CR 2006/34
International Court Cour internationale
of Justice de Justice
THHEAGUE LHAAYE
YEAR 2006
Public sitting
held on Thursday 20 April 2006, at 3 p.m., at the Peace Palace,
President Higgins presiding,
in the case concerning the Application of the Convention on the Prevention and Punishment
of the Crime of Genocide (Bosnia and Herzegovina v. Serbia and Montenegro)
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VERBATIM RECORD
________________
ANNÉE 2006
Audience publique
tenue le jeudi 20 avril 2006, à 15 heures, au Palais de la Paix,
sous la présidence de Mme Higgins, président,
en l’affaire relative à l’Application de la convention pour la prévention et la répression du
crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c. Serbie-et-Monténégro)
____________________
COMPTE RENDU
____________________ - 2 -
Present: Presieitgins
Vice-Presi-Kntasawneh
RanjevJaudges
Shi
Koroma
Parra-Aranguren
Owada
Simma
Tomka
Abraham
Keith
Sepúlveda
Bennouna
Skotnikov
Judges ad hoc Mahiou
Kre ća
Couvgisrar
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -
Présents : Mme Higgins,président
Al-K.vsce-prh,ident
RaMjev.
Shi
Koroma
Parra-Aranguren
Owada
Simma
Tomka
Abraham
Keith
Sepúlveda
Bennouna
Sjoteiskov,
MaMhou.,
Kre ća, juges ad hoc
CgoMfferr,
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -
The Government of Bosnia and Herzegovina is represented by:
Mr. Sakib Softić,
as Agent;
Mr. Phon van den Biesen, Attorney at Law, Amsterdam,
as Deputy Agent;
Mr.Alain Pellet, Professor at the University of ParisX-Nanterre, Member and former Chairman of
the International Law Commission of the United Nations,
Mr. Thomas M. Franck, Professor of Law Emeritus, New York University School of Law,
Ms Brigitte Stern, Professor at the University of Paris I,
Mr. Luigi Condorelli, Professorat the Faculty of Law of the University of Florence,
Ms Magda Karagiannakis, B.Ec, LL.B, LL.M., Barrister at Law, Melbourne, Australia,
Ms Joanna Korner, Q.C., Barrister at Law, London,
Ms Laura Dauban, LL.B (Hons),
Mr. Antoine Ollivier, Temporary Lecturer and Research Assistant, University of Paris X-Nanterre,
as Counsel and Advocates;
Mr. Morten Torkildsen, BSc, MSc, Torkildsen Granskin og Rådgivning, Norway,
as Expert Counsel and Advocate;
H.E. Mr. Fuad Šabeta, Ambassador of Bosnia and Herzegovina to the Kingdom of the Netherlands,
Mr. Wim Muller, LL.M, M.A.,
Mr. Mauro Barelli, LL.M (University of Bristol),
Mr. Ermin Sarajlija, LL.M,
Mr. Amir Bajrić, LL.M,
Ms Amra Mehmedić, LL.M, - 5 -
Le Gouvernement de la Bosnie-Herzégovine est représenté par :
M. Sakib Softić,
comament;
M. Phon van den Biesen, avocat, Amsterdam,
comme agent adjoint;
M. Alain Pellet, professeur à l’Université de Pa risX-Nanterre, membre et ancien président de la
Commission du droit international des Nations Unies,
M. Thomas M. Franck, professeur émérite à lafaculté de droit de l’Université de New York,
Mme Brigitte Stern, professeur à l’Université de Paris I,
M. Luigi Condorelli, professeur à la faculté de droit de l’Université de Florence,
Mme Magda Karagiannakis, B.Ec., LL.B., LL.M.,Barrister at Law, Melbourne (Australie),
Mme Joanna Korner, Q.C.,Barrister at Law, Londres,
Mme Laura Dauban, LL.B. (Hons),
M. Antoine Ollivier, attaché temporaire d’ense ignement et de recherche à l’Université de
Paris X-Nanterre,
comme conseils et avocats;
M. Morten Torkildsen, BSc., MSc., Torkildsen Granskin og Rådgivning, Norvège,
comme conseil-expert et avocat;
S. Exc. M. Fuad Šabeta, ambassadeur de Bosnie-Herzégovine auprès du Royaume des Pays-Bas,
M. Wim Muller, LL.M., M.A.,
M. Mauro Barelli, LL.M. (Université de Bristol),
M. Ermin Sarajlija, LL.M.,
M. Amir Bajrić, LL.M.,
Mme Amra Mehmedić, LL.M., - 6 -
Ms Isabelle Moulier, Research Student in International Law, University of Paris I,
Mr. Paolo Palchetti, Associate Professor at the University of Macerata (Italy),
as Counsel.
The Government of Serbia and Montenegro is represented by:
Mr. Radoslav Stojanović, S.J.D., Head of the Law Council of the Ministry of Foreign Affairs of
Serbia and Montenegro, Professor at the Belgrade University School of Law,
as Agent;
Mr. Saša Obradović, First Counsellor of the Embassy of Serbia and Montenegro in the Kingdom of
the Netherlands,
Mr. Vladimir Cvetković, Second Secretary of the Embassy of Serbia and Montenegro in the
Kingdom of the Netherlands,
as Co-Agents;
Mr.Tibor Varady, S.J.D. (Harvard), Professor of Law at the Central European University,
Budapest and Emory University, Atlanta,
Mr. Ian Brownlie, C.B.E., Q.C., F.B.A., Member of the International Law Commission, member of
the English Bar, Distinguished Fellow of the All Souls College, Oxford,
Mr. Xavier de Roux, Master in law, avocat à la cour, Paris,
Ms Nataša Fauveau-Ivanović, avocat à la cour, Paris and member of the Council of the
International Criminal Bar,
Mr.Andreas Zimmermann, LL.M. (Harvard), Professor of Law at the University of Kiel, Director
of the Walther-Schücking Institute,
Mr. Vladimir Djerić, LL.M. (Michigan), Attorney at Law, Mikijelj, Jankovi ć & Bogdanovi ć,
Belgrade, and President of the International Law Association of Serbia and Montenegro,
Mr. Igor Olujić, Attorney at Law, Belgrade,
as Counsel and Advocates;
Ms Sanja Djajić, S.J.D., Associate Professor at the Novi Sad University School of Law,
Ms Ivana Mroz, LL.M. (Indianapolis),
Mr. Svetislav Rabrenović, Expert-associate at the Office of the Prosecutor for War Crimes of the
Republic of Serbia, - 7 -
Mme Isabelle Moulier, doctorante en droit international à l’Université de Paris I,
M. Paolo Palchetti, professeur associé à l’Université de Macerata (Italie),
comconseils.
Le Gouvernement de la Serbie-et-Monténégro est représenté par :
M. Radoslav Stojanović, S.J.D., chef du conseil juridique du ministère des affaires étrangères de la
Serbie-et-Monténégro, professeur à la faculté de droit de l’Université de Belgrade,
comament;
M. Saša Obradovi ć, premier conseiller à l’ambassade de Serbie-et-Monténégro au Royaume des
Pays-Bas,
M. Vladimir Cvetković, deuxième secrétaire à l’ambassade de Serbie-et-Monténégro au Royaume
des Pays-Bas,
comme coagents;
M. Tibor Varady, S.J.D. (Harvard), professeur de droit à l’Université d’Europe centrale de
Budapest et à l’Université Emory d’Atlanta,
M. Ian Brownlie, C.B.E., Q.C., F.B.A., membre de la Commission du droit international, membre
du barreau d’Angleterre, Distinguished Fellow au All Souls College, Oxford,
M. Xavier de Roux, maîtrise de droit, avocat à la cour, Paris,
Mme Nataša Fauveau-Ivanovi ć, avocat à la cour, Paris, et me mbre du conseil du barreau pénal
international,
M. Andreas Zimmermann, LL.M. (Harvard), professeur de droit à l’Université de Kiel, directeur de
l’Institut Walther-Schücking,
M. Vladimir Djeri ć, LL.M. (Michigan), avocat, cabinet Mikijelj, Jankovi ć & Bogdanovi ć,
Belgrade, et président de l’association de droit international de la Serbie-et-Monténégro,
M. Igor Olujić, avocat, Belgrade,
comme conseils et avocats;
Mme Sanja Djajić, S.J.D, professeur associé à la faculté de droit de l’Université de Novi Sad,
Mme Ivana Mroz, LL.M. (Indianapolis),
M. Svetislav Rabrenovi ć, expert-associé au bureau du procur eur pour les crimes de guerre de la
République de Serbie, - 8 -
Mr. Aleksandar Djurdjić, LL.M., First Secretary at the Ministry of Foreign Affairs of Serbia and
Montenegro,
Mr. Miloš Jastrebić, Second Secretary at the Ministry of Foreign Affairs of Serbia and Montenegro,
Mr. Christian J. Tams, LL.M. PhD. (Cambridge), Walther-Schücking Institute, University of Kiel,
Ms Dina Dobrkovic, LL.B.,
as Assistants. - 9 -
M. Aleksandar Djurdji ć, LL.M., premier secrétaire au ministère des affaires étrangères de la
Serbie-et-Monténégro,
M. Miloš Jastrebi ć, deuxième secrétaire au ministère des affaires étrangères de la
Serbie-et-Monténégro,
M. Christian J. Tams, LL.M., PhD. (Cambridge), Institut Walther-Schücking, Université de Kiel,
Mme Dina Dobrkovic, LL.B.,
comme assistants. - 10 -
The PRESIDENT: Please be seated. Professor Condorelli.
M. CONDORELLI :
L’ATTRIBUTION A L ’E TAT DES VIOLATIONS DE LA CONVENTION DE 1948 ET
LA PERTINENCE DE LA QUESTION DE LA MENS REA
Introduction
1. Madame le président, Messieurs les ju ges, dans leurs plaidoiries les éminents
représentants de la Partie adverse ont soulevé à plusieurs reprises des doutes et des objections quant
à la possibilité d’envisager, sur la base de la convention de 1948, une responsabilité internationale
de l’Etat défendeur pour génocide (ou pour compli cité dans le génocide, incitation, etc.). Ces
doutes et ces objections, d’après ce qu’on a pu glaner au fil des diverses interventions, n’ont pas, à
leur base, une interprétation unitaire de la c onvention. D’une part, en effet, un plaideur ⎯ le
professeur Brownlie ⎯ a proposé encore une fois devant vous la thèse, pour ainsi dire radicale,
d’après laquelle la convention ne couvrirait tout simplement pas le génocide (ou les actes
ancillaires) perpétrés par l’Etat, mais s’occuperait exclusivement des obligations de prévenir et de
e
punir les individus génocides; d’autre part, un plaideur différent ⎯ M de Roux ⎯ a fait valoir que
la responsabilité internationale de l’Etat pour génocide pourrait bien être envisagée, mais à une
condition précise: il faudrait d’abord établir qu’ un individu déterminé a effectivement commis le
génocide (c’est-à-dire a perpétré l’ actus reus pertinent avec la mens rea nécessaire d’après la
convention), puis il faudrait établir que cet individu est un organe ou agent de l’Etat ayant agi en
cette qualité, et que par conséquent ses actes sont attribuables à l’Etat en question.
2. Je ne vais pas revenir encore, après les éloquentes remarques présentées par mon collègue
et ami, le professeur Franck, sur la théorie, c oncernant l’interprétation de la convention, que le
professeur Brownlie soutient pour le compte de la Serbie-et-Monténégro aux fins de la présente
procédure, au mépris à vrai dire, tant de la lettr e même de l’instrument qu e de la jurisprudence de
votre Cour. Je me bornerai seulement à noter que la Partie adverse n’a pas la moindre hésitation à
mettre en péril sa propre crédibilité en soufflant al ternativement le chaud et le froid sur le même
1
CR 2006/20, p. 20-22, par. 341-347. - 11 -
sujet suivant les circonstances, c’est-à-dire suiv ant la position de demandeur ou de défendeur qu’il
est amené à assumer devant la Cour. Ainsi, en 1999-2004 la Serbie-et-Monténégro, Etat
demandeur, laissait dire au prof esseur Brownlie que les Etats me mbres de l’OTAN devaient être
qualifiés, sur la base de la convention de 1948, comme responsables du crime de génocide
2
prétendument perpétré au moyen des bombardements aériens visant le territoire yougoslave ; alors
qu’aujourd’hui, parlant toujours au nom de la Serbie-et-Monténégro mais cette fois-ci en position
de défendeur, le professeur Brownlie voudrait vous faire croire que ce que qu’il soutenait hier avec
tant de chaleur était faux et qu’en vérité la co nvention ne s’occupe pas de la responsabilité des
Etats pour génocide, mais seulement de leur obligation de prévention et de répression du crime de
génocide perpétré par des individus.
3. Je ne vais pas m’attarder sur une thèse pareille, dont l’absurdité d’ailleurs saute aux yeux,
d’autant plus si l’on songe que l’interprétation préconisée de la convention de 1948, instrument qui
fut indiscutablement conçu en songeant notammen t à la Shoah, rendrait celui-ci inapplicable
justement aux génocides du même type que la Shoah, c’est-à-dire programmés et exécutés par
l’Etat. En revanche, le thème sur lequel le demandeur entend attirer maintenant à nouveau
l’attention de la Cour est celui de savoir comm ent joue la notion de génocide (ou de crime
ancillaire) lorsque ce qui est en cause n’est pas la responsabilité pénale de l’individu, mais la
responsabilité internationale de l’Etat. La question qui se pose, et qui est posée par nos
contradicteurs, est celle relative à l’appréciation de l’intention criminelle. Autrement dit, puisque
chacun des actes figurant dans la liste de l’article II de la convention ne peut être qualifié de
génocide (ou d’acte ancillaire, pour ce qui est de l’articleIII) que lo rsqu’il est accompli avec
l’«intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique…», etc., il importe alors
de préciser encore davantage ⎯en complétant et confirmant à l’aide de la jurisprudence et de la
pratique internationale les concepts présentés avec éloquence par le professeur Franck ⎯ comment
une telle intention doit être appréciée aux fins de la responsabilité de l’Etat pour génocide. A
quelles conditions, en somme, peut-on parler d’intention génocide de l’Etat ?
2Voir, par exemple, CR 99/25, p. 10 et suiv. (Brownlie); CR 2004/14, p. 24 et suiv. (Brownlie). - 12 -
4. Il va de soi, Madame le président, que la question évoquée n’a pas à être soulevée lorsque
le fait illicite attribué à l’Etat n’est pas celui d’avoir perpétré lui-même le génocide ou l’un des
autres actes listés à l’articleIII, mais plutôt d’ avoir engagé sa responsabilité internationale au titre
de l’articleI de la convention, à cause de la vi olation de l’obligation de prévenir et punir les
comportements interdits de particuliers. Dans un tel cas, l’intention de détruire reste bien un
élément nécessaire pour que le crime du particulier concerné puisse être qualifié de génocide, alors
qu’aucun dolus specialis, aucune men reas particulière de l’Etat ne doit être vérifié pour établir
qu’il y a eu de sa part manquement à l’obligation de prévention et/ou de répression.
5. Madame le président, Messieurs les juges, ainsi que vous l’avez lu et entendu
d’innombrables fois, la Bosnie-Herzégovine vous de mande de dire et de juger que le défendeur a
commis de multiples violations des obligations consacrées par la convention, y compris ⎯ comme
j’ai eu l’honneur de le plaider déjà au premier tour ⎯ celles de prévention et de répression. En
considération de cela, il me semble alors approprié de présenter d’abord à la Cour quelques
remarques visant à mettre encore mieux en éviden ce que toutes les conditions nécessaires sont
pleinement réunies pour pouvoir affirmer qu’il y a bien eu en l’espèce violation de l’obligation de
prévenir et de punir. Ensuite j’en viendrai aux questions concernant l’attribution à l’Etat défendeur
de l’intention génocide.
Le défendeur a violé l’obligation de prévenir les violations de la convention de 1948
6. Madame le président, la thèse principale pr ésentée à votre Cour par le demandeur, et dont
le bien-fondé vous a déjà été démontré, est que le génocide perpétré contre les non-Serbes de
Bosnie-Herzégovine est un fait attribuable à la Serbie-et-Monténégro dont il engage la
responsabilité internationale. Or, il va de soi que la conclusion d’après laquelle la
Serbie-et-Monténégro est internationalement responsable du génocide implique que, en plus de la
violation de l’obligation de ne pas commettre un te l crime, il y a eu aussi, en amont, violation de
l’obligation de prévenir. Mais admettons maintenant pour un seul instant, quod non, que soit
fondée l’hypothèse qu’articule lors de son audition, le 24 mars dernier, le général Rose, notamment
3
lorsqu’il répondait à la question posée par le juge Simma : s’il est vrai que des atrocités ont été
3CR 2006/26, p. 34 et suiv. - 13 -
commises par toutes les Parties au conflit en Bosnie-Herzégovine, seul le régime de Pale a perpétré
un génocide; toutefois le général, après avoir affi rmé qu’il n’a pas vu de preuves suffisantes de
l’implication directe de Belgrade, a signalé également qu’il n’était non plus en mesure d’exclure
une telle implication. Imaginons donc pour un se ul moment que votre Cour décide de partager
l’opinion d’après laquelle le gé nocide commis contre les non-Se rbes de Bosnie-Herzégovine ne
pourrait pas être imputé à l’Etat défendeur à défaut de preuves suffisantes quant à son implication
directe : dans ce cas, votre Cour devrait alors se poser de manière autonome la question de vérifier
si l’Etat défendeur ne s’est pas rendu responsab le, non pas du génocide (ou d’actes ancillaires),
mais du manquement à l’obligation de préventio n. Permettez-moi de mettre en évidence que,
même dans une telle hypothèse, la violation de l’obligation en question serait aisée à établir.
The PRESIDENT: Professor Condorelli, could you kindly for the interpreters speak just a
little bit more slowly?
M. CONDORELLI : Oui, Madame.
7. Je n’ai pas besoin de revenir sur la noti on même de prévention, qui signifie, pour l’Etat
concerné, obligation de «prendre toutes les mesures nécessaires en son pouvoir afin de prévenir la
commission du crime de génocide» ( Application de la convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovinec. Yougoslavie (Serbie et Monténégro)),
mesures conservatoires, ordonnance du 8 avril 1993 , C.I.J. Recueil 1993, p.24, par. 52). C’est la
définition qu’en donne votre Cour dans le dispositif de son ordonnance du8avril1993 en la
présente affaire, repris et confirmé dans l’ordonnance suivante du 13 septembre 1993. J’ai déjà eu
l’occasion de rappeler également que tous les Etats doivent s’acquitter de cette obligation non
seulement dans leur propre terr itoire souverain, mais également extra territorium : en effet, tout
Etat, quand il exerce des fonctions étatiques ⎯que ce soit légalement ou illégalement ⎯ sur un
territoire qui n’est pas le sien, doit respecter lesrègles internationales pertinentes par rapport aux
fonctions exercées. Dans les deux ordonnances que j’ai citées, votre Cour s’était référée justement
⎯ il faut le souligner ⎯ aux activités de la RFY extra territorium : il convient de citer à la lettre le
passage pertinent : - 14 -
«Le Gouvernement de la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et
Monténégro) doit en particulier veiller à ce qu’aucune des unités militaires,
paramilitaires ou unités armées irrégulières qui pourraient relever de son autorité ou
bénéficier de son appui, ni aucune organisation ou personne qui pourraient se trouver
sous son pouvoir, son autorité, ou son infl uence ne commettent le crime de génocide,
ne s’entendent en vue de commettre ce crime, n’incitent directement et publiquement
à le commettre ou ne s’en rendent complices, qu’un tel crime soit dirigé contre la
population musulmane de Bosnie-Herzégovine, ou contre tout autre groupe national,
ethnique, racial ou religieux.» (Application de la convention pour la prévention
et la répression du crime de génocide Bosnie-Herzégovine c. Yougoslavie
(Serbie et Monténégro)), mesures conservatoires, ordonnance du 8 avril 1993 ,
C.I.J. Recueil 1993, p. 24, par. 52.)
8. Madame le président, l’obligation de prévenir est une typique obligation de «due
diligence» (ou «diligence due»), dont on peut iden tifier les aspects essentiels à l’aide de la
jurisprudence de la Cour. En effet, dans l’arrêt de 1980 en l’affaire du Personnel diplomatique et
consulaire, la Cour, en discutant des obligations de protection et prévention pesant sur l’Etat
accréditaire par rapport aux locaux et au personne l diplomatiques et consulaires d’autres Etats,
avait présenté une sorte de paradigme général qu ant au mode de fonctionnement de ce genre
d’obligations. La Cour avait jugé que l’Iran avait agi de manière illic ite parce qu’elle avait
constaté que: primo, les autorités iraniennes étaient conscien tes des obligations pesant sur l’Etat
accréditaire en la matière; secundo, elles étaient également conscientes «des mesures urgentes de
leur part qui s’imposaient»; tertio, elles «disposaient des moyens pour s’acquitter de leurs
obligations»; et, quarto, elles «avaient totalement manqué à utiliser les moyens dont elles
disposaient» ( Personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à Téhéran, arrêt,
C.I.J. Recueil 1980, p. 32-33, par. 68).
9. Appliquons, si vous le voulez bien, cet utile paradigme à notre cas. Il n’y a pas besoin de
beaucoup de mots pour ce qui est de la première condition: les autorités de l’Etat défendeur ne
pouvaient d’aucune façon ignorer les principes de dr oit international en matière de génocide et les
obligations erga omnes qu’ils imposent à tous les Etats dans cette matière. Le brocard ignorantia
juris non excusat , évidemment, n’est jamais pertinent pour le droit, et en particulier pour des
principes aussi fondamentaux que ceux relatifs à l’ob ligation de prévenir et réprimer le génocide,
que votre Cour a défini à juste titre comme appartenant au jus cogens.
10. D’ailleurs le défendeur ne prétend pas le contraire. Il a essayé de s’abriter exclusivement
derrière une prétendue inapplicabilité ratione loci des obligations pertinente s. L’argument avancé - 15 -
devant votre Cour ⎯ vous l’avez entendu ⎯ est que, à partir de l’indépendance de la
Bosnie-Herzégovine et de la formation de la Repu blika Srpska, le territoire où le génocide a été
perpétré n’était plus soumis à son contrôle et à sa juridiction. Mais c’est un argument qui ne tient
pas la route pour toutes les raisons que j’ai déjà eu l’honneur d’illustrer, notamment au premier tour
de plaidoiries, en me basant sur la jurisprudence de la Cour : je n’y reviendrai pas encore une fois
en détail, d’autant plus que le bien-fondé de not re analyse n’a été nullement mis en doute par la
Partie adverse jusqu’ici. Je me limiterai donc ex clusivement à signaler, à rappeler encore une fois,
l’obiter dictum de votre Cour d’après quoi «l’obligation qu’a… chaque Etat de prévenir et
réprimer le crime de génocide n’est pas li mitée territorialement par la convention» ( Application de
la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine
c.Yougoslavie), exceptions préliminaires, C.I.J. Recueil 1996 (II) , p.616, par.31). Tout en
laissant de côté la question, qui n’est évidemment pas pertinente ici, de savoir si un Etat peut ou
doit intervenir à l’étranger pour prévenir et/ou stopper un génocide, il est indiscutable qu’un Etat
doit tout au moins, afin de s’acquitter de son ob ligation de prévention, s’ abstenir d’accorder de
l’aide à ceux qui commettent un génocide dans un autre pays. De plus, si un Etat exerce
effectivement (que ce soit légalement ou illéga lement) des fonctions étatiques par rapport à un
territoire qui n’est pas le sien, il doit alors prendr e toutes les mesures en son pouvoir aux fins de la
prévention et de la répression : la Cour ⎯ je l’ai souligné ⎯ l’a dit on ne peut plus clairement.
11. En somme, la question correcte à poser es t la suivante: Le défendeur exerçait-il, par
rapport au territoire de la Bosnie-Herzégovine, des fonctions, pouvoirs ou activités qui lui auraient
permis de prévenir le génocide ou de l’arrêter, ou to ut au moins de s’engager dans cette action ? Il
est évident que, si ⎯ainsi qu’on le verra tout de suite ⎯ la réponse à cette question devait être
positive, il s’ensuivrait alors que l’obligation d’ag ir pour prévenir et ar rêter le génocide était
parfaitement applicable au défendeur.
12. Deuxième condition : Peut-on affirmer que les autorités du défendeur étaient conscientes
de l’existence d’une situation gravissime, imposant l’adoption de mesures urgentes afin d’arrêter le
génocide et d’en prévenir la continuation ? Ce serait ridicule, Madame le président, de prétendre le
contraire, si l’on songe même seulement à la masse extraordinaire de cris d’alarme, d’appels, de
mises en demeure, d’enquêtes, de résolutions, de décisions et mesures de tout genre venant des - 16 -
instances internationales diverses, y compris en pa rticulier le Conseil de sécurité et l’Assemblée
générale des Nations Unies, sans oublier bien évidemment votre Cour et ses ordonnances de 1993 :
je m’exempte, à ce stade du débat judiciaire, de dresser encore une fois la liste de tous les
documents y relatifs, la Cour les connaît très bien.
13. Venons alors à la troisième condition: Pe ut-on alléguer que les au torités du défendeur
disposaient des moyens qui auraient permis à celui-ci de s’acquitter de l’obligation de prévention et
répression? Autrement dit, auraient-elles pu, en employant des mesures pleinement en leur
pouvoir, empêcher le génocide et/ou l’arrêter? Madame et Messieurs les juges, je dois ⎯ pour
assister la Cour quant à la réponse qu’il convient de donner à cette question ⎯ rappeler quelle est
l’hypothèse que je suis en train d’explorer : c’est l’hypothèse d’après laquelle votre Cour déciderait
que l’appui et le soutien massifs et continus dont la Republika Srpska et son armée ont joui de la
part du défendeur ne suffiraient pas pour attribuer à celui-ci le génocide perpétré par elles. Or, il va
de soi qu’une telle conclusion, si elle était arrêtée par votre Cour, n’impliquerait évidemment pas la
négation de la réalité de ce soutien et de cet ap pui, qui sont des faits notoires, constatés par les
autorités internationales, prouvés au-delà de tout doute par la Bosnie-Herzégovine, vérifiés à de
nombreuses occasions par la jurispru dence du TPIY et, d’ailleurs, admis de plano par la Partie
défenderesse, qui même en revendique la pleine légalité.
14. Madame le président, je n’ai pas besoin de détailler ici la dimension, l’importance, la
permanence et les modes innombrables de ce soutien, qui a fourni à la Republika Srpska la presque
totalité des ressources économiques, financières, mi litaires grâce auxquelles celle-ci a vécu et agi
pendant toutes les années du génocide: la Bo snie-Herzégovine en a présenté à la Cour une
démonstration complète. Pour les besoins de mon analyse il s’impose de souligner que le soutien
en question a porté essentiellement sur l’ense mble des ressources humaines et matérielles
nécessaires pour mener la guerre et par lesquelles l’entreprise génocidaire a été menée à bon port.
C’est dire que le défendeur, non seulement ne pouvait ignorer quel usage était fait par la
RepublikaSrpska et son armée de l’aide et de l’assistance qui lui étaient octroyées, mais avait à
l’évidence à sa disposition toute la panoplie des moyens qui auraient pu empêcher le génocide ou
l’arrêter, si seulement il avait dosé et modulé s on appui et s’il en avait c onditionné la continuation
au respect des impératifs internationaux pertinents. - 17 -
15. Or, rien, absolument rien n’a été fait par le défendeur dans ce but; aucun des moyens à sa
disposition (qui auraient pu être absolument déci sifs, vu la condition de totale dépendance de la
Republika Srpska par rapport à la RFY) n’a jamais été employé; aucune mesure idoine à assurer le
respect des principes de la convention n’a jamais été mise en Œuvre et n’a d’ailleurs été portée à
l’attention de la Cour, l’agent adjoint de la Bosnie-Herzégovine l’a souligné avec force mardi
dernier. La Cour voudra sans doute considérer que le silence total de la Partie adverse à ce sujet
équivaut en l’espèce à un aveu.
16. En somme, il est absolument incontestable que les autorités de l’Etat défendeur ont violé
gravement l’obligation de prévention du génocide puisque ⎯j’utilise le langage de votre Cour
dans l’arrêt de1980 que j’ai cité précédemment ⎯ elles «ont manqué à utiliser les moyens dont
elles disposaient pour s’acqu itter de leur obligation» ( Personnel diplomatique et consulaire des
Etats-Unis à Téhéran (Etats-Unis d’Amérique c. Iran), arrêt, C.I.J. Recueil 1980, p. 33, par. 68).
17. Permettez-moi, Madame et Messieurs les juges, de conclure sur ce dossier de la
prévention en raccordant le point de vue exposé maintenant à l’approche générale soutenue devant
votre Cour par la Bosnie-Herzégovine. Celle-ci (c’e st sa thèse principale) vous prie de dire et de
juger que le défendeur a engagé sa responsabilité internationale pour violation de la convention
de1948, étant donné que les auteurs du génocide contre les non-Serbes de Bosnie-Herzégovine
étaient à qualifier d’organes ou agents du défendeu r, dont les comportements lui sont attribuables.
Si toutefois il devait arriver, quod non, que vous ne soyez pas convaincus, ni de l’implication active
et directe du défendeur dans le génocide, ni du fait que l’aide et le soutien offerts par lui aux
auteurs du génocide étaient suffisants pour que ceux-ci puissent être définis comme ses organes ou
agents, la Bosnie-Herzégovine vous demande alors de juger que par cette aide et ce soutien, ainsi
que par leur maintien, le défendeur a enfreint gravement l’obligation de prévention consacrée par la
même convention.
18. Je n’ai aucun besoin de rappeler qu’en déci dant de la sorte votre Cour ferait application
d’une méthode d’analyse juridique très largement consacrée par sa jurisprudence. Vous aviez, par
exemple, dans l’arrêt de 1980 en l’affaire du Personnel diplomatique et consulaire , considéré que
l’attaque des manifestants iraniens à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, et la prise d’otages
conséquente, n’étaient pas le fait d’organes ou d’ag ents de l’Etat iranien et n’engageaient donc pas - 18 -
à ce titre la responsabilité internationale de l’Etat en question, mais vous avez jugé que ces
événements mettaient en évidence un autre fait internationalement illicite attribuable, lui, à l’Etat, à
savoir l’inaction des autorités iraniennes qui av aient omis de protéger les locaux et le personnel
diplomatique américain, alors qu’ils avaient les moyens pour s’acquitter des obligations
internationales relatives aux immunités diplomatiques ( Personnel diplomatique et consulaire des
Etats-Unis à Téhéran (Etats-Unis d’Amérique c. Iran), arrêt, C.I.J. Recueil 1980, par.61-67).
Puis, en 1986, en l’affaire des Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci,
vous aviez décidé que l’aide donnée par les Etats-Unis d’Amérique aux contras n’avait pas fait de
ces individus des agents de l’Etat, et que par conséquent leurs activités n’étaient pas imputables à
celui-ci; mais vous n’avez pas manqué de constate r par la suite qu’une telle aide était de toute
façon un fait illicite attribuable au même Etat, comportant la violation, entre autres, de l’obligation
de non intervention dans les affair es intérieures d’un autre Etat ( Activités militaires et
paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats-Unis d’Amérique), fond, arrêt,
C.I.J. Recueil 1986, p.108, par.206). Vous avez raisonné de la même façon encore tout
récemment, dans votre arrêt du 19 décembre 2005 en l’affaire des Activités armées sur le territoire
du Congo (par. 161-165). Dans le cas présent, si par hasard l’aide massive fournie pas le défendeur
aux exécutants du génocide devait être éval uée par votre Cour comme ne le rendant pas
responsable du génocide même, elle le rendrait al ors tout au moins responsable d’un manquement
gravissime à l’obligation consacrée à l’article I de la convention: autrement dit, si vous deviez
décider que l’obligation de ne pas commettre le géno cide n’a pas été violée par le défendeur, vous
ne pourriez alors ne pas reconnaître que l’obligatio n de prévenir et d’arrêter le génocide a été,
quant à elle, assurément violée.
Le défendeur a violé l’obligation de réprimer les violations de la convention de 1948
19. Quelques mots maintenant, Madame et Messieurs les juges, pour ce qui est de la
violation de l’obligation de répression, en rappel ant à titre préliminaire les liens très étroits qui
subsistent entre prévention et répression. Ainsi, par exemple, intervenir par des moyens répressifs
lors d’un génocide en cours joue de toute évidence un rôle important pour prévenir sa
continuation: ce en quoi ⎯ainsi qu’on l’a remarqué auparavant ⎯ le défendeur a totalement - 19 -
manqué. Mais, même laissant de côté cet as pect important, et en songeant désormais à
l’après-génocide, je voudrais faire noter à la Cour que le défendeur n’a pas jugé bon de répliquer
dans ses plaidoiries du premier tour aux contes tations précises et motivées que le demandeur a
présentées au sujet de la répression tant dans se s écritures qu’oralement. Quant aux remarques en
passant qu’on a pu entendre de la part de l’agent de la Partie adverse et du professeur Brownlie, le
moins que l’on puisse dire est qu’elles ne sauraient convaincre votre Cour. Bien au contraire, elles
comportent ⎯ si on les analyse de près ⎯ l’admission des manquements à l’obligation en question.
20. Le professeur Stojanovic a fait valoir, dans son allocution d’ouverture, que, à partir du
renversement du régime de Milosevic, «le nouveau régime démocratique a immédiatement montré
sa volonté de s’acquitter de ses obligations envers la communauté internationale», notamment en
matière de collaboration avec le TPIY; dans ce cadre, déclare MS . tojanovic, «[l]a
Serbie-et-Monténégro a rempli dans les deux dernières années une grande majorité de ses
obligations…» .
21. Madame le président, l’agent de la Serbie-et-Monténégro admet donc ainsi de plano,
primo, que jusqu’en 2000 le défendeu r avait totalement ignoré ses obligations internationales en
matière de répression, concernant la coopération avec le TPIY, en se rendant ainsi responsable de
faits illicites graves dont il continue, bien évidemment, de porter la responsabilité internationale; et,
secundo, il admet aussi que même actuellement des manq uements subsistent. Je rappelle que tous
ces manquements au regard du TPIY ne représente nt pas seulement des violations d’obligations se
rapportant à la Charte des Nations Unies (d ont le Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie est un organe), mais représentent en même temps des violations de l’article VI de
la convention de 1948 dans la mesure où, en matière de répression du génocide, celui-ci engage les
Etats parties à coopérer fidèlement avec le juge international compétent.
22. En somme, les violations de l’obligatio n de répression par le défendeur, en ce qui
concerne ses relations avec le TPIY, ne représen tent pas seulement, comme on voudrait le faire
croire, les résidus d’un passé révolu, mais s’inscrivent malheureusement dans le présent aussi; et
ceci malgré les améliorations indéniables de la situation dont la Bosnie-Herzégovine donne
4CR 2006/12, par. 17 et suiv.; les italiques sont de nous. - 20 -
volontiers acte. Et il va sans dire que, parmi les violations toujours en cours, la plus grave de toutes
porte un nom: Ratko Mladic. Aux dernières no uvelles celui-ci, accusé d’être au sommet des
responsabilités pour le génocide, devrait être déliv ré au TPIY avant la fin de ce mois d’avril,
d’après les assurances données publiquement par le premier ministre de Serbie-et-Monténégro,
M.Kostunica, tant au procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qu’au
représentant de l’Union européenne 5. Des assurances qui ⎯cela va sans dire ⎯ impliquent
clairement ce que l’on savait depuis toujours, à savoir que MM . ladic est bien en
Serbie-et-Monténégro: ceci a d’ ailleurs été admis ouvertement pa r le ministre des affaires
étrangères du défendeur, M. Draskovic, qui a déclaré à la presse que les services secrets de l’Etat
savent où M.Mladic se cache, mais ne l’ont pas arrêté jusqu’ici parce que certains membres du
personnel de ces services «remained loyal to him» 6. Bien entendu, si vraiment la promesse en
question, formulée par les autorités suprêmes de l’ Etat, est maintenue, comme nous le souhaitons
tous, on pourra alors dire que, grâce aux pressions de la communauté internationale, cette violation
flagrante par le défendeur de ses obligations internationales (découlant notamment de la convention
de 1948) aura pris fin; mais chacun sait que la ce ssation d’un fait illicite laisse intacts le fait illicite
et l’obligation de le réparer.
23. Madame le président, l’agent de la Se rbie-et-Monténégro n’a pas soufflé mot de la
répression du génocide au niveau national, comme si le défendeur n’avait pas à respecter d’autres
obligations en la matière, que celle de coopérer avec le TPIY. Ce n’est pas le cas : ainsi que je l’ai
déjà rappelé au premier tour de plaidoiries, l’existence d’un juge pénal international compétent
n’exempte d’aucune façon le défendeur de l’obligat ion de punir au travers de son propre appareil
judiciaire interne les personnes ayant commis le génocide ou d’autres actes interdits par l’article III
de la convention. Or, aucune p oursuite n’a jamais été lancée en Serbie-et-Monténégro contre ces
personnes, y compris les grands protagonistes du génocide (comme Ratko Mladic, l’ex-président
Slobodan Milosevic ou Radovan Karadzic), et ceci même après le retour du pays à la démocratie.
5
Conférence de presse du porte-parole du procureur du Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie, 6avril2006,
http://www.un.org/icty/briefing/2006/PB060407.htm.
6 er
«EU grants Serbia reprieve», in International Herald Tribune , avril 2006, http ://www.iht.com/articles/
2006/03/31/news/serbs/phb. - 21 -
24. Quant à l’argument faisant valoir que l’ob ligation de répression incomberait d’après la
convention exclusivement à l’Etat sur le territoire duquel le crime a été commis, il relève d’une
interprétation absolument insatisfaisante et incomplète de l’article VI, qui en oublie les connexions
avec d’autres dispositions de la convention, notamment avec l’ar ticleVII relatif à l’obligation
d’extrader. En effet, l’article VI prévoit bien que les personnes accusées de génocide ou de crimes
ancillaires «seront traduites devant les tribunaux comp étents de l’Etat sur le territoire duquel l’acte
a été commis…». Cependant, la disposition en question ne saurait certainement pas signifier qu’un
Etat sur le territoire duquel se trouve un indivi du ayant perpétré son crime dans un autre Etat n’a
aucune obligation conventionnelle et est en droit de ne rien faire et de le laisser circuler librement :
cet Etat, en effet, n’est nullement exempté de l’ engagement de punir, proclamé à l’article I et
réitéré à l’article IV, mais il lui est consenti de s’acquitter de cette obligation en remettant
l’individu concerné aux autorités de l’Etat où le crime a été commis: autrement dit, la remise du
criminel à cet Etat à fin de répression est obligatoi re pour l’Etat qui le détient et constitue pour lui
la seule manière prévue par la convention de se libérer de l’obligation de répression. Ceci équivaut
à dire que, si pour une quelconque raison une telle remise n’est pas possible ou n’est pas réalisée,
alors conformément à l’esprit de la convention, l’obligation de punir reste en vigueur pour l’Etat de
détention et devra être respectée par lui par d’au tres moyens équivalents: par exemple, par la
traduction du criminel devant ses propres juges ou devant ceux d’un autre Etat, d’un tiers Etat
ayant la compétence nécessaire.
25. Madame le président, les remarques que je viens de formuler intègrent les observations
soumises précédemment par la Bosnie-Herzégovine à l’attention de la Cour, mais ne modifient pas
la conclusion que j’ai eu l’honneur de prés enter au premier tour de plaidoiries. La
Bosnie-Herzégovine maintient pleinement, en effet, la thèse d’après laquelle le territoire où le
génocide a été commis était à l’époque critique sous le contrôle effectif du défendeur : aux fins de
la répression, par conséquent, ce territoire devait êt re assimilé à celui du défendeur, ce qui met en
exergue l’obligation de celui-ci de traduire devant ses propres juges les personnes accusées d’actes
de génocide ou d’actes ancillaires perpétrés en Bosnie-Herzégovine. La Bosnie-Herzégovine
maintient aussi sa conclusion que de toute façon les actes criminels imputables aux hauts
responsables de Belgrade, relatifs à la planification, à l’organisati on et à la mise à exécution du - 22 -
génocide, ont été, quant à eux, commis strictemen t sur le territoire du défendeur et doivent donc
(voire auraient dû) être soumis à répression par son propre appareil judiciaire, ainsi que le requiert
la lettre même de l’article VI de la convention.
26. Encore une dernière remarque, en guise de conclusion, concernant la prévention et la
répression du crime de génocide. Il me semble indiscutable, Madame le président, Messieurs les
juges, que tous les Etats sont soumis à l’obligation de «respecter et faire respecter» la convention
de1948, exactement comme ils doivent «respecter et faire respecter» les divers instruments
internationaux de droit internatio nal humanitaire, à l’instar des quatre conventions de Genève du
12août1949, dont l’article1 commun articule expressément le principe en question. La
Serbie-et-Monténégro a agi de façon diamétralement opposée: au lieu de «faire respecter» la
convention de 1948, elle a aidé, assisté, soutenu par tous les moyens ceux qui la violaient de
manière grave, flagrante et systématique. Par cette aide, ce soutien, cette assistance ainsi que par
leur maintien, la Serbie-et-Monténégro, en substance, a encouragé et incité les violateurs à mener, à
poursuivre et à achever leur action criminelle.
L’attribution à l’Etat de l’intention génocide
27. J’en viens maintenant, Madame et Messieurs les juges, à la thèse principale présentée par
la Bosnie-Herzégovine: à savoir que, au-delà de la violation de l’obligation de prévention et
répression, c’est de la violation de l’interdiction de commettre le génocide que le défendeur est
internationalement responsable, puisque les actes constitutifs dudit génocide ont été commis par ses
agents ou ses organes. Or, on sait que la mens rea, à savoir l’«intention de détruire en tout ou en
partie un groupe national, ethnique…», etc., fait partie intégrante de la notion de génocide inscrite
dans la convention de 1948. Autrement dit, le même actus reus (par exemple, le meurtre de
membres du groupe) peut devoir être défini différemment suivant les circonstances et sera
qualifiable de génocide ⎯et non pas de crime contre l’human ité, de crime de guerre, voire de
crime «ordinaire» ⎯ exclusivement s’il est prouvé que l’auteur entendait, par son acte, participer à
l’entreprise de destruction du groupe cible. La question qui se pose alors est de savoir comment
doit être détectée l’intention génocidaire lorsqu’on fait valoir que le crime en question est un fait de
l’Etat. - 23 -
28. La solution est simple et parfaitement linéaire dans tous les cas dans lesquels il a pu être
établi à travers des procédures judiciaire s pleinement respectueuses du principe du due process of
law que certains individus sont pénalement responsables du crime de génocide ou de crimes
ancillaires prévus par la convention. Dans ces cas, s’il est vérifié que les individus concernés
étaient des organes ou des agents de l’Etat ayan t agi en cette qualité lors de la commission du
crime, la responsabilité internationale de l’Etat est alors engagée. Autrement dit, si le fait criminel
de l’individu est imputable à l’Etat en vertu des pr incipes pertinents de droit international relatifs à
l’attribution, et si ce fait répond à tous égards (y compris pour ce qui est de la mens rea de
l’individu en question) à la définition de génocid e, alors l’Etat concerné devra être considéré
comme internationalement responsable de la violation de la convention.
29. Madame le président, dans un petit nombre de cas, ceux concernant le général Krstic et le
colonel Blagojevic, la responsabilité pénale de hauts officiers de l’armée serbo-bosniaque pour des
types divers de complicité dans le génocide a fait l’objet de vérifications judiciaires par le Tribunal
pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Je ra ppelle dans ce contexte que pendant les années du
génocide tous les officiers de la VRS ont gardé leur statut de membres à part entière de la JNA (de
l’armée fédérale yougoslave) ayant la particularit é d’être appelés par la hiérarchie militaire du
défendeur à servir dans les rangs de l’armée se rbo-bosniaque. Si, comme la Bosnie-Herzégovine
vous le demande, votre Cour accepte de considérer que les forces armées de la Republika Srpska
faisaient en réalité partie intégrante de l’appa reil militaire du défendeur, il s’ensuit alors que les
crimes commis par des membres de ces forces en violation de la convention de 1948 engagent la
responsabilité internationale de la Serbie-et-Monténégro.
30. Madame et Messieurs les juges, il est d’un grand intérêt de noter que dans les deux cas à
peine cités (Krstic et Blagojevic) les individus concernés ont été condamnés par le Tribunal en tant
que coupables, non pas du crime de génocide, mais de crimes ancillaires, c’est-à-dire de formes de
participation à un génocide dont il n’ont pas été reconnus comme les responsables principaux.
Leur condamnation présupposait donc la constatation que le génocide auquel ils ont participé a bien
eu lieu, ce qui signifie que le Tribunal a dû reconnaître que l’ actus reus (par exemple, en l’espèce,
les massacres de Srebrenica) s’accompagnait de la mens rea appropriée, à savoir l’intention
génocide; or, pour ce faire, le Tribunal n’a nullement eu besoin d’identifier un individu précis pour - 24 -
s’interroger quant à sa propre intention génocide. L’intention ayant présidé au génocide, entendu
en tant qu’entreprise collective, a été reconstru ite par le Tribunal par induction, c’est-à-dire en
collectant tous les éléments de fait et toutes le s preuves pertinentes relatifs aux agissement de
nombreuses personnes; et la conclusion de cette analyse inductive n’a pas été la découverte que tel
ou tel individu précisément identifié avait l’intention de détruire le groupe cible, mais que telle était
l’intention des forces armées serbo-bosniaques. Pe rmettez-moi de citer un passage très significatif
du jugement du 17 janvier 2005 de la Chambr e de première instance rendu en l’affaire Blagojevic.
Il n’y a pas la traduction en français de ce jugement sur le site du Tribunal. Je le cite donc en
anglais :
«The Trial Chamber has no doubt that all these acts constituted a single
operation executed with the intent to destroy the Bosnian Muslim population of
Srebrenica. The Trial Chamber finds that th e Bosnian Serb forces not only knew that
the combination of the killings of the men with the forcible transfer of the women,
children and elderly, would inevitably result in the physical disappearance of the
Bosnian Muslim population of Srebrenica, bu t clearly intended through these acts to
physically destroy this group.» 7
31. Quant à l’affaire Krstic, la Chambre d’appel était parve nue à la même conclusion en
appliquant toujours la méthode inductive: elle s’ était convaincue au travers de l’examen des faits
qu’«en cherchant à éliminer une partie des Musulmans de Bosnie, les forces serbes de Bosnie ont
8
commis un génocide» , et avait en conséquence confirmé la décision de la Chambre de première
instance d’après laquelle «des membres de l’état-major principal de la VRS étaient animés de
9
l’intention de détruire les Musulmans de Bosnie de Srebrenica» .
32. Madame le président, cette jurispru dence montre admirablement bien pourquoi,
e
contrairement à ce que prétend M de Roux, la responsabilité internationale de l’Etat pour génocide
ne saurait être limitée aux cas de constatation judi ciaire de la responsabilité pénale pour génocide
d’individus-organes. Que des individus aient été condamnés ou pas pour génocide, il y a
responsabilité de l’Etat s’il peut être établi que l’intention génocide s’est formée au niveau des
instances suprêmes de l’Etat et qu’elle a donné lie u à la programmation et à la mise à exécution de
l’action visant la destruction du gr oupe cible. Il se peut très bi en, d’ailleurs, ainsi que l’observent
7 TPIY, Le procureur c. Blagojevic et Jokic, affaire n IT-02-60, arrêt, 17 janvier 2005, par. 677.
8 o
TPIY, Le procureur c. Krstic, affaire n IT-98-33-A, arrêt, 19 avril 2004, par. 37.
9
Ibid., par. 38. - 25 -
10
divers auteurs , que des individus participent matériellement à l’action génocide décidée à un haut
niveau, par exemple en obéissant à des ordres supérieurs, sans avoir eux-mêmes l’intention précise
de détruire le grou pe en question: dans ce cas, leur respon sabilité pénale au titre du génocide ne
serait pas envisageable, al ors que la responsabilité internationale de l’Etat resterait quant à elle
pleine et entière. La vérité est que le génoc ide n’est jamais le fait d’individus solitaires se
déterminant de leur propre chef à détruire un gr oupe entier, mais a inévitablement toujours une
dimension collective de «systemic crime» et de ce fait, comme l’écrit le professeur Fletcher, se
place «at the intersection of coll ective and individual responsibility» 11. C’est justement à cause de
cette dimension systémique que, même en l’absence de l’identification et de la punition de tous les
exécutants, la responsabilité internatio nale de l’Etat peut être mise en évidence toutes les fois où
l’on peut déceler, derrière les agissements criminels de nombre d’individus, un dessein
opérationnel de destruction d’un groupe établi au niveau des décideurs de l’Etat.
33. Comme les écritures et les plaidoiries de la Bosnie-Herzégovine, et en particulier celles
de mon collègue et ami le professeur Franck, l’on t déjà démontré, dans le cas présent, ce dessein
opérationnel de destruction du groupe des non-Se rbes de Bosnie-Herzégovine est aisément
décelable par induction au travers de l’analyse de l’ensemble des conduites criminelles axées
contre ce groupe: je ne vais pas revenir encore sur cette démonstration. J’aimerais cependant
attirer l’attention de la Cour sur certains précédents qui ne sont pas en rapport avec le cas
yougoslave et qui montrent eux aussi, et de f açon particulièrement suggestive, combien il est
approprié de procéder par la méthode inductive afin de relever l’intention génocide au niveau
gouvernemental.
34. Le premier précédent concerne le Guatemala. On sait qu’une Commission for Historical
Clarification, dont la présidence fut assurée par le pr ofesseur Christian Tomuschat, avait été
instituée afin d’établir si, au début des années qu atre-vingt, le gouvernement du pays en question
s’était rendu responsable du crime de génocide, aux termes de la convention, contre les populations
Maya. Dans son rapport de1999, la commission arrêta la conclusion qu’il y avait bien eu
10Voir par exemple C. Kress, The Darfur Report and Genocidal Intent, Journal of International Criminal Justice,
vol. 3, 2005, p. 573 et suiv. (ibid., note 47, d’autres indications).
11
G. P. Fletcher et J. D. Ohlin, Reclaiming Fundamental Principles of Criminal Law in the Darfur Case, Journal
of International Criminal Justice, vol. 3, 2005, p. 545. - 26 -
génocide, ayant pu constater l’intention génoci de du Gouvernement guaté maltèque de l’époque.
Voilà le passage le plus significatif du rapport :
«Considering the series of criminal acts and human rights violations which
occurred in the regions and periods indicated and which were analysed for the purpose
of determining whether they constituted the crime of genocide, the CEH concludes
that the reiteration of destructive acts, di rected systematically against groups of the
Mayan population, within which can be mentioned the elimination of leaders and
criminal acts against minors who could not possibly have been military targets,
demonstrates that the only common denominator for all the victims was the fact that
they belonged to a specific ethnic group and makes it evident that these acts were
committed «with intent to destroy, in whole or in part» these groups (ArticleII, first
paragraph of the Convention).»
35. Au cas guatémaltèque, que je viens de citer, il faut ajouter celui, plus récent, concernant
er
le Soudan. J’entends faire allusion au rapport du 1 février 2005 de la Commission internationale
d’enquête sur le Darfour 12, créée par le Secrétaire général suite à la résolution1564(2004) du
Conseil de sécurité du 18 septembre 2004 dans le bu t, en particulier, de déterminer si des actes de
génocide avaient eu lieu dans cette région du Soudan.
36. Je voudrais citer des passages de ce rapport, dans lesquels la Commission élucide de
manière particulièrement heureuse ce que j’ai appelé la méthode inductive permettant de déceler
l’existence de l’intention génocide au niveau gouve rnemental, en s’appuyant sur la jurisprudence
des Tribunaux pénaux internationaux ad hoc pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda : «Lorsqu’il
n’y a pas de preuve directe de l’intention génocide , ce qui est la plupart du temps le cas, celle-ci
peut se déduire de nombreux actes et manifestation ou de faits.» Et ici la Commission, je cite toute
une série de passages de la jurisprudence de ces tr ibunaux… Je vais, Madame le président, éviter
de les répéter un par un, parce que, d’une part, ils ont été indiqués ce matin même par Mme Stern
et, d’autre part, ils figurent dans les notes de ma plaidoirie. J’espère que vous pourrez les regarder.
37. En appliquant cette méthode, la Commission, que présidait le professeur
AntonioCassese, est parvenue à la conclusion que, si la matérialité des faits constitutifs du
génocide était très largement établie, il n’en allait pas de même concernant la mens rea : d’après
elle, l’évaluation globale des faits pertinents permettait de constater que le Gouvernement
soudanais n’avait pas poursuivi une politique de génocide au Darfour, mais plutôt une politique
12 er
Nations Unies, doc. S/2005/60, 1 février 2005. - 27 -
criminelle visant principalement, plutôt que la destruction d’un groupe, des fins
anti-insurrectionnelles.
38. Madame le président, Messieurs les juges, comme vous l’avez lu et entendu, la
Bosnie-Herzégovine vous prie de retenir que dans le cas qui est maintenant sub judice l’application
de la même méthode, inductive toujours, condu it à des résultats bien différents: l’intention
décelable au travers des conduites criminelles qui vous ont été détaillées était la «purification
ethnique» des territoires devant revenir aux Serbes de Bosnie, c’est-à-dire justement la destruction
par des actions criminelles systématiques de la partie du groupe des non-Serbes habitant ces
territoires.
39. Madame le président, je ne voudrais pas te rminer cet exposé en oubliant de suggérer que
la conception dont je viens de faire état ne devrai t aucunement surprendre le défendeur, ni encore
moins soulever de sa part des objections de princi pe (sauf s’il a, peut-être, la mémoire courte…).
La raison en est très simple : il s’agit fondamentalement de la conception que la
Serbie-et-Monténégro avait soutenue devant votre Cour lors d’une précédente affaire dans laquelle,
en qualité de demandeur à l’époque, il prônait just ement la méthode inductive afin de tenter de
démontrer l’intention génocide qui aurait caract érisé la campagne de bombardements aériens
de 1999 des Etats membres de l’OTAN contre lui. Ainsi, lors de l’affaire de la Licéité de l’emploi
de la force, le professeur Brownlie n’hésitait pas à pr ononcer en 1999 à cette même barre, au nom
de l’actuel défendeur, les mots suivants (mais ce n’est qu’un exemple) :
«The evidence presented by Yugoslavia of the bombing and its effects permits a
number of inferences relevant to the constituents of genocide, including «deliberately
inflicting on the group conditions of life calculated to bring about its physical
destruction in whole or in part».» 13
40. Le moins que l’on puisse dire, Madame le président, c’est que le défendeur ne peut pas
être vraiment pris au sérieux quand il prétend critiquer la thèse qu’il défendait encore hier à cor et à
cri lorsqu’il était demandeur devant votre Cour.
Madame, Messieurs les juges, je vous remercie de votre attention. Madame le président, je
vous prie de bien vouloir donner la parole à M. Phon van den Biesen.
13CR 99/25, p.12. - 28 -
The PRESIDENT: Thank you, Professor Condorelli. I now call Mr. van den Biesen.
Mr. van den BIESEN:
FACTS RELEVANT TO ATTRIBUTION
Introduction
1. This is what President Miloševi ć said to the Belgrade police after he was arrested and put
in jail. He was interrogated about his financial policies during his Presidency:
“Official talks between me as President of the Republic of Serbia on the one
hand, and the Vice-Presidents of the Federal Government and other high-ranking state
officials on the other, were no inducement, but serious and responsible discussions of
the most important issues for the survival of the country during a total embargo and
war across the Drina river, war in which we helped our people with all the resources
we had at our disposal.”
And he continued:
“As regards the resources spent for weapons, ammunition and other needs of the
Army of Republika Srpska and the Republic of Serbian Krajina, these expenditures
constituted a state secret and because of st ate interests could not be indicated in the
Law on the Budget, which is a public document. The same applies to the expenditures
incurred by providing equipment, from a needle to an anchor, for the security forces
and special anti-terrorist forces in particular, from light weapons and equipment to
helicopters and other weapons which still remain where they are today, and this was
not made public because it was a state secret, as was everything else that was provided
for the Army of Republika Srpska.”
2. This is, Madam President, what one may ca ll an “admission against interest” and not an
unimportant one. We did present part of this very quote during our first round of pleadings on
14
6 March 2006 . The Respondent has not denied that Milošević did make this statement, nor did it
oppose to the accurateness of the substance of it. Given the absence of such a denial or response
from the Respondent, it is ⎯ given the proper order of these pleadings ⎯ fair to assume that
Milošević did indeed speak the truth here.
3. This statement may make us, Madam President, a bit more compassionate towards the
witnesses called by the Respondent, whom we blamed before for saying that they did not know
anything. Apparently, there was quite a lot being ke pt secret. Obviously, this in itself does not
raise the usefulness of those very witnesses.
1CR 2006/9, p. 35, para. 27 (Mr. Torkildsen). - 29 -
4. Anyway, here, Miloševi ć explains that the Respondent’s, i.e., Serbian, taxpayers’ money
was used “for weapons, ammunition and other needs of the Army of Republika Srpska and the
Republic of Serbian Krajina”. It is intere sting and not unimportant to note that Miloševi ć’s
statement relates, according to the statement itself, to the period from 1994 to 5 October 2000. The
same sort of support had already been establishe d by Mr.Torkildsen with respect to the earlier
years ⎯ with respect to 1992 and 1993 1.
5. It is clear that Mr.Miloševi ć was not speaking about humanitarian aid here: “arms” and
“ammunition” are self-explanatory, while “other needs of the Army of the Republika Srpska and of
the Republic of Serbian Krajina” cannot be unders tood otherwise, given the context of the quote
which is referring to military equipment as well. This confirms the position that Bosnia and
Herzegovina has put forward all along during these proceedings.
6. It is also clear that Milošević talks about spending resources on both the armed forces, i.e.,
the armies of the Bosnian Serbs and of the Serbs in Croatian Krajina. This also confirms our
position: Belgrade was actually financing three armies–– the two just mentioned and, of course,
the Yugoslav Army (VJ) 16. Then Milošević explains that all of these expenditures were to be kept
as a “state secret”. He provides for one reason: “because of state interests”. Now, in general,
providing help to people in other States or to factual or legal entities in other States is not
automatically a matter of State secret in the averag e donor State. Even when paying for arms and
military equipment, this is not necessarily so. One can see various explanations for the
Respondent’s choice to want to handle this as a State secret:
1. it all clearly amounted to a serious violation of Bosnia’s sovereignty;
2. the amounts of money involved were so overwhelmingly huge that making this public would
have caused a popular uproar in the Federal Republic of Yugoslavia;
3. transferring arms and military equipment constit uted a direct and total violation of the arms
embargo imposed by the United Nations Security Council 1;
15Ibid., pp. 37-38, paras. 30-33 (Mr. Torkildsen).
16CR 2006/9, pp. 38-39, para. 33 (Mr. Torkildsen).
17
S/RES/713 (1991), 25 September 1991, para. 6. - 30 -
4. it also constituted a direct and total violati on of this Court’s Orders of 8April 1993 and
13September 1993 and of the various United Nations Security Council resolutions creating
specific obligations for the Respondent;
5. it was generally known that, in any event the Bosnian Serbs were committing large-scale
massacres, crimes and, according to the Gene ral Assembly, “acts committed in Bosnia and
18
Herzegovina and in Croatia constitute genocide” ;
6. it also would show that Miloševi ć did not speak the truth when he assured the world on
19
11May 1993 and when his Government assured the world again on 4 August 1994 , that the
Federal Republic of Yugoslavia had stopped a ll armed so-called “assistance” to the Bosnian
20
Serbs ; and, lastly
7. it also would create a problem for the Respondent in dealing with the present case before this
Court.
7. So, making the truth known about the continued spending of resources would have caused
the Respondent all sorts of trouble and would have exposed the Respondent to even stronger
reactions from the international community, i.e., the Security Council of the United Nations.
Mi8l.ševi ć apparently also stated that there was more to keep away from the public than
only military equipment. He said, I repeat:
“The same applies to the expenditures incurred by providing equipment, from a
needle to an anchor, for the security fo rces and special anti- terrorist forces in
particular, from light weapons and equipment to helicopters and other weapons which
still remain where they are today, and this was not made public because it was a state
secret, as was everything else that was provided for the Army of Republika Srpska.”
Now, this is more surprising. In any State it is not unusual to not specify in detail in a State budget
item relating to “security forces” or special “anti-terrorist forces”. But the budget item as such and
the amount of resources spent as such usually would be made publicly known. It is most likely that
here the same reasons would have applied as the on es just listed as the most likely explanation for
being secretive about monies spent on the two other Serb armies. For our case this section of this
statement of Milošević is directly relevant since the special forces and the special security forces,
18A/RES/47/147, 18 December 1992.
19Reply, p. 688, para. 374.
20
Memorial of 15 April 1994, p. 90, para. 2.3.8.4. - 31 -
which fell under the responsibility of the Belgrade Ministry of the Interior have been quite involved
in acts of genocide in Bosnia and Herzegovina in cluding Srebrenica. We have spent quite some
time on this during the written pleadings and devo ted an entire pleading to this topic on Monday
6 March 2006 2.
9. The only thing we cannot conclude from this statement of Miloševi ć is the precise size of
the resources spent for the purposes of arming the two other Serb armies. It seems to be fair to
assume that the amounts spent must have been considerable, otherwise there would not have been a
reason to keep them out of sight.
10. Of course, the Respondent could have easi ly clarified the one remaining question about
the size of the expenditures, but has just not done so. Therefore, it is reasonable to infer that
Bosnia’s assessments of this have been correct all along. Later on we will return to the quality and
quantity of the expenditures involved as we discu ss what the Respondent actually provided for, in
terms of the military capabilities for the Bosnian Serbs.
11il.oševi ć has provided another “admission against interest” with respect to his
propagating the idea of a Greater Serbia. This is what the ICTY Trial Chamber found based on the
statement and testimony of one of the closest advisers of President Tu đman of Croatia. This
adviser, Hrvoje Šarinić, declared, as a witness, as follows:
“The Accused [Miloševi ć] articulated his desire for a separate Serbian state to
Hrvoje Šarinić, on 12 November 1993, when he stated, ‘I am telling you frankly [I
being Milošević] that with Republika Srpska in Bosnia, which will sooner or later
become part of Serbia, I have resolved ni nety percent of Serbia’s national question’
and again in September 1995 the Accused stated, ‘We, Hrvoje, are going to solve our
problem and without the international community. We are each [and now he is talking
22
about Serbia and Croatia] going to annex our part of Bosnia Hercegovina’.”
Apparently, the judges of this Trial Chamber found the witness to be credible and based this part of
their decision on his testimony. Besides that, this statement confirms what appears from the other
evidence we have presented to the Court: the Greater Serbia idea was not only implemented by the
Bosnian Serbs, its propagator kept entertaining this idea, even after Srebrenica.
2CR 2006/9 (Ms Karagiannakis).
22
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milošević, case No.IT-02-54, Decision on Motion for Judgement of Acquittal,
16 June 2004. - 32 -
The Serb side
12. Madam President, Members of the Court, during the course of our pleadings we are
referring frequently to “the Serb side”, without precisely specifying. We do specify, however,
occasionally when this is helpful and clarifying for the position which we are trying to convey to
the Court.
13. “The Serb side” in our pleadings refers either to the Bosnian Serbs, or to the Serbs from
the Federal Republic of Yugoslavia or to a combination of those. Occasionally “the Serb side” also
includes Serbs acting as part of the army of th e Republika Srpska Krajina. When we talk about
“Bosnian Serbs” we always refer to Bosnian Serbs that are part of “the Serb side” and ⎯ to avoid
any confusion ⎯ never about the Bosnian Serbs who remained loyal to the “old” Bosnia and which
were part of, or at least loyal to, the authorities of Bosnia and Herzegovina.
14. The choice for using “the Serb side” is not only a matter of convenience, but this choice
is also directly rooted in our view as to who were Bosnia’s opponents and who were involved in
and/or responsible for the acts of genocide committed against the non-Serbs of Bosnia and
Herzegovina.
15. We are not alone in this approach. Appare ntly General Rose looked at it this way as
well: he explained in his testimony that he, Gene ral Rose, if he would no t be successful doing
business with the Bosnian Serb leadership, would simply turn to Belgrade which, then, would often
provide him with the desired results 23.
16. Also we are not alone in this approach, since Miloševi ć, when not speaking in public,
would do exactly the same. I will give the Court some examples of this:
⎯ on 9 January 1993, during the meeting of the Council for Co-ordination, which meeting I
discussed already on 3 March, Milošević said about the Vance-Owen Plan:
“Although the proposed plan and the items have not been favorable so far, we
should work on it to turn them to a definition that would be favorable for our cause.
Yet they do contain the major favorable component and the main determination. The
plan accepts the demarcation based on ethni cal principle; it is already including the
demarcation based on ethnical principle, for which they recently said to be out of the
question. Is it more important to us that they have accepted to make the demarcations
based on ethnical principle or that the dema rcations have to be realized through three
or one ethnical units, especially bearing in mind that those communications can be
2CR 2006/26, p. 26 (testimony of Sir Michael Rose). - 33 -
established through further work and negotiations about the maps?” 24 (Emphasis
added.)
⎯ On 9 May 1993, a couple of months after the earlier meeting, when speaking to the Assembly
of the Republika Srpska about the same Vance-Owen Plan, Milošević said:
“The question was asked, which I reallyfind unacceptable: Whether we give up
on our goal? I shall tell you no! We do not give up on our goal . . . The question is,
though, whether the plan represents a way towards the final goal. The goal was
completed in many aspects, but not in all of them. But it represents the way towards
25
the ultimate goal, of course it does.”
⎯ One year after that, on 15 April 1994, he said , during the Twentieth Session of the Supreme
Defence Council, the body made up out of the political and military leadership in Belgrade:
“As for this situation I think that at the moment our first goal is to use
appropriate negotiations to bring them to freeze operations on the whole territory of
Bosnia and Herzegovina and to have the front line [this is Miloševi ć talking]
recognised as the demarcation line, which in the situatio n when our forces control
26
72% of the territory, would create a very good position for finalizing negotiations. ”
17. Actually, this meeting of the Council of Co-ordination was precisely about co-ordinating
“the Serb side”. Mr. Brownlie showed himself to be somewhat annoyed about our interpretation of
what was discussed during this Council’s meeting on 9 January 1993 and stated that all of this was
quite normal. He said “in my submission, this segment from the argument provides another
example of the habit of our opponents to construe every normal action of Serbia and Montenegro as
evidence of culpability” 27. We do not agree with the Respondent here and actually the Respondent
did not explain what was so normal about these meetings.
18. The Respondent objected to our interpretation of this meeting by stating that we only
quoted from a specific part of the minutes of that meeting and suggested that our quotes were taken
“out from the context of the whole session” 28. We do not agree with that, but what would have
been easier for the Respondent th an to provide the Court with this context they were talking about
to support its disapproval of our approach? The Respondent did not do this but, on the contrary, it
shifted its position in the next minute and stated that also “the integral version of that transcript
24See judges’ folder of 3 March 2003 (CR 2006/8, p. 55, paras. 66-67), p. 37.
25CR2006/9, p. 14, footnote 21.
26
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic case No.IT-02-54, Exhibit No. P667, Shorthand Record of the
Twentieth Session of the SDC held on 15 April 1994, pp. 11-12
27
CR 2006/21, p. 21, para. 19 (Prof. Brownlie).
28Ibid., p. 27, para. 11 (Mr. Obradović). - 34 -
cannot be fully understood” without an even wider context, i.e., a historical and a political
context 29. This, Madam President, cannot be otherwise understood than as an effort to “explain
away” the regular meaning of regular words exchanged during a, at least in the view of the
Respondent, regular meeting. This loosely “explai ning away” cannot be accepted as serious in a
court of law, especially not if it is not backed up by any evidence whatever. The Respondent, for
example, could have submitted the records of all se ven meetings of this particular Council. The
records of the other meetings than the one we us ed are not regularly available and most certainly
would, according to the Respondent’s position and its own reasoning, have provided the Court and
the Applicant for that matter, with the proper means to properly understand the meaning of this
Council and the meaning of what was discussed in this Council on 9 January 1993. Since the
Respondent has failed to do so, we may proceed on the basis that our interpretation of what
happened at that meeting is not effectively rebutted.
19. The Respondent did add that it was clear to them from the minutes of this Council
meeting that Belgrade leaders did not give orders to Karadzic, only advice. Well, the only thing we
can infer from these minutes is that this did not happen as such during this meeting. Moreover, in a
situation in which, as we see it, the Bosnian Se rbs and the Federal Republic of Yugoslavia Serbs
“were in it together”, this in itself does not seem unusual.
OMb2..dovi ć added to his explanation of this meeting the following: “No one from the
Federal Republic of Yugoslavia incited Bosnian Serb leaders at that session to commit atrocities.”
And then he started to quote from the minutes and quoted Mr. Miloševi ć. He said “The territory is
an essential issue”, said the late Slobodan Miloševi ć. “Only the map matters.” 30 It is true that no
one from the FRY incited at that session the Bosnian Serbs to commit atrocities. The quotes given
by Mr.Obradović are also correct. However, these quotes become easier to understand when the
follow-up of that conversation is read as well. The President of the FRY Dobrica Ćosić reacts to
Milošević’s remark that only the map matters and he sa ys: “If we get more political rights in the
constitution of the state . . .” But Milošević interrupts him then and says:
2Ibidem, para 12.
30
CR 2006/21, p. 27, para 15 (Mr. Obradović). - 35 -
“Dobrica, please let me interrupt you. PASPALJ [the President of the Republic
of Serbian Krajina, who was also present ther e] said that there has to be integrity of
the Serbian people. We de facto have that because objectively and according to all our
relations, such as political, military, economy , cultural, and educational, we have that
integrity. The question is how to get the recognition of the unity now, actually how to
legalise that unity. How to turn the situation, which de facto exists and could not be
de facto endangered, into being de facto and de jure? Accordingly, the road, which
would lead us to de jure, leads through a ‘small labyrinth’. We would never allow the
change in a de facto situation, but through that ‘small labyrinth’ we would achieve
some things, if not in half a year then in a year, if not in a year then in two years.
What do we gain? We gain that we woul d have fewer casualties and in that way we
would save our people. We have to sacrifice everything for the people except the
people itself.”
Of course the latter applied to the Serbs, not to the people in general.
Mr. Ćosić replies then that he fully agrees, and a minute later Milošević says:
“PASPALJsaidthatwemusthaveintegr ity. He is absolutely right about it.
We de facto have it ready. We won that. If they had not had the war the changes on
the ethnical basis would have never occurred. Now we have the changes based on the
ethnical principle. I do not care at all if we have one or three republics. They are
together and it is sure that they will be togeth er later on. It is sure that they would not
divide themselves into six but those three would become united. Accordingly, when
that space is left open then everything else is open.” 31
Not only does Milošević confirm here that the Serbian people already has its integrity “objectively
and according to all our relations”. Precisely th is “objectively” is relevant for the appreciation
which needs to take place in our case, while the illustration given by Milošević by summing up “all
those relations” leaves no doubt about the su bstance of this “integrity” which actually ⎯ as I
32
explained in the earlier pleadings on this topic ⎯ means “unity” . This also shows that Miloševi ć
is speaking about “we” when he talks about havi ng casualties. He states “we won” and he adds
that he does not care at all “if we have one or three republics” and adds that they will become
united anyway. All of this illustrates perfectly well that we are correct when talking about “the
Serb side”, which refers back to the Respondent and the Bosnian Serbs at the same time.
21. After having established that “the Serb si de” was in it together, it may be useful to point
out again that this being in it together dates back to at least 1991, and probably to an even earlier
date.
22. This, Madam President, was not something Miloševi ć said just on the spur of the
moment. It reflected, indeed, that the entire undertaking was all about the creation of the new
3Judges’ folder of 3 March 2006; CR 2006/8, p. 56, paras. 69-70.
3CR 2006/8, p. 57, paras. 72-73. (Mr. van den Biesen). - 36 -
Yugoslavia, also known as Greater Serbia. Two months later Miloševi ć said almost literally the
same at the Republika Srpska Assembly where the Vance-Owen plan was discussed:
“Since you are an Assembly, you probably know that we made a united system
of money transfer, that we intend to introduce the same money, that we intend to have
every possible link and transaction between the economies, as well as that we are
going to stabilize the entire unified area of economy, in which those Serb lands shall
33
belong economically, culturally, educationally, and in every other aspect.”
Madam President, I am half way through my pleadings, still 20 minutes to go. Maybe this is
a good moment to have a short break.
The PRESIDENT: Very well. The Court will rise now and will return within 15 minutes.
The Court adjourned from 4.35 to 4.50 p.m.
The PRESIDENT: Please be seated. Mr. van den Biesen, please resume.
Mr. van den BIESEN: Thank you very much. Madam President, Members of the Court:
RAM
23. The Respondent has noted that we did not come back to the so-called RAM plan, which
plan we had mentioned during our written pleadings. Professor Brownlie drew the conclusion that
we no longer take the position that such a plan i ndeed existed and, in any event, he denied the
existence of it:
“In any event the purported RAM plan consists of suppositions based upon the
insufficiently legible part of the transc ript of a telephone conversation between
Milosevic and Karadzic of 29 May 1991. Not a single ICTY indictment contains
details about the existence of a plan entitled RAM.” 34
24. In the Rejoinder, the Respondent had claimed that the tape was “falsified”.
Mr. Brownlie, if I heard him correctly, did not repeat this position. The Respondent had added that
we had not provided any evidence in support of the quality thereof 35. Well, as we said in the
Reply, this conversation was revealed by Ante Marković, the last Prime Minister of the SFRY. But
3ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Exhibit No. P357.2a, Excerpts from the Thirtieth
Assembly Session of the RS Assembly of 9 May 1993.
34
CR 2006/21, p. 12, para. 4 (Mr. Brownlie).
35
Rejoinder of 23 February 1999, p. 596, para. 3.3.1.13. - 37 -
this we said in 1998. Markovi ć testified in the Milošević trial and confirmed precisely what we
have been telling this Court in our written pleadings. He made his statement on 23 October 2003 in
36
the Milošević case ; and by making his statement he established the existence, the veracity and the
substance of the tape-recorded conversation.
M 2a5r.kovi ć has ⎯ as a witness ⎯ confirmed what we have stated before and for which we
have submitted evidence earlier. And he said, duri ng 1991 –– especially but not exclusively in the
fall of 1991 ⎯ it is not what he said, it followed ⎯ Belgrade was intensively busy with the
distribution of arms among the Serbs in Bosnia and Herzegovina. This happened in close
co-operation with the Bosnian Serbs and clearly with the active involvement of the JNA.
26. During my pleadings last Tuesday morning I did read several quotes from various ICTY
judgments which, besides this tape recording, confirmed this distribution of arms as part of a well
orchestrated plan 37.
The armed forces/paramilitaries
27. Madam President, later this afternoon my colleague LauraDauban will speak about the
Respondent’s total involvement military-wise and paramilitary-wise more extensively. For now I
would like to make just a few observations.
28. We have provided the Court with rather exhaustive details demonstrating this total
involvement of the Respondent, an involvement which necessarily leads us to conclude that the
Respondent should be considered directly ⎯ or indirectly ⎯ as an accomplice responsible for the
acts of genocide committed in Bosn ia and Herzegovina. Basically, the Respondent has rebutted
this only in a rather general manner. With respect to the paramilitaries, the response was “all sides
did the same”; with respect to the military the re sponse was that the situation with respect to the
payment of the officers was not unusual and that this , in any event, does not lead to attribution of
any responsibility; with respect to the secret police or special forces from the Belgrade Ministry of
the Interior, the Respondent flatly denied that these forces were operating in Bosnia under their
control, as if that, would it be true –– which we have shown it is not, while the Respondent fails to
36ICTY, Prosecutor v. Slobodan Miloševi ć, case No.IT-02-54, transcript of 23 October 2003, starting at
p. 27999. Available at www.un.org/icty/transe54/031023ED.htm.
37
CR 2006/30, pp. 44-45, paras. 39-40 (Mr. van den Biesen). - 38 -
produce any evidence to the contrary ⎯ if they were right it would not have been relevant for the
question of attribution.
29. Leaving an entire army behind was also considered to be normal by the Respondent,
while they did not effectively deny its continued su pplying the armed forces of the Bosnian Serbs.
This is in itself is not surprising with former PresidentMilosevic, as we have seen just a minute
ago, explaining that extensive resources were spen t in secret on supplying both the other two Serb
armies.
30. The Respondent has entirely ignored that it, as we have shown the Court in our first
round, in 1995 sent VJ officer General Mile Mrksić from Belgrade to the Republika Srpska Krajina
to be the Commander of the RSK armed forces. Maybe the Respondent takes the position that
there is no need for it to respond because this issue may possibly belong to the Croatian case, but in
any event not to the Bosnian one.
W 31. do deem this appointment relevant for our case since it illustrates Belgrade’s position
towards the two other Serb armies.
32. We presented the Mrksić appointment together with the appointment of Bogdan Subotić,
who became the Minister of Defence of Republika Srpska 38. The Respondent did not ignore this
appointment either. Since there can be no doubt that this appointment falls squarely within the
range of our case we may consider this silence of the Respondent as another non-denial of a clear
fact presented by us, which presentation, of course, was supported by relevant evidence.
33. The third appointment I discussed on 28February 2006 in the same context is the
decision of this joint meeting ⎯ a joint meeting of the Belgrade and Pale political and military
leadership, who decided that General Mladić would have to be the Commander of the Bosnian Serb
concocted army-to-be. This me eting took place, as we have demonstrated, in Belgrade on
30April1992, three days after the new Constituti on of the Federal Repub lic of Yugoslavia was
adopted. We will get back to this issue later today.
34. These decisions, appointing the highest military officers, are showing the level of
Belgrade’s relationship to the other two Serb entities.
3CR 2006/8, p. 54, para. 61 (Mr. van den Biesen). - 39 -
Financial unity
35. Madam President, last Tuesday I briefly discussed the strong structural ties between the
financial institutions of the three Serb entities, th e most telling feature of these being the total
39
subordination of the Bosnian Serb and Krajina Serb institutions to the Yugoslav National Bank .
36. Our colleague, Mr.Torkildsen, not only explained this organizational side of the
financial relationship between the Serb entities, he also spent quite some time on the substance of
these ties, his conclusion being that almost all of the Republika Srpska budget was covered by
Belgrade, was paid for by Belgrade; and over 90 percent of that budget was related to army
expenditure 40. The evidence to which we referred 41 consists of official Republika Srpska
documents, which went through the verification pro cedure of the ICTY. We certainly are allowed
to rely on those documents; and so does the Court. If the Respondent would not have agreed with
that, the Respondent should have made it clear and should have produced evidence to the contrary.
37. The only one who provided this Court with a different view was a witness called by the
Respondent, Mr.Vladimir Luki ć. He stated that Republika Srpska had “its own banking and
financial systems reflected in the existenc e of a national bank, its own currency, budget, [and]
42
payment operation service” . By suggesting that Republika Srpska had its own currency,
Mr. Lukić did not inform the Court correctly, since this has been the case only for a short time,
while during this time the Yugosl av National Bank in Belgrade was also in total control of the
Republika Srpska economy. In early 1994, the so- called Super Dinar was introduced by Belgrade.
From that point onwards, the curren cies in all three Serb entities were unified. The National Bank
of Yugoslavia was put in char ge of all three economies 43. When asked in cross-examination if the
financial system was wholly indepe ndent of any FRY support, Mr.Luki ć first did not reply and
then denied that the Republika Srpska was dependent on the FRY. He also claimed that the
Republika Srpska was receiving credit from othe r countries than the FRY. He described the
arrangement in which the Republika Srpska join ed the monetary system of the FRY as the
39
CR 2006/9, pp. 44-48, paras. 48-59 (Mr. Torkildsen).
40Ibid., p. 42, para. 44 (Mr. Torkildsen).
41CR 2006/9, p. 43, footnote 106 (Mr. Torkildsen).
42
CR 2006/24, p. 12 (testimony of Mr. Lukić).
43CR 2006/9, p. 47, para. 57 (Mr. Torkildsen). - 40 -
Yugoslav National Bank acting as a kind of exchange office to convert Marks into Dinars, but he
appeared to be unaware of the arrangement in which his National Bank was subordinated to that of
44
the FRY . As we discussed earlier, the statements of Mr.Luki ć, in general, cannot be taken
seriously by any court of law. This includes his remarks on finances, which clearly are not
supported by any evidence, let alone by credible evidence.
38. Mr.Torkildsen has quite some time ago pr oduced several reports to the ICTY in the
Milosević case. These reports were publicly available and known to anyone who was interested in
the Milosević proceedings. Besides that, the Respondent knew that Mr.Torkildsen was to appear
before this Court in this case. All of this makes the effective silence of the Respondent in response
to our pleadings with respect to this issue even more telling and allows us to conclude that the
documents discussed and analysed by Mr. Torkildsen, indeed, confirm that Republika Srpska was,
if it were left alone by the FRY, economically zero, nothing. It just could not have existed, let
alone continued to exist.
SDC
39. Madam President, Members of the Court, we have talked several times about the
Supreme Defence Council (SDC) meetings and about the reports of these meetings during the first
round of our pleadings. Before that, the Parties have been engaged in correspondence with the
Court about this topic. The Respondent has not seen the need to say anything about this issue
during the first round of pleadings.
40. During this second round we have referred to and will be referring to several of these
reports, which are all readily available through the ICTY 45.
41. Looking through these documents, that is through the visible sections of them, several
things become clear:
⎯ first, promotions and other personnel decisions are discussed at length during all of these
meetings. Large parts of precisely those discussions are redacted. The only feasible reason we
can think of is that these sections relate to the Yugoslav army officers who were on duty in the
4CR 2006/24, p. 12, paras. 22-24.
45
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosević, case No. IT-02-54, Exhibit P469. - 41 -
Republika Srpska or in the Republika Srpska Krajina. If the Respondent does not agree, it
should have proven that we are wrong and not provide the Court with theoretical alternative
reasons for these particular redactions;
⎯ then, the SDC meetings, as a rule, spent a lot of time on what is called the “current political and
military” situation. This usually seems to be about the situation in Bosnia and Herzegovina
and in Serbian Krajina. Whenever the reading could become interesting for our purposes, the
screen turns black. It is only reasonable to assume that these sections would clarify the extent
and the nature of the Respondent’s “relationshi p” with the Bosnian Serbs. Again, if the
Respondent does not agree, it should prove that we are wrong and not provide the Court with
theoretical alternative reasons for these redactions;
⎯ even the unredacted parts of the reports show an always present awareness of the participants
to the SDC to be secretive about the issues discussed and to warn against sensitive things being
put on paper;
⎯ also, all along during the years 1992-1995 fi nancial problems form a centrepiece of the
discussions. The shortage of funds, which qu ite often comes up as an issue in relation to
discussions on the needs of the other two Serb armies, is a returning issue. Surprisingly it is
within the SDC that the decision seems to be taken about printing new money to alleviate
problems of the armies involved. If the Respondent does not agree, it should prove the
contrary;
⎯ the November 1993 meeting which, according to what former FRY President Lili ć testified in
46
the Milosević case , must have been the meeting in which the decisions were made about the
30th and 40th Personnel Centre; extensive parts of exactly this report are almost entirely
redacted;
⎯ the month of August 1995, immediately following the Srebrenica massacre, shows the highest
frequency of SDC meetings ever. One of those meetings is attended by RatkoMladi ć, the
commander of the Bosnian Serb military. All of the reports of these meetings are largely
redacted. It is only reasonable to assume that the redacted sections hide extensive discussions
4ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosević, case No. IT-02-54, transcript of 17 June 2003, page 22591. Available
at www.un.org/icty/transe54/030617IT.htm. - 42 -
on the massacre of Srebrenica and about “what to do next”. The redaction of the
23August1995 report does not seem to be entir ely perfect. This report does reveal that the
SDC participants are of the opinion that Repub lika Srpska should accept peace immediately
and they add that otherwise the Republika Srpska will no longer receive an y military support.
This, at least, confirms that until August 1995 this military support was still the regular
situation;
⎯ yes, Madam President, the minutes and the shorthand reports also show that Belgrade was very
annoyed by its Bosnian Serb brothers and some times even angry about their stubbornness. It
also shows that Belgrade would have preferre d acceptance of the various peace plans much
earlier than the Bosnian Serbs thought to be advisable. At all times, this was said in the context
of economic discussions: it all became just much too expensive for Belgrade;
⎯ never show the unredacted sections that Belgrade has taken a position which shows a principal
difference of opinion with the Bosnian Serbs. If there were different opinions, they were
strictly of a tactical nature;
⎯ never show the unredacted reports a decision of the SDC to entirely and effectively cut all
military co-operation, in all its aspects, with the Bosnian Serbs.
42. These are the things we can see. It is only fair to assume that these reports hide the truth
central to the question of attribution in our case. The Respondent is keeping this truth hidden. And
actually, the Respondent continues actively to do so.
43. Only recently ⎯ actually in the midst of the pleadings that took place here before this
Court ⎯ it tried to make sure that the ICTY woul d not make public its confidential decision
ordering Serbia and Montenegro to produce certain documents, including Ratko Mladić’s personnel
file. Proof of this is to be found in the decision of the Trial Chamber in the Milosević case, which
decision was taken on 12 April 2006 and made available to the public yesterday. Since the
decision has not been placed on the ICTY’s website yet, it is enclosed in the judges’ folder.
44. In itself this decision does not seem to be particularly interesting since it only confirms
that the file of the Milosević case will remain closed, since the case is terminated. For us the
decision is relevant given the fact that the Agen t of the Respondent did inform this Court earlier
that he was not opposed to making these documents public. The contrary apparently was argued at - 43 -
the ICTY. The Court should infer the necessary conclusions from the various positions taken by
Serbia and Montenegro.
45. The decision also illustrates, Madam President, that the Milošević case has indeed lost its
meaning seen from the perspective of what we ca ll “getting the record straight” in respect to the
period relevant for our case.
Concluding remarks
46. Madam President, this brings me to my concluding remarks. The facts discussed at these
pleadings do all confirm the unity ⎯ the unity between the entities making up the new
Yugoslavia ⎯ Serbia and Montenegro, Republika Srpska and Republika Srpska Krajina. A unity
which in the words of Miloševi ć existed de facto and only needed to be formalized de jure, a
process which could take some time. For our purposes, obviously, the de facto existence is
sufficient.
47. The unity referred to here was not that of an average political alliance. As Miloševi ć
said, the most important feature of the Vance-Owen Plan was the fact that it included borders based
on “ethnical principle”. Indeed, this was precis ely what the ethnic cleansing was all about and
what Strategic Goal No. 1 was all about. It is clear that Miloševi ć, i.e., the Respondent, considered
this to be the most important feature. It is clear that there is no distance whatever between
Milošević and the Bosnian Serb leadership as to thei r views with respect to the desired ethnicity
criterion for their actions and for their policy.
48. Also, it is clear that the ultimate goal was shared likewise by Miloševi ć, i.e., the
Respondent, and the Bosnian Serb leadership.
49. Also, it is clear that the unity already was achieved with respect to all the relations
between the Serb entities: political, military, economical, cultural and educational.
50. The General Assembly of the United Nations had become aware of this de facto situation
as well. In its resolution of 3November 1 994 it called upon the FRY and concluded that the
FRY’s:
“activities aimed at achieving integration of the occupied territories of Bosnia and
Herzegovina into the admi nistrative, military, educa tional, transportation and - 44 -
communication systems of the Federal Republic leading to a de facto state of
occupation are illegal, null and void, and must cease immediately” .7
Madam President, it is clear that we are today having the benefit of hindsight and, more
importantly so, the benefit of documents which at the time were certainly not available to the
General Assembly. This must have been the reason for the somewhat conservative approach
reflected in the resolution. We have established that the situation feared by the General Assembly
did exist in reality at the latest on 9 January 1993.
This ends my pleading, Madam President. I would appreciate it if you would give the floor
to my colleague Laura Dauban.
The PRESIDENT: Thank you, Mr. van den Biesen. I call Ms Dauban.
Ms DAUBAN:
Military including JNA/VJ/paramilitaries and volunteers
1. Madam President, Members of the Court. Bosnia and Herzegovina has to date, through its
written submissions and during the first round of its oral pleadings, presented a very clear picture
of the nature of the military during the conflict. We have shown to you how the Yugoslav People’s
Army ⎯ which I shall hereinafter refer to as the JNA ⎯ became a Serbian army and how this
characterized the nature of the relationship betw een the Respondent and the Bosnian Serbs. We
have demonstrated how Belgrade created the armed forces of the Bosnian Serbs ⎯ by simply
relabelling part of the JNA ⎯, how Belgrade retained its backbone, the Officers Corps, as part of
the 30th Personnel Centre of the Yugoslav army ⎯ hereinafter the VJ ⎯, through which the
officers serving in the army of the Bosnian Serbs received monthly payments ⎯ additional
payments for years in battle, in Bosnia ⎯, pensions, promotions and other involvements. We have
shown how Belgrade shaped the political intent which was to guide the aims of that army and
continued to supply it with men, equipment, logistical sustainability and arms.
2. In our written and oral pleadings we have described and documented numerous examples
of the close relationship between the armed forces of the Respondent and the Bosnian Serbs. The
armed forces of the Respondent included their regular armies ⎯ the JNA and later the VJ ⎯,
47A/RES/49/10, para. 15. - 45 -
paramilitary formations, either connected to the VJ or to the Ministry of the Interior of Serbia, or
special police, other special secret police units. We have presented exhaustive evidence which
shows that volunteers, paramilitaries and other police units from the FRY were not independent,
uncontrolled units but organs of the State of the Respondent and an integral part of the ethnic
cleansing operations in Bosnia and Herzegovina.
3. The Respondent has consistently, but ultimately superficially, sought to deny the evidence
presented by Bosnia and Herzegovina. They have focused a disproportionate amount of attention
on inaccurate assertions regarding the army of Bosnia and Herzegovina, mu ch of which has been
refuted by Mr.van den Biesen 4. Where the Respondent has attempted to tackle our evidence, it
was usually through a distortion on their part of the general picture and not through any concrete
facts or pieces of evidence. The majority of the substance of our evidentiary matter, therefore, has
been left untouched by the Respondent. During the course of these pleadings I will answer all
points made by the Respondent relating to the military and in doing so will clarify the position of
Bosnia and Herzegovina in relation to those statements by the Respondent and also by the
testimony of the experts, witness-experts and witnesses called by both Parties where relevant.
The system of defence in Yugoslavia
4. There have been a lot of facts so far pr esented to the Court on the topic of the military
relations between the Respondent and the Bosnian Serb s; as well as a lot of information about the
military forces of Bosnia and Herzegovina itself. It might be helpful if at this point a little
clarification is added so a clearer picture can be gauged about the structure of the military in the
former Yugoslavia; something which has been alluded to by both Parties throughout the pleadings.
5. The defence structure of the former Yugoslavia was laid out in the All People’s Defence
doctrine which was first published in 1969 and it gave a level of military independence to each of
the republics in Yugoslavia under the auspices of the JNA 49. The JNA was a federal body in that it
was controlled by and answerable to the Federal Presidency of the SFRY only and could not,
therefore, be controlled by any one President of any one of the republics ⎯ this was laid out in the
4CR 2006/30, p. 50, paras. 58-60 (Mr. van den Biesen).
49
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Expert Report of MATOTP Theunes and Borrelli,
Exhibit No. P643 tab 1, Part I Theunes, pp. 2-3. - 46 -
1974 Constitution of Yugoslavia. The Federal Presidency was, until the end of 1991, made up of a
representative from each of the republics of Yugoslavia. The idea behind such representative
federal control was to ensure that no one of the republics in Yugoslavia would have undue
influence over the JNA, which was primarily respons ible for any immediate external threats to the
security of Yugoslavia as a whole. The JNA was divided into army military districts which
covered areas of territory irrespective of the borders of the constituent republics.
6. At the level of the republics ea ch one had its own territorial defence ⎯ which will
hereinafter be the TO ⎯ which was responsible for the secur ity of Yugoslavia on the basis of
locally organized units and these units were funde d and equipped by the republics themselves: a
large portion of the male population received milita ry training so that they could be called up by
these units 50. Each republic also had a Ministry of the Interior which was responsible for its own
internal affairs such as policing and had extended powers in the case of an imminent threat of war.
7. All of this was in place on the federal, republic and municipal level and it was used by the
Serb side during the conflict: as General Dannatt st ated to this Court, this doctrine ensured that a
town or municipality would raise its own unit fo r local protection in the event of external
aggression against Yugoslavia but it was unfortunately the very system of All People’s Defence
51
which was so egregiously internally misused that led to such disastrous consequences .
The JNA
8. Madam President, Members of the Court, Bosnia and Herzegovina has so far presented a
lucid picture of the role played by the JNA in the conflict. We have established how this
multi-ethnic defence force whose aims were brotherhood and unity became a predominantly Serb
military which proceeded to arm the Bosnian Serbs 52. The Respondent has taken the position that
the arming of the Serbs was nothing more than part of a “widespread phenomenon” prevalent in the
50
Ibid., p. 5.
51CR 2006/23, p. 40 (testimony of General Sir Richard Dannatt).
52CR 2006/02, p. 32, para. 13 (Mr. van den Biesen). - 47 -
context of the break-up of Yugoslavia 53and that the arming of the military units was done along
54
ethnic lines by each ethnic community .
9. That this arming was done equally by each ethnic community in Bosnia and Herzegovina
we have shown to be false by simple reference to the disparity in access to resources of each of the
55
communities ⎯ the Serbs had a considerable advantage . That this was an organized endeavour
on the part of the Serbs and that it was organized from Belgrade can be seen in the statement of one
of the self-confessed participants, Miroslav Deronjic, who was during 1992 and 1993 the President
of the Serb Crisis Staff in the municipality of Bratunac, and pleaded guilty to crimes against
humanity before the ICTY. He described how he met with Mihalj Kertes, then the Deputy Minister
of the Interior of Serbia, and they organized the arming of the Serbs in municipalities in Bosnia and
56
Herzegovina ⎯ and this, Madam President, was in 1991 . Mihalj Kertes told Deronjic how he had
been involved in the arming of the Bosnian Serbs quite extensively and that he was in charge of the
operation 57. We have already highlighted the role of Mihalj Kertes in the arming of the Bosnian
58 59
Serbs in our Memorial of 15 April 1994 and in our Reply of 23 April 1998 .
10. The role of the JNA in the arming was an important one. In his conclusions on the
situation of the responsibility of the Second Military District of the JNA, General Kukanjac, the
Commander of that Second Military District, stat ed that the JNA distributed 51,900 pieces of
armaments in co-operation with the Serbian Demo cratic Party of the Bo snian Serbs, who are
reported to have distributed 17,298 weapons 60.
11. The CIA study, Balkan Battlegrounds, a source favoured by the Respondent for their
information on military matters, stated that the JN A superseded the Serbian State Security Service
53
CR 2006/19, pp. 45-46, para. 267 (Maître de Roux).
54
CR 2006/15, p. 25, para. 163 (Mr. Stojanovic).
5CR 2006/02, pp. 32-33, para. 13 (Mr. van den Biesen).
5ICTY, Prosecutor v. Miroslav Deronjic , case No.IT-02-61-S, Statement of Miroslav Deronjic, Exhibit
No. P600a at pp. 2-13.
5Ibid., p.15.
5Section 2.3.4.
59
Reply of Bosnia and Herzegovina, 23 April 1998, Chapte r 8, Section 2, para.24 and Chapter 8, Section 6,
paras. 218, 245-254.
60
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Exhibit No. P464, tab 4a at p. 4. - 48 -
61
as the primary weapons supplier to the Bosnian Serbs . In fact, what the JNA were doing was to
disarm the Bosniaks and Bosnian Croats on the one hand, whilst arming the Bosnian Serbs on the
other. One study by the Balkan historian, Dr. Hoare, explains that:
“The JNA sought to disarm the Bosnian TO-units in Muslim- and
Croat-majority areas, and keep them di sarmed, while arming the TO-units in
Serb-majority areas and redistributing weaponry for use in the coming war. The TO
was therefore split into Serb staff who co llaborated with this policy, and non-Serb
staff who sought to retain or regain control over their own armaments.” 62
12. This was not the only way in which the JNA was involved in Bosnia and Herzegovina
and, contrary to the assertions of the Respondent, that by March 1992 the JNA was no longer in
control of Bosnia and Herzegovina and that the mobilized Bosnian Serb units were acting
independently 63, the opposite is true. We have demonstrated that the role of the JNA in relation to
the Bosnian Serbs and the takeover of the municipali ties is evident through its actions, particularly
through its role in the ethnic cleansing in Bosnia and Herzegovina 64. Counsel for the Respondent
65
has portrayed the JNA as an army whose role was one of keeping the warring factions apart .
They do agree with the position of Bosnia an d Herzegovina that by early 1992 the JNA had
become a mainly Serb army; in fact the Agent of the Respondent stated as much himself, although
there is evidence, which has already been presen ted by Bosnia and Herzegovina, which shows that
the conclusion by counsel for the Respondent, that this was a natural process is an erroneous one 66.
13. Balkan Battlegrounds points out that despite the fact that the JNA was supposed to
mirror the ethnic composition of Yugoslavia, th is was not the case: while Serbs constituted
36percent of the population of Yugoslavia and Montenegrins less than 3percent, together Serbs
and Montenegrins made up almost 70 per cent of the JNA’s officer ranks 6. The actions of the JNA
in Slovenia and particularly in Croatia in 1991 alienated it from the non-Serbs in Bosnia and
61
Central Intelligence Agency , Balkan Battlegrounds: A Military Histor y of the Yugoslav Conflict, 1990-1995 :
Vol. I, p. 127.
62Marko Hoare, How Bosnia Armed (London, 2004) p. 23.
63CR 2006/16, pp. 33-34, paras. 90 and 94 (Mr. Brownlie).
64
CR 2006/5 (Ms Karagiannakis); CR 2006/6 (Ms Dauban).
65
CR 2006/15, p. 15, para. 132 (Mr. Stojanovic).
66Ibid., p. 19, para. 148 (Mr. Stojanovic).
67Central Intelligence Agency , Balkan Battlegrounds: A Military Histor y of the Yugoslav Conflict, 1990-1995 :
Vol. I, p. 46. - 49 -
68
Herzegovina who saw the JNA as pursuing pro-Serbian policies . This is further explained by
Balkan Battlegrounds:
“More ominously, the JNA, as it had elsewhere, was recruiting almost
exclusively Serb volunteer units ⎯ often organized by the local SDS [Bosnian Serb
Democratic] party leaders ⎯ to expand its manpower. By these actions it armed some
of the most radical elements in the Bosnian Serb population... Under Milosevic’s
influence the Serbianized JNA now viewed itself as the only guarantor of the safety of
Serbs everywhere. The results for Bosnia were to be dire indeed.” 69
14. The character of the JNA had changed and it had changed because there was a deliberate
political will for this to happen. General Dannatt has explained how nothing happens in an army
70
without the political will for that action to take place : and General Dannatt particularly
highlighted the fact that the JNA followed a very strict command doctrine, that of Befehlstaktik,
more about which will be stated tomorrow. The role of the JNA was no longer to keep the peace in
Yugoslavia, but to actively help and pursue the aim to create a State for one ethnicity in a country
which was to become independent and therefore outsi de of its ambit. This situation renders the
71
claim of the Respondent that the Serbs were in danger and merely acting to protect themselves as
rather flawed, as is the claim that it was the JNA who were being attacked 7.
15. We can further see this through the statement of the already mentioned
MiroslavDeronjic, who was a participant in th e ethnic cleansing operations. Regarding the
takeovers of municipalities, he confirmed in his witness statement in his own case that:
“I’m fully convinced that none of these events were coincidental. All these
events were planned, they were an integral part of a plan, and what preceded them was
implementation of other elements of the plan . . . it was clear that the JNA sided with
the Serbs and that it supported the implementation of the plan.” 73
In the light of the evidence that we have presen ted already and statements such as this one, the
claims of the Respondent that there was no preparation 74 for what happened in Bosnia and
Herzegovina can be seen to be false.
68Ibid., p. 125.
69Ibid., pp. 126-127.
70
CR 2006/23, p. 12 (testimony of General Sir Richard Dannatt).
71
CR 2006/17, p. 17, paras. 192-196 and p. 22, para. 215 (Mr. Brownlie).
72Ibid., pp. 20-21, para. 208 (Mr. Brownlie).
73ICTY, Prosecutor v. Miroslav Deronjic , case No.IT-02-61-S, Statement of Miroslav Deronjic, Exhibit
No. P600a at pp. 20-21.
74CR 2006/17, p. 21, para. 212 (Mr. Brownlie). - 50 -
16. Madam President, Members of the Court, we have shown the Court how the so-called
withdrawal of the JNA from Bosnia and Herzegovina was a carefully premeditated operation which
was no more than a relabelling of one part of it in to the army of the Bosnian Serbs. That it was
premeditated has been demonstrated already by the evidence we have so far presented, evidence
that the independence of Bosnia and Herzegovina was expected and that the Bosnian Serb officers
were purposely transferred to se rve in JNA garrisons in Bosnia and Herzegovina. We used the
diary of BorisavJovic, the Serbian member of the Presidency of Yugoslavia, who detailed all of
this and, moreover, we presented that he reported in December 1991 that these actions were
90percent complete and that this had happe ned because Milosevic had ordered it to happen 75.
Thus, the claim by the Respondent, made in the cross-examination of General Dannatt, that it was
natural for the Bosnian Serbs to want to stay in Bosnia and Herzegovina and join the army there,
76
takes no account of the reality of the situation .
17. The Respondent has presented the Serbia nization of the JNA and its re-hatting as a
natural process for a government facing a disint egrating State. Furthermore, the Respondent has
stated that the real worry for Serbia was not losing military control of Bosnia and Herzegovina
upon recognition, but the possibility of an influx of refugees coming to Serbia, if the officers of the
77
JNA and their families all had to return to Belgrade . This relabelling, according to the
Respondent, was purportedly only taking place at the beginning of 1992 78.
18. General Dannatt gave his expert military opinion that this action was planned from the
very top of the political hierarchy in order to ensure that the Bosnian Serbs would be able to retain
79
personnel and arms from the JNA . Furthermore, Borisav Jovic reiterated that the international
recognition of Bosnia and Herzegovina had been anticipated by Milosevic and stated what was
done about it in an interview, which was aired on the BBC documentary “The Death of
Yugoslavia”. I would like to quote the relevant part of that transcript now, and this is Borisav Jovic
speaking:
75
CR 2006/8, pp. 41-2, para. 11 (Mr. van den Biesen).
76CR 2006/23, p.39 (testimony of General Dannatt).
77CR 2006/15, pp. 19-20, para. 148 (Mr. Stojanovic).
78
Ibid., p. 20, para. 149 (Mr. Stojanovic).
79CR 2006/21, p. 18 (testimony of General Sir Richard Dannatt). - 51 -
“And we considered what would happ en at the moment when Bosnia and
Herzegovina was recognized and when we are declared as aggressors, that our army is
over there. Only Milo sevic and I gave it a thought. We did not include the others.
And we realized we had to pull a fast one. Of course, we told them they would get all
our material help, because they did not have their own budget nor any possibility to
continue organizing on their own, to pay the officers.” 80
19. Furthermore, Jovic stated in his diary ⎯ which was admitted into evidence in the
Milosevic case ⎯ that it would have been “no problem” fo r the JNA to withdraw from Bosnia and
Herzegovina “either technically or in terms of transportation” 8. Of course, a straightforward
withdrawal was not what was planned or what w ould happen. Jovic’s diary further recounts how
the Chief of Staff of the JNA, Milan Panic, stat ed that the JNA would not withdraw from Bosnia
and Herzegovina despite the fact that it had been declared and recognized as an independent,
sovereign State 82. Furthermore, the ICTY Trial Chamber in its judgment in the Celebici case,
referred to the statement of Ge neral Veljko Kadijevic, the former Defence Minister of the SFRY,
when they reached a conclusion as to the nature of the armed conflict in Bosnia and Herzegovina:
“We had to orient ourselves toward concrete cooperation with representatives of
the Serbs and with the Serb nation as such . . . This had enabled us during the war in
Croatia to manoeuvre and move JNA troops via Bosnia and Herzegovina, which was
of vital significance for the JNA... This also enabled the mobilization in the Serb
parts of Bosnia and Herzegovina to be very successful.
The units and headquarters of the JNA formed the backbone of the army of the
Serb Republic, complete with weaponry and equipment. That army, with the full
support of the Serb people, which is required in any modern war, protected the Serb
people and created the military conditions for an adequate political solution that would
meet its national interests and goals, to the extent, of course, that present international
83
circumstances allow.”
20. We can see from all of this that no credib ility can be attached to the statements of the
Respondent that this Serbianization was a natural process or even their proclamation that the JNA
84
“found itself, without warning, a visitor on the territory of hostile secessionist entities” . The
recognition of Bosnia and Herzegovina had not only been foreseen but swift measures had been
taken and were already in place in readiness for the very event. By the time the independence of
80Video materials submitted by Bosnia and Herzegovina on 16 January 2006, DVD No. 18.
81ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Exhibit No. P596.2 “The Last Days of the SFRY”
by Borisav Jovic, p. 400.
82
Ibid.
83
ICTY, Prosecutor v. Mucic et. al, case No. IT-96-21 Trial Chamber Judgement given on 16 November 1998 at
para. 220.
84CR 2006/16, p. 32, para. 86 (Mr. Brownlie). - 52 -
Bosnia and Herzegovina was a reality, on 6 March 1992, the backbone of the army of the Bosnian
Serbs was already in place, in the form of the JNA stationed in Bosnia and Herzegovina and the
majority of the Serbian population in Bosnia had been armed. It was not the case, as the
Respondent has stated, that the JNA withdrew from the territory of Bosnia and Herzegovina as
soon as it did proclaim its independence 85; there were no less than two United Nations Security
86
Council resolutions ordering the JNA to withdraw from the territory of Bosnia and then
condemning them for not fulfilling that order 8.
21. Furthermore, General Dannatt stated before this Court that a withdrawing army would
not leave behind valuable equipment, weapons and resources for use by another army 88. It is clear,
though, through this action alone, that the army which eventually materialized ⎯ that of the
Bosnian Serbs ⎯ was not another army at all but was considered and in fact was, for all intents and
purposes, a part of the Respondent’s military. Mr .Ollivier will describe in detail how Republika
Srpska was no more than an organ of the Respondent and in doing so will rebut the baseless claims
made by the Respondent that this entity was an i ndependent State. The fact that such an entity
could not have been independent is cogently demonstrated by the relationship between its
professed independent army and Belgrade. I will deal with a few of the facts that demonstrate this
conclusion from the perspective of the VJ and how it controlled the administrative business of the
VRS, while Mr. Ollivier will further contend with the issues from the perspective of how the VRS
was totally dependant upon the VJ and the Respondent.
The VJ
22. The 30th Personnel Centre of the VJ, like the 40th Personnel Centre which dealt with
Yugoslav officers serving in the breakaway Serb pa rt of Croatia, was a part of the Respondent’s
army. The officers serving in Bosnia or in Croatia through these Centres continued to be
85CR 2006/19, p. 46, para. 268 (Mr. de Roux).
86United Nations Security Council resolution 752 (1992).
87
United Nations Security Council resolution 757 (1992).
88CR 2006/23, p. 39 (testimony of General Dannatt). - 53 -
administered by Belgrade and this has been shown by the documentary evidence we have already
89
submitted to the Court .
23. Madam President, Members of the Court, nothing has been said about this by the
Respondent, which seems rather odd when faced wi th all of the evidence that not only has been
presented before this Court but also has been shown to the Trial Chambers at the ICTY ⎯ it is this
kind of evidence that led the Brdjanin Trial Chamber to conclude th at the withdrawal of the JNA
from Bosnia and Herzegovina was only a smokescreen to disguise the fact that the FRY was still in
90
fact operating in Bosnia and Herzegovina . We have submitted documents which are:
⎯ evidence that the VJ was responsible for the promotions of its personnel while they were
serving in the Bosnian Serb army 91;
⎯ evidence that the VJ was in charge of determin ing the status of its officers serving in the
92
Bosnian Serb army i.e., deciding on things such as reassignment ;
⎯ evidence that the VJ was in charge of termina ting the service of its personnel serving in the
93
army of the Bosnian Serbs ;
⎯ evidence that the VJ was responsible for compensation for injuries sustained by its personnel
while they were serving in Bosnia and Herzegovina 94;
⎯ evidence that the VJ was responsible for the medical expenses of its personnel serving in the
95
VRS and their families under the term of “insurance beneficiaries” ; and
⎯ evidence that the VJ personnel serving in Bosnia and Herzegovina remained the responsibility
96
of the VJ while they were serving in the VRS .
24. The Respondent has spoken about secondment of its military personnel to the army of
the Bosnian Serbs 97. The Respondent would no doubt characterize these incidents above in the
8Documents submitted to the ICJ by Bosnia and Herzegovina on 16 January 2006.
90
ICTY, Prosecutor v. Brdjanin, case No. IT-99-36, Trial Chamber Judgement, 1 September 2004, para. 151.
91
Documents submitted to the ICJ by Bosnia and Herzegovina on 16 January 2006, docs. 46-48, 51 and 62.
92
Ibid., doc. 49.
9Ibid., doc. 39.
9Ibid., doc. 56.
9Ibid., doc. 70.
96
Ibid., doc. 61.
97
CR 2006/17, p.23, para.219 and p.26, paras.240-241 (Mr. Brownlie); CR 2006/21, pp.15-16, para.3
(Mr. Brownlie). - 54 -
evidence as part of the normal administration in such circumstances. However, what is clear from
the practical examples cited above, is that the responsibility for such personnel, serving in Bosnia
and Herzegovina, remained under the jurisdiction of the Respon dent. If we examine the military
law of the Respondent’s own army, a number of provisions seem to clarify the situation even
further: first of all it would not be possible for a VJ officer who is serving to travel outside of the
borders of the State 98 or to work outside of his institution or unit without the permission of his
99
superior officer . Therefore it cannot be the case that thes e officers were serving without, at the
very least, the knowledge of the Respondent.
25. Secondly, that a serving officer of the VJ who is assigned outside the army shall have the
same rights and duties as an officer assigned within the army 100 ⎯ we have presented to the Court a
number of practical examples of this in operation above. I should point out here that where the
laws speak of assignments outside of the army they mean secondments or postings to other units,
101
organizations, State organs or Ministries . There is no specific mention in the law of the VJ about
secondment to other armed forces. Therefore we can either accept that this came under the
provision mentioned above or that the VRS was not considered to be another army: this is very
plausible given the fact that the 30th Personne l Centre, under which these VJ officers were
administered, was a part of the VJ. Mr. Ollivier will go on to further explain the practical nature of
the relationship between Republika Srpska and the Respondent which further clarify this point.
26. The Respondent has asserted that if seconded VJ personnel were serving in the command
structure of another army, they fall within the resp onsibility of that army and not of the FRY: “the
actions of such units could be attributed to th e FRY only if, when secondment took place, they
102
remained a part of the command structure of the FRY armed forces” . Inmakingsucha
statement, counsel for the Respondent completely ignores the evidence so far presented that these
98ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No.IT-02-54, Exhibit No.P526, tab 26a; the law of the VJ,
1994 Art. 33.
99Ibid., Art. 39.
100
Ibid., Art. 53.
101
Ibid., Art. 8.
102CR 2006/21, p. 26, para. 240 (Mr. Brownlie). - 55 -
units did remain a part of the command struct ure of the FRY armed forces. Mr.Ollivier will
further rebut such an assertion later this afternoon and tomorrow morning.
27. What the Respondent seems to be saying here is that there is no accountability for the VJ
if their officers commit crimes across the border , crimes which they are not allowed to do under
their own laws 103. It can be seen that as far as promotions are concerned, this is actually what did
happen: in the Thirty-seventh Session of the Supreme Defence Council meeting of the Respondent
held on 13June1995, a serving VJ officer, Borislav Duric, was not able to be promoted until
certain unexplained criminal charges against him had been dropped. Another promotion of a
serving VJ officer, Milosav Brkic ⎯ also discussed in that meeting ⎯ was not authorized because
he had criminal charges pending against him. Ho wever, Madam President, Dragan Obrenovic, a
serving VJ officer in the VRS, was promoted in December 1995 ⎯ that is after Srebrenica ⎯ and
this was a man who pleaded guilty to crimes against humanity at the ICTY for his role in the
massacre in Srebrenica. GeneralKrstic, another VJ officer serving in the VRS, who has been
found guilty for aiding and abetting genocide, was pr omoted after Srebrenica. Furthermore, in the
Thirty-seventh Session of the Supreme Defence Co uncil, one VJ officer, EnesTaso, is prevented
from having his active service terminated under ill health on the intervention of Mr.Milosevic,
who commended him as he “fought fiercely” aro und Sarajevo. In the same Supreme Defence
Council session there is the promotion of VJ officer, DusanBanjac, who has apparently ⎯
according to the minutes of that meeting ⎯ made a great contribution to the training of Serbs in the
Republika Srpska and the Republika Srpska Krajin a. All of this, Madam President, Members of
the Court, begs the question as to why the Respondent did nothing about the crimes they knew
were being committed by their officers; why they were promoted instead of demoted after some of
the most egregious crimes had been committed; or at the very least, why investigations were never
carried out in an attempt to exonerate these personnel who served in the Yugoslav army.
28. The picture we have presented to the Court demonstrates that there was control exercised
by the Respondent over the Bosnian Serbs. The Re spondent has claimed that Mladic did not take
orders from Milosevic 104and that the Bosnian Serb forces were controlled by Karadzic and not by
10Op cit., note 51, Art. 37.
104
CR 2006/16, p. 39, para. 115 and p. 48, para. 141 (Mr. Brownlie). - 56 -
105
Belgrade . One of the Respondent’s sources for such assertions is Balkan Battlegrounds, but if
the references are checked, there is nothing about the independent nature of the Bosnian Serb army
106
as promised . What we can find if we look through Balkan Battlegrounds in its entirety is in fact
the opposite picture to the one presented by the Respondent; a picture, Madam President, that
supports the evidence, analysis and conclusion s already shown to the Court by Bosnia and
Herzegovina. The book states that there was, “a well-founded belief within the SDS [the Bosnian
Serb Democratic Party] that the VRS often answered more directly to Serbian President Milosevic
and Belgrade than it did to the Bosnian Serb Presidency” 107. That is revealing in itself, but the
book goes on to say that:
“The VRS was Mladic’s army. His defiance of Bosnian Serb
President Karadzic on many key issues thro ughout the war, culminating in Karadzic’s
failed attempt to relieve him in late 1995, demonstrated that the army answered to one
man, RatkoMladic; and the only one man Mladic was willing to answer to was
Slobodan Milosevic.” 108
29. We have shown the Court how the army of the Respondent continued to provide much of
the necessary components essential for it to be able to maintain territory in Bosnia and Herzegovina
and we have already established how this relationship was so close that the VJ would directly
involve itself in operations, and control those operations, on the territory of Bosnia and
Herzegovina. More will be said about this when I discuss joint operations specifically, but I will
now clarify the position as regards other forms of unilateral intervention by the VJ.
The PRESIDENT: Could you do that a little more slowly, which will help the interpreters?
Ms DAUBAN: Yes. I am sorry, Madam President.
30. Mr.van den Biesen has, in our first roun d of oral pleadings, presented evidence to the
109
Court of Belgrade’s overt intention in eastern Bosnia via air attacks . There has been no mention
of such evidence by counsel for the Respondent apart from a comment in passing that we presented
105CR 2006/17, p. 23, para. 220 (Mr. Brownlie).
106
Ibid., p. 44, para. 309 (Mr. Brownlie).
107
Central Intelligence Agency , Balkan Battlegrounds: A Military History of the Yugoslav Conflict, 1990-,995
Vol. I, p. 141.
108Central Intelligence Agency, Balkan Battlegrounds: A M ilitary History of the Yugo slav Conflict, 1990-1995:
Vol. I pp. 142.
109CR 2006/04, p. 44, paras. 29-31 (Mr. van den Biesen). - 57 -
such material in our Reply in 1998 110. In fact, we have only had a confirmation of such air
intervention from the Serbian witness-expert SirMi chaelRose. He testified that four bombers,
which he concluded were from Belgrade, bombed the town of Bugojno on the western side of
111
Bosnia and Herzegovina . Although the Respondent never claimed responsibility for such actions
at the time, the pilots were buried in Belgrade , which Sir MichaelRose concluded was a pretty
112
strong inference linking them to the FRY .
31. The silence of the Respondent on this matter is telling. Particularly as there is more in
Sir MichaelRose’s book about the issue: he points out that the Bosnian Serb air defence radar
system was controlled from a headquarters outside of Bosnia and Herzegovina, although he does
113
not say where .
32. The role played by the Respondent in the skies of Bosnia and Herzegovina during the
conflict is corroborated an d further detailed by other sources, one of which is the expert report by
the Military Analysis Team of the Prosecutor in the Milosevic case. The two military experts
analysed many thousands of documents relating to the military in the region and produced a
comprehensive report covering many hundreds of pages which has been admitted into evidence in
the Milosevic case and referred to extensively by the Trial Chamber in their Judgement on the
Defence Motion for Acquittal. The Military Analys is concluded that a number of cross-border
flights reported by various international bodies violated the ban on all military flights in Bosnia and
Herzegovina under United Nations Security Council resolution781(1992). Their findings are as
follows:
“By late 1994, a number of flights, predominantly by helicopters, across the
FRY-Bosnia and Herzegovinan border... was noted by United Nations monitoring
personnel. From 2 to 7 April 1995 alone, the ICFY [the International Conference for
the Former Yugoslavia] monitoring mission registered 25cross-border flights.
Between 9 October 1994 and 4 May 1995, ap proximately 105 cross-border helicopter
114
flights were observed by United Nations personnel.”
11CR 2006/17, pp. 22-23, para. 218 (Mr. Brownlie).
11CR 2006/26, p. 15 (testimony of Sir Michael Rose).
112
Ibid., p. 22 (testimony of Sir Michael Rose).
113
Michael Rose, Fighting for Peace (London, 1998), p. 209.
11ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic , case No.IT-02-54, Expert Report of MATOTP Theunens and
Borrelli, Exhibit No. P643, tab 1; Part III, Borrelli, p. 21. - 58 -
33. Mr. Karadzic himself confirmed in 1993 that after the imposition of the no-fly zone, the
training of all pilots was done at a FRY aerodrome 11. MiroslavDeronjic’s statement in his own
case describes the airport that was created at Bratunac, by the Serbian State Security for their use
and the base was under the command of one FrenkiSimatovic, the Commander of the Special
Operations Unit of the Serbian State Security Serv ice, that is despite Mr.Mladic claiming that it
was under his control 116. In fact, the ICTY Trial Chamber was shown the video footage of the
Serbian State Security Department celebrations to mark the sixth anniversary of the Red Berets
where Frenki Simatovic stated, on camera, that:
“Also in 1992 they [which is the Serbian State Security] began building and
securing a network of small airfields in Bosnia and Herzegovina, and also forming a
combat squadron. Around a thousand combat, reconnaissance, transport and
humanitarian flights were made from the airf ields in Bratunac,... Sokolac, Rogatica
and others. In mid-spring of last year [and he means 1995] it retreated from these
parts with complete equipment and machinery, helicopters and aircraft. Throughout
that period its operations remained undetected, despite NATO’s sophisticated
117
equipment and intensive investigation by a number of foreign intelligence services.”
Paramilitaries, volunteers and units from the Serbian Ministry of the Interior
34. Bosnia and Herzegovina has established in its first round of oral pleadings that various
irregular forces, which included paramilitaries, volun teers and units of the Ministry of the Interior
118
of Serbia, played an impo rtant role in the conflict . Moreover, we have proven that these forces
were deployed by Belgrade to strategically import ant areas with clear tasks to fulfil: these “tasks”
usually involved ethnic cleansing through killing, forcible deportation, destruction of the property
and cultural heritage of non-Serbs and terrorizing the non-Serb civilians until they left an area. We
have already shown to you some of their actions in municipalities, particularly in the northern and
eastern parts of Bosnia and Herzegovina, which invo lved the beating, terrorizing and murdering of
119
civilians .
115ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Exhibit No. P427, tab 52.
116ICTY, Prosecutor v. Miroslav Deronjic , case No.IT-02-61-S, Statement of Miroslav Deronjic, Exhibit
No. P600a, p. 41.
117
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Exhibit No. P390, tab 2, p. 6.
118
CR 2006/09 (Ms Karagiannakis).
119Ibid., p. 17, para. 24 (Ms Karagiannakis). - 59 -
35. The Respondent has ostensibly presented two positions regarding these irregular units
operating on the territory of Bosnia and Herzegovina. On the one hand there is an outright denial
with statements that Serbia did not mobilize troop s itself but certain individuals, who apparently
were originally from Bosnia and Croatia, did orga nize volunteer units without any State backing:
there is an obscure parallel made here with the German occupation of Yugoslavia during the
Second World War ⎯ supposedly to justify such an action during the Balkans conflict of 1992 120.
I shall deal with this spurious first position only by stating that it has alre ady been refuted through
the evidence so far presented by Bosnia and He rzegovina showing that the groups from the FRY
did operate with the knowledge and under the orde rs of Belgrade. This first position taken by the
Respondent demonstrates that there has been no serious attempt to address what Ms Karagiannakis
pleaded before this Court, par ticularly regarding the incorporation of such groups into the
command structure of the army ⎯ which shows not only knowledge on the part of the Respondent
but also the fact that they were State led and State backed. This was echoed by the testimony of
GeneralDannatt who stated that many of the pa ramilitaries, which operated in Bosnia and
Herzegovina from the FRY, were brought into the main command hierarchy of the armed forces of
the Bosnian Serbs: they worked together but they would not have been sent there unless the
121
political intent on the part of the FRY leadership had willed it . Furthermore, we have shown to
the Court that when these units were not put und er the control of the army they operated in a
command structure that led directly to Belgrade ⎯ such as the forces of the Serbian Ministry of the
Interior. Madam President, I think little more need s to be stated in resp onse to such erroneous
assertions by the Respondent.
36. The Respondent’s second position, which contradicts the first, is that they do not seek to
deny that irregular units from the FRY operate d on the territory of Bosnia and Herzegovina.
Instead they attempt to justify such actions as s hort-term secondments which, they say, would only
lead to attribution to the Respondent if they remained part of the command structure of the FRY at
122
the relevant times . Apart from their repetition of the evidence presented by Bosnia and
12CR 2006/15, p. 17, para. 141 (Mr. Stojanovic).
12CR 2006/23, pp. 32-34 (General Dannatt).
122
CR 2006/17, p. 26, para. 240 (Mr. Brownlie). - 60 -
Herzegovina of the legal incorporation of these units into the armed forces of the FRY 12, there has
been no serious attempt to grapple with these facts by the Respondent.
37. The evidence submitted by Bosnia and Herzegovina so far has proved that the chain of
command went up to the Respondent for both the paramilitaries from the FRY who remained under
the auspices of the Ministry of the Interior a nd the local Bosnian Serb paramilitaries who were
124
incorporated into the structure of the Bosnian Serb Army . One such example, which I will
clarify to further make this point, is the forces of the Serbian State securi ty service known as the
Red Berets. We have already presented evidence about this group and stated that President
Milosevic was well aware of their activities 125. This was shown on the same video footage of the
sixth anniversary ceremony of the Red Berets, wh ich I have mentioned above. This ceremony,
which took place at the Red Berets’ training cent re near Belgrade, was attended by Milosevic
himself. Furthermore, on the video you see Mr.Milosevic shaking hands with Colonel Bozovic,
one of the senior members of the Red Berets gr oup, who has already been mentioned as being
involved in the joint operation group Pauk and Mr. Milosevic states clearly for the camera: “Hello,
126
Bozovic, I read those reports of yours.” This shows regular reportin g by the Red Berets to the
Government of the FRY. The transcript of that video, which was also admitted into evidence in the
Milosevic case, documents the speech made by Fre nki Simatovic, who wa s their commander, and
he gives an account of that unit:
“[The Red Berets] was constituted on 4 May 1991 at the time of the break-up of
the former Yugoslavia, and since it emerged has constantly worked to protect national
security in circumstances where the existence of the Serbian people was directly
jeopardized throughout its entire ethnic area . . . Due to the international
circumstances familiar/to us all/, we were fo rced to operate in complete secrecy...
When it was formed, its core was127de up of members of our services, RSK police
and volunteers from Serbia.”
38. Therefore we have a clear example of forces from the State security department of the
Respondent working in Bosnia an d Herzegovina acting as organs of the State with the knowledge
and backing of the President of that country. The Respondent has additionally tried to portray such
123
CR 2006/21, p. 15, para. 2 (Mr. Brownlie).
12CR 2006/9, p. 21, para. 39 (Ms Karagiannakis).
12Ibid., p. 14, para. 16 (Ms Karagiannakis).
126
ICTY, Prosecutor v. Slobodan Milosevic, case No. IT-02-54, Exhibit No. P390, tab 2, p. 2.
12Ibid., Exhibit No. P390, tab 2, p. 5. - 61 -
actions by paramilitaries from the FRY as of a li mited number, carried out with the permission of
128
the Bosnian Serbs . Whether the Bosnian Serbs gave their permission or not is immaterial since
the paramilitaries from the FRY were working towards the same aim as the Bosnian Serbs: to
create one Serbian State and they used the sa me approach–– which was ethnic cleansing
amounting to genocide. Mr.Ollivier will further demonstrate the fact that Republika Srpska was
an organ of the Respondent and not a sovereign Stat e. The number of times they acted is also
immaterial, given the sorts of activities they were involved in and the Court has already seen that
they were involved in the takeovers ⎯ where in some instances they were controlling the
actions ⎯ and that they committed some of the most horrific crimes of the conflict 129.
39. That the responsibility and control of the paramilitary units operating in Bosnia and
Herzegovina rested with Belgrade has already been shown to the Court. Arkan’s secretary, who
may be considered as a very reliable witness since she observed many events first-hand, had access
to all of the documents of Arkan’s units and furthermore spoke to many of the protagonists; she
made a contemporaneous note of all of these sources in a diary she kept. She stated before the
Milosevic Trial Chamber that the units of the Serbian Volunteer Guard ⎯ this is Arkan’s units ⎯
would not be deployed anywhere without orders from the State security service 130.
40. The Respondent has not attempted to deny that these paramilitaries were involved in
such crimes. Instead they have characterized these forces as a “form of lawful assistance” 131. This
sort of classification seems odd given that the intent of their being sent to Bosnia and Herzegovina
was then for them to engage in acts that were clearly criminal, whichever way they are looked at.
We note, however, and acknowledge that the Res pondent agrees with our position on attribution
when they say that: “Such forces may take part in joint operations with the forces of another State,
132
whilst continuing to fall within the command structure of the sending State.” It is these joint
operations that I will be dealing with tomorrow.
128
CR 2006/17, p. 26, para. 239 (Mr. Brownlie).
129CR 2006/6 (Ms Dauban); CR 2006/9 (Ms Karagiannakis).
130CR 2006/6, p. 13, para. 10 (Ms Dauban).
131
CR 2006/17, p. 26, para. 241 (Mr. Brownlie).
132CR 2006/21, p. 16, para. 3 (Mr. Brownlie). - 62 -
Conclusions
41. Madam President, Members of the Court, Bosnia and Herzegovina has shown you that
responsibility for all of the military actions that happen on the ground in a conflict lies with each
and everyone in those military units. Howeve r, it lies most heavily on those who formed the
political will which ultimately and knowingly guided the very military activity. Many of the
actions on the ground in Bosnia and Herzegovina in 1992-1995 were, without any doubt, criminal;
the intent which inspired them ⎯ and this is what our case is all about ⎯ has the very fingerprints
of genocide.
42. I thank you, Madam President, Members of the Court for your kind attention and would
kindly ask you to give the floor to Mr. Ollivier. Ho wever, I see that the time is now coming up to
10 to 6 and as Mr.Ollivier would like to speak for 20 minutes, I would ask that you decide if it
would be appropriate for him to begin now.
The PRESIDENT: If we can be confident that Mr.Ollivier’s submission to us will be for
20 minutes we will hear the entirety of it now.
Ms DAUBAN: Thank you.
Mr.OLLIVIER: Thank you, Madam President. Madame le président, Messieurs les juges,
c’est un immense honneur de plaider devant votre Cour.
L A REPUBLIKA SRPSKA ET LA VRS
1. La défense présentée au cours de ses pladoiries par la Serbie-et-Monténégro consiste à
s’abriter derrière, non pas l’existe nce, voire une relative autonomie, mais bel et bien derrière
l’indépendance et la qualité d’Etat au sens du droit international à laquelle aurait pu prétendre la
Republika Srspka. La Serbie-et-Monténégro cherch e ainsi à réfuter sa responsabilité directe pour
les actes commis par cette entité et les personnes qui lui étaient subordonnées. Ainsi le défendeur
entend démontrer que cette entité faisait «écran» en tre lui et les exécutants du génocide. Et, il me
revient de montrer que cet écran n’était qu’un écran de fumée. - 63 -
2. Comme un conseil de la Bosnie-Herzégovine l’a déjà dit 133, la conception du plan
génocidaire, l’entente en vue de commettre le génocide ont été fomentées à Belgrade et c’est là et
pour de tels actes, que, d’un point de vue moral, pèse la plus lourde responsabilité.
Le PRESIDENT : Moins vite, s’il vous plaît.
Mr. OLLIVIER: I am sorry. I will try.
En droit également, ces actes sont certainement suffisants pour engager la responsabilité de
la Serbie-et-Monténégro. Mais la Bosnie-Herzégovine est convaincue que la Cour ne s’arrêtera pas
là et pourra constater l’utilisation par l’Etat défendeur de structur es artificiellement constituées sur
le territoire de la Bosnie-Herzégovine pour réaliser son projet de destruction des non-Serbes.
A cette fin, je vais essayer de montrer que :
1. Le défendeur n’a avancé aucun élément nouveau au cours de ses plaidoiries orales de
nature à démontrer la prétendue indépendance de la Republika Srpska
3. Au cours du premier tour, un conseil du défendeur a avancé comme un élément permettant
de prouver que les faits de génocide ne sont pas attribuables à la Serbie-et-Monténégro,
conjointement d’ailleurs au «retrait» de la JNA ⎯dont le défendeur fait généreusement remonter
le début au mois de mars 1992 ⎯, «l’apparition de la Republika Srpska comme indépendant au
cours de la période qui a débuté le 28 février 1992» 13.
4. Nos contradicteurs allèguent ainsi que la Republika Srpska réunissait les conditions pour
prétendre à la qualité d’Etat indépendant. S’agi ssant d’arguments déjà avancés pour l’essentiel
135
dans le contre-mémoire ou, beaucoup plus brièvement, dans la duplique , et auquel le requérant a
déjà pu amplement répondre dans sa réplique 13, il ne paraît pas nécessaire d’entrer ici dans de
longs développements. Une rapide réfutation suff it, je crois, pour montrer qu’en aucun cas les
133CR 2006/10, p. 55-58, par. 42-50 (Pellet).
134
CR 2006/16, p. 31, par. 85 (Brownlie); voir aussi p. 33, par. 91-92; p. 39, par. 115 et 117; CR 2006/17, p. 26,
par. 238.c) et 242 (Brownlie); p. 44-45, par. 309-310; p. 46, par. 314 ou CR 2006/21, p. 44-45, par. 63-64 (Brownlie).
135
Contre-mémoire, p.122-134, par. 2.4.1.1-2.7.1.8, p. 243, par.2.21.1.1, p. 244, par.2.21.1.4 ou p.1080,
par. 8.10 et 8.12; duplique, p. 567-590.
136Réplique, p. 788-816. - 64 -
137
arguments avancés par la Serbie-et-Monténégro ne permettent d’établir l’indépendance de la
Republika Srpska.
Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies du 30 mai 1992
5. On connaît le prix qu’attache la Serbie-et-Monténégro au rapport du Secrétaire général des
NationsUnies en date du 30 mai 1992. Ce do cument est en effet constamment appelé à la
rescousse dès que le défendeur veut apporter la preuve de l’indépendance de la Republika
138
Srpska . Il est dit en effet dans ce rapport que les forces commandées par le général Mladi ć
«échappent semble-t-il au contrôle de l’armée populaire yougoslave [la JNA]» 139. La date précoce
de ce rapport, le 30 mai 1992, laisse pour le moins quelques doutes sur le fait qu’il puisse à lui seul
offrir cette preuve définitive. Mais surtout, l’ex amen attentif de son contenu montre qu’il est loin
de confirmer les vues du défendeur.
6. Le Secrétaire général prend tout d’abord la précaution de préciser qu’il «n’a pas été
possible de s’assurer de l’exactitude des informations obtenues» et que la FORPRONU n’a pas été
140
«en mesure de recueillir par elle-même des renseignements» . Autrement dit, ce rapport n’est
fondé que sur des informations émanant des autorité s yougoslaves. Encore faut-il noter qu’il est
rédigé en des formules très prudentes, soulignant «l’incertitude qui pèse su r la question de savoir
141
qui contrôle politiquement les forces serbes en Bosnie-Herzégovine» . Le rapport confirme par
ailleurs de manière éclatante la présence de la JNA sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine après
la date de son prétendu retrait et relève ainsi la présence d’élém ents de la JNA «dans diverses
garnisons en Bosnie-Herzégovine, en particulier dans les zones contrôlées par les Serbes, y compris
142
dans deux établissements des faubourgs de Sarajevo» . Enfin, la conclusion du rapport vise
expressément le défendeur lorsque le Secrétaire général décrit la décision prise le jour même
137
CR 2006/16, p.31-34 et 40-53 (Brownlie). Incidemment, voir aussi CR 2006/17, p. 28, par.246-247
(Brownlie); CR 2006/21, p. 20, par. 16 (Brownlie) et CR 2006/21, p. 45, par. 64 (Stojanović).
138
Voir CR 2006/16, p. 32, par. 87, p. 41, par. 122 et p. 48, par. 141 (Brownlie). Voir aussi CR 2006/21, p. 45,
par. 64 (Stojanović). Contre-mémoire, p. 129-130, par. 2.6.1.1-2.6.1.3, p. 249-251, par. 3.1.2.8, p. 264-265, par. 3.1.5.16
et p. 266-267, par. 3.1.5.19; duplique, par. 3.2.3.4, par. 3.2.3.10.
139
Nations Unies, doc. S/24049, p. 4, par. 9.
140
Ibid., p. 2, par. 4.
141Ibid., p. 3, par. 8.
142Ibid., p. 2, par. 6. - 65 -
d’imposer des sanctions à la République fédérati ve de Yougoslavie comme une «manifestation de
la ferme volonté de la communauté intern ationale de mettre fin aux combats en
Bosnie-Herzégovine» 14. Il est donc très clair, à cette date, le 30 mai 1992, que ni le Secrétaire
général ni le Conseil de sécurité ne sont dupes de la situation, et les résolutions ultérieures du
144
Conseil de sécurité prouveront que cette situation s’est prolongée jusqu’en 1995 .
7. On conviendra que ce seul rapport n’auto rise en aucun cas la lecture qu’en fait le
défendeur et que, dans la mesure où l’on peut en tirer des conclusions, ce ne sont sûrement pas
celles qu’il en tire.
Le «point de vue» de lord Owen est présen té ensuite comme une preuve de la nature des
145
relations entre Pale et Belgrade
8. Les citations par M. le professeur Brownlie des diverses déclarations faites par lord Owen,
devant le Tribunal pour l’ex-Yougoslavie ou dans son livre de souvenirs tendraient à montrer que
«Milosevic n’était pas en mesure de contrôler la pr ise de décision chez les dirigeants politiques des
146 147
Serbes de Bosnie» . A vrai dire, ces citations sont assez énigmatiques . De plus, le défendeur
oublie d’attirer l’attention de la Cour sur d’autres déclarations de lord Owen qui très clairement
sont loin de servir sa thèse.
9. Lord Owen reconnaît ainsi devant le Trib unal pénal international pour l’ex-Yougoslavie
148
«le pouvoir incontestable», «considérable» de Milosevic sur les Serbes de Bosnie ; ou encore, il
reconnaît «que l’armée des Serbes de Bosnie n’aurait pas pu survivre à partir du moment où la
Bosnie-Herzégovine a été reconnue en tant que pays indépendant par le Conseil de sécurité si elle
149
n’avait pas bénéficié de l’appui de l’ex-Yougoslavie» .
143Ibid., p. 5, par. 17.
144S/RES/819 (1993), 16 avril 1993; S/RES/820 (1992), 17 avril 1993; S/RES/838 (1993), 10 juin 1993. Voir
aussi les résolutions de l’Assemblée générale A/RES/46/242, 25 avril 1992; A/RES/47/121, 18 décembre 1992;
A/RES/48/88, 20 décembre 1993.
145CR 2006/16, p. 45-48, par. 133-144 (Brownlie); CR 2006/17, p. 11-12, par. 170-172 (Brownlie).
146CR 2006/16, p. 47, par. 137 (Brownlie).
147
CR 2006/16, p. 46, par. 135 (Brownlie).
148 o
TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage de lord Owen, CR.
3 novembre 2003, p. 28374.
149 o
TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage de lord Owen, CR.
3 novembre 2003, p. 28393. - 66 -
10. L’opinion de lord Owen, si elle n’est pas toujours très bien arrêtée, penche ainsi
beaucoup plus vers la thèse de la Bosnie-Herzé govine que celle de la Serbie-et-Monténégro.
Toujours au cours de son témoignage devant le Tribunal pénal international, lord Owen déclare:
«Quant au fait de savoir si vous [ il s’adresse alors à Slobodan Miloševi ć] aviez un rapport de
commandement vis-à-vis du général Mladi ć, je pense très certainement que Mladi ć, de temps en
150
temps, agissait de façon indépendante» . Cela signifie bien que Milosevic était, le reste du temps,
dans un rapport de commandement vis-à-vis de Mladić.
11. Même dans les vues de lord Owen où le défendeur croit, à tort, trouver des preuves de
ses allégations, c’est en définitive beaucoup plus l’étroite dépendance des Serbes de Bosnie à
l’égard de Belgrade qui ressort.
La reconnaissance de la «partie serbe de Bosnie» dans les négociations internationales
attesterait également, selon la Serbie-et-Mo nténégro, de l’existence souveraine de la
Republika Srpska
151
12. En dépit de la réponse déjà apportée dans la réplique de la Bosnie-Herzégovine , le
défendeur persiste à invoquer «l’identité politique distincte» de la Republika Srpska 152qu’il
faudrait inférer d’un ensemble de documents des Na tionsUnies, qu’il s’agisse de résolutions du
Conseil de sécurité ou de rapports concernant des négociations en cours, et où il est fait référence à
153
la «partie serbe-bosniaque» . Je me bornerai à résumer très brièvement les explications, très
simples, qu’a déjà donnéesla Bosnie-Herzégovine dans sa réplique, à savoir que
⎯ d’une part, jamais dans ces documents la Republika Srpska n’est nommément désignée, dans la
logique du refus général de la communauté internationale de reconnaître à cette entité la qualité
d’Etat au sens du droit international; et,
⎯ d’autre part, la référence à une «partie» belligéra nte dans un conflit ne préjuge en rien de la
responsabilité internationale engagée par les actes de cette partie . Le but des négociations et
des appels internationaux, dans un tel cas, consiste beaucoup plus à associer tous les
150TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire nIT-02-54, témoignage de lord Owen, CR.
3 novembre 2003, p. 28440-28441.
151
Réplique, p. 797-798, par. 104.
152
CR 2006/16, p. 41, par. 123 (Brownlie).
153CR 2006/16, p. 41-44, par. 123-128 (Brownlie). Contre-mémoire, p. 125-129, par. 2.4.1.13-2.5.1.12 et
duplique, par. 3.2.3.7-3.2.3.8. - 67 -
belligérants à un processus de règlement et à le s contraindre à respecter toutes les obligations
154
qui pèsent sur eux en vertu du droit humanitaire .
13. La responsabilité de la République fédéra tive de Yougoslavie a évidemment trouvé sa
plus parfaite illustration dans sa signature des acco rds de Dayton. Mais ici, le défendeur inverse
l’ordre des facteurs en postulant que le fait, pour la RFY, de signer les accords au nom de l’entité
155
serbe de Bosnie-Herzégovine prouverait l’existence de «deux entités indépendantes et égales» , à
savoir la RFY et la Republika Srpska. Mais la question est précisément de savoir ce qui peut
expliquer qu’une entité prétendument indépendante accepte d’être représentée et engagée par un
autre Etat. Comment expliquer, en outre, que cet Etat accepte (la RFY) de «prendre toutes les
mesures nécessaires … pour faire en sorte» qu’une entité prétendument indépendante «respecte» et
se «conforme totalement» aux accords signés en son nom? L’argumentation du défendeur,
Madame le président, est, au surplus, irrecevable. La Republika Srpska n’est reconnue que comme
une «entité» composant la Bosnie-Herzégovine. Il n’y a là rien qui permette de placer la Republika
Srpska et la République fédérative de Yougoslavie sur un pied d’égalité.
14. A cet égard, les explications du défendeur sont très sommaires et guère convaincantes :
⎯ que la Republika Srpska ait pa raphé les accords relatifs à l’or ganisation constitutionnelle de
l’Etat de Bosnie-Herzégovine ne peut sérieuse ment constituer l’indice que voudrait y trouver
M. le professeur Brownlie 156. Cela témoigne bien davantage, et tout simplement, de l’objectif
de réaffirmer l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté de la
Bosnie-Herzégovine. Le profe sseur Condorelli vous a déjà entretenus à ce sujet lors du
157
premier tour ; et,
⎯ d’autre part, l’absence de délégation offici elle de la Republika Srpska à Dayton est
lapidairement expliquée pa r le fait que Karadzi ć et Mladi ć, inculpés de «crimes de guerre»,
n’étaient pas autorisés à participer aux négociations 158. Cet argument laisse pour le moins
perplexe : voici donc une «entité» dont on prétend qu’elle réunissait tous les attributs d’un Etat
154
Réplique, p. 797-798, par. 104.
155CR 2006/16, p. 51, par. 152 (Brownlie).
156CR 2006/16, p. 50, par. 151 (Brownlie).
157
CR 2006/10, p. 16, par. 14 et p. 21-22, par. 28 (Condorelli).
158CR 20006/16, p. 51, par. 154 (Brownlie). - 68 -
au sens du droit international et qui ne disposait, aux fins de sa représentation, en tout et pour
tout que de deux «personnalités»? M. Luki ć nous a pourtant rappelé que le vice-président de
la Republika Srpska (M. Koljevi ć), le «ministre des affaires étrangères» et le président de
l’Assemblée faisaient partie de la délégation serbe 15.
15. L’explication, Madame le président, vous a déjà été donnée à de nombreuses reprises.
Le demandeur, et encore récemment, au prem ier tour, par la voix du professeur Condorelli 160, a
démontré que ce procédé peu commun par lequel la RFY a pu lier, par sa signature, la
RepublikaSrpska ne peut recevoir qu’une seule explication : l’iden tité parfaite entre les Serbes de
Bosnie et les Serbes de Serbie, constamment réaffirmée par les uns comme par les autres dans leur
désir d’un seul Etat pour tous les Serbes 161. En août 1995, Slobodan Milošević ne répondait-il pas,
à la question de RichardHolbrooke sur le point de savoir s’il devait négocier avec lui, Miloševi ć,
162
ou avec les Serbes de Bosnie : «Avec moi, bien entendu» ? Et cela n’est qu’un écho à ce que le
général Mladic affirmait, lors d’une négociation tenue avec un re présentant des NationsUnies:
163
«Belgrade est notre capitale.»
16. Nous disposons par ailleurs de témoi gnages confirmant que «le président Miloševi ć
dirigeait totalement la délégation» unique des Se rbes lors des négociations à Dayton et que,
lorsqu’il s’agissait de discuter de cartes géographiques, il «semblait avoir des connaissances très
importantes, une bonne connaissance de la situation et n’avoir besoin de parler à personne de ces
questions ⎯n’avoir besoin de consulter personne» 164. A défaut d’explications des conseils de la
Serbie-et-Monténégro sur le rô le décisif joué par Miloševi ć, nous avons écouté avec intérêt le
témoignage de M. Luki ć devant cette Cour, en attendant de lui des précisions sur le rôle des
membres serbes bosniaques au sein de la délégati on de la RFY, délégation dans laquelle il figurait
159CR 2006/24, p. 18 (Lukić).
160
CR 2006/10, p. 10-18, par. 1-18 (Condorelli).
161
CR 2006/10, p.10-18, par. 1-18 (Condorelli). Voir aussi, CR 2006/2, p.29-32, par. 4-11 (van den Biesen);
CR 2006/4, p. 37-39, par. 5-10 (van den Biesen); CR 2006/7, p. 46, par. 7 (Franck).
162 o
TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage du général W.Clark,
CR. 15 novembre 2003, p. 30370.
163 o
TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage de DH . arland,
CR. 18 septembre 2003, p. 26966.
164 o
TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage de W. Clark,
CR. 15 novembre 2003, p. 30375 et p. 30376. - 69 -
personnellement en qualité d’«expert cartographe». La courte et très générale intervention de
M. Lukić sur ce point, fondée sur des généralités comme «les négociations ont…été longues.
Toutes les options étaient sur la table. L’activité diplomatique était intense» 16, nous a confortés
dans l’idée que ce n’était décidément pas parmi les membres serbes-bosniaques de la délégation
yougoslave que se trouvait le réel centre de décision.
17. Concernant, ensuite, la garantie apport ée par la RFY à l’exécution des accords par la
Republika Srpska, le défendeur tente de faire accr oire à la Cour que nous aurions «om[is] de faire
166
état» de la demande formulée par la Republika Srpska , et prétend que «l’obligation de garantie
avait été assumée à la demande de la délégation de la Republika Srpska» 167. Non seulement,
Madame le président, la Bosnie-Herzégovine n’ a nullement «omis de faire état» de la lettre
adressée à la délégation de la RFY, mais elle a précisément réfuté par avance, au premier tour,
l’argument que n’a pas manqué de faire valoir le dé fendeur : l’engagement pris par la République
fédérative de Yougoslavie est, sans commune mesure, beaucoup plus ferme que la simple garantie
168
demandée par les Serbes de Bosnie . La situation est donc sur ce point parfaitement claire: la
République fédérative de Yougoslavie a entièrement pris à son compte l’engagement de faire
respecter les accords de Dayton.
Le prétendu divorce entre Belgrade et les Serbes de Bosnie (1993-1994)
18. Les circonstances entourant la signature des accords de Dayton rendent presque superflue
la réfutation des allégations du défendeur au suje t de «divergences» ou de «ruptures» qui seraient
apparues entre la République fédérative de Yougosla vie et la Republika Srpska à la suite du rejet,
par cette dernière, de différentes propositions de paix entre 1993 et 1994. Ces allégations sont
d’ailleurs souvent de simples asse rtions non sérieusement étayées. Les preuves accablantes de
l’intégration parfaite de la Republika Srpska dans la RFY, sur lesquelles je reviendrai demain, ne
permettent pas d’imaginer qu’à un se ul instant l’unité entre les Serbes de la RFY et les Serbes de
Bosnie ait été véritablement troublée. J’examin erai donc très brièveme nt, successivement, les
165CR 2006/24, p. 18 (Lukić).
166CR 2006/16, p. 51, par. 153 (Brownlie).
167
CR 2006/16, p. 51, par. 153 (Brownlie).
168CR 2006/10, p. 23, par. 29 (Condorelli). - 70 -
allégations de la Serbie-et-Mo nténégro au sujet de s sanctions qu’elle aurait imposées à la
Republika Srpska en 1994 169, et j’examinerai ensuite les «preuves» avancées d’une «conscience
170
politique particulière des Serbes de Bosnie» .
Les prétendues «sanctions» imposées en septembre 1994
19. A en croire le conseil de la Serbie-et-Monténégro, «à compter de mai 1992, les Serbes de
171
Bosnie ne dépendaient plus de Belgrade» . Sans craindre la contradiction, il soutient toutefois
immédiatement après que «la rupture définitive entr e les Serbes de Bosnie et Belgrade eut lieu
le 4 août 1994» 17. Je pourrais encore me référer à la déclaration de Slobodan Miloševi ć
173
du 11 mai 1993, qui est citée dans notre mémoire , par laquelle il assurait que toute assistance aux
Serbes de Bosnie avait cessé, mais je crains de me perdre et de vous perdre encore davantage dans
la chronologie. Nous admettons bien volontiers que la position d’équilibriste dans laquelle se
trouve le défendeur n’est pas très confortable. Mais nous ne pouvons admettre que cela conduise à
une présentation largement tronquée des faits. Je dois donc rétablir quelques vérités.
20. La décision proclamée de Belgrade, en septembre 1994, d’imposer des sanctions à
l’encontre de la Republika Srpska, et à laquelle fait référence le défendeur, était uniquement
destinée à obtenir une levée des sanctions décidées, elles, par le Conseil de sécurité, qui pesaient
sur la République fédérative de Yougoslavie depuis plus de deux ans. Lord Owen, en qui le
défendeur place une si grande confiance, a très clairement évoqué la «stratégie» mise en Œuvre
derrière l’imposition de prétendues sanctions: «da ns le cadre de votre stratégie [il s’adresse à
Slobodan Milošević], consistant à éviter les sanctions, ou, en tout cas, à essayer d’en obtenir une
suspension, vous vouliez montrer au monde que cette distinction [entre la Serbie et la
174
Republika Srpska] existait» .
169CR 2006/16, p. 44-45, par. 129 (Brownlie). Voir aussi CR 2006/17, p. 12, par. 172 (Brownlie).
170
CR 2006/16, p. 49, par. 145 (Brownlie).
171
CR 2006/17, p. 12, par. 171 (Brownlie).
172CR 2006/17, p. 12, par. 172.
173Mémoire, p. 90, par. 2.3.8.4.
174TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage de lord Owen,
CR. 3 novembre 2003, p. 28442. - 71 -
21. Mais cette volonté de se distancier, aux yeux du monde, de la Republika Srpska, ne doit
pas abuser. Un rapport émanant de la conférence internationale sur l’ex-Yougoslavie est certes cité
par le défendeur pour prouver qu e «le Gouvernement de la République fédérative de Yougoslavie
(Serbie et Monténégro) [a] honor[é] l’engagement qu’il a pris de fermer la frontière» avec les zones
de Bosnie-Herzégovine détenues par les Serbes 17. Ce rapport doit toutefois être lu en sachant que
ses «conclusions» ⎯ toutes provisoires puisque le rapport (en date du 3 octobre 1994) ne suit que
de quelques jours la mise en place effective de la mission d’observation (le 17 septembre 1994) ⎯
176
ne reposent que sur les «observations [d’une] mission sur le terrain» dont les moyens étaient
extrêmement limités. Lorsque l’on sait que ladite mission était composée d’environ cent
trente-cinq hommes ⎯à la date du rapport seules quat re-vingt-treize personnes avaient été
déployées ⎯ pour surveiller environ 450kilomètres de frontières, la plus grande circonspection
s’impose quant à la fiabilité de ses résultats 17.
22. A vrai dire, Madame le président, Messieurs les juges, cette discussion est vaine et très
dérisoire au regard du nombre incalculable d’él éments qui démontrent, non seulement que ces
sanctions n’ont été que poudre aux yeux 178, mais que le soutien vital apporté par la République
fédérative de Yougoslavie à la Republika Srpska est demeuré inchangé avant comme après1994.
Je vous en présenterai une synthèse demain.
The PRESIDENT: Could I interrupt you to find out how you are going along?
Mr. OLLIVIER: It is my last point. I have two or three minutes. Thank you.
La «conscience politique particulière des Serbes de Bosnie»
23. Je voudrais examiner un dernier argume nt du défendeur qui a trait à ce qu’il appelle
«l’esprit d’indépendance» des Serbes de Bosnie 179. Le professeur Condorelli a montré en détail,
175
Nations Unies, doc. S/1994/1124. Cité dans CR 2006/16, p. 44-45, par. 129 (Brownlie).
176
Ibid.
177TPIY, Le procureur c. Slobodan Miloševi ć, affaire n IT-02-54, témoignage de MW. illiams,
CR.24juin2003, p.22956-22957. Voir également le rapport du 3 octobre 1994: Nations Unies, doc.S/1994/1124,
par. 2.
178Voir en outre la réplique, p. 706-710, par. 397-403.
179CR 2006/16, p. 49, par. 145 (Brownlie). - 72 -
lors du premier tour de nos plaidoiries, que la Re publika Srpska et la RFY tendaient vers un même
objectif d’intégration, et il a établi qu’à la volo nté de la première de de meurer dans la Fédération
yougoslave répondait l’assurance de la seconde de son soutien et de sa solidarité sans faille 180. Il
est donc pour le moins paradoxal d’invoquer l’es prit d’indépendance d’une entité dont l’objectif
proclamé était de constituer un seul Etat avec la Serbie.
24. D’ailleurs, vous le savez, un seul ex emple de cette prétendue «conscience politique
particulière» est largement exploité par la Par tie adverse: le rejet du plan Vance-Owen par
181
l’Assemblée de la Republika Srpska en mai 1993 . Nous avons entendu M.Popovi ć, témoin
appelé par le défendeur, décrire en détail la séance de l’assemblée de la Republika Srpska au cours
182
de laquelle la proposition de règlement a été rejetée . Mais nous n’avons reçu aucune réponse
aux faits, postérieurs à1993, que nous avons établis . Le défendeur prétend que les liens ont été
coupés après le rejet du plan Vance-Owen alors qu’en novembre 1993 le système de paiement des
officiers de la VRS est formalisé au sein du 30 ecentre du personnel de la VJ, l’armée yougoslave.
Un an plus tard, en mars1994, l’unité financiè re déjà existante est encore renforcée par la
subordination officielle de la Banque nationale de la Republika Srpska à la Banque nationale de
Yougoslavie.
25. Décidément, Madame le président, aucune des allégations destinées à prouver
l’indépendance de la Republika Sr pska, aucun des éléments justifia nt selon nos contradicteurs de
reconnaître à cette entité toutes les qualités d’un Et at, ne peut être rais onnablement opposé à la
Bosnie-Herzégovine.
26. S’il m’incombait de répondre précisément à ces diverses allégations, pour en démontrer
l’inconsistance, force est de reconnaître qu’elles pèsent de bien peu de poids face aux nombreux
faits avancés par la Bosnie-Herzégovine et qui prouvent :
180CR 2006/10, p.12-18, par. 7-18 (Condorelli). Voir aussi CR 2006/2, p.31-32, par. 9-12 (vanden Biesen);
CR 2006/4, p. 10-12, par. 2-9 (Karagiannakis).
181
Contre-mémoire, p.286-289, par. 3.5.1.5-3.6.1.3; CR 2006/16, p. 49, par. 145-147 (Brownlie), CR2006/18,
p. 42-43, par. 106 (de Roux).
182CR 2006/25, p. 11-12 (Popović). - 73 -
2. L’intégration de la Republika Srpska dans la RFY
Si vous le voulez bien, Madame le président, je reviendrai demain matin devant vous pour
exposer l’argumentation de la Bosnie-Herzégovine sur ce point. Je vous remercie très vivement de
votre attention et je vous prie de m’excuser au nom de toute la Bosnie-Herzégovine pour le léger
retard.
Le PRESIDENT : Je vous remercie, Monsieur Ollivier. The Court will now rise and resume
at 10 o’clock tomorrow morning.
The Court rose at 6.20 p.m.
___________
Audience publique tenue le jeudi 20 avril 2006, à 15 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de Mme Higgins, président