et El Salvador. Le
26 mars 1983, une patrouille hondurienne a surpris un groupe de
guérillerosà Las Cuevitas, sur la commune de Nacaome, dans le
département de: Valle, au sud du Honduras. Les guérillerosétaient
en route pour El Salvador, venant du Nicaragua. Deux d'entre eux
ont ététués Ion; de l'échauffourée avecla patrouille hondurienne. A
cette occasion. nous avons saisi des fusils M-16, une mitrailleuse
tchécoslovaque de 7,65 millimètres fabriquée par FHX, des car-
touches M-16, des chargeurs de mitrailleuse (caterinas), une radio

portative, un drapeau du FSLN, des manuels du FMLN et du FSLN,
ainsi que deux carnets dans lesquels étaient consignéesdes infor-
mations complktes sur la route utiliséepour transporter du person-
nel militaire et des armesà travers le Honduras à destination d'El
Salvador. O
Le Honduras donne quantité d'autres détails sur la subversion et le ter-

rorisme que le Nicaragua pratiquerait au Honduras, au Costa Rica et au
Guatemala. Aucune de ces preuves n'a étéréfutéepar le Gouvernement
nicaraguayen au cours de la présente procédure,bien que toutes aient été
verséesau dossier dèsle 17 août 1984.
136. Le Honduras a portédes accusations précisesanalogues contre le
Nicaragua lors d'autres réunions des Nations Unies, par exemple à la
réuniondu Conseil (desécuritédu 30 mars 1984(SPV.2525). Son repré-
sentant a fait une déclaration longue et détailléedont voici un extrait:

(1Le fait que le gouvernement sandiniste intervient dans les pays
voisins est prouvépar l'appui qu'ildonne àcejour à la subversion au
Honduras, de mêmeque par sa fourniture d'armes à la guérillasal- vadorienne. Dans le cadre de cette stratégie,il y a une semaine, le
commandant Ortega Saavedra, ministre de ladéfensedu Nicaragua, a
annoncé qu'il était possible que des groupes de guérilleros locaux
puissent miner les ports des autres pays d'Amériquecentrale, du
Guatemala au Panama. Cette déclaration représenteune nouvelle
menace bien claire de l'utilisation de la forcecontre d'autres Etats, en
violation flagrante de la Charte des Nations Unies. Cela constitue
également un aveudu fait que lesgroupes de subversion qui cherchent
à déstabiliserles gouvernements de la régionopèrent avec l'appui et

souslecontrôledu Gouvernement nicaraguayen, comme l'adéclaré le
ministre des affaires extérieures,M. Edgardo PazBarnica, en protes-
tant énergiquementcontre ces déclarations téméraires. ))(P. 58.)

137. A la séancede l'Assemblée généraldees Nations Unies du 12oc-
tobre 1983 consacrée audébat général,le ministre des relations exté-
rieures du Honduras, critiquant les actes du Nicaragua, a déclaréce qui
suit :

<Il y a les er;emplesd'interventions flagrantes en El Salvador, les
tentatives de déstabilisation des gouvernements démocratiques du
Honduras et du Costa Rica, la croissance alarmante des forces du
régime nicaraguayenet les déclarationsdes commandants qui gou-
vernent le Nicaragua. (Notre armée est disposée à traverser les
frontières du Honduras et du Costa Rica O,nous ont-ils dit. << El
Salvador est notre bouclier >),ont-ils proclamé ...

138. A la séancede l'Assemblée généraldeu 26 octobre 1984,le repré-
sentant du Honduras a affirmé :

<On parle de l'utilisation du territoire du Honduras et d'autres
pays pour attaquer, nous dit-on, le gouvernement voisin. Mais per-
sonne ne parle descentaines sicen'estdes milliersde sandinistes - et
eux-mêmesl'oritreconnu - qui ont traversé nosforêts honduriennes,

nos zones torrides, nosjungles tropicales, pour échapper à la répres-
sion de l'arméede Somoza, pour souffler un peu et reprendre ensuite
la lutte jusqu"à la victoire du 19 juillet 1979. (A/39/PV.36,
p.77.)

9. Déclarationsdu Gouvernementdu Costa Ricaaccusant le Nicaragua
d'actesde subver:<ion

139. Un des actes de terrorisme que le Honduras, par la voix de son
ambassadeur aupré:$de I'OEA, impute au Nicaragua a fait l'objet d'une
note adresséele 28juillet 1982 aux missions diplomatiques accréditées
auprès du Gouvernement du Costa Rica, note dont le texte est reproduit à
l'annexe 57 au contre-mémoiredes Etats-Unis. Il s'agit d'un plan que le
ministère de l'intérieur du Nicaraguaaurait conçu et dirigépour faire
sauter lesbureaux de lacompagnieaériennehondurienne à San José,planque des diplomates nicaraguayens accrédités auCosta Rica avaient com-
mencé àmettre a exécution, encollaboration avecun terroristecolombien.
(La collusion entre le Nicaragua et des terroristes colombiens a été à
nouveau invoquéeen 1985lorsque leGouvernement colombien a rappelé
son ambassadeur à:Managuacomme suite aux accusations visant la par-

ticipation de sandinistes au siègedu palais dejustice de Bogo;voir The
Times (Londres), du 23 décembre 1985,p. 4.) Dans cette mêmenote, le
Gouvernement du Costa Rica mentionne les protestations qu'il a élevées
auprèsdu Nicaragua contre les violations fréquentesde son territoire par
l'arméesandiniste e:tles <<violations constantes par le Nicaragua des
droits du Costa Rica à la libre navigation sur le San Juan. Il y proteste
aussicontre lessurvolsde son territoire par I'arméede l'airnicaraguayenne.
Le Gouvernement du Nicaragua n'a a aucun moment réfutéces accusa-
tions au cours de la procédure devant la Cour, bien qu'elles eussent été
soumises àla Cour dès le 17août 1984.En revanche, le Nicaragua s'est
cru autorisé a porter ses accusations de terrorisme d'Etat O,en visant,
entreautres faits, le bombardement des bureaux d'une ligne aérienneetle
survol de son territoire.

IO. Déclarationsdu Congrès des Etats-Unis et de membres du Congrès
opposés à l'aide américaine auxcontras

140. Dans les annexes au mémoiredu Nicaragua figurent de larges
extraits de comptes rendus de débats du Congrès et de textes de loi des
Etats-Unis. Deux élkmentsse dégagentdes débatset de la législation.Le
premier, c'est que les représentants élus du peuple des Etats-Unis sont
profondémentdivisksau sujet de la politique que les Etats-Unis devraient
suivreà l'égarddu Nicaragua. Ledeuxième,c'estque lesreprésentantsélus
du peuple des Etats-Unis sont àpeu près d'accordquant à leur apprécia-
tion des faits relatifs au comportement du Nicaragua envers ElSalvador et
sesautres voisins. Autrement dit, aussi vivesque soient lesdivergences au
seindu Congrès, ete.ntrelegouvernement et unegrandepartie du Congrès,
s'agissant de la politiquà l'égarddu Nicaragua et mêmed'arrêterune
politique conforme au droit envers le Nicaragua, les avis sur les faits
diffèrent remarquablement peu. La grande majorité des membres de la

Chambre et du Séna.tdes Etats-Unis s'accordent en effeàreconnaître que
leNicaragua a commencé àexpédierdes armeset àfournir d'autres formes
d'assistance pour tenter de renverser leGouvernement d'El Salvador bien
avant que lesEtats-1Jnis aient envoyé une seulecartouche auxcontras.De
même,;lsconviennent que leNicaragua persiste àcejour dans sapolitique
et sa pratique actives d'assistance aux guérilleros salvadorienspour ren-
verser le Gouvernement d'El Salvador. Ces conclusions sont tenues pour
vraiespar lescritiques lesplus virulents et lesplus éloquentsde lapolitique
des Etats-Unis d'aide auxcontrus.Faut-il supposer qu'ilsont toustort, eux
et lesGouvernements d'ElSalvador, du Honduras et du Costa Rica, et que
le Gouvernement di1Nicaragua a entièrement raison ?
141. Il a étéfait grand cas devant la Cour et par la Cour elle-mêmedesfaits reconnus par les Etats-Unis - ce qui est logique. Mais la Cour aurait
étébien aviséed'accorder égalementquelque poids aux affirmations du
Congrèsdes Etats-Unis. Celui-cin'apaspour habitude d'érigerdes contre-
vérités enfaits. Dans le régimedémocratique dont ce pays peut s'enor-
gueillir, la presse est trop libre, le droit d'expression connaît trop peu

d'entraves. les indiscrétions font trop facilement fi des secrets officiels,
la condition des bureaucrates est trop humble et le comportement des
membres du Congrès trop irrévérencieuxpour rendre probable que dans
une affaire comme celle-ci, où les faits ont étédiscutés,contestés,débat-
tus, analysés et vérifiés,lesconclusions législativessuccessive dsu Congrès
des Etats-Unis, adoptées à de fortes majorités,soient fausses d'année en
année.Or, quelles sont ces conclusions ?
142. Commençons par la commission restreinte permanente du rensei-
gnement de la Chambre desreprésentants. En mai 1983,cette commission

alors présidéepar M. Edward Boland a présentéun rapport que le conseil
du Nicaragua, M. Wrownlie,a qualifiédevant la Cour de remarquable
document public O, de rapport digne de foi et bien documenté
(audience du 20 septembre 1985). Voyons certaines des constatations
((dignes de foi et bien documentées >de ce rapport (annexe E, pièce 1,du
mémoiredu Nicaragua).
143. La commission, farouchement hostile dans sa majorité à la pour-
suite de l'aide des Etats-Unis aux contras,déclared'embléeque I'insur-

rection au Salvador :
((dépendpour survivre - qu'il s'agissedes armes, des munitions, du

financement, de la logistique ou des installations de commandement
et de contrôle -- d'une aide extérieure,qui vient du Nicaragua et de
Cuba. La contribution nicaraguayenne et cubaine à l'insurrection
salvadorienne a une longue histoire...Ellea fourni ..la grande masse
de l'équipement militaire etde l'aide qu'ont reçus les insurgés.
(P. 2.)

Elle déclarece qui suit sous le titre <Activitésde Cuba et du Nicara-
gua :

<La commission a examiné régulièrement une volumineusedocu-
mentation des servicesde renseignements sur l'appui nicaraguayen et
cubain aux insurrections gauchistes, depuis la victoire des sandinistes
au Nicaragua en 1979.Ces examens de la commission sont signalés
non seulement à cause de l'importance des questions d'Amérique

centralepour la politiqueétrangèredes Etats-Unis, mais aussi à cause
des décisionsqu'il incombait au Congrèsde prendre sur lesquestions
d'aide à tous les pays de la région.La commission a encouragé et
appuyé toute une gamme d'activités quitendaient à recueillir des
renseignements en Amérique centrale.
Un examen exhaustif des documents des services de renseigne-
ments dans de.srapports publics comporterait de graves risques du
point de vuede lasécurité des sourcesetdes méthodes.Lacommission a donc dû, par nécessité,se contenter de reproduire ses conclusions

sur l'aide fournie aux insurgéspar Cuba et le Nicaragua. Les conclu-
sions aboutissent cependant àla constatation d'une aide active four-
nie par Cuba et le Nicaragua à la((révolutionsans frontières ))dans
toute l'Amériquecentrale.
Lesconclusions que porte ainsi lacommission nesont pas récentes.
Le 4 mars 1982, à l'issued'un important rapport concernant la situa-
tion au Salvador, le présidentde la commission a fait la déclaration
suivante :

La commission a reçu, au sujet de la situation au Salvador, des
informations qui insistent de façon particulière sur la question de
I'aide étrangère à l'insurrection. Les insurgéssont bien entraînés,
bien équipésen armes modernes et approvisionnéset ils comptent
sur l'utilisation d'emplacements situésau Nicaragua pour le com-
mandement, lecontrôle et lesoutien logistique. Lesrenseignements
fournis à la c:ommission à l'appui de ces conclusions sont convain-
cants.
D'après d'autres documents convaincants, le gouvernement
sandiniste di1Nicaragua aide à entraîner les insurgéset leur fait

parvenir, directement ou en transit, des armes et une aide finan-
cière. De plus, il fournit aux insurgésdes bases d'opérations au
Nicaragua. La participation cubaine - surtout pour lesfournitures
d'armes - e:jtelle aussi évidente.
Ce que cela signifie, c'est que, contrairement aux dénégations
répétéedses autorités duNicaragua, cepays setrouve engagé à fond
dans son appui à l'insurrection salvadorienne. Cet appui est de
nature à aider grandement les insurgésdans leur lutte contre les
forces gouvernementales au Salvador. ))(Mémoire du Nicaragua,
annexe E, pièce 1,p. 5.)

144. Ce rapport digne de foi et bien documenté )),invoqué par le
Nicaragua, déclare encore :

A la date de dépôt du présent rapport, la commission est d'avis
que lesrenseignements dont elledispose confirment de façon certaine
lesjugements exprimésci-après :

Une portion1majeure des armes et autres matériels envoyéspar
Cubaet d'autres pays communistes auxinsurgéssalvadorienstransite
par le Nicaragua avec l'accord et l'assistance des sandinistes.
Les insurgéssalvadoriens disposent de certains emplacements au
Nicaragua, quelques-uns à Managua même, qu'ils peuvent utiliser
pour leurs besoins de communications, de commandement et de
contrôle, et ils bénéficientdes moyens logistiques de poursuivre leurs
activitésen matière de finance. de fourniture de matérielet de pro-
pagande.
Le commandement sandiniste autorise et facilite directement tout
cela. LeNicaragua procure toutes sortesd'autres modalités de soutien,y
compris le passage en toute sécurité d'insurgés a destination et en
provenance deCuba, et l'assistance aux insurgésdans la préparation
de leurs action:; au Salvador.

Le Nicaragua et Cuba fournissent enoutre - et semblentcontinuer
a fournir - une:formation aux insurgés d'ElSalvador. L'appui poli-
tique cubain et sandiniste apporté aux insurgéssalvadoriens ne fait
aucun doute depuis des années.La commission conclut qu'un appui
militaire aussiénergique est lecomplémentoccultede l'appui déclaré.
Comme M. Thomas O. Enders, secrétaired'Etat adjoint aux affaires
interaméricaines,l'adéclaré àlacommission des affaires étrangèresle
14avril 1983 :

En 1980(exactement comme, en 1978,Castro avait réuniles
trois principales factions sandinistes à La Havane), des agents
cubains ont réuni à Managua cinq factions de guérilla venuesd'El
Salvador. Ils ont mis au point un pacte d'union entre elles,et ils ont
ensuiteétabli un systèmeconjoint decommandement et decontrôle

dans la régionde Managua, ainsi qu'une infrastructure organisée
pour la logistique et l'entraînement surle sol nicaraguayen. Depuis
lors, la grande masse des armes et des munitions utiliséepar les
insurgés auSalvador passe par le Nicaragua. (P. 6.)

145. On remarquera que la commission affirme avoir examinéla <(vo-
lumineuse documentation des services de renseignements et M. Mac-
Michael a reconnu que cette documentation est, pour l'essentiel, celle
qu'il avait lui-mêmeétudiée(audiencedu16septembre 1985).Or sescon-
clusions n'ont riend'ambigu. A partir de 1983 - non pas de 1981,mais de
1983 - la commission constate une aide active à la ((révolution sans

frontières )...par leNicaragua o.Elleconclut : contrairement aux déné-
gations répétées dei$autorités du Nicaragua, ce pays se trouve engagé à
fond dans son appui à l'insurrection salvadorienne o. Elle estime établi
((avec certitude ))que des armes destinées aux insurgéssalvadoriens tra-
versent le Nicaragua avec l'appui des sandinistes, et que les insurgés
salvadoriens n'ont pas cesséde bénéficierde l'utilisation d'installations de
commandement au Nicaragua.

146. Si M. MacMichael a raison de supposer que les services de ren-
seignements ont présentécertainsfaitsde manière fallacieuse,ilrestequ'ils
ont apparemment fait du bon travail si l'on en juge par les paragraphes
suivants du rapport (verséauxdébats.il faut le rappeler, par le Nicaragua
comme élémentde preuve a l'appui de sa cause) :

((Le 22septembre 1982.la commission a rendu public un rapport
interne de sa sous-commission sur le contrôle et l'évaluationintitulé
((Le travail de:;servicesde renseignementsdes Etats-Unis sur 1'Amé-
rique centrale : réalisations etdomaines d'intérêt. ))Cerapport cons-
tate :

(<Les services de renseignements ont apporté une contribution appréciableen réponse auxbesoins des responsables des décisions
sur l'Amériquecentrale. Au cours des deux dernières années, leur
réalisation laplus remarquable a peut-être consistéà déterminer
avecune grarideprécision l'organisationet lesactivitésdesguérillas
salvadoriennes, et à détecterl'assistanceque leur fournissent Cuba
et d'autres payscommunistes. Bienqu'ilsoit difficile d'évaluerdes
quantitésd'aideet des degrés d'influence, lesservices de renseigne-
ments ont réussi à établir,sans doute possible, que les pays com-

munistes participent à l'insurrection.))(Mémoiredu Nicaragua,
annexe E, pièce 1, p. 5-6.)
147. Les vues du Congrès sur la question de I'aide nicaraguayenne à
l'insurrection salvacloriennene sesont pas modifiées en 1985.Le rapport

conjointsur laloirelative àI'aideétrangèrede 1961,modifiéeen 1985,dont
il est fait mention par le Nicaragua (ibid.,annexe supplémentaire C,
pièce7) contient les passages suivants :

- Le Congrèsdemande :
B)qu'il soit mis fin àI'aidesandiniste aux insurrections dans les
autres pays de la régionet que cessent, notamment, les livraisons
d'équipementsmilitaires aux forces rebelles qui combattent le gou-
vernement démocratiquement éluau Salvador ))(p. H6720).

- Le Congrèsestirrieen outre que le Gouvernement du Nicaragua :
vi) a commis et refuse de cesser de commettre des actes d'agres-

sion, sous la forme d'une subversion armée pratiquéecontre ses voi-
sins en violation de la Charte des Nations Unies, de la charte de
l'organisation des Etats américains,du traité interaméricaind'assis-
tance mutuelle et de la déclaration sur l'intervention adoptée par
l'Assemblée généraleen 1965 (p. H6721).

148. On relèvera aussique ce rapport conjoint de 1985 <(condamne le
Gouvernement du Nicaragua pour avoir violéses engagements solennels
envers le peuple nicaraguayen, les Etats-Unis et l'organisation des Etats
américains O, faute notamment d'avoir honoré <(l'engagement qu'il avait
pris en 1979 envers l'organisation des Etats américains d'organiser de
véritables électionsdémocratiques ..))(p. H6721).
149. Lesobservations faites par M.Boland en saqualitéde présidentde

la commission, dorit il a été donnélecture à la Cour et qui sont citées
ci-dessus, ont inspiré à M. MacMichael une remarque qui sera examinée
plus loin. Depuis lors, M. Boland a étéremplacécomme président de la
commission restreinte permanente du renseignement par M. Lee Hamil-
ton, autre critique de la politique gouvernementale d'aide aux contras. Ses
vues sur les faits concernant I'aidenicaraguayenne à l'insurrection salva-
dorienne ne présententpas moins d'intérêt. A la datedu 3juin 1985,voici
ce qu'il pensait :

((le Gouvernement du Nicaragua semble s'être engagé dans une
politique d'aide à l'insurrection dans les autres pays d'Amérique centrale. L'exemple le plus important de cette politique est l'appui
fourni par le Kicaragua aux guérilleros salvadoriens. Il semble clair
que l'attachement du Nicaragua à la cause des guérilleros salvado-

riens a pour origine I'aidefournie par le FMLN aux sandinistes alors
que ceux-ci s'efforçaient de renverser Somoza, et qu'il s'agit d'une
affaire de fiertéet de solidaritérévolutionnaire.
L'affluxdes armes envoyéesdu Nicaragua aux guérilleros salvado-
riens continue. Ce sont des Salvadoriens qui assurent le fonction-
nement du réseau utilisé à cette fin avec une aide nicaraguayenne.
On pense que les approvisionnements acheminéspar ce réseausont
surtout des munitions, mais aussi desmédicamentset d'autres appro-
visionnements. On pense aussi que les guérillerossalvadoriens dis-
posent d'armes en quantité suffisante, mais continuent à dépendre,
dans une mesiire appréciable, d'autres formes d'assistance fournie
par le Nicaragua.
Les forces armées salvadoriennes n'ont pas empêchéde façon
appréciablelesexpéditionsd'armes, etn'ont pas réussi à lesempêcher

au Salvador. Les envois d'armes saisis dans le passé l'ont étéau
Honduras en cours de transit ou dans des dépôts.
L'assistance et lesapprovisionnements arrivent par la mer le long
de la côte sud-est d'El Salvador, par la teràetravers le Guatemala et
le Honduras et peut-êtrepar la voie aérienne à partir du Nicaragua.
L'incapacitédes forces d'El Salvador ou du Honduras à interdire les
expéditionspar la voie maritime résultede leur corruption ou de leur
peu d'efficacitéet soit d'un réseaude guérillaqui doit êtreextrême-
ment efficace, soit du très faible volume de ces expéditions.
LeNicaragua fournit aussi desinstallations de communication, des
sanctuaires, uri entraînement et une aide logistique aux guérilleros
salvadoriens. Le système utilisépour fournir toutes ces catégories
d'assistance est souple et, semble-t-il, très bien organisé.

Les jugements portés ci-dessus au sujet de I'aide aux guérilleros
salvadoriens résultent d'inférences etse fondent sur des renseigne-
ments réels mais indirects. ))(Congessional Record, Extension of
Remarks, 3juin 1985,p. E2470.)

150. Cesjugements de la Chambredes représentants ont leur pendant
au Sénat.Parexemple,en mars 1984,lesénateurDaniel Patrick Moynihan,
membre de la commission sénatoriale du renseignement, a déclaré a la
tribune du Sénat :
La commission du renseignement estime que l'ingérencedu Nica-

ragua dans lesaffaires d'El Salvador et, dans une mesure moindre, de
ses autres voisins, continue ...I'aide sandinisteà l'insurrection au
Salvador n'a pas diminuéde façon appréciable ;leur violation de la
charte de 1'OE.Ane s'estdonc pas atténuée. (Reproduit dans For
the Record O, Washington Post, 10avril 1984.)

151. Ce n'estpas seulement au Congrèsque l'on trouve des adversaireséminentset informésde l'aide apportéeaux contraspar I'administration
Reagan, qui n'en estiment pas moins que le Nicaragua pratique des acti-
vitésde subversion au Salvador. Ainsi le dernier ambassadeur de I'admi-

nistration Carter au Salvador était Robert E. White, un diplomate de
carrière dont le remplacement par I'administration Reagan a marqué le
premier signal que la politique des Etats-Unis changeait de mains
(Alexander M. Haig, Jr., Caveat, p. 127). Cet ambassadeur a quitté son
poste pour devenir un adversaire public déclaréde notre politique au
Salvador (ibid.)L.'ancienambassadeur a déclarélors d'une déposition
devant une commis:siondu Congrèsque les élémentsde preuve contenus
dans le livre blanc cludépartement d'Etat publiéen 1981étaientauthen-
tiques,et ila reconnu que lesguérillerossalvadoriens avaient a importédes
quantités massives d'armes en passant par le Nicaragua. (Voir Richard
Whittle, ((Reagan Weighs Military Aid to Counter Soviet, Cuban "Inter-
ference" in ElSalvador ))CongressionalQuarterly,28février1981,p. 389 ;
mémoiredu Nicaragua, annexe E, pièce 1, p. 37 (texte de la lettre de

l'ambassadeur White au président Duarte transmettant une analyse des
documents saisiset lesobservations du membre du CongrèsYoung sur ces
documents) ;et Margot Hornblower, Ousted Envoy Hits Arms Aid to
Salvador H. WashingtonPost, 26 février1981,p. 1 .)
152. Pour faire contrepoids à ces opinions américaines informées, les
conseils du Nicaragua ont produit essentiellement deux choses : premiè-
rement les affirmations sous serment et réitéréed su ministre des relations
extérieures, M. D'Escoto, du commandant Carrion et de l'agent du Nica-
ragua ;deuxièmement,letémoignagede M.MacMichael. IIaété démontré
ci-dessus que lespremièresde ces affirmations, produites dans l'intérêd te
leurs auteurs, contredisent non seulement le témoignage de M. Mac-
Michael pour la périodeallant du milieu de 1979 à avril 1981,mais aussi
une attestation du commandant Carrion lui-même,sans parler desinnom-

brables autres élémentsde preuve rappelésdans le présentappendice. Je
suis donc convaincu de l'impossibilitéde conclure que, pour la période
antérieure à mars 1981,ces affirmations des représentants du Nicaragua
puissent êtreconsidéréescomme vraies ;au contraire, elles sont de toute
évidence fausses.Or si, de façon délibérée, cerseprésentants du Gouver-
nement nicaraguayen ont menti au sujet de la période d'avantmars 1981
pour induire la Cour en erreur, pour quelle raison devrait-on supposer
qu'ils disent la véritéà propos de la cessation des envois d'armes aux
insurgés salvadoriens après mars 1981 ? Bref, tout invite à rejeter les
affirmationsdesreprésentants du Nicaragua commedépourvues de valeur
probante. Cela ne veut pas direque la Cour puisse se contenter d'ignorer
ces affirmations et celles de représentants des Etats-Unis et se dispenser
d'examiner le fait que, sur un point crucial, les déclarations sous serment

produites par le Nicaragua travestissent la réalité : c'est là une autre
question. Mais,quant à savoirsi lespropos desreprésentants du Nicaragua
peuvent en quoi que ce soit faire pièce aux conclusions du Congrès des
Ëtats-unis, la réponseest assurément négative.
153. Bien entendu, on peut dire que, à l'égaldes représentants du Nicaragua, le Congrèsdes Etats-Unis est une partie intéressée etque ses
affirmations n'ont pas plus de poids que celles des responsables nicara-
guayens. On peut le dire, mais on ne peut raisonnablement le soutenir.
Commeje l'aifait observer, les déclarationsdu Congrès des Etats-Unis et
de membres éminents de la Chambre et du Sénat émanent eneffet de

personnesqui n'appuient pas pleinement la politique des Etats-Unis dont
ils'agit, maiss'yopposent.Tout àfaitindépendammentde ceque l'onpeut
penser de la fiabilitérelative despersonnes en question, il estjustifiéne
pas négligercesexpressions de la conviction informéedesdits membres du
Congrès.
154. Pour sa part, le témoin clédu Nicaragua sur la question,
M. MacMichael, n'a pas fait fi des conclusions du Congrès.Au contraire,
quand il lui a étéde~nandécomment il pouvait expliquer l'écartentre son
appréciation des données fournies par les services de renseignements et
celle de M. Boland, il a répondu gravement :

<(ils'agitd'une question trèsimportante ..Je ne metarguepas d'avoir
un meilleurjugement que M. Boland. Ilacertainement vu leséléments
de preuve et, j'en suis persuadé, les preuves qu'il a vues sont pour
l'essentielcellesquej'ai vuesmoi-même. )(Audiencedu 16septembre
1985.)

Comment donc M. MacMichael explique-t-il les amples divergences qui
séparentsoninterprktation desfaits decellede M. Boland ? Premièrement,
dit-il, on a conclu en 1982,au sujet d'un rapport présentéà lacommission
du renseignement de:la Chambre desreprésentants,que celui-ciparaissait
conçu davantage comme un exposéde la position de l'exécutifque comme
une analyse de la situation. Deuxièmement,il laisse entendre qu'en 1983,
quand M. Boland a Faitdes déclarationsdu genre de cellesqui sont citées
aux paragraphes 140et 141du présent appendice,c'étaitdans la perspec-
tive d'un rapport qui recommandait de couper les crédits destinésaux
contras, au motif, notamment, que les envois d'armes du Nicaragua aux

rebelles salvadorien:, continuaient et que les contras se montraient donc
incapables d'y mettre fin. M. MacMichael pense apparemment que
M. Boland étaitobligéde prétendre que les envois d'armes aux insurgés
salvadoriens se poursuivaient pour justifier sa conclusion selon laquelle,
les contras étantinefficaces, il ne fallait plus les appuyer.
155. Ces explications ne résistent guère à l'analyse. Si en 1982,au sein
d'une commission du renseignement de la Chambre dont la majorité était
opposée auxconclusions politiques auxquelles conduisaient les rapports
des servicesde renseignements,des doutes s'étaientélevés sur l'objectivité
de ces rapports, on peut êtrecertain que des mesures auraient étéprises
pour améliorer celle-ci ;de plus, ces rapports sont devenus plus fréquents
par la suite,notamment en 1985quand la Chambre des représentants a
adopté les conclusions citées auxparagraphes 147 et 148 ci-dessus. La
citation reproduite a.uparagraphe 146du présentappendice montre que le

jugement de M. MacMichael sur la qualité desrapports des services de
renseignements ne semble pas correspondre à celui de la Chambre desreprésentants.De plus, on ne saurait laisserentendre que, pour justifier la
suppression de I'aide aux contras, M. Boland ait dû invoquer l'existence
d'un trafic d'armes purement imaginaire vers El Salvador. Si aucun trafic
d'armes n'avait en fait existé,si le Nicaragua avait étéeffectivement
au-dessusde tout reproche, M. Boland n'enauraitétéquemieuxplacépour
s'opposer purement et simplement à la politique d'aide aux contras. La
stipulation que M. MacMichael attribue à M. Boland est donc une
hypothèse qui ne répond aucunement à la question de savoir pourquoi,
apparemment, toutes les autres personnes qui ont vu les documents des
servicesde renseignements évoqués par M. MacMichael en ont donnéune

interprétation très différente.
II. La transcriptiondesentretiens entrelesous-secrétaired'Etat Enders et le

coordonnateur Cprtega
156. Mention est faite, aux paragraphes 25 et 26 du présent appendice,
de la transcription d'entretiensquelecommandant DanielOrtega,coordon-
nateur de lajunte, a eusle 12août 1981 à Managua avecThomas O. Enders,
alors sous-secrétaired'Etat aux affaires interaméricaines. C'estle Nicara-

gua qui a verséaux débatsla transcription de ces entretiens, en affirmant
que <(le compte rendu de ces entretiens entre MM. Ortega et Enders
corrobore etconfirme lesfaits et lestémoignagesdéjà soumis à laCourpar
le Nicaragua sur la question des prétendues fournitures d'armes aux
insurgés d'ElSalvador O, faitset témoignagesqu'il résume ensuite (lettrà
la Cour en date du 26 novembre 1985).Cette affirmation mérited'être
examinée,notamment parce que la Cour semble l'admettre.

157. Après avoir déclaré <vous considérez votre révolution comme
irréversible; sachez que nous partageons votre opinion à cet égard r),
M. Enders seréfère àd'autres entretiens qu'ilaeusà Managua maisdont le

compte rendu n'est pas communiqué et fait observer que trois grands
problèmes s'étaientalors dégagés, deux soulevépsar les Etats-Unis et le
troisièmepar le Nicaragua, à savoir :
<(1.Lefluxcontinu d'armes,de munitionset d'autres formes d'aide
militaire au Salvador.
2. L'expansion rapide du pouvoir militaire au Nicaragua qui, sielle

persiste, va devenir une menace pour ses voisins, ce qui pourrait
donner lieu a une conflagration générale à laquelle les Etats-Unis ne
pourraient rester étrangers.
3.La peur qui:lesEtats-Unis soient en train de prendre des mesures
pour déstabiliser la révolution et l'attaquer. (Elémentsd'informa-
tion et documents fournis par le Nicaragua.)

158. La réponsede M. Ortega est intéressante,et cela en grandepartie
parce que, au lieu de commencer par nier I'aidemilitaire nicaraguayenne
aux insurgés salvadoriens,il parle de membres de la garde nationale dans
des camps situésaux Etats-Unis, de l'appui des Etats-Unis au Salvadoret
de circonstances qui ont <contraint le Nicaragua à se lancer dans unecourse aux armements. M. Enders répondque les Etats-Unis et le Nica-
ragua se trouvent à une croiséedes chemins. ((En ce qui vous concerne )),
dit-il,

<vous pourriez prendre les mesures qui s'imposent pour que le flux
d'armes vers El Salvador s'arrête à nouveau, comme en mars de cette
année.Nousneprétendons pas nous mêlerde savoir comment et avec
qui cet objectif doit êtreréalisé, maisnous nous réservonscependant

de suivre de près les résultats. ))(Eléments d'information et docu-
ments fournis par le Nicaragua.)

159. M. Enders ~ioursuitsur un ton diplomatique : <(Nous aimerions
que quelque chose soit fait pour résoudre le problème de la course aux
armements en Amériquecentrale. ))Si les Etats-Unis, en ce qui les con-
cerne, peuvent <suggérerdivers moyensde résoudreceproblème, ..c'està
chaque pays qu'il revientde réglercettequestion, qu'il s'agissedu nombre
des soldats ou de celuidesarmements que chacun doit posséder o. Quant à
la crainte qu'inspire au Nicaragua une éventuelleintervention des Etats-

Unis, ceux-ciseraient prêts à envisager de réaffirmer )l'engagement pris
dans letraitéde Rio de nepas recourir à lamenace ou àl'emploide laforce,
<(de manièrebilatéraleou par d'autres biais o.Les Etats-Unis sont prêts à
<(étudier d'un peu plus près le problème des exilés politiques nicara-
guayens aux Etats-Unis ...il est cependant évidentque, si vous les consi-
dérezcomme une menace politique, le problème serait de voir comment
nous pourrions faire quelque chose à ce sujet o. M. Enders poursuit :

<(Quand nous avons suspendu notre assistance économique, nous
avonsdit que celle-cipourrait êtrerétabliesi leNicaragua mettait un

terme au flux d'armes vers El Salvador ;mêmesi la situation aux
Etats-Unis s'estdepuis modifiée,cette offre demeure valable. ))(Ihid.)

11ajoute que les Etats-Unis pourraient étudier, presque sans délai, la
question de l'aide alimentaire et de l'aide audéveloppement,ainsi que de
l'assistance du Peacc?Corps.Il propose que les deux parties prennent des
mesures pour réduire leurcontroverse dans les semaines à venir, et il dit
encore :

<(Pendant ce temps nous espérons que des mesures seront prises
pour arrêterle flux d'armes vers El Salvador et je me propose de re-
venirau Nicaragua vers la fin deseptembrepour revoir leprogramme

qui aura été élaboré eetxaminer si les conditions sont réuniespour
passer à un niveau supérieur. ))(Ihid)

M. Enders conclut ensuite :
<(J'insistesur lefait que, selonnous, nousarrivonsaujourd'hui àune
croiséedes chemins et, si nous ne prenons pas ces mesures, nous

n'aboutirons pas à une détente.Je nepense pas qu'il soit nécessairede
revenir sur le détail du choix qui nous est ouvert, mais je tiens
cependant à préciser deux idées.Il n'ya que deux choses qui puissent ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 490

nous contraindre à un engagement militaire dans la région :1) que

l'onrefuse de fairetout cequi est possible pour arrêterleflux d'armes
vers El Salvador ; 2) que la course aux armements en Amérique
centrale sedéveloppe àun point tel que certains despays de la région
nous invitent à les protéger,au titre du TIAR. Nous n'avons rien à
gagner à une pareille évolution - le coût en serait par trop élevé-
mais, si l'on nous y contraints, l'exécutifaméricain est à mêmede
prendre une décisiondevant cette situation.
Comment souhaitez-vous quenousprocédions àprésent ? Devons-
nous continuer d'expliquer les idées que je viens d'exprimer? ))
(Eléments d'information et documents fournis par le Nicaragua.)

160. La réponsede M. Ortega est conciliante mais, s'ilreconnaît que le
Nicaragua espère voirtriompher les guérillassalvadorienne et guatémal-

tèque, il ne donne par ailleurs aucune assurance sur la politique nicara-
guayenne en ce qui concerne le flux d'armes destinéesaux guérilleros :

Nous avons, nous aussi, envisagéles deux possibilitésque vous
avez exposées etnous avons, nous aussi, perçu cette croiséedes che-
minset nous avonspris ladécisionde défendrenotre révolutionpar la
force des armes, mêmesi on nous écrase,et de porter la guerre à
l'ensemblede 1'.4mérique centrale, si leschoses en viennent l;nous
sommes conscit:nts du pouvoir militaire des Etats-Unis, mais à cet
égard noussorrimes romantiques ; nous ne sommes cependant pas
suicidaires et nous ne souhaitons pas ce type de solution. La propo-
sition que vous venez de faire me paraît se situer dans des limites
rationnelles...c:en'estpas seulement au comportement du Nicaragua
que revient la responsabilitéfondamentale mais aussiaux Etats-Unis,

dans la mesure où leur attitude détermine lanôtre ...
Nous avons un préjugéhistorique à l'encontre des Etats-Unis, ce
pays ayant eu une séried'attitudes qui nous ont conduits à craindre
une agression de sa part, eàchercher toutes sortes de mécanismesde
défense.Nous isommesintéressés à ce que triomphe la guérillaau
Salvador et au Guatemala, quand nous nous apercevons que les
Etats-Unis ne font pas preuve de bonne volonté à notre égard.Pour
cette raison, c'est lapolitique des Etats-Unis qui pèsedu plus grand
poids. Cette situation ne va pas êtrerégiepar le comportement du
Nicaragua ;ellevabien plutôt dépendredeceluidesEtats-Unis. Ilme
semble qu'il faut entreprendre un effort pour explorer ces voies

mêmesque vous avez évoquées.

Nous sommes pour notre part disposés à faire tout ce qui est en
notre pouvoir pour parvenir à une entente avec les Etats-Unis, mais
cela dépendra cl'eux.Nous éprouvonsun sentiment d'insécurité ...

La perspective de votre retour au Nicaragua en septembre me
paraît trèspositiveet nous engage àprendre des mesurespratiques. Si
les Etats-Unis, par exemple, peuvent agir contre les camps d'ex- membres de laguardia nacional situéssur leur territoire, ilen résultera
un allègement des pressions à la course aux armements au Nica-
ragua. (Eléments d'information et documents fournis par le
Nicaragua.)

161. M. Enders formule alors les observations suivantes, non moins
conciliantes,tout en soulignant de nouveau qu'ilimporte que leNicaragua
mette fin au flux d'armes destinées aux insurgés salvadoriens :

Pour ce qui est de la revendication des responsabilités,nous ne
prétendons pas vous faire porter celle de la situation actuelle ;je
comprends qu'une révolutionqui vient de triompher se voie dans la
nécessitéde s'armer pour se défendre et protéger d'autres mouve-
ments révolutionnaires avec lesquelselle se sent des affinitéset, bien
évidemment,il est plus intéressant,de votre point de vue,que la lutte
se passe dans d'autres pays plutôt que dans le vôtre. Ce qui nous
inquiète, c'est que cette façon de procéder ou ce comportement
deviennent un défi lancéaux Etats-Unis, que ceux-ci ne pourraient
que relever :c'estlà un cercle infernal d'où il faut que nous sortions.
Lespropositioris quej'ai voulufaire ontdans l'ensemblepour objet de
nous permettre de nous dégagerde cette difficulté, etje crois que si
nous voulons vraiment continuer, nousdevons calmer lapolémique et
nous efforcer d'établir unebonne communication ...
J'insistesurl'importance qu'ilya à ceque vous mettiez un terme au

fluxd'armements vers ElSalvador, car à défautje me trouverais dans
l'incapacitéde prôner à mon gouvernement la voie que nous avons
évoquée.Je su:ispour ma part certain que nous ferons des efforts
immenses pour mettre à profit les idéesqueje vous ai exposéeset les
propositions que vous nous faites. (Ibid.)
162. M. Ortega répond

Pour ce qui est du flux d'armes vers El Salvador, il faut préciser
que, dans la mesure où nous en avons eu connaissance par vos rap-
ports, nous avons tentédel'arrêter ;j'ajouterai cependant qu'ilexiste
ici une forte volontéde collaboration avec le peuple salvadorien, y
compris parmi les membres de nos forces armées, maisque notre
gouvernement et ladirectionnationale ont décidé de ne paspermettre
ce type d'activntés.Nous vous demanderons de nous communiquer
des rapports s.urce flux d'armes pour nous aider à l'empêcher. H
(Ibid.)

163. A quoi M. Enders réplique :

«Vous y êtes déjà parvenusdans le passéet je crois que vous
pourrez le faire:encore ;nous ne sommes pas à mêmede vous com-
muniquer des rapports des servicesde renseignements car nous com-
promettrions nos sources et nos relations n'ont pasencore atteint un
niveau suffisant pour permettre l'échangede tels rapports.
Je souhaite cependant réaffirmer que nous sommes des gens ACTIVITÉS MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL)
492

sérieux,que nousn'imposons pasdesconditions impossibles, pasplus
qu'unjeu diabolique auquel vous ne pourriez en aucun cas gagner. ))
(Eléments d'information et documents fournis par le Nicaragua.)

164. Là-dessus, M..Ortega conclut :«En mars, vous nous avezpourtant
communiqué desrapports qui nous ont ététrès utilespour interrompre le
flux... (Ibid.)
165. Les points de suspension indiquent que l'entretien ne se termine
pas sur ces mots mais ils marquent la fin des passages que le Nicaragua a
jugé bon de produire devant la Cour. Ce compte rendu justifie-t-il la

conclusion que le Nicaragua veut en tirer, à savoir qu'il corrobore et
confirme sa position sur les envois d'armes à destination d'El Salvador ?
Jusqu'a un certain ploint. mais pas jusqu'au point critique. Ce dialogue
confirme le fait qu'avant mars 1981 il y a eu des envois d'armes en
provenancedu Nicaragua et à destination des insurgéssalvadoriens :cette
conclusion, le Nicaragua la concèdedans son interprétation desentretiens
avec Enders (lettre à la Cour en datedu 26novembre 1985).Cependant, le
Nicaragua affirme qu'il s'agissait d'envoisen (<petites))quantités, faitsau

méprisde la politique du Gouvernement nicaraguayen et que celui-ci a fait
tout cequi était en son pouvoir pour lesempêcher etlesarrêter. (Commeil
aété démontré,entre l'été 1979et mars 1981il ne s'agissaitpas d'envois en
petites quantités et le Gouvernement nicaraguayen non seulement les
favorisait mais lesorganisait. C'estsur cepoint que, dans la lettre précitée,
le Nicaragua présente une description remarquablement fallacieuse du
témoignageréelde M. MacMichael, en oubliant que celui-ci reconnaît
comme un fait que le Nicaragua, agissant au niveau gouvernemental, a
participé à l'approvisionnement massif en armesdes insurgéssalvadoriens

avant mars 198 1.)
166. Mais l'élément clé, c'es qtue M. Enders maintient que les envois
d'armes en provenance du Nicaragua à destination d'El Salvador sepour-
suivaient. ou plutôt a.vaient repris. Et que M. Ortega répond : (<dans la
mesure où nous en avons eu connaissance par vos rapports, nous avons
tentéde les arrêter o.M. Ortega poursuit : Nous vous demanderonsde
nous communiquer des rapports sur ce flux d'armes pour nous aider à
l'empêcher. ))Et la rkponse de M. Enders est sans détour :

(<Vous y êtesdéjà parvenus dans le passé et je crois que vous

pourrez le faire encore ; nous ne sommes pas à mêmede vous com-
muniquer des rapports des services de renseignements car nous com-
promettrions nos sources et nos relations n'ont pas encore atteint un
niveau suffisant pour permettre l'échangede tels rapports. ))

167. Que disait hl. Enders? II disait, semble-t-il: voyez, quand
M. Cheek vous adit, à.l'automne 1980,que lesenvois d'armes destinésaux
guérillerossalvadoriensdevaient prendre fin si l'on voulait voir continuer
l'aide américaine au Nicaragua. il vous a fourni des précisions sur les
transports d'armes en partant du principe que, après tout, les autorités
gouvernementales nicaraguayennes ignoraient peut-êtreces faits. Ce qui en est résulté(comme le révèlentles documents saisis sur des guérilleros
salvadoriens, voirles paragraphes 16,18 à 20,et 151ci-dessus),c'estque les
trajets précis d'acheminement repérép sar les services de renseignements
desEtats-Unis ont été fermés,et que d'autres lesont remplacés. Et en mars
1981,des faits semblables paraissent s'êtrereproduits ; les Etats-Unis ont
communiqué desrapports détaillés ;les voiesd'acheminement identifiées
par leurs services de renseignements ont étéfermées ; mais les transports
ont repris. Voilà pourquoi M. Enders fait observer :

(nous ne sommes pas à mêmede vouscommuniquer desrapports des
servicesde renseignements, car nous compromettrions nos sources et
nos relations n'ont pas encore atteint un niveau suffisant pour per-
mettre l'échangede tels rapports o.

168. Cependant le commandant Ortega n'abandonne pas facilement.
En mars, vous nous avez pourtant communiqué des rapports qui nous
ont ététrès utiles pour interrompre le flux ... A ce point, comme je l'ai
indiqué,le compte rendu, tel qu'il nous est fourni, prend fin mais, con-
trairement àcequi a étédepuis soutenupar leNicaragua dans sa lettre du
26 novembre 1985, il n'existe aucune preuve de l'absence de tels envois
aprèsmars 1981 o. Ilest vrai qu'àpartir de mars 1981M. MacMichael n'en
a pas trouvéde preuves. Pourtant les preuves de l'existence de ces expé-
ditions, et en particulier des envois de munitions et d'explosifs, sont con-

sidérables, comme le montrent les données exposées dans le présent
appendice. (De plus, de nombreux détailsdenature à établirla réalitédes
envois d'armes àtravers leNicaragua et desautres formes d'aide apportées
par le Nicaragua aux;insurgéssalvadoriens à partir de 1981sont rassem-
blésdans le Background Paper : Nicaragua's Military Build-Up and Sup-
portfor Central American Subversion, document présenté à la Cour par les
Etats-Unis avecleur contre-mémoire - que leNicaragua n'a,en dehors de
la déposition de M. MacMichael, pas réfutépour l'essentiel.) De plus,
comme on l'a conclu auxparagraphes 58 à 61,76 et 77 du présentappen-
dice, on nepeut croire qu'effectivement leGouvernement du Nicaragua ne
savait rien enjanvier 1981des envois massifs d'armes par lavoieaérienne à

partir d'un aérodrome situé prèsde Managua, et n'y a pas participé ; la
comparaison entre la dépositionde M. MacMichael sur lesvols à partir de
Papalonal (audience du 16 septembre 1985)et les allégationscontenues
dans le document « HevolutionBeyond Our Borders »(p. 18-19,27-29) fait
ressortir une correspondance frappante entre les souvenirs de M. Mac-
Michael et les affirmations des Etats-Unis, lesquels excluent l'hypothèse
d'opérations quise seraient dérouléessans l'accord du Gouvernement du
Nicaragua. Si la thèsede la non-participation du Nicaragua aux envois
d'avant mars 1981n'estpas vraie - et on peutprouver qu'elle nel'estpas -
que reste-t-il de son affirmation selonlaquelleles entretiens Enders-Ortega

confirmeraient et corroboreraient sa position ?Et d'ailleurs, si leGouver-
nement du Nicaragua n'avait effectivement pas connaissance des envois
antérieurs à mars 1981,comment peut-il se dire certain de l'inexistence de
tels envois après mars 1981 ? ACTIVITÉS MILI'TAIRESET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)494

169. A la suite de la mission Enders, les Etats-Unis rédigèrentpar écrit
les propositions Enders, des documents furent échangés,et les négocia-
tions se poursuivirent. En octobre 1981, le Gouvernement du Nicaragua
rejeta le mode d'approche préconisépar Enders, en le qualifiant de << sté-
rile (voir la déclaration de M. Enders du 12 avril 1983devant la com-
mission des affaires étrangères du Sénat, reproduite dans <(Nicaragua :
Threat to Peace in Central America ))Department of State Current Policy
Paper No. 476, p. 2). D'une part, officiellement le Nicaragua continuait à
affirmer qu'il nefournissait aucun appui matériel aux insurgéssalvado-

riens. D'autre part, le commandant Bayardo Arce déclarait au chargé
d'affaires des Etats-IJnis aue ceux-ci ((feraient mieux de com~rendre aue
tout ce qu'ils peuvent dire ou faire ne nous empêcherajamais d'apporter
notre appui total à nos compagnons de guérilla au Salvador ((( Revolution
Beyond Our Borders o,p. 57, 72(note 23)). On ne saurait direqui porte la
responsabilitéde l'échecde l'initiative-Enders ; les avis s'opposent. Dans
la déclaration précitéedevant le Sénat, M. Enders en rend responsable

le Nicaragua (loc. cil.p. 2). De son côtéle président Ortega a publique-
ment rappeléque M. Enders avait refuséde fournir des renseignements
sur les envois d'armes transitant par le Nicaragua, et il s'est dit offusqué
de ce que M. Enders ait posé commecondition à tout dialogue (rien
que pour commencer - que le Nicaragua ne puisse pas s'armer lui-même,
que le Nicaragua ne puisse pas permettre le trafic des armes vers El Salva-
dor, que 1'~opposition »fassepartie du régime )(Playboy, loc.cit.,p. 200).
En fait, la transcription du dialogue Ortega-Enders fournie par le Nica-
ragua n'indique nullement que les Etats-Unis aient exigé que <(le

Nicaragua ne puisse pas s'armer lui-même >); ni qu'ils aient exigéun
rôle politique pour l'opposition. En revanche. elle indique bien que les
Etats-Unis avaient plusieurs fois exigéque le Nicaragua ne permette
pas le trafic d'armes vers El Salvador ». Si effectivement le Nicaragua
ne se livrait pas à un tel trafic, pourquoi alors ne pouvait-il s'empresser
d'accepter cette condition qui constituait sans aucun doute, comme les
Etats-Unis l'avaient indiqué,la condition sine qua non de la coexistence
pacifique ?

170. De toute manière, quel que soit le responsable de l'échecde la
mission Enders, il es!.clair que les Etats-Unis se sont efforcés,à un niveau
élevéd ,ans un esprit d'ouverture et de conciliation, de persuader le Nica-
ragua de cesser son appui à l'insurrection au Salvador en contrepartie
d'offres qui auraient répondu aux préoccupations et aux intérêts déclarés
du Nicaragua, et que cet effort consacrait expressément leuracceptation
de la révolution nicaraguayenne. Aprèsl'échecde la mission Enders, dont
ils ont compris en octobre 1981qu'elle étaitrejetéepar le Nicaragua, les

Etats-Unis semblent avoirconclu qu'ils devraient essayer decontraindre le
Nicaragua à faire ce qu'il ne voulait pas réellementfaire de son propre
gré :cesserd'encourager lerenversement du Gouvernement d'ElSalvador.
C'est pourquoi le mois suivant, en novembre 1981,le président Reagan
a autorisé l'aide des Etats-Unis aux contras. 12. Autres tentatives de règlement pacifique faitespar les Etats-Unis
171. Cependant, mêmeaprès s'être engagés sur la voie de l'aide aux

contras, les Etats-Uriis ont encore déployéde sérieuxefforts pour tenter
d'aboutir à un règlernent pacifique. Au printemps de 1982,sur la sugges-
tion du présidentdu Mexique, les Etats-Unis ont présentéau Nicaragua
des propositions précisespar écrit :huit points qui réitéraient etdévelop-
paient les propositions Enders. Le premier de ces points était la cessa-
tion de l'aide apportéepar le Nicaragua aux insurrections dans les pays
voisins ...nous devclns obtenir des résultats là-dessus avant de ou voir
arriver à quoi que ce soit sur lesautres aspects de la proposition ...i(trans-

cription d'un comniuniqué de presse du département d'Etat, 8 avril
1982, Documents on American Foreign Policy, 1982, doc. 686, p. 1438).
Le deuxième point consistait en un projet de déclaration des Etats-
Unis relatif aux activités des Nicaraguayens en exil aux Etats-Unis.
Le troisième était un projet de déclaration conjointe des Etats-Unis et
du Nicaragua sur les relations amicales, déclaration conjointe par la-
quelle les deux Etats s'obligeraient à ne pas intervenir dans leurs affaires
respectives, ni dans celles des autres Etats de la région O (ibid.).Le qua-
trième consistait en une proposition de limitation des armements et des

forces militaires, avec interdiction régionale de l'importation d'armes
offensives lourdes et réductiondu nombre des conseillers militaires étran-
gers. Le cinquième étaitune proposition de contrôle international de ces
engagements par 1'C)EAou d'autres organismes régionaux. Le sixième,
une proposition de coopération économique, y compris le rétablisse-
ment de l'assistance économiquedirecte ))apportée par les Etats-Unis
au Nicaragua. Le septième,une proposition prévoyant des échangeshu-
mains et culturels, eit le développement de la confiance >).Le huitième,

une proposition visant une réitérationde l'adhésiondes sandinistes aux
((principes du pluralisme politique, d'une économie mixte et du non-
alignement )),qui,joints à l'engagement pris par le FSLN envers I'OEA,
((relatif à l'organisation d'élections libres, constitueraient des élé-
ments importants du contexte politique de nos relations futures i(ibid).
Ces propositions furent présentées auGouvernement du Nicaragua par
l'ambassadeur des Etats-Unis à Managua. Le Nicaragua n'aurait pas
réagi.

172. Par la suite, le 4 octobre 1982,les Etats-Unis se sont associésaux
Gouvernements du Belize.de la Colombie, d'El Salvador, du Honduras.
de la Jamaïque et du Costa Rica dans une <(déclaration sur la démocra-
tie en Amériquecent.ra1e (Documents on American ForeignPolicy, 1982,
doc. 699, p. 1470).qui demandait l'instauration et le maintien de régimes
authentiquement démocratiques dans la région ainsi que le respect des
droits de l'homme eitl'observation des principes suivants :

((d) respecter le principe de la non-intervention dans les affaires
intérieuresdes Etats et le droit des peuples a l'autodétermination ;
e) empêcher'queleur territoire ne soit utiliséafin de donner une
aide, des approvisionnements, un entraînement ou un commande- ment à des élémentsterroristes ou subversifs dans d'autres Etats,
mettre un terme à tout trafic d'armes et d'approvisionnements, et
s'abstenir d'apporter toute assistance directe ou indirecte à des acti-
vitésterroristes, subversivesou autres ayant pour but de renverser par
la force les gouvernements d'autres Etats ;
f) limiter les armements et les effectifs des forces militaires et
de sécuritéaux niveaux strictement nécessairespour le mai3tien de

l'ordre public et de la défensenationale ;
g) assurer la surveillance et lecontrôle sur le plan international de
tous les ports d'entrée, de toutes les frontières et des autres zones
stratégiques, dans le cadre d'accords réciproques et entièrement
contrôlables ;
h) sur la base d'une réciprocitéentière et effective, retirer de la
région d'Amériquecentrale tous les conseillers et toutes les forces
militaires et de:sécuritéde nationalité étrangère, et interdirel'impor-

tation des armes lourdes et du matérielde caractére manifestement
offensif au moyen de procédésde vérificationgarantis ))(Documents
on American Foreign Policy, 1982,doc. 699, p. 1472).

Le Gouvernement d.uCosta Rica invita le Gouvernement du Nicaragua à
entamer un dialogw: sur la base de ces principes. Le Nicaragua a même
refuséde recevoir cette proposition.
173. Les observai:ions faites à l'époquepar M. Enders sur ces intia-
tives ne manquent pas d'intérêt.Dans une allocution du 20 août 1982
(<(Building the Peace in Central America )),Department of State Current

Policy Paper No. 41,4), M. Enders déclarait :

De tous ces problèmes, c'est celui du Nicaragua qui est le plus
inquiétant.C'est le nouveau gouvernement sandiniste qui a étendu à
l'échelle régionalele conflit d'Amérique centrale, en soutenant la
violenceau Salvador. Ledirigeant sandinisteDanielOrtega m'adit un
jour que le FMLN [front Farabundo Marti de libération nationale],
coalition des guérillassalvadoriennes,constituait ((nuestro escudo »,
le bouclier du Nicaragua ))Or, l'appui sandiniste n'a pas diminué.
Le quartier généraldu FMLN se trouve au Nicaragua. Le FMLN

reçoit du Nicaragua une aide logistique soutenue, surtout au moyen
de parachutages et d'envois par mer, mais aussi par la voie terrestre.
Ses camps d'entraînement sont au Nicaragua ...
(Les Etats-Unis ont égalementfait despropositions.Il ya prèsd'un
an, et de façon plus intense depuis avril, nous avons tentéd'entamer
le dialogue avec le Nicaragua. Nous avons essayéd'apporter une ré-

ponse aux préoccupations de ce pays, tout en répondant à celles de
ses voisins et aux nôtres.
Les sandinisies nous disent qu'ils craignent d'être envahispar les
Etats-Unis. Nous avons donc proposéde conclure un accord officielde
non-agression. Les sandinistes nous disent que d'anciens somozistes
reçoivent un entraînement aux Etats-Unis pour envahir le Nica-ragua. Nous leur avons donnél'assurance que nousappliquions notre
loi sur la neutralité, qui fait un crime fédéraldu fait de lancer une

agression ou de conspirer en vue de lancer une agression contre un
autre pays àpartir des Etats-Unis.
Les sandinistes nous disent que nous étendonsle conflit à l'échelle
régionale en préparant le Honduras, El Salvador et le Costa Rica
comme bases d''opérationscontre eux. Nous avons donc proposéque
chaque pays d'Amérique centrale accepte d'imposer une limite rai-
sonnable et restreinte au nombre de ses conseillers militaires et de
sécurité étrangers, et nous avons proposéque chaque pays prenne
l'engagement de ne plus importer d'armes offensives lourdes. A I'évi-
dence. ces deux engagements devraient faire l'objet d'un contrôle
international.
Ilfaudrait aussi que le Nicaragua, de son côté, répondeaux préoc-
cupations que nouspartageons avec sesvoisins. Nous avons demandé

que le Nicaragua cesse sa participation au conflit salvadorien. Les
sandinistesdisent qu'ils n'ont connaissance d'aucune participation de
ce genre, et qui'ilssont prêts à y mettre fin pourvu que nous leur
communiquions les renseignements dont nous disposons. Lors de
nos entretiens llesplus récents,nous avons suggéré qu'un bon début
consisteraità retirer du Nicaragua le quartier généralcombinédes
guérillas, etnous avons offert d'aider les sandinistes à le localiser.
Par exemple, le point à partir duquel sont dirigéesles opérationsdes
guérillasauSalvador setrouvait récemmentsituédans un faubourgde
Managua. Nous sommes persuadésqu'il peut être découvert,même
s'il se déplace:<ouventà l'intérieur duNicaragua. Le Nicaragua n'a
pas encore répondu.
De même,le Nicaragua doit cesser ses actes de terreur et autres
actes d'agression contre le Honduras et le Costa Rica.
Nous avons ijoulevéune deuxièmequestion, qui elleaussi intéresse

profondément lesvoisinsdu Nicaragua :je veuxparler de la tendance
qui caractérise l'organisation et l'utilisation du pouvoir de'Etatau
Nicaragua. Certes, il appartient au Nicaragua de déciderdu genre de
gouvernement ,qu'ila. Nul ne conteste cela. Nous ne lecontestons pas.
Ses voisins non plus.
Mais nouscroyons que nous avonstous ledroitdedemander cequi
peut garantir :Il'un quelconque d'entre nous que les promesses de
non-ingérenceseront tenues, si 1'Etatnicaraguayen reste le domaine
réservéd'une éliterestreinte de marxistes-léninistes conseilléepar
Cuba. disposant d'une puissance militaire croissante opposée àtoute
autre forme de vie socialeque cellequ'elledomine ?Nous avons aussi
le droit de demander ce que deviendront, dans ces conditions, les
droitsde l'homme internationalement reconnus. Poser ces questions,

ce n'est pas plaider, de manière occulte ou autre, pour un retour au
somozisme discrédité.Les sandinistes pourraient y répondre en exé-
cutant leurs propres engagements initiaux de respecter la démocratie
et la paix dans cette partie du monde. ))13. Les quatre trait(%proposés par leNicaragua en 1983

174. A l'automne de 1983,la politiquedes Etats-Unis, telle qu'elle s'est
manifestée àl'égard non seulementdu Nicaragua, maisapparemmentde la
Grenade, a enfin réussi à retenir l'attention du Gouvernement nicara-

guayen. Alors que Ir:Nicaragua semblait disposer àapprouver et même à
aider de son appui soutenu l'insurrection salvadorienne qui se traduisait
par des milliers de morts, des milliers de blessés, ladestruction à grande
échelledes réseaux etdes barrages électriques,d'innombrables actes de
sabotage à l'explosif contre des ponts et des routes, il a protesté énergi-
quement quand les contrasont fait sauter ses propres ponts et attaqué sa
milice, lesactivistes:sandinistesetdes citoyens innocents, lesfrèresde ceux
que l'on massacrait de la même manièredepuis des années au Salva-
dor.
175. Lespressions arméesont apparemment incité leGouvernement du
Nicaragua à faire ci: que la persuasion n'avait pas obtenu : proposer un

règlement, qui revenaitpour l'essentielà prévoirque leNicaragua cesserait
d'aider l'insurrectionau Salvador si lesEtats-Unis cessaient d'appuyer non
seulement les contras, mais aussi le Gouvernement d'El Salvador.
176. Les quatre projets d'accord nicaraguayens proposés en octobre
1983ne contiennent aucune reconnaissance effective de la politique nica-
raguayenne d'aide à la subversion arméeau Salvador. Le ((projet d'accord
concernant El Salvador >)avec le commentaire du Gouvernement nicara-
guayen qui l'accompagne, ainsique lestroisautres projets, ne donnent pas
l'impression d'être despropositions destinées àaboutir àdes négociations
sérieuses (voirFundamental Commitments to Establish Peace in Central
Anzericu,OfficialProposalSubmitted byNicaragua within theFrameworkof

the ContadoruProcess, lerdécembre 1983,Managua, le Nicaragua libre ;
pièce IX jointe à la requêtedu Nicaragua). Il est dit dans I'introduc-
tion :

l'intervention soutenue et sans cesse croissante du Gouvernement
des Etats-Unis dans la lutte interne salvadorienne est le principal
facteur qui retarde et rend difficileune solutionpolitique négociée,ce
gouvernement s'étant établicomme le principal fournisseur d'armes,
directement aux forces gouvernementales et indirectement aux forces
révolutionnaires >)(p. 57).

Et aussi :

Conscient (lecette situation et afin d'essayer une fois encore de
contribuer à une solution politique, le Gouvernement du Nicaragua a
rendu public, le 19juillet 1983, un appel à toutes les nations dans
lequel il demandait :
lacessation absolue de toute livraison d'armes par quelquenation
que ce soit aux forces en conflit au Salvador, afin que ce peuple
puisse résouclresans ingérence extérieure lesproblèmes auxquels il

doit faire fac:eo. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 499

N'ayant pas reçu de réponse à cet appel, le Gouvernement du
Nicaragua a estiménécessairede concrétiserofficiellement sa propo-
sition en termes détaillés, sous laforme d'un accord ouvert à la
signature de toutes lesnations qui souhaitent contribuer au règlement
pacifique du conflit arméactuel en la Républiqued'El Salvador. De
toute manière, le Nicaragua est prêt à souscrire audit accord immé-

diatement, mênnes'il ne le fait qu'avec les Etats-Unis, afin que le
gouvernement de ce dernier pays cesse dejustifier sa politique d'in-
tervention au Salvador en invoquant de prétendus actes du Nicara-
gua. ))(P. 58.)

On peut dire qu'enlançant le 19juillet sonappel à lacessation de toute aide
étrangèreaux ((deux parties au Salvador, le commandant Ortega a
reconnu imp1iciteme:ntl'aideque son gouvernement fournissait aux insur-
géssalvadoriens (vour«RevolutionBeyondOurBorders»,p. 27).L;eprojet
d'accord lui-mêmetient compte du fait que la continuation de la livrai-
son et du traficd'arwresd, e munitionsetde matérielmilitaire ...)compromet
gravement les possibilitésde règlement pacifique négocié (p. 59 ;les ita-

liques sontde moi). L'essentiel de l'accord proposéest énoncéaux projets
d'articles 1et 2 :

Article1
Les Hautes Parties contractantes s'engagent à s'abstenir d'offrir et,
le cas échéant, à suspendre leur assistance militaire, ainsi que toute
activité d'entraînement et la livraison ou la fourniture d'armes, de
munitions et de matériel militaire. soit directement aux forces en

conflit. soit indirectement par l'intermédiaired'Etats tiers.
Article 2

Les Hautes Parties contractantes s'engagent à prendre, sur leurs
territoires respectifs, les mesures éventuellement nécessairespour
empêcher toute livraison,tout trafic d'armes, de munitions, de maté-
riel militaire et d'assistance militaire et toute activitéd'entraînement
aux forces en conflit dans la Républiqued'El Salvador. )(P. 60.)

177. Le ministre des relations extérieures, M. D'Escoto, est allé à
Washington présenter les quatre projets d'accords ;il s'estentretenu non
seulement avec de tiauts responsables du département d'Etat, mais avec

desmembresdu Congrèsetdesreprésentants de lapresse. La réactionde la
presse est intéressante et, semble-t-il, unanime. Le Monde titre : Le
Nicaragua cesserail. d'aider le Salvador si les Etats-Unis renonçaient
à soutenir les antisandinistes ))(22 octobre 1983, p. 1). et précise que
Managua vient de proposer «en bonne et due forme d'abandonner les
guérillas salvadoriennes à leurs propres ressources en échange d'une ga-
rantie qu'il n'aurait rienà craindre de Washington ))Le WashingtonPost
affirme :

(Hier le Nicaragua a présenté à l'administration Reagan un en- semble dequatre traitésqui obligeraient lesparties et aux termes des-
quels le gouvernement sandiniste de gauche s'obligerait à ne pas
appuyer les guérillasau Salvador si les Etats-Unis cessaient d'aider
les rebelles antisandinistes au Nicaragua. (21 octobre 1981,p. 1.)

Le New York Timesrelate que le Gouvernement desEtats-Unis ajugéles
propositions du Nicaragua (<insuffisantes et déclaréqu'il conviendrait
de les adresser au groupe de Contadora. Il ajoute cependant :

les responsables des Etats-Unis se sont déclarés encouragéd se voir
que le Gouvernement nicaraguayen acceptait de façon plus expli-
cite qu'à aucurimoment auparavant une certaine ((symétrie entre
la cessation de l'aide extérieure aux guérillas salvadoriennes récla-
méepar El Salvador et l'arrêtpar les Etats-Unis de leur aide aux
rebelles nicaraguayens réclamé par le Nicaragua (22 octobre 1981,
P 1).

178. On ne pouvait s'attendre à ce qu'une proposition ayant la subs-
tance et la teneur du ((projet d'accord concernant El Salvador offre une
base de règlement.On ne pouvait escompter qu'à ce stade les Etats-Unis
accepteraient de cesser leur assistance légitimeau Gouvernement reconnu

d'El Salvador - cesijationfacileà contrôler - en échangede l'engagement
du Nicaragua de cesser son aide illégale aux insurgéssalvadoriens -
cessation difficile à contrôler. On ne pouvait guère compter sur leur
assentiment, étant donné queleur assistance au Gouvernement d'El Sal-
vador répondait à des envois antérieurs etmassifs d'armes des pays com-
munistes aux insurgéssalvadoriens à travers le Nicaragua ; alors que
l'administration Carter avait suspendu les envois d'armes aux Gouverne-
ments d'ElSalvadoret du Nicaragua,ce n'est qu'enjanvier1981,au milieu
de 1'(<offensive finale des insurgés,que les Etats-Unis ont repris ces
envois au Gouvernement d'El Salvador. Il reste que les propositions du

Nicaragua et lesréactionsde lapressene renforcentpas lesaffirmations du
Gouvernement nicaraguayen selon lesquelles il n'aurait ((jamais été
engagédans un trafic d'armes à destination des insurgés salvadoriens.

14. Lesprécisions relativeà l'aide duNicaragua à lasubversionauSalvador
figurant dansle document (<Revolution Beyond Our Borders >> et dans
lespublicationsuntérieured sûmentsoumises à la Cour - et laréponsedu

Nicaragua

179. L'ouvrage«RevolutionBeyondOur Borders ))- offre une mine de
données, souventbien documentées,démontrant que les Etats-Unis ont
raison d'affirmer que le Nicaragua a participé et participe encore à des
activitésde subversion contre leGouvernement d'El Salvadoret, dans une
mesure moindre, contre ceux du Honduras et du Costa Rica. Ces données
semblent recouper les allégationsdesGouvernements d'El Salvador et du
Honduras reproduites ci-dessus, ainsi que les faits significatifs qui sont
ressortis des plaidoiries. 180. Les Etats-Unis ont demandé que la publication ((Revolution
Beyond Our Borders »soit distribuée commedocument des Nations Unies
(A/40/858-S/ 17612).Par une lettre du 19novembre 1985,le représentant
permanent du Nicaragua auprès de l'organisation des Nations Unies a
répondu en qualifiant ce document de <<fabriqué et en soutenant qu'il
s'agissait d'une campagne de désinformation r)(A/40/907-S/ 17639).

Quelle preuve leNicaragua propose-t-il de la (<faussetédesaccusationsdu
Gouvernement des Etats-Unis ? <(Comme preuve de la fausseté des
accusations du Gouvernement des Etats-Unis, nousjoignons àla présente
lettre le texte de la déclaration prononcée devantla Cour par M. David
MacMichael ...
181. L'insuffisancede la dépositionde M. MacMichael pourdémontrer
le bien-fondédes affirmations nicaraguayennes a étéanalyséeplus haut.

Si tout ce que le Nicaragua peut opposer - et c'est en substance tout ce
qu'il oppose - à «Revolution Beyond Our Borders » est la déposition de
M. MacMichael, alors on peut rappeler ce qui suit :

- la dépositionde M.MacMichaelconfirme,plus qu'ellene réfute,la vali-
ditédes accusations des Etats-Unis concernant les livraisons d'armes
du Nicaragua aux insurgéssalvadoriensjusqu'en mars 198 1 ;

- la dépositionde hl. MacMichael établitqu'il n'a relevé aucune preuve
<<convaincante D, (substantielle D,ou significative))d'envois d'armes
du Nicaragua au Salvador pendant la périodeallant de mars 1981 à avril
1983 ;cependant, laportéede cetteconclusion doitêtreatténuéd eans la
mesure où M. MacrMichaelreconnaît qu'un envoi d'armes destiné à El
Salvador ettransitant par leNicaragua a étéinterceptéau Costa Rica en
1982et où par ailleurs iln'apas réussiaexpliquer de façon convaincante
pourquoi d'autres personnes ayant étudiéles mêmesdonnéesdes ser-

vicesde renseignernents que lui,comme M. Boland, sont persuadéesque
le Nicaragua continue à aider les insurgéssalvadoriens ;
- M. MacMichael confirme que les chefs des insurgéssalvadoriens ont
régulièrementopéré a partir du Nicaragua, et il ne limite pas cette
opinion à la périodeantérieure a 1981 ;
- M. MacMichael confirme que l'émetteur radiophonique salvadorien
rebelle a diffuséà partir du Nicaragua.

182. Il est important que la Cour ait bénéficié de la réponsedu Gou-
vernement du Nicaragua a « Revolution Beyond Our Borders », malgré
l'insuffisance de cette réponse.Tout permet en effet de supposer que, si
le Nicaragua avait pu donner une meilleure réponse, il l'aurait fait. En
l'occurrence, il semble équitablede considérerla réponsedu Nicaragua,
sinon comme une reconnaissance de la véracitédes allégations des Etats-

Unis, cequi serait excessif,du moins comme un argument peu convaincant
pour les réfuter. De plus, une grande partie de la teneur du document
« Revolution Beyond Our Borders »a été dûment verséeaux débatspar les
Etats-Unis dans leur contre-mémoire et les annexes et documents qui y
étaientjoints. La réfutationpar le Nicaragua des élémentsde preuve ainsi présentés s'appuiesurtout sur la déposition de M. MacMichael. Pour les

raisons indiquéesau paragraphe 181du présentappendice, cette déposi-
tion nepermet pasplus deréfuterleséléments de preuve dûment versésaux
débats que ((Revolution BeyondOur Borders )).
183. Par exemple, ni les élémentsde preuve ni l'argumentation présen-
téspar le Nicaragua - ni l'arrêtde la Cour - n'expliquent par quel biais
tant d'armes fournies aux rebelles salvadoriens et saisies sur eux par
l'arméesalvadorienne proviendraient, comme le montre l'analyse de leur
numérode série,de lots expédiés à l'originepar lesEtats-Unis au Viet Nam
et abandonnés sur place (voir Background Paper : Nicaragua's Military

Build-Up und Support for Central American Subversion, p. 21-22, et
(Revolution Beyona'Our Borders», p. 46). A cet égardil est significatif
qu'en 1981un porte-parole du Viet Nam ait reconnu que des armes lais-
séespar les Américains au Viet Nam avaient étéenvoyées aux insurgés
d'El Salvador (voir William Shawcross, In Vietnam Now O, The New
York Review of Books, 24 septembre 1981, vol. XXVIII, no 14, p. 4).
Il est révélateuraussi que le ministre de la défensedu Nicaragua, le com-
mandant Humberto Ortega, ait déclaréau cours d'une allocution pro-
noncée à Hanoi en mars 1981 :

Nous remercions sincèrement lepeuple vietnamien et apprécions
fort son appui au peuple salvadorien héroïque ...La lutte férocequi
ensanglante El Salvador requiert l'appui de toutes les nations et de
toutes les forces progressistes du monde r)(FBIS, vol. IV, Asie et
Pacifique, 12 mars 1981,p. K8.)

184. De même 1i1Cour, dans son arrêt, ignore d'autres arguments
avancésdans ((Revolution BeyondOur Borders», alors qu'elle reconnaît
qu'elle peut tenir compte de cette publication. Par exemple, il est affirmé
dans cette dernière que l'appui fourni par le Nicaragua et les autres Etats

utilisant le Nicaragua comme relais a eu pour conséquence directe de
transformer lesguérillassalvadoriennes,factions terroristesqui limitaient
autrefois leurs actionsà des vols, enlèvementset, occasionnellement, des
violences de rues, en une force arméeorganisée à mêmede lancer une
offensive coordonnée à l'échelondu pays. << Avant que la direction san-
diniste ne prît lepouvoir à Managua, ily avait des guérillerosauSalvador,
mais pas de guérilla. ))(P. 2. 5.) Mais la Cour ne donne pas l'impression
dans son arrêtd'avoir appréciéles effets qu'a eus sur la nature de l'insur-
rection salvadorienne l'intervention nicaraguayenne, laquelle ne s'est nul-

lement limitée à la ifourniture d'armes (même sic'est là l'aspect de I'in-
tervention du Nicaragua que la Cour choisit de relever).
185. Dans son arrêt, laCour fait étatde1'((offensive finale r)lancéepar
lesinsurgés salvadoriensenjanvier 1981.Ellenoteque l'offensiveaéchoué
et affirme que toute réactiondes Etats-Unis àcet égard qui aurait pu être
tenue pour justifiée si elle avait été immédiate ne saurait assurément être
justifiée des mois plus tard. J'ai analysédans mon opinion elle-même la
faiblesse de cet argument. Maisje doisajouter que,dans son arrêt,la Cour
ne tient compte ni des dégâts énormescauséspar cette offensive (voir ledocument FMLN Evaluation of the 1981 Offensive reproduit dans
«Revolution Beyond Our Border» s,p. 47), ni de la stratégiede la guerre
d'usure adoptéepar la suite par les guérilleros salvadoriens,qui a causé
au Salvador d'immenses pertes économiques et humaines (ibid., p. 10).
Cette guerre d'usure n'aurait pu êtrelivrée,eten tout cas n'aurait pu avoir
les effets qu'elle a eus, sans la poursuite de l'aide nicaraguayenne. A ce
propos, dans son éva.luationprécitée, lFMLN fournit des renseignements
révélateurs sur ceque les insurgéssalvadoriens pensent de leurs alliés
sandinistes, et notamment :

Le peuple de Sandino, qui a ouvert la porte de l'avenir à 1'Amé-
rique centrale, ne s'inclinera pas devant les impérialistes.Le peuple
d'Amérique centrale ...serrera les rangs ...chaque décision nou-
velle que prend1l'impérialismedans son escalade militaire contre le
peuple salvadorien augmente la menace contre la révolution nicara-
guayenne ... (i'bid.,p. 48.)
186. LaCour ne dit rien non plus dans son arrêt desélémentsde preuve

considérables apportés par «Revolution BeyondOur Borders» quant à
l'entraînement des insurgéssalvadoriens par le Nicaragua et Cuba, non
seulement pour l'offensivede 1981,mais encorepour lesopérationsqui se
sont poursuivies par la suiteibid.,p. 11-12).De même, laCour passe sous
silence lesélémentsprouvant la présence au Nicaraguad'un état-majorde
la guérillasalvadoriennequi commande et contrôle la révolution salvado-
rienne à partir du territoire nicaraguayen (ibid., p. 12). Ce silence est
d'autant plus remarquable que M. MacMichael, témoindu Nicaragua, a
reconnu cette présenceet que celle-ciest renforcéepar lesdécèsà Managua
de Salvador Cayetano Carpio (Ocommandant Marcial O)et de son adjointe,
les deux commandants suprêmesde la révolution salvadorienne.
187. Lesdénégationsnicaraguayennes, et lesconclusions de la Cour qui
les entérinent, ne suffisent pas non plusà expliquer un incident comme
celui qui a étésign,alédans le New York Times du 20 décembre 1985,
page A15, concernant un accident d'automobile survenu au Honduras
en décembre 1985 letqui, affirme-t-on, fournirait une nouvelle preuve
de la poursuite de Il'envoide munitions et de fonds du Nicaragua aux
insurgés salvadorieris:

L'administration Reagan adéclaréaujourd'hui qu'unrécent acci-
dent de la circulation au Honduras avait mis en évidence le faitque
des voitures équipéesde compartiments secrets étaientutiliséespour
faire passer de:; fournitures militaires du Nicaragua aux guérilleros
salvadoriens.
Elliott Abrams, sous-secrétaire d'Etat aux affaires interaméri-
caines, a présentédes photographies et une bande vidéoque les auto-
ritéshonduriennes déclarent avoir saisies lorsqu'on a démontéune
voiture après un accident survenu sur l'autoroute panaméricaine à
proximitéde La Leona le 7 décembre.
Il a déclaréque la voiture Lada, de couleur vert vif, construite
en Union soviétique sous licenceFiat, transportait 7000 cartouches,86 détonateurs électriques,20 grenades à fragmentation, 17détona-
teurs de grenades, des radios et des talkies-walkies, du matérielde
codage et de décodage par ordinateur, ainsi que 27 400 dollars en
billets de 100dollars.

L'ambassade du Nicaragua à Waghngton a déclaréque les auto-
ritésde Managua lui avaient dit tout ignorer de cet accident de voi-
ture. L'ambassade a répété ses assertions antérieures selon lesquelles
le gouvernement sandiniste ne fournissait ni armes ni munitions au
front Farabundo Marti delibérationnationale au Salvador. Un porte-
parole de l'ambassade, Miriam Hooker. a invité les Etats-Unis à
porter ses accusationsdevant la Cour internationale de Justice de La
Haye.

Eclatementd'unpneu
M. Abrams a déclaréque la voiture, immatriculéeau Costa Rica,
avait étéconduite du Costa Rica au Nicaragua, où elle avait été

chargée.Elle a ensuite été conduitedans une régiondu Honduras en
direction d'El Salvador, a-t-il déclaré, lorsqu'un pneua éclatéet
provoqué un accident.
Quand la voiture a étéinspectéepar la police hondurienne, a-t-il
ajouté,on a trouvédes fils de fer sortant d'un tube de climatisation.
Ces fils de fer, a-t-il expliqué, se sont révéléê s tre des pièces de
détonateurs. En conséquence, a-t-ildit, la voiture a étéemmenée à
Tegucigalpa, où elle a été démontéeI.l a déclaré qu'on atrouvédes
munitions et d'autres objets dans six compartiments secrets.
Le conducteur de la voiture, un certain Elias Solis Gonzalez,
membre du parti communiste costa-ricien, a étéarrêté par les auto-
ritéshonduriennes, a déclaréM. Abrams.
Les opérations de démontage ont étéenregistréessur vidéo, a-t-il

déclaré, commeles Etats-Unis l'avaient suggéré aux forcesarmées
honduriennes il y a quelques années.
M. Abrams adéclaréque trois élémentsont permis de conclure que
le véhiculeavait étéchargéau Nicaragua. Tout d'abord, l'emballage
des objets placésdans les compartiments secrets consistait en pages
dujournal sandiniste officielBarricada.En second lieu,le conducteur
costa-ricien a déclaréaux autoritésqu'il venait du Nicaragua. Enfin,
lematérielde tra.nsmissionet leslivrets decodageportaient des griffes
quiindiquaient clairement qu'ils provenaient d'un quartier générad l e
guérilleros dorit nous savons pertinemment qu'il setrouve àMana-
gua o.
Rejetant les suggestions qui ont étéformuléespar le passé selon
lesquelles les transports de munitions du Nicaragua à destination des

guérillerossalvadoriens pourraient êtrele fait de gens qui ne sont
affiliésni au gouvernement ni au front sandiniste, parti au pouvoir, ,
M. Abrams a déclaréqu'il serait tout aussi plausible d'imputer ces
transports d'armes à quelque <bonne fée o.
((Dans un pays où existent legenre de contrôles que l'on rencontre au Nicaragua, il est impossible qu'il y ait des ateliers capables de
construire ce genre de voiture, ou qu'il y ait des moyens de la bourrer
d'explosifs, de lettresprovenant de l'Union soviétique etde Cuba, ou
de textes codésproduits par desordinateurs trèsperfectionnés ))a-t-il
déclaré. <(Il est impossible que cela puisse avoir eu lieu à Managua

sans la participation des sandinistes.
Il a déclaré quetout le chargement provenait du siègedes forces
arméesde libération à Managua et était destiné à ses combattants au
Salvador. Les forces de libération sont l'aile militaire du parti com-
muniste d'El Sa:lvadoret constituent l'undes cinq groupes de guérilla
du front Farabundo Marti.
M. Abrams ;idéclaréque l'administration avait précédemment
recueillidivers déments de preuve démontrant l'existenced'une telle
filière de trans~nission d'armes vers El Salvador, mais qu'on avait

maintenant acquis la certitude que le Nicaragua continuait à fournir
desarmesaux Salvadoriens. D'autres véhiculessemblableséquipés de
compartiments secrets ont ététrouvésau Costa Rica et au Honduras
en 1980 et 1981,a-t-il ajouté.

Un article analogue a étépubliédans le WashingtonPost du 20 décembre
1985,page A49.
188. Enfin, les démentisapportés par le Nicaragua à son appui géné-
ralisé à l'insurrection salvadorienne sont eux-mêmesdémentis par un
article tout récent deJames Le Moyne, chef du bureau du New York Times
à San Salvador. Sous le titre <The Guerrilla Network O,M. Le Moyne
analyse dans le New York Times Magazinedu 6 avril 1986 les (rensei-
gnements révé1ateur.squi ont été découvertsil ya un an à l'occasionde
l'arrestation de Nidia Diaz ))(voir ci-dessus par. 95.96, 105)et écritcequi

suit :
<Onconstate aussi, depuisquelques mois. que d'anciens chefsde la
guérillasont de:plus en plus enclins à divulguer des détails sur leur
passédemeuré dans l'ombre. Plusieurshauts responsables sandinistes

ont quittéle Gouvernement nicaraguayen parce qu'ils étaient,décla-
rent-t-ils, mécontentsde la dépendance des sandinistes vis-à-vis des
Cubains et des Russes et de leur incapacité à instaurer une société
pluraliste.Dans le cas des Salvadoriens, quelques commandants ont
été capturéset persuadés d'abandonner le combat ; d'autres ont été
évincésen raison de divergences de vues sur la manière dont la
révolutiondoit se dérouler.
Lesinterviewsréalisées (séparémentet sur une périodede sixmois)
avec ces guérilleroset anciens guérillerospermettent de brosser un

tableau plus précisdes liens qui existent entre les diverses factions
rebelles gauchi!jtesd'Amérique centrale - tableau qui montre que le
mouvement de guérillan'estrien moins que monolithique.Desdétails
ont étéfournis. par exemple, sur lesexpéditionsd'armesdu Nicaragua
vers El Salvador, sur le rôle de Cuba dans la planification de 1'«of-
fensive finale ))au Salvador en 1981, qui a avorté, et sur les évé- nements qui ont abouti àl'assassinat-suicide quasi shakespearien, ily
a trois ans, de deux éminents dirigeantsdu mouvement de la guérilla
salvadorienne.
L'assassinat sauvage de Melida Anaya Montes et le suicide de
l'homme impliquédans son assassinat, Salvador Cayetano Carpio,
donnent une image singulièredu monde souvent hargneux des diri-
geants révolutiotinairesd'Amérique centrale.En l'occurrence, lesta-
linisme farouche:de Carpio lui avait valu l'opposition de nombreux
membres de son propre groupe qui aspiraient à une plus grande unité

entre les factions rebelles etune issue négociée de la lutte, position
vivement appuyéepar Cuba et le Nicaragua. (P. 18.)
Sur la base de sesentretiens avecdes rebellessalvadorienset autres, M. Le
Moyne rapporte que les dirigeants en puissance de la guérilla salvado-
rienne - et leurs homologues d'autres pays d'Amérique centrale - ont

commencé par recevoir un entraînement militaire de base dans des
camps clandestins situésdans leurs propres pays, et que la plupart
d'entre eux semblent avoir reçu ultérieurement un entraînement plus
spécialiséà l'étranger- àCuba, dans divers pays d'Europe de l'Est et au
Viet Nam ))(p. 20). Il poursuit en ces termes:

Les rebelles disent que les ambassades cubaines servent de re-
fuges et de banques aux gauchistes d'Amérique centrale envoyage à
l'étranger. De plus, selon plusieurs anciens rebelles,presque tous les
commandants supérieurs sandinistes et la plupart des chefs de la
rébellion auSalvador et au Guatemala ont reçu à Cuba un entraîne-
ment spécialisé à la guérilla.Cet entraînement va des activitésde
renseignement à l'initiatioà la guérillaurbaine et rurale.))(P. 20.)

M. LeMoynedonne desdétailssur laformation deschefs révolutionnaires
sandinistes et autres révolutionnairesd'Amérique centrale à l'université
Patrice Lumumba àMoscou, à Cuba et en Coréedu Nord, ainsi que sur la
viepénibleet pleine d'abnégation desguérilleros surle terrain. IIpoursuit
en ces termes :

Plusieurs hauts responsables sandinistes ont reconnu avoir offert
peu après la chute d'Anastasio Somoza d'aider les rebellessalvado-
riensà mener à bien leur révolution. Selon uncertain nombre d'an-
ciens commandants de la guérillasandiniste, les Nicaraguayens s'ac-
quittaient là d'une dette qu'ils avaient contractée en 1978.A cette
époque,les Sa1v;sdoriensavaient réussi àconstituer un remarquable
trésorde guerre estimé àplus de 80millions de dollars et alimentépar
desrançons réclamées à l'occasion d'enlèvements,et ilsavaient décidé
d'investir 10 millions de dollars dans la révolution sandiniste. La
remise des espècesa eu lieu au Costa Rica.

Aprèsleur arrivée au pouvoir,les sandinistes ont autoriséles cinq
groupes rebelles constituant le front de la guérillasalvadorienne à
établirà Managua leurs services de propagande et de communica-
tions, ainsi que leurs services financiers et logistiques. Des hommes ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 507

qui ont travaillépour trois dirigeants sandinistes - Julio Lopez, chef
de ladirectionsandiniste des relationsinternationales ;Bayardo Arce
Castano, alors chef de lacommission politiquedu directoirenational,
et Tomas Borge - disent que ces dirigeants ont aidé à surveiller
plusieurs expéditionsd'armes destinéesaux Salvadoriens. M. Borge
nie avoirjouéun.tel rôle. (Plusieurs anciens sandinistes disent que le

servicede M. Lopez,conçu sur lemodèledu départementdes affaires
américainesde Cuba, fait office de ministèredes relations extérieures
du front sandiniste, chargé de maintenir des relations avec d'autres
groupes de guérilla.)
Les sandiniste:^ont offert égalementd'autres formes d'assistance.
D'après deux anciens dirigeants sandinistes, un ressortissant d'un
pays d'Amériquecentrale - qui avait précédemmenttravailléaux
Etats-Unis en tant qu'agent cubain chargéde l'analysedes travaux du

Congrèsetde la presse américaine - s'étaitinstalléà Managua, où il
s'acquittait de la mêmefonction pour les sandinistes. Il a instruit au
moins une délégationde hauts dirigeants rebelles salvadoriensdépê-
chéeauxEtats-C nispour yjouer un rôledegroupe de pression. (Il les
ainstruitssurla inanièrede prendre contact avectel ou tel membre du
Congrès,sur lesidées à mettreenavant pour leséduire,sursesgoûtset
sesaversions O, rapporte un des ancienssandinistes. (Il leur donnait
aussidesconseilssur lamanièredeparler auxjournalistes américains. ))
Il existait aussi une coopération prèsdu pays d'origine. Un res-

ponsable sandiniste en poste à l'ambassade du Nicaragua au Hon-
duras au début des années quatre-vingt a déclaréavoir rencontré
clandestinement dans ce dernier pays des rebelles salvadoriens pour
échangerdes informations sur les armées hondurienne et salvado-
rienne et organiser des expéditions d'armes vers El Salvador. Les
Salvadoriens, a-t-il dit, versaient des pots-de-vin à des officiers de
l'arméehondurienne pour qu'ils laissent les armes destinées au Sal-
vador traverser le Honduras.

El Salvador glissant vers une révolte généraliséC e,uba devint une
importante source d'armement et de conseils. D'après un certain
nombre d'anciens hauts responsables salvadoriens et sandinistes,
Cuba a aidé à organiser l'expédition d'aumoins 60 pour cent des
armes qui ont :permis aux guérilleros salvadoriens d'équiper une
arméeen un rien de temps. Des officiers des Etats-Unis qui ont fait
des recherches à partir des numéros de sériedes fusils saisis rap-
portent que nombre d'entre eux sont des fusils que les Etats-Unis
ont abandonnés sur place lorsqu'ils ont quitté le Viet Nam.

L'arméesalvadorienne ou l'arméehondurienne n'ont intercepté
qu'un petit nombre seulement des chargements d'armes en prove-
nance du Nicaragua destinésau Salvador. Un ancien responsable san-
diniste qui déclareavoir participéa l'organisation de ces livraisons
d'armes décrituinedes méthodes employéespour échapper a toute
interception. Descomplices des rebellesau Panama, au Costa Rica et
au Nicaragua chargeaient des fusils dans un camion scellé, lalettre de voiture indiquant que la cargaison étaitcomposéede biens indus-
trielsdestinésau Mexique ou au Guatemala.Une foislecamionarrivé
au Salvador, des unités rebelles <(détournaient »comme convenu la
cargaison et déchargeaient les armes cachées.
Deux anciens responsables sandinistes rapportent que lorsqu'il a
étéjugéopportun de lancer 1'~offensive finale O, de hauts respon-

sables cubains - dont Fidel Castro et Manuel Pineiro - ont pris part
aux côtés descommandants sandinisteset salvadoriens aux réunions
consacrées à la stratégie à suivre. Les Cubains et la plupart des
Nicaraguayens et des commandants rebelles salvadoriens croyaient
que l'insurrection du type sandiniste pouvait serépéter au Salvadoret
qu'il importait cl'agiravant que Ronald Reagan n'accède à la prési-
dence. Edén Pa.stora Gomez, alors vice-ministre sandiniste de la
défense,a dit son désaccord aveccette stratégie.

Il a expliquéque lesconditions au Salvadorétaient très différentes
de celles du Nicaragua. Recourant à une méthode qui a depuis été
utilisée aux Phii,~'ines.les sandinistes avaient conduit une insurrec-
tion qui étaitessentiellémentle fait de la classe moyenne contre une
dictature exercéeDarune famille. Mais au Salvador les "uérillasnon
seulement livraient une guerre contre une dictature militaire et de-
vaient comDteravec une armée salvadorienne ~uissante. mais encore
elles ne po;vaient pas compter sur le soutien'de la classe moyenne.
M. Pastora avait préditun désastre.L'offensivea été lancéeenjanvier

1981. 11se trouve que M. Pastora avait vu juste. (((The Guerrilla
Network O, New York Times Magazine, 6 avril 1986,p. 70-71.)

L'enquêtesur l'affaireCarpio à laquelleM. LeMoyne s'estlivrénemanque
pas non plusd'intérêtM . . Le Moyne décritCarpio commeun staliniste dur
et rapporte que plusieurs rebelles avaient signaléque les pressions des
Etats-Unis non seulement émoussaient la rébellion au Salvador, mais
qu'elles avaient amenéCuba et le Nicaragua à craindre que (I'adminis-

tration Reagan ne soit sur lepoint de lancer des représaillescontre eux. Ils
ont conseillé d'envisager une issue négociée à la lutte.))(P. 73.) Mais
Carpio n'a pas suivi ce conseil et il a cru, semble-t-il, que son principal
opposant enclin à l'accepterétaitlecommandant en second de songroupe,
Melida Montes. <(Le6avril 1983,ellea été découvertesauvagement assas-
sinéedans sa maison refuge de Managua... MmeMontes rentrait d'un
voyage à Cuba et s'apprêtait à se rendre au Salvador pour assister au
congrèsdu parti et à affronter une ultime épreuvede force avec Carpio.
(Ihid.)M. LeMoyne décritla participation deCarpio à son assassinat, les

pressions que les Nicaraguayens ont par la suite exercéessur lui, l'ordre
que leNicaragua lui ;3donnéde divulguer des renseignements sur leréseau
qu'il avait mis en place et qui était relativement indépendant de Cuba et
des sandinistes. et conclut :<(Plutôt que d'obtempérer,Carpio est rentré à
soi1domicile et s'est tiré une balledans le cŒur. (P. 75.)Son domicile se
trouvait êtreau Nicaragua. M. Le Moyne poursuit son article dans ces
termes : Aprèsl'invasionde la Grenade par les Etats-Unis à lafin de 1983,
les sandinistes ont demandé a la plupart des rebelles salvadoriens de
quitter Managua. Selon des documents saisis sur les rebelles. ils sont
désormais autorisés à y retourner, mais les sandinistes ont irrité
les Salvadoriens en interrompant temporairement les livraisons
d'armes. )(P. 79.)

I. En1979,desmembresdela garde nationale nicaraguayennseesont enfuis

au Honduras, d'où ilsont menédes opérationsde harcèlement contre le
Nicaragua.Des officiersde l'armée argentino entcommencéa entraîner ces
contre-révolutionnaireaspparemmentverslafin de 1980ouaudébutde 1981
et ont continué à le faire jusqu'au débudte 1984

189. L'entraînement des contrasregroupésau Honduras a été entrepris
initialement par des officiers argentins, fournis par le Gouvernement de

l'Argentine à partir, semble-t-il,de lafin de 1980ou du débutde1981,bien
avant que les Etats-Unis ne se mettent à soutenir les contras. Cela est
démontré parles preuves produites par le Nicaragua. Par exemple, le
mémoiredu Nicaragua, a l'annexe F, pièce 12,page 19 (<(Les Etats-Unis
appuient les coups (Je mains contre le Nicaragua O,New York Times,
2 novembre 1982),déclareque l'Argentine <(avait organiséles forces para-
militaires antisandinustes au Honduras il y a dix-huit mois, avant l'inter-
vention des Etats-Unis )).Cet article note égalementque <(initialement,
c'estl'Argentinequi a pris l'initiative d'équiperet de diriger lesunités de

contras. Au cours di1 débat qui s'est dérouléau Conseil de sécuritéle
25 mars 1982, le commandant Ortega a affirmé que les contras étaient
forméset conseilléspar des <militaires de l'armée active ouen retraite
provenant d'Argentine et d'autres pays d'Amériquedu Sud r(SPV.2335,
p. 31).On ne sait pasexactement sicette assistance argentineaccordéeaux
contrasl'a été initialement avec l'appui financierou autre des Etats-Unis,
ou si cette collaboration en matière d'entraînement n'est intervenue que
plus tard ; étant donnéque certaines indications donnent à penser que la

formation des contririspar les Argentins a commencé dès 1980, il est
vraisemblable que les Etats-Unis n'étaientpas en cause à ce moment-là
(voir Christian, op.c,it.,p. 197, etci-dessus par. 210). Il apparaît vraisem-
blable que pendant une périodede temps assez longue en tout cas, la
participation de la (ZIAétait strictement limitée aufinancement de la
formation des contras(et de leurs instructeurs argentins). Selon un article
versé auxdébats par le Nicaragua :

<Le programme a pris un mauvais départ lorsque la CIA s'est

adresséea un substitut, à savoir la dictature militaire de droite de
l'Argentine, pour organiser et entraîner les contras. Les Argentins
avaient déjàmissur pied un petit programme de formation de contras
au Honduras et grâce a cette collaboration les Etats-Unis ont pu
dissimuler leur propre participation. Mais lesactions peu subtiles des Argentins ont fait mal voir cette activité aux yeux de nombreux
Nicaraguayens. Les Etats-Unis ne disposaient que de fort peu de

solutions de rechange, étant donnéqu'à cette époque la CIA n'avait
guèrede capacité paramilitaire fiable.

Ce programme était connu sous le nom de La Tripartita. En prin-
cipe,ils'agissaitdecombiner lesfinances américaines, lesinstructeurs
argentins et le territoire hondurien, afin de créer unearméede gué-
rilleros dénommée Force démocratique nicaraguayenne,ou FDN.
Plus tard, les Etats-Unis ont financé d'autres groupesde guérilleros
opérant à partir du Costa Rica.
La FDN aconcrétisé letsensionspolitiques qui ont empoisonnédès

le début les guérillasde contras. Fondé en août 1981, ce groupe
comprenait une direction militaire de droite, dirigéeprincipalement
par ceux qui étaient demeurésfidèlesau dictateur nicaraguayen exilé
Anastasio Somoza. et une direction politique de caractère modéré.
C'était là une fort mauvaise alliance.
Le chef de la mission de formation argentine au Honduras étaitle
colonel Osvaldo Ribeiro, connu sous lenom de Ballita, ou Petit Obus.
Il est devenu une personnalité éminente à Tegucigalpa, où il habitait
une grande maison, distribuait de l'argent américainet dispensait ce
que les fonctionnaires de la CIA ont qualifiéde conseils militaires
malavisés.Par exemple, plus expérimenté encombat urbain plutôt

qu'enluttes rurales, ilaconseilléauxcontras de monter unprogramme
de terrorisme urbain. La CIA souhaitait fomenter une insurrection
populaire dans les campagnes.
Il semble que les Argentins aient aussi tolérél'assassinat de pri-
sonniers. Un ancien responsable contra a énoncé larègle officieuse
appliquéeau traitement descaptifs :siun prisonnier détenaitencore
desmunitionslors de sacapture, on lelaissaitvivre,puisqu'il ne s'était
pas battujusqu"à la dernière cartouche ;mais si un prisonnier n'avait
plus de munitions, on l'exécutait.(Pour mettre fin aux meurtres,
les fonctionnaires de la CIA ont ordonné vers le milieu de 1982que
tous lesprisonniers soient ramenés à labase pour y êtreinterrogés.)

(WallStreet Journal, 5mars 1985,p. 1,24, reproduit dans le mémoire
nicaraguayen, annexe F, no 191.)

Cette piècedu Nicaragua évoque aussi ladétériorationde la situation en
1981 B lorsque le Nicaragua envoyait des camions entiers d'armes au
Salvador )>Il conclut que le programme des contras <(avait également
réduitles envois d'armes au Salvador o.
190. Dans son ouvrage With the Contras, Dickey fournit d'amples
détails sur les relations entre l'Argentine et le Nicaragua. Il indique
qu'avant lachute de Somoza leGouvernement militaireargentin avait mis
sur pied au Nicaragua un service de renseignements composéd'agents
argentins et chargésd'appuyer Somoza, tandis que lesopposantsau Gou- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 511

vernement argentin, les montoneros, avaient dépêché des combattants
auprèsdes sandinistes pour lesaider à renverser Somoza.Il préciseque des
relations étroitesont étémaintenues par la suite entre le gouvernement
sandiniste et les montoneros, ceux-ci travaillant pour les services de ren-
seignements sandinistes. Il rapporte que Somoza a étéassassiné auPara-
guay, en 1980,par un dirigeant de la guérillaargentine ERP :

<Lesassassins argentins appartenant à la droite eà la gauche,à la
révolution etail gouvernement, qui s'étaient livrés pendant long-
temps, subrepticement, à la poursuite les uns des autres, avaient
désormaisentreprisde frapper lesennemis de leursamiset lesamisde

leurs ennemis. >(Loc. cit.,p. 89.)

Selon Dickey, l'Argentine avait pris dèsjanvier 1981(c'est-à-dire un an
environ avant que la CIA n'apparaisse sur la scèneau Honduras) I'initia-
tive d'élargir l'appui matériea lux contras ; comme il a déjà éténoté,
Christian fait remonter à quelques mois plus tôt le débutde l'appui des
Argentins aux contras. Ces derniers étaientconduits en Argentine pour y
êtreentraînés,et des officiers argentins en formaient d'autres au Hondu-
ras. IIsembleque l'entraînement des contras ait étéengrande partie assuré
par des Argentins jiisqu'en 1983 ou 1984.Alors que les relations entre
l'Argentineet lesEtats-Unis s'étaient tendues à la suite de l'appui apporté
par les Etats-Unis ail Royaume-Uni lors du débarquement argentin dans

lesîles Falkland (Malouines)en 1982,il sembleque des officiers argentins
soient demeurésau Honduras jusqu'au débutde 1984.(Dickey, /oc. cit.,
p. 30,31,54,55,89-92, 113-119,123,124,145,146, 153,156,230,251 .)Dans
sa dépositiondevan,tla Cour, le commandant Carrion a déclaréqu'<(en
1982,etjusqu'au débutde 1984,l'essentielde la formation était lefait de
mercenaires argentins ... (audience du 12septembre 1985) ;et, toujours
selon le commandant Carrion, des membres de la CIA ont eux aussi
participé à cet entraïnement, <plus particulièrement dans le domaine du
sabotage et de la démolition o.

J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les demandes
réitéréedses Etats-Unis pour qu'ilmettefin à sonappuimatérielaux insurgés
salvadoriens,lesEtats-Unisontdécidé d'exercerdespressions militairessur le

Nicaragua pour lecontraindre àfaire ce qu'il ne voulait pas faire

191. Voir le paragraphe 33 de mon opinion et les paragraphes 169et
170, 173, 110, 121et 122, 128et 129du présentappendice.

K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait pour but
d'interdire le trafic d'armes destination d'El Salvador, bien que tel nefût
manifestement pas l'objectif descontras

192. Voir les paragraphes 156 à 173du présentappendice.L. Enoctobre1983, à lasuiteapparemment despressionsdes Etats-Unis,le
Nicaragua a proposé quatrte raités,ce qui a étéinterprétcommeuneoffre
de sapart de mettrefin à I'appuià la rébellioau Salvadorsi les Etats-Unis
cessaient d'appuyer lesontras et le Gouvernement d'ElSalvador

193. Voir les paragraphes 174 à 178du présent appendice.

M. En1983,lesEtats-UnisontdemandéauNicaraguaderéduire sonursenal
militaire, de rompre ses liensavec l'Union soviétique et uba et d'honorer
l'engagement qu'il avait pris enverI'OEAet ses membresd'instaurerune
sociétédémocratique

194. Il est clair qu'à partir de 1983les Etats-Unis se sont miàexiger
davantage du Nicaragua. Jusqu'en 1983,ilsexigeaient essentiellement de
celui-ci, effectivement ou apparemment, qu'il cessed'appuyer le renver-
sement du Gouvernement d'El Salvador et la subversion dans d'autres
pays d'Amérique centrale.Aprèscette date, ilssont allésplus loin, deman-
dant au Nicaragua non seulement qu'ilréduise sonarsenal militaire (con-
sidérableau regard de celui des autres pays d'Amérique centrale et seu-
lement dépassée ,n Amériquelatine, par ceux de Cuba et du Brésil),mais
encore qu'il rompe ses liens avec Cuba et l'Union soviétiqueet honore

l'engagement qu'ilavait pris d'instaurer une sociétédémocratique.
195. Pour ce qui est de l'expansion militaire du Nicaragua, il est de fait
qu'elle a démarrésur une grande échellea l'époquede l'administration
Carter et bien avant que le Nicaragua n'ait eu de raison plausible de faire
valoir des impératifsde sécurité. Ells'estpoursuivie depuis à un rythme
accéléré,à uneépoqueoù leNicaragua peut raisonnablement invoquer des
motifs de sécuritéUn despoints essentielsdesconsultations de Contadora
concerne précisément l'instaurationd'un meilleur équilibremilitaire entre
les pays d'Amériquecentrale.
196. Les consultations de Contadora portent par ailleurs sur le retrait
des conseillers militaires étrangers ce qui semble êtrel'idée-forcede la
demande faite par les Etats-Unis au Nicaragua de rompre ses liens avec
Cuba, l'Union soviétiqueet lespays partageant leurs idéaux.Il est de fait
que dès l'avènementdu régimesandiniste de très nombreux conseillers
cubains, militaires et.civils, ont étémis en place dans les ministères nica-
raguayens et que l'Union soviétique,la République démocratiquealle-
mande, la Bulgarie et d'autres Etats communistes, ainsi que I'OLP et la

Libye, ont dépêché au Nicaragua nombre de conseillers militaires, agents
de la police secrèteet autres.
197: De plus, il est régulièrementrapportéque leNicaragua servirait de
sanctuaire à tels ou tels éléments terroristes.Les Etats-Unis ont lancé
publiquement et officiellement des accusations dans ce sens ;d'autres
gouvernements auraient,par la voiediplomatique, fait desreprésentations
à ce sujet auprès du Nicaragua ; le Nicaragua, quant à lui, a rejeté ces
accusations. On prétendque les montonerosargentins, le M-19colombien,
les brigades rouges italienneset le mouvement péruvienSentier lumineuxfigurent au nombre de ces élémentsterroristes (voir Juan A. Tamayo,
<Sandinistas Attract a Who's Who of Terrorists »,et World's Leftists
Find a Haven in Nicaragua b)Miami Herald,3 mars 1985,p. 1A. 22A.
M. Tamayo précise avoirtiréses informations de nombreuses interviews
réalisées à Managua.) Il a été question plushaut des renseignements
communiquéspar Dickey à propos de lacollaboration entre lesmontoneros
argentins et les sandinistes, ainsi que des accusations touchant l'aide
nicaraguayenne au M -19colombien. Lacollaboration entre lessandinistes
d'unepart et I'OLPexle FPLP de l'autre remonterait au moins à 1970.Par
exemple, selon un rapport officiel des Etats-Unis, le sandiniste Patrick
Arguello Ryan a ététué lorsdu détournement de l'avion d'El Al qui

assurait la liaison Tel Aviv-Londres le 6 septembre 1970. II aurait été
entraînédans un camp de I'OLP.On prétendqu'Argue110est considéré par
le Gouvernement nicaraguayen comme un héros etqu'en hommage à sa
mémoireson nom aété donné à un grand barrageencours de construction
(Department of State, The Sandinistasand Middle East Radicals, 1985,
P 2).
198. Les demandes des Etats-Unis tendant àce que le Gouvernement
nicaraguayen négocieavecles contraset organise des électionsqui mettent
véritablement à l'épreuve lerégims eandiniste sont controversées.Pour les
raisons exposées à la section V de mon opinion et eu égardaux engage-
ments pris au nom du Nicaragua vis-à-visde I'OEAet de ses membres en
1979(paragraphes 8 à 13du présent appendice), les demandes faites au

Nicaragua pour qu'il honore ces engagements sont licites. De plus, elles
sont conformes à l'esprit eàla lettre de la liste d'objectifs du groupe de
Contadora.

N. Au débutde 1984,lesEtats-Unisontentreprisuneactionmilitaire directe
quoiquesecrètecontreleNicaragua,enattaquantses installations pétrolières
et en minantsesports

199. Ces faits, qui sont développésdans l'arrêtde la Cour, ne sont pas
dans leur essence controversés.

O. Depuisjanvier 1985enparticulier, ledséclarationdesEtats-Unispeuvent
êtreinterprétéecommesubordonnant lacessation deleurappuiauxcontras à
unemodification radicalede lapolitiquedu Gouvernement nicaraguayen ou,
a défaut,au renversement du Gouvernement nicaraguayen

200. Une des piècesprésentéespar le Nicaragua - transcription des
entretiens entre M.Enders et M.Ortega - prouve que les Etats-Unis ont
bien précisé qu'ilacceptaient la révolutionnicaraguayenne comme ir-
réversible)>.Une telle politique est incompatible avec l'affirmation du
Nicaragua selon laquelle la politique et les actes du Gouvernement des
Etats-Unis auraient eu pour but,<(depuis l'origin)>,de renverser leGou-

vernement du Nicariigua. En outre, les faits montrent que les Etats-Unis
ont apportéune aide importante, financièreet autre, au Gouvernement duNicaragua, depuis sa prise du pouvoir jusqu'en janvier 1981. Ces deux
élémentsmontrent que la politique des Etats-Unis, du moins jusqu'en
1981,ne peut avoir étéconçue ni miseen Œuvredans lebut de renverser le
Gouvernement du Nicaragua.
201. Pour cequi estde la situationàpartir de 1982,époque àlaquelleles
contras ont commencé à lancer leurs opérations(les premièresopérations
d'envergure datant de mars 1982),les faits ne sont pas aussi clairs. Pour

moi, ils montrent que le soutien des Etats-Unis aux contras ne visait
probablement pas à renverser le Gouvernement du Nicaragua :il visaià
exercer des pressions sur lui essentiellement dans le but, à l'origine, de
l'obligerà cesser d'appuyer l'insurrection dans les Etats voisins. Plus tard,
en 1983,d'autres buts s'ysont ajoutésmais ils ne visaient pas, et ne visent
pas, nécessairementlerenversement du Gouvernement du Nicaragua,et ce
pour deux raisons. Premièrement,l'objectifdéclaré n'étaitpas de renverser
le Gouvernement du Nicaragua, mais de l'amener à changer de compor-
tement, à l'intérieuret à l'extérieur,età changer sa représentativité.
Deuxièmement, les effectifs, l'armement et l'entraînement des forces

contras,comparés àceux des forces du Nicaragua, étaient àce point mo-
destes - tout comme lesressources affectéespar les Etats-Unis àleur poli-
tique nicaraguayenne - qu'il étaithautement improbable que les contras
fussent capables de renverser le Gouvernement du Nicaragua. Dans I'ab-
solu,l'aidefournie ailxcontrasn'étaitpas àproprement parlerinsignifiante
mais comparée àcelle que lespays communisteset autres ont accordéeau
Nicaragua et àla force militaire nicaraguayenne, elle l'était.De même,ni
les attaques directes, éphémères et limitées,que les Etats-Unis ont diri-
géescontre les dépôtset les ports pétroliers nicaraguayens ni le minage
des ports nicaraguayens ne sauraient êtreconsidérés commedes mesures

propres à renverser le Gouvernement nicaraguayen.
202. Bien entendu, la capacité des forces contras et l'ampleur de la
participation des Etats-Unis aux activités dirigéecontre le Nicaragua ont
été et demeurent sujettes à évolution. Les objectifs de la politique des
Etats-Unis ont. semble-t-il, évolué avec le temps. omme on l'anotéplus
haut, en 1983,les Etats-Unis cherchaient àobtenir bien plus que la ces-
sation de l'appui du Nicaragua à l'insurrectionàl'étranger ;et le manuel
des opérations psyc:hologiquesdans la lutte de guérillapréparépar la
CIA à l'intention des forcecontras,en 1983 - récuséen tant que déclara-
tion de principe officielle du Gouvernement des Etats-Unis -, évoquait

ouvertement le renversement du régimesandiniste. En 1985,les déclara-
tions faites par le président Reagan et le secrétaired'Etat Shultz pou-
vaient êtreinterprétées - elles n'ont pas à êtreinterprétées,mais elles
peuvent l'être - comme signifiant que les Etats-Unis demandaient et
cherchaient à obtenir le renversement du Gouvernement du Nicaragua.
Certaines déclarationspeuvent lelaisser penser ;d'autres affirment que la
politique des Etats-Unis ne va pas aussi loin. Et tant le président Reagan
que le secrétaired'Etat Shultz ont expressément affirmé que ((la poli-
tique des Etats-Unis ...n'a ni pour objet ni pour but de renverser le Gou-
vernement du Nicaragua )) (contre-mémoire des Etats-Unis, annexe 1,p. 3-4).Alors que l'objectifde lapolitique du Nicaragua - lerenversement
du Gouvernement d'El Salvador, voire desGouvernements du Honduras,
du Costa Rica et du Guatemala - semble ne faire aucun doute, celui de la
politique des Etats-Unis est plus difficile à établir.
203. On peut donc opposer une déclarationécritede principedes Etats-
Unis à l'utilisation de l'expression mettre les pouces par le président
Reagan. A l'annexe95 au contre-mémoiredes Etats-Unis est reproduit le
texte d'un rapport que le secrétaired'Etat Shultz a soumis au Congrèsle
15mars 1984,conformémental'article 109f)de l'IntelligenceAuthorization

Act de 1984 (loi portant ouverture de crédits au titre des services de
renseignements). Il y est indiqué, à la page 6, qu'au cours de rencontres
qu'il avait eues a Managua avec des responsables du Gouvernement du
Nicaragua, l'ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis leur avait <<ex-
poséclairement nos quatre objectifs de principe en ce qui concerne le
Nicaragua )>:

<<1) Exécution des engagements pris par les sandinistes envers
I'OEAen ce qui concerne la démocratie ;
2) arrêtde l'appui du Nicaragua à la subversion dans les Etats
voisins ;
3) départ du personnel militaire soviéto-cubain et arrêtde leur
participation militaire et dans le domaine de la sécuritéau Nicara-
gua ;
4) réduction del'appareil militaire nicaraguayen, récemment ren-
forcé, et retour à l'équilibre militaireentre les Etats d'Amérique
centrale. H

Ilest anoter queces objectifs sont toutà faitconformes à laliste d'objectifs
adoptéedans lecadre du processus deContadora, tels qu'ilssont énoncés
dans des textes de loidesEtats-Uniset qu'ilsont été repris tout récemment
encore dans des déclarations officielles des Etats-Unis.
204. Voyons maintenant le dialogue à l'occasion duquel l'expression

((mettre les pouces » a étéutilisée.Voici comment cet échange s'est
déroulé :
([Question :J Monsieur le Président, au Capitole ...l'autre jour,
M. le secrétaire Shultz a dit que l'un des buts de votre politique
actuelleestd'écarterlegouvernement sandiniste au Nicaragua. Est-ce

exact ?
[Le Président :]Enfin, l'écarter sous saforme actuelle, où c'est un
Etat communistetotalitaire,et non pas un gouvernement choisi par le
peuple. De sorte qu'on se pose parfois des questions sur ceux qui
insistent tellement sur salégitimité. ous pensons ...que nousavons le
devoir d'aider, la où nous le pouvons, lescombattants de la libertéet
ceux qui aiment la liberté et la démocratie,de 1'Afghanistan au
Nicaragua, et partout où il existe des hommes et des femmes comme

eux qui luttent pour cette liberté.
.....................*....... [Question :] Mais alors, monsieur le Président,lorsquevous parlez
del'écartersoussaforme actuelle,celanerevient-il pas àdirequevous
préconisez le renversement du Gouvernement actuel du Nicara-
gua ?
[Réponse :]Ehbien, cequeje dis,c'estque legouvernement actuela
été l'undeséléments de larévolutioncontre Somoza.Lescombattants
de la libertésont lesautres éléments decette révolution.Et une fois la
victoire acquise, les sandinistes ...ont évincé, ilsont réussi à se

débarrasserdes autres élémentsde la révolution,et ils ont manqué
à leurs promesses à l'organisation des Etats américains, à la suite
desquelles ils avaient reçu l'appui de cette organisation : que leurs
objectifs révolutionnaires étaientla démocratie,la libertéde presse,
la libertéde parole, la liberté syndicale, les élections, etc.,et ils ont
violétout cela.

Et ..lescombattants de la libertéqu'ilsont en face d'eux sontdes

Nicaraguayens qui veulent qu'on rétablisse lesobjectifs de la révolu-
tion. Et nous allons essayer de les aider.
Q. : Est-ce que votre réponse est affirmative, monsieur le Prési-
dent ? Est-ce que vous répondezoui ?
R. :A quoi ?

Q. :A la question de savoir si vous ne préconisezpas le renverse-
ment du gouvernement actuel ? Si...
R. :Pas si le gouvernement actuel ...

Q. :..si vouslui substituez une autreformede ceque vousappelez
la révolution ?
R. :Pas si le gouvernement actuel changeait d'attitude et disait :
d'accord - s'ilmettait les pouces. S'ildisait: trèsbien, revenons au
gouvernement révolutionnaire, mettons nos affaires en ordre, et
fixons les objectifs. (Mémoiredu Nicaragua, annexe C, pièce1-14,
p. 5-6.)

205. Le président Reagan affirme-t-il ici, ainsi que le Nicaragua le
proclame haut et fort, que la politique des Etats-Unis vise àrenverser le
Gouvernement du Nicaragua ?On peut interpréter sadéclarationdans ce
sens. Mais, d'emblée, lesensde cettedéclaration est,premièrement,que le
Président refuse deconvenir que la politique des Etats-Unis vise <(le ren-
versement du gouvt:rnement actuel et, deuxièmement, que le Président

entend tout simplement que le Gouvernement actuel du Nicaragua réin-
tègresesadversaires del'opposition et fixelesobjectifs de larévolution,
à savoir des électiorisauthentiquement libres, le pluralisme, le respect des
droits de l'hommeet une politique étrangèrede non-alignement. Certes, il
est tout àfait vrai que, pour procéder àces changements - organiser des
élections libres, favoriserune société pluraliste, respecter lesdroits de
l'homme et suivre ilne politique étrangèrede non-alignement - le Gou-vernement actuel du Nicaragua devrait modifier radicalement la politique
qu'ilsuit.Il sepeut que leGouvernement actueldu Nicaragua soit capable
d'opérer ceschangements, mais il sepeut aussi qu'il ne lesoit pas. En tout
étatde cause, la déclaration du président Reaganne revient pas nécessai-
rement à prôner le renversement du Gouvernement du Nicaragua.

P. Ilest prouvéquelescontras, lesforcesgouvernementalesnicaraguayennes
etlesinsurgéssalvadoriensont commis desatrocitéset qu laeCIA aprônédes
actes contrairesau droit de la guerre

206. Il y a dans le dossier et dans le domaine public des preuves tan-
gibles - et horrifiantes- de violations du droit de la guerre commises à

l'occasion des luttes nicaraguayennes, en particulier par les contras basés
au Honduras et, apparemment dans une moindre mesure, par le Gouver-
nement nicaraguayen (voir, par exemple, un rapport dlAmericas Watch,
établipar Robert K. Goldman et divers collaborateurs, Violationsof the
Law of War Ly Both Sides in Nicaragua, 1981-1 98.5,et ibid., First Supple-
ment,June 1985 ;Amnesty International, Nicaragua :The Human Rights
Record, 1986 ; Leiken, loc. cit., p. 52). Les récits d'atrocités commises
par les contras sont bien documentés(voir, outre les sources mentionnées
dans le dossier et citées plushaut, l'ouvrage de Dickey, loc. cit., en par-
ticulier p.180-182, 186, 193-195,224-227, 246-250). Mais il existe aussi,
dans le domaine public, des preuves tangibles indiquant que le Gouverne-
ment nicaraguayen s'est particulièrement employé à rendre publiques
les violations du droit de la guerre dont les contras se sont ou se seraient
rendus coupables, à influencer les rapports des personnes chargéesd'en-

quêter surcesviolations, et surtout à taire etàsupprimer lespreuves de ses
propres violations ((voir,par exemple, les déclarations circonstanciées
corroborant cesconclusions dans l'ouvrage d'AlvaroJosé Baldizon Aviles,
Inside theSundinistclRégime :A SpecialInvestigaror'sPerspective,Depart-
ment of State, 1985, en particulier p. 10-16, et Mateo José Guerrero,
Inside the Sandinista Régime :Revelationsby the Executive Directorof the
GovernmentS Humcm Rights Commission, Departmen t of State, 1985,
p. 2, 3,et lesobservations de Leiken, foc.cit.,ainsi que lesobservations du
directeur d'Americas Watch sur ces allégations, qu'il cite. Voir également
Inside Communist Nicaragua : The Miguel Bolanos Transcripts, Heritage
Foundation, 1983, p. 6-8). Il existe de plus, dans le domaine public, des
preuves tangibles de violations du droit de la guerre commises par des
guérilleros salvador.ienscomme l'exécutionde non-combattants, I'enlève-

ment de civils (maires, la fille du président d'El Salvador), le minage de
n'importequellesrouteset autres actesde cegenre - toutes preuvesquipour
l'essentiel sont indiscutées.Il y a aussi dans le domaine public de nom-
breuses preuves nonicontroverséesd'atrocitéscommises par les escadrons
de la mort de I'extrzmedroite au Salvador. Les forces du Gouvernement
salvadorienont étéaccuséesd'avoir effectué desbombardements au hasard
mais ces accusations sont discutéeset discutables.
207. Non seulement le Gouvernement nicaraguayen et ses témoinsontproduit devant la Cour des preuves, avec photographies à l'appui, des

atrocitésqui auraient étécommises par les contras, mais ils ont affirmé
qu'ellesauraient étécommises à l'instigationdes Etats-Unis. LeNicaragua
a fourni à l'appui de cette affirmation essentiellement trois élémentsde
preuve :une attestion d'Edgar Chamorro, ancien responsable contrarési-
dant actuellement en Floride ;lemanuel intituléOperacionessicolbgicasen
guerra de guerrillas ((Opérations psychologiques dans la lutte de
guérilla))).établi par un contractuel de la CIA ; et le témoignagede
M. Glennon.
208. Pour étayer cette affirmation et essayer de montrer que les Etats-
Unis ont organiséet dirigéles stratégieset tactiquesmilitaires descontras
etchoisileursdirigeants, leNicaragua abeaucoup tablésurl'attestationde
M. Chamorro. Celui-ci n'a pas comparu devant la Cour et n'a pas été
interrogé. Sonattestation peut êtreprise en considération mais n'a pas
nécessairementplusdepoids que letémoignagedediversautres transfuges

des guérillassandiniste et salvadorienne, comme Miguel Bolanos, ancien
officier sandiniste affecté la sécuritde 1'Etat(voir ci-dessuspar. 99-100
et annexe 46 au contre-mémoire des Etats-Unis),le ((commandant Mon-
tenegro )),ancien chef de la guérillasalvadorienne (ci-dessuspar. 101-103
et annexes 48 et 49 au contre-mémoire des Etats-Unis), Alvaro JoséBal-
dizon Aviles,anciencollaborateur principal delacommissiondesenquêtes
spécialesdu ministèrede l'intérieurdu Nicaragua (dont certains propos
sont cités ou évoqués ci-dessusa ,ux paragraphes 28 et 104 du présent
appendice),ouencoreun autre transfugesandiniste, MateoJoséGuerrero,
directeur exécutif, avant sa défection en mars 1985, de la commission
nationale du Gouvernement nicaraguayen pour la promotion et la pro-
tection des droits de l'homme (Inside the Sandinista Régime :Revelations
by the ExecutiveDirectorof the Government'sHumanRights Commission,
loc. cit.). Les déclarationsde toutes ces personnes sont dans le domaine

publicet la presseen alargementrendu compte ;certains decesarticlesde
presse sont reproduits dans des annexes officiellement soumises à la Cour
par les Etats-Unis ;et cesdéclarationsont exactement la même valeure ,n
tant que moyen de preuve, que lescentaines d'articles que le Nicaragua a
annexés a ses écritures.On comprendrait mal pourquoi, si la Cour peut
accorder de la valeur aux attestations de M. Chamorro, elle n'en accor-
derait pas à celles d'anciens sandinistes devenus transfuges, comme ceux
nommémentcités ci-dessus,en tout cas à celles qui ont étédûment sou-
mises à la Cour en mêmetemps que lecontre-mémoiredesEtats-Unis sur
la compétence et larecevabilité.
209. L'attestation de M. Chamorro, qui n'estpas sans intérêtr,enferme
des passages qui donnent à réfléchirD. e plus, si M. Chamorro dans cette
attestation dit une chose, dans d'autres contextes, égalementavancés
comme preuve par le Nicaragua, il dit autre chose.

210. Par exemple, si l'on se reporteà l'annexe F au mémoiredu Nica-
ragua (pièce163,p. 254-255),on apprend que selon <<Edgar Chamorro,
chefdesinsurgés exclude l'organisation lemoisdernier aprèsun différend
avecsescamarades i,lescommandants descontrasauraient bénéficié d'un ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISSS . CHWEBEL)519

<(entraînement en Argentineen 1981,avant quedes conseillers de la CIA
neprennent directementen main ladirection de larébellion ; et queJosé
Francisco Cardenal, ancien vice-présidentdu conseil dlEtat sous les san-

dinistes,et chefdes contrasjusqu'en décembre1982, <(aété abandonnésur
l'insistance des conseillers argentins qui dirigeaient les insurgés auHon-
duras ... Ce différendportait sur la volontéde Cardenal d'êtrele chef,
alors que les officiers argentins insistaient pour garder le contrôle de
l'insurrection )),se rappelle Edgar Chamorro ... M. Chamorro aurait
ajouté : A l'époque,lesconseillersde la CIA n'avaient qu'un rôle secon-
daire au Honduras et on ne lesy a vus que rarement avant que leseffectifs

des guérillerosne commencent à s'accroître en 1983. (Washington Post,
17décembre1984,p. 2.)On peut sedemander sicesdéclarationsattribuées
a M. Chamorro recoupent lesindications figurant dans son attestation où,
par exemple, il dit qu'en 1982 toute l'affaire était dirigéepar la CIA
(par. 10).
211. M. Chamorro affirme dans ladite attestation que <la FDN avait
pour pratique courante de tuer les prisonniers et les personnes soupçon-

néesdecollaborer aveclessandinistes ...LaCIA nedécourageaitnullement
cegenre de tactique. Bienau contraire ..O (Par. 27.) Or, dans d'autres élé-
ments de preuve soumis par le Nicaragua (mémoire,annexe F, pièce188,
p. 286). il est dit que M. Charnorro a déclaré en1985que : <(Les Améri-
cains tenaient beaucoup aux droits de l'homme. Bermudez [comman-
dant des contras] critiquait certains d'entre eux sur ce point. Il estimait
qu'ils cherchaient a en savoir trop. » (Los Angeles Times, 4 mars 1985,

p. 12.)Comment M.Chamorro peut-il soutenir, d'une part, que la CIA ne
décourageait pas l'exécutiondes prisonniers et, d'autre part, que «les
Américainstenaientbeaucoup auxdroitsde l'homme ? Comment peut-il
dire cela la mêmeannée,dans lesdeux cas a un moment où ilétaitlibre de
tout lien avec les contras ?
212. Après avoir déclarédans son attestation, comme mentionné plus
haut,que (la FDN avait pour pratiquecourante de tuer lesprisonnierset

lespersonnes soupçonnéesde collaborer avec les sandinistes (par. 27) -
pratiques qui. selon lui, sont des «tactiques se [trouvant] décrites dans
un manuel rédigé à l'intention de nos forces par un agent de la CIA... ))
(par. 28), M. Chaniorro affirme qu'<c en fait, les pratiques préconisées
dans le manuel ont bel et bien étéutiliséespar les troupes de la FDN
(par. 28). Mais, dans d'autres pièces soumisespar le Nicaragua (mémoire
du Nicaragua, annexe F, pièce 165,p. 257). les propos de M. Chamorro

cités donnent une tout autre impression. L'exécutiondes prisonniers
par certains commandants rebelles, pratique que, selon lui, les dirigeants
contras trouvaient répugnante D, <(était fréquente,mais ce n'étaitcertai-
nementpas notre politique n (<Nicaragua RebelsAccusedofAbuses ))New
York Times, 27 décembre 1984, p. 1). Si elle n'étaitcertainement pas
<(notre politique ))comment pouvait-elle êtreune politique que la CIA
«ne décourageaitnullement M ?Et M. Charnorro dit autre chose encore :

<<Je serai franc et j'avoue que nous avons tué des gens de sang-froid
lorsque nous les avons reconnus coupables de crimes. Nous croyons enl'assassinat des tyrans. Certains des sandinistes sont des tyrans dans les
petits villages. (Joel Brinkley, ((Legislators Ask if Reagan Knew of
CIA's Role )>,New York Times,21 octobre 1984,p. 1 .)Ces propos ont été

promptement démentis par un porte-parole de la force démocratiqueni-
caraguayenne,qui a déclaré :<(Nous avons condamnétoute forme de ter-
rorisme, y compris les assassinats. ))(<(Reagan to Dismiss Officiais Res-
ponsible for GuerrilliiPrimer O, New York Times,22octobre 1984,p. 1, 10.)
213. Dans son attestation, M. Chamorro dit avoir supprimédes pas-
sagesdu manuel recommandant de recruter des criminels de carrièreetde
créerdes martyrs pour la cause. <(Environ deux mille exemplaires de ce

manuel, avec ces deux seuls changements, ont ensuite étédistribuésaux
troupes de la FDN. (Par. 28.)Cespropos laissent entendre que lessoldats
de la FDN lisaient ce manuel qui les incitait à perpétrer de telles atro-
cités (impressionque M. Chamorro dans son attestation et les conseils
du Nicaragua semblent tenir à donner). Mais que déclareM. Chamorro
ailleurs sur ce point précis ? Selon des élémentsde preuve soumis par
le Nicaragua (mémoire du Nicaragua, annexe F, pièce 139, p. 229).

M.Chamorro dit du manuel :<(Je saispertinemment que leshommes ne le
lisaient pas. (a Alleged Author of CIA Manual Said to Be Ex-GI O,
WashingtonPost, 20 octobre 1984.)
214. Ayant moi-mêmelu en entier Opérationspsychologiquesdans la
luttedeguérillapar <(Tacayan (mémoiredu Nicaragua,annexe G),je suis
persuadé,moi aussi, que les hommes ne le lisaient pas. On a peine à croire

que les combattants de la force contra, pour la plupart des campesinos
presque illettrés,et mêmeleurs commandants, aient lu environ quatre-
vingt-dix pages d'une prose indigeste, faisant référence à Aristote, au
mouvement de guérilla HUK aux Philippines et à la ((dialectique de
Socrate o. Les quelques personnes qui auraient pu le lire. ou en lire des
extraits - Dickey rapporte que le manuel a étéutilisépar un instructeur
nicaraguayen chargi: de l'entraînement des contras(foc.cit., p. 256) - y

auraient d'ailleurs trouvé unamalgame bien confus. D'unepart. lemanuel
conseille aux guérillerosde s'identifier

<étroitement au peuple ...travaillant aveclui auxchamps ..à la pêche.
etc. ..à condition que nous évitionsla coercition directe, ilspourront
se faire une idée positivede la présencede guérillerosarmésdans la
population (p. 2).

Il souligne l'importance <de montrer à chaque guérillero la nécessité de
bien se comporter pour obtenir le soutien de la population (p. 6).

<(II convient de respecter les principes suivants :
- respect des droits de l'homme et du bien d'autrui ;
- aider la population dans son travail ;
- protégerla population contre les agressions communistes ;

- enseigner aux gens l'hygiènedu milieu, leur apprendre à lire, etc.,
afin de gagner leur confiance, ce qui entraînera une meilleure pré-
paration idéologiquedémocratique. Cette attitude encouragera la sympathie des paysans pour notre

mouvement, et ils sejoindront immédiatement à nous, en apportant
appui logistique, renseignements sur l'ennemiou mêmeparticipation
au combat. Lesguérillerosdoiventpersuader par laparoleet non faire
un usage dictatorial de leurs armes. S'ils secomportentde la sorte, la
population se sentira respectée,sera plus à même d'accepternotre
message et nous apportera un soutien populaire. ))(P. 9.)

Ainsi, chaque guérillero (1doit êtrerespectueux et courtois avec la popu-
lation ... (p. 10). Le manuel est trufféde sermons de ce genre, censés,

semble-t-il, découragerles violations des droits de l'homme. De fait, il
ressort deson originequ'ildevait servir àmettre un frein aux violations des
droits de l'hommequi avaient été commisespar des groupes de contras qui
avaient étéentraînésessentiellement par des Argentins mais qui n'exer-
çaient aucun contrôle effectif (voir Dickey, op. cit.,p. 249-257).
215. Par ailleurs, le manuel comprend une section, sur ((la terreur
implicite et explicite O, où sont préconiséscertains actes acceptéspar le

droitde laguerreetd'autres qui sonten violation de cedroit. Cesactessont
parfois désignespar des euphémismes : par exemple, lesinformateurs des
sandinistes seront (Iéliminés ))(p. 13). On trouve aussi le passage sui-
vant :

Le fait que: - les ((ennemis du peuple - les responsables ou
agents sandinistes ne doivent pas êtremaltraités en dépitde leurs
actes criminels. et mêmesi la guérillaa subi des pertes ... (P. 13.)

Mais on peut lire également le passagesuivant, sous le titre ((Utilisation
sélectivede la violence à des fins de propagande :

On peut neutraliser des objectifs soigneusement triés selonun
plan bien préparé,par exemple desjuges des tribunaux, des juges de
mesta, desfonctionnaires de lapoliceetde lasûreté,deschefsde CDS,
etc. Pour des raisons psychologiques il convient de prendre de très
grandes précautions, et il est indispensable de rassembler la popula-

tion intéresséepour qu'elle soit présente, prenne part à l'action et
formule des accusations contre l'oppresseur. ))(P. 14.)

Lorsque M. Chamorro a expliquépourquoi il avait supprimé les pas-
sages des exemplaires du manuel où il était recommandéde recruter des
criminels et de créerdes martyrs pour la cause et pourquoi il n'avait
pas touché aux sections concernant la <(neutralisation d'objectifs soi-
gneusement sélectionnés,il aurait déclaré : ((Pour les rebelles ...le
mot neutraliser ne signifie pas nécessairement assassiner. (6 Legislators

Ask if Reagan Knew of CIA's Role ))New York Times, 21 octobre 1984,
p. 1, 13.)
216. Le manuel intitulé Opérationspsychologiques dansla lutte de gué-
rillaest un produit de bas étage, malécrit,mal supervisé,publiéde façonanarchique (s'il faut en croire l'attestation de M. Chamorro ; voir le
paragraphe 28). 11semble qu'il ait étécomposéau Honduras par un seul
contractuel de la CIA, avec la collaboration de M. Chamorro et de quel-
ques autres Nicaraguayens, sur le modèlede documents d'entraînement à
la guérillaétablis en 1968 par l'armée américaineq , ue ce contractuel a
lui-mêmereviséset développés (PsychologicalOperationsinGuerrillaWar-
fare, WithEssaysbyJoanneOmangandAryeh Neier, 1985,p. 27,28.) Ces

documents s'inspireraient eux-mêmes des techniques de terreur commu-
nistes (voir (<CIA Manual 1sLinked to Vietnam War Guide )),New York
Times, 29octobre 1984).On peut liredans unepièceverséeau dossierpar le
Nicaragua : <<M. Chamorro était chargéde la mise en forme... 1)(OCIA
Aides Dispute Reagan on Primer )),New York Times,23 octobre 1984,
mémoiredu Nicaragua. annexe F, pièce 141,p. 231.) Ce que les hauts
responsables de laCIA pensaient dumanuel, nul nelesait, etnul nesemble
l'avoirdemandé.Aucun directeur à Langley n'ajamais pris la peine de le

lire.>>Le chef des opérations de la CIA responsable des affaires nicara-
guayennes n'a pas pu le lire.Il ne connaît pas l'espagnol. (Dickey, loc.
cit., p. 256.) Selon certaines sources. des agents de la CIA de rang inter-
médiaireauraient peut-êtredonnéle feu vert à la production du manuel
(voire effectué samise en forme) (((CIA Chief Defends Manual for Nica-
raguan Rebels )),New York Times,2 novembre 1984,p. A3) ;en tout état
de cause, une fois son existence connue, une demi-douzaine d'agents de la
CIA ont reçu officiellement un blâme. mais on ne sait pas trèsbien sic'est
pour négligencesimpleou lourde. Dans son attestation, M. Chamorro dé-

clare avoir critiqué le manuel auprès du responsable de l'antenne de
laCIA «mais rien n'aété fait pour donner suite à mesplaintes (par. 28).
Mais dans une autre pièceproduite par le Nicaragua on peut lire ce qui
suit :«M. Chamorro a déclaré qu'après qu'il eut fait connaître ses objec-
tions des membres du personnel des Etats-Unis avaient enlevéde son
bureau plusieurs caisses contenant des exemplaires du manuel et qu'il ne
savait pas quelleavait été leur destination. (Christopher Dickeyet Joanne
Omang, AllegedAuthor of CIA Manual Said to BeEx-GI )),Washington
Post,20octobre 1984,mémoiredu Nicaragua,annexe F,pièce139,p. 229.)

Le Gouvernement des Etats-Unis a déclarén'avoir jamais autorisé la
distribution du manuel (ibid.). Des exemplaires auraient cependant été
utilisésdans lecadre de l'entraînement des contras(Dickey, loc.cit.,p. 256,
310). On peut somme toute conclure, pour reprendre les termes d'un
rapport d'enquêtedu Congrès sur la production du manuel, qui est cité
dans l'arrêtde la Cour, que :((L'affairedu manuel est essentiellement un
cas de négligence,sansintention délictuelle. ))Il reste que lemanuel dit ce
qu'il dit.

217. Il est difficile d'évaluer l'influence éventuells eur les contras du
manuel et des dessins ))qui l'accompagnent et qui enseignent au lec-
teur comment crever un pneu, s'abstenir d'éteindreles lumières, sefaire
porter malade, fabriquer des cocktails Molotov et aussi comment perpé-
trer d'autres actes de sabotage contre le régimesandiniste. Il n'est pas
possible d'établirsi ces documents ont étéou non lus par les contrasengénéralet s'ils ont eu ou non véritablement une influencesur eux. S'ils
ont eu un effet, celui-ci a pu êtresalutaire à certains égards, etnuisible à
d'autres.
218. Ce qui est clair en revanche, c'estquecertains passages du manuel
sont un encouragement, ou du moins peuvent êtreinterprétés commeun
encouragement, à commettre des violations flagrantes du droit de la
guerre, entre autres - ce qui est absolument indéfendable - l'assassinat
d'<cobjectifs soigneusement sélectionnés et planifié ))qu'il convient de
neutraliser ))Le texte du manuel tel qu'ila étérédigé par le contractuel
delaCIA n'est conciliableniavecceluidu manuel intituléThe Law ofLand

Warfare,ni avec celui d'autres manuels de campagne analogues de I'ar-
méedes Etats-Unis, ni avec les dispositions des conventions de Genève
pertinentes, ni avec le droit international coutumier.
219. Il est également clairque le Gouvernement des Etats-Unis, pas
plus qu'un autre gouvernement, n'a à favoriser la publication de manuels
préconisantdes actes qui constituent une violation des règlesfondamen-
tales du droit de la guerre et des lois d'humanité.Des actes tels que les
assassinats de non-combattants sont une violation flagrante des conven-
tions de Genève,qui:leshostilitésaient un caractère international ou non.
S'ensuit-il qu'en raisonde leur rôle - quel qu'il ait pu être - dans la

production du mani.~elOpérationspsycholog~quesdans la lutte de guérilla
les Etats-Unis ont failli à l'obligation qui leur est faite par le droit
international de <(rt:specter et faire respecter les dispositions des con-
ventions de Genèverelatives à la protection des victimes de guerre aux-
quelles ils sont partie (la citation est tiréedu texte de l'article 1commun
aux conventions de Genèvede 1949) ? Commeje l'ai soulignédans mon
opinion elle-même,lesconventions de Genève n'ont pasété dans lepassé
interprétéescommesignifiant qu'un Etat qui préconise leur violationviole
par là ses obligations conventionnelles. De même,il n'existepas en droit
international couturnier de délitd'~incitation M. Mais que le rôlejouépar

les Etats-Unis dans la rédaction et la publication du manuel constitue
ou non une violation des obligations qui leur incombent en vertu des
conventions de Genèveou du droit international coutumier - ce qui ne
semble pas êtrele cas - il ne pourrait êtrequalifié que d'acte pour
le moins incompatiible avec l'esprit de ces obligations et la conduite
escomptéed'autorités étatiquesresponsables.
220. Il est une deuxièmequestion extrêmementtroublante : les Etats-
Unis, pendant la période etdans la mesure où leurs agents ont entraînéles
forcescontras,ont-ils suffisamment instruit lescontrasde leursobligations
découlantdu droit de la guerre ? Et, dans la négative, quellesen sont les

conséquences ? L'entraînement des contrasjusqu'en 1984semble avoir été
assuréengrande partie mais sansdoute pas exclusivementpar des officiers
argentins puis, deslimitations ayant été imposéespar leCongrèsen 1984,il
semble qu'il n'y ait pas eu d'entraînement militaire assurépar les Etats-
Unis. Les preuves sur les activitésdes instructeurs des Etats-Unis sont
obscures, mais la production du manuel en soi donne à penser qu'ily a eu
négligencede la part des Etats-Unis. Si l'onenjuge par le comportementdes contras, ilest certain que lesinstructeurs argentins et américains n'ont
pas étésuffisamment diligents dans l'initiation au droit de la guerre. Mais
puisque les contras n'étaientpas et ne sont pas sous l'autorité des Etats-
Unis, onne saurait en droit imputer aux Etats-Unis lesatrocitéscommises
par les contras.De nombreux Etats entraînent des forces militaires étran-
gères, mais nul neprétendque ces Etats seraient, du fait de cet entraîne-
ment, responsables des violations du droit de la guerre commises par ces
forces qui échappent à leur autorité.
221. En l'espèce,je conviens aveclaCourque les Etats-Unis ne peuvent
sevoir imputer une responsabilitéinternationale pour lesactesdes contras
qui violent ledroit de la guerre. Aucune preuve n'aétédonné e la Courde
la responsabilitédirectedes Etats-Unis dans desactes de cegenrecommis

par les contras. Les forces des Etats-Unis n'étaientpas présentessur le
terrain avec les contras ;ces derniers ne sont pas dirigéspar des officiers
des Etats-Unis et leurstroupes ne sontpas renforcéespar des troupes de ce
pays. Comme l'indiquent les élémentsde preuve soumis par le Nicaragua
(mémoire du Nicaragua, annexe E, pièce 1, p. 1l), ou comme le dit
M. Boland, membre du Congrès, en parlant des contras :«Cesgroupes ne
sont pas contrôlés par les Etats-Unis. Ils constituent une force indépen-
dante ..))(Dans le mêmeordre d'idée, voirlesobservations de M. Hamil-
ton, également membre du Congrès, citéespar le Nicaragua, ibid.,
p. H 5724-H 5725.)D'autres élémentsde preuve fournis par le Nicaragua
confirment que cene sont pas des conseillersaméricainsqui contrôlent les

opérations terrestres des rebelles à l'intérieur du Nicaragua. Voir le
mémoiredu Nicaragua, annexe F, pièce 72, page 125 : <(Americans on
Ship Saidto SuperviseNicaraguan Mining O, New York Times, 8avril 1984,
où on peut lire ceci :

contrairement aux opérationsterrestres des forces rebelles àI'inté-
rieur du Nicaragua, que des conseillers américainssuivent depuis le
Honduras mais ne contrôlent pas, la pose de mines dans les eaux
territoriales du Nicaragua met directement en cause les Américains
et se fait sous leur contrôle immédiat D.

222. On peut aussi rappeler que le principal témoin citépar le Nicara-
gua sur la question de la prétendueresponsabilitédes Etats-Unispour les
atrocitéscommises par les contras était M. Glennon. Comme on l'inter-
rogeait sur les questions d'imputabilité, a eu lieu l'échangesuivant :

a [Réponse:] Monsieur le Juge, nous n'avons pas examiné, nous
n'avonspas étudién , ous n'avonspas analysélesquestions de respon-
sabilité des Etats ni d'imputabilité dans le cadre de notre mission.
Nous avions pour tâche d'établir des faitset, vraiment, je préférerai
borner mes observations à cela.
[Question :j Puis-je vous demander comment vous pouvez con-
clure, sivous n',avezpas examinélesquestions d'imputabilité,que les

Etats-Unis sont responsables des violations des droits de l'homme
commises par les contras ? ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 525

[Réponse:] Parce que lesorganismes qui ont parrainénotre mission
nous ont chargés d'étudierl'imputabilité morale autant que I'impu-
tabilitéjuridique. Nous citons l'article 3 de la convention de Genève

de 1949dans notre rapport mais,commevouspouvez le constater à la
lecture de celui-ci, nous n'avons pas abordéles questions juridiques.
Je maintiens pleinement ma conclusion selon laquelle les Etats-Unis
sont responsables des actions des contras et je pense que nous I'en-
tendons dans uri sens essentiellement moral, mais, comme je le dis,
notre missionvisait à établirdesfaitsetje suisconvaincu que cesfaits
sont solides. (Audience du 16 septembre 1985.)

223. Conclure que lesactescommis par les contras en violation du droit
de la guerre ne peuvent êtreimputés en droit aux Etats-Unis ne per-
met cependant pas de répondre à la question de savoir si les Etats-Unis,
incapables qu'ils sont d'exercer une autorité appropriéesur le comporte-
ment des contras, devraient continuer à les appuyer - question qui a

soulevé une vive controverse, ce qui est compréhensible, aux Etats-
Unis.
224. Il faut ajouter que, si les Etats-Unis devaient êtretenus pour
responsables des atrocités commises par les contras, comme le Nicara-
gua le demande, il :semblerait que, par analogie, le Nicaragua devrait
êtretenu pour responsabledesatrocités commises par lesinsurgés salvado-
riens. Ces atrocités sont indiscutables. Il a été étabiue les insurgéssal-
vadoriens ont étéarmés, approvisionnés et dans une certaine mesure
entraînés par le Gouvernement nicaraguayen et que des installations de
commandement et de contrôle en territoire nicaraguayen ont étéutili-
séespar les insurgéssalvadoriens dont les dirigeants, pour la plupart,
étaient basés ou sont peut-être encore basés au Nicaragua. De même
qu'il ne semble pas que les contras aient étésous I'autoritédes Etats-
Unis ni que des officiers et des soldats des Etats-Unis aient été présents

sur le terrain aux ciitésdes contras, il ne semble pas non plus que les
insurgéssalvadoriens aient étésous l'autoritédu Nicaragua et que des
officiers et des soldats nicaraguayens aient étéprésents sur le terrain
aux côtés des forces. salvadoriennes. Si ces suppositions sont vraies, il
s'ensuivrait que le Nicaragua n'est ni plus - mais ni moins - respon-
sable des violations du droit de la guerre commises par les insurgés sal-
vadoriens que les Eltats-Unis ne sont responsables des violations du
droit de la guerre c~ommisespar les contras. Il reste que le Nicaragua
est responsable de toute violation du droit de la guerre directement
attribuable à ses forces, violations dont il existe des preuves (voir notam-
ment les sources citees aux paragraphes 13et 28 du présent appendice).
De toute manière, In responsabilité ou l'absence de responsabilité d'un
gouvernement ou d'un groupe d'autorités rebelles pour des violations du
droit de la guerre ne saurait exonérer unautre gouvernement ou d'autres

groupes d'autorités rebelles de leur responsabilité pour leurs propres
violations. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 526

Q. Les consultationsde Contadora destinées à rétablirlapaix enAmérique
centrale s'étendentàludémocratisation desrégimesdescinqpays d'Amérique

centrale

225. On s'estinterrogésur la licéité desdemandes faites par les Etats-
Unis au Nicaragua pour qu'il modifie sa politique interne de manière à
encourager ladémocratie,lepluralisme, lerespect desdroitsde l'hommeet
la réconciliationnationale avec les forces d'opposition. J'ai expliquédans
mon opinion elle-mêmeet aux paragraphes 8 à 13du présent appendice
que les engagements pris par le Nicaragua envers I'OEAet ses membres
confèrent à ces questions une dimension internationale.
226. De plus, il est utile de rappeler que laliste d'objectifs du groupede
Contadora adoptée le 9 septembre 1983 renferme notamment les dis-
positions ci-dessous aux termes desquelles les Etats qui participent aux
consultations de Coritadora, dont le Nicaragua :

Considérant,
La situation qui règneen Amérique centrale, caractérisée parun
climat de tension qui menace la sécurité et lacoexistence pacifique
dans la région,etquiexige,pour sedénouer,lerespect desprincipes de
droit international régissant lecomportement des Etats, en particu-

lier:
le droit des peuples à disposer d'eux-même s..,
le pluralisme dans ses diverses manifestations,
le fonctionnement intégral desinstitutions démocratiques,
la promotion de lajustice sociale ...,
le respect et la promotion des droits de l'homme ...,
l'engagement de créer, d'encourageret de renforcer des systèmes
démocratiques représentatifsdans tous les pays de la région, ...

Se déclarent désireud xe réaliser les objectifs suivants
Assurer lestrict respect desprincipes dedroit international énoncés
plus haut, dont l'inobservation pourra servir de critèrepour fixer les
responsabilités ;
Respecter et garantir l'exercicedes droits individuels, politiques,
civils, économiques, sociaux, religieux etculturels ;

Adopter les mesures menant àl'établissementet, lecas échéant,au
perfectionnement de systèmesdémocratiques, représentatifs etplu-
ralistes,qui garantissent laparticipation effectivedelapopulation à la
prise de décisionset assurent le libre accèsde divers courants d'opi-
nion à desprocessus électorauxhonnêtes etpériodiques,fondéssulre
plein respect des droits civils;
Promouvoir dans lescas où ily a eu des divisions profondes au sein
delasociétéd ,esmesuresde réconciliationnationale quipermettent la
participation de tous, conformément à la loi,aux processus politiques
de caractère démocratique. w

227. On observera que les demandes faites au Nicaragua pour qu'il ACTIVITÉS MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS SCHWEBEL) 527

favorise le pluralisme, le fonctionnement intégraldes institutions démo-
cratiques, les droits de l'homme et un régimereprésentatif etdémocra-
tique reprennent les termes mêmesde cette liste d'objectifs du groupe de
Contadora à laquelle il a souscrit. En fait, ces objectifs y sont définis
comme les principes de droit international régissantle comportement
des Etats ;on peut en déduirequ'en Amériquecentrale ces questions ne
sauraient relever de la compétenceet de la décision exclusivementnatio-
nalesdes Etats de la région,notamment du Nicaragua. LesEtats intéressés
déclarentleur intention d'atteindre lesobjectifsénoncés,qui s'étendena tu

respect desdits principes de droit international et comprennent la garan-
tie de l'exercicedesdroits individuels, politiques, civils,économiques, so-
ciaux, religieux et culturels, ainsi que l'adoption de mesures de nature à
établiret à perfectionner des systèmesdémocratiques et pluralistes et à
promouvoir la réconciliationnationale. Le Gouvernement du Nicaragua
ayant souscrit àcesprincipes - en tant que principes dedroit internatio-
nal - età ces objectifs, il semble qu'il ne soit guèrefondéen droit à
rejeter les appels qui lui sont adresséspour qu'il respecte ce qu'il s'était
engagé àrespecter, diinslecadre de Contadora ou dans d'autres contextes.
II convient par ailleurs de rappeler que la charte de l'organisation des

Etats américains dispose :
La solidarité desEtats américainset les buts élevés qu'ils pour-
suivent exigent de ces Etats une organisation politique baséesur le
fonctionnement effectif de la démocratie représentative. ))(Art. 3,

par. d))

(Paraphé)S.M.S.

Bilingual Content

DISSENTING OPINIONOF JUDGE SCHWEBEL

Paragraphs
1-5

II. SUMMAR OYF SALIENT LEGALCONCLUSIONS 6-16

III. FACTUAL PREMISES 17-41
A. The Nicaraguan Government came to power on the back of
some of thevery forms of foreign intervention of which it now
complains (Appendix, paras. 2-7) 17-18
B. The new Nicaraguan Government achieved foreign recogni-

tion inexchange forinternationalcommitments concerning its
interna1 and external policies, commitments which it deliber-
ately has violated (~p~endix, paras. 8-13) 19
C. The newNicaraguan Government received unprecedented aid
from the international community, including the United
States (Appendix, paras. 14-15) 20
D. The Carter Administration suspended aid to Nicaragua in
January 1981 because of its support of insurgency in El Sal-
vador, support evidenced, interalia, by documents captured
from the Salvadoran guerrillas (Appendix, paras. 16-22) 21
E. The Reagan Administration terminated aid to theNicaraguan

Government whilewaiving the latter's obligation to return aid
already extended in the hope that its support of foreign insur-
gencies would cease ;subsequently, it twice officially offered
to resume aidif Nicaragua would stop supporting insurgency
in El Salvador, offers which were not accepted (Appendix,
paras. 23-24) 22
F. The Reagan Administration made clear to the Nicaraguan
Government in 1981that it regarded theSandinista revolution
"as irreversible;its condition for CO-existencewas stopping
the flow of arms to El Salvador (Appendix, paras. 25-26) 23

G. Before this Court, representatives of theGovernment of Nica-
ragua have falsely maintained that the Nicaraguan Govern-
ment has "never" supplied arms or other material assistance to
insurgents in ElSalvador,has"never" maintained Salvadoran
command and control facilities on Nicaraguan territory and
"never" permitted its territory to be used for training of Sal-
vadoran insurgents (Appendix. para. 27) 24-27 OPINION DISSIDENTEDE M. SCHWEBEL

[Traduction]

Para[graphes
1-5

II. RÉSUMÉ DES PRINCIPALES CONCLUSIONS DE DROIT

III. PREMISSE FACTUELLES

A. Le Gouvernement nicaraguayen est arrivéau pouvoir grâce à
certaines des formes mêmesd'intervention dont il se plaint
actuellement (appendice, par. 2-7)
B. LenouveauGouvernement du Nicaragua s'estfaitreconnaître
par lesautresEtats en contrepartie d'engagementsinternatio-

naux touchant ses politiques intérieureet extérieure, engage-
ments qu'il a délibérément enfreints (appendice, par.8-13)
C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a requ de la com-
munautéinternationale, y compris des Etats-Unis, une aide
sans précédent (appendice, par.14-15)
D. L'administration Carter a suspendu l'aide au Nicaragua en
janvier 1981en raison de son soutien à l'insurrection au Sal-

vador, attesti: notamment par des documents saisis sur des
guérilleros salvadoriens(appendice, par. 16-22)
E. L'administration Reagan a mis fin à l'aideau Gouvernement
nicaraguayen tout en le dispensant de son obligation de rem-
bourser l'aide déjà accordéedans l'espoir qu'ilmettrait fin à
son aide aux insurrections à l'étranger; plus tard, l'adminis-
tration Reagan a offertàdeux reprisesde reprendre l'aide sile

Nicaragua cessait d'appuyer l'insurrection au Salvador mais
ces offres n'ont pas étéacceptées(appendice, par. 23-24)
F. L'administration Reagan a précisé auGouvernement nicara-
guayen en 1981 qu'elle considéraitla révolutionsandiniste
(comme irréversible ); comme condition à la coexistence,
elle a exigéqu'il soit mis fin à l'envoi d'armes au Salvador
(appendice, par. 25-26)

G. Devant la Cour,desreprésentantsdu Gouvernement du Nica-
ragua ont soiitenuà tort que celui-ci n'avait ((jamai))fourni
d'armes ou d'assistance matérielle à l'insurrection au Salva-
dor, cj(amais eu d'installations salvadoriennes de cornrnan-
dement et de contrôle sur le territoire nicaraguayen et ({ja-
mais )permisque sonterritoire fût utilisépour l'entraînement
d'insurgés salvadoriens(appendice, par. 27) Paragraphs

H. The Nicaraguan Governrnent, despite its denials, in fact has
acted as the principal conduit for the provision of arrns and
munitions to the Salvadoran insurgents from 1979 to the
present day ;cornmand and control of the Salvadoran insur-
gency has been exercised frorn Nicaraguan territory with the
CO-operationof the Cuban and Nicaraguan Governments ;

training of Salvadoraninsurgentshas been carriedout in Cuba
and Nicaragua ; the Salvadoran insurgents' radio station at
one time operated frorn Nicaraguan terntory ;and Nicara-
guan political and diplomaticsupport of theSalvadoraninsur-
gency has been ardent,open and sustained (Appendix, paras.
28-188) 28-32
1. In 1979,rnembers of the Nicaraguan National Guard escaped
to Honduras, from which theyharassed Nicaragua. Officers of
the Argentine Army began training these counter-revolution-
aries in late 1980or early in 1981 - and continued to do so

until 1984(Appendix, paras. 189-196)

J. In Novernber 1981, after Nicaragua had failed to accept
repeated United States requests to cease its rnaterial support
for Salvadoran insurgents. the United States decided to exert
rnilitary pressure upon Nicaragua in order to force it to do
what it would not agree to do (Appendix,paras. 169-170, 173,
1IO. 121-122, 128-129)
K. The object of United States support of the contras wasclairned

by the United States to be interdiction of traffic in arms to El
Salvador, though clearly that was not the purpose of the con-
tras (Appendix, paras. 156-173,and the Court's Judgrnent)
L. ByOctober 1983,in apparent response to United States pres-
sures, Nicaragua proposed four treaties which were inter-
preted as an offer to cease supporting rebellion in El Salvador
if the United States would cease support of the contras and of
the Government of El Salvador (Appendix, paras. 174-178)

M. In 1983,the United States called upon Nicaragua to cut back

its arrns build-up, to sever its ties with the USSR and Cuba,
and to carry out its pledges to the OAS and its Members for a
democratic society (Appendix, paras. 194-198)

N. Bythe beginning of 1984,the United Statesundertook direct if
covert rnilitary action against Nicaragua, assaulting oil facili-
ties and mining Nicaraguan ports (Appendix, para. 199,and
the Court's Judgrnent)
O. Particularly since January 1985,the United States has spoken

in terms which can be interpreted as requiring cornprehensive
change in the policies of, or, alternatively, overthrow of, the
Nicaraguan Government as a condition of cessation of its
support of the contras (Appendix. paras. 200-205) ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 260

Paragraphes

H. En dépitde ses dénégations, le Gouvernement nicaraguayen
sert en faitepuis 1979de vlaaue tournante vour I'achemine-
ment d'armes-etde munitions destinéesaux insurgéssalvado-
riens; le commandement et le contrôle de l'insurrection sal-
vadorienne sont exercés à partir du territoire nicaraguayen,

avec la coopération des Gouvernements cubain et nicara-
guayen ;les insurgéssalvadorienssont entraînésàCuba et au
Nicaragua ; àun moment donné,la station de radiodiffusion
des insurgés salvadoriensa émis à partir du territoire nicara-
guayen ;l'appui politique et diplomatique apporté par le
Nicaragua àl'insurrection salvadorienne est absolu, public et
constant (appendice, par. 28-188)
1. En 1979,des membres de la garde nationale du Nicaragua se
sont enfuis au Honduras, d'où ilsont menédes opérationsde

harcèlement contre le Nicaragua. Des officiers de l'armée
argentine ont commencé à entraîner ces contre-révolution-
nairesà la fin de 1980ou au début de1981et ont continuéde
le faire jusqu'en 1984(appendice, par. 189-190)
J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les
demandes réitéréedses Etats-Unis pour qu'il mette fin à son
appui matérielaux insurgés salvadoriens, lesEtats-Unis ont
décidé d'exercerdespressions militairessur leNicaragua pour
le contraindreà faire ce qu'ilne voulait pas faire (appendice,
par. 169-170, 173, 110, 121-122, 128-129)

K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait
pour but d'interdire le trafic d'armes à destination d'El Sal-
vador, bien que tel ne fût manifestement pas l'objectif des
contras(appendice, par. 156-173,et arrêtde la Cour)
L. En octobre 1983, à la suite apparemment des pressions des
Etats-Unis, leNicaragua a proposéquatre traités,cequi a été
interprétécommeune offre de sapart demettre fin à l'appuià
la rébellion auSalvador si les Etats-Unis cessaient d'appuyer
les contras et le Gouvernement d'El Salvador (appendice,

par. 174-178)
M. En 1983,lesEtats-Unis ont demandéau Nicaragua de réduire
son arsenal rnilitaire, de rompre ses liens avec l'Union sovié-
tiqueet Cuba et d'honorer l'engagement qu'ilavaitpris envers
I'OEAet ses membres d'instaurer une société démocratique
(appendice, par. 194-198)
N. Au début de 1984, les Etats-Unis ont entrepris une action
militaire directe quoique secrètecontre le Nicaragua, en atta-
quant ses installations pétrolièreset en minant sesports (ap-
pendice, par. 199,et arrêt dela Cour)

O. Depuisjanvier 1985en particulier, les déclarationsdes Etats-
Unis peuvent être interprétéescommseubordonnant la cessa-
tion de leurappui auxcontrasà une modification radicale de la
politique du Gouvernement nicaraguayen ou, à défaut, au
renversement du Gouvernement nicaraguayen (appendice,
par. 200-205) Paragraphs
P. There is evidence of the commission of atrocities by the con-
tras,by Nicaraguan Government forces, and by Salvadoran
insurgents, and of advocacy by the CIA of actionscontrary to
the law of war (Appendix, paras. 206-224)

Q. The Contadora process designed to re-establish peace in Cen-
tral America embraces the democratic performance internally
of the five Central American Governments (Appendix,paras.
225-227) 41

IV. THELAW 42-272

A. Introduction
B. Questions of admissibility and of justiciability
1. Political questions 43-50
2. The Court's capacity ta pass upon continuing uses of
force 51-60
3. United States Diplomatic and Consular Staffin Tehran

case 61-68
4. The incapacity of the Court to judge the necessity of con-
tinuing use of force in the circumstances of this case 69-77

C. The relevance and effect of the "multilateral treaty" reserva-
tion 78-99

1. The Court was and is bound to apply the rese~ation 78-90
2. The relationship of customary international law to the
reservation 91-99

D. The question of jurisdiction under the Treaty of Friendship,
Commerce and Navigation 100-106
E. The effect of the absence of El Salvador 107-113
F. The effect of the absence of the United States 114-127

1. Events bearing on the absence of the United States 114-115
2. The meaning of Article 53 of the Statute 116-127
G. The Court's treatment of the evidence 128-153

1. The title of the case 128-131
2. The failure to use the Court's authority to find the facts 132-134
3. The Court's articulation and application of evidential stan-
dards 135-153

H. The Nicaraguan Government's material support of insurgency
in El Salvador is legally tantamount to an armed attack by
Nicaragua upon El Salvador 154-161
1. The Court's conclusion is inconsistent with the General
Assembly's Definition of Aggression 162-171
J. The question of whether measures in self-defence may be
taken only in case of armed attack 172-173
K. The Court's views on counter-intervention and its implied
support for "wars of liberation" 174-181 Paragraphes
P. Il est prouve que les contras, les forces gouvernementales
nicaraguayennes et les insurgéssalvadoriens ont commis des

atrocitésetque la CIA a prônédesactescontraires au droit de
la guerre (appendice, par. 206-224) 40
Q. Lesconsultations de Contadora destinées àrétablirla paix en
Amériquecentrale s'étendent aladémocratisationdesrégimes
des cinq pays d'Amériquecentrale (appendice, par. 225-
227) 41

IV. LE DROIT 42-272

A. Introduction 42
B. Questions de recevabilitéet de justiciabilité 43-77

1. Questions politiques 43-50
2. Pouvoirde la Cour de seprononcer sur lesemplois encours
de la force 51-60
3. Affaire du Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-
Unis a Téhéran 61-68
4. La Cour ne peut pas se prononcer sur la nécessitéd'un
emploi continu de la force dans les circonstances de I'es-

pèce 69-77
C. La pertinence et l'effet de la réserve relativeaux(<traités
multilatéraux 78-99

1. La Cour était etest tenue d'appliquer la réserve 78-90
2. Les rapports entre le droit international coutumier et la
réserve 91-99

D. La question de la compétenceen vertu du traitéd'amitié,de
commerce et de navigation 100-106
E. Les effets de l'absence d'El Salvador 107-113
F. Les effets de l'absencedes Etats-Unis 114-127

1. Evénementsayant influencé I'absencedes Etats-Unis 114-115
2. Lesens de l'article 53 du Statut 116-127

G. L'appréciationpar la Cour des élémentsde preuve 128-153
1. Le titre de l'affaire 128-131
2. La Cour n'a pas uséde son pouvoir d'établir desfaits 132-134
3. Les réglesde preuve énoncées et appliquéespar la Cour 135-153

H. L'appui matSrielapporté parle Gouvernement du Nicaragua
à l'insurrection au Salvador équivautjuridiquement à une
agression arméedu Nicaragua contre El Salvador 154-161
1. LaconclusiondelaCour estincompatible avecladéfinitionde
162-171
l'agressiondonnéepar l'Assembléegénérale
J. La question de savoir si des mesures de légitimedéfensene
peuvent êtreprises que dans le cas d'une agression armée 172-173
K. Lesvuesde laCour surlacontre-intervention et l'appui qu'elle
apporte implicitement aux guerres de libération)) 174-181 Paragraphs
L. El Salvador is entitled to act in self-defence against Nicara-
guan armed attack 182-184
M. The United States is entitled to act in collective self-defence
with El Salvador 185-200

1. The position of El Salvador 185-191
2. The position of the United States 192
3. The pertinence of provisions of the Inter-AmericanTreaty
of Reciprocal Assistance 193-197
4. The position under the United Nations Charter and cus-
tomary international law 198-200

N. Considerations of necessity and proportionality 201-214
O. Measures of collective self-defence may lawfully extend to
Nicaraguan territory 215-220
P. The failure of the United States to notify the SecurityCouncil
of measures of self-defence 221-230
Q. If United States reliance on a claim of self-defence is well
founded, it constitutes a complete defence to virtually al1
Nicaraguan claims 231-233
R. The mining of Nicaraguan ports was unlawful in regard to
third States but lawful in respect to Nicaragua 234-240
S. The United States has not unlawfully intervened in the inter-

na1or external affairs of Nicaragua 241-250
T. The United States has not violated its obligations towards
Nicaragua under the Treaty of Friendship, Commerce and
Navigation 251-256
U. Responsibility for violations of the law of war 257-261
V. As the State which first used armed force in contravention of
the Charter, the aggressor is Nicaragua 262-265
W. The misrepresentations of its representatives in Court must
prejudice ratherthan protect Nicaragua's claims 266-267

X. Nicaragua's uncleanhands require the Court in any event to
reject its claims 268-272

Paragraphs
(Appendix)
1-227

A. The Sandinistascame topower on the back of someof the very
forms of intervention of which they now complain 2-7

B. The new Nicaraguan Government achieved foreign recogni-
tion inexchangefor international pledgesconcerningitsinter-
na1and external policies, commitments which it deliberately
has violated 8-13
C. The newNicaraguan Government receivedunprecedented aid
from the international community, including the United
States 14-15 Paragraphes
L. ElSalvador a le droit de recourirà la Iégitime défenscontre
l'agressionarméedu Nicaragua 182-184
M. Les Etats-Unis ont ledroit d'agirde concert avec El Salvador
dans le cadre de la légitime défense collective 185-200

1. La position d'El Salvador 185-191
2. La position des Etats-Unis 192
3. La pertinence des dispositions du traité interaméricain
d'assistance mutuelle 193-197
4. La situation au regard dela Charte desNations Unieset du
droit international coutumier 198-200

N. Considérationssur la nécessité et la proportionnalité 201-214
O. Les mesures de Iégitimedéfense collectivepeuvent licitement
s'étendreau territoire nicaraguayen 215-220
P. LesEtats-Unis n'ontpasportéalaconnaissancedu Conseilde
sécuritéles mesures de légitime défense qu'ilsrenaient 221-230

Q. Si les Etats-Unis sont fondés àinvoquer la Iégitime défense,
cela suffit a réfuter pratiquement toutes les thèses nicara-
guayennes 231-233
R. Le minage des ports nicaraguayens étaitilliciteà I'égarddes
Etats tiers mais licitel'égarddu Nicaragua 234-240
S. Les Etats-Unis ne sont pas intervenus illicitement dans les
affaires intérieuresou extérieuresdu Nicaragua 241-250
T. Les Etats-Unis n'ont pas violéles obligations que le traité
d'amitié,de commerce et de navigation leur impose envers le
Nicaragua 251-256
U. La responsabilitédu chef de la violation du droit de la guerre 257-261

V. Le Nicaragua est l'agresseur,car il a lepremier àemployer
la force arméeen violation de la Charte 262-265
W. Les affirmations inexactes formuléesdevant la Cour par les
représentants du Nicaragua doivent jouer contre ses préten-
tions plutôt qu'en leur faveur 266-267
X. En tout étatde cause la Cour doit rejeter les demandes du
Nicaragua parce qu'il a les mains sales 268-272

Paragraphes
(Appendice)

1-227
A. Les sandinistes sont arrivésau pouvoir grâce à certaines des
formes mêmesd'intervention dont ils se plaignent actuelle-

ment 2-7
B. Lenouveau Gouvernementdu Nicaragua s'est faitreconnaître
par lesautres Etats en contrepartie d'engagementsinternatio-
naux touchant ses politiques intérieure etextérieure, engage-
ments qu'il a délibérémenetnfreints 8-13
C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a reçu de la com-
munauté internationale, y compris des Etats-Unis, une aide
sans précédent 14-15 Purugraphs
(Appendix)
D. The Carter Administration suspended aid to Nicaragua be-
cause of its support of insurgency in El Salvador, support
evidenced,interalia,by documents captured from Salvadoran
guerrillas 16-22
E. The Reagan Administration terminatedaid to the Nicaraguan

Government whilewaivingthe latter's obligationto return aid
already extended in the hope that its support for foreign
insurgencies would cease ; subsequently, it twice officially
offered to resume aid if Nicaragua would stop supporting
insurgency in El Salvador, offers which were not accepted 23-24

F. The Reagan Administration made clear to the Nicaraguan
Government in 1981that it regarded theSandinista revolution
"as irreversible";its solecondition for CO-existencewasstop-
ping the flow of arms to El Salvador 25-26
G. BeforethisCourt, representatives of theGovernment of Nica-

ragua have maintained that the Nicaraguan Government has
"never" supplied arms or other material assistance to insur-
gents in El Salvador, has "never" maintained Salvadoran
command and control facilities on Nicaraguan territory and
"never" permitted its territory to be used for training of Sal-
vadoran insurgents 27
H. The Nicaraguan Government, despite its denials, in fact has
acted as the principal conduit for the provision of arms and
munitions to the Salvadoran insurgents from 1979 to the
present day ; command and control of the Salvadoran insur-
gency has been exercisedfrom Nicaraguan territory with the

CO-operationof the Cuban and Nicaraguan Governments ;
training of Salvadoraninsurgentshas beencarriedout inCuba
and Nicaragua ; the Salvadoran insurgents' radio station at
one time operated from Nicaraguan territory ; and Nicara-
guanpolitical and diplomatic support of theSalvadoraninsur-
gency has been ardent, open and sustained 28-188

1. Admissions by authorities of the Nicaragian Govern-
ment 29-62
2. Admissionsby witnessesappearing on behalf of the Nica-
raguan Government 63-77
3. Admissions by Nicaraguan counsel 78-86
4. Admissions by leaders of the Salvadoran insurgency 87-97

5. Statements by defectors 98-107
6. Statements by diplomats of uninvolved countries 108
7. Statements by the Government of El Salvador accusing
Nicaragua of assisting insurgency in El Salvador 109-129
8. Statements by the Government of Honduras accusing
Nicaragua of subverting El Salvador as well as Hon-
duras 130-138 Paragraphes
(Appendice)
D. L'administration Carter a suspendu I'aide au Nicaragua en

raison de son soutien à l'insurrection auSalvador, attestépar
des documents saisis sur des guérillerossalvadoriens 16-22

E. L'administration Reagan a mis fin à I'aideau Gouvernement
nicaraguayen en ledispensant de son obligation de rembour-
ser l'aidedéjàaccordée,et ce dans l'espoir qu'ilmettrait finà
son aide aux insurrections à l'étranger; plus tard, l'adminis-
tration Reagan aoffert àdeux reprisesde reprendre I'aide si le
Nicaragua cessait d'appuyer l'insurrection au Salvador, mais

ces offres n'ont pas étéacceptées 23-24
F. L'administration Reagan a précisé au Gouvernement nicara-
guayen en 1981 qu'elle considérait la révolution sandiniste
comme irréversible O,l'unique condition posée à la coexis-
tence étantqu'il soit mis finà l'envoid'armes au Salvador 25-26
G. Devant la Cour, des représentants duGouvernement du Ni-
caragua ont soutenu que celui-ci n'avait <<amais ))fourni
d'armes ou d'autre assistance matérielleà l'insurrection au

Salvador, ((jamais )eu d'installations salvadoriennesde com-
mandement et de contrôle sur le territoire nicaraguayen et
((jamais ))permis que son territoire fût utilisépour l'entraîne-
ment d'insurgéssalvadoriens 27
H. En dépitde ses dénégations,le Gouvernement nicaraguayen
sert en fait depuis 1979de plaque tournante pour l'achemi-
nement d'armes et de munitions destinéesaux insurgéssalva-
doriens ; le commandement et le contrôle de l'insurrection

salvadoriennesont exercés àpartir du territoire nicaraguayen,
avec la coopération des Gouvernements cubain et nicara-
guayen ;lesinsurgés salvadorienssont entraînés àCuba et au
Nicaragua ;11un moment donné,la station de radiodiffusion
des insurvés salvadoriens à émis à partir du territoire nicara-
guayen ; l'appui politique et dipiornatique apporté par le
Nicaragua à l'insurrectionsalvadorienne est absolu..public et
constant 28-188

1. Faits reconnus par des membres du Gouvernement du
Nicaragua 29-62
2. Faits reconnus par les témoins citépsar le Gouvernement

du Nicaragua 63-77
3. Faits reconnus par les conseils du Nicaragua 78-86
4. Faits reconnus par les chefs de I'insurrection salvado-
rienne 87-97
5. Déclarationsde transfuges 98-107
6. Déclarationsde diplomates de pays tiers 108
7. Déclarationsdu Gouvernement d'ElSalvadoraccusant le
Nicaragua d'aider l'insurrection salvadorienne 109-129

8. Déclarationsdu Gouvernement du Honduras accusant le
Nicaragua de subversion au Salvador aussi bien qu'au
Honduras 130-138264 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS.OP. SCHWEBEL)

Paragraphs
(Appendix)
9. Statements by the Government of Costa Rica accusing
Nicaragua of subversive acts 139

10. Statements by the Congress of the United States and by
Congressmen opposed to United States support of the
contras 140-155
11. The transcript of conversation between Assistant Secre-
tary of State Enders and Co-ordinator Ortega 156-170
12. Further early United States attempts at peaceful settle-
ment 171-173
13. The four treaties proposed by Nicaragua in 1983 174-178

14. Details of Nicaraguan subversion of El Salvadorprovided
in "Revolution Beyond Our Borders" and in earlier publi-
cations duly subrnitted to the Court - and Nicaragua's
~~PIY 179-188

1. In 1979,members of the Nicaraguan National Guard escaped
to Honduras, from whichthey harassed Nicaragua. Officersof
the Argentine Army began training these counter-revolution-
aries apparently early in 1981- and continued to do so until
1984 189-190

J. In November 1981, after Nicaragua had failed to accept
repeated United States requests to cease itsmaterial support
for Salvadoran insurgents, the United States decided to exert
military pressure upon Nicaragua in order to force it to do
what it would not agree to do 191
K. The object of United States support of thecontraswasclaimed
by the United States to be interdiction of traffic in armsto El
Salvador, though clearly that was not thepurpose of the con-

tras 192
L. ByOctober 1983,in apparent response to United States pres-
sures, Nicaragua proposed four treaties which were inter-
preted as an offer to ceasesupporting rebellion in ElSalvador
if the United States would cease support of theontras and of
the Government of El Salvador 193
M. In 1983,the United States called upon Nicaragua to cut back
its arms build-up, tosever its ties with the USSR and Cuba,

and to carry out its pledges to the OASand its Members for a
democratic society 194-198
N. Bythe beginning of 1984,the United Statesundertookdirect if
covert military action against Nicaragua, assaulting oilcili-
ties and mining Nicaraguan ports 199

O. Particularly since January 1985,the United States has spoken
in terms which can be interpreted as requiring comprehensive
change in the policies of, or, alternatively, overthrow of, the

Nicaraguan Government as a condition of cessation of its
support of the contras 200-205 Paragraphes
(Appendice)

9. Déclarationsdu Gouvernement du Costa Ricaaccusant le
Nicaragua d'actes de subversion 139
10. Déclarationsdu Congrèsdes Etats-Unis et de membres du
Congrès opposés à l'aide américaineaux contras 140-155

11. La transcription des entretiens entre le sous-secrétaire
d'Etat Eriders et le coordonnateur Ortega 156-170
12. Autres tentatives de règlement pacifique faites par les
Etats-Unis 171-173

13. Les quatre traités proposéspar le Nicaragua en 1983 174-178
14. Les précisions relatives I'aidedu Nicaragua à la subver-
sion au Salvador figurant dans le document «Revolution
Beyond Our Borders » et dans les publications antérieures
dûment soumises à la Cour - et la réponse du Nicara-
gua 179-188

1. En 1979,des membres de lagardenationale nica~aguayennese
sont enfuis au Honduras, d'où ilsont menédes opérationsde
harcèlement contre le Nicaragua. Des officiers de l'armée

argentine ont commencé à entraîner ces contre-révolution-
naires apparemment vers lafin de 1980ou audébutde 198 1et
ont continué à le faire jusqu'au débutde 1984 189-190
J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les
demandes réitéréed ses Etats-Unis pour qu'il mette fin son
appui matérielaux insurgés salvadoriens, les Etats-Unis ont
décidéd'exercerdes pressions militaires sur leNicaragua pour
le contraindre à faire ce qu'il ne voulait pas faire 191
K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait

pour but d'interdire le trafic d'armes destination d'El Sal-
vador, bien que tel ne fût manifestement pas l'objectif des
contras 192
L. En octobre 1983, à la suite apparemment des pressions des
Etats-Unis, le Nicaragua a proposé quatre traités,ce qui a été
interprétécornme une offre de sapart de mettre fià l'appuià
la rébellionau Salvador si les Etats-Unis cessaient d'appuyer
lescontraset le Gouvernement d'El Salvador 193

M. En 1983,lesEtats-Unis ont demandéau Nicaragua de réduire
son arsenal militaire, de rompre ses liens avec l'Union sovié-
tique et Cuba et d'honorer l'engagement qu'ilavaitpris envers
I'OEA et ses membres d'instaurer une sociétédémocratique 194-198
N. Au début de 1984, les Etats-Unis ont entrepris une ac-
tion militaire directe quoique secrètecontre le Nicaragua, en
attaquant ses installations pétrolières et en minant ses
ports 199
O. Depuis janvier 1985en particulier, les déclarations des Etats-

Unis peuvent êtreinterprétéescomme subordonnant la cessa-
tion de leur1,aui aux contrasàune modification radicale de la
politique du Gouvernement nicaraguayen ou, à défaut, au
renversement du Gouvernement nicaraguayen 200-205265 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

Paragraphs
(Appendix)
P. There is evidence of the commission of atrocities by the con-
tras,by Nicaraguan Government forces, and of advocacy by

the CIA of actions contrary to the law of war 206-224

Q. The Contadora process designed to re-establish peace in Cen-
tral America embraces the dernocratic performance internally
of the five Central American Governments 225-227 Paragraphes
(Appendice)
P. Il est prouvé que les contras, les forces gouvernementales
nicaraguayennes et les insurgéssalvadoriens ont commis des

atrocitéset quela CIA a prônédesactescontraires au droit de
la guerre 206-224
Q. Lesconsultations de Contadora destinées à rétablir lapaix en
Amériquecentrales'étendent aladémocratisationdesrégimes
des cinq pays d'Amérique centrale 225-227 1. To Saythat 1dissent from the Court's Judgment is to understate the
depth of my differences with it. 1agree with the Court's finding that the
United States, by failing to make known the existence and location of the
mines laid by it, acted in violation of customary international law (in
relation to the shipping of third States) ;1agree that the CIA's causing
publication of a manual advocating acts in violation of the law of war is
indefensible ; and 1 agree with some other elements of the Judgment as
well. Nevertheless, in my view the Judgment misperceives and miscon-
strues essential facts- not so much the factsconcerningthe actions of the
United States of which Nicaragua complains as the facts concerning the
actions of Nicaragua of which the United States complains. It miscon-

ceivesand misapplies the law - not in al1respects, on some of which the
whole Court is agreed, but in paramount respects :particularly in its
interpretation of what is an "armed attack" within the meaning of the
United NationsCharterand customaryinternational law ; in itsappearing
tojustify foreign intervention in furtherance of "the process of decoloni-
zation" ;and in nearly al1of its holdings asto which Party to this case has
acted in violation of itsinternational responsibilities and which,because it
has acted defensively, has not. For reasons which, because of its further
examination of questions ofjurisdiction, are even clearer today than when
it rendered its Judgment of 26 November 1984,this Judgment asserts a
jurisdiction which in my viewthe Court properly lacks, and it adjudges a
vital question which, 1believe, is not justiciable. And, 1 am profoundly

pained to Say,1dissent from thisJudgment because 1believethat, ineffect,
it adopts the false testimony of representatives of the Government of the
Republic of Nicaragua on a matter which, in my view, is essential to the
disposition of this case and which, on any view, is material to its dispo-
sition. The effect of the Court's treatment of that false testimony upon the
validity of the Judgment is a question which only others can decide.

2. These are uncommonly critical words in a Court which rightly enjoys
very great respect. Coming as they do from a Judge who is a national of a

Party to the case, 1am conscious of the fact that thejustification for these
conclusions must be full.Thisopinion accordingly islong,not onlyfor that
reason but because the differences between the Court's views and mine
turn particularly on the facts. The facts are in fundamental controversy. 1
find the Court's statement of the facts to be inadequate, in that it suffi-
ciently sets out the facts which have led it to reach conclusions of law 1. Dire queje me dissocie de l'arrêtrendu par la Cour est peu dire tant
lesdivergencesdevuesentre elleet moi sont profondes. Jepartage l'avisde
la Cour lorsqu'elle conclut que les Etats-Unis, en n'ayant pas signalé
l'existenceet l'emplacementdes mines poséespar eux, ont agi en violation
du droit international coutumier (pour cequiest des navires d'Etats tiers).
Je conviens que la publication pour le compte de la CIA d'un manuel
préconisant desactescontraires audroit de laguerre est indéfendable etje
souscrisaquelquesautres aspects del'arrêt. Irleste qu'à mon avis,dans son
arrêt,la Cour perçoit mal et interprète mal des faits essentiels - non tant
ceux qui concernent les actes des Etats-Unis dont le Nicaragua se plaint

que ceux qui concernent les actes du Nicaragua dont les Etats-Unis se
plaignent. Quantaudroit, silaCour se trouve unanime àcertainségards,à
d'autres, par contre --et il s'agitdes points dedroit lesplus importants -,
elle l'appréhendeet l'applique mal. C'est notamment le cas quand elle
interprète la notion d'agression arméeau sens de la Charte des Nations
Unies et du droit international coutumier, quand elle donne l'impression
de justifier l'intervention étrangèrevisant a accélérerle processus de
décolonisation 0 et quand elle énoncela quasi-totalitéde ses conclusions
et sur celle des deux Parties qui a agi en violation de ses responsabilités
internationales et sur celle qui, pour avoir menéune action défensive, n'a
pas violé les siennes. Pour des raisons qui sont encore plus claires
aujourd'hui qu'elles ne l'étaient lorsque laCour a rendu son arrêt du
26 novembre 1984 -- entre-temps les questions de compétence ont été

l'objet d'un examen plus approfondi -, la Cour, dans le présent arrêt,
exerce une compétence qu'à mon avis elle n'a pas vraiment et elle se
prononce sur une question vitale qui,je crois, n'est pasjusticiable. Et, je
regrette infiniment de le dire, je me dissocie du présentarrêtparce que,
selon moi, la Cour y accepte en réalitéles faux témoignagesde représen-
tants du Gouvernement de la République du Nicaragua sur un point qui
est, sinon essentiel pour le règlement de la présente affaire, comme je
l'estime, du moins important, quel que soit le point de vue auquel on se
place. Quant àsavoirquel est l'effetsurla validitéde l'arrêtdu poids que la
cour a attribué a c& faux témoignages,c'est une question que seuls
d'autres pourront trancher.
2. Ce sont là des critiques inhabituelles au sein d'une Cour qui, à juste

titre, est fort respectée.Comme elles émanent d'un ressortissant d'une
Partie à l'affaire,je n'ignore pas que ses conclusions doivent êtrepleine-
ment motivées. Laprésenteopinion seradonc longue, non seulement pour
cette raison mais encoreparce que lesdivergencesde vuesentre la Cour et
moi-mêmeportent en particulier sur les faits. Ces faits font l'objet d'une
controverse fondamemtale.J'estimeque l'exposédesfaits par la Cour n'est
pas exact. La Cour décrit suffisammentles faits qui l'ont conduite a desadverse to the United States, whileit insufficiently setsout the facts which

should haveledit to reachconclusions of lawadverse toNicaragua. In such
a situation, where the Parties differ profoundly on what the facts are, and
where the Court has arrived at one evaluation of thern and 1another, 1
believe that it is rny obligation to present the factual support for the
conclusions which 1have reached. That cannot be done in a few pages.

3. This opinion accordingly is cast in the following forrn. First, it pre-
sents a surnrnary of its salient legal conclusions. Second, it States, in
abbreviated terrns, the factual premises on which it is based - prernises
whosesupport isappended.Third, it analyses the principal legalquestions
which the case - and the Court's Judgrnent - pose, sorne of which are
prelirninary in character, others of which are central to the rnerits. Fourth
and finally, it contains an appendix, in which a detailed exposition and

analysis of the factsinadequatelystated in the Court's Judgrnentisplaced.
The facts are relegated to an appendix not because they are secondary in
importance. On the contrary, they areprimary. Nevertheless 1believethat
ease of evaluation of this dissenting opinion will be prornoted by this
approach.

4. In ernbarking on so lengthy an opinion, it may be appropriate to
recall what that late distinguished Judge of the Court, Philip C. Jessup,
wrote, as hebegan a dissent to the Judgrnent in the South WestAfricacases
which ran to 117printed pages :

"This full exarnination is the more necessary because 1dissent not
only frorn the legal reasoning and factual interpretations in the
Court's Judgrnent but also frorn its entire disposition of the case. In
regard to the nature and value of dissenting opinions, 1am in corn-
plete agreement with the viewsof a greatjudge, a former rnernberof

this Court - the late Sir Hersch Lauterpacht - who so often and so
brilliantly contributed to the causeof international lawandjustice his
own concurring or dissenting opinions ; 1refer to section 23 of his
book, The Developmentof International Lawby the International
Court, 1958.Hequotes, withevident approval (in note 10on p.66).the
'clear expression'of Charles Evans Hughes who was arnernberof the
Permanent Court of International Justice and later Chief Justice of
the United States :

'A dissent in a court of last resort is an appeal to the brooding
spirit of the law, to the intelligence of a future day, when a later
decision rnay possibly correct the error into which the dissenting
judge believes the court to have been betrayed.'

It isnot out of disrespect forthe Court, but out of respect for oneof itsconclusionsen droit défavorablesaux Etats-Unis mais elle décritinsuffi-
samment les faits qui auraient dû la conduire à des conclusions en droit
défavorables au Nicaragua. Dans ces conditions, étant donné que les

Parties divergent profondément surles faitset que ces faits sont appréciés
différemment par la Cour et par moi-même,je me crois tenu d'étayer
matériellement lesconclusions auxquellesj'aiabouti. Etje ne peux lefaire
en quelques pages.
3. La présente opinion est par conséquent construite comme suit. Elle
contient :premièrement, un résumédes principales conclusions en droit
auxquellesje suisparvenu ;deuxièmement,un bref exposédes prémisses
factuelles sur lesquellesellerepose - cesprémissessont étayées dans I'ap-
pendice ci-après ;troisièmement, une analyse des principaux points de
droitque l'affaire - (demêmeque l'arrêtde la Cour - pose, questions dont
certaines ont un caractère préliminaire tandisque d'autres sont cruciales
pour le fond ; et, quatrièmement, un appendice où les faits que la Cour a
inadéquatement décritssont exposéset analysésen détail.Si les faits sont

relégués dans un appendice, ce n'est pas parce qu'ils revêtent uneimpor-
tance secondaire. Au contraire, ils revêtentune importance primordiale.
Mais je pense que ce procédéfacilitera la lecture de la présente opinion
dissidente.
4. Aucommencement decette longueopinion, ilconvient de rappeler ce
qu'un éminentjuge dela Cour, leregretté PhilipC.Jessup,aécritaudébut
de la longue opinion dissidente de cent dix-sept pages impriméesqu'il a
jointe à l'arrêtrendu par la Cour dans les affaires du Sud-Ouest ufri-
cain :

<(Cet examen exhaustif est d'autant plus indispensable queje suis
en désaccordavec la Cour non seulement sur les motifsjuridiques et
les interprétations de faits exposésdans l'arrêt, mais aussisur la
manière généraledont elle a réglé l'affaire.En ce qui concerne la
nature et la valeur des opinions dissidentes, je souscris entièrement
aux vues d'un grand juge, ancien membre de la Cour, sir Hersch
Lauterpacht, qui a si souventet sibrillamment servila cause du droit

international et de lajustice internationale grâce aux opinions indi-
viduelles ou dissidentes qu'il a émises.Je me réfère à la section 23 de
son ouvrage, The DevelopmentofInternationalLaw by theInternatio-
nal Court, 1958. Ily cite, en l'approuvant de toute évidence(dans la
note 10,page 66), la <(claire définition donnée par Charles Evans
Hughes qui a été membre de la Cour permanente de Justice interna-
tionale et, ultérieurement, ChiefJustice des Etats-Unis :

<<Une opinion dissidente expriméedans un tribunal de dernier
ressort esturi appel à l'esprit toujours présent du droit, à l'intelli-
gence d'unjour futur où une décisionultérieurerectifierapeut-être
l'erreur dans laquelle le juge qui émetcette opinion croit que le
tribunal est tombé.

Ce n'est pas par manque de respect pour la Cour, mais bien au great and important traditions, that, when necessary, 1express my
disagreement with its conclusions." (I.C.J.Reports 1966, pp. 325-
326.)

5. 1should add that, in setting out my viewson the facts and lawof this
case, 1 take no position on the politics of it. 1 have views about the
desirability and feasibility of the policies which the United States, Nica-
ragua, El Salvador and other States concerned have pursued and are
pursuing in respect of questions at issue in this case. But1have endeav-
oured to separate those views from the exposition of the facts and evalu-

ation of the law which this opinion contains. If, as is the case, on most of
those questions 1have concluded that, by reason of Nicaragua's prior and
continuing violations of international law, responsive actions of the Uni-
ted States are not in violation of international law, that is by no means to
infer that1 believe that the pertinent policies and practices of the United
States - and Nicaragua - are desirable or undesirable, workable or
unworkable, politic or impolitic, sensible or insensible, humane or inhu-
mane. 1 do not suggest that law and policy are divorced ; far from it.
Obviouslylawismeant to promote and does promote community policies,
and conformity with the law must be measured in the light of that fun-
damental truth. Nevertheless, States and men are not obliged to do, or
necessarily arewelladvised to do, al1that the lawpermits. In my view,the
proper function of ajudge of this Court is limited to an appraisal of what

thelawpermits or requires,and doesnot extend topassingjudgment on the
merits of policies which are pursued within those confines.

II. SUMMAR YF SALIENT LEGAL CONCLUSIONS

6. Without any pretence, still less actuality, of provocation, Nicaragua
since 1979has assisted and persisted in efforts to overthrow the Govern-
ment of El Salvador by providing large-scale, significant and sustained
assistance to the rebellion in El Salvador- a rebellion which, before the
rendering of Nicaraguan and other foreign assistance, was ill-organized,
ill-equipped and ineffective. The delictual acts of the Nicaraguan Gov-
ernment have not been confined to provision of very large quantities of
arms,munitions and supplies(an act whichof itself might be viewedasnot
tantamount to an armed attack) ;Nicaragua (and Cuba) havejoined with
the Salvadoran rebels in the organization, planning and training for their
acts of insurgency ;and Nicaragua has provided theSalvadoraninsurgents
with command-and-control facilities, bases, communications and sanctu-

ary, which have enabled the leadership of the Salvadoran insurgency to
operate from Nicaraguan terntory. Under both customary and conven-
tional international law, that scale of Nicaraguan subversive activity not
only constitutes unlawful intervention in the affairs of El Salvador; it is contraire par respect pour l'une de ses grandes et précieusestradi-
tions, quej'exprime mon désaccordavec sesconclusionslorsque cela
est nécessaire. (C.I.J. Recueil1966, p. 325-326.)

5. J'ajouterai qu'enexposant mon point de vuesur lesfaitset le droit en
la présente affaireje ne prends pas position sur les aspects politiques de
l'affaire. J'ai certaines idées sur l'opportunité et la praticabilité de la
politique que les Etats-Unis, le Nicaragua, El Salvador et d'autres Etats
intéressésont suivie et suivent à propos des problèmes enjeu en l'espèce.
Mais je me suis efforcéde les dissocier de l'exposédes faits et de l'éva-
luation du droit auxquelsj'ai procédédans la présente opinion. Si, sur la
plupart de ces problèmes, j'ai effectivement conclu que.vu les violations

antérieures et persistantes du droit international par le Nicaragua, les
mesures de riposte prises par les Etats-Unis ne constituent pas une vio-
lationdu droit international, ilnefaut nullement endéduirequejejuge que
la lignede conduite etla pratique des Etats-Unis - et du Nicaragua - sont
souhaitables ou non, réalisablesou non,politiquement opportunes ou non,
raisonnablesou non, ou encorehumaines ou non. Je ne dis pasque ledroit
et la politique sont indépendants l'un de l'autre, loinde là. A l'évidence,
le droit est censépromouvoir la politique générale - et il le fai;la con-
formitéde la politique au droit doit bien sûr êtreappréciéeen fonctionde
cette véritéfondamentale. Néanmoins les Etats et les hommes ne sontpas
tenus de faire tout ceque ledroit permet et ilsne sont pastoujours bien avi-
sésde le faire. A mon avis, le véritablerôle d'unjuge de la Cour connaît
des limites : il doit déterminer ce que le droit permet ou exige, sans se

prononcer sur le bien-fondé de la politique suivie à l'intérieurde ces
limites.

II. RÉSUMB DES PRINCIPALES CONCLUSIONS DE DROIT

6. Sans avoir prét.exté et encore moins subi une provocation, le Nica-
ragua, depuis 1979,apporte etpersiste à apporter son soutienaux activités
visant à renverser le Gouvernement d'El Salvador, en fournissant une
assistance massive, importante et soutenue à la rébelliondans ce pays -
rébellionqui, avant de bénéficierde l'aidedu Nicaragua et d'autres pays,
était mal organisée, maléquipée etinefficace. Les actes délictueuxdu
Gouvernement nicaraguayen ne se sont pas limités à la fourniturede très
grandes quantitésd'armes,munitions etautres approvisionnements (cequi
en soi pourrait êtreconsidéré commen'équivalantpas à une agression
armée) ;leNicaragua, ainsi queCuba, ont participé aux côtésdesrebelles
salvadoriens à l'organisation et àla préparation de leurs actes d'insurrec-
tion, de même qu'à leue rntraînement ;leNicaragua a mis àla disposition
des insurgéssalvadoriens des moyens de commandement et de contrôle,

des bases et des moyens de transmission, et il leur a offert refuge, ce qui a
permis aux dirigeants de l'insurrection salvadorienne d'opérer à partir du
territoire nicaraguayen. Au regard du droit international coutumier et ducumulatively tantamount to an armed attack upon El Salvador. (It is
striking that both Nicaragua and the United States, in their pleadings
before the Court, agree that significant material supp0rt.b~ a State of
foreign armed irregulars who endeavour forcibly to overthrow the Gov-
ernment of another State is tantamount to armed attack upon the latter
State by the former State.) Not only is El Salvadorentitled to defend itself
againstthisarmedattack ;it can, and has, called upon theUnited States to

assist it in the exercise of collective self-defence. The United States is
legally entitled to respond. It can lawfully respond to Nicaragua's covert
attempt to overthrow the Government of El Salvador by overt or covert
pressures, military and other, upon the Government of Nicaragua, which
are exerted either directly upon the Government, territory and people of
Nicaragua by the United States, or indirectly through the actions of
Nicaraguan rebels - the "contras" - supported by the United States.

7. While United States pressure upon Nicaragua is essentially lawful,

nevertheless questions about the legality of aspects of United States con-
duct remain. In my view, the fundamental question is this. Granting that
the United States can join El Salvador in measures of collective self-
defence(evenif,contrary to Article 51of the United Nations Charter, they
were not reported to the United Nations Security Council, as, by their
nature, covert defensive measures will not be), those measures must be
necessary, and proportionate to the delicts - the actions tantamount to
armed attack - of Nicaragua. And they must in their nature be funda-
mentally measures of self-defence.

8. Bythese standards, the unannounced mining by the United States of
Nicaraguan ports was a violation of international law. That mining could
affect and did affect third States as against whom no rationale of self-
defence could apply in these circumstances. As against Nicaragua, how-
ever, the mining was no less lawful than other measures of pressure.

9. Are United States support of the contras and direct United States
assaults on Nicaraguan oil tanks, ports and pipelines, as well as other
measures such as intelligence overflights, rnilitary and naval manoeuvres,
and a trade embargo, unnecessary and disproportionate acts of self-
defence ?1do not believeso.Their necessityis,or arguably is,indicated by
recurrent, persistent Nicaraguan failure to cease armed subversion of El
Salvador. To the extent that proportionality of defensive measures is

required - a question examined below - in their nature, far from being
disproportionate to theacts against whichthey area defence, theactions of

259droit international conventionnel, ces actes de subversion nicaraguayens
sont d'une ampleur telle qu'ils ne fontpasque constituer une intervention

illicite dans les affaires d'El Salvado; ils équivalent en plusà une agres-
sion arméecontre ElSalvador. (On relèveraque, dans leursécritures,aussi
bien leNicaragua que les Etats-Unis conviennent quela fourniturepar un
Etat d'un appui matérielappréciable à des forces arméesirrégulièresqui
s'emploient à renverser par la force le gouvernement d'un autre Etat
équivaut à une agression arméedu premier Etat contre le second.) El
Salvador a non seulement le droit de se défendre contre cette agression
armée ;il peut encore - et il l'afai- demander aux Etats-Unisde l'aider
dans l'exercicedu droit de légitimedéfensecollective.Les Etats-Unis, eux,
sont juridiquement fondés à réagir. Ils peuvent licitement riposter aux
efforts déployés dans l'ombre par le Nicaragua pour renverser le Gouver-

nement d'El Salvador ; à cet effet, ils peuvent exercer des pressions mili-
taires ou autres sur le Gouvernement du Nicaragua, ouvertement ou
secrètement.Cespressions, militaires ou autres, ilspeuvent lesexercer soit
directement sur le Gouvernement, le territoire et le peuple du Nicaragua,
soit indirectement, par le biais des actes des rebelles nicaraguayens - les
contras - en les soutenant.
7. S'il est vrai que les pressions exercéespar les Etats-Unis sur le
Nicaragua sont dans leur essence licites, il n'en reste pas moins que des
questions subsistent quant à la légalitéde certains aspects du comporte-
ment desEtats-Unis. A mon avis,laquestion fondamentale est la suivante.

Sil'onadmetque lesEtats-Unis peuvent s'unirau Salvador dans lamiseen
Œuvrede mesures de légitimedéfense collective (mêmesi,contrairement à
l'article 51 de la Charte des Nations Unies, ces mesures n'ont pas été
portées à la connaissance du Conseil de sécuritédesNations Unies - les
mesures défensives secrètes nesont en effet pas portées àsa connaissance
en raison de leur nature), ces mesures doivent êtrenécessaireset propor-
tionnéesaux actes délictueux - lesacteséquivalant à une agression armée
- du Nicaragua. Et elles doivent être intrinsèquement etpar nature des
mesures de légitime défense.
8. Dans ces conditions, le fait que les Etats-Unis ont posé desmines
dans des ports nicaraguayens sans en notifier l'existence constituait une

violation du droit international. Ce minagepouvait affecter - et ilaaffecté
- desEtats tiers auxquels aucun argument de légitimedéfensene pouvait
en l'occurrenceêtreopposé.Mais vis-à-visdu Nicaragua, le minage n'était
pas moins licite que d'autres mesures de pression.
9. Mais l'appui des Etats-Unis aux contras, les attaques directes des
Etats-Unis contre des réservoirsde pétrole, des ports et des oléoducs
nicaraguayenset autres actes des Etats-Unis, comme lessurvols à des fins
de renseignement, les manŒuvres militaires et navales et l'embargo sur le
commerce, étaient-ilsdes actes de légitimedéfense qui n'étaientni néces-
saires ni proportionnés ?Je ne le crois pas. Le fait que le Nicaragua s'est
toujours et encore refusé àmettre fin à sa subversion arméeau Salvador en

montre la nécessité,du moins peut-on le soutenir. S'il est vrai que les
mesuresdéfensivesdoivent êtreparleur nature proportionnées - questionthe United States are strikingly proportionate. The Salvadoran rebels,
vitally supported by Nicaragua, conduct a rebellion in El Salvador ; in
collective self-defence, the United States symmetrically supports rebels
who conduct a rebellion in Nicaragua. The rebels in El Salvador perva-

sivelyattack economic targets of importance in El Salvador ;the United
States selectivelyattacks economic targets of military importance, such as
portsand oilstocks,inNicaragua. Evenifitbeaccepted, arguendo,that the
current object of United States policy is to overthrow the Nicaraguan
Government - and that isbyno means established - that isnot necessarily
disproportionate to the obvious object of Nicaragua in supporting the
Salvadoran rebels who seekoverthrow of the Government of El Salvador.
To Say,as did Nicaraguan counsel, that action designed to overthrow a
government cannot be defensive, isevident error, which would havecome
as a surprise to Roosevelt and Churchill (and Stalin), who insisted on the
unconditional surrender of the Axis Powers. In the largest-scale interna-
tional hostilities currently in progress, one State, which maintains that it is
the victim of armed attack, proclaims as its essential condition for peace

that the government of the alleged aggressorbe overthrown - a condition
which some may find extreme, others not, but which in any event has not
aroused the legal condemnation of the international community. More-
over, 1 agree with the Court that, if Nicaragua has been givingsupport to
the armed opposition in El Salvador, and if this constitutes an armed
attack upon El Salvador, collectiveself-defencemay be legallyinvoked by
the United States, even though the United States may possibly have an
additional and perhaps more decisive motive drawn from the political
orientation of the Nicaraguan Government.

10. Nevertheless, it could be maintained that the necessity of United
States actions claimed to be in collective self-defence has been open to
question, particularly since that time in 1983when Nicaragua began to
indicate that it wasprepared to ceaseits support for the armed subversion
of El Salvador's Government if the United States would cease both its
direct support for ElSalvador'sGovernment and its pressures upon Nica-
ragua's. It may be maintained that, at any rate since that time, there have
been peaceful means of resolving the dispute which wereopen and should
have been exploited before the continued application of armed pressure
waspursued. Whether that question of thenecessityofthecontinued useof
force isjusticiable is doubtful, for reasons explained below.

11. TheCourt hasconcluded that it can adjudge the necessityof United
States pressures against Nicaragua. It has further concluded that it need
not make that judgment, on the ground that the pressures of the United
States upon Nicaragua - the measures which the United States has taken
in alleged exercise of its right of collective self-defence - cannot be inqui est examinéeplus loin - les activitésdes Etats-Unis, loin d'êtredis-
proportionnées aux actes contre lesquels elles constituent un moyen de
défense,sont remarquablement proportionnées. De mêmeque lesrebelles
salvadoriens, forts de l'appui essentiel du Nicaragua, conduisent une
rébellion au Salvador, les Etats-Unis, agissant eu titre de la légitime
défensecollective, appuient les rebelles qui conduisent une rebellion au
Nicaragua. Les rebelles salvadoriens attaquent sans distinction d'impor-

tants objectifs économiques au Salvador ;les Etats-Unis attaquent sélec-
tivement des objectifs économiquesd'importance militaire, tels que ports
et réservoirsde pétrole,au Nicaragua. A supposer mêmeque la politique
des Etats-Unis ait actuellement pour but de renverser le Gouvernement
nicaraguayen - ce qui n'est nullement établi - ce but ne serait pas
nécessairement disproportionné à celui que vise manifestement l'appui
accordépar le Nicaragua aux rebelles salvadoriens, à savoir le renverse-
ment du Gouvernement d'El Salvador. Prétendre, comme les conseils du
Nicaragua l'ont fait, qu'un acte visant à renverser un gouvernement ne
saurait êtreune mesure défensive,c'estcommettre une erreur flagrante qui
aurait surpris Roosevelt etChurchill(ainsi que Staline),lesquels ont insisté
sur la capitulation sans condition des puissances de l'Axe. Dans le cadre
des hostilitésinternationales qui secouent actuellement le monde, 1'Etat

qui maintient êtrevictime d'une agression arméepose, comme première
condition à la paix, le renversement du gouvernement de 1'Etat qu'il
considère comme l'agresseur - condition que d'aucuns peuvent juger
extrême et d'autres non,mais que la communauté internationale n'a en
tout cas pas condamnéesur le plan juridique. De plus,je conviens avec la
Cour que, sile Nicaragua a appuyél'opposition arméeau Salvador et sice
fait constitue une agression arméecontre El Salvador, les Etats-Unissont
habilités à invoquer la légitime défensecollective, même au casoù ils
pourraient avoir un motif supplémentaire,et peut-être plusdécisif,tenant
à l'orientation politique du Gouvernement nicaraguayen.
10. Cependant, on pourrait soutenir que la nécessitédes mesures que
les Etats-Unis ont prises en arguant de la légitime défense collectivea été
mise en cause tout particulièrement depuis qu'en 1983 le Nicaragua a

commencé à faire savoir qu'il étaitdisposéà mettre fin à son appui à la
subversion arméecontre le Gouvernement d'El Salvador si les Etats-Unis
cessaient à la fois leur appui direct au Gouvernement d'El Salvador et
leurs pressions sur celui du Nicaragua. On pourrait soutenir que depuis
ce moment-là en tout cas il existait des moyens pacifiques de résoudre
le différendet qu'il aurait fallu les exploiter avant de s'obstinàrexercer
des pressions armées. Pour les raisons exposées ci-après,il est douteux
que la question de la nécessitéde l'emploi continu de la force soit jus-
ticiable.
11. La Cour a conclu qu'elle pouvait se prononcer sur la nécessitédes
pressions exercéespar les Etats-Unis contre le Nicaragua. Mais elle a
conclu également qu'elle n'étaitpas obligéede se prononcer sur cette
question, étant donné queces pressions - c'est-à-dire les mesures que les

Etats-Unis avaient prises en arguant de l'exercicede leur droit de légitimeresponse to a prior armed attack by Nicaragua upon El Salvador, for the
reason that there has been no such armed attack. Nevertheless, the Court
holds that the measures taken by the United States against Nicaragua
cannot in any event be justified on grounds of necessity.

12. 1 share none of these conclusions. The Court's statement of, and
apparent understanding of,the facts that underlie itsconclusion that there
has been no armed attack by Nicaragua upon El Salvador essentially turn
upon its conclusions that it has not been proven that the Nicaraguan
Government itself was engaged in the shipment of arms to Salvadoran

insurgents, still less in any related subversive acts, such as training of
Salvadoran insurgents and provision of headquarters for their leadership
on Nicaraguan territory, to which allegations the Court pays scant atten-
tion ; that such arms shipments as there may have been through Nicara-
guan territory to Salvadoran insurgents appear largely or entirely to have

ended in early 1981; and that, accordingly, United States measures
launched some months and maintained forsome years thereafter could not
have been a timely, necessary and proportionate response to such arms
trafficking, if indeed there were any. These conclusions. in turn, reflect
rules of evidence which the Court has articulated for this case and pur-

ported to apply, whose application will be shown below to be inappro-
priate. In my view, for reasons fully expounded in the appendix to this
opinion, the Court's finding of the facts on the critical question of the
realitv and extent of the intervention of the Nicarama" Government in El
Salvador in support of the insurgency in that country - which goes far

beyond the shipment of arms - cannot be objectively sustained.

13. As to the law, the Court holds that, even if the shipment of arms
through Nicaragua to Salvadoran insurgents could be imputed to the
Nicaraguan Government, such shipment would not be legally tantamount
to an armed attack upon El Salvador. In the absence of armed attack, the
Court holds, El Salvador is not entitled to react in self-defence - and did
not - and the United States is not entitled to react in collectiveself-defence

- and did not. 1find theCourt's interpretation of what is tantamount toan
armed attack, and of the consequential law. inconsonant with accepted
international law and with the realities of international relations. And 1
find its holdings asto what El Salvador and the United States actually did
inconsistent with the facts.

14. The truth is that the State which first intervened with the use of force
in the affairs of another State in the dispute before the Court was Nica-
ragua, which initiated and has maintained its efforts to subvert or over-

throw the governments of its neighbours, particularly of El Salvador. Indéfensecollective - ne pouvaient constituer une riposte à une agression

armée antérieurelancéepar le Nicaragua contre El Salvador, à défaut
d'une telle agression armée. La Cour conclut cependant que les mesures
prises par les Etats-Unis contre le Nicaragua ne sauraient en aucune
manière êtrejustifiées par la nécessité.
12. Je ne souscrisà aucune de cesconclusions. L'exposépar la Courdes
faits qui l'ont conduite à conclure qu'il n'y a pas eu d'agression armée
contre El Salvador de la part du Nicaragua et l'interprétation qu'elle
semble donner de ces faits reposent essentiellement sur quelques consta-
tations qu'elle a faites: il n'a pas étéprouvéque le Gouvernement du
Nicaragua lui-mêmeétaitmêlé à l'envoid'armes aux insurgéssalvadoriens,
et encore moins à un quelconque acte de subversion connexe, comme
l'entraînement d'insurgéssalvadorienset la mise àla disposition de leurs

dirigeants d'un quartier général enterritoire nicaraguayen - allégations
auxquelles la Courporte peu d'attention ;les envois d'armes aux insurgés
salvadoriensqui ont pu passer par le Nicaragua semblent avoir, dans une
large mesure ou totalement, cessé audébut de 1981 ;en conséquence,les
mesures qui ont étéprises par les Etats-Unis quelques mois après, et qui
ont été maintenuespendant quelques années,ne sauraient constituer une
riposte opportune, nécessaire et proportionnée àce trafic d'armes, si tant
est qu'ily en ait eu un. Ces constatations, à leur tour, reflètent les règles
de preuve que la Cour a retenues pour la présente affaire et qu'elle enten-
dait appliquer, mais qui ne l'ont pas étéde façon appropriée, comme
on le verra.A mon avis, pour les raisons exposéesen détaildans I'appen-

dice à la présente opinion, il n'estpas possible de défendre entoute objec-
tivitélesconclusions defait auxquelles la Cour est parvenue sur la délicate
question de la réalitéet de l'ampleur de l'intervention du Gouverne-
ment nicaraguayen au Salvador au profit de l'insurrection dans ce pays
- intervention qui ne se limite pas à la fourniture d'armes, tant s'en
faut.
13. Pourcequi estdu droit, la Cour déclareque, mêmesil'envoid'armes
traversant le Nicaragua à destination des insurgéssalvadoriens pouvait
être imputé au Gouvernement nicaraguayen, iln'équivaudraitpas en droit
à une agression arméecontre El Salvador. En l'absence d'une agression
armée,déclarela Cour, El Salvador n'est pasfondé à riposter dans I'exer-

cice du droit de légitimedéfense - ce qu'il n'a pas fai- et les Etats-Unis
ne sont pas fondés ilriposter dans l'exercicedu droit de légitimedéfense
collective- ce qu'ils n'ont pas fait. Je pense que, l'interprétation donnée
par la Cour de cequi équivaut à une agression arméeet des règlesdedroit
quiendécoulentn'estpas compatible avecledroitinternational acceptéet
avec les réalitésdes relations internationales. A mon avis, les conclusions
de la Cour sur ce qu'El Salvador et les Etats-Unis ont fait réellement ne
correspondent pas aux faits.
14. Lavéritéc ,'estqu'en l'espèceI'Etat qui lepremier est intervenu dans
lesaffairesd'un autreEtat enemployant la force a été le Nicaragua, lequel
ainauguréet maintenu une politique visant à déstabiliserou àrenverser les
gouvernements des pays voisins, en particulier celui d'El Salvador. Encontemporary international law, the State which first undertakes specified
unprovoked, unlawful uses of force against another State - such as sub-
stantial involvement in the sending of armed bands ont0 its territory - is,

prima facie, the aggressor. On examination, Nicaragua's status as the
prima facie aggressor can only be definitively confirmed. Moreover, Nica-
ragua has compounded its delictual behaviour by pressing false testimony
on the Court in a deliberate effort to conceal it. Accordingly, on both
grounds, Nicaragua does not come before the Court with clean hands.
Judgment in its favour is thus unwarranted, and would be unwarranted
even if it should be concluded - as it should not be - that the responsive
actions of the United States were unnecessary or disproportionate.

15. The Court has arrived at verydifferent conclusions. While 1disagree
with its legal conclusions - particularly as they turn on its holding that

there has been no action by Nicaragua tantamount to an armed attack
upon El Salvador to which the United States may respond in collective
self-defence - 1recognizethat there isroomfor theCourt's construction of
the legal meaning of an armed attack, as well as for some of its other
conclusions of law.The Court couldhaveproduced aplausiblejudgment -
unsound in its ultimate conclusions, in my view, but not implausible -
which would have recognized not only the facts of United States inter-
vention in Nicaragua but the facts of Nicaragua's prior and continuing
intervention in El Salvador ; which would have treated Nicaragua's inter-
vention as unlawful (as it undeniably is) ; but which would alsohave held
that it nevertheless was not tantamount to an armed attack upon El

Salvador or that, even if it were, the response of the United States was
unnecessary, ill-timed or disproportionate. Such ajudgment could plau-
sibly have held against the United States on other points as well, among
them, its failure to report its actions to the United Nations Security
Council and its failure to have adequate recourse to the multilateral
institutions for peaceful settlement and collective security constituted by
the Charters of the United Nations and the Organization of American
States.

16. Butthe Court hasproceeded otherwise. Ithas excluded, discounted

and excused the unanswerable evidence of Nicaragua's major and main-
tained intervention in the Salvadoran insurgency, an intervention which
has consisted not only in provision of great quantities of small arms until
early 1981, but provision of arms, ammunition, munitions and supplies
thereafter and provision of command-and-control centres, training and
communications facilities and other support before and after 1981.The
facts, and the law, demanded condemnation of these Nicaraguan actions
which, even if not tantamount to armed attack, must constitute unlawful
intervention. For reasons that neitherjudicial norjudicious considerations
sustain, the Court has chosen to depreciate these facts, to omit any con-
sequential statement of the law, and even, in effect, to appear to lend itsdroit international contemporain, 1'Etatqui lepremieremploie illicitement
la forcecontre un autre Etat, dans un cas particulier et sans provocation
antérieure - par exemple en prenant une part active à l'envoi de bandes

armées sur son territoire -, est réputéêtrel'agresseur. Un examen de la
situation ne peut que confirmer définitivementque le Nicaragua apparaît
bien comme l'agresseur. En outre, le Nicaragua a aggravéson comporte-
ment délictueuxenproduisant devant la Courde faux témoignage:dans le
souci délibéréde dissimuler la vérité.En conséquence, sous ces deux
aspects, le Nicaragua ne s'est pas présentédevant la Cour avec les mains
propres. Un arrêten sa faveur ne sejustifie donc pas et ne se serait même
pasjustifiés'ilfallait conclure- ce qui n'estpas lecas - que la riposte des
Etats-Unis n'était pas nécessaire ou qu'elle étaitdisproportionnée.
15. La Cour est arrivée à des conclusions fort différentes. Bien qu'en
désaccord avec sesconclusions de droit - en particulier parce qu'elles

reposent sur l'affirmation qu'il n'ya pas eud'acte du Nicaragua équivalant
à une agression arméecontre El Salvadorauquel les Etats-Unis pouvaient
riposter au titre de la légitimedéfense collective-je reconnais que la Cour
attache à la notion d'agression arméeune signification juridique soute-
nable et que certaines de ses autres conclusions en droit sont aussi soute-
nables. La Cour aurait pu rendre un arrêt défendable - non fondédans ses
conclusions finales. à mon avis, mais qui ne soit pas indéfendable - où
elle aurait reconnu non seulement les faits relatifs à I'intervention des
Etats-Unis au Nicaragua, mais aussi les faits relatifsà l'intervention anté-
rieure et continue du Nicaragua au Salvador, où elle aurait taxé l'inter-
vention du Nicaragua d'illicite (cequi est indéniablement le cas) mais où

elleaurait aussi conc:luque cetteintervention n'équivalaitcependant pas à
une agression arméecontre El Salvador, ou que, mêmedans cette hypo-
thèse, la riposte des Etats-Unis n'était pas nécessaireou qu'elle était
inopportune ou disproportionnée. Elleaurait pu fort bien adresser d'autres
reproches aux Etats-Unis, et notamment leur reprocher de n'avoir pas
portéles mesures prises par eux à la connaissance du Conseil de sécurité
des Nations Unies et de n'avoir pas dûment recouru aux instances inter-
nationales de règlement pacifique et de sécuritécollective constituées en
application de la Charte des Nations Unies et la charte de l'Organisation
des Etats américains.
16. Mais la Cour a procédé d'uneautre manière. Elle a exclu ou écarté

des élémentsde preuve irréfutables, ou elle s'est dispenséede les étudier
alors qu'ils établissentl'existence d'uneintervention importante et conti-
nue du Nicaragua dans l'insurrection salvadorienne, intervention qui a
consisté non seulement en la fourniture de grandes quantités d'armes
légèresjusqu'au début de 1981,mais encore en la fourniture d'armes, de
munitions de toutes sortes et autres approvisionnements aprèsle débutde
1981 et en la fourniture de moyens de commandement et de contrôle,
d'entraînement, de transmission et autres, avant et après 1981. Les faits,
aussi bien que le droit, exigeaient la condamnation de ces actes du Nica-
ragua qui, même s'ils n'équivalenp tas à une agression armée,n'en cons-
tituent pas moins nécessairement uneintervention illicite. Pour des raisonsgood name to Nicaragua's misrepresentation of the facts. The Court may
thereby have thrown into question the validity of a Judgment which is
bound toits factualpredicates. Bysodoing,Nicaragua's credibility has not
been established, but that of the Court has been strained. Moreover, the
Court has in my view further compromised its Judgment by its inference
that there may be adouble standard in the lawgoverning the useof force in
international relations :intervention is debarred, except, it appears, in
"the process ofdecolonization". 1deeply regret to beobliged to Saythat, in
my submission, farfrom the Court, in pursuance of the requirements ofits
Statute, satisfying itself as to the facts and the law, it has stultified
itself.

III. FACTUAL PREMISES

A. TheNicaraguanGovernmentCame to Power on the Buck of Some of
rhe VeryFormsof ForeignInterventionof Which itnow Complains
(Appendix,Paras. 2- 7)

17. The overthrowin 1979of the Government of President Somoza by a
widespread and popularly supported rebellion, led by thefightingforces of
the Sandinistas, was vitally assisted by foreign governments. President
Castro had united diverse factions of the Sandinista leadership into the
nine-member directorate of comandanteswhich today governs Nicaragua,
and Cuba supplied the united Sandinista forces with large quantities of
arms, with training, and advisers in the field. Venezuela provided the
Sandinistas with arms, money and logistical support.Costa Rica provided
safe haven for large numbers of Sandinista forces based in itsterritory and
was the prime channel for the extensive shipments of arms provided by
third States to the Sandinistas. Panama also served as such a channel and
deployed members of the Panamanian National Guard who joined in
fightingagainst the Somoza régime.For its part, Honduras was unable or
unwilling to take effective measures against the Sandinista forces which
operated from Honduran territory. Thus the Sandinistas, who today com-

plain of foreign intervention, particularly the sending of irregulars on to
their territory from safe havens of neighbouring States who are financed,
trained and provisioned by aforeign State, actually came to power with the
aid of these very forms of foreign intervention against the Government
which they then were battling.

18. Moreover, the fa11of President Somoza was facilitated by the exer-
tion of other foreign pressures upon his Government. The United States
brought its influence to bear to withhold international credits from the ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 273

qu'aucune considérationjudiciaire oujudicieuse n'étaye,la Cour a choisi
de dépréciercesfaits, de ne pas en tirer de conséquencesjuridiques, et elle

semblemême,en réalitéc ,autionner la présentation erronéedes faits par le
Nicaragua. Ainsi, la Cour apeut-êtremis encauselavaliditéd'un arrêt qui
estliéaux éléments de faitsur lesquelsilrepose. Il s'ensuitque lacrédibilité
du Nicaragua n'a pas étéétablieet que celle de la Cour a étéébranlée.De
plus, à mon avis, la Cour a encore affaibli son arrêten laissant supposer
que, sur le plan juridique, on appliquerait peut-être deux poids deux
mesures à l'emploi de la force dans les relations internationales:I'inter-
vention serait exclue sauf, semble-t-il, dans le cadre du <(processus de
décolonisation o.Je regrette vivement de devoir dire qu'à mon sens la
Cour, loin de s'êtreassuréedesfaits et du droit commele veut son Statut,
s'est déconsidérée.

III. PRÉMISSE SACTUELLES

A. Le Gouvernement nicaraguayen est arriva éu pouvoir grâcea certaines
desformes mêmesdl'nterventiondont il se plaint actuellement (appendice,
par. 2-7)

17. Le renversement en 1979 du président Somoza par une rébellion
largement répandueet populaire, placée sous ladirection des forces com-
battantes des sandinistes, a reçu une aide vitale de la part de gouverne-
ments étrangers. Le président Castro a regroupé diverses factions de la

direction sandiniste en un directoire composé de neuf comandantes, qui
gouvernent aujourd'hui le Nicaragua, et Cuba a fourni aux forces sandi-
nistes unies de grandes quantitésd'armes, des servicesde conseillers sur le
terrain et a assuré leurformation. Le Venezuela a fourni aux sandinistes
des armes, de l'argent et un appui logistique. Le Costa Rica a offert un
sanctuaire à de trèsriombreusesforces sandinistes baséessur sonterritoire
et il a étéle principal intermédiaire pour l'acheminement des grandes
quantitésd'armes fournies par desEtats tiers et destinéesaux sandinistes.
Le Panama a lui aussi servi d'intermédiairedans lemêmesenset a détaché
des membres de la garde nationale panaméenne auprès des forces qui
combattaient le régime Somoza.Pour sa part, le Honduras n'a pas pu, ou

n'a pas voulu, prendre des mesures effectives contre les forcessandinistes
qui opéraient à partir de son territoire. Ainsi, les sandinistes, qui se plai-
gnent aujourd'hui d'intervention étrangère, en particulier de l'envoi sur
leur territoire de forces irrégulièresqui ont trouvérefuge dans des pays
voisins et qui sont financées,entraînées et approvisionnées par un Etat
étranger,sont en fail.arrivés au pouvoir grâceàune intervention étrangère
qui revêtaitles mêmesformes et qui étaitdirigéecontre le gouvernement
qu'ils combattaient alors.
18. De plus, la chute du président Somoza a étéfacilitéepar d'autres
pressions étrangèresexercéessur son gouvernement. Les Etats-Unis ont
uséde leur influence pour empêcherl'octroi de prêts internationaux auNicaraguan Government. It cut off military assistance and sales to the
Nicaraguan Government and persuaded other major governmental sup-
pliers to stop selling ammunition to the Nicaraguan Government. In the
Organization of American States, strong pressures were exerted upon
President Somoza to step down, culminating in a resolution of the Seven-

teenth Meeting of Consultation of Ministers of Foreign Affairs of 23
June 1979which called for "Immediate and definitive replacement of the
Somoza régime".

B. The New Nicaraguan Government Achieved Foreign Recognition in
Exchange for International Commitments concerning its Interna1 and
External Policies, Commitments Which it Deliberately Hus Violated

(Appendix, Paras. 8-13)

19. In response to the foregoing resolution - which also called for
installation of a democratic government in Nicaragua which would guar-
antee the human rights of al1Nicaraguans and hold free elections - the
Junta of the Government of National Reconstruction of Nicaragua on
12July 1979sent to the OAS and "to the Ministers of Foreign Affairs of
the Member States of the Organization" itswritten statement of plans for
Somoza'sresignation and itsassumption ofpower. TheJunta pledged that,
upon therecognition by the member States of the OASof theGovernment
of National Reconstruction as the legitimate Government of Nicaragua,
that Government when in power would immediately proceed to enact into
law and implement provisions which would meet the prescriptions of the

OAS. The States Members of the OAS carried out their part of this
international understanding, individually as well as collectivelyextending
promptly the recognition which the Junta solicited. But the Sandinistas -
who soon asserted and maintained exclusive control of the Junta and
subsequent formations of the Nicaraguan Government - did not carry out
their part. On the contrary, they violated important elements of theJunta's
assurances to the OAS and its Members, and did so, as a matter of
deliberategovernmental policy.wellbeforetherecould be anyjustification
for such derogations on grounds of national emergency provoked by
armed attacks-upon the revolutionary government.

C. The New Nicaraguan Government Received UnprecedentedAid from
the International Community, including the United States
(Appendix, Paras. 14-15)

20. The advent of the revolutionary Government in Nicaragua was
welcomed virtually throughout the world. Assistance to it poured in, from
East. West and Latin America. West included not only Europe but the
United States which. in the first 18months of Sandinista rule, gave more ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.sCHWEBEL) 274

Gouvernement nicaraguayen. Ils ont mis fin à leur aide militaire età la

fourniturede matérielmilitaire au Gouvernement du Nicaragua, et ilsont
persuadé d'autres gouvernements gros fournisseurs de cesser de lui vendre
des munitions. A l'Organisation des Etats américains,de vives pressions
ont été exercéessur le présidentSomoza pour qu'il démissionne,pressions
qui ont abouti à l'adoption le 23juin 1979d'une résolutiondans laquelle
la dix-septième réunionde consultation des ministres des relations exté-
rieures demandait le remplacement immédiat et définitif du régime
Somoza D.

B. Le nouveau Gouvernementdu Nicaragua s'est fait reconnaîtrepar les
autres Etats en contrepartie d'engagementsinternationaux touchant ses
politiquesintérieuree?extérieure,engagementsqu'il a délibérément enfreints
(appendice,par. 8-13)

19. En réponse à la résolution précitée- où étaitaussi recommandée
l'instauration au Nicaragua d'un gouvernement démocratique qui garan-
tirait les droits de l'homme de tous les Nicaraguayens et qui organiserait
desélections libres- lajunte gouvernementale de reconstruction nationale
du Nicaragua a adressé à 1'OEA ainsi qu'aux ministres des relations
extérieuresdes Etats membres de l'organisation O,le 12juillet 1979,son
plan écritconcernant la démissionde Somoza et sa prise du pouvoir. La
junte y prenait l'engagement que, dès que les Etats membres de I'OEA
reconnaîtraient le gouvernement de reconstruction nationale comme gou-

vernement Iégitimedu Nicaragua, celui-ci, une fois au pouvoir, promul-
guerait et appliquerait immédiatement des lois qui répondraient auxpres-
criptions de I'OEA. Les Etats membres de I'OEAont exécuté leurpart de
ce marché international, individuellement et collectivement, en reconnais-
sant rapidement le gouvernement de reconstruction nationale comme
gouvernement légitimedu Nicaragua ainsi que le souhaitait lajunte. Mais
lessandinistes - qui n'ont pas tardé às'emparer du contrôle exclusif de la
junte etdes formations ultérieuresdu Gouvernement nicaraguayen et l'ont
conservé - n'ont pas exécuté leurpart du marché.Au contraire, ils ont
manquésur des points importants aux assurances que lajunte avait don-
nées a I'OEA et à ses membres, et cela dans le cadre d'une politique
gouvernementale délibérée, bienavant que l'état d'urgence consécutif

aux agressions arméescontre le gouvernement révolutionnaire puisse le
justifier.

C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a reçu de la communauté
internationale,y cowiprisdesEtats-Unis, uneaidesansprécéden(tappendice,
par. 14-15)

20. L'avènementdu gouvernement révolutionnaire au Nicaragua a été
saluépratiquement dans le monde entier. L'aidea affluéau Nicaragua, en
provenance de pays de l'Est, de pays occidentaux et de l'Amériquelatine.
Parmi les pays occidentaux figuraient non seulement ceux d'Europe maiseconomic aid to Nicaragua than did any other country and more than it
had given in total in 20 previous years of Somoza family rule. The Carter
Administration exerted itself to establish friendly relations with the new
Nicaraguan Government which, for its part, adopted a national anthem
which proclaims the Yankees to be "the enemy of mankind". The United
States attached a critical condition to its aid. namely, that Nicaragua not
assist violence or terrorism in other countries, a provision which was
designed to discourage support of insurrection in El Salvador which,when
the Sandinistas came to power in Nicaragua. was smouldering rather than
flaring.

D. TheCarterAdministration SuspendedAid toNicaraguainJanuary 1981
BecauseofitsSupportofInsurgencyinEl Salvador, SupportEvidenced,inter
alia,by Documents Capturedfrom the Salvadoran Guerrillas(Appendix,
Parus. 16-22)

21. Confronted with convincing evidence of large-scale supply of arms
by the Nicaraguan Government to the insurgents in El Salvador, culmi-
nating in their "final offensive" of January 1981,the Carter Administra-
tion in its closing days suspended economic aid to the Government of
Nicaragua and resumed military aid to the Government of ElSalvador.
That evidence included captured documents demonstrating the involve-
ment of Communist States, particularly Cuba, and Nicaragua in the uni-
fication, planning, training, a.rming and provisioning of a Salvadoran
insurgency which would have its command-and-control facilities in Nica-
ragua.

E. The Reagan Administration Terminated Aid to the Nicaraguan

Government while Waiving the Latter's Obligation to Repay Aid already
Extended intheHope thatitsSupportofForeign InsurgenciesWouldCease ;
Subsequently,it TwiceOfficially OfferedroResumeAid ifNicaragua Would
Stop SupportingInsurgencyinEl Salvador,Offers WhichWerenotAccepted
(Appendix, Parus. 23-24)

22. The Reagan Administration in April 1981 terminated the sus-
pended aid to the Nicaraguan Government because of the evidence of its
support of insurgency in El Salvador. Becausethe suspension of thataidin
January by the Carter Administration and urgent United States diploma-
tic representations, buttressed with detailed intelligence reports, had had
some success in persuading the Nicaraguan Government to interrupt its
provision of arms to the Salvadoran insurgents, the Reagan Adrninistra-
tion waived repayment for which United States law provided. In August
1981,the United States officially offered to resume aid to the Nicaraguan
Government provided that it cease its by then resumed support for theaussi les Etats-Unis, lesquels, au cours des dix-huit premiers mois d'exis-
tence du gouvernement sandiniste, ont accordéau Nicaragua une aide
économiqueplusimportante qu'aucun autre pays et plus élevée que toute
I'aide qu'ils avaientaccordéeenvingt ans au régimede la famille Somoza.
L'administration Carter s'est employée ànouer des relations amicales avec
le nouveau Gouvernement nicaraguayen qui, pour sa part, a adopté un
hymne national où il est proclaméque les Yankees sont (les ennemis de
l'humanité ))Les Etats-Unis ont posé commecondition fondamentale à
l'octroi de leur aide que le Nicaragua ne favorise ni la violence ni le

terrorisme dans d'autres pays - condition destinée à découragerl'appui à
l'insurrection au Salvador qui, lorsque les sandinistes sont arrivés au
pouvoir au Nicaragua, couvait plus qu'elle neflambait.

D. L'administration Carter a suspendu l'aideau Nicaragua enjanvier 1981
en raison de son soutien a l'insurrection au Salvador, attesté notamment
par des documents saisis sur des guérilleros salvadoriens (appendice,

par. 16-22)

21. Face à des preuves convaincantes qui établissaient que le Gouver-
nement du Nicaragua fournissait massivement en armes les insurgésd'El
Salvador - dont l'action devait culminer avec 1'0offensive finale de
janvier 1981 - I'administration Carter, vers la fin de son mandat, a sus-
pendu I'aideécononuqueau Gouvernement du Nicaragua et repris I'aide
militaire au Gouvernement d'El Salvador. Au nombre de ces preuves
figuraient desdocuments saisis,démontrantla participation de pays com-
munistes, en particulier Cuba, et du Nicaragua à l'unification,à la plani-
fication,à l'entraînement, a l'armement et àl'approvisionnement de I'in-
surrection salvadorienne dont les installations de commandement et de

contrôle se trouvaient au Nicaragua.

E. L'administration Reagan a mis fin a I'aide au Gouvernement nica-
raguayen tout en le dispensant de son obligation de rembourser I'aidedéja
accordéedans l'espoir qu'il mettrait fin a son aide aux insurrections a
l'étranger;plus tard, I'administration Reagana offert a deux reprises de
reprendre laide si le Nicaragua cessait d'appuyer l'insurrectiau Salvador

mais ces offres n'ontpas étéacceptées (appendice,par. 23-24)

22. En avril 1981,I'administration Reagan a mis fin à I'aide au Gou-
vernement du Nicaragua, qui avait étésuspendue, car son aide à I'insur-
rection au Salvadorétait étayée par des preuves. Commela suspension de
cette aide par l'administration Carter, enjanvier, et lesprotestations diplo-
matiques instantes des Etats-Unis, appuyées par des rapports détaillés
des services de renseignement, avaient dans une certaine mesure réussi à
persuader le Gouvernement nicaraguayen d'interrompre sa fourniture
d'armes aux insurgés salvadoriens,I'administration Reagan a renoncé au
remboursement de I'aide prévupar lalégislation américaine. En août 1981,
lesEtats-Unis ont officiellement offert au Gouvernement du Nicaragua derebels in El Salvador, an offer which the United States repeated in April

1982. Nicaragua accepted neither offer. Nicaragua denied that it was
extending such support.

F. The Reagan Administration Made Clear to the Nicaraguan Government
in 1981 that it Regarded the Sandinista Revolurion "As Irreversible" ; its
Conditionfor Co-existence Was Stopping the Flow of Arms to El Salvador
(Appendix, Paras. 25-26)

23. Nicaragua's evidence shows that, in 1981, the United States sent

then Assistant Secretary of State Thomas O. Enders to Managua where. in
conversations at the highest levelsof theNicaraguan Government,he gave
assurances - according to the transcript of conversation supplied by
Nicaragua - that the United States Government wasprepared to accept
the Nicaraguan revolution "as irreversible" provided that Nicaragua
stopped the flow of arms to El Salvador.

G. Before this Court, Representatives of the Government of Nicaragua Have
Falsely Maintuined that the Nicaraguan GovernrnentHus "Never" Supplied
Arms or Other Muterial Assistance to Insurgents in El Salvador, Hus
"Never" Maintained Salvadoran Comrnand-and-Control Facilities on
Nicaraguan Territory and "Never" Permitted its Territory to Be Usedfor
Training of Salvadoran Insurgents (Appendix, Para. 27)

24. The Foreign Minister of Nicaragua submitted an affidavit to the
Court. repeatedly relied upon by Nicaragua, which avers that :"In truth.
mygovernment is not engaged. and hasnot been engaged, in the provision
of arms or other supplies to either of thefactions engagedin thecivilwar in

El Salvador." Another Minister, as a principal witness in Court forNica-
ragua, testified that his Government "never" had a policy of sending arms
to opposition forces in Central America. And, in the final word of the
Nicaraguan Government to theCourt on thisvital question, the Agent of
Nicaragua on 26 November 1985wrote to the Court as follows :

"As the Government of Nicaragua has consistently stated, it has
never supplied arms or other material assistance to insurgents in El
Salvador or sanctioned the use of itsterritory for such purpose. it has
never permitted Salvadoran insurgents to establish a headquarters or
operations base or command and control facility in Nicaraguan ter-
ritory and has never permitted its territory to be used for training of
Salvadoran insurgents."

25. It is mystudied conclusion that these statements are untrue. In myreprendre l'aide, à condition que celui-ci mette fin à son assistance aux
rebellesd'ElSalvador,laquelle avaitalors repris. LesEtats-Unis ont réitéré
leur offreen avril 1982mais leNicaragua n'a acceptéaucunede cesoffres.
Il a niéavoir apporté Urietelle assistance.

F. L'administration Reagan a préciséau Gouvernement nicaraguayenen

1981 qu'elle considérait la révolutionsandiniste « comme irréversible » ;
comme condition à ,lacoexistence, elle a exigéqu'il soit mis fin à l'envoi
d'armes au Salvador (appendice,par. 25-26)

23. Ledossier du Nicaragua contient un pièceindiquant qu'en 1981les
Etats-Unis ont dépêché M. Thomas O. Enders, alors sous-secrétaire
d'Etat,à Managua et qu'à l'occasiond'entretiens au plus haut niveau avec
le Gouvernement nicaraguayen il a donnél'assurance - selon la trans-
cription d'une conversation communiquée par le Nicaragua - que le
Gouvernement des Etats-Unis était disposé àaccepter la révolution nica-
raguayenne << comme irréversible àcondition que leNicaragua mette fin

au flux d'armes vers El Salvador.

G. Devant la Cour, des représentantsdu Gouvernement du Nicaragua ont
soutenu à tort que celui-ci n'avait((jamai» fourni d'armes ou d'assistance
matérielle à I'insu,rrection au Salvador, ((jamais )) eu d'installations
salvadoriennes decommandementet de contrôlesurleterritoire nicaraguayen
et cijamais )) permis que son territoirefût utilisé pour l'entraînement

d'insurgés salvadoriens(appendice,par. 27)

24. Leministre des relations extérieuresdu Nicaragua a produit devant
la Cour une attestation, invoquée à plusieurs reprises par leNicaragua, où
il déclarece qui suil:<<En réalité,mon gouvernement ne participe pas et
n'ajamais participé à la fourniture d'armesou autres approvisionnements
à une quelconquedesfactionsopposées dans laguerre civileau Salvador. ))
Un autre ministre (duNicaragua, produit par le Nicaragua en tant que
témoinprincipal devant la Cour, a affirmésous serment que son gouver-
nement n'avait jarnais eupour politique de fournir desarmesaux forces
d'opposition en Amériquecentrale. Enfin, et c'est la dernière fois que le

c ou verne m nicanatuayen s'est exprimésur cette question essentielle,
l'agent du Nicaragua a écrit ce qui suit dans une lettre en date du
26 novembre 1985adressée à la Cour :
t<Ainsi qu'il l'aconstamment affirmé, le Gouvernement du Nica-
ragua n'ajamais fourni d'armes ou d'assistance matérielleaux insur-

gésau Salvador, ni acceptéque son territoire fût utilisàune tellefin.
Il n'ajamais permis aux insurgéssalvadoriens d'établirun siège,une
base d'opérations oude commandement, ou un dispositif de contrôle
sur leterritoire nicaraguayen, et iln'ajamais permis que son territoire
soit utilisépour y entraîner les insurgéssalvadoriens. ))

25. Aprèsmûre réflexion,j'en suis arrivé à la conclusion que ces décla-view, they are demonstrably false, and, in the factual appendix to this
opinion, are demonstrated to be false.

26. 1tis of course a commonplace that government officials dissemble.
Reasons of State areoften thought to justify statements which are incom-

plete, misleading or contraryto fact.Covertoperations, by their nature, are
intended to provide cover, to lend credibility to "deniability". In this very
case, certain statements of representatives of the United States in the
UnitedNations SecurityCouncil havebeen less than candid and havebeen
shown to be inconsistent with other statements of the most senior repre-
sentatives of the United States. Moreover, the Government of the United
States has made some allegations against the Government of Nicaragua
which appear to be erroneous or exaggerated or in any event unsubstan-
tiated by evidence made public.

27. Nevertheless, there can be no equation between governmental
statementsmade in this Court and governmental statementsmade outside
of it. The foundation ofjudicial decision is the establishment of the truth.
Deliberate misrepresentations by the representatives of a government
party to a case before this Court cannot be accepted because they under-
mine the essenceof thejudicial function.This isparticularly true where, as

here, such misrepresentations are of facts that arguably are essential, and
incontestably are material, to the Court's Judgment.

H. The Nicaraguan Government,Despite its Denials, inFact Hus Acred as
the Principal Conduit for the Provision of Arms and Munitions to the
SalvadoranInsurgentsfrom 1979tothePresent Duy ;Commandand Conrrol
of the Salvadoran Insurgency Hus Been Exercised from Nicaraguan
Territorywiththe Co-operationofthe Cuhanand Nicaraguan Governments ;
Training of Salvadoran Insurgents Hus Been Carried out in Cuba and
Nicaragua ; theSalvadoranInsurgents'RadioStation ut One Time Operared
from Nicaraguan Territory ; and Nicaraguan Political and Diplomatic

Supportof theSalvadoran Insurgency Hus BeenArdent, Openand Sustained
(Appendix, Paras. 28-1 88)

28. The fact that the Government of Nicaragua, soon afterthe time the
Sandinistas took power to the present day (and certainly to the period of
the currency of this case before the Court), has extended material assis-
tance to the insurgency in El Salvador is, in my view, beyond objective
dispute. As the extensive exposition of the factual appendix establishes,
Nicaragua has acted as the convinced conduit for the shipment of very
large quantities of arms, and continuing supplies of ammunition, muni-
tions and medicines, from Cuba, Viet Nam, Ethiopia, and certain States of
Eastern Europe, to the Salvadoran insurgents. Provision of arms appears
to have been on a large-scale in preparation for the January 1981"finalrations sont fausses. Amon avis, ilest possible de leprouver et c'estce que

je fais dansI'appentlice à la présente opinion, oùje traite des élémentsde
fait.
26. Dire que lesrespoiisables gouvernementaux usent de dissimulation,
c'est bien entendu énoncerun lieu commun. On pense souvent que la rai-
son d'Etat justifie d'esdéclarationsincomplètes, trompeusesou contraires
aux faits. Par leur nature même,les opérations de couverture sont cen-
séescouvrir, rendre crédible le <(niable )).En l'occurrence, certaines dé-
clarations de représentants des Etats-Unis au Conseil de sécuritédes
Nations Unies ont étémoins que francheset il a étéétabliqu'elles étaient
en contradiction avecd'autres déclarationsémanantdesplus hautes auto-
ritésdes Etats-Unis. De plus, leGouvernement des Etats-Unis a formulé à
l'encontre du Gouvi:rnement du Nicaragua certaines allégations qui sem-

blent erronéesou exagérées,ou du moins non étayéespar les éléments
d'information rendils publics.
27. On ne saurait cependant mettre sur le même planles déclarations
officiellesfaitesdev,antla Cour et lesdéclarationsofficiellesfaites ailleurs.
Il fautétablir la véritéavantde rendre lajustice. Il est inadmissible que les
représentants du gouvernementd'une partie àune affaire portéedevant la
Cour déforment délibérémenlta réalité,car la fonction judiciaire s'en
trouve menacée dans son essence même. Tel estle cas en particulier
lorsqu'il arrive, cornme dans la présente affaire, que les déformations
portent sur des faits dont le caractère essentiel est discutable mais dont
l'importance qu'ils revêtenatu regard dela décisionque la Cour est appelée
à rendre ne l'est pas.

H. En dépitde ses dénégutionsl,e Gouvernementnicuruguayensert enfait
depuis 1979 deplaquetournuntepour l'acheminementd'ormesetdemunitions
destinéesaux insurgés salvadoriens ; le commandement et le contrôle de
l'insurrection alva va doriesont exercésapartir du territoire nicaraguayen,
aveclacoopération des Gouvernements cubainet nicaraguayen ; les insurgés
sahadoriens sont enr'raîné s Cubaet au Nicaragua ; à unmoment donné,la
stationde radiodiffu>;iones insurgéssalvadoriena s émisapartir duterritoire
nicaraguayen ; l'appui politique et diplomatique apporté par le Nicaragua
à /'insurrection saliladorienne est absolu, public et constant (appendice,
par. 28-188)

28. Il me semble qu'objectivement il ne fait aucun doute que le Gou-
vernement du Nicaragua, peu aprèsl'arrivéedes sandinistes au pouvoir, a
commencé àfournir une aide matérielle aux insurgés d'ElSalvadoret qu'il
a continué de le faire jusqu'à aujourd'hui (et certainement jusqu'à la
périodependant laquelle la Cour a étésaisie de la présenteaffaire). Ainsi
que le montre l'exposédétaillé des faitsdans l'appendice ci-après, le
Nicaragua a servi d'intermédiaireconvaincu pour l'acheminement de très
grandes quantitésd'armes destinées aux insurgéssalvadoriens et pour leur
approvisionnement continu en munitions, matérielset médicaments, en
provenance de Cuba, du Viet Nam, de I'Ethiopie et de certains Etatsoffensive" of the Salvadoran insurgents, to have declined markedly there-
after, revived in 1982,and been irregular but not insignificant since ;an
important.perhaps vital, supply of ammunition, explosivesand medicines
appears to have been maintained relatively continuously. Nicaragua has
facilitated thetraining of Salvadoran insurgents inCubaand in Nicaragua.
The command-and-control centres for the military operatioiis of the Sal-

vadoran insurgents have operated from Nicaraguan territory and may still
do so. Military as well as political leaders of the Salvadoran insurgency
were based in Nicaragua, indisputably until the well-publicized murder in
1983in Managua of a resident leading member of the Salvadoran insur-
gency by revolutionary rivals and the reputed suicide of a still more
prominent Salvadoran insurgent leader in Managua in response to that
murder. For some time after the Sandinistas took power. the radiostation
of the Salvadoran insurgency operated from Nicaraguan territory. Nica-
raguan political and diplomatic support for the overthrow of the Govern-
ment of El Salvador by Salvadoran insurgents has been ardent, open and
sustained.

29. That these are the facts has been recognized in signifiçant measure
by statements of authorities of the Nicaraguan Government. In 1985,
President Ortega was publicly and authoritatively quoted as stating(and
has never denied stating) that :
"We're willingto stop the movement of military aid, or any other
kind of aid, through Nicaragua to El Salvador, and we're willing to

accept international verification. In return, we're asking for only one
thing : that they don't attack us . . ."
President Ortega's admission is even more probative in his original Span-
ish words : "estamos dispuestos. . a suspender todo transito por nuestro
territorio de ayuda militar u otra a los salvadorenos .. .".Nicaragua can
only "suspend" what is in progress. (The Court discounts President Or-
tega's words on grounds that are patently unpersuasive ; see below,
para. 149. The full text of President Ortega's remarks is found in the

appendix to this opinion, paras. 30-31.) Moreover, as recently as April
1986,President Ortega gaveanother press interview in which hereportedly
declared that Nicaragua isready to agree to halt aid to "irregular forces" in
the region in exchange for ending by the United States of its military
pressure upon Nicaragua :this President Ortega isquoted as saying,would
be "a reciprocal arrangement" (ihid.,para. 33).

30. These facts of Nicaragua's material support of the insurgency in El
Salvador find further substantiation in admissions by leaders of the Sal-
vadoran insurgency. and much more explicit and emphatic support ind'Europe de l'Est. La fourniture d'armes semble avoir étémassive en vue
de 1'0offensive finalle des insurgéssalvadoriensprévuepourjanvier 1981,
avoir considérablement diminuéensuite, avoir repris en 1982et êtreirré-
gulière mais non négligeabledepuis ; il semble qu'une fourniture impor-
tante et peut-êtrevitale de munitions, d'explosifs et de médicaments a été
maintenue presque continûment. Le Nicaragua a aidé à l'entraînement
d'insurgés salvadoriens à Cuba et au Nicaragua même. Descentres de

commandement et de contrôle des opérations militaires des insurgés sal-
vadoriens ont opéré à partir du territoire nicaraguayen, et ils continuent
peut-êtrede lefaire. Des dirigeants militaires et politiques de I'insurrection
salvadorienne ont éitébasés auNicaragua ; cela est incontestable pour la
période quiprécède un assassinat quia eu lieu à Managua en 1983et qui a
été entouré depublicité, à savoir l'assassinat par des révolutionnaires
rivaux d'une dirigeante de I'insurrection salvadoriennequi y résidait,et un
suicide retentissant ;iManagua, celui d'un dirigeant encoreplusillustre de
I'insurrection salvadorienne à la suite de cet assassinat.Après l'arrivéedes
sandinistes au pouvoir, la station de radiodiffusion de I'insurrection sal-

vadorienne a émispendant un certain temps à partir du territoire nicara-
guayen. L'appui politique et diplomatique que le Nicaragua a apportéen
vue du renversement du Gouvernement d'El Salvador par les insurgés
salvadoriens a été absolu, public et constant.
29. Ces faits ont étédans une large mesure reconnus par des respon-
sables du Gouverni:ment nicaraguayen dans des déclarations faites par
eux. Selon une source publique autorisée citant ses propos, le président
Ortega a déclaréen 1985(et il ne l'ajamais nié) :

<<Nous somnnesdisposés ...àsuspendre sous contrôle international
tout transit par notre territoire d'aide militaire ou autre destinéeaux
Salvadoriens. Nous avons ditque laseulechose que nous demandions
étaitque I'on rie nous attaque pas ...))

Lequasi-aveu du prksident Ortega est encoreplus probant siI'onsereporte
aux termes qu'ilaeniployésenespagnol :<(estamos dispuestos ..a suspen-
der todo transito por nuestro territorio de ayuda militar u otra a los sal-
vadorenos ...))Le Nicaragua ne pouvait <(suspendre O que ce qui étaiten
cours. (La Cour écarteces propos du président Ortega qu'elle considère

comme manifestement non convaincants ;voir ci-aprèsleparagraphe 149.
Les propos du président Ortega sont reproduits intégralement aux para-
graphes 30 et 31 de l'appendice à la présente opinion.) En outre, pas plus
tard qu'en avril 198'6,le président Ortega a accordéune autre interview à
un organe de presse ;onrapporte qu'iladéclaréque leNicaragua étaitprêt
à consentir a mettre fin à l'aide aux <forces irrégulières )>de la régionen
échangede l'abandon par les Etats-Unis de leurs pressions militaires sur le
Nicaragua. et qu'il a qualifié cela d'o arrangement réciproque >> (ibid.,
par. 33).

30. Ces faits concernant l'appui matérieldu Nicaragua àI'insurrection
au Salvador sont corroborés par ce qu'ont admis des dirigeants de I'in-
surrection salvadorienne,et confirmésencoreplus explicitement et vigou-declarations of defectors from that insurgency and from the Sandinistas.

These facts areconfirmed by the appraisals of diplomats from third States.
They are strongly maintained by the Governments of El Salvador and
Honduras, the primary current objectives of Nicaraguan policies of sup-
port of foreign insurrection and subversion. Statements of the Govern-
ment of Costa Rica, and the diplomatic positions which it has taken from
the time of the accession of the Sandinistas to power, comport with this
evaluation of the facts.
31. The Government of the United States has consistently maintained
that these are the facts, and it has provided considerable evidence in
support of itscontentions, virtually al1ofwhichhas not been specificallyor
adequately refuted by Nicaragua - or the Court - in this case. That

evidence includes shipments of arms en route to El Salvador seized in
transit from Nicaragua through Honduras, and in Costa Rica ; captured
documents of Salvadoran insurgents which reveal Nicaragua to be the
immediatesource of their arms ;and arms, verified bytheir serial numbers,
abandoned by the United Statesforces in Viet Nam, which werecaptured
from Salvadoran insurgents, after having been shipped from Viet Nam to
Cuba to Nicaragua before being passed on to the Salvadoran insurgents.
Moreover, the Congress of the United States, which has not been fully
supportive of the policies of the United States Government towards Nica-
ragua, has repeatedly gone on record in full support of this finding of the

facts. No less probative is that leading members of the Congress of the
United Stateswho opposesupport by the United States of the contras and
whooppose exertion of armed pressuresupon Nicaragua, and who haveat
their disposal the intelligence resources of the United States Government
on the issue, such as Congressman Boland, have concluded that the insur-
gency in El Salvador :

"depends for its life-blood - arms, ammunition, financing, logistics
and command-and-control facilities - upon outside assistance from
Nicaragua and Cuba. . contrary to the repeated denials of Nicara-
guan officials, that country is thoroughly involved in supporting the
Salvadoran insurgency".

32. Equally, informed critics of United States policy in Central
America, such as Christopher Dickey, author of With the Contras, A Re-

porter in the Wilds of Nicaragua, 1985,conclude that :

"as the election results came in, with Reagan and his Republican

platform the obvious winners, the Sandinistas opened the floodgates
for the Salvadoran rebels. By the middle of November the Salvado-
rans were complaining they couldn't distribute so much matériel.reusement par les déclarations de transfuges de cette insurrection et de
transfuges sandinistes. Ces faits sont fermement attestés par les Gouver-
nements d'El Salvador et du Honduras, principales cibles actuelles de la
politique nicaraguayenne d'appui à l'insurrection et à la subversion à
l'étranger.Les déclarations du Gouvernement du Costa Rica et sa poli-
tique diplomatique ]postérieureà l'accession des sandinistes au pouvoir
confirment cette éva.luationdes faits.

31. Le Gouverneiment des Etats-Unis a toujours maintenu que tels
étaientles faits et ilfourni d'abondants élémentsde preuve à l'appui de
ses affirmations. Presque aucun d'eux n'aété réfuté de façon spécifique

ou satisfaisante par11: icaragua - ou par la Cour - en la présente affaire.
Il convient de citer, au nombre de ces élémentsde preuve, des envois
d'armes àdestinatioind'El Salvador saisis alors que, partis du Nicaragua,
ils transitaient par le Honduras et le Costa Rica, des documents saisis sur
des insurgés salvadoriens, qui indiquaient que leurs armes provenaient
directement du Nicaragua, et des armes, dont il a été établia ,près vérifi-
cation de leur numéirode série, qu'ellesavaient été abandonnées par des
soldatsaméricainsail Viet Nam et qui,avant d'êtresaisies surdes insurgés
salvadoriens, avaient étéexpédiéesdu Viet Nam à Cuba et de là au
Nicaragua pour être:remises aux insurgés salvadoriens. Par ailleurs, le

Congrès des Etats-CJnis, qui n'a pas appuyépleinement la politique du
Gouvernement des Etats-Unis à l'égarddu Nicaragua, a maintes fois
appuyépleinement cette version des faits.Cequi est non moinsconcluant,
c'estque d'éminents membresdu Congrèsdes Etats-Unisqui sontcontre
l'appui apportépar les Etats-Unis aux contras et ne sont pas partisans des
pressions arméessur le Nicaragua (ils disposent des rapports des services
de renseignements dluGouvernement des Etats-Unis en la matière) ont
conclu, comme c'est le cas de M. Boland, que l'insurrection au Salva-
dor :

dépend pour survivre - qu'il s'agissedes armes, des munitions, du
financement, de la logistique ou des installations de commandement
et de contrôle --d'une aide extérieure,qui vient du Nicaragua et de
Cuba ..contrairement aux dénégationsrépétéesdes autorités du

Nicaragua, ce pays se trouve engagé à fond dans son appui à l'insur-
rection sa1vado:rienneo.

32. De même.des critiques bien au courant de la politique des Etats-
Unis en Amérique centrale concluent, comme Christopher Dickey dans
sonouvrageintitulé Withthe Contras, A Reporrerinthe WildsofNicaragua,
1985 :
((à mesure que les résultats des électionsparvenaient, donnant la

victoireà Reagan et à sa plate-forme républicaine, lessandinistes se
montraient plu!<généreux envers les rebellessalvadoriens. A la mi-
novembre, les Salvadoriens se plaignaient de ne pouvoir distribuer
tout leur matériel. You couldn't hide that many arms. Some werecaught. Others were
tracked through radio intercepts. And from that point on, the new
Reagan administration could present proof that ... the battle for El
Salvador and the battle for Nicaragua were one and the same." (At

p. 75.)

As to whether the flow of arms stoppedin 1981,Dickey concludes that in
1982 : "In fact arms to the Salvadorans .. .had not stopped. They had
increased." (Ibid., p. 133.)

I. In 1979, Members of the Nicaraguan National Guard Escaped to
Honduras,from which they Harassed Nicaragua. Officers of the Argentine
Army Began Training these Counter-Revolutionariesin Late 1980orEarly in
1981 - and Continued to Do So until 1984 (Appendix, Paras. 189-190)

33. At the fa11of President Somoza in July 1979,numbers of former
members of the Nicaraguan National Guard escaped to Honduras. from
which they mounted small-scale raids on Nicaragua. At atime whichisnot
precisely established, but apparently iate in 1980or early in 1981,Argen-
tine officers, dispatched by the then military Government of Argentina,
began to train these counter-revolutionaries - contras - in Honduras and
in Argentina. These Argentine officers were not withdrawn until early
1984,monthsafter the fall of the military Government of Argentina. Thus
the first Stateto interveneagainsttheNicaraguan Government wasnot the
United States but Argentina (apparently with the support of the Govern-
ment of Honduras). It is not clear whether the initial Argentine interven-

tion was carried out with United States support. It is clear that, when the
United States itself began to lend support to the contras (the very end of
1981or early 1982) its agents CO-operatedwith and apparently financed
those of Argentina. Training of the contras appears to have remained
largely in Argentine hands into early 1984.

J. In November 1981, afrer Nicaragua Had Failed to Accept Repeated
United States Requests to Cease its Material Support for Salvadoran
Insurgents, the United States Decided to Exert Military Pressure upon
Nicaragua in Order to Force it to Do what it Would not Agree to Do

(Appendix, Paras. 169-170, 173, 110, 121-122, 128-129)

34. In November 1981,eight months after the United States had ter-
minated aid to Nicaragua, and three months after Nicaragua had failed to
respond positively to a clear, high-level, urgent United States demand (by
the Enders mission) to put an end to its material support for the Salva- Tant d'armes;ne pouvaient êtrecachées.Certaines furent saisies.
D'autres furent découvertes grâce à l'interception de messages radio-
phoniques. Dès lors, la nouvelle administration Reagan apu apporter
la preuve que ...le combat pour El Salvador et le combat pour le
Nicaragua étaient un seul et mêmecombat. ))(P. 75.)

Sur le point de savoir si les envois d'armes ont cessé en 1981, Dickey

conclut qu'en i982 : En fait, les envois d'armes aux salvadoriens ...
n'avaient pas cessé.Ils s'étaientmême accrus. ))(Ihid.,p. 133.)

1. En 1979, des mem'hresde la garde nationale du Nicaragua se sont enfuis
uu Honduras, d'où ils ont mené des opérations de harcèlementcontre le
Nicaragua. Des officiers de l'armée argentine ont commencé à entraîner ces
contre-révolutionnair~ eslsafin de 1980ouau débutde 1981et ont continuéde
lefaire jusqu'en 1984 (appendice,par. 189-190)

33. Au moment clela chute du président Somoza, en juillet 1979, un
certain nombre d'anciens membres de la garde nationale du Nicaragua se
sont enfuis au Honduras, d'où ilsont montédepetitscoups de main contre
le Nicaragua. A un rnoment mal défini, mais quise situerait vers la fin de
1980ou au débutde 1981,des officiers argentins, détachéspar le gouver-
nement militairequi dirigeait alors l'Argentine, ont commencé à entraîner
ces contre-révolutionnaires - lescontras - au Honduras et en Argentine.
Ces officiers argentins n'ont étérappelés qu'audébut de 1984,quelques

mois après la chute du régimemilitaire en Argentine. Le premier Etat à
intervenir contre le Gouvernement nicaraguayen n'a donc pas étéles
Etats-Unis mais l'Argentine (apparemment avec l'appui du Gouverne-
ment du Honduras). On ne sait pas avec précision si cette intervention
argentine a bénéficé àl'origine d'un appui des Etats-Unis. Ceque l'onsait
avec précision.c'est que, lorsque les Etats-Unis eux-mêmesont commencé
à appuyer les contras (tout à la fin de 1981ou au début de 1982).leurs
agents ont coopéréavec ceux de l'Argentine et les ont apparemment aidé
financièrement. L'entraînement des contras semble êtrerestéessentielle-

ment l'affaire des Argentins jusqu'au débutde 1984.

J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les demandes
réitérée dses Etats-Unis pour qu'ilmettefina son appui matérielaux insurgés
salvadoriens. lesEtats-Unis ont décidéd'exercer despressions militairessur le
Nicaraguapour lecontraindre cifaire ce qu'ilne voulaitpas faire (appendice,
par. 169-170, 173, 110, 121-122, 128-129)

34. Ennovembre 1981,huit moisaprèsque lesEtats-Uniseurent misfin
à leur aide au Nicaragua, et trois mois aprèsque le Nicaragua s'abstint de
répondre positivement aux Etats-Unis, qui lui avaient demandé d'une
manière claire et pressante (et au niveau élevéqu'impliquait la missiondoran insurgency in return for the resumption of United States aid and
other inducements, the United States decided to exert military pressure

upon Nicaragua in order to forceit todo what it would not agreetodo. The
exertion of that pressure waswelcomed by the Government of ElSalvador,:
to which the United States by then was rendering large-scale material
assistance to fend off rebel attacks and sustain a wounded economy. El
Salvador made it clear that it regarded, and continues to regard, United
States pressure upon Nicaragua as action in legitimate defence against
Nicaraguan aggression and intervention against it.

K. The Object of United States Support of the Contras Was Claimed by the
United States to Be Interdiction of Traffic in Arms to El Salvador, though
Clearly that Was not the Purposeof the Contras (Appendix, Paras. 156-173,

and the Court'sJudgment)

35. The object of the United States programme was said to be inter-
diction of the traffic in arms and termination of the othermaterial support
renderedbyNicaragua tothe Salvadoran rebels.That thiswasthe object of
United States policy at that initial stage (at least if interdiction is under-
stoodto mean cessation) issupported not only by the thrust of the Enders
mission of 1981but by the fact that,in 1982,the United States offered to
cease support of the contras if Nicaragua would cease supporting rebellion
in El Salvador. Nicaragua refused, and fundamentally prejudiced United

States official opinion against itby continuingtodeny - in the teeth of the
facts - that it wasassisting theSalvadoran rebellion. However,the contras,
whose forces quickly grew to embrace disillusioned Sandinistas and dis-
content as well as dragooned campesinos, clearly had another objective,
namely, overthrow of Sandinista authority.

L. By October 1983, in Apparent Response to United States Pressures,
Nicaragua Proposed Four Treaties which Were Interpreted as an Offer to
Cease Supporting Rebellion in El Salvador ifthe United States Would Cease
Support of the Contras and of the Government of El Salvador (Appendix,
Paras. 174-178)

36. ByOctober 1983,in apparent response to United States pressures,
Nicaragua came forward with fourdraft treaties which were widelyinter-
preted as an offer to cease support of rebellion in El Salvador in return not
only for United States termination of support for the contras but support
for the Government of El Salvador as well. The United States refused.confiée à M. Enders) de cesser d'apporter son appui matérielaux insurgés
salvadoriens en éch.angede la reprise de l'aide des Etats-Unis et d'autres
mesures d'encouragement, les Etats-Unis ont décidéd'exercer des pres-
sions militaires sur le Nicaragua pour le contraindre à faire ce qu'il ne
voulait pas. Cespressions furent bien accueilliespar leGouvernement d'El
Salvador,auquel lesEtats-Unis apportaient alorsuneassistance matérielle
importante, occupéqu'il était à repousser les attaques des rebelles et à

soutenir une éconorniedéfaillante. El Salvador fit savoir clairement qu'il
considéraitque les pressions exercéespar les Etats-Unis sur le Nicaragua
constituaient des mesuresprises dans lecadre de la légitimedéfensecontre
l'agressionet l'intervention dont ilétaitvictime de la part du Nicaragua, et
il maintient ce point de vue.

K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait pour but
d'interdire le trafic &!'armes destination d'El Salvador, bien que tel nefût
manifestementpas /'objectifdes contras (appendice,par. 156-173,et arrêtde

la Cour)

35. Les Etats-Unis ont dit que leur programme avait pour but d'inter-
dire le trafic d'armes et de mettre fin aux autres formes d'appui matériel
apportépar le Nicaragua aux rebellessalvadoriens. Tel étaitbien le but de
la politique des Etats-Unis dans les premiers temps (du moins si inter-
dire ))doit signifie((faire cesser)))ainsi qu'ilressort non seulement de la

missionmêmedont :M.Enders s'estchargéen1981mais aussi du fait qu'en
1982les Etats-Unis ont offert de cesser d'apporter leur appui aux contras
si le Nicaragua cessait d'apporter le sien à la rébellion au Salvador. Le
Nicaragua a refuséet, en continuant ànier en dépit desfaitsqu'ilaidait les
rebelles salvadorien:~,il s'est complètement aliénéla sympathie des auto-
ritésdes Etats-Unis. Mais les contras, aux côtés desquels se rangèrent
bientôt des sandinistes déçus et mécontents ainsi que des campesinos
opprimés, avaient dvidemment un autre objectif, le renversement du
régimesandiniste.

L. En octobre 1983, à la suite apparemment despressions des Etats-Unis, le
Nicaragua aproposéquatre traités,ce quia été interprétcé omme uneoffrede
sa ;art de mettre fin à l'appui à la rébellionau Salvador si les Etats-Unis
cessaient d'appuyer lescontras et le Gouvernementd'ElSalvador (appendice,
par. 174- 178)

36. En octobre 1983,sous l'effetapparemmentdes pressions des Etats-

Unis, le Nicaragua a présentéquatre projets de traités,ce qui a étégéné-
ralement interprétéirommeune offre de sa part de mettre fin à l'appuià la
rébellionau Salvador si les Etats-Unis cessaient d'aider non seulement les
contras mais aussi le Gouvernement d'El Salvador. Les Etats-Unis refu-
sèrent.M. In 1983,the UnitedStates Called upon Nicaraguato Cui Buck itsArms
Build-up, to Sever ifs Ties with the USSR and Cuba, and to Curry out its
Pledges to the OAS and its Membersfor a Democratic Society (Appendix,
Paras. 194-198)

37. Immediately upon taking power, and well before there was any
military threat to Nicaragua, the Sandinistas began a military build-up
unprecedented in Central America. Very large numbers of military ad-
visers from Cuba, and much lesser but not insubstantial numbers from the

USSR and other States of Eastern Europe, as well as Libya and the PLO,
quickly established themselvesin Nicaragua, andCuban and other foreign
Communist functionaries were placed in influential positions in Nicara-
guan Government ministries. The substantial elements of Nicaraguan
societywhich had opposed theSomoza régimeandjoined in initial support
of the Junta of the Government of National Reconstruction were forced
out, and elections, which the Sandinistas characterized as a "bourgeois. ..
nuisance", were postponed until late 1984.By 1983,the United States no
longeronly demanded cessation of Nicaraguan support of subversion of its
neighbours and for Nicaragua to "look inwards". It called as well upon
Nicaragua to cut back its arms build-up, to sever its ties to Cuba and the
USSR, and tocarry out itspledges tothe OASand itsMembers to establish
a pluralistic and democratic society in which the government would be
freely elected by the whole of the voting population. including the oppo-
sition forces represented by the contrasand their political allies (who grew
to include some of the leading democratic figures of Nicaragua).

N. By the Beginning of 1984,the United States Undertook Direct ifCovert
Military Action against Nicaragua, Assaulting 011Facilities and Mining
Nicaraguan Ports (Appendix, Para. 199, and the Court'sJudgment)

38. Bythe beginning of 1984.in order to increase pressure upon Nica-
ragua, the United States launched direct if covert military action against
Nicaragua. Latin American commandos in the service of the CIA carried
out assaults on Nicaraguan oil storage tanks and pipelines. and port
facilities, and United States agents mined Nicaraguan ports and waters.
While mining and other direct armed actions of the United States against
Nicaragua ceased by the time of the Court's indication of provisional
measures in May 1984. United States support of the contras has been
maintained, though subjected since mid-1984to Congressionally-imposed
interruption and limitation. Military training of contra forces by United

States advisers apparently hasceased, and aid has been limited to so-called
"humanitarian" (non-lethal) forms.M. En 1983,lesEtut:?- UnisontdemandéauNicaraguaderéduiresonarsenal
militaire,derompresesliensavecl'Unionsoviétique etCubaetd'honorerI'enga-
gement qu'il avaitpris envers I'OEA etses membres d'instaurerune société
démocratique (appendicep ,ar. 194-198)

37. Immédiatement après leur prise du pouvoir, et bien avant qu'une
quelconque menace militaire ne pèse sur le Nicaragua, les sandinistes se
mirent à constituer une arsenal militaire sans précédent en Amérique
centrale. Un très grand nombre de conseillers militaires de Cuba, et un
nombre moins important mais appréciable de conseillers militaires de

l'Union soviétique etd'autres Etats d'Europe orientale, ainsi que de la
Libyeet del'organisation de libérationde la Palestine, s'établirent bientôt
au Nicaragua ;des f~onctionnairesde Cuba et d'autres pays communistes
furent placés à des postes clésdans les ministères nicaraguayens. Les
nombreux élémentsde la sociéténicaraguayenne qui s'étaientopposésau
régimeSomozaet avaient appuyé à sesdébutslajuntedu gouvernement de
reconstruction nationale furent écartés,et lesélectionsque les sandinistes
qualifiaient de <désagrémentbourgeois ))furent reportéesjusqu'à lafin de
1984.A partir de 1983,les Etats-Unis ne demandèrent plus seulement au
Nicaragua de cesser d'appuyer la subversion chez ses voisins et de s'oc-
cuper de ses propres problèmes ;ilslui demandèrent égalementde réduire
son arsenal militaire. de rompre ses liens avecCuba et l'Union soviétique,
et d'honorer l'engagement qu'il avait pris envers I'OEA et ses membres
d'instaurer une société pluraliste et démocratiquedans laquelle le gouver-
nement serait libremientéluau suffrage universel, lequel devait s'étendre

aux forcesd'opposition représentéespar les contraset leursalliéspolitiques
(dont certaines personnalités démocrates du Nicaragua étaient venues
grossir les rangs).

N. Au début de 1984,lesEtats-Unis ont entrepris uneaction militaire directe
quoiquesecrète contreleNicaragua, enattaquant ses installationspétrolières
et en minant se:sports (appendice,par. 199, et arrêd t e la Cour)

38. Au débutde 1!?84,afin d'intensifier leurspressions sur leNicaragua,
les Etats-Unis ont entrepris une action militaire directe quoique secrète
contre le Nicaragua. Des commandos d'Amérique latine au service de la

CIA lancèrentdes attaques contre des réservoirsde pétroleetdes oléoducs
ainsi quecontre des ii~stallationsportuaires au Nicaragua,et des agents des
Etats-Unis posèrent ,desmines dans lesports et dans leseaux territoiriales
du Nicaragua. Le mouillage de mines et les autres actions militaires
directesdes Etats-Uriis contre leNicaragua cessèrent à l'époqueoù la Cour
rendit son ordonnance en indication de mesures conservatoires, en mai
1984,mais l'appui desEtats-Unis aux contrasa étémaintenu, avec cepen-
dant des interruptions et des limitations imposéespar le Congrès depuis
le milieu de 1984. L'entraînement militaire des forces contras par des
conseillers des Etats-Unis semble avoir cessé,et l'aide a étélimitée aux
formes dites (humanitaires (non meurtrières).O. ParticularlySinceJanuary 1985,the UnitedStates Hus Spoken in Terms
whichCanBelnterpretedas Requiring ComprehensiveChangeinthePolicies
of, or, Alternatively, Overthrow of, the Nicaraguan Government as a
Condition of Cessation of its Support of the Contras (Appendix, Paras.
200-205)

39. Particularly since January 1985,when it withdrew from participa-
tion in the case before the Court, the United States has spoken in terms
whichcan beinterpreted as requiringsubstantial change in the policiesand
composition of, or, alternatively, overthrow of, the Nicaraguan Govern-
ment as a condition of its cessation of support for the contras.The viewof
the United States appears to be that, if Sandinista authoritys not diluted
by processes leading to a sharing of power with the opposition, theNica-
raguan Governmentcannot be trusted to carry out anyassurancesit might
give to stop subverting its neighbours. The United States has pressed for
negotiations between the Nicaraguan Government and the contras,which
the Nicaraguan Government has refused.

P. There Is Evidence of the Commission of Atrocities by the Contras, by
Nicaraguan Government Forces, and by Salvadoran Insurgents, and of
Advocacy by the CIA of Actions Conirary to the Law of War (Appendix,
Paras. 206-224)

40. There is evidence of the commission of atrocities in Nicaragua by
the contras and, to some extent, by Nicaraguan Government forces and
agents. The CIA prepared and caused publication of a manual which
advocates actions by the contras in violation of the law of war. In El
Salvador, atrocities have been committed by the insurgents supported by

Nicaragua and by right-wing death squads.

Q. The Contadora Process Designed to Re-establish Peace in Central
America Embraces the Democratic Performance lnternally of the Five
Central American Governments (Appendix, Paras. 225-227)

41. The Latin American States of the Contadora Croup have made,
sinceJanuary 1983, asustained and intricateeffort to re-establish peaceful
and CO-operativerelations among Nicaragua, El Salvador, Honduras,
Costa Rica and Guatemala.This effort isconcerned not solelywith issues
of support of irregulars, arms trafficking, military manoeuvres, foreign
bases, foreign military advisers, the levels of armed forces, and external
econornic pressures. It isalsoconcerned with the democratic performance
internally of the five Central American Governments. The Contadora
process, in which Nicaragua participates, assumes that certain political
processes of the Central American States in dispute are matters of inter-
national concern, and the Contadora proposals reflect that concern.O. Depuisjanvier1985enparticulier, lesdéclarationsde Estats-Unispeuvent
êrreinterprétéescommesubordonnantlacessationde leur appuiaux contras
a une modificationr,adicalede lapolitique du Gouvernement nicaraguayen
ou, à défaut,au renversementdu Gouvernement nicaraguayen(appendice,
par. 200-205)

39. Depuisjanvier 1985en particulier, lorsqu'ils ont cesséde participer
a l'instance introduite devant la Cour, les Etats-Unis ont fait des décla-
rations qui peuvent Ctreinterprétées commesubordonnant la cessation de
leur appui aux contr,asa une modification radicale de la politique et de la
composition du Gouvernement nicaraguayen ou, à défaut, au renverse-
ment de ce gouvernement. Les Etats-Unis semblent considérer que, si le
régimesandiniste n'estpas tempéréde manière adéboucher surun partage
du pouvoir avec l'opposition, il n'est pas possible de se fier au Gouver-
nement nicaraguayen quand il promet de cesser d'entretenir la subversion
chez ses voisins. Les Etats-Unis ont insistépour que le Gouvernement
nicaraguayen négocieaveclescontrasmais leGouvernement nicaraguayen

a refusé.

P. Il esrprouvéquelescontras, lesforcesgouvernementales nicaraguayennes
erlesinsurgéssalvadoriensontcommisdes atrocités et quleaCIA aprônédes
actes contraire:;au droit de la guerre(appendice,par. 206-224)

40. Il est prouvéque lescontraset, dans une certaine mesure, les forces
gouvernementales et les agentsgouvernementaux du Nicaragua ont com-
misdes atrocités.La CIA a préparé et faitpublier un manuel qui incite les
contrasà commettre desactescontraires au droitde laguerre. Au Salvador,
desatrocitésont étécommisespar lesinsurgés avecl'appuidu Nicaragua et
des escadrons de la mort d'extrêmedroite.

Q. Les consultationsde Contadoradestinéesa rétablirlapaix en Amérique
centrales'étendentaladémocratisation derségimesdescinqpaysd'Amérique
centrale(appendice,par. 225-227)

41. Depuis janvier 1983, les Etats d'Amérique latine appartenant au
groupe deContadora s'efforcent avecpersévérance ep tar tous lesmoyens
de rétablir desrelations de paix et de coopération entre le Nicaragua, El
Salvador, le Honduras, le Costa Rica et le Guatemala. Leur initiative ne
porte pas seulement sur les problèmes que posent l'appui aux forces
irrégulières, letrafic:d'armes, les manŒuvres militaires, les bases étran-
gères,les conseillers militaires étrangers,les effectifs militaires et lespres-
sionséconomiquesextérieures. Elleporte aussi sur la démocratisation des
régimesdes cinq pa:ysd'Amérique centrale. Les initiateurs des consulta-
tions deContadora, auxquellesle Nicaragua participe, sont partisde l'idée
que dans les Etats dl'Amériquecentrale en litige certains processus poli-
tiques sont une souirce de préoccupations internationales. Ce sont ces

préoccupations que traduisent les propositions de Contadora. IV. THELAW

A. Introduction

42. This case admits of more than one appreciation of the law on many
points, as the Court's Judgment, and the several opinions of judges
including this dissentingopinion, demonstrate. 1shall initially treatcertain
preliminary and procedural questions, namely, admissibility and justicia-
bility ;outstanding questions ofjurisdiction as they arise under the mul-
tilateral treaty (Vandenberg) reservation to the United States acceptance
of the Optional Clause and under the bilateral Treaty of Friendship,
Commerce and Navigation ;questionspertaining to the absence of aparty
to acase and of a State seeking to intervene ;and last, matters of evidence.
Then 1shall turn to the multiple legal questions of the merits, above all,
whether Nicaraguan material support of theoverthrow of the Government

of El Salvador is tantamount to an armed attack upon El Salvadoragainst
which the United States hasjustifiably joined El Salvador in reacting in
collective self-defence.

B. Questions of Admissibility and of Justiciahility

1. Political questions

43. In its Judgment of 26November 1984,the Court declined to accede
to arguments advanced by the United States purporting to demonstrate

that the instant case is inadmissible (I.C.J. Reports 1984, pp. 429-441). In
my dissent to the Court's Judgment, 1stated :
"While 1do not agree with al1of the Court's holdings on admis-
sibility, at thepresent stage 1do not find thecontentionsof the United
States concerning the inadmissibility of the case to be convincing.

Accordingly, 1havejoined the Court in voting that theApplication is
admissible . . without prejudice to any questions of admissibility
which may arise at the stage of the merits of the case." (Ibid.,
p. 562.)
44. That stage having been reached, it isright that 1amplify myviews.1
may summarize them by saying that 1remain largely unconvinced about
the merit of United States contentions on admissibility. However, in view

of thefacts of thecase as they have been developed during theargument of
the merits, 1haveconcluded that thebetter viewisthat one, critical element
of the case is not justiciable.
45. 1cannot subscribe to the contention - which the United States does
not advance - that the use by a State of force in self-defence, or alleged
self-defence, is a "political" and hence non-justiciable question. That IV. LE DROIT

A. Introduction

42. Comme il ressort de l'arrêtde la Couret des différentesopinions de
sesmembres, ycompris de laprésenteopinion dissidente, ledroit seprête à
plus d'une interprétation dans l'affaire à l'examen, et cela sur bien des
points. Je commencerai par les questions préliminaires et les questions de
procédure suivantes :recevabilité etjusticiabilité, problèmesnon résolus
de compétence résultantde la réserve relativeaux traités multilatéraux
(réserveVandenberg) figurant dans la déclarationd'acceptation faite par

les Etats-Unis d'Amkrique conformément à la clause facultative ou résul-
tant du traité bilatéira1d'amitié,de commerce et de navigation, et pro-
blèmes liés à la non-comparution d'une partie et à la demande d'inter-
vention d'un Etat. J'irxamineraiensuite les multiples questions juridiques
relatives au fond et surtout la question de savoir si l'aide matérielle
apportéepar le Nicaragua pour renverser le Gouvernement d'El Salvador
équivaut à une agression arméecontre El Salvador, agression à laquelle ila
été riposté au titre de la légitimedéfensecollective, après que les Etats-
Unis se furent légitimementjoints au Salvador.

B. Questions de recevabilitéet dejusticiabilité

1. Questionspolitiqulos

43. Dans son arrêtdu 26 novembre 1984,la Cour a refuséde fairedroit
aux arguments présentéspar les Etats-Unis en vue de démontrer que la
présente espèce n'étaitpas recevable (C.I.J. Recueil 1984, p. 429-441).
Dans mon opinion dissidente jointe à l'arrêtde la Cour, j'ai écri:

Or, bien que n'acceptant pas toutes lesconclusions de la Cour sur
ce sujet [la recevabilité],je n'estime pas convaincants au stade actuel
les arguments des Etats-Unis sur l'irrecevabilitéde l'instance. C'est
pourquoi je me suisjoint à la Cour en votant en faveur de la receva-
bilitéde la requkte ...[cette conclusion]ne préjuge pas néanmoinsma
position sur lesquestions de recevabilitéui pourront seposer lors de
la procédure su:rle fond. >)(Ibid.,p. 562.)

44. Arrivé àcestade de la procédure,jemevoisfondé à développer mon
point de vue. Je dirai, en résuméq, ueje demeure fort peu convaincu de la
valeur des thèses des Etats-Unis sur la recevabilité.Cependant, compte
tenu desfaits de l'espèce, tels qu'ilsont évolau cours de la procéduresur
le fond, je suis parvenuà la conclusion qu'il vaut mieux dire qu'il y a un

élémentessentiel de l'affaire qui n'est pas justiciable.
45. Je ne peux pas accepter l'argument - que les Etats-Unis n'in-
voquent d'ailleurs pas - selon lequel l'emploi de la force par un pays qui
se trouve ou prétendsetrouver en étatde légitimedéfenseest une questioncontention is unpersuasive, both in customary international law and under
the law of the United Nations Charter.

46. Article 51 of the Charter prescribes that : "Nothing in the

present Charter shall impair the inherent right of individual or collec-
tive self-defence if an armed attack occursagainsta Member of the United
Nations. . ." But that provision cannot reasonably be interpreted to mean
that only the State exercising a claimed right of self-defence is thejudge of
the legality of its actions. The Charter expressly authorizes the Security

Council to "determine the existence of any threat to the peace, breach of
the peace, or act of aggression .. .". Clearly the Security Council is entitled
to adjudge the legality of a State's resort to self-defence and to decide
whether such recourse is legitimate or, on the contrary, an act of aggres-
sion. The United States fully recognizes that. and indeed does not argue
that the use of force by States in self-defence is a political act unsubjected

to legal appraisal by others. It rather argues that the collective responsi-
bility for making such judgments is accorded primarily to the Security
Council, and secondarily and lessdefinitively to the General Assembly and
regional organizations acting in accordance with the Security Council's
authorization, but is not an authority entrusted to the Court.

47. Nevertheless. it has been and still is argued by distinguished inter-
national lawyers that the use of force in self-defence is a political question
which no court, including the International Court of Justice, should

adjudge. Analogies have been drawn to exercise of judicial discretion by
national courts which decline to pass upon certain questions - such as the
legality of the State's use of its armed forces internationally - on the
ground that they are political questions entrusted to other branches of
government. and it isurged that the International Court of Justice isbound
to exercise. or should exercise. a like discretion.

48. Thus two distinct questions are raised by these contentions. One is
whethera State's use of force in self-defence. or allez"d self-defence. is.as a
political question, inherently non-justiciable. The other is whether. ifa
State's use of force in self-defence is subject to legaljudgment. thecapacity

to make that judgment has been entrusted to the Security Council and
withheld from the Court.
49. The theoretical foundations of the first contention were subjected to
searching scrutiny in the work by Hersch Lauterpacht which has never
been surpassed in its fundamental field : The Function of'Luw il1 the
Internutionul Communijy (1933). Lauterpacht recognized that :

"It is of the essence of the legal conception of self-defence that
recourse to it must, in the first instance, be a matter for thejudgement ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 285

politique qui n'estpar conséquentpasjusticiable.Cette thèsen'estpas
convaincante au regard du droit international coutumier comme du droit
de la Charte des Naitions Unies.
46. Aux termes de l'article 51de la Charte :((Aucune dis~osition de la

présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de Iégitime défense,
individuelle ou collective. dans lecas où un Membredes Nations Unies est
l'objet d'une agressiomnarmée. Or cette disposition ne peut raisonnable-
ment s'interpréter commesignifiant que seul 1'Etatqui exerce le droit de
légitimedéfensequ'il invoque est juge de la Iégitimitéde ses actions. La
Charte autorise expressément le Conseilde sécurité à constater «I'exis-
tence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte
d'agression ... Il est donc clair que le Conseil de sécurité est habilitéàse
prononcer sur la légitimitédu recours par un Etat à la Iégitimedéfenseet a
décider si ce recours est Iégitime ou s'il constitue au contraire un acte
d'agression. Les Etat:s-Unisle reconnaissent bien. D'ailleurs ils ne préten-

dent pas que l'emploide laforce par desEtats au titre de la Iégitimedéfense
constitue un actepolitiquequi ne dépendpas de la manièredont lesautres
Etats voient la situation en droit. Ce que les Etats-Unis soutiennent, c'est
que cette appréciation de la situtation incombe collectivement au Conseil
de sécurité, en premier lieu,et, en second lieu mais d'une manière moins
nette, à l'Assembléegénéraleet aux organismes régionaux agissant sous
l'autoritédu Conseil de sécurité, maisque la Cour n'a pas reçu un tel
pouvoir d'appréciation.
47. Néanmoins,d'kminents juristes internationaux ont soutenu et con-
tinuent de soutenir que l'emploide la force en étatdelégitimedéfense est

une question politique sur laquelle aucun tribunal, y compris la Cour
internationale de Justice,ne devrait statuer. Des analogies ont étéétablies
avec la retenue dont font preuve les juridictions nationales qui refusent de
se prononcer sur certaines questions - telles que la légalitde l'emploi par
1'Etatde ses forces armées àl'échelon international - au motif qu'ils'agitlà
de questions politiques confiées à d'autres autoritéset ila étéaffirméque la
Cour internationale cleJustice devait ou devrait faire preuve d'une retenue
semblable.
48. Ce raisonnement soulève deux questions : l'emploi de la force par
un Etat qui setrouve ou prétendsetrouver en étatdelégitimedéfense est-il
une questionpolitiquequi, par essence,n'estpasjusticiable ? Sil'emploide

la force par un Etat aiutitre de la légitimedéfensedépendd'une évaluation
de la situation en droit, la responsabilité de cette évaluation a-t-elle été
confiéeau Conseil d,esécuritéet refusée à la Cour ?
49. Les bases théoriques de la thèse qui répond par la négative à la
première question oint fait I'objet de recherches approfondies dans un
ouvrage de Hersch Lauterpacht qui n'ajamais étésurpasséet qui a trait à
un sujet fondamental : The Function of Law in the Inrernational Commu-
nity, 1933.Selon cet auteur :

«La notionjuridique de légitime défense exigep , ar nature, que le
choix d'yrecouriirrelèved'abord de l'appréciationde 1'Etatconcerné.286 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

of the State concerned. For if recourse to it were conditioned by a
previous authorization of a law-administering agency, then it would
no longer be self-defence ;it would be execution of a legaldecision."
(Op. cit.,p. 179.)

However. Lauterpacht pointed out, the doctrine that the legitimacy of the
exercise of the right of self-defence :
"is incapable of judicial determination . . .cannot be admitted as

juridically sound. If the conception of self-defence is a legal concep-
tion .. then any action undertaken under it must be capable of legal
appreciation ... The right of self-defenceis ageneral principle of law,
and as such it is necessarily recognized to its full extent in interna-
tional law. But it is not a right fundamentally different from the
corresponding right possessed by individuals under municipal law. In
both cases it isan absolute right, inasmuch asno lawcan disregard it ;
in both cases it is a relative right, inasmuch as it is recognized and
regulated by law. It is recognized to the extent - but no more - that
recourse toit isnot in itself illegal.It isregulated to the extent that it is
the business of the Courts to determinewhether, howfar, and for how
long, there was a necessity to have recourse to it. There is not the

slightest relation between the content of the right to self-defence and
the claim that it is above the law and not amenable to evaluation bv
law. Such a claim is self-contradictory, inasmuch as it purports to be
based on legalright. and as, at the same time, it dissociates itself from
regulation and evaluation by the law. Likeanyotherdispute involving
important issues,soalsothequestion of the right of recourse to war in
self-defence is in itselfcapable ofjudicial decision, and it isonly the
determination of Statesnot to have questions of this nature decided
by a foreign tribunal which may make it non-justiciable." (Ibid.,
pp. 179-180.)

50. At the Nuremberg Trials in which Lauterpacht played such a semi-
na1 role - both in the conception and composition of the Tribunal's
material jurisdiction and in the arguments advanced before it by the
distinguished counsel of the United Kingdom - Lauterpacht, while suf-
fering the marshalling of the evidenceof organized bestialities of unspeak-
able horror, nevertheless had the privilege of seeingan historic court place

its jura1 imprimatur on the analysis which he had so cogently made :

"It was further argued that Germany alone could decide, in accor-
dance with the reservations made by many of the Signatory Powersat
the time of the conclusion of the Briand-Kellogg Pact, whether pre-
ventive action was a necessity, and that in making her decision her

judgment wasconclusive.Butwhetheraction taken under the claimof En effet, si le recours à la légitimedéfenseétait subordonné à une
autorisation préalable d'un organe judiciaire, il ne s'agirait plus
d'une légitimedéfensede soi-même ;il s'agirait de l'exécution d'une

décision judiciaire. (Op. cit.p. 179.)
Cependant. observe Lauterpacht, la doctrine selon laquelle la légitimitéde
l'exercice du droit de légitime défense

n'est pas susceptibled'être appréciéejudiciairement ..ne peut être
admise comme étantjuridiquement exacte. Si la notion de légitime
défenseest une notionjuridique ...tout acte accompli en vertu de la
légitime défensedoit êtrealors susceptible d'évaluation endroit ..Le
droit de légitimedéfenseest un principejuridique généralet, en tant
que tel, il est nécessairement reconnu dans toute sa portée endroit
international. biais ce n'est pas un droit fondamentalement différent
du droitcorrespondant dont jouissent lesparticuliersen droit interne.
Dans lesdeux c.asil s'agitd'un droit absolu, dans la mesure où aucun

systèmejuridique ne peut l'ignorer ; dans les deux cas il s'agit aussi
d'un droit relatif, dans la mesure où ilest reconnu et réglementépar le
droit. Il est reconnu dans la mesure - et dans la seule mesure - où le
fait d'yrecourir n'estpas en soiillégal.Ilest réglementédans lamesure
où ilincombe aux tribunauxde déciders'ilest nécessaired'yrecourir,
et jusqu'à quel point et pendant combien de temps. Il n'y a pas le
moindre rapport entre le contenu du droit de légitimedéfenseet la
thèse selon laquelle il est au-dessus de la loi et n'est pas susceptible
d'une appréciation en droit. Une telle thèse est contradictoire puis-
qu'elle prétend être fondéesur un droit mais qu'elle écarte toute
réglementationjuridique et toute appréciation en droit. Comme tout
litige qui soulèved'importants problèmes, la question du droit de re-
courir à la guerre au titre de lalégitimedéfense estsusceptible de faire

l'objet d'une décisiondejustice, et ce n'est que si les Etats décident
que les questions de cette nature ne seront pas tranchéespar un tri-
bunal étranger que ces questions peuvent ne pas êtrejusticiables. r)
(Ibid., p. 179-180.)
50. Au procèsde IVuremberg,où la contribution de Lauterpacht aétési
grande - tant en ce qui concerne la conception et la composition de la

juridiction matérielle du tribunal qu'en ce qui concerne les arguments
avancésdevant cette juridiction par le conseil du Royaume-Uni - Lau-
terpacht, après avoiireu à subir le défilédes témoignagesd'actes de bar-
barie organiséed'uni:indicible horreur, a néanmoins eu leprivilègede voir
un tribunal historique marquer de son sceau le raisonnement si convain-
cant qu'il avait tenu :

On a préteridu ausurplus que, dans cecas, et,conformément aux
réservesformuléespar diverses puissances signataires, lors de la con-
clusion du Pactt:Briand-Kellogg, ilappartenait àl'Allemagnedejuger
en dernier ressort de la nécessitéd'une action préventive. Maissi le
droit international doit jamais devenir une réalité, laquestion de self-defence was in fact aggressive or defensive must ultimately be
subject to investigation and adjudication if international lawiseverto
be enforced." (Judgment of the International Military Tribunalfor
the Trial of German Major War Criminals, Nuremberg, 1946, His
Majesty's Stationery Office, Cmd. 6964, p. 30.)

2. The Court's capacity to pass upon continuing usesofforce

51. As tothe second contention, namely, thatjudgment of the legalityof
a State's resort to self-defence is essentially entrusted to the Security
Council and exceptionally withheld from the Court, it isboth theoretically
tenable and politically plausible. There is no inherent reason why States

could not have reconstructed a contemporary international organization,
of which the Court is a principal organ,so as to haveplaced thatjudgmental
authority only in the hands of the Security Council, or of it and other
political organs such as the General Assembly and regional organizations
acting under the authority of the Security Council. The question which a
judge of the Court must decide iswhether the authors of the Charter of the
United Nations and the Statute of the Court did so.
52. At the stage of the case dealing withjurisdiction and admissibility,
the United States advanced an acute analysis in support of the position
that, by the terms and intent of the Charter, the design was to leave the
judgment of aggressionentirely to the SecurityCouncil. The United States
pointed out that the essenceof Nicaragua's Application to the Court isthe
assertionthat there iscurrently taking place an unlawful useof force by the
United States against Nicaragua's territorial integrity and political inde-
pendence. Nicaragua itself unsuccessfully had sought to obtain in the

Security Council days before its resort to the Court a determination that
these alleged actions of the United Statesconstituted aggressionagainst it.
(Nicaragua's communication to the Security Council of 29 March 1984
called upon it to consider "the escalation of acts of aggression currently
being perpetrated against" Nicaragua (S/ 16449).The acts complained of
in the SecurityCouncil by Nicaragua - whichit denominated "further acts
of aggression" (S/PV.2525, pp. 6, 16, 18, 23, 63, 68-70, and SPV.2529,
pp. 95-96) - were the very acts of which Nicaragua's Application in the
case before the Court complains. That Application itself acknowledges
that Nicaragua has called the attention of the Security Council and the
General Assembly "to these activities of the United States, in their
character as threats to or breaches of the peace, and acts of aggression"
(para. 12).) The United States observed that the fact that the Security
Council had not granted relief to Nicaragua in the terms in which Nica-
ragua sought itwas of no matter ; the Court has neither the competence to
reverse decisions of the Security Council nor the power to engage in

functions expressly allocated to the Council.

53. The United States maintained that a complaint of "an ongoing use
of unlawful armed force, was never intended by the drafters of the Charter savoir si une ac,tionentreprise sous le prétextede la légitimedéfense
étaitde caractère agressif ou bien défensif,devra faire l'objet d'une
enquêteappropriéeet d'un arbitrage.
))(Procèsdes grands criminels
deguerre devant le Tribunam l ilitaireinternational, Nuremberg, 4no-
vembre 1945-leroctobre 1946,jugement, p. 219.)

2. Pouvoirde la Courde se prononcer sur lesemploisen coursde laforce

51. Quant à la seconde thèse,suivant laquelle l'appréciationde la Iégi-
timitédu recours par un Etat à la légitimedéfenseest une question confiée
principalement au Conseil de sécuritée ,t qui est exceptionnellement refu-
sée à Cour, elle est tlhéoriquementdéfendableet politiquement plausible.
Rien n'empêchait en pricipe les Etats, lorsqu'ilsont crla nouvelle orga-
nisation internationale dont la Cour est un organeprincipal, de ne confier
ce pouvoir d'appréciation qu'au Conseilde sécurité ou à ce dernier et à

d'autres organespolitiques, telsquel'Assembléegénéraleetlesorganismes
régionaux agissantsous l'autoritédu Conseil de sécurité. Est-ce bien cela
qu'ont fait les auteurs de la Charte des Nations Unies et du Statut de la
Cour ? Voilà à quoi doit répondreun membre de la Cour.
52. Au cours de la phase de l'instance relative à la compétenceet à la
recevabilité,les Etats-Unis ont présenté une analysepénétrante à l'appui
de leur thèsesuivant laquelleà encroire l'espritet lalettre de la Charte, les
auteurs de cet instrument entendaient laisser entièrement au Conseil de
sécuritéle soin de se prononcer sur l'existenced'une agression. Les Etats-
Unis ont fait observer que la requêteadressée à la Cour par le Nicaragua
reposait sur l'assertion selon laquelle l'intégriterritoriale et I'indépen-
dance politique du Nicaragua étaient alorsl'objet d'un emploi illicitede la
force par les Etats-Unis. Le Nicaragua lui-même, bienavant de recourir à

laCour, acherchéenvain a obtenir du Conseilde sécurité qu'ildéclareque
les activités des Etats-Unis qu'il alléguaitconstituaient une agression
contre leNicaragua. (Dans lacommunication que leNicaragua a adressée
au Conseil de sécuritéle 29 mars 1984,celui-ci étaitpriéd'examiner << la
recrudescence des agressions dont est actuellement victime leNicaragua
(S/ 16449).Lesactes dont leNicaragua se plaignait au Conseil de sécurité
etquecepays qualifiait de nouveaux actesd'agression(SPV.2525, p.6.16,
18, 23,63, 68-70, et :S/PV.2529,p. 95-96)étaientles actes mêmesdont le
Nicaragua s'est plaint dans sa requête introductive d'instance devant la
Cour. Dans la requlateelle-même,il est dit que le Nicaragua a appelé
l'attention du Conseil de sécuritéet de l'AssembléegénéraledesNations
Unies <sur ces agissements des Etats-Unis, sur leur caractère de menace

oud'atteinte àlapair;etd'actesd'agression (par. 12).)LesEtats-Unis ont
relevéque le fait que le Conseil de sécurité n'avaitpas fait droit aux
demandes du Nicaragua était sans importance ;la Cour n'étaitni com-
pétente pour renverser les décisionsdu Conseil de sécuriténi habilitée à
exercer des fonctions expressément confiées au Conseilde sécurité.
53. Les Etats-Unis ont soutenu <(qu'iln'ajamais étédans lesintentions
des rédacteursde la Charte des Nations Unies de fairejouer l'article 36,of the United Nations to be encompassed byArticle 36(2)of the Statute of
the Court". (Hearing of 16October 1984,morning). It argued that, while
Article 24 of the Charter confers only "primary" responsibility for the
maintenance of international peace and security on the Security Council,
complementary responsibilities were conferred on the General Assembly
and regional organizations - but not upon the Court. The Court has an
express, clearly defined roleunder Chapter VI of the Charter with respect
to the pacific settlement of international disputes. Butwhen the caserather
involves"action with respect to threats to the peace, breaches of the peace,
andacts of aggression" under Chapter VI1of the Charter, nota wordof the
Charter or the Statute suggestsa role for theCourt. On the contrary, as the
records of the San Francisco Conference declare, it was decided "to leave
to the Councilthe entire decision, and also theentire responsibility for that
decision, as to what constitutesa threat to the peace, a breach of thepeace,

or an act of aggression" (United Nations conference on ~nternational
Organization,Vol. Il, p. 17).It was theunderstanding of the United States
in ratifying the Charter and Statute that the Statute does not "permit the
Court tointerfere with the functions of the SecurityCouncil or the General
Assembly". (Reportofthe CornmitteeonForeign Relations, "ThC eharterof
the UnitedNations", 79th Congress, 1st Session, 1945,p. 14.)

54. The United States recognized that Article 12,paragraph 1,of the
Charter provides that, while the Security Council is exercising the func-
tions assigned toit in respect of aparticular dispute, the General Assembly
shall not make any recommendation upon it, whereas the Court is not
subject to any such express debarral; but it argued that that is
because :

"the framers of the Charter intended that, among the organs of the
United Nations, only the General Assembly would have a role sup-
plementary to that of the Security Council in the maintenance of
international peace and security. It simplywas neverconsidered at the
San Francisco Conference that the Court would, or should, have the
competence to engagein such matters." (Hearing of 16October 1984,
afternoon.)

55. As to earlier cases involving the use of armed force in which there
had been resort to the Court, such asthe CorfuChannelandAerial Incident
cases, the United States pointed out that, in al1 those cases, the action
complained of had already taken place.
"In each case, the Court was called upon to adjudicate the rights
and duties of the Parties with respect to a matter that was fullyin the
past, that was not ongoing, that was not merely one element of a

continuing Stream of actions." (Ibid.)
56. Despite the force of these arguments and of passages in the records
of the San Francisco Conference in support of thern on which the Unitedparagraphe 2,du Statut de la Cour ..[à propos d'une] utilisation illicitede
la force armée, se déroulant en ce moment même ..)) (audience du
16octobre 1984,matin). Ils ont soutenu que l'article 24de la Charte ne
confèrecertes au Conseil de sécurité que laresponsabilité<< principale du
maintien de la paix. et de la sécurité internationales, mais que c'est à
l'Assembléegénérale età desorganismes régionaux,et non à la Cour, que
des responsabilitéscomplémentairesont été conférées. La Courduit jouer
un rôle qui est expressémentet clairement défini au chapitre VI de la
Charte en matière de règlement pacifiquedes différends internationaux.

Mais,s'agissantd'uneaffaire ayant trait davantage à une (<action en cas de
menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acted'agression ))au sens
du chapitre VI1de la Charte, rien dans celle-ciou dans le Statut ne laisse
entendre que laCou]:ait un rôle àjouer. Au contraire, comme ilressort des
actes de la conférericede San Francisco, il a étédécidé <de laisser au
Conseil l'entièreappréciationde cequiconstitueune menace àlapaix, une
atteinte à la paix, ou un acte d'agression (Conférencedes Nations Unies
surl'organisationinternationale,vol. 11,p. 33).Pour les Etats-Unis, il était
clair, lorsqu'ils ont ratifié laCharte et le Statut, que ce dernier ((n'auto-

riserait pas la Cour liempiéter surles fonctions du Conseil de sécuritéou
sur cellesde l'Assembléegénérale (rapport de lacommission desaffaires
étrangères intituléThe Charter of the United Nations, 79eCongrès, pre-
mière session, 1945, p. 14).
54. Les Etats-Uniisont bien admis que l'article 12,paragraphe 1, de la
Charte dispose que tant que le Conseil de sécuritéremplit, à l'égardd'un
différend particulier, les fonctions qui lui sont attribuées, l'Assemblée
générale ne doit fairi:aucune recommandation sur cedifférend,tandis que
la Cour n'estpas souimise à une interdiction expresse de cegenre ;mais ils
ont soutenu que c'étaitparce que :

<<les rédacteursde la Charte entendaient que, parmi les organes des
Nations Unies, seule l'Assemblée généraleeût un rôle complémen-
taire de celui du Conseil de sécuritéencequi concernelemaintien de
la paix et de la sécurité internationales. On n'a tout simplement

jamais envisagé à la conférencede San Francisco que la Cour aurait,
ou devrait avoir, compétencepour se charger de telles questions. ))
(Audience du 16octobre 1984,après-midi.)
55. Pour cequi est desprécédentesaffairesmettant encause l'emploide

la forcearméedont IlaCour a été saisie,comme cellesdu Détroit deCorfou
et des incidents aériens, lesEtats-Unis ont soulignéque, dans tous lescas,
l'action incriminée avaitdéjà eulieu :
(<Dans chaque affaire,la Cour étaitpriéedestatuersur lesdroits et

devoirs des pairties à propos d'une action entièrement passée,qui
n'était plusen cours, et qui n'étaitpas seulement un des maillons de
toute une chaîne d'actions. ))(Ibid.)
56. Malgréla force de ces arguments et l'appui qu'ils trouvent dans les
passages du compte rendu de la conférencede San Francisco citéspar lesStates relies, 1find myself unable to agree that it was the design of the
drafters of the Charter and the Statute to exclude the Court from adju-
dicating disputes falling within the scope of Chapter VI1 of the United
Nations Charter, and unable to agree that the practice of States in inter-
preting the Charter and the Statute confirms such a design.
57. It may wellbe, as counsel of the United States argued, that, "It was
simply never considered at the San Francisco Conference that the Court
would, or should, have the competence to engage in such matters". It may

well be that, had that question been squarely and searchingly engaged,
there would have been a decision to exclude from the competence of the
Court the authority to givejudgment on matters which were before the
Security Council under Chapter VII, or which involved the continuing use
of armed force in international relations. Certainly the argument is plau-
sible that no Power enjoying the veto right in the Security Council con-
templated that, whereas the exerciseof that right could block adoption of
any charge of aggression against it in the Security Council, it held itself
open to ajudgment of the Court branding it as the aggressor in the very
samecase andon the verysamefacts in respect ofwhch it had soexercised
its Security Council veto.
58. But while that argument is perfectly plausible, it is, in my view,
insufficient. It is insufficient because nowhere in the text of the Statute of
the Court isthere anyindication that disputes involvingthe continuing use
of armed forceare excluded from itsjurisdiction. On the contrary, Article

36 of the Statute is cast in comprehensive terms. Article 36, paragraph 1.
provides that thejurisdiction of the Court "comprises al1cases" whichthe
parties refer to it and "al1matters speciallyprovided for in the Charter of
the United Nations or in treaties and conventions in force". Article 36.
paragraph 2, provides that States may recognize the jurisdiction of the
Court "in al1legal disputes" concerning :
"(a) the interpretation of a treaty ;
(b) any question of international law ;

(c) the existence of any fact which, if established, would constitute a
breach of an international obligation ;
(d) the nature or extent of the reparation to be madefor the breach of
an international obligation."
These capacious terms do not exclude disputes over the continuing use of
force from the Court's jurisdiction. To be sure, a State recognizing the
jurisdiction of the Court under Article 36, paragraph 2, could exclude

disputes involving the use of armed force, and some States have. The
United States was not among them. (Nevertheless, whether the term "al1
legal disputes", as used in the United States adherence to the Optional
Clause, was meant to embrace disputes involving the use of force may be
open to question. for reasons which Judge Oda's opinion in this case sets
forth.)

59. Now if one turns to the text of the Charter, of which the Court'sEtats-Unis,je nepeulxadmettreque l'idéedesrédacteursde la Charte et du

Statutait été d'exclurede lacompétencede la Cour lesdifférendsrelevant
du chapitre VI1de laCharte desNations Unies, nique lapratique des Etats
quant à l'interprétation de la Charte et du Statut confirme un tel des-
sein.
57. Il se peut fort bien, comme un conseil des Etats-Unis l'a affirmé,
qu'<(on n'ait tout simplement jamais envisagé à la conférence de San
Francisco que la Cour aurait, oudevrait avoir,compétencepour secharger
de telles questions )).Il se peut fort bien que, si la question avait été
résolument poséei,l eûtété décidé d'exclurede lacompétencede la Cour le
pouvoir de statuer sur des questions soumises au Conseil de sécurité en
vertu du chapitre VI1ou impliquant l'emploi continu de la force armée

dans lesrelationsinternationales. On Deutcertainement faire valoir au'au-
cune puissance disposant du droit de veto au Conseil de sécuritén'a
envisagé le risque,a.lorsque l'exercicede ce droit lui permettait de faire
échec a toute accusation d'agression portée contre elle au Conseil de
sécurité, d'être stigniatisépaer un arrêtde la Cour la déclarant coupable
d'agression dans l'affaire et les circonstances mêmesoù elle aurait exercé
son veto au Conseil de sécurité.
58. Mais si cette ;argumentation est parfaitement défendable, elle est à
mon sens insuffisan1:e.Tout d'abord, parce que nulle disposition du Statut
de la Cour n'indique que les différends impliquant l'emploi continu de la
force arméesont exclus de sa compétence.Au contraire, l'article 36 du

Statut est rédigé en itermescompréhensifs.Le paragraphe 1 prévoitque la
compétencede la Cour s'étend à toutes les affaires que les parties lui
soumettront ainsi qiu'o à tous les cas spécialement prévusdans la Charte
des Nations Unies ou dans les traités et conventions en vigueur o. Le
paragraphe 2disposleque lesEtatspourront reconnaître lajuridiction de la
Cour sur tous les différendsd'ordre juridique ayant pour objet :

a) l'interprétation d'un traité ;
b) tout point de droit international ;
c) la réalitd'etout fait qui, s'ilétaitétabli,constituerait laviolation
d'un engagement international ;
d) la nature ou l'étenduede la réparationdue pour la rupture d'un
engagement international. ))

Ces termes générauxn'excluent pas de lajuridiction de la Cour les diffé-
rends relatifs a l'emploicontinu de la force. Certes,un Etat reconnaissant
lacompétencede la Cour en vertu de l'article36,paragraphe 2,pourrait en
exclure les différends impliquant l'emploi de la force armée, et certains
pays l'ontfait. Mais cen'estpas lecasdesEtats-Unis. (Il reste qu'onpeut se
demander si, dans l'expression <(tous les différends d'ordre juridique ))
employéedans leur déclaration d'adhésion à la clause facultative, les
Etats-Unis ont entendu inclure les différends impliquant l'emploi de la
force, pour les motiifsexposésdans l'opinion de M. Oda en la présente

affaire.)
59. Maintenant, !iion envisagele texte de la Charte, dont le Statut de laStatute is an integral part, the picture is not so clear. There is support for
the United States contentions, in the Charter's structure and terms and its
travaux préparatoires.But the support is ambivalent, as the contrasting
interpretations currently placed by the United States and theCourt on the
implications of Article 12,paragraph 1,of the Charter illustrate. 1am not
disposed to conclude that so far-reaching a restriction on the competence
of the Court can be held to be implied by such ambiguous indications.
60. Moreover, whle the SecurityCouncil isinvested by the Charter with
the authority to determine the existence of an act of aggression, it does not
act as a court in making such a determination. It may arrive at a deter-

mination of aggression - or, as more often is the case, fail to arrive at a
determination of aggression - for political rather than legal reasons.
However compelling the facts which could give rise to a determination of
aggression, the Security Council acts within its rights when it decides that
to make such a determination will set back the cause of peace rather than
advance it.Inshort, the Security Council isa political organ which acts for
political reasons. It may take legalconsiderations into account but, unlike
a court, it is not bound to appÏy them

3. United States Diplomatic and Consular Staff in Tehran case

61. These conclusions are confirmed by the arguments which the Uni-
ted States itself advanced in the United States Diplomatic and Consular
Staffin Tehrancase. It should be recalled that, promptly after the seizureof

the hostages in Iran, the United Statessought the assistance of the Security
Council in freeing them. By letter of 9 November 1979,the United States
requested the Security Council urgently to consider what might be done to
secure the release of the hostages. On 25 November 1979,the Secretary-
General of the United Nations, in exercise of his exceptional authority
under Article 99of the United Nations Charter to bring to theattention of
the Security Council any matter which in his opinion may threaten inter-
national peace and security, requested that the Security Council be ur-
gently convened in an effort to seek a peaceful solution to the hostage
crisis. In his address to the Council on 27 November 1979,the Secretary-
General declared that the situation in Iran "threatens the peace and
security of the region and could wellhave verygraveconsequences for the
entire world" (SPV.2172). On 29November 1979,the United States filed
an Application in the International Court of Justice instituting proceed-
ingsagainst Iran.On 4 December 1979,the Security Council unanimously

adopted a resolution calling upon the Government of Iran to release the
detained personnel immediately. When hearings before the Court on the
concurrent request of the United States for the indication of provisional
measures took place on 10December,the President of theCourt concluded
his statement opening the hearings by addressing to the Agent of the
United States the following question : "What significance should be
attached by the Court, for the purpose of the present proceedings, toCour forme partie intégrante, la situation est moins nette. La thèsedes
Etats-Unis trouve quelque appui dans la structure et les termes de la
Charte et dans les travaux préparatoires. Mais cet appui est ambivalent,

comme le montrent les interprétations opposéesdes Etats-Unis et de la
Courquant auximplications de l'article 12,paragraphe 1,de la Charte. On
ne saurait déduire d,'indicesaussi ambigus une restriction d'aussi grande
portée à la compétencede la Cour.
60. Deplus, si leConseil desécuritéesthabilitépar laCharte à constater
l'existenced'un acted'agression, cen'estpas en tantquejuridiction. Ilpeut
conclure à 1'existenc:d'une agression - ou, plus fréquemment, refuser de
conclure dans ce sens - pour des considérations politiques plus quejuri-
diques. Sidécisifsque soient lesfaits susceptibles de constituer l'agression,
le Conseil de sécuritén'outrepasse pas ses droits en décidant qu'une
constatation d'unacte d'agression ferait régresselacausede lapaix au lieu
de la promouvoir. Eh bref, le Conseil de sécuritéest un organe politique
guidépar des motifs politiques. Il peut tenir compte de considérations
juridiques mais, à la différence d'untribunal, n'est pas tenu de les appli-

quer.

3. Affaire du Personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à
Téhéran

61. Ces conclusions sont confirméespar les arguments avancéspar les
Etats-Unis eux-mêrnesdans l'affaire du Personneldiplomatique et consu-
laire des Etats-Unis à Téhéran.Il faut rappeler que, peu après la prise
d'otages en Iran, les Etats-Unis ont demandél'aidedu Conseil de sécurité
Dour obtenir leur libération.Par une lettre du 9 novembre 1979.ils ont
demandéau Consei:lde sécurité que soit examiné d'urgencecequi Pourrait
êtrefait afin que les otages soient relâchés. Le 25 novembre 1979, le
Secrétairegénéra dle l'Organisation des Nations Unies a,dans l'exercicede

lacompétenceexceptionnelle que lui confèrel'article99de la Charte pour
attirer l'attention du Conseil de sécuritésur toute affaire quà,son avis,
pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité interna-
tionales, demandé que le Conseil de sécuritése réunisse d'urgence en vue
de rechercherune solution pacifiquede lacrisedes otages.Dans son allocu-
tion devant leConsi:il,le27 novembre 1979,leSecrétairegénéraa l déclaré
que la situation en Iran constituait une menace pour la paix et la sécurité
dans la région et qu'elle risquait d'avoirdes conséquencestrèsgravespour
le monde entier (S,/PV.2172). Le 29 novembre 1979, les Etats-Unis ont
adressé à la Cour hternationale de Justice une requête introductived'ins-
tance contre l'Iran. Le 4 décembre1979,le Conseil de sécurité aadopté à
l'unanimitéune résolutiondemandant au Gouvernement iranien delibérer
immédiatementle personnel détenu.Lors des audiences qui eurent lieu le
10décembredevan,tla Cour sur la demande parallèle des Etats-Unis en

indication de mesuresconservatoires, le Présidentde la Cour a conclu son
exposéintroductif enposant à l'agentdes Etats-Unis laquestion suivante :
Quelle portée laCour devrait-elle attacher, aux fins de la présenteins-resolution 457 adopted by the Security Council on 4 December 1979 ?"
(1.C.J. Pleadings, UnitedStates Diplornaticand ConsularStaff in Tehran,
p. 19.)

62. The answer to that question of the then Legal Adviser of the
Department of State, Roberts Owen, is illuminating :
"At this point, in response to a question raised by the President of
the Court, 1should make one final comment on the Court's jurisdic-
tion. As the Court is aware, the Security Council of the United
Nations hasaddressed the present dispute, and in resolution No. 457,

adopted sixdaysago, theCouncil called upon theGovernment of Iran
to bring about the immediate release of the hostages. In such circum-
stances it might conceivably be suggested that this Court should not
exercisejurisdiction over the same dispute.
1respectfully submit that any such suggestion would be untenable.
It is,of course, an impressive fact that the 15countries represented in
the Security Council - 15 countries of very diverse views and phi-
losophies - have voted unanimously - 15to nothing - in favour of
the resolution to which 1 have referred. The fact remains, however,
that the Security Council is a political organ which has responsibility
for seeking solutions to international problems through political

means. By contrast, this Court is a judicial body with the responsi-
bility to employjudicial methods in order to resolve those problems
which lie within its jurisdiction. There is absolutely nothing in the
United Nations Charter or in this Court's Statute to suggest that
action by the Security Council excludes action by the Court, even if
the two actions might in some respects be parallel. By contrast.
Article 12 of the United Nations Charter provides that, while the
Security Council is exercising its functions respecting a dispute. the
General Assembly shall not make any recommendation on that dis-
pute - but the Charter places no corresponding restriction on the
Court. As Rosenne has observed at page 87 of his treatise, The Law

and Practiceof the International CourtofJustice, the fact that one of
the political organs of the United Nations isdealing with a particular
dispute does not militate against the Court's taking action on those
aspects of the same dispute which faIl within itsjurisdiction.

To sum up on thispoint, the United Stateshas brought to the Court
a dispute which plainly falls within the Court's compulsoryjurisdic-
tion, and 1respectfully submit that. ifwecan satisfy theCourt that an
indication of provisional measures isjustified and needed in amanner
consistent with Article 41of the Court's Statute. the Court willhave a
duty to indicate such measures, quite without regard to any parallel
action which may have been taken by the Security Council of the
United Nations." (Ibid.. pp. 28-29. See also pp. 33-34.)

63. At the request of the United States, the Security Council met again
in late December, after ithad become clear that Iran had no intention oftance, a la résolution457 adoptéepar le Conseil de sécurité 4 décembre
1979 ? ))(C.1.J.Mémoires, Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-

Unis à Téhéranp,. 19.)
62. La réponseapportée à cette question par M. Roberts Owen, alors
conseiller juridique du département d'Etat, est instructiv:
Je voudrais;ici, en réponsà une question poséepar le Président
de la Cour, présenter une dernière observation sur la compétence.
Comme la Cour le sait, le Conseil de sécuritédesNations Unies s'est
occupédu présentdifférendet,dans larésolution457adoptéeilya six

jours, le Consei.1adresse un urgent appel au Gouvernement de l'Iran
pour qu'il relâche immédiatementles otages. Dans ces conditions, il
ne serait peut-être pas inconcevable de soutenir que la Cour doit
s'abstenir d'exercersa compétence àl'égarddu mêmedifférend.
J'affirme respectueusement que tout argument à cet effet serait
indéfendable.Certes, ilest impressionnant de constaterque lesquinze
pays représentksau Conseil de sécuritéq,uinze pays représentant des
vues et desphil.osophiestrès diverses,ont votà l'unanimité,15voix
contre zéro, en faveurde la résolutiondont j'aiparlé.Il n'enreste pas
moins que le Conseil de sécuritéest un organe politique auquel il
incombe de chexcher à résoudrelesproblèmesinternationaux par des
moyenspolitiques. Par contraste, la Cour internationale deJustice est
un organejudiciaire chargéd'employerdesméthodesjudiciaires pour

résoudreles problèmes relevantde sa compétence.Absolument rien
dans la Charte des Nations Unies, ni dans le Statut de la Cour, ne
donne à pense]:que l'action du Conseil de sécuritéaurait pour effet
d'exclure cellede la Cour, mêmesi les deux actions sont à certains
égardsparallèles.A l'opposé, aux termesde l'article 12de la Charte
des Nations Unies, tant que le Conseil de sécuritéremplit ses fonc-
tions à l'égardd'un différend, l'Assemblée généraln ee doit faire
aucune recommandation sur ce différend,mais la Charte n'impose
aucune restrict.ion comparable à la Cour. Comme Rosenne l'a fait
observer à la page 87 de son traité The Law and Practiceof the
International CourtofJustice,le fait que l'un des organes politiques
des Nations Unies s'occupe d'undifférenddonnén'empêchepas la
Cour de se prononcer sur ceux des aspects du même différendqui

relèventde sa compétence.
En résumé,IlesEtats-Unis ont saisi la Cour d'un différendqui re-
lèvemanifestement de sa compétence obligatoire etje crois pouvoir
affirmer que si nous arrivons à établirque l'indication de mesures
conservatoires estjustifiéeet nécessaireconformément à l'article 41
du Statut, il incomberaà la Cour d'indiquer de telles mesures, indé-
pendamment de toute disposition parallèle qu'aurait pu adopter le
Conseil de sécuritédes Nations Unies. r(Ibid., p. 28-29. Voir aussi
p. 33-34.)

63. A la demande des Etats-Unis, le Conseil de sécurités'est réunide
nouveau fin décembre,lorsqu'il est devenu manifeste que l'Iran n'avaitcornplying with the Court's indication of provisional measures of 15De-
cernber 1979 which principally called for the irnrnediate release of the
hostages. On 31Decernber 1979,the Council adopted a resolution which
recorded its concern over the situation "which could have grave conse-
quences for international peace and security", recalled the view of the
Secretary-General that the present crisis between Iran and the United
States "poses a serious threat to international peace and security", ex-
pressly took into account the terrns of the Court's Order of 15December

1979,recalled the terrns of Article 2, paragraphs 3 and 4, of the Charter,
deplored the detention of the hostages contrary to the Court's Order,
urgently called on Iran irnmediately to releasethe hostages,and decided to
rneeton 7 January 1980"in order to reviewthe situation and, in the event
of non-cornpliance with this resolution, to adopt effectiverneasuresunder
Articles 39 and 41 of the Charter of the United Nations".

64. Thus, in a case then actively being pursued before the Court, the
Security Council found it perfectly proper to take, and to conternplate
taking further, action under Chapter VI1of the Charter. In the event, such
further action was blocked by the exercise of the power of the veto.
Nevertheless, 1do not believe that this history of concurrent action of the
Security Council and the Court, initiated in both forums by the United
States, on a question which was seen to fa11under Chapter VI1 of the
Charter, can be reconciled with the contention of the United States in the

current case that the jurisdiction of the Court cannot cornprehend a case
involving the continuing useof arrned force because the Charter allots the
entire responsibility of suchcasestothe Organization's politicalorgans. As
the Court held in its Judgrnent of 24 May 1980 :
"it does not seemto have occurred to any rnernberof the Council that
there was or could be anything irregular in the sirnultaneous exercise
of their respective functions by the Court and the Security Council.
Nor is there in this any cause for surprise."(UnitedStates Diplornatic

and ConsularStaff in Tehran, 1.C.J. Reports 1980, pp. 21-22,para. 40.)
The Court then cited the terrns of Article 12of the Charter.
65. It is of course true that theUnited States Diplornaticand Consular
Staff in Tehran case did not involve a continuing use of force in interna-
tional relations of the kinds at issue in the current case. But it should be
recalled that the United States treated its aborted rescue mission of the
hostages as "in exerciseof its inherent right of self-defencewith the aim of

extricating American nationals who have been and rernain the victims of
the Iranian armed attack on our Embassy", and reported that exercise to
the Security Council "Pursuant to Article 51 of the Charter of the United
Nations" (I.C.J. Pleadings, United States Diplornaticand Consular Staff in
Tehran, p. 486). That was, in rny view, a sound legal evaluation of the
rescue attempt ; there had been an armed attack upon the United States
Embassy, and Arnerican hostages were being held by force of arms inaucuneintention de seconformer à l'ordonnance enindication de mesures
conservatoires du 15 décembre 1979, qui demandait essentiellement la
libération immédiatedesotages. Le31décembre1979,leConseil a adopté
une résolution dans laquelle il exprimait son inquiétude à propos de la
situation ((qui pourrait avoir des conséquences gravespour la paix et la
sécurité internationales O, rappelait l'avis du Secrétaire général selon
lequel la crise en cours entre l'Iran et les Etats-Unis constituait une

((menace grave pouirla paix et la sécuritéinternationales )),tenait expres-
sément compte- dei; termes de l'ordonnance rendue par la cour le
15décembre1979,rappelait les termes de l'article2,paragraphes 3et 4, de
la Charte, déplorait le maintien en détention des otages à l'encontre de
l'ordonnance de la Cour, demandait instamment à l'Iran de libérer immé-
diatement les otage:set décidait de se réunir le 7 janvier 1980 ((pour
examiner la situation et, en cas d'inobservation de la présenterésolution,
pour adopter des mesures efficacesconformémentaux articles 39et 41de

la Charte des Natioas Unies )).
64. Ainsi, dans une affairequi sepoursuivait alors activement devant la
Cour, le Conseil de sécurité ajugé parfaitementopportun de prendre des
mesures et d'envisager d'en prendre d'autres en application du cha-
pitre VI1de laCharte. Enl'occurrence,ilaétéfaitéchecaux autres mesures
par l'exercicedu droit de veto.Néanmoins,je ne croispas que cerappel des
actions engagéesparallèlement devant leConseil de sécuritéetlaCourpar
lesEtats-Unis à prolposd'unequestion censéereleverdu chapitre VI1de la
Charte puisse s'accorder avecla thèse qu'ilssoutiennent dans la présente

espèce,selonlaquelle laCour ne saurait connaître d'uneaffaireimpliquant
l'emploi continu de la force arméemotif pris que la Charte conférerait
l'entière responsabillitde telles affaires aux organes politiques de l7Orga-
nisation. Comme la Cour l'a affirmédans son arrêtdu 24 mai 1980 :

<(il ne semble ktre venu à l'esprit d'aucunmembre du Conseil qu'ily
eût ou pût y avoir rien d'irrégulierdans l'exercice simultanépar la
Cour etpar le Clonseilde sécurité deleursfonctions respectives. Lefait
n'est d'ailleurs passurprenant. (Personneldiplomatiqueet consulaire
des Etats-Unis a TéhéranC , .I.J. Recueil 1980, p. 21-22, par. 40.)

La Cour cite ensuite les termes de l'article 12 de la Charte.
65. Certes, l'affaire du Personneldiplomatiqueet consulaire desEtats-
Unis a Téhéran n'impliquait pas un emploi continu de la force dans les
relations internatioinales du mêmetype que celui mis en jeu dans la pré-
sente espèce. Maisil convient de rappeler que les Etats-Unis ont expliqué
leur expédition avortéede sauvetage des otages par (l'exercice de leur
droit inhérent de légitime défense,en vue de sauver les ressortissants

américainsquisont etdemeurent lesvictimesde l'attaque arméeiranienne
contre notre ambassade )),et qu'ils ont portécette expédition a la con-
naissance du Conseil de sécurité (<en application de l'article 51 de la
Charte des Nation:; Unies (C.I.J. Mémoires, Personned liplomatiqueet
consulairedes Etats-Unis a Téhéranp,. 486). C'était là, à mon sens, une
qualificationjuridique valable de latentative de sauvetagepuisqu'ilyavaitconditions which the United States reasonably viewedasdangerous. In its
Judgment of 24May 1980,the Court itself,whilenot adjudging the legality
of the rescue mission, spoke of "the armed attack on the United States
Embassy by militants on 4 November 1979"(I.C.J. Reports 1980, p. 29).

Thesituation was not, at the time of the Court's Judgment, one which,like
the Corfu Channelcase,waswholly inthe past ;the useof forceagainst the
hostages was continuing, and the threat to the peace - the Chapter VI1
situation - to which their detention gave rise was continuing.

66. But, while 1believe that the UnitedStates Diplomaticand Consular
Staff in Tehran case demonstrates that the Court can adjudge the legal
aspects of a case the subject-matter of which at the same time is under the
active consideration of the Security Council under Chapter VI1 of the
Charter, there is a critical distinction between the factual complexities of
the UnitedStatesDiplornaticandConsular Staffin Tehrancaseand thecase
now before the Court.

67. In the former case, there was no consequential dispute about the
essential factssurrounding the seizureand detention of the hostages.They
wereproclaimed by Iran as they werecondemned by the United States and
the international community. Essentially uncontested, they were demon-
strated by quantities of unchallenged data filed by the United States with
the Court.
68. In the instant case, the situation is very different. The factual con-
tentions of the Parties vitally differ. It is true that some allegations of
Nicaragua against the United States are sustained byofficia1admissions of
the United States. But the allegations of the United States against Nica-
ragua are vehemently denied by Nicaragua - even if, as is shown in the
appendix to this opinion, Nicaragua's denials are contradicted by its
admissions and other evidence. The essential truth of United States

charges against Nicaragua has been demonstrated in so far as the facts
show that it was Nicaragua which initiated armed subversion of the Gov-
ernment of El Salvador before the United States took responsive action in
support of El Salvador against Nicaragua, and further show that Nicara-
gua has maintained its material support for the violent overthrow of the
Government of El Salvador. Nevertheless, a critical question is left in a
measure of uncertainty.

4. Theincapacityofthe Courttojudge the necessity ofcontinuing useofforce
in the circumstancesof this case

69. For the United States response to Nicaragua's aggressivebehaviour
to be lawful, that response must be necessary. 1sthe Court in a position to
adjudge the necessity of continued United States recourse to measures ofeuune attaque arméecontre l'ambassade desEtats-Unis, et que des otages
américainsétaientdétenuspar la force desarmes dans desconditions que
les Etats-Unis considéraient avec raison comme dangereuses. Dans son
arrêt du24mai 1980:la Cour elle-mêmes ,ans seprononcer sur lecaractère

licite de l'opérationde sauvetage, parle de<{l'attaque armée perpétrée le
4 novembre 1979 par des militants contre l'ambassade des Etats-Unis H
(C.I.J. Recueil1986: p. 29). Au moment où l'arrêta étérendu, les faits
n'appartenaient pas entièrement au passé commedans l'affairedu Détroit
deCorfou ;l'emploidelaforcecontre lesotages sepoursuivaitet lamenace
contre la paix - situation viséeau chapitre VI1 - provoquée par leur
détention persistait.
66. Mais si, à mon avis, l'affaire du Personneldiplomatiqueet consu-
laire des Etats-Unis à Téhéran montre que la Cour peut statuer sur les
aspectsjuridiques d'une affaire soumise simultanément à l'examen actif
du Conseil de sécuritéenvertu du chapitre VI1de la Charte, il existe une
différencecapitale, sousl'anglede lacomplexitédes faits, entre l'affairedu
Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-Unis a Téhéran et celledont

la Cour est actuellement saisie.
67. Dans lapremière espèce,il n'yavait pas de désaccordimportant sur
lescirconstances matériellesde la prise d'otageset de la détention. L'Iran
les divulguait tandis que les Etats-Unis et la communauté internationale
les condamnaient. Incontestées pour l'essentiel, elles étaient en outre
attestéespar une maissede renseignements indiscutéssoumis à la Courpar
les Etats-Unis.
68. Dans la présenteespèce, lasituation est trèsdifférente.Les Parties
s'opposent radicalelment sur l'exposédes faits. Il est exact que certaines
allégationsdu Nicaragua contre les Etats-Unis sont étayées par des décla-
rations officiellesde:sEtats-Unis qui reviennenà lesreconnaître. Mais les
allégationsdes Etats-Unis contre leNicaragua sont niéesavec véhémence
par celui-ci - même si,comme il ressort de l'appendice à la présente

opinion, les dénégationsdu Nicaragua sont contredites par ses propres
déclarations etpar d'autres moyens de preuve. La parfaite exactitude des
accusations portéespar les Etats-Unis contre le Nicaragua a étéétablie
dans la mesure où ilressort des faits, d'une part, que c'estleNicaragua qui
a engagé une actioriarméesubversive contre le Gouvernement d'El Sal-
vador avant que les Etats-Unis n'y répliquentpar des mesures tendant à
venir en aide au Salvador contre le Nicaragua et, de l'autre, que le Nica-
ragua amaintenu son appui matérielauxforcesqui visent à renverserpar la
violence le Gouvernement d'El Salvador. Néanmoins, une question déli-
cate reste en partie dans l'ombre.

4. La Cournepeutpas seprononcersurlanécessité d'unemploi continudela
force dans les circonstancesde l'espèce

69. Pour que la riposte des Etats-Unis au comportement agressif du
Nicaragua soit licite, il faut qu'elle soit nécessaire.La Cour est-elle en
mesurede statuer sur lanécessitéd'un recourscontinu des Etats-Unis àdescollective self-defence ?1doubt that it is, essentially because such ajudg-
ment of necessity requires the Court to pass upon whether or not the
United States acts reasonably in refusing the belated professions of the
Nicaraguan Government's willingness to refrain from undermining the
governments of its neighbours if the United States willcease undermining
it.Such ajudgment, involving as it does an appraisal of the motives and
good faith of Nicaragua and the United States, is exceedinglydifficult for
this Court now to make.
70. One may Say that the United States was justified, on grounds of
necessity, in exerting pressure upon Nicaragua from the end of 1981until

at least mid-1983, when it appears that Nicaragua was prepared to affirm
that it would not support rebellion in El Salvador (notably but not exclu-
sively, by its proposal of the four treaties described in the appendix,
paras. 174-178).in return for United States cessation of its support for the
contras and for the Government of El Salvador. Nicaragua's acceptance of
the Contadora Group's Document of Objectives of 9September 1983may
be read as embodying a similar affirmation by it. But, if these apparent
facts are true, can this Court reallyjudge, by legal criteria, whether the
United States was right or wrong to reject this belated approach of Nica-
ragua ? If the prior unlawful and prevaricating behaviour of Nicaragua
had convinced the United Statesthat Nicaragua's change of tune or tactics
could not be trusted, can the United States be blamed for rejecting Nica-
ragua's four treaties and like subsequent Nicaraguan professions, made
bilaterally and in the Contadora context, in the apprehension that, once
the contrus were abandoned or disbanded, and in its own good time,

Nicaragua would resume itsarmed subversion of its neighbours ? After all,
the Nicaraguan Government has affirmed (in an address of one of the nine
governing cornanduntes) that its policy of "interventionism" - this is the
word Commander Bayardo Arce chose - "cannot cease". ("Commander
Bayardo Arce's Secret Speech before the Nicaraguan Socialist Party
(PSN)", Depurtrnent of State Publicution 9422, 1985,p. 4.)

71. This is a reasonable question, but 1 doubt that it is a justiciable
question. 1Saythisnot because of what the United Stateshas characterized
as the "ongoing" character of the case and the "fluid" nature of its
changing facts. The Statute of the Court rightly contemplates that the
Court may deal with cases of an "ongoing" nature ; if it did not, the
provisions of the Statute for the indication of "any provisional measures

which ought to be taken to preserve the respective rights of either party"
would not make sense. Nor do 1believe that the answer to the question is
beyond the Court's capacity because, or essentially because, of the unwill-
ingnessof the United Statestotakepart in theproceedings of the Court on
the merits of the case. It would be difficult for the Court to establish the
true motives, and the reasonableness, of the policy of a Party on a question
such as this, even if it werepresent in Court. The Court is not in a positionmesures de légitimedéfense collective ? J'en doute pour la principale

raison que,pour seprononcer sur cette nécessitél,a Courdoit examiner si
les Etats-Unis agissent ou non raisonnablement en refusant lesassurances
tardives du Gouvernement nicaraguayen quant àsa volontéde laisser en
paix les gouvernements des pays voisins si les Etats-Unis cessent de I'in-
quiéter.Il est extrêmementdifficile à la Cour de porter actuellement un tel
jugement, lequel implique inévitablement uneappréciation desmotifs et
de la bonne foi du 'Nicaraguaet des Etats-Unis.
70. On peut dire que les pressions exercéespar les Etats-Unis sur le

Nicaragua étaientjustifiéespar la nécessitéd ,e lafin de 1981 àla moitiéde
1983au moins, époclueoù il sembleque leNicaragua se soit montréprêt à
affirmer sa volontéclene pasappuyer la rébellionau Salvador (notamment
mais non exclusivementpar sa proposition relative aux quatre traitésdont
ilest question aux paragraphes 174 à 178de l'appendice), à condition que
les Etats-Unis cessent de soutenir les contras et le Gouvernement d'El
Salvador. On peut linterpréterl'acceptation par le Nicaragua de la liste
d'objectifsdugroupe deContadora en datedu 9septembre 1983commela

consécrationde sa position. Mais si ces apparences sont vraies, la Cour
peut-elle vraimentjuger, sur la base de critèresjuridiques, si lesEtats-Unis
ont eu raison ou tort de rejeter cette offre tardive du Nicaragua ?Si le
comportement antérieur du Nicaragua, par son caractère illégitimeet
équivoque, avait convaincu lesEtats-Unis qu'ils nepouvaient ajouter foi à
cechangement deposition oude tactique de sapart, peut-on leur reprocher
d'avoir rejetélesquatre projets de traitésdu Nicaragua et les déclarations
qu'ilafaites par la siiitedans lemêmeesprit, sur un plan bilatéraletdans le
cadre des consultations de Contadora, les Etats-Unis craignant que le

Nicaragua. une fois les contras abandonnés ou dispersés, et aumoment
choisi par lui, ne reprenne ses actes de subversion arméecontre les pays
voisins ? Après tout., leGouvernement nicaraguayen a affirmé (dans un
discours prononcé par un des neuf comandantesau pouvoir) que sa poli-
tique d'o interventionnisme ))- c'est le terme choisi par le commandant
Bayardo Arce - <ne peut cesser o.(<(Commander Bayardo Arce's Secret
Speechbefore the Nicaraguan SocialistParty (PSN) )>DepartmentofState
Publication 9422, 1085,p. 4.)

71. C'est là une question raisonnable, maisje doute qu'elle soitjusti-
ciable. Je dis cela, non pasà cause de ce que les Etats-Unis ont appeléle
caractère «ongoing» (<(encours 1))de l'affaireet la natur<(changeante
de sonévolution.Le:Statutde la Cour prévoit àjuste titre que celle-cipeut
connaître d'affaires ((en cours ;sinon, les dispositions du Statut l'habi-
litant à indiquer ((quelles mesures conservatoires du droit de chacun
doivent êtreprises à titre provisoirw n'auraient aucun sens.Jene croispas
non plus que la réponse à la question outrepasse la capacitéde la Cour à
cause du refus des Etats-Unis de prendre part à la procédure devant la

Cour sur lefond ou lprincipalement à causedecerefus. Ilserait difficileàla
Cour d'établirquels sont les véritablesmotifs de la politique d'une partie
sur une question cornmecelle-ci,et sicette politique est raisonnable, même
si cette partie comparaissait. La Cour n'est pas en mesure d'ordonner lato subpoena the files of the Central Intelligence Agency and the White
House - or the files of the Nicaraguan Government, not to speak of the
filesof the Government of Cuba and of other supporters of the subversion
of El Salvador. It isonethingfor the Nuremberg Tribunal "ultimately" (to
use its term) to have arrived at ajudgment of necessity after the fact and

having before it as part of the evidence offered by the prosecution the
captured files of the defendant. It is another for this Court to reach a
confidentjudgment on the policies - and motives - of the States imme-
diately concerned. the more so when not only is one Party absent and, in
any event, unwilling, for security reasons, to reveal information it treats as
secret, but when other States inextricably concerned also are not in Court,
and apparently no more willing.The difficulties of the Court adjudicating
thevalidity ofaplea of collectiveself-defence in the absence not only of the
United States, a Party to the case, but in the absence of others of the
"collective", namely El Salvador and Honduras, which are not parties to
thecase, areconsiderable. Nor, asshown below,can ElSalvador be blamed
for not intervening at the stage of the merits ;contrary to Nicaragua's
contention, inferences againstthe allegations ElSalvador makes cannot be
drawn by its failure to appear in Court to sustain those allegations.

72. As for the Government of Nicaragua, whose Congress is not con-
trolled by the opposition, which has no need to adopt an Intelligence
Authorization Act, which is not subject to the oversight of a Select Com-
mittee on Intelligence or the revelations of an uncensored press, whose
ministries act with the assistance of advisers from authoritarian régimes,
whose ideology is not liberal, and whose Ministers misrepresent the facts
before this Court, the difficulties of arriving at the truth in respect of its
actions and, a fortiori,its motives, are compounded.

73. Moreover, ifa fuller findingof thefacts might arguably haveput the

Court in a better position to pass upon the question of the necessity of
United States action in alleged self-defence, the Court has not troubled to
find those facts, as pointed out below. The fact is that, if its fact-finding
powers could, if used, perhaps have enabled the Court to make a more
informed judgment of the necessity or lack of necessity of United States
actions in collective self-defence, the Court has refrained from exercising
those powers.

74. In viewof al1these considerations, the Court would have done well
to have prudentially held that a coreissueof thiscase - whether the United
States plea of self-defenceisjustified - isnot nowjusticiable. However,the
Court has decided to reach ajudgment on thisquestion on the basis of such
facts as have come to light, as it has found those facts.

75. In my view,the finding of facts by the Court is not only inadequatecommunication des archives de la CIA et de la Maison-Banche - ni celles
du Gouvernement nicaraguayen, sans parler de celles du Gouvernement
cubain et autres tenants de la subversion au Salvador. Que le tribunal de
Nuremberg soit parvenu en fin de compte (<<ultimately est le terme

employéen anglais ]parle tribunalà apprécier lanécessitéa ,prèsexamen
desfaits et au vu d'un moyende preuve offert par l'accusation (lesarchives
saisieschez ledéfendeur),est une chose. Mais c'en est uneautre sila Cour
doit se prononcer en toute assurance sur les politiques- et les mobiles-
desEtats immédiatementintéresséss ,urtout dans lecas où non seulement
unepartie fait défautet serefusede toutefaçon pour desraisons de sécurité
à divulguer des renseignements qu'elle estime secrets mais où d'autres
Etats tout autant intéressédeprès à l'instancen'yparticipent pas non plus
et ne sont apparemiment pas dans de meilleures dispositions. D'énormes
difficultésattendaie:nt la Cour si elle voulait se prononcer sur la validité
d'une allégationde Iégitimedéfensecollectiveen I'absencenon seulement
des Etats-Unis, partie à l'affaire, mais aussi d'autres pays participantà

cette action collectiveO, à savoir El Salvador et le Honduras, qui
n'étaientpas partiesà l'affaire.Comme on leverra on ne saurait reprocher
à El Salvador de ni: pas êtreintervenu dans la phase sur le fond ; con-
trairement àce qu'affirme leNicaragua les allégations faites par El Sal-
vador ne peuvent pasêtredémentiespar lerefus de cepays de comparaître
pour les défendre.
72. S'agissant d'un gouvernement qui, comme celui du Nicaragua, n'a
pas affaire àun conigrèsdominé par l'opposition, qui n'est pas contraint
d'adopter une loisur l'allocationdecréditsauxservicesde renseignements,
qui n'est pas soumis à la tutelle d'une commission restreinte du rensei-
gnement ni aux réviflationsd'une presse libre,dont les ministères sefont
assister deconseillersenvoyéspar desrégimesautoritaires, dont l'idéologie

n'estpas libérale,et dont lesministres déformentla réalitédevant la Cour,
il est d'autant plus difficile d'établir lavéritéquant à ses actions et, a
fortior qiuant à ses mobiles.
73. De plus, s'ilest vrai que, par une appréhension plus complètedes
faits la Cour aurait étémieux à mêmede se prononcer sur la nécessité de
l'action des Etats-Unis au regard de la légitimedéfensealléguéei,l est à
noter qu'elle nes'estpas souciéede rechercher cesfaits,comme on leverra.
Même sil'on admei:que les pouvoirs d'investigation de la Cour auraient
peut-êtrepu, siellelesavait exercés,luipermettre de prendre une décision
en meilleure connai.ssancede cause sur la nécessitéou I'absencede néces-
sitédesactionsdes Ettats-Unisau regard de lalégitimedéfensecollective,le
fait est que la Cour s'est abstenue de les exercer.
74. Eu égard à l'ensemblede cesconsidérations,laCouraurait bien fait

de conclure prudeniment qu'une question qui est au cŒur de l'affaire -
cellede savoir sil'argument de légitimedéfense invoquépar les Etats-Unis
estjustifié- n'estpas actuellement justiciable. Or, la Cour a décidéde se
prononcer surcette question en se fondant sur les faits misen lumière, tels
qu'elle lesavait éta'blis.
75. Amon avis,l'établissementdesfaits par laCour n'estpas seulementbecause of the singular character of the case and, perhaps, because it has
failed to exert its fact-finding powers ;the Court, partially because of its
misapplication of the rules of evidence which it has articulated for this

case, has even failed adequately to recognizeand appraise the facts which
do appear in the record of the proceedings and in this dissenting opinion,
including the fact of the purposeful prevarication of the Nicaraguan
Government. It has also failed to draw the correct legalconclusions from
those facts which it gives some sign of recognizing, as by failing to apply
againstNicaragua that fundamental generalprinciple oflawsographically
phrased in the term, "clean hands".

76. In thesecircumstances, inwhich 1do not share the viewof the Court
that the question of the necessity of United States actions is nowjustici-
able, 1feelbound to express ajudgment - ashas the Court - on the basis

of the facts which are before the Court and in the public domain, inade-
quate as they may be. For reasons which are set out in subsequent para-
graphs of this opinion, my conclusion is that the United States has acted
and does act reasonably - at any rate, not unreasonably - in deciding that
its continuing exertion of armed and other pressures upon Nicaragua is
necessarytoconstrain Nicaragua's continuing exertion of armed and other
pressures upon El Salvador. If United Statesaction is necessary,then, asa
matter of law, it is proper.

77. That is not to say that - as pointed out in paragraph 5 of this

opinion - 1approve or disapprove of the policieswhich the United States
is pursuing vis-à-vis Nicaragua, El Salvador or other Central American
countries. My conclusion simply is that, as a matter of international law,
the United States acts legally inexerting armed and other pressures upon
Nicaragua with the object of inducing it to desist definitively from its
armed subversion of the Government of El Salvador and of other of its
neighbours.

C. TheRelevance andEffect of the "MultilateralTreaty"
Reservation

1. The Courtwas and is boundto apply the reservation

78. In my view,one of the several unfounded elements of the Court's
decision on jurisdiction was its treatment of the "multilateral treaty"
(Vandenberg) reservation of the United States to the compulsory jurisdic-
tion of the Court, which withholds from the Court's jurisdiction

"disputes arising under a multilateral treaty, unless(1) al1the parties
to the treaty affected by the decision are alsoparties to thecase before

the Court, or (2) the United States of America specially agrees to
jurisdiction".critiquable en raisonidu caractère particulier de l'affaire et, peut-être,du
refusde laCour d'exirrcersespouvoirs d'investigation ;laCour, en partie à
cause d'une mauvaise application des règlesde preuve qu'elle a énoncées
pour laprésenteespèce,n'amêmepasreconnu ni appréciécorrectementles
faits qui ressortent effectivement du dossier et de la présente opinion

dissidente, y cornpri,~le fait que le Gouvernement nicaraguayen a délibé-
rément déformé la vérité. Elle n'apas non plus tiréles conclusions juri-
diques exactes des faits qu'elle semble à certains égards reconnaître, en
refusant par exemple d'appliquer au Nicaragua ce principe généralfon-
damental du droit défini de façon si imagéepar l'expression mains
'fO-reS- -).
76. Etant donnéqueje ne partage pas l'avisde la Cour selon lequel la
auestion de la nécessité des actions des Etats-Unis est en l'étatactuel des

chosesjusticiable, je mesenstenu d'exprimerunjugement - comme l'afait
la Cour - sur la baije des faits qui lui sont soumis et qui appartiennent
au domaine public, aussi incomplets qu'ils puissent être. Pourles raisons
exposéesaux paragrinphessuivants de la présente opinion,ma conclusion
est que les Etats-Unis ont agi et continuent d'agir rai~onnablement - en
tout cas de manièrenon déraisonnable - en décidantque l'exerciceconti-
nu des pressions arméeset autres sur le Nicaragua est nécessairepour

juguler l'exercicecontinu par le Nicaragua de pressions armées et autres
sur El Salvador. Si l'action des Etats-Unis est nécessaire, elle estalors
justifiéeen droit.
77. Celane veutp,asdireque - commeilestsoulignéauparagraphe 5de
la présente opinion - j'approuve ou désapprouve les politiques pour-
suiviespar les Etats-1Jnisvis-à-visdu Nicaragua, d'ElSalvadoroud'autres
pays d'Amériquecentrale. Je conclus simplement que, au regard du droit

international, les Etats-Unis agissent de façon licite en exerçant des pres-
sionsarméeset autre:ssur le Nicaragua dans le but de l'amener à renoncer
définitivement à sonactionarméesubversivecontre leGouvernement d'El
Salvador et ceux d'autres pays voisins.

C. La pertinence et l'effet
de la réserve relative aux ((traitésmultilatéraux ))

1. La Cour étaitet est tenue d'appliquer la réserve

78. Je pense qu'une des faiblesses de la décision de la Cour sur la
compétencerésidedans la manièredont ellea traitéla réserve relativeaux

((traitésmultilatéraux ))(réserveVandenberg),apportéeparlesEtats-Unis
à leur acceptation de lajuridiction obligatoire de la Cour, laquelle dispose
que cettejuridiction ne s'étendpas

aux différends résultant d'un traité multilatéral, à moins qiie
1) toutes les parties au traité que la décisionconcerne soient égale-
ment parties à l'affaire soumise à la Cour, ou que 2) les Etats-Unis
d'Amériqueacceptent expressément lacompétencede la Cour o.For the reasons set out in my dissent, 1 remain convinced that the
Court evaded application of that reservation (see I.C.J. Reports 1984,
pp. 602-613).
79. The Court's failure to give the multilateral treaty reservation effect
at the stage at which it was intended to have effect - in thejurisdictional
phase - has had regrettable results. The United States cited that failure as
a reason for withdrawing from the case. It alsocited that failureasa reason
for withdrawing from the Court's compulsory jurisdiction. In testimony
before the Senate Foreign Relations Committee on 4 December 1985,
the Legal Adviser of the State Department, Judge Abraham D. Sofaer,

declared :

"We carefully considered modifying our 1946 declaration as an
alternative to its termination, but we concluded that modification
would not meet our concerns. No limiting language that we could
draft would prevent the Court from assertingjurisdiction if it wanted
to take a particular case, as the Court's treatment of our multilateral
treaty reservation in the Nicaragua case demonstrates. That reserva-
tion excludes disputes arising under a multilateral treaty unless al1

treaty partners affected by the Court's decision are before the Court.
Despite Nicaragua's ownwritten and oral pleadings before the Court
- which expresslyimplicated ElSalvador,Honduras, and Costa Rica
in the allegedviolations of the UN and OAS[Organization of Ameri-
can States] Chartersand prayed for a termination of U.S. assistance
to them - and statements received directly from those countries, a
majority of the Court refused to recognize that those countries would
be affected by its decision and refused to give effect to the reserva-
tion." ("The United States and the World Court", Department of

State CurrentPolicy No. 769, p. 3.)

Not only has this argument carried the day in Washington ; there may be
reason toapprehend that other States which have madedeclarations under
the Optional Clause with reservations may withdraw their declarations
because of alikeperception that the Court maynot apply their reservations
should occasion for their application arise. One State already has with-
drawn its adherence, perhaps in this apprehension.

80. But while the Court avoided application of the multilateral treaty
reservation at thejurisdictional stage, it did join application of the reser-
vation to the merits in holding that "it isonly when the general linesof the
judgment to be given become clear that the States 'affected' could be
identified" (I.C.J. Reports 1984, p. 425,para. 75).Thus, as the general lines
of today's Judgment became clear, the Court decided whether any States
party to the four treaties relied upon by Nicaragua - most notably, the
United Nations Charter and OAS Charter - will be affected by the
Judgment. It has reached the conclusion that ElSalvador willbe affected -Pour les motifs que j'ai exposésdans mon opinion dissidente, je reste

persuadé que la Cour a éludé l'application de cette réserve (voir
C.I.J. Recueil 1984, p. 602-613).
79. Lefaitque la Cour n'apas donnéeffet àlaréserverelativeaux traités
multilatérauxaustade de I'affaire auquelelleétaitcenséeen avoir, celuide
lacompétence,aeu (lesconséquences regrettables.Les Etats-Unis ont pris
motif de cette carence pour se retirer de l'affaire. Ils l'ont aussi invoquée
pour retirer leur acce:ptationde lacompétenceobligatoirede laCour. Dans
une déposition devant la commission des affaires étrangèresdu Sénat,
faite le 4 décembre 1985,M. Abraham D. Sofaer, conseillerjuridique du
département d'Etat, s'est exprimé ainsi :

<Nous avonssérieusement envisagé lapossibilitéde modifier notre

déclarationde 1946au lieud'ymettre fin,maisnous sommes arrivés à
la conclusion qu'une modification ne répondrait pas à nos préoccu-
pations. Aucun libellé restrictifque nous pourrions rédiger n'empê-
cherait la Cour de se déclarercompétente si elle voulait connaître
d'une affaire dléterminéec ,omme le démontre le sort qu'elle a fait
subir a notre réserverelative auxtraitésmultilatérauxdans I'affairedu
Nicaragua. Cette réserve exclut lesdifférends résultantd'un traité
multilatéral àmoins que toutes les parties au traitéque la décision
concerne ne comparaissent aussi devant la Cour. Malgré les exposés
écritset oraux du Nicaragua devant la Cour,qui mettaient expressé-
ment en cause El Salvador, le Honduras et le Costa Rica par des
allégations relaiiveà des violations deschartes des Nations Unies et
de l'Organisation des Etats américainsetdemandaient que les Etats-

Unis cessent de prêterassistance àces pays, malgrédes déclarations
reçues directement de ceux-ci, une majoritéde la Cour a refuséde
reconnaître que la décisionlesconcernerait et ellea refusé dedonner
effetà la réserve. (O The United States and the World Court O,
Department of State CurrentPolicy No. 769, p. 3.)

Cet argument n'a d'ailleurspas prévaluqu'à Washington ;ilyatout lieude
redouter que d'autres Etats qui ont accompagnéde réserves leurdéclara-
tion, envertu de laclausefacultative, pourraient retirercettedéclarationen
craignant eux aussi que la Cour n'applique pas leurs réservessi l'occasion
s'enprésentait. Un Etat est déjàrevenu sur son adhésion, peut-êtredans
cette crainte.

80. Mais si la Cour a évitél'application de la réserve relative auxtraités
multilatéraux dans la phase sur la compétence,elle l'ajointe au fond au
motif que <(ce n'est qu'à partir du moment où les grandes lignes de son
arrêtse dessineraient qu'elle pourrait déterminer quels Etats seraient
<<affectés (C.I.J. 1'2ecuei l984, p. 425, par. 75). Ainsi, alors que les
grandes lignes de l'arrêtse dessinaient, la Cour a tranché la question de
savoir si l'unquelcorique des Etats parties aux quatre traités invoquéspar
le Nicaragua, en particulier la Charte des Nations Unies et la charte de
I'OEA,serait affectépar cet arrêt.Elleest parvenue à la conclusion qu'Elacorrect conclusion, which,however, was no lessplain at thejurisdictional
stage than it is today.

81. That, indeed, it was perfectly plain at thejurisdictional stage that El
Salvador (and Honduras and Costa Rica) would ineluctably be affected by
the Court's Judgment, whatever its content, was, in my view, not only
demonstrable in 1984but demonstrated (see 1.C.J. Reports 1984,pp. 604-
608). It is demonstrated anew by the Court's endeavour in today's Judg-
ment to explain why it is that it is apparent now that El Salvador will be
affected but wasnot in 1984.The Court maintains that, generally speaking,
if the relevant claim is rejected on the facts, a third party could not be
affected by the Court's judgment. It continues :

"If the Court were to conclude in the present case, for example,
that the evidence was not sufficient for a finding that the United
States had used force against Nicaragua, the question ofjustification
on the grounds of self-defence would not arise, and there would be no
possibility of El Salvador being 'affected' bythe decision."
82. That explanation is patently unpersuasive. In the first place, it was

no less obvious in 1984than it is today that the United States had used
force against Nicaragua. By26November 1984, such useof forceagainst it
not only had been charged by Nicaragua ;by its legislation and otherwise,
the United States had officially and repeatedly acknowledged the use of
forceand itwasobvious to al1the world. For the Court to suggestotherwise
is implausible in the extreme. In the second place, as 1 observed in
1984 :

"Nor is it persuasive to argue, as the Court does, that if it should
reject Nicaragua's Application, there would be no third States that
could claim to be affected by thejudgment in the case. That is like
saying that, if in a national court, citizen 'A'is indicted on charges of
terrorism involving the smugglingof narcotics and arms,and foreign-
ers 'B','C'and 'D',who are situated abroad. are named in the charges
as unindicted co-conspirators, and ifthe court finds citizen 'A'not
guilty, then foreigners'B','C'and 'D'are not affected by thejudgment
- not affected legally, economically, morally or otherwise."

83. TheCourt has rightly concluded in today's Judgment that applica-
tion of the multilateral treaty reservation cannot be avoided on theground
that the United States was not present in the proceedings on the merits so
as to raise that objection at the stagewhen the Court apparently held that it
could be raised. SincetheCourt itself had held that. when the general lines
of thejudgment to begivenhave become clear, the States "affected" can be
identified, that implied that, at that stage, the Court would address the
issue. For its part, the United States had formally raised and fully argued
an objection based on the multilateral treaty reservation and had neverSalvador serait affecté - conclusion correcte qui, toutefois, n'étaitpas
moins évidenteau stade de la compétence qu'aujourd'hui.
81. En fait, l'évidencede la conclusion selon laquelle El Salvador
(comme le Honduras et le Costa Rica) serait inéluctablement affectépar
l'arrêtde la Cour, quelle qu'en soit la teneur, était à mon avis non seule-
ment démontrable mais démontrée en1984,au stade de la compétence
(voir C.I.J. Recueil1984,p. 604-608).L'arrêtrendu aujourd'hui en apporte
une nouvelle démonstration :la Cour s'estappliquée à expliquerpourquoi
ilapparaît maintenant qu'El Salvadorsera affecté,alors que ce n'étaitpas
lecas en 1984.La Cour affirmeque, de façon générale, slia demandeétait

rejetéesur la base desfaits, aucun tiers ne pourrait êtreaffectépar l'arrêt.
Elle poursuit :
<Dans l'hypothèseoù la Cour conclurait en l'espèceque l'emploi
de la force par les Etats-Unis contre le Nicaragua n'est pas suffisam-

ment établi,la qluestionde lajustification par lalégitimedéfensene se
poserait pas, et iilserait excluqu'El Salvador puisse être(affecté par
la décision. ))
82. Cette explication n'est manifestement pas convaincante. Prernière-

ment il n'étaitpas moins patent en 1984qu'aujourd'hui que les Etats-Unis
avaient fait usagede laforce contre leNicaragua.Ala datedu 26novembre
1984,cetemploi de laforce contre leNicaragua avait non seulement donné
lieu àdes accusationisde la part de celui-ci mais, par la voie législativeou
par toute autre voie.,les Etats-Unis l'avaient officiellement et àplusieurs
reprises reconnu,et c'était unfait de notoriétédans lemonde entier. Toute
tentativefaite par la Cour pour laisser entendre lecontraire est totalement
indéfendable. Deuxiièmement,comme je l'ai fait observer en 1984 :

<L'idéeexpriméepar la Cour, en disant que, dans l'hypothèseoù
ellerejetterait la requêtedu Nicaragua, aucunEtat tiers ne pourrait se
dire affectépar l'arrêt, n'esptas plus convaincante. Autant dire,pour
transposer l'affaire sur leplan interne, que siun individu A est accusé
devant un tribunal du pays dont il est ressortissant d'actes de terro-

risme,avectrafic d'armes et de stupéfiants,et que lesindividus B,Cet
D, ressortissan1:sétrangers se trouvant hors du ressort du tribunal,
sont citéssans i!treinculpés,ils ne seront pas concernés -juridique-
ment, économiquement,moralement ou de toute autre manière - par
un jugement aux termes duquel A est déclarénon coupable.

83. La Cour a conclu àjuste titre dans l'arrêt renduaujourd'hui que
l'application de la réserve relativeaux traités multilatéraux ne peut être
évitéeaumotif que les Etats-Unis, n'ayant pas participé à l'instance sur le
fond, n'auraient pas soulevécette exception au moment ou, apparemment,
la Cour leur a reconnu cette faculté. Vu que la Cour elle-mêmeavait dit
que, à partir du moment où lesgrandes lignesde son arrêtsedessineraient
elle pourrait déterminer quels Etats seraient affectés O, cela supposait
qu'à cestade elle examinerait la question. Pour leur part, les Etats-Unis

avaient officiellement soulevé,arguments à l'appui, une exception fondéewithdrawn or waived that objection ; it remained before the Court, post-
poned by it to the merits. But,more than this,for theCourt to have avoided
application of the reservation on the ground that the United States wasnot
here to pressit would have conflicted with the letter and spirit of Article 53
of the Statute. Byreason of that mandatory provision, the Court "must",
before deciding upon the claim, "satisfy itself, not only that it has juris-
diction.. .but also that the claim iswellfounded in fact and law". Having
put off a preliminary objection of ajurisdictional character on the ground
that itis not of an exclusivelypreliminary character, the Court remained
bound to examine that objection at the stage to which it had removed it,
whether or not the Party which raised the objection waspresent to argue it.
To have held the contrary would have deprivedArticle53 of the Statute of
its effect. It would also have run counter to what the Court held in the

UnitedStates Diplomatic andConsular Staffin Tehrancase in interpreta-
tion of Article 53 :

"33. It is to be regretted that the Iranian Government has not
appeared before the court in order to put forward its arguments on
the questions of law and of fact which arise in the present case ;and
that, in consequence, the Court has not had the assistance it might
have derived from such arguments or from any evidence adduced in
support of them. Nevertheless, in accordance with its settled juris-
prudence, the Court, in applying Article 53 of its Statute, must first

take up, propriomotu,any preliminary question, whether of admissi-
bility or ofjurisdiction. that appears from the information before it to
arise in the case and the decision of which might constitute a bar to
any further examination of the merits of the Applicant's case."
(United States Diplomatic andConsular Staffin Tehran,Judgment,
I.C.J. Reports 1980, p. 18.)
84. Nicaragua's essential contention against application of the multi-
lateral treaty reservation at this stage is that the argument of the United
States that El Salvador, Honduras and Costa Rica will be affected by the
decision in thiscasehas been vitiated by theUnited Statesadmission that it

seeksoverthrow of the Nicaraguan Government. Nicaragua contends that
overthrow is incompatible with self-defence ; hence the United States
argument "simply evaporates" (Memorial of Nicaragua, para. 355).

85. This simpleargument is unduly simplistic. In the first place, it is by
no means established that the United States seeks the overthrow of the
Nicaraguan Government(appendixto thisopinion, paras. 23-26, 157-159,
200-205). Second, if, arguendo,one assumes that the purpose of United
States military and paramilitary activities in and against Nicaragua is the
overthrow of its Government, it does not follow that that necessarily is
incompatible with, and constitutes an abandonment of, the argument of
self-defence. In some, indeed most, instances,overthrow of the aggressorsurla réserverelativeauxtraitésmultilatéraux ;ilsn'ontjamais retirécette

exception ni renoncé à la faire valoir;la Cour en reste saisie après en
avoir différél'examenjusqu'à laprocéduresurlefond. Ilya plus, silaCour
avait évitéd'appliquer la réserve aumotif que les Etats-Unis n'étaientpas
présents pour en réclamer l'application, elle aurait enfreint la lettre et
l'esprit de l'article 53du Statut. Compte tenu de cette disposition impé-
rative, la Cour ((doit))avant de statuer sur la demande, <(s'assurer non
seulement qu'elleacompétence ..mais que lesconclusions sont fondéesen
fait et en droit)).Ayant sursis à l'examen d'une exception préliminaire
d'incompétenceau motif que cette exception ne présentaitpas un caractère
exclusivement préliniinaire,laCour restait tenue deprocéder àson examen

durant la phase de l'affairà laquelle ellel'avait renvoyée,que la partie qui
l'avait invoquéefût ou non présente pour la soutenir. Toute décision
contraireaurait privkd'effet l'article 53du Statut et serait aàll'encontre
de ce que la Cour a dit de l'interprétation de l'article 53 dans l'affaire du
Personneldiplomatiqueet consulairedes Etats-Unis à Téhéran :

33. Il est regrettable que le Gouvernement de l'Iran ne se soit pas
présentédevant la Cour pour développer sesarguments sur les ques-
tions de droit et defait qui seposent en I'espèceet qu'en conséquence
la Cour n'ait pas eu l'aide que l'exposéde ces arguments et toute
preuve présentée à l'appui auraient pu lui apporter. Néanmoins,
lorsqu'elle appliiquel'article 53du Statut, la Cour doit, en vertu d'une
jurisprudence constante, commencer par examiner d'office toute
question préliminairede recevabilitéoudecompétenceque paraissent
soulever en I'espèceles renseignements à sa disposition et dont le
règlement pourrait faire obstacleà la poursuite de l'examen au fond

des thèsesdu demandeur. (Personnel diplomatique et consulaird ees
Etats-Unis à Tkhérana , rrêt,C.I.J. Recueil 1980, p. 18.)

84. La principale thèsedu Nicaragua contre I'application de la réserve
relative auxtraitésmultilatéraux à cestade aconsisté à dire que l'argument

des Etats-Unis suivant lequel El Salvador, le Honduras et le Costa Rica
seraient affectés pa:r la décision en I'espècene valait plus à partir du
moment où les Etats-Unis reconnaissent leur dessein de renverser le Gou-
vernement nicaraguayen. Le Nicaragua soutient que le renversement est
incompatible avec la légitimedéfense et que, dans ces conditions, I'argu-
ment des Etats-Unis disparaît tout simplement H(mémoiredu Nicara-
gua, p. 185).
85. Cet argument est simple. mais exagérément simpliste.En premier
lieu, il n'est nullement établique les Etats-Unis cherchent à renverser le
Gouvernement nicaraguayen (appendice à la présenteopinion, par. 23-26,
157-159, 200-205). IEnsecond lieu, à supposer, pour les besoins de la

démonstration, que le but des activités militaires et paramilitaires des
Etats-Unis au Nicaragua et contre celui-ci soit de renverser le gouverne-
ment de ce pays, il rie s'ensuit pas que cela serait nécessairement incom-
patible avec l'argument tiréde la légitimedéfense et équivaudrait à ygovernment might be an unnecessary and disproportionate act of self-
defence,but inothers it maybe necessaryand proportionate. It depends on
the facts (if they can be found).

86. The officia1position of the United Stateshas been and remains that
it does not seek the overthrow of the Government of Nicaragua, and that
the pressures which itcontinues to exert upon that Government are lawful
measures of collective self-defence taken in support of El Salvador. Con-
trary to the contentions of Nicaragua before the Court, the United States
has abandoned neither of thesepositions. WhileNicaragua maintains that,
with its withdrawal from the case, the United States no longer spoke of
collectiveself-defenceas the legaljustification for its exertion of pressures
upon Nicaragua, "Revolution BeyondOur Borders", published by the
Department of State in September 1985, some nine months after the
announcement of United States withdrawal from the Court's proceedings,
re-affirms that justification. As recently as 15January 1986,Secretary of
State Shultz, in a public address entitled, "Low-lntensity Warfare : the
Challenge of Ambiguity", maintained that the Nicaraguans :

"have committed aggression against their neighbors and provided
arms to terrorists likethe M-19group in Colombia,but cynicallyused
the International Court of Justice to accuse usof aggression because
we joined with El Salvador in its defense" (Department of State,
CurrentPolicy No. 783,p. 1).

87. Since the multilateral treaty resemation is a resemation in force
which limits the extent of United States submission to the Court'sjuris-
diction, the Court is bound to apply it and thus to revert to the question
which it postponed in its Judgment of 26 November 1984 : will El Sal-
vador, Honduras and Costa Rica, or any of them, be affected by the
Judgment of the Court in ths phase of the case ?
88. It is plain that the Court's Judgment, which holds in favour of
Nicaragua's essential claims and against the essential defence of the Uni-
ted States, must affect El Salvador, Honduras and Costa Rica. They are

affected not only legally, but politically, militarily, economically and
morally(it willbeobserved that themultilateral treaty reservation does not
specify "legally affected"). The verypleadings of Nicaragua reinforce that
conclusion. As 1 pointed out in my dissent to the Judgment of 26 Novem-
ber 1984 :

"The very first numbered paragraph of its Application claims that
the United States has installed more than '10,000mercenaries ... in
more than ten base camps in Honduras along the border with Nica-
ragua .. .'.. Nicaragua has also alleged that there are 2,000United

States-supported 'mercenaries' operating against it from Costa
Rica. ..and that the Government of Costa Rica is acting in concertrenoncer. Il y a des cas, à vrai dire la plupart, où le renversement du
gouvernement agresseur pourrait constituer un acte de légitimedéfense

non nécessaireet disproportionné, mais dans d'autres cepeut êtreun acte
nécessaireet proportionné.Tout dépend des faits,s'ilspeuvent être établis.
86. La position officielle des Etats-Unis a étéet demeure qu'ils ne
cherchent pas à renverser le Gouvernement du Nicaragua et que les pres-
sions qu'ils continuent d'exercer sur ce gouvernement sont des mesures
licitesdelégitimedéfensecollectiveprises pour venir en aide àElSalvador.
Contrairement à ce qu'a prétendule Nicaragua devant la Cour, les Etats-
Unis n'ont renoncé iiaucun de ces moyens. Le Nicaragua a beau soutenir
que les Etats-Unis, en se retirant de l'affaire, ont cesséd'invoquer la
légitime défense collectivepourjustifierjuridiquement l'exercicede pres-
sionssur leNicaragua, l'ouvrage«RevolutionBeyondOurBorders»,publié

par ledépartementd'Etat enseptembre 1985,soit neuf moisenviron après
l'annonce par lesEtats-Unis de leur retrait, réaffirmecettejustification. Le
15janvier 1986 enclorele secrétaired7Etat Shultz, dans une conférence
donnéeen public sur le thème Low-IntensityWarfare :the Challenge of
Ambiguity ))déclarait :

<Aprèsavoir perpétré uneagression contre leurs voisins et fourni
des armes à des terroristes comme le groupe M-19 en Colombie, [les
Nicaraguayens] ont eu le cynisme de s'adresser àla Cour internatio-
nale de Justice pour nousaccuser d'agression simplement parce que
nous aidons El Salvador à se défendre. (Department of State Cur-
rent Policy No. 783, p. 1).

87. Puisque laclauserelative aux traitésmultilatérauxest une réserveen
vigueur,qui limitelaportéede l'acceptation delajuridiction de la Cour par
les Etats-Unis, la C'ourest tenue de l'appliquer et donc de revenir à la
question dont elleadifféré l'examendans son arrêtdu 26novembre 1984 :

El Salvador, le Hontiuras et le Costa Rica, ou l'un d'entre eux, seront-ils
<<affectés))par l'arrêtde la Cour dans la présente phase de l'affaire ?
88. Il est clair que l'arrêtde la Cour, qui fait droit aux principales
demandes du Nicaragua et rejette les principaux moyens des Etats-Unis,
affecte nécessairemerzE tl Salvador, le Honduras et le Costa Rica. Ceux-ci
sont affectésnon seulement dans leurs droits, mais d'un point de vue
politique, militaire, é:conorniquet moral (on noteraque la réserve relative
aux traitésmultilatérauxneprécisepas qu'ilsdoivent l'êtrjeuridiquement).
Les exposés mêmed su Nicaragua renforcent cette conclusion. Commeje
l'ai fait observer dans mon opinion dissidente jointe à l'arrêt du26 no-
vembre 1984 :

<(Dèsleparagraphe 1de sa requête,ilest ditque les Etats-Unis ont
installéplusde <(dix mille mercenaires ...dans plus de dix camps de
base au Honduras, le long de la frontière avec le Nicaragua ... ...Le
Nicaragua prétend égalementque deux mille <<mercenaires H,soute-

nus par lesEtats-Unis, opèrent contre son territoire, partir du Costa
Rica ...et que le Gouvernement costa-ricien agit de concert avec les301 MILITARY AND PARAMlLITARY ACTIVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

with the United States .. .Moreover, in the recent oral argument in
this phase of the proceedings, the Agent of Nicaragua alleged that, in
this dispute, 'the United States has bases, radar stations, spy planes,
spyships - the armiesof ElSalvador and Honduras at itsservice. ..';
that is to say, Nicaragua has alleged that the United States acts in
concert with Hondurasand ElSalvador. It isaccordingly plain that, if

the pleadings of Nicaragua are to be accepted for these purposes as
accurate, and if Nicaragua were in a decision of the Court to be
accorded the remedies which it seeks, Honduras, Costa Rica and El
Salvadornecessarilywould be'affected' bytheCourt's decision.Point
(g) of what Nicaragua in its Application . .. requests the Court to
adjudge and declare makes thisparticularly clear.Nicaragua requests
that the Court hold that the United States
'isunder a particular duty to cease and desist immediately . . from
al1support of any kind - including the provision of training, arms,
ammunition, finances, supplies, assistance, direction or any other
form of support - to any nation. ..engaged or planning to engage

in military or paramilitary actions in or against Nicaragua . . .'

It is a fact that the United States is heavily engaged in supporting
Honduras and El Salvador with training, arms, finances, etc. Nica-
ragua itself in its Application and pleadings alleges that Honduras
and El Salvador are engaged in military or paramilitary actions in or
against Nicaragua, in concert with the United States. Honduras and
El Salvador, in their communications to the Court, maintain that
actuallyit isNicaragua whichhasengaged and isengagingin avariety
ofactsofdirect and indirect aggressionagainst them, including armed

attacks . . .In short, Nicaragua seeks a judgment from the Court
requiring the United States to cease and desist from actions which
Nicaragua claims are unlawfully directed againstNicaragua, with the
assistance of Honduras, Costa Rica and El Salvador, whereas the
United States, Honduras and El Salvador claim that these very
actions are conducted in collective self-defence against Nicaraguan
acts of aggression. The judgment which the Court reaches on this
critical point accordingly must 'affect'not only the United Statesbut
Honduras and El Salvador, and - in viewof Nicaragua's allegations
- Costa Rica as well."

89. While the final subrnissions of Nicaragua in the case are cast in
general terms, they do not derogatefrom the foregoinganalysis.The Court
is requested to adjudge and declare that :

"the United States has violated the obligations of international law
indicated in the Memorial ... and to state in clear terms the obliga-
tions which the United States bears to bring to an end the aforesaid
breaches of international law . . ."(Hearing of 20 September 1985). Etats-Unis ...De plus, lors des audiences qui viennent de se tenir,
l'agent du Nicaragua a affirmé que, dans ce mêmedifférend, << les
Etats-Unis possèdent des bases, des stations de radar, des avions

espions, des balteaux espions, que les arméesd'El Salvador et du
Honduras sont à leur service... - en d'autres termes, que les Etats-
Unis agissent de concert avec le Honduras et El Salvador. 11est en
conséquencemiinifesteque, si lesfaits avancéspar le Nicaragua sont
tenus pour exacts et sila Cour décidede faire droit aux demandes du
Nicaragua, sa décisionconcernera nécessairement lesintérêtsdu
Honduras, du Costa Ricaet d'El Salvador.Cela ressort avecuneclarté
particulière de ce que le Nicaragua demande à la Cour de dire et
juger ..alinéa 1;)de sa requête : les Etats-Unis

<<ont le devoir exprès de mettre fin et de renoncer immédiate-
ment ..à tout appui de quelque nature qu'il soit - y compris l'en-
traînement et la fourniture d'armes, de munitions, de fonds, d'ap-
provisionnerrients, d'assistance, de direction ou toute autre forme
de soutien - ;toute nation ..selivrant ou sedisposant a selivrer à
des actions militaires ou paramilitaires au Nicaragua ou contre
celui-ci..))

En effet les Etats-Unis fournissent un soutien actif au Honduras et à
El Salvador sous forme d'entraînement, d'armements, de crédits,
etc. ;le Nicaragua lui-même,dans sa requêteeten plaidoirie, a affir-
méque le Honduras et El Salvador se livrent, de concert avec les
Etats-Unis, à desactions militaires ou paramilitaires au Nicaragua ou
contre celui-ci ; et le Honduras et El Salvador, dans leurs communi-
cations à la Cour, ont déclaréqu'en réalité c'estleNicaragua qui s'est
livréet qui se livre contre eux a divers actes d'agression directe ou

indirecte, y comiprisdes agressions armées ...Autrement dit, le Nica-
ragua demande à la Cour un arrêtenjoignant aux Etats-Unis de
mettre fin et dt: renoncer aux actions collectives qu'il affirme être
dirigéescontre lui, alors que les Etats-Unis, le Honduras et El Sal-
vador affirment que ces mêmesactions sont des actes de légitime
défensecollectivecontre les agressions du Nicaragua. La décisionde
la Cour sur cepoint critique ne pourra donc pas ne pas <<concerner ))
le Honduras, El Salvador et - vules allégationsdu Nicaragua - le
Costa Rica en plus des Etats-Unis.

89. Bienquelesconclusions finalesdu Nicaragua en l'espèce eussentété
rédigéee sn termesgénéraux, ellen se remettaient pas encause l'analysequi
précède.11étaitdemiandé à la Cour de dire etjuger que :

<(les Etats-Unis ont violéles obligations de droit international indi-
quéesdans lemkmoire ...[et]d'énoncer avecclartél'obligation qu'ont
les Etats-Unis dlemettre fin auxdites violations du droit internatio-

nal ... (audience du 20 septembre 1985).The Court has responded positively to the substance of Nicaragua's
request.The essenceof thecontentions ofNicaragua istobrand theUnited
States as in violation of its obligations not to use force against and not to
intervene against Nicaragua, and, correspondingly and necessarily, the
essence of Nicaraguan contentions entails rejection of the United States
defence that it acts in collective self-defence. But El Salvador and Hon-
duras support the claim that the United States acts in collective self-

defence, not only verbally,but by their actions in the field.ElSalvador and
Honduras necessarily are affected by the Court's treatment of the United
States claim to act in collective self-defence, and would be whether the
Court rejected - or upheld - that claim. To have held otherwise, on the
ground that the only Parties to the instant case are the United States and
Nicaragua and that theCourt's Judgment willbe directed to and bind them
alone, would have been patently unconvincing. It not only would have
vitiated the multilateral treaty reservation but run counter to the sense of
Articles 62 and 63 of the Statute, which recognize and provide for the
possibility that States not parties to a case "may be affected" by the
decision in the case.

90. Nicaragua further argues that neither El Salvador nor Costa Rica
nor Honduras could be "affected" by a decision in this case, since "no

legitimate" rights or interests of those States would be prejudiced by an
adjudication of Nicaragua's claims against the United States. That is a
question-begging argument.Perhaps itisNicaragua'sviewthat neighbour-
ing States have no right or interest in resisting Sandinista-supported
insurgencies ;that their best interests liein submitting to the imposition of
what Commander Bayardo Arce proclaims to be "the dictatorship of the
proletariat" (Arce, loc.cit.,p. 4).Butclearlythat isnot aviewshared by the
Governments of El Salvador, Honduras and Costa Rica ;they appear to
believethat it isright to resist Nicaragua's support of subversion. Whether
they may "legitimately" do so depends on the facts characterizing and the
law governing the actions of Nicaragua and the facts and law involved in
responsive actions of the United States, ElSalvador, Honduras and Costa
Rica. It does not depend upon a preclusiveor conclusory determination of
what is legitimate.

2. The relationshipof customary international law to the reservation

91. The substantial Nicaraguan argument in respect of the multilateral
treaty reservation is that claims based on customary and general inter-
national law, and on bilateral treaties, are not covered by the proviso
and so are before the Court for determination. While the matter is by
no means that simple - as my dissent to the Judgment of 26 November
1984 indicated in paragraphs 85-90 - Nicaragua is correct in pointingLa Cour a statué au fond et en faveur de la demande du Nicaragua. Les
allégationsde celui-ci tendaient, par leur essence même, à stigmatiser les

Etats-Unis comme coupables d'avoir violé lesobligations dont ils sont
tenus de ne pas employer la force contre le Nicaragua et de ne pas inter-
venir contre lui; de Ilamême manière et nécessairement, lesallégationsdu
Nicaragua, par leur essence même,entraînaient le rejet du moyen de
défenseinvoquépar les Etats-Unis, à savoir qu'ils agissentdans l'exercice
de la légitimedéfensecollective.Or ElSalvadoret leHondurasappuient la
thèse selon laquelleles Etats-Unis agissent dans l'exercicede la légitime
défensecollectivenon pas seulement en paroles, mais par leursactes sur
le terraino. El Salvador et le Honduras sont nécessairement << affectés
par la décisionde la Cour sur l'argument de légitime défense collective

avancépar les Etats-Unis, et ils devaient l'être,que la Cour accepte ou
rejette cet argument. Affirmer lecontraire, au motif que lesseulesParties à
la présente instancesont les Etats-Unis et leNicaragua et que l'arrêtde la
Cour ne vise et ne llieque ces deux Etats, n'aurait évidemmentpas été
convaincant. Non seulement une telle prise de position aurait rendu ino-
pérante la réserve relativeaux traités multilatéraux,mais elle aurait été
contraire au sens dlesarticles 62 et 63 du Statut, qui reconnaissent et
envisagent la possibilitéque des Etats non parties à l'affaire soient<(af-
fectés ))par la décisiion.
90. LeNicaragua soutenait en outreque ni ElSalvador,ni leCosta Rica,
ni le Honduras ne pouvaient être (affectés par une décisionen l'espèce,

car une décisionfavorable aux demandes du Nicaragua contre les Etats-
Unis ne porterait atteinte à <aucun droit ou intérêt (<légitime de ces
Etats. Un tel argume:ntest spécieux.LeNicaragua estime peut-êtreque les
Etats voisins n'ont pas le droit et qu'il n'estpas de leur intérête résister
aux insurrections alppuyéespar les sandinistes ; que leur intérêtbien
compris consiste à s.esoumettre à ce que le commandant Bayardo Arce
proclame être (<la dictature du prolétariat (Arce, loc.cit., p. 4). Mais les
Gouvernements d'El Salvador,du Honduras et du Costa Rica nepartagent
évidemmentpascette manièrede voir ;ilssemblentcroire qu'ilestjuste de
résisterà l'appui que le Nicaragua fournit à la subversion. Quant isavoir
s'ilspeuvent y résister<< légitimement ))cela dépenddes faits qui carac-

térisent lesactes du Nicaragua et du droit qui lesrégit, ainsiquedesfaits et
du droit mis en cause par les réactions des Etats-Unis, d'El Salvador, du
Honduras et du Costa Rica. Cela nedépend pasde ladétermination, avant
dire droit et avant examen des faits, de ce qui est légitime.

2. Les rapports entre le droit internationalcoutumieret laréserve

91. L'argumentation duNicaragua en cequiconcerne laréserverelative
aux traitésmultilatéirauxrepose surl'idéeque les demandes fondées surle
droit international général etcoutumier et sur des traités bilatérauxne

relèventpas de cette exception et que laCour peut donc statuer à leur sujet.
Bienque laquestion ne soit nullement aussi simple - commeje l'aiindiqué
dans mon opinion dissidente jointe à l'arrêtdu 26 novembre 1984,auxout that the Court held in paragraph 73 of that Judgment that principles
such as

"the non-use of force, non-intervention, respect for the independence

and territorial integrity of States, and freedom of navigation, continue
to be binding as part of customary international law, despite the
operation of provisions of conventional law in whichthey have been
incorporated".
92. Having given further consideration to the problem of the relation-
ship between the principles and provisions of the United Nations Charter
and the OAS Charter, on the one hand, and of customary international

law, on the other - as to which 1 expressly reserved my position in
paragraph 90of mydissent to the Court's Judgment of 26 November 1984
- 1 have reached the following conclusions.
93. This isa case inwhich the Parties, the United States and Nicaragua,
both are Members of the United Nations and of the Organization of
American States. They are bound by the Charters of those Organizations.
The cardinal principles of international law whichtoday govern the useof
force in international relations are found in the United Nations Charter,
and, in so far as States of the Americas are concerned, the cardinal prin-
ciples of international law binding them which govern intervention in the
affairs of other American States are found in the Charter of the Organi-
zation of American States. The multilateral treaty reservation withholds
from the jurisdiction of the Court disputes arising under a multilateral
treaty unless al1 parties to the treaty affected by the decision are also
parties to the case before the Court. It has been shown that El Salvador,
Hondurasand Costa Rica must be affected by the decision of the Court, a

conclusion which the Court itself in substance belatedly has accepted, and
those Statesare not parties to the case. It followsthat the Courtcannot, in
adjudicating the claims of Nicaragua, rely upon and apply the principles
and provisions of the United Nations and OAS Charters. Can the Court
nevertheless give genuine effect to the multilateral treaty reservation by
applying those very principles and provisions, by finding that those prin-
ciples and provisions, or some of them, form part of customary interna-
tional law ?

94. The argument that the principles ifnot the provisions of the United
Nations Charter governing the use of force in international relations have
been incorporated into the body of customary international law is widely
and authoritatively accepted, despite the fact that the practice of States
manifests suchirregular support for theprinciples oflawwhichthe Charter
proclaims. Indeed, it could even be argued that the practice, in contrast to
the preachment, of Statesindicatesthat the restrictions on the useof force

in international relations found in the Charter are not part of customary
international law.
95. However, even if the argument is accepted - and it is generallyparagraphes 85 à 90 - le Nicaragua a raison de faire observer qu'au
paragraphe 73 de l'arrêtde 1984la Cour ajugéque des principes comme
ceux

<(du non-recours à la force, de la non-intervention, du respect de
l'indépendance etde l'intégritéterritoriale des Etats et de la liberté
de navigation conservent un caractèreobligatoireen tant qu'éléments
du droit international coutumier, bien que les dispositions du droit
conventionnel auxquelies ils ont étéincorporés soient applicableso.

92. Après avoirapprofondi le problèmedes rapportsentre lesprincipes
et dipositions de la Charte des Nations Unies et de la charte de 170EA
d'une part et de l'autre du droit international coutumier - question sur
laquellej'ai expresskment réservé ma positionau paragraphe 90 de mon
opinion dissidente jointeà l'arrêtde la Cour du 26novembre 1984-je suis
parvenu aux conclu.sionssuivantes.
93. Les Parties à laprésenteaffaire, les Etats-Unis et leNicaragua, sont
toutes deux Membres de l'organisation des Nations Unies et de I'Orga-

nisation des Etats américainset sont liéespar les chartes de ces organi-
sations. Les principes fondamentaux de droit international qui régissent
aujourd'hui l'emploi de la force dans les relations internationales sont
énoncés dans la ChairtedesNations Unies et,pour cequiconcerne lesEtats
du continent américain,lesprincipes fondamentaux de droit international
auxquels ils sont teniusen ce qui concerne l'intervention dans les affaires
d'autres Etats américainsfigurent dans la charte de l'organisation des
Etats américains.La réserve relativeaux traités multilatéraux soustraitde
lajuridiction de la Cour les différends résultantd'un traité multilatéraà
moins que toutes les parties au traitéque la décisionconcerne ne soient
égalementparties à l'affaire soumiseà la Cour. Il a été démontré qu'El
Salvador, le Honduras et le Costa Rica ne manqueront pas d'être affectés
par la décisionde la Cour - conclusion que la Cour a elle-même acceptée

en substance, tardivement - alors que ces Etats ne sont pas parties à
l'instance. Il s'ensuitque la Cour ne peut pas statuer sur les demandes du
Nicaragua eninvoquanteten appliquant lesprincipeset lesdispositions de
l'une etl'autre charte. La Cour peut-elle donner vraiment effeà la réserve
relative aux traitésiultilatérauxen appliquant néanmoinscesprincipeset
dispositions au motil'queceux-ci,oucertainsd'entre eux,appartiennent au
droit international c:outumier?
94. La thèse seloinlaquelle les principes, sinon les dispositions, de la
ChartedesNations Unies régissantI'emploide la force dans les relations
internationles ont éttincorporésdans ledroitinternational coutumier fait
dans l'ensemble autcorité,même sila pratique des Etats témoigned'une
adhésionassez erratique aux principes de droit proclaméspar la Charte.
D'ailleurs, on pourirait mêmesoutenir que la pratique des Etats, par

opposition à cequ'ilsprônent, montre bien que lesrestrictions à l'usagede
la force dans lesrela.tionsinternationales figurant dans la Charte ne font
pas partie du droit international coutumier.
95. Néanmoins,mêmesil'onaccepteun argument qui est généralement304 MILITARY AND PARAMlLITARY ACTIVITIES (DISSO . P.SCHWEBEL)

accepted - that Charter restrictions on the use of force have been incor-
porated into thebody ofcustomaryinternational law,sothat suchStatesas
Switzerland, the Koreas, and diminutiveStates are bound by theprinciples
of Article 2 of the Charter even though they are non-members, the fact
remains that Nicaragua and the United States are Members of the United
Nations (and the OAS as well). Since they are bound by their Charters, it
would bean artificial application ofthe lawtotreat them asiftheywerenot
bound,but bound onlyby customaryinternational law,which,however,is
essentially the same - not, presumably, in embracingaprocedural proviso

such asreporting to the Security Council under Article 51,but the same in
sofar as thecontent of Article 2,paragraph 4,isconcerned. That would be
an application of the law of this case - which includes the multilateral
treaty reservation - whichwould avoid rather than apply that reservation.
SinceArticle 2,paragraph 4, and Article 51(and comparable provisions of
the OASCharter aswell as those dealing with intervention)are the specific
and governing legalstandards to whichthe Parties in thiscase haveagreed,
and since the multilateral treaty reservation debars the Court from apply-
ing to the dispute those standards asexpressed in those treaties, 1 conclude
that the Court lacks jurisdiction to appl..both those treaties and their
standards to this dispute.

96. 1soconclude whether or not it iscorrect to hold that theseprinciples
also form what iscontemporary customary international lawon the use of
force in international relations. If, as the International Law Commission
has put it, "The principles regarding the threat or useof force laid down in
the Charter are . ..rules of general international law which are today of
universal application", and "Article 2, paragraph 4, together with other
provisions of thz Charter, authoritatively declares the modern customary
lawregarding the threat or useof force" (YearbookoftheinternationalLaw
Commission,1966, Vol.II,pp. 246, 247),and if, as counsel for Nicaragua
argued, theseprovisions of Article 2,paragraph 4,are the "embodiment of

general principles of international law" (Hearing of 25 April 1984),then
there is little ground for the Court considering the dispute before it apart
from the terms of Article 2, paragraph 4. It is of course true that the same
~rovision of law mav be found in customarv international law and in a
treaty. Codification of a customary norm in a treaty does not necessarily
displace the custom, and certainly the incorporation of a provision of a
universal treaty into the body of customary international law does not
displace the treaty. But in the case before the Court, the Court is con-
fronted with a reservation to its jurisdiction which, by the weight of its
jurisprudence of more than 60 years, it is bound to apply so as to give it
effect rather than deprive it of effect. AsJudge SirHersch Lauterpacht put
it in respect of the Court's jurisdiction :admis, à savoir que les restrictions de la Charte relatives à l'emploi de la
forceontétéincorporéesdans ledroitinternational coutumier, sibien que

des pays comme la Suisse, les deux Coréeset certains Etats minuscules,
quoique non membres de l'organisation desNations Unies, sont liéspar
les principes de 1'ari:icle2 de la Charte, il n'en demeure pas moins que le
Nicaragua et les Etats-Unis sont Membres de l'organisation des Nations
Unies (ainsi aue de:I'OEA). Puisau'ils sont liésDar les chartes de ces
organisations, ce seiraitfaire une application fictive du droit que de les
traiter comme s'ils ne l'étaientpas etcomme s'ilsn'étaienttenus qu'au res-
pect du droit international coutumier, encore que cela revienne essentiel-
lement au même - nionpas probablement sil'on songe àune règlede pro-

cédure commecelle qui impose l'obligation de rendre compte au Conseil
de sécurité envertu de l'article 51,mais du point de vue de la substance
de l'article2,paragraphe 4.Agir de la sorte reviendrait à appliquer ledroit
pertinent en l'espèce - lequel comprend la réserve relative auxtraités
multilatéraux - en ignorant cette réserve au lieude l'appliquer. Etant
donnéquel'article2.,paragraphe 4,et l'article51(ainsi que lesdispositions
comparables de la charte de I'OEA et celles traitant de l'intervention)
constituent les normesjuridiques spécifiquement acceptéescomme perti-
nentes par les Partit:s en litige, et que la réserve relativeaux traitésmul-

tilatéraux interdit à la Cour d'appliquer au différend ces normes telles
qu'elles sont énonc€esdans ces traités,j'en conclus que la Cour n'a pas
compétencepour appliquer au différendtant lesdits traitésque lesnormes
qu'ils contiennent.
96. Ma conclusion vaut, qu'il soit ou non exact d'affirmer que ces
principes font aussi ]partiedu droit international coutumier contemporain
sur l'emploi de la force dans les relations internationales. Si, comme la
Commission du droiitinternational l'a déclaré (les principes relatifsà la
menace ou à l'emploide la force énoncés dans la Chartesont des règlesdu

droit international généralqui sont aujourd'hui d'application univer-
selleO, et<(leparagraphe 4 de l'article2,ainsi que d'autres dispositions de
la Charte, énoncent avec toute l'autoritévoulue le droit coutumier mo-
derne concernant lamenaceou l'emploide la force ))(Annuairedela Com-
missiondudroit international, 1966,vol. II, p. 269),et si,comme un conseil
du Nicaragua l'a soutenu, ces dispositions de l'article 2, paragraphe 4,
reprennent les principes générauxdu droit international )(audience du
25 avril 1984), la Cour n'est guèrefondée àexaminer l'affaire dont elleest
saisieenignorant les,termes de i'article2,paragraphe 4.Certes,une norme

de droit peut se trouver à la fois dans le droit international coutumier et
dans un traité.Un traitécodifiant une norme coutumière ne supplante pas
nécessairementlacoutume et ilest certain que lepassage d'une disposition
d'un traitéuniversel dans le droit international coutumier n'a pas pour
effet que lesecond supplante lepremier. Mais en l'espècela Cour setrouve
enprésenced'uneré.serve à sacompétenceque lepoids de sajurisprudence
de plus de soixante ans l'oblige à appliquer, afin de lui donner effet plutôt
que de l'en priver. Comme l'a dit sir Hersch Lauterpacht à propos de la
compétence-de la Cour : "the established practice of the Court - which, in turn, is in accor-
dance with a fundamental principle of international judicial settle-
ment - [is]that the Court will not uphold itsjurisdiction unless the
intention toconfer ithas been proved beyond reasonabledoubt" (case
of Certain Norwegian Loans,Judgment,I.C.J. Reports 1957, p. 58).

Thus the Court isbound to givesubstantive effect to the multilateral treaty
reservation. It is not free to avoid its application by an argument which, if
technically defensible, in real terms would vitiate a limitation which the
United Stateshas imposed upon thejurisdiction of theCourt. Accordingly,
whilerecognizing that there is room for the contrary conclusion which the
Court has reached, 1conclude that the generally accepted essential, even if
incomplete, identity of Charter principles and principles of customary
international lawon the use of force in international relations, rather than
authorizing the Court to apply those customary principles to the central
issues of this case, precludes the Court from doing so by reason of the
limitations imposed upon theCourt'sjurisdiction by the multilateral treaty
reservation.

97. Suchapreclusion doesnot, however,extend toquestions offreedom
of navigation, as to which customary international lawlong antedates the
Charter and has not been subsumed by it.
98. Nor can it be persuasively argued that the sweeping provisions of
the OAS Charter concerning intervention constitute customary and gen-
eral international law.There is no universal treaty which has incorporated
those provisions into the body of general international law.There ishardly
sign of custom - of the practice of States - which suggests, still less
demonstrates, apractice accepted as lawwhichequates with the standards
of non-intervention prescribed by the OAS Charter. State practice in the
Americas - by States of Latin America as by others - does not begin to
form a customary rule of non-intervention which is as categoric and

comprehensive as are the provisions of the OAS Charter. Thus it may be
contended that, in this case, the Court can apply such customary inter-
national lawof non-intervention asthere is,acustomaryinternational law
which is much narrower than that which the OAS Charter enacts for the
parties to it. The essence of that law long has been recognized to prohibit
the dictatorial interference by one State in the affairs of the other. It
accordingly may be argued that the Court is not debarred by the thrust of
the multilateral treaty reservation from considering whether the measures
taken by the United States against Nicaragua, direct and indirect, consti-
tute dictatorial interference in the affairs of Nicaragua.

99. Butit may be argued to the contrary that, where,ashere, the United

States and Nicaragua (and the "affected" States) are bound by the termsof
the OAS Charter, and where the provisions of that Charter embrace not (tla pratique établiede la Cour qui est, de son côté,conforme au
principe fondamental du règlementjudiciaire international ...veut
quelaCour ne sedéclarepas compétente à moins quel'intention de lui

conférercompéi.encen'aitété établiesansaucundoute raisonnnable
(affaire relativeà Certains emprunts norvégiensa,rrêt,C.I.J. Recueil
1957, p. 58).

Ainsi, la Cour est tenue de donner son effet propre à la réserve relative aux
traitésmultilatéraux..Ilne luiest pas loisibled'éviter sonapplicationpar le
biais d'un argument qui, s'il est techniquement défendable, reviendrait
concrètement à rendlreinopérante une limitation que les Etats-Unis ont
mise à lajuridiction de laCour. En conséquence,tout en reconnaissant que
laconclusion inverseformuléepar laCour peut sedéfendre,je conclus que
l'identitéfondamentale, encore qu'incomplètepeut-être,qui est générale-
ment admiseentre lesprincipes de la Charte et ceux du droit international
coutumier sur l'emploide laforce dans lesrelationsinternationales, au lieu

d'autoriser laCour àappliquer lesprincipescoutumiersauxproblèmes qui
sont au cŒur dela présenteaffaire, lui interdit de procéderainsi en raison
des limitations imposées à sajuridiction par la réserve relativeaux traités
multilatéraux.
97. 11reste que ce.tteinterdiction ne s'étendpas aux questions touchant
la libertéde la navigation, domaine régipar le droit international coutu-
mier bien avant la Charte et qui n'a pas étéintégrédans celle-ci.
98. On ne saurait non plus prétendre de façon convaincante que les
dispositions généralesde la charte de I'OEA relatives à l'intervention
constituent le droit international coutumier et général. Aucuntraitéuni-
versel n'aincorporécesdispositions dans ledroit international généralO . n
ne trouveguèred'indicesdans lacoutume - dans lapratique desEtats - qui
suggèrent,et encore moins démontrent,l'existenced'une pratique accep-

téecomme étantledroit qui seraiten touspoints conforme aux normes de
non-intervention prescrites par la chartedel'organisation des Etats amé-
ricains. Dans la pratique des Etats d'Amérique - des Etats latino-améri-
cainscomme des autres - il n'ya aucune ébauched'une règlecoutumière
de non-intervention qui soit aussi catégoriqueet généraleque les dispo-
sitions de la chartede I'OEA.On peut donc soutenir que, dans laprésente
espèce, laCour peut appliquer le droit international coutumier relatif à la
non-intervention tel qu'il existe,c'est-à-direun droit beaucoup plus étroit
que celui édictépar la charte de l'organisation des Etats américainspour
les Etats qui y soni: parties. Il est reconnu depuis longtemps que, par
essence,cedroit interdit l'ingérencedictatoriale d'un Etat dans lesaffaires
d'un autre. La réserve relativeaux traités multilatéraux n'interdiraitdonc
pas à la Cour d'examiner siles mesures prises par les Etats-Uniscontre le
Nicaragua, directement et indirectement, constituent une ingérence dic-

tatoriale dans les affaires de ce pays.
99. Mais on peut soutenir au contraire que,commeen l'occurrence,les
Etats-Unis et leNicaragua (ainsi que les Etats (taffectés )>sont liéspar les
termes de la charte cle1'OEAetque les dispositions de cet instrument nononly dictatorial interference but much more pervasive proscription of
intervention, the greater includes the lesser ; that, since the OAS Charter
sets out between the Parties, and as among them and the States affected,
the specificand governinglegalstandards,and sincethe multilateral treaty
reservation debars the Court from application of those standards, it with-
holds from the Courtjurisdiction to pass upon complaints of intervention
in this case, al1of which must fall within the capacious terms of the OAS
Charter. In my view, the latter argument, while open to challenge, is the
stronger. Moreover, the complaints of intervention in this case are so
intimately involved with thecomplaints of the unlawful useof force - the
facts that underlie both causes of action correspond so closely - that the
artificiality of treatingthe Court ashavingjurisdiction to deal withcharges
of intervention and not having jurisdiction to deal with charges of the

unlawful use of force reinforces this conclusion.

D. The QuestionofJurisdictionunder the Treaty of Friendship,
Commerceand Navigation

100. In its Judgment of 26 November 1984, the Court held that, in
addition toits havingjurisdiction under the Optional Clauseof theCourt's
Statute, it hadjurisdiction, "limited as it is", by reason of the terms of the
1956Treaty of Friendship, Commerce and Navigation between Nicaragua
and the United States (I.C.J. Reports 1984, p. 426). The Court noted that
that Treaty contains a compromissory clause providing that :

"Any dispute between the Parties as to the interpretation or appli-
cation of the present Treaty, not satisfactorily adjusted by diplomacy,
shall be submitted to the International Court of Justice, unless the
Parties agree to settlement by some other pacific means."

TheCourt observed that NiCaraguaclaimed that certain provisions of the
Treaty had been violated by the United States and it concluded :

"Taking into account these Articles of the Treaty of 1956,parti-
cularly theprovision. ..for the freedom of commerceand navigation,
and the references in the Preamble to peace and friendship, there can
be nodoubt that, in the circumstances in which Nicaragua brought its
Application to the Court,and on the basis of the facts there asserted,
there is a dispute between the Parties ... as to the 'interpretation or
application' of the Treaty ...Accordingly, the Court finds that, to the
extent that the claims in Nicaragua's Application constitute a dispute
asto the interpretation or application of the Articles of the Treaty of
1956.. .the Court hasjurisdiction under that Treaty to entertain such
claims."seulement visent l'ingérencedictatoriale mais qu'elles vontbeaucoup plus
loindans l'interdiction de l'intervention, (quipeut lepluspeut lemoins ;
en conséquence,pui,sque la charte de I'OEA énonceentre les Parties, et
entre elles et les Etats concernés, les normes juridiques spécifiques et
pertinentes, et que la réserve relativeaux traités multilatéraux interdit à la
Cour d'appliquer ces normes, il s'ensuit que la Cour n'a pas compétence
pour connaître des griefs d'intervention en l'espècequi doivent tous s'in-
terpréter à la lumièredes termes extensifs de la charte de I'OEA.Je pense
que ce dernier argument, bien que discutable, est le plus fort. De plus, les

griefs d'intervention en l'espècesont si intimement liés à ceux relatifs à
l'emploi illicitede laforce- lesfaits sur lesquelsreposent cesdeuxchefsde
la requêtesont siproches - que l'artificedu raisonnement reconnaissant à
la Cour compétence:pour connaître des accusations d'intervention et lui
déniant compétence pour statuer sur celles d'emploi illicitede la force
renforce cette conclusion.

D. La questionde la compétenceen vertudu traité d'amitié,
de commerceet de navigation

100. Dans son arrêtdu 26 novembre 1984,la Cour a conclu non seu-
lement qu'elleétait compétente envertu de la clausefacultative du Statut
de la Cour mais qu'elle avait aussi une compétence, i<aussi limitéesoit-
elle)),envertu des termes du traitéd'amitié,de commerce et de navigation
de 1956entre le Nicaragua et les Etats-Unis (C.I.J. Recueil 1984, p. 426).
La Cour a souligné(quece traité contient une clausecompromissoire ainsi
conçue :

((Tout différend qui pourrait s'éleverentre les parties quant à
l'interprétation,ou à l'application du présent traitéet qui ne pourrait
pas êtreréglé{d'unemanière satisfaisante par la voie diplomatique
sera portédevant la Cour internationale de Justice, à moins que les
parties ne conviennent de le régler par d'autres moyens pacifi-
ques. ))

La Cour, ayant observéque le Nicaragua alléguaitla violation par les
Etats-Unis de certaines dispositions du traité, aconclu :

<Vu ces dispositions du traité de 1956, et notamment celles ...
prévoyant lalilbertéde commerce et de navigation, et les mentions de

la paix et de l'amitiéque l'on trouvedans le préambule,il n'est pas
douteux que, dans les circonstances où le Nicaragua a présentésa
requête à la Cour et d'aprèsles faits qui y sont alléguési,l existe un
différendentre les Parties ..quant à l'ccinterprétation ou à l'appli-
cation du traité...En conséquence la Cour conclut que, dans la
mesure où les demandes formuléesdans la requêtedu Nicaragua
révèlentl'existcenced'un différend surl'interprétation oul'application
des articles du traitéde 1956 ..la Cour a compétence pour en con-
naître en vertu de ce traité. )) 101. Quite apart from the failure of Nicaragua and the Court at that
stage sufficiently to relate Nicaragua's claimsagainst the United States for

the unlawful use of force to the terms of this commercial treaty, this
apparently plausible holding of the Court was plausible only because the
Court failed to refer to the terms of Article XXI(1)(d)of theTreaty, which
provides that :
"1. The present Treaty shall not preclude the application of mea-
sures :

.............................
(d) necessary to fulfill the obligations of a Party for the maintenance
or restoration of international peace and security, or necessary to
protect its essential security interests . .."

In this regard, my dissent to the Court's Judgment of 26November 1984
concluded :
"Now it cannot be argued - and Nicaragua did not argue, nor does
the Court hold - that, since the Treaty 'shall not preclude theappli-
cation of measures'. ..whichare necessaryto fulfiltheobligations ofa

Party for the maintenance of international peace and security or to
protect its essential security interests, theseveryexclusionsentitle the
Court to assume jurisdiction over claims based on the Treaty that
relate to .. .the maintenance of international peace and security or
essential security interests. It is clear that, where a treaty excludes
from its regulated reach certain areas, those areas do not fa11within
the jurisdictional scope of the treaty. That this preclusion clause is
indeed an exclusion clause is demonstrated not only by its terms but
byits travauxpréparatoiresw , hichwereappended to the United States
pleadings in the caseof UnitedStates DiplornaticandConsularStaff in
Tehran(I.C.J.Pleadings,Ann. 50,p. 233).A list of a score of Treaties
of Friendship, Commerce and Navigation, including that with Nica-
ragua, is found at page 233,which isfollowed by a 'Memorandum on
Dispute Settlement Clause in Treaty of Friendship, Commerce and

Navigation with China' which contains the following paragraph :

'The compromissory clause . . .is limited to questions of the
interpretation or application of this treaty ; Le.,it is a special not a
general compromissory clause. It applies to a treaty on the nego-
tiation of which there is voluminous documentation indicating the

intent of the parties. This treaty deals with subjects which are
common toa largenumber of treaties, concluded overa longperiod
of time by nearly al1nations. Much of the general subject-matter -
and in somecasesalmost identical language - has been adjudicated 101. Indépendamment du fait qu'à ce stade le Nicaragua et la Cour

n'ont pas vraiment iréussi à lier les griefs du Nicaragua contre les Etats-
Unisvisant l'emploi illicitede laforceaux termesde cetraitéde commerce,
cette conclusion apparemment défendablede la Cour ne l'est que parce
que celle-ci passe sous silence les termes de l'article XXI, paragraphe 1,
alinéad), du traité, quisont les suivants :

<(1. Leprése:nttraiténe fera pas obstacle à l'application de me-
sures :

d) nécessaires 51l'exécutiondes obligations de l'uneou l'autre partie
relatives au maintien ou au rétablissement de la paix et de la
sécurité internationalesou à la protection des intérêtsvitaux de

cette partie en ce qui concerne sa sécurité ..))
Voicice quej'ai conclusur ce point dans mon opinion dissidente jointe à
l'arrêtde la Cour du 26 novembre 1984 :

Or on ne saurait prétendre - et d'ailleurs leNicaragua, pas plus
que la Cour,ne leprétend - que,pour la raison que le traité <ne fera
pas obstacle à l'application de mesures ...nécessaires à l'exécution
des obligations de l'une ou l'autre partie relatives au maintien de la
paix et de la sécurité internationalesou à la protection des intérêts
vitaux de cette partie en ce qui concerne sa sécurité, ces exclusions

mêmesautorisent la Cour à statuer surdes griefs fondéssur le traité
qui ont trait...au maintien de lapaix et de la sécuritéinternationales,
ou à la protection des intérêtsvitaux en matière de sécurité.Il est
évidentque, lorsqu'un traitéexclut de sesdispositionscertains sujets,
ces sujets ne relèventpas du champ d'application de la clausejuri-
dictionnelle du traité. Et le fait que cette clause soit bien une clause
d'exclusion ne ressort pas seulement de ses termes, mais aussi des
travaux préparatoires du traité,dont le compte rendu était joint en
annexe aux écrituresdesEtats-Unis dans l'affaire du Personneldipfo-

matique et con.sulairedes Etats-Unis à Téhéran(C.I.J. Mémoires,
annexe 50,p. 2:33).On trouve en effet dans cette documentation une
listed'unevingt.ainede traitésd'amitiéd ,ecommerceet de navigation,
ycompris celuiconclu avecleNicaragua, suivied'un (<Mémorandum
sur laclause reliitiveau règlementdesdifférendsfigurantdans letraité
d'amitié,de commerce et de navigation conclu avec la Chine ))qui
contient le paragraphe suivant :

<(La clause compromissoire ...est limitéeaux questions intéres-
sant l'interprétationou l'application dudit traité,c'est-à-dire qu'il
s'agit d'une clause compromissoire spéciale etnon pas générale.
Elle vise un traitédont la négociationa donné lieu à une docu-
mentation volumineuse précisantl'intention des parties. Ce traité
porte sur des questions qui sont communes à un trèsgrand nombre
de traités,coinclusaucours d'une longue périodepar pratiquement
tous les pays. Une bonne partie de ce qui fait généralement l'objet in the courts of this and other countries. The authorities for the
interpretation of this treaty are, therefore, to a considerableextent
established and well known. Furthermore, certain importantsub-
jects, notably immigration, traffic in military supplies, and the
"essentialinterests of the countryin time of national emergency",
arespecificallyexceptedfrom thepurviewofthe treaty. In viewof the
above, it isdifficult to conceivehow Article XXVIII could result in
this Government's being impleaded ina matter inwhichit mightbe
embarrassed.' (At p. 235 ; emphasis supplied.)

A second memorandum,entitled 'Department of State Memorandum
on Provisions in Commercial Treaties relating to the International
Court ofJustice', similarlyconcludes, firstwith respectto the scopeof
thejurisdiction accorded to the Court under FCN treaties, and second
with respect to national security clauses :

'Thispaper [of the Department of State] ... points out a num-
ber of the features which inits viewmake the provision satisfactory
...These include thefact that the provision islimited to differences
arising immediately from the specific treaty concerned, that such
treaties deal with familiar subject-matter and are thoroughly
documented in the records of the negotiation, that an established
body of interpretation already existsfor much of the subject-matter
of such treaties, and that suchpurely domestic mattersas immigra-
tion policyand militarysecurityareplaced outsidethe scopeofsuch
treaties by specific exceptions.'(Ibid., p. 237; emphasis supplied.)

Article XXI of theTreaty thus servesto indicatethat theparties to the
Treaty acted to exclude from its scope the kind of claim ('restoration
of international peace and security'and protection of 'essentialsecu-
rity interests')whichNicaragua seeksto base upon it." (I.C.J. Reports
1984, pp. 635-637,para. 128.)

102. Nicaragua's Memorialon the merits, and Nicaragua's counselin
extensive and detailed oral argument on various provisions of the Treaty,
had remarkably little to sayabout Article XXI (1) (d).Not a word wassaid
about the travaux préparatoirejsust quoted. As for the Treaty provision
itself, Nicaragua's Memorial submits :

"One party to a treaty, however,cannot absolve itselfof al1respon- du traitéet, dans certains cas, sous un énoncé quasi identique, a
donnélieu à (lesdécisionsjudiciairesrendues par les tribunauxdes
Etats-Unis mêmeset d'autres pays. Les sources faisant autorité
pour l'interprétationdudit traitésont doncdans une large mesure
bien établiesetbien connues. En outre, il est expressément précisé
que certaines questionsimportantes, notammentl'immigration, le
commercede fourniture militaire et «les intérêts vitaudxupays en
périodedecrisenationale u n'entrentpasdanslechamp d'application
du traité.Vu ce qui précède,il est difficile d'imaginer comment
l'article XXVIIIpourrait faire courir au Gouvernement des Etats-

Unis le risque d'une action judiciaire au sujet d'une question de
nature à le gêner. (P. 235. Les italiques sont de moi.)
Un deuxième imémorandum,intitulé (Memorandum du départe-
ment d'Etat sui-les dispositions du traitéde commerce relatives à la
Cour internationale de Justice conclut de même,tant en ce qui

concerne la portéede la compétence reconnue à la Cour en vertu des
traitésd'amitié.de commerce et de navigation, que pour cequi est des
clauses d'exclusion en matière de sécurité nationale :
ce document [du département d'Etat] ...dégage un certain
nombre d'élkmentsqui, à son avis, rendent la disposition satisfai-

sante...11s'agit notamment du fait que la disposition est limitée
aux différends quis'élèveraient très précisément au sud jeut traité
intéressé,du fait aussi que ces traitésportent sur des questions
bien connues au sujet desquelles lescomptes rendus de la négocia-
tion donnent une information détailléed , u fait qu'il existedéjàde
nombreuxprécédentsconcernant l'interprétationd'unbon nombre
des questions viséesdans ces traités et du fait que des questions
relevant de la compétence nationale comme la politique d'immi-
gration et la.sécuritméilitairesont excluesduchamp d'applicationde
ces traitéspar des réservesexpresses. (Ibid., p. 237. Les italiques
sont de moi.)

Il ressort donc de l'article XXIdu traitéde 1956que les parties à cet
instrument entendaient exclurede son champ d'application letype de
demandes (<(rktablissement de la paix et de la sécurité internatio-
nales ))et protection des (intérêtsvitaux ..en ce qui concerne [la]
sécurité O) à 1';ippuidesquelles le Nicaragua tente d'invoquer ledit
(C.I.J. Recueil 1984,p. 635-637, par. 128.)
traité.
102. Le Nicaragua, dans son mémoiresur le fond, et un de sesconseils,

au cours d'une plaidoirie pourtant longue et détailléesur plusieurs dispo-
sitions du traité, orit étéremarquablement peu diserts sur l'article XXI,
paragraphe 1, alinéad). Ils n'ont pas dit mot des travaux préparatoires
que je viens de citer. Sur la disposition proprement dite du traité, le
mémoiredu Nicaragua contient les passages suivants :

<Cependant:,les parties à un traiténe peuvent s'exonérerde toute sibility for violations of the provisions of the treaty by simply in-
voking an exculpatory provision. It is for the Court and not for the
Parties to determine the validity of such assertions.

Article XXI (1)(d) cannot be invoked tojustify the activities of the
United States. This provision refers implicitly to the provisions in the
United Nations Charter relating to the maintenance of international

peace and security. Nicaragua has shown . . that the rnilitary and
pararnilitary activities conducted by the United States in and against
Nicaragua are completely incompatible with these provisions of the
Charter." (Memorial of Nicaragua, paras. 430 and 432.)

103. In oral argument, Nicaraguan counsel dismissed the significance
of Article XXI (1)(d).As to whether the measures which the United States
has pursued against Nicaragua are necessaryto fulfilitsobligationsfor the
maintenance of international peace and security, Nicaraguan counsel said
that the preconditions of application of that provision "are obviously not
met in this case". As to whether the measures which the United States has
pursued against Nicaragua are necessary for the United States to protect
its essential security interests, counsel professed todeal with this question
by translating "essential security interests" as "vital interests" and then by

claiming that this provision deals with a "state of necessity" (ignoring the
fact that another provision of theTreaty deals with the right of the Parties
"to apply measures that are necessaryto maintain public order and protect
the publichealth, morals and safety"). Nicaraguan counsel gavenoweight
to the contentions of the United States that the policies of Nicaragua
towards its neighbours and Nicaragua's intensifying integration with
Soviet-led States constitutes, in the viewof the United States,a challenge
to its "essential security interests". For its part, the Court considers that
United States mining of Nicaraguan ports, and its direct attacks on Nica-
raguan ports and oil installations as well as its trade embargo, "cannot
possibly" be justified as "necessary" to protect the essential security
interests of the United States. The Court also holds that a State - in this
case, the United Statesacting under Article XXI (1)(d)of theTreaty - can
have no "obligations" to act in collective self-defence, apart from obliga-
tions imposed by decisions of the Security Council taken on the basis of
Chapter VI1of the United Nations Charter or required by the OAS under

Articles 3 and 20 of the Inter-American Treaty of Reciprocal Assistance
(Rio Treaty).

104. There is room for dispute over whether the measures taken by the
United States against Nicaragua which are at issue in this case are mea-
sures "necessary to fulfil the obligations of a Party for the maintenance or E. The Effectof the Absenceof

El Salvador
107. Before turning to the question of the effect on the Court's proce-

dures of the absence of the United States from this stage of the proceed-
ings, observations on the absence of El Salvador are in order. From the
outset of the case, the United States rnaintained that the irnmediate object
of Nicaraguan acztivitiestantamount to armed attack is El Salvador, and
the United Statespresented anaffirmative defenceessentially based on the
contention that it acts in collective self-defence with El Salvador. On
15August 1984,El Salvador filed a Declaration of Intervention under
Article 63 of thr: Statute which, while supporting these United States
contentions, sought to show why, under the treaties on which Nicaragua
relied in its Application, the Court lackedjurisdiction in the case. At the
tirne, the logic of El Salvador's clairnto intervene under Article 63 in the
jurisdictional phase of the proceedings was surnmarized in the following
way :

"First, El Salvador claims to be acting in collective self-defence
with the United States to resist Nicaraguan intervention and aggres-
sion ;
Second, the United States claims to be acting in collective self-
defence witlnEl Salvador to resist Nicaraguan intervention in and

aggression aigainstEl Salvador ;

Third, El Salvador itself, by reason of the terrns of its adherence to
the Court's cornpulsory jurisdiction, is not subject to the Court's
jurisdiction in this class of rnatter involving clairns of aggression,
self-defence, etc., and El Salvador does not consent to the Court's
jurisdiction ;
Fourth, the Court cannot adjudge the legality of the actions of the
United States ofwhichNicaragua complains without in effectadjudg-
ingthe legalityof the actions of ElSalvador, for the United States and
El Salvador act jointly in collective self-defence against Nicara-
gua ;
Fifth, since the Court cannot exercise jurisdiction either in the

absence of El Salvador whose rights are at issue, or where Nicaragua
directly seelcsto bring El Salvador before the Court in this class of
rnatter, it equally cannot exercise jurisdiction where the effect of
Nicaragua's action against the United States - were the Court to
assumejurisdiction over it - would be indirectly to bring El Salva-
dor's rights before the Court in the very class of matter which El
Salvador's .adherence to the Court's cornpulsory jurisdiction ex-
cludes." (My dissenting opinion to the Court's Order of 4 October
1984,I. C.J. Reports 1984, p. 227.)

El Salvador then also reserved the right in a later, substantive phase of theAmerican Journalof International Law,vol. 80, 1986, p. 130-13 1.)Que la
clause en question constitue en fait une clause d'exclusion ressort non
seulement de sestermes maisaussi des travaux préparatoirescités.Ainsi -
abstraction faitedu but essentiellement commercial du traité-je persiste à
penser que celui-cine fournit aucune base de compétence àlaCour dans la
présenteespèce,en tout cas pour les questions cruciales qu'elle soulève, à
moinsque I'onneconsidèred'embléeque lesEtats-Unis nesont pasfondés
à invoquer l'article XXI, paragraphe 1, alinéad).

106. Or la Cour est parvenue a une autre conclusion, pour la principale
raison qu'un différendsur le point de savoir si les Etats-Unis peuvent
valablement qualifier les mesures qu'ilsont prises de mesures relevant de
l'articleXXI,paragraphe 1,alinéa d),est un différendsur <(l'interprétation
ou l'application du présenttraité ))et ressortit, en tant que telà la com-
pétencede la Cour. Si I'onadmet l'exactitudede cette thèseon se retrouve
auxprises aveclegrandproblèmede laprésenteaffaire :lesmesuresprises
par les Etats-Unis contre le Nicaragua sejustifient-elles par la légitime
défense collective ou comme mesures nécessaires a la protection des inté-

rêts essentielsde sécuritédes Etats-Unis ? Cette question, à son tour, ne
peut être tranchéeque conformément aux dispositions pertinentes de la
Charte des Nations Unies. La réserve relative auxtraités mutilatéraux
apportée à la compétencede la Cour en vertu de l'article36,paragraphe 2,
du Statut est sans incidence sur sa compétence pour régler un différend
découlant d'un traité bilatéralinvoquépar une partie conformément a
l'article36,paragraphe 1,du Statut. Maisletraitédecommercenecontient
aucune disposition analogue a celles de l'article 2, paragraphe 4, ou de

l'article51delaCharte etilnefournit lui-même aucune base à laCour pour
rendre un arrêt surl'emploi de la force et de l'intervention dans les rela-
tions internationales. En conséquence, laCour n'est investie d'aucune
compétence pour connaître des questions qui sont au cŒurde la présente
espèce,en vertu du traité bilatéral d'amitiéd,e commerce et de navigation.
Tout au plus le traitéoffre-t-ià la Cour une base de compétence - «aussi
limitée soit-elleO, selon les termes de la Cour ou selon ceux qu'elle a
employésen 1984 - pour connaître de la légitimité de mesures se rappor-
tant aux termes du traitétellesque, éventuellement,leminagedesports du

Nicaragua et l'imposition d'un embargo commercial par les Etats-Unis.
Cependant, pour seprononcer à cetégard,laCour est tenue d'appliquer les
dispositions de laCharte pour décidersilesEtats-Unis peuvent êtreabsous
de l'accusation d'avoir violéle traité attendu que celui-ci ne fait pas
obstacle à l'application de mesures <nécessaires à l'exécution O de leurs
((obligations relatives au maintien ou au rétablissementde la paix et de la
sécuritéinternationales ou à la<(protection de leurs<(intérêtvsitauxen
ce qui concerne [leur] sécurité o.Je pense, commeje l'ai indiquéailleurs
dans la présente opinion, que les actions des Etats-Unis vis-à-vis du

Nicaragua s'accordent pour l'essentiel avec lesobligations qu'ilsont con-
tractées en vertu du traité de Rio en ce qui concerne le maintien ou le
rétablissementde la paix et de la sécuritéinternationales, ainsi qu'avecles
dispositions de la Charte. responsabilité ]pourles violations des dispositions dudit traité en se
contentant d'iavoquer une disposition exonérative.C'est à la Cour, et
non aux parties, qu'il appartient de déterminer la validitéde telles
assertions.

L'alinéad) [de l'article XXI,paragraphe 11 ..ne peut ...êtreinvoqué

pourjustifier lesactivitésdesEtats-Unis. En effet, cettedisposition se
réfère implicitement auxdispositionsdela Charte des Nations Unies
qui visent lema.intiende lapaix et de la sécuritéinternationales.Or ila
été démontré ...que les activités militaireset paramilitaires menées
par les Etats-Unis au Nicaragua et contre celui-ci sont complètement
incompatibles avec ces dispositions de la Charte. (Mémoire du
Nicaragua, par. 430 et 432.)

103. Dans sa plaidoirie, le conseil du Nicaragua a niél'importance de
l'articleXXI,paragraphe 1,alinéad).Sur lepoint de savoir si les mesures
prises par les Etats-1Jnis contre leNicaragua sont nécessaires à l'exécution
de leurs obligations relatives au maintien de la paix et de la sécurité
internationales, iladit que lesconditionspréalables à l'application de cette
disposition <(ne sont évidemment pas réunies enl'espèce ))Quant àsavoir

silesmesuresprises par lesEtats-Uniscontre leNicaragua sont nécessaires
à laprotection desintérêtsessentielsde sécurité des Etats-Unis, leconseil a
entendu traiter de cette question en traduisant <(intérêtsessentiels de
sécurité )>par intérêtsvitaux )>,puis en affirmant que cette disposition
visait1'~état denécessité (enoubliant qu'une autre disposition du traité
réserveledroitdes Parties ((deprendre lesmesuresnécessairesau maintien
de l'ordre et à la protection de la santéet de la sécurité publiques etdes
bonnes mŒurs O).L,econseil du Nicaragua a fait peu de cas des affirma-

tionsdesEtats-Unis selon lesquelles lespolitiques du Nicaragua envers ses
voisins et son intégration de plus en plus poussée au bloc soviétique
constituent pour les Etats-Unis un défi à leurs ((intérêtsessentiels de
sécurité o. Pour sa part, la Cour considère que le minage des ports nica-
raguayens par les Etats-Unis et leurs attaques directes contre des ports et
des installations pktrolières, tout comme leur embargo commercial, ne
<(sauraient en aucuincas êtrejustifiéspar la <(nécessité u de protégerles
intérêtv sitaux desécurité desEtats-Unis. LaCour conclut aussi qu'un Etat

- en l'occurrence 11:sEtats-Unis agissant en vertu de l'article XXI,para-
graphe 1,alinéa d),du traité - ne saurait avoir quelque <obligation ))de
mettre en Œuvre des mesures de légitimedéfensecollective, réservefaite
desobligations imposéespar lesdécisionsdu Conseil de sécuritéen appli-
cation du chapitre VI1de la Charte des Nations Unies ou par I'OEA en
vertu des articles 3 et 20 du traité interaméricain d'assistance mutuelle
(traité de Rio).

104. On peut débattre la question de savoir si les mesures qui ont été
prises en l'occurrence par les Etats-Unis contre le Nicaragua sont des
mesures <(nécessaii:es à l'exécutiondes obligations de l'une ou l'autrerestoration of international peace and security, or necessary to protect its
essential security interests". That question, in so far as it relates to such
obligations, is examined in a later section of this opinion. It may be
observed at thisjuncture, however, that the Court's holding that the only
obligations to act in collective self-defence are those required by the
United Nations Security Council or the OAS not only derives from a
misreading of the relevant treaty law. If the Court werecorrect - and it is
not - then the obligations of the Parties to the NATO and Warsaw
Treaties, among others, would be illusory. Under Article 5 of the North
Atlantic Treaty, for example :

"The Parties agree that an armed attack against one or more of
them in Europe or North America shall be considered an attack
against them al1; and consequently they agree that, if such an armed
attack occurs, each of them, in exercise of the right of individual or
collective self-defence recognized by Article 5 1of the Charter of the
United Nations, will assist the Party or Parties so attacked by taking
forthwith. individually and in concert with the other Parties, such
action as it deems necessary, including the use of armed force, to
restore and maintain the secunty of the North Atlantic area."

(To likeeffect, seeArticle 4of the Treaty of Friendship, Co-operation and
Mutual Assistance signed at Warsaw on 14May 1955.)As for the Court's

conclusion that direct United States pressures against Nicaragua "cannot
possibly" bejustified as "necessary" to protect essential security interests
of the United States,it may be said that, in sofaras the Court, or anycourt,
is suited to make such ajudgment, this Court'sjudgment appears to have
been made in disregard of Nicaragua's subversionof its neighbours which
surely affects essential security interests of the United States (see I.C.J.
Reports 1984, pp. 195-199).(It may be recalled that Lauterpacht, in The
Function of Law in the International Community,concluded that it is
"doubtful whether any tribunal actingjudicially can override the assertion
of a State that a dispute affects its security . . ."(At p. 188.))

105. What is inanyeventclear isthat Article XXIof theTreaty provides
that "the present Treaty shall not preclude the application of [such]mea-
sures". The application of such measures is not regulated by the Treaty ;
the preclusion clause is an exclusion clause. In my view, where a treaty
excludes from its regulated reach certain areas, those areas do not faIl

within thejurisdictional scope of the Treaty. "In the face of such explicit
language, it is difficult to see how any tribunal could use the Treaty to
subject to its ownjurisdiction matters that had been expressly excluded."
(W. Michael Reisman, "Has the International Court Exceeded its Juris-partie relativesau maintien ou au rétablissementde lapaix et de lasécurité
internationales ou à la protection des intérêtsvitaux de cette partie en ce
qui concerne sa sécurité )>.Cette question, dans la mesure où elle se rap-
porte auxdites oblig;ations,sera examinéeultérieurement. On peut néan-
moins observer à ce:point que l'affirmation de la Cour selon laquelle les
seulesobligations d'agir au titrede la Iégitimedéfensecollectivesont celles
imposéespar leConseil de sécurité desNations Unies ou par I'OEAne fait
pas que traduire un.einterprétation erronéedu droit conventionnel per-

tinent. Sila Cour avait raison - cequi n'estpas lecas - lesobligationsdes
Etats parties au traitéde l'Atlantique Nord et au pacte de Varsovie, entre
autres traités,seraieintillusoires. Ainsi, en vertu de l'article 5 du traitéde
l'Atlantique Nord :

<(Les parties; conviennent qu'une attaque arméecontre l'une ou
plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amériquedu Nord
seraconsidéréecomme une attaque dirigéecontre toutes lesparties, et
en conséquenc~e :llesconviennent que, si une telle attaque seproduit,

chacune d'elles, dans l'exercicedu droit de légitime défense, indivi-
duelle ou collective,reconnu par l'article 51de la Charte desNations
Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant
aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle
action qu'ellejugera nécessaire, y compris l'emploide la force armée,
pour rétablir e:t assurer la sécuritédans la région de l'Atlantique
Nord. O

(Voir, dans le mêmesens, l'article 4 du traitéd'amitié,de coopération et
d'assistance mutuelle signé à Varsovie le 14 mai 1955.)Quant à la con-
clusion de la Cour selonlaquelle lespressions directesdesEtats-Unis sur le
Nicaragua ne << sauraient en aucun cas êtrejustifiéespar la <(nécessité
de protégerles intér&tsvitaux de sécurité des Etats-Unis, on peut dire que,
dans la mesure où la Cour, ou toute autre juridiction, peut porter un tel
jugement, celui-ci semble ignorer l'action subversive du Nicaragua contre
sesvoisins, laquelle affectecertainement lesintérêts vitaux de sécuritédes

Etats-Unis (voir C.,I.J.Recueil 1984, p. 195-199).(On peut rappeler que
Lauterpacht, dans son ouvrage intitulé The Functionof Law in the Inter-
nationalCommunity, conclut qu'il est <(douteux qu'aucun tribunal puisse,
dans l'exercicede se:sfonctions judiciaires, rejeter l'assertion de 1'Etatqui
prétend qu'un différend affecte sa sécurité (p. 188)).
105. Il est clair eintout cas que l'article XXI du traité dispose que le
présent traiténe fera pas obstacle à l'application de [telles] mesures o.
L'application de ces mesures n'est pas réglementéepar le traité et cette

clause est bien une clause dérogatoire. A mon avis, quand un traitéexclut
certaines matièresde sonchamp d'application, illesexclut aussi sur leplan
juridictionnel. ((Devant des termes aussi explicites, on voit mal comment
un tribunal pourraii: invoquer le traité pour exercer sa propre juridiction
à l'égardde matières qui en ont étéexpressément exclues. ))(W. Michael
Reisman, Has the International Court Exceeded its Jurisdiction? )),diction ?",AmericanJournalof internationalLaw, Vol. 80, 1986,pp. 130-
131.)That this Treaty's preclusion clause is indeed an exclusion clause is
indicated not only by its terms but by the quoted rravauxpréparatoires.
Thus - apart from the Treaty's essentially commercial concerns - 1

remain of the viewthat theTreaty failsto provide a basisofjurisdiction for
the Court in thiscase,certainly for thecentralquestions posed byit, unless,
at any rate, United States reliance upon Article XXI (1) (d)is,on its face,
without basis.
106. However, the Court has reached another conclusion, essentially
founded in the position that a dispute over the validity of United States
characterization of the measures ithas taken asmeasures fallingwithin the
scope of Article XXI (1) (d) is a dispute over "the interpretation or
application of the present Treaty" and, as such, falls within the Court's
jurisdiction. If one accepts that position as correct, then one is brought
back to the paramount problem of the case : are the measures taken by the
United States against Nicaraguajustifiable as measures of collectiveself-
defence or as measuresnecessary toprotect its essential security interests ?

That question, in turn, can only be decided in accordance with the gov-
erning provisions of the United Nations Charter. The multilateral treaty
reservation to the Court'sjurisdiction under Article 36,paragraph 2,of the
Statute has no effect upon the Court's jurisdiction to decide a dispute
arising under a bilateral treaty on which a party relies pursuant to Article
36, paragraph 1,of the Statute. This commercial Treaty contains no pro-
visionslikeArticle 2,paragraph 4,or Article 51of the Charter ; the Treaty
itselfprovides no basis for the Court's making ajudgment on the use of
force and of intervention in international relations. TheCourt accordingly
is not invested withjurisdiction to pass upon the issues at the core of this
case by the terms of the bilateral Treaty of Friendship, Commerce and
Navigation. At most, the Treaty provides a basis for the Court'sjurisdic-
tion - "lirnited as it is", in the Court's words (or what were the Court's

words in 1984) - topass upon the legalityof measuresrelating to the terms
of the treaty, such, arguably, as the United States mining of Nicaraguan
ports and the imposition of the trade embargo. However,in reaching such
judgments, the Court will be bound to apply Charter provisions to the
determination of the question of whether the United States is absolved of
breach of the Treaty by reason of the Treaty's not precluding the appli-
cation of measures "necessary to fulfill" its "obligations for the mainte-
nance or restoration of international peace and security" orto "protect its
essential security interests". As indicated elsewherein this opinion, in my
view the actions of the United States vis-à-visNicaragua are in essential
accord with the obligations which it has undertaken under the RioTreaty
for the maintenanceorrestoration of international peace and security, and
consistent with the Charter as well. E. Les effetsde I'absence

d'El Salvador

107. Avant de passer à la question des effets que la non-comparution
desEtats-Unis à la présentephasede I'instancea eussur la démarchede la
Cour, il convient de s'arrêtersur I'absence d'ElSalvador. Dès le débutde
I'instance,les Etats-Unis ont soutenu qu'El Salvador était lacible directe
des activitésdu Nicaragua assimilables à une agression arméeet ils ont
essentiellement axéleur argumentation sur la thèse selon laquelleilsexer-
cent avec El Salvador leur droit de Iégitimedéfensecollective. Le 15août
1984,El Salvador a déposéune déclarationd'intervention sur la base de
l'article 63du Statuitdans laquelle il appuie les thèsesdes Etats-Unis tout
en essayant de démontrer pourquoi. en raison des traitésinvoquéspar le
Nicaragua dans sa requête, laCour n'a pas compétence en l'espèce.A
l'époque,la logiquedel'argumentation par laquelle ElSalvadorcherchait à
intervenir en vertu clel'article63 dans la phase de la compétenceavait été

résuméecomme suit :
Premièrem'ent,El Salvador affirme exercer avec les Etats-Unis
son droit de Iégitimedéfensecollectivecontre une intervention et une
agression du Nicaragua.
Deuxièmement, les Etats-Unis affirment exercer avec El Salvador

leur droit de légitimedéfensecollective contre une intervention du
Nicaragua au Salvador et une agression du Nicaragua contre El Sal-
vador.
Troisièmement, El Salvador lui-même,en raison des termes de son
adhésion à lajuridiction obligatoire de la Cour, n'est pas soumis à
laditejuridiction pour la catégoriede questions se rapportant à des
actes d'agressia~n, e Iégitimedéfense, etc.,et El Salvador ne consent
pas présentement à cettejuridiction de la Cour.
Quatrièmement, la Cour ne peut se prononcer sur la légalitédes
actes dont le Nicaragua accuse les Etats-Unis sans se prononcer en
fait sur la Iégalides actes d'El Salvadorétant donnéque les Etats-
Unis et El Salvador agissent conjointement en exerçant leur droit de
Iégitime défense collectivecontre le Nicaragua.

Cinquièmement, la Cour ne pouvant exercer sajuridiction ni en
I'absence d'ElSalvador, dont les droits sont en cause, ni sur la caté-
gorie des questions pour lesquelles leNicaragua cherche directement
à traduire ElSalvadordevant elle,ellene peut davantage l'exercer sur
I'instanceintentéepar le Nicaragua contre les Etats-Unis, puisque, si
la Cour se déclarait compétente,les droits d'El Salvador se trouve-
raient indirectement soumis à l'examen de la Cour dans la catégorie
mêmede questions qu'exclut l'adhésion d'ES lalvador à lajuridiction
obligatoire de 1;îCour.)>(Extrait de mon opinion dissidentejointe à
l'ordonnance de la Cour du 4 octobre 1984, C.I.J. Recueil 1984,
p. 227.)

A l'époque,El Salvador s'est aussi réservé le droit - pour une phasecase to address the interpretation and application of the conventions to
which it is a party which had been invoked by Nicaragua.

108. This wasonly the second timein the history of theCourt in whicha
State sought to intervene under Article 63 of the Statute and the first in
which it sought to do soat thejurisdictional stage of the proceedings. El
Salvador's requestwas significant and substantial, but it posed a number
of questions, which the Court would have done well to have elucidated at
theoral hearings whichwerecontemplated under Article 84of the Rulesof
Court, which provides that, if "an objection isfiled to ...the admissibility
of a declaration of intervention, the Court shall hear the State seeking to
intervene and the parties before deciding".
109. However, the then President of the Court caused to be issued, on
27 September 1984,a press release which in effect indicated that El Sal-
vador's requestto intervene would be denied. That releasewas issuedeven
before the Court had met to deliberate on the request. (Seein this regard

Judge Oda's separate opinion, I.C.J. Reports 1984, p. 221, and my dis-
senting opinion, ibid., pp. 232-233.)
110. When the Court met, it promptly issued an Order denying El
Salvador's requestto intervene. It failed to accord ElSalvador ahearing on
its request, despite the terms of Article 84 (and despite El Salvador's
request for a hearing). While Nicaragua had voiced objections to El Sal-
vador's request, itpurported not to havefiled "an objection", a viewwhich
the Court in effect appears to have adopted. (See I.C.J. Reports 1984,
pp. 227-233.)In denying El Salvador a hearing and summarily dismissing
its request, the Court's conclusory Order provided the barest statement
of reasons - so bare that the Order may be regarded as virtually un-
reasoned.

111. These proceedings have been the subject of extensive analysis by
an authority on the Court's procedures, Jerzy Sztucki, Professor of Inter-
national Lawat the University of Uppsala. He not only finds the failure to
accord El Salvador a hearing and indeed to permit it to intervene at the
stageofjurisdiction procedurally and legallyunfounded. Professor Sztucki
has felt constrained to record his conclusion that

"the Court's decision might reinforce the suspicion - noticeable in
other aspects of the Nicaragua case - of politicization of judicial
proceedings and anti-Western bias". ("Intervention under Article 63
of the I.C.J. Statute in the Phase of Preliminary Proceedings : The
'Salvadoran Incident' ", American Journal of International Law,
Vol. 79, October 1985,p. 1036.)

112. It may reasonably be assumed that the procedures of the Court's
treatment of El Salvador's Declaration of Intervention influenced El Sal-
vador'sdecision not to exerciseits right of intervention at the stage of the
merits - a decision which necessarilyhad great impact on the content and
tenor of the proceedingson the merits, and whichmayhavehad likeimpactultérieuresur le fonidde l'affaire - de se faire entendre au sujet de I'in-
terprétationet de l'application desconventions auxquelles il étaitpartie et
que le Nicaragua avait invoquées.
108. Depuis la crléationde la Cour, cen'étaitque ladeuxième foisqu'un
Etat demandait à intervenir sur la base de I'article 63 du Statut et la
premièreque lademandeportait sur laphase de lacompétence.La requête
d'El Salvador n'étaitdépourvue ni d'importance ni d'intérêtm , ais elle

posait un certain nombre de questions que la Cour aurait bien fait d'élu-
cider lorsdesaudiences visées à I'article84du Règlementde laCour, lequel
disposeque, si ..il1est fait objectioà ..la recevabilité d'unedéclaration
d'intervention, la Cour entend, avant de statuer, 1'Etatdésireux d'inter-
venir ainsi que les parties )).
109. Or le Présidentde la Cour - celui de l'époque - a fait publier le
27 septembre 1984 iuncommuniquéde presse dont il ressortait en réalité
que la demande d'intervention d'El Salvador serait rejetée.Ce communi-
quéde presse a étédiffuséavant même toutdélibéré de la Cour sur cette

demande. (Voir à ire propos l'opinion individuelle de M. Oda, C.I.J.
Recueil 1984, p. 221, et mon opinion dissidente, ibid.p. 232-233.)
110. Lorsque la Cour s'est réunie,elle s'est empresséede rendre unie
ordonnance rejetant la demande d'intervention d'El Salvador, tout en
refusant de l'entendre, malgréles termes de l'article 84 du Règlement(et
bien qu'El Salvador aitdemandé à êtreentendu). Le Nicaragua, bien que
prétendant n'avoir rien à objecter O, a formulé des objections, et sa
position semble en fait avoir étéadoptéepar la Cour. (Voir C.I.J. Recueil
1984, p. 227-233.)L'ordonnance que la Cour a rendue avant l'examendes

faits et par laquelle elle a refuséd'entendre El Salvador et a rejeté som-
mairement sa demande contient un minimum de motifs, sibien qu'on peut
la considérércomme pratiquement non motivée.
111. Ces questions de procédureont fait l'objet d'une analyse appro-
fondie de la part d'un spécialistedes affaires de la Cour, M.Jerzy Sztucki,
professeur de droit international à l'universitéd'Uppsala. Cetauteur ne se
borne pas àestimer non fondés,dupoint devuede laprocédureetdu droit,
lerefus d'entendre ElSalvador et même celud i e l'autoriser intervenir au
stade de la compétence.Il se voit même forcé de conclure que :

la décisionde la Cour risque de renforcer les soupçons de politisa-
tion de lajustice etde parti prisanti-occidental - soupçons qui sesont
déjà faitjour sur d'autres points dans l'affaire du Nicaragua ))(<In-
tervention under Article 63 of the I.C.J. Statute in the Phase of the
PreliminaryPrcaedings :the "Salvadoran Incident" ))AmericanJour-
nal of International Law, vol. 79, octobre 1985,p. 1036).

112. On peut raisonnablement supposer que la manièredont la Cour a
traitéla déclaration d'intervention d'El Salvador, au regard de la procé-

dure, a influencé la décision prisepar cet Etat de ne pas exercer son droit
d'intervention au stade du fond - décisionqui, à son tour, a forcément
influébeaucoup surledéroulementde la procédure surle fond et qui a puon the shaping of the Court's Judgment (as surely has the absence of the
United States).
113. Nicaragua hascontended that, by reason of ElSalvador'sfailureto
intervene at the stage of the merits, an inference should be drawn against

the truth of the facts which El Salvador alleges in its Declaration of
Intervention. In my view no such inference can reasonably be drawn,
particularly because of the manner in which the Court treated El Salva-
dor's Declaration. In the circumstances, for this and other reasons - no-
tably, the withdrawal of the United States - it would havebeen surprising
if El Salvador had chosen to intervene at the stage of the merits. In any
event, it was legally free to intervene or not to intervene. But it does not
follow from El Salvador's choosing not to intervene that its factual and
legalcontentions must be discounted. But, as willbe shown, not only does
Nicaragua contend that they should be discounted ;in the course of the
Court's Judgment, El Salvador's factual and legal contentions are dis-
counted.

F. The Effect of the Absence of the United States

1. Events bearing on the absence of the United States

114. In its statement of 18January 1985withdrawing from these pro-
ceedings - a statement which itself attracts the criticism expressed in the
opinionsaccompanying today'sJudgment ofJudgesJennings and Lachs -
the United States, in addition to rejecting the Court's holdings on juris-
diction and admissibility, cited as a cause of its withdrawal the Court's
having "summarily" rejected El Salvador's application "without giving
reasons and without evengranting ElSalvadora hearing, in violation of El
Salvador's right and in disregard of the Court's own rules" (International
LegalMaterials,Vol.XXIV,No. 1,January 1985,p.248).As another cause
of its withdrawal, the United States statement more generally criticized,
"The haste with which the Court proceeded tojudgment on these issues -
noted in several of the separate and dissenting opinions . . ."(Ibid. See
I.C.J. Reports 1984, pp. 207, 474, 616.) In a letter of 19April 1984, the

United States earlier expressed its concern at the convoking of the oral
hearings on provisional measures at a date which did not afford it suffi-
cient opportunity, within themeaning of Rule 74,paragraph 3,of the Rules
of Court, to befairly "represented" at the hearing "since there ismanifestly
inadequate time to develop fully its presentation . . .".

115. On 27 December 1984,some three weeks before a decision by the
United States to withdraw from the case was announced, the then Presi-
dent of the Court gave an interview to the Associated Press in The Hague,
in which President Elias is reported to have stated, with respect to the
United States 1984 notification relating to its 1946 adherence to the
compulsoryjurisdiction of the Court : "It is not acceptable in a civilizedinfluer de mêmesur l'élaborationde l'arrêtpar la Cour (onpeut sans doute
en dire autant de l'absence des Etats-Unis).
113. Le Nicaragua a soutenu que, puisque El Salvador n'était pas
intervenu dans la phase consacréeau fond, on devait en tirer des conclu-
sions contraires quant à la véracitédes faits allégués par El Salvador dans
sadéclaration d'intervention.Amon avis,on nepeut raisonnablement rien
déduirede semblable, en raison notamment de la manièredont la Cour a
traitéla déclarationd'ElSalvador. Dans cesconditions, et aussi bien pour
cette raison que pour d'autres - notamment le retrait des Etats-Unis - il

aurait étésurprenant qu'El Salvador choisisse d'intervenir au stade du
fond. Quoi qu'il en soit, il était juridiquement libre d'intervenir ou non.
Mais ce n'estpasparce qu'ElSalvadora choiside ne pas intervenir que ses
moyens de fait et de droit devaient êtrenégligésO . r, comme on le verra,
non seulement le Nicaragua a soutenu qu'ils nedevaient pas êtrepris en
considération. mais la Cour, dans ses attendus, ne tient pas compte des
moyens de fait et de droit d'El Salvador.

F. .Leseffets de l'absencedes Etats-Unis

1. Evénementsayant influencél'absencedes Etats-Unis

114. Dans leur déclaration du 18janvier 1985 par laquelle les Etats-
Unis se retirent de 1;iprésente procédure - déclarationqui est elle-même
critiquéedans lesopinions que sir Robert Jennings et M.Lachs ontjointes
au présent arrêt - le:;Etats-Unis, outre qu'ilsrejettent lesconclusions de la
Courquant à lacomlpétenceet àla recevabilité,mentionnent commemotif
de leur retrait le fail:que la Cour a rejeté <(sommairement la demande
d'El Salvador, «sans donner de raisons et sans mêmeentendre El Salva-

dor, en violation du droit d'El Salvadoret au méprisdes propres règlesde
la Cour (International Legal Materials,vol. XXIV, no 1,janvier 1985,
p. 248).Commeautre cause de leur retrait, les Etats-Unis critiquent d'une
façon plus générale, la hâte aveclaquelle la Cour s'estprononcée surces
questions - qui est relevéedans plusieurs des opinions individuelles ou
dissidentes ... (ibid.;voir C.I.J.Recueil1984,p. 207, 474,616). Dans une
lettre du 19avril 198~4le, Gouvernement des Etats-Unis avait déjàexprimé
ses préoccupations devant le fait que l'ouverture de la procédure orale
relative à la demande en indication de mesures conservatoires avait lieu à

une date qui ne lui donnerait pas une marge suffisante pour pouvoir, au
sensdel'article74,paragraphe 3,du RèglementdelaCour, sefairedûment
<représenter àl'audience, <(celaps de temps étantmanifestement insuf-
fisant pour qu'il puisse faire pleinement valoir ses arguments ...
115. Le 27 décembre1984,trois semaines environ avant que les Etats-
Unis n'annoncent leur décisionde se retirer de l'affaire, le Présidentde la
Cour (à l'époque)a donné à 1'AssociatedPress, à La Haye, une interview
dans laquelle, selon le texte publié, le Président Eliasaurait déclaré,au
sujet de la notification faite par les Etats-Unis en 1984relativement à la
juridiction obligatoiirede la Cour acceptéepar eux en 1946 : Dans unsystemof international lawthat any nation withdrawswithout notice from
a solemn undertaking like that." President Elias continued, according to
the Associated Press report : "If a State withdraws its acceptance of our
jurisdiction without notice, that leads to anarchy and disorder." He is
quoted as adding :"A State that defies the Court willnot get awaywith it.
Although someStates try to showthat they do not care, they do in reality."
The report continues that, although President Elias conceded that the
potential politicization of the Court "is a very, very important issue", the
Court wasnot being used as apropaganda forum in the Nicaragua-United
States case :

"It is often said that the current dispute between the United States
and Nicaragua is a purely political affair. But it is a question of
aggression ;a breach of legal rights and duties between States. Nica-
ragua was entitled to bring the case before the Court, and that has
been our ruling. If it had been a purely political case, without legal
matters we can deal with, we would have thrown it out imme-
diately."
The then President isalsoquoted byAssociated Pressasstating that, while
the Court has no enforcement powers, it "can help develop a world public
order and makethat a real force" through itsrulings. Heisreported to have

discounted the United States claim that proceedings in Court wouldjeo-
pardize the Contadora process, pointing out that the United States
obtained a World Court ruling on United States hostages in Tehran while
bilateral negotiations were being conducted. "We sided with the Ameri-
cans that time", he said, accordingto the Associated Pressstory. "And that
isoneof the reasons wedeclared theNicaraguan cornplaint admissible. We
cannot rule blatantly against ourselves." President Eliasisreported alsoto
havestated that the United States-led invasion of Grenada was "contrary"
to "behaving according to the rule of law". "Smaller nations wonder what
happened to the rule of law when the United States can behave like this",
commented President Eliason the 1983Grenada invasion, the Associated
Press story reports. He is quoted as continuing : "Modern international
law will not tolerate the gunboat diplomacy of the past centuries."
Dr. Shabtai Rosenne has written :

"Public comment on a pending case by any judge, let alone the
President, is absolutely unprecedented and contrary to al1standards
ofjudicial propriety ... That interview, which was given before the
United States announced its intention not to participate in further
proceedings ... and indeed may have precipitated it, was reported in
the Press." ("The Changing Role of the International Court", Israel
Law Review, Vol. 20, 1985,p. 196(note 33).)système civiliséde droit international, il n'est pas acceptable qu'une
nation, quelle qu'elle soit, rétracte ainsi sans préavis un engagement
solennel. D'après 1'AssociatedPress, le Président Eliasaurait poursuivi
en ces termes : ((Lorsqu'un Etat rétracte son acceptation de notre juri-
diction sans préavis, cela mène à l'anarchie et au désordre. ))Il aurait dit

encore : Un Etat qui défielaCour ne s'en tirerapas commecela. Bienque
certains Etats veuillt:ntdonner l'impression qu'ils nes'ensoucient guère,ils
s'en soucient en réalité. On lisait ensuite que M. Elias concédait que
l'éventuelle politisa.tion de la Cour était ((une question très, trèsimpor-
tante O,mais que, selon lui, la Cour n'était pas utilisée comme tribune de
propagande en l'affaire opposant le Nicaragua aux Etats-Unis :

(<On dit souvent que le différend actuelentre les Etats-Unis et le
Nicaragua est uineaffairepurement politique. Mais c'estunequestion
d'agression ;uineviolation de droits et obligationsjuridiques entre
Etats. Le Nicaragua était fondé à porter l'affaire devant la Cour et
nousnous sommesprononcésdans cesens. S'ils'étaitagid'uneaffaire
purement politique, sans questions dedroit dont nous puissions con-

naître, nous l'aurions tout de suite rejetée. ))
L'Associated Pressfait dire encore au Présidentde l'époqueque, sila Cour
ne possèdeaucun pouvoir d'exécution,elle ((peut aider à édifier unordre
public mondial et ài faire de lui une force réelle ))par ses décisions.Le
Président aurait contesté la thèse des Etats-Unis suivant laquelle une

instance devant la Cour compromettrait lesnégociationsdeContadora, et
fait observer que les Etats-Unis avaient obtenu une décisionde la Cour au
sujet des otages amléricains à Téhéran, alorsmêmeque des négociations
bilatéralesse poursiiivaient. ((Nous avons pris parti pour les Américains
cette fois-là O,a-t-il déclaré, d'aprèIs'AssociatedPress. Et voilà l'une des
raisons pour lesquelllesnous avons déclarérecevable la plainte du Nica-
ragua. Nous ne pouvons pas nous déjugerde façon flagrante. Selon le

texte publié, le Président Eliasaurait aussi déclaréque l'invasion de la
Grenade dirigéeDar les Etats-Unis était contraire à une (attitude
respectueuse ie ~a'~irimauté du droit o.t(Lespetites nations sedemandent
ce qui est arrivé à la primauté du droit quand les Etats-Unis peuvent se
conduire decette mainière ))adit lePrésident Eliasau sujetde l'invasionde
la Grenade en 1983,toujours selon 1'AssociatedPress. D'après lamême
source, il aurait déclaré ensuiteque : le droit international moderne ne

tolérerapas la diplomatie de la canonnière des sièclespassés. A ce sujet,
M. Shabtai Rosenn~ea écrit :
((Qu'unjuge, et àplus forte raison le Président,s'exprimeenpublic
sur une affaire en cours est un fait absolument sans précédent et est
contraire à toutes les normes d'administration de la justice ...cette

interview, qui aété donnéeavant que les Etats-Unis n'annoncent leur
intention de ne:pas participer à la suite de l'instance ...et qui peut
même avoir précipité leur décisioa n,étérapportée dans la presse. ))
(t<The Changing Role of the International Court D, Israel Law
Review, vol. 20, 1985,p. 196,note 33.)2. The meaning of Article 53 of the Statute

116. Article 53 of the Court's Statute provides :

"1. Whenever one of the parties does not appear before the Court,
or fails to defend its case, the other party may cal1upon the Court to
decide in favour of its claim.
2.The Court must, beforedoing so,satisfyitself,not only that it has
jurisdiction in accordance with Articles 36 and 37, but also that the
claim is well founded in fact and law."

117. What is the proper meaning and interpretation of Article 53 ? It is
clear that the Court can render ajudgment in the absence of aparty. Before
doing so, it must "satisfy itself" - indeed, it "doit s'assurer" - not only
that it hasjurisdiction "but also that the claim is well founded in fact and
law". Asthe Court held in the CorfuChannelcase, it must "convince itself"
that the appearing party's subrnissions are well founded (I.C.J. Reports
1949,p. 248).To Say(asdid Nicaragua's counsel) that an objection to those

submissions must be proved by the party that raises it isbeside the point ;
the real point is that the Court must be convinced. If, as in the current case,
the Defendant has raised objections,theApplicant, if itisto succeed,must
convince the Court of the inadequacy of those objections.

118. It is equally true that, if a claim is to be held tobe well founded in
fact and law,it can besoonly ifa sufficient affirmative defence tothe claim
is not wellfounded in fact and law. If such an affirmative defence is well
founded in fact and law, then the claim must fail, however compelling it
may be in the absence of that affirmative defence. That iselementary. Ifa
claim by A is that B assaulted him, but B pleads by way of affirmative
defence that he caught A in the act of assaulting their neighbour, C, and
came to C's defence in the course of which he struck A no harder than

necessary to stop A from assaulting C, it cannot be held that A'sclaim is
well founded in fact and lawunless B'saffirmative defence isshown not to
be well founded. That, in my view, is an ineluctable interpretation of
Article 53. It is one which is critical for the disposition of the current
case.

119. The fact that the United Stateshas chosen (to myparticular regret)
not to take part in the proceedings on the merits does not alter the
foregoing conclusions. However regrettable its absence may be, a party
does not transgress the Statute by absenting itself from the Court's pro-
ceedings (see H. W. A. Thirlway, Non-appearance beforethe International
Court oflustice, 1985,pp. 64-82). In abstaining from taking part in these
proceedings on the merits, the United States is doing what Article 53

contemplates that aparty might : it has not appeared before theCourt, and
has failed to defend itscase - not the whole of its case, but part of its case,
in that, while in previous phases of thecase it has advanced an affirmative
defence on the merits, it hasnot submitted written or oral pleadings to the2. Le sens de l'articr'e53 du Statut

116. L'article 53 du Statut de la Cour est ainsi libellé :

1. Lorsqu'iinedesparties neseprésentepas, ou s'abstient defaire
valoir ses moyi:ns, l'autre partie peut demander à la Cour de lui
adjuger ses conclusions.
2. la Cour, avant d'y faire droit, doit s'assurer non seulement
qu'elle a compktence aux termes des articles 36 et 37, mais que les
conclusions sont fondéesen fait et en droit.

117. Comment doit s'entendre et s'interpréter l'article 53 ? Il est clair
que la Cour peut statuer en l'absence d'une partie. Auparavant, elle doit
s'assurer D - must ...satisfy itsel1)- non seulement qu'elle a compé-
tence, <(mais que lesconclusions sontfondéesen fait eten droit r)Comme
la Cour l'a affirmé dans l'affaire du Détroitde Corfou, il faut qu'elle
acquièrela conviction que lesconclusions de la partie comparantesont
fondées(C.I.J. Recueil 1949, p. 248). Il est hors de propos d'affirmer -
comme l'a fait un conseil du Nicaragua - que toute objection a ces
conclusions doit êtreprouvéepar la partie qui la soulève ; ce qui compte

c'estlaconviction de la Cour. Si,comme enl'espèce,ledéfendeurasoulevé
des objections, le requérant doit, pour avoir gain de cause. convaincre la
Cour que ces objections ne sont pas pertinentes.
118. Il est également vrai que des conclusions ne peuvent êtredites
fondées en fait et en droit que si on ne leur oppose pas activement des
moyens de défense siiffisants,fondésenfait et endroit.Side tels moyens de
défense positifssont fondésenfait et endroit,lesconclusions doivent alors
êtrerejetées, quelleque soit la valeur que l'on puisse leur attribuer en
l'absence desdits moyens. Cela est élémentaire.Si A allègue dans sa
demandeque Bl'a assailli,etsi Ballègue,pour sa défense,qu'ayant surpris
Aen train d'assaillir leurvoisin commun C il a voléau secours de Cet qu'il
a alors frappé A, mais pas plus fort que cela n'était nécessairepour

l'empêcherd'attaquer C, on ne peut conclure que la demande de A est
fondéeen fait et en droit que s'il est démontréque le moyen de défense
invoquépar B ne l'est pas. II n'y a pour moi pas d'autre interprétation
possible de l'article 53. Cette interprétation présente une importance
décisiveau regard de la présente espèce.
119. Le fait - que:je regrette personnellement - que les Etats-Unis ont
décidéde ne pas participer à la procéduresur le fond ne change rien à la
conclusion qui précède.Quelque regrettable que puisse êtreleur absence,
une partie ne transgresse pas le Statut en ne participant pas àla procédure
devant la Cour (voir H. W. A. Thirlway, Non-appearancebeforethe Inter-
narionulCourtofJusfice, 1985,p. 64-82). En s'abstenant de prendre part à
la présente instance sur le fond, les Etats-Unis agissent de la manière
envisagéepar l'article 53 : ilsne sesontpas présentés eitlssesont abstenus

defaire valoir leursmoyens - non pas la totalitéde leurs moyens, mais une
partie de leurs moyeris,puisqueaprès avoir opposéactivement une défense
au fond dans les phases antérieures de l'affaire ils se sont abstenus deCourt in this phase which fully support that defence. These are the very
circumstances in which the Court must discharge its burden of satisfying
itself that the claim is well founded in fact and law.

120. In order to satisfy itself both asto the validity of the claim and the
defence to the claim, theCourt need not content itselfwith the pleadings of
the appearing Party. Indeed, ifit isnot satisfied by those pleadings, it isnot
entitled to content itselfwiththose pleadings. In thecurrent case, there isa
good deal in the pleadings of both Parties that bears on contested issuesof
the merits, forthe reason that the United Statesdid participate in previous

phases of the case and submitted extensivepleadings and annexes, among
which is much factual and legal material supporting its charges of aggres-
sive intervention by Nicaragua against its neighbours (in particular
Annexes to the Counter-Memorial[on jurisdiction andadmissibility] sub-
mittedby the UnitedStatesofAmerica,Nos. 42-105,110,especiallyAnn. 50.
Seealso two important documents subrnitted in 1984by the United States
Dursuant to Art. 50 of the Rules of Court :De~artment of State. Com-
munist Interferencein El Salvador, Documents DemonstratingCommu-
nist Support of the Salvadoran Insurgency,1981 ; and Department of
State and Department of Defense, BackgroundPaper :Nicaragua'sMili-
tary Build-Up andSupportfor Central American Subversion,1984. The
annexes and documents just referred to contain much of the data later
restated in the State Department's September 1985publication entitled
"Revolution Beyond Our Borders" - Sandinista Intervention in Central
America). Furthermore, in the pleadings of Nicaragua there is much that
runs counter to its claims. That is to Say, Nicaragua has submitted

hundreds of articles from the press and extensive excerpts from the laws
and Congressional debates and executivestatements of the United States,
elements of which contradict the contentions of Nicaragua. It is not
apparent why this material should not have been givenappropriate weight
by the Court together with passages in the very same material which are
supportive of Nicaragua's contentions. But, quite apart from what the
United States and Nicaragua have pleaded, there is material which Nica-
ragua has not pleaded but which is of the same character as that whch it
has, that is to Say,stillother articlesfrom the press and stillother passages
from Congressional debates, etc. It would have been implausible for the
Court to be prepared to consider the evidentiary weight, such as it is, of
Article A from the New York Times, because it is one of hundreds of
clippings submitted by Nicaragua, but exclude the evidentiary weight of
article B, such as it is, from the New York Times, because it was not
submitted by Nicaragua, or, for that matter, by the United States.
121. Rather, ifthe Court, in order to "satisfy itself", finds itnecessaryto

have recourse to United Nations documents, newspaper articles, Congres-
sional debates, books and articles of scholars, and other material in the
public domain - including publications of and documents released by the
United StatesGovernment - that bear on the facts and lawof thecase,it is
not onlyentitled but required to do so,whether or not theyare found in theprésenter, dans la phase actuelle, des pièces de procédure écrite oudes
plaidoiries qui lesjustifient pleinement. Telles sont précisément lescon-
ditions dans lesquellesla Cour est tenue de s'acquitter de sa tâche, laquelle
consiste à s'assurer que les conclusions sont fondéesen fait et en droit.
120. Pour s'assurer tant du bien-fondédes conclusions que de la valeur

des moyens opposés àcelles-ci,la Cour ne doit pas s'entenir aux écritures
de la partie comparainte. En réalité,sices écrituresne la satisfont pas, elle
n'a pas le droit des'encontenter. En l'espèce, les piècesde procédure des
deux Parties contiennent nombre d'éléments relatifs àdes points de fond
contestés :en effet, les Etats-Unis ont bien participé aux phases anté-
rieures de l'affaireet soumis de longues piècesavec annexes, où figure, sur
lesquestions de fait et dedroit, une abondantedocumentation sur laquelle
ils s'appuient pour reprocher au Nicaragua une intervention ayant le
caractère d'une agression contre ses voisins (voir, en particulier, annexes
au contre-mémoire (sur la compétence et la recevabilité) présentéespar
les Etats-Unis d'AmQique, nos42 à 105et 110,surtout l'annexe 50. Voir
aussi deux importants documents présentés en1984par les Etats-Unis con-
formément à l'article 50 du Règlement : Department of state, Communist

InterferenceinElSalvador.DocumentsDemonstrating CommunistSupport
ofthe SalvadoranInsurgency,1981 ;et Department of State and Depart-
ment of Defense, BackgroundPaper : Nicaragua'sMilitary Build-Upand
Supportfor CentralAmericanSubversion, 1984.Les annexeset documents
susmentionnés renferment une grande partie des données qui ont été
reprises dans l'ouvrage publié enseptembre 1985 par le département
d'Etat sous le titre ((Revolution Beyond Our Border» s, Sandinista Inter-
ventioninCentralAmerica.)De plus, dans lespiècesde procédureduNica-
ragua, de nombreux élémentsvont àl'encontre de ses propres demandes.
Le Nicaragua a produit des centaines d'articles de presse et de longs
extraits de lois et débatsdu Congrès etde déclarationsgouvernementales
des Etats-Unis, dont certains élémentsdémentent ses allégations.On ne

voit pas pourquoi la Cour n'aurait pas dû attribuer le mêmepoids à ces
éléments qu'aux passagesdes mêmes sourcesqui corroborent les alléga-
tions nicaraguayennles. Cependant, et nonobstant ce qu'ont plaidé les
Etats-Unis et le Nicaragua, il existe des sources que le Nicaragua n'a pas
invoquées, et qui scint pourtant d'une nature semblable à celles qu'il
invoque, à savoir d'antres articles de presse et d'autres passages dedébats
du Congrès. etc. Il aiirait étéindéfendableque la Cour accorde une éven-
tuelle valeur probante à l'article A du New York Timesparce qu'il s'agit
d'une descentaines d,ecoupures verséesau dossierpar le Nicaragua, mais
qu'elle refuse toute valeur probante àl'article Bdu New York Times,parce
que ni le Nicaragua ni mêmeles Etats-Unis ne l'ont présenté.
121. Si la Cour, pour (s'assurer du bien-fondé des conclusions,juge
nécessaire d'utiliser des documents des Nations Unies, des articles de

journaux. des complies rendus de débats du Congrès, des ouvrages et
articles de commentateurs et d'autres sources du domaine public - y
compris des publications et documents du Gouvernement des Etats-Unis
- iniéressantles faits et le droit en l'espèce, c'estpour elle non seulementpleadings of the Parties. Equally, if the Court orjudges of the Court are not
satisfied with the pleadings of theappearing Party on questions of fact and
law, they are entitled - if not obliged - to put questions to the Agent,
counsel or witnesses as may be appropriate.

122. What about the status of "RevolutionBeyond OurBorders" ?The

foregoing analysis suggests and the practice of the Court indicatesthat the
Court isentitled totakeaccount of such apublication even thoughit isnot
an officia1pleading of the Governrnent of the United States duly subrnit-
ted to the Court. It would, again, have been implausible for the Court to
weighthequantities of the evidence submitted by Nicaragua, ernbracing as
it does, arnong other items, newspaper articles which recount activities of
governments and policies of governrnents, but exclude an officia1 and
highly pertinent statement of a government Party to the case. The irnplau-
sibility of such a course would have been heightened by the fact that that
publication has appeared in the forrn of a United Nations document, to
which Nicaragua has issued an officia1rebuttal.
123. Moreover, the practice of the Court demonstrates repeated

reliance on irregular communications frorn States parties to a case and
reliance even on documents and statements of a non-appearing State
which are not addressed to the Court and which are published after the
closure of oral hearings. No less than 15judgrnents and orders of the Court
have referred to communications and rnaterial ernanating frorn a non-
appearing State. In addition, rnany separate and dissenting opinions refer
to communications and rnaterial of non-appearing States.

124. In the NuclearTestscases, the Court not only took account in its
Judgment of statements ernanating from a non-appearing State ; those
staternents werenot addressed to the Court,and sorneof thern - those that
were crucial - were issued after the closure of oral argument. The Court
there held that it

"is bound to take note of further developrnents, both prior to and
subsequent to the close of oral proceedings. In view of the non-
appearance of the Respondent, it is especially incurnbent upon the
Court to satisfy itself that it is in possession of al1of the available
facts."

And the Court referred to and critically relied upon public statements of
French authorities concerning future nuclear tests, even though "It is true
that these staternents havenot been made before the Court, but they are in
the public dornain . . .It will clearly be necessary to consider al1these
staternents .. ." The Court continued that, while conscious of the irnpor-
tance of the principle expressed in the rnaximaudialteramparrem,"it does
not consider that this principle precludes the Court frorn taking account of
staternentsmade subsequently to the oral proceedings . . .(I.C.J. Reports

1974, pp. 263-265).
125. Thirlway's study, Non-appearancebeforethe International Courtofun droit mais une obligation de le faire, que ces éléments figurent ou non
dans les piécesde procédure des Parties. De même,si les écrituresde la

Partie comparante n''emportent pas la conviction de la Cour ou des juges
sur des questions de lait ou de droit, ceux-ci ont la faculté, sinon l'obliga-
tion, d'interroger selconle cas l'agent, les conseils ou les témoins.
122. Que dire du cas du document intitulé «Revolution Beyond Our
Borders u ? L'analysequi précèdesuggéreetla pratiquede la Cour indique
que celle-ciest en droit de tenir compte d'une telle publication bien qu'elle
ne constitue pas une piècede procédure officielle du Gouvernement des
Etats-Unis, dûment soumise à la Cour. La encore, il eût été indéfendable
que la Cour tienne compte de la masse de documents présentéspar le
Nicaragua, qui inclut notamment des articles dejournaux sur les activités

et les politiques des ,gouvernements,mais qu'elle exclue une déclaration
officiellehautement pertinente d'un gouvernement partie a l'affaire. Cette
maniére d'agiraurait été d'autant plus indéfendable que cet ouvrage avait
été publiésous la forme d'un document des Nations Unies, auquel le
Nicaragua avait apporté un démentiofficiel.
123. De plus, la pratique de la Cour montre qu'elle s'est maintes fois
fondéesur descommunications irréguliéresémanantd'Etats parties à une
affaire et qu'elle s'est mêmefondée sur des documents et déclarations
d'Etats absents qui n.elui étaient pas adresséset qui avaient étépubliés
après la clôture de la procédure orale. Pas moins de quinze arrêts et

ordonnances de la Cour font état de communications et de documents
émanant d'un Etat non comparant. En outre, nombre d'opinions indivi-
duelles et dissidentes mentionnent les communications et documents de
tels Etats.
124. Dans lesaffai.resdes Essais nucléaires a Cour ne s'estpas bornéeà
tenir compte, dans sa~narrêt, dedéclarations émanant d'un Etat absent ;
cesdéclarationsn'éta.ientpas destinéesà la Cour, et certainesd'entre elles
- qui avaient un caractére décisif - avaient étéfaites après la fin des
plaidoiries. La Cour .aalors jugé qu'elleétait

tenue de prendre en considération des faits nouveaux survenus tant
avant qu'aprésla clôture de la procédure orale. Etant donné la non-
comparution du défendeur, il incombe tout particulièrement à la
Cour de s'assurer qu'elleest bien en possession de tous les faits dis-
ponibles. ))

Et la Cour a cité, en leuraccordant une importance capitale, les déclara-
tions publiques de certaines autorités françaises relatives aux essais
nucléairesfuturs, mai.sen ajoutant :<(Il est vrai que cesdéclarationsn'ont
pas étéfaitesdevant l^our, maisellessontdu domaine public ..Il estbien
entendu nécessaire d'examinertoutes cesdéclarations ...)En suite de quoi

la Cour a déclaréque, bien qu'ayant conscience de l'importance du prin-
cipe que traduit la maxime audi alterampartem, «elle ne pense pas que ce
principe l'empêchede prendre en considération des déclarations posté-
rieures a la procédure orale ...))(C.I.J. Recueil 1974, p. 263-265).
125. L'étudede Thirlway intitulée Non-uppearunce beforethe Internu-Justice,sets out the travauxpréparatoires of Article 53 in extenso. They in
fact are not extensive ([oc.cit.pp. 22-26).They emphasize the purport of
Article 53, namely that judgment can be given for the claimant in the
absence of the defendant only when the plaintiff produces "the most
proofs" and establishes his case "most completely" (p. 24). Thirlway
records that the United States member of the Advisory Committee of
Jurists which drafted the Statute of the Permanent Court, the eminent
statesman, Elihu Root, was accompanied by James Brown Scott, the
distinguished international lawyer who was the Secretary of the Carnegie
Endowment for International Peace. Scott apparently sat at the table of
the Committee as if he were a member and assisted Root throughout the
sessions(seePhilip C.Jessup, EIihuRoot, 1939,Vol.II,pp. 419,426). Scott
wrote a report for the Board of Trustees of the Endowment published in

1920,which contains the following passage about the exercise ofjurisdic-
tion by the Court under Article 53 of the Statute, which Thirlway's book
quotes :

"The essential condition for the exercise of jurisdiction in such a
case is and must be, that the plaintiff, although proceeding exparte,
should present its case as fully as if the defendant were present, and
that the court be especially mindful of the interests of the absent
defendant. This does not mean that the court shall take sides. It does
mean, however, that the court, without espousing the cause of the
defendant, shall, nevertheless, act as its counsel. There is an apt
French phrase to the effect that 'the absent are always wrong'. The
Court must go on the assumption that the absent party is right, not
wrong until the plaintiff has proven hirn to be wrong." (At p. 25.)

Now, if the Court is to be "fully mindful of the interests of the absent
defendant" and indeed to "go on the assumption that the absent party is

right, not wrong until the plaintiff has proven him to be wrong", it follows
that, in the instant case, the Court cannot hold for Nicaragua unless it
proves that the affirmative defence advanced by the United States is
unfounded. For the reasons submitted above, that followseven ifone does
not accept Scott's interpretation of Article 53 ; however, Scott's interpre-
tation reinforces that conclusion. But Scott's interpretation goes further,
because it places on the appearing State the burden of proof - it is the
appearing State which must prove the absentparty wrong and the Court is
to assume "that the absent party is right, not wrong until the plaintiff has
proved him to be wrong".
126. However accurately Scott may be presumed to haveexpressed the
intent of the drafters of Article 53 of the Statute, there is room for hesi-
tation in accepting his apparent conclusion that Article 53 shifts the
burden of proof. Such a conclusion might operate as an inducement to
States to absent themselves from Court, in the belief that they would find
themselves in a more advantageous position if absent than present. The
practice of defendants absenting themselves from the Court which has tional Court of Justice contient un exposécomplet des travaux prépara-
toiresde l'article 53,dont ilressort qu'ilnepeut êtredonné gain de causeau
demandeur en l'absencedu défendeurque si le premier présente le plus
de preuves etjustifie sa cause <(de la façon la plus complète (p. 24).
Thirlway rappelle que le membre américain du comité consultatif de
juristes qui a élaborele Statut de la Cour permanente de Justice interna-
tionale, l'éminenthomme d'Etat Elihu Root, étaitaccompagnéde James
BrownScott,grand spécialistedu droit international qui étaitsecrétairede

la Fondation Carnegie pour la paix internationale. Scott a apparemment
siégé au comitécommes'ilenétaitmembre etaassistéRootpendant toutes
lesséances(voir PhilipC. Jessup, ElihuRoot, 1939,vol.II, p. 419,426). Il a
rédigé à l'intention du conseild'administration de la fondation un rapport
publiéen 1920,qui contient le passage suivant au sujet de l'exercicepar la
Cour de lacompétencequ'elletient de l'article53du Statut, passage qui est
citédans l'ouvrage de Thirlway :

((La condition essentielle de l'exercice de la compétence en une
telleaffaire estet doitêtrequeledemandeur, bien qu'ilagisse exparte,
présentesa cau:sede façon aussi complète que si le défendeur était
présent,et que la Cour tienne spécialementcompte des intérêts du
défendeur absenit.Cela nesignifiepas que laCour doiveprendre parti.
Cela veut dire en revanche que la Cour, sans épouserla cause du
défendeur,n'en doit pas moins agir comme son conseil. On dit fort
bien en français que <(les absents ont toujours tort )).La Cour doit

partir du principe que lapartie absentea raison etnonpas tort, sauf au
demandeur à prouver le contraire. ))(P. 25.)

Or, si laCour doit tenir spécialementcomptedes intérêts du défendeur
absent ))et même partir du principe que lapartie absente a raison et non
pas tort, sauf au demandeur à prouver le contraire O, cela signifie qu'en
l'espèce,pour que laCourpût donner gain de cause au Nicaragua, ilaurait

fallu que celui-cieûtétablique lesmoyensde défensepositifs invoquéspar
les Etats-Unis n'étaientpas fondés.Pour les raisons exposées ci-dessus,
cette conclusion s'irnpose, mêmesi l'on n'accepte pas l'interprétation
donnéepar Scott de l'article 53. Cependant l'interprétation de Scott ren-
force cette conclusion et va mêmeplus loin, car c'est à 1'Etatcomparant
qu'elle impose la charge de la preuve : c'est lui qui doit démontrer que
1'Etatabsent atort, et laCour doitpartir duprincipe <(que lapartie absente
a raison et non pas tort, sauf au demandeur à prouver le contraire )).
126. Malgré la fidélité avec laquelle Scotat sans doute traduit I'inten-

tion des rédacteurs (le I'article 53du Statut, on peut hésiter à accepter
ce qui semble êtresa1conclusion, à savoir que l'article 53 renverserait la
charge de la preuve. Une telle conclusion risquerait d'inciter les Etats
à faire défaut, avec Il'espoirde se trouver en meilleure posture que s'ils
comparaissaient. La tendance des défendeurs à ne pas comparaître, qui
s'est manifestéetout particulièrement et à plusieurs reprises depuis queparticularly and repeatedly obtained since Iceland did not appear in the
FisheriesJurisdictioncase in 1972cannot conduce to the Court's standing
and effectiveness, and indeed represents one of the most disturbing de-
velopments in the history of the Court. Moreover, as suggested at the
outset of this section, considerations of burden of proof are beside the
point, because the real point is that, where objections are raised to the
appearing party's contentions, that party must convince the Court that
those objections are unfounded if the Court is to meet the standard which
Article 53 imposes.
127. In myview,thecorrect interpretation of Article 53isthat it affords
the appearingStateno advantage beyond that whch it enjoysby reason of
the non-appearing State's absence. If, in a given case, such as the one
before the Court, thenon-appearingparty (or the Court or ajudge) raisean
affirmative defence to the claim, the appearing party must demonstrate

that the defence is not good in order to prevail. The absence of the
non-appearing party sometimes will,and sometimeswillnot, tend to make
such a showing easier rather than more difficult. It is significant that
Nicaragua has made just such an effort to show that the affirmative
defence of the United States is not well founded on the facts and in law ;
the issue has been engaged, and rightly engaged. Quite another question is
whether Nicaragua's effort has succeeded.

G. The Court'sTreatment of the Evidence

1. The title of the case

128. The verytitle of the casesuggeststhat,from the outset, thecase has
been misperceived by the Court. That misperception, in my view, has
impregnated itsevaluation of the evidence ;it sheds light on the approach
of the Court to the case, which has been one which, in my perception, has
concentrated on the apparent delicts of the United States while depre-
ciating the alleged delicts of Nicaragua. The title of the case embracesthe
essential thesis of Nicaragua (and the essential words of its Application :
cf. paras. 26 (a) and 26 (g)) : that it concerns, and exclusivelyconcerns :

Military and Paramilitary Activities in andagainst Nicaragua(Nicaraguav.
United States of America). However, equally at the outset, the United
States informed the Court of its contrary thesis, namely, that the substan-
tivefocusof theCourt's concern - if it wereto engagethe substance of the
case, which the United States contested - should be the activities by
Nicaragua in supporting Salvadoran and other rebels in and against El
Salvador and other neighbouring States. Whileconcentrating on challeng-
ing the Court'sjurisdiction and the admissibility of the claims, the United
States consistently pleaded, by way of an affirmative defence, that its
activities in and against Nicaragua were and are justified as acts of col-
lectiveself-defenceundertaken in support of ElSalvador. It isaccordingly
remarkable that the Court should have adopted, and persisted in main- Islande a fait défautdans I'affaire relativeà la Compétenceen matièrede
pêcheries, en 1972,rie renforce ni le prestige ni l'efficacitéde la Cour et
constitue d'ailleurs un des traits les plus préoccupants de l'évolutionde
celle-ci. De plus, connmeje l'ailaisséentendre au début dela présentesec-
tion. ilest hors de propos de parler du fardeau de la preuve puisque ce qui
compte, c'est que, si des objections sont opposéesaux conclusions de la

partie comparante, (cettepartie parvienne à convaincre la Cour que ces
objections sont mal fondées,de façon que celle-ci statue conforniément
aux exigences de l'article 53.
127. Je pense que, correctement compris, l'article 53 n'accorde à 1'Etat
comparant aucun avantage en dehors de celui qu'il tire de l'absence de
1'Etatqui fait défaut. Si, dans une affaire comme celle dont la Cour est
saisie, la partie non ~comparanteoppose un moyen de défensepositif a la
demande (moyen qiii pourrait être aussi opposépar la Cour ou par un
juge), la partie comparante doit, pour avoir gain de cause, démontrerque
ce moyen n'est pas bon. L'absence d'une partie aura pour effet, selon les
cas, de faciliter cette démonstration ou de la compliquer. Il est révélateur
que le Nicaragua se soit précisément efforcé d'établirque le moyen de

défense positif invoquépar les Etats-Unis n'étaitfondéni en fait ni en
droit :ledébata été engagéet bien engagé.Quant a savoir si lesefforts du
Nicaragua ont réussi,c'est une tout autre question.

G. L'apprtlciationpar la Cour des élémentsde preuve

1. Le titre de l'affaire

128. Le titre mêmede l'affaire montre que,dès le début,la Cour l'amal
comprise. A mon avis, cette mauvaise compréhension a profondément
influencé son appréciation desmoyens de preuve. Elleéclaire l'optiquede

la Cour en I'affaire,optique qui, à mon sens, consiste a mettre l'accent sur
ce qui apparaît comme des actes délictueuxdes Etats-Unis et à réduire
l'importance des actes délictueuxattribuables au Nicaragua. En effet, le
titre de l'affaire retient la thèse essentielledu Nicaragua (et les termes
essentiels de sa requête :voir les paragraphes 26 a) et 26 g)) :I'affaire
concerne, et concerne exclusivement, les Activités militaireset paramili-
taires au Nicaragua et contre celui-ci(Nicaragua c. Etats-Unisd'Amérique).
Or,dèsledébut,lesEtats-Unis ont euxaussiexposé à la Cour une thèsequi
était opposée à celle-ciet qui voulait que leprincipal souci de la Cour - si
elledevait sesaisirde I'affaire aufond, ceque contestaient les Etats-Unis -
devait être des'attac:heressentiellement à examiner les activitésdu Nica-
ragua au titre de son .aideaux rebelles salvadoriens et autres, au Salvador et
contre celui-ci ainsi que dans des pays voisins et contre ceux-ci. Les

Etats-Unis, tout en s'employant àcontester la compétencede la Cour et la
recevabilitéde la req,uêtenicaraguayenne, ont constamment allégué,cequi
constituait un moyeride défense positif,que leursactivitésau Nicaragua et
contre celui-ciétaient etsontjustifiéesen tant qu'actes de légitimedéfensetaining, a title of the case which so obviously and exclusivelyreflects the
focus of Nicaragua. Such a stance by the Court is unprecedented.

129. Thus if one looks at the list of titles of al1the cases which have
previously been dealt with by thisCourt, conveniently found in the Court's
Yearbooks, one cannot find a listing which is comparable. Take, for
example, the first case, entitled :Corfu Channel(United Kingdom v. AI-
bania).If that case had been entitled as the current case is, it would have
read something like : Mining activities in the Corfu Channel againstthe
United Kingdom.But the Court chose a neutral formula, which recognized

implicitly that Albania might havehad adefence to the claimof the United
Kingdom. It did so in the case which, perhaps more than any other of this
Court, has elements in common with the substance of the current case,
concerning as it did uses of force and questions of intervention. In the list
of the 70-odd casesof this Court, none isentitled soasto embrace only the
contentions of the claimant and inferentially exclude those of the defen-
dant - apart from the instant case.

130. In its traditional approach, this Court has acted as courts custom-
arily do. Cases are normally entitled, 'Yones v. Smith'',not "Smith'sTres-
pass on Jones'sProperty". Indeed, the objectivity and restraint of some
legal systems are so marked that the names of the parties to a case are not
revealedin the report, the casebeingknown by itsnumber or pagination in
the particular volume of the reports.

131. In a letter to the Registrar of 27April1984, theAgent of the United

States referred to the title of the case and stated "that the United States
regards the title given to the case as prejudicial". He requested that "the
title be replaced byone that isneutral". Heelaborated thesecontentions in
a letter of 2 May 1984.The Court took no positive action in response to his
request, despite the obvious infirmities of the title.

2. Thefailure to use the Court'sauthority tofind thefacts

132. In the NuclearTestscases, the Court rightly held that :"In viewof
the non-appearance of theRespondent, it isespeciallyincumbent upon the
Court to satisfy itself that it is in possession of al1the available facts."
(I.C.J.Reports 1974, p. 263.)In the instant case,the Court, in itsJudgment
on jurisdiction and admissibility of 26 November 1984, obsemed in
response to contentions of the United States about the difficulties of
findingthe facts in asituation of the ongoing useof force inwhich security
considerations are constraining, that the Court "enjoys considerable pow-

ers in the obtaining of evidence" (I.C.J. Reports 1984, p. 437). Under its
Statute, the Court does enjoy such powers, as is illustrated by the terms ofcollective destinés ;isoutenir El Salvador. Ldns ces conditions, il est
singulier que la Couraitadopté - et conservé - pour cette affaire un titre
qui reflète de façon aussi évidente et exclusive l'essentiel de la thèsedu
Nicaragua. Une telle prise de position de la part de la Cour est sans
précédent.
129. Sil'onsereporte à laliste de toutes lesaffaires dont la Cour actuelle
a eu à connaître - liste qui figure dans lesAnnuairesde la Cour - on ne
trouve aucun titre comparable. La première affaire, par exemple, est inti-
tulée Détroitde Corfou(Royaume-Unic. Albanie). Si un titre analogue a
celuide la présenteespècelui avaitété donné,ilaurait été libelléà peu près

commesuit :Activitésdemouillagedeminesdansledétroitde Corfoucontre
leRoyaume-Uni. Or laCour achoisiune formuleneutre, par laquelle ilétait
implicitement admis que l'Albanie pouvait avoir des moyens de défense à
opposer à larequêtedu Royaume-Uni.Et ellel'afait àproposd'une affaire
qui, peut-êtreplus que toute autre dont elle a été jusqu'ici saisie,présente
des points communs avec la substance de la présente espèce, puisque
l'emploide la force et desquestionsd'intervention étaient aussi enjeu. Sur
un total d'un peu plus de soixante-dix affaires dont la Cour actuellea eu à
connaître jusqu'ici, aucune n'estintituléede façon àne refléter quela thèse

du demandeur, et pairconséquent àexclurecelle du défendeur - excepté la
présente affaire.
130. La Cour a toujours agi comme les tribunaux ont coutume de le
faire. Les procèsportent généralement commetitre ((Dupontc. Durand»,
et non pas ((Intrusion illicitedeDupontsurlefonds deDurand».D'ailleurs,
dans certains systènnesjuridiques, le souci d'objectivité etde modération
est tel qu'il n'estpas fait mention du nom des parties au procès. celui-ci
n'étant connuque par le numéro quilui est attribué,ou par un numérode
page dans le recuei'ld'arrêtsoù il est publié.
131. Dans une lettre qu'ila adressée au Greffierle 27avril 1984,l'agent
des Etats-Unis, se référant autitre de l'affaire, a déclaréque les Etats-

Unis considèrent le titre sus-énoncécomme préjugeant la question D. Il a
alors demandé qu'a il soit remplacépar une formule plus neutre M.Il a
développé ce point de vuedans une lettredu 2mai 1984.Or la Cour n'apas
donné suite à sa demande, malgréles défauts évidents du titre.

2. La Cour n'a pasuséde sonpouvoir d'établirdesfaits

132. Dans lesaffaires des Essais nucléaires l, Cour adéclaréavecraison
que :t(Etant donnk la non-comparution du défendeur, il incombe tout

particulièrement à l,aCour de s'assurer qu'elle est bien en possession de
tous lesfaits disponibles. (C.I.J. Recueil1974, p. 263.)Dans son arrêtdu
26 novembre 1984 sur la compétence et la recevabilité en la présente
affaire, la Cour a noté,à propos des difficultés qu'ellerencontrerait selon
lesEtats-Unis pour ktablirlesfaitsalors que laforceétait employée dans une
situation où des considérations de sécurité s'imposaient.que la Cour
dispose de pouvoirs considérables pour obtenir ces preuves ))(C.I.J.
Recueil 1984, p. 437).D'aprèssonStatut, la Cour dispose effectivement deArticle 49 and Article 50. Given the controversy that surrounded charges
by the United States of Nicaragua's support of foreign insurrection and
Nicaragua's adamant denial of those charges - despite the evidence in
support of those charges that came to light in the oral hearings - it might
have been thought that the Court would have chosen to make use of those
considerable powersin theobtaining ofevidenceto whichitdrew attention
at the jurisdictional stage. It could, for example, under Article 50 of the
Statute, have entrusted an appropriate commission of judges or another
organization with the task of carrying out a fact-finding enquiry in the
territories of Nicaragua, the United States, El Salvador, Honduras, Costa
Rica, Guatemalaand Cuba, an enquiry whichcould have sought accessto
probative data which certain governments claimed to possess, and which
could have examined knowledgeable persons who were unable or unwill-
ing otherwise to appear before the Court.

133. It may particularly be recalled in this regard that the Government
of the Republic of El Salvador, in its 1984Declaration of Intervention,
affirmed that it had "positive proof" of the passage by Nicaragua of arms

to Salvadoran subversives which earlier had been delivered to the San-
dinistas (Declaration of Intervention, para. VI11(D)). In a press con-
ference, President Duarte also spoke of evidencewhich he wasprepared to
submit to the International Court of Justice. Referring to "tangible evi-
dence. ..that Nicaragua issending weapons to ElSalvador. ..", President
Duarte maintained that "the evidencedoesexist ...Wearegoingto submit
al1this evidence to the court at The Hague when the tirne cornes" (Press
conference of 30 July 1984, Foreign Broadcast Information Service
(FBIS), Daily Report, Latin America, reproduced in Annexes to the
Counter-Mernorialsubrnittedby the United States ofArnerica[onjurisdic-
tion and admissibility], Ann. 54, pp. 1, 5). El Salvador's Declaration of
Intervention also maintains that, "The general headquarters" of the Sal-
vadoran rebels "near Managua is the command centre which directs
guerrilla operationsand CO-ordinatesthe logistical support, including the
provision of munitions, clothes and money .. ."(at para. V), that Nica-
ragua "provides houses and hideouts to the subversivesof the FMLN, and
communications facilities of the same group are located in northwest
Nicaragua. These facilities are used to pass instructions and messages to
subversive units in El Salvador." (At para. VI.) Moreover :

"since mid-1980 the Sandinista National Liberation Front has made

available to the Salvadorian guerrillas training sites in Nicaraguan
territory ... managed by Cuban and Nicaraguan military personnel
. ..located in El Paraiso, Jocote Dulce, Bosques de Jilao, and at
Kilometre 14 on the South Highway. The first two locations are
situated in the southern suburbs of Managua ; the second two are
outside the city." (Ibid.)telspouvoirs, comrriecela ressort des articles 49 et 50.Etant donnéla con-
troverse due au fait que les Etats-Unis accusaient le Nicaragua de soutenir
l'insurrection étrangèreet que le Nicaragua rejetait énergiquement ces
accusations - malgré les preuves à l'appui de ces accusations qui ont été
révélée lsrs de laprocédureorale-, on aurait pu penser que la Couraurait
choisi, pour obtenir les preuves, d'user des pouvoirs considérables sur
lesquels elle avait appelé l'attention lors de la phase de la compétence.
Par exemple, la COIJ~ aurait pu, en vertu de l'article 50 du Statut, confier
à une commission appropriée de juges ou à un autre organisme la tâche
d'effectuer une enquête surles faits dans les territoires du Nicaragua, des
Etats-Unis d'Amérilque,d'El Salvador, du Honduras, du Costa Rica, du

Guatemala et de Cuba, enquêtequi aurait pu conduire à des élémentsde
preuve que certains gouvernementsprétendaient avoir en leur possession,
et qui aurait pu perimettred'interroger despersonnes bien informéesmais
qui n'auraient sans cela pas pu ou pas voulu comparaître devant la Cour.
133. Acesujet, ilya lieude rappelerenparticulier que leGouvernement
de la République d'El Salvador. dans sa déclaration d'intervention de
1984,aaffirméqu'ilavait la preuve positive )du transit par leNicaragua
d'armes destinées àdesélémentssubversifssalvadoriens,qui avaientétépré-
cédemmentlivréesauxsandinistes(déclarationd'intervention. par. VIII. D).
Lors d'une conférencede presse, leprésidentDuarte a égalementparléde , ,
preuves qu'il étaitclisposé à produire à la Cour internationale de Justice.

Parlant de preuves tangibles ..que leNicaragua envoie desarmes au Sal-
vador ...o,le présidentDuarte a affirméque oces preuves existent ...Nous
allonsprésenter toutes cespreuves à la Cour, àLa Haye,le moment venu. ))
(Conférence de pre.ssedu 30juillet 1984,Foreign Broadcast Information
Service (FBIS), Daily Report, Lufin America, reproduit dans les annexes
au contre-mémoireprésentépar les Etats-Unis d'Amérique(sur la compé-
tence et la recevabilité),annexe 54, p. 1,5). Dans sa déclaration d'inter-
vention, El Salvadclraffirme aussi que «le quartier général ))des rebelles
salvadoriens, installéprès de Managua, est le centrede commandement
d'où sont dirigéesles opérations de guérillaet où est coordonné l'appui
logistique, y compriisles envois de munitions, de vêtements etd'argent ...

(par. V), que le Nicaragua offre des abris et des cachettes aux éléments
subversifs du FMLN, et les moyens de communication de cegroupe sont
installésdans le nord-ouest du Nicaragua. Ces moyens decommunication
sont utiliséspour transmettre des instructions et des messages aux unités
subversives opérant sur le territoire salvadorien. (Par. VI.) De plus :

((le Front sandiniste de libération nationale a mis à la dispositiondes
guérillerossalvadoriens, à partir du milieu de l'année1980,certains
centres d'entraiînement situés surle territoire nicaraguayen ..dirigés
par des militaires cubains et nicaraguayens ...installéà El Paraiso, à
Jocote Dulce. r'Bosquesde Jilao, et au kilomètre 14sur l'autoroute du
Sud. Les deux premiers de ces endroits se trouvent dans la banlieue

sud de Managua ; les deux autres, à l'extérieurde la mêmeville.
(Ihid.)El Salvador's Declaration makes a number of specific allegations of this
kind (at paras. III-VII, IX, X). Furthermore, the Declaration of Interven-
tion maintains that ElSalvador not only repeated in 1984itsrequests to the
United States to assist it in collective acts of self-defence, but that such
requests were earlier made by El Salvador's Revolutionary Junta of Gov-
ernment and the Government of President Magaïia, that is to Say,perhaps

as early as October 1979(at para. XII).

134. Not only did the Court fail to decide to carry out an enquiry
pursuant to Article 50,for reasons, particularly related totheposture of the
United States, which may have had some justification. Quite without
justification, it even failed to request El Salvadorto transmit the "positive
proof" of Nicaraguan subversion which El Salvador claimed to possess.
The Court goes so far as to hold that there is no evidence that El Salvador
ever requested, before Nicaragua brought these proceedings, that the
United States give it assistance in collective self-defence. But it failed to
invite ElSalvadortotransmit evidencein support of itsofficialclaim to the
Court that it had made such requestsyearsearlier. Just as,in its adoption of
a title of the case, the Court seemed essentially to concern itself with
Nicaragua's allegationsrather than with the defence of the United Statesto
those allegations, so the Court displayed little interest in taking the steps it
might have taken to establish or disestablish the facts bearing upon the
allegations of the United States and El Salvador - and this despite its

obligation under Article 53 of the Statute to "satisfy itself"that theclaim is
well founded in fact.

3. TheCourt'sarticulationand applicationof evidentialstandards

135. As the Court rightly observes in today's Judgment, one of its chief
difficulties has been the determination of the facts relevant to the dispute.
Those difficulties have been compounded by the absence of the United
Statesfrom the proceedings on the merits. In so far as evidential problems
haveprejudiced the establishment of the factualcontentions of the United
States, it has been the United States which has exacerbated its - and the
Court's - difficulties by absenting itself. At the same time. there isground
for concluding that the United States withdrew from the proceedings not
only because of its unwillingness to accept the Court's holdings on juris-
diction and admissibility but because of its reaction to certain procedural

actions of the Court (see its statement of 18January 1985, loc.cit., and
paragraph 114of this opinion). For its part, the Court in today'sJudgment
affirms that, when equality between the parties to acase "iscomplicated by
the non-appearance of one of them, then afortiori the Court regards it as
essential to guarantee as perfect equality as possible between the par-
ties".
136. That affirmation must be measured against the performance of theLa déclaration d'El Salvador contient un certain nombre d'allégations

spécifiquesdecegenre(par. III-VIII, IX,X).Ilest affirméenoutre,dans la
déclarationd'intervention, qu'ElSalvador a non seulement renouveléen
1984 ses demandes d'assistance auprès des Etats-Unis, lesquels étaient
priés d'agir autitre dlalégitimedéfensecollective,mais quecesdemandes
avaient été formulée:^précédemmentpar lajunte gouvernementale révo-
lutionnaire et par le Gouvernement du président Magafia, dès octobre
1979peut-être(par. XII).
134. Non seulement laCour n'apasdécidé de procéderauneenquêteen
vertu de l'article50de son Statut,pour des raisons qui tiennent surtout a
l'attitude des Etats-Unis et qu'on peut comprendre dans une certaine
mesure. En plus, sans justification aucune, la Cour a même négligé de

demander a El Salvador de lui communiquer (la preuve positive >)des
menées subversives (duNicaragua qu'El Salvadorprétendaitposséder.La
Cour va jusqu'à dire qu'il n'est pas prouvé qu'ElSalvador ait jamais
demandé, avantque leNicaragua n'introduise la présenteinstance,queles
Etats-Unis d'Amérique luiapportent leur assistance au titre de la légitime
défense collective.Or la Cour n'a pas invitéEl Salvador à produire les
moyens de preuve é,tayantla thèse officiellequ'ila présentée à la Cour et
suivant laquelle ilavait formuléde tellesdemandesdes annéesauparavant.
Demêmequ'aumonnentd'adopter un titrepour l'affairelaCour avait paru
essentiellement se préoccuper des allégationsdu Nicaragua et non des
moyens de défense opposéspar les Etats-Unis a ces allégations, elles'est
montréepeu encline à prendre les mesures qu'elleaurait pu prendrepour

établirou réfuterles faits relatifs aux allégationsdes Etats-Unis et d'El
Salvador, et ce bien qu'il lui faille, selon l'article53de son Statut,s'as-
surer ))que les conclusions sont fondées en fait.

3. Les règlesdepreuve énoncée et appliquéepsar la Cour

135. Comme la Cour le fait observer àjuste titre dans le présentarrêt,
l'unedesprincipales difficultés qu'ellea rencontréesaétéd'établlie rsfaits
intéressantle différend. L'absence des Etats-Unis pendant la procédure
sur le fond n'a fait qu'aggraver ces difficultés.Dans la mesure où des
problèmes de preuve ont nui à l'établissementdes prétentions des Etats-

Unis quant aux fait:$,ce sont les Etats-Unis qui, en ne comparaissant pas,
ont aggravé leurspropres difficultés - et celles de la Cour. Mais on peut
aussi conclure que les Etats-Unis se sont retirés de la procédure non
seulement parce qu'ils n'étaientpas disposés àaccepter lesconclusions de
la Cour sur sa compétenceet la recevabilitéde la requête,mais encore en
réactioncontre certaines décisionsde procédureprises par la Cour (voir la
déclaration des Etats-Unisdu 18janvier 1985,loc rit.et leparagraphe 114
de la présenteopinion). Poursa part, la Cour affirme dans leprésentarrêt,
à propos de l'égalité entre les parties, qu'+à plus forte raison lorsque la
situation est compliquéepar unenon-comparution croit-elleindispensable
d'assurer entre les parties une égalité aussiparfaite que possible 1).
136. Cette affirrniationdoit êtreappréciéeeuégard àcequ'a faitlaCour.Court. TheCourt in today's Judgment has set out rules of evidencewhich,
while appearing reasonable, on reflection are, in my view, open to ques-
tion. More than this, 1 find that the Court's treatment in practice of
evidential problems has not been such asto produce "as perfect equality as
possible between the parties".
137. The Court refers to the fact that it has before it documentary
information of various kinds from various sources. It Statesthat it willtreat
press articles and extracts from books "with great caution", that, "even if
they seemto meet high standards of objectivity", the Court regards "them
not as evidence capable of proving facts,but as material which can never-
theless contribute, in some circumstances, to corroborating the existence
of a fact, Le., as illustrative material additional to other sources of evi-
dence". Nevertheless, "public knowledge of a fact may ...be established
by means of these sources of information, and the Court can attach a
certain amount of weight to such public knowledge".

138. As to statements emanating from high-ranking official political
figures, they "are of particular probative value when they acknowledge
facts or conduct unfavourable to the State represented by the person who
made them. They may then be construed as a form of admission." The
Judgment maintains that "neither Article 53 of the Statute, nor any other
ground,could justify a selectiveapproach", in viewof the elementary duty
to ensure ea.alitv,between the Parties. However. the Court cannot treat
such sources as having the same value irrespective of whether the text is
found in an official or unofficial publication and irrespective of whether it
has been translated. The Court also holds that itisthefacts occurring up to
the close of the oral proceedings on the merits of the case on which its
Judgment shall be based.
139. But while these criteria appear to be reasonable enough, and
indeed calculated to produce perfect equality between the Parties, are they
what they appear to be ? It is the fact that these rules of evidence when
applied will cut in favour of a government of the nature of that of the
Government of Nicaragua and against a government of the nature of that
of the Government of the United States. Given the relatively open, demo-
cratic character of administrative, Congressional and public processes in
the United States, it is not difficult to findficial actsand admissions of
that Government, signed,sealed and delivered. Correspondingly, given the
relatively closed and authoritarian character of the Government of Nica-

ragua, such certified governmental acts are not to be found and any such
admissions are not reported in the pages of Nicaragua's controlled and
censored press. To be sure, the Court isnot wellpositioned totakeaccount
of such considerations. But that does not detract from the fact that they
exist.
140. Asfor the Court's choice of the date of the oral hearings asthe date
for excluding further facts on which its Judgment shall be based, it may be
noted that what appears to be the most pertinent Court precedent is
precisely to the contrary(Nuclear Tests cases, I.C.J. Reports 1974,pp. 263-
265 ; see para. 124 of this opinion).Dans leprésentarrêt.,laCour aénoncéenmatièrede preuve des règlesqui,
tout en paraissant raisonnables, me semblent à la réflexion discutables.

Qui plus est, je trouve que la manière dont la Cour a réglé en pratique les
problèmesde preuve n'a pas étéde nature a << assurer entre lesparties une
égalité aussiparfaite que possible o.
137. La Cour dit êtreen possession d'informations documentaires de
nature et d'origine variées.Elle déclarequ'elle a accueilli les articles de
presse et les extraits d'ouvrages <(avec beaucoup de prudence O, et que
((mêmequand ilsparaissaientrépondre aune norme d'objectivitéélevée O,
elleles a considérés (<non pas commelapreuve des faits, mais comme des
élémentsqui peuvent contribuer, dans certaines conditions, àcorroborer

leur existence, à titre d'indices venant s'ajouter a d'autres moyens de
preuve o. Elle ajoute qu'a il reste que la notoriété publiqued'un fait peut
être établiepar de tels élémentset que la Cour peut en tenir compte dans
une certaine mesure )).
138. S'agissant dlrs déclarations émanant de personnalités politiques
officielles de haut rang, elles(possèdent une valeur probante particulière
lorsqu'elles reconnaissent des faits ou des comportements défavorables à
1'Etatque représent,ecelui qui les a formulées.Elles s'analysent alors en
une sorte d'aveu. La Cour maintient dans son arrêtque, vu le devoir
élémentaired'assurer l'égalité entre lesParties, <ni l'article 53du Statut, ni

aucune autre base, n'aurait pujustifier une attitude sélective o.La Cour ne
peut cependant accorder à cessources la mêmevaleur selonque letexte de
la déclarationofficielleconsidéréfigure dans une publication officielle ou
non et selon qu'il a étéounon traduit. La Cour conclut aussi que son arrêt
doit êtrebasésur lesfaitsintervenusjusqu'à laclôture de laprocédureorale
sur le fond de l'affaire.
139. Ces critères :semblentassez raisonnables, et conçus en réalitépour
assurer une égalitéparfaite entre les Parties. Mais le sont-ils vraiment ? 11
est de fait que I'app'licationde ces règlesde preuve favorise un gouverne-

ment tel que le Gouvernement du Nicaragua et défavoriseun gouverne-
ment tel que celui des Etats-Unis. Comme tout ce qui a trait à I'adminis-
tration, au Congrès et à la vie publique a un caractère assez ouvert et
démocratiqueaux Etats-Unis, iln'estguèredifficilede trouver des textes et
aveux officiels du gouvernement, signés,certifiés et publiés. En revanche,
comme leGouvernement du Nicaragua est assezferméetautoritaire. on ne
trouve pas dans la piressenicaraguayenne, contrôléeetcensurée,des textes
gouvernementaux certifiésde ce genre ou des aveux de cette sorte. A vrai
dire, la Cour est mal placéepour tenir compte de telles considérations ;il
n'empêche qu'elles existent.

140. Quant à la décisionde la Cour de fonder sonjugement sur lesseuls
faitssurvenusavant ladate de laclôture de la procédureorale,ilest à noter
que le précédentde la Cour qui semble le plus pertinent va précisément
dans le sens contraire (affaires des Essais nucléaires,C.I.J. Recueil 1974,
p. 263-265 ;voir aussi le paragraphe 124de la présente opinion). 141. In viewof the inherent constraints to which this Court is subject,
however, one might viewits evidential approach as appropriate or at any
rate inescapable, if in practice it were applied in wayswhich produced, in
so far as possible, that perfect equality between the parties at which the

Court aims. In fact, the concreteapplication of the rulesof evidencewhich
the Court has enunciated for this case has been prejudicial to the confir-
mation of the contentions of the United States. 1 have regretted to arrive at
this unhappy conclusion, for the reasons set out in the following para-
graphs.
142. There isa largequantity of probative documentary material which
the United Statesduly filed with the Court in 1984insupport of its claims
of Nicaraguan material support of the armed insurgency in El Salvador.
Some of that material is contained in Communist Interference in El
Salvador, Documents Demonstrating Communist Support of the Salva-
doran Insurgency, a selection of documents claimed to have been cap-

tured from Salvadoran insurgents summarized in paragraphs 16-20 of
the appendix to this opinion. While there is room for challenge of some
details of a White Paper of the United States analysing these documents
(Annex 50 to the United StatesCounter-Memorial), the documents them-
selveshavebeen recognizedasgenuine by informed criticsof United States
policy in Central America (appendix to this opinion, paras. 19, 151).No
question about their authenticity has been raised in Court or by the Court.
In its pleadings and oral argument,Nicaraguaapparently made nospecific
reference to these documents. The Court in today's Judgment makes no
more than passing reference to them, principally observing that, since
these documents almost invariably use code-names (such as "Lagos" -
lakes - for Nicaragua), the Court cannot draw judgments from these

documents without further assistance from United States experts who
might have been called as witnesseshad the United Statesappeared in the
proceedings. The Court fails to note that the collection of documents is
prefaced by chronological and organizational keys, and that each docu-
ment isprefaced by a glossary of explanation of its coded words. Glossary
A which introduces document A, for example, as its first item, revealsthat
"Fidel" is "Fidel Castro". Moreover, an appendix to Nicaragua's plead-
ings - i.e., Nicaragua's evidence - contains an explanation of the code-
words as wellas a revealingcommentary on the documents themselvesby
Congressman C. W. BillYoung ;seethe Nicaraguan Memorial, Annex E,

Attachment 1,pages 37 ff. In my view,with exertion of modest effort, the
meaning of these documents is readily apparent. They profoundly incul-
pate Nicaragua. The United States also filed with the Court in 1984a
Background Paper :NicaraguaSMilitary Build-Upand Supportfor Central
American Subversion, loc. cit., a compilation of factual data and analysis
referred to in paragraphs 77, 168of the appendix. The Court fails to deal
seriouslywith thisdata and its analysis aswell.The solefact that the Court
finds it appropriate to establish in drawing upon this latter publication is
that the United Statesconducted overflightsofNicaraguan territory,afact
shown by the aerial photographs of Nicaraguan installations which the 141. Néanmoins, vu les contraintes inhérentes auxquelles la Cour est
soumise, on pourrait estimer qu'elle a, en matière de preuve, des vues
appropriées, ou en tout cas inévitables,à condition que ces vues se con-
crétisentde manière àassurer dans toute la mesure du possible cette égalité
parfaite entre les parties à laquelle la Cour tend. En fait, l'application
concrète des règlesde preuve que la Cour a énoncéesdans la présente
affaire a nuà la coinfirmation des prétentions des Etats-Unis. C'est pour
lesraisons exposéesdans lesparagraphes qui suivent quej'ai abouti, àmon
grand regret, à cette conclusion fâcheuse.
142. Les Etats-Unis ont dûment déposéen 1984 à la Courde nombreux

documents probants à l'appui de leurs assertions quant au soutien matériel
apportépar le Nicairagua à l'insurrection arméeau Salvador.Certaines de
ces informations sont contenues dans un ouvrage int"tulé Cornmunisr
InterferenceinEl S~ilvador,DocumentsDemonstratingCornrnunisS t upport
ofthe SalvadoranIn:rurgencyc,hoixdedocumentsqui auraient été saisissur
des insurgés salvadoriens etqui sont résumésaux paragraphes 16 à 20 de
l'appendice à la prksente opinion. Certes, il est possible de contester sur
certains points un livre blanc des Etats-Unis qui analyse ces documents
(annexe 50 au contire-mémoiredes Etats-Unis), mais les documents eux-
mêmesont été qualifiésd'authentiques par des critiques bien informésde

lapolitiquedes Etats-Unis en Amériquecentrale (paragraphes 19et 151de
I'appendice à la prksente opinion). Leur authenticité n'a pas étémise en
doute à la Cour ou par la Cour. Dans ses écritures et ses plaidoiries, le
Nicaragua ne sembllepas s'être référé spécifiqueme àntes documents.
Dans le présent arri!t, la Cour ne s'yréfère qu'enpassant, essentiellement
pour faire observer que, puisque ces documents emploient presque tou-
jours des noms de code(comme ((Lagos r)-lacs - pour Nicaragua r))la
Cour ne peut seprononcer sur ces documents sans l'assistance desexperts
des Etats-Unis qui auraient pu êtrecitéscomme témoinssi les Etats-Unis

avaient comparu. La Cour omet de relever que le recueil de documents
contient en préface une clé(chronologie et organisation) et que chaque
document est lui-mirmeprécédé d'un glossaire où lescodessont expliqués.
C'est ainsi qu'au début du document A, le glossaire A commence par
expliquer que le mot <<Fidel )>désigne <Fidel Castro )).De plus, un
appendice aux écrii.uresdu Nicaragua - qui est un moyen de preuve du
Nicaragua - renferme lui aussi une explication des noms de code et un
commentaire instructif sur lesdocuments eux-mêmes rédigé par M.C. W.
BillYoung, membre du Congrès (voir mémoiredu Nicaragua, annexe E,
pièce1,p. 37et suiv.).A mon avis, un petit effort d'imagination suffitpour

comprendre lesens de cesdocuments: ces documents sont très accablants
pour leNicaragua. 1LesEtats-Unis ont égalementdéposé àla Cour en 1984
un Background Paper: Nicaragua's Military Build-Up and Support for
CentralArnericanSubversion, loc.rit., compilation et analyse de données
factuelles, dont mention est faite aux paragraphes 77et 168de I'appendice
à la présente opinion. La Cour n'examinepas sérieusement cesdonnéesni
leur analyse. L'unique fait que la Cour juge bon d'établir d'aprèscette
publication est que les Etats-Unis ont survoléle territoire du Nicaragua-BackgroundPaper contains. The Court does not find it suggestive,stillless
probative, to observe that one of those photographs of the Rio Blanco
Military Camp in Nicaragua shows the Salvadoran "FMLN" logoembla-

zoned on thegrounds. TheCourt alsoomits to refer tophotographs in that
publication of weapons and documents said to have been captured in
March 1983from a group of Salvadoran guerrillas intercepted in Hon-
duras, including a photograph of a document on which "FSLN" and
"FMLN" are clearly inscribed (loc. cit.).

143. These documentsare important for what they reveal.They are also
important in the framework of the Court's evidentialapproach. TheCourt
excludes large quantities of data which confirm United States charges of
Nicaraguan material support of the insurgency in ElSalvador, apparently

on the ground that such press reports, books, etc., can be introduced only
in so far as they corroborate other evidence. These press articles, books,
Congressional reports - and published admissions of the President and
other officials of Nicaragua - do corroborate the contents of these docu-
ments, which are such other evidence. But since the Court discounts those
documents, it apparently feelsjustified in excluding data whichotherwise,
under its rules of evidence, could be admitted in corroboration of facts
established by those documents.

144. The Court's Judgment, in soprofessing "great caution" in treating

press reports and extracts from books, maintains that they can do no more
than contribute, "in some circumstances", to corroborating the existence
of a fact. Which circumstances ?In practice, it turns out, very largely the
circumstances of corroboration of contentions of Nicaragua. The Judg-
ment more than once finds it appropriate to cite press sources to this end.
How is it that so little of the very large body of newspaper, Congressional
and other reports which sustain contentions of the United States - many
ofwhichreports wereintroduced into evidencebyNicaragua - are usedby
the Court to corroborate contentions of the United States ? Presumably,
by the criteria which the Court advances, because they do not corroborate
facts independently established. But such a presumption isjust that - a

presumption, and one quite unfounded in this case.

145. Consider not only thedocumentary data referred to abovewhichis
corroborated by these press and Congressional and other reports. Con-
sider the dossier of data assembled and attached in the appendix to this
opinion which shows, in so many ways, with such richness of detail, from
so many sources - some adverse to the interests of the United States
Government in this case - that the Nicaraguan Government has been
engaged since 1979in a sustained effort to overthrow the Government of
El Salvador through material assistance to armed insurgency in thatfait dont témoignent lesphotographies aériennesd'installations nicara-
guayennes reproduites dans le BackgroundPaper. La Cour ne juge pas
intéressant, et encore moins concluant, de relever que, sur une de ces
photographies, celle du camp militaire de Rio Blanco au Nicaragua, on
peut lire sur le sol le siglesalvadorien<FMLN ))De même,la Cournedit
rien des photographies reproduites dans cette publication qui montrent
des armes et des documents qui auraient été saisis en mars 1983sur un

groupe de guérillercsssalvadoriens interceptés au Honduras, et en parti-
culier de laphotogr.aphie d'un document sur lequel on peut lire nettement
((FSLN et <(FMLN (loc.cil.).
143. L'importance de ces documents tient aux révélations qu'ilscon-
tiennent. Ils sont égalementimportants du point de vue de l'idéeque la
Cour se fait des preuves. La Cour exclut de très grandes quantités d'élé-
ments qui confirment les accusations portées par les Etats-Uniscontre le
Nicaragua quant àIl'appuimatériel qu'ilfournit à l'insurrection au Salva-

dor, motif pris apparemment que ces articles de presse, ouvrages, etc., ne
peuvent êtreproduits que s'ils confirment d'autres élémentsde preuve.
Ces articles de presse, ouvrages et rapports du Congrès - de mêmeque
certains aveux publiicsdu président et d'autres responsables du Nicaragua
- corroborent en réalité la teneurdecesdocuments, lesquelssont lesautres
élémentsde preuve. Mais la Cour, en écartant ces pièces, s'estimeappa-
remment fondée à exclure desélémentsqui,en application de ses règlesde
preuve, pourraient par ailleurs êtreadmisen tant qu'éléments corroborant

des faits établis par ces documents.
144. Ainsi donc, après avoir déclarédans son arrêtqu'elle était pour
accueillir((avecbeaucoup deprudence lesarticles depresse et lesextraits
d'ouvrages, la Couir maintient qu'ils ne peuvent que contribuer <dans
certaines conditions ))a attester l'existence d'un fait. Dans quelles condi-
tions ? Il se trouve qu'il s'agiten fait essentiellement des conditions en-
tourant la corroboration des prétentions du Nicaragua. Et dans son arrêt
la Cour juge bon, plus d'une fois, de citer à cet effet des sources journa-

listiques. Comment sefait-il que la Cour utilise sipeu, pour corroborer les
prétentions des Etats-Unis, les trèsabondants articles de presse, rapports
du Congrès et autres rapports qui étayent les thèses des Etats-Unis -
rapports dont beaucoup ont été soumiscomme preuves par le Nicaragua ?
C'est peut-être parce que, selon les critères avancéspar la Cour, ils ne
corroborent pas desfaitsétablisindépendamment. Mais ce n'est là qu'une
présomption, et cet.teprésomption est dénuéede tout fondement en la
présenteaffaire.

145. Ne nous bornons pas aux informations documentaires visées ci-
dessus, que des artii:les de presse, rapports du Congrès et autres rapports
étayent. Considéronsl'ensemble des donnéesréunies et présentées dans
l'appendice à la pré:senteopinion. Elles montrent de bien des façons, avec
force détailset sur la foide nombreuses sources - certainescontraires aux
intérêtsdu Gouvernement des Etats-Unis en la présente affaire -. que
le Gouvernement diuNicaragua s'emploie avecconstance, depuis 1979, à
renverser le Gouver.nement d'El Salvador enaccordant une aide matériellecountry. That data corroborates facts independently established ; it
dernonstrates the reality, actuality and extent of that Nicaraguan effort.
That cornucopia of corroboration can best be appreciated by a reading
of the appendix. But what salient facts independently established - in ad-
dition to facts found in the two United States documents referred toabove

- does that data corroborate ?

146. Nicaragua's premier witness - who counsel for Nicaragua treated
more as an expert than a witness - on the issueof whether Nicaragua had
been engaged in sending arms to the Salvadoran insurgents, Mr. David
MacMichael, admitted in Court in response to my questions that "it could
be taken as a fact that at least in late 1980/early 1981 the Nicaraguan
Government was involved in the supply of arrns to the Salvadoran insur-
gency" (appendix, para. 76). He acknowledged that, when the former
DernocraticSecretary of State, Edmund Muskie,declared inJanuary 1981
that the arms and supplies being flown into El Salvador for the use of the
Salvadoran insurgents were sent with the knowledge and help of the
Nicaraguan authorities, Mr. Muskie spoke the truth (ibid.). He acknow-
ledged that rnilitary leaders of the Salvadoran insurgency are based in
Nicaragua (ibid.,para. 73). He testified to al1this and more, and did so on
the basis of hisown examination of the evidence. He did not offer hearsay

evidence.Mr. MacMichael claimedto have examined al1the data, raw and
finished, that the intelligence resourcesof the United States had collected
on the question of Nicaraguan support for the Salvadoran insurgency for
the 1979-1983period (until he left the CIA's ernploy early in 1983).It is
true that he could do no more than offer hisown opinion of that material,
and the Court is correct in its apparent allusion to that effect. But his
opinion for the period from the accession of the Sandinistas to power in
July 1979to the Spring of 1981is corroborated by a variety of probative
sources, as the appendix to this opinion establishes. Moreover, the con-
clusions of Mr. MacMichael to which reference hasjust been made were
shaken neither by Nicaragua nor by any Mernber of the Court. Indeed,
after these admissions were elicited, Nicaraguan counsel,who had earlier
directly exarnined Mr. MacMichael at length, were conspicuous in their
failure to recall him for further questioning in an effort to regain the
ground which he had so dramatically cut out from under Nicaragua's

case.

147. Mr. MacMichael alsotestified that,after early 1981,itcould not be
shown that Nicaragua had shipped arms to the Salvadoran insurgency (a
conclusion arguably qualified by his affirmation that a shipment of arms
destined to transit Nicaragua had been seizedinCosta Ricain 1982).While
the masses of material collected in the appendix to this opinion do show
that the flow of arrns was suspended in the Spring of 1981,they also show
that it revived, rnost sharply in 1982,and was sustained, apparently in
irregular and lesser measure, thereafter. That is to say, that rnaterial does
not corroborate Mr. MacMichael's opinion for the post-Spring 1981à l'insurrection arméedans ce pays. Ces données corroborent des faits
établis indépendamment ;elles prouvent la réalité, lamatérialitéet l'am-
pleur desdites activités du Nicaragua. C'est en lisant l'appendice à la
présente opinion qu'on se rendra le mieux comptede cette abondance de
confirmations. Mais auels faits saillantsétablis indéwendamment - outre

les faits mentionnés dans les deux documents des Êtats-unis citésplus
haut - ces donnéesconfirment-elles ?
146. Le premier témoindu Nicaragua - que le conseil du Nicaragua a
traité davantage enexpert qu'en témoin - venu déposersur la question de
savoir si le Nicaragua avait participé à l'envoi d'armes aux insurgéssal-
vadoriens, M. David MacMichael, a admis devant la Cour, en réponse à
mes questions, que (,l'onpeut considérer commeun fait qu'au moins à la
fin de 1980 et au clébutde 1981 le Gouvernement nicaraguayen était
impliquédans l'exprfditiond'armes aux insurgés d'ElSalvador (appen-
dice, par. 76). Il a reconnu que l'ancien secrétaire d'Etat démocrate,
Edmund Muskie, avait dit la vérité lorsqu'ilavait déclaré enjanvier 1981
que les armes et approvisionnements expédiéspar avion aux insurgés
salvadoriens au Salvador l'étaientà laconnaissanceet avecl'assistance des

autoritésnicaraguayennes (ibid.).Il a reconnu que lesdirigeants militaires
de l'insurrection salvadorienne sont basés auNicaragua (ibid., par. 73). Il
a témoignésur ces questions, et d'autres questions encore, àpartir de son
propre examen des cilémentsde preuve. Il n'a pas produit de preuve par
ouï-dire. M. MacMichael a déclaréavoir examiné toutes les données,
brutes et analysées,que les services de renseignements des Etats-Unis
avaient recueillies sur la question de l'aide du Nicaragua à l'insurrection
salvadoriennepour lapériode1979-1983 (jusqu'àcequ'ilquitte sonposte à
la CIA, au débutde 1983).Certes, il ne pouvait rien faire d'autre que de
donner son propre a.vissur ces informations, et l'allusion de la Cour à ce
propos est fondée. Mais l'avisde M. MacMichael pour la période allantde
l'arrivéedes sandinistes au pouvoir, enjuillet 1979,au printemps 1981est

corroborépar diverses sources probantes, ainsi qu'il est établidans I'ap-
pendice àla présentceopinion. En outre, lesdites conclusions de M. Mac-
Michael n'ont été misesen doute ni par leNicaragua ni par aucun membre
de la Cour. D'ailleurs, une foisla lumièrefaite sur cesaveux,lesconseils du
Nicaragua,qui avaient auparavant longuement interrogéM. MacMichael,
se sont manifestement bien gardésde le rappeler à la barre pour lui poser
d'autres questions, a.find'essayer de regagner le terrain qu'il avait si mal-
heureusement fait perdre au Nicaragua.
147. Lors de sa dkposition, M. MacMichael a aussi déclaréque,aprèsle
débutde 1981,il ne :pouvaitêtreétablique le Nicaragua avait expédiédes
armes a l'insurrection salvadorienne (conclusion à laquelle on peut con-
sidérer qu'ila apporiéune restriction lorsqu'il aaffirméque des cargaisons
d'armes devant passer par leNicaragua avaient été saisiesau Costa Rica en

1982). Les abondantes informations rassembléesdans l'appendice à la
présente opinion m'ontrent bien que le flux d'armes était suspendu au
printemps 1981,mais elles montrent aussi qu'il a repris très brusquement
en 1982,puis qu'il s'estpoursuivi, irrégulièrement semble-t-ilet dans uneperiod. That is hardly reason to exclude material which does corroborate
his testimony for the pre-Spring 1981period. Nor is it reason to exclude
material for the post-1981 period, which is significant in so strongly indi-
cating that Nicaragua's contentions for the post-1981period also are false,
not least because that material, while it does not corroborate Mr. Mac-
Michael's opinion for the post-1981 period, otherwise has substantial
corroboration - including corroboration by the admissions of the Presi-
dent of Nicaragua. It will be recalled that the Court holds that admissions
by high-ranking political figures are of "particular probative value".

148. It is important to recall what the Court's Judgment omits to
observe, namely, that these "solemn declarations" of Nicaragua's witness,
Mr. MacMichael, for the pre-1981 period, squarely contradict those of the
Foreign Minister of Nicaragua, and of another star witness, Commander
Carrion, who is one of the nine governing comandantes of Nicaragua.
Indeed, Commander Carrion contradicted himself, testifying before the
Court that Nicaragua "never" had a policy of sending arms to foreign
insurgents while at thesame time Nicaragua submitted his affidavit to the
Court which maintained that Nicaragua had not sent such arms to the
insurgents in El Salvador "in a good long time" (appendix, para. 55). It
should also be observed that, while Nicaragua heavily relied, and the
Court relies, on an affidavit of Mr. Edgar Chamorro, a defector from the
contras, the Court fails to point out that, not only does other evidence
(press reports) submitted by Nicaragua fail to corroborate elements of
Mr. Chamorro's testimony, but such evidence contains statements of
Mr. Chamorro which contradict elements of his testimony.

149. While 1have no doubt that the Court has endeavored to achieve a
perfect equality between the Parties in its treatment of the evidence, 1
regret that 1am forced to conclude that its reach has exceededits grasp. To
take another striking example, the Court, as noted, maintains that it has
avoided "a selective approach" in treating press statements, including
thoseof figuresof thehighestpolitical rank. Yet theCourt reliesupon press
statements of President Reagan, while it fails to give weight to President
Ortega's admissions in press interviews in January 1985and April 1986
that Nicaragua iswilling to suspendits material aid to the insurgents in El
Salvador on the condition that the United States ceases its material aid to
the contras (supra, para. 29, and appendix, paras. 30-33).These reiterated
statements of President Ortega have been published in 1985in the New
YorkTimesand in Madrid's ABC (in their original Spanish), and, in other
terms but to like effect, in 1986in the Wall Street Journal. Not only is ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 328

moindre mesure. Autrement dit, ces informations ne corroborent pas

l'opinion de M. Ma~cMichaelpour la période postérieureau printemps
1981. Mais ce n'est guère une raison pour exclure des informations qui
confirment son témoignagepour la période antérieureau printemps 1981.
Ce n'estpas non plu:<une raison pour excluredes informations concernant
la période postérieure à 1981, informations qui sont importantes parce
qu'elles montrent à l'évidenceque les assertions du Nicaragua concer-
nant la période postérieure à 1981 sont elles aussi fausses, ne serait-ce
qu'en raison du fait que ces informations, bien que n'étayant pasl'opinion
de M. MacMichael pour la période postérieure à 1981, sont renforcées
par d'autres informations d'importance, dont lesquasi-aveux du président

du Nicaragua.On sesouviendra que laCour estime que desdéclarationsde
personnalités politiques de haut rang possèdent <une valeur probante
particulièreD.
148. Il importe de rappeler que, dans son arrêt,la Cour omet de noter
que ces déc1aration.ssous serment du témoin du Nicaragua, M. Mac-
Michael, pour la périodeantérieure à1981sont en contradiction flagrante
aveccellesdu ministre des relations extérieuresdu Nicaragua et cellesd'un
autre témoin vedette, lecommandant Carrion, un des neuf comandantes
qui gouvernent le Nicaragua. De fait, le commandant Carrion s'est con-
trediten témoignant devant la Courque leNicaragua n'avait <jamais ))eu
pour politique de fournir des armes à des insurgésétra;igers,alors qu'il

maintenait dans le même temps,dans une déposition produite par le
Nicaragua devant la Cour, qu'a il y a bien longtemps ))que le Nicaragua
n'avaitpas envoyéd'armesauxinsurgésd'ElSalvador(appendice, par. 55).
Ilest aussià noter qiie le Nicaragua a accordébeaucoup de poids - et que
la Cour fait de même - a une déclaration sous serment de M. Edgar
Chamorro, transfugedes contras,mais que la Cour omet de souligner non
seulement que d'autres élémentsde preuve (articles de presse) soumis par
le Nicaragua ne corroborent pas certains points de cette déclaration de
M. Chamorro, mais encore que ces mêmesélémentsde preuve sont consti-
tuéspardes propos de celui-ci quicontredisent certainspoints de sa décla-
ration sous serment.

149. Je ne doute pas qu'en ce qui concerne les élémentsde preuve la
Cour s'est efforcée d'assurer une égalitparfaite entre les Parties, maisje
dois conclure à regret qu'elle n'y est pas parvenue. Prenons un autre
exemple frappant. Comme indiquéplus haut, la Cour maintient qu'elle a
évité une<<attitude sélective à l'égarddes déclarations reproduites dans
la presse, y compris lesdéclarationsde personnalitéspolitiques du rang le
plus élevéO. r, la Cour tient compte de déclarationsdu président Reagan
parues dans la presse:,alors qu'elle n'accordepas de poids aux déclarations
faites par leprésidentOrtega àl'occasion d'interviews accordéesàlapresse
enjanvier 1985et en avril 1986.lorsqu'il a admis que le Nicaragua était
disposé à suspendre son aide matérielle aux insurgés d'ElSalvador à

condition que les Etats-Unis mettent un terme à leur aide matérielle aux
contras(voir ci-dessiis par. 29 et appendice, par. 30-33).Ces déclarations
réitéréedsu présideritOrtega ont étépubliéesd'abord en 1985dans leur329 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITlES (DISSO . PSCHWEBEL)

Nicaragua not known to have requested correction of these reports ;not
only have these newspapers not run such corrections ; in the case of the

New York Times,it has been confirmed that President Ortega's admission
- run off in more than a million copies - has not been the subject of
communication by the Nicaraguan Government. This statement of Presi-
dent Ortega published in the New York Timeswas quoted in the United
Nations General Assembly by the representative of El Salvador ; its
authenticity, and its import, were not denied by the representative of
Nicaragua, who otherwise took part in the debate. Nevertheless, the Court
finds the 1985 statement of President Ortega insignificant because, it
speculates, it may mean no more than that Nicaragua iswillingto suspend
movement of arms through Nicaragua to the Salvadorans provided that
the United States showsNicaragua the routes of that movement. What is
the basis for this speculation ? That a request to this effect was made by
President Ortega to Mr. Enders in 1981,more than three years earlier, a

request which Mr. Enders declined on the ground that the United States
could not share its intelligence information with Nicaragua. The Court
alsoconcludesthat President Ortega'sstatement cannot mean what it says,
since it is inconsistent with the reiterated official policy of Nicaragua,
inconsistent with its firm denials that it has provided arms to the Sal-
vadoran insurgents. But the significance of any admission is its inconsis-
tency with the professed position of the Party. Moreover, President Ortega
made a like admission a year later in an interview with the Wall Street
Journal. It is obvious that President Ortega's unambiguous affirmation
that Nicaragua iswillingto suspend transit through itsterritory of military
aid to the Salvadorans in return for cessation of attacks upon Nicaragua is,
as the representative of El Salvadorpointed out to the General Assembly
of the United Nations, "an eloquent confession" (A/40/PV.90, p. 83).Has
the Court's treatment of this confession been such as to guarantee perfect

equality between the Parties ?

150. It must be recognized that any endeavour to rescue the credibility
of Nicaragua's case cannot have been easy. On the one hand, the Court
pronounces itselfsatisfied that, betweenJuly 1979and the early months of
1981,an intermittent flow of arms was routed via the territory of Nica-
ragua to the armed opposition in Nicaragua. On the other hand, the Court

concludes :

"the evidence is insufficient to satisfy the Court that, since the early
months of 1981,assistance has continued to reach the Salvadorian
armed opposition from the territory of Nicaragua on any significantversion originale, en espagnol, dans le New York Timeset dans l'ABCde
Madrid,puisen 1986,dans d'autres termes mais dans lemêmesens,dans le

Wall Street Journal. Non seulement le Nicaragua semble ne pas avoir
demandéque des rectificatifs soient apportés àces articles de presse, non
seulement cesorganes de presse n'ont pas publiéde rectificatif, mais dans
lecas du New YorkTimesil a été confirméque la déclarationdu président
Ortega - diffusée à plus d'un million d'exemplaires - n'a pas fait l'objet
d'une communication de la part du Gouvernement nicaraguayen. A l'As-
semblée générale des Nations Unies, le représentant d'El Salvador a cité
des passages decette déclaration du président Ortega publiéedans le New
York Times ;I1authe:nticitet la portéede cette déclaration n'ont pas été
niéespar le représentant du Nicaragua, lequel a par ailleurs participéau
débat.Néanmoins, la Cour considère que la déclaration faite par le pré-
sident Ortega en 1985est de peu d'importance parce que, suppose-t-elle,
ellesignifiepeut-être:simplementque leNicaragua est disposé à suspendre

l'acheminement des armes aux Salvadoriens à travers le Nicaragua. à
condition que les Etats-Unis indiquent au Nicaragua les itinéraires
empruntés. Sur quoiila Cour se base-t-elle pour faire cette supposition ?
Elle se base sur le ifait qu'une offre dans ce sens avait étéfaite par le
président Ortega à M. Enders en 1981,plus de trois annéesauparavant,
offre que M. Enders avait déclinéeen disant que les Etats-Unis ne pou-
vaient divulguer au Nicaragua leurs sources de renseignements. La Cour
conclut aussi que ladéclaration du présidentOrtega ne peut vouloir dire ce
qu'elle dit puisqu'elle est en contradiction avec la politique officielle
maintes fois exposéedu Nicaragua, en contradiction avec ses dénégations
énergiquesquant à laifourniture d'armes auxinsurgéssalvadoriens. Mais le
proprede tout aveu est d'être encontradiction avecla position que défend
son auteur. De plus, le président Ortega a fait une déclaration dans le

mêmesens une année plus tard, àl'occasion d'une interview accordéeau
WallStreetJournal.11est évidentque, quand leprésident Ortega adéclaré
sans détoursque le Nicaragua était disposé à suspendre le passage sur son
territoire de l'aide militairedestinéeaux Salvadoriens en échangede l'arrêt
des attaques contre le Nicaragua, il a fait, pour reprendre l'expression
employéepar le représentant d'El Salvador à l'Assemblée générald ees
Nations Unies, un aveu éloquent (A/40/PV.90, p. 83).La Cour a-t-elle
réservé àcet aveu le sort qu'il convenait pour garantir une égalitéparfaite
entre les Parties?
150. Il faut recon.naître qu'il ne devait pas êtrefacile de défendre la
crédibilitéde lathèsenicaraguayenne. D'unepart, la Cour tientpourétabli
qu'entrejuillet 1979et les tout premiers mois de 1981un flux intermittent

d'armes destinées à l'opposition arméeau Salvador traversait le territoire
du Nicaragua. D'au,trepart, elle constate qu'elle:

<ne dispose pas d'éléments suffisantspour pouvoir conclure avec
certitude que,depuis lespremiers mois de 1981,l'opposition arméeau
Salvadoraitcontinué à recevoir,du territoire du Nicaragua, une assis- scale, or that the Government of Nicaragua was responsible for any
flow of arms at either period".

151. That remarkable conclusion calls for observations with which this
opinion is replete ;two will suffice at thisjuncture. The first is that the
evidence which the Court is prepared to consider which has led it to this
conclusion is subject to the infirmities which have just been described. In
viewof al1the evidencewhich the Court has chosen to excludeordiscount,
its inabilitytofindNicaragua responsible for the flowof arms issomewhat
more comprehensible. Second, however, that is far from saying that this

critical conclusion of the Court iscredible. 1find it incredible- an exigent
evaluation whichisjustified evenby the evidencewhich theCourt recounts
and accepts.

152. Thus the Court acknowledges that, in the meeting between Com-
mander Ortega and Assistant Secretary of State Enders on 12August 1981,
it emerges that theNicaraguan authorities had immediately taken steps, ai
the request of the United States, to bring to ahalt or prevent various forms
of support to the armed opposition in El Salvador.

"This, in the Court's opinion, is an admission of certain facts, such
as the existence of an airstrip designed to handle small aircraft,
probably for the transport of weapons, the likelydestination being El
Salvador, even if the Court has not received concrete proof of such
transport. The promptness with which the Nicaraguan authorities
closed off this channel is a strong indication that it was in fact being
used, or had been used for such a purpose."

This reasonable conclusion of the Court is supported by an amplitude of
evidence, in addition to that provided in the transcript of the Ortega/
Enders exchange. It is supported by detailed data about the use of the
airport at Papalonal provided by the United States in a Background Paper
duly filed with the Court in 1984 (loc. citpp. 20-21) and subsequently
amplified in "Revolution Beyond Our Borders" (loc. cir., pp. 18-19).The
United States there showshow an undeveloped agricultural dirt airstrip of
800 metres on a former sugar plantation not far from Managua was
speedily turned into a lengthened,hardened, graded military facility fully
suitable for the handling of aircraft capable of carrying military cargo

(appendix to this opinion, para. 58). The United States produced aerial
photographs of the Papalonal installations and their usage ("Revolufion
Beyond Our Borders", loc. cit., pp. 28-29) - whose procurement, while so
obviously defensive, the Court finds nevertheless to be a violation of
Nicaraguan sovereignty. I read out in Court details of this evidence in
putting questions to Nicaragua's Agentand counsel (Hearing of 19Sep-
tember 1985, morning) ; they made no attempt to refute that evidence.
Apparently they found that evidence to be irrefutable. Nicaragua's wit-
ness, Mr. MacMichael, earlier had agreed that Papalonal airport had been
used for the dispatch of aircraft carrying weapons to the insurgents in ElSalvador ;perhaps that iswhy the Nicaraguan Agent and counsel found it

prudent not to pursue the question. As noted, Mr. MacMichael stated that
when former Secretary of State Muskie made charges to this effect,
declaring that arms were being flown to Salvadoran insurgents from
Nicaragua "certalinlywith the knowledge and to some extent the help of
Nicaraguan authiorities", he spoke the truth (Hearing of 19 September
1985,afternoon ;see this opinion's appendix,para. 76). Mr. MacMichael
confirmed that tlefectors from Nicaragua and a crashed and captured
aircraft in ElSalvador from Papalonal contributed to establishing as a fact
the use of the facilities at Papalonal to fly arms to the Salvadoran insur-
gency (ibid.).Not only the Ortega/Enders transcript but an admission by
President Ortega. in an interview with a correspondent of the New York
Times confirms the employment of Papalonal for the shipment of arms to
the insurgents in El Salvador (appendix. paras. 57-58).

153. Despite al1this, the Court finds itself able to conclude that it still
remains to be proved that any aid to the insurgents in El Salvador is
imputable to the authorities of Nicaragua. It repeats that theGovernment
ofNicaragua cannot beheld "responsible for any flowofarms" at any time
to the insurgency in El Salvador. It thus infers, for example, that the
Government of Nicaragua, before the representations of the United States
Ambassador, diclnot know of theexistence of the airport at Papalonal, and
was not party to its employment. The Court would have the world believe
that a substantial military airport not far from Managua could be
designed. built, brought into operation and used for months for many
flightscarrying arms to Salvadoran insurgents, al1without the knowledge
and support of the Nicaraguan Government. These are its conclusions.
Mine are that the Court, in so sustaining the credibility of Nicaragua's
case, has strained the credibility of the Court.

H. TheNicaraguanGovernment'sMaterial Support of Insurgencyin El
Salvador 1s Legally Tantamountto an Armed Attack hy Nicaraguaupon
El Salvador

154. The fact!;demonstratingthe reality, actuality and extent of actions
of the Nicaraguan Government in materially supporting insurgency in El
Salvador have been sketched above and are presented in detail in the
appendix to this opinion (paras. 28-188).Are those actions legally tanta-
mount toan armed attack by Nicaragua upon ElSalvador ?The Court - in
a decision f~nd~amentalto its Judgment - has concluded that they are
not. tanceappréciable,ou mêmeque leGouvernement du Nicaragua soit,
pour l'uneou l'autrede cespériodes, responsabledesenvoisd'armes b).

151. Cette remarquable conclusion appelle des observations du genre
de celles qui abondent dans la présente opinion mais il me suffira main-
tenant d'enformulerdeux. Premièrement,je marquerai que leséléments de
preuve que la Cour est disposée à examiner et qui l'ont amenée à cette
conclusion présententles faiblesses queje viens de décrire.Au vu de tous
les élémentsde preuve que la Cour a choisi d'exclure ou d'ignorer, on
comprend un peu mieuxqu'elle n'ait pas puconclure que leNicaraguaétait
responsable du flux d'armes.Secondement,je dirai qu'il ne s'ensuit cepen-
dant pas - tant s'enfaut - que cette conclusion capitale de la Cour soit

crédible.Je nela trouvepas crédible-jugement sévère quejustifient même
les élémentsde preuve que la Cour reprend et accepte.
152. La Cour admet donc qu'il ressortde la rencontre du 12août 1981
entre le commandant Ortega et le sous-secrétaired'Etat Enders que les
autorités nicaraguayennes avaient immédiatement pris des mesures à la
demande des Etats-Unis, pour faire cesser ou empêcher diverses formes
d'appui à l'opposition arméeau Salvador :

<<11ya là, de l'avisde la Cour, une reconnaissance de certains faits,
tels que l'existenced'une piste d'atterrissage destinéeàaccueillir de
petits appareils, vraisemblablement pour le transport d'armes, avec
pour destination probable El Salvador, mêmesi la Cour n'a pas la
preuveconcrète de tels transports. L'empressement mispar les auto-
ritésdu Nicaragua à fermer cette voieconstitue un indice sérieuxque

celle-ci servait effectivement, ou avait servà un tel usage.))
Cette conclusion raisonnable de la Cour était étayée par d'abondants

éléments de preuve, outre ceux fournis dans lecompte rendu de l'entretien
qui a eu lieu entre M. Ortega et M. Enders. Elle est étayéepar les indi-
cations détaillées sur'usagede l'aéroportde Papalonalqui ont été données
par les Etats-Unis dans un BackgroundPaper dûment déposé àla Cour en
1984 (loc. citp. 20-21)et développées ultérieuremend tans (Revolution
Beyond Our Borders » (loc. cit.p. 18-19). Les Etats-Unis y montrent
comment une piste de terre battue non aménagéede 800 mètresde long
environ,situéesuruneancienneplantation decanne à sucreà proximitéde
Managua, avait étérapidement allongée, consolidée et améliorée en une
installation militaire prêtàaccueillirdes aéronefscapablesde transporter
des cargaisons militaires (appendice à la présente opinion, par. 58). Les

Etats-Unis ont produit des photographies aériennes des installations
de Papalonal montrant l'usage qui en est fait ((Revolution Beyond Our
Borders », loc. citp. 28-29)- photographies qui, bien qu'ayant étémani-
festementprises à des finsde défense,ont ététaxéespar la Cour de violation
de la souverainetédu Nicaragua. J'aidonnélecture à la Cour de passages
de ces élémentsde preuve quand j'ai posé desquestions à l'agent et aux
conseilsdu Nicaragua (audiencedu 19septembre 1985,matin) ;ilsn'ont pas
essayéde réfutercespreuves.Apparemment, ilsont estiméquecespreuves ACTIVITÉS MII.ITAIRES ET PARAMILITAIRES (OPDISS .CHWEBEL) 331

étaient irréfutables.Le témoin du Nicaragua, M. MacMichael, avait
reconnu auparavant que l'aéroportde Papalonal avait étéutilisépar des

aéronefstransportant des armes aux insurgés d'ElSalvador ;c'est peut-
être pourcette raison que l'agent et les conseils du Nicaragua ont jugé
prudent de ne pas insister. Comme je l'ai indiqué, M. MacMichael a
déclaréque, lorsquie l'ancien secrétaired'Etat Muskie avait porté des
accusations dans cesens,en déclarantque desarmes étaientexpediéespar
avion aux insurgéssalvadoriens à partir du Nicaragua certainement à la
connaissance et, dainsune certaine mesure, avec l'assistance des autorités
nicaraguayennes )),il disait la vérité(audience du 19 septembre, après-
midi ; voir appendice à la présente opinion, par. 76). M. MacMichael a
confirméque,pour ktablir que lesinstallations de Papalonal avaient servà
l'expéditionpar voieaérienned'armes auxinsurgéssalvadoriens, on s'était

fondénotamment sur les diresdesdéserteursdu Nicaragua et sur la saisie
au Salvador d'un avionaccidentéen provenance de Papalonal (ibid.)Non
seulement le compte rendu des entretiens entre M. Ortega et M. Enders
maisaussidesdéc1a:rationf saites par leprésident Ortegà l'occasiond'une
interview accordée à un correspondant du New York Times confirment
l'utilisation de Papalonal pour l'expéditiond'armes aux insurgésd'El
Salvador (appendice, par. 57-58).
153. Malgrétout, la Cour estime pouvoir conclure qu'il resteà prouver
qu'une aide, quelle qu'elle soit, aux insurgés d'ElSalvador est imputable
aux autoritésdu Nicaragua. Elle répèteque le Gouvernement du Nicara-

gua ne peut êtretenu pour responsable des envois d'armes ))à I'insur-
rection au Salvador,à quelquepériodeque cesoit. Elleen déduit donc,par
exemple,que leGouivernementdu Nicaragua, avant lesreprésentationsde
l'ambassadeur des Etats-Unis ignorait l'existencede l'aéroportde Papa-
lonal et qu'iln'enétait pasun utilisateur. La Cour voudrait fairecroire au
monde qu'un important aéroport militaire, situé àproximitéde Managua,
apu êtreconçu,construit, mis en serviceet utilisédes mois durant pour de
nombreuses expéditions d'armes aux insurgés salvadoriens, à l'insu du
Gouvernement du Nicaragua et sans son aide. Telles sont sesconclusions.
Les miennes sont que la Cour, en accordant ainsi crédit à la thèse du
Nicaragua. a porté atteinte à son propre crédit.

H. L'appui matériel apporté par le Gouvernementdu Nicaragua à
l'insurrectionau Salvador équivautjuridiquementà une agression armée du
Nicaragua contre El Salvador

154. Lesfaitsétablissantlaréalité, l'actualetl'ampleurdesactionsdu
Gouvernement nicaraguayen visant à appuyer matériellementI'insurrec-
tion au Salvador orit étéexposés ci-dessus etsont décrits en détaildans
l'appendice à la prksente opinion (par. 28-188). Ces actions équivalent-
ellesen droità une agression arméedu Nicaragua contre El Salvador ? La

Cour - dans une décisionfondamentale pour son arrêt - a conclu que
non. 155. As to the Court's conclusions of law to this effect, it may be
observed that the Court has taken one position, while 1 have taken another,
which latter position, however, is essentially shared by (a)Nicaragua, (b)
the United States, (c) El Salvador, and (d) 40 years of progressive devel-
opment of the law and of authoritative interpretation of the governing

principles of the United NationsCharter. In my view,the Judgment of the
Court on the critical question of whether aid to irregulars may be tanta-
mount to an armed attack departs from accepted - and desirable - law.
Far from contributing, as so many of the Court's judgments have, to the
progressivedevelopment of the law,on thisquestion the Court's Judgment
implies a regressivedevelopment of the law which fails to take account of
the realities of the use of force in international relations :realities which
have unfortunately plagued the world for years and give every sign of
continuing to do so - whether they are recognized by the Court or not. 1
regret to Saythat 1believe that the Court's Judgment on this profoundly
important question may detract as much from the security of States as it
does from the state of the law.
156. In its Memorial on the merits of the case, Nicaragua set out the

accepted lawon the question. It applied that law to what it seesasthefacts
of United States support of thecontras.But,sinceNicaragua, together with
Cuba, hasparticipated so pervasivelyin theorganization,training, arming,
supplying and command andcontrol of theinsurgent forcesin ElSalvador,
its analysis is no less pertinent to the question of whether its actions are
tantamount to armed attack upon El Salvador.

157. Nicaragua concluded that the "use by a State of armed groups of
. . .irregulars to carry out acts of armed violence against another state
violates theprohibition on the useofforcecontained inArticle 2(4). ..".It
maintains that, "The writings ofjurists, the actions of the United Nations
and thepositions taken bytheUnited States itselfarein agreement" on this

position, and that that "position finds support, as well, in the pronoun-
cements of the Court" (Nicaraguan Memorial, para. 227).The law which
Nicaragua marshals in support of this conclusion is stated in the Nica-
raguan Memorial in the following terms, which merit extensive quota-
tion :

"228. That the direction and control of armed bands by a State is
attached to that State for purposes of determining liability, is an
elementary principle of international law. Among the many authori-
ties that could be cited for the proposition, only a few of the most
prominent are mentioned here. The principle has been codified in
draft form by the International Law Commission. Article 8 of the
draft articles on State Responsibility reads :

'The conduct of a person or group of persons shall also be
considered as an act of the State under international law if(a)it is
established that such persons or group of persons was infact acting333 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO . P.SCHWEBEL)

on behalf of that state ; . ..' (Yearbook of the International Law

Commission, 1974,Vol. II, Part 1,p. 277.)

Commenting on this provision in the Third Report on State Respon-
sibility to the International Law Commission, former Special Rap-
porteur, Judge Roberto Ago, writes :

'Theattribution to the State, as a subject of international law, of
the conduct of persons who are in fact operating on its behalf or at
its instigation is unanimously upheld by the writers on inter-
national law who have dealt with this question.' (Ibid., 1971,
Vol. II, Part 1,p. 266.)

Judge Ago continues :

'. .private persons may be secretly appointed to carry out parti-
cular missionsor tasks to which the organs of the State prefer not to
assign regular State officials ; people may be sent as so-called
"v01untee:rs"to help an insurrectional movement in a neighbouring
country -- and many more examples could be given'. (Ibid.,
p. 263.)

229. Brownliesupports this view.In InternationalLaw and the Use

ofForce byStates, he notes that although 'theterms "use of force" and
"resort to force" are frequently employed by writers these terms have
not been the subject of detailed consideration'. His own analysis,
based on a survey of the literature, follows :

'Therecanbelittledoubtthat "useofforce" iscommonlyunderstood
to irnply a military attack, an "armed artack': by the organized
military,naval,orairforces ofastate ;but theconceptinpractice and
principlehasa widersignificance. ...governmentsmay act bymeans
ofcompletely"unofficial"agents,includingarmedbands,and "volun-
teers", or may give aid to groups of insurgents on the territory of
another State.' (International Law and the Useof Forceby States,
1963,p. 361.)

Brownlie notes that although sporadic operations by armed groups
might not simount to armed attack

'it is coriceivablethat a CO-ordinatedand general campaign by
powerful bands or irregulars,with obviousor easilyproven compli-
city of a ,governmentof a statefrom whichthey operate would con- 155. S'agissant du raisonnementjuridique tenu par la Cour à cet effet,
on peut observer que celle-ciaadoptéune position et quej'en aiadoptéune
autre, mais que la mienne correspond pour l'essentiel à cellesa) du Nica-
ragua, b) des Etats-Unis, c) d'El Salvador, et d) qu'elle est corroboréepar
quarante ans de développement progressif du droit et d'interprétation
autoriséedes principes pertinents de la Charte des Nations Unies. A mon
avis, l'arrêtde la Cour sur la délicatequestion de savoir si l'aide à des
troupes irrégulièrespeut équivaloir à une agression armées'écartedu droit
accepté - et souhaitable. Loin de contribuer,commel'ont fait tant d'arrêts

de la Cour, au développement progressif du droit, l'arrêtde la Cour
marque sur ce point une régressiondu droit en ce qu'il refuse de tenir
comDte des réalitésde l'em~loi de la force dans les relations internatio-
nale; ; le monde subit malhéureusementcet étatde fait depuis desannées
et il ne semble pas prèsde s'enaffranchir - que la Cour le reconnaisse ou
non.Je suisau regret de dire qu'à mon avis l'arrêd te la Cour sur cetteques-
tion d'une importance fondamentale risque de nuire autant à la sécurité
des Etats qu'à l'évolutiondu droit.
156. Dans son mémoire surle fond, le Nicaragua a exposéles règlesde
droit acceptéesenlamatièreet lesa appliquées àce qu'ilconsidèrecomme

lesfaitsconstitutifs de l'appui des Etats-Unis aux contras.Mais, puisque le
Nicaragua, de concert avec Cuba, ajouéun si grand rôle dans l'organisa-
tion, l'entraînement, l'armement, l'équipement ainsiquedans lecomman-
dement et lecontrôledes forcesd'insurrection au Salvador, son analyse est
tout aussi pertinente quand il s'agitde décidersi ses actions équivalent à
une agression arméecontre El Salvador.
157. Le Nicaragua a conclu que l'utilisation, par un Etat...d'irrégu-
lierschargésdecommettre desactes de violencearméecontreun autre Etat
viole l'interdiction de l'emploi de la force qui est inscrite à l'article 2,
paragraphe 4...)) Selon lui << les écrits de la doctrine, la pratique des

Nations Unieset lespositions prises par lesEtats-Unis eux-mêmesdémon-
trent tous ))qu'il en est ainsi, et<(cela est confirméen outre par lajuris-
prudence de la Cour ))(mémoire du Nicaragua, par. 227). Les règlesde
droitque leNicaragua invoque à l'appui de cette conclusion sont énoncées
dans son mémoire, dans des termes qui méritent d'êtreabondamment
cités :

228. C'est un principe élémentaire dudroit international que la
direction et le contrôle de bandes arméespar un Etat soient impu-
tables audit Etat et que celui-ci en soit responsable. Nombreux sont
les textes qui pourraient êtrecités à l'appui de cette idée ;quelques-
uns seulement, parmi les plus importants, seront mentionnés ici. Le
principe en question a étécodifié sousforme de projet par la Com-
mission du droit international. L'article 8 du projet d'articles sur la
responsabilité desEtats se lit comme suit :

<(Est aussi considérécomme un fait de 1'Etat d'après le droit
international le comportement d'une personne ou d'un groupe de
personnes si a) il est établi que cette personne ou ce groupe de personnes agissaitenfait pour lecompte decet Etat ;...)(Annuaire

de la Commission du droit international, 1974, vol. II, première
partie, p. 288.)

L'ancien rappa~rteur spécialde la Commission, M. Roberto Ago,
écrivait à ce sujet dans son troisièmerapport sur la responsabilitédes
Etats :

<(L'attribution à l'Etat, sujet de droit international, du compor-
tement de personnes agissant en fait pour son compte ou sur son

instigation est unanimement soutenue par les auteurs de droit
international qui ont traité la question. (Ibid., 1971, vol. II,
première partie, p. 281.)

Et M. Ago ajoutait :

<(des particuliers sont secrètement préposés à l'accomplissement
de missions ou de besognes déterminéesdont les organes de
1'Etatestiment préférablede ne pas charger directement de vrais
agents de 1'E.tat ; des personnes sont envoyées,en tant que pré-

tendus <(volontaires ))aider un mouvement insurrectionnel dans
un pays voisin - et les exemples pourraient se multiplier o.(Ibid.,
p. 278.)

229. Brownlie est du même avis.Dans son ouvrage, International
Lawand the UseofForcebyStates, ilfaitremarquer que, bien que ((les
expressions <(emploi de la force et <(recours à la force soient
fréquemment employéespar les auteurs, elles n'ont pas fait l'objet

d'uneétudedétaillée D.Aprèsquoi ilpropose sapropre analyse,faite à
partir de la doctrine :

((Certes1'e.xpression «emploidelaforce »estcommunément inter-
prétée comm~edésignant uneattaque militaire, une ((agression
armée»par lesforces terrestres,navalesouaériennes organiséesd'un
Etat ;mais cette notiona enpratique et enprincipe une signification
plus large ...les gouvernements peuvent agirpar l'intermédiaire

d'agents complètement«non officiels ))tels que des bandes armées,
oupar I'interfiaédiairdee((volontaires»,ou encoreilspeuvent fournir
une aide à des groupesd'insurgés opéran str le territoired'unautre
Etat. » (International Law and the Use of Force by States, 1963,
p. 36 1.)

Et Brownlie ajoute que, si les opérations sporadiques de groupes
armés n'équivalent pas toujours à une agression armée,en revanche

(onpeut concevoirqu'une campagneorganiséeetgénéra mle,néepar
depuissantes bandesarméesoupardepuissantsgroupesd'irréguliers,
avec la complicité évidento eufacile à prouver du gouvernement de stitute an "armed attack" : (International Law and the Use of Force
by States, 1963,pp. 278-279.)

231.Rosalyn Higgins also takes the position that useof irregulars to
carry out armed attacks against another state is, 'from a functional
point of view,'a use of force. Higgins,'The Legal Limits to the Use of

Force by Sovereign States, United Nations Practice,' 37 British Year
Book of International Law 269 (1961), page 278. She develops the
historical background for the growing emphasis on indirect uses of
force in U.N. practice. At San Francisco,shepoints out, the focus was
on conventional methods of armed attack, but 'the unhappy events of
the last fifteen years' necessitated a substantial reevaluation of the
concept of the useof force. (Ibid.,pp. 288-289.)Thus, the 'law-making
activities' of the General Assembly and the International Law Com-
mission defining and outlawing indirect aggression did not take place
'invacuo', but arose from a combination of the continuing efforts to
define aggression, the Nuremburg principles, and the Stream of inci-
dents confronting the Security Council and the General Assembly.
(Ibid.,p. 290.)

232. Rifaat also describes this evolvingrecognition of the dangers
of indirect uses of force. Since 1945, he writes, states have with
growingfrequency used armed bandsandother covert usesof forcein
an attempt to circumvent the prohibitions of Article 2 (4).

'States, while overtly accepting the obligation not to use force in
their mutual relations, began to seekother methods of covert pres-
sure in order to pursue their national policies without direct armed
confrontation.

The incompatibility of the classical external armed aggression
with the present rules regulating international relations, led to the
development of other methods of covert or indirect aggression.'
(International Aggression, 1979,p. 217.)

These other methods include 'subversion, fomenting of civil strife,
aidingarmed bands or the sending of irregulars to assist rebel groups
in the target state' . . .
233. Thus, there is now a substantially unanimous modern view con-
cerning indirect use offorce through armed groups of mercenaries or
irregulars. Whatever legal doubts may have existed prior to World
War II were dispelled by the events of the post-war period. If the
prohibition onthe useofforce inArticle 2 (4) was tohaveany meaning, it I'Etata partirrduquel ils opèrent,constitue une « agression armée ))
(International Law and the Use of Force by States, 1963, p. 278-
279).

231.Rosalyn Higginsconsidèreelleaussi que l'emploi d'irréguliers
pour commettre des agressions arméescontre un autreEtat constitue,
<(d'un point de vue pratique ))un emploi de la force (« The Legal

Limits to the IJse of Force by Sovereign States, United Nations
Practice O, British Year Book of International Law, vol. 37, première
partie, 1961,p. 278).Cet auteur décritlescirconstancesqui ontdonné
une importanct: accrue aux emplois indirects de la force dans la
pratique des Nations Unies. A San Francisco, fait-elle remarquer,
l'accent étaitmis essentiellement sur les méthodes conventionnelles
d'agressionarmée ; mais <(lesévénements malheureux desquinzeder-

nièresannées ))ont obligé à reviser en grande partie la notion d'em-
ploi de la force(ibid.p. 288-289).Les <(activités normatives menées
par l'Assembléegénéraleet la Commission du droit international
pour définirl'agressionindirecteetpour lamettre hors laloine sesont
donc pas produites in vacuo, mais résultent de tout un ensemble
constituépar le:;efforts continuspour définirl'agression,par lesprin-
cipes de Nuremberg et par la suited'incidents auxquels ont eu à faire

face le Conseil de sécurité etl'Assembléegénérale (ibid.,p. 290).
232. Rifaat d,écritégalement lafaçon dont les dangers de l'emploi
indirect de la force ont peuà peu pris valeur d'évidence.Depuis 1945,
écritcetauteur, lesEtats ont plus souvent recours à desbandes armées
ou à d'autres ennploisclandestins de la force, pour tenter d'échapper
aux interdictions énoncées à l'article 2, paragraphe 4 :

Les Etats, tout en acceptant apparemment l'obligation de ne
pas employer laforcedans leursrelations mutuelles,commencèrent
à rechercher d'autres méthodesde pression clandestine afin de
poursuivre leurs politiques nationales sans confrontation armée
directe.
L'incompatibilitéde l'agressionarméeexterne,de typeclassique,
avec les règlesactuelles des relations internationales, a conduit à

l'apparition d'autres méthodes d'agression clandestine ou indi-
recte.))(International Aggression, 1979,p. 217.)

Parmi ces méth,odesfigurent <(la subversion, le fait de fomenter des
luttes civiles, l'aide aux bandes arméesou l'envoi d'irrégulierspour
appuyer les groupes rebelles dans les pays visés ))...
233.Il existe donca notre époqueunedoctrinepratiquement unanime
au sujet de l'em,vloiindirect de la force par l'intermédiairede groupes

armésde mercenairesoud'irréguliers. Lesdoutes quipouvaient exister
à cesujetdans lesmilieuxjuridiques avant lasecondeguerremondiale
ont été dissipés par les événementd se la période quia suiviceconflit.would haveto cover this newanddangerousmodeofmilitary activityby
armedmercenariesandirregulars. As Novogrod writes, 'to argue that

direct and indirect aggression could not equally be violations of arti-
cle 2 (4) of the Charter would be to make a fetish of literalism'.
(IndirectAggression,p. 227.)

2. The Positionof the UnitedStates
234. The United States has consistently been among the most
forceful advocates of this viewthat the useof armedgroups by a State

to carry out military activities against anotherStateamounts to a use
of force. Again, it is sufficient to selectonly a fewof the most salient
among a multitude of authorities.
235.Asearly as 1947,U.S. RepresentativeAustin, in astatement to
the SecurityCouncil,condemned thesupport provided to guerrillasin
Greece :
'1 do not think that we should interpret narrowly the "Great
Charter" of the United Nations. In modern times, there are many
ways in whichforce can be used by one State against the territorial

integrity of another. Invasion by organized armies is not the only
means for delivering an attack against a country's independence.
Force is effectively used today through devious methods of infil-
tration, intimidation and subterfuge.

But this does not deceive anyone. No intelligent person in pos-
session of the facts can fail to recognize here the use of force.
however devious the subterfuge may be. Wemust recognize what
intelligent and informed citizens already know. Yugoslavia, Bul-
garia and Albania, in supporting guerrillas in northern Greece,
have been using force against the territorial integrity and political
independence of Greece. They have in fact been committingacts of
the very kind which the United Nations was designed to prevent,
and have violated the most important of the basic principles upon
which our Organization was founded.' (2 U.N. SCOR (147th and
148th mtg.), pp. 1120-1121(1947).)

236. In a study prepared for the LegalAdviser's Officeof the U.S.
State Department in 1965,Richard Baxter concluded :

'Although thesending of volunteers might be regarded as aform
of "indirect aggression," the conduct of the responsible state may
be so blatant that "indirect aggression" would be a misnomer.
There is a spectrum of conduct from the departure of individual
volunteers from the territory of a neutral State, whch is not aPour quei'inter~fictiodnelémploidelaforcequi est énoncé el'article2,
paragraphe 4,c!itun sens, ilfaut qu'elles'applique aussi à cet aspect
nouveau et dangereuxde l'activitémilitairemenéepar des mercenaires
ou des irréguliersarmés. Comme l'écritNovogrod, <(soutenir que
l'agression directe et l'agression indirecte ne peuvent pas être à titre
égaldes violations de l'article 2, paragraphe 4, de la Charte serait
pousser le respect de la lettrejusqu'au fétichisme (IndirectAggres-
sion, p. 227).

2. L'attitude des Etats-Unis

234. Les Etats-Unis ont toujours été parmiles plus ardents défen-
seurs de l'idéeq,uel'emploi d'ungroupe armépar un Etat pour mener
des activités militairescontre un autreEtat équivaut àun emploi de la
force. Là encore, il suffira de citer quelques-uns seulement des prin-
cipaux auteurs, parmi tous ceux qui se sont exprimésdans ce sens.
235.Dès194'7M , .Austin,représentantdes Etats-Unis, condamnait

devant le Conseil de sécuritéle soutien fourni à la guérilla en
Grèce :
A mon avis, nous ne devons pas donner un sens étroit aux
dispositions (dela (<Grande Charte ))des Nations Unies. A notre

époque,il y a, pour un Etat désireux d'employer la forcecontre
l'intégritéterritoriale d'un autre Etat, maintes manières de procé-
der. L'invasion par des armées organiséesne constitue pas le seul
moyen de porter atteinte à l'indépendance d'un paysD . e nosjours,
on peut employer la force efficacement en recourant aux moyens
détournés del'infiltration, de l'intimidation et du subterfuge.
Mais personne ne s'y trompe. Aucun homme intelligent, con-
naissant les faits, ne peut manquer de reconnaître qu'ily a, dans le
cas qui nous occupe, recours à la force, si habile que soit le sub-
terfuge. Nou:sdevons reconnaître ce que les citoyensintelligentset
avertissavent déjà.En soutenant la guérilladans le nord de la
Grèce,la Yougoslavie,la Bulgarieet l'Albanieont employéla force

contre l'inté,gritéterritoriale et l'indépendance politique de la
Grèce.En fait, ellesont commis lesactes mêmesquel'organisation
desNations IJnies a été chargée d'empêchere,t ellesont enfreint le
plus important des principes fondamentaux qui sont à la base de
notre Organisation. r(Conseilde sécuritéd ,euxièmeannéep , rocès-
verbaux officiels,1947, 147eet 148eséance;p. 1120-1121 .)

236.En 1965 dans une étuderédigée pour leconseillerjuridique du
département d'Etat, Richard Baxter concluait :
((Sil'onpeut voir dans l'envoide volontairesune forme d'agres-
sion indirecte, il arrive aussi que l'action de 1'Etatresponsable soit

évidenteau point que l'agression n'aitplus d'indirect que lenom. Il
existe en effet toute une gamme de comportements possibles,
depuis les démpartdse volontaires individuels sur le territoire d'un violation of the State's duty of neutrality, to outright State parti-
cipation under the fiction of volunteers. A definition of "use of
force" would have to specifywhen State responsibility is engaged.'
(Study of the Principles of International Law ConcerningFriendly
Relations and Co-operationamong States in Accordance withthe
Charter of the United Nations, 1965,pp. 1-12.)

237.Again in 1969,the sameviewwasexpressed by John Lawrence
Hargrove, U.S. Representative to the Special Committee on the
Question of Defining Aggression :
'The Charter speaks in Article 2, paragraph 4, of the "use of
force" in international relations ; it does not differentiate among
the various kinds of illegal force, ascribing degrees of illegality
according to the nature of the techniques of force employed.

Articles 1and 39 of the Charter speak of "aggression" ; similarly,
they altogether fail to differentiate among kinds of aggression on
the basis of methods of violence which a particular aggressor may
favor. There is simply no provision in the Charter, from start to
finish, which suggests that a State can in any way escape or ame-
liorate the Charter's condemnation of illegal acts of force against
another State by ajudicious selection of means to its illegal ends.'
(Statement by John Lawrence Hargrove, United States Rep-
resentative to the Special Committee on the Question of Defi-
ning Aggression, 25 March 1969, Press Release USUN-32 (69),
P 5.)

238.The same viewwas espoused in 1973by Judge Schwebel,who
wasthe United StatesRepresentativeto the SpecialCommittee on the
Question of Defining Aggression. Writing a year before the Defini-
tion was adopted, he argued 'that the Charter of the United Nations
makes no distinction between direct and indirect uses of force' and
that the 'most pervasive forms of modern aggression tend to be
indirect ones'.('Aggression,Intervention and Self-Defencein Modern
International Law', 136Collected Courses,Academy of International
Law, The Hague (1972-II), p. 458.)

3. United Nations Practice

239. The consistent practice of the United Nations confirms the
proposition that substantial involvement inthe activities of armed in-
surgent groups is a violationof the prohibition onthe use of force in
Article 2 (4).
240. The United Nations concerned itself almost from the begin-
ning with the definition and elaboration of the concept of 'theuse of
force' contained in the Charter. A series of resolutions and other
actions defining orcondemningthe useofforceand aggressionshowa Etat neutre, ce qui n'est pas une violation de l'obligation de neu-
tralitéde I'Etat,jusqu'à l'engagementpur et simplede 1'Etatsous le
voilede la notion de <(volontaires o. Il faudraitque la définitionde
l'emploide leiforce préciselescas où la responsabilitéde 1'Etatest
engagée. )(Study of the Principles of InternationaL l aw Concerning
FriendiyRela.tionsand Co-operationamong StatesinAccordance with
the Charter of the UnitedNations, 1965,p. 1-12.)

237. En 1969,la même positionétaitadoptée par John Lawrence
Hargrove, reprksentant des Etats-Unis au comitéspécialdesNations
Unies sur la question de la définitionde l'agression :

<La Charte parle, à I'article 2, paragraphe 4, de l'emploi de la
force dans les relations internationales ;elle ne fait pas de diffé-
rence entre lesdivers typesde forceillégale,endéfinissantleplus ou
moins d'illégalité d'aprèlessdiversesformes de forceemployée.Les
articles 1et 39de la Charte parlent d'<<agression ));euxnonplus ne

font aucune différenceentre les types d'agression en fonction des
formes de violence qui peuvent avoir la préférencede tel ou tel
agresseur. Ilri'ya tout simplement dans la Charte, du débutala fin,
aucune disposition qui indique que les Etats puissent de quelque
façon que ce soit tourner la condamnation que fait la Charte des
actes de force illégaux dirigéscontre un autre Etat en choisissant
avec prudence des moyens adaptés à des fins illégitimes. (Décla-
ration deJohinLawrence Hargrove, représentant desEtats-Unisau

comité spécial sur la question de la définition de l'agression,
25 mars 1969,communiquéde presse USUN-32 (69), p. 5.)
238. La même positionfut adoptéeen 1973par M. Schwebel,alors

représentantde!;Etats-Unis auprèsdececomité. Ecrivant unan avant
l'adoption de la définition,M. Schwebelaffirmait que <(la Charte des
Nations Unies ne fait pas de distinction entre les emplois de la force
directsetindirects ))et que <(lesformes d'agressionmodernes lesplus
fréquentes tendent à être desformes d'agression indirectes. )>(OAg-
gression, Intervention and Self-Defence in Modern International
Law ))Recueildes cours,Académiede droit international, La Haye,
t. 136(1972-II), p. 458.)

3. La pratique des Nations Unies
239. La pratiqueconstantedesNations Uniesconfirme l'idée que tout

engagementsubstantiel dans les activitésde groupes insurgés armés
constitueuneviolationde l'interdictionde l'emploide laforce énoncée à
l'article2,paragraphe 4, de la Charte.
240. Presque (lèsleurcréation,lesNations Unies sesont appliquées
a définiret à préciser lanotion d'emploi de la force inscrite dans la
Charte, et il existe toute une sériede résolutions etautres textes qui,
définissant ou c.ondamnant l'emploide la force et l'agression,tradui-gradua1 evolution from the general characterization of support for
insurgent groups as unlawful to specific condemnations invoking
Article 2(4). TheDraft Declaration onthe Rights andDutiesof States,
adopted by the International Law Commission in 1949,imposed a
duty :

'torefrainfromfomenting civilstrife in the territoryof anotherstate,
and toprevent the organization within its territoryof activitiescalcu-
laredtofoment such civil strife'.(Article 4, Report of the Interna-
tional Law Commission, U.N. GAOR Supp. (No. IO),p. 10, U.N.
Doc. A/925 (1949).)

Similarly, the Commission's Draft Code of Offences against the
Peace and Security of Mankind included among the enumerated
offenses :
'(4) The incursion into the territory of a State from the territory

of another State by armed bands for a political purpose.

(5) Theundertakingorencouragement bytheauthoritiesofa State
of activities calculatedtofoment civilstrife in another State, or the
toleration by the authorities of a State of organised activities cal-
culated to foment civil strife in another State.' (International Law
Commission, Report, 9 U.N.GAOR,Supp.(No.9),p. 11,U.N. Doc.
A/2693 (1954).)

241.The General Assembly, too, has repeatedly condemned the use
of force by acting through insurgent groups. In its 1950 Peace
Through Deeds Resolution, the Assembly denounced "the interven-
tion of a state in the interna1affairs of anotherstate for the purpose of
changing its legally established government by a threat or use of
force.' (Resolution 380 (V).)

'Whatever the weapon used, any aggression, whethercommirted
openly,orbyfomenting civilstrifeintheinterestofa ForeignPower,or
otherwise, is the gravest of al1crimes against peace and security
throughoutthe world. '

See also Essentials of Peace Resolution, C.A. Resolution 290 (IV) ;
1965 Declaration on the Inadmissibility of Intervention in the

Domestic Affairs of States and the Protection of their Independence
and Sovereignty, G.A. Resolution 2131 (XX).

242.The Assembly's positionon the useof armed insurgent groups
is further refined in the 1970Declaration on Friendly Relations and
Cooperation between States, G.A. Resolution 2625 (XXV), adopted
without vote on 24 October 1970. . . .sent une évolution progressive,allant de l'illégitimité proclaméd ees
actes de soutien aux groupes insurgésjusqu'à des condamnations
formellesprononcéesenvertu de l'article2,paragraphe 4. Leprojet de
déclarationsur /es droits et devoirs desEtats, adoptéen 1949par la

Commission du droit international, imposait aux Etats, entre autres
devoirs,celui :
«de s'abstenirdefomenter laguerre civilesurle territoire d'unautre
Etat, etd'empêcheq rue des activitésne s'organisent surson propre
territoireafin de lafomenter»(article 4, Rapport de la Commission
du droit international,documents officiels del'Assembléegénérale,

quatrièmesenion, supplémentno10, p. 9, doc. A/925, 1949).
De même, le projetde code des crimes contre la paix et la sécurité de
l'humanité, luiaiussirédigé par la Commission du droit international,
comptait parmi les crimes énumérés :

((4) L'incursion sur le territoire d'un Etat, en provenance du
territoire d'u:nautre Etat, de bandes armées agissant à des fins
politiques;
5) Lefait, pour les autorités d'uEtat, d'entreprendre ou d'encou-
ragerdesactivitésvisant à fomenter laguerreciviledansunautreEtat,
ou le fait, pour les autorités d'un Etat, de tolérer des activités
organisées visant àfomenter la guerre civile dans un autre Etat. ))
(RapportdelaCommissiondudroit international, documentsofficiels

del'Assemblée générale, neuvième session,supplémn eot9,p. 10-12,
doc. A/2693, 1954.)
241. L'Asserribléegénérale, elle aussi,a condamné à maintes re-
prises l'emploi de la force par l'intermédiairede groupes insurgés.
Dans sa résolutionde 1950sur la paix par les actes, elle a dénoncé
«l'intervention d'un Etat dans les affaires intérieures d'un autre
d'enchanger,en recourant à la menace ou àl'emploide
Etat aux fins
la force,legouv~:mementlégalementconstitué o.(Résolution380(V).)
((Quelles quesoientles armesutiliséest,oute agression, qu'ellesoit
perpétrée ouvertement,qu'elleprenne la forme d'une incitation à la
guerre civiledans l'intérêdttne puissance étrangèreo,u qu'elle sepro-
duisede toutetzutremanière,estleplusgravedetouslescrimescontrela

paix et lasécurité du monde tout entier.»
(Voir aussi la résolution 290 (IV) de l'Assembléegénéralesur les
éléments essentiels de la paix et sadéclaration de 1965sur l'inadmis-
sibilitéde 1'inti:rvention dans les affaires intérieures des Etats et
la protection de leur indépendance et de leur souveraineté,résolu-
tion 2131 (XX).)

242. La position de l'Assemblée à l'égardde l'emploi de groupes
insurgésarmésa encore étéprécisée dans sa déclarationde 1970sur
lesrelationsamicales etlacoopérationentre lesEtats, inscrite dans sa
résolution2625 (XXV), adoptée sans vote le 24 octobre 1970.... 243. Thefirstprinciple enunciatedintheDeclarationistheprohibition
againstthe useofforce, castin the languageofArticle 2 (4). Subsumed
underthisprinciple aretheveryforms ofinvolvement withtheactivitiesof
armed bands that appearin this case :

'EveryState hastheduty torefrainfrom organizingorencouraging
the organizationof irregularforces orarmed bands, including mer-
cenaries, for incursioninto the territoryof another State.

Every State has the duty torefrain from organizing,instigating,

assisting or participating in acts of civil strife or terrorist acts in
another State or acquiescing in organized activities within its ter-
ritory directed towards the commission of such acts, whenthe acts
referred to in the present paragraph involve a threat or use of
force.'
244.According to Judge Lachs, 'indirect means of attacking States
were barred' by this Declaration. 'The Development and General
Trends of International Lawin Our Time', 169Collected Courses,The
Hague (1980-IV), page 166.Similarly, former President Jiménezde
Aréchagaasserts that the 1970Declaration constitutes an 'important

interstitial development of some of the implications of Article 2 (4).'
He finds the origins of the 1970Declaration in the increasing use of
methods of indirect aggressionsince 1945,in the senseof 'thesending
of irregular forces or armed bands or the support or encouragement
given bya government to acts of civilstrife in another State'. Recog-
nizing that 'theseacts may involvethe useof force',he argues that the
purpose of the Declaration was simply to prevent Statesfrom doing
'indirectly what they are precluded by the Charter from doing
directly'. (159 Collected Courses,The Hague (1979-1),p. 93.)

245. The UnitedNationsdevelopmentculminatedwiththeadoption in
1974of Resolution 331 4 (XXIX), a Definition of Aggressionendorsed
by the Sixth(Legal)Committee, and adoptedby the GeneralAssembly
by consensuson December 14, 1974.
246. Article 1oftheDefinitiondefinesaggressionas 'theuseofarmed
force by a State against thesovereignty, territorial integritorpolitical
independenceof another State'. Thus the Definition of Aggression is
again directly andexplicitly related to the use offorce prohibited by
Article 2 (4) of the Charter.Article 3 specifies certain acts that shall
'qualifyas aggression',i.e.,that constitute the use of force in violation

of Article 2 (4).Among these,and ofspecific application inthepresent
context, Article 3 (g) includes:

'Thesending by or on behalf of a State of armed bands, groups,
irregularsormercenaries, which curryout actsofarmedforce against 243. Lepremier principeaffirmé danscette déclaration est I'interdic-
fionde I'emploide laforce, pourlaquellel'Assembléereprend les termes
de I'article2, pm-agraphe 4,de la Charte. Ce principe s'appliqueaux
diversesformes departicipationaux activitésde bandes armées qus iont
prévuesdans la déclaration :

t(ChaqueEtat a ledevoirdes'abstenir d'organiser ou d'encourager
I'organisatiordieforces irrégulièresoudebandes arméenso ,tamment
de bandes de mercenaires, en vue d'incursions sur le territoire d'un
autre Etat.
Chaque Eiat a le devoirde s'abstenird'organiseret d'encourager
desactesdeg,uerrecivileoudesactesdeterrorismesur leterritoired'un
autreEtat, d'yaider ou d'yparticiper, ou de tolérersur sonterritoire

des activités organisées en vue de perpétrerde tels actes, lorsqueles
actes mentioinnésdans leprésent paragrapheimpliquent unemenace
ou I'emploi d'elaforce. ))
244. D'aprèsM. Lachs, tles moyens indirects d'attaquer les Etats

sont interdits par cette déclaration (t(The Development and Gene-
ral Trends of Iinternational Law in Our Time ))Recueil des cours,La
Haye, t. 169(1980-IV),p. 166).De même,pour M.Jiménezde Aré-
chaga, ancien I'résidentde la Cour, la déclarationde 1970représente
<une étapeimportante dans ledéroulementde certainesimplications
de l'article2, paragraphe 4 u. Cet auteur voit les origines de la décla-
ration dans un recours accru aux méthodes d'agression indirecte
depuis 1945,sous forme t(d'envoide forces irrégulièresou de bandes
armées,ou de soutien ou d'encouragement donné par un gouverne-

ment à des actt:sde guerre civiledans un autre Etat )>Reconnaissant
que t(cesactesimpliquentparfois l'emploide la force O,ilaffirme que
lebut de ladéclaration étaitsimplement d'empêcher leE s tatsde faire
<indirectement ce que la Charte les empêchede faire directement
(Recueil des cours,La Haye, t. 159(1979-1),p. 93).
245. L'évolul!iodne la questionau sein desNations Unies a culminé
avecl'adoption,en 1974, de larésolution 3314 (XXIX), comportant une
définition de I'agression approuvée par la Sixième Commission, et

adoptée à l'Assemblée généra pler consensusle 14décembre 1974.
246. L'articlepremier deladéfinition décrI it'agressionpar((I'emploi
de laforce arméepar unEtat contrelasouveraineté, l'intégritté errito-
rialeouI'indépcndancp eolitique d'un autreEtat ».Ainsi ladéfinition de
I'agressionrenvoieelle aussi, de manière directeet explicite, à I'inter-
dictionde l'emploide laforce quiest énoncé e l'article2,paragraphe 4,
de la Charte. L'article3 de la définitionprécisecertains actes qui
réunissent les conditiond se I'agression,c'est-à-dire qui constituent un
emploi de la force en violation de l'article 2, paragraphe 4, de la

Charte. On no.teraaux fins de laprésenteaffaire que,parmi ces actes,
figurent à I'article3, alinéag) :
«L'envoipar unEtat ouensonnomde bandesoudegroupesarmés,
deforces irrigulièresou de mercenaires quise livrent à des actesde anotherState ofsuchgravityastoamounttotheactslistedabove,orits
substantial involvement therein.'

247. The Soviet Union proposed including subparagraph 3 (g)
under the separate label of 'indirect aggression'.Draft proposa1sub-
mitted by the U.S.S.R., U.N. General Assembly SpecialCommittee
on Question of Defining Aggression, U.N. Doc. A/AC. 134/L.12.In
the final Definition, however, subparagraph 3(g)was included with-
out differentiating it from other, more overt forms of aggression. The
Special Committeeacceptedthepropositionthat the U.N. Charterpro-
videsnobasisfor distinguishing between astate usingforceby acting on
itsownandastate usingforce byacting througharmedinsurgentgroups.
See Report of the Sixth Committee, U.N. Doc. A/8929, page 5
(1974) ; seealsoStone, Conflictthrough Consensus,1977,page 89.The
Definition condemnsthesendingofarmedbandsasa useofforce onthe
sameplane as direct invasion, bombardment, blockadea , nd other tra-
ditionalnotionsofarmed aggression.(Seeibid.,p. 75 ;seealsoFerencz,
'A Proposed Definition of Aggression', 22 International and Com-
parativeLawQuarterly(1973).at p.421 ;1981Declarationon theInad-
missibility of Intervention in the Interna1Affairs of States, 36 U.N.
GAOR 78, U.N. Doc. A/Res./36/103 (1981))." (Emphasis sup-
plied.)

158. On this, as Nicaragua's Memorialpoints out, Nicaragua and the
United States are in agreement. As the United States has officially
observed in connection with the current dispute :

"A striking feature of the public debate on the conflict in Central
America isthe degree to which al1parties concerned accept the prin-
ciple that a nation providing material, logisticssupport, training and
facilities to insurgent forces fighting against the governmentof an-
other state is engaged in a use of forcelegallyindistinguishablefrom
conventional military operations by regular armed forces . . .The
criticalelementof thedebate, therefore,isnot theidentification of the
applicable legal standard, but the determination of the facts to be
measured against that undisputed legal standard." ("Revolution
Beyond Our Borders",loc. cit., p. 1 .)

159. For its part, El Salvador, in its Declaration of Intervention, main-
tains that :
"Nicaragua has been converted into a base from which the terrorists
seek the overthrow of the popularly elected Government of our
nation. They aredirected,armed,supplied, and trained by Nicaragua
to destroy the economy,create socialdestabilization, and to keep the force arméecontreun autre Etat d'unegravité telle qu'ils équivalent

aux actes énumérés ci-dessu osu, lefait de s'engager d'unemanière
substantielledans une telle action. ))
247. L'Union soviétiqueavait proposéde placer cet alinéasous un
titre particulier: <<Agression indirecte ))(projet de proposition sou-
mis par l'Union soviétique,comitéspécialde l'Assemblée générale
pour laquestion de ladéfinitionde l'agression,document des Nations

Unies A/AC.134/L.12). Cependant, dans le texte définitif,cet alinéa
n'est pas différenciédes autres formes d'agression, plus avouées,le
comité spéciaalyant admis l'idéeque la Charte des Nations Uniesne
permetpas de di,stinguerentreunEtat employantlui-même laforce et un
Etat employantlaforce par l'intermédiaire de groupesinsurgésarmés
(voir RapportdelaSixième Commission,document des Nations Unies
A/8929, p. 6, 1974 ; voir aussiStone, ConflictthroughConsensus,1977,
p. 89). La définition condamne l'envodie bandes arméescomme cons-
tituantun emploi delaforce au mêmetitre que l'invasiondirecte,le bom-

bardement,le blocusou les autresformes classiques d'agressioa nrmée
(voir ibid., p. 75 ; voir aussi Ferencz, <(A Proposed ~ehnition of
Aggression i)I.uternationa1and Comparative Law Quarterly,vol. 22,
1973,p. 421 ; voir également ladéclarationde 1981sur I'inadmissi-
bilitéde l'intervention et de l'ingérencedans les affaires intérieures
des Etats, Documents officiels del'Assembléegénéralet,rente-sixième
session, document des Nations Unies A/Res.36/103 (1981)). ))(Les
italiques sont dlemoi.)

158. Sur cette question, ainsi que le souligne le mémoiredu Nicaragua,
les Etats-Unis et le Nicaragua sont d'accord. Comme les Etats-Unis l'ont
officiellement fait observer dans le cadre du présent litige :

<(Un des élémentsdistinctifs du débat public sur le conflit qui
frappe l'Amériquecentrale est que toutes les parties intéressées
admettent le p.rincipe selon lequel un pays qui fournit des équipe-
ments, un appui logistique, des moyens d'entraînement et d'autres
moyens matérielsaux forces insurgées enlutte contre le gouverne-
ment d'un autre pays se livre à un emploi de la force qui estjuridi-
quement impossible à distinguer des opérations militaires de type
conventionnel imenéespar des forces arméesrégulière ...Ainsi, I'es-
sentie1 du débat n'est pas de savoir quelle est la norme juridique

applicable, mais quels sont les faits à apprécier à la lumièrede cette
norme juridique incontestée. i)(((Revolution Beyond Our Borders»,
P 1.)
159. Pour sa part, El Salvador affirme dans sa déclaration d'interven-
tion que :

<(leNicaragua (estdevenu une base à partir de laquelle des terroristes
s'efforcent de renverser le gouvernement élupar la population de
notre nation. Ces terroristes sont dirigés,armés, approvisionnés et
entraînéspar leNicaragua dans lebut d'arrêter lavieéconomique,de340 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO . PSCHWEBEL)

people terrorized and under armed attack by subversivesdirected and
headquartered inNicaragua. ..The realityisthat weare thevictimsof
aggression and armed attack from Nicaragua and have been since at
least 1980."(At p. 4.)

160. In today'sJudgment, theCourt acknowledgesthat the viewsof the
parties to a case as to the lawapplicable to their dispute are very material,
particularly when their viewsareconcordant. TheCourt alsodoesnot deny
that the Parties to this case agree on the definition of the acts which may
constitute an armed attack. Nevertheless, on the critical question of
whether a State's assistanceto foreign armed irregulars who seek to over-
throw the government of another State may be tantamount to an armed
attack by the former State upon the latter, the Court arrivesat aconclusion
which is discordant with the agreed views of both Parties.

161. The Court's conclusion is inconsonant with generally accepted

doctrine, law and practice as well.The Court's conclusion is inconsistent
with the viewsof Professor Brownliewhich Nicaragua's Memorial quotes
that a "use of force" may comprise not merely an organized armed attack
by a State's regularforces but the givingof "aid to groups of insurgents on
the territory of another State". It is inconsistent with hisconclusion that a
general campaign by irregulars with the complicity of the government of
the State from which they operate may constitute an "armed attack". It is
inconsistent with what Nicaragua's Memorial describesas "a substantially
unanimous modern view concerning indirect use of force . . .".It is
inconsistent with the position which the United States has maintained
since 1947that one State'ssupport of guerrillas operating against another
is tantamount to an armed attack against the latter's territorial integrity
and political independence. It is inconsistent with what Nicaragua rightly
observes is a consistent practice of the United Nations holding that "sub-
stantial involvement" in the activities of armed insurgent groups is a
violation of "the prohibition on the use of force in Article 2 (4)". It is
inconsistent with repeated declarations of the United Nations expressive
of the international legal duty of States to refrain from fomenting civil
strife - a form of aggression which the General Assembly has denomi-
nated asamong "the gravest ofal1crimesagainst peaceand security ...".It
is inconsistent with the terms of the "Friendly Relations" Declaration,

which the Court treats as an authoritative expression of customary inter-
national law - a declaration which, in its interpretation of Article 2,
paragraph 4,of the Charter, holds that, "Every State has the duty to refrain
from organizing, instigating, assisting or participating in acts of civilstrife
or terrorist acts in anotherState ...when the acts ...involveathreat or use
of force". It is inconsistent with the conclusion of Judge Lachs that "in-
direct means of attacking States were barred" by ths Declaration. It is
inconsistent with the conclusion of Judge Jiménezde Aréchagathat this
Declaration, "an important interstitial development of some of the impli- provoquer la déstabilisation socialeet de placer la population sous la
terreur et à la merci des agressions armées d'éléments subversifs
dirigéset basésau Nicaragua... Le fait est que nous sommes les
victimes de l'agression et des attaques arméesdu Nicaragua, et cela
depuis 1980au moins. 1)(Par. III et IV.)

160. Dans l'arrêt rendu aujourd'hui,la Cour reconnaît que les vues des
parties quant au droit applicable à leur différend ont une très grande
importance,enparticulier lorsque cesvuesconcordent. La Cour ne nie pas
non plus qu'en l'espéce les Parties sont d'accord sur la définition desactes
qui peuvent constituer une agression armée.Néanmoins, sur la délicate
question de savoir si l'assistanceapportéepar un Etat à des forces armées
irrégulièresétrangères qui cherchent à renverser le gouvernement d'un
autre Etat peut équivaloir à une agression arméedu premier pays contre le

second, la Cour parvient à une conclusion opposée à l'avisconcordant des
deux Parties.
161. La conclusion de la Cour n'est pas conforme à la doctrine domi-
nante, au droit età 1.apratique. Elleva àl'encontre des vues expriméespar
M. Brownlie, qui sont citéesdans le mémoiredu Nicaragua et selon
lesquelles 1'~emp1o:ide la force 1)peut comprendre non seulement une
agression arméeorganiséepar les forces régulières d'unEtat mais aussi la

fourniture d'une << a.ideà des groupes d'insurgésopérant sur le territoire
d'un autre Etat o. E4leva à l'encontre de la conclusion de M. Brownlie
selon laquelle une campagne générale menép ear des irréguliers avec la
complicitédu gouvernement de 1'Etat à partir duquel ils opèrent peut
constituer une <(agression armée o. Elle va à I'encontre de ce que le
mémoiredu Nicaragua qualifie de <(doctrine pratiquement unanime à
notre époque au sujet de l'emploi indirect de la force ...)>Et elle va à
l'encontre de la posiitionsoutenue par les Etats-Unis depuis 1947suivant

laquelle l'appui d'un pays aux guérillerosopérant contre un autre pays
équivaut à une agression arméecontre l'intégrité territoriale et l'indépen-
dance politique de ce dernier. Elle va à l'encontre de ce qui constitue,
comme l'observe à juste !itre le Nicaragua, une pratique constante de
l'organisation des Nations Unies qui voit dans <(tout engagement subs-
tantiel1) dans les activitésde groupes insurgésarmés une violation de
«l'interdiction de l'emploide la force énoncée àl'article 2, paragraphe 4,
de la Charte 1).Elle va à l'encontre des nombreuses déclarations dans

lesquelles les Nations Unies ont mentionnéle devoir des Etats, au regard
du droit international, de s'abstenir de fomenter la guerre civile - forme
d'agressionque l'Assemblée généraa ledénoncéecomme <(leplus gravede
tous lescrimescontre lapaix et la sécurité 1)Elleva à l'encontre destermes
de la déclaration relative aux <(relations amicales O, que la Cour traite
comme une expression autoriséedu droit international coutumier - dé-
claration qui se foride sur l'article 2, paragraphe 4, de la Charte pour

proclamer que : ((Chaque Etat a le devoir de s'abstenir d'organiser et
d'encourager des actes de guerre civileou desactes de terrorismesur leter-
ritoire d'un autre Etat, d'y aider ou d'y participer,...lorsque les actes ...cations of Article 2 (4)", deals with indirect aggression, including the
support givenby a government to acts of civilstrife in another State. Such
acts, hepointsout, "may involvethe use of force and States should not be
permitted to do indirectly what they are precluded by the Charter from
doing directly .. .". And the Court's conclusion is inconsistent with the
terms and intent of the UnitedNations Definition of Aggressionon which
both Nicaragua and the Court rely.

I. The Court's ConclusionIs Inconsistent with the GeneraA l ssembly's
Definitionof Aggression

162. While the conclusion which the Court has reached on thisquestion
isinconsistent with the large and authoritative body of State practice and
United Nationsinterpretation to whichthe Nicaraguan Memorial adverts,
the Court is not the first to maintain that acts of armed subversion - of
"indirect aggression" - by one State against another cannot be tanta-
mount to armed attack. In the long debates that ultimately culrninated in
the adoption by theUnited Nations General Assemblyof theDefinition of
Aggression, opinion on this question was divided. The Soviet Union, a
leadingproponent of the adoption of adefinition of aggression,in its draft
definition enumerated among the acts of "armedaggression (direct or
indirect)" :

"The use by a State of armed force by sending armed bands,
mercenaries, terrorists or saboteurs to the territory of another State
and engagement inother formsof subversiveactivityinvolvingtheuse

of armed force with the aim of promoting an interna1 upheaval in
another State .. ." (A/8719, p. 8 ;emphasis supplied.)

Six Powers - Australia, Canada, Italy, Japan, the United Kingdom and

the United States - proposed that the use of force in international rela-
tions, "overt or covert, direct or indirect" by a State against the territorial
integrity or political independence of anotherState may constitute aggres-
sion when effected by means including :

"(6) Organizing, supporting or directing armed bands or irregular
or volunteer forces that make incursions or infiltrate into another

State ;
(7)Organizing, supporting or directing violent civilstrife or acts of
terrorism in another State ; orimpliquent une meriaceou l'emploide la force. ))Elleva à l'encontre de la
conclusion de M.Lachsselonlaquelle <(lesmoyens indirects d'attaquer les
Etats sont interdits )par cette déclaration. Elle va aussi àl'encontre de la
conclusion de M.Jiménezde Aréchaga suivant laquellecette déclaration,
<étape importante dans le déroulementde certaines implications de l'ar-
ticle 2, paragraphe 4 )),vise l'agression indirecte, y compris le soutien

donnépar un gouvernement àdesactes de guerre civiledans un autre Etat.
De tels actes, souligne-t-il,<(impliquentparfois l'emploide laforceet ilne
faut pas permettre aux Etats de faire indirectement ce que la Charte
les empêchede faire directement ... Enfin la conclusion de la Cour est
contraire à la lettre eà l'espritde la définitionde l'agressionadoptée par
lesNations Unieset qui est invoquéetant par le Nicaragua que par la Cour.

1. La conclusionde ,laCourest incompatibleavecla définition de l'agression
donnéepar I'Assemblée générale

162. La conclusion à laquelle la Cour est parvenue sur cette question va
à l'encontre des nombreuses sources autorisées qui sont citéesdans le
mémoiredu Nicaragua, qu'il s'agissede la pratique des Etats ou de l'in-
terpréation des Nations Unies, mais la Cour n'est pas la première à sou-
tenir que des actes de subversion armée - d'o agression indirecte ))-

perpétréspar un Etat contre un autre ne peuvent êtreassimilés à une
agression armée.Au cours des longs débats à l'issue desquels l'Assemblée
généraledes Natioris Unies a finalement adoptéla définitionde l'agres-
sion,lesavissurcettequestionétaientpartagés.L'Union soviétique,un des
principaux instigate:ursde l'adoption d'une définitionde l'agression,énu-
méraitparmi les acitesd'oagression armée(directe ou indirecte) O de son
projet de définition :

l'emploi par un Etat de la force armée consistant à envoyer sur le
territoire d'un autre Etat des bandes armées,des mercenaires, des

terroristes ou des saboteurs, ainsi que le recours à d'autres formes
d'activité subversivei,mpliquant l'emploide la forcearmée,envuede
provoquer un bouleversement intérieur dans un autre Etat ..)>
(A/8719, p. 8 ;les italiques sont de moi).

Six Etats - l'Australie, leCanada, les Etats-Unis d'Amérique,l'Italie, le
Japon et le Royaurrie-Uni - ont proposé quel'emploide la force dans les
relations internationales, ouvertement ou secrètement, directement ou
indirectement O,par un Etat contre l'intégritéterritoriale ou I'indépen-

dance politique de tout autre Etat puisse constituer une agression armée
lorsqu'il estopérépar des moyens tels que :
<(6) le fait d'organiser, d'appuyer ou de diriger des bandes armées

ou des forces irrégulièresou volontaires qui procèdent à des incur-
sions ou à des infiltrations dans un autre Etat ;
7) le fait d'organiser, d'appuyer ou de diriger des luttes civiles
violentes ou des actes de terrorisme dans un autre Etat ; ou (8)Organizing, supporting or directing subversiveactivities aimed
at the violent overthrow of the Government of another State."
(A/8719, pp. 11-12.)

163. In marked contrast to these approaches of "East" and "West", 13
srnall and middle Powers put forward a draft definition of aggression
which did not include indirect as well as direct uses of force. Their defi-
nition spoke only of "the use of armed force by a State against another
State". Their list of acts of aggressionconspicuously failed to include acts
of force effected by indirect means. The Thirteen-Power draft further
specified, in a section which did not list acts of aggression, that :

"When a State is a victim in its own territory of subversiveand/or
terrorist acts by irregular, volunteer or armed bands organized or
supported by another State, it may take al1reasonable and adequate
steps to safeguard its existence and its institutions, without having
recourse to the rightofindividual orcollectiveself-defenceagainst the
other State under Article 51 of the Charter." (Ibid., p. 10.)

That provision was complementary to a further proviso that :

"The inherent right of individual or collective self-defence of a
State can be exercised only in the case of the occurrence of armed
attack (armed aggression) by another State .. ."(lbid., p. 9.)

164. As Professor Julius Stone - widely recognized as one of the cen-
tury's leading authorities on the law of the use of force in international
relations - concluded in respect of the Thirteen-Power proposals :

"to take away the right of individual and collective self-defence . ..
was,ofcourse, theprecisepurpose of theThirteen Powerprovision ...
It sought to achieve this purpose, both by withholding the stigma of
aggression,and by express statement. Acceptance of such a provision
would have been at odds with the Charter and general international
law as hitherto accepted in a number of respects.

First ... international law imputed responsibility to a State know-
ingly serving as a base for such para-military activities, and gave the

victim State rather wide liberties of self-defence against them.

Second,none of theCharter provisions dealing withunlawful useof
force, whether armed or not, offers any basis for distinguishing
between forceapplied by theputative aggressor,or indirectly applied
by him through armed bands, irregulars and the like . . . 8) le fait d'organiser, d'appuyer ou de diriger des activités subver-
sivestendant au renversement par la violence du gouvernement d'un

autre Etat ))(AJ8719, p. 13).
163. En nette contradiction avec ces conceptions de 1'0Est et de

l'aOuest )>,treize Etats de petite et moyenne importance ont proposéun
projet de définition de l'agression qui ne s'appliquait pas aux emplois
directs aussi bien qu'aux emplois indirects de la force. Leur projet ne
mentionnait que I'emploide la force arméepar un Etat contre un autre
Etat et omettait manifestement, dans la liste des actes d'agression, les
actes de force opérkspar des moyens indirects. Le projet des treize puis-
sances précisait ensuite, dans un passage distinct de la liste des actes
d'agression, que :

<Lorsqu'un Etat est victime sur son propre territoire d'actes de
subversion ou de terrorisme, ou des deux à la fois, commis par des
bandes irrégulières,volontaires ou arméesorganisée ouappuyéespar
un autre Etat, il peut prendre toutes les mesures raisonnables et
appropriées pour préserver son existence et ses institutions, sans
invoquer ledroit de Iégitimedéfense individuelleou collectivecontre
l'autre Etat c'onformément à l'article 51 de la Charte. (Ibid.,
p. IO.)

Cette disposition complétaitune autre clause ainsi conçue :

<Le droit naturel de Iégitimedéfense, individuelle ou collective,
d'un Etat ne peut êtreexercé qu'encas d'attaque armée(agression
armée)par un autre Etat ..))(Ibid.)

164. Comme M.Julius Stone - que l'on s'accorde àreconnaître comme
l'un des plus grands spécialistesdu sièclepour ce qui est du droit de
l'emploide la force dans les relations internationales - aconclu, à propos
de la proposition des treize puissances :

supprimer ledroit de Iégitimedéfenseindividuelle et collectiveétait
évidemment l'objet mêmd ee la proposition des treize puissances ...
Cette proposition cherchait à atteindre cet objectif, d'une part en

s'abstenant de stigmatiser l'agression,d'autre part en employant des
termesexprès.L'adoption d'une telledisposition aurait étécontraire à
la Charte et au droit international généraltel qu'ilavait étéaccepté à
bien des égards.
Premièrement, ..ledroit international attribuait une responsabilité
à 1'Etatqui, sciemment, servait de base à de telles activitésparami-
litaires et il conféraità 1'Etat victime des droits assez étendus de
Iégitime défensepour s'yopposer.
Deuxièmem~enta,ucunedes dispositions de la Charte visant à I'em-
ploi illicitede la force, arméeou non, nejustifie une distinction entre
l'emploidirect de laforcepar l'agresseur putatifet sonemploi indirect

par l'intermédiairede bandes armées, forces irrégulièrese,tc ... Third . ..the General Assembly has more than once included at
least some species of 'indirect' aggression withinits description of
'aggression' .. .
Fourth, it may be added that from at least the Spanish Civil War
onwards, the most endemic and persistent forms of resorts to armed
force. ..havebeen incontextscaughtas 'aggression' bythe Sovietand
Six Power drafts, but condoned more or less fully by the Thirteen
Power Draft." (Conflictthrough Consensus,1977,pp. 89-90.)

It willbe observed that the essential legalrationale of the Judgment of the
Court in the current case appears to be well expressed by these Thirteen-
Powerproposals which Professor Stone characterized as "at odds with the
Charter and general international law . ..".
165. The Thirteen-Power proposals were not accepted by the United
Nations SpecialCommittee on the Question of Defining Aggression.They
werenot accepted by the General Assembly. On the contrary, the General
Assembly by consensus adopted a Definition of Aggression which em-
braces not all, but still the essenceof, the proposals of the SixPowersand
the Soviet Union. Its list in Article3of the acts which shall "qualify as an
act of aggression" includes :

"(g)The sending byor on behalf of a State of armedbands, groups,
irregulars or mercenaries, whichcarry out acts of armed force against
another State of such gravity asto amount to the acts listed above, or
itssubstantialinvolvementtherein. " (Emphasis supplied.)

As Professor Stone'sexamination of the proceedings of the Special Com-
mittee demonstrates, on this question :

"it was the viewof the Sixwhichprevailed. This is that such activityis
a case of aggression simpliciter, giving rise like any other direct
aggressionto response byself-defenceunder generalinternational law
and under Article 51 of the Charter." (Loc. cit., p. 75.)

Or, as the apparent author of Article 3 (g), Ambassador Rossides of
Cyprus, put it, Article 3 (g)included in the Definition "a form of indirect
aggression ...in sofar as such indirect aggressionamounted in practice to
an armed attack" (1479th meeting of the Sixth Committee of the General
Assembly, 18 October 1974, A/C.6/SR.1479, para. 15).

166. It has been demonstrated above and in the appendix to this opin-
ion that the Nicaraguan Government is "substantially involved" in the Troisièmement ...l'Assemblée généralaeplus d'une fois inclus au
moins certains types d'agression <indirecte dans sa définition de
1'<a(gression ...
Quatrièmement,on peut ajouterqu'au moins depuis laguerre civile
espagnole le recours à la force armée, sous sesformes les plus endé-

miques et les plus persistantes ...a eu lieu dans descirconstances qui
impliquent une <(agression dans le projet de l'Union soviétique et
celui des six puiissancesmais qui entraînent une absolution presque
totale dans le projet des treize puissances. ))(Conflict throughCon-
sensus, 1977,p. 89-90.)

On observera que 1,eraisonnement juridique qui sous-tend l'arrêtde la
Cour en l'espècesernble avoir étébien exprimépar cette proposition des
treize puissances que M. Stone a qualifiéde <(contraire à la Charte et au
droit international général ...
165. La proposition des treize puissances n'a pas étéacceptée par
le comité spécialdes Nations Unies pour la question de la définition

de l'agression. Elle n'a pas étéacceptéepar l'Assemblée généraleE .n
revanche, celle-ci a adopté par consensus une définition de l'agression
qui, sans reprendre dans leur totalitéles propositions des six puissances
et de l'Union soviétiiquee ,n reprend quand même l'essentiel. L'énuméra-
tion à l'article3des actes qui réunissent<< lesconditions d'un acte d'agres-
sion comprend notamment :

<g) l'envoipar un Etat ou en son nom de bandes ou de groupes
armés.de force:sirrégulières oude mercenaires qui se livrent à des
actes de force arméecontre un autre Etat d'une gravité telle qu'ils
équivalentaux actes énuméréc si-dessus, oulefait de s'engagerd'une
manière substai~tielledans une telle action. ))(Les italiques sont de
moi.)

Ainsi que lerelève M.Stone,aprèsavoirétudié lesdébatsducomitéspécial
consacrés à la question :

<(c'estlepoint de vuedes sixqui l'aemporté.Autrement dit, une telle

activitéconstitue une agressionpure et simple,ouvrant droit au même
titre que toute autre agressiondirecteà l'exercicedu droit de la légitime
défense conformémentau droit international généralet à l'article 51
de la Charte. ))(Loc. cit., p. 75.)

Comme l'adit aussi l'ambassadeurde Chypre, M. Rossides,qui en est ap-
paremment l'auteur, l'article 3, alinéag), introduit dans la défition <u <ne
forme d'agression indirecte ...pour autant que cette agression indirecte
corresponde en pratique àune attaque armée ))(1479eséancede la Sixième
Commission de l'Assembléegénérale,18octobre 1974,A/C.6/SR. 1479,
par. 15).
166. Il a étédémontrp élus haut et ilressort de l'appendice à laprésente
opinion que le Gouvernement du Nicaragua est <(engagé d'une manièresending of armed bands, groups and irregulars to El Salvador.Nicaragua
apparently has not "sent" Nicaraguan irregulars to fight in El Salvador,
but it has been "substantially involved" in thesending of leadership of the
Salvadoran insurgency back and forth. As has been shown by the admis-
sions of a principal witness of Nicaragua, Mr. MacMichael, and other
evidence (see paras. 73, 87-92,95-96, 99-112, 105, 108,116, 120, 124-126,
143-145, 149,186, 188of the appendix to this opinion), leadership of the

Salvadoran insurgency has been established in and operated from Nica-
ragua, and moved into and out of El Salvador fromand to its Nicaraguan
bases with the full support of the Nicaraguan Government, a situation
which in substance equates with Nicaragua's "sending" of that leadership
to direct the insurgency in El Salvador. As Professor Stone concludes,
while Article 3 (g) "requires there to have been a 'sending'into the target
State, it inculpates the host State not merely when that State did the
sending, but alsowhen it has a'substantial involvement therein' " (foc.cit.,
pp. 75-76).Nicaragua's substantial involvement further takes the forms of
providing arms, munitions, other supplies, training, command-and-con-
trol facilities, sanctuary and lesser forms of assistance to the Salvadoran
insurgents. Those insurgents, in turn, carry out acts of armed force against

another State, namely, El Salvador. Those acts are of such gravity as to
amount to the other acts listed in Article 3of the Definition of Aggression,
such as invasion, attack, bombardment and blockade. The many thou-
sands of El Salvadorans killed and wounded, and the enormous damage to
El Salvador'sinfrastructure and economy, as a result of insurgent attacks
so supported by Nicaragua is ample demonstration of the gravity of the
acts of the insurgents.

167. It accordingly followsnot only that the multiple acts of subversive
intervention by Nicaragua against El Salvador areacts of aggression, and
that those acts fa11within theproscriptions of the Definition ofAggression.

It is also important to notethat the Definition - contrary to the Thirteen-
Powerproposals - designedly saysnothing about prohbiting a State from
having recourse to the right of individual or collective self-defence when
that State "is avictiminitsown territory ofsubversive and/or terroristacts
by irregular, volunteer or armed bands organized or supported by another
State". That prohibitive proposa1proved unacceptableto the international
community. Rather, it is plain that, under the Definition, and customary
international law,and in thepractice of the UnitedNations and of States,a
State is entitled in precisely these circumstances to act in individual and
collective self-defence. To be entitled to do so, it is not required to show
that the irregulars operating on its territory act as the agents of the foreign
State or States which support them. It is enough to show that those States
are "substantially involved" in the sending of those irregulars on to its

territory. substantielle
dans l'envoide bandes et groupes armés et de forces irré-
gulières au Salvador.Le Nicaragua n'a apparemment pas ((envoyé des
troupes nicaraguayennes irrégulièrescombattre au Salvador mais il s'est
(engagéd'une manière substantielle dans l'envoi et le rappel des chefs
de l'insurrection salvadorienne. Comme l'a admis dans sa déposition
M. MacMichael, un.des principaux témoinsdu Nicaragua, et ainsi qu'il
ressort d'autres moyens de preuve (voir lesparagraphes 73,87 à 92,95,96,
99à 112,105,1G8,116,120,124 à 126,143 à 145,149,186,188 de l'appen-
dice à la présente opinion), l'état-majorde l'insurrection salvadorienne
a étéétabliau Nicaragua, d'où partaient les ordres, et d'où ses membres

pouvaient se rendre: au Salvador et revenir à leur base nicaraguayenne
avec l'appui total LIGouvernement nicaraguayen, situation qui équivaut
foncièrement à 1'e~nvoi>)par le Nicaragua des chefs chargésde diriger l'in-
surrection au Salvad~orA. insi que conclut M. Stone, si l'article3, alinéag),
(exigequ'ily ait eu un ((envoi dans le pays visé, ilincrimine 1'Etathôte
non seulement lorsqu'il a lui-mêmeprocédé àl'envoi, mais aussi lorsqu'il
s'est engagéde manière substantielle dans une telle action H ([oc. cil.,
p. 75-76). L'engagement substantiel du Nicaragua se traduit en outre par
la fourniture d'armes, munitions, autres approvisionnements, par l'entraî-

nement qui a étédispensé desmoyens de commandement et de contrôle,
par un sanctuaire et par des formes mineures d'assistance aux insurgéssal-
vadoriens. Ces insurgés, à leur tour, se livrenà des actes de force armée
contre un autre Etat, El Salvador. Ces actes sont d'une telle gravité qu'ils
équivalent aux autres actes énumérés à l'article 3 de la définiton de
I'agression, telsque l'invasion,l'attaque, lebombardement et leblocus. Les
milliersde Salvadoriens tués oublesséset lepréjudiceconsidérableinfligé
à l'infrastructure elà l'économiesavadoriennes par ces attaques des
insurgésappuyéscomme ils le sont par le Nicaragua démontrent ample-
ment la gravitéde leurs actes.

167. Il ne s'ensui(.pas seulement que les multiples actes d'intervention
subversivedu Nicaragua contre El Salvador sont des actes d'agression,les-
quelstombent sousl~e coup desinterdictions de ladéfinitionde l'agression.
On relèvera aussique cette définition - contrairement a laproposition des
treizepuissances - segarde bien d'interdire à un Etat d'exercerledroit de
légitimedéfenseindividuelle ou collective s'il <est victime sur son propre
territoire d'actes de subversion ou de terrorisme, ou des deux à la fois,
commis par des bandes irrégulières, volontairesou armées organisées ou
appuyéespar un autre Etat o. Cette interdiction, qui avait étproposée,a

été jugéeinacceptable par la communauté internationale. Il est au con-
traire évident, compte tenu de la définition et du droit international cou-
tumier ainsi que de la pratique des Nations Unies et des Etats, que c'est
précisémentdans cescirconstancesqu'un Etat est habilité à agir au titre de
la légitimedéfenseinidividuelleou collective.Poury êtrehabilité,iln'apas
à démontrerquelesforcesirrégulièresopérantsursonterritoire agissenten
qualitéd'agents de 1I'Etatou des Etats étrangers qui les appuient. Il lui
suffit d'établirque cet Etat ou ces Etats sont engagésde manièresubs-
tantielle))dans l'envoi desdites forces irrégulièressur son territoire. 168. The significance of the Definition of Aggression - or of any
definition of aggression - shouldnot be magnified. It isnot atreaty text. It
is a resolution of the General Assembly which rightly recognizes the
supervening force of the United Nations Charter and the supervening
authority in matters of aggression of the Security Council. The Definition

has its conditions, its flaws, its ambiguities and uncertainties. It is open-
ended. Any definition of aggression must be, because aggressioncan only
be ultimately defined and found in the particular case in the light of its
particular facts. At the same time, the Definition of Aggression is not a
resolution of the General Assemblywhichpurports to declare principles of
customary international lawnot regulated by the United Nations Charter.
The legal significance of such resolutions is controversial, a controversy
which is not relevant for immediate purposes. This resolution rather is an
interpretation by theGeneral Assemblyof themeaning of theprovisionsof
the United Nations Charter governing the useof armed force - the useof
armed force "in contravention of the Charter". As such, of itself it is
significant. Weighed as it should be in the light of the practice and the
doctrine which the Nicaraguan Memorial assembles - which may be

extensively amplified to the same effect - the Definition cannot be dis-
missed. In substance, however, the Court's Judgment - while affirming
that the Definition of Aggression reflects customary international law -
does dismissboth theimport of the Definition of Aggression and the State
practice and doctrine which on this paramount point is reflected by the
Definition.

169. While in effect the Court does depreciate the General Assembly's
Definition of Aggression, it does not do so in terms. On the contrary, the
Court maintains that :

"it may be considered to be agreed that an armed attack must be

understood as including not merely action by regular armed forces
acrossaninternational border, but also'thesendingbyor onbehalf of
a State of armedbands, groups, irregulars or mercenaries,whichcarry
out acts of armed force against another State of such gravity as to
amount to' (inter alia)an actual armed attack conducted by regular
forces, 'orits substantial involvement therein'. This description, con-
tained in Article 3, paragraph (g) of the Definition of Aggression
annexed to General Assembly resolution 3314 (XXIX) may be taken
to reflect customary international law. The Court sees no reason to
deny that, in customary law, the prohibition of armed attacks may
apply to the sending by a State of armed bands to the territory of
another State, if such an operation, because of its scale and effects,
would have been classified as an armed attack rather than as a mere

frontier incident had it been carried out by regular armed forces. But
the Court does not believethat theconcept of 'armedattack' includes
not onlyacts by armed bands where such acts occur on a significant 168. Il ne faut paiss'exagérerl'importance de ladéfinitionde l'agression
par l'Assemblée générale - ni d'aucune autre définitionde l'agression. Il
nes'agitpasd'un texteconventionnelmaisd'une résolutionde l'Assemblée
généralequi reconnaît à juste titre la primautéde la Charte des Nations

Unies et le rôle prépondérantque joue le Conseil de sécurité en cas
d'agression. Cette définitionest soumise à des conditions et elle présente
des faiblesses,des ambiguïtéset des obscurités. Elleestsujette à évolution,
comme doit l'êtretoute définition de l'agression car ce n'est en fin de
compte que dans chaque cas d'espèce, à la lumière des circonstances
particulières, que l'agression peut êtredéfinieet établie. D'autre part,
cette définition de l'agression ne figurepas dans une résolutionde l'As-
sembléegénéraleqiui aurait pour objet de proclamer des principes de

droit international c:outurniernon réglementéspar la Charte des Nations
Unies. La portéejuridique de telles résolutionsa suscité unecontroverse
qui est sans intérêtici. Cette résolution est plutôt une interprétation
par l'Assemblée générad leesdispositions de la Charte relatives àl'emploi
de laforcearmée - l'emploide laforcearmée <en violation de laCharte o.
En tant que telle, elle est en soi importante. Considérée commeil con-
vient à la lumière des élémentsde pratique et de doctrine rassemblés
dans le mémoire du Nicaragua - qu'on pourrait considérablement

étoffer auxmêmesfins - la définitionne peut êtreignorée.En substance
néanmoins,l'arrêtclela Cour - tout en affirmant que la définition de
l'agression reflète le droit international coutumier - ne dit mot ni
de la portée de la définition de l'agression ni de la pratique des Etats
et de 14 doctrine lesquelles sont, sur ce point capital, consacréespar la
définition.
169. En réalitéla Cour déprécie ladéfinitionde I'agressionadoptéepar
l'Assemblée générale mais cela ne ressorptas des termes de l'arrêt.Au
contraire. la Cour affirme :

<(on peut considérer comme admis que, par agression armée,il faut
entendre non seulement l'actiondes forces arméesrégulières à travers
une frontière internationale mais encore <l'envoipar un Etat ou en
son nom de barides ou de groupes armés,de forces irrégulièresou de
mercenaires qui1se livrentà des actes de force arméecontre un autre
Etat d'une gravité telle qu'ils équivalent (entre autres) à une véri-
table agression arméeaccomplie par des forces régulières, <ou [au]

fait de s'engager d'une manièresubstantielle dans une telle action o.
Cette description, qui figureà l'article3,alinéag), de la définitionde
l'agressionannexée à la résolution3314(XXIX) de l'Assemblée géné-
rale, peut êtreconsidéréecomme l'expression du droit international
coutumier. La Cour ne voit pas de raison de refuser d'admettre qu'en
droit international coutumier la prohibition de I'agression armée
puisse s'appliqiier à l'envoi par un Etat de bandes armées sur le
territoire d'unautreEtat sicetteopérationest telle,par sesdimensions

et ses effets, qu'elle aurait étéqualifiée d'agressionarméeet non de
simple incident de frontière si elle avait étéle fait de forces armées346 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS .P. SCHWEBEL)

scale but also assistance to rebels in the form of the provision of
weapons or logistical or other support. Such assistance may be
regarded as a threat or use of force, or amount to intervention in the
interna1 or external affairs of other States."

170. The Court's reasoning is open to criticism, in terms of the'~efi-
nition ofAggressionand under customaryinternational law - not tospeak
of the realities of modern warfare. Article 3 (g) does not confine its
definition of acts that qualify as acts of aggressionto the sending of armed
bands ; rather, it specifies as an act of aggression a State's "substantial
involvement" in the sending of armed bands. That provision is critical to
the current case. As pointed out in paragraph 166 of this opinion, and
detailed in its appendix, Nicaragua has been pervasively, not merely sub-
stantially, involved in many aspects of the sending of armed groups of
insurgents to El Salvador - and especially involved in the sending of the

leadership of those insurgents, a leadership based in Nicaragua - even if
Nicaragua itself has not simply sent such armed bands from its territory to
that of ElSalvador. It isone thingto send ;itisanother tobe "substantially
involved" in the sending.

171. Moreover, let us assume, arguendo,that the Court is correct in
holding that provision of weapons or logistical support to rebels of them-
selvesmay not be tantamount to armed attack (an assumption which 1 do
not share, not least because the term "logistic support" is so open-ended,
including, as it may, the transport, quartering and provisioning of armies).
It does not followthat a State's involvement in the sendingof armed bands

is not to be construed as tantamount to armed attack when, cumulatively,
it is so substantial as to embrace not only the provision of weapons and
logistical support, but also participation in the re-organization of the
rebellion ; provision of command-and-control facilities on its territory for
the overthrow of the government of its neighbour by that rebellion ;
provision of sanctuary for the foreign insurgent military and political
leadership, during which periods it is free to pursue its plans and opera-
tionsforoverthrow of the neighbouring government ;provision of training
facilities for those armed bands on its territory and the facilitation of
passage of the foreign insurgents to third countries for training ; and
permitting the rebels to operate broadcasting and other communication

facilities from its territory in pursuance of their subversive activities. The
fact is that this pemasive and prolonged support by the Nicaraguan Gov-
ernment of the insurgency in El Salvador has been a major, perhaps the
critical, factor in the transformation of what, before 1979,were largely
sporadic if serious acts of insurgent terrorism into an organized and régulières. Maisla Cour ne pense pas que la notion d'o agression
armée puisse recouvrir non seulement l'action de bandes armées
dans le cas où cette action revêtune ampleur particulière, mais aussi

une assistance ,ades rebelles prenant la forme de fourniture d'arme-
ments ou d'assistance logistiqueou autre. On peut voir dans une telle
assistance une menace ou un emploi de la force, ou l'équivalentd'une
intervention d,ans les affaires intérieures et extérieures d'autres
Etats.

170. Le raisonnement de la Cour n'estpas à l'abri de critiques, compte
tenu des termesde la définitionde l'agressionet du droit international cou-
tumier - sans parler des réalitése la guerremoderne. L'article3,alinéag),
nerangepas seulement I'envoide bandes arméesparmilesactes réunissant
les conditions d'un acte d'agression ;il spécifieque le fait pour un Etat de

<(s'engager d'une manièresubstantielle dans une telleactionconstitue un
acte d'agression. Ces termes sont d'une importance capitale en l'espèce.
Comme ilest soulignéau paragraphe 166de laprésente opinion et comme
il sera précisédans Il'appendice,le Nicaragua s'est engagé non seulement
substantiellement mais aussi profondémentdans de nombreux aspects de
l'envoi de groupes (d'insurgésarmésau Salvador - en particulier dans
l'envoides chefsde l'insurrection basésau Nicaragua -, quand bien même
le Nicaragua n'a pas lui-même envoyé directemenc tes bandes arméesde
son territoire dans celui d'El Salvador. L'envoide bandes arméesest une
chose ;le fait de((s'engager d'une manièresubstantielle dans une telle
action en est une autre.

171. Supposons maintenant, pour lesbesoins de ma démonstration,que
la Cour soit fondée à conclure que la fourniture d'armes ou d'un appui
logistique aux rebelles n'équivautpeut-être pas ensoi à une agression
armée(postulat auquel je ne souscris pas, ne serait-ce qu'en raison de
l'imprécisionde 1'e:icpression appui logistique ))qui peut recouvrir le
transport, le cantorinement et l'approvisionnement de forces). Cela ne
signifie pas nécessairementque l'engagement d'un Etat dans l'envoi de
bandes arméesne peut êtreassimilé àune agression arméelorsque, en plus,
il est si substantiel qu'il englobe non seulement la fourniture d'armes et
d'une assistance 1og.istiquemais aussi la participationà la réorganisation

des rebelles, la four:nitureà ceux-ci de moyens de commandement et de
contrôle sur son territoire pour renverser legouvernement du pays voisin,
la fourniture d'un sanctuaire à l'état-major militaireet politique de l'in-
surrection étrangère:,cequi permet à celui-ci, pendant des périodesde
répit,de poursuivre ses plans et opérations en vue du renversement du
gouvernement voisiri,la miseà ladisposition de cesbandes arméessurson
territoire de moyens d'entraînement ainsi que de facilitésde transit aux
insurgésétrangersqui vont s'entraîner dans lespays tiers, et l'autorisation
accordée aux rebelles d'exploiter des installations de radiodiffusion et
autres moyens de c~ommunication à partir de son territoire pour qu'ils
puissent poursuivre leurs activités subversives.Le fait est que cette assis-

tance multiforme et prolongéedu Gouvernement nicaraguayen à l'insur-effectivearmy of guerrillas which to this day poses the gravest challenge to
the Government and people of El Salvador.

J. The Questionof WhetherMeasuresin Self-DefenceMay Be Taken
Oniy in Caseof Armed Attack

172. The Court has found that there has been no armed attack by
Nicaragua upon El Salvador and - in my view,wrongiy - no action by
Nicaragua tantamount to an armed attack upon El Salvador. The Court

rightly observes that the issue of the lawfulness of a response to the
imminent threat of armed attack has not been raised in this case, and that
the Court accordingiy expresses no view on that issue. Nevertheless, its
Judgment may be open to the interpretation of inferring that a State may
react in self-defence, and that supportive States may react in collective
self-defence,only if an armed attack occurs. It should be observed that, if
that is a correct interpretation of the Court's Judgment, such an inference
is obiterdictum.The question of whether a State may react in self-defence
toactionsother than armed attack wasnot in issuein thiscase.The United
States contended that Nicaragua had intewened and continues to inter-
vene in El Salvador and other neighbouring States in order to foment and
sustain armed attacks upon the Governments of those States, and that its
subversive intervention in the governing circumstances was and is tanta-
mount to armedattack.Nicaragua denied and denies al1such intervention,
while accusing the United States of direct and indirect armed attacks

against it. Both Nicaragua and the United States agree that the material
support by a State of irregulars seeking to overthrow the government of
another State amounts not only to unlawful intervention against but
armed attack upon thelatter State by the former. They essentially differed
not on the lawbut on thefacts. The question of whether a State isjustified
inreacting in self-defenceagainstactsnot constituting or tantamount to an
armed attack was not engaged.

173. For my part, 1have not pursued this important question because
on this 1am in agreement with the Parties :thecritical problem in thiscase,
properly viewed, essentially is not one of law but of fact ;and the highly
important question of whether a State may act in self-defence in the
absence of armed attack was not argued, and understandably so. Never-
theless,1 wish, ex abundanti cautela,to make clear that, for my part, 1do

not agree with a construction of the United Nations Charter which would
read Article 51as if it wereworded :"Nothing in the present Charter shall
impair theinherent rightofindividual orcollectiveself-defenceif,and only
if, an armed attack occurs . . ." do not agree that the terms or intent of ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 347

rection salvadorienne a étéun facteur majeur, et peut êtrele facteur
déterminantqui a abouti àla transformation d'actes d'insurrection terro-

riste qui étaientrestésen grandepartie sporadiques jusqu'en 1979,encore
que graves, en une guérilla organisée et efficacqui, aujourd'hui, pose un
redoutable défiau (Gouvernementet au peuple d'El Salvador.

J. La questionde savoir sides mesuresde légitimedéfense ne peuvent
êtrepri,sesque dans le cas d'uneagressionarmée

172. La Cour a conclu à l'absenced'une agression arméedu Nicaragua
contre El Salvador r:tà l'absence- ce qui est fauxàmes yeux - de toute
action du Nicaragua équivalant àune agression arméecontre El Salvador.
La Courfait observix àjuste titre que laquestion de la licéd'une riposte
à une menace imminente d'agression arméen'a pas étésoulevéeen l'es-
pèce,et qu'en conséquenceellene formule aucun avissurcettequestion. Il

reste qu'onpourrait interpréterl'arrêt comme signifiantqu'un Etat ne peut
riposter au titre de la légitimedéfense etque des pays alliés ne peuvent
intervenir àses cotks, au titre de la légitimedéfensecollective, qu'en cas
d'agression armée.11c 1onvient d'observer que, si c'est bien ainsi que doit
s'interpréter l'arrête la Cour, une telle conclusion constitue un obiter
dictum.La question de savoir siun Etat peut riposter au titre de la légitime
défense à des actioris autres qu'une agression arméen'étaitpas poséeen
l'espèce.Les Etats-Unis alléguaientque le Nicaragua était intervenu et
continuait à intervenir au Salvador et dans d'autres Etats voisins pour
fomenter etsoutenirdes agressionsarméescontre lesgouvernements deces
Etats et qu'en l'occiirrenceson intervention subversive avait constituéet
constituait une agression armée.Le Nicaragua niait et continue de nier
toute intervention de ce genre; par ailleurs, il accuse les Etats-Unis de se

livrer directement et indirectement à des agressions arméescontre lui.
Aussi bien le Nicaragua que les Etats-Unis reconnaissent que l'appui
matérielapporté par un Etat à des forces irrégulièresqui cherchent à
renverser le gouverriement d'un autre Etat équivaut nonseulement à une
intervention illicite :maisaussiune agression arméedu premier contre le
second. C'est surlesfaits, et non sur ledroit,queporte essentiellement leur
désaccord. La question de savoir siun Etat a ledroit de riposter au titre de
la légitimedéfense à des actions qui ne constituent pas une agression
armée,ou n'en sont.pas l'équivalent,n'a pas été débattue.
173. Pour ma part,je ne mesuispas attaché àcettequestion importante
carje suis d'accord sur cepoint avec les Parties. Il faut bien voir qu'en

l'espèce cesont surtout les faits, et non le droit, qui font problème; la
question extrêmemi:ntimportante de savoir si un Etat peut exercer son
droit de légitime défenseen i'absence d'une agression arméen'a pas été
discutée,ce qui se comprend. A toutes fins utiles, je tiens néanmoins à
préciserqueje récusepersonnellement toute interprétation de la Charte
des Nations Unies qui reviendrait àlire l'article 51comme s'ilétaitainsi
libellé: Aucune disposition de la présenteCharte ne porte atteinte au
droit naturel de légitime défense, individuelou collective,dans lecas, etArticle 51 eliminate the right of self-defence under customary inter-
national law, or confine its entire scope to the express terms of Article 51.
While 1recognize that the issue is controversial and open to more than
one substantial view, 1find that of Sir Humphrey Waldock more convin-
cing than contrary interpretations :

"Does Article 51 cut down the customary right and make it ap-
plicable only to the case of resistance to armed attack by another
State? This does not seem to be the case. The right of individual
self-defence was regarded as automatically excepted from both the
Covenant and the Pact of Paris without any mention of it. The same

would havebeen true of the Charter, if there had been no Article 51,as
indeed there was not in the original Dumbarton Oaks proposals.
Article 51, as is well known, was not inserted for the purpose of
defining the individual right of self-defence but of clarifying the
position in regard to collective understandings for mutual self-
defence, particularly the Pan-American treaty known as the Act of
Chapultepec. These understandings are concerned with defence
against external aggression and it was natural for Article 51 to be
related to defence against 'attack'. Article51alsohas to be read in the
light of the fact that it is part of Chapter VII. It is concerned with
defence to grave breaches of the peace which are appropriately re-
ferred to as armed attack. It would be a misreading of the whole
intention of Article 51 to interpret it by mere implication as forbid-

ding forcible self-defence in resistance to an illegal use of force not
constituting an 'armed attack'. Thus, it would, in my view, be no
breach of the Charter if Denmark or Sweden used armed force to
prevent the illegalarrest of one of their fishingvesselson the highseas
in the Baltic. The judgment in the Corfu Channel Case is entirely
consistent with this view ..."(C. H. M. Waldock, "The Regulation of
the Use of Force by IndividualStates in International Law", Collected
Courses, The Hague (1952-11).pp. 496-497.Accord :D. W. Bowett,
Self-Defence in International Law, 1958, pp. 182-193 ; Myres
S. McDougal and Florentin0 P. Feliciano, Law and Minimum World
Public Order, 1961, pp. 232-241 ; Oscar Schachter, "The Right of
States to Use Armed Force", Michigan Law Review, 1984, Vol.82,

pp. 1620, 1634.)

K. The Court? Views on Counter-Intervention and its Implied Support
for " Wars of Liberation"
174. When the Court's Judgment comes to deal with questions of

intervention, it finds that the United States has committed "a clear breach
of the principle of non-intervention" by its support of the contras. The
Court at the same time finds it possible - remarkably enough - to absolve
Nicaragua of any act of intervention in El Salvador, despite its multipledans le cas seulement, où un Membre desNations Unies est l'objet d'une
agression armée ... Je ne pense pas que, dans sa lettre ni dans son esprit,
l'article51vise àsupprimer ledroitde légitimedéfensereconnu par ledroit
international coutuinier, ni à limiter sa portée aux termes exprès dans
lesquels il est rédigk.Je reconnais que la question est controversable et
qu'on peutémettre iison sujet des avis divergents maisje juge celui de sir
Humphrey Waldock:plus convaincant que les interprétations opposées :

L'article 51 restreint-il le droit coutumier pour ne le rendre
applicablequ'au cas de résistance à une agression arméepar un autre
Etat ?Apparemment non. Le droit de légitimedéfenseindividuelle a
été considéré comme automatiquementexclu tant du Pacte [de la

Sociétédes Nations] que du pacte de Paris qui n'en faisaient pas
mention. Il en serait alléde mêmede la Charte en l'absence de l'ar-
ticle 51qui d'ailleurs ne figuraitpas dans les propositions initiales de
Dumbarton Oaks. Comme on le sait, l'article 51 n'a pas été ajouté
pour définirledroit individuel de légitimedéfensemaispourpréciser
la situation au regard des accords collectifs de défense mutuelle, en
particulier du traitéinteraméricaindit acte de Chapultepec. Vu que
ces accords traitent de la défensecontre une agression extérieure,il

était naturelque l'article 51vise le droit de se défendrecontre une
agression )).L'article51doit aussiêtreinterprétédans son contexte, à
savoir le chapiire VII. Il réservele droit de se défendrecontre les
graves ruptures de la paix qui son dûment qualifiées d'agressions
armées.Ce serait mal comprendre le sens de l'article 51 que de l'in-
terpréter,par simple déduction, commeprohibant tout recours a la
force au titre de la légitimedéfense en riposte a un emploi illicitede la
force ne constituant pas une ((agression armée D.Ainsi,je ne verrais

aucune violation de la Charte dans l'emploide la force arméepar le
Danemark ou lalSuèdepourempêcherl'abordage illiciteen haute mer
d'un de leurs bâtiments de pêchedans la Baltique. L'arrêt rendu dans
l'affaire du Détroitde Corfous'accorde entièrement avec ce point de
vue... (C. H. h4.Waldock, (The Regulation of the Use of Force by
Individual States in International Law ))Recueildescours,La Haye,
t. 81 (1952-II), ]p.496-497. Dans le mêmesens : D. W. Bowett, Self-
Dejencein International Law,1958,p. 182-193 ; Myres S. McDougal
et Florentin0 P. Feliciano, Law and Minimum WorldPublic Order,

1961, p. 232-24.1 ;Oscar Schachter, The kght of States to Use
Armed Force O,MichiganLaw Review, 1984, vol. 82, p. 1620-1634.)

K. Les vuesde lu Cour surlu contre-interventionet l'appui qu'elleapporte
implicitementuux ((guerresde lihérution ))

174. Lorsque, daris son arrêt,la Cour examine les questions que pose
l'intervention, elledéclareque, en fournissant un appui au Nicaragua, les
Etats-Unis ont comimis (une violation indubitable du principe de non-
intervention )).Par ailleurs, la Cour estime possible - ce qui est assez
remarquable - d'ab'soudrele Nicaragua de tout acte d'intervention auacts of intervention in ElSalvador in support of theSalvadoran insurgents.
The Court goes on to reach the following conclusion :

"On the legal level the Court cannot regard response to an inter-
vention by Nicaragua as such ajustification. While an armed attack
would give rise to an entitlement to collective self-defence, a use of
force of a lesserdegree of gravity cannot .. .produce any entitlement
to take collective counter-measures involving the use of force. The
acts of which Nicaragua isaccused, even assuming them to havebeen
established and imputable to that State, could only have justified
proportionate counter-measures on the part of the State which had
been the victim of these acts, namely El Salvador, Honduras or Costa
Rica. They could notjustify counter-measures taken by a third State,
the United States, and particularly could not justify intervention

involving the use of force."
175. While thisconclusion may be treated asobiterdictumin viewof the
fact that there is no plea of counter-intervention before the Court, it is no
more correct because it is unnecessary. In my view, its errors are con-
spicuous. The Court appears to reason this way. Efforts by state A (how-
ever insidious, sustained, substantial and effective), to overthrow the gov-
ernment of State B. if they are not or do not amount to an armed attack

upon State B.give rise to no right of self-defence by State B,and hence. to
no right of State C tojoin State B in measures of collective self-defence.
State B,the victim State, isentitled to takecounter-measures against State
A, of a dimension the Court does not specify. But State C is not thereby
justified in taking counter-measures against State A which involve the use
of force.

176. In myview,the Court's reasoning, certainly asit appliesto the case
before the Court, iserroneous for the followingreasons :(a) A State isnot
necessarily and absolutely confined to responding in self-defenceonly if it
isthe object of armed attack. (6)Armed attack in any event isnot only the
movement of regular armed forces across international frontiers ;it is not
only the sendingby State Aofarmed bands across an international frontier
to attack State B or overthrow its government ;it is, as the Definition of
Aggression puts it, "substantial involvement therein" - for example, the
very sort of substantial involvement which Nicaragua's multifaceted
involvement inpromoting and sustaining the Salvadoran insurgency illus-

trates. (c)In a case such as the case before the Court, where Nicaragua has
carried out and continues to carry out the acts of support of armed
insurgency against the Government of El Salvador which El Salvador and
the United States have charged and the appendix to this opinion estab-
lishes. the Government of El Salvador has had the choice of acting in
self-defence or capitulating. Lesser measures of counter-intervention
could not suffice. It has chosen to act in self-defence, but it lacks thepower
tocarry the battle to the territory of the aggressor,Nicaragua. (d)In such aSalvador, malgré lesmultiplesactes d'intervention commis par le Nicara-
gua au Salvadorpour soutenir les insurgés salvadoriens. LaCour parvient
ensuite à la conclusion suivante :

<Sur leplan du droit, la Courne saurait considérerla riposte àune
intervention du Nicaragua comme une tellejustification. L'agression
armée ouvrirait un droit à la Iégitimedéfensecollective, mais un
recours à la for~ced'une moindre gravité nesaurait ...autoriser des
contre-mesures collectives impliquant l'emploi de la force. Les faits
reprochésau Nicaragua, à supposer même qu'ilsaient étéétablis et
qu'ils lui soientimputables, n'auraient pujustifier descontre-mesures

proportionnées que de la part de 1'Etat qui en aurait étévictime,
c'est-à-direElSalvador, leHonduras ouleCosta Rica. Ilsne sauraient
justifier descontre-mesures prises par un Etat tiers, les Etats-Unis, et
en particulier uineintervention impliquant l'usage de la force. ))

175. On peut voir dans cette conclusion un obiter dictum de la Cour,
étant donné quela contre-intervention n'a pas étéinvoquéedevant elle,
mais le fait que cette conclusion est inutile ne la rend pas plus exacte. A
mon avis,ellerepose sur un certain nombre d'erreurs manifestes. La Cour
semble tenir le raisonnement suivant : quelque insidieux, soutenus, subs-
tantiels et effectifs que soient les efforts déployéspar 1'EtatA pour ren-
verser le gouvernement de I'Etat B, si ces efforts ne constituent pas une
agression arméecontre 1'EtatBou n'équivalentpas à une telleagression,ils
n'habilitent pas 1'EtatB à recourir àla légitimedéfenseet,par conséquent,
n'habilitent pas 1'EtatC à sejoindre à 1'EtatBpourprendre des mesuresde
légitime défense collective. L'Etat B. 1'Etatvictime, peut prendre contre

I'Etat A des contre-mesures dont la Cour ne précisepas l'ampleur. Mais
1'EtatC n'en est pa- po-r autant justifié à prendre contre 1'EtatA des
contre-mesures impliquant l'usage de la force.
176. Selon moi, le raisonnement de la Cour, tel qu'appliqué enl'espèce
en tout cas, est erroné pour les raisons suivantes : a) un Etat n'est pas
nécessairementetabsolument contraintde nerecourir àlalégitimedéfense
que s'ilest l'objetd'une agression armée ;b) quoi qu'il en soit, une agres-
sion arméen'estpas seulement constituéepar lefaitque des forces armées
régulières traversent desfrontières internationales ; il ne s'agit pas seule-
ment de l'envoi par 1'Etat A de bandes arméesde l'autre côté d'une
frontière internationale, pour attaquer 1'EtatB ou renverser son gouver-

nement ;aux termes de la définitionde l'agression, il s'agit du << fait de
s'engagerd'une manièresubstantielle dans une telle action et l'ontrouve
précisément un exemple de ce genre d'engagement susbstantiel dans I'en-
gagement multiformedu Nicaragua, consistant à encourageret à soutenir
l'insurrection salvadorienne ; c) dans le cas présent, ou le Nicaragua a
accompli et continue d'accomplir des actes de soutien à l'insurrection
arméecontre le Gouvernement d'El Salvador, actes que ce pays et les
Etats-Unis ont dénoncéet qui sont établisdans l'appendice a la présente
opinion, le Gouverne:mentd'El Salvador pouvait soit recourir àla légitime
défense,soit capituler. Des mesures de contre-intervention moins rigou-case, El Salvador is entitled to seek assistance in collective self-defence.
Suchassistance may inany event take place on the territory of El Salvador,
as by the financing, provisioning and training of its troops by the United
States. But, as shown below, contemporary international law recognizes
that a third State isentitled to exert measures of forceagainst the aggressor
on its own territory and against its own armed forces and military

resources.

177. 1 find the Court's enunciation of what it finds to be the law of
counter-intervention as applied to this case unpersuasive for al1 these
reasons. More generally, 1believethat it raisesworrisomequestions. Letus
suppose that State A'ssupport of the subversion of State B, while serious
and effective enough to place the political independence of State B in
jeopardy, does not amount toan armed attack upon State B.Let us further
suppose that State A actsagainst State Bnot only on itsbehalf but together
with a Great Power and an organized international movement with a long
and successful history of ideology and achievement in the cause of sub-
version and aggrandizement, and with the power and will to stimulate

further the progress of what that movement regards as historically deter-
mined. If the Court's obiterdictuw mere to be treated as the law to which
Statesdeferred,other Great Powers and other States would be or could be
essentially powerless to intervene effectively to preserve the political inde-
pendence of State B and al1other similarly situated States, most of which
willbesmall.According to the Court,State Bcould take counter-measures
against State A, but whether they would include measures of force is not
said. What issaid isthat third Statescould not useforce,whether or not the
preservation of the political independence - or territorial integrity- of
State B depended on the exertion of such measures. In short, the Court
appears to offer - quite gratuitously - a prescription for overthrow of
weaker governments by predatory governments while denying potential
victims what in some cases may be their only hope of survival.

178. The disturbing implications of the Court's construction of the
scopeof lawful counter-interventionare much magnified by another of the
Court's apparent asides. In discussing the nature of prohibited interven-
tion, the Court, in paragraph 206 of its Judgment, notes that there have
been in recent years a number of instances of foreign intervention for the
benefit of forces opposed to the government of another State. It then
interposes : "The Court is not here concerned with the process of de-
colonization ; this question is not in issue in the present case." The Court
goeson toconsider whether States haveageneralright to intervene directlyreuses ne suffisaient pas. Iladécidéde recourir àla légitimedéfensemais il
n'estpas en mesure deporter la bataille sur leterritoire de 1'Etatagresseur,

le Nicaragua ;d) dans ces conditions, El Salvador peut rechercher une
assistance dans la légitimedéfensecollective. Pareille assistance peut en
tout cas avoir lieu sur leterritoire d'ElSalvador, notamment sousforme de
financement, de ravitaillement et d'entraînement des troupes d'El Salva-
dorpar les Etats-Unis. Or, comme je l'indiquerai plus loin, le droit inter-
national contemporain reconnaît qu'un Etat tiers peut exercer des mesures
impliquant l'emploide la force contre l'agresseur sur son propre territoire
et contre ses propres forces armées et ressources militaires.
177. Pour toutes lesraisonsquiprécèdent,j'estime que la Cour n'estpas
convaincante 1orsqu"elleexpose ce qu'elle considère comme l'application
du droit de lacontre-intervention à la présenteaffaire. D'une manièreplus

généralej,e pense quqellesoulèvedesquestions délicates.Supposons que le
soutien que 1'Etat A apporte à la subversion dans 1'Etat B soit assez
important et efficace pour mettre en périll'indépendance politique de
1'EtatB mais n'équivalepas à une agression arméecontre cet Etat. Sup-
posons en outreque I'EtatA n'intervienne pas seulement pour son propre
compte contre 1'EtatB mais de concert avec une grande puissance et un
mouvement international organisé, lequelremporte depuis longtemps des
succèsau servicede lacause de lasubversion et de l'expansion, sur lesplans
idéologique etpratique, et qu'il ait les moyens et la volontéde stimuler
encore le progrès de ce que ce mouvement considère comme étant déter-
minépar l'histoire. Si l'obiter dictum de la Cour devait êtreconsidéré

comme énonçantle droit auquel les Etats se soumettent, d'autres grandes
puissances et d'autres Etats seraient ou risqueraient d'êtrepratiquement à
court de moyens pour intervenir efficacement en vue de protéger l'indé-
pendance politique de 1'Etat B ainsi que de tous autres Etats se trou-
vant dans une situatiion semblable, lesquels sont pour la plupart de petits
Etats. Selon la Cour, 1'EtatBpourrait prendre des contre-mesures contre
1'EtatA, mais il n'est.pas précisés'ilpourrait s'agirde mesures impliquant
l'emploide la force. Ce qu'elleaffirme c'estque les Etats tiers ne sauraient
recourir à l'emploi de la force, que la protection de l'indépendancepoli-
tique - ou de l'intégritéterritoriale - de 1'Etat B dépende ou non de
l'application de telle:;mesures. En résumél,a Cour semble fournir - tout à

fait gratuitement - lunerecette pour le renversement des gouvernements
faibles par des gouvernements prédateurs, tout en niant aux éventuelles
victimes ce qui peut, dans certains cas, êtreleur seul espoir de survie.
178. Une autre considération apparemment incidente de la Cour vient
amplifier considérablement lesconséquences fâcheusesde l'interprétation
qu'elle donne de la portée de la contre-intervention licite. Lorsqu'elle
examine la nature de l'intervention prohibée, au paragraphe 206 de son
arrêt,la Cour fait observer qu'un certain nombre d'exemples d'interven-
tions étrangèresdans un Etat, au bénéfice de forcesd'opposition au gouver-
nement de celui-ci, ont pu êtrerelevésau cours des dernières années. Elle
ajoute : ((La Cour ne songe pas ici au processus de décolonisation. Cette
question n'est pas en cause en la présente affaire. ))La Cour se demandeor indirectly, with or without armed force, in support of the interna1
opposition of another State whose cause appears particularly worthy by
reason of the political and moral values with which it is identified. The
Court rightly observes that for such a general right to come into existence
would involvea fundamental modification of the customary lawprinciple
of non-intervention.

179. Yet the implication, or surely a possible implication, of thejuxta-
position of theCourt's statements isthat the Court isof the viewthat there
is or may be not a general but a particular right of intervention provided
that it is in furtherance of "the process of decolonization". That is to Say,
by these statements, the Court may be understood as inferentially endors-
ing an exception to the prohibition against intervention, in favour of the
legalityof intervention in the promotion of so-called "wars of liberation",
or, at any rate, somesuch wars,whilecondemningintervention of another
political character.

180. Incontemporary international law,the right of self-determination,
freedom and independence of peoples is universally recognized ; the right

of peoples to struggle to achieve these ends is universally accepted ; but
what is not universally recognized and what is not universally accepted is
any rightof suchpeoples to foreign assistanceor support whichconstitutes
intervention. That is to Say,it is lawfulfor a foreign State or movement to
give to a people struggling for self-determination moral, political and
humanitarian assistance ;but it is not lawful for a foreign State or move-
ment to intervene in that struggle with force or to provide arms, supplies
and other logistical support in the prosecution of armed rebellion. This is
true whether the struggle is or is proclaimed to be in pursuance of the
process of decolonization or against colonial domination. Moreover, what
entities are susceptible of decolonization is a matter of dispute in many
cases.What isacolony,and whoisthecolonizer,are the subjectsof sharply
differing views. Examples of what may be contentiously characterized -

though not necessarily unreasonably characterized - as colonies may be
readily assembled. But for present purposes, it is enough to point out that
the lack of beauty is in the eye of the beholder.

181. For reasons both of principle and practicality, leading States for
years have gone on record in support of the considerations recalled in the
previousparagraph.It isnot tobeexpected that their viewof thelaw,or the
content of the law,willbe influenced by an acknowledged and ambiguous
dictum of the Court on a topic of which no trace can be found in the
pleadings of the Parties. Perhaps the best that can be said of this unneces-
sary statement of the Court is that it can be read as taking no position on
the legalityof intervention in support of the process of decolonization, but

as merely referring to a phenomenon as to which positions in the inter-
national community differ. Even so, it is difficult to findjustification for ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 35 1

ensuite si les Etats jouissent d'un droit généralqui les autoriserait à
intervenir, directement ou non, avec ou sans force armée,pour appuyer

l'opposition interne d'un autre Etat, dont la cause paraîtrait particulière-
ment digne en raison des valeurs politiques et morales avec lesquelles elle
s'identifierait. C'es.juste titre que la Cour fait observer que l'apparition
d'un tel droit généraslupposerait une modification fondamentale du droit
coutumier relatif au principe de non-intervention.
179. La conséque:nce,ou assurément une conséquencepossible de la
juxtaposition de ces déclarationsde la Cour, est que, pour celle-ci,il existe
ou ilpeut existerun droit d'intervention nonpas général mais particulier,à
condition que ce droit favorise le <processus de décolonisation o.Autre-
ment dit, ces déclarationsde la Cour peuvent s'interpréter commesigni-
fiant que la Cour admet par voie de conséquence une exception a l'inter-

diction de 1'intervent.ionet seprononce pour lalicéitédesinterventions qui
visent a soutenir des <guerres de libération )>,ou du moins certaines
d'entre elles, tout en condamnant les interventions d'un autre caractère
politique.
180. Dans le droit international contemporain, le droit à l'autodéter-
mination, à la libertciet a l'indépendance despeuples est universellement
reconnu ; le droit des peuples de lutter pour parvenir à ces fins est uni-
versellement accepte: ;mais ce qui n'estpas universellement reconnu et ce
quin'estpas universc:llementaccepté,c'estledroit de cespeuplesd'obtenir
une assistance ou un appui de l'extérieursous forme d'intervention.
Autrement dit, un rn.ouvementou un Etat étranger peutfournir une assis-

tance morale, politique et humanitaire à un peuple luttant pour l'auto-
détermination mais un mouvement ou un Etat étranger ne peut pas
intervenir dans cette lutte en recourant a la force, ni en fournissant des
armes, des approvisiionnements ou tout autre appui logistique dans le
cadrede la rébellion arméeI.len vaainsi, qu'ilait étéproclaméou non que
la lutte s'inscrivait dans le processus de décolonisation ou étaitdirigée
contre la domination coloniale. En outre, dans bien des cas, on peut se
demander quelles entitésse prêtenta la décolonisation. La question de
savoir ce qu'est une colonie et qui est le colonisateur suscite d'énormes
divergencesde vues. Lesexemples ne manquent pas de cequi pourrait être
qualifié,par esprit de chicane, de colonies - mais sans que cela soit

nécessairementdéraisonnable.Il suffira, dans le cas présent,de souligner
que tout est question de point de vue.
181. C'est aussi bienpour des raisons de principe quepour des raisons
pratiques que, pendant des années,les grandsEtats ont adhéréaux consi-
dérationsrappelées dans leparagraphe précédent.Il ne faut pas s'attendre
a ce que l'idéequ'ils se font du droit ou du contenu du droit soit in-
fluencépar un obiter dictum ambigu formuléd'autoritépar la Cour sur
une question dont or1ne trouve pas trace dans l'argumentation des Parties.
Tout au plus pourrait-on peut-être considérerqu'en énonçantcette pro-
position inutile laCour ne prend pas position sur la licéité d'uneinter-
vention s'inscrivant dans le processus de décolonisation, mais qu'elle se
borne à faire allusionà un phénomène qui faitl'objet de points de vuethe Court raising socontentious a question, the more so when it acknow-
ledges that that question is not in issue in the present case.

L. El Salvador Is Entitled to Act in Self-Defence against Nicaraguan
Armed Attack

182. If, as has been shown, El Salvador not only "considers itself under
the pressure of an effective armed attack on the part of Nicaragua" (Dec-
laration of Intervention, para. 1),but in actual fact - and accepted law -
isunder the pressure of an effectivearmed attack on thepart of Nicaragua,
it follows that El Salvador may invoke and implement, as against Nicara-
gua, "the inherent right of individual or collective self-defence"which it is
recognized to possess by Article 51 of the United Nations Charter. It is
entitled to do so not only in accordance with Article 51 of the United
Nations Charter but in accordance with the pertinent Inter-American
principles which are described below. It is no less so entitled under the

principles of customary international law.The existenceunder customary
international law of what Article 51 refers to as the "inherent right of
individual or collective self-defence" is unquestioned. As Lauterpacht
observed, "The right to use force .. . in self-defence constitutes a per-
manent limitation of the prohibition of recourse to force in any system
of law" (H. Lauterpacht, Oppenheim's InternationalLaw, Vol. II, 7th ed.,
p. 187). "The right of self-defence is a general principle of law, and as
such itis necessarily recognized to its full extent in international law."
(H. Lauterpacht, The Function of Law in the International Community,
pp. 179-180.)
183. This is made the clearer by a measure of supposition. Let us
suppose, arguendo, that, while Nicaragua is Nicaragua, El Salvador is a

State the size of one of the major States of Latin America - say, a State
many times the area and population and several times the armed strength
which ElSalvador actually enjoys. Let ussupposefurther that ElSalvador,
soenlarged, was the victimof the veryacts of forceful intervention whichit
has been shown that Nicaragua has infact been "substantially involved" in
since 1979.Could it be supposed that such an enlarged El Salvador would
not only have, but would not itself forcefully exercise, its right of self-
defence directly against Nicaragua ? If ElSalvador has seemed restrained,
if it has not protested quite as soon as and as loudly and formally as it
otherwise might have, if it has not itself attempted to attack the ware-
houses, safehouses, training sites, and command-and-control facilities
which Salvadoran insurgents have enjoyed in the territory of Nicaragua,
has not that been not because of ElSalvador's lackof legalstanding but its

lack of power? In short, any questions that may legitimately be raised
about El Salvador's acting in self-defence against the established aggres-
sion of Nicaragua are not questions of El Salvador's legal entitlement. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISSS . CHWEBEL)352

divergents dans la communauté internationale. Mais même ainsiil est
difficile de compreridre pourquoi la Cour a soulevé unequestion aussi
controversée,d'autant plus qu'elle reconnaît que cette question n'est pas
en cause dans la présenteaffaire.

L. El Salvadora le droit de recourira la légitime défense
contrel'agression armée du Nicaragua

182. Si,commeor1l'avu,ElSalvador non seulement <(estimeêtrel'objet
d'une agression armke réellede la part du Nicaragua (déclarationd'inter-
vention, par. 1),mais est en fait - et selon le droit admis aujourd'hui -
effectivement l'objet d'une telle agression, il s'ensuit que ce pays peut
invoquer et mettre en Œuvre contre le Nicaragua le droit naturel de
légitimedéfensei,ndlividuelleou collective O, que lui reconnaît l'article 51
de la Charte des Nations Unies. Ce droit, il le possèdenon seulement en

vertu de l'article51de la Charte des Nations Unies, mais conformément
aux principes interaiméricainsapplicables, qui sont rappelésci-après.Il le
possède également surla base des principes du droit international coutu-
mier. L'existence,en droit international coutumier, de ce que l'article 51
appelle <ledroit naturel de légitimedéfense,individuelleoucollective O,ne
fait aucun doute. Comme l'écrivaitLauterpacht : <ledroitde recourir à la
force ...àdes fins de légitimedéfense constitue une limite permanente à la
prohibition du recours à la forcedans tout systèmede droit (Oppenheirn's
International Law, vol. II,7eéd.,p. 187). <(Ledroit de légitimedéfenseest

un principe généralde droit et, comme tel, il est nécessairement reconnu
sans restriction en droit international. (H. Lauterpacht, TheFunctionof
Law in the In~ernationalComrnunity,p. 179-180.)

183. Une hypothkse éclaireranotre propos. Supposons simplement que
leNicaragua reste ce:qu'il est mais qu'ElSalvador soit un Etat comparable
à un des grands pays d'Amériquelatine - dotéd'un territoire et d'une
population décuplés et d'un potentielmilitaire largement supérieur à ce

qu'il est effectivement. Supposons en outre qu'El Salvador ainsi agrandi
soitvictimedesactesd'intervention par la forcedans lesquelsleNicaragua
est en fait<(engagéde manièresubstantielle depuis 1979,ainsi qu'ila été
établi. Peut-on supposer qu'El Salvador ainsi agrandi aurait mais n'exer-
cerait pas lui-mêmepar la force un droit de légitimedéfensedirectcontre
le Nicaragua ? Si El Salvador a fait preuve de modération, s'il n'a pas
protestéaussi promptement ni aussi bruyamment et formellement qu'il
aurait pu le faire, s'iln'a pas tentélui-mêmed'attaquer les dépôts, abris,
bases d'entraînement, et moyensde commandement et decontrôle dont les

insurgéssalvadoriensdisposent sur leterritoire du Nicaragua, n'est-cepas
plutôt fautede moyensque parce qu'il n'étaitpasjuridiquement fondé à le
faire ? Autrement dit, toutes les questions que l'on peut légitimement
soulever quant au recours d'El Salvador à la légitime défensecontre
l'agression bienétabliedu Nicaragua ne sauraient mettre encause son titre
juridique. 184. Rather, the questions that should giverise to discussion are : may,
in thiscase, the United States lawfullyact in collectiveself-defencewith El
Salvador against Nicaragua ? If it may do so, may it do so only on the
territory of El Salvador, or may it carry the defence to the territory of
Nicaragua? If it may so carry its defence, have the measures it has
employed been necessary and proportionate to the armed attack of Nica-
ragua upon El Salvador? What follows from the failure of the United
States to report those measures to the Security Council ? If the United
States is found to have acted in collective self-defence, is its so doing a
sufficient defence to charges that it has violated its responsibility under
international law towards Nicaragua ?

M. The United States is entitled to act in collective self-defence with
El Salvador

1. Theposition of El Salvador

185. El Salvador maintains :
"our nation cannot, and must not, remain indifferent in the face of
this manifest aggression and violent destabilization of the Salva-

dorian society which oblige the State and the Government to legiti-
mately defend themselves. For that reason we have sought and con-
tinue to seek assistance from the United States of America and from
other democratic nations of the world ; we need that assistance
both to defend ourselves from this foreign aggression that supports
subversiveterrorism in ElSalvador,and to alleviateand repair the eco-
nomic damage that this conflict has created for us." (Declaration of
Intervention, para. III.)
It further maintains :

"Faced with this aggression, we have been called upon to defend
ourselves, but our own economic and military capability is not suf-
ficient to face any international apparatus that has unlimited
resourcesat itsdisposal, and wehave therefore, requested support and
assistance from abroad. It is our natural inherent right under Arti-
cle51 of the Charter of the United Nations to have recourse to
individual and collectiveacts of self-defence. It waswith this in mind
that President Duarte, duringa recent visitto the United States and in
discussions with United States Congressmen, reiterated the impor-
tance of thisassistance for our defence from the United States and the
democratic nations of the world." (Ibid., para. XII.)

And El Salvador concludes :
"In the opinion of El Salvador. ..itis not possible for the Court to
adjudicate Nicaragua's claims against the United States without 184. Les questions qu'il convient d'examiner sontplutôt les suivantes :
en l'occurrence, lesEtats-Unis pouvaient-ils légitimementagir de concert
avec El Salvador, dans le cadre de la légitimedéfensecollective, contre le
Nicaragua? S'ils le pouvaient, était-ce seulement sur le territoire d'El

Salvador, ou cette diifense pouvait-elle s'exercer sur le territoire du Nica-
ragua ? Dans ce dernier cas, les mesures prises ont-elles éténécessaireset
proportionnées à l'agression arméedu Nicaragua contre El Salvador?
Quelles conséquence:sfaut-il attacher au fait que les Etats-Unis n'ont pas
portéces mesures à liiconnaissance du Conseil de sécurité ? Sil'onconclut
que les Etats-Unis ont agi dans le cadre de la légitimedéfensecollective,
cela constitue-t-il unejustification suffisante face aux accusationssuivant
lesquelles ils auraient manqué aux responsabilités qui leur incombent en
droit international à l'égarddu Nicaragua ?

M. Les Etats-Unis ont le droit d'agirde concert avec ElSalvador
dans le cadre de la légitimedéfense collective

1. La position d'ElSalvador

185. El Salvador soutient que :
notre nation ne peut ni ne doit rester indifférente devant cette
agression manifeste et cette déstabilisation par la violence de la so-
ciétésalvadorienne,qui oblige 1'Etatet legouvernement àsedéfendre

par des moyens légitimes.Aussiavons-nous demandéet continuons-
nous à demander l'assistance des Etats-Unis d'Amérique etde di-
verses autres nations démocratiques ; cette assistance nous est
nécessaire,d'abord pour nous défendre contrecette agression étran-
gère,qui soutieilt le terrorisme subversif sur notre territoire, ensuite
pour limiter etritparer lesdommageséconomiquesque ceconflit nous
inflige.))(Déclaration d'intervention, par. III.)
El Salvador ajoute que :

<(Placésdevant cette agression, nous nous sommes trouvés obli-
gésde nous défendre, mais, nos moyens économiques et militaires
n'étant pas suffisants pour faire faceà un appareil international qui
dispose de ressourcesillimitées,nous avons recherchéun appui et une
assistance à l'étranger. L'article51 de la Charte des Nations Unies
nous donne le droit naturel et inhérentde prendre des mesures indi-
viduelles et collectives de légitime défense. C'esten songeant à cela

que le président.Duarte, pendant sa récente visite auxEtats-Unis et
lors de ses entretiens avec les membres du Congrès de ce pays, a
réaffirmél'importance, pour notre défense,de l'assistance des Etats-
Unis et des nations démocratiques. ))(Ibid., par. XII.)
Et El Salvador conclut en ces termes :

<<De l'avis d'ElSalvador, la Cour ne peut donc pas statuer sur les
griefs du Nicar,agua contre les Etats-Unis sans se prononcer sur la354 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITlES (DISS O.P.SCHWEBEL)

determining the legitimacy or the legality of any armed action in
which Nicaragua claims the United States has engaged and, hence,
without determining the rights of ElSalvador and the United States to
engage in collective actions of legitimatedefence.Nicaragua's claims
against the United States are directly interrelated with El Salvador's
claims against Nicaragua . . .
Any case against the United States based on the aid pro-
vided by that nation at El Salvador's express request, in order to

exercise the legitimateact of self-defence, cannot be carried out with-
out involving some adjudication, acknowledgment, or attribution
of the rights which any nation has under Article 51 of the United
Nations Charter to act collectively in legitimate defence." (Ibid.,
para. XIV.)
186. Nicaragua contends in itsobservations of 10September 1984on El
Salvador's Declaration of Intervention that that Declaration

"includes a series of paragraphs alleging activities by Nicaragua that
El Salvador terms an 'armed attack'.TheCourt should know that this
is the first time El Salvador has asserted that it is under armed attack
from Nicaragua."

The Court adopts this contention of Nicaragua, and concludes that the
evidence available supports the view that no request was made to the
United States to come to the assistance of El Salvador (or Honduras or
Costa Rica), in the exerciseof collectivedefenceagainst a supposed armed
attack by Nicaragua. prior to El Salvador's Declaration of Intervention of
15August 1984.
187. The difficulty with the contention of Nicaragua and theconcurring
conclusions of the Court is that they are not adequately supported by the
facts. As shown by the quotations reproduced in the appendix to this
opinion, at paragraphs 110, 116, 117, 118, 121, 128and 129, El Salvador
repeatedly claimed to be under armedattack from Nicaragua wellbefore it
filed its Declaration of Intervention, and it more than once gave public
indication that it accordingly sought assistance from the United States.

188. The Court in otherwise concluding fails to refer to the statements
by El Salvador quoted in the paragraphs of the appendix just cited, but it
refers to other statements in which no such declarations and requests are
found.The Court adds :
"The Court however notes that according to the report, supplied by
the Agent of Nicaragua, of the meeting on 12August 1981between
President Ortega of Nicaragua and Mr. Enders, the latter is reported
to have referred to action which the United States might take

'ifthe arms race in Central America isbuilt up to such a point that
some of your [SC.Nicaragua's] neighbours in Central America seek
protection from us under the Inter-American Treaty [of Reciprocal
Assistance].' légitimitéou la.légalitéde toute action armée attribuée aux Etats-
Unis par le Nicaragua ni, par conséquent, sur le droit qu'ont El
Salvador et les Etats-Unis de recourir à des mesures collectives de
légitime défense.Les griefs du Nicaragua contre les Etats-Unis sont
directement liésaux griefs d'El Salvador contre le Nicaragua ...

Une action enjustice contre les Etats-Unis invoquant l'assistance
fournie par ce pays à la demande expresse d'El Salvador pour per-
mettre à cepays d'assurer sa Iégitimedéfensene saurait avoir de suite

sans que cela implique une prise de position - sousforme de décision
judiciaire, de reconnaissance oud'attribution - concernant ledroit de
légitime défense, individuelle ou collective,que reconnaît à toute
nation l'article51de la Chartedes Nations Unies. (Ibid., par. XIV.)
186. Le Nicaragua affirme dans sesobservations du 10septembre 1984

sur la déclaration d'intervention d'El Salvador que celle-ci
<(comporte une:sériede paragraphes où sont alléguéed ses activitésdu
Nicaragua qu'EiISalvador qualifie d'o attaque armée )>A cet égard,il
importe que la (Coursache que c'estla première fois qu'ElSalvador se
déclarevictime:d'une attaque arméede la part du Nicaragua. ))

La Cour reprend cette thèsedu Nicaragua et conclut que les moyens de
preuve disponibles l'autorisent à penser que les Etats-Unis n'ont pas reçu,
avant la déclaration d'intervention d'El Salvador du 15 août 1984. de
demande d'assistance d'El Salvador(ou du Honduras ou du Costa Rica),
pour qu'ils exercenitleur droit de légitimedéfensecollective contre une

prétendue agressioniarmée du Nicaragua.
187. L'inconvénientde la thèseduNicaragua etdes conclusions concor-
dantes de la Cour, c'est qu'elles ne sont pas dûment étayéespar les faits.
II ressort en effet descitations reproduites aux paragraphes 110, 116, 117,
118, 121,128et 129de l'appendice à laprésente opinion qu'El Salavadora
maintes fois affirmé faire l'objet d'une agression armée de la part du
Nicaragua bien avaint le dépôt de sa déclaration d'intervention et qu'à
plusieurs reprises il a publiquement indiqué qu'il demandait en consé-
quence l'aide des Etats-Unis.
188. En concluaint différemment, la Cour omet de tenir compte des

déclarationsd'El Sallvadorcitées auxparagraphes susmentionnés de l'ap-
pendice mais en retient d'autres d'oùsont absentes de tellesaffirmationset
demandes. Elle ajoute :
LaCour relèvecependant que,d'après lecompterendu fournipar
l'agentdu Nicairaguade l'entretien du 12août 1981entre leprésident
Ortega du Nicaragua et M. Enders, ce dernier aurait évoquéles

mesures que plourraient prendre les Etats-Unis
[si]la course aux armements enAmériquecentrale sedéveloppe à
un point tel quecertains despays de la région [c'est-à-diredespays
voisins du Nicaragua] nous invitent àles protéger autitre du traité
interamérica.in[d'assistance mutuelle] O, This remark might be thought to carry the implication that no such
request had yet been made. Admittedly, the report of the meeting is a
unilateral one, and its accuracy cannot be assumed as against the
United States. In conjunction with the lack of direct evidence of a
formal request forassistancefromany of the three Statesconcerned to
the United States, the Court considers that this report is not entirely
without significance."

189. But while the Court believes that some significance should be
attached to thisreport, 1believethat the Court has misread the termsof the
Inter-American Treaty of Reciprocal Assistance (the "Rio Treaty") to
which Mr. Enders referred. That Treaty contains two quite distinct pro-
visions under which the United States might extend protection to El
Salvador. One is found in Article 3, paragraphs 1 and 2 of which pro-
vide :

"1. The High Contracting Parties agree that an armed attack by
any State against an American State shall be considered as an attack
against al1the American States and, consequently, each one of the
said Contracting Parties undertakes to assist in meeting the attack in
the exercise of the inherent right of individual or collective self-
defence recognized by Article 51 of the Charter of the United
Nations.
2. On the request of the State or States directly attacked and until
the decision of the Organ of Consultation of the Inter-American
System, each one of the Contracting Parties may determine the
immediate measures which it may individually take in fulfillment of

the obligation contained in the preceding paragraph and in accor-
dance with the principle of continental solidarity. The Organ of
Consultation shall meet without delay for the purpose of examin-
ing those measures and agreeing upon the measures of a collective
character that should be taken."
Mr. Enders' quoted remark obviously did not refer to an armed attack
under Article 3, for he spoke at that point only of the building up of the
arms race in Central America in which Nicaragua has taken so marked a

lead. (See, in support of this conclusion, the further passage from the
Ortega/Enders transcript quoted in the appendix, para. 157.)To what
provision of the Rio Treaty then did Mr. Enders refer ? Presumably, to
Article 6, which provides :

"If the inviolability or the integrity of the territory or the sover-
eignty or political independence of any American State should be
affected by an aggression which is not an armed attack or by an

extra-continental or intra-continental conflict, or by any other fact or
situation that might endanger the peace of America, the Organ of
Consultation shall meet immediately in order to agree on the mea-
sures which must be taken in case of aggression to assist the victimof ce qui pourrait laisser entendre qu'aucune demande de cet ordre
n'avait encore étéprésentée.Certes le compte rendu a été établi

unilatéralement et l'on nesaurait présumerqu'il soit exact et oppo-
sable aux Etats-Unis. Mais en l'absence de preuves directes d'une
demande d'assistance formelleque l'undestrois Etatsaurait adressée
à ces derniers, la Cour considèreque ce document n'est pas entière-
ment dénuéd'importance. ))

189. Si la Cour estime qu'il faut accorder une certaine portée à ce
compte rendu, j'estimepour mapart que laCour amalinterprétélestermes
du traitéinteraméricaind'assistance mutuelle (le traitéde Rio O)men-
tionnépar M. Enders. Ce traité contient deux dispositions distinctes en
vertu desquelles les Etats-Unis peuvent protégerEl Salvador. La première
est énoncée aux paragraphes1 et 2 de l'article 3, qui sont ainsi libellés :

<(1. Les hautes parties contractantes conviennent qu'une attaque
armée provenant de quelque Etat contre un Etat américainsera con-
sidéréecomme une attaque contre tous les Etats américains ; en
conséquence,chacune desdites parties contractantes s'engage àaider
à faire face à l'!attaque,en exercice du droit immanent de légitime
défense individiuelle ou collective que reconnaît l'article 51 de la
Charte des Nations Unies.
2. A la demande de 1'Etat ou des Etats directement attaqués, et
jusqu'à la décisionde l'organe de consultation du système interamé-

ricain, chaque partie contractante pourra déterminer les mesures
immédiates qu'elleadoptera individuellement, en accomplissement
de l'obligation (dontfait mention le paragraphe précédent et confor-
mément auprincipe de solidarité continentale. L'organe de consul-
tation se réunirasans délai,dans le but d'examiner ces mesureset de
déterminercell'esde caractère collectif qu'il convient d'adopter.

Il est évidentque l'(observationprécitéede M. Enders ne visait pas une
attaque arméeau sens de l'article 3 puisque les propos qu'il tenait à ce
moment-là ne conce:rnaientque le développementde la course aux arme-
ments en Amérique (centrale,dans lequel leNicaragua a nettementjoué un
rôlede premier plan. (Voir à l'appui de cette conclusion la suite du compte
rendu de l'entretien entre M. Ortega et M. Enders citéau paragraphe 157
de l'appendice.)Que:lledisposition du traitédeRio M.Enders avait-il alors
en vue ? Vraisemblsiblement l'article 6, qui est ainsi libell:

<(Si l'inviolabilité ou l'intégritdu territoire, la souveraineté ou
l'indépendance politiquede quelque Etat américainétaientaffectées
par une agression qui ne soit pas une attaque arméeoupar un conflit
extracontinental ou intracontinental, ou par quelque autre fait ou
situation susceptible de mettre en périllapaix de l'Amérique, l'organe
de consultationi se réunira, immédiatement, afinde décider desme-
suresqui. en casd'agression,doivent êtreprises pour venir en aide à la theaggression or,inany case, the measures which should be taken for
the common defense and for the maintenance of the peace and secu-
rity of the Continent."
It is plausible that, in the viewof ElSalvador and the United States, which
the OASOrgan of Consultation might be brought to share, an extraordi-
nary emplacement of arms inNicaragua might be seenasafact or situation
that might endanger the peace (as was thecase in the Cuban missilecrisis).
But this reference of Mr. Enders is, in my view, of no significance in
weighingthe authenticity of the claimsof ElSalvador that it maderequests

tothe United Statesforassistance inmeetingwhat it viewedasNicaraguan
actions tantamount to an armed attack against it before and after 12
August 1981.
190. Asobserved above, if the Court had reason to doubt the accuracy
of ElSalvador'sclaims in this regard, it would have been perfectly possible
for the Court to request El Salvador to supply evidence in support of the
claimswhich its Declaration of Intervention made to the Court. TheCourt
rather has chosen to draw aquestionable inference froma memorandum of
conversation supplied by Nicaragua, while overlooking statements in the
public domain by ElSalvador whichare supportive ofitsclaims.TheCourt
finds it appropriate to take various claims by Nicaragua and witnesses
testifying on itsal1at their facevalue, whilerefusing to credit the claim of
a State, otherwise supported by someevidence in thepublic domain, that it
has been under armed attack for years and has requested assistance in
meeting that attack.

191. Moreover, in the Court's view, apparently the only kind of decla-
ration that a State is under armed attack which counts isone formally and
publicly made ; and the only kind of request for assistance that appearsto
count isone formally and publicly made. Butwhere isitwritten that, where

one State covertly promotes the subversion of another by multiple means
tantamount to an armed attack, the latter may not informally and quietly
seek foreign assistance ? It may be answered that it iswritten in Article 51
of the United Nations Charter that measures taken by Members in the
exercise of the right of self-defenceshall be immediately reported to the
Security Council. That answer, which is not insubstantial, nevertheless is,
in my view,insufficient, for reasons explained below(seeparas. 221-227of
this opinion).

2. The posirion of rhe United Srares
192. For its part, the United States, speaking through its Secretary of
State, submitted an affidavit to this Court which declares :

"1 hereby affirm that the United States recognizes and respects the
prohibitions concerning the threat or use of force set forth in the
Charter of the United Nations, and that the United States considers victime de l'agression,ou,en tout cas, cellesqu'il convientde prendre
pour la défense:commune, et pour le maintien de la paix et de la
sécuritécontine!ntales.

Ilest possible que, di1point de vued'ElSalvadoret des Etats-Unis- point
de vue que l'organe de consultation de I'OEApouvait êtreamené à par-
tager - la constitution d'un arsenal exceptionnel au Nicaragua apparais-
sait comme un fait ciuune situation susceptible de mettre en périlla paix
(comme dans le cas de la crise des missiles cubains). Mais je pense que
lesdits propos de M. Enders n'importent pas quand on chercheà établirs'il
estvrai qu'avant etalprèsle 12août 1981ElSalvador a,ainsi qu'il l'affirme,
demandél'aide des Etats-Unis pour faire face àdes actes du Nicaragua
qu'il considéraitconnmeéquivalant à une agression arméecontre lui.
190. Comme il a é:tobservé ci-dessus,sila Cour avaitquelque motif de

douter de l'exactitude des affirmations d'El Salvador à cet égard,il lui
aurait étéparfaitementpossible de l'inviteà fournir des preuvesà l'appui
des allégations formuléesdans sadéclaration d'intervention. Mais la Cour
a préféré tireurne conclusion douteuse d'un compte rendu d'entretien
fourni par le Nicaragua, tout en passant sous silence desdéclarationsd'El
Salvador qui sont du domaine public et qui corroborent ses affirmations.
La Cour croit pouvoir prendre pour argent comptant les diverses alléga-
tions du Nicaragua et de témoinsproduitspar lui mais dénietoute valeurà
l'affirmation d'un E:tat, par ailleurs étayéepar des élémentsde preuve
relevant du domaine public, selon laquellecet Etat subitdepuisdesannées
une agression armée et a demandé qu'on lui vienne en aide pour la
repousser.

191. Au surplus, iilsemble que seules comptent pour la Cour la décla-
ration officielleet publique par laquelle un Etat annonce qu'ilest victime
d'une agressionarmkeet la déclarationofficielleetpublique par laquelle il
demande de l'aide. Mais où est-il écritque, lorsqu'un Etat favorise en
sous-main la subversion dans un autre Etat par une multitude de moyens
équivalant à une agression armée, celui-ci n'apas le droit de solliciter
officieusement et discrètement une aide étrangère ? On peut rétorquer
qu'aux termes de l'article51de la Charte des Nations Unies les mesures
prisespar des Membres dans l'exercicedu droitde légitimedéfense doivent
être immédiatementportées à la connaissance du Conseil de sécurité. et
argument, qui n'estpas dénuéde valeur, est néanmoins insuffisant à mon
avis, pour les raisons quej'exposerai plus loin (voir les paragraphes 221
227 de la présente opinion).

2. La positiondesEtats-Unis

192. Pour leur part, les Etats-Unis, s'exprimant par le canal de leur
secrétaired'Etat, onitsoumisà la Cour une déclaration sous serment ainsi
conçue :

<<J'affirme que les Etats-Unis reconnaissent et respectent les inter-
dictions dont la Charte des Nations Unies frappe la menace ou
l'emploide la force, et qu'ils considèrent leur politique et leurs acti- its policies and activities in Central America, and with respect to
Nicaragua in particular, to be in full accord with the provisions of the
Charter of the United Nations. Pursuant to the inherent right of
collective self-defense, and in accord with its obligations under the
Inter-American Treaty of Reciprocal Assistance, the United States
has provided support for military activities against forces directed or
supported by Nicaragua as a necessary and proportionate means of
resisting and deterring Nicaraguan military and paramilitary acts
against its neighbors, pending a peaceful settlement of the conflict. 1

further affirm that the overthrow of the Government of Nicaragua is
not the object nor the purpose of United States policy in the region.
Our position in this respect is clear and public. As President Reagan
stated in a published letter to Senator Baker of April 4, 1984:

'The United States does not seek to destabilize or overthrow the
Government ofNicaragua ;nor to imposeor compelany particular
form of government there.
We are trying, among other things, to bring the Sandinistas into
meaningful negotiations and constructive, verifiable agreements
with their neighbors on peace in the region.

Webelievethat apre-condition to any successfulnegotiations in
these regards is that the Government of Nicaragua cease to involve
itself inthe interna1or external affairs of its neighbors, as required
of member nations of the OAS.' "

3. Thepertinence ofprovisions of the Inter-American Treaty of Reciprocal
Assistance

193. Provisions of the Rio Treaty are pertinent to the answer to the
question of whether the United States is entitled to act in collective self-
defencewith ElSalvador. The RioTreaty wasnot invokedby Nicaragua in
its Application or argument, with the result, in my view,that the dispute
has not arisen under that multilateral treaty, which accordingly is not, or
arguably is not, within the reach of the multilateral treaty reservation. In
any event, the essential consideration is that El Salvador, Nicaragua and
the United States are parties to the Rio Treaty and are bound by it.

194. While it was concluded after the entry into force of the United
Nations Charter, the RioTreaty was negotiated in pursuance of the Act of
Chapultepec. That Act, concluded at the Inter-American Conference on
Problems of War and Peace of 1945, established the principle that an

attack against any American State would be considered an act of aggres-
sion against al1other American States. Article 51 of the United Nations
Charter was drafted essentially in response to the insistence of the Latin
American States that the possibility of action in individual and collective
self-defence pursuant to the Act of Chapultepec be preserved. vités en Amérique centrale, notamment à l'égarddu Nicaragua,

comme pleinement compatibles aveclesdispositions de la Charte des
Nations Unies. Dans l'exercicedu droit naturel de légitime défense
collective, et dans le respect des obligations dont ils sont tenus en
vertu du traité interaméricaind'assistance mutuelle, les Etats-Unis
ont appuyéder;activités militaires menéescontre des forces que le
Nicaragua dirigeait ou soutenait :c'étaitlà opposer un moyen néces-
saire et proportionné de résistance et de dissuasion aux activités
militaires et paramilitaires du Nicaragua contre ses voisins, dans
l'attente d'unrkglementpacifique du conflit. J'affirmede surcroît que
lapolitiquedesEtats-Unis dans larégion n'ani pour objet ni pour but
de renverser le Gouvernement du Nicaragua. Notre position à cet
égard estclaire:et notoire. Comme le président Reagan l'a déclaré

dans une lettre ouverte au sénateurBaker, le 4 avril 1984 :
<(Les Etats-Unis ne cherchent pas à déstabiliser ou renverser le
Gouverneme:ntdu Nicaragua, ni à imposer ou établirpar la force
une forme particulière de gouvernement dans ce pays.
Nous essayons, entre autres choses, d'inciter les sandinistes à
participer à des négociations utilesetà conclure avec leurs voisins
des accords constructifs et vérifiablessur la paix dans la région.

Selonnous, l'unedesconditions préalablesde laréussitede toute
négociation à cet égard estque le Gouvernement du Nicaragua
cessede s'ingérerdans les affaires intérieuresou extérieuresde ses
voisins. comme il en est tenu à titre de membre de I'OEA.

3. La pertinence des dispositions du traité interaméricain d'assistance
mutuelle

193. C'estdans lesdispositions du traitédeRio que se trouve laréponse
ala question de savoir si les Etats-Unis ont ledroit d'agir avecElSalvador
dans lecadrede la lkgitimedéfensecollective.LeNicaragua n'ainvoquéle
traitéde Rio nidans sarequêteni dans sonargumentation, d'où ildécoule,
à mon avis, que le différendne résultepas de ce traité multilatéral etqu'il
ne tombe donc pas - du moins peut-on le soutenir - sous le coup de la
réserve relative auxtraités multilatéraux.Ce qui compte en tout cas, c'est

qu'El Salvador,lesEtats-Unis et leNicaragua sont parties au traitéde Rio
et qu'ils sont liépar cet instrument.
194. Le traitéde Rio, qui a étéconclu après l'entréeen vigueur de la
Charte des Nations Unies, fait suite à I'actede Chapultepec. Ce dernier
instrument, adopté à la conférence interaméricaine surles problèmes de
guerre et de paix ein 1945,établitle principe suivant lequel une attaque
contre un Etat améiricain,quel qu'il soit, serait considércomme un acte
d'agression contre tous les autres Etats américains. L'article51 de la
Charte desNations Unies a été rédigéessentiellemens tur lesinstancesdes
Etats latino-américains, qui entendaient se réserver la possibilité d'agir
dans l'exercicede la légitime défense individuelleet collective conformé-
ment à I'acte de Chapultepec :358 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

"The drafting history shows that article 51 was intended to safe-
guard the Chapultepec Treaty which provided for collective defense
in case of armed attack. The relevant commission report of the San
Francisco Conference declared 'the use of arms in legitimate self-
defense rernains adrnitted and unirnpaired'. . . When article 51 was
adopted in 1945,it was intended to legitirnize the security arrange-
ment of the Chapultepec Act.. .That treaty declared, in effect, that
aggression against one Arnerican state shall be considered an act of

aggression against all. This was expressly referred to at the San
Francisco Conference as the reason for collective self-defense in
article 51...When astate cornesto the aid of another, the legalissueis
not whether the assisting state has a right of individual defense but
only whether the state receiving aid is the victim of an external
attack." (Oscar Schachter, foc.cit.,pp. 1633-1634, 1639.)

Speaking for the Latin Arnerican States, the Foreign Minister of Colombia
thus placed on record at San Francisco, as an authoritative interpretation
of Article 51, the following understanding :

"The Latin American Countries understood, as Senator Vanden-
berg had said, that the origin of the term 'collective self-defense' is
identified with the necessity of preserving regional systems like the
Inter-American one.The Charter, in general terms, is a constitution,

and it legitimatizes the right of collectiveself-defense to be carried out
inaccord with the regional pacts so longas they are not opposed to the
purposes and principles of the Organization as expressed in the
Charter. If a group of countries with regional ties declare their soli-
darity for their mutual defense, as in the case of the American States,
they will undertake such defense jointly if and when one of them is
attacked. And the right of defense is not limited to the country which
isthe direct victim of aggression but extends to those countries which
have established solidarity, through regional arrangements, with the
country directly attacked. This is the typical case of the Arnerican
systern.The Act of Chapultepec provides for the collectivedefense of
the hemisphere and establishes that ifan Arnerican nation isattacked
al1the rest consider thernselves attacked. Consequently, such action
as they rnay take to repel aggression, authorized by the article which
was discussed in the subcommittee yesterday, is legitimate for al1of
them. Such action would be in accord with the Charter, by the
approval of the article, and a regional arrangement may take action,

provided it does not have irnproper purposes as, for example, joint
aggression against another state. Frorn this, it may be deduced that
the approval of this article implies that the Act of Chapultepec is not
in contravention of the Charter." (UNCIO docs., Vol. 12,pp. 680-
681.) (Les travaux préparatoires montrent que l'article 51visait à sau-

vegarder les dispositions du traité de Chapultepec prévoyant une
défensecollectiiveencas d'agression armée. Aux termesdu rapport de
commission présenté à ce sujet à la conférencede San Francisco,
<(l'emploi des armes dans l'exercicede la légitimedéfense demeure
admiset sans restriction ..Quand l'article51a étéadopté en 1945,il
visaitàlégitimerlesdispositions de I'actede Chapultepec relatives àla
sécurité...Ce traité disposait eneffet qu'une agression contre un Etat
américain serait considéréceommeun acte d'agressioncontre tous. Il
ena été fait mention expresse àlaconférencede San Francisco comme
raison des mesures de légitime défense collective prévues à I'ar-
ticle 1...Quanidun Etat vient en aide àun autre, le problème qui se

pose du point de vuejuridique n'est pas de savoir si le premier a un
droit de défense individuelle maissi le second est victime d'une at-
taque extérieure. (Oscar Schachter, loc. citp. 1633-1634, 1639.)

Parlant au nom des Etats d'Amériquelatine, le ministre des relations
extérieuresde la Colombie a présentécomme suit, à San Francisco, l'in-
terprétation officielle de I'article 5:

((Pour les pays de l'Amérique latine,comme l'a dit le sénateur
Vandenberg, l'(originedu terme <défense collective n'est autre que
la nécessitéde maintenir les systèmes régionaux telsque le [système

interaméricain:).La Charte, d'un point de vue général, estune cons-
titution, et elle rend légitimele droit de défensecollective exercé
conformément aux pactes régionaux, du moment que ceux-ci ne
s'opposent pas aux buts et principes del'organisation exprimésdans
laCharte. Siun groupe de pays liésentre euxpar un accord régional se
déclarentsolidairespour leur défensemutuelle,commedans lecasdes
Etats américains, ils déclencheront cette défense en commun au
moment où l'und'euxsera attaqué.Et ledroit de défensen'appartient
pas seulement au pays directement victime de l'agression ; il s'étend
aux pays qui, par des accords régionaux, sesont rendus solidaires du

pays directement attaqué. Ceci s'applique typiquement au système
américain. L'acte de Chapultepec prévoit la défense collectivede
l'hémisphère, et précisq eue si un pays américain estattaqué,tous les
autres se considèrent attaqués également. En conséquence, estIégi-
time de la part. de tous ces pays toute mesure prise pour repousser
l'agression. etautoriséepar I'articleexaminéhier par le sous-comité.
L'approbation de I'article rendrait une telle mesure conforme à la
Charte, et un accord régionalpourrait êtremis en application, à
condition que le but n'en soit pas illégitime,comme le serait, par
exemple, une agression en commun contre un autre Etat. On peut en
déduire que l'approbation de I'article impliquerait que I'acte de
Chapultepec n'estpas en contradiction avec la Charte. (Documents

de la Conférencedes Nations Uniessur l'organisation internationale,
vol. 12, p. 691-,692.)359 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITlES (DISSO. P.sCHWEBEL)

195. The RioTreaty thus concluded pursuant to theAct ofChapultepec
and in accordance with the United Nations Charter contains the provi-
sions quoted in paragraph 189of this opinion. It will be observed that,
under Article 3, on the request of the attacked State, "each one of the
Contracting Parties may determine the immediate measures which it may
individually take in fulfillment of the obligation" arising from treating an
attack against an American State as an attack on al1the American States.
It may do so until the Organ of Consultation of the OAS or the United
Nations Security Council has taken the measures necessary to maintain
international peace and security. Bywayof contrast, if an American State
isaffected by "an aggressionwhich isnot an armed attack ...the Organ of
Consultation shall meet immediately in order to agree on the measures
which must be taken in case of aggression to assist the victim .. ."

(Art. 6).
196. In implementation of the Rio Treaty, as well as its inherent right
recognized by Article 51of the United Nations Charter, El Salvador has
resisted Nicaragua's armed attack by acting in self-defence, and, equally,
the United States has determined "the immediate measures which it may
individually take in fulfillment of theobligation" ithasundertaken to treat
an attack on any American State as an attack on al1(including itself). By
the terms and intent of the Rio Pact, the United States is entitled indi-
viduallyto determine such measuresuntil theOASand the UnitedNations
Security Council have acted ; it does not require the prior authorization
either of the OASor of the SecurityCouncil. In sodoing, the United States
fulfils an obligation which it has undertaken to act in collective self-
defence(contrary to the Court'suntenable view).Astheformer Director of
the Legal Department of the OAS has written :

"While under the United Nations Charter self-defense is only a
right, under article 3of the Treaty self-defense is both a right and an
obligation. The reason for the difference isthat the Treaty isbased on

a commitment to reciprocal assistance." (Francisco V. Garcia
Amador, "The Rio de Janeiro Treaty : Genesis, Development, and
Decline of a Regional Systemof CollectiveSecurity", Inter-American
Law Review, Vol. 17, 1985,pp. 11-12.)

197. While, as Dr. Garcia Amador's analysis shows,the OAS system of
collectivesecurity has a mixed record, and whilethe RioTreaty itself isthe
subject of significant revisions which have not yet come into force, it
should be observed that the OAS has interpreted and applied the Rio
Treaty on related occasion in ways that are supportive of the current
interpretation of its legalobligations which the United States advances. In
response to Cuba's repeated efforts to overturn certain governments of
Latin America during the 1960s,the Organ of Consultation of the Inter-
American Systemmet and adopted resolutions whichrecognized that such 195. Le traitéde Rio, qui a donc étéconclu pour faire suite à l'acte de
Chapultepec et conformément à la Charte des Nations Unies contient les
dispositions citéesau paragraphe 189de la présente opinion. On notera
qu'aux termes de I'article 3 de ce traité,dans le cas où 1'Etatattaqué le

demandera, << chaque partie contractante pourra déterminer les mesures
immédiates qu'elle adoptera individuellement, en accomplissement de
l'obligation )de traiter une attaque contre un Etat américaincomme une
attaquecontre tous lesEtats américains. Elleseralibre delefairejusqu'à ce
quel'organedeconsultation deI'OEAouleConseilde sécuritédes Nations
Unies prenne les mesures nécessaires aumaintien de la paix et de la
sécuritéinternationales.Par contre, si un Etat américainest victime d'une
(<agression qui ne soitpas une attaque armée ..l'organede consultation se
réunira, immédiatement, afinde déciderdes mesures qui, en cas d'agres-
sion, doivent êtreprises pour venir en aide à la victime... (art. 6).
196. En application du traitéde Rio et dans l'exercice de son droit
naturel reconnu par I'article51de laCharte desNations Unies. ElSalvador
a résisté à l'agression arméedu Nicaragua en recourant à la légitime

défense, etles Etat.s-Unis ont déterminéde même<< les mesures immé-
diates [a prendre] individuellement, en accomplissement de l'obligation
qu'ils avaient souscrite de traiter une attaque contre un Etat américain
comme une attaque contre tous les Etats américains, eux-mêmey s com-
pris. D'après lalettr~eet l'espritdu traitéde Rio, les Etats-Unis ont le droit
de déterminereux-rriêmes lem s esuresà prendrejusqu'à ce que I'OEA ou le
Conseilde sécurité dlesNations Unies prennent à leur tour des mesures ;ils
n'ont besoin de l'autorisation préalable ni de I'OEA ni du Conseil de
sécurité.Ce faisant les Etats-Unis exécutent l'obligation qu'ilsont sous-
crite d'agirdans 1'ex.ercicde la légitimedéfensecollective(contrairement
à l'opinion indéfendlable de la Cour). Comme l'ancien directeur du dépar-
tement juridique de I'OEA l'a écrit :

(<Alors que 1,alégitimedéfense n'estqu'un droit selon la Charte des
Nations Unies, selon l'article 3 du traitéde Rio elle est à la fois un
droit et une obligation. Cette différence s'expliquepar le fait que ce
traitéest fondésur une promesse d'assistance mutuelle. (Francisco
V. Garcia Amador, << The Rio deJaneiro Treaty :Genesis, Develop-
ment, and Decline of a Regional System of Collective Security )),
Inter-AmericanLaw Review,vol. 17, 1985,p. 11-12.)

197. Si,comme le montre l'articlede M. Garcia Amador, le systèmede
sécuritécollective dt:I'OEAn'apas toujoursparfaitement fonctionné, et si
le traitéde Rio proprement dit fait l'objet de revisions importantes qui ne
sont pas encore entréesen vigueur, il faut quand mêmenoter que I'inter-

prétationque I'OEAadonnéeetl'application qu'elleafaite de cetraitélors
de circonstancesanalogues tendent àcorroborer l'interprétation desobli-
gationsjuridiques que lesEtats-Unis donnent actuellement. En riposte aux
efforts maintes fois déployéspar Cuba pour renverser certains gouverne-
ments d'Amériquelatine pendant les années soixante,l'organe de consul-subversiveactivitiescouldgiverisetoexerciseof the rightofindividual and
collective self-defence. Thus Resolution 1of the Ninth Meeting of Con-
sultation of 1964reads in part as follows :

"The Ninth Meeting of Consultation of Ministers of Foreign
Affairs, ServingasOrgan of Consultation in Application of the Inter-
American Treaty of Reciprocal Assistance,
Havingseen the report of the Investigating Committee designated
on December 3,1963, by the Council of the Organization ofAmerican
States, acting provisionally as Organ of Consultation, and

Considering :
That the said report establishes among its conclusions that 'the
Republic of Venezuela has been the target of a series of actions
sponsored and directed by the Government of Cuba, openly intended
to subvert Venezuelan institutions and to overthrow the democratic
Government of Venezuela through terrorism, sabotage, assault, and

guerrilla warfare' ; and
That the aforementioned acts, like al1 acts of intervention and
aggression, conflict with the principles and aims of the inter-Ameri-
can system,
Resoives :

1. To declare that the acts verifiedby the Investigating Committee
constitute an aggression and an intervention on the part of the Gov-
ernment of Cuba in the interna1affairs of Venezuela,which affects al1
of the member states.
2. To condemn emphatically the present Government of Cuba for
its acts of aggression and of intervention against the territorialinvio-
lability, the sovereignty, and the political independence of Vene-
zuela.

5. To warn the Government of Cuba that if it should persist in
carrying out acts that possess characteristics of aggression and inter-
vention against one or more of the member states of theOrganization,
the member states shall preserve their essential rights as sovereign
states by the useof self-defensein either individual or collectiveform,
which couId go so far as resort to armed force, until such time as the
Organ of Consultation takes measures to guarantee the peace and se-
curity of the hemisphere." (Inter-American Institute of International
Legal Studies, TheInter-AmericanSystem, 1966,pp. 168-169.)

Paragraph 5 of the foregoing resolution is a clear holding that, under the
law in force among the Members of the OAS, the very kind of actions oftation du systèmeinteraméricains'estréuni eta adoptédes résolutionsqui
reconnaissaient que:de telles activités subversives pourraient aboutir à
l'exercicedu droit de légitimedéfenseindividuelle ou collective.C'est ainsi
que la résolution 1de laneuvièmeréunionde consultation de 1964contient
notamment les déclarations suivantes :

((La neuvièmeréunionde consultation des ministres des relations
extérieures,faisant office d'organe de consultation enapplication des
dispositions du traité interaméricaind'assistance mutuelle,
ayant pris connaissance du rapport de la commission d'enquête

désignée le3décembre1963par leConseil de l'organisation des Etats
américains,faisant provisoirement fonctiond'organe deconsultation,
et
Considérant :

Que, dans leisconclusions du rapport précité,il est établique <(la
Républiquedu Venezuelaaété lacible d'une séried'actions soutenues
et dirigéespar le Gouvernement de Cuba,qui visaient ouvertement à
déstabiliserles institutions vénézuéliennee st à renverser le Gouver-
nement démocratique du Venezuela par des actes de terrorisme, de
sabotage, de violence et de guérilla ;et
Que les actes précités,comme tous actes d'intervention et d'agres-
sion, sont contraires aux principes et aux buts du système interamé-

ricain,
Décide :

1. De déclarerque lesactesconstatéspar la commission d'enquête
constituent une agression et une intervention du Gouvernement de
Cuba dans les affaires intérieures du Venezuela, et affectent tous les
Etats membres.
2. De conda.mner catégoriquement le Gouvernement actuel de
Cuba pour ses a.ctesd'agression etd'intervention contre l'inviolabilité
du territoire, la.souveraineté, et l'indépendance politique du Vene-
zuela.

5. D'avertir le Gouvernement de Cuba que, s'il persiste à com-
mettre desactesprésentantlescaractéristiquesd'uneagressionet d'une
intervention contre un ou plusieurs Etats membres de l'organisation,

les Etats membres protégeront leurs droits essentiels d'Etats souve-
rains en recourant à la légitime défense,soit individuellement, soit
collectivement, voire en employant la force armée, jusqu'à ce que
l'organedecon!;ultation prenne des mesures pour garantir lapaix et la
sécuritédans l'hémisphère. )>(Inter-American Institute of Internatio-
nal Legal Studies, The Inter-American System, 1966,p. 168-169.)

Le paragraphe 5 de cette résolution étaye clairement l'opinion selon
laquelle, d'aprèsle d.roiten vigueur entre les Etats membres de I'OEA,lesNicaragua at issuein thiscasejustify the useofarmed forcein individual or

collective self-defence.

4. The position under the United Nations Charter and customaryinter-
national law

198. United States action is as clearly in essential conformity with
Article 51 of the United Nations Charter as it is in essential conformity
with the Rio Treaty - except that it hasfailed to report immediately to the
Security Council the measures taken in exercise of its right of collective
self-defence.(The RioTreaty also recognizesthe supervening authority of

the Security Council.) The implications of that failure will be considered
below. But before leaving the Inter-American System, it should also be
noted that the Charter of the Organization of American States, as revised,
provides that, "An act of aggressionagainst oneAmerican State isan act of
aggression against al1the other American States" (Art. 3).And Article 27
provides :
"Every act of aggression by a State against the territorial integrity

or the inviolability of the territory or against the sovereignty or
political independence of an American State shall be considered an
act of aggression against the other American States."
199. Lauterpacht, in obsewing that the right "of self-defence against
physical attack must be regarded asa natural right both of individuals and
of States". referred to Article 51 of the Charter and continued :

"It will be noted that, in a sense, Article 51 enlarges the right of
self-defence as usually understood - and the corresponding right of
recourse to force - by authorising both individual and collective
self-defence. This means that a Member of the United Nations is
permitted to have recourse toaction in self-defencenot onlywhen it is
itself the object of armed attack,but alsowhen such attack isdirected
against any other State or States whose safety and independence are

deemed vital to the safetyand independence of the State thus resisting
- or participating in forcible resistance to - the aggressor. Such
extension of the notion of self-defence is a proper expression of the
ultimate identity of interest of the international community in the
preservation of peace. It is alsoa practical recognition of the fact that
- in the absence of an effective machinery of the United Nations for
the suppression of acts of aggression - unless such right of collective
self-defenceis recognised the door isopen for piecemeal annihilation
of victims of aggression by a State or States intent upon the domi-
nation of the world. In that sense collective self-defence is no more
than rationally conceived individual self-defence." (Oppenheim's

International Law, Vol. II, 7th ed. (1952), pp. 155-156.)actions du Nicaragua qui sont en cause dans la présente espèce sont
précisémentde cellesquijustifient l'emploide la forcearméeau titre de la
légitimedéfenseindividuelle ou collective.

4. La situation au regard de la Charte des Nations Unies et du droit inter-
national coutumier

198. Pour I'esseritiel,l'action des Etats-Unis est tout aussi manifeste-
ment conforme à l'article51de la ChartedesNations Unies qu'au traitéde
Rio - à ceci prèsque les Etats-Unis n'ont pas porté immédiatement à la
connaissance du Conseil de sécuritéles mesures prises dans l'exercicede
leur droit de légitimedéfensecollective.(Le traitéde Rio reconnaît d'ail-
leursaussilacompétencepostérieuredu Conseilde sécurité.O ) n verraplus
loin ce qu'implique cette omission. Mais avant de quitter le systèmein-

teraméricain, il convient de noter aussi que le texte reviséde la charte
de l'Organisation dlesEtats américains prévoit,que l'agression contre
un Etat américainconstitueune agressioncontre tous lesautresEtats amé-
ricains (art. 3). Quant à l'article 27, il est ainsi conç:
<Toute agression exercéepar un Etat contre l'intégrité ou l'invio-

labilité du territoire ou contre la souveraineté ou l'indépendance
politique d'un Etat américainsera considérée commeune agression
contre les autres Etats américains. ))
199. Lauterpacht, après avoir fait observer que le droit de << légitime
défensecontre une agression physique doit êtreconsidérécommeun droit
naturel, tant des individus quedes Etats ))cite l'article 51de la Charte et

poursuit en ces termes :
<On notera que, en un sens, l'article 51élargit ledroit de Iégitime
défense commeon le comprend habituellement - et le droit corres-
pondant de recourir àlaforce - en autorisant la légitimedéfenseaussi
bien individuelle que collective. Cela signifie qu'un Membre des

Nations Unies peut prendre des mesures de légitimedéfense non
seulement quand il est lui-même l'objetd'une agression armée, mais
aussi quand une agression arméeest dirigéecontre un ou plusieurs
Etats dont la skcuritéet l'indépendance sontjugées essentiellespour
la sécuritéet I'indé~endancede 1'Etataui résiste ainsi à l'ugresseur ou
participe à unt: résistancearméecontre lui. Cet élargissementde la
notion de légitimedéfense consacre bien l'idéeau'en définitiveles
intérêtsdem s embres delacommunautéinternationale au maintien de

la paix coïncident. Il revient aussi à reconnaître en pratique que, à
défaut d'un mécanisme efficacedes Nations Unies permettant de
réprimer les actes d'agression - et si ce droit de légitimedéfense
collectiven'étaitpas reconnu -, laporte seraitouverte à l'annihilation
progressive de:; victimes des actes d'agression d'un oude plusieurs
Etats qui prétendraient dominer le monde. Dans cette optique, la
légitimedéfensecollectiven'estriend'autre qu'une conceptionration-
nellede la légitimedéfenseindividuelle. >(Oppenheim'sInternational
Law, vol. II,71éd.,1952,p. 155-156.)The United States has officially declared itself to be of the viewthat "the
policiesand actions of theGovernment ofNicaraguaconstitute an unusual
and extraordinary threat to the national security and foreign policy of the
United States . .." (Executive Order of the President of 1 May 1985
(Nicaraguan Supplemental Annex B, Attachment 1)). In his address of
16March 1986,President Reagan spoke of :

"a mounting danger in Central America that threatens the security of

the United States . . .1 am speaking of Nicaragua . . .It is not
Nicaragua alone that threatens us, but those using Nicaragua as a
privilegedsanctuaryfor their struggleagainst the United States.Their
first target is Nicaragua's neighbors."

200. If the United States (and El Salvador) were to be adjudged not
under the Charters of the United Nations and the OAS and the pertinent
Inter-American Treaties, but under customary international law, it is
equally clear that the United States and El Salvador are entitled to join
together in exercisingtheir inherent right of collectiveself-defence,and to
do so without the prior authorization of international organizations, uni-
versa1or regional. In the pre-United NationsCharter era - or, at any rate,
in the pre-Pact of Paris and pre-League of Nations era - States werefreeto
employ force and go to war for any reason or no reason. When the use of
force could be initiated so unrestrainedly, it was not conceivable that the
useof forcein self-defencewasconstrained. Particularly wherea State was
the victim of armed attack, it and its allieswereperfectly free to respond in
self-defence. (It should be recalled that the narrow criteria of the Caroline
caseconcerned anticipatory self-defence, not response to armed attack or

toactions tantamount to an armedattack.) Asfor the state of international
law in the years 1920-1939,thejudgments of the International Military
Tribunals of Nuremberg and Tokyo took the viewthat the general ban on
the use of armed forcewas indefeasibly subject toan exception permitting
lawful recourse to armed force for self-defence, provided that the condi-
tions justifying action in self-defence obtained.

N. Considerations of Necessity and Proportionality

201. Considerations of the necessity and proportionality of United
States measures against Nicaragua have been initially examined in para-
graph 9 of this opinion. It has been concluded,for reasons set forth above
in paragraphs 69-77, that the better view is that the question of the
necessity of those measures currently is not justiciable. The Court has
taken another view,and concluded that both thedirect and indirect actions
of the United States against Nicaragua cannot bejustified as necessary
measures of collective self-defence. If the question is to be adjudged, andLes Etats-Unis ont ,officiellementdéclaréqu'à leur avis les politiques et
lesactions du Gouvernement du Nicaragua constituent unemenace excep-
tionnelle et extraordinaireàla sécuriténationale età lapolitiqueétrangère
des Etats-Unis ...)(Executive Order du Présidenten datedu lermai 1985
(annexe supplémen1:aireBdu Nicaragua, pièce 1)).Dans son discours du
16 mars 1986,le président Reagan a parlé

<(d'un danger grandissant en Amérique centrale qui menace la sécu-
ritédes Etats-Unis ...Je veux parler du Nicaragua ...Ce n'est pas le
Nicaragua tout seul qui nous menace, mais ceux qui utilisent le
Nicaragua comme sanctuaire privilégié de leur luttecontre les Etats-
Unis. Lesvoisins du Nicaragua constituent leurs premiers objectifs.

200. Si l'onjuge les Etats-Unis (et El Salvador) non d'après la Charte
des Nations Unies et celle de I'OEAou d'aprèsles traités interaméricains
pertinents, mais d'après le droit international coutumier, il est tout aussi
évidentque les Etats-Unis et El Salvador sont habilités à s'associer pour
exercer leur droit naturel de légitimedéfensecollective et cela sans auto-
risation préalable d'aucune organisation internationale, universelle ou
régionale.Avant laCharte des Nations Unies - ou du moins avant lepacte
de Paris et la Sociéti:des Nations- les Etats étaientlibres de recourià la
force et d'entrer en guerre pour n'importe quelle raison ou sans raison. A
une époque où il était possible de recourir si librement à la force, une
limitation de l'emploi de la force au titre de la légitime défenseétait
inconcevable. En particulier, lorsqu'un Etat étaitvictime d'une agression

armée, cet Etat et ses alliésétaient parfaitement libres de riposter dans
l'exercice de la légitimedéfense.(Il convient de rappeler que les critères
restrictifs retenus dans l'affaire du Caroline valaient pour la légitime
défensepréventive,et non pour une riposte à une agression armée ou à
l'équivalent d'unetelle agression.) Quant à l'étatdu droit international
pendant la période 1920-1939, on relèvera que les tribunaux militaires
internationaux de Nuremberg et de Tokyo ont estiméque l'interdiction
généraledu recours à la force armée comportait nécessairement une
exception en faveur du recours à la force armée à des fins de légitime
défense, pour autant que les conditions justifiant la légitime défense
étaient réunies.

N. Considérationssur la nécessité et la proporrionnalité

201. Au paragraphe 9de la présenteopinion,j'ai commencé à formuler
desconsidérations sur la nécessitéet la proportionnalitédes mesuresprises
par les Etats-Unis contre le Nicaragua. Pour les raisons exposéesci-dessus
aux paragraphes 69 à 77, j'ai conclu qu'il était préférablede considérer
comme actuellemenit non justiciable la question de savoir si ces mesures
étaientnécessaires. IdaCour a étéd'un autre avis, et elle a conclu que les
actionsdirectes et indirectes entreprises par les Etats-Uniscontre leNica-
ragua ne pouvaient pas se justifier en tant que mesures nécessaires dethe Court has adjudged it, the question of necessity essentially turns on
whether there were available to the United States peaceful means of
realizing the ends which it has sought to achieveby forceful measures. As
Judge Ago put it in a report to the International Law Commission :

"The reason for stressing that action taken in self-defencemust be
necessaryis that the State attacked .. .must not, in the particular
circurnstances, have had any means of halting the attack other than
recourse toarmed force. Inother words,had itbeen able to achievethe
sarneresult byrneasuresnot involvingthe useof armed force, itwould
have no justification for adopting conduct which contravened the
general prohibition against the use of armed force. The point is
self-evident and is generally recognized ;hence it requires no further
discussion ..." ("Addendum to the eighth report on State responsi-

bility", Yearbookof theInternational Law Commission,1980, Vol.II,
Part One, p. 69.)

202. The Salvadoran rebels in early 1979 were relatively weak ; as
Annex 50,page 2,to the Counter-Memorial of the United States indicates,
before 1980 the diverse guerrilla groups in El Salvador were ill-co-ordi-
nated and ill-equipped ;they were armed with pistols, hunting rifles and
shotguns. (Nicaragua offered no evidence to rebut these contentions.) By
January 1981,with the benefit of a larger measure of unity achieved with
the particular assistance of Cuba,and with the aid of a massiveinfusion of

arms, mainly channelled through Nicaragua, as well as training in Cuba
and Nicaragua and CO-ordinationand command exercised from Nicara-
gua, the insurgents were able to mount their "final offensive". They have
been able to maintain a significant, well-supplied levelof hostilities since.
It is obvious that the Government of El Salvador, faced with a large-scale
insurgency continuously so fuelled by foreign intervention,particularly of
Nicaragua and Cuba, had no rneans of dealing with the interna1 and
external attack upon it other than recourse to armed force. If the Gov-
ernment of El Salvador had declined to fight the insurgents, and if it had
confined itself to a readiness to negotiate with them, that Governrnent
would have been overthrown years ago. The Government of El Salvador
also found that it was unable to resist foreign-supported insurgents effec-
tivelywithout foreign assistance ;it requested the assistance of the United
States. The United States responded in January 1981 by resuming the
provision of arms and training to the forces of the Government of El
Salvador and by provision of increased economic and financial aid. Sub-
sequently, about a year later, the United States further responded by
exerting armed pressure upon the source of much of El Salvador's travail,
Nicaragua. Were the measures applied by the United Statesagainst Nica-
ragua necessary ? El Salvador itself was not strong enough to apply them,
but it welcorned those measures as measures which would diminish the Iégitimedéfensecollective. S'il faut se prononcer sur la question de la
nécessité - et la Cour s'estprononcéesur cette question - il s'agitessen-
tiellement de savoir si les Etats-Unis disposaient de moyens pacifiques
pour atteindre les buts qu'ilsont cherché à atteindrepar la force. Dans un
rapport àlaCommission du droit international, M.Agos'estexprimédans
les termes suivants :

<(En soulignant l'exigenceducaractère nécessairede l'action menée
en étatde Iégitime défense,on veut insister sur le point que I'Etat
agressé ..nedoit en l'occurrencepas avoireude moyenautre d'arrêter
l'agressionque lerecours à l'emploide la forcearmée.Autrement dit,
s'ilavait pu atteindre ledit résultatpar des mesures n'impliquant pas
l'emploide laforcearmée,lajustification du comportement adoptéen
contradiction avecl'interdiction générale du recours à la force armée
ne pourrait pa:sjouer. Il y a là une précisionqui va de soi et qui est
généralementreconnue ; elle ne demande donc pas une discussion
supplémentaire... ))(<<Additif au huitièmerapport sur la responsabi-

litédes Etats O,Annuairede la Commissiondudroit international, 1980,
vol. II, prerniè:repartie, p. 67.)
202. Au début de 1979,les rebelles salvadoriens étaient relativement
faibles ;commeindiqué à la page 2de l'annexe 50 au contre-mémoire des
Etats-Unis, avant 1980, les divers groupes de guérilleros au Salvador

étaient mal coordo:nnés,mal équipés ; ils étaient armésde pistolets, de
carabineset de fusil:de chasse.(Le Nicaragua n'aproduit aucune preuve à
l'encontre de cesassertions.) Enjanvier 1981,lesinsurgésont pu organiser
leur <<offensive finale))grâce à I'aide qu'ilsavaient reçue directement de
Cuba et qui leur avait permis de renforcer leur cohésion, grâce à des
livraisons massives d'armes qui transitaient principalement par le Nica-
ragua, grâce à l'entraînement qu'ils recevaient à Cuba et au Nicaragua et
grâce aux mesures de coordination et de commandement qui étaient prises
du Nicaragua. Depilis lors, ils ont étéen mesure de maintenir leurs actes
d'hostilitéà un certain niveau, bien fournis qu'ilsétaient.Ilest évidentque
le Gouvernement d'El Salvador, confronté à une insurrection continuel-

lement alimentéepar une intervention étrangère provenant en particulier
du Nicaragua et d'eCuba, n'avait pas d'autre moyen d'action contre
l'agressioninterne eitexterne que le recoursà la force armée.Si le Gouver-
nement d'El Salvador avait renoncé à combattre les insurgés,et s'ils'était
limité àsemontrer prêt à négocieraveceux,lerégime au pouvoiraurait été
renversédepuis des années.Le Gouvernement d'El Salvador s'est égale-
ment rendu compte qu'il ne pouvait résister efficacement à des insurgés
appuyésde 1'étrangt:srans obtenir lui-même une assistanceétrangère ;il a
alors demandél'aidedesEtats-Unis. Ceux-ciont répondu à sa demande en
janvier 1981,en reprenant leur fourniture d'armes aux forces duGouver-
nement d'El Salvador et en les entraînant de nouveau ainsi qu'en aug-

mentant sonaide économiqueet financière.Par la suite, environ une année
plus tard, les Etats-Unis ont en outre exercédes pressions armées surle
Nicaragua, qui était à l'originede bon nombre des problèmesd'El Salva-effectiveness of Nicaraguan intervention against it (see the appendix to
this opinion, paras. 121, 128-129).

203. In my view,the decision of the United States in late 1981that the
exertion of armed pressures upon Nicaragua was necessary was not un-
reasonable. For more than a year, the United States had endeavoured to
assist El Salvador in suppressing insurgency and Nicaraguan intervention
in support of that insurgency by assistance to El Salvador confined to El
Salvador, and by diplomatic representations to the Government of Nica-
ragua. Bothcoursesof actionhad proved insufficient. The insurgency in El
Salvador was contained but not suppressed ; the human and material
damage inflicted by itcontinued to be unacceptably severe.Nicaragua had
not sufficiently responded, positively and definitively, to United States
requests, warnings or inducements (such as the prospect of resumed eco-
nomic assistance). On the basis of many months of unhappy experience,
the United States could reasonably have reached the conclusion late in
1981 that there was no prospect of winding down the insurgency in El

Salvadorwithout cutting off foreign intervention in support of it, and no
prospect of Nicaragua's terminating its intervention unless it were forced
to do so.Incircumstances wherean aggressorStatecannot be persuaded to
cease its aggressiveintervention, it is not unreasonable to seekto force the
aggressor State to cease its aggressive intervention.

204. However,itcouldbe argued that the United States, after thefailure
of the Enders mission and its other diplomatic representations, should,
before embarking on measures of force, have had recourse to multilateral
means of peaceful settlement,notably those of theOrganization of Ameri-
can States and the United Nations. That is a substantial argument. Pre-
sumably thejudgment of the United States was that such recourse would
have been ineffective. However plausible such a judgmenr might have
been, it may nevertheless be maintained that it should have exhausted
those multilateral remedies. But itsfailure to do so is mitigated by several
factors.

205. In the first place, the United States has maintained diplomatic
relations with the Nicaraguan Government and a readiness to negotiate
with it (see, forexample, the proposais for peaceful settlement it made to
Nicaragua in 1982,even after its support for the contraswas underway ;
appendix to this opinion,para. 171).There have been recurrent rounds of
bilateral negotiations between the United States and Nicaragua since the
United Statesundertook measuresof force.In the secondplace. theUnited
States took part in a substantial multilateral effort at peaceful settlement
which Nicaragua rebuffed (appendix, para. 172).Third, the United States
gaveactive support from itslaunching in 1983to the Contadora process -
or maintained that it did so(opinions differ on the genuineness of United
States - and Nicaraguan - support of Contadora). The Contadora pro-dor. Lesmesuresprises par lesEtats-Uniscontre leNicaragua étaient-elles

nécessaires ?ElSalvador n'étaitpas assezfortpour lesappliquer lui-même
et il les a bien accueillies car elles allaient rendre moins efficace l'in-
tervention dont il était victime de la part du Nicaragua (voir les para-
graphes 121, 128et 129de l'appendice à la présente opinion).
203. A mon avis, il n'étaitpas déraisonnable de décider,comme les
Etats-Unis l'ont fait versla fin de 1981,qu'ilétaitnécessaire d'exercerdes
pressions arméessur le Nicaragua. Pendant plus d'une année,les Etats-
Unis s'étaient efforcésd'aider El Salvador à réprimerl'insurrection et à
contrer l'intervention nicaraguayenne destinée à appuyer cette insurrec-
tion, en apportantà ElSalvador une aide limitéeaceseulpaysetenfaisant
des représentations par la voie diplomatique au Gouvernement du Nica-
ragua. Les deux méthodess'étaientrévéléeis nsuffisantes. L'insurrection
au Salvador était contenue mais non réprimée ; les souffrances humaines
et les dommages matériels qu'ellecausait dans le pays continuaient d'être

d'une gravitéinacceptable. Le Nicaragua n'avait pas réponduassez posi-
tivement et réso1umi:natux prières,avertissementsetoffres des Etats-Unis
(comme la perspeci:ive d'une reprise de l'aide économique). Aprèsde
nombreux mois d'expériences malheureuses,lesEtats-Unis pouvaient rai-
sonnablement conclure, vers la fin de 1981,qu'iln'y avait aucune chance
que l'insurrection au Salvador se calme s'ilsne coupaient pas la route à
l'intervention étrangèrequi la soutenait et qu'il n'y avait aucune chance
que le Nicaragua cesse son intervention à moins d'y être contraint.Lors-
qu'un Etat agresseur ne peut êtrepersuadéde mettre fin à son agression, il
n'est pas déraisonnable de chercher àl'y contraindre.
204. Cependant, tonpourrait soutenir que les Etats-Unis, aprèsl'échec
de la mission Enders et de leurs autres représentationspar la voie diplo-
matique, auraient dîi, avant de prendre des mesures de force, recourir aux

moyens multilatéraiixde règlement pacifique, notamment a ceux qu'of-
frent l'organisation des Etats américains et l'organisation des Nations
Unies. C'est la un a"gument de ~oids. Vraisemblablement. les Etats-Unis
ontjugé de telsnnoyensaura'ientété inefficaces.SiplauSibleque puisse
êtrece point de vue, on pourrait néanmoins soutenir que les Etats-Unis
auraient dû épuiserces recours multilatéraux,encorequ'ily ait un certain
nombre de circonstances atténuantes.
205. Premièrement, les Etats-Unis ont maintenu leurs relations diplo-
matiques avecle Goluvernementdu Nicaragua et se sont montrésdisposés
à négocier aveclui(voir, par exemple, les propositions de règlement paci-
fiqueque lesEtats-Unis ont faites au Nicaragua en 1982,mêmeaprèsavoir
commencé à apport.er leur appui aux contras, appendice a la présente

opinion, par. 171). Plusieurs sériesde négociations bilatérales ont été
organiséesentre les Etats-Unis et le Nicaragua depuis que les Etats-Unis
ont pris des mesures de force. Deuxièmement, lesEtats-Unis ont participé
a une importante initiative multilatéralevisant a parvenià un règlement
pacifique, mais le Nicaragua y a opposé un refus (appendice, par. 172).
Troisièmement, les Etats-Unis ont activement soutenu le processus de
Contadora, dèsses débutsen 1983 - ou ont affirmél'avoir fait(les aviscess, which has been ernphatically endorsed by the OAS and the United
Nations, has been treated by both Organizations as the preferred, priority
route of settlement, to which they should both defer. In the fourth place,
the United Nations Security Council has been recurrently seized by Nica-
ragua of what it clairnsto be abilateral dispute with the United States, and
the United Stateshas taken an activepart in the Security Council'shand-
ling of the matter. To be sure, it has more than once exercisedits power of
veto to block resolutions desired by Nicaragua (and,at other tirnes, it has

voted for relevant resolutions). But the failure of the Security Council to
adopt a resolution is not to be equated with the failure of the Security
Council to take up adispute or situation or to consider acharge of a threat
to the peace, breach of the peace or act of aggression.

206. There rernains roorn for challenging the necessity of the rneasures
involving the use of force undertaken by the United States. But given the
difficulties that beset adjudging that question at thisjuncture, which have
been described above, and inviewof the foregoingconsiderations, 1do not
find that itcan be concluded that those measures have, as a rnatter of law,
been unnecessary.
207. The Court's holding that United States rneasures against Nicara-
gua cannot bejustified as necessary is particularly based on the following
consideration. TheCourt observes that these United States rneasureswere
only taken, and began to produce their effects, several months after the
major offensive(of January 1981)against the Governrnent of El Salvador
by the insurgentshad been cornpletelyrepulsed. The Court concludes that
it was possible to "elirninate" the main danger to the Government of El
Salvadorwithout the United States ernbarking on activities in and against
Nicaragua. Thus the Court concludes that "it cannot be held that these
activities were undertaken in the light of necessity".

208. In rnyview,thisconclusion of theCourt isassirnplisticasitisterse.
It fails to take sufficient account of thefacts. It istruethat the results of the
conspiracy arnong Cuba, Nicaragua and other States to arrn and support
the Salvadoran insurgency in order to overthrow the Governrnent of El
Salvador reached its initial rnaterial peak in preparation for the "final
offensive" of January 1981,and that that offensive failed. It is true that,
thereafter. in early 1981, after the Nicaraguan Governrnent had been
caught, so to speak,red-handed in its massiveshiprnent of arrns and other
support of theSalvadoran insurgency,it suspended shiprnent of arrns - for
a tirne.But it isalso true that, by the tirnein August 1981,that Mr. Enders
dernanded of Commander Ortega that Nicaragua definitively cut off its
material support of the Salvadoran insurgency, the flow of arrns, arnmu-
nition, explosives,etc., throughNicaragua tothe ElSalvadoran insurgency
had resurned, and that Nicaraguan provision to that insurgency of com-
rnand-and-control facilities, training facilities and other support con-sontpartagés surlepoint de savoirsilesEtats-Unis - etleNicaragua - ont
véritablement apporté leur appui au processus de Contadora). En l'ap-
prouvant catégoriquement, l'organisation des Etats américains etl'Orga-

nisation des Nations Unies l'ont reconnu comme le mode de règlement
préférable et prioritaire auquelelles devaient donner le pas. Quatrième-
ment, leConseil de sécurité del'organisation desNations Unies a étésaisi
à plusieurs reprises par le Nicaragua de ce que ce dernier qualifait de
différend bilatéralavec les Etats-Unis et ceux-ciontjoué unrôle actif lors
de l'examende laquestion au Conseil de sécurité. Certes, ilosnt plus d'une
fois exercé leurdroit de veto pour empêcherl'adoption de résolutions
souhaitéespar le Nicaragua (tandis que d'autres fois ils ont votépour des
résolutionspertinentes). Mais le fait que le Conseil de sécuriténe soit pas
parvenu à adopter une résolution ne signifiepas pour autant qu'iln'a pas
réussi à s'occuper d'un différendou d'une situation ou à examiner une
accusation de menace contre la paix, de rupture de la paix ou d'acte
d'agression.

206. Il reste que l'onpeut contester la nécessides mesures impliquant
l'emploide la force que les Etats-Unis ont prises. Mais vu la difficultéde
trancher cette question àcestade, commeje l'aiindiquéci-dessus,et vu les
considérations qui précèdent,je ne pense pas qu'on puisse conclure, en
droit, que ces mesures n'étaientpas nécessaires.

207. C'estense fondant notamment sur lesconstatations suivantes que
la Cour a conclu que la nécessité njeustifiait pas lesmesures prises par les
Etats-Unis contre 16Nicaragua. Elle relèveque ces mesures n'ont été
adoptéeset n'ont commencé à produire leurs effets que plusieurs mois
aprèsque la grande offensivelancéepar les insurgéscontre le Gouverne-
ment d'El Salvador eut été totalementrepoussée (janvier1981).Ellecon-
clut que le péril majeurpour le Gouvernement salvadorien a ainsi pu être

<(écarté sansque lesEtats-Unis aient déclenché leursactivitéasu Nicara-
gua et contre lui et elle en déduitu'<<il n'estdonc pas possible de consi-
dérercelles-cicomme ayant étéentreprisessous l'empirede la nécessité o.
208. A mon avis, cette déduction de la Cour est aussi simpliste que
péremptoire. Elle netient pas suffisamment compte des faits. Il est exact
que lecomplotourdi entreCuba, leNicaragua etd'autres Etats pour armer
et appuyer I'insurrectionau Salvadorafin de renverser legouvernement de
ce pays s'estd'abord traduit dans les faits par la préparation de1' 0ffen-
sive finale de janvier 1981,et que cette offensive a échoué. Il est exact
qu'ensuite, au début de 1981,après avoir été pourainsi dire pris en fla-
grant délit d'envoimiassifd'armes etd'autres moyens d'assistance aux re-
belles salvadoriens, le Gouvernement du Nicaragua a suspendu lesenvois
d'armes - pendant quelque temps. Mais il est aussi exact que, lorsqu'en

août 1981M. Enders;a insistéauprèsdu commandant Ortega pour que le
Nicaragua cesse définitivementd'apporter sonappui matériel auxinsurgés
salvadoriens, le flux 'd'armes,de munitions, d'explosifs, etc.,qui leur était
destinéet qui transitait par le Nicaragua avait repris, et que la fourniture
par leNicaragua aux insurgésde postes de commandement et de contrôle,tinued unabated. It isalsothefact that, in 1982,shipment of arms through
Nicaragua to the insurgents rose again very sharply, and has irregularly
continued at varying, apparently lower, levels since. For its part, the
Government of El Salvador continued to be hard pressed by well-armed
and supplied insurgent assaults, in 1981,and 1982and insubsequent years,
and is to this day. Thus the apparent inference of the Court - that there

was no continuing need bv El Salvador for United States assistance which
took the form ofyts acti6ties in and against Nicaragua - is open to the
most profound question. TheCourt may opine that the main danger to El
Salvador had been "eliminated" before the United States intervened, but
the Government of El Salvador, and the thousands of Salvadorans who
have suffered and died sinceJanuary 1981asadirect and indirect result of
civil strife fuelled by foreign intervention, may be presumed to have
another view.The Court's assumption appears to be that El Salvador may
be indefinitely bled by an insurgency provisioned by Nicaragua, and that
neither El Salvador nor an ally acting in its support may exert responsive
measures directly upon theprimary immediate and continuingconduit for
that insurgency's arms,ammunition, explosivesand medicines,Nicaragua.
The Court appears to be open to the argument that, when the insurgents
can, with the use of such Nicaraguan-supplied material, mount a massive
"final offensive", there might be ground for treating such a United States
response against Nicaragua as necessary, but not otherwise. But whether
any suchexcursion into military analysis reallyreflectsthe Court'sbeliefis

not clear - or more compelling than its reasoning in support of its con-
clusion that United States activities cannot be sustained in the light of
necessity.

209. Indeed, the imputation of the Court's opinion is that, while argu-
ably the United States might have beenjustified in responding promptly
and overtly to Nicaragua'ssupport of theJanuary 1981"final offensive" of
the Salvadoraninsurgents by the useof force against Nicaragua, it cannot
possibly bejustified in the covert application of force a year later. In my
view,that is an especiallycurious conclusion for the Court to reach. In the
period between January 1981and the authorization by President Reagan
of the application of armed pressures against Nicaragua towards theend of
that year, the United States mounted a serious effort to settle its dispute
with Nicaragua through peaceful means. It tried, notably through the

Enders mission, to persuade Nicaragua to cease its activities in support of
the overthrow of El Salvador'sGovernment. Only when that effort failed,
did the United States have recourse to forceful measures. 1s the United
States really to be faulted for taking the time to pursue prior recourse to
measures of peaceful settlement ?d'installations d'entraînement etd'autres moyensd'assistances'étaitpour-
suivie avec la mêmeintensité. Il est aussi de fait qu'en 1982 les envois
auxinsurgés d'armestransitant par leNicaragua se sont de nouveau accrus
brusquement pour continuer irrégulièrementet dans de moindres pro-
portions apparemment. Pour sa part, le Gouvernement d'El Salvador a
continué d'être harcelé par les attaques d'insurgés bienarmés et bien

équipése ,n 1981,en 1982et dans lesannéesquiont suivi ;ill'estencoreà ce
jour. Par conséquent, on peut vraiment mettre en doute la conclusion
péremptoirede laCour selonlaquelle ElSalvador n'avaitplus besoin d'une
assistance des Etats-Unis telle qu'elle lui a été fourniepar ceux-ci sous
forme d'activitésau Nicaragua et contre le Nicaragua. La Cour peut bien
êtred'avis que le péril majeurpour El Salvador avait été <(écarté avant
que les ~tats-unis n.'interviennent,mais on peut supposer que tel n'a pas
étél'avisdu Gouvernement d'El Salvador et des milliers de Salvadoriens
qui ont souffert ou qui sont morts depuisjanvier 1981,victimesdirectesou
indirectes des lutte:; civiles alimentéespar l'intervention étrangère.La
Cour semble partir (lel'idée qu'ElSalvadorpeut êtreindéfinimentsaigné
par desinsurgésapprovisonnéspar leNicaragua maisque ni ElSalvador ni

aucun alliévenant àison secours ne peut prendre en riposte des mesures
dirigéesdirectement contre la voied'acheminement principale, immédiate
et continue d'approvisionnement des insurgésen armes, munitions, explo-
sifs et médicaments, a savoir le Nicaragua. La Cour semble sensible à
l'argument selonlequel ce n'est que lorsque les insurgéssont en mesure,
grâce au matérielfourni par le Nicaragua, de préparer une (<offensive
finale massive qu'on est fondé à considérer commenécessairesles me-
sures prises en riposte par les Etats-Unis contre le Nicaragua. Mais il
n'est pas sûr que ces considérations d'ordre militaire traduisent bien la
penséede la Cour ou qu'elles soientplus convaincantes que le raisonne-
ment qui la fait aboutirà la conclusion que les activitésdes Etats-Unis ne
peuvent sejustifier par la nécessité.
209. En fait, ce que la Cour estime c'est qu'on peut soutenir que les

Etats-Unis étaient peut-être fondés à riposter immédiatement et ouverte-
ment à l'appui que le Nicaragua avait apporté à 1'<<ffensive finale))des
insurgéssalvadorienisenjanvier 1981,en recourant à l'emploi de la force
contre le Nicaragua. mais que rien ne peut justifier le recours déguiséla
force arméeplus tard.A mon avis,laCour estparvenue là àune conclusion
particulièrement suiprenante. Pendant la périodequi s'est écouléeentre
janvier 1981et le moment où le présidentReagan a donnél'autorisation
d'exercerdes pressions arméescontrele Nicaragua, vers la fin de la même
année,les Etats-Unis ont déployéde grands efforts pour régler leurdif-
férend avec le Nicaragua par des moyens pacifiques. Ils ont essayé
notamment, par la mission Enders, de convaincre le Nicaragua de cesser
les activités par lesquelles il aidaità renverser le Gouvernement d'El

Salavador. Ce n'est que lorsque ces efforts ont échouéque les Etats-Unis
ont eu recours à des mesures de force. Peut-on vraiment reprocher aux
Etats-Unis d'avoir pris letemps d'essayerd'abord de recourirà desmoyens
de règlement pacifique ? 210. Moreover, where is it prescribed that, in response to covert mea-
suresof aggression, defensivemeasures must be overt ? The implausibility
of such a position - which seems to be that of the Court - is the greater
when one recalls that covert measures may in somecircumstances be more
modest, and more readily terminated, than overt applications of the useof
force. Would the loss of life in Nicaragua really have been less, and the
strength of the United States legalcase greater, if, rather than resorting to
support of the contras and the covert mining of Nicaraguan ports and
attacks on oil stocks, the United States Air Force, in January 1981,had
carried out air attackson Nicaraguan military (and Salvadoran insurgent)
bases in Nicaragua, on Nicaraguan airports and sea ports and had en-
deavoured to interdict the flow of certain ground and sea and air trans-
port from Nicaragua ?

211. It is even clearer that the measures of the United States have not
been disproportionate. It wasconcluded at the outset of this opinion that,
on their face, the measures taken by the United States, in their object and

character, appear to be proportional to those of Nicaragua's intervention
in El Salvador. For its part, the Court holds that United States mining of
Nicaraguan portsand attacks on ports, oilinstallations, etc., do not satisfy
the criterion of proportionality. "Whatever uncertainty may existas to the
exact scale of the aid received by the Salvadorian armed opposition from
Nicaragua, it is clear that these latter United States activities in question
could not have been proportionate to that aid." That may be clear to the
Court,but, for the reasons set out in paragraph 9 of this opinion, it is not
clear to me. On the contrary, these United States measures appear to be
patently proportionate to the very similar measures of depredation in El
Salvador of the Salvadoran insurgents to which these United States mea-
sures were a response.

212. Moreover, for the test of proportionality to be met, there by no
means must be perfect proportionality. As Judge Ago has rightly writ-
ten :

"The requirement of the proportionality of the action taken in self-
defence, . . concerns the relationship between that action and its
purpose, namely . . that of halting and repelling the attack . . .It

would be mistaken, however, to think that there must be proportion-
ality between the conduct constituting the armed attack and the
opposing conduct. The action needed to halt and repulse the attack
may wellhave to assume dimensionsdisproportionate to those of the
attack suffered. What matters in this respect is the result to be
achieved by the 'defensive'action, and not the forms, substance and
strength of the action itself. A lirnited use of armed force may some-
timesbe sufficient for thevictimState to resistalikewiselimited useof armed force by the attacking State, but this is not always certain.
Above all, one must guard against any tendency in this connection to
consider, even unwittingly, that self-defence is actually a form of
sanction, such as reprisals. There must of course be someproportion
between the wrongful infringement by one State of the right of
another State and the infringement by the latter of a right of the
former through reprisals. In the case of conduct adopted forpunitive
purposes, of specifically retributive action taken against the perpe-
trator of a particular wrong, it is self-evident that the punitive action
and the wrong should be commensurate with each other. But in the
case of action taken for the specificpurpose of halting and repelling
an armed attack, this does not mean that theaction should be more or
lesscommensurate with theattack. Its lawfulnesscannot be measured

except by its capacity for achieving the desired result. In fact, the
requirements of the 'necessity' and 'proportionality' of the action
taken in self-defencecan simply be described as twosidesof the same
coin. Self-defence will be valid as a circumstance precluding the
wrongfulness of the conduct of the State only if that State was unable
to achieve the desired result by different conduct involving either no
use of armed force at al1or merely its use on a lesser scale.

Within these limits and in this sense, the requirement of propor-
tionality is definitely confirmed by State practice. The occasional
objections and doubts expressed about it have been due solely to the
mistaken idea of a need for some kind of identity of content and
strength between the attack and the action taken in self-defence. It
must be emphasized once again that, without the necessaryflexibility,
therequirement wouldbeunacceptable. Asindicated at the beginning
of thisparagraph, a Statewhich isthe victimof an attack cannot really
beexpected to adopt measures that innowayexceedthe limitsofwhat
mightjust sufficeto prevent the attack from succeedingandbringit to
an end." (Loc. cit.,p. 69.)

213. Judge Ago adds

"There remains the third requirement, namely that armed resis-
tance to armed attack should take place immediately, Le., while the
attack is still going on, and not after it has ended. A State can no
longer claim to be acting in self-defence if, for example, it drops
bombs on a country which has made an armed raid into its territory
after the raid has ended and the troops have withdrawn beyond the
frontier. If, however, the attack in question consisted of a number of
successiveacts, therequirement of the immediacyof the self-defensive
action would have to be looked at in the light of those acts as a whole.
At al1events, practice and doctrine seem to endorse this requirement fully,which is not surprising in viewof itsplainly logicallink with the

whole concept of self-defence." (Loc. cit., p. 70.)

214. As observed above, the requirement of immediate response to
armedattack whichJudge Agosetsout isequally met in the instant caseby
the United States. There is no question of measures of force being exerted
in 1982or later in response to aggressiveacts which occurred only in the
period from the summer of 1979to the winter of 1981.Rather, as is shown
in the appendix to this opinion, successiveacts of aggressiveintervention

by Nicaragua in ElSalvador have continued at least into 1985,if not to the
present day. They were continuing when the United States mounted its
responsive armed pressures. Moreover, in so far as the question of the
timing of the initial application of armed pressures against Nicaragua is
concerned - and this isaquestion which the Court raises - not onlywasit
reasonable for the United States to pursue possibilities of peaceful settle-
ment before applying such pressures. The modalities of pressure which it
choseby their na!ure took timeto organize.The contrascouldnot bearmed
and trained overnight. Again it may be asked, would it have been legalfor
the United States Air Force to have bombed Nicaraguan bridges in Jan-
uary 1981whereas itwas illegalfor the contrasto have blown those bridges
with United States support in March 1982 ?

O. Measures of CollectiveSelf-DefenceMay LawfullyExtend to

Nicaraguan Territory
215. Ifit begranted that theUnited States isentitled totake measures in
collective self-defence in support of El Salvador, must those measures be
confined to the territory of El Salvador or may they lawfullybe applied -

as in fact they have been applied - to the territory of Nicaragua
itself?
216. The question of whether a State suffering armed attack, or actions
tantamount to armed attack, must confineitsdefence to itsown territory is
aquestion which has more pre-occupied scholars than statesmen. Learned
opinion is divided, but State practice, 1 believe, is not so indetermi-
nate.
217. Thus onemaycontrast the viewsof Professor Oscar Schachter with
those of Professor John Norton Moore. Professor Schachter, in addressing
thepermissible 1.imitsofcounter-intervention, observes that a principle has
"been proposed" for placing limits on counter-intervention, namely, "that
the counter-intervention should be limited to the territory of the state
where the civil war takes place". He continues :

"This territorial limitation on counter-intervention has been ob-
served in nearly al1recent civilwars. However, it apparently has been ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 368

résister un emploi également limité de ladite force par 1'Etatagres-
seur ;mais cela n'est pas toujours sûr. Il faut surtout segardeà,cet
effet, de toute tendance, même inconsciente, à considérerla légitime
défensecomme une forme de sanction proprement dite, telles des
représailles.Une proportion doit sûrement exister entre l'atteinte
illicitement portéepar un Etatà un droit d'un autre Etat et l'atteinte
causéepar cedernier à un droit du premierà titre de représailles.Dans
lecas d'uncomportement adopté à desfinsde répression,d'uiieaction
spécifiquement exécutép eour des finalités afflictivescontre l'auteur
d'une infraction déterminée,l'équilibrede proportions entre l'action
punitive et l'infraction est d'une évidence logique. Maisdans le cas
d'une action dont le but spécifique estd'arrêter etde repousser une

agression armée,iln'est nullementdit que cette action doive avoirdes
proportions plus ou moins égalesà I'action agressive.Salicéiténedoit
donc semesurer qu'à sonaptitude à atteindre lerésultatrecherché.On
peut d'ailleurs dire que les exigences de la <<nécessité)) et de la
(proportionnalité )de I'action menéeen légitimedéfense nesontque
les deux faces d'une même médailleL .'étatde légitime défense ne
vaudra comme raison d'exclusion de l'illicéité du comportement de
1'Etatque sicedernier ne pouvait pas atteindre lerésultatvisépar un
comportement différent,n'impliquant aucun emploide laforcearmée
ou pouvant se réduire àun emploi plus restreint de cette force.
Al'intérieurdeceslimitesetdans cesens,l'exigencementionnéeest

certainement confirméepar la pratique des Etats. Les oppositions et
les perplexitésparfois manifestéesà son égardne tenaient qu'à l'idée
erronéeque ceque l'onrequéraitétaitune sorte d'identitéde contenu
et d'intensitéentre l'action agressive et I'action commise à titre de
légitimedéfense.Il faut d'ailleurs souligner une foisde plus que cette
exigencen'aurait droitde citéqu'àlacondition de laconcevoiravecla
souplesse nécessaire.Comme on l'aditaudébut de ceparagraphe, on
ne peut finalement pas demander à 1'Etatvictime d'une agression
d'adopter desmesuresnedépassantsousaucun aspect leslimitesdece
quipourrait àlarigueur suffireà empêcher l'agression de réussiretà y
mettre fin. ))(Loc.cit.,p. 67-68.)

213. Et M. Ago poursuit

Reste la troisième exigence, à savoir que la résistancepar les
armes contre une agression armée intervienne immédiatement, c'est-
à-dire lorsque l'action agressive est encore en cours, et non après
qu'elle soit terminée.Ce n'estplusà titreeten étatdelégitimedéfense
que 1'Etatpeut prétendreagir lorsqu'il effectuepar exemple un bom-
bardement aériendu pays dont 1'Etata exécuté une incursion armée
sur son territoire,à un moment où l'incursion a pris fin et ou les
troupes se sont retiréesau-delà de la frontière. Mais si l'action agres-

sivedont il est question se traduisait par une pluralitéd'agissements
successifs,ce serait par rapportà l'ensembleque l'exigencedu carac- tèreimmédiatde l'action menéeen Iégitimt:défensedevraêtreappré-

ciée.Notons, à toutes fins utiles, que la pratique et la doctrine sem-
blent êtreentièrement d'accord avec I'exigenceconsidérée icic ,e qui
ne saurait surprendre, vu le lien logique évidentque ladite exigence
présenteavec la notion mêmede légitimedéfense. (Loc. cit., p. 68.)
214. Commeje l'aifait remarquer plus haut, l'exigenced'une réplique
immédiate à l'agressionarméeque M.Ago indique est égalementsatisfaite
en l'espècepar les Etats-Unis. La force n'a pas étéemployéeen 1982ou
aprèsen riposte à des actes d'agression sesituant uniquement au cours de

lapériodequiva de l'été 1979 àl'hiver1981.En réalitéc ,omme il ressort de
l'appendice à la pré.senteopinion, certains actes successifs d'intervention
agressive du Nicaragua au Salvador se sont poursuivis jusqu'en 1985au
moins, voirejusqu'à aujourd'hui. Ils sepoursuivaient encore à l'époque où
les Etats-Unis ont commencé à riposter en exerçant des pressions armées.
Quant à savoirà quelle époquelesEtats-Unis ont commencé àexercer des
pressions arméescontre le Nicaragua - c'est une question que la Cour
soulève -, on observera non seulement qu'il était raisonnable que les
Etats-Unis exploitent lespossibilitésde règlementpacifique avant d'exer-
cer ces pressions, mais encore qu'en raison de leur nature les moyens de
pression qu'ils avaient choisis d'exercer exigeaient un certain temps de

préparation. Les contrasne pouvaient pas être armés et entraînéd sujour
au lendemain. Là encore, on peut se demander si l'arméede l'air améri-
caine aurait pu borribarder licitement des ponts nicaraguayens enjanvier
1981alors que c'est illicitement que les contrasont fait sauter ces ponts
avec l'aide des Etats-Unis en mars 1982.

O. Les mesuresde légitime défense collectivepeuventlicitement s'étendre
au territoire nicaraguayen

215. Sil'onadmet quelesEtats-Unis ont ledroit deprendre desmesures
de légitimedéfensecollectivepour venir en aide au Salvador, ces mesures
doivent-elles êtrelimitées au territoire d'El Salvador ou peuvent-elles
licitement s'appliquer- comme ce fut lecas - au territoire du Nicaragua
lui-même ?
216. Savoir si un Etat victime d'une agression arméeou d'agissements
équivalant à une agression armée doit limiter sa défense à son propre
territoire est une qut:stionquia préoccupélespublicistesdavantage que les
hommes d'Etat. La doctrine est divisée maisil me semble que la pratique

n'est guèrehésitante.
217. On peut, pal:exemple,opposer lespointsde vued'Oscar Schachter
et de John Norton hloore. Apropos des limitesdans lesquellesune contre-
intervention estpennise, lepremier indique qu'il(<aété proposé >)d'établir
pourprincipequ'une contre-intervention devrait êtrelimitéeau territoire
de I'Etat en proie à la guerre civilo. Il poursuit:

((Cette 1imit.ationterritoriale de la contre-intervention a étéres-
pectéedans presque toutes les guerres civiles récentes. Les Etats- abandoned by the United States in sofar as its 'counter-intervention'
on the side of the El Salvador régimehas extended to support of
anti-Sandinista forces fighting on Nicaraguan soil.The United States
hadjustified this action under the collectiveself-defenseprovision of
article 51, presumably on the ground that Nicaragua has engaged in
an armed attack on El Salvador. The United States also 'counter-
intervened' against Nicaragua by mining approaches to Nicaraguan
ports." (Loc. cit.p. 1643.)

Professor Moore replies
"This 'proposed rule'isnot international lawand should not be. As
has been seen,most scholarshave longsupported theproposition that
intensive 'indirect' aggressionis an armed attack permitting a defen-
sive response under Article 51 of the UN Charter and customary
international law. Since the traditional rule has long been that assis-

tance to a government at its request within its own boundaries is
lawfuleven inthe absence of an armed attack, the verypurpose of the
determination of an armed attack is to permit proportional defensive
measures against the attacking state. There is no evidence that its
draftsmen intended to limit Article 51as suggested by this proposed
rule or that states party to the Charter have adopted any such rule.
Contrary to Professor Schachter's suggestionthat this proposed limi-
tation 'has been observed in nearly al1recent civilwars', the United
States specificallyrejected it in the Vietnam War when the argument
wasmadethat itwasimpermissible to respond against North Vietnam
as a defense to its 'indirect' aggression againstSouth Vietnam. It
seems also to be rejected widely elsewhere, including in French,
Soviet, Chinese and Israeli state practice.

As a policy matter, the only purpose of such a rule would be to seek
to reduce conflict by reducing the potential for territorial expansion.
The rule might be more likely, however, to encourage conflict and

'indirect' aggressionby convincing states that such aggression is free
from substantial risk :if it works, they willwin ; if it fails, there is no
significant riskand they can try again. As this possibility suggests,the
right of defense under customaryinternational lawand the Charter is
a right of effectivedefense ;that is, a right to take such actions as are
reasonably necessary to end the attack promptly and protect the
threatened values. Why should El Salvador and other Central
American states be required to accept an endless secret war against
them ?. ..The realcheck,when theproper scopeof the defensiveright
is in issue, is the well-established requirement of necessity and pro-
portionality." ("The SecretWar in Central America and the Future of ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 370

Unis semblent toutefois l'avoir abandonnée dans la mesure où leur
<(contre-intervention ))aux côtésdu régimesalvadorien est alléejus-
qu'aappuyer lesforces antisandinistes combattant sur lesoldu Nica-
ragua. Les Etats-Unis ont justifié leuraction par la disposition de

I'article51relative àla légitimedéfense collectivep ,our la raison pro-
bablement que leNicaragua selivrait a une agression arméecontre El
Salvador. Les Etats-Unis sont également <(contre-intervenus contre
le Nicaragua t:n minant les approches des ports nicaraguayens.
(Loc. cit.,p. 1643-1644.)

John Norton Moore rétorque

<(Cette règle <(proposée n'appartient pas audroit international et
n'y a pas sa place. Comme on l'a vu, la doctrinedominante a depuis
longtemps soutenu l'idéequ'une agression ((indirecte )) intensive
constitue une agression arméeautorisant une riposte défensivecon-
formément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies et au droit
international coutumier. Puisqu'en vertu d'une règle traditionnelle
l'aide apportée à la demande d'un gouvernement à l'intérieurde ses

propres frontiètresest licite mêmeen l'absence d'agressionarmée,le
but mêmede laconstatation d'uneagression arméeest d'autoriser des
mesures défensivesproportionnelles contre 1'Etatagresseur. Rien ne
démontre que les auteurs de l'article 51 de la Charte entendaient
limiter la port~ée de ce texte comme le voudrait la règle proposée
ou que les Eta1.sparties à la Charte ont adoptéune telle règle.Con-

trairement à ce que pense Oscar Schachter, pour qui la limitation
proposée a éti:respectée <tdans presque toutes les guerres civiles
récentes )),les Etats-Unis l'ont expressément rejetée lorsde la
guerre du Viet Nam quand d'aucuns ont soutenu qu'il étaitinterdit
d'exercer contre le Nord-Viet Nam des mesures de défenseen ri-
poste à son agression <(indirecte )) contre le Sud-Viet Nam. Cette
limitation semble avoir étéaussi largement rejetée en pratique

par d'autres Etats, dont la France, l'Union soviétique,la Chine et
Israël.
En principe, leseulbut d'unetellerègleserait de chercher à circons-
crire les conflits de façon qu'ilsrisquent moinsde s'étendretemtoria-
lement. Mais il sepourrait bien que cette règleencourage lesconflitset
les agressions <indirectes ))car les Etats seraient convaincus qu'une

agression neprksentepas de sérieux risques :sielleréussit,ilsgagnent ;
si elle échoue,ce n'estpas gravecar ils peuvent recommencer.Comme
cette éventualitéle montre bien, la facultéde se défendreen vertu
du droit interriational coutumier et de la Charte se traduit par un
droit de défenseeffective, le droit de prendre des mesures raison-
nables et nécessairespour faire cesser rapidement l'agressionet pour
protégerles valeurs menacées.Pourquoi El Salvador et d'autres Etats

d'Amérique centraledevraient-ils êtreobligésd'accepter d'êtreles
victimesd'uneguerresecrèteetinterminable ? ...Lescritèresà appliquer
pour déterminer laportéeréelledu droit de sedéfendre sontlescritères371 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS .P. SCHWEBEL)

World Order", American Journal of International Law, January 1986,
Vol. 80, pp. 190-194.)

218. As 1read State practice since the United Nations Charter came

into force, it indicates that self-defence, individual and collective, may
carry the combat to thesource of the aggression,whetherdirect or indirect.
Thus in the Korean War, 1950-1953,the United Nations was not of the
viewthat international lawconfined its response to North Korean aggres-
sion against the Republic of Korea to the territory of the Republic of
Korea. On the contrary,UnitedNations forcesadvanced into the territory
of the Democratic People'sRepublic of Korea ;and, to this day, a sliverof
territory of what had been North Korea remains under the control of the
Republic of Korea. In repeated instances since the mid-1950s. Israel has
resbonded to foreign support of irregular forces operating against it by
striking at what it claims to have been the foreign bases of those forces.
Clearly Israel has not been of the viewthatinternational lawconfined it to
responsive action within its territory or within territory under its control.

In 1958,during the Algerian War, France was not of the view that inter-
national lawconfineditsresponse tosupportfor Algerianinsurgents to the
territory of French Algeria. On the contrary, it acted against what it
maintained was a rebelbase at Sakiet-Sidi-Youssef inTunisia. In 1964,the
United Kingdom, in bombing Harib Fort in the territory of the Yemen
Arab Republic, maintained that it acted lawfully in doing so, in view of
prior acts of aggression against the Federation of South Arabia for whose
defence and foreign relations the United Kingdom then was responsible.
The United Kingdom was not of the view that it was confined to a
defensive response within the territory of the Federation. During the
decade of intenseAmerican involvement inthe Viet Nam War, theUnited
States was not of the view that international law confined its response to
North VietNam'ssupportfor Vietnameseinsurgents to theterritory of the

Republic of VietNam. On thecontrary, itcarried out bombing and mining
in the territory and waters of the Democratic Republic of Viet Nam.
Subsequently, the People's Republic of China, in responding to Vietna-
meseassistance to a faction which took Dowerin Democratic Kam~uchea
- that is, to what China saw as the Vietnamese invasionof Kampuchea -
was not of the view that international law confined its response to the
territory of Kampuchea. On the contrary, China took action against the
territory and armed forces of the Socialist Republic of Viet Nam in Viet
Nam. Equally, Viet Nam, in the prosecution of its suppression of Kam-
puchean resistance, has not been of the view that it was restricted to the
territory of Kampuchea. On the contrary, it has penetrated the territory of
Thailand, where Kampuchean resistance forces have taken refuge. In
taking armed action against Iran in 1979,Iraq proffered as one justifica-

tion alleged Iranian support for subversion in Iraqi territory. But Iraq did
not confine itself to repelling such subversion within its territory. Nor has
Iran confinedits reaction againstIraq to itsown territory ;on thecontrary, bien établisde la nécessitéet de la proportionnalitér)(<The Secret
War in Central America and the Future of World Order r)American
Journalof Inte.rnationa1Law, janvier 1986,vol. 80, p. 190-194.)

218. D'après mol, lapratique suivie par les Etats depuis que la Charte
des Nations Unies est entréeen vigueur montre qu'au titre de la légitime
défense, individuelleou collective, le combat peut êtremené jusqu'à la
source de l'agression, que celle-ci soit directe ou indirecte. Par exemple,
durant la guerre de Corée,de 1950 à 1953, les Nations Unies n'ont pas
considéréque le droit international les obligeaità limiter leur ripostà
l'agression déclenchée par la Corée du Nord contre la République de
Coréeau territoire de cette dernière. Bien au contraire, leurs forces ont
avancédans le territoire de la République populaire démocratique de
Corée ;et,àcejour, unefrange du territoirequifaisaitautrefoispartie dela
Corée du Nord demeure sous le contrôle de la Républiquede Corée.A
diversesreprises depuisle milieudesannéescinquante, Israël a répliqué au
soutien apportéparl'étranger àdesforcesirrégulièresopérantcontreluien

s'attaquant à ce qui était,selon lui, les bases étrangèresde ces forces. De
toute évidence, Israëln'a pas estiméque le droit international limitait sa
riposte à son territoire ou aux territoires sous son contrôle. En 1958,
pendant la guerre d'Algérie,la France n'a pas estiméque le droit inter-
national l'obligeait ne réagir,au soutien accordéaux insurgés algériens,
que sur le territoire de l'Algériefrançaise. Au contraire, la France s'enest
prisà cequi, selon elle,était unebase rebelle, sitàéSakiet-Sidi-Youssef
enTunisie. Quand, en 1964,leRoyaume-Unia bombardélefortdeHarib à
l'intérieurdu territoire de la Républiquearabe yéménitei,l a soutenu que
son action étaitlicite, en raison d'actes antérieurs d'agression contre la
Fédérationde l'Arabie du Sud dont il assurait alors la défense etles
relations extérieures.Le Royaume-Uni ne croyait pas devoir limiter sa
risposte défensivea.uterritoire de la fédération. Pendant la dizained'an-
néesqu'a duré leur participation active à la guerre du Viet Nam, les

Etats-Unis n'ont pas estiméque le droit international les obligeaità ne
réagir au soutienaccordéauxinsurgés vietnamienspar le Nord-Viet Nam
que sur le territoire de la Républiquedu Viet Nam. Au contraire, ils ont
bombardéet miné leterritoire et les eaux de la République démocratique
du VietNam. Par la suite, quand la Républiquepopulairede Chinea réagi
à l'assistanceapportéepar leVietNam à une factionqui s'étaitemparéedu
pouvoir au Kampuchea démocratique - c'est-à-dirà cequi était pourelle
une invasion vietnamienne du Kampuchea - elle n'a pas considéréque
le droit international l'obligeaàne réagir qu'enterritoire kampuchéen.
Au contraire, elle s'en est pris au territoire et aux forces arméesde la
République socialiijte du Viet Nam au Viet Nam. De la mêmefaçon,
pour réprimer la résistancekampuchéenne, le Viet Nam n'a pas cru
devoir restreindre son action au territoire du Kampuchea. 11a pénétréau

contraire sur le sol thaïlandais où les forces de résistancekampuchéennes
s'étaient réfugiéeILorsqu'ilapris les armes contre l'Iran en 1979,l'Iraq a
invoquénotamment l'appui que l'Iran apportait selon luàla subversionit has pushed into Iraqi territory. The Soviet Union and Afghanistan, in
responding during thelast fewyears to allegedassistancefrom the territory
of Pakistan to resistance forces in Afghanistan, have not been of the view
that international law confined their response to the territory of Afgha-
nistan ;there have been air raids on the territory of Pakistan. Nicaragua
itself has not confined its response to contra attacks to the Nicaraguan
territory where they have occurred ; it has carried the battle to Honduran
territory where contras reportedly are based. It has not confined itself to
hot pursuit, but apparently haslaunched pre-emptive strikesagainst contra
bases in Honduras.

219. What matters in thiscontext is not whether one agreesor disagrees
with the legalityof the cited acts of the United Nations, Israel, France, the
United Kingdom, the United States, China, Viet Nam, Iraq, the Soviet
Union,Afghanistan and Nicaragua. It isby no means suggested that al1of
these actions are of the same legalvalue ;some wereclearly lawful,others
clearly not. But what is significant is that these actions, whoselegality has
been affirmed by those carrying them out, provide ample and significant
State practice indicating that what is proposed as a limitation upon self-
defence and counter-intervention is not today applied as a rule of inter-
national law. It is not generally accepted State practice.

220. Nevertheless, if the proposed rule isnot the accepted rule,should it
be ? Should the response of a victim of direct or indirect aggression, and a
State or States lending it support in its resistance to that aggression, be
confined to the territory of the victim ? The purpose of such a principle
would be toconstrict conflict by reducing theactuality ofand potential for

its territorial expansion. That is an appealing purpose. But the drawbacks
of implementing such aprinciple appear to outweigh its attractions. For a
result of confining hostilities to the territory of the victim would be to
encourage victimization ; potential aggressors would be the likelier to
estimate that their aggressionwillbe free of significant cost. The potential
aggressor might reason that it has little to losein launching covert aggres-
sion, as by concealed support of insurgents operating against the govern-
ment of a neighbouring State. If the aggression succeeds, the aggressor's
purposes are achieved ; ifnot, the aggressorcannot suffer in itsterritory. If
it has done no more than lend substantial support to foreign insurgents, it
isthose insurgents alone whowilltake the pu-nishment.~hë aggresior may
loseits material investment in the foreign insurgency but no more ;it will
not suffer deterrence of its forces, on its territory, with incidental damage
to its people and possessions. Thus if one attempt at foreign armed sub-
version fails, another can be attempted at a more propitious time. Or,

indeed, the aggressor can carry on its support of a foreign insurgency
continuously, relatively secure in the "rule" of international law that it is
immune from adefensive response on its territory directed at its forces. In
short, such a rule would encourage rather than deter aggression. Thus iten territoire iraquien. L'Iraq ne s'est pas contentéde lutter contre cette
subversion sur son propre territoire. L'Iran non plus n'a pas limité à son
propre territoire sa riposte contre l'Iraq ;au contraire, il s'est avancé en
territoireiraquien. L.'Unionsoviétique etI'Afghanistan,réagissant cesder-
nièresannées à l'assistancea la résistanceafghanequ'ilsprétendaient venue

du territoire pakistanais, n'ont pas jugéque le droit international limitait
leur riposte au territoire afghan ;le territoire pakistanais a subi des raids
aériens.Le Nicaragua lui-mêmen'a pas limitésa riposte aux attaques des
contras au territoirenicaraguayen,oùellesont eulieu ;ilaportélecombat en
territoire hondurien où des bases de contras étaientsignalées. LeNicaragua
ne s'estpas borné à exercer son droit de poursuite mais a apparemment
lancé desattaques préemptivescontre les bases des contras au Honduras.
219. Ce qui compte en la matièrece n'est pas de savoir si l'on tient ou
non pour licites lesactes susmentionnésdes Nations Unies, d'Isarël, de la
France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de la Chine, du Viet Nam, de
l'Iraq. de l'Union soviétique,de 1'Afghanistanet du Nicaragua. Je ne veux

nullement laisser en.tendreque touscesactesont lamêmevaleurjuridique ;
certains étaient nettement licites, d'autres ne l'étaient nettement pas.
L'important est que cesactes, revendiqués comme licitespar leursauteurs,
attestent une pratiqueétatique abondante et significative,qui montre que
la limiteproposée à lalégitimedéfenseet àlacontre-intervention n'estpas
appliquée aujourd'hui comme règlede droit international. Elle n'est pas
consacréepar une pratique étatique généralement admise.
220. Néanmoins,si la règlesuggérée n'estpas acceptéeconviendrait-il
qu'ellelesoit ? La victimed'une agression directeou indirecte, et 1'Etatou
les Etats qui l'aidenta résisterà cette agression, devraient-ils limiter leur
riposte au territoire de la victime ? Le but d'un tel principe serait de

contenir les conflits de façon qu'ils ne s'étendent pas ouqu'ils risquent
moins de s'étendre territorialement. But assurément louable ! Mais il
semble bien que les inconvénientsque présenteraitla mise en auvre d'un
telprincipe surpasseraient sesavantages. Limiter leshostilitésau territoire
de la victime aurait notamment pour effet d'encourager la (victimisa-
tion ));dans ce cas, l'agresseurpotentiel n'en sera que plus porté à penser
qu'ilne prend pas grand risque àcommettre un acte d'agression. Il pourra
se dire qu'il n'a pas grand-chose à perdre au déclenchement d'une agres-
sionocculte, par exempleen appuyant secrètement uneinsurrection contre
legouvernement d'un Etat voisin. Sil'agression réussit, lesbutsde I'agres-
seur sont atteints ; sinon, il n'aura pas à en subir le contrecoup sur son

territoire. S'il n'afait qu'accorder un appui appréciable a des insurgés
étrangers, ces derniers seront seuls a en supporter les conséquences.
L'agresseur perdra ]peut-être sa mise matérielledans l'insurrection étran-
gère, mais riende plus ;sesforces ne seront pas l'objetd'actes de semonce
sur son propre territoire, aveclesdommages humains et matérielsque cela
suppose. Ainsi, quand une tentative de subversion étrangèreéchoue, elle
peut êtresuivie d'uineautre a un moment plus propice. L'agresseur peut
mêmeaccorder sans désemparer son soutien à l'insurrection étrangère,
protégé qu'il est dans une certaine mesure par la «règle )de droit inter-373 MlLITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

would not succeed even in its purpose of confining the potential for the
territorial expansion of hostilities. International law is better left as it is,
confining the scope of permissible self-defence, individual and collective,
by the provisions of the United NationsCharterand thenorms of necessity
and proportionality.

P. The Failure of the United States to Notify the Security Council of
Measures of Self-Defence

221. Article 51provides that :

"Measures taken by Members in the exercise of this right of self-
defence shall be immediately reported to the Security Council and
shall not in any way affect the authority and responsibility of the
Security Council under the present Charter to take at any time such
action as it deems necessary in order to maintain or restore interna-
tional peace and security."
The United Statesdid not notify the Security Council when, in December
1981or early 1982,it began to lend support to the contras.Nor did it notify

the Security Council of subsequent actions, such as the attack on Nica-
raguan oil facilitiesor the mining of Nicaraguan ports. Does thisfailure of
the United Statesimport that the measures taken by it werenot "measures
taken .. .in exercise of this right of self-defence" ?

222. In my view, no such imputation need necessarily be made, for a
number of reasons. In thefirst place, the rightof self-defenceisaninherent
right ; the Charter provides that nothing in the present Charter shall
impair that inherent right - and that may be said to include the require-
ment of reporting such measures to the Security Council. Second, if the
aggression in question - that of Nicaragua - is covert (as it is), and the
response to that aggression is covert (as it initially was, however imper-
fectly),it could hardly at the same time have been reported to the Security

Council. A State undertaking covert action cannot at the same time pub-
liclyand officiallyreport that action to the SecurityCouncil. Doesit follow
from thereporting requirement of Article 51that aggressorsare, under the
régimeoi theCharter, freeto actcovertly,but thosewhodefend themselves
against aggression are not ? That would be a bizarre result. A more rea-
sonable interpretation of Charter obligations is that, where a State com-
mits aggression,aprofound violation of itsinternational legalobligations,
and where it commits that aggression covertly, it cannot be heard to
complain if a State or States acting in self-defence to that aggression
respond covertly.Ex injuriajus nonoritur :no legalright can springfrom a
wrong.national qui le met à l'abri d'une réaction défensive contre ses propres
forces, sur son propre territoire. En un mot, une telle règleencouragerait
I'agression plutôt que le contraire. Elle ne réussirait donc mêmepas à
limiter lesrisques d'expansion territorialedes hostilités. Mieuxvaut nepas

toucher au droit international actuel, lequel fait dépendredes dispositions
de la Charte des Nations Unies et des critères de la nécessité etde la
proportionnalité les limites dans lesquellesla Iégitimedéfense individuelle
et collective peut êtreexercée.

P. Les Etats-Unis n'ontpas portéà la connaissancedu Conseil de sécurité
les mesures de légitimedéfense qu'ils prenaient

221. L'article 51de la Charte des Nations Unies dispose que :
«Lesmesuresprises par des Membres dans l'exercicede cedroitde
Iégitimedéfensesont immédiatement portées à la connaissance du
Conseil de sécuritéet n'affectent en rienlepouvoir et ledevoir qu'a le
Conseil, en vertu de la présenteCharte, d'agir à tout moment de la

manière qu'il juge nécessairepour maintenir ou rétablirla paix et la
sécurité internationales.
Les Etats-Unis n'ont pas porté à la connaissance du Conseil de sécurité le
fait qu'ilsont commencé,endécembre1981ou audébutde 1982, aappuyer
les contras. Ils n'ont pas avisé nonplus le Conseil de leurs actions ulté-
rieures. telles que l'attaque desinstallations pétrolièresdu Nicaragua ou le
minage de ses ports. Cela signifie-t-il que les mesures prises par les Etats-
Unis n'étaientpas des mesures prises ..dans l'exercice de ce droit de

Iégitimedéfense )?
222. A mon avis, aucuneimputation semblable nes'impose,et celapour
plusieurs raisons. Premièrement, le droit de Iégitime défense est undroit
naturel ;la Charte stipulequ'aucune de sesdispositions ne porteatteinte à
ce droit naturel - on peut donc dire que cela vaut pour l'obligation de
porter les mesuresprises àla connaissancedu Conseil de sécurité. Deuxiè-
mement, si l'agressiondont il s'agit - celle du Nicaragua - est occulte (et
ellel'est),et si la riposàecette agression est occulte (comme elle l'aété au
début,encore que partiellement), on voit mal comment elle pourrait alors
être portée à la connaissance du Conseil de sécurité.Un Etat qui entre-

prend une action secrète nepeut, en même temps, laporter publiquement
et officiellement à la connaissance du Conseil. Faut-il déduire de l'obli-
gation d'informer prévue àl'article 51que, sous le régimede la Charte, les
agresseurs sont libres d'agir de façon secrète, maisque ceux qui se défen-
dent contre eux n'ont pas la mêmeliberté? Ce serait un résultat assez
bizarre. Selon une interprétation plus raisonnable des obligations qu'im-
pose la Charte, quand un Etat commet une agression, autrement dit une
violation grave de ses obligationsjuridiques internationales, et qu'il com-
met cette agression secrètement, il n'est pas fondé à se plaindre si un ou
plusieurs Etats, dans l'exercice de leur droit de légitimedéfensecontre
cette agression, ripostent secrètement eux aussi. Ex injuriajus non oritur :

((~ucun droit ne-peut naître d'un dommage. 223. In the thrd place, it is by no means clear that, by the intent of the
United Nations Charter, and the inference of the reporting requirement,
covert actions in self-defence are prohbited. Defensive measures may be
overt or covert, and have been in wars fought before and after the entry
into force of the United Nations Charter. In the Korean War, United
Nations support for paramilitary and covert operations was not regarded
asillegalby theUnited Nations. During the coverthostilitiesconducted by
Indonesia against Malaysia in 1965.the United Kingdom not only pro-
vided direct assistance to Malaysia but also reportedly provided covert
assistance to guerrilla and insurgent forces operating against President
Sukarno's forces withinIndonesia. Any such measures were not reported
to the Security Council, but they would not appear to have been any the
lessdefensive for that. Thus it appears that, in resisting aggression,covert
measures have been and legitimately may be used, which could not, by
their nature, be reported to the Security Council without prejudicing the

security and effectiveness of those measures.

224. In the fourth place, a State acting in self-defencemay choose toact
covertly not because it doubts - or necessarilydoubts - the legalityof its
action but for other quite respectable reasons. In the current case, for
example, it appears important to the Government of Honduras not to
admit officially what is unofficially clear : that the contras have bases in
Honduras. Apparently the Government of Honduras has not wished,and
does not wish, to commit itself openly and officially to hostile relations
with Nicaragua, despite its forthright denunciations of Nicaraguan poli-
cies.If the United States had proceeded overtly,and concurrentlyreported
to the SecurityCouncil, that mighthavecreated problems which Honduras
would have viewed as substantial. Or, again, in the view of the United
States, the possibilities of reaching a diplomatic accommodation with
Nicaragua might have been greater if the pressures exerted upon Nicara-
gua were covert rather than announced. The United States may also have
acted covertly rather than overtly for reasons related to Congressional
oversight or for domestic political reasons. But such considerations do not

necessarily suggest that United States motivations or measures were not
defensive.For al1thesereasons, thefailure of the United States to report its
measures to the Security Council does not necessarily suggest that these
measures were not defensive or that its own perception of those measures
was that they were not taken in the exercise of its right of collective
self-defence.

225. It should be added that, while the United States failed to report
measures it describes as taken in collective self-defence to the Security
Council, more than once in Security Council debates flowing from com- 223. Troisièmement,il n'est pas du tout évidentque, dans l'espritde la
Charte des Nations Unies, et selon ce qui peut se déduirede l'obligation
d'informer le Conseil de sécuritéi,l soit interdit de recouràrdes actions
clandestines de légitime défense.Les mesures défensives peuvent être

ostensibles ou secrètes, et elles l'ont étédans des guerres qui se sont
déroulées avantetaprèsl'entréeenvigueurde laCharte desNations Unies.
Dans la guerre de Corée, l'appuides Nations Unies à des opérations
paramilitaires clandestines n'a pas étjugéillicite par l'organisation. Au
cours des hostilités clandestines déclenchéespar l'Indonésiecontre la
Malaisieen 1965,leRoyaume-Uni ne s'estpas borné àdonner àla Malaisie
une assistance directe; il aurait en outre fourni une assistance secrète aux
guérilleroset aux insurgésopérant contre les forces du présidentSukarno
en territoire indonésien. Ces diverses mesures n'ont pas étéportées à la
connaissance du Conseil de sécuritémais elles n'en perdent pas pour
autant leur caractèredéfensif.Il apparaît donc qu'en riposte à une agres-
siondes mesures clandestines ont étéep t euvent légitimementêtrepriseset
qu'elles ne sauraient, vu leur nature, êtreportées à la connaissance du

Conseil de sécurité sans queleur sûreté etleur efficacité nes'en trouvent
compromises.
224. Quatrièmement, il se peut qu'un Etat agissant en état delégitime
défensepréfère agir secrètement,non parce qu'ildoute - ou doitdouter -
de la licéitéde son action, mais pour d'autres raisons parfaitement res-
pectables. En l'espèce, ilsemble par exemple que le Gouvernement du
Honduras tienne àne pas reconnaître officiellement cequi est claià titre
officieux :que les contrasont des bases au Honduras. Apparemment, le
Gouvernement du Honduras ne souhaitait pas, et continue à ne pas
souhaiter, s'engager.ouvertement etofficiellement dans lavoiede relations
hostiles avec le Nicaragua mêmes'ildénonçait nettement la politique de
cet Etat. Siles Etats-Unis avaient opéréàvisagedécouvertet avaient alors

fait rapport au Conseil de sécurité, celaaurait pu soulever des problèmes
auxquels le Honduras aurait attaché de l'importance. Par ailleurs,il a pu
sembler aux Etats-lJnis que leschances de parvenir à un accommodement
diplomatique avec le Nicaragua seraient plus grandes si des pressions
discrèteset non proçlaméesétaientexercéessur ce pays. Si les Etats-Unis
ont agide façon secrèteplutôt qu'ostensible, c'estpeut-êtreaussi pour des
raisons tenant à la surveillance exercéepar le Congrèsou pour des motifs
de politique intérieure. Maisde telles considérations n'impliquent pas
nécessairementque les mesures prises par les Etats-Unis, ou leurs moti-
vations, n'avaient pas un caractèredéfensif.Pour toutes ces raisons, le fait
que les Etats-Unis n'ont pas porté à la connaissance du Conseil de sécu-
ritéles mesures qu'ils prenaient ne signifie pas nécessairement qu'elles
n'avaient pas un caractère défensifni que les Etats-Unis considéraient
qu'ils ne les avaient pas prises dans l'exercice de leur droit de légitime

défense collective.
225. Il faut ajouter que, si les Etats-Unis n'ont pas portà la connais-
sance du Conseil de sécuritéles mesures qu'ils disent avoir prises dans
l'exercicedu droit clelégitime défensei,l est arrivé plusd'une fois, lors deplaints by Nicaragua against it, the United States indicated that it was
joining in defensive measures against Nicaragua's prior and continuing
acts of agression. It did so well beforeNicaragua brought the instant case
tothe Court. For example,asearly asMarch 1982,shortlyafter heightened
contra activity assisted by the United States began, Nicaragua made a
complaint to the SecurityCouncil, at whichCo-ordinator Ortegaappeared
for Nicaragua. Ambassador Kirkpatrick made a detailed and vigorous
reply. The usual charges by Nicaragua and the United States, which are
now familiar, wereexchanged. The United Statesindicated in the Security
Council debate that it had taken certain responsive action "to safeguard
our own security and that of other States which are threatened by the
Sandinista Government" (see SPV.2335, p. 48). While that action parti-
cularly related to overflights, the United States thus inferred that this

action was in individual and collective self-defence. Since the United
States exertion of armed pressure upon Nicaragua then actually was co-
vert, it couldhardly have been expected that the United States would have
explicitlyenumerated its measures in support of the contras as measuresof
self-defence. It spoke in general terms.

226. In further response to a complaint of Nicaragua, Ambassador
Kirkpatrick similarly stated in the Security Council on 2 April 1982that,
while it was attached to the principle of non-interference, "None of this
means that the United Statesrenounces the right to defend itself, nor that
wewill not assist others to defend themselves ..." (S/PV.2347, p. 7). The
context of this statement again suggestsreferenceby theUnited States to a
right of collectiveself-defenceagainst Nicaragua's actions in El Salvador.
In a like vein, in the Security Council on 25 March 1983,Ambassador
Kirkpatrick maintained, in respect of Nicaragua's renewedcomplaint :

"Thus itislegitimate forcommunistGovernments to train and arm
guerrillas and make war on their non-communist neighbours. It is
illegitimate for non-communists to attempt to defend themselves or
for others to help them to do so." (S/PV.2423, pp. 54-55.)

Again, on 9 May 1983in the Security Council, Ambassador Kirkpatrick
asserted that :
"The Government of Nicaragua has come again to us, demanding
of the United Nations international protection while it destabilizes
its neighbours. It is claiming that a people repressed by foreign arms
of a super-Power has no right to help against that repression."

(SPV.243 1,p. 62.)

Once more, if in guarded terms, the United States may be said to havedébatsquiont eu lieuau Conseil à la suite de plaintes du Nicaragua contre
les Etats-Unis, que ceux-ci fassent savoir qu'ilsparticipaientà une action
défensiveen riposte à des actes d'agression commis antérieurement et
présentementpar leNicaragua. Les Etats-Unis l'ontfait savoir bien avant

que leNicaragua n'eûtintroduit laprésenteinstancedevant la Cour. Ainsi,
dès mars 1982, peu après que les contras, soutenus par les Etats-Unis,
eurent intensifié leursactivités,lNicaraguaadéposéuneplainte devantle
Conseil de sécurité, et c'esltecoordonnateur Ortega qui est venu y repré-
senter le Nicaragua.. Mme Kirkpatrick lui a répondu par une longue dia-
tribe. Lesaccusatiorishabituelles du NicaragL, et des Etats-Unis. ,.i sont
maintenant bien coinnues,furent échangées.Les Etats-Unis indiquèrent,
lors du débatdu Conseil de sécurité, qu'ils avaient pris certaines mesures
de riposte <pour lasauvegarde de [leur]propre sécuritéetde celled'autres

Etats menacéspar legouvernement sandiniste ))(voir S/PV.2335, p. 48).Il
s'agissaiten particulier de survols, mais les Etats-Unis concluaient que ces
mesuresavaient été ]prisesdans lecadre de la légitimedéfenseindividuelle
ou collective. Etant ,donnéque les pressions militaires exercéesà l'époque
par les Etats-Unis sur le Nicaragua étaient secrètes,on ne pouvait guère
s'attendre à ce qu'ils énumèrentexpressément les mesures qu'ils avaient
prises pour aider les contras au titre de la légitime défense. Ils sesont
exprimésen termes généraux.
226. Répondantune nouvelle fois à une plainte du Nicxagua, Mme Kirk-
patrick a déclaréaii Conseil de sécurité,le 2 avril 1982, que son gou-

vernement est attaché au principe de non-intervention mais que << de
toute évidence ...celanesignifienullement quelesEtats-Unis renoncent au
droitde sedéfendre,ni que nous n'aiderons pas lesautres àsedéfendre ..))
(S/PV.2347, p. 7.) Replacéedans son contexte, cette déclaration indique
aussique lesEtats-Unis songeaient à un droitde légitimedéfensecollective
contre lesactesdu Nicaragua au Salvador. Dans la mêmeveined , evant les
plaintes renouveléesdu Nicaragua, Mme Kirkpatrick a affirméau Conseil
de sécurité,le 25 mars 1983 :

(<Ainsi, il est légitimepour les gouvernements communistes d'en-
traîner lesarméesdeguérilleroset de fairela guerre à leurs voisinsnon
communistes. IIest illégitimepour les non-communistes d'essayerde
se défendreeux-mêmes oupour d'autres de les aider à se défendre.0
(9PV.2423, p. 54-55.)

Le 9 mai 1983, Mme Kirkpatrick a déclaréau Conseil de sécurité

<Le Gouvernement du Nicaragua une fois de plus s'est porté
devant leConseil pour exigerque lesNations Unies lui accordent une
protection internationale pendant qu'ildéstabilisesesvoisins. Il pré-
tend qu'un peuple réprimépar les armesétrangèresd'une superpuis-
sance n'a pas le droit de se défendre contre cette répression. ))
(SPV.2431, p. 62.)

On peut considérerqu'unefoisdeplus lesEtats-Unis ont reconnu,quoiquerecognized El Salvador's rightto ask for and for it to give it assistance in
meeting Nicaragua's acts of agression. Again, on 3 February 1984,the
United States in the Security Council affirmed that, "We do intend to
continue to CO-operatewith our friends in Central America ... in defence

of freedom . .." (S/PV.25 13,p. 27). And on 30 March 1984,the United
States, after denouncing Nicaragua's continued support of guerrillas in
other countries, principally El Salvador, claimed that Nicaragua came
before the Security Council "seeking to prevent its neighbours from
defending themselvesagainst Nicaraguan-based efforts at the subversion
and overthrow of neighbouring countries" (9PV.2525, p. 41).

227. Al1 this said, there remains, under the Charter of the United
Nations, a literal violation of one of its terms. The term in question is a
procedural term ; of itself it does not, and by the terms of Article 51,
cannot, impair the substantive,inherent right of self-defence,individual or
collective.The measures of the United States in assisting El Salvador by,
among other means, applying force against Nicaragua, are not trans-
formed from defensive into aggressive measures by the failure to report
those measures to the SecurityCouncil. Butthere isneverthelessaviolation
of an important provision which isdesigned topermit the SecurityCouncil
to exert its supervening authority in a timely way. Even if Nicaragua, by
reason of its prior and continuing acts of covert intervention and aggres-
sion, may reasonably be deemed to be debarred from complaining of
responsive covert measures of the United States, the international com-
munity at large, as represented by the Security Council, has an interest in
the maintenance of international peace and security which should not be
pre-empted by the failure of a State to report its defensivemeasures to the
Security Council.

228. It must be recalled, however, that, if the legality of the actions of
the United States in this case are to be adjudged not under the United

Nations Charterand the other treaties on whichNicaragua has relied,but,
by reason of the multilateral treaty reservation of the United States, under
customary international law, customary international law knows nothing
ofan obligation of a State toreport tothe SecurityCouncil.Accordingly,in
thecase before the Court, it may in any event be concluded that the United
States cannot be held in violation of an international legal obligation by
reason of having failed to report defensive measures to the Security
Council.

229. The Court's Judgment appears to rest upon another argument in
respect of reporting under Article 51 of the United Nations Charter,
namely, that, since El Salvador never claimed that it was acting in self-
defence until it filed its Declaration of Intervention in this case in 1984,
and since the United States never claimed that it was acting in collectiveen termes prudents, ledroit d'El Salvador dedemander une aidecontre les
actes d'agression du Nicaragua et le droit des Etats-Unis de la leur accor-
der. Le 3février1984aencore été l'occasionpour lesEtats-Unis d'affirmer
au Conseil de sécurité : Nous avons l'intention de poursuivre notre
coopération avec les amis que nous avons en Amérique centrale ...pour
défendre la liberté ..r)(S/PV.2513, p. 27.) Le 30 mars 1984,après avoir
dénoncéle soutien que le Nicaragua continuait d'apporter aux guérilleros
dans d'autres pays, et principalement au Salvador, les Etats-Unis ont

prétendu que le Nicaragua s'était adresséau Conseil de sécurité en
cherchant a empêcher ses voisinsde se défendre contre les efforts de
subversion et de renversement effectuéscontre les pays voisins a partir du
Nicaragua r)(S/PV.;!525, p. 41).
227. Malgré ce qui précèdei,l n'en reste pas moins que, si on la prend à
la lettre, une des conditions poséespar la Charte desNations Unies a été
violée.Cette condition relèvede la procédure ;en elle-même,elleneporte
pas atteinte et, d'après les termes de l'article 51, elle ne peut pas porter
atteinte au droit fondamental et naturel de légitime défense, individuelle
oucollective. Lesmesures que lesEtats-Unisont prises pour veniren aide a
El Salvador, en recourant notamment a la force contre le Nicaragua, de
défensivesqu'ellesétaientnedeviennentpas agressivesparce qu'elles n'ont
pas été portées à la connaissance du Conseil de sécurité.Il y a néanmoins
violation d'une disposition importante destinéea permettre au Conseil de
sécurité d'exercerentemps voulu sa compétencepostérieure. Même s'ilest
raisonnable de considérer que le Nicaragua est déchu du droit de se

plaindre des mesures clandestines de riposte des Etats-Unis, a cause des
actes d'intervention et d'agression clandestins qu'il a commis et commet
encore, la communaiitéinternationale dans son ensemble, représentéepar
le Conseil de sécurité,a intérêtque la paix et la sécurité internationales
soient maintenues et il ne faudrait pas que leur maintien soit hypothéqué
par lefait qu'un Etat n'apas porté à la connaissancedu Conseil de sécurité
les mesures défensives qu'ila prises.
228. Il convient cependant de rappeler que, si la licéitédes actes des
Etats-Unis en l'espècedoit êtreappréciée, nonpas par rapport àla Charte
des Nations Unieset aux autres traitésinvoquéspar le Nicaragua mais, du
fait de la réserveaméricainerelative aux traités multilatéraux,par rapport
au droit international coutumier, on ne trouve pas trace, dans le droit
international couturriier, d'une obligationqu'auraient les Etats d'informer
leConseil de sécurité. Parconséquent,dans l'affairedont la Cour est saisie,
on peut conclure en tout étatde cause que les Etats-Unis ne peuvent pas

êtreconsidéréscomme ayant violéune obligationjuridique internationale
parce qu'ils n'ont pasporté des mesures défensives a la connaissance du
Conseil de sécurité.
229. En ce qui concerne l'obligation d'informer le Conseil de sécurité
prescriteà l'article51de la Charte desNations Unies, ilsembleque laCour
sefonde dans son arrêt surun autre argument, qui peut serésumercomme
suit :puisque El Salvador n'ajamais prétendu qu'il agissait au titre de la
légitime défense, av.ant de déposer sa déclaration d'intervention en laself-defenceuntil thependency of theseproceedings. it is too late for them,
or at any rate the United States, to make such claims now. Whether the
Court is on sound factual ground in reaching this conclusion has been
challenged above (paras. 186-190).

230. In any event, does the body of international law contain such a
statute of limitations? By the terms of Article 51, measures taken by
Members of the United Nations in exerciseof their right of individual or
collective self-defence "shall be irnmediately reported to the Security
Council". But does it follow that, if they arenot, those measures may not
later be claimed to be measures of self-defence? 1 do not believe so,
because such a conclusion would invest a procedural provision, however
important, with a determinative substantive significance which would be

unwarranted. A Statecannot be deprived, and cannot deprive itself, of its
inherent right of individual or collectiveself-defencebecause of its failure
to report measures taken in the exercise of that right to the Security
Council.

Q. If UnitedStates Relianceon a Claim of Self-DefenceIs Well
Founded,it Constitutes a CompleteDefenceto Virtuallyal1
NicaraguanClaims

231. Wherea State ischarged with an unlawful useofforce,but actually
has employed force in self-defence,that State is absolved of any breach of
its international responsibility. In my view, that is the situation of the
current case.
232. Thus Judge Ago, in preparation of the International Law Com-
mission'sdraft articles on State responsibility, proposed, under the nibric
"Circumstances precluding wrongfulness", the following provision :

"Article 34.Self-defence
The wrongfulness of an act of a State not in conformity with an
international obligation to another State is precluded if the State
committed the act in order to defend itself or another State against
armedattack asprovided for inArticle 51of theCharter of the United
Nations." (Yearbook of the InternationalLaw Commission, 1980,
Vol. II, Part One, p. 70.)

That this provision is a correct statement of the international law of the
matter isdemonstrated in Judge Ago'sdetailed commentary on thearticle
(ibid., pp.51-70).
233. The International Law Commission itself adopted the proposals
and reasoning of Judge Ago, its draft article reading :présente affaire en 1984,et puisque les Etats-Unis n'ontjamais prétendu
qu'ils agissaient au titre de la légitimedéfensecollective, avant que la

présenteinstancesoitintroduite, ilest trop tard pourque cesdeux Etats, ou
tout au moins les Etats-Unis, invoquent la légitimedéfensemaintenant.
J'aidéjàexprimédesdoutesquant àla réalitdesfaits sur lesquelsla Cour
se fonde pour parvenir à cette conclusion (voir ci-dessus par. 186-190).
230. Aprèstout, une telle limitation existe-t-elle en droit international
général ?Aux termes de l'article51de la Charte, lesmesuresprises par des
Membres de l'orgariisation desNations Unies dans l'exercicede leur droit
de légitime défense individuelle ou collective<(sont immédiatement por-
téesà laconnaissance du Conseil desécurité D.Mais, sicesmesures ne sont
pas portées a sa connaissance, s'ensuit-il qu'on ne peut pas prétendre
ensuite qu'il s'agissaitde mesures de légitimedéfense ? Je ne le crois pas.

En effet, parvenirà une telleconclusion reviendrait àattribuer àune règle
de procédure, si importante soit-elle, le caractère décisifd'une règlede
droit matériel, cequi ne serait pasjustifié.Un Etat ne peut êtreprivéou se
priver lui-mêmede son droit naturel de légitime défense, individuelleou
collective,pour n'avoirpas porté à la connaissance du Conseil de sécurité
les mesures qu'il a prises dans l'exercicede ce droit.

Q. Si les Etats-Unis sont fondésà invoquer la légitimedéfense,
cela suffit à réfuter pratiquement toutes les thèses nicaraguayennes

231. Quand un E.tatest accuséd'avoir utilisé la forcede manière illicite,
alors qu'ilétait en fait enétatde légitime défense, cet Etat est exonérée

tout manquement à ses engagements internationaux. A mon avis, tel est
précisément lasituation en l'espèce.
232. C'est dans cette optique que, lors de l'élaboration des projets
d'articles de laCon~missiondu droit international sur la responsabilité
des Etats, dans le chapitre intitulé<(Circonstances excluant I'illicéitéO,
M. Ago a proposéla disposition suivante :

« Article 34. Légitimedéfense
L'illicéitd'un fait d'un Etat non conforme à une obligation inter-
nationale enversun autre Etat est excluesicefait aétécommispourse
défendresoi-même ouun autre Etat d'une agressionarméeselon les
termes del'article51de laCharte desNations Unies. r)(Annuairede la
Commission du droit international, 1980, vol. II, première partie,

p. 68.)
Il ressort du commentaire détaillédont M. Ago a assorti cet article que
celui-ci exprime bien le droit international en la matière (ibid.,
p. 50-68).
233. LaCommission du droit international aapprouvélaproposition et

le raisonnement de M. Ago, et elle a rédigéson projet d'article comme
suit: The wrongfulness of an act of a State not in conformity with an
international obligation of thatState isprecluded ifthe act constitutes
a lawful measure of self-defencetaken in conformity with the Charter
of the United Nations." (YearbookoftheInternationalLawCommis-

sion, 1980, Vol. II, Part Two, p. 52.)
The Commission's commentary to this article in part provides :

"(1) This article relates to self-defence only from the standpoint
and in the context of the circumstances precluding wrongfulness .. .
Its solepurpose is to indicate that, when the requisite conditions for a
situation of self-defenceare fulfilled, recourse by a State to the use of
armed forcewith the specificaim of halting or repellingaggressionby
another State cannot constitute an internationally wrongful act,
despite the existence at the present time, in the Charter of the United
Nations and in customary international law, of the general prohibi-
tion on recourse to the use of force ...The article merely takes as its
premise theexistenceof ageneralprinciple admitting self-defenceasa
definite exception, which cannot be renounced, to the general prohi-
bition on recourse to the use of armed force, and merely draws the
inevitable inferences regarding preclusion of the wrongfulness of acts
of the State involving such recourse under the conditions that con-
stitute a situation of self-defence.

. . .the effect of a situation of self-defence underlying the conduct
adopted by the State is to suspend or negate altogether, in the par-
ticular instance concerned, the duty to observe the international
obligation. which in the present case is the general obligation to

refrain from the use or threat of force in international relations.
Where there isa situation of self-defence,the objective element of the
internationally wrongful act, namely the breach of the obligation not
to use force, is absent and, consequently no wrongful act can have
taken place." (Ibid., pp. 52, 60.)

R. TheMiningof NicaraguanPorts Was Unlawfulin Regard to Third
States but Lawfulin Respect to Nicaragua

234. It is uncontested that Nicaraguan ports or waters were the objects
of mining in 1984.Evidence refuting Nicaraguan claims that agents of the
United States Government carried out the mining has not been presented
to the Court or appeared in the public domain. On the contrary, there is

evidence of admissions by the President of the United States and other
officialsof the UnitedStatesGovernment ofthe involvement of the United <(Article34. Légitimedéfense

L'illicéité d'ufnait d'un Etat non conforme à une obligation inter-
nationale de cet Etat est excluesicefait constitue une mesure licitede
Iégitimedéfense prise en conformité avec la Charte des Nations
Unies. )> (Annuaire de la Commission du droit interrlational, 1980,
vol. II,deuxièmepartie, p. 50.)

Lecommentaire de laCommission relatif à cet article contient lespassages
suivants :

1)Leprésentarticle neviselaIégitimedéfensequedu pointde vue
et dans le cadre des circonstances excluant I'illicéité...Son but est
uniquement de préciserque, là ou les conditions nécessaires à I'exis-
tence d'un état deIégitimedéfensesont remplies, un recours par un
Etat à l'emploide la force arméeeffectuédans le but précisd'arrêter
ou de repousser une agression d'un autre Etat ne saurait êtreun fait
internationalenient illicite, et cela en dépit de I'existence actuelle,
dans la Charte des Nations Unies et dans le droit international cou-
tumier, de l'interdiction généraldeu recours àl'emploide la force.[Le
présent article]..se limite à prendre comme prémisse I'existencedu
principe généraladmettant la Iégitimedéfensecommeexception cer-
taine, et ne pouvant pas faire l'objet d'une renonciation,à I'interdic-

tion générale du recours àl'emploide laforcearmée,etil selimite àen
tirer lesconséquencesqui s'imposentencequi concerne l'exclusionde
I'illicéitdes faits de 1'Etatdans lesquels ce recours a lieu dans les
conditions qui constituent l'étatde Iégitimedéfense.

L'existence. àlabasedu comportement adoptéparI'Etat,d'unétatde
Iégitimedéfense a poureffet ..de suspendre ou de supprimer tout à
fait en l'espècele devoir d'observer l'obligation internationale qui,
dans le cas présent,est l'obligation généralede s'abstenir de l'emploi
ou de la menace:de la force dans lesrelations internationales. Quand
on est en présence d'unétatde Iégitimedéfense, l'élément objectd ifu
fait internation.alement illiciteà savoir la violation de I'obligation
interdisant le rr:coursà la force, fait défaut et, partant, aucun fait

illicite n'a pu avoir lieu.(Ibid.,p. 50, 58.)

R. Le minage des ports nicaraguayensétaitillicite à l'égarddes Etats tiers
mais licite à l'égarddu Nicaragua

234. Il n'estpascontestéque leseaux ou lesports nicaraguayens ont été

minés en1984.Des preuves n'ont pasété présentées à la Cour, ni ne sont
apparues dans le domaine public, pour réfuter les affirmations nicara-
guayennes suivant lesquellesdes agents du Gouvernement desEtats-Unis
avaient procédéau minage. Au contraire, le président des Etats-Unis et
d'autres responsableijde l'exécutifaméricainont admis que les Etats-UnisStates in the laying of small-scale mines in the waters of Nicaraguan
ports.
235. It is not clear whether the mine-laying was designed to interrupt
commercial shipping or whether it may have had a belligerent purpose,
such as the interruption of shipments of arms from Communist countries
to Nicaragua for trans-shipment to ElSalvadoran insurgents, or both. The
mineswerenot designed to inflict significant damage and did not. But they
did damage the ships of a number of States. Moreover, Nicaraguan ship-
ping and personnel incurred lossesin thecourse ofsweepingthe mines,and
Nicaraguan commerce was prejudiced.

236. Mines have been extensively used in warfare in the course of the
twentieth century. Under certain conditions, their use iscontemplated by
the Hague Convention relative to the laying of automatic submarine
contact mines of 1907, to which Nicaragua and the United States are
parties. A belligerent is entitled,under international law, to take reason-
able measures (a fortiori, within the interna1 waters of the opposing bel-
ligerent) to restrict shipping, including third flag shipping, from using the
ports of its opponent. Thus the use of mines in hostilities is not of itself
unlawful. That today is so whether the hostilities are declared or unde-
clared ;astate ofwaror ofbelligerencyneed not exist.If theuseofforceby
the United States against Nicaragua is lawful, then the use of mining as a
measure of such use of force may, in principle, be lawful,provided that its
usage comports with measures taken in the exerciseof the right of collec-
tive self-defence.

237. AsJudge Ago pointed out in the passages from his Report to the
International Law Commission quoted in paragraph 212 of this opinion,
measures taken in self-defence, to be proportional, need not mirror offen-
sive measures of the aggressor. Moreover, it may be noted that, as Hon-
duras charged in its protest note to Nicaragua of 30June 1983,Nicaragua

apparently has mined Honduran roads with a resultant loss of life
(Counter-Memorial of the United States, Ann. 61) ;the mining of roads in
El Salvador by Salvadoran insurgents, using land-mines and explosives
reportedly provided by or through Nicaragua, is a commonplace. The
consequential casualties far exceed those caused by the mining of Nica-
raguan ports. Thus the fact that Nicaragua mayhaveconfined itselfto land
mining, or to assisting in the laying of land mines, and to no more than
threatening the mining of foreign ports (seethe appendix,paras. 119,136),
does not of itself render United States mining of Nicaraguan ports, as a
measure in the exercise of its right of collective self-defence, dispropor-
tionate, or otherwise unlawful - as against Nicaragua.

238. However, as against third States whose shipping was damaged or
whose nationals were injured by mines laid by or on behalf of the United ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS CHWEBEL) 379

étaient impliquésdans la pose de petites mines dans les eaux des ports

nicaraguayens, et il existe des preuves de leurs déclarations.
235. On ne sait pas trèsbien si le minage visaità interrompre la navi-
gation commerciale ou s'ilrépondait éventuellement à un but de belligé-
rance, tel que l'interruption des expéditions d'armes en provenance de
pays communistes r:t à destination du Nicaragua, pour réexpéditionaux
insurgés d'El Salvador,ou les deux à la fois. Les mines n'étaient pas
conçues pour provoquer des dommages importants et elles n'en ont pas
provoqué.Elles ont cependant causédes avaries aux navires de plusieurs
Etats. De plus, la marine nicaraguayenne a subi des pertes lors des opé-
rations de déminage,et le commerce du Nicaragua a souffert de ces évé-
nements.
236. Au XXesiècle,il a étéfaitabondamment usage de mines au cours
d'opérationsde guerre. Leur emploi, dans certaines conditions, est envi-
sagépar la convention de La Haye de 1907relative àla pose de mines de

contact sous-mari ni:^automatiques, à laquelle le Nicaragua et les Etats-
Unis sont parties. En droit international, un belligérant a la faculté de
prendre des mesures raisonnables (a fortiori dans les eaux intérieuresde
son adversaire) pour empêcherles navires, y compris ceux qui battent
pavillon d'un Etat tiiers,de faire relâche dans les ports ennemis. L'emploi
de mines au cours d'hostilitésn'estdonc pas en soiillicite.Il en est ainsi de
nosjours, que leshostilitéssoient déclaréesou non ;il n'estpas nécessaire
qu'un étatdeguerreou de belligéranceexiste.Sil'emploide laforce par les
Etats-Unis contre leNicaragua est licite,alors lerecours au minage dans le
cadre de cet emploi de la force peut, en principe, l'être ausàicondition
d'avoir lecaractèred'une mesure prise dans I'exercicedu droit de légitime
défensecollective.
237. Ainsi que M.Ago l'asoulignédans lespassages de son rapport à la

Commission du droit international citésau paragraphe 212de la présente
opinion, les mesures de légitime défensep, our êtreproportionnées, n'ont
pas besoin d'êtrela répliqueexactedes mesuresoffensivesde l'agresseur.Il
faut rappeler en outre que, comme le Honduras l'aprétendudans sa note
de protestation au Nicaragua du 30juin 1983, leNicaragua a apparem-
ment minéles routes honduriennes, ce qui a entraînédes pertes en vies
humaines (contre-niémoire des ~tats-unis, annexe 61) ; le minage de
routes au Salvadorpar lesinsurgésdecepays,au moyende mines terrestres
et d'explosifs quiseraientfournis par leNicaragua ou transiteraient par ce
pays, est de pratique courante. Les pertes qui en résultent dépassentde
beaucoup celles qu'a provoquées leminage des ports nicaraguayens. En
conséquence,le fait que le Nicaragua s'en soit tenu à poser des mines
terrestres ouàaider ;lesposer et sesoit bornéà menacer de miner lesports

étrangers(voirappendice, par. 119, 136),n'apasen lui-mêmepour résultat
de rendre le minage des ports nicaraguayens par les Etats-Unis, dans
l'exercicede leur droitde Iégitimedéfense collective,disproportionnéou à
d'autres égardsilliciteà l'égarddu Nicaragua.
238. Toutefois, à l'égarddes Etats tiers dont les navires ont étéen-
dommagés ou les ressortissants blesséspar des mines posées par lesStates, the international responsibility of the United States may arise.
Third States were and are entitled to carry on commerce with Nicaragua
and their ships are entitled to make useof Nicaraguan ports. If the United

States were to bejustified in taking blockade-like measures against Nica-
raguan ports, as by mining, it could only be so if its mining of Nicaraguan
ports were publicly and officially announced by it and if international
shipping wereduly warned by it about the fact that mineswould be or had
been laid in specified waters. However, no such announcement was made
by the United States in advance of or upon the laying of mines ;interna-
tional shipping was not duly warned by it in a timely, officia1manner. It
appears that the contrasdid issue warnings about the mining of Nicara-
guan ports (see "The Mining of Nicaraguan Ports and Harbors, Hearing
and Markup before the Committee on Foreign Affairs", House of Rep-
resentatives, Ninety-eighth Congress, Second Session, on H. Con. Res.
290, pp. 31, 40). But it is questionable whether third States and their
shipping should have been expected to take seriously such warnings from
the contras.It might be argued that warnings by the contrasmight mitigate
the responsibility of the United States ; 1do not believe that they would
erase it.

239. The obligation incumbent upon a State of notifying the existence
of a minefield laid by itor with its knowledgewasaffirmed by the Court in
the Corfu Channelcase (I.C.J. Reports 1949, p. 22), not on the basis of
the Hague Convention of 1907 :

"which isapplicable in time of war, but on certain general and well
recognized principles, namely, elementary considerations of human-
ity, even more exacting in peace than in war ; the principle of the
freedom of maritime communication ; and every State's obligation
not to allowknowinglyits territory to be used for actscontrary to the
rights of other States".

The United States did not discharge that obligation of notification vis-
a-vis third States.

240. As against Nicaragua, however, a further factor cornes into play,
in addition to those specified above. Nicaragua stands in violation of
that most pertinent obligation which the Court set forth in the Corfu
Channelcase, namely, its "obligation not to allow knowingly its territory
to be used for acts contrary to the rights of other States". Since Nica-
ragua has violated and continues to violate that cardinal obligation, and
commenced its violation of that obligation years before the mining and
maintained that violation during the period of the mining and thereafter,
Nicaragua cannot be heard to complain, as against it, of the mining of
its ports. As Judge Hudson concluded in his individual opinion in the
case of Diversionof Wuterfrom theMeuse, P.C.I.J., Series A/B, No. 70,
page 77 :Etats-Unis ou pour leur compte, ilsepeut que lesEtats-Unis assument une
responsabilitéinternationale. LesEtats tiers avaientet ont toujours ledroit
de commercer avec leNicaragua, et leurs navires celui de relâcher dans les
ports nicaraguayens. S'il fallait admettre que les Etats-Unis peuvent
prendre des mesures équivalant à un blocus des ports nicaraguayens, par
exemple en minant <:esports, ce ne pourrait êtreque si leminage des ports
nicaraguayens était annoncépubliquement et officiellement et si la navi-
gation internationale était dûment avertie par lesEtats-Unis que des mines
seraient ou avaient été mouilléesdans telles et telles eaux. Or aucun
avertissement de ce genre n'aétédonnéparles Etats-Unis, ni à l'avanceni
au moment de la pose des mines ; la navigation internationale n'a pas été

dûment alertée en temps voulu et de manière officielle.Il semble que les
contras aient fait de:smises en garde contre le minage des ports nicara-
guayens (voir The Mining of Nicaraguan Ports and Harbors, Hearing
and Markup before the Committee on Foreign Affairs O,House of Repre-
sentatives, Ninety-e~ghthCongress, Second Session, on H. Con. Res. 290,
p. 31,40). Mais on peut se demander s'ilétaitdans l'ordre des choses que
les Etats tiers et leur marine prennent au sérieuxde tels avertissementsdes
contras.On pourrait soutenir que les mises en garde des contrasatténuent
peut-êtrela responsabilitédes Etats-Unis ; maisje ne crois pas qu'elles les
dégageraient de toute responsabilité.
239. L'obligation incombant à un Etat de faire connaître l'existence

d'un champde minesposéespar luiou dont ilaconnaissancea été affirmée
par la Cour en l'affaire du Détroitde Corfou(C.I.J. Recueil1949,p. 22). A
cet effet, elle s'est fondéenon sur la convention de La Haye de 1907,

(<qui est applicable en temps de guerre, mais sur certains principes
généraux et bien reconnus, telsque des considérations élémentaires
d'humanité, pliis absolus encore en temps de paix qu'en temps de
guerre, le principe de la liberté des communications maritimes et
l'obligation, pour tout Etat,de ne pas laisser utiliser son territoire aux
fins d'actes conitraires aux droits d'autres Etats )).

Les Etats-Unis n'orit pas respectécette obligation d'informer les Etats
tiers.
240. Par rapport au Nicaragua,cependant, un autre facteur entre enjeu,
en plus de ceux qui ont été indiquésci-dessus. Le Nicaragua viole une
obligation très importante, que la Cour a mentionnée dans I'affaire du
Détroitde Corfou,celle (de ne pas laisser utiliser son territoire aux fins
d'actes contraires aux droits d'autres Etats ))Puisque leNicaragua violeet
persiste à violer cette obligation primordiale, qu'il a commencé à le faire
plusieurs années avant la pose des mines et a persisté à le faire pendant et
après, iln'est pas foridéà seplaindre du minage de sespropres ports. Pour

reprendre la conclusion de l'opinion individuellede Hudson dans I'affaire
des Prises d'eau a la Meuse (C.P.J.I. sérieA/ B no 70,p. 77) : <(Un important principe d'équité sembleraitêtreque, quand deux

parties ont assuméuneobligationidentiqueou réciproque,une partie
qui, de manière continue, n'exécute pascette obligation, ne devrait
pas êtreautorisée à tirer avantaged'une non-observation analogue de
cette obligation par l'autre partie ...un tribunal. liépar le droit
international, ne devrait pas reculer devant l'application d'un prin-
cipe si évidemmentjuste. ))

Et, comme concluait Anzilotti dans son opinion dissidente en la même
affaire :

<(Je n'ai vraiment aucun douteque le principe qui est à la base de
cette conclusion (inadimplenti non est adimplendum) soit si juste, si
équitable,si universellement reconnu qu'il doive être appliquéaussi
dans les rapports internationaux. 11s'agit, en tout cas, d'un de ces
<principes génkrauxdedroit reconnus par lesnations civilisées que
la Cour applique en vertu de l'article 38 de son Statut. ))(C.P.J.I.

serie AIB no 70:p. 50.)
Wilfred Jenks a soulignéque : La conviction de Hudson que ce principe
était applicablea été partagéepar la majoritéde la Cour (ibid.,p. 25)et par

Anzilotti (ibid.p. 50). ))(The Prospects of InternationalAdjudication, 1964,
p. 326, note 30.) La Cour a conclu en ces termes :

Dans ces conditions, la Cour estime difficile d'admettre que les
Pays-Bas soient.fondésa critiquer aujourd'hui la construction et le
fonctionnemeni. d'uneéclusedont eux-mêmesavaientantérieurement
donnéI'exemplle. ))(Prises d'eaua la Meuse, C.P.J.I. sérieA/B no 70,
p. 25.)

S. Les Etats-Unis ne sontpas intervenus illicitement
dans les a/J~iresintérieures ouextérieures duNicaragua

241. Sefondant sur lesmêmesfaits qu'ilallèguecontre lesEtats-Unis en
ce qui concerne I'eniploi de la force contre lui, le Nicaragua affirme en

outreque les Etats-Unis ont violéleursobligationsen vertu desarticles 18,
19.20 et 21 de la charte de l'organisation desEtats américainset en vertu
du droit international coutumier. Sa thèse est essentiellement que les
Etats-Unis sont intervenus illicitement dans les affaires intérieures et
extérieuresdu Nicar,aguaen essayant de modifier la politique du Gouver-
nement nicaraguayen ou le régime lui-même.

242. Compte tenu des injonctions généraleset catégoriquescontre l'in-

tervention que contient la charte de I'OEA et des règlesbeaucoup plus
limitées mais néannioins importantes du droit international coutumier
relatives à la non-intervention, la thèse nicaraguayenne paraît extrême-
ment solide à première vue. A l'analyse, elle se révèlecependant inadé-
quate, et cela pour deux raisons (en plus de celles qui découlent de latowardscounteringNicaraguan contentions of unlawful intervention. The
second vitiates them.

243. It has been shown that, in order to extract from the OAS and its
Members their recognition of the Junta of National Reconstruction in
placeof theGovernment of President Somoza,theJunta, inresponse to the
OAS resolution of 23 June 1979,gave undertakings to the OAS and its
Members to governinaccordance with specifieddemocratic standardsand
policies (see paras. 8-13of the appendix to this opinion). It has also been
shown that theNicaraguan Government has failed soto govern,and has so

failed deliberately and wilfully, as a matter of State policy (ibid.).

244. It is accepted international law that a government is liable for the
acts of successfulrevolutionaries - their torts and their contracts. (Cf. the
Award of William H. Taft, Sole Arbitrator, in the Tinoco case, 1923,
United Nations Reports ofInternationalArbitralAwards, Vol. 1,p. 375.)As
F. K. Nielsen put it :

"A government is liable for acts of successful revolutionists. The
rule of responsibility applies to the redress for tortious acts aswellas
to contractual obligationsentered into by revolutionists, who succeed
in coming into control of a state or in throwing off the authority of an
established government." (International LawApplied to Reclamations,
1933,p. 32.)

It is equally accepted that insurgent communities may conclude treaties
(see the "Draft articles on the law of treaties with commentaries", Report
of the International LawCommission on thework ofitseighteenth session,
Yearbook ofthe InternationalLaw Commission, 1966,Vol.II, pp. 188-189).
The "rule. ..found to be established in the practice of States and accepted
by writers . . ."by Dr. Hans Blix is that :

"A revolutionary government iscompetent under international law
to conclude treaties on behalf of the state it purports to represent ...
provided only that it appears to wieldeffectiveauthority, so that there

seems to be a high degree of likelihood that it will be able in fact to
fulfil the obligations it is prepared to undertake .. ." (Treaty-Making
Power, 1960,p. 146.)

245. The Permanent Court of International Justice in its advisory opin-
ion on Nationality Decrees Issued in Tunis and Morocco(P.C.I.J., Series B,
No. 4, p. 24) dealt with what is a matter of domestic jurisdiction in
classic terms :

"The question whether acertain matter isor isnot solelywithin the
jurisdiction ofa State isan essentiallyrelativequestion ;itdepends on
thedevelopment of international relations. ..itmaywellhappen that,réserve relative aux traités multilatéraux).La première contribue beau-
coup à réfuterlesthèsesnicaraguayennes au sujet de l'intervention illicite.
La seconde les réduit à néant.
243. Il a étéindiqué que, pour obtenir que I'OEA et ses membres la
reconnaissent commesuccédantau gouvernement du présidentSomoza,la

junte de reconstruction nationale, donnant suite à la résolutionde I'OEA
du 23juin 1979,s'était engagéevis-à-vis de l'OEA et de ses membres à
gouverner conformkment à des normes et pratiques démocratiques bien
définies(voir lesparagraphes 8 à 13de l'appendice à la présente opinion).
Il a aussi étéindiqué que le Gouvernement nicaraguayen n'avait pas
respecté ses engagements et que son attitude étaitdélibérée ectorrespon-
dait à une politique gouvernementale voulue. (Ibid.)
244. Il est admis en droit international qu'un gouvernementrépond des
actes de révolutionnaires arrivés au pouvoirqui engagent leur responsa-
bilité civileetcontractuelle (voir la sentence rendue par William H. Taft,
arbitre unique, dan.s l'affaire Tinoco, 1923, Nations Unies, Recueil des
sentences arbitrales,vol. 1,p. 375). Comme l'a dit F. K. Nielsen :

Un gouvernement est responsabledes actes des révolutionnaires

qui ont triomphé. La règlede responsabilité s'applique à la respon-
sabilitécivileainsiqu'aux obligationscontractuelles souscrites par les
révo1utionnaire:çqui ont réussi à s'emparer du contrôle de 1'Etatou à
rejeter l'autorité d'un gouvernement établi. )) (International Law
Applied to Reclczmations,1933,p. 32.)

Il est de mêmeadmis que les groupes d'insurgés peuvent conclure des
traités(voir les((Projets d'articles sur le droit des traitéO,accompagnés
d'un commentaire, rapport de laCommission du droit international sur les
travaux de sa dix-huitième session, Annuaire de la Commission du droit
international,1966,vol. 11,p. 193).La <règle ..dont onconstate qu'elle est
établiedans la pratique des Etats et acceptéepar la doctrine ... est, selon
Hans Blix, que :

Un gouvernement révolutionnaire est compétent en vertu du
droit international pour concluredestraités au nom de 1'Etatqu'ildit
représenter ... àla seule condition qu'il paraisse jouir de l'autorité

effective, de sorte qu'il soit hautement probable qu'il est àmême en
fait de remplir 1t:sobligations qu'ilest disposà souscrire... (Treaty-
Making Power, 1960,p. 146.)

245. Dans son avisconsultatif sur lesDécretsdenationalitépromulgué ùs
Tunis et LIU Maroc (C.P.J.I. série Bno 4, p. 24), la Cour permanente de
Justice internationale a cerné dans des termes devenus classiques ce qui
relèvede la compéte:ncenationale :

La question de savoir si une certaine matière rentre ou ne rentre
pas dans le domaine exclusif d'un Etat est une question essentielle-
ment relative : elle dépend du développement desrapports interna-383 MILITARY AND PARAMILITARY ACTlVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

in a rnatter which ... is not. in principle. regulated by international
law. the right of a State to use its discretion is nevertheless restricted
by obligations which it may have undertaken towardsother States. In
such a case, jurisdiction which, in principle. belongs solely to the
State, is lirnited by the rules of international law."

There is nothingto debar a State - or a revolutionary junta entitled to bind
the State - frorn undertaking obligations towards other States in respect of
matters which otherwise would be within its exclusivejurisdiction. Thus,
under the Statute of the Council of Europe. every Member of the Council

of Europe "must accept the principles of the rule of law and of the
enjoyment by al1 persons within its jurisdiction of hurnan rights and
fundamental freedoms" (Art. 3).Any Member which has seriouslyviolated
Article3may be suspendedfrom its rights of representation. The history of
the Council of Europe demonstrates that these international obligations
are treated as such by the Council :they may not be avoided by pleas of

domestic jurisdiction and non-intervention.

246. The Nicaraguan Junta of National Reconstruction, by the under-
takings it enteredinto not only with the OAS but with its Members. among
thern, the United States (which individually and in consideration of those
undertakings treated with the Junta as theGovernment of the Republic of

Nicaragua). has not dissimilarly placed within the domain of Nicaragua's
international obligations its domestic governance and foreign policy to the
extent of those undertakings. Thus. what otherwise would be "the right" of
Nicaragua "to use its discretion is nevertheless restricted by obligations"
which it has undertaken towards those States,including the United States.
It follows that. when the United States demands that Nicaragua perform

its undertakings given to the OAS and its Members. including the United
States, to obserlie human rights, to enforce civiljustice. to cal1free elec-
tions : when it demands that the Junta perform its promises of "a truly
democratic government . . . with full guaranty of human rights" and
"fundamental liberties" including "free expression. reporting" and trade
union freedorn and "an independent foreign policy of non-alignment"

(appendix to this opinion. paras. 8-1l), the United States does not "in-
tervene" in the interna1or external affairs of Nicaragua. Such demandsare
not a "form of interference or attempted threat against the personality of
the State" of Nicaragua. They are legally well-grounded efforts to induce
Nicaragua to perform its international obligations.

247. Thecourt, however, has found that. by its 1979communications to
the OAS and its Members. Nicaragua entered into no comrnitments. It
may be observed that that conclusion is inconsistent not only with the

viewsof the United States quoted in the Court's Judgment. but apparently ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL)383

tionaux ..il se peut très bien que. dans une matière qui n'est pas, en

principe, régléepar le droit international, la libertéde 1'Etatde dis-
poser à son gri: soit néanmoins restreinte par des engagements qu'il
aurait pris envers d'autres Etats. En ce cas, la compétence de I'Etat.
exclusive en principe, se trouve limitéepar des règlesde droit inter-

national. ))

Rien n'empêcheun Etat ou une junte révolutionnaire capable de lier cet
Etat de prendre des engagements vis-à-vis d'autres Etats dans des do-
maines qui relèveraient normalement de sa compétence exclusive. C'est

ainsi au'en vertu di1statut du Conseil de I'Euro~e chacun des membres
de ce Conseil reconnaît le principe de la prééminencedu droit et le prin-
cipe en vertu duquel toute personne placéesous sa juridiction doit jouir
desdroits de l'hommeet des Libertés fondamentales 1(art. 3).Tout membre
du Conseil qui aurait gravement violél'article 3 pourrait êtresuspendu de

son droit de représentation. Les événementsmontrent que le Conseil de
l'Europe entend faire respecter ces obligations internationales ; on ne
saurait s'en dégager en invoquant la compétence nationale et la non-
intervention.

246. De façon analogue, la junte nicaraguayenne de reconstruction
nationale, par les engagements qu'elle a pris non seulement envers I'OEA
mais envers ses membres. dont les Etats-Unis (membres qui, individuel-
lement, et en contrepartie desdits engagements, ont reconnu la junte

comme Gouvernement de la République du Nicaragua), a. elle aussi. fait
de son régimeinterne et de sa politique étrangère, dans la mesure résultant
de ses engagements., un élémentde ses obligations internationales. Ainsi,
quelle que puisse être normalement la liberté O du Nicaragua de dis-
poser a son gré ))cette libertéest (<néanmoins restreinte par des engage-

ments ...pris envers ))les membres de I'OEA, y compris les Etats-Unis. Il
s'ensuit que, quand les Etats-Unis exigent que le Nicaragua s'acquitte des
engagements souscritsenvers I'OEA et ses membres, y compris les Etats-
Unis, qu'il s'agisse du respect des droits de l'homme, de faire régner la
justice civile et d'organiser des élections libres,et quand ils exigent que la

junte respecte ses .promesses concernant (un gouvernement vraiment
démocratique ...et garantissant pleinement lesdroits de l'homme et les
libertés fondamenGles O, y compris la libertéd'expression et de publi-
cation et la liblertésyndicale )).ainsi qu'« une politique extérieure

indépendante de non-alignement )>(voir les paragraphes 8 à 11 de l'ap-
pendice àla présenteopinion), les Etats-Unis n'o interviennent pas dans
les affaires intérieuresou extérieuresdu Nicaragua. Ces exigences ne sont
pas une forme d'ingérenceou de tendance attentatoire à la personnalité

de 1'Etat du Nicaragua. II s'agit d'efforts parfaitement fondés en droit
pour inciter le Nicaragua à respecter ses obligations internationales.
247. La Cour a cependant jugé que, par les communications qu'il a
adressées en 1979 à.I'OEA et à ses membres. le Nicaragua n'a pas pris
d'engagements. On relèvera que cette conclusion est incompatible non

seulement avec lesvues desEtats-Unis que la Cour cite dans sonarrêt.maiswith the views of Nicaragua (appendix to this opinion, para. 53). In my
view, the comrnitment of Nicaragua is clear :essentially, in exchange for
the OAS and its Members stripping the Somoza Government of its legiti-
macy and bestowing recognition upon the Junta as the Government of
Nicaragua, the Junta extended specific pledges to the OAS and its Mem-
bers which it bound itself to "implement" (appendix, paras. 8-13, espe-
ciallypara. 10).1am confirmed in that conclusion by the former Director
of the Department of LegalAffairs of the OAS, Dr. F. V.Garcia Amador,
who hascharacterized the pledges of the Junta in question as constituting
"its formal obligation". In his view,

"These obligations included the installation of a democratic gov-
ernment to be composed of the principal groups which had opposed
the previous régimeand the guarantee to respect the human rights of
al1Nicaraguans,without exception. The requirements imposed by the
Meeting[the Seventeenth Meeting of Consultation of the Ministers of
Foreign Affairs in 19791werenot unexpected, especiallyinviewof the
Resolution of June 23, 1979 which proposed the '[ilmmediate and
definitive replacement of the Somoza régime' inorder to resolve the
situation in Nicaragua." (Loc. cit.,p. 40.)

248. It is of course obvious that the Junta did not, by its written
undertakings to the OAS and its Members, conclude an international
agreement in treaty form. But, as the Vienna Convention on the Law of
Treaties recognizes (Art. 3), and as the Permanent Court of International
Justice held in the Legal Status of Eastern Greenland,Judgment, 1933,
P.C.I.J., Series A/B, No. 53, page 71, an international commitment
binding upon a State need not be made in written, still less particularly
formal, form. The question is simply, did the authority of the State con-
cerned give an assurance, or extend an undertaking, which, in the parti-
cular circumstances, is to be regarded as binding upon it ?When a revo-

lutionary government, soliciting recognition, has given assurances to for-
eigngovernments, suchassurances have repeatedly been treated by foreign
governmentsasbinding the revolutionary government and its successors. 1
do not seewhy the assurances of the Junta werenot binding, made as they
were, not only to the OAS but to its "Member States" ; assurances which
the Junta affirmed it "ratified", which it characterized as a "decision",
which it intimated it took "in fulfillment of the Resolution of the XVII
Meeting of Consultation of Ministers of Foreign Affairs of the OAS
adopted on 23 June 1979", and which it affirmed it "will immediately
proceed ...to Decree,[which]Organic Law. ..willgovern the institutions
of the State" in pursuance of a Programme which the Government of
National Reconstruction will "Implement". As the Inter-American Com-
mission on Human Rights recognized, the OAS deprived the Somoza
Government of legitimacy. The OAS offered recognition to the Junta on aussi, apparemment, avec celles du Nicaragua (voir le paragraphe 53 de
l'appendice à la présente opinion). A mon avis, il est clair que les enga-
gements du Nicaragua sont en substance les suivants : en contrepartie du
fait que I'OEAetsesmembres dépouillaientlegouvernement Somozadesa
légitimitéet reconnaissaient la junte comme le Gouvernement du Nica-
ragua, lajunte s'estexpressément engagéeenversI'OEAet ses membres à
réaliser ))des obligations précises (voirles paragraphes 8 à 13 de I'ap-
pendice, et en particulier le paragraphe 10).L'ancien directeur du dépar-
tement des affaires Juridiques de I'OEA, M. F. V. Garcia Amador, m'a

renforcédans cette conclusion lorsqu'il a déclaréque lesdits engagements
de la junte constituaient pour elle une obligation formelle o. A son
avis :

Ces obligations impliquent la constitution d'un gouvernement
démocratique où sont représentés lesprincipaux groupes de I'oppo-
sition au précédentrégime,et la garantie que la junte respectera les
droits de l'hommede tousles Nicaraguayens, sans exception. Les con-
ditions imposéespar la réunion[la dix-septième réunionde consul-
tation des ministres des relations extérieures de I'OEA en 19791
n'étaientpas inattendues, compte tenu en particulier de la résolution
adoptéele 23juin 1979quiproposait [le] <(remplacement immédiat et

définitifdu régimede Somoza ))pour résoudre la situation au Nica-
ragua. O(Loc. c.it.,p. 40.)
248. Il est bien évident que,par les engagements écrits qu'ellea pris à
l'égardde I'OEA et de ses membres, la junte n'a pas conclu un accord

international ayant liiforme d'un traité.Cependant, comme lereconnaît la
convention de Vienrie sur le droit des traités(art. 3) et comme l'ajugé la
Courpermanente de Justice internationale en l'affaire du Statut juridique
du Groënland orientczl(arrêt,1933, C.P.J.I. série A/ B no 53, p. 7l), un
engagement international qui oblige un Etat n'exigepas la forme écriteet
moins encore une formeparticulièrement solennelle. Il s'agit seulementde
savoir si l'organe étatique concerné adonné une assurance ou pris un
engagement qui,corriptetenu des circonstances, doit êtreconsidérécomme

leliant.Quand un gouvernement révolutionnairequi demandait à sefaire
reconnaître a donné à des gouvernements étrangers certaines assurances,
celles-ciont plus d'uinefois étéconsidéréespar ces gouvernementscomme
obligeant legouverni:ment révolutionnaireet sessuccesseurs.Je nevoispas
pourquoi en l'occurrence les assurances données par la junte n'étaient
pas obligatoires, d'autant qu'elles avaient été donnéesnon seulement à
I'OEAmais aussi à s'e(1Etats membres )).C'étaient des assurancesque la
junte disait avoir <(réaffirmées )),qu'elle qualifiait de ((décision qui,

laissait-elle entendre, avait étéprise par elle conformément à la résolu-
tion de la dix-septième réunionde consultation des ministres des relations
extérieuresde 1'OEPhadoptée le 23juin 1979 o.Elle ajoutait que le gou-
vernement prendrai1 immédiatement les mesures suivantes : ...Décré-
terla loiorganique qui régiralesinstitutions de I'EtatO conformément à un
programme que le gouvernement de reconstruction nationale réalisera.bases which the Junta accepted. The Junta in reply indeed prescribed that,
immediately following its installation inside Nicaragua, "the Member
States of the OAS .. . will proceed to recognize it as the legitimate
Government of Nicaragua" and that it in turn "will immediately proceed"
to decree its Fundamental Statute and Organic Law and implement its
Programme (appendix, para. 10).The OAS and its Members performed ;
the Government of Nicaragua did not. Not only was the creation of an

international obligation clear ; so was its breach.

249. It does not follow,however, that the United States isentitled to use
any means whatever to persuade Nicaragua to perform its international
obligations. Under the régimeof the United Nations Charter, and in
contemporary customary international law,a State isnot generallyentitled
to use force to require another State to carry out its international legal
obligations ; a State may use force only in response to the lawful injunc-
tions of the United Nations and of regional organizations acting in con-
formity with the Purposes and Principles of the United Nations, and in

individual or collective self-defence.

250. This brings us to the second, and dispositive, consideration. The
United States claims that the measures of force which it has exerted,
directly and indirectly, against Nicaragua, are measures of collective self-
defence. If that claim is good - and, for the reasons expounded above, 1
believe that it is - it is a defence not only to Nicaraguan charges of the
unlawful use of force against it but of intervention against it. That is
demonstrated by the terms of the OAS Charter. Articles 21 and 22 pro-
vide :

"Article 21
The American States bind themselves in their international rela-
tions not to have recourse to the use of force, except in the case of
self-defence in accordance with existing treaties or in fulfillment

thereof.
Article 22

Measures adopted for the maintenance of peace and security in
accordance with existing treaties do not constitute a violation of the
principles set forth in Articles 18 and 20."
As has been shown above, the use of force by the United States comports
not only with the United NationsCharter but with the RioTreaty - one of
the "existing treaties" to which Articles 21 and 22 of the Charter of the
OAS refer. The "measures adopted for the maintenance of peace and

security in accordance with existing treaties" by the United States and El
Salvador, in exercise of their inherent right of collective self-defence. thusComme la commission interaméricaine des droits de l'homme l'a reconnu,

I'OEA a niéla légitimitédu gouvernement Somoza. Elle a reconnu lajunte
à des conditions que celle-ci a acceptées. En contrepartie, la junte a
expressément stipuléce qui suit :immédiatementaprèsson installation au
Nicaragua, les Etats membres de I'OEA ... procèdent [à sa reconnais-
sance] en tant que gouvernement Iégitimedu Nicaragua ... ));pour sapart,

il prend immédiatement les mesures suivantes ... : promulguer la loi
fondamentale ... Décréterla loi organique [et] mettre en Œuvre [son]
programme (appendice. par. 10).L'OEA et sesmembres ont honoréleurs
engagements mais leGouvernement du Nicaragua n'apas honorélessiens.

Il est clair non seulement qu'une obligation internationale est née mais
aussi qu'elle a étéviolée.
249. Il n'en découlecependant pas que les Etats-Unis ont le droit d'em-
ployer n'importe quel moyen pour amener le Nicaragua a honorer ses
obligations internationales. Selon la Charte desNations Unies et selon le

droit international coutumier contemporain, un Etat n'a pas, d'une ma-
nière générale,le droit d'employer la force pour obliger un autre Etat
à s'acquitter de se:; obligations juridiques internationales ; il ne peut
employer la force que s'ilen est régulièrementrequis par l'organisation des

Nations Unies ou par des organismes régionaux agissant conformément
aux buts et principe!; des Nations Unies. ou encore dans l'exercicedu droit
de légitimedéfense individuelle ou collective.
250. J'en arrive àla seconde raison, laquelleest décisive. LesEtats-Unis
affirment que les mesures de force qu'ils ont prises, directement et indi-

rectement. contre le Nicaragua, sont des mesures de légitime défense
collective. Si cette affirmation est fondée - et, pour les raisons exposées
ci-dessus. je la crois fondée - c'est une justification à opposer aux accu-
sations du Nicaragua, qu'elles portent sur l'emploi illicitede la forceou sur
l'intervention dont il se dit l'objet. Cela ressort des termes mêmesde la

charte de I'OEA, dont les articles 21 et 22 sont ainsi conçus :
Article 71

Les Etats am.éricainss'engagent dans leursrelations internationales
à ne pas recourir à l'emploi de la force. si ce n'est dans le cas de

Iégitiniedéfense,conformément aux traitésen vigueur, ou dans le cas
de l'exécutiondesdits traités.
Article 27

Les mesuresadoptées, conformémentaux traitésen vigueur, en vue
du maintien de la paix et de la sécurité. neconstituent pas une
violation des principes énoncés aux articles 18 et 20. ))

Comme je l'ai montré ci-dessus, l'emploi de la force par les Etats-Unis

cadre non seulement avec la ChartedesNations Unies mais aussi avec le
traité de Rio - l'un des traités en vigueur 1)auxquels renvoient les ar-
ticles 21 et 22 de Hacharte de I'OEA. En conséquence. les mesures
adoptées,conformément aux traités en vigueur. en vue du maintien de la
paix et de la sécurité ))par les Etats-Unis et El Salvador. dans l'exercicede"do not constitute a violation of the principles set forth in Articles 18and
20" of the OAS Charter. Nor do they transgress customary international
law. If a State charged with intervention actually acted in collective self-
defence, its measures are treated not as unlawful intervention but as
measures of justified counter-intervention or self-defence.

T. The United States Hus not Violated its Obligations towardsNicaragua
underthe Treaty of Friendship,Commerceand Navigation

25 1. If, as concluded above, the Court lacksjurisdiction to pass upon
Nicaraguan complaints brought under the bilateral Treaty of Friendship,
Commerce and Navigation (this opinion, paras. 100-106), it cannot
properly find that the United States has violated obligations under that
Treaty owing to Nicaragua. If it has jurisdiction, then it is appropriate
to consider, as the Court does, claims by Nicaragua of breach of that

Treaty.
252. A princi~al theme of Nicaragua's claimsis that the Treaty is not
just a commercial treaty,but a treaty of friendship, and that the acts of the
United States in supporting the contras, assaulting oil facilities, rnining
Nicaraguan ports, etc.,are hardlyfriendly. That latter conclusion isclearly
correct.At the same time, Nicaragua's counselmade no reference to prior,
unfriendly acts ofNicaragua, which,if friendship reallyistobeunderstood
(contrary to my understanding) as the stuff of the Treaty, may be said to
have engaged Nicaragua's responsibility under it.

253. Can the adoption by the Nicaraguan Government of a national
anthem, from the time of its taking power in 1979,whichcontains the line,
"We shall fight against the Yankee, enemy of humanity", despite repre-
sentations by the United States, be viewedasa friendly act,consistent with
what Nicaragua maintains is of the essenceof the Treaty ?(See Lawrence
E. Harrison, "The Need for a 'YankeeOppressor' ",in Mark Falcoff and
Robert Royal, editors, Crisis and Opportunity, U.S. Policy in Central
America and the Caribbean, 1984, p. 436.) Was the anti-United States
propaganda regularly printed in the officia1Sandinista newspapers from
the time of the revolution's taking power, including the 18months when

the United States was Nicaragua's principal donor of econornic aid,
friendly ?(Ibid.,p.437.)Werethepervasivepolitical attacks publicly made
by Ministers of the Nicaraguan Government upon the United Statesfrom
the time the Sandinistas took power friendly ? (Ibid.) Indeed, can the
policies of open and ardent support for the overthrow of the Government
of El Salvador, an ally of the United States, which have been proclaimed
and pursued by the Nicaraguan Government be viewedas friendly ? If the
Treaty's preambular reference td."strengthening the bonds of peace and
friendship" is to be treated as imposing upon the Parties obligations ofleur droit naturel de légitime défense collective, ne constituent pas une
violation des principes énoncésaux articles 18 et 20 de la charte de
I'OEA. Elles ne contreviennent pas non plus au droit international cou-
tumier. Quand un Etat est accusé d'intervention alors qu'il agissait en fait
dans le cadre de la légitimedéfensecollective, les mesures qu'il prend

s'entendent non comme une intervention illicite,mais comme des mesures
justifiées de contre-intervention ou de légitimedéfense.

T. Les Etats-Unis n'ontpas violéles obligations quele traité d'amitié,
de commerce et de navigation leur impose envers le Nicaragua

25 1. Si,commeje l'aiconclu plus haut, laCour n'apas compétencepour
se prononcer sur les griefs du Nicaragua fondés sur le traité bilatéral
d'amitié,de commerce et de navigation (voir les paragraphes 100 à 106de
la présente opinion)..il ne lui appartient pas dedire que les Etats-Unis ont
violélesobligations qu'ilsont envers le Nicaragua en vertu de ce traité.En
revanche, sila Cour estcompétente,ilconvient alors d'examiner, comme le

fait la Cour, les violations de ce traitéque le Nicaragua invoque.
252. Il est un point, parmi d'autres, sur lequel le Nicaragua revient
souvent quand il ex;posesa thèse :le traitédont il s'agit n'estpas qu'un
traitédecommerce, maisaussiun traitéd'amitié,et lesactescommis par les
Etats-Unis (soutien apporté aux contras,attaques lancéescontre des ins-
tallations pétrolière:;,minage de ports nicaraguayens, etc.) ne sont guère
amicaux. Cette dernière conclusion est évidemment exacte. En revanche,
les conseils du Nicaragua ne parlent pas des actes inamicaux commis
précédemmentpar le Nicaragua. Or, si c'est vraiment l'amitié qui est au
centre du traité(contrairement à cequeje pense), on peut direque cesactes
ont engagé laresponsabilité du Nicaragua en vertu de ce traité.
253. Peut-on considérercommeun acte amical, compatible avecce que
le Nicaragua affirme êtrel'essencedu traité,le fait que le Gouvernement
nicaraguayen a adopté, depuis qu'il a pris le pouvoir en 1979,un hymne

national qui contient le vers suivant :((Nous lutteronscontre le Yankee,
ennemi de l'humanité D,et ce malgré les représentations faites par les
Etats-Unis? (Voir Lawrence E. Harrison, The Need for a "Yankee
Oppressor". Crisis und Opportunity, U.S. Policy in Centrul Americu und
the Curibbeun, de Mark Falcoff et Robert Royal, 1984,p. 436.) La propa-
gande hostile aux Etats-Unis qui a paru régulièrementdans la presse offi-
cielle sandiniste, depuis que les révolutionnaires ont pris le pouvoir, y
compris pendant les,dix-huitmoisau cours desquels les Etats-Unis ont été
le principal dispensateur d'aide économique auNicaragua, était-elle ami-
cale? (lbid.,p. 437.) Amicales, les attaques politiques que les ministres
nicaraguayens ont faites publiquement et à tout propos contre les Etats-
Unis depuis que les sandinistes ont pris le pouvoir ?(lbid.)Et la politique
ouverte et absolue que leGouvernement nicaraguayen suivait pour aider à

renverser le Gouvernement d'El Salvador, alliédes Etats-Unis, peut-elle
êtreconsidéréecomme amicale ? Si la mention, dans le préambule du
traité,du resserrement des liens de paix et d'amitié doitêtreconsidéréefriendly behaviour toward each other, as Nicaragua maintains and as the
Court appears in qualified measure to agree. how is it that the Court has
overlooked these prior and continuing violations of the Treaty by Nica-
ragua ?Perhapson theground of itsholding that there isa distinction, even
in the case of a treaty of friendship, between the broad category of
unfriendly acts, and the narrower category of acts "tending to defeat the

object and purpose of the Treaty". But even that narrower creative cate-
gory, in myview,constitutesan unwarranted and injudicious extension by
the Court of the jurisdiction afforded it under a treaty of this kind.

254. 111any event, the conclusion that the United States isin violation of
obligations towards Nicaragua under the Treaty is unfounded. for the
reason that the Treaty does not preclude a Party's application of measures

"iiecessary to fulfill the obligations of a Party for the maintenance . . .
of international peace and security. or necessary to protect its esseiitial se-
curity interests". It has been shown above that the United States reason-
ably maintains that its measures in support of Ei Salvador. including its
measures directed against Nicaragua, are necessary to fulfil the obligations
which the United States has under the RioTreaty to treat anattack upon El
Salvador as an attack upon the United States. Moreover. the United States

has contended that its measures are necessary to protect its essential
security interests, a contention which cannot be dismissed in view of the
increasing integration of Nicaragua into the group of States led by the
Soviet Union. and Nicaragua's continuing subversion of its neighbours. If
the United States is justified in invoking either the proviso relating to
measures for the maintenance of peace, or the proviso relating to essential
security interests. either of itself provides a sufficient defence to claims of

its violation of the Treaty, however plausible such claims (such as those in
respect of mining and the trade embargo) may appear to be under specific
provisions of the Treaty.

255. Yet the Court holds that the United States cannot be deemed to

have acted (in the exertion of its pressures upon Nicaragua) under the
provision of Article XXI of the Treaty which specifies that the Treaty does
not preclude measures necessary to fulfil "the obligations" of a Party for
the maintenance or restoration of international peace and security. The
Court declares :

"The Court does not believe that this provision of the 1956Treaty
can apply totheeventuality of the exerciseof the right of individual or
collective self-defence."

TheCourt so Statesafter maintaining that measures necessary "to fulfil the
obligations of a Party for the maintenance or restoration of international
peace and security" must signify measures which the State in questioncomme imposant au.%parties l'obligation de seconduire de façon amicale
I'une envers I'autre, comme le soutient le Nicaragua et comme la Cour
semble le reconnaître dans une certaine mesure. comment se fait-il que la
Cour n'ait pas tenu compte de cesviolations antérieures et persistantes du
traité par le Nicaragua ? Peut-êtreparce qu'elle a considéréqu'il fallait

distinguer, mêmedainsle casd'un traité d'amitié.la catégoriegénéraledes
actesinamicaux de la catégorieparticulièredes actes qui tendent <(àpriver
letraitéde son but et de son objet D.Mais, àmon avis, mêmecettecatégorie
particulière qu'elle créeamène la Cour à étendre de façon injustifiée et
inopportune la compétence que lui confère un traité de ce genre.

254. En tout étatde cause, la conclusion selon laquelle les Etats-Unis
ont violéles obligations qu'ils ont envers le Nicaragua en vertu du traité
n'est pas fondée.cair le traité n'interdit pas à une partie de prendre des
mesures ((nécessaires à l'exécution des obligations de l'une ou I'autre

partie relatives au maintien ...de la paix et de la sécuritéinternationales
ou àla protectiondes intérêtsvitaux de cettepartieence qui concernesa
sécurité o. .l'ai démontréplus haut que les Etats-Unis soutiennent avec
raison que les mesures qu'ils ont prises pour aider El Salvador, y compris
les mesures dirigéescontre le Nicaragua, étaient nécessairesà l'exécution

de l'obligation que leur impose le traitéde Rio de considérer une attaque
contre El Salvador commeuneattaque contre les Etats-Unis. En outre. les
Etats-Unisont soutenu que les mesures qu'ils avaient prises étaientnéces-
saires à la protection de leurs intérêtsvitaux en ce qui concerne leur

sécuritéa, rgument qiuine peut êtrerejetévu que leNicaragua est de plusen
plus intégréau groupe des Etats qui suivent l'Union soviétiqueet vu que le
Nicaragua continue d'entretenir la subversionchez sesvoisins. Si les Etats-
Unis sont fondés à irivoquer soit la clause relative aux mesures nécessaires
au maintien de la paix, soit la clause relative aux mesures nécessairesà la

protection des intéretsvitaux d'une partie en ce qui concerne sa sécurité.
I'uneou l'autre de cesclauses constitue un moyen de défensesuffisant pour
les disculper des accusations de violation du traité,si plausibles puissent-
elles sembler au regard des dispositions particulières du traité,notamment
en ce qui concerne le mouillage de mines et l'embargo commercial.

255. Pourtant. la Cour conclut que, s'agissant des pressions qu'ils ont
exercéessur le Nicaragua. les Etats-Unis ne peuvent pas êtreconsidérés
comme ayant agi en vertu de l'article XXI du traité.où il est stipuléque le
traité ne fera pas obstacle à l'application de mesures nécessairesà l'exé-

cution des t(obligations Ode I'uneou l'autre partie relatives au maintien ou
au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. La Cour
déclare:

La Cour ne pense pas que la disposition du traitéde 1956puisse
s'appliquer à la mise en euvre du droit de légitimedéfense indivi-
duelle ou collective. ))

Voilà cequ'elle déclareaprèsavoiraffirméquepar mesures nécessaires ((à
l'exécutiondes obligations de I'une ou I'autre partie relatives au maintien
ou au rétablissement de la paix et de la sécuritéinternationales O il faut388 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS .P. SCHWEBEL)

"must take in performance of an international comrnitment ...". But the
Court fails to saywhy such acommitment islacking in thiscase. As shown
above, the United States is bound by precisely such a commitment under
the Rio Treaty.

256. It rnay be added that there is no principle or provision of inter-
national lawor of the generalprinciples of lawwhich prohibits aright from
also being an obligation. A citizen rnay have the right to vote ; in many
countries, he also bears an obligation to vote. A citizen rnayhave the right

to serve in hiscountry's armed forces ; he rnayalso have that obligation.A
State rnayhavethe right to engage incollectiveself-defence ifanotherState
is a victim of armed attack ; but it also rnay have assumed a treaty
obligation towards that State to undertake measures of collective self-
defence. Indeed, the veryconcept of collectivesecurity imports that States
have an obligation as well as a right to assist other States in resisting
aggression. In the instant case, the United States has assumed such an
undertaking vis-à-vis El Salvador by the terms of the Rio Treaty. Accord-
ingly.the United States at onceboth enjoys a right and bears an obligation
(a conclusion sustained by Dr. Garcia Amador's authoritative interpreta-
tion of the Rio Treaty ; supra, para. 196).Its assistance to El Salvador to
repelNicaragua's support of the armed subversion of ElSalvador thus falls
squarely within the terms of the Rio Treaty and of the 1956 bilateral
Treaty.

U. Responsibilityfor Violationsof the Law of War

257. The Court has correctly concludedthat international legalrespon-
sibility for violations of the lawof war by thecontrascannot beimputed to
the Government of the United States. In my view, for like reasons, inter-
national legal responsibility for violations of the law of war by the insur-
gents in El Salvador cannot be imputed to the Government of Nicaragua.
However, Nicaragua is responsible for any violations of the law of war
committed by its forces, of which there is some evidence (appendix to this
opinion, paras. 13, 28, 206,224, and the sources there referred to).

258. Nevertheless, the Court finds that, by publishing and dissemina-
ting to the contrasthe manual entitled OperacionessicolQRicasenguerrade
guerrillas,the United States "has encouraged the commission by [persons
or groups of persons in Nicaragua] of actscontrary to generalprinciples of
humanitarian law".

259. Customary international law does not know the delict of "encour-
agement". There appears to be no precedent for holding a State respon-
sible for breach of the Geneva Conventions for the Protection of War
Victims of 1949by reason of its advocacy of violations of humanitarian
law,though it rnayreasonably bemaintained that a Statewhichencouragesentendre les mesures que 1'Etaten question ((doit prendre en exécution
d'un engagement international ... Mais la Cour ne dit pas pourquoi un tel
engagement fait défaut enl'espèce.Commeje l'aidémontréci-dessus, les

Etats-Unis sont liésprécisémenptar un engagement de ce genre, en vertu
du traitéde Rio.
256. Il convient d'ajouter qu'aucun principe ni aucune disposition du
droit international ou du droit en général n'empêch uen droit d'êtreaussi
une obligation. Un citoyen peut avoir le droit de vote ;dans de nombreux
pays, il a également I'obligationde voter. Un citoyen peut avoir ledroit de
servir dans les forces arméesde son pays ; il peut égalementen avoir
I'obligation. UnEtat peut avoir ledroitdeprendredes mesuresde Iégitime
défense collectivesiun autre Etat est victime d'une agression armée ;mais
le premier Etat peuit aussi avoir contracté envers le second I'obligation
conventionnelle de prendre des mesures de Iégitimedéfensecollective.

D'ailleurs, lanotion mêmede sécurité collectiveimplique qu'un Etat a à la
foisI'obligationet ledroit d'aider lesautres Etatsà résisteràune agression.
En la présenteespèce, lesEtats-Unis ont pris un tel engagement vis-à-vis
d'El Salvador confcirmémentau traitéde Rio. Par conséquent,les Etats-
Unis ont en mêmetemps un droit et une obligation (c'est là une des
conclusions auxquelles parvient M. Garcia Amador dans sa magistrale
interprétation du traitéde Rio ;voirci-dessus leparagraphe 196).L'appui
apporté par les Etats-Unis à El Salvador pour résister à l'aide que le
Nicaragua fournit a.uxélémentssubversifs au Salvador correspond donc
très exactement auxobligations souscrites en vertu du traitéde Rio et du
traité bilatéralde 1'956.

U. La responsabilitédu chefde la violationdu droit de la guerre

257. La Cour a conclu à juste titre que la responsabilité juridique
internationale du chefdes violations du droitde laguerre par lescontrasne
peut êtreimputée ;au Gouvernement des Etats-Unis. Pour des raisons
analogues, la resporisabilitéjuridique internationale du chef de violations
du droit de la guerrt:par les insurgésau Salvador ne peut pas, à mon avis,
êtreimputéeau Gouvernement du Nicaragua. Cependant, leNicaragua est
responsable de toutes lesviolations du droitde la guerre commises par ses
forces armées etdont la preuve a étéapportée (appendice à la présente

opinion, par. 13, 28, 206, 224, et les sources qui y sont mentionnées).
258. Néanmoins,la Cour déclareque les Etats-Unis, en produisant un
manuel intitulé Operarionessicolog~casen guerra de guerrillas et en le
répandantparmi lesforces contras,<(ont encouragé ))despersonnes ou des
groupes de personniesdu Nicaragua <(à commettre des actes contraires
aux principes générauxdu droit humanitaire n.
259. Ledroit international coutumier ne connaît pas ledélitd'c< encou-
ragement )).Il semble qu'aucun Etat n'ait jamais ététenu responsable
d'avoir violé lescoriventions de Genèvede 1949relatives à la protection
des victimes des conflits armés au motif qu'il aurait prôné des actes
contraires au droit humanitaire, bien qu'on puisse raisonnablement sou-violations of that law fails to "ensure respect" fortheGeneva Conventions,
as by their terms it is obliged to do.Judge Ago pointed out in his "Seventh
Report on State Responsibility" submitted tothe International Law Com-
mission that it would be "unduly facile" to make comparisons between

incitement by a sovereign State to commit an internationally wrongful act
and the legal concept of "incitement to commit an offence" in interna1
criminal law. Thislatter legal concept "has its origin andjustification inthe
psychological motives determining individual conduct, to which the
motives of Stateconduct in international relations cannot be assimilated".

Judge Agoconcluded that international law did not "know of any cases in
which. at the juridical level, a State has been alleged to be internationally
responsible solely by reason of such incitement" ( Yearhook of the Inter-
national Luw Commission, 1978,Vol. II, Part One, p. 55, paras. 62, 63).

260. As the Court's Judgment and examination of the manual in the
appendix to this opinion make clear, the manual advocates some acts in
conformity with the law of war and someacts in gross violation of it. While
it is not established that such advocacy was the considered policy of the

United States - on thecontrary, it appears to havebeen the ill-considered
effort of one or a few subordinates - such advocacy is reprehensible.
Whether or not theGovernment of the United States may be held respon-
sible under international law for the publication of the manual on the
ground of "encouragement", what is beyond discussion is that no govern-
ment can justify official advocacy of acts in violation of the law of war. 1

have voted for the relevant operative paragraph of the Judgment for that
reason.

261. At the same time, such advocacy, such as it was, and indeed the
numerous and heinous violations of the law of war attributed to some of
the contras of which there is evidence, but not attributed to the United

States, do not transform defensive measures of the United States into
aggressive measures. and not only because of the absence of attribution.
The difference between the law governing the right to use force interna-
tionally. and the law governing the manner in which such force may be
exerted, is no less important because it is fundamental. In the Second

World War, the Governments of the States allied as the United Nations
acted in lawful individual and collectiveself-defence against the aggression
of the Axis Powers. But that isnot to Saythat no violations of the lawof war
were committed by United Nations forces, even if, in comparison with the
unparalleled and deliberate war crimes of Germany in particular, United
Nations violations were modest. Yet such violations of the law of war by

United Nations forces did not transform their defensive struggle into an
aggressive one. tenir qu'un Etat qui encourage à commettre des violations ne fait pas
respecter les conventions de Genève comme il y est tenu par les disposi-
tions de celles-ci. VI. Ago a fait remarquer dans son septième rapport sur
la responsabilité des Etats, présentéà la Commission du droit internatio-
nal. qu'il serait erroné. de céderà la tentation de rapprochements trop

faciles... entre I'iricitation adressée par un Etat souverain à un autre à
commettre un fait internationalement illicite et la figure juridique de
1'0instigation au délit )>du droit pénal interne. Cette dernière figurejuri-
dique puise ses origines et trouve sa justification dans les mobiles psy-

chologiques de la détermination de la conduite individuelle - mobiles
auxquels on ne saurait assimiler ceux de la conduite étatique dans le$
rapports internationaux o. M. Ago conclut qu'en droit international
(nous ne connaissons pas de cas où. sur un plan juridique, on a prétendu à
la responsabilité internationale d'un Etat uniquement du fait de cette

incitation O(Anrluuirr de lu Corr~rr~issiondu droit internutionul1978,vol. II.
première partie, p. 52. par. 62. 63.)
260. Comme il ressort clairement de l'arrêtde la Cour et des observa-
tions que je formule sur ledit manuel dans l'appendice à la présente

opinion,ce manuel prône certainsactes qui sont conformesau droit de la
guerre et d'autres actes qui en sont des violations flagrantes. Il n'est pas
établique ces recommandations reflétaientla politiquedélibérée des Etats-
Unis - ilsemble au contraire que le manuel soit dû à l'initiative irréfléchie

d'un ou de plusieurs subalternes -, mais elles sont néanmoins répréhen-
sibles. Ce qui est indiscutable, que le Gouvernement des Etats-Unis puisse
ou non êtreconsidérécomme responsable, en vertu du droit international,
de la publication de ce manuel du chef d'((encouragement O,c'est qu'au-
cun gouvernement lnepeut trouver dejustification pour prôner officielle-

ment desactescontrairesau droit de la guerre. C'est pour cette raison que
j'ai votéen faveur ~clu sous-paragraphe pertinent du dispositif de l'arrêt.
261. Cependant, toutes ces recommandations. ainsi que les nombreuses
et odieuses violations du droit de la guerre attribuées à certains contras, et
donton a des preuves (mais qui nesont pas attribuées aux Etats-Unis), ne

transforment pas les mesures défensives prises par les Etats-Unis en
mesures agressives, constatation qui ne découlepas seulement du fait que
ces violations ne leuirsont pas attribuées. La différence qui existe entre les
règlesjuridiques régissant le droit d'employer la force à l'écheloninter-

national et les règlesjuridiques qui régissentla manière dont cette force
peut êtreemployée est àla fois importante et fondamentale. Au cours de la
seconde guerre moi~diale. les gouvernements des Etats alliés,qui se fai-
saient appeler <(Nations unies O, ont agi licitement dans le cadre de la

légitimedéfenseindividuelle ou collective contre l'agression des puissances
de l'Axe. Mais cela ne signifie pas que les forces de ces Nations unies n'ont
commis aucune violation du droit de la guerre, quand bien mêmeces
violations étaient modestes par rapport aux crimes de guerre délibérés et
sans précédent perpétrésen particulier par l'Allemagne. Pourtant. ces

violations du droit tle la guerre commises par les forces des Nations unies
n'ont pas transfornié leur lutte défensiveen une lutte d'agression. V. As the State whichFirst UsedArrnedForcein Contraventionof the
Charter,the Aggressoris Nicaragua

262. The Government of the Republic of Nicaragua has come before
the Court alleging that it is the victim of unlawful acts of the use of force

and of intervention. At the sametime,ithas been demonstrated that (a)the
Nicaraguan Government came to power on the back of some of the very
forms of foreign useof force and intervention of which it now complains ;
(6)sincecoming to power, it has violated the undertakings which it gaveto
the OAS and its Members, some of whom facilitatedits taking power ;(c)
the Nicaraguan Government has itself committed acts tantamount to an
armed attack upon El Salvador, and engaged in multiple acts of interven-
tion in El Salvador and other neighbouring States ; and that (d) these
aggressive acts of the Nicaraguan Government were committed "first",
that is, they were committed before the United States undertook the
responsive actions of which Nicaragua complains. In the light of these
considerations, the boldness of the Nicaraguan case is remarkable.
263. The Definition of Aggressionadopted by theGeneral Assemblyof
the United Nations on 14December 1974not only provides that among
theacts that qualifyasactsofaggressionis,"The sendingby oronbehalf of
a State of armed bands, groups, irregulars or mercenaries, which carry out

acts of armed force against anotherState .. .or its substantial involvement
therein" but that, "The first useof armed force by a State in contravention
of the Charter shall constitute prima facie evidence of an act of aggres-
sion . . .".This interpretation of Charter obligations is consistent rather
than inconsistent with customary international law.

264. It isplain in thiscase that the firstinternational useof armed force
- consisting of Nicaragua's "substantial involvement" in the "sending" of
armed bands to El Salvador which have carried out acts of armed force
against El Salvador - was committed by Nicaragua. Sandinista involve-
ment with the arming, training, and command and control of the Salva-
doran insurgents, whoseleadership has frequently been "sent" from Nica-
ragua to El Salvador and back, has been shown to goback to 1979,to have
reached an early peak in January 1981, and to have fluctuated since.

Nicaragua's own evidence establishes no exertions of force, indirect or
direct, by the United States against Nicaragua before December 198 1or
early 1982. Thus the prima facie aggressor in this case is Nicaragua.

265. It is significant that Nicaragua denies not the foregoing legal
analysis but the facts on which it is based. Nicaragua does not argue that
what appears to be prima facie aggression was not aggression because its
support of the insurgency in El Salvador was in response to prior provo-
cation or attack, or threat of imminent attack, by El Salvador. Nicaragua
does not arguethat it may legallyattempt to overthrow the Government of ACTIVITES MII.ITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 390

V. Le Nicaragua est l'agresseurc,ar il a étélepremier à employer
la.forcearméeen violationde la Charte

262. LeGouvernement de la RépubliqueduNicaragua s'estadressé à la
Cour en alléguantqu'ilétaitvictime d'actes illicitesd'emploide la force et
d'intervention. 11a cependant étédémontréque : a) le Gouvernement du
Nicaragua estparvenu au pouvoir grâceprécisément à certaines des formes
d'emploi de la force et d'intervention de l'étrangerdont il se plaint à
présent ; b)depuis son arrivéeau pouvoir, il a violé les engagements qu'il

avait pris envers 1'OEAet sesmembres dont certains l'ontaidé às'emparer
du pouvoir ; c)le Gouvernement nicaraguayen s'est livré lui-même à des
acteséquivalant à uineagression arméecontre El Salvador et à de multiples
actesd'intervention au Salvador et dans d'autres Etats voisins ;d)cesactes
d'agression du Gouvernement nicaraguayen ont étécommis <(en pre-
mier )),c'est-à-direavant que les Etats-Unis n'aient ripostépar lesmesures
dont le Nicaragua lleurfait grief. Dans ces conditions, les thèses nicara-
guayennes sont d'une belle audace !
263. Dans la définitionde l'agressionadoptéepar l'Assemblée générale

des Nations Unies le 14décembre 1974sont rangésparmi les actes qua-
lifiésd'actes d'agressionnon seulement <(l'envoipar un Etat ouenson nom
debandesou degroupes armés,de forcesirrégulièresoude mercenaires qui
se livrentà des attaques de forces arméescontre un autre Etat ..ou le fait
de s'engagerd'une rnanièresubstantielle dans une telle action »mais aussi
<(l'emploidelaforc~e arméeenviolation de la Charte par un Etat agissant le
premier [ce qui] constitue la preuve suffisante à première vue d'un acte
d'agression ... Cetiieinterprétation des obligations qu'impose la Charte
est en accord plut6t qu'en désaccord avecle droit international coutu-
mier.

264. Il est clair t:n l'espèceque l'emploi de la force armée à l'échelon
international - c'est-à-dire le fait pour le Nicaragua de s'être <engagé
d'une manière substantielle )) dans 1'<e(nvoi au Salvador de bandes
arméesquisesont livrées à desactes de force arméecontre cet Etat - a été
commis d'abord par le Nicaragua. Il a étéétablique la participation des
sandinistes à l'armement, à l'entraînement, au commandement et au con-
trôle des insurgéssalvadoriens, dont les dirigeants <envoyés r)du Nica-
ragua au Salvador faisaient fréquemment la navette entre les deux pays,
remonte à 1979,qu'ellea atteint son maximum enjanvier 1981puis a fluc-
tué.Le Nicaragua, pour sa part, n'aétabli aucunemploi de la force, direct

ou indirect, des Eta.ts-Unis contre le Nicaragua, avant décembre 1981ou
débutde 1982.11eri résulte qu'en l'espèce l'agresseur es àt première vuele
Nicaragua.
265. Il est révélateurque le Nicaragua ne rejette pas l'analysejuridique
qui précède, maisnie les faits sur lesquels elle repose. Le Nicaragua ne
soutient pas que ce qui constitue à première vueune agression n'en était
pas une parce que. s'il a appuyél'insurrection au Salvador, c'étaitpour
réagir à une provocation ou attaque, ou à une menace imminente d'at-
taque, de la part d'El Salvador. Le Nicaragua ne soutient pas qu'il puisseEl Salvador in pursuance of what some might say is a "war of liberation".
Rather, it inferentiallyacknowledges that, if in fact it did engage in acts of
armed intervention against El Salvador, tantamount to armed attack,

before the United Statesengaged in responsive acts of armed intervention
against it, it, Nicaragua, and not the United States, is the aggressor.
Presumably that is why Nicaragua has officially denied so strenuously in
Court what its leaders, its counsel and its witnesses in effect or in terms
have admitted : that Nicaragua was substantially involved in thearming of
the Salvadoran rebels, in particular for their "final offensive" of January

1981. While it may not have fully appreciated the point while it was not
engaged in litigation over it, apparently it now fully appreciates that, to
admit its involvement as having taken place, on the scale in which it took
place, and as having taken place when it took place, is to concede that it
should have lost its case.

W. The Misrepresentations of ifs Representatives in Court Must

Prejudice Rather than Prorect Nicaragua's Claims

266. How has Nicaragua sought to deal with this dilemma ? By calcu-
lated, reiterated misrepresentation. On the one hand, its Ministers - who,
under international law, have authority to engage the responsibility of the
State (as does the Nicaraguan Agent) - have sworn before the Court that

Nicaragua has "never" supplied arms or other material assistance to
insurgents in El Salvador (see para. 24 of thisopinion). On theother hand,
it has been shown that Nicaragua has supplied arms and other material
assistance to insurgents in El Salvador (paras. 28-32, 133, 146-153of this
opinion and its appendix, paras. 28-188).

267. How does the Court deal with the misrepresentations of the rep-
resentatives of a party before the Court? 1regret to say. in my view by
excluding,discounting, and depreciating the facts of Nicaraguan material
support of the Salvadoran insurgency, by holding that such support as
there was cannot be imputed to the Nicaraguan Government, and by
concludingthat, even if it were true that Nicaragua had, apparently some

years ago, given support to or permitted support to be given to the Sal-
vadoran insurgency, such support is not tantamount toan armedattack by
Nicaragua against El Salvador. TheCourt goes further, by failing even to
hold that the facts of Nicaraguan material support of the overthrow of the
Government of El Salvador constitute unlawful intervention by Nicaragua

in the interna1 affairs of El Salvador. Apparently, in the view of the Court,
it is unlawful forthe United Statesto intervene in Nicaragua's affairs with
the object of overthrowing its Government or affecting its policies, but it is
not unlawful - at any rate, it does not say it isunlawful- for Nicaragua to
intervene in El Salvador's affairs with the object of overthrowing itslicitement essayer de renverser le Gouvernement d'El Salvador. dans le
cadre de ce que certains pourraient appeler une guerre de libération D.Au
contraire ilreconnaît indirectement que si, en fait. ils'est effectivement
livréà des actes d'intervention armée équivalant à une agression armée
contre El Salvador avant que les Etats-Unis n'aient riposté par des actes

d'intervention armke contre lui-même,c'est lui. le Nicaragua, qui est
l'agresseur. et non les Etats-Unis. C'est vraisemblablement la raison pour
laquelle officiellement le Nicaragua s'est évertué a nier devant la Cour ce
que ses dirigeants. son conseil et ses témoinsont implicitement ou expli-
citement reconnu, à savoir que le Nicaragua était engagéd'une manière
substantielle dans l'armement des rebelles d'El Salvador, en vue notam-

ment de leur offensive finale ))de janvier 1981. Bien que n'ayant peut-
être pas mesurétou,te la portée de cet aspect tant qu'un procès à ce sujet
n'étaitpas engagé,il se rend apparemment pleinement compte à présent
qu'admettre qu'il était effectivement engagé, vu les proportions et le
moment de son engagement, reviendrait à vouer sa propre cause à
l'échec.

W. Les affirmationsinexactesformuléesdevantla Courpar lesreprésentants
du Nicaragua doiveirtjouer contresesprétentionsplutôt qu'en leurfaveur

266. Comment le Nicaragua a-t-il tentéde sortir de ce dilemme ? Par

des affirmations inexactes, calculéeset répétéesD . 'une part, ses ministres
- qui en droit international ont le pouvoir d'engager la responsabilité de
1'Etat (comme c'est le cas de l'agent du Nicaragua) - ont juré devant la
Cour que le Nicaragua n'avait ((jamais fourni d'armes ni d'autre assis-
tance matérielle aux insurgés d'El Salvador (voir le paragraphe 24 de la
présente opinion). D'autre part, ilaétéétablq iue le Nicaragua a fourni des
armes et autre assistance matérielle aux insurgés d'El Salvador (voir les

paragraphes 28 à 32, 133, 146 a 153 de la présente opinion et les para-
graphes 28 a 188 de l'appendice).
267. Comment la Cour apprécie-t-elle les affirmations erronées formu-
léespar les représen.tantsd'une partie ?A mon avis, etje regrette d'avoir à
le dire, en excluant, en sous-estimant ou en minimisant l'importance des
faits relatifsa l'appui matérielque le Nicaragua a apporté aux insurgés

salvadoriens. en corisidérant que cet appui ne peut êtreimputé au Gou-
vernement nicaraguayen, et en concluant que, mêmes'il était vrai que le
Nicaragua avait apporté apparemment quelques annéesplus tôt son appui
ou permis qu'un ap.pui soit apporté aux insurgéssalvadoriens, cet appui
n'équivautpas àune agression arméedu Nicaragua contre El Salvador. La
Cour va plus loin. en ne considérant mêmepas que lesfaits relatifs àl'appui

matérielfourni par lieNicaragua pour aider a renverser le Gouvernement
salvadorien constituent une intervention illicite du Nicaragua dans les
affaires intérieures d'El Salvador. Apparemment. pour la Cour, il est
illicite que les Etats-Unis interviennent dans les affaires du Nicaragua en
vue de renverser son gouvernement ou de modifier sa politique, mais il
n'est pas illicite- clu moins la Cour ne dit pas qu'il est illicite - que leGovernment or affecting its policies - and this despite the fact that
Nicaragua's intervention antedates that of the United States. The
Court :

"considers that in international law, if one State, with a view to the
coercion of another State, supports and assists armed bands in that
Statewhosepurpose isto overthrow thegovernment of that State,that
amounts to intervention by the one State in the interna1affairs of the
other . . .".
TheCourt appliesthat faultless conclusion to the United States (despite its

legal defences to that conclusion). It holds that the United States has
committed "a clear breach of the principle of non-intervention". But the
Court fails to apply this principle of international law to Nicaragua,
despite thefact that Nicaragua's support ofassistance toarmed bands in El
Salvador is al1too obvious (and despite the fact that Nicaragua has no
defence, and has offered no defence, for its intervention other than falsely
denyingits reality). Howdoes the Courtjustify thisremarkableapplication
of the law ? In effect, by adopting the purport of Nicaragua's represen-
tations asitsown.Thus, whatever theintention of theCourt is,the result of
its Judgment is that, rather than prejudicing Nicaragua's claims, thecal-
culated, critical misrepresentations of Nicaragua's representatives have
served to protect and promote them.

X. Nicaragua's Unclean Hands Require the Courtin any Event to Reject
ifs Claims

268. Nicaragua has not come to Court with clean hands. On the con-
trary, as the aggressor, indirectly responsible - but ultimately responsible
- for large numbers of deathsand widespread destruction in El Salvador
apparently much exceeding that which Nicaragua has sustained, Nicara-
gua's hands are odiously unclean. Nicaragua has compounded its sins by
misrepresenting them to the Court. Thus both on the grounds of its
unlawful armed intervention in ElSalvador, and its deliberately seekingto
mislead the Court about the facts of that intervention through false tes-
timony of its Ministers, Nicaragua's claims against the United States
should fail.
269. Asrecalled in paragraph 240of this opinion, the Permanent Court
of International Justice applied a variation of the "clean hands" doctrine
inthe Diversionof Waterfrornthe Meuse case.The basis for itssodoing was
affirmed by Judge Anzilotti "in a famous statement which has never been

objected to : 'The principle ... (inadirnplentinon est adirnplendurn) is so
just, so equitable, so universally recognized that it must be applied in
international relations. ..'" (Elisabeth Zoller, Peacetime UnilateralRerne-
dies :An Analysis of Countermeasures, 1984,pp.16-17).That principle was
developed at length by Judge Hudson. As Judge Hudson observed inNicaragua intervienne dans les affaires d'El Salvador en vue de renverser
son gouvernement (oude modifier sa politique - cela bien que I'interven-
tion du Nicaragua soit antérieure à celle des Etats-Unis. La Cour :
<considèrequ'en droit international si un Etat, en vile de faire pres-

sion sur un auitreEtat, appuie et assiste, dans le territoire de celui-ci,
des bandes arrnéesdont l'action tend a renverser son gouvernement,
cela équivaut ;iintervenir dans ses affaires intérieures ...

La Cour applique strictement cette conclusion sans faille aux Etats-Unis

(malgréles moyens de défense que ceux-ci font valoir contre cette con-
clusion). Elle conclut que les Etats-Unis ont commis <(une violation indu-
bitable du principe: de non-intervention ))Pourtant elle s'abstient d'ap-
pliquer ceprincipe du droit international au Nicaragua,quoique l'appui ou
l'assistance que ce 'derniera apportés aux bandes armées au Salvador ne
soient que trop évildents(et quoique le Nicaragua n'ait aucun moyen de
défenseet n'en ait fait valoir aucun pour justifier son intervention, si ce
n'est le moyen consistant à en nier mensongèrement la réalité)C . omment
la Cour justifie-t-elle cette application remarquable du droit ? En fait, en

faisant sienne la thksequi est à la base des affirmations du Nicaragua. En
conséquence, quelleque soitl'intention de laCour, sonarrêt apour résultat
qu'au lieu de jouer contre les prétentions du Nicaragua, les déclarations
inexactes,calculéesetcapitales de sesreprésentantsont permis de protéger
ces prétentions et de les faire aboutir.

X. En tout étatde cause la Cour doit rejeter lesdemandes du Nicaragua

parce qu'ila les mains sales

268. Le Nicaragua ne s'estpas présenté devantla Cour avec les mains
propres. Au contraire, comme agresseur, indirectement responsable -
mais responsable r:n définitive - d'un grand nombre de morts et de
destructions généralisées au Salvador,dépassant semble-t-il de beaucoup
en ampleur ce que le Nicaragua a subi, le Nicaragua a les mains odieu-
sement sales. Il a aggravéson cas par ses affirmations inexactes devant la
Cour. Ainsi, que ce soit en raison de son intervention armée illicite au
Salvador ou de sa tentative délibérée d'égarerC laour sur la réalitéde cette
intervention par les faux témoignagesde ses ministres, le Nicaragua doit
être débouté deses demandes contre les Etats-Unis.

269. Ainsi qu'il a été rappeléau paragraphe 240 de la présente opinion,
la Cour permanente de Justiceinternationale a appliqué une variante de la
doctrine des mairis propres en l'affaire desPrises d'eauà la Meuse. Le
motif qui l'a conduite à le faire a étéexposépar Anzilotti dans une
déclaration célèbre qui n'ajamais été contredite : <(Le principe ... (ina-
dimplenti non est adimplendum) est si juste, si équitable, si universelle-
ment reconnu qu'ildoit êtreappliquédans lesrelationsinternationales ...r)
(Elisabeth Zoller, Peacetime Uniluteral Remedies :An Analysis of Counter-
meusures, 1984,pp. 16-17).Ce principe a étélonguement développépar393 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP.SCHWEBEL)

reciting maxims of equity which exercised "great influence in the creative
period of the development of Anglo-American law", "Equality is equity",
and "He who seeksequity must do equity". A court of equity "refuses relief

to a plaintiff whoseconduct inregard to the subject-matter of the litigation
has been improper" (citingHalsbury'shws ofEnglund 2nd ed..1934,p.87).
Judge Hudson noted that, "A very similar principle was received into
Roman law ...The exceptio nonadimpleti contructus.. ."He shows that it is
the basis of articles of the German Civil Code, and is indeed "a general

principle" of law. Judge Hudson was of the view that Belgium could not be
ordered to discontinue an activity while the Netherlands was left free to
continue a like activity - an enjoinder which should have been found
instructive for the current case. He held that, "The Court is asked to decree
a kind of specific performance of a reciprocal obligation which the deman-
dant isnot performing. It must clearly refuse to do so." (Loc. cit., pp. 77-78.

And see theCourt's holding. at p. 25.) Equally, in thiscaseNicaragua asks
the Court to decree a kind of specific performance of a reciprocal obli-
gation which it is not performing, and, equally, the Court clearly should
have refused to do so.

270. The "clean hands" doctrine finds direct support not only in the
Diversion of Water from the Meuse case but a measure of support in the
holding of the court in the Muvrommatis Palestine Concessionscase,
P.C.I.J., Series A, No. 5, page 50, where the Court held that :"M. Mav-
rommatis was bound toperform theacts which he actually did perform in

order to preserve his contructs fron~ Iupsing us they ~~ouldotherwise huve
done." (Emphasis supplied.) Still more fundamental support is found in
Judge Anzilotti'sconclusion in the kgul SrutusofEirJtert1Greenlurd P.C.I.J.,
SeriesA/B, No. 53,page 95, that "an unlawful act cannot serve as the basis
of an action at law". In their dissenting opinions to the Judgment in United

Stutes Diplomatic and Consular Stuff in Tehrun, I. C.J. Reports 1980,
pages 53-55, 62-63, Judges Morozov and Tarazi invoked a like principle.
(The Court also gave the doctrine a degree of analogous support in the
Fuc./o-1ut Chorzow case, P.C.I.J., SeriesA, No. 9, p.3 1,when it held that
"one party cannot avail himself of the fact that the other has not fulfilled
someobligation. . . if the formerparty has. by some illegal act, prevented

the latterfrom fulfilling the obligation in question.. .")The principle that
an unlawful action cannot serve as the basis of an action at law. accordiilg
to Dr. Cheng, "is generally upheld by international tribunals" (BinCheng,
GenerulPrincYplesof LUM ISApplied by Internurionul Courts und Trihunuls,
1958,p. 155).Cheng cites. amongother cases, the Clark Cluim, 1862.where
the American Commissioner disallowed the claim on behalf of an Ameri-

can citizen in asking :"Can he be allowed, so faras the United States are
concerned, to profit by his own wrong ? ... A party who asks for redress
must present himself with clean hands .. ." (John Bassett Moore, Hi.stor)l
und Digest of the lnternutional Arbitrutions to w,hichthe United Stutes Hus ACTIVITES MIlLlTAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 393

Hudson. Comme celui-ci l'a fait observer en rappelant les maximes d'équité
qui (1ont exercéune grande influence au cours de la période créatricedu
développement du droit anglo-américain O, l'égalité est l'équitéet qui

veut l'équitédoit ag,iréquitablement )).Un tribunal d'équité refuse d'ac-
corder réparation a.uplaignant qui s'est mal conduit à l'égardde ce qui
fait le fond du litige1)(citation dans LUM?o.F fEnglund, de Halsbury. 2eéd..
1934,p. 87). Hudson constate yu'((un principe très semblable étaitadmis

en droit romain ... l"exceptionon udimplenti contructus... O Il démontreque
c'est surce principe que reposent certains articles du code civil allemand et
qu'il s'agiten fait d'o un principe général »de droit. Selon Hudson. on ne
pouvait ordonner à la Belgique de mettre fin à une certaine activitéalors

que les Pays-Bas pouvaient persévérerdans une activitésemblable - con-
clusion qui aurait dlûêtreinstructive dans le cas présent. Pour reprendre
les termes de Hudson, ((la Cour est invitéeà ordonner en quelque sorte
l'accomplissement :spécifiqued'une obligation réciproque que le deman-

deur lui-mêmene remplit pas. Elle doit évidemment refuser de le faire.
(Loc,.cit., p. 77-78. Voir aussi la conclusion de la Cour, p. 25.) Dans la
présente espèceaussi. le Nicaragua requiert la Cour d'ordonner I'accom-
plissement spécifiqued'une obligation réciproque dont il ne s'acquitte pas

pour sa part et, là aussi, la Cour aurait dû évidemment refuser de le
faire.
270. La doctrine des mains propres O trouve un appui direct non
seulement dans I'affaire des Prises d'eau Lilu Meuse, mais aussi. dans une

certaine mesure. dans la conclusion formulée par la Cour permanente de
Justice internationale dans I'affaire des Concessions Muvrommutis en
Pule.~tine (C.P.J.I. série A no 5. p. 50). quand elle a déclaré que
((M. Mavrommatis devait accomplir les actes qu'il a accomplis pour prk-

server ses contrats de lu déchéance quu iutrement les uuruit fruppés O (les
italiques sont de moi). Cette doctrine trouve une base encore plus solide
dans la conclusion formulée par Anzilotti en I'affairedu Stututjuridiq~~edu
Groënlund orientul (C.P.J.I. sérieA/B no 53, p. 95). suivant laquelle ((un

acte illégalne peut servir de base à une action en justice D. Dans leurs
opinions dissidentes jointes à l'arrêtrendu dans I'affaire du Per.~onneI
diplomatique et c~on.~uluirdees Etats-Utlis Li Tel~érun(C.I.J. Recxieil 1980,
p. 53-55. 62 et 63). MM. Morozov et Tarazi ont invoqué un principe

analogue. (La Couir permanente de Justice internationle a également
apporté un certain appui à la doctrine en I'affaire de l'Usine de Chorzow
(C.P.J.I. sérieA no13,p. 3l), quand elle a conclu qu'<(une partie ne saurait
opposer à l'autre I(efait de ne pas avoir rempli une obligation ... si la

première, par un actecontraire au droit, a empêchéla seconde de remplir
l'obligation en question ...O) Le principe selon lequel un acte illicitene peut
fonder une action enjustice est. d'après Cheng. <(généralementadmis par
les tribunaux internationaux ))(Bin Cheng. Generul Principles of LUMu I.s

Applied hj Internutionul Courts und Tribunuis, 1958. p. 155). Cheng cite
I'affaire du Clark C'luim,1862.dans laquelle un commissaire américain a
écartéla demande présentéeau dom d'un citoyen américain en posant la
question suivante : Pour ce qui est des Etats-Unis. peut-on admettre queBeena Party, 1898,Vol. III, at pp. 2738,2739). Again, in the Pelletiercase,

1885,theUnited States Secretaryof State "peremptorily and immediately"
dropped pursuit of a claim of one Pelletier against Haiti - though it had
been sustained in an arbitral award - on the ground of Pelletier's
wrongdoing :

"Ex turpi causanon oritur : by innumerable rulings under Roman
common law, as held by nations holding Latin traditions, and under
the common law as held in England and the United States, has this
principle been applied." (ForeignRelations of the UnitedStates, 1887,
p. 607.)

The Secretary of State further quoted Lord Mansfield as holding that :
"The principle of public policy is this : ex do10ma10nonoritur actio." (At
p. 607.)
271. More recently, SirGerald Fitzmaurice - then the LegalAdviserof
the Foreign Office,shortly to become ajudge of this Court - recorded the
application in the international sphere of the common law maxims : "He
who seeksequity must do equity" and "He who comes to equity for relief
must come with clean hands". and concluded :

"Thus a State which is guilty of illegalconduct may be deprived of
the necessary locusstandi injudicio for complaining of corresponding
illegalitieson the part of other States, especially if these were conse-
quential on or were embarked upon in order to counter its own
illegality- in short wereprovoked by it." ("The General Principles of

International Law", 92 Coilected Courses, Academy of International
Law, The Hague, (1957-II), p. 119.For further recent support of the
authority of the Court to apply a "clean hands" doctrine, see Oscar
Schachter,"International Lawin the Hostage Crisis", American Hos-
tages in Iran, 1985,p. 344.)

272. Nicaragua is precisely such a State which is guilty of illegal con-
duct. Its conduct accordingly should have been reason enough for the
Court to hold that Nicaragua had deprived itself of the necessary locus
standi to complain of corresponding illegalities on the part of the United
States,especiallybecause,ifthesewereillegalities,theywereconsequential
on or wereembarked upon in order to counter Nicaragua's own illegality -
"in short were provoked by it".

(Signed) Stephen M. SCHWEBEL. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)394

l'onprofite de sespropres fautes ? ...Une partiequi demandejustice doit se
présenter avec les rnains propres ...))(John Bassett Moore, History and

Digest of the InternafionalArbitrations to whichthe United States Has Been
a Party, 1898,vol. III, p. 2738, 2739.) Dans l'affaire Pelletier, en 1885,le
secrétaired'Etat des Etats-Unis a <(catégoriquement et sans délai aban-
donné la demande présentéecontre Haïti par un certain Pelletier - qui
avait pourtant bénéficié d'une décisionarbitrale - en raison des fautes
commises par le plaignant :

<(Ex turpi causa non oritur : ce principe a étéappliqué par d'in-
nombrables décisionsrendues sur la base du droit romain, dans les

nations de tradition latine,eten vertu de la common law en Angleterre
et aux Etats-Unis. r>(Foreign Relations of the United States, 1887,
p. 607.)

Le secrétaire d'Etat citait en outre lord Mansfield comme ayant dit que :
<(Le principe d'ordre public est : ex do10 ma10 non oritur actio.
(P. 607.)
271. Plus récemment, sir Gerald Fitzmaunce - qui était à l'époque
conseillerjuridique iiu Foreign Office et devait peu aprèsêtreélumembre
de la Cour - a rap:pelél'application dans le domaine international des

maximes de commori/aw : <qui veut l'équité doit agir équitablement )et
qui demande réparation en équité doitavoir les mains propres ))pour
conclure :

<(Ainsi, un Etat coupable d'une conduite illicite peut êtreprivédu
nécessaire locu:;standi in judicio l'autorisant à se plaindre d'actes
illicites correspondants d'autres Etats, en particulier si ces actes
résultent dessiensou visent àrépliquer aux siens - en d'autres termes
s'ilsont été provoqués parlui-même. )>(<(The General Principles of
International Law )),Recueil des cours, Académiede droit interna-

tional, La Haye. t. 92(1957-II), p. 119.Pour d'autres exemplesrécents
qui montrent que la Cour est fondée à appliquer la doctrine des
<(mains propre:s O,voir Oscar Schachter, <(International Law in the
Hostage Crisis O, American Hostages in Iran, 1985,p. 344.)

272. LeNicaragua est précisémentun Etat decette catégorie,coupable
d'une conduite illiciite.Par conséquent, sa conduite aurait dû suffire pour
que la Cour conclue que le Nicaragua s'était lui-même privd éu nécessaire

locusstandi l'autorisant à se plaindre d'actes illicitescorrespondants des
Etats-Unis. d'autant plusque, siactes illicites il yavait, ceux-cirésultaient
des siens ou visaient à répliquer aux siens - en d'autres termes, avaient
étéprovoquéspar lui-même )>.

(Signé) Stephen M. SCHWEBEL. 1. This appendix provides data in support of the factual premises set
forth in Section III of this opinion. It concentrates on the facts concerning
allegations against Nicaragua, because those allegations are in particular
controversy and have been insufficiently investigated by the Court. Thus

this appendix principally examines the facts relating to the existence,
character, duration and maintenance of material support by Nicaragua of
insurgencies in neighbouring States, notably El Salvador. To the extent
that other factual premises are generally accepted, they are not developec!
in like detail.

A. The Sandinistus Cume to Power on the Buck of Some of the Verv
Forms of Intentenrion of Which They Now Compluiti

2. The gravamen of Nicaragua's complaint is that it is the victim of
aggression and intervention by the United States. The Government of the

Republic of Nicaragua maintains that it is the lawful. recognized Gov-
ernment of that State ; that that State is entitled. under contemporary
international law. to be free from the threat or use of force against"its
territorial integrity or political independence ;and that its Government is
free to pursue the policies it adopts. without foreign intervention designed
to affect those policies or the composition and maintenance of the Gov-

ernment which adopts them. It claims that the United States is employing
the threat and use of force against its political independence and that the
United States is intervening in Nicaragua in order to overthrow its Gov-
ernment.
3. In view of these charges, it is instructive to recall that the current
Government of the Republic of Nicaragua came to power assisted by some

of the very forms of the foreign use of force and the very kinds of foreign
intervention of which it now complains. There is noground forquestioning
the right of revolution within a State. But the fact is that the Sandinista
revolution did not take place only within a State ; it was not a purely
domestic product. On the contrary. while essentially Nicaraguan jn or,-
gins. fightingforces and popular support, the revolution which took power
in Nicaragua in 1979 was, in important measure, organized, trained,

armed, financed, supported and sustained by foreign States which were
antipathetic to the Government of Nicaragua then in power. That Gov-
ernment. dominated for decades by the Somoza family. was recognized
throughout the world as theGovernment of the Republic of Nicaragua. It
had been in power for a very long time. Itsrepresentatives were signatories
to the Charters of the United Nations and the OAS. No less than the

currentGovernment of the Republic of Nicaragua, it wns theGovernment 1. Le présent appendice présente les données sur lesquelles s'appuient
les prémissesénoncéesà la section IIIde la présente opinion. Ilest axésur
les faits relatifs aux allégations portéescontre le Nicaragua, lesquelles sont
particulièrement controversées et n'ont pas étésuffisammentanalyséespar
la Cour. Aussi s'attache-t-il essentiellement aux faits qui ont trait à I'exis-

tence. à la nature, à laduréeet au maintien de l'appui matérielapporté par
le Nicaragua à I'insiurrection dans des pays voisins. notamment El Salva-
dor. Dans la mesuri: où d'autres prémissesd'ordre factuel sont générale-
ment acceptées, elles ne seront pas développées ici avec autant de
détails.

A. Les sandinistes sont arrivés aupouvoir grâceàcertainesdesformes mêmes
d'intervention dont ils se plaignent actuellement

2. Foncièrement. leNicaragua seplaint d'êtrevictime d'une agression et
d'une intervention de la part des Etats-Unis. Le Gouvernement de la
République du Nicaragua soutient qu'il est le gouvernement légitime et
reconnu de cet Etat ; que celui-ci peut prétendre, en vertu du droit inter-

national contemporain, à n'êtrepas exposé a la menace ou à l'emploi de la
force contre son intégrité territoriale ou son indépendance politique ;et
qu'il a lui-mêmele droit de mettre en Œuvre les politiques qu'il a choisies,
sans intervention étrangère visant à peser sur ces politiques, sa propre
composition et son maintien au pouvoir. Il affirme que les Etats-Unis
recourent à la menace et à l'emploi de la force contre son indépendance
politique et qu'ils interviennent au Nicaragua pour en renverser le gou-

vernement.
3. Etant donnéclesaccusations. ilest instructif de rappeler que le gou-
vernement actuel de la République du Nicaragua est parvenu au pouvoir
avec le concours prkcisément de certaines des formes d'emploi de la force
et de certains des types d'intervention étrangèredont ilseplaint àprésent.
Le droit à la révolui.ionà l'intérieurd'un Etat n'est pas en cause ici. C'est
néanmoins un fait que la révolution sandiniste ne s'est pas dérouléesim-

plement à l'intérieur d'un Etat - ce n'était pas un produit purement
intérieur. Au contraire. bien qu'essentiellement nicaraguayenne par ses
origines. par les forces combattantes et le soutien populaire, la révolution
qui a pris le pouvoir au Nicaragua en 1979 a été.dans une large mesure,
organisée, formée,armée, financée,appuyée et soutenue par des Etats
étrangers hostiles au Gouvernement nicaraguayen de l'époque. Celui-ci,

dominédepuis des décenniespar la famille Somoza. était reconnu dans le
monde entier comme le Gouvernement de la République du Nicaragua. Il
étaitau pouvoir depuis très longtemps. Ses représentants avaient signéla
Charte des Nations Unies et la charte de l'organisation des Etats améri-entitled to the protection of the principles and practice of international
law.(TheOAS ultimately arrived at the conclusion, a fewweeksbefore the
downfall of the Somoza Government, that it was not so entitled, appar-
ently because of its human rights violations. Whether or not this decision

wasjustified in international law, it was an unprecedented decision, not in
conformity with the prior practice of States.)

4. The Sandinista National Liberation Front (Frente Sandinista de
LiberacionNacional - the FSLN) was founded by three Nicaraguans in
Hondurason 23July 1961,with the example, encouragement and support
of President Fidel Castro in evidence (see David Nolan, FSLN: The
IdeologyoftheSandinistasandthe Nicaraguan Revolution1 ,984,pp. 22-23).
Its membership during the first 15years of its struggle was small. During
the period of the longstay in Cuba of one of its three founders and its first
Secretary-General, Carlos Fonseca Amador, the main evidence of its
existence appears to have been an infrequent communiqué issued from
Havana. The influence of the Cuba of President Fidel Castro appears to
have been no lesssignificant in the formative years of the FSLN than it is
today. By 1975,the FSLN had split into threefactions,advocatingdistinct
strategies for seizing power. On 26 December 1978,it was announced in

Havana that the three factions of the Sandinista Front had agreed to merge
their forces politically and militarily, a merger in which President Fidel
Castro is reputed to have played a central role. In March 1979,Havana
Radio announced the establishment of the unified Sandinista directorate
of nine members, three from each faction (the nine Comandantesde la
Revolucionwho govern Nicaragua today).

5. Meanwhile, on the ground in Nicaragua, a charismatic new leader
had suddenly emerged. On 22 August 1978,Sandinista guerrillas led by
Edén Pastora Goméz - known as "Commander Zero" - seized the
National Palace in Managua, taking some 1,500 hostages whom they
exchanged for 58political prisoners (including FSLN CO-founderand sole
survivor, Tomas Borge Martinez, today Minister of the Interior). Oppo-
sition to the SomozaGovernment earlier had been sparked asnever before
by the murder of the editor of Lu Prensa, Pedro Joaquin Chamorro, on
10 January 1978. It was further energized by Edén Pastora's exploit,

breaking out into open insurrection in September 1978. EdénPastora,
though not one of the inner circle of nine, was named Chief of the San-
dinista Army in October 1978. His substantial forces, well armed and
based in Costa Rica and operating with the tacit support of its Govern-
ment, engaged Somoza'stroops in inconclusivebattles. More significantly,
by the summer of 1979, Sandinista guerrillas were seizing towns and
battling in the main cities in north and central Nicaragua ;these relatively
small guerrilla forces had the active support of the population ; assaults
and uprisings were taking place at many points ;and Somoza'sNational
Guard, much of whoseforces werein the south to deal with Pastora's, hadcains. Tout autant que le Gouvernement actuel de la République du
Nicaragua, ilavait di-oitàla protection issuedesprincipes et de la pratique

du droit international. (Finalement, quelques semaines avant la chute du
gouvernement Somoza, I'OEA était parvenue à la conclusion que ledit
gouvernement n'avait pas droit àcette protection à cause, apparemment,
de ses violations de.sdroits de l'homme. Que cette décisionfût ou non
justifiée en droit international, elle était sans précédent,contraire à la
pratique antérieure (desEtats.)
4. Le Front sandiniste de libération nationale (Frente Sandinista de
Liberacion Nacional - FSLN) a été fondéau Honduras, le23juillet 1961,
par trois Nicaraguayens incontestablement guidéspar l'exemple du pré-
sident Fidel Castro, avec son encouragement et son appui (voir David
Nolan, FSLN : The Ideology of the Sandinistas and the Nicaraguan Revo-

lution,1984, p.22-23). Pendant les quinze premières annéesde sa lutte, le
front comptait peu de membres. A l'époquedu long séjour à Cuba de
Carlos Fonseca Aniador, l'un de ses trois fondateurs et son premier
secrétaire général.il se manifestait principalement par la publication
occasionnelle d'un communiqué de La Havane. L'influence du régime
cubain de Fidel Castro ne paraît pas avoirétémoindreau coursdesannées
deformation du FSL.Nqu'elle nel'estaujourd'hui. En 1975leFSLN s'était
divisé en troisfactions, chacune préconisant une stratégiepropre pour la
prise du pouvoir. Le26décembre1978, ilfut annoncé à La Havane que les
trois factions du front sandiniste avaient décidéde fusionner, politique-
ment et militairement. opération dans laquelle on a dit que le prési-
dent Fidel Castro avait joué un rôle fondamental. En mars 1979, Radio

La Havane annonça la création du directoire unifiésandiniste de neuf
membres, soit trois désignéspar chaque faction (il s'agit des neuf coman-
duntes de lu Revolucion qui gouvernent aujourd'hui le Nicaragua).
5. Entre-temps, au Nicaragua même, unnouveau chef charismatique ))
était soudain apparu. Le22 août 1978,des guérillerossandinistes conduits
par EdénPastora Gbmez - dit commandant Zéro ))- s'emparèrent du
palais nationalà Managua. prenant quelque millecinq centspersonnes en
otagesqui furent échangées contre cinquante-huit prisonnierspolitiques (y
compris lecofondateur etseulsurvivant du groupe initial du FSLN, Tomas
Borge Martinez, aujourd'hui ministre de l'intérieur). Déjà l'assassinat, le
10janvier 1978,du rédacteur en chef de La Prensa, Pedro Joaquin Cha-

morro. avait provoqiléun déchaînement sansprécédentde l'opposition au
gouvernement Somoza. L'exploit d'EdénPastora galvanisa lesénergies.et,
enseptembre 1978, une insurrectionouverte éclata.Bienque ne faisantpas
partie du petit groupe des neuf, EdénPastora fut nommé chef de l'armée
sandiniste en octobre 1978. Sesforces, nombreuses, bien armées et basées
au Costa Rica, d'où ellesopéraient avec l'appui tacite du gouvernement,
affrontèrent les troupes de Somoza au cours d'engagements à l'issue
incertaine. Fait plus important, dès l'été1979 les guérillerossandinistes
contrôlaient plusieurs villeset livraient bataille dans lesprincipaux centre
urbains du nord et du centre du Nicaragua. Ces forces relativement
modestesjouissaient. du soutien actif de lapopulation ;des attaques et des difficulty in dealing with the multiplicity of recurrent Sandinista attacks
elsewhere.The United States had cut off the supply of arms, ammunition
and spare parts to President Somoza'sGovernment twoyears before and it
discouraged other governments from filling thegap.On 29 May, Pastora's
forces launched an offensivefrom Costa Rica. In the face ofpressure from
members of the OAS to resign,deprived of the political as wellas material
support of the United States, challenged by widespread assaults in the
north and centre and Pastora's offensivefromthe south, Somoza resigned
and fled the country on 17 July. His hard-pressed National Guard col-
lapsed, and the Junta of National Reconstruction in whichthe Sandinistas
played such a portentous part took power.

6. Numbers of the Sandinista guerrillas who fought so tenaciously to
overthrow the SomozaGovernment weretrained in Cuba (as was acknow-

ledgedin his testimony by Commander Carrion, Hearing of 13September
1985).It is not to be expected that the leadership of the Sandinistas, some
of whom had spent long periods in Cuba, receivedno training during their
stays. A number of Cuban military advisers took part in the Sandinista
final offensive of mid-1979. Large quantities of arms were shipped to the
Sandinistas, at the outset primarily by Venezuela (today one of the Con-
tadora Group) and, later, by Cuba. These arms were mostly flown into
Costa Rica, where they were distributed to Sandinista forces who were
based in Costa Rica with the support of the Costa Rican Government. An
investigation subsequently conducted by the Costa Rican National
Assembly established that, from December 1978 until July 1979, there
were at least 60 flights into Costa Rica with arms, ammunition and other
supplies for the Sandinista guerrillas, largely provided by Cuba. (Asam-
blea Legislativa,SanJosé, C.R., Comisionde Asuntos Especiales, Informe
sobre elTrajico de Armas, Epe. 8768.) That report also established that,
after the triumph of the Sandinistas, some of those same, undistributed
arms were shipped from Costa Rica to El Salvador.Panama also supplied
some arms to the Sandinistas, and members of the Panamanian National
Guard fought with the Sandinistas. These facts are wellknown, essentially

uncontested and recorded by various sources (e.g., Shirley Christian,
Nicaraguu: Revolution in the Famiiy, 1985,pp. 29, 32, 78-81,88-97.) Less
wellknown are the details of the provisioning of Sandinista guerrillas who
operated out of Honduras. It is clear that they were a significant force
which was tolerated by Honduras even if they did not enjoy from the
Government of Honduras the positive support which the Government of
Costa Rica extended in the south (seethe statement of the representative of
Honduras at the 39th Session of the United Nations General Assembly,
A/39/PV.36, p. 77, infra,para. 138).Al1of these foreign operations were,
like those of the United States in support of thecontras, "covert". Neither
Cuba nor Venezuela nor Panama nor Costa Rica openly announced or
justified their activitie;there were no declarations of war ;there was nosoulèvements se produisaient un peu partout. et la garde nationale de
Somoza, largement o3ncentréedans le Sud pourluttercontre les troupes de
Pastora. avait du mal à faire face aux actions multiples et persistantes des
sandinistes dans d'autres régions.Les Etats-Unis avaient mis fin deux ans
auparavant à la fourniture d'armes, de munitions et de piècesde rechange

au gouvernement Somoza et ils décourageaient les autres gouvernements
de se substituer à eux. Le 29 mai, les forces de Pastora lancèrent une
offensive depuis le Costa Rica. Presséde démissionner par les membres de
I'OEA, privéde l'appui politique et matériel des Etats-Unis, acculé à la
défaite par des assauts généralisésau nord et au centre ainsi que par
l'offensive de Pastora au sud, Somoza donna sa démission et s'enfuit à

l'étranger le 17juille:t. La garde nationale, harceléede toutes parts, s'ef-
fondra et lajunte de reconstruction nationale dans laquelle les sandinistes
ont joué un rôle fatidique s'empara du pouvoir.
6. Bon nombre des guérillerossandinistes qui avaient lutté avec tant de
détermination pour renverser le gouvernement Somoza avaient étéentraî-
nésà Cuba (comme l'a reconnu dans sa déposition le commandant Car-

rion. audiencedu 13septembre 1985).On apeine àcroire que lesdirigeants
sandinistes. dont certains firent des séjoursprolongésà~Üba. n'yreeurent
aucune formation. Des conseillers militaires cubains e rirent Dart à l'of-
fensive sandiniste firiale du milieu de 1979.De grandesquantités d'armes
parvenaient aux sandinistes. à l'origine principalement du Venezuela (qui
fait partie aujourd'hui du groupede Contadora) et. plus tard. de Cuba. Ces

armes étaient surtouit débarquéesau Costa Rica, où elles étaient distri-
buées aux forces sandinistes stationnées dans le pays, avec I'appui du
gouvernement. Une enquêteeffectuée depuis par I'assemblèe nationale
costa-ricienne a établique, de décembre 1978àjuillet 1979, ily avait eu au
moinssoixante trans.ports aériensvers leCosta Rica d'armes, de munitions
et d'autres fournitures destinées aux guérilleros sandinistes. en prove-

nance essentiellemen!.deCuba (Asamblea Legislativa.San José,C.R.. Corni-
si6n de Asuntos Especiales. Iriformesobreel Trufico de Armas. Epe. 8768).
Le rapport démontre aussi qu'après la victoire des sandinistes certaines
de ces armes qui n'avaient pas encore été distribuéesont étéréexpédiées
du Costa Rica au Salvador. Le Panama fournissait aussi des armes aux san-
dinistes. et des membres de la garde nationale panaméenne combattaient
à leurs côtks. Ces faits sont bien connus. indiscutés pour l'essentiel et

relatés par diverses sources (notamment Shirley Christian. Nic~uruguu.
Revolutior~in the Fun~zilv, 985.p. 29, 32. 78-81, 88-97). On possède moins
de détails sur l'approvisionnement des guérilleros sandinistes opérant à
partir du Honduras. Il est clair qu'ils constituaient une force importante,
toléréepar le Hondluras mêmesi elle n'a pas reçu du Gouvernement
hondurien l'appui déterminéque le Gouvernement du Costa Rica pro-

diguait au sud (voir la déclaration du représentant du Honduras à la
trente-neuvième session de l'Assemblée généraledes Nations Unies,
A/39/PV.36. p. 77. ci-après par. 138). Toutes ces opérations étrangères
étaient,comme celles menéespar les Etats-Unis pour appuyer les coritru.~,
clandestines o. Ni Cuba, ni le Venezuela. ni Panama. ni le Costa Ricareporting to the Security Council ;there was not even a claim that prior
aggressive acts of the Government of Nicaragua had provoked their
actions sopatently designed to assist in the overthrow of the Government
of Nicaragua.

7. In his testimony, Commander Carrion estimated that, in 1979,San-
dinista forces totalled somewhere between 3,000 and 4,000 armed men
(Hearing of 13September 1985).He acknowledged that about a third of
that total had been based in Costa Rica (ibid.).He depreciated the impact
of those forces on the outcome of the struggle, which may or may not be
correct(Christian reports that Somoza's besttroops weresent to the south
to oppose the forces led by EdénPastora). While understandably empha-
sizing the achievements of the guerrillas in Nicaragua, who were supplied,
he maintains, by arms purchased on the weapons market, Commander
Carrion did not Saywhere the Sandinistas inside Nicaragua secured the
money to purchase those arms. But in any event Commander Carrion's
testimony essentially comports with than confutes the facts, namely, that
Cuba played akeyrolein thecreation,organization,training and supply of
the Sandinista revolution, a revolution which was also significantly aided

by Venezuela, Costa Rica and Panama. Whatever one's views about the
relative merits and demerits of the Somoza and Sandinista Governments,
the fact remains that theSandinista revolution was the beneficiaryof some
of the veryformsof intervention forwhichit nowfeelsjustified in indicting
the United States. This intervention was vigorously,ifcovertly, supported
by several Latin American Governments which are proponents of the
principles of non-intervention. Moreover, the Organization of American
States itself withdrew recognition from the Nicaraguan Government, a
Government stillin power which wasrepresented in the Organization, and
offered it to aJunta ofwhichthe FSLN wasaleading element,in return for
assurances extended by the Junta - another act of intervention, though
unarmed and disclaimed as such.

B. The New Nicaraguan Government Achieved Foreign Recognition in
Exchangefor InternationalPledges concerningits Interna1and External
Policies, Commitments Which it Deliberately Has Violated

8. On 23 June 1979,the Seventeenth Meeting of Consultation of the
Ministers of Foreign Affairs of the Organization of American States
adopted an extraordinary resolution which,in the words of a Report of the
Inter-American Commission on Human Rights :

"for the first time in the history of the OAS and perhaps for the first
time in the history of any international organization, deprived an
incumbent government of a member state of the Organization of
legitimacy, based on the human rights violations comrnitted by thatn'ont proclaménijustifié leurs activités ;il n'ya pas eu de déclaration de
guerre, le Conseil de sécuritén'a pas étéaverti et il n'a mêmepas été
prétendu que des agressions antérieuresdu Gouvernement nicaraguayen
auraient provoquéces mesures si manifestement destinées à renverser ce
gouvernement.

7. Dans sa déposition,le commandant Carrion a estiméque les forces
sandinistes représentaient en 1979un total de quelque trois mille àquatre
mille hommes en armes (audience du 13 septembre 1985). Il a reconnu
qu'un tiers environ de ces effectifs étaientbasésau Costa Rica (ibid.). Le
commandant Carrion a, àjuste titre ou non, minimiséle rôle de ces forces
dans l'issue des cornbats (Christian écritque les meilleures troupes de
Somozaavaient été r:nvoyéesau sud pour affronter cellesd'EdénPastora).
Tout en insistant, ce qui est logique, sur les hauts faits des guérilleros
opérantau Nicaragua qui, selon lui,étaient équipésd'armes achetée sur le
marché des armements, le commandant Carrion n'a pas préciséoù les
sandinistes, àl'intérieurdu Nicaragua, seprocuraient l'argent nécessaire à
ces achats. Quoi q~i'ilen soit, le témoignage du commandant Carrion
confirme plus qu'il ri'infirme lesfaits, a savoir que Cuba ajouéun rôle clé
dans la création.l'or,ganisation,l'entraînement et l'approvisionnement des
révolutionnaires saridinistes, qui recevaient de surcroît une aide appré-
ciable du Venezuela, du Costa Rica et du Panama. Quoi que l'on puisse

penser des mériteset des torts respectifs des gouvernements somoziste et
sandiniste, il resteque la révolution sandiniste a ainsi bénéficiéde cer-
tainesdesformes mêmesd'intervention dont ellecroitpouvoir aujourd'hui
accuser les Etats-Unis. L'intervention a étappuyéeavecvigueur, bien que
parfois en sous-main, par plusieurs gouvernements d'Amérique latine
qui défendent les principes de la non-intervention. Au surplus, l'organi-
sation des Etats amkricains a elle-mêmeretirésa reconnaissance au Gou-
vernement nicaragu,ayen encore au pouvoir et représentéa I'OEA, pour
l'accorder à une jurite dont le FSLN était une composante motrice, en
échange d'assurancesdonnéespar cette mêmejunte - autre acte d'inter-
vention, mais non arméet inavoué.

B. Le nouveau Gouilernementdu Nicaragua s'est fait reconnaîtrp ear les
autres Etats en contrepartie d'engagements internationauxtouchant ses
politiques intérieure etextérieure, engagements qu'il a délibérément
enfreints

8. Le23juin 1979,ladix-septièmeréuniondeconsultation desministres
des relations extérieures de l'organisation des Etats américains aadopté
une résolutionexceptionnelle qui, pour reprendre les termes d'un rapport
de la commission interaméricaine des droits de l'homme,

pour la première fois dans l'histoire de I'OEA et peut-être pour la
premièrefoisdamsl'histoired'une organisation internationale, privait
le gouvernemerit en titre d'un Etat membre de l'organisation de sa
légitimité,à cause des violations des droits de l'homme que ce gou- government against itsownpopulation" (OAS,Reportonthe Situation
of Human Rights in the Republicof Nicaragua, 1981,p. 2).

The resolution called for a solution to the armed conflict then raging in
Nicaragua, which it described as a "serious problem ...exclusivelywithin
the jurisdiction of the people of Nicaragua .. .","on the basis of the
following" :

"1. Immediate and definitive replacement of the Somoza ré-
gime.
2. Installation in Nicaraguan territory of a democratic govern-
ment, the composition of which should include the principal repre-
sentativegroups which oppose the Somoza régimeand which reflects
the free will of the people of Nicaragua.
3. Guarantee of the respect for human rights of al1Nicaraguans
without exception.
4. The holding of free elections as soonaspossible, that willlead to
the establishment of a truly democratic government that guarantees
peace, freedom and justice." (OEA/Ser.F/II. 17.)

9. In response to the foregoing resolution, on 12July 1979,while Presi-
dent Somoza remained in office,the Junta of theGovernment of National
Reconstruction of Nicaragua sent to the Secretary-General of the OAS
"and to the Ministers of Foreign Affairs of the Mernber States of the

Organization" a document containing its "Plan to Secure Peace". The
Junta wrote :
"We have developed this Plan on the basis of the Resolution of the

XVII Meeting of Consultation on June 23, 1979,a Resolution that
was historic in every sense of the word ... We are presenting to the
community of nations of the hemisphere in connection with our 'Plan
to Secure Peace' the goals that have inspired our Government ever
since it was formed ... and we wish to ratify some of them here :
1. Our firm intention to establish fullobservance of human rights in
our country in accordance with the United Nations Universal
Declaration ... and the Charter of Human Rights of the OAS ...

III. Our decision to enforce civiljustice in our country

V. The plan to cal1the first free elections our country has known in
this century ...
It is nowup to the Governmentsof theHemisphereto speak, so that
the solidarity with the struggleour people has carried forwardto make vernement avait perpétrées contre sapropre population )) (OEA,
Report on the Situation of Human Rights in the Republicof Nicaragua,
1981, p. 2).

Larésolution invitai.à trouver une solution au conflit arméfaisantrage au
Nicaragua, qu'elledkcrivaitcommeun <(graveproblème...qu'ilappartient
exclusivement au peuple nicaraguayen de résoudre O, <<sur les bases sui-
vantes )):

((1. Remplacement immédiatet définitifdu régimede Somoza ;

2. Installation au Nicaragua d'un gouvernement démocratique
dont la composition comprenne les principaux groupes de I'opposi-
tion au régimede Somoza, et soit librement choisi par le peuple
nicaraguayen ;
3. Garantie du respect des droits de l'homme de tous les Nicara-
guayens sans exception ;
4. Organisation dans les plus brefs délais d'élections libres con-
duisant à l'insti~llationd'un gouvernement authentiquement démo-

cratique qui garantisse la paix, la liberté et la justice.
(OEA/Ser.F/ 11.17.)

9. En réponse à la résolution précitéel,e 12juillet 1979, alors que
Somoza étaittoujours au pouvoir, la junte du gouvernement de recons-
truction nationale di1Nicaragua a adressé ausecrétairegénéralde I'OEA
<(ainsi qu'aux ministres des relations extérieuresdes Etats membres de
l'organisation )un document contenant son << plan pour lapaix ».Lajunte
écrivaitceci :

<<Nous avons établi ce plan à partir de la résolution de la dix-
septième réunionde consultation du 23juin 1979,résolution histo-

riquedans tous lessensdu terme ..Nous soumettons àlacommunauté
des Etats du coritinent américain.dans lecadredenotre (<plan pour la
paix O,lesobjectifs que notre gouvernement s'estfixésdèsl'instant où
il a étéformé ...ous souhaitons en réaffirmercertains :

1. Notre ferme intention de faire pleinement respecter lesdroitsde
l'homme dans notre pays, conformément à la déclaration uni-
verselle des droits de l'homme des Nations Unies et à la charte
des droits de l'homme de I'OEA ...

III. Notre déci.siond'appliquer lajustice civile dans notre pays ...

V. Un plan pour organiser les premières élections libresdans notre
pays depuis le débutde ce siècle ...
IIappartient maintenant aux gouvernementsdes pays du continent
américainde prendre la parole pour rendre pleinement effective la democracy andjustice possible in Nicaragua can become fullyeffec-
tive.
Weask thatyou transmit thetext of thisletterto the Ministersof the
OAS . . ."(Letter of 26 November 1985,emphasis added.)

10. The "Plan of the Government of National Reconstruction to Secure
Peace" continues that

"that hemispheric solidaritythat isvital if thisplan isto be carried out
willcome about infulfillment ofthe Resolutionof the XVII Meeting of
Consultationof Ministers of Foreign Affairs of the OAS adopted on
23June 1979" (emphasis added).

It sets out "Stages of the Plan", including : Somoza submits his resigna-
tion ; the Government of National Reconstruction is installed ;

"Immediatelyfollowingthe GovernmentofNational Reconstruction's
installation insideNicaragua, the Member States of the OAS .. . will
proceed to recognize it asthe legitimate Government of Nicaragua . . .
TheGovernmentofNationalReconstruction willimmediatelyproceedto
. . . Decree the Fundamental Statute by which the Government of
National Reconstruction will be provisionally governed . ..Decreethe
OrganicLaw thatwillgoverntheinstitutionsof theState . .Implement
theProgramof the Governmentof National Reconstruction. . ."(Letter

of 26 November 1985 ;emphasis supplied.)

11. Attached to this letter to the OAS of the Junta was the Junta's
Programme, Organic Lawand Lawof Guarantees.The Programme, dated
9 July 1979,is both broad and detailed. It promises a "truly democratic
government of justice and social progress . .." with "full guaranty of
human rights" and "fundamental liberties" including "free expression,
reporting and dissemination of thought", trade union freedom, "an inde-
pendent foreignpolicyof non-alignment" and a great deal more (Counter-

Memorial of the United States, Ann. 67).The Organic Lawor BasicStatute
(ibid.,Ann. 68),enacts into Nicaraguan lawthat, "The immediateobjective
and principal task of the Government of the Republic shall be to imple-
ment itsprogramme ofgovernment published on 9July 1979."To that end,
it adopts as "Basic Principles" the rights enunciated in the Universal
Declaration of Human Rights, the International Covenant on Economic,
Social and Cultural Rights, and International Covenant on Civil and
Political Rights, and proclaims "unrestricted freedom of oral and written
expression .. .".Among various provisions dealing with the Junta, the
Council of State, and so forth, it provides that, "As soon as National
reconstruction perrnits general elections shall be held for the purpose of
appointing a National Assembly". The Statute on the Rights and Guar-
antees of the Nicaraguan People (Law of Guarantees) (ibid.,Ann. 69) sets ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 400

solidaritéavecla luttequenotre peuple a menéepour rendre possibles
la démocratie et la justice au Nicaragua.
Nous vousdenzandonsde transmettreletexte delaprésente lettreaux
ministres des affaires étrangèred se I'OEA ... (Lettre du 26 novembre
1985 ;les italiques sont de moi.)

10. Le (<plan du gouvernement de reconstruction nationale pour assu-
rer la paix spécifiaitque

<la solidarité du continent américain estindispensable pour que le
plan ci-aprèspuisse êtremis en Œuvreconformément à larésolutionde
ladix-septièmeréunionde consultatioi~desministresdesaffaires étrun-

gères de I'OEA, adoptée le23 juin 1979 )) (les italiques sont de
moi).

Il fixait les <étapes(duplan ))à savoir :Somoza présente sadémission ;
mise en place du gouvernement de reconstruction nationale ; puis,
(cImmédiatenzentaprès l'installationdugouvernementdereconstruc-

tion nationaleau Nicaragua, lesEtats membres de I'OEA ...procèdent
aux démarches ofjïciellesnécessairespour reconnaîtrecegouvernement
en tant que gouv(ernementlégitimedu Nicaragua ...Le gouvernementde
reconstruction n~ztionalperend immédiatement lesmesuressuivantes :...
Promulguerla loifondamentale qui régiraprovisoiremenlte gouverne-
ment de reconstruction nationale ...Décréter la loi organique quirégira
les institutions de I'Etat. Mettre en Œuvre leprogrammedu Gouverne-

ment dereconstructionnationale ...))(Lettre du 26novembre 1985 ;les
italiques sont d~emoi.)
11. Cette lettre de lajunte à I'OEAétaitaccompagnéedu programme de

lajunte, de la loi organiqueet de la loi de garantie. Leprogramme, datédu
9 juillet 1979, était tout à la fois ample et détaillé.Il promettait <(un
gouvernement véritablementdémocratiquedejustice et de progrès social
avec << garantie complète des droits de I'homme et des << libertésfonda-
mentales ))y compris le <(droit de libre expression, de communication et
de propagation des idées O, la libertésyndicale, << une politique étrangère
indépendantede nori-alignement et bien d'autres choses encore(contre-

mémoiredes Etats-C'nisd'Amérique,annexe 67). La loiorganique - ou loi
fondamentale - (ihl;d.,annexe 68) introduit dans la législation nicara-
guayenne le principe selon lequel (le Gouvernement de la République a
pour objectif immédnatet pour tâcheprincipale de réaliser sonprogramme
de gouvernement rendu public le 9juillet 1979 o.A cette fin, il adopte en
tant que principes fondamentaux ))les droits définisdans la déclaration
universelle des droits de I'homme, lepacte international relatif aux droits
économiques,sociauxet culturelset lepacte international relatif aux droits

civils et politiques et proclame <<la liberté illimitéede pensée orale et
écrite...))Les dispositions relatives a la junte, au conseil d'Etat, etc.,
disposent notamment que <<dans la mesure où le permettra l'étatde la
reconstruction nationale, des élections générales seront organisées envue401 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVlTIES (DISSO . P.SCHWEBEL)

out adetailedstatement ofciviland economicrights,including abolition of
thedeath penalty and proscription of torture, the right toindividual liberty
and persona1 security, the right to strike, and so forth.

12. The Members of theOAScarried out their part of this international
bargain, this international unilateral contract, extending promptly their
individual recognition to the Government of National Reconstruction as

"the legitimate Government of Nicaragua" which the Junta expressly
solicited. But the FSLN - which soon asserted and maintained exclusive
control of the Junta and subsequent formations of the Nicaraguan Gov-
ernment - did not carry out its part of the bargain it concluded with the
OAS and its Members. The governance of Nicaragua is hardly "truly
democratic" ; far from human rights and fundamental liberties being
"fully guaranteed", there is substantial evidence of arbitrary arrest and
arbitrary trial, and indications of even graver deprivations ; there is like
evidence of commission of atrocities by the armed forces of the Nicara-
guan Government, particularly against Miskito and other Indians ;free-
dom of the press and trade union freedom are harshly curtailed in Nica-
ragua and havebeen sincetheSandinistas took power ;far fromactingasa
non-aligned State,Nicaragua has almost rituallyjoined Cuba in support of
theinternational positions of the SovietUnion ;and electionswereput off
until 1984and then were held under conditions which apparently assured

that the rule of the Sandinistas could not be challenged whatever the
popular will.

13. It would unduly extend the length of what is in any event a regret-
tably long opinion to provide details of these conclusions and complete
documentation in support of them. It is recognized that there is room for
difference of opinion on the legalconclusions that maybederived from the
conjunction of the OASResolution of 23June 1979and itsperformance by
the Members of the OAS, on the one hand, and the acceptance of that
resolution by the Junta and the Nicaraguan Government's non-perfor-
mance of the terms of its acceptance, on the other. The law of those
questions has been treated above. But what isbeyond dispute, as a matter
of fact, is that the Sandinista Front, virtually from the outset of its taking
power, violated important elements of the Junta's assurances to the OAS,
and did sowell beforethere could beanyjustification for such derogations
on grounds of national emergency provoked by contraand United States

attacks. Suchviolations havecontinued to the present day, during theebbs
and flowsof contraand United States pressures ;to an extent difficult to
estimate, they may have been stimulated by those pressures. Among the
many sources that may be cited in support of these conclusions are :
"Comandante Bayardo Arce's Secret Speech before the Nicaraguan
Socialist Party (PSN)", published by a number of sources including
Department of State Publication9422 of March 1985 ;Amnesty Interna-
tional, Nicaragua, TheHuman Rights Record, 1986 ;Robert S. Leiken, dedésigner uneassembléenationale ... Laloisur lesdroits etgaranties des
Nicaraguayens (« Loi de garantie )))(ibid., annexe 69) contient une liste
détailléedesdroits civilset économiques,ycompris l'abolition de la peine
demort et laproscription de la torture, ledroit àla libertéindividuelle et la
sécuritépersonnelle, le droit de grève, etc.

12. Les membres de 1'OEAont exécuté leurDart de ce marché inter-
national, imposé unilatéralement, en reconnaissant promptement le gou-
vernement de reconstruction nationale comme ((legouvernement légitime
du Nicaragua H,ainsi que lesouhaitait expressémentlajunte. En revanche
le FSLN - qui n'allait pas tarder a s'assurer une mainmise durable sur la
junte et les formations ultérieuresdu Gouvernement nicaraguayen - n'a
pas rempli lesengagements qu'ilavait souscrits à l'égardde I'OEAet de ses
membres. On ne salirait dire que le régimenicaraguayen est authenti-
quement démocratique )); loin de garantir pleinement H les droits de

l'homme et les libertésfondamentales, il fournit de nombreux exemples
d'arrestations et de jiugements arbitraires et des indices de violations en-
core plus graves ; il est aussi prouvéque des atrocités sontcommises par
lesforces arméesdu lGouvernementnicaraguayen, enparticulier contre les
Miskitos et d'autres Indiens ;la libertéde la presse et la libertésyndicale
sont durement entravées,et cela depuis la prise du pouvoir par les sandi-
nistes ; loin d'agir comme un Etat non aligné, le Nicaragua s'associe
presque rituellement à Cuba pour appuyer les prises de positions interna-
tionales de l'Union soviétique, etles élections,après avoir étéretardées

jusqu'en 1984,ont eu lieu dans des conditions telles que la domination
sandiniste ne pouvait êtreremise en cause, quelle que fût la volonté
populaire.
13. J'allongerais 21l'excèsuneopinion dontje déploredéjàlalongueur si
j'entrais dans ledétailde cesconclusions etdetout cequi lesdocumente.Je
reconnais que les avis peuvent êtrepartagésquant aux conclusions juri-
diques a tirer d'un rapprochement entre la résolutionde I'OEAdu 23juin
1979 et sa mise en Œuvre par les membres de I'OEA, d'une part, et

l'acceptation de cette résolutionpar lajunte et la carence du Gouverne-
ment nicaraguayen au regard des termesde cette acceptation, d'autre part.
J'ai traité plus hau,t du droit relatif à ces questions. Ce qui n'est pas
douteux, en tout cas,c'estquelefront sandiniste,pratiquement dèssa prise
du pouvoir, a manqluésur des points importants aux assurances que la
junte avait données à I'OEA,et cela bien avant que l'état d'urgencepro-
voquépar les attaques des contraset des Etats-Unis pût lejustifier. Ces
violations se poursu:iventdans le flux et le reflux des pressions des contras
et des Etats-Unis,et peut-êtremêmedans unecertaine mesure - difficileà

évaluer - stimuléespar ces pressions. Parmi les nombreuses sources qui
peuvent êtrecitées à l'appui de ces conclusions figurent les suivantes :
(<Comandante Bayardo Arce's Secret Speech before the Nicaraguan
Socialist Party (PSN) O, discours reproduit dans un certain nombre de
publications, y compris la brochure 9422 du département d'Etat de mars
1985 ; Amnesty International, Nicaragua, TheHuman Rights Record,
1986 ; Robert S. Leiken, (The Battle for Nicaragua O, The New York402 MILITARY AND PARAMILITARY ACTlVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

"The Battle for Nicaragua", The New York Review of Books, 13 March
1986,VolumeXXXIII, No. 4 ;ShirleyChristian, Nicaragua :Revolutionin
the Family, 1985 ;Douglas W. Payne, TheDemocratic Mask : The Con-
solidationof the SandinistaRevolution, 1985 ; David Nolan, FSLN : The

Ideology of the Sandinistas and the Nicaraguan Revolution,1984 ;and
Department of State, Broken Promises :SandinistaRepressionof Human
Righjs in Nicaragua, 1984.

C. The New Nicaraguan Government Received UnprecedentA edid /rom
the InternationalCommunity,including the UnitedStates

14. When the Sandinistas took power in July 1979,the Carter Adrnini-
stration extended itself to assist the Junta and establish friendly relations.
Aftera meeting of 15July 1979between a StateDepartment representative
and Sandinistaleaders in which the United States promised support, Junta
member Sergio Ramirez Mercado is reported to have said : "At this

moment 1 think that there is no point of disagreement between us."
("Nicaragua Rebels SayU.S. 1sReady to Back RégimeLed by Them", the
New York Times, 16 July 1979, p. 1.) Secretary of State Cyrus Vance
declared :
"By extending our friendship and economic assistance, we
enhance the prospects for democracy in Nicaragua. We cannot

guarantee that democracy will take hold there. But if we turn our
back on Nicaragua, we can almost guarantee that democracy will
fail." (The WashingtonPost, 28 September 1979.)
15. In the first 18months ofpost-Somoza governance, theUnited States
- asthe largest singleprovider of economicassistance toNicaragua during
that period - supplied to the Nicaraguan Government some $108million

in direct aid, including relief supplies, particularly large quantities of food
and medicine immediately after Somoza's fall,said to be valued at about
$25 million ; it supported $262 million in loans of the Inter-American
Development Bankand World Bank to the Nicaraguan Government from
mid-1979 to the end of 1980 ;it facilitated the renegotiation by United
States banks of large amounts of Nicaraguan debt ; it offered Nicaragua
the assistance of the Peace Corps ; it offered military training to Nicara-
guan forces at United States bases in Panama ; and President Carter
amicably received the Co-ordinator of the Junta, Daniel Ortega, at the
White House. Other States and international organizations also extended
generous amounts of economic aid to the new Nicaraguan Government,
the total of Western aid from July 1979 to the end of 1982 exceeding
$1.6billion. The valueof military, economicandother aid extended during
thisperiod to Nicaragua byCuba and the SovietUnion,as wellasby States

alliedwith the USSR such astheGerman Democratic Republic,VietNam,
Ethiopia and Bulgaria, is not easily calculated, but clearly it was substan-
tial. Nicaragua also received military assistance from Libya (the incident ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL)
402

Review of Books, 13 mars 1986, vol. XXXIII, no 4 ; Shirley Christian,
Nicaragua : Revolution in the Family, 1985 ; Douglas W. Payne, The
Democratic Mask : :TheConsolidation of the Sandinista Revolution, 1985 ;
David Nolan, FSLA1 :The Ideology of the Sandinistas and the Nicaraguan
Revolution, 1984 ; et, Department of State, Broken Promises :Sandinista
Repression of Human Rights in Nicaragua, 1984.

C. Le nouveau Gouvernement du Nicaragua a reçu
de la communautéinternationale, y compris des Etats-Unis,
une aide sans précédent

14. Lorsque les sandinistes ont pris le pouvoir en juillet 1979,I'admi-
nistration Carter a tout fait pour aider la junte et nouer des relations
amicales. A l'issue d'une réunion tenue le 15juillet 1979entre un repré-
sentant du département d'Etat et des dirigeants sandinistes, au cours de

laquelle les Etats-Unis promirent leur appui, Sergio Ramirez Mercado,
membre de lajunte, aurait dit : En ce momentje pense qu'il n'ya aucun
point de désaccordentre nous (ONicaraguan Rebels Say U.S. 1sReady
to Back Régime Led byThem O, New York Times, 16juillet 1979,p. 1).
Le secrétaire dlEtat Cyrus Vance déclarait alors :

<(En offrant notre amitiéet notre aide économique, nous renfor-
çons leschances de la démocratie au Nicaragua. Nous nepouvons pas
garantir que la démocraties'instaurera. Mais si nous tournons le dos
au Nicaragua, nous pouvons presque garantir qu'elle échouera.
(Washington Post, 28 septembre 1979.)

15. Aucoursdes dix-huit premiers mois d'existencedu nouveau régime,
les Etats-Unis - principaux fournisseurs à eux seuls de l'assistance éco-
nomique au Nicaragua pendant cette période - accordèrent au gouver-
nement de ce pays quelque 108millions de dollars d'aide directe, notam-
ment diverssecours, dontde grandesquantités de vivreset de médicaments
immédiatement aprésla chute de Somoza, évaluées à quelque 25 millions

dedollars ;ilsappuyèrent l'octroiau Gouvernement nicaraguayen deprêts
de la Banque interarnéricainede développementet de la Banque mondiale
qui s'élevèrent à262.millions de dollars entre le milieu de 1979et la fin de
1980 ;ils facilitèrent la renégociationd'échéancesimportantes de la dette
nicaraguayenne auprès des banques américaines ;ils offrirent au Nicara-
gua I'aide du Peace Corps ; ils proposèrent d'entraîner militairement les
forces nicaraguayennes dans les bases américainesdu Panama, et le pré-
sident Carter reçut amicalement à la Maison-Blanche lecoordonnateur de
lajunte Daniel Ortega. D'autres Etats et d'autres organisations interna-

tionales consentirent égalementau nouveau Gouvernement nicaraguayen
une aide économiqiued'une générosité exceptionnellel,e total de I'aide
occidentale, de juillet 1979 à la fin de 1982, dépassant 1,6 milliard de
dollars. La valeur de I'aide militaire,économiqueet autre fournie pendant
cette période au Nicaragua par Cuba et par l'union soviétique,ainsi queof "medical supplies" found on Libyan aircraft which landed in Brazilen
route to Nicaragua may be recalled) as well as other sources, such as the
PLO.

D. The CarterAdministrationSuspendedAid to NicaraguaBecauseof its
Support of Insurgencyin El Salvador, Support Evidencedi,nter alia, by
DocumentsCapturedfrom Salvadoran Guerrillas

16. In the case of the United States, however, a condition was attached
to the rendering of aid, at the initiative of the United States Congres:a
requirement that the President certify that Nicaragua was not supporting
terrorism or violence in other countries before appropriated funds could
be disbursed (Special Central American Assistance Act of 1979,Section
536 (g),Public Law 96-25- approved 31 May 1980).By September 1980,
evidence of Nicaraguan aid to insurgents in El Salvador was substantial
enough to lead to representations by the United StatesAmbassador and to
a visit in October to Managua of Deputy Assistant Secretary of State
James Cheek. Mr. Cheek informed the Nicaraguan Government that
assistance to the Salvadoran rebels would compel the United States to
terminate its aid programme and would prejudice United States-Nicara-
guan relations ;and he apparently furnished the Nicaraguan Government
with some details of the flow of arms through Nicaragua to El Salvador.
Subsequently captured documents of Salvadoran insurgents which were
deposited with the Court by the United States in 1984indicate that this
démarchewastaken seriouslyby theNicaraguan Government, wluchfor a
time suspended shipments of arms while, it is alleged, it endeavoured to
identify and eliminate the source of United States intelligence informa-
tion.
17. In a reply to a question of the Court, the Nicaraguan Government
denies that any suchconversations with a StateDepartment representative
took place.This appears to beoneofanumber of misleading statements by

Nicaragua to the Court. Among the various sources that confirm the visit
to Managua of Mr. Cheek and conversations by him and the United States
Ambassador of this substance at this time with the Nicaraguan Govern-
ment, are Christian, op. cit., page 194, as well as Department of State,
"RevolutionBeyond OurBorders'S :andinistaInterventioninCentralAmer-
ica (Special Report 132, US Dept. of State, September 1985)(hereafter
cited as "Revolution Beyond Our Borders"),pages 20-21,which describes
these meetings of Mr. Cheek with Co-ordinator Ortega, Foreign Minister
D'Escoto and Commanders Arce, Wheelock and Humberto Ortega.

18. The captured documents referred to, which were "recovered from ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)403

par lesailiésde l'union soviétiquetelsque la Républiquedémocratiquealle-
mande, le Viet Nam, I'Ethiopieet la Bulgarie,n'estpas faciàcalculer,mais
de toute évidence elleétait importante. Le Nicaragua reçut également une
assistance militaire de la Libye (il convient de se remémorerici l'incident
des <<fournitures médicales découvertes àbord d'un aéronef libyen fai-
sant route vers le Nicaragua qui s'était poséau Brésil),ainsi que d'autres
sources, comme l'organisation de libération de la Palestine.

D. L'administration Carter a suspendu l'aideau Nicaragua en raison de son
soutienà l'insurrectionau Salvador, attestépar des documentssaisis sur des
guérilleros salvadoriens

16. Dans le cas des Etats-Unis cependant, et à l'initiative du Congrès,
I'aideétait subordonnée à une condition : le Président devait certifierque
le Nicaragua n'appwyaitpas le terrorisme ni la violence dans d'autres pays
avant que les créditsvotés puissentêtreversés(loi spécialed'assistance à
l'Amériquecentrale. 1979, art. 536 g), Public Law 96-257, approuvée le
3 1 mai 1980).A partir de septembre 1980,les preuves d'une aide nicara-
guayenne aux insurgés d'El Salvadorétaient suffisamment nombreuses
pour justifier des représentations de l'ambassadeur des Etats-Unis et une
visite à Managua, en octobre, du vice-secrétaire d'Etat adjoint James
Cheek. M. Cheek informa leGouvernement nicaraguayen que l'assistance
aux rebelles salvadoriens obligerait les Etats-Unis à mettre fin à leur

programme d'aide et compromettrait lesrelations entre lesEtats-Unis et le
Nicaragua ; il fournit alors, semble-t-il, au Gouvernement nicaraguayen
des détails sur les armes transitant par le Nicaragua à destination d'El
Salvador. Des documents saisis ultérieurement sur des insurgés d'El Sal-
vador, et que les Etats-Unis ont déposés auGreffe en 1984,indiquent que
cettedémarchefut piriseau sérieuxpar leGouvernement nicaraguayen, qui
suspendit pendant un certain temps les envois d'armes, en même temps
qu'il s'efforçait, apparemment, de repéreret d'éliminerles informateurs
des Etats-Unis.
17. Dans une réponse à une question poséepar la Cour, le Gouverne-
ment nicaraguayen nie l'existence de cetteconversation avec un représen-

tant du département d'Etat. Ce n'est là que l'une des nombreuses décla-
rations tendancieuses faites par le Nicaragua devant la Cour. Parmi les
diverses sources qui confirment la visite de M. Cheek à Managua et les
conversations que lui-mêmeetI'ambassadeurdesEtats-Unis ont euesalors
a ce sujet avec le Gouvernement nicaraguayen, voir Christian, op. cir.,
page 194, ainsi que la publication du département d'Etat (Revolution
Beyond Our Borders »,Sandinista Intervention in Central America (Special
Report 132, US Dept. of State, septembre 1985) (appelée ci-dessous
N RevolutionBeyond Our Borders»), pages 20 et 21, ou il est rendu compte
des entretiens de M. Cheek avec le coordonnateur Ortega, le ministre
des relations extérieures D'Escoto et les commandants ~rce, Wheelock
et Humberto Ortega.

18. Lesdocuments saisisdont j'ai parlé, (pris au parti communiste d'ElSalvador en novembre 1980et à l'arméerévolutionnaire du peuple (ERP)

en janvier 1981 (annexe 50 au contre-mémoire des Etats-Unis sur la
compétence et la re:cevabilité,p. 2). ont étépubliés par le département
d'Etat sous le titre : Cornmunist Interference in El Salvador.. Documents
Demonstrating Communist Support ofthe Salvadoran Insurgency, 23février
1981.Ces documents, s'ilssont authentiques, ne confirment pas seulement
les conversations avec M. Cheek à Managua ; ils montrent aussi que les
insurgésont pris calnsciencede l'existence d'un

problème de sécuritécommençant par une entrevue ...avec un
certain James Cheek ..qui s'estmontréaucourant d'envois terrestres
transitant par le Nicaragua ;dans des petits véhiculeset ..des ten-
tatives faites par mer. Ces faits soulèventla question d'une mauvaise
gestion éventuellede l'information de la part de ceux qui travaillent
dans ce domaine ...une enquêteva être faite...il nous semble très
étrangequ'un fonctionnaire gringo vienne ...formuler pratiquement
une mise en garde dans un cas comme celui-ci. S'il étaitvrai qu'ils
avaient trouvéquelque chose de concret, logiquement ils nous atta-

queraient ...ils ne nous mettraient pas en garde ...)(Doc. J, p. 94.)
(Il est a noter que leCongrèsacritiquéla communication au Nicaragua de
renseignements d'un tel intérêt stratégique.Voir la déclaration de
C. W. BillYoung. membre du Congrès,reproduite en annexe au mémoire
du Nicaragua (annexe E, pièce 1,p. 40).)
19. L'authenticiti:de cesdocuments saisiset surtout l'exactitudede I'ana-

lyse présentéedans le livre blanc du département d'Etat (voir annexe 50,
loc. cit.ont donné lieu à une controverse dans la presse peu après leur
publication en 1981.LeGouvernement desEtats-Unisaréfuté lescritiques
avec force détails ; il soutient que ces documents sont authentiques
(Department of State. ((Response to Stories Published in the Wall
Street Jourtiul and the WushingtonPost about Special Report No. 80 o.
17juin 1981,et ((Revolution Beyond Our Borders »,p. 5. note 2. où il est
affirmé : L'authenticité de ces documents ..a depuis lors étéconfir-
méepar de no~vell~essources de renseignements et par des transfuges. )>)
Cette conclusion est confirmée aussi bienpar des détracteurs que par des
partisans bien informésde la politique du Gouvernement des Etats-Unis à

l'égard duNicaragua. Christopher Dickey, dont l'ouvragecritique intitulé
With the Contras :A Reporter in the Wilds of Nicaragua, 1985,témoigne
d'une connaissance approfondie de certains élémentsde fait enjeu dans la
présente affaire, conclut que les documents d'origine eux-mêmes sem-
blent tout a fait correspondre aceque lesdirigeants et desreprésentants de
l'insurrection salvatlorienne et aussi lessandinistes m'ont déclaréen privé
a Managua en octobre 1983et en mai 1984 O (p. 281-282, 73-74), et il
considère ces documents comme authentiques. Robert E. White, ancien
ambassadeur des Etats-Unis au Salvador, critique implacable de la poli-
tique suivie par le président Reagan à l'égarddu Nicaragua et d'El Sal-
vador, a déclaré êtredu même avis(ci-aprèspar. 151).Un partisan de laraguan Government against ElSalvador, Hondurasand Costa Rica, treats
the captured documents as genuine and draws much illuminating detail
from them showing the pervasive involvement of the Nicaraguan Govern-
ment in the arming, supply, training and direction of the insurgency in El
Salvador (Robert F. Turner, Nicaragua v. United States : A Look at the
Facts, in press. Mr. Turner's study is stated to be based in part upon
research done under contract to the Department of State and indicates
accesstodiplomaticcommunications). Turner's study contains awealthof

additional factual data in support of his conclusions, among them that the
Nicaraguan Government has played and continues to play the pivota1role
in sustaining the Salvadoran insurgency, acting as the chief conduit for
funds, ammunition, and supplies as well as a training and command
centre.

20. In the written and oral proceedings, Nicaragua did not refute or
specificallyrefer to thesecaptured documents. The Judgment of the Court
appears to take no account of them. They provide graphic and substantial
support for United States allegations concerning Nicaraguan, Cuban,
Vietnamese, Ethiopian and other provision of arms and ammunition in
great quantities to the Salvadoran insurgents, "which al1 would pass
through Nicaragua" (doc. G, p. 8). The documents describe the role of
President Fidel Castro in unifying the Salvadoran insurgency (doc. A) ;
recount the "magnificent" support by the "socialist camp" of that insur-

gency (doc. C, p. 2) ; record assurances by the Sandinista leadership of
provision of headquarters in Nicaragua for the Salvadoran insurgency
"with al1measures of security" (doc. D, p. 4) ;record as well the assump-
tion by Nicaragua of "the cause of E.S.[El Salvador]as its own" (doc. D,
p. 5) ;provide details about Vietnamese, Ethiopian and other "socialist"
assurances of shipment of many tons of arms to theSalvadoran insurgency
(docs. E, F) ; show that Nicaragua agreed to absorb arms of Communist
manufacture and to provide the Salvadoran insurgents with Western-
manufactured arms from its own stocks in their place (doc. G) ; recount
that 130tons ofarmsand other material (a fraction of thetotal) had arrived
in Nicaragua for shipment to El Salvador (doc. 1);indicate suspension of
Nicaraguan weapons deliveries to El Salvador in September 1980 in
response to United States protests (doc. J) ;and record provision by the
Sandinista National Liberation Front to the Salvadoran guerrillas of a
schedule for resumed shipments of arms (doc. K). As the documents
recount :

"It is impressive how al1countries in the socialist bloc fully com-
rnitted themselves to meet our every request and some have even
doubled their promised aid. This is the first revolution in Latinpolitique suiviepar lesEtats-Unis à l'égarddu Nicaragua, qui a publiéune
étudecirconstanciéleet documentéede ce qu'il tient pour une agression
commise par le Gouvernement nicaraguayen contre El Salvador, le Hon-
duras et leCosta Rica,qualifie luiaussi lesdocuments saisisd'authentiques
et ilcitedes détailsrévélateurs auant au rôle multiforme du Gouvernement
nicaraguayen dans l'armement, l'approvisionnement. l'entraînement et la
direction de I'insurirectionau Salvador (Robert F. Turner, Nicaragua v.
United States :A Look ut the Facts,sous presse. L'étudede M.Turner est
fondéeen partie sur des travaux de recherche effectuéspour le compte du
départementd'Etat et fait référence à descommunications diplomatiques).

Cet ouvrage renferme une mine de détails concrets supplémentaires à
l'appui des conclusions avancéespar l'auteur, l'une d'ellesétant que le
Gouvernement nicaraguayen a joué et continue de jouer un rôle crucial
dans l'appui à I'insiirrection salvadorienne,en tant que plaque tournante
pour l'acheminement des fonds, munitions et approvisionnements et
comme centre d'entraînement et de commandement.
20. Ni dans sespiiècesécritesnipendant laprocédure oraleleNicaragua
n'a réfuté oumentionnéexvressément cesdocuments saisis. L'arrêtde la
Cour n'en tient pratiquement pas compte. Or, ces documents étayentet
illustrent lesallégationsdes Etats-Unis quant au ravitaillement massif,par

le Nicaragua, Cuba, le Viet Nam, I'Ethiopie et d'autres pays, des insurgés
salvadoriens en armes et munitions, lesquelles passaient toutes par le
Nicaragua (doc. (3, p. 8). Les documents décrivent le rôle joué par le
président Fidel Castro dans l'unification de l'insurrection salvadorienne
(doc. A) ; relatent l'appui((magnifique ))que le camp socialiste apporte
à cette insurrection (doc. C, p. 2) ;rapportent les assurances donnéespar
les dirigeants sandinistes à propos de la mise à la disposition de I'insur-
rection salvadorienne d'un quartier généraa lu Nicaragua avec toutes les
mesures de sécurité )(doc. D,p. 4) ; indiquent aussi que leNicaragua a fait
sienne la cause d'E.S. [El Salvador] O (doc. D, p. 5) ; donnent des pré-

cisions sur les assurances donnéespar le Viet Nam, 1'Ethiopieet d'autres
pays (socialistes O quant à l'envoi de plusieurs tonnes d'armes à l'insur-
rection salvadorieni~e(doc. Eet F) ; montrent que le Nicaragua a accepté
de garder pour lui les armes fabriquéesdans les pays communistes et de
fournir en leurs lieu et place aux insurgés salvadoriens des armes de
fabrication occidentale puiséesdans sespropres stocks (doc. G) ; précisent
que 130 tonnes d'armes et autres matériels(une fraction de la quantité
totale) sont parvenues au Nicaragua pour êtreexpédiéesau Salvador
(doc. 1); fontétatde la suspensiondes livraisons d'armes nicaraguayennes

au Salvador en septembre 1980 en réponseaux protestations des Etats-
Unis (doc. J) ;et indiquent que lefront sandiniste de libération nationale a
communiquéaux guérillerossalvadoriensun calendrier pour la reprise des
livraisons d'armes (doc. K). Ainsi qu'on peut lire dans les documents:

(La manière dont tous les pays du bloc socialiste se sont pleine-
ment engagés ;iaccéder à chacune de nos requêtes,certainsdoublant
mêmel'aide piromise,est impressionnante. C'est lapremière révolu- America to which they have committed themselves unconditionally
with assistance before the seizure of power." (Doc. K, p. 4 ; see the
translation provided in "RevolutionBeyond Our Borders", at p. 7, as
well asother references therein to thesecaptured documents, at pp. 5-
7.)

Thesedocuments are striking in their demonstration of the influence of the
Nicaraguan Government over the Salvadoran insurgency, not only in
matters of provision of armsbut of strategy and tactics (seedocs. K, R).As
will be shown below, the contents of these documents have received cor-
roboration from a number of sources.
21. The aid agreement between the United States and Nicaragua was
not signed until 17October 1980,although much of the funds had been
disbursed by that time.The Nicaraguan Government claimed in the Cheek
conversations which took place before signature that it was not sending
arms to the insurgents in ElSalvador.On 12September 1980,in an effort to
maintain good relations with the Nicaraguan Government, to give it the
benefit of its growing doubts, and despite the disturbing intelligence
reports which were the basis of the Cheek mission, President Carter cer-
tified to Congress that there was not evidence of aid and support by the
Nicaraguan Government of terrorism and violencein othercountries. This
decision is said to have been taken on the basis that the information then
available was not "conclusive" in respect of Nicaraguan Government
involvement in terrorist activities (seePresidential Determination No. 80-
26 of 12September 1980,reproduced in the Weekly Compilationof Presi-

dential Documents,Vol. 16,No. 37,p. 1712,quoted in itsletter to the Court
of 26November 1985and "Revolution BeyondOurBorders",op.cil.,p. 20).
But, contrary to the inference drawn by Nicaragua in the letter of 26 No-
vember 1985,to which the Court's Judgment appears to givecredence, this
does not convey the true picture of "the viewsof the United States Gov-
ernment ut the end of 1980concerning supposed support by Nicaragua to
El Salvadoran opposition forces .. ."(emphasis added). "Not until late
Decernber or early January", ShirleyChristian reports then United States
Ambassador Pezzullo informed her, "did the United States get a fuller
picture of howmuchNicaragua washelpingtheSalvadoran guerrillas" (op.
cit., p. 194).

22. In January 1981, in the light of that fuller picture, the Carter
Administration suspended certain aid deliveries. As the New York Times
put it :

"The United States suspended payments to Nicaragua from a
$75million economicsupportfund last weekbecause ofevidencethat
left-wingguerrillas in El Salvador havebeen supplied with arms from
Nicaragua, an officia1sourcesaidtoday." ("The U.S.Halts Nicaragua
Aid Over Help for Guerrillas", the New York Times, 23January 1981,
p. A3.) ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)406

tion en Amériquelatine qu'ils sesoient engagésinconditionnellement
à aider avant la.prisedu pouvoir. )(Doc. K,p. 4 ;voirla traduction en
langue anglaise donnéedans ((Revolution Beyond Our Border» s,p. 7,
ainsi que lesautres références quiy sont faites àcesdocuments saisis,
p. 5-7.)

Ces documents offrent une preuve remarquable de l'influence que le
Gouvernement nicaraguayen exerce sur l'insurrection salvadorienne, en ce
qui concerne non seiilement la fourniture d'armes mais aussi la stratégie et
la tactique (voirdoc. K, R). Comme indiqué plus loin, un certain nombre
de sources corroborent la teneur de ces documents.
21. L'accord d'assistance entre les Etats-Unis et le Nicaragua ne fut
signéque le 17octobre 1980,bien qu'une bonne partie des fonds eussent
étéversésavant cette date. Le ou verne m nicanrtguayen affirma, lors
des conversations avec Cheek qui précédèrent cette signature,qu'il n'en-

voyait pas d'armes aux insurgésd'El Salvador. Le 12septembre 1980,afin
d'essayer de maintenir de bonnes relations avec le Gouvernement nicara-
guayen et de lui accorder le bénéficede doutes pourtant grandissants, et
malgréles renseignirments préoccupants qui avaient motivé la mission
Cheek, leprésidentCarter certifia au Congrèsqu'il n'existaitpas de preuve
d'une assistance et d'un soutien du Gouvernement nicaraguayen au ter-
rorisme et à la violeiîcedans d'autres pays. Cette décisionaurait étéprise
parce que les élémerits dont on disposait alors au sujet de l'implication du
Gouvernement nicaraguayen dans des activités terroristes n'étaient pas
concluants O (voir l'attestation présidentielleno80-26 du 12septembre

1980, reproduite dans la Weekîy Compilationof Presidential Documents,
vol. 16, no37, p. 1712,et citéedans la lettre à la Cour en date du 26 no-
vembre 1985,ainsi que (Revolution Beyond Our Border ),op. cit.p. 20).
Cependant, contrairement à la conclusion tiréepar le Nicaragua dans la
lettre du 26 novembre 1985.et à laauelle la Cour dans son arrêtsemble
ajouter foi, cela ne traduit pas vraiment <(les vues du Gouvernement des
Etats-Unis à lafin de 1980 quant à l'appui qu'aurait fourni le Nicaragua
aux forces d'opposition au Salvador ... (les italiques sont de moi). Ce
n'est pas avant fin décembreou débutjanvier D,selon ce qu'aurait confié

à Shirley Christian l'ambassadeur des Etats-Unis, M. Pezzullo, (que les
Etats-Unis obtinrent un tableau plus complet de l'importance de l'aide
fournie par le Nicaragua aux guérilleros d'ElSalvador ))(op.cit., p. 194).
22. Enjanvier 1981,au vu de ce tableau plus complet, l'administration
Carter suspendit certaines formes d'assistance. Comme l'écrivitalors le
New York Times :

D'après des déclarationsfaites aujourd'hui de source officielle,
les Etats-Unis ont suspendu la semaine dernière les versements faits
au Nicaragua sur un fonds de soutien économiquede 75 millions de
dollars parce qii'ilsont acquis la preuve que lesguérilleros gauchistes
d'El Salvador ont étéapprovisionnés en armes par le Nicaragua.
(OThe U.S. Halts Nicaragua Aid Over Help for Guerrillas )),New
York Times, 23janvier 1981,p. A3.)Nevertheless, the withholding of arms shipments from Nicaragua to Sal-
vadoran insurgents in September 1980served the Sandinistas well, for it
enabled them to extract thegreat bulk of the economic aid whichhad been
authorized by the United States Congress. Their resumption of arms
shipments on a very large scale for the Salvadoran insurgents' "final
offensive" lost them a remaining tranche but, more important, prejudiced
the possibilities of future direct United Statesaid (whichhad already been
programmed) as wellas United States supportin multilateral institutions.
It was later to prove far more broadly prejudicial still.

E. The Reagan Administration Terminated Aidto the Nicaraguan
Government whileWaiving the Lotter's Obligationto ReturnAid already
Extended in the Hope thatits Supportfor Foreign InsurgenciesWould
Cease ; Subsequentiy, itTwiceOfficialiyOfferedtoResumeAid ifNicaragua
WouldStop Supporting Insurgencyin El Salvador, Offers WhichWerenot
Accepted

23. In view of the evidence of Nicaraguan support for the Salvadoran
insurgency, President Reagan made a deterrnination on 1 April 1981
terminating assistance to Nicaragua. The statement then issued by the
Department of State nevertheless declared :

"This Administration has madestrongrepresentations to theNica-
raguans to cease military support to the Salvadoran guerrillas. Their
response has been positive. We have no hard evidenceof arms move-
ments through Nicaragua during the past fewweeks,and propaganda
and some other support activities have been curtailed. We remain
concerned howeverthat somearms traffic maybecontinuing andthat
other support very probably continues.

Important U.S.security interests are at stake in the region.Wewant
to encouragea continuation of recent favorabletrends with regard to

Nicaraguan support for the Salvadoran guerrillas. We also want to
continue to assistmoderate forces in Nicaragua which are resisting
Marxist domination, working toward a democratic alternative and
keeping alive the private sector.

Recognizing the Nicaraguan response to date and taking into
account our national security interests in theegion the President has
decided to use his special authority under section 614 (a) (1) of the
FAA to maintain outstanding fully disbursed ESF loans to the Gov-
ernment of Nicaragua - that is, not to cal1 for their immediate
repayment.
Weare considering aresumption of P.L.-480and later development
assistance if the favorable trends there continue. We do not rule out
the eventual resumption of ESF assistance at a later time should the ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS SCHWEBEL) 407

Néanmoins,la suspension des envois d'armes du Nicaragua aux insurgés
d'El Salvador en septembre 1980fut profitable aux sandinistes, en leur
permettant d'obtenir le versement de la plus grande partie de I'aide éco-
nomique votéepar :leCongrès des Etats-Unis. La reprise d'expéditions
massivesd'armes en vue de I'<o (ffensive finaleH des insurgéssalvadoriens
leur en fit perdre la dernièrefraction et, cequi est plus important, remit en
cause lapossibilitéd'luneaide directe future (déjàprévue) ainsique l'appui
des Etats-Unis dans les institutions multilatérales.Elle se révélplus tard
beaucoup plus préjudiciable encore.

E. L'administration Reagan a mis fin à I'aide au Gouvernement
nicaraguayen en le dispensant de son obligation de rembourser I'aidedéjà
accordée, etce dans Pespoirqu'ilmettrait fin à son aide aux insurrectionsà
l'étranger;plus tard, l'administration Reagana offert à deux reprises de
reprendre l'aide sileYicaraguacessait d'appuyer l'insurrectionau Salvador,
mais ces offresn'ontpas étéacceptées

23. Au vu de preuves dont il résultaitque le Nicaragua avait repris son
soutien à 1'insurrec.tionsalvadorienne, le président Reagan adopta le
leravril 1981une attestation par laquelle il étaitmis finà l'assistance au
Nicaragua. La déclaration publiéealors par le département d'Etat indi-
quait cependant :

((La présente:administration a adresséde vigoureuses représenta-
tions aux Nicaraguayens pour lesinciter à cesserleur soutien militaire
aux guérilleros d'ElSalvador. Leur réponse a étépositive. Nous
n'avons pasde preuves concrètesde mouvements d'armes traversant
le Nicaragua ces dernièressemaines et les activitésde propagande et
certaines autres activitésde soutien ont diminué.Le fait au'un trafic
d'armes sepoursuit peut-être,et d'autres formes de soutien trèspro-
bablement, continue cependant à nous préoccuper.
D'importants intérêtd se sécuritédes Etats-Unis sonten jeu dans la
région. Nous voulons encourager le maintien des tendances favo-

rables récemment enregistrées en cequi concerne le soutien nicara-
guayen auxguérillerosd'El Salvador.Nousentendons aussi continuer
à assister au Nicaragua les forces modéréesqui résistent à la domi-
nation marxiste et s'efforcent d'Œuvrer en faveur d'uneoption démo-
cratique et de faire survivre le secteur privé.
Reconnaissant la manière dont le Nicaragua a réagi à ce jour et
compte tenu dc:nos intérêts de sécurité nationaledans la région,le
Présidenta décidé de faire usagede sespouvoirs spéciauxen vertu de
l'article 614) Ildu FAA pour maintenir les créditsESF qui ont été
versés en totalité au Gouvernement du Nicaragua - en d'autres
termes, pour ne pas exiger leur remboursement immédiat.

Nous envisageonsla reprise de P.L.-480et une assistance ultérieure
au développementsi les tendances favorables semaintiennent. Nous
n'excluons pas la reprise de I'assistance ESF ultérieurement si la situation in Nicaragua improve." (Documentson American Foreign
Policy, 1981,doc. 687, p. 1298.)

That is to say, in view of the fact that the Nicaraguan Government had
made a "positive response" to United States representations, apparently
by again suspending arms shipments to the Salvadoran guerrillas, Presi-
dent Reagan waived the provision of United States law that required
immediate repayment of economic support loans made to Nicaragua
because of the violation of the conditions of their extension, and he held
out the possibility of resumed economic assistance to Nicaragua should
recent favourable trends continue. This hardly appears to have been the
policy determination of a President who, from the outset, as Nicaragua
claims, had designed the pretext of Nicaraguan support of Salvadoran
guerrillas in order to justify overthrow of the Nicaraguan Government.

24. Thus, at that time, and subsequently, the United States informed
Nicaragua that it would be prepared to resume aid if the Nicaraguan
Government stopped its efforts to subvert other States in the region and
limited its already exceptional military build-up. On 12August 1981,then
Assistant Secretary of State Thomas O. Enders informed the most senior
leaders of the Nicaraguan Government in Managua that the United States
would be prepared to resume aid to it if it would cease support of insur-
gency in neighbouring States. The offer was not accepted.

F. TheReaganAdministrationMade Clearto the Nicaraguan Government
in 1981 that it Regarded the Sandinista Revolution "as Irreversible" ;

its Sole Conditionfor Co-existence Was Sropping theFlow of Arms to
El Salvador

25. The Nicaraguan Government has provided on its own initiative a
record of one of several conversations with Mr. Enders in Managua in
August 1981, and its own interpretation of that important exchange
(letter of26November 1985).It maybe usefulinitially toquote the impres-
sions of that exchange received by the then Ambassador of Nicaragua in
Washington :
"During my first days in my new post, 1received the impression
that the United States would not toleratea leftist military victoryin El

Salvador. In addition, some remarks by the U.S. Ambassador to
Nicaragua, Lawrence Pezzullo, hammered persistently on my rnind.
Ambassador Pezzullo,1venture to say,had developed sincerefeelings
of sympathy for my country. It was one day in the spring of 1981 -
sometimeafter the failure of the Salvadoran guerrillas'January 'final
offensive' - when he pleaded, amicably and candidly, that the
government in Managua refrain from aiding insurrection in the
neighboring nations. The Ambassador stressed that this was impor-
tant for Nicaragua's own wellbeing. situation au Nicaragua s'améliore.r)(Documents onAmerican Foreign
Policy, 1981,dm. 687, p. 1298.)

En d'autres termes, le Gouvernement nicaraguayen ayant réagide façon
positive aux rep:résentationsdes Etats-Unis, en suspendant apparem-
ment de nouveau les envois d'armes aux guérilleros salvadoriens,le pré-
sident Reagan renonçait à appliquer la disposition de la législationdes
Etats-Unis qui prévoyait le remboursement immédiat des prêts d'aide
économique accordks au Nicaragua,encas de violation de leurs conditions
d'octroi ;il indiquait en outre que l'assistance économiqueau Nicaragua
pourrait reprendre si les tendances favorables qui s'étaient manifestées

depuis peu se confirmaient. Ce n'est guère là le choix politique d'un
président qui, d'emblée, selonle Nicaragua, aurait saisi le prétexte de
l'appui du Gouvernement nicaraguayen aux guérillerosd'ElSalvadorpour
tenter de le renverser.
24. Ainsi à cette époquecomme par la suite, les Etats-Unis ont fait
savoir au Nicaragua qu'ils seraient disposéàreprendre leur assistance si le
Gouvernement nicsiraguayen cessait ses tentatives de subversion dans
d'autres Etats de la.région et modérait son effort déjà exceptionnel de
réarmement. Le 12 août 1981,Thomas O. Enders, alors secrétaired'Etat
adjoint, a informé les plus hauts dirigeants du Gouvernement nicara-
guayen à Managua que les Etats-Unis seraient disposés àreprendre leur
assistance si leur pays cessait d'appuyer l'insurrection dans les Etats voi-

sins. Cette offre n'a pas étéacceptée.

F. Lbdministration Reagan a préciséau Gouvernement nicaraguayen en
1981 qu'elle considt?rait la révolutionsandiniste « comme irréversible »,
l'unique conditionposée a la coexistence étant qu'il soit mis fin à l'envoi
d'armes au Salvador

25. Le Gouvernement nicaraguayen a de sa propre initiative commu-
niqué un compte rendu de l'un des entretiens importants qu'a eus
M. Enders à Managua en août 1981,en l'assortissant de sa propre inter-
prétation (lettre du 26 novembre 1985). Il peut êtreintéressant tout
d'abord de citer lesimpressions que l'ambassadeur du Nicaragua en poste
à Washington à cette époque a retiréesde ces entretiens :

Durant mes premiers jours de fonctions, j'ai eu l'impression que
les Etats-Unis ne toléreraient pas une victoire militaire gauchiste au
Salvador. En outre, certaines observations de l'ambassadeur des
Etats-Unis au 'Nicaragua, Lawrence Pezzullo, me poursuivaient de
façon persistante. Je crois pouvoir dire que M. Pezzullo éprouvede

sincères sentiments de sympathie pour mon pays. C'est pendant le
printemps de 1981 - quelque temps aprèsl'échecde l'offensive finale
dejanvier des guérillerossalvadoriens - qu'il a plaidé,de façon ami-
cale et sincère,pour que le Gouvernement de Managua s'abstienne
d'aider les insurrections dans les pays voisins. L'ambassadeur a sou-
lignéque cela étaitimportant pour le propre bien du Nicaragua. In August of 1981, the Assistant Secretary of State for Inter-
American Affairs, Thomas Enders, met with my superiors in Mana-
gua, at the highest level. His message was clear : in exchange for
non-exportation of insurrection and a reduction in Nicaragua's
armed forces, the United States pledged to support Nicaragua
through mutual regional security arrangements as well ascontinuing
econornic aid. His government did not intend to interfere in our

interna1affairs. However, 'you should realize that if you behave in a
totalitarian fashion, your neighbors might seeyou aspotential aggres-
sors'. Myperception was that, despite its peremptory nature, the U.S.
position vis-à-visNicaragua was defined by Mr. Enders with frank-
ness, but also with respect for Nicaragua's right to choose its own
destiny. He indicated that there was a fork in the road : one way
leading to friendship between the United States and Nicaragua ;the
other to separation between the two countries. Maybe, he said, Nica-
ragua had alreadyadvanced along this second route. However, it was
not too late to discuss an understanding." (Arturo J. Cruz, "Nicara-
gua's Imperiled Revolution", Foreign Affairs, Summer 1983,
pp. 1041-1042.)

26. Another, less diplomatic perspective on the Enders'conversation is
given by Edén Pastora :

"When Daniel Ortega told Fidel Castro of the FSLN talks with
Thomas Enders, ...he said that Enders had confided privately that as
a U.S. representative, he had come to Managua not to defend the
rights of thedemocraticopposition, but rather to insist that the FSLN
meddling in El Salvador must stop. ..Enders had come to Nicaragua
as President Reagan's representative to Saythat Nicaragua had been
givenup as lost - that it was the problem of the Democratic Party in
the U.S., and that the Republicans' problem was notNicaragua, but
El Salvador, which they had no intention of losing. Furthermore,
Enders had told Daniel that the Nicaraguans could do whatever they
wished - that theycouldimpose communism, theycould take over La

Prensa, they could expropriate private property, they could suit
themselves - but they must not continue meddling in El Salvador,
dragging Nicaragua into an East-West confrontation, and if they
continued along these lines, Enders said, they would be smashed."
(Edén Pastora Goméz,"Nicaragua 1983-1985 : Two Years Struggle
Against Soviet Intervention", Journal of Contemporary Studies,
Spring/Summer 1985,pp. 10-11.)

So much again for the central Nicaraguan contention in this case that the
object of the United States from the outset of the Reagan Administration
has been the overthrow of the Government of Nicaragua !Whether or not En août 1981,le secrétaired'Etat adjoint aux affaires interaméri-
caines, Thomas Enders, a rencontré au plus haut niveau mes supé-
rieurs à Managua. Le messagequ'il apportait étaitclair :en échange
d'une non-exportation de l'insurrection etd'une réduction desforces
arméesdu Nicaragua, lesEtats-Unis s'engageaient àappuyer leNica-
ragua par des arrangements mutuels de sécuritérégionale etpar la
poursuite de l'aide économique.Le Gouvernement des Etats-Unis
n'avait pas l'intention de s'immiscer dans nos affaires intérieures.
ou te fois, vous devez comprendre que si vous vous comportez en
totalitaires, vos voisins verront peut-être en vous des agresseurs

potentiels o. J'avais le sentiment que, malgré soncaractère péremp-
toire, la position des Etats-Unis vis-à-visdu Nicaragua était définie
par M. Enders (avecfranchise, mais aussi avec respect pour ledroit du
Nicaragua de choisir son propre destin. M. Enders a indiquéque l'on
se trouvaità une croiséedeschemins :l'unconduisant à l'amitiéentre
les Etats-Unis et le Nicaragua ; l'autreà un éloignementdes deux
pays. D'après lui, le Nicaragua s'étaitpeut-êtredéjà engagé surla
seconde voie. Il n'étaitcependant pas trop tard pour parvenir à
s'entendre. ))(Arturo J. Cruz, ((Nicaragua's Imperiled Revolution O,
ForeignAffairs, été1983,p. 1041-1042.)

26. EdénPastora, quant à lui,donne aux entretiens qui sesont déroulés
avec M. Enders unt: autre dimension, moins diplomatique :

<En rendant compte à Fidel Castro des entretiens que le FSLN
avait eus avec 'ThomasEnders, ..Daniel Ortega a déclaréqu'Enders
avait confiéen ]privéqu'en saqualitéde représentant des Etats-Unis il
étaitvenu àManagua non paspour défendrelesdroitsde l'opposition
démocratique,imaisplutôt pour insister pour que le FSLN mette fin à
toute ingérence:au Salvador ..qu'il étaitvenu au Nicaragua en tant

que représentant du président Reagan pour dire que le Nicaragua
était considéré comme perdu pour les Etats-Unis - que c'étaitlà le
problème du parti démocratedes Etats-Unis, mais que celui du parti
républicainétait nonpas le Nicaragua mais El Salvador, pays qu'il
n'avait pas l'intention de perdre. De plus, Enders avait dit à Daniel
que les Nicaraguayens pouvaient faire ce que bon leur semblait -
qu'ils pouvaiend imposer le communisme, qu'ils pouvaient s'appro-
prier La Prensa;qu'ils pouvaientexproprier lesbiens des particuliers,
qu'ils pouvaient agir à leur guise - mais qu'ils devaient cesserde se
mêlerde la situation au Salvador,d'entraîner le Nicaragua dans une

confrontation IEst-Ouest,faute de quoi ils seraient écrasés. (Edén
Pastora Gomez, «Nicaragua 1983-1985 :Two Years StruggleAgainst
Soviet Interverition ))Journal of ConremporaryStudies (printemps/
été1985),p. 10-11 .)

Là encore, voilà ce qu'il en est en réalitéde l'argument cléavancépar le
Nicaragua en la présente affaire, à savoir que les Etats-Unis ont eu pour
objectif dèsl'accessionde Reagan à la présidencede renverser le Gouver-Edén Pastora's recollectionof what DanielOrtega told Fidel Castroabout
what Mr. Enders said privately to Commander Ortega is accurate, the
record of theOrtega/Enders conversation supplied byNicaragua confirms
the essential point. The second sentence of Mr. Enders' exchange with
Commander Ortega quotes Mr. Enders as flatly declaring that the United
States sees the Sandinista revolution "as irreversible" (see below paras.
156-168,especially para. 157).

G. Before thisCourt,Representativesofthe GovernmentofNicaraguaHave
Maintainedthat the Nicaraguan Government Hus "Never"SuppliedArmsor
Other Material Assistance to Insurgents in El Salvador, Hus "Never"
Maintained Salvadoran Command and Control Facilities on Nicaraguan
Territory and "Never"Permitted its Territoryto Be Usedfor Trainingof
Salvadoran Insurgents

27. As observed in the body of this opinion, the Nicaraguan Govern-
ment has repeatedly, comprehensivelyand categoricallydenied that it,asa
Government,hassent armsand other material support to the insurgencyin
El Salvador, or supported insurgency in other countries of Central
America. The denials contained in testimony given to the Court, and in
officia1communications of the Nicaraguan Government to the Court, are
of the greatest importance to these proceedings. These leading examples
of Nicaragua's multiple, unqualified denials will suffice :

(a) The affidavit of Miguel D'Escoto Brockmann, Foreign Minister of
Nicaragua, of 21 April 1984,annexed to the Nicaraguan Application
and subsequently repeatedly reaffirmed in Court by the Nicaraguan
Government, attests :
"1 am aware of the allegations made by the government of the
United States that my government is sending arms, ammunition,
communications equipment and medical supplies to rebels conduct-

inga civilwaragainst the government of ElSalvador. Suchallegations
are false, and constitute nothing more than a pretext for the U.S. to
continue its unlawful military and paramilitary activities against
Nicaragua intended to overthrow my government. In truth, my gov-
ernment isnot engaged,and hasnot been engaged, in the provision of
arms or other supplies to either of the factions engaged in thecivilwar
in El Salvador." (Nicaraguan Application, Ann. B.)

(b) In sworn testimony before the Court,Commander Carrion declared :
"My Government has neverhad apolicyof sendingarmstoopposition
forces in Central America." (Hearing of 13 September 1985.)nement du Nicaragua !Qu'EdénPastora ait ou non un souvenir exact du
rapport fait par Daniel Ortega à Fidel Castro despropos que M. Enders lui
avait tenus en privé,lecompte rendu des entretiensentreOrtegaet Enders
communiqué par 11:Nicaragua confirme l'essentiel. Dèsla deuxième
phrase de son entretien avec lecommandant Ortega, M. Enders a déclaré
catégoriquementque les Etats-Unis considéraientla révolutionsandiniste
<(comme irréversible ))(voir ci-après les paragraphes 156 à 168 et en
particulier le paragraphe 157).

G. Devant la Cour, les représentants duGouvernement du Nicaragua ont
soutenu que celui-ci,n'avaitcjamais »fourni d'armes ou d'autre assistance
matérielle à l'insurrection au Salvador, ((jamais » eu d'installations
salvadoriennes decornmandementetde contrôlesurleterritoire nicaraguayen
ni cjamais » permis que son territoire fût utilisé pour l'entraînement
d'insurgés salvadoriens

27. Comme indiqué dans le corps mêmede la présente opinion, le
Gouvernement du Nicaragua a. àmaintes reprises, abondamment et caté-

goriquement nié avoir, entant que gouvernement, fourni des armes ou
quelque autre assistance matérielle à I'insurrection au Salvador, ou avoir
appuyéI'insurrection dans d'autres pays d'Amérique centrale.Les déné-
gations apportées à l'occasion de témoignagesdevant la Cour et dans les
communications officiellesque leGouvernement du Nicaragua a soumises
à la Cour sont de la plus haute importance en la présenteespèce.J'évo-
querai simplement, iititre d'exemple,trois de cesnombreuses dénégations
catégoriquesdu Nicaragua :

a) Dans son attestai:ion du 21 avril 1984jointe en annexe au mémoiredu
Nicaragua et ensuite maintes fois citéedevant la Cour par le Gouver-
nement du Nicaragua, M. Miguel d'Escoto Brockmann, ministre des
relations extérieuiresdu Nicaragua, déclarece qui suit :

J'ai connaiiçsancedes allégationsdu Gouvernement des Etats-
Unis d'Amériqueselon lesquelles mon gouvernement enverrait des
armes, des munitions et du matériel de transmission ainsi que des
fournitures médicalesaux rebelles qui se livrent à la guerre civile
contre leGouvernement d'El Salvador.Cesallégationssont fausses et
ne sont qu'un prétexte employépar les Etats-Unis pour continuer
leurs activités militaires etparamilitaires illicitescontre le Nicaragua

en vue de renverser mon gouvernement. En réalité,mon gouverne-
ment neparticipe pas etn'ajamais participé àla fourniture d'armesou
autres approvisionnements à l'unequelconque des factions opposées
dans la guerre civile au Salvador. (Mémoire du Nicaragua,
annexe B.)
b) Dans le témoignagesous serment qu'il a fait devant la Cour, le com-
mandant Carriori a déclaré : <(Mon gouvernement n'a jamais eu de

politique de fourniture d'armes aux forces d'opposition en Amérique
centrale. )(Audience du 13 septembre 1985.)(c) In answer to questions, the Agent of Nicaragua affirmed in a letter to
the Registrar of 26 November 1985 :

"As the Government of Nicaragua has consistently stated, it has
never supplied arms or other material assistance to insurgents in El
Salvadoror sanctioned the use of its territory for such purpose, it has
never permitted Salvadoraninsurgents to establish a headquarters or
operations base or command and control facility in Nicaraguan ter-
ritory and has never permitted its territory to be used for training of
Salvadoran insurgents."

H. TheNicaraguan GovernmentD , espite its Denials,in Fact HusActed as
the Principal Conduitfor the Provisionof Arms and Munitions to the
Salvadoran Insurgentsfrom 1979tothePresentDay ;CommandandControl
of the Salvadoran InsurgencyHus Been Exercised from Nicaraguan

TerritorywiththeCo-operationofthe CubanandNicaraguan Governments ;
Training of Salvadoran InsurgentsHus Been Carried out in Cuba and
Nicaragua ; the Salvadoran Insurgents' RadiS otationutOneTimeOperated
from Nicaraguan Territory; and Nicaraguan Politicaland Diplomatic
Support of the Salvadoran Insurgency Hus Been Ardent, Open and
Sustained

28. Evidence tending to show, and in some cases showing, material
support by the Nicaraguan Government of theinsurgency in ElSalvador is
substantial. No one bit of it, of itself,isconclusive. In viewof the situation
obtaining in Nicaragua, that is not surprising. Nicaragua is not democra-
ticallygoverned ; theopposition isnot in control of the Congress ;there is
no Select Cornmittee on Intelligence, no Boland Amendment restricting
the objects of Nicaraguan activity in El Salvador, no Freedom of Infor-
mation Act which obliges the Nicaraguan Government to release reports
of its activities, no uncensored press which prints reports revealing infor-
mation which the Government wishes to conceal. The Nicaraguan Gov-
ernment does not need toadopt legislation authorizing covert activities in
El Salvador and other Central American States ;and far from issuing a

public Executive Order prohibiting political assassination, there are
charges that ithas issueda secretOrder authorizing political assassination,
which is alleged to have been implemented hundreds of times. (See,Inside
the Sandinista Régime :A SpecialInvestigator's Perspectivep ,ublished by
the Department of State, 1985.It contains detailed allegations by Alvaro
JoséBaldizon Aviles, until recently Lieutenant, Nicaraguan Ministry of
the Interior, attached to the Ministry's SpecialInvestigations Commission,
who defected from Nicaragua carrying allegedly official documents which
support his allegations, the most vital of which isreproduced in the fore-
going publication. An article about Mr. Baldizon Aviles' charges was
published in the WashingtonPost, 19 September 1985, p. A26. See also
Robert S. Leiken'sarticle, loc.cit., p. 52, which reports his interview with ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 411

C) En réponse auxquestionsqui lui étaientposées, l'agentdu Nicaragua a
affirmé ce qui suit, dans une lettre en date du 26 novembre 1985
adresséeau Greffier :
Ainsi qu'il l'a constamment affirmé, leGouvernement du Nica-

ragua n'ajamais fourni d'armes ou d'assistance matérielle auxinsur-
gésau Salvador, ni acceptéque son territoire fût utiliséà une telle fin.
Il n'ajamais permis aux insurgéssalvadoriensd'établir un siège,une
base d'opérations oude commandement, ou un dispositif de contrôle
sur le territoire nicaraguayen, et il n'ajamais permis que son territoire
soit utilisépouiry entraîner les insurgés salvadoriens.

H. En dépit deses dénégationsl,e Gouvernement nicaraguayensert enfait
depuis 1979 deplaque tournantepour l'acheminementd'armeset demunitions
destinéesaux insurgéssalvadoriens; le commandement et le contrôle de
l'insurrectionsalvadclriennesont exercésàpartir du territoire nicaraguayen,

avec la coopérationdes gouvernements cubainet nicaraguayen ; les insurgés
salvadoriens sontent,~aînéàs Cuba et au Nicaragua ; à unmoment donné, la
station de rudiodfis.ion des insurgéssalvadoriensa émisàpartir duterritoire
nicaraguayen ; I'appiripolitique et diplomatique apportépar le Nicaragua à
l'insurrection salvadorienne est absolu, public et constant

28. Les élémentsqui tendent à démontrer - et dans certains cas
démontrent - que le Gouvernement du Nicaragua apporte une aide
matérielle àl'insurre,ctionau Salvador sont substantiels.Aucund'entre eux
n'est en soi concluant. Mais vu la situation au Nicaragua, ce n'est pas
surprenant. Le Nicaragua n'a pas de régimedémocratique, pas de parle-

ment dominépar l'opposition, pas de commission restreinte du renseigne-
ment ;iln'a ni amendement Boland limitant son action au Salvador, ni loi
sur la libertéde l'information obligeant le gouvernement àrendre publi-
ques ses activités,ni presse libre prompte àpublier toute information que
le gouvernement souhaite taire. Le Gouvernement du Nicaragua n'a
pas besoin d'adopter de loi autorisant sesactivités secrètes auSalvadorou
dans d'autres pays d'Amérique centrale ; et loin de prendre un décret pu-
blic interdisant les assassinats politiques, il aurait selon certaines sources
pris secrètement un décret autorisant de tels assassinats, lequel aurait

étéappliquédes ceritaines de fois (voir Inside the Sandinista Régime :A
Special lnvestigator'~ Perspective, publié par le département d'Etat en
1985.Cerapport contient desallégations précisesavancéep sar AlvaroJosé
Baldizon Aviles,récemmentencorelieutenant attaché à la commission des
enquêtesspéciales diuministèrede l'intérieur,qui a quittéle Nicaragua en
emportant avec lui des documents censément officiels qui étayent ses
allégations et dont le plus important est reproduit dans la publication
susmentionnée. Un article sur les accusations portées par M. Baldizon
Aviles a paru dans le WashingtonPost du 19septembre 1985,page A26.

Voir aussi l'article di: Robert. Leiken, loc. citpage 52, qui rend compteBaldizon and the comments on Baldizon's charges by the director of
Americas Watch. The assassination on 17November 1980by Sandinista
agents of Jorge Salazar, Acting President of the Nicaraguan Superior
Council of Private Enterprise (COSEP), has been charged by COSEP. See
The Nicaraguan RevolutionaryProcess, a study made by COSEP in 1983,
revised, translated and updated by the Nicaraguan Information Centre in

January, 1985,pp. 3-4. That charge is accepted as accurate by informed
students of the Nicaraguan revolution. SeeChristian, op. cit.pp. 181-184,
and Dickey, op.cit.,pp. 80-82.)In the nature of the governmental systemin
power in Nicaragua, and in viewof the many advisersoccupying positions
in Nicaraguan Government ministries who come from foreign totalitarian
régimes,it maybeexpected that evidenceof actswhichitsGovernment has
reason to conceal willnot easily come to light. Nevertheless, despite these
considerations. evidence of what the Nicaraguan"Government denies is
considerable - and sufficient.

1. Admissions by authorities of the Nicaraguan Government

29. The Court rightly givesparticular weight to admissions of fact by a
party to a case which are contrary to its interests. It is the more striking
that, in this case, a Party which has denied a critical fact so categorically
and comprehensively as Nicaragua has nevertheless made a number of
significant admissions. Whilethoseadmissions do not taketheform ofacts
of Congress, signedby the President and printed in Nicaragua's equivalent
of theCongressional Record, they are,in the governingcircumstances, more
than suggestive.

30. The President of Nicaragua, Commander Daniel Ortega Saavedra,
granted an interviewin January 1985to a distinguished Peruvian novelist,
Mario Vargas Llosa, who subsequently published an account of his

month's stay and many interviews in and conclusions about Nicaragua,
"In Nicaragua", the New York Times Magazine, 28 April 1985. In the
interview, President Ortega is quoted as assuring Mr. Vargas that "our
interna1 tensions will be resolved. That's not the hard part." President
Ortega continued :

"The hard part is negotiation with the United States. There's the

root ofal1our problems. President Reagan has not renounced the idea
of destroying us. He seemsto negotiate, but then he pulls back ... He
wants us to surrender.
We'vesaid that we'rewilling to send home the Cubans, the Rus-
sians, the rest of the advisers. We're willing to stop the movement of
military aid, or any otherkind ofaid, throughNicaraguato El Salvador,
and we'rewillingto accept international verification. In return, we're
asking for only one thing : that they don't attack us, that the United
States stop arming and financing . . the gangs that kill our people,
burn our cropsand force us to divert enormous human and economicde l'interviewque Baldizon lui a accordée etdesobservations du directeur
d'Americas Watch sur les accusations de Baldizon. Le conseil supérieur
des entreprises privées(COSEP) a accusédes agents sandinistes d'êtreres-
ponsables de l'assassinat, le 17 novembre 1980, de son président par
intérim, Jorge Salazar. Voir The Nicaruguan Revolutionary Process, étude
réalisée par leCOSEP en 1983,revue, traduite et mise àjour par le centre
d'information nicaraguayen enjanvier 1985,pages 3et 4. Des exégètesde
la révolutionnicaraguayenne tiennent cette accusation pour fondée. Voir
Christian, op. cit.pages 181 à 184,et Dickey, op. cit.pages 80 à 82.) Eu
égard à la nature du régime nicaraguayen et à la présencedans les minis-

tères nicaraguayens de nombreux conseillers qui viennent de régimes
totalitaires étrangers, on peut supposer qu'il nesera pas facile de percerà
jour ce que le Gouvernement du Nicaragua a des raisons de cacher. Cela
n'empêchepas qu'il existedes preuves abondantes - et suffisantes- de ce
que nie ce gouvernement.

1. Faits reconnuspur des membres du Gouvernementdu Nicaragua

29. La Cour, àjuste titre, accordeun poids particulier aux déclarations
d'une partie portant sur des points de fait lorsque ces déclarationsvont à
l'encontre de ses intérêtsI.l est remarquable qu'en la présente affaire une
partiecomme le Nicaxagua,qui nieaussi catégoriquementeten bloc un fait
crucial, ait cependant fait un certain nombre de déclarations importantes
qui reviennent à le reconnaître. Il ne s'agit certes pas de lois du Congrès,
signéespar le Président et publiées dans l'équivalent auNicaragua du
CongressionulRecord, mais cesélémentsn'enconstituent pas moins, vu les
circonstances, des indices sérieux.
30. Le président du Nicaragua, le commandant Daniel Ortega Saave-

dra, a accordé en janvier 1985 une interview à un éminent romancier
péruvien,Mario Vargas Llosa, lequel a par la suite publié unreportage sur
le mois qu'il avaitpasséau Nicaragua, les nombreuses interviews qu'il y
avait recueillieset les.conclusions auxquelles ilétaitparvenu. Ce reportage
aparu sous le titre In Nicaragua ))dans leNew York Times Magazine du
28 avril 1985.Au cours de l'interview, le présidentOrtega aurait déclaré à
M. Vargas :«nos tensions internes seront résolues, là n'est pas la diffi-
culté o.Il aurait poursuivi :

La difficult~i.c'est la négociation avecles Etats-Unis. C'est de là
que viennent tous nos problèmes. Le président Reagan n'a pas re-
noncé à l'idéede nous détruire. Il semble négocier, puis il fait
machine arrière ...Il veut notre capitulation.
Nousavons dit que nous sommesdisposés àfaire partir lesCubains,
les Soviétiques et les autres conseillers ; ù suspendre sous contrôle
internutionul tout transit par notre territoire d'aide milituire ou autre
destinéeaux Sulvudoriens.Nous avonsdit que la seulechose que nous

demandions était que l'on ne nous attaque pas et que les Etats-Unis
n'arment pas et ne financent pas ...les bandes qui entrent chez nous
pour nous tuer, pour brûler lesrécoltes etqui nous obligent àdétour- resources into war when wedesperately need them for development."
(At p. 17 ;emphasis supplied.)

Now President Ortega was not writing a State paper, he was talking - just
as President Reagan, at his famous press conference, did not write a State
paper about the modalities of Nicaragua's adjustment of its policies but
spoke of Nicaragua's saying"uncle". That wasa revealingremark ;no less
isPresident Ortega's.And what does President Ortega Say ?Heisquoted -
not reported, but quoted - byawriter of highreputation in a newspaper of
unexcelled reputation as stating the following :

"We're willing to stop the movement of military aid, or any other
kind of aid, through Nicaragua to El Salvador, and we'rewilling to
accept international verification. In return, we'reasking for only one
thing :... that the United States stop armingand financing ... the
gangs that kill Ourpeople . . ."

Now President Ortega would not speak of stopping the movement of

military aid through Nicaragua to El Salvador if such movement were not
in progress. Onecannot stop what has not started. One cannot stop what
does not continue. The United States indubitably is arming the contras ;
that must stop ;"in return", President Ortega says, Nicaragua is willing
"to stop" the movement of its military aid througkNicaragua to El Sal-
vador. How truly al1that rings !
31. Of course, if one is intent on minimizing any admissions of Nica-
ragua, while maximizing admissions of the United States, one may find
reason to minimizethisadmission. President Ortega and Mr. Vargasspoke
in Spanish ; the whole of Vargas' articleis translated from Spanish. One
may suggest that there was an error in translation. Such a speculation,
however,islaid to restby President Ortega's words in the originalSpanish,
which were :

"Lo dificil es la negociacion con Estados Unidos. De alli viene
todo el problema. El presidente Reagan no renuncia a acabar con
nosotros y, por eso, aparenta negociar, pero luego da marcha atras,
como en Manzanillo. No quiere negociacion. Quiere que nos rinda-
mos. Hemos dicho que estamos dispuestos a sacar a los cubanos,
soviéticosy demas asesores ; a suspender todo transit0 por nuestro

territorio de uyuda militar u otra a los salvadoreiïos, bajo verificacion
internucional. Hemos dicho que Io unico que pedimos es que no nos
agredan y que Estados Unidos no arme y financie,jactandose de elIo
ante el mundo, a las bandas que entran a matarnos, a quemar las
cosechas, y que nos obligan a distraer enormes recursos humanos y ner d'énormesrt:ssources humaines et économiques dont nous avons
le besoin le plu:; pressant pour le développement. H (P. 17 ; les ita-

liques sont de moi.)
Leprésident Ortegarierédigeait pasiciun document officielmais ilparlait
- tout comme le président Reagan, lors de sa fameuse conférence de
presse, ne rédigeait ]pasun document officiel traitant des modalités de
l'ajustement de la politiquenicaraguayenne, mais déclaraitqu'ilentendait
que le Nicaragua imette les pouces )).C'étaient là des propos qui en

disaient long,maisceux du présidentOrtegane sontpas moins révélateurs.
Et quedit leprésident Ortega ? Sesparoles sont citéesentre guillemets - il
n'enest pas simplement rendu compte, ellessont citées - par un auteur de
renom s'exprimant dans unjournal de réputationinégaléed ,ans lestermes
suivants :

((nous sommes disposés ...à suspendre sous contrôle international
tout transit par notre territoire d'aide militaireou autre destinéeaux
Salvadoriens. Nous avons dit que la seulechose que nous demandions
était ...que les Etats-Unis n'arment pas et ne financent pas ...les
bandes qui entrent chez nous pour nous tuer ...

Le président Ortega n'aurait pas parlé de suspendre le transit de l'aide
militaire au Salvador par le Nicaragua si un tel mouvement n'avait pas

existé.On ne peut mettre fin àcequi n'apas commencé.On ne peut mettre
fin àcequi ne sepoursuit pas. Les Etats-Unis,indubitablement, arment les
contras : cela doit cesser;enretour dit leprésidentOrtega,leNicaragua est
prêta t(suspendre tout transit par son territoire d'aide militairedestinée
aux Salvadoriens. Voilà qui est sincère !
31. Naturellement, si l'intention est de minimiser toute déclaration du
Nicaragua contraire à ses intérêts tout engrossissant les déclarations du
même genre desEtats-Unis, on peut trouver des raisons de minimiser la
déclaration qui vient d'être citéeL .e président Ortega et M. Vargas par-
laient en espagnol et l'article de M. Vargas est entièrement traduit de

l'espagnol, cequi permet d'insinuer qu'il y a eu erreurde traduction. Mais
cettehypothèse ne tient pas sion sereporte à laversion originale espagnole
ci-après des propos du président Ortega :

Lo dificil es la negociacion con Estados Unidos. De alli viene
todo el problemia. El presidente Reagan no renuncia a acabar con
nosotros y, por eso, aparenta negociar, pero luego da marcha atras,
como en Manzanillo. No quiere negociacion. Quiere que nos rinda-
mos. Hemos dic;ho que estamos dispuestos a sacar a los cubanos,
soviéticosy demas asesores ; a suspender todo transit0 por nuestro
territorio de ayuda militar u otra a los salvadorefios, bajo verificacion
internacional. Hemos dicho que Io unico que pedimos es que no nos
agredan y que Estados Unidos no arme y financie,jactandose de el10
ante el mundo, a las bandas que entran a matarnos, a quemar las

cosechas, y que nos obligan a distraer enormes recursos humanos y economicos que nos hacen una falta angustiosa para el desarrollo."
(This Spanish text of the quotation of President Ortega's original
words is found in a Spanish version of the Vargas Llosa article in
Madrid's ABC, 12 May 1985, under the title "El Sandinista, Tran-
quilo" ;emphasis supplied.)
Or one may suggest that, since the quotation isprinted ina newspaper, one
must assume that it may be in error. Or one may suggest that, since the

writer is a novelist, he made it up. Or one may suggest that, if President
Ortega said it, he did not mean it.
32. But, if one isinterested in an objective assessment of what the Chief
of a State is authoritatively quoted as having said, then it will not be
possible to pass off this admission of President Ortega. Moreover, if this
quotation as translated into English is in any measure inaccurate, there is
every reason to conclude that the Nicaraguan Government would have
required the publication of a correction, which, by standing policy of the
New YorkTimes,would promptly have been published. No suchcorrection
has been requested or published (letter of 31 December 1985of Martin
Arnold, Deputy Editor, the New York Times Magazine,to me). As the
representative of El Salvador, who read out the quoted remarks of Presi-
dent Ortega, declared to the General Assembly of the United Nations,
"This is an eloquent confession" (A/40/PV.90, p. 83). President Ortega's
words in their original Spanish are even more inculpatory, admitting as
they do that Nicaragua could "suspend" the provision of arms to the
Salvadoran insurgents. The quotations of Nicaraguan spokesmen which
follow may reasonably be appraised in the light of President Ortega's
admission, in 1985,that military aid is moving through Nicaragua to El

Salvador - a process which, he admits, Nicaragua has not stopped but
could.

33. Those quotations willbe presented inchronological order. Butfirst,
it is ofinterest to note that, as recently as April 1986,President Ortega
made a second public statement which reinforces the thrust of that just
quoted. In an article by Clifford Krauss in the WallStreet Journalof 18
April 1986,at page 2, there is a report of an interview which President
Ortega granted in Managua on 16April 1986in which he declared that
Nicaragua is ready to negotiate and sign with the United States a mutual
security treaty that would convert Central America into "a neutral zone"
free of East-West competition. The article continues :

"In proposing a bilateral treaty with the U.S., Mr. Ortega said
Nicaragua is ready to agree to a withdrawal of al1foreign military
advisors and a halt to aid for 'irregular forces' in the region. In
exchange, he said, the U.S. would have toend its military pressure on
Nicaragua and cease military maneuvers in the region. He called the
proposed treaty 'a reciprocal arrangement'." ACTIVITÉS MILiTAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 414

economicos que nos hacen una falta angustiosa para el desarrollo.

(Ce texte en espagnol des propos tenus en espagnol par le président
Ortega est tiré(d'uneversion espagnole de l'article de Vargas Llosa
paru dans l'ABC de Madrid daté du 12 mai 1985, sous le titre El
Sandinista, Tranquilo )); les italiques sont de moi.)

Ou bien on peut laisser entendre que la citation étant extraite d'unjournal
idoit y avoir unefautetypographique ou que l'auteur. étantromancier. ila
brodé. Enfin on pourrait dire que, si le président Ortega a prononcé ces

paroles, ce n'étaitpas sérieusement.
32. Mais si l'on veut apprécier objectivement les propos du chef de
I'Etat citéspar une sourceautorisée, ilest impossible de passer sous silence
ce quasi-aveu du président Ortega. De plus. si la traduction en anglais de

ces propos avait étéiant soit peu incorrecte. ily a tout lieu de croire que le
Gouvernement du Nicaragua aurait demandé la publication d'un rectifi-
catif. ce que le New York Times. suivant une politique bien établie, lui
aurait accordé immédiatement. Or. aucun rectificatif n'a étédemandé ni
publié(d'aprèsla lettre du 3 1décembre 1985qui m'a étéadresséepar Mar-

tin Arnold, directeur adjoint du New York TinzesMuguzine). Ainsi que le
représentant d'El Salvador. qui a donné lecture des propos citésdu pré-
sident Ortega devant l'Assembléegénéraledes Nations Unies, l'adéclaré.
voilà un aveu éloquent ))(A/40/PV.90, p. 83). Les propos du président
Ortega tels qu'ilsont étéprononcés à l'origine en espagnol sont mêmeplus

accusateurs que leur ,iraduction en anglais (Oweare willing to stop D). puis-
que leur auteur adinet que le Nicaragua pourrait <<suspendre ))la livrai-
son d'armes aux insurgés salvadorieiis. Les déclarations du porte-parole
du Nicaragua citéesci-aprtis pourront êtrefort bien appréciéesà la lumitire
de ce quasi-aveu fait en 1985 par le président Ortega, lorsque celui-ci a

admis qu'une aide militaire transitait vers El Salvador par le Nicaragua.
et que le Nicaragua aurait pu y mettre fin mais ne l'avait pas fait.
33. Les déclarations en question seront citéesdans l'ordre chronolo-
gique. Mais il n'est pas sans intérêtde noter tout d'abord que récemment
encore. en avril 1986,le président Ortega a fait une deuxième déclaratioii

publique qui renforce la portée de celle déjà citée.Dans un article publik
dans le WuIl Srrrrr Jourtlul du 18avril 1986.à la page 2, Clifford Krauss
rend compte d'une interview que le président Ortega a accordée à Mana-
gua le 16avril 1986et au cours de laquelle il a déclaréque le Nicaragua est
prêtà négocieret à signer avec les Etats-Unis un traitéde sécuritémutuelle

qui ferait de l'Amérique centrale une (1zone neutre 10.soustraite à la
compétition Est-Ouest. L'article se poursuit en ces termes :

En proposant un traitébilatéral avec les Etats-Unis. M. Ortega a
indique que le Nicaragua est prêtà convenir d'un retrait de tous les
conseillers militilires étrangerset d'une cessation de l'aide aux forces
irrégulières O dans la région. En échange. a-t-il dit. les Etats-Unis
devraient mettre fin à leurs pressions militaires sur le Nicaragu:~ et

cesser leurs man.wiivresmilitaires dans la région.IIa qualifiéle traité
;iiiisi proposé d"~arrangement réciproque. )) It will beobserved that President Ortegaaffirms that Nicaragua isready to
agree to a halt in aid for irregular forces in the region, and that this
agreement on Nicaragua's part would be in exchange for the ending of
United States rnilitary pressure upon Nicaragua. This would be what
President Ortega calleda "reciprocal arrangement". The ineluctable impu-
tation is that Nicaragua is prepared to stop itscontinuing aid to irregular
forces if the United States is prepared to stop itsexertion of rnilitary
pressure upon Nicaragua. If the Court is correct in concluding that there
cannot be imputed to Nicaragua the sending of military aid to Salvadoran
irregulars at any time, and certainly not after early 1981,how is it that
President Ortega in 1985and 1986haspublicly madestatements soat odds
with theCourt's conclusion ?Who may be presumed to be better informed

on this question, President Ortega or the Court ?

34. In 1969,the FSLN published the first detailed statement of itsgoals.
The Sandinistas declared that they stood for 15policies, including :"14.
Struggle for a 'true union of the Central American peoples within one
country,' beginning with support for national liberation movements in
neighboring states." (Quoted in Nolan, loc. cit.p. 37.)

35. In September 1979,shortly after the Sandinistas took power, the
National Directorate of the FSLN called an assembly to enable "inter-
mediate leadership cadres" to directly exchange viewswith the leadership.
As a result of those exchanges, general guidelines were drawn up and a
report of the three-day meeting - the so-called "72-hour Document" -
was circulated among Sandinista membership. The report is of interest.
For example, as early as September 1979,when the United States was
sendingNicaragua moreaid than anyother Western State,thereport states

that

"the real eriemy that we would have to confront was the imperialist
power of the United States, the treachery and demagoguery of the
reactionary local bourgeoisie being less important".

As early as September 1979,when more elements of pluralism remained
than are vital today, the "72-hour Document" asserted :"We can assert
without fear of error that Sandinism represents the sole domestic force."
Of particular interest to the large build-up of Nicaraguan armed forces
then beginning is the report's conclusion that "the defeated National
Guard cannot possibly organize an attack on us for the time being" and
that none of Nicaragua's neighbours would dare to back the National
Guard ;the report indicated that there was no need for large armed forces
to deal with the non-existent prospect of armed counter-revolution. As to

foreign policy, the 72-hour Document declares :Il està noter que le président Ortega affirme que le Nicaragua est prêt à

convenir d'une cessation de l'aideaux forces irrégulièresdans la région,et
qu'en échange lesEtats-Unis devraient mettre fin à leurs pressions mili-
taires sur leNicarag.ua.C'est ceque le président Ortega a qualifiéd'ccar-
rangement réciproque o. Une déduction s'impose inéluctablement : le
Nicaragua est prêt àmettre fin à sonaide suivieaux forcesirrégulièressiles
Etats-Unis sont disposés àmettre un terme à leurspressions militaires sur
leNicaragua. Sila Cour est fondée àconclure qu'on ne saurait imputer au
Nicaragua l'envoi à aucun moment d'une aide militaire aux forces irrégu-
lièressa1vadorienne:j.et certainement pas aprèsle débutde l'année1981,
comment se fait-il que leprésidentOrtega. en 1985et en 1986,ait fait des

déclarations publiques qui infirment a ce point cette conclusion ? Qui est
censéêtrele mieux au fait de cette question, le président Ortega ou la
Cour ?
34. En 1969,leFSLN a publié lepremier exposé détailléde sesobjectifs.
Les sandinistes ont déclarédéfendrequinze principes, dont :« 14.Lutter
en faveur de l'instauration d'une c(union véritabledespeuples d'Amérique
centrale à l'intérieur d'un seul et mêmepays O, en commençant par
appuyer les mouvements de libération nationale dans les pays voisins. ))
(Citédans Nolan, loc.cil.,p. 37.)

35. En septembre 1979, peu après que les sandinistes eurent pris le
pouvoir, le directoire national du FSLN convoqua une assembléepour
permettre aux c(cadres moyens ))de procéder à un échangede vues direct
avec les dirigeants. A la suite de cet échangede vues, des directives géné-
rales furent élaborées et un rapport sur la réunionde troisjours - rapport
appelé ((document ties soixante-douze heures - fut distribué parmi les
sandinistes. Ce rapport est digned'intérêtP . ar exemple on peut y lire que
dèsseptembre 1979,alors que lesEtats-Unis apportaient au Nicaragua une
aide supérieure à celle de tout autre Etat occidental :

levéritableennemi auquel nous aurions àfaire face est la puissance
impérialistedes Etats-Unis, le problème de la traîtrise et de la dé-
magogie de la bourgeoisie réactionnaire locale étant moins impor-
tant o.

Dèsseptembre 19791a ,lors que les survivances du pluralisme étaient plus
nombreuses qu'aujourd'hui, le <document des soixante-douze heures
affirmait : <(nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que le
sandinisme représente la seule force interne o. Il est particulièrement

intéressantde noter,compte tenu de l'intensification du potentiel militaire
nicaraguayen qui s'amorçait alors,que le rapport conclut que c(la garde
nationale vaincue cie peut organiser pour le moment d'attaque contre
nous et qu'aucun des voisins du Nicaragua n'oserait appuyer la garde
nationale ;ilest aussi indiquéqu'il n'estpas besoin de disposerd'une force
arméeimportante pour faireface à laperspective inexistante d'une contre-
révolution armée.S''agissantde la politique étrangère,on trouve dans le
document des soixante-douze heures le passage suivant :416 MILlTARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS .P. SCHWEBEL)

"The foreign policy of the Sandinist People's Revolution is based
on .. .theprinciple of revolutionary internationalism. The goal of the
FSLN's foreign policy is to consolidate the Nicaraguan revolution,
because this will help strengthen the Central American, Latin
American and worldwide revolution . . .our general approach to
foreign policy [is to].. help further the struggles of Latin American
nations against fascist dictatorships and for democracy and national
liberation . . . we should underscore the need to counteract the
aggressive policy of the military dictatorships in Guatemala and El
Salvador by taking proper advantage of the interna1 frictions there,
while stressing our differences with Honduras and the friendly con-
duct of Costa Rica and Panama." ("Analysis of the Situation and

Tasks of the Sandinista People's Revolution", 5 October 1979.
English translation contained in unclassified Department of State
airgram A-103 from Managua of 26 December 1979.)

36. In January 1980,Minister of the Interior Tomas Borge, at a cere-
mony in Havana marking the 21st anniversary of the Cuban revolution,
declared :

"Nicaragua must express its solidarity with the other Latin Ameri-
can peoples struggling against or defeating imperialism or trying to
shake off the yoke of foreign masters ... That is what we must learn
from our Cuban brothers, who, despite their limitations and their
poverty, havebeen generous with our people. Tomorrow, ifnecessary,
we may have to take the food out of our mouths to expresssolidarity
with other Latin American brothers with the sameaffection, firmness,
and solidarity that the Cubans have shown." (Panamanian News
Agency ACAN, 4 January 1980.)

37. In June 1980, Commander Borge, addressing a North Korean
audience, declared that "the Nicaraguan revolutionaries will not be
content until the imperialists have been overthrown in al1parts of the
world . .."(FBIS, North Koreu, 12June 1980, p. D16).
38. On 10January 1981,with the launching of the "final offensive" by
Salvadoran guerrillas to overthrow the Government of El Salvador, the
guerrillas, broadcasting from a clandestine radio station located in Nica-
ragua, proclaimed that "the decisive hour has come . ..for the seizure of
power" (FMLN-FDR, El Salvador on the Threshholdof a Democratic
Revolutionury Victory, pp. 82-83). Radio Managua took up the call,

broadcasting :
"A few hours after the FMLN General Command ordered a final
offensive to defeat the régime establishedby the military-Christian
Democratic junta. the first victoriesin the combat wagedby Ourforces
began being reported." ("Revolution BeyondOur Borders", p. 9.) ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 416

La politique étrangère de la révolution populaire sandiniste
repose sur ... le principe de l'internationalisme révolutionnaire. La

politique étrangère du FSLN a pour objectif de consolider la révo-
lution nicaraguayenne,ce qui permettra de renforcer la révolutionen
Amérique centrale, en Amérique latine et dans le monde ... Elle vise
de façon généraleà contribuer à renforcer les luttes livréespar les

pays d'Amérique latine contre les dictatures fascistes et en f~veur de
l'instauration di: la démocratie et de la libération nationale ... IIfaut
insister sur la nécessitéde contrecarrer la politique d'agression des
dictatures militiiires du Guatemala et d'El Salvador, en tirant profit
des frictions internes dans ces pays. tout en soulignant nos diffé-

rences avec le Honduras et la conduite amicale du Costa Rica et du
Panama. ))(OAnalysis of the Situation and Tasks of the Sandinista
People's Revolution O,5 octobre 1979.Traduction en anglais figurant
dans l'aérogramme microfilmé non confidentiel du département

d'Etat A-103, datéde Managua, du 26 décembre 1979.)

36. En janvier 1980. Tomas Borge, ministre de l'intérieur, assistant à
une cérémonieorganisée à La Havane à l'occasion du vingt et unième
anniversaire de la révolution cubaine, déclarait :

Le Nicaragua doit exprimer sa solidarité avec les autres peuples

d'Amérique latinequi luttent contre l'impérialismeou qui s'efforcent
de secouer le joug de maîtres étrangers... C'est ce que nous devons
apprendre auprl2sde nos frères cubains. qui, nonobstant la faiblesse
de leurs moyens et leur pauvreté. ont étégénéreux avecnotre peuple.
Et demain, s'il le faut, nous nous priverons de manger pour exprimer

notre solidarité avec nos frères d'Amérique latine. avec la même
affection, fermeté et solidarité que les Cubains ont manifestées. ))
(Agence de presse panaméenne ACAN, 4 janvier 1980.)

37. En juin 1980. le commandant Borge déclarait devant un auditoire

nord-coréen : (les r~évolutionnairesnicaraguayens n'auront de cesse que
les impérialistes n'aient étérenversés dans le monde entier ..>)(FBIS,
Corée duNord, 12juin 1980, p. D16).
38. Le 1Ojanvier 1981, au moment de I'«offensive finale Olancéepar la
guérillasalvadorienrie pour renverser le Gouvernement d'El Salvador, les

guérilleros, émettanitdepuis une station de radio clandestine située au
Nicaragua, annoncèrent que (<l'heure [était]venue ..en vue de la prise du
pouvoir 1)(FMLN-FDR. El Sulvudor on the Threshold of u Dernocrutic
Revolutionury Victory, p. 82-83). Radio Managua, prenant le relais.

affirma :

((Quelques heures après que l'ordre de lancer l'offensive pour
abattre le régime mis enplace par lajunte militaire démocrate chré-
tienne eut étédlonnépar le commandement généraldu FMLN, on
signalait les premières victoires remportées par nos forces. (((Rrvo-
lution Beyond Our Borders i),p. 9.) 39. A fewdays before, Nicaraguan Foreign Minister D'Escoto had had
the following broadcast exchange :

"[Question] Mr. Foreign Minister, could you tell us something
about the rumors that Nicaraguan combatantsare participating in the
Salvadoran people's liberation struggle ?
[Answer] 1am not in a position to deny that there are Nicaraguans
there.1would evenfind itverystrange if there wereno Nicaraguans -
Nicaraguans whohavelivedin ElSalvadorfor a longtime,plus others

who may have gone to El Salvador more recently.

A short time ago, however, we heard a report that referred to
Nicaraguan mercenaries. If there are any Nicaraguan mercenaries,
they would have to be national guardsmen hired by the Salvadoran
Army. The term mercenary is not applicable when referring to a
liberation group. In any event, the only thing that has been confirmed
is the presence of U.S. mercenaries, who are fighting against the
Salvadoran people." (FBIS, Panama City Televisora Nacional,
7 January 1981 .)

A fewdays later, theNicaraguan Foreign Minister amplified hisviews.An
AFP dispatch broadcast on 14 January 1981 (FBIS, Central America,
15January 1981,p. 17)reported :

"Nicaraguan Foreign Minister Migueld'Escotodescribed here this
afternoon a report that two barges full of guerrillas from Nicaragua
had landed in El Salvador as a 'complete invention'.

D'Escoto added that his government cannot prevent Nicaraguans
from 'voluntarilyjoining the defense of the Salvadoran people'.

'1said in Ecuador that it isnot unusualforNicaraguan guerrillas to

be in El Salvador participating in the struggle the Salvadoran people
are waging for their liberation', d'Escoto stressed.

D'Escoto said that 'a difference must be made between a mer-
cenary, who struggles in another country for a salary or for pay,
and a guerrilla, who strugglesout of solidarity with a people pursuing
their liberation or ideals'."

40. Also in January 1981,another comandante,according to Managua
Radio Sandino (FBIS, CentralAmerica,29 January 198 1,p. 11)spoke as
follows on the theme "El Salvador Will Overcome" :

"Commander of the Revolution Carlos Nunez, member of the 39. Quelques jours plus tôt, le ministre des relations extérieures du
Nicaragua, M. d'Escoto, avait déclaréau cours d'une interview télé-
visée :

<<(Question :jMonsieur le ministre, qu'en est-ildes rumeurs selon
lesquelles des combattants nicaraguayens participent à la lutte de
libérationque livre le peuple salvadorien ?

[Réponse :] Je ne suis pas en mesure de nier qu'il y a la-bas des
Nicaraguayens. Je trouverais mêmeétrangequ'iln'yait pas là-bas de
Nicaraguayens - des Nicaraguayens qui vivent au Salvador depuis
longtemps, et d'autres Nicaraguayens aussi qui sont peut-êtrearrivés
au Salvador pluisrécemment.

Mais il y a peu, nous avons entendu parler d'un rapport où il est
question de mer,cenairesnicaraguayens. Simercenaires nicaraguayens
il y a, il doit s'agirde gardes nationaux recrutéspar l'arméesalvado-
rienne. Le mot mercenaire ne s'applique pas à un mouvement de
libération. En toutétat decause, la seulechose qui a été confirméeest
laprésencede miercenairesdesEtats-Unis, qui luttent contre lepeuple
salvadorien. ))(FBIS, Panama City Televisora Nacional, 7 janvier
1981.)

Le ministre des relations extérieures devaitdévelopperses vues quelques
jours plus tard. Selon une dépêchede l'Agence France-Presse radiodif-

fuséele 14janvier 1981(FBIS, Amérique centrale1 ,5janvier 1981,p. 17) :

<(Le ministre des relations extérieuresdu Nicaragua, M. Miguel
d'Escoto,aqualifiéicimême,cetaprès-midi,d'oinvention totale 1)un
rapport selon lequel deux péniches pleinesde guérilleros venuesdu
Nicaragua ont accosté au Salvador.
M. dlEscoto ilajoutéque son gouvernement ne peut empêcherles
Nicaraguayens {de <(se porter volontaires pour participer à la défense
du peuple salvadorien H.
(<J'ai dit en Equateur qu'il n'estpas rare que des guérilleros nica-

raguayens se trouvent au Salvador,participant à la lutteque lepeuple
salvadorien livre pour sa libération O,a-t-il souligné.

M. d'Escoto a dit : «IIfaut faire une distinction entre un merce-
naire qui combat dans un pays étranger pour une solde, et un gué-
rillero, qui combat par solidarité avec un peuple qui lutte pour sa
libération ou ses idéaux.

40. De même,enjanvier1981,un autre conlandanteaurait, selon Radio
Sandino de Managua (FBIS, Amériquecentrale, 29 janvier 1981, p. 11)
parlé en ces termes sur le thème <(El Salvador Will Overcome H (<(El

Salvador vaincra r)):
Le commaiîdant de la révolution Carlos Nunez, membre du National Directorate of the Sandinist National Liberation Front, has
unmasked the international reactionary press in its campaign of
falsehoods and silence regarding our revolution. He spoke at the
opening of the First International Meeting of Solidarity with Nica-
ragua. called 'El Salvador Will Overcome'.

One of the main points of his speech was that it is an internation-
alist duty to disseminate the news of Our situation. He also said the
common struggle of al1the peoples for their liberation. independence
and sovereignty against the cornmon enemy is the groundwork for
mutual solidarity and internationalism of the nations.

Regarding the Nicaraguan people's contribution to the general
struggle of thebrother countries, Nunez stressed that this is the cause
of the anxiety and desperation of Yankee imperialisrn."

41. In an interview with the Caracas magazine Bohemiu of 20-26 April
1981. the following exchange with Commander Borge appears :

"(Question :] The U.S. Government insists that Nicaragua has
become a bridgehead for the shipment of weapons to El Salvador by
the Cubans and Soviets.

[Ans~~er:] They say that wearesending weapons to El Salvadorbut
they have not offered any real proof. But let us supposethat weapons
have reached El Salvador from here. This is possible. More than that.
it is possible that Nicaraguan combatants have gone to El Salvador,

but this cannot be blamed on any decision of ours. Our solidarity with
that country and that people are part of the consolidation of our
revolutionary process."

42. On 19July 1981,Commander Borge spoke at ceremonies marking
the second anniversary of the victory of the Nicaraguan revolution (FBIS,

Centrul Americu, 2 1 July 1981, pp. 9-IO),declaring :

"This revolution goes beyond our borders. Our revolution was
always internationalist from themoment Sandino fought in La Sego-
via. With Sandino were internationalists from ail over the world . ..

With Sandino was that great leader of the Salvadoran people, Fara-
bundo Marti . ..AI1the revolutionaries and particularly al1the people
of Latin America know that our people's hearts are with them and
beat with them. Latin America is within the heart of the Nicaraguan
revolution and the Nicaraguan revolution is also within the heart of
Latin America. This does not mean that weexport our revolution.It is

sufficient - and wecannot avoid this - that they take our example. . .
The revolutionary process will advance. . . when we speak of rnixed ACTIVITÉS MIL1TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEI.) 418

directoire national du Front sandiniste de libération nationale, a

dénoncéla campagne de mensonges et de silence sur notre révolutiori
que mène la presse internationale réactionnaire. IIa pris la parole à
l'ouverture de la première réunion internationale de solidarité avec le
Nicaragua. tenue sur le thème El Salvador vaincra )).
IIa déclaré.entre autres points forts de son discours. qu'il est du

devoir d'un internationaliste de diffuser les informations qui concer-
nent notre situation. Ila dit aussi que la solidarité réciproque et
I'internatioi~alisme des nations passent par la lutte cornmune de tous
les peuples pour leur libération, leur indépendance et leur souverai-
netéet contre l'ennemi commun.
A propos de l'apport du peuple nicaraguayen à la lutte générale

livréepar les pays frères, Nunez a souligné qu'ilinquiétait et deses-
pérait l'impérialisme yankee.

41. Dans une interview accordée au magazine Bohenriu qui paraît à
Caracas (numéro daté du 20-26 avril 1981), le commandant Borge s'est
exprimé en ces termes :

(Question :/LeGouvernement des Etats-Unis soutient avec force

que le Nicaragua sert de têtede pont aux Cubains et aux Soviétiques
pour l'acheminement des armes destinées au Salvador.
[Rkponse :/ On prétend que nous envoyons des armes au Salvador.

d'ailleurs sans en donner de preuves véritables. Supposons malgré
tout que des armes venues d'ici soient parvenues au Salvador. Cela est
possible. Et même, ilse peut que des combattants nicaraguayens
soient passés au Salvador. En tout cas. nous n'avons pas pris de
décision dans ce sens qu'on puisse nous reprocher. Notre solidarité

avec ce pays et ce peuple fait partie intégrante de la consolidation de
notre processus révolutionnaire. )>

42. Le 19juillet 1981. prenant la parole à l'occasion des cérémonies
marquant le deuxième anniversaire de la victoire de la révolution nicara-
guayenne (FBIS, Amérique <~entrule2,1juillet 198 1, p. Y-IO), le comman-
dant Borge a déclaréce qui suit :

Cette révolution dépasse nos frontières. Notre révolution a tou-
jours été internationaliste depuis le moment où Sandino a commencé
à se battre à La Segovia. Aux côtés de Sandino se trouvaient des
internationalistes du monde entier ...Aux côtésde Sandino se trouvait
legrand dirigeant du peuple salvadorien, Farabundo Marti ...Tous les

rkvolutionnaires et en particulier tous les peuples d'Amérique latine
savent que notre peuple est de tout ceur avec eux. que les ceurs
battent à l'unisson. L'Amériquelatine est dans le cmur de la révolu-
tion nicaraguayenne et la révolution nicaraguayenne est dans le ceur
de l'Amériquelatine. Cela ne signifie pas que nous exportons notre
révolution. IIsuffit qu'on prenne exemple sur nous - et cela. nous ne economy, pluralism and national unity, it is within the context of the
revolution and not against the revolution . . ."

43. In February 1982, at the Fifth Permanent Conference of Latin
American Political Parties (Managua Domestic Service, 21 February
1982),Commander Borge asked :

"How can a patriot be indifferent to the fate of his Latin American
brothers ? .. .How can we keep our arms folded in the face of the
crimes that are beingcommitted in ElSalvador andGuatemala ?How
can one be decent, simply decent, in this continent without showing
solidarityfor the efforts oftheseheroic people ? ...From the wounds
of only one of the Latin American peoples flowsthe blood of al1Latin
America.ThisexplainsonceagainwhyweSandinistas showsolidarity
with al1peoples who are fighting for their liberation. If weare accused
of expressing solidarity, if we are forced to sit in the dock because of
this, we Say : We have shown our solidarity with al1Latin American
peoples in the past, weare doing soat present and willcontinue to do
so in the future."

44. The extremity of the political and diplomatic - aswell as logistic -
support by the Nicaraguan Government of the insurgents in El Salvador
wasillustrated in 1981by twoexceptional events in the General Assembly
of the United Nations. In addressing the General Assembly on 8October
1981,Commander Ortega declared that he was the bearer of a specific
proposal for the solution of the crisis in El Salvador :

"conveyed to us by Salvadorian patriots. But first we should like to
Saythat there is among us, accompanying the delegation of Nicara-
gua, the President of the Democratic Revolutionary Front of El
Salvador and member of the Joint Political Commission for the
Farabundo Marti Front for National Liberation ... Comrade Guil-
lermo Ungo." (A/36/PV.29, p. 27.)

Commander Ortega then read out the authorization of the Salvadoran
insurgents, addressed to him, to convey their proposals to the General
Assembly, and proceeded to read out their detailed proposals - this in the
presence of one of the leaders of that insurgency, who was at the General
Assemblyaccompanying the Nicaraguan delegation. Commander Ortega,
in a wide-ranging and thoroughgoing assault on the United States for its
"Acts of aggression, interference, pressure and blackmail" which "never
cease" (ibid.,pp. 24-25),alsoaffirmed,apparently in hisrole asspokesman
both for the revolutionaries of Nicaragua and of ElSalvador :

"Our peoples are ready to respond as Sandinodid to anyattempt at
direct or indirect aggression,either in Nicaragua or in ElSalvador.We pouvons l'évite ..Le processus révolutionnaireira de l'avant ...lors-
que nous parlons d'économie mixte,de pluralisme et d'unité natio-

nale, c'est dans le contexte de la révolution et non pas contre la
révolution ...
43. En février 1982, parlant devant la cinquième conférence perma-
nente des partis politiques d'Amériquelatine, le commandant Borge a
déclaréce qui suit (service intérieurde Managua, 21 février1982) :

Comment un patriote peut-il rester indifférent au sort de ses
frèresd'Amériquelatine ? ..Comment pouvons-nous rester les bras
croisés alorsque des crimes sont perpétrésau Salvador et au Guate-
mala? Comment ne pas êtresolidaire des efforts de ces peuples
héroïquessans perdre le respect de soi-même,tout simplement le
respect de soi-même,dans ce continent ? ..Qu'un seul des peuples
d'Amérique latinesaigne, et c'est toute l'Amériquelatine qui saigne.
C'est pourquoi nous, sandinistes, sommes solidaires de tous les

peuples qui luttent pour leur libération. Si nous sommes accusés
d'exprimer notre solidarité, et si nous sommes pour cela traînésau
banc des accusés,nous dirons :nous avons manifesténotre solidarité
avec tous les peuples d'Amériquelatine par le passé,nous le faisons
maintenant et nous continuerons de le faire.
44. Deux événementsexceptionnels qui ont eu lieu à l'occasion de la

session de l'Assembléegénéraledes Nations Unies de 1981 donnent la
mesure de l'appui politique et diplomatique - ainsi que logistique - du
Gouvernement nicaraguayen aux insurgésd'ElSalvador.Prenant laparole
devant l'Assemblée généralle e 8 octobre 1981, lecommandant Ortega a
déclaréqu'il étaitporteur de propositions concrètes de nature à réglerla
crise traverséepar El Salvador :
«que nous ont fait parvenir lespatriotes salvadoriens. Auparavant,je

voudrais dire que nous avons parmi nous, accompagnant la déléga-
tion nicaraguayenne, le président dufront démocratiquerévolution-
naire d'El Salvador et membre de la commission politique conjointe
du front Farabundo Marti pour la libération nationale...lecamarade
Guillermo Ungo. )(A/36/PV.29, p. 27.)
Le commandant Ortega a alors donné lecture de l'autorisation que les

insurgéssalvadoriens lui avaient donnéede transmettre leurs propositions
à l'Assemblée généralp eu, is de leurs propositions détaillé-sen présence
d'un desdirigeants de l'insurrection qui accompagnait la délégation nica-
raguayenne à l'Assemblée générale D.ans une attaque en règlecontre les
Etats-Unis d'Amérique pour leurs <(agressions, les ingérences,les pres-
sions et les chantages qui <(n'ont jamais cessé (ibid p. 24-25), le
commandant Ortega a affirmé aussi, apparemment en tant que porte-
parole des révolutionnairesdu Nicaragua et d'El Salvador :

(Nos peuples sont disposés à répondre commearépondu Sandino,
face à toute tentative d'agression directe ou indirecte, que ce soit au420 MILITARY AND PARAMlLITARY ACTlVlTlES (DISS. OP. SCHWEBEL)

al1know that the threat of invasion is directed first and foremost
against those two peoples." (A/36/PV.29. p. 26.)

45. In response. President Duarte observed that the Nicaraguan repre-
sentative in the General Assembly :
"appeared to be more the spokesman of an armed group - whose
main activity in ElSalvadorhas been towageacampaign of terrorism,
sabotage,destruction and death, whosevictim isnot someenemy they
try in vain to create, but rather the whole Salvadorean people - than

the representative of his country's Government." (A/36/PV.33,
p. 112.)

President Duarte continued :

"It is a surprise to noone that the Sandinist Government was the
only one inclined to fulfil so dishonourable a mission, for from the
beginning ithas been the chosen instrument, with its territory serving
as the base for arms supply, refuge and support for the armedgroups
and as a sounding board for their campaigns of false propaganda.
Thus, in the tragic Salvadorean conflict. the Nicaraguan Government
can hardly be considered as a spokesman communicating a peace
proposal in good faith." (Ibid., p. 113.)

The representative of ElSalvador whoquotedto theGeneral Assembly the
foregoing statement of President Duarte also observed that. forNicaragua
"to point out publicly from this rostrum that a person who is active in the
opposition of another country is physically seated in the seats assigned to
the delegation of Nicaragua to the United Nations" invites the General
Assembly to become a "forum for chaos or a political circus" (ihid.,
p. 116).
46. In 1982.Commander Borge said in a message to the Continental
Conference for Peace, Human Rights and Self-Determination of El Sal-

vador :
"The struggle of the Salvadoran people is the struggle of al1honest
men and women of thecontinent ...This isa struggle of al1those who
feel duty bound to support a brave David facing a criminal and
arrogant Goliath, itis the continuation of the struggle of Sandino,
Farabundo Marti. CheGuevara. and Salvador Allende." (Radio San-
dino, 21 January 1982.)

47. When asked in 1983 how he would respond to Ambassador Jeane
Kirkpatrick's statement that, sincethe revolution triumphed inNicaragua,
domino-like "it will be exported to El Salvador. then Guatemala, then
Honduras, then Mexico", Commander Borgeisquotedas replying :"That
is one historical prophecy of Ronald Reagan's that is absolutely true !"
(Claudia Dreifus. "Playboy Interview : The Sandinistas", Pluyh-, Sep-
tember 1983, p. 192.) Nicaragua ou en El Salvador. Nous savons tous que les menaces
d'invasion visent surtout ces deux peuples. (A/36/PV.29, p. 26.)

45. En réponse,le présidentDuarte a fait observer que le représentant
du Nicaragua à l'Assemblée générale
est apparu davantage comme le porte-parole d'un groupearméque
comme le représentant de son pays - un groupe armédont l'activité
principale, à El Salvador, a consisté à mener une campagne de ter-

rorisme. de sabotage, de destruction et de mort, dans laquelle la
victime n'est pas l'ennemi qu'on essaieinutilement de fabriquer de
toutes pièces.mais le peuple salvadorien tout entier O (A/36/PV.33,
p. 113).
Et le président Duarte poursuivait en ces termes :

(iNul n'a été surprisde voir que c'est le gouvernement sandiniste
qui a étéle seul disposé à remplir une mission aussi peu honorable,
étantdonnéqu'il est.depuis ledébut,l'instrument choisi qui apermis
que son territoire serve de base pour l'approvisionnement en armes.
de refuge et de soutien pour les groupes arméset de caisse de réso-

nance pour ses fallacieuses campagnes de propagande. Du fait de sa
responsabilité dans le tragique conflit que connaît El Salvador, le
Gouvernement nicaraguayen est donc fort mal placépour servir de
porte-parole crédible à une proposition de paix. (Ihid.)

Le représentant d'El Salvador qui citait devant l'Assembléegénéralele
messagesusmentionnédu présidentDuarte afaitobserver àsontour que le
Nicaragua. en <[disant] publiquement depuis la tribunequ'une personne
qui milite dans l'opposition d'un autre pays occupe matériellement les
siègesqui reviennent à la délégationdu Nicaragua O,invite l'Assemblée
générale à se transformer (en une instance chaotique ou en un cirque
politique (ihid., p. 116).
46. En 1982.le commandant Borge, dans un message à la conférence

continentale pour la paix, les droits de l'homme et l'autodétermination
au Salvador, affirmait :
La lutte du peuplesalvadorien est lalutte de tous leshommes et de
toutes les femmes du continent ...C'est la lutte de tous ceux qui
estiment qu'il est deleur devoird'appuyer un David vaillant face àun

Goliath criminel et arrogant, c'est la poursuitede la lutte de Sandino,
de Farabundo Marti. de Che Guevara et de Salvador Allende.
(Radio Sandino, 21janvier 1982.)
47. Invité à dire ce qu'il répondraità l'ambassadrice Jeane Kirkpatrick
qui avait dkclaréque. puisque la révolutiontriomphait au Nicaragua. par le

jeu de la théoriedes dominos elle serait exportéeau Salvador, puis au
Guatemala. puis au Honduras. puis au Mexique D.le commandant Borge
répondit : Voilà une prophétiehistorique de Ronald Reagan qui est tout
à fait vraie! (Claudia Dreifus. (iPlayboy Interview :The Sandinistas O,
Plr~,,~hogs~,tembre 1983.p. 192.) 48. In 1983, Commander Hurnberto Ortega Saavedra, Nicaraguan
Minister of Defence, was quoted as stating : "Of course we are not
ashamed of helping ElSalvador.Wewouldliketo help al1revolutionaries."
(Michael Krarner, "The Not-Quite War", New York Times,12September
1983, p. 39.)
49. In 1983,Commander BayardoArcewasquoted asstating :"Wewill
never give up supportingour brothers in El Salvador." (lbid.) He had as
early as 1980 promised "unconditional assistance to the revolutionary
process in Guatemala and El Salvador" (asquoted in "RevolutionBeyond
Our Borders",op. cit.p. 5).

50. In 1983,Commander Arce also declared that : "internationalism
will not bend . .. while Salvadorans are fighting to win their liberty,
Nicaragua will maintain its solidarity." (Christopher Dickey, "Leftist
Guerrillas in El Salvador Defend Cuban Ties", the WashingtonPost,
11March 1983.)
51. According to the Declaration of Intervention of ElSalvador, in July
1983,the Nicaraguan Foreign Minister adrnitted Nicaraguan support of
insurgency in El Salvador :
"Nicaraguan officials have publicly adrnitted their direct involve-
ment in waging war on us. Foreign Minister Miguel d'Escoto, when
pressed at a meeting of the Foreign Ministers of the Contadora
Group in July 1983,byour Foreign Minister, Dr. Fidel Chavez Mena,

on the issue of Nicaraguan rnaterial support for the subversion in El
Salvador, shamelessly and openly admitted such support in front of
hiscolleaguesof theContadora Group. That statement,made in those
particular circumstances, is significant, inasmuch asthe intervention-
ist attitude of the Nicaraguan Government, in its eagerness to export
subversion, not only manifests itself in relation to El Salvador, but
also has had to do with countries such as Colombia, Costa Rica,
Honduras and other Latin American countries, with sorneof which it
has had serious problems. This is because Nicaragua, as Nicaragua
itself recognized officially, has been converted into the centre of
exportation of revolution to al1 of the countries in the area." (At
para. IX.)

52. The Declaration of Intervention of El Salvador further affirms that
Nicaraguan Chief of State Ortega, during a recent interview by German
television,publicly stated that he "could meet with President Duarte, but
that would not impede the fact of continuing support to the Salvadorian
guerrillas". The Declaration of Intervention construes the foregoing state-
ment by then Co-ordinator Ortega as "a self-confession of intervention"
which states "the officia1position in that regard of the Governrnent of
Nicaragua . .." (at para. XIII). ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 421

48. En 1983,lecommandant Humberto OrtegaSaavedra,ministre de la
défense du Nicaragua, disait :<(Bien sûr, nous n'avons pas honte d'aider
El Salvador. Nous voudrions aider tous les révolutionnaires. (Michael
Kramer, The Not-Quite War ))New York Times, 12 septembre 1983,
p. 39.)
49. En 1983,le commandant Bayardo Arce aurait tenu les propos sui-
vants :<(Nous ne renonceronsjamais à aider nos frères d'ElSalvador. )>

(Ihid.)Dès 1980,il avait promis une «assistance inconditionnelle au pro-
cessus révolutionnaire au Guatemala et au Salvador ))(citédans « Revo-
(utionBeyond Our Borders»,op. cit.p,.5).
50. En 1983, le commandant Arce déclarait également cequi suit :
l'internationalisme ne cédera pas ..tant que les Salvadoriens lutteront
pour conquérir leur liberté, leNicaragua continuera à affirmer sa solida-
rité (Christopher Dickey, <<Leftist Guerrillas in El Salvador Defend
Cuban Ties O, WashingtonPost, 11 mars 1983).
51. Selon la déclarationd'intervention d'El Salvadordéposée enjuillet

1983, le ministre des affaires étrangères du Nicaragua a admis l'appui
apporté par le Nicaragua à l'insurrection au Salvador :
<Les autoritésofficielles du Nicaragua ont publiquement admis le

rôle direct que joue leur pays dans la guerre qui nous est livrée.En
juillet 1983,lors d'uneréuniondesministresdesaffairesétrangèresdu
groupe de Contadora, Miguel D'Escoto, ministre des affaires étran-
gèresdu Nicaragua, que son homologue salvadorien, Fidel Chavez
Mena, pressait de questions sur le soutien matérieldu Nicaragua àla
subversion sur le territoire d'El Salvador, a ouvertement et effronté-
ment reconnu la réalitéde ce soutien devant ses collèguesdu groupe
de Contadora. Cette déclaration, faite dans ces circonstances parti-
culières, est significative, dans la mesure où l'attitude intervention-

niste adoptéepar le Gouvernement nicaraguayen dans son ardeur à
exporter la subversion ne se manifeste pas seulement à l'égard d'El
Salvador, mais concerne aussi des pays tels que la Colombie, leCosta
Rica, le Honduras et d'autres pays d'Amériquelatine, avec certains
desquels le Nicaragua a de sérieusesdifficultés. Celles-cis'expliquent
par le fait que le Nicaragua, comme il l'a lui-mêmereconnu officiel-
lement, est devenu un centre d'exportation de la révolutiondans tous
les pays de cette partie du monde. ))(Par. IX.)

52. Dans sa déclaration d'intervention, El Salvador affirmait par ail-
leurs que M. Ortega, chef de I'Etat nicaraguayen, avait déclaré publique-
ment, au cours d'une interview donnée peu de temps auparavant à la
télévision allemande, qu'« ilpourrait rencontrer le présidentDuarte, mais

que cela n'empêcheraitpas les guérilleros salvadoriens de continuer à
recevoir un soutien )).Toujours dans sa déclaration d'intervention, El
Salvadorconsidérait que cespropos,prononcés par celuiqui exerçait alors
lesfonctions decoordonnateur de lajunte sandiniste «impliquent un aveu
d'intervention et expriment la position officielle du Gouvernement du
Nicaragua à ce sujet... (par. XIII).422 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

53. In May 1984,Commander Arce made a speech before the Political
Committee of theNicaraguan Socialist Party,the text of which was printed
in La Vanguardia, Barcelona, 31 July 1984. The speech is of particular

interest in its contemptuous treatment of the Nicaraguan elections ("a
bourgeois. . . nuisance") and its admission that the Sandinistas never had
any intention of fulfilling their pledges to the OAS and others of political
pluralism. international non-alignment and a mixed economy. Com-
mander Arce describes as "commitments" the programme of the Nica-
raguan Government to implement these three principles. He speaks of

Nicaragua's "dictatorship of the proletariat". Of immediate interest to
the question of whether or not Nicaragua is pursuing a policy of inierven-
tionism. Commander Arce had this to Say :

"Imperialism asks three things of us : toabandon interventionism.
to abandon our strategic ties with the Soviet Union and the socialist
community, and to be democratic. We cannot cease being interna-

tionalists unless we cease being revolutionaries.

We cannot discontinuestrategic relationships unless weceasebeing
revolutionaries. It is impossible even to consider this.
Yet thesuperstructure aspects. democracy as they cal1it. bourgeois

democracy. has an element which we can manage and even derive
advantagesfrom for theconstruction of socialism in Nicaragua. What
are those advantages, what was it we explained to the party leader-
ship ?The main thing about the elections, as far as we areconcerned,
is the drafting of the new constitution. That is the important thing.
The new constitution will allow us to shapethejuridical and political

principles for the construction of socialism in Nicaragua.

We are using an instrument claimed by the bourgeoisie, which
disarms the international bourgeoisie. in order to move ahead in
matters that for us are strategic. On the one hand. it allows us to
neutralize the aggressiveness of imperialism. while on the other it is

going to provide us with a tool for moving ahead on substantive
aspects of our revolution

Let them vote for everything that has been done in the revolution,
for literacy, adult education, confiscations, nationalization of the
banks and foreign trade, free education, the Soviet and Cuban n~ili-
tary advisers, theinternationalism of therevolution. Let them vote for
al1that. That is the reality of our revolution and everything we have

done has that dynamic behind it."

Thus Commander Arce affirms that Nicaragua "cannot . . . abandon
interventionism .. .". He does not. in this speech. specify the content of 53. En inai 1984. le commandant Arce prononqa devant le comité
politique du parti socialiste nicaraguayen un discours. dont le texte a été
reproduit dans Lu Vung~~urdu de Barcelone du 3ljuillet 1984.Ce discours
a ceci de particulier que son auteur y traite avec un franc mépris les
élections nicaraguayennes (G un désagrément bourgeois O) et admet que

les sandinistes n'avaient jamais eu l'intention de tenir les promesses de
pluralisme politique, de non-alignement dans les relations internationales
et d'économie mixte qu'ils avaient faites devant I'OEA et ailleurs. Le
comniandant Arce qualifie d'o engagement ))le programme du Gouver-
nement nicaraguayen destinéà mettreenŒuvre cestroisprincipes. Il parle

de la dictature du prolétariat ))au Nicaragua. Les propos du comman-
dant Arce qui suivent ont un rapport direct avec la question de savoir si le
Nicaragua suit ou non une politique interventionniste :

((L'impérialismeexige troischoses de nous : que nous renoncions à
I'iriterventionnisme. que nous renoncions à nos liens stratégiquesavec

l'union soviétiqueet le bloc socialiste, et que nous soyonsdesdémo-
crates. Nous ne pourrions cesser d'êtreinternationalistes sans cesser
d'être révolutionnaires.
Nous ne pourrions rompre nos relations stratégiques sans cesser
d'être rkvolutionnaires. Cela ne peut même pas êtreenvisagé.

Mais la superstructure. la démocratie,comme on dit, la démocratie
bourgeoise possède un élémentdont nous pourrions nous accommo-
der, ou mêmetirer profit pour construire le socialisme au Nicaragua.
Quels sont ces avantages ?Qu'avons-nous expliqué aux dirigeants du

parti ?L'intérêetssentiel des élections,ence qui nousconcerne, réside
dans la rédactiond'une nouvelle constitution. C'est là l'important. La
nouvelle coiistitution nous permettra d'élaborer les principes juri-
diques et politiques qui présideront à la construction du socialisme
au Nicaragua.

Nous nous servons d'un instrument revendiquépar la bourgeoisie.
qui désarme la bourgeoisie internationale. pour faire avancer notre
stratégie.Cet instrument nous permet de neutraliser l'agressivitéde
I'impkrialisme. et dans le mêmetemps de faire progresser notre révo-

lution.

Qu'on vote pour tous les acquis de la révolution, pour I'alphabé-
tisatioii, pour I'kducation des adultes. pour les confiscations. pour la
nationalisation des banques et du commerce extérieur, pour I'ensei-
gnernent gratuit, pour lesconseillers militaires soviétiqueset cubains.

pour l'internationalisme de la révolution. Qu'on vote pour tout cela.
Telle est la réalitéde notre révolution. et tout ce que nous avons fait
procède de cette dynamique. ))

Le comniandant Arce affirme do~ic que le Nicaragua ((ne saurait ...
renoncer à l'interventionnisme ... O II ne précisepas dans son discours laNicaraguan interventionism. But he himself elsewhere said that, "while
Salvadorans are fighting .. .Nicaragua will maintain its solidarity . ..".
And the content of Nicaraguan interventionism is elsewhere made clear
not onlyby Nicaraguan officia1statementsbut a good deal more evidence.
(The Arce speech was extensively reported in the international press. An
English translation of the full text of Arce's speech was published in
Department of State Publication 9422, March 1985,which lists its press
coverage.The speech is alleged to have been tape-recorded without Com-
mander Arce'sknowledge and then published in La Vanguardia ;accord-
ing to The Economistof 23 August 1984, and the WashingtonPosr,

12August 1984,p. A-1,President Ortega acknowledgedtheauthenticity of
the speech.)

54. EdénPastora, now an opponent of the Nicaraguan Government,
was, for a tirne,the most famous of Nicaraguan cornandantesthough never
one of the nine, and he served as a Vice-Minister at the outset of post-
Somoza rule. Counsel for Nicaragua emphasized his independence from
CIA influence. His contribution to an American scholarly journal is of
special significance :

"When the Managua government, personified by the nine top
Communists, was planning the insurrection in El Salvador, 1was a
participantin themeetingsoftheNational Leadership ; 1wasin effect
the tenth member of theNational Leadership without havingformally
been so designated. With care and much diplomacy, 1told the rest of

the leaders that 1did not agree with the idea of launching the Sal-
vadorans into an insurrection .. ."(Edén Pastora Gomez, loc. cit.,
pp. 9, 10.)
55. The Mernorial of Nicaragua on the merits, Annex 1, contains, as
Attachment 3, the Report of Donald Fox, Esq., and Professor Michael
J. Glennon, to the International Human Rights Law Group and the
Washington Officeon Latin Americaconcerning AbusesAgainst Civilians
by Counter Revolutionaries Operating in Nicaragua of April 1985.
Appended to that report are a number of statements given to Messrs. Fox
and Glennon and apparently reproduced verbatim by them. One of those
statements isby LuisCarrion, Deputy Minister of the Interior, apparently
givenin early 1985(it does not carry a date). In his statement, subrnitted in
evidencein thisproceeding by theGovernment of Nicaragua, Commander

Carrion is quoted as saying the following :

"We aregivingno support to the rebelsin ElSalvador. 1don't know
when welast did. We haven't sent any material aid to them in a good
long time. That's why Reagan had said the reason for supporting the
Contras is not to stop the flow of arms - it is to overthrow the
government of Nicaragua !" (At p. 34.)teneur de l'interventionnisme nicaraguayen. Mais il avait déclaré, à une

autre occasion, <(tant que les Salvadoriens lutteront ...le Nicaragua con-
tinuera à affirmer sa solidarité ..>)La teneur de l'interventionnisme nica-
raguayen est explicitée ailleurs, non seulementdans des déclarations de
personnalitésnicaraguayennes, maisencore dans un trèsgrand nombre de
documents. (La presse internationale a longuement rendu compte du
discours d'Arce. Une traduction en anglais de l'intégralitédu texte du
discours d'Arcea été publiéedans laDepartmentofState Publication9422,
mars 1985, accompagnée d'une liste des organes de presse où il a été
reproduit. Le discours aurait étéenregistré au magnétophone à l'insu
d'Arce,puispubliédans La Vanguardia ;d'aprèsTheEconomistdu 23août
1984et le WashingtonPost du 12août 1984,p. A-1,le président Ortega a

reconnu l'authenticitédu discours.)
54. EdénPastora, qui est aujourd'hui un opposant au Gouvernement
nicaraguayen fut, pendant un temps, le plus célèbredes cornandantes
nicaraguayens - sansjamais, toutefois, avoir été l'undes neuf - et devint
vice-ministre dès la mise en place du régime post-somoziste. Un des
conseils du Nicaragua a insistésur son indépendancevis-à-visde la CIA.
Un article de lui, paru dans une revue spécialisée américaine, revêt une
importance toute spéciale :

<(Lorsque le gouvernement de Managua, incarné par les neuf
hautespersonnalitéscommunistes, étaitentrainde mettre au point les
plans de l'insurrection au Salvador, je participais aux réunions du
directoirenational :j'étaisen fait ledixième membrede cedirectoire,
sans en porter le titre officiellement. Avec précautionet force diplo-
matie,j'ai dit auxautres chefsqueje n'étaispas d'accord avecl'idéede
lancer les Salvadoriens dans une insurrection ..)) (Edén Pastora
Gomez, loc. cit., p. 9-10.)

55. On trouve dans l'annexe 1au mémoiredu Nicaragua sur le fond
un rapport d'avril 1985 sur les atrocitéscommises contre des civils par
les contre-révolutionnaires opérant au Nicaragua, rapport rédigépar
MM. Donald Fox et Michael J. Glennon à l'intention du groupe juri-
dique international des droits de l'homme et du bureau de l'Amérique
latineà Washington (pièce3).Cerapport contient enappendiceun certain
nombre de dépositionsque MM. Fox et Glennon ont recueillies et qu'ils
ont, semble-t-il, reproduites intégralement. Parmi ces dépositionsfigure
celle de Luis Carrion, ministre adjoint de l'intérieur,faite apparemment

au début de 1985 (elle n'est pas datée). Dans cette déposition, que le
Gouvernement du Nicaragua a produite comme preuve en la présente ins-
tance. les propos du commandant Carrion sont rapportés comme suit :
Nousn'apportons aucune aide auxrebellesdu Salvador. Je nesais
pas quand nous l'avonsfait pour ladernièrefois. Ilya bien longtemps
que nous ne leur avonsenvoyéaucune aide matérielle.Voilàpourquoi
Reagan a dit que l'aide aux contras n'a pas pour but d'arrêterles
transports d'armes, maisde renverser le Gouvernement du Nicara-
gua ! (P. 34.)The contradictions between the statement just quoted of Commander

Carrion, introduced into evidence by Nicaragua, and his verbal testimony
in Court, introduced into evidence by Nicaragua, are obvious. In Court.
Commander Carrion swore that his Government "never" had a policy of
sending arms toSalvadoran insurgents. But in his statement to Messrs. Fox
and Glennon. the Commander maintainsthat "we" - which in context can
only mean the Government of Nicaragua - "ure giving no support" to the

rebels in El Salvador, not that "we" never did ;a conclusion which is
reinforced by his next sentence : "We haven't sent any material aid to them
in u good long time" (emphasis supplied). Now "any material aid" must
embrace arms, which surely is one form of material aid. That is made the
clearer in the reference to "the flow of arms" in the last sentence quoted of
the Commander's statement.When Commander Carrion affirms that such

aid has not been sent to the Salvadoran insurgents "in a good long time",
he imports that. at one time. aid was sent and that "we" sent it. That is to
say. he infers in this statement that anystatementthataid "never" was sent
by the Nicaraguan Government to Salvadoran insurgents is false ; that, on
the contrary. at one time, theNicaraguan Government did have a policy of
sending arms to the insurgency in El Salvador.

56. In an interview with the New York Times in Managua on 16July

1985, President Ortega is reported to have "conceded that Nicaraguan
territory had once been used to ship weapons to guerrillas in El Salva-
dor . . .". The report of the interview continues :

"Soon after the White House meeting President Carter criticized
the Sandinistas, after accusations arosethat they were sending weap-
ons to revolutionaries in El Salvador.
Mr. Ortega said that members of theNicaraguan armed forces had

aided such shipments but that they had done so without Government
sanction." (The New York Times, 18 July 1985. p. A10.)

57. Quotations, apparently from this same interview of 16 July 1985
with President Ortega, were given in a subsequent dispatcli of 17Septem-
ber 1985. That report quotes President Ortega as follows :

"There were times when we were finding groups of 40 to 50 of our
army soldiers ready with knapsacks and weapons on their way to El

Salvador. but, we said, 'we have had to detain them and to punish
them'.
Mr. Ortega said that at one point. the first United States Ambas-
sador to the Sandinista Government. Lawrence Pezzullo, presented
him with evidence that an airstrip in the western province of Leon wasLes contradictions qui existent entre les propos du commandant Carrion
précités,produits comme preuve par le Nicaragua, et son témoignage
devant la Cour. en tant que témoin citépar le Nicaragua. sont flagrantes.

Devant la Cour. le commandant CarriOn a déclaré,sousserment. que son
gouvernement n'avait jamais 1)eu de politique de fourniture d'armes aux
insurgés salvadoriens. Et dans la déposition faite devant MM. Fox et

Glennon le mêmecommandant CarriOn soutient que <(nous - ce qui.
dans lecontexte, ne peut s'entendre que du Gouvernement du Nicaragua -
ti'upportor~suucune aide )) aux rebelles du Salvador, et non pas que
((nous ))ne I'avons,jurnaisfait. Cette conclusion est renforcéepar la phrase

qui suit : Ilj~a bien longtempsque nousne leur avons envoyéaucune aide
matérielle. ))(Les italiques sont de moi.) Or il faut entendre aussi. par
aucune aide matérielle )),la fourniture d'armes qui est assurément une
forme d'aide matérielle - d'où l'allusion aux transportsd'armes O àla fin

du passage précitéde la déposition du commandant Carrion. Lorsque le
commandant Carrion affirme que ily a bien longtemps ))qu'il n'apas été
apporté d'aide aux rebelles salvadoriens, ilsous-entend que. à un moment

donné,uneaide a étéenvoyée,et que nous ))l'avons envoyée.End'autres
termes. ilveut dire, dans ce passage, que toutedéclaration selon laquelle le
Gouvernenient du Nicaragua n'a ((jamais ))envoyé d'aide aux rebelles
salvadoriens est inexacte et que, au contraire, à un moment donné. le

Gouvernement du Nicaragua a eu une politique de fournitured'armes aux
insurgés d'ElSalvador.
56. Selon une interview accordée à Managua au journal New York

Tinzesle 16juillet 1985,le président Ortega aurait <(admis que le territoire
du Nicaragua a servi à un moment donné à acheminer des armes aux
guérilleros d'El Salvador ... L'article continue comme suit :

Peu après la réunion à la Maison-Blanche, le président Carter a

critiqué les sandinistes. ceux-ci ayant étéaccusésd'avoir envoyédes
armes aux révolutionnaires d'El Salvador.
D'après M. Ortega, les membres des forces nicaraguayennes
auraient aidéà ces envois d'armes. mais ils l'auraient fait sans I'ap-

probation du gouvernement. 1) (New York Times, 18 juillet 1985,
p.A10.)

57. Des extraits. apparemment de cette même interview du 16juillet
1985 accordéepar le président Ortega. ont étéreproduits ultérieurement

dans unedépêchedatéedu 17septembre 1985.Celle-ci cite comme suit les
propos du président Ortega :

II nous est arrivéde tomber sur des groupes de quarante à cin-
quantede nos soldats. équipésde sacs à dos et d'armes. en route vers

El Salvador ;mais. nous l'avons dit, nous avons dû les arrêteret les
châtier 1).
M.Ortega a déclarequ'àun moment donne lepremier ambassadeur
des Etats-Unis auprès du gouvernement sandiniste, Lawrence Pez-

zullo, lui avait présentédes documents prouvant qu'un aérodrome being used to transport arms to Salvadoran rebels. He said, 'wetook
necessary measures so this airstrip would not continue to be used for
this type of activities'." (The New York Times, 17 September 1985,
P-2.)

58. It willbe noted that, in this interview, President Ortega declares, in
respect of the use of the airstrip in the Western province ofLeon (see the
discussion below of the use of the airstrip at Papalonal) that : "We took
necessary measures so this airstrip would not continueto be usedfor this

type of activities." (Emphasis supplied.) That is a clear admission that the
airstrip had been used for those activities. What activities? As will be
demonstrated, the shipment by air of arms to Salvadoran insurgents.
Could the activities at Papalonal have been an excursion of freeenterprise,
a caper by ardent young guerrillas acting without the knowledge and
support of the Nicaraguan Government ? The answer to that question is
self-evident, but is further elucidated by evidence of the United States
which 1 read into the record of the oral hearings in connection with
questions addressed by me to the Agent and counsel of Nicaragua. That
evidence (Hearing of 18 September 1985)reads as follows :

"The principalstagingareacameto be an airfield at Papalonal. The
pattern and speedof construction at Papalonal, which isin an isolated
area 23 nautical miles northwest of Managua, lacking adjacent com-
mercial or economic activity, made clear its military function. Inlate
July 1980,this airfield was an agricultural dirt airstrip approximately
800 metres long. By December, photography revealed a lengthened
and graded runway with hard dispersa] areas, and storage buildings
under construction. ByJanuary 1981,the strip had been lengthened to
1,200metres. A turnaround had been added at each end. A dispersa1

parking area with three hardstands had been constructed at the West
end of the runway. Three parking aprons had been cleared, and three
hangar or storage buildings, each about 15 metres wide, had been
constructed on the aprons.

On January 2, 1981,a C-47 was observed at Papalonal for the first
time. Two C-47swere observed in February. These C-47sand DC-3s
.. wereused to ferry larger cargos of arms from Papalonal to areas of
guerrilla infiltration in southeastern El Salvador. Severalpilots were
identified in Nicaragua who regularly flewthe route into ElSalvador.
Radar tracking alsoindicated flights from Papalonal to southeastern
El Salvador.

On January 24, 1981,a C-47 dropped arms by parachute in the
vicinity of a small strip in southeastern El Salvador. On January 24, situédans la province occidentale du Leon était utilisépour trans-

porter des armes destinées aux rebelles salvadoriens.Il a di: Nous
avons pris les mesures nécessairespour que cet aérodrome ne serve
plus à ce genre d'activités.))(New York Times, 17 septembre 1985,
P 2.)

58. 11faut noter que dans son interview le président Ortega déclare à
propos de l'utilisation de I'aérodromedans la province occidentale du
Leon (voir ci-dessous pour l'utilisation de I'aérodromede Papalonal) :
Nous avonspris lesmesures nécessairespour que cet aérodromeneserve
plus à ce genre d'activités.))(Les italiques sont de moi.) C'est admettre
clairement que I'aérodromea servi à ce genre d'activitéso.Quelles acti-

vités? Comme on le démontrera, l'expéditionpar voie aérienned'armes
aux insurgés salvadoriens.Se peut-il que les activités menées àPapalonal
aient étéle fruit d'une libre initiative, un coup de têtedejeunes et ardents
guérilleros agissantà l'insu du Gouvernement nicaraguayen et sans son
appui ?La réponse à cette question s'impose mais le passage d'un docu-
ment probant des Etats-Unis dont j'ai donnélecture à l'audience à I'oc-
casion de mon interrogatoire de l'agent et conseiller du Nicaragua la rend
encoreplus évidente.Ce passage est le suivant (audience du 18septembre
1985) :

((Il est apparu que la principale base d'opérations étaitun champ

d'aviation àPapalonal. Les moyens mis en Œuvre et la rapiditéde la
construction à Papalonal, zoneisolée à23millesmarins au nord-ouest
de Managua, sans activité commerciale ou économique dans les
parages, sont révélateursde son rôle militaire. A la fin dejuillet 1980,
ce terrain étaitune piste agricole en terre battue d'environ 800mètres
de long. Au mois de décembre,les photographies ont fait apparaître
une piste allongéeet niveléeavecdes aires de dispersion en dur et des
entrepôts en construction. En janvier 1981, la longueur de la piste
avaitété portéeà 1200mètres.Une airededemi-tour avait été ajoutée
à chaque extrémité.Une aire de stationnement de garage avec trois
aires en dur avait étéconstruiteà l'extrémité ouestde la piste. Trois

aires de stationnement de trafic avaient étédégagées et trois hangars
ou entrepôts, chacun d'une largeur d'environ 15 mètres, avaient été
construits sur ces aires.
Le 2janvier 1981,un C-47 a été observé à Papalonal pour la pre-
mière fois.Deux C-47ont été observés en févrierC. es C-47 et DC-3 ...
servaient à acheminer d'importants chargements d'armes de Papa-
lonal jusqu'à des zones d'infiltration des guérillas au sud-est d'El
Salvador. On a reconnu, au Nicaragua, plusieurs pilotes qui faisaient
régulièrementle voyaged'El Salvador.Des repéragesradar ont aussi
permis de constater des vols de Papalonal vers le sud-est d'El Salva-
dor.

Le 24 janvier 1981, un C-47 a parachuté des armes à proximité
d'une petite piste au sud-est d'El Salvador. Le 24 janvier 1981, un 1981.a Cessna from Nicaragua crashed upon takeoff afterunloading

passengers at an airfield in El Salvador close to where the C-47
airdrop occurred. A second plane. a Piper Aztec, sent to recover the
downed crew, wasstrafed on theground by the Salvadoran Air Force.
The pilot and numerous weapons were captured. The pilot stated he
was an employee of theNicaraguan National Airlines (LANICA) and
that the flight originated from Sandino International Airport in

Managua." (Department of State. "Revolution Bei>otzdOur Borders",
pp. 7-8.)

59. This evidence of the reconstruction and usage of the Papalonal
airstrip was not refuted by Nicaragua, though it was placed before its
Agent and counsel in the course of the oral hearings. That evidence is
difficult to reconcile with the imputation by President Ortega in his inter-
viewwitli the New York Times that the employment of Papalonal to supply

the Salvadoran insurgency was effected without the knowledge and sup-
port of the Nicaraguan Government. It may well be that, after the United
StatesAmbassador drew to Commander Ortega's attention the knowledge
of the United Statesthat theairstrip was beingused fortheferryingof arms
to Salvadoran insurgents, the airstrip was closed down. But that hardly

supportsany claim that it was not built up and employed by the Nicara-
guan Government for the purposes for which it was actually used.
60. It should also be noted that the photographs of Papalonal taken
from the air, which presumably buttressed the representations of the
United States to Commander Ortega, one of which is reproduced in "Re-

volution Beyond Our Borders': at page 8, were taken by United States
aircraft which conducted overflights of Nicaraguan territory, about which
Nicaragua has stronglyprotested. The defensive - and thus legal - nature
of such overflights is indicated. however. by the fact that they were so
useful in demonstrating to Commander Ortega himself an internationally

illegal use of the territory of Nicaragua about which he professed to be
unaware.
61. The Papalonal airstrip will be further examined in connection with
the testimony of Nicaragua's leading witness. But at thisjuncture, it is of
interest to quote Dickey's conclusions :

"The Carter administration. in the last days of its term. had sus-
pended what was left of the $75 million in aid it won for the San-

dinistas a year before. There had been little choice. Certaiiily there
would have been no way to certify. after the Salvadoran 'final offen-
sive,' that the Sandinistas were not abetting other rebel movements.
The Nicaraguans had acted with incredible indiscretion. Years later
Salvadoran dissidents and rebel leaders who were in Managua and
Havana at the time would shake their heads when they recalled how

they even trained acrobats for the victory parade through San Sal-
vador. EdénPastora would remember the Salvadoran guerrilla com-
mander~ decked out in well-pressed uniforms directing their triumph
- then watching theirdefeat - from a command center at the house of ACTIVI'TÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 426

Cessna du Nicaragua s'est écraséau décollageaprès avoir déchargé
des passagers sur une piste au Salvador, près du lieu où le C-47 avait

effectuéson parachutage. Un deuxièmeavion. un Piper Aztec, envoyé
pour recupérer l'équipageabattu. a étémitrailléau sol par l'aviation
salvadorienne. Le pilote et des armes ont étépris. Le pilote a déclaré
qu'il était employépar la compagnieaériennenationale du Nicaragua
(LANICA) et que le vol avait eu pour point de départ l'aéroport

international Sandino à Managua. (Department of State. R~volu-
IIO~IBt;,'orrdOur Borders o.p. 7-8.)

59. Le Nicaragua n'a pas réfutécette preuve de la reconstruction et de
l'utilisation de la piste de Papalonal bien qu'elle ait étésoumise àson agent
et conseil pendant la procédure orale. Elle s'accorde difficilement avec la
déclaration faite par le président Ortega dans son interview au Netr York
Tirticsselon laquelle l'utilisation de Papalonal pour approvisionner I'in-

surrection salvadorienne s'étaitfaite à l'insu et sans l'appui du Gouver-
nement nicaraguayen. II se peut fort bien que la piste d'atterrissage ait été
ferméeaprès que I'anibassadeur des Etats-Unis eut signaléau comman-
dant Ortega que les Etats-Unis savaient qu'elle étaitutiliséepour expédier
des armes destinées aux insurgéssalvadoriens. Mais cela ne démontrepas
pour autant qu'elle n'a pas été construite et utilisépar le Gouvernement

iiicaraguayen pour les fins auxquelles elle a étéen fait utilisée.
60. IIfaut noter aussi que lesphotographies aériennesde Papalonal. qui
ont probablement servi à étayer les représentations faites par les Etats-
Unis auprès du commandant Ortega et dont l'une est reproduite dans le
document intitulé (<RevolutionBe,,ondOur Borders (p. 8) ont étéprises à

partir d'un aéronefdes Etats-Unis qui a survolé le territoire nicaraguayen
- ce contre quoi le Nicaragua a vigoureusement protesté. Mais le fait que
ces survols ont permis d'apporter au commandant Ortega lui-mêmela
preuve de I'utilisation internationalement illicite du territoire nicara-
gunyeii qu'il affirmait ignorer atteste leur caractère défensif. et partant

licite.
61. Sereviendrai sur la question de la piste de Papalonal à propos de la
dépositiondu principal témoin citépar leNicaragua. Mais ilest intéressant
i ce point de citer les conclusions de Dickey :

L'administration Carter. aux derniers jours du mandat du Prési-
dent. a suspendu le versement du reliquat des 75 millions de dollars
qu'elle avait obtenus l'année d'avantau titre de l'aide aux sa~idiilistes.

II n'y avait d'autre choix. IIeût étéen effet impossible. après 1'0of-
fensive finale ))salvadorieiine. d'attester que les sandinisteh n'ap-
p~iyaieiit pah (l'autres mouvements rebelles. Les Nicar;igu;iyeiis
iivaieiit iigiLivecune ii-idiscrétioniiicroyiihle. I)es iiiiiiéesplus tard. des
dissidents et des dirigeants rebelles salvadoriens qui se trouvaient à

Managua et à La Havane 3 l'époque rappelaient. avec un hochement
de [Pte. qu'ils avaient mêmeforniédes acrobates qui devaient parti-
ciper àSan Salvadorau défilé de la victoire. Edén Pastora se souvenait
des conimand;ints de la guérillasalvitdorienne, revctus de leurs uni- Somoza's mistress. ByJanuary 14,U.S. intelligence had picked up an
avalanche of incriminating evidence,including atruck with a roof full
of M-16s rolling through Honduras. The game was over and the chits
were being called in. 'You people arejust irresponsible,' Ambassador
Pezzullotold Borgeand DanielOrtega when hesawthem at acocktail
Party. 'We'vegot you red-handed.' And the Sandinistas knew it. They
began taking measures to recoup. By March they had shut down the
airfield at Pamplonas that had been used to supply the Salvadorans.
The airplanes were decommissioned, the pilots dispersed." (Loc. cit.,
p. 105. The quotation of Ambassador Pezzullo's remarks is drawn
from an interviewwith the Ambassador (p. 290). Seealso, for further
detailed descriptions of Nicaraguan arms shipments to Salvadoran
insurgents, p. 75.See also, Christian, op. cit., pp. 193-196.)

Dickeyfinds not only that theNicaraguan Government's supply of armsto
the Salvadoran rebels for the January 1981offensive is incontrovertible.
He reports that, in 1982,shipments of arms to the Salvadorans "had not
stopped. They had increased" (at p. 133).

62. That Nicaraguan provision of arms to the Salvadoran insurgents,
which haltedfora time after the January 1981offensive and then resumed,
did indeed increase in 1982 is borne out by the following passage from
"Revolution BeyondOur Borders", pages 10-11 :

"With Cuba as a main source, Nicaraguan supplies of arms to
FMLN units werestepped up to make possible an offensive to disrupt
a peaceful vote in the March 28, 1982,Constituent Assembly elec-
tions.

In the first 3 months of 1982,shipments of arms into El Salvador
reached the highest overall volume since the 'final offensive'in 1981.
The Nicaraguan-based arms flow into El Salvador utilized both sea
and overland routes through Honduras. In February 1982,for exam-
ple, a large shipment of arms arrived by sea from Nicaragua to the
Usulutan Coast.Early in March 1982,a guerrilla unit in El Salvador
received several thousand sticks of TNT anddetonators (fivesticks of
TNT are sufficient to blow up an electrical pylon).

In addition to small armsand vitally needed ammunition, guerrilla
supply operations in 1982 provided greater quantities of heavier
weapons, including 57 mm recoilless rifles and M-72 antitank weap-
ons, thus significantly increasing guerrilla firepower." formes impeccables, dirigeant leur victoire - puis contemplant leur
défaite - d'un centre de commandemant installédans la demeure

d'une maîtresse de Somoza. A la date du 14janvier, les services de
renseignements des Etats-Unis avaient mis la main sur un nombre
incalculable de preuves à charge, y compris un camion dont le toit
était garnide M-16 et qui circulait au Honduras. Lejeu était terminé
et on demandait descomptes. ((Vous n'êtesque desirresponsables u,
a dit l'ambassadeur Pezzullo a Borge et Daniel Ortega lors d'une
réception. ((Nous vousavons pris enflagrantdélit. Et lessandinistes
le savaient. Ils commencèrent a prendre des mesures pour rattrapper
les dommages. Au mois de mars, ils avaient fermé lapiste d'atterris-

sage de Pamplonas qui avait étéutiliséepour approvionner les Sal-
vadoriens. Les aéronefsont étédésarmésl,es pilotes dispersés. u(Loc.
cit., p. 105.Les propos citésde l'ambassadeur Pezzullo sont extraits
d'une interview qu'il a accordée(p. 290). Voir aussi, pour de plus
amplesdétailssur leslivraisons d'armes nicaraguayennes auxinsurgés
salvadoriens, p. 75. Voir aussi, Christian, op. cit., p. 193-196.)

Dickey ne conclutpas seulement au caractèreirréfutablede l'approvision-
nement en armes des rebelles salvadoriens par le Gouvernement nicara-

guayen en vue de l'offensive de janvier 1981. Il rapporte qu'en 1982 les
livraisons d'armes aux Salvadoriens ((n'avaient pas cessé.Elles s'étaient
intensifiées. (P. 133.)
62. Le passage suivant de (Revolution BeyondOur Borders ))(p. 10-11)
montre que la fourniture d'armes aux insurgéssalvadoriens par le Nica-
ragua, qui avait momentanément cesséaprès l'offensive de janvier 1981
puis repris, s'est en fait intensifiéeen 1982 :

Avecl'aidedeCuba, leur sourceprincipaled'approvisionnement,

les Nicaraguayens intensifièrent leurs livraisons d'armes aux unités
duFMLN, de manière à permettre à cedernier de lancer une offensive
pour empêcherle déroulement paisible des élections à l'Assemblée
constituante du 28 mars 1982.
Au cours des trois premiers mois de 1982, les envois d'armes au
Salvador atteignirent le niveau le plus haut enregistré depuis 1'0of-
fensive finale ))de 1981. Lestransports d'armes depuis le Nicaragua
s'effectuaient par la voie maritime ou par la voie terrestre,à travers le
Honduras. En février1982,un envoi important arriva par voie mari-
time du Nicaragua sur la côte d'usulutan. Au début de mars 1982.

une unitéde guérilladu Salvador reçut plusieurs milliers debâtonsde
TNT et dedétonateurs (cinq bâtonsde TNT suffisent a faire sauter un
pylône électrique).
Outre les armes légèreset les indispensables munitions, les opéra-
tions de ravitaillement menées en 1982procurèrent aux guérillasdes
quantités importantes d'armes plus lourdes, notamment des fusils
sans reculde 57millimètresetdes M-72anti-tank, accroissant ainsi de
manière sensible leur puissance de feu.2. Admissions by witnessesappearingon behalfof the NicaraguanGovern-
ment

63. Commander Carrion's admission in his role as witness for his Gov-
ernmenthas been set forth above. Two other witnesses for the Nicaraguan
Government also made significant admissions.

64. The report of Messrs. Fox and Glennon referred to above - the

report which was the basis of Professor Glennon's testimony - reaches a
conclusion consistent with Commander Carrion's admission which is
reproduced in that report : it states that "the Sandinista Government
maintains that it has not supplied arms to the Salvadoran guerrillas for
some rime" (Memorial of Nicaragua, Ann. 1,Att. 3, p. 6 ;emphasis sup-
plied). It is obvious that that statement is inconsistent with the sworn
statements of Minister D'Escoto and Vice-Minister Carrion that the Nica-
raguan Government "never" has supplied arms to the Salvadoran guer-
rillas.
65. Much more significant still were the admissions of Mr. David
MacMichael, a former intelligence analyst of the CIA called by Nicaragua
as a premier witness. On direct examination by Nicaraguan counsel, the

following exchange took place :
"[Question :/Soyou werefarniliar with the intelligenceinformation

that the United StatesGovernment collected with respect to arms or
weapons trafficking between Nicaragua and rebels in El Salva-
dor ?
[Answer :] Yes, 1 was.

Q. :All right. 1want to direct your attention now to the period of
your employment with the Agency. Was there any credible evidence
that during that period, March 1981to April 1983,the Government of
Nicaragua was sending arms to rebels in El Salvador ?

A. :No.
Q. : Was there any substantial evidence that during this period
arms were sent from or across Nicaraguan territory to rebels
in El Salvador with the approval, authorization, condonation or rati-
fication of the Nicaraguan Government ?

A. :No. there is no evidence that would show that

Q. : Was there any substantial evidence that during the same
period. any significant shipments of arrns were sent with the ad-
vance knowledge of the Government of Nicaragua from or across its
territory to rebels in El Salvador ?

A. :There is no such substantial evidence. no. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 428

2. Faits reconnus pur lestémoinscitéspar le Gouvernement du Nicaruguu

63. La déposition du commandant Carrion qui a témoignépour son
gouvernement a été rapportéeplus haut. Deux autres témoins citésà la

demande du Gouveriiement nicaraguayen ont eux aussi reconnu des faits
importants.
64. Le rapport de MM. Fox et Glennon déjàmentionné - rapport sur
lequel s'appuyait le témoignagede M. Glennon - énonceune conclusion
qui va dans le même sensque le témoignage du commandant Carrion
figurant dans ce rapport : le Gouvernement sandiniste affirme n'avoir

pas fourni d'armes aux guérilleros salvadoriens depuis un certain temps
(mémoiredu Nicaragua, annexe 1,pièce 3. p. 6; les italiques sont de moi).
Cette affirmation contredit de toute évidenceles déclarations faites sous
serment par le ministre des relations extérieures, M. D'Escoto, et par le
vice-ministre, M. Luis Carrion, selon lesquelles le Gouvernement nicara-
guayen n'aurait jamais fourni d'armes aux guérilleros salvadoriens.

65. Bien plus révélatricesencore sont les déclarations de M. David
MacMichael. ancien analyste de la CIA, citécomme témoin principal par
le Nicaragua. Son interrogatoire par un des conseils du Nicaragua a donné
lieu à l'échangesuivant :

(Question :] Vous connaissiez donc les renseignements recueillis
par le Gouvernement des Etats-Unis en ce qui concerne le trafic

d'armes ou d'armements entre le Nicaragua et les rebelles d'El Sal-
vador ?
[Réponse:] Oui.

Q. : Bien. Je voudrais maintenant évoquerla périodeoù vous avez
été employépar la CIA ; est-ce qu'il y a eu pendant cette période,
c'est-à-dire entremars 1981 et avril 1983,des preuves convaincantes

que le Gouvernement du Nicaragua expédiaitdesarmes aux rebelles
d'El Salvador ?
R. :Non.

Q. : Est-ce qu'il y eu des preuves tangibles que pendant cette
période des armes aient étéexpédiéesdepuis le territoire nicara-
guayen. ou soient passées par le territoire nicaraguayen, àdestination

des rebelles d'El Salvador, avec l'approbation, l'autorisation, la con-
nivence ou I'acc:oi-ddu Gouvernement du Nicaragua ?

R. :Non, rien ne le prouve.
Q. : Y a-t-il des preuves tangibles qu'au cours de cette même
période il y ait eu d'importants envois d'armes dont le Gouverne-
ment du Nicaragua aurait eu préalablement connaissance, partant de

son territoire ou le traversant, à destination des rebelles d'El Sal-
vador ''

R. :Non. il n'y en a pas.429 MILITARY AND PARAMILITARY ACTlVITIES (DISSO . PSCHWEBEL)

Q. : Was there any substantial evidence that during that period

significant quantities of arms went to El Salvador from Nica-
ragua ?
A. :From Nicaragua, that is originating in Nicaragua, no.

Q. : Was there substantial evidence of shipments of arms from
other countries in the region to the El Salvador guerrillas ?
A. :Yes, there was.

Q. :Could you give us some examples please ?
A. :1 think the best known of these is the evidence developed on
15March 1982,when there was a raid on an arms depot in San José,
Costa Rica, at which time aconsiderable quantity of arms, wellovera
hundred rifles, automatic weapons of various sorts, other ordnance,

mines and so forth, were captured there along with a significant
number of vehicles - more than half a dozen 1 believe - that were
used to transport these arms, or weredesigned for transporting them.
Documents were captured with the people captured there - a mul-
tinational group 1 would say - which indicated that certainly more
than half a dozen shipments of arms had already been made fromthat
depot. The reason 1 failed to tell you on your previous question,
Mr. Chayes, was that it would appear to me that if arms wereshipped
from San José,Costa Rica, by vehicle, they must have in some way
had to get across Nicaragua." (Hearing of 16 September 1985.)

Two observations may be made on the foregoing exchange. First, Nica-
raguan counsel'squestionscontained qualifying adjectives - wasthere any
"credible" evidence,was there any "substantial" or "convincing" evidence
of "significant" shipments of arms - which may be taken as qualifying the
answers. More than that, on initial, direct examination, Mr. MacMichael
affirmed that "there was" substantial evidenceof shipment of arms to the
El Salvador guerrillas from other countries of the region (specifically,
Costa Rica) "across Nicaragua".

66. The comments of the United States Permanent Representative to
the United Nations made in the Security Council days after the veryevent
in question are of interest. Ambassador Kirkpatrick declared on 25March
1982 :

"On 15March 1982the Costa Ricanjudicial police announced the
discovery of a house in San Joséwith a sizable cache of arms, explo-
sives,uniforms,passports,documents, falseimmigration stamps from
more than 30countries, and vehicleswith hidden compartments - al1
connected with an ongoing arms traffic through Costa Rican territory
to Salvadoran guerrillas. Nine people were arrested :Salvadorans, ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)429

Q. :Y a-t-il des preuves tangibles que pendant cette période d'im-
portantes quantités d'armements soient arrivées auSalvador par le
Nicaragua ?
R. :Depuis le Nicaragua, c'est-à-dire dont l'origine serait le Nica-

ragua. non.
Q. :Y a-t-il des preuves tangibles d'expéditions d'armesaux gué-
rilleros salvadoriens à partir d'autres pays de la région ?

R. :Oui.
Q. :Pourriez-vousnous donner quelques exemples, s'ilvous plaît ?
R. :Je pense que lemeilleur exemple serait lespreuves recueillies le

15mars 1982,date à laquelle un raid a étéeffectuécontre un dépôt
d'armes à San José (Costa Rica), au cours duquel on a pris une
quantitéconsidérabled'armes - plus d'unecentaine de fusils,d'armes
automatiquesde divers types, d'autres matériels militaires,de mines,
etc.- ainsiqu'un certain nombre de véhicules - une demi-douzaine,je
crois, qui avaient servià transporter ces armes ou qui étaient destinés
au transport de cesarmes.Ona saisidesdocuments sur lesprisonniers
qui ont été faits- et qui étaient,je dirais, un groupe multinational -

indiquant avec certitude que plus d'une demi-douzaine d'expéditions
d'armes avaient déjàété effectuées à partir decedépôt.Sije n'enaipas
parlé enréponse à votre question précédente,monsieur Chayes, c'est
qu'il me semblait que si les armes avaient étéexpédiéesde San José
(Costa Rica)par la route elles avaient dû d'une façon ou d'une autre
traverser le Nicaragua. (Audience du 16 septembre 1985.)

Deux remarques sur cet échangede propos. Tout d'abord, dans ses ques-
tions, le conseil du Nicaragua emploie des adjectifs - est-ce qu'il y a eu
des preuves convaincantes O,des preuves <(tangibles O,ou encore des

preuves tangibles ...d'oimportants envois d'armes )>- qui déterminent
quelque peu les réponses. Et plus important encore, lors de sa déposi-
tion initiale, M. MacMichael a affirmé qu'il y avait effectivement des
preuves tangibles d'envois d'armes aux guérillerossalvadoriens à partir
d'autres pays de la région (en l'occurrence,le Costa Rica) et transitant
par le Nicaragua.
66. Les explications donnéesau Conseil de sécuritépar le représentant
permanent des Etats-Unis auprès de l'organisation des Nations Unies

quelques jours après l'incident précisdont il a étéquestion ne manquent
pas d'intérêtL . e 25mars 1982,l'ambassadrice Jeane Kirkpatrick déclarait
en effet :

Le 15mars 1982la policejudiciaire costa-ricienne a annoncéla
découverte d'une maison, à San José, où elleavait trouvé une cache
considérable d'armes, d'explosifs, d'uniformes, de passeports et de
documents, avec des sceaux d'immigration falsifiésen provenancede
plus detrente pays, et desvéhiculeséquipéd se compartiments secrets,
le tout liéà un trafic d'armes, à travers le territoire du Costa Rica, à430 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS .P. SCHWEBEL)

Nicaraguans, an Argentine. a Chilean and a Costa Rican. Costa Rican
police so far have seized 13 vehicles designed for arms smuggling.
Police confiscated some 150 to 175 weapons, from mausers to

machine-guns, TNT, fragmentation grenades, a grenade-launcher,
ammunition and 500combat uniforms. One of thecaptured terrorists
told police that the arms and other goods were to have been delivered
to the Salvadoran guerrillas before 20 March, 'for the elections'."
(9PV.2335, p. 46.)

67. Immediately afterthe foregoingexchange, the direct examination of
Mr. MacMichael continued as follows :

"(Question :] Mr. MacMichael, up to this point we have been
talking about the period when you were employed by the CIA - 6
March 1981 to 3 April 1983. Now let me ask you without limit of
time :did you seeany evidence of arms going to the Salvadoran rebels

from Nicaragua at any time ?

(Atiswer:] Yes, 1did.

Q. : When was that ?
A. : Late 1980 to very early 198 1.

Q. : And what were the sources of that evidence ?
A. : There were a variety of sources :there was documentary evi-

dence, which 1believe was codable, there were - and this is the most
important - actual seizures of arms shipments which could be traced
to Nicaragua and there were reports bydefectors fromNicaraguathat
corroborated such shipments.

Q. : Does theevidenceestablish that theGovernment of Nicaragua
was involved during this period ?

A. : No, it does not establish it, but 1could not rule it out.
Q. : At that time were arms shipments going to the El Salvadoran
insurgents from other countries in the region ?

A. : Yes. they were.
Q. : Could you give us examples ?

A. : There were shipments at that time which could be traced to
Costa Rica ;there were shipments at that time that could be traced as
having come through or via Panama.

Q. : And did the evidence of arms traffic from Nicaragua, if any,
come to an end ?

A. :The evidence of the type 1have described disappeared. They
did not come in any more after very early 1981, February/March at
the latest. destination des guérillerossalvadoriens. Neuf personnes ont étéarrê-
tées :des Salvadoriens. des Nicaraguayens. un Argentin, unChilien et
un Costa-Ricien. Jusqu'ici, la police du Costa Rica a saisi treize

véhiculesdestinésà la contrebande d'armes. La police a confisquéde
cent cinquante r'cent soixante-quinze armes, allant de mausers à des
mitraillettes. du TNT. des grenades à fragmentation. des lance-
grenades. des munitions et cinq cents uniformes de campagne. L'un
des terroristes capturés a dit à la police que les armes et les autres

marchandises devaient êtrelivréesaux guérillerossalvadoriens avant
le20 mars. (<pour les élections. (9PV.2335, p. 46.)

67. Immédiatement après l'échangerapporté ci-dessus, l'interrogatoire
de M. MacMichael s'est poursuivi en ces termes :

[Que.~tion :/Monsieur MacMichael, nousavonsjusqu'ici parléde
la période pendant laquelle vous avez été employéà la CIA - du
6 mars 1981 au 3 avril 1983. Maintenant, indépendamment de toute
limite de temps : avez-vous vu à un moment quelconque des preuves
quelconques de l'envoi d'armes aux rebelles salvadoriens depuis le

Nicaragua ?
/Réponse:] Oui, j'en ai vu.

Q. : Quand ?
R. : De fin 1980 au tout début de 1981.

Q. : De quelles sources émanaient ces preuves ?
R. : Toutes sortes de sources :il y a eu des preuves documentaires.

pouvant êtreàmon aviscodées.ily a eu - c'est là leplus important -
des saisieseffectives de cargaisons d'armes donton a pu remonter à la
source au Nicaragua et il y a eu des récitsde transfuges du Nicaragua
qui ont confirmé ces livraisons.

Q. : Cela prouve-t-il que le Gouvernement du Nicaragua ait été
impliqué pendant cette période?
R. : Non, mais je ne pourrais pas l'exclure.

Q. : Y a-t-il eu à cette époquedes livraisons d'armes aux insurgés
salvadoriens en provenance d'autres pays de la région?

R. : Oui. il y en a eu.
Q. : Pourriez-vous nous donner des exemples ?

R. : Il y a eu à cette époque des livraisons pour lesquelles on a pu
remonter à la source jusqu'au Costa Rica ;ily en a eu d'autres à cette
époque dont on a su qu'elles avaient transité par le Panama.

Q. : Et les preuves. à supposer qu'elles aient existé. d'un trafic
d'armes en provenance du Nicaragua ont-elles disparu ?

R. : Les preuves du type que j'ai décritont disparu. Il n'y en a plus
eu iiprks le tout début de 198 1. février-mars au plus tard. Q. :You Say at some time, just about the time you got to the
Agency, the evidence stopped coming in : did it ever resume ?

A. : As 1have testified, no." (Hearing of 16 September 1985.)

These admissions - on direct examination - are remarkable. Nicaragua's
ownwitnessaffirmsthat hesawevidencethat, from "late 1980to veryearly
198 l", "arms" were"going to the Salvadoran rebelsfrom Nicaragua". And
Mr. MacMichael relieson what to sustain that conclusion ?Documentary
evidence, actual seizures of arms, and corroborating reports of defectors.
Did that evidence "establish that the Government of Nicaragua was
involved during this period ?" Mr. MacMichael replies : "No, it does not
establish it, but 1could not rule it out."

68. Finally, on direct examination, Professor Chayes had this sum-
marizing exchange with Mr. MacMichael :

"[Question :]Now to summarize your testimony. You had accessto
and review,inyour professional capacity and aspart ofyour dutiesfor
theCentral Intelligence Agencybetween March 1981and April1983,

of the intelligence information on the subject of arms supply to the
Salvadoran rebels. is that correct ?

[Answer :]That is correct.

Q. :That includes intelligence information from al1the sources of
intelligence that we have catalogued earlier in your testimony ?

A. : Yes, it does.

Q. :In the intelligence information you reviewed, you found no
convincingevidenceof the supply of arms to the Salvadoran rebelsby
the Nicaraguan Government or the complicity of the Nicaraguan
Government in such supply ?

A. : 1 did not find any such evidence.
Q. : 1 would like to ask you, in your capacity as a professional

intelligence analyst, does the absence of such evidence have any
significance in evaluating the question of Nicaraguan supply of the
Salvadoran rebels ?
A. : 1would Saythat it casts serious doubt on the proposition that
the Nicaraguan Government is so involved.

Q. : Willyou state again your overall conclusion as to the existence
of arms traffic from Nicaragua to the Salvadoran insurgents ? Q. :Vous dites qu'a un certain moment, a peu de chose près a
l'époqueoù vous êtesentréau service de la CIA, on n'a plus relevé
aucune preuve. Ces preuves ont-elles jamais réapparu ?
R.: Comme je l'ai dit : non. )) (Audience du 16 septembre

1985.)
Lesdéclarationsde ce témoin - en réponse auxquestions de la Partie qui

lecitait- sont remarquables. Le témoin mêmd eu Nicaragua affirme qu'il
a vu la preuve que de fin 1980au tout débutde 1981 O,il y a eu effec-
tivement <(envoi d'armes auxrebelles salvadoriens depuis le Nicaragua H.
Surquoi M. MacMichael s'appuie-t-il pour avancercette conclusion ? Sur
des preuves documentaires, des saisies d'armes et des témoignagesde
transfuges. Mais à la question ((Cela prouve-t-il que le Gouvernement du
Nicaragua ait été impliquépendant cette période ? r),M. MacMichael
répond : «Non, maisje ne pourrais pas l'exclure.

68. Enfin, en conclusion de cet interrogatoire, M. Chayes et M. Mac-
Michael échangentles propos suivants :

<[Question :]Résumonsdonc votredéposition.Entre mars 1981et
avril 1983,dans le cadre de vos fonctions au service de la Central
Intelligence Agency et a titre professionnel, vous aviez accès aux
données obtenuespar les servicesde renseignements à propos de la
fourniture d'armes aux rebellessalvadoriens et vous les avez analy-
sées, est-ce bien exact ?

[Réponse :/ C'est exact.
Q. : Cela comprenait les renseignements obtenusde l'ensembledes
sources que vous avez précédemment répertoriéeasu cours de votre

déposition ?
R. : Oui.

Q. :Dans les données obtenuespar les servicesde renseignements
que vous avez analysées, vousn'aveztrouvéaucune preuve convain-
cante de la fourniture d'armes aux rebelles salvadoriens par le Gou-
vernement du Nicaragua ni de la complicitédu Gouvernement nica-
raguayen dans cette fourniture ?

R. : Je n'en ai pas trouvé la preuve.
Q. : Puis-jevous demander, en votre qualitédespécialistede I'ana-
lyse du renseignement, si l'absence d'une telle preuvea une quel-

conque importance quand il s'agit d'exprimer une opinion sur la
fourniture d'armes par le Nicaragua aux rebelles salvadoriens ?
R. : Je dirais qu'elle rend trèssujetteà caution l'affirmation selon
laquelle le Gouvernement nicaraguayen serait ainsi impliqué.

Q. : Etes-vous prêt àréaffirmer votre conclusion généralq euant à
l'existence d'untrafic d'armes en provenance du Nicaragua à desti-
nation des insurgéssalvadoriens ? A. :I do not believe thatsucha trafficgcieson nowor has gone onfor
thepastfour years ut least,and 1believe that the representations of the
United StatesGovernment to the contrary are designed tojustify its
policies toward the Nicaraguan Government." (Hearing of 16 Sep-
tember 1985 ; emphasis supplied.)

69. The subsequent comments of theNicaraguan Agent on the purport
of Mr. MacMichael's testimony before the Court are of interest. In his
letter of 26 November 1985, Ambassador Argüello Gomez stated the
following :

"To briefly summarize that testimony and evidence :the Govern-
ment of ~icara~ua has never supplied arms or other war materials to
El Salvadoran insurgents or authorized the use of Nicaraeuan terri-
tory for suchpurpose. This doesnot mean that persons symiathetic to
the insurgents have not, without the approval of the Nicaraguan
Government and contrary to its policy, sent small quantities of arms
from or throughNicaraguan territory to the insurgents ; however, the
NicaraguanGovernment has acted diligently toprevent and stop such
arms trafficking to the best of its ability. The testimony of Mr. David
MacMichael, a former CIA official called as a witness by Nicaragua,

was that some arms shipmentsto El Salvadoran insurgents emanated
from Nicaraguan territory at the very beginning of 1981, but that
theseshipments ceased, and did not resume,afterMarch 1981.Hesaw
no evidence of any other shipments between April 1981 and April
1983,when his employment with the CIA ended. Mr. MacMichael
testified that the evidence 'did not establish' that the Nicaraguan
Government was responsible for the arms shipments at the very
beginning of 1981,and Nicaraguan Government witnesses have told
the Court that the Government had no involvement or responsibility
as regards those or any other shipments. See, e.g., Hearing of 16
September 1985."

70. It may be asked whether this characterization of the testimony of
Mr. MacMichael iswithin the bounds of advocacy, for whileit is truethat
Mr. MacMichael thereconcluded, on direct examination,that the evidence
"did not establish" Nicaragua's complicity, he also said that he "could not
rule it out"- and he said more. But what is extraordinary about this state-
ment of the Nicaraguan Agent is that it simply ignores Mr. MacMichael's
answers in response to questions from the Court. As shown below,
Mr. MacMichael's answers to those questions (a) directly contradict the
continuing contentions of Nicaragua that it has "never supplied arms or
other war material to El Salvadoran insurgents or authorized use of Nica-

raguan territory for such purpose" and (h) demonstrate that either Foreign
Minister D'Escoto and Commander Carrion misrepresented the facts in
their sworn submissions to the Court,or, alternatively, demonstrate that
Mr. MacMichael'stestimony issofundamentally flawedas to betreated as
impeached. The Court could have chosen between treating the affirma- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS .CHWEBEL) 432

R. :Je ne croispas ùl'existenced'un tel trafic actuellement ni au cours
desquutre dernitres unnéesau moins, etje crois que lesaffirmationsen
sens contraire du Gouvernement des Etats-Unis visent à justifier sa
politique envers le Gouvernement du Nicaragua. (Audience du
16septembre 1985 ;les italiques sont de moi.)

69. Lesobservations ultérieuresde l'agentdu Nicaragua sur laportéedu
témoignagede M. MacMichael devant la Cour ne sont pas safi; in:érêt.

Dans sa lettre du 26 novembre 1985.M. Argüello Gomez dit ceci :

((En résuméde ces témoignages etde ces faits :le Gouvernement
du Nicaragua n'ajamais fourni d'armes ou d'autre matérielde guerre
aux insurgésd'El Salvador, ni autorisél'utilisation de son territoire à
cette fin. II se peut que, sans l'autorisation du Gouvernement nica-
raguayen et en opposition avec sa politique, des sympathisants des
insurgésleuraient envoyéde petites quantitésd'armesen provenance
du territoire nicaraguayen ou ayant transitépar celui-ci ; le Gouver-
nement nicaraguayen a fait tout ce qui était en son pouvoir pour

empêcheret arrêterces trafics d'armes. M.David MacMichael,ancien
agent de laCIA citécomme témoinpar leNicaragua, adéclaré que des
armes avaient étéenvoyées aux insurgés d'ElSalvador à partir du
territoire nicaraguayen au tout début de 1981, mais que ces envois
avaient cesséaprès mars 1981,sans reprendre ensuite ;qu'il n'avait
pas connaissance d'autres envois d'armes entre avril 1981 et avril
1983.époquea laquelle il a cesséde travailler pour la CIA ;et que les
faits ((ne prouvaient pas ))que le Gouvernement nicaraguayen était

responsable des envoisd'armes au tout débutde 198 1.Et les témoins
du Gouvernement nicaraguayen ont déclaréque celui-ci n'avait eu
aucun rôle ni aucune responsabilitédans ces envois ni dans d'autres
(voir, par exemple, audience du 16 septembre 1985). ))

70. On peut se demander si cette interprétation du témoignage de
M.MacMichael ne dépassepas les limites de la bonne foi car s'ilest vrai
que M. MacMichael a conclu que les faits ne prouvaient pas O la com-
plicitédu Nicaragua. il a dit aussi - entre autres choses : je ne pourrais

pas l'exclure D.Mais ce qu'il y a de singulier dans cette lettre. c'est que
l'agent du Nicaragua ignore purement et simplement les réponses de
M. MacMichael aux questions poséespar la Cour. Comme on le verra ci-
dessous. ces réponses : a)contredisent directement les affirmations répé-
téesdu Nicaragua selon lesquellescepays n'aurait jamais fournid'armes
ou d'autre matériel de guerre aux insurgés d'El Salvador, ni autorisé
l'utilisation de son territoire à cette fin ))et h) démontrent, soit que le
ministre des relations extérieuresM. D'Escoto et le commandant Carrion

ont travesti les faits dans leurs dépositions sous serment. soit que le
témoignagede M. MacMichael est si fondamentalement vicié qu'ilcon-
vient de le récuser. LaCour avait le choix entre tenir pour véridiques lestions of Messrs. D'Escoto and Carrion as truthful and those of Mr. Mac-
Michael as untruthful, or treating the latter as truthful and the former as
untruthful. Since, however, among many other elements of evidence,
Commander Carrion tripped himself up by also submitting an affidavit to
the Court which is consistent with Mr. MacMichael's testimony, and
inconsistent with hs own and with Foreign Minister D'Escoto's,the cor-
rect conclusion appears to be that Mr. MacMichael spoke truthfully.
71. Now let us look at the relevant exchanges with Mr. MacMichael
referred to in the preceding paragraph. The first was as follows :

"[JudgeSchwebel:] My first question is this. You stated that you
went on activeduty with the CIA on 6March 1981and left on 3April
1983,or about that date. Am 1correctin assuming that your testimony
essentially relates to the period between March 1981and April 1983,
at least in so far as it benefits from official service?

[Mr. MacMichael:] That is correct ... and 1have not had access
since1left ta classifiedmaterials, and 1have not sought accessto such

material.
Q. :Thus, if the Government of Nicaragua had shipped armsto El
Salvador before March 1981,for example in 1980and early 1981,in
order to arm the big January offensive of the insurgents in El
Salvador, you would not be in a position to know that ; is that
correct ?

A.: 1think 1have testified ... that 1 reviewed the immediate past
intelligence material at that time, that dealt with that period, and 1
have stated today that there was credible evidence and that on the
basis of my reading of it 1 could not rule out a finding that the
Nicaraguan Government had been involved during that period.

Q. :Would you rule it 'in' ?
A. :1prefer tostay withmyanswerthat 1could not ruleitout,but to
answer you as directly as 1can my inclination would bemore towards
ruling 'in'than ruling 'out'." (Hearing of 16 September 1985.)

It will be observed that Mr. MacMichael does not squarely sustain thz
opinionattributed to him by the Nicaraguan Agent that the evidence "did
not establish" Nicaragua's complicity ;rather hs "inclination would be

more towards ruling 'in'than ruling 'out' ". It will also be observed that
Mr. MacMichael refers to factswithin hisownknowledge ;heaversthat he
reviewed "the immediate past intelligence material" for the 1979-198 1
period. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 433

affirmations de MM. D'Escoto et Carrion et paur mensongèrescelles de
M. MacMichael, ou l'inverse. Puisque cependant, comme il ressort de
nombre d'autres élémentsde preuve, le commandant Carrion s'est con-
tredit en soumettant aussi à la Cour une déclaration écrite qui recoupele
témoignage de M. MacMichael mais infirme son propre témoignage et

celui du ministre des relations extérieures, M. D'Escoto. il sembleexact de
conclure que c'est M. MacMichael qui a dit la vérité.
71. Examinons maintenant certains passages de l'interrogatoire de
M. MacMichael par la Cour dont il a été questionau paragraphe précé-
dent. Tout d'abord :

<([M. Schwebel :] Voici ma première question. Vous avez dit que
vousavezcommencé votreserviceactif àla CIA le 6mars 1981et que
vous l'avez cessé le 3 avril 1983,ou vers cette date. Ai-je raison de

supposer que votre dépositionserapporte essentiellement àla période
comprise entre mars 1981et avril 1983,du moins dans la mesure où
elle s'appuie sur un service officiel?
[M. MacMichael / C'est exact ..et depuis mon départje n'ai ni eu
accès à des documents secrets, ni tentéd'y avoir accès.

Q. :Dans ces conditions, si le Gouvernement du Nicaragua avait
expédiédesarmesau Salvador avant mars 1981,par exemple en 1980
et au débutde 1981,afin d'équiperla grande offensive dejanvier des

insurgésau Salvador, vous ne seriezpas en mesure de le savoir ; est-ce
exact ?
R. :Monsieur le Juge,je crois avoir déclaréqu'à cette époquej'ai
examinéladocumentationla plus récenterelative auxrenseignements
pour cette périodeetj'ai dit aujourd'hui qu'il y avait des élémentsde

preuve sérieuxet que,de la façon dont je vois leschoses,je nepouvais
pas considérer commeexclue une participation du Gouvernementdu
Nicaragua pendant cette période.
Q. :Considéreriez-vous une telleparticipation comme établie ?

R. :Je préfèrem'en tenir à ma réponse, à savoir queje nepouvais la
considérer comme exclue. Pour vous répondre avec aussi peu de
détours que possible, je serais plutôt porté à la considérer comme
acquise que comme exclue. ))(Audience du 16 septembre 1985.)

On remarquera que M. MacMichael ne soutient pas catégoriquement
l'opinion qui lui est attribuée par l'agent du Nicaragua, à savoir que les
faits <ne prouvaient pas ))la complicité du Nicaragua ; il serait même
plutôt porté à la considérercomme acquise H que comme <exclue o.On
relèveraégalementque M.MacMichaelfait allusion à des faits dont il a eu
connaissance personnellement ;il affirme qu'il a examiné <la documen-
tation la plus récenterelative aux renseignements ))pour la période 1979-
1981.434 MILITARY AND PARAMlLlTARY ACTIVITIES (DISS.OP. SCHWEBEL)

72. 1then asked Mr. MacMichael whether he could explain how it was
that Congressman Boland, who, as Mr. MacMichael acknowledged. saw
essentially the same intelligence data as Mr. MacMichael, arrived at the
conclusion that. "contrary to the repeated denials of Nicaraguan officials,

that country is thoroughly involved in supporting the Salvadoran insur-
gency" (ihid., p. 31). Mr. MacMichael hazarded explanations examined
below (paras. 146, 154-155), in answer to what he described as a "very
important question". This exchange then ensued :

"[Question :] Thank you somuch, Mr. MacMichael, and that raisesin
my mind this questiori :let ussupposefor a moment that your thesis is
correct and that the arms flow from Nicaragua to El Salvador in the
period of your tenure had substantially or entirely ceased. Let us

assume for the moment that there were shipments of arms from
Nicaragua to the El Salvador insurgents for the big offensive at the
beginning of 1981,that, as Commander Carrion has testified, by the
end of 1981the CIA's support for the contras was in place. You come
aboard 1think in March 1981and you are there until 1983.and during
at least much of this period the contra operation was being funded

actively and was in place, isit not a plausible suppositionthatfarfrom
being ineffective the contras were most effective, and that the very
reason why the Nicaraguan Government stopped sending arms, if
indeed it did, was because of the pressure of the contras ?It could see
that it was a counter-productive policy because it had produced
United States funding of the contras where United Statesdémarches

had produced nothing. 1s that plausible ?

[Answer :] 1think it is plausible . . . and 1would go on with niy

response, if you desired me to do so. Itis my proposition indeed. and
my opinion if 1 rnay say so, that the alleged flow of arms from
Nicaragua to the Salvadoran insurgents ceased, that no credible sub-
stantial evidence of such an arms flow existed in the time that 1was
examining it, and you propose. if1understand your question. that an
explanation for this would be the excellent and effective interdiction

and preventive work of this contru force.
Q. :No, if 1inay make myself a bit clearer, 1am not suggesting that
the contras were necessarily effective in interdicting arms flows. They
may have been somewhat effective. they may have been ineffective, 1
frankly do not know, but my suggestion of a plausible explanation of

the events you have described is that Nicaragua had perceived that a
policy of sending arms to insurgents in El Salvador had a price. and
they feared it might have an even greater price. and therefore they
stopped sendingarms, ifindeed they did. on which 1take no position.
1am just offering a hypothesis. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. sCHWEBEL) 434

72. J'ai ensuite demandé à M. MacMichael comment il pouvait expli-
quer que M. Boland, membre du Congrès, ayant eu accès aux mdmes
renseigiiements que lui-même, ainsiqu'il lereconnaît, soit parvenu à la
conclusion que (contrairement aux dénégationsréitéréed ses responsables
du Nicaragua. ce pays se trouve engagéà fond dans l'aide à I'insurrectioii

salvadorienne ))(ihirl.).Pour répondre à cette question, qu'il a qualifiéede
((très importante O,M. MacMichael a avancédes explications qui seront
examinées plus loin (par. 146. 154 et 155). Vient ensuite le dialogue sui-
vant :

cl(Question :/ Je vous remercie. monsieur MacMichael, et cela
m'amèneàposer la question suivante : imaginonsun instant que votre
thèse soit juste et que l'afflux d'armes du Nicaragua au Salvador
pendant la périodeoù vous étiezen fonctions ait en grande partie ou

entièrement pris fin. Supposons pour le moment qu'il y ait eu des
eiivois d'armes du Nicaragua aux insurgésd'El Salvadoren vue de la
grande offensive du début de 198 1.Comme le commandant Carrion
en a témoigné. ;ila fin de 1981l'appui de la CIA aux <.ot~trué staiten
place. vous arrivez je pense en mars 198 1 et restez jusqu'en 1983, et

pendant à tout lemoinsune grande partie de cette période l'opération
c.oiilrnétait activement subventionnée et se déroulait. N'est-il pas
possible de supposer que loin d'êtreinefficaces les cotitrtrsétaientdes
plus efficaces. et que la raison mêmepour laquelle le Couverilement
nicaraguayen a cessé sesenvois d'armes, à supposer qu'il I'ait fait.

était la pression exercéepar les contrus ? II pouvait constater que sa
politique allait àl'encontre du but recherchéparce qu'elle avait abouti
au financementdes c,ontrcrs Darles Etats-Unisalors uue lesdémarches
des Etats-Unis n'avaient eu aucun résultat. Cette explication est-elle
plausible ?

(Réponse :/ Je pense qu'elle est plausible...etje poursuivrai si vous
le désirez.Je crois pouvoir dire. et c'est mêmemon avis, que l'envoi
alléguéd'armes du Nicaragua aux insurgés d'ElSalvador a pris fin.

qu'aucune preuve tangible et probante d'un tel afflux d'armes n'exis-
tait à l'époqueoù j'etudiais la question et. sij'ai bien compris. vous
laissez entendre que cela pourrait être dû à l'action aussi excellente
qu'efficace et au travail préventif accompli par les unitéscontrus.

Q. :Non. sije peux êtreun peu plus clair.je ne veux pas dire que les
cmtrus ontétéforcémentefficaces pourinterdire lesenvoisd'armes. II
se peut qu'ils aient étéefficaces jusqu'à un certain point. ou au

contraire inefficaces, franchement je n'en sais rien. mais je propose
conime explication possible des événementsque vous avez décritsque
le Nicaragua avait compris qu'une politique d'envoi d'armes aux
insurgésd'El Salvador devait se payer, qu'il craignait que le prix à
payer soit encore plus lourd, ce qui l'aurait décidéà mettre fin aux

envoisd'armes, à supposer qu'il I'aitfait, ce sur quoi je neprends pas
position. Je ne fais qu'avancer une hypothèse.435 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITlES (DISS. OP. SCHWEBEL)

A. :Thank you. The statement 1was going to make . . is, assuming
that that iscorrect,it is then very difficultto explain why through the
whole period the United States Government continued to maintain
that this flow of arms went on, if indeed it had stopped as a result of
the Nicaraguan Government's recognition of the perils it faced in

continuing to involve itself, or appeared to involve itself. It is indeed
strange to me that the United States Government continued to claim
it went on.
Q. :1quite agree,ifindeed it had stopped. 1said that 1am speaking
in terms of a hypothesis." (Hearing of 16 September 1985.)

It isan instructive exchange, forit confirms Mr. MacMichael's acceptance
of the fact that Nicaragua had shipped arms to the Salvadoran insurgents
before March 1981 ;and indicates hisacceptance of the hypothesis that the
reason why the arms flow might have ceased in the period March 1981-
April 1983was because the Nicaraguan Government had come to feel the
pressures exerted upon it because of its subversion of El Salvador (such an
hypothesis would alsoapply to a slowing,or a more effective concealment,
of arms trafficking as it would to its cessation).

73. The exchange then resumed in these terms

"To turn to another aspect of these facts, Mr. MacMichael, is it a
fact that leaders of the Salvadoran insurgency are based in Nicaragua
and regularly operate without apparent interferencefromNicaraguan
authorities in Nicaragua ?

[Answer :]1think the response to that question would have to be a
qualified yes, in that political leaders and, from time to time, military
leaders, of the Salvadoran insurgency have reported credibly to have
operated from Nicaragua, that this was referred to frequently by the
United States Government as a command and control headquarters,
and that such an action could certainly be defined as one unfriendly
toward the Government of El Salvador recognized by the United
States. 1have confined my testimony to the charge of the arms flow."
(Ibid.)

74. An extended exchange then ensued as to the plausibility of Cuba
sending arms to the Salvadoran insurgency through Nicaragua. Mr. Mac-
Michaeldeclined todraw conclusions, but acknowledged that such Cuban
activities were "plausible" (ibid., p. 39).
75. Thereupon there was this exchange :

"[Question :] Mr. MacMichael, have you heard of Radio Libera-
cion ?
[Answer :]1have heard of Radio Liberacion, yes.
Q. :What is it ? Can you tell the Court, please? R. : Je vous remercie. Ce quej'allais dire est que, sic'estexact, alors
il est très difficile d'expliquer pourquoi, pendant toute cette période,
le Gouvernement des Etats-Unis a continué à soutenir que cet afflux
d'armes se poursuivait, s'ilétait vraiment terminé parce que le Gou-
vernement du Nicaragua avaitpris conscience desdangers auxquels il
s'exposait en continuant à être impliqué ou à sembler l'être.A vrai
dire, je trouve étrangeque le Gouvernement des Etats-Unis ait con-
tinué à soutenir que les envois d'armes se poursuivaient.

Q. :Je suis bien d'accord, si en fait les envois avaient pris fin. J'ai
dit que j'exprimais une hypothèse. ))(Audience du 16 septembre
1985.)
C'est un dialogue fort instructif, car il confirme que M. MacMichael
accepte le fait que le Nicaragua a envoyédes armes aux insurgés salva-

doriens avant mars 1981 ;ilindique aussi qu'il accepte l'hypothèse que,si
ce transport d'armes a peut-êtrecessépendant la période mars 1981-avril
1983,c'est parce que le Gouvernement nicaraguayen a commencé à res-
sentir l'effet des pressions exercéessur lui en raison de ses activitéssub-
versives au Salvador. (Cette hypothèse s'appliquerait aussi bien à un
ralentissement ou à une dissimulation plus efficace du trafic d'armes qu'à
sa cessation.)
73. Le dialogue reprend ensuite en ces termes :

[Question :/ Pour en venir à un autre aspect de ces faits, mon-
sieur MacMichael, est-il exact que les dirigeants de l'insurrection
salvadorienne soient basés auNicaragua et y opèrent régulièrement
sans êtreapparemment gênép sar les autorités nicaraguayennes ?
[Réponse :/ Je pense que la réponse àcette question devra êtreun
oui mitigé,dans la mesure où les dirigeants politiques et, parfois, les
dirigeants militaires, de l'insurrection salvadorienne ont déclaréde

façon crédiblequ'ils opéraient à partir d'une base au Nicaragua - ce
que le Gouvernement des Etats-Unis a fréquemment qualifié de
quartier généralde commandement et de contrôle - et qu'alors une
telleaction pourrait àcoup sûr êtrequalifiée d'inamicale à l'égarddu
Gouvernement d'El Salvador reconnu par les Etats-Unis. J'ai limité
mon témoignage à l'accusation d'envois réguliersd'armes. ))(Ibid.)

74. Suit un échangeprolongésur le transit éventuelpar le Nicaragua
d'armes en provenance de Cuba et destinéesaux insurgés salvadoriens.
M. MacMichael refuse de tirer des conclusions mais reconnaît que ce type
d'activitéde la part de Cuba est «plausible (ibid.).
75. Puis vient le dialogue suivant :

<([Question :]Monsieur MacMichael, avez-vous entendu parler de
Radio Liberacion ?
(Réponse :] J'ai entendu parler de Radio Liberacion, oui.
Q. : Qu'est-ce que c'est ? Pouvez-vous le dire, s'il vous plaît,à la

Cour ? A. : It was a predecessor of the basic Radio Venceremos which is
used by the FMLN in El Salvador. 1believe that at one time a radio
broadcast under the title of 'Radio Liberacion' was supposed to have
originated from Nicaraguan soil.

Q. : Did they in fact originate from Nicaragua, to the best of your
knowledge ?

A. :To the best of my knowledge 1think 1would say yes. that is the
information 1have." (Hearing of 16 September 1985.)

Thus Mr. MacMichael acknowledged broadcastingfrom Nicaragua by the
Salvadoran insurgents. (The FBIShas published the monitorings of many

such broadcasts. For example, on 9 January 1981, Radio Liberacion,
operating out of Nicaragua, boasted that the new United States President
- the "cowboy President" - would come to office too late to stop the
guerrilla victory in El Salvador. FBIS, Centrui Americu, 12 January
1981.)

76. At that point, the following crucial exchange took place between
Mr. MacMichael and myself :

"[Question:] Have you heard of an airfield in Nicaragua at Papa-
lonal. or an airstrip ?

[Answer :] Yes. 1have.
Q. : Are you aware of the fact that the United States Government

under the Carter Administration made representations to the Nica-
raguan Government about the use of that airfield as a principal
staging area for the airlift of arms to insurgents in El Salvador ?

A. : Yes, 1 recall that very well
Q. : In an interview with the Washingrotl Post published on
30 January 1981, the outgoing Secretary of State. Edmund Muskie,

stated that arms and supplies being used in El Salvador's bloody civil
war were flown from Nicaragua 'certainly with the knowledge and to
some extent the help of Nicaraguan authorities'. Now as you know the
Administration for which Mr. Muskie spoke had given more than
$100 million in aid to the Sandinista Government since it took

power.

A. :That is correct.

Q. : Do you think that Mr. Muskie was speaking the truth ?

A. :Oh yes, in that case. For example. 1spoke earlier under direct
questioning from Mr. Chayes regarding information that had existed
forthat period - late 1980to very early 198 1 - and when 1mentioned
defectors 1had in mind as a matter of fact some persons who.. .stated

under interrogation following their departure from Nicaragua that
they had assisted in the operations out of Papalonal in late 1980and R. :C'estune devancièrede Radio Venceremos - la station de base
utiliséepar le FMLN au Salvador. Je crois qu'à un certain moment
une émissionde radio appelée t(Radio Liberacion ))étaitcenséepro-
venir du Nicaragua.

Q. : Est-ce que ces émissionsprovenaient en fait du Nicaragua,
d'après ceque vous en savez ?
R. : D'après ce queje sais,je crois pouvoir dire oui, c'est là l'in-

formation dont je dispose. ))(Audience du 16 septembre 1985.)

M. MacMichael admet donc que les insurgéssalvadoriens émettaient a
partir du Nicaragua. Le Foreign Broadcast Information Service (FBIS)
a publié les transcriptions de nombreuses émissions de ce genre. Par
exemple, le 9janvier 1981,Radio Liberacion, émettant à partir du Nica-
ragua, s'estvantéede ceque lenouveau présidentdes Etats-Unis - le pré-
sident cow-boy » - prendrait sesfonctions trop tard pour empêcherla vic-
toire de la guérillaau Salvador (FBIS, Amériquecentrale, 12janvier 1981).
76. C'est alors que se produit cet échange crucial de propos entre

M. MacMichael et moi-même :
(([Question :] Avez-vousentendu parler d'un terrain d'aviation ou

d'une piste d'aviation au Nicaragua, à Papalonal ?
[Réponse:] Oui. j'en ai entendu parler.

Q. :Savez-vousque,sousl'administration Carter, leGouvernement
des Etats-Unis a fait des représentations au Gouvernement du Nica-
ragua au sujet de l'utilisation de ce terrain comme principale base de
départ pour l'envoi d'armes aux insurgés d'ElSalvador?

R. : Oui,je m'en souviens très bien.
Q. : Dans une interview au Washington Post, publiéele 30janvier
1981, l'ancien secrétaired'Etat, Edmund Muskie, a déclaréque les

armes et approvisionnements utilisésdans la sanglante guerre civile
d'ElSalvadorétaientexpédiés du Nicaragua par avion <(certainement
à la connaissance et, dans une certaine mesure, avec l'assistance des
autoritésnicaraguayennes o. Or, comme vous le savez, l'administra-
tion au nom de laquelle M. Muskie s'exprimait avait donnéplus de
100 millions de dollars d'assistance au gouvernement sandiniste
depuis son arrivée aupouvoir.

R. :C'est exiict.

Q. : ..Pensez-vous que M. Muskie disait la vérité?
R. :Oh oui, dans ce cas. Par rxemple, lors de l'interrogatoire de
M.Chayes.j'ai parlédes renseigne ;lentsqui existaient à cette époque
- fin 1980et au tout débutde 1981 --et quandj'ai parléde transfuges

je pensais en fait à certaines personnes qui ..ont déclaréquand elles
étaient interrogéesaprès leur départ du Nicaragua qu'elles avaient
pris part aux opérations à partir de Papalonal à la fin de 1980et au very early 1981,and as 1say, 1 am aware of this ;there was also an
interception of an aircraft that had departed there- that had crashed

or was unable to take off again from El Salvador where it landed -
and 1 think that was in either very early January or late December
1980 and this was the type of evidence to which 1 referred, which
disappeared aftenvards.
Q. :1understand you tobesaying,Mr.MacMichael,that youbelieve
that it could be taken as a fact that at least in late 1980/early 1981
the Nicaraguan Government was involved in the supply of arms to
the Salvadoran insurgency. 1sthat the conclusion 1 can draw from
your remarks ?

A. :1hate to have it appear that you aredrawing thisfrom melikea
nail out of a block of wood but, yes, that is my opinion." (Hearing of
16 September 1985.)

77. The foregoing exchange calls for the following observations. First,
Mr. MacMichael confirms that the Carter Administration made represen-
tations to Nicaragua about the use of the airstrip at Papalonal to fly arms
to Salvadoran insurgents (seein this regard, President Ortega's statement
to the New YorkTimesquoted in paragraph 57 of this appendix). Second,
he agrees that President Carter's Secretary of State spoke truthfully in
accusing Nicaragua of knowing about and supporting the supply of arms
to the Salvadoran insurgency. (If Mr. Muskie spoke truthfully, then it
followsthat various spokesmenof theNicaraguan Government in thiscase
have spoken untruthfully in saying the opposite on that precise point.)

Third, the description of the facts surrounding the operations out of
Papalonal givenby Mr. MacMichael closelycorrespoiids with the account
given of those very operations by the United States ("Revolution Beyond
Our Borders",pp. 18-19,28-29) - an account, much of which wasread out
in Court (see para. 58 above), which is incompatible with the reiterated
claim of the Nicaraguan Government that it "never" participated in the
shipment of arms to Salvadoran insurgents (see also, BackgroundPaper :
Nicaragua S.Military Build-Up and Supportfor CentralAmerican Subver-
sion, pp. 21-22, submitted by the United States to the Court with its
Counter-Memorial, and the statement of Ambassador Kirkpatrick of
25 March 1982in the SecurityCouncil about the roleof Papalonal airstrip,

S/PV.2335, pp. 42-43). Fourth, and most important of all, Mr. Mac-
Michael agrees that "it could be taken as a fact that at least in late
1980/early 1981the Nicaraguan Government was involved in the supply
of arms to the Salvadoran insurgency". That affirmation undermines the
bedrock assertions of the position of the Nicaraguan Government in this
case. Ifwhat Mr. MacMichael takesasthe factisthe fact then it necessarily
- not possibly but necessarily - follows that Foreign Minister D'Escoto,
Commander Carrion and the Nicaraguan Agent have sworn and spoken
contrary to the fact. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL)437

tout débutde1981 ;commeje l'aidit,j'étais aucourant ;ilya eu aussi
l'interception d'un aéronefqui étaitparti de là - et qui s'estécraséou
n'apas pu redécollerdu Salvadoroù il avait atterri - etje pense que
c'était soit audébutdejanvier soit à la fin de décembre1980.C'est le
type de preuve dont j'ai parlé, qui a disparu par la suite.

Q. .. Si je comprends bien, monsieur MacMichael, vous pensez
que l'onpeut considérercomme un fait qu'au moins àla fin de 1980et
au début de 1981leGouvernement nicaraguayen était impliquédans
I'expédition d'armes aux insurgés d'El Salvador. Est-ce là la conclu-
sion que je peux tirer de vos remarques ?

R. : Cela me gênebeaucoup que vous ayez l'air de m'arracher cela
comme un clou d'une poutre mais, en effet, c'est bien mon opinion. ))
(Audience du 16 septembre 1985.)

77. Cet échangeappelle plusieurs remarques. Tout d'abord, M. Mac-
Michael confirme que l'administration Carter avait protesté auprès du
Nicaragua au sujet de l'utilisation de la piste de Papalonal pour l'envoi
d'armes aux insurgés salvadoriens (voir à cet égard la déclaration du
président Ortega au New York Times citée auparagraphe 57 du présent
appendice). Ensuite, il estime véridiques les accusations portées par le

secrétaired'Etat du présidentCarter contre le Nicaragua. à savoir que ce
pays avait eu connaissance de l'envoi d'armes aux insurgéssalvadoriens et
l'aurait soutenu. (Si M. Muskie disait vrai, il faut en déduireque divers
porte-parole du Gouvernement nicaraguayen ont menti en soutenant le
contraire sur ce point précis.)En troisième lieu,le récitque fait M. Mac-
Michael des opérations àpartir de Papalonal correspond de trèsprès à la
relation qu'en donnent les Etats-Unis (<(Revolution BeyondOurBorders )),
p. 18-19,28-29) - dont de larges extraits ont étélus pendant lesaudiences

de la Cour (voir le paragraphe 58 ci-dessus) et qui est incompatible avec
l'affirmation réitérée du Gouvernement nicaraguayen selon laquelle il
n'aurait jamais ))participé à l'envoi d'armes aux insurgéssalvadoriens
(voir aussi Background Paper :Nicaragua'sMilitary Build-Upand Support
for Central American Subversion,p. 21-22, soumis par les Etats-Unis à la
Cour en même tempsque leur contre-mémoire, et la déclaration faite le
25 mars 1982au Conseil de sécuritépar l'ambassadrice Jeane Kirkpatrick
à propos du rôle de la piste d'aviation de Papalonal, 9PV.2335, p. 43).

Enfin - point primordial - M. MacMichael affirme que <(l'on peut
considérercommeun fait qu'au moins à la fin de 1980et au début de 1981
le Gouvernement nicaraguayen était impliquédans I'expéditiond'armes
aux insurgés d'ElSalvador H. Cette affirmation ébranle celles, pourtant
fondamentales, du Gouvernement nicaraguayen en l'espèce.Si ce que
M. MacMichael considère comme vrai est effectivement la réalité,il faut
obligatoirement en déduire - non pas éventuellement, mais obligatoire-

ment - que le ministre des relations extérieures, M. D'Escoto, le com-
mandant Carrion et l'agentdu Nicaragua ont, sousserment, dit descontre-
vérités.3. Admissions by Nicaraguan counsel

78. Contrary to the practice of theCourt, and theimport of Article 53of
the Rules of Court, theNicaraguan Government released the substance of
its pleadings to the press before they were made public by the Court (see
the New York Times of 7 May 1985.at p. A16. which contains a detailed

summary of the Nicaraguan Mernorial on the merits, not released by the
Court until the opening of oral argument in September). Perhaps then it
should not have been surprising that, shortly before the merits of the case
were argued in Court, Professor Chayes and Mr. Reichler gave an inter-
view to Shirley Christian of the New York Times by which readers were
informed of what "the Government of Nicaragua will try to prove in
proceedings opening at the World Court next week . . .(the New York
Times, 8 September 1985,p. 23).That article contains the following pas-
sages :

"Addressing a longstanding United States accusation, the lawyers
for Nicaragua said they would acknowledge that the Managua
Government supplied weapons to Salvadoran guerrillas for the big
January 1981 offensive against the United States-backed Govern-
ment in El Salvador. But they will argue that there is no credible
evidence of sustained arms shipments since then."

After some paragraphs, the article concludes :
"The lawyers said their key witness to rebut the United States

chargethat the Sandinistas were aidingtheSalvadoran guerrillas. the
initial reason theAdministration used for backing the contras,would
be David MacMichael, a former CIA analyst. Mr. MacMichael has
previously given Congressional testimony saying the Administra-
tion's case is weak.
American officials have said the Sandinistas tacitly acknowledged
several years ago that aid might be going from Nicaragua to the
Salvadoran guerrillas but maintained it was from individuals.

Mr. Reichlersaid he'strongly advised'Nicaragua that it should not
undertake the court suit if it were still involved in arms traffic to El
Salvador.
'They assuredus from the beginning that they had nothingto hide',

he said."
79. Thus we have counsel for Nicaragua, according to this report, (a)
acknowledging that theNicaraguan Government supplied weapons to the
Salvadoran insurgents for their January 1981final offensive ; (6) main-
taining that there is no "credible" evidence of "sustained" arms shipments
since ; (c)stating that they advised the Nicaraguan Government not to

bring suit if it were "still" involved inuch traffic; and (d) characterizing
Mr. MacMichael as their "key witness". It is interesting tonote that when3. Fuits reconnus pur les conseils du Nicaragua

78. Contrairement à la pratique suivie devant la Cour et aux disposi-
tions de l'article 53 du Règlement de la Cour. le Gouvernement nicara-
guayen a révélé àla presse lecontenu de sespiècesécritesavant que la Cour
ne les rende publiques (voir le New York Timesdu 7 mai 1985.p. A 16,où

figure un résumédétaillé du mémoiredu Nicaragua sur lefond, que la Cour
n'a rendu public qu'à l'ouverture de la procédure oraleenseptembre). Dès
lors. iln'étaitpeut-êtrepasétonnant que peu avant les audiences de la Cour
sur le fond MM. ('hayes et Reichler accordent un entretien a Shirley
Christian. du Ne~l YorkTimes,dont les lecteurs ont étéinformésde ce que

le Gouvernement du Nicaragua essaiera de prouver lors de la procédure
qui s'ouvre la semaine prochaine devant la Cour mondiale ... (New York
Tinic 8s.septembre 1985. p. 23). Cet article comporte les passages sui-
vants :

Rkpondant à une accusation réitérée des Etats-Unis. les avocats
du Nicaragua disent être prêts à reconnaître que le gouvernement de
Managua a fourni des armes aux guérilleros salvadoriens pour la

grande offensive de janvier 1981 contre le Gouvernement d'El Sal-
vador appuyépar les Etats-Unis. Mais ils plaideront qu'il n'y a pas de
preuves convaincantes démontrant qu'il y ait eu depuis lors d'impor-
tants envois d'armes.

Plusieurs paragraphes plus loin. l'article conclut :

((D'après les avocats, leur témoin principal pour réfuter I'accusa-
tion des Etats-Unis que les sandinistes aidaient les guérillassalvado-
riennes - raison initiale invoquée par le gouvernement pour aider les
(,ontrus - serait David MacMichael, ancien analyste de la CIA.

M. MacMichael a déjà témoignédevant le Congrès qu'à son avis la
thèse du Gouvernement américain était faible.
Certaines personnalités officielles américaines affirment que les
sandinistes ont tacitement reconnu il ya plusieurs annéesqu'il y avait

peut-être une aide du Nicaragua aux guérilleros salvadoriens. mais
qu'elle provenait uniquement de particuliers.
M. Reichler a déclaréqu'il recommandait fermement au Nica-
ragua de ne pas engager la prockdure devant la Cour si cet Etat se
trouvait encore melk à un trafic d'armes à destination d'El Salvador.

(Ils nous ont assuré dès le dkbut qu'ils n'avaient rien à cacher )).
dit-il.1)

79. 11ressort donc de cet article que les avocats-conseils du Nicaragua :
U)reconnaissent que le Gouvernement nicaraguayen a fourni des armes
aux insurgés salvadoriens pour leur offensive finale de janvier 1981 ;
b) maintiennent qu'il n'y a pas de preuves convaincantes de l'envoi

d'<(importantes quantités d'armements depuis cette date ; c) déclarent
avoir conseilléau Gouvernement nicaraguayen de ne pas engager la pro-
cédure s'il se trouvait <<encore ))mêlé à un trafic d'armes :d) qualifientthat key witness testified, he declared to be the fact what Nicaraguan
counsel said that they would acknowledge as the fact.

80. In a further article of 14 September 1985,also written by Shirley
Christian, the following lines are found :

"Arnerican lawyers for the Nicaraguan Government, whose suit
now being heard in The Hague charges aggression by the United
States because of its support for Nicaraguan rebels, have acknow-
ledged that weapons were shipped to El Salvador before the January
1981guerrilla offensivethere but Saythere isno 'credible evidence'of
a sustainedflow sinceApril 1981.Theyalso Saythere is no proof that
the Nicaraguan Government itself wasresponsible for the arms that
were shipped in late 1980 and early 1981 ."(The New York Times,
14September 1985,p. 3.)

While the article of 8 September 1985 contains admissions which, if
accurately reported, contradict the position of the Nicaraguan Govern-
ment that it "never" sent arms to Salvadoran rebels, the article of 14Sep-
tember is lessdamaging to Nicaraguan credibility. It reaffirms that Nica-
raguan counsel have acknowledged that weapons were shipped to El Sal-
vador for the 1981final offensiveand reiterates that there is no "credible"
evidenceof a "sustained" flow thereafter. But it adds that counsel alsoSay,

not that it is not true, but that "there is no proof" that the Nicaraguan
Government itself was responsible for the arrns that were shipped in late
1980and early 1981.

81. In hisletter to the Court of 15October 1985,the Nicaraguan Agent
stated the following :
"Nicaragua's counsel havenever stated or implied that the Gov-
ernment of Nicaragua supplied arms to rebels in El Salvador or

condoned the supply of arms by others from Nicaraguan territory.
Any newspaper article purporting to attribute such statements or
implications to Nicaragua's counsel is inaccurate."

No explanation is proffered of what Nicaraguan counsel actually said, or
of in what precise respects the two articlesreporting their statements are
"inaccurate".
82. In his peroration to the Court, Professor Chayes equivocated :

"Nicaragua produced concrete and credible evidence al1of which shows
that it was not supplying arms to El Salvador either now or in the relevant
past" (Hearing of 19 September 1985).What, it must be asked, is "the
relevant" past ? But it must first be observed that Nicaragua presented no
evidence - apart from self-serving affirmations by the Nicaraguan For-
eign Minister, Commander Carrion and the Nicaraguan Agent - about
what it is doing "now". It presented the evidence of Mr. MacMichael,M. MacMichael de ((témoinprincipal o. On notera que,lorsque ce témoin
principal a déposé,il a attesté la réalitédes faits dont les avocats du
Nicaragua avaient dit qu'ils les reconnaîtraient comme vrais.
80. Dans un nouvel article du 14septembre 1985,égalementde Shirley
Christian, on lit notamment :

Les avocats américainsdu Gouvernement nicaraguayen, dont la
cause, actuellement entendue par la Cour de La Haye, accuse les
Etats-Unis d'agression en raison de l'aide qu'ilsapportent aux re-
belles nicaraguayens, ont reconnu que des armements avaient été

expédiés au Salvadoravant l'offensivede la guérilladejanvier 1981,
mais qu'iln'ya pas de preuves convaincantes de l'envoid'impor-
tantes quantitésd'armes depuis 1981.Ils affirment par ailleurs qu'il
n'existe pasde preuves que le Gouvernement nicaraguayen soit res-
ponsable des envois d'armes fin 1980 et début 1981. (New York
Times, 14septembre 1985,p. 3.)

Alors que l'articledu 8 septembre 1985comportedes affirmations qui, si
elles sont vraies, sont en contradiction avec la position du Gouvernement
nicaraguayen selon laquelle il n'aurait ((jamais ))envoyéd'armes aux
rebelles salvadoriens, celui du 14 septembre porte moins atteinte à la
crédibilité du Nicaragua.Selon cet article, les avocats du Nicaragua ont

reconnu que des armements avaient été expédiés auSalvadoren prévision
de l'offensive finalede 1981,et en outre qu'il n'y a pas de preuves (<con-
vaincantes ))de l'envoi d'(cimportantes ))quantités d'armes après cette
date. Mais lesavocats ont égalementdit non pas qu'il est faux mais <qu'il
n'yapas de preuves oque leGouvernement nicaraguayen soit responsable
des envois d'armes de la fin de 1980au débutde 1981.
81. Dans sa lettre adressée à la Cour le 15 octobre 1985, l'agent du

Nicaragua déclarececi :
Lesconseilsdu Nicaragua n'ontjamais déclaréni laisséentendre
que leGouvernement nicaraguayen fournissaitdesarmesaux rebelles
salvadoriensou approuvait la fourniture d'armes par d'autres parties

intéressées à partir du territoire nicaraguayen. Toute information de
presse prétendant attribuer explicitement ou implicitement de telles
prises de position aux conseils du Nicaragua est inexacte. ))

Aucun commentaire n'estfourni quant aux propos effectivement tenus, ni
pour préciseren quoi les deux articles rendant compte des propos tenus
seraient (<inexacts o.
82. Dans sa plaidoirie devant la Cour, M.Chayesa tergiverséen décla-
rant : <<le Nicaragua a fourni des preuves concrètes et crédiblesqu'il ne
fournit pas actuellement d'armes auSalvador,et qu'iln'ena pas fourni au
cours du passéqui rious intéresse (audience du 19septembre 1985).La
question se pose de savoir ce qu'est ce passéqui nous intéresse ? On

remarquera tout d'abord que le Nicaragua n'a fourni aucune preuve de ce
qu'ilfait (actuellement ))sice n'est lesaffirmations complaisantes de son
ministre des relations extérieures,du commandant Carrion etde son agent.which, to the extent that it isof value, can be soonlyforthe period in which
he claims to have had access to the intelligence data, namely, mid-1979 to
April 1983.April 1983is not "now". And as for the past, theadmissions of

Nicaraguan leaders and of its witnesses of themselves demonstrate the
falsity of any such claim unless, arguably, the period before April 1981is
excluded as not being "relevant". And what reason is there for concluding
that it is not relevant, except that to do so suits Nicaragua's case ? If one
considers the motivations of the United States, the actions of Nicaragua

before April 1981 demonstrably are relevant, for they led, among other
things. not only to support of the contras, but to (a) the resumption of
United States arms aid to theGovernment of El Salvador, which had been
suspended ; (b) the suspension of economic aid to the Government of
Nicaragua by the Carter Administration ;and (c)the termination of eco-
nomicaid to theGovernment of Nicaragua by the Reagan Administration.

A number of reports indicate that a critical factor in leading the United
States to supportthe conrrus.and in persuading the United Statesthat the
Sandinista Government cannot be trusted, was not only the shipment of
arms for the "final offensive" - an offensive which neither the Govern-
ments of El Salvador nor the United States found irrelevant - but the
persistence of the Nicaraguan Government in dissembling about what it

actually had been doing. before January 1981and thereafter : a persistence
which theNicaraguan Government has maintained in Court (see,e.g.. Roy
Gutman. "Nicaragua : America's Diplomatic Charade". Foreign Poli-'
Fall 1984.p. 6 : "Haig's distrust of the Nicaraguans stemmed from their
denial of furnishing aid to the Salvadoran guerrillas in early 1981." See

also. Alexander M. Haig, Jr., Caveat, 1984.pp. 88-89, 103. 109. 122-123).

83. For his part, Professor Brownlie offered the following "hypo-
thesis" :

"The hypothesis concerns a small State and a period of five or six
years. In the first year of the fiveor six-year period wewillassume that

there isevidence of arms moving across the frontier of that small State
into a neighbouring State. If it appeared that the Court believed that
such a set of factsjustified the type of coercion brought to bear by the
United States over a period of four or fiveyears,long after the original
hypothetical traffic in arms had ceased. and that it couldjustify the
massive use of a variety of forms of coercion over that period of four

or five years ; in my submission that would be virtually a return to
the concept visible in the 1930s in Europe, the diplomacy of provo-
cation. where some original event is taken as ajustification for a long
sequence of coercion." (Hearing of 20 September 1985.)

This apparently is an invitation to the Court to excuse the misrepresen-
tations of Nicaragua's officials and to overlook the prevarication of Nica-
raguan policy. and to condone Nicaragua's violations of international law Ila présentéle témoignagede M. MacMichael, qui, dans la mesure où ila
une quelconque valeur, ne vaut que pour la période pendant laquelle il dit
avoir eu accès aux données des services de renseignement, à savoir du
milieu de 1979àavril 1983.Avril 1983,ce n'estpas « actuellement o.Quant
au passé, les déclarations des responsables nicaraguayens et des témoins

du Nicaragua suffisent à démontrer la faussetéde cette allégation, sauf si
on exclut - ce qui est discutable - la période précédantavril 1981parce
qu'elle ne nous intéressepas o.Et pour quelle raison ne nous intéresse-
rait-elle pas, si ce n'est qu'elle gênele Nicaragua ? Si on envisage les
motivations des Etats-Unis, les actions menées par le Nicaragua avant

avril 1981 sont manifestement intéressantes puisqu'elles ont entraîné,
entre autres conséquences, non seulement l'appui aux contras, mais en-
core : a) la reprise de I'aide militaire des Etats-Unis au Gouvernement
d'El Salvador ; h) la suspension de I'aide économique au Gouvernement
du Nicaragua par l'administration Carter ;c) la cessation de I'aide écono-

mique au Gouvernement du Nicaragua par l'administration Reagan. Il res-
sort en effet de plusieurs documents qu'un des facteurs déterminants qui
ont poussé les Etats-Unis à appuyer les contras et qui les ont persuadés
qu'ils ne pouvaient faire confiance au gouvernement sandiniste a éténon
seulement l'envoi d'armes en vue de l'offensive finale - offensive que ni le

Gouvernement salvadorien ni leGouvernement desEtats-Unis n'ontjugée
sans intérêt - mais aussi le fait que le Gouvernement nicaraguayen n'a
cesséde déguiserla réalitéde son action, que ce soit avant janvier 1981ou
après : pratique dans laquelle le Gouvernement nicaraguayen persiste
devant la Cour (voir, par exemple, Roy Gutman, <(Nicaragua :America's

Diplomatic Charade O,ForeignPolicy, automne 1984,p. 6 : (<La méfiance
de Haigenvers lesNicaraguayens est due àleurs démentissur l'aidefournie
aux guérilleros salvadoriens au début de 1981 ; voir aussi, Alexander
M. Haig, Jr.. Cuveat, 1984, p. 88-89, 103. 109. 122-123).
suivante:
83. Quant à M. Brownlie il formule I'« hypothèse

Imaginons un petit pays pendant une période de cinq ou six ans.
Et supposons que, pour la première annéede cette période. ilexiste
des preuves d'un trafic d'armes entre ce petit pays et un pays voisin.
La Cour. si elle estimait que cet ensemble de faitsjustifie le type de
coercition dont les Etats-Unis ont été responsablespendant quatre à

cinq ans. longtemps après la fin de ce trafic hypothétique. pourrait
alorsjustifier l'emploi massif de divers moyens de coercition tout au
long de cette période de quatre ou cinq ans. Mais. d'après moi. il
s'agirait virtuellement d'lin retour à la situation des années trente en
Europe, c'est-à-dire à la diplomatie de la provocation, où un incident

quelconque servait de prétexte à une longue suite d'actions coerci-
tives. ))(Audience du 20 septembre 1985.)

Apparemment, c'est là inviter la Cour àjustifier le travestissement desfaits
par les représentants du Nicaragua, à faire abstraction de la mauvaise foi
de cepays et àexcuser lesviolations du droit international qu'il a commisesin the period July 1979to January 1981,particularly on two grounds :(a)
Nicaragua's shipment of armshas ceasedand (b)because ithas ceased,and
because Nicaragua isNicaragua and theUnited States istheUnited States,
the United States response is disproportionate, indeed it is the United
States which pursues "a diplomacy of provocation".

84. The fact is that Professor Brownlie'shypothesis is hypothetical ;
that arms shipments and other support by Nicaragua of insurgency in El
Salvador have not ceased. That is not to Say that the question of the
proportionality of the United States response neverthelessisnot a genuine
question ;clearly it is.Butwhat Professor Brownlie'sstatement adds upto
isanother indication byNicaraguan counselof the duplicity of theposition
in Court of the Government of Nicaragua. It is clearly an inferential
admission that, in the earlier period of the events in issue, the Nicaraguan
Government did send armsand other material support tothe insurgency in
El Salvador.

85. Finally, in respect of the admissions of Nicaraguan counsel, let us
look to the closing statement of the Agent of Nicaragua. That statement
begins with what may be seenas a political rather than legalappeal :"The
cause of my country is also the cause of al1the small nations on earth ...
The cause of my country is, and has been, the cause of Latin America."
(Hearing of 20September 1985.)Heembroidersthat themewith references
to "mobilizing the force of international law" not asan impartial arbiter
between States but as "a defence against theinnumerable interventions of
the United States in Latin America" (ibid.).With respect to what he
recognizes to be a critical issueof the case, "the question of arms supplied
to El Salvador", he reiterates that Nicaragua's position "remains the same
as it was at the beginning of the case and as it always has been. We have

never varied from that position." He quotes again the affidavit from "our
Foreign Minister, Father Miguel D'Escoto" who "swore" that, "In truth,
myGovernment is not engaged and has not been engaged in the provision
of arms or supplies to either of the factions engaged in the civilwar in El
Salvador." He quotes Commander Carrion's sworn testimony that Nica-
ragua's Government has "never" had a policy of sending arms to oppo-
sition forces in Central America. He denies that there were "several"
training facilities provided for Salvadoran guerrillas. He affirms that
Nicaraguan counsel have never said anything to the contrary. And then he
turns to Mr. MacMichael'stestimony, as "the one person who has seen al1
the evidencein the possessionof the United States relating to the supply of
arms to the Salvadoran guerrillas during the period of time that isrelevant
to this case".

86. That last sentence callsfor twocomments. The first isthat Mr. Mac-
Michael cannot conceivably be "the one person" who has seen al1of such
evidence.Not only is that claim implausible on its face ;Mr. MacMichael ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISSS . CHWEBEL)441

pendant lapériodeallant dejuillet 1979àjanvier 1981,sousdeux prétextes
notamment :a) parce que le Nicaragua aurait cesséd'envoyerdes armes ;
b) parce que cesenvois ayant cesséet leNicaragua étantleNicaragua et les
Etats-Unis étantles Etats-Unis, la réactiondes Etats-Unis est dispropor-

tionnée,et qu'en conséquence cesont les Etats-Unis qui pratiquent la
diplomatie de la provocation 1).
84. Lefait estque l'hypothèsede M. Brownlien'estqu'unehypothèse,et
que les envois d'armes et autres formes d'appui à l'insurrection salvado-
rienne par le Nicaragua n'ont pas cessé.Cela ne revient pas à dire que la
question de la proportionnalité de la réactiondes Etats-Unis ne se pose

pas, ni qu'il ne s'agït pas d'une vraiequestion car c'en est une. Mais la
déclarationde M. Brownlien'équivaut qu'à unenouvellc eonfirmation, par
lesconseils du Nicaragua, de la duplicité du Gouvernement nicaraguayen
devant la Cour. On peut manifestement en déduirela reconnaissance que,
pendant la période initialedes événementsen cause, le Gouvernement
nicaraguayen a bel et bien fourni des armes et d'autres formes d'appui
matériel à l'insurrection salvadorienne.

85. Voyons, pour en finir avec les affirmations des conseils du Nicara-
gua, la déclaration finalede son agent. Cette déclaration commencepar ce
que l'on peut considérercomme une proclamation politique, et non juri-
dique : La cause (le mon pays est aussi la cause de toutes les petites
nations du monde ...La cause de mon pays est aussi, et a toujours été,la
cause de l'Amériquel:atine. )(Audience du 20 septembre 1985.)L'agent
brode sur ce thèmet:n appelant à <(mobiliser la force du droit internatio-

nal )),non en tant qu'arbitre impartial entre Etats, mais «pour permettre à
l'Amériquelatine de sedéfendrecontre lesinnombrables interventions des
Etats-Unis (ibid.).Encequi concerne cequ'ilreconnaît êtreune question
critique en la présente instance, ((la question de l'envoi d'armes au Sal-
vador o,il répèteque la position du Nicaragua ((reste ce qu'elle étaitau
débutdel'affaireet cequ'ellea toujours étéN . ous ne nous sommesjamais
écartésde cette position. 1)Il cite de nouveau la déclaration écritede

notre ministre des affaires étrangères,le père Miguel D'Escoto )),qui
((affirmait sous serrnent ))que, <en réalité, mongouvernement ne parti-
cipe pas et n'a jama.is participé à la fourniture d'armes ou autres appro-
visionnements à l'une quelconque des factions opposéesdans la guerre
civileau Salvador o.Ilcite lecommandant Carrion qui, dans sadéposition
sousserment,a ditque songouvernement n'avait ((jamais )eu depolitique
de fourniture d'armes aux forcesd'opposition en Amériquecentrale. Il nie

également qu'ily ait eu <plusieurs )>centres d'entraînement mis à la
disposition des insurgés salvadoriens.Il affirme que les conseils du Nica-
ragua n'ont jamais prétendu le contraire. Puis il évoque le témoignage
de M. MacMichael, la seule personne qui avait étudiétous les faits
qu'avaient pu rassembler les Etats-Unis au sujet de l'approvisionnement
en armes des guérillerossalvadoriens à l'époquequi nous intéresse o.
86. Cette dernière phrase appelledeux remarques. Premièrement, il est

inconcevable que M1.MacMichael soit (la seule personne ))ayant étudié
tous les faits. D'une part, c'est invraisemblable en soi ; d'autre part,442 MILITARY AND PARAMILITARY ACTlVITlES (DISSO. P.SCHWEBEL)

in Court himself conceded that Congressman Boland (and presumably

other members of the Congressional committees on intelligence) had seen
the verydata hehad seen :"it ismybelief". Mr. MacMichael testified, that
the evidence Congressman Boland saw "was essentially the same evidence
that 1 saw" (Hearing of 16September 1985).Second. the Agent of Nica-
ragua takes refuge in thesame shelter which ProfessorChayes earlier dug :
that of "the period of time that is relevant to this case". Earlier. the Agent
of Nicaragua had maintained that "it is of no relevance to discuss hap-
pening~ five years ago . .." (Hearing of 19 September 1985). These
references to a "relevant period" may, again, be taken as an inferen-
tial admission that, in what Nicaragua deems the "irrelevant period", it
did supply arms to the Salvadoran insurgents.

4. Adnzissionsby leadersof the Sulvudorun insurgency

87. Speaking in Managua on 9April 1983at the funeral of his murdered
Salvadorancomrade, Melida Anaya Montes,known as "Commander Ana
Maria", at the CommanderAna Maria Revolutionary Square in Managua.
theSalvadoran insurgent chief,CayetanoCarpio ("Commander Marcial")
gave a eulogy before the most senior officiaisof the Nicaraguan Govern-
ment. the FSLN, and Salvadoran insurgent groups. He proclaimed that :

"The Reagan Administration, which is an enemy of mankind and
which threatens thepeoples of Central America and theworld. isdaily

plotting acts of political and military aggression against our
peoples.
That is why it is so profoundly moving that at a time of great
bereavement like these which our people are experiencing. the people
of Nicaragua are offering us this comforting solidarity and encour-
agement to continue the struggle against the common enemy with
much more ardor.
Imperialism isaccusing Nicaragua by saying that the leaders of the
Salvadoran people are here ;the leaders of the FMLN-FDR. In my
opinion this charge was made as if one people's solidarity with
another issomethingto be ashamed of. However.one thing isevident.
themembers of theDirectorate and al1itsworking teams, someinside
the country and others outside the country. are steadfastly at work
fullyawareof theneed to unite the interna1strugglewith international

solidarity and with the struggle of al1peoples for the liberation of
Central America and El Salvador. That is why we move from one
country to another. However,whenweare insomeother country, they
do not accuse that country of harboring the FDR directorate, for
example. 1receivedthe blowof thiscrushing newsat acongress that is
currently underway in Libya. From that faraway place, from the ACTIVITÉS MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 442

M. MacMichael a lui-.mêma edmis devant la Courque M. Boland, membre
du Congrès(et vraisemblablement d'autres membres des commissions du

renseignenient). avait eu accèsaux mêmesdonnéesque lui-même : Je
suis persuadé o.adéclaré M.MacMichael, que lespreuves que M. Boland.
membre du Congrès. a vues sont pour l'essentiel celles que j'ai vues
moi-même (audience du 16septembre 1985).Deuxièmement. l'agentdu
Nicaragua reprend l'argument que lui avait soufflé M.Chayes : celui de
((la période quinou:i intéresse D.L'agent du Nicaragua avait précédem-
ment soutenu qu'a ilestsans pertinence dediscuter d'événements survenus
il y a cinq ans )>(audience du 19 septembre 1985). Mais là encore ces

allusions à une <période qui nous intéresse peuvent se comprendre
commeune reconnaissance du fait que le Nicaragua, pendant la période
qui ne l'intéresse pas. a bel et bien fourni des armes aux insurgéssalva-
doriens.

4. Faits reconnus par les chefs de l'insurrectiosulvudorienne

87. Le9avril 1983ont eu lieu à Managua lesobsèquesde Melida Anaya
Montes connue sous le pseudonyme de (commandant Ana Maria )>Le
chef de l'insurrection salvadorienne. Cayetano Carpio (<(commandant
Marcial O).a prononcésur la place de la Révolution-Commandant-Ana-
Maria. en présencedes plus éminentespersonnalités du Gouvernement
nicaraguayen. du FSLN et de groupements insurrectionnels salvadoriens.
I'klogefunèbre de sa,camarade salvadorienne assassinée.II a proclamé :

«L'administration Reagan,qui est l'ennemiede l'humanitéet qui
menace lespeuples d'Amérique centraleet du monde entier. prépare
tous lesjours des actions d'agression politique et militaire dirigées
contre nos 1eurtles.
C'estpourquoi ilest siprofondément émouvantqu'endestemps de
grand deuil comme ceux que traversent nos populations le peuple du
Nicaragua nous offre cette solidaritéréconfortanteet nousencourage
à poursuivre la lutte contre l'ennemicommun avec une ardeur redou-

blée.
Les impérialistesaccusent le Nicaragua en prétendant que les diri-
geants du peupl*esalvadorien setrouvent ici ;ils'agitdes dirigeants du
FMLN-FDR. A mon avis.cette accusation a été proféréecomme sila
solidarité d'un ]peupleavec un autre étaitquelque chose dont il faut
avoir honte. Mais une chose est évidente.lesmembres du directoire et
de tous sesgroupes d'action, dont certainsse trouv6nt dans le pays et
d'autres à 1't;tr~inger. oursuivent avec fermeté leur activité.car ils

sont conscients de la nécessitéde lier la lutte internei la solidarité
internationale et au combat de tous les peuples pour la libérationde
l'Amériquecentrale et du Salvador. C'est pourquoi nous nous dépla-
Consd'unpays iiun autre. Toutefois. lorsque nousnous trouvons dans
quelque autre pays, ils ne reprochent pas à ce pays de recevoir le
directoire du FDR. par exemple. J'ai subi le choc de cette nouvelledeserts ofAfrica, 1immediately rushed here, trying togethere on time
for the funeral services of our late companera.

However, imperialism does not accuse these other countries. It
accuses Nicaragua. Why ? Becauseimperialism has an overall policy
against our Central American peoples, who have already risen up
irreversibly in a revolutionary struggle until the final victory.

The Central American peoples' struggle is one single struggle.
When he formed his rebel army in the mountains, Sandino had
companeros from al1over Central America beside him. And al1of
Central America fought against imperialism in the struggles and

accomplishments of the heroicNicaraguan guerrillas.Our revolution-
ary leader, Companero Farabundo Marti, was there alongside San-
dino.

The Salvadoran people are tirelesslystruggling,but the strugglesof
our two peoples are not merely the struggles of El Salvador and
Nicaragua. That is whyfrom day to day the Reagan administration is
scheming,dealingpolitical and military blows,aggressionsand block-
ades, and making plans to escalate the aggression not only against El
Salvador but alsoagainst Nicaragua. Therefore, at a timelikethis,at a
time in history which isone of transition toward independencefor al1
our peoples, the glorious example that the Nicaraguan people have
given us,their warm solidarity in moments of grief,and 1 am surealso
in moments of great joy, when we achieve victory we will be arm in
arm and struggling for the total liberation of Central America.

The people of El Salvador will thank you from the bottom of their
hearts forthis recognition to one of our children, one of our leader-
today, always, at every moment - and for these expressions of soli-
darity by the people of Nicaragua. Al1the Central American nations

are experiencing the aggressionofU.S.imperialism.Weare struggling
against its intervention in everydignified way we can, but we arealso
aware that al1the Central American nations will become one revo-
lutionary fire if U.S. imperialism carries out its aggressive plans
against Nicaragua or El Salvador.

You can rest assured that wewill fight to the end for the victory of
al1Central American nations, which deserve to rule their own des-
tinies.On behalf of the FMLN and the FDR, and especiallyon behalf ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS CHWEBEL) 443

accablante lors d'un congrès qui se tient actuellement en Libye. De
ce pays lointain, des déserts africains, je suis revenu en toute hâte
ici,-pour essayer d'arriveà temps pour les obsèques de notre com-
.ae"e.
Toutefois, les; impérialistes n'accusent pas ces autres pays. Ils
accusent le Nicaragua. Pourquoi ? Parce que les impérialistespra-
tiquent une politique générale dirigéceontre nos peuples d'Amérique
centrale qui se sont déjà soulevésde façon irréversibledans un com-
bat révo1utionn;sirequi les mènerajusqu'à la victoire finale.
Le combat des peuples d'Amériquecentrale est un seul et unique
combat. Lorsqu'il constituait son arméerebelle dans les montagnes,
Sandino avait avecluidescompagnons venus de tous lespays d'Amé-
rique centrale. Et tous ces pays d'Amériquecentrale ont combattu
l'impérialismedans le cadre des luttes et des réalisationsdes héroï-

ques guérilleros nicaraguayens.Notre chef révolutionnaire, le com-
pagnon Farabundo Marti, était là, aux côtésde Sandino.

Le peuple sallvadorienlutte sans relâche, mais le combat de nos

deux peuples n'estpas seulement celuid'El Salvadoretdu Nicaragua.
C'est pourquoi 'l'administrationReagan ne cesse de comploter, d'or-
ganiser des coups de main, des agressions et des blocus politiques et
militaires et d'élaborer desplans pour intensifier l'agression non
seulement contre El Salvador mais aussi contre le Nicaragua. En
conséquence, àluneépoquecommecelle-ci, àun moment de l'histoire
où tous nos peuples sont en marche vers l'indépendance, devantle
glorieux exemple que nous a donné le peuple nicaraguayen et sa
profonde solidaritédans les moments de deuil et aussi,j'en suis sûr,
dans les moments de grande joie, lorsque nous serons à portéede la
victoire, nous continuerons àluttercoude à coudepour la libération
totale de l'Amérique centrale.

Le peuple d'El Salvador vous sera reconnaissant du fond du cŒur
pour cet homm,agerendu à l'unde nos enfants, à l'un de nos chefs-
aujourd'hui, toujours et sans relâche - et pour ces expressions de
solidaritémanifestéespar lepeuple du Nicaragua. Toutes les nations
d'Amériquecentrale son?en butte à l'agressionde l'impérialismedes

Etats-Unis. Noiùsluttonscontre leur intervention par tous lesmoyens
honorables qui sont à notre portée,mais nous savons aussi que toutes
les nations d'Amérique centrale s'uniront en un brasier révolution-
naire sil'impérialisme desEtats-Unis devait mettre en Œuvresesplans
d'agression contre le Nicaragua ou El Salvador.

Soyez assurésque nous lutterons jusqu'au bout pour assurer la
victoire finale de tous les pays d'Amériquecentrale, qui méritent
d'êtremaîtres de leurs destinées.Au nom du FMLN et du FDR, et of the companeros of the Farabundo Marti people'sliberation forces,

1 tell you dear friends, embraced in the same struggle, thank you very
much. Until the final victory !Revolution or death !(FBIS, Central
America, 11 April 1983,pp. 8-9.)

88. The Sandinista communiqué read out at the funeral service,
addressed to the Salvadoran insurgent forces, read :

"Brothers : The death of Commander Ana Maria, deputy com-
mander of the Salvadoran FPL and member of FMLN's DRU, has
been a deep blow to the hearts of Nicaraguans. Commander Ana
Maria had represented the interests of her people ever since she
assumed leadership of the teachers' struggle and joined the armed
struggle of the glorious Salvadoran people. She managed to be at the

sametimevoiceand rifle, missionary and fighter. Sherepresented well
theinterests of the revolution and contributed remarkably to the unity
and development of the Salvadoran people's struggle. Her death
brings mourning to the Nicaraguan flag and the hearts of Central
Americans and comesat a time when imperialism'sferocity against El
Salvador and Nicaragua has been multiplied. Herdeath comes when
imperialism has launched war against our people. Ana Maria'sdeath.
however,isnot merelyanother demonstration of the unlimited cruelty
of our enemies. It is also an additional powerful reason for the
peoples' anger to turn into determination and victories.

The FSLN National Directorate, on behalf of the Nicaraguan
people, expresses its most fervent solidarity to thecompanerosof the
FMLN DRU, the FDR, the FPL, the Salvadoran people, and parti-

cularly to our companero, Salvador Cayetano Carpio, Marcial.
Our peoples are invincible, because they are revolutionaries. Long
live the heroic struggle of the Salvadoran people ! [Crowd answers :
Viva !]Long live the immortal memory of Commander Ana Maria !
[Crowd answers : Viva !] Free fatherland [Crowd answers : 'Or
death' !] [Signed] FSLN National Directorate." (Ibid., p. 11.)
89. Within a few days, CayetanoCarpio was reported to have commit-

ted suicidein Managua,apparently because of the fact that his supporters
(not the CIA as initially charged) had rnurdered Melida Anaya Montes,
and, it isalleged,because of pressuresexerted upon him by the Nicaraguan
Government (see the account by James Le Moyne below, para. 188).His
funeral was attended by the most senior officiais of the Nicaraguan
Government.
90. It may be observed that, in answer to a question put by me. the
Agent of Nicaragua transmitted to the Court the following statement in a
letter of 26 November 1985 :

"2.1. Melida Anaya Montes arrived in Nicaragua as a refugee
approximately one month before her death ; she did not establish surtout au nom descompagnonsdes forcespopulaires de libérationde
Farabundo Marti, mes très chers amis unis dans le mêmecombat, je
vous dis toute notre reconnaissance. En avant vers la victoire finale !
La révolutionouila mort ! (FBIS. Amériquecentrale, 11avril 1983.
p. 8-9.)

88. Le communiqué sandiniste lu aux forces insurrectionnelles salva-
doriennes pendant le service funéraire étaitainsi conçu :
Frères !la rnort du commandant Ana Maria, commandant en

second du FPL salvadorien et membre du DRU du FMLN, adésolé le
cŒurdes Nicaraguayens. Lecommandant Ana Maria areprésentéles
intérêtsde son peuple depuis qu'elle avait assuméla direction de la
lutte des enseignants et rejoint la lutte armée du glorieux peuple
salvadorien. Elle a été toutà la fois une voix et un fusil, une mission-
naire et une combattante. Ellereprésentaitadmirablement lesintérêts
de la révolution eta grandement contribué à assurer l'unitéet I'in-
tensification de la lutte du peuple salvadorien. Sa mort endeuille le
drapeau nicaraguayen et les cŒurs des habitants de l'Amériquecen-
trale,à une époque où la férocitéde I'impérialisme à l'égardd'El

Salvador et du Nicaragua ne cessede s'amplifier. Samort survient au
moment où l'impérialismea déclenchéla guerre contre notre peuple.
Mais la mort d'Ana Maria n'estpas simplement une nouvelle démons-
tration de la cruautésansbornes de nosennemis. C'estégalement une
nouvelle et puissante raison de traduire lacolèredu peuple en volonté
et en victoires.
Au nom du peuple nicaraguayen, le directoire national du FSLN
exprime sa fervente solidarité avec les compagnons du DRU du
FMLN, du FDR, du FPL, du peuple salvadorien et tout particuliè-
rement avec notre compagnon Salvador Cayetano Carpio, Marcial.

Nos peuples sont invincibles. car ils sont révolutionnaires. Vive la
lutte héroïquedu peuple salvadorien ![La foule répond : sVive ! O]
Vive l'immortel souvenir du commandant Ana Maria ! [La foule
répond : Vive ! D] Une patrie libre ! [La foule répond : (Ou la
mort !O] [Signé]Directoire national du FSLN. )>(Ibid p .,Il.)

89. Quelques jours plus tard, on a appris que Cayetano Carpio s'était
suicidé à Managua en raison apparemment du fait que c'étaientses par-
ti~ans(et non la CIA comme on l'enavait accuséeinitialement) qui avaient
assasaint: Melida Ariaya Montes et. selon certaines rumeurs. à cause des
pressions exercéessur luipar leGouvernement du Nicaragua (voirci-après
l'article de James Le Moyne. par. 188).Toutes les sommitésdu Gouver-
nement nicaraguayen assistaient à ses obsèques.
90. 11convient de remarquer qu'en réponse àune question que j'avais
posée, l'agentdu Nicaragua d fait parvenir à la Cour la déclaration sui-
vante, dans une lettre en date du 26 novembre 1985 :

(12.1. Melida Anaya Montes étaitarrivéeau Nicaragua en qualité
de réfugiéeenviironun mois avant sa mort ; elle n'apas éludomicile dans le pays, et l'on ne trouve pas de trace d'une activité profession-
nelle durant son séjour. Cayetano Carpio est arrivé au Nicaragua
aprèsledécèsde Melida Anaya Montes pour assister aux obsèques ;il
n'a pas élu domicileet n'a pas exercéd'activitépendant les quelques
jours où il y a sejourné.

2.2. Melida Ariaya Montes et Cayetano Carpio étaientassociésau
mouvement insurrectionnel au Salvador.
Cette déclaration peu.t êtrecomparéeavec le récitqu'a fait Christopher
Dickey de l'assassinat de Melida Anaya Montes par les partisans de

Cayetano Carpio. Il note que << le domicile d'une frêledame salvado-
rienne ))qui commandait en second la faction la plus importante de la
guérillasalvadorienne était unemaison située àManagua ; il signale qu'il
l'ainterviewéedans cette maison en novembre 1981(loc. cit.p. 212, 304).
<<Le 6 avril [1983]Ana Maria a étéassassinéedans son coquet bunga-
low de Managua. (]P.213.) La chronique de Dickey se poursuit ainsi :

(Lorsque la nouvelle du meurtre a été divulguée,Tomas Borge et
Lenin Cerna, chef de la sécuritéd'Etat, ont donné une conférencede
presse. Cerna lui-même a été chargé de diriger l'enquête.Et Borge a
rapidement déduit quelles en seraient les conclusions. Ce meurtre,
a-t-il dit, a contraint le Nicaragua à reconnaître qu'un membre du
directoire de la guérilla salvadorienne résidait à Managua. Cela
semble confirmezrles accusations constamment formuléespar l'ad-

ministration Reagan selon lesquelles les sandinistes fournissaient
aux Salvadoriens des moyens de commandement et de contrôle.
Donc, qui aurait pu assassiner Ana Maria si ce n'est la CIA ? Qui
d'autre serait d'une telle cruauté ?
(Je n'aipas besoin de présenter despreuvesformelles, a dit Borge.
Je n'ai pas besoin de dire ((voilà l'assassinO,car chacun sait qui est
l'assassin.
Mais les compagnons d'Ana Maria parmi les guérillerossalvado-
riens n'étaient rien moinsque convaincus. Ils savaient l'amertume de

Marcial. Ils ont insistépour que Borge approfondisse son enquête.
Après deuxjours, une servante de la demeured'Ana Maria a avouésa
complicité à la police sandiniste. L'échodes cris d'Ana Maria la
hantait et l'empêchaitde dormir, leur a-t-elle dit. Elle a dénoncé
d'autres conspirateurs, ce qui a rapidement menéla piste vers l'ami et
leconfident le plus proche de Marcial lui-même.Et la responsabilité.
même indirecte.de Marcial comme auteur du meurtre a été plus
humiliante pour lessandinistes - et tout particulièrement pour Borge
- que tout-ce que la CIA aurait pu inventer.

Mais à mesuire qu'on découvrait les faits - et le lieutenant de
Marciala reconnu sans vergogne avoir fait cequiétaitnécessairepour
sauvegarder les idéauxde Marcial - Marcial a non seulement refusé
d'avouer la moiindreparticipation au crime, mais a accusé lessandi-
nistes -- mêmeTomas Borge - de comploter contre lui. Vieux et
malade. il demeurait intraitable. On April 12,Marcial died at his own house in Managua." (Pp. 213.
214. The quotation of Commander Borge is from his statement at a
press conference.)

Dickey notes that Cayetano Carpio's farewell letter to his followers was
discussed by him "with FMLN officiaisin Managua inJune 1984"(p. 304).
He records that he "interviewed Salvadoran guerrilla and opposition
leaders obviously resident in Managua in November 1981" (p. 290).

91. The letter of the Nicaraguan Agent of 26 November 1985 states
that :

"The Government of Nicaragua has permitted, and continues to
permit, Salvadoran refugees whether or not they are associated with
the insurgency in that country. to enter Nicaraguan territory .. .
Nicaragua is not the only country that allows Salvadoranswho may

be associated with the insurgency there to enter its territory . . ."

and concludes that :
"it would appear senior representatives of the Salvadoran insurgency

have spent more time, and undertaken more political activity. in the
United States than Nicaragua".

While the accuracy of that latterstatement cannotbejudged, thereiterated
contention in this letter that Nicaragua "has never permitted Salvadoran
insurgents to establish a headquarters .. .in Nicaraguan territory" may be
compared with Dickey's reporting. If Melida Anaya Montes, resident in
Managua, was second-in-command of the largest faction of Salvadoran

guerrillas, and her effectively displacing Cayetano Carpio - whose home
also was in Managua - as commander-in-cliief was a cause of her murder
(see Christopher Dickey. "Salvadoran Rebel Intrigue". the Wushir~gton
Post, 27 June 1983. and Stephen Kinzer, "Salvador Rebels Revile Late

Chief", the New York Times, 14 Decenlber 1983), where was the head-
quarters of the Salvadoran Popular Liberation Forces other than his or her
Managua residences or working quarters ? (See also para. 188 below.)

92. In 1982.the New York Tinze.~reported, as a result of an extensive

series of interviews with guerrilla leaders and others by one of its most
experienced Latin American correspondents, Alan Riding - whom the
representative of Nicaragua in the Security Council referred to as "the
well-known American correspondent and specialist in Latin American
affairs .. ." (S/PV.2423, p. 38) and as "an Amcrican source well versed in

the region" (ihid., pp. 39-40) - that :

"The fiveguerrilla groups that are fighting to topple El Salvador's ACTIVITÉS MILI'ïAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 446

Le 12avril, Marcial est décédé chez lui à Managua. (P. 213-214.
La citation du commandant Borge est tiréede la déclaration qu'il a
faite lors d'une conférencede presse.)

Dickey signale qu'il iiexaminéla lettre d'adieu de Cayetano Carpio àses
partisans ((avec des responsables du FMLN à Managua en juin 1984 u
(p. 304). Il rapporte qu'il a interviewé des guérilleros salvado-
riens et des dirigeants de l'opposition qui résidaient manifestement à
Managua en novembre 1981 )>(p. 290).

91. La lettre de l'agent du Nicaragua du 26 novembre 1985 signale
que :
(<LeGouvernementdu Nicaragua apermis etcontinue à permettre

aux réfugiés salvadoriens, qu'ilssoient ou non associésau mouvement
insurrectionnel, d'entrer sur leterritoire nicaraguayen ..LeNicaragua
n'est pas le seul pays qui permette à des Salvadoriens éventuelle-
ment associés aii mouvement d'insurrection de pénétrer surson ter-
ritoire...))

et conclut que
Il semble donc que les représentants les plus éminents du mou-

vement insurrectionnel salvadorien aient passé plus de temps et
déployédavantage d'activité politique aux Etats-Unis qu'au Nica-
ragua.

Si l'exactitude de cette dernière affirmation ne peut êtreappréciée,I'in-
sistance mise dans lalettre en question à affirmer que le Nicaragua n'a
jamais permis aux irisurgéssalvadoriens d'établir un siège...sur le terri-
toire nicaraguayen ))peut être comparéeavec ce que rapporte Dickey. Si
Melida Anaya Montes. résidant à Managua, était le commandant en
second de la plus importante faction de guérilleros salvadoriens,et silefait
qu'elleavait effectivement évincé Cayetano Carpio - qui résidaitlui aussi
à Managua - en tant que commandant en chef contribue à expliquer son

assassinat (voir Christopher Dickey, Salvador Rebel Intrigue )),Wush-
ington Po.st, 27juin 1983, et Stephen Kinzer, Salvador Rebels Revile
Late Chief O, New York Times, 14décembre 1983),où se trouvait donc le
quartier généraldes forces de libération populaire salvadoriennes si ce
n'est à la résidence ouau quartier généralde I'un des deux à Managua ?
(Voir aussi le paragraphe 188ci-après.)
92. En 1982, le New York Times a, au terme d'une importante série
d'interviews de chefsde la guérilla et d'autrespersonnalitéspar I'unde ses

correspondants les plus chevronnésen Amérique latine, Alan Riding -
auquel le représentant du Nicaragua au Conseil de sécurités'est référé
comme étant le correspondant américain bien connu, spécialiste des
affaires latino-américaines ... (S/PV.2423, p. 38) et (une source améri-
caille hien au fait des evénementsqui se deroulent dans la région 1(ihid.,
p. 39-40) . annoncP que :

Lescinq groupes de guérillas'efforçant de renverser lajunte civile civilian-militaryjunta are headed by Marxists ... In scores of inter-
views in Mexico and Nicaragua, senior rebel commanders . . .
acknowledge that, in the past, they receivedarmsfrom Cuba through
Nicaragua, as the Reagan Administration maintains. . .theguerrillas
now concede, Cuba agreed to supply them with the necessary arma-
ments - many of them trans-shipped through Nicaragua - to enable
them to open their 'final offensive'on January 10, 1981,just days
before President Reagan took office.Theguerrillassaythat thesupply

of armsfromCuba has sincebeen halted ... Nicaragua has become a
useful meeting place [for guerrillacommanders], but they alsoappear
frequently in Mexico and Panama for talks with foreign diplomats
and politicians." (Alan Riding, "Salvador Rebels : Five-Sided Al-
liance Searching for New, Moderate Image", the New York Times,
18March 1982,pp. 1, 16.)

93. The Los Angeles Timescontains the following account :

"El Salvador's leftist guerrilla movement boasted Sunday of its
close ties to Cubaand Nicaragua and declared that it seesits struggle
against the U.S.-backed government in San Salvador as part of a
wider regional conflict .. .
The broadcast, transmitted from a secret location in neighbouring
Nicaragua - whose Marxist-led Sandinista régimehas allowed the
Salvadoran guerrillas to establish their headquarters in Managua -
also boasted that the rebels have imported arms 'through al1routes
that wecould'and that 'wehave used al1of Central America and other

countries' for that purpose.
The broadcast appeared to support charges made by the Reagan
Administration that the insurgency isat least encouraged and armed,
ifnot directed, by the SovietUnion, Cuba and Nicaragua and isaimed
at toppling one moderate government after another throughout the
region." ("Salvadoran Rebels Brag of Cuban Ties", Los Angeles
Times, 13 March 1983.)
94. The WashingtonPostof 14March 1983carried a similardispatch by

Christopher Dickey from San Salvador :
"El Salvador's guerrillas,in a defiant response to President Rea-
gan's speech lastweekurgingan expansion of the U.S.commitmentto
thegovernment theyare fighting, have reaffirmed theirdetermination
to maintain ties in Cuba and Nicaragua.

In a broadcast last night, they also threatened 'within the context'
an 'open regionalization'of their war if the Reagan administration
continued to broaden its support for the faltering Salvadoran gov-

ernment.
In a broadcast over their clandestine Radio Venceremos,the rebels
said : 'We are and will continue being friends of the people and et militaire d'El Salvador sont dirigéspar des marxistes ...Lors de
nombreux entretiens au Mexique et au Nicaragua, les chefs de l'in-
surrection ..ont admis que, dans lepassé,ilsavaient reçu desarmes de
Cuba par l'intermédiairedu Nicaragua, comme l'affirme I'adminis-
tration Reagan ...les guérillasavouent désormais que Cuba avait
acceptéde leur fournir les armements nécessaires - dont une bonne
part est passée;parle Nicaragua - afin de les aider dans leur of-

fensive finale ))du 10janvier 1981,quelques jours avant l'entrée en
fonctions du président Reagan. Les guérillerosdisent que Cuba a
cessédepuis 1or:sde fournir des armes ...Le Nicaragua est un lieu de
rencontre utile [pour les chefs de la guérilla], mais ceux-ci serendent
égalementau Mexiqueet àPanama pour discuter avecdesdiplomates
et des homme:; politiques étrangers. (Alan Riding, (Salvador
Rebels :Five-Sided Alliance Searching for New, Moderate Image O,
New York Times, 18mars 1982,p. 1, 16.)

93. Le Los Angeles Times rapporte pour sa part :

La guérilla d'extrême gaucha eu Salvador s'estvantée dimanche
de l'étroitessede sesliens avec Cuba et leNicaragua, en ajoutant que
sa lutte contre le gouvernement en place soutenu par les Etats-Unis
s'inscrivait dan!; un conflit régionalplus vaste ...
Dans cette émissionradio, provenant d'un endroit secret au Nica-
ragua voisin - dont le régimesandiniste marxiste a permis aux gué-
rilleros salvadoiriensd'établir leur commandement à Managua - la
guérillas'estégalementvantéed'avoirimportédesarmes <(par toutes

les routes possibles >>et d'avoir utilisétous les pays d'Amériquecen-
trale, et les autres r)à cette fin.
Cette déclarationsemble étayerlesaccusations de l'administration
Reagan, pour qui l'insurrection estau moins encouragéeet armée,si
ce n'est dirigée,par l'Union soviétique,Cuba et le Nicaragua, et vise
a renverser, l'un après l'autre, les régimesmodérésde la région. r)
(<(Salvadoran Rebels Brag of Cuban Ties O, Los Angeles Times,
13 mars 1983.)

94. Le 14mars 1983,le WashingtonPost a publiéune dépêcheanalogue
de Christopher Dickey au San Salvador :

Les guérilleros d'ElSalvador, bravant le président Reagan qui
dans un discours prononcé la semaine dernière avait instamment
invitéles Etats-Unis a renforcer leur appui au gouvernement qu'ils
combattent. ont réaffirmé leurvolontéde maintenir leur solidarité
avec Cuba et le:Nicaragua.
Dans lecomrnuniquéde la nuit précédente, ils ont aussi menacéde
<(régionaliserouvertement dans cecontexte )leursactivités militaires

si 1'administrai.ion Reagan continuait à amplifier l'appui qu'elle
apporte au Gouvernement salvadorien moribond.
Dans un conimuniquédiffusépar leur radio clandestine Vencere-
mos, les rebelles ont déclaré : ((Nous sommes et nous entendons448 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS .P. SCHWEBEL)

governments of Cuba and Nicaragua, and it does not shame us.
Cornpletely to the contrary, we are proud to maintain relations with
those people - bastions of the anti-imperialist struggle. The Reagan
administration is not one to tell the FMLN [Farabundo Marti
National Liberation Front] who ought to be its friends and who its
enemies.'The staternent made no effort todeny receivingCubanand
Nicaraguan support as the rebels have in the past . . .

The rebels'broadcast defended their 'right' to get arms anywhere.
While insisting that their main headquarters are inside the country,
along with their radio transmitter they admitted to having 'important
missions' outside El Salvador.

'Wehave carried out important logistical operations of a clandes-
tine character with which we have armed and munitioned our forces
fora long time. Wehavecarried out theseoperations by al1thecourses
we could, and we have used al1Central America and other countries
for thern', the broadcast said.

As Washington has raised itscornmitment in the region during the
past month, the Nicaraguans also have reaffirrned their close ties, if

not their concrete material support, with the Salvadoran rebels.

The Sandinista leaders in Managua feel under rnounting pressure
from a rebellion that reportedly receivescovert funding from Wash-
ington on the basis that such action helps 'interdict' arms supplies
to the Salvadoran guerrillas. Speaking March 3 at a funeral for 17
adolescent Sandinistas killed by counterrevolutionaries. Nicaraguan
Commander Bayardo Arce warned that his party's 'internationalism
will not bend' and that 'while Salvadorans are fighting to win their
liberty Nicaragua will maintain its solidarity'."

95. The New York Timesof 19May 1985carried the following report
from El Salvador under the title "Salvador Puts Guerrillas on the Defen-
sive" :

"Two weeksago, the army arnbushed and captured a senior rebel
commander, Nidia Diaz, who was reportedly carrying important
documents. Another senior commander, Napoleon Romero,whosays
that he surrendered, reported in an interview last week that the
insurgents werehaving difficulty drumrning up support. (There wasa
failed rebel effort lastaIl to recruit new fighters forcibly.) Speaking
with a Government official present, Mr. Rornero added that the
insurgents had also suffered shortages of supplies. Cuba and Nica-
ragua, he contended, provide 70 percent of the guerrillas' bullets and
explosives.The rebels' generalstaff works inside El Salvador, he said, ACTIVIT~S MILI1:AIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL)448

demeurer lesamis des peuples de Cuba et du Nicaragua. et nous n'en
avons pas honte. Tout au contraire, nous sommes fiers d'entretenir
desrelations aveccespeuples, bastions de la lutte anti-impérialiste.Ce
n'est pas à l'administration Reagan de dicter au FMLN [front Fara-
bundo Marti de libération nationale] qui doivent êtreses amis et ses

ennemis. Cettt: déclaration ne niait en aucune façon avoir reçu
l'appui de Cuba et du Nicaragua. comme cela a étéle cas pour les
rebelles dans le passé ...
Le communiqué des rebelles défendait leur <<droit »d'obtenir des
armes de toute source que cesoit. Tout ensoulignant que leur quartier
généraé l tait situédans lepays même, ainsique leur émetteurradio, ils
ont reconnu avoir exécuté d'o importantes missions à l'extérieur
d'El Salvador.

(Nous avons accompli d'importantes actions de logistique d'un
caractère clandestin qui nous ont permis d'armer nos forces et de leur
fournir des muniitionspendant de longues périodes.Nous avons exé-
cutéces opérations par toutes les voies qui nous étaient ouvertes, et
nous avons utilisé à cette fin tous les pays d'Amérique centrale et
d'autres régions O, ajoute le communiqué.
Puisque Washington s'estengagéde plus en plus dans la régionau
cours des mois t-coulés,les Nicaraguayens ont également réaffirmé

leurs liens étroits, sinon leur appui matériel concret, aux insurgés
salvadoriens.
Les dirigeant:; sandinistes à Managua se sentent en butte à une
pression croissante de la part d'un mouvement insurrectionnel qui
seraitfinancéensous main par Washington, action qui contribuerait à
(1interdire)>la fourniture d'armes aux guérillerossalvadoriens. Pre-
nant la parole le 3 mars à l'occasion des obsèques de dix-sept ado-
lescents sandinistes tuéspar lescontre-révolutionnaires, le comman-

dant nicaraguayen Bayardo Arce a déclaréque l'internationalisme
[de son parti] rie cédera pas 1)et que <(tant que les Salvadoriens
lutteront pour conquérir leurliberté,le Nicaragua continuera à affir-
mer sa solidaritlbI>

95. Le New YorkTimes du 19mai 1985a publiéla dépêche suivante en
provenance d'ElSalvador, sous letitre «El Salvador met lesguérillerossur
la défensive I):

<Ilyadeux semaines, l'arméea tendu uneembuscade àun officier
supérieurrebelle, MmeNidia Diaz, qui était prétendumentporteuse
de documents importants, et l'afaiteprisonnière. Un autre officier de
grade élevé, Napoleon Romero, qui a annoncéqu'il s'étaitrendu, a
déclaréau cours d'une interview accordéela semaine dernièreque les
insurgéséprouvaientdes difficultés à obtenir du soutien. (L'automne
dernier, les rebelles n'ont pas réussi à recruter par la force de nou-
veaux combattants.) Parlant en présenced'un fonctionnaire du gou-

vernement, M. Romero a ajoutéque lesinsurgésmanquaient aussi de
matériel. II a affirmé que Cuba et le Nicaragua fournissaient aux but each of the five military factions maintains offices in Managua.
Mr. Romero's senior rankin the Popular Liberation Forces has been
confirmed by other rebels, but his observations may have been

colored while in custody, a period of more than a month."

96. The documents referred to in the foregoing article, seized when
Salvadoran Government forces captured Nidia Diaz, reportedly the most
senior rebel commander ever captured by Government forces, are the
subject of a longanalysisin theNew YorkTimes of 21May 1985,pageA11,
by James Le Moyne. The documents, he writes, "appear to represent
virtually the entire archive of the Revolutionary Workers Party" of which
Miss Diaz is "a top official" and various details "appear to support the
authenticity of the documents". Among the points indicated in the

documents are :

- Salvadoran rebels consider Nicaragua their closest ally ;

- Salvadoran guerrillas areattending courses inthe USSR, VietNam and
Bulgaria ;
- The Sandinistasappeared ready tocut offaid to the Salvadoran rebelsat
the end of 1983and may have done so, at least temporarily ;

- JoséNapoleon Duarte is the rebels' "principal and most dangerous
enemy" ;
- Salvadoran rebel officials, resident in Nicaragua, briefly left Nicaragua
in November 1983 ; at that time, a document notes, and Sandinistas

were about to expel the rebels from Managua and "definitely cut off
supplies" in response to Sandinista fears of attack by the United States.
The Salvadorans sought the intercession of "Fidel" ;

- If the United States were to invade Nicaragua, the Salvadoran rebels
would fight in the Sandinista Army ; in that event, the Nicaraguans
could no longer "be protecting supplies" to the Salvadoran rebels and
most rebel officials living in Managua would have to leave ;

- The Salvadoran guerrillas should stress their desire for unity with the

Nicaraguans, which called for "the most intimate CO-ordinationin a
concrete manner on al1political, military, propaganda and diplomatic
fronts".

One of the documents, from the five top Salvadoran rebel commanders
to the Sandinista National Directorate of 10November 1983,calls on the
Directorate to provide the Salvadoran rebels "new and audacious forms of
aid . . .We thank you for al1the aid you offered and hope it continues guérilleros 70 pour cent de leurs balles et de leurs explosifs. L'état-
major des rebelles travaille et est installéau Salvador, a-t-il déclaré,
mais chacune des cinq factions militaires a des bureaux à Mana-

gua. Le grade important de M. Romero dans le cadre des forces de
libération populaire a été confirmé par d'autres insurgés, mais ses
commentaires peuvent avoir été influencéspar son emprisonnement,
qui a duréplus 13'unmois.

96. Les documents visésdans l'article susmentionné,saisis lors de la
capture de Nidia Diaz par les forces du Gouvernement salvadorien, qui
serait le commandant rebelle le plus important jamais fait prisonnier par
les forces gouvernemi:ntales, sont longuement analysésdans le New York

Tintesdu 21mai 1985,page Al 1,sous la signature de James Le Moyne.
Celui-ci écritque ces documents << semblentconstituer pratiquement I'en-
semble des archives du parti révolutionnaire des travailleurs O, dont
Mme Diaz est un ((haut responsable H,et que divers détails <(semblent
confirmer l'authenticitéde ces documents ))Parmi les faits ressortant de
ces documents on peut citer les suivants :

- Les rebelles salvadoriens considèrent le Nicaragua comme leur plus
proche allié.
- Les guérillerossalvadoriens suivent des cours en Union soviétique, au

Viet Nam et en Bulgarie.
- Les sandinistes paraissaient disposés à suspendre toute assistance aux
rebelles salvadoriens à la fin de 1983et l'ont peut-êtrefait, du moins
temporairement.
- JoséNapoleon Duiarteest le principal et le plus dangereux ennemi »
des insurgés.
- Les responsables de la rébellionsalvadorienne résidant au Nicaragua

ont quitté très teinporairement ce pays en novembre 1983 ; à cette
époque, commeil est notédans un document, les sandinistes s'apprê-
taientà expulser 16:sinsurgésde Managua et à leur couper définitive-
ment les vivres )>,de crainte d'êtreattaqués par les Etats-Unis. Les
Salvadoriens ont demandél'intercession de Fidel )).
- Si les Etats-Unis (levaient envahir le Nicaragua, les insurgéssalvado-
rienscombattraient dans lesrangs de l'arméesandiniste ;dans cecas, les

Nicaraguayens ne pourraient plus <(assurer les vivres )) aux insurgés
salvadorienset laplupart deschefsrebellesrésidant àManagua seraient
obligésde quitter le pays.
- Les guérilleros salvadoriensdevraient marquer leur désird'unitéavec
les Nicaraguayens, ce qui implique << une coordination concrète aussi
étroiteque possible sur tous lesplans, politique, militaire, diplomatique
et en matière de propagande 1).

L'un des documents adressés par les cinq commandants en chef des
rebellessalvadoriens au directoirenational sandiniste le 10 novembre 1983

invite celui-cià foumir aux insurgéssalvadoriens << de nouvelles et auda-
cieuses formes d'assistance ...Nous vous remercions de toute l'aide quebecause it is indispensable to defeat whatever form of invasion on Central
Anierican soil." These admissions of leaders of the Salvadoran insurgency
inculpating Nicaragua, which relate to 1983and later, must beadded to the
extensive and profoundly inculpatory admissions of leaders of the Sal-

vadoran insurgency and of leading Communist States reflected in the
documents captured in 1980and 1981,from which excerpts are quoted in
paragraph 20 of this appendix.

97. The New York Times of 18November 1985, page AIS, reported a
public. 20-page proposal signed by the most senior commanders of the

Farabundo Marti National Liberation Front. which called for the end of
United States "intervention" in El Salvador. suspension of the Constitu-
tion, formation of a transitional government including the rebels. merger
of the rebel and government armies, and elections. The article con-
cludes :

"In a new twist on previous proposals, the rebel document acknow-
ledges that the guerrillas receive soine outside assistance and offers to
stop this if the Government also stops receiving outside aid."

5. Stutenients hy defectors

98. The evidential weight to accord to the statements of defectors is
open todebate. In its arguments, Nicaragua relied heavily on the affidavit

of Edgar Chamorro, adefector from the contras,on whose affirmations the
Court also relies. Mr. MacMichael, in explaining the basis of his conclu-
sion that. in the period mid-1979 through January 1981, the Nicaraguan
Government had been sending arms to Salvadoran insurgents, gave
weight, amongother things, to testimony of defectors (Hearing of 16Sep-
tember 1985).While elsewhere. Mr. MacMichael auestioned the reliabilitv
of testirnonGof defectors. he reidily recognized that adefector in the han&

of United States authorities had nothing to fear if his revelations ran
counter to what the United States might wish him to say (ihid.).

99. The testimony of one such defectorwas submitted to theCourt in an
Annex 46 to the Counter-Memorial of the United States. Michael Bolanos

Hunter. aformer guerrilla leader and officer of the Nicaraguan Ministry of
the Interior. made a large number of revelations which. if true, show that
the Nicaraguan Government has been engaged in efforts to overturn
neighbouring governments including thrit of El Salvador. Tlius, Mr. Bola-
nos claims in the interview published in the Wushington Posr which
appears as Annex 46 that :

"Planning and training for the spectacular and damaging raid by
leftist guerrillas in nearby El Salvador on the Salvadoran government ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 450

vous nous avez fournie et espéronsque cette aide se poursuivra. car elle est

indispensable pour faire pièce à toute forme d'invasion en Amérique
centrale. Ces déclarations de dirigeants de l'insurrection salvadorienne
mettant en cause le Nicaragua àpropos de la période 1983et au-delà sont à
ajouter à celles. amples et accablantes, de chefs de l'insurrection salvado-
rienne et de grands pays communistes relatéesdans lesdocuments saisis en

1980 et en 1981. dorit des extraits sont reproduits au paragraphe 20 du
présent appendice.
97. Le NCMY -ork lînzes du 18novembre 1985(p. A 15)a publiéun appel
de vingt pages signe des commandants en chef du front Farabundo Marti
de libération nationale réclamant la fin de 1'0intervention )>des Etats-Unis

au Salvador. la suspension de la constitution, la formation d'un gouver-
nement provisoire comprenant des représentants des insurgés,la fusion de
l'armée rebelleet de celle du gouvernement et l'organisation d'élections.
Cet article concluait :

Marquant uin nouveau revirement par rapport aux propositioiis
précédentes.le document des insurgésreconnaît que les guérilleros
bénéficientd'une certaine assistance extérieure etpropose d'y renon-

cer à l'avenir si le gouvernement renonce également à demander une
aide extérieure. ))

98. Quelle valeur probante peut-on attribuer aux déclarations de trans-
fuges ?Sur ce point ledébatreste ouvert. L'argumentation du Nicaragua se
fonde largement sur l'attestation d'Edgar Chamorro. transfuge des contrus,
dont les affirmationii sont également prises en considération par la Cour.
M. MacMichael lui aussi. lorsqu'il a exposécomment ilétaitparvenu à la

conclusion que. au cours de la période allant du milieu de 1979 àjanvier
198 1.le Gouvernement nicaraguayen avait envoyédes armes aux insurgés
salvadoriens, s'est appuyé. entre autres témoignages. sur celui de trans-
fuges (audience du 16 septembre 1985). Tout en mettant en doute, à
d'autres moments de son interrogatoire, la valeur des témoignagesde trans-

fuges. M. MacMichael a aisément reconnu qu'un transfuge tombé aux
mains des autoritésdes Etats-Unis n'avait rien àcraindre si ses révélations
allaient à l'encontre de ce que les Etats-Unis souhaitaient qu'il dise (ihid.).
99. Le témoignage d'un de ces transfuges a été soumisà la Cour. dans
l'annexe 46 au contre-mémoire des Etats-Unis. Michael Bolanos Hunter,

ancien chef de guérillaet ancien officier auprès du ministère nicaraguayen
de l'intérieur, a fait bon nombre de révélationsqui, si elles sont vraies,
démontrent que le (;ouvernement du Nicaragua a essayéde renverser le
gouvernement de certains pays voisins. dont celui d'El Salvador. M. Bola-
nos a ainsi déclarédans l'interview publiée dans le Wushington Po.~tet

reproduite à l'annexe 46 :
(C'est dans un centre nicaraguayen situé à une dizaine de kilo-

mètres de Managua, placésous la supervision d'un conseiller cubain, military air base at Hopango inJanuary 1982wascentered eight miles
from Managua in a Nicaraguan facility under the supervision of a
Cuban adviser. This account, which Bolanossaid he learned from the
Cuban adviser, illustrates the extensive support Bolanos said Nica-
ragua givesto the rebelsfightingagainst the U.S.-backed government
in El Salvador."

100. A more detailed account of Mr. Bolanos'allegations appeared in
the WaslzingtonPost of 19October 1983,pageA15,"Defector :Salvadoran
Rebels Closely Tied to Sandinistas". That article read as follows :

"Top commanders of the leftist rebels fighting the U.S.-backed
government of El Salvador are frequently in Managua, Nicaragua,
where they are in constant touch with Sandinista officials about
questions of arms supply,strategy and tactics,according to a defector
from the Nicaraguan counterintelligence agency.

Miguel Bolanos Hunter, echoingchargeslong made by the Reagan
administration, said Nicaragua has been providing guns, advice, co-
ordination and training to the guerrillas in El Salvador since they
began trying to overthrow the government there in 1979.

However, 'a river' of arms shipments from Cuba and the Soviet
Union through Nicaragua to ElSalvadorhas al1but stopped, Bolanos
said. because'theynow havefivetimes morethan what wehad against

ousted dictator General Anastasio Somoza'.

Bolanosclaimed that Nicaragua has become 'anewCuba' in train-
ing guerrilla forces from throughout Latin America. As a Sandinista
officialcharged withworkingagainst the U.S. Embassy,Bolanossaid,
he met visiting guerrilla leaders from Colombia, Argentina, Chile,
Guatemala, Costa Rica and El Salvador, al1of which have centers of
operation in Managua.

The Salvadorans have two houses in Managua's residential Las
Colinas district. one a communications center and the other a 'safe
house'for visiting Salvadoran guerrillas and for meetings with Nica-
raguan officials, Bolanos said.

VisitingSalvadorans also usehouses belonging to Nicaraguan offi-
cials, and some of the guerrilla chiefsare in Managua more than they
are in ElSalvador,he continued. 'Theyflyover to the mountains fora
day to boost the morale of the troops and fly out again at night
sometimes', he said.
Nicaragua is better than Cuba as a training base for guerrillas ACTIVITES MILIlrAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 45 1

queleraidspectaculaireetdévastateurquelesguérillerosgauchistesont
lancéau Salvador,enjanvier 1982,contre labaseaériennemilitairedu
Gouvernement salvadorien àHopango, a étéplanifié, etque les gué-
rilleros ont étéentraînés.Cette information que Bolanos dit tenir du

conseiller cubain illustre l'ampleur de l'aide que, selon Bolanos, le
Nicaragua appo.rte aux rebelles qui luttent contre le Gouvernement
d'El Salvador soutenu par les Etats-Unis.
100. Un article plils détaillésur les allégationsde M. Bolanos a paru

dans le Washingtonl'ost du 19octobre 1983(p. A15), sous le titre ((De-
fector : Salvadoran Rebels Closely Tied to Sandinistas ))((<Révélations
d'un transfuge : Les rebelles salvadoriens entretiennent des liens étroits
avec les sandinistes O).L'article est ainsiconçu :

(Selon un transfuge du service du contre-espionnage nicara-
guayen, les commandants en chef des rebelles gauchistes qui com-
battent le Gouvernement salvadorien soutenu par les Etats-Unis se
rendent fréquemment à Managua (Nicaragua), pour s'entretenir,avec
les responsables sandinistes, de l'approvisionnement en armes, de
stratégieset de tactiques.
Miguel Bolarios Hunter, se faisant l'écho d'accusationsportées

depuis longtempsdéjàpar l'administration Reagan, a déclaréque le
Nicaragua fournit fusils, conseils, moyens de coordination et d'en-
traînement aux guérilleros d'El Salvador depuis que ceux-ci ont
entrepris de renverser le gouvernement de ce pays en 1979.
Mais au dire de Bolanos, les armes en provenance de Cuba et de
l'Union soviétiqueet transitant par le Nicaragua n'ont certainement
pas cessé d'affluer,parce qu'ils possèdentmaintenant cinq fois plus
d'armes <que rious n'en avions lorsque nous avons renversénotre

dictateur, le généralAnastasio Somoza )).
D'aprèsBolai~os,leNicaragua serait devenu «un nouveau Cuba )),
entraînant les forces de guérillade toute l'Amériquelatine. En sa
qualitéde responsable sandiniste ayant pour mission de travailler
contre l'ambassade des Etats-Unis, il aurait rencontré des chefs des
guérillascolombienne, argentine, chilienne, guatémaltèque, costa-
ricienne et salvadorienne en visite au Nicaragua, guérillasqui dis-
posent toutes de centres d'opérations à Managua.

Selon Bolanos, les Salvadoriens possèdent deux maisons dans le
quartier résidentielde Las Colinas, à Managua, dont l'une sert de
centre de transmission et l'autre de (<refuge r)pour les guérilleros
salvadoriens de:passage à Managua et de lieu de réunion avec les
responsables nicaraguayens.
Les Salvadoriens de passage auraient aussi à leur disposition les
maisons des responsables nicaraguayens, et certains chefs de guérilla
passeraient plus de temps àManagua qu'au Salvador. (<Ilsvont dans

la montagne en avion pour lajournée, pour remonter le moral des
troupes, et parfois ils rentrent le soir.))
Le Nicaragua se prêteraitmieux que Cuba au rôle de centre d'en-452 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

because it has regular commercial air transport and permeable bor-
ders. while Cuba's island status makes it hard for guerrillas to come
and go without being spotted, he said.

Bolanos said he had fought during the 1979Sandinista takeover of
Managua with a Salvadoran known as 'Memo',who then returned to
El Salvador and became second in command of the guerrilla units
fighting in Morazan province in northeastern El Salvador. Bolanos
said heencountered Memo inManagua last October, 'and hesaid they
were using the same methods to get arms as we used in Nicara-
gua'.

These methods, Bolanos continued, included twice-daily airplane
flights to barricaded sections of highwayin guerrilla-controlled areas.
Each plane carried 30 to 40 guns, he said, and medicine and ammu-
iiition often were dropped by parachute, while other arms came
concealed in trucks or overland on mules.

His cousin, Miguel Guzman Bolanos. is in charge of arms distri-
bution in Nicaragua. Bolanos said, and told him that Luis CarriOn,a
member of the Sandinista directorate, had been promised in a 1980
trip to the Soviet Union that the Soviets would provide the Nicara-
guans two AK47 machine guns for every weapon they gave the Sal-
vadoran guerrillas. Those included U.S.-made guns the Sandinistas
obtained from Cuba. which in turn got the guns from Vietnam.
Bolanos said.

Bolanos described the aftermath of the murder in Managua last
April 6 of Salvadoran guerrilla leader Melida Anaya Montes, which
he said occurred across from the house from which Bolanos' agents
were watching the nearby residence of a U.S. Embassy political offi-
cer. Bolanos'superior, Lenin Cerna, a director of the Interior Mini-
stry's department of state security, accused the Sandinista party's
Foreignaffairs head. Julio LOpez.of having failed to guarantee the
guerrilla leader'ssecurity and of failing to let Cerna know about the
arrangements.

Montes was betrayed to her killers by her cook and one of her

security guards.Bolanos said. and was killed for 'political reason-
she was just back from Cuba and wanted to have more dialogue
between the guerrillas and the Salvadoran government'."
101. A second notabledefector is"Comandante Montenegro". afigure
whose importance Mr. MacMichael acknowledged (Hearing of 16 Sep-
tember 1985).A pertinent articlfrom the h'rw~York Times is republished traînement des guérilleros car le pays est desservi par des lignes
aériennes comniercialesrégulièreset ses frontières sont perméables,
tandis que Cuba,étantune île,n'offrepas aux guérilleroslapossibilité
d'aller et de venir sans êtrerepérés.
Bolanos a déclaré avoircombattu en 1979, lorsque Managua est
tombée aux mainsdes sandinistes, avec un Salvadorien connu sous le
nom de Memo qui. retournéau Salvador, y est devenu comman-
dant en second desunitésde guérillaqui combattent dans la province
de MorazAn, dans le nord-est du pays. Il aurait rencontré Memo à
Managua en octobre dernier. et celui-ci a dit qu'ils utilisaient pour
obtenir des armes les mêmes méthodes que nous utilisions au Nica-
ragua o.

Bolanos a e:cpliquéque ces livraisons d'armes étaient assurées
notamment par des avions qui effectuaient deux vols par jour et qui
atterrissaient surdes tronçonsd'autoroute barricadés,àl'intérieurdes
zones contrôlées par les guérilleros.Il a préciséque chaque avion
transportait entretrente et quarante fusils,que lesmédicamentset les
munitions étaient souvent parachutés. tandis que d'autres armes
étaient transportées, en cachette, par camion ou a dos d'âne.
Bolanos a indiquéque son cousin, Miguel Guzman Bolanos, res-
ponsable de la (distributiondes armes au Nicaragua, lui avait dit que
Luis Carrion, membre du directoire sandiniste, avait obtenu en 1980,
lors d'un voyage en Union soviétique.la promesse que les Sovié-

tiques fourniraient aux Nicaraguayens deux mitrailleusesAK47 pour
chaque arme qu'ils donneraient aux guérilleros salvadoriens. Ces
armescomprenaient des fusils de fabrication américaineque lessan-
dinistes s'étaientprocurésa Cuba, qui à son tour se lesétait procurés
au Viet Nam.

Bolanos a d,écritles suites de l'assassinatà Managua. le 6 avril
dernier, d'un chef de la guérillasalvadorienne, Melida Anaya Montes,
qui, a-t-il dit, s'est produit en face de la maison d'où des agents de
Bolanos surveillaient la résidenceproche d'un attaché politique à
l'ambassade des Etats-Unis. Le supérieur hiérarchiquede Bolanos,
Lenin Cerna. 'directeur du département de la sûreté nationale au
ministèrede l'intérieur, aaccuséleresponsable desaffairesétrangères
du parti sandiniste,Julio Lopez, de n'avoir pas assuréla sécuritédu
chef de guérillaet de ne l'avoir pas tenu au courant des arrange-
men tx.
Selon Bolanos, Montes. trahie par sa cuisinièreet un de sesgardes
des raisons politiques - elle
du corps. aurait étéassassinéepour
revenait de Cuba et souhaitait un plus large dialogue entre les gué-
rilleros et le Gouvernement salvadorien. ))
101. 11est un deuxième transfuge notoire, le comandante Montene-
gro O,personnage dont M. MacMichael a reconnu l'importance (audience
du 16septembre 1985).Un article du New York Times le concernant estin Annex 48 to the United States Counter-Memorial. Arquimedes Cana-
das, known as Commander Montenegro, was one of the most successful
guerrilla leaders of the Salvadoran insurgents, most of the Salvadoran air

force having been destroyed on the ground in an operation led byhim. In
an interview in Washington in 1983,Mr. Canadas said that, before 1980,
the insurgency in El Salvador was largely "nationalistic". Since then, he
contends, Cuba has "directed the activities" of the insurgency, whose
immense destruction of the economic infrastructure of El Salvador he
describes. In respect of the destruction of the Salvadoran air force, he is
quoted as declaring :

"'Thesevensoldiers that carried out the operation weretrained for
sixmonths in Havana', Mr. Canadas said. 'In October,when 1was in
Managua, Villalobas had put me in charge of the mission.' Joaquin
Villalobas leads the People's Revolutionary Army." ("Cuba Directs
Salvador Insurgency, Former Guerrilla Lieutenant Says", the New
York Times,28 July 1983,p. A10.)

Explaining his defection after his arrest, he said that he had made known
his dissatisfaction : "that the process was being transformed and mani-
pulated by other interests, the Cubans and Nicaraguans". The report
continues :

"Mr. Canadas said he grew aware of Cuba's involvement in mid-
1980when the Farabundo Marti National Liberation Front was set
up as the umbrella organization for Salvador's guerrilla groups,
including the People'sRevolutionary Army. Overseeingthe front was

a supreme executive body, the Unified Revolutionary Directorate, or
D.R.U., that was formed, he said, at a secret meeting in Havana.

'From thepolitical and military point of view,al1thedecisionsthat
the D.R.U. took - fromthe strategic sense,fromthe military sense -
were done in CO-ordinationwith the Cubans', he said.
For example, in November 1980, when guerrilla leaders met in
Havana, 'the military plan for the final offensive in January '81was
authorized by the Cubans', he said."

Mr. Canadas adds :

"By June 1980, Mr. Canadas said, after guerrilla leaders, not
including him, went to Havana, 'arms began coming in and the
commanders after that meeting did not return to Salvador'. He said
that was then the leaders moved their operations to Nicaragua.

'They never returned,' hesaid 'with the exception of Villalobas,
who was the last one to leave Salvador February '8 1.'reproduit à l'annexe 48 du contre-mémoire des Etats-Unis. Arquimedes
Canadas, dit commandant Montenegro, a en tant que chef de la guérilla
salvadorienne connu un succès éclatant en parvenant au cours d'une
opération à anéantir au sol l'essentiel de la flotte aérienne salvadorienne.
Dans une interview donnée à Washington en 1983, M. Canadas déclare
qu'avant 1980l'insurrection au Salvador étaitlargement ((nationaliste O,
maisque, depuis, Cuba <dirige lesactivités))de l'insurrection. 11décritles

destructions considtérablescauséespar cette dernière à l'infrastructure
salvadorienne. S'agiijsantde l'anéantissementde laflotte militaire aérienne
salvadorienne, ses propos sont ainsi rapportés :

Les sept soldats qui ont mené à bien l'opérationavaient suivi un
entraînement de six mois à La Havane. En octobre, lorsque j'étais à
Managua, Villalobas m'a confié la responsabilité de la mission.
Joaquin Villalobas est le chef de l'arméerévolutionnaire du peuple.
(OCuba Directs Salvador Insurgency, Former Guerrilla Lieutenant

Says D, New York Times2 ,8juillet 1983,p. A10.)

Expliquant sa défectionaprès son arrestation, M. Canadas déclareavoir
fait connaître son rnécontenternent de voir le processus transformé et
manipulépar d'autres intérêtsl,es Cubains et les Nicaraguayens o.L'ar-
ticle poursuit en ces termes :

«M. Canadas a déclaréavoir pris conscience de l'engagement
cubain au milieude l'année1980,lorsque lefront Farabundo Marti de
libération nationale a étémis sur pied pour coiffer les groupes de
guérilla salvadoriens, y compris l'arméerévolutionnaire du peuple.
Pour surveiller le front, un conseil exécutif supérieur, la direction

révolutionnaire:unifiée - ou DRU - futconstituéelorsd'une réunion
secrète tenue à La Havane, a-t-il ajouté.
(Du point de vue politique et militaire, toutes les décisionsque la
DRU a prises --sur leplan de la stratégie,sur leplan militaire- l'ont
étéen coordiniation avec les Cubains.
M. Canadas a dit par exemple qu'en novembre 1980, lorsque les
chefs de guérilla sesont réunisà La Havane ((lesCubains ont autorisé

le plan militaire de l'offensive finale de janvier 1981 o.

L'article continue a.insi

(M. Canadas ajoute qu'enjuin 1980, à l'issue d'une réuniondes
chefs de guérilla à La Havane, mais à laquelle il ne participait pas,
les armes ont commencé à arriver et, après cette réunion,les com-
mandants ne sont pas retournésau Salvador o. Il a déclaréque c'està
ce moment-là que les chefs ont transféréle centre des opérations au
Nicaragua.
«Ils ne sontjamais retournés [au Salvador], à l'exception de Vil-

lalobas, qui ai étéle dernier à quitter El Salvador, en février
1981. 'Before that we did not have much arms coming in', he said.
'After that the majority of arms was given by Vietnam. American
M-16s. The arms came from Vietnam to Havana. Havana to
Managua. Managua to Salvador.' "

He concludes by reporting the following about meetings in Managua :

"Three months later. in October, he said, the same group of Sal-
vadorans andCubans met in Menagua. 'Weexamined everything that
had been done since July,' he said. 'Weanalyzed the taking of Villa el

Rosario in Moraziin. It was a village occupied by the guerrillas. It
showed how much we had advanced. As far as thecentral front. they
indicated that the sabotage of the electric power and telephone lines
was notenough, not sufficient. Wehad to make greaterefforts in these
activities."

102. In 1984,Commander Montenegro gave a further interview. which
was published in the New York Times (and republished in the Counter-
Memorial of the United States. Exhibit 49). It was to this interview. given

"almost two years after his capture", that Mr. MacMichael addressed
questioning comments at the oral hearings (Hearing of 16 September
1985). The Neuv York Times story contains significant detail and merits
reproduction in exrenso :

"A Former Salvadoran Rehel Chief Tells of Arms from Nicarugua

A former Salvadoran guerrilla commander who was captured in
Honduras said today that virtually al1the arms received by the guer-
rilla units he led came from Nicaragua.

The former guerrilla. Arquimedes Canadas, known in the rebel

movement asComandante Alejandro Montenegro. also bolstered the
Reagan Administration's disputed assertions that Salvadoran guer-
rillas have their headquarters in Nicaragua by saying that he went
there secretly in 1981 and met with his top commander. the Nicara-
guan Army Chief of Staff and four Cuban advisers.

Mr. Canadas said in an interview that in 1981 and 1982guerrilla

units under his command in San Salvador and north of the city
received '99.9 per cent of our arms' from Nicaragua.

This contradicts what several guerrilla commanders. including
Mr. Canadas. said in interviews at their mountain base near Guazapa
volcano in February 1982.

Armed with American-made M-16 rifles. the Salvadoran guerrilla
commanders said their weapons were either captured from Govern-
ment forces, bought on the black market or purchased directly from ((Avant cela. nousne recevions pas beaucoup d'armes. a-t-il ajouté.
Et après.la majeure partie des armes a été fournie par leViet Nam, des
M-16 américain.,. Lesarmes étaient transportées du Viet Nam à La
Havane. de La ]Havaneà Managua, et de Managua au Salvador.

M. Canadas conclut en décrivant les réunions de Managua :

<(Trois mois plus tard,enoctobre, le mêmegroupede Salvadoriens
et de Cubains s'étaitréunià Managua. Nous avons examiné tout ce

qui avait étéfait depuis juillet. Nous avons analyséla prise de Villa el
Rosario dans laprovince de Morazan. C'étaitun villageoccupépar les
guérilleros. Cela prouvait combien nous avions progressé. S'agissant
dufront central, ilsont dit que le sabotage des lignes de tension etdes
lignes téléphoniquesne suffisait pas. Il fallait intensifier les activités

dans ce domaine.

102. En 1984.lecommandant Montenegro a donnéune autre interview,
publiéedans le New York Times (et reproduite à l'annexe 49 du contre-
mémoire des Etats-llnis). C'est cette interview, accordée <<près de deux
ans après l'arrestation ))de son auteur, que M. MacMichael a commentée

lors d'une audience, non sans scepticisme (audiencedu 16septembre 1985).
L'article du New York Times contient des détails importants et mérite
d'êtrereproduit dans son intégralité :

((Les révélations d'un ancien chef de la rébellionsalvadorienne
sur Icatrafic d'armes à pariir du Nicarugua

Un ancien commandant de la guérilla salvadorienne arrêté au
Honduras a affirméaujourd'hui que la quasi-totalité des armes que
recevaient les unitésde gukrilla sous ses ordres provenait du Nica-

ragua.
L'ancien guérillero Arquimedes Canadas. connu dans la guérilla
sous le nom de comandante Alejandro Montenegro. a par ailleurs
confirmé les assertions contestées de l'administration Reagan selon
lesquelles le quartier généraldes guérillerossalvadoriens se trouve au

Nicaragua, en révélant qu'il s'étairtendu en secret dans ce pays en
1981et qu'il y avait rencontré son supérieur. le chef d'état-major de
l'arméenicaraguayenne et quatre conseillers cubains.
M. Canadas a déclarédans une interview qu'en 1981 et 1982 les

unitésde guérillade San Salvador et du nord de la ville placéessous
soncommandement avaient reçu 99.9 pour cent de leurs armes du
Nicaragua.
Cette déclaration contredit ce que plusieurs chefs de guérilla,dont
M. Canadas lui-même,avaient dit lors d'interviews accordées en

février1982dans leur campde montagne proche du volcan de Gua-
zapa.
Armés de fusils M-16 de fabrication américaine. les chefs de la
guérillasalvadorienne avaient déclaré que leurs armes avaient étésoit
saisies aux forcesgouvernementales. soit achetéesaumarchénoir,soitSalvadoran Government officers. Only one admitted having gone to
Nicaragua and none said they had been to Cuba.

Meetings in Cuba and Managua
But today, Mr. Montenegro said through an interpreter that he had
been under ordersfrom his guerrilla commander in chief to givefalse
information in 1982 by saying that the arms were captured or pur-
chased when in fact they had come from Managua by truck across

Honduras into El Salvador.
In a three-hour interview Tuesday night, Mr. Canadas, who was
captured in August 1982by Honduran Army units in Tegucigalpa
while he was en route to Nicaragua, said he had gone to Cuba once
and to Managua twicetomeetwithJoaquin Villalobas,commander in
chief of the People's Revolutionary Army.

The P.R.A. is the largest of five guerrilla forces linked together
under the Farabundo Marti Liberation Front.

Monthly Arms Shipments
In the interview, Mr. Canadas said that in 1981and 1982urban
commandos and 200 guerrillas under his command in Guazapa
received monthly arms shipmentsfrom Nicaragua that were trucked
across Honduras, hidden in falsepanels and floors. He said the trucks
moved through the normal customs checkpoint of Las Manos at the
Nicaraguan border with Honduras and the checkpoint of Amantillo
at the Honduran border with El Salvador.

Each truck, he said, carried roughly 25 to 30 riflesand about 7,000
cartridges of ammunition. The rifles, he said were American-made

M-16s captured in Vietnam and FAL rifles formerly used by the
Nicaraguan Army under Somoza.
Sometimesthe trucks arrived without riflesand carriedjust ammu-
nition and in that case, he said, a typical load would include up to
15,000cartridges,Soviet-madegrenades, and explosiveslikeTNT for
sabotage attacks against Government installations.

Since the time of his capture, American officials have said that
Honduran authorities put on major efforts to halt the relatively open
flow of arms traffic on Honduran highways. American rnilitary offi-
cials have now contended that the outside arms flow comes from
Nicaragua on nighttime air drops or in canoes or power boats oper-
ating in the Pacific coastal waters between Nicaragua and El Salva-
dor.
Mr. Canadas saidhisone visitto theSalvadoran guerrillacommandachetéesdirectement a des officiers de l'arméesalvadorienne. Seul
l'un d'eux avaitadmis s'être rendu auNicaragua, mais aucun n'avait
dit êtrealléà Cuba.

Réunions à Cuba et à Managua

Aujourd'hui, M. Montenegro déclare, par l'intermédiaire d'un
interprète, avoir reçu l'ordre de son supérieur en 1982de donner de
faux renseignements et de déclarerque les armes étaient des armes
saisies ou acheté,e,lors qu'en fait elles avaient ététransportéespar
camion de Managua au Salvador, via le Honduras.
Dans une interview de trois heures accordée mardi soir, M. Cana-
das, que des unitésde l'arméehondurienne ont arrêté en août 1982a
Tegucigalpa alors qu'il étaiten route pour le Nicaragua, a déclaré
s'êtrerendu a Cuba une fois età Managua deux fois pour rencontrer
Joaquin Villalobas, commandant en chef de l'arméerévolutionnaire
du peuple (ERP).
L'ERPest la plus importantedes cinq unitésde guérilla regroupées
au sein du front Farabundo Marti de libération nationale.

Livraisons mensuelles d'armes

Au cours de l'interview, M.Canadas a dit qu'en 1981et 1982les
commandos opkrant dans les villes et deux cents guérilleros placés
sous son commandement, à Guazapa, recevaient chaque mois des
armesenprovenancedu Nicaragua quiétaientacheminées àtravers le
Honduras dans des camions à doubles parois et àdouble fond. 11a
indiqué que les camions passaient par le poste de douane de Las
Manos, sur la frontière entre le Nicaragua et le Honduras, et par le
poste de douane d'Amantillo, sur la frontière entre le Honduras et El
Salvador.
Chaque camion transportait entre vingt-cinq et trente fusils et
quelque sept mille cartouches. Les fusils, a-t-il déclaré,étaient des
M-16de fabrication américainesaisis au Viet Nam et des fusils FAL,
utilisésdu temps de Somoza par l'arméenicaraguayenne.
Parfois, les camions ne transportaient pas de fusils mais que des
munitions. Dan.sce cas, lechargementcomprenait en générajlusqu'à
quinze millecartouches, des grenades de fabrication soviétiqueet des

explosifs comm,ele TNT pour les opérationsde sabotage contre des
installations gouvernementales.
Des responsables américainsont indiqué que, depuis l'arrestation
de Canadas, lesautoritéshondurienness'efforçaientde mettre fin aux
transports d'armesqui se faisaient pratiquement au grand jour sur les
routes honduriennes. Des officiers américains ont déclaréque les
armes en proveinancedu Nicaragua sont maintenant parachutéesde
nuit ou transportéesdans des canots ou des hors-bord qui opèrent le
long des côtes du Pacifique, entre le Nicaragua et El Salvador.
M. Canadas a indiqué s'êtrerendu, en octobre 1981, au poste post in Nicaragua came in October 1981when he was summoned by
Mr. Villalobas, regarded by Salvadoran Army officers as the shrew-
dest and most important guerrilla commander.

'1 don't know exactly where it was because 1 was taken there
blindfolded,' he said. 'We went perhaps 15minutes on the highway
south of Managua where wechanged vehicles.Then wewent another
10or 15minutes. We came to a very large private home with a very
large garden with metal benches.'

'To the right of the main entrances was an office where Villalobas
worked'.hewent on.'Further in the house was a largeroom where the
commanders of the other guerrilla groups met and where the Cubans
and Sandinistas came. There were four Cubans there.'

He added :'Wehad one meeting about two hours long one night
with the Sandinista Army Chief of Staff Joaquin Cuadra.'

'Cuadra spoke almost entirely about the Nicaraguan situation. And
they were interested to know what kind of rebellion was taking place
in El Salvador, a peasant rebellion or al1elements of the population.

In Nicaragua, they said, it had been al1elements. But the meeting was
not to discuss aid. By that time, aid had reached its peak.' " ("A
Former Salvadoran Rebel Chief Tells of Arms from Nicaragua", the
New York Times, 12July 1984.)

103. A comparison of the text of this interview with Mr. MacMichael's
comments on it fails to shake Commander Montenegro's claims. First.
Mr. MacMichael confirms the truth of the capture of Montenegro in the
circumstances recounted in the press. Second. Mr. MacMichael says that,
in 1982,he had access to the results of Montenegro's initial interrogations.
"At that time," Mr. MacMichael says. "he made no mention of arms." This
is Mr. MacMichael, speaking without notes. in 1985.confidently recalling
that a report he read three years before "made no mention of arms"
(Hearing of 16 September 1985). (Mr. MacMichael could not have
refreshed his three-year old recollection by reference, before the hearing, to
an account of Montenegro's debriefing or his notes thereon. since his

retention of any such papers would be illegal.) Rather. Mr. MacMichael
recalled, "much of the object of his interrogation had to do with his
leadership of the raid" on the Salvadoran airfiel(ihid.)Mr. MacMichael
confirmsthat, before his capture. Montenegro claimed that the guerrillas'
arms were purchased or captured (as Montenegro explained in his pub-
lished interviews).and Mr. MacMichael observes that his statement made
twoyears later cameafter a time during whichhehad been "in the hands of
very skilled interrogators" (Hearing of 16 September 19x5). Mr. Mac-
Michael says he is not able tojudge which story is correct. But he does ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISSS. CHWEBEL)456

de commandement de la guérillasalvadorienne au Nicaragua, sur
convocation de M. Villalobas, que les officiers de I'armée salvado-
rienne tiennent pour le plus habile et le plus important des chefs de
guérilla.
<(Je ne sais pas où se trouvait ceposteexactement,parce quej'y ai
étéconduitlesyeux bandés,a-t-il déclaréN . ous avons roulépendant
quinze minutes environ sur l'autoroute au sud de Managua,puisnous
avonschangéde véhicule.Puis. nous avonsencore roulépendant dix a
quinze minutes. Nous sommesarrivésdevant une maison,trèsgrande,
avec un jardin où se trouvaient des bancs en fer.

A droite de l'entréeprincipale se trouvait un bureau où travaillait
Villalobas,a-t-il poursuivi. Dans la maison, ilyavait une grande pièce
où leschefs des autresgroupes de guérillaétaientréunis,etoù ilsont
étérejoints par. des Cubains et des sandinistes. Il y avait quatre
Cubains.
Il a ajouté: (Nous avons eu une réunion d'environdeux heures,
une nuit, avec le chef d'état-major de l'arméesandiniste, Joaquin
Cuadra.
Cuadra n'aparlépratiquement que de la situationau Nicaragua. Ils
voulaient savoir.quelle étaitla nature de la rébellionau Salvador. s'il
s'agissait d'une rébellionpaysanne. ou si elle étaitle fait de tous les

élémentsde la population. Au Nicaragua, ont-ilsdit, elle avaitété le
fait de tous lesélémentde lapopulation. Mais, à cette réunion.on n'a
pas parlé de l'aide. A cette époque, l'aide avait atteint son point
culminant. (OA Former Salvadoran Rebel Chief Tellsof Arms from
Nicaragua o.New York Times1 ,2juillet 1984.)

103. Une confrontation entre le texte de cette interview et les observa-
tions de M. MacMichael A ce propos ne parvient pas a ébranlerles affir-
mations du commaindant Montenegro. Premièrement, M. MacMichael
confirme l'arrestation de Montenegro dans lescirconstancesdécritespar la
presse. Deuxièmement.M.MacMichael ditqu'en 1982ilavait eu accèsaux

résultats des premiers interrogatoires de Montenegro. A l'époque. il
n'étaitabsolument pas question d'armes D,a dit M. MacMichael. Ainsi
M. MacMichael en 1985.parlant sans notes, affirme sans sourciller que
dans un rapport qu'il a lu trois ans auparavant il n'étaitabsolument pas
question d'armes (iiudiencedu 16septembre 1985).(M. MacMichael n'a
pas pu. pour se rafraîchir la mémoire,se reporter avant l'audience à un
compte rendu des premiers interrogatoires de Montenegro ni à sespropres
notes àce sujet. puisque la détentionde telsdocuments serait illégale.)Au
contraire. M. MacMichael s'est souvenu qu'~une bonne partie de I'inter-
rogatoire concernait la façon dont il[Montenegro] avait dirigél'opération
de commando ))coritre l'aérodrome salvadorien (ihid.)M. MacMichael
confirme que Montenegroprétendait,avantsonarrestation. que lesarmes

desguérillerosétaieritachetéesousaisies(ainsi que Montenegro l'explique
dans sesinterviews)et M. MacMichael fait observer que lesdéclarationsde
Montenegroont étéfaitesdeux ans aprèsson arrestation, périodependantacknowledge that, inAmerican hands,Montenegro could speak freelywith
no fear of retribution. Could the same be saidof what he dared Saywhen a
guerrilla commander in the field ?

104. A third defector whose allegations have recently been published is
Alvaro JoséBaldizonAviles,referred to in paragraph 28of thisAppendix.
His contentions iargely concern allegations of violations of human rights
in Nicaragua by Nicaraguan forces and by agents of the Nicaraguan
Government. Someof the objects of those allegedassassinations and other
atrocities were victimized in the course of hostilities (such as dissident
Indians). Of pertinence to the question of support by the Nicaraguan
Government offoreigninsurgency(they relate toCosta Rica rather than El
Salvador) are the following passages of Baldizon's statement :

"In March 1983,agroup ofapproximately 45members of theCosta
Rican Popular Vanguard Party (PVP) were training for guerrilla
warfare on the property of the African Oil Palm Cultivation Project
near El Castillo in southern Nicaragua .. .The chief of the Costa
Ricans, 'Ramiro', was approximately 40 years old, was about 5'9"
tall, had white skin, black hair, and wore a full beard. He was always
accompanied by a First Lieutenant of the Nicaraguan Army ...The
rest of the Costa Ricans were located about 12kilometers away on a

hillcalled ElBambu on the SanJuan River,in the Costa Rican border
area. Their activities were controlled from the headquarters by two-
way radio communications.
The Costa Ricans, who justified their presence in El Castillo by
claiming to be workers on the African Palm Project and members of a
military reservebattalion comprised ofproject workers,werethere for
sixmonths. Theywere then toreturn toCosta Rica and be replaced by
another group for another six months. Some of the troops carried
FAL rifleswith telescopic sights and werebeing trained as snipers to
kill the San Juan River boatmen who transport and supply the Nica-
raguan anti-Sandinista insurgents. The Sandinistas were conducting
this training because they reasoned that there are only a limited
number of boatmen who know the river welland they would be hard
for the anti-Sandinistas to replace." (Inside the Sandinista Régime:A
Special Investigator'sPerspective,Department of State, 1985,pp. 25-
26.)

105. Revelations by a fourth defector, and from captured insurgent
documentation, are described in still another article in the Washington
Post, "New Sources Describe Aid to Salvadoran Rebels ; Defector, Cap-
tured Documents Indicate Nicaragua Has Withdrawn Some Support", oflaquelle il s'est trouvé entre les mains d'interrogateurs très habiles
(audience du 16septembre 1985).M. MacMichael a déclaréqu'in l'étaitpas
en mesure de dire quelle histoire étaitlavraie. Mais ilreconnaît que,tombé
aux mains des Américains, Montenegro pouvait parler librement, sans
crainte de sanctions. Peut-on en dire autant de ses déclarations sur le
terrain, lorsqu'il étaiitchef de guérill?
104. Ilest un troisième transfuge dont lesallégations viennenttoutjuste
d'êtrepubliées :il s'agit d'AlvaroJoséBaldizon Aviles, déjà mentionnéau
paragraphe 28 du présentappendice. Ses déclarations concernent essen-
tiellement des allégationsde violations des droits de l'homme au Nicara-
gua par lesforces nicaraguayennes et par des agents du Gouvernement du
Nicaragua. Certains de ces assassinatset autres atrocités allégués auraient

eu lieu au cours d'hostilités (commepar exemple celles dont ont été
victimes les Indiens dissidents). A propos de l'appui du Gouvernement
nicaraguayen àI'insi~rrectionà l'étranger(en l'occurrence, au Costa Rica
plutôt qu'au Salvador), on peut citer l'extrait ci-aprèsde la déclarationde
Baldizon :

<En mars 1983,un groupe de quarante-cinq membres environ du
parti populaire d'avant-garde (PVP) du Costa Rica étaitentraîné à
la guérilla,sur le domaine de 1'AfricanOil Palm Cultivation Project,
près d'El Castillo dans le sud du Nicaragua ...Le chef des Costa-
Riciens, <(Ramiro )),avait environ quarante ans, mesurait à peu près

1.75 mètre, avait la peau blanche, les cheveux noirs, et portait une
barbe. Il étaitto,ujoursaccompagnéd'un lieutenant de l'armée nicara-
guayenne ..Les autres Costa-Riciens vivaient à une douzaine de kilo-
mètres surune collineappeléeEl Bambu au bord du San Juan,dans
la zone frontalikrecosta-ricienne.Leursactivitésétaient dirigée s par-
tir du siège,par des moyens radio.
Les Costa-Riciens, qui justifiaient leur présence à El Castillo en
prétendant travailler sur IAfrican Pulm Project et êtremembres d'un
bataillon de réservemilitaire affecté à des travaux pour ce projet,
restaient là six mois. Après quoi ils retournaient au Costa Rica et
étaient remplacés par un autre groupe, qui restait là un nouveau

semestre. Certains portaient des fusils FAL munis de viseurs télesco-
piques et recevaient un entraînement de tireur d'élitepour abattre
les bateliers du San Juan qui transportaient et approvisionnaient les
rebelles nicaraguayens antisandinistes. Les sandinistes assuraient cet
entraînement parce que selon eux trèspeu de bateliers connaissaient
bien lefleuve et lesantisandinistes auraient du mal à lesremplacer.
(Inside the Sundinistu Régime :A Speciul Investigutor's Perspective,
Department of State. 1985, p. 25-26.)

105. Dans son numéro du 8juin 1985,le WashingtonPost rend compte,
sous le titre Nouvelles sources d'informations sur l'aide aux rebelles
salvadoriens :selon un transfuge et des documents saisis, le Nicaragua

aurait retiré unepartie de son aide (p. A12),des révélations faitespar un458 MlLlTARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS.OP. SCHWEBEL)

8 June 1985. page A12 (the documentation apparently being the sarne

papers captured with Nidia Diaz described in paras. 95-96 above) :

"Nicaragua, Cubaand other leftist countries have played the lead-
ing roles in arming and training El Salvador's left-wing guerrillas

since 1980 but gradually have curbed their support since 1983,
according to information gleaned from a recent defector from the
rebels. a U.S. study of captured weapons and a stash of captured rebel
documents.

U.S. pressure has led Nicaragua's Sandinista government to with-
draw some of its backing for the Salvadoran rebels on several occa-
sions. both by suspending ammunition shipments and by restricting
the activities in Managua of the rebels' Farabundo Marti National
Liberation Front, according to these sources.
For example, captured rebel notes and correspondence indicate

that Nicaragua cut back assistance following the U.S. invasion of
Grenada in October 1983in an action that drew strong protests from
the Salvadoran guerrillas.
It was unclear from the documents and other information how
much aid Nicaragua has been contributing in recent months, but

ammunition shipments appear to have dropped substantially. The
defector. a former political and military commander, said he was
aware of only two deliveries this year.

The newly available sources offer a broad portrayal of the history of

external support for theSalvadoran rebel front. known by the Spanish
initials FMLN. While some have questioned the reliability of the
defector's account and of the documents. the new data tended to
confirm descriptions provided for the past two years by U.S. and
Salvadoran officials.
'The embassy's position is. damn it. we told you so', a senior U.S.

official said.
The government and the U.S. Embassy said the documents were
seized April 18 with prominent rebel commander Nidia Diaz, who
was a member of theguerrilla delegation at the peace talks in the town
of La Palma last October. Salvadoran authorities have refused her

requests to meet with reporters since her capture.

The FMLN has charged that the documents are forgeries.
According to the portrayal of support for the guerrillas gleaned
from the sources, leftist nations initially contributed 6.000 to 7.000

automatic rifles plus mortars and grenade launchers from 1980 to
early 1983.These armsare described as having arrived from Nicara-
gua by clandestine means, mostly in small planes or overland through
Honduras. ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 458

quatrième transfuge ou tiréesde documents saisis chez lesinsurgés (ils'agit
apparemment des mëmes documents que ceux saisis sur Nidia Diaz dont il
est question aux paragraphes 95 et 96 ci-dessus) :

11ressort de renseignements donnéspar un transfugequi adéserté
récemment le camp des rebelles. des résultats de l'analyse par les

Etats-Unis d'armes saisies ainsi que de documents saisis chez les
insurgés.que le Nicaragua. Cuba et d'autres pays d'extrême gauche
jouent depuis 1'380un rôle de premier plan dans l'armement et I'en-
traînement des guérilleros d'El Salvador, quoique. depuis 1983. ces
pays aient progressivement réduit leur aide.

D'après ces sources, les pressions exercéespar les Etats-Unis ont
amenélegouvernement sandiniste du Nicaragua àretirer en plusieurs
occasions son appui aux rebelles salvadoriens, en suspendant les
livraisons de miinitions et en restreignant à Managua les activitésdes
rebelles du frorit Farabundo Marti de libération nationale.

C'est ainsiau"i1ressort des notes et de la corres~ondance saisieschez
les rebelles que. suite à l'invasion de la Grenade par les Etats-Unis
en octobre 1983. le Nicaragua a réduit son assistance, ce qui aurait
suscitéde vives protestations de la part des guérillerossalvadoriens.
Les documenits et autres renseignements ne permettent pas d'ap-
précier le volume exact de I'aide que le Nicaragua a apportée ces

derniers mois. imais il semble que les livraisons de munitions aient
considérablement diminué. Le transfuge.ancien responsable militaire
et politique, a (déclaré n'avoir connaissance que de deux livraisons
effectuéescette année.
Ces nouveaux renseignements permettent de reconstituer I'évolu-

tion de I'aideque les rebelles salvadoriens - le FMLN - reçoivent de
l'extérieur.D'aucuns ont mis en doute la valeur du récitdu transfuge
et desdocuments saisis, mais ilreste que ces renseignementstendent à
confirmer les déclarations faites depuis deux ans par les responsables
américains et s,alvadoriens.

Un haut responsable américain a déclaré: La réaction de I'am-
bassade a été : ((Parbleu, nous vous l'avions bien dit.
Le Gouvernement et l'ambassade des Etats-Unis ont indiquéque
les documents avaient étésaisis le 18avril sur un chef rebelle de haut
rang. Mnle Nidia Diaz. membre de la délégationde la guérilla aux
entretiens de pa.ixqui sesont tenus à La Palma en octobre dernier. Les

autoritéssalvadoriennes ont refuséd'accéderaux demandes faites par
MI"' Diaz depuis son arrestation pour rencontrer des journalistes.
Le FMLN a taxéces documents de faux.
Selon les renseignements ainsi recueillis sur I'aide aux guérilleros.
les pays d'extrêmegauche auraient fourni initialement. entre 1980et

le début de 1983. de six mille à sept mille fusils automatiques. des
mortiers et des lance-grenades. Ces armes auraient étéacheminéesdu
Nicaragua clandestinement. principalement dans despetits avions ou
par la voie terrestre à travers le Honduras. Cuba, the SovietUnion, Vietnam, Bulgariaand East Germany have
trained a steady Stream of guerrilla leaders in military and political
work, by this collectiveaccount. The FMLN's general command met

regularly in Managua in the early 1980's.

Since roughly two years ago, however, foreign militaryassistance
hasconsisted primarily of ammunitionand explosives,and itincreas-
ingly has arrived by sea.
'Most peopleagree that the big armsimportsstopped in 1982',the
senior U.S. officia1said.

Shipmentsappear to have dropped off for three reasons : because
they were not needed, because of U.S. pressure on Nicaragua and
because of the Honduran armed forces' breakup of much of the
FMLN's clandestine support network in Honduras during 1982and
1983.
The Sandinistas also began to pull back the welcome mat in Nica-

ragua in mid-1983, according to the defector. At that time, the
FMLN's general command was forced to transfer its meetings to
rebel-dominated territory in El Salvador after Nicaragua wasembar-
rassed by the murder of a senior Salvadoran rebel commander in
Managua in a factional dispute, he said.
The issue of Nicaraguan and other outside aid for the Salvadoran
rebels has been a central feature of the U.S. debate over Central
America. The administration repeatedly has asserted that Nicaragua
was 'exporting revolution'. and it used this charge specifically to
justify organization and financing of the rebel force now fighting to
overthrow the revolutionary Sandinista government in Managua.

Critics of U.S.policy havesaid theadministration lacked adequate
proof of a steady, substantial flow of military aid to the guerrillas

since their failed 'final offensive' inJanuary 1981. Despite a high-
priority effort,no arms shipment inprogressfrom Nicaragua has been
intercepted.

Salvadoran rebel leaders and Nicaraguan officials have offered
cautious and sometimesconflicting responses to the U.S.charges.The
Salvadoran rebels have admitted, for instance, that they smuggle
weapons and ammunition via Nicaragua but have said they obtained
the arms on the international market and not from the Sandinista
government. Nicaragua has acknowledged giving diplomatic and
moral support to the guerrillas while denying that it was shipping
ammunition.
The defector - whose real name is Napoleon Romero, but who
often is known by his nom de guerre, Miguel Castellanos - said that

about 70 percent of the FMLN's automatic rifles came from abroad
and that the rest were captured from the Salvadoran armed forces. Toujours selon ces renseignements, Cuba, l'union soviétique, le
Viet Nam, la Biilgarieet l'Allemagnede l'Est auraient entraînérégu-
lièrementdes groupes de chefs de guérilla à l'action militaireet poli-
tique. Au débutdes années quatre-vingt, le commandement général
du FMLN se réunissait régulièrement à Managua.
Mais depuis deux ans environ, l'aide militairede l'étrangerconsiste
essentiellement en munitions et en explosifs,et elleest de plusen plus
acheminéepar la voie maritime.
Le haut responsable américain précité a déclaré : <La plupart
s'accordent à dire que lesénormesimportations d'armes ont cesséen
1982. ))
Cesenvois ont diminuépour trois raisons, semble-t-il :parce qu'ils

étaient moinsnrfcessaires,parce que lesEtats-Unis exerçaientdes pres-
sions sur le Nicaragua et parce que les forces arméeshonduriennes
ont démantelé en1982et en 1983une bonne partie du réseau d'appui
clandestin au FMLN au Honduras.
Selonletransfuge, lessandinistesauraient euxaussicommencévers
le milieu de l'année1983 à retirer leur protection. A cette époque,le
commandement généraldu FMLN aurait dû transférerses réunions
au Salvador, dans les zones contrôléespar les rebelles, le Nicaragua
s'étant trouvé embarrassépar l'assassinat d'unchef rebelle salvado-
rien de haut rang à Managua, lors d'un différend entre factions.
L'aide nicaraguayenne et autre aux rebelles salvadoriens est au

cŒurdu débatsur l'Amériquecentrale qui sepoursuit aux Etats-Unis.
Le gouvernement n'a cesséd'affirmer que le Nicaragua ((exporte
la révolution etil a mis en avant cette accusation, en particulier,
pourjustifier l'organisation et le financement de la force rebelle qui
luttemaintenaint pour renverser le gouvernement sandiniste révolu-
tionnaire de Managua.
Les détracteursde la politique américaineont fait observer que le
Gouvernement américain n'avaitpas suffisamment de preuves attes-
tant la fourniture d'une aide militaire régulière etimportante aux
guérillerosdepuis l'échecde leur offensive finaleu dejanvier 1981.
Malgré leseffortsprioritaires misen Œuvre,aucune livraison d'armes
en provenance du Nicaragua n'a étéinterceptée.

Les chefs di: la rébellion salvadorienne et les autorités nicara-
guayennes ont apporté aux accusations américaines des réponses
prudentes, parfois contradictoires. Les rebelles salvadoriens ont par
exemple admis.qu'ils importaient clandestinement des armes et des
munitions via leNicaragua, mais en ajoutant qu'ils seprocuraient ces
armessur lemarchéinternational et non pas auprèsdu gouvernement
sandiniste. Le Nicaragua a reconnu apporter un appui diplomatique
et moral aux guérilleros, mais nie leur avoirfourni des munitions.
Le transfuge - de son vrai nom, Napoleon Romero, mais plus
connu sous sorinom de guerre MiguelCastellanos - a déclaréqu'en-
viron 70 pour cent des armes automatiques dont disposait le FMLN

venaient de l'étranger,le reste étantpris aux forces arméessalvado-While some of the foreign-supplied weapons were purchased on the
international market, he said, most were supplied by friendly gov-
ernments.
Romero, 35, was commander of the San Salvador front for the
Popular Liberation Forces, one of the two largest of the fiveguerrilla
forces in the FMLN, until his defection in early April. He said in a
90-minute interview that he had become disillusioned with the revo-
lutionary movement during the past year because of its violenceand
lack of accomplishments.
Rornero was held by the military for several weeks before being
made available to reporters. He is now said to be living under the

protection of the military.
The guerrilla organization has charged that Romero was tortured
while in custody and is now lying.
As a defector, Romero has an interest in portraying the FMLN in a
bad light, but his articulate responses seemed frank during the inter-
view. It was conducted in an office of the armed forces' press com-
mittee. A Salvadoran major waspresent for only brief portions of the
interview.
Romero'sdescription of the sourceof theweapons wasbolstered by
a U.S. military intelligence survey of serial numbers of U.S.-made
Ml6 automatic rifles captured from the guerrillas. The survey's
results, made available by U.S. officials, showed that just under
25 percent of the rifles originally were provided to the Salvadoran
Army and thus presumably had been captured by the rebels. Of the
remaining rifles, the bulk weresaid to have been left in Vietnam by
evacuating U.S. troops in 1975.

Romero said he believed Cuba was responsible for coordinating
much of the international support for the Salvadoran guerrillas.

'Nicaragua isjust the bridge for everythingcoming from Cuba', he
said.
The defector alsonoted severalareas inwhich leftistcountries have

not been involved much with the FMLN. For instance, hesaid that he
believed no Cuban or Nicaraguan officia1 advisers or instructors had
come to El Salvador to oversee the guerrillas' fight directly.

In addition, whileeachof the fivefactions in the FMLN has itsown
radio transmitter fordirect communications with itsrepresentative in
Managua, Romero said, the insurgency is not 'directed'from Nica-
ragua on a day-to-day basis as the U.S. government has suggested.
FMLN commanders in the field plot their own strategy and tactics,
although they often solicit advice from Nicaragua and Cuba, he
said.

The captured documents that have been made public so far show ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 460

riennes. Certaines des armes en provenance de l'étranger étaient
achetéessur le imarchéinternational. a-t-il ajouté. mais la plupart
étaient fournies par des gouvernements aniis.
Romero. âgéde trente-cinq ans, commandait le front de libération
populaire opérai~t à San Salvador - une des deux principales com-

posantes des cinq forces que regroupe le FMLN - jusqu'à sa déser-
tion au débutavril. II a dit, dans une interview de quatre-vingt-dix
minutes, avoir été déçu l'annéeprécédentepar le mouvement révo-
lutionnaire en raison de sa violence et de l'absence de résultats.
Romero a étéretenu lu sieurs semaines Dar les militaires. avant
d'êtremis à la di:jpositiondesjournalistes. IIvivrait actuellement sous
la protection des militaires.
Le mouvement de la guérillaa prétenduque Romero avait ététor-
turépendant sa garde à vue et que ce qu'il dit maintenant est faux.
Etant un transfuge, Romero a tout intérêtànoircir le FMLN, mais
ses réponsesclaires pendant l'interview,conduite dans un bureau du
service de presse des forces armées, semblaient franches. Un officier
supérieursalvadorien a assisté à l'interview,mais pendant de brèves
périodes seulement.

Les renseignements que Romero a donnéssur la provenance des
armes sont corroborés par une enquêteque les services secrets de
l'arméeaméricaineont faitesur les numérosde sériedes fusils auto-
matiques M-16de fabrication américainesaisischezlesguérilleros.II
ressort de cette enquêtequ'un peu moins de 25 pour cent des fusils
avaient étéinitialement fournisà l'arméesalvadorienne, et donc pro-
bablementpris par les rebelles.Quant aux autres, ilsauraientétépour
la plupart abandonnés au Viet Nam lors de l'évacuationdes troupes
américainesen 1975.
Romero a dit que, à son avis, Cuba étaitresponsable de I'organi-
sation de la majeure partie de l'appui international aux guérilleros
salvadoriens.
Le Nicaragua sert uniquement de relais pour acheminer tout ce
qui arrive de Cuba o.a-t-il précisé.

Le transfuge a fait observer par ailleurs qu'à plusieurs égardsles
pays d'extrême gauchen'avaient pas étémêlés àl'action du FMLN.
Ainsi. a son avis. aucun conseiller ni instructeur officiel cubain ou
nicaraguayen ne s'étaitrendu au Salvador pour superviser directe-
ment l'action des guérilleros.
De plus. toujours au dire de Romero, chacunedes cinq factionsqui
composent le FMLN possède son propre émetteur radio pour com-
muniquer directement avec ses représentants à Managua, mais I'in-
surrection n'est pas dirigée au jour lejour à partir du Nicaragua
comme le croy,ait le Gouvernement des Etats-Unis. Les chefs du
FMLN sur leterrain mettent eux-mêmesaupoint leurstratégieetleur
tactique. encore qu'ils sollicitent souvent l'avis du Nicaragua et de
Cuba, a-t-il dit.
Les documents saisis qui ont étérendus publicsjusqu'ici attestent the FMLN's dependence on Nicaraguan support mainly by revealing
the level of concern on the part of the guerrilla organization in late
1983,when the Sandinistas were pulling back their support. Minutes
of meetings,briefing papers and letters show the Salvadoran guerrilla
leadership pressing hard for continued backing.

A two-page list of names of FMLN leaders and foreign training
courses that they had undergone or were scheduled to undergo also
showed the involvement of a wide range of Soviet Bloc countries in
seeking to build a cadre of3alvadoran revolutionary leaders."

106. "Revolution BeyondOur Borders"contains further details about
Mr. Romero's revelations,which throw light on the continuing supply by
Nicaragua of arms and supplies to Salvadoran insurgents in 1983 :

"The flowof supplies from Nicaragua continued at high levelsinto
1983.According to Napoleon Romero, formerly the third-ranking
member of the largest guerrilla faction in the FMLN who defected in
April 1985,his group was receiving up to 50 tons of material every
3 months from Nicaragua before the reduction in deliveriesafter the
U.S.-Caribbean action in Grenada. Romero gave a detailed descrip-
tion of just how the logistics network operated. The first 'bridge'
implemented for infiltration was an air delivery system. Romero
stated that arms would leave Nicaragua, from the area of the Cosi-
guina Peninsula, for delivery to the coast of San Vicente Department
in El Salvador. He described the first such delivery as consisting of
300weapons infiltrated at the end of 1980 in preparation for the

January 1981'final offensive'.Romero claimed that air routes were
suspended when the Salvadoran Armed Forces succeeded in captur-
inga largequantity of arms that came byair from Nicaragua. It wasat
thispoint in 1981,hecontinued, that seabornedelivery became - as it
continues to be - the primary method of infiltration.

Romero described the sea route as departing from Nicaragua's
Chinandega Department or islands (like La Concha) off its coast,
crossing theGulf of Fonseca, and arrivingat the coast of ElSalvador's
Usulutan Department. Thousands of rounds of ammunition translate
into relatively small numbers of boxes, easily transported by man,
animal, or vehicleover multiple routes. The lack of constant govern-
ment presence, and the relativelyshort distances from the coastline to
al1 major guerrilla fronts, reduce the difficulties of providing the
guerrillas with certain types of logistics support from Nicaragua."
(Op. cit.,p. 11.) que le FMLN dépend de l'appui nicaraguayen, en révélantnotam-

ment l'inquiétudesuscitéeau seindu mouvement rebelle à lafinde 1983
par le retrait de l'appui sandiniste.l ressort des comptes rendus de
réunions, desdocuments d'information et des lettres que leschefs de
la guérillasalvadorienne avaient instamment demandé que le Nica-
ragua poursuive son aide.
Une liste de deux pages de dirigeants du FMLN, indiquant I'en-
traînement qu'ilsavaient suiviou qu'ilsdevaient recevoir à l'étranger,
montre aussi la part que de nombreux pays du bloc soviétiqueont
priseà la mise ei-iplace d'un encadrement révolutionnaire au Salva-
dor.

106. L'ouvrage «HevolutionBeyond OurBorders u donne d'autres pré-
cisions sur les révélationsde M. Romero qui prouvent que le Nicaragua
continuait à fournir des armes aux insurgéssalvadorienset à les ravitailler
en 1983 :

<(Le ravitaillement en force des guérillas à partir du Nicaragua
se poursuivit jusque dans le courant de 1983. D'après Napoleon
Romero, troisième en rang dans la hiérarchie de la principale fac-
tion de guérilladuFMLN jusqu'à sadésertionenavril 1985,legroupe
dont il étaitembre recevait du Nicaragua jusqu'à 50tonnes de ma-
térielpar trimestreavant que le Nicaragua ne réduisît seslivraisonsà
la suite de l'intervention caraïbo-américaineàla Grenade. Romero a
décriten détail11f:onctionnement exact du réseau logistique.La pre-

mière voie d'infiltration avait étéun pont aérien. D'après Romero,
les armes, parties de points situés surla presqu'île de Cosiguina, au
Nicaragua, étaient déchargéessur le littoral du départementde Saint
Vincent, au Salvador. La première livraison ainsi effectuée se serait
composéede trois cents armes, infiltrées à la fin de 1981 en vue de
1'0offensive finale de janvier 1981. Toujours d'après Romero, ce
pont aérienfut suspendu lorsque les forces armées salvadoriennes
réussirent à s'ennparer d'une grande quantité d'armes transportées
par voie aérienne à partir du Nicaragua. C'est depuis ce moment-là,
en 1981,que les livraisons par voie de mer devinrent - et continuent
d'être- le mode principal d'infiltration.

D'aprésle récitde Romero, lepoint dedépart de la route maritime
se situait dans le département de Chinandega, au Nicaragua, ou dans
des îles telles que La Concha, au large de cette côte ; après quoi,
traversant labai,ede Fonseca, les bateaux débarquaient sur la côte
du département d'usulutan, au Salvador. Des milliers de cartouches
tiennent dans un nombre relativement réduit de caisses. aisément
transportées àdos d'homme, àdos d'animal ou par véhiculeselondes
itinérairesvariés. L'absence occasionnelledes forces gouvernemen-
tales et les distances relativement courtes qui séparent le littoral des
principaux frontsde guérilla réduisent ladifficultéqu'il y aàassurer
certains typesdt: soutien logistique aux guérillaà partir du Nicara-

gua. )(Op. ci?.,p. 11.)462 MILITARY AND PARAMILITARY A<.TIVITIE(1)ISSO. PSCHWEBEL)

107. Drawing on statements of Mr. Romero and other defectors, "Re-
ilolufioilBq,ond Our Borders" also provides specific dataabout the modali-
ties of continuing delivery, as late as 1985,of arms and munitions from

Nicaragua to Salvador insurgents. largely by boat and canoe to the Sal-
vadoran coastline. where provisions are picked up and transported by
animals. persons and small vehicles. It maintains that :

''Napoleon Romero, the former FPL commander. estimated that
this supply infrastructure was able to provide some 20.000-30,000
rounds of ammunition per month for the FPL alone. Some 3,000

guerrillascould be provided 100rounds each (the usual load carried
by a combatant). or 1.500guerrillas could be provided with 200rounds
for a major battle. Such a delivery would weigh about 1,300pounds
and be packaged in about 34 metal boxes which could be easily
transported by 15-20 men, six pack animals, or one small pickup
truck. Given El Salvador's smallsize and theshort distances involved.

material entering along the Usulutan coastline could arrive at any of
the guerrilla fronts in about1week under optimal conditions." (Ihid.,
p. 11. note 26.)

6. Srutenlents br'dip1onlut.rr$urlii~volvedcounrrie~

108. To the foregoing body of admissions and charges providing evi-
dence of Nicaraguan Government support of foreign insurgency. particu-
larly in El Salvador,there may be added the opinion of diplomatsstationed

in the capital of Nicaragua. When surveyed by the resident correspondent
of the N~MIYork Times in 1984. the following report resulted :
"Western European and Latin American diplomats here say the

Nicaraguan Government is continuingto send military equipment to
the Salvadoran insurgents and to operate training camps for them
inside Nicaragua.
The United States has been making such charges since 1980.Nica-
ragua, while not explicitly denying al1of thecharges. says its support

is 'moral and political'.
The diplomats. including some from countries that have criticized
United States policies in Central America, said military support to the
Salvadoran rebels had drapped over the last year. but remained sub-
stantial.

No Nicaraguan Comment
At a news conference last week. President Reagan said Nicaragua

was 'exporting revolution to El Salvador. its neighbor. and is helping,
supporting and arming and training the guerrillas that are trying to
overthrow a duly elected government'. ACTIVITES MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.sCHWEBEL) 462

107. On trouve aussi dans ((Revolution Be,>ondOur Borders » des pré-

cisions, tiréesde déclarations de M. Romero et d'autres transfuges. sur les
moyens utiliséspour acheminer sans discontinuer et encore en 1985 les
arnies et munitions en provenance du Nicaragua et destinéesaux insurgés
salvadoriens : ces arrnes et munitions sont généralementtransportées par
bateau et canot jusqui'à un point situé sur le littoral d'El Salvador où elles

sont recueillies puis transportées àdos d'animal. àdos d'homme ou dans de
petits vèhicules. C'est ainsi qu'on peut lire :

D'après Napoleon Romero, ancien commandant du FPL, cette
infrastructurepermettait de livrer de 20 000 à 30 000 cartouches par
mois au seul FPL. cequi représente unecentaine de cartouches. soit la
charge usuelle (l'un combattant. pour 3000 guérilleros. ou encore
200 cartouclies. :<oitde quoi livrer une bataille en règle,pour 1500gué-

rilleros. Une livraison de cet ordre pèse environ 1300 livres et tient
dans quelque 34 caisses métalliques. qui peuvent êtreaisémenttrans-
portéespar 15à 20 hommes. 6 animaux de charge ou un petit camion
de ravitaillemeni.. Etant donnéla faible superficie d'El Salvador et les
courtes distances enjeu, le matériel quipénètrepar le littoral d'Usu-

lutan peut, lorsclue les conditions sont favorables. êtreconduit à l'un
quelconque des fronts de guérilla en une semaine environ. (Ihid.,
p. 11. note 26.)

6. D~c.1urution.d se diplonzutesde pp-..stiers

108. A cet ensemble de déclarations et d'accusations établissant l'appui
du Gouvernement nicaraguayen à l'insurrection à l'étranger.particulière-
ment au Salvador, on peut ajouter l'opinion de plusieurs diplomates en

poste dans la capitale nicaraguayenne interrogés en 1984 par le corres-
pondant permanent du New York Times qui relate ainsi ces entretiens :

(1Selon desdiplomates de pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique
latine en poste ici. le Gouvernement nicaraguayen continuerait à
envoyer du niatèrielmilitaireaux insurgéssalvadoriens et àmettredes
camps d'entraînement à leur disposition sur le territoire du Nicaragua.
Les Etats-Unis font ce reproche au Nicaragua depuis 1980. Le

Nicaragua. sans nier explicitement toutescesaccusations,qualifie son
soutien de << moral et politique o.
Selon ces diplomates. dont certains représentent des pays ayant
critiqué la polii.ique des Etats-Unis en Amérique centrale, l'appui
militaire aux irisurgés salvadoriens aurait diminué depuis l'année

dernithe. mais resterait important.
Pas (le commentaires de la part du Nicaragua

Lors d'une conférence de presse tenue la semaine dernière. le pré-
sident Reagan a dit que le Nicaragua <exporte la révolution au
Salvador. son voisin. et aide. appuie, arme et entraîne les guérillasqui

cherchent à renverser un gouvernement régulièrementèlu )). ASalvadoran rebel spokesman in Costa Rica,Jorge Villacorta, said
in atelephone interviewthatthe guerrillashad boughtweapons on the
black market and from organized crime figures in the United States.
He said the arms had been delivered by wayof Nicaragua as well as
through Guatemala, Costa Rica and other countries.

'Wereject the allegation that Nicaragua is providing us with arms',
he said.
But Western diplomats appear to be convinced of the general
accuracyofAmerican intelligencereports on the military tiesbetween
Nicaragua and the Salvadoran rebels.

'1believesupport for the revolutionaries in El Salvador iscontinu-
ing and that it is very important to the Sandinistas', a Western
European diplomat said. 'The Sandinistas fear that if the guerrilla

movement weakens in El Salvador, their own régimewill become
more isolated and more vulnerable to attack.'
Salvadoran rebel leaders have insisted that they receiveonly small
amounts of aid from Nicaragua, mainly communicationsequipment,
medicine and some ammunition. They say most supplies are bought
on the black market or captured from Salvadoran Government
troops.

A United States Embassy official in San Salvador said today that
the rebels' 'pressing needis not for rifles and small arms'.

Two weeks ago, Fred C. Iklé, Under-Secretary of Defense for
Policy, said that roughly half of the arms used by the rebels were
United States supplied arms taken from Salvadoran Government
troops. Later the Pentagon said the estimate was based on a limited
surveyin a fewrebel areas. Elsewhere,the Pentagon said, the figureis
closer to a third to a quarter.

Sources of Most Rebel Supplies
Mr. Ikléalso said the United States believed that 80percent of the
ammunition and explosivesused by the rebelsare supplied from Cuba
and the Soviet Union through Nicaragua.
Administration officials in Washington said today that small

planes and boats were transporting supplies from Nicaragua at night.
The officials said that command and control of guerrilla operations
continued in Managua. In Mexico City, a member of the rebel move-
ment said little of the command structure remained in Nicaragua.

'Al1the commanders are now livingin Morazan', hesaid, referring
to a province in eastern El Salvador.
.............................

453 Un porte-parole des insurgéssalvadoriens au Costa Rica, Jorge
Villacorta, a dit à l'occasion d'un entretien téléphoniqueque les
guérilleros avaient acheté des armes au marché noir et auprès de
certains chefs de la criminalité organiséeaux Etats-Unis. Ces arme-
ments passaient par le Nicaragua, mais aussi par le Guatemala, le

Costa Rica et d'autres pays.
Nous réfutonsl'allégation selon laquelle leNicaragua nous four-
nirait des armes )),a déclaréce porte-parole.
Mais les diplomates occidentaux semblent êtreconvaincus de la
véracitédes rapports des services de renseignements américains sur
les attaches militaires entre le Nicaragua et les insurgéssalvado-
riens.
<(J'estime qui: l'appui aux révolutionnaires salvadoriens continue

et que ce soutien est très important pour les sandinistes )),dit un
diplomate occidental. <(Les sandinistescraignent, si la guérillasalva-
dorienne venait à faiblir, que leur propre régime soitplus isoléet plus
vulnérable à une attaque.
Les chefs de la guérillasalvadorienne insistent sur le fait qu'ils ne
reçoivent du Nicaragua qu'une petite quantité d'aide, notamment
sous forme de matérielde communication, de médicaments, et de
quelques munitions. Selon eux, la plus grandepartie de leur matériel

est achetée aumarchénoir ou prise aux troupes gouvernementales
salvadoriennes.
Un responsable de l'ambassade desEtats-Unis à San Salvadora dit
aujourd'hui : <(le n'estpas de fusilsetd'armes légères que lesrebelles
ont un besoin urgent. ))
Ily a deux semaines, Fred C. Iklé, sous-secrétaire à la défense,a dit
que la moitiéeriviron des armes utiliséespar les insurgésétaient des

armes fournies au Salvador par les Etats-Unis et prises aux troupes
gouvernementalLessalvadoriennes. Plus tard, le Pentagone a précisé
que cette estimation s'appuyait sur une enquêtelimitée à quelques
régionsoù opéraient les insurgés. Ailleurs,d'après le Pentagone, le
chiffre serait plus près d'un tiers ou d'un quart.

D'où viennent les armes des insurgés ?
M. Ikléa diit aussi que, selon les Etats-Unis, 80 pour cent des

munitions et des explosifs utiliséspar les insurgésprovenaient de
Cuba et de l'Union soviétique,en transitant par le Nicaragua.
Des responsables du gouvernement à Washington ont dit
aujourd'hui que de petits avions et navires effectuaient le ravitaille-
ment la nuit, a partir du Nicaragua. Selon eux, la direction et le
contrôle des opérations de la guérillase font encore de Managua. A
Mexico, un membre de l'insurrection a dit que seuleune petite partie
de l'état-majorétait encoreau Nicaragua.

<Tous les commandants vivent actuellement au Morazan )),a-t-il
dit, parlant d'une province de l'est d'El Salvador.464 MILITARY AND PARAMlLITARY ACTIVlTIES (DISS .P.SCHWEBEL)

Several months ago, at Nicaragua's suggestion, a number of Sal-
vadoran civiliansaffiliated with the rebel cause leftNicaragua inwhat
wasdescribed as an effort to remove a possible pretext for American-
backed military intervention. However, rebel leaders are believed to
visit Managua regularly. Visiting members of Congress have met here

with guerrilla commanders. including Ana Guadalupe Martinez of
the People's Revolutionary Army.

Western intelligence reports suggest that aid no longer moves
overland through Honduras, but is flown daily by light planes to
makeshift airstrips in guerrilla-held areas of El Salvador.

Some supporters of the Nicaraguan Government have expressed
doubts about these allegations and challenge the United States to
produce evidence. Diplomats acknowledge that they have seen no

proof, but Saythey believe that military ties between Nicaragua and
the rebels remain strong.
'Maybe not everything the Americans Say is true, but logic and
commonsense support their case', said a Hispanic diplomat. 'The
Sandinistas' ideology dictates that they help other countries adopt
political systems like their own.'
Sloganssupporting the Salvadoran rebel cause are often chantedat
Nicaraguan rallies. and the presscarries almost daily reports of rebel
victories and of atrocities attributed to the Salvadoran armed
forces.

Rebels' Communications Posts

American officiais are said to believe that at least four of the five
principal rebel groups in El Salvador maintain telecommunications
posts in Nicaragua to transmit instructions to their forces inside El
Salvador. They also believe that some Salvadoran demolition teams
have been trained in Nicaragua." (Stephen Kinzer, "Salvador Rebels
StillSaid to Get Nicaraguan Aid", the New York Times, 11April 1984,
pp 1, 8.)

This article appears as Annex 49 to the United States Counter-Memorial.

Nicaragua introduced no evidence in specific refutation of it.

7. Srarements by the Governmenr of El Salvador accusing Nicaragua of
assisring insurgency in El Salvador

109. Among the curious contentions of Nicaragua in this case is the
claim, found in the Affidavit of Miguel D'Escoto Brockmann, Foreign
Minister of Nicaragua. that : ACTIVIT~S MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 464

Il y a plusieurs mois. sur proposition du Nicaragua, plusieurs civils
salvadoriens sympathisants de l'insurrection ont quitté le Nicara-
gua pour, a-t-on dit, tenter de supprimer un éventuelprétexted'in-
tervention militaire de la part des Etats-Unis. Cela dit, on estime
que les responsables des insurgésse rendent souvent à Managua. Des
membres du Congrèsen visitedans cette villeont pu y rencontrer des

commandants de la guérilla. y compris Ana Guadalupe Martinez. de
l'arméerévolutionnaire du peuple.
Les servicesde renseignements occidentaux pensent que l'aide ne
transite plus par la routeà travers le Honduras. mais est acheminée
quotidiennement par des avions légers à destination de petits aéro-
dromes de fortune dans les régions d'ElSalvador qui sont aux mains
des guérilleros.
Certains partisans du Gouvernement nicaraguayen ont misces allé-
gations en doute. et demandéaux Etats-Unis de fournir des preuves.

Lesdiplomates reconnaissent qu'ils n'ontaucune preuve mais disent
êtreconvaincusque les liens militaires entre le Nicaragua et lesinsur-
gésrestent solides.
(11se peut que tout ce que disent les Américainsne soit pas vrai,
mais il ont pour eux la logique et le bon sensO,déclareun diplomate
hispanophone. L'idéologiedessandinistes lesoblige à aiderd'autres
pays à adopter un systèmepolitique semblable au leur.
Des mots d'ordre favorables à la cause des insurgéssalvadoriens
sont régulièremc-ntrépétés lord se manifestations nicaraguayennes

et la presse rerid compte presque quotidiennement des victoires
des insurgés etdes atrocités attribuées auxforces armées salvado-
riennes.

Les postes de communication des insurgés
Selon les responsables américains.quatre au moins des cinq prin-
cipaux groupes d'insurgéssalvadoriens disposent de postes de télé-
communication:~ au Nicaragua pour transmettre des instructions
à leurs forces ail Salvador. Certaines des équipesde démolition sal-

vadoriennes auraient aussi été forméesau Nicaragua. )) (Stephen
Kinzer, <(Salvador Rebels Still Said to Get Nicaraguan Aid O,New
York Times, 11 avril 1984,p. 1. 8.)

Cet article est reprotiuià l'annexe 49 du contre-mémoiredes Etats-Unis.
Le Nicaragua n'a soumis aucune preuve qui permette de le réfuter.

7. Déclurations du 'Gouvernement d'El Salvador accusant le Nicaragua
d'aider l'insurrectiosalvadorienne

109. Une des affirmations surprenantes du Nicaragua en la pré-
sente instance est celle qui figure dans l'attestation de M. Miguel
d'Escoto Brockmanri, ministre des relations extérieuresdu Nicaragua. qui
dit : "It is interesting that only the government of the United States
makes these allegations, and not the government of El Salvador,
which is the supposed victim of the alleged arms trafficking. Full
diplomaticrelations existbetween Nicaragua and ElSalvador.Yet, El
Salvadorhas never - not once - lodgedaprotest withmygovernment
accusing it of complicity in or responsibility for any traffic in arms or
other military supplies to rebel groups in that country."

110. Accusations by ElSalvadormay not usually have taken theform of
diplomatic démarches,but accusations, officia1and unofficial, there have
been. Thus, in January 1981,during the "final offensive", President José

Napoleon Duarte both denounced Nicaraguan and Cuban intervention
and called for the assistance of the United States in meeting it. According
to the WashingtonPost :

"Duarte has denounced alleged Cuban and Nicaraguan interven-
tion in El Salvador several times during the last few days . . .He
has also called on U.S. President-elect Ronald Reagan to 'export
democracy' to El Salvador and the world and to increase aid to the
government here, particularly economic aid." ("Fighting Subsides
in ElSalvador ;3Journalists Hurt", the WashingtonPost,13January
1981,p. 1.)

111. According to an Agence France-Pressereport of 17January 1981
(FBIS, Central America, 17January 1981,p. 5) :

"Salvadoran Government junta President Jose Napoleon Duarte
today added to the charges of Nicaraguan interference in the Salva-
doran conflict by displaying a box of rifle cartridges which, he said,
is part of the ammunition that Venezuela gave the Sandinistas to
help them overthrow Somoza . ..

[Tlhe President . . .referred to the case of cartridges which, he
explained, before being found in the hands of the Salvadoran guer-
rillas was in the hands of the Sandinist National Liberation Front.
The president also referred to the widely commented landing of
foreign fighters on the Salvadoran Coast . . .

[President Duarte said that] 'the boats seized are of a type that
cannot sailon the open seas.With theseboats one can only sailacross
the Gulf of Fonseca'.The Gulf of Fonseca liesin eastern Salvador, on
the Pacific Ocean, and its waters touch the coasts of both Honduras
and Nicaragua." ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 465

<Ilest intéressantde noter que cesallégationssont lefait seulement
du Gouvernement des Etats-Unis et non du Gouvernement d'El Sal-
vador qui est la victime supposéede ce prétendu trafic d'armes. Le
Nicaragua et El Salvador entretiennent des relations diplomatiques
complètes et pourtant El Salvador n'a jamais, pas mêmeune fois,
protestéauprèsde mon gouvernement en l'accusant de complicitéou
de responsabiliti: dans une opération quelconque de traficd'armes ou

de fourniture de matériel militaire à des groupes rebelles dans ce
pays.

110. Les accusations d'El Salvador n'ontpeut-êtrepasempruntéla voie
diplomatique, mais des accusations, tant officiellesqu'officieuses, ont bel
et bien eu lieu. Ainsi, en janvier 1981, pendant 1'~offensive finale H,le
présidentJosé Napoleon Duarte a dénoncéI'intervention nicaraguayenne
et cubaine et demandé l'aide des Etats-Unis pour y résister. D'aprèsle
Wushing-ton Post :

<Duarte a dknoncéI'intervention cubaine et nicaraguayenne au
Salvador plusieilrs fois au cours des derniers jours ...Il a également
demandé au president élu Reagan d'<c exporter la démocratie au
Salvadoret dan:; le monde entier, et de renforcer I'aide au gouverne-
ment local, surtout l'aide économique. ))(<Fighting Subsides in El
Salvador : 3 Joi~rnalists Hurt O, Washington Post, 13janvier 1981,
p. 1.)

111. Selon une dépêchede l'agence France-Presse datéedu 17janvier
1981(FBIS, Amérique centrale,17janvier 1981,p. 5) :

<(Le présidentde lajunte gouvernementale salvadorienne, M.José
Napoleon Duarte, a ajoutécejour de nouveaux élémentsaux accu-
sations touchant l'ingérencedu Nicaragua dans leconflit salvadorien
en montrant une caisse de cartouches qui, a-t-il dit, fait partie des
munitions que leVenezuela a fournies aux sandinistes pour lesaider à
renverser Somoza.

Leprésident ...seréférantauxcartouches,a expliquéqu'avant de se

trouver dans les mains des guérillerossalvadoriens chez lesquelselles
ont étédécouvertes, ellessetrouvaient dans cellesdu Front sandiniste
de libération nationale. Il s'est également référé ad uébarquement,
abondamment commenté,de combattants étrangers sur la côte sal-
vadorienne ...
[Le président Duarte a déclaréque] << ...les bateaux saisis ne sont
pas faits pour naviguer en haute mer. Ils ne peuvent êtreutilisésque
pour traverser le golfe de Fonseca. Le golfe de Fonseca s'étend, à
l'est,sur la côte pacifique d'El Salvador et ses eaux bordent les côtes
du Honduras et du Nicaragua. »466 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP.SCHWEBEL)

112. According to the San Salvador Domestic Service of 28 January
1981 (FBIS, Crr~tralAmericu, 29 January 1981. p. 8), a Nicaraguan-
registered Cessna aircraft dropped FAL rifles to a group of guerrillas

waiting below. Shortly afterwards. the aircraft was forced to land, injuring
its crew. who were rescued by guerrillas and taken to the guerrilla camp.
The Salvadoran Army. supported by helicopters. found the camp and
surrounded it, and won the ensuing battle. The Nicaraguan Cessna was
found destroyed.

113. In the United Nations General Assembly on 12October 1981,the
representative of El Salvador set out President Duarte's response to and
repudiation of the proposais of the Salvadoran guerrillas which had been
placed before the General Assembly by Commarider Ortega (see paras.
44-45 of this appendix). President Duarte protested "the coarse, abusive

and clearly interventionist rnanner in which Mr. Ortega approached the
interna1 situatioii in El Salvador" (A/36/PV.33, p. 112).President Duarte
was quoted in the General Assembly as condemniiig the "dishonour-
able. . . nlission" of the Saiidinist Government in lending its territory "as
thebase for arms supply, refuge and support for thearmed groups andas a
sounding board for their campaigns of false propaganda" (ihid., p. 113).

Observing that the present Governmeiit of Nicaragua had nothing to teach
El Salvador, President Duarte maintained that Nicaragua's effort to "turn
itself into the arbiter of another country's pacification" while pronioting
its own "bellicose psychosis" was "a true offence to the conscience of
civilized, peace-loving countries . . .".

114. On 25 March 1982, El Salvador addressed a letter to the President
of the Security Council (S/14727).which drew attention to "the vital need
for other States, Nicaragua in particular, to follow El Salvador's example"
in adhering to the principle of non-interference. It claimed that Nicaragua

was the major cause of increased tension in the area and observed that the
so-called "solidarity" of certain ideological movements could not justify
overthrowirig the fundamental prii~ciplesof international law.

115. In the United Nations Security Council on 30 March 1982. the
representative of El Salvador, spraking to one of the ten complaints of

aggression riiade to the Couiicil by Nicaragua against the United States. al1
of which allege essentially what Nicaragua alleges in the current cas,:
bcfore this Court. protested that :

"El Salvador has been the victim of acts of intervention. against

the will of the Salvadoran Governinent, which constitute aggressive
hrh:ivi»ur : but in spite of those interventionist and aggressive acts
iigainstOLI~sovcreignty, in order to iiiaintain friendly relations with ACTIVITÉS MILIliAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 466

112. D'aprèsune dépêche du service intérieurde San Salvador datéedu
28janvier 1981 (FBIS. Amc;riqueceritrule,29janvier 1981.p. 8). un Cessna
immatriculé au Nicaragua a largué des fusilsFAL destinés A un groupe de

guérilleros qui les attendait. Peu après le parachutage. l'appareil a fait un
atterrissage forcé :le:;nien~bresde son équipage,blessés,ont étésecourus
par lesguérilleroset emmenés A l'intérieur ducampde la guérilla. L'armée
salvadorieniie. appuyéepar des hélicoptkres.a repérélecamp. l'a cernéet
est sortie victorieuse de l'affrontement. Le Cessna nicaraguayen a été

retrouvé détruit.
113. Au cours d'urie séancede l'Assembléegénérale desNations Unies
tenue Ie 12octobre 198 1. le représentant d'El Salvador a communiqué la
reponse, négative, du président Duarte aux propositions des guérilleros

salvadoriens dont le président Ortega avait donné lecture à I'Asseniblée
générale (voir paragraphes 44 et 45 du présent appendice). Le président
Duarte a protesté contre <(la manière grossière. abusive et clairement
interventionniste dorit M. Ortega avait abordé la question de la situation

intérieured'El Salvador (A/36/PV.33. p. 112).Aux termes du message lu
devant I'Assenihléegénérale.le président Duarte condamnait In <(mis-
sion ... peu honorable )>que le gouvernement sandiniste remplissait en
permettant que <son territoire serve de base pour I'approvisionneinent en
armes. de refuge et de soutien pour les groupes armés et de caisse de

résonance pour ses fallacieuses campagnes de propagande )(ihi(l.,p. 113).
Faisant observer que le gouvernement en place au Nicaragua n'avait
aucune leqon àdonner au Salvador. ila affirméque lesefforts déployéspar
le Nicaragua pour <(se faire l'arbitre de la pacification d'autres pays tout

en suscitant <(une psychose de guerre dans son propre peuple était
véritahlrii~entune offense à la conscience des peuples civilisés et épris de
paix ...1)
114. Le 25 mars 1982. El Salvador a adressé une lettre au Président du
Conseil de sécurité(S/ 14727). dans laquelle ilappelait l'attention sur la

nécessite cruciale pour les autres Etats. en particulier le Nicaragua. de
suivre l'exemple d'El Salvador en adhérant au principe de non-ingérence. II
affirmait que leNicaragua était la principale source de I'aggravatiori de la
tension dans la région et ilfaisait observer que la prétendue solidarite 1)

de certains mouvements idéologiques ne pouvait justifier l'abandon des
principes fondameni.aux du droit international.
115. Au Conseil de sécuritédes Nations Unies, le 30 mars 1982. le
représeiitaiit d'El Salvador, répondant a l'une des dix accusations d'agres-

sion que le Nicaraguij avait portées contre les Etats-Unisdevant le Conseil
de sécuritéet qui toutes reprennent pour l'essentiel les allégations dont le
Nicaragua a saisi la Cour en la présente affaire. a élevéla protestation
suivante :

<(El Salvador a étévictime d'actes d'intervention effectuéscontre la
volonté du Gouvernement salvadorien et qui constituent des actes
d'agression. Toutefois, malgré cesactes d'intervention et d'agression
qui portent atteinte à notre souveraineté, et afin de conserver des the countries that promote or implement those acts, we have asked
that they put a halt to them but havenot presenteda formal complaint
before the competent international bodies." (9PV.2341, pp. 41-

42.)
116. On 28 March 1983, the Foreign Minister of El Salvador, Fidel

Chavez Mena, charged before the United Nations SecurityCouncilthat El
Salvador was
"the victim of - among other belligerent and hostile acts - the

continued transfer of weapons, the last link in the chain being our
neighbour republic Nicaragua, which . . .does not practice, and
respects even less, the principle of non-interference in the interna1
affairs of Central American States".

He charged :
"Everyone isawarethat the armed groups operating in ElSalvador

have their centralheadquarters in Nicaragua. It isthere that decisions
are made and logisticsupport ischannelled - logisticsupport without
which it would be impossible for them to continue in their struggle
and without which theywouldhavejoined in thedemocratic process."
(WPV.2425, 28 March 1983, p. 7.)

117. In November 1983,Ambassador Rosales Rivera, representative of
ElSalvador to the UnitedNations, protested before the General Assembly
that Nicaragua was following "an interventionist policy". He declared :

"my country has been the victim, among other warlike and hostile
acts,of acontinuing traffic inweapons, with Nicaragua asthe last link
in the chain. From there orders are sent to armed groups of the
extreme left operating in El Salvador. These groups have their head-
quarters in Nicaragua and logistic support is channelled through
them." (A/38/PV.49, 10 November 1983,p. 17.)

He quoted pages of detailed data in support of that charge. He added :

"It would be insane for a Government attacked from outside -
such as mine - to remain passive in the face of those whose foreign
policy is reflected in official actions and statements with regard to
propaganda, trainingcamps, logisticsand training ofguerrillagroups,
as is the case with Nicaragua. We have reached the point where the
Co-ordinator of the Sandinist Junta, Commander Ortega, claimed to
represent the guerrillas in ElSalvador in international forums, includ-
ing this one. ACTIVITÉS MILI1:AIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 467

relations amicale:^ avec lespays encourageant ou exécutantces actes,
nous leur avons demandéd'ymettre fin. C'estpourquoi nous n'avons
pas voulu présenterune plainte officielle aux organismes internatio-
naux compétents. )>(SPV.2341, p. 42.)

116. Le28mars 1983,leministredesrelations extérieuresd'El Salvador,
M.Fidel Chavez Mena, adéclarédevantleConseil de sécurité des Nations
Unies qu'El Salvadoi-

a étévictime,entre autres,d'actes belliqueux et hostiles, d'un trans-
fert d'armes continu qui a eu pour dernier maillon de la chaîne la

républiquevoisine du Nicaragua, ..qui ne pratique ni ne respecte le
principe de la non-intervention dans les affaires intérieuresdes Etats
d'Amérique centrale o.

Il a porté l'accusation suivante :

(Iln'échappera àpersonne que lesgroupesarmésquiopèrenten El
Salvador ont leur quartier général auNicaragua, d'où émanent les
décisionset se canalise un appui logistique, sans lesquels ils seraient
incapables de persister dans leur lutte et auraient étéincorporésau
processus démocratique. ))(S/PV.2425, 28 mars 1983,p. 8.)

117. En novembre 1983,l'ambassadeur Rosales Rivera, représentant
d'El Salvador auprès de l'organisation des Nations Unies, s'est plaint
devant l'Assemblée généraldee ce que leNicaragua pratiquait ((une poli-

tique interventionniste )>:
mon pays aétéhvictime e, tre autresactes belliqueux et hostiles,d'un

trafic d'armes continu, le dernier maillon de la chaîne étantle Nica-
ragua, d'où des groupes armés d'extrêmegauche opèrent en El Sal-
vador. Leur quartier général setrouve au Nicaragua, et c'est de ce
territoire qu'ils canalisent leur appui logistique. (A/38/PV.49,
10 novembre 1983,p. 17.)

M. Rivera, aprèsavciirlu des pages de donnéesdétailléestendant à étayer
cette accusation, a ajouté :

Il serait insenséque mon gouvernement, qu'on accusedu dehors,
reste entièrement passif devant un gouvernement dont la politique
extérieureconsiste àappuyer desactesbelliqueux par sesactions etses
déclarationsofficiellesde propagande, par l'établissementde camps
d'entraînement.,decoordination des actesde guerreetde logistique,et

par l'approvisionnement systématiqueet continu desgroupes de gué-
rilleros, comme c'est le cas du pays voisin, le Nicaragua. Le comble,
c'est que le coordonnateur de la junte sandiniste, le commandant
Ortega, a prétendu représenter la guérilla d'ElSalvador dans des
instances internationales, y compris celle-ci.468 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISS. OP. SCHWEBEL)

Our country was mentioned in Nicaragua's statement yesterday
morning, and weshould like to register our protest at the fact that the
Sandinist Junta of Nicaragua hasarrogated to itself the right to speak
of El Salvador. The fact that a small group of leftist radicals, trying in
vain to seizepower by violence,has authorized the Sandinist Junta of
Nicaragua to act as its spokesman does not in any way mean that
Nicaragua is legally entitled to express opinions on behalf of the
people of El Salvador. The people of El Salvador is represented only
by its Government, which was freely chosen by means of suffrage on
28March 1982in an election witnessed by the entire world, thanks to

an extensive press coverage and the presence of many international
observers who were invited for that purpose.

Nicaragua's aggression has therefore gone hand in hand with a
violation of the principle of non-intervention. In the face of these
clearly aggressiveand hostile actsthat violate the rights of the people.
wecannot fail to repeat our denunciation and condemnation. Aslong
as the Sandinist régimemaintains asa pillar of itspolicy the enthrone-
ment of Marxist-Leninism as a system which should be instituted
throughoutCentral America, seeking to impose it first on ElSalvador

and then on neighbouring countries, it will be impossible to maintain
peaceful coexistence and a minimum of harmony in the region. Once
the destabilizing factor has been removed, peace and normalcy will
return to the area." (A/38/PV.49, pp. 23. 24-25.)

118. El Salvador President Alvaro Magaiia Borga, in an interview with
the Spanish newspaper ABC (published in the United States Counter-
Mernorial, Exhibit 511,had the following exchange in December 1983 :

"[Question :] Mr. President, how do the guerrillas supply them-
selves and where from ?

(Answer :] Besure of this : from Nicaragua, and only from Nicara-
gua. In the past two weekswe have detected 68 incursions by aircraft
which parachuted equipment. weapons and ammunition into the
Morazan area, which is where the guerrillas are most concen-
trated . ..

Q. : 1would rernind you. Mr. President. that one of Lenin'smaxims
was :'Against bodies.violeiice ; against souls, lies.'

A. : Well, they have learned the lesson very well. While Nicaragua
draws the world'sattention by claiming forthe past twoyears that iis
about to be invaded. they have not ceased for one moment to invade
our country. There is only one point of departure for the armed
subversion, Nicaragua." A cet égard, le Gouvernement salvadorien rejette le contexte ten-
dancieux dans lequel la délégationdu Nicaragua a faitallusion ànotre

pays. ce matin. Je voudrais souligner que nous protestons contre
l'abus commis par la junte sandiniste du Nicaragua lorsqu'elle parle
d'El Salvador. L.efait qu'un petit groupe d'extrémistesde gauche qui
cherchent vainement àprendre le pouvoir par la violence ait donnésa
voix à lajunte sandiniste du Nicaragua ne donne aucunement le droit
au Nicaragua dtrparler au nom du peuple d'El Salvador. Celui-ci ne

peut êtrereprésentéque par son gouvernement librement élu.comme
cela s'estproduit le 28 mars 1982lorsd'électionsdont le monde entier
a été témoin, griiceaux informations extensives fournies par la presse
à ce sujet ainsi qu'à la présence de nombreux observateurs interna-
tionaux invitésà cette occasion.
L'agression commise par le Nicaragua a donc étéde pair avec la

violation par ci: pays du principe de la non-ingérence. Devant ces
actes hostiles et manifestement agressifs. qui constituent une violation
des droits de l'homme, nous ne pouvons que réitérernotre dénoncia-
tion et notre ccmdamnation. Tant que le régimesandiniste gardera
comme pilier de sa politique l'imposition du marxismeet du léninisme
dans toute l'Amérique centrale, essayant de mettre en place cette

doctrine au Salvadord'abord et dans tous les pays voisins ensuite, il
sera impossible de maintenir la coexistence pacifique et un minimum
d'harmonie daris la région.Que l'on supprime ce facteur de déstabi-
lisation et une situation normale de paix reviendra dans la région. ))
(A/38/PV.49. p. 23, 24-25.)

118. M. Alvaro R4agaiia Borga, président d'El Salvador, a accordé un
entretien aujournal espagnol ABC (reproduit dans le contre-mémoire des
Etats-Unis, annexe 51) en décembre 1983, qui a donné lieu à l'échange
suivant :

(Question :/ Monsieur le Président.oùet comment lesguérilleros
s'approvisionnent-ils ?

[Hkpot~se:] Soyez-en sûr : au Nicaragua. et exclusivement au Nica-
ragua. Depuis deux semaines, nous avons détectésoixante-huit incur-
sions aériennes pour le parachutage de matériel, d'armes et de muni-

tions dans la rtkgionde Morazan, où sont concentrés la plupart des
guérilleros...
Q. :Je vous rappelle. monsieur le Président,que l'une des maximes

de Lénineétaitcelle-ci : Contre le corps. la violence ;contre l'âme.
le mensonge.
R. : Eh bieri, ils ont retenu leur leçon ! Alors que les Nicara-

guayens attirerit l'attention du monde entier en hurlant. depuis deux
ans. qu'ilssont sur lepoint d'être envahisi,ls n'ont cessé.eux, d'envahir
d'autres pays. IIn'y a qu'un point de départ à la subversion armée :
le Nicaragua. 119. In renewed debate on Nicaragua's complaints in the Security
Council on 3 April 1984,the representative of El Salvador declared :

"only last month the Government of El Salvador sent various protest
notes to Managua rejecting the disobliging staternents made with
regard to the elections in our country by the President of the Council
of State and by the Minister of Defence. We made a formal protest
with regard to the statements of supportfor the Salvadoran guerrilla
activities made by Commander Henry Ruiz. The recent statement by
the Nicaraguan Minister of Defence with regard to the laying of
sound-activated mines in the region's ports, from Panama to
Guatemala, by members of Central American movements has also
been met with a protest from our Government, which has once
again denounced the closelinkage in CO-ordinationand logistics that
exists between guerrilla groups and the Sandinist Governrnent."

(UPV.2528, p. 61.)

120. JoséNapoleon Duarte waselected President of ElSalvadorin May
1984.In his inaugural address of 1June, published in the United States
Counter-Memorial, Exhibit 52, page 6, President Duarte declared :

"Salvadorans, we must bravely, frankly, and realistically acknow-
ledge the fact that our homeland is immersed in an arrned conflict
that affects each and every one of us ;that this armed conflict has
gone beyond our borders and has becomea focal point in the struggle
between the big world power blocs. With the aid of Marxist govern-
ments likeNicaragua, Cuba and the Soviet Union, an army has been
trained and armed and has invaded our homeland. Its actions are
directed from abroad. Armed with the most sophisticated weapons,
the Marxist forces harass our Armed Forces and constantly carry out
actions intended to destroy our econorny, with the loss of countless
hurnan lives and the suffering of hundreds of thousands of Salva-
dorans."

121. At apressconference of 30July 1984(thefulltextofwhich isfound
re-printed as Exhbit 53 of the United States Counter-Memorial), Presi-
dent Duarte began by recounting a trip to Europe in which he had been
preceded by President Ortega. President Duarte charged that in Europe
President Ortega had acknowledged that "he (Ortega) had helped, is
helping and will continue to help the Salvadoran guerrillas". Thus Presi-
dent Ortega revealed that "it ishewho isopenly and directly attacking and
intervening inour country" (p. 2).President Duarte continued : "1ordered

that we lodge a forma1 protest with Nicaragua in this regard." (lbid.)
Furthermore, President Duarte recounts, he ordered that studies be made
of submitting a complaint to the International Court of Justice about
Nicaragua's intervention in El Salvador's affairs. President Duarte con- ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 469

119. A l'occasionde la reprise du débatau Conseil de sécurité, le3avril
1984,sur lesplaintes du Nicaragua, lereprésentant d'ElSalvadoradéclaré
ce qui suit :
<Au cours dii mois dernier seulement, le Gouvernement salvado-
rien a adressé plusieursnotes de protestation à Managua, rejetant les
déclarationsirrespectueuses faites au sujet du processus électoral d'El
Salvador par leprésidentdu conseil d'Etat de cepayset le ministre de

la défense. Dernême,il y a eu des protestations formelles devant les
déclarations d'appui faites par le commandant Henry Ruiz à la gué-
rilla salvadorierine. La communication faite récemmentpar le minis-
tèrede la défensedu Nicaragua selon lequel il pourrait y avoir des
mines acoustiq~iesdans les ports de la région,du Panama au Guate-
mala, poséespar des mouvements centraméricains, ont également
suscité lesprott:stations de notre gouvernement qui dénonce à nou-
veau aujourd'hui la collaboration étroite et les liens de logistique
qui existententirelesgroupes de guérillerosetlegouvernement sandi-
niste. (S/PV.;!528, p. 59-60.)

120. José Napoleon Duarte a étééluprésident d'El Salvador en mai
1984. Dans son discroursd'investiture du le1juin, qui figure dans l'an-
nexe 52 au contre-mémoire des Etats-Unis (p. 6), le président Duarte a
déclaréceci :

Salvadorieris, il nous faut reconnaître courageusement. franche-
ment et avec réalisme,que notre patrie est plongéedans un conflit
arméqui touche chacun d'entre nous. Ce conflit arméa dépassénos
frontières, pour devenir un enjeu de la lutte entre les grandes puis-
sances. Avec l')aidede gouvernements marxistes comme celui du
Nicaragua, de Cuba et de l'Union soviétique,une armée a étéformée
et équipée, etlleaenvahi notre patrie. Sesopérationssont dirigéesde
l'étranger.Armées de matériel ultramoderne, les forces marxistes
harcèlent nos forces arméeset ne cessent d'entreprendre des actions
visant àdétruirenotre économie,entraînant d'innombrables morts et
la souffrance de centaines de milliers de Salvadoriens.

121. Lors d'une conférence depresse, le 30juillet 1984,dont letexte est
reproduit intégralement à l'annexe 53 au contre-mémoiredes Etats-Unis,
leprésidentDuarte acommencépar rendre compte d'un voyageen Europe
où le président Ortega l'avait précédéL .e président Duarte a accuséle
président Ortega, pendant le voyage de celui-ci en Europe, d'avoir admis
qu'<<il [Ortega] ava.it aidé, aidait et continuerait d'aider les guérilleros
salvadoriens o. Le présidentDuarte a ainsi révélé que c'était<(lui [Ortega]
qui attaque et intervient ouvertement et directement dans notre pays

(p.2). 11a continué: : «J'ai ordonné que nous protestions officiellement
auprèsdu Nicaragua àce sujet. (Ibid.) En outre, leprésidentDuarte adit
qu'ilavait ordonnéd'étudierlapossibilitédedéposerune plainte auprès de
la Cour internation;ale de Justice en raison de l'intervention du Nicaraguatinued that :"We would not be able to survive without U.S. aid .. ." He
stated that.

"always provided it stopped its support for the guerrillas, stopped
using subversion and exporting revolution to the rest of Central
America, 1would be willing to sign a treaty not only with Nicaragua

but with any other country in the world which shows respect. as we
do . . ." (United States Counter-Memorial. Exhibit 53, p. 3).

Duarte continued, in response to other questions :
"What 1have said, from the Salvadoran standpoint. is that we have

a problem of aggression by a nation called Nicaragua against El Sal-
vador, that these gentlemen are sending in weapons. training people,
transporting bullets and what not. and bringing al1of that to El Salva-
dor. 1said that at this very minute they are using fishing boatsas a dis-
guise and are introducing weapons into El Salvador in boats at night.
In view of this situation, El Salvador must stop this . . . thus. the

contras are creating a sort of barrier that prevents the Nicaraguans
fromcontinuing to send arms to El Salvador by land.What they have
done instead is to send them by sea, and they are now getting them in
through Monte Cristo. El Coco. and El Espino. This is because they
cannot do so overland, because the contras are in those areas. in one
way or another.

Therefore. you can see that these are two different concepts. My
position is coherent. 1defend my country. 1 have said that 1do not
want any weapons. ammunition. or supplies of sny kind to reach my
country. to support guerrillas in my homeland, and that 1am against
anythingthat supports this type of action, either here or there. That is
why 1have told the Nicaraguans that 1think El Salvador has always
respected them and that, therefore. they must respect El Salvador."

(Pp. 4-5.)
Thereafter, the following exchange occurred :

"Roberto Block. from Reuter News Agency. Mr. President : You
have talked many times about Nicaragua's supply of weapons to the

Salvadoran guerrillas, and you appeared at the Congress . . to ask for
weapons, for assistance, and to ask that the contras in Nicaragua cut
off this supply. 1would like to know exactly what tangible evidence
exists that Nicaragua issending weapons to El Salvador. If such proof
exists, why did you ask that statements be sent to The Hague, instead
of the tangible evidence on these arms supplies from Nicaragua ?

(Duurte] . . . When a head of state confesses that lie is helping
guerrillas, he is helping the guerrillas. Therefore, what better evidence
exists than a categorical statement by a head of state ? Nothing is
more powerful than the confession he made. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS.SCHWEBEL) 470

dans lesaffaires d'El :Salvador. ((Nous ne pourrions survivre sans l'aide des
Etats-Unis ..o. a-t-il ajouté avant de poursuivre :

<(à supposer que le Nicaragua cesse son appui à la guérilla.cesse de
recourir àla subversionetd'exporter la révolutiondans lesautres pays
d'Amériquecentrale, j'accepterais de signer un traité. non seulement
avec le Nicaragua. mais avec tout autre pays du monde qui fasse

preuve de respect, comme nous ..))(Contre-mémoire des Etats-Unis.
annexe 53. p. 3).

En réponse à d'autres questions. le président Duarte a déclaré :
Ce que j'ai dit. du point de vue salvadorien. c'est que nous avons

un problème d'.agressionde la part d'un pays qui s'appelle le Nica-
ragua, contre El Salvador, que ces messieurs envoient des armes,
entraînent des h.ommes.transportent des munitions et apportent tout
cela au Salvador. J'ai dit qu'en ce moment mêmeils utilisent des
bateaux de pêcliepour faire pénétrerdes armes au Salvador la nuit.

Cette situatictn. El Salvador doit y mettre fin... Ainsi. les rbontras
créent une espltce de barrière qui empêche les Nicaraguayens de
continuer àenvoyer des armesau Salvador par la voie terrestre. Alors.
ils lesenvoient par mer. etactuellement ils lesfont pénétrerpar Monte
Cristo, El Coco et El Espino. Tout cela parce qu'ils ne peuvent le faire

par la terre. puisque les contrus y sont, d'une fac;onou d'une autre.

Vous voyez donc qu'il y a là deux concepts fort différents. Ma
position est cohérente. Je défends mon pays. J'ai déjàdit que je ne
voulais aucune arme. aucune munition. aucune fourniture d'aucune

sorte dans mon pays, qui constituerait une aide à la guérilladans ma
patrie. et queje suis hostile à tout ce qui peut constituer un appui àce
type d'action. que ce soit ici ou là-bas. C'est pour cela quej'ai dit aux
Nicaraguayens que j'estimais qu'El Salvador les avait toujours res-
pectéset que donc ils devaient respecter El Salvador. (P. 4-5.)

Puis vient l'échangede propos suivants :

Roberto Block. de l'agence de presse Reuter. Monsieur le Pré-
sident. vous a.vez évoquéà plusieurs reprises les armes fournies

par le Nicaragua aux guérilleros salvadoriens. et vous êtesvenu au
Congrès ...demander des armes. de I'aide. etdemander que les contrus
au Nicaragua mettent fin a ce trafic. J'aimerais connaître les
preuves tangibles qui existent de ces envoisd'armes du Nicaragua au
Salvador. Si ces preuves existent. pourquoi avez-vous demandé que

ce soit de simp'lesdéclarations qui soient envoyéesà La Haye. et non
pas ces preuves tangibles d'envois d'armes à partir du Nicaragua ?
[Duurte] ... ILorsqu'unchef d'Etat avoue qu'il aide la guérilla.on
peut en conclu,requ'il aide effectiveinent la guérilla.Quelle meilleure

preuve. donc, que cette déclaration catégorique d'un chef d'Eut ?
Rien n'est plu:; puissant que ses aveux. 1said al1of this to explain that the evidence does exist. There is
evidenceon al1of the beaches. An overwhelmingnumber of peasants
claim that they have seenpeople enter with weapons, which they load

on horses, and leavefor the mountains. What you want is to see them
foryourself.Well,1inviteyou to goto thebeaches and watch, at night,
how they unload the weapons. 1am going to giveyou a specificplace,
Montecristo Island. They are constantly unloading weapons there.
Caches have been found there. We are going to submit al1of this
evidence to the court at The Hague when the time cornes.
[Block] After $50 million ... to the contras by the United States,
you are saying that the weapons are still arriving .. .

[Duarte - interrupting] ...1have never said that assistance should
be supplied to the contras so that they could invade Nicaragua's
territory. 1never said that. 1said that someone isdoing that, and that
what it does isprevent the weapons from reaching ElSalvador. Thisis
what 1have said, and 1reiterate it. 1am not opposed to the prevention
ofweapons entering ElSalvador. If by someaction in the world, these
weapons are prevented from entering El Salvador, it is welcome,
because this will rid us of the constant problem of so many deaths,
murders, and problems in our homeland. This is what must be pre-
vented.

They have been unable to stop the flow of weapons. Doesn't this
showyou that the problem ismuch more profound than weimagine ?
Howand fromwheredo thoseweapons gethere ? The schemetheyuse
is so sophisticated that it obviously renders the problem much more
serious." (P. 5.)

122. The foregoingexchangeillustrates howgenuineisthe conviction of
El Salvador that Nicaragua continues to send arms to fuel the Salvadoran
insurgency ; it provides detail in support of those charges, and a sense of
how important such activity of Nicaragua is to the insurgency ; it demon-
strates why it is that El Salvador welcomes the pressures of the contras
upon Nicaragua ; and it suggests that, had El Salvador's Declaration of
Intervention been appropriately treated, rather than being treated in the
extraordinary ways in which it was treated, El Salvador rnight well have
taken part in the current case - a participation which could have trans-
formed it.
123. Nor have the protests of El Salvador, madein the United Nations
and through themedia,eschewedbilateraldiplomatic channels. On 20July
1984, the Acting Minister of Foreign Relations of El Salvador sent the
following note of protest to the Nicaraguan Foreign Minister :

"1have the honor to direct myself to Your Excellencyto present in
the name of my Government the most vigorous protest over the Tout celapour expliquer que lespreuves existent bel et bien. On en
trouve sur toutes les plages. Un nombre accablant de paysans disent
avoir vu des gens arriver avec des armes, qu'ils chargent sur des
chevaux pour partir ensuite dans la montagne. Ce que vous voulez,
c'est les voirvous-même.Ehbien.je vousinvite à aller surcesplageset
à regarder, la nuit, déchargerles armes. Je vous signale un trèsbon
endroit, l'île de Monte Cristo. On ne cesse de décharger desarmes,
là-bas. On ya trouvédescaches.Nous allonssoumettre tous cesfaits à
la Cour de La Haye le moment venu.

[Block] Après50 millions de dollars ..versésaux contraspar les
Etats-Unis, vous dites que les armes continuent d'arriver ...
[Duarte, l'interrompant] ..Je n'aijamais dit qu'il fallaitdonner une
aide aux contras pour qu'ils envahissentle territoire nicaraguayen. Je
n'aijamais dit cela. Ce que j'ai dit, c'estque quelqu'un le fait, ce qui
empêcheles armes d'arriver au Salvador. Voilà cequej'ai dit, etje le
répète.Je n'airien contre le fait d'empêcherles armes de pénétrerau
Salvador. Si,par une quelconque action dans le monde, on empêche
ces armes d'entrer auSalvador,cette action est la bienvenue, car elle
nous débarrassera de ce problème constant que sont les morts, les

meurtres et tout cequi accable notre patrie. Voilàce qu'il faut empê-
cher.

Ils n'ont pas pu arrêterce trafic d'armes. Celane vous montre-t-il
pas que leproblèmeest bien plus profond qu'on ne l'imagine ?Com-
ment cesarmes carrivent-ellesici,et d'où viennent-ell?sLeur tactique
est tellement raffinéeque de toute évidence ellecomplique le pro-

blème.(P. 5.)
122. Ce dialogue montre à quel point El Salvador est convaincu que le
Nicaragua continue d'envoyer des armes pour alimenter l'insurrection
salvadorienne ;ilcorrobore cesaccusations, fait ressortir l'importance des
activitésdu Nicaragua pour l'insurrection, montre pourquoi El Salvador
est favorable aux pressions exercéespar les contras sur le Nicaragua, et

permet de comprendre que, si la déclarationd'intervention d'ElSalvador
avait étéaccueillienormalement et non de lafaçon singulièredont elleaété
reçue, El Salvador aurait très bien pu participer à la présente instance -
laquelle en aurait é1.étransformée.

123. Les protestations d'El Salvador, faites devant l'organisation des
Nations Unies et par l'intermédiairedes organes d'information, n'ont pas
non plus négligé les voies diplomatiques bilatérales.Le 20juillet 1984,le
ministre des relations extérieurespar intérim d'El Salvador aenvoyé au
ministre des relations extérieures du Nicaragua la note de protestation
suivante :

«Au nomde mongouvernement,je tiens à protester énergiquement
contre les déclarationsque le coordonnateur de lajunte révolution- statementsmade to theinformation media of the Federal Republic of
Germany on the twelfth of this month by the coordinator of the
revolutionary Junta of Government of Nicaragua. Daniel Ortega

Saavedra. in which he publicly recognizes and reiterates the uncon-
ditional support of your Government to the guerrilla groups of the
FDR/FMLN.
As Your Excellency is aware. the Salvadoran people have suffered
for several years an aggression armed. financed, and directed in obe-
dience to the designs of an extracontinental power, through interme-

diaries which, like Cuba and Nicaragua, provide political, logistical.
and material support to the groups which plan to install in El Salvador
a totalitarian dictatorship through terrorism and resort to al1manner
of violent acts.
The interventionist attitude of Nicaragua, evidenced once again by
one of its highest political spokesmen. has converted thatcountry into

a focus of tension and an element of destabilization in the region. That
attitude has provoked numerous protests and denunciations on the
part of mycountry and the other countries of the region, and therefore
constitutes a reason for concern on the part of the democratic coun-
tries of the continent and the entire international comrnunity.
Therefore. Itake the liberty of poiiitingout to Your Excellency that
the constitutional Government presided over by Eng. JoséNapoleon

Duarte, responding to the sovereign will of the Salvadoran people.
demands from the Government of Nicaragua respect of its sover-
eignty. an immediate end to interference in its internal affairs, and
respect forthe self determination of the Salvadoran people, who seek
peace and justice through democracy." (Unclassified Department of
State cable from San Salvador 08416.)

124. On 24 August 1984. El Salvador renewed its protests. A protest

note delivered to the Nicaraguan Embassy in San Salvador observed that
the Nicaraguan Government. "through its highest representatives. has
asserted on many occasions and through different means its support for
Salvadoran guerrilla groups". and continued :

"The Government's interventionist and openly hostile attitude
toward the Salvadoran Government, as well as the official Nicara-
guan support for the rebels in El Salvador. were demonstrated during
the funeral of Commander Ana Maria (Melida Anaya Montes) in

Managua. in April 1983."

The Salvadoran Foreign Ministry maintained that the funeral was pre-
sided over by Commander Daniel Ortega, Interior Minister Borge, and
Junta member Rafael Cordova. and was attended by Cuban and Sal-
vadoran guerrilla representatives. The note declared that Nicaraguan
intervention in the internal affairs of El Salvador and the material and ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL)472

naire du Gouvernement du Nicaragua, Daniel Ortega Saavedra, a

faite le 12 de ce mois à un organe d'information de la République
fédéraled'Allemagne, dans lesquelles il reconnaît et réaffirme publi-
quement I'appui inconditionnel que votregouvernement apporte aux
groupes des guérilleros de la FDR/FMLN.

Comme vous le savez, le peuple salvadorien est victime depuis
plusieurs annéesd'une agression armée, financéeet dirigée selon les
desseins d'une puissance étrangère à ce continent, par des intermé-
diaires qui, comme Cuba et le Nicaragua, apportent un appui poli-
tique, logistique et matériel auxgroupesqui envisagent d'installer au
Salvador une dictature totalitaire, en recourant pour ce faire au

terrorisme et à !:outessortes d'actes de violence.
L'attitude int1:rventionniste du Nicaragua, dont un des plus hauts
porte-parole politiques a apporté une fois de plus la preuve, a trans-
formé ce pays en un foyer de tension et en un élémentde déstabili-
sation dans la région.Cetteattitude a susciténombre de protestations

et de dénonciations de la part de mon pays et d'autres pays de la
régionet préoccupe de ce fait les pays démocratiques du continent et
la communauté internationale tout entière.
Aussi, me permettrai-je de souligner à votre attention que le
gouvernement constitutionnel présidé par José Napoleon Duarte.
répondant à la volonté souveraine du peuple salvadorien. exige

du Gouvernement du Nicaragua qu'il respecte sa souveraineté,
cesse immédiatement de s'immiscer dans ses affaires intérieures et
respecte 1'autod.éterminationdu peuple salvadorien qui aspire à la
paix et à la justice par la démocratie. (Télégramme non confiden-
tiel 08416 émaciantde San Salvador, département d'Etat.)

124. Le 24 août 1984. El Salvador a renouveléses protestations. Dans

une note remise à l'ambassade du Nicaragua à San Salvador, le ministère
des relations extérieures d'El Salvador faisait observer que le Gouverne-
nient nicaraguayen. c par la voix de sesplus hauts représentants.a affirméà
plusieurs repriseset par divers canaux son appui aux groupes de guérilleros
salvadoriens )).et pc~ursuivaiten ces termes :

L'intervention et l'attitude ouvertement hostile du Gouverne-
ment [nicaraguayen]envers le Gouvernement salvadorien, ainsi que

l'appui officiel que le Nicaragua apporte aux rebelles au Salvador,
sont apparus ail grandjour lors des obsèques du commandant Ana
Maria (Melida Anaya Montes) qui se sont dérouléesà Managua en
avril 1983.O

II notait que le cornmandant Daniel Ortega, le ministre de l'intérieur
Borge. et Rafael Cordova. membre de la junte. ainsi que des délegués

cubains et des représentants de laguérillasalvadorienne avaient assistéaux
obsttques. II soulignait que l'intervention du Nicaragua dans les affaires
intérieures d'El Salvador et I'appui matériel et logistique apporté auxlogistical support givento the rebel groups "represent a flagrant violation
of the most elemental norms of international law" (ACAN, Panama City
0221 GMT, FBIS unclassified cable PA 2403552 of 24 August 1984).

125. InaddressingtheGeneral Assemblyof the United Nations in 1984,
President Duarte declared :
"For more than four years now El Salvador has suffered from the

effects of a merciless war which has caused us bloodshed and im-
poverishment. More than 50,000 Salvadorians have been the inno-
cent victims of a fratricidal confrontation. More than half a million
persons have had to leave their homes and their property. Subver-
siveforces have engaged in a campaign of terror and systematic des-
truction, and our people is tired of it. It must end.

1should like to sign,on behalf of the democraticGovernment of El
Salvador, an agreement that willbe in keeping with the efforts of the
Contadora Group. But such an agreement must be right and just for
ElSalvador. It must strictly guarantee theapplication of the 21points
which have already been accepted by al1the parties. The agreement
must ensure appropriate measures for the verification and control of
everything that isagreed.Wemust makesure that theobligations that
we undertake will put an end to the presence of foreign military
advisers and eliminate military aid from abroad. It must provide for
strict controls and, at the same time, entai1for al1thecommitment not
to support or continue to give assistance to terrorist activity against
Ourlegitimate democratic Government.

1 wish at thispoint to address someobservations to the nations that
have committed themselves, in one way or another, to undermining
my country, as well as to the guerrilla leaders - not those who are
livingcomfortably in and givingorders from Managua or Havana, or
toother nations that claimto bedemocratic but in fact export violence
and murder, but to the leaders of the guerrillas who are in the

mountains of my country, those who are suffering from the elements,
unsheltered. those who are aware of the real position of the Sal-
vadorian nation when theyattack the people and who arewaiting - in
vain - to be welcomed as liberators when the truth is that their
purpose is to oppress those people." (A/39/PV.24, pp. 3, 7-8, 16.)

President Duarte ended his address with an invitation to the heads of the
guerrilla movement to meet him in the villageof La Palma on 15October
1984.
126. In addressingtheGeneral Assemblyin 1985,theVice-President of
El Salvador charged that :

"the Sandinist Government of Nicaragua has turned the territory ofgroupes rebelles <représent[ai]entune violation flagrante des normes les
plus élémentairesdu droit international (ACAN, Panama, 0221 TU,
FBIS, télégramme nonconfidentiel PA 2403552, daté du 24 août
1984).
125. S'adressant à l'Assemblée générale deN sations Unies en 1984, le
président Duarte a déclaré :

«El Salvador connaît depuis plus de quatre ans les effets d'une
guerreimpitoyable qui nous a saignésetappauvris. Plus decinquante
mille Salvadoriens ont étélesvictimesinnocentes de cet affrontement
fratricide. Plus d'un demi-million de personnes ont dû abandonner
leurs foyers et tout ce qu'elles possédaient. Les forces subversives se
sont lancéesdans une campagne de terreur et de destruction systé-
matique qui excèdele plus et doit prendre fin.

Je souhaite pouvoir, au nom du Gouvernement démocratique d'El
Salvador, signer un accord qui répondeaux efforts faits par legroupe
de Contadora à.condition qu'il soit juste et convenable pour El Sal-
vador. II doit garantir strictement l'application et la validité des
vingt et un poii~tsacceptéspar tous les participants ;il doit assurer

desmesures appropriéespour permettre lavérificationdetout cedont
nous serons convenus. Nous devons veiller à ce que les obligationsà
assumer pour mettre un terme àla présencede conseillers militaires
étrangers et à l'aide militaire extérieurà la région ainsiqu'à l'aide
fournie aux insurgés terroristes qui portent atteinteà notre gouver-
nement démocratiquelégitimesatisfassent lescontrôles lesplusstricts
et soient respectéessimultanément par chacun.

Je voudrais maintenant dire quelques mots aux nations qui, d'une
manière ou d'une autre, se sont engagées à faire succomber mon
peuple, ainsi qu'aux chefs guérilleros, nonpas àceux qui vivent dans
le confort et donnent des ordres depuis Managua ou La Havane, ou
depuis d'autres nations qui prétendent êtredémocratiques mais par
lesquelles on peut exporter la violence et la mort. Je me réfère aux
chefs qui sont dans les montagnes de ma patrie, à ceux qui souffrent
des intempéries et à ceux qui connaissent la véritable situation du
peuple salvadorien quand ils attaquent les villages, espérant en vain
êtrereçus comme des libérateurs, alors qu'en vérité ilsarrivent en

oppresseurs. 1)(A/39/PV.24, p. 3, 7-8, 16.)
Le président Duar.te a conclu son allocution en invitant les chefs du
mouvement guérillero à le rencontrer le 15octobre 1984dans le village de

La Palma.
126. S'adressant à l'Assemblée générald ees Nations Unies en 1985,le
vice-président d'El Salvador a porté l'accusation suivante :
<(legouvernerrient sandiniste du Nicaragua permet que son territoire474 MILITARY AND PARAMlLlTARY ACTIVITlES (DISS. OP. sCHWEBEL)

its country into a sanctuary for Salvadoran subversion. There, armed
groups of the extreme left rest, resupply and train and from there
logistic support for the guerrillas is co-ordinated and sent to El Sal-
vador." (A/40/ PV. 19. p. 20.)

127. The President of El Salvador in 1985 publicly accused Nicaragua
of being involved in the kidnapping of his daughter by Salvadoran insur-
gents. "Nicaragua is the Central American source for totalitarianism and
violence, and the sanctuary for terrorists". he charged (Internutionul

Heruld Tribune, 2-3 November 1985). He added that :

"my daughter . , .would not havebeen among victims of the merciless
violence of the terrorists if terrorists did not have the support, direc-
tion. approval and timely protection of the terrorist dictatorship in
Nicaragua".

In an interview in Spain with El Puis, he gave details of alleged Nicaraguan
involvement in the kidnapping, maintaining that he had recordings of
conversations of the kidnappers in which they said : "That matter 1have to
consult with Managua." (El Puis, 6 November 1985.) He also gave details
in that interview of the location of alleged Salvadoran guerrilla bases in

Nicaragua. The kidnapping of daughters of Presidents appears to be a
speciality of Central Anierican terrorism ;Honduras has officially charged
that the daughter of the then Honduran President was kidnapped by a
group of Nicaraguans and Salvadorans (see the address to the Security
Council of the representative of Honduras of 28 March 1983,S/PV.2425.

p. 57).

128. In respect of statements of the Government of El Salvador. it
should finally be emphasized that that Government for years has claimed
that Nicaragua has been using force against it and has been unlawfully

intervening in El Salvador's civil strife, and it has asserted against Nica-
ragua both its right of self-defence and its need of United States assistance
in defending itself (see relevant quotations from the Declaration of Inter-
vention of El Salvador quoted in the Court's Judgment. as well as paras.
1 10. 112-124 above). Thus the then President of El Salvador, Alvaro
Magafia Borga, in the course of an official visit to Washington in June

1983 - some nine months before Nicaragua instituted the present pro-
ceedings - issued the following statement :

"Foreign military intervention in domestic affairs constitutes the
main obstacle to our efforts to attain peace. The interference of
extracontinentalcommunistcountries by way of Cubaand Nicaragua
in support of armed groups against a legitimateconstitutionally elec-
ted government, is a form of aggression which violates the essence of

international law,specifically the principle of non-intervention in the
interna1 affairs of other States. serve de sanctuaire à la subversion salvadorienne ; c'est là que repo-
sent, se ravitaillent et s'entraînent lesgroupes armésd'extrême gauche
et c'esàpartir de là qu'est coordonné et envoyél'appuilogistique à la

guérilla en El S,alvador ))(A/40/PV.19, p. 20).
127. En 1985, le président d'El Salvador a publiquement accusé le

Nicaraguad'avoirjoué un rôle dans l'enlèvementde sa fille par les insurgés
salvadoriens. Le Nicaragua est en Amériquecentrale le point de départ
du totalitarisme et de la violence. et un sanctuaire pour les terroristes )),
a-t-il affirmé (Intert~utionul Heruld Tribune, 2-3 novembre 1985). 11a
ajouté :

ma fille ...n'aurait pas étéau nombre des victimes de la violence sans

pitié des terroristes si ceux-ci ne bénéficiaientpas de l'appui. de
l'autorité. de l'approbation et de la protection opportune de la dic-
tature terroriste du Nicaragua o.

Dans un entretien accordé en Espagne à El Puis, le président Duarte a
donné des détails sur la participation présuméedes Nicaraguayens à
I'enlèvement.affirmant qu'il avait en sa possession des enregistrements de
conversationsentre les ravisseurs disant : (Pour cela. il faut que je con-

sulte Managua. ))(El Puis 6.novembre 1985.)Dans ce même entretien, il
donnait des précisionssur l'emplacement des bases présuméesde la gue-
rilla salvadorienne ;iu Nicaragua. L'enlèvement de filles de présidents
semble êtreune spécialitédu terrorisme centraméricain :le Honduras a
officiellement imputé l'enlèvement de la fille du président hondurien de

l'époqueà un groupe de Nicaraguayens et de Salvadoriens (voir lediscoiirs
devant le Conseil dt: sécuritédu représentant du Honduras. le 28 mars
1983. 9PV.2425. p. 57).
128. Concernant les déclarations du Gouvernement d'El Salvador. il

convient enfin de souligner que ce gouvernement affirme depuis des
annéesque le Nicarisgua emploie la force contre lui et intervient illicitr-
ment dans les luttes intestines d'El Salvador.et qu'il affirme tant sondroit
de légitimedéfenseque le besoin qu'il a de l'aide des Etats-Unis pour se
défeiidrecontre le ~:icara~ua(voir lespassages pertinents de la déclaration

d'intervention d'El :Salvador citésdans l'arrêtde la Cour, ainsi que les
paragraphes 110 et 112 à 124 ci-dessus). C'est ainsi qu'en juin 1983 -
environ neuf mois avant que leNicaragua n'ait intentéla présenteaction -
M. Alvaro Magafia Borga. qui était alors président d'El Salvador a. lors

d'une visite officielle à Washington, fait la dkclaration suivante :
s L'interventiion militaire étrangèredans nos affaires intérieures

constitue le principal obstacle à nos efforts visant l'instauration de la
paix. L'ingérencede pays communistes extérieurs au continent par
l'intermédiairede Cuba et du Nicaragua. appuyant des groupes armés
luttant contre uingouvernement légitime.éluselon les formes cons-
titutionnelles. constitue une agression violant le principe mêmedu

droit international et tout spécialement le principe de non-interven-
tion dans les affaires intérieures d'Etats tiers. Faced with this situation, our armed forces have the constitutional
obligation to defend the nation's sovereignty and to repel, in legiti-
mate self-defence,the armed subversion that has been imposed upon
us from abroad.
Thisextemal aggressionhas destroyed villages,forcing hundreds of
thousands of humble Salvadorans to abandon their homes. It has

subjected our productive facilities, our crops, our bridges and roads,
Ourcommunication and transportation systems and the infrastruc-
ture of al1public services to systematic destruction . . .

No one can dispute a nation's right to defend itself against external
aggression and against the destruction of the scarce assets which in a
developingcountryare produced at great sacrifice.For thisreason, we
have the right tounderstanding and solidarity of al1freenations ofthe
world. For these reasons we have the right to the understanding and
solidarity from al1 other free nations ; as we have had from our
Central American brothers, those with whom we share democratic
ideals, and for whom 1wish to express our gratitude." (Departmentof
State Bulletin, Vol. 83, No. 2077, August 1983,p. 84.)

129. In 1985,President Duarte, in a letter supporting the United States
Administration's April 1985proposa1to provide assistance to Nicaraguan
insurgents, wrote :

"We remain concerned ... by the continuing flow of supplies and
munitions from Nicaragua to guerrilla forces ... which are fighting
against my govemment and our programs of reform, democracy,
reconciliation, and peace ...[W]edeeplyappreciate any efforts which
your government can take to build abroad barrier to such activities -
efforts which a small country like El Salvador cannot take in its own
behalf." (Letter to President Reagan, 4 April 1985, reproduced in
"Revolution Beyond Our Borders" l, c.cit., p. 26, note 34.)

8. Statements by the Governmentof Honduras accusing Nicaragua of sub-
verting ElSalvadoras well as Honduras

130. Accusations by the Government of Honduras of acts of interven-
tion and aggression by the Government of Nicaragua are legion. The ten
times in which Nicaragua has had recourse to the Security Council to
chargetheUnited States withactsofaggression - theveryacts at bar in the
case before theCourt - have furnished occasions, amongothers, in which
the representatives of the Government of Honduras (accused by Nicara-
gua of acting in concert with the United States) have in their turn accused
the Government of Nicaragua.
131. Moreover, Honduras has protested not only acts of Nicaragua Devant une telle situation, nos forces arméesont l'obligation cons-
titutionnelle de défendrelasouverainetéde la nation et derepousser, à
titre de légitimedéfense, la subversionarméequi nous est imposéede
l'extérieur.
Cette agression de l'extérieura détruit des villages, a forcédes
centaines de milliers de pauvres Salvadoriens à abandonner leurs
demeures. Elle a causéla destruction systématique de nos moyens de
production, de ilosrécoltes,de nos ponts et chaussées,de notre réseau
de communications et de transports et de l'infrastructure de tous les
services publics;...

Nul ne saurait contester ledroit d'une nation de sedéfendrecontre
l'agression extérieureet contre la destruction des rares biens qui
ne sont produits dans un pays en développement qu'au prix de
grands sacrifice:^.'est pourquoi nous avons le droit de compter sur
la compréhension et la solidarité de toutes les autres nations libres
du monde, de mêmeque sur la compréhension et la solidarité de
nos frères d'A~nériquecentrale, avec lesquels nous partageons les
mêmesidéaux clémocratiquee st, auxquelsje tiens àexprimer ma gra-
titude. (Depai~tmentof State Bulletin, vol. 83, no 2077, août 1983,
p. 84.)

129. En 1985,le président Duarte, dans une lettre approuvant la pro-
position d'avril 1985du Gouvernement desEtats-Unis visant à fournir une
aide aux insurgés nicaraguayens, écrivait :

<Nous restons inquiets devant le flux continu d'approvisionne-
ments et de munitions en provenance du Nicaragua et à destination

des forces de la ,guérilla.qui luttent contre mon gouvernement et nos
programmes de réforme,de démocratisation, de réconciliationet de
paix ...[Nlous sommes très sensibles à tous les efforts que votre
gouvernement peut faire pour renforcer les obstacles àde telles acti-
vités - efforts qu'un petit pays comme El Salvador ne peut assumer
seul. (Lettre au président Reagan, 4 avril 1985, reproduite dans
((Revolution Beyond Our Borders u,loc. cit., p. 26, note 34.)

8. Déclarationsdu Gouvernementdu Honduras accusant le Nicaragua de
subversionau Sahador aussi bien qu'au Honduras

130. Le Gouvern,ement du Honduras a formulé d'innombrables accu-
sations d'intervention et d'agression contre le Gouvernement du Nicara-
gua. A dix reprises le Nicaragua a saisile Conseil de sécuritépour accuser
les Etats-Unis d'actes d'agression - de ces actes mêmesqui ont fait l'objet
de la présente affaire devant la Cour ;chacune de ces saisines a fourni une

occasion, entre autres, aux représentants du Gouvernement du Honduras
(que le Nicaragua accusait d'agir de concert avec les Etats-Unis) d'accuser
à leur tour le Gouv~rrnementdu Nicaragua.
131. De plus, le Honduras a non seulement protestéen raison desactesagainst it but acts of Nicaragua against El Salvador. Thus on 23 March
1983,the representative of Honduras declared in the Security Council :

"1 have seen a large number of trucks using Our territory for the
transport of armaments from across theNicaraguan border. Evidence
of this has been submitted to the diplomatic corps and the interna-
tional press on many occasions.That iswhywewishthe fundamental
aspect to be recognized : that is, absolute respect for established
boundaries." (9PV.2420, pp. 27-30.)

At a later point in the debate. he charged not only that Honduras has
"proof that Nicaraguan guerrillas took part" in the kidnapping of 100
Honduran businessmen in San Pedro Sula, but that : "Arms go from
Nicaragua to El Salvador. That is clear." (Ibid., p. 72.)

132. In the SecurityCouncil debate of9 May 1983,the representative of
Honduras declared :

"The Government of Nicaragua - the Sandinist Government - is
notjust arming itself out of al1proportion orjust making aggressive
statements. It has also carried out a clearly interventionist policy in
neighbouring States by promoting the traffic in weapons. 1have seen
them ; 1havewitnessed them ;theyexist.If memberswould liketo see
the masses of photographs we can circulate them. ..Interventionism
is a risky business. As well as the traffic in weapons, terrorism and
subversivemovements exist in the region,and this isconducive not to
peace ...but to the maintenance of a climate of tension and violence

in Central America. In this resDect Honduras must declare its
readiness to exercise its sovereign and legitimate right to defend its
democratic system of life . .." (9PV.2431, p. 42.)

He added :

"This isnot a bilateral problem between Hondurasand Nicaragua.
The weapons that are intended to overthrow the Government of El
Salvadorare moving through my territory. 1do not want continually
to cite newspapers, but 1 am going to quote from yesterday's New
YorkTimes,in whichthere wasan indication that weapons have been
moving through mycountry towards ElSalvador by eight routes, and
that at the same time they are being routed around it through the
Strait of Jiquilisco or the Gulf of Fonseca. We believe that what is
sauce for the goose is sauce for the gander, and you know that in the
United States there areboth geeseand ganders inthisstruggle." (Ibid.,

pp. 49-50.)
133. In the Security Council debate of 25 March 1983,the respresen-
tative of Honduras again charged that : "Weapons continue movingcommis par le Nicaragua contresonpropre territoire, mais aussi en raison

de ceux commis par le Nicaragua contre El Salvador. C'est ainsi que le
23 mars 1983,le représentant du Honduras a déclaréau Conseil de sécu-
rité:
((Dans mon pays, j'ai pu constater qu'il y avait beaucoup de
camions énormes quitransportent desarmes depuis la frontière nica-

raguayenne, en utilisant le territoire hondurien ;des preuves en ont
été fournies à maintes reprises à la presse internationale et au corps
diplomatique. C'estpourquoi nous voudrions que l'onexige lerespect
absolu des frontières. (9PV.2420, p. 27-30.)
Plus tard, au cours du mêmedébat, il a déclaréque non seulement le

Honduras avait aci:uellementlapreuve que des guérillerosnicaraguayens
ont pris part à 1'en:lèvemend te cent hommes d'affaires honduriens à San
Pedro Sula, mais que des armes passent du Nicaragua en El Salvador.
Cela est évident (ihid.,p. 72).
132. Lors dudébatqui s'estdérouléau Conseil de sécurité le9mai 1983.
le représentant du Honduras a déclaré :

Le gouvernement sandiniste du Nicaragua ne se contente pas de
s'armer de mainièredémesurée oude prononcer des déclarations
agressives ; il en est venu maintenant à pratiquer nettement l'inter-
ventionnisme ailseindespays voisinsenfavorisant letrafic des armes.
Je les ai vues;jt: lesai touchées;ellesexistent. Sivous voulez lesvoir.
j'ai desquantitésde photographies ..Pratiquer cesinterventions, c'est
unechose délicate. Enplus du trafic des armes. il ya le terrorisme;il
existe des mouvements subversifs dans la régionqui n'encouragent
pas la paix, mais favorisent au contraire le maintien d'un climat de

tension et de violence en Amérique centrale. A ce sujet, le Honduras
tientà déclarerqu'il est prêt à utiliser son droit légitime etsouverain
de défendre son système démocratique de vie. (9PV.2431.
p. 42.)
Il a ajouté :

((Il ne s'agit pas d'un problème bilatéral entre le Honduras et le
Nicaragua. Les armes qui sont destinées [à renverser le] Gouverne-
ment d'El Salvador passent par mon territoire. Je ne tiens pas à
continuer à citer certainsjournaux mais je voudrais cependant me
référerau New York Times d'hier, où il est indiqué que les armes

destinées à El Salvador sont passéespar mon pays par huit voies
différentesen faisant un détourpar le détroitde Jiquilisco et par le
golfede Fonseca.Ce qui est bon pour I'unest aussi bon pour l'autre et
vous savezqu'aux Etats-Unis ily a I'unet l'autre dans cette lutte. O
(Ihid.,p. 49-50.)

133. Lors du débatau Conseil de sécurité quis'est dérouléle 25 mars
1983,le représentant du Honduras a de nouveau déclaréque des armesthrough our territory with the aim of destabilizing the Government of El
Salvador." (S/PV.2423, p. 82.)
134. In the Security Council debate of 28 March 1983,the respresen-
tative of Honduras, in speaking of Nicaraguan support of the guerrilla
movement in El Salvador, declared that the land borders of Honduras
"have been violated :wehave truckloads of captured weapons, freightcars
full of weapons" (UPV.2425, p. 81).
135. In July 1983,such Honduran contentions were elaborated in an
address by the Honduran Ambassador to the Organization of American
States,published asAnnex 59to the United StatesCounter-Memorial. The
Ambassador charged :

"It is important to bring to the attention of the distinguished
representatives the fact that the totalitarian Nicaraguan régimeis the
main factor in the emergence of the regional crisis, because it has
unleashed actions aimed at destabilizing governments in other Cen-

tral American countries. These actions include, among others, direct
support for terrorist and subversivegroups. To do this, Nicaragua has
the backing of antidemocratic groups and countries that are alien to
the Central American region.

Nicaragua has continued in its spiraling arms buildup. It has con-
tinued the trafficking of weapons from several places through its
territory, particularly to El Salvador, violating our sovereignty.

The actions for the political destabilization of the area have not

been interrupted ;on the contrary, they have been increased.The acts
of provocation and aggression against Honduras have not ceased ;
rather they have flared up ...

Al1this clearly shows that Central America is experiencing a wide-
spread conflict provoked by Nicaragua, which has consequences for
al1 countries in the region. Therefore, this is not just a bilateral
conflict, as the Sandinist régime has triedto label it."

After furnishingconsiderable detail about the build-up of the Nicaraguan
armed forces, exceeding the military forces of the rest of the Central
American countries combined, the Honduran representative con-
tinued :

"The Nicaraguan Government has been sending weapons to the
rest of Central America, especially to El Salvador, since 1980.In the
specific case of Honduras, Nicaragua has repeatedly violated our
territory in order to do this.
On 17January 1981Honduran Army troops and public security ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 477

continue[nt] de passer par notre territoire afin de déstabiliser le Gouver-
nement salvadorien :,(S/PV.2423, p. 82).
134. Lors du débat au Conseil de sécuritédu 28 mars 1983,le repré-

sentant du Honduras, parlant de l'appui fourni par le Nicaragua aux
mouvements de guérillaau Salvador,a déclaréque lesfrontières terrestres
du Honduras [avaient] étéviolées : nous avons des camions chargés
d'armes ...qui ont été capturés )(9PV.2425, p. 81).
135. En juillet 1983,l'ambassadeur du Honduras auprès de l'organi-
sation des Etats américains a développéces affirmations dans une décla-
ration faite devant I'OEA dont le texte a été reproduit à l'annexe 59 du
contre-mémoire des Etats-Unis. L'ambassadeur a lancé les accusations
suivantes :

Il imported'appeler l'attention desreprésentants sur lefait que le
régimetotalitaire du Nicaragua est la principale cause de la crise
régionale, en raisonde ses actions visant à déstabiliserles gouverne-
ments d'Amérique centrale. Ces actions comprennent notamment
l'appui direct ailx groupes terroristes et subversifs. Pour ce faire, le
Nicaragua bénéficie de l'aidedegroupeset depaysantidémocratiques
étrangers à l'Amériquecentrale.

Le Nicaragua persiste dans sa spirale de réarmement. Il continue
son trafic d'armes a partir de nombreux points de son territoire,
essentiellement en direction d'El Salvador, violant à cette occasion
notre souveraineté.
Les actions visant à la déstabilisation politique de la région n'ont

pas cessé :au contraire, elless'amplifient. Lesactes de provocation et
d'agression contre le Honduras n'ont, eux non plus, pas cessé :ils
s'exacerbent.

Tout cela montre clairement que l'Amériquecentrale vit actuelle-
ment un conflit généralisé provoqué par le Nicaragua et ayant des

conséquencessur tous lespays de la région.Il ne s'agitdonc pas d'un
conflit bilatéral.,comme s'efforce de le faire croire le régimesandi-
niste.

Aprèsavoir donné denombreux détails sur ce renforcement du potentiel
militaire du Nicaragua, qui dépassecelui de tous les autres pays d'Amé-
rique centrale réunis,le représentant du Honduras a poursuivi :

Le Gouvernement nicaraguayen envoie des armes dans lesautres
pays d'Amériquecentrale, notamment au Salvador, depuis 1980.En

ce qui concerne plus spécialement le Honduras, le Nicaragua a, à
plusieurs reprises, violénotre territoire dans le cadre de ce trafic.
Le 17janvier 1981,lestroupes de l'arméehondurienne et lesagents478 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

agents seized a large shipment of weapons and military supplies 16km
from Comayagua. The shipment had been well camouflaged inside a
van that entered our territory through the Guasaule customs post.

These weapons were for Salvadoran guerrillas. We seized M- 16,(3-3,
and FAL rifles : M-l carbines ; 50-cal ammunition clips : Chinese
RPG rockets : 81-mm mortar rounds ;ammunition clips ;(cateri-
nas) : communications equipment ; and medicines. Five Hondurans
and 12 Salvadorans were arrested for their involvement in this ship-
ment of weapons and supplies.

The arms traffic has continued through different ways and means.
On 7 April 1981 troops of the 1lth Infantry Battalion stationed in
Choluteca seized another van carrying 7.62-mm and 5.56-mm ammu-
nition that had been packed in polyethylene bags and hidden in the
sides of thevan. The troopsalso seized a large quantity of material for

the Armed People's Revolutionary Organization. ORPA, of Guate-
mala. which was supposed to get the entire shipment.This van had left
from Nicaragua and was detained at the Guasaule customs post.

Honduran territory has also been illegally used for the passage of
troopsfrom Nicaragua to El Salvador. On 26 March 1983a Honduran

patrol caught a group of guerrillas by surpise in Las Cuevitas.
Nacaome Municipality, Valle Department. in southern Honduras.
They were en route to El Salvador from Nicaragua. Two of the
guerrillas were killed in a clash with the Honduran patrol. On this
occasion we seized M-16 rifles. one Czechoslovak 7.65-mm machine

gun made by FHX. M-16 clips, machine gun clips. (caterinas). a
portable radio, an FSLN flag, FMLN and FSLN manuals. as well as
two notebookscontaining full information on the general route used
to move military personnel and weapons through Honduras on the
way to El Salvador."

And Honduras provides agreat deal more detail about alleged Nicaraguan
subversion and terrorism in Honduras. Costa Rica and Guatemala. None
of this evidence has been specifically refuted by the Nicaraguan Govern-
ment in the course of these proceedings, though al1of it was on record in
them as long ago as 17 August 1984.
136. Honduras has made like specific charges against Nicaragua at

meetings of the United Nations, for example, the Security Council session
of 30 March 1984 (9PV.2525). One passage from a long and detailed
statement is as follows :

"The fact that the Sandinist Government is intervening in neigh-
bouring countries is confirmed by the support it gives to the promo-
tion of subversion in Honduras. But this effort has failed. It is con- de la sécuritépubliqueont saisi un important chargement d'armes et
de fournitures militairesà 16kilomètres de Comayagua. Ce charge-
ment étaitcamouflé à l'intérieurd'un véhiculequi était entrédans
notre territoire par le poste frontière de Guasaule. Les armes saisies

étaient destinéeà la guérillasalvadorienne.C'étaientdes fusils M-16,
G-3 et FAL, des carabines M-1, des chargeurs 50-cal, des fusées
chinoises RPG, des obus de mortier de 81 millimètres,des chargeurs
de munition (caterinas), du matérielde communication et des médi-
caments. Cinq 1.-Iondurienset douze Salvadoriens ont étarrêtéspour
avoir participéà cet envoi d'armes et de fournitures.
Ce trafic d'armes s'estpoursuivi par divers moyens. Le 7avril 1981,
des troupes du lle bataillon d'infanterie, stationnà Choluteca, ont
saisi un autre véhicule transportant des munitions de 7,62 et de
536 millimètre:; emballéesdans des sacs de polyéthylèneet cachées
dans lesparoisdu véhicule.Cessoldatsont égalementsaisiune grande
quantité de matériel destinéà l'organisation populaire arméerévo-

lutionnaire, ORPA, du Guatemala, qui étaitle destinataire de tout ce
chargement. Le véhicule,parti du Nicaragua, a étéarrêtéau poste
frontière de Guasaule.
Le territoire du Honduras a égalementété utiliséde manièreillicite
pour le passagt: de troupes entre le Nicaragua et El Salvador. Le
26 mars 1983, une patrouille hondurienne a surpris un groupe de
guérillerosà Las Cuevitas, sur la commune de Nacaome, dans le
département de: Valle, au sud du Honduras. Les guérillerosétaient
en route pour El Salvador, venant du Nicaragua. Deux d'entre eux
ont ététués Ion; de l'échauffourée avecla patrouille hondurienne. A
cette occasion. nous avons saisi des fusils M-16, une mitrailleuse
tchécoslovaque de 7,65 millimètres fabriquée par FHX, des car-
touches M-16, des chargeurs de mitrailleuse (caterinas), une radio

portative, un drapeau du FSLN, des manuels du FMLN et du FSLN,
ainsi que deux carnets dans lesquels étaient consignéesdes infor-
mations complktes sur la route utiliséepour transporter du person-
nel militaire et des armesà travers le Honduras à destination d'El
Salvador. O
Le Honduras donne quantité d'autres détails sur la subversion et le ter-

rorisme que le Nicaragua pratiquerait au Honduras, au Costa Rica et au
Guatemala. Aucune de ces preuves n'a étéréfutéepar le Gouvernement
nicaraguayen au cours de la présente procédure,bien que toutes aient été
verséesau dossier dèsle 17 août 1984.
136. Le Honduras a portédes accusations précisesanalogues contre le
Nicaragua lors d'autres réunions des Nations Unies, par exemple à la
réuniondu Conseil (desécuritédu 30 mars 1984(SPV.2525). Son repré-
sentant a fait une déclaration longue et détailléedont voici un extrait:

(1Le fait que le gouvernement sandiniste intervient dans les pays
voisins est prouvépar l'appui qu'ildonne àcejour à la subversion au
Honduras, de mêmeque par sa fourniture d'armes à la guérillasal- firmed alsobyits support of the guerrillas in ElSalvador by supplying
them with weapons. As part of this strategy,a week ago Commander
Ortega Saavedra, Nicaragua's Defence Minister,announced the pos-
sibility that local guerrilla fighters would mine the ports of the other
Central American countries, from Guatemala to Panama. This state-
ment is a new and very clear threat of the use of force against other
countries, inopen violation of the United Nations Charter. Moreover,

it is an open admission that the subversive groups attempting to
destabilize Governments in the area are operating with the support
and under the control of the Nicaraguan Government, as Mr. Ed-
gardo Paz Barnica, the Foreign Minister, said in his firm messageof
protest." (At p. 58.)

137. In the general debate of the United Nations General Assembly of
12October 1983,the Foreign Minister of Honduras, criticizing actions of
Nicaragua, declared :

"we see examples of open intervention in El Salvador ;attempts to

destabilize the democratic Governments of Honduras and Costa
Rica ;an alarming increase in the armed forces of the Nicaraguan
régimeand statements by the Commanders that govern Nicaragua.
'Our army is prepared to cross the borders of Honduras and Costa
Rica', 'El Salvador is our shield', they have proclaimed . .."

138. In debate in the General Assembly on 26 October 1984.the rep-
resentative of Honduras contended :

"There has been talk of the useof Honduran territory and of that of
other countries allegedlytoattack the neighbouring Government. But
it has not been said that there were hundreds, if not thousands
of Sandinists - and they, themselves, have recognized this - who
travelled to the Honduran forests, to our tropic zones and tropical
jungles, to escapethe repressionof the Somozaarmy,to recuperateand
then to return to struggleuntil victory wasachievedon 19July 1979."
(A/39/PV.36, p. 77.)

9. Statements by the Government of Costa Rica accusing Nicaragua of
subversive acts

139. One of the acts of terrorism attributed by Honduras to Nicaragua
by the Honduran Ambassador to theOASwasthe subjectof acircular note
of 28 July 1982to diplomatic missions accredited to the Government of
Costa Rica,whichisreproduced at Annex 57of the UnitedStates Counter-
Memorial. It refers to a plan, said to be devised and directed by the
Nicaraguan Ministry of the Interior, to bomb the Honduran airline offices
in San José,a plan which Nicaraguan diplomats accredited to Costa Rica vadorienne. Dans le cadre de cette stratégie,il y a une semaine, le
commandant Ortega Saavedra, ministre de ladéfensedu Nicaragua, a
annoncé qu'il était possible que des groupes de guérilleros locaux
puissent miner les ports des autres pays d'Amériquecentrale, du
Guatemala au Panama. Cette déclaration représenteune nouvelle
menace bien claire de l'utilisation de la forcecontre d'autres Etats, en
violation flagrante de la Charte des Nations Unies. Cela constitue
également un aveudu fait que lesgroupes de subversion qui cherchent
à déstabiliserles gouvernements de la régionopèrent avec l'appui et

souslecontrôledu Gouvernement nicaraguayen, comme l'adéclaré le
ministre des affaires extérieures,M. Edgardo PazBarnica, en protes-
tant énergiquementcontre ces déclarations téméraires. ))(P. 58.)

137. A la séancede l'Assemblée généraldees Nations Unies du 12oc-
tobre 1983 consacrée audébat général,le ministre des relations exté-
rieures du Honduras, critiquant les actes du Nicaragua, a déclaréce qui
suit :

<Il y a les er;emplesd'interventions flagrantes en El Salvador, les
tentatives de déstabilisation des gouvernements démocratiques du
Honduras et du Costa Rica, la croissance alarmante des forces du
régime nicaraguayenet les déclarationsdes commandants qui gou-
vernent le Nicaragua. (Notre armée est disposée à traverser les
frontières du Honduras et du Costa Rica O,nous ont-ils dit. << El
Salvador est notre bouclier >),ont-ils proclamé ...

138. A la séancede l'Assemblée généraldeu 26 octobre 1984,le repré-
sentant du Honduras a affirmé :

<On parle de l'utilisation du territoire du Honduras et d'autres
pays pour attaquer, nous dit-on, le gouvernement voisin. Mais per-
sonne ne parle descentaines sicen'estdes milliersde sandinistes - et
eux-mêmesl'oritreconnu - qui ont traversé nosforêts honduriennes,

nos zones torrides, nosjungles tropicales, pour échapper à la répres-
sion de l'arméede Somoza, pour souffler un peu et reprendre ensuite
la lutte jusqu"à la victoire du 19 juillet 1979. (A/39/PV.36,
p.77.)

9. Déclarationsdu Gouvernementdu Costa Ricaaccusant le Nicaragua
d'actesde subver:<ion

139. Un des actes de terrorisme que le Honduras, par la voix de son
ambassadeur aupré:$de I'OEA, impute au Nicaragua a fait l'objet d'une
note adresséele 28juillet 1982 aux missions diplomatiques accréditées
auprès du Gouvernement du Costa Rica, note dont le texte est reproduit à
l'annexe 57 au contre-mémoiredes Etats-Unis. Il s'agit d'un plan que le
ministère de l'intérieur du Nicaraguaaurait conçu et dirigépour faire
sauter lesbureaux de lacompagnieaériennehondurienne à San José,plantook steps to irnplernent, in collaboration with a Colornbian terrorist.
(Nicaraguan collaboration with Colornbian terrorists was to be charged
again in 1985,when the Governrnent of Colornbia was reported to have

withdrawn its Arnbassador frorn Managua in response to charges of San-
dinista involvement in the Palaceof Justice siegein Bogota ;see TheTimes
(London), 23 Decernber 1985,p. 4.)That circular note also refers to Costa
Rican protests to Nicaragua over the frequent violations of Costa Rican
territory by the Sandinista Army, as well as "constant violation" by
Nicaragua of Costa Rica's right to free navigation on the San Juan river.
The Costa Rican note also protests overflights of Costa Rican territory by
the Nicaraguan Air Force. No refutation of thesechargeswas made by the
Nicaraguan Governrnent in the course of this Court's proceedings, despite
the fact that they have been before the Court since 17 August 1984.
However, Nicaragua has felt able to press its own charges of "State ter-
rorisrn", involving, arnong other acts, bornbing of an airline office and
overflight of its territory.

10. Statements by the Congressof the United States and by Congressmen
opposedto United States supportof the contras

140. Annexes to the Nicaraguan Memorial contain extensivereproduc-
tion ofdebates in the Congressof the United States and of relevant United
States legislation. Two elernents of the debates and the legislation stand
out. The first is that the elected representatives of the people of the United
States are profoundly divided over the policies the United States should
pursue towards Nicaragua. The second is that the elected representatives
of the people of the United Statesare virtually united in their appraisal of

the facts of Nicaraguan behaviour vis-à-vis El Salvador and its other
neighbours. That is to Say,howeveracute the differences in the Congress,
and between the Administration and rnuch of the Congress, on policy
towards Nicaragua, and even on what policy towards Nicaragua is legal,
there is rernarkably little difference about the facts. The greatmajority of
the rnernbers of the House and Senate of the United States agree that
Nicaragua began to ship arrns and otherwise assist in an effort to over-
throw the Governrnent of El Salvador before the United States sent as
much as a bullet to the contras. Equally, they agree that Nicaragua has
maintained to this day its active policy and practice of assisting the Sal-
vadoran guerrillas to overthrow the Government of El Salvador. These
conclusions are accepted astrue bythe strongest and rnostarticulate critics
of the United States policy of supporting the contras.1sit to be supposed

that they - and the Governments of El Salvador, Honduras and Costa
Rica - are al1 wrong, and that the Governrnent of Nicaragua is al1
right ?

141. A good deal has been made in and by the Court - quite under-que des diplomates nicaraguayens accrédités auCosta Rica avaient com-
mencé àmettre a exécution, encollaboration avecun terroristecolombien.
(La collusion entre le Nicaragua et des terroristes colombiens a été à
nouveau invoquéeen 1985lorsque leGouvernement colombien a rappelé
son ambassadeur à:Managuacomme suite aux accusations visant la par-

ticipation de sandinistes au siègedu palais dejustice de Bogo;voir The
Times (Londres), du 23 décembre 1985,p. 4.) Dans cette mêmenote, le
Gouvernement du Costa Rica mentionne les protestations qu'il a élevées
auprèsdu Nicaragua contre les violations fréquentesde son territoire par
l'arméesandiniste e:tles <<violations constantes par le Nicaragua des
droits du Costa Rica à la libre navigation sur le San Juan. Il y proteste
aussicontre lessurvolsde son territoire par I'arméede l'airnicaraguayenne.
Le Gouvernement du Nicaragua n'a a aucun moment réfutéces accusa-
tions au cours de la procédure devant la Cour, bien qu'elles eussent été
soumises àla Cour dès le 17août 1984.En revanche, le Nicaragua s'est
cru autorisé a porter ses accusations de terrorisme d'Etat O,en visant,
entreautres faits, le bombardement des bureaux d'une ligne aérienneetle
survol de son territoire.

IO. Déclarationsdu Congrès des Etats-Unis et de membres du Congrès
opposés à l'aide américaine auxcontras

140. Dans les annexes au mémoiredu Nicaragua figurent de larges
extraits de comptes rendus de débats du Congrès et de textes de loi des
Etats-Unis. Deux élkmentsse dégagentdes débatset de la législation.Le
premier, c'est que les représentants élus du peuple des Etats-Unis sont
profondémentdivisksau sujet de la politique que les Etats-Unis devraient
suivreà l'égarddu Nicaragua. Ledeuxième,c'estque lesreprésentantsélus
du peuple des Etats-Unis sont àpeu près d'accordquant à leur apprécia-
tion des faits relatifs au comportement du Nicaragua envers ElSalvador et
sesautres voisins. Autrement dit, aussi vivesque soient lesdivergences au
seindu Congrès, ete.ntrelegouvernement et unegrandepartie du Congrès,
s'agissant de la politiquà l'égarddu Nicaragua et mêmed'arrêterune
politique conforme au droit envers le Nicaragua, les avis sur les faits
diffèrent remarquablement peu. La grande majorité des membres de la

Chambre et du Séna.tdes Etats-Unis s'accordent en effeàreconnaître que
leNicaragua a commencé àexpédierdes armeset àfournir d'autres formes
d'assistance pour tenter de renverser leGouvernement d'El Salvador bien
avant que lesEtats-1Jnis aient envoyé une seulecartouche auxcontras.De
même,;lsconviennent que leNicaragua persiste àcejour dans sapolitique
et sa pratique actives d'assistance aux guérilleros salvadorienspour ren-
verser le Gouvernement d'El Salvador. Ces conclusions sont tenues pour
vraiespar lescritiques lesplus virulents et lesplus éloquentsde lapolitique
des Etats-Unis d'aide auxcontrus.Faut-il supposer qu'ilsont toustort, eux
et lesGouvernements d'ElSalvador, du Honduras et du Costa Rica, et que
le Gouvernement di1Nicaragua a entièrement raison ?
141. Il a étéfait grand cas devant la Cour et par la Cour elle-mêmedesstandably - of theadmissions of the United States. TheCourt would have
done wellto have givensomeweight to the affirmations of the Congress of
the United States. It is not the practice of the Congress to enact falsehood

into fact. In the democratic system which the United States is fortunate
enough to enjoy, the press is too free, speech is too unhindered, leaks of
official secrets are too easily sprung, the estate of bureaucrats is too low,
and the behaviour of Congressmen is too irreverent, to make it likelythat,
in acase such as this, where the facts have been aired, challenged,debated,
scrutinized and tested, the repeated legislativefindings of the Congress of
the United States, adopted by vast majorities, are false, year after year.
And what are those findings ?

142. One may begin with the Permanent Select Committee on Intelli-
gence of the House of Representatives. That Committee, then under the
chairmanship of Congressman Edward Boland, rendered a report in May
1983whichcounsel forNicaragua, Professor Brownlie,described in Court

as"that remarkablepublic document", adocument whichis"authoritative
and substantial" (Hearing of 20 September 1985).Let us look at some of
the "authoritative and substantial" findings of that report (it appears as
Ann. E, Att. 1, to the Nicaraguan Memorial).
143. The Committee - whose majority vigorously opposed continued
United States support of the contras - began by observing that the insur-
gency in El Salvador :

"depends for its life-blood - arms, ammunition, financing, logistics
and command-and-control facilities - upon outside assistance from
Nicaragua and Cuba. The Nicaraguan-Cuban contribution to the
Salvadoran insurgency is longstanding . ..It has provided the great
bulk of the military equipment and support received by the insur-
gents." (At p. 2.)

It declared the followingunder the caption "Activities of Cuba and Nica-
ragua" :

"The Committee has regularly reviewed voluminous intelligence
materials on Nicaraguan and Cuban support for leftist insurgencies
since the 1979 Sandinista victory in Nicaragua. The Committee's
review was indicated not only because of the importance of Central
American issues for U.S. foreign policy. but because of decisions
which the Congress was called upon to make on questions of aid to
countries in the region. The Committee has encouraged and sup-
ported a full range of intelligence collection efforts in Central

America.

Full discussion of intelligence materials in public reports would
pose serious security risks to intelligence sources and methods.
Necessarily, therefore, the Committee must limit its treatment offaits reconnus par les Etats-Unis - ce qui est logique. Mais la Cour aurait
étébien aviséed'accorder égalementquelque poids aux affirmations du
Congrèsdes Etats-Unis. Celui-cin'apaspour habitude d'érigerdes contre-
vérités enfaits. Dans le régimedémocratique dont ce pays peut s'enor-
gueillir, la presse est trop libre, le droit d'expression connaît trop peu

d'entraves. les indiscrétions font trop facilement fi des secrets officiels,
la condition des bureaucrates est trop humble et le comportement des
membres du Congrès trop irrévérencieuxpour rendre probable que dans
une affaire comme celle-ci, où les faits ont étédiscutés,contestés,débat-
tus, analysés et vérifiés,lesconclusions législativessuccessive dsu Congrès
des Etats-Unis, adoptées à de fortes majorités,soient fausses d'année en
année.Or, quelles sont ces conclusions ?
142. Commençons par la commission restreinte permanente du rensei-
gnement de la Chambre desreprésentants. En mai 1983,cette commission

alors présidéepar M. Edward Boland a présentéun rapport que le conseil
du Nicaragua, M. Wrownlie,a qualifiédevant la Cour de remarquable
document public O, de rapport digne de foi et bien documenté
(audience du 20 septembre 1985). Voyons certaines des constatations
((dignes de foi et bien documentées >de ce rapport (annexe E, pièce 1,du
mémoiredu Nicaragua).
143. La commission, farouchement hostile dans sa majorité à la pour-
suite de l'aide des Etats-Unis aux contras,déclared'embléeque I'insur-

rection au Salvador :
((dépendpour survivre - qu'il s'agissedes armes, des munitions, du

financement, de la logistique ou des installations de commandement
et de contrôle -- d'une aide extérieure,qui vient du Nicaragua et de
Cuba. La contribution nicaraguayenne et cubaine à l'insurrection
salvadorienne a une longue histoire...Ellea fourni ..la grande masse
de l'équipement militaire etde l'aide qu'ont reçus les insurgés.
(P. 2.)

Elle déclarece qui suit sous le titre <Activitésde Cuba et du Nicara-
gua :

<La commission a examiné régulièrement une volumineusedocu-
mentation des servicesde renseignements sur l'appui nicaraguayen et
cubain aux insurrections gauchistes, depuis la victoire des sandinistes
au Nicaragua en 1979.Ces examens de la commission sont signalés
non seulement à cause de l'importance des questions d'Amérique

centralepour la politiqueétrangèredes Etats-Unis, mais aussi à cause
des décisionsqu'il incombait au Congrèsde prendre sur lesquestions
d'aide à tous les pays de la région.La commission a encouragé et
appuyé toute une gamme d'activités quitendaient à recueillir des
renseignements en Amérique centrale.
Un examen exhaustif des documents des services de renseigne-
ments dans de.srapports publics comporterait de graves risques du
point de vuede lasécurité des sourcesetdes méthodes.Lacommission Cuban and Nicaraguan aid for insurgencies to the judgments it has
reached. Such judgments nonetheless constitute a clear picture of
activepromotion for 'revolution without frontiers' throughout Central

America by Cuba and Nicaragua.

The Committee has not come newly to itsjudgments. On March 4,
1982,after a major briefingconcerning the situation in El Salvador,
the Chairman of the Committee made the following statement :

'TheComrnittee has received a briefing concerning the situation
in El Salvador, with particular emphasis on the question of foreign
support for the insurgency. The insurgents are well trained, well
equipped with modern weapons and supplies, and relyon the useof

sites in Nicaragua for command and control and for logistical
support. The intelligence supporting thesejudgments provided to
the Committee is convincing.

There is further persuasive evidence that the Sandinista govern-
ment of Nicaragua is helping train insurgents and is transferring
arms and financial support from and through Nicaragua to the
insurgents. They are further providing the insurgents bases of
operation in Nicaragua. Cuban involvement - especially in pro-
viding arms - is also evident.
What this says is that, contrary to the repeated denials of Nica-
raguan officials, that country is thoroughly involved in supporting
the Salvadoran insurgency. That support is such as to greatly aid
the insurgents in their struggle with government forces in El Sal-
vador.' " (Nicaraguan Memorial, Ann. E, Att. 1, p. 5.)

144. This "authoritative and substantial" report reliedon by Nicaragua
further holds :

"At the time of the filing of this report, theCommittee believesthat
the intelligence available to itcontinues to support the following
judgments with certainty :

A major portion of the arms and other material sent by Cuba and
other communist countries to the Salvadoran insurgents transits
Nicaragua with the permission and assistance of the Sandinistas.
The Salvadoran insurgents rely on the use of sites in Nicaragua,
some of which are located in Managua itself, for communications,
command-and-control, and for thelogisticstoconduct their financial,
material and propaganda activities.

The Sandinista leadership sanctions and directly facilitates al1of
the above functions. a donc dû, par nécessité,se contenter de reproduire ses conclusions

sur l'aide fournie aux insurgéspar Cuba et le Nicaragua. Les conclu-
sions aboutissent cependant àla constatation d'une aide active four-
nie par Cuba et le Nicaragua à la((révolutionsans frontières ))dans
toute l'Amériquecentrale.
Lesconclusions que porte ainsi lacommission nesont pas récentes.
Le 4 mars 1982, à l'issued'un important rapport concernant la situa-
tion au Salvador, le présidentde la commission a fait la déclaration
suivante :

La commission a reçu, au sujet de la situation au Salvador, des
informations qui insistent de façon particulière sur la question de
I'aide étrangère à l'insurrection. Les insurgéssont bien entraînés,
bien équipésen armes modernes et approvisionnéset ils comptent
sur l'utilisation d'emplacements situésau Nicaragua pour le com-
mandement, lecontrôle et lesoutien logistique. Lesrenseignements
fournis à la c:ommission à l'appui de ces conclusions sont convain-
cants.
D'après d'autres documents convaincants, le gouvernement
sandiniste di1Nicaragua aide à entraîner les insurgéset leur fait

parvenir, directement ou en transit, des armes et une aide finan-
cière. De plus, il fournit aux insurgésdes bases d'opérations au
Nicaragua. La participation cubaine - surtout pour lesfournitures
d'armes - e:jtelle aussi évidente.
Ce que cela signifie, c'est que, contrairement aux dénégations
répétéedses autorités duNicaragua, cepays setrouve engagé à fond
dans son appui à l'insurrection salvadorienne. Cet appui est de
nature à aider grandement les insurgésdans leur lutte contre les
forces gouvernementales au Salvador. ))(Mémoire du Nicaragua,
annexe E, pièce 1,p. 5.)

144. Ce rapport digne de foi et bien documenté )),invoqué par le
Nicaragua, déclare encore :

A la date de dépôt du présent rapport, la commission est d'avis
que lesrenseignements dont elledispose confirment de façon certaine
lesjugements exprimésci-après :

Une portion1majeure des armes et autres matériels envoyéspar
Cubaet d'autres pays communistes auxinsurgéssalvadorienstransite
par le Nicaragua avec l'accord et l'assistance des sandinistes.
Les insurgéssalvadoriens disposent de certains emplacements au
Nicaragua, quelques-uns à Managua même, qu'ils peuvent utiliser
pour leurs besoins de communications, de commandement et de
contrôle, et ils bénéficientdes moyens logistiques de poursuivre leurs
activitésen matière de finance. de fourniture de matérielet de pro-
pagande.
Le commandement sandiniste autorise et facilite directement tout
cela. Nicaragua provides a range of other support activities, including
secure transit of insurgents to and from Cuba, and assistance to the
insurgents in planning their activities in El Salvador.

In addition, Nicaragua and Cuba have provided - and appear to
continue providing - training to the Salvadoran insurgents. Cuban
and Sandinista political support for the Salvadoran insurgents has
been unequivocable for years. The Comrnittee concludes that simi-
lady strong rnilitarysupport hasbeen thehiddencomplement ofovert
support. As the Assistant Secretary of State for Inter-American
Affairs, Thomas O. Enders, stated (April 14, 1983)to the Committee
on Foreign Affairs :

'In 1980 oust as in 1978 Castro had brought the three main
Sandinistafactions together in Havana), Cuban agents brought five
guerrilla factions from El Salvador together in Managua, worked
out a unity pact among them, then set up a joint command and
control apparatus in the Managua area and organized logistic and
training support on Nicaraguan soil.Sincethat time, the great bulk
of the arms and munitions used by the insurgents in El Salvador
have flowed through Nicaragua.' " (At p. 6.)

145. It will beobserved that the Committeeaffirms that it has reviewed
"voluminous intelligence materials" - materials which, Mr. MacMichael
acknowledged, are essentially the same materials that he had scrutinized
(Hearing of 16September 1985).Its conclusions are not indefinite. As of
1983 - not 1981but 1983 - it held that there was "a clear picture of active

promotion of 'revolution without frontiers' . . by Nicaragua". It con-
cluded that, "contrary to the repeated denials of Nicaraguan officials,that
country is thoroughly involved in supporting the Salvadoran insurgency".
It adjudged "with certainty" that arms for the Salvadoran insurgents
transit Nicaragua with Sandinista support,and that the Salvadoran insur-
gents benefit from the continued use of command facilities in Nicara-
gua.

146. If Mr. MacMichael is correct in hazarding that the intelligence
community gavemisleading presentations, it appears to have made a good
job of it, in the light of the following paragraphs of the Report (which, it
must be recalled, is offered by Nicaragua in evidence, as in support of

Nicaragua's case) :
"On September 22, 1982,the Committee released a staff report of
its Subcommittee on Oversight and Evaluation entitled 'U.S.Intelli-

gence Performance on Central America :Achievements and Selected
Instances of Concern'. That report noted :

'The intelligence community has contributed significantly to LeNicaragua procure toutes sortesd'autres modalités de soutien,y
compris le passage en toute sécurité d'insurgés a destination et en
provenance deCuba, et l'assistance aux insurgésdans la préparation
de leurs action:; au Salvador.

Le Nicaragua et Cuba fournissent enoutre - et semblentcontinuer
a fournir - une:formation aux insurgés d'ElSalvador. L'appui poli-
tique cubain et sandiniste apporté aux insurgéssalvadoriens ne fait
aucun doute depuis des années.La commission conclut qu'un appui
militaire aussiénergique est lecomplémentoccultede l'appui déclaré.
Comme M. Thomas O. Enders, secrétaired'Etat adjoint aux affaires
interaméricaines,l'adéclaré àlacommission des affaires étrangèresle
14avril 1983 :

En 1980(exactement comme, en 1978,Castro avait réuniles
trois principales factions sandinistes à La Havane), des agents
cubains ont réuni à Managua cinq factions de guérilla venuesd'El
Salvador. Ils ont mis au point un pacte d'union entre elles,et ils ont
ensuiteétabli un systèmeconjoint decommandement et decontrôle

dans la régionde Managua, ainsi qu'une infrastructure organisée
pour la logistique et l'entraînement surle sol nicaraguayen. Depuis
lors, la grande masse des armes et des munitions utiliséepar les
insurgés auSalvador passe par le Nicaragua. (P. 6.)

145. On remarquera que la commission affirme avoir examinéla <(vo-
lumineuse documentation des services de renseignements et M. Mac-
Michael a reconnu que cette documentation est, pour l'essentiel, celle
qu'il avait lui-mêmeétudiée(audiencedu16septembre 1985).Or sescon-
clusions n'ont riend'ambigu. A partir de 1983 - non pas de 1981,mais de
1983 - la commission constate une aide active à la ((révolution sans

frontières )...par leNicaragua o.Elleconclut : contrairement aux déné-
gations répétées dei$autorités du Nicaragua, ce pays se trouve engagé à
fond dans son appui à l'insurrection salvadorienne o. Elle estime établi
((avec certitude ))que des armes destinées aux insurgéssalvadoriens tra-
versent le Nicaragua avec l'appui des sandinistes, et que les insurgés
salvadoriens n'ont pas cesséde bénéficierde l'utilisation d'installations de
commandement au Nicaragua.

146. Si M. MacMichael a raison de supposer que les services de ren-
seignements ont présentécertainsfaitsde manière fallacieuse,ilrestequ'ils
ont apparemment fait du bon travail si l'on en juge par les paragraphes
suivants du rapport (verséauxdébats.il faut le rappeler, par le Nicaragua
comme élémentde preuve a l'appui de sa cause) :

((Le 22septembre 1982.la commission a rendu public un rapport
interne de sa sous-commission sur le contrôle et l'évaluationintitulé
((Le travail de:;servicesde renseignementsdes Etats-Unis sur 1'Amé-
rique centrale : réalisations etdomaines d'intérêt. ))Cerapport cons-
tate :

(<Les services de renseignements ont apporté une contribution484 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

meet the needs of policymakers on Central America. Over the last
two years perhaps its greatest achievement liesin determining with
considerable accuracy the organization and activities of the Sal-
vadoran guerrillas, and in detecting the assistance given to them by
Cuba and other communist countries. Although amounts of aid
and degreesof influence are difficult to assess,intelligencehas been
able to establish beyond doubt the involvement of communist

countries in the insurgency.'" (Nicaraguan Memorial, Ann. E,
Att. 1, pp. 5-6.)

147. The viewsof the Congress on the question of Nicaraguan support
of theSalvadoran insurgency havenot changed asof 1985.The Conference
Report on the Foreign Assistance Act of 1961 as amended in 1985,to
whichNicaragua draws attention (ibid.Suppl.Ann. C,Att. 7)contains the
following passages :

- The Congress calls for :
"(B) the end to Sandinista support for insurgencies in other coun-
tries in theregion, including the cessation of military supplies to the

rebel forces fighting the democratically elected government in El
Salvador." (At p. H6720.)
- The Congress further finds that the Government of Nicaragua

"(vi) has committed and refuses to cease agression in the form of
armed subversion against its neighbours in violation of the Charter of
the United Nations, the Charter of the Organization of American
States, the Inter-American Treaty of Reciprocal Assistance. and the
1965 United Nations General Assembly Declaration on Interven-
tion." (At p. H672 1.)
148. It is of interest to note that the 1985 Conference Report also

"condemns the Government of Nicaragua for violating its solemn com-
mitments to the Nicaraguan people, the United States and the Organiza-
tion of American States" particularly because of its having failed to fulfil
"its 1979commitment to the Organization of American States to imple-
ment genuinely democratic elections .. ."(p. H6721).
149. Congressman Boland'sviews,in hiscapacity asCommittee Chair-
man, which were read out in Court and are quoted above, elicited a
commentfrom Mr. MacMichael whichwillbe examined below.Congress-
man Boland has since been succeeded as Chairman of the House Perma-
nent Select Committee on Intelligence by Congressman Lee Hamilton,
another critic of the Administration's policies of aid to thecontras. His
viewson the facts of Nicaraguan support of the Salvadoran insurgency are
of like interest. As of 3 June 1985,these were his views :

"the Nicaraguan Government appears to have committed itself to a
policy of support for insurgencies in other Central American coun- appréciableen réponse auxbesoins des responsables des décisions
sur l'Amériquecentrale. Au cours des deux dernières années, leur
réalisation laplus remarquable a peut-être consistéà déterminer
avecune grarideprécision l'organisationet lesactivitésdesguérillas
salvadoriennes, et à détecterl'assistanceque leur fournissent Cuba
et d'autres payscommunistes. Bienqu'ilsoit difficile d'évaluerdes
quantitésd'aideet des degrés d'influence, lesservices de renseigne-
ments ont réussi à établir,sans doute possible, que les pays com-

munistes participent à l'insurrection.))(Mémoiredu Nicaragua,
annexe E, pièce 1, p. 5-6.)
147. Les vues du Congrès sur la question de I'aide nicaraguayenne à
l'insurrection salvacloriennene sesont pas modifiées en 1985.Le rapport

conjointsur laloirelative àI'aideétrangèrede 1961,modifiéeen 1985,dont
il est fait mention par le Nicaragua (ibid.,annexe supplémentaire C,
pièce7) contient les passages suivants :

- Le Congrèsdemande :
B)qu'il soit mis fin àI'aidesandiniste aux insurrections dans les
autres pays de la régionet que cessent, notamment, les livraisons
d'équipementsmilitaires aux forces rebelles qui combattent le gou-
vernement démocratiquement éluau Salvador ))(p. H6720).

- Le Congrèsestirrieen outre que le Gouvernement du Nicaragua :
vi) a commis et refuse de cesser de commettre des actes d'agres-

sion, sous la forme d'une subversion armée pratiquéecontre ses voi-
sins en violation de la Charte des Nations Unies, de la charte de
l'organisation des Etats américains,du traité interaméricaind'assis-
tance mutuelle et de la déclaration sur l'intervention adoptée par
l'Assemblée généraleen 1965 (p. H6721).

148. On relèvera aussique ce rapport conjoint de 1985 <(condamne le
Gouvernement du Nicaragua pour avoir violéses engagements solennels
envers le peuple nicaraguayen, les Etats-Unis et l'organisation des Etats
américains O, faute notamment d'avoir honoré <(l'engagement qu'il avait
pris en 1979 envers l'organisation des Etats américains d'organiser de
véritables électionsdémocratiques ..))(p. H6721).
149. Lesobservations faites par M.Boland en saqualitéde présidentde

la commission, dorit il a été donnélecture à la Cour et qui sont citées
ci-dessus, ont inspiré à M. MacMichael une remarque qui sera examinée
plus loin. Depuis lors, M. Boland a étéremplacécomme président de la
commission restreinte permanente du renseignement par M. Lee Hamil-
ton, autre critique de la politique gouvernementale d'aide aux contras. Ses
vues sur les faits concernant I'aidenicaraguayenne à l'insurrection salva-
dorienne ne présententpas moins d'intérêt. A la datedu 3juin 1985,voici
ce qu'il pensait :

((le Gouvernement du Nicaragua semble s'être engagé dans une
politique d'aide à l'insurrection dans les autres pays d'Amérique tries. The most important example of this policy is the assistance
provided by Nicaragua to the Salvadoran guerrillas. It seems clear
that the Nicaraguan commitment to the Salvadoran guerrillas stems
from FMLN support to the Sandinistas during their efforts to
overthrow Somoza and is a matter of revolutionary pride and soli-
darity.
The flow of arms from Nicaragua to the Salvadoran guerrillas
continues. The network used for this purpose is run by Salvadorans
with Nicaraguan support. The supplies provided by the network are
thought to be mostly ammunition but also medicine and other sup-
plies. It is also thought that the Salvadoran guerrillas have enough
arms but still rely, to some significant degree, on other types of

assistance from Nicaragua.

There have been no appreciable interdiction of arms shipments by
the Salvadoran armed forces and none at the point of entry into El
Salvador. The capture of supplies of arms in the past have been in
Honduras while in transit or in safehouses.
The flow of assistance and supplies comes by water along the
southeast Coast of El Salvador, by land through Guatemala and
Honduras, and possibly by air from Nicaragua. The inability of the
Salvadoran or Honduran forces to interdict shipments by water
routes aloneisafactor of theircorruption or lackofproficiency andof
what must eitherbe an extremelyeffective guerrilla network or avery
small volume of shipments.
Nicaragua also provides communications facilities, safe haven,
training, and logistical support to the Salvadoran guerrillas. The
system employed to provide al1of these types of assistance is flexible
and, apparently, very well run.
The judgments made above concerning assistance to the Salva-
doran guerrillas are inferential and based on substantial, but circum-
stantial information." (CongressionalRecord, Extensionof Remarks,
June 3, 1985,p. E2470.)

150. Thesejudgments of the House of Representatives are duplicated in
the Senate. Thus in March 1984, Senator Daniel Patrick Moynihan, a
member of the Senate Intelligence Committee, said on the Senate
floor :

"It is thejudgment of the Intelligence Committee that Nicaragua's
involvement in the affairs of El Salvador and, to a lesser degree, its
other neighbors, continues ... the Sandinista support for the insur-
gencyin ElSalvador hasnot appreciably lessened ;nor, therefore, has
their violation of the OAS Charter abated." (Reprinted in "For the
Record", the WashingtonPost, 10April 1984.)

151. Leading, informed opponents of the Reagan Administration's centrale. L'exemple le plus important de cette politique est l'appui
fourni par le Kicaragua aux guérilleros salvadoriens. Il semble clair
que l'attachement du Nicaragua à la cause des guérilleros salvado-

riens a pour origine I'aidefournie par le FMLN aux sandinistes alors
que ceux-ci s'efforçaient de renverser Somoza, et qu'il s'agit d'une
affaire de fiertéet de solidaritérévolutionnaire.
L'affluxdes armes envoyéesdu Nicaragua aux guérilleros salvado-
riens continue. Ce sont des Salvadoriens qui assurent le fonction-
nement du réseau utilisé à cette fin avec une aide nicaraguayenne.
On pense que les approvisionnements acheminéspar ce réseausont
surtout des munitions, mais aussi desmédicamentset d'autres appro-
visionnements. On pense aussi que les guérillerossalvadoriens dis-
posent d'armes en quantité suffisante, mais continuent à dépendre,
dans une mesiire appréciable, d'autres formes d'assistance fournie
par le Nicaragua.
Les forces armées salvadoriennes n'ont pas empêchéde façon
appréciablelesexpéditionsd'armes, etn'ont pas réussi à lesempêcher

au Salvador. Les envois d'armes saisis dans le passé l'ont étéau
Honduras en cours de transit ou dans des dépôts.
L'assistance et lesapprovisionnements arrivent par la mer le long
de la côte sud-est d'El Salvador, par la teràetravers le Guatemala et
le Honduras et peut-êtrepar la voie aérienne à partir du Nicaragua.
L'incapacitédes forces d'El Salvador ou du Honduras à interdire les
expéditionspar la voie maritime résultede leur corruption ou de leur
peu d'efficacitéet soit d'un réseaude guérillaqui doit êtreextrême-
ment efficace, soit du très faible volume de ces expéditions.
LeNicaragua fournit aussi desinstallations de communication, des
sanctuaires, uri entraînement et une aide logistique aux guérilleros
salvadoriens. Le système utilisépour fournir toutes ces catégories
d'assistance est souple et, semble-t-il, très bien organisé.

Les jugements portés ci-dessus au sujet de I'aide aux guérilleros
salvadoriens résultent d'inférences etse fondent sur des renseigne-
ments réels mais indirects. ))(Congessional Record, Extension of
Remarks, 3juin 1985,p. E2470.)

150. Cesjugements de la Chambredes représentants ont leur pendant
au Sénat.Parexemple,en mars 1984,lesénateurDaniel Patrick Moynihan,
membre de la commission sénatoriale du renseignement, a déclaré a la
tribune du Sénat :
La commission du renseignement estime que l'ingérencedu Nica-

ragua dans lesaffaires d'El Salvador et, dans une mesure moindre, de
ses autres voisins, continue ...I'aide sandinisteà l'insurrection au
Salvador n'a pas diminuéde façon appréciable ;leur violation de la
charte de 1'OE.Ane s'estdonc pas atténuée. (Reproduit dans For
the Record O, Washington Post, 10avril 1984.)

151. Ce n'estpas seulement au Congrèsque l'on trouve des adversairesCentral American policieswho nevertheless are convinced that Nicaragua
has been subverting the Government of El Salvador are not restricted to
the Congress. For example, the last Ambassador to El Salvador under the
Carter Administration was Robert E. White, a career Foreign Service
officer who was replaced by the newAdministration as "a first signal that
U.S.policywasin newhands" (Alexander M. Haig,Jr., Caveat,p. 127).He
retired "to become a vociferous public opponent of our policy in El
Salvador" (ibid.).Ambassador White, in testimony before a Congressional
committee, declared that the evidence contained in the Department of

State White Paper of 1981 was genuine and stated that the Salvadoran
guerrillas had "imported massivequantities of arms" by wayofNicaragua
(see Richard Whittle, "Reagan Weighs Military Aid to Counter Soviet,
Cuban 'Interference' in El Salvador", CongressionalQuarterly,28 Febru-
ary 1981.p. 389 ; Nicaraguan Memorial, Ann. E,Att. 1,p. 37(for the text
of Ambassador White's letter to President Duarte transmitting an analysis
of the captured documents, as wellas Congressman Young'scommentary
on those documents) ; and Margot Hornblower, "Ousted Envoy Hits
Arms Aid to Salvador", the WashingtonPost, 26 February 1981,p. 1).

152. Against this weight of informed United States opinion, Nicara-
guan counsel have offered essentially two things. First, they have offered
the sworn and reiterated affirmations of Foreign Minister D'Escoto and
Commander Carrion, as well as of the Nicaraguan Agent ;second, the
testimony of Mr. MacMichael. It has been demonstrated above that those

former, self-interested affirmations not onlyconflict with the testimony of
Mr. MacMichael for the period mid-1979-April 1981,but conflict with an
affidavit of Commander Carrion himself, not to speak of the considerable
amounts of other evidence set forth in this appendix. Accordingly, 1am
convinced that it is impossible to conclude that, for the pre-March 1981
period, these Nicaraguan affirmations can be regarded as true ;on the
contrary, it is obvious that they are false. Now if these representatives of
the Government of Nicaragua have deliberately spoken falsely about the
pre-March 1981period, in an attempt to mislead the Court, what reason is
there to suppose that they spoke the truth about the absence of arms
shipments to Salvadoran insurgents after March 1981 ? In short, there is
everyreason to discard the affirmations of representatives of Nicaragua as
lacking in probative value. That isnot to Saythat the Court is right simply
to discount those affirmations along with those of representatives of the
United States and absolve itself of dealing with the fact that on a vital
question the sworn factual submissions of Nicaragua are false ;that is

another matter. But as for whether the representations of Nicaraguan
representatives can offset the findings of the United States Congress, it is
clear that they cannot.

153. Of course, one can Saythat. no less than Nicaraguan representa-éminentset informésde l'aide apportéeaux contraspar I'administration
Reagan, qui n'en estiment pas moins que le Nicaragua pratique des acti-
vitésde subversion au Salvador. Ainsi le dernier ambassadeur de I'admi-

nistration Carter au Salvador était Robert E. White, un diplomate de
carrière dont le remplacement par I'administration Reagan a marqué le
premier signal que la politique des Etats-Unis changeait de mains
(Alexander M. Haig, Jr., Caveat, p. 127). Cet ambassadeur a quitté son
poste pour devenir un adversaire public déclaréde notre politique au
Salvador (ibid.)L.'ancienambassadeur a déclarélors d'une déposition
devant une commis:siondu Congrèsque les élémentsde preuve contenus
dans le livre blanc cludépartement d'Etat publiéen 1981étaientauthen-
tiques,et ila reconnu que lesguérillerossalvadoriens avaient a importédes
quantités massives d'armes en passant par le Nicaragua. (Voir Richard
Whittle, ((Reagan Weighs Military Aid to Counter Soviet, Cuban "Inter-
ference" in ElSalvador ))CongressionalQuarterly,28février1981,p. 389 ;
mémoiredu Nicaragua, annexe E, pièce 1, p. 37 (texte de la lettre de

l'ambassadeur White au président Duarte transmettant une analyse des
documents saisiset lesobservations du membre du CongrèsYoung sur ces
documents) ;et Margot Hornblower, Ousted Envoy Hits Arms Aid to
Salvador H. WashingtonPost, 26 février1981,p. 1 .)
152. Pour faire contrepoids à ces opinions américaines informées, les
conseils du Nicaragua ont produit essentiellement deux choses : premiè-
rement les affirmations sous serment et réitéréed su ministre des relations
extérieures, M. D'Escoto, du commandant Carrion et de l'agent du Nica-
ragua ;deuxièmement,letémoignagede M.MacMichael. IIaété démontré
ci-dessus que lespremièresde ces affirmations, produites dans l'intérêd te
leurs auteurs, contredisent non seulement le témoignage de M. Mac-
Michael pour la périodeallant du milieu de 1979 à avril 1981,mais aussi
une attestation du commandant Carrion lui-même,sans parler desinnom-

brables autres élémentsde preuve rappelésdans le présentappendice. Je
suis donc convaincu de l'impossibilitéde conclure que, pour la période
antérieure à mars 1981,ces affirmations des représentants du Nicaragua
puissent êtreconsidéréescomme vraies ;au contraire, elles sont de toute
évidence fausses.Or si, de façon délibérée, cerseprésentants du Gouver-
nement nicaraguayen ont menti au sujet de la période d'avantmars 1981
pour induire la Cour en erreur, pour quelle raison devrait-on supposer
qu'ils disent la véritéà propos de la cessation des envois d'armes aux
insurgés salvadoriens après mars 1981 ? Bref, tout invite à rejeter les
affirmationsdesreprésentants du Nicaragua commedépourvues de valeur
probante. Cela ne veut pas direque la Cour puisse se contenter d'ignorer
ces affirmations et celles de représentants des Etats-Unis et se dispenser
d'examiner le fait que, sur un point crucial, les déclarations sous serment

produites par le Nicaragua travestissent la réalité : c'est là une autre
question. Mais,quant à savoirsi lespropos desreprésentants du Nicaragua
peuvent en quoi que ce soit faire pièce aux conclusions du Congrès des
Ëtats-unis, la réponseest assurément négative.
153. Bien entendu, on peut dire que, à l'égaldes représentants dutives, the United States Congress is a party in interest, and that its affir-
mationscarry no more weight than do those of officiaisof Nicaragua. One
can Saythat, but onecannot reasonably sustain such a conclusion. For,as
pointed out, the statements of the United States Congress and of leading
members of the House and Senate are of persons whodo not fullysupport,
but in largeor full measureoppose, the policyof the United States whichis
at issue in this case. Quite apart from what one may believe or conclude
about the relative fidelity of the persons in question, there is reasnot to
discount these expressions of studied Congressional conviction.

154. For his part, Nicaragua's key witness on the question, Mr. Mac-
Michael, did not discount Congressional conclusions. On the contrary,
when asked howhe cculd explain the discrepancy between hisevaluation

of the intelligence data and Congressman Boland's, he earnestly re-
plied :
"this is a veryimportant question ... 1do not like to believe that my
powers ofjudgment are greater than those of Congressman Boland.
Hecertainlyhas seentheevidence,and it is my beliefthat theevidence
he saw was essentially the same evidence that 1 saw." (Hearing of
16September 1985.)

Then how does Mr. MacMichael explain such widediscrepancies between
hisinterpretation of the evidenceand that of Congressman Boland ? First,
he says that, in 1982, it was concluded in respect of an intelligence
presentation to the House Intelligence Comrnittee that the presentation
seemed designed more to present the Administration's position than to
illuminatethesituation. Second, hesuggeststhat, whenin 1983Mr. Boland
made statements such as those quoted in paragraphs 140and 141of this
appendix, he did soin the context of a report which recommended cutting
off funding for the contras, on the ground, among others, that, since the
flow of arms to Salvadoran rebels from Nicaragua continued, the contras
obviously were ineffective ininterdicting that flow. Mr. MacMichael sug-
gests that, apparently, Mr. Boland had to claim that there was a continued

flowof armsto the Salvadoran insurgents in order tojustify hisconclusion
that the contras were ineffective and should no longer be supported.

155. Do theseexplanations withstand analysis ? Hardly. If, in 1982,in a
House Intelligence Committee whose majority was opposed to the policy
conclusions to which intelligence briefings led, there was dissatisfaction
with the objectivity of those briefings, one may be sure that steps were
taken to improve the objectivity of the presentations, which, moreover,
have taken place frequently thereafter, including in 1985when the House
of Representatives adopted the conclusions quoted above in para-
graphs 147-148.That Mr. MacMichael'scharacterization does not appear
tobe the House'sappreciation of the quality of such intelligence briefings
is indicated in the quotation supplied in paragraph 146of this appendix.
Moreover, it is implausible to suggest that, in order tojustify his policy of Nicaragua, le Congrèsdes Etats-Unis est une partie intéressée etque ses
affirmations n'ont pas plus de poids que celles des responsables nicara-
guayens. On peut le dire, mais on ne peut raisonnablement le soutenir.
Commeje l'aifait observer, les déclarationsdu Congrès des Etats-Unis et
de membres éminents de la Chambre et du Sénat émanent eneffet de

personnesqui n'appuient pas pleinement la politique des Etats-Unis dont
ils'agit, maiss'yopposent.Tout àfaitindépendammentde ceque l'onpeut
penser de la fiabilitérelative despersonnes en question, il estjustifiéne
pas négligercesexpressions de la conviction informéedesdits membres du
Congrès.
154. Pour sa part, le témoin clédu Nicaragua sur la question,
M. MacMichael, n'a pas fait fi des conclusions du Congrès.Au contraire,
quand il lui a étéde~nandécomment il pouvait expliquer l'écartentre son
appréciation des données fournies par les services de renseignements et
celle de M. Boland, il a répondu gravement :

<(ils'agitd'une question trèsimportante ..Je ne metarguepas d'avoir
un meilleurjugement que M. Boland. Ilacertainement vu leséléments
de preuve et, j'en suis persuadé, les preuves qu'il a vues sont pour
l'essentielcellesquej'ai vuesmoi-même. )(Audiencedu 16septembre
1985.)

Comment donc M. MacMichael explique-t-il les amples divergences qui
séparentsoninterprktation desfaits decellede M. Boland ? Premièrement,
dit-il, on a conclu en 1982,au sujet d'un rapport présentéà lacommission
du renseignement de:la Chambre desreprésentants,que celui-ciparaissait
conçu davantage comme un exposéde la position de l'exécutifque comme
une analyse de la situation. Deuxièmement,il laisse entendre qu'en 1983,
quand M. Boland a Faitdes déclarationsdu genre de cellesqui sont citées
aux paragraphes 140et 141du présent appendice,c'étaitdans la perspec-
tive d'un rapport qui recommandait de couper les crédits destinésaux
contras, au motif, notamment, que les envois d'armes du Nicaragua aux

rebelles salvadorien:, continuaient et que les contras se montraient donc
incapables d'y mettre fin. M. MacMichael pense apparemment que
M. Boland étaitobligéde prétendre que les envois d'armes aux insurgés
salvadoriens se poursuivaient pour justifier sa conclusion selon laquelle,
les contras étantinefficaces, il ne fallait plus les appuyer.
155. Ces explications ne résistent guère à l'analyse. Si en 1982,au sein
d'une commission du renseignement de la Chambre dont la majorité était
opposée auxconclusions politiques auxquelles conduisaient les rapports
des servicesde renseignements,des doutes s'étaientélevés sur l'objectivité
de ces rapports, on peut êtrecertain que des mesures auraient étéprises
pour améliorer celle-ci ;de plus, ces rapports sont devenus plus fréquents
par la suite,notamment en 1985quand la Chambre des représentants a
adopté les conclusions citées auxparagraphes 147 et 148 ci-dessus. La
citation reproduite a.uparagraphe 146du présentappendice montre que le

jugement de M. MacMichael sur la qualité desrapports des services de
renseignements ne semble pas correspondre à celui de la Chambre descutting off support to the contras,Congressman Boland had to find the
existence of a pattern of shipment of arms to El Salvador where none
existed. If in fact there were no such pattern, if in fact Nicaragua was
blameless, Congressman Boland would have been in the stronger position
simply to oppose the policy of supporting the contras.Thus the "stipula-
tion" which Mr. MacMichael attributes to Congressman Boland is con-
jecture which in no way answers the question of how it is that apparently
everyone else who has seen the same intelligence data as did Mr. Mac-
Michael arrived at a very different interpretation of it.

11. The transcript of conversation between Assistant Secretaryof Srate
Endersand Co-ordinator Ortega

156. Reference has been made in paragraphs 25-26of this appendix to
the transcript of conversation which records exchanges in Managua on
12August 1981between the then Co-ordinator of the Junta, Commander
Daniel Ortega, and the then Assistant Secretary of State for Inter-
American Affairs, Thomas O. Enders. That transcript has been offered
in evidence by Nicaragua, which contends that "the report of the meeting
between Commander Ortega and Mr. Enders corroborates and confirms
the evidence and testimony already presented to the Court by Nicaragua
on the subject of the supposed supplying of arms to El Salvadoran insur-
gents", evidenceand testimony which it then summarizes (letter of 26 No-
vember 1985).That contention merits examination, especiallybecause the
Court appears to agree with it.
157. After having stated that, "you see your revolution as irreversible,
and so do we", Mr. Enders went on to refer to his other conversations in
Managua,a record of whichisnot provided, and observed that three major
problems had emerged, two raised by the United States and the third by
Nicaragua, namely :

"1. The continued flow of arms, munitions and other forms of
military aid to El Salvador.
2. The rapid expansion of military power in Nicaragua which, if it
continues, willbecome a threat to its neighbours, and might giverise
toa general conflagration inwhichthe United States could not remain
uninvolved.
3.The fear that the United States is taking steps to destabilize and
attack the revolution." (Information and Documents Supplied by
Nicaragua.)

158. Commander Ortega's response is interesting, not least because,
rather than initially denyingNicaraguan military aid to Salvadoraninsur-
gents, he spoke of Nicaraguan National Guardsmen in camps in the
United States, of support by the United States for El Salvador, and the
circumstances which have "forced" Nicaragua to embark on an arms race.représentants.De plus, on ne saurait laisserentendre que, pour justifier la
suppression de I'aide aux contras, M. Boland ait dû invoquer l'existence
d'un trafic d'armes purement imaginaire vers El Salvador. Si aucun trafic
d'armes n'avait en fait existé,si le Nicaragua avait étéeffectivement
au-dessusde tout reproche, M. Boland n'enauraitétéquemieuxplacépour
s'opposer purement et simplement à la politique d'aide aux contras. La
stipulation que M. MacMichael attribue à M. Boland est donc une
hypothèse qui ne répond aucunement à la question de savoir pourquoi,
apparemment, toutes les autres personnes qui ont vu les documents des
servicesde renseignements évoqués par M. MacMichael en ont donnéune

interprétation très différente.
II. La transcriptiondesentretiens entrelesous-secrétaired'Etat Enders et le

coordonnateur Cprtega
156. Mention est faite, aux paragraphes 25 et 26 du présent appendice,
de la transcription d'entretiensquelecommandant DanielOrtega,coordon-
nateur de lajunte, a eusle 12août 1981 à Managua avecThomas O. Enders,
alors sous-secrétaired'Etat aux affaires interaméricaines. C'estle Nicara-

gua qui a verséaux débatsla transcription de ces entretiens, en affirmant
que <(le compte rendu de ces entretiens entre MM. Ortega et Enders
corrobore etconfirme lesfaits et lestémoignagesdéjà soumis à laCourpar
le Nicaragua sur la question des prétendues fournitures d'armes aux
insurgés d'ElSalvador O, faitset témoignagesqu'il résume ensuite (lettrà
la Cour en date du 26 novembre 1985).Cette affirmation mérited'être
examinée,notamment parce que la Cour semble l'admettre.

157. Après avoir déclaré <vous considérez votre révolution comme
irréversible; sachez que nous partageons votre opinion à cet égard r),
M. Enders seréfère àd'autres entretiens qu'ilaeusà Managua maisdont le

compte rendu n'est pas communiqué et fait observer que trois grands
problèmes s'étaientalors dégagés, deux soulevépsar les Etats-Unis et le
troisièmepar le Nicaragua, à savoir :
<(1.Lefluxcontinu d'armes,de munitionset d'autres formes d'aide
militaire au Salvador.
2. L'expansion rapide du pouvoir militaire au Nicaragua qui, sielle

persiste, va devenir une menace pour ses voisins, ce qui pourrait
donner lieu a une conflagration générale à laquelle les Etats-Unis ne
pourraient rester étrangers.
3.La peur qui:lesEtats-Unis soient en train de prendre des mesures
pour déstabiliser la révolution et l'attaquer. (Elémentsd'informa-
tion et documents fournis par le Nicaragua.)

158. La réponsede M. Ortega est intéressante,et cela en grandepartie
parce que, au lieu de commencer par nier I'aidemilitaire nicaraguayenne
aux insurgés salvadoriens,il parle de membres de la garde nationale dans
des camps situésaux Etats-Unis, de l'appui des Etats-Unis au Salvadoret
de circonstances qui ont <contraint le Nicaragua à se lancer dans uneMr. Enders replied that the United States and Nicaragua are at a cross-
roads.

"On your part [he said], you could take the necessary steps to
ensure that theflowof arms to ElSalvadorisagain halted asin March
of this year. Wedo not seekto involveourselves in deciding how and
with whom this object should be achieved, but we may well monitor
the results." (Information and Documents Supplied by Nica-
ragua.)

159. Mr. Enders proceeded in a diplomatic vein. "We should be glad if
attention could be paid to the question of the arms race in Central
America." While the United States "could ourselves suggest a few ways
of resolving this problem, ... it is for each individual country to settle the
question of the number of soldiers and the quantity of arms it should
have". Asfor fear on Nicaragua's part of United States intervention, the
United States would be prepared to investigate the possibility of "reaf-
firming" the comrnitment of the Rio Treaty not to resort to the threat or
use of force, "either bilaterally or by other means". The United States is

prepared "to give somewhat closer consideration to the problem of Nica-
raguan political exilesin the United States. ..it is obvious that if you see
them as a political threat, the problem would be to see how we could
respond to this concern". Mr. Enders continued :

"When wesuspended our economicassistance, wesaid that itcould

be resumed ifNicaraguahalted the arms flowto ElSalvador, and even
though the situation in the United Stateshas sincechanged, this offer
remains open." (Ibid.)
He added that the United States could investigate almost immediately the
question of food and development aid, and Peace Corps assistance. He
proposed that, in the next weeks, both sides take steps to reduce the
polemics and continued :

"During this time wehope that steps willbe taken to halt the arms
flowto ElSalvador, and 1propose toreturn to Nicaragua at theend of
September to reviewtheprogramme whichhasbeen drawnup and see
if conditions are ripe to go on to the next stage." (Ibid)

Mr. Enders then concluded :

"1 must emphasize that wefeelweare nowat acrossroads, and ifwe
do not take these steps wewillnot achieveany détente. 1do not think
it is necessary to go into the alternatives before us in detail, but 1
should like to point to two ideas : there are only two things which
could obligeus to involveourselvesmilitarily in this region :(1)if thiscourse aux armements. M. Enders répondque les Etats-Unis et le Nica-
ragua se trouvent à une croiséedes chemins. ((En ce qui vous concerne )),
dit-il,

<vous pourriez prendre les mesures qui s'imposent pour que le flux
d'armes vers El Salvador s'arrête à nouveau, comme en mars de cette
année.Nousneprétendons pas nous mêlerde savoir comment et avec
qui cet objectif doit êtreréalisé, maisnous nous réservonscependant

de suivre de près les résultats. ))(Eléments d'information et docu-
ments fournis par le Nicaragua.)

159. M. Enders ~ioursuitsur un ton diplomatique : <(Nous aimerions
que quelque chose soit fait pour résoudre le problème de la course aux
armements en Amériquecentrale. ))Si les Etats-Unis, en ce qui les con-
cerne, peuvent <suggérerdivers moyensde résoudreceproblème, ..c'està
chaque pays qu'il revientde réglercettequestion, qu'il s'agissedu nombre
des soldats ou de celuidesarmements que chacun doit posséder o. Quant à
la crainte qu'inspire au Nicaragua une éventuelleintervention des Etats-

Unis, ceux-ciseraient prêts à envisager de réaffirmer )l'engagement pris
dans letraitéde Rio de nepas recourir à lamenace ou àl'emploide laforce,
<(de manièrebilatéraleou par d'autres biais o.Les Etats-Unis sont prêts à
<(étudier d'un peu plus près le problème des exilés politiques nicara-
guayens aux Etats-Unis ...il est cependant évidentque, si vous les consi-
dérezcomme une menace politique, le problème serait de voir comment
nous pourrions faire quelque chose à ce sujet o. M. Enders poursuit :

<(Quand nous avons suspendu notre assistance économique, nous
avonsdit que celle-cipourrait êtrerétabliesi leNicaragua mettait un

terme au flux d'armes vers El Salvador ;mêmesi la situation aux
Etats-Unis s'estdepuis modifiée,cette offre demeure valable. ))(Ihid.)

11ajoute que les Etats-Unis pourraient étudier, presque sans délai, la
question de l'aide alimentaire et de l'aide audéveloppement,ainsi que de
l'assistance du Peacc?Corps.Il propose que les deux parties prennent des
mesures pour réduire leurcontroverse dans les semaines à venir, et il dit
encore :

<(Pendant ce temps nous espérons que des mesures seront prises
pour arrêterle flux d'armes vers El Salvador et je me propose de re-
venirau Nicaragua vers la fin deseptembrepour revoir leprogramme

qui aura été élaboré eetxaminer si les conditions sont réuniespour
passer à un niveau supérieur. ))(Ihid)

M. Enders conclut ensuite :
<(J'insistesur lefait que, selonnous, nousarrivonsaujourd'hui àune
croiséedes chemins et, si nous ne prenons pas ces mesures, nous

n'aboutirons pas à une détente.Je nepense pas qu'il soit nécessairede
revenir sur le détail du choix qui nous est ouvert, mais je tiens
cependant à préciser deux idées.Il n'ya que deux choses qui puissent idea of doing the utmost to halt the arms flow to El Salvador is
rejected, (2) if the arms race in Central America is built up to such a
point that some of your neighbours in Central America seek protec-
tion from us under the Inter-American Treaty. We have nothing to
gain in such a situation - the cost would be excessive - but if it is
forced upon us, the present American administration would be pre-

pared to take a decision in that situation.

How wouldyou likeus to proceed ? Should wegoon explaining the
ideas which 1 have put forward?" (Information and Documents
Supplied by Nicaragua.)

160. Commander Ortega's reply was conciliatorybut, on the one hand,
while admitting Nicaraguan interest in seeing the Salvadoran and Guate-
malan guerrillas triumph, on the other he gaveno assurances about Nica-
raguan policy on the flow of arms to the guerrillas :

"We too have considered the two alternatives which you have put
forward, and we too have seen the crossroads. We have decided to
defend our revolution by force of arms, even ifweare crushed, and to
take the war to the whole of Central America if that is the conse-
quence. We are aware of the military power of the United States,but
in that respect weare romantics ;however,weare not suicides,and we
have no wish for that kind of solution. 1think the proposa1you have
made iswithin rational limits .. The basic responsibility liesnot only
with the conduct of Nicaragua, but also in the conduct of the United
States, which determines our own . ..

Wehave an historical prejudice towards the United States, because

that country hasshown aseriesofattitudes whichmakesusfearattack
from it, and look for al1possible means of defence. We are interested
in seeing the guerrillas in El Salvador and Guatemala triumph, when
wesee that there is no good willin the United Statestowards us. This
iswhy the greatest weight inthissituation attaches to the policyof the
United States. This situation is not going to be resolved by the con-
duct of Nicaragua, but will depend on the conduct of the United
States. It seems to me that an effort must be made to explore these
paths which you are describing . ..

For our part, we are prepared to make every possible effort to
achievean understanding with the United States, but this willdepend
on its attitude. We have a feeling of insecurity ; . . .
Your return in September would be very positive and this commits
us to take practical steps. If the United States, for example, can take
action against camps of the former National Guard on its territory, ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 490

nous contraindre à un engagement militaire dans la région :1) que

l'onrefuse de fairetout cequi est possible pour arrêterleflux d'armes
vers El Salvador ; 2) que la course aux armements en Amérique
centrale sedéveloppe àun point tel que certains despays de la région
nous invitent à les protéger,au titre du TIAR. Nous n'avons rien à
gagner à une pareille évolution - le coût en serait par trop élevé-
mais, si l'on nous y contraints, l'exécutifaméricain est à mêmede
prendre une décisiondevant cette situation.
Comment souhaitez-vous quenousprocédions àprésent ? Devons-
nous continuer d'expliquer les idées que je viens d'exprimer? ))
(Eléments d'information et documents fournis par le Nicaragua.)

160. La réponsede M. Ortega est conciliante mais, s'ilreconnaît que le
Nicaragua espère voirtriompher les guérillassalvadorienne et guatémal-

tèque, il ne donne par ailleurs aucune assurance sur la politique nicara-
guayenne en ce qui concerne le flux d'armes destinéesaux guérilleros :

Nous avons, nous aussi, envisagéles deux possibilitésque vous
avez exposées etnous avons, nous aussi, perçu cette croiséedes che-
minset nous avonspris ladécisionde défendrenotre révolutionpar la
force des armes, mêmesi on nous écrase,et de porter la guerre à
l'ensemblede 1'.4mérique centrale, si leschoses en viennent l;nous
sommes conscit:nts du pouvoir militaire des Etats-Unis, mais à cet
égard noussorrimes romantiques ; nous ne sommes cependant pas
suicidaires et nous ne souhaitons pas ce type de solution. La propo-
sition que vous venez de faire me paraît se situer dans des limites
rationnelles...c:en'estpas seulement au comportement du Nicaragua
que revient la responsabilitéfondamentale mais aussiaux Etats-Unis,

dans la mesure où leur attitude détermine lanôtre ...
Nous avons un préjugéhistorique à l'encontre des Etats-Unis, ce
pays ayant eu une séried'attitudes qui nous ont conduits à craindre
une agression de sa part, eàchercher toutes sortes de mécanismesde
défense.Nous isommesintéressés à ce que triomphe la guérillaau
Salvador et au Guatemala, quand nous nous apercevons que les
Etats-Unis ne font pas preuve de bonne volonté à notre égard.Pour
cette raison, c'est lapolitique des Etats-Unis qui pèsedu plus grand
poids. Cette situation ne va pas êtrerégiepar le comportement du
Nicaragua ;ellevabien plutôt dépendredeceluidesEtats-Unis. Ilme
semble qu'il faut entreprendre un effort pour explorer ces voies

mêmesque vous avez évoquées.

Nous sommes pour notre part disposés à faire tout ce qui est en
notre pouvoir pour parvenir à une entente avec les Etats-Unis, mais
cela dépendra cl'eux.Nous éprouvonsun sentiment d'insécurité ...

La perspective de votre retour au Nicaragua en septembre me
paraît trèspositiveet nous engage àprendre des mesurespratiques. Si
les Etats-Unis, par exemple, peuvent agir contre les camps d'ex- this will relieve the pressure on the arms race in Nicaragua." (Infor-
mation and Documents Supplied by Nicaragua.)

161. Mr. Enders then made the following remarks, which were no less
conciliatory while again emphasizing the importance of Nicaragua's cut-
ting off the flow of arms to Salvadoran insurgents :

"As regards taking responsibility, we are not trying to make you
carry responsibility for the present situation. can understand that a
revolution which has recently triumphed willfind it necessary to take
arms to defend itselfand protect other revolutionary movements with
which it has affinity, and of course it is more advantageous to you if
the struggle takes place in other countries rather than your own. The
problem isthat ths manner ofproceeding or thisform ofconduct may
become a challenge to the United States to which the latter has to
respond, and this is a vicious circle which we must escape from. The
proposals 1wanted to make were aimed at overcorning this problem,
and 1 think that if wewant to goon, wemust reduce the polemics and
provide ourselves with a reliable channel of communication . ..

1 must emphasize theimportance of stopping the flowof arms to El
Salvador, for if this isnotone, 1could not suggestto mygovernment
that we pursue the line we have discussed. Personally, 1 am certain
that we will make great efforts to exploit the ideas that1 have put to
you and the proposals that you make." (Ibid.)

162. Commander Ortega replied
"As for the flowof arms to ElSalvador, what must be stated is that
asfar aswehavebeen informed byyou,efforts havebeen madeto stop
it;however, 1 want to make clear that there is a great desire here to
collaborate with the Salvadoran people, also among members of our
armed forces.although our Junta and the National Directorate have a
decision that activitiesof this kind should not bepermitted. Wewould

ask you to give us reports about that flow to help us control it."
(Ibid.)

163. To that, Mr. Enders responded :

"You have succeeded in doing so in the past and 1believeyou can
do so now. We are not in a position to supply you with intelligence
reports. We would compromise our sources, and our nations [sic :
relations?] have not yet reached the necessary level to exchange
intelligence reports.
1should like to reaffirm that we are serious people and that we are membres de laguardia nacional situéssur leur territoire, ilen résultera
un allègement des pressions à la course aux armements au Nica-
ragua. (Eléments d'information et documents fournis par le
Nicaragua.)

161. M. Enders formule alors les observations suivantes, non moins
conciliantes,tout en soulignant de nouveau qu'ilimporte que leNicaragua
mette fin au flux d'armes destinées aux insurgés salvadoriens :

Pour ce qui est de la revendication des responsabilités,nous ne
prétendons pas vous faire porter celle de la situation actuelle ;je
comprends qu'une révolutionqui vient de triompher se voie dans la
nécessitéde s'armer pour se défendre et protéger d'autres mouve-
ments révolutionnaires avec lesquelselle se sent des affinitéset, bien
évidemment,il est plus intéressant,de votre point de vue,que la lutte
se passe dans d'autres pays plutôt que dans le vôtre. Ce qui nous
inquiète, c'est que cette façon de procéder ou ce comportement
deviennent un défi lancéaux Etats-Unis, que ceux-ci ne pourraient
que relever :c'estlà un cercle infernal d'où il faut que nous sortions.
Lespropositioris quej'ai voulufaire ontdans l'ensemblepour objet de
nous permettre de nous dégagerde cette difficulté, etje crois que si
nous voulons vraiment continuer, nousdevons calmer lapolémique et
nous efforcer d'établir unebonne communication ...
J'insistesurl'importance qu'ilya à ceque vous mettiez un terme au

fluxd'armements vers ElSalvador, car à défautje me trouverais dans
l'incapacitéde prôner à mon gouvernement la voie que nous avons
évoquée.Je su:ispour ma part certain que nous ferons des efforts
immenses pour mettre à profit les idéesqueje vous ai exposéeset les
propositions que vous nous faites. (Ibid.)
162. M. Ortega répond

Pour ce qui est du flux d'armes vers El Salvador, il faut préciser
que, dans la mesure où nous en avons eu connaissance par vos rap-
ports, nous avons tentédel'arrêter ;j'ajouterai cependant qu'ilexiste
ici une forte volontéde collaboration avec le peuple salvadorien, y
compris parmi les membres de nos forces armées, maisque notre
gouvernement et ladirectionnationale ont décidé de ne paspermettre
ce type d'activntés.Nous vous demanderons de nous communiquer
des rapports s.urce flux d'armes pour nous aider à l'empêcher. H
(Ibid.)

163. A quoi M. Enders réplique :

«Vous y êtes déjà parvenusdans le passéet je crois que vous
pourrez le faire:encore ;nous ne sommes pas à mêmede vous com-
muniquer des rapports des servicesde renseignements car nous com-
promettrions nos sources et nos relations n'ont pasencore atteint un
niveau suffisant pour permettre l'échangede tels rapports.
Je souhaite cependant réaffirmer que nous sommes des gens not setting impossible conditions or playing some diabolical game
which you cannot win." (Information and Documents Supplied by
Nicaragua.)

164. Whereupon, Mr. Ortega concluded : "In March you transmitted
reports to us which were very valuable in halting the flow .. ."(Ibid.)

165. Whilethe elisionmarks of therecordindicated that thiswasnot the
end of the exchange, it is the end of the portions of the exchange which
Nicaragua saw fit to provide to the Court. Does that record support the
conclusion advanced by Nicaragua that it corroborates and confirms its
position on the flow of arms to El Salvador ? Up to a point, but not up to
the critical point. The exchange does bear out the fact that, prior to March
1981,there was a flowof armsfrom Nicaragua to Salvadoraninsurgents :
this is a conclusion whch Nicaragua concedes in its interpretation of the
Enders conversation (letter to the Court of 26November 1985).However,
Nicaragua maintains that that flow was "small", contrary to the policy of
the Nicaraguan Government, and that to the best of its ability the Nica-
raguan Government acted to prevent and stop it. (As has been demon-
strated, the flow between the summer of 1979and March 1981, was not
small, and it was not only promoted but arranged by the Nicaraguan
Government. It is here that, in the above letter, Nicaragua puts forth a
remarkably rnisleadingdescription of Mr. MacMichael'sactual testimony,

whichignoreshisacceptance asafact that Nicaragua asaGovernment had
been involved in provision of quantities of arms to the Salvadoran insur-
gents before March 198 1.)

166. What is key is that Mr. Enders maintained that there was a con-
tinuing or, rather, resumed flow of arms from Nicaragua to El Salvador ;
and that Mr. Ortega replied that "as far as wehave been informed by you,
efforts have been made to stop it". Commander Ortega continued :"We
would ask you to give us reports about that flow to help us control it."
Mr. Enders' reply was straightforward :

"You have succeeded in doing so in the past and 1believeyou can
do so now. We are not in a position to supply you with intelligence
reports. Wewould compromise our sources,and ournations have not
yet reached the necessary level to exchange intelligence reports."

167. What was Mr. Enders saying ? He was saying, it would appear,
look, when, in the autumn of 1980,Mr. Cheek told you that thearms flow
to the Salvadoran guerrillas must stop if the flow of American aid to
Nicaragua is to besustained, hegaveyou some details about the arms flow,
on the theory that, conceivably, the facts were not known to Nicaraguan
Govemmental authorities. The result was (as revealed by the captured ACTIVITÉS MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL)
492

sérieux,que nousn'imposons pasdesconditions impossibles, pasplus
qu'unjeu diabolique auquel vous ne pourriez en aucun cas gagner. ))
(Eléments d'information et documents fournis par le Nicaragua.)

164. Là-dessus, M..Ortega conclut :«En mars, vous nous avezpourtant
communiqué desrapports qui nous ont ététrès utilespour interrompre le
flux... (Ibid.)
165. Les points de suspension indiquent que l'entretien ne se termine
pas sur ces mots mais ils marquent la fin des passages que le Nicaragua a
jugé bon de produire devant la Cour. Ce compte rendu justifie-t-il la

conclusion que le Nicaragua veut en tirer, à savoir qu'il corrobore et
confirme sa position sur les envois d'armes à destination d'El Salvador ?
Jusqu'a un certain ploint. mais pas jusqu'au point critique. Ce dialogue
confirme le fait qu'avant mars 1981 il y a eu des envois d'armes en
provenancedu Nicaragua et à destination des insurgéssalvadoriens :cette
conclusion, le Nicaragua la concèdedans son interprétation desentretiens
avec Enders (lettre à la Cour en datedu 26novembre 1985).Cependant, le
Nicaragua affirme qu'il s'agissait d'envoisen (<petites))quantités, faitsau

méprisde la politique du Gouvernement nicaraguayen et que celui-ci a fait
tout cequi était en son pouvoir pour lesempêcher etlesarrêter. (Commeil
aété démontré,entre l'été 1979et mars 1981il ne s'agissaitpas d'envois en
petites quantités et le Gouvernement nicaraguayen non seulement les
favorisait mais lesorganisait. C'estsur cepoint que, dans la lettre précitée,
le Nicaragua présente une description remarquablement fallacieuse du
témoignageréelde M. MacMichael, en oubliant que celui-ci reconnaît
comme un fait que le Nicaragua, agissant au niveau gouvernemental, a
participé à l'approvisionnement massif en armesdes insurgéssalvadoriens

avant mars 198 1.)
166. Mais l'élément clé, c'es qtue M. Enders maintient que les envois
d'armes en provenance du Nicaragua à destination d'El Salvador sepour-
suivaient. ou plutôt a.vaient repris. Et que M. Ortega répond : (<dans la
mesure où nous en avons eu connaissance par vos rapports, nous avons
tentéde les arrêter o.M. Ortega poursuit : Nous vous demanderonsde
nous communiquer des rapports sur ce flux d'armes pour nous aider à
l'empêcher. ))Et la rkponse de M. Enders est sans détour :

(<Vous y êtesdéjà parvenus dans le passé et je crois que vous

pourrez le faire encore ; nous ne sommes pas à mêmede vous com-
muniquer des rapports des services de renseignements car nous com-
promettrions nos sources et nos relations n'ont pas encore atteint un
niveau suffisant pour permettre l'échangede tels rapports. ))

167. Que disait hl. Enders? II disait, semble-t-il: voyez, quand
M. Cheek vous adit, à.l'automne 1980,que lesenvois d'armes destinésaux
guérillerossalvadoriensdevaient prendre fin si l'on voulait voir continuer
l'aide américaine au Nicaragua. il vous a fourni des précisions sur les
transports d'armes en partant du principe que, après tout, les autorités
gouvernementales nicaraguayennes ignoraient peut-êtreces faits. Ce quipapers of Salvadoran guerrillas, see paras. 16, 18-20, 151above) that the
precise routes of arms supply pinpointed by United States intelligence
were closed down, and others were opened up. Again in March of 1981,

apparently there was a like experience ; the United States seems to have
transmitted specific reports ;those routes of arms flow which its intelli-
gence had located were closed down ;yet the flow had resumed. Mr. En-
ders accordingly observes that,

"we are not in a position to supply you with intelligence reports. We

would compromise our sources,andour nations have not yet reached
the necessary level to exchange intelligence reports."

168. But Commander Ortega did not give up easily. "In March you
transmitted reports to us which wereveryvaluable in halting the flow . . ."
At thispoint, asnoted, the record, in sofar as itissupplied, iscut short,but
there is - contrary to the contention since advanced by Nicaragua in its

letter of 26 November 1985 - no evidence that "after March 1981 . ..no
such shipments were made". It is true that, after March 1981,Mr. Mac-
Michael found no evidence that there had been such shipments. But the
evidence that there have been such shipments,particularly of ammunition
and explosives,isconsiderable, as the data set out in this appendix shows.
(Moreover, additional detailed evidence showing shipment of arms
through Nicaragua and provision of other support by Nicaragua to Sal-
vadoran insurgents after 1981is contained in Background Paper : Nica-
ragua's Military Build-Up and Supportfor Central American Subversion,
submitted to the Court by the United States with its Counter-Memorial -
evidence which, apart from Mr. MacMichael's testimony, Nicaragua has
left essentially unchallenged.) As concluded in paragraphs 58-61,76-77 of
thisappendix,it isnot possible to believethat theNicaraguan Government

actually was unaware of and uninvolved in the large-scale flights of arms
from an airfield near Managua in January 1981 ; a comparison of
Mr. MacMichael's testimony on the flights from Papalonal (Hearing of
16September 1985)and the allegations in "RevolutionBeyond OurBord-
ers" (pp. 18-19,27-29)showsa striking correspondence between Mr. Mac-
Michael's recollectionsand the United States contentions, both of which
are inconsistent with those operations not having had the sanction of the
Nicaraguan Government. If the position of Nicaragua that it was unin-
volved inthepre-March 198 1shipments isuntrue - and demonstrablyit is
- what remains of the current Nicaraguan contention that the Enders/
Ortega conversation confirms and corroborates its whole position ?
Indeed, if the shipments made before March 1981were unknown to the
Nicaraguan Government, how can it be sure that, after March 1981,"no
such shipments were made" ? en est résulté(comme le révèlentles documents saisis sur des guérilleros
salvadoriens, voirles paragraphes 16,18 à 20,et 151ci-dessus),c'estque les
trajets précis d'acheminement repérép sar les services de renseignements
desEtats-Unis ont été fermés,et que d'autres lesont remplacés. Et en mars
1981,des faits semblables paraissent s'êtrereproduits ; les Etats-Unis ont
communiqué desrapports détaillés ;les voiesd'acheminement identifiées
par leurs services de renseignements ont étéfermées ; mais les transports
ont repris. Voilà pourquoi M. Enders fait observer :

(nous ne sommes pas à mêmede vouscommuniquer desrapports des
servicesde renseignements, car nous compromettrions nos sources et
nos relations n'ont pas encore atteint un niveau suffisant pour per-
mettre l'échangede tels rapports o.

168. Cependant le commandant Ortega n'abandonne pas facilement.
En mars, vous nous avez pourtant communiqué des rapports qui nous
ont ététrès utiles pour interrompre le flux ... A ce point, comme je l'ai
indiqué,le compte rendu, tel qu'il nous est fourni, prend fin mais, con-
trairement àcequi a étédepuis soutenupar leNicaragua dans sa lettre du
26 novembre 1985, il n'existe aucune preuve de l'absence de tels envois
aprèsmars 1981 o. Ilest vrai qu'àpartir de mars 1981M. MacMichael n'en
a pas trouvéde preuves. Pourtant les preuves de l'existence de ces expé-
ditions, et en particulier des envois de munitions et d'explosifs, sont con-

sidérables, comme le montrent les données exposées dans le présent
appendice. (De plus, de nombreux détailsdenature à établirla réalitédes
envois d'armes àtravers leNicaragua et desautres formes d'aide apportées
par le Nicaragua aux;insurgéssalvadoriens à partir de 1981sont rassem-
blésdans le Background Paper : Nicaragua's Military Build-Up and Sup-
portfor Central American Subversion, document présenté à la Cour par les
Etats-Unis avecleur contre-mémoire - que leNicaragua n'a,en dehors de
la déposition de M. MacMichael, pas réfutépour l'essentiel.) De plus,
comme on l'a conclu auxparagraphes 58 à 61,76 et 77 du présentappen-
dice, on nepeut croire qu'effectivement leGouvernement du Nicaragua ne
savait rien enjanvier 1981des envois massifs d'armes par lavoieaérienne à

partir d'un aérodrome situé prèsde Managua, et n'y a pas participé ; la
comparaison entre la dépositionde M. MacMichael sur lesvols à partir de
Papalonal (audience du 16 septembre 1985)et les allégationscontenues
dans le document « HevolutionBeyond Our Borders »(p. 18-19,27-29) fait
ressortir une correspondance frappante entre les souvenirs de M. Mac-
Michael et les affirmations des Etats-Unis, lesquels excluent l'hypothèse
d'opérations quise seraient dérouléessans l'accord du Gouvernement du
Nicaragua. Si la thèsede la non-participation du Nicaragua aux envois
d'avant mars 1981n'estpas vraie - et on peutprouver qu'elle nel'estpas -
que reste-t-il de son affirmation selonlaquelleles entretiens Enders-Ortega

confirmeraient et corroboreraient sa position ?Et d'ailleurs, si leGouver-
nement du Nicaragua n'avait effectivement pas connaissance des envois
antérieurs à mars 1981,comment peut-il se dire certain de l'inexistence de
tels envois après mars 1981 ? 169. In the aftermath of the Enders visit, the United States put the
Enders proposals in writing, papers were exchanged, and negotiations
were carried on. By October 1981,the Nicaraguan Government rejected
the Enders approach as "sterile" (see Mr. Enders' statement of 12April
1983 before the Senate Committee on Foreign Relations, reprinted in
"Nicaragua :Threat to Peace in Central America", Department of State

Current PolicyPaper No. 476, p. 2).On the onehand, officially Nicaragua
continued to maintain that it was not giving material support to the
Salvadoran insurgents. On the other hand, Commander Bayardo Arce told
the United States Chargé d'Affaires that the United States "had better
realize that nothing you can Sayor do willever stop us from givingour full
support to our fellow guerrillas in El Salvador" ("Revolution BeyondOur
Borders",op. cit., pp. 57, 72 (note 23)). Where the fault lies in the break-
down of the Enders initiative is difficult to Say ;opinions Vary.Mr. En-
ders, in the cited Senate statement, places theblame on Nicaragua (loc.cil.,
p. 2). President Ortega has publicly recalled Mr. Enders' declining to
supply information on arms shipments through Nicaragua and protested
that Mr. Enders set as a condition for a dialogue "to even start - that
Nicaragua couldn't arm itself, that Nicaragua could not permit the traf-
ficking of weapons to El Salvador, that the 'opposition' be part of the
régime" (Playboy, loc. cit.p. 200). Actually, the transcript of the Ortega/

Enders exchange furnished by Nicaragua indicates no demand by the
United States that "Nicaragua couldn't arm itself", and no demand for
admitting the opposition. But it does show a reiterated United States
requirement that "Nicaragua could not permit the trafficking of weapons
to El Salvador". If in fact Nicaragua was not engaged in such trafficking,
why, it may be asked, could not it readily accept this condition, which the
United States made clear was the sine qua non of peaceful co-exis-
tence ?

170. In any event, whoever was at fault in the failure of the Enders
mission, it isclear that the United States mounted a high-level,candid,and
conciliatory attempt to persuade Nicaragua to cease its support for the
insurgency in ElSalvador in return forinducements whichwould have met

Nicaragua's professed concerns and interests, and that this attempt
embodied explicit acceptance of the Nicaraguan revolution. With the
failure of the Enders mission, with the perception by the United States of
its rejection by Nicaragua by October 1981,the United States apparently
concluded that it would have to try to force Nicaragua to do what Nica-
ragua would not genuinely agree to do :stoppromoting the overthrow of
the Government of El Salvador. Accordingly, the next month, November
1981, President Reagan authorized United States support of the con-
tras. ACTIVITÉS MILI'TAIRESET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL)494

169. A la suite de la mission Enders, les Etats-Unis rédigèrentpar écrit
les propositions Enders, des documents furent échangés,et les négocia-
tions se poursuivirent. En octobre 1981, le Gouvernement du Nicaragua
rejeta le mode d'approche préconisépar Enders, en le qualifiant de << sté-
rile (voir la déclaration de M. Enders du 12 avril 1983devant la com-
mission des affaires étrangères du Sénat, reproduite dans <(Nicaragua :
Threat to Peace in Central America ))Department of State Current Policy
Paper No. 476, p. 2). D'une part, officiellement le Nicaragua continuait à
affirmer qu'il nefournissait aucun appui matériel aux insurgéssalvado-

riens. D'autre part, le commandant Bayardo Arce déclarait au chargé
d'affaires des Etats-IJnis aue ceux-ci ((feraient mieux de com~rendre aue
tout ce qu'ils peuvent dire ou faire ne nous empêcherajamais d'apporter
notre appui total à nos compagnons de guérilla au Salvador ((( Revolution
Beyond Our Borders o,p. 57, 72(note 23)). On ne saurait direqui porte la
responsabilitéde l'échecde l'initiative-Enders ; les avis s'opposent. Dans
la déclaration précitéedevant le Sénat, M. Enders en rend responsable

le Nicaragua (loc. cil.p. 2). De son côtéle président Ortega a publique-
ment rappeléque M. Enders avait refuséde fournir des renseignements
sur les envois d'armes transitant par le Nicaragua, et il s'est dit offusqué
de ce que M. Enders ait posé commecondition à tout dialogue (rien
que pour commencer - que le Nicaragua ne puisse pas s'armer lui-même,
que le Nicaragua ne puisse pas permettre le trafic des armes vers El Salva-
dor, que 1'~opposition »fassepartie du régime )(Playboy, loc.cit.,p. 200).
En fait, la transcription du dialogue Ortega-Enders fournie par le Nica-
ragua n'indique nullement que les Etats-Unis aient exigé que <(le

Nicaragua ne puisse pas s'armer lui-même >); ni qu'ils aient exigéun
rôle politique pour l'opposition. En revanche. elle indique bien que les
Etats-Unis avaient plusieurs fois exigéque le Nicaragua ne permette
pas le trafic d'armes vers El Salvador ». Si effectivement le Nicaragua
ne se livrait pas à un tel trafic, pourquoi alors ne pouvait-il s'empresser
d'accepter cette condition qui constituait sans aucun doute, comme les
Etats-Unis l'avaient indiqué,la condition sine qua non de la coexistence
pacifique ?

170. De toute manière, quel que soit le responsable de l'échecde la
mission Enders, il es!.clair que les Etats-Unis se sont efforcés,à un niveau
élevéd ,ans un esprit d'ouverture et de conciliation, de persuader le Nica-
ragua de cesser son appui à l'insurrection au Salvador en contrepartie
d'offres qui auraient répondu aux préoccupations et aux intérêts déclarés
du Nicaragua, et que cet effort consacrait expressément leuracceptation
de la révolution nicaraguayenne. Aprèsl'échecde la mission Enders, dont
ils ont compris en octobre 1981qu'elle étaitrejetéepar le Nicaragua, les

Etats-Unis semblent avoirconclu qu'ils devraient essayer decontraindre le
Nicaragua à faire ce qu'il ne voulait pas réellementfaire de son propre
gré :cesserd'encourager lerenversement du Gouvernement d'ElSalvador.
C'est pourquoi le mois suivant, en novembre 1981,le président Reagan
a autorisé l'aide des Etats-Unis aux contras.495 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

12. Furtherearly UnitedStates attempts at peacefulsettlement
171. Nevertheless. even after the United Statesembarked on the course
of contrasupport, it made further serious attempts at peaceful settlement.
At the suggestion of the President of Mexico, the United States, in Spring

of 1982,presented specificproposals in writing to Nicaragua : eight points
reiterating and developing the Enders proposals. "The first isthe cessation
of Nicaragua's support for insurgencies in neighbouring countries ... we
must have results on this before any results can be achieved on other
aspects of the proposa1 . . ."(Transcript of a Department of State Press
Briefing, 8 April 1982, Documents on American Foreign Policy, 1982,
doc. 686, p. 1438.)The second was a proposed statement by the United
States dealing with Nicaraguan exile activities in the United States. The
third was a proposed joint United States-Nicaraguan statement on
friendly relations, "a joint statement pledging noninterference in each
other's affairs or in the affairs of others in theegion" (ibid.).The fourth
was aproposa1for armsand military force limitations, which provided for
a regional ban on the importation of heavy offensiveweapons and reduc-
tion of the presence of foreign military advisers. The fifth was a proposa1
for international verification of these undertakings by the OAS or other
regional organizations. The sixth was a proposa1for economic co-opera-
tion, including "the reestablishment of direct economic assistance" by the
United States to Nicaragua. The seventh proposa1 was for human and
cultural exchangesand "confidence building". The eighthproposa1wasfor
a reiteration of the Sandinista commitment to "the principles of political
pluralism, a mixed economy, and nonalignment" which, together with the

FSLN commitment to the OAS "concerning the holding of free elections
would be important determinants of the political context of our future
relations" (ibid.).These proposals werepresented to the Nicaraguan Gov-
ernment by the United StatesAmbassador in Managua.Nicaragua report-
edly made no positive reply.

172. Thereafter, on 4 October 1982,the United Statesjoined with the
Governments of the Republics of Belize,Colombia, El Salvador, Hondu-
ras, Jamaica and Costa Rica in a "Declaration on Democracy in Central
America" (DocumentsonAmericanForeignPolicy, 1982,doc.699,p. 1470).
It called for the creation and maintenance of truly democratic govern-
mentalinstitutions in the regionand respect for human rights aswellas the
following prescriptions :

"(d)Respect theprinciple ofnon-intervention in the interna1affairs
of States, and the right of peoples to self-determination ;
(e) Prevent the use of their territories for the support, supply,
training, or command of terrorist or subversive elements in other 12. Autres tentatives de règlement pacifique faitespar les Etats-Unis
171. Cependant, mêmeaprès s'être engagés sur la voie de l'aide aux

contras, les Etats-Uriis ont encore déployéde sérieuxefforts pour tenter
d'aboutir à un règlernent pacifique. Au printemps de 1982,sur la sugges-
tion du présidentdu Mexique, les Etats-Unis ont présentéau Nicaragua
des propositions précisespar écrit :huit points qui réitéraient etdévelop-
paient les propositions Enders. Le premier de ces points était la cessa-
tion de l'aide apportéepar le Nicaragua aux insurrections dans les pays
voisins ...nous devclns obtenir des résultats là-dessus avant de ou voir
arriver à quoi que ce soit sur lesautres aspects de la proposition ...i(trans-

cription d'un comniuniqué de presse du département d'Etat, 8 avril
1982, Documents on American Foreign Policy, 1982, doc. 686, p. 1438).
Le deuxième point consistait en un projet de déclaration des Etats-
Unis relatif aux activités des Nicaraguayens en exil aux Etats-Unis.
Le troisième était un projet de déclaration conjointe des Etats-Unis et
du Nicaragua sur les relations amicales, déclaration conjointe par la-
quelle les deux Etats s'obligeraient à ne pas intervenir dans leurs affaires
respectives, ni dans celles des autres Etats de la région O (ibid.).Le qua-
trième consistait en une proposition de limitation des armements et des

forces militaires, avec interdiction régionale de l'importation d'armes
offensives lourdes et réductiondu nombre des conseillers militaires étran-
gers. Le cinquième étaitune proposition de contrôle international de ces
engagements par 1'C)EAou d'autres organismes régionaux. Le sixième,
une proposition de coopération économique, y compris le rétablisse-
ment de l'assistance économiquedirecte ))apportée par les Etats-Unis
au Nicaragua. Le septième,une proposition prévoyant des échangeshu-
mains et culturels, eit le développement de la confiance >).Le huitième,

une proposition visant une réitérationde l'adhésiondes sandinistes aux
((principes du pluralisme politique, d'une économie mixte et du non-
alignement )),qui,joints à l'engagement pris par le FSLN envers I'OEA,
((relatif à l'organisation d'élections libres, constitueraient des élé-
ments importants du contexte politique de nos relations futures i(ibid).
Ces propositions furent présentées auGouvernement du Nicaragua par
l'ambassadeur des Etats-Unis à Managua. Le Nicaragua n'aurait pas
réagi.

172. Par la suite, le 4 octobre 1982,les Etats-Unis se sont associésaux
Gouvernements du Belize.de la Colombie, d'El Salvador, du Honduras.
de la Jamaïque et du Costa Rica dans une <(déclaration sur la démocra-
tie en Amériquecent.ra1e (Documents on American ForeignPolicy, 1982,
doc. 699, p. 1470).qui demandait l'instauration et le maintien de régimes
authentiquement démocratiques dans la région ainsi que le respect des
droits de l'homme eitl'observation des principes suivants :

((d) respecter le principe de la non-intervention dans les affaires
intérieuresdes Etats et le droit des peuples a l'autodétermination ;
e) empêcher'queleur territoire ne soit utiliséafin de donner une
aide, des approvisionnements, un entraînement ou un commande- states, end al1traffic in armsand supplies, and refrain from providing
any direct or indirect assistance to terrorist, subversive, or other
activities aimed at the violent overthrow of the governments of other
states :

(f ) imit arms and the size of military and security forces to the
levels that are strictly necessary for the maintenance of public order
and national defense ;
(g) Provide for international surveillance and supervision of al1
ports of entry, borders, and other strategic areas under reciprocal and
fully verifiable arrangements ;

(h) On the basis of full and effective reciprocity, withdraw al1

foreign military and security advisers and forces from the Central
American area, and ban the importation of heavy weapons of
manifest offensive capability through guaranteed means of verifica-
tion." (Documents on American Foreign Policy,1982, doc. 699,
p. 1472.)

The Government of Costa Rica invited the Government of Nicaragua to
enter into a dialogue on the basis of these principles. Nicaragua refused
even to receive the proposal.
173. Mr. Enders' contemporary comments on these initiatives are of
interest. In a speech of 20 August 1982 ("Building the Peace in Central
America", Department of State Current PolicyPaperNo. 414),Mr. Enders
said the following :

"Of al1theseproblems, itisNicaragua that isthemost worrisome. It
was the new Sandinista government that regionalized the conflict in
Central America by backing the violence in El Salvador. Sandinista
leader Daniel Ortegaonce told me that the FMLN [Farabundo Marti
National Liberation Front], the Salvadoran guerrilla coalition, is
'nuestro escudo'- 'Nicaragua's shield.' And Sandinista support has
not lessened. The FMLN's headquarters are in Nicaragua. It receives
sustained logistic support from Nicaragua, above al1by airdrop and
sea delivery but also by land. Its training camps are in Nicara-
gua.. ."

"The United States has also made proposals. Beginning nearly a
year ago and more intensively since April, we have attempted to
engage Nicaragua in a dialogue. We have tried to respond to Nica-
ragua's concerns, while meeting those of Nicaragua's neighbors,and
Ourown.
The Sandinistas tell us that they fear an invasion by the United
States. So we have offered to enter into a forma1 nonaggression
agreement. The Sandinistas tell us that ex-Somocistas are training in
the United States to invade Nicaragua. Wehave assured them that we ment à des élémentsterroristes ou subversifs dans d'autres Etats,
mettre un terme à tout trafic d'armes et d'approvisionnements, et
s'abstenir d'apporter toute assistance directe ou indirecte à des acti-
vitésterroristes, subversivesou autres ayant pour but de renverser par
la force les gouvernements d'autres Etats ;
f) limiter les armements et les effectifs des forces militaires et
de sécuritéaux niveaux strictement nécessairespour le mai3tien de

l'ordre public et de la défensenationale ;
g) assurer la surveillance et lecontrôle sur le plan international de
tous les ports d'entrée, de toutes les frontières et des autres zones
stratégiques, dans le cadre d'accords réciproques et entièrement
contrôlables ;
h) sur la base d'une réciprocitéentière et effective, retirer de la
région d'Amériquecentrale tous les conseillers et toutes les forces
militaires et de:sécuritéde nationalité étrangère, et interdirel'impor-

tation des armes lourdes et du matérielde caractére manifestement
offensif au moyen de procédésde vérificationgarantis ))(Documents
on American Foreign Policy, 1982,doc. 699, p. 1472).

Le Gouvernement d.uCosta Rica invita le Gouvernement du Nicaragua à
entamer un dialogw: sur la base de ces principes. Le Nicaragua a même
refuséde recevoir cette proposition.
173. Les observai:ions faites à l'époquepar M. Enders sur ces intia-
tives ne manquent pas d'intérêt.Dans une allocution du 20 août 1982
(<(Building the Peace in Central America )),Department of State Current

Policy Paper No. 41,4), M. Enders déclarait :

De tous ces problèmes, c'est celui du Nicaragua qui est le plus
inquiétant.C'est le nouveau gouvernement sandiniste qui a étendu à
l'échelle régionalele conflit d'Amérique centrale, en soutenant la
violenceau Salvador. Ledirigeant sandinisteDanielOrtega m'adit un
jour que le FMLN [front Farabundo Marti de libération nationale],
coalition des guérillassalvadoriennes,constituait ((nuestro escudo »,
le bouclier du Nicaragua ))Or, l'appui sandiniste n'a pas diminué.
Le quartier généraldu FMLN se trouve au Nicaragua. Le FMLN

reçoit du Nicaragua une aide logistique soutenue, surtout au moyen
de parachutages et d'envois par mer, mais aussi par la voie terrestre.
Ses camps d'entraînement sont au Nicaragua ...
(Les Etats-Unis ont égalementfait despropositions.Il ya prèsd'un
an, et de façon plus intense depuis avril, nous avons tentéd'entamer
le dialogue avec le Nicaragua. Nous avons essayéd'apporter une ré-

ponse aux préoccupations de ce pays, tout en répondant à celles de
ses voisins et aux nôtres.
Les sandinisies nous disent qu'ils craignent d'être envahispar les
Etats-Unis. Nous avons donc proposéde conclure un accord officielde
non-agression. Les sandinistes nous disent que d'anciens somozistes
reçoivent un entraînement aux Etats-Unis pour envahir le Nica-497 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVlTIES (DISSO. PSCHWEBEL)

are enforcing our Neutrality Act, which makes it a federal crime to
launch an attack, or to conspire to attack, another country from the
United States.

The Sandinistas tell us we are regionalizing the conflict, preparing
Honduras, El Salvador, and Costa Rica as bases for action against
them. So we have suggested that each country in Central America
agreeto put a reasonable, lowlimit on the numbers of foreign military
and security advisers it has, and we have suggested that each country

pledge not to import any additional heavy offensive weapons. Both
commitments, of course, would have to be subject to international
verification.

Nicaragua would also have to meet the concerns that its neighbors
and we share. We asked that Nicaragua cease its involvement in the
conflict in ElSalvador.The Sandinistas Saythat they are not aware of
any such involvement, but are willingto end it ifwejust givethem the
information wehave. In our most recent exchangeswesuggested that
removingthe combined guerrilla headquartersfrom Nicaragua would
be a good place to start and offered to help the Sandinistas locate it.
For example, thepoint from which guerrillaoperations in ElSalvador
are being directed was recently in a Managua suburb. We are confi-
dent that although it moves around a great deal within Nicaragua it
can be found. Nicaragua has yet to respond.

Similarly, Nicaragua must cease its terrorist and otheragressive
actions against Honduras and Costa Rica.
We have raised a second issue, which also deeply concerns Nica-
ragua's neighbors.This isthe trend intheorganization and useofstate
power inNicaragua. It is,of course,forNicaragua todecidewhat kind
ofgovernment it has. No one challenges that. Wedon't. Its neighbors
don't.

But we believewe are al1entitled to ask what assurance can any of
us have that promises of noninterference will be kept if the Nicara-
guan state remains the preserve of a small Cuban-advised elite of
Marxist-Leninists,disposing of growing military powerand hostile to
al1forms of social life but those they dominate? And we are also

entitled to askwhat is to becomeof internationally recognizedhuman
rights under these conditions ? Such questions are not a defense,
secret or othenvise, for a return to a discredited Somocismo. They
could be answered in the fulfillment of the Sandinistas' own original
commitments to democracy and regional peace."ragua. Nous leur avons donnél'assurance que nousappliquions notre
loi sur la neutralité, qui fait un crime fédéraldu fait de lancer une

agression ou de conspirer en vue de lancer une agression contre un
autre pays àpartir des Etats-Unis.
Les sandinistes nous disent que nous étendonsle conflit à l'échelle
régionale en préparant le Honduras, El Salvador et le Costa Rica
comme bases d''opérationscontre eux. Nous avons donc proposéque
chaque pays d'Amérique centrale accepte d'imposer une limite rai-
sonnable et restreinte au nombre de ses conseillers militaires et de
sécurité étrangers, et nous avons proposéque chaque pays prenne
l'engagement de ne plus importer d'armes offensives lourdes. A I'évi-
dence. ces deux engagements devraient faire l'objet d'un contrôle
international.
Ilfaudrait aussi que le Nicaragua, de son côté, répondeaux préoc-
cupations que nouspartageons avec sesvoisins. Nous avons demandé

que le Nicaragua cesse sa participation au conflit salvadorien. Les
sandinistesdisent qu'ils n'ont connaissance d'aucune participation de
ce genre, et qui'ilssont prêts à y mettre fin pourvu que nous leur
communiquions les renseignements dont nous disposons. Lors de
nos entretiens llesplus récents,nous avons suggéré qu'un bon début
consisteraità retirer du Nicaragua le quartier généralcombinédes
guérillas, etnous avons offert d'aider les sandinistes à le localiser.
Par exemple, le point à partir duquel sont dirigéesles opérationsdes
guérillasauSalvador setrouvait récemmentsituédans un faubourgde
Managua. Nous sommes persuadésqu'il peut être découvert,même
s'il se déplace:<ouventà l'intérieur duNicaragua. Le Nicaragua n'a
pas encore répondu.
De même,le Nicaragua doit cesser ses actes de terreur et autres
actes d'agression contre le Honduras et le Costa Rica.
Nous avons ijoulevéune deuxièmequestion, qui elleaussi intéresse

profondément lesvoisinsdu Nicaragua :je veuxparler de la tendance
qui caractérise l'organisation et l'utilisation du pouvoir de'Etatau
Nicaragua. Certes, il appartient au Nicaragua de déciderdu genre de
gouvernement ,qu'ila. Nul ne conteste cela. Nous ne lecontestons pas.
Ses voisins non plus.
Mais nouscroyons que nous avonstous ledroitdedemander cequi
peut garantir :Il'un quelconque d'entre nous que les promesses de
non-ingérenceseront tenues, si 1'Etatnicaraguayen reste le domaine
réservéd'une éliterestreinte de marxistes-léninistes conseilléepar
Cuba. disposant d'une puissance militaire croissante opposée àtoute
autre forme de vie socialeque cellequ'elledomine ?Nous avons aussi
le droit de demander ce que deviendront, dans ces conditions, les
droitsde l'homme internationalement reconnus. Poser ces questions,

ce n'est pas plaider, de manière occulte ou autre, pour un retour au
somozisme discrédité.Les sandinistes pourraient y répondre en exé-
cutant leurs propres engagements initiaux de respecter la démocratie
et la paix dans cette partie du monde. )) 13. Thefour treatiesproposed by Nicaragua in1983

174. By the autumn of 1983,United States policy - as manifested not
only with respect to Nicaragua, but apparently with respect to Grenada -
succeeded in winning the attention of the Nicaraguan Government. Whle
iappearsthat Nicaragua wasprepared to lookon approvingly, indeed give
sustained support to a Salvadoran insurgency involving thousands of

deaths, thousands of wounded, and the widespread destruction of electri-
cal power grids and dams and the blowing of innumerable bridges and
roads, it protested vigorously when the contras blew up its bridges and
assaulted its rnilitia, Sandinista activists, and innocent citizens who had
been similarly slaughtered for years in El Salvador.

175. Armed pressure accordingly apparently moved the Nicaraguan
Government to do what persuasion couldnot : to propose asettlement, the
essence of which appears to have been :Nicaragua will cease support of
insurgency in El Salvador, if the United States willceasenot only support
of the contras but also support of the Government of El Salvador.
176. The four draft Nicaragua Accords of October 1983 contain no
express acknowledgement of the Nicaraguan policy of support of the

armed subversion of El Salvador. The "Draft Accord concerning El Sal-
vador" and the commentary with which the Nicaraguan Government
accompanied it, as well as the other three draft accords, do not give the
impression of proposals designed to lead to serious negotiation (see,Fun-
damentalCommitmentsto EstablishPeace inCentralAmerica, OfficialPro-
posa1submittedbyNicaragua withintheFrameworkofthe ContadoraProcess,
1 December 1983,Managua, Free Nicaragua ; Exhibit IX to the Nicara-
guan Application). Its Introduction maintains that :

"The sustained and ever-increasing intervention of the Govern-
ment of the United States in the interna1 Salvadoran struggle is the
principal factorthat hampers and renders difficult the achevement of
a negotiated political solution, since ithasconstituted itself in fact as
the principal supplier of arms directly to the governmental forces as
well as indirectly to the revolutionary forces." (P. 57.)

It continues

"Conscious of this situation, and in a new effort to contribute to a
political solution, the Government of Nicaragua made public on
19July 1983an appeal to al1nations in which it asked :

'the absolute cessation of al1supply of arms by any nation to the
forces in conflict in El Salvador, in order that this people may

resolve its problems without outside interference'.13. Les quatre trait(%proposés par leNicaragua en 1983

174. A l'automne de 1983,la politiquedes Etats-Unis, telle qu'elle s'est
manifestée àl'égard non seulementdu Nicaragua, maisapparemmentde la
Grenade, a enfin réussi à retenir l'attention du Gouvernement nicara-

guayen. Alors que Ir:Nicaragua semblait disposer àapprouver et même à
aider de son appui soutenu l'insurrection salvadorienne qui se traduisait
par des milliers de morts, des milliers de blessés, ladestruction à grande
échelledes réseaux etdes barrages électriques,d'innombrables actes de
sabotage à l'explosif contre des ponts et des routes, il a protesté énergi-
quement quand les contrasont fait sauter ses propres ponts et attaqué sa
milice, lesactivistes:sandinistesetdes citoyens innocents, lesfrèresde ceux
que l'on massacrait de la même manièredepuis des années au Salva-
dor.
175. Lespressions arméesont apparemment incité leGouvernement du
Nicaragua à faire ci: que la persuasion n'avait pas obtenu : proposer un

règlement, qui revenaitpour l'essentielà prévoirque leNicaragua cesserait
d'aider l'insurrectionau Salvador si lesEtats-Unis cessaient d'appuyer non
seulement les contras, mais aussi le Gouvernement d'El Salvador.
176. Les quatre projets d'accord nicaraguayens proposés en octobre
1983ne contiennent aucune reconnaissance effective de la politique nica-
raguayenne d'aide à la subversion arméeau Salvador. Le ((projet d'accord
concernant El Salvador >)avec le commentaire du Gouvernement nicara-
guayen qui l'accompagne, ainsique lestroisautres projets, ne donnent pas
l'impression d'être despropositions destinées àaboutir àdes négociations
sérieuses (voirFundamental Commitments to Establish Peace in Central
Anzericu,OfficialProposalSubmitted byNicaragua within theFrameworkof

the ContadoruProcess, lerdécembre 1983,Managua, le Nicaragua libre ;
pièce IX jointe à la requêtedu Nicaragua). Il est dit dans I'introduc-
tion :

l'intervention soutenue et sans cesse croissante du Gouvernement
des Etats-Unis dans la lutte interne salvadorienne est le principal
facteur qui retarde et rend difficileune solutionpolitique négociée,ce
gouvernement s'étant établicomme le principal fournisseur d'armes,
directement aux forces gouvernementales et indirectement aux forces
révolutionnaires >)(p. 57).

Et aussi :

Conscient (lecette situation et afin d'essayer une fois encore de
contribuer à une solution politique, le Gouvernement du Nicaragua a
rendu public, le 19juillet 1983, un appel à toutes les nations dans
lequel il demandait :
lacessation absolue de toute livraison d'armes par quelquenation
que ce soit aux forces en conflit au Salvador, afin que ce peuple
puisse résouclresans ingérence extérieure lesproblèmes auxquels il

doit faire fac:eo. Having received no answer to this appeal, the Government of
Nicaragua has considered it necessary to formalize this proposal in
concrete and detailed terms, in theform ofan accord, tobe subscribed
to by al1nations that desire to contribute to the peaceful solution of
the present armed conflict in the Republic of El Salvador. In any
event, Nicaragua isdisposed to subscribe to said accord immediately,
even though it be with the United States only, in order that the
Govemment of thatcountry ceasejustifying its interventionist policy
in El Salvador on the basis of supposed actions by Nicaragua."
(P. 58.)

On 19July, Commander Ortega's announcement of his diplomatic pro-
posa1calling for cessation of al1outside assistance to "the two sides" in El
Salvador maybe said to haveimplicitlyacknowledgedthe assistance which
his Government had been giving to the Salvadoran insurgents (see "Re-
volutionBeyondOurBorders",p. 27). The draft of the Accord itself takes
"into account that the continuation of the supplying and traffickingof
arms, munitionsand military equipment . .." greatly impedes the possi-
bilities of a peaceful negotiated settlement (p. 59 ; emphasis supplied).
The heart of the proposed Accord is found in draft Articles 1 and 2 :

"ArticleOne
The High Contracting Parties promise to not offerand, should such

be the case,tosuspend military assistance and training and the supply
and trafficking of arms, munitions and military equipment that may
be made directly to the contending forces or indirectly through thrd
States.
Article Two

The High Contracting Parties promise to adopt in their respective
territories whatever measures may be necessary to impede al1supply
and trafficking of arms, munitions and military equipment and
military assistance to and training of the contending forces in the
Republic of El Salvador." (At p. 60.)

177. Foreign Minister D'Escoto travelled to Washington to present the
four draft Accords ; he spokenot only with senior officiais of the Depart-
ment of State, but withmembers of Congressand the press.The reaction of
the press was interesting, and apparently uniform. Le Monde headlined :
"Le Nicaragua cesserait d'aider leSalvadorsiles Etats-Unis renoncaient à
soutenir les antisandinistes." (22 October 1983,p. 1.)It wrote that Mana-
gua had just proposed "in good and due form to abandon the Salvadoran
guerrillas to their own devices, in exchange for a guaranty that it would
have nothing to fear from Washington". The Washington Poststated
that :

"Nicaragua yesterday submitted to the Reagan Administration a ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS. SCHWEBEL) 499

N'ayant pas reçu de réponse à cet appel, le Gouvernement du
Nicaragua a estiménécessairede concrétiserofficiellement sa propo-
sition en termes détaillés, sous laforme d'un accord ouvert à la
signature de toutes lesnations qui souhaitent contribuer au règlement
pacifique du conflit arméactuel en la Républiqued'El Salvador. De
toute manière, le Nicaragua est prêt à souscrire audit accord immé-

diatement, mênnes'il ne le fait qu'avec les Etats-Unis, afin que le
gouvernement de ce dernier pays cesse dejustifier sa politique d'in-
tervention au Salvador en invoquant de prétendus actes du Nicara-
gua. ))(P. 58.)

On peut dire qu'enlançant le 19juillet sonappel à lacessation de toute aide
étrangèreaux ((deux parties au Salvador, le commandant Ortega a
reconnu imp1iciteme:ntl'aideque son gouvernement fournissait aux insur-
géssalvadoriens (vour«RevolutionBeyondOurBorders»,p. 27).L;eprojet
d'accord lui-mêmetient compte du fait que la continuation de la livrai-
son et du traficd'arwresd, e munitionsetde matérielmilitaire ...)compromet
gravement les possibilitésde règlement pacifique négocié (p. 59 ;les ita-

liques sontde moi). L'essentiel de l'accord proposéest énoncéaux projets
d'articles 1et 2 :

Article1
Les Hautes Parties contractantes s'engagent à s'abstenir d'offrir et,
le cas échéant, à suspendre leur assistance militaire, ainsi que toute
activité d'entraînement et la livraison ou la fourniture d'armes, de
munitions et de matériel militaire. soit directement aux forces en

conflit. soit indirectement par l'intermédiaired'Etats tiers.
Article 2

Les Hautes Parties contractantes s'engagent à prendre, sur leurs
territoires respectifs, les mesures éventuellement nécessairespour
empêcher toute livraison,tout trafic d'armes, de munitions, de maté-
riel militaire et d'assistance militaire et toute activitéd'entraînement
aux forces en conflit dans la Républiqued'El Salvador. )(P. 60.)

177. Le ministre des relations extérieures, M. D'Escoto, est allé à
Washington présenter les quatre projets d'accords ;il s'estentretenu non
seulement avec de tiauts responsables du département d'Etat, mais avec

desmembresdu Congrèsetdesreprésentants de lapresse. La réactionde la
presse est intéressante et, semble-t-il, unanime. Le Monde titre : Le
Nicaragua cesserail. d'aider le Salvador si les Etats-Unis renonçaient
à soutenir les antisandinistes ))(22 octobre 1983, p. 1). et précise que
Managua vient de proposer «en bonne et due forme d'abandonner les
guérillas salvadoriennes à leurs propres ressources en échange d'une ga-
rantie qu'il n'aurait rienà craindre de Washington ))Le WashingtonPost
affirme :

(Hier le Nicaragua a présenté à l'administration Reagan un en- package of four binding treaties under which the leftist Sandinista
Government would pledge not to support guerrillas in El Salvador if
the United States would stop supporting anti-Sandinista rebels in
Nicaragua." (21 October 1983,p. 1.)

The New York Times reported that the United States Administration
found the Nicaraguan proposals "deficient" and said that they should be
addressed to the Contadora group. But it added :

"United States officials said that they were encouraged that the
Nicaraguan Government was accepting, more explicitly than ever
before, some 'symmetry' in El Salvador's demands for an end to
outside aid for Salvadoran guerrillas and Nicaragua's demand that
the United Stateshalt itsaid to Nicaraguan rebels." (22October 1983,

P. 1.)

178. It could not be expected that a proposa1of thesubstance and tenor
of the "Draft Accord concerning El Salvador" would furnish a basis for a

settlement. The United Statescould not be expected to agree at that stage
to cease its lawful aid to the recognized Government of El Salvador - a
cessation which could be easily monitored - in exchange for a pledge by
Nicaragua to cease its unlawful aid to the Salvadoran insurgents - a
cessation which could not be easilymonitored. It could not be expected to
so agree in view of the fact that its assistance to the Government of El
Salvador was in response to prior, massive shipments of arms by Com-
munist States viaNicaragua to the Salvadoraninsurgents ;whilePresident
Carter's Administration had suspended provision of arms to the Govern-
ments of El Salvador and Nicaragua, it was not until January 1981,in the
midst of the insurgents' "final offensive", that the United States resumed
arms shipments to the Government of El Salvador. Nevertheless, the
Nicaraguan proposals, and the reaction of the press to them, do not

strengthen the professions of the Nicaraguan Government that it has
"never" engaged in arms trafficking to the Salvadoran insurgents.

14. DefailsofNicaraguansubversionofEl ~alvador~rovidedin"Revolution
Beyond Our Borders" and in earlierpublications du(ysubmitted to the
Court - and Nicaragua'sreply

179. "Revolution Beyond OurBorders"contains a wealth of data, much
of it documented, supporting the claims of the United States that Nica-
ragua has been and isengaged in activities subverting the Government of
El Salvador, and, to a lesser extent, Honduras and Costa Rica. That data
appears tocomport with the allegations of the Governments of ElSalvador

and Honduras whichhave been set out above, and with significant factsas
they came to light in the oral hearings. semble dequatre traitésqui obligeraient lesparties et aux termes des-
quels le gouvernement sandiniste de gauche s'obligerait à ne pas
appuyer les guérillasau Salvador si les Etats-Unis cessaient d'aider
les rebelles antisandinistes au Nicaragua. (21 octobre 1981,p. 1.)

Le New York Timesrelate que le Gouvernement desEtats-Unis ajugéles
propositions du Nicaragua (<insuffisantes et déclaréqu'il conviendrait
de les adresser au groupe de Contadora. Il ajoute cependant :

les responsables des Etats-Unis se sont déclarés encouragéd se voir
que le Gouvernement nicaraguayen acceptait de façon plus expli-
cite qu'à aucurimoment auparavant une certaine ((symétrie entre
la cessation de l'aide extérieure aux guérillas salvadoriennes récla-
méepar El Salvador et l'arrêtpar les Etats-Unis de leur aide aux
rebelles nicaraguayens réclamé par le Nicaragua (22 octobre 1981,
P 1).

178. On ne pouvait s'attendre à ce qu'une proposition ayant la subs-
tance et la teneur du ((projet d'accord concernant El Salvador offre une
base de règlement.On ne pouvait escompter qu'à ce stade les Etats-Unis
accepteraient de cesser leur assistance légitimeau Gouvernement reconnu

d'El Salvador - cesijationfacileà contrôler - en échangede l'engagement
du Nicaragua de cesser son aide illégale aux insurgéssalvadoriens -
cessation difficile à contrôler. On ne pouvait guère compter sur leur
assentiment, étant donné queleur assistance au Gouvernement d'El Sal-
vador répondait à des envois antérieurs etmassifs d'armes des pays com-
munistes aux insurgéssalvadoriens à travers le Nicaragua ; alors que
l'administration Carter avait suspendu les envois d'armes aux Gouverne-
ments d'ElSalvadoret du Nicaragua,ce n'est qu'enjanvier1981,au milieu
de 1'(<offensive finale des insurgés,que les Etats-Unis ont repris ces
envois au Gouvernement d'El Salvador. Il reste que les propositions du

Nicaragua et lesréactionsde lapressene renforcentpas lesaffirmations du
Gouvernement nicaraguayen selon lesquelles il n'aurait ((jamais été
engagédans un trafic d'armes à destination des insurgés salvadoriens.

14. Lesprécisions relativeà l'aide duNicaragua à lasubversionauSalvador
figurant dansle document (<Revolution Beyond Our Borders >> et dans
lespublicationsuntérieured sûmentsoumises à la Cour - et laréponsedu

Nicaragua

179. L'ouvrage«RevolutionBeyondOur Borders ))- offre une mine de
données, souventbien documentées,démontrant que les Etats-Unis ont
raison d'affirmer que le Nicaragua a participé et participe encore à des
activitésde subversion contre leGouvernement d'El Salvadoret, dans une
mesure moindre, contre ceux du Honduras et du Costa Rica. Ces données
semblent recouper les allégationsdesGouvernements d'El Salvador et du
Honduras reproduites ci-dessus, ainsi que les faits significatifs qui sont
ressortis des plaidoiries. 180. The United Statesrequested circulation of "RevolutionBeyondOur
Borders" as a United Nations document (A/40/858-S/ 17612).Byletter of
19 November 1985, the Permanent Representative of Nicaragua to the
United Nations responded, and characterized the report "as fabricated",
contending that it contains "disinformation for propaganda purposes"
(A/40/907-S/ 17639).What proof does Nicaragua offer "of the falsity of
the United States Government's accusations" ? "As proof of the falsity of
the United States Government's accusations, we attach the transcript of
the statement made before the Court by Mr. David MacMichael . . ."

181. The failure of Mr. MacMichael'stestimony to sustain Nicaragua's
case has been analysed above. If al1Nicaragua can Say - and essentially
that isal1it does Say - in refutation of "RevolutionBeyond OurBorders" is
what Mr. MacMichael says, then it may be recalled that :

- Mr. MacMichael's testimony supports, rather than refutes, the validity
of the chargesof the United States with respect to Nicaragua'sprovision
of arms to Salvadoran insurgents until March 1981 ;

- Mr. MacMichael's testimony establishes that he detected no "con-
vincing" or "substantial" or "significant" evidenceof shipment of arms
from Nicaragua to El Salvador in the period March 1981-April 1983 ;
however, that conclusion is qualified by his admission of the intercep-
tion in Costa Rica of an arms shipment destined to move across Nica-
ragua to El Salvador in 1982 ;and it is qualified as wellby his inability
to explain persuasively howit is that others who examined the same in-
telligence data as did he, such as Congressman Boland, are convinced
of continuing Nicaraguan support for the Salvadoran insurgents ;

- Mr. MacMichael confirms that leadership of the Salvadoran insurgents
regularly has operated out of Nicaragua, an opinion he does not con-
fine to the pre-198 1period ;
- Mr. MacMichael confirms that the Salvadoran rebel radio station has
broadcast from Nicaragua.

182. It is important that the Court has had the benefit of a reply by the
Nicaraguan Government to "RevoiutionBeyondOur Borders", inadequate
as that reply is. There is every reason to suppose that, if Nicaragua were

able to make a more effective reply,it would. As it is, it seemsfair to take
Nicaragua's reply, if not as an acknowledgement of the truth of United
Statesallegations, and it is hardly that, then asan unconvincingrefutation
of them. Moreover, much of the content of "RevolurionBeyond OurBor-
ders" was duly pleaded by the United States in its Counter-Memorial and
the annexes and documents filed with it. Nicaragua's refutation of the
evidence there set out consisted essentially of Mr. MacMichael's testi-
mony. For the reasons indicated in paragraph 181of this appendix, that 180. Les Etats-Unis ont demandé que la publication ((Revolution
Beyond Our Borders »soit distribuée commedocument des Nations Unies
(A/40/858-S/ 17612).Par une lettre du 19novembre 1985,le représentant
permanent du Nicaragua auprès de l'organisation des Nations Unies a
répondu en qualifiant ce document de <<fabriqué et en soutenant qu'il
s'agissait d'une campagne de désinformation r)(A/40/907-S/ 17639).

Quelle preuve leNicaragua propose-t-il de la (<faussetédesaccusationsdu
Gouvernement des Etats-Unis ? <(Comme preuve de la fausseté des
accusations du Gouvernement des Etats-Unis, nousjoignons àla présente
lettre le texte de la déclaration prononcée devantla Cour par M. David
MacMichael ...
181. L'insuffisancede la dépositionde M. MacMichael pourdémontrer
le bien-fondédes affirmations nicaraguayennes a étéanalyséeplus haut.

Si tout ce que le Nicaragua peut opposer - et c'est en substance tout ce
qu'il oppose - à «Revolution Beyond Our Borders » est la déposition de
M. MacMichael, alors on peut rappeler ce qui suit :

- la dépositionde M.MacMichaelconfirme,plus qu'ellene réfute,la vali-
ditédes accusations des Etats-Unis concernant les livraisons d'armes
du Nicaragua aux insurgéssalvadoriensjusqu'en mars 198 1 ;

- la dépositionde hl. MacMichael établitqu'il n'a relevé aucune preuve
<<convaincante D, (substantielle D,ou significative))d'envois d'armes
du Nicaragua au Salvador pendant la périodeallant de mars 1981 à avril
1983 ;cependant, laportéede cetteconclusion doitêtreatténuéd eans la
mesure où M. MacrMichaelreconnaît qu'un envoi d'armes destiné à El
Salvador ettransitant par leNicaragua a étéinterceptéau Costa Rica en
1982et où par ailleurs iln'apas réussiaexpliquer de façon convaincante
pourquoi d'autres personnes ayant étudiéles mêmesdonnéesdes ser-

vicesde renseignernents que lui,comme M. Boland, sont persuadéesque
le Nicaragua continue à aider les insurgéssalvadoriens ;
- M. MacMichael confirme que les chefs des insurgéssalvadoriens ont
régulièrementopéré a partir du Nicaragua, et il ne limite pas cette
opinion à la périodeantérieure a 1981 ;
- M. MacMichael confirme que l'émetteur radiophonique salvadorien
rebelle a diffuséà partir du Nicaragua.

182. Il est important que la Cour ait bénéficié de la réponsedu Gou-
vernement du Nicaragua a « Revolution Beyond Our Borders », malgré
l'insuffisance de cette réponse.Tout permet en effet de supposer que, si
le Nicaragua avait pu donner une meilleure réponse, il l'aurait fait. En
l'occurrence, il semble équitablede considérerla réponsedu Nicaragua,
sinon comme une reconnaissance de la véracitédes allégations des Etats-

Unis, cequi serait excessif,du moins comme un argument peu convaincant
pour les réfuter. De plus, une grande partie de la teneur du document
« Revolution Beyond Our Borders »a été dûment verséeaux débatspar les
Etats-Unis dans leur contre-mémoire et les annexes et documents qui y
étaientjoints. La réfutationpar le Nicaragua des élémentsde preuve ainsirefutation is no more adequate in respect of such duly pleaded evidence
than it is in respect of "Revolution BeyondOur Borders".

183. For example, Nicaraguan evidence and argument - and the
Court's Judgment - do not begin to explain how it is that so many of the

arms with which the Salvadoran rebels were supplied, and which were
captured from them by the Salvadoran Army, reportedly have been traced
by serial number to shipments originally made by the United Statesto Viet
Nam and abandoned there (see BackgroundPaper : Nicaragua'sMilitary
Build-Up and Supportfor Central American Subversion,pp. 21-22, and
"Revolution BeyondOur Borders",p. 46). In that regard, it is significant
that, in 1981,a spokesman for Viet Nam acknowledged that weapons left
by the Americans in Viet Nam had been sent to insurgents in El Salvador
(see William Shawcross, "In Vietnam Now", The New York Review of
Books, 24 September 1981,Vol.XXVIII, No. 14,p.4). It isalso suggestive
that, in March 1981, the Nicaraguan Minister of Defence, Commander
Humberto Ortega, stated in a speech in Hanoi that :

"We sincerely thank the Vietnamese people and highly value their
support for the heroic Salvadoran people . ..the fierce and bloody
struggle in El Salvador requires the support of al1progressive nations
and forces through the world." (FBIS, Vol. IV, Asia and Pacific,
12March 1981,p. K8.)

184. Nor does the Court's Judgment meet other points made in "Re-
volutionBeyondOurBorders",despite the fact that the Judgment acknow-
ledges that that publication may be taken into account by the Court. For
examvle. "Revolution BevondOur Borders"maintains that. as a direct
resul; of support by ~icara~ua and other States using ~icara~ua as a
conduit, the Salvadoran guerrillas were transformed from terrorist fac-
tions that had been limited to robberies, kidnappings and occasional street
violence into an organized armed force able to mount a CO-ordinated,
nationwide offensive. "Before the Sandinista Directorate took power in
Managua, there were guerrillas in El Salvador but no guerrilla war." (At
pp. 2. 5.) But the Court's Judgment gives no sense of appreciating the
impact on the character of the Salvadoran insurgency of Nicaragua's
intervention, which has by no means been limited to the provision of arms
(even though that is the element of Nicaragua's intervention which the

Court chooses to notice).
185. The Court's Judgment does refer to the "final offensive" mounted
by the Salvadoran insurgents in January 1981.It notes that that offensive
failed, and maintains that any United States response to itwhich arguably
might have been justified if prompt surely could not be justified months
later. The weakness of that argument has been considered in the body of
this opinion. But it should be added that the Court's Judgment takes no
account not only of the great damage wrought by that offensive (see the présentés s'appuiesurtout sur la déposition de M. MacMichael. Pour les

raisons indiquéesau paragraphe 181du présentappendice, cette déposi-
tion nepermet pasplus deréfuterleséléments de preuve dûment versésaux
débats que ((Revolution BeyondOur Borders )).
183. Par exemple, ni les élémentsde preuve ni l'argumentation présen-
téspar le Nicaragua - ni l'arrêtde la Cour - n'expliquent par quel biais
tant d'armes fournies aux rebelles salvadoriens et saisies sur eux par
l'arméesalvadorienne proviendraient, comme le montre l'analyse de leur
numérode série,de lots expédiés à l'originepar lesEtats-Unis au Viet Nam
et abandonnés sur place (voir Background Paper : Nicaragua's Military

Build-Up und Support for Central American Subversion, p. 21-22, et
(Revolution Beyona'Our Borders», p. 46). A cet égardil est significatif
qu'en 1981un porte-parole du Viet Nam ait reconnu que des armes lais-
séespar les Américains au Viet Nam avaient étéenvoyées aux insurgés
d'El Salvador (voir William Shawcross, In Vietnam Now O, The New
York Review of Books, 24 septembre 1981, vol. XXVIII, no 14, p. 4).
Il est révélateuraussi que le ministre de la défensedu Nicaragua, le com-
mandant Humberto Ortega, ait déclaréau cours d'une allocution pro-
noncée à Hanoi en mars 1981 :

Nous remercions sincèrement lepeuple vietnamien et apprécions
fort son appui au peuple salvadorien héroïque ...La lutte férocequi
ensanglante El Salvador requiert l'appui de toutes les nations et de
toutes les forces progressistes du monde r)(FBIS, vol. IV, Asie et
Pacifique, 12 mars 1981,p. K8.)

184. De même 1i1Cour, dans son arrêt, ignore d'autres arguments
avancésdans ((Revolution BeyondOur Borders», alors qu'elle reconnaît
qu'elle peut tenir compte de cette publication. Par exemple, il est affirmé
dans cette dernière que l'appui fourni par le Nicaragua et les autres Etats

utilisant le Nicaragua comme relais a eu pour conséquence directe de
transformer lesguérillassalvadoriennes,factions terroristesqui limitaient
autrefois leurs actionsà des vols, enlèvementset, occasionnellement, des
violences de rues, en une force arméeorganisée à mêmede lancer une
offensive coordonnée à l'échelondu pays. << Avant que la direction san-
diniste ne prît lepouvoir à Managua, ily avait des guérillerosauSalvador,
mais pas de guérilla. ))(P. 2. 5.) Mais la Cour ne donne pas l'impression
dans son arrêtd'avoir appréciéles effets qu'a eus sur la nature de l'insur-
rection salvadorienne l'intervention nicaraguayenne, laquelle ne s'est nul-

lement limitée à la ifourniture d'armes (même sic'est là l'aspect de I'in-
tervention du Nicaragua que la Cour choisit de relever).
185. Dans son arrêt, laCour fait étatde1'((offensive finale r)lancéepar
lesinsurgés salvadoriensenjanvier 1981.Ellenoteque l'offensiveaéchoué
et affirme que toute réactiondes Etats-Unis àcet égard qui aurait pu être
tenue pour justifiée si elle avait été immédiate ne saurait assurément être
justifiée des mois plus tard. J'ai analysédans mon opinion elle-même la
faiblesse de cet argument. Maisje doisajouter que,dans son arrêt,la Cour
ne tient compte ni des dégâts énormescauséspar cette offensive (voir le"FMLN Evaluation of the 1981 Offensive" reprinted in "Revolution
Beyond Our Borders",p. 47) but of the "prolonged war" strategy of the
Salvadoran guerrillas whch followed it, which has inflicted immense eco-
nornic and human losses upon El Salvador (ibid., p. 10).That prolonged
war could not have been sustained, at any rate with comparable effect,
without the prolongation of the Nicaraguan supply line. That FMLN
Evaluation. by the way, contains some revealing lines of Salvadoran
insurgent thinking about their Sandinista allies, among them :

"The people of Sandino, who opened the future of Central
America, will not kneel before the imperialists. The people of Cen-
tral America ... will close ranks... Each new step that imperialism
takes in its military escalation against the Salvadorean people, in-

creasesthe threat against the Nicaraguan revolution.. ."(Ibid, p. 48.)

186. Furthermore, the Court's Judgment has nothing to Sayabout the
considerable evidencein "RevolutionBeyond OurBorders"of Nicaraguan
and Cuban training of Salvadoran insurgents, not merely for the 1981
offensive but for subsequent, continuing operations (ibid., pp. 11-12).
Equally, the Court's Judgment is silent about the evidenceof the presence
in Nicaragua of a general staff of Salvadoran guerrillas exercising com-
mand and control of their revolution from Nicaraguan territory (ibid.,
p. 12).That silenceis the more remarkable in viewof the acknowledgment
of such presence by Nicaragua's witness,Mr. MacMichael, and the more
powerful acknowledgment still represented by the deaths in Managua of
the most senior of al1Salvadoran revolutionary commanders, Salvador
Cayetano Carpio ("Commander Marcial") and his deputy.
187. Nor do Nicaraguan denials, and the Court's inferentialacceptance
of them, adequately explain an occurrence such as that recounted in an
articlein the New YorkTimesof20December 1985,pageA15,reporting an
automobile crash in Honduras in December 1985 which, it is claimed,

provided fresh evidence of continuing shipment of munitions and money
from Nicaragua to Salvadoran insurgents.

"The Reagan Administration said today that a recent traffic acci-
dent in Honduras had turned up strong evidence that cars with secret
compartments werebeing used to movemilitary supplies from Nica-
ragua to Salvadoran guerrillas.

Elliott Abrams, Assistant Secretary of State for Inter-American
Affairs, displayed photographs and a videotape that the Honduran
authorities said they took when theydismantleda car after itwas inan
accident on the Pan American Highway near La Leona on Dec. 7.

He said thebright green Lada car,whichisbuilt in the SovietUnion
under Fiat license, was carrying 7,000 rounds of ammunition, 86document FMLN Evaluation of the 1981 Offensive reproduit dans
«Revolution Beyond Our Border» s,p. 47), ni de la stratégiede la guerre
d'usure adoptéepar la suite par les guérilleros salvadoriens,qui a causé
au Salvador d'immenses pertes économiques et humaines (ibid., p. 10).
Cette guerre d'usure n'aurait pu êtrelivrée,eten tout cas n'aurait pu avoir
les effets qu'elle a eus, sans la poursuite de l'aide nicaraguayenne. A ce
propos, dans son éva.luationprécitée, lFMLN fournit des renseignements
révélateurs sur ceque les insurgéssalvadoriens pensent de leurs alliés
sandinistes, et notamment :

Le peuple de Sandino, qui a ouvert la porte de l'avenir à 1'Amé-
rique centrale, ne s'inclinera pas devant les impérialistes.Le peuple
d'Amérique centrale ...serrera les rangs ...chaque décision nou-
velle que prend1l'impérialismedans son escalade militaire contre le
peuple salvadorien augmente la menace contre la révolution nicara-
guayenne ... (i'bid.,p. 48.)
186. LaCour ne dit rien non plus dans son arrêt desélémentsde preuve

considérables apportés par «Revolution BeyondOur Borders» quant à
l'entraînement des insurgéssalvadoriens par le Nicaragua et Cuba, non
seulement pour l'offensivede 1981,mais encorepour lesopérationsqui se
sont poursuivies par la suiteibid.,p. 11-12).De même, laCour passe sous
silence lesélémentsprouvant la présence au Nicaraguad'un état-majorde
la guérillasalvadoriennequi commande et contrôle la révolution salvado-
rienne à partir du territoire nicaraguayen (ibid., p. 12). Ce silence est
d'autant plus remarquable que M. MacMichael, témoindu Nicaragua, a
reconnu cette présenceet que celle-ciest renforcéepar lesdécèsà Managua
de Salvador Cayetano Carpio (Ocommandant Marcial O)et de son adjointe,
les deux commandants suprêmesde la révolution salvadorienne.
187. Lesdénégationsnicaraguayennes, et lesconclusions de la Cour qui
les entérinent, ne suffisent pas non plusà expliquer un incident comme
celui qui a étésign,alédans le New York Times du 20 décembre 1985,
page A15, concernant un accident d'automobile survenu au Honduras
en décembre 1985 letqui, affirme-t-on, fournirait une nouvelle preuve
de la poursuite de Il'envoide munitions et de fonds du Nicaragua aux
insurgés salvadorieris:

L'administration Reagan adéclaréaujourd'hui qu'unrécent acci-
dent de la circulation au Honduras avait mis en évidence le faitque
des voitures équipéesde compartiments secrets étaientutiliséespour
faire passer de:; fournitures militaires du Nicaragua aux guérilleros
salvadoriens.
Elliott Abrams, sous-secrétaire d'Etat aux affaires interaméri-
caines, a présentédes photographies et une bande vidéoque les auto-
ritéshonduriennes déclarent avoir saisies lorsqu'on a démontéune
voiture après un accident survenu sur l'autoroute panaméricaine à
proximitéde La Leona le 7 décembre.
Il a déclaréque la voiture Lada, de couleur vert vif, construite
en Union soviétique sous licenceFiat, transportait 7000 cartouches,504 MILITARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. PSCHWEBEL)

electric blasting caps, 20 fragmentation grenades, 17 grenade fuses,
radios and walkie-talkies, computer-made coding and de-coding
material and $27,400 in $100 bills.

The Nicaraguan Embassy in Washington said the authorities in
Managua had told them that they knew nothing about the car crash.
The embassy repeated previous assertions that the Sandinista Gov-
ernment was not involved in providing arms and ammunition to the
Farabundo Marti National Liberation Front in El Salvador. An
embassy spokesman, Miriam Hooker, called on the United States to
take its accusations to the International Court of Justice in The
Hague.

A Tire Blew Out

Mr. Abrams said thecar, whichhad Costa Rican licenseplates, had
been driven fromCosta Rica toNicaragua, whereitwasloaded. It was
then driven acrossa corner of Honduras toward El Salvador, he said,
when a tire blew out and caused a crash.

When the Honduran police inspected it, he said, they found wires
protruding from what wasan airconditioningduct. Thewires,he said,
turned out to be parts of blastingcaps. Asa result, hesaid, the car was
taken to Tegucigalpa and dismantled. The ammunition and other
items were found in six concealed compartments, he said.

The driver of the car, identified as Elias SolisGonzalez, a member
of Costa Rica's Communist party, was arrested by Honduras,
Mr. Abrams said.
The dismantling operation was videotaped, he said, as a result of a
suggestion the United States made to the Honduran military several
years ago.
Mr. Abrams said three things led to the conclusion that the vehicle
had been loaded in Nicaragua. First, he said, the packing material
around the items in the secret compartments consisted of pages of the

officia1Sandinista newspaper Barricada.Second, the driver, a Costa
Rican, told the authorities that he was corning from Nicaragua.
Finally, he said, the communications gear and coding booklets were
clearlymarked ascomingfrom a guerrillaheadquartersthat 'weknow
for a fact is in Managua'.

Discounting suggestionsmade in thepast that munitionsshipments
from Nicaragua to the Salvadoran guerrillas might be the work of
people not affiliated with the Government or the Sandinista Front,
the ruling party, Mr. Abrams said it would be equally plausible to
suggest that the 'tooth fairy' was responsible.

'Itisimpossibleina country with thedegree ofcontrol that existsin86 détonateurs électriques,20 grenades à fragmentation, 17détona-
teurs de grenades, des radios et des talkies-walkies, du matérielde
codage et de décodage par ordinateur, ainsi que 27 400 dollars en
billets de 100dollars.

L'ambassade du Nicaragua à Waghngton a déclaréque les auto-
ritésde Managua lui avaient dit tout ignorer de cet accident de voi-
ture. L'ambassade a répété ses assertions antérieures selon lesquelles
le gouvernement sandiniste ne fournissait ni armes ni munitions au
front Farabundo Marti delibérationnationale au Salvador. Un porte-
parole de l'ambassade, Miriam Hooker. a invité les Etats-Unis à
porter ses accusationsdevant la Cour internationale de Justice de La
Haye.

Eclatementd'unpneu
M. Abrams a déclaréque la voiture, immatriculéeau Costa Rica,
avait étéconduite du Costa Rica au Nicaragua, où elle avait été

chargée.Elle a ensuite été conduitedans une régiondu Honduras en
direction d'El Salvador, a-t-il déclaré, lorsqu'un pneua éclatéet
provoqué un accident.
Quand la voiture a étéinspectéepar la police hondurienne, a-t-il
ajouté,on a trouvédes fils de fer sortant d'un tube de climatisation.
Ces fils de fer, a-t-il expliqué, se sont révéléê s tre des pièces de
détonateurs. En conséquence, a-t-ildit, la voiture a étéemmenée à
Tegucigalpa, où elle a été démontéeI.l a déclaré qu'on atrouvédes
munitions et d'autres objets dans six compartiments secrets.
Le conducteur de la voiture, un certain Elias Solis Gonzalez,
membre du parti communiste costa-ricien, a étéarrêté par les auto-
ritéshonduriennes, a déclaréM. Abrams.
Les opérations de démontage ont étéenregistréessur vidéo, a-t-il

déclaré, commeles Etats-Unis l'avaient suggéré aux forcesarmées
honduriennes il y a quelques années.
M. Abrams adéclaréque trois élémentsont permis de conclure que
le véhiculeavait étéchargéau Nicaragua. Tout d'abord, l'emballage
des objets placésdans les compartiments secrets consistait en pages
dujournal sandiniste officielBarricada.En second lieu,le conducteur
costa-ricien a déclaréaux autoritésqu'il venait du Nicaragua. Enfin,
lematérielde tra.nsmissionet leslivrets decodageportaient des griffes
quiindiquaient clairement qu'ils provenaient d'un quartier générad l e
guérilleros dorit nous savons pertinemment qu'il setrouve àMana-
gua o.
Rejetant les suggestions qui ont étéformuléespar le passé selon
lesquelles les transports de munitions du Nicaragua à destination des

guérillerossalvadoriens pourraient êtrele fait de gens qui ne sont
affiliésni au gouvernement ni au front sandiniste, parti au pouvoir, ,
M. Abrams a déclaréqu'il serait tout aussi plausible d'imputer ces
transports d'armes à quelque <bonne fée o.
((Dans un pays où existent legenre de contrôles que l'on rencontre Nicaragua for there to be shopsthat build thiskind of car, for there to
be waysof fillingit with explosives,with letters fromthe Soviet Union
and Cuba, with code material which is generated by pretty sophisti-
cated computers,' he said. 'It is impossible that al1that should take
place in Managua without the involvement of the Sandinistas.'

Al1of the shipment, he said, came from the Managua headquarters
of the Armed Liberation Forces and was intended for its fighters in El
Salvador. The Liberation Forces is the military wing of the Commu-
nist Party of El Salvador and one of five guerrilla groups in the
Farabundo Marti Front.

Mr. Abrams said that the Administration had previously accumu-
lated bits and pieces of evidence of such an arms route to El Salvador
but that this was the most conclusive evidence that Nicaragua con-
tinued to supply arms to the Salvadorans. Other such vehicles with
hidden compartments were found in Costa Rica and Honduras in
1980and 1981.he said."

For a similar account, see the Washington Post, 20 December 1985,
page A49.
188. Finally, Nicaraguan denials of its pervasive support of the Sal-
vadoran insurgency are belied by another, most recent surveyon the scene,

by James Le Moyne, chief of the New York Times bureau in San Salvador.
In an articleentitled, "The Guerrilla Network", published in the New York
Times Magazine of 6 April 1986, Mr. Le Moyne comments on "the
revealinginformation" which "came to light a year ago with the capture of
Nidia Diaz" (supra, paras. 95-96, 105)and observes that :

"Recent months have also seen an increasing willingness of former
guerrilla officials todivulge details of their shadowy past. Several
high-level Sandinistas have left the Nicaraguan Government because
of what they describe as their unhappiness with the Sandinistas'
dependence on the Cubans and the Russians and their failure to

establish a pluralistic society. In the case of the Salvadorans, a few
commanders have been captured and been persuaded to give up the
fight; others have been ousted over differences on how the revolution
is to proceed.

From interviews with these current and former guerrillas (con-
ducted separately over a six-month period), a clearerpicture emerges
of the connections between the various leftist Central American rebel
factions - a picture that revealsaguerrilla movement that isanything
but monolithic. Details were offered, for instance. on the arms ship-
ments from Nicaragua to El Salvador, on the role of Cuba in the
planning of the abortive 'final offensive' inEl Salvador in 1981,and
on the eventsleading up to the almost Shakespearean murder-suicide au Nicaragua, il est impossible qu'il y ait des ateliers capables de
construire ce genre de voiture, ou qu'il y ait des moyens de la bourrer
d'explosifs, de lettresprovenant de l'Union soviétique etde Cuba, ou
de textes codésproduits par desordinateurs trèsperfectionnés ))a-t-il
déclaré. <(Il est impossible que cela puisse avoir eu lieu à Managua

sans la participation des sandinistes.
Il a déclaré quetout le chargement provenait du siègedes forces
arméesde libération à Managua et était destiné à ses combattants au
Salvador. Les forces de libération sont l'aile militaire du parti com-
muniste d'El Sa:lvadoret constituent l'undes cinq groupes de guérilla
du front Farabundo Marti.
M. Abrams ;idéclaréque l'administration avait précédemment
recueillidivers déments de preuve démontrant l'existenced'une telle
filière de trans~nission d'armes vers El Salvador, mais qu'on avait

maintenant acquis la certitude que le Nicaragua continuait à fournir
desarmesaux Salvadoriens. D'autres véhiculessemblableséquipés de
compartiments secrets ont ététrouvésau Costa Rica et au Honduras
en 1980 et 1981,a-t-il ajouté.

Un article analogue a étépubliédans le WashingtonPost du 20 décembre
1985,page A49.
188. Enfin, les démentisapportés par le Nicaragua à son appui géné-
ralisé à l'insurrection salvadorienne sont eux-mêmesdémentis par un
article tout récent deJames Le Moyne, chef du bureau du New York Times
à San Salvador. Sous le titre <The Guerrilla Network O,M. Le Moyne
analyse dans le New York Times Magazinedu 6 avril 1986 les (rensei-
gnements révé1ateur.squi ont été découvertsil ya un an à l'occasionde
l'arrestation de Nidia Diaz ))(voir ci-dessus par. 95.96, 105)et écritcequi

suit :
<Onconstate aussi, depuisquelques mois. que d'anciens chefsde la
guérillasont de:plus en plus enclins à divulguer des détails sur leur
passédemeuré dans l'ombre. Plusieurshauts responsables sandinistes

ont quittéle Gouvernement nicaraguayen parce qu'ils étaient,décla-
rent-t-ils, mécontentsde la dépendance des sandinistes vis-à-vis des
Cubains et des Russes et de leur incapacité à instaurer une société
pluraliste.Dans le cas des Salvadoriens, quelques commandants ont
été capturéset persuadés d'abandonner le combat ; d'autres ont été
évincésen raison de divergences de vues sur la manière dont la
révolutiondoit se dérouler.
Lesinterviewsréalisées (séparémentet sur une périodede sixmois)
avec ces guérilleroset anciens guérillerospermettent de brosser un

tableau plus précisdes liens qui existent entre les diverses factions
rebelles gauchi!jtesd'Amérique centrale - tableau qui montre que le
mouvement de guérillan'estrien moins que monolithique.Desdétails
ont étéfournis. par exemple, sur lesexpéditionsd'armesdu Nicaragua
vers El Salvador, sur le rôle de Cuba dans la planification de 1'«of-
fensive finale ))au Salvador en 1981, qui a avorté, et sur les évé- of two prominent leaders of the Salvadoran guerrilla movement three
years ago.

The storybehind the brutal killingof Melida AnayaMontes and the
suicide of the man implicated in her murder, Salvador Cayetano
Carpio, offers a rare glimpse of the frequently fractious society of
revolutionary leaders in Central America. In this instance, Mr. Car-
pio's fiercelyStalinist stancepitted him against many within hisown
group who sought greater unity among rebel factions as well as a
negotiated end to the fighting, a position that was strongly supported
by Cuba and Nicaragua." (At p. 18.)

On the basis of his interviews with Salvadoran and other rebels, Mr. Le
Moynerecounts that Salvadoranguerrillas withleadershippotential - and
their counterparts inotherCentral American countries - first wereoffered
basic military training at hidden camps in their owncountries, and "Most
of them later appeared to receive more specialized training abroad - in
Cuba, various Eastern European countries and Vietnam" (p. 20). He
continues :

"Rebels say that Cuban embassies serveas refugesand bankers for
Central American leftists traveling abroad. In addition, say several
former rebels, almost al1the top Sandinistacommandersand most of
the very senior rebel officials in El Salvador and Guatemala have
receivedadvancedguerrillatraining in Cuba.The coursesgiven range
from intelligencegathering to instructions in rural and urban guerrilla
warfare." (P. 20.)

Mr. Le Moyne describes in some detail the training of senior Sandinista
and other Central American revolutionaries at Patrice Lumumba Univer-
sity in Moscow, in Cuba, and North Korea, as well as the hard and
dedicated life a guerrilla leads in the field. He continues :

"Several senior Sandinista officials have admitted they offered to
help the Salvadoran rebels with their revolution soon after Anastasio
Somoza was ousted. According to a number of former Sandinista
guerrilla commanders, the Nicaraguans were paying off a debt they
had incurred in 1978.At that time, the Salvadorans had managed to
amass a remarkable war chest estimated at more than $80 million
from kidnappings, and they decided to invest $10 million in the
Sandinista revolution. The money washanded over in Costa Rica, in
cash.

After the Sandinistas came to power, they allowed the five rebel
groups in the Salvadoran guerrilla front to set up their propaganda,
communications, financial and logistics offices in Managua. Men
who had worked for three leading Sandinistas - Julio Lopez, chief of nements qui ont abouti àl'assassinat-suicide quasi shakespearien, ily
a trois ans, de deux éminents dirigeantsdu mouvement de la guérilla
salvadorienne.
L'assassinat sauvage de Melida Anaya Montes et le suicide de
l'homme impliquédans son assassinat, Salvador Cayetano Carpio,
donnent une image singulièredu monde souvent hargneux des diri-
geants révolutiotinairesd'Amérique centrale.En l'occurrence, lesta-
linisme farouche:de Carpio lui avait valu l'opposition de nombreux
membres de son propre groupe qui aspiraient à une plus grande unité

entre les factions rebelles etune issue négociée de la lutte, position
vivement appuyéepar Cuba et le Nicaragua. (P. 18.)
Sur la base de sesentretiens avecdes rebellessalvadorienset autres, M. Le
Moyne rapporte que les dirigeants en puissance de la guérilla salvado-
rienne - et leurs homologues d'autres pays d'Amérique centrale - ont

commencé par recevoir un entraînement militaire de base dans des
camps clandestins situésdans leurs propres pays, et que la plupart
d'entre eux semblent avoir reçu ultérieurement un entraînement plus
spécialiséà l'étranger- àCuba, dans divers pays d'Europe de l'Est et au
Viet Nam ))(p. 20). Il poursuit en ces termes:

Les rebelles disent que les ambassades cubaines servent de re-
fuges et de banques aux gauchistes d'Amérique centrale envoyage à
l'étranger. De plus, selon plusieurs anciens rebelles,presque tous les
commandants supérieurs sandinistes et la plupart des chefs de la
rébellion auSalvador et au Guatemala ont reçu à Cuba un entraîne-
ment spécialisé à la guérilla.Cet entraînement va des activitésde
renseignement à l'initiatioà la guérillaurbaine et rurale.))(P. 20.)

M. LeMoynedonne desdétailssur laformation deschefs révolutionnaires
sandinistes et autres révolutionnairesd'Amérique centrale à l'université
Patrice Lumumba àMoscou, à Cuba et en Coréedu Nord, ainsi que sur la
viepénibleet pleine d'abnégation desguérilleros surle terrain. IIpoursuit
en ces termes :

Plusieurs hauts responsables sandinistes ont reconnu avoir offert
peu après la chute d'Anastasio Somoza d'aider les rebellessalvado-
riensà mener à bien leur révolution. Selon uncertain nombre d'an-
ciens commandants de la guérillasandiniste, les Nicaraguayens s'ac-
quittaient là d'une dette qu'ils avaient contractée en 1978.A cette
époque,les Sa1v;sdoriensavaient réussi àconstituer un remarquable
trésorde guerre estimé àplus de 80millions de dollars et alimentépar
desrançons réclamées à l'occasion d'enlèvements,et ilsavaient décidé
d'investir 10 millions de dollars dans la révolution sandiniste. La
remise des espècesa eu lieu au Costa Rica.

Aprèsleur arrivée au pouvoir,les sandinistes ont autoriséles cinq
groupes rebelles constituant le front de la guérillasalvadorienne à
établirà Managua leurs services de propagande et de communica-
tions, ainsi que leurs services financiers et logistiques. Des hommesthe Sandinista Directorate of International Relations ; Bayardo Arce
Castano, then the head of the political commission of the National
Directorate, and Tomas Borge - say that these officials helped over-
see several arms shipments to the Salvadorans. Mr. Borge denies
playing such a role. (Several former Sandinistas say that Mr. Lopez's

directorate, which is modeled after Cuba's Department of the Ameri-
cas, serves as the foreign ministry of the Sandinista Front, charged
with maintaining ties to other guerrilla groups.)

The Sandinistas offered other assistance as well. According to two
former Sandinista officials,a Central American - whohad previously
worked in the United States as a Cuban agent specializing in the
workings of Congress and the American press - moved to Managua
where he carried out the same task for the Sandinistas. He briefed at
least one high-levelSalvadoran rebel delegation that wassent tolobby
in the United States. 'He told them how to approach a particular
Congressman, what illusions to appeal to, what his likes and dislikes
were', says one of the former Sandinistas. 'He also advised them on
how to talk to the American press.'

There was also cooperation closer to home. A Sandinista officia1
who worked in the Nicaraguan Embassy in Honduras in the early
1980'ssays he secretly met Salvadoran rebels there to exchange intel-
ligence about the Honduran and Salvadoran armies and to arrange
arms shipments to El Salvador. The Salvadorans, he says, bribed
Honduran Army officers to let the weapons pass overland to El
Salvador.

As El Salvador slid to the edge of full-scale revoit, Cuba became an
important source of weapons and advice. According to a number of
former senior Salvadoran and Sandinista officials, Cuba helped
arrange for the supply of at least 60 percent of the weapons that
enabled the Salvadoran guerrillas to equip an army in record time.
American military officials, who say they have checked the serial
numbers of captured rifles, report that many are guns the United

States left behind in Vietnam.

Few of the arms shipments to El Salvador by way of Nicaragua
have been intercepted by Salvadoran or Honduran troops. A former
Sandinista officiai who says he helped arrange such shipments
describes one method of eluding detection. Rebel accomplices in
Panama,Costa Rica and Nicaragua placed guns in sealed trucks with
a manifest describing thecargo as industrial goodsbound for Mexico
or Guatemala. When the truck crossed into El Salvador, rebel units ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP. DISS. SCHWEBEL) 507

qui ont travaillépour trois dirigeants sandinistes - Julio Lopez, chef
de ladirectionsandiniste des relationsinternationales ;Bayardo Arce
Castano, alors chef de lacommission politiquedu directoirenational,
et Tomas Borge - disent que ces dirigeants ont aidé à surveiller
plusieurs expéditionsd'armes destinéesaux Salvadoriens. M. Borge
nie avoirjouéun.tel rôle. (Plusieurs anciens sandinistes disent que le

servicede M. Lopez,conçu sur lemodèledu départementdes affaires
américainesde Cuba, fait office de ministèredes relations extérieures
du front sandiniste, chargé de maintenir des relations avec d'autres
groupes de guérilla.)
Les sandiniste:^ont offert égalementd'autres formes d'assistance.
D'après deux anciens dirigeants sandinistes, un ressortissant d'un
pays d'Amériquecentrale - qui avait précédemmenttravailléaux
Etats-Unis en tant qu'agent cubain chargéde l'analysedes travaux du

Congrèsetde la presse américaine - s'étaitinstalléà Managua, où il
s'acquittait de la mêmefonction pour les sandinistes. Il a instruit au
moins une délégationde hauts dirigeants rebelles salvadoriensdépê-
chéeauxEtats-C nispour yjouer un rôledegroupe de pression. (Il les
ainstruitssurla inanièrede prendre contact avectel ou tel membre du
Congrès,sur lesidées à mettreenavant pour leséduire,sursesgoûtset
sesaversions O, rapporte un des ancienssandinistes. (Il leur donnait
aussidesconseilssur lamanièredeparler auxjournalistes américains. ))
Il existait aussi une coopération prèsdu pays d'origine. Un res-

ponsable sandiniste en poste à l'ambassade du Nicaragua au Hon-
duras au début des années quatre-vingt a déclaréavoir rencontré
clandestinement dans ce dernier pays des rebelles salvadoriens pour
échangerdes informations sur les armées hondurienne et salvado-
rienne et organiser des expéditions d'armes vers El Salvador. Les
Salvadoriens, a-t-il dit, versaient des pots-de-vin à des officiers de
l'arméehondurienne pour qu'ils laissent les armes destinées au Sal-
vador traverser le Honduras.

El Salvador glissant vers une révolte généraliséC e,uba devint une
importante source d'armement et de conseils. D'après un certain
nombre d'anciens hauts responsables salvadoriens et sandinistes,
Cuba a aidé à organiser l'expédition d'aumoins 60 pour cent des
armes qui ont :permis aux guérilleros salvadoriens d'équiper une
arméeen un rien de temps. Des officiers des Etats-Unis qui ont fait
des recherches à partir des numéros de sériedes fusils saisis rap-
portent que nombre d'entre eux sont des fusils que les Etats-Unis
ont abandonnés sur place lorsqu'ils ont quitté le Viet Nam.

L'arméesalvadorienne ou l'arméehondurienne n'ont intercepté
qu'un petit nombre seulement des chargements d'armes en prove-
nance du Nicaragua destinésau Salvador. Un ancien responsable san-
diniste qui déclareavoir participéa l'organisation de ces livraisons
d'armes décrituinedes méthodes employéespour échapper a toute
interception. Descomplices des rebellesau Panama, au Costa Rica et
au Nicaragua chargeaient des fusils dans un camion scellé, lalettre there 'hijacked'the cargo by previous arrangement and removed the
hidden weapons.

When the time appeared ripe for the 'final offensive', recall two
former Sandinista officials, top Cuban officials - including Fidel
Castro and Manuel Pineiro - took part in strategy sessions with
Sandinista and Salvadoran commanders. TheCubansand mostof the
Nicaraguans and the Salvadoran rebel command believed that the

Sandinista-style insurrection could be repeated in El Salvador, and
that it wasimportant to act before Ronald Reagan became President.
Edén Pastora Gomez, then the Sandinista Deputy Minister of
Defense, disagreed.

He argued that conditions in El Salvador were very different from
those in Nicaragua. In a manner that has sincebeen duplicated in the
Philippines, the Sandinistas had led a largely middle-class insurrec-
tion against a family dictatorship. In El Salvador, however, not only
were the guerrillas waging a war against a military dictatorship and
having to reckon with a potent Salvadoran Army, but they could not
count on the support of the middle class. Mr. Pastora predicted
disaster. The offensive was launched in January 198 1. Mr. Pastora
proved correct." ("The Guerrilla Network", New York Times Maga-
zine6 ,April 1986,pp. 70-71.)

Mr. Le Moyne's research into the Carpio affair is also of interest. He
depicts Mr. Carpio as a hard-line Stalinist, and states that several rebels
indicated that American pressure not only blunted the rebellion in El

Salvador but caused Cuba and Nicaragua to become concerned that "the
Reagan Administration was on the vergeof retaliating against them. They
counseled that it was time to consider a negotiated end to the fighting."
(P. 73.) But Mr. Carpio resisted that advice and apparently believed that
his chief opponent inclined to accept it was the second-highest-ranking
official in his group, Melida Montes. "On April 6, 1983,she was found
brutally murdered in her safe house in Managua. ..Miss Montes hadjust
returned from a visit to Cuba, en route to a party congress in El Salvador
and a final showdown with Mr. Carpio." (Ibid H.e)describes Mr. Carpio's
involvement in her murder, the resultant pressures exerted upon
Mr. Carpio by the Nicaraguans, the orders issued to him by Nicaragua
to divulge information on the network which he had built which was
relatively independent of the Cubans and Sandinistas, and concludes :
"Rather than comply, Mr. Carpio went home and shot himself in the
heart." (P.75.) Home was in Nicaragua. Mr. Le Moyne further states : de voiture indiquant que la cargaison étaitcomposéede biens indus-
trielsdestinésau Mexique ou au Guatemala.Une foislecamionarrivé
au Salvador, des unités rebelles <(détournaient »comme convenu la
cargaison et déchargeaient les armes cachées.
Deux anciens responsables sandinistes rapportent que lorsqu'il a
étéjugéopportun de lancer 1'~offensive finale O, de hauts respon-

sables cubains - dont Fidel Castro et Manuel Pineiro - ont pris part
aux côtés descommandants sandinisteset salvadoriens aux réunions
consacrées à la stratégie à suivre. Les Cubains et la plupart des
Nicaraguayens et des commandants rebelles salvadoriens croyaient
que l'insurrection du type sandiniste pouvait serépéter au Salvadoret
qu'il importait cl'agiravant que Ronald Reagan n'accède à la prési-
dence. Edén Pa.stora Gomez, alors vice-ministre sandiniste de la
défense,a dit son désaccord aveccette stratégie.

Il a expliquéque lesconditions au Salvadorétaient très différentes
de celles du Nicaragua. Recourant à une méthode qui a depuis été
utilisée aux Phii,~'ines.les sandinistes avaient conduit une insurrec-
tion qui étaitessentiellémentle fait de la classe moyenne contre une
dictature exercéeDarune famille. Mais au Salvador les "uérillasnon
seulement livraient une guerre contre une dictature militaire et de-
vaient comDteravec une armée salvadorienne ~uissante. mais encore
elles ne po;vaient pas compter sur le soutien'de la classe moyenne.
M. Pastora avait préditun désastre.L'offensivea été lancéeenjanvier

1981. 11se trouve que M. Pastora avait vu juste. (((The Guerrilla
Network O, New York Times Magazine, 6 avril 1986,p. 70-71.)

L'enquêtesur l'affaireCarpio à laquelleM. LeMoyne s'estlivrénemanque
pas non plusd'intérêtM . . Le Moyne décritCarpio commeun staliniste dur
et rapporte que plusieurs rebelles avaient signaléque les pressions des
Etats-Unis non seulement émoussaient la rébellion au Salvador, mais
qu'elles avaient amenéCuba et le Nicaragua à craindre que (I'adminis-

tration Reagan ne soit sur lepoint de lancer des représaillescontre eux. Ils
ont conseillé d'envisager une issue négociée à la lutte.))(P. 73.) Mais
Carpio n'a pas suivi ce conseil et il a cru, semble-t-il, que son principal
opposant enclin à l'accepterétaitlecommandant en second de songroupe,
Melida Montes. <(Le6avril 1983,ellea été découvertesauvagement assas-
sinéedans sa maison refuge de Managua... MmeMontes rentrait d'un
voyage à Cuba et s'apprêtait à se rendre au Salvador pour assister au
congrèsdu parti et à affronter une ultime épreuvede force avec Carpio.
(Ihid.)M. LeMoyne décritla participation deCarpio à son assassinat, les

pressions que les Nicaraguayens ont par la suite exercéessur lui, l'ordre
que leNicaragua lui ;3donnéde divulguer des renseignements sur leréseau
qu'il avait mis en place et qui était relativement indépendant de Cuba et
des sandinistes. et conclut :<(Plutôt que d'obtempérer,Carpio est rentré à
soi1domicile et s'est tiré une balledans le cŒur. (P. 75.)Son domicile se
trouvait êtreau Nicaragua. M. Le Moyne poursuit son article dans ces
termes : "After the United States invaded Grenada in late 1983,the San-
dinistas asked most Salvadoran rebelsto leaveManagua. These rebels
have now been allowed to return, but the Sandinistas also outraged
the Salvadorans by temporarily cutting arms supplies to them,

according to captured rebel documents." (P. 79.)

I. In 1979, Members of the Nicaraguan NationalGuardEscaped to Hondu-
ras, from which they Harassed Nicaragua. Officers of the Argentine Army
Began Training these Counter-Revolutionariesapparently Laie in 1980 or
Early 1981 - and Continued to Do so until Early 1984

189. Training of the contras who collected in Honduras was initially
undertaken byArgentine officers,provided bythe ArgentineGovernment,
beginning, it appears, sometime late in 1980or early in 1981,well before

the United States support of the contras began. This is indicated by evi-
dence submitted by Nicaragua. For example, the Nicaraguan Mernorial,
Annex F, Attachment 12,page 19("U.S. Backing Raids Against Nicara-
gua", the New York Times, 2 November 1982),states that Argentina "had
organized anti-Sandinist paramilitary forces in Honduras 18months ago,
before the American involvement". That article further reports that, "Ini-
tially, Argentina did take the lead in supplying and directing the units" of
the contras. In a Security Council debate on 25 March 1982,Commander
Ortega claimed that the contras were being trained and advised "by active
and retired military personnel from Argentina and other South American
countries" (S/PV.2335, p. 31).What isnot clear iswhether such Argentine
assistance to the contras was undertaken initially with the support or
financing of the United States, or whether collaboration in such training

came about only at a later stage ; in view of indications that Argentine
training of the contras began as early as 1980,it is likely that the United
States then was not involved (see Christian, op. cit.p. 197,and para. 210
below). For some considerable time, it in any event appears that CIA
involvement was largely limited to financing the training of the contras
(and their Argentine trainers). An article introduced into evidence by
Nicaragua states:

"The program got off to a bad start when the CIA turned to a
surrogate, the right-wing military dictatorship in Argentina. to orga-
nize and train the Contras. The Argentines already had a small

training program for the Contras in Honduras, and by working with
them the U.S. shielded its own involvement. But the heavyhanded
Argentine approach tainted the movement in the eyesof many Nica- Aprèsl'invasionde la Grenade par les Etats-Unis à lafin de 1983,
les sandinistes ont demandé a la plupart des rebelles salvadoriens de
quitter Managua. Selon des documents saisis sur les rebelles. ils sont
désormais autorisés à y retourner, mais les sandinistes ont irrité
les Salvadoriens en interrompant temporairement les livraisons
d'armes. )(P. 79.)

I. En1979,desmembresdela garde nationale nicaraguayennseesont enfuis

au Honduras, d'où ilsont menédes opérationsde harcèlement contre le
Nicaragua.Des officiersde l'armée argentino entcommencéa entraîner ces
contre-révolutionnaireaspparemmentverslafin de 1980ouaudébutde 1981
et ont continué à le faire jusqu'au débudte 1984

189. L'entraînement des contrasregroupésau Honduras a été entrepris
initialement par des officiers argentins, fournis par le Gouvernement de

l'Argentine à partir, semble-t-il,de lafin de 1980ou du débutde1981,bien
avant que les Etats-Unis ne se mettent à soutenir les contras. Cela est
démontré parles preuves produites par le Nicaragua. Par exemple, le
mémoiredu Nicaragua, a l'annexe F, pièce 12,page 19 (<(Les Etats-Unis
appuient les coups (Je mains contre le Nicaragua O,New York Times,
2 novembre 1982),déclareque l'Argentine <(avait organiséles forces para-
militaires antisandinustes au Honduras il y a dix-huit mois, avant l'inter-
vention des Etats-Unis )).Cet article note égalementque <(initialement,
c'estl'Argentinequi a pris l'initiative d'équiperet de diriger lesunités de

contras. Au cours di1 débat qui s'est dérouléau Conseil de sécuritéle
25 mars 1982, le commandant Ortega a affirmé que les contras étaient
forméset conseilléspar des <militaires de l'armée active ouen retraite
provenant d'Argentine et d'autres pays d'Amériquedu Sud r(SPV.2335,
p. 31).On ne sait pasexactement sicette assistance argentineaccordéeaux
contrasl'a été initialement avec l'appui financierou autre des Etats-Unis,
ou si cette collaboration en matière d'entraînement n'est intervenue que
plus tard ; étant donnéque certaines indications donnent à penser que la

formation des contririspar les Argentins a commencé dès 1980, il est
vraisemblable que les Etats-Unis n'étaientpas en cause à ce moment-là
(voir Christian, op.c,it.,p. 197, etci-dessus par. 210). Il apparaît vraisem-
blable que pendant une périodede temps assez longue en tout cas, la
participation de la (ZIAétait strictement limitée aufinancement de la
formation des contras(et de leurs instructeurs argentins). Selon un article
versé auxdébats par le Nicaragua :

<Le programme a pris un mauvais départ lorsque la CIA s'est

adresséea un substitut, à savoir la dictature militaire de droite de
l'Argentine, pour organiser et entraîner les contras. Les Argentins
avaient déjàmissur pied un petit programme de formation de contras
au Honduras et grâce a cette collaboration les Etats-Unis ont pu
dissimuler leur propre participation. Mais lesactions peu subtiles des raguans. The U.S. had few alternatives, since the CIA at the time
didn't have any reliable paramilitary capability of its own.

The structure of the program wasknown as LaTripartita. The idea
was to combine American money, Argentine trainers and Honduran
territory to create a guerrilla army known asthe Fuerza Democratica
Nicaragüense, or FDN. Later, the U.S. financed other guerrilla
groups operating from Costa Rica.

The FDN embodied the political tensions that have plagued the
Contras from the beginning. Founded in August 1981, the group

combined a rightist military leadership, directed mostly by people
who had been loyal to deposed Nicaraguan dictator Anastasio
Somoza,with a moderate political leadership. It wasn'ta comfortable
marriage.
The head of the Argentine training mission in Honduras was Col.
Osvaldo Ribeiro, known as Ballita, or the Little Bullet. He became a
prominent figure in Tegucigalpa, living in a large house, distributing
American money and dispensing what CIA officiais viewed as
unsound military advice. For example, since his own experience was
in urban rather than rural combat,he advised the Contras to mount a
program of urban terrorism. The CIA wanted to cultivate a popular
insurgency in the countryside.

The Argentines also apparently tolerated a practice of killing pris-
oners. Aformer Contra officialdescribes the informai rule fordealing
with captives : If a prisoner has ammunition when captured, let him
live,since he hasn't fought to the last bulle:if a prisoner hasn't any
ammunition, kill him. (To stop the killing, CIA officers ordered in
mid-1982 that al1prisoners be brought back to base for interroga-
tion.)" (The WallStreet Journal, 5 March 1985,pp. 1,24, reproduced
in the Nicaraguan Memorial, Ann. F, No. 191.)

This piece of Nicaraguan evidence also refers to the fast-deteriorating
situation in 1981"as Nicaragua rushed weapons into El Salvador by the
truckload". It concluded that the contraprogramme "has also reduced the
flow of arms in El Salvador".
190. Dickey'sbook With the Contrasprovides considerable detail about
Argentina's relations with Nicaragua. He reports that, before Somoza's
fall, Argentina's militarygovernment had placed an intelligence unit of
Argentine officersin Nicaragua in aneffort to sustain Somoza,at the same
time as opponents of the Argentine Government, the montoneros, had Argentins ont fait mal voir cette activité aux yeux de nombreux
Nicaraguayens. Les Etats-Unis ne disposaient que de fort peu de

solutions de rechange, étant donnéqu'à cette époque la CIA n'avait
guèrede capacité paramilitaire fiable.

Ce programme était connu sous le nom de La Tripartita. En prin-
cipe,ils'agissaitdecombiner lesfinances américaines, lesinstructeurs
argentins et le territoire hondurien, afin de créer unearméede gué-
rilleros dénommée Force démocratique nicaraguayenne,ou FDN.
Plus tard, les Etats-Unis ont financé d'autres groupesde guérilleros
opérant à partir du Costa Rica.
La FDN aconcrétisé letsensionspolitiques qui ont empoisonnédès

le début les guérillasde contras. Fondé en août 1981, ce groupe
comprenait une direction militaire de droite, dirigéeprincipalement
par ceux qui étaient demeurésfidèlesau dictateur nicaraguayen exilé
Anastasio Somoza. et une direction politique de caractère modéré.
C'était là une fort mauvaise alliance.
Le chef de la mission de formation argentine au Honduras étaitle
colonel Osvaldo Ribeiro, connu sous lenom de Ballita, ou Petit Obus.
Il est devenu une personnalité éminente à Tegucigalpa, où il habitait
une grande maison, distribuait de l'argent américainet dispensait ce
que les fonctionnaires de la CIA ont qualifiéde conseils militaires
malavisés.Par exemple, plus expérimenté encombat urbain plutôt

qu'enluttes rurales, ilaconseilléauxcontras de monter unprogramme
de terrorisme urbain. La CIA souhaitait fomenter une insurrection
populaire dans les campagnes.
Il semble que les Argentins aient aussi tolérél'assassinat de pri-
sonniers. Un ancien responsable contra a énoncé larègle officieuse
appliquéeau traitement descaptifs :siun prisonnier détenaitencore
desmunitionslors de sacapture, on lelaissaitvivre,puisqu'il ne s'était
pas battujusqu"à la dernière cartouche ;mais si un prisonnier n'avait
plus de munitions, on l'exécutait.(Pour mettre fin aux meurtres,
les fonctionnaires de la CIA ont ordonné vers le milieu de 1982que
tous lesprisonniers soient ramenés à labase pour y êtreinterrogés.)

(WallStreet Journal, 5mars 1985,p. 1,24, reproduit dans le mémoire
nicaraguayen, annexe F, no 191.)

Cette piècedu Nicaragua évoque aussi ladétériorationde la situation en
1981 B lorsque le Nicaragua envoyait des camions entiers d'armes au
Salvador )>Il conclut que le programme des contras <(avait également
réduitles envois d'armes au Salvador o.
190. Dans son ouvrage With the Contras, Dickey fournit d'amples
détails sur les relations entre l'Argentine et le Nicaragua. Il indique
qu'avant lachute de Somoza leGouvernement militaireargentin avait mis
sur pied au Nicaragua un service de renseignements composéd'agents
argentins et chargésd'appuyer Somoza, tandis que lesopposantsau Gou-fighters assisting the Sandinistas in Somoza's overthrow.He indicatesthat
close relations between the Sandinista Government and the montoneros
were maintained thereafter, the montoneros serving in Sandinista intelli-
gencework. He reports that Somozawas murdered in Paraguay in 1980by
an Argentine ERP guerrilla leader.

"The Argentine killersof the left and right, of the revolution and of
the government, who had stalked eachother forso long, nowbegan to
strike the enemies of their friends and the friends of their enemies."

(Loc. cit.,p. 89.)

According to Dickey,Argentina took the initiative asearlyasJanuary 1981
inextending material support tothe contras (that is,about ayear before the
CIA appeared on the scene in Honduras) ;as noted, Christian puts the
beginnings ofArgentine involvementwith the contras afewmonths earlier.
Contras were taken to Argentina for training, and Argentine officers
undertook the training of the contrasin Honduras. Training of the contras
appears to have been largely in Argentine hands into 1983or 1984.While
Argentinerelations with the United States became strained in the wake of
United States support for the United Kingdom after Argentina's taking of
the Falklands (Malvinas) Islands in 1982,itappears that Argentine officers
remained in Honduras until as late as the beginning of 1984(Dickey, loc.
cit.pp. 30-31,54-55,89-92, 113-119,123-124,145-146,153,156,230,251).
In his testimony before the Court, Commander Carrion stated that, "In

1982up to the beginning of 1984the mainpart of the training was givenby
Argentinemercenaries. .."(Hearing of 12September 1985) ;CIA officers
were also employed, according to Commander Carribn, "particularly in
the area of sabotage and demolition".

J.In November 1981,after NicaraguaHad FailedtoAccept Repeated United
States Requests to Ceaseits Material Supportfor Salvadoran Insurgents,the
UnitedStates Decidedto Exert Military PressureuponNicaraguain Orderto
Force it to Do what it Would not Agree to Do

191. See paragraph 33 of this opinion, and paragraphs 169-170, 173,
110, 12 1-122, 128-129of this appendix.

K. The Object of United States Support of the Contras Was Claimed by the
United States to Be Interdiction of Trajfic in Arms to El Salvador, though
Cleariy that Was not the Purpose of the Contras

192. Seeparagraphs 156-173of this appendix. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 511

vernement argentin, les montoneros, avaient dépêché des combattants
auprèsdes sandinistes pour lesaider à renverser Somoza.Il préciseque des
relations étroitesont étémaintenues par la suite entre le gouvernement
sandiniste et les montoneros, ceux-ci travaillant pour les services de ren-
seignements sandinistes. Il rapporte que Somoza a étéassassiné auPara-
guay, en 1980,par un dirigeant de la guérillaargentine ERP :

<Lesassassins argentins appartenant à la droite eà la gauche,à la
révolution etail gouvernement, qui s'étaient livrés pendant long-
temps, subrepticement, à la poursuite les uns des autres, avaient
désormaisentreprisde frapper lesennemis de leursamiset lesamisde

leurs ennemis. >(Loc. cit.,p. 89.)

Selon Dickey, l'Argentine avait pris dèsjanvier 1981(c'est-à-dire un an
environ avant que la CIA n'apparaisse sur la scèneau Honduras) I'initia-
tive d'élargir l'appui matériea lux contras ; comme il a déjà éténoté,
Christian fait remonter à quelques mois plus tôt le débutde l'appui des
Argentins aux contras. Ces derniers étaientconduits en Argentine pour y
êtreentraînés,et des officiers argentins en formaient d'autres au Hondu-
ras. IIsembleque l'entraînement des contras ait étéengrande partie assuré
par des Argentins jiisqu'en 1983 ou 1984.Alors que les relations entre
l'Argentineet lesEtats-Unis s'étaient tendues à la suite de l'appui apporté
par les Etats-Unis ail Royaume-Uni lors du débarquement argentin dans

lesîles Falkland (Malouines)en 1982,il sembleque des officiers argentins
soient demeurésau Honduras jusqu'au débutde 1984.(Dickey, /oc. cit.,
p. 30,31,54,55,89-92, 113-119,123,124,145,146, 153,156,230,251 .)Dans
sa dépositiondevan,tla Cour, le commandant Carrion a déclaréqu'<(en
1982,etjusqu'au débutde 1984,l'essentielde la formation était lefait de
mercenaires argentins ... (audience du 12septembre 1985) ;et, toujours
selon le commandant Carrion, des membres de la CIA ont eux aussi
participé à cet entraïnement, <plus particulièrement dans le domaine du
sabotage et de la démolition o.

J. En novembre 1981, après que le Nicaragua eut rejeté les demandes
réitéréedses Etats-Unis pour qu'ilmettefin à sonappuimatérielaux insurgés
salvadoriens,lesEtats-Unisontdécidé d'exercerdespressions militairessur le

Nicaragua pour lecontraindre àfaire ce qu'il ne voulait pas faire

191. Voir le paragraphe 33 de mon opinion et les paragraphes 169et
170, 173, 110, 121et 122, 128et 129du présentappendice.

K. Les Etats-Unis ont affirméque leur appui aux contras avait pour but
d'interdire le trafic d'armes destination d'El Salvador, bien que tel nefût
manifestement pas l'objectif descontras

192. Voir les paragraphes 156 à 173du présentappendice.L. By October 1983, in Apparent Response to United States Pressures,
Nicaragua ProposedFour Treaties which Were Interpretedas an Offerto
CeaseSupportingRebellioninEl Salvador ifthe UnitedStates WouldCease
Support of the Contras and of the Governmentof El Salvador

193. See paragraphs 174-178of this appendix.

M. In 1983,the UnitedStates CalleduponNicaraguato CutBuckifsArms

Build-up,to Sever Its Ties Withthe USSR and Cuba,and to CurryOut ifs
Pledges to the OAS and ifs Membersfor a Democratic Society

194. It is clear that, beginning in 1983,the United States expanded its
demandsupon Nicaragua. Untilsome timein 1983,theywere - actuallyor
ostensibly - essentially limited to Nicaragua's cessationof its support for
the overthrow of El Salvador's Government and the subversion of other
Central American States. Thereafter, they were widened to embrace not
only a cutback of Nicaragua's military build-up (very large relative to
anything else in Central America, and so large by Latin American stan-
dards asto be exceededonly by Cuba and Brazil),but severance of its ties
to Cuba and the USSR and performance of its pledges for the establish-
ment of a democratic Society.
195. In respect of Nicaragua's military expansion, it is the fact that it
was undertaken on a large-scale when the Carter Administration was in
power and well before Nicaragua could have had colourable reason to
claim security concerns. It hascontinued atan intensive Pace since,during
a period when Nicaragua can reasonably claim security concerns. An
essential element of the Contadora process is to introduce a better balance
in the military postures of the Central American States.

196. Contadora also calls for the withdrawal of foreign military advis-
ers,which appears to be the essential thrust of United States demands that

Nicaragua severits tieswithCuba and the USSRand like-minded States.It
isthefact that, fromthefirst days of Sandinista rule,verylarge numbers of
Cuban advisers, military and civilian. have been emplaced in Nicaragua
and in its governmental ministries, and that considerable numbers of
military, secret policeor otheradvisers have been sent to Nicaragua by the
USSR, the German Democratic Republic, Bulgaria and other Communist
States, as well as the PL0 and Libya.

197. Moreover, there are recurrent reports of the haven which various
terrorist elements allegedly have gained in Nicaragua. The United States
has publicly and officiallymade suchcharges ;there arereports that other
governments have made representations to Nicaragua through diplomatic
channels ;for its part, Nicaragua has denied such charges. It is claimed
that the Argentine montoneros, the Colombian M-19, the Italian Red
Brigades, and Peru's Shining Path are among such elements (see JuanL. Enoctobre1983, à lasuiteapparemment despressionsdes Etats-Unis,le
Nicaragua a proposé quatrte raités,ce qui a étéinterprétcommeuneoffre
de sapart de mettrefin à I'appuià la rébellioau Salvadorsi les Etats-Unis
cessaient d'appuyer lesontras et le Gouvernement d'ElSalvador

193. Voir les paragraphes 174 à 178du présent appendice.

M. En1983,lesEtats-UnisontdemandéauNicaraguaderéduire sonursenal
militaire, de rompre ses liensavec l'Union soviétique et uba et d'honorer
l'engagement qu'il avait pris enverI'OEAet ses membresd'instaurerune
sociétédémocratique

194. Il est clair qu'à partir de 1983les Etats-Unis se sont miàexiger
davantage du Nicaragua. Jusqu'en 1983,ilsexigeaient essentiellement de
celui-ci, effectivement ou apparemment, qu'il cessed'appuyer le renver-
sement du Gouvernement d'El Salvador et la subversion dans d'autres
pays d'Amérique centrale.Aprèscette date, ilssont allésplus loin, deman-
dant au Nicaragua non seulement qu'ilréduise sonarsenal militaire (con-
sidérableau regard de celui des autres pays d'Amérique centrale et seu-
lement dépassée ,n Amériquelatine, par ceux de Cuba et du Brésil),mais
encore qu'il rompe ses liens avec Cuba et l'Union soviétiqueet honore

l'engagement qu'ilavait pris d'instaurer une sociétédémocratique.
195. Pour ce qui est de l'expansion militaire du Nicaragua, il est de fait
qu'elle a démarrésur une grande échellea l'époquede l'administration
Carter et bien avant que le Nicaragua n'ait eu de raison plausible de faire
valoir des impératifsde sécurité. Ells'estpoursuivie depuis à un rythme
accéléré,à uneépoqueoù leNicaragua peut raisonnablement invoquer des
motifs de sécuritéUn despoints essentielsdesconsultations de Contadora
concerne précisément l'instaurationd'un meilleur équilibremilitaire entre
les pays d'Amériquecentrale.
196. Les consultations de Contadora portent par ailleurs sur le retrait
des conseillers militaires étrangers ce qui semble êtrel'idée-forcede la
demande faite par les Etats-Unis au Nicaragua de rompre ses liens avec
Cuba, l'Union soviétiqueet lespays partageant leurs idéaux.Il est de fait
que dès l'avènementdu régimesandiniste de très nombreux conseillers
cubains, militaires et.civils, ont étémis en place dans les ministères nica-
raguayens et que l'Union soviétique,la République démocratiquealle-
mande, la Bulgarie et d'autres Etats communistes, ainsi que I'OLP et la

Libye, ont dépêché au Nicaragua nombre de conseillers militaires, agents
de la police secrèteet autres.
197: De plus, il est régulièrementrapportéque leNicaragua servirait de
sanctuaire à tels ou tels éléments terroristes.Les Etats-Unis ont lancé
publiquement et officiellement des accusations dans ce sens ;d'autres
gouvernements auraient,par la voiediplomatique, fait desreprésentations
à ce sujet auprès du Nicaragua ; le Nicaragua, quant à lui, a rejeté ces
accusations. On prétendque les montonerosargentins, le M-19colombien,
les brigades rouges italienneset le mouvement péruvienSentier lumineuxA. Tamayo, "Sandinistas Attract a Who's Who of Terrorists", and
"World's Leftists find a Haven in Nicaragua", the Miami Herald,3March
1985.pp. IA, 22A. Mr. Tamayo indicates that his reports are based on
considerable interviewing in Managua.) Dickey'sreporting of collabora-
tion between theArgentine montonerosand the Sandinistas has been noted
above, as have charges of Nicaraguan support of the Colombian M-19.
Collaboration between theSandinistas and thePL0 and PFLP issaid togo
back to at least 1970. For example, Sandinista Patrick Arguello Ryan,
according toan officia1United Statesreport, waskilled in the hijacking of
an El Alairliner en route from Tel Aviv to London on 6 September 1970.
He reportedly had been trained at a PL0 camp. It isclaimed that Arguello
is now treated by the Nicaraguan Government as a hero and that a large

dam under construction has been named in his honour (Department of
State, TheSandinistasand Middle East Radicals, 1985,p. 2.)

198. United States demands that the Nicaraguan Government nego-
tiate with the contras,and hold elections which will genuinely test San-
dinista governance, are controversial. For the reasons set out in Section V
of thisopinion, and in the light of the commitments undertaken on behalf
of Nicaragua vis-à-visthe OAS and its Members in 1979(App., paras. 8-
13), calls upon Nicaragua, to conduct itself in accordance with those
commitments are lawful. They are also consonant with the terms and
substance of the Contadora Document of Objectives.

N. By the Beginningof 1984, the UnitedStates Undertook Directif Covert
Military Action against Nicaragua, Assaulting Oil Facilitiesand Mining
NicaraguanPorts

199. The facts of this heading, which are developed in the Court's
Judgment, are essentially uncontroverted.

O.ParticularlySinceJanuary1985,the UnitedStates HusSpokenin Terms
whichCanBeInterpreted as Requiring Comprehensive Chanig nethePolicies
of,or,Alternatively,Overthrowof, theNicaraguan Government aa s Condi-
tion of Cessationof its Supportof the Contras

200. It is demonstrated by evidence volunteered by Nicaragua - the
transcript of the conversation between Messrs. Ortega and Enders - that
the United Statesmadeit clear that it accepted the Nicaraguan revolution
as "irreversible".Such a policy is incompatible with the contention of
Nicaragua that the policy and actions of the United States Government
were, "from the beginning", designed to overthrow the Nicaraguan Gov-
ernment. Moreover, the facts demonstrate that the United States extended
significant financial and other support to the Nicaraguan Governmentfigurent au nombre de ces élémentsterroristes (voir Juan A. Tamayo,
<Sandinistas Attract a Who's Who of Terrorists »,et World's Leftists
Find a Haven in Nicaragua b)Miami Herald,3 mars 1985,p. 1A. 22A.
M. Tamayo précise avoirtiréses informations de nombreuses interviews
réalisées à Managua.) Il a été question plushaut des renseignements
communiquéspar Dickey à propos de lacollaboration entre lesmontoneros
argentins et les sandinistes, ainsi que des accusations touchant l'aide
nicaraguayenne au M -19colombien. Lacollaboration entre lessandinistes
d'unepart et I'OLPexle FPLP de l'autre remonterait au moins à 1970.Par
exemple, selon un rapport officiel des Etats-Unis, le sandiniste Patrick
Arguello Ryan a ététué lorsdu détournement de l'avion d'El Al qui

assurait la liaison Tel Aviv-Londres le 6 septembre 1970. II aurait été
entraînédans un camp de I'OLP.On prétendqu'Argue110est considéré par
le Gouvernement nicaraguayen comme un héros etqu'en hommage à sa
mémoireson nom aété donné à un grand barrageencours de construction
(Department of State, The Sandinistasand Middle East Radicals, 1985,
P 2).
198. Les demandes des Etats-Unis tendant àce que le Gouvernement
nicaraguayen négocieavecles contraset organise des électionsqui mettent
véritablement à l'épreuve lerégims eandiniste sont controversées.Pour les
raisons exposées à la section V de mon opinion et eu égardaux engage-
ments pris au nom du Nicaragua vis-à-visde I'OEAet de ses membres en
1979(paragraphes 8 à 13du présent appendice), les demandes faites au

Nicaragua pour qu'il honore ces engagements sont licites. De plus, elles
sont conformes à l'esprit eàla lettre de la liste d'objectifs du groupe de
Contadora.

N. Au débutde 1984,lesEtats-Unisontentreprisuneactionmilitaire directe
quoiquesecrètecontreleNicaragua,enattaquantses installations pétrolières
et en minantsesports

199. Ces faits, qui sont développésdans l'arrêtde la Cour, ne sont pas
dans leur essence controversés.

O. Depuisjanvier 1985enparticulier, ledséclarationdesEtats-Unispeuvent
êtreinterprétéecommesubordonnant lacessation deleurappuiauxcontras à
unemodification radicalede lapolitiquedu Gouvernement nicaraguayen ou,
a défaut,au renversement du Gouvernement nicaraguayen

200. Une des piècesprésentéespar le Nicaragua - transcription des
entretiens entre M.Enders et M.Ortega - prouve que les Etats-Unis ont
bien précisé qu'ilacceptaient la révolutionnicaraguayenne comme ir-
réversible)>.Une telle politique est incompatible avec l'affirmation du
Nicaragua selon laquelle la politique et les actes du Gouvernement des
Etats-Unis auraient eu pour but,<(depuis l'origin)>,de renverser leGou-

vernement du Nicariigua. En outre, les faits montrent que les Etats-Unis
ont apportéune aide importante, financièreet autre, au Gouvernement dufrom the time it seizedpower until January 1981.The facts onbothcounts
show that United States policy at least into 1981 could not have been
designed or implemented with a view towards the overthrow of the Nica-
raguan Government.

201. As for the situation from 1982,whenthe contrasbegan operations
(on any noticeable scale,in March 1982),and thereafter, the facts are not
so clear. My own reading of them is that the purpose of United States
support of the contras probably was not overthrow of the Nicaraguan
Government but rather the exertion of pressure upon it, initially designed
essentially to compel it to cease its support of insurgency in neighbouring
States. Later, in 1983,other purposes came into play, but these purposes
did not, and do not, necessarily imply overthrow of the Nicaraguan Gov-
ernment. for two reasons. First, the purposes as stated do not require
overthrow of the Nicaraguan Government, but rather changes in its inter-
na1and external conduct and representative character. Second, the size,
armament and training of contraforces,relative to thoseof the Nicaraguan
Government. have been so modest - the resources applied by the United
States in support of itsNicaraguan policy,comparatively sosmall - that it

is most improbable that the contras could overthrow the Nicaraguan
Government. Absolutely, the aid givento the contrashasnot been sosmall,
but relative to that which Communist and other States have given to
Nicaragua, and in relation to Nicaragua's militarystrength, it issmall.Nor
can the short-lived and limited direct United States attacks on Nicaraguan
oil facilities and ports and the mining of Nicaraguan ports be seen as
measures which were likely to lead to the overthrow of the Nicaraguan
Government.

202. Of course, the capacities of the contra forces, and the extent of
United States involvement in activities directed against Nicaragua, have
been and remain open to change. The ambitions of United States policy

apparently have evolved with time. As noted above, by 1983,the United
States was seeking a good deal more than the cessation of Nicaraguan
support of foreign insurgencies ;and the manual of psychologicalwarfare
prepared by the CIA for distribution to contraforces in 1983 - which has
been repudiated as an authoritative statement of policy of the United
StatesGovernment - openly spokeof the overthrow of Sandinista author-
ity. By 1985,statements of President Reagan and Secretary of State Shultz
were open to the interpretation - they do not require the interpretation,
but they are open to the interpretation - of demanding and seeking
overthrow of the Nicaraguan Government. Some statements may so sug-
gest ; others affirm that the objects of United States policy are less far-
reaching. Both President Reagan and Secretary of State Shultz have
expressly affirmed that "the overthrow of the government of Nicaragua is
not the object nor the purpose of United States policy .. ."(United States

Counter-Memorial, Ann. 1,pp. 3-4).While the goal of Nicaragua's policy
- the overthrow of the Government of El Salvador, if not of the Govern-Nicaragua, depuis sa prise du pouvoir jusqu'en janvier 1981. Ces deux
élémentsmontrent que la politique des Etats-Unis, du moins jusqu'en
1981,ne peut avoir étéconçue ni miseen Œuvredans lebut de renverser le
Gouvernement du Nicaragua.
201. Pour cequi estde la situationàpartir de 1982,époque àlaquelleles
contras ont commencé à lancer leurs opérations(les premièresopérations
d'envergure datant de mars 1982),les faits ne sont pas aussi clairs. Pour

moi, ils montrent que le soutien des Etats-Unis aux contras ne visait
probablement pas à renverser le Gouvernement du Nicaragua :il visaià
exercer des pressions sur lui essentiellement dans le but, à l'origine, de
l'obligerà cesser d'appuyer l'insurrection dans les Etats voisins. Plus tard,
en 1983,d'autres buts s'ysont ajoutésmais ils ne visaient pas, et ne visent
pas, nécessairementlerenversement du Gouvernement du Nicaragua,et ce
pour deux raisons. Premièrement,l'objectifdéclaré n'étaitpas de renverser
le Gouvernement du Nicaragua, mais de l'amener à changer de compor-
tement, à l'intérieuret à l'extérieur,età changer sa représentativité.
Deuxièmement, les effectifs, l'armement et l'entraînement des forces

contras,comparés àceux des forces du Nicaragua, étaient àce point mo-
destes - tout comme lesressources affectéespar les Etats-Unis àleur poli-
tique nicaraguayenne - qu'il étaithautement improbable que les contras
fussent capables de renverser le Gouvernement du Nicaragua. Dans I'ab-
solu,l'aidefournie ailxcontrasn'étaitpas àproprement parlerinsignifiante
mais comparée àcelle que lespays communisteset autres ont accordéeau
Nicaragua et àla force militaire nicaraguayenne, elle l'était.De même,ni
les attaques directes, éphémères et limitées,que les Etats-Unis ont diri-
géescontre les dépôtset les ports pétroliers nicaraguayens ni le minage
des ports nicaraguayens ne sauraient êtreconsidérés commedes mesures

propres à renverser le Gouvernement nicaraguayen.
202. Bien entendu, la capacité des forces contras et l'ampleur de la
participation des Etats-Unis aux activités dirigéecontre le Nicaragua ont
été et demeurent sujettes à évolution. Les objectifs de la politique des
Etats-Unis ont. semble-t-il, évolué avec le temps. omme on l'anotéplus
haut, en 1983,les Etats-Unis cherchaient àobtenir bien plus que la ces-
sation de l'appui du Nicaragua à l'insurrectionàl'étranger ;et le manuel
des opérations psyc:hologiquesdans la lutte de guérillapréparépar la
CIA à l'intention des forcecontras,en 1983 - récuséen tant que déclara-
tion de principe officielle du Gouvernement des Etats-Unis -, évoquait

ouvertement le renversement du régimesandiniste. En 1985,les déclara-
tions faites par le président Reagan et le secrétaired'Etat Shultz pou-
vaient êtreinterprétées - elles n'ont pas à êtreinterprétées,mais elles
peuvent l'être - comme signifiant que les Etats-Unis demandaient et
cherchaient à obtenir le renversement du Gouvernement du Nicaragua.
Certaines déclarationspeuvent lelaisser penser ;d'autres affirment que la
politique des Etats-Unis ne va pas aussi loin. Et tant le président Reagan
que le secrétaired'Etat Shultz ont expressément affirmé que ((la poli-
tique des Etats-Unis ...n'a ni pour objet ni pour but de renverser le Gou-
vernement du Nicaragua )) (contre-mémoire des Etats-Unis, annexe 1,ments of Honduras, Costa Rica and Guatemala - seemsclear, the goal of
United States policy is more difficult to establish.

203. Thus one may contrast a written statement of United States policy
with President Reagan'suseof the expression, "say, 'Uncle' ".Annex 95to
the United StatesCounter-Memorialreproduces the text of areport to the
Congressby Secretary Shultzon 15March 1984pursuant to Section 109 (fi
of the IntelligenceAuthorization Act of 1984.At page 6,it isstated that, in
direct meetingsin Managua with officiaisof the Nicaraguan Government,
a special Ambassador of the United States "made clear to the Sandinistas
our four policy objectives vis-à-vis Nicaragua" :

"(1) Implementation of the Sandinistas' democratic commitments
to the OAS ;
(2) Termination of Nicaragua's support for subversion in neigh-
boring states ;
(3) Removal of Soviet/Cuban military personnel and termination
of their military and security involvement in Nicaragua ;and

(4)The reduction of Nicaragua's recentlyexpanded military appa-
ratus to restore military equilibrium among the Central American
states."

It may be obsewed that theseobjectives are altogetherconsonant with the
Document of Objectives of the Contadora process. Such objectives are
expressed in relevant United States legislation, and repeated inveryrecent,
officia1statements of the United States.
204. Now let us look at the "say, 'Uncle' " exchange. This is how it
ran :

"[Question :] Mr. President, on Capitol Hill.. .the other day, Sec-
retary Shultzsuggested that a goalof your policy now isto removethe
Sandinista government in Nicaragua. 1sthat your goal ?

[ThePresident :]Well,removed inthe senseofitspresent structure,
inwhichitisacommunisttotalitarian state, and itisnot a government

chosen by the people. So, you wonder sometimes about those who
make such claims as to its legitimacy.We believe, ...that wehave an
obligation to be of help where we can to freedom fighters and lovers
of freedom and democracy, from Afghanistan to Nicaragua and
wherever there are people of that kind who are striving for that
freedom.p. 3-4).Alors que l'objectifde lapolitique du Nicaragua - lerenversement
du Gouvernement d'El Salvador, voire desGouvernements du Honduras,
du Costa Rica et du Guatemala - semble ne faire aucun doute, celui de la
politique des Etats-Unis est plus difficile à établir.
203. On peut donc opposer une déclarationécritede principedes Etats-
Unis à l'utilisation de l'expression mettre les pouces par le président
Reagan. A l'annexe95 au contre-mémoiredes Etats-Unis est reproduit le
texte d'un rapport que le secrétaired'Etat Shultz a soumis au Congrèsle
15mars 1984,conformémental'article 109f)de l'IntelligenceAuthorization

Act de 1984 (loi portant ouverture de crédits au titre des services de
renseignements). Il y est indiqué, à la page 6, qu'au cours de rencontres
qu'il avait eues a Managua avec des responsables du Gouvernement du
Nicaragua, l'ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis leur avait <<ex-
poséclairement nos quatre objectifs de principe en ce qui concerne le
Nicaragua )>:

<<1) Exécution des engagements pris par les sandinistes envers
I'OEAen ce qui concerne la démocratie ;
2) arrêtde l'appui du Nicaragua à la subversion dans les Etats
voisins ;
3) départ du personnel militaire soviéto-cubain et arrêtde leur
participation militaire et dans le domaine de la sécuritéau Nicara-
gua ;
4) réduction del'appareil militaire nicaraguayen, récemment ren-
forcé, et retour à l'équilibre militaireentre les Etats d'Amérique
centrale. H

Ilest anoter queces objectifs sont toutà faitconformes à laliste d'objectifs
adoptéedans lecadre du processus deContadora, tels qu'ilssont énoncés
dans des textes de loidesEtats-Uniset qu'ilsont été repris tout récemment
encore dans des déclarations officielles des Etats-Unis.
204. Voyons maintenant le dialogue à l'occasion duquel l'expression

((mettre les pouces » a étéutilisée.Voici comment cet échange s'est
déroulé :
([Question :J Monsieur le Président, au Capitole ...l'autre jour,
M. le secrétaire Shultz a dit que l'un des buts de votre politique
actuelleestd'écarterlegouvernement sandiniste au Nicaragua. Est-ce

exact ?
[Le Président :]Enfin, l'écarter sous saforme actuelle, où c'est un
Etat communistetotalitaire,et non pas un gouvernement choisi par le
peuple. De sorte qu'on se pose parfois des questions sur ceux qui
insistent tellement sur salégitimité. ous pensons ...que nousavons le
devoir d'aider, la où nous le pouvons, lescombattants de la libertéet
ceux qui aiment la liberté et la démocratie,de 1'Afghanistan au
Nicaragua, et partout où il existe des hommes et des femmes comme

eux qui luttent pour cette liberté.
.....................*....... [Question :] Well, sir, when you say remove it in the sense of its
present structure, aren't youthen saying that you advocate the over-

throw of the present Government of Nicaragua ?

[Answer :]Well, what I'm saying is that this present government
was one element of the revolution against Somoza. The freedom
fighters are other elements of that revolution. And once victory was
attained, the Sandinistas ... ousted and managed to rid themselvesof
theother elementsof the revolution and violated their ownpromise to
theOrganization ofAmerican States,and asa result ofwhichtheyhad
received support from the Organization, .. .their revolutionary goal

was for democracy, free press, free speech, free labor unions, and
elections, and so forth, and they have violated that.

And.. .the freedom fightersopposing them, are Nicaraguan people
who want the goals of the revolution restored. And we'regoing to try
to help.

Q. : 1sthe answer yes, sir ? 1s the answer yes, then ?

A. : To what ?

Q. : To the question. aren't you advocating the overthrow of the
present government ? If. ..
A. : Not if the present . ..

Q. : . . .you substitute another form of what you say was the
revolution ?
A. : Not if the present government would turn around and say, al1
right, if they'd say, 'Uncle'.Al1right, come on back into the revolu-
tionary government and let's straighten this out and institute the
goals." (Mernorial of Nicaragua, Ann. C, Att. 1-14,pp. 5-6.)

205. Does President Reagan's statement affirm - as Nicaragua trum-
pets - that United States policy is overthrow of the Government of
Nicaragua ? It isopen to thatinterpretation. Butthe direct meaning of it is,
first,that the President declined to agree that the purpose of United States
policy is "the overthrow of the present government" and second, that the
President meant no more than that the present Nicaraguan Government
should re-admit the disaffected opposition and "institute the goals" of the
revolution, namely, genuinely free elections, a pluralistic system, respect
for human rights, and a foreign policy of non-alignment. Now it is per-

fectly true that, for the current Nicaraguan Government to make such
changes - forit toconduct freeelections, toencouragea pluralistic society,
to respect human rights,and conduct a non-aligned foreignpolicy - would
require profound changes in the actual policies it pursues. It may be that [Question :] Mais alors, monsieur le Président,lorsquevous parlez
del'écartersoussaforme actuelle,celanerevient-il pas àdirequevous
préconisez le renversement du Gouvernement actuel du Nicara-
gua ?
[Réponse :]Ehbien, cequeje dis,c'estque legouvernement actuela
été l'undeséléments de larévolutioncontre Somoza.Lescombattants
de la libertésont lesautres éléments decette révolution.Et une fois la
victoire acquise, les sandinistes ...ont évincé, ilsont réussi à se

débarrasserdes autres élémentsde la révolution,et ils ont manqué
à leurs promesses à l'organisation des Etats américains, à la suite
desquelles ils avaient reçu l'appui de cette organisation : que leurs
objectifs révolutionnaires étaientla démocratie,la libertéde presse,
la libertéde parole, la liberté syndicale, les élections, etc.,et ils ont
violétout cela.

Et ..lescombattants de la libertéqu'ilsont en face d'eux sontdes

Nicaraguayens qui veulent qu'on rétablisse lesobjectifs de la révolu-
tion. Et nous allons essayer de les aider.
Q. : Est-ce que votre réponse est affirmative, monsieur le Prési-
dent ? Est-ce que vous répondezoui ?
R. :A quoi ?

Q. :A la question de savoir si vous ne préconisezpas le renverse-
ment du gouvernement actuel ? Si...
R. :Pas si le gouvernement actuel ...

Q. :..si vouslui substituez une autreformede ceque vousappelez
la révolution ?
R. :Pas si le gouvernement actuel changeait d'attitude et disait :
d'accord - s'ilmettait les pouces. S'ildisait: trèsbien, revenons au
gouvernement révolutionnaire, mettons nos affaires en ordre, et
fixons les objectifs. (Mémoiredu Nicaragua, annexe C, pièce1-14,
p. 5-6.)

205. Le président Reagan affirme-t-il ici, ainsi que le Nicaragua le
proclame haut et fort, que la politique des Etats-Unis vise àrenverser le
Gouvernement du Nicaragua ?On peut interpréter sadéclarationdans ce
sens. Mais, d'emblée, lesensde cettedéclaration est,premièrement,que le
Président refuse deconvenir que la politique des Etats-Unis vise <(le ren-
versement du gouvt:rnement actuel et, deuxièmement, que le Président

entend tout simplement que le Gouvernement actuel du Nicaragua réin-
tègresesadversaires del'opposition et fixelesobjectifs de larévolution,
à savoir des électiorisauthentiquement libres, le pluralisme, le respect des
droits de l'hommeet une politique étrangèrede non-alignement. Certes, il
est tout àfait vrai que, pour procéder àces changements - organiser des
élections libres, favoriserune société pluraliste, respecter lesdroits de
l'homme et suivre ilne politique étrangèrede non-alignement - le Gou-thecurrent Nicaraguan Government is incapable of suchchanges - and it
may not be. But the President'sstatement does not necessarilyequate with
overthrow of the Nicaraguan Government.

P. There 1s Evidenceof the Commissionof Atrocities by the Contras, by
Nicaraguan GovernmentForcea s,ndby Salvadoran Insurgentsa ,ndof Advo-
cacy by the CIA ofActions Contraty to the Lawof War

206. There issubstantial - and horrifying - evidencein the record, and
in the public domain, of violations of the law of war in the Nicaraguan
struggle,particularly by the contrasbased in Hondurasand, apparently to
a lesser extent, by the Nicaraguan Government (see, e.g., An Americas
Watch Report byRobert K.Goldman etaL,Violationsofthe Law of Warby
BothSidesinNicaragua, 1981 -1985, and ibid.,First Supplement June 1985 ;
Amnesty International, Nicaragua: The Human Rights Record, 1986 ;
Leiken, Ioc. cit., p. 52). Contra atrocities are well documented (see, in
addition to the sources in the record and cited above, Dickey'sbook, loc.
cit., especially pp. 180-182, 186, 193-195,224-227, 246-250).But there is
also substantial evidence in the public domain indicating that the Nica-

raguanGovernment has gone toconsiderablelengthsto publicizeactual or
alleged violations of the lawof war by the contras,to influence the reports
of investigators of such violations, and to even more extreme lengths to
conceal and suppress evidence of its own violations (see,e.g., the detailed
statements supportive of theseconclusions inAlvaro JoséBaldizonAviles,
InsidetheSandinista Régime : A Special Investigator's Perspective,epart-
ment of State, 1985,especiallypp. 10-16,and MateoJoséGuerrero,Inside
the Sandinista Régime : Revelationsby the ExecutiveDirectorof the Gov-
ernment'sHumanRights Commission,Department of State, 1985,pp. 2-3,
and thecomments by Leiken,loc.cit.,aswellasthecomments hequotes of
the director of Americas Watch on their allegations. See also, Inside
CommunistNicaragua : The MiguelBolanosTranscripts,Heritage Foun-
dation, 1983,pp. 6-8).Moreover, there issubstantial evidencein the public
domain of violation of the law of war bv Salvadoran guerrillas. such as
shooting of non-combatants, abduction ofcivilians(mayors,the daqhter
of the Salvadoran President), indiscriminate mining of roads, and other

such acts, evidencewhichisessentiallyuncontroverted.There isalsoin the
public domain a great deal of uncontroverted evidence of atrocities com-
mitted by right-wing death squads in El Salvador. Charges of indiscrimi-
nate bombing have been made against forces of the Government of El
Salvador, but these charges are controverted and controversial.

207. In proceedings before the Court, the Nicaraguan Government andvernement actuel du Nicaragua devrait modifier radicalement la politique
qu'ilsuit.Il sepeut que leGouvernement actueldu Nicaragua soit capable
d'opérer ceschangements, mais il sepeut aussi qu'il ne lesoit pas. En tout
étatde cause, la déclaration du président Reaganne revient pas nécessai-
rement à prôner le renversement du Gouvernement du Nicaragua.

P. Ilest prouvéquelescontras, lesforcesgouvernementalesnicaraguayennes
etlesinsurgéssalvadoriensont commis desatrocitéset qu laeCIA aprônédes
actes contrairesau droit de la guerre

206. Il y a dans le dossier et dans le domaine public des preuves tan-
gibles - et horrifiantes- de violations du droit de la guerre commises à

l'occasion des luttes nicaraguayennes, en particulier par les contras basés
au Honduras et, apparemment dans une moindre mesure, par le Gouver-
nement nicaraguayen (voir, par exemple, un rapport dlAmericas Watch,
établipar Robert K. Goldman et divers collaborateurs, Violationsof the
Law of War Ly Both Sides in Nicaragua, 1981-1 98.5,et ibid., First Supple-
ment,June 1985 ;Amnesty International, Nicaragua :The Human Rights
Record, 1986 ; Leiken, loc. cit., p. 52). Les récits d'atrocités commises
par les contras sont bien documentés(voir, outre les sources mentionnées
dans le dossier et citées plushaut, l'ouvrage de Dickey, loc. cit., en par-
ticulier p.180-182, 186, 193-195,224-227, 246-250). Mais il existe aussi,
dans le domaine public, des preuves tangibles indiquant que le Gouverne-
ment nicaraguayen s'est particulièrement employé à rendre publiques
les violations du droit de la guerre dont les contras se sont ou se seraient
rendus coupables, à influencer les rapports des personnes chargéesd'en-

quêter surcesviolations, et surtout à taire etàsupprimer lespreuves de ses
propres violations ((voir,par exemple, les déclarations circonstanciées
corroborant cesconclusions dans l'ouvrage d'AlvaroJosé Baldizon Aviles,
Inside theSundinistclRégime :A SpecialInvestigaror'sPerspective,Depart-
ment of State, 1985, en particulier p. 10-16, et Mateo José Guerrero,
Inside the Sandinista Régime :Revelationsby the Executive Directorof the
GovernmentS Humcm Rights Commission, Departmen t of State, 1985,
p. 2, 3,et lesobservations de Leiken, foc.cit.,ainsi que lesobservations du
directeur d'Americas Watch sur ces allégations, qu'il cite. Voir également
Inside Communist Nicaragua : The Miguel Bolanos Transcripts, Heritage
Foundation, 1983, p. 6-8). Il existe de plus, dans le domaine public, des
preuves tangibles de violations du droit de la guerre commises par des
guérilleros salvador.ienscomme l'exécutionde non-combattants, I'enlève-

ment de civils (maires, la fille du président d'El Salvador), le minage de
n'importequellesrouteset autres actesde cegenre - toutes preuvesquipour
l'essentiel sont indiscutées.Il y a aussi dans le domaine public de nom-
breuses preuves nonicontroverséesd'atrocitéscommises par les escadrons
de la mort de I'extrzmedroite au Salvador. Les forces du Gouvernement
salvadorienont étéaccuséesd'avoir effectué desbombardements au hasard
mais ces accusations sont discutéeset discutables.
207. Non seulement le Gouvernement nicaraguayen et ses témoinsontitswitnesseshavesubmitted not onlygraphic evidenceofatrocities alleged
to have been committed by the contrasbut claims that such atrocities have
been committed at the instigation of the United States. In support of those
latter claims,Nicaragua has submitted essentially three items of evidence :
an affidavit by Edgar Chamorro, a former contraofficia1who now resides

in Florida ; the manual prepared by a CIA contractor entitled Psycho-
logical Operations in Guerrilla Warjare ; and testimony by Professor
Glennon.

208. Nicaragua placed great reliance on the affidavit of Mr. Chamorro,
in thisregard and in an effort to showthat the United States organized, and
directedthe military strategies and tactics of, the contraforce and choseits
leadership. Mr. Chamorro did not appear in Court and was not subjected
toexamination. His affidavit may beentitled to weight,but not necessarily
more weight than the affirmations of various defectors from the Sandin-
istas and Salvadoran guerrillas. such as Miguel Bolanos, aformer Sandin-
ista State Security officer, paragraphs 99-100of this appendix and Annex
46to the United StatesCounter-Memorial ; "Commander Montenegro", a
former Salvadoran guerrilla leader, paragraphs 101-103of this appendix
and Annexes 48 and 49 to the United States Counter-Memorial ; Alvaro

JoséBaldizon Aviles, formerly Chief Investigator of the Special Investi-
gations Commission of the Nicaraguan Ministry of the Interior, some of
whose contentions have been quoted or referred to in paragraphs 28 and
104of this appendix ; and still another Sandinista defector, Mateo José
Guerrero, who was the Executive Director of the Nicaraguan Govern-
ment'sofficia1National Commission for the Promotion and Protection of
Human Rights until his defection in March 1985(Inside the Sandinista
Régime :Revelationsby the ExecutiveDirectorofthe Government's Human
Rights Commission,loc.cit.).Their statements are in the public domain ;
they have been widely reported in the press ; some of those press articles
appear asAnnexes duly submitted to the Court by the United States ;and
such reports are exactly of the same value as evidence as the hundreds of
articlesannexed by Nicaragua toits pleadings. It is difficult to see why,if
the Court isjustified in giving weight to Mr. Chamorro's attestations, it
should give no weight to those of defectors from the Sandinistas such as
those just referred to, at any rate, those whose contentions were duly
submitted to the Court with the United States Counter-Memorial on

jurisdiction and admissibility.

209. Mr. Chamorro's affidavit, which contains much of interest, has
passages which giveone pause. Moreover, Mr. Chamorro, speaking in this
affidavit, says one thing ; but speaking in other contexts, also in evidence
proffered by Nicaragua, he says another.
210. Thus if we turn to the Nicaraguan Memorial, Annex F, Attach-
ment 163,pages 254-255,we find "Edgar Chamorro, an insurgent leader
expelledfrom theorganization last month inadispute withhiscolleagues",
stating, according to this article, the following :contracommanders hadproduit devant la Cour des preuves, avec photographies à l'appui, des

atrocitésqui auraient étécommises par les contras, mais ils ont affirmé
qu'ellesauraient étécommises à l'instigationdes Etats-Unis. LeNicaragua
a fourni à l'appui de cette affirmation essentiellement trois élémentsde
preuve :une attestion d'Edgar Chamorro, ancien responsable contrarési-
dant actuellement en Floride ;lemanuel intituléOperacionessicolbgicasen
guerra de guerrillas ((Opérations psychologiques dans la lutte de
guérilla))).établi par un contractuel de la CIA ; et le témoignagede
M. Glennon.
208. Pour étayer cette affirmation et essayer de montrer que les Etats-
Unis ont organiséet dirigéles stratégieset tactiquesmilitaires descontras
etchoisileursdirigeants, leNicaragua abeaucoup tablésurl'attestationde
M. Chamorro. Celui-ci n'a pas comparu devant la Cour et n'a pas été
interrogé. Sonattestation peut êtreprise en considération mais n'a pas
nécessairementplusdepoids que letémoignagedediversautres transfuges

des guérillassandiniste et salvadorienne, comme Miguel Bolanos, ancien
officier sandiniste affecté la sécuritde 1'Etat(voir ci-dessuspar. 99-100
et annexe 46 au contre-mémoire des Etats-Unis),le ((commandant Mon-
tenegro )),ancien chef de la guérillasalvadorienne (ci-dessuspar. 101-103
et annexes 48 et 49 au contre-mémoire des Etats-Unis), Alvaro JoséBal-
dizon Aviles,anciencollaborateur principal delacommissiondesenquêtes
spécialesdu ministèrede l'intérieurdu Nicaragua (dont certains propos
sont cités ou évoqués ci-dessusa ,ux paragraphes 28 et 104 du présent
appendice),ouencoreun autre transfugesandiniste, MateoJoséGuerrero,
directeur exécutif, avant sa défection en mars 1985, de la commission
nationale du Gouvernement nicaraguayen pour la promotion et la pro-
tection des droits de l'homme (Inside the Sandinista Régime :Revelations
by the ExecutiveDirectorof the Government'sHumanRights Commission,
loc. cit.). Les déclarationsde toutes ces personnes sont dans le domaine

publicet la presseen alargementrendu compte ;certains decesarticlesde
presse sont reproduits dans des annexes officiellement soumises à la Cour
par les Etats-Unis ;et cesdéclarationsont exactement la même valeure ,n
tant que moyen de preuve, que lescentaines d'articles que le Nicaragua a
annexés a ses écritures.On comprendrait mal pourquoi, si la Cour peut
accorder de la valeur aux attestations de M. Chamorro, elle n'en accor-
derait pas à celles d'anciens sandinistes devenus transfuges, comme ceux
nommémentcités ci-dessus,en tout cas à celles qui ont étédûment sou-
mises à la Cour en mêmetemps que lecontre-mémoiredesEtats-Unis sur
la compétence et larecevabilité.
209. L'attestation de M. Chamorro, qui n'estpas sans intérêtr,enferme
des passages qui donnent à réfléchirD. e plus, si M. Chamorro dans cette
attestation dit une chose, dans d'autres contextes, égalementavancés
comme preuve par le Nicaragua, il dit autre chose.

210. Par exemple, si l'on se reporteà l'annexe F au mémoiredu Nica-
ragua (pièce163,p. 254-255),on apprend que selon <<Edgar Chamorro,
chefdesinsurgés exclude l'organisation lemoisdernier aprèsun différend
avecsescamarades i,lescommandants descontrasauraient bénéficié d'un519 MILiTARY AND PARAMILITARY ACTIVITIES (DISSO. P.SCHWEBEL)

the benefit of "training in Argentina in 1981,before CIA advisers took a
direct hand in running the rebellion" ; and José Francisco Cardenal, a
former Vice-President of the Council of State under the Sandinistas and a
leader of the contrasuntil December 1982,"was dropped at the insistence
of Argentine advisers who were directing the insurgents in Honduras ...
The dispute revolved around Cardenal's efforts to act as leader, with

Argentine officers insisting on retaining control of the insurgency, Edgar
Chamorro recalled." Chamorro is reported to have added : "At that time,
CIA advisers were playing a secondary role in Honduras and were rarely
seen there before guerrilla ranks began to growin 1983."(The Washington
Post, 17December 1984,p. 2.) It may be asked whether these statements
attributed to Mr. Chamorrocomport with the indications in his affidavit
(e.g., para. 10)that, in 1982,the whole enterprise was being run by the
CIA.

211. Mr.Chamorro affirms in his affidavit that it "was standard FDN
practice to kill prisoners and suspected Sandinista collaborators ... The
CIA did not discourage such tactics.To the contrary ..."(Para. 27.)Butin
other evidence proffered by Nicaragua (Nicaraguan Memorial, Ann. F,
Att. 188,p. 286),Mr. Chamorro isquoted as saying - in 1985- that: "The
Americans were very strong on human rights. [Contra commander] Ber-
mudezwascritical of someof them on that.He felt that they weretrying to

find outtoo much." (TheLosAngelesTimes,4March 1985,p. 12.)Howcan
Mr. Chamorro maintain that, on the onehand, the CIA did not discourage
the killing of prisoners and on the other that, "The Americans were very
strong on human rights" ? Howcouldhe saythisin the sameyear,speaking
both times when he was well free of his connections with the contras ?

212. In respect of the quotation just givenfrom hisaffidavit concerning
"standard FDN practice to kill prisoners and suspected Sandinista col-
laborators" (para. 27), which, Mr. Chamorro alleges, were "tactics
reflected in an operations manual prepared for our forces by a CIA
agent. .."(para. 28), Mr. Chamorro proceeds to claim that, "In fact the
practices advocated in the manual wereemployed by FDN troops" (para.
28).But,in other evidenceproffered by Nicaragua(Nicaraguan Memorial,
Ann. F, Att. 165, p. 257), Mr. Chamorro is quoted as giving another
impression. The practice of some rebel commanders executing their pris-
oners, which,hesays,contraleaders found "sickening and disgusting", was

"common but it definitely was not our policy" ("Nicaragua Rebels
Accused of Abuses", the New York Times,27 December 1984,p. 1).If it
was definitely not "our policy", howcould it have been the policy which
the CIA "did not discourage"? Yet again, Mr. Chamorro is quoted as
saying : "Frankly, 1admit we have killed people in cold blood when we
found them guilty of crimes. Wedo believein the assassination of tyrants.
Some of the Sandinistas are tyrants in the small villages." (Joel Brinkley,
"Legislators Ask if Reagan Knew of C.I.A.'sRole", the New York Times, ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISSS . CHWEBEL)519

<(entraînement en Argentineen 1981,avant quedes conseillers de la CIA
neprennent directementen main ladirection de larébellion ; et queJosé
Francisco Cardenal, ancien vice-présidentdu conseil dlEtat sous les san-

dinistes,et chefdes contrasjusqu'en décembre1982, <(aété abandonnésur
l'insistance des conseillers argentins qui dirigeaient les insurgés auHon-
duras ... Ce différendportait sur la volontéde Cardenal d'êtrele chef,
alors que les officiers argentins insistaient pour garder le contrôle de
l'insurrection )),se rappelle Edgar Chamorro ... M. Chamorro aurait
ajouté : A l'époque,lesconseillersde la CIA n'avaient qu'un rôle secon-
daire au Honduras et on ne lesy a vus que rarement avant que leseffectifs

des guérillerosne commencent à s'accroître en 1983. (Washington Post,
17décembre1984,p. 2.)On peut sedemander sicesdéclarationsattribuées
a M. Chamorro recoupent lesindications figurant dans son attestation où,
par exemple, il dit qu'en 1982 toute l'affaire était dirigéepar la CIA
(par. 10).
211. M. Chamorro affirme dans ladite attestation que <la FDN avait
pour pratique courante de tuer les prisonniers et les personnes soupçon-

néesdecollaborer aveclessandinistes ...LaCIA nedécourageaitnullement
cegenre de tactique. Bienau contraire ..O (Par. 27.) Or, dans d'autres élé-
ments de preuve soumis par le Nicaragua (mémoire,annexe F, pièce188,
p. 286). il est dit que M. Charnorro a déclaré en1985que : <(Les Améri-
cains tenaient beaucoup aux droits de l'homme. Bermudez [comman-
dant des contras] critiquait certains d'entre eux sur ce point. Il estimait
qu'ils cherchaient a en savoir trop. » (Los Angeles Times, 4 mars 1985,

p. 12.)Comment M.Chamorro peut-il soutenir, d'une part, que la CIA ne
décourageait pas l'exécutiondes prisonniers et, d'autre part, que «les
Américainstenaientbeaucoup auxdroitsde l'homme ? Comment peut-il
dire cela la mêmeannée,dans lesdeux cas a un moment où ilétaitlibre de
tout lien avec les contras ?
212. Après avoir déclarédans son attestation, comme mentionné plus
haut,que (la FDN avait pour pratiquecourante de tuer lesprisonnierset

lespersonnes soupçonnéesde collaborer avec les sandinistes (par. 27) -
pratiques qui. selon lui, sont des «tactiques se [trouvant] décrites dans
un manuel rédigé à l'intention de nos forces par un agent de la CIA... ))
(par. 28), M. Chaniorro affirme qu'<c en fait, les pratiques préconisées
dans le manuel ont bel et bien étéutiliséespar les troupes de la FDN
(par. 28). Mais, dans d'autres pièces soumisespar le Nicaragua (mémoire
du Nicaragua, annexe F, pièce 165,p. 257). les propos de M. Chamorro

cités donnent une tout autre impression. L'exécutiondes prisonniers
par certains commandants rebelles, pratique que, selon lui, les dirigeants
contras trouvaient répugnante D, <(était fréquente,mais ce n'étaitcertai-
nementpas notre politique n (<Nicaragua RebelsAccusedofAbuses ))New
York Times, 27 décembre 1984, p. 1). Si elle n'étaitcertainement pas
<(notre politique ))comment pouvait-elle êtreune politique que la CIA
«ne décourageaitnullement M ?Et M. Charnorro dit autre chose encore :

<<Je serai franc et j'avoue que nous avons tué des gens de sang-froid
lorsque nous les avons reconnus coupables de crimes. Nous croyons en21October 1984,p. 1 .)This statement was promptly denied by a spokes-
man for the Nicaraguan Democratic Force, who maintained that : "We

have condemned any form of terrorism, including assassinations."
("Reagan to DismissOfficials Responsible for Guerrilla Primer", the New
York Times, 22 October 1984,pp. 1, 10.)

213. In his affidavit, Mr.Chamorro recounts that hehad cut out pages
from the manual which recommended hiring professional criminals and
creating martyrs for the cause. "About 2,000 copies of the manual, with
only those two passages changed, were then distributed to FDN troops."
(Para. 28.)These passages imply that the manual wasread by FDN troops
and wasafactor in theperpetration of their atrocities (an impression which
Mr. Chamorro's affidavit and Nicaraguan counsel seem anxious to con-
vey). But what did Mr. Chamorro otherwise Say on that very point?
According to evidence offered by Nicaragua (Nicaraguan Memorial,

Ann. F, Att. 139,p. 229),Mr. Chamorro said of the manual :"1know that
people did not read it." ("Alleged Author of CIA Manual Said to Be
Ex-GI", the WashingtonPost, 20 October 1984.)

214. SinceIhave read thewholeof PsychologicalOperationsin Guerrilla
War-re by "Tacayan" (Memorial of Nicaragua, Ann. G), 1 too believe
that people did not read it. It is difficult to suppose that the generality of
the contra fighters, many of whom are poorly educated campesinos, oreven
their commanders, read some 90 pages of turgid prose, replete with
references to Aristotle, the HUK guerrilla movement of the Philippines,
and the "Socrates dialectic". Those who might have read it, or parts of
it - Dickey reports that the manual was used in classes of a Nicara-
guan instructor of the contras (loc. cit.p. 256) - would have read a con-
fusing mixture. On the one hand, the manual counsels that the guerrillas

are to achieve :

"a closeidentification with the people. ..working together with them
on their crops . . in fishing, etc.. .. as long as explicit coercion is

avoided, positive attitudes can be achieved with respect to the pre-
sence of armed guerrillas within the population" (p. 2).
The importance of "Showingeach guerrilla the need for good behaviour to
win the support of the population" is stressed (p. 6).

"[Tlhese principles should be followed
- Respect for human rights and others' property.
- Helping the people in community work.

- Protecting the people from Communiât aggressions.
- Teaching the people environmental hygiene, to read, etc., in
order to win their trust, which will lead to a better democratic
ideological preparation.l'assassinat des tyrans. Certains des sandinistes sont des tyrans dans les
petits villages. (Joel Brinkley, ((Legislators Ask if Reagan Knew of
CIA's Role )>,New York Times,21 octobre 1984,p. 1 .)Ces propos ont été

promptement démentis par un porte-parole de la force démocratiqueni-
caraguayenne,qui a déclaré :<(Nous avons condamnétoute forme de ter-
rorisme, y compris les assassinats. ))(<(Reagan to Dismiss Officiais Res-
ponsible for GuerrilliiPrimer O, New York Times,22octobre 1984,p. 1, 10.)
213. Dans son attestation, M. Chamorro dit avoir supprimédes pas-
sagesdu manuel recommandant de recruter des criminels de carrièreetde
créerdes martyrs pour la cause. <(Environ deux mille exemplaires de ce

manuel, avec ces deux seuls changements, ont ensuite étédistribuésaux
troupes de la FDN. (Par. 28.)Cespropos laissent entendre que lessoldats
de la FDN lisaient ce manuel qui les incitait à perpétrer de telles atro-
cités (impressionque M. Chamorro dans son attestation et les conseils
du Nicaragua semblent tenir à donner). Mais que déclareM. Chamorro
ailleurs sur ce point précis ? Selon des élémentsde preuve soumis par
le Nicaragua (mémoire du Nicaragua, annexe F, pièce 139, p. 229).

M.Chamorro dit du manuel :<(Je saispertinemment que leshommes ne le
lisaient pas. (a Alleged Author of CIA Manual Said to Be Ex-GI O,
WashingtonPost, 20 octobre 1984.)
214. Ayant moi-mêmelu en entier Opérationspsychologiquesdans la
luttedeguérillapar <(Tacayan (mémoiredu Nicaragua,annexe G),je suis
persuadé,moi aussi, que les hommes ne le lisaient pas. On a peine à croire

que les combattants de la force contra, pour la plupart des campesinos
presque illettrés,et mêmeleurs commandants, aient lu environ quatre-
vingt-dix pages d'une prose indigeste, faisant référence à Aristote, au
mouvement de guérilla HUK aux Philippines et à la ((dialectique de
Socrate o. Les quelques personnes qui auraient pu le lire. ou en lire des
extraits - Dickey rapporte que le manuel a étéutilisépar un instructeur
nicaraguayen chargi: de l'entraînement des contras(foc.cit., p. 256) - y

auraient d'ailleurs trouvé unamalgame bien confus. D'unepart. lemanuel
conseille aux guérillerosde s'identifier

<étroitement au peuple ...travaillant aveclui auxchamps ..à la pêche.
etc. ..à condition que nous évitionsla coercition directe, ilspourront
se faire une idée positivede la présencede guérillerosarmésdans la
population (p. 2).

Il souligne l'importance <de montrer à chaque guérillero la nécessité de
bien se comporter pour obtenir le soutien de la population (p. 6).

<(II convient de respecter les principes suivants :
- respect des droits de l'homme et du bien d'autrui ;
- aider la population dans son travail ;
- protégerla population contre les agressions communistes ;

- enseigner aux gens l'hygiènedu milieu, leur apprendre à lire, etc.,
afin de gagner leur confiance, ce qui entraînera une meilleure pré-
paration idéologiquedémocratique. This attitude will foster the sympathy of the peasants for our
movement, and they will immediately become one of us, through lo-
gistical support, coverage and intelligence information on the enemy
or participation in combat. The guerrillas should be persuasive
through the word and not dictatorial with weapons. If they behave in

thisway,the people willfeelrespected, willbe more inclined to accept
our message and will consolidate into popular support." (At p. 9.)

Thus each guerrilla "should be respectful and courteous with the
people .. ."(p. 10).The manual is full of homilies of this kind, apparently
designed to discourage abuses of human rights. Indeed, the origins of the
manual indicate that it was an attempt to curb abuses of human rights
whichhad been committed bygroups of contras whohad had some,largely
Argentine training but no effective control (see Dickey, op. cit.,pp. 249-
257).
215. At the same time, the manual contains a section on "Implicit and
ExplicitTerror" whichadvocates someactswithin thebounds of thelawof
war and some acts in violation of the law of war. Euphemistic terms in
some instances are used to describe such acts :e.g.,Sandinista informants
will be "removed" (p. 13).On the one hand, this passage is found :

"- The fact that the 'enemies of the people' - the officials or
Sandinista agents, must not be mistreated in spite of their criminal
acts,although theguerrilla forcemay have sufferedcasualties ..." (At
p. 13.)

On the other hand, thispassage isfound, under thecaption, "SelectiveUse
of Violence for Propagandistic Effects" :

"It is possible to neutralize carefully selected and planned targets,
such as courtjudges, mesta judges, police and State Security officials,
CDS chiefs, etc. For psychological purposes it is necessary to take

extremeprecautions, and it is absolutely necessary to gather together
the population affected, so that they will be present, take part in the
act, and formulate accusations against the oppressor." (P. 14.)

Mr. Chamorro, in explaining why he had pages ripped out of the copies of
the manual which spoke of hiring criminals and making martyrs, but left
sections dealing with "neutralizing" selected officials intact, reportedly
stated : "To the rebels, Mr. Chamorro said, the word 'neutralize'did not
necessarilymean assassinate." ("Legislators Askif Reagan Knewof CIA's
Role", the New York Times, 21 October 1984,pp. 1, 13.)

216. "Psychological Operations in Guerrilla Warfare" was a low-level,
inadequately supervised and edited, haphazardly published product (if Cette attitude encouragera la sympathie des paysans pour notre

mouvement, et ils sejoindront immédiatement à nous, en apportant
appui logistique, renseignements sur l'ennemiou mêmeparticipation
au combat. Lesguérillerosdoiventpersuader par laparoleet non faire
un usage dictatorial de leurs armes. S'ils secomportentde la sorte, la
population se sentira respectée,sera plus à même d'accepternotre
message et nous apportera un soutien populaire. ))(P. 9.)

Ainsi, chaque guérillero (1doit êtrerespectueux et courtois avec la popu-
lation ... (p. 10). Le manuel est trufféde sermons de ce genre, censés,

semble-t-il, découragerles violations des droits de l'homme. De fait, il
ressort deson originequ'ildevait servir àmettre un frein aux violations des
droits de l'hommequi avaient été commisespar des groupes de contras qui
avaient étéentraînésessentiellement par des Argentins mais qui n'exer-
çaient aucun contrôle effectif (voir Dickey, op. cit.,p. 249-257).
215. Par ailleurs, le manuel comprend une section, sur ((la terreur
implicite et explicite O, où sont préconiséscertains actes acceptéspar le

droitde laguerreetd'autres qui sonten violation de cedroit. Cesactessont
parfois désignespar des euphémismes : par exemple, lesinformateurs des
sandinistes seront (Iéliminés ))(p. 13). On trouve aussi le passage sui-
vant :

Le fait que: - les ((ennemis du peuple - les responsables ou
agents sandinistes ne doivent pas êtremaltraités en dépitde leurs
actes criminels. et mêmesi la guérillaa subi des pertes ... (P. 13.)

Mais on peut lire également le passagesuivant, sous le titre ((Utilisation
sélectivede la violence à des fins de propagande :

On peut neutraliser des objectifs soigneusement triés selonun
plan bien préparé,par exemple desjuges des tribunaux, des juges de
mesta, desfonctionnaires de lapoliceetde lasûreté,deschefsde CDS,
etc. Pour des raisons psychologiques il convient de prendre de très
grandes précautions, et il est indispensable de rassembler la popula-

tion intéresséepour qu'elle soit présente, prenne part à l'action et
formule des accusations contre l'oppresseur. ))(P. 14.)

Lorsque M. Chamorro a expliquépourquoi il avait supprimé les pas-
sages des exemplaires du manuel où il était recommandéde recruter des
criminels et de créerdes martyrs pour la cause et pourquoi il n'avait
pas touché aux sections concernant la <(neutralisation d'objectifs soi-
gneusement sélectionnés,il aurait déclaré : ((Pour les rebelles ...le
mot neutraliser ne signifie pas nécessairement assassiner. (6 Legislators

Ask if Reagan Knew of CIA's Role ))New York Times, 21 octobre 1984,
p. 1, 13.)
216. Le manuel intitulé Opérationspsychologiques dansla lutte de gué-
rillaest un produit de bas étage, malécrit,mal supervisé,publiéde façonMr. Chamorro's affidavit istobecredited ;seepara. 28).It appears to have
been composed in Honduras by a single CIA contractor, working with
Mr. Chamorroand a fewother Nicaraguans, who seemsto have drawn on
training documents for guerrilla warfare prepared in 1968by the United

States Army, which herevised and elaborated (PsychologicalOperationsin
GuerrillaWarfare, WirhEssays byJoanne OmangandAryeh Neier, 1985,
pp. 27-28).Those training documents, in turn, allegedlyweremodelled on
Communist terror techniques (see "C.I.A. Manual 1sLinked to Vietnam
War Guide", the New York Times,29October 1984).Evidenceintroduced
by Nicaragua states that :"Mr. Chamorro was in charge of editing . . ."
("CIA Aides Dispute Reagan on Primer", the New York Times,23October
1984,Nicaraguan Memorial, Ann. F, Att. 141,p. 231.) "What the Agency
higher-ups thought of the manual nobody knew,and nobody seemstohave
asked. The administration at Langley never bothered to read il." The CIA
operations chief in charge of Nicaraguan affairs "could not. He didn't
know Spanish." (Dickey, loc. cit., p. 256.) There are indications that the
manual may have been cleared (even edited) by some middle-level CIA
officials("C.I.A. ChiefDefends Manual forNicaraguan Rebels", the New
York Times, 2 November 1984,p. A3) ; at any rate, after its existence was
made public, a half-dozen CIA officials were officially reprimanded in
regard to it, but whether for malfeasance or non-feasance is unclear.
Mr. Charnorro states inhis affidavit that hecomplained to theCIA station
chief about the manual "and no action was ever taken in response to my
complaints" (at para. 28). However, in other evidence submitted by Nica-
ragua, Mr. Chamorro isreported to have said the following :"After hehad

made his objections known, Chamorro said, several boxes of the manual
were picked up from his offices by U.S. personnel and he did not know
where they were taken." (Christopher Dickey and Joanne Omang, "Al-
leged Author of CIA Manual Said to Be Ex-GI", the WashingronPosr,
20 October 1984,Nicaraguan Memorial, Ann. F, Att. 139,p. 229.) It has
been claimed by the United StatesGovernment that releaseof the manual
was never authorized (ibid.).Copies were, however,used in contrainstruc-
tion (Dickey, loc.cit., pp. 256, 310).In all, it may be concluded, as did a
Congressional investigation of the manuai'sproduction which isquoted in
the Court's Judgment, that :"Negligence, not intent to violate the law,
marked the manual's history." The fact remains that the manual sayswhat
it says.

217. It is difficult to appraise the influence, if any, on thetrasof the
manual, and of an accompanying "picture book" showing the reader how
to puncture tires, leave the lights burning, cal1 in sick to work, make
Molotov cocktails and otherwise sabotage Sandinista rule. It is not pos-
sible to establish or disestablish thathese documents weregenerally read
by the contrasand had a genuine influence on their conduct. To the extentanarchique (s'il faut en croire l'attestation de M. Chamorro ; voir le
paragraphe 28). 11semble qu'il ait étécomposéau Honduras par un seul
contractuel de la CIA, avec la collaboration de M. Chamorro et de quel-
ques autres Nicaraguayens, sur le modèlede documents d'entraînement à
la guérillaétablis en 1968 par l'armée américaineq , ue ce contractuel a
lui-mêmereviséset développés (PsychologicalOperationsinGuerrillaWar-
fare, WithEssaysbyJoanneOmangandAryeh Neier, 1985,p. 27,28.) Ces

documents s'inspireraient eux-mêmes des techniques de terreur commu-
nistes (voir (<CIA Manual 1sLinked to Vietnam War Guide )),New York
Times, 29octobre 1984).On peut liredans unepièceverséeau dossierpar le
Nicaragua : <<M. Chamorro était chargéde la mise en forme... 1)(OCIA
Aides Dispute Reagan on Primer )),New York Times,23 octobre 1984,
mémoiredu Nicaragua. annexe F, pièce 141,p. 231.) Ce que les hauts
responsables de laCIA pensaient dumanuel, nul nelesait, etnul nesemble
l'avoirdemandé.Aucun directeur à Langley n'ajamais pris la peine de le

lire.>>Le chef des opérations de la CIA responsable des affaires nicara-
guayennes n'a pas pu le lire.Il ne connaît pas l'espagnol. (Dickey, loc.
cit., p. 256.) Selon certaines sources. des agents de la CIA de rang inter-
médiaireauraient peut-êtredonnéle feu vert à la production du manuel
(voire effectué samise en forme) (((CIA Chief Defends Manual for Nica-
raguan Rebels )),New York Times,2 novembre 1984,p. A3) ;en tout état
de cause, une fois son existence connue, une demi-douzaine d'agents de la
CIA ont reçu officiellement un blâme. mais on ne sait pas trèsbien sic'est
pour négligencesimpleou lourde. Dans son attestation, M. Chamorro dé-

clare avoir critiqué le manuel auprès du responsable de l'antenne de
laCIA «mais rien n'aété fait pour donner suite à mesplaintes (par. 28).
Mais dans une autre pièceproduite par le Nicaragua on peut lire ce qui
suit :«M. Chamorro a déclaré qu'après qu'il eut fait connaître ses objec-
tions des membres du personnel des Etats-Unis avaient enlevéde son
bureau plusieurs caisses contenant des exemplaires du manuel et qu'il ne
savait pas quelleavait été leur destination. (Christopher Dickeyet Joanne
Omang, AllegedAuthor of CIA Manual Said to BeEx-GI )),Washington
Post,20octobre 1984,mémoiredu Nicaragua,annexe F,pièce139,p. 229.)

Le Gouvernement des Etats-Unis a déclarén'avoir jamais autorisé la
distribution du manuel (ibid.). Des exemplaires auraient cependant été
utilisésdans lecadre de l'entraînement des contras(Dickey, loc.cit.,p. 256,
310). On peut somme toute conclure, pour reprendre les termes d'un
rapport d'enquêtedu Congrès sur la production du manuel, qui est cité
dans l'arrêtde la Cour, que :((L'affairedu manuel est essentiellement un
cas de négligence,sansintention délictuelle. ))Il reste que lemanuel dit ce
qu'il dit.

217. Il est difficile d'évaluer l'influence éventuells eur les contras du
manuel et des dessins ))qui l'accompagnent et qui enseignent au lec-
teur comment crever un pneu, s'abstenir d'éteindreles lumières, sefaire
porter malade, fabriquer des cocktails Molotov et aussi comment perpé-
trer d'autres actes de sabotage contre le régimesandiniste. Il n'est pas
possible d'établirsi ces documents ont étéou non lus par les contrasenthat they did have an influence, in some respects it might have been
beneficent, in others, vicious.

218. What isclear, however,is that passages of the manual advocate, or
in the least are open to being understood asadvocating, grossviolations of
the law of war, among them, and most reprehensibly, assassination of
those "carefully selectedand planned targets" whoare to be "neutralized".
The text of the manual in the terms in which it was prepared by the CIA's

contractorcannot bereconciledwith the termsof the United States Army's
TheLawofLand Warfareand sirnilarfield manuals, nor with the terms of
the relevant Geneva Conventions and customary international law.

219. It is equally clear that it is not the proper function of the Gov-
ernment of the United States, or any government, to promote the publi-
cation of manuals which advocate acts in violation of the basic rules of the
lawof war and of humanity.Acts such as assassination of non-combatants
are in gross violation of the Geneva Conventions, whether hostilities are
international or not. Does it follow that, by reason of its part, such as it
was, in theproduction of the manual, "Psychological Operations in Guer-
rilla Warfare", the United States has violated its responsibility under
international law "to respect and ensure respect" for the provisions of the
Geneva Conventions for the Protection of War Victims to which it is a
Party (the quotation is from the text of common Article 1of the Geneva
Conventions of 1949) ? As pointed out in the body of this opinion, the

GenevaConventions havenot in thepast been construed to treat advocacy
by a State of violations of the Geneva Conventions as a breach by that
State of its obligations under the Conventions. Nor is the delict of "in-
citement" known to customary international law. But whether or not the
United States role in the drafting and publication of the manual is a
violation of its obligations under the Geneva Conventions or customary
international law - and it does not appear to be - it can only be char-
acterized asan act which,in the least, is incompatible with their spirit and
with the conduct expected of responsible governmental authorities.

220. A second profoundly troubling question is whether the United
States, for the period and to the extent in which its agents trained contra
forces, can be said to have adequately instructed the contras on their
obligations under the lawof war and, if not, what follows.The training of
the contrasinto 1984appears to havebeen largelybut certainly not entirely

conducted byArgentine officersand, sinceCongressional limitations were
imposed in 1984,there appears to have been no United States rnilitary
training ; the evidence of what United States trainers did is mixed ; but
production of the manual, of itself, suggestsdereliction on the part of the
United States. The results, in terms of contrabehaviour, certainly do not
show sufficient diligence of Argentine and United States trainers ingénéralet s'ils ont eu ou non véritablement une influencesur eux. S'ils
ont eu un effet, celui-ci a pu êtresalutaire à certains égards, etnuisible à
d'autres.
218. Ce qui est clair en revanche, c'estquecertains passages du manuel
sont un encouragement, ou du moins peuvent êtreinterprétés commeun
encouragement, à commettre des violations flagrantes du droit de la
guerre, entre autres - ce qui est absolument indéfendable - l'assassinat
d'<cobjectifs soigneusement sélectionnés et planifié ))qu'il convient de
neutraliser ))Le texte du manuel tel qu'ila étérédigé par le contractuel
delaCIA n'est conciliableniavecceluidu manuel intituléThe Law ofLand

Warfare,ni avec celui d'autres manuels de campagne analogues de I'ar-
méedes Etats-Unis, ni avec les dispositions des conventions de Genève
pertinentes, ni avec le droit international coutumier.
219. Il est également clairque le Gouvernement des Etats-Unis, pas
plus qu'un autre gouvernement, n'a à favoriser la publication de manuels
préconisantdes actes qui constituent une violation des règlesfondamen-
tales du droit de la guerre et des lois d'humanité.Des actes tels que les
assassinats de non-combattants sont une violation flagrante des conven-
tions de Genève,qui:leshostilitésaient un caractère international ou non.
S'ensuit-il qu'en raisonde leur rôle - quel qu'il ait pu être - dans la

production du mani.~elOpérationspsycholog~quesdans la lutte de guérilla
les Etats-Unis ont failli à l'obligation qui leur est faite par le droit
international de <(rt:specter et faire respecter les dispositions des con-
ventions de Genèverelatives à la protection des victimes de guerre aux-
quelles ils sont partie (la citation est tiréedu texte de l'article 1commun
aux conventions de Genèvede 1949) ? Commeje l'ai soulignédans mon
opinion elle-même,lesconventions de Genève n'ont pasété dans lepassé
interprétéescommesignifiant qu'un Etat qui préconise leur violationviole
par là ses obligations conventionnelles. De même,il n'existepas en droit
international couturnier de délitd'~incitation M. Mais que le rôlejouépar

les Etats-Unis dans la rédaction et la publication du manuel constitue
ou non une violation des obligations qui leur incombent en vertu des
conventions de Genèveou du droit international coutumier - ce qui ne
semble pas êtrele cas - il ne pourrait êtrequalifié que d'acte pour
le moins incompatiible avec l'esprit de ces obligations et la conduite
escomptéed'autorités étatiquesresponsables.
220. Il est une deuxièmequestion extrêmementtroublante : les Etats-
Unis, pendant la période etdans la mesure où leurs agents ont entraînéles
forcescontras,ont-ils suffisamment instruit lescontrasde leursobligations
découlantdu droit de la guerre ? Et, dans la négative, quellesen sont les

conséquences ? L'entraînement des contrasjusqu'en 1984semble avoir été
assuréengrande partie mais sansdoute pas exclusivementpar des officiers
argentins puis, deslimitations ayant été imposéespar leCongrèsen 1984,il
semble qu'il n'y ait pas eu d'entraînement militaire assurépar les Etats-
Unis. Les preuves sur les activitésdes instructeurs des Etats-Unis sont
obscures, mais la production du manuel en soi donne à penser qu'ily a eu
négligencede la part des Etats-Unis. Si l'onenjuge par le comportementinstruction on the lawof war. However, since the contraswere and are not
under United States command, it does not followthat contraatrocities are
to be legally imputed to the United States. Many States train foreign
military forces, but it is not maintained that such States are, by reason of
such training, responsible for violations of the law of war committed by
such forces not under the command of those States.

221. In the circumstances of this case, 1 agree with the Court that
international responsibility for acts of the contrasin violation of the lawof
war cannot be imputed to the United States. No proof has been placed
before the Court which shows that the United States bears a direct
responsibility for such acts of the contras. United States forces have not
acted in the field together with the contras ; the contras are not led by
United States officersor reinforced with United States troops. Asevidence
introduced by Nicaragua indicates(Nicaraguan Memorial, Ann. E,Att. 1,
p. 11). in the words of Congressman Boland speaking of the contras :
"These groups are not controlled by the United States. They constitute an
independent force ..." (To the same effect, seeCongressman Hamilton as
quoted by Nicaragua, ibid., pp. H5724-H5725.) For further indication in
evidence introduced by Nicaragua that American advisers do not control
ground operations conducted inside Nicaragua by rebel forces, see
Memorial of Nicaragua, Annex F, Attachment 72, page 125 : "Ameri-
cans on Ship Said to SuperviseNicaraguan Mining", the New York Times,

8 April 1984,where it is stated :

"that unlike ground operations inside Nicaragua conducted by rebel

forces, which American advisers monitor from Honduras but do not
control, the planting of mines in Nicaraguan waters directly involves
Americans and is under their immediate control".

222. It may further be recalled that the principal witness called by
Nicaragua on thequestion of the allegedresponsibility of the United States
for atrocities committed by the contraswas ProfessorGlennon. When ques-
tioned about matters of imputability, the following exchange occurred :
"[Answer :] Judge Schwebel, we did not include in our study an
analysis of theissuesof state responsibility and imputability aspart of
our mission. Ours wasafact-finding missionand 1 reallywouldprefer
not to comment beyond that.

[Question :]May 1 ask howyou can conclude, ifyou have not con-
sidered questions of imputability. that the United States is responsi-
ble for violations of human rights by the contras ?des contras, ilest certain que lesinstructeurs argentins et américains n'ont
pas étésuffisamment diligents dans l'initiation au droit de la guerre. Mais
puisque les contras n'étaientpas et ne sont pas sous l'autorité des Etats-
Unis, onne saurait en droit imputer aux Etats-Unis lesatrocitéscommises
par les contras.De nombreux Etats entraînent des forces militaires étran-
gères, mais nul neprétendque ces Etats seraient, du fait de cet entraîne-
ment, responsables des violations du droit de la guerre commises par ces
forces qui échappent à leur autorité.
221. En l'espèce,je conviens aveclaCourque les Etats-Unis ne peuvent
sevoir imputer une responsabilitéinternationale pour lesactesdes contras
qui violent ledroit de la guerre. Aucune preuve n'aétédonné e la Courde
la responsabilitédirectedes Etats-Unis dans desactes de cegenrecommis

par les contras. Les forces des Etats-Unis n'étaientpas présentessur le
terrain avec les contras ;ces derniers ne sont pas dirigéspar des officiers
des Etats-Unis et leurstroupes ne sontpas renforcéespar des troupes de ce
pays. Comme l'indiquent les élémentsde preuve soumis par le Nicaragua
(mémoire du Nicaragua, annexe E, pièce 1, p. 1l), ou comme le dit
M. Boland, membre du Congrès, en parlant des contras :«Cesgroupes ne
sont pas contrôlés par les Etats-Unis. Ils constituent une force indépen-
dante ..))(Dans le mêmeordre d'idée, voirlesobservations de M. Hamil-
ton, également membre du Congrès, citéespar le Nicaragua, ibid.,
p. H 5724-H 5725.)D'autres élémentsde preuve fournis par le Nicaragua
confirment que cene sont pas des conseillersaméricainsqui contrôlent les

opérations terrestres des rebelles à l'intérieur du Nicaragua. Voir le
mémoiredu Nicaragua, annexe F, pièce 72, page 125 : <(Americans on
Ship Saidto SuperviseNicaraguan Mining O, New York Times, 8avril 1984,
où on peut lire ceci :

contrairement aux opérationsterrestres des forces rebelles àI'inté-
rieur du Nicaragua, que des conseillers américainssuivent depuis le
Honduras mais ne contrôlent pas, la pose de mines dans les eaux
territoriales du Nicaragua met directement en cause les Américains
et se fait sous leur contrôle immédiat D.

222. On peut aussi rappeler que le principal témoin citépar le Nicara-
gua sur la question de la prétendueresponsabilitédes Etats-Unispour les
atrocitéscommises par les contras était M. Glennon. Comme on l'inter-
rogeait sur les questions d'imputabilité, a eu lieu l'échangesuivant :

a [Réponse:] Monsieur le Juge, nous n'avons pas examiné, nous
n'avonspas étudién , ous n'avonspas analysélesquestions de respon-
sabilité des Etats ni d'imputabilité dans le cadre de notre mission.
Nous avions pour tâche d'établir des faitset, vraiment, je préférerai
borner mes observations à cela.
[Question :j Puis-je vous demander comment vous pouvez con-
clure, sivous n',avezpas examinélesquestions d'imputabilité,que les

Etats-Unis sont responsables des violations des droits de l'homme
commises par les contras ? [Answer :] Because the sponsors of Ourmission asked us to study
moral imputability as wellas legal imputability. We set out Article 3
of the 1949GenevaConvention in our report, but as youcan seefrom
our report wedid not getinto the legalissues. 1stand fullybehind my

conclusion that the United States is responsible for the actions of the
contras and 1tlunk we meant that primarily in a moral sense,but as 1
Sayour missionwasdirected to findingfacts and 1 am convinced that
those facts are solid." (Hearing of 16 September 1985.)

223. The conclusion that theacts of the contras inviolation of thelawof
war may not be legallyimputed to the United States neverthelessdoes not
answer the question of whether the United States, if it isunable to exercise
adequatecontrol over theconduct of the contras,should maintain support
of them - a question which understandably has provoked acute con-
troversy in the United States.

224. It should be added that, if the United States were to be held, as
Nicaragua maintains that itshould beheld, responsible fortheatrocities of
the contras, then it would appear, by parity of reasoning, that Nicaragua
should be held responsible for the atrocities of the Salvadoran insurgents.
Those atrocities are incontrovertible. It has been established that the
Salvadoran insurgents have been armed, supplied. and in some measure
trained by the Nicaraguan Government and that command and control
facilitieson Nicaraguan territory have been used by the Salvadoran insur-
gents, much of whose leadership has been and perhaps still is situated in
Nicaragua. Just as it does not appear that the contras have been under
United Statescommand and it does not appear that United States officers
and troops havebeen in the fieldwith thecontras, soit doesnot appear that

the Salvadoraninsurgents havebeen under Nicaraguan command and that
Nicaraguan officers and troops have been in the field with Salvadoran
forces. If these appearances are correct, then it would follow that Nica-
ragua isno more - but no less- responsible for the violations of the lawof
war by the Salvadoraninsurgents than is the United States responsible for
the violations of the law of war by the contras. However, Nicaragua is
responsible for any violations of the law of war directly attributable to its
forces, of which there is some evidence (see, inter alia,the sources cited in
paras. 13, 28, of this appendix). ln any case, the responsibility or lack of
responsibility of one government or collection of insurgent authorities for
violations of the lawof war cannot excusethe responsibility of another for
its violations. ACTIVITÉS MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS.SCHWEBEL) 525

[Réponse:] Parce que lesorganismes qui ont parrainénotre mission
nous ont chargés d'étudierl'imputabilité morale autant que I'impu-
tabilitéjuridique. Nous citons l'article 3 de la convention de Genève

de 1949dans notre rapport mais,commevouspouvez le constater à la
lecture de celui-ci, nous n'avons pas abordéles questions juridiques.
Je maintiens pleinement ma conclusion selon laquelle les Etats-Unis
sont responsables des actions des contras et je pense que nous I'en-
tendons dans uri sens essentiellement moral, mais, comme je le dis,
notre missionvisait à établirdesfaitsetje suisconvaincu que cesfaits
sont solides. (Audience du 16 septembre 1985.)

223. Conclure que lesactescommis par les contras en violation du droit
de la guerre ne peuvent êtreimputés en droit aux Etats-Unis ne per-
met cependant pas de répondre à la question de savoir si les Etats-Unis,
incapables qu'ils sont d'exercer une autorité appropriéesur le comporte-
ment des contras, devraient continuer à les appuyer - question qui a

soulevé une vive controverse, ce qui est compréhensible, aux Etats-
Unis.
224. Il faut ajouter que, si les Etats-Unis devaient êtretenus pour
responsables des atrocités commises par les contras, comme le Nicara-
gua le demande, il :semblerait que, par analogie, le Nicaragua devrait
êtretenu pour responsabledesatrocités commises par lesinsurgés salvado-
riens. Ces atrocités sont indiscutables. Il a été étabiue les insurgéssal-
vadoriens ont étéarmés, approvisionnés et dans une certaine mesure
entraînés par le Gouvernement nicaraguayen et que des installations de
commandement et de contrôle en territoire nicaraguayen ont étéutili-
séespar les insurgéssalvadoriens dont les dirigeants, pour la plupart,
étaient basés ou sont peut-être encore basés au Nicaragua. De même
qu'il ne semble pas que les contras aient étésous I'autoritédes Etats-
Unis ni que des officiers et des soldats des Etats-Unis aient été présents

sur le terrain aux ciitésdes contras, il ne semble pas non plus que les
insurgéssalvadoriens aient étésous l'autoritédu Nicaragua et que des
officiers et des soldats nicaraguayens aient étéprésents sur le terrain
aux côtés des forces. salvadoriennes. Si ces suppositions sont vraies, il
s'ensuivrait que le Nicaragua n'est ni plus - mais ni moins - respon-
sable des violations du droit de la guerre commises par les insurgés sal-
vadoriens que les Eltats-Unis ne sont responsables des violations du
droit de la guerre c~ommisespar les contras. Il reste que le Nicaragua
est responsable de toute violation du droit de la guerre directement
attribuable à ses forces, violations dont il existe des preuves (voir notam-
ment les sources citees aux paragraphes 13et 28 du présent appendice).
De toute manière, In responsabilité ou l'absence de responsabilité d'un
gouvernement ou d'un groupe d'autorités rebelles pour des violations du
droit de la guerre ne saurait exonérer unautre gouvernement ou d'autres

groupes d'autorités rebelles de leur responsabilité pour leurs propres
violations.Q. The Contadora Process Designedto Re-establish Peace in Central
America EmbracestheDemocraticPerformanceInternallyof theFiveCen-
tral American Governments

225. Question has been raised about the legality of United States
demands upon Nicaragua to reform its interna1political processes soas to
promote democracy, pluralism, and observance of human rights, aswellas
national reconciliation with opposition forces. The conclusion that Nica-
raguan commitments to the OAS and its Members place such subjects
within thesphere of international concernhas been expounded in the body
of this opinion and in this appendix, in paragraphs 8-13.
226. Moreover, it ispertinent to recall that the Contadora Document of
Objectives,adopted on 9September 1983by the Statesparticipating in the
Contadora process including Nicaragua, includes the following provi-
sions :

"Considering :
The situation prevailing in Central Amenca, whichischaracterized
by an atmosphere of tension that threatens security and peaceful
coexistence in the region, and which requires, for its solution, obser-
vance of the principles of international law governing the actions of
States, especially :

The self-determination of peoples .. .
Pluralism in its various manifestations ;
Full support for democratic institutions ;
The promotion of socialjustice ...
Respect for and promotion of human rights ; . ..
The undertaking to establish, promote or revitalize representative,
democratic systems in al1the countries of the region ; . ..
Declare their intentionof achievingthefollowing objectives :

To ensure strict compliance with the aforementioned principles of
international law, whose violators will be held accountable ;

To respect and ensure the exercise of human, political, civil, eco-
nomic, social, religious and cultural rights ;
To adopt measures conducive to the establishment and, where
appropriate, improvement of democratic, representative and plural-
isticsystems that willguarantee effectivepopular participation in the
decision-making process and ensure that the various currents of
opinion have free accessto fair and regular elections based on the full
observance of citizens' rights ;
To promote national reconciliation efforts whereverdeep divisions
have taken place within Society,with a viewto fosteringparticipation
in democratic political processes in accordance with the law ; . .."

227. It willbeobserved that callsupon Nicaragua topromote pluralism, ACTIVITES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS .CHWEBEL) 526

Q. Les consultationsde Contadora destinées à rétablirlapaix enAmérique
centrale s'étendentàludémocratisation desrégimesdescinqpays d'Amérique

centrale

225. On s'estinterrogésur la licéité desdemandes faites par les Etats-
Unis au Nicaragua pour qu'il modifie sa politique interne de manière à
encourager ladémocratie,lepluralisme, lerespect desdroitsde l'hommeet
la réconciliationnationale avec les forces d'opposition. J'ai expliquédans
mon opinion elle-mêmeet aux paragraphes 8 à 13du présent appendice
que les engagements pris par le Nicaragua envers I'OEAet ses membres
confèrent à ces questions une dimension internationale.
226. De plus, il est utile de rappeler que laliste d'objectifs du groupede
Contadora adoptée le 9 septembre 1983 renferme notamment les dis-
positions ci-dessous aux termes desquelles les Etats qui participent aux
consultations de Coritadora, dont le Nicaragua :

Considérant,
La situation qui règneen Amérique centrale, caractérisée parun
climat de tension qui menace la sécurité et lacoexistence pacifique
dans la région,etquiexige,pour sedénouer,lerespect desprincipes de
droit international régissant lecomportement des Etats, en particu-

lier:
le droit des peuples à disposer d'eux-même s..,
le pluralisme dans ses diverses manifestations,
le fonctionnement intégral desinstitutions démocratiques,
la promotion de lajustice sociale ...,
le respect et la promotion des droits de l'homme ...,
l'engagement de créer, d'encourageret de renforcer des systèmes
démocratiques représentatifsdans tous les pays de la région, ...

Se déclarent désireud xe réaliser les objectifs suivants
Assurer lestrict respect desprincipes dedroit international énoncés
plus haut, dont l'inobservation pourra servir de critèrepour fixer les
responsabilités ;
Respecter et garantir l'exercicedes droits individuels, politiques,
civils, économiques, sociaux, religieux etculturels ;

Adopter les mesures menant àl'établissementet, lecas échéant,au
perfectionnement de systèmesdémocratiques, représentatifs etplu-
ralistes,qui garantissent laparticipation effectivedelapopulation à la
prise de décisionset assurent le libre accèsde divers courants d'opi-
nion à desprocessus électorauxhonnêtes etpériodiques,fondéssulre
plein respect des droits civils;
Promouvoir dans lescas où ily a eu des divisions profondes au sein
delasociétéd ,esmesuresde réconciliationnationale quipermettent la
participation de tous, conformément à la loi,aux processus politiques
de caractère démocratique. w

227. On observera que les demandes faites au Nicaragua pour qu'ilfull supportfordemocratic institutions, human rights and a representative
and democratic system fall within the very terms of the Contadora
Document of Objectives to which it has agreed. The Contadora Docu-
ment of Objectives indeed describes these as "principles of international
lawgoverningthe actions of States", from which itfollows that,in Central
America, they can hardly be matters within the exclusive domestic juris-
diction and determination of those States,includingNicaragua. The States

concerned declare their intention of achieving thenamed objectives,which
embrace compliance with theseprinciples of international law,and include
ensuring the exercise of human, political, civil, economic, social, religious
and cultural rights. They further include adoption of measures for the
establishment and improvement of democratic and pluralistic systems and
the promotion of national reconciliation. In viewof the agreement by the
Government of Nicaragua to these principles - as "principles of interna-
tional law" - and to theseobjectives. there appears to belittle legalground
for its objecting to calls upon it to observe what it has pledged itself to
observe,in the Contadora context and otherwise. It mayfurther be recalled
that the Charter of the Organization of American States provides that :

"The solidarity of theAmerican States and the high aims which are
sought through it require the political organization of those States
on the basis of the effective exercise of representative democracy."
(Art. 3, para. (d).)

(Initialled) S.M.S. ACTIVITÉS MILI'TAIRES ET PARAMILITAIRES (OP.DISS SCHWEBEL) 527

favorise le pluralisme, le fonctionnement intégraldes institutions démo-
cratiques, les droits de l'homme et un régimereprésentatif etdémocra-
tique reprennent les termes mêmesde cette liste d'objectifs du groupe de
Contadora à laquelle il a souscrit. En fait, ces objectifs y sont définis
comme les principes de droit international régissantle comportement
des Etats ;on peut en déduirequ'en Amériquecentrale ces questions ne
sauraient relever de la compétenceet de la décision exclusivementnatio-
nalesdes Etats de la région,notamment du Nicaragua. LesEtats intéressés
déclarentleur intention d'atteindre lesobjectifsénoncés,qui s'étendena tu

respect desdits principes de droit international et comprennent la garan-
tie de l'exercicedesdroits individuels, politiques, civils,économiques, so-
ciaux, religieux et culturels, ainsi que l'adoption de mesures de nature à
établiret à perfectionner des systèmesdémocratiques et pluralistes et à
promouvoir la réconciliationnationale. Le Gouvernement du Nicaragua
ayant souscrit àcesprincipes - en tant que principes dedroit internatio-
nal - età ces objectifs, il semble qu'il ne soit guèrefondéen droit à
rejeter les appels qui lui sont adresséspour qu'il respecte ce qu'il s'était
engagé àrespecter, diinslecadre de Contadora ou dans d'autres contextes.
II convient par ailleurs de rappeler que la charte de l'organisation des

Etats américains dispose :
La solidarité desEtats américainset les buts élevés qu'ils pour-
suivent exigent de ces Etats une organisation politique baséesur le
fonctionnement effectif de la démocratie représentative. ))(Art. 3,

par. d))

(Paraphé)S.M.S.

Document file FR
Document Long Title

Opinion dissidente de M. Schwebel (traduction)

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