Réplique du Gouvernement du Royaume du Cambodge

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9254
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5. RÉPLIQUE DU GOUVERNEMENT DU ROYAUME
DU CAMBODGE

I. Il n'est pas indispensable, pour Ie règlement de l'affaire soumise
à la Cour, d'ouvrir une polémique sur l'histoire politique et diplo-
matique du XIXme siècle- à l'époquedu partage de la terre entre
puissances colonisatrices.
Dans l'Asie du Sud-Est, les zones d'influence anglaise et franqaise
sont définiespar les déclarations échangéesle 15 janvier 1896'.
Ce partage d'influence a permis au Royaume de Siam de conser-

ver son indépendance politique. Il a permis au Cambodge de
reconstituer son unité nationale, d'abord sans doute sous l'autorité
et au profit de la France,mais aujourd'hui sous son propredrapeau.
Les Rois du Cambodge ont exercéune pression constante sur les
représentants du Gouvernement français pour que celui-ci obtienne
la restitution des provinces cambodgiennes annexées par le Siam.
(Annexe XXXIV: Protestation de S. M. le Roi Norodom (1868) ;
Annexe XXXV: Lettre du 24 mai 1868 de l'amiral Ohier au
ministre de la klarine et des Colonies; Annexe XXXVI: Lettre du
Roi Sisowath en date du 5 novembre 1906.)

En fait, et bien avant l'intervention française, le Siam avait
occupéune grande partie du territoire du Cambodge, par conquête.
11existe de nombreuses preuves qu'une importante partie de la
population, au nord des Dang-Rek, est cambodgienne (Annexe
XXXVII : Note du Professeur Gourou).
Les autori tés thaïlandaises l'ont constaté officiellement elles-
mêmes. Le rapport du (RoyaE Szrrvey Deparfmen t pour l'année
1928-1929 (pp. 23-24) fait état des travaux d'un groupe de (tnan-
gulation i)(minortrinngztEnt Paort) dans la province de Xgorn
Rajsima (latitude 14"zo' et 15"ro' et méridiens 1o3"oo' et 104~00').
En ce qui concerne les habitants de la zone parcourue en territoire
siamois, le rapport note:

aSouth of the latitude of 14'30' the country becomes more
thickly wooded as it approacheç the frontier of Cambodia, tlie
southern limitof the work.
There are villages çcattered al1 over the area, the Iarger being
situated in the northern half through which tnew railway toUbol
passes. Cart tracks are plentifuand traveleasy in every direction,
so that transport preçented no difficulty. The inhabita?tts are
chiej'lcambodianwith a few chinese and lao. They cultivate rice
during seasons when the rain fa11iç çufficientand they rear cattle.
was built.a (P. 24, Annexe XXXVIIIfita.)e trade since the railway

'AIinistere des Affaires étrangèrDocuments diplomatiques. Par-s lm-
primerie Sationale AIDCCCXCVI.
Italiques ajoutées. z. Il estincontestable quela politique française, dés l'installation

du Protectorat, a étéde rétablir les anciennes Limitesdu Cambodge,
mais seulement dans la mesure où les territoires occupéspar le Siam
étaient peuplés de Cambodgiens. Td a étél'objet des traités succes-
sifs conclus en 1893, en 1902, en 1904 et en 1907. Le traité de 1904,
qui conservait au Sian-iles provinces cambodgiennes de Batta~nbang,
Siemreap et Sisophon, n'était pas considéré commesatisfaisant (voir
Annese XXXIX). L'une des préoccupations essentielles du Prési-
dent de la Commission française de délimitation du traité de 1904,
le colonel (alors commandant) Bernard, était de préparer cette resti-

tution (Annexe XL: Lettre ciducolonel Bernard au journal «Le
AIotide ii,publiée le 5 juin 1946). Cette prPoccupation apparaît
nettement dans les procés-verbaux de la Commission franco-sia-
moise de délimitation du traité de 1904 l.A aucun moment ne se
manifeste l'intention de dépasser les termes des accords intervenus
pour s'assurer la possession de terres purement siamoises. Bien au
contraire, les procès-verbaux montrent que lcs travaux de la
Coinmission iranco-siamoise de 1904, comme d'ailleurs ceux de la
Commission franco-siamoise de délimitation du traité de 1907, se
sont poursuivis dans un esprit de concessions mutuelles en vue du

meilleur aménagement de la frontière. Les questions litigieuses ont
étédiscutées librement .
Finalement, lors des règlements territoriaux de 1904 et de 1907,
le Siam a restitué des provinces de population cambodgienne, par
la langue, les traditions, la civilisation. La Thaïlande ne le conteste
pas dans son contre-mémoire.

3. Le rapport de la Commission internationale de conciliation
franco-siamoise de Washingtoii (27juin 1947) est concluant. Il porte:

«6. Pour autant qu'il s'agisse de considérations ethniques, la
commission estime que la justification d'udravcsfertsotcs souve-
rairzetésiamoise d'ztnterritoirdofzt la pofiulaiion n'est pas siamoise
~z'a+as étéétablie.La frontière principalement forméepar la chaîne
montagneuse des Dang-Rek satisfait la Commiçsion.Elle lui paraît
correspondre aux exigences ethniques et géographiques mieux
qu'aucune autre frontiere suggérée.(Partie 111 D, Battambang:
cf.no 7.)11

La Commission internationale conclut dans le Késtt~~zd ées Re-

5. La Commission n'appuie pas les revendications siamoises
sur la province de Battambang et les clauses du traité de 1go7au
sujet de la frontière entrele Siam et l'Indochine ne devraient pas
êtrerévisées.» (Partie IIID, paragraphe 7.) 3

' AnnexeéVIédu mémoire du Cambodge. pp.m31-32.e1904ou Commission mixte.
a Ibid.annexe VI, mémoire du Cambodge, p.34. 4. Le temple de Préah Vihéar est considérépar tous, archéologues
et historiens, comme une fondation des Rois d'Angkor. Les inscrip-
tions recueillies ne laissent aucun doute. La Thaïlande ne peut
soulever sur ce point de contestation sérieuse.
L'orientation du temple s'explique notamment par la nature
même du terrain. Le sanctuaire était destiné aux Khmers. La

nécessité de gravir un escalier raide montre aux fidèles que l'ap-
proche de Dieu n'est pas facile. A l'intérieur de tous les temples
cambodgiens, les escaliers qui conduisent aux différents sanctuaires
sont hauts et presque droits.
Certes la ligne de partage des eaux situe le temple du côté
cambodgien de la frontière. Mais le Cambodge est fondé à souligner
le caractère authentiquement khmer du temple. Ces lienspolitiques,

historiques, religieux, artistiques et archéologiques sont un motif
supplémentaire pour que, lors de la délimitation de la frontière en
1904-1907, le temple ait été placé du côté cambodgien, sans qu'au-
cune protestation ni réserve n'ait étéfaite par le Gouvernement
siamois ou par ses représentants.

5. La requêteintroductive d'instance et le mémoireduCambodge,
d'une part, et le contre-mémoire de laThaïlande, d'autre part, sont
essentiellement relatifs aux points suivants:

Premièrement, le Cambodge a invoclué à son profit un titre, le
traité de 1904 et ses mesures d'application. La Thaïlande conteste
le titre invoqué par le Cambodge - en soutenant que la carte de
la Commission franco-siamoise de délimitation, imprimée en 1908,
est un ((document apocryphe )l.
En second lieu, le Cambodge soutient que ce titre originaire a été
fortifiépar la reconnaissance constante que lui apporte la Thaïlande.

La Thaïlande conteste cette reconnaissance 2.
Troisièmement, pour le Cambodge, la France et le Cambodge ont
exercé la souveraineté territoriale sur Préah Vihéar d'une façon
effective et continue. La Thaïlande revendique pour elle-mêmecet
exercice 3.

6. Le Cambodge présentera des observations supplémentaires
sur deux points:

1 Contre-Mémoire, paragraphe34 infine.
VIbid.,paragraphes 33-44.
Ibid., paragraphe46 àGret paragraphes 62A 69. IO La Thaïlande semble laisser entendre, d'une façon toute
subsidiaire, que la décisionde la Comniission franco-siamoise du
traité de 1904 est inexacte en fait etdoit êtreredressée.
2' Elle dénature Ia portée des protestations diplomatiques de
la France, puis du Cambodge, lors des empiétements thaïlandais
à partir de 1949. LE TITRE DU CA~IUODGE

7. Pour écarter le titre du Cambodge, le Gouvernement thaïlan-
dais invoque le caractère uapocryphe 1de la carte de la Commission
de délimitation entre l'Indochine et le Siam. (Annexe I du mémoire
du Cambodge.) La thèse de la Thaïlande s'exprime sur ce point
dans les termes les plus nets et les plus tranchants:

aEn se fondant sur la frontière indiquéeà l'annexe1, le Gouver-
nement du Cambodge fonde sa réclamationsur une ligne tracéesans
autoritd par une main incqmne sur une carte dont l'auteur est
inconnu. L'«Annexe 1 »est un document apocryphe auquel on ne
peut attacher aucun poids.II1

La gravité de cette allégation n'échappera pas à la Cour. Elle
pourrait tendre à remettre en cause les frontières du Cambodge (et
du Laos) avec la Thaïlande. En effet, la carte produite en Annexe 1
du mémoire cambodgien n'est pas une carte isolée. Elle a éti!im-
primée en mèrne temps que les autres cartes, issiies des travaux de
la Commission franco-siamoise de délimitation du traité de 1904.
Ces cartes couvrent, compte tenu des modifications apportées par
le traité de1907, toute la frontière déliniitéepar cette Commission. .

Cette frontière est aujourd'hui celle du Cambodge et du Laos.
(Annexe XXXIII.)
Tout en niant l'authenticité de la carte, la Thaïlande ne produit
aucune carte manuscrite ou imprimée, qui serait issue directement
des travaux de la Commission franco-siamoise de délimitation du
traité de 1904 - dans tout ou partie de la frontière.

8. Les Parties sont d'accord pour admettre que le traité de 1904
établit les principes et les procédures pour la délimitation de leur

frontière commune dans la région en question ici: Les articles
pertinents du traité sont :

La frontière entre le Siam et le Cambodge part, sur la rive
gauche du Grand Lac, de l'embouchure de la riviéreStung Roluos;
elle suit le parallélede ce point danla direction de l'est jusqu'rlla
rencontre de la rivièrePrék Icompong Tiam, puis remontant vers
le nord, elle se confond avec le méridiende ce point de rencontre
jusqu'à la chaîne de montagnes Pnom-Dang Rek. De 1Aelle suit la
ligne de partage des eaux entre les bassins du Nam Sen et du

1 Contre-mfmoirethaïlandais, 180,paragraphe34in /ille. Mékong, d'une part, et du Nam-Moun, d'autre part, et rcjoint la
chaîne Pnom Padang, dont elle suit la crêtevers l'est jusqu'au
Mékong.En amont de ce point, le Mékongreste la frontière du
Itoyaume de Siam, conformément àl'article du traité du3 octobre,
1893.
Article III.

11sera procédé à ladélimitation des frontièresentre leRoyaume
de Siam et les territoires formant 1'Indo-Chine française. Cette
délimitation sera effectuéepar des Commissions mixtes composées
d'officiers riomrnéspar les deux pays contractants. Le travail
portera sur Ia frontière déterminée parIes artides 1 et II, ainsi
que sur la régioncomprise entre le Grand Lac et la mer.
En vue de faciliter lestravaux des Commissions,et en vue d'éviter
toute possibilitédedifficultédansladélimitationdela régioncomprise
entre le Grand Lac et la mer, les deux Gouvernements se mettront
d'accord, avant la nomination des Commissionsmixtes, pour fixer
lespointsprincipaux de la délimitationdanscette rbgion,notamment
le pointoù la frontièreatteindra la mer.
Les Commissionsmixtes seront nomméeset cornmcnceront leurs
travaux dans les quatre mois après la ratification de la présente
Convention.

9. Dans la région de la chaine des Dangrek qui nous concerne
ici, le traité dispose que la frontière doit suivre la ligrie de partage
des eaux entre les bassins de la rivière Sen et lehlékoiig,d'une part,
et de la rivière Moiin, d'autre part, jusqu'à ce qu'elle rejoigne la
chaîne de montagnes (Pnorn) l'adnng dont elle doit suivre la crête

jusqu'au Mékong. Il faut souligner qu'une ligne de fi~zrtage des eaux
et me ligne de crêtesont cleux clioses tout à fait différentes; et de
plus, la première ne constitue pas un point de repkre géographique,
telle une rivière visible à l'mil nu.
Tenant compte de cela, le traité, par son article III, dispose que
ccla délimitation des froiltières ii(y compris celle qui est en litige
devant la Cour) doit êtreopéréeet I(sera effectuéepar clesCommis-
sions mixtes compos6es d'officiers nomméspar les deus pays contrac-
tants a.Les travaux devaient commencer dans les quatre mois de
la ratification de la convention.

Les officiers ont bien étCnommés. Ils ont accompli la tâche de
a dkliinitation des froiitièrcs r conformément aux clispositions du
traité et, cn 1908, le résultat de leurs travaux a &tépublib sous la
forme d'une série de onze cartes couvrant la frontikre entre la
Thaïlande et l'Indochine. Ces cartes ont été acceptées et utilisées
par les parties au trait6 comme établissant la clbliinitation authen-
tique des frontières, prévile par l'article III du trait6 de 1904- La
frontière, dans la région dont la Cour s'occupe ici, est déliinitéesur
la carte intitulée (Dangrek J)qui fait partie d'une sérietle sis cartes

formant la « régionsud i)c'est-A-dire la frontière entrela Thailande
ct le Cambodge, distincte de la frontière entre la Thaïlande et le
Laos. Cette carte des Ilnngrek ü été produite comine Annese 1 dela requête introductive d'instance du Cambodge. La carte montre
clairement l'emplacement du temple de Préah Vihéaret situe claire-
ment le temple du c6té cambodgien de la frontière.

IO. Les méthodes de travail de la Commission mixte et 1s pro-
cédure qu'elle a suivie pour la confection et l'impression des cartes
seront examinées plus en détail ci-après. Le Cambodge soutient ici

que le traité de 1904, non seulement dispose quedans la chaîne des
Uangrek la frontière doit suivre la ligne de partage des eaux, mais,
de plus, a chargé des commissions mixtes d'officiers d'une fonction
déterminée et officielle, i savoir appliquer la définition de Isfron-
tière dans les Dangrek, comme toutes les autres définitions données
par le traité, et de délimiterla frontière aussi bien dans les Dangrek
qu'aiIleurs. En d'autres termes, Ie traité n'a pas abandonné I'appli-
cation desdescriptions géographiques généralesàchacunedesparties
agissant unilatéralement, ou à des procédures contentieuses ou à
tout autre moyen. 11a prévu et décidéque la délimitation officielle

serait opéréespécialement et concrètement par un organe nommé
précisément dans ce but. La frontière délimitéede cette manière
est la frontière établie par le traité de 1904,

II. Il résulte de ce qui vient d'êtredit que le paragraphe 14 du
contre-mémoire est en contradiction formelle avec le traité lui-
même. Ce paragraphe porte:

((14.Le Gouvernement thaïlandais soutient énergiquementque
le texte de l'article1 du traité de rgoq fournit une description
complète et claire de la frontière aujourd'hui contestéeet n'appelle
ni définitionni mesures d'application supplémentaires. 1,

S'il est toutà fait exact qu'une définitv iernale supplémentaire
de la frontière n'est plus nécessaire, il est radicalement faux de
dire que des mesures d'aflplicalioitsz@plémentniresne sont pas néces-
saires. L'articleIII énonce expressément que des mesures d'appli-
cation supplémentaires sont nécessaires et, de plus, ce que sont
ces mesures d'application - Asavoir la délimitation opCrécpar les
commissions mixtes.

12. Pour démontrer le caractère iapocryphe ))de la carte (An-
nexe 1), la Thaïlande prétend s'appuyer:

A - sur l'origine de la carte même;
B - sur les conditions de travail de la Commission mixte franco-

siamoise.
On examinera successivemcnt ces deux points.

A. Origine de la carte (Annese 1 du mémoire du Cambodge).

13. Des recherches d'archives permettent de présenter à la Cour
les principalesétayes de l'impression des minutes des cartes dresséessous l'autorité de la Commission mixte du traité de 1904 et leur
distribution aux parties intéressées.

14. Une note du 24 octobre 1907 (Annexe XLI) du directeur des

affaires politiques du ministère des Colonies à la Direction de la
Comptabilité, rappelle :

iAu mois de juillet dernier, le lieutenant colonelBernard demaii-
dait au Département l'allocation d'une somme de 7.700 francs
pour la publication de la carte dresséeparlaCommissionde délimi-
tation franco-siamoise dont il était Ic président»l
Lc colonel bernar rd asollicitél'autorisatioildeconclureumarché
avec Rarrère, éditeur,21 rue du Bac, en vue de la publication de
la carte en question.it

Le texte même de ce marché a étécopié par l'éditeur Barrère,
pour répondre aux exigences de la procédure administrative (An-
nexe XLII). Il porte la date du 13 novembre 1907. Le premier
paragraphe indique que le ministre a l'honneur de prier l'éditeur
R.d'assurer l'impression d'une carte dressée sous Ia direction du
lieutenant colonel Bernard par la Commission de délimitation franco-
siamoise n.La carte comprendra au maximum douze feuillets. Son
tirage sera exécutépar le procédéde l'autophotographie, en quatre

couleurs - noir, bistre, bleu et vert. Ilest préciséque le prix, (y
compris le dessin sur calque des minzifes »,estfixé à six mille francs'.
Au début de l'anriée 1908, le colonel Bernard rend conipte au
ministre des Colonies qui le lui avait deniandé:

iLes cartes de la frontière franco-siamoise sont actuellement a
la gravure et l'impression en sera terminée dans le courantdu mois
de mai. I(Annexe XLIII.)

15. En effet, au tnois de mai xgo8 ,'impression des cartes était
achevée. Le capitaine Tisier, un des membres de la Commission
franco-siamoise de délimitation, écrivait, le 13 mai 1908 ,u ministre
des Colonies, pour lui demander de confirmer l'autorisation d'efiec-
tuer, sur les cartes tirées, des prélèvements « destinés au Gozwerne-
ment siamois ...et aux membres dela Commissio~z II2.Il avait prévu

l'envoi, par les soins du ministre du Siam à Paris, de 50 cartes au
Gouvernement siamois et de 19 aux membresdes deux Commissions
française et siamoise. (Annexe XLIV a et 6.) Le z septembre 1908,
une note adressée au service géographique indique que le capitaine
Tisier a effectué Ta répartition des cartes imprimées. (Annexe
XLIV c.)

l En fait. le colonel Bernard preslaCommission française, le généralMom
Chatidej Udom, laCommission siamoise. Ces deux comniisçions réunies forment la
Commission mixte prévue par le traité de 1904.
' Italiques ajoutées. 16.Cette répartition est confirmée par la lettre adressée par le
ministre du Siam ;LParis au ministre des Affaires étrangères à
Bangkok, le 20 août 1908. (Annexe no 14 du contre-mémoire thaï-
landais.) Il y est rappelé qu'à la demande des commissaires siamois,
lescomiiiiçsaireç françaisdevaient préparer les cartes des différentes
frontières. Le ministre a reçu cinquante exemplaires de chacun des
onze feuillets qui constituent le résultat des travaux de la Commis-
sion mixte de délimitation. Parmi elles, il note pour la région sud:

3. Carte de Dangrek - 50exemplaires. ))

17. Quatre sériesde onze cartes avaient étéadressées par ailleurs
au ministre de France à Bangkok. Celui-ci en a remis une sérieau
prince Damrong. Le prince, alors ministre de l'Intérieur, souhaita
mettre ces cartes à la disposition cles autorités provinciales et
demanda nu ministre de France de lui en faire adresser une qiiin-
zaine d';rutres séries(Annexe XLIV d) :

iEri mc remerciant de lui en avoir envoyéune série iiecrit le
ministre de France le 15 octobre 1908, (le prince Damrong m'es-
prime le désirde mettre ces cartes, enméme ternps que celles dela
mission Bfontguers,entre lesmains des autoritésprovinciales et me
demande de bien vouloir envoyer une qzcitttai?de sériesii

18. Le Roi de Siam lui-même,en janvier-février rgog, reçut deus
albums contenant les cartes dressées par les deux Commissions de
délimitation de 1904 et 1907. (Annexe XLlV e.)

19. La 'Thaïlande ne produit aucun document, contemporain oii
postérieur ct exprimant le moindre doute du Siam sur l'authenticité
de l'une quelconque de ces cartes. Elle ne produit aucun document
protestant de l'inexactitude de la frontikrc tracée sur les cartes ou
de sa non-conformité avec les travaus de la Commission mixte de
délimitat'ion.
Bien au contraire, les cartes officielles publiées par le Royal
Survey Depart?rzenbthaïlandais sous l'autorité du ministre de la

Défense, situent Préah Vihéar en territoire cambodgien (cf. $5 50
et 51 de la présente réplique). Le Gouvernement thaïlandais a
reconnu, sans la contester, l'existence de la frontière ainsi définie,
en produisant, au cours de plusieurs conférences diplomatiques, des
cartes qui confirmaient cette frontière.

20. Au cours des négociations khméro-thaïes de Bangkok (18
août-3 septembre rg58), les deux délégations ont comparé les
cartes de la frontière qu'elles avaient, chacune, apportées CiIa
réunion. Le procès-verbal officiel de la séancetenue le xg août 1958
le constate sans ambiguité:

«Les deux délégntioîzso?afrontenlteur carteIl n'y n fins de dif-
Iérence .I l
Annexe SLV - Ségociations khméro-thaïes à Bangkdu 18 aoûtau 3 sep-
tembre 195.5italiqueajoutées. Le président, du côté thai, S. A. R. le prince Naradhip, déclare

alors :
((Mes experts disent que puisque Daun Ton n'est pas marqué
sur cette carte, la Commission mixte qui ira constater sur place le
situera sur le terrain et le marquera sur cette carte.JI

Et le président, du côté khmer, répond:
tiMes colléguesdemandent une précision. Puisque la délégation
thaie est d'accord pour adopter cette carte, sur laquelle Dauii Ton

n'est pas marqué, nous irons sur place pour situer Daun Ton et
nous prenons le risque en acceptant de la marquer sur cette carte,
mais fipourPréahVihéar qui est nommémentdésigné sur la carte, il
faut également que la mêmecarte serve aussi à situer ce monument.
Votre Altesse est-elle d'accord? 11

S.A. R. le prince Naradhip réplique:

ccNous ne sommes pas en mesure d'accepter. Nous nommerons
une commission qui examinera où passe la ligne de partage des
eaux. Ceci ne veut pas dire que les deux gouvernements acceptent
cela comme solution. La ligne de partage des eaux nous donne
Préah Vihéar. D'après cette carte, Yréah Vihéarest de votre côté.
Comme ce point est discuté on peut nommer une commission mixte
pour étudier le fait. La situation sera plus éclaircie.Maintenant, je
dis ligne de partage des eaux, vous, la carte. Il

Lors de la séancedu 21 août 1958 e prince Naradhip précisait
le point de vue du Gouvernement thailandais:

ccDans votre exposé il y a une partie juridique, c'est-à-dire la
question de propriété, et une question territoriale ainsi qu'une
question politique: poste militaire, libre actes, aspect culturel,
artistique..

Vous vous fixez à cettecarte,si vous voulez. De notre coté, nous
nous plaçons d'abord sur le terrain de la justice. Le peuple et la
presse seplacent sur cette base.Cela nc veut pas dire que la justice
est différentedu droit.Je me basesur leprincipe dela lignede partage
deseaux formeZZewen ptosédans le traitéde1904 qui doit nousdonner
PréahViMar. Si vous voyez la configuration de la topographie
que nous avons ici, ce temple doit faire partie du territoire thaï.
Nous avons eu cette conviction du temps de la France. NOUS
considérons cela comme une inégalitécoloniale.
Maintenant le Cambodge succède à la France et vous invoquez
lebénéfice des traités conclus avec la France, y comprise la carte.
Nous, nous disons qu'avant votre indépendance, nous nous
trouvions déjà à Préah Vihéar. Donc Ia question juridique est
discutable.IIa

l Annexe XLV- Négociations khmero-thaïesà Bangkok du 18aoiit au 3sep-
tembre 1958; italiques ajoutées.
a Annexe XLV - Négociations kméro-thaïes d18 aoiit au 3 septembre 195à
Bangkok ;italiques ajoutées. RÉPLIQUE CANBODGIESSE 447

Il résulte de ces déclarations qu'en 1958, le Gouvernement thai-
landais ne contestait pas l'authenticité de la carte de la Commission
de délimitation franco-siamoise de 1904. II soutenait que le tracé

adopté ne correspondait pas à la ligne de partage des eaux. Mais
ceci est une toute autre question.
21. Pourtant aujourd'hui, la Thailande prbtend que l'on ne peut

attribuer la (iresponsabilité » de la carte à la Commission mixte.
Pour elle, une telle opinion
nest incompatibIe avec l'ensemble des procès-verbaux des séances
des Commissions mixtes, ou l'on voit comment celles-ci ont tra-
vailléii1

L'examen de ces procès-verbaux et des conditions de travail de
la Commission mixte permet à lui seul d'administrer la preuve
contraire.

B. Conditions de travail de la Commission mixte franco-siamoise

de délimitation.
22. L'étude attentive des procès-verbaux de la Commission

révèledes conditions de travail très différentes de celles qui sont
exposées par le contre-mémoire thailandais. On analysera ces
conditions de travail en général,puis plus spécialement en ce qui
concerne la délimitation de la frontière dans les Dangrek.

I) Co?zdilionsgénéralesde travail de la Comnzission~nixte

33. La Commission mixte se déplace normalement en corps 2.
Elle opère des reconnaissances. Elle tient des réunions plénières.
Elle se divise aussi en groupes mixtes et en sous-commissions pour
effectuercertains travaux sur le terrain:

((Le commandant propose alors que la Commissionse divise en
trois groupesmixtes qui opéreraientsur leterrain. L'uncomprendrait
le capitainede Batz et un sous-officieret se rendrait directement A
Krat, régionqu'il a déji parcourue. 11 ferait opérerle débroussaille-
ment nécessaire,travail qui serait exécutémoitiépar les Siamois,
moitiépar les Cambodgiens; rechercherait les sources du Barain,
déterminerait les cours du Tung Yai et du Klong Dja et la situation
des montagnes Kao Mai See et Kao Knun.
L'autre opérerait dans la régionqui part de Svai Don Keo ou
de l'embouchure de Kompong Prak. II comprendrait lecapitaine
Tixier et l'administrateur Bessiérequi, par sa connaissance de la
langue cambodgienne, paraît êtreindiqué pour donnerdes renseigne-
ments sur cette région,cette sous-commissionserait ensuite chargée
d'aller reconnaître l'embouchure de la rivière Roluoset le point de

Contre-mémoire thaïlandais, 175,par. 19 in fine.
a Cf.P.-V. iz - Annexes au contre-mémoire thaïlandaisp.295.P.-V. 13-
Ibid.p. 297. rencontre du méridien avec les Dangrek. Ces deus groupes seraient
composésde membres des deus Commis~ions. Enfin, un troisième
composé des deus présidents de Commission, de Luang Visutr
Kosa et di1docteur 13renguesopéeraient unereconnaissancegénérale.
Le commandant demande au générals'il partage cette manière
de voir.
Le généraldemande s'il y aurait pas lieu d'abord de reconnaître
l'embouchure cic la rivière Kompong Prak. )l

Lors de la seconde séance:

CCPour faciliter la ticlie, le président de la Commission française
propose que le capitaine Tisier et l'administrateur Bcssière se
rendent directement A I<oluosdèsmaintenant. Ils feraient uiie recon-
naissance dans le but de déterminer le paralléle. et le méridien

indiqués par le traité, ainsi que le point où le méridienrencontre les
Dangrek, placeraient des points de repère de telle sorte que la Com-
mission n'aurait l'année prochaine qu'à procéder i une simple
vérificatio~iet ensuite à la délimitation définitive. Le commandant
insiste sur ce point que ce ne serait qu'une simple reconnaissance
et non une délimitation. Ce travail terminé, le capitaine Tisier et
l'administrateur Bessière reviendraient faire le levéde la frontière
entre Pursat et 13attambang et rejoindraient ensuite le reste de la
Commission ,oit5 Krat soiten cours de route. L'agent du cadastre
siamois pourrait accompagner ces messieurs, si le généralle désire.

Le président dc la Commission siamoise accepte entihrement
cette proposition.
Il est donc décidéque le capitaine Tixier et l'administrateur
Bessière partiront daiiç le plus bref délai pour Koluos en passant
par Dontri en territoire siamois où ils se rencontreraierit avec l'agent
du cadastre. »

Le président siamois préfére en certaines circonstances que la
commission ne se divise pas 3. A cette occasion, le président français
lui rappelle laméthode qu'il a proposée:

u Le commandant Bernard a d'ailleurs toujours eu l'intention, et
il I'a fait connaître dés la première réunion, de faire exécuter le
levé de la ligne de la frontière. II a proposé de constituer deus
brigades topograpliiques mistes à cet effet; dans tous Ics cas le

capitaine Tixier et itlonsieur Ressière commenceront dès leur retour
de Dang Rek, ainsi que cela a étéconvenu, le levé de la région
comprise entrc 13attntnbaiig et Pursat. Dans la métJiode proposée
par le commandant 13eriiard dès la première rcunion, on devait
faire d'abord une reconnaissance générale, recueillir des rensei-
gnements dc divcrç ordres permettant de fixer sur le terrain les
points où passe In frontière, reporter enfin sur la carte cette fron-
tière et en dernier lieu, si cela était nécessaire, en discuter la valeur
et y apporter des modifications nécessaires indispensables. Désque
l'on serait tombé d'accord on aurait arrêtédéfinitivement la ligne

1 P.-V. noi - Xnnexc i a.Anneses au contre-mémoire thailandais, 215.
2 P.-lr. n2 - Loc.rit.p. 24%
P.-V. no4 - Ibid.p..250. frontière en faisant signer la carte sur laquelle elle aurait étéreportée

par les membres des deus commissions. »
Le président siamois en a finalement apprécié les avantages

puisqu'il évoque, au début de la deuxième campagne de la Com-
mission mixte, la ((reconnaissance générale ))qu'ila fait« de concert
avec le président de la Commission française II:

u Le généraldemaride quc l'on fixe tout d'abord le programme
des travaux de la Commission. L'année dernièreil a fait de concert
avec le président de la Commission française une reconnaissance
généralede la frontière, on pourrait cette année procéder de la
mémemanière ii.

On s'aperçoit d'ailleurs que la méthodeproposée par le comman-

dant Bernard est en certains cas effectivement utilisée :
iiIl est convenu à la suite de cette explication que le Ualat de
Sré'l'henYor et legouverneur de Muang Rasue (Russey) s'entendront
pour faire faire les débroussaillements dans la vallée de Tréak

PrCam et que deus agents du cadastre iront le IO mars il Kompong
Klong se mettre à la dispositioii du capitaine Tisier. i)a

Elle est adoptée pour la délimitation dans la région de Kratt:
« Le commandant Bernard passe à l'examen du mode pratique
d'exécution de la délimitation sur Ie terrain. II serait trés dificile
de faire exécuter dès maintenant, en pleine saison des pluies, la
coupure qui doit servir de frontiére.Le travail serait dangereux pour

ceux qui l'exécuteraient et les habitants de la rbgion sont tous
occupésau labourage des riziéres.
Il propose donc de réserver l'exécution de la coupure qui serait
faite au commencement de In bonne saison par les soins de l'adrni-
nistrateur de Kratt et du gouverneur de Chantaboun. Pour le
moment il suffit de placer des bornes frontiéres siir les deux chemins
que traversera la coupure. Ces chemins sont ceus qui vont de
Santoung à Tha Som et de Santoung à Kratt. Sur le premier, on
pourrait prendre le milieu de la distance entre les villages de BO
Ling au nord, et de Lemip au sud. Sur le second, le milieu de la

distance entre le Klong Raiig Vai et le point où les deux chemins se
rencontrent. La pose des bornes serait faitepar une sous-cornmis~~ion
comprenant un membre de cllaque Commission, le gouverneur de
Chnntaboun ou son délégué,l'administrateur de Kratt ou son
délégué.
La proposition du commandant Bernard est adoptée. Le capitaine
Tisier et Monsieur Luang Pramuen sont désignés.Ils seront rendus
le rerjuin à Kratt. Le docteur Brengues accompagnera le capitaine
lïsier et llfonsieur Luang Pramuen sera accompagné d'un géo-

mètre. ii
l Ibid.,p. 254.
Il.-V. IO - Iliid., p.zSG.
a I'.-V. 5- Ibid.. p264.
IJ.-V.8 - Ibid.,pp. 282-283;cf.l'.-V. no6- Ibid., p270:
a II y aura lieu éudemment de faire les levéstopagrapliiques ndcessaircspour
dbterminer exactement la sourcedu Ktilorig l'kiVai etlecours du ruissea uorres- On notera en passant que les déléguéssiamois ne se sont pas
présentés lors de l'abornement provisoire. Les commissaires fran-
çais ont dû opérer sans eux en demandant l'assistance des autorités
locales siamoises '.
D'une façon générale,Ia Commission mixte n'a pas eu à procéder
à l'abornement de la frontière. Les procès-verbaux cités au contre-

mémoire thaïlandais (p. 176, $22, avant-dernier alinéa) concernent
la démarcation cles concessions consenties en territoire siamois.

P..
24. 11 convient de remarquer, en second lieu, que les procès-
verbaux des réunions plénièresde la Commission mixte ne rendent

paç compte de toutes les activités et décisions de la Commission.
En effet, les procès-verbaux ne décrivent pas le tracé de l'ensemble
de la frontière délimitéepar la Commission mixte. Ils n'intervien-
nent que pour rapporter une difficulté, pour marquer un disscnti-
ment et éventuellement la solution de la question litigieuse.
De plus, ces procès-verbaux ne constituent pas, loin de là,les
seuls documents utilisés ou élaboréspar la Commission mixte. Les

documents de la Commission mixte comprennent des cartes géo-
graphiquesexistantes, descartes annotées, des croquis, des minutes
de cartes établies sous l'autorité de la Commission.

25. On en trouve la confirmation dans les procès-verbaux eux-
mémes.
Ainsi le procès-verbal de la première séance tenue le 7 février
190 j relate :

((Il [le commandant Bernard] fait d'ailleurs observer ce qui lui
paraît extrêmementimportant, que la carte au r/~.ooo.ooo,édition
d'avril 1903, donne précisémentcomme frontière la ligne qu'il a
lui-mêmeindiquée de mêmc sur la carte au 1/5oo.ooo établie par
le service géographique de l'Indochine en 1899, c'est cette même
frontière qui est indiquée. Ces deux documents, tous les deus
antérieurs au traité et au protocole, lui paraissent donc trancher
complètement laquestion.
Le général [ChattidejUdom] fait observer que cette limite n'est
pas indiquée sur Ia carie Pavie qu'il possèdeet qui date de 1894.
Le commandant Bernard constate le fait: il dit que c'est proba-
blement de là que résulte l'indéterminationde la frontière tracée
par le protocole, mais que les .deux documents qu'il a cités,
carte au r/~.ooo.ooo édition de 1903, carte au 1/500.000 éditioii
de 1899, coiiservent néanmoinstoute leur valeur. ita

pondant. Le ct. Bernard propose de faire ces levés par le capitaine de B$1. et
Luong Pramuen qui npéreraient de concert... Pour faciliter la tâche du capitaine
de Batz. iyaurait lieu de s'entendreau sujet du recrutement des coolies. Le gén8rrik
Chattidej üdom approuve les propositions que vient de faire çt.Bernard. 31.
qu'à demander les coolies dont il abesoii11e capitaine dBatz.celui-ci n'aura
P.-V.g - lbid., p. 283.
P.-V. 3- Ibid.1).252. t Le président de Ia Commission française demande communi-
cation des cartes siamoises relatives à la province de Battambang l.

Le général Chattidej Udom communique une carte siamoise A la
Commission 2,
Au cours de la séance du 18 mars 1905, il estfait mention de
levés, sur lesquels la Commission est d'accord - et d'une carte
qu'il suffitde compléter :

((En ce qui concerne le cours supérieur du KhIong Reng et la
source de cette riviere, il résulte des levésexécutésséparémentpar
le capitaine Oum et Luong Pramuen ainsi que des renseignements
recueillis dans le pays, que les deux Commissions sont d'accord. Il
n'y a donc plus qu'A faire compléter la carte de la haute région du
Khlong Rèng, et le capitaine Oum pourrait en êtrechargé. ia

Au cours de la séance du 5 mai 1905, la Commission mixte est
saisie d'une carte dont la copie a étéétablie la veille:

iiLe commandant Bernard donne à Son Excellence le général
Mom Chattidej Udom quelques explications au sujet de lucartedont
une copie a éteétabliele jour précédetztC. ette carte est composée de
trois partiesqui ont étéfaites séparémentpar les capitaine Tixier,
de Batz et Oum; chaque partie a été établie avec leplus grand soin,
mais l'assemblage a dû être fait très rapidement. 11 n'a pas été
possible en effet d'achever les calculs des observations astronomiques
et iIy aura lieu d'apporter quelques corrections d'ensemble dues
aus variations de la boussole et a la compensation des erreurs sur
les cheminements. C'est pour cela que le commandant Bernard a
donné à la carte d'ensemble le titre de carte provisoire. La carte

défifitriliera établieà lafi?des Iravai~xde la Conrmission,mais dans
l'étatactztel on est eît $ossession dès maintenantd'un docztmentassez
précispozlr por~voirdisczlter avec certittrdele tracéde la frontièrLe
commandant Bernard demande alors au président de la Commission
siamoise s'il a à ce sujet quelques observations à formuler.
Le généralhlom Chattidej Udom répond que non. i)

Le procès-verbal de 1s séance du 17 janvier 1906 porte:
(Dans la conférence tenue à M. Kop Ie 13 décembre dernier, les
deux Commissionsse trouvaient entredeuxinterprétations différentes
du protocole. Le généralpensait que la crêtede montagnes définie

par le protocole était le Phu-Pha-hlon jusqu'h sa rencontre avec le
ivlékhong . e commandant estimait que la crêtede montagnes visée
était celle qui sépare la valléedu Nam Ngao du Mékhonget qui se
termine par le Phu-Pha-Dai. Les deux Commissions ne disposaient
pas de carte suffisante et pensaient que le Phu-Pha-Mon et le Phu-
Pha-Dai formaient deux crétes distinctes laissant entre elles un
triangIe contesté. Avant de prendre une décision, le général a
proposé - et le commandant Bernard s'en félicite- d'attendre
que l'on fîit en possession d'une carte exacte. Cette carte a étéfaite

P.-\'j- Ibid.,p.262.
a P.-V.6- Ibid.,p.265
*P.-V. 6- lbid., p270.
. 7- Ibid.p,p. 271-272italiques ajouttFes. par le capitaine Oum et le commandant la communique au général.
Il résultede cette carte que le Phu-Pha-Dai et le Phu-Pha-Alon ne
sontpas deux crêtes distinctes maisdeux parties d'uneméme créte.
Le Phu-Pha-Dai n'est que le prolongement du Phu-Pha-Mon. II
résultede là que le triangle contesté n'esiste pas et que par con-
séquent l'accord esiste entre les deux Corninissions.
Le généralpartage cette maniére de voir.11l

On notera encore que le IS février 1906 la Commission mixte
examine une carte du capitaine de Batz:

((Le général répond que, au terme du protocole, la frontière doit
suivre lethalweg du Nam Huong appelé dans sa partie supérieure
Nam-Man, or les deux Commissions ont constaté et la carte du
capitaine de Batz confirme que le Nani-Man ne forme pas le cours
supérieurdu Narn-Huong dont il est sirnplemcnt un affluent.i*

26. L'analyse à laquelle on vient de se livrer n'est sans doute
pas exhaustive. Elle démontre l'existence de nombreux documents
cartographiques soumis à la Commission mixte ou préparés sous
son autorité - qui ont servi de base a l'impression de la carte
frontière. Chaque Commission - française et siamoise - devait
normalement posséder copie de ces documents géographiques.

La Thaïlande ne produit pas l'ensemble de ces documents et elle
n'a paç donné jusqu'ici d'explications à cet égard.

27. Le Gouverncmcnt du Cambodge n'est pas de son côté à mèrne
de produire les ccdocuments géographiques ilde la Commission
française. L'explication en est simple.
Le capitaine Tixier, qui se rendait au Siam pour établir une
carte de la frontière orientale de ce Royaume, avait été chargé de
porter en Indochine les tidoczrnzentsgéographiqiies de la Commission
présidéepar le colonel Bernard. Il s'est accluitté de cette mission.
(Annexe XLVI: lettre du 4 février, et notes du IO et 13 février

1909. L)es archives de l'Indochine ont étépartiellement évacuées
au cours des événements qui ont ensanglanté ce pays entre 1940 et
1954. Jusqu'ici, les autorités françaises compétentes n'ont pu
remettre au Gouvernement cambodgien ila cantilze contenant les
doczments géog~aPiiyites de la mission Bernard )).

28. Quant à la détermination de la ligne frontière définie par le
traité de 1904, les procès-verbaux permettent de constater que la
Commission mixte a utilisé deux méthodes principales qu'elle a,
dans certains cas, combinées.

Tantôt Ia Commission mixte est d'accord sur le tracé de la
frontière.Il ne reste plus qu'à reporter ce tracé sur les cartes levées
par les officiers topographes.
1P.-V. 12- Ibid.~i~i296-297.
2P.-V. 13- Ibid.p.-(>S. . Tantôt au sein de la Commission l'accord n'est pas rkalisésur le
tracé. La Commission attend le résultat des opérations topographi-
ques pour situer le tracé sur la carte.

29. Un exemple de la première méthode nous est donné à l'oc-

casion du tracé de la frontière dans la régiondu cours supérieur du
Khong Rèng et la source de cette rivière. A la suite de levésexécutés
séparément par un commissaire français et un commissaire siamois
- complétéspar des renseignements recueillis dans le pays - les
deux commissaires sont d'accord. L'officier topographe français est
alors chargé de compléter la carte de la haute région du Khong

Rèng. C'est le capitaine Oum l.

30. Lors de la conférence du 5 mai 1905 2,il est constaté que
la Commission mixte (est en possession d'un document assez prCcis
pour pouvoir discuter avec certitude du tracé de la frontière ii.La
carte définitive sera établie à la fin des travaux de la Commission.

31. Qu'une difficulté persistante s'élève,il faut attendre qu'elle
soit résolue (pour reporter sur la carte le tracé de Ia frontière )i=.

32. Les deux méthodes peuvent êtreemployées sirnu1tanément.
Cela apparaît dans le programme accepté pour déterminer la fron-

tière du Laos:
((Le commandant demande toutefois si le gknéraltient à i-isiter
point par point la frontière.C'est une opération quiliiiparaît fort
difficilela crête de partage des Caus ne peut êtredéterminéeen
réalitéclu'dla suite des opérationstopographiques entreprises, c'est
sur la carteque l'on est en train de dresser que l'on pourra le inieus
juger de la position réellede la frontikre.
Le général répond qu'il n'a pas clutout l'intention de voir toute
la crête de partage des eaux en faisant une séried'ascensionslongiies
et pénibles;il suffirade voir lespoints principaux.

Le commandant estime que ces points se réduisent à trois:
4 Frontière au nord du kam K&
b) Les localitésde Bluang Chieng Lom et de AIuaiigChieng Hon
c) La régionde Ken-Tao et Dan-Sai.

Dans la reconnaissance qui sera faite sur place, on tâchera. de
régler lesquestions essentielles. La frontièredétailléesera reportée
sur la carte aprèsl'achèvementde celle-ci.
Le général acceptece programme. JI

33. Par contre, en une autre occasion, le général, président de
la Commission siamoise, préfère
rrne pas trancher la question à cause de l'imperfection des cartcs et
il demande à attendre que la carte dont l'exécutiona étécommen-

l P.-V. O- Ibid.,p. '70. et supra. pa25.
Vbid.. pp.zjo-271, etsupra. par.25.
P.-V. 7-- Ibid.,p. 279.
P.-V. IO- lbid.,p. 267. céesoit achevée ...Pour décideren toute certitude, il tient à avoir
une carte précise de la région. »l

De même,le général,à propos de la régionde Roluos,
(ifait observer que I'on ne possède encoreaucune carte de la région
de Koluoset que l'on nepeut par suite rien décider.Et le comman-
dant Bernard iest de cet avis ii* s

Dans la région du Grand Lac, Frariçais et Siamois sont d'accord
pour résoudre la question de frontière ((après l'établissement d'une
carte 11

34. Au contraire, dans la régiondela montagne [Pnom] Pa Dang,

la Commission mixte a déterminé le tracé de la frontière par des
constatations directes :
«Cesobservations fajtes,le colonelBernard passe a la détermina-
tion de la frontière dans la régiondu Pnom Pa Dang (Phu-Pha-
Dang). Aux termes du traité, cette frontiére suit Ia crête duPnom
Pa.Dang jusqu'au Mékong. - Les deux Commissionsont constaté
que cette chaîne de montagnes se terminait brusquement sur le
Mékongpar un contrefort qui aboutit au fleuve entre l'embouchure
de Huei Chamnat et celle d'un tout petit ruisseau, situéimmédiate-
ment en amont et que l'on appelle le Huei Don. - C'est ce contre-

fort qui par conséquentdoit former la frontiére.
Le généralpartage cette manière de voir.
Le colonel Bernard fait obsrrver toutefois qu'une ligne de crête
est toujours assez difficile à déterminer et que I'on pourrait, afin
d'avoir dans le voisinageimmédiatdu fleuve une frontière trèsnette,
prendre comme limite le thalweg de Huei Don; la frontière remon-
terait ce thalweg jusqu'à lasource du cours d'eau et suivrait ensuite
la crête duPhu-Pha-Dang vers le sud-ouest. Les valléesde tous les
cours d'eau qui tombent dans le Mékong iil'est et au sud de cette
ligne dépendraient dt:l'Indochine française,celles de tous les cours
d'eau qui tombent dans le Mékong ou dans la Sé-Moun à l'ouest et
ou nord relèveraient du Siam.
Le généralaccepte cette proposition. ))

35. Ainsi, d'une part la Commission niixte a toujours eu en sa
possession des cartes et autres documents géographiques existant
à l'époque. Ces documents lui ont permis de tracer la frontière en

la parcourant. D'autre part, la Commission mixte a, pour certains
élémentsde la frontière, fait établir des croquis ou des cartes plus
précises. Enfin, elle a procédé égalementà la délimitation de cer-
tainspoints de la frontière par un ensemble de constatations faites
directement sur place. On voit par là que la Commission mixte a
travaillé avecbeaucoup de conscience, suivant des méthodes variées,
adaptées aux circonstances.

Il.-Vri - Ibid.p. 295.
* ID.-V13 - Ibid., p. 304.
l'.-I14 - lbid.,p.310.
1'.-\'. -7 Ibid.,pp. 315-3r6. Il est impossible de tirer de ces procès-verbaux, ni la preuve
négative que la Commission mixte n'a pas délimitételle ou telle
partie de la frontière, ni mêmeune simple présomption qu'elle ne
l'a pas fait. Si dans certains cas la Commission mixte a remis la
détermination de la frontière i l'établissement dedocuments géo-
graphiques complémentaires plus précis, dans beaucoup de cas,
comme nous l'avons montré, elle a pu prendre sa décision sur le
terrain. La thèse thaïlandaise suivant laquelle la Commission mixte
n'a pu procéder à la délimitation de la frontière dans les Dangrek,
sous prétexte qu'elle ne possédait pas la carte définitive, dresséepar

les officiers français, est donc sans fondement.
36. C'est à la lumière de ces méthodes de la Commission mixte

qu'il convient d'interpréter la décisionprise par le Gouvernement
siamois,
cIaissa~ià la Commission #rarzçnisele soinde dresserla carte de la
régioltjrontiér11.

11va desoi que la Commission française et les oflicierstopographes
n'avaient pas pour mission de déterminer par eux-mêmesla fron-
tière - mais de tracer sur leur carte la frontière déterminéepar la
Commission mixte - française et siamoise. Tantôt ce tracé
était établi par la Commission mixte avant que la carte de la
régionfrontière en cause ait étédéfinitivement dressée,tantôt, au

contraire, la Commission mixte n'établit ce tracé qu'une fois la
carte dressée.
L'interprétation que le contre-mémoire thailandais ($ 22,p. 176)
donne de l'accord intervenu le 29 novembre 1905 concernant la
confection de la carte de la région frontière est donc erronée et
incomplète.
On va montrer de surcroît que le contre-mémoire thaïlandais
expose inexactement les conditions de délimitation de la frontière
dans les Dangrek.

2) Ln déternziiiafionde la froiztière dans les Dartg Rek

37. La thèse thaïlandaise se présente sous deux aspects contra-
dictoires:

a) la Commission mixte n'a pas délimitéla frontière dans les
Dang Rek;
6) le tracé de la frontière laisse Préah Vihéar en territoire
siamois.
Le premier argument thaïlandais est fondé sur la supposition

erronée qu'il n'y a pas eu de délimitation parce que les procès-
verbaux ne précisent pas dans le détailla position de la ligne fron-
tière sur laquelle la Commission s'était mise d'accord (8 32 du
contre-mémoire). Le deuxième argument est dépourvu de tout fon-
1 P.-V.IO- Ibid.p. zS5;italiquajoutées.dement. 11s'appuie sur l'affirmation, étayéed'aucune preuve ou
simple présomption, que leurs opérations générales de reconnüis-
sance les ont convaincus quela ligne de partage des eaux coïncidait
avec le bord de la falaise comme on s'y attendait ))($ 34). Aucune
preuve n'est apportée pour étayer l'allégation selon laquelle on
s'attendait i l'avance A une telle coïncidence. Il en va de méme
pour l'allégation selon laquelle cette coïncidence s'est trouvée ulté-
rieurement confirmée.
On réfutcra siiccessivement les cleux argiimcnts thaïlandais.

(4
38. C'est lors d'une première séance tenue le 2 décembre 1906
à Angkor Vat quc la Commission mixte s'occupe cle la frontière
des Dang Rek. Le procès-verbal porte sur cc point:

(Le colonel dit que dans ces conditions EuCommission, aprbs
avoir régléla question de l'embouchure du Stung lioluos et du Prcc
Iiampong Cham, n'aura qu'Ase rendre aux IlarigKek. Il propose de
franchir lesDang Rek au colde Kel qui est praticable aux charrettes
etde saivre e~zstiitela cdes mo?ztag~zeLslfrribledista?en se rnain-
tenant sur le plateau laotien qui est peupléet bien arroséen toute
saison, tandis que la régionsiid des Dang Rek est presque déserte
et privée {l'eau en saison sèche.On suivrait autrrsstque possible le
tracéqu'a reconnrten février1903 le capitaine ï'ixier; ce tracé passe
par Samrong, l'uk Lich. Kablzl ï'ztk, TukRo~P~ chma, Don Yen et
aboutit à Tfarisen.Le colonel fera reconnaître ce chemin par des
fonctionnaires du Chiclireng et faire les débroiissaillements néces-
saires:arrive'sszrr le plateau,oizsziivra la rozrte de charrettela
plus ra$proche'ede la crête.
Le général déclare qu'il vafaire donner des ordres aux autorités
siamoises de la régionpour recoiinaitre cette route et pour que des
guides soient mis à la disposition des commissions: le colonel fait
remarquer que l'on pourra faire, de cetterozttejzfiLacrêtedes mon-
tagnes,toutes lesreconnaissanc~squ'oit jugera zttiles +uis qu'on se
trouvera tout au plus hIO otcrj kilomètresde cette crêteA.rrivéesh
hluang Boua (Mg. Bo), les deus Commissioiis pourront descendre
vers Baçsac, afin de suivreà l'estlepied de la chaine de Phu-Pha-
Dang, et aboutiront ainsi 4 I'embouchure de Ia Sérnoun;on déter-
minera alors la concession de Pak-Alouriet l'on se rendraL Oubone
où l'on pourra arriver vraisemblablement à la finde janvier.
Le généralapprouve ces dispositions.
Le colone1fait coniiaître alors que le capitaine Oum lèvera toztte
la région deDang Rek depuis la sourcedu Tonlé Kt!pozljusqu'au col
deKel: il conviendrait de donner au capitaine Oum une lettre I'ac-
créditant auprès des autorités siamoises, les capitaines Tisicr et
Sée qiiiseront chargés de la géodésieauraient besoin d'êtremunis
d'une lettre analogue.
Le généralremettra ces lettres à ces officiers et fera prévenir en
Commission.utorités afin qu'elles piiissent seconder ce travail de la

Ces questions étant réglks, Ie colonel Bernard fait connaître
que le capitaine Icerler elelieutenant Desseinond partiront dès ce soir pour Siemreap et le Pnom Krom où ilscommenceront les tra-
vaux, le capitaine Tisier et Ic capitaine Sée lesaccompagneront et
seront le 4 àlioluos, et le capitaine Oum partira pour TonléRépou
le 3 dhcembre; enfin, le colonel sera L Roluos le 4 décembre dans
la matinée.
Ces dispositions arrêtées a séance estlevéeA g a. m. » I

39. Le contre-mémoire thaïlandais soutient que les deux Com-
missions nationales ccont pensé qu'il suffirait de procéder à une
reconnaissance générale et ades observations de la crête depuis une
distance de IO ou 15 kilomètres au nord 1)(Szq). 11omet de préciser
que le colonel Bernard a fait observer, avec l'approbation du
général, président de la Commission siamoise, que l'on ccpourra

faire .,.jusqu'à la crêtedes montagnes toutes les reconnaissances
qu'on jiigera utiles puisqu'on se trouvera tout au plus à IO ou 15
kilomètres de cette crête i).
C'est pourquoi le croquis thaïlandais reconstituant l'itinéraire
de la Commisçion est erroné et incomplet. En fait, il n'est pas
possible d'établir un itinéraire complet de la route suivie par la
Commission mixte dans les Dangrck, car les points de la crêtevisités
par la Commission n'ont pas été enregistrés dans les procès-ver-
baux. Mais naturellement ces points étaient connus des officiers

français chargés de dresser la carte définitive de la frontière déli-
mitéepar la Commission mixte. Plusieiirs d'entre eux, et notamment
le colonel Bernard, étaient membres de la Commission. Le colonel
Bernard a ci'ailleurs souvent relaté qu'il avait fait une telle recon-
naissance ri Préah Vihéar au moment de la délimitation. (Annexe
LXVlII a et b.)

40. De lus, les commissioxis nationales n'ont pas eu à cfixer
iuze ré~~niod rans cetterégion 1)puisqu'elles procédaient ensemble i
la reconnaissance de la frontière. Elles étaient constamment réunies.
II est donc permis d'écarter l'affirmation du contre-mémoire thaï-
landais selon laquelle les commissions nationales ((ont suivi le versnwt

nord de la choîlzedes Danf -ek stijtsse rélinir eircoz~usde rotrtei)
(4 25).
Enfin, rien dans le procès-verbal du 2 décembre 1906 n'indique
que <conformément aux arrangements pris à la première séance du
31 janvier 1905, les co~nnzissionsporteuaient plris fard le tracé de la
frontière sur la carte dressée par le capitaine Oum i2.
Aucune décision formelle n'a étéprise, le 31 janvier rgog, sur
les suggestions du président français lorsqu'il a énoncéles trois

tâches de la Commission mixte: reconnaissance du terrain - levé
du terrain - description et établissemerit définitif de la frontière.
Surtout, la Commission mixte ne s'est nullement imposée de suivre
un ordre chronologique et successif.Elle a procédé àces opérations
tantôt simultanément, tant6t successivenient. Elle a délimité la

* Coiitre-incinotli;iilarid$i24eilfine.6es.frontière tant6t avant que la carte définitive soit dressée, tantôt
après.

41. Le contre-mémoire thaïIandais interprète inexactement les
procès-verbaux du 3 janvier 1907 et la dépêchedu ministre de
France à Bangkok au ministre des Affaires étrangères à Paris, en
date du 27 mars 1907.
L'incident intéresse exclusivement le problème de la frontière
entre le Grand Lac et la chaîne des Dang Rek. Ilse comprend fort
bien puisqu'un règlement territorial nouveau était en cours afin
d'assurer le retour des provinces cambodgiennes de Battambang,

Siem Reap et Siçophonannexées par leSiam.
Il suffitde se reporter au texte pour constater qu'il n'est pas
question de la frontière dans les Dang Kek, du col de Kel jusqu'au
Mékong.
Le contre-mémoire thaïlandaisindique bien qu'après une décision
provisoire, le3 janvier 1907, fixant la frontière entre le Grand Lac
et la chaîne des Dang Rek, ((la décision finalea été maintenue en
suspens a la séance du 18 janvier 1907. Mais le procès-verbal se
référ e la cartede cette région et non de la région des Dang Kek:
((Le colonel Bernard demande à faire une observation au sujet
du procès-verbaldu 3 janvier dernier- Il est dit dans cc procès-
verbal que le colonel Bernard accepte la proposition faite par le
généralde prendre comme frontière le méridienmoyen, compris
entre 1'0Roun et l'ancienlitdu Prek KompongTiam. - 11est bien
entendu toutefois que toutes les objections faites antérieuremànt
ce sujet persistent encore.- Le colonel Bernard a dit et répété
qu'une frontiéreforméepar un méridienet un paraIlèlelui paraiç-
sait inacceptable. Son opinion n'a pas variéet il estime toujours
qu'il conviendra, lorsqu'on sera en possessionde cartes exactes, de
rechercher une nouvelle frontiéredéfiniepar des accidents topogra-
phiques. Il était essentiel toutefois de déterminer exactement,
d'aprèsle traité,les régionset les villages attribuésslaFrance,
soitau Siam; c'est pour cela que les deux Commissions,animéesdu
mêmeesprit de conciliation, ont cherché à définir d'une façon
rigoureuse le méridienet le paraIléleindiqué par le traité. Elles
ont par-li établi avecprécisionIes droits des deux pays voisins, ce
qui permettra ultérieurement de réglerla frontièdéfinitivfia7U7t
systèmeexactde contpensatim.
discuter en ce moment une frontière différentedescelledu traité.e
Le colonel répondqu'il n'en a as pour le momentE'ilztention;la
questionnepourraêtre étudiéqeuelor'queles deuxCommissionsseront
en $ossession des caytes quisont en préfiarationactuellementque
les ob'icielofiograpkesdoivent apporteà Bangkok. ii l

IIs'agit là d'une discussion concernant une région en litige -
objet de n4gocciations parallèles. Une lettre du colonel Bernard,
adressée le 18 janvier 1907 au gouverneur général de l'Indochine,
le confirme sans doute possible. Après avoir fait connaitre que la
l P.-V.17- Annexesau contre-mémoirep.315;italiqueajoutkes. Commission mixte avait arrèté ce mêmejour le tracé de la frontière
dans la région de Bassac (cf. 5 26 du contre-mémoire thaïlandais),
Ie colonel poursuit :
« ...nous nous dirigerons ensuite sur Oubone et Korat où me re-
joindront lesofficiers topographes. Lorsque nous serons en posses-

sion des cartes qui sont en voie d'exécution,nous pourrons discuter
d'une façon définitivele tracéde la frontiéredans la régionde Siem-
réafi.1)(Annexe XLVII; italiques ajoutées.)
Tel est le sens clair des observations contenues dans la dépêche
du 27 mars 1907 du ministre de France à Bangkok - dont l'objet

est précisépar son intitulé même:

La Commission de délimitation, n'étantpas parvenue dans le
coursdesa dernièrecampagne à releverdeslimitesnaturellesdestinéeàs
remfilacerdans la réalitle méridien elle parallèlefixéspar la conven-
tion de1904 ,ON présidentestimait quedans cesconditionsles limites
de l'Indochine et du Siam ne pozwaientêtre tracéq eusepar l'i~icorpo-
ration a nos fiossessionsde la province deSiemréap.
A ce moment, l'arrivéede Monsieur Strobel était imminente et
ilme paraissait préférableque toute discussion fût ajournée jus-
qu'au jour où j'aurais pu m'entretenir avec ((le general adviser ))
du programme plus étendu que le Gouvernement m'avait chargé
d'aborder avec lui. Le coIonel Bernard s'était facilement rendu à
mes raisons et le retardapportd laréunionplénière dleaCommission
trouva valablement sonexplication dans le /ait que, les oficiers topo-
graphes n'ayalztpas encorerejoint Bangkok,une carte définitivene
pouvait ;Ire soumise aux délibérationdse ses membres.
De son côté,Monsieur Strobel fut d'avis qu'avant de rien entre-
prendre, il lui était nécessaired'avoir quelques conversations avec
le Roi et les ministres, et par IAde se rendre compte de l'impression
que produirait sur eux la proposition des échangesterritoriaus à
effectuer sur un périmètreplus vaste et des modifications A intro-
duire dans le systémede lajuridiction. l

Rien n'autorise le contre-mémoire thaïlandais à affirmer:
IO qu'à cette époque la Commission mixte devait encore discuter
cle tracé de Ia ligne de partage des eaux dans les Dang Rek J)
(§29, p. 178 du contre-mémoire) ;

2' que la déclaration du ministre de France à Bangkok (s'applique
erobablementaussi bien à la carte du capitaine Kerler qu'à celIe
du capitaine Oum u.(Ibid., $33, p. 179.)
Les documents soumis à la Cour - procès-verbal du 18 janvier
1907, lettre du colonel Bernard du mêmejour, dépêchedu 23 mars
1907-démontrent lecontraire (cf. Annexe 7a au contre-mémoire).

42. D'un côté, pour le contre-mémoire thaïlandais, le fait que
lesprocès-verbaux de la Comrniççion mixte ne contiennent (aucune

' Annexe 13- Annexes au contre-mémoire thaïlandp. 324italiques ajoutees.discussion de la frontière dans la chainc des Dangrek i)prouve que
la Commission n'a pas délibéré du tracé (5 32 du contre-mémoire).

lle l'autre, le contre-mémoire assure <que les Commissions ne pré-
voyaient aucune difficultéà tracer la frontière définiepar le traité
dans la chaîne des Dangrek » (5 24).
En effet, si les procès-verbaux ne portent pas trace de discussion,
c'est que la Commission s'est mise d'accord - après examen sur

place - sur les points principaux de Ia frontière au cours de sa
reconnaissance tie la régiondes Dang Rek. Les points reconnus ont
Cténotifiésaux officiers topographes chargésde dresser la carte de
la régionfrontière.
Si, comme le soutient le contre-mémoire thaïlandais, les ((opé-
rations généralesde reconnaissance 1)ont convaincu la Commission

miste ique la ligne de partage des eaux coïncidait avec le bord de
la falaise comme on s'y attendait »(5 34), il reste à expliquer pour-
q tioila Commission française char& - par la confiance du Gouver-
nement siamois - de dresser la carte de la régionfrontière aurait
trahi son mandat.

(6)

43. La thèse du contre-mémoire suppose que, laissé enterritoire
siamois par la Commission mixte, à l'occasion de ses opérations de
reconnaissance, le temple de Préah Vihéaraurait éti:placé, malgré

cette décisioncommune, du côtécambodgien de la frontière par la
Commission française.
Les documents soumis à la Cour ne pertnettent pas de retenir une
telle hypothèse.

44. Tout indique que les commissaires français et siamois ont
discuté point par point les questions litigieuses. Si la position de
Préah Vihéar par rapport à la frontière avait étéfinalement con-
testée et réservéeau cours de la recoiinaissance, l'incident aurait

été réglépar voie de débats ct d'inscription au procès-verbal -
certainement pas par un fazlx dans l'étnblissement de la carte fron-
tière.
De plus, la Commission siamoise n'était nullement passive. Les
commissaireç siamois font valoir leurs points de vue et participent
activement aux décisionsde la Commission l.Ils ont reçu communi-

cation de la carte frontière. Ils n'auraient pas manqué de protester
en examinant la feuille des Dang Rek si la ligne frontière avait été
tracéecontrairement à la conviction et à la décisionde la Commis-
sion mixte.

45. S'ils ne l'avaient fait, le Gouvernement siamois, au moment
où les cartes dresséesconformément à l'accord intervenu lui sont
parvenues, aurait saisi les autoritds françaises de cette erreur -

Cf. Annexe 12a.-Annesesau contre-mémoirettiailandaisL'.-I1.pp. 245-246;
P.-V. 2,p.z48; L'.-V.3, 1'.25';P.-V.5,1'.260; iJ.-V7,p. 275; L'.-V.IO,p. ?Si;
I1.-v11,pp. 291-292,294; l'.-V.12,pp. 29G,300.sinon de cette fraude - dans l'établissement de la carte de la région
frontière.
Or loin de retirer sa confiance aux officierstopographes français,

le Gouvernement siamois a par la suite utilisé leurs services.

46. L'authenticité de la carte frontière- dans la régionde Préah
Vihéar - n'a pas plus étécontestée lors des travaux de la Commis-
sion franco-siamoise de transcription de la carte frontièreprévue par
une décisionde la Commission mixte de délimitation du traité de
1907. (Annexe XLVIII a.)
Deux officiersfrançais, anciens membres des Commissions mixtes
de délimitation des traités de 1904 et 1907 - le capitaine Tixier
et le lieutenant Malandain - ont été envoyés en mission au Siam
à cet effet. Ils sont arrivés le19 mars rgog. Le ministre de France

à Bangkok, Monsieur P. de Margerie, les a présentés aux autorités
siamoises :
IJ'ai présentéces deux officiers :iiiprince Chira, commandant
en chef'de l'Armée,et au prince Damrong, ministre deL'intérieur,
qui a tozdjozfivisunepart activedansles questionsdela délimitatio?i
de In frontièren (Annexe XLVIII 6: Lettre du 29 mars rgog au
ministre des Affairesétrangères àParis; italiques ajoutées.)

La Commission de transcription a tenu sa première séance
le 25 mars 1909 à Bangkok. Elle a prévu l'impression d'un atlas
des cartes généralesdeIa frontièreau ~/~oo.ooo.(Annexe XLVIII c:
Procès-verbal du 25 mars 1909.) La Commission franco-siamoise a
tenu une séancele 4 octobre rgog ((ayant pour but de fixer, dans
ses grandes lignes, l'établissement de la carte d'ensemble de la nou-
velle frontière entre l'Indochine et le Siam ». (Annexe XLVIII d.)

47. L'ensemble des documents soumis à la Cour démontre que la
carte, produite à l'Annexe 1 du mémoire cambodgien, constitue

bien l'impression officielledela carte de la régionfrontière délimitée
dans les Dang Rek par la Commission franco-siamoise du traité de
1904. Le titre du Cambodge ne peut étre contesté sérieusement. 48. Non seulement la carte pubIiée en 1908 représente le tracé
de la frontière décidéepar la Commission franco-siamoise de 1904,
mais ce tracé a étéformellement approuvé par le Siam et reconnu
par lui.

49, Le Cambodge a invoqué,en premier lieu, le traitédu 13mars
1907 et le procès-verbal en date du 22 mars 1908 de la Commission
franco-siamoise du traité de 1907.
Le contre-mémoire croit pouvoir écarter cette argumentation,
pour ce motif que la carte de la régionfrontière (n'était pas encore
parue iiCeIane signifie nullement qu'un tracén'avait pas étéadopté

permettant précisémentla publication de ia carte. On vient de le
démontrer.
Pour la Thaïlande, ((iln'y a pas un mot dans le protocole lui-
même à l'appui de cette thèsecambodgienne 11Le protocole de 1907
reprend sans doute, à peine modifiée,la définition de la frontière
donnéepar le traité de 1904: la frontière suit la ligne de partage
des eaux entre le bassin du Grand Lac et du Mékong,d'une part,
et le bassin du Nam Iiloiin, d'autre part l.Mais le préambule du

trait6 vise expressément (les opérationsde délimitationentreprises
en enéczttionde la convention du 13 février rgoq a. Ces opérations
conservent toute leur valeur. C'estd'ailleurs ainsi que l'a compris la
Commission mixte de délimitation du traité de 1907.
Le Cambodge ne soutient pas que la nouvelle Commission mixte
(avait été chargéede délimiterl'ensemble de la frontière 1)(Contre-
mémoirethaïlandais, § 37.) Il souligne que la Commission mixte

du traité de 1907, dans sa séancedu 22 mars 1908, a considéréqu'à
partirdu col de Kel (lenoztveasttracéde La frontièrerejoint l'ancien11.
Ceci signifie clairement qu'il existe un précédenttracé - celui de
Ia Commission mixte du traité de 1904. La Commission mixte de
1907 a reconnu sans contestation possible l'existence de ce (<trucéj)
- non simplement du texte conventionnel définissant la frontière.

50. Ce tracé - reproduit par la carte de la Commission de déli-

mitation entre l'Indochine et le Siam de 1904 (Annexe 1, mitmoire
du Cambodge) - a étéconsidérécomme définissant exactement
Ia frontiére par le Royal SatrveyDepartment, qui est un des services

l 1904:les bassins du Nam Seng etdu Mékong d'uiipart.et du Nam Bloun
d'autrepart.du ministère de la Défensenationale thaïlandais. Les cartes oflcielles,
publiéespar la Thaïlande, placent YréahVihéardu côtécambodgien
de la frontière.
Tel est le cas de la carte au ~jzoo.ooo (feuille 44) - dont le
Cambodge produit en annexe (no XLIX) un exemplaire imprimé
en 1937. La partie encadrée a étéprésentéeà la Cour lors de la
premibre phase de la présente affaire. (Annexe XXXII des Obser-
vations.)
Tel est encore le cas de lacarte au 1/5oo.ooo (feuille12) imprimée
par le Royal Sttrvey Depnrtvzenten 1938. (Annexes L et LI.) Si la
Thailande produisait devant Ia Cour la collection des cartes impri-

méespar le Royal SrtrveyDeparlmentde son ministère de la Défense,
on constaterait que le tracéde la frontière est celui que la Commission
mixte de 1904 a donné et fait publier. (Annexe 1, mémoire du
Cambodge.)

51. De mêmela convention de Tokio de 1941se réfère à la carte
au 1/5oo,ooo du Service géographique de l'Indochine qui place
Préah Vihéar en territoire cambodgien. (Annexe IV bis, mémoire
cambodgien.) La Thaïlande a encore produit devant la Commission
de conciliation de Washington une carte montrant le temple du
côtécambodgien de la frontière.

52. L'explication que donne le contre-mémoire de cette appro-
bation et de cette reconnaissance officiellepar la Thaïlande du tracé
situant Préah Vihéar du côté cambodgien est la répétition des
((erreurs )Ide Iacarte (Annexe 1) et de son ititre inexact )i- par
11 Gouvernement thaïlandais qui icavait l'habitude d'utiliser les
travaux cartographiques des autres II($573 et 74 du contre-mémoire

thaïlandais),
Seulement cette explication va à l'encontre de laposition princi-
paleprise par la ThaYlande.La Thailande prétendqu'avant et depuis
1904 ,e temple de PréahlTihéarse trouvait placésous sasouveraineté
territoriale. Le ministère de la Défense nationale n'hésite pas
cependant à faire dresser et publier par son service géographique
des cartes qui situent Préah Vihéar enterritoire cambodgien. Le
ministère des Affaires étrangèresproduit, au cours de négociations
dipIomatiques, des cartes qui montrent Cgalement Préah Vihéar en
territoire cambodgien.
Il ne s'agit pas d'actes privCs mais d'actes publics et de cartes
officielles.Si la thèse de la souveraineté siamoise sur Préah Vihéar,

avant et après 1904, était fondée,le Gouvernement aurait veilléà
ce que ses cartes soient conformes à ses revendications territoriales.
53. D'après le contre-mémoire, rclorsque la Thaïlande a procédé
à son propre relevé,l'erreur de l'Annexe 1 est apparue.. . i)(575).

Un tel Irelevé iiaurait été effectuéen 1934-1935-
Faut-il supposer que jusqu'à cette date la Thailande a ignoréque
le temple de Préah Vihéarse trouvait au nord de la frontière? Ce serait donc seulement après 1934-1935 que la Thaïlande a pu
considérer que le temple relevait de sa souveraineté territoriale.
Mêmeaprès 1934-1935, la Thaïlande a continué à publier des
cartes, conformes aux tracés de la Commission franco-siamoise de

délimitation de 1904. hlêmeaprès 1934-1935,elle a produit de telles
cartes au cours de négociations internationales.
Si erreur il y avait, elle serait toute relative. La Thaïlande déclare
avoir connu l'erreur en 1934-1935 Elle n'a adresséaucune réclama-
tion à ce sujet contre la France, mêmeen 1937, au moment des
négociations, mêmeen 1947, devant la Commission de conciliation
de Washington. La Thaïlande n'est plus recevable à le faire au-
jourd'hui.

54. Cette continuitb de la souveraineté siamoise, avant et après
1904,étaitignoréedu ministère de l'Information de Thaïlande quand
il a publié en1941ce que le contre-mémoireappelle par euphémisme
une ((plaquette 1):iLa Thaflande à l'époqtrede la reconstrslction
nntio~zale1).(Annexe LII.)
Il s'agit, nous dit-on, d'une erreur commise alors. Le Cambodge

croit pouvoir démontrer que, sur ce point, le icfonctionnairesubal-
terne IIne s'est pas trompé.
On lit sous la reproduction du temple, àla page 159 de l'ouvrage:

iTemfiEede PréultVihéarque les Thaïlandais ont repris a la sztite
des arrangements sur les rectifications de frontières avec l'rndochine
frunçnise.Le Gouvernement esten train de prendre des diçpositions
pour le restaurer et le rendre digne dc son passéglorieux. ))

Ce fonctionnaire subalterne ne se trompait pas. Car en 1958, au
cours des négociations de Bangkok, le président de la délégation
siamoise, le prince Naradhip, a affirméquela Thaïlandeavait occupé
Préah Vihéar depuis 1940, et en avait obtenu le cretour par la
convention de Tokio 11(1941).

(S. E. ilfortsieur Son Sunn : Votre Altesse Koyale a bien voulu
direque la l'liailande a pu occuper Préah Viliénravant l'indéperi-
dance du Cambodge. Pztis-je en connaitreludute?
S. A. R. le fivincc Naradhi$:Depuis 1940 E.n 194" noztsavons pz6
obtenirle retour pula colzvewtionde Tokio.i(Annexe XLV; italiques
ajoutées.)

55. L'interprétation, proposéepar le contre-mémoire thaïlandais,
de la réceptionofficielleréservéeau princeDamrong par les autorités
françaises lors de sa visiteau temple de Préah VihPar n'a pas plus

de fondement.
Apprenant que le prince Damrong, président de l'Institut royal
d'Archéologie,avait l'intention de visiter le temple de PréahVihéar,
il était naturel que les autorités françaises aient voulu marquer que
le temple était, A l'époque, placé sousla souveraineté territoriale
de la France. (Annexe LI11 n et b.) On comprend que le drapeau français ait étéhissé à la frontière
entre le Siam et le Cambodge, sans qu'il soit nécessaire de tenter
une autre explication de ce fait.
Lecontre-mémoirethaïlandais affirme « que Iecaractère équivoque
de la ?nise en scènemontée par le résident français n'avait pas
échappéau prince 1)(3 50).Dans ce cas, en sa qualité de président
de l'Institut royal, chargé de géreret de préserver les monuments
anciens se trouvant en territoire siamois et procédant selon le
contre-mémoire « à l'inspection des ruines au cours d'un relevé

archéologique dans les provinces de Khukhan et Ubon »,le prince
Damrong n'aurait pas hésité a protester contre cette réaffirmation
de la souveraineté territoriale française sur un monument relevant
de sa juridiction et de la souveraineté siamoise.
Mais le prince Damrong savait fort bien que la délimitation opérée
de 1905 A 1907avait placéPréah Vihéardu côtécambodgien de la
frontière. Alors qu'il était ministre de l'Intérieur du Siam, le prince
avait reçu personnellement et directement un jeu d'exemplaires de
la carte frontière de la Commission de délimitation du traité de

19041. Il avait même demandé d'autres exemplaires pour les
distribuer aux autorités provinciales.
Comme l'avait écrit en rgog le ministre de France au Siam:
u Le prince Damrong a toujours pris une part active dans les
questions dela délimitation dela frontière.i(Cf.supra etAnnexes
XLIV d et XLVIII b.)

Le silence du prince Damrong confirme ainsi que les autorités
siamoises connaissaient bien l'origine du tracéde Ia frontière résul-
tant de la carte publiéeen 1908 (Annexe Il,et ne le contestaient pas.

IG-I7.
1Ceci endeliorsdes cartes remises suiriitiistrParis. Voisupra III

A. Exerciceeffectif et continu de la souverainetéterritoriale parle
Cambodge

56. Contrairement aux allégations thaïlandaises, l'exercice con-
tinu et effectif de la souveraineté territoriale par la France, puis par
le Cambodge, sur le temple de Préah Vihéarest incontestable.

57. Comme l'énonce le contre-mémoire, l'exercice de la sou-
veraineté territoriale s'est manifesté ((à tous les points de vue aux-
quels on pouvait s'attendre dans le cas d'une régionpresque totale-
ment inhabitéedanslapartie précisémenten question et dont l'accès
était difficiIe, mêmeen venant du Nord en raison de la jungle
épaissequi l'entourait et de sa situation assez 5i.l'écart des centres
ordinaires du gouvernement 1).(5 63 du contre-mémoire thaïlan-

dais.)
A cet égard,les actes publics les plus significatifs sont ceux qui
concernent le temple lui-même - seule parcelle de la frontière con-
testée - parcelle sanshabitant oii il n'y a pas lieu de développerles
mesures de protection de la santé,de recouvrer des impôts, d'opérer
des recensements.

1,'activitédes autorités françaises et camboclgiennes s'est mani-
festée d'une façon publique, continue et effective dans ce domaine.

58. Avant la délimitation opéréepar la Commission franco-
siamoise du traité de 1904, le temple de PrCah Vihéar se trouvait
en territoire siamois.
II nc faut pas s'étonnersi la carte archéologiquereproduite dans
l'atlz généralde l'Indochine de Chabert - L. Gallois - euvre
piirement privée,préparéebien avant les travaux de délimitation de

la frontihre parla Commission mixte du traité de 1904 - place Préah
Vihéaren territoire siamois. La préface de cet atlas montre claire-
ment que les sources de la documentation utiliséepour établir cette
carte remontent à 1901. Elle se réfère à Il'Atlas archéologique i)
du capitaine (puis commandant) Lunet de Lajonquière (I~oI),
qui Ia condensb les premiers résultats de l'inventaire des monu-

ments anciens de l'Indochine, que fournit depuis 18981'Ecolefran-
çaise d'Extrême-Orient a l. Les observations du contre-mémoire
thaïlandais sur ce point (5 Go) ne sauraient donc êtreretenues.

arch6ologiqucde laThaïlaiide irnpriniau Cadastral Survey Ofice dBangkokentï
1953 ne placepas Préah Vilibar parmlesmonuments historiques de la'Thaïlande.
(Anneses LSVIIl u etb.) De mêmel'inventaire descriptif des monuments du Cambodge,
de Lajonquière, a étéeffectuépar l'auteur entre 1904 et 1905 et
publiéen 1907 ,vant que les résultats des travaux de la Commission
de délimitation du traité de 1904 soient connus. La remarque
présentée à ce sujet par le contre-mémoire thailandais (552) est
sans pertinence, d'autant que Lajonquière constate, dans un

ouvrage immédiatement postérieur, publiéen 1909 :
iLa dernière délimitationde frontièredonne PréahVihéar à.la
France. ii l

59. Incidemment, on présentera ici deux remarques. D'une part
Aymonier et Lajonquière considèrent Préah Vihéar comme un
monument cambodgien. Ils lui donnent son orthographe cambod-
gienne. D'autre part, il est inexact d'attribuer la redécouverte du
temple de Préah Vihéar au prince thaïlandais Sanphasit, en 1899
(contre-mémoirethaïlandais, 3 IO).En effet, au cours de sesvoyages
ail Laos siamois en 1883 et 1884, E. Aymonier avait visité i deux

reprises au moins le temple de Préah Vihéar '.En l'année 1897,
Aymonier décrit PréahVihéardans un article de la Revue d'Histoire
des Religionis iititulé:rLe Cambodge et ses Rlonuments s D'ail-
leurs,dès 1893 ,esinscriptions dePréahVihéaravaient ététraduites
en français et publiées 4.

60. En janvier 1911, un administrateur desservices civils de
l'Indochine s'est rendu i PréahVihéaret y a pris des photographies.

1-a correspondance échangée à cette occasion est mentionnée dans
le procès-verbal en date du 6 juin 1912 de la Comrnissio anrchéolo-
giqiledeL'Indochine,organisme public.
Le procès-verbal porte:
«Le secrétuivea étéégalementen correspondance avec AI. D.
Xie~venglo~vskia,dministrateur des services civils, au sujet du
temple de Préah Vihéar,si pittoresquement situé surle sommet
desDang Rek et que les travaiixde la Commissionde délimitation
ont attribuéni1Cambodge. ii(Annexes LIVa et LIVb.)

61. Dans sa séance du 6 février 1913, la Commission archbolo-
giclue de 1'Indochine a examiné un rapport de l'administrateur
Nie~vengloïvskiqui projette d'établir une monographie de Préah
17ihéar.Sous réserve de la décisiondu gpuverneur généralde l'In-
dochine et de l'accord du directeur de l'Ecole française d'Extrême-
Orient, la Commission émet un avis favorable. (Annexe LV.)
Dèsle 8 février 1913 e ministre des Colonies faisait connaître au
gouverneur gCnbrnl de l'Indochine le vŒu de ln.Commission ar-

rLe doi~aaiitearchéo1oduqSiariBp. 6.
I'<xcursioet lie connaissanÇaïgon. r8S5voliimc1s.
Tome 36.p.20.
Iiisçriptions sanscrites du Chamdii Cambodge,ltiipriiiiPu'ationaI'aris.théologique qui lui avait ététransmis par le ministre de lJInstruc-
tion publique. Le gouverneur général - M. Albert Sarraut - est
favorable à ce vŒu (Annexe LVI). Il saisit le 15 mars ig13 de la
dépêchedu département des Colonies le directeur de 1'Ecole fran-

çaise d'Extrême-Orient. Dans sa réponse du 17 mars, celui-ci
n'élèveaucune objection contre le projet. Il note toutefois que
Préah Vihéar a étéclassécomme monument historique:
(J'ai l'lioilneude vous rendre compte que jc n'ai aucune ob-
jectionà élevercontre ce projet. hTéantnoins,le Préuh Vihéarétant
classé comme monument historique, il est indispensable qu'ava~zt
d'enlreprendre tout travail sur ce monuwent,11.i.Niewenglowski se
mette en rapporl avec moi.))(Annexe LVTT.)

62. Le 29 juillet1913 ,. Georges Groslier, envoyéen mission ail
Cambodge, faisait une tournée d'inspection à Préah Vihéardont la
Commission archéologique de l'Indochine était informée. (BCAI,
1914-1916, p. V11, Annexe LVIII.) II s'y est rendu en (trois jours
de sampan sur le Tonlé Répou jusqu'à Kabal Dam Rei et cinq de
charrettes en suivant la piste qui panient au pied de la montagne
en passant par ChéomKsan 1)Il était accompagné de deux coolies
et d'un secrétaire. rIl faut le classer, estime-t-il, parmi les temples

les plus parfaits et les mieux conservés du Cambodge. bi

63. Aprks la première guerre rrlondiale, les tournées d'inspection
continuent régulièrement. En 1924, du Ij mai au 23 juin, le chef
du service archéologique de 1'Ecole française d'Extrême-Orient
(EFEO) serend à Préah Vihéar. (B. E. F. E.0. 1924, façc. I et 2,
p. 308, Annexe LIX.) Il y retourne en 1929, et son insp~ction fait
l'objet d'un rapport de RI. Louis Finot, directeur de 1'Ecole fran-
çaise d'Extrême-Orient. En 1930 ,e chef du service archéologique

précèdeet reçoit le prince Damrong à Préah Vihéar. Le rapport
d'inspection est imprimé dans le Bulletin de lJEFEO (1930 fasc.
1-2, pp. 187 et 220-224) 2.Le journal des fouilles de la conservation
d'Angkor mentionne que le conservateur, RI. H. Marchal, part le
mardi 13 février 1934 via Kompong Thom en tournée d'inspection
à Préah Vihéar. IIest de retour le vendredi 16 février via Préah
Khan et Beng hlalea. (JFX, du 22 septembre 1932au 23 février
1934, p. 293 et p. 29.5,Annexe LIX a.)La mêmetournée est men-

tionnée au Bulletin de 1'EFEO (1934 fasc.2, p. 766):
((Au cours de diverses tournées,j'ai pu visiter quelques temples
classésparmi lesqueIs je citerai Préah Vihéar.dont le bon état
de conservation permettra une reconstruction qui donnera 2 cet
ensemble toute sa valeur dès que les moyens d'accèsauront été
facilitésH

' Art etArchLIologiKhmer. Tome 1, pp.275-2 76.
rnission archéologique de l'Indoc13ulletin de la Commission (1gi7-Paris.il-
1931.p.4'. En avril 1936, nouvelle tournée de M. Henri MarchaI, conser-
vateur d'Angkor, accompagné de M. Philippe Stem, conservateur
du $ruséeGuimet, di1comte et de la comtesse de Rémusat. (Journai
des Fouilles de la conservation d'Angkor, XII, p.275, Annexe LIX

a-)
En février1937 ,u cours d'une tournée d'inspection au Cambodge
et au Laos, M. Marchal, conservateur d'Angkor, et M. Claeys, chef
du service archéologique de l'École française d'Extrême-Orient, se
rendent à Préah Vihéar. (Annexe LIX b.) L'année suivante, en
1938,le chef du service archéologique de lJEFEO, pilotépar Cour-
talhac, survole et photographie Préah Vihéar.(BEFEO, 1938. fasc.
2.P. 442.)

64. Enfin, en 1942 ,e Bulletin officielde l'EFEO, dans une note
sur le traité de paix avecla Thaïlande 1941 , onstate qu'ilIsanc-
tionne la perle des intéressants ensembles de Bantay CIimar, Koh
Ker et Préah Vihéar 1)(B. 1942 ,.223.)

65. La requête introductive d'instance du Cambodge a noté la
réorganisation de l'administration des monuments historiques par
la loi métropolitaine du31 décembre rg13 ,ppliquée en Indochine
par décret du 23 décembre 1924. (J.O. Indochine, 1925, p.250.)
A cette occasion PréahVihéara étéclassé ànouveau comme monu-
ment historique ($21 et Annexe XII).

66.Le Cambodge conteste l'interprétation donnéepar le contre-
mémoirethaïlandais (§ 54)àcette affirmation- constante, continue

et non équivoque - par les autorités publiques compétentes de la
souveraineté sur Préah Vihéar.
Siles autorités thaïlandaises n'y ont pas fait opposition, si elles
n'ont jamais protesté, c'est qu'elles considéraient justement que
Préah Vihéarse trouvait en dehors de Ieur juridiction territoriale.

67. En dehors des fonctionnaires des services d'architecture,
d'archéologie et de conservation des monuments historiques, les
fonctionnaires d'autorité - gouverneur général de l'Indochine,
résident supérieur au Cambodge, résident de la province dont
Préah Vihéarfaisait partie - ont également exercéIeur juridiction
territoriale sur le temple, La correspondance produite en annexe
le démontre assez. On peut y ajouter d'autres témoignages relatifs
aux tournées administratives. (Annexes LX et LXI.)

B. Insuffisance et précaritdes faits invoquéspar la Thaïlande

68. Les faits invoqués par la Thaïlande pour consolider ou
affirmer sa souveraineté sont, eu égard à la nature de la parcelle
litigieuse, pratiquement sans pertinence.
Tout d'abord, la Thaïlande produit principalement des certificats
de témoinsdatant de 1960 et 1961 et non des documents remontantà l'époque où lesfaits allégués se seraient produits. Les témoins
(cf.Annexes 17,18, 19,26, 27, 28, 30 a,34,35 b,39 e, 39 f) évoquent
des souvenirs souvent vagues et imprécis. Lesdocuments d'époque
du contre-mémoire ne confirment nullement l'exercice continu,
public et effectif de la souveraineté par la Thaïlande.

69. On n'insistera pas sur les témoign:tgesd'un officier de santé,
d'un collecteur d'impôts. 11est peu probable que leurs fonctions
normales les aient amenés à s'occuper de l'hygiène,de la perception
des impôts locaux et du recensement des habitants à Préah Vihéar.
D'autres témoignages n'impliquent pas une affirmation non
équivoque de souveraineté (Annexe 21 du contre-mémoire).
L'auteur anonyme de l'extrait du rapport déposéen rg-iIauprès des

autorités de Khukan remarque :
(One may ride up by horse but would linveto Ieave the liorse
at a swarnp at the foot ofthe mountain. A horse cannot climb up
since itis steep.1)(Iliid.p. 152.)
De mémel'extrait du mémorandum de 1936 révèleune intention

révisionniste (Annexe 24).
Les documents relatifs à l'entretien des routes (Annexes 25 à 27)
ne permettent pas de considérer que Préah Vihéar est situé du
côtéthaïlandais de la frontiBre. Il en est clairement ainsi des pro-
ductions concernant l'administration forestière et la capture des
éléphants(Annexes 26 à 31). Par exemple, 1:ilettre de 1927 (An-
nexe 28) n'indique pas que Préah Vihéarest à l'intérieur du terri-
toire thailandais. On doit en dire autant des documents de 1917
relatifs à une concession forestière (Annexes jr a-31 c).
Il est difficilede trouver une confirmation dc la thèse thaïlandaise
dans les documents relatifs 3.la sécurité. aux visites de Dersonna-
1
lités,au relevéarchéologique et à l'enregistrement du monument.
Le contre-mémoire n'insiste pas sur le témoignage d'un officier
du service géographique qui aurait effectuéle levéde la frontière
en 1934-1935(Annexe 34). Lacarte qu'il aurait établie à cetteépoque
comporte de nombreuses surcharges. Elle indique comme date de
levé: 1934 - comme date de cil'original field sheet )i: 1940, et
comme date d'impression :1958.On comprend mal que le Gouverne-
ment thaïlandais n'ait pasrendu publique avant 1958 une carte qui
affirmait ou confirmait sa souveraineté territoriale.
En 1937,selon le témoignagerecueilli le 6 juin 1961 (Annexe 35 b
contre-mémoire, p. 385):

«It was concluded from the survey of Mount Phra Viharn that
Mount Pra Viharn was in thai territor...11
Cela indique assez que Ie Gouvernement thaïlandais cherchait
Al'époque des motifs, des justifications, sinon des prétextes, pour
revendiquer Préah Vihéar, comme d'ailleurs d'autres territoires

cambodgiens et laotiens - mais n'implique nullement l'existence,
en droit et en fait, de la souveraineté territoriale thaïlandaise. REPLIQU CEA31BODCIESSE 47l

70. Quant au relevé archéologique, à l'enregistrement du temple
de Préah Vihéar et à la nomination de gardiens, les témoignages
produits sont trop imprécis pour constituer des preuves suffisantes.
Les fait sont d'ailleurs établispar des documents irrécusables. Lors
des négociations khméro-thaïes dc Bangkok, le président de la
délégation thaïlandaise a affirmé que ((la Thai'lande a envoyé des
gardiens en 1941 naprès avoirobtenu le «retoztr» du templegrâce à

la convention de Tokio. Et un autre membre de la délégation thaï-
landaise, JI. Luang Boribal, a ajouté:
iPréah 17ilre'ar étéinscrit en 1940 comme monument national
de la Thailunde, qzriy a mis des g~rdiens defitris1931.n (Procès-
\+erbalde la réuiiiondu 19aoî~t1958, Annexe XLV.)

71. C'est en effet par un arrêté (Prakas) du département des
Beaus-Arts de la Thaïlande, en date du II octobre 1940 (pubIiéau
Joztr~zal o@cieina 57, chap. 40, pp. 2527/2S), que Préah Vihéar a
étéplacé sur la liste des (monuments antiques nationaux i)C'est
l'époque du court conflit armé entre la France et la Thaïlande, au
cours duquel les Thaïlandais avaient franchi les Dang Rek. Cette
inscription a été répétéepar un second arreté du 4 décembre 1959,
publié au Jounlnl o@ciel du 22 décembre 1959 (tome 76, chap. 117,

p. 2734). A cet arrêtéde 1959 est joint une carte de Préah Vihéar
(Annexe LXII).
72. A la lumikre de ces faits incontestables, la réponse du prince

, Naradhip,ministre desAffaires étrangkresde Thaïlande, à la question
du députéde Nakhon Ratchasima, poséele 14 janvier 1954 devant
l'Assembléenationale, confirme l'interprétation qui lui est donnée
par le Cambodge.
Le députéavait déclaré:
((Une autre question qu'il ne faut pas oublier est celle de la
montagne de Plira Viharn dans In province de Sisaket. Je pense
que S. A. sait très bien, parle clossierdu ministère des Affaires
étrangèresauquel je n'ai pas accès,que laquestion des limites n'est
toujours pas réglée.Cette montagne est en porte à faus. Ni eux ni
nous iie céderons.Que S. A. daigne s'en charger pour nous. 1)

Le ministre cies Affaires étrangères répond:
((Je désiredéclarerici qu'il restdes qtdestionsde frontières non
co~zforrneuzt droit internationalclont je ~n'occupeprésentement.
Bref, afin d'éviter tout malentendu avec nos voisins que je consi-
dère comiric étant maintenant indépendants, notre politique n'est
pas cte nous emparer de grandes étendues de territoire, car nous
avons noiis-rniimeçtravailléà leur indépendance. Cependant, je
veilleà ce qu'isoit reddie' rt tocetqui n'est pas cracoreconforuzc
droit internatio,znl, et je n'et2excpasela qziestiondirectement sou-
levéepar I'hortorablemembre, s (Annexe qj, contre-mémoire thai-
landais, pp.422-423; italiques ajoutCes.) 73. L'article II1 du traité de 1904 dispose que délimitntio?~es
frontièresdéfiniespar les articles 1 et II du traité, ainsi que sur la
région du Grand Lac à la mer, est effectuéepar des commissions
mixtes, composées d'officiers, nommés par les deux pays. Les
commissions mixtes de délimitation ne sont pas des organismes de
bornage - chargéesd'une tâche purement matérielle. Elles dispo-
sent d'un pouvoir autonome d'adaptation. Elles prennent des
décisions.La validité de ces décisionsdoit êtreappréciéeen fonction
des règles en vigueurà l'époque oùla Commission mixte a esercé
ses fonctions, des moyens techniques existant, et de la situation
de fait.

74. Le contre-mémoire conteste la validité du titre cambodgien
et I'effectivitéde l'exercice de la souveraineté territoriale. De plus,
il fait vaIoir, d'une manière accessoire, que la délimitatiori, opérée
par la Commission mixte de 1904 et constatée par la carte publiée
en 1908 ,erait contraire à la lettre du traité.
75. En admettant mêmeque la Thaïlande soit encore recevable
à contester une délimitation opéréeen 1907, acceptéesans protesta-
tion ni réserve,et reconnue pleinement par la suite - le rapport
d'expert susceptible d'ouvrir une telle discussion devrait montrer:

IO que le milieu géographique n'a pas étémodifié soit par des
phénomènesnaturels, soit par Ia main de l'homme;
z0 que la Commission mixte n'a pas tenu compte de la définition
de la ligne de partage des eaux telle qu'elle était compriseet
appliquée, a l'époque, enmatière de délimitation de frontières;
3' que, compte tenu des moyens techniques utilisés àl'époque,la
Commission mixte a inexactement déterminéla ligne de partage
des eaux.

76. Le rapport du professeur Scherrnerhorn ne pose aucune de
ces questions fondamentales. 11détermine une ligne de partage des
eaux avec tolites les ressources de la technique moderne. Il utilise
des procédéset desinstruments qui n'existaient pas en1907 . ême
ainsi, la ligne de partage des eaux laisune partie importante du
temple sur le versant cambodgien.
77. Or cette ligne de partage des eaux elle-mêmene peut étre
admise,ainsi qu'il résultedu rapport de Mhl. Doeringsfeld, Amuedo
et Ivey (Annexes LXVI a, b,c, d). LES EMPIÉTEJIESTS THA~LANDAIS A PARTIR DE 1949

78. L'ensemble desdéveloppementsprécédentsmontre dairement
que de 1907 à 1941 et de 1946 à 1953, les autorités françaises et
cambodgiennes ont affirmé et exercé leur souveraineté territoriale.

C'est donctout à fait sans aucun fondement que le contre-mémoire
thaïlandais croit pouvoir alléguer:
ique les autoritésfrançaises avaient considéré que leur intérêt
archéologique l'égarddu temple n'était pas incompatible avec
I'esercice para Thaïlande de la souveraineté..1)(9 88).

Quant à l'explication donnée par la Thaïlande de la protestation
française de 1949 -à savoir (le mécontentement ressenti à l'époque

par le Gouvernement français parce que la Thaïlande avait rejeté
les recommandations de la Commission de conciliation 1(ibid -.)
elle cst absolument gratuite.
Il'aiHeurs, ce cmécontentement iides autorités françaises - à
supposer qu'il ait jamais existé - n'avait vraiment plus de raison
d'êtreen 1949. En effet, dès 1948, ccle maréchal Pibul, qui venait
de prendre le pouvoir, indiqua formellement, dans une interview à
I'AssocintedPress, qu'il considérait l'affaire des quatre provinces de
l'Est comme close et que cette décisionavait étéprise avant même
qu'il prit ses fonctions1).(S. Bastid, La Commission de conciliatio?~

jranco-siamoise, Mélanges Georges Scelle, Paris, 1950, vol. 1, p. 1,
le passage cité se trouve p. 19.)

79. L'origine de la réclaniation se trouve tout naturellement dans
un rapport du commissaire de la République française au Cambodge,
adressé au haut-commissaire de France en Indochine. A son tour,
le haut-commissaire prie, le JI janvier 1949,la légation de France
à Bangkok de saisir le Gouvernement siamois. (Annexe LXIII a.)
Le chargé d'affaires intervient par sa note du g février 1949

(Annexe XIV au mémoire du Cambodge). L'ambassade renouvelle
à plusieurs reprises ses démarches (ibid.,Annexes XV, XVI, XVII).
Elle informe le haut-commissaire de France du résultat. Des repro-
ductions photographiques de la carte de la Commission franco-
siamoise de délimitation ail ~/zoo.oooont été envoyéesau ministère
des Affaires étrangères de Thaïlande:

iLa carte elle-mêmeayant étéretrouvéedans nos archives »,
précisel'ambassadeur de France, (iun fonctionnairede l'ambassade
l'a montrée & .nouveau hier au directeur généraldu département
d'Extrême-Orient.Ce dernier, tout en reconnaissant le bien-fondé
de notre réclamation,a affirmé que les cartes que nous avons en- factionnnouséserait donnée.11(Annexe LXIIIMinb,tlettre endateadus-
2s juillet 1949de l'ambassadeur de France en 'Tliailandeau haut-
commissaire de France en Indochine.)

80. En exécution de la conventionculturelle franco-cambodgienne
du 15 juin 1.95 0art. 3S), transfert a étéeffectué au Gouvernement

royal du Cambodge «des pouvoirs de conservation cies monuments
historiques (Annexe LXIV) (Procès-verbal de transfert en date du
g août 1951) L 'article 4 du procès-verbal de transfert porte: ((Dé-
nombrement des monuments transférés ))11indique que ({la liste
générale des monuments classés ou protégés du territoire du
Cambodge comporte 785 numéros ..et se trouve jointe au présent
procès-verbal en annexe C-1 1)A cette annexe C-1,et sous le numéro
624, figure ((Phnom Préah Vihéar ».

81. Entre 1949 et 1954, maIgré l'empiétement thaïlandais, les
autorités françaises et cambodgiennes ont continué à exercer leur
pouvoir de juridiction. Polir le contre-mémoire thaïlandais, iles
documents se rapportant à 1s période 1950-1952 sont sans valeur
réelle..» (558 in fine). Ils démontrent pourtant qu'à cette époque

aucune occupation militaire de Préah Vihéar n'avait encore été
tentée par le Gouvernement thaïlandais. Cette occupation a eu lieu
entre mars et juin 1954.
Le film tourné en 1952par le photographe cinéaste Doan van Ha
(Annexe LXV), au cours de la tournéeadministrative du gouverneur
de la province de Kompong Thom, les photographies prises audébut
de 1953 et en mai-juin 1953 et les attestationsproduites devant la
Cour prouvent cette absence d'occupation militaire. Par ces motifs

Le Royaume du Cambodge conclut à ce qu'il plaise à la Cour:
1.- Rejeter les conclusions présentéespar le Royaume de Thaï-

lande dans son contre-mémoire, sous réserve, notamment,
d'opposer toutes autres fins de non recevoir, si besoin est,
aux conclusions éventuelles du Royaume de TliaïIande;
II.- Lui adjuger les conclusions de sa requêteintroductive d'ins-
tance et de son mémoire.

Dire et juger
I" - Que le Royaumede Thaïlande devra retirer les éléments
de forces armées qu'il a installésdepuis 1954 dans les
ruines du temple de Préah Vihéar;

z0 - Que la souveraineté territoriale sur le temple de Préah
Vihéarappartient au Royaume du Cambodge.

Membre du Haut Conseil du Trône,
Agent du Gouvernement Royal du Cambodge. Annexes à la répliquedu GouverduRoyaume duCambodge

Annexe XSXIIl

CARTE DE DELIMITATIO DE LA FROKTIÈRE ÉTABLIE P.4R
LA COMRIISSIONDE DÉLIMI'TATIONENTRE L'INDOCHINE ET
LE SIAM, DUTRAITE DE 1904(DIX FEUILLES) Annexe SXXI V

PROTESTATION DU ROI DU CAMBODGE, S. M. NORODOM(1868)

COCHINCHINE FRANÇAISE
Cabinet du Gouverneur

SO~IDATC PHEA NORODOM ù Monsieur

le Vice-Amiral Gozrverneude la Cochinchine

Voulant me conformer aux désirs du Gouvernement de la France,
j'ai désignétrois mandarins pour représenter le Cambodge dans la
Commissioii chargée de délimiter les provinces d'Angkoetde Battam-
bang.
Les services signalés que votre généreusenation a rendus iimon
Royaume et la reconnaissance que j'en éprouve me font un devoir
d'accéder à votre proposition; mais, enlefaisant, je veux néanmoins
sauvegarder les intérêtsdemon peuple, et je proteste aujourd'hui comme
je l'adéjà fait contre toutidéed'abandon de ma part au Roi de Siam
des provinces d'Angkor et de Battambang.
Je n'ai pas adhéréà un traité fait sanma participation, à mon insu
méme, et je réserve pour moi et mes héritiers tousmes droits sur les
provinces d'Angkor etde Battambang.

(Cachet du Roi)
[annexe à la lettre de: Marine

12 mars 18681
Pour copieconforme:
Le Directeur desColonies.LETTRE DE L'AMIRAL-GOUVERNEUR OHIEli AU MINISTRE
DE LA MARINE ET DES COLONIES (24 AIAI 1868)

Le C,Amiral Gouverneur P. 1.etCommandant
en Che/ en Cochiîtclaineà S. E. L'A~.IIRAL MINISTRE DE LA hf.4~1~~
ET DES COLONIES

Saigon, le24Nai 1868.
Monsieur le Ministre,

Conformément aux recommandations contenues dans la dépêcheen
date du 12 Mars dernier, j'ai communiqué au Roi NORODOM les
observations de V. E.au sujet de sa protestation contre l'annesion au
Royaume de Siam des provinces de Battainbang et d'Angkor qui ont
toujours étéconsidérées commepartie intégrante du Cambodge.
Le Roi me fait connaître a cette occasion que ces provinces n'ont
jamais appartenu à la cour de Bangkok, et si, par son traité secret du
I~~ Décembre 1863 il en avait effectivement fait l'abandon,ce traité
ayant étéannulé, il parait difficile de s'y reporter aujourd'hpour le
faire servir aux prétentions du Gouvernement Siamojs.
Le Roi maintient donc sa protestation, tout en laissant au Gouverne-
ment Français dont il est le protégé,le soin de choisiremoment con-
venable pour fairevaloir les droits du Cambodge.
Il m'a de pliis faitconnaître que les provinces de Battambang et
d'Angkor sont dévouéesà son Gouvernement et que les Mandarins et le
peuple lui ont toujours témoigné beaucoup d'affection. II ajoute qu'il
croit savoir que le Gouvernement Siamois n'attache pas une grande
importance k la possession de ces deus provinces, et qu'il les rendrait
sans difficultéà la première invitation qui lui en serait faite par1s
France.
Ces observations me paraissent corroboréespar lc proc&s-verbal relatif
à la délimitation du Cambodge que j'ai eu l'honneur de transmettre
à V. E. parma lettre en date du31 Mars dernier,ri286 (Colonie-
Bureau). Je ne puis que les recommander A la bienveillante attention

de V. Ex.
Je suis avec un profond respect votre
Le C. Amiral, Gouverneur P. 1.et Commandant en Chef.

(Signé O)HIER.

Pour copie:
Le Directeur des Colonies. Annexe XXXVI

LETTRE DUROIDUCAMBODGE,S. $1.SISOWATH,AURESIDENT
SUP~~RIEURDE L.4 REPUBLIQUE FRANÇAISE .4U CAAIBODGE
(jNOVEMBRE 1906)

ROYAUME DU CALIBODGE
S0 205.

CABINET DU ROI

Sa Jfajeslé Pria Bat Samdach PréaSIÇOWATH Chdm-Chackvapong
Hariirach Barminthor Phuvanay ICraykêofS aoulalayPréaChazicrulzg
Cam+uchéaThippedey, Roi dzcCambodge,

à MonsiezirleRésidentSupérieurdela RépzibliqziFerangaise au Cambodge,
PHNOM-PENH

Jlonsieur le Résident Supérieur,

Au moment où la France, notre bienfaitrice, s'occupe de ladélimitation
de la frontihrdu Cambodge avec les anciennes provinces cambodgiennes
enlevées par leSiam, j'estime qu'il est de mon devoir de vous adresser
les observations et les réservesqui vont suivre, en vous priant de vouloir
bien les faire connaître en temps utilela Commission de délimitation
qui va commcncer ses travaux et Ies sou~nettre au Gouvernement de la
f<épublique. Mes délégués aupres dc cette Commission sont également
chargés de soutenir, devant elle, les mêmesrevendications.

1')- En réalitéet incontestablement, ln cession par le Siam à la
France des anciennes provinces Khmères qui viennent d'êtrerattachées
au Cambodge, telles que Stungtreng, Tonlé-Repou, Alelouprey, Krat et
Kâ-Kong, ne peut donner une satisfaction légitime aux Cambodgiens
étant donné les circonstances dansIesqueJIes les Siamois avaient occupé
ces territoires par la force et l'hypocrisie au temps ou le Cambodge
était 3. In merci de l'Annam et du Siam. En les rendant les Siamois
n'orit fait queSC dessaisir dece qu'ils ont pris et détenu contre tous
droits de gens et qu'ils n'ont voulu garder plus longtemps en raison du
peu d'importaricc de cesdistrictsne compensant point leursfrais d'exploi-
tation, d'administration et d'entretien.

2") - Nous insistons sur les anciennes limites natureldu royaume
des Khmers qui, avant l'invasion siamoise, englobaient du côtédu Siam,
lesprovinces deBattambang, Siemréap,Stung-treng, Tonlé-Repou,Melou-
prey, Kuckhân, Prey-Sâr, Stung-Por, Sorén, Sangkeac, Xéang-Rong,
Xocoréach-Séma(Corat), au delà du mont Phnom Dâng-Rèk, Kas-Kong,
Krat et Chantabor (Chantaboun) touchant Bacnam et le royaume
Champassak (Pasçac).
Toutes ces provinces sont encore peuplées de Cambodgiens et conser-
\-ent leur patriotisme absolument khmer. 3')- Les provinces les plus riches du Cambodge btaicnt précisément
celles de Battambang et de Siemréap; dans cette derniére subsistent
encore les ruines de l'ancieiine puissante capitale de notre royaume,
preuve éclatante de la grandeur de nos ancêtres.Ces deux provinces pas
plus que d'autres, n'ont jamais étédonnéesau Siam par aucun de mes
prédécesseurs, et nos revendications en vue de les faire rentrer au
Cambodge n'ont jamais cessé-etne cesseront jamais tant que satisfaction
né nous Sera'pas donnée h cet égard. Nos nombreuses réclamations
antérieures en sont témoins: -
Indépendamment de toutes justifications historiques qui confirment
nos droits sur ces deux provinces, le traité du Ij Juillet 1867 conclu
entre la France et le Siam dit qu'un traité du mois de Décembre 1863
soi-disant fait entre les Royaumes du Cambodge et de Siain est annulé
et que IeSiam renonce pour toujours à toute vassaliti: rle la part du
Cambodge. Cette clause dégagea donc complètement du Siam, le Royau-
me Khmer qui devait, par ce fait,recouvrer toute son intégrité terri-
toriale et, si les diplomates français d'alors,par l'article 4du même

traitédu 15 Juillet1867 ,onsentirent sans consulter ni le Gouvcriiemcnt
cambodgien ni le Gouvernement de, Cochincliinc, que les provinces de
Battambang et de Siemréap restent au Siam, ils oiit 6th absolument
trompéspar les Siamois dans la persuasion de l'existence d'un soi-disant
traité absolument inconnu de tous les Cambodgiens, et dans celle des
droits du Siam et de la valeur de ces territoires. J'ajoute, qu'à ma
connaissance, ce soi-disant traité conclu. en Décembre 1863 entre le
Cambodge et le Siam n'a jamais existé régulièrement et il est de toute
justice de nous fairedonner satisfaction. En effet, malgré notre profonde
et sincèregratitude envers leGouvernement protecteur, nous ne pouvons
nous empêcherde nousdemander si un te1 acte diploniatiquedisposant
de nos, biens à notre insu et sans notre consentement peut durer pour
touj~urs.'~
Dans tous les cas et quels que soient les résultats des travaux de la
Commission actiielle et les rictes diplomatiques ultérieurs relatifs à iiotre
frontièrelimitrophe du Siam ne co~nportant pas la cession au Cambodge
de ses si chères provinces de Battambang et Siemréap avec toutes leurs
d6pendances;nous demandons à nous réserver toujours, pour nous et
tous nos successeurs, le droit de faire valoir nos revendications jusqu'à
ce que entiéresjustice et satisfaction nous soient rendues.
Telles sont, Monsieur le R$sident Supérieur, les observations et les
réserves que je me fais un devoir de vous émettre en YOUS assurant
qu'elles représentent parfaitement les sentiments unanimes de mon
Gouvernement et de mon peuple. En dehors de notre plus grand attache-
ment à ces provinces dont la .détention irréguliéreest pour tous les
Cambodgiens un vrai déchirement de cceur, vous n'ignorez pas les diffi-
cu1ti.s de toute nature résultant de cette détention que nous créent
continuellement nos voisins par les empiétements sur notre terr~toire, les

vols, les actes de brigandage et les crimes commis journeltemcnt chez
nous par les auteurs qui trouvent facilement refuge chez eux où ils
restent impunis. Ces faits sont si bien véridiques qu'ils sont prouvés
par les rapports de vos Résidents et de nos Gouverneurs provinciaux.
J'estime que cet état de choses absolument nuisible à tout principe de
sécuritépublique s'aggravera de plus en plus tant que les provinces de
Battambang et de Siemréap les plus contiguës au Cambodge ne lui
seront pas rendues. Veuillez agréer, Monsieur le Résident Supérieur, l'assurance de ma

haute considération.
Fait en Notre RoyaI Palais à Phnom-Penh, le lundi q*me jour de la
lune décroissante du mois de l'ère Cholasacrach 1268 de l'année
du Cheval Momi Atthassak la 3"e du Rhgne, correspondant au 5 No-
vembre 1906 de l'èrechrétienne. ,i:/
(Signé) : SISOWAT r, .
P. C. C.
Le Chef de Cabinet
,a
(Signé Illisible. Annexe Ii'ixVII

NOTE RÉDIGÉE FOUI2 LA COMRIISSION INTERNATIONALE

DE CONCILIATION FRANCO-SIA3lOISE DE IVASHINGTON
(1947P )A~R M. GOUROU,ALORS PROFESSEUR A L'UNIVERSIT~~
LIBRE DE BRUXELLES, AUJOURD'HUI PROFESSEUR AU
COLL~GE DE FRANCE

KOTB SUR LA FROXTIER SEAMO-CAMBODGIENNE DE 1907 ET LA PROVINCE
DE BATïAMB.4NG

Table des .illatières

1.- Étzidedu tracédcla frontièrede1907
- la frontière d1907 a le mérite d'exister
- étude détailléedc la frontièrde 1907

IO- tracé étrange de l'extrémitéméridionale
2"- la frontière dans le Massif du Khao Kuop
3O- divorce de lafrontière ede la ligne departage des eaux
4'- la marche-frontière entre le Siam et le Cambodge

5'- la trouéede Sisophon Wadhana
Ge- lesDang Rek.

II.- La Province de Battambang
- la population de Battambang est cambodgienne
- l'existence nationale du Cambodge en question
- l'agriculture de In régiodeBattambang

- Battambang et leGrand Lac
- Battambang est relié 2i Phnom-Penh par une bande continue de
territoires peuplés
- les relations faciles de Battambangsont avec Phnom-Penh.

1.- Élude du tracéde Znfrontière d1907

- La frontièrede1907 a lmérited'exister
La première raison de s'en tenir à la frontihre siamo-cambodgienne
est qu'elle offre l'avantage d'avoiréfixéesur Icterrain et surlacarte,
après discussion entre experts compétents et libres d'exprimer leurs.
Comme il n'est pas question de reprendre sur Ie terrain l'étudede la
frontiére de 1907, il faudrait que les Siamois fissent la preuve que celle-CI
est grossiérement injuste, h leur détriment. liien, dans les documents
laissésparlestravaux de délimitation de la frontière d1907, ne donne
à penser qu'il en soit ainsi. Il faut faire confiance aux experts qui ont
établila frontière de1907 et ne pas remettre en question les résultats
de leurs efforts. Les indications ci-dessous donnent d'ailleurs l'assurance
qu'il serait difficilefaire mieux.- Ztzcdedétailléee la frontièreétablieen1907
I" - En partant du sud la frontière présente tout d'abord un tracé
étrange. Elle se tient à quelques centaines de mètres de la cote du Golfe
de Siam pendant une quarantaine de kilomètres, laissant donc au Siam
une bande de territoire très mince, dans le souci évident de donner au
Siam la possession des centres de pêchede Ban Huong Som et Ban Mai
Rouk. Si on désire simplifier dans cette régionle dessin de la frontière,
on pourra attribuer au Cambodge cette mince ladre et faire partir le
nouveau tracé d'un point sur la côte à seize kilométres à vol d'oiseau au
Nord de Ban Alai Rouk. Mais l'affaire est sans importance, le territoire

en question étant désert (hors les villages cbtiers), et il est inutile d'y
insister. Nous voulons simplement montrer qu'une discussion du tracé
de la frontière danscette régionne pourrait qu'aboutirà une modification
avantageuse pour le Cambodge.
2" - A partir du point où elle s'éloigne résolument du rivage, la
frontière, dans leiV1assifda Khao Kuop (1.265 m), s'accroche à des lignes
de laîte bien marquées et donne toute satisfaction.
3'- Mais, au nord de la latitude de Païlin et jusqu'à ce qu'elle ait
rejoint les Dangrek, la frontière cesse de suivre Iraligne de partage des
eaux pour laisser au Siam les bassins supérieurs du Stung Prapont

(une des têtesde la rivière de hlongkol Borey), de la riviérede Sisophon
(Stung Patram), du Stung Kone Kriel (affluent de la rivière Sisophon),
du Stung Swaï Chek (autre affluent de la rivièrede Sisophon). Si on
voulait donner à la frontière un emplacement logique et bien défini,
dans ce territoire aux lignes de terrain peu marquées, il faudrait la
reporter de zo A50 kilométres A l'ouest. La modification serait à l'avan-
tage du Cambodge. Mais il n'est pas question d'entamer une controverse
sur ce thème, et nous nous inclinons devant le fait accompli.
4' - Le fait qui compte, qui est vraiment d'un trés grand poids,
c'est que la régioncomprise entre le parallèle de Pailin au sud et celui de
Poipet au nord, le méridien de Poipet à l'est et le méridien de Srakéo
à l'ouest, est déserte. Dans cette immense solitude de 150 kilomètres
du nord au sud et de l'est A lkuest, pas un village, pas une clairikre,
pas une piste; une forêtcontinue; de ses frondaisons émergent de loin
en loin de puissants récifscalcaires comme celui de Reang Tlous. Cartes
et documents établissent le caractère désert de cette contrée, que nous
avons vérifiéau cours d'un survol en avion que nous avons effectuéen
mars 1946. Cette solitudesépare le Cambodge du Siam et ferme à l'ouest
la région de Battambang. On ne saurait trop insister surlefait qu'ily
a là une marche-frontière naturelle qui définit très heureusement les
domaines du Siam et du Cambodge et qui confirme - s'il en était

besoin -, le caractére cambodgien de Battambang.
II importe peu, au total, de fixer plus ou moins à 1est ou plus ou moins
à l'ouest la frontière politique, pourvu qu'eue soit maintenue dans ce
désert. Le plus sage est donc de la laisser Ih où elle est.
Au nord de ce désert forestier c'est latrtrouée Sisophon-Wadhanau,
simple éclairciedans la foretet non par accident topographique. Eiieest
faiblement habitée du côté siamois et ne constitue pas une apophyse
siamoise reliant fortement les pays proprement siamois à un pays
hypothétiquement siamois de l'ouest.
Au nord de la (trouée 11la frontière a un tracé assez indifférent dans
un pays encore peu peuplé (quoique n'atteignant pas au caractère rigou-reusement désertique du massif forestier du sud), jusqu'au point où elle
s'accroche aux Dang liek et tourne à l'est.
6" - A partir de ce point, situé à cinq kilométres au nord du hameau
de Kala, la frontiérecoïncide avec un accident topographique de première
importance, et d'une majestueuse simplicité. Les Dang Rek sont un
reliefimonoclinal iiune ((cuesta11.Une tablede grès,faiblement inclinée

vers le nord, vers le bassin du Séhloun, domine Ie Cambodge par un
abrupt. Schématiquement, l'accident se présente comme le montre le

1frontière S

SIAM CAMBODGE

grès

croquis ci-contre. Les altitudes absolues dit sommet de la falaise sont
notables (580m. 530, 481,457, 525) et atteignent leur maximum (761m)
non loin de lafrontière laotienneLe cornmaiidement de l'abrupt vers le
sud est de 200 à 400 m. C'est sur le versant méridional de cette falaise
que se trouvent perchéesles magnifiques ruines khmer de Prah Vihear.
La côte monoclinale des Dang Rek constitue la lignede partage des
eaux entre le Grand Lac au sud et la SéMounau nord.
Il est impossible de concevoir un accident topographique qui se prête
mieux que celui-là & ln fixation d'une frontière;la simplicité du dessin
du relief ne laisse placc à aucune incertitudquant au tracé de la fron-
tière. Dans d'autres régionsdu monde - par exemple dans le Bassin
Parisien -, des cuestas, comme les côtes de Moselle, ou les côtes de
Meuse, ou la falaise de l'fle de France, sont traversées ou longéespar des
riviéres qui sont des avenues de commerce et de civilisation. Dans les
Dang Rek rien de semblable; les rivières des deux bassins, bassin du sud
et bassin du nord, s'opposent par leurs sources. Aucune riviére du sud
n'a étendu son bassin sur leversant nord, et réciproquemeiit.
Abandonner Ia ligne des Dang Rek serait une aberration. On ne
trouverait point dans la région un autre accident aussi favorable. La

preuve en est dans la irontière tracée au sud des Dang Rek, en 1941,
par les Japonais et les Thaïlandais; ils voulaient dépouiller le Cambodge
d'une partie de son territoire mais ne surent où placer la frontière; en
désespoir de cause, ils Ia fixèrent au15"e grade, sans considération
aucune des rivières ou des lignes de reliefe cette frontière imaginaire
coupait avec indifférence. Bien entendu, entre les Dang Rek et le tracé
de 1941 l n'y a pas de Siamois; on ne voit dans ces territoireque des
Cambodgiens et quelques primitifs.
La. sagesse et la justice exigent donc qu'on maintienne la frontière
aux Dang Rek, sans aucun changement par rapport au tracé de 1907.
Si on tenait absolument à la déplacer, ce n'est pas vers lc sud qu'il
faudrait la reporter, mais versle nord, aux dépens du Siam. En effet,
de nombreux Cambodgiens vivent nu nord des Dang Rek. Leur nombre,
mal connu, est au minimum de 200.000 et au maximum d'un million.
Ils se trouvent dans un état arriéréet n'ont pu participer à la renaissance
du sentiment khmer qui s'est produite dans le royaume de Phnom-Penh. Ne serait-il pas légitime que les Cambodgiens réclament avec énergie le
retourà la patrie khmer de ces Cambodgiens abandonnés?
Mais il n'est pas question de soutenir de telles revendications. EIles
n'ont de valeur que pour montrer qu'une modification de la fro~itiére
siamo-cambodgienne de 1907 dans la rkgion des Dang Rek, si elle était
pratiquée pour satisfaire au principe des nationalités, aboutirait r'i
étendre le territoire cambodgien au détriment du territoire siamois.
Il faut donc maintenir les frontières de 1907, qui sont lesplus commodes,
sinon les plus justes. Rechercher la justice au détriment deastabilité des
frontières serait modifier le trade 1907 au détriment du Siam.

II.- La province de Battambang
Il serait en somme inutile de poursuivre cette argumentation. Puisqu'il

nous paraît établi que la frontière de 1907 est la meilleure possible entre
le Siam et le Cambodge, il peut paraître vain de rechercher les raisons
pour lesquelles ce qui se trouve à l'intérieur de cette frontière doit rester
au Cambodge. Pourtant, nous jugeons intéressant, quoique inutile, d'exa-
miner d'un peu près le cas de la province de Battambang (nous ne
reviendrons pas sur les parties des provinces de Siemréap et Kompong
Thom dont nous avons parléen examinant la frontièredes Dang Rek).
La population de Battambangest cambodgienne

Les renseignements administratifs nous apprennent que la population
de la province de Battambang était en 1939 cambodgienne dans la
proportion de 92 pour cent (le reste étant composéde Chinois, de Lao-
tiens, de Cham, etc.). Les sentiments de cette population ne sont pas
douteux; ils sesont révélép sar de nombreuses manifestations de sympa-
thie lorsqu'cn Juillet 1941, Ies autorités cambodgiennes et françaises
ont dû céder la place aux Thaïlandais. En revanche, quatre drapeaux
seulement, dans toute la ville de Battambang, ont salué l'arrivée des
Thaïlandais.

L'existence nationaledu Cambodgeenquestion
Les terres saisies par leSiam en 1941 font donc incontestablement
partie du Cambodge. Les Cambodgiens de tout le royaume le savent au
plus profond d'eux-mêmes.Ces terres leur sont sacrées.Pas de Cambodge
viable ?ileurs yeux si les territoires enveloppés par la frontière d1907
ne restent pas cambodgiens.
Ilfaut bien voir tout le profond de ce sentiment. Lorsque la France a
pris le Cambodge sous sa protection, ce pays &ait au dernier degré d'une
décadence dont les assauts des Siamois avaient été le facteur principal.
La France a rendu aux Cambodgiens la confiance en eux-mêmes, en

leur permettant de recouvrer Battambang en 1907, et en Ieur r6vélant
les faits prodigieux de leurs ancétres khmer. La nation cambodgienne
s'est réveillée. Veut-onruiner la renaissance d'une nation pacifique et
digne de la plus grande amitié? On remarquera, au contraire, que les
territoires dl'Ouest cambodgien ne sont pour lesSiamois que des régions
périphériques,qui ne touchent en rienà leur existence nationale.
L'agriculturede ln régionde Battambang

La plaine de Battambang est une régiongéographique qui comprend
non seulement le pays de Battambang mais aussi les pays de hlaung etde Pursat. Elle appartient incontestablement au Cambodge. Toutes ses
eaux s'écoulent vers le Grand Lac. Elle doit sa richesseA son heureuse
organisation hydraulique; la rivière de Mongkol Borey coule en basses
eaux entre des bourrelets, mais en saison des pluies les eaux s'échappent
par des coupures de la rive droite et se dirigent vers le GraLac (dont
le rivage, en hautes eaux, est proche de la ville de Battambang); une
irrigation spontanée s'organise de la sorte, qui fait la valeur rizicole
de cette région. Tout cela s'oriente vers le Cambodge et tourne le dos
au Siam.
La fertilité des rizières peut êtreaisément accrue par l'utilisation des
calcaires moulus etdes phosphates extraits des Phnom Sampeou, Khong
et Banan qui se dressent aux environs de Battambang.
Pour toutes ces raisons, la plaine de Battambang, dont les possibilités
ont été améliorées par des travaux d'hydraulique agricole importants,
Œuvre du protectorat français, est un élémentessentiel de l'économie

cambodgienne. Les rendementsen riz de la plaine de Battambang sont les
plus élevésdu Cambodge; alors ue les rizières des autres partiesdu
Cambodge rapportent 1.200 kg 1e paddy à l'hectare, les rizières de
Battambang donnaient avant 1940 de 1.600 B 1.800 kg. La province de
Battambang compte 134.000 Ha de rizièressur un total cambodgien de
Soo.ooo, soit17% des rizières cambodgiennes, alors que la population de
Battambang ne fait que9% de la populationdu Cambodge. Il n'est donc
pas surprenant que la province de Battambang ait le plus fort excédent
de riz de toutes les provinces cambodgiennes et contribue largement
aux exportations cambodgiennes de paddy. En effet, les exportations
de paddy en provenance de Battambang représentent selon les années
de 70 a 80% des exportations cambodgiennes de paddy (quivarient de
~oo.oooà 200.000 tonnes). La riziculture de Battambang est donc essen-
tielleà l'équilibre économiquedu Cambodge; sans elle, les exportations
du Cambodge seraient dangereusement amoindries et le royaume khmer
se trouverait dans une position financière difficile.Il est inutile, au
contraire, d'insister sur le fait que le déjàgros exportateurde paddy
et de riz,n'apas besoin de la production rizicole de Battambang qui ne
serait pour lui qu'un apport modeste.

Baltambanget le GrandLac
Une autre raison impose, du point de vue de l'économiecambodgienne,
le maintien de la frontière de 1907 et l'abandon de toute tentation de
revenir au tracé de 1941, c'est l'exploitatiodes ressources du Grand
Lac. Le royaume khmer n'a pas été comblépar la nature; il ne dispose
pas de grandes richesses minieres; mais il a la chance de trouver dans
le Grand Lac un magnifique vivier naturel qui produisait bon an mal an
IOO.OOtOonnes de poissons frais. Les poissons du Grand Lac contribuaient
largement à l'alimentation des Cambodgiens et permettaient de subs-

tantielles exportations.Le riz de Battambang et le poisson du Grand
Lac constituaient les chapitres principaux de l'exportation cambodgienne.
Or le tracé de 1941 privait le Cambodge d'une partie de la pêchedu
Grand Lac. D'autre part, les études pénétrantes conduites par les
spécialistes de l'Institut Océanographique de Nha Trang ont démontré
que la richesse ichtyologique du Grand Lac n'était pas inépuisable.
L'abondance du poisson exige que soit conservéeet soigneusement gérée
la forétque leGrand Lac inonde aux hautes eaux. C'est en effet dans les
arbres de cette forêtque les poissons fraient et déposent leurs Œufs.Il est doncabsolument nécessaireque toute la forêtinondéesoit sous le
contrôle d'une seule autorité scientifique, qui ait la charge d'étudier tous
les problémes relatifsà la biologie des poissons du Grand Lac et à la
technique des pêches.Ces conditions ne seraient pas réaliséessi une
frontiére internationale coupait en deus le Grand Lac, comme ce fut le
cas en 1941.
Baltambaîzg estreli àéPhnom-Penh $ar une bandecontinuede territoires
peuplés
Battambang est isolédu Siam par l'écrandésertdu massifforestierqui
s'étend aux confins du Cambodge et du Siam LLl'ouest de Lovéa. Au
contraire, le pays de Battambang, pays peuplé,d'une riche agriculture,
est peupléde Cambodgiens, se poursuit vers le sud-est, en direction de
Phnom-Penh, par une suite ininterrompue de territoires habités et
exploités. De Battambang à Maung, de Maung à Pursat, de Pursat à
Komreng, de Kornreng à Kompong Chhnang et à Phnom-Penh, il n'y
a pas de solution de continuité. On ne cesse d'êtreen pays cambodgien
et en pays peuplé.Toute coupure danscet ensemble serait contraire à la
nature des choses.

Les relationsfaciles deBattambang sont avecPhnom-Penh
C'est vers l'est que regarde Battambang, c'est vers l'est que s'écoulent
ses eaux et que des relations fluviales sont possibles. Les diversesrivières
du pays de Battambang, le Grand Lac, leTonléSap portent aux hautes
eaux, sans aucun aménagement particulier,lesjonques chargéesde paddy
deBattambang vers Phnom-Penh et Saïgon. Saïgonest leport deBattam-
bang. Il serait d'ailleurs absurde, étant donnéque les riz de Battambang
étant habituellement exportés vers l'Extrême-Orient, de les diriger
d'abord vers Bangkok, c'est-à-dire vers l'ouest, d'où ilsseraient réexpé-
diésvers l'est.
Rruxelles, ce3 Février1947.

(Sigfié)PierreGOUROU,

Professeur h l'université Libre
de Bruxeiles,
27, Rue de la Mutualité, AnnexeXXX VIII

REPORT ON THE OPERATIONS OF THE ROYAL SURVEY
DEPARTMENT FOR 1928-1929.
MINISTRY OF DEFENCE, 1929

(Extraits pp. 23/24)

MINOR TRIANCULATIOK PARTY
Province : Nagorn Rajsirna.

Stao. 23. Officer in charge: Lieut. Col. Hlûang Bhibhidh Samrûachkârn.
Assistant: Captain Hlûang Rathakich Samrûach
7 military officers (including one army doctor) IIdsubordinates.
Duration of fielseason. The party left Bangkok on the 6th November
1928 and returned on the ~2nd. April 1929, having been in the field
5 months and 17 days.

Programme. The programme of theparty was to fix control points over
an area of about 30 ten-minute quadrilateralslying between the
latitudes of 14"-20' and 15~-ro' and between the meridians of
103900' and 104"-00'.
Workcanied out. It was found impossible to carry out any triangulation
owing to the absence of conspicuous points. The areawas therefore
covered with a gridwork of traverse Iines along which dumpy levels
were run. The positions were controiled by four stations of the
primary triangulation namely Bhanôm Mékai, Bhan6m Anlôhng
Sswaï, Khao Kradông, and Bhanôrn Sawaî Nâ He~vand by traverse
stations on the western edge of the area fixed during the previous
field season. The directions were controlbyd34 azimuths observed
forthe most part atjunction points of the grid.
The instruments used were Troughton and Sirnms' 5 inch Micro-
meters and 5-inch Verniers and three wire dumpy levels by Trou h-
ton and Sirnms. The nurnber of traverse stations occupied \vaf64
and the number of points intersected 92. Concrete pillarç were Iaid
down at 3s stations.The other marks were cernent pipes buried
near marked trees. The total length of traverse and dumpy levelling
was 881.9 2ilometres and the corrections required per line for the
closure of azirnuthsried from oe.25to 5'.0in the main scheme but
reached only 6".o in the subsidiary lines,
'
Nature of the country.In the region north of latitude of 14'-30 t'e
country is Aat or slightly undulating, about one-third being under
cultivation. Exceptfor a small amount of thick evergreen jungle,
the other two-thirds is covered with opeTeng Rang Jungle. South
of the latitudef 14'-30' the country becomes more thickly wooded
as it approaches the frontier of Cambodia, the southern liofithe
work. This frontier is a scarp which forms the edge of the plateau
and al1 the streams flow ina nortlierly or north-easterly direction
from it to join the Alénrimhlulurhich is to the north and outside the area of operations. These' strearns are rnostly dry between
January and May and during these rnonths the region is hot and
~vater is scarce especially in the northern part. There are no con-
spicuous hills in the area.The scarp on the south about 400 metres
in lieight fnllsheer to the Cambodian plain in French territory.
Transport, Inhabitants, etc. ..~h&e are villages scattered al1over the

area, the larger being situated in the northern half through which
the new railway to Ubol passes. Cart tracks are plentiful and travel
easy in every direction, so that transport presented no difficulty.
The inhabilarzts are chiefly Cambodian witha few Chinese and Lâ.0.
They cultivate rice during seasons when the rainfall is sufficient, and
they rear cattle. Lumbering has becorne a more profitable trade
since the railway was built.l

Italiquesajoutées. Annexe XXXIX

RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSlON DES AFFAIRES
EXTÉRIEURES, DES PROTECTORATS ET DES COLONIES
CHARGÉE D'EXAMINER LE PROJET DEj LOI PORTANT
APPROBATION DU TRAIT^ CONCLULE 23 MARS 1907 ENTRE
LE GOUVERhTEMENTDE LA RÉPUBLIQUE FRANCAISEET LE
GOUVERNEhIENT DE SA MA JESTÉ LE ROI DE SIAM. (DOCU-

MENTS PARLEMENTAIRES - CHAMBRE DES DÉPUTÉS -
ANNEXE No 997- SESSION ORDIN.- SÉANCE DU 30RIAI1907)
[Nonreproduit] ANHEXES A LA REPLIQUE (h'*XL)

Annexe XL

LETTRE DU COLONELF. BERNARD AU JOURNAL

uLE MONDE 11(5 JUIN 1946)
MONDE
5 juin 1946
Correspondance

LES FRONTIÈRES FRAXCO-SIAMOISES

Unelettredu colonelF. Berrtard
A $repos des frontières franco-siamoises nous avons reçzkdu colonel
F. Bernardla lettreszcivant:

Monsieur le directeur,
Dans le Monde du 2-3 juin, vous avez publié deux lettres de MM.

Boissonnas et Marchal, au sujet des revendications siamoises.Voulez-VOUS
me permettre d'y ajouter quelques observations qui me paraissent
indispensables pour préciser le problème qui se pose et ne pas laisser
la discussion s'égarer.
La frontière franco-siamoise, telle qu'elle existait en 1940le,vait
étéfixéepar le traité du23 mars 1907, etce traité lui-mêmen'a étéque
la conclusion des opérations effectuées,d'octobre 1904 à mar1907,par
deux commissions, l'une française, que j'ai présidée,l'autre siamoise,
présidéepar le généralMom Chatidif Udom. Nous avons, pendant deux
ans et demi, parcouru toute la valléedu Mékongdepuis la mer jusqu'à
la frontièrde Chine et nous avons recherchée~zsewzblper quels moyens
on pourrait éviter le renouvellement des incidents qui depuis notre
installation enIndochine avaient empêchél'établissement de relations
pacifiques et amicales entre la France et le Siam. Nous avons constaté:
1"que les traités antérieurs laissaient au Siam les provindesBattam-
bang, Siem-Réapet Sisophon pezdpléese Cambodgiens, et à la France les
districts de Kratt et Dansai, peuplés de Siamois2' que la présence au
Siam de nombreux protégés franqais, soumis à la juridiction de?OS
tribunaux consulaires, constituait une entrave à la bonne administrat~on
des provinces siamoises.
Dans une lettre, en date du15 octobre 1906, j'ai proposéau miniçtre
des colonies d'entamer, à la fin et à la faveur des opérations de délimi-
tation, de nouvelles négociationafind'obtenir la restitution à la France
des provinces cambodgiennes en échangede la rétrocession des districts
siamois et je proposais en mêmetemps de soumettre les protégésfrançais
à la juridiction des tribunaux siamois.
Ces propositions ont étéapprouvées, en octobre 1906, par le gouverne-
ment que présidait M. Georges Clemenceau. J'ai entamélesnégociations,

le 6 marsI907, avec!M.Stroebel,ministre plénipotentiairedesÉtats-U.~tts
d'Amériqueg, énéval-advisLergoz~v~rnemen sitamoisJ'en ai rendu compte
dans une lettre adresséei hi. Beau, gouverneur généralde l'Indochine,
que vous trouverez dans le livre que j'ai publié, e1934,sous le titre;
In Perte et le relozird'Angkor(+age 224 ...). Les pourparlers ont aboutirapidement: le texte du nouveau traité était arrêtéle 18 mars et le
traité était signé l23. Lc fait qu'il suffi dcra jours pour arriver à un
accord complet montre bien que la nouvelle convention donnait Cgale-
ment satisfaction aux deux parties et du reste, de 1907 à 1940, pendant
33 ans, aucun incident n'est venu troubler les relations franco-siamoises.
Le roi Chula Long Kom avait mis à la concIusion de l'accord une
condition essentielle, c'est que les deux pays renonceraient, à l'avenir,
à toute revendication territoriale nouvelle, et cet engagement a été
renouvelé lors de la signaturedu traitédu 14 février1925.
Ainsi la situation estfortclaire: par deux fois, en1907 et en 1925, le
Siam s'est engagéà ne nous présenter aucune revendication territoriale.
C'est ce double engagcmcnt, pris en. foutelibertéqu'il a violé en 1940.
Il a réussi, grâce à l'appui du Japon, à nous arracher des territoires
dont il nous avait reconnu la possession et dont nous avons le droit,
moralement etjuridiquement, d'exiger la restitution. Je suisconvaincu
que 1'0. N. U. si elle était saisie de la question ne sanctionnerait pas
l'attitude du Siam. J'ai posé moi-même la question, en janvier 1945,
lors de la conférence de Hot Springs, en présenced'un délégué siamois,
hl.Prarnoj, qui, depuis lors,a &téà Bangkok président du conseil des
ministres, et qui, A Hot Springs, s'est dérobéà une discussion qui ne
pouvait manquer de lui 6tre défavorable.
Ainsi, il nes'agit pasde reprendre le procès historique et géographique
qui, de 1863 à1907, a empoisonné lesrelations franco-siamoises et auquel
le traité de 1907 a mis fin. Il s'agit simplement de corriger ce que le
rapportde la conférencede Hot Springs en qualifie de ia grievousbreach
of inler.ieatio~doodjaitlta.
IIy a lieu de noter que le traité de Tokio par lequel le gouvernement
de Vichy a, en mai 1941 ,bandonne au Siam a 70.000 rkmq. deterrain,
n'a jamais été ratifiéni par le Parlement, ni par le maréchal Pétain qui
détenait alors le pouvoir législatif. Nous sommes donc fondés à le con-
sidérer comme nul et non avenu.
Veuillez agréer... AnnexeXLI

MINUTE DE LA NOTE DU DIRECTEUR DES AFFAIRES POLI-
TIQUES ET ADMINISTRATIVES DU MINISTÈRE DES COLONIES
POUR LA DIRECTION DE LA COMPTABILIT&
(24 OCTOBRE 1907)

z*me Bureau

Publication de la carte laCommission Bernard.

Paris 2, Octobre 1907.
Note pour la Directid oenla Comptabilité

(3emeDirection- z'meBureau)
Au mois de Juillet dernier, M. le Lt. Colonel Bernard demandait au
Département l'allocation d'une somme d7.70 0rancs pour la publication
de la carte dresséepar la Commission de délimitation.franco-siamoise,
dont il étaitle président.
Cette dépense devait êtreà la char-e du Budget Généradle l'In-
dochine.
M. Beau à qui cette demande a ététransmisea répondu par le télé-
gramme dont copie eçt ci-jointe qu'il acceptait de faire supporter cette
dépensede 7,700frs. au budget généralde l'Indochine.
Aviséde cette décision,M.le ColonelBernard a sollicitél'autorisation
de conclure un marchéavecM. Barrère, éditeu21 rue du Bac, en vue de
la publication de la carte en question.
. J'ai l'honneur de transmettre la demande de M. le Colonel Bernard
à Monsieurleconseiller d'Êtat, Directeur delaComptabientluilaissant
le soin delui donner la suite qu'elle comporte.

Le DirecteurdesAflaires
Politiques et Administratives,
R. VASSELLE. AnnexeXLII

LETTRE DU MINISTRE DES COLONIES CONFIANT A L'ÉDI
TEUR-GÉOGRAPHE BARRÈRE L'IMPRESSION DE LA CARTE
DRESSÉE PAR LA COMMISSIONFRANCO-SIAMOISEDE DELI-

MITATION (13 NOVEMBRE 1go7}

Maison ANDRIVEAU-GOUJON
Henry BARRÈRE
Gditeur - Géographe
21, nie du Bac
Paris, le 13Novembre 1907.

No377
Impression à 1000 exemplaires d'une carte dresséepar
la Commission de Délimitation franco-çiamoise.

Monsieur,
En réponse iivotre lettre du 29 Octobre dernier, j'ai l'honneur de
vous prier d'assurer l'impression d'une carte dresséesous la direction
de M.le Lieutenànt-Colonel Bernard par la Commission de délimitation
Franco-Siamoise.
II demeure entendu que letirage de cette carte, qui comprendra au
maximum douze feuilles sur papier format Jésus, de bonne qualité, du
poids de 25 kilos la rame, devra êtreexécutépar le procédéde l'auto-
photographie en quatre couleurs, noir, bistre, bleu et vert.
Le prix de revient de ladite carte, y compris le dessin sur calque des
minutes, tiréeà miIle exemplaires, est fiésix mille francs(6.00 frs.).
Deux épreuves en quatre couleurs de chaque feuille devront. être
fournies gratuitement à hl. le Lieutenant-colonel Bernard, qui est
chargé de leur vérification, et, s'y a lieu,de la délivrancedu (Bon
à tirerri.
La livraison des 1.000 exemplaires devra être effectuéeau Wnistére
des Colonies leI~~ Juin 1908au plus tard.
La dépenserésultant de ces travaux d'impression est imputable sur
les fonds du Budget Généralde 1'Indo-Chine.
Comme eIIe dépasse 1.500frs.,chiffre maximum fixé pour les achats
sur simple facture, je vous prde considérerla présente dépêche comme
tenant lieude marché,et dela soumettre, ainsi que l'ampliation ci-lointe,
qui doit rester entre vomains, au timbre et l'enregistrement.
Vous voudrez bien, aprés l'accomplissement de ces formalités, me
renvoyer l'original, accompagné de cinq copies lisiblement écGes OU
autographiées, le tout en conformité des paragraphes 5 de l'artde 18
et 3 de l'article 1du Décretdu 18 Novembre 1882.1.
Recevez, Monsieur, les assurancesde ma parfaite considération.

Le Ministredes Colonies. AnnexeXLIIl

COMPTE RENDU EN DATE DU 6 FÉVRIER 1908DU COLONEL
BERNARD AU MINISTRE DES COLONIES, RELATIF A L'IM-
PRESSION DES CARTESDE LA FRoNTI~RE FRANCO-SIAMOISE

Paris,22Février1908.

Le Li.ColonelBernardàMonsieurle Minist drs Colonies.
En réponseà votre lettre 21 Févrierno245,j'ai l'honneur de vous
rendre compte que les cartes de la frontiére Franco-Siamoise sont
actuellementà lagravure et que l'impressen seraterminéedans le
courant du mois de Mai.

BERNARD. AnnexeXLI V a

LETTRE DU CAPITAINE TIXIER, MEMBRE DE LACOMMISSION
FRANCO-SIAMOISE DE DÉLI~IITATION, AU MINISTRE DES
COLONIES (13MAI 1908) .

Paris, 13mai 1908.

Le Capitaine Tixier, membrede laCommissionfranco-siamise
. . de ditimitationà Monsieurle Minisire des Colonies,

AParis.

Le Lieutenant Colonel Bernard en me confiant l'achèvement des
travaux de la commision m'a déclaréque vous l'aviez autorisé A faire
des prélèvements sur les cartes que nous faisons tirer, prélévements
destinés au gouvernement Siamois, aux différents services de Paris,
aux Sociétésde Géographiefrançaises et étrangéres etaux membres de
la Commission.
Il m'avait chargéderépartir ces cartes entre lesdifférentsdestinataires
dont voici Ia liste
Ministèredes Colonies(5ervice Géographique) 50
Ministère des AffaireslitrangBres 25
Service Géographiquede l'armée 5
Gouvernement Siamois (remettreau Ministre à Paris) 50
M.Deloncle, Député del'Indochine I
Sociétéde Géographiede Paris I
Sociétéde Géographie Commerciale I
Comitéde I'AsieFrançaise I
Union Coloniale I
Annales de Géographie I
DépécheColoniale I
Peterman Mitteilhungen (Gotha) I
Royal Geography Society (Londres) I
Membres des deux commissions 19

Total 158

De plus, M. Barrhreéditeur demande à conserver ~ooexemplaires de
ces cartes poula vente aux conditions habituelles que lui fait le Service
Géographiquede 1'Indo-Chine.
Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Ministre, de bien vouloir
me renouveler l'autorisatiodu prélèvementdes cartes.
Les 742 exemplaires restant des tirages seront rem?ivotre Ministére
en mémetemps que tous les documents quiont servi rEles établirpour
êtrexpédiks eeI~dochine. '
TIXIER.

lItaliquesajoutées. Annexe XLIV b

MINUTE DE LA RÉPONSE DU MINISTRE DES COLONIES AU
CAPITAINE TIXIER (26 MAI 1908)

2eme D.
geme Bureau
Répartition des cartes de la mission franco-siamoise

Paris,26 Mai 1908.

., Capitaine Teer
Membre (le la Commission franco-siamoise dedklimitation

4 Placede la Sorbonne- Paris.

En réponseAvotre lettre du 13 Mai courant, j'ai l'honneur de vous
faire connaître que je ne vois aucun inconvénient-$ vous renouveler
auasujet des prélèvementssàpeffectuer sur.Ies cartes, actuellement au
tirage, de la mission franco-siamoise. ..
Je vousautorise, en conséquenceà procédercommevous me I'indiquez
dans votre lettre précitée,la répartition des cartes en question. Annexe XLI V c

MINUTE DU COMPTE RENDU RELATIF A LA IIÉPARTITION
DE LA CARTE DE LA NOUVELLE FRONTIÈRE FRANCO-
SIAMOISE, PAR LE CAPITAINE TIXIER (2 SEPTEMBRE 1908)

Asie
Cartes de Ia frontiérefranco-siamoise

Paris, lz Septembre xgoS.
Nolepour le SenricGéographiqzde

J'ai l'honneur de transmettre sous ce plà,M. Iechef du Service
Géographique,une lettre par laquelM. le Capitaine Tixier rend compte
de la répartition qu'il a faite de 106exempIaires de la carte de la nouvelie
frontière franco-siamoise.
Je serai obligéà M.Duchênede vouloir bien accuser réception de
sa lettrA cet officieret de lui faireconnaître la destination qui doit être
donnéeaux documents restésen sa possession qui rncparaissent devoir
étre adressésau Gouverneur Généralde 1'1.C.

Pour le Directeur des Agaires
Politiqzteset Administratives,
leC. du B. deL'Asie,
(Signk)MAX OUTREY. AnnexeXLIV d
LETTRE DU MINISTRE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE A

BANGKOK AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGERES A
PARIS (15 OCTOBRE 1908)

Direction des Affaires Politiques et Commerciales.

Bangkok, le15 Octobre 1908.
M+ deMargerie, Ministrede laRéfiubliqueFrançaised Bangkok,àSon
ExcellenceMonsieur Sté$he.nPichon, Minislre des Agaires l?trangéres
àParis.
Asie

No 179
Cartes de la frontiere franco-siamoise
(MissionBernard)
Par ma lettre du14 Septembre dernier, n156,j'ai sollicitéde Votre
Excellence l'envoi de quatre nouvelles séries des onzecartes dressées
par Ia Commission de délimitation de frontiérefranco-siamoise prési-
déepar le Lieutenant-colonel Bernard.
En me remerciant de lui en avoir envoyéune série,le Prince Damrong
m'exprime le déside mettre ces cartes, en mêmetemfis que cellesde la
Mission Montguers, entre les maifis des Autorités Provincs et me
demande de vouloir bien lui en envoyer uneinzainede séries.
Je pense qu'au moment où nous cherchonsApersuader les Siamois de
la nécessit- qu'ils n'apprécientpas encore comme il conviendr-it
de faire une carte sérieduepays, Votre Excellence ne verra pas d'ob-
jectionà répondre au désirdu Ministre de l'Intérieur, et je serais trés
reconnaissant au Département de vouloir bien me mettre en mesure de
lui fournilescartes demandées.

1ItaliqueajouMes. Annexe XL1V.e

MINUTE DE LA LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES
ÉTRANGÈRES A PARIS AU hlINISTRE DE FRANCE A

BANGKOK (27 JANVIER 1909)
M.de MARGERIE
Ministre de France àBangkok.

27 Janvier 1909. a
Cartes de la nouvelle frontiére entre 1'Indo-Chineet le Siam destinées
au Roi.

En vous faisant savoir, le16Décembre dernier, que je voyais comme
vous-m&me, intérêt 2t mettre sous les yeux du roi de Siam les cartes
construites par Ies deux Commissions de délimitation présidéespar Ie
Lieutenant-Colonel Bernard et le Commandant Montguers, en vue des
travaux cartographiques qui pourraient être ultérieurement confiés à
nos officiers,je vous avais annoncé queje faisais établir deux albums
contenant les cartes dont il s'agit.
Ces albums sont aujourd'hui terminés et je m'empresse de vous les
adresser en annexe h la valise qui vous portera cette lettre, afin qu'ils
parviennent a Bangkok suivant votre désirquelques joursavant l'amvée
dans cette ville du Capitaine Tixier chargé,vertu de l'accord du mois
de Juin dernierde préparer avecles officierssiamois, une éditionsiamoise
de la carte des frontières du royaume de Luang Prabang jusqu'à Kratt.1. AnnexeXLV

N~GOCIATIONS KHMgRO-THAIES A BANGKOK DU 18AOÛT
AU 3 SEPTEMBRE 1958. PROC~S-VERBAUX OFFICIELS
(Extraits)

PROCES-VERBAL

de réunion de la premiére commission chargéed'étudier les problémes
inscrits aux rubriquesA-I, A-2, A-3, de l'ordre du jour.

L'An Mil Neuf Cent Cinquante-Huit et le dix-neuf du mois d'Août
à dix heures, les MembresKhmers et les MembresThais chargésd'étudier
la sériede questions inscrites sous la rubrique se sont réunis sous
la présidence, du c6tékhmer de Son Excellence Monsieur SONSANN,
du côtéthaï, de Son Altesse Royale le Prince NARADHIP.
Son ExcellenceMonsieurSONSANN :Votre Altesse Royale abien voulu
dire que la Thaïlandea pu occuper Préah Vihéaravant l'indépendance
du Cambodge. Puis-je en connaître Ia date?
Son Altesse Royale le Prince NARADHIPD : epuis 1940.En 1941 nous
avons pu obtenir le retour par la Convention de Tokyo. En 1946 nous
n'avons pas quitté. La France a protesté en1949 N.ous sommes restés.
La Francen'a rien fait. La Thailanda envoyédes gardiens en 1941.
Donc, c'est plutôt une question entre la Thaïlande ela France. Le
Cambodge succéde L Ia France. C'est pourquoi j'ai dit que c'est une
question politique.
Par contre, on pourra s'entendre facilement sur Daun Ton.
LUANG BORIBAL :réah Vihéara étéinscrit en 1940comme monument
national de la Thaïlande, quiy a mis des gardiens depuis1941 l.

Les deux délégationsconfrontent leur carte. 11n'a pas de différence.

Son AltesseRoyalelePrince NARADHIPM : esexperts disent que puisque
Daun Ton n'est pas marqué sur cette carte, laCommission Mixte qui
ira constater sur placlessituera sur le terrain lemarquera sur cette
carte.
Son ExcellenceMonsieur SON SANN: Mes colléguesdemandent une
précision.Puisque Ia DélégationThaie est d'accord pour adopter cette
carte, sur laquelle Daun Ton n'est pas marqué, nous irons sur place pour
situer Daun Ton et nous prenons le risque en acceptant de le marquer
sur cette carte, mais pour PréahVihéarqui est nommément désigné surmonument.il faut également que la mêmecarte serve aussi à situer ce
Votre Altesse est-elle d'accord?

Son AltesseRoyale lePrinceNARADHIP :NOUS ne sommes pas en mesure
d'accepter. Nous nommerons une Commission qui examinera où passe
la ligne de partage deseaux. Cecine veut pas dire que lesdeux Gouverne
ments acceptent cela comme solution.
La ligne de artage des eaux nous donne Préah Vihéar.D'aprèscette
carte, Préah ihear est de votre côté. Comme ce point est discuté on
peut nommer une Commission Mixte pour étudier le fait. La situation
sera plus éclaircie.Maintenant je dis ligne de partades eaux, vous, la
carte.l

Le Présidefitde la Le Prksidentde la
DélégatioK nhmer, Délégation Thaie,
(Signé)SONSANK. (Signé NARADHIP.

de réunionde la première commission chargée d'étudier les questions
inscrites aux rubriques A-T,A-2, A-3, de l'ordre du jour.

L'An MilNeuf Cent Cinquante-Huit et le Vingt et Un du mois d'Août
à dixheures, les Membres Khmers et les Membres Thais chargésd'étu-
dier lasérie de questions inscrites sous la rubrique - se sont réunis
sous Ia présidence, du c8té Thai, de Son Altesse Royale le Prince
NARADHIP du, côté Khmer, de Son Excellence Monsieur SON SANN

Son Altesse Royale le PrinceNARADHIP D:ansvotre exposéil y a une
partie juridique, c'est-à-dire la question de propribté. et une question
culturel, artistiqu...estion politique: poste militaire, libre accès, aspect

Sur le côté politique je suis pràtentreprendre Ies discussions. Sur le
côVous vous fixeznà cette carte, si vous voulez. De notre côté,nous nous
plaçons d'abord sur le terrain de la justice. Le peuple et la presse se
placent sur cette base. Cela ne veut pas dire que la justice est différente
du droit. Je me base sur le principe de la ligne de partage des eaux
formellement posédans le traité de 1904qui doit nous donner Préah
VihCar. Sivous voyez Iaconfiguration de la topographie que nous avons
ici, ce temple doit faire partie du territoire thaï. Nous avons eu cette
conviction du temps de la France. Nous considérons cela comme une
inégalité((coloniala.
Maintenant le Cambodge succéde à la France et vous invoquez la
bénéficedestraités conclus avec la France, y comprise la carte.
Nous, nous disons qu'avant votre indépendance, nous nous trouvions
déjA à PréahVihéar. Donc laquestion juridiqueest discutable.
VOUS avez votre thése.En d'autres termes, nous insistons sur le point
de droit et d'égalité,
Je ne désirepas entreprendre une argumentation juridique mais les
traités que nous avons signésavec la France ne s'appliquent pasde plein

lPp. 7-8droit avec le Cambod e.Je répétel,esdispositiondes traitésconcernent
la frontiéreC'estun faitl,

Le Président dela Le Présidentde la
DélégationKhmer DélégationThale,
(Signé)NARADHIP.
(Sig~téSONSANN. Annexe XLVI a

LETTRE DU MINISTRE DES COLONIES AU MINISTRE DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES (4 FÉVRIER 1909)

RÉPUBLIQUE FRAKÇAISE
~~issiondu Capitaine
TIXIER au Siam. Paris, 4 Février1909.

Le Ministre des Colonies

à Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères.

M.le Gouverneur Généralde 1'Indo-Chinea demandé àmon Départe-
ment d'affecter au Corps d'occupation de l'Indo-Chine le Capitaine
TIXIER, pour que cet Officiersoit placédésle début de févrierprochain
à la disposition du Ministre deFranàBangkok, en vue de la confection
de la carte frontière du Sien collaboration avec des Officierssiamois.
M. le Ministre de la Guerreà qui j'avais transmis la demande de
M. KLOBUKOWSK vie,nt de m'informer que le Capitaine TIXIEa été
placéhors cadres et misA la disposition du Gouverneur Général.
D'autre part,cet Officier qui doit s'embarqule rq févriercourant,
CUERS,md'êtrechargéde porter en Indo-Chine les documents géoraphi--
queî de la mission BERNARD, et d'obtenir queleGouverneur fénéral
soit invité par le câble de faire àesa disposition lors de son passage
A Saigon, les documents géographiques originaux (rnappes, carnets de
noms et d'observations géodésiques, calculs)la mission MONTGUERS.
Je vous serais reconnaissant vouloir bien me faire savoir d'urgence
le but exact de la mission dont sera chargéRI. le Capitaine TIXIau
Siam, ainsi que la situation qu'il doit y occuper et de me dire en même
temps si vous ne voyez pas d'inconvénients B ce que satisfaction soit
accordéeaux désirs expriméspar cet Officier.
R.VASSELLE. Annexe XLVI b

MINUTE DE LA NOTE DU DIRECTEUR DES AFFAIRES
POLITIQUES AU SERVICE 'GÉOGRAPHIQUE, RELATIVE '

A LA MISSION DU CAPITAINE TIXIER AU SIAM
(IO FI~VRIER 1909)

Asie Paris,leIO Février 1909.

hlission du Capitaine
TIXIER au Siam.
. .
hTotepour leServiceGéographique.

M. le CapitainTIXIER, qui vient d'êtremis ladisposition du Ministre
de France à Bangkok en vue d'établir une carte de la frontihre orientale
du Siam, a demandé au Département d'êtrechargé de porter en Indo-
Chine les documents géographiques de la mission Bernard qui ont été
d'ailleurs remis par lui au Service Géographique.
Je serais reconnaissant hl. lSjDirecteur chargé du Service Géogra-
phique, de vouloir bien faire tenir contre reçucantine contenant ces
documents Ala disposition du Capitaine Tixier.
Max OUTREY. AnnexeXLVI c

MINUTE DE LA LETTRE DU MINISTRE DES COLONIES AU
GOUVERNEUR GÉNÉRAL DE L'INDOCHINE, RELATIVE A LA
MISSION DU CAPITAINE TIXIER AU SIAM (13FÉVRIEK 1909)

A sie
Paris, le 13 Février 1909.
Missiondu
CapitaineTIXIER Indo-Chine.
au Siam.

J'ai l'honneur de vous confirmer mon câblogramme 52 du IIfévrier
courant par lequel je voai informéque le Capitaine Tixicr, chargé de
missionau Siam, s'embarquera le14de ce mois àdestination de Saïgon.
Je profite de cette occasion pour vous faire connaître que j'ai chargé
cet Officier, sur demande, d'emporter en Indo-Chine, pour vous la
remettre,la cantine contenant les documents géographiques de la mis-
sion Bernard.
C. SCH~~IDT. Annexe XLVII

LETTRE DU LIEUTENANT-COLONEL BERNARD AU GOUVER-

NEUR GÉNÉRAL DE L'INDO-CHINE (18 JANVIER 1907)

COMMISSIO FRANÇAISE
de Délimitation dela
Frontière entre
INDO DO-CH etNlESIAM. Pak Moun, 18 Janvier 1907.

Le Lieutenant-ColonelBernard,Présidentde la CommissionFranpise
de Délimitation,à Monsieur le GouverfieurGénérad le l'llzdo-Chine

J'ai l'honneur de vous faire connaître que la Commission de Délirnita-
tion a arrêté aujourd'huiIe tracé de la frontiére dans la régionde Bassac.
Je vous enverrai ultérieurement le prods-verbal de la séance tenue
aujourd'hui. Il s'était produit dlarégiondepuis 18 mois, desincidents
et des contestationsqui ont étéheureusement rkglés.En Juin 1905, un
fonctionnaire siamois agissant au nom du Princemphasit, Commissaire
Royal à Oubône, avait prétendu, j mois aprhs la remise aux Autorités
franqaises des territoires Bassac, indiquer comme frontière au Nord
de Phon-Thong, le cours d'un ruisseau, leHuei Lai, situé au Nord du
village de Ban Sa Vang. II avait donc pris possession des villages situés
au Nord de ce ruisseau et avait interdit formellement aux habitants
d'obéiraux ordres et aux réquisitions des fonctionnaires dBassac. La
question, restée en l'état jusqu'à aujourd'hui, a ététranchée en notre
faveur. Le tracé de Ia frontière que j'indique sommairement sur le
croquis ci-joint, est le suivant.
La frontière suit, à partir du Mékong, le cours Nam Lon jusqu'à
sa source, et au delà, la crête du Phu-Pha-Dang vers le Sud-Ouest
jusqu'ri la ligne de partage des eaux entre le Mékonget le Nam Moirn.
Les vallées de tous les cours d'eau, tributaires du Mékonget situées à
l'Est et au Sud de cette ligne dépendende 1'Indo-Chine Française.
Nous déterminerons demain la concession de Pak hloun et nous nous
dirigerons ensuite sur Oubône et Korat où me rejoindront les Officiers

topographes. Lorsque nous serons en possession des cartes qui sonten
voie d'exécution nous pourrons discuter d'unefagon définitive le tracé
de lafrontiére dans la régionde Siem-Réap.
Je vous prie, Monsieur le Gouverneur Général, de transmettre cette
lettrehhl. le Ministre des Colonieset de croire aux respectueux sentiments
de votre tout dévoué./.
(Signé)BERNARD.
P. C. C.
Le Chef du Bureau Politique.

[C~oquzs non reproduit] AnnexeXLVIII n

COhlAIISSION DE D~LIMITATIONDES FKONTIfiRES ENTRE
L'INUO-CHINE ET LE SIAM

Procès-verbalde 5JmsSéancetenueriBangkok au MinistèredeE'Inlérienr
le 6 Juin 1908.
Présents:
Le Commandant GUICHAR DONTGUER PS, sident,
hl. PETITHUGUENM Ie, bre, .
CapitaineSÉNÈQUE, hIembre.
Le GénéralPrince BOVARADE Pr, sident.

Phya PETRKAMHEXS GONGKRAN M e,mbre,
Le Prince TRAIDOSM , embre,
Le Commandant LUANG SURAYUDH M,embre.
La Séance estouverteà4 heures et demie.
Le Général rappellequ'àla dernière Séancede la Commission le Com-
mandant et lui ont proposé chacun une solution du problème de la
frontière: Il prie le Commandant de lui faireconnaître quelle est actuelle-
ment la solution qui lui paraît préférable.
Le Commandant répond qu'aprèsavoir étudié avecsoin la proposition
du Général, ilcroit devoir maintenir les objections qu'il avait présentées
à la derniére réunion.
Le Général,dans ces conditions, accepte en principe le tracéproposé
par leCommandantqui, onpeutledire, offrel'avantage dedonner unefron-
tière satisfaisante par voies d'échangede portions deterritoire de superfi-
cies approximativement égales.Toutefois, il est d'avis que l'importance
des villages cédéspar le Siam Ala Franec en comparaison de ceux ckdé:
par la France au Siam dérange sans aucun doute cet équilibre et d
demande à cet égardau Commandant une légéremodi6cation au tracé
Nord qui luiparait désirable et donne en mêmetemps une juste com-
pensation.
Cette modification serait la suivante:
La frontiereàpartir du KIong Lük, au lieu d'aller rejoindre le coude
de 1'0Kon Kriel précédemmentindiquéparle Commandant, irait couper
cette rivière plu2l'Est son coduent avec un ruisseau venant des
environs de Khuai Ok Louk et de la source de cette riviérerejoindrait
le Pnom That.
Le Commandant accepte la modification proposéepar le Général..Il
demande cependant que la frontiéreau Sud au lieu de suivre 1'0 Kakir,
emprunte la branche orientale du second affluent de gauche de cette
rivière afin d'éloignerdu territoire Siamois le district minier de Pailin.
Le Généralaccepte:
En conséquencela frontière telle qu'elledéfiniedans lesdifférents
procés-verbaux sera, conformément aux cartes annexées,lasuivante:

Description de la frontihre. AXNEXES A LA RÉPLIQUE (s0 XLVIII a)
509
La frontihre partant du Cap Lem Saraphat Phit, situéà IO Kilomètres
au Nord du village de Snon Khuai (embouchure du Klong Koh Po)
atteint, parun contrefort, le point coté 192 puis la source de l'Huei
Khamen (rivihre de Phailin) en suivant la chaîne côtiéreligne de partage
des eaux entre les bassins côtiers et le bassin du Klong Keh Po, auquel
succéde lebassin du Grand Lac au del&du massif de Khao Kuop.
De la source de lJHuei Khamen, la frontière suit le cours de cette

rivière jusqu'au confluent du ruisseau dKha Soay, situé3.2 Ki!.500 en
amont du village de Huei Khamen. Elle remonte ce ruisseau jusqu'au
sommet du Kao Soay dont elle descend la pente par la branche orientale
du deuxiéme affluent de gauche de 1'0 Kakir.
Elle suit alors cette rivière jusqu'à son confluent avec le Kam' Ron,
le Nam Ron jusqu'au confluent de 1'0 Léou et cette dernière rivière
jusqu'au point où elle se trouve coupéepar le prolongement de la ligne
conventionnelletracéeAmi-distance entre les deux villages de Kom Rieng
et de Ban Chnang d'une part, et le village de Poum Srès et le coude
N. O.du Stung Dar, d'autre part.
Aprésavoir suivi cette ligne, la frontière emprunte le cours Stung
Dar jusqu'à la crêterocheuse de Ka Ngoc puis cette crête jusqu'à l'ai-
guille (doigt de Ka Ngoc) au pied de laquelle Nam Saï prend sa source,
enfin lecours decette rivièrejusqu'à son confluent avecle Stung Sisophon.
Dans la partie Nord, la frontière,ésavoir remontéle Stung Sisophon
jusqu'au ruisseau appeIé Klong Lük, se dirige vers le Nord Est:

IO Par une ligne droite partant dela branche orientale du Klong Lük,
coupant Ie Stung Kon Kriel h3 Kil. 800 au S.E. du village de Kouk Po
et se prolongeant par les deux sommets du Pnom That jusqu'au point

de 1'0 Phai situé à mi-distance entre le confluent de cette rivière et le
village de Tha Pia.

2" En suivant la ligne sinueuse formée par les thalwegs de l'O Phai
du Stung Svaichek et de 1'0 Pao prolongéejusqu'au point de la chaîne
des Dang Rek coté 603.
De ce dernier point la frontière oblique vers l'Est en suivant la ligne
de partage des eaux entre le bassin duGrand Lac et celui de Ia Séhloun
jusqu'au col de KeI.

En ce qui concerne l'abornement, le Commandant propose et le Gé-
néral accepte que deux Officiers, l'un Siamois l'autre Français soient
désignéset soient chargés de placer desmarques frontiéren maçonnerie,
en fer, ou en bois, suivant les ressources du pays aux points indiqués
dans laliste et conformément au croquis annexéau présent procès-verbal.
Le Gouvernement Français assumera les frais de l'abornement depuis
le col dKel jusqu'à la vingt-quatriéme borne (Pnom-That) et le Gouver-
nement Siamois de cette borne jusqu'au Cap Saraphat Phit.
Les Commissaires d'abornement se réuniront à Anlong Veng (Varisen)
le 15Décembre.

Ils auront la facultde placer des bornes frontières en d'autres points
que ceux déjàindiqués s'ils le jugent nécessaire.
Le Général désignedés A présent le Lieutenant h16~ LUANG SUK
comme Commissaire d'abornement.
Le Commandant n'est pas encore en mesure de désigner l'officier
Français qui sera investi dcesfonctions.
35 En ce qui csncerne le Lieutenant DEFERT,celui-ci reprendra le travail
topographique le I~~ Novembre. Le Lieutenant Phet le rejoindra A Tha
Tok.

En ce qui concerne l'exécutionde la carte d'ensemble des frontiéres
entre 1'Indo-Chine et le Siam dont il a étéquestion entre S.A. R. le
Prince de Nakhon Chaisi et M.le Ministre de France, le Général emande
au Commandant s'il peut dés maintenant lui exposer quels sont ces
projets. Le Commandant déclare que le travail devra, dans son esprit,
s'exécuterdela façon suivante:
Utilisation de tous les documents, travaux cartographiques, levés
d'itinéraires, cartes pour renseignements, e...pour l'établissement en
commun et l'édition en Siamois et en transcription latine de la carte des
régionsfrontières.
Exécutiondesminutes delacarte àBangkok où lesmatériauxapportés
de part et d'autre seraient centralisés par un Officier géodéseet un
Officiertopographe français et les Officiersque le Gouvernement Siamois
désignerait.
Dépenses d'exécutionen commun.
Les travaux préparatoires pourront commencer A Bangkok le 15 No-
vembre prochain.
Le Général estimqeu'il convient que les fonctions des ilficiers ainsi
désignéspourla confectionde lacartesoientdairementdéfinies.Étantdonné
que, par la cldturede la présenteSéance, letravail de la Conamissionde
ddiminalivn setrouveterminé,ildemeure entenduquecesOficiersn'auront
aucun pouvoir d'ouvrir à nouveau ni de discuter aucune questionde
délimitation.
Leur mission est limitéa l'établissemente la nomenclature desvilles,
cheminset ennagénéra lu tvavailtechniqueet matérielquecomportela carte.t
Le Commandant réfiondque c'estbien ainsi en efet qu'il conçoitriîle
des Oficiers cartog~a$hes.
Le Générad l ans cesconditions partage la maniérede voir du Comman-
dant dont il adopte le programme. II croit toutefois devoir signaler que
les documents utilisables pour l'objeà atteindre que le Gouvernement
Siamoisdevrait apporterà l'aeuvrecommuneserontprobablement difficiles
àréunir.Il déclareque l'intention du Gouvernement royal est de désigner
pour collaborer à ces travaux un Offici asisté de tels autres qu'il
paraîtra utilde lui adjoindre.

Le Généralespère que la frontière sur laquelle les deux Commissions
sont tombées d'accord est celle qui correspond, aussi exactement que
possible, aux intérêtsdes deux pays. Il rend hommage au Commandant
MONTCUER dSl'esprit de conciliation qu'il n'a cesséd'apporter dans le
Rélement de cette question. Il le remercie et il remercie les membres de
la ommissionFrançaise des sentiments cordiaux dont ils ont fait cons-
tamment preuve dans leurs relations avec lesmembres de la Commission
Siamoise et avec lui-mêmeet il remercie au nom du Gouvernement
Siamois, qui l'y a autorisé, le Gouvernement Français de l'esprit tres
amical danslequel la délimitation des frontières a étéconduite et termi-
née.
'Italiquesajoutées. Le Commandant MONTGUER emercie le Général des sentiments qu'il
vient d'exprimer. 11espére également que letracé de la frontière tel

qu'il vient d'être déterminé est pourles deux pays une solution heureuse
et définitive.
Il constate que les relations personnelles des membres des deux
Commissions continuellement excellentes ont enseigné de part et d'autre
à s'apprécieret A s'estimer.
Le Commandant croit pouvoir exprimer ici au Président de la Com-
mission Siamoise l'affection sincère qu'il éprouvepour lui et aussi il tient
a lui déclarerle véritable respect que lui ont inspiréla loyauté et l'esprit
de confiance qu'ila apportés dans leurs relations.
De cette collaboration sur le terrain, ildemeurera pour quelques
Français une connaissance du pays Siamois, et une appréciation du
peuple Siamois qui nepeuvent quecontribuer à resserrer lesliens d'amitié
qui unissent les deux pays et à augmenter le grand désir d'entente
cordiale qui les anime.
Il remercie le Gouvernement Siamois des vŒux que le Général a
exprimés en son nom et prie le Général d'adresser au Gouvernement de
Sa Majesté ses remerciements pour les bons offices et les facilités qu'il
n'a cessé de lui donner dans l'exécution du travail en commun. La
Séance est levéeà 6 heures 10.1.

r. Lem Saraphat Phit.

z. Point 192.
3. Chemin entre Klong Yai et le Khao Vo~ig.
4. Embouchure de la petite rivière affluent de lJHuei Khamen.

5. Pic Kha Soay.
6. Chemin au Sud de Poum Thmey.
7. Nong Bua.
8. O Léou.

g. Chemin de Boun Chnéangà Komrieng.
IO. Stung Prapoot.
II. Chemin de Boun Chnang à Poum Srès.

12. Chemin de Poum Srès à Plaing Krasaing.
13. Stung Dar.
14. Sources du Stung Dar.
15. Klong Lük.

16. Extrémité du Klong Lük.
17, 0 Ansang.
18. Chemin.
19. idem.

20. idem.
21. O Kon Kriel (confluent).
22. Extrémitéde la petite rivière.

23. Chemin (Carrefour).
24. Chemin au Nord de Srakok.512 AKNEXES A LA RÉPLIQUE (NO XLVIII 4)

25. Pnom That.
26. Petite colline.

27, Chemin.
28. id.
29. id.
30. O Phai.

31. id.
32. Chemin de Rolon Beng à Sompor.
33. KaIo (chemin).
34. id.

35. Point 603.
36. Passe.
37. id.
38. id.

39. id.
40. Tchong Samet.
et toutes lespasses jusqu'A
50, Tchong Kel. LETTRE DU MINISTRE DE FRANCEAU SIAM AU
JlINISTKE DES AFFAIRES PI'KANGÈRES, PARIS
(29 BlARS 1909)

LÉGATIO NE LA

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU SIAM. Bangkok, le 29 Afars1909.

Direction ~'AsIE.
No 33

LM.P. de Margerie, Ministre Plénipotentiairedela RépubliqueFrangaise

au Siam, à Son ExcellenceMolzsieur I'>icltonM, inistre des Affaires
Étrangèresà Paris.

Carte siamoise de la frontière

Capitaine TIXIER et Lieutenant MALANDAIN.

Je remercie Votre Excellence d'avoir bien voulu faire lever les difficultés
qui risquaient d'arrêter le départ du Capitaine Tixier et de l'empêcher
de remplir ici la mission qu'il paraissait particuiièrement qualifié pour
remplir.
Conformément aux indications que me donnait le Télégramme dv
Département, no 3 du 23 Janvier dernier, cet officier, accompagne
du Lieutenant MaIandain est arrivé à Bangkok le 17 de ce mois.
J'ai présentéces deux officierau Prince Chira, Commandant en chef
de l'Arméeet au PrinceDamrong, Ministre de l'Intérieur, quia toujours
pris une part active dans les questions de la délimitation de la frontiéfe.
La premiere réunion de Ia (Commission franco-siamoise de Transcnp-
tion de la Carte frontièiia eu Iieu 25 de ce mois.
Le plus ancien des officiers siamois, Luang Bhuwanart (élevéen
Belgique etpariant parfaitement Iefrançais)a parus'attacher principale-
ment la question du système de transcription des noms siamois en

caractères latins, qui pourrait êtreadoptéd'un commun accord entre les
services cartographiques au Siam et en Indo-Chine.
Sans entrer dans le détail, je dirai seulement qu'en raison des origines
sanscrites et«Pali iid'un grand nombre de mots Siamois, aujoufd'hul
dfFgurés, la question est fort complexe et qu'il paraît trés difficile
d etablir une transcriptionne prêtant à aucun reproche. Jusqu'icl la
tfanscription prédominante au Siam s'et plutbt inspirée de lapronon-
ciation anglaise.Ce système qui aboutit souvent à des résultats quelque
peu baroques pour tous ceux qui ne sont pas anglais, a toujours et6
assez critiqué. Le Prince CHIRA ,otamment, en est un adversaire
déclaré.II avait donc fait préparer une méthodede transcription qui, sans
avoir peut-être toute la perfection désirable,paraît se rapprocher davan-
tage de notre phonétique. En vue de ménager l'amour-propre d'auteur du Prince, il avait été
convenu avec le capitaine Tixier que, sauf objection grave, nos délégués
adopteraient le système proposé, puisqu'h tout prendre l'intérêt de
l'affaire, pour le but ultérieur qui aété considéré dèsle début, n'est
point dans cette question de détail.
La proposition Siamoise a donc étéadoptée avec quelques légères
modifications seulement.
Envisageant de son c6téla question plus au fond et s'efforçant d'aiguil-
Ier, dès le commencement, les travaux dans un sens qui puisse ménager
les possibilitésde l'avenir, prenant texte, d'autre part, de l'entente

consignéeau dernier procés-verbal du 6 Juin 1908 ,e la Commission de
Délimitation de 1908, le capitaine Tixier a prtconisé l'établissement et
la publication d'une carte généralede la frontière Franco-Siamoise au
5oo.000 sous forme d'un atlas maniable.
Ainsi que Ie verra Votre Excellence par Ia lecture du procès-verbal
ci-joint, de la prerniére séancelescartes seraient établies en caracthres
siamois, un calque superposé a chaque feuille portant les caractères
latins.
L'édition serait faite à Bangkok; les commissaires Siamois ayant
déclaréqu'ils étaient en mesure, grâce a l'emploi dela photographie, de
réaliser ce travail, le capitaina pensé, avec raison, qu'il ne pouvaity
faire objection pour le moment du moins.
L'avenir dira si cette édition d'une carte en couleurs ne dépasse pas
les moyens dont l'état-major peut disposer.
D'autre part, le capitaine Tixier fait remarquer que la principale
utilité d'une carte en Siamois et en Français de la frontière étant de
faciliter le réglement de toute question ou incident pouvant surgir sur
cette frontière, ily avait intérêt à étendre le travail cartographique
projeté le plus possiblde chaque c6téde la ligne frontière elle-même,à
l'aide des documents existant de part et d'autre, en Indo-Chine et au
Siam.
a Luang Bhuwanart a déclarépartager cette manike de voir d'une
façon générale.
Le capitaine Tixier a essayéde la sorte et ainsi que j'y avais visé moi-
même lorsdes premiers pourparlers, d'amorcer, dés le début, un travail
plus étendu que celui de la frontihre pure et simpleetde faire entrerles
Siamois dans une voie susceptible de les mener au but que nous avons

entrevu, c'est-à-dire de les entraîneA faire ultérieurement appel d'une
façon suivie à notre concours pour dresser une carte généraledu Siam
dont l'atlas frontière serait l'amorce.
Alors même que l'avenir ne réaliseraitpaç cette visée finale, étant
données les tendances très a nationalistesiide l'administration de la
guerre au Siam, le travail poursuivi dans les conditions indiquées au
premier procès-verbal constituerait déjà,semble-t-il,une action durable
et utile de collaboration Franco-Siamoise et rentreraitainsi dans le
programme des instructions que Votre Excellence m'a donnéesen 1907.l. Annexe XL VIII c

PROC~S-VERBAL DE LA PREMI~RE SfiANCE DE LA COMMIS-
SION FRANCO-SIAMOISEDE TRANSCRIPTION DE LA CARTE
FRONTIÈRE (BANGKOK, z5 MARS 1909)

Procès-verbalde la +remièreséance tenueà l'État-~ajor Générale
l'Armée à Bangkok,le 25 iMars1909.

Présent:
Cbté Siamois

Le Commandant LUANG BHUWANAR NTARUBAL
Le Capitaine KHUNRONARAT WIBHAKITCH
Le Sous-Lieutenant GAM CbtéFralrgais
Le Capitaine TIXIER

Le Lieutenant MALANDAIX

La séance est ouvertà IO h. 25 du matin.
Le Commandant Luang Bhuwanart Narubal prend la parole et com-
mence parsouhaiter la bienvenue dans son pays aux membre! de la
Commission Française. Il expose ensuite le but de la Commission qui
est d'essayer de trouver un système de transcription qui sera adopté par
lesdeux pays afin d'évitertout malentendu par suite des lectures des
cartesdont les noms sont erronnésmal écrits.Pour cette circonstance,
il avait rédigédes régles de transcription des caracthres siamo~s en
caractères latinst réciproquement. II soumet donc son travail la
CommissionFrançaisequi approuve en apportant quelquesmodifications.
Le Capitaine Tixier expose alors ses vues endisant que lescartesfour-
nies,Ala suite des travaux de délimitation, par les officiersfrançais
lesnoms sont inscrits en caractéresIatins sans aucune règlede transcdp-
tion sontde natureà donner lieuà des difficultésd'interprétation.
D'autre part, écritesen caractéres latins, elles sont illisibles pour un
cerfam nombre de fonctionnaires siamoisqui peuvent Alesemployer,
écntes en caractéres siamois seulement elles seraient illisibles pour la
presque-totalitdes fonctionnaires français.
Eues sont de plus d'une forme peu maniable.
La réunionde la prksente commission a donc pour but de fournir un
document d'une forme maniable et ne pouvant prêterlAeaucun doute.
11 faut donc d'abord un système de transcription qune sera pas
suffisant étantdonnéla différedesnoms dans le bassin du Grand Lac
OU beaucoup de villages ont en mêmetemps un nom cambodgien et un
nom siamois.
Pour éviter toute discussion, Commission Française croyant être
dans Ies intentions des prochs-verbaux sAgce sujetpar la précédente516 ANNEXES A LA RÉPLIQUE (NoXLVIII C)

Commission de délimitation, propose l'établissement en commun d'une
carte généralede la frontière au 1/5oo.ooo.
Cettecarte sera publiée sous forme d'un atlas de dimensions commodes
O m. 30 surO m. 40 par exemple.
Ces cartes porteraienles noms dans un des systémes des caractéres;
en mêmetemps, une feuille de papier calque portant les noms dans
l'autre système et relié dans l'album, pourra venir s'appliquer sur la
carte, superposant à chaque mot écrit avec un système le même nom
écrit dansl'autre système.
L'échelle du x/joo.ooo, en appliquant un procédéde tirage soigné,
parait suffisante pour faire rentrer toles renseignements nécessaires
et pourra permettre d'étendre la frontière des deux côtés avec les docu-
ments des deux pays de façon à placer surla carte tous les noms qui
pourraient êtrecitésà propos d'un incident de frontiére.

Ilasemplé qu'iserait rationnel de fairecarte eue-méme en carac-
tères siamois et le calque en caractères latinL'Indochine, en effet,
posçéde déjàune édition de 1/500.000 avec laquelle celle-ci viendrait
faire double emploi. Pour le Siam au contraire, les cartes de la frontiére
pourraient entrer dans une carte générale au 1/5oo.o eojour où le
Gouvernement Siamois pourrait songer A publier cette carte.
Le Commandant d'une façon généralepartage l'avis du Capitaine et
demande pue l'on adjoigne A l'atlas de la carte généralede la frontiére,
lesr&glesde transcription qu'il a rédigéeset laCommission Française
a admises. Ces règles seraient écrites en siamois avec la traductenn
françaià côtésur la même page.
Le Capitaine accepte et demande au Commandant Luang Bhunwanart
Narubal quel est son avis quant à la division du travail.
Le Commandant répond que, Ason avis, le travail devrait se diviser en
partie, c'est-à-dire en feuilles de cartes; à mesure qu'une feuille sera
terminée, on l'enverra à l'impression.
Le Capitaine demande si l'on compte envoyer Ies cartes au Survey
Department pour les faire imprimerDans ce cas, il doute de la réussite
d'après ce qu'il a pu voir deux années auparavant,lorsqu'il s'agissait
d'imprimer la carte provisoire de !a frontière.
Le Commandant répond que,l'Etat-Rlajor de l'Arméepossède d'assez
bons imprimeurs et c'est à 1'Etat-Jfajor mêmeque ces cartes seront
imprimées en couleur.
Dans ces conditions le Capitaine accepte.
La séanceest levéerimidi IOminutes.

Bangkok, le25 Mars rgog.

(SignéL s) Commandant LUANG BHUWANAR NATRUBAL.

Le Capitaine KHUNKONARA L~IBH.~KITCH.
Le Sous-LieutenantGAM.
Le Capitaine TIXIER.
Le Lieutenant RIALANDAIN. Annexe XL VIII d

CO3ThIISSIONFRANCO-SIAMOISE DE TRANSCRIPTION
DE LA CARTE FRONTIERE

Procès-verbalde la séancdu 4 Octobrexgog.

Étaient présents:
C6téSiamois

Le Commandant HLUAXC SURAYUDY HCDHAHARN.
Le Lieutenant MOM CHOW AMOKATAT.
CbtéFranfais

Le Lieutenant MALANDAIN.

Réunion ayant pour but de fixer dans sesgrandes lignes l'établissement
de la carte d'ensemble. Dans le protocole signéà Bangkok le
1908 B la suite des opérations des Commissions de délimitation de la
frontière entreI'Indo-Chine et le Siam, une des clauses spécifiequ'une
carte d'ensemble de la nouvelle frontière sera dressée en commun par
des officiers français et siamois.
Cette carte éditée frais communs, devra l'êtredans les deux langues.
Elle comprendra la zone frontière qui sera étendue des deux côtés à
l'aide de tous les documents que pourrontposséder chacune des deux
nations : levésréguIiers,levésd'itinéraires, travaux du cadastre et même
cartes parreriseignements.
On adoptera pour cette carte un nouveau systéme de transcription
du siamois encaractéres romains, devant êtreappliqué bientôt a tous les
actes du royaume et plus conforme aus origines sanscrites et bhali de la
langue siamoise que celui actuellement existant.
Le but poursuivi est de mettre auxmains des fonctionnaires des deux
natlons, un document de méme nature, aussi détailléque 1: permet
l'échelleadmise et supprimant les erreurs d'appellatiosi frequentes,
surtout lorsque se produit un incident de frontière.
Il nous aparu utile que ce travail pfit constituer une partie et devenir
mêmela base de la carte d'ensemble que ne peut manquerd'établir, par
Ia suite, le Gouvernement Siamois qui ne possède jusqu'à présent que
des levéspartiels et non coordonnés.
Ila donc éténécessairede calculer une nouveiie projection particulière
au S~am ayant sensiblement pour axe de développement le centre de
ce pays.
La division en feuilles indiquée sur le tableau d'assemblage ci-joint

montre qu'en confectionnant celles qui sont encadréde rouge,la zone
frontiére précitéesera toute entière comprise dans quinze feuilles et
trois demi-feuilles.
Le format adoptésera de 250millimètres en hauteur su400 en largeur
sans les cadres et blancs, qui représente pour chacune une portion de
territoire de25 kilomètres sur200.518 ANNEXES A LA RÉPLIQUE (NOXLVIII d)

Cette dimension permettra de réunirles cartes en un album maniable
dans lequel, sur la carte en caractères siamois viendra s'appliquer une
feuille de papier calque de même dimensionet portant les mêmesnoms
en caractéresromains.
Il sera probablement nécessaides'adresser l'industrie privéepour
l'édition,le Service Géographiquede'Arméeayant ?assurer le tirage
de ses propres travaux.
Quatre couleurs sutliront d'ailleurs: le noir pour lebleumpoure
les eaux, le rouge pour les voies de communication, le bistre pour le
figuré de terrain qui sera représentéen courbes chaque foque les
renseignements le permettront et en ombrédans les autres cas.
II paraît peu pratique dans une caàcette échellede représenter en
vert les bois et forêtsdont pays est presque entiérement couvert. Le
feuilléreprésentant lesbois charge trop et rend les autres détailsillisibles,
d'autre part, la teinte plate donne un mauvais aspect général.

(Signé)HLUANS CURAYUD YCDHAHARN.
MOM CHOW AMORATAT. AnnexeXLIS

CARTE PUBLIÉE PAR LE RoyaESuruey Department(MINISTÈRE
DE LA DÉFENSE) DE THAILANDE (1938) (x/zoo.ooo)

[Non refiroduitedans ln présenteédifionj

AnnexeL

CARTE PUBLIÉE PAR LE Royal Survey Department (MINISTÈRE
DE LA DÉFENSE) DE THAILANDE (1938) (1/5oo.ooo)
[Non reproduidans lrcpréseédition)

Annexe LI

AGRANDISSEMENT PHOTOGRAPHIQUE DE LA CARTE
PRIZCÉDENTE MONTRANT LA RGGION DU TEMPLE DE

PRÉAH VIHÉAR
[Non reproduitdanlapvésentédition]

AnnexeLI1

=LA THAILANDE A L'ÉPOQUE DE LA RECONSTRUCTION
NATIONALE i> (1941) (OUVRAGE COMPLET ET EXTRAITS
(pp.159 et160) AVEC LEUR TRADUCTION FRANÇAISE)

[Non reprodtcits] ANNEXES A LA RÉPLIQUE (NO LIIIa)

AnnexesLIII a etZJ

MINUTE DES ALLOCUTIONS PRONONCEES LORS DE LA
RÉCEPTION DE S.A. K.LE PRINCEDAMRONGAPRÊAH VIHEAR

(30 JANVIER 1930) .

b) MINUTE DU DISCOURS DE hl. HENRIPARMENTIER

(0)
Altesse,
Ce m'est un grand honneur d'étre appeléà vous recevoir aujourd'hui
au Prah Vihear où M. le Résident Supérieur au Cambodge m'a chargé
de le représenter auprhs de vous.
Votre réputation d'ami sincère de la France, de ses sujets et protégés
est la cause de cette manifestation sympathique. Le savant qu'est M.
Parmentier, a tenu lui-mémeà y participer, car il sait aussi votre grand

amour pour les arts, de meme que pour tout ce qui relève du départe-
ment que vous administrez avec tant de compétence et de distinction.
Votre place à cbté de luiaujourd'hui est le symbole de cette appré-
ciation portée maintenant par tous les pays du monde et par la France
surtout. En vous recevant, je m'honore donc de recevoir non seulement
une des personnalités les plus marquantes d'un pays ami, mais aussi un
grand savant.
Au nom de AI. le Résident Supérieur au Cambodge, au nom de 31.le
Directeur de ~'Écoie française d'Extrême-Orient, je vous remercie de
votre visite.
J'ai ditque votre pays est un ami de la France: il l'a prouvé; iI m'a
étédonné pendant la Guerre de rencontrer souvent ce que nous appelions
alors cle Groupe automobile Siamois 1)commandé par le Lieutenant
Haudebert, aujourd'hui Commissaire du gouvernement à Paksé. Les
grands services rendus par cette unité admirablement pourvue aussibien
en matériel qu'en personnel siamois, et aussi, bien commandée, ne seront
jamais oubliéspar la France, car c'est Ih surtout au moment où sa vie
mêmeétait en jeu, qu'elle sut distinguer ses véritables amitiés.De tous
les points du globe elle vit accourir les peuples les plus divers, et c'est

alors que Siamois et Cambodgiens se trouvèrent réunispour Ia défendre.
Pourquoi dans un élan sublime de magnifique soIidarité, les vit-on
ensemble accourir au secours de laFrance attaquée? C'est qu'ils savaient
qu'en ladéfendant, ils défendaient son ceuvre civilisatrice danmonde.
Elle ne l'oubliera jamais.
Altesse, je boisA votre beau pays, à son Souverain, à votre santé, au
Cambodge, à la France. Préah Vihéar,Ie 30 Janvier 1930.
Prince,

Je suis heureux, après avoir eu le plaisiryia queIques annéesde vous
montrer nos merveilles d'Angkor, de vous faire visiter ici un des autres
monuments de notre Cambodge, qui nous passionne presque au même
point: il nous fait sentipar sa composition à.toitures angulaires ceque
fut l'architecture pratique, presque courante et vulgaire en ces temps
anciens, architecture légèrequi s'est conservéejusqu'à nos jours aussi
bien au Siam qu'au Cambodge.
Je suis heureux également de vous apporter ici les compliments de
M. Coedès,notre nouveau directeur qui a été pendantde longues années
un fidéle collaborateur du Siam et dont les dernières découvertes ont
montré combien était ancienne la civilisation hindoue dans cepays qu'on
avait cru longtemps moins vieux. C'est donc en son nom comme au mien
que je vous remercie de votre visite et je me permets d'ajouter aux
nôtres les compliments de nos vieux maîtres de l'Institut de France qui
se réjouiront de voir une fois de plus unis les efforts des deux nations
vojsiriesdans cette Œuvre de résurrection d'un passé glorieux, collabo-
ration de paix aprés la collaboration de guerre que rappellasiheureuse-
ment M. le Résident de France.
Prince, et vous, 31esdemoiseliesqui nous avez fait le plaisir d'apporter
votre grâce dans ces austères ruines,je bois à votre santé. AKSEXES A LA REPLIQUE (N' LIVa)

AnnexeLIV a

COMhlISSION ARCHÉOLOGIQUE DE L'INDOCHINE.
PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 6 JUIN 1912

(Extraits)

Le Secrétaire a été également en correspondance avec RI. D.
NIEWENGLOWS adI,inistrateudes services civils,sujet du temple
de Prah Vihar, si pittoresquement situé sursommet des Dang-Rek
et que les travauxde la Commission de délimitationont attribué au
Cambodge. Il fait passsous les yeux de lCommission d'intéressantes
photographiesde ce monument dues A un collègue et ami de M. D.
NIEWENGLOWSM K.I,MERCIER.

La séanceest levéeA5 heures114.

(Extrait du Bulletinde la Commission Archéologiquedel'Indochine.)
(B.C. A. 1. 1913,p. VI11et XII.) Annexe LI Vb

LETTRE DE M. NIEWENGLOWSKI, ADMINISTRATEUR DES

SERVICES CIVILS DE L'INDOCHINE, AU DIRECTEUR DE
L'ÉCOLE FRANÇAISE D'EXTR~~ME-ORIENT (12F~VRIER 1913)

Mercredi12 Février1913.
Monsieur le Directeur,
Permettez-moi de vous faire hommage de deuxagrandissements de
photographies prises en Janvier1911,à Préah Vihéar, par mon ami,

M. Ifadministrateur Jules Mercier. Ce sont celles qui ont particulière-
ment retenu l'attention de MM.Foucher et Finot.
Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Directeur, l'assurance de
mes sentiments bien dévoués.
D. NIEWENGLOWSKI.

Ne vous donnez pas la peine de m'en accuser réceptionen France car
je m'embarque pour l'Indochine le neuf mars proch?ibord de lJAma-
zone. Annexe LV

COMMISSION ARCHÉOLOGIQUE DE L'INDOCHINE.
SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1913

...La Commission est saisie d'un rapport de M. D. NIEWENGLOWSKI,
administrateur des Services Civilds l'Indochine, docteur en droit de
l'université de Paris, diplômé de 1'Ecole des Langues orientales et de
l'École libredes Sciences Politiques.AI. NIEWENGLOW SxpIse le
grand intérèt archéologique du temple cambodgien de Prah Vihar,
situé d'une façon pittoresque au haut d'une falaise des Dang-Kek, mais
dans une région très difficile d'accès et géographiquement mal connue.
Il s'offre, sous réserve de l'autorisadeohl. le Gouverneur général,
à s'y rendre et à en établir une monographieavec la collaboration de
M. l'administrateurJ. MERCIE Rt de M. le Capitaine d'infanterie colo-
nialeL. PIERREd ,u Service Géographique.

M. SENART dit avoir reçu la visitde RI. NIEWENCLOWS qKiIlui a
semblé férud'un bel enthousiasme pour Prah Vihar et quine demande
d'ailleurs autre choqu'un avis favorable; comme d'autre part l'impor-
tance et l'intérétdu monument ne font pas de doute, il estime que la
Commission ne peut qu'encourager toutes les bonnes volontésqui se
présentent spontanément à elle.

M. DELAPORT fEit remarquer quenous possédons déjà une descrip-
tion de Prah Vihar, dueà M. le Commandant L. de LAJONQUI~RE.
Le Secrétaire répond que cette description, destinée à l'inventaire
général,est d'un caractère surtout architectural et forcément très sché-
matique. II scraitout à fait ii~téressantde posséder de bonnes photo-
graphies de tous les bas-reliefs, ainsi que le prouvlespécimen du
((Barattement de la mer ipiibliédans le Bulletin d'après un cliché de
M.J. MERCIER.

RI.GUESDE fait des réservessur la possibilité, enl'étatactuel des cadres
des Services civils de l'Indochine, de distraire un ou deux administra-
teurs de leurs fonctions habituelies pour tâche d'un caractère pure-
ment archéologique.

hl. AYWONIE appuie ces objections et ajoute que l'affaire ne peut
êtrerégléeque par une décisiondu Gouverneur général de l'Indochine.
M. VERWAES répond que c'est bien ainsi que la question est posée:
il n'a pu venir l'esprit de personne d'empiéter sur les pouvoirs dévqlus
au seul Gouverneur généralet de s'immiscer danle règlement d'affaires
administratives.

M. SENAKT ajoute que rien ne serait plus éloignéde ses intentionS.et,
il en est sûr, de celles de ses coIlèguesde la Commission que de favoriser
une sorte de concurrence au Service archéologique de la colonie: il nes'agit au contraire quede l'aider dans sa tache, eilest entendu que
RI.D. NIEWENCLOWS Kevrait au préalablese mettre d'accord avec le
Directeur de l'École française d'Extrême-Orient.
Sous le bénéficede ces observations iest décidéque la Commission
qu'il a étéexposérpareM. D. NIE~ENGLOWSKI.aphie de Prah Vihar. tel

(Extrait du B. C.A. 1. 1gr3, pp. XXIII, XXIV et XXV.)LETTRE DU MINISTRE DES COLONIESAU GOUVERNEUR
GÉNÉRAL DE L'INDOCHINE (8 FÉVRIER 1913)

MINISTÈRE DES COLONIES

Cabinet du Ministre.
Paris,le8 Février 1913.

Le Ministredes Colonies
dMonsieur le GouverneurGélréra dle L'Indochine

[- en marge -1
Je n'y vois aucun
inconvénient.
(Signé)Albert SARRAUT.

M. le Ministre de l'Instructionpublique et des Beaux-Arts vient
d'appeler mon attention sur l'offre faiAela Commission archéologique
de l'Indochine, par M. Niewenglowski, administrateur des services civils
de cette possession, d'entreprendre le relevédes ruines de Préah Vihéar,
et m'a fait connaître que la Commission avait émis le vŒu que M.
Niewenglowski fût autorisé à se consacrer pendant quelques semaines à
l'exécution des relevésqu'il se propose d'établir,
En vous faisant part de ce vŒu, je ne puis que vous laisser le soin
d'apprécier la suiteu'ilcomporte.
P.le Ministre ep. o.
Le chef adjointde cabinet,

(Signé) PierreGUESDE.
P. C.C.
L'archivistedu Gouvernement Général,
(Signé)IIIisible. AnnexeLVI1

MINUTE DE LA LETTRE DU DIRECTEUR DE L'ÉCOLE FRAN-
ÇAISE D'EXTRÊME-ORIENT AU GOUVERNEUR GÉNÉRAI, DE
L'INDOCHINE (17 MARS 1913)

Hanoi, le17Mars 1913.

Le Directeurde l'Écolfrançaised'Extrême-OrienàtMonsieur ieGouver-
neurGéfiérade l'Indochine-(Cabinet)

Monsieur le Gouverneur Général,

Sous bordereau no 123(Cabinet)du 15 courant, vous m'avez commu-
niqué la copie d'une dépêche du département en date du 8 Février
dernier,vousinformant quM. Niewenglowski,administrateur des Services
civils, désirait entreprendre leevé des ruines de Préah Vihéar et
demandait à étre autorisé à se consacrer pendant quelques semaines à
ce travail.
J'ai l'honneur de vous rendre compte que je n'ai aucune objection
à élevercontre ce projet. Néanmoins, lePréa Vihéarétant clcomme .
monument historique,ilest indispensable qu'avant d'entreprendre tout
travail sur ce monument,M. Niewenglou~skise mette en relations avec
moi. Ignorant son adresse, je vous.serais reconnaissant, au cas où vous
seriez disposéà approuver son projet, de vobien l'yinviter. Annexe LVIIl

COhlhfISSION ARCHEOLOGIQUE DE L'INDOCHINE. PROCÈS-
VERBAUX. SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1913

uhi. SENART donne Ala Commission des nouvelles deM. GROSLIE ..
chargé d'unemission au Cambodge A l'effd'y étudier particulièrement
les formesdécoratives de cet art (khmérIl.vientd'envoyer un double
travaill'unconsacréau Vat Phou de Bassac et l'autau Prah Vihear..s
(Extrait deB. C.A.1.(1914-1g16),p. VII.) AmnexeLIX a

EXTRAITS DES JOURNAUX DE FOUILLES DE LA CONSER-
VATION D'ANGKOR

- JF X du 22 septembre 1932au 23 février1934p. 293 H. MARCHAL,
Conservateur d'Angkor, part le mardi13 février 1934 via
Kompong Thom, en tournée d'inspection à Préah Vihiar.
Beng Méaléaet.ur le vendredi 16février via Préah Khan et

- JFXII p. 275jeudi 9 avr1936:
départpour Preah Vihéarde M.H. MARCHAL,
Conservateur d'Angkor, Philippe STERN,Conservateur au
muskeGuimet, du comte et de la comtesse de CORAL-REMUSAT.
retour le samedII avril./.

Pour Extrait Conforme des Journaux de
Fouilles de la Conservation d'Angkor,
Le Conservateur des Monuments d'Angkor,

B. PH.GROSLIER.

Référence su Bulletide 1'ÉcoEfirangaise d'Extréme-Orient
- BE 1924 fasc1-2:
p. 308:Tournéede B. PARMENTId EuR15mai au 23 juin1924
APréah Vihéar.
- BE 1930,fasc. 1-2p.187:

Henri PARMENTIc hef,du ServiceArchéologiquedel' E. F. E. O.,
accompagne du 19au 28 janvier1930 au nom de 1'E. FE.O.,
S A R le PrinceDamrong, Présidentde I'lnstitut royal de Siam.
Vihéar, ibid, pp. 220-zzq. Rapport de PARMENTIEqu,i signaleh
al'atmosphérede grande cordialio(p.220).

- BE 1934 fasc2 p.766:
p. 766: Tournée de H. MARCHALC ,onservateur d'Angkor,à
Préah Vihéar.
- BE 1938 fasczp.442:
J. CLAEYc S,ef du Service Archéologiquede 1'E. F.E. O.,piloté
par COURTALHA CU,NOI~et photographie Préah Vihéar.
- BE 1942:

p.223: note sur ((Traitéde paii(avecleSiam) qui sanctionne
et Prah Vihar.éressantensembles de BantAy Chmar, Koh Ker

lSource imprimée. Annexe LIX b

RAPPORT SUR UNE TOURNEE AU CAMBODGEET AU LAOS
FAITE AVEC hl.CLAEYSEN FÉVRIER 1937

(Extraits)

Pralt Vihéur - La visite de ce temple m'a confirmédans mon im-
pression que la remise en état de tous les édifices,gopuras et galeries,
précédant le sanctuaire central serait un travail assez aisé, tous les
élémentstombés se trouvant A pied d'Œuvre en bon état et les parties
debout étant encore très solides. J'ajouterai que le Résident de Kompong
Thom, M. Ratier, s'est montré trés favorable à ce travail pour lequel
ilm'a offert son concours pour le transport des matériaux et coolis,
chose qui vu l'éloignementde ce temple n'est pas à dédaigner.
Pour préciseril y aurait lieu de prévoir d'abord la réfectiondu premier
gopura au Nord, en haut des escaliers en venant du Siam.
On pourrait ensuite sans difficultéremettre en état l'avenue des bornes
qui sont renversées et restées sur place: le beau srah à gradin situé à
l.Est .e cette avenue et dont le fond s'est envaségagnerait à êtrebien

def$$ques consolidations devraient étre rév vue s l'édificecruciforme
qucfaitçuite et dont certains éléments malzquilibrés risquent detomber;
c'est ainsi que la porte extérieure du porche Nord dont le cadre est cassé
risque d'entrainer dans sa chute tout le fronton qui la surmonte.
Le mêmetravail de consolidation devrait êtrefait à la porte intérieure
du porche Sud dont le cadre est également cassé; deux potelets et une
traverse en béton armé assureraient l'équilibre de l'ensemble.
Ily aurait lieu de remettre en place toutes les pierres d'architraves
reposant sur les piliers, actuellement en équilibre instable, et de les
consoIider par une poutre intérieure en béton armé remplaçant la pihce

de bois disparue: Ie reste de cet édificeest en bon état de conservation
et la végétation ne semble pas avoir disloqué ce monument comme elle
l'a fait ailleurs.
La remise en état de l'avenue des bornes qui continue après cet édifice
ainsi que l'enlévement de quelques arbres qui gênent la perspective,
contribueraient à rendre à cet ensemble son aspect solennel d'autrefois.
Les murs du pavillon en croix entre les deux palaissont également bien
conservés mais il faudrait remonter les blocs écroulés desporches Sud
et Nord et remplacer làencore les solivesen bois disparues par des poutres
en béton armé.
On pourrait envisager l'aménagement de la partie centrale de ce
gopura pour y habiter pendant la direction de ce chantier.
Les galeries latérales, dites palais, nécessiteraient un travailplus
compliquépour étreremises en état. Certains murstrés inclinésdevraient
êtredéposéspierre par pierre puis remontés; &défautde créditssuffisants
on pourrait provisoirement étayer les murs pignons et façades Ouest des
galeries Est afin de les empêcherde tomber.
Le b2timent suivant qui précèdel'enceinte du sanctuaire principal
a aussi toutes les pierres des frontons et porches Sud et Nord tombéesi pied-d'Œuvre, mais ily aurait lieu de prévoirdes reprises en sous-Œuvre
qui s'imposent en certains endroits ainsi que quelques consolidations
ment càdprévoir:il sera faciIede remonter ou redresser lespiliers renversés
des galeries latérales.
Quant à l'enceinte r, si la galerie de pourtour est en bon état, l'anasty-
lose de la tour écrouléedu sanctuaire central et la reprise avec consoli-
dation de la salie qui préc6dece sanctuaire constituent un travail beau-
coup plus difficile et nécessitant un outillage beaucoup plus compliqué
que les travaux précédents.
Certainsblocs de la tour font un volume de deux métres cubes et il
faudrait repérer toutes lespierres avant de reconstituer les diffdrents
étages sur le sol, assise par assise, pour préparer l'anastylose, ce qui
demanderait des appareils de levage assez puissants eune main-d'oruvre
trésexercée.
La salle précédantIe sanctuaire a son soubassement disloqué avec
des points plus ou moins ouverts ce qui entraînera une démolitionquasi
complète de ce bâtiment pour le reconstruire ensuite.
Les cloîtres latéraux devront être d'abord dégagésde la végétation
et ensuite consolidéset complétés.
11 faudrait prévoir pour les premiers travaux énoncés ci-dessus, le
groupe central mis P part, une somme de 5.000 $ à la conditio den
disposer des moyens de transports que le Résident de Kompong Thom
a offert de mettre à la disposition de l'l?cole Française dJExtrême-
Orient.-

Vientiane, le 24 février1937.
(Signé) H. MARCHAL.

Pour extrait conforme
A Siemréap,le 18 septembre 1961.d'Angkor.
Le Conservateur des monuments d'Angkor. Annexe LX

D~CLARATION DE M. PIERRE PAGÊS, GOUVERNEUR DE LA
FRANCE D'OUTRE-MER (EN DATE DU 21 OCTOBRE 1959)

DkclaratiokdeM. PierrePAG~S,GouverneurdeEuFranced'Outre-Mer -
dmurunb 59, AuenueVbcbor H~go - Paris, 16cm
Je me trouvais au Cambodge au printemps de 1930. J'euàme rendre
au PréahVihéar.J'étais accompagné parle Résident de France dans la
.province de Kompong-Thom. Je n'ai rencontré que des fonctionnaires
cambodgiens.
Notamment les acchs de la terrasse et des temples étaient discrbte-
ment surveilléspar de jeunes garçonkhmers,appointés sur les crédits
allouésau Chauffeiket local. Cette surveillance avait pour but d'éviter
les vols de bas-reliefs.
En qualité de Directeur adjoint du Ministre des Colonies Paul
REYNAUD je, me suis rendu en Novembre 1931,en mission officielàe
Bangkok. Le Ministre de Franceà Bangkok, If.Roger MAUGRAd S,ns
les tours d'horizon que nousfimes au sujet des questions pendantes
entre le Cambodge etla Thaïlande, ne mentionna Aaucun moment le
Temple de Préah Vihéar.11n'aurait pas manquéde le faire si une diffi-
culté quelconque s'était élevéeau sujet de cette partie de la frontiére.
Le successeurde M. Roger MAUGRA à Bangkok, M. KEY, lors des
visites qu'il me fit entreet1939 à,Saïgon où j'assumais lesfonctions
de Gouverneur de Ia Cochinchine, ne fit jamais alIusion, lui non plus,
Al'existence d'un litige frontalierdans cette région.

Faità Paris, l21 Octobre 1959.
(Signé)P. PAGÈS. Annexe LX1

DÉCLARATION DE &IONSIEUR J. F. TRUC, ANClEN
INSPECTEUR DES AFFAIRES ADMINISTRATIVES AU

CAMBODGE - ADMINISTRATEUR DE PREMIÈRE CLASSE
DES SERVICES CIVILS DE L'INDOCHINE (EN RETRAITE)

Le soussigné,Jean François TRUC,Administrateur de première classe
des Services Civils de l'Indoch-neen retrait- déclaresur l'honneur
ce qui sui:
J'ai exercémes fonctionsen Indochine et spécialement au Cambodge
de 1919 1 1946commerésident, chef de province, puis comme Inspecteur
des Affaires Administratives au Cambodge.
Au cours de cette périodede 1919à 1946l,a seulequej'aie connue, et
en ce qui concerne le résident de Kompong Thom et ses adjoints, la
visite au Préah Vihéarétait un acte normal de service qu'ils accompliç-
saient périodiquement au cours de leurs tournées administrativeen
cette région.En particulihl.RATIER,résident,et sesadjoints successifs,
MM.LUCIAN -I BENARD - DESJARDI- NSs'y sont rendus effective-
ment plusieurs fois en tournée administrative pendant leur temps de
service dans cette province.
De leur cbté,les Agents du Service Forestier visitaient périodiquement
cette région (environ une fois par trimestre) avec halte au Temple de
Préah Vihéarqui offre certaines possibilités d'abri penIantournée.
Ces agents cambodgiens faisaient leur tournée sousla conduite d'un
garde généralou d'un inspecteur français.
{Signé)J. F. TRUC.

Villa Sainte-Anne,
Avenue Général DeLattre,
12 Octobre 196~. CANNES (Alpes Maritimes). Annexe LX11 a

JOURNAL OFFICIEL DE THAILANDE (22DÉCEMBRE ~gjg)
[Non reproduit]

Annexe LXII b

PRAKAS DU DÉPARTEMENT DES BEAUX-ARTS DE
THAILANDE EN DATE DU 4 D~CEMBRE 2j02 (1959 -)

[Traduactimto@cieus]
Prakas du Départernent des Beaux-Arts fixant la Ustdes Monuments
AntiquesNationaux

A la suite du Prakas du Département des Beaux-Arts fixant la liste
des Jionuments antiques nationaux, en date dII Octobre 2483(1940)
publiéau journal officielno 57, pa40,epage 2528,
Pour toute opportunité, il est jugéconvenable d'y ajouter leur super-
ficiet leurs limites. Ainsi, conformément aux dispositions de l'article 6
du décretroyal de l'année2477(1934) surlesobjets d'art antiques, les
objets antiques eleMuséeNational, le Département des Beaux-Arts a
completécette liste ainsi qu'il suit:

Province de Sisaket

1. M1onuments antiques du Mont Préah Vihéar, villagde Boeng-
MolouSrok de Kantharalak, province de Sisaket. Les principaux Monu-
ments sont en grès, tels que Sala Chaturamuk:2 bltiments; Prasath
Theva Sathan: 2 bâtiments; et Vihéar Khot Thatuk: 2 Ang, d'une
superficie totale d'environ 1Rai8et3 Ngan, suivanleplan annexéau
présent Prakas.

Fait le 4 Décembre 2502 (1959).
THANIT YUPKOTH,
Directeur Généraldu Département
des Beaux-Arts. Annexe LXIII a

LETTRE DU HAUT COMMISSAIRE DE FRANCE EN INDOCHINE
AU CHARGÉ D'AFFAIRES DE FRANCE AU SIAM
(31 JANVIER 1949)

HAUT COMMISSAI RE FRAKCE
POUR L'INDOCHINE
Conseiller Diplomatique
Saïgon, le 31 Janvi1949.
No 475-CD
JG/EB - SECRET

LeHaut Commissaire de France en Indochine
- Servicediplomatique-

iMonsieurde La Granville, Charged'deairesde France azc Siam par
intérim,Banfkok
A/s Occupation par
des siamois des
Ruines de
PréahVihéar.

Nonsieur lc Commissaire de la Républiquau Cambodge me signale
que les siamois ont affectéun gardien et trois cooliesaux ruines de Préah
Vihéar(38 Km. N.W. de Cheom Ksan) et paraissent ainsi les considérer
comme faisant partieu patrimoine Thaï alors qu'elles se trouvent sans
conteste en territoire Khmer.
Je serais reconnaissaàtvotre Légation des assurances qu'elle pour-
rait obtenir du Gouvernement Siamoàsce sujet.

Pour leHaut Commissaire de France et P. O.
Le Ministre Plénipotentiaire,
Conseiller diplomatique,
(Signé)R, DU GARDIER. Annexe LSIII 6

LETTRE DE L'AMBASSADEURDE FRANCE EN THAILABDE
AU HAUT CORIMISSAIRE DE FRANCE POUR L'INDOCHINE
(28 JUILLET 1949)

28 Juillet 1949.

Monsieur Léon Afarch.al,Ambassadeur de France en Thaïlande,

iMonsieur le Haut-Commissaire de France pour l'Indochine(Conseiller
Diplomatique),Saigon

AIS Ruines de
Préah Vihéar.
Je me réfère àvotre lettre n475/CD du 31 Janvier 1949et a toute
votre correspondance concernant I'occupation par des gardiens siamois
des ruines deP&AB-VIHÉAR (Cambodge).
L'Ambassade est intervenue àplusieurs reprises différentes auprès du
Ministère desAffaires Étrangères Siamois. Notre derniére démarche a
été enparticulier appuyéede l'envoi des reproductions photographiques
de lacartede délimitation aI/ZOO.OOO~~. La carte elle-mêmeayant été
retrouvée dans nos archives, un fonctionnaire de l'Ambassade l'a mon-
trée de nouveau hierauDirecteur Généraldu Département d'orient. Ce
dernier, tout en reconnaissant le bien-fondé de notre rkclamation, a
affirm qéue les cartes que nous avons envoyéesont ét6examinées en
Conseil des Ministres et que satisfaction nous serait donnée.
Nous attendons une réponse./.
(Signé)LéonMARCHAL.

Communiquésous bordereau no~~IJAS.
àla Direction d'AsieOcéanie,
PARIS. AnnexeLXIV

PIZOCÈS-VERBAL DE TRANSFERT
AU GOUVERNEMENT ROYAL DU CAMBODGEDES POUVOIRS
DE CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES

(9AOÛT 1951)
(Extraits)

Article4.

Dénonzbretrzentesmonuwenls classés.

IO)- Il est préciséque le terme monument est pris ici dans son sens
ou en briques, ponts, tertres, grottes, terrains, ...que des objetsn gr&
mobiliers tels que des sculptures isolées,des inscriptions, des fragments
d'architecture, des statues, e...

2") - La liste généraledes monuments classCsou protégésdu terri-
toire du Cambodge comporte 785numérosen y comprenant lena173bis
et se trouve jointau présent procès-verbal en annexe C-I.

5O) - Pour l'ensemble des monuments mentionnés aux paragraphes
2 et 4 du présent articie, il est entendu que le Gouvernement Royal se
trouve substitué aux autorités françaises dans les droits et obligations
ayant eu pour finde sauvegarder lepatrimoine archéologiquedu Cam-
bodge, de lui conserver son cachet ancien, de diffuser unrplan inter-
national Ie rayonnement de l'art khmer, enfin d'une manière générale
de contribuer au développement objectif de connaissances scientifiques
sur laculture de l'ancien Cambodge.

Annexe C-I

Liste générale des Monuments historiques du Cambodge mise A jour
le 31 Mars 1950 en vue du transfert des compétencesde conservation
du Gouvernement Royal du Cambodge

Nm Khét. SrokouKhand hfonument Désignation Références

Phnom Sanctuaire en grésII, n398;
621 1 - Coe,
Vihear galeries inscriptiK. 380-383 AnnexeLXV a

ATTESTATION DE M. DOAN VAN HA, PHOTOGRAPHE
CINÉASTE (EN DATE DU 7 SEPTEMBRE 1961)

Attestation
Je, soussigné DOAN VAN HA, Photographe-Cinéaste et Peintre de
nationalité vietnamienne, demeurant au no 4 Boulevard Preah Bat
Norodom à Phnom-Penh,
Reconnais avoir accompagné par deux fois Son Excellence Monsieur
SUON-BONN G,ouverneur de Kompong-Thom, dans sestournées adminis-
trativesà Preah-Vihear (Srok de Cheamkhsan) :
I" - Une fois du24 au 30Janvier 1951

2' - Une autre foidu 12 au 23Février 1952 (lors de l'exploration de
Ia Mission Warton pour la recherche des bteufs sauvages). Durant cette
période, c'était moi qui avais filméle Temple Préah Vihéar avec une
CaméraPaillard H 16 (utilisaun film en couleur de 16rn/m=) comme
en fait foi une de mes photos prise par un compagnon de voyage, photo
me reproduisant tenanten main cet appareil.
rueeFrançois re-nvParis, pour êtredéveloppédans ses laboratoires vers
le 27 février1952 (déclaration de Sortie au Service des Douanes de
Phnom-Penh n -3690-BC du 26 Février 1952).

Fait APhnom-Penh, le 7 Septembre 1g6r.

Certifiéexact par Nous
SUON-BON Nx-Gouverneur
de Kompong-Thom, Inspecteur
des Affaires Politiques
Administratives.
Phnom-Penh, le 8 septembre rg6r.

Vu pour légalisation de la
signaturede&Ir.DOAN VAN HA et de
celle de S. E. SUON-BOYa Npposées
ci-dessus.

Phnom-Penh, le 8 septembre 1961.
Le Délégué Royal
à la Municipalité de Phnom-Penh. Annexe LXV b

FILM VISÉ PAR L'ATTESTATION DE M. DOAN VAN HA
[Non reproduit]

AnnexeLXV c
'
ATTESTATION DE LA SOCIÉTÉ KODAK-PATHÉ

Paris,leIO Novembre 1961.

Je soussigné J. P. VALDESC , hef du Service Technico-Commercial
CinéSubstandard, déclare par la présente que les films Kodachrome
16mm de notre fabrication ne peuvent êtretraitéen France que dans
les Laboratoires KODAKA, venue Victor-HugoA SEVRAN (S&. 0.).
En conséquencede cequi précéde,le film Kodachrome 16mm portant
la référenceV, 3374 axe 01 concernant les Ruines de Preah Vihear et
de la régionne peut avoir étraité dans un Iaboratoire étranger et en
raison desadate de péremption, ce fila ététraité en 1952.

(Signé . P. VALDES. Annexe LSVI a

RAPPORT DE 3131. DOERINGÇFELD, AAIUEDO ET IVEY

The firrn of Doeringsfeld, Amuedo and Ivey conducted a study in
October 1961 to determine the location of the watershed in the area of the
Temple of Preah Vihear. The results of this study are shown on a map
attached asAnnex r to this report. The rnap representsarevision ofthe map
entitled "Phra Viharn Map Sheet 2," prepared by the consulting depart-
ment of the I.T.C. school of Delft, The Netherlands, and attached to
Annex No. 49 of the Counter-Memorial of the Royal Government of
Thailand. Annex z to this reportisa transparent film copy ofthe revised
map. 'Thedifferences between the revised rnap and the original I.T.C.
map can be seen by placing this transparent copy over the I.T.C. map.
The materials used for the study by Doeringsfeld, Amuedo and Ivey
are as follows:
I, Map Sheets Iand 2,Annex No. 49.

2.Annex No. 49.
3. Aenal photographs taken in 1g58 by the United States Amy Map
Service, using a Fairchild T-II wide angle lens camera, focal length 6",
image format g x9". Copiesofthese photographs are attached as Annex 3
to this report.
Flying height above the average terrain elevation in the subject area
was approxirnateIy 5,500 metres, thus providing the aerial photographs
with an average scale of about r:j7,000. Consequently, each photograph
covers an area of about 8.5 km x 8.5 km on the ground. For al1practical
purposes, this is the same typeand quality of photography which accord-
ing to the I.T.C. report was usein prepanng the I.T.C. map, except that
the two sets of photographs were taken in different years.
4. Basic photogrammetric equipment

a. Abrams Iens stereoscope, with image magnification of2.5 X.
b. Zeiss mirror stereoscope, with image magnificationof6 x provided
by binocular attachrnent.
c. Kad double-reflecting projector plotting machine.

Methodand Results ofInterpretafionby Doeringsfeld,
Amuedo and Ivey
The aerial photographs of the temple area were stereoscopicalIy
exarnined andal1 stream channels were annotated on the photographs
in the immediate area. A stream channel is the bed where a natural
stream of water runs, and will forma trench or depression in thesurface
of the earth. The separation between these stream channels is a stream
divide, and it is from a detailed studof the stream channels and theIr
divides that a watershed line can accurately be determined on aerial photographs. It is not essential to make a contour rnap of an area to
determine the location of a watershed. A contour rnap is a rneans of
illustrating the location, but it iç not necessarily a means of establishing
the fact.
The true watershed line was determined by observation of the stream
channels on the aerial photographs. Surnmarily, the watershed shown

on the revised mny deviates from the watershed shown on the I.T.C.
map in the following manner. Beginning at point 5, the watershed is
traced westward to the divide area marked point 2, thence generalIy
southward to the western edge of the temple, tliencc gcnerally along
the highest line of the southwestern escarpment of Mount Preah Vihear
to point D, thence westward and northwestward to point 6, where it
coincides with the watershed line of the I.T.C. map.
It iç believed that the watershed line as shown on the revised rnap is
more accurate than is siiown on the I.T.C. rnap because more emphasis
was given to a study of the naturalfactors of stream channelsandstream
divides, whereas the I.T.C.watershed line is based mainly on deductions
from the contour lines, as is stated in paragraph 4 (Procedure) of the
I.T.C. Report.
The I.T.C. rnapis contoured ai an interval of ten metrcs in the temple
area, ~vliichis not a small enough interval for accurate definition of the
watershed. The srnaIl magnitude of the stream channels in fhis area

would require a contour interval of about one metre in order adequately
to show al1the details required for an accurate watershed determination
based on contour lincs. It is possible that even a one-metre interval
would not be sufficient.
Even if every contour line and every ground-control surveyed elevation
point on the I.T.C. rnap is regarded asbeing precisely correct l, never-
theless these Iines and points do not prove that the watershed is located
where it iç drawn on that map. The I.T.C. map, with the sole exception
of the line alleged to represent the watershed, is entirely consistent with
the hypothesis of a watershed which locates the temple on the southern
side. As has already been shown, it is the opinion of Doeringsfeld,
Amuedo and Ivey that such a watershed is the one which in fact exists.
The contour lines and ground-control elevations on the I.T.C. map
are fully consistent with the fact, observed from the aerial photographs,
that a generally southeastward-flowing stream channel is present at the

location marked point 3 on the revised map. To emphasize this consistency
an intermediate 525-metre contour line has been placed on the revised
map. This contour line is based on the actual ground-control elevations
indicated on the I.T.C. rnap. A generaily northwestward-flowing stream
channel is present at point 4, and a northward-flowing strearn channel is
present just north of point 2. Point 2, therefore,is the location of a divide
between three stream channels. Since stream channel 3 ultimately flows
to the south while the other two streams ultimately flow to the north,
this divide coincides with the watershed.

In fact, certain of the contour lines on the I.T.C. rnap are iSuchrerrors
minor, except at the location marked point2onethe revised map ivherethe 520-re ail
metre contouron the original rnaiçin error. The following considerations are presented to assist the proper
authority in evaluating the accuracy of I.T.CMap Sheet 2,Annex No. 49
to the Thai Counter-Mernorial.

a. Point I on the revised rnap prepared by Doeringçfeld,Amuedo and
Ivey shows the location of a feature on the I.T.C. map-apparently
a road, although the map possesses no legend-which the aerial
photographs show does not exist.
b. The I.T.C. map shows a number of dotted lines (- -- -- )
without any indication of what these are intended to represent.
Some, though by no means ail, of theselinesfollow some of the main
strearn channels visible from the aerial photographs. The I.T.C.
map, however, fails to show the more significant smaller stream
channels which are absoIutely necessary foraccurate definition of
the watershed.
c. Many of the dotted lines (- - - - -) on the I.T.C.rnap cannot
possibly represent streams. Ifthey are intended to represent trails,
they fail to correspond in any way with the traiIs evident on the
acrial photographs.

Conclusion

Paragraph 3 (TheWatershed) of the I.T.C.Report states, "The general
location of the watershed as shown in the map and as described above,
even when subjected to utrnost criticaexamination, could be altered
only in minor detail". (Italics added.)
Doeringsfeld, Arnuedo and Ivey are convinced that "minor details"
are the ke to the exact location of the watershed, and that when the
position Ot the watershed is subjected to "utmost critical examination"
the position iscorrectly shown on the revised map.

Respectfully submitted,
Doeringsfeld, Amuedo and Ivey,
(Signed) Curtis L. AMUEDO.
October 23, 1961.
Denver, Colorado. AnnexeLXVI b

PHOTOGRAPHIES A~RIENNES (2) PRISES EN 1958 PAR LE

SERVICE CARTOGRAPHIQUE DE L'ARMÉE DES ÉTATS-UNIS
[Non reproduites]

Annexe LXVI c

CARTE ANNEXÉE AU RAPPORT DE MhI. DOERINGSFELD,
AMUEDO ET IVEY (ANNEXE 1)

[Nola reproduite dans Eapresente edtiton]

Annexe LXVI d

COPIE SUR FILM TRANSPARENT (ANNEXE 2)DE LA CARTE
(ANNEXE 1) ANNEXÉE AU RAPPORT DE RlhlDOERINGSFELD,

AMUEDO ET IVEY
[Non re+rodui7e Annexe LSVII n

DECLARATION DE MADAME FERNAND BERNARD, VEUVE
DU COLONEL BERNARD (g NOVEMBRE 1961)

9 novembre 1961.

Je déclare que mon mari le Colonel Bernard m'a souvent parlé de sa
mission de délimitation de la frontière entre le SleCambodge et
du temple de Préah Vihéaqu'ilavaitvuà cette occasion.

(Signé)31.F. BERNARD.
Nadame F. BERKARD,
IOI avenue Henri Martin.

DÉCLARATION DE MADAME JACQUELINE BERNARD, FILLE

DU COLONEL BERNARD (g NOVEMBRE 1961)
Paris, genovembre 1961.

14rue Campagne Première.

Je confirme la déclaration ma mère. Comme elle, j'ai fréquemment
entendu mon péredécrirele temple dPréah T'ihéarqu'il avait vu ders
sa mission de délimitatih la frontière entre l'Indochine et le Siam et
dont l'aspect avait produit luiune profonde impression.

(Signé )cquelineBERNARD.
(Madame JacquelineBERNARD.) AnnexeLXVlII a

CARTE ARCHÉOLOGIQUE DE LA THAILANDE IMPRIMÉE
EN 1953PAR LE CadastralSz$rvey08ce

[Non refirodztitedalaprésenteédition]

AnnexeLXVIII b
NOTICE EXPLICATIVE ACCO3IPAGNANTLA CARTE

ARCHEOLOGIQUE (15 93)
(Extraits)

(Couverture) THAÏLAND
ExpIanations
for

the Archaeological Map
of Thailand
'953

Period:Lopburi.stone templatRa-gnaeng, province Surinclra.

AnnexeLXIX
I3RIGGS,THE ANCIENT KHMER EMPIRE, PHILADELPHIE, 1951

Extraits photocopiés

[Non reproduits]

Document file FR
Document
Document Long Title

Réplique du Gouvernement du Royaume du Cambodge

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