Volume 4 (Annexe 61)

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130-20040325-WRI-02-03-FR
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14133

10547
COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
AFFAIRE RELATIVE À LA SOUVERAINETÉ SUR PEDRA BRANCA/PULAU BATU PUTEH, MIDDLE ROCKS ET SOUTH LEDGE
MALAISIE/SINGAPOUR
MÉMOIRE DE SINGAPOUR
ANNEXES
VOLUME 4
(Annexe 61)
25 mars 2004
[Traduction du Greffe]
Table des matières
page
Annexe 61 J. T. Thomson, Account of the Horsburgh Light-house [Rapport sur la construction du phare de Horsburgh sur Pedra Branca], Journal of the Indian Archipelago and Eastern Asia [Journal de Logan], vol. 6 (1852), p. 378.....................1
ANNEXE 61 J. T. THOMSON, ACCOUNT OF THE HORSBURGH LIGHT-HOUSE [RAPPORT SUR LA CONSTRUCTION DU PHARE DE HORSBURGH SUR PEDRA BRANCA], JOURNAL OF THE INDIAN ARCHIPELAGO AND EASTERN ASIA [JOURNAL DE LOGAN], VOL. 6 (1852), P. 378
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située à l’extrémité orientale du détroit de Singapour, presque au milieu du chenal…
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La tour et le phare qui se trouvent à présent sur le rocher de Pedra Branca, et qui portent le nom de l’éminent hydrographe James Horsburgh ont été érigés, non sans raison, à mi-chemin sur la voie empruntée par les navires faisant commerce avec l’Inde et la Chine…
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S’élevant à 33 pieds au-dessus du niveau des marées de vive-eau, Peak Rock est légèrement plus haut que Pedra Branca, et étant proche de la côte, les effets que la mer exerce sur lui durant la mousson du nord-est ne sont pas aussi prononcés. Après avoir observé l’action des vagues à la mauvaise saison, j’avais donc jugé suffisant, pour le premier, de ne construire en pierre de granit que la partie inférieure de la tour du phare, jusqu’à une hauteur de seize pieds, et de compléter la tour avec des briques ; or, puisqu’on me demandait d’établir les plans et les devis d’un bâtiment à ériger sur Pedra Branca, il était nécessaire de réfléchir avant de prendre une décision, car on pouvait raisonnablement prévoir que l’action des vagues serait plus prononcée sur celle-ci, du fait de sa moindre hauteur et de sa situation plus exposée. J’ai donc recommandé aux autorités que, avant l’arrivée de la mousson du nord-est, des piliers de briques fussent édifiés en différents endroits de Pedra Branca, pour mettre la force des vagues à l’épreuve, ce qui fut fait le 1er novembre 1847.
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Les environs de Pedra Branca sont connus depuis longtemps en raison du danger qu’ils présentent pour la navigation et, plus le commerce des établissements orientaux s’est développé, plus les pertes ont été nombreuses. La liste ci-après des accidents, extraite des journaux de Singapour, permettra de mesurer l’ampleur de ces pertes. Il ne s’agit absolument pas d’une liste exhaustive dans le recensement des accidents mineurs, car, dans nombre de cas, ceux-ci n’ont probablement pas été signalés aux journaux. Je crois qu’aucun cas d’échouement ou de perte totale n’a échappé à mon attention, car j’ai compulsé, pour en retrouver les mentions, tous les journaux de Singapour publiés depuis 1824. Entre 1824 et 1839, il y a eu cinq naufrages complets, un échouement et trois accidents mineurs ; alors que, entre 1841 et 1851, on compte onze naufrages complets, soit en moyenne un navire par an, si l’on inclut le Metropolis, submergé et abandonné par son équipage ; au cours de cette période, un navire s’est échoué et quatre accidents mineurs ont aussi eu lieu. Il serait actuellement impossible d’estimer le montant des biens perdus dans ces navires. A lui seul, le Dourado contenait 500 000 dollars espagnols, qui ont coulé par le fond ; le Sylph, quant à lui, lorsqu’il s’est échoué, contenait une quantité d’opium d’une valeur de 557 200 dollars espagnols, et, bien que la plus grande partie en ait été récupérée, cet accident a dû occasionner une lourde perte pour les propriétaires de la cargaison, si l’on tient compte des dépenses de récupération, de la perte de temps, du manque à gagner, etc. ; on verra que la plupart des autres navires énumérés dans la liste étaient de fort tonnage et contenaient des cargaisons précieuses.
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J’ai reçu une notification officielle de T. Church … dans une lettre en date du 21 juin 1847, concernant la décision du gouvernement d’ériger le phare Horsburgh sur Pedra Branca, et non sur Peak Rock ⎯ qui fait partie du groupe des îles Romania ⎯ emplacement pour lequel j’avais produit des plans et des devis en novembre 1844.
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Le 24 mai étant la date anniversaire de S. T. G. M. la reine Victoria, il fut arrêté comme jour de la pose de la première pierre. La frégate à vapeur Fury de Sa Majesté arriva à proximité du rocher à 11 h 30 ce jour-là, remorquant le vapeur Hooghly de l’honorable Compagnie, et Ayrshire, bâtiment de la marine marchande ayant à son bord l’honorable colonel W. J. Butterworth, gouverneur des Etablissements des détroits, qui avait invité S. Exc. l’amiral Austin, commandant en chef des forces navales des Indes orientales, et l’honorable T. Church, Esquire, conseiller résident de Singapour, à l’accompagner il y avait aussi M. F. Davidson, Esquire, maître de la loge Zetland in the East No. 748, qui, avec les personnalités officielles de la loge et d’autres membres de celle-ci, avait été prié de conduire la cérémonie de la pose de la première pierre avec les honneurs maçonniques. D’autres membres de la communauté civile et militaire de Singapour, ainsi que les consuls étrangers, avaient été conviés à la cérémonie. La première pierre fut posée à 13 heures, et, sous la pierre, les articles ci-après furent déposés dans une ouverture pratiquée dans le rocher ; premièrement, une plaque de cuivre portant l’inscription suivante :
En l’an 1850 de Notre Seigneur et en la treizième année du règne de VICTORIA, Reine de Grande-Bretagne et d’Irlande, Le noble James Andrew marquis de DALHOUSIE, K.T., étant gouverneur général de l’Inde britannique, la première pierre du phare devant être érigé sur Pedra Branca et dédié à la mémoire du célèbre hydrographe JAMES HORSBURGH, FRS, fut posée le 24 mai, jour de l’anniversaire de la naissance de Sa très gracieuse majesté, par le vénérable maître M. F. DAVIDSON, Esq., et la confrérie de la loge Zetland in the East No. 748.
En présence du gouverneur des Etablissements des détroits et de nombreux résidents britanniques et étrangers de Singapour.
J. T. Thomson, architecte.
Furent aussi déposés sous la première pierre des pièces en argent : une couronne, une demi-couronne, un shilling, une pièce de 6 pence, un penny, un demi-penny, un quart de penny, une roupie, une demi-roupie et un quart de roupie ; des pièces en cuivre : un penny, un demi-penny, un quart de penny , un huitième et un seizième de penny ; un anna (seizième de roupie), un demi et un quart d’anna ; un cent, un demi et un quart de cent ; un état des opérations commerciales des Etablissements des détroits, ainsi qu’un état des recettes et des dépenses ; et aussi un exemplaire de l’édition originale du Horsburgh’s Directory, des exemplaires des journaux Free Press et Straits Times et du Journal of the Indian Archipelago and Eastern Asia, ainsi qu’un plan de la ville de Singapour.
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[a]ux fins du transport des matériaux, j’ai proposé que des allèges pontées … soient affectées au chantier, et aussi que deux canonnières servent à transporter les matériaux légers, les ouvriers et moi-même : l’assistance occasionnelle d’un vapeur pour effectuer le remorquage a aussi été demandée.
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On se mit alors en rapport avec l’entrepreneur chargé des parties en pierres et en briques du bâtiment, et un accord sur leur achèvement fut signé. L’entrepreneur, qui s’appelait Choa-ah-Lam, était issu de la tribu chinoise Kheh. Dans le contrat écrit qui fut conclu, lui et son garant s’engageaient à effectuer leur part des travaux pour la somme de 10 600 dollars espagnols. Dans l’exécution des travaux, ils étaient tenus de respecter certaines conditions relatives aux ouvriers et aux matériaux, qu’il n’est guère utile d’énoncer ici. Quant à lui, le gouvernement prit l’engagement d’assurer la présence permanente sur les lieux de deux canonnières et, selon que de besoin, de fournir un vapeur pour le remorquage de matériaux.
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Le dôme, les instruments et le dispositif d’éclairage étant prêts à fonctionner, il ne nous restait qu’à prendre les dernières dispositions nécessaires à l’éclairage permanent du bâtiment, à savoir organiser le stockage des provisions, de l’eau, de l’huile, désigner des gardiens de phare et leur dispenser les connaissances qui leur permettraient de s’acquitter de leur travail. Il était énoncé que le phare serait éclairé en permanence à compter du 15 octobre, afin qu’entre-temps, les hommes devant faire partie du personnel fussent entraînés à accomplir leurs diverses tâches. Le 27 septembre, l’honorable colonel Butterworth, gouverneur des Etablissements des détroits, accompagné d’un groupe composé de sir William Jeffcott, recorder des Etablissements des détroits, du colonel Messitter, commandant des troupes, du capitaine Barker, du navire Amazon de Sa majesté, de M. Purvis et des principaux négociants de Singapour, ainsi que de certains représentants de l’armée, arrivèrent à proximité du rocher à 13 heures, débarquèrent et inspectèrent minutieusement le phare.
L’honorable gouverneur et sa suite embarquèrent à nouveau à 16 heures, après s’être prononcés en termes extrêmement élogieux sur les travaux et toutes les dispositions concernant le phare. Le Hooghly appareilla à 19 heures et le phare fut temporairement éclairé pour l’occasion, jusqu’à 10 heures du soir, après que le vapeur eut disparu de l’horizon.
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Du 1er novembre 1851 à ce jour (juillet 1852), les valeurs indiquées par le thermomètre ont été reportées deux fois par jour…
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les côtes entre Pedra Branca et Singapour, à l’exception de quelques misérables villages de pêcheurs, dont aucun n’est éloigné de moins de 20 milles et dont les habitants sont connus pour se livrer à la piraterie, ne sont pas cultivées et sont couvertes d’une forêt vierge qui, outre qu’elle est infestée d’animaux sauvages ⎯ tigres, ours, rhinocéros et éléphants ⎯ est à peu près impénétrable pour l’homme à cause d’épais taillis d’épineux et de plantes grimpantes…
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Selon la pratique la plus répandue actuellement en matière de construction de phares, le logement des gardiens est un bâtiment distinct de la tour ou du pilier qui porte la lanterne du phare car, malgré toutes les précautions qui peuvent être prises, les minuscules particules de poussière qui sont inévitablement et imperceptiblement soulevées dans les pièces d’habitation pénètrent dans toutes les autres parties du bâtiment et recouvrent, en retombant, chaque objet qui s’y trouve, ce qui ne peut qu’endommager l’équipement fragile qui est actuellement utilisé pour l’éclairage des phares… Mais dans le cas de Pedra Branca, protéger les gardiens du phare des attaques de pirates et autres personnes mal intentionnées semble être une considération importante. L’isolement de cette île et son éloignement des lieux habités, pourraient, si l’on n’y prend garde, exposer le poste aux agressions, non seulement des tribus maritimes, connues pour leur propension à la piraterie, qui sillonnent les eaux dans les parages de l’île, mais aussi des jonques chinoises qui chaque année viennent en grand nombre piller tout ce qui leur semble pouvoir faire l’objet d’une attaque facile… Dans ces conditions, le mieux serait, à mon avis, d’aménager dans la tour du phare des logements pour les gardiens et des pièces pour entreposer le matériel, les vivres et l’eau nécessaires pour six mois ; on entrerait dans cette tour par de solides portes accessibles par une échelle que l’on pourrait, si nécessaire, hisser à l’intérieur pour empêcher l’accès. Il me semble que cette solution suffirait amplement à dissuader les autochtones de toutes espèces d’attaquer le bâtiment, et comme le poste compte à présent huit hommes, chacun en posssession d’une arme à feu, il est certain qu’ils sauront résister à tout assaut lancé contre eux.» (Les italiques sont de nous.)
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Texte tel que cité au paragraphe 148 du mémoire de la Malai
«Le soir du 3 juin, le temenggong a pris congé. Il était venu dans un magnifique sampan rapide … gréé de gracieuses v
Texte tel qu’il figure dans le rapport Th
«Le soir du 3 juin, le temenggong a pris congé. Il était venu dans un magnifique sampan rapide appartenant au gouverneur des Etablissements des détroits et gréé de gracieuses voiles latin
[Les mots en italique ont été omis par la Malaisie au paragraphe 148 de son mémoire
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Le même jour, Son Altesse le tumungong de Johor s’est rendu sur le rocher, accompagné de trente membres de sa suite. C’est le plus puissant chef indigène de ces contrées, allié des Britanniques. Il est descendu chez moi pendant deux jours, employant ses loisirs à la pêche, exercice pour lequel il a un goût très vif ; les membres de sa suite et lui-même ont eu beaucoup de succès avec l’hameçon et la ligne. Il serait resté plus longtemps si les moustiques n’avaient été si nombreux, chose étonnante quand on sait que le rocher est exposé à tous les vents… Les moustiques … infestaient les maisons dans leurs moindres coins et recoins et le rocher jusque dans ses moindres fissures ; ni la nuit ni le jour n’apportaient aucun répit, il était presque impossible de rester assis, et, pour trouver du repos, force était de se réfugier sous les moustiquaires. Or, Son Altesse n’en ayant pas apporté, elle s’est abstenue de s’infliger la torture d’une nuit supplémentaire… Le soir du 3 juin, le temenggong a pris congé. Il était venu dans un magnifique sampan rapide … gréé de gracieuses voiles latines. Une dizaine d’autres petits sampans venaient compléter sa flotte qui, évoluant, voiles au vent, le long de la côte de Bintang, produisait un effet
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assez pittoresque. Les sampans de Singapour sont célèbres de par le monde pour leur célérité, tant à la rame qu’à la voile ; avec pour équipage des Orang Laut (hommes de la mer), ils se sont mesurés avec succès aux plus rapides guigues et yoles d’Angleterre, sortis tout exprès pour la course.
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