1 E XAMEN SCIENTIFIQUE DES QUESTIONS SOULEVÉES PAR LE MÉMOIRE
DE L’A USTRALIE ET PAR SES DEUX APPENDICES
L ARS W ALLØE , 9AVRIL 2013
2 A propos de l’auteur
Lars Walløe est actuellement professeur émérite de physiologie à l’Université d’Oslo. Il a
terminé ses études de médecine et obtenu un doctorat en chimie physique à Oslo en 1965. Il a
enseigné la physiologie à la faculté de médecine de la même université entre 1988 et 2008 et,
auparavant, les statistiques appliquées et la modélisation mathématique à la faculté des sciences
de 1970 à 1988. Il a également occupé des postes à temps partiel en qualité de directeur de
recherches à l’institut de recherche marine de Bergen et de professeur au sein du département de
biologie arctique de l’Université de Tromsø.
Ses recherches actuelles portent sur les mécanismes de contrôle cardiovasculaire de l’homme
et d’autres grands mammifères (le renne, le phoque et la baleine) et il a mis au point des
instruments à ultrasons non invasifs afin de mener à bien ces études. Il a également publié des
articles et études dans le domaine de la neurophysiologie sensorielle, des réseaux neuronaux, des
méthodes statistiques robustes, de la démographie historique, de la biologie des populations, de
l’épidémiologie reproductive et de la méthodologie en sciences naturelles.
Le professeur Walløe est président de l’Academia Europaea (l’Académie européenne des
sciences et humanités). Il assume la fonction de conseiller scientifique sur les mammifères marins
auprès du Gouvernement norvégien et de directeur scientifique des recherches norvégiennes sur ces
animaux (poste qu’il occupe depuis 1986). Il a aussi présidé l’Académie norvégienne des sciences
et des lettres, le groupe d’experts sur la population norvégienne, le comité permanent pour les
sciences de la vie et de l’environnement de la fondation scientifique européenne et le conseil de
recherche norvégien pour l’environnement et le développement, dirigé le programme de recherche
norvégien sur les pluies acides et siégé au conseil européen de la recherche en qualité de spécialiste
de la biologie appliquée. Pour plus de détails concernant la biographie du professeur Walløe,
prière de se reporter à l’appendice A et de consulter la page Internet :
http://folk.uio.no/larswa/e index.html.
3
Manière dont je conçois mon mandat de témoin-expert
en vertu du Règlement de la Cour
J’ai été prié par le Gouvernement japonais de préparer un rapport indépendant examinant
sous l’angle scientifique certaines questions soulevées par le mémoire du Gouvernement australien,
daté du 9 mai 2011, en l’affaire relative à la Chasse à la baleine dans l’Antarctique
(Australie c. Japon) portée devant la Cour internationale de justiceJ’ai été notamment prié
d’examiner certaines questions traitées dans l’appendice 2 de ce document. Ledit appendice
contient un rapport indépendant de M. Marc Mangel, PhD, de l’Université de Californie,
Santa Cruz,intitulé «Evaluation des programmes japonais de recherche scientifique sur les baleines
dans l’Antarctique au titre d’un permis spécial (JARPA, JARPA II) en tant que programmes menés
à des fins de recherche scientifique dans le cadre de la conservation et de la gestion des baleines».
Le Gouvernement japonais m’a également demandé de rédiger le présent avis d’expert en tenant
compte de la possibilité que je sois amené à déposer en qualité de témoin-expert en vertu de
l’article 57 du Règlement de la Cour dans l’affaire susnommée.
J’ai choisi de présenter les questions à examiner en les regroupant sous cinq rubriques : - 2 -
1. commentaires sur l’interprétation générale restrictive, et par conséquent trompeuse, des
concepts de «recherche scientifique» et de «méthodes scientifiques» tels qu’ils sont présentés
par M. Mangel à l’appendice 2 du mémoire de l’Australie, et notamment sur le fait que les
scientifiques japonais n’auraient pas déterminé la taille des échantillons au moyen de méthodes
statistiques «reconnues» ;
2. commentaires sur l’affirmation selon laquelle toutes les informations requises pour améliorer la
gestion de la chasse à la baleine pourraient être obtenues à l’aide de méthodes non létales ;
3. commentaires sur l’affirmation selon laquelle la chasse à la baleine menée à des fins de
recherche en vertu de l’article VIII devrait se limiter aux recherches susceptibles d’améliorer la
conservation des baleines et la gestion de cette chasse ;
4. commentaires sur la critique d’autres aspects des activités de recherche létales menées dans le
cadre des programmes JARPA et JARPA II.
5. commentaires sur les importants progrès scientifiques enregistrés depuis la préparation des
deux mémoires.
Concernant le choix de la méthode à suivre, je n’ai pas reçu d’instructions ou de consignes
particulières en dehors des questions énumérées plus haut. Je n’ai donc reçu d’indications ni quant
à la sélection des méthodes ou principes censés corroborer les arguments scientifiques, ni quant à la
portée ou au niveau des preuves scientifiques censées être exposées dans le rapport. Cette
déclaration s’adresse à la Cour et je suppose que les juges n’ont pas de connaissances scientifiques
très approfondies dans ce domaine. C’est la raison pour laquelle j’ai jugé superflu d’entrer dans le
détail des éléments scientifiques et me suis efforcé d’indiquer en termes généraux les
considérations sous-tendant mes opinions.
La discussion de ces questions implique le recours à des notions conceptuelles et
mathématiques complexes associées notamment à la probabilité, à l’induction et à l’inférence
statistique. En particulier, des concepts tels que l’analyse de puissance et la signification statistique
sont importants sous l’angle de l’écologie marine, de la dynamique des populations et de
l’échantillonnage, notamment en ce qui concerne le choix de la taille des échantillons. Bien que
ces questions puissent sous-tendre des éléments scientifiques compliqués relevant des programmes
de recherche en cause en l’espèce, la question est de savoir quels sont les cadres conceptuels
susceptibles d’aider la Cour à se prononcer.
4 J’ai préféré n’inclure aucun aperçu scientifique des sujets, concepts et méthodes statistiques
et m’abstenir aussi de me référer à l’abondante littérature scientifique et autres données ou encore à
l’ensemble habituel de références statistiques et autres, dans la mesure où j’estime qu’une telle
démarche ne serait pas nécessairement utile dans ce contexte. Je me suis également abstenu
d’inclure dans le présent rapport une grande quantité de documents factuels et scientifiques. Bien
que je sois également disposé à répondre à des questions orales, j’ai pensé que mon rapport
indépendant serait concrètement plus utile à la Cour si, après avoir retracé ma carrière et mon
expérience avec la plus totale transparence, je me contentais de répondre au mieux de mon
jugement, aussi directement que possible, aux questions clefs qui m’ont été posées, sur la base des
arguments scientifiques soulevés dans le mémoire, et notamment dans son appendice 2. Cette
approche est également dictée dans une certaine mesure par la méthodologie choisie et les
affirmations proférées par M. Mangel dans son rapport. J’estime possible de traiter de certaines de
ces questions en termes simples et c’est ce que j’ai tenté de faire. J’ai également opté pour
l’inclusion d’exemples tirés de divers aspects de mon travail et, plus particulièrement, de l’étude de
la dynamique des populations de cétacés. Toutefois, mon rapport inclut aussi des exemples tirés de
travaux scientifiques qui, à première vue, pourraient ne pas paraître directement liés à la chasse à la
baleine, mais qui à mon avis seraient néanmoins susceptibles d’éclairer une partie des
questions discutées. - 3 -
Examen scientifique
Contexte
J’ai lu le mémoire de l’Australie, y compris ses deux appendices, ainsi que le
contre-mémoire du Japon. J’ai également lu à la fois la version originale et les propositions de
recherche modifiées des programmes JARPA et JARPA II telles qu’elles ont été soumises au
comité scientifique de la commission baleinière internationale (CBI), ainsi qu’un certain nombre de
documents scientifiques publiés sur la base de ces programmes. Et j’ai participé aux
trois premières réunions (ouvertes) d’évaluation des programmes de recherche japonais.
J’assiste aux réunions du comité scientifique de la CBI depuis 1987 en qualité de membre et,
depuis 1989, de chef de la délégation norvégienne. Depuis 1990, je suis également membre de la
délégation norvégienne aux réunions annuelles de la CBI et j’ai participé à de nombreuses réunions
spéciales de cette commission ou de son comité scientifique. Entre 1995 et 2000, j’ai présidé le
sous-comité sur les baleines à bosse, les baleines franches et les baleines grises du comité
scientifique de la CBI, lequel a préparé un avis sur les limites de prises sûres de deux de ces
espèces concernant la chasse aborigène en Russie et aux Etats-Unis (Alaska). Ces trois dernières
années (2010-2012), j’ai présidé le sous-comité chargé des problèmes liés à l’estimation de
l’abondance des petits rorquals dans l’océan Austral. Après dix ans de discussions scientifiques
animées, le sous-comité est parvenu l’année dernière (2012) à un accord concernant les
estimations, lequel a été entériné par l’ensemble du comité scientifique.
Le présent document constitue l’avis d’un expert attaché à la science et aux méthodes
scientifiques. Compte tenu du contexte extrêmement politisé dans lequel certains de ces sujets sont
soulevés, j’estime juste d’exprimer brièvement les sentiments et opinions que m’inspire
personnellement la chasse à la baleine, bien que cet aspect des choses ne soit pas ici en cause.
Selon moi, la chasse à la baleine est, de même que la chasse aux grands mammifères terrestres, une
activité humaine moralement acceptable, pourvu que deux conditions soient remplies : la chasse
doit être biologiquement durable et les souffrances endurées par l’animal pendant la chasse et la
mise à mort doivent être réduites dans toute la mesure possible et ne pas dépasser le niveau de
celles tolérées dans le cadre de la chasse aux grands mammifères terrestres. Contrairement à la
5 croyance populaire, il n’existe aucune preuve scientifique de la possession par les baleines ou les
dauphins de capacités mentales, d’une intelligence ou d’émotions plus développées que celles de
grands mammifères terrestres comme les porcs, les élans, les loups ou les éléphants.
1. Commentaires sur l’interprétation générale restrictive, et par conséquent trompeuse, des
concepts de «recherche scientifique» et de «méthodes scientifiques» tels qu’ils sont
présentés par M. Mangel à l’appendice 2 du mémoire de l’Australie, et sur l’affirmation
de l’Australie quant au fait que les scientifiques japonais n’auraient pas déterminé la
taille des échantillons au moyen de méthodes statistiques «reconnues»
Le rapport de M. Mangel inclut un chapitre de dix pages intitulé «Caractéristiques d’un
programme mené à des fins de recherche scientifique» (mémoire, p. 349-359) qui expose la
conception générale de l’auteur en matière de «méthode scientifique». Cette interprétation est à
mon avis trop restrictive et ne contient pas une description adéquate des activités de recherche,
lesquelles relèvent de différentes disciplines biologiques. M. Mangel prétend que
«[c]onformément aux principes généralement admis de la pratique scientifique, un
programme mené à des fins de recherche scientifique :
a) s’inscrit dans un cadre conceptuel général qui aboutit à une série de questions
précises (hypothèses) ; - 4 -
b) s’appuie sur le bon éventail d’outils empiriques afin de répondre aux questions,
parmi lesquels la définition de la taille des échantillons à l’aide d’un raisonnement
statistique correct et l’établissement de liens cohérents entre les modèles
mathématiques et les données ;
c) fait l’objet d’une évaluation en bonne et due forme par la communauté
scientifique…» (P. 350.)
Il s’agit là d’une description peut-être adéquate même si elle pèche par idéalisme et par excès de
simplification des activités de recherche dans un domaine de la biologie bien avancé dans lequel
il existe des hypothèses généralement acceptées sur les principales connexions fonctionnelles du
système étudié. Pourtant, rares sont les disciplines biologiques aussi avancées aujourd’hui et les
disciplines écologiques ne font certainement pas partie du nombre.
Les connaissances actuelles sur l’écosystème de l’océan Austral sont très limitées, ce qui
rend difficile l’identification des observations susceptibles de se révéler importantes pour la
compréhension de la dynamique du système. Dans une telle situation, toutes les données
physiques, chimiques, biologiques et océanographiques pouvant être collectées doivent être
considérées comme potentiellement précieuses, qu’elles soient pertinentes ou pas sous l’angle
d’hypothèses données.
Bien entendu, chaque collecte de données primaires est motivée par des hypothèses
générales qui indiquent au chercheur le type de données pouvant l’intéresser au premier plan au
moment même ou à l’avenir. Cependant, ces hypothèses sous-jacentes sont le plus souvent vagues
et difficiles à formuler dans un langage scientifique. M. Mangel, dans ce contexte, commet une
erreur lorsqu’il prétend que «la science ne consiste pas simplement à accumuler des données. En
effet, nous sommes de plus en plus souvent confrontés à un problème de «saturation», à savoir trop
de données et des difficultés à les comprendre» et que, «[e]n résumé, l’essence de la science est de
produire des connaissances à partir des données recueillies ; si l’on ne sait pas à l’avance comment
les données seront analysées pour en extraire ces connaissances, c’est que l’on n’est pas prêt à
collecter ces données» (p. 350). Les recherches effectuées dans le cadre des programmes JARPA
et JARPA II prévoient à la fois la collecte de données visant à vérifier certaines hypothèses
spécifiques et la collecte de données primaires de base en océanographie physique et biologique,
lesquelles pourraient se révéler précieuses à l’avenir. Il est facile de trouver dans l’histoire de la
biologie des exemples de projets de recherche au cours desquels des données collectées sans
6 hypothèse spécifique à l’esprit se sont révélées extrêmement précieuses pour la compréhension de
la dynamique du système étudié.
Je voudrais mentionner dans ce contexte un exemple célèbre tiré de l’histoire de la biologie :
en 1866, Gregor Mendel (1822-1884) publie son article «Versuche über Pflanzen-Hybriden»
[recherches sur des hybrides végétaux]. Ses expériences montrent que la transmission de caractères
distinctifs chez les pois obéit à certaines lois (connues aujourd’hui sous le nom de «lois de
l’hérédité de Mendel»), qui formeront par la suite la base de la discipline biologique connue sous le
nom de génétique. Pourtant, Mendel n’a pas entamé ses travaux sur la base d’hypothèses
préliminaires clairement formulées. Et il ne s’est pas limité à étudier l’hérédité chez les pois,
puisqu’il a également essayé de croiser des variétés de souris et d’abeilles (même si ces efforts
n’ont pas été couronnés de succès). Entre 1856 et 1863, il cultive et étudie quelque 29 000 plants
de pois. Il commence avec 34 variétés d’une espèce particulière obtenues auprès de différents
horticulteurs et procède à des croisements. Certaines propriétés des hybrides ainsi obtenus sont
intermédiaires entre celles des plants parents, mais d’autres montrent un modèle différent. Après
des années consacrées à l’observation, il décide de recourir pour ses expériences supplémentaires à
22 variétés de pois dont les traits sont demeurés constants d’une génération à l’autre. Dans le cadre
de ses expériences finales, il étudie certains desdits traits en détail. Il résulte clairement de la
description qu’il a passé la plupart de son temps à procéder à des observations détaillées afin
d’essayer d’identifier des modèles, ce qui n’a rien de surprenant puisqu’à l’époque, la plupart des - 5 -
scientifiques pensaient que les hybrides devaient présenter des traits intermédiaires entre ceux de
leurs parents. Ce n’est qu’à un stade ultérieur que Mendel formule ses deux lois à titre
d’hypothèses.
Un autre exemple pourrait être emprunté à une recherche environnementale à laquelle j’ai
moi-même participé. Au début des années 1970, le public et les scientifiques norvégiens
remarquent que le saumon puis la truite semblent en voie de disparition dans les lacs et rivières
du sud de la Norvège. L’hypothèse généralement avancée à l’époque attribue ces décès à une
acidification de l’eau due au déplacement par ruissellement sur une longue distance de
composés de soufre en provenance d’usines et de centrales électriques britanniques et allemandes.
Un programme de recherche à grande échelle est établi par le ministère de l’environnement
(SNSF 1974-1980). J’en deviens le directeur scientifique en 1976. En recourant à des méthodes
empruntées à l’épidémiologie médicale, nous découvrons bientôt que la répartition géographique
de la mortalité des poissons correspond aux hypothèses formulées sur la base de la géologie et du
dépôt d’acide en provenance des airs. Cependant, les autorités britanniques réfutent les résultats.
Elles prétendent que le poisson en captivité peut survivre à des niveaux d’acide largement
supérieurs à ceux mesurés dans les lacs norvégiens. Un autre programme important de recherche
est donc lancé (le programme d’acidification des eaux de surface «SWAP», 1986-1990) avec la
collaboration, cette fois, de la Royal Society, de l’Académie norvégienne des sciences et des lettres
et de l’Académie suédoise des sciences. Je demeure à mon poste de directeur du projet pour la
Norvège. Le programme conjoint confirme rapidement les principales conclusions du programme
norvégien, mais la question posée par les autorités britanniques demeure sans réponse. Les
scientifiques commencent alors à collecter toutes sortes de données relatives aux pluies acides, au
sol et au ruissellement. Ils sont à l’affût d’un facteur inconnu éventuel qui pourrait expliquer la
mort des poissons. Ils recherchent un certaine nombre de molécules organiques et ions métalliques
connus pour leur toxicité, en vain. Les analyses aléatoires révèlent finalement que la toxicité est
corrélée à la concentration d’ions d’aluminium dans l’eau (libérés par l’acide contenu dans le sol).
Le résultat est imprévu, dans la mesure où l’aluminium était considéré au préalable comme non
toxique. Cependant, des investigations complémentaires révèlent que le composant toxique est une
forme moléculaire spéciale de l’aluminium. Cet exemple montre clairement qu’une recherche
7
aléatoire portant sur un nombre important de variables chimiques et physiques envisageables à
savoir un large éventail de données peut produire des résultats importants, même en l’absence
d’une hypothèse spécifique comme point de départ. Le premier ministre Margaret Thatcher
accepte les résultats au nom du Gouvernement britannique au cours d’une réunion de la
Royal Society, tenue à Londres en mars 1990, à laquelle assistent également les premiers ministres
norvégien et suédois.
Il existe aujourd’hui des programmes informatiques puissants permettant de procéder à des
«analyses de données exploratoires» ou à ce qu’il est parfois convenu d’appeler une «fouille de
données» [data mining]. Les premiers travaux de développement de ces logiciels remontent à 1977
et sont l’œuvre du distingué statisticien américain John W. Tukey (1915-2000) qui a apporté une
contribution fondamentale à la pratique statistique et établi la distinction importante entre les
analyses exploratoires et de confirmation des données, en déplorant qu’une bonne partie de la
méthodologie statistique accorde une trop grande importance à la seconde. «Il vaut beaucoup
mieux apporter une réponse approximative à la bonne question, laquelle est souvent exprimée de
manière vague, qu’une réponse exacte à la mauvaise question, laquelle peut toujours être formulée
de manière précise» (Tukey 1962). Les commentaires de M. Mangel dans son chapitre
méthodologique consacré au «problème de «saturation», à savoir trop de données et des difficultés
à les comprendre» (p. 350) et à l’analyse exploratoire qualifiée de «méthode [qui] fonctionne
rarement» (p.351) sont clairement révélateurs d’une approche obsolète ne tenant pas compte de
cette évolution. Les projets réalisés dans le cadre de JARPA et JARPA II constituent à mon avis
un mélange équilibré de projets destinés à vérifier des hypothèses données et de projets destinés à
collecter des données hors de toute hypothèse formulée au préalable, dans le but de vérifier la
possibilité d’extraire des informations intéressantes. En réalité, la limite entre les deux activités est
floue et il existe un continuum dans un éventail allant d’hypothèses formulées précisément à des - 6 -
ensembles de variables enregistrées parce que les scientifiques pensaient ou espéraient que
certaines informations finiraient par apparaître, en passant par les problèmes formulés de manière
précise, mais dans un langage s’écartant de celui généralement employé pour avancer une
hypothèse par exemple «A-t-on observé un changement dans l’âge de la maturité sexuelle des
petits rorquals au cours des années pendant lesquelles les programmes de recherche JARPA ont été
menés ?». Par exemple, à mon sens, des données relatives à la morphométrie ou au contenu de
l’estomac des baleines ont été collectées hors de toute hypothèse ou supposition préalables et ont
malgré tout débouché sur des résultats scientifiques très intéressants.
L’une des conclusions très importantes basée sur des données génétiques et
morphométriques collectées dans le cadre de JARPA est que la population des petits rorquals de
e e
la zone comprise entre le 35 méridien de longitude est et le 45 méridien de longitude ouest se
compose de deux stocks que l’on désigne souvent comme le stock de l’océan Indien et le stock du
Pacifique, respectivement. Lesdits stocks de petits rorquals se mélangent pendant la saison
d’alimentation estivale dans une zone située autour du 160 méridien de longitude est, mais se
séparent de nouveau au moment de leur migration vers le nord en vue d’atteindre leur aire de
reproduction pendant l’automne austral. Les résultats ne révèlent aucune subdivision
supplémentaire des deux stocks : une constatation importante en raison de ses implications pour
toute mise en œuvre éventuelle de la RMP à l’avenir.
Ces résultats sont très importants sous l’angle de la mise en œuvre de la procédure de gestion
révisée (RMP) et, en général, pour la gestion de la chasse au petit rorqual dans cette zone.
Deux autres ensembles de résultats générés par la pratique systématique du mesurage de l’épaisseur
de graisse et de l’identification du contenu de l’estomac, respectivement, montrent que ces mesures
ont sensiblement baissé au cours de la période pendant laquelle le programme JARPA a été mené
(ainsi que pendant la période correspondant au début du programme JARPA II), compte étant tenu
d’autres variables pouvant influer sur ce mesurage et cette identification. Ces deux séries
chronologiques révèlent que des changements importants doivent s’être produits dans l’écosystème
antarctique au cours des 20 dernières années.
8 M. Mangel avance (p. 362) que «la seule hypothèse clairement identifiable dans les
programmes JARPA ou JARPA II est celle de l’excédent de krill, selon laquelle la surexploitation
des grandes baleines aboutit à un excédent de krill, qui provoque lui-même une abondance de
petits rorquals». Il cite Murase et al. (2006) pour qui l’hypothèse de l’excédent de krill «constitue
le théorème central de l’étude de l’écosystème de l’Antarctique» et avance que «pour présenter
l’hypothèse «de l’excédent de krill» comme un théorème central, Murase et al. suggèrent qu’il a
déjà été prouvé». La formulation employée par M. Murase est peut-être malheureuse, mais en tout
cas il ne fait aucun doute que ni lui ni aucun autre scientifique japonais ne considèrent l’hypothèse
de l’excédent de krill comme vérifiée. Nombreux sont en effet les documents dans lesquels les
intéressés discutent des mérites relatifs de ladite hypothèse et d’autres explications possibles,
comme un changement dans l’écosystème provoqué par le réchauffement de la planète.
L’hypothèse de l’excédent de krill est intéressante, mais ne constitue certainement pas «la seule
hypothèse clairement identifiable dans les programmes JARPA ou JARPA II».
Détermination de la taille de l’échantillon
Le traitement par M. Mangel de la question de la détermination de la taille de l’échantillon
(p. 352) est révélateur de la manière dont l’intéressé recherche «une réponse exacte à la mauvaise
question». Il écrit en effet :
«La définition de la taille d’un échantillon de données à prélever afin d’estimer
un paramètre inconnu pour vérifier une hypothèse dépend des éléments suivants : - 7 -
a) le degré d’exactitude nécessaire pour le paramètre (écart entre la valeur moyenne
de l’estimation et le paramètre inconnu) ;
b) le degré de précision nécessaire (variation autour de la valeur moyenne estimée) ;
et
c) la teneur des évaluations statistiques réalisées à l’aide de ces données.
Les méthodes statistiques traditionnelles fournissent des procédures permettant
de déterminer la taille requise de l’échantillon afin d’obtenir un degré de confiance
précis dans une conclusion particulière.»
Il est exact que la méthodologie statistique traditionnelle prévoit des procédures permettant de
déterminer la taille requise des échantillons. Toutefois, ladite méthodologie exige le respect de
conditions très strictes tenant notamment au fait que les distributions statistiques des variables
faisant l’objet de l’étude doivent être connues à la fois sous l’angle de «l’hypothèse nulle» (pas de
changement) et sous celui de «l’hypothèse alternative» (un changement d’au moins une certaine
ampleur définie à l’avance). Il est généralement irréaliste de s’attendre à ce que ces conditions
puissent être observées dans le cadre de recherches portant sur l’environnement et les pêcheries.
Même dans les domaines scientifiques où l’on peut raisonnablement supposer que les
informations de référence requises sont disponibles, l’analyse de puissance statistique, comme cette
discipline est généralement désignée, s’avère remplie d’embûches. J’en veux notamment pour
preuve un exemple emprunté à la médecine. Supposons que nous ayons élaboré un traitement
pharmacologique pour une pathologie courante, par exemple une hypertension artérielle, et qu’un
nouveau médicament soit spécialement créé à cette fin. A un certain stade du processus de mise au
point, le nouveau médicament sera vérifié dans le cadre d’un test statistique formel («en double
aveugle», aléatoire) par rapport à l’ancien. Combien de patients d’un certain type devront être
recrutés ? Cette question vise la taille de l’échantillon. En l’occurrence, il est théoriquement
possible de répondre aux trois questions a), b) et c) énumérées plus haut. Dans la mesure où
différents patients réagissent différemment (sous la forme d’une baisse plus ou moins importante
de la tension artérielle) au même traitement, nous devons connaître la distribution des réactions
dans la population des patients et nous devons également connaître (ou supposer) la distribution des
réactions au sein de la même population au nouveau traitement. Nous devons ensuite déterminer le
degré minimum d’amélioration que nous voudrions détecter et la probabilité de pouvoir détecter
9 que le nouveau médicament est supérieur à l’ancien (la puissance du test). Pourvu que ces
conditions soient réunies, nous pouvons calculer la taille requise de l’échantillon. Cependant,
même dans ce type de situations claires relevant de la recherche médicale, les calculs peuvent
souvent se révéler trompeurs et les analyses subséquentes faire apparaître que l’échantillon était
beaucoup trop petit (dans la mesure où la population des patients a finalement réagi de manière
différente de ce qui avait été observé précédemment). C’est la raison pour laquelle bon nombre
d’essais cliniques sont désormais menés soit en augmentant considérablement la taille de
l’échantillon par rapport à la taille calculée au moyen de méthodes traditionnelles (dans le cadre
d’une approche placée sous le signe de la précaution), soit en recourant à des méthodes statistiques
séquentielles dans lesquelles aucune taille d’échantillon n’a été déterminée au préalable. J’ai
personnellement, avec l’aide d’un étudiant, mis au point une version séquentielle du test Wilcoxon
(Mann-Whitney) de comparaison de deux échantillons, laquelle est utilisée aujourd’hui dans de
nombreux essais cliniques en raison des difficultés inhérentes au calcul de la taille de l’échantillon.
Il peut s’avérer assez difficile de déterminer la taille de l’échantillon requise pour vérifier
une hypothèse précise dans les sciences environnementales, dans la mesure où, dans la plupart des
cas, les distributions des variables ne sont pas connues avec suffisamment de précision. Le
problème s’accentue considérablement dès lors que l’enquête implique l’évaluation de plusieurs
hypothèses et également de questions scientifiques importantes auxquelles les chercheurs
voudraient trouver une réponse sans avoir encore établi d’hypothèses précises (enquêtes - 8 -
exploratoires). Dans une telle situation, la théorie statistique standard doit être utilisée pour
chacune des hypothèses précises en prenant la précaution d’augmenter la taille de l’échantillon afin
de compenser toute supposition incorrecte tenant aux distributions statistiques. En définitive, c’est
le plus gros échantillon parmi les différents échantillons déterminés pour chaque hypothèse
qui devra être retenu.
Bon nombre des tailles d’échantillon déterminées de cette manière par les scientifiques
japonais permettent de recueillir des nombres de l’ordre de 600 à 1000 petits rorquals par an ou
plus pour JARPA II. J’ai recommencé les calculs pour une partie des variables en formulant une
série de suppositions nécessaires et j’estime que ces nombres sont d’un ordre de grandeur correct
pour une bonne partie des questions scientifiques dès lors que l’objectif est d’obtenir des résultats
clairs sur une période de six ans. Concernant les autres questions, les échantillons sont de toute
évidence trop petits, même si dans certains cas une période d’observation plus longue pourrait
déboucher sur des résultats intéressants comme le prouve la série de données mentionnée plus haut
concernant l’épaisseur de graisse et le contenu de l’estomac. La pratique suggère également que
des séries de données plus longues sont nécessaires pour modéliser une population.
Certains éléments supplémentaires doivent être pris en considération au moment de
déterminer la taille de l’échantillon. Lorsque des propositions de recherche sont examinées au sein
d’un conseil pour la recherche ou d’un autre organisme de financement, l’une des grandes
questions récurrentes consiste à se demander si les fonds affectés suffiront à couvrir le projet. Il
serait impossible de mener à bien un programme de recherche important dans l’océan Austral, en
utilisant un gros navire de recherche avec son équipage au complet et ses cuves pleines de
mazout pendant de longues semaines en mer, sans avoir vérifié à l’avance que l’opération
permettra d’engranger certains revenus. L’importance de cette considération est généralement
acceptée dans les recherches sur les pêcheries, puisque chaque navire se voit alors accorder un
quota de l’espèce de poisson pertinente de manière à financer au moins une partie de la recherche.
Telle a été notamment la pratique observée dans le cadre de la recherche norvégienne consacrée au
flétan du Groenland et, dans une moindre mesure, à d’autres recherches norvégiennes consacrées
respectivement au maquereau, au cabillaud, au hareng, au lieu noir, et à l’aiglefin. Une portion des
poissons pris est évidemment consacrée à la recherche, mais le reste est vendu sur le marché pour
couvrir une partie des coûts du programme de recherche. Cette pratique est loin d’être isolée dans
d’autres pays où se pratique la pêche. Je connais bien, notamment, les détails de la recherche
menée sur les pêcheries russes dans la mer de Barents. Le Japon a choisi de couvrir une partie des
coûts inhérents à ses programmes de recherche sur les baleines en vendant des produits baleiniers
sur le marché commercial. Pour que cette initiative dégage des revenus suffisants, la prise annuelle
10
doit atteindre un certain niveau. Là encore, une prise de l’ordre de 800 à 900 baleines par an ne
semble pas déraisonnable à la condition expresse que cette initiative ne puisse en aucun cas
déboucher sur une surexploitation des stocks de petits rorquals. Cette condition a été établie de
manière explicite pour les deux stocks de petits rorquals vivant dans la partie pertinente de
l’océan Austral.
Cela dit, il convient d’admettre que les scientifiques japonais n’ont pas toujours fourni des
explications complètement claires et transparentes sur la manière dont la taille des échantillons a
été calculée ou déterminée et, à la lecture des propositions de recherche pour JARPA et JARPA II
soumises au comité scientifique de la CBI, j’ai souvent retiré l’impression que cette taille était
également influencée par des considérations de financement. Cependant, même un échantillon
d’une taille supérieure à 850 baleines offrirait certains avantages pour une partie des questions
scientifiques. En outre, des résultats n’atteignant pas le seuil de signification magique de 5 %
pourraient aussi s’avérer, rétrospectivement, utiles sous l’angle de leur apport aux connaissances
scientifiques. En fonction des circonstances et de l’analyse subséquente, ces résultats pourraient
traduire des anomalies ou des variations qu’il conviendrait d’étudier de manière plus approfondie.
Mettre la barre à 5 % relève d’une certaine manière d’une approche discrétionnaire reposant sur la
convention ; les résultats dotés d’un seuil de signification de l’ordre de 5 à 10 % et les intervalles
de confiance correspondants continuent à jouer un rôle important. - 9 -
Le mémoire indique que «l’interprétation qu’il convient de faire des termes «for purposes
of» utilisés dans l’expression «for purposes of scientific research» («en vue de recherches
scientifiques») implique que l’activité doit être réellement motivée par la volonté de conclure des
recherches scientifiques», à l’exclusion de tout autre visée. Je ne saurais prendre position
concernant l’interprétation juridique. Pourtant, ce sujet est important dans la mesure où il vise
également les conditions et normes communes applicables à la planification et à la conduite des
recherches scientifiques en général.
Je suis d’accord avec la première partie de la proposition qui précède, mais pas avec la
seconde. Tant qu’une activité est réellement motivée par l’intention de mener des recherches
scientifiques, les motivations supplémentaires (comme le désir d’obtenir un financement en
vendant les produits) peuvent même être considérées comme un avantage et non comme un
contre-argument. Cette situation n’est pas spécifique à la recherche japonaise sur les baleines
ou aux autres recherches prévoyant la mise à mort de baleines dans le cadre d’une chasse. Des
motivations supplémentai res analogues sous -tendent fréquemment les recherches portant sur
des pêcheries, comme indiqué plus haut, ainsi que bon nombre de recherches médicales (c’est
le cas notamment des études visant les effets de la vaccination contre le papillomavirus dans la
prévention du cancer cervical, lesquelles visent également à vacciner une partie importante de la
jeune population féminine) et archéologiques (dans le cadre de la construction de bâtiments ou de
routes). Bon nombre de programmes de recherche coûteux répondent donc à plusieurs motivations.
2. Commentaires sur l’affirmation selon laquelle toutes les informations requises pour
améliorer la gestion de la chasse à la baleine pourraient être obtenues à l’aide de
méthodes non létales
Il est essentiel sur ce point de distinguer entre deux questions. La première I) concerne la
question de savoir comment obtenir et améliorer les informations requises pour mettre en œuvre la
«procédure de gestion révisée» des baleines à fanons (RMP) dans sa version actuelle. La
seconde II) concerne la question de savoir comment obtenir des informations qui pourraient être
utilisées pour améliorer les procédures de gestion (et notamment la RMP) à l’avenir. Selon mon
interprétation, les propositions japonaises de recherche pour JARPA et JARPA II sont conçues de
manière à obtenir les informations requises pour répondre aux deux questions.
11 I) Informations requises pour mettre en œuvre la RMP
La pratique progressivement élaborée au sein du comité scientifique de la CBI consiste à
considérer que les informations nécessaires pour fixer le quota maximum de prises dans le cadre de
la version actuelle de la RMP sont : a) l’historique des prises des petits rorquals dans les différentes
régions de l’océan Austral, b) au moins une estimation d’abondance visant, là encore, chaque
région différente de l’océan et c) la connaissance de la structure du stock de petits rorquals dans cet
océan.
Les informations requises en vertu de a) et b) sont obtenues par des moyens non létaux,
mais dans les programmes de recherche japonais l’information génétique nécessaire à la
détermination de la structure du stock est obtenue sur la base d’échantillons de baleines mises à
mort. Les données morphométriques des baleines mises à mort fournissent des informations
supplémentaires sur la structure des stocks.
Dans le mémoire et le rapport de M. Mangel figurant à l’appendice 2 (p. 362), il est affirmé
que les analyses ADN des échantillons biopsiques obtenus sans mise à mort de petits rorquals
peuvent fournir des informations génétiques suffisantes pour déterminer la structure du stock. Cet
argument est théoriquement correct, mais une telle manière de procéder serait impossible à mettre
en œuvre en pratique. Un programme de recherche ayant pour but essentiel l’obtention d’un grand - 10 -
nombre d’échantillons biopsiques de petits rorquals dans l’océan Austral atteindrait des coûts
prohibitifs en l’absence de fonds générés par la vente de la viande des baleines prises dans le cadre
du programme.
De plus, pour des raisons de logistique, le nombre de biopsies qui pourraient être
effectivement réalisées en déployant un effort similaire à celui prévu dans le cadre du programme
actuel de recherche sur la chasse à la baleine serait nettement inférieur à celui des échantillons
génétiques obtenus par le biais de prélèvements effectués sur des baleines mises à mort pendant la
chasse à la baleine à des fins de recherche.
Si l’on veut rentrer davantage dans les détails, la différence s’explique par les contraintes
pesant sur l’échantillonnage biopsique. Les échantillons sont en effet obtenus en tirant une
seringue (un tube métallique vide) qui pénètre la peau et le gras sous-cutané d’un petit rorqual. La
seringue et son contenu retombent ensuite. Dans le cas du programme de recherche japonais, la
seringue est récupérée au moyen du fil auquel elle est reliée. Dans le programme de recherche
norvégien consacré à la baleine, un canon à air comprimé («canon Larsen») sert à insérer l’aiguille
dans la peau de la baleine, alors que les Japonais utilisent une arbalète. Ces deux instruments sont
assez imprécis et la vélocité initiale du projectile est faible. Le navire doit donc venir très près de
la baleine. Dans le programme norvégien, la baleine est généralement distante de 10 à 15 mètres et
dans le programme japonais la distance maximale est de 18 mètres. La distance maximale pour
tirer un harpon dans le cadre d’une chasse à la baleine est nettement supérieure. Les chasseurs
norvégiens de petits rorquals ont pour consigne de ne pas tirer au-delà de 50 mètres et opèrent
généralement à une distance d’environ 30 mètres. Au Japon, la distance de 60 mètres est
considérée comme un maximum dans le cadre d’une chasse aux rorquals et, en pratique, la
distance de 20 mètres est considérée comme un minimum. En conclusion, le navire doit venir
beaucoup plus près d’une baleine pour pratiquer une biopsie que pour tirer un harpon. Les
conditions climatiques dans l’océan Austral ne permettent pas toujours l’utilisation de Zodiacs ou
autres petites embarcations pour venir près des baleines. Dans la mesure où il est difficile
d’approcher suffisamment un animal avec un gros baleinier, le nombre d’échantillons biopsiques
pouvant être obtenus par un navire sera nettement inférieur à celui des baleines pouvant être mises
à mort pendant le même laps de temps.
On peut raisonnablement conclure que la seule manière pratique d’obtenir suffisamment
d’échantillons génétiques de petits rorquals passe par la mise à mort.
12
II) Informations qui pourraient être utilisées pour améliorer les procédures de gestion
La RMP actuelle fixe des limites de prises relativement faibles en raison des incertitudes
pesant sur les niveaux de productivité des stocks de baleine. Les modèles de population élaborés
peuvent fournir des informations sur la limite inférieure de cette plage de niveaux. A supposer que,
pour un stock spécifique, les résultats de la recherche permettent de relever cette limite inférieure,
il deviendrait possible d’autoriser des prises plus nombreuses sans augmentation corrélative du
risque perçu pour cette ressource. Cette considération a une incidence claire sur la question de
savoir quelle est l’activité de recherche supplémentaire importante la plus susceptible d’améliorer
les procédures de gestion à l’avenir. Il ne fait aucun doute à mes yeux que cette activité est la
modélisation de la dynamique des populations à l’aide de diverses méthodes. Au fil du temps,
ladite activité pourrait être élargie de manière à tenir compte de l’interaction entre espèces.
La plupart des modèles dépendent d’informations relatives à l’âge des animaux. M. Mangel
admet dans son rapport qu’«il n’existe toujours pas de moyen non létal de connaître l’âge des
baleines : si l’âge est une information absolument nécessaire, alors la prise létale l’est aussi»
(p. 357), mais il précise également qu’«il existe en premier lieu des problèmes de lecture des
bouchons de cérumen et chez la plupart des animaux mis à mort, les bouchons de cérumen ne sont - 11 -
pas exploitables» (p. 366). M. Mangel se réfère ici à Lockyer (2010), mais cette citation ne donne
pas une image juste et fidèle des conclusions de cette chercheuse. Mme Lockyer a en effet déduit,
dans le cadre de sa détermination «à l’aveugle» de l’âge de petits rorquals sur la base des bouchons
de cérumen récupérés dans le cadre de JARPA, que les lectures de l’âge par les Japonais sont
généralement fiables. En outre, il est clairement nécessaire de disposer d’informations sur l’âge
pour mener bon nombre d’investigations entrant dans le cadre de la modélisation de la dynamique
des populations. Une telle démarche pourrait permettre d’explorer les changements à long terme
dans l’abondance des petits rorquals et la capacité biologique de l’océan au regard de ces animaux.
Une différence notable entre les données sur l’âge des baleines mises à mort et l’information
obtenue dans le cadre d’enquêtes basées sur l’observation tient à ce que les premières nous
renseignent sur la taille des différentes classes d’âge et, par conséquent, sur les profils de
recrutement, tandis que la seconde ne peut produire que des estimations de l’abondance totale. Par
conséquent les méthodes de recherche létales génèrent des informations beaucoup plus solides pour
tenter d’évaluer les impacts du changement de l’environnement.
Ces études importantes de modélisation ont été lancées par Butterworth et Punt et
poursuivies ensuite par Punt et Polacheck, avant d’être affinées par Punt. Les déterminations
valides de l’âge revêtent une importance extrême pour les analyses de population virtuelle (VPA)
de ce type, les enquêtes connexes basées sur la modélisation des prises par âge, la détermination de
l’âge de la maturité sexuelle et son évolution au fil du temps, ainsi que de nombreuses autres
analyses. Parmi les autres observations auxquelles on ne peut procéder que sur des baleines de
sexe femelle mises à mort et qui pourraient se révéler importantes pour l’amélioration des
procédures de gestion figurent l’histoire reproductive de chaque baleine et l’évolution éventuelle
du taux de gestation.
Pour que les données obtenues à partir des baleines chassées puissent générer des résultats
utiles, il est essentiel que lesdites baleines puissent être considérées comme un échantillon aléatoire
par rapport à l’ensemble de la population baleinière sous l’angle de la répartition de l’âge et des
zones, ainsi que du moment de la prise pendant la saison d’alimentation dans l’océan Austral. Il est
impossible d’obtenir un échantillon parfaitement aléatoire dans un travail de ce genre sur le terrain.
Toutefois, les scientifiques japonais ont soigneusement conçu leur procédure d’échantillonnage et,
à mon avis, les échantillons devraient s’avérer suffisamment aléatoires pour la plupart des
utilisations. Pour emprunter un exemple à une autre discipline scientifique, mentionnons que les
données sont généralement collectées de manière analogue dans le cadre des recherches sur les
pêcheries (et également des recherches épidémiologiques médicales).
13 3. Commentaires sur l’affirmation selon laquelle la chasse à la baleine menée à des fins de
recherche en vertu de l’article VIII devrait se limiter aux recherches susceptibles
d’améliorer la conservation des baleines et la gestion de cette chasse
Le mémoire (p. 8) semble limiter la portée de l’article VIII de la convention à la «recherche
scientifique dans le cadre de la conservation et de la gestion des baleines». Là encore, je me
garderai de m’aventurer sur le terrain de l’interprétation juridique, mais je relève que cette
affirmation est commentée en détail dans le contre-mémoire du Japon. De mon point de vue
purement scientifique, y compris en tant que membre du comité scientifique de la CBI, je trouve
cette interprétation des objectifs de la recherche scientifique trop restrictive. J’en veux pour preuve
les délibérations dudit comité, au cours desquelles d’autres motifs de recours à des recherches
impliquant la mise à mort ont été admis.
La résolution de la CBI de 1986 relative aux programmes de recherche scientifique létale
inclut les critères suivants : «1) La recherche vise une ou plusieurs questions auxquelles il
conviendrait de répondre pour procéder à une évaluation complète ou bien pour répondre à d’autres
besoins d’une importance capitale en matière de recherche» [traduction non officielle] (rapport de - 12 -
e
la 38 réunion annuelle de la CBI, 1987, p. 27). Il ressort clairement du contexte et des débats au
sein de la commission que «les autres besoins d’une importance capitale en matière de recherche»
ne devaient pas forcément être liés à l’évaluation complète des stocks de baleines ou à la gestion
des baleines. Lorsque la Norvège a présenté ses plans de chasse à la baleine à des fins scientifiques
en 1987 et 1991 (une étude pilote de faisabilité sur 50 baleines de 1988 à 1990, suivie d’une étude
complète sur environ 300 baleines de 1992 à 1994), la justification avancée ne tenait absolument
pas à l’utilité des résultats de la recherche pour la gestion de la chasse aux petits rorquals dans
l’Atlantique Nord, mais simplement aux préoccupations des pêcheurs norvégiens concernant les
interactions entre les baleines et certains stocks halieutiques importants sous l’angle commercial
(rapport de la 43 réunion annuelle de la CBI, 1993, p. 29). Pour étudier ce problème, les
scientifiques avaient besoin d’enquêter sur le régime des petits rorquals et sur les quantités
prélevées par ces cétacés sur diverses espèces de poissons dans différentes régions de l’océan et à
différentes époques de l’année. L’information recueillie dans le cadre du programme de recherche
fut utilisée plus tard dans un modèle de simulation multi-espèces intitulé MULTSPEC. En 1987
et 1991, les discussions à la fois au sein du comité scientifique et de la commission se
concentraient sur la question de savoir si l’étude de l’écologie alimentaire des petits rorquals
pouvait être considérée comme «un besoin capital en matière de recherche (résolution 1986/2 de la
CBI)». Le critère cité plus haut, tel qu’il a été fixé par la résolution 986, a été repris plus tard dans
l’annexe Y au rapport du comité scientifique en vue de la 52 réunion : «Guidelines for the Review
of Scientific Permit Proposals» [lignes directrices en matière d’évaluation des demandes de permis
scientifique] (JCRM, 3 Suppl. 2000) et utilisé dans toutes les discussions relatives aux permis de
chasse à la baleine tenues postérieurement. Pourtant, le mémoire (y compris l’évaluation à laquelle
procède M. Mangel à l’appendice 2) indique à plusieurs reprises que tout programme valable de
recherche létale doit être motivé par son importance sous l’angle de la conservation et de la gestion
des stocks de baleines. Il s’agit là d’un malentendu fondamental. Comme indiqué plus haut, cet
argument n’a jamais même été soulevé par le comité scientifique.
4. Commentaires sur la critique d’autres aspects des activités de recherche létales menées
dans le cadre des programmes JARPA et JARPA II
Outre l’amélioration de la conservation des baleines et de la gestion de la chasse, JARPA et
JARPA II poursuivaient des objectifs écologiques plus généraux tels que «l’élucidation du rôle des
baleines dans l’écosystème marin antarctique» et «l’élucidation de l’effet du changement
environnemental sur les cétacés». Plusieurs commentaires consacrés dans le mémoire à ces aspects
des programmes de recherche japonais semblent dépourvus de base scientifique, voire tendancieux
ou fallacieux. Par exemple, page 211, l’Australie commente en ces termes l’objectif japonais de
14 «suivi de l’écosystème de l’Antarctique» et la justification correspondante du travail sur le terrain
impliquant des mises à mort dans JARPA II : «En fait, l’expression «écosystème de l’Antarctique»
désigne d’ordinaire une région infiniment plus vaste que la zone circonscrite dans laquelle le Japon
pratique la chasse à la baleine.» En réalité, cette «zone circonscrite» va de 60 degrés de latitude
sud à la lisière des glaces et du 35 méridien de longitude est au 145 méridien de longitude ouest,
soit exactement 180 degrés ou encore la moitié de la circonférence de l’Antarctique.
Nombre de commentaires consacrés par M. Mangel, dans son rapport, aux projets de
recherche correspondants me semblent pareillement erronés. Selon lui, les méthodes non létales
suivantes sont disponibles et devraient être utilisées au lieu des prises impliquant une mise à mort :
analyses chimiques et biochimiques des échantillons de peau et de graisse dans le cadre des études
sur les polluants et les métabolites, collecte et analyse des fèces dans le cadre d’études portant sur
l’alimentation et marquage et suivi par satellite dans le cadre de l’étude des migrations. Il est exact
que le marquage par satellite de nombreuses espèces de grandes baleines a porté ses fruits, mais ce
n’est pas le cas pour les petits rorquals. Concernant ces cétacés, en effet, le taux de succès est très
faible et les quelques marquages réussis ne durent pas longtemps, probablement en raison de la
forte friction exercée sur le matériel attaché à une baleine se déplaçant à grande vitesse. Cette
difficulté est également reconnue par des scientifiques australiens. Pour Nick Gales, par exemple, - 13 -
«le marquage de cette espèce [le petit rorqual] ne pourra probablement aboutir qu’au prix du
déploiement d’efforts importants» (CBI-SC/62/012, p. 6). Par conséquent, les informations
communiquées par M. Mangel sur la méthodologie du marquage (p. 367) sont catégoriquement
erronées concernant les petits rorquals. Pour des raisons pratiques évidentes, il est impossible de
collecter des fèces de ces animaux dans l’océan Austral. De plus, à supposer même que de tels
échantillons puissent être collectés, ils ne livreraient d’informations que sur les composants de
l’alimentation et non sur les quantités absorbées. Les échantillons de peau et de graisse peuvent
livrer des informations sur certains polluants (notamment les polluants solubles dans les lipides),
mais pas tous ; de plus, ils n’en livrent aucune sur les changements pathologiques affectant par
exemple le foie, les reins ou les organes reproducteurs.
Les paragraphes 5.49 à 5.81 (p. 215-230) du mémoire reprennent bon nombre des
malentendus et des informations erronées émaillant le rapport de M. Mangel, tels qu’ils sont
énumérés plus haut. Ainsi de la possibilité d’appliquer la technologie de marquage par satellite
qualifiée de «norme méthodologique de référence» aux petits rorquals et des assertions, selon
lesquelles «toutes les activités de recherche importantes nécessaires à la conservation et à la gestion
des baleines peuvent être menées de façon adéquate (et … plus efficacement) à l’aide de techniques
modernes non létales» et «[l]es recherches qui nécessitent effectivement d’avoir recours à des
méthodes létales telles que l’obtention de renseignements relatifs à l’âge des baleines via l’examen
de l’accumulation de cérumen dans leurs oreilles ne sont pas fiables ou sont sans importance». J’ai
indiqué plus haut pourquoi ces assertions sont clairement erronées. Suggérer que la quantité de
proies consommées peut être estimée en recourant à des techniques allométriques (en se fiant à la
longueur des baleines déterminée de manière non létale en mer pour évaluer la
consommation alimentaire) s’apparente au mieux à une vision utopique de ce qui deviendra
peut-être possible un jour. Ce procédé ne constitue en aucune manière une méthodologie acceptée
aujourd’hui.
Selon le mémoire, trois méthodes différentes d’estimation de l’abondance des petits rorquals
circumpolaires de l’Antarctique «ont abouti à des résultats très contradictoires, à savoir des
estimations relatives à l’abondance actuelle des petits rorquals de l’Antarctique allant de 338 000
à 1 486 000 individus. Les raisons de ces importantes différences demeurent pour l’instant
inconnues» (p. 59). Ces chiffres sont incorrects. En 2011, année au cours de laquelle le mémoire a
été rédigé, l’intervalle des meilleures estimations concernant l’abondance «actuelle» (basé sur la
troisième enquête circumpolaire, CP III) allait de 382 000 à 712 000 comme indiqué à
l’appendice I (rédigé par de La Mare, Kelly et Peel) et dans le rapport du comité scientifique de la
CBI (JCRM, 12 Suppl. p. 25 et 26). Cependant, ce dernier document précise également que des
travaux sont en cours pour déterminer les raisons des différences entre les modèles statistiques.
15
Ces travaux ont fini par aboutir en 2012, comme expliqué dans la partie 5 ci-dessous. Le comité
scientifique reprend désormais totalement à son compte les estimations relatives à l’abondance
formulées à l’issue de CP II et CP III et estime que le déclin enregistré entre les deux enquêtes
menées est statistiquement différent de zéro puisqu’il se chiffre à 5 %. Par conséquent,
l’affirmation selon laquelle «toutes ces méthodes démontrent [néanmoins] un déclin important de
l’abondance circumpolaire du petit rorqual au sud du 60 parallèle de latitude sud entre 1985
et 2004» (mémoire, p. 59, par. 2.115) ne se justifie plus.
Le chapitre consacré à l’«[a]doption par la CBI de mesures de conservation et de gestion des
populations de baleines» dans le contre-mémoire du Japon (p. 90 à 138) contient un historique
intéressant et détaillé de l’évolution des régimes de gestion des baleines après 1972. Cependant, à
mon avis, deux aspects de cette évolution ne sont pas discutés de manière suffisamment
approfondie :
1) Les discussions consacrées par le comité scientifique de la CBI à la gestion multi-espèces de
créatures marines, y compris les baleines, ont débuté beaucoup plus tôt qu’indiqué dans ce
chapitre (notamment dans sa figure 3-1). Elles ont été entamées en fait dès 1987 en liaison
avec les plans relatifs à JARPA et avec une étude de faisabilité norvégienne consacrée à - 14 -
l’écologie alimentaire des petits rorquals de l’Atlantique Nord et se sont poursuivies au cours
des années suivantes.
2) Il est exact que la commission a adopté la RMP en 1994 par consensus. Toutefois, une partie
importante de cette procédure, l’algorithme de limite des captures (CLA), avait été adoptée par
la commission dès 1991 au cours d’une réunion tenue à Reykjavik. Alors que le comité
scientifique lui avait indiqué une plage de valeurs possible pour un paramètre donné (le «niveau
d’ajustement» [tuning level ou TL]), la commission avait décidé dans une résolution
d’utiliser une valeur spécifique pour finir d’élaborer la RMP (en l’occurrence la valeur la plus
élevée du TL, laquelle débouche sur les quotas les plus bas). De nombreux pays dont le
Japon, mais pas la Norvège avaient accepté cette décision, bien qu’elle fût dépourvue de
base scientifique, parce qu’ils espéraient une levée du moratoire l’année suivante. Nous savons
aujourd’hui que leurs espoirs ont été déçus. La question du TL a occupé une part importante
dans les discussions consacrées à l’avenir de la CBI (2007-2010) et également tenu une place
non négligeable dans les débats entourant la future application éventuelle de la RMP au
petit rorqual de l’Antarctique. Le comité scientifique a entamé sa mise en œuvre en 1992, mais
l’a suspendue dès 1994 au moment de l’établissement du sanctuaire de l’océan Austral.
Pendant ces deux années, le comité a suggéré que les «petites zones» servant à la mise en
œuvre de la RMP correspondent à des secteurs de dix degrés ; cependant, dans certains
secteurs, un TL élevé aurait pu poser problème aux chasseurs de baleines à des fins
commerciales. Les «petites zones» utilisées dans le cadre d’une future mise en œuvre
éventuelle devraient, à mon avis, être déterminées en fonction de la structure du stock tel
qu’elle a pu être établie sur la base des résultats générés par les enquêtes génétiques et
morphométriques menées dans le cadre de JARPA et JARPA II. Ces résultats relatifs à la
structure du stock n’auraient pas pu être obtenus sans des échantillons obtenus par des mises à
mort.
5. Commentaires sur les importants progrès scientifiques enregistrés depuis la préparation
des deux mémoires
Les dix dernières années ont été le témoin de discussions passionnées au sein du comité
scientifique concernant l’abondance des petits rorquals dans l’océan Austral. Trois enquêtes
circumpolaires IOCR/SOWER ont été réalisées entre 1978 et 2004. Chacune a pris au moins
six ans, dans la mesure où un seul secteur longitudinal large de 60 degrés au plus pouvait être
étudié chaque année. Le comité scientifique a accepté les résultats des première (CP I) et deuxième
(CP II) enquêtes, mais a été quelque peu perturbé par la publication des résultats de la troisième
16
(CP III) dont il ressortait que l’abondance dans ces secteurs était nettement inférieure aux
estimations obtenue dans le cadre de la CP II.
Depuis lors, deux équipes composées chacune de deux scientifiques tentent
d’améliorer les méthodes d’estimation en recourant aux diverses approches suivantes. Les
Japonais Okamura et Kitakado ont élaboré une méthode, dite «méthode OK», tandis que
l’Australien Bravington et le Britannique Hedley en ont élaboré une autre dite
«méthode SPLINTR». Lorsque ces deux méthodes ont été appliquées aux données élémentaires
d’observations recueillies pendant les enquêtes CP II et CP III, elles ont produit des résultats très
différents. La méthode OK a généré des estimations d’abondance beaucoup plus élevées que la
méthode SPLINTR. J’ai retiré des réunions tenues par la commission à l’époque l’impression que
ces différences étaient interprétées dans le contexte du différend politique opposant l’Australie au
Japon. Le sous-comité du comité scientifique sur l’évaluation approfondie avait établi un groupe
de travail sur l’estimation de l’abondance afin de tenter de résoudre les différences. Ce groupe de
travail se composait des quatre scientifiques mentionnés plus haut, ainsi que de trois scientifiques
indépendants spécialisés en statistiques. Cependant, lorsque j’ai pris mes fonctions de président à
la fois du sous-comité et du groupe de travail en 2010, l’impression que j’ai retirée du travail mené
par les deux équipes de scientifiques divergeait nettement de celle prévalant au sein de la - 15 -
commission. Les quatre intéressés étaient sincèrement désireux de résoudre les problèmes et de
comprendre les raisons de la divergence entre les résultats.
Après plusieurs années de dur labeur, y compris le nettoyage des données élémentaires,
l’application des deux méthodes aux données simulées et l’introduction des changements s’étant
avérés nécessaires dans l’une et dans l’autre, l’écart entre les estimations des deux enquêtes
circumpolaires a pu être réduit. En juin 2011, le groupe de travail, le sous-comité et le comité
scientifique ont conclu à la possibilité de parvenir à un accord l’année suivante et déclaré que, «sur
la base de calculs préliminaires, le comité s’accord[ait] à dire que les résultats définitifs pour
chaque zone se situ[aient] très probablement entre les chiffres produits respectivement par chacune
des deux méthodes, et sans doute plus près de l’estimation OK». Il est apparu qu’il en va
réellement ainsi. En 2012, le groupe de travail et le comité scientifique ont présenté à la
commission des estimations approuvées pour tous les secteurs concernant à la fois CP II et
CP III. L’estimation circumpolaire totale pour CP II est de 720 054 petits rorquals, avec un
intervalle de confiance de 95 % compris entre 512 000 et 1 012 000. Pour CP III, l’estimation est
de 514 783 petits rorquals, avec un intervalle de confiance de 95 % compris entre 361 000 et
733 000. Et la commission de conclure qu’«une hypothèse nulle correspondant à l’absence de tout
changement dans l’abondance globale entre les deux périodes ne serait pas rejetée» au niveau de
signification de 5 %.
Il résulte clairement du mémoire (et plus spécialement de l’appendice 1 rédigé par de
La Mare, Kelly et Peel) que, à l’époque de sa rédaction en 2011, les scientifiques australiens ne
pensaient pas que les divergences entre les résultats pourraient être résolues et étaient convaincus
que les estimations d’abondance les plus basses traduisant notamment une forte diminution
entre CP II et CP III étaient vraisemblablement les plus précises. Les changements intervenus
depuis ôtent leur pertinence aux arguments du mémoire érigeant en postulat ce déclin de
l’abondance.
(Signé) Lars W ALLØE .
___________ 1 APPENDICE A
CURRICULUM VITAE DE M. LARS W ALLØE
[Traduction]
Coordonnées
P.O. Box 1103 Blindern, NO-0317 Oslo
Sognsvannsveien 9, Oslo, Norvège
Formation et fonctions
1961 Cand. mag (licence), chimie, physique, mathématiques, Université d’Oslo
1965 (juin) Cand. real. (thèse) en physicochimie, Université d’Oslo
1965 (décembre) Cand. med. (doctorat en médecine), Université d’Oslo
1968 Dr. med. (thèse doctorale), étude de simulation des réseaux neuronaux,
Université d’Oslo
1965-1968 Chercheur universitaire en physiologie (faculté de médecine, Université
d’Oslo)
1968-1970 Professeur assistant de physiologie, faculté de médecine, Université d’Oslo
1970-1978 Professeur associé d’informatique (faculté des sciences, Université d’Oslo)
1978-1988 Professeur d’informatique et chef du département informatique
1988-2008 Professeur de physiologie, faculté de médecine, Université d’Oslo
1995-2005 Directeur de recherche (à temps partiel), Institut de la recherche marine de
Bergen
2002-2007 Professeur (temps partiel), département de biologie arctique, Université de
Tromsø
Depuis 2008 Professeur émérite de physiologie, faculté de médecine, Université d’Oslo
Expérience professionnelle
1974-1988 Conseiller scientifique principal au ministère de l’environnement
1976-1980 Directeur du programme de recherche norvégien sur les pluies acides (SNSF)
1977-1984 Membre du conseil norvégien de la recherche médicale (NAVF-RMF)
1981-1984 Président du groupe d’experts sur la population norvégienne
1983-1988 Président du comité de gestion de l’ØKOFORSK programme de recherche
en matière d’écologie appliquée
1984-1990 Membre norvégien du comité de gestion du programme (de recherche)
2 britannico-scandinave sur l’acidification des eaux de surface (SWAP) (Royal
Society ; Académie royale des sciences de Suède ; Académie norvégienne des
sciences et des lettres) - 17 -
1986-1987 Organisateur et membre du groupe international de scientifiques désignés par le
Gouvernement norvégien pour examiner les fondements des prélèvements de
petits rorquals opérés par la Norvège
1986-jusqu’à Conseiller scientifique principal en matière de gestion des mammifères marins
aujourd’hui auprès du Gouvernement norvégien
1988-1994 Président du comité directeur du programme de recherche norvégien sur les
mammifères marins
1988-1992 Président de la commission nationale norvégienne en matière de recherche sur
l’environnement (réorganisée en 1993 et devenue le comité mentionné
ci-dessous)
1993-2001 Président du comité norvégien de la recherche en matière d’environnement et de
développement (l’un des six comités de recherche qui composent le conseil
norvégien de la recherche)
1989-jusqu’à Chef de la délégation norvégienne au sein du comité scientifique de la
aujourd’hui commission baleinière internationale (CBI)
1993-2004 Membre du conseil de direction de l’Académie norvégienne des sciences et des
lettres
1993-1996 Président de la section des sciences de l’Académie
1997-2004 Président de l’Académie
1995-1998 Membre norvégien du comité permanent des sciences de la vie et de
l’environnement (LESC) de la fondation européenne de la science (ESF)
1999-2003 Président de l’ESF-LESC
2000-2005 Membre du comité consultatif mondial de la recherche médicale de l’OMS
2001-2004 Membre du comité consultatif européen pour la recherche auprès de la
commission européenne
2004-2006 Président du comité scientifique au sein de la commission des mammifères
marins de l’Atlantique Nord (NAMMCO)
2004-2008 Président de la section de biologie organismique et évolutive de l’Academia
Europaea
2008-2011 Président du comité LS 9 (biologie appliquée) du conseil européen de la
recherche
3 2008-2014 Président de l’Academia Europaea académie européenne des sciences et des
lettres
Fonctions actuelles
Président de l’Academia Europaea
Conseiller scientifique du Gouvernement norvégien concernant les mammifères marins
Membre de plusieurs sociétés savantes
Academia Europaea
Académie norvégienne des sciences et des lettres
Société royale des sciences et des lettres de Norvège - 18 -
Physiological Society (Royaume-Uni)
Royal Statistical Society (Royaume-Uni)
American Physiological Society
American Statistical Association
Distinctions honorifiques et prix
1992 Prix Fridtjof Nansen pour ses recherches en physiologie
2002 Commandeur dans l’Ordre des Palmes Académiques (France)
2005 Kommandør av Den Kongelige Norske St. Olavs Orden (Commandeur de l’Ordre
royal norvégien de St. Olav)
2009 Ordre du soleil levant, rayons d’Or en sautoir (Japon)
Publications
Une liste complète des publications scientifiques, environ 200, de M. Lars Walløe et de ses
groupes de recherche peut être consultée sur son site Internet :
http://folk.uio.no/larswa/e_index.html. La plupart des publications concerne les disciplines
scientifiques de neurophysiologie et de physiologie cardiovasculaire. Les publications les plus
importantes pour l’affaire soumise à la Cour sont énumérées ci-dessous :
Statistique planification d’expériences
G. U. Fenstad, L. Walløe et S.Ø. Wille : «Three tests for regression compared by stochastic
simulation under normal and heavy tailed distribution of errors». Scand j statist 1977, vol. 4,
p. 31-34.
G. U. Fenstad : «A comparison between the U and V tests in the Behrens-Fisher problem».
4 Biometrika, 1983, vol. 70, p. 300-302.
G. U. Fenstad, M. Kjærnes et L. Walløe : «Robust estimation of standard deviation».
J statist comput simul, 1980, vol. 10, p. 113-132.
E. Skovlund et L. Walløe : «A simulation study of a sequential t-test developed by Armitage».
Scand j statist, 1987, vol. 14, p. 347-352.
E. Skovlund et L. Walløe : «A non-parametric sequential two sample test developed by stochastic
simulation». J statist comput simul, 1988, vol. 29, p. 87-104.
E. Skovlund : «Correction of a two sample sequential t-test developed by Hajnal». Comput stat
data analys, 1988, p. 145-155.
E. Skovlund : «A simulation study of three sequential two-sample tests with triangular continuation
regions». J stat plan inference, 1988, vol. 19, p. 383-394 et 1989, vol. 22, p. 403-404.
E. Skovlund et L. Walløe : «Estimation of treatment difference following a sequential clinical
trial». J am stat ass, 1989, vol. 84, p. 823-828.
G. U. Fenstad et E. Skovlund : «A two sample sequential rank test by Sen investigated by
stochastic simulation». J statist comput simul, 1990, vol. 36, p. 129-137. - 19 -
E. Skovlund : «Truncation of a sequential two-sample Wilcoxon test». Biometrical journal, 1991,
vol. 33, p. 271-279.
E. Skovlund et L. Walløe : «Sequential or fixed sample trial design ? A case study by stochastic
simulation». J clinical epidemiol, 1991, vol. 44, p. 265-272.
Sciences de l’environnement
I. P. Muniz et L. Walløe : «The influence of water quality and catchment characteristics on the
survival of fish populations», p 327-340 dans B.J. Mason (dir. publ.) : The surface waters
acidification programme, Cambridge University Press, 1990.
S. Andresen, L. Walløe et K. Rosendal : «The precautionary principle : Knowledge counts but
power decides ?», chapitre 3 (p. 39-54) dans R. Cooney et B. Dickson (dir. publ.) : Biodiversity
and the precautionary principle, Earthscan, Londres, 2005.
Baleines et chasse à la baleine
R. M. Anderson, R. J. H. Beverton et L. Walløe : «A note on the north atlantic minke whales and
IWC policy», Rep int whal commn, 1989, vol. 39, p. 227-228.
L. Walløe : «The geographical distribution of the Norwegian minke whale catch in the period
1950 to 1983», Rep int whal commn, 1991, vol. 41, p. 151-152.
L. Walløe : «Whale numbers in dispute», Nature, 1993, vol. 362, p. 389.
L. Walløe et A. S. Blix : «Swimming speeds of minke whales feeding off the coast of northern
5
Norway and Spitsbergen», Rep int whal commn, 1995, vol. 45, p. 194.
E. O. Øen : «Description and analysis of the use of cold harpoons in the Norwegian minke whale
hunt in the 1981, 1982 and 1983 hunting seasons», Acta vet scand, 1995, vol. 36, p. 103-110.
E. O. Øen : «A Norwegian penthrite grenade for minke whales : Hunting trials with prototypes and
results from the hunt in 1984, 1985 and 1986», Acta vet scand, 1995, vol. 36, p. 111-121.
E. O. Øen : «High velocity projectiles for killing whales. Hunting trials using 20 mm high velocity
projectiles for minke whales in 1982», Acta vet scand, 1995, vol. 36, p. 153-156.
E. O. Øen : «A new penthrite grenade compared to the traditional black powder grenade :
Effectiveness in the Alaskan eskimoes’ hunt for bowhead whales», Arctic, 1995, vol. 48,
p. 177-185.
S. K. Knudsen, E. O. Øen et L. Walløe : «Minke whale hunt and animal welfare», Animal welfare,
2007, vol. 16 3), p. 405-406.
K. Konishi, T. Tamura, R. Zenitani, T. Bando, H. Kato et L. Walløe : «Decline in energy storage in
the Antarctic minke whale (Balenoptera bonaerensis) in the Southern Ocean»,
Polar Biol, 2008, vol. 31, p. 1509-1520.
K. A. Glover, T. Haug, N. I. Øien, L. Walløe, M. C. Lindblom, B. B. Seliussen, et H. J. Skaug :
«The Norwegian minke whale DNA register : a data base monitoring commercial harvest and
trade of whale products», Fish and Fisheries, 2011, vol. 13 3), p.313-332. - 20 -
Essais à venir
K. Konishi, T. Hakamada, H. Kiwada, T. Kitakado et L. Walløe : «Decrease in stomach contents in
the Antarctic minke whale (Balaenoptera bonaerensis) in the Southern Ocean» en
préparation.
T. Kitakado, T. Schweder, N. Kanda, L. Pastene et L. Walløe : «Dynamic population segregation
by genetics and morphometries in Antarctic minke whales» à l’état de manuscrit.
Résumé de conférence
F. T. Last, G. B. Likens, B. Ulrich et L. Walløe : «Acid precipitation progress and problems»,
p. 10-12 in D. Drabløs et A. Tollan (eds.) : «Ecological impact of acid precipitation».
SNSF-project, Oslo Ås, 1980.
Manuels
A. Høyland et L. Walløe : «Elementær statistikk» («Statistique élémentaire»), 3 édition, e
250 pages, Tapir forlag, Trondheim, 1981.
e
D. Føllesdal et L. Walløe : «Argumentasjonsteori, språk og vitenskapsfilosofi», 7 édition,
6 300 pages, Universitetsforlaget, Oslo, 2000, première édition, 1977 ; traduit ainsi : «Rationale
Argumentation Ein Grundkurs in Argumentations- und Wissenschaftstheorie», 371 pages,
Walter de Gruyter, Berlin, 1986, et ainsi : «Politikens introduktion til moderne filosofi og
videnskabsteori», 296 pages, Politikens forlag, Copenhague, 1992, et encore ainsi :
«Argumentasjonsteori, språk och vetenskapsfilosofi», 428 pages, Thales, Stockholm, 1993.
T. Haug et L. Walløe (dir. publ.) : «Sjøpattedyr om hval og sel i norske farvann. («Mammifères
marins des baleines et des phoques dans les eaux norvégiennes»), 240 pages,
Universitetsforlaget, Oslo, 1998.
Procès-verbaux de symposiums
A. S. Blix, L. Walløe et Y. Ulltang (dir. publ.) : «Whales, seals, fish and man». Developments in
marine biology, vol. 4, 720 pages, Elsevier, Amsterdam, 1995.
G. B. Søfting, G. Benneh, K. Hindar, L. Walløe et A. Wijkman : «The Brundtland commission’s
report 10 years», 237 pages, Scandinavian University Press, Oslo, 1998.
Autres publications
U. Nordgarden, L. P. Folkow, L. Walløe et A. S. Blix : «On the direction and velocity of blood
flow in the extradural intravertebral vein of harp seals (Phoca groenlandica) during simulated
diving», Acta physiol scand, 2000, vol. 168, p. 271-276.
A. S. Blix, L. Walløe, E. B. Messelt et L. P. Folkow : «Selective brain cooling and its vascular
basis in diving seals», J exp boil, 2010, vol. 213 p. 2610-2616.
A. S. Blix, L. Walløe et L. P. Folkow : «Regulation of brain temperature in winter-acclimatized
reindeer under heat stress», J Exp Biol, 2011, vol. 214, p. 3850-3856.
L. Walløe, O. Bøckman, H. Dovland, B. Herrlander, A. Johnels, P. Kauppi, H. Rodhe, H. M. Seip
et C. O. Tamm : «Acid rain an environmental problem across national boundaries». - 21 -
Document de travail pour la troisième séance de la commission mondiale de l’environnement et
du développement, Nations Unies, Genève, 1985, p. 1-17.
«The state of the North-east Atlantic minke whale stock», rapport du groupe de scientifiques
désignés par le Gouvernement norvégien pour examiner les fondements des prélèvements de
petits rorquals opérés par la Norvège (président : Lars Walløe), Økoforsk, Ås, 1987, p. 1-100.
L. Walløe : «Framework for a marine mammal research programme», Norwegian Fisheries
Research Council, Trondheim, 1988, p. 1-45.
E. O. Øen et L. Walløe : «Norsk vågehvalfangst 1993 Fangstutøvelse og inspeksjon,
Fiskeridepartementet», Oslo, 1993, p. 1-5, également en anglais : «Norwegian minke whaling
1993 Whaling activities and inspection routines», Fiskeridepartementet, Oslo, 1993, p. 1-5.
E. O. Øen et L. Walløe : «Norsk vågehvalfangst 1994 Fangstutøvelse og inspeksjon»,
7 Fiskeridepartementet, Oslo, 1994, p. 1-5, également en anglais : «Norwegian minke whaling
1994 Whaling activities and inspection routines», Fiskeridepartementet, Oslo, 1994, p. 1-5.
E. O. Øen et L. Walløe : «Hunting methods for minke whales in Norway. Results of scientific and
traditional whaling in 1994». IWC/47/WK 9.
L. Walløe : «An analysis of recent Japanese whale killing data with special emphasis on the use of
the electric lance as a secondary killing method». IWC/48/WK 2. p. 1-16
E. O. Øen et L. Walløe : «Hunting methods for minke whales in Norway. Results of the traditional
whaling in 1995». IWC/48/WK 3.
L. Walløe : Traduction en anglais, avec annotations, de la description des baleines faite dans
«Hans Strøm : Physisk og oeconomisk beskrivelse over fogderiet Søndmør beliggende i
Bergens stift i Norge». Sorøe, 1762. Premières descriptions de baleines, J cetacean res
manage, 1999, vol. l, n°1, vii-viii.
L. Walløe : Traduction en anglais, avec annotations, de la description des baleines faite dans
Konungs skuggsjá [«Le miroir du Roi»]. Norvège, vers 1250. Premières descriptions de
baleines, J cetacean res manage, 1999, vol. 1, n°2, iii-iv et vol. 2, n°1, iii-iv.
Lars Walløe : «Har norsk hvalfangst en fremtid ?» [«La chasse à la baleine norvégienne a-t-elle un
avenir ?»], p. 132-144, dans P2-akademiet, Bind XXXI, Transit, Oslo, 2004.
Lars Walløe : «The early development of Norwegian Antarctic whaling», p. 10-30, dans
H. Hatanaka : Learning from the Antarctic whaling, Institut de recherches sur les cétacés,
Tokyo, 2005.
Lars Walløe : «The meaning of excellence and the need for excellence in research», p. 63-68, dans
Henryk Ratajczak (dir. Publ.) : Science and Society, Wydawnictwo Uniwersytetu
Wroclawskiego, Wroclaw, 2010.
Lars Walløe : «The ERC should be protected from the threat of applied science». Research
Europe, 5 août 2010, p 7.
___________
Exposé de M. Lars Walløe (expert nommé par le Japon)