Procès-verbaux des séances publiques tenues au Palais de la Paix, à La Haye, du 25 septembre au 29 octobre et le 18 décembre 1951 sous la présidence de M. Basdevant, président

Document Number
005-19510925-ORA-01-00-BI
Document Type
Number (Press Release, Order, etc)
1951/1
Date of the Document
Bilingual Document File
Bilingual Content

INTERNATIONAL COURT OF JUSTICE

PLEADINGS, Ol~AL A.RGUMENTS, DOCUMENTS

FISHERIES CASE

(UNITED KINGDOM v. NORV\rAY)

JUDGMENT OF DECEMBERr8th,I9:)I

VOLUME J,V

Oral proceedings.-Docum.ents.-CorrespondenceAFFAIRE DES PECHERIES

{ROYAUME~U N.IORVÈGE)

FISHERIES CASE

(UNITEDKINGDOM v. NOR'vVAY) COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE

J\IIÉMOIRES, PLAIDOIRIES ET DOCUMENTS

AFFAIRE DES PÊCHERIES

(ROYAUME-UNI c.NORVEGE)

ARRÊT DU 18 DÉCEi\ÜlRE1951

VOLUME IV
Procédure orale.- Docu:tnents.- CorrespondanceTous droits réservés·par la
Cour internationale de Justice

Ali rights reservedby the
International Court of Justice

N° de vente 94
Salesn111'Dber DEUXIÈME PARriE

PROCÉDURE ORALE·

SÉANCES PUBLIQUES
tenues au Palais de la Paix, La Haye,
du 25 septembre au 29 octobre et le r8 décembre 195I,
sous la présidenceM. Basde-vant, Président

PART II

ORAL PROCEEDINGS
PUBLIC SITTINGS

held at the Peace Palace, The Hague,
fromSeptember 25th to October 29th, and on December r8th, I95I,
the President, M.· Basdevant, presiding8

PROCÈS-VERBAL DES SÉANCES TENUES DU

25 SEPTEMBRE AU 29 OCTOBRE

ET- LE IS DÉCEMBRE I95I

ANNÉE rgsr

TRElZI!lME SliANCE PUBLIQUE' (25IX sr, II h.}·

Présents: M. BASDEVANTP , résident; M. GuERRERO,Vice-Présùlent;
MM. ALVAREZ,HACKWORTHW , INIARSKI, Zmuèié, DE VISSCHER,Sir
Arnold McNAm, M. KLAESTAD,BADAWIPACHA,MM. Rl>:\0, Hsu Mo,
fuges ,· M. HAMBRO,Greffier,· Sir ErBECKETT, agent du Gouvernement
du Royaume-Un-i, assisté de Sir Frank SOSKICE,MM. C. I-1.M. WAI.­
DOCK,R. O. WILBERFORCE et :0. H. N. jOHNSON,conseils, et du capitaine
de frégateR. H. KENNEDY, de MM. V•l.I-I. EvANS et Annaeus ScHJ0DT,
conseillers experts; M. Sven ARNTZEN,agent et avocat du Gouvernement
de la Norvège, assisté de M. Maurice BouRQUlN, avocat, de MM. Paal

BERG, C. J.HAMBRO,Frede CASTBERGL , arsJ.JoH.STAD,du capitaine
de vaisseau Chr. MEYER, de MM. Gunnar RoLLEFSEN, Reidar SKAU,
E. A. CoLBAN, du capitaine de vaisseau 'vV. CoUCHEH.ON-AAMOd Te,
MM. Jens EvENSEN et André SALOMON,experts, et de M. Sigurd
EKEI.AND, secrétaire.
En ouvrant l'audience le PRÉ~IDEN déTclare que la Cour tient
aujourd'hui audience publique pour entendre les débats dans l'affaire
a:nglo-norvégienne des pêcheries introduite devant elle par requête
déposée au Greffe le 28 septembre 1949 par le Gouvernement du

Royaume-Uni de Grande-Bretagne etd'Irlande du Nord.
La requête est fondée sur les déclarations fa.ites confonnérnent à
l'article 36, paragraphe2, du Statut de la Cour et par lesquelles le
Gouvernement du Royaume-Uni, d'une part, et le Gouvernement du
Royaume de Norvège, d'autre part, ont accepté la compétence de la
Cour. La requête est, en outre, conforme à l'article 40, paragrapre•,
du Statut et à l'article 32, paragraph2, du Règlement.

Dans ladite requête, le Gouvernement du Royaume-Uni a exposé
qu'ilentend contester la validité en droit internationdes limites de
la zone de pêche norvégienne définie par le décret royal norvégien
du 12 juillet 1935 et, en conséquence, demander à la Cour de définir
les lignes de base par rapport auxquelles le Gouvernement norvégien
est fondé à délimiter une zone de pêche s'étendant vers la mer à
distance de quatre milles marins de ces lignes et réservéeexclusivement
à ses propres ressortissants.

1 Soixantième séance de la Cour. 8

MINUTES OF THE SITTINGS HELD FROM

SEPTEMBER 25th TO OCTOBER 29th,

AND ON DECEMBER r8th, 1951

YEAR 19.11

THIRTEENTH PUBLIC SITTING 1 (25 rxsr,n a.m.)

Present: .President BASDEVANT; Vice-President GuEH!ŒRO; ]udgcs
ALvAREZ, HACKWORTJ-- \1~lrNIAR ZoRré,ré,DE VrsscHJm, Sir Arnold
McNAIR, KLAESTAD,BADA\vr F'ASHA,READ, Hsu Mo; Registrar HAM­
BRO; Sir Eric BECKETT, Agent for the Gm!ernment of the Un'ited King dom,
assisted by Sir Frank SosKICE, MessrC. H. M. WALDOCK,R. O. \NrL­
BERFORCEand D. H. N. jOHNSON, Counsel, and by Commander R. H.
KENNEDY,Messrs. \V. H. EvANs and Annaeus SCHJ0DT, Expert advisers;
M. Sven ARNTZEN, Agent and Counsel for the Govermnent of Norway,
assisted by M. Maurice BoURQUIN, Counsel, by MM. Paal BERG, C. J.
HAMBRO, Frede CASTBERG,Lars J. JoRST.<>.D, aptainChr. Mn'ER,
MM. Gunnar RoLLEFSEN, Reidar SKAU, E. A. COJ.BAN, Captain
W. CoucHERON-.AAMOT, MM. Jens EvENSE:N and André SALOMON,
Experts, and byM. Sigurd ]~KELAN Decretary ..

In opening the sitting, the PRESIDENTstated that the Court bad met
in public sitting to hear argumentsin the Anglo-Norwegian Fisheries
1- case which had been submitted to it by an Application frled with the
Registry on September zSth, 1949, by the Government of the United
Kingdom of Great Britain and Northern lreland.
The Application was founded on declarations made in conformity
with Article 36, paragrapz, of the Court's Sta.tute, whereby the Govern­

ment of the United Kingdom, of the one part, and the Government
of the Kingdom of Norway, of the other part, acceptecl the Court's
jurisdictionThe Application was, further, in conformity with Article 40,
paragraph r, of the Statuteand with Article 32, paragraph 2, of the
Rules of Court. ·
In the aforesaid Applicationthe Government of the United Kingdom
had stated that it disputedthe validityunder internationallaw of the
limits of the Norwegian frsheries zone prescribecl by the Royal Norwegian
Decree of July r2th, 1935, and consequently requested the Court to
define the base-lines by reference to wbich the Norwegian Government
was entitled to delimit a fisheries zone extendinto seaward four sea
miles from those lines, and exclusivelreserved for its own nationals.

1
Sixtictmeetingof the Court. SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE 1951
9
Le Gouvernement du Royaume de Norvège conteste le bi.en-fondé
de cette demande.
De part et d'autre, les deux gouvernements ont annoncé l'intention
de demander à la Cour de .statuer sur les dommages et intérêtsqu'ils
s'estimeraient fondés à réclamer.
Le Président prie le Greffier de donner lecture des conclusions pré­
sentées par le Gouvernement du Royaume-Uni et figurant dans la
requête introductive d'instance.

Le GREFFIERdonne lecture desdites conclusions.

Le PRÉSIDENTannonce que le Gouvernement du Royaume-Uni de
Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord est représenté par:
Agent:

sir Eric Beckett, K. C. M. G., K. C, jurisconsulte du ministère ·des
Affaires étrangères;
Conseils:

le très honorable sir Frank Soskice, K. C., M. P., Attorney-General,

M. C. H. M. Waldock, C. M. G., O. B. E., K. C., professeur de droit
international public à l'Université d'Oxford (chaire Chichele), ·
l\1R. O. Wilberforce, membre du barreau anglais,
M. D. H. N. Johnson, jurisconsulte adjoint du ministère des Affaires
étrangères;
Conseillers :

le capitaine de frégate (en retraite) de la Marine royale R. H. Kennei:ly,
O. B. E., du Service hydrographique de l'Amirauté,
M. vV. H. Evans, du Service hydrographique de l'Amirauté,
M. Annaeus Schjedt, Jr., elu barreau norvégien, Conseiller juridique
de l'ambassade britannique à Oslo,
M. W. N. Hanna, de Ia section militaire de l'Amirauté,
M. A. S. Armstrong, du ministère de l'Agriculture et des Pêcheries,
section des pêcheries,

et que le Gouvernement royal de Norvège est représenté par:
Agent et avocat :

M. Sven Arntzen·, avocat à la Cour suprême de Norvège;
Avocat:
M. Maurice Bourquin, professeur à l'Université de Genève et à

l'Institutuniversitaire des hautes Hudes internationales,
assistés des experts suivants :
le capitaine de vaisseau W. Coucheron-A.amot, de la Marine royale
norvégienne, " .

M. Paal Berg, ancien président de la Cour suprême de Norvège,
M. C. J. Hambro, président de l'Odelsting, . ·
M. Frede Castberg, professeur à l'Université d'Oslo,
M. Lars J. Jorstad, ministre plénipotentiaire, .
le capitaine de vaisseau Chr. Meyer, de la Marine royale norvégienne,
M. Gunnar Rollefsen, directeur de l'Institut de recherches du Service
des Pêches de la Norvège, SITTING OF SEPTEMBER 25th, 1951 9
The Government of the Kingdom of Norway dîsputed the justice of

this request.
Both of the Governmen had~ announced their intention of asking
the Court to give judgment in regard to the damages to which they
considered that they were entitled.
The President requested the Regî~tr toaread the submissions pre­
sented by the Government of the United Kingdom as set forth in the
Application instituting proceedings .
.The REGISTRARread the relevant text.

The PRESIDENTstated that the Government of the United Kingdom
of Great Britain and Northern Ireland was represented by :

Agent:
Sir Eric Beckett, K.C.M.G., K.C., Legal Adviser to the Foreign
Office;

Counsel:
The Right Honourable Sir Frank Soskice, K.C., M.P., Attorney­
General
l\1r. C. H., M. Waldock, C.M.G., O.B.E., K.C., Chichele Professor of
Public International Law in the University of Oxford,
Mr. R. O. vVilberforce, Member of the English Bar,
Mr. D. H. N. Johnson, Assistant Legal Adviser, Foreign Office;

Other Advisers:
Commander R H. Kennedy (retired), ü.B.E., R.N., Hydrographie
Department, Admiralty,
Mr. W. H. Evans, Hydrographie Department, Admîralty,

M. Annaeus Schjodt, Jr., of the Norwegian Bar, Legal Adviser to the
British Embassy in Oslo,
Mr. W. N. Hanna, Military Branch, Adiniralty,
Mr. A. S. Armstrong, Fisheries Department, Ministry of Agriculture
and Fisheries. ·

The Royal Government of Norvvay was represented by :
Agent and Counsel:
M. Sven Arntzen, Advocate at the Supreme Court of Norway;

Counsel:
l\1. Maurice Bourquin, Professor at the University of Geneva and at
the Graduate Institute of InternationalStudies,

assisted by the. followingExperts :
Captain VI. Coucheron-Aamot, of the Norwegian Royal Navy,

I\11. aal Berg, former President of the Supreme Court of Norway,
M. C. ]. Hambro, President of the Odelsting,
M. Frede Castberg, Professor at the University of Oslo,
M. Lars J. Jorstad, Minister Plenipotentiary,

Captain Chr. Meyer, of the Norwegian Royal Navy,
M. Gunnar Rollefsen, Director of the Research Bureau of the Nor­
wegîan Department of .Fisheries, IO SÉANCE DU 26 SEPTEII'!BRE 1951

M. Reidar Skau, juge à la Cour suprême de Norvège,
M. Trygve Utheim, préfet du département de MOre et Romsdal,
M. E. A. Colb;m, chef de· division au ministère royal des Affaires
étrangères de Norvège,

M. Jens Evensen, avocat près les Cours d'appel de Norvège,
:M. André Salomon, docteur en droit,

et de M. Sigurd Ekeland, secrétaire au ministère royal des Affaires
étrangères de Norvège, comme secrétaire.

Ayant constaté la présence devant la Cour de MM. les agents et
conseils des Parties, le Président donne la parole à l\L l'agent du
Gouvernement du Royaume-Uni, ou, si celui-ci le préfère,à son conseil.

Sir Eric BECKETTa ,gent du Gouvernement du Royaume-Uni, demande
à la Cour de bien vouloir autoriser .l'Attorney-General à commencer
l'exposé du Royaume-Uni.

Le PRÉSIDENTdonne la parole à sir Frank Soskice.

Sir Frank SosKICE commence et termine .l'exposé reproduit en
annexe 1•

(L'audience, suspendue à IZ h. 50, est reprise à r6 heures.)

Sir Eric BECKETTcommence l'exposé reproduit en annexe •.

Le PRÉSiDENTdéclare que la Cour se réunira le mercredi, z6 sep­
tembre, à ro h. 30.

L'audience est levée à 18 h. 25.

Le Président de la Cour,
(Signé) BASDEVANT.

Le Greffier de la Cour,
(Signé) E. H.A.MBRO.

QUATOH.ZIÈME SÉANCE PUBLIQUE 3{z6 IX sr, IO h. 30)

Présents: [Voir séance du 25 septembre.]

Le PRÉSID.ENT donne la parole à M. l'agent du Go.uvernement du
Royaume-Uni.

Sir Eric BECKETTpoursuit l'exposé reproduit en annexe •.

(L'audience, suspendue à I3 h. rs, est reprise à r6 heures.)

1
Voirpp. 23-31.
• » » 3 ·45·
3 Soixanted unième séance dela Cour.
' Voirpp. 45 6o, ---1

SITTING OF SEPTEMBER. z6th, I95I Iû

li:L.Reidar Skau, Judge of the Supreme Court of Norway,
M. Trygve Utheim, "Prefectof the District o.fMore and Romsdal,
M. E. A. Colban, Chief of Division in the Nonvegian Royal Ministry

for Foreign Affairs,
Ivl.Jens Evensen, Barrister at the Nonvegian Courts of Appeal,
M. André Salomon, Doctor of Laws,

and M. Sigurd Ekelancl, Secretary to the Norwegian Royal Ministry
for Foreign ,<\flairs, as Secretary. ·

The President took note of the presence in Court of the Agents and
Counsel for the Parties. He called on the Agent of the United Kingdom
Government to address the Court or, if he preferred, on his Counsel.

Sir Eric BEcKETT,Agent of the United Kingdom Government, stated
tl1at, with the Court's permission, the Attorney-General \vould open
the case of the United Kingdom.

The PRESIDENTstated that Sir Frank Soskice h'ad the attention of
the Court.

Sir Frank SosKICE began and concluded the statement reproduced
in the annex ~.

(The Court adjourned from rz.so p.m. to 4 p.m.)

Sir Eric BECKETTbegan the statement reproduced in the anne x 2•

The PRESIDENTstated that the Court woulcl adjourn until Wednes-
day, September z6th, at ro~3 a.m.,

The Court rose at 6.25 p.m.

(Signed) EASD.EV ANT,
President.

{Signed) E. HAMBRO,

Registrar.

FOUH.TEENTH PUBLIC SITTING • (26 rx SI, I0.30 a.m:)

Present: [See sitting of September 25th.]

The PRESIJ)J>NT caHecl upon the Agent of the United Kingdom to
address the Court.
4
Sir Eric BEcKETTcontinued his statement reproduced in the annex •

(The Court adjourned from LIS p.m. to 4 p.m.)

1 See pp. z3-3 '··
2 " " 32-45· ., '
" Sixty-firsmeeting of the Court.
• See pp. 45·60.II SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE I95I

Sir Eric BECKETTpoursuit l'exposé reproduit en annexe 1• Avec
l'autorisation de la Çour, il interrompt son exposé afin de permettre

au capitaine de frégate K.ENNEDYà , l'aide de diagrammes établis par
M. Evans, d'indiquer comment s'applique le système visé par sir Eric
Beckett. Le texte des explications du capitaine Kennedy est reproduit
en annexe 2•

Après cette explication, M. Hsu Mo, membre de la Cour, pose deux
questions, auxquelles répond le capitaine KENNEDY,afin d'obtenir un
éclaircissement sur la méthode employée pour déterminer l'étendue des

eaux territoriales. Ces questions, ainsi q5e les réponses du capitaine
Kennedy, sont reproduites en annexe •

Le PRÉSIDENTsignale que la prochaine audience de la Cour aura
lieu le jeudi 27 septembre, à rà h. JO.

L'audience est levée à r8 h. 5-
[Signatures.].

QUINZIÈME SÉANCE PUBLIQUE. (27 IX sr, ·ro k.. 30)

Présents: [Voir séance du 25 septembre.)

Le PRÉSIDENTdonne la parole à l'agent du Gouvernement du
Royaume-Uni. ·

Sir Eric BECKETTpoursuit l'exposé reproduit en annexe"·

(L'audience, suspendue à 12 h. 45, est reprise à r6 heures.)

Sir Eric BECKETTpoursuit et termine l'exposéreproduit en annexe 6•

Le PRÉSIDENTdéclare que la prochaine audience de la Cour aura

lieu vendredi le 28 septembre, à ro h. JO.

L'audience est levée à r8 h. 15.
[Signatures.)

' Voir pp.6o-7r.
• 64-6].
• p. 67.
1 Soixante-deuxième séance de la Cour.
5 Voir pp. 72-85
G 85 97 SITTING OF SEPTEMBER 27tl1, 1951 II
1
Sir Eric BECKETT continued his statement reproduced in the annex •
With the leave of the Court, he interrupted his argument to allow
Commander KENNEDY to indicate, with the aid of diagrams demon­
stra:ted by Mr. Evans, the method of applying the system referred tci by
Sir Eric Beckett. The text of Commander Kennedy's explanation is
2
reproduced in the annex •
At- the close of this explanation Judge Hsu Mo put two questions,

which were answered by Commander KENNEDY, to clarify the means
used to determine the extent .of territorial waters. These questions and
the answers given to them are reproduced in the annex •.
1

The PRESIDENT announced that the next hearing of the Court would
be held on Thursday, September Z'7th,at I0.30 a.m,

The Court rose at 6.os p.m.

[Signatures.]

4
FIFTEENTH PUBLIC SITTING (2'7IX 51, Iü.JO a.m.)

Present: (See sitting of September zsth.]

The PRESIDENT called upon the Agent of the United Kingdom to
continue his address.

Sir Eric BECKETT procecded with his.statement as reproduced in the

annex hereto 5.

{The Court adjourned from 12.45 p.m. to 4 p.m.)

Sir E6ic BECKETT conclucled his statement reproducecl in the annex
hereto •

The P1ŒSIDENT announced that the next hearing of the Court would
be held on Friday, September 28th, at IO.JO a.m.

The Court rose at 6.15 p.m.

[Signatures.]

• Sec pp. 6o 71.
2 " 64·67.

" p. 67.
• Sixty-sccond meeting of the Court.
" Sec pp. 72·85.
• .. 8j !l7·I2 SÉANCES DES 28 ET 29 SEPTEMBRE 1951

SEIZIÈME stANCE PUBLIQUE l (z8 IX SI, IO h. 30)

Présents: [Voir séance du 25 septembre.]

Le ·pRÉSIDENTinvite l'Aitorney-General à présenter un exposé au

nom du Gouvernement du Royaume-Uni.
Sir Frank SoSKIC co~ mence l'exposé reproduit en annexe"·

(L'audience, suspendue à 1.2 h. 45, est reprise à r6 heures.)
3
Sir Frank SosKICE continue l'exposé reproduit en annexe •
Le PRÉSIDENTdéclare que la prochaine audience aura lieu le samedi

29 septembre, à ro h. 30.

L'audience est levée à rS h. 15.
[Signatures.]

DIX-SEPTIÈME SÉANCE PUBLIQUE. (zg IX sr, IO h. 30)

Présents : [Voir séance du 25 septembre.]

Le PRÉSI.DENTdonne la parole à l'Attorney- General du Royaume-

Uni pour la suite de sa plaidoirie.
Sir Frank SosKICE continue l'exposé reproduit en annexe 5•

{L'audience, suspendue à rz h. 50, est reprise à r6 heures.)

Sir Frank SosKICE termine l'exposé reproduit en annexe •

Il demande à la Cour de bien vouloir autoriser sir Eric Beckett et
M. Wilberforce à continuer l'exposéprésentéau nom du Gouvernement

du Royaume-Uni. ·
Le PRÉSIDENTannonce qu'à. cette fin, la Cour tiendra audience le

lundi roroctobre, à IO h. 30.

L'audience est levée à 17 h. 40.

[Signatures. J

1
Soixantc-quatr é amce de la Cour.
~ Voir pp gS. rog.
3 » Il I09·I21.
• Soixante-sixièmeséance de la Cour.
' Voir pp. rv·r33·
r. " " 133·143· SITTINGS OF SEJ>TEMBER z8th AND zgth, I95I IZ

SIXTEENTH PUBLIC SITTING 1 (28 rx 51, 10.3Q a.m.)

Present: [See sitting of September zsth.]

The PRESIDENTcalled on the Attorney-General to present a state-
ment on behalf of the United Kingdom Government.

Sir Frank SosKICE began the statement reproduced in the annex .

(The Court adjourned from 12.45 p.m. to 4 p.m.)

Sir Frank SOSKICE continued the statement reproduced in the annex "·

The ,PRESIDENTannounced that the next hearing· would be held on
Saturday, September zgth, at 10.30 a.m.

The Cour_trose at 6.1.5 p.m.

[Signatures.)

SEVENTEENTH PUBLIC SITTING 4 (29 rx 51, 10.30 a.m.)

Present : [See sitting of September zsth.]

The PRESIDENTcalled upon the Attorney-General of the United

Kingdom to continue his statement.
Sir Frank SosKICEcontinued the statement reproduced in the annex "·

(The Court adjoumed from rz.so p.rn. to 4 p.m.)

Sir ·Frank SOSKICE concluded the statement reproduced in the annex 6•

He stated that, with the leave of the Court, the remainder of the
United Kingdom case would be presentecl by Sir Eric Beckett and

Mr. Wilberforce.
The PRESIDENTannounced that the Court would hold a hearing for
that purpose on Monday, October rst, at 10.30 a.m.

The Court rose at 5.40 p.m.
[Signatures.]

1 Sixty-fourth meeting of the Court.
2 See pp. 98-109.
a ·~ , 1 .:r:og-,1:2'1+
·• Sixty-sixthmeeting of the Court.

' See pp. t2I"'33·
• " [33-143·
2I3 SÉANCE DU ret·OCTOBRE rg5r

DIX-HUITTJ!:ME SJ!ANCE PUBLIQUE 1 (r x sr, roh. 30)

Présents: [Voir séancedu 25 septembre.]

Le PRÉSmENT donne la parole à sir Eric Beckett pour continuer la

plaidoirie au nom du Gouvernement du Royaume-Uni.
Sir Eric BECKET!"présente l'exposéreproduit en annexe 2•
L'agent du Gouvernement du Royaume-Uni demande que la Cour

autorise M. vVilbedorce à présenter un exposé au nom de son gouverne­
ment.·
Le PRÉSIDENTdonne la parole à M. vVILBERFORGE q,ui commence
3
l'exposéreproduit en annexe • •

(L'audience, suspendue à 12 h. 45, est reprise à r6 heures.)
4
M. \VtLBERFORCE termine l'exposéreproduit en annexe .·
Le PRÉSIDENTdéclare qu'ilcroit savoir que l'agent du Gouvernement

du Royaume-Uni désire présenter quelques observations complémen­
taires.
Sir Eric BECKETTprésente l'exposéreproduit en annexe"·

Le PRÉSIDENTprie l'agent du Gouvernement du Royaume-Uni de
vérifier très soigneusement avec le Greffe le texte des conclusions qui

viennent d'être énoncées,de même que leur traduction en français.
Il est évidemment entendu que le texte a.nglais fera foi.

· L'AGENTDUGOUVERNEMEN DTU ROYAUME-UNr Iépond qu'il se tient
entièrement à la disposition du Greffier.
Le PRÉSII)~ cowirsavoir que l'agent du Gouvernement norvégien

désire un délai de trois jours, ce qui lui permettrait, ainsi qu'à son
conseil, de préparer leur réponse.
Cela est confirmé par l'AGENT DU GouvERNf,MENT DE LA NoRVÈGE.

Le PRÉSIDENTannonce que la prochaine audience de la Cour aura

lieu à cette fin le vendredi 5 octobre, à ro h. 30.
L'audience est levéeà 17 h. 20.

[Signatttres.]

1 Soixante-septièmséance de la Cour.

3 Voir pp.144-152.
153-157.
J:5]-I6r.
• » r6~-.164. SITTING OF OCTOBER TSt, J95I

EIGHTEENTH PUBLIC SITTING 1 (r x sr, ro.30 a.m.)

Present: [See sitting of September 25th.)
The PRESIDENTcalled upon Sir Eric Beckett to continue the state­

ment on behalf of the United Kingdom Government.
Sir Eric BECKETT made the statement reproduced in the annex 2.
The Agent of the United Kingdom Government stated that, with
the Court's leave, Mr. Wilberforce would present a statement on behalf

of the United Kingdom Government.
The PRESIDENT called upon Mr. \VILBERFORCE, who began the
statement reproduced in the annex 3•

(The Court adjourned from 12.45 p.m. to 4 p.m.)

Mr. \VILBERFORCEconcluded the statement reproduced m annex "·

The PRESIDENT stated that he understood that the Agent of the
United Ki.ngdom Government desired to present a fe\v additional
observa tians.

Sir Eric BECKETT made the statement reproduced in the annex ".
The PRESIDENTrequested the Agent of the United Kingdom Govern­
ment to check very careful!y with the Registry the te:xt of the sub­

missions of his Government which he had just stated, as we!! as the·
French translation thereof. It was understood, of course, that the
English text would be the authoritative text.

The AGENTOF THE UNITED l<tNGOOM GovERNMENTreplied that he
was entirely at the disposa! of the Rcgistrar for that purpose.
The PRESlOENTstated that he understood the Agent of the Nor­
wegian Government desired a three-day adjournment in order to permit
him and his Counsel to prepare their reply.

This fact was confirmed by the AGENT OF THENoRWEGIANGovERN­
MENT.

The PRESIDENTannounced that the next hearing of the Court would
be held for that purpose on Friday, October sth, at I0.30 a.m.

The Court rose at 5-20 p.m:

(Signat'Ures.]

1 Sixty-seventh meeting of the Court.
• Sec pp. I44·I52-
' " ISJ·I57.
,. I5]·16I.
IU2·1Ü4- 14 StANCES DES 5 ET 6 OCTOBRE 1951

DIX-NEUVIÈME SÉANCE PUBLIQUE · (5 · x sr, roh. 30)

Présents: [Voir séance du 25 septembre, à l'exception de sir Frank

Soskice et de M. W. H. Evans, absents; sont également présents
MM. W. N. HANNA et A. S. ARMSTRONG conseillersexperts du Gouverne­
ment du Royaume-Uni.]

En ouvrant l'audience, le PRÉSI.DENT donne la parole à M. l'agent du
Gouvernement royal de Norvège, pour exposer les vues de son gouverne­

ment.
M. Sven ARNTZENcommence et termine la plaidoirie reproduite en
annexe 2•

Il demande ensuite au Président de vouloir bien donner la parole à
M. Maurice Bourquin, professeur à l'Université de Genève et à l'Institut
universitaire des hautes études internationales, qui exposera, à titre de
conseil, la thèse du Gouvernement norvégien.

Le PRÉSIDENTdonne la parole à M. Bourquin.

M. BouRQUINcommence la plaidoirie reproduite en annexe"·

(L'audie-nce, suspendue à 13 heures, est reprise à r6 heures.)

M. BouRQUINcontinue la plaidoirie reproduife en annexe 4.

Le PRÉSIDENTdéclare que la Cour se réunira le samedi 6 octobre, à
IO h. 30. .

L'audience est levéeà r8 h. 20.

[Signatures.]

VINGTIÈME SÉANCE PUBLIQUE" (6 x sx. ro h. 30)

Présents: (Voir séancedu 5 octobre.]

Le PRÉSIDENTdonne la parole à M. Bourquin pour continuer sa
plaidoirie.
M. BoURQUINcontinue la plaidoirie reproduite en annexe 6•

-Le PRÉSIDENTpose à M. Bourquin la question reproduite en annexe 7•

M. BouRQUINdonne la réponse reproduite en annexe 8,

1 Soixante et onzième. séance de la Cour.
' Voir pp. 165"1 72.
3 Il 173-178.

' Soixante-douzième. séance de la Cour.

• Voir pp. J90-207 .
.p. 206.
pp. 20Ü-ZO]. SITTINGS OF OCTOBE.R. Sth AND 6th, 1951

NINETEENTI-1 PUBLIC SITTING 1 (5 x sr, ro.30 a.m.)

Present: [See sitting of September zsth, with the exception of

Sir Frank Soskice and Mr. ·W. H. Evans, absent; also present
Mr. W. N. HANNA and Mr. A. S. ARMSTRONG E,xpert Adviscrs of the
Govcrnment of the United Kingdom.]

In opening the sitting, the PRESIDENTcalled on the Agent of the

Norwegian Government to address the Court.

M. Sven ARNTZENbegan and concluded the statement reproduced
in the annex 2•
He then asked the President ifhe would allow M. Maurice Bourquin,
Professor at the University of Geneva a:nd at the Graduate Institute

of International Studies, to state, as Counsel, the case for the Nor­
wegian Governrnent.

The PRESIOENTreplied that M. Bourquin had the attention of the
Court.

M. BoURQUINbegan the staternent reproduced in the annex 3•

(Tl1e Court adjourned from I p.m. to 4 p.m.)

M. BouRQUIN continued his statement reproduced in the anuex 4.

The PRESIDENTstated that the Court would adjourn until Saturday,
October 6th, at 10.30 a.m. .

The Court rose at 6.20 p.m.

[Signatures.]

TWENTIETH PUBLIC SITTING 5 (6 x sr, ro.30 a.m.)

Present: [See sitting of October sth.]

The PRESIDENTcalled on M. Bourquin to continue his statement.

M. BouRQUIN continued his statement reproduced in the annex 6•

. The PRESIDENTput to M. Bourquin the question reproduced in
7
the annex •
M. BoURQUINgave the reply reproduced m the annex 8 •
'' (

1 Seventy-first meeting of the Court.
2
See pp. I6S-I]:2.
" , I]J·I]8.
4 , , I]8-190,
5 Sevcnty-sccond meeting of the Court.
• See pp. rgo-207.
1 " p. 206.
• " pp. 206·:20].I5 SÉANCES DES 8 ET 9 OCTOBRE 1951

Le PRÉSIDENTdéclare que la Cour se réunira le lundi 8 octobre, à
IO h. JO.

L'audience est levéeà IJ heures.
[Signatures.]

VINGT ET UNII!.:MESÉANCE PUBLIQUE 1 (8x sr, roh. JO)

Présents: [Voir séancedu 5 octobre.]

Le PRJ<':SlDEN donne la parole à M. Bourquin pour continuer sa
plaidoirie. ·
M. BouRQUINpoursuit la plaidoirie reproduite en annexe 2•

Au cours de cette plaidoirie, M. Bourquin se réfèreà une carte où est
portée la limite des eaux territoriales, tracée suivant la méthode norvé­
gienne et suivant la méthode des arcs de cercle.
A cette occasion, sir Eric BECKET!'lui signale que la limite indiquée
suivant la méthode des arcs de cercle a étéétablie en utilisant des arcs

d'un rayon de trois milles élU lieu d'arcs d'un rayon de quatre milles,
comme le Royaume-Uni reconnaît que la Norvège a le droit de le faire.
M. BouRQUINsignale cette rectification à la Cour.

Le PRÉSIDENT en prend acte.
(L'audience, suspendue à 12 h. 55, est reprise à r6 heures.)
3
M. BouRQUINcontinue la plaidoirie reproduite en annexe .
M. Bourquin ayant cité dans cette plaidoirie le nombre de chalutiers
employés par les Norvégiens, le PRÉsiDENTlui demande d'indiquer les
ports d'attache de ces navires.

M. BouRQUINrépond qu'il fera parvenir ce renseignement à la Cour.
Le PRÉSIDENTannonce que la prochaine audience se tiendra le mardi
9 octobre rgsr, à r6 heures.

L'audience est levée à r8 heures.
(Signatures.]

VINGT-DEUXIÈME SÉANCE PUBLIQUE 4(9 x 51, r6 h.)

Présents: [Voir séance du 5 octobre.]

Le PRÉSIDENT invite M. BouRQUINà continuer la plaidoirie reproduite
en annexe', a:ucours de laquelle il donne réponseà la question poséepar
le Président à l'audience précédente.

L'audience est levée à r8 h. JS·
[Signatures.]

1 Soixante-treizièmeséance de la Cour.
" Voir pp. 208-223.
• " 223-237·
• Soixante-quatorzième séance de la Cour.
' Voir pp. 237-252. SITTINGS OF OCTO.BER 8th AND gth, 1951 IS
]'he PRESJI)ENTstated that the next hearing of the Court would

be held on l\'fonday, October 8th, at 10.30 a.m.
The Court rose at 1 p.m.
[S1:gnature~.]

TWENTY-FIRST PUBLTC SITTING 1 (8 x 51. 10.30 a.m.)

Present.: [See sitting of October 5th.]

The PRESIDENTcalled on M. Bourquin to continue his oral statement.

M. Boui<QuiN continued the statement reproduced in the annex 2•
Tn the course of the argument M. Bourquin referred to a chart

showing the limit of territorial watet's determined accorc\ing to the
Norwegian methoc\ and according to tl1e methods of arcs of circles.
Sir Eric BFCKETT called his attention to the fact tbat the limit
shown according to the methods of arcs of circles had been established
on the basis of arcs of a 3-mile radius, instead of arcs of a 4-mile radius,
as conceded by the United Kingdom Government.

M. BoURQUIN·brought this correction to the notice of the Court.
The PRESIDENTtook note of this information.

(The Court adjourned from 12.55 p.m. to 4 p.m.)
M. BouRQUTNcontinuecl the statement reproduced in the annex 3•
ln this statement, M. Bourquin referred to the number. of trawlers

used by the Norwegians.
The PRESIDENTasked him toindicate the home ports of those vessels.
M. BouRQUINreplied he would obtain the information for the Court.

The PRESIDENTannounced that the Court would meet again on
Tuesday, October gth, 1951, at 4 p.m.
The Court rose at 6 p.m.
[Signatures.]

..
·rwENTY-SECOND PUBLIC SITTING., {9 x 51, 4 p.m.)

Present: [Sec sitting of October 5th.]

The PIŒSIDENTcalled on lVI.BOUI<QUIN to continue the statement
reproduced in the annex" in the course of which he replied to the question
put by the President at the previous hearing.

The Court rose at 6.35 p.m.
[Signaütres.]

' Seventy-thirdmeeting of the Court.

" SΠpp. zoS-:2:23.
• Seventy-fourth7meeting of the Court.
' See pp.ZJ]-zjz. 16 SÉANCES DES IO-I2 OCTOBRE I95I

VINGT-TROISIÈME SÉANCE PUBLIQUE 1 (10 x sr, 10 h. JO)

Présents: [Voir séance du 5 octobre.]

Le PRÉSI2ENT invite M. BouRQUIN à continuer la plaidoirie reproduite
en annexe . ·

(L'audience, suspendue à rz h. JO, est reprise à r6 heures.)

Le PRÉSIDENT invite M. BouRQUIN à continuer la plaidoirie reproduite
en annexe"·

L'audience est levéeà r8 h. s.

[Signatures.]

VINGT-QUATRIÈME SJ<:ANCEPUBLIQUE ' 1 (u x sr, roh. JO)

Présents: [Voir séance du 5 octobre.]

Le PRÉSIDENT invite M. BouRQUIN à continuer la plaidoirie reproduite
5
·en annexe •

(L'audience, suspendue à rz h. JO, est reprise à r6 heures.)

Le PRÉSmENT invite M. BouRQUIN à continuer la plaidoirie reproduite
en annexe •.

L'audience est levéeà rS h. IO.

[Signatures.]

VINGT-CINQUIÈME SÉANCE PUBLIQUE' (12 x sr, ro k. 30)

Présents: [Voir séancedu 5 octobre.)

Le PRÉSIDENT donne la parole à M. BoURQUIN pour continuer la plai­ •
doirie reproduite en annexe 8•

(L'audience, suspendue à rz h. 40, est reprise à r6 heures.)

Le PRÉSIDENT invite M. BouRQUIN à continuer et terminer Ia plai­

doirie reproduite en annexe •.

' Soixante-seizièmeséance de la Cour.
• Voir pp. 252-265.
' )) 265-279·
4Soixante-dix-septième séance de la Cour.
' Voir pp. 279-292.
' " 292-)06.
7Soixante-dix-huitième séance de la Cour.

" Voir pp. 307-32!.
• " 31!-325. SITT.INGS OF OCTOBER IOth-rzth, 1951 r6

T\VENTY-THIRD PUBLIC SITTING 1 (ro x 51, 10.30 a.m.)

Present: [See sitting of October 5th.]

The PRESIDENT called on M. BouHQUIN to continue the statement
reproduced in the annex 2•

(The Court adjourned from 12.30 p.m. to 4 p.m.)

The PRESIDENT called on M. BouRQUIN to continue the statement
reproduced in the annex ".

The Court rose at 6.05 p.m.

TWENTY -FOURTH PUBLIC SITTING 4 (rr x 51, I0.3o a.m.)

Present: [See sitting of October 5th.]

The :PRESIDENT called on M. BoURQUIN to continue the statement
reproduced in the annex 5•

{The Court adjourned from 12·.30 p.m. to 4 p.m.)

The· PRESIDENT called on M. BouRQUIN to continue the statement
reproduced in the annex 6.

The Court rose at 6.ro p.m.

[Signatures.)

TWENTY-FIFTH PUBLIC SITTING' {rzx sr, 10.30 a.m.)

Pres mt: [See sitting of October 5th.]

The PRESIDENT called on M. BoURQUIN to continue the statement
reproduced in the annex •

(The Court adjourned from 12-40 p.m. to 4 p.m.)

The PRESIDENT called on M. BouRQUIN to continue and finish the
statement reproduced in the annex •.

1 Seventy-sixth meeting of the Court.
' See pp. 2.52-265.
• " .. 265-2 79-
• Seventy-seventh meeting of the Court.
' See pp. 279-292.
' ,. ,. 292-306.
' Sevcnty-cighth meeting of the Court.

" Sec pp. 307-32r.
• ,. 321-325- 17 SÉANCES DES 13 ET 15 OCTOBRE 1951

A la demande de M. Bourquin. le PRÉSIDENT invite alors M. AI\NTZEN,
agent du Gouvernement norvégien, à compléter l'exposédes vues de son
gouvernement (a.nnexe 1).

L'audience est levéeà rS h. rs.
[Signatures.]

VINGT-SlXll"!ME SÉANCE PUBLIQUE (~3 x 51, ro h. 30)

Présents: [Voir séance du 5 octobre.]

Le PRÉSIDENT invite M. ARNTZEN à continuer la plaidoirie reproduite
en annexe a.

Au cours de sa plaidoirie, l'agent du Gouvernement norvégien demande
la permission de présenter à la Cour, à l'audience de lundi matin, un
modèle réduit de chalutier et de son équipement, pour montrer le danger
,qu'il présente aux lignes stationnaires.
Cette permission est accordée.

L'audience est levée à 13 heures.

[Signat1~res.]

4
VINGT-SEPTIÈME Sl!ANCE PUBLIQUE (15 x 51, r.o h.30)

Présents: [Voir séancedu 5 octobre.]

Le PRÉSIDENTinvite M. AHNTZEN à poursuivre la plaidoirie reproduite
en annexe .

(L'audience est suspendue ct reprise à 16 heures.)

Le PRÉSIDENT invite M. ARNTZEN à continuer et conclure la plaidoirie
reproduite en annexe 6•

Puis le PRÉSIDENT demande à l'AGENT DU ROYAUME-UNI quand il sera
prêt à présenter sa réplique. Celui-ci ayant annoncé mercredi matin, hl
prochaine audience est fixéeen conséquence.

L'audience est levée à 17 h. 35-

[Signatures.]

1 Voir pp. 326-334.
' Quatre-vingtième séance de la Cour.
8
Voir pp. 334-349·
• Quatre-vingt-unième séance de la Cour.
'' Voir pp. 349-360.
' , 360-36g. SITTINCS OF OCTOBER 13th AND 15th, I95I j?

ln compliance with a request from M. Bourquin, the PRESIDENTthen
called on M. ARNTZEN,Agent of the Government of Norway, to com­
1
plete the statement on beh;:üfof his Government (annex ).

The Court rose at 6.15 p.m.
[Signatures.]

TWENTY-SlXTH PUBLIC SITTING" (r3 x sr, 10.30 a.m.)

Present: [See sitting of October 5th.]

The PRESmENT called on M. ARNTZENto continue the statement

reproduced in the annex '.
In the course of his statement the Agent of the Norwegian Govern­
ment asked permission to submit to the Court on Monday a reduced
madel of a trawler and its gear, to show the danger to the stationary ~ear.

The permission was granted.

The Court rose a.t r. p.m.

[Signatures.]

4
T\VENTY-SEVENTH PUBLIC SITTING (rs x 5r, 10.30 a.m.)

-- Present: [See sitting of October 5th.]

The PRESIDENTcalled on M. ARNTZENto continue the statement
reproduced in the anne x 5.

(The Court adjourned and resumed at 4 p.m.)

The PHESIDENTcalled on M.. ARN1'ZEN to continue and conclude the

argument rcprochlCEldin the annex "·
He then asked the UNITED KINGDOM AGENTwhen he would be ready
to present his reply. The latter having stated that he would be ready
_tobegin on \Vednesday morning, the hearing was arranged accordingly.

The Court rose at 5-35 p.m.

[Signatures.]

1
See pp. 326-334.
3 Eightiethmeeting of theCour~.
See pp. 334·349·
• "Eighty-firmeeting of the Court.
• See pp. 349-360.
~ " JÔ0-369.r8
SÉANCES DES IJ-19 OCTOBRE 1951

VINGT-HUITIÈME SÉANCE PUBLIQUE 1 (r7 x sr, ro k. 30)

Présents: [Voir séancedu 5oëtobre, à l'exception de M. A. S.Armstrong,
absent.]

Le PRÉSIDENTdonne la parole à M. l'agent du Gouvernement du
H.oyaume-Uni pour commencer sa réplique.

Sir Eric BECKETTcommence l'exposéreproduit en annexe 2•

(L'audience, suspendue à 13 h. ro, est reprise à r6 heures.)

Sir Eric BECKETTtermine l'exposé reproduit eh annexe 3•

L'audience est levéeà r8 heures.
[Signat~:tres.]

VINGT-NEUVIÈME SÉANCE PUBLIQUE 4 (rS x 51, ro k. 30)

Présents: [Voir séance du 17 octobre.]

Le PRÉsiDENTdonne la parole à M. le professeur Waldock pour conti-
nuer l'exposéau nom du Gouvernement du Royaume-Uni.

M. le professeur vVALDOCK commence l'exposé reproduit en annexe 5•

(L'.audience, suspendue à 12 h. 50, est reprise à r6 heures.)

Le PRÉSI.DENT invite M. le professeur WALDOCKà continuer sa plai­
doirie.

Celui-ci termine la plaidoirie reproduite en annexe 6•

L'audience est levée à rS h. 5·
[Signatures.)

TRENTIÈME SitANCE PUBLIQUE' (rg x 51, ro h. 30)

Présents: [Voir séance·du 5 octobre, à l'exception de MM.A. S. Arm­

strong et Annaeus Schj0dt, absents.]

Le PRÉSIDENTdonne la parole à sir Eric Beckett pour poursuivre
sa plaidoirie au nom du Gouvernement du Royaume-Uni.
8
Sir Eric BECKETTcontinue l'exposé reproduit en annexe •

1 Quatre-vingt-deuxième séance de la Cour.
• Voir pp. 370-383.
" " 383-393·
• Quatre-vingt-troisième séance de la Cour.
" Voir pp. 394-407.
• , )) 40]-418.
1 Quatre-vingt-quatrième séance de la Cour.
8
Voir pp 4I9-43l.

_j SITTINGS OF OCTOBER 17th-rgth, 1951 r8

1
T\VENTY-EIGHTH PUBLIC SITTING (17 x sr, m.3o a.m.)

Present: [See sitting of October 5th, with the exception of Mr. A. S.
A.rmstrong, absent.]

The PRESIDENTcalled upon the Agent for the United Kingdom to

begin his reply.
Sir Eric BECKETTbegan the statement reproduced in the annex 2•

(The Court adjourned from r.ro p.m. to 4 p.m.)
3
Sir Eric BECKETTconcluded the statement reproducecl in the annex .

The Court rose at 6 p.m.
[Signatures.]

TvVENTY-NINTH PUBLIC SITTING • (rS x 51, 10.30 a.m.)

Present: [See sitting of October 17th.]

The PRESIDENTcalled upon Professor Waldock to continue the
address on behalf of the United Kingdom Government.

Professor VIA / LDOCK began the statement reproduced in the annex ·'.

(The Court adjourned from rz.so p.m. to 4 p.m.)

The PRESIDENTcalled upon Professor Waldock to continue his
address.

Professor VlALDOCK concluded his argument reproduced in the annex 6•

The Court rose at 6.05 p.m.

[Signatures.]

7
THIRTIETH PUBLlC SITTING (rg x 51, 10.30 a.m.)

Present: [See sitting of October 5th, with the exception of Messrs.
A. S. Armstrong and Annaeus Schj0dt, absent.]

The PRESIDENTcal!ed upon Sir Eric Beckett to resume his argument

on behalf of the United Kingdom Government.
Sir Eric BECKETT continued his address, reprocluced in the annex 8.

1 Eighty-second meeting of the Court.
2 Sec pp. 370-383.
a , , 383-393.
• Eighty-third meeting of the Court.
" Sce pp. 394-407.
6
' Eighty-fourth41meeting of the Court.

" Sec pp. 419-432. SÉANCES DES 20 ET 24 OCTOBRE 1951

(L'audience, suspendue à 12 h. 55, est reprise à .16 heures.)

Sir Eric BECKETTcontinue l'exposé reproduit en annexe 1.

L'audience est levéeà r8 h. 20.
[Signatttres.]

TRENTE ET UNIÈi\Œ SÉANCE PUBLIQUE 2 (20 x sr, ro h. 30)

Présents : [Voir séance elu rg octobre.]

Le PRÉSIDENT donne la parole à sir Eric Beckett pour poursuivre
la réplique au nom elu Gouvernement du Royaume-Uni.
Sir Eric BECKETTtermine l'exposé reproduit en annexe ".

Le PRÉSIDENTdemande à l'agent du Gouvernement norvégien quand
il sera en mesure de présenter la réplique au nom de son gouvernement.

M. ARNTZEN dit qu'il sera prêtà commencer sa plaidoirie en réponse
dès mercredi après~midi.

Le PHÉSIOENTannonce que la prochaine audience de la Cour aura
lieu à cette fin le mercredi 24 octobre, à r6 heures.

L'audience est levée à 13 h. 10.
[".Signaliuc.

4
TREN"fE-DEUXIÈME SJ~ANC PE BLIQUE (24 x sr, r6 lt.)

Présents : [Voir séance du 25 septembre, à l'exception de sir Frank
Soskice, MM. C. H. M. Waldock, R. O. \Vilberforce, W. H. Evans et
Annaeus Schjodt, absents.]

Le PRÉSIDENTdonne la parole à M. Arntzen, agent du Gouvernement
de la Norvège, pour commencer sa plaidoirie (duplique) au nom du
Gouvernement de la Norvège.

i\1ARNTZENcommence son exposé (cf. annex 5).

L'audience est levée à 18 h. 30.
[Signatures.J

1 Voir pp.+3'~-445·
' Quatre-vingt-cinquièmeséance de la Cour.
3 Voir pp.446-459.
'' Quatre-vingt-septièséance de la Cour.
• Voir pp.460-474- SUTINGS OF OCTOBER zoth AND 24th, li;)5I

(The Court adjourned from rz.ss p.m. to 4 p.m.)
Sir Eric BECKETTresumed the address rcproduced in the annex '·

The Court rose at 6.zo p.m.
[Signatures. J

THIRTY-FIRST PUBLIC SITTING" (zo x sr, ro.30 a.m.)

Present: [See sitting of October rgth.]

The PRESIDENTcalled upon Sir Eric Beckett to continue his reply
on behalf of the United Kingdom Government.
Sir Eric BECKETTconcluded his address reproduced in the annex 3.

".fhePRESmENTasked the Agent for "the Norwcgian Government when
he would be in a position to present the reply on behalf of his Govern­
ment.

M. ARNTZENsaicl that he would be reacly to begin his address in
reply on vVednesday afternoon.

The }'RESIDENT announced that the next hearing of the Court would
be held for that purpose on \iVednesday, October 24th, at 4 p.rn.
The Court rose at r.ro p.m.

[Signatures.]

"fHIRTY-SECOND PUBLIC SITTING • (24 x 51, 4 p.m.)

Present: (Sec sitting of September zsth, with the exception of
Sir Frank Soskice, Messrs. C. H. M. \Valdock, R.O. \Vilberforce,
\V."H. Evans and Annaeus Schjodt, absent.]

The PRESIDENTcalled upon M. Arntzen, Agent of the Government o.f
Norway, to commence his oral rejoinder on ·beha\f of the Norwegian
Government.

l\1ARNTZENcommenced his staternent (cf. annex ").

'[he Court rose at 6.30 p.m.
[Signatures.]

" Eighty-fifthmeeting of the Court.
3
'Eighty-sevcnth9meeting of the CourL

' Seepp. 460-474· 20 SÉANCES DES 25 ET 26 OCTOBRE I95I

TRENTE-TROISIÈME SJiANCE PUBLIQUE 1(25 x 51, 10 h. 30)

Présents : [Voir séance du 24 octobre.]"

En ouvrant l'audience, le PRÉSIDENT indique que M. le juge Zorièié
a fait connaître son désir de poser une question à M. l'agent du Gou­

vernement norvégien.
Le l'résident précise qu'il n'est pas nécessaire que l'agent du Gou­
vernement norvégien réponde immédiatement à cette question, mais
qu'il pourra donner le renseignement demandé un peu plus tard.

M. ZORTCréj,uge, pose la question reproduite en annexe 2•

M. ARNTZEN énoncequ'il pourrait répondre immédiatement mais qu'il
préférerait peut-être le faire à une prochaine audience.

Le PRÉSIDENT donne la parole à M. Arntzen pour continuer son
exposé. ·

M. ARNTZENpoursuit et termine la plaidoirie reproduite en annexe •.

Puis, il demande à la Cour la permission de céder la place au profes­
seur Bourquin.

Le PRÉSIDENTdonne la parole au professeur BoURQUTNl,equel com-
mence sa plaidoirie (annexe 4).

(L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à I6 heures.)

M. BouRQUINcontinue sa plaidoirie {cf. annexe •).

L'audience est levée à 18 heures.
1 [Signatures.]

TRENTE-QUATRIÈME S:I:~A PN CLEIQUE 6 (26 x SI, ro h. o)
3

Présents: [Voir séance du 24 octobre.]
Après avoir déclarél'audience ouverte, Ie PRÉSIDENTdonne la parole

au professeur Bourquin pour continuer son exposé.
M. BouRQUIN continue sa plaidoirie (cf. annexe ).

(L'audience; suspendue à 13 heure ~s, reprise à x6 heures.)

l\f. BouRQ UINpoursuit sa plaidoirie (cf. annexe ).

L'audience est levée à x8 h. xs.
lSignatures.]

1 Quatre-vingt-huitièmséance de la Cour.
Voirp. 474·

" Voirpp. 474-480.
• )) 481·490.
" )) 490·504·
• Quatre-vingt-neuvièmeséance de la Cour.
' Voir pp. 504-520.
• " 520-536. SITTINGS OF OCTOBER 25th AND 26th, 1951 20

THfRTY-THIRD PUBLIC SITTING 1 (25 x 51, ro.Jo a.m.)

Present: (See sitting of Oeta ber 24th.]
ln opening the sitting, the PRESIDENTstated that Judge ZoriCiéhad
expressed a desire to put a question to the Agent of the Norwegian

Government
The President pointed out that it was not necessary for the Norwegian
Agent to give ali immediate answer to the. question, but that he could
furnish the information requested at a later date.

Judge ZoRicié put the question reproduced in the annex •

M. AJ:<NTZEs Ntated that he could gîve an immediate reply but that
he preferred perhaps to do so at a subsequent sitting.
The PRESIDENTcalled upon lVI.Arntzen to continue his address.

M. AJ:<NTZEc Nontinued and concluded the adclress reproduced in the

annex "·
He then asked the Court if Professor Bourquin might be allowed to
make a statement.

·rhe PRESIDinn called upon Professor BoURQUIN,who çommenced
his address (cf. annex •).

(The Court adjourned from 1 p.m. to 4 p.m.)

Professor BoURQUINcontinued his address (cf. annex n).
The Court rose at 6 p.m.
[Signatures.]

6
TI-IIRTY-FOURTH PUBLIC SITTING (z6 x 51, 10.30 a.m.)

Present: [See sitting of October 24th.]

.lUter opening the sitting, the PRESIDENTcalled upon Profcssor
Bourquin to continue his statement.
Professor BoURQUINcontinued his address (cf. annex ').

(The Court adjourned from I p.m. to 4 p.m.)
8
.Professor BOUNQUINcontinued his address (cf. annex ).
The Court rose at 6.15 p.m.

[Signatures.]

1 Eighty-eighth meeting of the Court.
' See p. 474·
" Sec pp. 474·480.
,, •. 481 "490.
.. '" 490·504,
' Eighty-ninth meeting of the Court.
' See pp. 504-520.
8 " 520-jJ6.

32I SÉANCES DES 2] ET zg OCTOBRE 1951

TRENTE-CTNQUI SÉA~NMCE PUBLIQUE 1·(27 x 51, 10 h.30)

Présents: [Voir séance du 24 octobre.] (

Après avoir déclarél'audience ouverte, le PRÉSIDENT donne la parole
au professeur BouRQUIN, qui poursuit et termine l'exposé de sa plai­
doirie (cf. annexe ).

L'audience est levée à 12 h. 55.

[Signatures.]

TRENTE-SIXIÈME SÉANCE I'UBLIQUE' (29 x 51,10 h. 30)

Présents: [Voir séètnCedu 24 octobre.]

Après avoir déclarél'audience ouverte, le. P~<.f:Sl dDnneNTla parole

à M. Arntzen, agent du Gouvernement de la Norvège.

fiL ARNTZEN commence par répondre à la question qui lui avait été4
poséepar le juge ZoriCiéau débutdel'audience du 2 5odo bre (cf.annexe ).

Puis il présente l'exposéreproduit en annexe •.

En déclarant clos les débats oraux de la présente affaire, PRÉSIDENT
déclare que la Cour se réserve la faculté, si elle le juge à propos, de

demander des explications aux :Parties et de fixer si ces explications
doivent êtrefournies soit par écrit, soit oralement.
Avant de leverl'audience, le Président désirerendre hommage au soin
qne les deux Parties ont apporté àexposer et à étudierune affaireimpor­
tante et complexe.

L'audience est levéeà 12 h. 30.

[Signatures.]

1 Quatre-vingt-dixièmséance de la Cour.
• Voirpp. 536-55 r.
" Quatre-vingt-onzièmséance de la Cour.
• Voir pp, 552-553·
" ' 553·564. SITTINGS OF OCTOBER. 27th AND zgth, 1951 21

THJ.RTY -FIFTi-I PUBLIC SITTING' (27 x sr, I0.3o a.m.)

Present: [See sitting of October 24th.]

After opening the sitting, the PRESIDENTcalled upon Professor
2
BouRQUIN, who continued and concluded his address (cf. annex ).

The Court rose at 12.55 p.m.
[Signatures.]

TI-IIRTY-SIXTH PUBLIC SITTING 3 (29 x 51, 10.30 a.m.)

Present: [See sitting of. October 24th.]

After opening the sitting, the PRESIDENTcalled upon M. Arntzen,
Agent of the Norwegian Government.

M. ARNTZEN commenced by replying to the question which had been

put to him by Judge ZoriCiéat the beginning of the hearing of Oeta­
ber zsth (cf. annex 4).
He then made the statement reproduced in the annex '·

ln closing the oral proceedings in the case, the PRESIDENTstated that
the Court reserved its right to request explanations from the Parties,
should the Court consider it necessarv to do so, and to determine whether

such explanations should be furnishéd in writing or orally.
Before closing the sitting, the President wished to pay tribute to the
care with which both Parties had stated and studied an important and
complicated case. ·

The Court rose at 12.30 p.m.

[Signaüm;s.]

1 Ninetietb.meeting of the Court.
See pp. 53G-55'·
·'Nincty-f iee~ig of the Court.
4
Sec pp. 552-553·
,, " 553·564. 22 SÉANCE DU r8 DÉCEMBRE 1951

TRENTE-SEPTIÈME SÉANCE PUBLIQUE :i(r8 xn sr, roh.)

Présents: le Président, le Vice-Président et les juges présents à la
~éanc de 25 septembre; M. HAMBRO, Gretfier;. sir Eric BECKETT,agent
du Gouvernement du Royaume-Uni; M. Sven ARNTZEN, agent et avocat du

Gmwernement de la Norvège, assisté de M. Maurice BoURQUIN, avocat, et
de MM. Paal BERG et Jens EvENSEN, experts.

En ouvrant l'audience, le PRÉSIOENTdéclare que la Cour se réunit
pour le prononcé de l'arrêtdans l'affaire des pêcheriesentre le Royaume­
Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et le Royaume deN orvège.
Cette instance avait étéintroduite le z8 septembre 1949 par requête du
Gouvernement du Royaume-Uni. ·

Conformément à l'article 58 du Statut, les agents des deux Parties ont
étédûment prévenus qu'il serait donné lecture de l'arrêtau cours de la
présente audience publique.
Le Président constate que les agents sont présents ; une expé.dition
officielle de'arrêtleur sera remise au cours dela présente audience.
La Cour ayant décid con,formément à l'article 39 du Statut, que le

texte français de l'arrêtferait foi, le Président déclare qu'il va donner
lecture de ce texte.
2
(Le Président donne lecture de l'arrêt .)

Il prie le' Greffier de donner lecture du dispositif de l'arrêtdans le
texte anglais.

(Le GREFFIER lit le dispositif en anglais.)

Le PRÉSIDENTdonne lecture du dernier paragraphe de l'arrêt' et
:ajoute que les auteurs des opinions auxquelles il est fait allusion l'ont
informé qu'ils ne désiraient pas en donner lecture.
Le Président déclare que la session est close.

L'audience est levee à rI h. 20.

1Cent dixième séance de la Cour.
• Voi.r publicatiode la Cour: Recueil des Arrêts,A11is consultatietOrdon-
1Jances :!95pp. 116-r43·
• Idem, p. '44· SITTING OF DECEMBER r8th, 1951 22

THIRTY -SEVENTH PUBLIC SITTING 1 (r8 xn sr, ro a.m.)

Present: the President, the Vice-President and the ]udges present at

the sitting of September zsth ; Registrar HAMBRO; Sir Eric BECKET!',
Agent for the Government of the United Kingdom; M. Sven ARNTZ~:N,
Agent and Connsel for the Government of Norway, assisted by M. Maurice
BOURQUIN,Cmmsel, and by 1\IIM.Paal BERGand Jens EvENSEN, Experts.

On opening the Court, the PRESIDENTstated that it was meeting to
deliver its Judgment in the Fisheries case between the United Kingdorn
of Great Britain and Northern Ireland and the Kingdom of Norway.
Proceedings în this case were instituted on September zSth, 1949, by

the Application of the United Kingdorn Government.
ln accordance with Article 58 ofthe Statute, the Agents of the Parties
had been given due notice that the Judgment would be read at the
present public sitting.
The President noted that the Agents were present ; an official copy
of the Judgment would be handed to them during the sitting.

The Court having determined, under Article 39 of the Statute, that
the French text of the Judgment would be considered authoritative, the
President stated that he wonld read the Judgment in that language.
2
(The President read the relevant text .)

He called upon the Registrar to read the operative portion of the
Judgrnent in English.

(The REGISTRARread the relevant text.)

The PRESIDENTread the last paragraph of the Judgment a and added
that the authors of the opinions referred to therein had informed him
fhat they did not desire them to be read.
The President declared that the Court was closed.

The Court rose at rr.zo a.m.

1 Hundred and tenth meeting of the Court.
2 See Court's publication: Reports of ]11dgments, A dvüory Opinion& and Orders

I9ji, pp. U6"T43·
• Idem, p. 144. 23

ANNEXE AUX PROCÈS-VERBAUX

ANNEX TO THE MINUTES

1. STATEMENT BY SIR FRANK SOSKlCE

(COUNSEL FOR THE GOVImNMENT Of THE UNITED KlNGDOM)
AT THE PUBLIC SITTING OF SEPTEMBER Zjth, 1951,MORNING

May it please the Court.
To-day, the 25th September rgji, wc begin the oral hearing in the .
Anglo-Norwegian Fisheries case which started with the deposit of the
Applications instituting proceedings two years ago, on September z8th,
1949. Jt is common ground that this case is not only a very important
one to the United Kingdom and to Nonvay, but that the decision of the

Court on it will be of the very greatest importance to the world generally
as a precedent, since the Court's decision in this case must contain
important pronouncements conceming the rules of international law
relating to coastal waters. The fact that so many governments have
asked for copies of our pleadings in this case is evidence that tJ1isis the
general view. Moreover, as the Court will hear later, Iceland has recently
issued a deCl·eenot yct being actually enforced, under which she makes
daims obviously inspired by Norway's action in the 1935 Decree, àncl
the Government of the United Kingdom, and indeed othei governments,
have requested lceland to suspend the enforcement of her new decree

un tiafter the judgment of the Court în this case. It is weil known tl1at
many countries are vitally interested in the fishing oH Iceland. The
importance and comp!exity of the legal issues invoJved have been the
reason for this exceptionally long interval of two years, and for the
long periods granted by the Court to the Parties to deliver their written
pleadings. As a result, when the case now cornes before the Court for
oral hearing, the Court is already in possession of written pleadings of
very great length amounting to sorne 320 pages of pleading and sorne
ISO pages of annex from the United Kîngdom side, and some 850
(slightly smaller) pages of pleading and 530 pages of annex from the
Norwegian side. I venture to think that practically every possible legal
aspect of the matter has been fully gone into in these written pleadings.

Perhaps both Parties have to sorne extent explored at length issues,
which can now be seen not to be really relevant to the question which
the Court has to decide a:nd have argued for or against legal proposi­
tions on which it will not be necessary for the Court to express any
conclusion in arder to decide this case. In any event, the oral hearing
is the time when it is incumbent on the Parties to assist the Court in
separating the wood from the trees and to bring out and clarify the
essential issues and to distinguish them from other issues which are
really irrelevant or from issues which are of very minor practîcal interest

in this case. In fact, the Court itself, in its Orcier of January roth last, 24 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-25 IX 5X

indicated its desire to the Parties in this sense when it saicl that it was
desirable to have the oral arguments "restricted to what will seem
essential to the statement of daim and of the deferree without reverting
to what should previously have been made suf!kiently clear in the
\~ teni pleadings". The Court's desires in this respect .became even
clearer in the .letter of r6th July, in which the Agents were asked to

meet the President two or three days before the opening of the oral
hearing, with the abject that the President should suggest to the Agents
that they should seek to reach agreement on the points with which each
should wish particularly to deal during the course of the oral proceed­
ings. As you know, Mr. President, that interview has taken place, and
you requested the Parties to make clear what matters were disputed
and what matters were undisputed; what matters were relevant and
what were considered irrelev:mt. \Vhat rnatters were really important
and what matters were of secondary importance.
As a result, I wish to begin my address to the Court by indicating
what in the opinion of the United Kingdorn (i) are the vital issues in
· the case, (ii) what are the secondary issues in the sense that we think

the Court will have to come to a conclusion on them, though they a:reof
Jess significance inthe present case th:m the former, (iii) what are the
issues which it will not be necessary for the Court to pronounce upon,
and (iv) what are the issues which in our view are really completely
irrelevant.
The case cornes before the Court because of the arrest by Norway
of British fishing vessels, arrests which the United Kingdom contends
are illegal under international law. Norway justifies the arrests on the
ground that the vessels were fi.shingin Norwegian waters. The United
Kingdom, however, denies that Norway has, as against the United
Kingdom at any rate, the right to enforce her daim to these \vaters or to
exclude British fishing vessels therefrom, when the United Kingdom has

protested against Norway's daim to the waters. Thus, the validity
agaînst the United Kingdom of the Norwegian Decree of 1935 declaring
these waters Norwegian is brought in issue before the Court.
1 should like to begin, Mr. President, by inviting attention to the
charts behind me which are conveniently placed opposite the Members
of the Court, because there the Court can see in a graphie fonn what the
two Parties are fighting about. It is whether British fi.shermen, and
perhaps whether the fishermen of any country except Norw<)-y,have or
hav.e not the right to fish in the area of sea between the peckecl green line
and the pecked blue Iine on those charts, an area of sea. which, for
convenience, \Ve have had coloured with a ycllow wash. This area of
yellow wash, \vhich you wi,llsee extends right round the edge of the maps,

is the area in dispute. The Court will see that it is not Nonvay's tit!e
to her fjords or to the waters inside her group of islands tha t are in
issue in this case. lt is areas outside Norway's group of islands, ber
skjŒrgaard, and outside the limits ·of her fjords and sunds that are
in dispute.
It is those base-lines shawn in firm blue lines on the charts, sorne
of them of great length, to which the United Kingdom is objecting, !ines
drawn along the outside of the coast and outside the fringe of islands,
since it is by the use of these base-lines that Norway draws ber pecked
blue line and daims to exclude the fi.shermen from all other countries
from fishing in areas coloured yellow on the chart, a.reas which appe<lT STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-25 IX 5I 25

to the United Kingdom at ail events to be obviously high seas. Vh think
that a mere .glanee at the inner edge of the area coloured yellow will
_show the Court at once that there is nothîng impracticable from any
point of view in our pecked green line which wc say is the outer lirnit of
Norway's territorial waters, and yet Norway in her written pleadings
triesto establish that our pecked green line is impracticable.
Now, Norway in her wrîtten pleadings has more than once challenged
us to apply our own principles to a complicated ·section of the British
co<Lst,such as the west coast of Scotland which has a considerable

Œsernblance to Norway's coast, and produce a chart showing what we
daim tltere. The implication was that my Government would shrink
from doing so because it would fi.nd the result inconvenient or imprac­
ticable. The Government of the United Kingdom finds no difficulty at
ali and has submitted to the Court two charts of the north-west coast
of Scotland, the most complicated piece of coast in the United Kingdom,
on which we show what we claim and the application of our own prin­
ciples there.'\Ne have always appreciated that rules of international

law apply to us too. Naturally in our cll<lrts of the Scottish coasts we
have used a three-mile belt of territorial waters because the United
Kingclom, unlike Norway, has not an historie ti tl eto four mivvsecannat
produce such charts showing the same green tines off the west coast of
Ireland as Norway invited us to do. Naturally the Government of the
United Kingdom is not competent to define the waters which the Irish
Republic daims.

Mr. President and Members of the Court, I now come to the legal

contentions of the Parties. Tt is common ground on both sides that a
State may reserve .fishing in its territorial waters to its nationals and
tha:t it cannot reserve fishingo its nationals in any area of sea outside
its territorial \vaters. Since Norway daims that she is entitled under
international law to daim the area marked pale yellow on the chart
as Norwegian waters, and that under international law the United
Kingdom is bound to accept and respect such a daim by Nonvay, l
would like to indicate now that I think it is the second aspect which is
the vital one, namely, is the United lù'ngdom tmder interna#onal law
obliged to accept and respect this claim by Norway, and the Court will
see in due course that we shall again and again stress that the real issue
before the Court is whether the United Kingdoru is under international
law obliged to accept Norway's daim, rather thau whether Norway
is debarred by international law from making il. Each of the two Parties
has set forth -lts!.egalcontentions asto what are the rules of international
law regarding the limits of territorial waters, and it must be admitted
that there .is a fondamental divergence between these contentions.
The United Kingdom contention is that, ifthe daim of another State

to territorial waters is justified by certain simple rules which I am
about to summarize, then the United ]{ingdom is obliged to accept
and respect that daim, but that, if the other State's claîrn is not
justiHecl uncler these rules, theo there is nothing. in internationallaw
to oblige the United Kingdom to accept and respect it, unless the State
in question can establish on historie grounds or, as it may be put, by
prescription, a daim to something wider than these ordinary rules
would caver. "The question before the Court is not whether Norway is26 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-25 IX 5I

infringing international law by making legislative daims to the area
coloured yellow, but whether she is infringing international law by
enforcing her daims against British ships, when the United Kingdom
bas contended that these pecked blue .!ines go beyond anything the
United Kingdom is obliged to accept under international law and made
it clear to Nonvay that the United Kîngdom does not accept them.
The simple rules of international law which, the United Kingdom
submits, limit the clcrims to territorial waters which the United King­
dom and most other States are obliged to accept are as follows :
{r) A State is entitled to a belt of territorial waters of a certain
bread th.

(2) This belt of territorial waters must, except in certain exceptional
cases, be measured from low-water mark on the land as the base-line,
whether the land be the mainland or islands. We refer to this second
principle as the tide-mark rule, in order to have a convenient short
name. This means that any spot within territorial waters must be
within the fixed distance from sorne point on the base-line-not that
the belt of territorial waters is like a piece of ribbon, a perfectly even
band, as Nonvay in one part of her pleaclings seems to suppose.·
(3) The base-line îs in general the tide mark and the exceptions are
that territorial waters can be measured from a base-line forming the
outer edge of areas of sea which the State is entitled to daim as interna\
waters, namely areas of sectto sorne extent enclosed by land and which
generally go by the names of bays, fjords, gulfs, and so forth, and,
for convenience, may be designa.ted by the single word "ba ys".

(4) The legal concept of a bay is well understood and applied in inter­
nationallaw and international law defines what bays may be claimed
as national waters.
(5) Another exception arises when there are straits of a certain
character.
Ali these rules fonn part of a single coherent system of rules relating
to coastal waters which we bdieve to be fim1ly established by customary
law. Now these, in the briefest form, are, in the submission of the United
Kingdom, the basic rules of international law in this matter. ·
Norway's contentions are quite different, and there are two brief
statements in them, one in the Counter-Memorial, paragraph 242, and
the other in the Rejoinder, paragraph 3- I will quote them bath. The
ftrst may be paraphrased in the following words: ''A Sta.te's maritime
territory is restricted to adjacmt waters, nŒmely, to those waters which
may be considered as accessory to the land. Waters accessory to the land
are those waters which the coastal State has power to appropriate or ocmtpy
and in regard to which i ts legititnate ù1ürests justify ifs appropriation-."

The second formulation is : "tlw State has the righi to prescn:be provisions
cotu:erning the breadth of its maritime territory within- reasonable limits.
1t is a malter of appreciation what is reasonable, given thal one rnnst take
into acwrmt topographical and h'ydrographical considerations, economie
condition.>and the vitali1~te rfthetpopulation, long tJsage and the rules
of law which have been developed in the coun-try in question", an.d para·
graph 4 of the Rejoinder explains a bit further the words "economie
conditions and vital interests of the population" when it speaks of
"the 1Mcessity of reserving to local poptt!ations fishù;g grounds n..earestthe
coast". The position of the two 1:.>artieswith regard to the basic rules
of international law is so different that the dispute puts in issue the STATEl\IENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-25 JX 5I ·27

very elements of intern'ational law with regard to coastal waters and
perhaps, indeed, whether there is any international law with regard to
coastal waters at ali. I say this because, for reasons which will be
cleveloped in due course, the United Kingdom submits that Norway's
formulation virtually rneans that there is only one rule of international
law, namely that each State may claim what it considers its interests
. demand and that clairnù binding on aUotherStates. The legal difference
goes so deep that it even involves the question of the criterion on which
it shall be held that a rule of customarv international làw has come
into existence and the circumstances in- which a State is entitled to
daim that it is not bound by this or that customary rule which binds
members of the community of nations generally.

Mr. President, that is the first half of the case which we present to
the Court relating to the general rules of international law with regard
to coastal waters.
·The other half of this case relates to the question whether Norway
bas, on historie or prescriptive grounds, a right to the areas of water
in dispute valid against the United Kingdom, although she could establish
no such right to these areas under the general principles of international
law. Sir Eric Beckett will address the Court on the first part of the
case, namely the general rules of international law, and as soon as I
have concluded these introductory remarks, I shall, with your permis­
sion, make way for bim. When he has concluded, 1 shall then myself
desire to address the Court <Lgainon the second half of the case, the
question of Norway's historie title.
As part, however, of these introductory observations, I want to say

a few general words on the second half of the case, 11amely,the question
of the historical or prescriptive title. Inthe first place, there is a dif­
ference between the Parties as to the criteria on which the acquisition
of a·prescriptive or historie title is determined. The difference relates
only to the need of acquiescence by other States. That, of course, is a
question of the general rules of international law, and I shall deal with
this myself in the second part of the case. I shall also deal in the second
part of the case wîth the Norwegian contention, namely that, even if
the rules of general international law are those which the United K.ing­
dom submits, nevertheless their views are not binding on Norway,
because of her persistent opposition to them. The main issue, however,
in the second part of the case is whether Norway is entitlecl on the
basis of prescription to what shc daims. The question whether Norway
has a prescriptive titleto exemption from rules which did become bind­
îng on her, is indeecl not quite the same question as whether certain
rules, which are rules ofinternational law, never became binding on her.

Nonvay makes both daims, and they both relate to something claimed
as special to Norway. It will therefore be in the second part of the case
that I shall deal with both. The same historical material bas to be con-
-siclered in dealing with both these Norwegian defences to our daims.
Secondly, there are, or may be, differences on sorne poin~ of pure
fact which are relevant to the question of Norway's historie title, though
I do not think there are many relating to facts which we should con­
sider relevant. There is a wide difference between the Parties as to the
legal inference to be drawn from these facts. In particular, Norway
daims that there has been established what is described as a "Norwegian
system" for delimiting .territorial waters, a system which Norway says z8 · STATEMENT BY SIR FRANK ~OSKIC (u.K.)-25 IX SI

already existed at the beginning of the .rgth century. The United King­
dom denies that there ever was anything that can be called a Nonvegian
system, and denies that Norway has acquired any prescriptive right­
as a result of the Norwegian system or otherwise-to measure her belt
of territorial. waters otherwise than in accordance with what I have
described for convenience ·as the tide-mark rule-or, in other words
Norway never acquirecl any legal right to clraw those firrn blue base­
lines from extreme point to extreme point along the outside of her
island fringe and coast and to exchtde foreignïishermen from the \vaters
within four miles of them. But the United Ringdom has admitted tint
Norway has acquired by prescription a very considerable number of
special rights in the matter of her sea territory-her four-mile limit­
all her fjords and sunds i.rrespective of the width of the opening, to the

' lndreleia and other waters between the islands and the mainland. I
shall deal with these historical issues later when presenting the second
half of the United Kingdom's case. The tide-mark rule is the kernel of
the matter in both parts of the case. lts existence or non-existence as
a general rule of international law is perhaps the most important issue
in the first part of the case, and again in the second part of the case,
the most important issue is whether Norway can daim exemption from
it on historie grounds.
Having now sketched in the briefest possible manner what I submit
to be the issues before the Court, 1 wish to go a little further by indicat­
.ing which, of ail the questions that have been discussed in the written.
proceedings, we consider to be really important and relevant and those
that are not. On the first part of the case-the general rules of inter­
nationallaw-the vital question is wbether it is part of general customary .

international law that a State mav daim a band of territorial waters of
a certain breaclth and that this ba"ildmust be measured according to the·
tide-mark rule if the daim is to be valirl internationaily. On the other
hand, in principle there shou'd be no issue for the Court to decide as to
the breadth of the band of territorial waters which a State may daim
because Norway clearly daims a belt of four miles and the United King­
dom admits that Norway is entitled to a four-mile belt on prescriptive
grounds. On the other hand, Norway bas introduced the question of the
breadth of the belt because it is pa.rt of her case that, within the limits
of what may be held to be reasonable, a State may daim and enforce
against other States a daim to any areas of sea it likes, and she cites.
the divergence of practice of States with regard to the maritime belts.
which they daim in support of this wide general proposition. It is part
of the United Kingdom case that the United Kîngdom is not obliged
under international law to recognize any daim by a State to a breadth
of territorial waters wider than three miles unless that State can, as.

Norway can, establish a·daim to a wider belt on prescriptive or historie
grounds, and that Norway can establish no daim to anything more than
four miles.
As poiqts of lesser but still substantial importance within the realm
of the general ctistomary rules, we think that the Court will have to
decide ;vhether, unc\er international la·w, there is a legal concept by
reference to which it can be detennined whether an indentation is a
bay, as opposed to a curve in the coast which is not a bay. It will a]so·
have, we think, to rule on a subsidiary question concerning the effect
which a low-tide elevation (thatis to say an elevation of the sea bed wl1ich STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE [U.K.)-25 IX 51 29

is exposed at low tide only} has on the way that territorial waters can
be measured,' when the low-tide elevation is close to the coast. It will
also, we think, have to decide a further question of general international

law of secondary practical importance for this case, namely, what the
rules are for measuring territorial waters when they are straits and in
particular \vhat is a strait for this purpose.
'vVedo not think that thc·Court will have to decide in this case whether
or not the general rules of international law prescribe ten miles or some
other fixed limit of width for bays. The United Kingdom maintains its
view that there is such a rule and that the limit is ten miles, but \\(edo not

think that there is any instance where the difference between the blue
and the green \ines on the charts in front of the Court depends on the
application of this ten-mile rule, because the United Kingdom aclmits
th at Non, ay has, on historie or prescriptive grounds, a title to her fjords
and sunds even where their entrances are wider than tcn miles. On the
other band, we think that the Court ti!Jihave to decide as a matter of
principle the criterion by which the entrance to a fjord should be deter­

mined, which is a different question, and in one important case-the
Vestfjord-we think that the Court might decide at this stage what the
-proper dosing line is. On the other hand, we do not think the Court will
have to decide whether, as <lmatter of principlc, when the coast of the
mainland of aState is fringed by islands and islets such as the Norwegian
.skjŒrgaard, that State is entitled to treat as its coast the exterior
.limit of this fringe and to daim ali the waters between the fringe and the
mainland. For convenience. one may refer to this as "the outer coastline
thcory". We do not think it is necessary for the Court, for the purpose
of this case.to decide whether "the outer coastline theory" îs a recog­
nîzed doctrine of international law or not, because, as a glanee at the
arca coloured yellow on the charts before the Court shows, the United
Kingdom does not contest that Norway is entitled to daim the waters
inside this fringe because the United Kingdom admits that Norway has

an historie title to thesc waters.
On the second part of the case, Norway's historie title, while the
question of the criteria on which an historie title is based is, as I have
said, of importance, we do not think, speaking broadly, that any of the
history prior to r8oo is of importance at ali, because itwas just about
that time that the present rules of international 'law with regard to
territorial ·waters took shape, with the three-mile limit, or, in Norway's
ca..<;,e four-mile limit as part of them. It is true that one can never
·draw a completely dean line in describing an historical process, and it
is the case that the great contribution to international law of the King­
dom Denmark/Norway, namely, the adoption of the fixed breadth for
the maritime belt, wa.s first made, though at the time with regard to
neutrality only, in the middle of the r8th century.
There are other matters which have been discussed in the pleadings,
more in the Norwegian pleadings than in our own, which, in our view
of international law, certainly are completely irrelevant. For instance,

the question of the hydrographical conditions under the water even at
low tide, namely, where the sea bed sinks or rises, forms terraces and
so forth. Up till very recently, there has never been any suggestion that
what lay under the sea at low water had any effect on what could be
daimed as territorial waters at aiL30 STATEi.VIENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-25 lX 5I

There is another series of questions which, in our vie\v, are legally
completely îrrelevant to the issue before the Court but on w!1ich,reluc­
tantly, we feel obliged to trouble the Court, na:mely, questions such a:s

whether trawling does or does not damage fish stocks; questions whether
Norway has still reserved to Norwegian fishermen insicle our dotted
green line ample fishing grounds ; whether Norwegian fishermen do
rely or need rely on the fishing inside Norwegian waters for their livelihoocl
or whether they are not increasingly .fishing far afield off Green!and and
elsewhere ; the relative interest which the fishermen of Finnmark and

of other parts of Norway have in fishîng on the banks in the disputecl
area a:scompared with interests which a number of fishermen in the
British ports of Hull, Grimsby, Fleetwood, Aberdeen, etc., have in
these fisheries, the number of people interested on tl1eBritish side being,
so far as numbers go, we believe just as numerous as those in Norway.
All this we believe to be legally completely irrelevant, though
admittedly they are not irrelevant if the Court were to accept Norway's
contentions as the principles of international law. As a matter of law
in our view, it is quite irrelevant for the measurement of territorial

waters whether the best fishing grouncls are inside or outside the dividing
line ; whether the population of the State concerned are fishermen
dependent on fishing or whether they are not; whcther trawling is oris
not damaging to stocks of fish. But we have to say something about these
points because they may tend to evoke a degree of sympathy for the
Norwegian point of view, which in our submission is wholly misplaced.
For this reason, although we believe that Norway's arguments on
these points are legaUy irrelevant, we cannat admit or let pass \Vithout
comment Norway's arguments on this issue. \Ve believ-e them to be
largelv untrue, in point of fact. w·e shall say what we think it nccessary
to say on this matter after the conclusion of my remarks on the second
half of the case. Our remarks on these matters do not really taU naturally
into either the fu·st or second part of the case. We might almost call it
Part TIL
Lastly, there is one legal issue which ha.<;been arguecl at some length
which is relevant but not very important so far as the case before the

Court is concerned, and that is whcther those straits, which are dcscribed
as the Indreleia straits, which we admit to be Norwegian waters, are
Norwegian territor.ial waters or Norwegian inland waters. It is relevant
because, in one or two places, the difference between the blue and green
!ines depends on it, but the difference in area of water is not great, and
as it happens the difference does not relate to area:s of water which have·
any great importance for fishing. Norway's strong opposition to the
United Kingdom view that the lndreleia is territorial waters rather than
inland waters is basecl on something which bas nothing to do with
fishing but on another issue which is not involved în this case at aU,
namely, the difference which it makes asto the amount of control which
Norway has over shipping using the lndreleia. In the circumstances the
United Kingdom, while maintaining its legal views as set forth in the
pleadings on this point, does not propose to deal with this point in our

opening oral arguments any further.
The United Kingdom does not admit that these waters are internai
waters, but leaves the matter with the comment that, îf Norway is
entitled to daim these as internai as opposed to territorial waters, the STATEi\ŒNT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-25 lX 5I 3I

claim must be founded on histor.ic grounds and not on the general
principles of international law.·
lt is agreed between the Parties that this is not the time for argument
on the question of damages and that damages is a question which should
be left until the Court has determined whether Norway is entitled to
enforce the whole of the Jines of the I935 Decree against the United
Kingdom or, if not, to what extent the Decree exceeds Norwav's rights
under international .law or, in other words, whether the yellow patches
on our charts are high seas or Norwegian waters.

Further, we ask the Court at this stage to give a judgment con-·
taining decisions of principl.e only. The Parties can then, if they can
with this guidance, settle their dispute. We ask the Court to provide
that the matter can be brought before it again on questions of more
detail if there remains a dispute between the Parties with regard to the
application in particular cases ofthe pr.incipl.eslaid clown by the Court.

Mr. President and Members of the Court, having thus attempted
briefly to survey the field and to indicate what, in the view of the United
Kingdom, are the issues which the Court bas to decide, and to distin­
guish these from those which we think are irrelevant from every point of
view, I will conclude these introductory remarks and ask Sir Eric
Beckett to deal with the ftrst part of the case which relates to the

general rules of international. law.32

2. STA1TMENT BY SIR ERIC BECKETT

(AGENT FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED KINGDOM)
AT THE PUBLIC SITTINGS OF SEPTE:MBEJ< 25th TO 27th, 1951

[Pubhc sitting of September 25th, I9jt, afternoon]

i\ofayit please the Court.

Before I begin my address, I should like to make one correction on
a point of fact to a sentence in the A.ttorney-General's speech this mor­
ning. Referring to the Icelandic regulations, the Attorney-General said
that they were not at present being enforced. He meant to say that they
were not being enforcecl at present a.gainst British shîps. That is the
correction and the addition which 1 wish to make.

At the beginning of my address to the Court on the f!r;;t part of the
case which relates to the general rules of international law relating to
territorialwaters, 1 should like to recall that there has been a good
deal of discussion in the written pleadings on the question of burden o.f
proof. It does not relate to the question on whom the burd~ ies of
proving facts. So far as 1 know, there is no difference between the

Parties as to where the burden lies when it is a question of proving
facts. J"he United Kingdom has to prove the facts on which it relies
in support of the case, which it bases on the general rules of inter­
national law. However, these facts are really not in dispute at all, con­
sisting as they do of the terms of the Nonvegian Decree and the geo­
graphy of the Norwegian coast, though there may be just one or hvo
points-! think in fact only one or two-where there is an uncertaintv
on a point of pure geography. Norway quite correctly admits that she
has to prove the facts necessary to support any case she puts forward
on prescriptive or historical grounds to justify a daim which could not
be justified on the basis of the general rules of international law. Nor­

way's case on prescripti\1e or historical grounds is a defence against the
United Kingdom case on the basis of general international law. There
miy be sorne dispute about one or two historical facts, but so far as I
know there is no dispute as to which side has the burden of proving
them, namely, Norway. There is, of course, a wide difference between
the Parties as regards the legal inference to be drawn from thesehistori­
cal facts-and it is for Norway to prove her view correct, and I do
not thiùk that Norway disputes that.
The question is whether or not there is a difference between the
Parties on the question of burden of proof of the general rules of inter­

national law. To this the answer of the United Kingdom is simple and
p1ain. There is no burden of proof in connection with the general rules
of international law. The answer is jura novit curia. It is, of course,
for the United Kingdom, which is in the applicant position, not merely
to prove the facts on which it relies, but to indicate to the Court what
it contends are the general rules of international law applicable. It is
also its duty to assist the Court as far as it can in deterrnining what
is the content of the applicable rules of international law. It is also STAT.EMEI'>'TBY SIR ERIC BECKETT {U.K.)-25 IX 51 33

truc that if the Court, \vhich îs deemed to know the law and has the
duty, so far as the decision of a case requires it, to declare the law,
holclsthat the rules of international law are quite different from those
put forward by the United Kingdom and similar to those put forward
by Norway and thus that the United Kingdom is bound under inter­
national law to respect limits dmwn according to Norway's formulation,
the United Kingdom would lose its case. Does Norway state the position
differently? After a careful reading of paragraph 335 of the Norwegian
Rejoinder, l think that Norway does not, though sometimes, reading
other passages of the Norwegian pleading, one might get a contrary
impression, for instance, Norway makes the point that, in making the

Decree of 1935, she was performi.ng a sovereign act. We admit that she
was, but this point has no relevance to the question 1 am discussing
here-the burden of proof in connection with the general rules of inter­
national law. Nor, for that matter, is there any presumption in favour
of the validity against one State of the sovereign act of another State­
except perhaps in the case of an act performed within the latter's terri­
tory, and the exception, if there is one (and 1 am not admitting that
there is), cannot apply where the issue is whether the waters in question
are Norwegian or not. \Ve have, however, dealt with this allegecl pre­
sumption in f<lVourof a sovereign act very fully in paragraphs 215-217
of our Reply, and l need say no m?re on that point now except that
I might remincl the Court that, in 1ts recent decision in the Colombia­

Peru "Asytum case (J.C.J. Reports 1950, p. 226), when applying the pre­
sumption that a treaty did not create restrictions on sovereignty, the
Court made a point of the fact that the treaty related to persans and
events entirely inside the territory of a State (in the particula.r case it
was Pern). 'vVesay that there is no burden of proof so far as the general
rules of international law are concerned, and that the maxim iura novit
curia applies to everything that is part of the general. rules of inter.­
national law. So on this issue, burden of proof as regards the general
rules of international law, 1 think the Parties agree that there is no
burden of proof on either side. lt is where a State relies upon some­
thing special to itself such as a prescripti ve or historie title or a treaty
:right, that the burden of proof arises.
ln concluding my remarks on the burden of proof, I merely wish to

:repeat in this connection something which is already said in our H.eply.
rf ît were the case that there were a burden of proof on the applicant
:State to prove U1egeneral rules of international law and îf, owing to
the confiiding practice of States, tbere might be saicl to be doubt as
to what the relevant rules of international law were, then it \vould follow
that because of the burden of proof the Court should reject the applicant's
demands because the applic:mt State l1ad not proved the existence of
its rules beyond doubt and bad thus not discharged the burden of proof.
On this hypothesis, the following most extraordinary position would resut
:if we assume as a hypothesis that there is doubt as to what the rules
Df international law about territorial waters are. An applicant State
would never be able to discharge the burden of proof, and that would
be the position whether the ~pplica w at the United Kingdom or

whether the applicant was Nonvay.
Now the decision of this Court, in a case which turns on the general
rules of international law and which is inevitably a precedent of the
greatest importance for the whole world, cannat turn on the accident
434 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-25 IX 5I

whether the United Kingdom happens to have brought the case as
plaintiff or whether Norway has. Any doubt as to what the law is does
not produce the result that the United Kingdom !oses its case because
of the restraint it has shawn in not sending its fishery protection vessels,
and thus forcing Norway into the applicant position, although, according
to the United Kingdom's views, it would have been legally entitled to
do so, but that if the United Kingdom hàd not shown this restraint and
had forced Nonvay into the applicant position, the United Kingdom
would then have won its case before this Court. In a ward, the Court's
conclusions on the general rules of international law will not depend in
any way on whether Norway or the United Kîngdom is the applicant
State. 1 do not think that, in our opening addresses to the Court, we
shall need to say rouch more about this question of the burden of proof.
It has been clarified by the written pleadings. The Rejoinder of Nonvay

seems tous to be clearer than the Counter-Memorial, and I have referrecl
especiallyto paragraph 335 of the Rejoinder. I have stated the position
as we see it, and at present I do not think Norway differs from us on
that particular issue. If Norway does not agree, no doubt this >viii
appear in the addresses of our opponents, and we \vil! in that case
refer tothe matter again in our oral replies. ·
I will now turn to another issue which is quite distinct from the
question of burden of proof but yet has a certain similar.ity to it, so
that it is quite easy to confuse the two things. The other que~ti ion
whether, supposing the Court reaches the conclusion that the law is
doubtful, the Court shoulcl incline towards the freedom of the seas as
the dominating principle or towarcls State sovereignty over adjacent
waters as the dominating principle. This question has nothîng to do
with burden of proof. It is a question which arises, when it is assumecl
that ali the information as to the law is before the Court, both as the

result of the arguments of the Parties and as the result of the Court's
own knowledge and researches. It is not a question of evidence but a
question as to whether there is a presumption or bias one way or another·
when the law is not clear. An analogy in our own municipal law is that:
a la\v is construecl by the Courts in case of doubt against the Crown,.
when it is a law which interferes with the liberty of the subject.
The question in this case is whether there is or is not a presumption
in case of doubt in favour of freedom of the seas or in favour of State
sovereignty over the seas.
Now in this case, bath Parties, who in their pleadings have gone back:
to first prînciples and historical origins, seem to agree that therc was a
period when it was the practice of many States, Norway and the United
Kingdom included, to claîm sovereignty ·over wide areas of sea. We
can refer to this periocl as the period of mare clausum without at the
moment committing ourselves to dogmatic assertions whether mare

clmtsum ever really formed part of international law. We are in a:ny
case talkîng of a period so early that international law was perhaps
in a status of an embryo rather than that of an infant which bad been
born. Further, it is immaterial, I think, whether the Norwegian daims
to large areas of sea had or had not the same legal origihs as the daims
to such large areas by other countrîes, which were more influenced
than Norway was by Roman law conceptions, or whether the rights
whîch the various countries dîd daim over wide areas of sea were exactly
the same in one case or the other. At any rate, it is common ground STATEli'IENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-25 IX 5l 35
that many countries did make such wide daims, and, though there
were no doubt many disputes with regard to these daims, to sorne
extent the States making them enforced recognition of their daims
on sorne other States. The r6th century is the high-water mark of mare

clausum. I think it is also the case that mare clausum merely meant
that individual States could, so to speak, acquire rights over seas by
enforcing them and getting recognition for them. It operated in Iavour
only of those States who bad achieved this recognition and who could
maintain it by force. lt was not a theory which divided the seas equally
between ali States. Further, I think it is common ground that at a·
later period, as a result of a development which occupied perhaps two
centuries, the present rules of international la\v, whatever they are,
came into existence, by which the sea is dividecl between "high sea"
and areas under State sovereignty; and that we can take the beginning
of the x.gthcentury as the time when the present international law with
regard to this matter took shape. Now in paragraphs 65 and 66 of its
Memorial, the United Kingdorn, referring to the sequence of events,
ending as it admittedly did with the victory of the principle of the
freedom of the seas over earlîer wide claims of national sovereîgnty,
advancecl the contention that the Court, when approaching any point
where there was doubt asto what the present law was, should approach
it with a bias in favour of the principle of the freedom of the seas. Norway,

in paragraphs r85 and r86 of her Counter-Memorial, contended on
the basis of an historical aq,'llmetù (which we saicl in our Reply, para­
graphs zr8-zzz, was unconvincing) that the United Kingdom was
wrong in saying that the bia.<in case of doubt should be in favour of
freedom of the seas, but gave it as her view that the present international
law was a compromise solution which took account of the two opposite
interests, that is to say, the interest of the community in favour of
freedom of the seas, and the interest of the indiviclual State in favour
of State sovereignty over the waters adjoinirig its coast ; that it sought
to reconcile them by respccting what was legitimate in each of the two
opposing interests; and that therefore it would be wrong to establish
a hierarchy between tbese two opposite interests, or in other words,
that the Court must approach a point where the law is doubtful without
any bias or presumption in favour of one interest rather than the other.
In paragraph zgg of the Rejoinder, Norway asserts categorically: "les
deux principes sont juridiquement égaux". We fnd the amplification
of the historical argument in paragraphs294-310 of the Rejoinder to
be inaccurate, and we believe that, in face of doubt, the presumption
is in favour of freedorn of the seas. V/e maintain our arguments as set
out in paragraphs zrS-zzz of our Reply. 1 shaH not, however, answer

now the Norwegian arguments in those paragraphs 294-310 of the
Rejoinder, because for the moment I propose to argue the case on
Norway's own ground that there is no bias and no presumption either
way. lncidentally, before I leave this point, I should like to make it
dear that the point we made in the last sentence in paragraph 214 of
our Reply, though it cornes in the passage devoted to burden of proof,
is out of place. It relates to the question of bias or presumption and
not to burden of proof at ali. That sentence makes the point that, where
there is a general rule, for insta:nèe, the tide-rnark rule, and it is a
question whether there are other rules consisting of exceptions to the
general rule, the presumption in case of doubt is against the existence36 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-25 IX SI

of the exception. \:Ve should have made this argument, which we still
maintain, in another place, and we should not have introduced it with
the words "something in the nature of burden of proof in regard to the
law mav arise".
For the purposes of my present argument 1 shall, therefore, proceed
on the basis that in case of doubt therc is no burden of proof, and there
is no bias in favour of freedom of the seas or in favour of national
sovereignty. On this footing, the decision of the Court will turn entirely
on which submissions have the support of the greatest weight of author­
ity and, of course, the Court-bath Parties are agrcecl on this-is not
limited to the consideration of the authority quotecl by either side.
lt may find authority not cited by either Party. lt may, indeed, reach
conclusions on general international law different from those advanced
by either Party.

Before I go further, I should likc to stress a point mentioned by: the
Attorney-General in his introductory remarks, namely, that in our
submission the effect of these rules of international law with regard to
territorial waters is that, if a State delimits its territorial waters in a
manner which does not exceecl the maximum which coulcl be justiüed
under these rules, then the United Kingdom, and indeed other States,
would be obliged by international law to admit the validity of the
delimitation and to respect the daim so made. If, however, a State
delimits its territorial waters and daims more than can be justified by
these general rules, then that State will not be entitled under inter­
national law to enforce her daim against the United Kingdom (or, for
that matter, against other States in general) and will be committing a
breach of international law against the United Kingdom if it arrests
British vessels in any area where her daim exceeds what can be justified
under the general international rules-unless, of course, the State bas an

historie case for her wider daims valid against the United Kingdom, or
unless the United Kingdom bas agreed to at:cept the wider daim. This
is important becausc it is not,by making decrees that a State infringes
internati011allaw, but by enforcitlther decrees against foreigners. It was
the enforcement of the Decree of 1935 against British vessels which is
the subject of the United Kingdom's complaint, not the mere making
by Nonvay of the Decree of 1935.
Our present dispute with Norway only took a form when it became
necessary for the United Kingdom to bring the matter before the Court,
when, in 1948, Norway bega,n a policy of strict and full enforcement
against British vessels of her 1935 Decree, and when it was clear that the
rna.tter could not be settled by any compromise agreement or by any
modus vivendi. I stress this perhaps rather obvious point because Norway
in ber pleadings always refers to the question whether international
law prohibits Nonvay from making this or that daim by Norwegian
decree. Norway is careful to say very little on the aspect of the question

whether intern(l.tional law obliges the United Kingdom to accept the
daims made by Norway.
J think that in our written pleadings we have throughout made it
clear that our contention is that it isnot the making of the decree which
.isimportant, but itsenforcement against foreigners, and that the breach
of international law is committed, not by the making of the decree, even
if the decree embodies an excessive daim, but by its enforcement. against
foreigners. · STATEMENT BY SIR EH.IC BECKETT (u.K.)-25 IX 5I 37
Our general position with regard to claims to belts of territorial
waters in excess of three miles is stated in exactly this way, and in so

stating it we had the express support of authorities such as Gide] (vide
Reply, paragraph u8) and RŒstad (m"deReply, paragraph :u7). I sha!L
quote what they said later. Our position is the same when we are con­
sicleringState practice as evidence ot what the general rules of inter­
national law are. The United Kingdom is just as conscious as Norway
that there is a diversity in the practice of States in the matter of territo­
rial waters.But, of course, the cliversity to-clay is clllthe more striking
if the evidence of the practice of States is simply the legislative decrees
\Vhich they have made. There is, however, far Jess divergence in the
actual practice of States, if we consider to what extent States have
enforced against foreign vessels wider daims made in legislative decrees.
The decree made by a State is only one aspect of the matter. The other
and equally important aspect is the attitude of other States towards
the decree and in particular their attitude to its enforcement against
their nationals or vessels.

Norway has cited a number of foreign decrees which make daims in
excess of what would be internationally valid under the rules we have
submitted. But Norway gives no evidence of the enforcement of these
decrees against foreign vessels, and we have already mentioned in our
H.eply sorne of the protests against them made by other States. The
paper protest is at !east as important as the paper decree. On the 2oth
September we sent to the Court, asking .\cave to produce them, copies of
further protests made by States against recent wide daims. These
included protests by the United Kingdom to Yugoslavia, Egypt, Hon­
duras, Ecuador, Costa Rica and El Salvador, and protests by the
United States of America to Chile, Saudi Ara.bia, Argentina, Feru,
Egypt and Ecuaclor. Vie received too late to file with the Court a copy
of a recent protest by the United States of America to Honduras, but
as this note is similar to the other United States protest notes, 1 will do

no more than just mention its exist<::nce.
The notes we filed on the zoth September also include a protest by
the United 1\:ingdom against Iceland's new legislation, to which Nonvay
refers in her Rejoinder. ln its protest the United Kingdom urged lceland
to dder the enforcement against British ships of this new legislation
until the Court has decided this .case and until both Govemments have
had an opportunity to consider the matter in the light of the Court's
decision. I am very pleasecl to be able to say that it seems to be probable
tint the Icelandic Govemmeüt will accept the suggestion which we
macle, to await the judgment of the Court in this case, and we wish to
express our satisfaction at an attitude which is respectful to this Court
and shows a due appreciation of the importance of the rule of law.
V·/ealso filed notes addressed to my Government showing the attitude
of the French with regard to sorne of these new wide daims. I would
invite the attention of the Court to the French note which states that in
general these new wide daims are not acceptable, exceeding as they do

the maximum width of territorial waters justifiable under international
law, and that no State by a unilateral declaration can extend its sover­
eignty over the high seas in llmanner which is binding on other States
which have not acceptecl these new claims. That is wha.t the French
Government said in .the note which we have tlled before the Court. 38 STATEi\ŒNT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-25 IX 5I
But, of course, while it is always possible by the exercise of the great

industry which our opponents invariably shmv to obtain the texts of
ali decrees because these are published, the same is by no means always
the case as regards the protests because these are frequent! y not published
and rernain unkpown save to the protesting. and recipient governments.
Moreover, though by the exercise.of diligence which Norway has shown
for the purposes of this case, it is possible to obtain the texts of ail these
decrees, it isby no means the case that all foreign governments become
aware of them. Indeed, the fi.rst news of sorne of these decrees which
the United Kingdom had was their appearance in Nonvay's written
pleadings. The French Government makes the point that it does not
feel requiredto protest aga:inst daims to territorial waters made by other
governments when these daims are not communicated officially to it
-even if the French Government does not accept thèse daims and thinks
them unjustifiable by international law. This point is made in the note

tous of which we have put in a copy. There is no obligation on govern­
ments to search the statute books of foreign States as ML Sei.vard, the
United States Secretary of State, said as long ago as r863, and in fact
it is dear that many of these decrees never do become generally known.
At the present time Denmark and Sweden in the Baltic are at issue
with the Soviet Union concerning the enforcement of a Soviet decree
claiming a twelve-milc belt of territorial waters against Danish and
Swedish ships. It was the action against their vessels which was the
cause of the protest of Sweden and Denmark. It was this which they held
to be a violation of their rights, not the mere making of the Soviet
decree. For the Court, as evidence of the practice of States, the Swedish
and Danish protests are every bit as valuable evidence as the text of the
Soviet decree. Copies of the texts of the Danish and Swedish notes are to
be found as Annex l r1of the Rejoinder, vol. III, p.25, and of the second

Danish and Swedish notes in the new documents which we have just
filed. 1 invite the particular attention of the Court to these new Swedish
and Danish notes. I sha\1, however, have occasion to refer to them later.
I would wish to recall that the United Kingdom's submissions as to
what the general rules of international law regarding territorial waters
are, are to be found in summary fonn in paragraph rzz of the United
Kingdom Memorial. The United Kingdom maintains the submissions
there made. It is quite tme, however, as the Attorney-General has
already informed the Court, that we do not think it will be necessary
for the Court to rule one way or the other on one submission whieh is
found here, name\y that in No. 2 where, dealing with bays, we have
said that the base-line is tob~ a straight line drawn across the opening
at the nearest point to the entrance at which the opem:ngdoesnot exceed
ten miles in width. We do not think the Court will for any practical
reason be obliged to decide on the correctness or otherwise of the limit­

ing words "at which the opening does not exceecl ten miles in width".
Further, as the Attorney-General has already said, we do not think the
Court will have to decide as a matter of principle whether or not our
formulation in paragraph 122 was incomplete, because it did not include
further rules, allowing for departures from the tide-mark rule in cases
of groups of islands and fringes of islands. In particular, we think the
Court need not give a ruling of principle on what the Attorney-General
described as the "outer coast line theory". \Ve stand by our legal con-
. tentions on these points. \•Veshould be happy if the Court did rule STATEl\'IENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-25 IX 5I 39
upon them, but itis part of our duty to a.ssist the Court by indicating

where there are questions on which, in our view, it is not essential for
the Court to give a decision.
For completeness I had better add that this paragraph I22 of the
iVI.emorialdoes not indude one rule which is a most important one in
connection with territorial waters, namely, that a State can oniy daim
as territorial waters a belt of a certa:in fixed width, and that this width
is three miles unless the State can establish on the basis of prescription
a daim for a wider belt, Norway being, in our view, on prescriptive
grounds, able to claim a belt of four miles. Our sU:bmission on that
point was made and summarized elsewhere.
In support of this proposition, we have already cited both RŒstad
and Gidel (paragraphs II7 and n8 of our Reply). It now receives con­
firmation in most striking fashion in the notes of the two other Scan­
dinavian States, with which Norway bas in the past been so closely
united, addressed to the Soviet Union in July rgso and July rgsr, and

1·elatingto the Baltic.-
Now the Court will have seen that the United Kingdom, in putting
forward its submissions as to w'hat the general rules of international
law with regard to this matter are, has been careful to give sorne author­
ity in favour of every contention that is made. It will be for the Court
to appreciate on each point the weight of the authority which we cite,
and perhaps the authority for sorne of our rules is more complete than
th at in favour of others. But every principle we put forward is supported
by authority. I make this remark because I shall in a minute be com­
paring the amount ofauthority in favour of the rules of international
law as the United Kingdom presents them, and the authority submitted
by Norway in favour of her ow:nstatement of these rules.
Now there has been sorne discussion, and apparently sorne difference
of opinion in the pleadings, asto the criteria by which the establishment

of a general customary rule of international law is to be determined,
and, therefore, it may be convenient if a.tthis point I say a few words
on it.
Asto the requirements for establishing a rule of customary law under
Article 38 (r) (b) of the Statute, we naturally agree with the Norwegian
Government that the opinio furis is one of the requirements. We are
not entirely clear what is the deduction which the Norwegian Govern­
ment wishes the Court to make from paragraphs 340-343 of the Rejoinder.
lf it is that, whenever the opinio jurù is contested, express evidence
of subjective-self-conscious-recognition of a practice as a rule of law
must be laid before the Court, then we disagree. It would be impossible
to produce such evidence. \\le contend that this Court and other inter­
national tribunals have in the past normally found the existence of the
opinio juris objectively by inference from the conduct of States. Certainly
this Court in the Corfu Channel case held that there is a customary
right of innocent passage for wa:rships through an international strait,

although this right was disputed by Albania and although the United
I<ingdom laid no express evidence before the Court of a sttbjective recog­
nition of such a customary right in State practice. It is for the Court
in every case to appreciate whether the conduct of States is dictated
by political expediency or by the opinio jt!t:is. It can seldom, if ever,
be proved by express evidence.40 STATEMENT BY SIR ERIC .BECKETT (U.K.)-25 IX 51

The Parties appear to be bro.adly agreed about what is meant by
the requirement that a customary rule must be based upon a general
practice. The notion of genemlity is relative to the circumstances and
it is not necessary to adduce a specifie precedent supplied by the parti­
cular State against which the custom is invoked. The Norwegian Govern­
ment, in pa.ragraph 344 of the Rejoinder, suggested that the practice
must be so extensive that it can be inferred to represent the conviction
of the international community. The Norwegian Government has gone
to such pains to make it as difficult as possible for any customary rule
ever to be established that we wonder whether the Norwegi<m definition

of the requirement of general practice, when read in the light of the
other observations in the Rejoinder, is not intended to push the require­
ment further than is warranted by the language of Article 38 (r) (b)
of the Statute. In any case we stick to the language of the Statute. The
practice must be such as to show that it is generally <<cceptedas .law
within the international community. ln short, it must represent a.
conviction generally held in the international community that it is law,
but need not do more.
The Norwegian Government, in paragraphs 354-357 of its Rejoinder,
dre\v attention to the fact that the question of the generality of a
practice is not the same thing as the uniformity of the precedents
composing the practicc. Again making the requirements for establishing

a customary rule as high as possible, the Norwegian Government laid
great stress upon the need for absolute uniformity in the precedents.
'vVecertainly agree that there must be a sufficient measure of consistenC)'.
and uniformity in the precedents to constitute a practice generally
accepted as law. \Ve do not, however, agree with the propositions in
paragraph 356 of the Re)oinder that, if there is a break in the chain
of the precedents or if the precedents do not precisely coincide with
each other, a customary rule of law cannot arise. There is nothing in
the recent judgment of this Court iri the Colombia- Pçr11-asyl1tm case
which goes to the length of requiring such absolute unifonnity and
coincidence of the precedents. In that case, the Court held that the
precedents were such a mass of inconsistency and dictated by political
expediency that it was naturally unable to discern in those "a constant
and uniform custom accepted as being law". Indeed, if the propositions

in the Rejoinder are correct, we do not unc\erstand the importance
attachee! by the Norwegian Government to the principle that a State
\vhich persistently dissents from a customary rule is not bound by it.
For the break in the chain of precedents would then prevent the
customary rule arising at all.
I need not, however, labour the point because we can wholeheartedly
subscribe to Pitt Cobbett's account of the development of customary
law which· is cited by the Norwegian Government in paragraph 357
of the Rejoinder as a perfect description of the different stages in the
formation of a customary rule. I will read Pitt Cobbett's word<>:

"As between nations sorne paiticular practice or course of conduct
arises attributab\e in the flrst instance to sorne particular emergency
or prompted by a common belief in its convenience-or safety. Bm
its. observance isdisc~etio :niaexysts side by side with other
con~pet prncices. Next, as bctween coinpeting 1tsages,thefittcst,
havmg regard to the needs of the time, gen-erallytends to prevail. It STATEl\IENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-25 IX 5I 4!

gathers strength by observance. It cornes to be recorded, and is
appea1ed to in cases of dispute, although not infrequently violated.
Finally, 1:tcome~ to comnUtnfl a general assent:a1~ dt this stage it
may be said to lake on the character of a ntstom which invol~ noes
merely a habit of action, b.td trule of co1~dt r.singtù~o general
approval." (:Fourth edition, p. 5.)

The Norwegian Government underlined the last sentence. It might
equally ha.ve drawn attention to Pitt Cobbett's recognition in the
previous sentences that in the development of a custom there may
be competing usages and contrary precedents provided that tûtimately

there isgeneral assent and generalapproval of the rule of conduct. But,
as I have said, the necessary degree of uniformity in the precedents is
a matter which lies in the appreciation of the Court-and wc are content
to leave it at that, recallingjirstthat both Parties agree that there is
no b1.trdenof proof as regards the rules of general international law­
jura nom:tcuria. Second! y, Nonvay says th at the reis no bias (no presump­
tion) in case of doubt in favour of State sovereignty or in favour of
freedom of the seas-these are, Norway says, two equal principles.
Thirdly, as I shall indicate in a minute, bath Parties agree that the
Court cannot dismiss the case on the ground that the matter is not
regulated by international law at all and that, therdore, however
doubtful the law appears, the Court must declare it-in so far. as it is

necessarv for the decision of the case. V•ihat cloes this mean m cases
where tilere is room for doubt? I submit it means that the Court must
come down in favour of the proposition for which there is the weightiest
a.uthority ; in favour of the proposition which is most consistent with
principle. Indeed, on the basis of these three agreed points, Norway's
efforts to m<lke itas difficult as possible to prove a rule of customary
law become ali the more inappropriate.

H<tving made these purely general preliminary remarks on the United
Kingdom submissions with regard to the general rules of intern<ltional
law, l desire now to pass to the Norwegian submissions on the sarne
matter and to make a few general remarks about these Norwegian sut­

missions. I need ·not quote again, since the Attorney-General has done
so this morning, the short texts in which Norway has reduced al\ the
general international law with .regard to the limits of territorial waters
to two sentences. There are hvo formulations, and each of them consists
of precisely two short sentences, cmclthat is ali the general internationaL
law on the subject which Norway admits.
What do these Norwegian formulations amount to ? That aState may
claim adjacent w<lters which it has the power to appropriate or occupy
and in regard to which its legitimate interests justify the appropriation.
Und er the heading of "legitimate interests", it is stated that one must
take into account economie conditions and the vital interests of the
population (an expression which we are told covers the "necessity of

reserving to the local population the fishing grounds nearest the coast"),
as weil as long usage and the rules of law which have been developed
in the country in question. Thus, under Norway's formulation, a Shlte
may claim whatever it thinks on one ground or another its legitimate·
interests justify, as weil as <lpparently anything else which may be
said to be covered by long usage and its own municipal rules of law. 42 STATEJ.IilENT BY SIR ERTC BECKETT (U.K.)-25 IX 5I

It may make these daims up to the limit of what is reasonable. That
is the only limitation. Subject to this limitation, Nonvay says all claims
so made by m~y State are enforceable 1tnder intemational law agaiaUt
other States. Now, in the first place, is there any authority for the formu­
lation of the rules of customary international law with regard to terri­
torial waters in a form anything approaching this? Norway quotes
no authority at all, though she recalls that the Norwegian delegate
put forward at the Hague Codification Conference proposais having
a certain similarity, even if not in same terms. But these Norwegian
proposais commanded no support at that Conference at ali, and Gide!
described them as the equivalent to the negation of ali law. (That

appears in Le droit international public de la mer, Vol. III, p. 640.) I
think I can assert with confidence that no State, no writer, no inter­
llati"Qnal tribunal, no legal instituand no international conference
has ever put forward anything like Norway's submissions as repre­
senting the present rules of internationalaw·. Moreover, Norway has
been in her history dosely linked with the two neighbourîng Scandi­
navian States, Sweden and Denmark. Norway's formulation of the
rules of international law is totally different from that put forward by
these twq countries in their notes to the Soviet Union on 24th July,
1950 (Arinex III of the Rejoinder) and July 1951. These States say
"it is incontestable that European States had for centuries attributed
a flxed breadth to territorial waters". Yet Norway submits to the Court

her formulation of the rules of international law as rules binding on the
united Kingdom, and contends th<d the United Kingdom is bound
to accept any daim to areas of sea made by Norway or any other State
on the ground of legitimate interestswhich cannot be rejected as
.unreasonable. Further, as I understandit,the objection on the ground
of unreasonableness would have to be that the State's legitima te interests,
which are defined by Norway as covering almost anything, could not
possiblybe said to require dominion over so great an area of sea. Norway
puts fonvard this text as the formulation of a rule of international law
binding on the United Kingdom and supports it by no legal authority
at ali, and, at the same time, criticizes ali the authoritwhich the
United Kingdom has produced for every portion of its rules, which it
bas put forward, as insuffi.cient to establish that the United Kingdom

submissions represent rules of international law.
Now, as 1 have stated, under Norway's submitted rule, the only
ground on which a State's daim to dominion over the sea can be
challenged by another State is on the ground that it is unreasonable.
Now, where does Norway find that any authority has ever put fonvard
the test of reasonableness as the test of what may be valiclly claimed
under international law as territorial waters? I do not think any author­
itycan be found. Nonvay, who alleges that it is the law, says that a
court of law could decide whether the daim was reasonable. Now, I do
not dispute that, in many connections, what is reasonable is the test
of what is lawful and not lawful, and courts can and do decide that this

is reason<tble and that is not. But that is not to sav that a court of law
can decide any matter on the· test ofreasonab n ena~teusa, .it
se~ms tome that it would be asking a judicial tribunal to unclertake a
task falling beyond the limits of anything that a judicial tribunal ought
to be asked to undertake, to ask it to sav whether or not a daim to
dominion over the sea put forward by State A as being State A's views STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-25 IX 51 43

as to what is required by virtue of its legitima te interests, is or is not
reasonable. Further, would the burden of proof be introduced here?
Does it mean, under Norway's formulation, that any State's daim must
be presumed valid unless the contrary is proved to the satisfaction of
the Court ? Norway, I think, has not said so in her written pleadings,
so I merely raise the question and our opponents may choose to give
their answer to it.
Norway quotes in paragraph 240 of the Counter-Memor.ial and in
paragraph 313 of the Rejoinder the eminent Anzilotti as having saicl

that, owing to the divergent practice of States, there was no inter­
national law at all determining what a State could daim by way of
territorial and national waters, <Lndtherefore, the position was that State
A could make any daim it liked, and .it could not be proved as a matter
of law that State A's daim was invalid. On the other band, State A
would equally be unable to prove that State B was obliged by inter­
national law to accept this daim if State A claimed more than State B.
Now Norway, having quoted this passage from Anzilotti, declares in
paragraph 314 of her .Rejoinder that she does not agree with it. Nonvay
considers that this Court cannat" dismiss this case on the basis that the
matter is not covered by international law at ali. In its disagreement
with Anzilotti on this point at any rate the United Kingdom agrees

with Norway. The United Kingdom does not think that such an attitude
by the Court would be consistent with its Statute. The United Kingdom
considers, and bas submitted, that the question of territorial waters is
governecl by general rules of international law. But at any rate this
statement of Anzi\otti, wrong though botb Parties think it to be, had
more to commend it than Norway's formulation of the rule of inter­
national law. Norwa}"s for~ulat ifonhe rule of international law
would seem to rest on the basis that there is not a certain international
law which limits the right of a State to daim any areas of the sea off
its coasts and, therefore, a:ny daim made by one State is bin.ding on ail
the others. Ailzilotti makes the doubt as to the law operate equally:
there is no bias in favour of State sovereîgnty or in favour of freedom
of the seas. Norway's rule must be on the ·ba.<Jisthat in case of doubt

the bias is in favour of State sovereignty as compared with the interests
of the international community and freedom of the seas, and yet, as I
indicated at the beginning of my address, Norway's position is that there
is no bias one way or other in ascertaining the rules of international law
with regard to territorial >vaters because they are a compromise between
two equal interests which must not be cla.ssified in any hierarchica!
order.
Of course, the United Kingdom does not admit that the doubt about
the rules of international law on this subject is so great as Norway
contends or as the late Judge Anzilotti apparently thought.
I should like to suggest why it is that Norway puts forward a pro­
position entirely unsupported by any authority which is just as apt
to justify a daim to half the North Sea as it is to justify Norway's

daim to the disputed area marked yellow on the maps before the Court.
The answer, I think, is that Norway feels that, unless she denies the
validity of practically the whole of what everybody up to now bas
supposed to be the international law with regard to territorial waters,
she îs in a difficulty to justify her daim to the area marked in yellow,,
An essential feature of the traditional system is that territorial waters44 STATEMENT BY SlR ERIC BECKETT (U.K.)-25 IX 5I

consist of a band of fixed width. There may be a difference of view asto
the width, but it is always a fixed width. Ftirther, once a fixed width is
accepted, Norway would have the greatest difficulty in denying (some­
thing Denmark and Sweden assert) that in Europe at !east the breadth
of territorial waters which States can daim must be a breadth which has
been claimecl for a century or so. Norway indeed agrees with us that the
cannon-shot rule is "périmé" (paragraph 250, Rejoinder). Denmark and
Sv..-edensay that in the Baltic the breadth must be tluee miles. There
is no doubt that Norway would be held to her four miles. But then,

and this is the key of the matter, once you have the band of territorial
w~ter of fixed breadth, the authority for the tide-mark rule as the
method by which they are to be measured becomes overwhelming. It is
really Norway's fear of the ticle-mark rule, the validity of which, of
course, she denies, which is the reason why Norway submits to the Court
propositions with regard to the general international law which bear no
resemblance at ali to anything that has ever been beard of before. The
Attorney-General will submit to the· Court later that Norway herself is
one of the creators of the essential feature of the present system, that
territorial waters have a fixed bread th ·and that, until just beforeI869,
when she was confronted with some pressure from fishing interests, there
is nothing to indicate that Norway had any conception different from the

tîde-mark rule, and indeed ber Decree of r8r2 really implies the applica­
tion of the tide-mark rule.
Now, 1 think that p<lrt, if not the whole, of Norway's argument in
support of. her formulation of the rules of international law is to be
found in her contention that the "rules of international law relating to
territorialwaters are legally and historically ,restrictive or the sover­
eignty of States and not the foundations of them". J shaH try and
summarize in a minute the reasons why the United Kingdom contends
that this statement is incorrect, both historically and legally. lt is a
doctrinal m<ltter, of course, into which 1 do not enter because 1 believe
it to be completely academie, whether international law as a whole is
restrictive of a State's sovereignty and not the foundation of it. 1 do
not enter into the question whether State sovereignty rests on the

foundation of international law, though I believe some writers say it
does, or whether State sovereignty was a pre-existing thing which has
been merely limited by international law. Norway puts forward ber pro­
position as something especially apphcable to the law relating to terri­
torial waters as opposed to other portions of international law, and
thercfore it is necessary to see on \vhat this proposition is founded.
Norway founded it, 1 think, on the argument that, in the days of mare
clausnm, certain States possessed sovereignty over wide areas of sea ;
that the rules of international law relating to territorial waters, what­
ever they are, are restrictive of valid daims to sovereignty which pre­
viously existed in mare ctausum days; that being so, a State retains
ail the rights which it had in the days of mare clansttm except in so

far as its old sovereigntybas become restrided by modern rules of inter­
national law bînding on the State in question. Therefore, within the
lîmits of the rights that the State enjoyed in mare clauwm days, the
State still retains everything that it had, which it cannat be said to
have explicitly given up by the exp.li.cit acceptance of a ne\v rule. As
the Rejoincler says (paragr<tphs 299-300), "territorial waters are the
residue of wîder daims". STATEMENT EY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 5I 45

Before dealîng in detail with this argument. it is worth remarking
that the Norwegian proposition put forward as a proposition of general
international law, operates most extraordinarily unevenly as between
States. There were a certain number of States who had put forw<crd and
perhaps established daims to wide arcas of sea in mnre clau_sum days.
Norway and the United Kingdom happenecl to be two of them. But,

as far as I know, the number of States who could possibly be said to
have est<Lblishedsuch daims in mare clausttm clays could be countecl on
the fmgers o( two· hands. N'o State in America, no State in Africa or
Asia, or in Australasia, could possibly benefit by this doctrine at aiL lt
_isquestionable, therefore, whether the argument can snpport any general
rule of intem<ltional law. It would only be capable of supporting a
special rule for a limited number of States. A second preliminary com­
ment on this argument is that, even if it were correct, it is far from sup­
porting a rule formulated as Norway has formulated it. How, for instance,
does this Norwegian argument acèount for the one limitation which
Norway puts on the rule of internatiOiüllaw which she has formulated,
:namely, that of reasonableness?

[Public .sitti,ng of September 26th, rgjr, morni,ng]

May it please the Court.

I would like to recall tint when we broke off yesterday evening, I was
nddressing myself to the Norwegian contention that the rules of inter­
national law with regard to territorial waters are both leg<Lllyand histori­
cally restrictive of the sovereignty of States and not the foundatioil of it.
Historically, it is, of course, true tint for sorne States the replacement
of mare clausum by mare biberum me<lnt a contraction of maritime daims.
lt is for this reason that a number of writers, for exarnple Hall, have
referred to modern maritime limits a..the residue of h1rger daims made
in former times. In fact, as 1 have said, this view of the matter is at
most only tenable for a handful of States among which are the United
]{ingdom and Norway. The targemajority of States hat'eknown no oUter
"maritime hmits except such ns accrued io them under the modern customary
law. Of these States it is impossible to say that historically the custom­
arv law is not creative rather than restrictive of their rnaritime sover­
eiguty. But even in the case of the few States whose claims have con­

tracted, it does not ,follow that, because they once made larger claims,
the modern cnstomary nües operate as restrictions npon their own
sovereignty. The present-day maritime limits of these States bear no
real relation to their ancient pretensions and the modern customary law
-isthe foundation of their maritime sovereîgnty rather than a restriction
-ofit no less than in the case of other States.
In the first place, it ·is doubtful how hr the mare clausttm daims of
Mediterranean city-states, of Spain and Portugal, of Great Britain and·
·of Sweden and of Denmark and Norway were ever recognized as estab­
lished legal titles rather than as political pretensions asserted, when
drcumstances permitted, by force. The Norwegian jurist .RŒstad, for
example, surns up his account of these claims at the close of the Middle
.Ages ii). his book La Mer territoriale in the foltowing sentence (p. 6i:) :

"Des deux côtés, ?!.l'extrême sud et à l'extrême nord du globe,
avaient surgi les fantômes de prétentions exclusives sur la mer,46 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 5I

prétentions qui menaçaient les nations navigatrices et commer­
çantes dans leurs intérêtsvitaux."

No doU:bt,in the following two centuries, sorne of these claimants from
time to time made strenuous efforts to enforce their extravagant daims
and with ·a greater or Jess measille of success. But such recognition as
they obtaîned for their daims had ali the precariousness of régimesmain­
tained by force. The daims produced strong reactions from those whose
commerce they threatened and the period was one of constant maritime

wars. It was under the pressure of this conflict of interest and these wars
that the mare clausum daims collapsed and gave place to the new doc­
trines of maritime jurisdiction. The Norwegian Government represents
the transition from mare dausum to mare Nberum as a graduai process
of greater and greater restriction of the larger daims. Historically, it
appears rather as a comparatively rapid displacement of the mare clau­
sum philosophy by the radically different doctrine of coastal sovereig:nty.
Let me quote again the words of RŒstad (ibid., p. JI): ·

"Cependant, l'évolution normale des règles sur la juridiction
maritime et sur l'usage de la mer allait êtrearrêtéepar des luttes
plus grandioses où étaient en jeu, d'une manière directe ou indirecte,
les intérêtsde tous les pays maritimes de l'Europe: luttes résultant
des prétentions de certaines Puissances à s'approprier, non la juridic­
tion ou l'usage exclusifd'une bande élargiede la mer côtière, mais
la souveraineté des hautes mers elles-mêmes.Dans l'agitation qui se
déchaîna disparurent les systèmes fuPidiques développés dans la
Méditerranée et dans les mers du Nord au sujet de la. mer terri­
toriale."

Secondly, we can test the matter by considering for a moment the
historical origins of the modern system of maritime belts of fixecl width.
The ca:nnon-shqt rule had nothing whatever to do with the a:ncient claims
to extensive maritime sovereignty. Tt began as a rule of prize law in
the Mediterranean, limited to the range of cannon fire from individual
fortified places. At first, it did not even amount to a general claim to a

coastal belt ali alonghe coast. And, when it was converted into a general
daim to a coastal belt in the r8th ce:ntury, the principle, the power of
control by cannon, was regarded as the basis as well as the 1m~asu ore
the State's sovereignty. The three-mile limit, though it became an
independent rule, developed from the cannon-shot theory and equally
never had any kind of connection with mare clattsttm daims. The other
main source of the modern law, the Scandinavîan practice of a fixed belt
of one league of four miles, equally shows a complete deavage with the
vast mare clausum pretensions of the Danish-Norwegian Kingdom. This
practice also had its origin in a rule of prize law in the r8th century.
It was the product of the long-fought maritime wars of the r7th and r8th
centuries in the course of which the mare clausttm system of the northern
kingdoms, as RŒstad says, disappeared. lt represented the limit which
was thought to be the uttermost that belligerents would respect and,

as in southem Europe, the prize limit very soon became the general
limit of maritime sovereignty.
It is, therefore, clear that the modern svstem of maritime belts of
fixed width bas very little connection historically with the ancient
mare clausum daims. Consequently, when it is saicl that the maribme STATEME?\'T BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-z6 IX 51 47

territory of States like the United Kingdom and Norway represents
the residue of ancient claims, this is only tme in the sense that their
daims have enormously contracted in the course of history. Taken
across a period of three or four centuri.es, Norway's maritime claims
to-day, like those of the United Kingdom, are certainly a very small
portion of what once they were. This does not, however, prove either

that her modern rights under customary law have any connection with
J1er ancient pretensions or that the mies of customary law appear as
a restriction upon her sovereignty. The States who bad claimed a mare
clausum abandoned their ancient pretensions well before the modern
system of maritime belt of fixed width had taken shape as a general
rule of international law. Jt is true that for a briei period the Danish­
Norwegian Kingd6m tried to hold an intermediate position-by
reference to range of vision translated into four or five leagues. But in
1745 it adopted the one-league.limît in prize and, as I shall have to
emphasîze again in another connection, was the very first State to­
declare a maritime belt of a fixed wiclth. It took the lead, setting the
pattern for the development of the modern law. \<Vhythen did these
mare clausum States abandon their ancient pretensions in favour of a.
comparatively narrow belt of one le:1.guein advance of the formation
of the customary rules' Because they realized that the time bad passed.
when there was the slightest prospect of such pretensions being respectecl
by other States. The contraction of their maritime territory, in short,

resulted not from restrictions imposed by customary law but from the
abandonment of untenable daims which bad alwavs been based on a:
precarious naval superiority in the waters concer'i-ted.The Attorney­
Genera.] will have occasion later to traverse the same ground again but
with particular reference to Norway and to the question how a fixecl
limit adopted originally for neutrality came to be a general onéapplicable
inter alia to fishing.
.Having completed this historical sketch, I will now examine the
basis of the modern customary law to see whether it is correct to
represent, as Norway does, the customary rules concerning the limits
of coastal waters to-day as restrictions on the sovereîgnty of coastal
States. The Norwegian Gmrerninent apparently puts forward the view
that in modern law the customary system of fixed limits consists of a
series of prohibitions imposee\ on .the coastal State in regard to the
making of maritime da-ims and is not in any way the foundation of
the coastal State's maritime sovereignty. This view. seems to us to
involve the same fondamental misconception as to the legal basis of
the customary law which we have already emphasiZed. I mean, of course,
the concept of the law of coastal waters as concerning itself only with
the claim of the coastal State and not with the obligation of other

States to respect the daim. The customary law, as I ·understand it, does
not directly concern itself with the making of a daim by a coastal State
at aU. Tt imposes no prohibitions on the making of new daims beyond
established limits. The advancement of a new daim to a wide bay or
to an extension of the maritime belt is not in itself an infringement
of customary law. The customary law concerns itself wîth the enforce­
ment of a claim against other States-in other words with the obligation
of other States to accept and respect the daim. It requires other States
to accept and respect a daim which falls within either generally recognized
or historically established limits. It determines the limits of the legaL4S STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-26 IX 51
obligations of other States as against the coastal State. The infringement

of the law thus consists not in the making of the claim but in its enforce­
ment against another State without any .legal basis for doing so.
It foliows that the customary rules, so far from being restrictions on
the maritime sovereignty of the coastal State, appear as the essential
foundation of its maritime sovereignty as agamst other States. They
establish the consent of other States to be bound, which in law is the
necessary complement to the coastal State's daim. I fear the Court may
think that I am labouring what may seem to be \~er elementary matters.
For authority in favour of a most elementary proposition l slmll content
myself now with inviting the Court's attention to pertinent and illumi­

nating passages from two jurists bath ofwhom happen to be Scandina vian.
The first is from Professor Max S0rensen's Les Sources dtt Droit
international, pageIOI. Conduding his account of the inaction of States
.as an element in the formation of customary law, he says:
"Ii nous reste seulement à mentionner la catégorie des règles qui,

tout en restreignant la liberté d'action d'un J~ta atcorde une
extension complémentaire à la liberté d'un autre. C'est l)eut-être
.à cette catégorie qu'appartiennentla plupart de toutes les règles
<:ludroit internationaà,savoir les règles sur la répartition des com­
-pétencesentre les membres de la communa.uté internationale."

-and it is the last sentence I particularly want:
"Ce qui caracté rei~neant cette catégorie de règles, c'est que
l'acte positif ttnEtat et l'abstention on la tolérance de l'autre se
complètent, de sorte qt/ il est sans importance ·pour l'établissement de
la coutume de les considérerséparément."

The other passage, which deals specifically with maritime daims and
has already been cited in our pleadings, is fromR~estad L'sMer terri­
toriale, page .167:

"Le plus important, ce n'est pas, elu reste, à mon avis, de savoir
quand et comment a eu lieu l'occupation ou l'usurpation de tel ou
tel droit sur la mer côtière. L'important,c'est de savoir quand et
comment a eu lieu le consentement exprès ou tacite des nations
qui donne à l'occupation ou à l'usurpation la qualité d'un titre de
droit."

Ifthe se two distinguished jurists are right, and the law regulating the
competing sovereignties of States on the sea is derived from the com­
plementary elements, daim and acquiescence, how can it be correct th at
the customary rules of maritime sovereignty appear simply as restric­

tions on the sovereignty of the coastal State? They are the foundation
of an established sovereignty, and impose no restrictions on its enforce­
ment except such as are contained in the customary rules, as for exarnple,
the right of innocent passage. So far as they restrîct the coastal State,
they restrict it from taking action against other States for which it has
no legal justification. But th at is to be expected of any legal rule.
After this summary comparison of the United Kingdorn and the Nor·
wegian submissions relati.ng to the general rules of customary law, 1
wish to revert once more to the United Kingdom submissions and, taking

each one of our suggested rules in tum, discuss briefly the arguments
for and against it, which are fciund in the written pleadings. I shall STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-26 IX 51 49
not, however; deal with those of our rules upon which, in our view, itis
not necessary for the Court to pronounce in arder to decide the present

case.
r. There is a fixed breadth for territorial waters. •This rule obviously
cornes first. As far as we know, no writer,no arbitral award, no 1earned
society or indeed any other authority has ever denied the correctness
of the proposition that territorial waters must have a fixed breadth,
though there are many statements that there is divergence of view as

to what the fixed breadth îs. But tint territorial waters have sorne
flxed breadth seems to have been unchallenged from the beginning of
the 19th century onwards: The Norwegian Government itself has never,
as far as I know, challenged it before these proceedings. At any rate,
Norway's pleadings do not say that Norway has done so, and all Nor­
wegian communications to the United Kingdom from the beginning of
this dispute in 1912 onwards, have been on the footing that there is a
fixed limit but that Norway is entitled to a limit of four miles. Yet, in
the Counter-Memorial itis contended that there is no customary rule
requiring aState to cxpre th~ limits of its maritime territory in terms
of a belt of an even width extending from its base-lines.
In denying that the system of claiming a maritime belt of deter­
minate width along the coast is an established part of general inter­
national law, the Norwegian Government naturally lays more stress
on the 1ater than on the earlier history of coastal waters, and in partic­

ular on the Codification Conference of 1930. But Norway has not cited
from the records of that Conference anything which shows that anybody
at that Conference took a:ny other view than that there must be sorne
fixed breadth for territorial waters. That is the first point.
2. In the absence of proof of an historie title, no claim ta a bell wider
than three miles need be admitted. Norway's daim to a four-mile maritime
belt is not in issue in this case. The United Kingdom bas in the past
opposecl this daim, but for the reasons given in paragraphs 148-152 of
our Reply, we have now decided that we must recognize it. Neverthe­
Jess, the Norwegian Government, though not claiming any larger
maritime belt than four miles, contends that there is no rule of inter­
national law requiring a State to confine its maritime belt to any partic­
ular width. Much of the Norwegian argument in paragraphs 182-242
of the Counter-Memorial and paragraphs 246-333 of the Rejoinder is
directeclto rebutting a thesis which the United Kingdom Government

does not maintain. I mean the thesis that the three-mile limit is a
universal rule in international law. V./emade it perfectly clear in para­
graphs II7-IZI of our Reply that we recognized the impossibility of
continuîng to maintain this thesis after the fail.ure of the 1930 Codifi­
cation Conference. Our view is the same as that of Gide!. It is also the
same as that of the Governments of Sweden and Denmark in their last
note of July 1951 to the Soviet Government relating to the Baltic, in
which these Governmcnts invîted the Soviet Union to submit the Baltic
dispute to the Court. I quote from the Swedish note, but the Danish
note is the same : ·

"The Embassy further stated" (the reference here is to the note
of the previous year) "that for centuries past the European States
had hacl a fixed belt of territorial waters which, as far as the States
on the Baltic seaboard are concerned, has amounted to three, or in

550 STATEl\ŒNT BY SIR E_RIC BECKEJT (U.K.)-26 IX SI

certain cases to four, miles, and that thereby a legal position has
been created to the effect that the sea outside these terrîtoriallirnits
must be regarded as free waters and cannat, therefore, under the
rules of international law, become an objection of occupation.
Consequently, i'nthe view of the Swedish Governrnent any extension
of these territorial lirnitsust involve an encroachment upon the
freedom of the seas.... The Swedish Government maintain that
the fact that there are no definite rules laid clown in international
law to govern the extent of territorial waters does not by any
means imply that each State may at its discretion present arbitrary
daims in such a respect."

The United Kingdom, like Sweden, says that, .failing general accept­
ance of the three-mile limit as a universal rule, the limits of maritime
territory which are legally binding on States are Jogically and inevitably

those which have been recognized as valid in State practice. As we­
pointed out in paragraph I2I of our Reply, the failure of States at the
1930 Conference to agree upon a single universa.llimit could not possibly
sweep away aUthe existing recognition of specifie limits in State practice,
nor could it affect the consensual basis of the international legal order.
The failure of the Conference necessarily left the position of individual
States in general unchanged. What the failure ofthe Conference did make
dear was that aState, which advanced a claim to a belt exceeding three
miles, was not necessarily advancing a daim which was unenforceable
against other States. But the mere failure of the Conference could not
possibly have the effect of binding a State afterwards to recognize any
and every daim by other States in excess of three miles. That would
have meant a radical change in the pre-existing practice, and there was
nothing in the whole proceedings of the Conference which indicates.
that any delegation thought this would be the result of a failure to agree

on what the limit was.
The main historical facts are not really the subject of serions differ­
ences between the Parties. We are agreed that the Scandinavian
doctrine of a one-league limit-the league being one of four miles­
developed in the rSth century independently of the cannon-shot principle.
and before the three-mile limit bad even been suggested by the Italian
jurist Galiani. I may point out, in passing, that the Da:nish-Norwegian
doctrine of a one-league lirnit involved the concept of a belt of determined
width along the coast, whereas the cannon-shot in State practice did
not originally involve this concept. The Danish-Norwegian one-league
belt was thus the earliest example o.f the maritime belt as we know
it. The Parties are also agreed that the three-mile limit-the marine
league-, whatever its initial links with the cannon -shot measure, developed
in the I9th century as an independent rule. This tl1ree-mile limit, too,
involved the concept of a belt of determined width. We are further
agreed that the cannon-shot measure no longer has any place in inter­

national law. So far the agreed facts would seem to. point to a wide
acceptance both of the concept of the maritime belt and of a one-league
limit to that belt, there being a discrepancy only as to the length of
the Scandinavian and European leagues. Certainly, there was a divergent
line of practîce inthe cases of Spain, Portugal and Italy, who, although
they equally adopted the concept of the maritime belt, favoured a width
of t\vo leagues. The two-league daims evoked protests from Great STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (Li.K.)~ IXz5I 5I

Britain and the United States, and, when the discrepancy between the
Scandinavian and marine Jeagues was fully appreciated, the Scandi­
navian four-mile daims began to meet with sorne opposition. Protests
were_also made from time to time by severa! States against the daims
of Russia, which sometimes adhered to the three-mile limit and sorne­
times advanced more extensive daims. Norway was one of the States
which protestecl against a Russian extension of established Iimits.
Now, Norway, wbich bas brought before the Court so many documents
in this case, has not referred to this Norwegian protcst. I have notgot

the text of it, though it is referred to in Captain Meyer's book. I can
only give the substance of what our Legation at Christiania at the time
(it was February, rgzz) informed the Foreign Officeaboutit as the result
of information given by the Norwegian Ministry of Foreign Affairs.
Our opponents will.correct me if 1 have been inaccurate, but I believe
it is fairly correct. In1921, the So:;iet Government issued a clecree
which is printed in the Annexes to the Rejoinder at page 737 of Vol­
ume 1II. It is so brief tba t I will quote it :

"r. The right of the R.S.F.S.R. (Russian Sociéùist Federative
Soviet Republic) to the exclusive exploitation of fish an.d wild
animal resources isextended:
Jn the White Sea-to the south of a straight line connecting the
headlands Cape Svyatoi and Cape Kanin ; in Chesskaya Bay-to

the south of a line Cape Mikulin-Cape Svyatoi ; and in the Arctic
Ocean on an extension of the coast from the national frontier with
J<inland to the no.rthern extremity of Novaya Zemlya, to seaward­
to a distance of I2 nautical miles from the Iine of lowest low tide
both along the coast line of the mainland and also along the coast
Iine of islands."

"l'he Norwegian note to the Soviet Government was something on
the following lines :

"The Norwegian Government, who have given careful conside_r­
ation to the decree .issued by the Council of People's Commissaries
on the 24th May, rgzr, relative to fishing and whaling in the Arctic
Ocean and \Vhite Sea, feel bouncl to inform the Soviet Government
that they cannot recognize the extension in the above-mentioned
decree of the area reserved to Russian fishermen and whate-catchers
in the Vlhite Sea, Arctic Ocean and Gulf of Cheshka, to the prejudice
of the fishing and whaling carried on from ancient times by Nor­
wegian whale-catchers in the waters in question-an extension
which goes further than is warranted by international law.

The Norwegian Government mnst insist that Norwegian subjects
are not placed in a Jess favourable position than the nationais
of other foreign Powez:s: but they are willing out of regard for
the principle of reciprocity to agree to an arca for fishing and
whaling of one Scandinavian league (7,420 metres) reckoned from
low-watermark Olttitmaintand and ~·sta nndsare further prepared
to agree to negotiate in regard to the recognition of the vVhite
Sea as a closed arca for Russian fishing and wbaling within a
reasonable boundary. This boundary would in consequence have

to be drawn nearer in than the line from Svyatoi to Kanîn Nos
at a point where the distance between the coasts is appreciably52 STATEi\·IENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 51

Jess and where it would be easier for Norwegian whale-catchers
to take the necessary precautions against entering Russian territorial
waters."

Here Norway makes two points:
(1)She refuses to recognize Russia's right to a maritime belt of
12 miles or indeed to any maritime belt wider than the four sea miles
or 7.420 metres which Norway herself claimed.
(2) She refuses to accept the Russian closing line of the \Vhite Sea
as being too wide and declared that the closing line should be a shorter

one further in.
The .first point is the one relevant to my present purpose, and one
can sec at a glanee how inconsistent Norway's attitude was in rgzz with
the case which she presents to the Court 'to-day. ·
l will a1so ask the Court to note the words "reckoned from low-water
mark on the mainland and islands", because these words clearly imply
the tide-mark rule-a subject to which I shaH come in.a minute.
The Norwegian Government, in seeking now to deny any legal
significance to the fixed limits found in State practice before 1930,
alleges bath the fragility of the tluee-mile limit at the end of the
rgth century and a great divergency in the State practice. My brief
review of the historical facts shows that neither of these allegations
are justified. The three-mile limit, as RŒstad said in rgrr, was accepted

by the majority of States. So far from their being any great divergency
in the practice, there was very wide support for a one-league limit,
and, as far as I know, complete unanimity in the acceptance of the
concept of the maritime belt as a zone of even determined width. There
was no divergency of view at all that territorial waters must consist
in a band of fixed breadth, and the relevant pointis on what,principles
were the maritime limits of one State' held to be. binding upon another
under the practice and .law before 1930. The answer, it is submitted,
is perfectly plain and only wl1at would be expected-given the consen­
S"hlalfoundation of the international legal order. There was a general
recognition that a maritime belt extending for a marine league was
to be accepted by all States, so that a limit of three miles was not open
to challenge. Larger daims had international legal force to the e:xtent
that they were recognized either expressly or by implication because

aState could show an historie or prescriptive title. l must ask permission
to quote again here the statements of Gide! and RŒstad which wc
have already given in paragraphs II7 and :oS of our Reply.
Gide! says:
"Pour le moment, on se trouve conduit à n'attribuer à la fixation
faite par un État de ses eaux territor.ia\es au delà de la limite de

3 milles universellement adoptée comme.minimum qu'une valeur
essentiellement relative.La fixation par l'Etat riverain de l'étendue
de sa mer territoriale ou déses zones spéciales côtières a bien ;une
valeur absolue en droit interne à l'égard des nationaux de l'Etat
riverain. Elle n'a d~ valeur internationale que par l'assentiment
individuelde chaque Etat et pour cet Etat seulement."

RŒstad says:
"Le plus important, ce n'est pas, du reste, à mon avis, de savoir
quand et comment a eu lieu l'occupation ou l'usurpation de tel ou STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 51 53

tel droit sur la mer côtière. L'important, c'est de savoir quand et
comment a eu lieu leconsentement exprès ou tacite des nations qtû
donne à l'occupa o1tiào~usurpation la qualité d'ttn litrededroit."

And again:
"Lorsque la pêchecôtière a étéréservée,en Europe, aux habitants
des pays respectifs, les grandes Puissances maritimes se sont arrêtées
à.la limite de trois milles. Elles sont également obligées de recon­
naître aux autres pays le droit de s'approprier la pêche côtière
jusqu'à ladite distance. Mais, lorsqu'il s'agit d'une innovation,

elles ne sont pas, à mon avis, obligées de respecter une zone plus
large que celle de trois milles."
What these two authors said, HŒstad writing before and Gide! writing

~fte tre Codification Conference, is what the United Kingdom says now.
The Norwegian Government's repudiation to-day of the system of
tixed limits in international practice and its rejection of the very concept
of the maritime belt are difficult to take seriously. The Danish-Norwegian
Kingdom, as I have mentioned, was one of the founders of the system
in the r8th century, and in the course of the 19th century the system
becarne a general practice aceepted as law. Norway's own maritime
limits have been expressed in terms of the system of the maritime belt
ever since I745· The Royal Decree of 1935 itself, although in our view
it violates by its base-lines the tide-rnark rule, equally applies the
principle of the maritime belt of tixed width. Moreover, it is plain
that the Norwegian Government itself until quite recently consideree!

the system of the fixed maritime belt to be an established part of inter­
national law. For, as I have mentioned, in 1922 Nonvay herselt protested
against a new Russian daim as being an extension of existing limits
and prejudieial to Norwegian fishing interests. Again, at the 1.930
Codification Conference, when the time came for each State to declare
îts position upon the width of the territorial sea, the Norwegian delegate,
having first pronounced in favour of the four-milelimit as being older
than the three-mile limit, said (Plenary Meetings, p. 136) :

"With regard to other countries, the Norwegian Government
would be·prepared to recognize a greater width of territorial waters
provided, as is stated in the Norwegian Government's printe.d Reply,
·that the demand was based on contùmous and ancient usage."

Th1s was a statement that Norway would only respect a claim in
excess of four miles if it was already an established usage. In these
circurnstances, it really is impossible-wsubmit-to attach any weight
to the Norwegian Government's repudiation of the established system
of the maritime belt of tixed width in. the present proceedings before
the Court.
The records of the 1930 Conference and, in particular, the very dis­
agreement about the three-mile limit which brought clown the Conference
provide unanswerable proof of the faet that States do not consider

themselves to be bound to recognize maritime daims of other States
going beyond the established limits which they have recognized.
I have quoted Gidel and RŒstad. H one may take Secretary Seward's
statement as an expression of rgth-century State practice, you fmd him
saying that a sovereign 54 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX SI

"....cannat, by a mere decree, extend the limit and fix it at six
miles, because, if he could, he could in the same manrier and tJ.pon
motives of interest,ambition or even upon caprice, fix it at IO, or
2 o, or 50 miles, without the consent or acqùiescence of other Powers
which have a common r.ight with himself in the freedom of ail the
ocean".

Is there any trace here or in RŒstad or Giclel of the iclea that the
formulation of a daim by aState in accordance with its interests creates
an obligation for other States to recognize the claim ? On the contrary,
it is said inthe most unmistakable manner that the mere interest of the
coastal State does not suffice to establish its daim as a legal right binding
upon other States.

It follows that the Norwegian Government's present theory had no
place in maritime international law as it was known in 1930. The theory
is; indeed, in conflict with the declaration of.Norway's own delegation
at the 1930 Conference. There is no trace in international practice of
any principle whereby the daim of a coastal State made in accordance
with its interests creates an obligation for other States to respect the
daim. That, no doubt, is the reason why the Norwegian Government,
in constructing its theory, makes no attempt to fmd any direct authority
for it in international practice. Instead, it embarks on a speculative and
one-sided interpretation of the history of the development of the present
law which I shall now examine.
The Norwegian Government asserts in paragraphs 315-323 of its
Rejoinder that ali the various measures found in legal history-that is
the range of vision, cannon-shot, the three-mile limit-have merely been

attempts to give concrete expression to a fondamental norm that a
State is entitled to maritime territory to the extent necessary for the
protection of its legitirnate interests. The word "legitimate" begs the
whole question-legitimate in respect of whom ? Of the coastal State
alone? lnterests, from a legal point of view, are only legitimate in their
relation to the interests of others, and so, of course, it was in the case
of the various measures adopted for maritime limits. Are we really to
think that the Danish-Norwegian Kingdom, when it reduced its claims
to range of vision, four leagues, one league, etc., under the pressure of
the rnovement towards the freedom of the seas, did so solely because of a
reduction in its estimate of its own interests? Such altruism was not to
be found in the practice of States in the 18th century. The smaller and
smaller Iimits were fixed from the double point of view of Danish-Nor­
wegian interests and the respect that others might be expected to give to
those interests. The double element of claim and respect for the daim is

conspicuously present in the cannon-shot rule. The three-mile limit, in
origin linked to the can,non-shot, was also introduced into State practice
both in prize and fisheries under the two-fold pressure of the interests
of the coastal State and the interest of other States upon the high seas.
Consequently, the dogrnatic assertion of the Norwegian Government that
the fondamental norm of the various measures is the interest of the
coastal State alone, cannot be accepted. The limits laid clo,vnin the vari­
ous meas1Jfesrepresent the line of compromise between daim and respect
for the daim at the various epochs-the line of reconciliation between
exclusive national interest and the interests of the community upon the
sea. The interests of the coastal State are certainly the reason for it STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX SI 55
being allowed any sovereignty at all on the open sea, but the extent of
that sovereignty is necessarily determined by reference to the interests

both of the coa.stal State and of other States. The fondamental norm is
the consent of States. ·
ln fact, Norway could only support an argument that, owing to the
existence of a diversity in State daims in the matter of the breadth of
territorial waters, any daim by a State is binding on all other States
(unless proved unreasonable, whatever check tint may be) on the
basis that in case of doubt the bias or presumption is in favour of indivi­
dual State sovereignty and against the freedom of the seas. Yet, as I
mentioned at the beginning, Norway repudiates the existence of such a
bias-she contends that the two principles are of equal weight.
It does not help the Norwegian case to invoke the support of the
classical writers of the rSth century, Grotius, Pufendorf and ·wolff,
who wrote before the modern practice in regard to coastal waters had
taken shape which is admitted to be the beginning of the rgth century.

Undoubtedly, these writers regarded a Sta.te as having an interest in its
coastal waters, which warranted it in having jurisdiction over sorne
area of sea, but that does not touch the problem of where the Iine
between coastal sovereignty and freedom of .the seas is .to be drawn.
Nor-I imagine-would Norway wish Grotius's view, that the legitimate
interests of a coastal State do not include exclusive fisheries, to be up­
held to-day ..As for the three other citations from François's Report at
the 1930 Conference, from Westlake and from the preamble to the
'United Kingdom's Territorial \Vaters Jurisdiction Ad r878, we have
dealt with them in paragraphs 143-146 of our Reply. They provide no
-support for the vÎe\v that States are bound by intermüional law to
respect a coastal State' s unilateral extension of its maritime lîmits.
Since neither the State practice up to 1930 nor the Codification
Conference itself provide any support for the view that a State is bound
to respect a unilateral extension of maritime .lîmits by another State,

we fail to sec what difference the alleged new tendencies in maritime
international law make in our position vis-à-vis Norway. The conten­
tions of the Norwegian Government in regard to these new tendencies
will be found in paragraphs 207-226 of the Counter-Memorîal and in
paragraphs 261-293 of the Rejoincler. Norway there relies particularly
ün two recent developments:
{r) new daims to jurisdiction over the resources of the continental
shelf, and
(2) new daims to extended m;lritime limits, many of them taking the
form of daims to the waters over the sr1elf.

The first development îs completely irrelevant, as these daims are
daims to what is under the water and not to the water itself. The second
new tendency amounts at most to the making of new daims, and what
îs in issue in .this Court is the obligation of a State to respect a new
daim. I have already made the point that a claîm-especially a mere
paper claim-is only one half of the picture-the other half is equally
essential:-namely the reaction of other States .to the daim or more
particularly to its enforcernent. These new daims are at present mere
paper daims and have been met already by protests. There has been

110-enforcement at all.
A few States, as the Court will be aware, have asserted daims no.t
on]y to the sea bed and subsoîl of the continental shelf (that claim is ~6
J, STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-26 lX 51

îrrelevant) but to the epi-continental sea above the shelf. These daims
to the sea evoked prompt protests from the United States and from the
United Kingdom. The relevant passages of my Government's note to
the Peru vian and Chilean Governments will be found in Annexes 38
and 40 to our Reply. ·
In this connection I invite attention to my Government's note to
Honduras, Ecuador, Costa Rica and El Salvador, and the United States
note to Chil.eand Pern recenfly filed. I must also read to the Court the
text of a note which my Government has received from the Netherlands
Government. The note was received too late for me to file it and for the
Court to issue translated copies. I have, however, two or three days
ago, given a copy to the Norwegian Agent. This is the Netherlands

note :
"JYIINISTRY OF FOREIGN AFFAiRS,

THE HAGU,.~

Direction General Affairs.
No. 92339.

The Ministry of Foreign Affairs presents its compliments to His
Britannîc Majesty's Embassy and with reference to the Embassy's
Aide-Mémoire of September uth, concerning the 'continental shelf
proclamations of severa! Latin-American States, bas the honour
to inform the British Embassy as follows.
The Netherlands Government is willing to accept the rule that
the continental shelf is subject to the exerdse by the coastal State
of control and jurisdiction for the purpose of exploring it and
exploiting its natural resources. ·
In the opinion of the Netherlands Government the said exercise
by the coastal States does, however, not affect the legal status of
the superjacent waters as high seas, nor the legal status of the
air-space above the superjacent waters.

\Vith regard to the meaning of the term 'continental shelf',
the Netherlands Government's opinion is that it refers to the
sea becl and subsoil of the submarine areas contiguous to the coast,
but outside the areas of territorial waters where the depth of the
superjacent waters adroits of the exploitation of the natural.
resources of the sea bed and subsoil.
In so far as the continental shelf proclamations of severa! Latin~
American States exceed the above-mentioned principles, the validity
of the proclamations will not be recognized by the Netherlands
Government.

The Hague, September rgth, rgsr.

To the British Embassy,
THE HAGUE."

In general, States which have made daims to the continental shelf
have stressed that no daim is macle to the waters above. Moreover, the
International Law Commission in its Report covering its second session
in 1950 said emphatically and without any apparent dissent (AjCN.
4134, p. 62) : . STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 51 57

"There coiJld be no question of such right of control and jmis­
diction (i.e. in regard to the sea bec\ of the continental shelf) over _
the waters covering those parts of the sea bed. Those waters
remained under the régime of the high seas. The exercise in them
of navigation and fishing rights might be impaired only in so far
as w~s ,;trictlynecessary for the exploitation of the sea bed and
subs01l.

Then, in its session this year at Geneva, the Commission formulated
the following draft Article 3 of a proposed convention on the continental
shelf (A/CN.4,!Lr7, p. 7) :

"The exercise by a coastal State of control and jurisdiction o\ier
the continental shelf does not affect the legal status of the super­
jacent waters as high seas."

Commenting upon this text, the Commission said (ibid., paragraph 24,
on p. 8):
"lt is true that certain national regulations connect the question

of fisheries and the protection of the resources of the sea in the­
waters covering the sbelf with that of the exploitation of the sea
bed and subsoil. The Commission considers, however, that these
questions should .be dearly distinguished from each other."

Thus, the continental shelf trend scarcely seems to point to an obliga­
tion upon States to recognize new daims to the waters of the sea going
beyond established limits even when put forward as being in accordance
with the legitimate interests of the claimants.
Turning again to the question of new extended maritime daims which
are not in any way connected \vith the continental shelf, it is also the
case that States have not regarded themselves as under a legal obligation
to recognize the new daims to extended maritime belts. Severa! of the
new daims have met with protests from the United States and the
United Kingdom. Other States have also protested against extensions
of maritime limits affecting their particular interests. Thus, foex~Lmple,
Cuba protested against Mexico's assertion of ag-mile limit and Denmark
and Sweden against the rz-mile daim of the Soviet Union. Iceland's
new daim, which wa.s referred to in paragraph 264 of the Rejoinder
and which is set out in Annex rrz to that pleading, has already met

with protests from the United Kingdom and from the German .Federal
Republic, but as I said before, the Icelandic Government has agreed
not to enforce this daim against British ship,s until the Court has decickd
this case, and the Icelandic Government officially communicated this
decision to the Press on rzth September last, and I want to say ag<,in
that my Government warmly appreciates the attitude which the
lcela:ndic Government has adopted. 1 would like to say that we think
it migbt be an example which could proli.tably be followed elsewhere.
Casting our eyes round the \vorld, perhaps thinking of this case and
of other cases, one might feel indined to say, when hearing of the
lcelandic Government' s action, "0 ! sisic omnes".

The Court will have beard a slight mistake in the interpretation iust
now in regard to lceland ; Icelancl is waiting until this case is finished and
not for the decision of the Court on a case between the United KingclomS8 STATE\\IENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX SI

and lceland. I think the interpretation conveyecl the .latter impression.
My point now is simply that States in their most recent practice
have not shawn any sense of being under a legal obligation to recognize
new uni.lateral daims.
Protests are not as a rule published as are decrees, and States commonly
do not lodge any protest until an incident occurs in respect of their own
vessels. Even so, the known protests show that States continue to hold
themselves free to refuse recognitiono new daims in excessof previously
recognized limits.
ln concluding my remarks on the topic of the breaclth of the maritime

belts,J must revert once more to the recent Swedish and Danish protests
ù1 regard to fishery limits in the Baitic as evidence that the standpoint
of States is predsely the same after, as it was before, the 1930 Conference
in regard to the recognition of new maritime daims. As the Norwcgian
Government, in paragraph 263 of the Rejoincler, has sought to discount
the importance of these recent precedents, I shall take up a few moments
in examining the language of the notes, which is extremely significant.
The Norwegian Government has submitted to the Court, in Annex III,
the full texts of the Swedish and Danish notes of 24th j uly, 1950,
-..vhichwere not available to us when we filed our Reply. lt contends
that in these notes the two Governments do not maintain that any daim

to a particular width of territorial waters requires acceptance by other
States. The two Governments are said only to maintain that by an histor­
ical process a regional legal system has been speciallyestC~.b lnitshecl
Baltic with a customary maximum limit of 4 miles and to assert that
any extension beyond this customary maximum requires the agreement
of the .littoral States of the Baltic. But the Norwegian Government does
not by any means do the language of the two Governments full jListice.
The view which these two Govermnents express in thcir notes is, 1
think, the same as ours. They insîst that any daim, whether inside or
outsicle the Baltic, which goes beyond limits established in international
usage, is not binding upon them.
Tl1e assertion of the Norwegian Government that the effect of the
notes is limited to the special case of the Baltic is an extraordinary

mis-statement of their meaning, as I hope now to show. After an intro­
ductory paragraph, the note of each Government recites th at it has never
recognized the right of any coastal State in the Baltic to a 12-mile limit.
\Vhat other purpose could this recital have than to assert that, not
having previously recognized any 12-mile limit in the Baltic, each
Government is free under international law to decline to recognize the
Soviet daim ? The recital directly negatives any idea of a presumption
of law in favour of the legitimacy of a coastal State's daim or of submis­
sion to any supposed competence of the coastal State to fix its limits
without regard to others. The two Governments clearly considered that,
not having committed themselves in the past, they were completely

on equal terms 'vith the claimant State under international law in regard
to the acceptance or rejection of its daim. They do not in any way suggest
that this is a special regional rule peculiar to the Baltic, because each
Government, after recording its view that the rules concerning the limit
of territorial waters are not ùniform,ade the following most important
declaration :
"~... there can be no doubt that Enropean States have assignee\

fixed limits dating from sorne centuries ago to their territorial STATEil.ŒNT BY SIH. ERIC BECKETT (U.K.)~IX z6 5I 59

waters. ln the case of the Baltic States. this limit extendecl to three,
and in certain cases, to four sea miles. ln this way a legal code bas
been established whereby the sea beyond these territorial limits
must be regarcled as open sea, and which, therefore, under inter­
national law, cannot be the subject of occupation. Any extension
of territorial waters, therefore, amounts to an appropriation of the
open sea, where the nationals of every State enjoy fisbing and sailing
rights without interference by other States." ·

The Court will observe that, in flat contradiction with what is said in
the Rejoinder, the two Governments did not limit the cf(ect of their
observations to the Baltic. They went out of their way to say that the

system of fixed limits, on which they relied in the Baltic, applied to the
whole of Europe-including, of course, Norway. They maintain that the
existing system of fixed limits in Europe constitutes a legal code, so that
no extension is possible without agreement. Their remarks about the
Baltic are put in the framework of remarks relating to Europe as a
whole. The fact is that their stand pointis the same as that of my Govern­
ment before the Court to-day and incleed the same as that of the Nor­
wegian Government itself when it addrcssed the Soviet Government
in 1922.
The remaining two paragraphs of the notes only serve to underline
the standpoint of the two Governments that extensions of maritime
sovereignty beyond establishecl Jim.its impose no legal obligation on
other States. The penultimate paragraphs refer to the Helsingfors
Liquor Convention of rgth August, 1925, which gave an exceptional
to Baltic States up to a limit of 12 miles
contiguous zone jurisdiction
for the sole purpose of preventing liquor smuggling. The pmpose of this
reference was simply to show that the extension of this jurisdiction
beyond established limits was recognized by the Baltic States to require
special agreement. In the final paragraph, each State solemnly records
its "reservations in regard to an extension by any State of its territorial
waters beyond the Iimits sanctionecl by history". I ask the Court again
.toobserve that, in making these reservations, the two Governments
do not limit their force and effect to tl1e system of eshlblished maritime
.limits in the Baltic-or, indeed, to the system in Europe as a whole.
Their reservations relate quite generally to any extensions beyond
established-accepted-Jimits. However, I need not labour this point,
as the two later notes of July I95I, which the United Kingdom filed,
make it quite clear that tl1e two Governments were not relyîng on
principles confined to the Baltic. 1 must ask the Court to look-at these
last two notes from whîch 1 have earlier quotecl two extracts.

The Norwegian Government says-with perfect propriety-that it
is not called upon .in this case to express any opinion on the value of
the contentions advanced by Sweclen and Denmark in their notes.
Nevertheless, we can get an idea from the Norwegian protest in rg22
relating to Northern European waters and from the tenns of its declar­
ation at the 1930 Conference of what was the opinion of the Norwegian
Government concerning these contentions bdore it embarked on the
task of writing an argument in defence of the 1935 Decree. 1 read this
1930 declaration to the Court a little while ago but, as it is very short,
I will do so again :60 STATE!IŒNT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 5l

"With regard to other countries"-that is other than Nonvay­
"the Norwegian Government would be ·prepared to recognize a
greater width of territorial waters provided, as is stated in the
Norwegian Government's printed Reply, that the demand was
based on continuous and ancient usage."

The statement is perhaps a ·little Jess emphatic, but cleatly the Nor­
wegian Govemment in 1930 was saying in substance what the Swedish
and Danish Governments are saying to-day to the U.S.S.R. and what
the United Kingdom is saying to the Court in the present case.
For the purpose of the present proceedings, it is quite sufficient that
the Court should have regard simply to the establîshed European system
of fixed limits. This case particularly concerns the system of limits
established in the North Sea and in the waters further to the North,
where, in point of fact, the system is almost exactly comparable with
the I3altic system. Sorne States, measuring- by the marine league, daim
a 3-mile limit; others, measuring by the Scandinavian leat,"ue, daim a

4-mile limit. Iceland has only recently joined the latter group-an
extension of established limits which we do not admit. But, in general,
the estab!.îshed system of limits in Northern Europe has exactly the
same pattern inside and outside the Baltic. All accept the 3-mile daims ;
sorne do and sorne do not accept the 4-mile daims. At all events, three­
mile or four-mile daims represent the established, historical system.
We recognîze Nonvay's 4-mile daim just as she recognizes our 3-mîle
daim. \il,lhat we protest against and have dedined to recognîze îs Nor­
way's attempt to extend her maritime boundary beyond ber established
four-mile limit by failure to observe the tide-mark rule and to this-the
second of our submitted rules of international law-1 can now turn,
having endeavoured to convince the Court that :
(r)the system of the maritime belt of determined width-the system
described by Professor Basdevant in 1912 as "la conception classique
de la mer territoriale" (see our Reply, pa.ragraph 147)- is an establishecl

part of modern international law ; .
(2)international law leaves a State free to refuse to recognize a new
unilateral daim extending beyond the previously accepted limits of the
coastal State concerned.
1 would add that Norway has accepted the position that there is no
bias in favour of State sovereignty as against freedom of the seas.
Further, there is no burden of proof as regards the general rules of
.international law. fura novil curia is a principle accepted by both
Parties before the Court.

·[Pttblic sittinof Septembcr 26th, I95I, aftcrn.oon.]

May it please the Court.

I wish to begin this afternoon with a new subject, the tide-mark rule.
Our contention is that, "subject to the mles governing bays, islands
and olher elevatiom of the sea. bcd, territorial waters must bemeasured
from low-water m;~r along the entirc coast". The coast is the base-line,
subject to ceüain exceptions. Vo,iherethere is a bay the base-line is
the mouth of the bay. Islands- only create exceptions where they lie
in or off the opening of a bay. Otherwise an island is simply a piece STATElliENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 5l 6I

of terrîtory wîth its own coast as the base-line. The Court is not, in our
view, obliged to decide in this case whether islands create another
exception where the re is a fringe of islands off the coast (outer coast line
theory), because in Norway's case we admît Nqrway's title to the

waters insicle her fringe of islands on historical grounds. Low-tide
elevations create an exception \vhen situated within the breadth of
territorial waters from the coast.
The tide-mark rule is, in our submission, an essential counterpart
of the rule that territorial waters consist of a belt of fixed breadth. The
two rules are really two inseparable parts of one whole. The maritime
belt has no meaning or existence apart from the territory to which it
is appurtenant. As Norway herself maintains, it is land which creates
the right to maritime territory. The definition of land or territory is
an essential part of the system of the maritime belt. State practice
has recognized that under certain conditions certain areas of sea, namely,
bays which are enclosed within the land, may be treated as if they were
within the land frontiers of aState. The base-line for the maritime belt
is the territory, generally land territory, but exceptionally interna\

waters. If aState really could at its own pleasure fix its maritime frontiers
without regard to the land, the whole basis and abject of the established
system of the maritime belt is gone.
No doubt, it was precisely because the Norwegian Government realized
that the tide-mark rule is an inseparable adjunct to the principle of the
maritime belt that it felt constrained to rej:mdiate its recognition of
the very principle of the maritime belt.
Our contentions in regard to the tide-mark rule are very simple.
We agree with the Norwegian Government that in principle maritime
territory is accessory to land. From that we conclude that it is not
only the customary, but the self-evident, rule that in principle the base­
Jine of the maritime belt is the actual line of the land where it meets
the sea. Modern international law, taking account of the natural fact
that the sea has tides, defines the line of the land bv reference to the
low-water mark, in arder to give the base-line precision. But the low­

water-mark rule is nothing but the agreed legal definition of the actual
line of the land for the purpose of applying the system of the maritime
])elt.Vie further conclude that, the base-line being in principle the coast
line, departures of the base-line from the coast line have to be justifiee\
by the coastal State as within exceptions permitted by intermüional
law. This justification consists in showing that the departure from the
coast line falls within one of the recognized customary exceptions, for
instance, it is a I.o-mile bay, or a bay or picce of water that has been
recognized as an historie exception. In short, we say that yoü must take
your maritime belt from the land itself unless in the particular circurn­
stances the law permits to do otherwise. vVe maintain that the tide­
m<trkrule is as weil and as clearly established as any rule of customary
international law. The Royal Decree of 1935 violates the ticle-mark
rule because the base-lines laid clown there are not the coast nor can
they, for the most part, be justified by any of the recognizcd exceptions
-for instance, bays. V·,lebelieve tint this is the essential key issue

to the whole of the first part of the case.
Now, before I go further I want to try and make one or two simple
things clcar and explain what certain terms, which I shall have to use,
mean.6z STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-z6 IX 5I

First, the rule that territorial watersconsist of a belt of fixed breadth
does not mean; and has never meant, that the belt runs like a ribbon,
something which is of even width throughout. lt does. mean that every
bit of water which is within the ftxed distance from the base-Jine (which,
subject to the exceptions, is low-\vater mark) is in territorial waters.

It does also mean that every point on the outer rim of the belt is within
the fixed distance from sorne point on the base-line, but it cloesnot mean
that every point on the base-line is within the fixed distance from the
outer rim.
Second, what is referred to as the "arcs of circles method" is nothing
more than the obvions way of ascertaining whether a piece of water is
witl1in the fixed distance from the nearest point on the base-line. You
take the land nearest to the spot of water in question and see ifthe spot
in question is \Vithin the fixed distance of it.
You do this on a chart by putting the point of your dividers on the
spot in question and then draw a circle with the pencil and see if the
circle touches or crosses the base"line at any point. ':lit does, the spot
is in territorial waters. lf it does not, the spot is outside territorial waters.
Tf the spot îs exactly the fixed distance from the nearest point on the

base-Jine, then it is on the outer rim of the belt. That is what one most
frequently has to do-see if a particular position in the sea. is or is not
in territorial waters.You generally want to ascertain whether a certain
position in the sea is inside or outside territorial waters because something
has happenecl there. You are, soto speak, in the sea and .looking towards
the land. Sometimes, of course, one wants to plot the outer rim of terri­
torial waters from the base-line, as we have clone in our pecked green
!ines, and how this is cloneby the divîders on the chart will be indicated
in a minute. The "arcs of circles method" is not a new method invented
by Mr. Boggs or Professor Gidel. It is merely what everyone has done
for years. 1tis just the obvions way to doit-once it is understood what
the rule that territorial waters are a belt with a fixed breadth really
means. Mr. Boggs may be the first persan who gave a long-used process
a particular name, but he did not invent it.
Thirclly,what has been referred to as the trad parallèle method is

not a method at all. It is simply a mîsconception based on the mistaken
view of the rule-namely, the mistaken view that the belt of territorial
..,vaters was like a piece of ribbon so that the outer rim followed the
base-Iine with all the latter's curves reproduced. No one who has studied
the matter both from the legal and practical point of view has ever
thought that tracé parallèle was a method at ali or anything else except
a mistake.
In the Counter-Memoria\, the Norwegian argument against the hele­
mark rule ran broadly on three lines : (r) a suggestion that the rule
cannot be regarded as established when there have been minute diver­
gences as to the precise method of calculating the low-tîde mark ; (2) a
confusion between the base-line and the methods of delimiting the outer
rim of the maritime belt from the base-line; and (3) an extreme distor­
tion of the views of Gidel, Boggs and other writers and of the records
of the 1930 Conference. The distortion was, I believe, due to a confusion.

\~l dealt fully and, I think, faithfully with these arguments in our
Reply where our main contentions were as follows:
(r) The idea that, because the tide mark may not have been legally
defined to the last millimeter the rule is not to be considered established, STATEI\IENT BV SIR ERlC BECKETT (u.K.)-26 IX 51 63

is quite untenable. On the contrary, the establîshment of the rule is
conclusively shawn by the fact that jurists in their writings and States
at the 1930 Conference have not questioned the rule itself, but have only
concerned themsel ves wi th giving t ultima te precision.

(2) The Norwegian Govërnment had by a confusion criticized the
"tracé parallèle" and "courbe tangente" (arcs of cîrcles) methods of
delimiting from the base-line the outside edge of the maritime belt
as ifthey were rules concerning the base-line. The whole of its arguments
based on Gide! and Boggs's criticism of the "tracé parallèle" method was
therefore complete! y misconceived and, Jurthermore, completely reversed
the views which these writers demonstrably held in regard to the base­
line.
(3) In fact, both Gide! and Boggs and other writers give unanimous
and solid support to the tide-mark rule plus, of course, its attendant
recognized exceptions. The same is true of the work of learned societies.
(4) State practice and the proceedings of the 1930 Conference
conclusively prove the general acceptance of the tide-mark rule as an
established rule of international law. As 1 have said, the status of the
tide-mark rule is a critical issue in this case, and 1 ask the Court to give

particular attention to paragraphs r8o to 209 of our Reply where our
detailed arguments in support of these co!ltentions will be found.
1 shall confine myself now to dealing with the further points advanced
by the Norwegian Government in its .Rejoinder. No attempt is there
made to rehahilitate the last millimeter argument-the argument that
Jack of absolute precision in the hele mark annuls the rule-and 1 need
say no more about it. On the other hand, a considerable part of the
Norwegian argument in the Rejo.înder is clevoted to trying to rehabilita te
its argument founded on a criticism of the "tracé parallèle" and "courbe
tangente" methods of delimiting the outer rim of the maritime belt.
The relevant p::iragraphs of the Rejoinder are 365-374. The argument
in the Rejoinder is, however, really quite different from the argument
in the Counter-Memorial.
ln the Rejoinder, Norway recognizes that the notions of the base-line

and of the outer Jimît of the belt are distinct, but adduces another
argument founded on the mistake that the maritime belt is like a piete
of ribbon instead of being simply all those waters which are within four
miles ·of some point on the base-line.
The Norwegian Government maintains that, if the base-line bas to
be the physical coast line and the belt bas to be of equal width ail along
the coast, then its outer limit must necessarily be strictly parallel to
the base-line. ln other words, the outer limit of the belt must faithfully
reflect allthe sinuosities of the coast-which we, like Gide! and Boggs,
agree is not to happen. The argument, in effect, is that our concept ·
of a maritime belt of even width along the coast drawn from the physicai
coast lineby the arcs of circles method is seH-contradictory. The fallacy
of the argument is that it is not the case, a:nd we have never suggested
that the maritime belt is of even wîdth ali along the coast in the sense
of beîng like a ribbon. The rule is that the belt consists of ali waters
which are within four miles from the nearest point on the base-line, which
is quite a different thing. As 1 have said, the arcs of cirdes method is

merely the means by whîch it is ascertained whether a given bit of
water is or is not within the fixed distance Jrorri land, and when once
this is appredated it is quîte obviously the rnethod of doing it.64 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 5I

I now come to the use of the arcs of circles method-which is nothing
more than the use of a pair of dividers on a chart so as to plot on the
chart the outer rim of the maritime belt.
Developing its argument in detail, the Norwegian Government refers
to our explanation of the arcs of circles method in Annex 42 ofour Reply

and makes play with our statement that .in practice not every point
on the base-line is significant for plotting the outer line of the belt.
This is perfectly true, because where y;m have a small indentation, the
bottom of it will never be the nearest point on the base-line to any point
on the rim. Next, the Norwegian Government says that, if mînor con­
cavities in the base-line do not influence the plotting of the outer limit
of the belt, then the distance from low-water mark to the outer limit
is not always four miles but sometimes îtis rather more than four miles.
Perfectly true; that is the position where there are minor concavities.
We never said that the distance from every point on the base-line to the
outer rim was four miles, but that the outer rim will ahvays be four
miles from sorne point on the base-llne, \Vhich,of course, as I said before,
is a different thing.
From that reasoning, the Norwegian Government concludes that >ve

are faced with an unavoidable dilemma : either the base-line does not
always coincide with the low-water mark or else the width of the mari­
time belt is not always four miles. The supposee\ dilemma does not,
however, exist, and the whole argument to us rests on the fallacy that
the belt is like a ribbon-whereas the rule is that the belt includes ali
water within the fixed distance from sorne land.
Now with the Court's permission 1 should like to ask Commander
Kennedy, la te of the Royal Navy and now of the Hydrographical Depart­
ment of the Admiralty, to explain to the Court very simply how it is
clone, with the aid of simple diagrams. It is Commander Kennedy who
prepared the charts. which are now behind me. He is,"so to speak, at
the present time the British equivalent of Mr. Boggs so far as maritime
matters are concerned. I do not think he will occupy the Court's time
fox more than about fifteen minutes, and he will explain this matter
so much better than r can.
May J, Mr. President, ask Commander Kennedy to give a brief

explanation t,othe Court ?
Le PRÉSIDENT: Je prie le commandant Kennedy de donner ses
explications.

Commander KENNEDY : May it please the Court. Sir Eric Beckett
has asked me to address the Court on the method of drawing territorial
limits on a chart, as it is essentially from a seaman's point of view that
this problem should be approached. My qualification to speak from
such an angle is nearly thirty years' service in the Royal Navy, more
than twenty of which included duties both as a hydrographie surveyor
aftoat and ashore, and also as a. navigating officer.
As far as the limits of territorial waters are concerned, it is primarily
from a seaman's point of view that an examination of the limits should
be approached, for it is ships themselves which have to steer to keep

themselves outside those hmits. T shaH later show, however, that the
problem of delimiting territorial waters from the land is only the reverse
·processof one of the commonest problems that a navigator faces at sea,
namely, "How far am I off the coast?" STATEi\1.ENT BY SIR ERIC BECKETT (V.K.)-26 IX SI 6S
I will continue by endeavouring to explain this problem in its con-
nection with territorial limits by means of three diagrams. 1
Respectfully asking your permission, Mr. President, in order to a.ssist

the Court in .following the diagmms with my remarks, I will ask my
colleague, Mr. Evans, also of the Admiralty, to point to the various
positions as I come to them in my description.
Le PRÉS!OE!\T : L'autorisation est accordée.

Commander KENNEDY: In this ftrst diagram, let me consider the
case of a ship approaching a coast and wishing to keep more than four
miles from it. I will not waste the time of the Court by explaining
exactly how a ship fixes her position at sea and then plots this position
on the chart.
Here, then, at the bottom, wc have a stretch of coast and this line
represents the lo\v-water tide-mark. Off this coast is a ship steaming

towards the land ; she fixes her position and plots it on the chart, up
here where it is marked "X". She now wishes to know how far from the
coast she îs. The navigator takes his pair of dividers aùd, with one leg
of them centred on this point "X", swings arcs \vith them in such a
manner that the coast line at the nearest point to the ship, here at
"X r", is just touched by the other.leg. l'he dividers are then placed
against the scale on the ch<lft and their span measured. In this case it
will be seen thaJ the distance is five miles.
The ship continues to approach the land and fixes herself again -he re'
she is, at point ''Y''. This, by a similar process, is found to be 3 ~miles
off shore; she thus finds herself inside four miles of the nearest coast
and turns seaward until reaching the point "Z", where by a similar

process, she est:1.blishes that she is exactly four miles off shore. She is
then on the territorial water limit.
To sirnplify her problem of keeping outside the limit of territorial
waters, four miles from the coast in this case, she may wish to draw this
limit on her chart and so be able to set such a course asto avoid crossing
it. If near to the limit she will constantly fix her position and alter
course as necessary. This is the same problem that the landsman is
faced with, namely drawing the territorial water limit from the land.
From my tirst chagram it will be remembered how a ship establishes
ber distance from the nearest land. The problem set for the navigator
then of drawing the limit merely amounts to a method of drawing aline
so that ail points on it are exactly 4 miles distant from the nearest land.
As far as 1 am aware, there is on!y one method of solving this problem,

na:mely, to swing arcs with 4 miles radius from every point on the coast line.
It is only possible, of course, on a diagram to show a few of these arcs,
and I shall endeavour to explain later how it is that arcs from certain
points do not affect the outer limit and so even, in practîce, need not be
drawn.
1 now come to diagram No. 2. At the bottom we again have the coast
line which in this case includes a bay of sorne size-here. This outer
line represents the low-water line. Points along this stretch of coast have
been numbered from Ion the left to 14 on the right of the ùiagram. Sorne,
vou will notice, are numbered in black and others in red. '
' Now, up here, we have the arcs with a radius of 4 miles each drawn
from the centres numbered I to I4 on the coast line. It will be seen that

each arc is numbered and coloured in a corresponding way to its centre
6 66 STATEMENT BY SIR ERlC BECKETT (U.K.)-26 lX 51

on the coast line. Now, what do we get from this? Clearly that the outer
lùnit of ail these arcs forms a continuons line made up of small parts of
the arcs themselves, but only of the black ones. The red arcs centred on
the red points on the coast hne numbered 2,3, 5, ro, rrand 13, all fall
on the landward side of the outer limit formed by the black arcs and
so do not affect tha.t limit.
The Court will notice that the centres of these black arcs are all on
the more salient points of the coast. Exactly why the arcs shawn in
red do not affect the outer limit, I will explain in more detail later.
The black points are not arbitrarily selected by the persan drawing
the arcs, but merely select themselves geometrically. In practice, of

course, with experience, one can soon see which points need to be used,
and consequently it is not necessary to waste time drawing arcs from
every single point along the coast line.
Should, of course, the coast line be straight or forma perfectly smooth
curve, phenomena which rarely, if ever, occur in nature, the outer limit
of arcs from such a coast will also form a straight line or smooth curve.
Such a straight line, <llthough rare in nature, is regularly made use of,
however, for the closure of certain bays.
Here, in the coast line at the bottom of the diagram, we have a bay
with an entrance Jess than io miles wide between its natural entrance
points numbered 7 and 8, This bay then can be closed by a straight line-
0thus. By the same process of arcs centred on e11erpyointon this line, the
outer limit here forms a straight line parallel to the Jine of closure 7-8.

The Court will, 1 am sure, notice that the outer limit-here at the
top-fronting ail this stretch of coast and forming the territorial limit,
is a far simpler geometricalline than is that ofthe coast line itself-here­
along the bottom-and yet every point on the top line is exact! y 4 miles
from the nearest point on the bottom line.
Now let me show the Court diagram No. 3. Near the bottom is indi­
cated a piece of coast having.a shallow indentation in it. I should explain
that this is too shallow an indentation to be a bay and, therefore, has no
closing line. 1 shall herery to show how it is that only the more sa\ient
points along a coast line affect the territorial limit clrawn from it, and
how those points within minor indentations such as those we have just
seen in red on diagram No. 2 do not affect the limit. As will be seen,
points B. and C are the more salient points, while point ]) lies in the
indentatiOn.

Up here we have the arc of 4 miles radius drawn from point B and
here a similar arc from point C. These are drawn in exactly the same
way as were those on the previous diagrams, and form the outer limit
as I have explained in diagram No. 2.It will be seen that these two arcs
intersect-here-a.t point A.
Now let us consider that a ship has fixed herself and finds that ber
position on the chart is a point A. As she is on the arcs centred on points
B and C, she must be exactly 4 miles from those points. Now let me
swing an arc with the dividers with a 4-mile radius centred on point A.
Here it is-shown in a pecked black line. It will be seen that this arc
justtouch ~he coast at points B and C and cuts in nowhere else. The
ship therefore is in a position exactly 4 miles from the nearest land, which

is at points B and C.
Now with the same radius I will swing an arc centred on point D, the
point înside the indentation. Here is the arc-up here, shawn in a red
pecked line. STATE!v!ENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-26 IX SI 67

Now the ship at point A never can reach a position on this arc without
decreasing her distance of 4 miles from points B or C. In other words,
to attain a position within 4 miles of point D she must enter the terri­
torial waters defined here by arcs from points B -and C. Exactly the
same would apply if point D were situated anywhere within the inden­

tation between points B and C. It follows therefore that the arcs from
points B and C, the more salient points of the coast .line,are those which
control the outer lîmit, and points on the coast lying between such
salient points have no ef(ect on the limit.
What I have said is, T hope, a lucid expla:nation of a method which
has been used for centuries by seamen and by admiralties, prize courts
and admiralty courts of ail nationalities to determine whether a ship
at a given time was inside or outside territorial waters. It bas only
recently become known as the "arcs of circles" method, a name given
to it, I believe, by Mr. Boggs, the American geographer. The narne is
reallyrather a rnisnomer, for the ward "method" would seem to suggest
that there are other ways of doing the same job. I know of no other \vay
of drawing a territorial water limit that is genuinely always and exactly
4 miles from the nearest land.

As the Court has seen, the principle is nothing new, but it so happens
that it was not until after the 1930 Codification Conference that any
author considered it worth his while to write explanatory articles on
such a simple process long known to seamen.
Thank you, Mr. President, that finishes my explanation.

Judge Hsu lvJo: I should like to put a question to Commander
Kennedy, and I refer to diagram No. 2.
Commander Kennedy, before you draw the arcs of circles from the
different points on the island on the right si,de, do you have first to
determine the distance which separates the island from the mainland ?
Commander KENNEDV: The answer to the question is no. The terri­
torial water lîmit would be drawn around that island and also around

the land. If the arcs of circles from the land and the island intersect,
ali water insicle is territoriawater.
Judge Hsu Mo: Ifthe island is situated far up north, then it will
have its own territorial waters?
Commander KENNEDY: The island will have its own territorial
waters ali the way round it unless it is more than twice the distance of
the bréaclth of tèrritorial waters away from the land.

Judge Hsu Mo: Thank you.
Commander KENNEDY: May I repeat my Iast answer, because I am
told that 1 may have made an error in one ward. If the island is more
thau twice the territorial breadth from the land, itwill have its own

belt of territorial waters around it.
Le PRÉSIDENT:je remercie le commandant Kennedy et je donne
la parole à Sir Eric Beckett pour continuer son exposé.

Sir Eric BECKETT:The Court has beard Commander Kennedy, and
having beard him, the Court will, I am sure, find that the arcs of cirdes
rnethocl, so-called, is somethîng very simple and rather obvious.
If the legal writters have occasionally seemecl to envisage the belt
of territorial waters as running like a ribbon, it is because they gave 68 STATEMENT BY SIR .ERIC BECKETT (U.K.)-z6 lX 5I

no thought to the actual delimitation of the maritime belt. They bad
not appreciated the effect of concavities. lt is the fact that jttrists,
as opposed to practical men, gave no attention to the method of delimi­
tation until the eve of the 1930 Codification Conference. If, indeed,
territorial waters bad to be measured by what has been describecl
as the "tracé parallèle" method (though I have saicl it is not a methocl
at ali but merely the expression of an incorrect idea of what the rule
is). it woulcl incleecl be the case that along an indented coast, .like that
of Norway, you would get most inconvenient results. The pîcture would
not be at ail like our pecked green !ines on our charts of Northern
Norway or of Northwest Scotland. It would then be often difficult for
the mariner to know if he was in or outside territorial waters. If, on the
other hand, territorial waters are delimitecl, as indeed they always have

been, on the footing that you are in territorial waters if you are within
the fixed distance from the nearest land, then the mar.iner is in the
best position that he ever can be in for the purpose of ascertaining
whether he is inside or outside territorialwaters. To use the expression
which Commander Kennedy used, he simply "swings his arc" with his
dividers from the spot on the chart where he finds that he îs. Further,
the "tracé parallèle" would deprive the coastal State of much water
which it is entitled to possess under the rule. Norway in her pleadings
has, I think, only raised the ''tracé parallèle" as if it were a method in
the endeavour to show that, as there are conflicting metl10ds proclucing
different results,there is no rule. But as I have said, I do not think
anyone with both legal and practical kno\vledge has ever thought "tracé
parallèle" was a method at ali. Boggs and Gide! only mention it to
condemn it. No State, so far as 1 know, bas ever thought of using it.

Vle submit, therefore, that the Norwegian argument by which it
seeks to impeach the tide-rnark rule is misconceived and completely
iiMclmissible. It will not, I am sure, have escaped the attention of the
Court that the Norwegian Government does not attempt to deny that
State practice, the opinions of writers, the work of learned societies
and the records of the 1930 Conference, support the rule of the ticle mark
as the principal rule for the base-line. Nonvay does, indeed, advance
confusecl lmd tmfoundecl technical criticisms, not of the tide-mark rule
itself,but of the methods of delimiting the maritime belt from the
tide mark. My Govermnent has fully met these technical criticisms.
But our own arguments for the tide-mark rule, as the principal rule
for tl1e base-line, are not technical. We point to the facts, first, th at in
State practice, and in juristic opinion, it is the generally accepted rule,
and, seconclly, that at the rg3o Conference, the report of Sub-Committee
No. II automatically adopted it as the generally accepted rule. Our
-detailed contentions in that regard will be found in our Reply. I have

already referred the Court especially to paragraphs r8o-2og. V,Tethink
the tide-mark rule was part of Norwegian State practice. The r8r2
Decree itself cleariy contemplates the tide-mark rule, though it was
not then clear whether it was low tide. or high tide. This became clear
in rgo8 when Norway adoptecl the line of low tide. If the Court will look
at Annex 34 A of the Counter-Memorial, Vol. II, at the top of p. 102,
i t wiUfinclthe words ''la limite se cornpte à partir de la ligne duritoral
qui avance le plus dans la mer à marée basse". 1 invite particular atten­
tion to the worcls ''laligHd1 ~ittoral". Why did Norway bother to specify
low tide if the tide mark was not relevant at ali ? The Court will STATEl\ŒNT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 51 69

remember Norway's protest in rgzz to the Soviet Union to which 1
referred earlier on, and in particular the words "reckonecl from low­
water mark on the mainlancl and islands". Further, .Dr.Raostacl in his
opinion in the Deutschland case, in rgz6, referred to the arcs of circles
method in a manner which showecl it was not new to him or indeecl
considereclby him to be a wrong methocl for the Nonvegian coast. He clic!
not apparently think so. The reference is to Vol. II, p. '736of Annex 31
of our Reply. 1 suggest that the Court should look at it in our Reply,
because I coulcl not fmcl the particular passage reproducecl in the
Norwegian annexes.
Let me aclcl-though it is scarcely necessary to do so-that my Govern­
ment cannot accept the contention in paragraph 371 of the H.ejoinder

that the difference between our system-the traditional system-of
maritime territory and the Norwegian system is only one of degree.
The Nonvegian Government there asserts that botl1 systems imply a
certain choice either in the determination of the base-line or in that of
the outer rim of territorial waters. The purpose of this assertion is
presumably to blunt the eclge of our criticism of the arbitrary character
ofthe so-called Norwegian system. The assertion is, however, unfoundecl.
Uncler the traditional system of clelimiting the maritime belt, there is
no choice either in regard to the base-line or in regard to the outer rim.
The belt is detemüned by a fixee! geometrical method applied to the
fixecl physical coast. Uncler the Norwegian system, the delimitation of
a State's maritime territory is left to its own arbitrary choice.
The Norwegian Government, however, seeks. to escape from the

ticle-mark rule in another way. The rule is saicl to be inapplicable to
the exceptional coasts of Norway. This contention is put in two ways:
(r) The Nonvegian coasts are said to be so exceptionally inclentecl
and strewn with islands and reefs that they defy the application of
the rule.
(2) Norway has never adheree! to the rule and is therefore not bouncl
by it.
The second argument falls into Part II, and the Attorney-General
will deal with it. I will deal here only with the first.
ln paragraphs 525-528 of the Counter-Memorial, the Norwegian
Government said that ail specialists and jurists who had stucliecl the
problem of Norway consider its coasts tobe so exceptional as to justify
an exceptional method of delimiting its maritime territory. Gide],
Jessup and Boggs were then namecl as the specialists and jurists on
whose opinions the Norwegian Government relied. \Ve showed, however,
in our Reply-the paragraphs are 405-4n-that these three. writers

consiclered the exceptional character of Norway's coast line to be
material essentially in connection with her chLim to an historie title,
and that none of them unclertook a critical examination cifthe evidence
of Norway's historie daim. None of the writers was aware, when he
wrote, of Norway's base-line daims afterwards promulgatecl in the
1935 Decree.
In paragraph 364 of the H.ejoinder, the Norwegian Government
repeats the passage from Boggs, underlining the following words :
"For that rxceptional coast it would appear that the Norwegian

system of indicating arbitrarily strm:ghtlinrs as the boundary between
theterritor1:atsea and the high sea is not only justified but practically
inevitable,nd the further fact that these are rather commonty acceptedJO STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-26 IX 51

as 'historie waters' tends ta elùninate this coast from Lhe operation
of the system proposed in the Arnerican amendrnent for general
application."

The Norwegian Govermnent then maintains that the weight of this
statement as a justification of the Norwegian system of straight lines
is not affected by the fact that Boggs is a geographer, not a lawyer.
Boggs's recent article in the April number of the American ] otwnal
of International Law for the current year seems, as I shall show, to
indicate that, after 20 years more experience, Boggs has changed his
view. At any rate the new article entirely confirms our view that Boggs
did not regard the Norwegian system as legally justifiable on any but
historie grounds. It also confirms that .Boggs regards the tide-mark rule
as the generally accepted rule.
Speaking of different types of base-line problems on page 251 of the

American ] oumal for the current year, he refers first to what he calls
"shore-tine base-tines" in the following terms :
"The generally accepted intent is that the territorial sea shall
be delimited outwardly from the mean low-water coast line."

And he indicates that this is truc whatever be the width of the belt
claimed. Then on page 253 he deals with the second problem, which he
denominates "artijicial coast lines", and shows that he is no friend of

arbitrary straight base-lines. I will quote his words :
"Except for the ro-mile rule for bays and estuaries, the use of
artificial base-lines (usuallytraight lines) should be very limited.
It is suggested that, except where they are regarded as having been

established by prescription, they be understood to be effective only
when interested States, or the international community, specifkally
accepts the daims of the coastal State. It is true that man requires
definiteness and that nature usually discloses gradualness of tran­
sition. But the outer limits of the territorial sea and of any contiguous
zones are fully as specifiend continuous, when delimited only from
ail points on the low-tide coast line, including islands, as explained
in the preceding section, asthey can be if basecl, in part, on straight
arbitrary base-lines."

This passage, so far from suggesting that the use of straight base­

lines is necessary for indented or island-strewn coasts, insists that the
tide-mark rule plus the arcs of circles method of delimiting the belt
gives just as practical a result as a straight base-line. And Boggs records
his emphatic opposition to artificial base-lines apart from the ro-mile
rule for bays. He regards them as admissible only when established by
prescription or specifically accepted by other States. That, of course, is
precisely our own view as to the correct rule of international law.
We do not dispute that, geographically, the Norwegian coast lias
exceptional features. It is not unique at ali, but it is exceptionally
indented and exceptionally strewn with islands. This results in the
recognized exceptions to the tide-mark rule coming into play very
frequently. lt does not, however, by any means result in the system of
the tide-mark rule plus its recognized exceptions being incapable of
application. The green !ines on our charts which are attached to the STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-26 IX 51 71

Reply as Annex 35, were drawn on this system-apart from the fact that
ali bays are treated as inland waters instead of only ro-mile bays. The
green lines, which representthe result of applying the traditional system
of base-lines and the arcs of circles method of delimiting the maritime ·
belt, give perfectly practical coherent maritime limits for the Norwegian
coast. Now, Boggs, in Figure 1 attached to his recent article, actually
uses a typical section of thNorwe~: ,oa:titanllustrate the application
of the traclitionalsystem-the section which he used corresponds to
part of Sheet 7 of our charts and of Sheet 8 of the Norwegian charts.

The resulting fines in Boggs's figure are almost identical withour green
!ines, and Boggs says nothing whatever to suggest that the !ines resulting
from the application of the traclitional system to the Norwegian coast
are not practical. On the contrary, he appears to share our opinion
that the traditional system is more practical than the Norwegian system,
·for on page 250 he writes:
"M1tch of the difficulty in agreeing upon prùtciples and techniqu.es

of delim·itation of the territorial sea cterives from the eagerness of some
people to begù ~y drawing a series of artificial'base-lines', as if
nat-ure were niggardly in providing what men reqttire in this regard.
Many officials, in their pa.triotic e(jorts to fence off maximuareas
of waters which they hope will go unchallenged, begin by dra1ving
artificial base-tines along concave coasts, between islands, and across
bays, gulfs 'and estuarics. This office-desk approach, in geographical
situations as varied as the goocl earth affords, yields results that
defy codification or the formation of workable principles of general
applicability. Broad zones of wa.ter may appcar enchanting on the

maps, but their a.uthors are elig1:blefor disillusionmenif they were
to examine some of them in a la1mch."
Boggs here seems clearly to have in minci the same considerations
as we expressed in paragraph 129 of the :Memorial. The relevant passage
of our Memorial is quite short, and I will reac! it in order that the Court
may easily make the comparison :

"Thirdly, it is a complete misconception that the drawing of
arbitrary straight !ines on a complex coast is a more practical
solution than the application of the general principles of interna­
tional law. The practical aclvantages of arbitrary straight !ines are
confined to the draughtsman in his city office who no cloubt finds
this method casier work, and to States which, like Norway, wish
to increase the area of their inland waters, which can only be
achievecl at the expense of the community of States. But no system

of base-lines is so impractical for the mariner as the clrawing of
long, arbitrary straight !ines, which leave him over large areas
with no landmark from which to fix his position and on which to
swing his arc.''
I have examined the views of Boggs with this particularity owing
to the great weight attachecl by the Norwegian Government to his

statement in 1930 that for the exceptional Norwegian coast the Nonvegian
system of arbitrary straight lines is practically in-evitable. There may be
some inconsistency between that statement and what he says to-clay.
Since 1930, Boggs has had 20 years more experience and perhaps in
1930 Boggs wrote before he hacl tried the practical experiment of
applying the traditional system to a section of the Norwegian coast.72 STATEMENT BY SIR ERIC•BECKETT (U.K.)-27 IX 5I

[Public sitting of September 27th, I95I, moming]

May it please the Court.
When the Court adjourned yesterday, I was clealing with the tide­
mark rule, and I bad just finished discussing Norway's argument that
the ticle-mark rule was not applicable to the very complicated coast of
Non•:ay. I bad finished ali I wantecl to say on that point, and I now want
to deal with another Norwegian argument against the ticle-mark rule.
Norway contends that, whatever may be the status of the ticle-mark
principle in customary law, international law does not condemn the

Nonvegian system of straight !ines. The contention seems to us to put
the matter on an entirely wrong basis. The question-as I have saicl
again and again-is not whether it is a belt clrawn from straight base­
lines. The question is whether her daim, when made, is legally binding
upon other States : in other worcls, whether it is one affirmatively
recognized by international law as valicl against other States. If wc are
right in saying-ancl as I have shawn, there is a formidable body of
authority in support of our view-that the ticle-mark principle is an
established rule of customary law, then on the face of it customary
law cloes not recognize the Norwegian daim to straight !ines as valicl
against the United Kingdom. Then, on principle, the Norwegian Govern­
ment can only enforce its daim against the United Kingdom if it
shows that the daim falls within sorne generally recognizecl exception
to the ticle-mark rule, or has been specially recognizecl as an historie

exception to the rule. Consequently, the Norwegian Government, in
our submission, does not advance its case in the !east by merely attempt­
ing to show that international law cloes not expressly condemn straight
base lines.
Let me, however, examine the arguments which the Norwegian
Government bas aclvancecl in support of its contention that international
law cloes not conclemn the straight base-line system in the 1935 Decree.
I will take them broadly in historical sequence.
First, the Nonvegian Government has attemptecl in paragraphs 304-
306 of the Counter-Memorial, and again in paragraph 377 of the
Rejoincler, to make some capital out of the ole!British daim to King's
Chambers recalling Sir William Robson's clictum in the rgro Arbitration
that these daims still stoocl perfectly goocl. But, as we explainecl in
paragraphs 132-137 of our Memorial, there bas been much misconcep­
tion about these daims, which were always limited in character and have
long been weil and truly cleacl. The Norwegian Government, in para­

graph 377 of the Rejoincler, now says that it cloesnot rely upon the King's
Chambers as a precedent supporting Norway's own daims, but only
mentionecl it in the Counter-Memorial to show the way it still influences
the opinions of writers in regard to the headland theory. The only
reference to the opinions of writers in paragraphs 304-306 of the Connter­
Memorial was an extremely misleacling reference to Fauchille, who, as wc
showed in paragraph zor of our Reply, in fact roundly condemned the
headland theory except in the case of small bays, and insistecl upon the
ticle mark being taken as the base-li ne. In view of the Norwegian Govern­
ment's continued efforts to establish the headland theory as one recog­
nized in modem law, I will repeat Fauchille's opinion of it: STATEJ\'IENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 73

"Elle ne saurait juridiquement prévaloir : elle est une atteinte
manifeste à la liberté des mers."
AAd then he stated the base-line rule as follows:

"En dépit des promontoires qu'une côte présente, c'est clone le
long de son rivage même,à la laisse de haute ou de basse mer, que
doit êtrecomptée la distance de la mer territoriale."

The reference in Book f, Part II, page 198, of his Traité de Droit
international.
Secondly, the Norwegian Government has sought in paragraphs zg6-
299 of the Counter-Memorial to argue that there is nothing in the
preparatory work of the 1930 Conference to indicate that the Norwegian
method of straight base-lines is forbidden by international law. We
examinecl this argument in paragraphs rSS-199 of the Reply, and 1
think that we showecl it to be completely specious. I will not trouble the
Court again with all the details <md will confine myself to the salient
points. The plain fact is that the Preparatory Committee of the Confer­
ence, having invitecl the views of States on the extreme point theory

a:nd having carefully considered the replies of governments, cleliberately
gave no place to that the01·y in its proposals-apart from the case of
ro-mile bays. The rule proposecl by the Committee took the form of an
unequivocal and emphatic statement of the ticle-mark rule :
"Art. 2. The zone of the coastal sea shall extencl for three mari­
time miles from low-water mark along the whole of the coast."

Then, so far from allowing any general right to use straight base-lines
insteacl ofthe actualline of the coast, the Committee expressly confinecl
their use to the case of bays :

"Art. 4. The territorial sea shall follow the sinuosities of the
coast, except that it shall be measured from a straight line drawn
across the bay at the part nearest to the opening towards the sea
where the distance between the two shores of the bay is ro mari­
time miles, unless a greater distance has been establishecl by con­
tinuons and immemorial usage.:·

In other worcls, the Committee recognizecl the valiclity of straight base­
lines ro miles long in orclinary bays, and even longer in historie bays,
but not otherwise.
It is true that the Committee clic! not in express worcls conclemn
Norway's straight base-lines, but it is equally true that it did not author­
ize them and formulatecl rules entirely inconsistent with their \'aliclity.
The Committee, as we pointecl out in paragraph 195 of our Reply, could
not be expected to put forwarcl express condemnations of any particular

State's views. That was not its task. But the crystal clear implication of
the Committee's report is that the Committee cleliberately rejectecl the
straight base-line method except in the special case of bays. It cleclinecl
to put forward the straight base-line method as one recognized as valicl
in customary law. In our submission, it is impossible to take any other
view of the Preparatory Committee's Report, but for good measure, we
citecl in the same paragraph of our Reply a passage from Gidel showing
that he so understood the report. That cornes in Le Droit international
public, Volume III, page sog. Gidel says:74 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51

"Ün ne saurait dire mieux et énoncer plus élégamment un avis.
Lors des travaux de la conférence elle-même, la sous-commission
n'a pas non plus donné agrément à l'adoption comme méthode de
principe de la méthode des lignes droites (headland theory ou tracé
polygonal). Elle a estimé qu'il ne devrait y êtrerecouru que clans
des cas particuliers, spécialement lorsqu'il s'agit desbaies."

Thirdly, the Norwegian Government has sought, in paragraph 300
of the Counter-Memorial, to minimize the significance of the fact that
at the 1930 Conference itself Sub-Committee No. II in its report auto­
matically adopted the tide-mark rule as the primary rule for the base­
line, and only authorized the use of straight base-lines in the case of
bays, estuaries, etc. It began by attempting to depreciate the value
of the Sub-Committee's Report as evidence of existing customary law,

maintaining that the Sub-Committee's rules were formulated de lege
feren.da.We dealt with this general attack on the value of Sub-Committee
No. II's Report in paragraphs 175-179 of our Reply, to which I have
already asked the Court to refer. So far as concerns the tide-mark rule,
the Norwegian contention that Sub-Committee No. II formulated the
rule entirely de lege ferenda is certainly unfouncled. The rule was adopted
as one already accepted in State practice. The real basis of the Norwegian
Government's objection to the rules formulated by the Sub-Committee
is that by their clear implication they reject the straight base-line
system found in the I935 Decree. They are so framed as to allow no
place to straight base-iines, except in a strictly limited form in the case
of hays, estuaries, etc.
The significance of Sub-Committee No. II's rejection of the straight
base-line method except in the case of bays, estuaries, etc., is parti­

cularly strong because it was quite deliberate. The Sub-Committee hacl
before it for consideration a joint Norwegian-Swedish proposai, which,
if adopted, woulcl have recognizecl a more general use of straight base­
lines. The Sub-Committee excluclecl this proposai from its recommencl­
ations without even finding it necessary to mention the matter in its
report, though in other connections it marked the points of controversy.
Ali that the Norwegian Government was able to say about this rejection
of its proposai was that the proposai, owing to the break-up of the
Conference, was never discussed by the Plenary Committee, and that
is true. But the fact that a principle, rejectecl by the Preparatory Com­
mittee and by Sub-Committee No. II and having no place in the work
of learnecl societies, wasnot discussed, does not estabiish it as a rule of
customary law. :My Government really cannat admit that its legal
obligations towards Norway are sufficientiy established by Nonvay
showing that her rejected proposai was never-owing to an accident­
actually rejectecl in plenary session.

Gidel was present at the deliberations of Sub-Committee No. II, and
in his book he has shown himself not unsympathetic towards Norway's
historie daims. But, of. the Norwegian-Swedish proposai of 1930 to
authorize the use of straight base-lines generally instead of the tide-mark,
he had nothing goocl to say. We have drawn the Court's attention to
the relevant passages of Gidel in different parts of our pleadings, but,
in view of the1r importance, it may be convenient to the Court if I repeat
them here. First, on pages 507-508 of his Volume III, he writes of the
Norwegian-Swedish proposai as follows : STATDIENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 75

"Les déléguéd se ces États ont fait valoir pour appuyer ce système
la considération qu'il était susceptible de s'appliquer à toutes les
configurations de côtes et à tous les cas particuliers, tels que littoral
creuséde baies ou parsemé d'îlots, alors que le système traditionnel
doittrouver des règlesparticulières pour chacun de cescas. En admet­
tant que ce soit vrai, cette simplicité apparente n'existe qu'au prix
de l'arbitraire de l'État intéressé; il n'est plus besoin de règles
généraleslorsque chacun assume de se fixer à lui-mêmecelles qu'il
entend suivre.
C'est une première et grave critique contre le système. Mais le
mérite que l'on veut faire à ce système de répondre à tous les cas

n'est aucunement fondé; contrairement à ce qu'affirment ses parti­
sans, le tracé polygonal n'est pas susceptible d'une application
générale. Ilne peut êtrepratiqué que si la côte présente des conca­
vités:partout où elle est convexe il faut y renoncer. Comme l'observe
Boggs, la méthode de construction polygonale est rendue d'une
application pratique difficile par le fait qu'il y a des convexités
et des concavités de côtes de toutes sortes entre lesquelles le passage
se fait par des dégradations insensibles.
Enfin - et c'est là une dernière critique -, pratiquement cette
méthode du tracé polygonal ou headland theory augmente d'une
manière indue les eaux intérieures, ce qui a pour conséquence
finale une extension corrélative de la mer territoriale et la réduction
des espaces de haute mer."

Then, on page 640 of the same volume, he again writes :

"Un texte de ce genre ne paraît pas de nature à fournir une
solution ni de la question des baies ou des «eaux historiques" ni
de la question en général elu tracé de la ligne cie base cie la mer
tertitoriale.S'il n'était contenu par la loyauté et la modération
des États appelésà l'appliquer, un tel texte en effet serait la négation
de tout état de droit. Car il pose en principe que chaque Etat
riverain fixe pour ces côtes les lignes de base ainsi qu'il veut. Sans
cloute il paraît édicter des restrictions à la libre appréciation de
l'État riverain."

Could anything be more hostile to the Norwegian contention than
these opinions of this acknowledged master of the law of the sea ?
In the Rejoinder, the Norwegian Government simply passes over the
awkward fact that both the preparatory work and the proceedings of
the 1930 Conference contain clear evidence of the rejection of the straight
base-line system by the very large majority of States. It argues, on

somewhat slender evidence, that modern State practice approves the
Norwegian system. The argument begins in paragraph 378 of the
Rejoinder in a rather curious way by the Norwegian Government
chiding us for not having submitted with our Reply charts showing
the limits of our maritime territory off the coasts of Scotland and Ireland.
I am not quite sure what inference the Court was asked to draw from
that omission. The Norwegian Government seems to be suggesting that
we are unwilling to expose our daims to the gaze of the Court because
off these inclented and island-studcled coasts-according to Norway~
we have ali along been secretly nursing a straight base-line system of
our own similar to the Nonvegian system. The charts we have procluced 76 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX SI

answer this. T may add that we have no secret system of straight base­
lines up our sleeve for any part of the United Kingdom. This section
of the Scottish coast coverecl by our charts is quite comparable in its
complexity with the coast of Nonvay. The Court will see that we do
not apply anything remotely resembling the base-lines of the 1935
Decree on the north-west coast of Scotland.
The Norwegian Government, however, in paragraphs 379-385 of the
Rejoinder, has tried to carry its suggestion of a hidden practice of
States supporting the Norwegian system much further and to apply it
to the general body of States. It recalls that a proposai was made at the
1930 Conference that the Secretariat of the League shoulcl invite States.
to supply detailed information concerning their actual base-lines but:

that this proposai did not lead to any action. It then declares that the
real practice of States in regard to base-lines is still in obscurity, implying
that, if only this practice had been disclosed to the world, it would lcnd.
support to Norway's daims. As an indication that this is so, it refers to·
the practice of France, Yugoslavia, Ecuador, Sweden and Iceland,
contending that this practice provides support for the straight base­
lines of the 1935 Dccree.
This argument, for all its ingenuity and boldness, does not, in our
submission, bear examination. The Norwegian Government simply
shuts its cyes to the intractable facts that (r) States wcre invited by the
Preparatory Committec to indicate the principlcs which they accepted
as determining the basc-line of territorial waters; and (z) on the basis.
of the replies to this invitation and of the general evidence of State
practice, both the Preparatory Committee and the Sub-Committee No. II
endorsed the tidc-mark rule and cleliberatcly rejected the theory of

straight base-lines cxcept in limitee! cases. How can it be plausibly
argued that, if only States had applicd their principles on actual charts,
they would have shown that they clic!not reject the Norwegian theory
of straight base-Iines ?Ifall the time States werc sccrctly nursing daims
to straight base-lines, why did they not applaud and support the Nor-
. wcgian-Swedish proposai for allowing this system ? lf France really
embraccs this system, Gide) certainly docs not mention it and he·
ccrtainly violently attacks this system in his book. The whole Nor­
wcgian argument, in our submission, is nothing but a speculation which
is contradictcd by the established facts.
It is evident from the pleadings that the Norwegian Governmcnt has.
made the most exhaustive searches to obtain every grain of possible
support for its contentions. \Videspreacl cnquiries have been macle in
foreign countries. Yct all that the Norwegian Government submits as.
precedents for its own heaclland system of straight base-lines are the
references to the practice of the five States whosc names I gave just

now. Even if each one of these instances really constituted a truc prece­
dent for the Norwegian base-lines, they would still be quite insufficient
to outweigh the rejection of the Norwegian methocl by the general
body of States in 1930. But these precedents will not bear the weight
which the Nonvegian Government seeks to place upon them, and I will
take them in turn and endeavour to demonstrate this.
First, asto the French daims which are illustrated by the Norwegian
Government in charts marked Annex nz, Nos. r6 (e)-(1),and appen­
decl to the Norwegian Rejoinder. Thesc French daims appear for
the most part to be aclvancccl as daims to ro-mile bays, but it is true STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 77

that Fr<wce makes considerable use of islands in delimiting its daims.
But in joining lincs between islands and islands and between islands
and the coast of France, France strictly applies a ra-mile limit asto the
length of the ]ines and on long sections of the cO<lSishc uses the tide

mark as the base-line. In one or two instances, particularly in Annex rrz;
charts Nos. r6 (e), (.f), (h) and (i), France seems to be applying on
a very small scale and subject to a strict ro-mile limit of distance an
outer coast line theory. France makes no daim at ail to draw straight
.lines from extreme point to extreme point along her coast. There are
thus wide and funda:mental differences between the French and Nor­
wegian daims and the Norwegian contention in paragraph 380 of the
Rejoinder that there is only a forma! difference between the application
-ofa ten-mile limit bv France, <Wdwhat Norwav has done in her decree
cannat be accepted~ ~ ·
Second, as'to the Yugoslav law of 1948 which is illustrated on the

chari marked Annex J.I2, No. 35 (b), appended to the Norwegian
Rejoinder. Here again the chari shows clearly that the reare wide and funcl­
amen tal differences between the Yugoslav and Norwegian daims. The
Yugoslav Government in its decree undoubtedly treats the waters
enclosed within the long lateral lines of islands off its coast as inland
straits and draws base-lines across the entrances. As the Court knows,
the Government of the United Kingclom in fact protested in 1949 against
this Yugoslav decree, but it would be out of place for me to investigate
here how far it is justifiable to treat as inland waters the waters so
claimed in the decree. If anything the Yugoslav daim as an example of
the outer coast line theory, a theory which is not in issue in this case.
My concern is simply to point out the relevant differences between this

decrce and the Norwegian Royal Decree of 1935. The Yugoslav decree,
unlike the Non\•egîan decree, draws the closing lines across the actual
entrances. Moreover, in so doing it restricts the length of the individuai
dosing lines to 12 miles. vVe be.lieve the accepted limit to be IO miles,
but the Yugoslav Government, which chtims a 6-mile maritime bdt,
seems to have acted on the assumption that the limit for base-lines is
double the width of the belt. The Norwegîan Government, on the other
hand, insists that there is no restriction in customary law asto thekngth
of straight base-lines. Another difference is that the Yugoslav base-Iines
leave numerous islands outside the base-lines ;for example, the important
group which includes Vis. The mere fact that an island or roc}_o{ut at sea
happens to be Yugoslav isnot considered by the Yugoslav Govemment

to be a sufficient reason for enclosîng large areas ofhigh sea, as does the
Norwegian Governmen t. These differences between the Yugosla v ancl
Norwegian clecrees touch the very point of princîple which is in dispute
between the United I<ingdom and Norwegian Governments in this case.
ln our submission, the Yugoslav decree like the French decree is a
precedent Vihich mili ta tes not in favour but again st the validi ty of the
Nonvegian Decree of 1935, because there is no instance of the drawing
of lines joining extrerne points on that outer coast line, and tbat is what
Nonvay has doue and that is what we are disputing.
I now come, thirdly, to the Ecuadorian daims in respect of the Colon
Archipelago which is illustratedby the Norwegüm Government on the
chart marked Annex II2, No, 14 (c). As we said in paragraph 343 of

the Reply, the language of the Ecuadorian decrees leaves extremely
vague what precisely are the base-lines claimed by that State. Even ii78 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX SI

the base-lines claimed are what the Norwegian Government has put
on the chart, we maintain that these daims constitute a very dubious
precedent, when Ecuador at the same time advances a pretension to
a maritime belt great!y in excess of the limits recognized by other States.
The Ecuador decree certainly does constitute a daim comparable to
the Norwegian daims which are now in dispute. Ecuador's daims, which
are new ones, have already been promptly protested against by the
United Kingdom and by the United States.
Fourthly, as to Swedish practice in regard to which the Norwegian
Government relies on Sweden's reply to the questionnaire of the Prepar­
atory Committee of the 1930 Conference and on the joint Norwegian­

Swedish proposai at the Conference that straight base-lines from one
landmark to another should be allowecl. The Nonvegian Government
would like the Court to believe that, because Sweden joined in the Nor­
wegian proposai at the 1930 Conference, the Swedish system of base-lines
is identical with and fully supports the system found in the Royal Decree
of 1935. But, as we showed in paragraph z6o of our Reply, Norwegian
practice seems to go much further than the practice of Sweden. If one
looks at the Swedish reply to the questionnaire ot the Preparatory
Committee as a whole instead of only at the passages cited in the Nonve- ·
gian pleadings, it does not at·alJ appear that Sweden daims an unlimited
right to draw straight base-lines between points of Swedish territory.
The relevant part of the Swedish reply appears on pages r88-:i8g of
the Bases of Discussion. In replying to question IV, the Swedish Govern­
ment began with the general statement on which the Nonvegian Govern­
ment relies :

''The Swedish Government is of opinion that, for the purpose
of calculating the breadth of territorial waters, it would be advis­
able to take, as the basic line, a line drawn between the outermost
points of the coasts, islands, isl.ets and rocks; in front of the bays
across the opening of the bay on the seaward side, and in front
of ports across the entrance to the port."

Even this statement indicates that Swedish practice does not con­
template the unlimited use of straight base-lines between any two
points on the coast which is found in the Norwegian Decree of 1935.
If straight base-lines could be drawn between any points of Sweclish
territory, there was no occasion to provide expressly for the cases of
hays and harbours. But later passages show that Sweden only contem­
plates the use of straight Enes across the actual entrances to bays and
harbours and across the actual entrances between coastal islands on

the same principle as in hays. Moreover, Sweden expressly disclaimed
any right to draw straight base-lines of nnlimited length. These points
appear in the following paragraph of Sweden's reply :
"As regards territorial waters in front of bays, it follows from
what has been said above that, in the opinion of the Swedish

Government, the basic line to be taken for calculating their breadth
should be clrawn across the opening to the sea. It was stated prc­
viously that islands situated alongside the coast should be laken mto
account in calculating the breadth of territorial waters; similady,
islands situated at the entrance of a bay should also be regarded
as forming part of the bay. The legislative texts, legal cases and STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)----c-X7 51 79
literature mentioned above show that this theory with regard
to the method of calculation of the breadth of territorial waters

in front of bays is that recognized by Swedish law.
Swedish law does not lay down any figme in respect of the
maximum width of bays to which the above-mentioned method of
calculation cao be applied. There is also no international regulation
generally accepted which provides for a maximum breadth. 1t
does not. however. follow that the Swedish Government holds that
the method of calculation which we are here prbviding should apply
io all bays, whatever their width may be. In its reply of Novem­
ber 18th, rgz6, to the questionnaire of the League of Nations Com­
mittee for the codification of international law {reference to which
has alreacly been made), the Swedish Governmen t expressed itseH
to the effect that a basic line oTO miles in the case o.fbays would
not be sufficient so "far as Sweden was concerned, and that the

reasons which had led to the adoption of a line of that length in
certain fishery conventions would, in the case of Sweden, involve
the adoption of aline of at !eastI2 miles. In certain cases, however,
even that line would have to be somewhat extended. Thus the
Bay of Laholm, which was dealt with by a decision of the Supreme
Court on November I4th, 1927, to which reference has .already
been made, is slightly wider than 12 nautical miles. J<urthermore,
similar areas between the islanqs of an archipelago should be
treated in the same manner as hays."

In our submission, it clearly emerges from Sweden's reply that her
base-line is the coast of the land except in the cases of hays and harbours

and of the entrances between coastal islands which are treated as
equivalent to hays. Swedish practice is thus not a precedent for the
1935 Decree. Asto the fact that Sweden joined with Norway in propos­
ing to the 1930 Conference de lege ferenda a somewhat wider formula,
it is enough to say that the proposai was not accepted by other States .
.Finally, asto the recent Icelandîc decree extencling lceland's maritime
limits on the north coast which the Norwegian Governrnent îllustrates
on the chart marked Annex II2, No. 22 (i), the Norwegian Government
daims in paragraph 385 of the Rejoinder that the method of straight
base-lines employed by lceland is exactly the same as that used by
Norway. We do not dispute that. There is not the slightest doubt that
Iceland bas simply copied the mode! of the Norwegian :Oecree of 1935.
Voleourselves have, of course, protested agaînst the lceland decree
and have requested leeland to await the decision of the Court in the

present case before taking any step to enforce it. Our present attitude
towards the Iceland decree is, indeed, very much the same as that of
the Danish and Swedish Governments towards the Soviet Union's
attempt to extend established limits in the Baltic. It appears that we
are not alone in our opposition to the lceland decree. Vie are înformed
that the Federal German Government at Bonn has transmîtted its
protest to the Icelancl Govemment through the Allied I-IighCommission.
We are also informed that Belgîum has protested to Icelancl and that
the Belgian Government will itself acquaint the Court wiH1 the terms
of its protest.
In any case, Icelancl's new daim awaits the pronouncement of this
Court in this case. It is not yet a precedent against us. It has not been 80 STATEMENT BY SIR imre BECKETT (U.K.)-27 IX 5I

enforced against British ships. It is indeed reported in the Norwegian
press that Norwegian and Swedish fishing interests regard the Iceland
decree as unreasonable and contrary to international practice. I thin k
that this report is interesting as showing how little people appreciate
the motto that "Wha.t is sauce for the goose is sauce for the gander".
1 quote from the issue of the Nonvegian paper Verdens Gang of

zoth June, rgso:
"lt appears that the Norwegian fishermen and the Norwegian
State are not the onlv orres who fee! ill at ease because of the Ice­
landic attitude. The Central Association of the Swedish \Vest Coast
Fishermen have issued a sharp and weHsubstantiated protest which
has been sent to their Government through the Royal. Office of
l<ïsheries. In this protest a picture of the real content of the
Icelandic regulations is given. It appears that Icelancl has laid clown
a four-mile limit along a base-line drawn between the outermost
points on the coast-islands and rocks. Within this line ali fishing
by foreign .fishermen is prol1ibited. The Icelandcrs have clone away

with the former practice of measuring the fishing Jimit that cloes
not cxceed ro miles. The Icelanders have now closed fjords with a
minimum breadth at their mouth of up to 22 na.utical miles (for
instance Hunafioi).
The Ice!anders give as the reason for this extension of the Jimit
their intention to protect the stock of fish against possible over­
lishing and. they especially refer to the North S<'aas a warning
example.
The Swedish west coast fishermen point out that Jceland laid
down her 3-mile limit in a proclamation of 1903 and that this
year's regulations in fact are an appropriation of international
waters with rich fishing grounds, above ail as regards herring.
The Swedish herring fisheries off Iceland are very old and began
on a large scale as far back as shortly after rgoo. This fishery has ·
been carried on right up to the 3-mile limit and, in the way which
the limit was drawn, it has been possible to fish in some of the
large fjords and bays between Horn and Langanes. These fjords
and bays are now complete/y closed and in addition the lîmit of
4 nautical miles is drawn from an imaginary base-line between tl1e
outermost islands and rocks. This the Swedes consider verv
unreasonable and against international practice." ··

These, of course, are merely the views of pr.ivate individu<J.lsand
associations, not of governments, but it is not uninteresting to see what
other fishermen in Nonvay and Sweden say about the decree. If the
protest I have read l1ad emanated from Hull, Grimsby, Fleetwood or
Aberdeen, it would not perhaps have been very rernarkable ; but this
was bcing said in Norway and Sweden. It was being said in Norway by
those associations of fishermen, to meet whose demands the Norwegian

Governrnent Decree of 1935 was formulated.
vVetherefore submit that only two of the five prececlents invoked by
·Norway in support of the metlwcl adoptccl in the 1935 Decree, namely,
that of Ecuador and Iceland, are in any way sîmilar and both are new :
bath have been the subject of .immediate protest. So far from demonstrat­
ing that international law recognîzes the method of the 1935 Decree as
valid, French, Yugoslav and Swedish practice by implication rejects STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 8r.
the Norv.regian method. The other two precedents amount to no more
thau new clisputecl daims. ln any case, we take our stand upon the fact
that, as State practice, the opinions of writers, the work of learned
societies and the proceeclings of the 1930 Conference show, the generally

acceptee! rule is the ticle-mark rule. The Norwegian daim, even if it
has been copiee! by Iceland and perhaps Ecuaclor, is entirely inconsistent
with the generally accepted rule.
That conclucles my remarks on the subject of the tide-mark rule. I
shall now go on to a different topic, namely, bays.
The Attorney-General, in his opening speech, referrecl to the fact that
in our Reply we acceptee! Norway's daim to possess an historie title to
her fjords, painting out that in consequence the question of the existence
of a ro-mile rule for ordinary bays hacl become largely irrelevant in the
present case. I should have likecl to relieve the Court of ali further
considerations of this question which is much cliscussecl in the pleaclings.
There are, however, two reasons why I think it desirable to say some­
thing now on the subject of bays. One reason is that the Norwegian
Government, in its pleaclings, maintains that the rule for hays is an
essential part of the tide-mark rule and seeks to impeach the latter

basic rule by throwing doubt on the rule for bays. The other reason is
that the Nonvegian Government, in its Rejoincler, has somewhat misre­
presented our·views concerning the rule for bays as weil as the relevant
precedents. As we think that tlie ro-mile rule for ordinary hays has
become an academie issue, 1 shall deal with the subject as lightly as
[ can.
The NQnvegian argument, as I unclerstancl it, runs as follows. The
system of the base-line propoundecl by the United Kingdom makes the
ticle-mark, that is, the actuallineof the land, the primary rule to which
the case of bays appears as an exception. Uncler this system it is vital
that the exception in regard to hays shoulcl be strictly defined. Other­
wise a coastal State will have no means of knowing whether any partic­
ular bay may be legitima tely claimed as inland waters. In the Norwegian
Government's opinion ·there is neither (1.)any recognized definition in

international law of what constitutes a bay, nor (2) any recognized rule
fixing a precise limit for the width of bays which may orclinarily be
claimed as territorial.Renee there is no such recognized exception for
bays as the United Kingdom maintains, and consequently there cannot
be a tide-mark rule because it is subject to an undefined exception.
I have perhaps stated the Norwegian argument somewhat crudely,
but I think I have given the substance of it.
The argument has two points in it. I think that the first point is one
on which the Court will have to reach a conclusion of principle. The
second point is one on which we think it will not be necessary for the
Court to do so. In connecti'on with the first point-the one I think that
the Court will have to deal with-namely, whether or not international
law has or has not a definition of what a bay is-there may arise later
a subsicliary question of detail, namely, given that a certain fjord is a
bay, what is the proper closing line? In a number of cases, we dispute
the closing line adoptee! by Nonvay, but I neecl not deal with these

particular instances at present.
Our immediate comment is that this Norwegian argument contains a
transparent fallacy. It is simply not true as a general legal proposition
that a primary rule is invalidatecl as a rule because there is cloubt as to
782 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51
the exceptions to it. As a general proposition, l do not think I have
ever beard this advanced, and 1 think one could find many instances in
municipal law and in international law where it is admitted that a

certain rule is the general and primary one but where there is doubt
as to the extent of the exceptions to it.
Similarly, the validity of the tide-mark rule would not cease to be
a rule even if it were the case that the exception for bays was not definite;
but, of course, we say it is definite. The tide-mark rule is nothing but
the legal synonym for the actual line of the land to which everyone­
even the Norwegian Government-aclmits that maritime territory is
accessory. V•le,of course, agree that international law allows a different
line inthe case of bays. No doubt it would be productive of sorne uncer­
tainty if, owing to the lack of a definition of a bay or owing to the lack
of a rule fixing a mathematical limit for territorial bays, the exception
in the case of bays were not sufficiently defined. But this would not
touch the validity of the basic rule that maritime territory extends from

the land. It would merely lead to sorne measure of doubt in regard to
the validity of sorne daims to bays. It would also lead jurists and those
engaged in codification to try to give the rule greater precision, which
is, of course, what happened in 1930.
The idea that, because there may not be absolute preëision in the
rule for bays, there is no specifie rule_of international law conceming
territorial bays is, inny case, a fallacy. International law is full of rules
with a substantial, recognized content which yet Jack final definition.
The general concept and tl1e general scope of the exception in favour
of bays is weil recognized and weil understood. Nor are States without
substantial guidance in making their daims. The broad notion of a
bay is perfectly dear, as the tribunal in the North Atlantic Fisheries
Arbitration emphasized in speaking of the intentions of those who
negotiated the 18r8 Treaty concerning Canadian fisheries. (\Vilson,
Hague Arbitration Cases, p. 186.) This is the passage:

"The negotiators of the Treaty of 1818 did probably not trouble
themselves with subtle theories concerning the notion of 'bays';
they most probably thought that everybody would know what
wasa bay."

And in the previous paragraph the tribunal had spoken of a bay as
an "indentation of the coast, bearing a configuration of a particular
character easy to determine specifically, but difficult to describe gener­
ally".
So, too, with the limit of width. The wider a bay is, the more it
appears in normal cases to be open sea rather than endosed waters.
Everyone recognizes-even the Norwegian Government in paragraph 389
of the Rejoinder-that a distinction has 'tcbe drawn between hays
which are open sea and bays which are not. A large body of State
practice and juristic opinion and the proceedings of the 1930 Conference

indicate that, if a dosing line is drawn 10 miles long, other States will
accept the claim regardless of historie, economie, security, political
cir any other consideration. There is a little practice and opinion in
favour of a limit of 12 rather than ro miles. Numerous States have on
various grounds lodged daims to larger bays, and sorne of them have
been recognized in international practice. But whenever States go beyond
the limit of 10 miles, they know that their daims run the risk of being STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX SI 83
challenged and are not established in international law unlcss acquiesced
in. International law does not forbid claims to bays larger tha:n are
covered by the generally recognized exception. It merely leaves them

open to challenge.
As I have said, in our view it is necessary for the Court to give a
ruling of principle about the definition of bays. The definition which
we suggest will be found in paragraph 94 of our Memorial, where we
say that the word "bay" denotes a well-marked indentation whose
penetration inland is in such proportion to the width of its mouth as
to constitute the indentation more than a mere curvature of the coast.
We added that the concept of a bay is weil enough understood, and in
most cases the definition which we gave will be sufficientto decide the
question. But in cases of doubt concerning a particular indentation,
the Government of the United Kingdom would be content that the
doubts should be resolved by applying the geometrical test suggested
by the United States Delegation at the Codification Conference of 1930
(Plenary Meetings, page 132, Sub-Appendix A).

Against this I must set the Norwegian theory, which I take from
paragraph 389 of the· Rejoinder :
"The Norwegian Government"-so it declares in paragraph 389-
"has never claimed that a coastal State has the right to .incor­
porate each and every bay as part of its interim· waters, any more­
than it has claimed that a coastal State has the right to fix arbit­
rarily the extent of its territorial waters. ln both cases, the Nor-·
wegian Government believes that international law imposes certain.

limits on the State in question; but it does not believe that thesee
limits have the simplicity and exactitude of a mathematical formula ..
The Norwegian Government has never sought to deny that there:
is a distinction to be made between those bays which must be
considered as forming part of the land (such as the fjords ofNorway)
and those which, on the contrary, have the appearance of the open
sea (for instance the Bay of Biscay).
vVhat is disputed is the existence of a criterion which will enable
bays to be dassified mechanically in one or the other category.
Each bay has its own characteristics which are determined by
various circumstances relating to geography, history, politics and
economies.''

Now that is what Norway says. So far as history is concerned, our
answer is simple. History may be a ground on which an indentation,
which is not a bay, may yet be claimed as inland waters because a coastal
State has an historie title to it. For instance, we have already admitted
that a State may acquire an historie title to a wide strait. Further, a
State may acquire an historie title to an indentation which is a bay but
which has too wide a mouth for it to be claimed merely under the ordinary
rules of international law.
vVesay that politics and economies have nothing to do with the matter
at all. Nonvay relies mainly in support of her view on certain passages

in the award of the tribunal in the rgro Arbitration. AU this matter
has been discussed <llrnostad na.nsemn. in the pleadings (Counter-Memo­
rial, paragraph 332; Reply, paragraphs 2:24-:225; Rejoinder, paragraph
437). I will only refcr hereto two passages and abbreviate my remarks.
on the subject, and my page references are to vVilson.84 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 5I

The tribunal, rejecting a United States argument that the term
"hays·: must be limited to six-mile bays because the three-mile limit
should be applied systematically even in bays, said on page r8z:

"But the tribunal is unable to agree with this contention;
(a) because admittedly the geographical character of a bay contains
conditions which concern the interests of the territorial sovereign
to a more intimate and important extent than do those connected
with the open coast. Thus, conditions of national and territorial
integrity, of defence, of commerce and of industry are all vitally
concerned with the control of the bays penetrating the national
coastline. This interest varies, speaking generally, in proportion to
the penetration inland of the bay ; but as no principle of inter­

national law recognizes any specified relation between the concavity
of the bay and the requirements for control by the territorial
sovereign, this tribunal is unable to qualify by the application of
any new principle its interpretation of the Treaty of r8r8 as exclud­
ing hays in general from the strict and systematic application of
the three-mile rule; nor cao this tribunal take cognizance in this
connection of other principles concerning the territorial sovereignty
over bays such as ten-mile or twelve-mile limits of exclusion based
on international acts subsequent to the Treaty of r.S:rSand relating
to coasts of a different configuration and conditions of a different
character.''

Here, the tribunal undoubtedly referred to the economie and security
interests of the coastal State as weil as to geogra:phical factors. But,
as we pointed out in paragraph zzs of the R.eply, the tribunal was here

giving the reasons why international law does allow an M:ception from
the tide-mark rule in the case of bays instecid of applying the 3-mile limü
w.ithi1t tl!e bay·u was saying that the geograpln·calcharacter of a bay,
that is the pendration of the waters into the coast line, cattses the waters
to involve the econ,omicand security interests of the coastal State in a more
ùttimate and important way than in the case of an open coast. We do not
disptde thal. lt is a fair statement of the rationale of the exception made
by international law from the tide-mark ntle in the case of bays.
Another passage in the award which is relevant îs on page :r86.Dealing
with a United States argument that the phrase "coasts, bays, creeks,
or harbours" was intended simply to mean "coasts", the other words
being merely added descriptively, the tribunal gave as one of six
reasons for rejecting this argument the following :

"Because the tribunal is unable to understand the term 'hays'
in the renunciatory clause in other than its geographical sense, by

which a bay is to be considered as an indentation of the coast,
bearing a configuration of a particular character easy to determine
specifically,but diffi.cult to describe generally.
The negotiators of the Trea.ty of :r8r8 did probably not trouble
themselves with subt!e theories concerning the notion of 'hays' ;
they most probably thought that everybody would know what
was a bay. In this popula:r sense the term must be interpreted in
the treaty. The interpretation must take into account all the indi­
vidual circumstances which for any one of the different hays are STATEl\ŒNT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 85

to be appreciated, the relation of its width to the length of penetra­
tion inland, the possibility and the necessity of its being defended
by the State in whose territory it is indented ; the special value
which it bas for the industry of the inhabitants of its shores ; the
distance which it is secluded from the highways of nations on the
open sea and other circumstances not possible to enumerate in
general."

Now the quotation which l have just read consists of two paragraphs.
In the first paragraph the tribunal sums up in one sentence its answer
on a particular point and then, in the second paragraph, expancls the
answer. This is the way in which the tribunal in general drafted its award,
and it will be seen that the tribunal did the same thing in the other
passage which I read a moment or two ago. The first paragraph which
sums up the tribunal's view in one sentence refers to geographical con­

siderations only, and it is my contention that it is in that sentence you
find the tribunal summing up for you the view which it takes. Norway
naturally relies on the fuller paragraph that follows, and ii~ quite true
that you find there the tribunal setting alongside geographical con­
sider<itions, clefence and economie considerations, rather as if they were
three parallel things. Now Nonvay is entitled to make as rouch of this
as she can. I submit that the explanation of the apparent inconsistency
in the reasoning of the tribunal is that which 1 gave the Court a moment
ago when commenting on the other extract which 1 read, namely,
geography is the reason why a bay is of particular interest from the
point of view of defence and for economie reasons.
Now this Award of 1910, if it did nothing else, certainly succeeded
in settling the controversy between the United Kingdom and the United
States of America. As a precedent in international law it has been sub­

jected to rouch comment by writers. Writers have greeted it, sorne with
approbation and sorne with criticism more or less strong, but there is
one thing about this award that nobody has ever said, and that is that
it is drafted in such a manner that it is directly clear what the precise
ratio deddendi is on ali points.

[Public s·ittingof September 27th, I95I, aftemoon]

May it please the Court.
When the Court rose this moming, I was discussing the subject of
bays and, in addressing myself in particular to the definition of a bay,
I had just finished dealing with the 1910 arbitration.
The other precedents on which the Nonvegian Government appears
to place great weight in support of its contention that geographical
proportion is only one element-and apparently a miner element in

determining a bay-are two Californian decisions. The first case is
that of the United States v. Carillo, decided in 1935, which is mentioned
in paragraph 439 of the Rejoinder, and concerns San Pedro Bay. The
second case is that of People v. Stralla decided in 1938, which is mentioned
in paragraph 440 of the Rejoinder, and concerns Santa Monica Bay.
These are decisions of local courts which would certainly, on a question
of this kind, tend to support the acts of the State Govemment. The
boundaries of ail the inland waters of California have, however, been86 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-27 IX 51

brought into question between the State and the United States Federal
Government by the Supreme Court's decision in United States v. Cali­
jornia, a decision which adjudged the oil exploitation rights in Califor­
nian territorial waters to the Federal Government, but not the rights
in inland waters. Therefore, it becomes necessary for it to be decided by
the Supreme Court as between the State· of California on the one hand,
and the United States on the other hand, which waters are internai and
which waters are territorial. The delimitation of the boundaries has been
entrusted in the first instance to a master of the Supreme Court-that
is to a subordinate judicial authority of the Court. lt has been disclosed
in hearings before a Committee of Congress that the Federal Govern­
ment is maintaining before the master that the principles which the

United States advocated at the 1930 Conference should be applied in
drawing the boundary. These principles, of course, include Mr. Boggs's
geometrical definitions of a bay. :Moreover, the Solicitor-General of the
United States, Mr. Perlman, has incidentally saicl, in a passage which
1 will read to the Court a little later, that the United States is challenging
California's daim to the whole of San Pedro Bay on the very grouncl that
some areas of the bay are open sea. Consequently, we do not think that
the Norwegian Government can derive any assistance from the Cali­
fornian case.
vVhat, then, is the outcome ? In our submission, the question whether
a given area of sea qualifies as a bay depends essentially on the geogra­
phical configuration of the shores which it washes. We also submit
that the geographical proportions of the bay are the decisive element in
the appreciation of the facts.
. We also think that the Court is entitled to look at the proceeclings

of the 1930 Conference and in particular at the geometrical formul<e
proposed by the technical experts in Sub-Committee No. II for general
guidance as to the kind of curvatures considered by them to qualify as
a bay. .
The question whether the ro-mile limit or any other specifie limit
ofwidth has become an established part of the customary law of bays is
not a question which we think the Court has to decide, but, as I have said.
there are a few observations which 1 think it necessary to make on it,
My first observation is that my Government adheres to what it has
said on this matter in its Memorial and in its Reply. The Nonvegian
Government is incorrect when it alleges in paragraph 426 of the Rejoinder
that in our ](eply we changed our position and now stand or fall by the
ro-mile limit, so that, if this limit does not hold, there is no general
limit whatever in customary law. Here again, the Nonvegian Government
tries to deny the existence of any rule of customary law by appealing to
the argument of Jack of absolute precision as to the limit of the rule.

lt is in a way the last-millimeter argument only on a larger scale, and
in view of the general importance of the customary law of bays, 1 want
to Ihake my Government's position quite clear. We maintain that during
the 1gth cent ury a customary rule was cleveloping und er which States
recognized that, without special justification and the acquiescence
of other States, only bays of limited width could be treatecl as inlancl
waters, that is as national territory. There is ample evidence of that
in the case of the lVashington (Ref. r853-4 Moore's Digest, Vol. I, and
International Arbitration,. Vol IV) and in numerous fishery treaties
negotiated between different sets of States and applying to all sorts STATEMENT BY SIR ERIC BECKETr (U.K.)-27 IX 51 87
of different coastal formations. That question was not in issue in the

North Atlantic Fisheries Arbitration in rgro, but, as we pointed out in
our Reply, there are numerous indications in that case that customary
law was recognized to draw some limit-as yet unsettled-between
closed, inland bays and open sea bays. The opinion of jurists and of
many governments harclenecl between rgro and 1930 in favour of a limit
of ro or 12 miles-a fact which appears with absolute certainty in the
preparatory work and proceedings of the 1930 Conference. In 1930,
the very large majority of States raised no doubt at ali about the exist­
ence of a customary limit. The only question was 10 or 12 miles. There
was much greater support bath in the Conference and in State practice
for a limit of ro miles, and therefore we have submitted-not unreason­
ably WC think-that the rule crystallized into a 10-mile limit at that
date. If we are wrong in that, we submit with confidence that the
customary limit for ordinary bays does not exceed 12 miles.

The second observation relates to paragraph 398 of the ]{ejoinder,
where the Norwegian Government deals with the recommendations of
the rgro tribunal that the Parties should not put its award in favour of
Great Britain into full effect but should apply a 10-mile limit with
specified exceptions. The exceptions included Chaleurs, Miramichi
and certain other bays larger than IO miles wide.
The Norwegian Government asserts that these exceptions confirm
that in the tribunal's opinion the delimitation of bays must be effected
not by the application of a uniform numerical rule, but having regard
to local conditions and to the peculiar characteristics of each bay. 1
submit that that assertion has no basis whatever. The tribunal merely
recommended that the Parties should put into effect the agreement
reached in the Chamberlain-Bayard Treaty of 1888 which had been
signed by bath Governments but rejected by the United States Senate.

The excepted bays thus cliclnot reftect the tribunal's appreciation of
local circumstances. The recommenclations, as a whole, reflected a
compromise reached after a very long and hard piece of bargaining
between Great Britain and the United States 22 years before. The
tribunal simply repcatecl worcl for worcl the relevant provisions of the
abortive treaty.
My third observation relates to the Moray Firth case which is dealt
with in p<Lragraphs 401-402 of the Rejoinder. Here I merely wish to
put on record that these paragraphs by selective citation completely
misrepresent the view then held by the British Government in regard
to the applicable international law conceming territorial bays. The
citation to which I refer is the Government statement set out in para­
graph 402 of the Rejoinder, in which the juclgment of the Scottish Court
applying a legislative prohibition on trawling in the Moray Firth to
foreigners outside the ro-mile line was said to be correct in law but
inexpedient to enforce. The Norwegian Government declares that my

Government in rgog agreed with the Scottish Court that tmder general
international law Great Britain had the right to exercise jurisdiction over
foreigners throughout the very wide indentation of the II•Ioray Firth.
Nothing coulcl be more untrue-considering that the Government had
expressly bound itself to apply a ro-mile limit in the North Sea Conven­
tion. ln fact the Government regardee[ the Scottish decision even if
correct in municipal law as inconsistent with its obligations under
international law. 1 am not going into al! the detail1 merely dra.watten- 88 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-27 IX 51

tion to the fact that the statement cited by Norway was that of the
Lord Advocate-the Scottish Law Officer-and that the Government's
true attitude on the international aspects of the case was given at length
by the Foreign Office on other occasions. The fullest statement was
inthe House of Lords on 2rst February, 1907-see Hansard, 4th Series,
Volume 169, Column 987. The view of Sir Edward Grey, the Foreign
Secretary, that international law only allowed territorial bays "with
a very narrow entrance" or "ten miles wide" which was mentioned in
paragraph 242 of our Reply, was also given to the House of Commons

in regard to the Moray Firth controversy. There is much more that
might be said about this precedent-but I do not think that it now has
any relevance in this case, and I leave the matter there.
·My fourth observation relates to the Nonvegian contentions in para­
graphs 4II-412 of the Rejoinder concerning the views of the United
States Government. The Nonvegian Government, referring to a United
States regulation of 1929 and to a United States memorandum
transmitted to the International Law Commission in 1950, represents,
·interalia, that the United States has abandoned the distinction between
ordinary and historie bays, rejects the application of any mathematical
test in appreciating the configuration of a bay and denies the existence
of the ro-mile rule as a general rule of international law. I want to

·correct any impression that may have been createcl by these contentions
that the United States Government is on the sicle of unilateral deter­
mination of inlancl waters.. and it will not take me very long. I need
not go intothe past history beyond recalling that at the 1930 Conference
the United States was one of the strongest proponents of the ro-mile
limits for orclinary bays, and of the geometrical test -of a bay. I will
simply reac! to the Court what Solicitor-General Perlman has recently
said in the hearings before a Committee of Congre ~fswhich I spoke
a little while ago. The meetings were held earlier this year, and the
report is at pages 407-408 of the hearings. before the Senate Committee
on Interior and Insular Affairs. ·
The matter arose in the Committee when Senat r Lo0g mentionecl
that, accorcling to his understancling, the Federal Government was
asserting that bays more than ro_:mileswide were open sea and observed

that Chesapeake Bay was more than ro-miles wicle.The Solicitor-General
then saicl:

"Weil, that rule has its exceptions, Senator. And what we have
stated is that when you come to measure an area to determine
whether or not it is a bay under ordinary rules, you use that ro-mile
measurement but there are exceptions to that, and one of the
exceptions is that whenever a body of water has historically been
a bay over a long period of years, and has been considered to be
a bay, then we consider it to be a bay."

Another Senator, Mr. Cordon, then asked whether San Pedro Bay was
not an historie bay, whereupon the following interchange took place:

"Mr. Perlman : No. San Pedro Bay is called a bay, but we think
that part of it is inland and part is in the open sea.

Senator Cordon : In other worcls, a bay is just what you want
to call it. STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX SI ·89
Mr. Perlman: No. It is not what we want to cali it. In the last

analysis, if there is any dispute about it, the Court will have to
determine whether it is a bay or whether it is an inland water or
open sea."

It was this discussion of San Pedro Bay to which I referred in connec­
tian with the definition of bays. But my general pointis that the Federal
Government before the Supreme Court is vigorously maintaining the
principles which it advocated in 1930, and that this fact is entirely
inconsistent with the Norwegian Government's interpretation of United
States practice. It is dear that the Federal Government's views before
the Supreme Court are perfectly in line with the United Kingdom's
views before this Court.
My fifth observations relates to paragraphs 409-410 of the Rejoincler,
where the Norwegian Government lists a number of aclditional daims

to bays larger than 10 miles wide, and says that the theory of historie
waters is insufficient to explain ali these exceptions away. It contencls
that, if the Court were to upholcl my Government's contentions in
regard to the 10-mile rule, and to the requirements of an historie title.,
the decision would cause consternation among the numerous States
which have lodged daims to larger bays. My answer to this contention
is, of course, that if the Court upholds our contentions, it will merely
be stating the legal position as it is already understood by States, and
will not cause the !east surprise or consternation to any State.
We dealt with the question of daims to larger bays found in State
practice in paragraph z67 of the Reply, but, as the contention in the
Norwegian Rejoinder touches closely the fundamental basis of the law
of coastal waters, which is so important in the present case, I want to
examine the status of these larger daims again, though quite briefty.

We pointed out in our reply that the number of larger bays claimed
as inland waters is small in comparison with the number of .bays that
exist on the very extensive coastlines of the States concerned. Conse­
quently, the very fact that specifie daims are made to a number of
particular bays confirms the existence of a generallimiting rule to which
these bays are recognized or claimed to be exceptions. We said that sorne
of these daims have long received general recognition as historie titles,
but that recognition of sorne others might still be a matter of proof.
We also pointed out that Gidel for this very reason dealt with all these
larger daims under the title of historie waters. The reference is Vol­
ume III of his book, pages 653-663.
The Norwegian Government, however, complains in paragraph 410
of the Rejoinder that our contentions in regard to bays seek to imprison
the customary law in a v~ry narrow rule and at the same time to subject
the exceptions to the rule under the doctrine of historie waters to very
strict conditions. This complaint of unreasonable strictness seems to us

to be clerivecl from a misconception as to the whole basis of maritime
daims. The Norwegian Government seems to us togo wrong from the
start in making no distinction between a daim and an established title.
It treats every maritime daim as automatically binding in law on other
States, whereas the practice of States shows very dearly that this is
not the customary law under which the consent of States play an
important part in the establishment of maritime titles. If precedents
dealing with the inland waters are required, the Norwegian note to thego STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT {U.K.)-27 IX 51

Soviet Union in 1922 conceming the White Sea will serve-l have
already referred to it. Norway said that the Soviet Union was adopting
too broad a dosing line in the White Sea and Norway would only accept
a narrower one further inland. Under the existing principles of inter­
national law, what protection can .the general body of States and
individual States have against excessive daims to inland waters which
curtail the right of innocent passage unless such large daims are macle
subject to the acquiescence of other States?
The Norwegian Government also seems tous togo wrong, as I explain­
ed before, by treating the customary rules as taking the form of restric­
tions upon coastal States. The customary rules do not appear as rules

forbidcling coastal States to make daims. So far as concerns bays, there
is nothing illegal in the making of a daim beyond what is generally
accepted. The illegality only occurs if such an exceptional claim is
enforcecl against other States without their acquiescence. ln short, the
customary rule for bays appears as a restriction upon the liability of
the general body of States to be bound by a claim which exceeds the
ordinarily accepted limits of inland waters, unless they have acquiescee!
in the daim. The customary rule merely protects States against excessive
unilateral daims.
How can it reasonably be said that this system-the traclitional
system-is unduly strict or too inflexible to be practical when it allows
everybody to appropriate bays as inland waters up to a ro-mile limit

and allows larger daims to be established and enforcecl with the acquies­
cence of other States? The Norwegian Government may prefera single
system of unilateral action. International law, however, exists for the
protection of States against unilateral action.
l wish to sum up in five points ail that I have saicl on the subject
of bays. I would say that (r) bays are an established exception to the
tide-mark rule; (2)the conception of a bay is well understood in inter­
nation<d law and that our definition of it "as a well m;ukecl indentation
whose penetration inland in such proportion to the width of its mouth
as to constitute the indentation more than a mere curvature of the
coast" is as good as any other; (3) in the majority of cases there is no
doubt whether an indentation is a bay or not, and the mere fact that
it leaves borclerline cases is no argument against the existence of a

legal rule-most legal rules leave borderline cases; (4) the new Norwe­
gian argument is ill founded and in no way shakes the establishecl
authority of the ticle-mark rule ; (5) no one could possibly claim that
the areas endosed by the Norwegian base-line of 1935 between points
7-8, rr-12, 20-21-22, 26-27 and 32-33 were bays, and indeed so far as 1
know Norway has never thought of claiming those as bays.

I now wish to address the Court on the subject of islands. The presence
of islands, rocks and banks off a m;Linland coast, as has been emphasizecl
in the pleadings, raises two separate questions of customary law con­
cerning the delimitation of maritime territory. One question is how far

low-ticle elevations of the sea becl, that is, elevations not permanently
above water, may be taken into account at all as territory of the coastal
State for the purposes of delimitation. ln other words, how far low-tide
elevations qualify as base· points and attract territorial waters. The
Attorney-General mentionecl that we thought this was a subsidiary
legal question on which we consicler that the Court will have to reach STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-2'/ IX 51 91

a decision as a matter of principle. The second question is the manner in
which a fringe of off-shore islands and·elevations of the sea bed affects
the delimitation of .inland waters and thus the base-line question. The
·second question îs the outer coast line doctdne, and as the Attorney­
General explained, it seems to us to have !ost a good deal of its practical
significance owing to our recognition of Norway's historie title to the
water inside ber island fringe. As the Attorney-General saki, we do not
think that the Court wiUhave to decide as a question of principle whether
international law does or does not recognize the outer coast line doctrine .
.So 1 shall on!y make a few remarks upon ît1 begin with the first question

-the status of low-tide elevations.
The Norwegian Government has maintained in paragraph 93 and
.again in paragraph 447 of the Rejoinder that the question of low-tide
elevations is o.fno practical importance iri this case because the 1935
Decree does not employ any low-tide rock, which is more than four m!les
-either from dry land or from a rock permanently above water. I only
wish we could agree that this small point was of no practical importance
in this case and thus get it out of the way. But we cannat see our way.
to doing so for two reasons. First, the Norwegia:n contention appears
to us to be incorrect, because base-point No. 2T, namely Vesterfall in
·Gasan, seems to raise the question of a low-tide elevation : the actual
point is complîcated and will be explained later. The second reason is,
that even ifwe are wrong about base point No. 21,the question of low­

tide elevations is only of no importance on the assumption that the
Norwegian blue line is upheld in every particular aU along the coast.
We contend that the blue line cannat be accepted in numerous places,
.and, ifour views are upheld, the status of sorne low-tide elevations not
included in the blue line may require consideration for the purpose
of drawing the correct line.
My Govemment's contentions in regard to the applicable customary
.law will be found in paragrapbs IOI-I08 of the Memorial and in para­
graphs 293-304 of the Reply, to whîch 1 ask the Court to refer for our
<letailed ar~:;um Thnetrule for which we contend is that a low-tide
elevation may be taken into accoimt if, but only if, it lies within the
maritime belt of permanently dry territory measured from the latter's

low-water mark. If such an elevation lies outside the maritime belt of
any permanently dry land and submerges at high tide, then itneîther
ranks as an island with its own territorial waters nor has anv influence
on the delimitation of the maritime belt of any permanently dry land.
The ·rationale of the rule is clear. It effects a compromise between the
"interests of coastal States in taking into account submerging rocks and
banks closely adjacent to their shores and the interest of the general
body of States in avoiding substantial areas of open sea being appro­
priated by coastal States by virtue of a nominal claim to a rock or bank
far out from land and only occasionally appearing above the sea. It
also meets the needs of marin ers for permanent landmarks as disappearîng
reefs are only admitted close to dry land. It was the rule recommended
at the 1930 Conference by the Preparatory Committee in Basis of Discus­

sion No. l4 and by Snb-Committee No. II in its Report.
The Norwegian Government, on the other band, contends that the
use of low-tide elevations is admissible regardless of whether they lie
\vithin the maritime belt of any permanently dry land. In support of
this contention it has cited, in paragraphs 448-451 of the Rejoinder;92 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 lX 51

a number of Scandinavian regulations and decrees of Latvia and Estonia
now no longer independent, and decrees of Egypt and Saudi Arabia.
It cites these as examples of low"ticle elevations being employed in the
delimitation of the State's maritime territory without any express
restriction as to the distance from shore. Then, in paragraph 452, it
protests that, if our views are right, thesc States must be regarded as
having committed a breach of international law.
Let me take the last point first. Here, again, the· Norwegian Govern­
ment, in our view, puts the matter in completely the wrong way. The
customary rules do not take the form of categorical prohibitions against
the making of any particular daims. We do not say that these States
committed an international wrong when tl1ey issued their decrees. We
merely say that their decrees, not being supportee\ by any generally

recognized rule of customary law, are not enforceable against us without
our consent. lt is only the enforcement of a decree against another State
without any legal ground in international law for using force against
that State which would constitute a breach of international law, and,
of course, as the Court can now sec, governments have protested against
the Saudi-Arabian and Egyptian decrees, and no doubt many other
govemments would also not accept them, but, like the French Govern­
ment, do not feel obliged toput in protests mere!y because a government
enacts a decree and does not officially bring itto the French Govern­
ment's attention.
I will now deal with the pre.cedents. It may be doubted whether aU
tl1e States concernecl intended the rather general words of their decrees
to include distant elevations of the sea bed submerging at high tide.
Finland and Estonia, for example, in their replies to the Preparatory

Committee of the 1930 Conference, supported the rule for which we
contend. Denmark in her reply would not allow even permanently dry
islands to count unles.s situated withîn twice the width of the maritime
belt from the mainland shore. But, in any event, these precedents caver
a narrow group of States, and in our submission they are quite insufficient
to form the basis of a legal obligation on the part of other States to
respect the particular claims.
The Norweb>ianGovernment further cites the text iri the Harvard
Research Draft as supporting the treatment of low-tide elevations as
islands, and this is truc.But the Harvard Draft does not seem to have
had in inind the question of the distance of submerging rocks and reef:;
from the mainland, and in any case, refused to contemplate even that
the waters between permanently dry islands and the mainland should
be treated as inland waters. However, the Norwegian Decree also cites
a statement of M. Alvarez at the 1928 Session of the Institute of Inter­
national Law-"As for areas submerged from time to time, the Com­
mittee agreee\ to consider them as islands"-Norway adding that this

statement met with no demur. The Norwegian Government's comment
seems mistaken, since M. de Lapradelle promptly intervened to reserve
the definition of island, raising the very questions whether a formation
ought to be habitable or of a certain size before qualifying for territorial
waters. ·
Then, on the other side, yon have the contrary authority pointed
out by us in our Reply. The Institute in 1894 showed great reserve
concerning the extension of territorial waters by means of rocks and
banks off the coast-a reserve which was strongly shared both by STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 93

Fauchille and Gide!, who gave more attention to this matter than any
other writers. These writers, indeed, would have preferred a strict
definition even of permanently dry islands, so as to allow only islands
which are capable of use to possess territorial waters. When the question

of codification arose, the Preparatory Committee and Sub-Committee
No. II decided to limit the use of submerging rocks and banks to those
within the maritime belt of permanently dry islands.
In paragraphs zg6-zg8 of our Reply, we draw attention to Norwegian
legal opinion on this matter in the rgth and zoth centuries. We there
show that the use of submerging rocks and banks in Nonvegian practice
is comparatively recent, first appearing in the letter of rgo8 from the
Ministry of Foreign Affairs to the Ministry of Defence. We also pointed
out that this clevelopment of Nonvegian practice followed the emergence
of the low-ticle mark rule in the rgth century. Here, as I said previously,
you have a case where the Nonvegian Government, for the purpose
of extending its daims, has taken advantage of a customary rule which
developed as part of the traclitional system of the maritime belt. Though
the Norwegian Government now denies it, we think it perfectly clear
that Nonvay in the past adhered to the system of the maritime belt.

It is for this reason that we do not complain of Nonvay's reliance on
the rule of the low-water mark. But we certainly do complain of the
Norwegian Government eating the sugar off the cake and declining the
rest of it. vVe contend that if she wishes to apply her decree against
other States, she must apply the whole system that has been generally
recognized in customary law.
We also contend that she must take the low-water rule as she finds
it, as part of the recognized system. The low-w"ater mark rule was
formulatecl to define the seawarcl limit of permanently dry terra [irma
for the purpose of measuring its maritime belt. It is one thing to take
into account low-ticle rocks as adjuncts of the low-water mark coast
line of permanently dry territory. It is quite a different thing, when
they lie by themselves in the open sea, to treat ·them as islands pos­
sessing their own territorial waters. The concept of maritime territory,
as the Nonvegian Government itself maintains, is of waters accessory

to land. The application of this concept to a minute rock submerged
at high tide and lying severa! miles from any permanently dry land,
seems to us to be completely unreal and not to be callecl for by any
interest of the coastal State. ·M01·eover,there are obvious objections
from the point of view of the freeclom of the seas to allowing such
distant elevations of the sea becl submergecl at high ticle to possess
territorial waters-objections which are strongly voiced by Gicle!.
Indeecl, the objection is really no less than that raisecl by numerous
States and by the International Law Commission to allowing claims
to the sea-becl of the continental shelf to inducle a claim to treat the
superjacent waters as territorial waters. The objection is even greater
when the coastal State daims-as cloes Norway-that the existence of
the distant submerging -rock converts a large area of open water into
inland waters, thus exduding the right of innocent passage.
We accordingly submit that the precedents relied on by the Norwegian
Government are too limited and incondusive to form the basis of any

general rule. We also submit that the general rule for which Norway
contencls is contrary to principle. \Ve maintain that the rule proposecl
by the Preparatory Committee of the 1930 Conference and by Sub- 94 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51

Committee No. II effects a reasonable compromise between the daims:
of coastal States and the interest of other States and is sound in principle.
The customary law being incomplete and unsettled on this point, we
submit that the rule which is consistent with principle and was favoured
at the Codification Conference should be applied. This rule, we main­

tain, represents the maximum of legal obligation which can be regarded
as accepted by the general body of States in regard to the daims of
States based on low-tide elevations.
I will now say a few words about the outer coast line theory, ancl
then I shall have finished. As I have already said, we do not think
that it is necessary for the Court in this case to decide as a matter of
principle whether the outer coast line doctrine does or cloes not form
part of international law, but 1 think it is necessary for me to make
clear what I consider the outer coast line doctrine to be and what its
effect is, if it is part of international law. The doctrine, if it exists,
applies where, outside the coast, there is a fringe of islands and the effect
of the doctrine is that aU the waters between the island fringe and
the mainland belong to the coastal State and indeed, unless they are
legal straits, are internai waters in the same manner as a bay is. The·
validity of the doctrine as a doctrine does not arise in this case because,

as the Court sees from the charts before them, the United Kingclom
admits that Norway has a title to all the waters inside her island fringe.
The title is admitted by the United Kingdom on historie or prescriptive
grounds, and the United Kingdom bas not admittecl the existence of
the doctrine as part of international law. When once a title to waters.
is admitted on historie grounds, it is not very material whether one
says th at Norwày hàs this title to the waters inside her island fringe,
because she has an historie title to an outer coast line, or whether it is.
because Norway has an historie title to all her fjords and sunds and the
island fringe gives the waters inside them the character of a fjord or
sund. The point, however, which it is important to make clear is this,
that the outer coast line doctrine, supposing it exists, only applies to
· waters inside the fringe, and further that, in so far as there are any
precedents for the outer coast line theory or any other authority for
it, these precedents and this authority both presuppose a limit on the
distance between the islands which can be used for enclosing the waters.

inside the fringe.
Th us, for instance, France, as the little maps (Nos. r6, (e), (/), (h),
(z)) to be found in Annex II2 of the Norwegian Rejoinder show, seems.
to have adopted something like an outer coast line theory on a very
small scale on certain portions of French territory, but France has.
strictly kept within a ro-mile limit for the interval. Similarly, Yugo­
slavia, which clearly adopts an outer coast line theory in the Adriatic,
has adopted 12 miles as the intervals between the islands which she
joinsup by base-lines. Further, the 1930 Codification Conference, which
certainly debated the outer coast line doctrine as part of the problem
of archipelagos, always contemplated that there should be a limit on
the interval between the islands. Sorne favoured double the breadth
of territorial waters; the majority favoured ten miles; others preferred
twelve miles. In fact, as has already been stated, the Hague Codification

Conference reached no conclusion at ali on the problem of archipelagos.
or on the outer coast line theory. STATEMENT RY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-2? IX 51 95

The frrst point that I wish to make is that, if there is an outer coast
line doctrine in international law, it is subject to a limit on the interval
between the islands and there is really no authority for allowing an
interval of more than ten miles. The second point which I wish to make
is even more relevant for the purposes of the present case, and that

is that the outer coast line doctrine affords no authority at ali for departing
from the line of the outer coast line and for c\rawing where the fringe of
islands makes a curve inwards a long straight base-line right across
the curve, which is what Nonvay has clone. 1t woulc\, of course, be
parac\oxical if, when you are c\ealing with the solid land. mass of the
mainland, international law gave no title at ali to enclose curvatures
which were not bays and even in the case of bays imposed a limit of
breadth, and then when you are dealing with something Jess solid,
namely, a fringe of islands, gave the coastal State a title to enclose a
curvature which was not a bay at ali and to enclose bays of unlimited
breac\th. This would be so paradoxical and so absurd that I neec\ not
elaborate it. Yet, what Norway's I935 Decree does is to enclose waters
insicle a curvature, which could not possibly be called a bay, and which.
in fact, so far as I know, Norway has never claimed to be a bay, and to

have closing !ines of almost unlimited length.
It is not for me here to deal with Norway's alleged historie case,
and l will therefore only say that for reasons which the Attorney­
General will develop later, the United Kingdom submîts confident!y
that Norway can make no historie case at ail to those waters which her
blue base-lines enclose which are situated within the arms of shal!.ow
curvatures on the outst:dof the fringe of islands. We have ac\mitted-and
this is ali we do admit-that she has an historie title to the waters inside
the island fringe and between it and the main!and. I have felt it necessary
to make these remarks to explain the l.imits of the outer coastline
doctrine, even supposing it is part of international law, and to expl<Lin
tint .it is impossible on the basis of this doctrine, supposing it exists,
to establish a right to base-lines between islands more than ten miles

long, and that the outer coastline theory affords no support to a daim
to shallow curvatures on the outsicle of the island fringe .
.ln conclusion, and as a sort of postscript to my present address to
the Court, I should .like to mention what seems to me a somewhat
extraordinary coincidence. Four days ago, that is, after my arrivai at
The Hague, when at any rate the main \ines of ihis present address to
the Court were already clown on paper, there came into my hands a
little treatise in German. 1t had been founcl in the library of the Univer­
sity of Oslo by the industry of our Norwegian legal adviser, Mr. Schjedt.
V•/ehad never seen or even heard of it before. It is, as 1 have said, in the
German language. Being unable myself to reacl German, 1 am indebtecl
to my learned friends Mr. Wilberforce and Mr. Schj0dt for the inform­
ation regarcling the contents of this treatise which 1 am about to give
the Court. In a worc\, we fine\in this little treatise our case against Norway
arguee\ for us on much the same !ines as we at present put the matter
to the Court, and, as 1 have said, only four days ago we were quite
unaware of the existence of this treatise. The treatise is entitled "The

New Norwegian Fishery Limit of IZ July, 1935", and is written for a
doctorate by Walter Münchmeyer, of Hamburg, published in I939- l
claim no particular authority for it, it is only a thesis for a doctorate,
but the author bas carefully stuclied his subject : he spent some time at g6 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)--:-2IX SI

sea studying fishery prob!.ems and sorne time in Norway, and he cites
the .relevant Norwegian documents, induding Ra:stad's.Kongens Striimme.
His examination covers the main arguments touching the validity of
this decree, and it is striking how on alrnost every point his conclusion
coincides with the case developed in our pleading and our argument

before the Court. It is only proper to admit that at the same time as
regards our own British policy and particularly on the l9IO arbitration
he states views opposed to our own : views on that point manifestly
based on the writings of Captain Meyer.
Now I do not propose to quote the treatise orto detain the Court with
it. I propose merely to enumerate sorne of the points on which he agrées
with us, and .it is rather a striking list:

(x) The nature of Norway's new fishery limit-its relation to a
fictitious coast line instead ofto the real coast line ;
(z) the relationship between daims of individual States to appropria te
the sea and general international law, with particular reference to the
principle of the freedom of the seas;

{3) the distinction between the proposition that aState may lawfully
delimit its own territorial waters and the proposition that such delimita­
tion is binding on other States ;
(4) the irrelevance of daims based on mare clausum;

(S) the renunciation by Nor.vay herself of any daim to base her
present lîmîts on these ancient doctrines; ·
(6) Nor.vay's acceptance of the developments of international law
leading to the doctrine of the freedom of the seas (as Pvidenced by
para. 17 of the Storting Committee's Report; Memorial, Vol. I, p. xgo) ;

(7) refutation of Norway's daim to define her own limits without
justifying them according to international law and practice;
(8) examination of Norway's daim to an historie title, the distinction
between her daim to a four-mile limit (for which a sound historie basis
exists) and her daim to king base-lines ;
(g) slender historie support for the long base-lines-the r812 Decree
did not deal with them, the 186g Decree was a particular application

which stated no definite principle ; the most that was established was
the rule that some base-Iines could be drawn, but there was nothing
to show what b<J.Se-line; ·
{m) the vagueness of this rule in Norwegian conceptions illustrated
by the judgment in the Deutschland case;
{n) necessity of acquiescence by ot11er States; the extent to which
acquiescence can be presumed by silence ;

(12) acquiescence not to be so presumed where the coastal State has
made no formai statement of its daim and where the other State
proves that it had no interest in the subject matter and no reason to
define its position ;
(13) the effect of French recognition of the Vestfjord in r868 and of
the r86g Decree, which was no recognition of any principle;

(14) user cannot alone create an historie title against other States,
unless the coastal States' daims are defined as against them by \egis­
.lation, treaty or enforcement ; STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-27 IX 51 97

(rs) irrelevance from a legal standpoint of economie considerations,
the latter only relevant for purposes of negotiation with other States;
(r6) examination of Norwegian daims founded on geographical and
hydrographical data; refutation of Norwegian daim that blue !ines
are related to such data ;

(r7) impracticability of the blue !ines from the point of view of •
enforcement in view of their great distances from land.
Now the only copy of this treatise which we possess belongs to the
University of Oslo, and we are obliged in honour to let it return to the
University libra.ry when these proceedings are finished. During this
period we shall, of course, be ready tolet the Norwegian Agent barrow

it ifhe wishes to do so, though I suspect that he probably knows ali
about this treatise already. We should also be ready to lend it to the
Court if they should wish to ask for it. Finally,if it were desired, we
would be ready to have it photostated and to place a photostated copy
in the library of the Peace Palace ·here. It seems to me very striking
that this able and indust.rious German aspirant to a doctorate should
submit a thesis on the Norwegian Decree of 1935 and sjwuld have set
clown in his thesis practically the same case against this Norwegian
Decree which we have submitted to the Court in our capacity as advo­
cates. Dr. Münchmeyer (and I hope I may caU him Doctor because his
thesis seems tome to have deserved the deg.ree) was not an advocate,
he was merely submitting an academie thesis, and yet this Norwegian
Decree seemed to him to be open to objection from. the point of view
of international law for very largely the same .reasons as those which
we have put forward.

Vlell that, M.r. President, concludes my address on the fi.rst part of
the case. The Attorney-General will deal with the second part of the
case.

8 3. STATEMENT :SY SIR FRANK SOSKICE
(COUNSEL FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED I<INGDm.l)

AT THE PUBLIC SITTINGS OF SEPTBIBER z8th AND zgth, 195:r

[Public süting of. 5eptunber 28th, I95J", morning]

May it please the Court.
I will now address the Court on the second half of the case, the question
of Norway's historie title. Thisart of the case is, of course, only relevant .

if we have satisfied the Court that the firm blue Jine on our charts is
inconsistent with the general rules of customary law concerning the
drawing of base-Hnes, so that it derives no authority against the United
Kingdom from those rules. 1 will therefore, if 1 may, assume for the
purposes of my argument that we have so satisfied the Court.
The historical evidence is relevant from two aspects. One, which 1may
call the negative aspect, concerns the question whether Norway declined
to adhere to the customary system of the maritime belt of fixed width
with the result that she is not bound by any of the customary rules
for delimiting coastal waters, and in particular by the tide-mark rule.
The other aspect, which 1 may cali the positive aspect, concerns the

question whether Norway, although bound by the general customary
rules, has long asserted a title to the disputed waters and whether other
States, including the United Kingdom, have acquiesced in her assertion
of title, withthe result that she now possesses an historical title to the
waters regardless of the inconsistency of the firm blue line with tbe
general customary rule. On the first, the negative aspect, we contend
that Norway clidin fact adhere to the customary s:ystem of the m2•:.:itime
belt. On the second, the positive aspect, we contend that she did not
assert a title to the disputed waters until 1935, and that other States,
and in particular the United Kingclom, did not acquiesce in the posses­
sion of a title by Norway over these waters.
Now the United Kingclom is prepared to concede in principle that

a State which possessed extendecl rights and then declined to acquiesce
in a change in international l<Lw,restricting such rights, would not or
might not !ose its original extended rights. For example, the position
might have been that, at a certain period in history, the rules of inter­
national law were such that Norway and other States enjoyecl certain
wide rightsand then at a later date the general rules of international law
changed so that the right of States in this sphere became restrictecl. Tf
in such circumstances Norway (or sorne other individual. State) consist-
·ently and openly manifested ·her refusai to accept the new rule or rules,
then Norway (or the other State concerned) might weil daim exemption
from the new rules which bind the community of States in general. For

this to be the case, however, two things are essential, namely, (1) that
there was a period when the dissenting State (Norway or another, as the
case may be) enjoyed wider rights under the old international law, and
(2) that the dissenting State openly and consistently made known its
dissent from the new rules at the tùne when the ne1vrules came ùdo oper- STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-28 IX SI 99
ation. On the other hanc!, where the position is that the clissenting State

clic!not openly and consistently make known its dissent from the new
rules at the time they came into operation, the clissenting State certainly
then woulcl have become bouncl by the new rules as woulcl ali other
States; and, if that State then wishes to prove that she has obtained an
exemption from them, it must be on the basis of a prescriptive or histor­
ical right exempting her from a rule by which she had been bouncl.
The result ofthe two things may be the same, but the process is different.
In the 'former case, the clissenting State may obtain exemption from the
new customary rule of international law by her sole action in dissenting
from it. In the latter case, however (the case of acquisitive prescription),
she only obtains exemption from a rule, which is bincling on her, by the
acquiescence of the community of States in her exemption.
Norway daims that in the r8th century she possessed extencled
maritime limits, and it immediately becomes very important to ascertain

whether she consistently maintainecl her daim to those extended rights.
The United Kingclom contends that, \vhatever rights she may have had
before, she abanclonecl those rights by the 1745 and later decrees, and in
their place herself formulatecl the new doctrine of the maritime belt, of
which incleeclshe herself was the creator. It becomes very material in
these circumstances to ascertain whether the United Kingdom's conten­
tion in this regard is weil founclecl.
I w111111the hrst place elabora te my argument on what 1 have described
as the negative aspect of the case.
Norway's argument that she never aclhered to the customary system
of the maritime belt will avait her nothing unless she can establish each
one of three separate points. She must establish (i-rst that before r8oo
she already possessecl wicle rights to maritime territory uncler the then
existing international law; scconclly, that she refused to adhere to the

customary rules of international law and kept her former wicle rights ;
and thinlly, that the Decree of 1935 is based upon her old wicle rights
which she hacl kept ali the time. lt is dear that, unless Norway can
establish each one of those points, her refusai to subscribeo the custom­
ary rules, so f<Lrfrom provicling a justification for the 1935 Decree,
is merely the explanation of its inconsistency with the international
law of to-clay.
In our submission, the Norwegian Government has failecl to make
goocl any one of these three points. As to the first point, the extent of
Norway's rights before about r8oo, it is doubtful, as Sir Eric has said,
how far any of the old mare clausu-m daims were ever recognizecl as
established legal titlesrather than political pretensions asserted by
force. When I come to deal with Norway's historie title, I shall endea­
vour to establish that the wide daims of the Danish-Norwegian King­
dom in particular were contestecl and cannot be regardecl as having
been more than pretensions.

The second point I shall deal with in a moment, when I shall seek
to demonstrate that Norway not only aclhered to but was one of the
creators of the modern customary system.
As to the thircl point, namely, the relation of the 1935 Decree to
Norway's ancient pretensions; Sir Eric, when dealing with the question
whether the customary rules appear as restrictions on the sovereignty
of States, has alreacly shown that Norway's modern daims bear no
relation whatever to her ancient pretensions. He establishecl, in ourIOO STATEl\ŒNT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 5I

submission, for example, that Norway's modern 4-mile maritime belt
had no place in her ancient extensive daims but had its origin in an
rSth-century rule of prize law. I mean, of course, the Rescript of 1745,
which was the product of the maritime wars of the rSth century,
not of ancient Norwegian conceptions of Nonvay's maritime limits.
Obviously, it cannot be said that the straight base-lines found in the 1935
Decree have any kind of connection with Norway's ancient mare clausmn
daims. Further, R<estad, in his opinion in the De·zttschlandcase, pointed
out that the straight base-line system was inconsistent even with the
range-of-vision principle, a principle which necessarily assumes a certain

distance measured from actual land. The range-of-vision principle was
one which Norway adopted in the period intermediate between the
abandonment of her full mare clausum claim and her adoption of a
4-mile limit.The straight base-line system, we contend, was introduced
for the first time in r869, and then only for a small section of the coast.
Indeed, the highest point at which Norway herself puts her case is that
the system of lines used by the 1935 Decree derives from the Rescript
of rSrz-by way of the Decrees of r869 and r889. \Ve contend, of course,
that the straight line system does not go back so far: our view is that
of R<estad, that the r8rz Decree did not relate to base-lines at alland
that straight base-lines appeared as an innovation and then only for a
small section of the coast in the Decree of r869. But be that as it may,
even if, for the sake of argument merely, one accepts the r812 Decree
as the origin of the base-line system, even on this view it is impossible

to maintain the argument-essential on the third of the three points I
have mentioned-that the 1935 straight base-lines had any basis in
Norway's ancient daims. We assert that the 1812 Decree is not the
origin of Norway's base-line system at ali. Indeed we say that it implied
the tide-mark rule.
There is no greater connection between the 1935 Decree and what
Norway repeatedly refers to in her pleaclings as the traditional legal
conceptions of the inhabitants concerning the fishing grounds. Her
daim is, of course, that the 1935 Decree represents merely an appli­
cation of these conceptions. As the Storting Report on the 1935 Decree
shows, it is in fact far from being so. Moreover, R::estad clearly marks
the distinction between the popular conception on the one hand and
the cannon-shot rule or the league limit on the other (Kongens Strormne,
page 303), and in fact the two things are quite inconsistent and quite
impossible to reconcile one with the other. For if anything is clear

regarding the ancient conceptions of the fishing population, it is that
they related to certain areas of water here and there along the coast.
Some small, sorne larger of different shapes and distances, over which
fishermen had for long periods exercised their trade. Clearly these
irregularly placed fishing grounds were not defined and could not be
defined by any system of straight lines. For proof of this, one only has
to look at the Norwegian charts in Annex 75 of the Rejoinder. \·Vhen
therefore in the r9th century the Norwegian Government was faced
with the necessity of defining its fishery limits, it became apparent that
it was impossible to draw these lines consistently with international
law rulesso as tocoincide\vith the fishing grounds. The problem first arose
in the Sundmore area where, as we know, Norway managed, by means

of a line twenty-six miles long, to include most of the nearer grounds STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 5I IOI

but reluctantly had to leave out others with as good a traditional chlim
to be included; and the same experience was repeated in I935-
The point I am trying to make clear-and I think it is an important
one-is that the I935 system was not only not based upon ''traditional

legal conceptions" concerning the grounds, but was singularly ill-adapted
to fit in with them, and that it was only by a considerable degree of
improvisation-the use of extreme points, very long lines, disregard of
the natuml limits of hays and so on-that Norway managed to bring
as ri1any of the grounds within her !ines as she did. Even so, she was
obliged, as we know, to leave many outside.
Mr. President, as 1 said, Norway must establish three points, fi.rst
that she once possessed extended daims, as to which I shall have more
to say later on. Seconclly, that she declinecl to adhere to the doctrine
of the maritime belt, and thirdly that her modern daims are founded
upon her ancient extended daims. I have endeavoured to establish
tint whatever may l1ave been her original daims, her modern daims
are in no sense founded upon them. I shaH now, if I may, deal with
the second point, namely whether Norway refusee\ to adhere to the
doctrine of the maritime belt.

The United Kingdom's contention is that the Norwegian argument
meets with an impassable obstacle in the fact that by the close of the
rSth century, Norway bad unequivocally recognized the customary
system of the maritime belt of fixed wiclth. In our view this is one of
the crucial facts in the cast. Certainly, it is the starting point for consider­
îng Norway's maritime daims in the zoth century.
On the face of it, the Norwegian Government's daim to have stood
outside the maritime belt doctrine perhaps is somewhat surprising.
The customary system, we contend, probably had its starting point
in the Danish-Norwegian Rescript of I745· In this Rescript and in the
ensuing rescripts and resolutions dawn to and including the Rescript
of r812, the Danish-Norwegîan practice of the mare liberum era was
being formulated and defined. vVe examined these Danish national
rescripts and resolutions in detail in paragraph 23 of our Reply, and
sought to establîsh that they appear to be perfectly orthodox examples
of the modern principle of the maritime belt. The second half of the

18th century and the beginning of the rgtl1 century, when these rescripts
and resolutions were issued, was the period when the modern system of
maritime belts was emerging and taking shape after the brea.k-up of
mare clausum in the previous centuries. ln this development, Denmark­
Norway took the le[lclin the rSth century. Then Sweden, which at first
vacillated between range of vision, cannon range, three-league and
one-league systems, finally Mlopted in 1779 the one-.league limit, no doubt
under the influence of Danish practice. I emph<lsizethe d<lte1779 because
it was in 1782-only three years later-that Galiani proposed the
transformation of cannon range into the three-mile limit, that is, the
marine league. Then only ten years later, in I792, the United States
adopted. the three-mile limit for its neutrality between France and Great
Britain în the Revolutionary and Napoleonic Wars-a limit acquiesced
in by both belligerents .. A.fterward, in the rgth century, the marine
league gained more and more adherents in fi.sheries and in prize. 1 do
not want to trouble the Court with any more detailed history than is

strictly necessary, and these are well-known facts. My point here is
simple that between the Rescripts of 1745 and r8rz-in the fonnative102 STATE11'1ENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51

periocl of the modern system-no one ever suggested that Norwa.y had
a special tradition which kept her right outside the new practice. On
the contrary, Danish-Norwegian practice set the pattern for the new
practice. .
And then in the rgth century, when Norway became an independent
kingdom, what was the Norwegian view? You will find at Annex 14 to
the Counter-Memorial a letter written in r862 from the Nonvegian Minister
of the Interior to the Prefect of Lister and .Mandai about French parti­
cipation in the herring fishing. Having said that exclusive fisheries
coinc.îde with territorial waters, the Minister went on :

"Selon une thèse qui, à la connaissance de notre ministère, est
communément admise en droit international et, en ce qui concerne
la Norvège, a étéadoptée par décret royal du 22 février r8rz, les
eaux territoriales sont présuméess'étendre jusqu'à une "lieue de
mer 1de la côte."

That was in r862 and shows that short!y before the first of the straight­
line decrees- the r86g Decree-N orwegian authorities did not consider
the 181.2 Rescript to represent any exceptional Norwegian tradition.
On the contrary, they regardee! it as a typical example of the generally
accepted one-league limit. Similarly, in the Minister's Exposé des
Motifs for the r86g Decree (Annex 16 to the Counter-Memorial), there is
no hint that Norway stands outside the generally accepted mies. On the

contrary, the Minister is at sorne pains to reconcile the Norwegian one­
league limit with the cannon-range principle. The passage is in Vol. II,
p. 6o, of the annexes to the Coi.mter-Memorial, and it is such a striking
fact so inconsistent with Nonvay's daim to-day that the then general
customary rules did not apply to Norway, that I would like, with the
permission of the Court, to reac! the following sentences quoting from
the Court's translation .into English :

"The extent of the high seas over which a Sta.te may exercise
a fishing monopoly for the benefit of its nationals, coincides, in the
absence of contrary treaty provisions, with the maritime territory
over which the country may exercise its sovereignty under inter­
national law. The Jimits of such territorv have been determinee!
partly from the possibility of comm<mdir1gthe neighbouring sea
area from the land, namely, by the longest range of cannon-shot,
which is probably the mode of determination best suited to the
nature of the question; and partly from a distance of one geographi­
cal league from the land. This latter measure can probably be

used withou t hesitation to determine the fran tier. ...
The starting-point for calculations should not be determinee!
exclusively by the mainlancl, but also by the islands and rocks off
the shore, provided they are not covered by the sea ; this position
has already been adoptee! in the aforementioned Letters Patent."
(By that is meant the 1812 H.escript.)

I do not propose to go ali through the documents, because it is quite
clear that the idea that Norway never adhered to the generally accepted
system is really quite new. 1 ask the Court, however, to notice
the attitude of the Norwegian Minister for Foreign Affairs in his reply
to the French Minister in r87o-the document is No. 4 of A.nnex r8 to
the Counte.r-Memorial-because that was the first occasion when Norway STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51 103
was challenged on the difference between the 4-mile and 3-mile league.
The Court will note that he did not daim the privilege of a special

Norwegian tradition. He first of ail referred to the cannon-shot principle
and to the increased range of cannon. (See Vol. II, bottom of p. 68 of the
Annex to the Counter-Memorial.) The Norwegian Government in para­
graph 250 of the Rejoinder insists that its 4-mile limit arose
inclependently of the cannon-shot principle. I do not dispute that. I
merely point out that Norwegia.n authorities invoked the traclitional
cannon-shot principle when it wa.s a question of justifying their daim
to a belt one mile longer than that of most other States. Then, the
:Minister, explaining Nonvay's choice of the particular limit of a geo­
graphie league of 4 miles, emphasized that it was not the special Nonve­
gian league of 6 miles. \Vas that an insistence on special Norwegian
tradition ? Plainly, it was quite the contrat)'. And then he gave as the

reason for choosing the geographical league :
" C'est le désiriemployer ~me mesme connue de lottt le monde
qui a fait adopter ce mille, qui est généralement admis dans les
pays du Nord pour des distances maritimes et qui a déjà plusieurs
fois étéemployé en Norvège à l'égard d'autres nations."

I should explain that the word "mille" in this context is used to
connote the geographical league of 4 miles. He then emphasizecl that
Russia had acquiescee! in the 4-mile limit and that no other State had
objected.
How can it be said, in the face of this historical evidence, that Norway
had always stoocl out of and is now not bouncl by the established system
of fixed maritime belts ? She herselt helped to create it.

We accordingly submit that Norway hacl unequivocally adherecl to
the customary system of the maritime belt of fixed width by the end
of the rSth cer1tUI)'and is not entitled to disavow it to-day before the
Court. vVe also submit that the system of the maritime belt cannot be
divorced from the customary principles governing the base-line of the
maritime belt. In consequence, Norway's adherence to the system of
the maritime belt at the end of the rSth century-we further submit
-involves her acceptance also of customary principles governing the
base-line. I mean, of course, those customary principles which have
been analyzecl by Sir Eric Beckett in his speech. Nonvay is no more
entitled to clisavow them than she is to clisavow the fixecl maritime belt.
The Norwegian Government has a supplemental)' argument-which
is developecl particularly in Part I of the Rejoincler-that Norwegian
practice in regard to frshery limits in any case clevelopecl inclepenclently

of the general European system of the maritime belt. The argument,
as we understand it, is that the transition from mare cla~ts tttm are
libermn is not sufficient explanation of the evolution of fishel)' limits
111 Norway; that Norway, together with Scotlancl and Iceland, was
too far away to be affected by Roman law concepts and from the first
hacl a much more comprehensive doctrine of maritime dominion than
prevailed in most of Europe. That, in particular, the principle of exclusive
fishery rights had always obtained in the northern countries, whereas
in the Roman law countries fisheries werc free ; that when the Dutch
and English drive against ?na.reclamu.m put an end to pretensions to
monopolies in trade and navigation, Nonvegian daims to exclusive

fisheries remainecl unaffected ; that the Rescripts of 1745 and 1812I04 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 5I
dealt only .with Norway's maritime limits for purposes of prize; that
the idea only gradually developed that the prize limit applied equally

to fisheries ; and that this idea hacl considerable support in 1830 but
that the identity of the fishery and prize limits was not finally settled
until the 1869 Decree defined the f1shery limit of Sundmore.
That is the outline of the argument. The Norwegian Government
invites the Court to conclude that Norwegian practice has remained
outside the generally accepted system of fishery limits. It also contends
that in sorne mysterious way Norway's ancient fishery daims have
survived to give support to the 1935 Decree and that the latter repre­
sents not an extension but a reduction of Norway's exclusive fishery
areas.

In considering this argument, I am going to clisregarcl all the earlier
history before the finit appearance of the one-league limit in the prize
Rescript of 1745. We need not here examine RŒstacl's account of the
difference between the Roman law and Northern concepts of maritime
sovereignty. It really cloes not matter whether the fom1 of mare clausum
daims in the North differed somewhat from the form of mare clattsmn
daims in the South-both were daims to dominion over wicle areas of
sea. \Ve do, in fact, dispute the Norwegian Government's account of
the exclusion of foreigners from ali the fishing grounds in the 17th ancl
18th centuries. I have something to say about this later on. But really

ali that past history has very little bearing on Norway's maritime rights
after the introduction of the one-league limit because, as I shall now
endeavour to show, the one-league limit applied equally to fisheries.
There does not seem to be any real doubt that Norwegian authorities
considered the one-league rule of prize to be applicable to fisheries at
the beginning of the 19th century and certainly by 1830. The account
given in paragraph 617 of the Rejoinder of the position in regard to
fisheries does not square with the evidence nor with the opinion of
Ra~sta iclis Kongen.s Stromme. Paragraph 617 relates quite correctly
that RŒstacl emphasizecl that the Rescript of 1812 dealt solely with
jurisdictionin prize. It neglects, however, other important opinions

expressed by R~esta id the same book.
The first passage is on page 329 of Kongens Stromme (Annex 83 of the
Rejoinder, Vol. III, p. 525). J quote, however, from the_Court'stranslation
into English :
"From 1750 the one-league rule takes the place of the four-league
rule in questions ofeutrality ; and it is to be supposed that some

time later the one-league rule was considered as applicable also to
fishing questions, at !east on the Norwegian coast. It can thus be
seen that the one-sea-league rule hacl become established in Dano­
Norwegian practice well beforethe time when the cannon-shot rule
and ~he ,~ea-le uleuweere recognized in Europe and in the
Amencas.

Rcestad is there giving it as his opinion that ·the one-league limit
was regarded as applicable in fisheries in Norwaybejore the end of the
I8tlt ccntury.
Again, he emphasizes that, although the 1812 Rescript was directed to
·questions of neutrality, its terms refer generally to the limit of Norway's
territoriasovereignty. He considers this to be confirmation that, in
Norway, as in Great Britain and America, the prize rule became the rule STATEl\IENT BY SIR FRA::-<K SOSKICE (U.K.)-28 IX 5r r05
also in other matters, saying that the rSrz Decree in this respect merely

confirms a development which bad alreacly taken place. I will read to the
Court the most pertinent passage on page 346 of Kongens Stromme
(Annex 83 of Rejoinder, Vol. III, p. 534). I quote again from the Court's
translation into English :
"Thé expression 'territory' in the regulations which were current
in r8o7 and r8ro, and the expression 'territorial sovereignty' in

the Chancellery circulars of zoth October, r8ro, and rgth October,
I8II, and of zsth February, r8rz, gives sufficient proof that the
Government of Denmark/Norway was basing its action on a concep­
tion which finally appliecl to matters other thau neutrality, in
fact a conception which, according to the development of European
laws at that time, also applied by implication to the question of
fisheries. Theexpres~~ 'errntorial sovereignty' \vhich is used in
the above-mentioned documents of r8o7 and r8rz gives final proof
that at that time in Denmark/Norway sea territory for fishing
purposes was deemed to extend for at least one league from the
· isle or islet farthest removecl from the coast. And one is justified
in the beliet that the clevelopment which in DenmarkfNorway trans­

formed the one-league limit from one which bad a specifie purpose
into one generally applicable to sea territory,was already accom­
plished before r8~o."
RŒstad then refers to the law of 1830 about Russian fishing off Finn­
mark, to Christian Berg's Book on Defence published in the same year

and to the work of the Customs Commission between r83g-r845, and
points out that those concerned seemed to have assumed that Norway's
sea territory extended one league from the coast for ali purposes. I
will only reacl one sentence from his remarks about the 1830 law for
Russian fishing. This is at page 347 of Kongens Stromme (Annex 83
of Rejoinder, Vol. III, p. 534). Again, however, 1 quote from the Court's
tnmslation into English :

"Whilst the Finnmark Commission seemed to look upon the one­
league limitas a special concession grantecl to Russian fishcrmen. the
Legislative Commission no doubt favoured the opinion that fishing
beyond the one-league limit was in principle free from restriction."

I submit to the Court that R.cestaclwas convincecl that by the beginning
of the rgth century Norway had aclhered to the system of the one-league
maritime belt for ail purposes, including fisheries. Quiteapart from the
weight of the evidence on which .R<estad'sconclusions were based. his
opinion that the one-league limit applied in fishery by the end of the
r8th century is inherentl.Y.more probable than the Norwegian Govern­
ment's assertion-for it is no more than an unsupported assertion that
the one-league limit was only thoroughly adopted in r86g. ln Sweclen,
where the one-league limit was introcluced in prize some years later than
in Denmark/Norway, it was appliecl to fisheries expressly in I779· ln
Norway itself, there may not have been an express enactment, but,
as Rcestad says, aU the evidence points to the prize limit having been

also acceptecl for fisheries bythe end of the 18th century. When you
come to the r86o's and to the Sunclmé\reDecree, the evidence points the
same way. The letter of the Minister of the Interior in 1862 to the Prefect
of Lister and Manclal-I have already referred to this letter which is at106 STATDIENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51

Annex 14 of the Counter-Memorial-assumed without question that the
fishery limit was the same as the territorial-waters limit and therefore

governecl by the r8r2 Decree. Similarly, in his Exposé des Motifs for the
Sunclmôre Decree of r86g, the Minister treats it as axiomatic that the
territorial waters limit coïncides with the limit for fisheries-reference
is Annex r6 of the Counter-Memorial, Volume II, at page 6o.
\Ve accordingly submit that Norway clid not stand asicle from the
application of the system of the maritime belt to her fisheries ; that
Norway's fishery limit at the beginning of the rgth century coincided

with the limit of her territorial waters, so that the one-league limit
was alreacly her establishecl fishery limit. \Ve also submit-with the
strong support of Ra~stad-t his development of Norwegian practice
was simply a reflection of general clevelopment of international law in
Europe. Indeed, the Norwegian practice, so far from standing aside
from the system of fixed maritime limits in fisheries, was from the very
first an integral part of that system which is now part of the established
law of Europe.

It follows that the theme recurrent in the Norwegian pleadings that
the limits prescribed by the 1935 Dec_ree represent not an extention
but a sacrifice of Norway's exclusive fishery rights, is without any
founclation. lt overlooks the fact that the sacrifice, if any, of Norway's
ancient daims had been macle more thai1 a century before. Local opin­
ion, no doubt, continued to take a jealous view of foreign fishermen off
Norway. \Ve are now, however, concerned in this Court with the opinions
of private individuals. \Ve are concerned with the limits of Norway's
exclusive rights upon the sea in Norway's international practice and in
international law. This limit was settled at the beginning of the rgth
century in Norwegian State practice, as one geographical league from
the coast in accordance with a system generally accepted in inter­

national law. 1t is, therefore, completely idle for the Norwegian Govern­
ment, over a century afterwards, to pretend that the 1935 Decree
makes a generous sacrifice of ancient Norwegian rights. \Ve contend
that Norway by this decree in fact reclaims areas for Norway's exclusive
use which she had abandoned long ago.
Just now I explained that Nonvay would have to succeed in establish­
ing three points if she were to make good her contention that she was
entitled to reserve the areas enclosed by the 1935 Decree, on the ground
that she was not bound by the modern customary law governing terri­
torial waters.
Mr. President, I have now said what 1 desire to say with regard to

the second and third points. I said that the first point she would have
to establish was that at the period when the then new customarv law
came into' force, she hacl a recognizecl title to ali the waters whièh she
now daims, and I said that 1 would deal with this point later. I would
now like to address myself to this point. In dealing with it, I have togo
back to a period of history, ali of which is before r8oo, and which relates
to Norway in particular. I repeat this here because we are convincecl
that the particular Norwegian argument with which we are now clealing
fails in any case on the second point, because we are confident that
Norway clearly did accept ail the new customary law. Now, without
prejudicing in any way our contention on the second point, I am

encleavouring to show th<tt Norway failecl on the first point as weil. STATElllENT BY SIR FHANK SOSKICE (U.K.)-28 lX 51 107

The Court may perhaps recall how the matter was left on the written
pleadings. The initial Norwegian submissions were criticized in sorne
detail in our Reply, paragraphs II to 21, and I do not thiùk that it
would assist the Court to repeat the line of argument there developed,
though we maintain it. The effect of our argument was to show first
that although it is true that Norway, in common with other countries,
put forv,rard very extensive daims to sovereignty over the sea up to
the 17th century, these remain daims and no more than daims, and
never had any bac;is in established law.
Our argument secondly goes on to show that no distinct evidence
was given of what areas of sea were by custom or by positive enactment
allotted for the exclusive use of communities or individuals or that such

areas coincided with those inside the 1935 base-lines, and that, in any
event, such appropriations as were made could not, in the absence of
some act of State, confer upon Norway any title as against other States
in international law.
\Ve pointed out in the third place that no distinct evidence was given
asto the area of application of Norwegian legislation in fishing matters.
On each of these points Norway has in her Rejoinder attempted to
fill the gaps leftby her previous pleading and has on the second point
supplied a substantial quantity of interesting historical material. The
main contentions in our Reply are, however, in our submission left
untouched.
Norway seeks to establish the necessary facts for this purpose by

showing that in fact she-or rather the Danish/Norwegian Government
of the times-succeedecl effectively in excluding foreign fishermen from
participation in fisheries offthe coasts of her northern counties : tluee
centuries is the period she daims for this exclusion. She daims more­
over that her own fishermen were in exclusive possession of these fisheries
(meaning the fisheries now in dispute) and many other fishing banks
covering a wider arca. \:Vesubmit that the evidence adduced by Norway
does not substantiate either of those contentions.
The period can be devicled into two, the first up to about 1730, when ·
the mare-clmtswn period was coming to an end and from which the
modern law of territorial waters was beginning to take shape, and the
second the period after 1730.
1 propose to pass over the first period-anterior to 1730-with only

a few general remarks. In general, the account given in the Norwegian
pleadings of the early period is, in our submission, substantially inaccu­
rate. What Norway does is to isolate the fisheries aspect of Danish/
Norwegian policy from the general historical background and to attribute
the action taken at different times and for different reasons exclusively
to reasons connected with fisheries. This is, in our belief, a serioÜs
distortion of history.
We submit that the fisheries were only one-and not the most
important-element in Danish/Norwegian policy up to the end of the
17th century. It must not be forgotten that DanishjNorwegian sover­
eignty over Finnmark was exceedingly precarious up to about 1730-
it was continuously threatened by both Russians and Swedes, the

economie objective of each country being to secure for itself the right
to tax the inhabitants. No doubt Denmark/Nonvay made repeated
attempts to establish supremacy in those regions, but these attempts
were certainly not directed primarily to the objective of excluding108 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51
foreign fishermen but to the general objective of establishing and main­
taining the sovereignty Ç>f the DanishjNorwegian Kingdom in what
was then a disputed area. For instance, the famous expedition of Chris­

tian IV in 1599, of which Nonvay makes so much play, was motivated
largely by a desire to show his strength in these northern areas-for
the purpose of affirn1ing his sovereignty over them and only, if at all,
to a subsidiary extent by any intentions regarding the fisheries. This
is made clear by such works as "The Life and History of the Norwegian
People", Oslo, 1935, Volume IV, pages 302-303, and Helland "Topo­
graphical Statistic Description of the County of Finnmark", Christiania,
1907, VolurileII, pages 701 et sqq., where the reasons given for the King's
expedition were (a) disputes with Sweclen about the right to tax in
Finnmark, (b) frontier conflicts with H.ussia, and (c) English navigation
on the Arctic Ocean. It is interesting, too, in this connection, to see that

the Nonvegian jurist RŒstad, referring to Christian IV's policy in
Northern Norway, describes the King as asserting exaggerated claims,
as propounding an inclividual theory of Norwegian supremacy which
occasionally at later dates was fetched from the clust of the archives,
but as having had to yielcl on almost all points of any practical signifi­
cance. As to fishing, RŒstad says that, U1anks to an opportune reversai
of English policy, the King succeecled in gaining recognition of the
prohibition of fishing and whaling of foreigners on the coasts of Nonvay,
Icelancl and the Faroes, but that he certainly did not manage to exclude
all foreign fishermen from the Northern Ocean. Under these circum­
stances he was compelled, says H.Œstad, to lay clown a certain zone
along the coast which was to be reservecl to the inhabitants and privil­
eged incligenous companies. (Kongens Stromme, pp. 231-232.) In other

words, the most that even this vigorous King was able to accomplish
at the end of the r6th century was to reserve for his Norwegian subjects
a restricted maritime belt.The maritime belt in the periocl immediately
following was defined by reference to the range of vision (see the docu­
ments r691-1744 in Annex 6, Nos. 1-3, of the Counter-Memorial), a
definition which could only-as R<cstad points out-become a precedent
for a maritime limit following precisely the line on the coast and which
cannot possibly be invoked as justifying a.limit based upon base-lines
such as Norway now claims. And, as regards the English fishermen, it
will be rememoered that in 1602, just after Christian's expedition, the
English were putting f01·warclin the most explicit manner their çon­
tention that the· sea was free.
There is nothing in the documents which contradicts this view of
the matter. The letter of King James I of England dated 26th April,

r6r6 (Annex 99 of the Rejoinder). is strongly relied on by Nonvay to
show English recognition of exclusive Nonvegian daims, but even if
this letter refers to anything other than whale fishing-which in our
belief it does not (see RŒstad, Kongm~ Stromme, p. 221)-, this was
brought about by a temporary reversai of English policy, introduced
by our King James I under Scottish influence in an attempt to exclude
the Dutch, which was entirely unsuccessful and was abandoned weil
before the end of the 17th century.
The Lorch concessions referred to in Annex ror of the Rejoinder,
when carefully looked at, do not, as the Norwegian pleading suggests,

contain any provision excluding foreigners from fishing generally (see
Annex rorjr), whatever they may do in the special domain of whaling. STATE!IŒNT BY SIR FRANK SOSKICÉ (U.K.)-28 IX 51 109

I woulcl like to make a few observations with regard to the second
perioclto which I referred, namely, the period from 1730 onwards. The
Norwegian Government provides very little evidence indeed to support
its frequently repeated assertion that foreigners were continuously
excluded from the waters off the northern coasts of Nonvay, apart
from a statement in not very precise terms in Prefect Hammer's report
in 1763 (Rejoinder, paragraph 52). Whatevér the precise meaning of this
statement when read in its context may be, there can be no doubt that

the exclusion of foreigners from northern Norwegian waters was not
absolute: there were, as Hammer must have known, very extensive
Russian f1sheriesail along the Finnmark coasts right clown to Soroy and
Loppen. Although we have not been able to make any complete
researches into the activities of other nations, there is at !east sorne
authentic evidence, to which I will make reference in a moment, of their
interest in these waters.

[Public sitting of September 28th, I95r, afternoon]

Mr. President, when the Court rose this morning, I had just made

sorne preliminary observations with regard to the period that ensued
after 1730 or thereabouts, and I will, if I may, continue what I have
to say with regard to that period.
In the first place it is important to bear in mind that fishing problems
in these areas-particularly in Finnmark, as had been the case in the
period up to rno-still remained not the only, nor even the most
important, problem with which the Danish-Norwegian Government
had to deal. The limits of Norwegian sovereignty over these areas were
not finally settled until about the middle of the r8th century. Up to
that time Danish-Norwegian policy-in general-was marked by an
intense anxiety to prevent any foreigners getting a footholcl which
might impair this sovereignty. From that time, however, a more liberal

policy as regards foreigners began to be adopted both in relation to
fisheriesand other matters. From that time, it would be quite inaccurate
to say that foreigners were rigorously excluded.
Secondly, I would like to make some observations with regard to
the picture drawn in the Norwegian pleadings of a great and flourishing
Norwegian fishing industry off the Northern coast during this period.
The r8th century was in fact a period of continuons decline of the
fisheries in Finnmark-a decline which had begun in the previous
century and was ultimately attributable to a royal monopoly of trade
granted to Bergen. As a consequence of the harsh manner in which
Bergen exercisecl its monopoly, Finnmark became lm·gely depopulàted :
I should like to quote in support of thi;_;assertion some figures which
I have taken from Johnson's Political History of Finnmark, Christiania,
1923; Helland, Topographical-Statistical descripûon of the country of

Finnmark, Christiania, rgo5, and Prefect Hammer's work on the trade
of Finnmark (1763). In 1567, the population of Finnmark consisted
of 56r Nonvegian families. In r667, this was reduced to 385, and in rSos
to zgo families. At Varcl (refect Hammer says there were--,-in the
middle of the r8th century-only seven poor families deeply involved
in debt; in Syltevik and Sylteviksfjord where there hacl been a great
fishing village-there was not a man in 1760; Bervelag, \\•hich is situatedIIO STATEiiiENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-28 IX 51
near to excellent fishing grounds (now the subject of dispute) was in
1760 entirely depopulated, and the same was true of many other places,
Hop at Tana, Sv;:erholt, Stappen and Ing0en, to mention only a few.

As Prefect Hammer points out in a significant passage (pp. 307-309
of his work), local fishermen only caught small quantities "in a bungling
way and in the greatest poverty", and he laments that they were not
encouragecl to follow the methods used by the French, English and
Dutch. "At present", he says, "eight to twelve shiploads of fish are
exported, caught by the local fishers in small boats, in most places
with one man rowing with a half-grown boy, woman or girl who do not
dare to go far from shore and still less to fish in deep waters one mile
or two from the shore." Hammer's account is completely borne out by
another r8th century writer, Carl Pontoppidan, in his work "The
Collected Papers of the Finnmark Magazine", 1790. He confirms the
general clecay of the Finnmark fisheries, and gives sorne figures of total
exports of fish from Finnmark over the years 1765-1788. The grand
total for these 23 years was .only about 10,350 tons, giving a yearly

average of sorne 432 tons, a figure which clearly shows the limitations
of these fisheries.
This is a picture-not of a flourishing industry supported by the
Government and jealously protected against foreigners as Norway woulcl
now have us believe, but of an area of wretched neglect and under­
development whose methocls of fishing are contrastecl with those of
other nations of the time. This was in 1763, and there is no cloubt that
the same conditions prevailecl until at !east 1820 inasmuch as the
decline in Finnmark fisheries persistecl until then. Indeecl, from the
T{eportof the Commission which satin r884, it appears that in Finnmark
the same conditions persisted until late in that century.
I have referred to participation by foreigners in northern Norwegian
fisheries,and I shoulcl like now to make particular reference to the
activities of Russians in that area. By far the most important factor

during this period was the fishing carriecl on by the Russians. For the
whole of the r8th century, in fact, the Russian exploitation of these
areas far exceeclecl that of the local inhabitants and also, so far as we
know, that of ail other nations together. Here are some figures which
are mainl.y taken from Professor Johnson's "Political History of Finn­
mark" (pp. 219 et sqq.). Similar data are to be founcl in Kraft's "Topo­
graphical-Statistical Description of the Kingclom of Norway", 1835,
Volume VI ; these are in turn mostly basecl on a Report by the Prefect
Fjeldsted in 1775.
In ali, more than 1300 Russians in 355 vessels were operating off
Finnmark at the time at which the Prefect writes in about 1770 : they
were well equipped with superior equipment. They were established as
far south as S0r0y where they had 13 houses built, they were fishing at
Hammerfest, M:i'ts0y,Tana and Omgang district and, of course, Vard0.
They were estimatecl to have a far better profit from the fisheries than

ali the inhabitants of Finnmark together, even inclucling visitors from
Norcllancl. So extensive in fact hacl their activities become that the
Prefect expressecl the fear that "unless something is clone to displace
them t,hey might obtain a title ~y prescription" ! This is a curious
commentary on the present Norwegian claim to have establishecl over
the same periocl an historical title to the same waters by virtue of
exclusive user. STATB!ENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 lX 5I III
It is perhaps of interest to note ·that even a century later, in the rgth
century, the Russians were stiJl :fishing off the coast of Finnmark, not

only outside, but inside the one-league limit. I mention this in passing,
although we are really dealing with the r8th century, but the Court
may well think that it is difficult to infe as~the Norwegians contend,
that they had the extended fishery rights exclusive to Norwegian
nationals, which they daim, when not only before the rgth century, but
even right into the rgth century, the H.ussians were fishing in the waters
they daim. This appears from the report of the Commission set up in
r86'7 to consider the fishing legislation in Finnmark. The Commission.
quoted from a report by Lt. Cmdr. Olsen in command of fishery inspec­
tion at the Lofoten Islands, a passage which shows that about that time
the one-league Jimit was not enforced and that, if it were enforced, the
Russians woulcl not be able to carry on their fishing, since .fishing was
only possible close to shore.
The interest of the report, of course, lies in the fact that even the
one-league limit was not very strictly enforced against foreîgners.

All this is supported by the Rapport, rgn, pages .rz6 et sqq.,and
note 3, on page 128, which shows that as late as r872 the Russîans had.
little idea where the fishîng limîts were supposed to be.
.As regards other nations, we have not evidence of the same precision,
but there are clefinite indications to confirm the assertion that Danish­
Norwegian daims to exclude foreigners were not accepted. So far as
British ftshermen were concerned, it bas to be rememberecl that the IJth
and r8th centuries was a period of very mar.ked economie decline in
British fishîng (this is mentioned by Fulton, p. 86, and by H.Œstad,
1\ongens Stri:imme, p. 273) ; fishing supremacy had temporarily passed
to the Dutch, and it is accordingly to Holland fhat \ve look fi.rst for
evidence of resistance to DanishfNorwegian daims. We fincl in fact
that these were actively resisted by the Dutch, and that the British
Government of the time supported the Dutch. Evidence of this is to be
clcrived from the correspondence of the British Minister at Copenhagen­

Titley-with his Secretary of State over the years IJ39"IJ4I, at the
time of a vigorous dispute between the Copenhagen Govemment and
the Dutch. The DanishfNetherlancls dispute reiated of course to fishing
off Iceland. The fisheries off Norway were not at this time of any serions
importance. ·rhere is every reason to suppose that if the Dutch had
decided to fish off Norway and bad been molested, the line taken by
the Dutch would have been exactlv the same.
In a despatch of 4th October, IJ40 (ail dates are new series), Titley,
British MiJ)ister at Copenhagen, reports that six Dutch ships hacl been
seized trading off Iceland, and on rsth October, I74o, Titley writes
that the Danes were seeking to stop ali foreign vessels even from fishing
within 4 leagues of shore. On 4th March, 1741, he records his opinion
that their pretensions in general are certainly carried too far and cannat
be justifi.ed. On 24th April, I'74I, the Secretary of State instructed Titley
to give èi.llpossible assistance in his power to the Duteh l\IIinister, and
Titley accordingly bad a conversation with the Danish Nlinisters.

H.eporting this on 3rd June, 1741, Titley says: "After sorne little
discourse, they grew more open, and gave me to understand that they
did not pretend to any extraordinary authority with respect to the
navigation and trade of the northern seas, but insisted only upon main­
taining for the people of Iceland an exclusive privilege of fishing withinII2 STATE?I!ENT BY SIR FRANK SOSKTCE (U.K.)-28 IX 5I
a certain district· round theîr coast, which was absolutely necessary

for their subsîstence .... the Mînîsters seemed to think this necessity
constituted a sort of national right and said the privilege bad been
~eneral llowed them by ali nations, the distance having been
8leagues formerly, which his Danish Majesty was now willing to reduce
to 4, and they thought it couid not well be Jess ; I said I was gladfind
they agreed with the States (i.e. the Dutch) as to the single point in
dispute, and that the only difference between them consisted in the
greater or lesser extent of the limits to be fixed ; which I thought must
necessarily be settled by a Convention since ....the Dutch would
certainly lay daim to the common uses of the sea till bounds were set
and an exclusion agreed upon by a positive stipulation. As to this, they

estimated that the point in question .... might conveniently be adjusted
by mutual declarations."
On roth June, 1741, Titley reports that the Danes insist upon four
Jeagues, but the Dutch are for restraining it to the extent of cannon­
shot. On 27th June, 1741, he writes that each side had sent out men­
of-war to maintain their respective point of view-fearing that some
hostility must flow from the execution of such incompatible orders.
Severa\ points emerge from thi correspondence :

r.The Danes are asserting exclusive flshery rights, but only up to
a specified distance from shore, the distance contended for being in
the course of diminution from eight to four leagues. It is true that this
particular dispute related to Icelandic waters, but it is dear from the
terms usecl that the daims and the objections to the daims did not
relate only to Icelandic waters.
2.This right is claimed by the Danes on the basis of al\eged

acquiescence.
J. The daim is disputee\. by the Dutch, supported by the British,
who are for limiting the distance to cannon-shot. The Danes appreciated
that the Dutch would stand out for the freedom of the seas "till bounds
were set and an exclusion agreed upon".
4· Bath sides are prepared to support their daims by force.
This evidence, then, so far from supporting the Norwegian daim
of an unopposed policy of exclusion, on the contrary shows that, in

the face of determ ined opposition, the Danish/N orwegian daims were
settling· down-as ali other similar daims were settling down-to an
assertion of exclusive rights over a belt of territory of defined width.
I shall refer again to the extent to which Dutch fishermen are known
to have been flshing in Norwegian waters about this time.
The documents to which I have just been referring the Court consist
of documents in the London Record Office, which were the subject of

a full examination by iVlr. \Vilson, of Cambridge, and also consist of
Dutch records which were examined by Dr. Hildebrand. of Rotterdam;
and I shoulcllike to take this opportunity of expressing my obligation
to him for the research and labour which he bestowed on those docu­
ments. I wanted to make that observation before passing away from
the documents to which.I have just drawn the attention of the Court.

The documents referred to in the pleadings are entirely consistent
with, and indeed support our view of, the situation during this period.
There is the document set out in Annex 8 of the Counter-1\'Iemorial, a STATE!).IENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-28 IX 5I II3

DanishfNorwegian Government letter of 1792 ~eut out to certain local
-officiais forbiddingthem to grant licences to foreigners to fish in Nordland
or trade in fish. Vle have pointed out in our Reply (paragraph 17) that
this letter seems to be concerned more with trading in fish than with
actual fishing, and that it does not specify with any precision the area
over which an exclusive right of ftshing is claimed-the presumptîon is
that this was the area of territorial waters, however that was defined
at the time. The tone of the letter, moreover, seems to îndicate that there
had been a certain amount of inshore fishing carried on by foreigners

without official objection and that it was the abuse of this situation by
a Russian skipper, Kulakoff, which prompted _theMinistry to intervene
and to point out to the local officiais-as something which required to be
stated-the difficulties likely to arise from a continuance of the practice.
In other words, the letter shows that there had been tolerance towards
foreigners.
Then there are the records concerning the Russians, which, as we
would expect, are considerably more complete. These are the documents
set out in Annex 13 of the Counter-Memorial •which cover the period
from 1746-rgrr. These documents are worth studying, because they
illustra te very well in a particular context how the law as to _ftshing
limits was evolving during the critical period, namely, the period from

about 1745, when the first indications of the modern approach to the
question of territorial waters appear in Norwegian law until the rgrz
Commission. For this reason I may, 1 hope, be forgiven if 1 go over them
briefly again. The first two documents (Annexes T3/I and 2 of Counter­
Memorial) consist of a letter from the Prefect of Finnmark dated z8th
October, 1746, and a Rescript in reply of roth February, 1747· These
documents set out fully the nature of the Russian activities which were
at that date firmly established to such an extent that it was feared they
would be regarded as permanent. They consisted of ftshing, sojourning
on land near Vat·doin huts constructed by them, saltîng, takîng wood,
and so on-the whole activity, indeed, of catching and exporting fish.
The Rescript approved the Prefect's action in obtaining payment for
this privilege of continuing these activities, coupled with a promise not
to cause any damage to the local inhabitants. This payment itself was

made, as we have pointed out in our pleadings, for the whole of the
activities committed, these being in fact inseparable, since it would be
obviously impracticable at this period to do any fishing without ancilhuy
shore facilities, such as obtaining hait and wood and S<lltingthe fish when
caught. It may weil be-in this we agree with Ra:stad-that the terms
of the Rescript are consistent with the vîew that at this time Norwegian
jurisdiction was considered to extend beyond the distance of one league
from the shore, and it may well be that the Prefect-supported by his
Government-acted on the basis that the Russians were to be permitted
to fish at this distance only on tenns of paying for the privilege. To put
this Reseript in its proper perspective, however, i t is necessary to note
two points : .
"First,that the Prefect's letter (Annex IJ/I of Counter-Memorial)

in referring to absolutum domù1ùtm of the Norwegian King, as we said in
our Reply (paragra ph 25), represen ts a survi val from the ea.rlier extensive
Norwegian daims, dating from the mare clausum period: it is, as it
were, a dying ember. The Rapport of rgrz, in a passage (from page r8),

9II4 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKTCE (U.K.)-28 IX 5I

part of which is quoted in our Reply, says as much, and RŒstad seems
to be of the same opinion.
Secondly, and we are obliged to the Nonvegîan Rejoinder (pantgraph
72) for painting this out (we had not got the chronology quite right in
our Reply), the 1747 Rescript was issued at a time when the limit of

one league had not yet established itseH in Norwegian maritime law.
That limit was first referred to in the Rescrîpt of I8th June, 1745 (Annex
6, No. 4, of Counter-Memorial), which was limited to purposes of prize
law and did not apply to Finnmark.
The I747 Rescript therefore represents a transitional measure-or
indeed a measure issued just before the beginning of transition from
the period of absolutum dominùtm to the modem period of territorial
limits based on one league. .
The development which followed is, 1 think, admirably summed up
by the Rapport 1912 on page r8, in a passage which I may perhaps
somewhat freely translate as follows:
"Whatever the purpose of the Rescript was, it remains the fact that
a legal practice developed under which the payment was made for the

right to sojoum on land, whereas the fishing outsicle the distance of
one league was considered as fishing in the high sea (en mer libre)".
RŒstad adds to this the comment that the accidentai circumstance
that the limit of one league was adopted. in the 1747 fishing Rescript
as well as in the 1745 prize Rescrîpt no doubt contributed to crystalliz0
the one-league rule in legal thinking as a rule of general application
to the extent of Norwegian maritime territory (Kongens Striimme,
page 341)·.
The culmination of this process is clearly seen in r83o.. The law of
r3th September, 1830 (Annex 13/Io of Counter-Memorial), relating to
fishing off the .Finnmark coasts, which replaced the :IJ47 Rescript,
clearly proceeded on the basis that the actual f1shing outside the limit
of a league was a matter of right and that it was only the operations
performed within the limit that were privileges (see H.eply,paragraph 31).

H.Œstad deals fully with the manner in which this law came to be draftecl
at page 347 of his book, and states his conclusion (I have already quoted
it) that '\vhile the Finnmark commission seems to have considered
the limît of one league as a particular privilege a.ccorded to Russian.
fishermen, the legislative commission undoubtedly shared the opinion
th at fishing outside ·the league limît was free". The same attitude was
adopted in the law of 3rd August, r897 (see paragraph 31 of our Reply).
This legislation, therefore, concerning the Russian fishermen's activity
ofi Finnmark, which, it must be repeated, is clearly establishecl to have
persisted on a large scale throughout the r8th and early rgth centur~/,
illustratesvery plainly tint N6rwegian daims to extensive areas of
water (which.it must be repeated were never more than daims. unrecog­
nized by other nations) were in the course of the r8th century becoming

reduced, and by r8oo were confined to daims to a belt of ascertainecl
and defmed width from the shore, the rest being free for ali nations.
So mu.ch for the evidence concerning exclusion of foreigners. I now
invitethe Court to consider the evidence regarding user by Nonvegians­
to see whether it is the case, as aileged .repeatedly by Norway, tint
Norwegian f1shermen have been in peaceful and undisturbed possession
for centuries of fishing grounds extendîng far beyond those now claimed.
We shaH submit that Norway's case on this point is considerably over- STATBŒNT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-28 IX 51 II5

stated and that the evidence points strongly to the fact that Norwegian
fishing activity in the rSth century was generally restricted to a very
small area dose inshore and was only e.xtended to the off-shore fishing
banks towards the end of the rgth century. It will not be overlooked
that by far the greater part of the material referred to in the Rejoinder

as the ancient areas of fishing relates to the period before the beginning
of the rSth centurv-before the decline in the fisheries had become
serions. Writers of the r8th and xgth centuries present a very different
picture. I shall first refer to some well-known independent Norwegian
authorities to show what the actual position was, and aftenvards I shall
examine the fresh evidence flled by Nonvay in ber Rejoinder for the
purposes of this case.
I have already referred to the evidence drawn from Prefect Ha:mmer's
1Zeport in 1763 concerning the decaying condition of the Finnmark
fisheries. The Court will remember his references to fishing in small
rowing boats, not daring to go far from the shore and stillless fish in
deep waters one mile orso from the shore. This account is supplemented,
and confirmed, by Christian Molberg's Treatise written in IJSI on the
salt sea fisheries in Norway-this writer is referred to in paragraph 40

of the Rejoinder. Molberg also refers to the inefficient methods and
inferi01: equipment of local fishermen who, he says (page 354), fished
"at his own doorstep, or at the shore of his neighbour in his bailiwick
with a hancl-line and one hook in an open boat with which he has never
darecl go beyond the skjŒrgaard", and later "he is incapable of visiting
the fishing banks". Molberg criticizes what he describes as "the fisher­
ma:n-farmer", meaning obviously a man who tries to combine the two
activities (we may recall RŒstad's conception of fishing properties
appurtenant to and analogous to farming holdings)-a combination
not, IVIolbergsays, found in any other country.
The same picture again is painted by Judge Melchior Falch in his
work of about the.same date, which is referred toin paragraph 40 of the
Rejoinder-who substantially confirms Molberg's description. The
Rejoinder (paragraph 40) indeed uses Falch's evidence to show that

cod and other fish were taken from fishing grounds 50 to 6o mîles from
shore. What it omits to state is that Falch, in the passage in question,
is dealing with the Stmdmorc fisheries-and even then states it as quite
exceptional for the inhabitants to visit such distant banks. This part of
his evidence is therefore of no relevance to the area now in dispute.
ln case it should be thought that the evidence to which I have referred
relates only to Finnmark, may I refer to one wr.iter about Nordland.
This is Friis's treatise of1770 on the fisheries in Nordland. He gives an
account of the most important f1sheries in this area, but nowhere gives
any indication of any bank fishery at any distance from the coast. Ail
the fisheries he refers to take place inside or close to the openings of
fjords-mainly the Vestfjord-or close inshore.
Both Molberg and Falch express the opinion that the Sundmôre
fisheries-those later covered by the r86g Decree-were organized far
more effectively, and Molberg adds some information about the Russian

and Dutch fishermen contrasting the Dutch catches of herring and cod
with the Norwegian-in each ·case far larger and yielding far larger
profits. He says : "Our envy over this must be stirred all the more
because we are facîng the same ocean with abundance of fish as they
are and they have fished most of this quanüty o[j our own shores." TheII6 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51

same point îs made by Friis (l.c.,p. 321), who refers to the progress being
made by Rolland, the United Kingdom and France "both in their
own and our waters", and gives the number of Dutch and English
vessels available as about 3,000 in each case.

Paragraph 40 of the Rejoinder refers to a work by )l'[otzfeldt about
an exploration undertaken in 1844. We have not seen his work, but
the exploration is referred to in Helland's Land and People of Norway
(rgoS), Volume rB. From this it appears that the exploration was
between the Faroes and Cape Stadt-i_e.' far to the south of the area
we are now concemed with-a:nd yielded little result. The bank fi.sheries
in this area were in fact founcl to be insignifi.cant. A more systematic
exploration of the Norwegian banks did not begin to be made before
r86o, just before the r86g Decree.
The later developmen t of bank fisbing in Northe rn Norway is strikingl y
proved by Professor Johan Hjort-Director of Fisheries in Norway
and Chairman of the 1924 Oslo Conversations-in his book "Fishery
and \i\lhaling in Northern Norway", published in rgoz.
W:çiting of the spawning cod fi.shery in the county of Trams (that is

the county west and south of Finnmark), he s<rys(pp. roo-ror), basing
himself on a report of fi.shery director Dahl, that the fi.shery falls into
two distinct groups-the boat fisher-y and the bank fi.shery. The boat
fishery represents the industry in its original form and is carrie_d out
on the shallower parts of the sea on a depth of 30 to 70 fathoms m the
immediate vicînity of the coast-and that many such shallow shoals
were to be found around the many large islands. This he describes as
the fishery in its original state as it has been practised for centuries.
He then goes on to describe the extremely rapid development which
had recently taken place-owing mainly to the development of bank
fishery. The decked catters of the r8go's, he says, contrived to cross the
deep waters which separate the sloping bottom near land from the
Svendsgrunnen bank-this the Court will remember is one of the large
banks claimed as historie but not included within the 1935 line. Here
they carried out tests of the flshing methods practised on a large scale
on the Sundmôre banks. Similar tests were carried out on Malangsrunnen

-another of the large allegedly historical banks.
Professor Hjort, in the .light of these experiences, himself recommended
test fishery in rgoz; Hrst on the banks from Rost to Andenes, and then
on the banks from S0roy to Malangen. These tests were successful, and
great quantities of cod were found in the Rôst and Skomvaer area.
Plainly in the area from Rôst to S0roy, whiCh covers ail the coast of
Nordland and Trams, now in dispute, bank fi.shing was only in the
experimental stage in rgoo. As Professor Hjort says (p. roo) : "The
reported facts appear to give an interesting and clear picture of the
conditions of these first efforts of bank fisherwhich have been carried
out through the experimental emises referred to. The experiment
c\emonstrated promising fishing grounds but great difficulties in the
exercise of flshing."
So far he has been dealing with Nordland and Trams.

As regards Finnmark, Professor Hjort also refers to research cruises
in the same period undertaken to fmd out whether bank fishery would
be profit.able to Northern Norwa y fishermen. Th us in I Sggexperimental
fishery was ca:rried out on the so-called bstbank (near Varde)-another
allegedly historie bank; the leader of the expedition reported: "From STATEi\IENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51 II?

the experience gathered from the experimental fishing this year, I have
been conl1rmed in my opinion that ocean fishing further from land can
be carried out with success off the Finnmark coast in summer time
with smallersteamships, suitable appliances and a crew of 5-6 fishermen.''
(Hjort, op àt., p. 95.)
Professor Hjort endorses these views. He says on page 232 that along
the coast of Finnmark' 'fishery with sea-going vessels has not developed".
The fishermen in Finnmark have frequently said "that fishery is only
possible close to land and on the part of the sloping bottom situated

nearest to shore" (pp. 231-232). Professor Hjort's opinion is that more
seagoing vessels will prove pro11tableto the population-that there are
off the coast many banks which give reasonable hope of further possi­
bilities ofank fisheries, and says that "also off western Finnmark and
the county of Tr0mso a great many banks exist giving the best hope
in this respect" (p. 300). This evidence is striking.
What does it leave of the Norwegian case that banks up to and far
beyond the 1935 lines had been in peaceful and exclusive occupation of
Norwegian fishermen for centuries? Even assuming that in medireval
times the activities of local fishermen extended in any effective manner to
these banks-as to which there is really no evidence apart from that

based upon the names of banks to which I am coming-is it not clear
that at least from the middle of the r8th century the banks were to all
intents and purposes unused, and that the interest of Norwegian fisher­
men in them only dates from the same period as the interest of the
foreign trawlers, namely, the beginning of the 2oth century ? So far
from a fresh invasion coming to encroach on an ancient established
right,there is a clash between two contemporary daims.
One other point of interest. Professor Hjort endorses the statement
previous.ly made by Molberg and Falch regarding the far earlier and more
effective use of the Sundmôre fisheries. It will be remembered that he
made the same point in the course of the 1924 Oslo conversations-saying
then .that the Norwegian fisheries were an example of special conditions

applicable up to the Lofoten Islands (Reply, paragraph 34). This, I
suggest, is a very relevant indication that the r869 Decree was dealing
with an individual and exceptional piece of coast.
The historical antecedents of the two areas are in fact quite different.
If it be the case that in Sundmôre there was in 1869 a well-established
and developed system of fishing on well-defined banks, the same was
in no sense true in rgn as regards the banks of Northern Norway.
Exploitation of these was only in its infancy, and in purporting to base
their proposee! lines upon the same principles as were applied in r86g,
the rgn Commission was in fact invoking a precedent which hacl no
application.
I can sum up this section of the argument by submitting that th~
historical evidence before the Court cloesnot provide support for Norway's

contention that she had from early times, or in particular over the
critical period when the law of territorial waters was forming, namely,
1730-rSoo, successfully established user and occupation of the fishing
banks enclosed by the 1935 Decree to the exclusion of foreign fishermen,
or that other States hacl accepted such exclusion. Norway's own exploi­
tation is of comparatively recent date, and though there have been
attempts to exclude foreigners, these have been intermittent, not fully
effective, and not accep~ ordrecognizecl by the States concerned.II8 STATEl\IENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 IX 51

Having, as I submit, established by clear authority the actual position
cluring the relevant period, may I now ask the Court to examine that
part of the Norwegian case which seeks to show that areas of sea were

from carly times appropriated by individuals or communities for fishing
pnrposes.
Certain new material has been adcled in the Rejoinder in order to
meet the criticism macle in·paragraph 1? of the Reply, that the Counter­
Memorial contains little clefinite information as to any precise areas
which were involvecl, or as to the extent of such areas, and certainly
cloes not establish that all, or even any substantial part of the areas of
sea claimed by the Royal Decree (of 1935), were so allotted, occupiecl
or appropriatecl.

Much of the new material consists of evidence concerning place names
attached from carly times to fishing grouncls, and in particular of a
learnecl study of this subject by M. Per Hovda in Annex 93 of the
Rejoinder. \Ve do not, of course, question in any way the sincerity of
lVLHovda's researches, although these are evidently put together for
the purposes of this litigation. They uncloubtedly show that certain
topographical {eatures offand along the Norwegian coast-rocks, banks,
fishing grounds-have been known since very ancient times, and it can
be fairly concluclecl from the fact that names· were so carly and con­
tinuously attached to these features that they were well known to the local

inhabitants, and they may be exploited by them for fishing pm·poses.
Nothing of this need be clisputed. But does it carry us any further on the
question what were, in 1800, the established limits of Norway's exclusive
fisheries? I submit it does not. The evidence relates to mediŒval times :
whatever it proves as to the legal situation then prevailing, it does not,
of itself, prove anything regarcling the situa~ i,o4, soo years later,
in r'Soo.
Even with regard to the mediŒval period, it is far from clear where
M. Hovda's material leads us. Does it really prove appropriation of
any banks or rocks by any inclividuals ? When we look at the names,

we see that many of them are names of no particular connotation.
Sorne are clerived from animais. This proves nothing, except the fact
that the banks or rocks were given names. Comparatively few are what
M. Hovcla calls "proprietary" names-that is, names attached because
individuals had a right of prop~r n ythem, or the waters surrounding
them. These proprietary names were, as M. Hovda makes clear, primarily
attached to parcels of sea ownecl as appendages to land on shore-the
quasi-agrictùtural property to which RŒstacl also refers, and not, or
very occasionally, to fi.shing banks. Such of them as are specifically

mentionecl in the Rejoinder (para. 54) fall with few exceptions well
within our pecked green line-they are close to shore and are. in any
event, within the territorial limit. And of the exceptions, the two
principal are the banks of Gjesboen, which are eut in two by the outer
pecked blue line and which the inhabitants themselves in 1908 recog­
nizecl were outsicle the territoriallimit (see Rapport 1912, p. rr6),
and Sveinsgrunnen, which falls almost entirely outside it. In neither
case do they provide any support for the drawing of the 1935 lines.
Finally, l need only remincl the Court that even if appropriation by

indivicluals is provecl, that cannot confer upon Norway any title in
international law in the absence of sorne act of the Norwegian State.
But Norway cannot show any such act. She cannot, in our submission, STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U .K.)-28 IX 51 IIg

show exclusion of foreigners from the .areas in question. She cannat
show that the Norwegian State ever defined its jurisdiction over these

waters. lt may be noted that in I?9Z the Govemment did not even
know the position of the Nordland fishing grounds (see para. 59 of the·
Rejoînder), and she can point to no other act of sovcreignty. I submit
that the argument in paragraphs 5?I-57Z of the Rejoinder, which
endeavours to derive an act of sovereignty from an indîvidual's com­
pliance with national legislation, is, onhe face of it, meagre and indeed,
J would say, transparent.
Somewhat related to these arguments drawn from place 11amesare
etymological arguments drawn from the alleged meanings of certain
Norwegian words or expressions used in relation to areas of sea or
"fi.shingareas.
The first of these is the word kyst. The Rejoinder, in paragraph 14d,

seeks to use the meaning allegedly given to this word to support a:n
"outer coast line" theory,- a theor:y, that is, that in Norwegia:n law or
·practîce, the coast line is treated as being a line drawn outside the
outermost rocks and islands.
\Ve hesitate naturally to join issue on a linguistic matter arising on
.a language not our own, but we are informed by our experts that the
worcl kyst in fact bears no wider meaning than the word kuste, or the
English coast, or the French côte. It is perhaps worth noting that the
two Royal :Oecrees invoked in paragraph 14d-those of 1691 and 1"745-
both use the word in the plural "kyster'' which does not, in a:ny way,
support an extended use of the singular.
The League of Nations document referred to in the same paragraph was

-dated 3rd Ja:nuary, 1929, a:nd was drafted at a time when Norway was
.about to put forward the extensive daims on which the 1935 Decree was
based. Obviously it would have been drafted with the object of supporting
those daims, and the expressions there used can hardly be relied on as
authoritative or indeed in support of Norway's arguments in this case.
The O[her is the worcl "ha v" referred to in paragraph 14 e of the
Rejomder and the related word "fiskehav".
With the same hesitation, and on expert advice, we cannat quite
accept the contention put forwarcl in the Rejoincler. Accorcling to our
information, "ha v" means a part of the sea distinct from fjords and sunds
and refers to a considerable portion of the ocean not locked by the
mainland, with emphasis on "considerable". We do not accept the vi.ew
that it may be "petite ou grande''. And a "fiskehav" means a portion
of the ocean where fishing is carried out-see Knudsen and Sommerfelt:

"Dictionary of Standard Norwegian", Oslo, 193"7, Volume I, PartI,
Column 1054. The two important pieces of water called SvŒrholthavet
and Lopphavet are thus, according to their designations, open stretches
of se<twithout any suggestion that any coastal or other fishery takes place
there. Any argument based on this termination is therefore against
Norway's case. The Atlantic Ocean is, I am told, in Norwegian "Atlanter­
.havet". The law of z5th .June, 193"7(cited in the Rejoincler), we are
informed uses the expression "havomrade", a completely general expres­
sion meaning ocean area: and it is interesting to compare the Norwegian
Trawler Act of 1?th March, 1939, which in paragraph II states that
"the King may rule that the use of the trawl is to be prohibited ail

through the year-or at certain times of the year on certa,in parts of
the fishing ocean" (fiskehawt). The Act is here referring to tra wling 120 STATE\\IENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-28 JX 51

ontsidethe territoriallimit, so that clearly "fiskehavet" has quite a general
connotation. The point that I make is that the fact that the large areas
.of Svrerhoithavet and Lopphavet whcre the largest divergence between
the blue and green lines occurs are so called-with the inclusion of
the word "hav"-indicates that they are essenhal open sea areas. Perhaps
I might point out those two areas of sea, Svrerholthavet and Lopphavet,
on the map behind me.
I think that I might at this point appropriately say something about
the question of fixes or alignments on which there is sorne discussion in
the pleadings. This is an important element in Norwegian customary
law and is of considerable assistance on the issue how far the 1935 !ines

are-as the Norwegians say they are-in conformity with ancient
customary institutions.
The point which we have sought to make in paragraph 18 of our
Reply is that these fixes-or as the Norwegians say "méd"-were of
outstanding importance in the early exploitation of the fishing grounds,
and that the use of them was a principle traditionally adopted by
Norwegian fishermen for the iclentific<ttionand definition of the ground.
Wc then point out that the 1935 line is .drawn quite regardless of this
principle, and we sribmit the proposition-which indeed logically follows
-that it is quite wrong to say that the 1935 \ines are in conformity
with traditional and customary prînciples.
The Rejoinder accepts that this is an argument which has to be met,
and it attempts to do so in paragr<tphs 9-13. The facts set out in those

paragraphs which demonstrate the ancient and widespread use of f'txes
for the purpose of identifying fishing grounds, merely bear out what we
bad stated in our Reply. The arguments do not in any way touch the
point we are seeking to make-indeed they confirm them.
Tluee points are made in paragraph 10 of the Rejoinder:
(a) It is saîd that ali points on the 1935 lînes are in sight of land-be
it so, if land be taken to include not merely the coast, to which we were
referring, but also the bills behind the coast. This is beside the point

we are seeking to make.
(b) It is said that it would not be possible to trace base-lines by making
use of fixes used to mark fishing grounds, and that we have not suggested
any means of doing·this.

Exactly and precisely-that is our argument. Our whole point is.
that in ancient times, Norwegian fishermen knew nothing about straight
lines-or rectilinear !ines-or base-lines. They relied on their fixes to
find their grounds, and nothing else. The introduction of straight !ines in
1935 in this area of Northern Norway represented an entirely new
departure which was not based upon, and as the Rejoinder here agrees,
could not be based upon, the fixes.
The fact of course was that until 1935, in the areas we are concerned
with in this case and leaving out the Varangerfjord, no definition of
Norwegian territorial waters had been issued, and accorclingiy the
fishermen determinecl their position by means of these alignments or

fixes and without Teference to any !ines. The territorial limit could no
doubt have been defined by using these fixes, but then the line would
not have been straîght and the fact that straight !ines were used proves
of itself that the 1935 method representee\ a complete break with the
past. · STATUIENT BY SIR FRANK SOSKJCE (U.K.)-29 IX 51 I2I
(c) It is said that the 1935 line passes inside fishing grounds which

have been localized by means of fixes. Certainly it does, and it passes
outside others, and this is an important element to be considered in
relation to the Norwegi<ln daim that the 1935 line has been carefully
drawn in accordance with topographical data. It c:m easily be seen from
the Norwegian charts that so far as fishing grounds lücalized by fixes are
concerned the 1935 line takes no account of this localization at all.
This is an element whicb applies not merely to the 1935 line but to any
system of straight !ines. ]"he point is, and it is highly relevant and
significant, that any claim to draw straight base-lines at discretion is
incompatible with the ancient method of determining the position of the
fishing ground, whatever !ines are in fact uséd.


[Publiicsittingof S eptember 29/h, I9 5I, moming]

Mr. President and Members of the Court, yesterday evening l com­

pleted the argument which I desire to address to the Court, designed to
establish that Norway had by r8oo fully adhered to the customary
system of the fixed maritime belt.
I now turn to the other aspect of the historical case. This is the ques­
tion whether the historical evidence shows that Norway, after she
adhered to the customary system of the fixed mar.itîme belt about or
before the beginning of the 19th century, nevertheless thereafter may
have acquired an historie title to the base-lines of the 1935 Decree as
an exception to the customary system. Twill, if1 may, assume for the
purposes of this part of my argument that we have satisfi.ed the Court
that Norway did adhere to the customary system and had clone so by
IS.oo. The question thus is whether since :r8oo Norway has acquired an
exceptional historie title enforceable against other States and, in par­
ticular, against the United Kingdom. On this aspect, as I emphasized
just now, Norway's claim to exceptional rights is quite different in law

from her claim to have preserved alleged ancient rights by persistently
declining to adhere to the rules of customary law. Under the latter
claim, if she had proved ber case which we submit she has not clone,
her own sole dissent from the customary rules would have been enough
to establish her exceptional rights without the acquiescence of other
States. But under her claim to have acquired exceptîonal rights by
reason of what has happened since rSoo, she could only, in our sub­
mission, establish a right to be exempt from the customa:ry rules by
. proving the acquiescence of the community of States in her exemption
from the general law. In short, we contend that an historie title has its
whole legal basis in the express or implied recognition of the title by
other States, that is, in their express or implied acquiescence in the
enforcement of the exceptional daim.
There is, as I have said before, a·fundamental divergence between the
vie\vs of the Parties concerning the criteria for determining the establish­
ment of an historie title. The Norwegian Government denies that an
historie tîtle has its legal basis in the express or implied recognition of

the title by other States. According to Norway's argument in paragraphs
553 of the Counter-Memorial and 556-568 of the R.ejoinder, the role of
the historie element in an historie title to maritime terri tory is merely to
provide confirmation of the legitimacy of the claim of the coastal State.I22 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.):__29 IX 5I
The Norwegian Government denies that the acquiescence of otl1er
States is a necessary element in the establishment of exceptional rights

inconsistent with the general law.
In paragraphs 469-487 of our Reply we pointee\ out the difficulties
"involveel in the Norwegian argument. I shall come _ to our main answer
to this argument in a minute. But there are two brief preliminary
criticisms which-I should like to make first.
For one thing, it is impossible to reconcile the generally understood
concept of an historie title as a specialtitle with Norway's the01·yof the
legitima te interests of the coastal State as the test of its maritime daims.
If aState has the right to fixî.ts maritime territory by reference to wha.t
it conceives to be its legitirnate interest and there is no other test of
the legitimacy of these interests, why shoulcl the historie nature of a
daim have any special importance? Yet-leaving aside the Norwegian
Governrnent's argument in this case-an historie title has been univer­
sally regardee! as a special title. Gide!, for example, has a long chapter

specially -clevoted to historie waters. W'hat meaning bas ail this special
interest in historie titles, if the historie element is mere confirmation
of a title intrinsically legitimate in itself ;. Again, as we pointed out in
paragraph 473 of the H.eply, Norway's theory of the role of the historie
element as merely conhrming a title intrinsically valid is difficult to
reconcile with her own admission in paragraph s6.r of the Counter­
Memorial that the burden of proving an historie title is upon the daimant.
If, as Norway says, the coastal State's own interests are by themselves
always sufficient pri·ma facie proof of the legitimacy of its daim and
the historie element merely provides confirmatory evidence, how cornes
it that the burden of proving an historie daim, as Norway adrnits, is
placed by law upon the coastal State? vVhy shoulcl the mere addition
of confirmatory historie evidence create a difference as the burden of
proof ? On this view, <lState in seeking to esbblish <mhistorie title would
lJe better off without any confirmatory evidence at aiL The Norwegian

Government has given no cxplanation of this contradiction in its views.
The main point, however, is whether, as the Norwegian Government
insists in its pleadings, the acqu.iescence of other States, whether express
or implied, is not a necessary element in the acquisition of an historie
ti tle. That the consent of States is the foundation of internationa 1
legal orcler is not taken into account at ali by the Norwegian Govern­
men t in connection with historie ti tles, though itgives this point full
wcight whcn it is a question of Norway being bound by a rule of
customary law. The United Kingdom Governrnent, on the other hand,
considers historie titles to be naturally a.nd inevitably rooted in the ~
consent of States. Where a maritime daim does not exceed what is
allowed under generally-accepted rules of international law, ex hypothesi
it has the consent of States. Where, however, it goes beyond what is
generally accepted, then, in our view, the consent of the States against

which it is asserted has to be establishecl. If there is express evidence
of their consent-weil. and good. If there is not, then .long international
usage showing the acquiescence of States in the assertion of the daim
may be relied upon. In oth_erworcls, historie usage is relevant precisely
to the extent that it shows by inference that the daim bas the consent
of other States.
My Government, in its review of the relevant authority in paragraphs
438-468 of its Reply, sought to c\emonstrate that the Norwegian contcn- STATE!'.IENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 5I I23

tion to the contrary is in confl.ict w.ishtate practice. the jurisprudence
bath of municipaJ and international tribunals a.nd with the opinions
of jurists and learned societies. Norway merely repeats in paragraphs
564-568 of the Rejoinder ber contention that in the precedents the
acquiescence of other States appears as only one of the severa! considera­
tions upon which the tribunal"s decision has to be founded. The argu­
ment then is that the precedents do not support the idea of an historie
title as something which must be affirmatively established as an excep­
tion to the principles of international law. "J'hisargument, as we endeav­
oured to show in paragraph 446 of our Reply, is specious. The fact that

the acquiescence of States is mentioned together with other factors bas
a perfectly simple explanation. States will not acquiesce in exceptional
daims to maritime terri tory unless there are special considerations which
justify the claim to exceptional treatment. Consequently, in considering
an historie daim, stress is inevitably placed on geographical, economie
and ckfence factors together with the acquiescenΠof States. Indeed, it
is remarkable that in municipal tribunals, where the approach is national
rather than international, the decisions so persistently refer to the atti­
tude of other States. This is weil illustrated in the Palk's Bav case in the
·Madras High Court, which the Norwegian Government for sorne reason
thought it worth while to cite in paragraph 567 of the Rejoirider. Having
referred to the configuration and dimensions of the bay, the Court said :

"Considering the evidence that exists as to the occupation of Palk's
Bay zvith the acquiescence oj other States" (these being the actual words
used), it had no hesitation in holding the bay to be British. Do"esthat ·
help the Norwegian Government's contention ? Tt seems tous rather to
refute their contention.
I submit that the arguments in the H.ejoincler really do not answer
what we said in paragraphs 438-468 of the l~ep lbout the precedents
and the views of jurists. J'he Norwegian Government passes over in
silencethe great weight of juristic authority opposed toits view, including
the unequivocal pronouncements of Westlake, F<mchille, Gide.!, and
Norway's own jurist, R<cstad. I shall not, therefore, take up the time of
the Court by going thrnugh ali the authodties a~ain These authorities
in our opinion are conclusive in themselves, and I need only recall that

the Norwegian Government itself took a very different view of the part
playecl by the consent of States in an historie title in the proceedings
before the old Court twenty years ago. I refer to the Norwegian arguments
in the Eastern Greenland case decided in 1931, and in particular to
passages in the Norwegian Rejoinder in that case. {Series C, No. 63,
p. I30S.)
Denmark had there m<lintained that she had been in occupation of
Eastern Greenland together with the rest of Greenland since time
immemoriaJ, and that her daim to an historie title to Eastern Greenland
had receivecl the acquiescence of many of the interested States. Norway,
on the other hand, insisted that Denmark's occupation from time itnme­
morial was not binding on Norway without Norway's own acquiescence
in that occupation. Norway's contention, insisting upon the need for

her own consent to Denmark's occupation, may be thought an extreme
one because land, which is terranullt"us, is capable of acquisition by mere
occupation and the occupation, ifeffective, is valid erga onines under a
well-established rule of international law. However, the principal issue
in the case, as the Court is aware, was whether Denmark's State activityI24 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX ji

purporting to cover the whole of Greenland but rnaking virtually no
impact on Eastern Greenland, amounted to an effective occupation of the
latter. The Norwegian contention was that such a national occupation
could not be binding on Norway because she bad not recognized it.
In support of this contention, the Norwegian Government cited the
following passage from Judge Anzilotti's lectures at The BagueAcademy
in r929 (Recueil ,l929, Vol. 1, pp. 336c337);

"Mais le droit international ne connaît pas l'institution de la
prescription, tant acquisitive qu'extinctive, même sous Ia forme
de ce que l'on appellela prescription immémoriale ; en "règle,l'écoule­
ment d# temps ne suffit pas pour déterminer l'acquisition ou la perte
de droits; il faut qu'à c,etécoulementdtt temps s'ajoutent des manifes-"
tatiorts de volontédes Etats."

On this pa.Ssagethe Norwegian Government commented in that case
"sans doute l'écoulement du temps qui est dépourvu d'effets juridiques
directs peut avoir des effets indirects en agùsant comme un facteur psycho­
logique". It then continued with another passage from ]udge Anzilotti's
lectures (ibid., pp. 347-348) :

"On a déjà dit qu'en droit international il n'existe pas de principe
en vertu duquel leseul écoulementdu temps détermine l'acquisition ou
l'extinction de droit, mais, par l'écoulementdu temps, les exigences
de la réalitéortent presque toujours, tôt ou tard, les sujets intéressés
à accepter l'état de choses dont, à l'origine, ils ont contesté la
légitimité et qui s'est manifesté en fait comme durable et viable :
une fois la reconnaissance intervenue, cet état de choses devient
légitime à l'égard de ceux qui l'ont reconnu, quel que soit le mode
dans lequel il s'est originairement établi. Ce n'est pas l'écoulement
rl1temps comn"letf'l, mais la volonte manifestée par la reconnaissance,
grâce à l'écoulementdu temps, qui transforme les sÜ#ations de fait en
situations iuridiques."

And then, .in the following words o.fits own, the Norwegia11Govern­
ment rammed home its argument that in establishing a title the mere
passing of time, ever since time immemorial, has no juridical significance
unless accompanied by the recognition of the title by other States;

"Mais si ces manifestations de volonté ne se produisent pas dans
la forme nécessaire pour créer des droits, le simple écoulement du
temps, même prolongé à travers les siècles, demeure iurùliquement
inopérant. C'est pourquoi la thèse danoise de fa prescription acqui­
sitive de long durée, réduite au seul écoulement du temps, est
dépourvue de valeur juridique" si elle ne s'accompagne pas de recon­
naissances de la part de la Norvège à qui cette prescription est opposée.
Le Danemark, ainsi. qu'il a déjà étédémontréet qu'ille sera encore
à d'autres places de la Duplique, essaie en vain de faire la preuve
de ces prétendues reconnaissances norvégiennes."

The interesting thing is that the Danish Government was in agreement
with the Norwegian Government on the general principle, Thus in the
oral argument (Series C, No. 66, p. 2873), Professor Charles De Visscher,
Counsel for Denmark, said that the Danish Government's view could
not be expressed more clearly than in the words of Judge Anzilotti,
citing the second passage from the Judge's Hague Academy lectures STATE~ŒN BYTSIR I:RANK SOSKICE (U.K.)-29 1;:: 51 !25

which Norway had invoked and which I have just read to the Court.
The Danish Counsel then made the following pertinent comment of
hiO:own:

"Vouloir contester le point de vue qui s'exprime dans ces lignes, 0
ce serait'se dresser tout simplement contre ce qu'il y a de plus
certain, de plusinéluctable dans la formation de toutes les situa­
tions juridiques, savoir, la consolidation graduelle des situations
acquisessous la doubl~·nflu d#etncps et de l'assentiment général."

The crucial question in the Eastern Greenland case was whether the
disputecl area was already uncler Denmark's occupation in 1931, when
Norway asserted a title, or wasthen terra nullùts. As land is capable of
being acquirerl by simple occupation but will equally be ]ost by a failure

to continue the occupation, the historie element in Denmark's title bad
a limited bearing on the status of the territory in rg3I. The Court, in
fact, contented itself with examining Denmark's exercise of State
activity ·in Greenland in successive periods from the 13th century to
1931 in arder to determine whether the State activity was sufficient to
.establish Danish sovereignty over the whole of Greenland in each period
right up to Ig3I. Finding that this was so, the Court helcl that the
disputed_area was not terra nullius when Norway announced her assump­

tion of sovereignty over it. In consequence, the Court did not find ît
necessary to pronounce upon the contentions of the Parties in regard to
historie titles. This does not, however, detract in the !east from the
fact th;lt the t.wo Parties were at one in considering the {<cquiesccmceof
other States to be a vital elei1the establishment of an historie title.
Why, then, has Norway abandoned this view in the present case?
Is ît because of any difference in the issue ? Certain\ y there is a difference

inthe issue. There, the claim was to land, in which, when terra Mtltitts,
States do not possess vested rights and which, therefore, is capable of
acquisition by simple occupation without the assent of other States.
Here, the daim is to sea which is not retHtll and is which the right!i
of other States are inherently involved. Does this difference in the
subject matter of the daim point to the acquiescence of other States
being Jess or more necessary to the establishment of an historie title in
the present case? The answer, of course, is that the view taken by

Denmark and Nonvay in I93I, th;Ù acquiescence is an essential element
in an historie title to territory, applies a fortiori to the maritime territory
which is the subject of the present case.
M.y purpose, however, is·not simply to underline the inconsistency
bet\veen the Norwegian Government's views of to-day and its view of
yesterday. It is to emphasize that the contention that the acquiescence
of States is not an essential element of an historie title conflicts with the
views of bath litigating States in the Eastern Greenhmd case as well

as with the considerable volume of authority presentee\ to the Court by
the United Kingdom in its Reply. My Government accordingly submits
that the acquiescence of other $tates is an essential ingredient in any
historie title which Nonvay may invoke in justification of her daims to
the maritime territory includecl within the rg35 Decree.
Having advanced this argument on the legal aspects of àn historie
title, I come backo the evidence. In view of the considerations which I

have put before the Court, the evidence has to be ex<unined from two
aspects. Theftrst is whether the evidence shows that after 18oo Norway 126 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-29 IX 5I
consistently assertecl the daims to maritime sovereignty upon which the
1935 Decree is basecl. The second· is whether, if she did assert these
daims, her daims received acceptance by other States and, .in partic~lar,
by the United Kingdom. ·· ·

•· \Nith regard to the first point, Nonvay's case is that there was a
Norwegian system-a .system which dates at !east from r8r2-under
which base-lines are drawn between extreme points of land-whether
on mainland or on rocks or islets-aU the waters insicle the base-lines
being internai waters-and there being no limit on the length of the
base-lines. vVe contend that no such Norwegian system ever existed
even in Norway, and 1wou\d like to refer in connection with this conten­
tionto what was Norway's own opinion about this system. After a brief
examination of the "system", I shall seek to show that the Norwegian
attitude to the question of territorial waters varied greatly at different
times prior to 1935. Norway was consistent in her general daim to her
fjords and sunds, though even here she varied in her views as to the

proper limits o.fdifferent fjords. For the rest, her attitude to questions
of territorial waters varied greatly.
With regard to the a1leged Norwegian system, I wonld respectfully
referthe Court to pa:ragraph 412 of our Reply, to which J propose to
add very little. The Reply takes as its starting point the Rescript of
r8.r2, and I need not trouble the Court with a fresh examination of this
document, since the Parties are in substance agreed about it. The
Rejoinder substantially agrees with what we said in the Reply (paras.
22-24), which is briefly that the H.escript marks the culmination of the
neutrality legislation which started from 1745 and that it was not in
its origin designed to deal with fishery limits at aiL However, it was
later regarded as stating the limits for ail purposes, and the relevant
point forthe present argument is that it did not proJess to concern itself
with base-lines. That was pointed out in the clearest terms by Rrestad

in his opinion in the Deutschland case : he saicl that it was unlikely that
the R.escript was meant to be understood as dealing with base-lines,
since the traditiomd Norwegian conceptions were based upon range of
vision, which pre-supposes the use, for the purpose of drawing the outer
limit, of a real and not an imaginary base-line. 1t really, therefore, does
not seem open to argument that the Rescript of .r812 had anything to
do with base-lines at ali, and it cannat be considered as the origin of any
system of drawing fishery limits by reference to base-lines. Tt was, in
fact, firmly linked to the tide-mark rule.
Then cornes the r86g Decree, on which I have alreacly made some
observations to the Court. That was issued to deal with a concrete
problem in one small area of the coast where conditions were quite
exceptional. There were exceptionally well-marked fishing grounds
comparative\y close to shore, and there was, as nowhere else in .Norway

at this time, an established custom of fishing on those banks on the
part of the local inhabita:nts. \Ve know how Nonvay solved this particular
problem by drawing a line which was clearly a cleparture from the
customary rules of international law,a~then accepteù by Norway herself,
a step which was regarded by Fra:nce-în her notes of the tîme-as an
.indîvidual measure in a particular area not based upon or justifi.ed by
international law.
There followed the Decree of r88g, whîch was not issued for any
international purpose, but for reasons of domestic policy. AdmittedlJ:. STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51 127

it was drafted and the line enacted by it was deJined closely by reference
to the Decree of r86g, though not, it will be remerribered, without hesita­
tion in view of the proposals made by the Commune of Bod. Finally,
however, !ines very similar to the r86g lines were drawn.
What then, it is appropriate to ask, was the position after this second
decree had been made? Had a Norwegian system been established even
in Norwegian internallaw-I am not asking whether a system enforce­
able against other .States bad been established, that is quite another
question, but bad Norwegian theory and practice crystallized in such

a manner that a recognizable system or formula had been formed accord­
ing to which long straight base-lines could be drawn for the whole
Norwegian coast? Wc submit that no system applicable to the whole
long Norwegian coast Jine could be based upon two decrees issued in
the 19th century in relation to limited areas of the coast outsicle the
area in dispute. Contemporary Norwegian opinion clearly was to the
effect that no such system had been established.
From r88g onwards, we have the statements made by Norwegian
professors before learned bodies such as the Institute of International
Law, the writings of Norwegian jurists, the enquiries made of and the
replies given by learned institutions, such as the Norwegian Faculty

of Law and the ]{apport rg12. The material on this îs set out in para­
graplls 39, 53-57, 67-70 of the Reply and sumrnarized in paragraph 418,
and I do not propose togo over it again in detail. I can perhaps attempt
to sum up the conclusions which emerge.
These are that learned opinion in Norway was not in any way agreecl
on man,y important issues affecting the delimitation of territorial waters.
"It was not agreed on the manner in which base-lines might be drawn
across bays, what rocks (whether submerging rocks or not) might be
used as base-points-what maximum distance these may be from the
land and from each other, what was meant by "not run over by the

sea" in the Rescript of 181z, whether there was an 8-mile rule for the
m<Lxirnumdistance of islands from the shore or between islands on
the fringe, l1owthe lirnits of fjords are to be ascertained-althese were
cornpletely uncertain and undetermined. The one common feature of
all these speculations was the belief that at least sorne rules existed in
international law for the determination of these issues. And Norwegian
officialopinion clearly\vasthat the Decrees of r86g and rSSg represented
merely ad hoc expedients for individual sedors of coast.
These facts-ancl they are facts~a rot really challengecl by the
Rejoinder. Many pages are, it is true, given up to an examination and
attempted criticism of the arguments derived by the Reply from the
proceedings of the Institute of International Law, from the Opinion

of the Law Faculty and the Rapport of 1912. There is a good deal of
special pleading in the .Norwegümarguments, but I do not think I should
be justifled in taking the Courfs time in going through them again.
Perhaps I may be permitted to make a few brief comments, and apart
from them to leave the Norwegian arguments as a whole to be appraised
on their merits by the Court.
In paragraph 102, the Rejoinder charges us in our Reply with follow­
.ing a false trail when we refer to M. Aubert's support for an 8-mile
rule, because none of the base-points in the 1935 Decree except one is
more than 8 miles distant from land or an island. That is no doubt the

case, and we are quite aware of it, but the Hejoinder has mîssed our point.I28 STATEMENi.BY SIR FRANK SOSKlCE (U.K.)-29 IX SI
\illhat we were concerned to point out was that M. Aubert was an

advocate of an 8-mile rule for the maximum distance of an island
from the mainland (which indeed he was), whereas theNorwegian Govern­
ment now maintains {as it does) that there is no such rule, and indeed
no iule at alllimiting the distance in question. Our point is that Aubert
thought that there was a rule lirniting the permissible interval and
Norway says that as a matter of princîple there is not.
Although this particular point îs academie in the sense that the United
Kingdorn has admitted Norway's historie title to the waters inside the
skjrergaard, it is relevant when I am attempting to show that after r88g,
Norwegian opinion was far from takîng the view that there was already
in existence a definite Norwegian system.
Then we are charged, in paragraph J:W of the Rejoinder, with confusing

two distinct questions, namely, the distance an island may be from the
mainland for it to count as a base-point and the distance one base-point
may be from another. But we have not fallen into this confusion at aiL
Nor has M. Aubert, who is charged with the same error. The fact is
that Aubert-no doubt wrongly in the view of the present Norwegian
Government-considers these two matters as different aspects of the
same principle-both are determined by the width of territorial waters.
This difference of opinion illustra tes very well how Norwegian opinion
has shîfted in the last 50 years. That Aubert quite plain!y took the view
that the length of base-tines could not ordinarily be more than 8 miles
is shown by the passage from his article quoted in paragraph s6 of
the Reply and {more fully) in paragraph no of the Rejoinder, a view

which was shared by M. Hroar Olsen in r.SgS (see Rapport 1912, p. 53).
I would like next to refer the Court again to the letter ofrgo8 written
by the Norwegîan Foreign Ministry to the l\-1inistryof National Defence
(Annex 34 A of Collnter-Memorial)-the letter which attempts a
Te-interpretation of the 1812 Rescript. Apart from the fact that this letter
is noteworthy as containing a statement-as applicable to Nonvay-of
the tide-mark ru!e-"la ligne du,littoral qui àvance le plus dans la mer à
marée basse"-the letter deals with fjords and bays. There it says, basing
itself on international law and on custom (not, be it noted, on anything
specifically Norwegian), that the territorial sea in Finnm<uk includes
adjacent fjords and hays, the fishing limit beîng tracee! at one league
from the !ines which connect the extreme points of the two sides of these
fjords and bays. Clearly this letter contemplates that each separate

fjord or bay shall be separa tely closedby its own closing line-a method
quite inconsistent with that now followed. by Norway, who daims to
draw lines across severa\ hays at a time.
Next, it will not be forgotten that the rgrz Commission itself was far
from certain as to the principles on which base-lines might be drawn :
this is shown by the whole tenor of the Report. We accept and are grateful
for the dari fication a:fforded by the Rejoinder on the question of the
mînority report which recommended Jess extensive !ines than were
adopted in the 1935 Decree. \Ve confess that we bad not sufficient infor­
mation at the time of drafting our Reply to make this clear. The facts
as they now emerge seem to be : .

r. That the two commissions of r.gu and r.grz, as well as recommend­
ing the 1935 lines, established for comparative purposes schedules of
base-lines of a maximum length of IO ànd 12 miles respectively. These
schedules were, it is saicl, merely for informationnd were not the subject STATEMENT_BY_ SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51 I29

of any recommendation (paragraph IX7 of the Rejoinder). It will be
remembered that this part of the Report has never been published and
we are ignorant of its contents.
z. That a new commission was set up in rgz6, which made a tour of
inspection along the whole length of the coast. This commission presented

a report in1930, in which-1 quote from paragraph 135 of the Rejoinder,
which is a little lacking in precision-"for certain base-lines there was
a majority of z-r in favour of certain proposais which differed from those
presented by the 19II-1912 Commissions". The minority proposais
were adopted by the Storting.
3- The Norwegian Ministry of Foreign Affairs in its report to the
Storting in rgz6 (the reference is in paragraph 58 A of our Reply) recog­
nized explicitly that "with regard to the question of base-lines for terri­
torial waters the case is more doubtful"-that is, more doubtful than the
question of the 4-mîle limit, and that with regard to Norwegian terri­
torial waters "no general regulation regarding the calculation of the
base-lines has been issued". With regard to the recommendations of the
rgn Commission, the Ministry said :

"The earlier Territorial ·waters Commission of rgn, which was
to clear up this side of the matter, proposed these lines for the
counties of Finnmark, Troms, Nordland, etc. These base-lines,
wnîch ·in sorne cases are very long, were drawn more with a view
to local interests than on the basis of any general principle. At the
same time the Commission also prepared tables of other base­
lines for the said stretches of coast under the assumption that no
base-line should be more than ro or 12 nautical miles respectîvely
{see paragraph 58 A of our Reply)."

I need not comment on these admitted facts-the significance of
which I submit is quite evident.
Though I am departing .for a moment from the chronological arder,
1 would venture once again to refer the Court to the jùdgment given
by the Supreme Court of Norway in 1927 in the matter of the Deutsch­
land, a case of great interest, not only for what it decided and for the
:reasons for the decision, but for the opinion given by RŒstad which
-..vasacce'pted by the Court. Norway makes, if I may say so, heroic
efforts to obscure the effect of this decision, but it is really impossible
to escape from the main conclusions which are to be drawn from it.
These are briefly : .

(a) That there was no evidence of appropriation by Norway of
waters not within a fjord or within 4 miles from land or from the mouth
of a fjord except in the areas covered by the Decrees of r86g and r88g.
(b) According to the opinion of RŒstad, that the 1812 Rescript had
nothing to do with base-lines and that a system of imaginary base­
]ines was inconsistent with the traditional Norwegian system based on
range of vision. The Rescript had not in this respect been supplemented
by usage.
(c) Accordirtg to RŒstad, that it was an open question in rg26 whether
in drawing !ines outside the skjŒrgaard straight Iines could be used or
the system of arcs of circles-he was here referring to the tide-mark
rule.
(d) According to R.Œstad, that while Norway is entitled to daim

the waters of fjords as internai waters, the question remained how the
1imits of fjords are to be determined. ·· ·
IO130 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-29 IX SI
These pronouncements by the most eminent legal authorities ill'
Norway, which are quite inconsistent with the present Norwegian_

contentions, are in our submission entitled to very serions consideration_
by the Court.
There remains for consideration-stiJl on the question whether there•
was any established Norwegian system-the conduct of the Norwegian
Government during the years since rgo8 and in the varions negotiations.
between our two countries. This has become the sübject of a consider­
able degree of controversy. Norway seems to be particularly sensitive­
ta the references to the red !ines and to the varions modi vivendi, and.
her pleadings contain an abundance of effort to explain away an account
of the facts which is simply based on official documents. It would indeed
be surprising if there were not room for sorne misunderstandingregarding·
the Norwegian attitude during these 30 years in view of the facts:

First, that Norway in 1908 gave instructions as to enforcement
based on a ro-mile rule for -hays, although she did not publish-and
has not to this day published the instn1ctions to that effect given to·.
her enforcement vessels-those instructions, the effect of which is set
out in paragraph 95 of the Counter-1\femorial. The substance of the

instructions, as we understand them, was that, within an outer limit
drawn one league outside a straight base-line across the entry of fjords­
whose width did not exceed ro miles, strict enforcement up to arrest:
was to be applied. Outside this limit, but wîthin the limit suggested by
the Prefect of Finnmark-that is to say, in the relevant area, within
what afterwards became the outer blue line-there was to be lenient
enforcement consîstîng of warnings and takîng the names of vessels..
It was our ignorance of these instructions which gave rise to the mis­
understanding which seems to have persisted even up to the close of
the pleadings regarding the precise character of the ''tacit modus vivendi''
and the "express modus vivendi", Norway thinking that she was enforc-·
ing with leniency-up to the limits decided in rgoS-and the United.
Kingdom thinking that she was enforcing by reference to the red lines.

Second, that Norway did not publish the second portion of the Report
of the rgn-rg12 Commission-that portion which contained, as we
now know, the 1935 Iines.

Third, that Norway gave us to understand in 1924 that the red
lines represented her daims-information which we passed on to our
skippers, who acted on it, and so informed the Norwegian GovernmenL
I refer for proof of this to the diplomatie correspondence in Annex 14
·ofthe Memorial.

Remember, as to this, that the Foreign Affairs Conunittee of the
Storting, reporting on the 1935 Decree, said, \vith reference to the Red
Lînes:

"They were drawn up (at the time of the Oslo discussions which
took place in 1924) in consequence of a British request and constîtuted
an attempt at showing the principles on -..vhichbase·lines should be
drawn accordîng to the Norwegian point of view but without in any
way binding the Norwegian authorities as regards the final fixing of
the base-lines." (Memorial, Vol. I, p. rgi.' And that the Norwegian
-Ministry of Foreign Affairs sa.id inhe rg26 Storting document: STAT.Ei\'IENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51 131

"Before it was possible from the Norwegian side to estimate the
extent of the Norwegian interest involved on such a basis of negotiation,
it was clearly of the greatest importance first and foremost to have
drawn charts of the whole coast showing the manner in which the
territorial waters, which could thus be recognized by the British Govern­
ment, would appear in detail and in comparison with the territorial
waters hitherto claimecl by the Norwegian side. \·Vith this object and
in orcier to illustrate the question, the said limits for fjords and the
three-mile belt were drawn along the whole Norwegian coast in a manner
averrecl by the British delegates to be acceptable to Great Brita.in. On
the same charts Fishery Aclviser Iversen and Captain Askim, after
the special consent of the Ministry of Foreign Affairs had been obtained
for the purpose, plotted the !ines defining the territorial waters claimed

by Norway. As far as possible these were based upon the principles
and indications aclvanced in the royal resolution regarding territorial
waters off the coast of Norway of .r6th October, r86g, and of September,
r88g1>(see para. 75 of Reply). .
And finally, if ît be possible for the Norwegian Government to ''explain
away" certain of the red !ines as representing the "persona! opinion"
of Captain Iversen-a hypothesis which itself is difficult to accept­
let it not be forgotten thatpart of the red line, that relating to Eastern
Finnmark, was communicated by the Norwegian Govemment itself,
prior to the Conference : that is, the section a chart o.f which appears
in the Principal Facts (Annex 3 of the Counter-Memorial}. May I remind
the Court that this chart was sent in response to the most pressing
requests macle by our representatives to Dr. Hjort for sorne definite
statement of Norwegian views-a full account of this is set out in para­
graph 13 of the Memorial-and, incidentally, as the same paragraph

shows, that M. Mowinckel, the Norwegian Prime Minister, in referring
at the same time to this chart said that it was to contribute towards
preventîng British trawlers from trespassing upon Norwegian territoria:I
waters. There can be no doubt that the red !ines did represent Nor­
wegian opinion at the time-or at least Norwegian opinion as to what
!ines would be acceptable under international law, and if the Court
will once more glanee again at the two sets of British charts, it will
see that in fact the red !ines were not so very far removed from our
own green lines.
Fourth, that great care was taken to ensure that no hint of the 1935
!ines was allowed to leak out at the 1930 Hague Conference, although

as we know these lines had in principle been decided on.
Fifth, that Norway did not disclose to us that in 1933 she bad issued
to her fishery inspection vessels instructions to enforce limits corre­
sponding to the 1935 !ines.

Sixtk, that after Nonvay had assured us in November, 1933, that
no change had been made in Norwegian practice (a practice which the
Nonvegian Storting said was related to the red !ines), she in 1934
issued instructions for the county of Nordland that the limits proposed
by the rgrr-rgr2 Commission should be applied.
The plain fact, after ail the dust of controversy has settled, is simply
this. In x.go8 the Norwegian Govemment was under heavy pressure
from its fishing interests to extend the fishing limits-we give ample
evidence of this in paragraph 6r of our Reply. The Commission of rgrr132 STATEMENT BY SIR FRANK-SOSKICE (u.K.)-29 IX SI

was set up and-whether by virtue of its instructions or its own inherent
prudence-found that a direct extension by enlargement of the belt
of water from 4 miles to 6 or IO ·miles would not be internatiorially
accepted-it made its recommendations accordingly in another direction
-by extending the base-Iines on an extreme headland theory. Norway
considered in 1912-and continued to realize throughout the discussions
of the 1924-1925 period-that these lines were too widely drawn to be

promulgated-or even used as a basis for discussion. Accordingly, her
negotiations and also her enforcement policy were conducted just as if
these recommendations did not exîst. Finally, about 1933, Norway
decided to take the plunge, secretly issued the 1935 lines to her enforce­
ment authorities,. without however yet fully applying them, and in
I93"i brought out the decree. These are the broad !ines of the situation,
and we do not really believe that they are open to dispute.
The Court will not wish me to go over again in detail the arguments
which are contained in the pleadings-what we say in our Reply is fully
documen.ted, and we believe that it fairly sets out the facts. But there
are a few points raised by the Rejoinder which require correction, and
I ask the Court's indulgence to deal briefly with them.

First, in paragraphIl9 the Rejoinder is concerned to say that neither
the 1912 Commission nor the Decree of 1935 proposed any extension
of territorial waters. It quotes a passage from the Rapport 1912 in
which the Commission says that it does not raise the question of an
extension of maritime territory. But this passage-! have already made
the point-is d~ali imgply and solely with the question of an exten­
sion of the width of the maritime belt from 4 miles to 6 or 12 miles.
This the Commission, we know, did not recommend. The protection of
Norwegian fishermen was to be achieved by other means. The same
observations apply to the attitude of the Storting in 1935.
Secondly, in paragraph I22, the Rejoinder completely misrepre­
sents a passage from the Maurice-Douglas report of the I924 con­
versations to show that in 1924 the United Kingdom was fully
aware that Norway was applying an extreme headland principle to the

coast then under negotiatiori. But the report says nothing of the kind.
A reference to it-it is in Annex 4 of the Memorial, Vol. I, p. I07-
shows that the report is stating that in relation to Finnmark, Norway's
policy is indicated by the line shown in the chart sent before the negotia­
tions (that is the line which is shawn in "The Principal Facts")-that
in drawing this line no settled principle was adopted; that the rule enun­
ciated in the 1912 Rapport of drawing !ines between extreme headlands
(that is the rule quoted at the top of p. II3 (VoL III)of the Rejoinder)
was not followed; and the strict application of such a rule would lead
to a manifest absurdity. The Maurice-Douglas Report, in fact, so far
from recognizing this rule as the rule adopted by Norwegian policy is
painting out the exact opposite-namely that the rule was not followed

by the red Iine and could not be .followed without leading to absurd
results! '
Third, in paragraph 146 the Norwegian Government asks how, if
Monsieur Iversen knew what was in the Rapport I9I2, he cou\d have
drawn the red !ines as representing the Norwegian views of the time.
The answer to this is simply that in faèt he did draw the lines-andthat
he must inevitably have known what !ines were recommended by the
rgu Commission. The fact that, knowing of them, he proceeded to STATEJ\ŒNT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51 133
clraw the reel !ines in a different position unclerlines more strikingly
the point which the United Kingdom has been concernecl to make,

namely that the Norwegian Government in 1924 hacl not clecicleclto
aclopt the lines of the rgr2 Report and incleecl was contemplating
something more moclerate-the reel !ines are much doser to the green
!ines which we submit to the Court.
Fourth, in paragraph 148 the Norwegian Government returns once
more to the request macle py the United Kingclom in 1926 for inform­
ation about the principles accorcling to which Norway draws her
territorial limits with particular referenceto the selection of base-lines
in the case of inlets. Norway seeks to use this to show that the United
Kingdom clid not attach much importance to the red !ines. The answer
to this is twofold : in the first place, as Norway has been at pains to
point out, the red !ines were non-authoritative-and the United Kingdom
wishecl for a clefinite unambiguousstatement of the Norwegian position.
This, Norway consistently refused to give. In the second place, ail that
the United Kingdom knew was that certain lines had been placed on
a map-we wished to know in addition to this according to what

principles they had been put there so that we could subject them to
legal examination. The form of the request shows plainly that the
United Kingdom was not clear as to the principles being applied by
Norway.
Mr. President and Members of the Court, this concludes my review
of the alleged Norwegian "system", and I think that I am entitled to
submit to the Court, as I now do, that no system exists or ever has
existed, whether on paper or in the mincis of those responsible for
Norwegian policy or doctrine. Norway herself realized quite weil that
the r86g and r88g Decrees afforded but a slender support for the later
decree, both because they related to insignificant stretches of the coast,
whereas the 1935 Decree was to cover about half of it, and because a
strict following of those decrees would have led not to the blue !ines
but to !ines far Jess extensive and nearer to the green !ines-as incleed
the Storting Committee. in 1926 declared when it said that the red

!ines were basecl on those decrees.
I submit that the conclusion is that, historically, nothing that has
happened since r8oo gives Norway any prescriptive right to clraw her
!ines where she has drawn them in 1935.

[Pttblic sitting of September zgth, I95I,afternoon]

11r. President and Members of the Court, whenever an advocate,
after a long speech, announces that there is little more that he has to
say, the Court is apt sometimes to become a little suspicions. It feels
that possibly he may be guilty of what the Leader of the Opposition­
and this time I really mean 11r. vVinston Churchill-once described,
when prohibited by the rules relating to Parliamentary language from
using a more vigorous expression, as a terminological inexactitude. In
my case, however, it is perfectly true that there is not much more that

I wish to say before the Court. I hope to conclucle comfortably my
finishing remarks by the time that the Court, in accordance with its
normal usage, rises this afternoon; because I now come to the final
question about which I wish to present an argument to the Court.134 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (u.K.)-29 IX 5I
It is what I described as the second question, namely, whether other
States have acquiesced in Norway's daim to the waters comprised in
the 1935 Decree, that is, the question whether they have recognized the

daim to be legally enforceable against them. I would remind the Court
that,.in discussing the acquiescense of other States in Nonvay's daims,
I am here only concerned with the period after r8oo, by which time
Norway, as we have shown, had adhered to the customary system.
The attitude of States towards Nonvay's daims before r8oo concerns
the other question whether in earlier times Norway possessed an estab­
lished legal right to rouch wider maritime territory or merely a preten­
sion to rouch wider maritime territory.
Before I examine the evidence of the attitude of States since 18oo
towards Nonvay's maritime daims, I must say a few words about the
effect in law of the opposition of inclividual States in preventing the
establishment of an historie title. The Norwegian Government, in para­
graphs 584-587 of the Rejoinder, represents that there is a difference
on this point both between our views and those ·of Gidel and between
our views and those of the Nonvegian Government. As to Gidel, I am

quite sure that there is rio real difference between his views and ours.
Asto the Nonvegian Government, I am not quite sure, because it seems
in its Rejoinder somewhat to have misunclerstood what we said in the
Reply. At any rate, I hope that my further explanations will now help
to clear up whether there is any real difference between the views of
the Parties.
The Nonvegian Government cited in paragraph 584 of its Rejoinder a
passage from the chapter on historie waters in Gidel's book-see Volume
III, pages 634-635-in \\:hich he discusses the part played by recognition
in the establishment of an historie usage. The gist of this passage is
correctly said by the Norwegian Government to be that, in Gidel's
view, the recognition of the usage need not be express and need not be
universal. We explained our views on this matter fully in paragraphs
479-484 of our Reply, to which I ask the Court to refer. In effect, we
said in those paragraphs that we agreed with Gidel on both points,

always keeping in mind the fact that his statements were made in
relation to long-standing usage giving a prescriptive title and not to a
short· usage in modern times. We emphasized that you have to read
the passage cited by the Norwegian Government in the light of Gidel's
views concerning the part played by acquiescence in the foundation
of an historie title.n the course of summing up his opinion on historie
waters at the end of the chapter (p. 651), Gidel said:

"Il ne suffit pas que l'État riverain émette la prétention de
considérer telles ou telles eaux comme lui étant «propres n pour que
les autresÉtats aient le devoir de s'incliner devant cette prétention ;
la consécration de ces prétentions ne peut dériver .... que de
l'acquiescement international ;.c'est l'1tsageprolongéq1tigénéralement
en fou.mitla manifestation; et. telle est la part de véritéque contient
le mot «historiques>> à l'aide duquel la théorie est désignée."

In other words, Gidel, when he was saying that recognition need
not be express or universal, meant that :

(r) You may have acquiescence inferred from prolonged inaction even
although there is no express acquiescence. STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX SI 135

1(-z)Acquiescence need not be universal in the sense that, if other
nations have acquiesced, a mere paper protest by a particular
State, that is, one not pressed home, will not suffice to prevent
the establishment of a prescriptive title.
With these propositions of Gidel we entirely agree.
If we and Gide! are right about that, Norway finds herself in a difficulty

'because we have long and persistently opposed her daim to the disputed
·waters. Accordingly, she is driven to argue that, she having issued the
Decree in 1935 and we, as she maintains, being the sole nation actively
to press its protest, she is entitled to say that she has already acquired a
·prescriptive title. But that is not our contention at all. We made it
·perfectly dear in paragraphs 479 to 480 of the Reply that the paper
protest of a single State will not, in our view, obstruct indefinitely the
·creation of a prescriptive title. \Vhat we assert is that, when a State
protests against a new daim which conflicts with existing international
:law, its protest is sufficient to mark its rejection of the daim and to
preserve its rights.hat we also assert is that if, thereafter, the objecting
State actively prosecutes its objection, seeks to reach a modus vivendi
:and brings the matter to a hearing before an international tribunal
·within a reasonable time, it cannot be held to have lost its right to refuse

to accept obligations not imposed upon it by general international law.
It is when the protest ceases to be effectively maintained and the general
·body of States, through their inaction, are held to have acquiesced in
·the daim that the isolated paper protest no longer suffices to preserve
·the objector's rights. It would be a strange rule of international law that
permitted one State's unenforceable daim to become a prescriptive
-right before another interested State had ceased to use the means at
·its disposai of actively asserting its established rights.
The Norwegian Government in its Rejoinder noted our views concern­
·ing the difference between a mere paper protest and a protest actively
·maintained, and expressed its agreement with us on this point. Yet in
the same paragraph it charged us with saying that an isolated protest is
sufficientto prevent the establishment of an historie title, when we had
plainly conceded that the protest of a single State, which does not prose­
·cute its protest by ali available means, eventually becomes ineffective
in the face of the general recognition of the daim by other States. It
·may be that there is simply a misunderstanding between us. The further

·observations of the Norwegian Government in paragraphs 587-588 of
the Rejoinder, however, make us think that there is here a fundamental
-difference of view between the Parties and that this difference is merely
the consequence of their divergent views concerning the part played by
-recognition in the formation of a prescriptive title.
In paragraph 588 of the Rejoinder, the Norwegian Govemment,
while recognizing that the usage upon which an historie title is based
must be peacehù and continuous, repeats its rejection of the generally
held view that the acquiescence of other States is a necessary element in
.a prescriptive title. It then contends, first, that the absence of any reac­
tion from other States confers upon the usage the peaceful and continuous
character which it must have and, secondly, that the objection of a
single State is incapable of preventing the formation of an historie title.
In other words, the contention of the Norwegian Government seems to
be that, if only one State protests, a new daim becomes established as

.against all other States, induding the protesting State. The new daim136 STATEl\IENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51

is apparently to be enforceable against ali States regardless of whether
the protesting State has had a reasonable opportunity to prosecute its
objection by diplomatie and legal action and regardless of whether
a sufficient time has elapsed to make it reasonable to imply the assent
of other States. If this is the contention of the Norwegian Government,
we profoundly disagree with it. l will confine myself to making two com­
ments on this contention.
The first isthat it is a part of Norway's argument that a State with
established rights does not Jose its rights by reason of a change in the .
customary law, if it has unambiguously and·persistently manifested its
disseDt from the new customary law. We agree with her that this is the
case. How then can aState, which has established rights under customary
law to regard certain areas of sea as high seas and which unambiguously
and persistently protests against a daim purporting to alter its rights,
lose its rights merely because other States do not immediately take

similar action ? It would be entirely inconsistent with the principle so
much relied on by the Norwegian Government in this case if the protest­
ing State were to be deprived of its rights, before it had sufficient time
to assert them and before a sufficient time had elapsed to indicate that
the inaction of other States was due to their acceptance of the new and
exceptional daim. ,
My second observation is that the views of the three authorities
cited by the Norwegian Government in paragraph 587 of the Rejoinder
do not differ from our own and do not in any way support the view for
which the Norwegian Government apparently contends. Gide!, as I have
already said, considers that the whole basis of a prescriptive title is
recognition and that long usage is relevant precisely because it indicates
the acquiescence of other States. Secretary Seward, to whose dictum in
r863 we have already referred, insisted that an extension of maritime
territory would be binding on the United States only by reason of it~
own acquiescence or of the fact that other States had so widely conceded

it as to imply its general recognition in the practice of States. The
Institute, though not so dear on the point, required the usage to be
"international", which can only mean internationally recognized.
Finally, before I consider the attitude of States in the present case,
I ask the Court to recall what Sir Eric said about the relative effect and
value in international law of a daim and protest against the daim ..
He drew attention to Secretary Seward's statement that "nations do
not equally study each other's statute books and are not chargeable
with notice of national pretensions resting upon foreign legislation".
In other words, the acquiescence of States dm only bêdeduced from
their attitude towards acts of another State of such a kind as they can
be expected to notice and to which they should react. Sir Eric also
referred to the recent note of the French Government concerning certain
Latin-American daims to areas of high seas. In this note, the French
Government said that, as it had not received official notification of

these daims which it regarded as unacceptable, it had not been obliged
to record its objection ·to them. Furthermore, the French Government
declared that a State's renunciation of its rights under a general rule
of international law cannot be presumed. It is therefore crystal clear
that, in the opinion of the Frencl.l Government as of the United Kingdom
Government, the abandonment of a State's rights under general inter­
national law and its acquiescence in a daim to areas of high seas is not STATEMENT .BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-zg IX 5I I3J

to be lightly implied from its inaction after the daim is made. It is.
only from the prolonged inaction by the general community of States
in face of the continued assertion to their knowledge of the daim that
the law will înfer acquiescence in and general recognition of a claim
which derogates from the general rules of international law.
I now turn to the facts of the present case and the question how far
there can "be said to have been acquiescence in the daims made by
Norway in the I935 Decree. In considering whether a prescriptive
title has been created in any given case by rea.<;;oof the acquiescence
of other States, it isportant to determine when the claim in question

\vas first clearly formulated and declared. I have already touched on
thismatter in my observations on the 1869 and 188g Decrees. You
certainlycannat say (hat the claim was formulated in r812 because the
r81z Rescript is. incomplete precisely with regard to every point on
which the 1935 Decree is open to challenge. It says not a word about
joining ]ines between extreme points or between islands and is at least
ambiguous concerning the status of rocks submerged at high tide. In
any case ît was not pU:blished.:You cannat start with the r869 Decree
because that was a decree formulated ad hoc for a particular small
section of another part of the Norwegian coast with reference to its

particular geographical features. The same is true of the 1889 Decree
which covered another small section of coast. The truth is that the
maritime limits claimed by Norway to-day for its northern coasts were
officially adoptednd publicly defined for the first time in 1935. 1 need
not repeat to the Court the story of the vacillation of NorW-egianofficial
opinion cpncerning these limits inthe period before 1935. Consequently,
"in considering the question whether other States have acquiesced in
the limits proclaimed in the 1935 Decree, it really is impossible, in our
view, to start before the decree itself was pU:blished. No one outside
a small confidential circle of officiais in Nor\vay itself knew what were
the maritime limits even rccommended, much less adopted for No~ay's

northern coasts. If anybody had asked, even from 1924 onwards, as we
asked on severa! occasions, Norwegian officiais for definite information
conceming the limits claimed by Norway, what would they have been
told? They would have been told, as we were told, either that the red
line represented the approximate limit of Norway's cla:ims, or that no
information was available pending the decision of the Storting (compare
forthis purpose the diplomatie correspondence in paragraph 13 of the
Memorial and in Annex 10, No. 2,Annex r2 and Annex 14, No. 14,
of the Memorial). ln these circumstances, it is quite impossible, in our
view, to maintain that any question of the acquiescence of States in
the base-lines of the 1935 Decree arises before the publication of the

decree itself in 1935.
The Norwegian Government attempts to get over this difficulty by
contending that ail along there was a special Nonvegian system of base­
tines in which other States are to be presumee\ to have acquiesced.
The short answer to this contention is that, as I have already said,
the existence of the alleged system durîng the period before 1935 has
not been proved, even in Norwegian internallaw. Even ifsuch a system
coule\ be said to exist to-day despite the inconsistencies betwecn the
varions decrees, it was first worked out and formulated in the present
centm:y by committees of the Storting and only came into the light of

day in 1935. Consequently, it is quite impossible tmai~ta tiat other138 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKJCE (u.K.)-zg IX 51
States before 1935 appreciated the existence or nature of the alleged

system. How can the inaction of other States during the previous
period be represented as acquîescence in the system of the 1935 Decree
when they had no reason to appreciate that they were confronted with
a claim to such a system ? In this connectîon, it could not be suggested
that the 1912 Report promulgated any such system.
We therefore contend that, in considering whether Norway possesses
a prese;riptive title to the base-lines of the 1935 Decree, the time factor
only begins to operate from the publication and enforcement of the
decree itself. \Ve also contend that, for reasons which I will develop
a little later, Norwaycannat have obtained a prescriptive title as against
the United Kingdom in the sixteen years that have elapsed since 1935.
But, before I deal with the reactions of States to the I935 Decree, I
want to say something about the attitude of States to Norway's maritime
daims in the period prier to 1935, because the Nonvegian Government
·in its R.ejoinder tries to make a great deal of a supposed acquiescence
·of France and Great Britain in Norway's claims.
I will take the case of France first and will begin with the corre­
:spondence concerning the vessel Les-Quatre-Frères, which was arrested

in r868 for fishing inside the Vestfjord. This incident is discussed in
·paragraph 627 of the R.ejoinder, where the Norwegian Government
points out that the French Govemment protested but did not press its
protest in the Jight of the ex.planations of the Norwegian Government.
That is true, but, as we pointed out in paragraph 32 of our Reply, it
is no evidence that France theo accepted the so-called.Norwegian system
.of base"lines. On the contrary, the correspondence points strongly in
the opposite direction. The exchange of views related to the Vestfjord
alone, and France explicitly stated that it only yielded to Nonvay on
the basis that the Vestfjord constituted a special exception to recognized
principles. The actual words used in the French note were: "Nous étions
·'fondésà.penser qu'il ne s'agissait que d'une exception à ce que nous
·considérions comme les vrais principes sur la matière, et qu'aucune
.difficulté1aloguene se renouvellerait sttr un autre point des c6tesde la
Norvège." Do these last words look like the recognition of a system
applicable ali over the Norwegian coast ? Plainly, France used. those
words for the precise purpose of excluding any such interpretation of
'her action in connection with this incident.
The next year notes were exchanged between the two Governrhents
concerning the r86g Decree which are discussed in paragraph 628 of

the R.ejoinder. The Norwegian Government admits that France in her
ftrst note in 186g objected to the decree on the ground th at it corrfiicted
with general rules of international law. It contends, however, that
France must be considered in r87o to have accepted Norway's reply
j ustifying the decree by reference to the special conditions and configu­
ration of the coast and to historical considerations. This contention îs
based on the fact that France in her reply iJuly r870, while maintaining
her objection to the principles of the r869 Decree as a precedent, offered
to recognize de facto,and leaving aside any question of law, the limits
laid clown for Sundmore and, when no answer was received to this offer,
a1lowed the matter to drop. The Norwegian Government boldly asserts
that France must, in consequence, be understood to have accepted the
Norwegian principles, at any rate by implication. This interpretation
of France's attitude towards the r86g Decree, as can be seen from our STATEMENT BY SIR .FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51 139
treatment of the correspondence in paragraphs 41-43 of our Reply, is
quite unjustifiable. France not only stressed her objections to the r869
Decree on grounds of principle in both ber notes, but in the second note

recalled its previous recognition of the Vestfjord as a special exception
and only offered to recognize the r869 Decree on the same basis. In
other words, it was prepared also to accept the limits claimed off
Sundm6re only as a special case, expressly refusing to regard it as a
precedent. At the same time it offered to send naval officers to Norway
for expert negotiations concerning Norway's maritime limits. The
Norwegian Government did not respond to this offer, and it is perfectly
true that France dîd not take the matter up again after the delivery
of its note in July, r8JO. This, however, is scarcely surprising when it
is remembered· that, short!y afterwards, France suffered the disaster
at Sedan in the Franco-Prussian \Var and Paris was besiegecl by her
enemies. Rzestacl also attributesthe termimüion of France's represen­
tation concerning the r869 Decree to the Franco-Prussian War. He
pointed out in Kongens Stromme, page 357, that when the war inter­
vened, French fishermen ceased to fish off the Norwegian coast and
France's interest in the Sundmi:\re area stopped.
Accordingly, it is impossible, in our submission, to interpret the

attitude of France in the correspondence of r868-r8JO as constituting
a recognition of any Norwegian system applicable to Norway as a
whole. 'vVealso submit that the assessment of the correspondence
concerning the I.869 Decree by the I9I2 Commission on page ros of the
Rapport is more accura.te than that of the Norwegian Government in
the Rejoinder. The 1912 Commission said "il semblerait donc que
chacun des deux pays, la Norvège et la France, eût conservésa manière de
voir". This·statement, with which we agree, îs wholly inconsistent with
France's acquiescence in the years I868-I8JO.
Now, I shall deal with the attitude of Great Britain in the rgth
century, which indeed is the most relevant for the purpose of this case.
It may be summed up in a ward-inaction. The Norwegian Govern­
ment, in paragraph 6'29of the Rejoinder, asks how we account for our
omission to protest or to form.ulate any reservation during this century
when, according to the Norwegian Government, the characteristics of
the Norwegîan system were being revealed in a series of decrees. The
Norwegian Government contends that we must be held to have acqui­
esced during the course of the rgth century in the limits, proclaimed
the 1935 Decree for Northern Norway.
afterwards in
There are severa! serious obstacles to the Norwegian .argument.
First, as I have sought to estabiish from the evidence, no Norwegian
system of straight lines applicable to ali Norwegian coasts was in exist­
ence during this century. Consequently, there cannat be any question
of States having acquiesced in the system at that time. Secondly, the
r86g and r889 Decrees, as I have also sought to establish from the
evidence, were fonnulated ad hoc for particular small sectors of the
coast. The fishing limits were defined with reference to the particular
conditions of those areas. Consequently, even if it be thought that our
inaction has to be interpreted as acquiescence in the terms of these two
decrees, it is quite impossible, in our view, to treat such an acquiescence
in the limits claimed in these two small areas as extending to whatever
daims might afterwards be formulated by Norwa:y anywhere on its
coast.140 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-zg IX SI

The French Government, as I reminded the Court a little while ago,
said in its note of 7th April, 1951, with particular refereryce to the
extension of maritime claims beyond established limits, that the renun­
ciation of a rule of international law established in the interests of the
community of nations is not to be presumed. The customary rules of
international law concerning the limits of maritime territory are cer­
tainly of that nature. It would therefore, we submit, be entirely con­
trary to the principle rightly stressed by the French Government to
presume our acquiescence in exceptional daims on very large stretches
of the Norwegian coast from our inaction in face of partîcular daims
on other small areas of the coast. Such a renunciation of a State's rights
cannat be presumed.

A third obstacle is the fact that there were no British fishing interests
in the areas affected by the three decrees, so that, unlike the French
Government in r86g, the British Government bad no compelling reason
for taking the matter up with the Norwegian Government. A fourth
obstacle is that, when the occasion arase, as it arase in the years r88r­
r88z, at the North Sea Fisheries Conference, for adopting an attitude
towards special maritime rights claimed by Norway, the British Govern­
ment, together -..vithsevera! other governments, dedined to make any
exception to the three-mile limit or the ten-mile rule for bays in favour
of Norway;
Finally, it is to be observed that the evidence onwhich the Norwegian

Government relies, as fixing us with knowledge in the rgth century that
Norway claimed systematically ali along the Nonvegian coast limits of
the same kind as were afterwards promulgated in 1935 for Northern
Norway, in fact points in the opposite direction. Nothing was said in
1893 in the Behring Sea Arbitration either by counsel in argument or­
by the Nonvegian arbitrator M. Gram of a system of straight base-lines
from point to point. Ail that anybody could be expected to learn of
Norway's exceptional claims from this arbitration was that Norway
claimed a number of wide J::ays.Similarly, at the meetings of the Instt­
tute, the description of Norway's exceptional daims by .M.Aubert feil
far short of the limits actually found in the 1935 Decree. He thought
tha:t straight !ines could only be used in the intervals between shore and
island and between island and island, subject to a limît of 8 miles. He
regarded the Norwegian .rule concerning the width of bays as uncertain,

and was doubtful about the use of rocks submerged at high tide. We
examined his views at length in paragraphs 53 to 56 of our Reply, to
which I ask the Court to refer. We do not, of course, accept the Nor­
wegian Government's idea that governments are to be expected to
search and act upon the proceedings of the Institute, but, even assuming
tha:t M. Aubert's explanations did percolate through to the British
Foreign Office, it could not possibly have realized that Norway claimed
the base-lines of the 1935 Decree în Northern Norway or any like them.
On the contrary, they would have obtained a very different impression
of Norway's probable claims in the North.

Even more pertinent, I suggest, is the impression of Norway's daims
that States received at the North Sea Fisheries Conference. Certainly;
the Norwegian delegate, M. Bretteville, explained that Nonvay could
not accept the proposed fishery limits because they conflicted with ber
daims. But on what grounds? On the grounds that she claimed a 4-mile
belt and hays wider than IO miles. He said not a word about a straight STATEiVIENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)~I2 X95I I4I
lJase-line system ail along the coast. This is confirmed by M. Aubert,

who, when explaining to the Institute Norway's failure to adhere to the
Convention, referred only to the 4-mile limit a:nd the width of bays­
see the passage cited in paragraph 68 of the Counter-Memorial. So it is
·clear that at this international conference the only impression of excep­
tional Norwegian daims that States could have obtained was of a
4-mîle belt and hays wider than ro miles.
For all the above reasons, we submit that Norway has entirely failed
to prove-and here the burden of proof is upon her-that Great Britain
by the close of the rgth century had acquiesced in a Norwegian system
of straight !ines similar to those of the 1935 Decree and applicable on
the whole Norwegian coast. The objections which we lmve made to
presuming Great Britain's acquiescence operate with equal force in the
case of other States. Indeed, the Norwegian Government has made no
a:ttempt to prove the general recognition of her daim by the communi ty

of States during this period.
Accordîngly, if the submissions which 1 have made in regard to the
attitude of States to Norway's daims in the rgth century are correct,
it is clear that Norway did not possess a prescriptive title to the disputed
waters when in rgo6 foreign trawlers started to fish off Northern Norway
and the controversy between Norway and the United Kingdom began.
This date, as we pointed out in paragraph sro of our Reply, is really
the critical date for the establishment of Norway's historie title. If
she did not in rgo6 alread y possess an historie title to the disputed waters,
she cannat have acquired one afterwards. Ever since the differences
between the two Governments as to Norway's maritime limits on her
northern coasts began, we have persistently and energetically opposed
what we thought to be the illegitimate daims of the Norwegian Govern­
ment. We think it impossible, as 1 have already submitted to the Court,
for an invalid daim to be converted into a prescriptive title in the face
of the persistent opposition of a State which actively presses its objec­

tions, negotiates as long as there is a prospect of agreement and then
brings the matter to this Court wîth all reasonable expedition. If, there­
fore, we are right in our contention that Norway had not established
:that she already possessed an historie title in rgo6, the enquiry into her
titleto historie waters in our view cornes to an end. \Ve have conceded
her title to a 4-mile Iimit and to fjords and sunds as to which she bas
adduced evidence of long standing and clearly formulated daims. But
no such evidence has been presented by her concerning the waters in
dispute in this case.
It follows that the evidence in paragraph r22 of the Rejoinder, which
is relied on by the Norwegian Government to prove that Great Britain
in rgo8 and afterwards was fully aware of the nature of Norway's <;:iaims
in the North, is entirely beside the point. By rgrr, Great Britain was
unmistakably and unremittingly opposing what she considered to be
Norway's excessive daims in northern waters. If it shows knowledge,
it also shows an absolute dissent from the Norwegian daims during

the whole period. But, although this evidence is quite useless to Norway
for the purpose of proving Great Britain's acquiescence, I feel bound
to add that in any event it certainly does not prove that Norway then·
notified Great Britain. of the true nature of Norway's daims in the North.
I have already said enough on that matter. Norway did not know herself
-..vhather daims were, and despite repeated requests and protests did 142 STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 5I

not define and publish her daims until 1935. I therefore say that, if
Norway did not have a prescriptive title in 1906, she did not obtain one
between that date and the publication of the decree in 1935.
That brings me back to the question whether Norway acquired a
prescriptive title as againstthe United Kingdom in the sixteen years

following the publication of the decree in 1935. Certainly the world now
knew precisely, line by line,the limits the Norwegian Government had
decided to daim in northern waters. 'vVhat happened? The United
Kingdom protested and theo sought even during a perilous war to solve
the difference between the Govemments by negotiation, and when
negotiation failed, immediately brought the matter to this Court. No
one can say or has said that the United Kingdom either recognized
Norway's claim or slept upon its right to challenge the daim. In these
circumstances, we contend that the United Kingdom cannat be held
to be already foreclosed of its establîshed right under general int.er­
national law to contest Norway's title to interfere with British fishmg
vessels in waters which, under the general law, are high seas. We contend
that our right to challenge the 1935 Decree cannat be affected in any
way by the attitude which any other State adopted. We objected at

once, we pursued our objection at once, and we brought the matter
before the Court. Volecannat in these circumstances be cleprived of our
right of challenge. ·

Mr. President and Members of the Court, that concludes my argument
on the second part of the case. We thought it would be to the convenience
of the Court if we divided the brçad lines of our argument as we have
divided it, and as the Court now knO\vs, Sir Eric Beckett has addressed
the United Kingdom's arguments to the Court on the 11rstpart of the
case, namely that touching the general principles of international law.
I have now supplemented what he said by treating of the second part
of the case, namely the question whether Norway had obtained a
prescriptive title. That concludes, therefore, the main argument which
we address to the Court. The Court, however, might desire to know
'Nhether anything, and if so, how much and on what subject, bas still

to be added to complete the United Kingdom's Reply, and perhaps I
might say shortiy a word upon that.
We desire to do this : Sir Eric Beckett would desire to address a short
argument to the Court by way of supplementation to what I have said
upon the actual working out of the green and the blue !ines on the
charts. His argument will be a short one, and he estima tes that it should
take about an hour of the Court's time. When he has completed that
argument, which possibly the Court might think it would be convenient
ifhe addressed to the Court on Monday, although he îs ready to begin
it this evening if the Court would prefer-when he has concluded that
argument, Mr. vVilberforce would desire to address another short argu­
ment to the Court on what, in my opening observations, I described
as Part III. His argument will treat of certain general questions such
as whether trawling damages fi.shingstocks, and other similar questions.

Those are questions raised by the Norwegian pleadings. When that
·has been clone, and that argument again should last not more than an
hour, Sir Eric Beckett would desire to conclude the United Kingdom
case by formulating very shortly indeed, in the space of about half an
hour, as he estimates it, at the desire of the Court, in summary fonn STATEMENT BY SIR FRANK SOSKICE (U.K.)-29 IX 51 143

the conclusions upon which we would desire the Court to rule and to
which we have sought to draw the Court's attention in the course of
our argument. 'vVhenhe has done that and the total period of time which
should be occupied by those three addresses should take sorne two and
a half hours, the United Kingdom case will be dosed. I44

4. STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT
(AGENT FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED KINGDOM)

AT THE PUBLIC SITTING OF OCTOBER ISt,1951, MORNING

The Attorney-General completed on Saturda:y our ~ubmissi tons
the Court on the question whether, at any time since xSoo, Norway
could be said to have acquired an historie or prescriptivc title to the

waters in dispute, and he finished Pa.rt II of our case.
I now turn to another matter which belongs as much to Part I as to
Part IL There is in the written pleadings much detailed discussion
·on the Norwegian blue !ines and our green !ines. Each Party has criti­
cized the !ines drawn by the other Party from more than one point of
view and defended its own lines against the criticisms advanced by its
-opponent on whatever ground those criticisms were based. vVe have
given serions thought to the question as to what extent, if at al!, it
would be appropriate for us to deal with these ma:tters of detail in the

present oral proceedings before the Court. The conclusion which we
have reached corresponds with a view which you, Mr. President,
expressed purely provisionally, and I think purely personally at the
·meeting which you bad with the two Agents on the 21st September.
In brief, it would be inappropriate, and indeed probably a complete
waste of the time of the Court, togo into aUthese details until the Parties
·have received from the Court decisions on questions of principle. After
ali,it ali comes to this. Our green !ines are drawn according to the prin­
dples which we have submitted to the Court as being the correct ones.
Naturally, ifour principles are wrong and if they are not the principles
which are applicable between the United Kingdom and Norway, then

our green liricare completely wrong. Similarly, if thc·princîples which
we submit to the Court as the princîples of law operative between the
United ](ingdom and Norway are correCt, then Norway's blue lines
are completely wrong. It seems to us that no real purpose is served by
going in detail ali along the coast, in ail the places where the Court sees
before them yellow patches which denote the disputed areas and arguing
in detail as regards each yellow patch before the major questions of
principle have been settled. The Government of the United Kingdom
therefore submits to the Court a suggestion as regards procedure which
follows, I think, very closely what you, Mr. President, have already
put to the Agents of both Parties, namely, that the Court should, in the

first judgment which it will deliver in this case, give decisions on ali
questions of principle.It may be that, in the light of that judgment on
questions of principle, the Parties will be able, with this guidance, to
agree upon aU matters of detail and that the Court need not be troubled
with this case again. If, on the other band, that should not be so and
if the Parties still remain at issue as to the application in this or that
·area of sorne of the principles which the Court has laid clown, then either
:Party should be.able, provision for that having been made in the Court's
judgment, to apply to the Court for a more detailed decision on the

:points of dispute still subsisting, the Court no doubt making such STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT {U.K.)-I X 5I I45

orelers as to the subsequent procedure as are suitable in .the circum­
stances.
This being the suggestion which the United Kingdom submits to the
Court on this question, and hoping that this suggestion is one which,
commends itself to the Court, 1 would now propose, with the permission"
of the Court, to confine myself to sorne observations of a purely general
character about the two lines referring to particular places here and
there merely·by way of illustration of the point which 1 may be making,
and I have asked Commander Kennedy to point out the places on the
charts behind me when I refer to particular places.
As I have s;üd, the green !ines are drawn according to the principles
which we have put forward to the Court on the basis of our knowledge

of the geography of the coast, which is derived from the most modern
Norwegian cbarts and the most re~en itformation. Our experts have
clone their very best to obtain the best information and upon it to draw
their !ines accurately and fairly, but the Norwegian Government has
naturally greater knowkdge of its coasts, and it may be that, here and
there, we have made mistakes (not many. J think) on a matter of pure
geography-mistakes which affect the drawing of our green !ines. If
so, these points of pure geography can, wc have no doubt at ail, be
cleared up easily by the experts of the two Governments.
Our line, the pecked green line, is based upon certain definite principles.
These are the principles set out in our Memorial, which have been further
explained in an cartier portion of my.mvn address.

These principles have been appl.ied on our charts which formed
Annex 35 to our Reply. These charts are, .we hope, easily followed if it
be understood that base-points on mainla:nd or islands which determine
the outer line are shawn by green dots-consequently ali portions of the
ma:inland or of islands not so marked do not affect the outer line. Further,
base~li nrewn across bays or other internai waters are shown as
·finn green lines in ali cases where this base-line affects the outer rim of
territorial waters.nternai waters inside base-lines from which the outer
line is dravm are also hatched in some cases to illuminate the approp­
riate closîng line.
The Norwegian line-the pecked blue line-does not, of course, adopt
any of the above principles. lt is drawn on a different basis altogether.
It is not drawn by reference to Norway's existing territory, either of l<md
or of waters, but by reference to an imaginary conception of Norwegian

terri toryTt is drawn four miles outside a series of straight base-lines of
considerable length selected by the Norwcgian Government according
to no principle except that of being drawn between "outermost points".
These base-!ines do not take account ofthe line of Norway's land territory;
neither do they in many cases take any account of hays at aU, but pass
weil to seaward of their entrances, the most glaring examples of this
being the extremely long lines drawn across the wide open waters of the
SvŒrholthavet and Lopphavet. In other cases the !ines are drawn
between points not fonning the natural entrances of the hays without
any historical justification for doing so. No account is taken of the
position of straits. In one case (Point N2I),a base-pointis used which
is nearly 8 miles from the nearest island. In fact the .Norwegian line is

drawn according to no rule at aU but quite arbitrarily or, as Norway
prefers to put ît, accordintotheappreciation of the Norwegian Govern­
ment.
II:iA6 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT {U.K.)~ XISI

Now I want to deal with sorne general criticisms which Norway makes
against our lines.
First, Norway makes in many passages of her pleadings two criticisms.
,,ofan opposite ch:iracter and which really cancel each other out, the one
that our line is "rigid" and "lheoretical", and the other that it is "arbi-·
trary" or, as paragraph rgo of the Rejoinder puts it, "drawn with
ulterior motives", or in paragraphs 209 or 238 that it i~drawn "to safe­
guard certain interests". In fact none of these criticisms is in the !east
justified. The fact that a line is drawn according to definite principles,
which can be stated, and are stated, with sorne precision, does not mean

that it is rigid, because rigidity depends on the nature of the principles ..
In fact, as we have pointed out in pàragraph 402 of the Reply to which I
venture to refer the Court, the principles which we follow-as can be
seen from their application in practice-are weil designed to meet differ­
ent situations, including in those situations that of a coast line so heavily
indented and so broken upas is Norway's. It is the very characteristic
ofthe principles that they enable the outer line to follow the general
outline ofthe coast whi1eat the same time preventin!? the line from being
unduly broken up or complicated by the indentatiOns. Our principles
take account equally weU of the case of bays, of straits and of islands.
So rouch for the criticism of rigidity. The other criticism of arbitrariness
is even more unfounded: Our line is not drawn to protect interests or

for ulterior motives-they have been drawn by expert hydrographers
according to stated principles whose application can be checked by
any independent expert.
In fact, we fee! it is a matter for regret that such crîticism should be.
directed at the purely expert technical work of Commander Kennedy
who, with his assistant Mr. Evans, was Ieft to produce his charts without
any pressure from <mybody to cook the results-and îndeed he woulcl
have refused as a matter of professional pride and integrity to be inftu­
enced by any such pressure if there had been any attempt to apply it.
Then there isa criticism of a different character. Norway in her detailed
examination of the pecked green line states as an objection to the line­
that it impinges on Nonvegian territorial waters, or it cuts off large
areas of Norwegian territorial waters. VIel!, of course, this is a complete
petitio principii. The whole question is what are Norwegian territorial

waters-the waters inside the pecked blue line orthose inside the pecked
green line. Naturally it would be just as reasonable for us to sa:y,as an
objection to the Norwegian outer blue line, that it encloses areas of
open sea.
Then again, it is asserted by Norway that the pecked green line would:
be impossible for navigation, that it would be impracticable to follow
its curves, that it sometimes passes close to rocks or through dangerous.
shallows, and that it could not be patrolled. This. argument is, I think,
completely fallacious: It is not the purpose of a line limiting territorial
waters to provide a navigatîonal route. Ships navigate accordîng to
the currents, the shoals, the lights and their destination. The fact that
ships take a straight course when navigating is no argument whatever
for requiring the limit of territorial waters to be straight. And the same.

is true of patrolling.Patrol ships do not sail up and clownthe territorial.
Iimit-if they did they might weil miss a ship which had already got
into the limit, which, if the Nonvegian method were adopted, might
be as much as 20 miles away; in fact they move about in areas where STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I X 51 147
infringing vessels are likely to be. Any examination of the lines shows
that difficulties would be created for a patrol vesse! if it did attempt to
follow the Norwegian outer line.

As regards the Indreleia-where the question is·whether certain
channels are internai waters or territorial waters-I shall not add to
the reniarks which the Attorney-General made when opening the case.
If the Indreleia is internai waters-and the question is one of principle
for the Court to decide-theo sorne adjustments must be made in our
green !ines.They are not, we believe, of very great practical importance.
Another specifie point which 1 want to mention concerns drying rocks
and rocks awash~dryi rncks are rocks which emerge at low water
but which are submerged at high water or in other words "iow-tide
elevations". R.ocks awash are rocks which never really emerge from
the sea. ·
The Court will find in the Rejoinder a number of cases in which the
descriptions, which we give in our pleadings of varions base-points used
for the pecked green line, are disputed. Here there is a difference on

detailed points of pure geography-a difference raising no question of
principle and one which no doubt the experts of the two Govemments
ca:n easily clear up. Sorne rocks which we ca11rocks awash are said to
be drying rocks, and sorne rocks which we cali drying rocks are said to
be permanently exposed or permanently submerged. A conspicuous ·
instance of such a difference is in paragraph 241 of the Rejoinder, which
alleges that 3 rocks which we have used for our green !ines, and which
are shawn on Norwegian charts as drying rocks, are permanently sub­
merged. Our information is based in every case upon a careful study of ali
available Norwegian charts. In the case of one of the rocks just referred
to, we used a chart dated 1947. We believe that we could justify our
facts on the Norwegian charts in the great majority of cases. The Court
may recall that the recornmendation of Sub-Committee No. II of the
1930 Codification Conference regarding the low-water line was that

the following criterion should be taken into consideration : frrstly the
low-water mark indicated on the charts otficially used by the coastal State,
and secondly the line of mean low-water spring tides. There is, in fact,
clearly no sensible alternative to the use of charts officially used by
the coastal State, and that is what we did. The great :inajority of these
cases however make very little difference to our drawing of the green
lines-we have general!y, 1believe, chosen the base-point most favourable
to Norway-an exception being our base-point 28, where, if Norway's
information is correct, we should have taken a point further out to sea.
There are however three other base-points of the blue line on which
the geographical point makes a considerable difference. These are
No. 2I, Vesterfall in Gâsan; No. 27, Tokkeboen; and No. 39, .Nord­
boen; ali these are sho\VJ1on the "charts officially used by the Nor­
wegian State" as rocks awash. These are described by the Norwegians
in their pleading as drying rocks, which, if accepted, would materially

affect the drawing of the pecked green line. The most important of
these is No. 21 (Vesterfall in Gasan). This we maintain is a rock awash
].8 miles, and that is the Norwegian .figure (Rejoinder; paragraph 196)
which we accept, from the nearest island named Store Grimsholmen, and
about one mile from Storfallet a drying rock in :the same group, which
itself is7-5 miles from the nearest land. The Nonvegians plead that
Storfallet is permanently above water. No doubt, however, the experts I48 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-I X SI

of both sides can settle ali these differences o.f geographical fact. The
immensely long line (44 miles) between points 20 and 2I is in any case
particularly inadmissible because it neglects to follow the general out­
line of the coast and disregards the natural closing limits of a number of
fjords, but apart from this the use of such a rock as Vesterfallet, whîch
at low water is not even drying but only awash and which is at least
7'/ miles away from any permanently dry land, is inadmissible for both
those reasons. The same considerations apply to a lesser extent as

regards the base-points Nos. 27 and 39· It is because of these important
base-points that we think the Court is called upon to consider the rule
of international law applicable to elevations of the sea bed separate
from the mainland. Our experts can clear up the disputed points of
geography, but we need a ruling on these points of principl.e.
I now pass to an examination of the coast line from North-East to
South-West and to a comparison and criticism-I hope not too detailed­
of the two hnes. I should sound this note of caution, however, in con­
nection with any examination of the charts which the Court may under­
take, tint our pecked green line has-and we are guite sure not deliber­
ately-been inaccurately copied in severa! places on the charts contained
in Annex 75 of the Rejoinder in such a manner as to make it appea:: ::t
. more awkward line than it is. 1 am quite sure it was not deliberate. I

must therefore respectfully ask the Court, in any critique of the pecked
green lîne, to refer to the charts contained in Annex 35 of our Reply.
Norway's blue lines in general, in ali the cases where the Court sees
yellow patelles on the charts before them, proceed of course on a basis
wl1ich we contest completely as a matter of principle. Vvedo not think
that they are consistent even with the principles on which Norway
daims that she has drawn them. But I shall not trouble the Court with a
long explanation of why we say this-because we challenge the prin­
ciples which Norway puts forward. In fact 1 do not thirik it is possible
for straight lines to follow any principles, except that of straightness :
natural geographie features do not often present straight lines, whether
above or onder the sea.
Another point, on which 1 shall say more, relates to the fjords and
other inlets, and this .is of importance because nobody can deny­

certainly we do not deny-that the fjords fom1 a characteristic and
esscntial feature of the Norwegian coast. In principle \Verecognize all
the fjords as Norwegian historie waters, and the on!y problem here is to
ascertain their proper limits or closing lines.
There is very little evidence of an historie nature to show where
those limits are: there have been a few cases decided in the Norwegian
Courts, mainly on the subject of whale fishing, but these do not assist
us very greatly. We have therefore done our best to ascertain the limits
of fjords accorcling to geographical considerations assisted by one other
source to which I will now refer.
That source is the conversations which took place in London in 1925,
and w'hichare described in the ivlem_orialand its Annex 7· During the

course of those conversations, a good deal of consideration w:is given
to the question of fjords, the objective being to agree if possible which
fjords and within what limits could be regarded as Norwegian waters.
The United Kingdom delegation came to the meeting prepared to concede
certain fjords and during the discussions it showed itself willing to
concede others; and in some cases agreement was reached on the limits. STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-I X SI 149
Now Norway abjects in her Rejoinder to any use being made of this
material and says-as she says about the red lines-that ali the conver­
sations were ''without prejudice". With that of course we agree, but

nevertheless we think it not only permissible but right to use it when
what we are seeking is merely material to guide us to the correct closing
!ines for fjords.Where we find experts working together in 1925 agreed
on a closing line,it is at !east evidence, and we think admissible evidence,
of what the proper closing line is. In this case-whatever be the position
w:ith regard to the red lines-we are not trying to take anything from
Norway but to concede .her something, and we want ali the help we can
get. If in any case Norway can produce material to show cause why any
fjord should be closed in a different place, we shall, in the light, of course,
of any guidance we receive from the Court as to the principles upon
which closing !ines shall be drawn, be perfectly ready to consider it.
Until that is forthcoming we can. only use what evidence there is, and
we have used it objectively and we believe fairly.
Starting now from the East, there is first the large Varangerfjord,
and here the Court is aware that we agree the closing line for this fjord
as that defined by Norway in her De.cree of 5th January, 1881, that is
the line from Jakobselv to Kibergneset. Vve were prepared to concede
this in 1925. Norway bas naturally no complaint to make about this,

but she does put the question why, ifwe are willing to concede this as
the historie closing line of the Varanger.fjord and to admit the fjord
as internai waters, we are at the same time saying that the waters of
the Vestfjord are territorial waters and not internai waters, The answer
is of course perfectly simple and is that the Vestfjord forms part of a
channel of navigation-a strait-which the Varangerfjord does not :
the two fjords are in. this respect entirely distinct.
Passing now north-west along the coast, it is apparent from our
chart (Annex 35, No. 2) how our lines are drawn and how the blue !ine
differs from them. We have taken the inclividual fjords and closed them
at what is evidently the natural closing point. The blue line, on the
other hand, first between points 5 and 6, passes right outside three well­
marked fjords; between points 7 and 8 it passes outside two well-marked
fjords and between points 8 <md 9 entirely disregards the natural
opening of the large and deep Tanafjord, the closing line of which was
agreed in 1925. It also passes right outside the small Koifjord.
The Syltefjord is one of the few fjords the closing line of which has
sorne history, though recent. This part of the coast of Finnmark was
coverecl by the chart sent by the Norwegian Government prior to the

I924 Oslo Conference and which is reproduced in the Norwegia:n publica­
tion Principal Facts. On th at chart the line was shown from Harbakken
(at the mouth of the fjord} to Korsnesset-the present Norwegian
point 6. At the London Conference, Syltefjord was one of the fjords
which the United Kingdom delegation was prepared to concede, and
finally the line recommended was from StorskjŒr (about r/3 mile
further up the fjord than Haabrandneset) to Klubbespiret. Our present
line· is outside that, being from Haabrandneset to Klubbespiret.
In the case of the Lord Weir, which occurred in 1931, the line used
by the Norwegia:nauthorîties was precisely our present line. But in the
case of the St. Just, which occurred in 1933, when as we now know the
Norwegian authorities had decided upon the blue line, the prosecution
put fonvard the long line from points 5-6. :ISO STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I X SI
It will be seen that there is much to support our line apart from the

fact that it is geographically the most appropriate.
Between points IO and II our line passes naturally across the limits
of three smaU inlets, whereas the blue line makes a single jump-the
difference is not of great importance-but between point II (Nordkyn)
and point IZ the difference îs fondamental.
Our line proceeds across the natural limits of the two large fjords
Laksefjord and Porsangerfjord, in the case of Laksefjord takîng the
Jimits agreed in rgzs ; in the case of Porsangerfjord taking the western
limit agreed in :1925 and on the eastern side making only a very small
departure from the :1925 limit, a departure whîch does not affect the
outer edge of the territorial boundary. On each side of these large fjords
we draw our line across the obvions limits of three other small inlets.
The blue line, however, takes no account of the natural limits of any

of these fjords but proceeds straight across the broad Sv::erholthavet-an
area of water which, as its termination "havet" shows, is manifestly
not an inlet at ali but part of the open sea.
The Norwegian Ministry of the Interior in r8g8 thought it doubtful
whether the correctline should be from Nordkyn (point II) to Nordkapp
(inside the blue line), or whether it should pass in towards Sv::erholt­
klubben. Our line does pass in towards Sv::erholtklubben, but the blue
line passes outside even the Ministry's wider alternative. I now pass over
certain inlets and come to the wide area of water known as the Lopp­
havet. The Court will recall the significance of the termination "havet''
which the Attorney-General showed designated an area of open sea.
That is manifestly true of these wide waters. They cannat possibly in
our submission be treated as a single bay as Norway attempts to do.
In r8g8 the Norwegian Ministry of the Interior thought that the

choice lay between a line going direct from Loppen to FuglOy and !ines
from Loppen to Arnay and thence to Fug!Oy-the latter is in substance
what we have done but the :1935line is of course widely outside the
Ministry's outer line of r8g8.
I now pass over the rest of the coast where there is no fresh point
of principle to consider and come straight to the Vestfjord.
\Ve have conceded the waters of this vast fjord as territorial waters
on historie grounds : we consider that they are territorial and not internai
waters because they form one part of the channel of navigation called
Indreleia. Consequently, what I have already said about Indreleia
applies to the Vestfjord on this question of internai or territorial waters.
,\Vith regard to the limiting tine of the Vestfjord, our line is based
upon the line agreed in rgzs-see Memorial, VoL 1, p. :146,and that in
turn was based upon the line put forward by the Norwegians in 1924 as

representing the Norwegian daims. The western point corresponds
with that fixed in r868 (see paragraph 59 (d) of the Rejoinder).
The Rejoinder devotes severa! paragraphs to this fjord (zr6-zrg
and 243). It is said that nowhere is Norwegian sovereignty so firmly
. established from such ancient times and that no fjord has been subjected
to such intensive and exclusive fishery. V·lewouldnot dispute this, but it
has of course no relevance whatever on the question, wlüch is the right
closing line. The Rejoinder theo again quotesthat statement ofM.r.Gram
in the rgro Arbitration which is so often repeated in the Norwegian
pleadings-but this does not refer to the Vestfjord at ail; stillless to
tlu:iquestion of limits. 'STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT {U.K.)-1 X 51 151
Fulton, speaking of the limits of the Vestfjord, says (pp. 672-673) :
"Local! y .... it is supposed that the line of closure runs from Moskenaes

on the West to Stôtt on the East, which are about 45 miles apart."
Moskenaes is well inside our green line and Stôtt is quite close to the
eastern point we have taken. Fulton then refers to the fact that the
Norwegian Minister of Foreign Affairs in 1868 stated that the line might
be drawn from the southern part of Rôst and proceeds to calculate the
area of water enclosed on the basis thà.t the line -is drawn from Rôst to
Kunna-thereby indicating Fulton's opinion that the eastward point
should be Kunna if the westward point should be Rôst. Kunna is quite
dose to Stôtt. \Vhichever of these alternatives is taken, it is well inside
the eastern closing point chosen by Norway.
In paragraph 217 of the Rejoinder it is first said that the 18th-century
English Pilot recognizes the line Trrena-Rost as the closing line for
this fjord. But the Pilot does no such thing: it merely gives the distance
of Trrena to Rost-13 leagues-among other distances of interest to
mariners. It does not deal with the base-line at ali. Reliance is then

placed on the French note of 1868 to the Norwegian Government
(Annex 15/1 of Counter-Memorial), in which the width of the fjord was
estimated at 15 to 20 sea leagues, and it is said.that this shows that the
closing line must have passed outside the 1935 line which is only 40 miles
long. Of course this argument is entirely fallacious. There can be no
justification in relying onwhat was professedly an estimate by a foreign
government with a large margin of error-15-20 leagues-made at a
time when there were no accurate charts to support one line rather than
another.
The Rejoinder then criticizes us for drawing the line from a lighthouse
instead of from low-water mark. But in this case we are merely accepting
the existing data. The line was so agreed in 1925-probably because in
the Norwegian note to France in 1868 (Annex 15/2 of Counter-Memorial)
reference was made to "one sea league from the most southern point

of the group of islets called Rôst". This expression was, it seems,
interpreted in 1925 to mean Skomvrer on which the lighthouse is
situated.
Our line, then, is based upon well-established data: it is approxi­
mately of the same length as the Norwegian line but is more at right
angles to the line of the fjord; Norway can, on the other hand, provide
no historical or geographical justification for her line. .
This completes ail I want to say about the rivallines, and I can now
sum up our· submissions with regard to them.
r.The pecked green line is not an arbitrary line, nor is it drawn
according to a system which is not adapted to the Norwegian coast.
It is a line drawn according to rules which we believe to be established
in law, but in its application it follows the outline of the coast far more

closely than the blue line. It is related to the closing lines of fjords in a
manner derived from the best available information on the subject.
2. The blue !ines on the other hand do bear the characteristics of
arbitrary lines. They are not drawn by reference to the outline of the
coast and there is no reason why they should be drawn between the
particular points selected rather than any other series of points : they
might just as well have been drawn between the points selected for the
red lines or between points more wide apart than those taken for the

blue lines.152 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-r X 5I

The blue !ines disregarcl the natural openings of fjords, particularly
in the Finnmark sector, without any geographical or historical basis :
they eut across fishing banks to an equal or greater extent than the
peckecl green line. Particularly in the Sv::erholthavet and Lopphavet
they enclose vast areas of the open sea, which do not form part of any
fjord. The fact-if it be so, but we are not admitting it-that in the
last20 years Norway's patrol vessels have forcibly succeecleclin exclucling
foreign fishermen from certain areas cannot in any way reinforce Nor­
way's daim.
These are the reasons why, without insisting on matters of detail,
we are asking the Court to say that in principle, in so far as the blue

line departs from those rules of law which we submit to be establishecl,
the !ines are contrary to international law and that ali arrests of ships,
macle within them and outsicle what are the lawful limits, were also
contrary to law and should be compensatecl in damages.
3· We request the Court only to give rulings of principle at this stage.
vVedo not ask the Court now to examine the application of the principles

to the coast. We submit that the Court .might decide as a matter of
principle by what criterion the closing line of a fjord or sund, which is
internai waters, shoulcl be determinee!. We submit that the Court might
decide here and now the proper closing line of the Vestfjorcl. This is a
particular and, we think, a unique case. It seems to us to depend upon
history rather than on any general principle, and that is why we suggest
that the Court might, in its judgment, decide the actual closing line of
the Vestfjorcl while only giving a guidance of principle as regards the
closing lines of all the other fjords.

Well, that finishes my remarks on this matter, and with the permission
of the Court, Mr. Wilberforce will adclress you on Part III. 5. STATElVIENT BY Mr. WlLBERFORCE

(COUNSEL FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED KINGDOM)
AT THE PUBLIC SITTING OF OCTOBER ISt,l95I

[Public sitling of OctoberISt, I95I, morning]

Mr. President and Members of the Court, in this third portion of our
case, which it is my privilege to address to the Court, I am addressing
myself to issues which, as the Attorney-General explained in his opening,
are in our view completely irrelevant on the questions which the Court
has to decide, but nevertheless are matters about which we think it
necessary to say something, because it is by raising these issues that
Nonvay endeavours to arouse human sympathy in support of ber case.
It is, of course, quite proper to extend sympathy where it is due and
where a case of real hardship is made out : though even then that would
be a matter for gover:nments and not for the Court, but it is our belief
that an examination of the facts discloses no such case.

. In a ward, the Norwegi~ contention is that, if she cannat reserve
to exclusive Norwegian control the areas inside the pecked blue line,
the population of Northern Norway, which depends so greatly on
fishing, will sufler serions economie Joss and hardship. The United
Kingdom maintains that this Norwegian contention bas not been proved,
and denies that it can be proved, though no doubt it is the case, that
the Decree of 1935 was enacted at any rate partly for the reason that
the Norwegian Govemment and Pariiament were at the time, in I935,
honestly persuaded that there was a large measure of tru th in this view.
Now before I go further, I would like to indicate that the matters which
I am now discussing are dealt with principally in the following passages.
of the written pleadings: paragraphs 7 to xo of our Reply, and para­
graphs 23 to 31 of the Norwegian Rejoinder.

As I saicl just now, Norway contends that the maintenance of the
limits of the I935 Decree is necessary for the economie life of a large
portion of the population of Northem Norway. It is, however, necessary
to see on what grounds this contention is put forward. I think it ·1s
based on the following four grounds, which Norway does put forward,
namely:
(x) If trawlîng is practised on the fishing banks inside the blue lines,
it will be destructive to the stocks of fish there and, unless Norway has

the sovereignty over the waters, trawling will continue to be practised
the re.
(2) If trawling is allowed to continue and so bring about depletion
of the stocks of fish on the banks between the blue lines and the green
!ines, the fishing population of Northem Norway will be deprived of
the whole or a major part of its livelihood.

(3) The local population of Northem Norway bas engaged and must
continue to engage largely in line and net fishing. Line and net fishing
does not destroy the stocks of fish.I54 STATEMENT BY ML WILBERFORCE (U.K.)-I X SI
(4) Trawling renders line and net fishing difficult or impossible beca:use

the trawlers foui the !ines and nets.
The United Kingdom disputes the accuracy of ail these four proposi­
tions, and maintains : .
(I) That trawling in these wàters has not a:ffected the stocks of fish

.and there is ho evidence that its continuance will diminish them in
the future.
(z) That there are two answers to the second Norwegian contention
which I have just indicated-apart of course from our basic contention
that trawling_ does not in fact destroy the stocks of fish-namely :

(a) There are still inside the green line very profitable fisheriessufficient
for the purpose of providing the local population with inshore fisheries.
(b} The local fishing population of Northern Norway; like ali other
fishermen, is free and able to engage in trawling and to fish outside
the green !ines· beth between the green and blue !ines, on the banks
outside the blue !ines and indeed further afield off Iceland and Greenland
and elsewhere in the same manner as others. There is evidence that both
the Norwegian Government and the lo.cal fishing people realize this

.already and that the latter are commencing to do it.
(3) As regards the third Norwegian argument, the answer to the
second. argument indicates that it is no longer necessary for the loca.l
iishing population of Northern Nonvay to gain its livelihood exdusively
or almost exclusively by line or net fishing. Secondly, in sorne respects
1ine and net fishing is, or may be, as destructive of stocks of fish as
trawling.

(4) The United Kingdom answer to this-the question of fouling the
lines and nets-is given in paragraph IO of the Reply. It is in substance
that this problem, as ît exists, has been dealt with by an agreement made
in 1934 between our two countries under which joint Boards have been
.set up with power to award compensation. These are the arguments
then on either side, and I will now proceed to state briefly the evidence
which supports the United Kingdom contenti01is on these four points.

Of the four points which I mentioned to the Court, the first point
mncems the effect of trawling on the stocks of fish, and the third point
is concemed with the comparative effect on the stocks of fish, of fishing
by lines and nets and by trawling. 1 must therefore now, by way of
introduction, say something about the types of fish caught off the Nonve­
gian coasts and the methods employed.
The foreign trawlers, which come to the coast of Norway, are mainly
interested in cod, and in a particular type ofcod known as the Arctic-Nor­
wegian cod. This Arctic-Norwegian cod îs a species of cod fish which is
easily recognizable by experts wherever it is found. An important fact
aboutit is that it is a migrating fish ; that is to say that it migrates over
a wide area-extending not only over the Norwegîan coastal waters but
in the Arctic seas and in other seas as well-according to the seasons.
lt arrives off the Norwegian coasts at certain times of year and for this

reason the fishing for this fish is seasonal.
It is made clear by an authoritative Nonvegian report on fishing of
·I949, to which I shall refer later, that this migratory cod which is season­
ally fished is by far the most important stock of fish on the Norwegian
coast. ·~---------------------------------------------------------------------------

STATEl\ŒNT BY ML WILÊŒRFORCE (U.K.)--1 X 51 155

Now this type of migratory cod is entirely distinct from another type
of cod about which rouch is said in the Rejoinder, a type which is called
the· "coastal" cod-a cod which does not migrate at all but which is
caught off coastal banks quite close in to shore.
So much for the fish. Now asto the methods offishing. British fishermen
use the trawl which consists of a large net which is trailecl by the ship
along the bottom of the sea bed-the pointis that it only operates along

the bottom and so it can only be used in certain areas, where the sea is
not too deep or the bottom too rough, and it only catches the fish which
are at the bottom. The size of the mesh is regulated so that fish below a
certain size can escape. There is a sketch of a trawl to be founcl for the
information of the Court in Annex 87, No. 2,of the Rejoincler. Norwegian
fishermen are beginning to take up trawling too, but, up to the time of
the 1935 Decree, it is probably true to say that they fished almost
exclusively by !ines and by stationary nets. It must not be supposed,
however, that line or net fishing is primitive or ineffective by comparison
with trawling. It is not a question of single !ines or nets put out by small

boats, but of long lines each with perhaps thousands of hooks on it and
of nets sometimes covering large areas of water. Sorne of the areas, where
net andline fishing is extensively carried on, are shown on the Norwegian
charts in Annex 75 of the Rejoinder, and they are very extensive ; sorne
of the areas are inside the green lines, sorne between the blue lines and
the green !ines and sorne outside the blue tines. As I shall show later,
the catches by nets andlines are very large.
After these preliminary descriptions, let me now come to the question
of depletion. I am going to deal with cod, because, as I have said, cod
is the principal catch of our trawlers and also the principal fish caught

by the local population. It may also assist the Court to recall that we
are, in this case, concerned with Norway's three northern counties
only :the blue !ines cover Finnmark, Troms and about half of Nordland.
In the Counter-Memorial, Norway saught to show that trawling
threatened seriously to deplete the stocks of the Arctic-Norwegian
migrating cod. That would of course be a serious thing-not only for
Nonvay but for our own population's food supply-if it were true. But
we showed in our Reply that it was not the case. The evidence we gave
was supplied partly by a chart prepared by a group of experts in 1949
for a U.N.E.S.C.O. Conference (Annex 26 of our Reply) which showed
the Arctic-Norwegian cod as ·underfished and partly by a recent report

from the Norwegian expert, M. Rollefsen, which showed that the
increased fishing of this cod before the war had no effect on the stock.
We submit that this evidence is convincingly against what we thought,
from the Counter-Memorial, was the Norwegian contention, namely
that trawling has brought about a depletion to the stock of migrating
cod.
In the Rejoinder, Norway seems to us to have changed her ground.
The emphasis there is laid rather on the stocks of coastal cod, and it is
now said that the fishing of the static reserves of this cod and of other
fish provides the basis of the regular income of the fishermen (the quo­
tatien is from another report by M. Rollefsen which is in Annex 87 of

the Rejoinder) and that the static reserves have been decimated by the
trawlers. We have severa! answers to this. First: our trawlers do not
fish this coastal cod at ali. Norway provides no evidence that we do
and we deny it. Samples are .from time to time taken of ail the fish156 STATEMENT BY ML WILBERFORCE (U.K.)-r X 51
caught in the waters off the coasts of Norway, and our research workers
have not detected the appearance of coastal cod in any of these samples.

Second : the statistics show that neither the yield nor the profitability
of the fisheries of coastal cod have suffered in any way.
As to yield,. the Norwegian Yearbook of Statistics shows that from
1928-1940 there was no tendency towards a reduction of the quantities
of static reserves of fish of all kinds caught either in Norwegian waters
as a whole or in the three northern counties except only in the case of
plaice, and there are particular reasons-reasons related to other areas
than those we are now considering-which account for the decline in
plaice.
As to profitability, the figures show that in the nine years 1938-1947
the average yearly incarne of the fishermen living in the three northern
counties has been more than quadrupled, whereas the cost of living has
risen in the same period only from 103% to r65 %- These figures are
ail taken from official Nonvegian tax and other statistics.

Third: "the subject of trawling has been under close examination
from a number of important Norwegian committees over the last
15 years : but the reports of the committees do not make any reference
whatever to any overfishing of these static reserves or to any decimation
of them or of the coastal cod by the trawlers.
There is a report of 1937 on Norwegian fishing by a committee
appointed by the Department of Commerce. This report is 129 pages
long and has chapters on the influence of trawling on the stocks of fish.
But there is no reference here to the static reserve. There is an annex
to this report written by M. Rollefsen-the author of Annex 87 of the
Rejoinder-on the trawl fishery in the North Sea, the Barentz Sea and
along the Nonvegian coast, and on the influence of this fishery on the
stock of fish. M. Rollefsen did not at that time (1937) find it necessary

to make any comment upon the supposed effect of trawling on the
''static reserve''.
Then there is the 1949 report of the Rationalization Committee set
up in 1947, sorne passages from which have already been cited in
Annex 23 of our Reply and Annex go of the Rejoinder. This is the
report which I have already mentioned to the Court. The approach
of this Committee does not coïncide in important respects with that
found in Annex 87 of the Rejoinder.
I will refer to two respects in which it does not coïncide. The first
is that the Committee, which consisted of 13 members, including the
director of fisheries2 members of the Storting, M. Rollefsen and repre­
sentatives of the fishermen and of the owners and of experts, does not
examine the problems of overfishing in relation to the "static reserve"
but with reference to the stocks of Arctic-Nonvegian cod. The experts
are unable to say that trawling has any tendency to reduce these stocks.

The Report then points out-without any reference to foreign traw­
ling-that the Norwegian fisheries are extremely seasonal so that, in
the Committee's opinion, Norwegian fishing in distant waters ought
to be largely extended.
The Report makes it clear beyond doubt that the migrating cod,
which is seasonally fished, isby far the most important stock of fish on
the Nonvegian coast. If exact figures are required, it canin fact be shawn
from Norwegian Fisher-ies, 1947, that about 85% of the total tonnage
of fish of ali sorts caught off the entire Nonvegian coast, including STATEMENT BY Mr. WILBERFORCE (U.K.)-I X 51 157
therefore areas south of the 1935 line, is caught by the seasonal fishing
of migrating ftsh; and of the remaining 15%. at least 3% consists of
kinds of fish not caught in the waters of the three northern counties at all
(such as mackerel) ; and of the remaining 12%, much is ca.ught in the
waters south of the blue line. It is evide_nt,therefore, that the proportion

of "static" fi.shwhich is caught in the blue line area-where, incidentally,
the seasonal fisheries are relatively more productive than anywhere
else-is qnite insignifi.cant. The second point which appears quite
plainly from the 1949 Report is that the Committee considered that the
question of overfishing is a matter to be regnlated by international
agreement, a point of view which we share, bnt which differs entirely
from that put forwarcl by the Rejoinder. There it is said, somewhat
cynically {R.ejoînder, paragraph 24), that it is important that "Nor­
wegian sovereignty in fishing matters should extend to the widest
possible stretches of the coastal sectors which are traversed by the cod,
on their migrations". Voiemay compare with this statement in the
Rejoinder what the Report says (l read from Annex go of the Rejoinder) :

"It is therefore incumbent on us, in the fJrst place, to discover
what are the present available stocks of this species and the causes
which determine their fluctuations; it is for us, relyîng on material
provided by the most thorough scientifi.c investigations, to acqttaint
other nations in goodtirne of the protectivemeasztreswhich ought to
be taken." ·

Vie agree entirely with the sentiments there expressed. The Com­
mittee of conrse realizes quite well what the Rejoînder ignores, and
that is that it is useless to attempt conservation measures in a small
coastal area : such measures can only be effective if taken over the whole
area where the stock in question is found. That then is the evidence on
depletion, and we submit th at the Norwegian Government has complete! y
failed to make out its case against the trawlers.

[Public sitting of October rst, I95I, ajternoonJ

Ivir. President, Members of the Court, when the Court adjourned 1
had just finished with the question of depletion of stocks of fJsh, which
was the first of the four points with which I said that I should deal.
I now pass to the second of my four points, my abject here being to
show that, even if the trawlers are allowed to fJsh inside the blue Jines
and up to the green l_ines,and even if, contrary to our view, the evidence
showed that they d1d deplete the stock, there are ample and profJtable

fisheries left available to the coastal population.
In the first place, a reference to any of the charts will show that large
areas of water, including very many fishing banks, would continue to
be reserved for the exclnsive use of the population if the fishing limit
were drawn according to our green lines. There are ali the fjords, including
the huge Varangerfjord and Vestfjord; there are ali the internai waters
inside the skjŒrgaard and the large islands, and there is a belt of jo14r,
not three, miles outside the fringe of islands along the coast. That these
areas are not in fact inadeqnate for the coastal population is shawn by
the facts of the last thirty years, dnring which foreign trawlers have
been fishing well within the blue lines-and fishing at !east up to the158 STATEMENT BY i\U. WILBERFORÇE (U.K.)-1 X 51

red !ines. which are not far outside our green !ines. No evidence has
been produced or, we believe, can be produced to show that this situation
has deprived the coastal population of any part of its livelihood, and
the statistics which I have given show the contrary.
Further, even if the limit of exclusive fishery is drawn as we contend,

that does not in any way debar the local population from sharing with
foreign fishermen in the fisheries outside that limit. They have at least
equal and probably better opportunities for doing so.
It may well be true that, in 1935, the Norwegian Government thought
that the local population was-as to the a:reas outside the exclusive
fishery limit-at a disadvantage compared with foreign fishermen,
because the local fishermen did not at that time engage in trawling
except to a very limited extent. Trawling by Norwegian fishermen
inside the territorial limit was by Norwegian law entirely forbidden
and outside it was severely restricted. Moreover, there was considerable
opposition. in sorne circles to any proposai to relax these restrictions,
because it was feared that the adoption of trawling-which is a more
mechanized form of fishing employing fewer men-would lead to
unemployment. \Ne believe that considerations of this kind were of sorne

influence in the years immediately before 1935.
But now conditions have entirely changed, as the Norwegian Report
on Rationalization of 1949, to which I have referred, quite clearly
shows. I quote from the Report's words "when the Trawler Acts of
1936 and 1939 (these were Acts severely restricting trawling) were
prepared, we bad great unemployment. The manpower situation at
present is considerably different", and .elsewhere the Report points out
tha:t the trend of the population and the increase in competition for
workers will actually necessita te a rationalization of the f1shing industry
by, amongst other things, an extension of trawling. .
Further, the experts of Norwegian fish and fish products which were
seriously reduced in the 1930's-because of foreign competition and
economie depression-have rebounded since the war, and Norway now
has every encouragement to adopt new and more modern methods.
There is, therefore, a tendency for Norway to invest in heavier and more

powerful fishing boats and in trawlers. A few days ago, there was
publîshed the Norwegian Government's plan for the development of
Northern Norway. In that plan it is proposed to devote millions of
kroner to capital expenditure in the northern countries, and much
attention is paid to the ratio:halization of the flshing industry. There
are proposals for building trawlers and large ocean-going fishing vessels.
Other plans are being made and already put into effect to extend
Norwegian trawling to distant waters-ta Greenland and other places­
as weil as to the banks outside the blue line. Under the new Trawler
Act, 1951-which came into force on rst July, 1951-more extensive
opportunities for trawling are given to Norwegian fishermen than ever
before, and the question naturaUy arises why, if such trawling by
Norwegian trawlers is not considered disastrous for the inshore f1sheries,

the opposite should be thought of foreign trawlers. The fact is that the
economies of the present day are forcing Norway to bring her technique
of fishing more înto line with that of other countries; and this, in its
turn, demands not a return to a pre-war system of protection of uneco­
nomic methods, still less an intensification of that protection. but a
system of equal and scientifically regulated exploitation of the flshing
areas under international agreement. - STATEMENT BY Mf. WILBERFORCE (U.K.)-I X 51 159
I now pass to the third Norwegian argument, which is that the local
population bas engaged and must continue to engage largely in line or

net fishing. This type of fishing, it is sakt, does not destroy the stocks of
fish. I have already answered the first part of this argument when I
showed that the local population has now every opportunity and indeed
encouragement to engage in other more modern methods of fishing and
that since the 1935 Decree, the movement has been in that direction.
I need only add a few words on the ef'fectof line or net fishing on the
stocks of fish compared with that of trawlers. What Norway seeks to
show is that the trawl is a heavy and formidable instrument which is ·
calcu\ated to cause far greater damage than the lines and nets of Nor~
wegian fishermen. But that îs to give an exaggerated picture. Itis sorne­
times said that being trailed along the sea bottom, the trawl destroys the
marine vegetation; but it is the view of experienced skippers of trawlers.
that, on the contrary, the trawl fertilizes the ground rather like a plough
and releases more and better food for the fish.

Moreover, our experts point out that the trawl operating as it does only
on the bottom of the sea does not catch large quantities of cod, particu­
larly off the Lofoten Islands, which lie at intermediate depths of water.
The Norwegian !ines and nets are however capable of taking fish in any
place and at any depth. Moreover, the trawl is so constructed as to let
through its meshes fish below a certain size, and it is possible to regulate
by international agreement the permissible sîze of the mesh. Lîne·
iishing, on the other ha:nd, is necessarily quite indiscriminate as to the
size of the fish it takes, and there is a form of net, not yet in general
use but now being tried out, the seine net, which is far more.destructive
than the trawl, since it lets nothing through at alIt is therefore just as.
likely that Norwegiau net and line methods, as they are and as they may
be developed; should damage the stocks, by taking immature fish, as.

the trawl. To show how formidable the lîne and net fishing method îs,
it is only necessary to recal\that Norway's catches of cod in northern
waters over three years for which we have iigures-rg35, rg37 and rg38-
years during which Norway's resources in trawlers were very small,
exceeded those of ali the other nations together whose catches were
recorded, and the same was even true of what are called demersal iish­
that is fish which live at the bottom of the sea and are thereforpartie~
ularly exposed to the trawl. The figures are given in Annex 25 of our
Reply. Practically ail of this catch was caught by lines or nets.
There remains the fourth argument, which concerns the fouling of
nets and lines by the trawlers. I have referred to the 1934 agreement
between Norway and the United Kingdom under which joint compensa­
tion Boards were set np. These Boards exîst and are functioning, so far
as we are aware, satisfactorily.n the Rejoinder, Norway makes certain

complaints about the manner in which this machinery is working : it is
said, as we understand it, that compensation is not given for Joss of
the fishing catch but only for gear, that provision is not made forinter~
ruption of work, and that there is delay in receipt of the compensation
money. We do not accept that these complaints are justified, but, in
any case, the proper course, if the machinery agreed between the two·
countries is defective, is not for Norway by unilateral action to exclude
the trawlers from the areas inside the blue !ines. Such action would not
even remove the difficulties, since, as I have saiâ, there are areas in
which lines and nets are extensively used outside the blue lines. The160 STATEMENT BY ML WILBERFORCE (U.K.)-1 X 51

proper remedy is for Norway to make her representations to my Govem­
ment and to ask for any improvement in the machinery she thinks
necessary to be made. It was we who took the initiative in offering the
Agreement of 1934, and we are perfectly ready to listen to any sugges­
tions which may be made for its improvement.
That is al! that I propose to say on these four arguments I have

mentioned : there are a number of technical points on which our experts
do not agree with the Nonvegian experts, but the Court is not concerned
with them, and I propose to leave them entirely aside.
The H.ejoinder devotes a special section, the Addendum at the end
DfPartI, to the .fishingsituation in North Scotland. I need say nothing
more about the Addendum than this. All that the Addendum shows
is tha:t certain complaints were made, before the recent war-that is in
the period of depression-by f1shennen in Scotland about the operations
of trawlers and foreign fishing vesselsand numerous other matters, and
that they asked for the territorial limits to be extended and suggested
:thatstraight base-lines should be drawn. My Government did not agree.
The Neven-Spence Commîttee which is referred to iri the Addendum
was an entirely unofficial committee, not appointed by the Government

and without Government representation, and any views \vhich it expres­
"Sedrelate to the particular interest wlÙch it was concerned to represent
and are not the views of my Govemment at ali. That is allI need to
say aboq.t the Addendum.
I may sum up the evidence on aU these matters which I have been
àiscussing in this way. The evidence does not show that trawling damages
<Ordepletes the stocks, it does not show that the continuance of trawling
inside the blue lines will deprive local fishermen of their livelihood, and
it does not establish that the exclusion of foreign trawlers from the
.areas inside the blue line is the appropriate remedy for \vhatever pro­
blems exist with regard to the fouling of nets. In general, with regard
to the problems affecting the fisheries off the northern Norwegian coasts,
and with regard to the future development of those fisheries, we agree
broadly with the views set out in the Reports of the Norwegian Com­
mittees published since the 1935 Decree-which have, indeed, in our

opinion, completely superseded the opinions, no doubt genuinely enter­
tained, on which that Decree was ba!;ed.
I should like to round off this portion of my remarks by quoting from
the recent report of the International Law Commission on the régime
Df the high seas (A/C.N. 4/48 of 30th July, rgsr). The Commission says
at page 6o that, if the nationals of several States are engaged in fishing
in an area of the hîgh seas, conservation measures "shall be taken by
those States in concert". It is only if the nationals of one State only are
engaged in the area in question that that State may take conservation
measures by itself. This, of course, is an obvious proposition, but the
Commission concludes by saying that "in no circumstances, however,
may an area-that is an area of high seas-be closed to nationals of
other States wishing to engage in fishing activities". The Commission

·concedes that the system it recommends "might prove ineffective if the
·interested States were unable to reach agreement". That, of course, is
obvious. But what does the Commission suggest as the remedy in that
·eventuality ? That the coastal State should extend its territorial waters?
Not at ail. It suggests the setting up of "a permanent body, which, in the
event of disagreement, would be competent to submit rules which the STATF;MENT BY Mr. WlLBERFORCE (u.K.j-r x sr r6r

States would be required to observe in respect of f'ishing activities by
their nationals in the waters in question. This matter would seem to
lie within the general competence of the Food and Agriculture Organiza­
tion of the United Nations." The view of the Commission which I have
just quoted is broadly our view. The Norwegian Government has told us,

however, in paragraph 275 of tl1e Rejoinder, that it has little faith in
international agreements like the Washington Agreement of I949· M.y
Government can only regret this attitude and repeat that continued
opposition of the Norwegian Government to an agreed international
solution of this prob!em would make it difficult to reach any solution at
ail and cannat possibly be cited as justification for novel and unilateral
action on Norway's part.
Mr. President, this concludes the observations of the United Kingdom
on these subjects. As I saicl in my opening words, they are entirely
irrelevant to the legal issues before the Court. International law-or
at !east the onlv rules of international law which we know-!1ave never
taken account, "in the determination of the limits of territorial waters,
of the alleged economie interests of the coastal State. There may weil
be-and the fact of litîgation proves that there are-economie interests

on both sides, and, if thesematters were to be taken into account at ail,
the Government of the United Kingdom would certainly be entitled to
point in its turn to the interests of its own fishermen, to the·dependence
of the populations of Hull, Grimsby, Fleetwood and Aberdeen on
trawling operations, to the limited areas of water in which trawling can
practicably be carried on, and to the serions effect which restrictive
measuresover those areas would have on their employment and on the
food supply of our population. We were obliged to enter upon these
matters, to the extent to which I have dealt with them, in arder to
answer Norway's case for sympathy-that case would be irrelevant even
ifit were made out. In fact, it is not made out and in our submission ali
of these matters should be dismissed entirely from further consideration.

12r6z

6. STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT
(AGENT FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED KINGDOM)

AT THl•: PUBLIC SITTING OF OCTOBER rst, I95I, AFTERNOON

May it please the Court.
At the close of. the opening oral addresses submitted to the Court
on behalf of the United Kingdom, it is my duty to present the conclusions

which we ask the Court to draw from them.
lf 1 were to sum up in one sentence the daim of the United Kingdom
in this case, it would be that the United Kingdom contends that Nonvay
is not entitled to arrest British fishing vessels in any of the areas marked
yellow on the charts now facing the Court. \Ve do not, however, ask the
Court to decide so much as this at the present stage, because that woulcl
render it necessary for the Court to deal at this stage with possibly
innumerable points of detail. We do not think, and 1 apologize for
repeating myself, we do not think that this course is a practicable one,
and we think that it would impose upon the Court a great burden, and

one which it will probably be unnecessary for the Court to shoulder.
We submit, and it is my first submission, that the Court should, in the
judgment which it will give at the close of the present proceedings, give
rulings on ali the necessary points of principle which a.rise, and that it ·
should then leave the Parties to see if they can settle the dispute corn­
pletely on the basis of the rulings of principle which the (~our has
given. But in case the Parties should not be able to agree about the
interpretation or application of any of the principles laid dawn by the
Court, the Court should pro-:ride in its judgment that either of the
Parties may, at any time after the expiry of three months from the date
of the judgment of the Court, apply to the Court for a further judgment.

either înterpreting a prevîous ruling of principle or deciding the appli­
cation of a principle to a particular geographical area. If 1 may give
one illustration of a decisionthat might be asked for on the application
of a princip le to a partîcula.r arca, it is the following : The Court has
given a ruling of principle determining the crîterion by reference to
which the closîng lines of bays or fjords should be determîned ; the
Parties might be unable to agree on the application of this particular
principle to an individual fjord : in tha.t case the Court might be asked
to determine the closing line of that particular fjord. Now the United
Kingdom is hopeful that if the Court, in the judgment which it will

give at the close of these proceedings, determines the questions of
principle on which the Parties are divided, and which have to be applied
for the purposes of settling this dispute, the Parties \viii then be able
to settle the whole,dispute by agreement. \i',Tthink that, furnished with
this guidance of principle,the technical experts of the two Governments
wîll probably be able to agree. Indeed, we consider that the Court should
be spared the burden of determining, at the same time as it determines
the principles, a number of points of detail which may arise in the appl,i­
cation of the principles. ln our Applicatjon of September I949, we
asked the Court "to declare the prînciples of international law to be

applied in defining the base-Jines". If we can judge by the written STATEMENT BY sm: ERIC BECKETT (u.K.)-1 X 51 163

pleadings alone, we would have thought that our suggestion on this
point would be acceptable to the Nonvegian Government, because it
was Norway that took the point in the Counter-Memorial that, within
the latitude provided by the applicable principles of international law,
it was for the Norwegian Government to delimit its territorial waters,
and on that we agree. Provided that Norway does not exclude British
fishing vessels from areas wider .than she is entitled to do under the

principles which the Court will determine, Nonvay is entitled to settle
those areas as she pleases. Naturally, the United Kingdom has no
objection if Norway chooses to reserve areas slîghtly smaller than she
is entitledto reserve. Further, in so far as the applicable principles laid
down by the Court give a choice or a discretion, it is Norway that bas
that choice. We do not think that the applicable principles do give
much choice or discretion. As we see it, delimiting the maximum which
Nonvay can daim is .really a purely technical operation determined by
the facts of geography. However, we do not exclude the possibility that
on the principles laid down by the Court there may be, here and there,
a choîce or discretion.
I think bath Parties are agreed that the amount of damages (if any)
should be determîned later after the Court's judgment on the principles.

On the basis of my submîssîon that the Court should only determine
the questions of principle at this stage, the conclusions which it is now
necessa:ry for me to present to the Court are the conclusions on points
of prîncîple, which we submit that the Court shou!cl include in îts
judgment. I submit them now, at the close of our opening speeches.
I think that we have the right, after hearing our opponents, to amend
these conclusions, if we.think it desirable to do so, in our final speeches
in reply. While, therefore, reservîng what I believe to be our right în
this respect, I now submit the following conclusions of principle.
The United Kingdom submits that the Court should decide that
the maritime limits which Norway is entitled to enforce as against the
United Kingdom should be drawn in accordance with the following
prindples:

(r) That Nonvay is entitled to a belt of territorial waters of fixed
breadth-the breadth cannot, as a ma."Ximum,exceed 4 sea miles.
(2) That in consequence the outer limit of Norway's territorial waters
must never be more than 4 sea miles from some point on the base-lîne.

(3} That, subject to (4), (g) and (ro) below, the base-line must be
low-water mark on permanently dry land (which is part of Nonvegian
territory) or the proper closing linesee (7) below) of Norwegian internai
waters.

(4) That, where there is a low-tide elevation situated within 4 sea
miles of permanent! ydry land, or of the proper closing line of Norwegian
internai waters, the outer limit of territorial waters may be 4 sea miles
from the outer edge (at low tide} of this low-tide elevation. In no other
case may a low-tîde elevation be taken into account.

(5) That Nonvay is entitled to daim as Norwegian intemal waters,
on historie grounds,aUfjords and sunds which faUwithin the conception
of a bay as defined in international law, whether tl1e proper entra:nce
to the indentation is more or less thau 10 sea miles wide. I64 STATEMENT BY SIR ERIC BECKETT {u.K.)-I X 5I
(6) That the definition of a bay in international law is a well-marked

indentation, whose penetration inland is in such proportion to the width
of its mouth asto constitute the indentation more thau a mere curvature
of the coast.
(7) That, where an area of water is a bay, the principle which deter- .
mines where the closing line should be drawn is that the closing line
should be drawn between the natural geographical entrance points,
where the indentation ceases to have the configuration of a bay.

(8) That a legal strait is any geographical strait which connects two
portions of the high seas.
(g) That Norway is entitled to daim as Norwegian territorial waters,
on historie grounds, aU the waters of the fjords and sunds which have
the character of a legal strait. Where the maritime belts drawn from each
shore overla:p at each end of the strait,' the limit of territorial waters
is formed by the outer rims of these two maritime belts. Where, however,

the maritime belts so drawn do not overlap, the limit follows the outer
rims of each of these two maritime belts, until they intersect with the
straight line, joll1ing the natural entrance points of the strait, after
which intersection the limit follows that straight line.
(10) That, in the case of the Vestfjord, the outer limit of Norwegian
territorial watersat the south-wester:ly end of the fjord is the pecked
green line shawn on Charts Nos. 8 and 9 of Annex 35 of the Reply.

(n) That Norway, by reason of her historie title to fjords and sunds,
is entitledto daim, either as territorial or as internat waters, the areas
of water lying between the island fringe and the mainland of Norway.
In arder to determine what areas must be deemed to lie between the
islands and the mainland, and whether these areas are territorial or
internai waters, recourse must be had to Nos. (6) and (8) above, being
the definitions of a bay and of a legal strait.

(IZ) That Norway is not entitled, as against the Unite!f Kingdom,
to (:mforceany cla:im to waters not covered by the preceding principles.
As between Norway and the United Kingdom, waters off the coast of
Norway north of parallel 66° 28.8' N., which are not Norwegian by
virtue of the above-mentioned principles, are high seas.
(13) That ,Norway is under an international obligation to pay to
the United Kingdom compensation in respect of all the arrests sînce
r6th September, 1948, of British fishing vessels in waters which are high
seas by virtue of the application of the preceding principles.

That, Mr. President, concludes the opening speeches on behalf of

the United Kingdom. We have taken, with a legal argument, very
nearJy a complete week of the Court's time, and that is a long time for
.a legal argument. I am conscious that we have made a heavy drain on
the Court's patience a:nd endurance. r6s

7. PLAIDOIRIE DE M. SVEN ARNTZEN
(AGENT DU GOUVERNEMENT DU ROYAUI>Œ DE NORVÈGE)

A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 5 OCTOBRE 1951, MATIN

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour.

r. Dans sa requête introductive d'instance, le Gouvernement du
R.oyaume-Uni a exposé qu'il entend contester .la validité en droit inter­
national des limites de la zone de pêchenorvégienne définiepar le décret
royal du 12 juillet 1935. Le décret royal de 1935 tient donc une place
importante dans la présente affaire. Cependant, le Gouvernement norvé­
gien tient à rappeler tout de suite que ce n'est pas ce décret qui a déclen­
ché le litige. Contrairement à ce que maintient le Gouvernement du
Royaume-Uni maintenant, la cause du litige ne se trouve pas non plus
dans les captures opéréesaux dépens des navires de pêchebritanniques en

deçà de la limite tracée en vertu du décret royal. La cause véritable du
litige, c'est le fait que les navires de pêchebritanniques ont essayé de
pénétrer dans les eaux côtières norvégiennes oi.tla pêche,aussi loin que
remonte l'histoire, a étéréservéeà la population du pays.
Le décret de 1935 n'a pas exclu les chalutiers britanniques de lieux
de pêche qu'ils avaient auparavant exploités. Le décret de 1935 n'a pas
porté atteinte à un état de choses existant.
Le décret royal de 1935 ne consacre aucun principe nouveau dans
le droit norvégien. Au contraire, le tracé qu'il donne à la limite de pêche
s'appuie sur les règles traditionnellesdu droit norvégien - règles nées
des conditions géographiques et des nécessités économiques qui, à
travers les âges, se sont imposées à la population sur les côtes de Norvège.
Le décret de 1935 se fonde sur les principes que voici :la zone territoriale

norvégienne a une largeur de quatre milles marins. Elle est comptée
à partir de lignes de base droites suivant la direction généralede la côte,
et tirées entre les îles, îlots et écueilsles plus avancés, sans qu'on perde
la. terre de vue. Ces principes avaient déjà servi pour la détermination
de la limite de pêchedans d'autres secteurs de la côte norvégienne. Je
fais allusion au décret de 1869 pour la région du More, et au décret de
1889 pour le Romsdal. Le Gouvernement du Royaume-Uni n'a pas
protesté alors. Il n'a pas protesté non plus en 1.88r, au moment où fut
établie, de cap en cap, en travers le Vara:ngerfjord, une ligne longue de
trente milles marins.

2.Le Gouvernement du Royaume-Uni est seul à faire opposition
au décret de 1935. La limite qu'établit ce décret est respectée par tous
les autres États. Le Gouvernement du Royaume-Uni ne représente donc
pas, dans cette affaire, les intérêtsde la communauté des nations. Il
représente en tout et pour tout ses propres intérêts- en l'espèce les
intérêtsdes compagnies britanniques de chalutage. . ··
C'est à partir de 1906 .environ que les chalutiers britanniques firent
leur apparition sur la côte du Finnmark oriental.
Mais cela ne signifie pas que, depuis ce temps-là, les chalutiers étran­

gers y aient exercéla pêcheen deçà de la limite de pêchede la Norvège.r66 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 5 X SI

Lenrs tentatives en ce sens ont étéefficacement combattues par la police
de la pêchenorvégienne par voie de captures et d'admonestations.
Il importe également de retenir que ce n'est qu'au cours de la cam­
pagne d'hiver de 1932 à 1933 - c'est-à-dire seulement 2 à 3 ans avant
la promulgation du décret de I935 - qu'ils ont commencéde pratiquer
la pêcheà l'ouest du cap Nord. Mais là aussi, ils ont étéarrêtéspar la
police de la pêchenorvégienne s'ils ont essayé de pratiquer .la pêcheen
deçà de ce qu'on a plus tard appeléla ligne bleue.
Des pêcheurs britanniques avaient bien essayé, avant notre époque,
de pêchersur la côte norvégienne. C'était vers 16oo. Ils furent alors
refoulés.Pendant plus de trois siècles, les pêcheursbritanniques avaient

ensuite respecté le droit exclusif des Norvégiens à la pêche dans les
eaux côtières.
Rien ne justifie que les chalutiers britanniques soient autorisés à
pêcheren deçà de la limite de 1935. Pour sauvegarder ses pèchescôtières,
la Norvège s'est vue obligéed'interdire le chalutage dans l'étroite bande
de ses eaux riveraines, non seulement aux étrangers, mais aussi aux
pêcheurs nationaux. Cette interdiction est toujours en vigueur, et
personne ne songe à la supprimer.
3· Comme je viens de le dire, la présente affa1re porte sur la validité

du décret royal norvégien du r2 juillet 1935. '
Le décret royal de 1935 est un acte de souveraineté que le Gouver­
nement norvégien a exercé dans les limites de sa compétence. Personne
ne peut mettre en doute la compétencede la Norvège pour procéder à
la délimitation de sa zone de pêche.
Il n'y a aucun doute non plus sur la validité du décret royal selon le
droit national norvégien.Mais le Gouvernement du H.oyaume-Uni soutient
que la limite de pêcheétablie en vertu du décret de 1935 est contraire
aux règles en vigueur du droit international.
Le Gouvernement norvégien affirme, au contraire, qu'il n'existe pas
de règle de droit international interdisant à !a Norvège de tracer sa
limite de pêchecomme elle l'a fait pas le décret royal de 1935.
C'est un fait avéréque la .Norvège n'est liée par aucune convention
s'opposant à la délimitation entreprise. Pour faire invalider la limite de
pêche norvégienne, le Gouvernement elu Royaume-Uni devrait ainsi

démontrer qu'il existe une coutume internationale de la. nature définie
à l'alinéa r b de l'article 38 du Statut de la Cour. En d'autres termes,
il devrait prouver qu'il existe une pratique assez généralepour qu'elle
soit acceptée comme étant le droit. Des preuves attestant 1'existence
d'une tei!e pratique n'ont pas étéproduites, et elles ne sauraient l'être,
parce qu'il n'existe pas d.e pratique remplissant ces conditions.
Les pr.incipes que le Gouvernement du Royaume-Uni a formulésdans
ses conclusions et dont il réclame ).'application pour la détermination de
la limite de pêchenorvégienne ne possèdent pas le caractère requis
pour les règlesjuridiques selon leroit international. Je fais alors abstrac­
tion de toutes les autres objections qn'on peut opposer à ces soi-disant
principes. Quand mêmeils auraient présentéce caractère, ils ne sauraient
engager la Norvège. En effet, certaines conditions particulièr.es, la

situation géographique, la nature des ressources, la configuration des
côtes et les singularités économiques et sociales qui en découlent, tout
cela fait que notre pays a eu, au cours des siècles,une évolution autonome
dans ce domaine juridique. PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 5 X 51 167

Je tiens tout de suite à souligner que ce n'est pas, comme veut le
faire croire l'honorable Partie adverse, pour susciter des sympathies
pour sa cause, que le Gouvernement norvégien insiste sur la particu­
larité des conditions que je viens clénumérer. Il s'agit ici de réalités
qui ont étéles facteurs déterminants du développement de nos règles
de droit,et en fournissent l'explication.

4- Un coup d'Œil sur la carte généraleque vous avez devant vous,
et qui est présentéeà l'annexe 76 à la Duplique, donnera une idée de
J'importance de la mer et des activités maritimes pour la Norvège.
L'examen de cette carte fera comprendre en mêmetemps les conditions
particulières aux pêchesnorvégiennes. Avec la permission de la Cour,
M. Coucheron-Aamot, capitaine de vaisseau de la Marine norvégienne,

va faire les démonstrations sur la carte au fur et à mesure que procède
mon exposé.
La Norvège forme le versant occidental de la presqu'île scandinave.
La mer l'entoure de trois côtés; à l'est, une frontière terrestre sépare
le pays de la Suède, de la Finlande et de l'Union soviétique.
Le territoire norvégien est étiréen longueur. Sa partie septentrion<de,
notamment, est très étroite. La ligne côtière prend de ce fait un dévelop­
pement extraordinaire. Elle s'étend sur 3-400 kilomètres environ, soit
presque la distance de La Haye à Terre-Neuve. Si l'on comptait toutes
les sinuqsités des fjords, elle serait six fois plus longue encore. Dans
aucun autre pays la côte n'est plus déchiquetée, plus profondément
découpée par des fjords, des baies et des chenaux.
Si la côte présente un aspect tellement décl1iqueté, c~la tient au

relief montagneux du pays. La carte fait apparaître que la plus grande
partie du pays est couverte de montagnes. 11y a, en Norvège, beaucoup
plus de rochers et de sommets, de plateaux et d'étendues désertes que
dans la plupart des autres pays, et aucun autre pays en Europe n'a un
pourcentage aussi modeste de terres cultivées, à savoir trois pour cent
du territoire. Le pays n'arrive pas à nourrir sa population en céréales.
Le long de la côte, les fonds sous-marins offrent les mêmescaractères
géographiques que les parties émergées du pays. Ils se composent de
vastes étendues plates séparées par de profondes vallées. Des pics
surgissent des profondeurs, affleurent ou dépassent le niveau de l'eau,
formant cette poussière de roches noyées et d'écueils, d'îles et d'îlots
si éminemment caractéristique de la côte norvégienne. C'est pourquoi
les eaux côtières norvégiennes et leur ceinture de bancs présentent un
aspect profondément original, et très distinct de celui de la plupart des
autres ·côtes européennes où le fond marin s'incline doucement vers les

profondeurs de l'océan.
· Sauf à.l'extrêmesud-ouest et à l'extrêmenord-est, une chaîne ininter­
rompue d'îles, d'îlots et d'écueils s'étend au large de la terre ferme. Le
Service cartographique de Norvège en évalue le nombre à r2o.ooo.
C'est le fameux skfŒrg&rd, à la fois borne et rempart contre le large.
Selon une conception juridique norvégienne très ancienne, les eaux
situéesen deçà de la ligne du skjŒrgard sont considéréescomme faisant
partie du pays.
La carte généraleillustre les données bathymétriques le long de la
côte norvégienne. Jusqu'à 200 mètres, les profondeurs sont indiquées
en bleu clair; entre 200 et ;;oo mètres, en bleu plus vif; entre soo
et r.ooo mètres, en bleu plus intense; entre r.ooo et 3.000 mètres, enr68 PLAIDOIRIE DE i\f,ARNTZEN (NORVÈGE) - 5 X 5I

bleu plus sombre encore, et. la couleur bleue la plus foncée désigne les
fonds de plus de 3.000 mètres.
Le long de toute la côte norvégienne s'étend un banc de largeur
variable, appelé en Norvège "Kystbanken n,le banc côtier. Les déclivités
du banc côtier vers les grandes profondeurs s'appellent généralement
"Egga JJ(les accores) ou, selon un très ancien terme, ((Havbrunn JJou
((Havbroen "• ce qui signifie le bord de l'océan.
Au nord" du cap Stadt et jusqu'à l'île de Andoya, le banc côtier s'étend,

par endroits, jusqu'à 120 milles marins de la côte. A la pointe septen­
trionale de Andôya, le talus sous-marin est plus rapproché du rivage.
:Maisensuite vers le nord, le banc côtier s'élargit de nouveau. Il s'oriente
dans la direction de la côte occidentale du Spitzberg. A l'est du Spitzberg,
la mer de Ba:rentz- appelée encore par les Norvégiens la mer Orientale
- est beaucoup moins profonde que la mer de Norvège entre le Spitzberg
et la mer du Nord. C'est une des raisons pour lesquelles la mer de Ba:rentz
revêt tant d'importance pour la pêchedans les eaux arctiques et sur les
côtes septentrionales de la Norvège.
La limite de pêche norvégienne passe bien en deçà des accores du

banc côtier.
La carte bathymétrique permet encore de relever, tout près du rivage,
l'existence d'une terrasse sous-marine relativement étroite, avec des
profondeurs allant jusqu'à zoo mètres. C'est le fond riverain,en norvégien
appelé aLandbanken JJ.Les déclivités de cette terrasse vers les profon­
deurs de 300 à 400 mètres sont dénommées « bakken » en norvégien.
Nous les désignerons par la suite comme le ial,usdu fond riverain. Ce
fond riveraip revêt des formes particulièrement accusées sur la côte du
Finnmark. ·
Je tiens à souligner que la limite de pêchenorvégienne, pour la plus

grande partie, passe également en deçà du talus du fond riverain. Ceci
ressort de façon particulièrement nette sur le plan-relief placé devant
vous. [L'orateur montre sur le plan en relief les particularités qu'il
a citées.] · ·
L'expérience et la science concordent pour nous dire que les déclivités,
à savoir les accores du banc côtier ou le talus du fond riverain, constituent
les lieux de pêcheles plus poissonneux.
Si la Norvège, en dépit de sa situation septentrionale et de sa confi­
guration géographique, abrite une population civilisée, c'est que sous
certains rapports elle a quand mêmeétéfavorisée par la nature.
C'est la mer qui a rendu possible l'établissement cles hommes le long

de ces côtes désolées.
Les eaux peu profondes de la côte sont riches en poissons. De temps
immémorial, la pêchese pratique toute l'année sur l'ensemble de la côte.
Elle est particulièrement intensive lorsque les poissons en migration
remontent vers la c6te. C'est alors la pêcheà la morue des Lofoten, la
pêche au capelan sur la côte du Finnmark, la pêche au hareng dans
certains autres secteurs côtiers qui ne sont pas visés par la présente
affaire.
Contrairement à ce qui s'est passé dans la plupart des autres pays, le

peuplement de la Norvège est parti de la mer. D'abord fixés sur les
rivages du littoral ou dans les îles, les hommes n'ont commencé que bien
plus tard à occuper l'intérieur des fjords et à remonter les vallées.
Ce sont également les Norvégiens qui, en premier lieu, ont colonisé
les îles situées de l'autre côté de la mer de Norvège. Les navigateurs PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN .(NORVÈGE) - 5 X 5I r6g
norvégiens peuplèrent les Orcades, les îles Shetland, les Hébrides, les
Féroé, l'Islande et le Groënland. Les rois de No1:vègesoumirent à leur

domination ces archipels ainsi qu'une partie de l'Ecosse du Nord (Caith­
ness) et l'ile de Man. Puis, ce fut la céltemourmane, depuis le Varanger­
fjord jusqu'à bien avant dans la mer Blanche. Plus à l'est, il n'y avait
que terra nullius. On croyait, à l'époque, que le Groënla:nd formait un
seul continent avec Je Spitzberg et s'étendait davantage à l'est et au sud
jusqu'à la côte orientale de la mer Blanche. Suivant les idéesmédiévales
sur la géographie des lieux, les eaux septentrionales -la mer de Norvège
et la mer Orientale- formaient donc une grande baie entourée de terres
appartenant aux rois de Norvège.
La mer et ses richesses fournissaient ce qui éüüt nécessaire à J'existence
de la population riveraine. C'est pourquoi, de longue date, avait prévalu
la conception selon laquelle les fonds de pêchecôtiers appartenaient à
la population riveraine. Les étra,ngers n'avaient pas le droit d'y pénétrer.
Les conceptions issues du droit romain et répandues en Europe centrale
étaient différentes. Ce trait particulier de l'évolution juridique en Norvège
a été.fortement souligné par RŒstad dans son ·ouvrage ((La Mer terri­
toriale)), pages 40 à 43, 131, et I5I à 152.
Enfin, depuis les temps les plus reculés, la mer offre à la population
côtière norvégienne la voie de communication la plus commode, et bien

souvent la seule. Les Norvégiens ont de tout temps étéun peuple de
navigateurs. En dépit de la perte de plus de la moitié de son tonnage
pendant la deuxième guerre mondiale, Ia marine marchande norvégienne
a déjà étéreconstituée et totalise aujourd'hui près de 6 millions de tonnes
de jauge brute. Avec sa population de 3 millions d'habitants, la Norvège
occupe le troisième_ rang dans le monde par le tonnage de sa flotte mar­
chande. Seuls les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont des flottes plus
considérables. Il n'y a sans doute pas de pays plus intéressé que la
Norvège à la sauvegarde de la liberté des mers. Mais l'étroite bande
d'eaux côtières que le décret royal de 1935 réserve aux pêcheursnationaux
dans le nord de la Norvège ne porte pas atteinte à la liberté des mers.
s.Le secteur côtier sur lequel porte le litige actuel est dans sa presque­

totalité situé au nord du cercle polaire, qu'on voit marqué sur la carte.
On constate ainsi que l'Islande, par exemple, se trouve tout.entière au
sud du cercle polaire.
Dans cette partie septentrionale de la Norvège appar;aissent de façon
amplifiée plusieurs des singularités qui caractérisent le pays. Les monta­
gnes accusent des formes encore plus sauvages et ravagées que plus au
sud, avant de disparaître dans l'ultime Nord devant la pénéplaine
arctique. Plus encore que dans le sud, les agglomérations se rabattent
sur les rivages du continent et sur les îles. Le continent, d'ailleurs, est si
étroit et si hérisséde montagnes qu'il offre peu de place pour l'habitation
humaine. Alors que les montagnes séparent les hommes, les fjords et
les chenaux, en norvégien appelés stmds, unissent les agglomérations.
C'est de la mer que la population tire le plus clair de ses revenus.
Dans ce secteur de la côte, 1<1pêchejoue un rôle encore plus considé­
rable comme base de l'existence humaine que dans les autres parties
du pays.
C'est ici guese déroule de janvier à avril-la grande pêcheà la morue
de frai (sfmi) aux iles Lofoten (dans le Vestfjord) et dans l'archipel du
Vesteralen. De mars à juin, sur la côte du Finnmark, la pêchese pratique

aux dépens des grandes concentrations de morues lancées à la poursuiteIJO PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 5 X SI
des bancs de capelans qui, à cette époque, approchent de la côte. A côté

de ces giandes pêchessaisonnières, une pêchejournalière se poursuit
toute l'année sur l'ensemble de la côte de la Norvège du Nord. Il est
d'une importance vitale pour la population locale qu'elle puisse con­
tinuer à pratiquer paisiblement ces pêchess<msredouter une intrusion
étrangère.
En Norvège du Nord encore plus que dans la Norvège méridionale,
les communications sont maritimes. De vieille date, les fjords et les
sunds, les eaux baignant les îleset les îlots ont servi de voies de commu­
nication dans le sens longitudinal comme dans le sens transversal. Ce
n'est qu'en t940 - et avec le secours des bacs - qu'on a pu ouvrir à
la circulation une route terrestre traversant la Norvège du Nord d'un

bout à l'autre. Aujourd'hui encore, bien des localités côtières sont sans
liaison routière avec le reste du pays. Jusqu'en 1936, les chemins de
fer ne dépassaient pas la région du Tri:indelag, et à l'heure actuelle, la
voie ferrée s'arrêteà Li:insdalen, dans l'intérieur du pays, à peu près à
la hauteur de l'archipel de Tnena, terme méridional de la limite de
pêche de 1935.
Les divisions administratives et ecclésiastiques découpent les fjords
et les sunds dans le sens transversal, et non clans le sens longitudinal.
La mème paroisse peut englober des îles aussi bien qu'une portion du
littoral. Dès l'introduction du christianisme, les églises furent érigées
dans les îles. De tout temps, à la rame ou à la voile, les générationsont
traversé les fjords, le chenal de l'Indreleia et d'autres sunds pour se

rendre à l'égliseet à l'école,prendre contact avec les autorités et parti­
ciper aux baptêmes, aux mariages, aux enterrements.
6. Après cette description de la Norvège, je désire faire quelques
observations à propos des conclusions que M.. l'agent de l'honorable

Partie adverse a soumises à la Cour.
Dans sa requête introductive d'instance, le Gouvernement du H.oy­
aume-Uni indique ainsi l'objet du différend (je cite} :
''Le différend porte sur la validité ou la non-validité, en droit
international, des lignes de délimitation de la zone de pèche norvé­
gienne qui sont fixéespar le décret royal de 1935. "

Et puis encore :

''La question litigieuse ~ntr les deux Gouvernements consiste
à savoir si les lignes prescrites par le décret royal de 1935, comme
lignes de base, aux fins de la délimitation de la zone de pêche, ont
ou non ététracées conformément aux règles applicables du droit
international.»

Et au paragraphe II de la requête,le Gouvernement du Royaume-Uni
demande en premier lien à la Cour de dire quels sont les principes de
droit international à appliquer afin de définir les lignes de base par
rapport auxquelles le Gouvernement norvégien est fondé à délimiter

une zone de pêche.En outre, le Gouvernement du Royaume-Uni delJlande
à la Cour de définirles lignes de base afin d'éviterde nouveaux désaccoros
jur.idiques entre les Parties.
Au cours de la procédure écrite, JeGoüvernement du Royaume-Uni
exprime le désir que la Cour statue sur certains principes. Comme il
l'a souligné dans ses écritures, le Gouvernement du Royaume-Uni a PLAIDOIRIE DE .1\LARNTZEN (NORVÈGE) - 5 X 5I IJI

·exprimé ce désir à propos d'une question juridique concrète, à savoir
1a validité ou la non-validité du décret royal du 12 juillet 1935.
A la page 424 (vol. II) de sa Réplique, le Gouvernement du Royaume­
Uni va jusqu'à porter en titre des paragraphes 154 à 156, ces mots (je
cite selonla traduction de la Cour) :

<Opinion du Royaume-Uni suivant laquelle la validité juridique
des lignes de base du décret royal de 1935 est la seule question en

litige dans cette affaire. ))
Au fur et à mesure que la procédure orale progressait, le Gouverne­

ment du Royaume-Uni s'éloignait de cette question cruciale. Au lieu
de s'en tenir au litige juridique concret, l'honorable Partie adverse a
-essayéde déplacer l'objet du différend pour faire en sorte que celui-ci
porte sur la fixation de certaines règles généralesde droit international
-concernant le calcul de l'étendue du territoire maritime en général.Le
litige juridique concret, concernant la validité de la limite de pêche
norvégienne dans le secteur de côte spécifique,depuis Tr::cna au Varanger-
fjord, a de plus en plus étélaisséà l'arrière-plan. .
A la fm de sa première plaidoirie, le Gouvernement du Royaume­
·uni vient, dans ses conclusions, d'inviter la Cour internationale de

Justice à établir certains principes de caractère très généralet assez
vague.
Le Gouvernement norvégien ne peut se rallier à cette demande.
Le Gouvernement du Royaume-Uni a moins le désir, semble-t-il, de
voir tr~mch e litige juridique concret qui divise les Parties, que de
faire établir par la Cour un précédent pour la communauté des nations
·concernant les principes formulés par l'honorable Partie adverse.
En effet, après n'avoir entendu que les deux membres de la commu­
nauté internationale qui sont Parties à cette affaire, la Cour est invitée

par le Gouvernement du Royaume-Uni à établir pour une partie du
-droit international,où il règle tant d'incertitude et de divergences de
vues, des règles juridiques normatives pour toute la communauté de
droit international. Elle devrait,artant, déclarer implicitement comme
:sans force et comme contraires au droit, toutes les autres conceptions
qui se sont manifestées au sein des différents États par une sériede lois
·Ctde décrets, et par la pratique judiciaire et administrative ..
Cela revient à elire que l'on cherche maintenant à faire retomber sur
la Cour la tâche de résoudre les problèmes vainement confiésà la Con­

férence de codification de 1930, et cette tâche, la Cour est invitée à.
l'entreprendre sans avoir entendu les autres membres de la communauté
internationale.
En outre, il faut remarquer que, s'ilétait déféréau désir de l'honorable
Partie adverse à cet égard,la présente affaire contentieuse serait pratique­
ment transformée en affaire consultative.
Dans cet ordre d'idées, il peut êtrepertinent de rappeler que, dans
:son article dans le British Year Booll of International Law, 1930, page 37,
concernant l'affaire des zones franches de Haute-Savoie et elu Pays de

-Gex, sir Eric Beckett écrit (je cite la traduction française) :
<< ..la Cour donna l'avertissement formel que sa décision dans la
présente affaire ne saurait être considérée comme un précédent,

et que les Parties doivent respecter la compétence de la Cour confor­
mément à son Statut. La Cour elit clairement qu'elle n'avait aucun 172 PLAIDOIRIE DE 1\L ARNTZEN {NORVÈGE) - 5 X 51
pouvoir pour donner un avis consultatif à la demande des États,
mêmesi ceux-ci s'accordaient pour le lui demander. ))

Cette déclaration de la Cour s'applique a fortiorià la présente affaire,
où c'est seulement une des Parties qui a fait une telle demande.
Le Gouvernement norvégien doit formellement protester contre
pareille déformation de l'affaire en instance. Il considère qu'il a le droit
légitime de voir trancher le litige juridique concret qui est soumis à la

Cour, afin qu'il soit établi définitivement si la délimitation de la zone de
pêche clans le secteur en cause est valable ou non au regard du droit
international.
Dans le litige qu'examine maintenant la Cour, les principes invoqués
et leur application sont si fortement solidaires et si inextricablement
liésaux faits concrets, qu'il serait impossible, comme le demande l'hono­
rable Partie adverse, de scinder l'affaire en deux phases.
Au demeurant, un tel morcellement de la question, au lieu de simpli­
fierla tâche de la Cour, ne servirait qu'à la rendre plus lourde. Les Parties
risqueraient, le cas échéant, d'être appelées à plusieurs reprises devant
la Cour à l'occasion de cette même·affaire.
On s'exposerait ainsi à tomber dans l'inconvénient que l'honorable
Partie adverse a déclarévouloir éviter, à savoir «de nouveaux désaccords
juridiques entre les Parties)). Le Gouvernement norvégien partage
entièrement sur ce point le désir du Gouvernement du Royaume-Uni.

En conséquence, le Gouvernement norvégien demandera à la Cour de
ne pas scinder l'affaire, mais de la trancher par un seul et mêmearrêt.
Je formulerai nos conclusions à l'issue de ma plaidoirie. Elles prieront
la Cour de rejeter toutes conclusions définitives contraires, et de dire
et juger que la délimitation de la zone de pêchefaite en vertu du décret
royal norvégien du 12 juillet 1935, n'est pas contraire au droit inter­
national.
En ce qui concerne les demandes respectives en dommages-intérêts,
le Gouvernement norvégien considère comme plus indiqué d'en réserver
l'examen jusqu'à ce que la Cour ait statué sur la question de la validité
internationale du décret de 1935.

7· En sa qualité d'avocat du Gouvernement norvégien, le professeur
Bourquin fera l'exposé général des conditions de fait qui justifient la
détermination de la limite de pêchenorvégienne, et il développera les
vues du Gouvernement norvégien sur les questions juridiques soulevées
.par ce litige. Je procéderai ensuite à l'examen de l'évolution du différend
qui, depuis 1906, nous oppose à la Grande-Bretagne. Dans une dernière
partie, je ferai l'analyse de la délimitation de 1935, en examinant aussi
la proposition présentée par le Gouvernement du Royaume-Uni, à
savoir lapeckedgreentine.

Monsieur le Président, j'ai maintenant terminé mon exposé d'intro­
duction. :M.le professeur Bourquin est à la disposition de la Cour; mais,

vu l'heure avancée, je me demande s'il ne conviendrait pas qu'il com­
mence sa plaidoirie cet après-midi. Il lui serait difficile d'en exposer le
début en moins d'une heure. I73

8. PLAIDOIRIE DE M. MAURICE BOURQUIN

(AVOCAT DU GOUVERNEMENT DU ROYAU"I!Œ DE NORVÈGE)
AUX SÉANCES PUBLIQUES DES 5 AU 1.2 OCTOBRE 1951

[Séancepublique du 5 octobreI95I, matin]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, je ressens vivement
l'honneur d'êtreappelé à défendre les droits de la Norvège devant votre
haute juridiction. C'est une tâche qui comporte des responsabilités
lourdes, mais je l'entreprends néanmoins avec une entière confiance,
parce que je suis convaincu qu'une cause aussi juste, aussi juste légale­
ment et humainement, n'a rien à redouter de votre sagesse.
L'affaire que nous avons à débattre est volumineuse et touffue.
Dans nos écritures, nous avons étéobligés d'examiner une à une
toutes les questions qu'elle soulève et, pour chacune de ces questions,

d'exposer en -détail nos arguments et de citer aussi les textes et les
précédentssur lesquels nous nous appuyons.
Il n'est ·pas question, bien entendu, de reprendre tout cela en
plaidoiries.
Nous allons essayer de simplifier et de condenser. Seulement, les
questions importantes sont évidemment assez nombreuses, et nous
sommes obligés, non seulement de répondre au moins aux principaux
arguments qui nous ont étéopposés,mais aussi de nous arrêterà certains
aspects du problème que nos adversaires ont pu négliger et qui nous
paraissent extrêmement importants pour éclairer notre cause.
· Comment le différend se présente-t-il dans ses grandes lignes ?
Le Gouvernement britannique prétend que la zone de pêchenorvé­
gienne, telle qu'elle a étédélimitéear le décret du 12 juillet 1935, serait

contraire aux exigences du droit international. Et, pour justifier cette
prétention, il invoque un ensemble de règles, à la fois préciseset rigou­
reuses, qui - d'après lui - seraient consacrées par la coutume et
con_stitueraient donc des règles généralesliant la Norvège.
Evidemment, il reconnaît que des dérogations peuvent êtreapportées
à ces règles générales,sur la base de titres historiques. Et il reconnaît
que la Norvège possède des titres déce genre.
Seulement, d'après lui, les titres historiques de la Norvège ne seraient
pas suffisants pour couvrir la totalité de la zone de pêchequi a été
délimitéeen I935 et, par conséquent, il y aurait une partie de cette
zone qui n'appartiendrait pas à la Norvège, qui ne pourrait pas lui
appartenir ni en vertu du droit commun, ni sur la base de titres histo­
nques.
Quelles sont exactement les eaux sur lesquelles porte ainsi le désaccord
des Parties ?
Chose assez curieuse, ce point - qui pourtant paraît essentiel -

est resté longtemps mystérieux pour le Gouvernement norvégien. En
effet, ce n'est que dans sa Réplique, c'est-à-dire I4 mois après l'intro­
duction de l'instance, que le Gouvernement du Royaume-Uni a fait
connaître ses vues, en produisant des cartes sur lesquelles il indiquaitIJ4 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X SI

la limite de la zone de pêchetelle qu'il la concevait, telle qu'il la consi-­
dérait conforme au droit international. Et jusque-là, le Gouvernement_

norvégien a dù se défendre, je dirai contre des prétentions insaisissables,.
tout a:u moins très difficiles à saisir.
On lui opposait des règle;; abstraites; mais on s'abstenait de dire
comment on concevait l'application de ces règles à la zone litigieuse.
Il faut reconnaître que cette situation était assez anormale, car iL
n'est pas facile de répondre à un adversaire quand on ne sait mêmepas

exactement ce qu'il veut. Aujourd'hui, nous sommes fixés.Nous savons.
quel est le tracé qu'on oppose à celui du décret litigieux de 1935. Et,
comme mon confrère M. Arntzen le disait tout à l'heure, avec la permis-·­
sion de la Cour, il se chargera d'en faire une analyse critique en cornparant
ce tracé à celui du décre.troyal de 1935.
Il exposera les raisons d'ordre géographique, économique ou autres­
qui justifient la décision du Gouvernement norvégien et il montrera,
d'autre part, à quel point le tracé du Gouvernement britannique nous.

semble arbitraire et, dans bien des cas, tout à fait artificieL
Je m'abstiendrai donc, en ce qui me concerne, d'entrer dans l'examen_
de cet aspect du problème.
Mais abstraction faite des considérations qui seront développées à
ce sujet par M. l'agent du Gouvernement norvégien, quelle est donc la_
réponse que nous faisons aux prétentions de la Partie adverse?

~~tt eéponse, on peut la résumer très simple1_nentde la manière que·
VOlCl:
La Partie adverse prétend que le décret de 1935 serait illicite, incom-·
patible avec les règles du droit international, et elle prétend d'autre­
part, comme je le rappelais tout à l'heure, que les titres historiques de­
la Norvège ne sauraient le justifier complètement.
Nous soutenons que ces deux affirmations sont inexactes.
Nous soutenons tout d'abord qu'en toute hypothèse, les titres histo-­
riques incontestables de la Norvège suffisent pour couvrir la tot alité

de la zone de pêchedélimitéepar le décret de 1935 et que, par conséquent,
cette délimitation serait parfajtement valable au point de vue inter­
national, mêmesi les règles elu droit commun étaient bien celles que·
prétend le Gouvernement britannique.
· Ma.isnous soutenons, par ailleurs, que les règles généralesqu'on nous.
oppose de l'autre côté de la barre n'ont jamais existé, qu'elles n'ont
jamais existé en tant que règles coutumières généralesopposables à_
la Norvège.
Le système juridique qu'on développe et au nom duquel on voudrait

condamner la délimitation de 1935 est en contradiction avec les traditions.
norvégiennes les plus solidement établies et, chaque fois que des tenta­
tives ont étéfaites pour amener la Norvège à accepter ce système ou.
tout au moins en accepter certains éléments,certaines parties, la Nor­
vège s'y est toujours énergiquement refusée. Et si elle s'y est refusée,
ce n'est pas du tout par une sorte d'obstination arbitraire, c'est parce·
que les traditions auxquelles elle est profondément attachée sont des.
traditions qui luisont en quelque sorte dictées par la nature mêmedes­
choses et par les conditions de son existence.
Et voilà précisément,Monsieur le l'résident, ce que je voudrais mettre,
d'abord en lumière. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 5I I75

Il est impossible, me semble-t-il, de saisir les données fondamentales
du litige sans avoir pleinement conscience de ce que j'appellerai la
" réaliténorvégienne ».

* * *

Le droit n'.estpas suspendu dans le vide. Le droit est fait pour s'appli­
quer à des réalitésconcrètes. Et quand il s!agit du droit international,
qui est b_eaucoup moins évoluéque le droit interne et qui est lié à la
vie des Etats, il est doublement nécessaire de ne pas perdre contact
avec ces réalités. ·
Nous discuterons les thèses juridiques de la Partie adverse. Nous les
examinerons une à une. Mais avant cela, je voudrais présenter le cas de
la Norvège dans sa réalité physique et humaine. Je voudrais attirer
l'attention sur un ensemble de faits qui me paraissent indispensables
à la compréhension de notre cause.
Quand on pa.rle de la Norvège, elu point de vue maritime, ce qui vient
immédiatement à l'esprit c'est évidemment l'extraordinaire configuration
de ses côtes.

La côte norvégienne - c'est particulièrement vrai pour la partie
de cette côte qui forme l'objet du litige - est profondément découpée,
déchiquetée par des échancrures de toute espèce. Elle est aussi couverte
le plus souvent par une véritable profusion d'iles, d'îlots, d'écueils et
de récifs.
C'est en mêmetemps une côte abrupte.
Nous sommes dans un pays de montagnes, comme le rappelait tout
à l'heure mon confrère M. Arntzen. On peut le constater en considérant
le plan en relief qui se trouve sous les yeux de la Cour.
Sur ce plan en .relief, nous avons indiqué la hauteur d'un certain
nombre de montagnes. Pour êtretout à fait objectifs, nous avons pris
soin de ne pas les choisir toutes pamlÎ .les plus élevées.Nous avons pris
des montagnes qui ont plus de r.ooo mètres, d'autres qui ont entre
500 et I.OOO mètres. Nous en avons pris d'autres enfin dont la hauteur
est inférieure à500 mètres.

Parmi ces dernières, je me permets de signaler particulièrement
le cap Nord.
Le cap Nord, en effet, n'a que 307 mètres de haut. Pourtant, ce n'est
pas un roche.r qui passe inaperçu. La Cour trouvera d'ailleurs une vue
de ce.rocher clans l'album de photographies qui a étéjoint à notre Dupli­
que. Si elle veut bien s'y reporter, elle pourra vérifierce que je viens de
elire et, du mêmecoup, elle se rendra compte de ce que représentent des
montagnes qui n'ont plus 300 mètres de haut, comme le e<lpNord, mais
qui ont de 1.200 à J .500mètres.
· La côte litigieuse est une côte qui domine de très haut le niveau de
la mer, et cela est fort important dans notre procès. Tlne faut pas oublier
que nous sommes en présence d'une côte qui se voit de loin. Le marin
qui vient de la mer aperçoit rapidement une côte qui est hérisséede mon­
tagnes comme la côte norvégienne. De ce point de vue, il n'y a pas de
comparaison possible entre une côte de ce genre et une côte plate, comme

l'est, par exemple, la côte des Pays-Bas.
Il y a, Monsieur le Président et Messieurs de la Cour, dans la litté­
.rature de très nombreuses descriptions des côtes norvégiennes. Je dirai~
qu'on en trouve dans presque tous les traités de géot,>Taphie et de navi-176 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 5I

gation, à cause de l'intérêtvraiment très particulier que présente la
côte norvégienne du point de vue scientifique comme du point de vue
pratique.
Je voudrais lire quelques passages d'une de ces descriptions. Ce n'est

pas que cette description soit particulièrement frappante. Seulement,
l'ouvrage auquel je l'emprunte me semble lui donner une autorité parti­
culière dans ce débat.
Il s'agit d'une publication officielle britannique que nCtis avons citée
à plusieurs reprises, que j'aurai mêmel'occasion de citer plusieurs fois
dans ma plaidoirie et qui est intitulée Admiralty Norway Pilot. Voici
ce qu'elle dit :

"L'ensemble de la- côte de la Norvège, à l'exception des régions
plates de J Œderen et de Lister .... "
Je signale en passant que ces deux. régions plates ne concernent pas
le litige et qu'elles se trouvent dans une autre partie de la Norvège.

''.... est très irrégulière, rocheuse et escarpée. Elle présente
l'aspect d'une énorme chaîne de montagnes, avec des cimes déchi­
quetées et des pointes abruptes, entrecoupées de nombreux fjords
ou bras de mer. Beaucoup de ces fjords sont à la fois larges et
profonds et offrent un excellent abri pour les navires de toute espèce,
étant protégéspar cette frange d'innombrables îles et rochers qui

s'étend tout le long de la côte, avec quelques insignifiantes inter­
ruptions ; cette ceinture d'îles, qui forme un des traits caractéris­
tiques du pays, est appelée en Norvège le« skjŒrga.rd »,ou rempart
de rochers ....JJ
Cette citation est reproduite au paragraphe 14 de .notre Duplique.

Je voudrais m'arrêter au dernier point qui est mentionné daùs cette
description : le <skjŒrgard JJJe «rempart de rochers Jcomme l'appelle
la publication britannique que je viens de citer.
Le skjŒrgârd est en effet un des aspects les plus extraordinaires, les
plus caractéristiques de la côte norvégienne. C'est en même temps un
des aspects qui jouent le rôle le plus important dans notre litige.
Qu'est-ce que le skjŒrgârd ? Il est vraiment très difficile de s'eh rendre
compte quand ·on ne l'a pas vu sur place. Et, pour le voir sur place, il
ne suffit pas de faire une croisière dans un bateau comfortable, comme le
font les touristes. La croisière des touristes permet de voir et d'admirer
les sites extérieurs, mais elle ne permet pas de connaître le skjŒrgâ.rd.
Pour connaître le skjrergârd, il faut pénétrer dans ses méandres, dans
ses recoins les moins facilement accessibles. 11faut y pénétrer au milieu

des écueils et des roches noyées, à bord d'un bateau de faible tonnage,
parce qu'il n'y a pas d'autre moyen pour s'aventurer dans cette région.
Alors,on entre, si je puis dire, dans l'intimité du skjŒrgard. On apprend
à connaître non plus le skjŒrgard des touristes, mais le vrai skjrergârd,
celui des Norvégiens, celui qui a joué et qui continue à jouer un rôle
si essentieldans la vie politique, économique et sociale de cette popula­
tion de pêcheurs, celui qui est mêlé,peut-on dire, à toute son histoire
et qui a étéd'ailleurs son véritable berceau.
Puis, quand on a vu le skjrergtml de l'intérieur, il faut le voir d'en
haut, il faut le survoler à faible altitude.
Je connais peu de spectacles aussi frappants et aussi captivants que

celui-là. Quand on parle d'archipels, on se représente des îles plus ou PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN {NORVÈGE) - 5 X 5I I77

moins rapprochées les unes des autres. Ici, l'image qui vient à l'esprit
est toute différente. C'est une sorte de végétation géante qui partirait
de la terre et qui s'étalerait sur l'eau.
Il est une chose certaine, .c'est qu'il est impossible deettre en doute
l'unité du skj<ergarcl, comme il est impossible de mettre en cloute la

solidarité étroite qui existeentre le skjŒrgard et le continent.
Le skjŒrgard n'est pas une formation insulaire que l'on pourrait
détacher du continent. C'est le continent qui se prolonge clans la mer,
qui s'effrite, si je puis dire, clans la mer.
D'ailleurs les fonds sous-marins qui sont situés à proximité de la
côte présentent exactement les mêmescaractères que le sol continental.
Ce sont des montagnes et des plateaux qui sont entrecoupés de vallées
profondes, et ce qui constitue les îles, les îlots et les écueilsdu skjŒrgârd,
ce sont tout simplement les sommets de ces hauteurs qui atteignent
ou qui dépassent le niveau de la mer.
Dans le passage du Nor1i!Jay Pilot que je lisais tout à l'heure, le terme
<<skjŒrgârd n est traduit par l'expression <<rempart de rochers n.

C'est une traduction correcte du norvégien. Dans le terme'' skjŒrgârcl n,
il y a deux mots : le mot «skjŒr n, qui veut dire écueil ou rocher et
qui est en somme l'équivalent du terme anglais << skerry n,et le mot
<cgârd n, qui veut dire à la fois <c rempart et clôture n.
«Rempart de rochers n, elit le Norway Pilot. C'est juste. Les remparts
d'une ville forment en même temps la clôture de cette ville, ils la
protègent et la délimitent. Eh bien ! c'est exactement le double rôle
elu skjŒrgârd norvégien. .
On comprend, dans ces conditions, que, pour la Norvège,· ce qui
constitue la côte, ce n'est pas du tout la limite du territoire continental,
mais c'est la limite extérieure du skjŒrgârcl.

Nous touchons là à un élémentqui est tout à fait essentiel dans le
procès, parce que, si la côte se trouve à la limite du skjŒrgârd, une
conséquence découle nécessairement de cette constatation : les eaux
qui sont en deçà de cette limite sont des eaux intérieures et ne sont
nullement des eaux assimilables aux eaux territoriales, c'est-à-elire aux
eaux qui se trouven,t dans la mer ouverte.
Cette notion que je viens de caractériser brièvement - la côte. se
trouvant à la frange elu skjŒrgârd et toutes les eaux du skjaergârcl
étant des eaux intérieures - fait partie des plus anciennes traditions
juridiques du pays.
L'idéed'assimiler les eaux du skjŒrgârcl aux eaux de la mer territo­
riale, c'est-à-dire à des eaux qui sont extérieures à la côte, ne pourrait
même pas entrer dans le cerveau d'un Norvégien.

Et les Norvégiens ont raison, car cette idée est inadmissible, parce
que contraire à la réalité.
La réalité,c'est que la côte norvégienne se trouve bel et bien à la
frange du skjŒrgârd. C'est ainsi que les choses se présentent quand
on vient ete la mer.
Quand un marin approche de la Norvège, que voit-il comme côte ?
Il ne voit pas la côte elu.continent qui lui est cachée par les rochers
et les montagnes du skjŒrgârd. La côte norvégienne pour lui, ce sont
précisément ces montagnes et ces rochers. ·
La mêmeconclusion s'impose pour les habitants du pays. Du point
de vue social, économique et administratif, le continent et les formations

du skjŒrgârd constituent un tout, un complexe indissoluble.
I3178 PLAIDOIRIE DE i\1BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 51

Tout à l'heure, M. l'agent du Gouvernement norvégien soulignait
que les circonscriptions administratives et ecclésiastiques ne s'arrêtaient
pas au continent ou aux îles, mais qu'elles les chevauchaient. Certaines

îles, par exemple, font partie d'un c<mton dont le centre administratif
se trouve sur le continent. Vice versa, une partie du continent relève
d'un canton dont le chef-lieu se trouve dans une île.
Il en est de mêmeau point de vue ecclésiastique. Les premières églises
chrétiennes ont été généralement fondées dans les îles. Aujourd'hui
encore, une mêmeparoisse comprend des parties insulaires et des parties
continentales.
Dans ces conditions, comment faire admettre par les gens du pays
que la côte norvégienne se trouverait à la limite de la terre ferme et
que les eaux du skjŒrgârd seraient situées en dehors, au delà de la côte?

Une pareille conception est absolument inadmissible.

[Séancepublique dtt 5 octobre I95I, après-midt]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, j'ai eu l'honneur ce matin
de donner quelques précisions au sujet de la configuration de la côte
norvégienne.
Mais ce qui fait l'originalité du cas de la Norvège, ce ne sont pas
seulement ses particularités géographiques. Il y en a d'autres auxquelles

on pense moins souvent, mais qui sont pourtant capitales elles aussi.
Il y a notamment le climat et il y a les conditions de la vie économique.
Ce matin, M. l'agent du Gouvernement de la Norvège a attiré
l'attention de la Cour sur un point important: c'est que la région liti­
gieuse se trouve située au nord du cercle polaire.
Je voudrais à ce propos citer encore la publication britannique Norway
Pilot. Après avoir décrit la côte norvégienne au nord de Trondheim
(et toute la zone litigieuse se trouve bien au nord de cette ville). le
Norw:ty Püot s'exprime comme suit :

«Quand on ajoute à cela la proximité immédiate d'un climat
sub-arctique, où l'hiver occupe les 3/4 de l'année, on comprendra
qu'au nord de Trondheim, çe pays est séparé elu reste du monde
par toutes les conditions physiques qui le caractérisent. »

Que la Cour veuille bien retenir cette phrase : ccce pays est séparé
du reste du monde par toutes les conditions physiques qui le caractérisen».
On comprend que dans cette partie excentrique du monde, les condi­
tions d'existence soient rudes. Je ne parle pas seulement des tempêtes
de l'océan Glacial, je ne parle pas seulement des longues nuits de l'hiver
boréaloù le soleil n'apparaît mêmepas à l'horizon ; je parle des ressources
dont la population dispose pour vivre. L'agriculture et l'élevage n'occu­
pent nécessairement qu'une place tout à fait secondaire dans ces régions,
et mêmeà l'extrême nord, la végétation fait complètement défaut. On

peut dire sans exagération aucune que tout dépend ici de la mer. C'est
la pêche qui est vraiment l<Lclé de voüte de toute l'économie de ce
pays. Ailleurs, clans la plupart des autres pays maritimes, les ressources
de la mer viennent en quelque sorte s'ajouter aux ressources du sol.
11y a des terres, il y a des fermes, et puis il y a la pêche.
Ici,la mer remplace en quelque sorte la terre et on peut se représenter
ce que sont pour les habitants de ces régions les fonds de pêchequ'ils PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 5 X ji I79
exploitent : ce sont vraiment leurs champs, et enlever à ces gens leurs
fonds de pêchetraditionnels, c'est tout simplement leur enlever leurs
champs.
On s'étonne quelquefois que ce pays soit habité. En entrant dans

ces régions,l'impression que l'on éprouveest celle d'une nature tellement
sauvage qu'elle paraît inaccessible à la vie sociale. Et puis tout-à-coup,
on découvresur une île ou au pied d'une montagne quelques habitations.
C'est un village de pêcheurs,qui s'est en quelque sorte incrusté dans la
roche.
Il y a, je dois le dire, quelque chose d'émouvant dans cette découverte.
On se demande comment la vie humaine a-t-elle pu se fixer, comment
a-t-elle pu se perpétuer dans ce milieu. Eh bien !le miracle c'est la mer
qui l'a accompli. Si la Norvège du Nord est habitée et si elle constitue
par conséquent un poste avancé de la civiHsation humaine, c'est grâce
aux richesses de la mer.
Il est établi que le peuplement de la Norvège du Nord est parti de
la mer, qu'il s'est d'abord répandu le long des côtes avant de pénétrer
à l'intérieur du pays. Ce peuplement est très ancien, et nous avons
indiqué dans notre Contre-Mémoire qu'on en trouve mêmedes traces
clans la préhistoire. On constate que ce peuplement s'est porté immé­
diatement à la périphérie,qu'il s'est porté dans les iles et le long de la
côte, c'est-à-dire aux endroits d'où l'on peut pécher. C'est la pêchequi

a attiré les hommes dans cette région,c'est la pêchequi leur permet d'y
vivre. Elle est vraiment, dans toute l'acception du terme, la conditiom
sine qua non de leur existence. Si la pèche disparaissait, il n'y aurait
plus rien ; ce serait la mort.
.M.aisil n'est mêmepas nécessaire qu'elle disparaisse. Il suffit qu'elle:
diminue, il suffit qu'elle descende au-dessous d'un certain niveau pour
que la population n'ait plus le moyen de subsister.
Cette population se contente de très peu de chose. Mais en fait, if
faut tout cl.emêmeque le produit de la pêchelui permette de se nourrir,
lui permette d'acheter ce qui est indispensable à son existence.
Si les conditions devaient devenir plus difficiles qu'elles ne le sont
aujourd'hui, eh bien! ce minimum indispensable ne serait plus assuré
et on assisterait alors à un phénomènede dépeuplement.
C'e,stune éventualité- je n'ai pas besoin de le dire- qui n'a absolu­
ment rien d'imaginaire et que la Norvège ne peut envisager sans une
certaine angoisse.

* • •

J'ai essayé de caractériser la situation très particulière dans laquelle
se trouve la zone litigieuse.

Il fallait commencer par là parce que les traditions juridiques du
pays ne s'expliquent qu'à la lumière de ces réalités. ·
Ces traditions, quelles sont-elle?
On y trouve un principe fondamental : c'est que la pêche côtière
est réservéeaux habitants du pays.
C'est un principe qui, en Norvège, remonte aux temps les plus.
reculés. Et le fait est d'autant plus remarquable que, dans la plupart:
des autres pays, on s'inspirait jadis d'une conception tou te différente.
Au moyen âge, les pays riverains de la Méditerranéeet des mers occiden-ISO PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 5 X 5I
tales appliquaient généralementle principe du droit romain d'après lequel

la pêcheétait libre pour tout le monde.
C'est que, dans ces pays-là, Je rôle de la pêcheétait en somme secon­
daire par rapport à celui de l'agriculture et de l'élevage.
M_aisen Norvège, comme aussi d'ailleurs dans certains autres pays,
en Ecosse et en Islande, par exemple, elle avait une telle importance,
elle était si indispensable à la vie de la population, qu'on a éprouvétout
naturellement le besOin de la protéger, de la réserVeraux habitants du
pays, à la population indigène, et d'en exclure les étrangers.
Ce principe est donc en Norvège fort ancien, il a toujours existé, et
c'est un principe que les rois de Norvège ont eu parfois à défendre.
Au paragraphe II de la Réplique du Gouvernement du Royaume-Uni
on lit ceci :

''Les régions septentrionales de Üt Norvège, étant donné les
grandes distances qui les séparaient des autres pays (àl'exception
de la Russie), n'étaient généralement pas accessibles aux pêcheurs
des autres pays jusqu'au début de la navigation à vapeur)),

et le texte ajoute que

"l'arrivée des premiers chalutiers à vapeur au large de la côte
du Finnmark, au cours des années qui précédèrentimmédiatement
la première guerre mondiale, souleva pour la première fois (en ce
qui concerne cette région)un problème ressortissant du droit inter­
national.. .. )),

Cette façon de présenter les choses n'est pas exacte; et elle est contre­
dite par des faits indiscutables.
Il est bien vrai que le chalutage moderne a donné à la question une
ampleur et une acuité qui étaient inconnues jusque-là. Mais il semit
faux de croire que le monopole de la pêchen'avait jamais eu à se défendre

contre des immixtions étra.ngèresavant le xxmc siècle, et que les côtes
de la Norvège septentrionale étaient, en fait, inaccessibles <mx marins
étrangers, à l'exception des Russes.
Les pêcheursd'autres pays - et tout pàrticulièrement les pêcheurs
anglais et hollandais - avaient parfaitement le moyen de s'y rendre.
Et ils ont essayéà plusieurs reprises de forcer la consigne.
Ils obtenaient parfoisdu roi des licences de pêche.Ces licences avaient
un caractère individuel, elles étaient limitées à une zone de pêchedéter­
minée et elles se présentaient - les textes en font foi - comme une
«grâce particulière , du roi. Et d'ailleurs, l'octroi de ces licences com­
por.tait le paiement d'une redevance.
Evidemment, il y avait là des dérogations à la règle, mais des déroga­
tions qui comportaient une reconnaissance des droits de la Norvège.
Car les étrangers qui pêchaient munis de ces licences ne le faisaient pas

en vertu d'un principe généraldu droit. ·ns le faisaient en vertu d'une
faveur qu'ils avaient sollicitéeet qui leur avait étéaccordée, je le répète,
moyennant redevance et comme une grâce particulière du souverain.
Il y a eu des licences de ce genre et nous en avons mentionné dans
les annexes de notre Contre-Mémoire. Nous avons donnédes textes.
Aussi longtemps que les étrangers se contentaient de pêcher en vertu
de ces autorisations spéciales,il n'y avait rien .à craindre. D'abord, ces
autorisations n'étaient pas très nombreuses, et puis le roi restait libre PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) ~ 5 X 51 r8r
de les accorder ou de les refuser. Les intérêtsde ses sujets étaient donc

pleinement sauvegardés.
Seulement, à un moment donné, le roi de Danemark et de Norvège
s'est trouvé devant des prétentions toutes différentes -devant des pré­
tentions qui menaçaient le principe même de son monopole. Et alors,
ila étéobligéde réagir, et il l'a fait.
En 1553, les Anglais ont découvert la route de la mer Blanche, ce
qui a posé la question de savoir si les navires étrangers pouvaient em­
prunter la mer Septentrionale, la mer de Barentz, en face des côtes
nôrvégiennes, pour se rendre dans la mer Blanche ou pour en revenir.
Cette question a étédiscutée. Elle a fait l'objet de controverses. Elle a
fini pa.r être résolue affirmativement. La liberté de .la navigation dans
la mer de Barentz a étéadmise.
Je dis: "la liberté de la navigation''· car il ne s'agit aucunement de
la l·ibertéde lpêche Il faut se ga.rder ici de faire une confusion.
La pêchea continué comme auparavant à êtreréservéeaux habitants
du pays. Ce qui a étéreconnu aux étrangers, c'est le droit de naviguer,

c'est le droit d'emprunter la mer Septentrionale pour se rendre en Russie
ou pour en revenir. Ce n'est pas du tout le droit de pêcherle long des
côtes de la Norvège.
Seulement, il est facile de comprendre que l'ouverture de la route de
la mer Blanche constituait un danger au point de vue de la pêche.
Les pêcheurs étrangers qui pouvaient maintenant navigue.r au large
.des côtes norvégiennes allaient êtreévidemment tentés d'en profiter pour
venir pêcherà proximité de ces côtes.
Et; en effet, on constate que les cas de fraude se sont multipliés, et.
il a fallu alors prendre des mesures plus énergiques.

Mais il y a plus. La question a changé juridiquement d'aspect. Elle
est devenue une question internationale. ··
Jusque-là, la Norvège s'était trouvée devant des pêcheurs isolésqui
commettaient ou essayaient de commettre des infractions individuelles
au monopole de la pêche.

Elle va se t.rouver maintenant, non plus devant des pêcheurs isolés,
mais devant un gouvernement étranger qui va prendre fait et cause pour
ses nationaux et la question va devenir alors une question internationale
dans le sens que nous donnons maintenant à ce mot.
C'est précisément avec l'Angleterre que les incidents se sont produits.
On était à la fin du règne de la reine Élisabeth. Des navires anglais
avaient étésaisis pa.r les autorités du Dapemark-Norvège pour avoir
pêchédans les eaux norvégiennes. La reine Elisabeth protesta. Quelle fut
sa thèse? Elle prétendit que la pêcheétait libre, que tout le monde avait
Je droit de pêchern'importe où et qu'un État, un souverain, ne pouvait
pas réserver la pêcheà ses nationaux, mêmeà proximité immédiate de
ses côtes.
Que fit la Norvège ? Elle tint bon, elle refusa de céder. Elle refusa
d'abandonner le principe du monopole. .
li y a eu alors des négociations. Elles ont eu lieu à Brême en I6oz.
Elles n'ont abouti à rien. Ces négociations de Brême sont intéressantes

parce que les deux parties sont restées su.r leurs positions et que J'on
peut voir exactement quelles sont ces positions.
Ces négociations de Brêmefont apparaître les tendances de la politique
anglaise qui s'efforçait, à ce moment-là comme aujourd'hui, d'ouvrirI82 PLAIDOIRIE DE M. BOORQOIN (NORVÈGE)- 5 X SI

les pêcheries de la Norvège aux pêcheurs anglais, sous l'égide de la
"liberté des mers"· D'autre part, eiles montrent une Norvège bien
clécidée,à ce moment-là comme aujourd'hui, à maintenir ce qn'elle
considère comme un droit essentiel et imprescriptible de 'sa population
:riveraine.
Comme je ·viens de le dire, les négociations de Brême n'ont abouti
à aucun résultat. Elles venaient de prendre fin quand la reine tlisabeth

mourut. C'est alors que la dynastie écossaise des Stuart est montée
sur le trône d'Angleterre, et avec elle lapolitiquedelaGrande-Bretagne
s'est engagée sur une tout autre voie.
Les conceptions écossaises avaient beaucoup d'affinités avec les
conceptions norvégiennes, si bien que l'entente se fit très facilement.
.Les protestations que l'Angleterre avait élevéescontre la saisie de ses
~navir persles autorités norvégiennes et qui avaient provoqué les entre­
tiens de Brême, ces protestations n'ont pas étérenouvelées. Aucune
suite n'a étédonnée à l'affaire, qui s'est donc terminée, en fait, à l'avan­
tage des Norvégiens.

Quelques années plus tard, le roi d'Angleterre ]acques 1 oreut même
t'occasion d'exprimer de la façon la plus nette son accord avec le roi de
Norvège sur le principe de l'interdiction de pêcheaux étrangers. C'est
à la suite d'une plainte du roi de Danemark et de Norvège Christian IV
que Jacques 1erprit cette attitude.
Des étrangers, et notamment des Anglais, s'étaient mis à chasser la
baleine dans les eaux avoisinant la Norvège, l'Islande, les Féroéet le
Groënland. Le roi Christian IV écrivit à Jacqnes Jerpour lui demander
de mettre fin à cette situation. Et le 26 avril r6r6, le roi d'Angleterre

répondit à Christian IV par une lettre· dont le texte est reproduit en
traduction française à l'annexe 99 de notre Duplique.
Dans cette lettre, Jacques I"rse déclare d'accord et promet que ses
sujets "s'abstiendront désormais de toute pèche dans ces régions ''·
Sa lettre contient cependant une réserve, en cc qui concerne le Groën­
land, car le Groënland " est non seulement une de ces régions du
Septentrion que nous avons étéles premiers à découvrir, mais encore
une possession de la Couronne anglaise, solennellement et légitimement
acquise n.

La lettre du z6 avril r6x6 est parfaitement claire.
On a essayé, du côté britannique. d'en réduire la portée.· D'après
nos adversaires, elle ne concernerait que la chasse à la baleine.
Je crois que cette interprétation ne résiste pas à l'examen. L'engage­
ment pris par Jacques Jcr est tout à fait explicite. Il promet que ses
sujets ffs'abstiendront désormais de toute pêchedans lesdites régions''·
Il ne parle pas seulement de la chasse ou de la pêcheà la baleine.
L'expression qu'il emploie est tout à fait générale.
D'ailleurs,cette attitude était en harmonie parfaite avec les tendances

<le sa propre politique. La thèse à laquelle Jacques l•J•donnait son
assentiment dans sa réponse au roi Christian IV est précisément ceHe
qu'il était en train de défendre lui-même; dans son propre pays, contre
ies Hollandais.
Je ne voudrais pas abuser des instants de la Cour en entrant ici dans
des détails historiques. La Cour me permettra de signaler qu'on trouve
ces détails exposés dans le livre classique de Fulton, The Sovereignly
of the Sea (pp. nS à zog). PLAIDOIRIE DE l\L BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 51 183

Il y a cependant, parmi les événements que Fulton relate, un incident
que je tiens à relever, car je crois qu'il est tout à fait significatif.
Au début de l'année r6r8- donc un peu moins de deux ans après la
lettre dont je viens de parler, la lettre de Christian IV - le mêmeroi
Christian IV se plaignit auprès du roi d'Angleterre que des pêcheurs
écossais se rendaient coupables de pêcher dans le voisinage des îles
Féroé, c'est-à-dire dans une des régions auxquelles s'appliquait la

promesse d'abstention de r6r6. Donc, nouvelle plainte du roi de Dane­
mark et Norvège au roi d'Angleterre, lui disant: «Des pêcheurs écossais
pêchent auprès des côtes des îles Féroé,c'est contraire à mes droits. n
Comment cette plainte a-t-elle étéreçue? Est-ce que Jacques 1er a
répondu qu'il s'était engagé à ne pas chasser la baleine, mais qu'il
n'avait pas pris d'autre engagement, et que, par conséquent, ses sujets
avaient parfaitement le droit de pêcher dans les eaux des îlçs Féroé?
Pas du tout. L'affaire a étéportée devant le Conseil privé d'Ecosse qui
a donné tort aux pêcheurs incriminés. Et là-dessus, le roi Jacques Ie.r
publia une proclamation portant que la pêchedans les eaux avoisinant

les îles Féroéétait réservée« aux habitants elu pays et aux autres sujets
du roi de Danemark>> et qu'il interdisait à ses propres sujets d'y pêcher
<<dansles limites du rayon visuel »,«sous peine de confiscation de leurs
vaisseaux ».
Voilà comment l'auteur de la lettre du 26 avril r6r6 l'interprétait
lui-même. On voit que cette interprétation ne concorde pas avec celle
qui a étédonnée par la Partie adverse clans ses écritures. On voit que
l'engagement pris en 1616 a bien étéinterprété par Jacques I•Jrcomme
ayant une portée générale,parce que, dans cet incident de r6.r8, il ne
s'agit plus du tout de chasse à la baleine ; il s'agit de la pêcheordinaire

au sens usuel du mot.
On elit que la politique de la Grande-Bretagne s'est engagée plus tard
clans une autre direction. C'est exact. Il y a eu, dans la politique maritime
de la Grande-Bretagne, des fluctuations importantes qui font d'ailleurs
contraste avec la continuité de la politique norvégienne.
Cette différence s'explique très aisément. Les intérêts maritimes de
l'Angleterre et de l'Empire britannique ont varié et ils ont pu être
compris de manières différentes aux différentes époques de l'histoire.

Au contraire, la politique norvégienne est commandée, peut-on dire,
par une situation immuable clans ce qu'elle a d'essentiel. La nature n'a
pas changé. La structure de la côte n'a pas changé. La nécessitéd'assurer
à la population les ressources de la pêche,qui sont indispensables à son
existence, est aussi forte, aussi impérieuse aujourd'hui qu'elle l'était
il y a 300 ou 6oo ans. ·
Le Gouvernement norvégien comprend très bien les variations de la
politique britannique. Ce qu'il comprend moins bien, ce sont les raisons
pour lesquelles il devrait en supporter le contre-coup.
Or, un fait est certain : c'est qu'en 1616, Jacques 1era reconnu en

sa qualité de roi d'Angleterre la légitimitédes prétentions norvégiennes.
Et un autre fait est tout aussi certain : c'est que, depu-is ce moment-là
jusqtt' la veille de la guerre de I9I4, la question de la pêchedans les eaux
nor11égiennesn'a plus soulevéla moindre difficulté entre la N orvègcet la
Grande-Bretagne.
Pendant ces trois siècles, aucune contestation n'a surgi, aucun dés-ac­
coreln'est venu troubler la bonne entente. Tl a fallu que les chalutiers184 PLAIDOIRIE DE ill. BOURQUIN (NORVÈGE} - 5 X 51

britanniques fassent leur apparition devant les côtes du Finnmark pour
que cet état de choses prenne fin.
Comment s'explique cette absence de toute protestation, de toute
difficultéentre la Grande-Bretagne et la Norvège, comment s'expliquent
ces trois siècles sans nuages ?
L'explication est simple: c'est que la promesse de r6r6 a ététenue
et que les pêcheursbritanniques ont cesséde venir disputer aux Nor­
végiens leurs fonds de pêche.
Le Gouvernement britannique semble mettre en doute la réalitéde
ce fait.Il dit, dans sa Réplique, au paragraphe 14, qu'il <<n'aaucune
raison de croire qu'à part la chasse à la baleine, qui fut interrompue
pendant un certain temps en vertu d'un accord conclu par le roi
Jacques Ier,les bateaux anglais aient cessé de pêcher dans les régions
de la côte du Finnmark ll.

<<Quoiqu'il en soit - ajoute-t-il-, il est clair que les rois danois,
malgré les efforts considérables qu'ils déployaient, ne furent pas en
mesure d'interdire leurs eaux aux pêcheurs néerlandais. ))
Le Gouvernement britannique, la Cour l'aura constaté, n'affirme
pas que les pêcheursanglais auraient continué à venir pêcherdans les
eaux elu Finnmark. Il se borne à déclarer qu'il n'a aucune raison de
croire qu'ils auraient cessé de se rendre dans ces eaux.
Il n'a aucune raison de croire.... C'est facile à dire, mais il faudrait
tout de mêmeapporter, me semble-t-il, quelques élémentsde preuve
à l'appui de cette opinion extrêmement évasive. Or, .on n'en apporte
aucun. Tout ce que l'on trouve à dire, c'est que les rois du Danemark
n'auraient pas réussi à se débarrasser des pêcheurs hollandais, et cela
<<malgré·les efforts considérables qu'ils déployaient )).
Je commence par dire que nous faisons toute réserve au sujet de
cette affirmation . .Maisil est clair, me semble-t-il, que, loin de corroborer
là. thèse britannique, elle l'affaiblit singulièrement, et cela pour deux

ra1sons.
D'abord, s'il était établi que des pêcheursbritanniques ont continué
à fréquenter les eaux du Finnmark pour venir y pêcher,c'est sur ce
fait-là que l'on insisteraitet non pas sur la présence des Hollandais.
Cette référenceaux Hollandais prouve a contrario que l'on n'a rien
trouvé en ce qui concerne les Anglais.
D'autre part, on admet expressément que si les Hollandais ont réussi
à venir pêcher au Finnmark, c'est contre la volonté eluGouvernement
norvégien et en dépit de ses efforts considérables.
Ainsi, onadmet non seulement que la Norvège a maintenu intégrale­
ment le principe de l'exclusion des étrangers, qu'elle n'a pas abandonné
ce principe, mêmetemporairement, mais on reconnaît qu'elle a déployé
des efforts considérables pour assurer le respect de ce principe.
Or, cela me paraît essentiel. Des interdictions sont toujours exposées
au risque d'infractions. Il n'y a pas une loi, ni une convention, si solide

soit-elle, qui soit complètement à l'abri d'un danger de ce genre. Il y
a toujours eu des criminels. Cependant, les lois pénales existent et ce
sont elles qui représentent l'ordre juridique en vigueur.
Est-ce qu'il y a eu, au cours elu xvume et elu xvmme siècle, des
infractions individuelles à l'interdiction de pêcherclans les ·eaux norvé­
giennes? Cela n'est pas douteux. Il y a eu notamment certaines infrac­
tions commises par des pêcheurs russes et dont j'aurai l'occasion de
parler ultérieurement. Et, en dehors des irrégularités qui ont été PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 51 185

constatées, ilest infiniment probable qu'il y en a d'autres qui ont échappé
à la vigilance des autorités norvégiennes. Il serait impossible, même
actuellement, avec les moyens de contrôle dont on dispose, d'assurer un
examen absolument efficace, absolument imperméable, si je puis dire,
le long d'une côte aussi étendue et aussi tourmentée que celle-là.
Mais la question est de savoir si les autorités norvégiennes ont main­
tenu le principe de l'interdiction et si elles ont pris des mesures pour

empêcherque l'on enfreigne ce principe. Or, le doute paraît impossible
sur ce point. Nous avons cité, dans notre Contre-Mémoire et dans notre
Duplique, une séried'actes officiels qui prouvent non seulement le main­
tien de l'interdiction mais encore la préoccupation active et constante
·du gouvernement d'en assurer le respect. .
]e ne voudrais pas reprendre ici l'analyse de ces différents actes, car
je ne veux pas abuser des instants de la Cour. On les trouve aux para­
graphes 602 à 6og de notre Duplique. La Cour me permettra d'en rap­
peler succinctement la chronologie:
· En 165r, instruction du roi aux gouverneurs du Nordlan_d et de la

Laponie;
· En 1679, traité de paix avec la Suède, dont une clause secrète con­
firme l'interdiction de pêche;
En 1.687,instructio;n au préfet du Finnmark ;
En 1743, 1745 et 1746, mesures prises par le préfet du Finnmark à
l'égard des pécheurs russes ;
En 1747, rescrit royal approuvant l'action du préfet;
En 1747 et 1748, démarches diplomatiques à Saint-Pétersbourg et
assurances données par le Gouvernement russe ;
En r792, instructio!!s données au préfet du Nordland par le ministère
du Commerce et de l'Economie générale.

Ces actes s'échelonnent, on le voit, 'tout au long du xvrrmc et du
XVIII"''siècle. Depuis la lettre de Jacques 1erde 1616 jusqu'aux ins­
tructions de I792 au préfet du Norc\land, la chaîne est continue.
Quel a étéle résultat de ces efforts ? Est-ce qu'il y a encore eu des
menaces sérieuses comme il s'en était produit dans les dernières années
du xvrmc siècle et dans les premières années du xvrrmnsiècle ? Pas le
moins du monde. Tout est calme en général.
Le Dr Rrestad, qui s'est livré à des études'approfondies de la ques­
tion et qui a fouillé non seulement la littérature mais les archives, le
constate dans son livre ((Les Eaux du Roi n (Kongens Stromme):

((ll n'y a.,pour ainsi dire, pas de réclam<üions en Norvège à
l'égarddes pêcheursétrangers.... Jl

11a relevé dans certains ouvrages du xvuJ.m"sièclela présenceplus ou
moins .fréquentede pécheurs étrangers à des distances de dix et de seize
lieues de la côte. La lieue valait alors six milles marins. Cela représente
par conséquent un éloignement de 6o à g6 milles.

"Mais- ajoute Rrestad- les pêcheursétrangers n'ont pas pra­
tiquéla pèche côtière dans les eaux norvégiennes.
En général,les pêcheursnorvégiens disposaient sans conteste de
leurs lieux de pêche. A ce point de vue, la Norvège était dans une

situation autre que le Danemark, qui, du moins jusqu'à la fin du
xvl!mc siècle. fut visité par des pêcheursétrangers, des Suédois
entre autres. C"est pourquoi, dans les articles secrets adoptés àIR6 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 51

l'occasion du traité de paix conclu le 27 septembre r679 entre le
Danemark-Norvège et la Suède, .... on stipule :
<<Toutefois, les privilèges particuliers que Sa Majesté royale du
~Danemar akoctroyés à ses sujets aux îles Féroéet en Islande,
<ainsi que la pêchesur les côtes norvégiennes, privilèges exclusive­
''ment réservésattx St<fets y résidant .... resteront en vigHeltr afin
<<tt'attwn préjttdt:Cne leur soit porté dans l'e:t:ercicede cesdroits. "''

Ainsi, le monopole de la pêchesur les côtes de la Norvège du Nord
était si réel, si effectif, que les pêcheurs suédois se sont vu refuser les

avantages qu'ils sollicitaient, afin qu'il ne soit pas porté préjudice à une
situation acquise. · · ·
Pour essayer de justifier son opinion, le Gouvernement britannique
a cité une phrase de Fulton. A la page 528 de son livre The Sm•ereignty
of the Sea, Fulton écrit ce qui suit : <<Mais les efforts du Danemark en
mte de consen•er le monopole de la pêcheet dt.t commerce dans les mers
arctiques ont étéintermiltents et inefficaces. "
On avouera qu'en toute hypothèse, une affirmation aussi vague ne
constituerait pas une preuve suffisante pour écarter les obser.vations
beaucoup plus précises que je viens de présenter.
Mais j'ai eu la curiosité de relire cette phrase e;nla plaçant dans son

contexte. J'ai pu constater que l'observation de Fulton vise, non pas
spécialement la Norvège, mais l'ensemble des possessions dtt roi tle Dane­
marlt et tout pari·iculi.èrementl'Islande.
Les phrases qui la précèdent concernent la pêche dans les eaux
islandaises, et il est manifeste que c'est cela que l'auteur avait en vue.
. D'autre part, Fulton ne parle pas seulement de la pêche,il parle aussi
du commerce. Je cite:

"La revendication par le Danemark d'tm mare clausum incluait
aussi Je monopole du commerce dans ces régions éloignéesoù il
était interdit de tra.fiquer avec les indigènes»

Et c'est tout de suite après cette remarque qu'il ajoute :

« l'dais les efforts du Danemark en vue de conserver le monopole
de la pêcheet du commerce dans les mers arctiques ont étéinter­
mittents et sans efficacité. ,

Voilà comment la phrase se présente dans son contexte, et elle n'a donc
pas du tout la portée qu'on a prétendu lui donner au paragraphe 14
de la Réplique britannique.
Je ferai une observation analogue au sujet d'un incident qui a été
invoqué à la barre par sir Frank Soskice. ·
Sir Frank Soskice a fait état l'autre jour d'une contestation qui a

surgi en 1740 entre la Hollande et le Danemark au sujet de la pêche
le long des côtes de l'Islande. ·
Les Hollandais prétendaient avoir le droit de pêcherjusqu'à la portée
de canon du rivage, tandis que le roi de Danemark ne voulait pas leur
reconnaître ce droit à moins de quatre lieues des côtes (ainsi que je
le rappelais tout à l'heure, la lieue Mait de six milles marins ; c'est donc
une zone de pêchede 24 milles que le roi de Danemark exigeait au mini­
mum). Il y avait donc une contestation entre les Hollandais et le roi PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 51 I87

<deDanemark au sujet de la pêchedans les eaux islandaises: les Hollan~
·dais voulaient pêcherjusqu'à Ia portée de canon, et le roi de Danemark
ne leur reconnaissait pas ce droit à moins de quatre lieues. Le ministre
-de Grande-Bretagne à Copenhague, sur instruction de son Gouvernement,
fut chargé d'appuyer le point de vue des Hollandais.
Quel argument entend-on tirer de ce fait ? Si je comprends bien, cet
:argument est le suivant : .
Puisque l'Angleterre a donné son appui diplomatique à la démarche

-des Hollandais dans cette contestation, c'est qu'elle partageait ses vues,
·et si elle partageait ses vues on peut présumer qu'elle aurait, elle aussi,
revendiqué le droit de pêcher jusqu'à une portée de canon des côtes
·norvégiennes, dans l'hypothèse où le problème se serait posé.
Nous répondons d'abord que les déductions hypothétiques sont tout
:à fait irrelevantes dans une matière comme celle-ci. Il ne s'agit pas de
·savoir ce que l'Angleterre aurait fait ou n'aurait pas fait dans certaines
·éventualitésqui ne se sont pas produites; il s'agit de savoir ce qu'elle
.a faitet ce qu'elle n'a pas fait.
A-t-elle protesté contre les prétentions du roi de Danemark et de
·Norvège en ce qui concerne le monopole de la pêchele long des côtes
-de la Norvège? Personne ne pourrait le prétendre. Il n'y a eu aucune

protestation, aucune démarche, aucun geste permettant de croire que
"l'Angleterre élevaitdes doutes au sujet de la légitimitédes revendications
-du roi de Danemark et de Norvège en ce qui concerne les côtes norvé­
giennes. Nous sommes clone simplement dans le domaine des déductions
hypothétiques, comme je le disais tout à l'heure.
Nous répondons aussi qu'il n'est pas permis de confondre la question
-de la pêchedans les eaux islandaises avec la question de .la pêchedans
les eaux norvégiennes. Car il y a un fait qui est certain, qui est incon­
testable : c'est que le régimedes étrangers Je long des côtes de l'Islande
.a toujours étéun régimeparticulier qui n'était pas du tout le mêmeque
le régime des étrangers le long des côtes norvégiennes. Il est vrai que

l'Islande relevait de la Couronne danoise, mais les rapports avec les
étrangers y étaient soumis à des règles particulières et ont toujours fait
l'objet d'arrange1nents spéciaux.
Je crois qu'il est inutile de démontrer ce fait parce qu'il est incontes­
table. Cette démonstration m'entraînerait un peu loin. Mais il suffit par
·exemple, pour en êtreconvaincu, de consulter le livre de 1\cestad sur
cLa Mer territoriale )),notamment aux pages 74 à 76 de ce livre. Les
·faits me semblent dépourvus de toute pertinence. On se place clans une
hypothèse qui ne s'est jamais réaliséeet on assimile- ce qui est tout
.à fait injustifi.é-ce qui aurait étéfait vis-à-vis des côtes norvégiennes
.à ce qui a étéfait vis-à-vis des côtes islandaises : deux régimesdifférents.
La conclusion que nous pouvons tirer de ces différents élémentsme
·paraît évidente. Il est acquis d'abord que le monopole de la pêcheexercé

par les Norvégiens le long de leurs côtes n'a plus étécontesté depuis le
-début du xvnmc siècle; que les protestations de la reine Elisabeth se ·
-sont heurtées à un refus très net de la part du roi de Danemark et d.e
Norvège. Il est acquis que le successeur de la reine .Ëlisabeth, Jacques er,
~non seulement s'est abstenu de renouveler ces protestations, mais a
Teconnu positivement la légitimité des prétentions norvégiennes et a
promis de les respecter.
Il est acquis que depuis lors, c'est-à-dire depuis r6r6, les pêcheurs
britanniques se sont abstenus de venir faire concurrence aux. pêcheurs!88 PLAIDOIRIE DE i\L BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X SI

norvégiens et que cette abstention a duré jusqu'au moment où les chaht­
tiers ont fait leur apparition devant les côtes du Finnmark oriental,
c'est-à-dire jusqu'à la veille de la première guerre mondiale.
li est acquis enfin que pendant ces trois siècles aucune contestation
ne s'est élevéeentre la Grande-Bretagne et la Norvège au sujet du mono­
pole de la pêchedev<mt les côtes norvégiennes; qu'aucun geste n'a été
fait par le .Gouvernement britannique qui pût être interprété comme
impliquant une opposition quelconque a:ux droits de la Norvège.
Il serait difficile cl'imaginer une consolidation historique plus certaine
que celle-là.

C'estpeut-être ce qui a pousséJeGouvernement britannique à soutenir
une thèse assez étrange, d'après laquelle la continuité historique serait
dépourvue de toute signification avant le XIX"'"siècle.
Cette affirmation, qui apparaissait déjà dans les écritures, a été
longuement développée à la barre, et nos adversai ryssont mêmerevenus
à plusieurs reprises. D'après eux, la révolution du mare liberum aurait
établi une espèce de coupure dans l'histoire, si bien que tous les faits
antérieurs à cette révolution n'auraient plus aucun intérêtpour nous.
Et c'est aux environs de l'an rSoo que l'on établit le barrage.
Cette façon de présenter les choses appelle, me semble-t-il, les réserves
les plus expresses. C'est un peu comme si l'on disait que l'histoire de la
France ne commence qu'à la Révolution de I]Sg.

Qu'il y ait eu une révolution du mare liberum, personne ne le conteste.
Et personne ne conteste non plus que cette révolution ait exercé une
influence décisive sur le droit maritime moderne. Le droit maritime
moderne porte essentiellement la marque de ces idéesnouvelles.
Mais comment le changement s'est-il historiquement réalisé? Il
s'est réalisépar une réductiongradttelle despré~enti àolnsouveraineté
des mers. Sous l'action des idéesnouvelles, les Etats ont dû réduire leurs
anciennes revendications. Et ils les ont réduites progressivement jusqu'au
point actuel. ·
1:;-ulton,auquel je fais encore une fois appel, caractérise très bien le
phénomène. Et il note d'ailieurs qu'il y a à cet égard des différences entre
les situations historiques des États. Il admet que ce qui s'est passé en
Angleterre est différent de ce qui s'est passédans d'autres pays.

Pour l'Angleterre, il admet qu'il y a eu une sorte de rupture entre le
passéet le présent. Mais il constate que, pour d'autres pays, cette rupture
n'existe pa~. Et, chose intéressante, le cas sur lequel il insiste le plus
et qu'il donne comme exemple typique est précisément celui de la
Norvège. Dans le cas de la Norvège, dit-il, il y a eu une continuité dans
le développement historique. Et il emploie cette expression très juste
que nous sommes aujourd'hui devant ccle résidu , des anciennes reven­
dications norvégiennes. Et il ajoute: "Les droits exclusifs étémaintenus,
tandis que l'espace où ils se sont exercéss'est rétréc11
Ce passage figure à la page 538 du livre de Fulton, et il est reproduit
au paragraphe 309 de notre Duplique.

Je viens de citer Fulton, qui est une autorité en la matière en raison
des recherches historiques approfondies auxquelles il s'est livré. lVIais
son opinion est corroborée par beaucoup d'autres témoignages et, sans
sortir du groupe des jurisconsultes britanniques, nous en avons mentionné
plusieurs dans nos écritures.
11y a par exemple sir Henry Maine, auquel Fulton d'ailleurs se réfère.
11y a Hall, dont nous avons reproduit l'opinion au paragraphe 306 de PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 5 X 51 189

notre Duplique. Il y a Pearce Higgins et Colombos, qui sont cités au
paragraphe 308. Il y a également sir Cecil Hurst.
Dans un article qu'il a publié dans le British Year Book of lnter­
natioual Law de 1922-1923, sous le titre Whose is the bed of the Sea, sir
Cecil Hurst justifie de la manière suivante les revendications de la
Grande-Bretagne concernant les pêcheries sédentaires qui dépassent
la limite des eau:\: territoriales :

<<La propriétédu lit de la mer à l'intérieur de la limite de 3 milles
est le résidu de prétentions plus vastes à la propriété et à la souve­
raineté du lit de la mer. Ces prétentions ont étéréduites par l'abandon
tacite de revendications plus vastes. Par conséquent, là où l'occu­
pation de certaines portions du lit de la mer situées au delà de la
limite des 3 milles a étéeffectivement maintenue, ces prétentions
s9nt actuellement valables, et doivent êtrereconnues par les autres
Etats.»

Le texte que je viens de reproduire en traduction française figure au
paragraphe 322 de notre Contre-Mémoire (vol. I, p. 419).
La Cour me permettra de citer également l'opinion d'un juriste
italien qui est mort prématurément, mais qui a laissé de_sétudes très

intéressantes sur le problème du domaine maritime de l'Etat. Je veux
parler de Claudio Baldoni.
Dans le cours qu'il a professé en 1938 à l'Académie de droit inter­
national de La Haye sur <Les navires de guerre clans les eaux
territoriales étrangères n, Balcloni explique de la même façon que
sir Cecil Hurst les droits de l'État riverain sur ce qu'on est convenu
d'appeler les <<baies historiques».
Voici comment il s'exprime:

<<...à l'époque où la règle de la liberté des mers s'affirmait, les
baies de Cancale, des Chaleurs, de Chesapeake, de Conception, de
Delaware, de Fonseca et de Miramichi étaient déjà assujP.tties à la
souveraineté effective et permanente des Etats riverains. Le principe
de la liberté des mers n'a, partant, jamais étéen vigueur po~r elles.n

Ce passage du cours de Baldoni figure aux pages 221 et 222 du Recueil
des cours de l'Académie, 1938, tome III. Nous l'avons reproduit au
paragraphe 563 de notre Duplique.
Comme on le voit, ni Balcloni, ni sir Cecil Hurst, ni les autres juristes
que je viens de mentionner n'admettent la thèse exposée par la Partie
adverse, suivant laquelle tout ce qui précèdela période elu mare libermn
(limitée un peu arbitrairement au x1xmc siècle) serait sans importance
au point de vue des situations juridiques actuelles.

Un fait est clans tous les cas certain, c'est qu'en ce qui concerne la
Norvège, cette coupure révolutionnaire clans l'histoire est simplement
une vue de l'esprit.
La tradition norvégienne se caractérise précisémentpar son ancienneté.
Elle a des racines très profondes dans le passé, beaucoup plus profondes
que la plupart des autres traditions maritimes. Et c'est clans une large
mesure sur cette base historique que reposent les droits actuels de la
Norvège.
Les titres historiques tiennent une grande place dans le procès_actuel.
Or, a-t-on prétendu jamais que les titres historiques d'un Etat ne

pouvaient pas remonter au delà d'une certaine période de l'histoire?190 PLAIDOIRIE DE ?>!. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 51

On exige qu'ils aient une certaine ancienneté. Mais on n'a jamais soutenu,
me semble-t-il, que pour les apprécier il fallait s'arrêter à un moment
donné et qu'on ne pouvait pas aller plus loin dans le passé. Plus ils
sont anciens, au contraire, plus ils ont une chance d'êtresolides. C'est
pourquoi, d'ailleurs, la jurisprudence a toujours tenu compte en cette
matière du passé, mêmelointain.
Je ne citerai que deux exemples.
En 1904, la Haute Cour de Madras a eu à se prononcer sur la terri­
torialité dela baie de Palk, située au sud-est de l'Inde. Et elle a.admis.

cette territorialité en se basant largement sur les titres historiques de
l'Etat riverain.
Est-ce que la Cour de Madras a songé que, clans la recherche des.
titres historiques, elle elevait s'arrêter à 1'année 18oo, qu'il y avait eu
à ce moment-là une espèce de coupure formant clans l'histoire un abîme
infranchissable ? Pas le moins elumonde. Son arrêts'appuie sur l'attitude
des Puissances maritimes depuis le XVI"'"siècle.Et il invoque mêmeune
sériede faits beaucoup plus lointains, qui remontent jusqu'à l'Antiquité.
Nous avons cité cet arrêt de la Cour de Madras au paragraphe 581
de notre Duplique. On en trouve le texte complet clans les Indian Lau;
Reports, Sériede Madras, 1904, pages 394 à 422. ·
L'autre exemple que je désire mentionner également est celui de l'arrêt
rendu en 1917 par la Cour de justice centre-américaine au sujet de la
baie de Fonseca.

Dans ce cas également, les titres historiques ont joué un grand rôle.
Mais, pour établir ces titres, la Cour ne s'est pas tenue à la période
contemporaine. Elle a remonté tout le cours de l'histoire, y compris la
période de la colonisation espagnole.
Le Gouvernement norvégien se demande pourquoi l'histoire devrait
êtremutilée quand il s'agit d'établir ses propres droits historiques.

[Séancepublique dtt6 octobre I95I, matin)

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, je crois avoir établi que

la pêche côtière en Norvège a toujours étéréservée aux habitants
elu pays. Je crois avoir établi également que, depuis le début elu
XVII""' siècle, ce principe n'a plus étécontesté.
Mais une question se pose, que je vais examiner maintenant : Quelle
était l'étendue de la zone dont les étrangers étaient ainsi exclus?


• •

De nos jours, la zone de pêcheréservée,qui correspond à l'étendue du
domaine maritime de l'État de Norvège, a une largeur de 4 milles marins,
comptée à partir de lignes droites reliant certains points de la côte et
eluskj;;erg~trcl.
Seulement, cette limite est relativement récente. Elle n'a fait son
apparition, en cc qui concerne la pêche, qu'au x1xme siècle, clans des.
conditions que j'aurai à exposer plus tare\. Il s'agit clone de savoir quelle PLAIDOIRIE DE i\LBOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 5I I9I

était, avant l'adoption de ce système basé sur la règle de 4 milles, l'éten­
due de la zone de pêchequi était réservéeaux habitants du pays et dont
les étrangers se trouvaient, par conséquent, exclus.

.En réalité·,ce qui était réservé à la population locale, c'étaient les
bancs de pêcheeux-mêmes, les bancs de pêchequi sont situés en face
de la côte et que l'on considérait comme appartenant à cette population
locale.
L'emplacement de ces bancs de pêcheest indiqué aujourd'hui d'une
manière précisesur les cartes officielles. La Cour trou vera d'ailleurs ces
indications sur les cartes que la Norvège a produites en annexes à sa
Duplique et dont des reproductions agrandies se trouvent devant la
Cour.
Seulement, les cartes officielles ne donnent ces renseignements que

depuis une cinquantaine d'années. A la fin du x.txme siècle encore, il
n'y avait pas de documentation cartographique donnant la localisation
des lieux de pêchele long de la côte septentrionale de .la Norvège, la
seule qui nous intéresse. En cette matière, la documentation cartogra-
phique n'existait pas. ·
Cependant, ces bancs de pêcheétaient connus des pêcheursde la côte
depuis des siècles. Ils avaient étérepérés par des moyens empiriques
que les pêcheursnorvégienscontinuent d'ailleurs à employer aujourd'hui
encore, malgré l'existence de ces cartes officielles. Ce sont des procédés
qui sont transmis de générationen génération et dont les pêcheursde

la Norvège septentrionale avaient ainsi le secret.
Qu'était donc cette méthode empirique en usage et qui, comme je
viens de le rappeler, continue à l'être?
C'était le procédédes alignements, ou le procédédes "méd n, comme
on dit en Norvège. «Méd n est un vieux mot norvégien qui est encore
en usage aujourd'hui.
Qu'est-ce qu'un "méd,? C'est tout simplement une ligne de mire
tracée sur deux objets fixes.
Quand un pêcheur découvre un lieu de pêche qui lui parait être
intéressant et qu'il veut retrouver, il se tourne vers la côte et tâche

de découvrir, grâce à certaines particularités de la côte - certains.
amers, certaines élévations- deux lignes de mire qui se croisent sans
former un angle trop aigu, car, si l'angle était trop aigu, les deux lignes
se confondraient pratiquement et il serait difficile de s'y retrouver.
Par conséquent, le pêcheurqui, à un moment donné,découvre un fond
de pêche et désirele retrouver plus tard, tâche de découvrir deux lignes
de mire. Alors, le croisement, l'intersection de ces deux lignes de mire
indique l'endroit qu'il doit retrouver.
Sur les cartes que nous avons produites, nous avons porté à titre
d'exemple un certain nombre de <méd IJ,un certain nombre d'aligne­
ments. Je vais montrer à la Cour ce dont il s'agit. [M. Bourquin procède

à sa démonstration.] 0 .
Voici,par exemple, la carte il 7· Ce point noir marque l'emplacement
d'un lieu de pêchequi, il y a très longtemps- on ne sait pas exactement
depuis combien de siècles- a étédécouvert par des pêcheursnorvégiens.
Ceux-ci se sont dit : il faut que nous précisions et que nous retrouvions
l'endroit exact de ce lieu de pêche.Alors, ils ont regardé le skjŒrgard
et la côte et ils ont découvert la possibilité de tracer une ligne de mire
axée sur deux objets fixes, par exemple, la cime d'une montagne, une
échancrure dans la paroi d'un rocher, un écueil du skj<ergard, etc.192 PLAIDOIRIE DE 1\L BOURQUIN (~ORVÈG E6) X 51

Puis, ils ont établi une autre ligne de mire que voici. Et alors, l'inter­
section de ces deux lignes de mire localise l'endroit à retrouver.
Pour retrouver cet endroit, les pécheurs norvégiens usent d'un procédé
très simple: ils partent de la côte et ils suivent l'une des lignes de mire
jusqu'au moment oü ils aperçoivent les deux objets fixes qui forment

les amers de l'autre ligne de mire. A ce moment-là, ils sont sùrs d'être
au bon endroit, d'avoir atteint le lieu de pêchequ'il s'agissait de retrouver.
II arrive parfois que les pêcheurs ne parviennent pas à trouver deux
lignes de mire qui se croisent dans les conditions voulues. Alors, ils
doivent se contenter d'une seule ligne de mire, d'un seul alignement.
Voici un exemple. Ce point-ci [M. Bourquin le désigne sur la carte]
n'est pas déterminé par l'intersection de deux lignes de mire. Il n'y
en a qu'une. Cependant, en pareil cas, quand on ne dispose que d'une
ligne de mire, que d'un alignement, il est tout de même possible de
retrouver le lieu de pêche.Seulement, il faut se servir de la sonde. Le
pêcheur partira de la côte, suivra la ligne de mire et vérifiera la profon­
deur des eaux au moyen de la sonde. Quand il sera arrivé au point de

l'alignement où lit profondeur des eaux est celle qu'il avait notée, il
saura qu'il se trouve au bon endroit.
Voilà qudqt1es explications très simples, très élémentaires, mais qui
suffisent, à mon avis, pour faire comprendre ce qu'est ce procédé
empirique des alignements ou, comme on dit en Norvège, des ((méd ll.
Je n'ai pas besoin de dire que ce procédéest d'une application très
facile quand on se trouve devant une côte comme la côte de la Norvège
septentrionale, où les points de repère - montagnes, écueils, rochers
du skjŒrgârd- foisonnent littéralement et sont très faciles à trouver.
Depuis quand ce procédéest-il utilisé ? Il est probable qu'il est utilisé
depuis toujours. En tout cas, nous avons des documents qui établissent
de la façon la plus certaine que ce procédéest extrêmement ancien et

que, notamment, on l'appliquait ati cours du moyen âge. ·
·Comme je l'ai dit- mais j'y insiste, parce _queje crois que c'est utile
et intéressant pour le procès-, les pêcheursnorvégiens emploient encore
ce procédé.Les indications sont transmises de père en fils. Ce sont des
sortes de secrets que l'on garde clans la famille des pêcheurs de la côte
septentrionale. .
On a fait en Norvège des études intéressantes sur la pratique des
"méd n.Il y a notamment, dans cet ordre d'idées, les travaux du profes­
seur Helland, qui méritent d'être particulièrement cités et que nous
avons mentionnés au paragraphe rz de la Duplique. ]e ne voudrais pas
abuser des instants de la Cour, mais elle me permettra de lire, au sujet
de la pratique des "méd n,un passage du livre de RŒstad, ((La :Mer
territoriale».Voici ce qu'écrit Rrestad aux pages 40 et 41 de son ouvrage :

" .... les places de pêche les plus productives avaient une valeur
toute spéciale pour la population de la côte la plus proche. Aussi
voit-on que leur étendue était bien connue des pêcheurs qui les
exploitaient, s'orientant le plus souvent d'après des points de
repère qu'ils voyaient sur terre (méd). Ces places étaient désignées
sous des noms propres. Elles avaient donc, à plusieurs points de
vue, les qualités caractéristiques des propriétés immobilières.

Rien d'étonnant à ce qu'elles fussent gardées jalousement contre les
empiétements des pêcheurs étrangers. ))
Eh bien! ce sont ces fonds de pêche,situés en face de la côte et qui,
traditionnellement, depuis très longtemps, ont étérepérésau moyen du --------------------- -- -

PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 51 193
système des ((méd,,,c'est-à-dire du système des alignements, ce sont ces
fonds, dis-je, qui étaient considéréscomme appartenant à la population

locale et dont les étrangers étaient exclus.
RŒstad poursuit:

"L'exclusion des pêcheursétrangers portait plutôt sur les places
de pêcheque sur une zone déterminée des eaux côtières, la seule
limite générale qui pourrait êtreindiquée étant celle de la distance
comprise dans le rayon de la vue. ))

En dehors de cette pêchecôtière qui était réservéeaux habitants du
pays, il y en avait une autre. Il y avait une pêcheque nous appellerions

aujourd'hui "de haute mer''· une pêchehauturière qui, celle-là, était
ouverte à tout le monde. -
Cette pèche hauturière, RŒstad l'a définie comme étant celle qui
opère<(sans le secours d'aucun point de repère de la côte''·
Voilà donc comment la distinction était faite entre la notion de pèche
côtière, réservéeaux habitants, et la notion de pêchehauturière, ouverte
à tout le monde.
J'ajou te d'ailleurs que la pêchehauturièreau delà des côtes de Norvège
n'a pris une certaine importance que depuis la fin du moyen âge et que
la population norvégienne n'y prenait qu'une part réduite. C'étaient

surtout des pêcheursétrangers qui se livraient à la pêchehauturière.
L'intérêt,pour nous, c'est de savoir ce qui distinguait la pêche côtière,
réservéeaux habitants du pays, de la pêchehauturière qui était ouverte
à tout Je monde.
Eh bien! la distinction s'établissait ainsi que je viens de l'indiquer.
J."apêchecôtière était celle qui se pratiquait sur les bancs voisins de la
côte repérés par les" méd n.La pêchehauturière était celle qui se prati­
quait sur les autres bancs, sur des bancs plus lointains que l'on ne repérait
pas par ce moyen. Par conséquent, cette distinction n'était pas déter­

minée géographiquement par une ligne continue tracée à une distance
déterminéede la côte. Elle était, je le répète,déterminéepar la réalité
des bancs de pêche.
Et l'on comprend très bien qu'il en ait étéainsi, parce qu'on n'éprou­
vait pas le besoin de procéder autrement. La limite de la zone côtière,
elle, ne faisait l'objet d'aucune contestation et elle n'a jamais fait l'objet
d'une contestation.
J'étiparlé hier de la controverse qui s'est instituée entre .le Danemark­
Norvège et l'Angleterre au temps de la reine Elisabeth. Mais le débat
ne portait nullement sur .lalimite de la pêche côtière.La reine J~lisabeth
ne prétendait nullement que les rois de Norvège s'étaient assigné une
zone trÇ_Jpétendue. Elle soutenait une tout autre thèse. Elle prétendait

qu'un Etat n'a pas le droit de réserver la pêcheà ses habitants, même
à proximité immédiate de la côte. Elle prétendait que, du point de vue
de la pêche, la mer était entièrement libre et que tout le monde avait le
droit de pêchern'importe où. Là contestation ne portait donc pas du
tout sur l'étendue de la zone réservée,elle portait sur le principe d'une
zone réservée. Et, soit dit entre parenthèses, J'!1istoire a donné tort,
sur ce point, à la thèse soutenue par la reine Elisabeth, puisqu'il est
acquis aujourd'hui, sans l'ombre d'un doute, en droit international,
qu'un État est parfaitement justifié à réserver la pêcheà ses nationaux

dans la limite de son territoire maritime.
I4194 l'LAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 5I

Il n'y avait donc pas, je le répète, de contestation sur l'étendue de
la zone réservée,sur la limite de cette zone. Aucune nécessité,par consé­
quent, d'établir en cette matière une règle générale et de caractère plus.
ou moins abstrait. On avait la possibilité de s'en tenir à un état de
choses qui s'était forméempiriquement et qui ne soulevait aucune diffi­

culté pratique.
C'est encore ce que Rrestad fait observer à la page 131 de son ouvrage·
sur " La Mer territoriale » :

" .... le besoin d'une définition de la zone réservée ne s'imposa.
pas. Une tradition ancienne et ininterrompue faisait considérer les.
places de pêcheelles-mêmescomme une propriété des habitants. »·

Les alignements dont les pêcheurs norvégiens se servent encore
aujourd'hui permettent clone d'identifier les fonds de pêchede la côte,
et, en mêmetemps, ils confirment que ces fonds de pêchesont connus et.
sont exploités par les riverains depuis des temps extrêmement lointains,
on peut mêmedire depuis des temps immémoriaux, car ces alignements.
- comme je le rappelais incidemment tout à l'heure- ne sont pas des.
découvertes récentes.
Le professeur Hella.nd, dans une des étudesauxquelles j'ai fait allusion,
écrit ceci:

((C'est certainement une très vieille sagesse qui apparaît dans.
l'usage de ces méd. Le fait qu'on connaît des centaines de lieux
·de pêchequi ont étédénomméssur cette mer furieuse, indique
suffisamment que nous sommes en présenced'une pratique trans-·
mise de père en fils a:ucours des âges, et les noms sont si vieux que'

les pêcheurssemblent en avoir oublié le sens. »

Ce passage de l'étude elu professeur Helland est reproduit dans notre·
Duplique au paragraphe I2.

Comme .la Cour le voit, l'auteur fait allusion aux noms par lesquels.
leslieux de pèchesont désignés.En effet, la plupart de ces lieux portent
un nom individuel ; c'est là un autre moyen de vérifierleur ancienneté,
car les lieux de pêchene prennent un nom qu'à partir du moment où
ils sont exploités. Et dès l'instant où ils cessent d'être exploités ils.
perdent ce nom. Par conséquent, si un lieu de pêcheporte aujourd'hui
un nom qui est ancien, on peut êtreassuré que son exploitation s'est
poursuivie depuis l'époqueà laquelle se rattache le nom qui lui est donné.
Il y a toute une science qui est en train de se développer sur cette·
base. C'est une science qui n'est encore qu'à ses débuts, mais elle est.

déjà arrivée à des résultats extrêmement intéressants que malheureuse-·
ment ni Fulton ni R:oestadn'ont pu utiliser dans .leurs ouvrages.
L'étudede M. Hovda, directeur de l'Institut de toponymie de Norvège,.
qui figure à l'annexe 93 de notre Duplique et qui est consacréeaux lieux
de pêchede la régionlitigieuse, expose comment la chronologie des noms.
permet de reconstituer d'une manière suffisante la cbronologi.e des.
exploitations auxquelles ces noms se rapportent.
Le Gouvernement britannique ne conteste pas d'ailleurs l'ancienneté.
du système des alignements, du système des ((méd)).
Non seulement il ne le conteste pas, mais ille souligne et il prétend.
mêmey voir le véritable principe traditionnel de la Norvège. Cela est: PLAIDOIRIE DE !'Il. .BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 51 195

dit au paragraphe 18 de sa Réplique, et nous avons entendu sir-Frank
Soskice reprendre cette affirmation.
Pourquoi le Gouvernement britannique accorde-t-il ainsi une place

d'honneur, si je puis dire, au système des <méd"? C'est parce qu'il croit
découvrir une contradiction entre ce système et le décret litigieux de
1935·
Le Gouvernement britannique dit : 1Le décret de 1935 s'écarte du
système des " méd JJ,il ne fait pas application du système des 1méd JJ
e~, par conséquent, il ne se rattache pas à la véritable tradition norvé­
gienne. "
C'est parfaitement exact que le décret de 1935 n'est pas basé sur le

système des <1méd JJComme je le rappelais tout à l'heure- et j'aurai
l'occasion d'y revenir - une conception nouvelle est venue remplacer
au XIX''w siècle la conception traditionnelle. Au XIX"'" siècle, la concep­
tion traditionnelle a étéremplacée, en Norvège, par un système nouveau
basé sur la règle des quatre milles.
Le décret du 12 juillet 1935 fait application de ce système nouveau:
le système du xrxmc siècle, basé sur la règle des quatre milles.
Le Gouvernement britannique a donc parfaitement raison de dire

que le décret litigieux n'est pas basésur .l'àncienne conception, que j'ai
eu l'honneur d'exposer tout à l'heure à la Cour, mais qu'il est basésur
le système du XIX""' siècle.
Seulement - et voilà le point capital sur lequel je tiens à insister et
sur lequel nous aurons d'ailleurs à revenir - lesystèmedes quatre milles
qui a remplacé l'ancienne conception traditionnelle comporte une
réduction et quelquefois une réduction extrêmement considérable de
l'ancienne zone de pêchequi, pendant des siècles, avait étéréservée

à la population riveraine.
La zone de pêcheactuelle, telle qu'elle est délimitéepar le décret
de 1935, est beaucoup moins étendue que celle qui l'a précédée.C'est
un fait qui se vérifie très aisément dans la région litigieuse : il suffit
d'examiner les cartes que nous avons produites pour en être certain.
Sur ces cartes, nous avons tracé non seulement les limites du décret de
1935 mais aussi les limites des lieux de pêche,des fonds de pêche
traditionnels.
Comme je l'ai rappelé ily a quelques .instants et comme je le montre

sur la carte [M. Bourquin indique sur la carte des anciens lieux de pêche
et des alignements qui les localisent], nous avons ici à titre d'exemple
quelques 11méd ~.quelques alignements. [Il indique ensuite la nouvelle
limite de la zone de pêche du décretde 1935. "C'est- dit-il-la ligne la
plus visible sur la carte, tracée à quatre milles de la ligne de base. " 11
montre alors l'endroit où se trouve le point d'intersection des deux
lignes de mire de l'alignement.] ··
J'ai pris l'exemple d'un alignement oü la distance est encore plus

considérable. J'indique cela simplement en passant, à titre d'exemple,
parce que M. l'agent du Gouvernement norvégienaura l'occasion d'entrer
à cet égard dans de plus amples explications lorsqu'il fera l'exposédes
raisons qui ont amené le Gouvernement norvégien à tracer la ligne de
base de 1935 et quand il en fera en mêmetemps la critique. Il montrera.
alors d'une manière plus détaillée à la Cour la différencequi existe entre
Ia .limite des anciens bancs de pèche et la limite qui a ététracée en 1935.
Voilà le point essentiel, voilà le point qui est tout à fait capital :

c'est que Ia limite du système nouveau - la limite du décret de 1935rg6 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X SI
basésur le système des quatre milles qui a étéintroduit dans la pratique

au xrxme siècle- aboutit à une_réduction de la zone de pêcheriveraine.
Je crois qu'il y a d'autant moins de doutes sur ce point que nos adver­
saires ne contestent pas l'exactitude des données que nous avons
produites. D'ailleurs, nous avons entendu sir Frank Soskice, dans sa
plaidoirie,attirer même l'attention de la Cour sur le fai.t qu'il y a en
dehors de la limite du décret de 1935 d'importants bancs de pêchequi
étaient revendiqués autrefois par la Norvège.
Il y a donc là un fait essentiel et, en mêmetemps, un fait que nous
pouvons considérer comme définitivement acquis.

* * *
Avant d'examiner les conditions dans lesquelles la règle des quatre
milles a étéintroduite dans la pratique norvégienne au point de vue de

la pêche,je dois m'arrêter quelques instants à des incidents qui ont eu
lieu au milieu du xvmm" siècle et qui concernent les rapports avec les
pécheurs russes au Finnmark.
Le premier document où il est question de ces incidents est une lettre
du préfet du Finnmark en date du 28 octobre 1746.
Dans cette lettre, qui est un rapport adressé au roi, le préfet relate
que, lors de son arrivéeà Vard6- c'est-à-dire le chef-lieu du Finnmark
-, il a trouvé des bateaux de pêcherusses qui avaient péché dans leseaux
avoisinantes et dont les équipages étaient en train de saler le poisson.
Il expose ensuite les mesures qu'il a prises pour mettre de l'ordre dans
la situation.
Les patrons des bateaux russes ont étéconvoqués devant le tribunal
et le préfet leur a rappelé que les eaux dans lesquelles ils avaient pêché
«appartenaient incontestablement et exclusivement à Sa Majesté le roi

-deDanemark et de Norvège», et« qu'ils auraient dù {je cite toujours le
texte du rapport) non seulement demander 'autorisation de cette
pêche"• mais payer une redevance convenable «pour reconnaître très
-respectueusement le privilège dont ils avaient joui en pêchant dans les
eaux norvégiennes».
Les Russes ne contestèrent pas du tout le bien-fondé de ces observa­
tions. Au contraire, ils le reconnurent formellement.
''Dans ces conditions - écrit le préfet - il fut convenu ....
48 skillings danois
qu'ils paieraient pour la pêchede cette année
par embarcation à rame, que je présenterai en dû lieu leur demande
de continuer cette pêche»,mais qu'ils" ne devraient jamais s'appro­
cher avec leur train de pêcheà une distance inférieure à une lieue
du rivage, ni d'aucune autre manière porter le moindre préjudice
ou dommage aux habitants du pays.))

Et le préfet termine sa lettre en disant que, conformément à son
-devoir,il a fait«reconrraître la domination absolue de Sa .Mafestéroyale.
sur la mer a~ targe de ce pays».
Le document est reproduit à l'annexe 13, n° 1, de notre Contre­
:Mémoire.
De l'autre côtéde la barre, on soutient qu'il résulterait de ce rapport
que la zone de pêchenorvégienne avait déjà subi une amputation au
milieu du xvmme siècle, qu'à ce moment cette zone de pêcheréservée
aurait étéramenée à six milles marins. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -6 x· 51 197

Or, la lettre du préfet, non seulement ne corrobore aucunement cette
interprétation, mais elle dit exactement le contraire.
On voit très bien d'où l'équivoque est venue.
En effet, défense est faite aux Russes de pêcherà moins de six milles
de la côte. Par conséquent, dit-on, on leur reconnaît le droit de pécher
au delà de six milles.
C'est vrai. Mais on ne leur reconnaît ce droit que comme une faveur,
qu'ils doivent solliciter et pour laquelle ils doivent payer une redevance,
une taxe.
·Si le préfet avait admis que la zone côtière de la Norvège ne dépas­
sait pas six milles, la solution qui est intervenue serait simplement

incompréhensible, parce que, alors, les eaux situées au delà de six milles
auraient.fait partie de la haute mer, que tout le monde, y compris les
Husses, aurait eu le droit d'y pêcheren vertu d'un principe général,et
que, pour exercer un droit qu'on possède en vertu d'un principe général,
on ne doit pas solliciter une faveur ni payer une taxe. Les Russes, par
conséquent, auraient eu le droit de pêcher au delà de six milles; sans
permission et.sans redevance.
Mais ce n'est pas du tout ce qui a étéconvenu. C'est un privilège qui
leur a étéreconnu par le préfet. C'est un privi!.ègequi leur a étéaccordé
- la lettre le dit expressément -, et ce privilège a étésubordonné à
trois conditions : première condition, que les intéressésle sollicitent,une
autorisation préalable étant nécessaire ; deuxième condition, que les
intéressés payent une redevance ; troisième condition, qu'ils s'abstien­

nent de pécher à moins de six milles de la côte.
C'est donc parfaitement clair. ·
Le Gouvernement britannique essaie d'échapper à c!')tte logique du
raisonnement en soutenant que la redevance exigée des Russes n'aurait
pas représenté la contrepartie du droit de pêche, mais la contrepartie
de certains autres avantages qui leur étaient reconnus. Ce serait le prix
qu'ils auraient payé pour pouvoir se rendre à terre et y saler 'leproduit
de leur pêche.
Seulement, cette version est contredite par la lettre du préfet. Celui-ci
dit expressément que c'est <(pour la pèche" que les Russes doivent
payer une redevance.
On trouve d'ailleurs la confirmation de tout cela dans un rescrit
royal du IO février I747, qui est reproduit à l'annexe I3, no 2, de notre
Contre-Mémoire.
Dans ce rescrit royal - qui avait été provoqué par de nouvelles
plaintes- le roi approuve les mesures prises par le préfet du Finnmark

et il l'invite à y persévérer.
Il rappelle la substance de ces mesures et il dit - je cite:
"Le préfet rapporte .... que tous les ans, lors de la session du

tribunal de Varda, il avait rappelé aux Russes .... la redevance due
pour la pêche qu'ils exerçaient dans les eaux de la Norvège.))

"La redevance due pour la pêchequ'ils exerçaient dans les eaux de
la Norvège.)) C'est donc bien pour la pêcheque la taxe est exigée. Et
c'est pour la pêche pratiquée au delà de six milles marins, puisque,
ju'squ'à la limite de six milles marins, il y a au contraire, dans l'arran­
gement intervenu, une interdiction absolue de pêcher qui est faite aux
Russes.I98 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -6 X SI

Les ''eaux de la Norvège)) ne s'arrêtent donc pas à la limite de six
milles des côtes. Ellesvont au delà de cette limite. C'est ce qui ressort
clairement des pièces que je viens de rappeler.
Le rescrit royal de I747 est cl'a.illeurs intéressant aussi à un autre
point de vue. En effet, il indique les raisons pour lesquelles les Russes
se sont vu reconnaître le privilège dont j'ai parlé.
Si on leur refusait purement et simplement le droit de pêcher dans
les eaux norvégiennes, dit le rescrit, il serait à craindre que, de leur

côté, ((ils interdisent sur leurs frontières, aux habitantsdu Finnmark,
d'aller chercher le combustible et la mousse à fourrage dont ils ont
besoin)).
En somme, le privilège qui a étéaccordé aux Russes par les documents
dont j'ai parlé s'explique par des raisons de voisinage et par l'intérêt
qu'avaient les deux États à se concéder des avantages réciproques.
Ici, je dois souligner un fait qui semble avoir échappéà nos adversaires.
Sir Frank Soskice a parlé de l'activité des pêcheurs russes le long des

côtes norvégiennes, particulièrement au Finnmark. Il a mis en relief
l'importance de cette activité au cours du xvmmc et du xrxme siècle.
Le fait essentiel qu'il faut avoir présent à l'esprit pour comprendre
ce phénomène, c'est que des relations commerciales particulièrement
étroites ont existé pendant des siècles entre les Russes et les Norvégiens
dans cette région, les Russes apportant des produits de leur pays,
notamment la farine et le bois, et rapportant chez eux le poisson. Ce
trafic était d'un intérêtconsidérable pour les populations pauvres qui
habitent cette partie excentrique du monde. ··
On trouve de nombreux. témoignages de cet état de choses. Je n'en
citerai qu'un. ·

Pendant la guerre de Crimée, les Gouvernements anglais et français,
qui étaient en lutte avec la Russie, ont consenti à ce que le troc pratiqué
par les Norvégiens du Nordland et du Finnmark, d'une part, et par
les sujets russes des côtes de la mer Blanche, d'autre part, continue
sans entraves malgré la guerre. C'était donc la reconnaissance d'une
nécessité spéciale, d'un trafic, d'un troc entre les populations de ces
régions. Il s'agit donc de relations d'un caractère tout à fait spécial,
résultant du voisinage et de l'intérêtcommun des deux populations.
C'est ce qui explique notamment les privilèges don_t je parlais tout à
l'heure. Ces privilèges, qui ont été reconnus aux Russes devant les
côtes du Finnmark au milieu du xvmmc siècle, se rattachent à la
situation que je viens d'évoquer en quelques mots.
Il résulte d'autre part des pièces que nous avons versées au dossier
que le Gouvernement russe, non seulement n'a élevéaucune objection
contre les mesures qui ont étéprises en Norvège à l'égard des pêcheurs

russes, mais qu'il a reconnu· à plusieurs reprises la parfaite légitimité
de ces mesures.
Cela ressort de l'ordre de l'impératrice Élisabeth du mois de mars I747·
Cela ressort encore d'un rapport du ministre de Danemark et de Norvège
à Saint-Pétersbourg du mois de novembre I?48. Cela ressort d'une note
adressée à ce même ministre par le Gouvernement russe au mois de
mai 1761, ainsi que d'une lettre du Gouvernement de Copenhague au
ministre de Russie en date du 23 novembre 1767. Ces pièces figurent
à l'annexe I3 du Contre-Mémoire, où elles portent les numéros 3, 4,
5 et 7· Il me paraît superflu d'en faire .icil'analyse. PLAII)OIRIE DE M. BOURQUIN (NOR'/ÈGE) - 6 X 5I 199

La Cour me permettra cependant de souligner la phrase suivante,
qui figure dans la note du Gouvernement russe du mois de mai r76r
<{annexe IJ,n" 5, vol. II, p. 46, du Contre-Mémoire) :

Les sujets de S. M. impériale russe ((.... qui vivent de la pêche
et qui vont la pratiquer dans les eaux norvégiennes ne le font
qu'avec l'autorisation du commandant danois de la place de
Vardohus et paient au Trésor de S. M. démoiseune mesure de
farine de seigle par bateau (et ils ne peuvent obtenir cette autori­
sation sans payer cette taxe) ».

On ne peut pas dire plus clairement que les eanx dans lesquelles les
·pêcheursrusses étaient autorisés à exercer leur industrie, c'est-à-dire
les eaux situées au delà de 6 milles de la côte, constituétient des eaux
norvégiennes, dans lesquelles les pêcheursrusses n'avaient pas en prin­
-cipele droit de pêcher,dans lesquelles ils n'obtenaient le droit de pêcher
que moyennant une faveur et le paiement d'une redevance.
Il me sera permis de citer une fois encore RŒstad. Voici ce qu'il dit
à propos de ces incidents du xvrnme siècleavec les Russes, à la page 337
...-son ouvrage sur les eaux du roi, Kongens Stromme:

((Il ressort .... du rapport du préfet, ainsi que d'innombrables
déclarations de date plus récente que la disposition prise à l'égard
des Russes ne visait pas à restreindre la souveraineté maritime du
roi à une lîeue du rivage (c'est-à-dire à six milles marins) et pas
au delà. Au contraire, la pêchepratiquée par les Russes au delà
de la limite de la lieue est définiecomme étant pratiquée dans les
eaux du roi. C'était pour cette pêcheau delà d'une limite d'une

lieue que les Russes payaient la redevance. ~)
Je crois qu'il est inutile d'insister davantage sur ce point.
Après avoir relaté ces événements, que nous avions déjà discutés
dans nos écritures, je dois relever maintenant certaines affirmations nou­
velles qui ont étéproduites en plaidoiries par sir Frank Soskice.

Elles sont d'ordres divers; mais elles tendent toutes à créerl'impres­
sion que la souveraineté de la Norvège était parfois plus nominale que
réelle sur les régionslitigienses, et que, d'autre part, les pêcheursnorvé­
giens avaient cessé d'exploiter effectivement leurs anciens bancs de
pèche.
Je déclare tout de suite que cette thèse est fantaisiste; que nous la
repoussons catégoriquement et que les éléments d'information sur
lesquels le Gonvernemen t britannique l'a échafaudée sont manifeste­
ment contraires à des faits que je vais avoir l'honneur d'exposer.
La Cour voudra bien m'excuser d'entrer dans des détails qui sont
parfois un peu arides. Mais l'argumentation présentéeà la barre par la
Partie adverse m'y oblige. ·
On dit, par exemple, que la souveraineté de la Norvège sur le Finn­

mark aurait étéextrêmement précaire jusqu'aux environs de 1730, et
qu'elle était continuellement menacée à la fois par les Russes et par les
Suédois.
En réalité,l'hégémonienorvégienne au Finnmark est très ancienne.
Elle remonte au moyen âge. A cette époque, il est vrai, la frontière se
trouvait plus à l'est qu'elle ne l'est aujourd'hui. Il s'est, par conséquent,
produit un déplacement de frontière au profit de la Russie, qui a com­
mencéà coloniser la presqu'île de Kola au début du xvtnW siècle. Seule-200 PLAlDOIRIE DE .M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 5I

ment à l'intérieur du territoire ainsi délimité,la souveraineté norvé­
gienne estrestée intangible.
En ce qui concerne la Suède, il est exact qu'elle a tenté de se déve­
lopper vers la mer Glaciale. Il y a eu mêmeune guerre entre elle et le
Royaume de Danemark-Norvège. C'est la guerre de Kalmar. Mais·cette
guerre s'est terminée en r6r3 par la conclusion d'un traité de paix, en
vertu duquel la Suède a renoncé à ses prétentions. Et la souveraineté
de la Norvège sur la côte du Finnmark jusqu'au Varangerfjord a été
dèslors bien établie.
Ce qui a pu donner lieu à confusion, c'est sans doute la situation
spéciale de certains groupes .de Lapons. Les Lapons de .la côte étaient
fixésà demeure. Mais les Lapons des montagnes, qui vivent de l'élevage

du renne, étaient- comme ils le sont encore aujourd'hui- des nomades.
Ils passent une partie de l'annéeau bord de la mer, et une autre partie
sur les plateaux. Si bien que beaucoup d'entre eux payaient l'impôt à
plusieurs souverains. Et pour régulariser cette situation, les trois pays
intéressés- c'est-à-dire la Norvège, la Suède et la Russie - o.nt établi
des districts communs pour la perception de ces impôts. Ce système a
d'ailleurs fonctionné sans provoquer de conflit.
Je signale que l'ouvrage classique de O. A. Johnsen, consacré à l'His­
toire politique du, Finnmark, donne à cet égard toutes les précisions
voulues.
Une autre affirmation de sir Frank Soskice, qu'il me faut relever,
concerne Je prétendu dépeuplement du Finnmark, consécutif au déclin
de la pêche.
Id je ferai une remarque préliminaire : c'est qu'en soutenant cette

thèse, le Gouvernement britannique reconnaît que dans cette région Je
déclin de la pêcheentraîne presque fatalement une diminution de la
population. C'est précisément une des conséquences qu'entraînerait
l'adoption de la pecked green line. En entamant les ressources dont les
pêcheurslocaux ont besoin, elle provoquerait - comme je l'indiquais
au début de ma plaidoirie -un phénomènede dépeuplement.
Mais qu'en est-il au juste du dépeuplement qui aurait marqué les
XVIIJmc et XIX'"" siècles?
La source sur laquelle sir Frank Soskice s'est principalement appuyé
est une étude qui émane d'un ancien préfet du Finnmark, M. Hammer.
Cepréfet, qui était très actif et très attaché à la prospéritéde son dépar­
tement, a fait des efforts remarquables pour en développer la vie économi­
que. Et il y avait une chose qui l'irritait particulièrement, c'était le
monopole dont les commerçants de Bergen jouissaient depuis longtemps.
Bergen est située sur la côte ouest de la Norvège et n'a rien de commun,

au point de vue géographique, avec le Finnma.rk. Mais les commerçants
de Bergen possédaient le monopole du commerce au Finnmark. Et
mêmesi ce monopole avait eu, à certains égards, de bons résultats, il
n'en est pas moins vrai qu'il était préjudiciable aux intérêtsde la·popu-
lation locale. ·
Le préfet Hammer a entrepris une action énergique pour obtenir
l'abolition de ce monopole. Il a plaidéauprès du roi la cause qui lui tenait
à cŒur. Et c'est à l'appui de ce plaidoyer qu'il s'est servi de renseigne­
ments statistiques, non seulement incomplets mais souvent fort douteux.
J'ajoute que les chiffres qui sont donnés par Hammer ne concernent pas
l'ensemble de la population du Finnmark, mais uniquement la population
parlant le norvégien. PLAIDOIRIE "DE :r.BOURQUlN (NORVÈGE) - 6 X 51 201

Le Gouvernement britannique, en s'appuyant sur l'étudede Hammer,
a donc fait reposersa thèse sur une base fragile. Nous sommes en mesure
de rectifier. Nous pouvons produire les chiffres réels, puisés aux meil­
leures sources. Je vais me permettre de les indiquer à la Cour, m<llgré
l'ennui qui s'attache inévitablement à une lecture de ce genre.

En r665, donc au milieu de xviimc siècle, la population du Finnmark
ne comptait que 3.000 âmes. Ce renseignement figure dans les '' J~tudes
statistiques de la population et de l'agriculture "• du professeur Asche­
houg, publiées en r89o à Christiania, page 14.
Un siècle plus tard, en I]69. cette population s'était élevéeà 5·984
personnes. Le renseignement est fourni par la mêmesource.
En r8or, elle atteig tre~chiffre de 7-707 habitan ts. Renseignement

extrait des Archives d'Etat, selon les listes originales.
En r8z5, ce chiffre passait à 8.320. Statistiques officiellesnorvégiennes.
En r875, il atteignait 24-232 personnes. Almanach officiel de r8n.
En rgoo, la population comptait 3·2.952personnes. Almanach officiel
de 1903.
Je crois que ces chiffres sont éloquents.
Où est le déclin ?
On constate, au contraire, une ascension impressionnante : 3.ooo,

5.984, ].707, 8.320, 24.232, 32.952!
Dans son livre sur le Finnmark, publié en r8JI, le professeur Friis
donne, aux pages 7 et suivantes, des chiffres qui ne sont pas moins
intéressants et qui corroborent ceux que je viens de citer.
Il ne s'agit pas ici de l'ensemble de la population. Il s'agit du nombre
des contribuables, c'est-à-dire des chefs de famille. ]e ne vais pas citer
tous les chiffres qui figurent dansrouvrage de Friis, ce serait alourdir
inutilement ma plaidoirie.

En voici quelques-uns, à partir du milieu du xvnmc siècle:
1 contribuables
en r667 59
en 1757 971 »
en 1777 r.oSo n
en r8o5 r.rg1 ))
en r815 1.283 ))
en 1835 - 2.033 ))
en 1845 2.212 )l
en r855 2.767 ))
en ))
186s 3-305

On peut compter par famille, en moyenne 5 personnes. Et c'est, par
conséquent, par ce multiplicateur qu'il faut augmenter les chiffres
donnés par Friis. ·
Donc, accroissement de la population et, dès lors, corollaire qui
s'impose, accroissement de la pêche. Car on ne vit que de la pêche

dans cette région. Il serait impossible de voir s'élever le nombre des
bouches à nourrir si les ressour cee a pêche ne suivaient pas la
même ligne ascendante.
On trouve d'ailleurs, dans les écrits de Hammer lui-même, des
renseignements qui conf1rment l'importance de la pêcheau Finnmark.
Dans son livre sur "L'origine et l'histoire du peuple norvégien)) - qui
n'est malheureusement pas traduit,- Hammer signale, à la page 334,

que pour les années1757 à 1762 (nous sommes donc déjà dans la période202 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -6 X SI

de déclin, dépeinte en couleurs sombres par la Partie adverse) le Finn­
mark a exporté 4.726 tonnes de poisson, sans compter 3.580 barils de
poisson salé, et 3-90I barils d'huile de foie de morue.
Un autre auteur, Carl Pontoppidan, écrit, en 1790, dans son ouvrage
«The collected Papers of the Finnmark Magazine», que pour la période
allant de 1765 à 1785, l'exportation a étéde 10.350 tonnes de poisson,
rr.8o2 barils de poisson salé, de 4-954 barils d'huile de foie de morue
{p. 176). Il cite ces chiffres, et d'autres d'ailleurs,pour montrer,
dit-il, l'importance que représentent les pêcheries du Finnmark dans
l'économie des royaumes de Norvège et de Danemark.
Et si telle était la situation aXVI!!'ncsiècle- qui était en effet une

période peu prospère en généralpour la pêche,et cela non seulement
en Norvège ma.is dans d'autres pays -, il n'est pas étonnant qu'au
XI xmesiècleles statistiques révèlentune activitéplus considérable encore.
Ainsi, pour la période décennale 186g-r878, les statistiques révèlent
que rien que pour la pêchede la morue au capelan, il y a eu au Finnmark
une participation moyenne de 14.ooo pêcheursà bord de 4.000 embar­
cations.
On a dit également qu'au xvm•n<: >iècle et dans la première partie
du XIx"oe siècle les pêcheursnorvégiens auraient perdu leurs anciennes
vertus de marins audacieux, qu'ils auraient cesséde s'aventurer sur la
·mer à une distance considérable des côtes, qu'ils se seraient contentés
de prendre le poisson dans leurs fjords ou à proximité immédiate du

rivage, si bien que les bancs de pêchetraditionnels auraient étépratique­
ment négligés.
On n'a pas étéloin de représenter les descendants des Vikings comme
de paisibles pêcheursà la ligne. ·
Et ici, ce n'est plus seulement le Finnmark qui est visé; ce sont
aussi les départements du Troms et du Nordland, qui composent, avec
le Finnmark, la région litigieuse.
Je me contenterai de quelques témoignages pour réfuter cette allé­
gation.
Sir Frank Soskice a cité l'ouvrage de 1\-folberg,qui est de la dernière
partie du xvmmc siècle.
Or, voici ce qu'écrit Molberg, à la page 357 de son livre : ·

tC'est une vision effroyable que de voir deux à trois cents petits
bateaux ouverts à Sunnmore, pendant les jours durs et noirs de
l'hiver, naviguer, entre les vagues et les brisants, jusqu'à une
distan de~ 4, 6 ou 8 lieues en mer, pour y chercher le poisson,
après avoir parcouru 12 ou 16 lieues au plus profond des fjords,
avant d'arriver aux ports de pêche; et cela, souvent pour rien, ou
pour trouver la mort, là où ils espéraient trouver leur gagne-pain.

Et c'est avec étonnement que j'ai appris que les campagnards de
Salten, Senja, Lofoten et Tromsoen dans le Norclland, parcouraient
30 à 40 lieues, jusqu'à l'extrême nord du Finnmark, en passant par
Je vaste océan pour y prendre part aux pêcheries, entreprise si
audacieuse et hasardeuse que le commerçant le plus avide et le
plus rapace ne voudrait pas s'y lancer.J>

Le fait que les pêcheurs du Nordland, du Troms et du Finnmark
continuaient à pêcherloin en mer, comme ils l'avaient toujours fait, ne
semble pas sérieusement contestable. Rien ne permet de présumer que
cette tradition, vieille de plusieurs siècles, aurait étéabandonnée. --------------------------------

PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVJ~~ GE6)X 5I 203

On voit que Molberg est très lbin de corroborer l'impression que le
Gouvernement britannique s'est efforcé de créer, puisqu'il dit au
contraire son admiration pour l'audace des pêcheursnorvégiensqui par­
courent des lieues et des lieues, afin de tenter l'aventure qui doit être
leur gagne-pain. .
Ce n'est pas seulement des pêcheursdu Finnmark qu'il parle. C'est
aussi des autres. C'est même surtout des autres. L'exemple qu'il connaît
le mieux est évidemment celui de sa propre région: c'est-à-dire du
Sunnm6re, mais il préciseque la mêmeobservation s'applique également

aux pêcheursdu Nordland et du Troms.
Veut-on un autre témoignage ? Je l'emprunte à l'ouvrage de Frédrik
Rode : «Observations sur le Finnmark de r826 à r834 ''·L'ouvrage n'a
paru qu'en norvégien. Il y est dit, à la page rzr :
~Alor sue la pêcheen hiver et au printemps a lieu surtout dans

les fjords, en étéelle se pratiquesurtout bien au delà sur l'océan.
La pêchedans les fjords ne produit généralement que ce qui est
nécessaire à la consommation personnelle des pêcheurs."
Dans un récit qui date de 182'7, le professeur Keilhau raconte Je

·voyage qu'il a fait au Finnmark. A la page ?4, il parle des longues et
dures expéditions des pêcheursdes autres départements qui se rendent
dans les eaux du Finnma.rk pour y pêcher.
Ily a, elit-il, d200 à 250 bateaux qui reviennent chaque année de
Senja et de Trams, du département du Nordland et mêmede celui de
Trondheim pour pêcherau Finnmark.
Nous sommes loin des pêcheurs qui se tiennent prudemmeîlt dans
leurs fjords et dansle voisinage immédiat de leurs côtes.
Une dernière mise au poirit.
Sir Frank Soskice a fait état du livre du professeur Hjort, intitulé

Fishing and Whaling in Northern Norway, pour soutenir que jusqu'aux
approches du xxn'c siècle, la pêchen'aurait étépratiquée, dans la
Norvège du Nord, qu'à l'aide de petites embarcations qui ne s'éloignaient
guère du rivage; et le Gouvernement britannique en a conclu que les
anciens b<1ncsde pêche, exploités jadis par la population riveraine,
a\·aient étéen fait abandonnés -- sauf dans une mesure restreinte.
Cette conclusion est sans fondement. Elle repose, semble-t-il, sur une
erreur d'interprétation. L'auteur, M. Hjort, ne dit pas du tout que la
pêchedont il est question dans le passage cité par sir Frank Soskice
soit la seule qui fùt pratiquée dans la Norvège du Nord. Il démontre,
au contraire, qu'à côté de cette pêche-là,il en existait une autre, qui

se faisait dans des eaux plus profondes.
D'<mtre part, les essais du professeur Hjort, mentionnés par sir Frank
Soskice, n'avaient pa_spour objectif de développer la pêche côtière,
mais bien d'organiser ·une pêche hauturière, c'est-à-dire une pêche
lointaine, bien au delà des barics côtiers, par exemple sur les fonds de
la côte mourmane, de l'île des Ours, des îles Féroé,etc.
Ivi. Hjort .cherchait à intensifier la participation des Norvégiens à
ces pêcheshaaturières, et c'est à cela que tendaient les essais auxquels
on a fait allusion.
La Cour me pardonnera d'êtreentré dans ces détails. Mais il me semble"

que les affirmations qui ont étéproduites de l'autre côté de la barre ne
pouvaient pas rester, sur ce point, sans réponse. 204 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 5I

. lVIonsieur le Président, je suis arrivé à une division de ma plaidoirie.
Eventuellement je pourrais consacrer une dizaine de minutes à une
introduction, mais je ne sais pas si vous ne préférerez pas suspendre
l'audience maintenant.

Le PRÉSIDENT: Nous n'en sommes qu'au XVIII"'"siècle, et je voudrais
bien que nous arrivions, un jour, au décret de I935- C'est pourquoi je
suis disposé à continuer l'audience jusqu'à I heure, et je vous prie, en
conséquence, de poursuivre votre plaidoirie.
M. BouRQUIN :j'en arrive donc à la règle des quatre milles. C'est au
milieu du xvmmc siècle qu'elle a fait son apparition dans la pratique

norvégienne.
Seulement, à cette époque-là, elle concernait uniquement le droit
de prise, la neutralité. Elle n'avait aucun rapport avec la pêche.Au point
de vue de la pêche,la situation restait exactement la mêmequ'aupara­
vant, c'est-à-dire que l'ensemble des bancs côtiers était réservéà la
population du pays et qu'il n'y avait aucune limite uniforme assignée à
cette zone de pèche. . .
Cette situation n'a pas étémodifiée par un décret qui fut édictéà la
fin des guerres napoléoniennes : le décret du 22 février I8I2. ·
Ce décret de I8I2 fut appelé à jouer plus tard un rôle considérable.
Dans le système norvégien, on lui a attribué le caractère d'une disposi­

tion générale, valable non seulement en matière de neutralité, mais
aussi dans les autres domaines. Et il deviendra une des bases du système
norvégien. C'est ainsi que le décret de 1935 l'invoque dans ses attendus.
Mais au moment où il a étépris, sa portée était beaucoup plus restreinte.
Il n'avait pour objet, je le répète, que de fixer la limite de la zone de
neutralité.
Ce qui s'est passéà cet égard en Norvège s'est produit d'ailleurs dans
d'autres pays.
A la fin du xvmme siècle, il n'y avait pas une seule frontière maritime,
il y en avait plusieurs et_qui variaient suivant les questions en jeu..
Au x.1xmesiècle, les Etats ont étéamenés à unifier l'étendue de leur
domaine maritime. ll y a eu une tendance généraleà établir une seule
limite pour le domaine maritime de l'État, quitte alors à revendiquer ce

que nous appelons aujourd'hui des «zones contiguës "· Et cette limite
généraleest sortie bien souvent de la limite qui avait étéadoptée en
matière de neutralité.
C'est ce qui s'est passé notamment aux Jttats-Unis et en Grande­
Bretagne, où la règle des trois milles n'avait étéadoptée primitivement
que pour les questions de prises et où t<Jle·aservi, par la suite, à fixer
la limite généralede là juridiction de l'Etat.
C'est également ce qui s'est fait dans le Royaume de Danemark et
de Norvège.
A quel moment le changement s'est-il opéré ? Il serait diffi.cile de le
dire avec une certitude absolue. Il est probable qu'aux environs de r83o

les esprits commençaient à s'y accoutumer.
1\'laisce n'est qu'en r862, dans une lettre du ministre de l'Intérieur,
que le décret de 1812 est invoqué pour la première fois d'une manière
'explicite en matière de pêche.Et encore cette lettre de r86z- que nous
avons reproduite à l'annexe 14 de notre Contre-Mémoire- ne constitue­
t-elle pas un témoignage de grande valeur, parce que, quand on la lit PLAIDOIRIE nE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 6 X 5I 205
sans préjugé,on a bien l'impression qu'elle n'a pas fait l'objet d'un
. examen très rtpprofondi.

Mais, sept années plus tard, en r86g, aucun doute ne peut plus
subsister.
En x86g, le Gouvernement norvégien a étéamené à préciser la limite
de sa zone de pêchedans un secteur de la côte, le secteur du Sunnmore.
Or, le décret qu'il a pris, à cet effet, se base formellement, explicite­
ment, sur la règlede r8rz. Ce décret de r86g est le premier acte qui fasse
expressément application à ht pêchede la règledes quatre milles, telle
que le décret de r812 l'avait énoncée.
Je vais examiner maintenant les caractéristiques du système qui a
remplacé au xrxnw siècle l'ancienne conception de la pèche côtière ;
le système des quatre milles ou, plus exactement, le système dont .la
règle des quatre milles est un des élémentscomposants, car il serait tout

à fait inexact de croire que cette règle des quatre milles représente à
elle seule le système dont il s'agit. Elle n'en est qu'un des éléments;une
des pièces.
Mais avant d'aborder cet examen, je dois faire une remarque générale.
C'est que les gouvernements n'ont pas l'habitude de préciser sur des
cartes ou dans des actes officiels le tracé des lignes de base à partir
desquelles se compte l'étendue de leurs ermx territoriales.
La Norvège est certainement un des États ayant fourni à cet égard
le plus d'indications.
Je suis obligé de faire cette remarque parce que le Gouvernement
britannique semble vouloir accréditer l'opinion contraire et faire croire
qu'il aurait vécu longtemps dans l'ignorance - ou tout au moins dans

une connaissance insuffisante -du système norvégien, ce qui explique­
rait plus ou moins le silence qu'il a gardé jusqu'au jour où ses chalutiers
se sont présentésdans les eaux du Finnmark.
.J'aurai l'occasion de revenir sur cette légende et d'établir que les
actes dans lesquels le système norvégien du xrxn'c siècles'est manifesté
étaient parfaitement connus du Gouvernement britannique.
Pour l'instant, le seul fait que je veuille souligner, c'est que les États
montrent généralement peu d'empressement à faire connaître l'exacte
délimitation de leur territoire maritime.

L'insuffisance des renseignements qu'on possède à cet égard est vrai­
ment déconcertante, et elle a retenu d'ailleurs l'attention de la Conférence
de codification de La Haye de 1930. A la conférence, trois délégations
ont pris l'initiative de proposer certaines mesures en vue de mettre
fm à ces incertitudes. Ce sont les délégationsaméricaine, norvégienne
et suédoise. M.ais leurs propositions n'ont pas étéretenues. Tout au
plus la conférence a-t-elle émisle vŒu que le Conseil de la Sociétédes

Nations fasse quelque chose dans cette voie.
Elle a prié le Conseil d'examiner s'iln'y avait pas lieu d'inviter les
J~ta matrstimes à faire parvenir au Secrétaire généraldes renseignements
officiels ausujet des lignes de base adoptées par eux pour la mesure de
leurs zones de mer territoriale.
Ce vŒu - qui est d'ailleurs resté sans effet -montre à lui seul, me
semble-t-il, l'indigence des informations qu'on possèdeà cet égard.
Et, à ce propos, nous nous étions permis, dans notre Contre-Mémoire,
de demander au Gouvernement britannique comment il trace lui-même
sFs lignes de base, là où les côtes sont irrégulières, particulièrement en
Ecosse. . . 206 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -6 X SI
Sa Réplique est restée dans le vague.

Elle se contentait de dire que les côtes écossaises n'étaient pas en
cause dans le procès actuel et qu'au surplus les gouvernements ne
définissent d'une manière précise les limites de leur domaine maritime
que quand ils s'écartent radicalement des règlesordinaires. Nous n'étions
donc pas plus avancés. Mais aujourd'hui la réponse que nous avons
sollicitéenous est donnéet nous en remercions nos adversaires.
Je dois constater toutefois que les cartes qu'ils produisent ne concer­
-nent qu'une partie des côtes écossaises. l'viaisnous présumons que ce
qui est vrai pour cette partie l'est également pour les autres, par
exemple pour la région du Moray Firth et du Firth of Clyde, pour la
côte des Orcades, pour celle des îles Shetland, etc.

S'ilen est bien ainsi, nous pouvons en conclure que, tout le long des
côtes écossaises,les lignes de base suivent fidèlement les sinuosités
rivage, sauf dans les baies, où la ligne de base ne dépassejamais ro milles
marins.
Nous pouvons en conclure également qu'au delà de 3 milles marins
à partir de ces lignes de base, la pêcheest entièrement libre et qu'aucune
réglementation prohibitive oureshictive n'est applicable aux étrangers.
C'est une déclaration intéressante. Elle semble assez peu compatible
avec certains précédents.Elle nel'est certainement pas avec les recom­
mandations qui ont été.faites par lScottish Council on lndustry dont
je parlerai ultérieurement. Mais nous en prenons acte et je ferme cette
parenthèse pour aborder l'examen de la question que j'annonçais tout

à l'heure.
Le P~<t':.s :mL'NeTre étant maintenant trop avancée pour que
vous continuiez vos explications, je vais lever l'audience.
Cependant, je voudrais vous poser une question qui se réfère aux
explications que vous avez présentéesdans la première partie de cette
audience.
Suivant l'usage de la Cour, je ne vous demande pas de répondre

immédiatement a cette question. Vous pourrez y répondre lors d'une
audience ultérieure, quand vous le jugerez à propos.
Vous avez décla.réque, selon la tradition norvégienne, les .fonds de
pêche repéréssuivant la méthode des alignements - méthode que
vous avez très clairement exposée- sont "la propriétédes habitants)).
C'est là une formule que vous avez employée plusieurs fois.
La précision que je voudrais vous entendre fournir est hi. suivante :
qu'entendez-vous par<(propriétédes habitants))? Visez-vous la propriété
d'un pêcheur,ou d'une famille de pêcheurs,ou des pêcheursd'un village
déterminé,ou bien la propriétédes habitants du Royaume de Danemark­
Norvège, puisque vous vous êtes placé à J'époque des xvnme et
XVIIJIHCSiècleS?

Telle est la question que je voulais vous poser. Je répète que vous
pourrez y répondre quand vous le voudrez.
M. BouRQUIN : Je suis, Monsieur le Président, en état de répondre
immédiatement à la question que vous avez bien voulu me poser.

Il faut distinguer deux aspects du problème.
Premier point, les Gouvernements des rois de Danemark et de Norvège
ont toujours interdit a:ux étrangers l'accès à cette pêchecôtière. Cela,
c'est l'action des autorités gouvernementales à l'égard des étrangers
et des gouvernements étrangers. PLAII)OTRIE DE iM. BOURQUIN (NORVÈGE) ,- 6 x SI 207

Du point de vue du régime du droit interne concernant les bancs de
pêche,je n'ai pas dit exactement qu'il s'agissait de propriété.En effet,
c'est une question discutée. Il n'est pas certain que la notion devant
laquelle nous nous trouvons soit exactement la notion de la propriété
telle que nous la concevons en droit privé moderne.

Ra:stad - c'est l'autorité sur laquelle je m'appuie pour répondre à
votre question, Monsieur le Président- dit que les attributs qui étaient
reconnus à certains individus ou à certaines collectivités ressemblaient
tellement à la propriétéque l'on pouvait dire que ces individus ou ces
collectivités étaient presque des propriétaires.
Ce qui est certain, c'est qu'il y avait des droits d'exploitation exclu­
sive. Il y avait des individus - des pêcheurs - et des collectivités.
qui obtenaient le droit exclusif d'exploiter certains bancs de pêche.
Nous avons fourni dans nos écritures une série de documents qui
l'attestent. Nous avons, par exemple, présenté un document qui est
extrait du registre des hypothèques de la région des Lofoten et du
Vestfjord et dans lequel on voit que deux ports de pêchevoisins du
Vestfjorel se disputaient sur la question de savoir quel était exactement
l'emplacement de pêchequi leur étaitréservé.C'estalors qu'un magistrat,

chargé de faire une enquête sur place et de se prononcer, a détenniné
l'emplacement réservéà l'un des deux ports et l'emplacement réservé
à l'autre port. Ensuite, les autorités de chaque port ont réparti entre
les différents pêcheursla partie de mer qui leur avait étéainsi allouée.
Nous avons fourni plusieurs autres documents. Il en est un que je
voudrais citer, parce qu'il a trait 1tune tout autre région, au Varanger­
fjord, par conséquent à l'autre extrémitéde la zone litigiense.
Le préfet du Finnmark, c'est-à-dire la plus haute autorité de la région,
avait demandé la permission de disposer d'un certain emplacement pour
y installer ses trains de lignes et y pécher. Il voulait avoir cette autorisa­
tion pour les eaux se trouvant en face d'une localitédéterminée.
Eh bien tavant d'octroyer ce droit au préfet,les autorités compétentes.
ont envoyé des experts sur place. Et la première question que ces auto­
ritéset ces experts se sont poséefut de savoir si la localitédevant laquelle

le préfet voulait avoir le droit de pêcherpossédait l'emplacement néces­
saire. On a constaté alors que tout ce qui était nécessaire était assuré
et on a déterminéles emplacements où le préfetpourrait pêcherexclusive­
ment.
Bien entendu, il s'agit uniquement du droit interne, car le principe
du droit internationi:tl est différent : c'est l'exclusion des étrangers. Mais
le régime du droit interne montre à l'évidence qu'il était tout à fait
incompatible avec le principe de la liberté de la pèche. C'est un régime
organisé. C'est un régimedans lequel, je ne dirai pas la propriété,parce
qu'on pourrait discuter juridiquement et techniquement sur le sens du
mot, mais un droit d'exploitation exclusive était assuré, soit à des indivi-
dus, soit à des collectivités. ·
j'espère, Monsieur le Président, avoir répondu à votre question.

Le PRESIDENT: Je ne demandais pas l'explication du terme «pro­
priété n.Mais je désirais savoir si les droits exclusifs, qu'on les qualifie

ou non de propriété,étaient ceux d'un pêcheur,d'une famille de pêcheurs.
ou des habitants d'un village, ou bien au contraire les droits en général
des habitants de la Norvège.
Je vous remercie de vos explications.208 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X SI

[Séancepublique a~ 8~ octobrexgsr, matin]

M. BouRQUlN: Monsieur le l'résident, Messieurs de la Cour, a la fin
de mon exposé de samedi matin, j'ai signalé que les gouvernements
indiquent rarement Je tracé de leurs lignes de base et que, dans la plu­

part des cas, il n'existe mêmeaucune documentation officielle à la dis­
position du public qui fasse connaître les lignes de base effectivement
tracées par les États le long de leurs côtes, ni mêmeaucune documen­
tation de ce genre qui fasse connaître le système adopté par eux en cette
matière.
Pour la Norvège, la situation est différente. Le système norvégien du
XIX"'" siècle se dégage d'une série d'aètes précis qui en déterminent la
portée.
Je ne parle pas des études doctrinales qui ont étéconsacrées à ce
svstème et qui seraient déjà suffisantes pour le faire connaître au moins
dans ses grandes lignes.
Je parle de témoignages dont la valeur probante est absolument indis­
cutable puisqu'ils émanent du Gouvernement lui-même.Il s'agit en effet

de proclamations et de décrets royaux qui appliquent ce système a
certaines parties de la côte et qui en donnent ainsi une interprétation
au thentique.
Parmi· les décrets norvégiens du xrxme siècle, iy en a un que je
mentionnerai tout de suite pour n'avoir plus à y revenir. C'est le décret
du 5 janvier r881, qui est relatif au Varangerfjord et qui f1xe la limite
de ce fjord vers la mer. Ce décret de x88r a d'ailleurs étéconfirmé plus
tard en r8g6 par un autre décret qui reproduit simplement la même
limitation ..Je ne parlerai pas de ce décret ; il s'agissait d'assurer l'appli­
cation d'une loi de rSSo sur la chasse aux cétacésdans le Finnmark.
Mais ce qui doit êtrenoté c'est que la limite du Vanmgerfjord a été
représentée par une ligne droite, reliant le cap Kibergnes à la rivière
Grense-Jakobselv, qui forme la frontière entre la Norvège et la Russie.
Cette ligne mesure 30 milles marins. C'est la limite qui a étéreprise
dans le décret litigieux de 1935. L'intérêtqui s'attache au décret de r881

c'est qu'il prend nettement position sur la question de la territorialité
des fjords norvégiens.
Comme j'ai eu l'occasion de le signaler en passant, c'est un principe
très solidement établi dans la tradition norvégienne qpe le_sfjords font
partie des eaux intérieures, et cela quelle que soit la largeur de leur
ouverture sur la mer. Le Varangerfjord constitue avec le Vestfjord,
qui se trouve à l'autre extrémité,le plus grand fjord de la régionlitigieuse.
Le décret de 188r confirme que, malgré son étendue, malgré la largeur
de son ouverture sur la mer, le Varangerfjord fait intégralement partie
des eaux intérieures.
Je viens de mentionner le Vestfjord qui fait, en quelque sorte, pendant
au Varangerfjord. En ce qui concerne le Vestfjord, il n'y avait pas eu
de délimitation formelle avant le décret litigieux de 1935. Seulement

le Gouvernement norvégien avait eu l'occasion en r86S dè se prononcer
très clairement sur la situation du Vestfjord et d'affirmer qu'il constituait
dans son entièreté une mer 'intérieureC'est le terme qui a étéemployé.
Il yavait eu un incident qui avait provoqué un échange de corres­
pondance entre la France et la Norvège. Un bateau français, Les­
.Q1tatre-Frères,avait étésurpris en train de pêcherdans le Vestfjord -------- ----

PLAIDOIRIE DE M. BOÜRQUIN (NORVÈGE) - 8 X 5I 209

et alors les autorités norvégiennes l'avaient prié de se retirer. D'où un
échange de correspondance qui est reproduit à l'annexe I5 de notre
Contre- Mémoire.
Le Gouvernement français avait commencé par éleverdes objections.
Seulement, après avoir reçu la réponse du Gouvernement norvégien,
il s'est abstenu de renouveler ses objections. Plus tard, dans deux notes
qui ont étéadressées aux ministères des Affaires étrangères de Norvège
et de Suède, respectivement le 2r décembre r86g et le 27 juillet r870,
le Gouvernement français a rappelé lui-même qu'il n'avait pas insisté
sur ses prétentions originaires. Ces deux notes, qui figurent à l'annexe r8
du Contre-Mémoire, prouvent, sans aucun doute, que le Gouvernement

français n'a pas maintenu sa protestation, qu'il s'est incliné devant la
décision de la Norvège. Je mentionne cet incident de r868 et la corres­
pondance qu'il a provoquée parce que cet élément peut être mis en
parallèle avec le décret de r88r concernant le Varangerfjord.
·· La forme est différentemais le fond est le même.L'attitude du Gouver­
nement est exactement la mêmedans les deux ca.S.et cette attitude se
résume de la manière suivante: c'est l'affirmation très nette que tous
les fjords, quelle que soit la largeur de leur embouchure, font partie
des eaux intérieures du pays.
Le Gouvernement britannique reconnaît aujourd'hui que les fjords
de la Norvège font partie. de son territoire. Nous sommes très heureux

de constater l'accord des deux Gouvernements sur ce point. Seulement
il ne faudrait pas croire que cet accord soitcomplet; il subsiste en effet
encore deux causes de divergence.
La première concerne la limite des fjords. Le Gouvernement britan­
nique admet que les fjords appartiennent à la Norvège en totalité, mais
ce qu'ils entendent par là est très différent de ce que nous entendons
nous-mêmes.JI y a une différencegéographique dans la limite des fjords,
et il suffit de comparer les cartes présentéespar les deux Parties pour
voir apparaître la divergence sur ce point.
La divergence de vues s'accuse également sur un autre point. C'est
le régime des eaux. Comme je viens de le rappeler, le Gouvernement

norvégien soutient et a toujours soutenu que les eaux des fjords sont
des eaux intérieures.
Or, le Royaume-Uni admet bien qu'il en est ainsi pour certains fjords,
mais il ne l'admet pas pour tous. Par exemple, celui qui se trouve à
l'extrémité orientale de la frontière russe constitue bien des eaux inté­
rieures, mais il refuse le mêmerégimeaux eaux du Vestfjord; d'après
lui, ces eaux sont simplement des eaux territoriales.
Je signale immédiatement ces deux points de désaccord. j'aurai
l'occasion de les discuter plus tard.
Les décrets de r88r et de r8g6 ainsi que les déclarations faites et la
correspondance échangéeavec la France concernent le régimedes fjords,
c'est-à-dire, en somme, le régimedes baies.
Mais deux autres décrets, datant de r86g et de r88g, font appa.raître

Je système norvégien sous un autre aspect, lequel présente un intérêt
tout particulier dans le différend actuel.
Ces deux décrets s'appliquent, en effet, à des secteurs de la côte qui
sont protégéspar le skjŒrgâ:rd. Ce qu'ils comportent, par conséquent,
c'est une application du système norvégien aux formations insulaires
setrouvant devant la côte de terre ferme.

rs2IO PLAIDOIRIE DE l'IL BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51
Leur importance pour nous est considérable, et nous devons les.

examiner de près.
Le décret du r6 octobre r86g concerne la région du Sunnmore.
J'indiquerai tout à l'heure, sur la carte, l'emplacement de cette région.
Ce décret a étéprovoqué par l'apparition d'un nouveau type d'embar­
cation, qui portait préjudice aux pêcheurs locaux et qui était surtout
employé par des pêcheurssuédois. Il y eut des plaintes, et le Gouverne­
ment jugea nécessaire de fixer d'une manière précise la limite de la.
zone de pêche,afin d'éviter toute contestation.
La portée du décret de r86g est éclairéepar un exposé des motifs.
émanant du ministre de l'Intérieur. Cet exposé est long. Les seuls
extraits que nous en avons produits couvrent plus de huit pages de notre'
Contre-Mémoire. Ils se trouvent à l'annexe n° r6, volume Il, pages 56-64.
Je me contente rai d'en retenir ici les traits saillants.

Tout le raisonnement est basé sur les dispositions du décret de r8r2.
Je rappelle en deux mots que ce décret de r8r2, quand il a étépris, ne·
concernait que la question des prises. Il n'était pas applicable à la
délimitation de la zone de pêche. Mais, au cours du xrxmc siècle, on a.
étendu la portée de ce décret et on a considéréles règles qu'il formulait
comme des règles générales applicables non seulement aux questions.
de neutralité, mais aussi à la délimitation de la 'pêche.Comme je le•
disais l'autre jour, le décret dont je parle eq ce moment, c'est-à-dire•
le décret de r86g, est le premier acte qui fasse application à la pêche.
des dispositions du décret de r8r2.
Le point de départ, la base de tout le raisonnement, c'est que les.
règles de r8r2 sont donc applicables à la délimitation de la zone de,
pêche. •
Par conséquent, la zone de pêches'étendra jusqu'à une distance de·

quatre milles, comptée à partir des îles et des îlots les plus éloignés.
qui ne sont pas recouverts par la mer, car telle était la formule du décret
de r8r2. Les quatre milles se comptent à partir des îles et des îlots les­
plus éloignésqui ne sont pas recouverts par la mer. C.ette règle-là va.
donc êtrela base de la délimitation de la zone de pêche.
Mais comment appliquer cette règle? La ligne de base servant au.
calcul des quatre milles doit-elle suivre les sinuosités de la côte et du.
skja:rgârd? Ou bien faut-il lui donner la forme de lignes droites reliant
les ·Îles et les îlots les plus éloignésde la côte du skj<erg:îrd?
Voilà la qùestion qui se posait et, comme la Cour le voit, nous touchons­
ici à une question qui est essentielle dans le litige actuel. C'est même,
peut-on dire, l'objet principal de la contestation.
Le Gouvernement britannique soutient, en effet, que le tracé de lignes.
droites est contraire aux exigences du droit international. Il soutient
que ce tracé de lignes droites n'est permis que dans un cas, celui des.

baies. Et encore s'efforce-t-il de restreindre le plus possible cette excep­
tion. Lorsqu'il s'agit de baies, il admet cependant que l'on peut tirer
des lignes droites. flfais c'est le seul cas où il l'admet. Dans tous les.
autres cas, il prétend que la règle applicable, ce qu'il appelle une règle
fondamentale, le principe de base, c'est que la ligne de base doit se­
confondre avec la ligne côtière, qu'elle doit suivre toutes les sinuosités
de la côte. Cette règle fondamentale, c'est ce qu'il dénomme la règle
de'« la laisse de mer», qu'on pourrait appeler aussi la règle de la ligna
côtière. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X5I ZII

Je reviendrai naturellement sur cette import ante question. Elle
est cardinale. Mais pour le moment je me borne à constater qu'elle a
reçu dans le décret de r86g une réponse précise et que cette ·réponse
ne correspond aucunement à celle du Gouvernement britannique.
Les auteurs du décret de 186g n'ont eu aucune hésitation. Il ne leur
est mêmepas venu à l'esprit que la règle de r812 pût êtreautrement
appliquée qu'en traçant des lignes droites entre les rochers les plus
avancés du skj::ergârd.
Le décret de r86g a ététrès soigneusement préparé.Il n'a pas été

improvisé. Il a donné lieu à un examen préparatoire très consciencieux.
Mais on constate que, sur cette question de principe, il n'y a pas eu le
moindre doute dans l'esprit des autorités compétentes.
De même,les auteurs du décret n'ont pas songé un seul instant à
.limiter la longueur de ces lignes droites, de ces lignes de base, à un
chiffre déterminé a priori.
Le décret de r8r2, comme je Je rappelais tout à l'heure, proclame
simplement que les quatre milles se comptent à partir des îles et des
îlots les plus éloignésqui ne sont pas recouverts par la mer. Il ne dit
rien de plus.
Mais lorsqu'il s'est agi, en r86g, d'appliquer cette règle à la zone de
pèche, il n'a pas étéquestion de fixer un maximum de distance entre

les îles et les îlots qu'on prendrait pour points de base. On a adopté
la méthode des lignes droites parce qu'elle paraissait la seule raisonnable
dans une régionde ce genre et, quant au tracéde ces lignes, on a considéré
qu'il devait êtredéterminé par les. circonstances locales.
L'interprétation qu'on donnait ainsi à la règlede 1812 n'était évidem­
ment pas susceptible d'une application mécanique. Elle imposait un
cadre aux autorités compétentes, elle traçait les limites que ces autorités
ne pouv<Lientdépasser sous aucun prétexte, c'est-à-dire quatre milles
au delà des iles et des îlots les plus éloignésde la côte. Mais,à l'intérieur
de ces limites, elle leur laissait une liberté d'appréciation et de choix.
Et les études auxquelles on a procédépour la préparation du décret
ont précisément eu pour objet d'examiner les mérites des différentes

solutions possibles. .
Il y avait des règles sur lesquelles on était d'accord, je les ai rappelées
tout à l'heure. On ne les discutait pas. !l'faisil est évident que l'appli­
cation de ces règles pouvait amener plusieurs solutions différentes dans
la pratique et tout le problème a étéde choisir la solution la plus
convenable et la plus équitable. ·
La solution qui a prévalu a étéde prendre pour points de base l'île
de Svinoy et l'îlot de Storholmen, qui sont séparésl'un de l'autre par
une distance de 26 milles marins. On a donc tracé entre ces deux points
une ligne droite et l'exposé des motifs indique les avantages pratiques
qui recommandent cette solution. ,
··Il y a, dans le décret de r86g, un point sur lequel nos adversaires

insistent et qui·leur paraît de nature à affaiblir notre position. Je crois,
au contraire, qu'il la fortifie et qu'il met précisément en lumière la·
véritable attitude clu Gouvernemen tnorvégienvis-à-vis de cette question,
l'attitude qu'il a prise en r86g et qu'il n'a pas cesséde prendre depuis
lors, et notamment qu'il a prise encore dans Je décret royal qui fait
l'objet du litige, c'est-à-dire le décret de 1935.
De quoi .s'agit-il?2I2 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X SI

La ligne qui a étéchoisie, c'est-à-dire la ligne Svinôy-Storholmen,
laisse en dehors de la zone de pêcheainsi délimitéeun certain nombre
de bancs de pêche importants et que les habitants du pays considéraient
comme leur étant réservés,parce que ces bancs de pêcheavaient fait
partie traditionnellement de leur zone de pêche. ·
Ces bancs, sur lesquels la Norvège aurait pu faire valoir sans doute
des titres historiques, le décret de .r86g les abandonne, ils les laisse à
la haute mer, ce qui naturellement a provoqué des doléances de la part

de la population locale. Les pêcheurslocaux se sont plaints. Ils ont dit
au Gouvernement : <<Vousnous dépouillez de certains bancs de pêche,
que nous avions l'habitude d'exploiter, que nous étionsseuls à exploiter;
vous tracez votre délimitation de telle façon que désormais ces bancs
vont se trouver dans la haute mer et, par conséquent, seront ouverts
à tous les pêcheursdu monde. n
Le Gouvernement britannique invoque ce fait pour dire- c'est ainsi
que j'interprète sa pe1isée: "Vous voyez bien! Vous avez reconnu
vous-mêmesen I86g que les titres historiques que vous invoquez main­
tenant sont sans valeur. Vous n'avez pas oséfonder sur ces titres vos

revendications. Vous avez renoncé à inclure dans votre zone de pêche
des bancs qui, traditionnellement, étaient exploités par la population
locale.))
. Il suffit de lire l'exposédes motifs de I86g pour mettre les choses au
point. Et il suffit de comparer ce qui s'est fait alors à ce qui s'est fait en
I935 pour se rendre compte que, loin d'êtreen contradiction, les deux
actes procèdent exactement de la mêmeinspiration et se ramènent aux
même principes.
Que dit l'exposé des motifs de r86g ? Il dit textuellement ceci, au
sujet des plaintes relatives à l'abandon des bancs de pêchesitués en

dehors de la limite du décret :
" Pour naturelle que puisse paraître cette façon d'envisager la
question, et pour raisonnable qu'elle puisse être, mon ministère
n'ose pas la considérer comme assez justifiée par des principes
incontestés de droit international pour qu'on puisse conseiller
d'édifiersur cette seule base un principe de droit tendant à interdire

purement et simplement aux étrangers le droit de pêchersur une
partie de mer ainsi délimitée.))(Contre-Mémoire,ann. I6, vol. II, p. 62.)
Et il ajoute qu'il espère cependant

~ .... trouver l'occasion, en invoquant les considérations générales
de droit et les fortes raisons d'équitéqui se présentent ici, de faire
de la question de la participation des étrangers à la pêchedans
cette zone .... l'objet de représentations amicales)).

Le raisonnement est facile à reconstituer.

Le Gouvernement, en I86g, prend pour base du décret les règles
de 1812.
Jusqu'à la ligne Svînoy-Storholmen, aucun doute ne lui paraît possible,
parce que le tracé de cette ligne n'est qu'une application des dispositions
du décret de r8I2.

Mais pour les bancs situésau delà de cette zone, il hésite. On pourrait
les revendiquer sur la base ae titres historiques ; mais on sortirait alors
du système de r8r2 et l'on reviendrait à quoi? On reviendrait à l'ancienne PLAIDOlRIE DE i\L BOURQUIN (NORVÈGE)- 8 X 5I 2!3

conception de la pêchecôtière, à la conception traditionnelle dont j'ai
parlé l'autre jour. Or, précisément, le système du xrxn1csiècle, basésur
les règlesde .r8r2, a pour objet de s'écarter de cette ancienne conception.
C'est une restriction des anciens bancs de pêche à laquelle on s'est arrêté.
Il y aurait alors une certaine contradiction, un certain illogisme dans
l'attitude qui consisterait à dire : «D'abord, nous prenons le décret de
r8rz comme base, nous faisons application de ce décret, mais en même
temps nous revendiquons des bancs de pêchedont la possession n'est plus
justifiée par les principes du décret, des bancs de pêchequi nous ont
appartenu ·autrefois, mais qui ne sont pas compris dans les limites du
système auquel nous nous sommes maintenant résolus.n Et alors le

Gouvernement, dans l'exposé des motifs que j'ai lu tout à l'heure, dit:
"Nous ne sommes pas assez sûrs du terrain et nous allons nous abstenir
de revendiquer ces bancs de pêche.))Il ne dit pas qu'il n'aurait aucun
droit à faire valoir sur ces bancs de pèche ;·au contraire, il trouve que
leur revendication serait très légitime, qu'elle pourrait parfaitement se
justifier par des considérations généralesde droit, et il se réserve, comme
nous l'avons vu, de faire des représentations auprès des gouvernements
étrangers pour tâcher de trouver une entente. Mais en ce qui concerne
l'acte unilatéral de délimitation de sa zone de pèche, il veut s'en tenir à
ce qu'il considère comme le principe fondamental pour lui : l'application
des règles de 1812.
Le Gouvernement a renoncé ainsi à faire valoir des titres historiques.

Seulement, faisons bien attention au fait qu'il ne faudrait pas en conclure
que le Gouvernement norvégien aurait renoncé d'une manière complète
à faire valoir ses titres historiques. Il n'a certainement jamais renoncé à
faire valoir ses titres historiques lorsqu'ils restent dans les limites du
système basésur le décret de r8rz. Ce ne sont que des revendications plus
étendues, des revendications allant au delà de l'application de ce système,
qu'il s'abstient de formuler, mêmelorsque la tradition historique anté­
rieure lui permettrait peut-être de le faire.
Il m'a paru nécessaire de clarifier l'attitude qui a étéprise par la
Norvège en r86g, parce qu'il s'agit de la première application concrète
de la règle de r812 qui ait étéfaite dans le domaine de la pèche, et parce
que le précédent de r869 domine toute la question.

Nous verrons plus tard que le décret de 1935 fait application du
mêmesystème. Pour éviter les redites, je m'abstiendrai d'établir en ce
moment le parallèle.
Il y a cependant un point que je tiens à mettre immédiatement en
lumière, c'est que l'attitude prise en 1935 par le Gouvernement
norvégien à l'égard des bancs de pêchesitués en dehors du tracé établi
par les règles de r8l:2 est exactement la mêmeque celle qu'il a adoptée
en r86g.
Comme je !.'ai déjà fait observer l'autre jour, et comme nos adver­
saires d'ailleurs le reconnaissent, il existe, en dehors de la limite de 1935,
d'importants bancs de pêche qui faisaient traditionnellement partie
de la pêchecôtière norvégienne.

Pourquoi y a-t-on renoncé ? Eh bien ! le rapport de la Commission
des Affaires étrangères du Storting éclaire parfaitement la position qui
a étéprise à ce sujet. C'est un document que le Gouvernement britan­
nique a joint à son Mémoire, annexe rs.
Je me permets d'attirer sur ce document l'attention de la Cour, en
particulier Sur les paragraphes 15, I6 et r7.214 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 8 X SI

On y voit que la commission du Storting a examiné très sérieusement
la question de savoir s'il n'y aurait pas lieu d'inclure ces bancs-là dans
la zone de pêche. On y voit aussi qu'elle estimait également qu'une

mesure de ce genre aurait étéjustifiée, mais qu'elle ne l'a pas recom­
mandée. Pourquoi ? Elle le dit expressément : pour s'en tenir à la tradi­
tion établie en r86g.
L'attitude prise en 1935 sur ce problème a donc étéexactement la
mêmequ'en r86g. On a voulu s'en tenir à l'application du système de
r8r2, et, pour ne pas affaiblir en quelque sorte ce système, pour ne pas
y introduire des flottements et des contradictions, on a renoncé à reven­
diquer les bancs de pêche,mêmetraditionnels, qui se trouvent en dehors.
des limites justifiées par l'application de ces règles.
Le décret de r86g marque ainsi une étape très importante dan(>
l'histoire du régime de la pêchecôtière en Norvège.
Il se fait que, vingt ans plus tard, par conséquent en r88g, d'autres
circonstances ont amené le Gouvernement norvégien à procéder aussi
à une délimitation précise dans la zone voisine du Romsdal.

Le Gouvernement britannique attire l'attentionsur le fait que les
circonstances qui ont amené le Gouvernement norvégien à prendre ce
décret de rSSg étaient des circonstances d'ordre interne. Je dois dire
que je n'aperçois pas l'argument que l'on peut tirer de là. Ce qui importe,
c'est le caractère de la mesure eUe-mêmeet non pas le caractère des
circonstances qui ont poussé le Gouvernement à prendre cette mesure.
Or, le caractère de la mesure elle-mêmeest évident et incontesté. Le
décret de r88g a établi devant la côte du Romsdal une-délimitation de
la zone de pêche,exactement comme le décret précédent l'avait fait
devant la côte du Sunnmore, et cette mesure de délimitation est évidem­
ment une mesure qui n'est pas d'ordre interne : c'est une mesure qui
a des effets internationaux. La délimitation de la zone de pêche, la
délimitation du territoire maritime de l'État, n'est pas une mesure qui,
en elle-même,présente un caractère purement interne.

Il me parait superflu d'examiner en ,détail le décret de r88g, parce
qu'il y a un fait certain et qui n'est pas discuté : ce décret fait applica­
tion des mêmesprincipes et des mêmesméthodes que le décret précédent
de r86g. Les lignes de base qu'il trace sont des lignes droites relianttre
eux certains îlots du skjrergârd. Et, en faisant le choix des points de
base, le Gouvernement norvégien s'est inspiré, comme en r86g, des
circonstances locales.
Quant à la longueur des lignes qui ont étéchoisies, qui ont ététracées,
elle varie entre7 mi!.lesmarins et 23,6 milles marins. L'intérêtelu décret
de r88g, c'est simplement qu'il confirme la position prise en r86g.
Le décret de r86g est suffisamment clair par lui-même,mais il n'est
pas sans intérêtde constater que, vingt ans plus tard, le Gouvernement
a une occasion de l'afflrmer à nouveau d'une manière non équivoque.
Maintenant, je voudrais montrer à la Cour l'emplacement des régions

qui sont couvertes par ces deux décrets.
(M. Bourquin fait une démonstration sur les cartes.]
Voici une carte généralede la côte ouest de la Norvège. Voici les deux
régions auxquelles s'appliquent les décrets de r86g et de r88g: les

régions du Sunnmore et du Romsdal. Ces r(gions, la Cour le constate,
sont donc situées bien au sud de la zone litigieuse.
Je demanderai maintenant au capitaine Coucheron-Aamot de pré­
senter la carten°I2, qui va permettre de voir d'une mani.èreplus précise PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 8 X 51 215
-comment la délimitation a étéétablie. Cette carte est d'une plus grande
-échelle. La voici.
Voici lesdeux régions qui sont couvertes par les décrets de r86g et

·de r88g. Comme la Cour le constate, ce sont des lignes droites qui ont
été tracées. Nous avons représenté sur cette carte ce que donnerait,
·dans ces deux régions, l'application de la méthode des arcs de cercle
que le Gouvernement britannique considère comme devant être appli­
quée dans la zone litigieuse. La Cour verra les formes différentes, variées
·et assez bizarres parfois que prendrait le tracé des arcs de cercle.
Mais ce qui est surtout frappant, c'est qu'il y a entre l'application
de la méthode des arcs de cercle dans ces régions ~t l'application du
·système des lignes droites des différences très sensibles.
Alors, je constate simplement une chose: quand le Gouvernement
norvégien, en r86g et en r88g, a eu à délimiter sa zone de pêche, il

n'a pas songé un seul instant à faire appli~at diolnméthode des arcs
-de cercle.
Cette méthode des arcs de cercle, nous en avons la preuve ici, est
absolument étrangère à la tradition norvégienne, à la pratique norvé­
gienne du x1xme siècle.
Voilà la seule conclusion à laquelle je voulais arriver pour l'instant.
La conception traditionnelle de la pêchecôtière a donc subi au XIxme
siècle une transformation sensible. En adoptant le système nouveau basé
·sur le décret de rSrz, la Norvège a renoncé à une partie de son ancienne
.zone de pêche, et les auteurs des décrets de r86g et de r88g s'en sont
·parfaitement rendu compte. Ils le disent expressément : la nouvelle
délimitation entraîne l'abandon de bancs de pêchequi ont étéréservés

-de temps immémorial aux habitants du pays. . .
Nous sommes, par conséquent, devant un mouvement de repli, devant
une concession qui est faite aux pêcheurs étrangers, et nous ne sommes
en aucune façon devant une tentative d'expansion.
Mais, ici, il y a uneerreur contre laquelle il faut nous prémunir et
<1uele Gouvernement britannique ne semble pas avoir évitée.L'erreur
{;Onsisterait. à isoler la règle des quatre milles de l'ensemble dont elle
iait partie. L'erreur consisterait à dire que ce qui s'est substitué à la
conception traditionnelle, vieille de plusieurs siècles, de la Norvège, ce
serait la règle des quatre milles.
Ce n'est pas la règle des quatre milles isolément qui s'est substituée
à la tradition, c'est un système dont la règle des quatre milles constitue

un élément, mais un élément lié à d'autres éléments.
Ce qui s'est substitué à la conception traditionnelle,c'est le système
que j'ai décrit, basé sur le décret de rSrz et interprété à travers les
décrets du XIxme siècle. C'est la règle des quatre milles à partir de
lignes droites tirées entre les points les plus avancés de la côte et du
skjŒrgiird.
Voilà le système du XIxmc siècle, voilà ce que le Gouvernement
norvégien a admis et qui constitue, je le répète,par rapport à la tradition
antérieure, une concession, un repli, une contraction des revendications
précédentes.
Sir Eric Beckett me fait observer, Monsieur le Président, que les
arcs de cercle qui sont tracés sur cette carte sont tracés d'après un

rayon de trois milles et non de quatre milles.
C'est donc une application de la règle des trois milles qui a étéfaite
ici.Il y a évidemment là une différence de fait que je suis heureux de
signaler à la Cour pour répondre à la demande de sir Eric Beckett.216 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51

Le PRÉSIDENT: Je ne pense pas que la Cour trouvera sur ce point
un élément décisif pour rendre son arrêt!

* * *

M. BouRQUIN: Les décrets dont je viens de parler, décrets de r86g,
de r88r, de rSSg, viennent donc s'ajouter à celui de 1812 pour caracté­
riser le système norvégien du x1xmc siècle, et c'est à travers eux que ce
système se manifeste et se précise.
Après avoir dégagéleur signification, nous devons nous demander
maintenant quel est l'accueil qu'ils ont reçu, quelle a étévis-à-vis d'eux
la réaction de la communauté internationale.
Un seul d'entre eux a provoqué une certaine réaction, d'ailleurs très
limitée, on va le voir, dans l'espace et dans le temps: c'est le décret
de r86g.
Comme je l'ai rappelé tout à l'heure, le Gouvernement français avait

déjà demandé antérieurement des explications au sujet de l'incident
des Qttatre-Frères qui s'était produit dans le Vestfjord, mais il n'avait
pas insisté et l'affaire s'était terminée à l'entière satisfaction de la
Norvège.
Lorsque le décret de r86g fut promulgué, le Gouvernement de Napo­
léonIll intervint à nouveau; il s'ensuivit un échange de correspondance
sur lequel je me permets d'attirer l'attention de la Cour parce qu'il est,
à mon avis tout au moins, elu plus haut intérêtpour nous.
Cette correspondance est reproduite à l'annexe rS de notre Contre­
Mémoire. Elle débute par une note du ministre de France à Stockholm,
qui porte la date du 21 décembre r86g.
Aucun incident ne s'était produit clans la région elu Sunnmi:ire qui
intéressât la France, et la France n'est intervenue que pour des raisons de

principe. C'est à ce point de vue qu'elle a émis des doutes sur la légi­
timité de la mesure qui venait d'êtreprise. La note du ministre le dit
expressément, je cite :
« Au point de vue généraldes principes elu droit international,
cette décision est clone aux yeux elu Gouvernement impérial d'un
véritable intérêt.))

On reviendra à plusieurs reprises, dans la suite de la correspondance,
sur ce caractère de la démarche française. Mais j'ai tenu à te·signaler
immédiatement. La France n'invoque donc aucun intérêt particulier
dans la région viséepar le décret. Ce qu'elle craint c'est que les principes
du droit international soient en cause et que, par conséquent, la décision
du Gouvernement norvégien puisse avoir des répercussions générales si
elleest maintenue.

Dans une note postérieure, du 30 décembre r86g, le Gouvernement
français ajoute quelques précisions à sa première note. Il invoque la règle
des trois milleset il invoque aussi la règle des dix milles.
L'objection de principe qu'il élève contre le décret norvégien de
r86g, tient essentiellement à ce que la ligne de base tracée par ce décret
ait plus de dix milles de longueur.
Que répond à cela la Norvège?
Dans une note du 8 février r870, elle repousse d'abord l'idée que
la règle des trois milles la lierait. Elle conteste ensuite l'affirmation que
les lignes de base ne pourraient pas dépasser dix milles de longueur. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X SI 2IJ
Ici, je demande la permission de lire le texte de la note :

<Malgre l'adoption dans quelques traités de la distance tout à
fait arbitraire dedix milles marins, elle ne me paraît pas avoir
acquis la force d'une loi internationale.Encore moins me paraît­
elle fondée dans la nature mêmedes choses, telle baie, selon les
diverses formations dela côtet du fond, présentant souvent un tout
autre c::~.ra qu'tne reutre de la même largeur. Il me semble
plutôt que ce sont les circonstances locales et l'observation de ce

qui est utilet équitable qui devront déciderdans des cas spéciaux.
La conformation de nos côtes ne ressemble en rien à celle des côtes
desautres pays d'Europe, et cette circonstance seule rend impossible
l'adoption d'une règle absolue et d'une application universelle en
cette matière. "
Si j'ai donné lecture de ce texte, c'est qu'il offre, me semble-t-il, un

intérêttout particulier. Il date de plus de quatre-vingts ans. Or, nous
pouvons le reprendre aujourd'hui, mot pour mot, sans y changer une
virgule, comme l'expression parfaite de notre thèse.
La Norvège repousse l'idéed'êtresoumise à la soi-disant règle des
dix milles pour plusieurs raisons.
Elle la repousse d'abord parce que cette règle n'a jamais acquis la
force d'une loi internationale;elle la repousse ensuite parce que c'est
une règle arbitraire, artificie1le et injuste.
Que la règle des dix milles soit arbitraire, cela n'a pas besoin d'être
démontré. IJu'elle soit artificielle et injuste c'est encore l'évidence

même. Parce que, comme" le dit la réponse elu Gouvernement norvé­
gien, deux baies qui ont à leur ouverture la mêmelargeur peuvent très
bien êtredifférentes les unes des autres.Ce qui est naturel et équitable
ce n'est pas de fonder leur régimesur le seul critère de la largeur d'ouver­
ture, c'est de tenir compte dans chaque-cas deensemble des circonstances
qui caractérisent l'espèce.
li est clair que pour la Norvège, dont les côtes sont si exceptionnelles,
l'adoption d'une règle absolue et d'une application universelle est tout
à fait impossible.
Voilà ce que dit la note du 8 février 187o.

Le 27 juillet de la mêmeannée, la l'rance répond.
Est-ce que la France insiste sur les règles qu'elle a énoncéesdans sa
précédentecommunication ? Pas du tout. Elle reconnaît mêmeque le
terrain du droit des gens est peu définien cette matière,et elle propose
de rechercher un accord sur une base pratique en laissant de côté les
principes.
Ses préoccupations, dit-elle, portent moins sur la question de fait
((que sur les conséquences qui devraient résulter dans l'avenir de notre
adhésion aux principes posésdans cette ordonnance "·
Et elle ajoute :

((Il était à craindre, en effet, que la "reconnaissance, en tant que
principe,des limites de pêche fixées par la décision royale ne
constituàt un précédent, qui aurait pu êtr~ invoqué contre nous,
au préjudice de nos pêcheurs par d'autres Etats étrangers.... ))

Voilà encore une déclaration qui mérite, je crois, d'êtresoulignée.
Elle corrobore ce que je disais il y a un instant : à savoir que l'inter­
vention de la f"rancc s'explique, non pas par des raisons de fait, mais
par des raisons de principe.218 .PLAlDOIRIE DE l\I. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 x SI

Que prétend aujourd'hui le Gouvernement britannique ? Que la
délimitation de r86g n'engageait aucun principe, qu'il s'agissait d'une
mesure purement empirique, déterminéepar de simples raisons d'oppor­

tunité et par les conditions particulières à la question du Sunnm6re.
Le Gouvernement français voit tout autrement le problème. Ce qu'il
voit, dans le décret, ce sont les principes qu'il engage.Et c'est unique­
ment en raison de ces principes qu'il intervient.
Aussi, qu'est-ce qu'il propose à la :cJorvège?
Il lui propose de maintenir en fait cette délimitation, mais en ajoutant
que les principes ne sont pas en jeu. Voici le texte:
reToute question de principe serait écartéeafin d'éviter de poser

aucune règle qui pùt êtreinvoquée au détriment des pêcheurs de
l'un ou de l'autre des deux pays; nous reconnaîtrions en fait ,la
délimitation adoptée dans les eaux de l'archipel Sunnm6re, de
mêmeque nous avons accepté celle qui concernait le Vestfjord. "
La correspondance entre les deux Gouvernements a étéarrêtéepar

les événementsde la guerre de r87o. Quoi qu'il en soit, la France n'est
plus revenue à la charge.
Et lorsqu'en r88g a étépris l'autre décret dont je parlais tout à
l'heure, qui concerne la région immédiatement voisine du Romsdal, la
France n'a pas fait la moindre observation.
Or, le décret de r88g applique exactement les mêmesprincipes et la
même méthode que celui de r86g. Il serait d'autant plus impossible
d'accepter le second sans accepter le premier, que la limite tracée en
face du Romsdal se confond pour ainsi dire avec la limite du Sunnm6re
dont elle n'est que le prolongement, comme on peut le voir sur la carte.
Voilà pour la France.

Et les autres États? Les autres États n'ont pas bougé.Ni le décretde
r.86g, ni celui de 188r, ni celui de r.88g, ni celui de r.Sg6, qui confirma
la _délimitation du Varangerfjord, n'ont provoqué de leur part la
momdre opposition.

Hien, silence complet.
Silençe complet de la part du Royaume-Uni comme de la part des
autres Etats. Le Royaume-Uni n'a formuléaucune objection à l'égardde
là pratique norvégienne. Il n'en a formulé aucune jusqu'au jour où les
chalutiers britanniques ont fait leur appa1·ition,à la veille de la première
guerre mondiale, devant les côtes du Finnmark orientaL
Il est évident que ce fait indiscutable, ce silence continu, embarrasse
beaucoup nos adversaires. Ils essaient de l'expliquer, mais les explica­
tions qt.i.'avancent ne font que confirmer leur embarras.
L'une des raisons qu'ils ont indiquées dans leurs écritures, c'est que
le Gouvernement britannique aurait ignoré, ou tout au moins n'aurait
connu que d'une manière insuffisante, les décrets dont j'ai entretenu la
Cour, et qu'il en serait particulièrement ainsi du décret de x86g.
Nous avons répondu à cette allégation dans notre Contre-Mémoire

et dans notre Duplique. Je me bornerai à rappeler quelques faits.
D'abord, le décret du r6 octobre r86g n'était pris que depuis deux
mois lorsque le Gouvernement français a fait, à son sujet, la démarche
que j'ai rappelée tout à l'heure.
Ce décret n'avait pas éténotifié à la France. Comment la France en
avait-elle eu connaissance ? De la façon la plus nonnale et la plus simple. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 5 I 2I9

Comme tous les actes officiels de ce genre, le décret de r86g avait été,
en effet, publiédans un bulletin qui paraissait alors toutes les semaines et
que les légationsaccréditéesauprès des Royaumes de Suèdeet de Norvège
suivaient at tentivemen t.
Cette publication s'appelait le «'Bulletin des ministères''· C'est dans

le numéro du 8 novembre r86g que le décret y a paru. C'est là que la
légation de France l'avait trouvé et il me paraît assez peu vraisemblable
que la légation de Grande-Bretagne ait étémoins vigilante et qu'elle ait
laissé échapper un texte comme celui-là, d'autant plus que les choses
de la mer offrent, pour son pays, un intérêttout spéciaL
Voici un deuxième fait. Au cours de l'arbitrage du différend anglo­
américain relatif aux phoques de la mer de Behring,.qui a eu lieu en
r.8g2-1893, il a étéquestion de la pratique norvégienne. .
Un çles membres du tribunal, Gram, qui était ministre d'Etat de
Norvège, a mêmefait au sujet du régimedes fjords une déclaration sur
laquelle je reviendrai dans un instant.
D'autre part, le Gouvernement des États-Unis, qui était donc partie
au différend. a invoqué le droit norvégien et a cité dans son Mémoire
une séried'actes officiels norvégiens. Or, parmi ces actes, figure notam­

ment le décret de 186g.
Il est donc impossible de soutenir que ce décret aurait échappéà
l'attention du Gouvernement britannique, puisque ce Gouvernement
était partie an litige de la mer de Behring. .
Quelques années plus_tard, en rgro, nouvean différend, nouvel arbi­
trage entre• les deux Etats. C'est l'arbitrage relatif aux pêcheriesde
l'Atlantique Nord. Or, dans cet arbitrage la Grande-Bretagne elle-même
a fait état de la déclaration formuléepar Gram dans l'affaire précédente.
Il n'est donc pas douteux que, pour préparer sa défensedans l'affaire des
pêcheriesde !"Atlantique Nord, elle avait relu attentivement le dossier
de l'affaire de lamer de Behring et qu'elle y a retrouvé la mention du
décret de r86g.
J'ajoute que les différents décrets faisant application du système
norvégien ont fait l'objet de communications assez nombreuses dans les

milieux scientif'tques etnotamment à l'Institut de Droit international.
Il y a eu, par exemple, une série de communications de Aubert, qui
était alors professeur à l'Université de Christiania. Il y en a eu en r8g1,
r8gz et en r8g4. Or, le rapport que Aubert a soumis à l'Institut en r8g1
contient en annexe tous les textes importants, y compris le texte du
décret de r86g et celui du décret de r88g. Et, comme l'Institut a décidé
de publier in extenso le rapport de Aubert, il suffit d'ouvrir J'annuaire de
l'Institut pour trouver le texte du décret.
Je signale enfin que Fulton donne, dans son livre The Sovereignty
of the Sea qui parut en 1grr, ·tous les renseignements voulus. Non
seulement il fait état des décrets pertinents, mais il indique mêmela
.longueur précise'desdifférentes lignes de base tracées en r86g et en r88g.
Cela figure à la page 67r de son ouvrage. ·
Bien plus. Fulton publie, à la page 670, une carte de la région du
Romsdal, en y comparant la zone de pêcherésultant du décret de r88g
à ce que serait cette zone si l'on faisait application des règles de la

Convention de r.88z sur la mer du Nord. Donc. sur cette carte, Fulton
fait une comparaison du mêrqegenre que celle que nous avons faite
nous-mêmes. Nous avons comparé, nous, les lignes droites au système
des arcs de cercle.Fulton fait une comparaison entre les lignes du décret220 PLAIDO!RlE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 8 X 5I
norvégien et ce que donnerait, dans cette région,l'application des règles

adoptées en 1882 par les États contractants pour la police dans la mer
duN ord. Et il en tire d'ailleurs cette conclusion que je signale en passant :
((La carte montre .... combien sentit compliquée une limite de
3 milles basée sur les dispositions de la Convention de la mer du.

Nord, si on devait l'appliquer à une telle côte. J>
Cette réflexion figure à la page 672 du livre de Fulton.

D'où Fulton a-t-il tiré ces renseignements? Il le dit à la page 673.
Il les a obtenus de .la légation de Norvège à Londres et du secrétaire
généralde l'International Law Association, le Dr Baty.
Cela prouve, par conséquent, que la Norvège était loin de faire
mystère des mesures de délimitation qu'elle prenait et qu'il ne fa.llait
pas se donner beaucoup de mal pour être complètement renseigné à

leur sujet.
La première raison que l'on suggère pour expliquer le silence du
Gouvernement britannique ne me paraît donc pas résister à l'examen.
Il y en a une autre qne l'on met aussi en avant. On n'y a pas
beaucoup insisté, ma.is je .la relève tout de mêmeen passant. C'est que
les parties de la côte norvégienne auxqnelles s'appliquent les décrets
du XJxmc siècle,et particulièrement ceux de r86g et I88g, "n'ont jamais
étéd'un grand intérêtpour les pêcheursbritanniques 11.
Cette justification - ou cet essai de justification - du silence de la
Grande-Bretagne a étéprésentéeau paragraphe 6 de son Mémoire.

i'dais la France non plus n'avait pas un intérêtparticulier dans la
région du Sunnmore. Cela ne l'a pas empêchée cependant d'intervenir et
de considérer qu'elle devait le faire pour empêcher.la création d'url
précédent.
Si l'on admettait le point de vue de la Partie adverse, il faudrait en
conclure qu'un État peut s'abstenir, pendant un demi-siècle, de contester
la validité d'une situation juridique, d'émettre au sujet de la validité de
cette situation le moindre doute, et conserver malgré cela le droit de s'y
opposer le jour où il estime qu'il est devenu utile pour lui de le faire.
Je doute fort qu'une telle conception soit admise.

Un moment vient où la situation s'est consolidée, où .lesilence per­
sistant des tiers la met à l'abri des surprises et où les contestations qui
pourraient surgir ultérieurement doivent êtreécartéescomme tardives.
Je crois donc qu'aucune des raisons qui sont invoquées par le Gouver~
nement britannique pour expliquer gue le silence qu'il a adopté à l'égard.
des décrets norvégiens du XIX"''siècle n'entamerait en rien sa position
actuelle, je crois, .dis-je,'aucune de ·ces raisons ne peut êtreretenue.
D'ailleurs, îl me semble bien que la Partie adverse s'en rend elle-même
compte. En effet, elle admet que, dans les régionsauxquèlles ces décrets.
s'appliquent, la Norvège peut faire valoir des titres historiques. Elle

l'admet de la façon la plus èatégorique en ce qui,concerne le Varanger­
fjord auquel s'appliquent le décret de r88r et celui de r8g6. Elle l'admet
aussi, bien que sous une forme plus enveloppée, pour les zones de pêche
du Sunnmi:ire et du Romsclal auxquelles s'appliquent les décrets de r869
et de I88g. Voici en effet ce qu'on lit à ce sujet au paragraphe 2 c)
de la Réplique britannique :

"Le Royaume-Uni reconnaît que la Norvège peut avoir un titre
prescriptif à des étendues de mer mesurées à partir de certaines PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 5I 221

lignes de base établies par les décrets norvégiens de r869 et
de r889., · ·

On voit que la formule est plus prudente. On dit: «la Norvège peut
avoir· un titre prescriptif "· Mais. malgréla prudence dont elle s'entoure,
je crois qtte cette formule prouve bien que le Gouvernement britannique
est conscient qu'une situation historique s'est crééedans ces régions
et que cette situation est_juridiquement valable pour le H.oyaume-Uni
comme pour les autres Etats.
Seulement, si .la Norvège peut s~prévaloir d'un titre historique dans
les régions auxquelles s'appliquent les décrets du XJxmc siècle, quelle

conclusion faut-il en tirer ?
Comme ces décrets ne sont que des applications du système norvégien,
la conclusion me paraît s'imposer: c'est que ce système norvégien lui­
même peut se prévaloir de cette consolidation historique; c'est que le
titre historique de la Norvège n'est pas seulement valable localement
pour les eaux du More, pour les eaux du Romsdal et pour les eaux du
Va.rangerfjord, mais qu'il est valable pour le système de délimitation qui
a étéappliqué clans ces régions.
Mais alors, il est clair que la position de nos adversaires est ébranlée
dans ses fondements. Car le décret litigieux de 1935 n'est lui-même
qu'une application de ce système. Si l'on reconnaît que le système s'est
historiquement consolidé, sa validité juridique ne peut plus êtremise

€11 discussion, pas plus dans la région couverte par le décret de 1935
que dans celles qui étaient viséespar les décrets antérieurs.
Aussi le Gouvernement britannique s'efforce-t-il de résister cette
conséquence en soutenant qu'il n'y a pas de système norvégien. Pour
lui, les décrets du XJxmc siècle dont j'ai parlé ne sont que des mesures
locales dont on ne peut tirer aucun principe valable pour la solution
du litige actuel.
En d'autres termes, le Gouvernement britannique est bien obligé
de reconnaître la consolidation historique qui s'est réaliséesur la base
de ces décrets, mais il essaie, si je puis ainsi dire, de limiter les dégâts
en attribmtn t à cette consolidation un caractère purement empirique
et local et en lui refusant toute signification d'ordre général.C'est pour

cela qu'il dit qu'il n'y a pas de système norvégien.
Eh bien ! Messieurs, je crois que cette thèse n'est pas difficile à réfuter.
Sans doute s'agît-il,dans les décrets en question, de solutions d'espèŒ
et qui tiennent compte des circonstances locales. Mais chacune de ces
solutions d'espèce se fonde sur une règle générale.Et voilà précisément
ce qui fait leur valeur.
Quand les décrets de r869 et de r889 ont délimitéla zone de pèche
dans la région du More et dans la régiondu H.omsdal, la méthode qui a
étéappliquée n'a éténullement une méthode particulière, une méthode
spéciale qui aurait étéimaginée pour ces régions. C'est une méthode
• générale que le Gouvernement norvégien a considéréecomme étant
implicitement admise d;ms le décret de base, c'est-à-dire le décret

de 1812.
Quand le Gouvernement norvégien a proclamé, en r868, en r88.r et
en r896, que le Vestfjord et le Varangerfjord font partie intégrante des
eaux intérieures du pays, s'agissait-il, dans sa pensée, d'une mesure
particulière limitée à ces deux cas d'espèce? En aucune façon. Il
s'agissait de l'application d'un principe. Le Gouvernement norvégien 22:2 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUlN (NORVÈGE) - 8 X SI

n'a pa.s songé un instant à dire que le Vestfjord et le Varangerfjord
bénéficieraient d'un régime spécial pour des raisons qui leur étaient
propres. Tout au contraire, il a déclaréque ces fjords faisaient partie
intégrante du territoire norvégien, malgré la largeur de leur ouverture,
parce qu'il y avait un principe du droit norvégien en vertu duquel tous
les fjords faisaient partie des eaux intérieures, quelle que soit leur largeur.
Je me permets de citer ici la déclaration qui a étéfaite, au moment
de l'arbitrage de la mer de Behring, par Gram, et à laquelle je faisais
allusion tout à l'heure. Le texte en est reproduit à l'annexe20 de notre

Contre-Mémoire. Le voici :

(<Uncoup d'Œilsur la ca.rte suffit pour constater le grand nombre
de fjords ou golfes et leur importance pour les habitants de la
Norvège. Certains de ces fjords ont un développement considérable,
s'étendent loin à l'intérieur du pays et ont une embouchure très
large. Cependant, ils ont étéconsidérésde temps immémorial comme
des eaux intérieures,et ce principe a toujours étémaintenu, même
à l'égard des r,essortissants étrangers. ))

Je crois inutile d'insister davantage sur ce point. On ne peut pas
sérieusement contester, me paraît·il, que les déclarations et les décrets
dont j'ai fait état apparaissent comme faisant application de règlesgéné­
rales et, par cons~quen ctm,me consacrant l'existence de ces règles.
On nous dit : mais la preuve qu'il ne s'agit pas d'un système, c'est
que vous fondez vos décisions sur des conditions particulières, sur les
conditions· de la région à laquelle vous vous intéressez, et qu'en fin de
compte ce sont des considérations d'ordre pratique, des raisons d'oppor­
tunité qui déterminent votre choix.
Il est parfaitement exact que, quand il s'agit de déterminer les points

de base entre lesquels sont tirées des lignes droites elevant servir de
points de départ au calcul des quatre milles de la mer territoriale, un
·certain choix est fait par le gouvernement.
L'application des règlesgénéralesdu système norvégien, je l'indiquais
déjà tout à l'heure, n'est pas une application mécanique. Elle comporte
une certaine liberté d'appréciation. li arrive souvent, non seulement
dans le droit international, mais dans le droit interne, qu'il en soit
ainsi.On voit, par exemple, le législateur établir des règle? que l'admi­
nistration devra appliquer. Mais, quand elle les applique, une certaine
liberté d'appréciation des circonstances lui estaissée.C'est exactement
la mêmechose dans le système norvégien. Et vouloir dire que ce système
n'existe pas parce que, malgré l'existence de règles générales,une cer·

taine liberté de choix est laisséeaux autorités compétentes, c'est donner
à la notion de système une interprétation beaucoup trop étroite et tout
à fait inadmissible. ·
Le système norvégien repousse les formules mécaniques et standardi­
sées. Il croit que des formules de ce genre sont artificielles et qu'elles
ne peuvent conduire qu'à des .résultats à la fois injustes et pratiquement
défectueux, parce que les situations auxquelles il faut les appliquer sont
très différentes les unes des autres ct qu'on ne peut pas les réduire à
un·commun dénominateur.

Le système norvégien admet donc que la délimitation d~ la zone de
pêchedoit êtreadaptée aux. circonstances locales et que J'Etat riverain
possède, par conséquent, un certain pouvoir d'appréciation. HAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51 223

Mais ce n'est pas du tout un pouvoir arbitraire, un pouvoir illimité.
En choisissant ses points de base et ses lignes de base, l'État est loin
de pouvoir faire ce qu'il lui plaît.
D'abord, il doit faire choix de points de base déterminésraisonnable­
ment. Il doit se fonder sur des considérations tirées soit de la configura­
tion de la côte, so.it des conditions de la pêche,soit d'autres réalités
objectives. ·
Mais cela ne suffit pas. Il faut encore que son choix soit conforme
aux règles plus précisesque j'ai exposéestout à l'heure.
Pour que la Norvège comprenne dans ses eaux une certaine zone, il
ne suffit pas que des motifs, mêmetrès sérieux, justifient cette incorpo­

ration. Il faut encore que cette zone se trouve dans la limite de quatre
milles comptés à partir de lignes droites reliant des rochers qui émergent
de la mer. Des bancs de pèche sur lesquels la population pourrait, en
toute équité, faire valoir des droits, des intérêtsmajeurs, des titres
historiques, ne pourraient pas être revendiqués s'ils étaient situés en
dehors des limites du système que j'ai eu l'honneur d'exposer à la Cour.
Dans l'interprétation qui a prévalu en r86g et à laquelle le décret de
1935 est resté fidèle, malgré tQus les sacrifices que cela entraîne, la
Norvège renonce à revendiquer ces bancs.
· Voilà le système norvégien. C'est un système souple. C'est un système
qui reconnaît à l'État riverain un certain pouvoir d'appréciation néces­

s<üre pour adapter la délimitation des eaux territoriales aux conditions
particulières des différents secteurs de la côte. Et quand il s'agit d'une
côte aussi exceptionnelle, aussi irrégulière,aussi tourmentée que la côte
litigieuse, ce pouvoir d'appréciation est doublement indispensable.
!VIais,en mêmetemps, le système norvégienest un système qui circons­
crit les droits de l'État, qui limite ses possibilités et qui dresse devant
lui des barrières absolument infranchissables.

[Séance publique du 8 octobre I95I, après-midi]

Nous sommes arrivés, lVIessieurs,au tourn<tnt décisif. Le conflit va
naître. Quelles sont les origines de ce conflit ?

On dirait quelquefois, à entendre la Partie adverse, que ce serait une
initiative de la Norvège qui en serait la cause. Le Gouvernement norvé­
gien aurait émis des prétentions nouvelles, il aurait cherché à étendre
son domaine ·maritime et, devant cette attitude, le Gouvernement
britannique aurait réagipour défendre la liberté des mers et les intérêts
de la communauté internationale.
Cette façon de présenter les choses n'a qu'un défaut, c'est qu'elle ne
correspond aucunement à la réalité.
La réalitéest fort simple. Nous l'avons exposéeaux paragraphes 277
à 280 de notre Duplique, en nous appuyant sur des sources qui' ne
sont pas contestées, je pense, et, avant tout, sur le livre de Fulton.

Je demande la permission de résumer brièvement les faits.
Depuis la deuxième moitié du XIX"'" siècle, il y a des perturbations
profondes qui ont étécausées dans l'industrie de la pêchepar l'emploi
de méthodes et de techniques nouvelles.
Ces perturbations, elles ont étéressenties a5sez vivement en Grande­
Bretagne. On a commencéalors à se rendre'compte que le développement224 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORvÈGE) ---8"X 5I

de la pêcheau chalut, telle qu'elle était pratiquée, risquait d'appauvrir
dangeureusement .les fonds de pêche situés près des c6tes du pays et
dans la mer du Nord. A partir de I863 il y a toute une série d'enquêtes
qui ont étéinstituées en Gr::mde-Bretagne à ce sujet.
Les compagnies de chalutiers elles-mêmes se plaignaient et elles
demandaient que des mesures de protection soient prises contre une
exploitation excessive et désordonnée.
Seulement ces mesures de protection n'étaient pas faciles à prendre.
Le Royaume-Uni pou.vait les prendre dans ses eaux territoriales, ce
qui était tout à fait insuffisant. Mais le Royaume-Uni ne pouvait pas
les prendre seul au delà de la limite de ses eaux territoriales. Pour

arriver à réglementer la pêcheau chalut en pleine mer, il aurait fallu
avoir un accord intemati9naJ puisque en pleine mer, au delà de la limite
des eaux territoriales,l'Etat ne peut réglementer que l'activité de ses
nationaux; il ne peut pas établir de réglementation à charge des
étrangers.
Or, une interdiction ou une réglementation de la pêche au chalut,
qui aurait étéuniquement applicable aux sujets britanniques, aurait
eu un double défaut. D'abord elle aurait crééune discrimination au
détriment de ces sujets britanniques et ensuite elle n'aurait eu qu'une
efficacité restreinte et, par conséquent, elle aurait manqué son but.
ll fallait donc, si l'on voulait sortir de l'impasse, si l'on voulait trouver
une solution, il fallait trouver, il fallait mettre sur pied un accord inter-

national. ·
C'est évidemment une solution, mais c'est une solution qu'il est
souvent difficile - l'expérience le prouve - de réaliser.
Résultat : la question restait ouverte et l'appauvrissement des fonds
de pêches'aggravait.
C'est alors qu'un changement se dessina dans la politique des
compagnies de chalutiers. ·
A partir de la dernière décade du Xlxme siècle, les chalutiers ont
commencé à élargirle champ de leurs opérations. Les moyens techniques
dont ils disposaient leur permettaient de le faire, leur permettaient
d'aller pêcher au loin.
On constate qu'en 1.8gr déjà les chalutiers britanniques avaient poussé
leurs opérations jusqu'à l'Islande. Bientôt, ils se mirent à pêcher près

des côtes des îles Féroé.Puis ce fut le tour du golfe de Gascogne ainsi
que des côtes espagnoles et portugaises. Un peu plus tard, du Maroc
et de l'Afrique équatoriale française. Enfin, ils toumèren t leurs regards
vers la mer de Barentz, le Finnmark et la Russie.
L'apparition des premiers chalutiers à vapeur devant les côtes du
Finnmark oriental datait de rgo6. Ils étaient d'ailleurs très peu nom­
breux à ce moment, et, naturellement, la première guerre mondiale a
eu pour effet d'arrêter momentanément leurs mouvements.
Mais, après la fin des hostilités, ce mouvement a repris de plus belle.
Le nombre des chalutiers a considérablement augmenté et, en même
temps, leur champ d'action s'est développé.

A partir de 1932, ce ne fut plus seulement devant les côtes du Finn­
mark oriental qu'on les découvrit mais aussi devant les côtes du Finn­
mark occidental, devant les côtes du Troms et devant la côte du Nord­
land, c'est-à-dire devant l'ensemble des côtes qui sont régies par le
décret de I935· PLAIDOIRIE DE M. BOURQUE\ (XORV.ÈGE) - 8 X 51 225

C'est pour se défendre contre cette invasion croissante que la Norvège
a dü réagir, qu'elle a dù prendre des mesures, qu'elle a dù préciser la
limite de sa zone de pêcheet qu'elle a édictéle décret royal du I2 juil­
let I935·
Ce qui a modifié le statu quo, par conséquent, ce qui a mis fin à la
situation paisible qui durait depuis trois siècles, ce n'est pas du tout
une revendication norvégienne, c'est l'expansion des opérations de pêche
entreprises par les chalutiers britanniques.
Il n'y a <mcundoute là-dessus.
Fulton expose comment cette expansion a pu se faire et il rend hom­

mage à l'énergie et à l'esprit d'initiative des compagnies de chalut:iers
mais, en mêmetemps, il comprend très bien la-réaction des pays menacés.
Voici comment il s'exprime à ce sujet:

"Ceux-ci.- c'est-à-dire les pays menacés- voient les fonds de
pêche qu'ils étaient accoutumés depuis si longtemps à considérer
comme leur bien propre .... envahis et exploités par des étrangers qui
menacent leur gagne-pain. Ils redoutent que ce qui s'est passédans
la mer du Nord ne se produise le long de leurs côtes ; que les fonds
de pêche, d'une étendue souvent limitée, ne soient appauvris et
épuiséspour le seul bénéficedes étrangers et que leurs efforts pour
assurer leur entretien et celui de leurs familles ne soient rendus
clitf1cilesou impossibles.)J

Et :Fulton ajoute:

"Il n'est pas surprenant que les pêcheurs et ceux qui sympathi­
sent avec eux éprouvent un sentiment d'indignation en présence de
l'invasion de leurs eaux par les chalutiers étrangers."

Ces remarques si justes et si pleines de compréhension flgurent aux
pages ]IJ et 714 du livre de Fulton.
Nous avons exposé dans nos écritures les conséquences de cette inva­
sion des chalutiers étrangers en ce qui concerne la Norvège. Nous avons
indiqué ses effets immédiats et les dangers très graves qu'elle comporte
pour l'avenir.

· Je crois inutile de refaire cet exposé dans tous ses détails. !VIaisil me
pamît nécessaire cependant d'en reprendre les points essentiels, surtout
après le tableau extrêmement tendancieux qui a étébrossé l'autre jour
à la barre. .
Pour comprendre la situation, il faut d'abord se r<tppeler qu'il existe
deux sortes de pêchese pratiquant devant les côtes de la Norvège et
qui concernent deux peuplements de poissons tout a fait distincts l'un
de l'autre.
Il y a cl'ELbordune pèche journalière, CJUa i lieu tout le l.ongde l'année
et qui concerne des poissons sédentaires. Ces·poissons passent leur vie
dans les fjords et clans les eaux qui sont en face de hl côte.
Tlsstationnent dans ces régions.
Tl y a, parmi eux, des morues ; mais il y a aussi d'autres poissons,

-par exemple des aiglefins, des merlans, des colins, des plies, etc. Par
conséquent, 1e peuplement séclentaire est varié.
Et ici je tiens à préciser que la zone où il se trouve n'est pas du tout
aussi limitée qu'on pourrait le croire après l'exposéde la Partie adverse.
Cette zone s'étend sensiblement au delà de la limite du décret de I935·
I6226 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X ji

Donc, toute la région comprise dans les limites du décret litigieux est
une régionoù se·pratique la pêchedes espèces sédentaires.
En dehors de ce peuplement sédentaire, il y en a un autre, tout dif­
férent, qui se trouve plus au large, dans les grandes étendues de la mer
de Barentz. Ce peuplement-là est composé d'une seule espèce. C'est une
espèce de morue qu'on appelle la morue norvégo-arctique et qu'il ne faut

pas confondre avec la morue côtière (celle qui fait partie du stock séden­
taire).
Il est d'ailleurs très difficile, à la vue, de les distinguer. Pour arriver
à les distinguer l'une de l'autre, il faut ou bien compter leurs vertèbres
ou bien découvrir en ouvrant la bouche un petit os qui est différent
dans un cas de ce qu'il est 'dans l'autre. En réalité,ce sont tout de même
deux espèces différentes.
Cette morue norvégo-arctique, qui a sa résidence normale, pour ainsi
dire, dans les grandes étendues de la mer de Barentz, n'est pas du tout
une espèce sédentaire. C'est au contraire un poisson migrateur qui se
déplace suivant un rythme saisonnier. Et l'on connaît parfaitement

ce que l'on pourrait appeler le calendrier de ses déplacements.
Et ici je demanderai, avec votre permission, Monsieur le Président,
au capitaine Coucheron-Aamot de suivre sur le plan en relief les indica­
tions, d'ailleurs extrêmement brèves, que je vais donner.
Aux mois d'octobre et de novembre, les morues de ce stock de la
mer de Ba.rentz, ou plutôt celles qui ont atteint la maturité sexuelle,
car il s'agit uniquement de celles-là, commencent à se mettre en route
vers la côte norvégienne.
Au mois de décembre,elles arrivent au bord des terrasses sous-marines
du Finnmark et du Trams.
Au mois de janvier, leurs avant-gardes apparaissent sur les grands

bancs du Ivlalangsgrunnen e~ du Sveinsgrunnen.
Et en février,ellesatteignent ce qui est en somme le but de leur voyage,
c'est-à-dire les îles Lofoten, où ellest pondre leurs Œufs.
Les mois de mars et d'avril sont consacrés à cette opération. Puis,
au fur et à mesure qu'elles ont fini de pondre, les morues quittent les
frayères des Lofoten et prennent le chemin du retour.
Aux mois de ma.iet de juin, elles atteignent la côte du Finnmark.
Enfin, au cours des mois de juillet et d'aoüt, elles se dispersent à
nouveau dans les immensités de la mer de Barentz.
Ce sont ces migrations de la morue norvégo-arctique qui donnent lieu
aux grandes pêchessaisonnières dans la Norvège septentrionale.
Donc, la pêchejournalière qui se fait tout le long de·l'année devant
les côtes de la Norvège est la pêchedu stock sédentaire et, aux saisons

que je viens d'indiquer, ily a une pêchequi a un autre caractère et qui
est la pêchede la morue norvégo-arctique.

Je m'excuse d'êtreentré dans ces quelques détails techniques, mais
je crois qu'ils étaient nécessairespour saisir la question qui nous occupe,
c'est-à-dire le d9,nger que représente réellement pour les pêcheursnorvé­
giens l'afflux croissant des chalutiers étrangers.
En quoi ce danger consiste-t-il ?
Est-ce qu'il consiste dans l'épuisement du stock migrateur? Est-ce
qu'on doit redouter que les méthodes de pêchedes chalutiers mettent
en danger les réservesde la mer de Barentz ? PLAIDOIRIE DE :\L BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51 227
Tlne semble pas qu'il y ait grand périlde ce côté. Le stock de morues
norvégo-arctique est sans doute capable de résisterà une pêcheintensive.

Il ne faudrait cependant pas exagérer.
Comme le dit un rapport que nous avons publié, le rapport du
5 février 1949 qui émanede la Commission norvégiennepour la rationa:Ji­
sation de la pèche- ce rapport se trouve à l'annexe go de notre Duplique
-, l'expérience sur laquelle on peut tabler concerne uniquement une
périodeoù la faune sous-marine a étéparticulièrement abondante. Et il
est possible que, pendant des périodesmoins favorisées, une exploitation
intensive réduirait la productivité de la pêche.
C'est ce qui s'est passédans la mer du Nord, où l'on est éclairé par une
expérience plus longue. Le mêmephénomènepourrait se produire égale­
ment dans lesmers boréales.
Mais ce n'est point, je le répète, le véritable objet de l'alarme des

Norvégiens.
Dans la discussion qui s'est engagée entre les Parties à ce sujet au
cours de la procédure écrite,il y a eu, semble-t-il,n certain malentendu,
qui a peut-être son origine, d'ailleurs, dans une rédaction défectueuse
du Contre-Mémoire norvégien.
Le Gouvernement britannique a cru que nous redoutions surtout
l'appauvrissement des réservesde Ia morue norvégo-arctique.
C'est une erreur. Nos appréhensions les plus vives et les plus justifiées
ont un autre objet. Elles sont expliquées aux paragraphes 23 à 25
de notre Duplique ainsi qu'à l'annexe 87, qui est constituée par un
rapport émanant de 1\11R . ollefsen, directeur de l'Institut océanogra­

phique du service des pêches.
L'opinion de M. Ro1lefsen ayant étéinvoquée par le Gouvernement
du Royaume.Uni en plusieurs endroits de sa Réplique, le Gouvernement
norvégien a soumis la question à cet expert, dont la science et la parfaite
objectivité sont universellement reconnues.
Le rapport que nous avons produit expose nettement l'opinion de
M. Rollefsen sur les points soulevés.
Que dit-il ?Il préciseles raisons qui justifient les craintes de la Norvège.
Ces craintes ont un double fondement. Elles reposent en premier lieu
sur les dangers du chalutage pour les réserves stationnaires, pour ce
stock de poissons qui est plus ou moins fixé, soit dans les fjords, soit
dans les environs de la côte du skja~rgârd.
Ici, il ne s'agit plus du tout d'un stock aussi résistant que celui de

la mer de Barentz. ' .
Le peuplement sédentaire peut être facilement entamé, et ce qui
s'est passé dans la mer du Nord le prouve.
Il est bien vrai que, comme on nous l'a dit l'autre jour du côtébritan­
nique,·ce qui attire surtout leschalutiers britanniques, ce sont les grandes
pêchessaisonnières de la morue norvégo-arctique. Seulement, lorsque
ces chalutiers approchent des côtes, comment pourraient-ils épargner
les poissons du stock sédentaire ?
Comme je Je rappelais tout à l'heure, le stock sédentaire se trouve
sur les bancs côtiers, et cela bien au delà de la limite du décret de 1935.
l\'lêmesans franchir cette limite, il est inévitable que les chalutiers
prennent des poissons appartenant au stock sédentaire.

Et on en a la preuve. Cette preuve est fournie, par exemple, par un
tableau qui est joint au rapport de lVI.Rollefsen et qui figure à la page 552
de notre Duplique (vol. III).228 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51

Ce tableau indique les prises qui ont étéeffectuéesau cours de l'année
1937, en moyenne, par les chalutiers anglais et allemands.
Or, on y trouve toute une série de poissons qui n'ont absolument
rien de commun avec la morue norvégo·arctique. On y trouve toute
une série de poissons qui appartiennent au stock sédentaire.
Par conséquent, les chiffres donnés pour les prises qui ont étéfaites
en 1937 par les chalutiers britanniques et allemands prouvent que, d'une
manière effective, ces chalutiers entament Jestock sédentaire, et j'ajoute

que, parmi les morues qui sont comprises dans ce tableau, il y en a
certainement un bon nombre qui relèvent du stock sédentaire et non
pas du stock de la mer de Barentz. Comme je le disais tout à 'l'heure,
.il est extrêmement difficile de faire la distinction. Il faut se livrer pour
cela à des opérations vraiment de détaiL Or, on a le chiffre brut des
morues, dans lequel il y a certainement des morues du stock sédentaire.
Voilà ce que les statistiques révèlent. Elles révèlent que, dès mainte­
nant, mêmesans franchir la limite du décret de 1935, les chalutiers qui
viennent pêcherdans ces régionsattaquent le stock sédentzüre, pêchent
des poissons du stock sédentaire. Alors, qu'arriverait-il si cette limite
devait êtreremplacée par la pecked green liltet si le chalutage pouvait
se faire beaucoup plus près des côtes norvégiennes ? Il est évident qu'il
y aurait là une menace sérieuse pour les pêcheursnorvégiens, car, je le

rappelle, le stock sédentaire est celui qui alimente la pêchejournalière,
celle qui se faittout <ntlong de l'année.
Voilà donc une des appréhensions qu'éprouvent les pécheurs norvé­
giens, qui craignent que le peuplement sédentaire ne soit compromis.
Mais il est un autre danger qu'ils redoutent mêmedavantage encore.
L'expérience prouve en effet qu'il est impossible de pratiquer aux
mêmesendroits, sur les mêmesbancs de pêche,la pêcheau chalut, d'une
part, et, d'autre part, la pêcheaux trains de lignes et aux trains de
filets. Pourquoi ? Pour la raison bien simple que les chalntiers détmisent
ou détériorentles lignes et les filets.
Les chalutiers ·qui opèrent elevant les côtes norvégiennes sont des
navires puissants qui jaugent entre Boo et r.ooo tonneaux et qui sont
équipésde machines développant une puissance d'environ I.ooo chevaux­

vapeur. Le chalut lui-mêmepèse plusieurs milliers de kilogrammes. Il
est traîné sur le fond à une vitesse de quatre milles, et cela pendant
plusieurs heures d'affilée.
La concurrence entre les chalutiers à vapeur ·et les autres engins de
pêche, comme les trains de lignes et de filets, aboutit simplement à
l'éliminationdes seconds en vertu de la loi du plus fort.
Et mêmeen faisant preuve du maximum de bonne volonté, mêmeen
prenant toutes les précautions possibles, les chalutiers fontop de dégàts
aux lignes et aux filets pour que les uns et les au tres puissent êtreutilises
normalement aux mêmesendroits.
Or, les pêcheursnorvégiens n'emploient effecti\iement que des trains
de lignes et des trains de filets. Ils ne pêchentpas au chalut ou ils ne le

font gue dans des proportions insignifiantes. La législation en vigueur
leurinterdit complètement de pêcherau chalut dans les caux territoriales.
Tout chalutage est radicalement interdit dans les eaux territoriales.
La lé&>islationen vigueur permet mêmeaux Norvégiens de pêcher :m
chalut en haute mer seulement en .vertu de concessions royales qui
sont accordées individuellement, et le nombre de ces concessions est PLAIDOIRIE DE .M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51 229

extrêmement réduit. Actuellement, il n'y a que onze chalutiers norvé­
giens en service.
La Commission pour la rationalisation de la pèche, dans son rapport
de 1949, auquel je faisais allusion tout à l'heure, a proposé d'augmenter
ce nombre. Mais elle a maintenu le principe qu'une concession royale
était nécessaire dans chaque cas. Elle a maintenu aussi le principe, plus
essentiel encore, que ces concessions ne pouvaient être octroyées que
pour pêcheren haute mer et jama:is à l'intérieur des eaux territoria]es.
J'insiste sur ce point, parce que, à entendre ce que J'on a dit J'autre

jour à la barre, on pourrait croire queJe Gouvernement norvégienaurait,
dans les derniers temps, reconnu lui-même que ses appréhensions à
l'éga.rddu chalutage étaient sans fondement, ou tout au moins très
exagérées, et qu'il aurait renoncé à l'interdiction de la pèche au_chalut.
C'est une erreur complète. L'interdiction de la pêcheau chalut subsiste
intégralement dans les eaux territoriales. La loi du 20 avril 1951, qui
a étéadoptée à la suite du rapport de la Commission de 1949, dispose
expressément dans son article premier: ''Il est interdit de pêcher au
chalut en deçà de la ]imite de pêchenorvégienne. " Aucun chalutier,
norvégien ou autre, ne peut donc se livrer à la pêcheà l'intérieur de la

limite de 1935, précisément parce que Je Gouver!)ement est persuadé
qu'ouvrir cette zone au chalutage serait un véritable désastre.
Par conséquent, la pêchenorvégienne ne se pratique au moyen du
chalut que dans une proportion infime. La pêchenorvégienne est une
pêche aux. trains de lignes et aux trains de filets.
Et s'il en est ainsi, c'est pour des raisons qui s'expliquent parfaitement.
Ici encore, je me vois obligéde rectifier l'exposéde la Partie adverse.
On a essayé de représenter les pêcheursnorvégiens comme des retarda­
taires qui s'obstineraient à ne pas tirer avantage des progrès de la
technique moderne. Pour répondre à cette assertion, il me suffira de

citer l'opinion de deux experts britanniques, MM. Maurice et Douglas.
Ces deux experts sont ceux qui ont représentéle Gouvernement britan­
nique dans les pourparlers de 1924 et de 1925 avec la Norvège. A la suite
des entretiens de1924, ils ont adresséau chef du Foreign Officeun rapport
très confidentiel qui a étéproduit par le Gouvernement britannique
à l'annexe 4 de son l\IIémoireet dont nous avons eu ainsi connaissance.
Or, voici comment s'expriment MM..Maurice et Douglas au point n° II
de ce rapport au sujet des conditions de la pêchedans la Norvège du
Nord:

<1La population est hrgement disséminée.... les moyens de trans­

port sont limités et les pêcheursn'ont, par conséquent, ni les mar­
chéspour le poisson frais, ni les moyens d'atteindre de tels marchés,
qui sont à la disposition de notre industrie du trawling. Ce n'est
donc poin.t par simple conservatisme qu'ils continuent à employer
leurs vieilles méthodes de pêche.... Toute tentative de la part de
la Norvège, dans la situation où elle se trouve, pour développer une
industrie de la pêcheau chalut, serait, à nos yeux, condamnée à
l'échec,mêmesi elle possédait les ressources en charbon qui sont
nécessaires pour l'emploi efficace dn chalutage à vapeur. J'

Voilà l'opinion exprimée par deux experts britanniques autorisés et
présentée,je le rappelle, dans nn rapport confidentiel qu'ils ont adressé
au chef du Foreign Office à la suite des entretiens de 1924.230 PLAIDOIRIE DE i\1BOUHQUL\' (;-..'QRVÈGE- 8 X ji

La pêchenorvégienne n'est donc pas une pêcheau chalut et elle
ne peut le devenir que dans une mesùre restreinte. Cette pêcheest essen­
tiellement liée à l'utilisation des tra,ins de lignes et des trains de filets.
On fait valoir qu'un accord a étéconclu entre les deux pays, le
5 novembre 1934, pour assurer, dans la mesure du possible, la répara­
tion des dommages qui sont causés aux lignes et aux filets des pêcheurs
J;orvégiensP'lr les chalutiers britanniques.
Des dommages de ce genre sont causésen dehors de la limite de 1935,

car, naturellement,en deçà de cette limite, les chalutiers britanniques
ne sont pas autorisés à pêcher. !l'fais,en dehors de la limite de 1935,
en haute mer, il y a des endroits où les pêcheursnorvégiens, avec leurs
trains de 1ignes et leurs trains de filets, rencontrent des chalutiers bri­
tanniques. bes dommages sont causés. Un accord a clone étéconclu
pour assurer autant que possible la réparation de ces dommages. Cet
accord est toujours en vigueur, et il est certainement utile. !VIaisil est
certain également que son efficacitéest restreinte et qu'il est très loin
de parer au danger que je viens d'indiquer.
Nous avons formulé à cet égard certaines observations au paragra­
phe 30 de notre Duplique, et il me semble que je ne puis mieux faire

que de résumer la thèse du Gouvernement norvégien en invoquant le
témoignage de M. RoUefsen. Voici ce qu'il dit dans Lerapport auquel
j'ai déjàfait allusion :
1rPour un pêcheuraux trains de lignes ou aux filets, une perte
d'engins est ruineuse, et dans la très grande majorité des cas, la
détérioration s'est faite sans avoir pu êtreobservée et sans que le
chalutier responsable ait étéidentifié. Ce n'est que dans des cas

très rares que le pêcheur peut faire la preuve qu'un chalutier déter­
minéest'responsable des dégâts.
L'activité des chalutiers étrangers sur les bancs au large de la
côte norvégienne inflige aux pécheurs norvégiens des pertes beau­
coup plus grandes que celle des engins de pêche.Les chalutiers ont
aujourd'hui pris possession des bancs les plus riches en poissons en
face de !a côte norvégienne. Aucun pêcheur norvégien n'ose plus
aujourd'hui y poser ses engins : les pêcheursnorvégiens doivent se
contenter des bancs moins riches en poissons, et, mêmelà, ils cou­
rent le risque de perdre leurs engins. Au fur et à mesure de l'inten­
sification du chalutage étranger, les Norvégiens ont étéchassés de
1eurs anciens lieux de pêcheet eloivent se contenter main tenant
dans une grande mesure des lieux de pêcheles plus pauvres .... Il

faut se mettre à la place du pêcheurqui, une fois arrivé sur le banc
de pêche, trouve les lieux occupés par les chalutiers et se voit
obligé de se diriger aille.urs, pour y êtreexposé à la mêmedécon­
venue,))
Le PRÉSIDENT: Je voudrais vous poser une question à laquelle vous

répondrez à votre heure et dans la forme que vous jugerez opportune.
Il s'agit d'un complément aux indications que vous venez de fournir.
Vous avez indiqué qu'il existait seulement onze chalutiers norvégiens.
Ce que je voudrais vous demander est si vous pourriez nous indiquer
quels sont les ports cl'attache de ces chalutiers.
IvLBouRQUtN: Je ne puis répondre immédiatement, Monsieur le Prési­
dent; je demanderai à nos experts et je ne manquerai pas de vous com­

muniquer leur réponse, PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X SI 231
La Partie adverse s'efforce de créer l'impression que nous exagérons,
que nous poussons les choses au noir. On dirait, à l'entendre, que l'action
des chalutiers serait très loin d'êtreaussi néfaste que nous le prétendons

et on a mêmeétél'autre jour jusqu'à représenter la pêcheau chalut
comme une des plus inoffensives qu'il soit.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'engager une longue discussion
pour justifiernotre pessimisme, car nous ne sommes pas seuls à faire
l'expérience dont il s'agit.
ll y a d'autres populations de pêcheursqui savent également à quoi
s'en tenir; et il y a d'autres voix autorisées qui ont jeté le mêmecri
d'alarme. Ce sont peut-être d'ailleurs les savants anglais qui ont apporté
les preuves les plus concluantes au sujet de l'influence néfaste que le
chalutage a exercée sur les réserves de poisson ·de la mer du Nord.
L'ouvrage de E. S. H.ussel The Overfishing Problem, que nous avons cité
à l'annexe 88 de notre Duplique, est resté l'ouvrage qui fait autorité en

1a matière.
D'autre part, la Cour pourra se reporter, si elle le veut bien, aux
différents documents émanant du Gouvernement islandais, que nous
avons annexés à notre Duplique. En lisant ces documents, la Cour
pourra constater que les inquiétudes islandaises sont très voisines des
nôtres. ·
Je vise particulièrement l'exposédes motifs de la loi du 5 avril 1948
sur la protection des zones de pêcheau-dessus du socle continental;
le règlement du 22 avril 1950 sur la conservation des pêcherieselevant la
côte septentrionale de l'Islande, ainsi que le mémorandum qui s'y rap­
porte. Ces documents sont reproduits à l'annexe II2 de notre Duplique.

Et il y a beaucoup de témoignages de ce genre qui pourraient être
cités.Mais je n'en retiendrai que quelques-uns qui nous viennent préci­
sément du Royaume-Uni.
Les méfaits du chalutage et le grave chwger qu'il représente pour les
pêcherieslocales ont attiré, à plusieurs reprises, l'attention du législateur
britannique.
Fulton expose dans son livre The Sovereignty of the Sea les mesures
1égislatives et "réglementaires qui ont étéprises à partir de 1885 pour
limiter et interdire la pêcheau chalut.
On trouve également un résuméde ces mesures dans l'ouvrage du
capitaine Meyer The E xtent of Jlaisdùtion in Coastal Waters.
Ces mesures ont donné lieu à d'intéressants débats au Parlement,
et nous aurions pu extraire de ces débats un nombre considérable de

cita:tions ; elles sont si nombreuses que nous avons dû résister au désir
de les mentionner toutes. M.ais la Cour en trouvera quelques-unes au
·paragraphe 231 de notre Contre-Mémoire.
"Maisce qui est plus signifi.catif encore, ce sont les documents qui
figurent aux annexes rog et no de notre Duplique.
Le 8 février 1939, le m<l,jorNeven-Spence, députédes Orcades et des
Shetland, attira l'attention de la Chambre des Communes sur l'appau­
vrissement de la pêchecôtière, imputable aux méthodes modernes du
chalutage. et il déposa une motion ainsi conçue:

«"La Chambre, reconnaissant la grande importance pour h1
nation de l'industrie de la pèche côtière, qui fournit à la population
une partie essentielle de sa nourriture, et à la Marine royale, ainsi
qu'à la Marine marchande, des hommes dont le caractère et l'expéc
rience exceptionnels sont d'une valeur inappréciable pour le pays,.232 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 8 X 5I

en temps de paix comme en temps de guerre, invite instamment
le Gouvernement de Sa Majeste à prendre toutes mesures pour
sauver cette industrie de l'extinction dont elle est menacée.))
On voit que les préoccupations qui inspirent cette motion sont

étroitement apparentées à celles de .la Norvège. La crainte qui s'y
exprime vise les dégâts causés par le chalutage. L'action des chalutiers
est représentée comme néfaste pour l'industrie de i<l pêchecôtière. Il
est dit que cette industrie est menacée d'extinction si des mesures ne
sont pas prises pour hl protéger.
Or, non seulement la thèse du major Neven·Spence a étéappuyée
par d'autres orateurs, mais la Chambre des Communes a adopté à
l'unanimité la motion dont je viens de lire le texte.
Un peu plus tard - et en liaison avec ces débats -, le Scottish
Council on Inctusirya étéinvité a étudier la situation de l'industrie

écossaise de .la pêcheet les mesures de protection qu'il y avait lieu de
recommander au Gouvernement.
Le Scottislt Conncil on fnclustry n'est pas un organisme quelconque.
11 représente les grands intérêtsdu pays: les associations locales, les
Chambres de commerce, le mouvement syndical, lès banques d'Ecosse.
C'est le Gouvernement qui <lsaisi .le Scottish Counàl on fnduslry
de la question par l'organe elu secréta.ired'État pour l'l~cosse.
Le 5 aoùt I943, le ScoUish Cottncil a nommé un comité, placésous
la présidence du major Neven·Spence et con_1prenantdes représentants

de toutes .lesrégionsintéressées: Aberdeen, Edimbourg, Elgin, Glasgow,
les Hébrides, lesOrcades et les Shetland- sans parler d'un représentant
de la Transport and General Workers Union.
Le deuxième rapport de ce comité - c'est le rapport qui entre dans.
le vif de la question- me paraît êtredu plus haut intérêt.
Nous en avons reproduit un certain nombre d'extraits à l'annexe no
de notre Duplique et nous avons déposéau Greffe la photocopie intégrale
du document 1.
]e voudrais en lire quelques passages qui ont trait directement à.
la question qui nous occupe.

Ils figurent aux paragraphes 40, 4I et 42 elu rapport.
Malheureusement, ces paragraphes n'ont pas étéreproduits à l'an·
nexe no de notre Duplique.
Çomme nous l'avons expliqué dans la Duplique, le document nous
est parvenu au dernier moment - alors que la Duplique était déjà en
voie d'impression -, et le choix des passages à citer a étéfait d'une
manière un peu hâtive.
Mais la photocopie du texte j.ntégral a étédéposéeau Greffe.
Voici donc ce que dit le com~t éu ScoUish Council, aux para­
graphes 40, 4I et 42 de son rapport (pp. 49 et 51 de la photocopie).

Paragraphe 40 :

a •.•il n'est pas étonnant que les pêcheurs des Highlands et des
îles soient pauvres et mal équipés,et que leur industrie ait décliné
rapidement, quand les meilleurs fonds de pêcheauxquels ils avaient
accès avec leurs petites embarcations se mirent à êtreJréquentés

par les trawlers. Les lignes, dont ils pouvi'dentdifficilement supporter
la perte, furent endommagées ou clétruites, et les réservesde poissons,
sur lesquelles ils comptaient pour leur nourriture et leur entretien.
1 Non reproduite. PLAIDOIRlE DE !IL BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 x SI 233
s'épuisèrentà tel point que la pêcheà la ligne pour le marché du
poisson saléfut incapable de leur assurer plus longtemps le maigre

revenu auquel ils étaient habitués. n
Paragraphe 4I :

«Du _point de vue social et économique, il est très important
pour l'Ecosse que les pêcherieslocales des Highlands et des îles
puissent êtredéveloppées,car c'est la seule façon d'assurer le plein
emploi de la population de cetterégionct de maintenir la prospérité
des petites villes, des villages et des communantés p:1ysannes qui
s'v trouvent.
"Les conseils de comtés, les conseils municipaux, les conseils de
districts, les associations de pêcheurs et les sociétéstelles que hl

ligue maritime et la fédérationdes associations des Highlands, sont
unanimes à demander un changement de la législation en vigueur,
de façon qu'une plus large partie de la mer puisse êtreréservéeaux
opérations de l'industrie locale de la pêche."

Et enfin le paragraphe 42 :
" Il est clair .... que .l'industrie locale de la pèche n'a survécu
que grâce à la prohibition elu chalutage dans les limites de la zone
de pèche exclusive, et qu'elle s'effondrerait rapidement et complète­
ment si on supprimait tonte restriction du chalutage. ''

Voilà, je pense, une opinion à la fois très nette et très autorisée. La
source dont elle émane me dispense d'insister davantage.
Le danger qui menace l'industrie de la pêchenorvégienne, dev:1nt
J'affiuxcroissant des chalutiers étrangers, est donc indéniable. 11 n'y
a aucune exagération dans ce que nous :1vons dit à ce propos. Devant
ce péril,il est plus indispensable que jamais, pour l:i Norvège, de main­

tenir sa zone de pêchedans des limites suffisantes pour <tssurer à sa
population le minimum vital.
Et voilà précisémentJ'objet du conflit.
Derrière les théories juridiques, voilà la réalitéhumaine.
D'un côté, l'invasion des ch~duti qeircherchent à étendre le plus
possible le champ de leurs opérations, phénomène récent qui s'aggrave
de jour en jour. D'un autre côté,une population de pêcheursqui ne vit
qne du produit de la mer, qui défend son existence menacée.

*
* *
Je viens d'exposer les origines du conflit.
:Monsieur l'agent du Gouvernement norvégien entretiendra la Cour
de la suite des événements.Il analysera l'attitude de la Norvège ct ses
rapports avec le Gouvernement britannique depuis Igo6.
Je m'abstiendrai donc d'en parler. Mais il y a un point cependant

que je dois mettre en lumière, parce qu'il se rattache à certaines ques­
tions que j'aurai à traiter ultérieurement. Je veux parler de l'attitude
des États étrangers à l'égarddu décret litigieux.
Comment le décret du 12 juillet 1935 a-t-il étéaccueilli? Quelles
réactions a-t-il provoquées dehors ?
La réaction du Hoyaume-Uni a étéfranchement hostile. ?viaiscette
hostilité se confond, peut-on dire, avec le procès actuel.234 PLATDOlRlE DE M. BO'C'RQUIN (NORVÈGE) - 8 X SI

Ce qu'il est intéressant d'observer, c'est l'attitude des autres États,
de ceux qui ne sont pas parties à ce différend. Comment la communauté
internationale s'est.elle comportée? Car le Royaume-Uni n'est pas seul
en cause.
On a prétendu, de l'autre côtéde la barre, que les intérêtsparticuliers
de la Norvège entraient en conflit avec l'intérêtcommun des autres
nations. Eh bien! Qu'ont-elles fait les autres nations ? Si elles avaient ·
cru que le décret de r935 portait atteinte à leurs droits, il est probable
qu'elles seraient in'tervenues. Or, aucune d'elles n'a manifesté une
véritable opposition.

Le ministre d'Allemagne à Oslo a bien adressé, le 23 octobre 1935,
une communication verbale au ·ministre des Affaires étrangères, dans
laquelle il déclarait que son Gouvernement ne pouvait pas reconnaître
la limite de pêchede 1935.
·Mais cette communication est restée sans effet et elle n'a étésuivie
d'aucune autre démarche.. Après avoir fait ce geste, le Gouvernement
allemand s'est abstenu d'en tirer la moindre conséquence.
Non seulement il n'est pas revenu à la charge, mais les chalutiers
allemands se sont conformés aux dispositions du décret de 1935. Et
pendant la seconde guerre mondiale, lorsque l'Allemagne occupait .le
territoire norvégien, les autorités d'occupation ont mêmeimplicitement

admis que les chalntiers allemands ne devaient pas pêcheren deçà de
la limite de 1935.
Je me permets de renvoyer la Cour respectueusement à ce que nous
avons exposé à ce sujet au paragraphe 162 de notre Duplique.
Nous <wons reproduit, d'autre part, à l'annexe 55 de notre Contre­
Mémoire, une circula.ire que Je Comité central des Armateurs de France
a adressée à ce sujet à ses adhérents. Elle est bien intéressante, et je me
permets d'en résumer le contenu.
On y voit que le Gouvernement français '' examiné !.a question de
savoir s'il devait <s\Lssocier à la protestation du Gouvernement de la

Grande-Bretagne"·
<S'associer à la protestation .... ))En toute hypothèse, il n'aurait donc
pas étéquestion d'une initiative française, mais d'une démarche pour
appuyer le geste britannique.
La circulaire ajoute qu'avant de se prononcer, le Gouvernement a tenu
à consnlter deux organismes particulièrement qualifiés: l'Office scienti­
ii.queet technique des Pêchesmaritimes et le Comité centra.l des Arma­
teurs. Et ce dernier, dans la circulaire en question, demande" l'avis de
ses adhérents, en leur indiquant que cette " import<:U1tequestion" s~ra
prochainement discutée.
Il les prie d'y réfléchir,mais il ne cache pas que, pour sa part, il ne
souhaite aucunement voir la France "s'associer à la protestation Ilde la

Grande-Bretagne.
Nous ne possédons pas d'autre document concernant cette affaire.
l'l'laiscelui-ci démontre à lui seul que la question a fait en France l'objet
d'un examen approfondi et, comme le Gouvernement français s'est
abstenu de joii1clre sa voix à celle du Gouvernement britannique, on
peut en conclure que le résultat des consultations a étédéfavorable à
l'idéed'une intervention.
En tout cas, nous avons là la preuve que le silence du Gouvernement
français n'est pas accidentel, que c'est un silence délibéré. PLAIDOIRIE DE ~LBOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X 51 235

Certains f;üts ultérieurs méritent également d'être relevés, parce
qu'ils contribuent, eux aussi, à éclairer l'attitude de la communauté
intema tionale.
Il a déjà étéquestion dans les plaidoiries du règlement sur la pêche
qui a étéédictéle 22 avril rgso par la République islandaise. Nous en
avons d'ailleurs reproduit le texte à l'annexe II2, Il 22 d, de notre

Duplique (vol III, pp. 700-70I), et la Cour trouvera en annexe à
cette Duplique une carte qui fait apparaître la zone d'application de ce
règlementl.
Or, il est manifeste que la délimitation de cette zone a étéfaite en
employant la mêmeméthode que celle de la Norvège.,
C'est une zone de quatre milles, comptés à partir de lignes droites
reliant les points extrêmes de la côte, des îles et des rochers.
J'ajoute que, comme on le voit sur la carte, les lignes· de base ont
des dimensions qui varient entre huit milles et demi et trente-sept milles
marins.
Sir Eric Beckett a dit en plaidoirie que l'Islande avait copiéle modèle

du décret norvégien de 1935.
Je ne crois· pas que cette explication soit justifiée.
Il y a certainement, entre la situation de l'Islande et celle de la
Norvège, des analogies. Mais les différences, historiques et autres, sont
également considérables. Les deux cc1sne peuvent pas être mis sur I.e
mêmeplan. L'Islande a des besoins et des traditions qui lui sont propres.
·n me paraît donc peu probable qu'elle ait simplement copié le décret
norvégien de f935· Elle a pris une mesure qui lui a paru commandee
par les conditions dans. lesquelles elle se trouve elle-même.
Le décret de 1950 n'est d'ailleurs pas la seule manifestation de

l'attitude que l'Islande a adoptée dans l'exercice de sa souveraineté.
Il y en a d'autres, que nous avons citéesà l'annexe II2 de notre Duplique.
Il y a notamment la dénonciation du traité anglo-danois de rgor,
aux dispositions duquel !'.Islande était soumise.
Mais ces considérations n'enlèvent rien à l'intérêtque présente dans
le litige actuelle décret islandais. C1r ce qu'on peut y voir, sans crainte
d'erreur, c'est que l'Islande, loin de manifester une opposition quelconque
au décret norvégien de 1935, lui donne une entière approbation, puis­
qu'elle adopte, pour son propre compte, la mêmeméthode de délimitation,
et cela à un tel point que nos adversaires considèrent mêmeson décret
comme une simple copie du nôtre.
Or, l'approbation de l'Islande est d'autant plus digne d'être retenue

qu'il s'agit d'un pays qui est directement intéressé ~m chalutage dans les
eaux avoisinant les côtes norvégiennes.
Il est une autre approbation qui mérite également d'êtrementionnée.
Ce n'est plus une approbation gouvernementale. Cependant, je crois
qu'elleest très significative, étant donné la source dont elle émane.
Je me suis reférétout à l'heure aux débats qui ont eu lieu à la Chambre
des Communes en 1939 et qui- ont abouti à l'adoption, par un vote
unanime, de la motion présentéepar le députe des Orcades et des S\.1et­
land, le major Neven-Spence.
Cette motion, la Cour s'en souvient, invitait le Gouvernement à
prendre des mesures pour préserver l'industrie de la pêchecôtière. Or,

dans le discours qu'il a prononcé à l'appui de cette motion, le major
Neven-Spence a expressément invoqué l'exemple de la Norvège.
' Voir volume spécial.236 PLAIDOIRIE DE !\1BOURQUIN (NORVÈGE) - 8 X SI

\\Je dois me référer,a-t-il dit, au point de vue de la Norvège
dans cette question, parce qu'il est d'un grand intérêtpour les
pêcheursde la côte de notre pays. La Norvège n'admet pas et n'a
jamais admis une limite de trois milles. La limite qu'eile fixe est
de quatre milles à partir des lignes de base. Et notez bien la façon
dont elle trace ses lignes de ba.se. Elle ne suit pa.s toutes les petites
indentations. Elle tire franchement une ligne d'un cap à l'autre,
y compris l'extérieur du skjcergârd, et, ayant tiré cette ligne, elle
dit que jusqu'à quatre milles plus loin, les eaux sont interdites

aux trawlers. EUe s'en est tenue énergiqnement à cela, en dépit
de la forte pression qui a étéexercée sur elle pour changer de
méthode, et elle n'y renoncera jamaisu

Et en conclusion, le major Neven-Spence a déclaré: ((Nous devrions
adopter la pratique norvégienne. "
Opinion individuelle, dira-t-on.
~'iêm eil s'agissait uniquement d'une opinion individuelle, elle ne
serait pas dépourvue d'intérêt.Mais, nous allons le voir, le major Neven-
Spence est loin d'êtreseul de son avis. •
Ainsi que je t'ai rappelé ·tout à l'heure, le Scottüh Council on

Industry a nommé un çomitéchargé d'étudierla situation de l'industrie
de l<tpêchecôtière en Ecosse. Dans son deuxième rapport, ce comité a
exposéd'une manière très préciseses recommandations.
Les recommandations faites par le comitévarient suivant les régions, ·
car cet organisme ne s'est pas contenté d'exposer des idées générales:
il a examiné secteur par secteur les conditions actuelles et les mesures
à prendre.
Eh bien ! parmi les recommandations qu'il a faites, il en est qui sont
particulièrement intéressantes pour nous. Elles concernent les Orcades,
les Shetland et la régionde Stomoway.
En quoi consistent-elles ?
Le comité recommande d'interdire complètement la pêcheau chalut

dans une zone de trois milles calculée à partir de lignes droites reliant
entre eux certains points saillants de la côte, des îles et des rochers.
C'est-à-dire qu'il recommande d'appliquer à ces trois ré,gions,en raison
de leur configuration exceptionnelle, la méthode norvégienne elu tracé
des lignes de base.
Les passages du rapport où figurent ces recommandations sont cités
à l'annexe no de notre Duplique, et nous avons .fait reproduire sur la
carte des Orcades et sur celle des Shetland les lignes de base qui sont
recommandées par le comitédu Scottish Cowncil.
Ces lignes ont des longueurs différentes, qui vont jusqu'à 27 milles
marins.

Sans doute n'est-ce pas le Gouvernement britannique qui fait cette
recommandation. Il eût étéextraordinaire qu'il la fît au moment où
il prétendait pa:r ailleurs que le système norvégien était contraire a:ux
exigences du droit international, M.aisc'est tout de mêmeun des organes
les plus compétents et les plus autorisés de l'opinion publique écossaise,
un de ceux qui paraissent le plus qualifiés pour exprimer à la fois les
aspirations et les inquiétudes des pêcheursécossais.Et le Gouvernement
norvégien est heureux de constater .qu'il trouve de ce côté une com­
préhension qui n'est certainement pas exempte de sympathie. PLAIDOIRIE DE M. BûUH.QUlN (NORVÈGE) - 9 X SI 237

Il est un dernier L:dt, Monsieur le Président, que je tiens à souligner.
Nous avons reproduit à l'annexe 56 de notre Contre-Mémoire un rap­
port qui a étéadressé le 10 juin 1950 par l'État-major généralde la
l\'larineau ministère désAfiaires étrangères.La pièce n ° r qui est jointe
à ce rapport donne la liste des chalutiers qui ont. étécapturés et déférés
à la justice pour avoir péchéà l'intérieur de la zone norvégienne. La
pièce no 2 donne le tableau de ceux qui ont fait simplement l'objet d'un
avertissemen L
Si la Cour veut bien jeter un coup d'Œil sur ces documents, elle
constatera qu'à partir de 1935, c'est-à-dire depuis l'entréeen vigueur du

décret litigieux, les seuls navires à l'encontre desquels les mesures en
question ont dù êtreprises sont des navires britanniques, à deux excep­
tions près.
La première exception concerne lm chalutier finlandais qui a fait l'objet
d'un avertissement le19 novembre 1935, c'est-à-dire au moment où.le
décret venait d'entrer en vigueur.
La seconde exception concerne un chalutier norvégien qui, le 29 avril
1949, a étésaisi et poursuivi en justice pour contravention à la loi.
:Mais tous les àutres cas, et ils sont au nombre de trente-neuf,

concernent uniquement des chalutiers britanniques.
Qu'est-ce que cela prouve, sinon que le décret a étérespecté par -tout
le monde, sauf p<u l'Angleterre?
En ce qui concerne le chalutier finlandais qui a fait l'objet de l'aver­
tissement dont je viens de parler, une autre observation, me semble-t-il,
doit êtreprésentée: le Gouvernement finlandais n'èlélevéaucune pro­
testation, ni formulé aucune réserve.
Oü est la résistance de la communauté internatimmle ?
La statistique elle-mêmeprouve qu'il s'agit simplement d'une résis­

tance britannique.

[Séance pnblique du 9 octobre Igj.t, après-midi)

:Monsieur le Président, TVfessieursde la Cour, voici d'abord la réponse
à 1a question que Monsieur le Prêsiden t a bien vou!u me poser à la fin
de la dernière audience.
Il s'agit donc du port d'attache des onze chalutiers norvégiens :
un de ces chalutiers a son port d'attache à Bergen, donc en dehors de la
zone litigieuse; sept autres ont leur port d'attache à Kristiansund, éga­

lernen ten dehors de la zone litigieuse ; deux de ces chalutiers ont leur
port d'attache à Bodo, qui se trouve dans le Vestfjord ; le onzième est à
T~ol lIbestad, également dans la zone litigieuse.
[A.u fur et à mesure que lVI.Bourquin énumère les lieux ci-dessus,
Je capitaine W. Coucheron-Aamot les indique sur la carte.]

Par conséquent, il y a trois chalutiers qui ·ont leur port d'attache
dans la zone litigieuse et huit autres en dehors de cette zone.

J'aborde maintenant l'examen cie la thèse juridique soutenue par
.le Gouvernement du Royaume-Uni.
Une première question se pose: Quel est exactement l'objet du litige?
On pourrait croire que cette question est superflue, et, pour notre part,
nous ne pensions pas qu'il y aurait lieu de la discuter. Mais après les
plaidoiries de nos adversaires, il nous paraît indispensable de le faire,238 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 9 X 5I
car nous avons entendu, à ce sujet, des opinions qui nous paraissent

extrêmement contestables.
Voici ce qu'on lit au paragraphe 4·de la Requête introductive
d'instance :

((Le Gonvernement elu H.oyaume-Uni a contesté immédiatement,
comme ille fait actuellement, la validité en droit international des
limites de la zone de pêchenorvégienne définiespar la ligne de 1935. ))

Plus loin dans le mêrnedocument, paragraphe 6 :

"Le Gouvernement du Rovaume-Uni .... affirme de nouveau sa
manière de voir, à savoir que Jleslimites de la zone de pêchenorvé­
gienne, prescrites clans le décret de 1935, sont incompatibles avec
le droit international. ))

Plus loin encore, au paragraphe 8 :

<(Le différend porte sur la validité ou la non-validité, en droit
international, des lignes de délimitation de la zone de pêche
norvégienne, qui sont ftxées par le décret royal de 1935.

Il s'ensuit que la question litigieuse entre les deux Gouver­

nements consiste à savoir si les lignes prescrites par le décret royal
de 1935 comme lignes de bas·e, aux. fins de la délimitation de
la zone de pêche, ont ou non été tracées conformément aux
règles applicables du droit international. ))

Dans son Mémoire,le Gouvernement britannique, en de nombreuses
déclarations, confirme cette vérité,d'aiLleurs évidente.
.Je ne voudrais pas abuser des instants de la Cour en citant ces diffé­
rents textes. On en trouve, par exemple, aux paragraphes 5, 48, 57, 6o,

6r, 67, I23 à rzs. Et, en têtedes paragraphes 154 à 156 de la Réplique
britannique il est encore affirmécatégoriquement que <(la validité jurùti­
que des lignes de base du décret"royalde 1935 es/,la seule question en ldige
dans cette affairen.
Aucun doute, par conséquent. L'objet dü litige, tel qu'il a étédéfini
dès.ledébut par le Gouvernement britannique, c'est la validité, en droit
international, du décret norvégien de I935· Pour reprendre les termes
de la Requête, ce que le Royaume-Uni prétend, c'est que les limites
fixées par ce décret H sont incompatibles avec le droit internationalJJ.
Seulement nous avons entendu depuis lors un autre son de cloche.
Et je dirai mêmedeux sons de cloche. Car il me semble bien que, dans

les déclarations qui ont étéf .aites à la b<Lrre,il y a deux idéesdistinctes
qui apparaissent.
··Sir Frank Soskice a dit, dans ses remarques introductives, que la
véritable question qui est soumise à la Cour est plutôt de savoir si lei
Royaume-Uni est obligépar le droit international d'accepter la prétention
de la Norvège, que de savoir si cette prétention est interdite à la Norvège
par le droit international.
Et à cette première idée,il en a ajouté une autre, gue sir Eric Beckett
a particulièrement soulignée; je l'exprime en me seniant des termes

qui ont étéemployés par ce dernier: l

PL>\lDOIRIE DE M. BOURQU!l'.' (NORVÈGE) - 9 x 51 239

" .... Ce n'est pas en faisant des décrets qu'un État viole le droit
international, mais en appliquant ses décrets à l'égarddes etrangers.
C'est l'application du décret de 1935 aux navires britanniques qui
est l'objet de la plainte du Royaume-Uni et non le simple fait que
la Norvège a édictéle décret de 1935. "(Audience du 25 septembre,
après-midi.) ·

* * *
La première affirmation consiste en somme à dire que la question
litigieuse doit êtreenvisagée sous l'angle des obligations du Royaume­
Uni. Il ne s'.agirait pas de savoir-comme on l'affirmait dans la Requête
- si les limites du décret de 1935 sont incompatibles ou non avec le
droit international, il s'agirait de savoir si le Royaume-Uni est obligé
de respecter ces limites.
j'avoue que la différence m'échappe. De deux choses l'une en effet:
ou bien le tracé des lignes de base est régipar des règles de droit inter­
national, ou bien il ne l'est pas.

S'il n'y a pas de règles de droit international applicables en pareille
matière, nous sommes devant l'hypothèse qu'avait admise Anzilotti
clans l'article auquel nous avons fait allusion au p;uagraphe 240 de
notre Contre-Mémoire et au paragraphe 313 de notre Duplique: il y
aurait une lacune du droit international.
?.lais je crois qu'il n'est pas nécessaire d'envisager cette hypothese,
puisque les deux Parties sont d'accord pour l'écarter.
Le Gouvernement britannique et le .Gouvernement norvégien recon­
naissent que la question est régléepar le droit international. Ils sont
en désaccord sur les règles applicables mais ils admettent tous deux
l'existence de règles internationales. 1
Or, si des règles internationales existent, elles sont valables pour les
deux États.
C'est le propre des règles internationales de régler précisément les
rapports interétatiques.
La Norvège a-t.elle enfreint ces règles en prenant le décret de 1935 ?
Eh bien! alors les autres États- et notamment le Royaume-Uni- ne
sont pas obligésde s'incliner devant le décret norvégien.
Par contre, si les limites du décret de 1.935 sont compatibles avec
le droit international (j'emploie toujours les tennes de la Requêtebritan­
nique), alors ces limites sont valables sur le plan international et tout.
ttat a l'obligation de les respecter. . _ ·

J'en arrive maintenant à la seconde affirn1ation.
L'objet de la plainte du Royaume-Uni, ce n'est pas, dit-on, le décret
de 1935, c'est l'application qui a étéfaite de ce décret aux navires.
britanniques, ce sont les actes d'exécution qui ont étéaccomplis à
charge de ces derniers.
Il me sera permis de faire observer que, sur ce point, le Gouvernement.
du l~oyaume- Unodifie très nettement sa conception "de l'objet du
litige. -
La compatibilité du décret de 1935 avec Je droit international n'est.
plus directement en cause. Ce gui est en cause, ce sont les saisies de navires.
britanniques et les condamnations prononcées à charge de ces navires,
sur la base de ce décret litigieux.240 PLAIDOIRIE DE i\'f. BOVRQUIN (NORVÈGE) - 9 X 51

Cette interprétation de 1objet du litige ne résiste pas, je pense, à
l'examen. Elle serait peut-être justifiée si le litige portait uniquement
sur la réparation des dommages subis par les navires en question.
Quand il s'agit dela responsabilité internationale del'J~t ea tason

de certains dommages causés par des actes qui lui sont imputables,
alors l'action en justice suppose que le dommage s'est effectivement
produit. Et, en règlegénérale,pour que le dommage se soit effectivement
produit, il ne suffit pas que l'l'Üat ait édictéune loi ou un décret, il faut
encore qu'il soit passéà l'exécution. Dans certains cas, d'ailleurs, la
simple existence de la loi ou du décret peut suffire, parce qu'elle cause
elle-même le dommage dont on demande réparation. Mais, en règle
générale,le dommage ne prend naissance qu'en vertu des actes d'exé­
cution.
La thèse qu'on a exposée à la barre serait donc parfaitement admis­
sible s'il s'agissait d'une action en réparation. Mais ce n'est pas de cela
qu'il s'agit, ou plus exactement, il s'agit d'une action dont la portée
est beaucoup plus .large.

Le Royaume-Uni demande bien à la Norvège de réparer des dommages
résultant d'après elle des saisies de navires britanniques et des condamna-,
tions dont ils ont étél'objet. Mais ce n'est qu'une partie de sa demande,
c'est une partie tout à fait accessoire, si accessoire qu'on s'abstient
pour le moment de la débattre.
L'action qui est portée devant la Cour par le Royaume-Uni dépasse,
et dépasse de loin, cet objet particulier. Ce qu'elle Yise, c'est la validité
internationale du décret de 1935.
Toutes les subtilités d'argumentation ne pa.rviendront pas à.dissi-
muler ce fait incontestable. ·
Quand un État délimite son territoire maritime, l'acte par lequel il
procède à cette délimitation n'est pas un acte simplement virtuel. C'est un
acte qui se réalise immédiatement. Par le seul fait de son existence, il
détermine la démarcation entre .ledomaine de la haute mer et Je domaine

de l'État riverain.
Le Gouvernement du l'toyaume-Uni répète à chaque instant, tout au
long de la procédure écrite, que la délimitation du décret de 1935 porte
atteinte à ses droits parce qu'eile empiète sur la haute mer, et que la
haute mer est un domaine où tous les États ont des droits égan.x.
Eh bien! si vraiment le décret de 1935 comportait, comme on l'affirrne,
un empiétement de ce genre, les droits du Royaume-Uni seraient lésés
directement, immédiatement et sans qu'il faille a.ttendre que des mesures
de contrain te soient prises à I'égard de certains navires britanniques.
Et d'ailleurs c'est bien ainsi que Je Royaume-Uni comprend la situa­
tion. Nous en avons la preuve non seulement dans de nombreux passages
·de son Mémoireet de sa H.éplique,mais aussi clans les protestations qu'il
a adressées à toute une séried'autres États et qu'il a verséesau dossier.
Ces protestations se sont accumulées da.ns les derniers temps - ce

qui prouve, entre parenthèses, l'importance çiudésaccord qui existe entre
la thèse du l{oyaume-Uni et la pratique des Etats. .
Mais sur quoi ces protestations sont-elles fondées ? Est-ce qu'elles
sont fondéessur des saisies de navires britanniques ou des condamnations
de navires britanniques? Pas du tout. Elles sont fondées sur la simple
e,xistence des lois ou des décrets de dê.limitationqui ont étépris par les
Etats en question. PLAIDOlRIE DE J\1, BOURQUIN (NORVÈGE) - 9 X 51 241

Est-ce que le _Royaume-Uni se plaint que la Yougoslavie, l'Égypte,
le Honduras, l'Equateur, Costa-Rica, Salvador et les autres gouverne­
ments auxquels il s'est adressé, auraient accompli des actes illicites à
charge de navires brita.nniques? li n'en est pas question.
La protestation porte sur les dispositions mêmesqui ont étéédictées
par ces États pour délimiter leurs mers adjacentes. Elle ajoute, il est
vrai, que les navires britanniques ne seront pas tenus d'observer ces
dispositions. Mais l'objet de la protestation,c'est la délimitation elle­
même, et ce ne sont pas du tout des actes d'exécution qui auraient été

accomplis sur la base de cette délimitation. Il n'y en a pas eu. Je crois
inutile d'insister davantage.
Malgréles efforts qui ont étéfaits par nos adversaires en vue de modi­
.fierla physionomie du .litige, celle-ci demeure ce qu'elle a toujours été,
dès le début, et elle est parfaitement claire.
Le litige a pour objet la question de savoir si le décret royal norvégien
du 12 juillet 1935 est incompatible avec les exigences du droit inter­
national.
Il me paraît également nécessaire de faire une mise au point en ce
qui concerne l'attitude de la Norvège à !.'égarddes règles de droit inter­
national qui sont en jeu dans ce différend.Cette mise au point est indis­
pensable, car nos contradicteurs ont représenté l'attitude norvégienne

sous un jour qui la déforme complètement.
On a étéjusqu'à prétendre que la Norvège repoussait toute discipline
internationale, qu'elle voulait laisserà chaque l~t aetdroit de fixer
librement, comme bon lui semble, l'étendue de son domaine maritime,
et cela en obligeant les autres États à s'incliner devant sa décision.
Et on s'est livrà de longues démonstrations pour établir que l'éten­
due des eaux adjacentes ne dépend pas de la volonté arbitraire de l'Etat
riverain, mais qu'elle est soumise à des règles internationales.
Nous croyons que cette démonstration était tout à fait superflue, et
cela pour deux raisons.
La première raison, c'est que la Norvè&"en'a jamais prétendu que la

délimitation du domaine maritime de l'Etat échappait aux règles du
droit international.
Et la seconde raison, c'est que la question de l'étendue des eaux
territoriales est en dehors du procès.
Les passages du Contre-Mémoire et de la Duplique de la Norvège sur
lesquels nos adversaires ont cru pouvoir s'appuyer pour nous prê~e drs
intentions que nous n'avons d'ailleurs jamais eues, ces passages concer­
nent l'étendue globale des eaux adjacentes. Ils se trouvent dans les
paragraphes 239 à 242 du Contre-Mémoire et dans les paragraphes JII à
323 de la Duplique.
Dans cette partie de nos écritures, nous avons constaté qu'au cours
de l'histoire, aucune des formules par lesquelles on a cherché à limiter
d'une manière préciseet uniforme l'étenduedu domaine maritime, n'avait
réussià devenir universelle.

Qu'il s'agisse de la portée de canon, ou elu rayon visuel, ou de la for­
mule des trois milles, avons-nous dit, aucune n'est parvenue à se géné­
raliser età se consolider. Et nous avons envisagé les conséquences qu'il
faut en déduire. ·
Les conclusions que nous avons tirées de cette constatation sont loin
de correspondre à l'image que nos adversaires en ont donnée.

17242 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 9 X 51
Mais il me paraît inutile d'.instituer un débat sur cette question, parce­

que, je le répète,cette question est étrangère au différend dont la Cour
a à connaître. ·
La Cour n'est pas appelée à se prononcer sur le point de savoir s'il
existe wnerèglegénéralr eelativeà l'étendttedes eaux territoriales et quelle
est éventuellement cetterègle, C'est un point sur 1equel les cieux Parties.
sont parfaitement d'accord, en ce qui concerne la Norvège.
La Norvège a une mer territoriale de quatre milles. C'est sa tradition,
et elle ne demande pas davantage. Elle ne réclamepas et elle n'a jamais.
réclaméune extension de cette limite. Or, le Royaume-Uni reconnaît
aujourd'hui qu'elle y a droit. Le Royaume-Uni a longtemps contesté-­
et avec beaucoup d'énergie-le droit de la Norvège à sa limite tradition­
nelle de quatre milles marins. Mais enfin, il s'y est rallié.
Par conséquent, la limite des eaux territoriales n'est pas en discussion_
dans le procès, tel qu'il se présente devant la Cour. Et, dans ces con­
ditions, il n'y a aucune raison, nous semble-t-il, d'instituer à cet égard_

un débat, qui n'aurait qu'un caractère académique.
Sur quoi porte le différend? Il porte sur les lignes de base, c'est-à-dire,
sur les lignes à partir desquelles les quatre milles de la mer territoriale·
norvégienne sont comptés.
Voilà la seule question qui est soumise à la Cour. Et le Gouvernement
britannique ne contestera certainement pas que tel est le seul objet du.
différend, puisque c'est lui-mêmequi l'a ainsi définidès le début de la..
procédure.
Quelle est la thèse de la Norvège en ce qui concerne la question liti--
gieuse, le tracé des lignes de base ? .
Nous ne soutenons pa.'>du tout que l'Etat riverain pourrait tracer·
ses lignes de base comme il lui convient ·de le faire. Jamais le Gouver-­
nement norvégien n'a soutenu rien de semblable.
Et la Cour se rend certainement compte, après l'exposéde la tradition
norvégienne que j'ai eu l'honneur de faire devant elle, qu'une thèse de·

ce genre ne correspondrait aucunement à l'esprit mêmedu système­
norvégien.
Ce système - ai-je besoin de le rappeler? - comporte des règles.
précises. Il permet sans doute aux autorités compétentes d'adapter les.
lignes de base aux circonstances locales. Mais il circonscrit très nettement
cette liberté d'appréciation. · .
Il la circonscrit d'abord et avant tout en elisant que les lignes de base
doivent s'accrocher à des points de la côte et du skj<1;rgardqui ne sont
pas recouverts par la mer. .
En aucun cas, et pour aucune raison- mêmehistorique- les lignes­
de base ne peuvent dépasser cette limite. D'autre part, à l'intérieur·
de cette limite; le système norvégien comporte une autre réserve: c'est
que Je choix des lignes de base doit êtrefait d'une manière raisonnable.
On veut dire par là qu'il ne cloit pas êtrearbitraire, mais justifié par
des considérations d'ordre géographique, économique ou <rutres.

Et ici, je me permets d'attirer tout particulièrement l'attention de
la Cour sur la portée de cette condition.
Le système norvégien fait appel à la notion de " raisonnabilité »,
a-t-on dit; c'est vrai. Mais il n'y fait appel que dans les limites précises.
que je rappelais il y a un instant. Il ne dit pas du tout que la Norvège
peut inclure dans son domaine n'importe quelle surface maritime dès.
l'instant où elle aurait des motifs raisoimables de la revendiquer. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (:NORVÈGE) ~ 9 X SI 243
En r86g et en 1935, les autorités norvégiennes compétentes ont
constaté que l'application du système norvégien laissait à la haute mer

des bancs de pêche très importants que la Norvège aurait pu reven­
diquer équitablement, pa.rce que ces bancs avaient toujours fait partie
jusque-là de sa zone de pêche. Et cependant les autorités norvégiennes
ont renoncé à ces bancs.
Elles y ont renoncé parce que ces bancs ne pouvaient êtreconservés
si l'ontraçait des lignes de base reliant des rochers non recouverts par
la mer, et que ce dernier principe constitue, pour elles, une règleabsolue,
un impératif catégorique.
Ce n'est donc que clans la mesure permise par cette règle absolue que
la notion de ((raisonnabilité ''intervient. Elle intervient, non pas pour
ouvrir des brèches dans cette règle,mais au contraire pour la restreindre.
C'est une condition supplémentaire.

Voilà le point sur lequel je voulais insister. J'ajoute qu'en exerçant
le choix des points de base, dans les limites tracéespar ces règlesabsolues,
les autorités norvégiennes se préoccupent toujours, notamment, de
délimiter la zone de pêchede manière que la côte soit en vue quand on
se trouve à la limite extérieure de cette zone.
La Cour voudra bien m'excuser d'êtreainsi revenu sur des précisions
que j'avais déjà données précédemment; mais il m'a paru nécessaire
de le faire, pour ramener les choses à leurs véritables proportions.
La Norvège s'en tient à son système traditionnel. Elle ne demande
rien de plus que cela. Mais elle est convaincue que ce système,t l'appli­
cation qui en a étéfaite par le décret de 1935 à la zone litigieuse, sont

parfaitement conformes au droit international
Je ne parle pas, pour le moment, des titres historiques que la Norvège
possède sur la zone litigieuse, je parle uniquement du droit international
général,du droit commun.
Nous disons que le système norvégien n'est aucunement en désaccord
avec les exigences de ce droit. Nous sommes convaincus que, lorsqu'il
s'agit d'une côte présentant les caractères particuliers .et tout à fait
excçptionnels de .la côte litigieuse, Je droit international généralpermet
à 1'Etat riverain de tracer les lignes de base suiv<tnt la méthode appliquée
en Norvège.
La contestation qui ~xis entre les Parties ne porte aucunement sur
.le point de savoir si l'Etat côtier peut ou non fixer comme il l'entend
ses .lignesde base. 11porte sur le point de savoir quelles sont les exigences

du droit international que cet .État doit respecter..
Aux yeux du Gouvernement britannique, ces exigences s'expriment
dans des formules rigides et d'une application mécanique, dans des
formules qui seraient également valables pour toutes les situations.
Nous soutenons que le droit international a plus de souplesse et plus
de réalisme que cela. Nous soutenons qu'il tient compte de la diversité
des situations et que, quand il s'agit d'une côte aussi irrégulière,aussi
anormale que la côte litigieuse,e droit internationane fait aucunement
.obstacle à ce que le tracé des lignes de base soit effectué suivant la
méthode employée par la Norvège.
Voilà notre position juridique assez clairement définie, je l'espère, et
voilà, du mêmecoup, le champ du débat circonscrit.244 PLAIDOIRIE DE IlLBOURQUIN (NORVÈGE) - 9 X 5I.

*
* *
Dans le même ordre d'idées, je voudr reeversles observations
qui ont étéprésentéespar la ~Part aiverse au sujet de la controverse
qui s'est ouverte entre le Danemark et la Suède, d'une part, et l'Union
soviétique, d'autre part.
Comme la Cour le sait, cette controverse porte sur l'étendue des eaux
territoriales soviétiques dans mer Baltique.
Les Gouvernements danois et suédois déclarent ne pas admettre la
prétention de l'Union soviétique de porter cette limite à douze milles
marins.

En quoi cette question intéresse-t-elle notre procès?
Elle lui est absolument étrangère. Le différend anglo-norvégien,
comme je le rappelais il y a un instant, ne concerne pas l'etendue des
eaux territoriales.1concerne les lignes de base à partir desquelles cette
étendue est comptée. La controverse entre le Danemark, la Suède et
l'Union soviétique a uniquement pour objet l'étendue des eaux terri­
toriales. Elle ne porte aucunement sur les lignes de base.
Il suffirait au besoin de cette constatation. fl•lais,puisque nos adver­
saires ont fait grand état de l'incident et qsnt essayéde le présenter
comme impliquant, de la part de ces deux Etats scandinaves, la condam­
nation de la thèse norvégienne, la Cour me permettra de l'examiner de
plus près.
Quelle est la thèse soutenuear les Gouvernements danois et suédois?
Elle ressort très clairement des notes qu'ils ont adresséesau Gouverne­
ment soviétique.

Voici ce que dit la note danoise du r8 juillrgsr qui a étéversée au
dossier par le Gouvernement britannique à la veille des plaidoiries:

"Le Gouvernement danois soutient que, lorsque le droit inter­
national ne contient pas de règles fixes sur l'étendue des eaux
territoriales, ce fait ne signifte pas du tout que chaque État peut,
à son gré, faire des revendications arbitrairese sujet. De l'avis
du Gouvernement danois, il en est surtout ainsi lorsque, dans un
domaine si extrêmement limitéque celui de la Baltique, où, pendant
des siècles, les États riverains ,ont librement pratiqué la pêcheet
la navigation, un seul de ces Etats cherche, par un élargissement
exorbitant de son territoire maritime,à dérober aux autres une
partie essentielle des droitsont ils ont joui jusqu'à présent. Il
ne se voit donc pas_à mêmede modifier sa conception exposéedans
la note de la légation du 24 juillet 1950, suivant laquelle les reven­
dications d'un territoire maritime de douze milles marins dans la
Baltique, formulées par l'Union soviétique, impliquent un élargis­

sement des eaux territoriales au delà des limites établies par
l'histoire et une atteinte au domaine de la mer libre, portant préjudice
aux intérêtsdanois. Jusqu'à présent, d'autres pays, y compris le
Danemark, ont pu pratiquer paisiblement la pêche, dans les
domaines où les autorités soviétiques cherchent maintenant à
l'empêcher. Il existe donc, de l'avis elu Gouvernement danois, un
empiètement non fondé sur des droits acquis à juste titre et
.s'appuyant sur les règles généralement reconnues coricernant Je
droit de pêcheet de navigation en pleine mer. " PLAIDOIRIE DE "11'1B.OURQUIN (NORVÈGE) - 9 x SI 245

Par conséquent, le Gouvernement danois- et il en est de mêmedu
Gouvernement suédois - soutient qu'il s'est formé dans la Biùtique
une tradition en vertu de laquelle les eaux territoriales des États riverains
ne dépassent pas quatre milles marins. Ce que ces Gouvernements
reprochent au Gouvernement soviétique, c'est de procéder à une exten­
sion de ses eaux territoriales et de porter ainsi atteinte aux droits acquis
des autres États riverains. Ceux-ci, disent-ils, ont depuis longtemps
l'habitude de pêcherdans la partie de la mer Baltique qui a ê téconsidérée
comme libre jusqu'à ce jour et où J'Union soviétique veut maintenant
étendre sa zone de pêcheexclusive. La mesure soviétique les dépouillerait
donc d'une situation acquise. Voilà l'objet de la protestation. Encore
une fois, la question qui est ainsi soulevée ne concerne pas notre litige.
:Mais il m'est difficile d'apercevoir en quoi la thèse soutenue par le
Danemark et par la Suède serait en contradiction avec la position de la

Norvège.
La Norvège admet parfaitement qu'il s'est formé pour elle, au cours
de l'histoire, une limite des eaux territoriales. C'esta limite désquatre
milles. Et, comme je le rappelais tout à l'heure, la Norvège n'a jamais
songéà réclamer un élargissement de cette étendue. Elle s'en tient à la
limite des quatre milles.
La Norvège ne commet aucun empiètement sur des eaux maritimes
qui auraient été,jusque-là, ouvertes aux pêcheursdes autres nations.
J_es eaux qui sont comprises dans les limites du décret de 1935 ont
toujours fait partie de la pêchecôtière réservéeaux nationaux, aux.
habitants de la côte norvégienne. Le décret de I935, par conséquent,
ne porte atteinte à aucun droit acquis. Il est peut-être en contradiction
avec les espoirs et les désirs d'expansion des chalutiers britanniques,
mais les espoirs et les désirs d'expansion des chalutiers britanniques

ne constituent pas, que je sache, des droits acquis.
Il n'y a donc rien dans les notes danoises et suédoises qui soit en
contradiction avec l'attitude de la Norvège. En revanche, il me semble
évident que ces notes sont en clésacccordavec la.position de la Grande­
Bretagne.
Le H.oya_ume-Unisoutient qu'il .existe une règle uniforme imposant
à tous les Etats une limite de trois milles pour leurs eaux. territoriales.
Les Gouvernements de Copenhague et de Stockholm déclarent, au
contraire, que Jedroit international ne contient pas de règles fixes à cet
égard. Tlsn'admettent pas .'existence en cette matièrede règlesuniformes.
Ils estiment que les règles varient suivant les régions. C'est là, me
semble-t-il, une opinion qui s'accorde très bien avec celle de la Norvège
mais qui contredit la thèse britannique de l'uniformité.
On a fait aussi allusion à la note de protestation que le Gouvernement
norvégiena adressée en 1922 au Gouvernement soviétique. Mais, encore
une fois, la démarche de 1922 concernait une extension du domaine qui

avait ·étéréservéjusque-là aux pêcheurset aux chasseurs russes dans
la mer Glaciale et dans Ia mer B.lanche. Le Gouvernement norvégien,
dans sa protestation de I922, a fait valoir que cette extension porterait
atteinte à des droits acquis, étant donnéque les pêcheurset les chasseurs
norvéf,riensexerçaient leur activité dans ces parages depuis un temps
immémorial. Et c'est sur cette base que la protestation a étéfondée.
Après les observations que j'ai eu l'honneur de présenter en ce qui
concerne l'objet du litige. et J'attitude généraledu Gouvernement norvé­
gien, j'aborde la question du fardeau de la preuve. 246 l'LAIDOIRIE DE M. BOURQUil\" (l\ORVÈGE) - 9 x SI

Je m'empresse d'.:dlleursd'ajouter- etc'est un point sur lequel notre
opinion rencontre celle de la Partie adverse - que l'expression n'est
pas très heureuse.
Elle paraît en tout cas trop étroite.
Dans nos écritures, nous avons abordé sous ce titre des questions
d'ordre divers dont les unes seattachent au fardeau de la preuve, mais
dont les autres ont une portée plus large.

n n'est pas toujours facile de les séparer, parce que, bien souvent, elles
s'enchevêtrent. Mais il faut tout de mêmeéviter dans la mesure du
possible de les confondre.
Que le fardeau de la preuve incombe, en principe, au Gouvernement
du Royaume-Uni, cela paraît évident.
Le Royaume-Uni est certainement demandeur dans le différend dont
la Cour est saisie.
]'ai rappelé les origines du conflit. .
Ce qui l'a provoqué, ce n'est pas une revendication nouvelle de la
Norvège. C'est l'appui qui a étédonné par le Gouvernement britannique
à la politique d'expansion des trawlers.
La Norvège n'a fait que se défendre. Les mesures qu'elle a prises ont
eu simplement pour objet de conserver une situation dont elle jouissait
au moment où les chalutiers britanniques ont fait leur apparition dans
ses eaux, et dont elle jouissait alors depuis des temps immémoriaux.

Quelles que soient les thèses juridiques en présence,l y a un fait qui
paraît certain : c'est que la Norvège était en possession des bancs de
pèche qu'on lui discute actuellement. .
Qui est demandeur en pareil cas ? Est-ce que c'est l'~ta qti est en
possession de ce qu'on lui conteste ? Ou bien est-ce l'Etat qui veut
modifier le statu quo à son profit ?
La Norvège a pris un décret pour délimiter sa zone de pêche.
Personne ne met en doute que cet acte relevait de sa compétence.
Tvlaisle Gouvernement britannique soutient qu'en exerçant cette com­
pétence, la Norvège n'<wrait pas respecté les règleseludroit international.
Elle soutient que le décret de 1935 est incompatible avec les exigences
du droit international.
Oui est demandeur en pareil cas ?
Est-ce l'lq ~ui aetercésa compétence, ou bien est-ce que c'est l'État
qui prétend que les règles du droit international n'ont pas étérespec­
téesdans l'exercice de cette compétence?
Il paraît impossible d'hésiter.

Je constate d'ailleurs que le Gouvernement britannique lui-même
reconnaît la position qu'il occupe dans le débat. ·
Voici comment il s'exprime, en e:ffet,au paragraphe2II de sa Réplique:
"Le Gouvernement du Royaume-Uni, en tant que Partie qui se
plaint d'un acte de la Norvège .... a naturellement la ch<uge de la
preuve."

Nous voilà donc bien d'accord jusqu'ici.
Le Gouvernement britannique est demandeur dans le litige et, comme
demandeur, il a la charge de la preuve.
Nous sommes d'accord également sur un autre point.
Nous sommes d'accord pour admettre que, quand il s'agit des règles
généralesdu droit international, on ne peut pas dire que le fardeau de la

preuve incombe à l'un des plaideurs, en ce sens que ce plaideur devrait PLAIDOIRIE DE ""I.BOURQUI!\' (N"ûRVÈGE) - 9 X 5I 247

·nécessairement perqre son procès, s'il ne fournissait pas une preuve
-suffisante de l'existence des règles qu'il invoque.
En pareil cas, la notion du fardeau de la preuve n'a plus sa rigueur
habituelle. En effet, la Cour peut déterminer elle-mêmeles règlesgéné­
-rales sur lesquelles son jugement doit s'appuyer.
Par conséquent, si elle estime qu'une règlecoutumière généraleexiste,
elle en fait l'application, quand bien mêmeles élémentsde prenve qui
lui sont présentés à cet égard paT le demandeur lui paraîtraient insuffi­
·sants.
Le Gouvernement britannique a fait cette observation dans sa Répli­
·que. Nous lui avons répondu au paragraphe 335 de notre Duplique que
l'observation nous paraissait justifiée. Et nous répétonscela à la barre.

:Malheureusement, je ne suis pas certain que notre entente se prolonge
-davantage. Peut-être mes craintes sont-elles sans fondement; mais les
plaidoiries de nos adversaires ne les ont pas dissipées.
Je vais essayer d'exposer aussi clairement que je le pourrai notre
·point de vue.
L'angle sous lequel il faut envisager les choses dépasse le problème
technique dn fardeau de la preuve.
Comme je le rappelais il y a un instant, il est incontestable et incon­
testé que l'État riverain a compétence pour procéder à la délimitation
-de son territoire maritime. Lui seul peut le faire. Il n'y a aucun autre
ttat, ni aucune autorité internationale, qui puisse se substituer à lui

dans l'accomplissement de cet <<ete.
Cette compétence, ilia possède en vertu du droit international ; mais
le principe du droit international qui la lui attribue ne fait pas l'ombre
d'un doute et n'a jamais étécontesté.
La question dès lors est de savoir quelles sont les limites que le droit­
international lui impose dans l'exercice de cette compétence.
Certains juristes, et parmi les plus éminents puisque Anzilotti figure
parmi eux, ont soutenu qu'il n'existe pas de règle de ce genre. Ce n'est
pas notre avis. Nous croyons, comme le Royaume-Uni, que le droit
international établit certaines règlesque l'État doit respecter.
Senlement ces règles oilt un caractère limitatif.
Ce ne sont pas des règles qui attribuent à l'État la compétence de

procé_der à la délimitation de son territoire maritime. Cette compétence­
là l'Etat la possède, nous venons de le voir, en vertu d'un principe
"incontesté. · ·
Les règles dont il s'<Lgitont pour objet de limiter l'exercice de cette
compétence.
Or, quand un I~t aossède une compétence incontestée, les règles qui
en limitent l'exercice ne se présument pa.s. Elles doivent êtreétablies.
Pour que le décret de 1935 soit incompatible avec le droit international,
il est donc nécessaire que soit établie l'existence des règles que laNor­
vège aurait enfreintes en procédant comme elle l'a fait à la délimitation
de sa zone de pêche.
Les règles qu'elle aurait enfreintes, d'après le Royaume-Uni, ont été

énoncéespar celui-ci dans ses écritures, dans ses plaidoiries et finalement
dans les conclusions dont sir Eric Beckett a donné lecture à la fin de sa
dernière intervention à la barre.
Toute la thèse du Royaume-Uni dépend de leur existence.
Cela ne veut pas dire que si ces règles existaient, le décret de 1935
serait nécessairement illicite ; car ce décret pourrait êtrejustifié par des
titres historiques.~48 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 9 X 5I

Nos adversaires reconnaissent qu'un État peut rev:endiquer des espaces
maritimes dépassant les limites du droit commun, lorsqu'il se fonde sur
l'usage historique.
Donc, à supposer que les règles généralesinvoquées par le Royaume­
Uni soient effectivement consacrées par la coutume, la Norvège aurait
encore la ressource de justifier le décret litigieux sur la base de titres
historiques.
Mais si ces règlesgénéralesne sont pas établies, alors toute la thèse

britannique s'écroule.
Nous sommes d'accord pour reconnaître que la Cour peut suppléer
d'office, en cette matière, à l'insuffisance des élémentsde preuve fournis
par Je demandeur.
Seulement la question essentielle n'est point là. La question essen­
tielle est de savoir si ces règles existent ou si elles n'existent pas.
Si la Cour n'est pas convaincue de leur existence - que ce soit à
1'aide des élémentsde preuve fournis par le demandeur otl que ce soit
par d'autres moyens, peu importe -la construction qu'on nous oppose
manque de base, elle s'effondre, il n'en reste rien.

Comme je l'ai rappelé il y a un instant, Je Gouvernement britannique
reconnaît qu'il a. la qualité de demandeur et qu'en principe il a donc
aussi la charge de la preuve. ·
Mais quand on examine de plus près la façon dont il comprend cette
charge, on s'aperçoit qu'elle se réduit à bien peu de chose· et même
qu'il s'arrange de manière à faire retomber pratiquement tout le poids
de J'obligation sur la Norvège. .
Le raisonnement auquel il se livre pour arriver à ce résultat est peut­
êtreingénieux; mais il me semble encore plus fragile. Le voici en quel­
ques mots.

Parmi les règles invoquées par k Royaume-Uni, il y en a une qu'il.
considère comme la règle fondamentale : c'est ce qu'il appelle la règle
de" la laisse de mer "•qu'on pourrait appeler aussi la règle de Qla ligne
côtière n.
C'est la règle d'après laquelle la ligne de base doit suivre tous les
mouvements de la ligne physique de la côte.
Cette règle fondamentale aurait, d'après nos adversaires, le caractère
d'un véritable principe, au sens juridique dù terme, c'est-à-dire qu'elle
serait applicable à toutes les situations, sauf dans certains cas exception­
nels, strictement délimités, comme celui des baies et des îles situées
dans le voisinage de la côte.

Pour ces cas exceptionnels, d'autres règles entrent en jeu. Mais, par­
tout ailleurs, la. ligne de base devrait clone se confondre avec la ligne
physique de la côte et en suivre les sinuosités.
Le Gouvernement britannique ne conteste pas, me semble-t-il, qu'il
lui appartient d'établir l'existence de la règle principale. Mais il s'em­
presse d'ajouter que cette règle principale est indiscutable.
Pour ce qui est des autres règles, celles qui sont applicables aux
exceptions, le Gouvernement britannique admet qu'elles n'ont pas la
Jl"!-êméevidence, qu'elles n'ont pas la mêmecertitude gue la règle prii1-

Clpale.
Seulement, d'après lui, il n'aurait pas J'obligation de démontrer l'exis­
tence de ces règles-là. Il lui suffirait, en ce qui les concerne, d'apporter
un ''commencement de preuve n. Ce" commencement de preuve n suffi­
rait pour créerune" présomption 1en sa faveur. Et, dès lors, le fardeau
de la preuve passerait sur les épaules de son adversaire. PLAIDOIRIE DE "IlLBOURQUIN (NORVÈGE) - 9 X 5I 249

C'est dît expressément au paragraphe 2I2 de la Réplîque:
"Le Royaume~Un aîdéveloppé,dans la deuxième partie de son
Mémoire,ce qu'il considère comme les règles admises par le droit
international concernant les exceptions permettant à la ligne de
base de s'écarter de la laisse de basse mer le long de la côte....
11 s'ensuit que si la thèse du Royaume-Uni visant les règles de

droit applicables est correcteà titre ciecommencement de preuve ....
le fardeau juridique en cette 11ffairerepose sur la Norvège.... ''
C'est clair. Pour les règles exceptionnelles, le Gouvernement britan­
nique peut se contenter d'un ''commencement de preuve"· Une fois ce

''commencement de preuve" administré, son rôle est terminé. Il a gagné
son procès, à moins que la Norvège n'apporte elle-mêmehl preuve de
l'inexistence. des règles en question.
Je me permets d'attirer tout de suite l'attention de la Cour sur deux
points. ·
Le premier, c'est qu'en faisant cette distinction entre la règle prin­
cipale et les autres, le Gouvernement britannique recol}naît !ni-même
la fragilité relative des règles de la seconde catégorie. Evidence indis­
cutable d'un côté, dît-il ; réalitécontestable de l'autre, réalitéquirête
à discussion.
Le contraste est frappant.
La deuxième observation que je désire faire, c'est que, dans le litige

actuel, ce qui est essentiel, ce'est pas le prétendu principe de la laisse
de basse mer, ce sont les règles exceptionnelles régissant les baies et les
archipels côtiers, puisque toute la côte septentrionale de la Norvège est
couverte par les formations insulaires du skja;rgard ou bien découpée
par une succession de fjords, pratiquement ininterrompue.
Et nous pouvons constater ainsi immédiateiT).entque les règles qui
importent clans ce procès appartiénnent, de l'aveu mêmede la Partie
adverse, à la. seconde catégorie, c'est-à-dire à la. catégorie douteuse.
Catégorie tellement douteuse que, pour elle, le Gouvernement britan­
nique se sent manifestement incapable de fournir une preuve suffisante
de leur existence et qu'il voudnlit en êtrequitte avec ce qu'il appelle un
"commencement de preuve"·

Mais qu'est-ce qu'un ''commencement de preuve"? Ce n'est rien
d'autre qu'une tentative de preuve dans laquelle on échoue.
Car enfin, de quoi s'agit-il? Il s'agît de savoir si les règles invoquées
pa.r le Royaume-Uni existent en tant que règles coutumières. Toute la
question est là. Est-ce que ces règles coutumières, que l'on invoque
comme telles, existent ou n'existent pas?
Or, pour exister, une règle coutumière doit réunir un certain nombre
de conditions. Il faut, pour reprendre la formule du Statut de la Cour,
qu'elle corresponde à ((une pratique générale,acceptée comme étant
le droit JJ.
Aussi longtemps que ces conditions ne sont pas réunies, la règle coutu-
mière n'existe pas. -
Elle a peut-être des partisans. Il est possible qu'une partie de la_doc­

trine se prononce en sa faveur. Et il est possible que certains Etats
l'appliquent, soit dans leur législation interne, soit dans leurs conven­
tions particulières. Mais on ne peut pas raisonnablement soutenir que
des témoignages comme ceux-là suffisent pour attester l'existence d'une
règle coutumière.250 PLAIDOIRIE DE .~B IOURQUfN (NORVÈGE) - 9 X 51

Le Gouvernement britannique nous assure que son point de vue est
fortement appuyé-c'est l'expression dont il s'est servi- par les procès­
verbaux de la Contérencede codification de 1930, par l'opinion des auteurs
et par la pratique internationale. ·
Il me semble que c'est se faire beaucoup d'illusions.
Pour chacune des règles que le Gouvernement britannique invoque,
nous avons examiné, dans nos écritures, la valeur des témoignages dont
il fait état. En réalité,ces témoignages se réduisent à peu de chose,

qu;mcl on les regarde de près. La plus grande partie d'entre eux sont
-empruntés au rapport d'une des sous-commission de la Conférence de
1930, dont nos adversaires font un usage manifestement abusif.
Et, en regard de ces quelques éléments,bien fragiles, nous en avons
produit, de notre côté, qui les contredisent nettement. Les éléments
que nous avons produits ne sont pas seulement des opinions doctrinales;
-cesont aussi des faits de la pratique internationale-des lois, des décrets,
des conventions, des déclarations officielles,des décisionsde jurisprudence.
Or, quand il s'agit de connaître Je droit coutumier, la pratique inter­

nationale est tout de mêmece qu'il·y a d'essentiel.
Si l'on tient compte de tout cela, on devra reconnaJtre, je pense, que
les élémentsde preuve apportés par nos adversaires sont d'une très
grande faiblesse.
Et c'est cela qui suffirait, d'après eux, pour constituer un'' commence­
ment de preuve n, et pour créerune présomption que la Partie adverse
devrait alors essayer de rejeter.
Je crois que si pareille conception est admise, le demandeur qui invoque
les règles du droit coutumier aurait la tâche extrêmement facile. 1l
pourrait se contenter de réunir quelques opinions favorables à l'idée
qu'il soutient et il viendrait dire alorsà son adversaire: tCela suffit ;

cela créeune présomption en ma faveur et c'est à vous maintenant de
la renverser. n
On arriverait ainsi à ce résultat doublement paradoxal que le véritable
fardeau de la preuve incomberait au défendeur et que ce qui devrait
êtreétabli, ce ne serait pas l'existence, mais bien l'inexistence des règles
invoquées à l'appui de l'action judiciaire.
Les règles sur lesquelles le Gouvernement britannique s'appuie pour
soutenir que le décretde 1935 est incomp[Ltibleavec le droit international
relèvent toutes du droit coutumier. Comme M. l'agent du Gouverne­
ment norvégien l'a signalé dans ses remarques préliminaires, aucune
règle conventionnelle ne lie les Parties dans le litige actuel.

Par conséquent, la démonstration des règles applicables doit être
faite conformément à la notion de la coutume. Elle doit porter sur les
différents éléments fomm~eur s'une règle coutumière. Il est donc très
important pour la solution de notre différend de déterminer les condi­
tions requises pour la fom1<1tiond'une coutume.
Mais, malgré cela, je crois pouvoir me dispenser de reprendre en
plaidoirie l'examen de ,cette question. Tl me semble, en effet, qu'elle a
été suffisamment débattue dans la procédure écrite. Pour notre part,
nous avons exposé notre conception et nos arguments al:lx paragraphes

339 à 363 de notre Duplique. je n'ai rien entendu à la barre qui soit de
nature à modifier notre point de vue ou qui rende nécessaires de nouvelles
e xplîcations.
ll y a cependant deux points sur .lesque\s je crois nécessairede revenir
rapidement. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 9 X SI 251

Le premier point est celui-ci :
Nous avons soutenu, en nous appuyant d'ailleurs sur les plus sol~des
autorités, qu'une règle coutumière nouvelle ne peut pas lier un Etat
<tui a manifesté d'une manière constante et non équivoque son refus de
l'accepter.
Ce principe est exposé aux paragraphes 256 à z6o de notre Contre­
Mémoireainsi qu'aux paragraphes 346 à 353 de notre Duplique.
Nous avons étéheureux de constater que le Gouvernement britannique
est d'accord avec nous sur ce point. Sir Frank Soskice en a fait la déclara­

tion dans la partie de sa plaidoirie consacréeaux titres historiques.
C'est une constatation très importante dans le litige actuel, étant
donné que le Gouvernement norvégien a toujours résistétrès fermement
aux règl.es que l'on voudrait lui opposer aujourd'hui et qui sont en
contradiction manifeste avec sa tradition.
Il y a un autre point sur lequel je voudrais revenir. Il s'agit des travaux
de la Conférence de codification de 1930 et de l'emploi qui en est fait
par le Gouvernement du Royaume-Uni.
Nous comprenons très bien que ce dernier ait tendance à s'y référer
constamment, car c'est sa principale ressource, si je puis ainsi dire, c'est
l'arsenal dont il tire presque toutes ses munitions.
Nous ne prétendons aucunement que les travaux ct les débats de

la Conférence de 1930 ne soient pas instructifs. Nous croyons, au
contraire, qu'ils présentent un grand intérêtpar la lumière·qu'ils ont
projetée .sur la réalitéjuridique, sur le véritable état de la pratique
internationale.
Mais leur principal effet, pensons·nous, a étéde dissiper certaines
illusions de la doctrine. Il y a certainement quelques points sur lesquels
l'unanimité s'est faite. Mais·ces points sont en somme peu nombreux.
Ils sont mêmeassez rares.
Or, il ne suffit pas de constater que certaines solutions proposées à
1a conférence ont rencontré la faveur de certaines délégations,ni même
qu'une majorité de délégations se soient prononcées en leur faveur,
pour conclure que ces formules et ces propositions représentent le droit
en vigueur, d'autant plus que, dans la plupart des cas, les solutions

proposées n'avaient pas du tout pour objet de codifier le droit existant,
mais bien de faciliter un accordde lege ferenda.
Et voilà sans doute le principal risque que l'on court quand on fait
appel à des travaux comme ceux-là: c'est de confondre la lex lata et la
lex jerenda, c'est de prendre pour l'expression du droit coutumier ce
qui n'est en réalité qu'une formule destinée à établir un accord là où
le droit coutumier accuse des divergences et des contradictions.
Ce danger a étémis en lumière par M. l'agent du Gouvernement
britannique dans l'a[faire d-u Détroit de Corfmt.Il s'agissait d'un projet
cl'<Lrticlerelatif au droit de passage innocent, établi par une des sous­
commissions de la Conférence. M.l'agent du Gouvernement britannique
a soutenu avec raison que l'on ne pouvait pas assimiler ce projet à une
convention, et il a ajouté, avec non moins de raison, que, comme témoi­

gnage du droit existant, il ne fallait s'en servir qu'avec une extrême
prudence.
"Nous ne soutenons pas - a-t-il dit - que les travaux de la
Conférencede La Haye sont dénuésde toute valeur comme preuve
des règles de droit international en vigueur relatives au droit de
passage innocent. Les documents peuvent contenir et contiennent252 PI-AlDOIRIE DE ?IL BOURQUlN (NORVÈGE) - IO X SI

effectivement certains témoignages des règles existantes du droit
international. Ce que nous soutenons c'est que celui qui invoque
des passages de ces documents comme étant des déclarations de
règles applicables elu droit international, a la charge de prouver
avant tout qu'elles ont bien cette portée. Les rapports des travaux
de la Deuxième Commission (il s'agit de la Deuxième Commission
plénière,chargée d'étudier dans son ensemble le problème des eaux
territoriales) -les rapports des travaux de la Deuxième Commission
sont, pour la plupart, des rapports de négociations et non des
rapports constatant le.droit en vigueur. n

Voilà comment s'est expriméM.l'agent du Gouvernement britannique.
Nous ne pouvons, en ce qui nous concerne, que nous rallier complètement
à ses observations. Elles nous paraissent d'autant plus pertinentes dans

le procès actuel que les travaux de la Conférence de codification ont
certainement moins de valeur probante, en ce qui concerne les règles
dont nous avons à nous occuper, que pour celles qui étaient en cause dans
l'affaire du Détroit de Corfmt.
Dans l'affŒire du Détroit de Corfou, il s'agissait de règles élaborées
par la Première Sous-Commission. Or, le projet de la Première Sous­
Commission a étéapprouvé pai: la commission plénière.
Au contraire, les règles qui nous intéressent ici, c'est-à-dire les règles
relatives au tracé des lignes de base, n'ont étéexaminées que par la
Deuxième Sous-Commission.
Or,qu'est-ce que c'étaitque cette Deuxième Sous-Commission? C'était
une sous-çommission technique, ne réunissant que les représentants

de treize Etats sur les quarante qui prenaient part à ·]a Conférence de
La Haye. Aucun procès-verbal officiel ne relate ses débats. J_es sugges­
tions qu'elle a faites n'ont étél'objet d'aucune délibération en séance
plénière. Elles n'ont pas étéapprouvées par la commission plénière,
mêmeà titre provisoire. La commission plénières'est contentée de les
annexer à son propre rapport « comme un ma.tériel.précieux pour la
continuation des études en cette mati.ère n. ·
Voilà les termes dont se sert le rapport de la commission : "un matériel
précieux pour la continuation des études"·
Il est évident qu'on ne s'exprimerait pas ainsi si l'on attribuait aux
formules suggéréesla force probante d'une constatation du droit
existant. Ce n'était qu'un premier essai, un premier pas, utile mais
insuffisant, vers la découverte d'une solution acceptable.

Et voilà ce qui constitue la base principa.le de la démonstration de
nos adversaires.
C'estsur ce sable mouvant que repose, pour une bonne part, le système
au nom duquel ils prétendent condamner la pratique traditionnelle
de la Norvège. · ·

[Séance publique dtt IO octobre I95I, matin]

Monsiel;r le Président, Messieurs de la Cour, j'aborde l'examen des
différentes règles qui sont invoquées par Je Gouvernement britannique.
Ces règles ont toutes pour objet le tracé des lignes de base.
On peut se demander si cette façon de poser le problème n'est pas défec­
tueuse. Et nous avons soulevé la question dans notre Contre-Mémoire. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORV.ÈGE) _____:_X 51 253

De quoi s'agit:il ici ? ll s'agit uniquement de délimiter la·zone maritime
dans laquelle l'Etat côtier peut réserver l'exclusivité de la pêcheà ses
ressortissants. Or, en pareil cas, le droit international ne se préoccupe
pas de savoir au moyen de quelles lignes la limite de cette zone est

déterminée.
La seule chose qui préoccupe le droit international, c'est de savoir
quelle est l'étendue de la zone et, par conséquent, où.se trouve sa limite
extérieure.
S'il s'agissait dedélimiter les eaux intérieures de l'État, la question
se présenterait autrement. Mais, dans la matière qui nous occupe, la
distinction entre les eaux intérieures et les eaux territoriales est dénuée
de toute importance.
On est d'accord en effet pour reconnaître - et le Gouvernement
britannique le reconnaît lui-mêmeexpressément - qu'il en est ainsi.
On est d'accord pour reconnaître qu'il n'y a aucune différenceentre les
eaux intérieures et les eaux territoriales.
Pour déterminer la limite de la zone réservéeen matière de pêche,

il y a deux facteurs qui entrent en jeu: il y a l'étendue des eaux inté­
rieures et puis il y a celle des eaux territoriales. Mais aucun de ces deux
facteurs n'a d'importance isolément. Ce qui compte, c'est Je résultat de
leur combinaison.
Je suppos<;, par exemple, que la Norvège, au lieu d'avoir une mer
.territoriale de quatre milles, en ait une de six milles {comme c'est le
cas pour de nombreux États). Eh bien! l'étenduede ses eaux intérieures
pourrait êtreinférieurede deux milles à ce qu'elle est, sans que Jerésultat
soit changé, c'est-à-dire, sans .que cela entraîne aucune modification
de la limite extérieure de la zone de pêche.
On pourrait comprendre que le Royaume-Uni reproche à la Norvège
d'avoir délimitéune zone de pèche trop étendue. Mais on ne peut pas
comprendre qu'il lui reproche de répartir ses eaux intérieures et ses
eaux territoriales d'unè certaine façon plutôt que d'une autre, à l'inté-
rieur de cette zone. ·

C'est pourquoi, dans notre Contre-Mémoire, nous avons dit, au para­
graphe 245, que la position du problème nous pa.raissait défectueuse.
Le Gouvernement du Royaume-Uni a fait observer, dans sa Réplique,
que, si le tracé des .lignes de base est en effet sans importance directe,
il constitue cependant un facteur déterminant, parce qu'il fixe le point
à partir duquel se fait le calcul des eaux territoriales et, par voie de
conséquence, i1 fixe le paint auquel se trou vera la limite extérieure de
la zone de pêche.
Ainsi, dans Ie cas de la Norvège, les quatre milles de la mer territoriale
se comptent à partir des lignes de base. Il en résulte que, une fois ces
lignes établies, on connaît la limite de la zone de pêche.
Nous sommes entièrement d'accord sur ce point avec JeGouvernement
britannique, mais à une condition. Pour que l'argument du Royaume­
Uni soit fondé, il faut, il est indispensable, que l'étendue de la mer
.territoriale soit uniforme et invariable.

Si l'on admet que la mesure des quatre milles est absolue, qu'elle
est exactement la mêmetout le long de la côte, sans aucune différence,
sans aucun flottement, alors le Royaume-Uni a raison de dire que Je
tracé des lignes de base est un facteur décisif. .
!\{ais s'il n'en e'it pas ainsi, si la mesure des quatre milles n'a pas
cette rigueur, si l'Etat côtier peut l'assouplir et lui faire subir des cor-254 PLAIDOIRIE DE ~1B .OURQUIN (NORVÈGE) - IO X 5I

rections en tetlant compte de certaines considérations, par exemple, des
particularités géographiques de la côte, alors rargument de la Partie
adverse perd toute sa valeur.

Voilà la première observation que je voulais faire et, cela dit, voyons
quelles sont les règles qu'on nous oppose.
On nous oppose d'abord la règle que l'on appelle de <lialaisse de mer)~
et que l'on peut appeler de «la ligne côtière».
D'après cette règle, la ligne de base des eaux territoriales devrait
coïncider exactement avec la ligne de la côte. Elle devrait coïncider en
tous points avec la ligne qui marque la séparation de la terre et de la
mer, suivant une expression qui a étéemployée par la Partie adverse.
La caractéristique de cette règle, on le voit, c'est qu'elle ne laisse à
l'État riverain <cucuneliberté d'appréciation. Le tracé qu'elle impose à
l'Etat riverain est déterminépar la nature, il est dé;terminépar les réali­
tés physiques, sans que la volonté, le choix de l'Etat riverain ait une

action quelconque sur le tracé de cette ligne.
La ligne de base se confond donc avec la ligne côtière. Mais comme
la ligne côtière se déplace avec les mouvements de la marée, il faut évi­
demment s'entendre sur le moment qui sera pris en considération.
Ce marpent, c'est celui de la marée basse. Après avoir hésité,la prati­
que des Eülts s'est fixéedans ce sens. On est donc convenu que la ligne
côtière correspond à la laisse de basse mer.
Voilà, d'après le Gouvernement britannique, ce qui constituerait la
règle fondamentale pour le tracé de la ligne de base.
Et, j'ai eu l'occasion de le signaler à la Cour, cette règle fondamen­
tale, le Gouvernement britannique en fa.it un principe, au sens juridique
du mot.

D'après lui, cette règle est toujours applicable, sauf dans certains cas
exceptionnels, strictement déterminés.
Le principe étant ainsi posé,il entr<Üne,me semble-t-i!, une conséquence
inéluctable: c'est que la limite extérieure des eaux territoriales devrait
êtreparallèle à la ligne physique de la côte.
Si la limite extérieure des eaux territoriales n'est pas pa.rallèle à la.
ligne physique de la côte, c'est que la ligne physique de la côte n'est
pas la ligne de base, ou bien, c'est que l'étendue des eaux territoriales
n'est pas invaria ble.
Je ne vois pas comment on pourrait sortir de ce dilemme.
J'ai écoutéavec beaucoup d'attention ce qui a étédit de l'autre
côté de la barre; j'ai vainement attendu une explication sur ce point.
Or, tous les techniciens sont d'accord pour reconnaître que la méthode
du'' tracé parallèle» est complètement inadmissible quand il s'agit d'une

côte plus ou moins accidentée. Quand il s'agit d'une côte rectiligne, non
seulement elle est possible, mais elle est indiquée.
Quand il s'agit d'une côte légèrement incurvée, on ne peut déjà plus.
l'employer sans certains correctifs.
Mais quand il s'agit d'une côte, comme la côte norvégienne, bordée
d'îleset découpéepar des indentations·et des échancrures multiformes,
alors elle est totalement exclue. ·

"La méthode du tracé parallèle- écritGide!- estina.dmL~siblc,
lorsqu'elle s'applique à une côte présentant des sinuosités quelque
piomprononcées. ))('fome III, p. 504.) PLAIDOIRIE D.E ~LBOURQUIN {NORVÈGE) - IO X ji 255·

Et dans un article paru au mois de juillet I 930, dans \'A.merican
J D!~<n oj tInternational Law, M.. Boggs, géographe du département
d'Etat américain, dit exactement la même chose : "Cette méthode,.
déclare-t-il, est absolu.ment impraticable" {((utterly impracticable »)..
(P. 543-)
Le Gouvemement du H.oyaume-Uni ne conteste d'ailleurs pas qu'il
en soit ainsi. Il reconnaît que la méthode du tracé parallèle est hors.
de c<mse; il va mêmejusqu'à dire que ce n'est pas une méthode.
Mais Gicle! fait une autre remarque que je voudrais relever. Parlant

de cette méthode inadmissible, de cette méthode absolument impratica­
ble, il constate que "c'est pourtant celle que semblent préconiser les.
auteurs de droit international 11,
Et i1aJoute que, à la Conférencede 1930, la Deuxième Sous-Commission.
"n'a pas catégoriquement répudiécette erreur lorsque .... elle formule·
ainsi le principe général: "[>our calculer \"étendue de la mer territoriale,
''on prendnt pour b<tSela laisse de basse mer, en suivant toutes les simtasi-­
''tésclela côte·11
Cette obs~.rva dteioide! figure à la page 504 elu tome III de son.

ouvrage et nous \"avons reproduite au paragraphe 290 de notre Contre-·
Mémoire.
Elle me paraît très intéressante.
On nous dit, en effet, de l'autre côté de la barre, que Je principe de·
la ligne côtière est fermement etabli.
JV!aisqu'est-ce que nous voyons? Nous voyons que les auteurs qui se­
sont prononcés en faveur de ce principe lui ont a.ttribué une portée qui,.
dans la pratique, se révèleinacceptable.
Partant de l'idéeque l'étendue de la mer territoriale est toujours égale:

à elle-même, ils ont admis que la limite extérieure de cette mer devait.
êtreparallèle à la côte et en reproduire les mouvements.
C'était parfaitement logique. Seulement cette conclusion logique se·
heurte en fait à de pures impossibilités.
Les auteurs de droit international, qui sont des théoriciens, bien.
souvent, ne se sont pas rendu compte du vice rédhibitoire de la solution.
qu'ils préconisaient. Et il a fallu, pour attirer leur attention sur ce
point. que des spécialistes les éclairent. Et ce n'est qu'à une époque
toute récenteque le problème a étésérieusement étudiépar les géographes.
et par les techniciens. .

li est évident, semble-t-il, que p<lreille constatationenlève beaucoup-
de leur valeur aux affirmations courantes "dela doctrine en cette matière ..
Quoi qu'il en soit, le tracé parallèle est exclu.
Mais alors, que devient la thèse du Royaume-Uni ?
Ou bien il est inexact de prétendre que la ligne de base se confond.
nécessairement avec la ligne physique de la côte, ce qui est, aux yeux
de la Partie adverse, le principe fondamental.
Ou bien il est inexact de prétendre que l'étendue de la mer territo-·
riale est invariable - ce qui constitue également un élémentessentieL

de son système. Car sans cela, le tracé des lignes de base cesse d'avoir
un caractère déterminant pour la délimitation de la zone de pêche;
et alors toute l'argumentation de nos adversaires passe, en somme, à.
côté du véritable problème, puisque, dans cette argumentation, le tracé
de la ligne de base est le seul objet qui soit pris en considération.
La méthode du tracé parallèle étant manifestement inadmissible
Je Gouvernement britannique en préconise une autre.256 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVè:GE) - IO X 5I

Il voudrait appliquer à la côte litigieuse la méthode de la "courbe
tangente» ou des « enveloppes d'arcs de cercle"·
Je n'ai jamais ététrès fort en mathématiques et j'avoue que des

formules de ce genre m'impressionnent beaucoup. Elles me remplissent
d'une sorte de crainte respectueuse.
j'ai fait ce que j'ai pu pour saisir le mécanisme de ce système et je
crois y êtreparvenu. Dans tous les cas, ce que j'en ai compris est suffi­
sant, me semble-t-il, pour apprécier sa valeur juridique.
Et, d'abord, il y a un fait essentiel qui me paraît échapper à toute
discussion : c'est que cette méthode des enveloppes d'arcs cie cercle, à
supposer même qu'elle soit particulièrement recommandable, n'est
pas juridiquement obligatoire.
·A la Conférence de codification de 1930, la délégation américaine
avait présentéune série d'amendements en faveur de son application.
Mais c'est uniquement sur le terrain de la lex ferenda qu'elles'étaitplacée.

Je me permets de rappeler les tennes dans lesquels la conférence a
étésaisie de ces propositions :
''Ces bases sont présentéesa.finde trouver, en ce qui concerne la
délimitation des eaux territoriales, une série de formules précises
et clapplication simple. C'est, croyons- nous, la. premûre tentative

qui ait étéfaite pour formuler un ensemble complet et méthodique de
règles à cet efjet, et nous croyons qH'il conviendrait de les étudier
concrètement, dans la mesure du possible, sur la carte. On trouvera,
ci-joint, deux pages de diagrammes qui faciliteront la compré­
hension du texte. n

Voilà les obs.ervations qui figurent en tête des amendements que la
délégationaméricaine a déposésle 27 mars 1930.
On ne pourrait pas indiquer d'une manière plus explicite qu'il s'agit
de propositions novatrices et que ces propositions ne sont aucunement
présentées comme étant l'expression du droit en vigueur. C'est une
tentative gui est faite, et même"une première tentative "•pour formuler
un système complet de délimitation.
J'ajoute que l'inspirateur de ces propositions - qui n'était autre que
M. Boggs lui-même- a souligné leur nouveauté dans l'article qu'il
a publié au lendemain de la conférence clans \'American J owrnal of
International Latl'l,au mois de juillet r930.
Or, c'est un fait que ces propositions n'ont p·asétéacceptées par la

conférence. Contrairement à l'espoir de leurs auteurs, elles ne sont pas
devenues partie intégrante d'une convention internationale.
Et personne ne pourrait soutenir, d'autre part, qu'à défaut d'une
consécration conventionnelle, elles auraient reçu, depuis 1930, la c_onsé­
cration de la coutume, c'est-à-dire de tla pratique généraledes Etats,
acceptée comme étant le droit JJ, pour reprendre l'expression de
l'article 38 du Statut de la Cour. ·
Nos adversaires ont fait état d'un nouvel article de M. Boggs, qui a
paru au mois d'avril dernier, dans le mêmeAmerican Journal of Inter­
national Laz!!.
Mais la portée qu'ils semblent attribuer à cet article est loin d'être

justifiée par son texte.
M. Boggs y expose à nouveau le système qui a depuis longtemps ses
préférences et pour lequel il fait campagne. ll.en décrit le mécanisme
technique et c'est là, dit-il, l'objet de son étude. Je cite: PLAfDOIRIE DE ~1B. OURQUIN _(NORVÈGE) - IO X 5I Z5?.

r(Une des parties les moins satisfaisantes du droit international
relatif à la mer territoriale, dit-il, est certainement celle qui concerne
les limites précisesdes zones de mer adjacentes se trouvant sous la
juridiction nationale. Les problèmes gui se rattachent aux limites
de ces zones entrent dans deux catégories: r) absence d'une largeur
généralementacceptée pour la mer territoriale- et, éventuellement
pour une ou plusieurs zones contiguës affectées à des buts déter­
minés; 2) absence de principes et de techniques suffisamment
élaborées,gui soient acceptables pour la délimitation de la mer
territoriale ou des zones contiguës qui sont requises·."

Et l'auteur préciseque c'est à cette dernière question que son article
est uniquement consacré.
Cet article est donc une contribution nouvelle de M. Boggs à l'élabora­
tion d'une technique dont il s'oécupedepuis longtemps et qu'il s'efforce
de faire admettre.
Ce qui a frappé nos adversaires dans. l'article en question, c'est qu'on
y trouve une carte, représentant un des secteurs de la côte norvégienne,
~ur .laqnel\e M. Boggs a montré ce que donnerait l'application de sa
méthode. On paraît en conclure que M. Boggs préconiserait l'application

de cette méthode à la Norvège et qu'il se ferait en quelque sorte le
défenseur de la, pecked green bine.
Je crois que c'est aller un peu vite en besogne.
Ivl.Boggs veut préciser, comme ille dit lui-même,le mécanisme tech­
nique de sa méthode et il veut, pour cela, l'étudier sur la carte. Il faut
l'examiner sur la carte, dit-il; on ne peut pas se contenter de le décrire
d'une manière abstraite. ·
lVI.Boggs prend donc des exemples pour illustrer sa technique et
l'un de ces exemples est emprunté à une partie des côtes norvégiennes.
.Mais l'i!lnstration a simplement pour but de faire voir les résultats qu'on
obtient en traçant des arcs de cercle.
Est-ce que lVI. oggs déclare qu'il suffit de se livrer à cette opération?
Pas du tout. La méthode qu'il préconisecomporte deux opérations.
Elle comporte d'abord le tracé des arcs de cercle. Mais elle comporte
ensuite l'élimination des poches de haute mer qui sont gênantes. Entre
les courbes ainsi obtenues par ces arcs de cercle, il y a des poches de haute

mer qui vont en quelque sorte se glisser, et M. Boggs dit: Certaines de
ces poches de haute mer sont gênantes, elles sont embarrassantes et il
faut les éliminer.
Et il insiste sur ce dernier point. Aux yeux de l'auteur, cette élimination
" est un principe essentiel de la délimitation de la mer territoriale )).
Pour appliquer à la Norvège la méthode préconiséepar IviBoggs, il ne
suffirait donc pas de tracer des arcs de cercle. Il faudrait, après cela,
éliminer les poches de haute mer qui résulteraient de ce tracé et qui
seraient contraires aux nécessitéspratiques- qui seraient «objection­
able "· pour reprendre l'expression de l'auteur.
Seulement, sur les cartes produites par le Gouvernement britannique,
les poches de haute mer n'ont pas étéé.liminéesO . n s'est contenté de faire
la première opération; on n'a pas fait la seconde.
Par conséquent, la pec!Œd green tinen'est pas une application exacte
de la méthode de M.Boggs. Ce n'est qu'une application partielle de cette

méthode.
D'autre part, dans le secteur de la côte norvégienne que M. Boggs
a pris comme exemple, et qui est le secteur situé entre l'ile de Langoy
r8 2S8 PLAIDOIRIE DE "-L BOl[RQUIN (NORVÈGE) - IO X 5I

et l'île de An.dôy, qui figure sur notre carte n° 8, les différencesqui existent
entre le tracé par la méthode des arcs de cercle et le-tracé du décret
norvégien de 1935 ne sont guère importantes. Et M. Boggs le signale.
Seulement, tout cela nous éloigne de la véritable question, de la seule
question qui se pose icit qui est de savoir si la méthode de M. Boggs
estju.ridiquementobligatoirecar tout est là.

La seule question qui se pose est la suivantest-ce que la méthode des
arcs de cercle, qui a étéproposée par la délégationaméricaine à la Confé­
rence de 1930, mais qui n'a pas étéacceptée par les l!tats représentés à.
cette conférence, est-ce que cette méthode est devenue obligatoire en.
vertu du droit coutumier? ·
Personne ne pourrait le soutenir. Et IvLBoggs lui-même, malgré
son enthousiasme, ne va pas jusque-là.
Le problème dont i1 s'occupe, dit-il, est "tute des parties les moins
satisfaisantes{lu.domaine du droit international n. On y manque ((de:
prinàpes et detech1~i bitné laborée11.
Et il reprend l'expression dont la délégation américaine s'était servie

en 1930 pour présenter ses amendements.
((Le présm}tarticle, écrit-il,comportetme première tm~ta poui1'e
formuler âes principes et des techniqtws généralemen'tacceptable.s... "

C'est à la page242, note 9, que se trouve cette phrase.
Ce qui prouve que, depuis 1930, la position juridique de cette méthode
n'a guère changé, semble-t-il. Et l'on pourrait cueillir dans l'article de
M. Boggs toute une séried'autres citations confirmant cette vérité.
Mais je m'en voudrais d'allonger d'avantage cette parenthèse.
Il y a quelque chose que je dois ajouter. Dans son article du mois
d'avril dernier, M. Boggs se borne à décrire sa technique, sa méthode.
Il n'émet aucune opinion sur le système norvégien Il ne dit pas si le

système des lignes droites qui est employé par la Norvège est acceptable
dans un cas aussi particulier que celui des côtes norvégiennes, ou bien
s'il estime au contraire que, malgré les particularités de la côte norvé­
gienne, ce système des lignes droites devrait êtrecondamné. Il ne dit
rien de semblable.
J\·1ais,dans son article de 1930, M. Boggs s'est prononcé sur ce point
et, comme la Cour va le voir, il l'a fait d'une manière on ne peut plus
catégorique.
Voici ce qu'il a écrit:

((Le tracé des arcs de cercle autour des rochers constituant techni­
quement des îles le long du skjrergard septentrional aboutirait à.
une série d'arcs de cercle d'une complexité extraordimlire. Il
sembleque pour cettec6teexceptionnelle,lesystèmenorvégienconsistant
àtracerdeslignes droites tiréesarbitrairementponr marquerla limite:
entre la mer territoriale et ta hattie mer soit non seulement j1.isti/ié,
mais prahquement inévitable. Au surplus, le fait que ces eaux sont
assez généralement reconnues comme des eaux historiques tend
à placer cette côte en dehors de l'application généraledu système

proposé par l'amendement américain. "
Le passage est reproduit au paragraphe 126 du :rviémoirebritannique.
Voilà l'opinion de M. 13oggs. Elle est claire.
Dans le cas exceptionnel du skj;;ergard, l'application de l'amendement
proposé par la délégation américaine à Ia Conférence de La Haye - PLAIDOIRIE DE ~I BOURQUIN (NORVÈGE) - IO x SI. 259

c'est-à-dire l'application de la méthode des arcs de cercle -conduirait
à de telles difficultés pratiques que lVLBoggs lui-même, l'inspirateur
de cet amendement, l'apôtre, peut-on dire, de cette méthode, n'hésite
pas à reconnaître qu'il fauy renoncer.
Y renoncer au profit de quelle méthode? Au profit de la méthode
traditionnellement employée par la Norvège, c'est-à-dire la !-Déthodedes
lignes droites.
~~ voyez avec quelle assurance l'auteur américain formule cette
opmwn.
Pour une côte àussi exceptionnelle, dit-il, la méthode des lignes droites

"n,'estpasseulementfustijiée"·elle est pratiquementiném:tablen.
Il serait difficile d'êtreplus catégorique.
Nos adversaires ont laissésupposer que, depuis 1930, lVI.Boggs aurait
-changéd'avis sur ce point. Mais c'est là une affirmation purement gra­
tuite. M, 13oggs n'a aucunerhen trépudiéles déclarations formelles de
son article de 1930.
Il faut, d'ailleurs, reconnaître que si un géographe comme M. Boggs,
qui vit, peut-on dire, dans l'intimité de la méthode des arcs de cercle,
-qui était déjàconsidéré,à juste titre, en I930, comme le grand spécia­
liste de cette méthode - il faut reconnaître que si un tel homme avait

dû mettre vingt ans pour s'apercevoir qu'il s'est trompé en ce qui
concerne les possibilités d'application de ses formules à la côte norvé­
gienne, ce ne serait pas une recommandation pour la méthode elle-même.
Donc, première constatation, ta méthodedes arcs de cerclene peut pas
êtreopposée à ta Norvègecomme wne exigence du droit couturnier.
D'ailleurs, il ne semble pas que la Partie adverse conteste ce point
décisif.Dans sa Réplique, elle se borne à dire, au paragraphe 183 A, que
cette méthode est celle que recommandent les experts, y compris Gidel
et Boggs. ·
Pour Boggs, nous venons de voir ce qui en est. Nous venons de voir

que si, en effet,il recommande chaleureusement la méthode des arcs
de cercle,il fait cependant une exception pour le skja:rgârd norvégien.
Pour Gidel, nous verrons tout à l'heure ce qu'il en pense.
Mais, à supposer mêmeque l'affirmation de la Réplique füt exacte
et que les experts fussent unanimes à recommander cette méthode, ce
qui est loin d'êtrele cas, il ne s'ensuivrait évidemment pas que la
méthode des arcs de cercle serait juridiquement obligatoire. Car il ne
suffit pas que des experts recommandent une méthode pour que les
J~ta atest l'obligation juridique de l'appliquer.
On pourrait, au besoin, s'arrêterlà. Niaisil est d'autres considérations
qui ont également leur importance.

Il y a notamment la considération que l'application de la méthode
des arcs de cercle ne cadre pas avec les propositions fondamentales du
système britannique.
Cette méthode est décrite dans la Réplique du Gouvernement du
Royaume-Uni, au paragraphe r83 A, et àJ'annexe 42. D'autre part, on
nous l'a exposée en plaidoirie. Je ne vais pas reprendre dans le détail
les explications teclmiques qui nous ont étéfournies. Mais, ce qui en
r~sso intiscutablement, c'est que les distances entre la ligne côtière,
la ligne physique de Lacôte, et la limite donnée à la mer territoriale
sont loin d'être constantes.

En effet, on ne tient pas compte, en appliquant cette méthode, de ce
qn'on appelle leslsinuosités secondairesJJde la côte.260 PLAIDOIRIE DE 1\I. BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X SI

Les arcs de cercle sont tracés en prenant pour centres un certain
nombre de points faisant saiUie. Les points qui sont situés dans Une
concavité de la côte ne jouent aucun rôle. On ne s'en occupe pas.
On nous dit que chaque point de la limite extérieure de la mer terri­
toriale est situéà quatre milles du point le plus proche de la côte. C'est
exact. Mais il n'est pas exact de dire que chaque point de la c6ie soit situéà
quaire milles de la limite extérieure des eŒxtxterritoriales. Il y a des points
de la côte qui sont à une distance de plus de quatre milles : ce sont les
points qui se trouvent dans les parties concaves, qui se trouvent dans
des sinuosités que l'on néglige parce qu'on les appelle des ((sinuosités

mineures"·
La planche qui est jointe à l'annexe 42 de la Réplique le montre
très clairement. Si la Cour veut bien se reporter à la figure 2 qui se
trouve sur cette planche, elle verra que les deux points extrêmes de
la concavité sont exactement à quatre milles de la limite extérieure,
parce que ce sont ces deux points-là que l'on a pris pour centres des
arcs de cercle. Il s'agit des points 13et C sur la planche.
Mais la Cour verra aussi que les points intermédiaires, ceux qui sont
situéssur la courbe de la concavité et qui sont marqués par les chiffres 2,
3, 4, 5, 6 et J, se trouvent à une distance supérieure.
D'aill.eurs, la démonstration si claire qui a étéLlite à la barre par le
commandant Kennedy a mis en pleine lumière cet aspect du système

des arcs de cercle.
Il a y plus d'ailleurs.
Comme je l'ai déjàdit, la méthode des arcs de cercle exige bien souvent
des correctifs. Il y a les poches de haute mer qui doivent êtreéliminées.
Les partisans les plus autorisés de la méthode le disent. Ils ne conçoivent
pas la méthode sans cette élimination des poches de haute mer qui sont
" objectionable "· A la Conférence de 1930, la délégation américaine
avait pris soin de présenter des propositions formelles dans ce sens. Elle
avait soumis un texte qui avait pour objet d'organiser l'élimination des
poches de haute mer.
Or, si l'on élimineles poches de haute mer, la remarque que je présen­
tais il y a un instant est encore plus importante. La distance entre la
ligne côtière et la limite extérieure de la.. mer territoriale prend un

caractère beaucoup plus irrégulier, parce qu'il n'y a pas seulement
l'irrégularité provenant des parties concaves de la côte: il y a encore
l'irrégularité supplémentaire qui provient de l'élimination a posteriori
des poches de haute mer.
Par conséquent, la méthode des arcs de cercle n'est pas seulement
dépourvue de force juridique obligatoire, ce qui suffirait, je le répète,
pour que nous eussions le droit de ne pas l'appliquer. Mais c'est aussi
une méthode qui ne cadre pas avec les postulats de la thèse britannique.
De deux choses l'une. O·ubien la hgne côtièren'est pas lŒligne de base
de la mer territoriale. O<tbien la mer territoriale a une étendue variable.
l'l'lais,dans cette dernière hypothèse, le tracé de la ligne de base ne

permet plus à lui seul de déterminer la limite extérieure de la zone de
pêche,et, en faisant porter tout le .litige sur cette question des lignes de
base, on lui a donné ttne position défectueuse. •
J'ajoute que la méthode en question me paraît diffici.lement compatible
également avec la formule de la Deuxième Sous-Commission de la Confé­
rence de 1:930,formule dont cette Deuxième Sous-Commission s'estservie PLAlDO.IRIE DE J\'I. BOURQUIN (NORVi\:GE) - IO X 51 z6I

pour définir la règle de b laisse de basse mer. J'ai lu tout à l'heure la
formule. Elle est courte. Je la répète:
« Pour calculer l'étendue de la mer territoriale - dit le rapport
de la Deuxième Sous-Commission - on prendra pour base la laisse
de basse mer, en suivant Ioules les sinuosités de la côte. ))

"En suivant toutes les sinuosités de la côte. 11Voilà comment la
Deuxième Sous-Commission a compris la règle de la laisse de basse mer,
cette règle qui, d'après le Gouvernement britannique, constituerait le
principe fondamental de tout système de délimitation et qui serait
établie d'une manière incontestable par la doctrine et par la pratique.

La Deuxième Sous-Commission nous dit gue, d'après cette règle, il
.faut suivre toutes les sinuosités de la côte. Eh bien! dans la méthode des
arcs de cercle, ce n'est pas ce que l'on fait. On ne suit pas toutes les
sinuosités de la côte, on fait abstraction de ce qu'on appelle (1les
sinuosités secondaires JJou les " concavités mineures )).
Mais_ qu'est-ce qu'une concavité mineure? Quand une concavité
est-ellemineure? Quand cesse-t-elle de l'être?
Il est clair que l'application de la méthode des arcs de cercle comporte
une certaine appréciation des points à retenir et qu'elle ne correspond
donc pas à la règlede la ligne côtière telle qnc JeGouvernement britanni­

que ltiÎ-mêmel'a présentée,en disant que cette règle voulait que la ligne
de base suivît la ligne physique de la côte, la ligne imposéepar la nature,
la ligne qui détermine .laséparation de la terre et de la mer.
C'est d'ailleurs ce que Gide! a relevédans la remarque très pertinente
gue je me suis permis de rappeler tout à l'heure.
La conclusion qui se dégagede ces observations me paraît difficile à
contester. Le système juridique présenté par le Royaume-Uni pèche
par la base.
Mais supposons qu'il n'en soit pas ainsi. Supposons que la règle de la
ligne côtière, avec toutes les conséquencesqu'elle comporte, soit effective­
ment consacrée par le droit international et .qu'elle constitue la règle
fondamentale, ainsi que nos adversaires le soutiennent.
Quelle importance pratique cette règle aura.it-elle pour la solution du

litigedont la.Cour est saisie ?
Le Royaume-Uni ne prétend pas que cette règle soit toujours appli­
cable. Le Gouvernement du Royaume-Uni dit que si cette règle est,
d'après lui, un principe, il y a des exceptions. Et il est d'accord pour
admettre qu'il en est ainsi notamment dans deux cas: lorsqu'il s'agit
d'une baie et lorsqu'il s'agit d'une côte qui est couverte par des formations
insulaires. Dans les deux cas, .larèglefondamentale, le principe de la ligne
côtière, nejoue pas, il est remplacé pa:r d'autres règles.
Un coup d'Œilsur la carte de la zone litigieuse suffit pour montrer que
Je long de cette côte les deux cas exceptionnels que je viens d'indiquer
deviennent en fait la règle.
Je me permettrai, sur le plan en relief, d'indiquer brièvement la situa­
tion à la Cour.

(M. Bourquin s'approche de la carte en relief et, tout en indiquant
sm: cette carte les régions viséespar son exposé, donne les explications
ci-après :]

Depuis Tra:na, qui est à l'autre extrémité, jusqu'au cap Nord, la
côte litigieuse est couverte par le skjŒrgàrd, c'est-à-dire par des forma­
tions insulaires. A l'est du cap Nord, il n'y a plus de skjŒrgiird, mais il y262 PLAWOIRIE DE ~lB .OURQUIN (NORVÈGE) - IO X 5I

a une série plus ou moins ininterrompue de fjords, de baies, d'échan­
crures de toutes espèces.Il y a quelques îles, notamment dans la région·
de Vard6. Mais elles sont peu nombreuses et peu importantes. Je n'insiste
pas.
La caractéristique de la partie de la côte qui est située près du cap
Nord, c'est qu'elle est entaillée d'un bout à l'autre par des échancrures,
qu'on les appelle des fjords ou autrement.

Par conséquent, on peut dire que lorsqu'il s'agit de cette côte-là, les
exceptions sont tellement nombreuses que le soi-disant principe dis­
paraît derrièreelles. La règlefondamentale est, si je puis ainsi dire, mangée
par les exceptions.
Je sais bien que le Gouvernement britannique n'accepte Pl!-Scette
opinion, ou tout au moins qu'il ne l'accepte pas complètement. Evidem­
ment, il ne conteste pas que la règle ordinaire, la règle de ''la laisse de
mer)), doit subir d'innombrables exceptions le long de la côte litigieuse.
Il le dit mêmeexplicitement au paragraphe 125 de son Mémoireque je
me permets de citer:

" La côte norvégienne dans les régions viséespar le décret royal
de 1935 est si profondément découpéeet, sur la côte ouest, elle est
parsemée d'îles si abondantes que l'application des règles générales
du droit international .... entraînera fréquemment et mêmenormale­
ment (frequently and indeed usually) des déviations de la ligne de

base par rapport à la laisse de basse mer de la côte continentale ..., "
Mais malgré cela, le Gouvernement britannique s'accroche, si je puis
dir~ à,c:qu'il appellel< r~;gleprincipale. Il s'y cramponne et il veut la
mamtemr comme un pnnc1pe.

«La multiplication des baies et des îlesécrit-ilau paragraphe 127
de son Mémoire - multiplie les exceptions à la règle de la laisse
de basse mer tout le long de la côte, mais elle ne modifie pas le
caractère essentiel de la situation juridique par rapport aux diffé­
rentes baieset aux différentesîlesn

En ·d'autre termes, le Gouvernement britannique soutient que la
configuration d'une.côte exceptionnelle comme celle qui f!Litl'objet du
litige ne doit pas êtreconsidéréedans son ensemble, mais dans chacun de
ses détails.
Le Gouvernement britannique ne veut pas admettre que quand une
côte clans son ensemble, que quand une côte tout entière est aussi anor­
male que la côte lîtigîeuse, elle échappe à la règleordinaire .
.Malgréce caractère anormal, il veut la soumettre au mêmerégimeque

les côtesnormales- quitte, comme ille dit, à multiplier les exceptions.
Et quand bien mêmeces exceptions seraient si nombreuses qu'elles ne
laisseraient plus guère de place à.l'application de la règle ordinaire, il
estime que cette règle ordinairy devrait êtremaintenue, qu'elle devrait
êtremaintenue comme un principe toujours applicable, sauf dans le cas
où l'on peut démontrer pour chacune des parcelles de la côte, qu'elle
constitue une exception.
Eh bien! le Gouvernement norvégien pense que cette interprétation
des prescriptions du droit international n'est pas fondée; et il la consi­

dère mêmecomme tout à fait artificielle.
En règlegénérale,le cas des baies et le cas des îles sont réelleiiJ.entdes
cas exceptionnels. Il en est ainsi pour presque toutes les côtes.alors, PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORYÈGE) - IO X 5I 263

il est logique de considérer la règle de la ligne côtière comme la règle
fondamentale, et les règles applicables aux îles et aux baies comme des
exceptions. ·
Mais quand on se trouve devant une côte qui n'est, d'un bout à
l'autre, qu'une accumulation d'îles et de baies, il y a, pensons-nous,
quelque chose de tout à fait irréel à vouloir appliquer le mêmeraison­
·nement.
Nous ne croyons pas que le droit international doive êtreainsi compris.
Le caractère exceptionnel des côtes norvégiennes dans la région liti­
gieuse a nécessairement frappé les techniciens et les juristes qui se sont
<:~ccu dpéls délimitation des eaux territoriales.

Ceux de ces techniciens et de ces juristes qui ont émis une opinion
sur les règles applicables à ce cas spécial de la Norvège ne se sont aucu­
nement prononcés en faveur de la thèse qui est actuellement soutenue
par la Partie adverse. Aucun d'eux, à ma connaissance, n'a affinné que
malgré leur con11guration franchement anormale, ces côtes devraient
êtresoumises au mêmesystème juridique que les autres, et qu'il faudrait
leur appliquer, comme principe, la règle de la ligne côtière, quitte à
apporter à cette règle une foule d'exceptions.
Nous avons vu tout à l'heure l'opinion exprimée par M. Boggs. Bien

que la préoccupation de M. Boggs soit de généraliser sa méthode des
arcs de cercle, il a franchement admis que, pour une côte aussi exception­
llelle, il fallait y renoncer. il a admis que pour cette côte un régime
spécial était justifié. Il a dit que pour une côte comme celle-là, le système
norvégien des lignes droites est non seulement justifi.émais qu'il est le
seul qui fût praticable.
Et en mentionnant l'opinion de M. Boggs au paragraphe Iz6 de leur
~Mémoir noe,adversaires ont soulignéeux-mêmesle désaccord qui existe
entre cette opinion et la leur. lls ont affirméqu'ils n'étaient pas d'accord

avec M. Boggs et que, malgré le caractère tout à fait anormal de la
côte litigieuse, il fallait appliquer à cette côte les règles normales.
On pourrait citer d'autres témoignages qui confirment l'opinion de
'M. Boggs. Je n'en retiendrai qu'un seul: celui de Gidel.
A la Conférence de codification de La Haye, la Norvège et la Suède
avaient présenté conjointement un amendement qui tendait en somme
à généraliserla méthode employée par ces deux pays.
Dans son ouvrage sur Le Drol-Ï intemational pttblic de la mer, Gidel.
déclare qu'à son avis cette généralisation ne pouvait pas être admise.
"l'l'laiisl ajoute que le système préconisépar les deux délégations trouve
sa justihcation dans le caractère exceptionnels des côtes de leur pays.

Je tiens à citer textuellementce passage de l'ouvrage de Gidel:
"L'amendement suédo-norvégien prenait pour base &t'une régle­
mentation destinée à figurer dans une convention générale, le cas
particulier de la Norvège et de la Suède. Là était sa faiblesse en
tant que schéma d'une règle générale: une règle généralene peut
êtredédttite de cas exceptionnels. Les :Ëtatsdont la configur:ation

géographique est exceptionnelle par rapport à celle des autres Etats,
doivent supporter sans impatience que les règlesqu,ilet'r sont appli­
qnéessoient des règlesexceptionnelles, puisque excepti01mel est l'état
de choses dont elles ont à tenir compte. "

Ce passage figure à la page 641 du tome ITI de l'ouvrage de Gidel.
Et un peu plus loin, à la page 652, l'auteur écrit:264 PLAIDOlRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 51

"Les règlesque comporte la pratique de la Suède et de la Norvège
sur la détermination des limites de la mer territoriale :;e légitiment
dans l'ensemble par 1a configuration exceptionnelle des côtes de ces
pays, et ellesont bénéficié d'une reconnaissance généralede la part
des autres États. n

On voudrait nous faire croire que Gide! partage les opinion's qui sont
soutenues dans cette affaire par le Gouvernement du Royaume-Uni.
Les nombreuses citations des travaux de Gide\, qui ont été faites
dans les écritures de la .Partie adverse et dans les plaidoiries prononcées
en son nom, tendent à créerl'impression que Gidel serait d'accord avec

le Gouvernement britannique pour condamner la pratique norvégienne.
Je crois, Messieurs, que les passages que je viens de lire font justice
de cette interprétation.
Gide!, il est vrai, estime que le système norvégien ne doit pas être
généralisé.C'est pourquoi il s'est prononcé contre l'amendement qui
avait étéprésentéconjointement par la Norvège et la Suède à la Con­
férencede codification.
Niais lorsqu'il s'agit d'apprécier la pratique norvégienne en elle-même
et pour le cas particulier de la Norvège, bien loin de prétendre, comme
nos adversaires, que cette pratique serait contraire aux exigences du
droit international, Gide! déclare formellement qu'il .laconsidère comme
légitime; qu'elle est,à ses yeux, justifiée par la configuration exception­
nelle de la côte. Et il ajoute gu'elle a ((bénéficiéd'wne reconnaissance

généralede la part. des autres Etats)), ce qui, entre parenthèses, est une
constatation précieuse lorsqu'il s'agit de nos titres historiques.
Gidelne soutient donc aucunement ·que le régime d'une côte comme
celle-là devrait êtrele mêmeque celui des côtes norma.les. Il n'hésite pas,
au contraire, à proclamer que pour des ·situations aussi exceptionnelles
il faut des règlesexceptionnelles. ·
C'est dire évidemment que la règle de la ligne côtière, qui peut être
considéréecomme un principe dans les situations normales, cesse de
l'êtrequand elle entre d'une manière aussi m<mifeste en conflit avec les
réalitésgéographiques.
Il y a à ce propos une équivoque que je crois devoir dissiper.
Gicle!et Boggs reconnaissent l'un et l'autre, nous l'avons vu, les titres
historiques de la Norvège. On a tenté de faire croire que s'ils admettent
un régimespécial pour la Norvège, ce serait uniquement sur la base de
titres historiques. En d'autres termes, Boggs et Gide! n'admettraient pas
que des règles spéciales soient applicables à la côte norvégienne s'il n'y

avait pas de titres historiques.
C'est travestir complètement la penséede Gide! et la penséede Boggs
que de !.esin"terpréterde la sorte.
Que elit par exemple Gide\ ? Il commence par affirmer que les règles
applicables à un état de choses aussi exceptionnel que celui-là ne peuvent
pas êtreles règles ordinaires; que ce doivent être·des règles exception­
nelles.
Et puis, après avoir formulé ce principe, il ajoute que d'ailleurs les
revendications de la Norvège ont bénéficié d'une reconnaissance géné­
rale. Il est clair que !.'argument des titres historiques n'est pas du tout
la base de l'opinion de Gide! : c'est simplement un argument complé­
mentaire qui vient confirmer cette opinion.

Il est vrai que nos adversaires nous réservaient la surprise de ce que
j'appellerai un argument-massue, en nous révélant l'existence d'une PLAIDOIRIE DE i\1BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 51 265
thèse de doctorat qui a étép . résentéeen 1939, à l'Université de Ham­
bourg, par un certain l\1ünchmeyer.

Ce brave étudirmt ne se cloutait certainement pas, quand il préparait
sa dissertation, qu'elle aurait un jour les honneurs d'une plaidoirie
britannique. Audaces fortuna fuvat.
Je dois avouer que devant une telle autorité nous avons eu un moment
d'hésitation. Mais nous nous sommes vite ressaisis et nous maintenons
intégralement notre point de vue, quelles que puissent êtreles opinions
qui ont pu êtreexprimées par le jeune Mùnchmeyer.
Je me résume:

Primo. Si la ligne de base doit êtreen principe la ligne côtière et si,
d'autre part, l'étenduede la mer territoriale doit êtreconstante, la consé­
quence à laquelle on est inéluctablement conduit, c'est que la limite
extérieure de la mer territoriale doit êtreparallèle à la côte. Or, per­
sonne ne soutient qu'il en est ainsi. Le tracé parallèle est absolument
condamné comme impraticable, dès qu'il s'agit d'une côte plus ou
moins accidentée.

Secundo. La méthode des arcs de cercle que le Gouvernement britan-·
nique prétend appliquer pour la délimitation de la zone de pêche dans
la régionlitigieuse, entraînerait dans une région de ce genre des incon­
vénients pratiques que ses promoteurs les plus convaincus reconnais­
sent eux-mêmes. ·
Tertio. Personne ne peut raisonnablement soutenir que cette méthode
serait consacrée par la coutume et présenterait ainsi pour la Norvège un

caractère obligatoire.
Quarto. Son application conduirait, d'autre part, à do;:srésultats qui
ne concordent pas avec les postulats fondamentaux de la thèse britan­
nique, puisque certains points de la côte sont plus éloignésque d'autres
de la limite des eaux territoriales. Or, l'uniformité de l'étendue des eaux
territoriales est une condition indispensable pour que le tracé des lignes
de base, sur lequel le Gouvernement britannique a fait porter toute la

contestation, constitue un facteur déterminant..
Quinto. La règle de la ligne côtière, que le Gouvernement britannique
présente non seulement comme la règle fondamentale mais comme un
principe auquel on ne pourrait déroger que dans des cas exceptionnels,
strictement délimités,cette règle, qui est valable, d'après lui, dans la
généralitédes cas, cesse de l'êtredans un cas aussi exceptionnel que celui
des côtes litigieuses.
Vouloir appliquer à des côtes de ce genre les règles ordinaires et
raisonner à leur sujet comme s'ils'agissait de cas normaux, c'est, croyons­

nous, verser dans l'artifice et déformer les véritables exigences du droit
international.

[Séance publique du 10 octobre I95I, après-midi]

Monsieur Je Président, Messieurs les Membres de la Cour, j'aborde

la question des baies.
En ce qui concerne les baies, le Gouvernement britannique reconnaît
que la règle de la ligne côtière n'est plus applicable et que la ligne de
base est une ligne droite tirée en travers de la baie.266 PLAIDOIRIE DE l'Il. BOURQUIN (NORVÈGE) ---:- IO X5I
Mais il apporte à cette reconnaissance deux restrictions.

D'un côté, il prétend limiter la longueur de la ligne droite qui ferme
la baie et il soutient que cette limite est fixée par le droit coutumier
à dix milles marins.
D'un autre côté, il cherche à définir la notion de baie, de manière
à donner au régime des baies un caractère strictement exceptionnel et
à éviter qu'on l'applique à d'autres incurvations de la côte.
. Ce sont là les deux points sur lesquels porte la discussion.
Je commencerai par la question de la définition des baies. Quelle est
donc cette définition, d'après le Gouvernement britannique?
Le Gouvernement britannique éprouve manifestement un grand
embarras à formuler cette définition, et il ne s'en cache pas.

((La difficulté de déterminer quelles courbures de la côte consti­
tuent des baies est un problème bien connu.... "

dit-il au paragraphe Sg de son Mémoire.
Et dans les paragraphes suivants, il rappelle qu'à la Conférence de

codification de 1930, la Deuxième Sous-Commission a discuté à cet égard
plusieurs formules, mais qu'elle n'en a accepté aucune .
. Tout ce que le Gouvernement du Royaume-Uni trouve à dire, c'est
que, pour qu'il y ait une baie, il f<nttque l'indentation soit suffisamment
marquée et qu'il y ait une certaine proportion entre la largeur d'ouverture
sur la mer et la profondeur de pénétration dans les terres.
Quelle proportion ? On ne donne à cet égard aucune précision. On se
contente de dire qu'il faut un rapport «raisonnable"·
Il est évident qu'on ne peut pas appeler cela une définition. Il s'agit
tout au plus de quelqttesvagues ùtdications. Nos adversaires sont parfaite­
ment conscients de l'insuffisance de leur réponse.

Ils le déclarent au paragraphe 228 de leur Réplique :
"Le Gouvernement du Royaume-Uni ne prétend pas que· sa
modeste formule représente le dernier mot en matière de définition.
d'une baie, ni qu'elle donne une précision absolue quant au sens
du mot ((baie ». 11se contente d'indiquer que sa formule contient

l'essence de ce qu'on entend en droit par le mot " baie n. Le Gouver­
nement du Royaume-Uni ne soutient pas non plus· que sa formule
jouisse du statut spécial de règle de droit international. n

Il n'en est pas moins vrai que, dans ses conclusions, le Gouvernement
du Royaume-Uni demande à la Cour de consacrer cette définition -
qui n'en est pas une et qui n'a pas Je caractère propre d'une règle
juridique.
La vérité,c'est qu'il n'existe pas, en droit internationalune définition
des baies. Le droit international ne contient aucune règle permettant
de distinguer les baies des autres échancrures de la côte.
l\L Boggs le constate très justement dans l'article qu'il a publié en
:1930 dans l'American Joumal of International Law:

<(Il n'y a jusqu'ici, écrit-il, .... aucune règle établie qui permette
de déterminer quelles surfaces d'eau possèdent le caractère d'une
baie. )) (P. 549 de son article.)

Est-ce à dire que la notion de baie comprend toutes les incurvations
de la côte? Certainement non. Personne n'a jamais soutenu que, dès PLAIDOIRIE DE M. BOURQlJIN (NORVÈGE) - IO X Sl 267

l'instant où l'on est en présence d'une côte qui n'est pas absolument
rectiligne, on se trouve nécessairement en présence de baies.
Ily a des incun'[ltions de la côte qui font en réalitépartie de la mer
ouverte et qui ne peuve~ 1at êtreconsidéréescomme intégréesdans
le territoire mêmede l'Etat.
Mais c'est là une question de fait, qui ne peut pas êtretranchée par
l'application d'une formule mathématique, pensons-nous. Et c'est une

question de fait qui doit êtreappréciéeen tenant compte de toutes les
circonstances qui caractérisent le cas cl'espècedevant lequel on se trouve.
Le Gouvernement britannique voudrait enfermer la notion de b_aie
dans une formule généraleqni ne tiendrait compte que de deux éléments:
d'abord une démarcation suffisamment nette; ensuite une certaine
proportion (qu'on ne parvient d'ailleurs pas à déterminer, mêmeapproxi­
mativement) entre la largeur d'ouverture et la profondeur de pénétration
dans les terres. ·
Mais, à supposer que ces deux élémentssoient valables, ils seraient
tout à fait insuffisants. On ne peut pas se prononcer sur le caractère
d'une échancrure de la côte en s'appuyant uniquement sur ces deux

éléments. Il y en a d'autres qui doivent entrer en considération.
C'est ce que la Cour permanente d'Arbitrage a dit dans l'affaire des
pêcheriesde l'Atlantique Nord.
Une baie, a-t-elle déclaré,est - je cite :
"une échancrure de la côte comportant une configuration d'un

caractère particulier, aisée à détenniner dans chaque cas, mais
difficileà décrire en général JJ,
et elle a pris soin d'ajouter qu'il fallait tenir compte

((de toutes les circonstances individuelles qui doivent êtreappréciées
pour chacune des différentes baies : du rapport entre sa largeur
et la profondeur de sa pénétration dan;; les terres ; de la possibilité
et de la nécessitéde la défendre pour l'Etat dans le territoire duquel
elle pénètre; de la valeur spéciale qu'eJle a pour l'industrie des
habitants de ses rivages ; de la distance qui la sépare des grandes
voies internationales en hante mer et d'autres circonstances impos­
sibles à énuméreren général JJ.

Le Tribunal arbitral de rgro repousse donc l'idée que la question
pourrait êtretranchée par l'application d'une formule mécanique.
Il affirme qu'il faut, dans chaque cas, se prononcer à la lumière de
toutes les circonstances qui caractérisent Ia situation de fait.
Le rapport entre la.largeur de la baie et sa profondeur de pénétration

dans les terres est certainement un élémentà retenir, et cela peut être
un élémentimportant. Mais ce n'est pas le seul. Il y en a beaucoup
d'autres. Il est même impossible, dit le tribunal, de les énumérer
li mitati vernent. ·
Et, parmi ces éléments,le,tribunal n'hésite pas ·à citer l'importance
que la baie présente pour l'Etat riverain, son importance politique et
économique, son importance au point de vue de la défense du pays et
au point de vue de l'industrie des habitants.
Voilà l'opinion qui a été émise en 1910· par la Cour permanente
d'Arbitrage.

Et je me permets de signaler qu'en 1927 un des juges britanniques
qui ont eu à se prononcer clans l'affaire du Fagernes,- sur laquelle je268 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 51

reviendrai tout à l'heure - s'est spécialement référéà cette partie de
la sentence de rgro et qu'il a ajouté qu'elle constituait, à ses yeux, la

meilleure formule qui ait jamais étéénoncéeen la matière.
La Cour trouvera cette déclaration du juge Atkin au paragraphe 414
de notre Duplique.
A.supposer que les géographes jxuviennent à se mettre d'accord sur
la définition des baies et qu'ils réussissent ainsi à déterminer d'une
manière précise ce qui distingue les baies des autres incurvations de la
côte, est-cc que les juristes pourraient se contenter de cette définition ?
Est-ce que les juristes pourraient limiter l'application de ce qu'ils appel­
lent le régime des baies aux seules échancrures qui correspondraient à
la définition des baies donnée par les géographes ?
Quand on parle du régime juridique des baies, ce qu'on entend par là,
c'~s ltnclusion d'une certaine portion de mer dans les eaux intérieures de

l'Etat. On veut dire qu'on s_etrouve devant une portion de mer qui est
assimilable au domaine de l'Etat, parce qu'elle est solidaire de ce domaine.
Au point de vue juridique, la question qui se pose n'est pas de savoir
si l'on est en présence d'une étendue d'eau que .les géographes peuvent
qualifier de baie. La question est de savoir si l'on est en présence d'une
étendue d'eau qui peut être considérée comme solidaire du domaine
terrestre.
Or, cette solidarité ne dépend pas uniquement de la géographie, elle
dépend de toute une série d'autres facteurs. Par conséquent, je le répète,
à supposer mêmeque les géographes se mettent d'accord sur la défini­
tion des baies, la question ne serait pas résolue pour autant en ce qui

concerne les juristes. Il est vrai que qua nd les jnristes traite nt de cette
question, ils emploient le plus souvent le mot « baie n. lis parlent du
« régime des baies Jl.Mais il paraît certain qu'ils emploient ce mot dans
un sens souple.
Les projets des sociétéssavantes, de l'Institut de droit international,
par exemple, de l'International Law Association, du Harvard .Research
et de l'Institut américain de droit international, emploient l'expression
de « baie "· mais sans y apporter aucune précision, ni aucune restriction.
Et, clans la littérature du droit international, on voit figurer souvent,
à côté du mot «baie", d'autres expressions comme par exemple:
''anse>> «crique ll,''indentation "• etc., ce qui tend bien, semble-t-il, à
prou ver que, pour les auteurs qui. emploient ces termes, la notion de

« baie >>n'a pas la portée exclusive que nos adversaires voudraient lui
attribuer.
Je citerai, à l'appui de ce que je viens de dire, un témoignage qui mc
paraît tout à fait significatif.
Au _coursdes débats de la Conférence de codification de 1930, le délégué
c1e.s Etats-Unis, David Hunter Miller, s'est exprimé de la manière
suivante:

"Divers aspects de la question des baies ont défilédevant nous
et, bien qu'il. y ait eu une tentative .... d'arriver à une notion scien­
tifique et complète, nous devons néanmoins reconnaître q-u'ily a
des échancrures de la côte qtti appellent un traitement spéàal, sans
qu'on puisse cependant les appeler des baies au sens technique du-mot. "

Cette déclaration figure à la page I47 du document de la conférence
consacré aux séances de la Deuxième Commission. Nous l'avons reproduit
au paragraphe 315 (voL I, p. 416) de notre Contre-Mémoire. PLAIDOIRIE DE ~1B. OURQUIN (NORVÈGE) - IO X 51 269

Le chef de la délégation américaine y fait, on le voit, une double
constatation. Il constated'abord que la conférencen'a pas réussià trouver
une définition scientifique de la notion de baie. li constate ensuite que
des échancrures de la côte, qui ne sont pas techniquement des baies,
appellent cependant un traitement spécialet ne sont donc pas soumises
à la règle de la ligne côtière, contrairement à ce que le Royaume-Uni
soutient dans ce procès.
Et à quel moment Miller a-t-il fait cette déclaration? Tl l'a faite à la
I5'""séance de la Deuxième Commission, c'est-à-dire à un moment où les
débats au fond étaient terminées et où il n'y avait plus qu'à discuter la
forme qui serait donnée aux conclusions de la conférence. 11 ne s'agit
donc P<lS d'une opinion a priori, mais bien d'une opinion déterminée

par les travaux de la conférence. Si je puis ainsi dire, c'est la leçon que
le délégué américain a dégagéede ces travaux. ·

J'en arrive maintenant au deuxième point du désaccord: celui qui
concerne la longueur des lignes de base qui peuvent êtretiréesen travers
de la baie.
Le Gouvernement brit<mnique soutient qu'il existerait à cet égard
une règlegénéralede droit coutumier opposable à la Norvège et en vertu
de laquelle les lignes de base ne pourraient pas dépasserdix milles marins.
Cette thèse, sir :Eric Beckett ne l'a pas développéedans sa plaidoirie.
:U l'a maintenue cependant intégralement, mais il a ajouté que, d'après
lui, elle avai:t peu d'importance dans le litige actuel, étant donné les

titres historiques de la Norvège.
En effet, le Royaume-Uni reconnaît maintenant que la Norvège
possède des ,titres historiques snr ses fjords, mêmequand la largeur de
ces fjords d~pass dix milles marins. Dans ces conditions, disent nos
advers<lires, la règle des dix milles est inopérante, les titres historiques
rendent son application sans objet.
Nous sommes évidemment très heureux de constater que la Partie
adverse ne conteste pas en principe les droits que l'histoire nous confère.
Et notre satisfaction serait complète si son point de vue coïncidait avec
le nôtre à ce sujet:
Ivlalheureusemen:t,il n'en est rien. Les titres historiques que le Gouver­
nement du Royaume-Uni nous reconn<lÎtsont beaucoup plus restreints

que ceux auxquels nous prétendons avoir droit. Les limites géographi­
ques clans lesquelles on les enferme nous paraissent tout à fait inadmis­
sibles. :Par cbnséquent, la question reste entière.
Dans la conception de nos adversaires, les titres historiques appa­
raissent comme des cléroga tions au droit commun. Ces titres histori­
ques légalisent, dit-on, des situations qui seraient illicites l'on faisait
application lies règles générales.
Pour le c~ qui nous occupe, c'est-à-dire le cas des baies, le Gouverne­
ment du Royaume-Uni prétend que la règle générale,c'est la règle des
dix milles. Il admet que la Norvège peut échapper àcette règledans une
certaine mesure, mais dans une certaine mesure seulement.
Or, nous sommes en complet désaccordsur cette mesure. Nous sommes

en complet !désaccord sur la mesure dans laquelle on veut bien nous
dispenser d'obéir à la soi.disant règle des dix milles.
Dans ces conditions, il est clair que le problème de la règle des dix
milles conserve toute son importance et qu'il est indispensable de savoir
d'abord si cette règle existe ou si elle n'existe pas.
12JO l'LAIDOJRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) ...:__IO XSI.
La règle des dix milles. c'est la base mêmede toute la construction

britannique sur ce point. Elle est au cŒur du débat.
J'ajoute d'ailleurs que l'importance de cette règle est d'autant plus
grande dans le litige actuel que son rôle n'est pas limité au régime des
baies, mais qu'il s'étend aussi au régime des archîpels.
Le Gouvernement elu Royaume-Uni n'admet pas que l'État riverain
puisse tracer de lignes droites àla limite extérieure d'un archipel côtier ;
mais il soutient, en ordre subsidiaire, que ces lignes droites, si jamais elles
étaient admissibles, devraient en tout cas se conformer à la limitation
des dix milles marins. Et, en fait, l'un des principaux griefs qui sont
faits par le Gouvernement britannique au décret litigieux de 1935, c'est
d'avoir donnéune longueur excessive aux lignes de base.
Par conséquent, la règle des dix milles est un des pivots de la thèse

juridique présentée par la Partie adverse, et la Cour comprendra, dans
ces conditions, que je ne puisse pas observer à son égardla mêmediscré­
tion que nos adversaires.
Avant toute autre chose, une mise auopoint me paraî:t nécessaire.
Le Gouvernement norvégien n'a jamais soutenu que l'Etat riverain
avait le droit d'inclure dans ses eaux intérieures n'importe quelles baies.
Il est. au contraire, convaincu que .ledroit international impose à l'État
certaines limites.
Seulement, et c'est là qu'il est en désaccord absolu avec le Gouverne­
ment elu Royaume-Uni, il ne croit pas que ces limites aient la simplicité
et la précisionde règlesmathématiques. Cequ'il conteste, c'est l'existence
d'un critère permettant de résoudre mécaniquement la question.

Le désaccord ne porte clone pas du tout, comme on a essayéde le faire
croire, sur le point de savoir sil'État riverain disposerait ou non d'une
liberté absolue dans la limitation de ses baies. Le désaccord porte unique­
ment sur le point de savoir si la règledes dix milles est ou non consacrée
par une règle coutumière généra.leopposable à la Norvège.
Ici, je doisttirer tout de suite .l'attention de la Cour sur le flottement
qui se manifeste dans l'attitude du Gouvernement du Royaume-Uni.
Le Gouvernement britannique affirme l'existence d'une règle des
dix milles. Mais, en mêmetemps, il laisse entendre EJ.eette règle pour­
rait bien êtreune règledes douze milles.
Nous avions constaté cette indécision déjà dans son lVIémoire.Il nous
semblait qu'elle avait disparu de la Réplique. Mais nous l'avons vue
réapparaître dans la plaidoirie de sir Eric Beckett.
5ir Eric Beckett, après avoir affirméque la règle des dix milles s'était
cristalliséeà l'époquede la Conférencede La Haye, s'est empresséd'ajou­

ter que la limite coutumière pour les baies n'excédait pas douze milles.
Il faudrait tout de mêmes'entendre. Est-ce dix milles? Est-ce douze
milles ? Il me semble que ce Jlepeut être à la fois l'un et l'autre.
Les représentants du Roy<wme-Uni nous reprochent d'exiger trop
de précisions. Ce que nous demandons, disent-ils, c'est une règle précise
jusqu'au dernier millimètre. Entre parenthèses, cette formule me paraît
un peu oséequand il s'agit d'une différencede deux milles marins, c'est­
à-dire de 3.700 mètres.
"Maisj'ai toujours cru jusqu'ici que, lorsqu'on affirme J'existence d'un
maximmn légal,il était naturel d'exiger que ce maximum fût précis.
Le Gouvernement britannique nous propose maintenant une notion

nouvelle, la notion que j'appellerai du maûmum élastiq1te. PLAIDOIRIE DE )!!BOURQUIN (NORV.i':GE) - IO X 5I 271

Il me paraît difficile d'accepter cette notion, et la seule conclusion que
je tire de ce fait, c'est qu'il trahit les incertitudes de ses <wteurs.
Si le Gouvernement du Royaume-Uni était convaincu qu'il y a une
règle des elix milles, il se serait contenté de l'<lffirmeret il n'aurait pas,
en mêmetemps, suggérél'éventualitéd'un maximum différent.
Il y a un fait certain, c'est que la Norvège a toujours refuséd'accepter
la soi-disant règledes dix milles. Son opposition à cet égard s'est mani­
festée en toutes circonstances et d'une manière non équivoque. Elle
s'est manifestée, par exemple, en r868 et en r87o, dans sa correspondance

avec le Gouvernement français au sujet du Vestfjord dont j'ai parlé
l'autre jour. Elle s'est manifestée en r882 et dans les années suivantes
lorsque la Norvège a refuséd'adhérer à la Convention de La Haye sur
la police de la pêchedans la mer du Nord, en se fondant notamment sur
le fait que cette convention avait adopté la mesure des dix milles pour
la délimitation des ba.ies.
Elle s'est manifestée au cours des travaux préparatoires de la Confé­
rence de codification ct dans les débats de cette conférenceoù le Gou­
vernement norvégien a rappelé, dans les termes les plus explicites, sa
position traditionnelle à ce sujet.
Dans cet ordre d'idées,la Cour me permettra d'attirer à nouveau son

attention sur la déclaration si catégorique qui a étéfaite en 1893 par
Gram, lors de l'arbitrage de la mer de Behring. .
Gram, la Cour s'en souvient, mit fortement en lumière la pratique
norvégienne relative à la territorialité des fjords. Il a dit que tous les
fjords norvégiens, quelle qu,e soit la largeur de leur embouchure, ont été
considérésde tout temps comme faisant partie des eaux intérieures du
pays.
li s'agit là d'une vieille tradition, d'une tradition qu'on peut appeler
immémoriale, qui était solidement ancrée clims le droit norvégien à une

époque où personne ne parlait encore de la soi-elisant règledes dix milles,
où personne n'avait encore imaginé cette formule.
Or, le_refus constant et non équivoque opposé, dans ces conditions,
par un Etat à une règle nouvelle, fait obstacle à ce que cette règle lui
soit applicable.
Nos adversaires se sont déclarésd'accord avec nous sur ce principe.
j'en conclus que, mêmes'il falla.it admettre qu'une règlede dix milles
a pris corps, il serait encore inadmissible de prétendre que cette règle
sera.it obligatoire pour la Norvège.
Mais la soi-disant règle des dix milles n'a jamais existé comme règle
du droit coutumier. Elle figure clans un certain nombre de conventions.
Elle a étéadoptée par certains pays dans leur législation interne, mais

elle n'a jamais correspondu à "une pratique générale,acceptée comme
étant le droit ll.
La démonstration n'est pas diffi.cile à faire, je pense. Et"ici encore je
m'en voudrais de revenir sur les différents points de cette démonstration
qui figurent dans notre Contre-Mémoire et dans notre Duplique. Je me
bornerai à reprendre ccrtai ns éléments,mais qui me paraissent suffisants
pour justifier notre conclusion.
Le Gouvernement britannique reconnaît qu'au xrxn'c siècleil n'exis­
tait aucune règlegénéraleimposant une limite précisepour la territoria­
lité des baies. Il affirme toutefois qu'une règle de cc genre etait ((en!•oie
de formation let qu'il y avait "une tendance Jlà reconnaître la largeur de

dix milles comme représentant la limite convenable.2']2 PLAIDOIRIE DE M. BOUHQUIN (NORVÈGE) ~ IO X 5I

Il ne suffit évidemment pas qu'il y ait un motwement en faveur d'1me
certaine limüation des_baies, ni qu'on puisse rele11ttmcertain nombrede
cas dans lesquels les Etats ont adoptéla limite des dix mûles pour consi­
dérer cette limite comme imposée, comme une règle généralede droit
coutumier.
Il faudndt beaucoup plus que cela. Il faudrait qn'el!e correspondît à
une pratique généraleet il faudrait que cette pratique généralefùt accep­
téecomme étantle droit.

La généralitéde Ia pratique est indispensable à la formation de la
règle coutumière, et l'opinio fttris ne l'est pas moins.
Or, ni l'un ni l'autre de ces deux élémentsne se trouvait acquis au
XIXn'c siècle de l'aveu mêmede nos adversaires. Ceux-ci reconnaissent
également que la règledes dix milles n'existait pas encore en rgiO quand
l'affaire des pêcheries de l'Atlantique Nord a étéjugée par la Cour
permanente d'Arbitrage.
· li leur serait, d'ailleurs, bien difficile de prétendre le contraire, étant
donné la thèse que le Gouvernement britannique a soutenue au cours
de cet arbitrage.

Tout ce qu'ils croient pouvoir dire c'est qu'à ce moment-là la règle
des dix milles ((approchait des derniers stades de son ùolutin.
C'est la formule, prudente et nuancée comme on le voit, qui figure
au paragraphe 247 de la Réplique du Royaume-Uni.
La règledes dix milles n'était donc pas encore née. Elle n'était même
pas encore arrivée au stade qui précède immédiatement la naissance
d'une règle coutumière. Mais elle en approchait.
Je crois que nous elevons nons arrêter,ne fût-ce que quelques instants,
à cette affaire des pêcheriesde l'Atlantique Nord, parce qu'elle fournit

certains éclaircissements intéressants au sujet de la question que j'exa­
mine maintenant.
Le problème qui était posé au tribuna1 arbitral était un problème
d'interprétation. Il s'agissaitdu tra:ité anglo-américain qui avait été
conclu entre les d~ux parties en r8r8. Ce traité de r8r8 refusait aux
.ressortissal'ltsdes Etats- Unis le droit de pêcherdans les baies des côtes
atlantiques du Canada et de Terre-Neuve, à l'exception de certaines
régions déterminées. Et c'est sur le sens de cette clause que le tribunal
était invité à se prononcer. D'une manière plus précise,il s'agissait de
savoir quelle portée les parties avaient attribuée au mot ~bai ,eqsui
figuraitchms le texte du tr:>.ité.

Question d'interprétation. Et c'est bien sur ce terrain que se place la
sentence arbitrale.
Seulement le Gouvernement des lÎtats-Unis avait invoqué les règles
généralesdu droit international à l'appui de son interprétation. Il pré­
tendait qu'il fallait appliquer aux baies la règle des trois milles comme
s'il s'agissait d'uneé'Jteuverte et il~n tirait cette conséquence que les
baies ne font partie du territoire de l'Etàt que si leur largeur ne dépasse
pas six milles marins.
Le Gouvernement britannique a étéamené à rencontrer cette argu­
mentation, il a étéamené ainsi à exposer sa propre conception en ce

qui concerne les règlesgénéralesapplicables en la matière.
Et le tribunal lui-même,tout en limitant sa décisionà l'interprétation
du traité de'rSrS, n'a pas pu s'empêcherd'émettre Œrtaines considéra­
tions d'une portée plus large. PLAIDOIRIE DE i\1BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 5I 273

L'affaire des pêcheriesde l'Atlantique Nord ne nous intéresse évidem­
ment que dans la mesure où elle dépasse l'interprétati.on elu traité de
r8r8 ; son interprétation comme telle ne nous intéresse pas.
Mais mêmeainsi limitée, l'affaire de rSrS est loin d'êtredépourvue
d'intérêt.
Dans sa sentence, le tribunal arbitralécarte l'interprétationdes
]~tats- IlUdnclar.ég<üementne pas pouvoir tenir compte de certaines
limites quiont étéadoptées dans différentes conventions de pêchedu
XIX"'"siècle, notamment de la limite des dix milles marins.

Pourquoi ne peut-il pas tenir compte de ces différentes limites et
notamment des dix milles marins? Il ne peut en tenir compte, dit-il,
parce que les actes dans lesquels elles figurent sont postérieursr8,
mais aussi parce que ces actes sont "relatifs à des c6t.esd'1tnecondition
différenteet à des circMMiancesd'1m autre caractère"·
Il est évident que le premier argument n'est valable que pour l'inter­
prétation du traité de r8r8. Le fait que les actes dans lesquels on trouve

ces différentes mesures sont postérieursà l:SrS n'a d'importance que
pour l'interprétation du traité.
Mais il n'en est pas de mêmedu second motif. En affirmant que les
c.onventions duXlX'no siècle qui adoptent la limite de dix milles marins
pour les baies ne doivent pas être retenues parceqtlelles s'appliqtten/,
à des côtes di(férm ~tqe1e'lles s'expliq1tent par des circonstances qu.i
lwr sont propres, je crois que k tribunal a admis que cette limite des
dix milles n'a aucunement le caractère d'une limite générale,obligatoire

dans tous les cas.
L'inexistence d'une règle généraledes dix mîlles est confirmée par
l'opinion dissidente dDr Drago, dans l'affaire des pêcheriesde l'Atlan­
tique Nord.
Le Dt Drago s'est séparé des autres membres du tribunal, parce
qu'il estimait que la règle des dix milles était applicable à la Grande­
:Bretagne.Mais pourquoi pensait-il qu'elle lui était applicableParce
qu'elle trouvait sa base clans la pratique de ce pŒys.

Le Dr Drago n'a pas soutenu qu'il y aurait tme règlegénérades dix
milles, valable pour tous les pays, il a mêmedit le contraire. En cette
matière, a-t-ielit, -je cite - :

((il ne paraît pas y avoir un autre principà appliquer que celui
résultant de la coutumet l'usage de chaque nation individuellement
considérée,tel que le montrent leurs traités et leur pratique générale
et traditionnelle».

Donc, pas de_règleunifom1e, valable pour tous les]~ta t'slis,pour
chacun de ces Etats, les règles qui se dégagent de sa propre tradition.
Et c'est parce que leDr Drago a cru trouver dcms la pratiq 1~la
Grande-Bretagne, la règle des dix milles qu'il a estimé qu'on pouvait
en faire applicationà ce pays. Le Dr Drago a d'ailleurs confirmé et
préciséson point de vue dans un article qu'il a publié, .1912dans la

Revue généraldee Droit internationapt~bl iocsle titre <Un triornphe
de l'arbitrage.)) C'est un article consacré précisément à l'arbitrage
concernant les pêcheriesde l'Atlantiqne Nord.
Voici dans quels termes il s'exprime:

" Il est impossible de soumettre cette catégorie de relations
géographiques et politiques à des principes généraux et d'une

19274 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 5I

application universelle. Il faut s'inspirer de la coutume, de l'usage
continu, de l'interprétation que les différents pays ont donnée à.
leur propre droit, dans la pra.tique interne et dans les traités. "

(Le passage que je viens de lire figure au tome XIX, p. 35, de la Revue:
généralede Droü 'international pubhe.)
Il exclut toute ambiguîté. L'auteur est formel : il est impossible,
dit-il, de soumettre des rapports de ce genre à des règles d'application
universelle ;.il faut s'inspirer de la coutume et des usages particuliers.
de chaque Etat.
Et ici je fais observer que, quel que soit le point de vue auquel on se
range, - que ce soit celui de la sentence arbitrale, ou celui que le
Dr Dmgo a exprimé dans son opinion dissidente - on aboutit tou­

jours, en ce qui concerne la Norvège, à la mêmeconclusion.
La règle des dix milles ne lui est certainement pas opposable, parce.
qu'elle n'existe pas en tant que règlegénérale,et parce qu'il est impossible
d'autre part, d'en trouver la moindre trace dans la tradition norvégienne,
qui l'a toujours très nettement repoussée.

*
* *
Seulement, on nous dit que, si le tribunal n'a p<lsfait application de
la règledes dix milles da.nssa sentence, illui a cependant rendu hommage.
A côté du jugement du tribunal, il y a les recommandations qu'il a
faites aux parties. Or, dans ces recommandations, c'est la règle des dix
milles qui a étéprise pour guide.
Cette remarque appelle une triple réponse. D'abord, les recomman­
dations n'ont certainement pas le mêmecaractère que le jugement.

Elles ne constituent pas un acte juridictionnel. Quand les arbitres.
recommandent aux parties l'adoption de certaines mesures, ils ne se
placent pas sur le terrain du droit en vigueur. Ils s'inspirent de considé­
rations d'opportunité. Il n'est donc pas permis d'interpréter les solutions.
qu'ils préconisent comme étant l'expression de la lex lata.
D'autre part, le tribunal ·de rgro n'a. pas du tout recommandé aux
péutiesla formule des dix milles pour toutes les baies sur lesquelles portait
le litige. Bien loin de là. Il n'a fait cette recommandation ni pour la baie
des Chaleurs, ni pour la baie de Miramichi, ni pour la baie d'Egmont,
ni pour la baie de Sainte-Anne, ni pour la baie de Fortune, ni pour la_
baie de Barrington, ni pour la baie de Chedabucto, ni pour la baie de
Saint-Pierre, ni pour la baie de Plaisance. 11 ne l'a faite que pour les.
autres.
Enfin, troisième observation : pourquoi a-t-il estimé que cette mesure
de elix milles était justifiée, à titre de recommandation, dans les autres.
cas?

Le tribunal a dit très clairement, et je le cite :
11Considérant .... que dans les traités avec la France, la Confédé-·
ration de l'Allemagne du Nord et l'Empire d'Allemagne, ainsi
que dans la Convention de la mer du Nord, la Grande-Bretagne·
a adopté pour des cas semblables la règle que seules les baies de
dix milles d'ouverture doivent êtreconsidéréescomme celles dont
la pêcheest réservéeaux nationaux ; que.,dans le cours des négocia­
tions entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, une semblable

règlea été, à diverses occasions, proposée et adoptée par la Grande- · PLAIDOIRIE DE M. BOUHQUJN (NORVÈGE) - IO X 5I 275

Bretagne clans les instructions aux officiers de marine en station
sur ces côtes ; et que, bien que ces circonsta-nces ne soient pas suffi­
sanies pour jaire de cela un principe de droit international, il semble
Taisonnable de proposer cette règle avec certaines exceptions,
cl\tutant plus que cette règle, avec ces exceptions, a déjà formé la
base d'un arrangement entre les deux Puissances. "

En d'autres termes, si le tribunal d'arbitrage a recommandé pour un
certain nombre de baies que la délimitation se fasse en prenant la mesure
des dix milles, c'est parce qu'il a constaté, comme le Dr Drago, que dans
la pratique de la Grande-Bretagne et dans les travaux qui ont étéfaits
en relation avec le traité litigieux de 18.r8,il avait étésouvent question
de cette règledes dix milles et que, clans ces conditions, comme il le dit,
il lui a paru raisonnable, dans ses recomm;:mdations, de proposer cette
règl.e.
Le tribunal a donc confirmé,on le voit, en s'exprimant ainsi, le point

qui est essentiel: à savoir que la règle des dix milles n'est pas une règle
généralede droit international.
Les précédentslui ont paru suffisants pour étayer ses recomn1anda­
tions à la Grande-Bretagne. Mais il déclare expressément que ces précé­
dents lui paraissent insuffisants pour faire de la règle des dix milles
un principe de droit .international.
Mais l'intérêtde l'affaire de 1910 ne réside pas seulement dans les
décisionsdu tribunal et dans l'opinion dissidente du Dr Drago. Il réside

également dans la position prise, au cours du litige, par la Grande­
Bretagne.
Nos adversaires ont glissérapidement sur cet aspect de la question.
Mais il suffit de relire les pièces de la procédure écrite, ainsi que les plai­
doiries prononcées par les agents et c-onseils de la Grande-Bretagne -
notamment par sir Robert Finlay et sir \:VilliélmRobson - pour être
fixésur ce point.
Voici, par exemple, ce qu'on lit dans le British Case - dont nous
avons reproduit des extraits à l'annexe 64 de notre Contre-Mémoire,

pages z66 et sqq. (vol. JI).
''L'usage des nations est absolument opposé à l'existence d'une
limite de 6 milles ; et ledisct~ss des jorstes prouvent qu'aucune

règlegénéralen'a iamais étéacceptée. JJ
Et plus loin :

''Pour ces raisons, la règledes trois milles n'a jamais étéappliquée
aux eaux encloses; et jamais aucune limite précise n'a fŒit l'objet
d'tme acceptation générale,en ce qui les concerne.Tlest vrai que l'en­

tente des nations a imposé certaines re_strictions à l'exercice de la
souveraineté sur ces eaux et que les Etats ne revendiquent plus
aujourd'hui, comme ils le faisaient autrefois, des espaces maritimes
qui, en raison de leur dimension ou de leur configuration, ne peuvent
pas êtreeffectivement contrôléspa.r ettx, ou qui, à cause de leur situa­
tion ne peuvent_pas êtreconsidérésde bonne foi comme la propriété
exclttsive d'ttn Etat déterminé.Mais ces restrictions doivent dépendre
des circonstances particulières de chaque cas; elles n'ont jamais

étéformuléesdans une règled'application générale. JJ276 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 5X

Et cette affirmation, qui se trouve donc dans la procédure écrite,
a étérépétéeà plusieurs reprises dans les plaidoiries/ ·
Nous avons rappelé tout cela au paragraphe 362 de notre Contre­
l'l'lémoiret au paragraphe 400 de notre Duplique.
Ce que je voudrais souligner, c'est qu'en r.gro le Gouvernell)ent de
la Grande-Bretagne a soutenu exactement la thèse que la Norvège sou-
tient aujour d'hui. ·
Comme le Gouvernement norvégien, le Royaume-Uni s'est refusé à
admettre l'existence d'une règle générale déterminant d'une manière
préciseet uniforme les limites de la territorialité des baies.
·· Et comme le Gouvernement norvégien, la Grande-Bretagne a soutenu

que ces limites dépendent des circonstances particulières de chaque cas
d'espèce.
Nous sommes reconnaissants aux éminents juristes britanniques
qui ont exprimé notre point de vue avec tant d'autorité. ·
Voilà ce que j'avais à dire au sujet de l'affaire des pêcheriesde l'Atlan­
tique Nord. Cette étffaireprojette, me semble-t-il, d'intéressantes clartés
sur l'état de la question en1910.
je voudrais m'arrêter maintenant, mais très brièvement, à un autre
cas d'espèce auquel je faisais allusion il y a un instant et qui a étéjugé
en Angleterre en 1927. JI s'agit de l'affaire du Fagernes, que nous avons
citée dans nos écritures (Contre-Mémoire, paragraphe 376; Duplique,

paragraphes 414 et 415).
Sans ,reprendre ici les détails de cette affaire, il me semble indiqué
de faire à son sujet une observation importante.
Nous sommes donc en 1927, c'est-à-dire dix-sept années après l'Arbi­
trage des pêcheriesde l'Atlantique Nord et trois années avant la réunion
de la Conférence de codification de La Haye. Les travaux préparatoires
de la Conférence de codification sont amorcés, et c'est précisément en
1927 que le Comité d'experts de la Sociétédes Nations a fait parvenir
aux gouvernements un questionnaire sur les différents points à examiner.
Or, que constatons-nous?
Nous constatons que, dans cette affaire du Fagernes, personne n'a
songé, ni du côté de la Cour, ni du côté du Gouvernement, à faire état
de la soi-disant règle des dix milles, alors que l'application de cette

règle aurait étédécisive en l'espèce, puisque les faits litigieux se sont
passésdans le canal de Bristol, à un endroit où l'écartement des rives est
de vingt milles.
Les trois juges composant le siège de la Cour clappel ont ·exprimé
leur point de vue. Pas un ne s'est prononcé en faveur de la règle des
dix milles. Bien plus, ils ont tous reconnu qu'il n'existait en cette matière
aucune règlegénéraleprécise.
Le juge Atkin s'est exprimé de la manière suivante :

<<Il est tout à fait certain qu'il n'existe à l'heure actuelle aucun
accord dans la pratique des Etats civilisés qui fournisse une règle
précise pour régler à l'avenir les revendications territorialessur
les eaux des golfes et des baies. "

Le juge Banks, tout en constatant l'existence d'un mouvement en
fa\•eur d'une limitation de la largeur des baies, a reconnu que ce mouve­
ment n'avait abouti à aucune règle précise.
Quant au troisième juge, le juge Lawrence, il n'a pas étémoins caté­
gonque: PLAIDOIRIE DE -r-BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 5I 277

"Il n'y a, a-t-il dit, aucune règle reconnue du droit international
généralpar laquelle on puisse déterminer si une baie, dont l'entrée
dépassesix milles, fait ou ne fait point partie du territoire de l'État
qui borde ses rives. Chaque cas dépend des circonstances particulières
qwi le caractéisent.>1

plique.déclarations sont reproduites au paragraphe 4·· de notre Du-

Voilà quelle était en 1927 l'opinion des magistrats britanniques qui
ont eu à se prononcer dans l'affaire du Fagernes.
La mêmeannée, la question s'est poséeen Suède à propos de la baie
de Laholm. Cette fois, la soi-disant règle des dix milles a étéinvoquée.
Elle l'a étépar J'inculpé. Mais aucun des tribunaux qui ont eu à se
prononcer sur l'affaire n'a admis l'existence de cette règle et l'arrêtde
la Cour suprêmede Suède est tout à fait catégorique à cet égard.
j'ajoute que les consultations qui ont étéprésentéesau nom du Gou­
vernement suédoiscontiennent des exposésparticulièrement développés
de la question. C'est le cas notamment pour la consultation du professeur

Undén, qui était alors conseiller juridique du Département des Affaires
étrangèreset qui est aujourd'hui ministre des Affaires étrangèresde son
pays. Nous avons reproduit cette consultation à l'annexe II2 de notre
Duplique.
Ainsi, trois années avant la réunion de la Conférence de codification.
les tribunaux anglais et les tribunaux suédois ont étéamenés à se pro­
noncer sur la territoria.lité des baies, et nous constatons que, ni dans
un cas ni clans l'autre, Ia fameuse règledes dix milles n'a trouvé l'appui
des autorités compétentes. ·
Je sais bien que, d'après la version de la Partie adverse, la règle des
dix milles n'était pas encore, à ce moment-là, arrivée à son éclosion.

Elle était dans la dernière phase qui précèdel'éclosion.. Mais, tout de
même,l'heure décisiveapprochait rapidement, et il est au moins étrange,
me semble-t-il, qu'on ne lui ait pas rendu un certain hommage, s'il n'y
avait plus qu'un petit coup de pouce à donr1,erpour obtenir sa consécra­
tion définitive.
Cette consécration définitive, d'après nos adversaires, ce serait la Con­
férencede codification de 1930 qui en aurait étél'occasion.
J'avoue qu'il m'est difficile de comprendre que l'on puisse interpréter
de cette façon la conclusion qui se dégage des délibérationsde la Con­
férence de La Haye.
Je me bornerai à citer les faits.
Si nous consultons les travaux préparatoires de la conférence, que
voyons-nous ?

Parmi les gouvernements qui ont répondu au questionnaire, certains
ont préconiséune largeur de six milles, d'autres une largeur de dix
milles, d'autres une largeur de douze milles. L'Italie a demandé vingt
milles. Le Portugal a demandé le triple de l'étendue qui serait adoptée
pour la mer territoriale ; et comme, pour hl mer territoriale, lePortugal
proposait une étendue de douze milles, c'est donc trente-six milles qu'il
réclamait pour les baies. D'autres pays enfin, et c'est le cas de la Suède
et de la Norvège, se sont déclarésopposésà toute mesure fixe. J'ajoute
qu'un bon nombre de gouvernements s'étaient abstenus de répondre à
ce point du questionnaire.
Est-il v_raiment permis de prétendre, clans ces conditions, que l'atti­

tude des Etats qui se sont fait représenter à la Conférencede codification278 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - IO X 51

fait ressortir l'existence d'une ((pratique généraleacceptée comme étant
le droit11?
Quant aux débats de la conference, voici à quoi ils se ramènent.
La question n'a fait l'objet d'aucune délibérationen séance plénière.
Elle a étésimplement renvoyéepour étudepréalable à la Deuxième Sous­
Commission, cette sous-commission de treize membres dont je parlais hier.
Que constate lf'.rapport de la DeuxièmeSous-Commission? Constate-t-il
a:u moins que les treize membres qui la composaient ont étéd'accord
pour reconnaître l'existence de la règle des dix milles, ou tout au moins
encore pour accepter que cette règle figurât dans la convention ? Non.
Le rapport de la Deuxième Sous-Commission constate simplement que
«la majorité des délégationsa pu tomber d'accord sur une largeur de

dix milles, pourvu qu'on adoptât en mêmetemps un système permettant
de dénier le caradère de baies aux échancrures de peu de profondeur "·
Et je n'ai pas besoin de rappeler que le rapport de cette Deuxième
Sous-Commission n'a mêmepas étéapprouvé à titre provisoire par la
commission plénière. Il a simplement étéjoint au rapport de cette com­
mission <comme tm matérùl précieux pour la contt"nuai'iondes ét1uiesen
cettematière ».
Je crois qu'il est inutile d'insister. Ce n'est pas parce. que la majorité
d'une sous-commission technique dans une conférencediplomatique croit
pouvoir se mettre d'accord sur une formule qu'il est permis d'affirmer
que cette fonnule existe en tant que règle du droit coutumier et qu'elle
est consacrée par la pratique généraledes }:ta.ts.
La Conférence de I930, loin de prouver que la règle des dix milles
correspondait il cette pratique générale,a soulignéau contraire les diver­

gences de vues qui subsistaient dans ce domaine et l'impossibilitéd'arriver
à un accord.
Mcâssi la Conférencede I930 n'a pas vu se produire l'événementqui,
d'après le Gouvernement britannique, approchait déjà, en Igio, des der­
nières étapes de sa préparation, est-ce que cet événement aurait eu lieu
plus tard? Est-ce que, depuis 1930, la règle des dix milles aurait pris
enfin cette consistance qui"lui serait indispensable pour faire partie du
droit coutumier ?
Je pourrais me contenter de faire observer que la Partie adverse
n'apporte à cet égard aucun élémentde preuve. C'est à elle qu'il appar­
tiendrait cependant de démontrer l'existence de cette règle des dix
milles qu'elle invoque contre nous.
l\his il nous est facile d'établir que, loin de corroborer le point de vue
britannique, la pratique actuelle des États est en désaccord avec ce
point de vue.

Nous avons énuméré, aux paragraphes 379 à 388 de notre Contre·
Mémoire, a.insi qu'au paragraphe 409 de notre Duplique, un nombre
considérable de baies, situéesdans tous les continents, qui dépassent, et
quelquefois très fortement, le soi-disant maximum de dix milles, et que
les Etats riverains considèrent cependant comme faisant partie inté­
grante de leur territoire.
Nous avons mentionné d'autre part, aux paragraphes 418 à 425 de
notre Duplique, une sériede textes législatifs, dont certains très récents,
qui semblent en contradiction formelle avec la soi-disant règle des dix
milles.
Nous avons rappelé que certains pays, comme l'Espagne, le Maroc,
le Brésil, la '{ougoslavie, ont choisi une limite de douze miles, que PLAIDOJRIE DE M. BOURQUIK (NORVÈGE) - II X 5I 2"j9

l'Italie fixe à vingt milles la largeur de ses baies et qu'il existe un grand
nombre d'États dont la législation inclut dans le territoire national toutes
les baies, sans aucune limitation de largeur. C'est le ca.s, la Cour le sait,
pour la Norvège. Mais la Norvège est très loin d'être seule à prendre
-cette attitude.La pratique suédoise est dans le même sens. L'Arabie
saoudite, l'Argentine, l'Égypte, l'Islande, le Pérou, le Venezuela ont

adopté Je mêmeprincipe dans des lois récentes que nous avons signalées
aux paragraphes 421 et 423 de notre Duplique.
Il ne faut pas perdre de vue, quand on réfléchità ces différents élé­
ments et qu'on les apprécie, que, dans beaucoup de pays, aucun texte
législatif ne. consacre formellement la pratique qui est effectivement
suivie par l'Etat et que, dans ces conditions, cette pratique esnaturel~e­
ment beaucoup plus difficile à dépister et à saisir.
Les renseignements que nous avons versés à notre dossier sont des
renseignements formels. li y en a sans doute beaucoup d'autres qui
viendraient les corroborer si l'on pouvait étendre le champ des investi­
gations. Mais je crois que ceux que nous avons produits sont, clans tous

les cas, suffisants pour établir d'une façon irrécusable que la soi-disant
Tègledes dix milles ne s'est jamais constituée juridiquement.
Elle n'existait pas comme règle généralede droit coutumier en rgro.
Elle n'existait pas comme telle en 1930. Et il est clair que, depuis lors,
la pratique généraledes États est très loin de l'avoir acceptée pour loi.

[Sém1ce publique du. TI octobre 1951, matin]

lHonsieur le Président, l'dessieurs de la Cour, je crois avoir établi hier
que la thèse du Gouvernement britannique, relative aux baies, ne
résiste pas à l'examen. Celle qu'il soutient en ce qui concerne les archi­

pels me paraît tout aussi peu solide.
Je crois que nous n'<wons pas à instituer ici un débat sur la question
des archipels en généra.l.Un débat de ce genre dépasserait certainement
les limites du différend qui est soumis· à la Cour et il prendrait ici un
caractère largement académique.
11y a toutes sortes d'a.rchipels. La plupart des difficultés que soulève
leur régime juridique viennent précisément de cette diversité des situa­
tions concrètes en face desquelles on se trouve.
Il suffit, je pense, ici de se demander ce que peut faire et ce que ne
peut pas faire un État qui a devant ses côtes de terre ferme des forma­
tions insulaires présentant les caractères du skj.-ergard norvégien. Voilà
comment le problème se présente d'une manière concrète.
Une première question se pose évidemment, c'est la question de

savoir si les J~ta rverains ont le droit de considérer que l'a.rchipel
côtier fait corps avec le continent et que, pa.r conséquent, sa ligne côtière
se trouve située à la frange de l'archipel et non pas à la lisière de la terre
ferme, à la lisière du continent lui-même.
Dans la traclition norvégienne, cette question fondarnen tale, la Cour
le sait, est résolue affirmativement.Il n'y a jamais eu le moindre doute
sur la façon de la résoudre.
En revanche, le Gouvernement du Royaume-Uni soutient une thèse
diamétralement opposée. D'après lui, le droit international ne recon­
naîtrait pas en principe l'unité des archipels. Le droit international ne
Œconnaîtrait d'autre régime que celui des îles isolées.Et c'est ce.régime280 PLAIDOIHIE DE ?IL BOURQUIN (NORVÈGE) -:- II X 5I

des îles isolées qui devrait s'appliquer à chacune des formations insu­
laires,à chacune des élévationsdu sol marin constituant l'archipel.
Nous avons rencontré cette thèse dans notre Contre-Mémoire aux para­

graphes 426 à 470, ainsi que dans notre Duplique aux paragraphes 46I
à 477 A. La Cour y trouvera une réfutation que je me permets de croire
concluante. Mais il est inutile de rouvrir en plaidoirie la discussion sur
ce_point après les déclarations qui ont étéfaites à la barre par nos adver­
saires.
Ceux-ci admettent en effet les droits de la Norvège sur l'ensemble du -
skj;ergiird et des eaux qui le composent.
Nous sommes très heureux de le constater, car c'est un point impor-
tant. ·
Tlest donc acquis que le skjrergârd fait corps avec le continent et que
la ligne côtière de la Norvège se trouve à la frange du skjŒrgiird.
Cela étant, il n'y a plus à se prononcer que sur l'application des prin­

cipes, des idée§fondamentales.
Lorsqu'un Etat prend pour ligne côtière la limite extérieure d'un
archipel côtier, comment doit-il tracer ses lignes de base ? Est-ce qu'il
est obligéde suivre l.afrange de l'archipel dans toutes ses sinuosités, ou
bien est-ce qu'il peut tracer des li&'llesdroites reliant ·entre eux certains
points saillants de cette fr;mge ?
Voilà la première question d'application qui se pose.
La deuxième méthode, la méthode qui consiste à tracer des lignes
droites reliant certains points saillants de la frange de l'archipel est celle
de la Norvège. Je ne crois pas qu'on puisse mettre en doute sa légitimit.é.
L'autre méthode, celle qui consiste à suivre toutes les sinuosités du

rivage, cette autre méthode soulève dans le cas des archipels des diffi­
cultés évidentes et, dans certains cas même,inextricables.
Lorsqu'il s'agit d'un rivage de terre ferme il est facile de déterminer
l'endroit où se trouve la ligne côtière, c'est-à-dire l'endroit où la terre
se sépare de la mer. Mais la frange d'un archipel n'est pas un rivage
con tinu. La frange de 1'archipel est représentéepar des forma tions insulai­
res qui sont entrecoupées par des bras de mer. La frange d'un archipel
a un caractère complexe, elle comprend des élémentssolides mais elle
comprend aussi des élémentsliquides, et on ne pourrait pas faire abstrac­
tion de ces derniers et ne tenir compte que des îles, que de la terre ferme.
Ce serait déformer la réalité. · ·
Si l'archipel est considérécomme formant tme unité, et bien cette
unité comprend non seulement les îles mais aussi les eal!--xintermédiaires,

les eaux qui sont situées entre les îles.
Et alors, où se trouve la ligne côtière ?
Où se trouve-t-elle: aux endroits qui sont formés par des bras de mer
et où il est impossible de trouver une démarcation naturelle entre l'élé­
ment liquide et l'élémentsolide?
La seule façon pratique de trancher la question c'est de tracer des
lignes droites entre certaines formations insulaires de la périphérieet de
considérer ces lignes droites comme représentant la ligne côtière dans les
intervalles liquides.
Je sais bien que les partisans de la méthode des arcs de cercle estiment
qu'on peut l'appliquer aux archipels. Seulement, ils sont bien obligés

de constater que l'application de cette méthode entraîne, quand il s'agit
des archipels, la formation cie poches de haute mer particulièrement
nombreuses qui doivent êtreensuite éliminées. PLAIDOIRIE DE -r.rBOU_RQUIN (NORVÈGE) - II X SI 281

En d'autres termes, l'application de la méthode des arcs de cercle aux
archipels n'est possible, n'est admissible que moyennant une sériede cor­

rections et de rectifications particulièrement importantes.
D'autre part, cette méthode, j'ai déjà eu l'occasion de le rappeler, ne
nous est pas présentéecomme une méthode juridiquement obliga_toire,
consacrée par le droit coutumier, comme une obligation pour les Etats.
C'est une méthode qui est recommandée par des experts. Et je crois bon
de rappeler que son défenseur, on peut le dire, le plus convaincu,
M. Boggs, estime que dans un cas comme celui du skj<ergârd norvégien
il est tellement difficile de l'appliquer qu'il faut y renoncer.

La Cour me permettra de rappeler les termes extrêmement catégori­
ques dans lesquels lVI.Boggs a exprimé cette idée:
" Le tracé des arcs de cercle autour des rochers constituant tech­
niquement des îles le long du skj;:ergârcl septentrional aboutirait à
une séried'arcs de cercle d'une complexité extraordinaire. Il semble

que, 11ourcette côte exceptionnelle, le système norvégien consistant
à tracer des lignes droites tirées arbitrairement pour marquer la
limite entre la mer territoriale et la haute mer soit non seulement
justifiée, mais pratiquement inévitable. "

Et tout d'abord je voudrais mppeler à la Cour les résolutions qui ont
étéadoptées, en rg28, par l'Institut de droit international dans sa ses­
sion de Stockholm. Ces résolutions consacrent très nettement la méthode
des lignes droites en ce qui concerne les archipels.
L'article 5 du projet qui a étéadopté par l'Institut déclare, en effet,
qu'en ptLreilcas

"l'étendue de la mer territoriale sera comptée à partir de la ligne
qui joint les extrémitésextérieures des îles >).

" .... la ligne qu,i joint les extrémitése:rlérùuresdes îles. ))
Il ne s'agit donc pas de tracer des arcs de cercle à partir elu rivage des
îles. Il s'agit de relier entre elles, par des lignes droites, les extrémités
deces îles, et de prendre ces lignes droites comme ligne de base.
Nous avons, d'autre part, établi que la mÇthode des lignes droites
est effectivement <lppliquéepar de nombreux Etats .
.Encore une fois, on se heurte ici, bien souvent, à la difficulté de con­

naître avec certitude et avec preuves à l'appui, la pratique des gouver­
nements à cause du silence qu'ils observent.
Mais dans certains cas, ce silence est rompu.
On trouve parfois, dans la législation nationale ou dans les conven­
tions internationales, des dispositions formelles, qui éclairent la situation.
Nous en avons relevé un nombre assez considérable dans nos écritures.
Elles figurent, les unes dans notre Contre-Mémoire, aux annexes 63, 65
et 66; les autres clans notre Duplique, à l'annexe II2, nos II a, II b,
li c, II/, 12 a,14 a, I4 b,22 a, 29 d, et 35 a. .
Et je me permets de rappeler également à la Cour les propositions

et les recommandations qui ont étéfaites, en ce qui concerne les Orcades,
les îles Shetland et la région de Stornoway par le comité du Scoliisk
Cozmcüon lndustry.
Là aussi, les lignes tracées sont des lignes droites reliant entre eux
certains points saillants de la frange insulaire.
La .ligne côtière de la Norvège se trouve donc être la frange du
skj;:ergard et je crois avoir établi, d'autre part, que laN orvège, en traçant282 PLAIDOIRIE DE !:IL BOURQUIN (NORVÈGE) - II X ji

des lignes droites qui relient certains points de cette frange, n'entre
aucunement en conf!it avec les exigences du droit internatio nal. Il reste
dès lors un point à examiner, qui est celui-ci: ces lignes droites sont-elles
soumises à un maximum de longueur imposé par la coutume?
Le Gouvernement britannique, comme j~ le rappelais tout à l'heure,
commence par contester le droit pour l'Etat riverain de tracer des
lignes droites à la limite extérieure de l'archipeL Il prétend que la ligne

de base doit suivre toutes les sinuosités de cette frange. Mais, en ordre
subsidiaire, il affirme que si le tracé de lignes droites était considéré
comme justifié, en tous cas ces lignes droites ne pourraient pas avoir
plus de dix milles de longueur. Et nous voyons ainsi reparaître la fameuse
règle des dix milles. ·
Je pense avoir suffisamment établi qu'en ce qui concerne les baies
cette prétendue règle n'existe pas comme règle généraleet qu'elle n'est
pas opposable à la Norvège.
Or, si elle n'existe pas pour les baies, on ne voit pas pour quelles raisons
elle existerait quand il s'agit de bras de mer formant échancrures dans
la frange d'un archipel côtier.
La discrimination serait d'autant moins justifiée que ces échancrures
constituent bien souvent, en fait, de véritables baies. Et, dans tous les
cas, il est certain que les eaux intermédiaires d'un archipel côtier ayant
la configuration du !?kjŒrgârclintéressent aussi directement et d'une
manière aussi vitale l'Etat riverain que celles des baies qui se découpent
dans une côte de terre ferme.
Le skj<erg!trel,je le rappelais hier, s'arrêteau cap Nord. !l'laisjt: voudrais

bien savoir pourquoi les échancmres situées à l'est elu cap Nord présen­
teraient plus climportance pour la Norvège que les échancrures situées
à l'ouest du cap Nord.
Il ne viendra à l'idéede personne, je pense, de prétendre, par exemple,
que le Vestfjord, qui est à l'extrémité occidentale de .la régionlitigieuse,
est moins important pour la Norvège que le Varangerfjord, qui est ?t
l'extrémité orientale, sous prétexte que le Vestfjord est bordé d'un côté
par les îles Lofoten et qu'il fait ainsi partie des eaux du skjŒrgard, tandis
que les deux rives du Varangerfjord sont constituées par des éléments
de terre ferme. ,
Il est évident que cette différence géographiqy.en'entraîne absolumen t
aucun eFfet au point de vue de l'intérêtque l'Etat p_ossèdeà exercer sa
souveraineté sur ces deux fjords. L'un intéresse l'Etat d'une manière
aussi vitale que l'autre et ce qui est vrai du Vestfjord l'est également de
tous les bras de mer qui forment échancrure clans la frange extérieure elu
skj<crgàrd.
Si la soi-elisant règle des dix milles est inexistante pour les baies,
il va de soi qu'elle n'a pas plus de valeur pour les eaux intermédiaires
des archipels.

* * *

Quels sont donc les arguments que le Gouvernement britannique
invoque pour justifier sa prétention sur ce point ?
Ces arguments se rattachent, comme d'habitude, aux travaux de
la Conférence de codification de 1930 et à certains projets élaboréspar
des sociétéssavantes dans les ànnées qui ont immédiatement précédé
la riunion de la Conférence de 1930. PLAIDOIH!E DE NI. .BOURQUIN (NORVÈGE\ -:-II X SI 283
La question de la distance séparant les iles d'un archipel a retenu,

en effet, l'attention des juristes. Mais pour quelle raison s'en sont-ils
Dccupes ? Pour une raison bien simple.
Quand on_se trouve en presence d'un groupe d'îles situees devant la
côte d'un Etat, il importe avant tout de savoir si ce groupe d"î:les
fonne bien une unite, un tout indivisible, et il importe aussi de savoir
s'il doit être considérécomme faisant corps avec le continent.
C'est là la. question fondamentale. Or, cette question fondamentale
est quelquefois délicate à résoudre.
Si les îles sont dispersées et plus ou moins éloignéesde la terre ferme,
on peut hésiter à répondre par l'affirmative. Or, il est chir que l'unité
juridique de l'archipel n'est admissible que si elle correspond à une unité
réelle,et, il est évident aussi que la ligne côtière ne peut êtrereportée
à la frange de l'archipel que si l'archipel fait réellement corps avec le
continent.
Par conséquent, il y a là une question pré<llable,si je puis dire, à
résoudre, et toute la question est de savoir à 1'aide de quels critères

on peut la résoudre. ,
Or, il y a deux méthodes possibles: ou bien chaque cas d'espècesera
examiné en lui-mêmeet régléd'après ses propres mérites, ou bien on
appliquera à tous ces cas d'espèce une mêmeformule mathématique.
On dira que pour qu'un groupe d'îles soit considérécomme une unité
il f<lllt que hl distance entre les îles ne dépasse pas un certain chiffre
et on dira que, pour que le groupe d'îles soit considérécomme lié au
continent, il faut quela distance entre les îles et la terre ferme ne dépasse
pas un certairi chiffre.
Première méthode : examen de chaque cas d'espèce dans sa réalité
concrète. Deuxième méthode : application d'une formule mathématique
valable dans tous les cas.
Le Gouvernement norvégien a toujours étéhostile à la dernière
méthode et les griefs qu'il lui adresse sont exactement les mêmesque

ceux qu'il fait valoir contre l'application d'une fonnule mathématique
pour la territorialité des baies.
Il croit qu'il s'agit là d'une question de faiton ne peut raisonnable­
ment trancher qu'à la lumière des faits et des circonstances particulières
à chaque cas. Il est convaincu aussi que hl pratique des Jitats confirme
entièrement ce point de YUe.
?\his l'autre méfhode, la méthode de la formule mathématique, a
ses partisans et e.llea rencontré, parmi les juristes, une faveur marquée
à l'époque de la Conférence de codification et dans la période qui a
immédiatement précédécette conférence.
Il ne faut pas perdre de vue qu'on espérait alors régler convention­
nellement le droit de la mer territoriale et qu'il paraissait souhaitable
d'insérer dans l'accord à intervenir des formules précises, donnant aussi
peu que possible matière à controverse. ·
C'est à cette conception d'une formule mathématique que se ratta­
chent les quelques éléments que le Gouvernement britannique croit

pouvoir invoquer à l'appui de sa thèse.
Il s'agit de projets qui subordonnent à certaines conditions dedistance
l'unité juridique des archipels et leur solidarité avec le continent. En
d'autres termes, les conditions de distance prévues clans ces projets ont
simplement pour objet de résoudre la question de savoir si l'archipel
constitue une unité et si cette unité est solidaire du continent.284 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X 5I

Or, ce sont là deux questions qui ne soulèvent aucun doute dans le
litige actuel. L'archipel côtier dela Norvège, c'est-à-dire le skj<ergard,
constitue certainement une unité et il fait certainement corps avec le
continent. Et je n'ai pas besoin d'en refaire la démonstration, puisque
la Partie adverse est d'accord avec nous sur ce point.
Examinons cependant de plus prèsles élémentssur lesquels le Gouver­
nement britannique s'appuie. Est-ce que ces éléments font ressortir
qu'il existerait à cet égard une règle coutumière? Je crois vraiment
qu'il serait difficile de le soutenir .
. Nous avons rappelé, aux paragraphes 483 à 486 de notre Duplique,

l'attitude prise par le Harvard l~esear l'nht,tut américain de clroit
internationa.l,l'International Law Association et l'Institut de droit
international. .
La seule formule précise qu'on y trouve est celle elu projet adopté
en rg28 par l'Institut de droit internationaL Elle subordonne l'unité
juridique de l'archipel à la condition que la distance entre les îles ne
dépassepas le double de l'étenduede la mer territoriale.
Quant aux autres projets que je viens de rappeler, ou bien ils ne s'occu­
pent pas des archipels, ou bien ils leur appliquent simplement le régime
des îles, ou bien encore ils proclament leur unité, sans la subordonner à
aucune condition de distance.

JI est évidemment impossible de voir dans l'ensemble de ces p~ojets
le témoignaged'une règlecoutumière, d'une pratique généraledes Etats.
Pour ce qui est de la Conférencede codification, que nous apporte­
t-elle?
Le projet f]Uiavait étéprésenté au nom du Comité d'experts par
le De Schücking admettait l'unité juridique des archipels et ne formulait
aucune condition de distance.
La base de discussion n° 13, proposée par le comité préparatoire de
la conférence, prévoyait gue le groupe d'îles formerait une unité si la
distance de proche en proche, à la périphérie,ne dépassait pas le double
de l'étenduedes eaux territoriales.
Comme on le voit, le comité préparatoire s'était inspiré de la forrn.ule
du projet de l'Institut de droit international.

Mais il est extrêmement important de constater que, loin de présenter
cette formule comme l'expression du droit positif, le comitépréparatoire
n'y a vu qu'une transaction suggérée,dit-il, dans l'espoir de faciliter un
accord général.
Devant la conférence,aucune discussion n'a eu lieu en séanceplénière.
La Deuxième Sous-Commission a étéseule à s'occuper de cette question
et elle reconnaît elle-mêmequ'elle a" dû abandonner l'idéede formuler
un texte précisJ)C'estce qui est indiquéen toute lettres dans son rapport.
Tout ce qu'elle constate dans ce rapport, c'est

"que la majorité de la sous-commission a étéd'avis qu'il faudrait
adopter la distance de dix milles comme base pour la mesuré de Ia
mer territoriale vers la haute mer».

On constatera qu'ici il ne s'agit plus du tout, comme dans le projet de
l'Institut ou comme dans celui du Dr Schücking, du double de l'étendue
de la mer territoriale. Il s'agit d'une distance de dix milles.
C'est une formule nouvelle, qui ne figurait dans aucun des projets des
;ociétéssavantes. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - II X 5I 285

Formule nouvelle qui, d'après l'avis d'une majorité de la Deuxième
Sous-Commission, aurait dû être adoptée, mais qui ne l'a jamais été
effectivement, ni par la conférence, ni par la Deuxième Commission en
séance plénière, puisque celle-ci ne s'est pas prononcée sur les conclu­
sions de la Deuxième Sous-Commission.

Et voilà sur quoi l'on s'appuie pour tenter de prouver l'e.xistence
d'une règle généralede droit coutumier qui interdirait aux Etats de
tracer, en bordure de leurs archipels côtiers, des lignes de base dépassant
dix milles de longueur.
Les conclusions que le Gouvernement britannique prétend tirer de
ces quelques élémentsque je viens de rappeler me paràissent tout à fait
inadmissibles, et pour deux raisons.
Une de ces raisons, c'est -qu'il n'y a aucune concordance entre les
élémentsque l'on produit. On y trouve des contradictions, des formules
différentes ; il n'y a aucune unité de vue.
La deuxième raison est celle que je rappelais tout à l'heure et qui me
paraît péremptoire: c'est que le problème auquel ces projets s'attachent
est un problème qui ne se pose pas dans le cas actueL Il s'agissait unique­

ment de savoir si l'unitédes archipels et leur solidarité avec le continent
devaient êtresubordonnées à certaines conditions de distance fixes.
Je le répète,dans le cas qui nous occupe, en ce qui concerne le skjrer­
gârd norvégien, cette double question est résolueaffirmativement. Et il
y a accord des Parties sur ce point. .
C'est au Royaume-Uni qu'il app<utiendrait d'établir l'existence d'une
règle coutumière imposant un maximum de dix milles marins pour la
longueur des lignes de base reliant les îleset les rochers situés à la péri­
phérie de l'archipeL Ce serait à lui de prouver que la pratique des Etats
révèlel'existence d'une telle règle.
Mais il lui serait bien impossible de fournir pareille preuve, parce que
la pratique des États, dans la mesure oü elle nous est connue, est très
loin de corroborer la thèse de nos adversaires. Les documents que nous

avons produits dans nos écritures et auxquels je me suis déjà référé
tout à l'heure le montrent clairement. Il me semble inutile d'en reprendre
ici l'examen détaillé.Je rappellerai simplement quelques faits.
Parmi les lois et décrets que nous avons cités, certains fixent mt
·nwxitmun de longuutr pour les l·ignes droites reliant entre elles les dif­
férentes îles situées à la périphériede l'archipel. C'est le c<lsdu décret
de l'Arabie saoudite du z8 mai 1949. C'est le cas encore du décret royal
égyptien du 18 janvier 1951.
Mais la longueur qui est prévuedans ces décrets n'est pas une longueur
de dix milles. C'est une longueur de douze milles. _
Au surplus, rien ne permet de croire ou de faire croire que les Etats
c!ui ?nt pris. cette~esur laient fait_d_<msla c_onvictionqu'il s'agissa.it
la d un max1mum Impose par le droü mtematwnal. Un Eti:lt peut tres
bien adopter mie disposition de ce genre parce qu'il estime qu'elle est

opportune et qu'elle suffit pour garantir les intérêtsdont il a hLgarde.
Or, la coutume internationale ne se dégage pas uniquement de la
pratique des États. Elle suppose que cette pratique est observée par
eux comme étant le droit. "La conviction juridique, I'opinio furis, est
indispensable.
Tout ceque l'on peut constater, quand on est en présence de décrets
comme ceux que je viens de rappeler, c'est que les Gouvernements qui
les ont édictésne se considèrent pas comme liéspar la soi-disant règle286 PLAIDOIRIE DE l\I. BOURQUP.J (NORVÈGE) -II X 5I

des dix milles. lV!is rien ne nous autoriseàaller plus loin et à dire qu'ils
se considèrent comme liéspar une règle internationale de douze milles.
Ils peuvent avoir choisi dans leur .législationinterne la mesure de douze
milles sans considérer le moins du monde que cette mesure est imposée
par le droit international.
Les autres actes que nous avons produits ne fixent pas de longueur
numérique poor les lignes de base. Ou bien ils se contentent de déclarer
que ces lignes relient entreux des îles, des îlots et des écueilsde l'archi­
pel, ou bien ils précisent les points auxquels les lignes s'accrochent.
Cette dernière méthode est celle qui est appliquée notamment par
l':Ëquateur, la Yougoslavie et l'Islande. Dans ces difiérents cas, aucun

maximum n'est prévu, mais les points de base sont indiqués clans la loi
ou dans le décret, et il suffit alors de les reporter sur la carte pour
constater qu'ils ne tiennent aucun compte d'une prétendue règle des
dix milles. ·La mesure qui est adoptée en fait dépasse, et pm·fois considé­
rablement, la mesure des dix milles marins.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le signaler, les lignes de base du
décret islandais ont une longueur qui va jusqu'à trente-sept milles. Les
lignes de base que l'Équateur a tracées autour de l'archipel de Gala­
pagos varient entre dix-neuf et soixante-seize milles. J~nfi jn , ppelle
que, dans le projet du comité qui a éténommé par Je Scottish Cou.ncil
on lndr.1,stryles lignes de base atteignent vingt et un, vingt-cinq et

vingt-sept milles.

*
* *

l\Iais ce qui présente pour nous, dans le ca~ actuel, le plus d'intérêt,
me semble-t-il, c'est la pratique de certains Etats qui sont situés dans
le voisinage de la Norvège et qui appartiennent ainsi à hl mêmerégion.
Je vise particulièrement le Danemark, la Suède et la 'Finlande.
Or, cette pratique est consacrée par différents actes officiels que nous
avons reproduits, et, comme je vais avoir l'honneur de Je montrer, elle
repose exactement sur les mêmesprincipes que la pratique norvégienne.
En 19I2, le Danemark, la Norvège et la Suède ont édictédes ordon­
nances relatives aux règlesde la neutralité. Le texte de ces ordonnances
f1gure à l'annexe 65 de notre Contre-M.émoire. Nous y trouvons une
défmition des eaux intérieures qui est en principe la mème pour les trois
pays.
La voici extraite du texte suédois:

"Les eaux intérieures comprennent .... les ports, entréesde ports,.
rades et baies, ainsi que les eaux situées entre et en deçil des î.les,
îlots et récifsqui ne sont pas continuellement submergés. n

Donc, les eaux situées en deçà de ces îles et·les eaux situées entre ces
îles font partie des eaux intérieures.Par conséquent, il est clair que la

limite est déterminéepar des lignes droites reliant les îles et les îlots de
la périphérie,car c'estla seule façon de comprendre dans les eaux inté­
rieures celles qui sont situées <<entre les îlen et notamment entre les
îles dela périphérie.
D'autre part, l'ordonnance suédoise ne fixe aucune limite pour la.
longueur de ces lignes droites. La règle est donc parfaitement conforme
à la pratique norvégienne. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUlN (NORVÈGE) -II X 51 287

L'ordonnance norvégienne et l'ordonnance danoise ont d'ailleurs été
établies exactement sur la mêmeconception. Les variantes de rédaction.
qui apparaissent clans les textes sont sans aucun effet sur le fond.
C'est également cette formule qui a étéreprise en r.gJS.
En rgJS, .les trois pays scandinaves ont édictéde nouvelles règles de
neutralité, et ils l'ont fait,ette fois. d'accord avec la Finlande.

Les ordonnances danoise, norvégienne. suédoise et finlandaise de 1938·
sont reproduites à l'annexe 66 de notre Contre-Mémoire, pages z8o et
z8r elu volume II. Elles sont établies, en ce qui CQnccrnela définition.
des eaux intérieures, sur le mêmemodèle que précédemment.
Voici le tex te finlandais :
"Par" eaux intérieures fmlandaises JJle présent décret entend les.

ports. entrées de ports. golfes ct baies, ainsi que les ea~t shtées
entre et en deçà des îles et récifs fi.nlandais, qHne sont pas constam­
ment s·ubmergés.))
J'ajoute qu'il la mêmeépoque, l'Estonie, la Lettonie et la Lithuanie
ont adopté des dispositions analofj'Ues,qui figurent au paragraphe 450·
de notre Duplique.

Si, des ordonnances rela.tives à la neutralité, nous passons à celles qui.
concernent l'admission des navires de guerre ct des aéronefs étrangers en.
temps de paix, nous faisons la mêmeconstatation.
Les dispositions de cet ordre qui ont étéprises par le Danemark sont
reproduites à l'annexe uz, no II a, de notre Dllplique. Celles de la.
Suède se trouvent à la mêmeannexe, sous le numéro 29 d.

''Par ea11X intérieures, dit l'article 3 du décret suédois du
21 novembre 1925, il faut entendre aux fins du présentdécret:

c) les parties des eaux suédoises situées entre ou en deçà des fles,.
îlots et réàfs suédois qui ne sont pas constamment recotwerts par la;
mer.''

Les dispositions danoises du II septembre 1938 sont conçues dans.
des termes pratiquement identiques.
Nous retrouvons également la même règle dans la loi danoise du.
rer avril 1925 sur la chasse ct la pèche dans les parages du Groënland.
Le texte de cette loi. qui est reprodlJit à J'annexe 112, 11°II/. de notre·
Duplique, définit les "parages intérieurs du Groënland ))comme corn-·
premmt ''en dehors des ports, goulets, rades, golfes et fjords, les eaux
situéesdans l'intervalle et en arrière des fies, îlots, écueils ct brisants qu·ine·
sont pa.s contùvuellement recouverts par la ?JtCr"· ·

Ces loiS ct ces règlements émanant des Ebts nordiques sont suffisam~
ment révélateurs, me semble-t-il, de la conception commune qui les.
inspire. La Cour rile permettra cependant d'y ajouter quelques précisions.
concernant la Suède.
Je voudrais d'abord attirer l'attention de la Cour sur la réponseque le
Gouvernement suédoisa faite au questionnaire du comitépréparatoire de
la Conférencede codification.
Dans cette réponse, la pratique suédoise, en cc qui concerne le point.

qui nous occupe en ce moment, est résuméede la manière suivante :
" .... le droit suédois ne prévoit aucune distance maximum pour­
que l'archipel puisse avoir une mer territoriale unique, l'étendue de·
celle-ci étant calculée avec, comme ligne de base, une ligne reliant
les différcntes îles JJ. 288 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- n: X SI

Donc, la Suède, comme la Norvège, trace des lignes droites à la péri­
phérie de l'archipel côtier, et, pour ces lignes, elle ne prévoit aucun maxi­
mum de \ongtleur.
C'est d'ailleurs ce que M. Torsten Gihl, professeur à l'Université de
'Stockholm et conseiller du ministère des Affaires étrangères de Suède,

expose avec plus de détails dans l'étude qu'il a publiée en 1930 sur la
Limite des eaux territoriales de la Suède et dont nous avons donné des
extraits en traduction française à l'annexe II2, 11° 29 c, de notre
.Duplique.
Après avoir fait l'historique de la question, après avoir analysé les
différents textes !hns lesquels la tradition suédoise s'exprime, 1'auteur
conclut en ces termes :

" Il dècoule donc des règles définiesci-dessus :
I. Que les eaux du skjŒrgard suédoisfont partie des eaux inté­

rieures suédoises.... ;
. 2°Que les eaux situées en deçà des îles de la côte .... font, dans
leur totalité, partie des eaux intérieures;
3° Qtt'il en est de mêmepour les baies et les incurvations séparant
les iles du skjŒrgard;

4o Que la mer territoriale eloit être calculée à partir de lignes
droites, délimitant en mer les eaux énuméréesci-dessus. ,
Un peu plus loin, le professeur Gihl ajoute que le droit suédois

" ne reconnaît JXlS de maximum pour la longueur des lignes de base
en question, mais part du principe que la limite territoriale doit être
tracée en tenant compte des conditions géographiques naturelles )).

Comme la Cour le voit, ces principes suédoissont les principes mêmes
du système norvégien.
Je résume.
Lorsqu'un archipel c6tier présente la cohésiondu skjŒrgàrd norvégien
et qu'il appara}t manifestement comme faisant corps avec le territoire
continental, l'Etat riverain a parfaitement le droit d'admettre que sa
ligne c6tière se trouve située à la frange de cet archipel.
Le principe étant acquis, les questions qui se posent ne concernent plus

que son application.
ll s'agit d'abord de savoir si les lignes de base tracéesà la limite exté­
rieure du skjŒrgàrd peuvent être des lignes droites reliant entre eux
certains poüits saillants de 1'archipeL Il s'agit ensuite de savoir si ces
lignes droites sont soumises, comme le prétend la Partie adverse, à la
.règle limitative des dix milles.
Ce serait au Royaume-Uni de prouver qu'à ce double point de vue
]a tradition norvégienne est incompatible avec les principes et les
-exigences du droit international. Cette preuve, le Gouvernement britan­

nique ne la fournit aucunement.
En revanche, la Norvège a établi, par des exemples concrets, q1,1ela
thèse britannique n'est pas corroborée par la pratique généraledes Etats
·Ctque, par conséquent, il-n'existe point de règles coutumières pouvant
.êtreinvoquées en faveur des prétentions que l'on nous oppose.
Enfin, nous avons établi plus particulièrement que la pratique norvé­
:gienne est conforme en cette matière à l'usage commun des États nor­
.diques. PLAIDOIRIE DE :t-1!.BOURQUIN (NORVÈGE) - II X 5I 289

Il y a encore une question qui a étésoulevée par le Gouvernement
britannique. Elle concerne les élévations qui n'émergent qu'à marée
basse, ce qu'on appelle plus brièvement les «sècllesJJ.
Le Gouvernement britannique soutient qu'en principe les sèches ne
peuvent pas être utilisées comme points de base. D'après lui, il n'y
.aurait que les él$vations se trouvant constamment au-dessus du niveau
de la mer qui pourraient êtreconsidéréescomme des îles et servir de
point· de base pour le calcul de la mer territoriale. '
Cependant, le Gouvernement britannique lui-mêmeadmet une excep­
tion à ce principe. Il admet que les sèches peuvent servir de point de
base quand elles sont situées à moins de quatre milles, dans le cas de
la Norvège, d'une terre qui émergeconstamment, que ce soit une terre

·continentale ou une terre insulaire.
C'est dit au paragraphe 292 de la Réplique et sir Eric Beckett l'a
-confirmédans sa plaidoirie.
Nous ne sommes pas d'accord avec nos adversaires sur le principe
qu'ils évoquent.
Nous affmnons au contraire que les règles généralesdu droit inter­
national ne font aucunement obstacle à l'utilisation des sèches comme
points de base. Nous croyons l'avoir démontré dans nos écritures.
·· L'utilisation des sèches comme points de base est, il faut l'observer,
une conséquence logique de l'adoption de la laisse de basse mer comme
point de départ du calcul de la mer territoriale.

Si l'on se place, pour calculer l'étendue de la mer territoriale, au
moment de la marée basse, il est évidemment logique de considérer les
sèches comme des élévationsdécouvertes puisqu'elles sont effectivement
découvertes à ce moment-là.
Or, aujourd'hui, c'est une règle généralement admise. Jadis, on
discutait la question de savoir s'il fallait se placer au moment de la
marée haute ou de la marée basse. Aujourd'hui, il est généralement
convenu d'adopter le moment de la basse mer.
Nous avons, d'autre part, mentionné dans nos écritures une série
d'actes législatifs ou conventionnels qui consacrent l'utilisation des
sèches comme points de base. parmi ces actes il y en a plusieurs qui se
rattachent à la pratique des Etats nordiques : Danemark, Suède, Fin­

lande, Islande. La Cour trouvera ces différentsdocuments aux annexes 65
et 66 de notre Contre-Mémoire, ainsi qu'aux paragraphes 449 et
449 A de notre Duplique.
D'ailleurs, il y a quelques instants, je viens précisément de donner
lecture d'une partie de ces actes à propos du tracé des lignes droites à
la périphériedes archipels et à propos de la longueur de ces lignes droites.
Dans les textes que j'ai eu l'honneur de citer le principe de l'admission
des élévationsdécouvertes seulement à marée basse est expressément
formulé,
Il en résulte clairement que pour tous ces États nordiques c'est une
règle solidement établie,et qu'en l'appliquant la Norvège ne fait que se
conformer à une pratique commune et constante en vigueur dans la

région à laquelle elle appartient. Je m'empresse d'ajouter que cette
pratique n'est au.cunernent limitéeà la régiondont il s'agit. Il y a beau­
coup d'autres Etats qui font .de mêmeet nous avons cité plusieurs
décrets qui le prouvent. Parmi les plus récents nous avons cité le
décret de l'Arabie saoudite de I949, le décret royal égyptien de 1951,
qui sont tout à fait formels sur ce point. .
20 290 PLAIDOIRIE DE 1'11. OURQUIN (NORVÈGE) - II X 51
Nous avons enfin rappelé dans nos écritures la position adoptée par

certains groupes scientifiques : le Harvard Research et l'Jnstitut de droit­
z"nternaü"onal.
Mais je pense vraiment pouvoir me dispenser de reprendre à ce moment
l'examen de ces différents points. Il me semble que ce serait abuser des.
instants de la Cour étant donné que dans le litige actuel la questioa
est dépourvue de tout intérêtpratique.
Elle est dépourvue de tout intérêtpratique. et pourquoi? Mais parce­
qu'aucune des sèches qui ont étéutilisées comme poi,nts de base par le·
décret royal de 1935 n'est en fait située à plus de quatre milles d'une
terre constamment découverte et que, par conséquent, même en_
admettant la thès.e du Royaume-Uni, le décret royal de 1935 est

parfaitement en règle avec le droit international.
Je sais bien que nos adversaires contestent en fait ce que je viens.
d'énonce1.Ils prétendent qu'il n'en serait pas ainsi pour une des sèches
utiliséepar le décret de 1935. li s'agit de la sèche qui forme le point
de base no 21. Mais je crois pouvoir affirmer qu'ils sont simplement
dans l'erreur sur ce point. Je laisse à M. l'agent du Gouvernement
norvégien le soin de l'établir. Il fourniraà la Cour des précisions qui,.
j'en suis sür, ne laisseront subsister aucun cloute à cet égard.
Dans ces conditions, instituer un débat sur le problème des sèches.
sortiraitdu cadre des nécessitéspratiques en ce qui concerne la solu-·
tion de notre litige.

Nous avons l'impression gue si le Gouvernement du Royaume-Uni
demande à la Cour de se prononcer sur le principe applicable en la.
matière, c'est moins pour obtenir la condamnation du décret norvégien
de 1935 que pour pouvoir s'appuyer sur la décision de la Cour dans.
d'autres cas d'espèce qui sont tout à fait étrangers au différend anglo­
norvégien.
Dans tous les cas, en ce qui concerne l'objet du litige, la question me.
paraît réglée. .
Nous ne croyons donc pas nécessaire de discuter plus longuement
la question de principe mais je tiens cependant à répéterque nous main­
tenof!S intégralement sur cette question de principe la position que nous.
avons marqu~ eans nos écritures.
La ligne côtière de la Norvège passe à l'extérieur du skjŒrgard, et la.
conséquence logique qui découle de ce fait c'est que les eaux qui sont

situées en deçà de cette ligne constituent des eaux intérieures. C'est
bien d'ailleurs ce qui a toujours étéadmis comme un principe essentieL
dans la tradition norvégienne.
Mais JeGouvernement du Royaume-Uni n'accepte pas·ce corollaire ou,.
tout au moins, il ne l'accepte que partiellement.
Qua.nd on jette un coup d'Œil sur les cartes qu'il a jointes à sa Répli­
que, on constate que certaines parties des eaux en question sont colorées.
en vert tandis gue les autres ne le sont point.
Les premières constituent, à ses yeux, des eaux intérieures, mais les.
secondes ne sont, d'après lui, que des eaux territoriales soumises au.
mêmerégimeque la mer ouverte dans le rayon de quatre milles.

Le Gouvernement britannique fait donc une discrimination parmi les.
eaux du skjŒrgard. Il refuse à certaines d'entre elles le statut juridique­
qu'il reconnaît à d'autres.
A première vue, cette discrimination paraît singulièrement étrange..
Et il est évident que pour l'admettre il faudrait une justification.
concordante. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X 51 291

Comment la Partie adverse essaie-t-elle de justifier sa prétention ?
C'est à la théorie juridique des détroits qu'elle fait appel dans ce but.
Elle soutient que certaines eaux du skjŒrgârd devraient êtreprivées
de la qualité d'eaux intérieures, parce qu'elles constitueraient ce que
· le Gouvernement britannique appelle des "détroits légaux n.
Bien que cette thèse nous paraisse tout à fa:it artificielle, il est néces­

saire de nous y arrêter.
Et d'abord, quelle est la portée de cette thèse ?
D'après le Gouvernement du Royaume-Uni il existerait trois espèces
de détroits :les détroits internationaux, les détroits légaux et les détroits
intérieurs.
Les détroitsintérieurs sont ceux qui conduisent à des eaux intérieures
et qui, pour cette raison, leur sont assimilés.
· Les détroits légaux sont ceux qui relient deux mers libres. D'après
la Partie adverse ils ne peuvent jamais êtrecompris dans les eaux inté­

rieures.
Quant aux détroitsinternationaux, c'est une catégorie particulière de
détroits légaux. Ce sont des détroits légaux qui ont une certaine impor­
tance pour le trafic international et qui, pour cette raison, sont soumis
à un ~égim spécialcomportant une restriction plus accentuée des droits
de l'Etat riverain.
On peut se demander si cette distinction tripartite correspond à la
réalitéjuridique.
La notion des détroitst:nternationaux est bien connue. On n'est pas
toujours d'accord sur la définition qu'il faut leur donner ni sur le régime
que cette notion comporte. Mais, enfin, elle est admise.

· Tout le monde reconnaît que certains détroits sont soumis à des règles
spécialesen raison de l'utilitéqu'ils présentent poure trafic international.
La Cour, par exemple, a admis .l'existence d'un régime aux détroits
internationaux dans l'affaire du Détroit de Corfou.
Mais la notion des détroitslégaux, qwi.ne sont pas en mêmetemps des
détroitsinternationaux, me para.ît beaucoup plus discutable. Et je crois
qu'on n'en trouve pas beaucoup de traces dans la doctrine et dans la
jurisprudence.
Je ne voudrais pas m'attarder à l'examen de ce point théorique. Quoi
qu'il en soit, d'après le Gouvernement britannique, cette catégorie des
détroits légaux viendrait en quelque sorte s'insérerentre les deux autres.

Et sa définition se baserait sur un fait purement géographique.
Pour qu'il y ait un détroitlégal,il suffirait que l'on se trouve devant
un bras de mer qui géographiquementmet en communication deux mers
libresli n'y aurait pas à tenir compte de l'importance économiquede ce
bras de mer. Il n'y aurait pas à tenir compte de la fonction qu'il remplit,
si je puis ainsi direattpoint de vue du commerce international.
Le critère fonctionnel et économique,qui est essentiel clans la définition
des détroits internationaux, n'interviendrait pas dans la définition des
détroits légaux.
Cette notion des détroitslégauxest très importante dans le litige actuel,
parce que c'est celle que nos adversaires prétendent appliquer à cer­

taines eaux du skja:rgârd.
Ils ne vont pas jusqu'à dire que ces eaux constitueraient des détroits
internationaux comme le Bosphore, comme les Dardanelles, comme le
détroit de Gibraltar ou comme le détroit de Corfou. Non. Ils reconnais­
~en tue les passages intérieurs du skja:rgârd ne peuvent pas êtreassi-292 · PLAIDOIRIE DE ~!B .OURQUIN (NORVÈGE) - II X 51

milésà des cas de ce genre, mais ils prétendent que certains d'entre eux
constituent des détroits légaux parce que géographiquement ils relient
des parties de mer libre.
Quelles sont les eaux du skjŒrgârd qui auraient ce caractère?
Eh bien l ce sont toutes celles qui se trouvent le long d'une route qu'on
appelle l'Indreleia, c'est-à-dire, littéralementla route ou le chenal

intérieur.
J'aurai cette après-midi l'honneur de montrer à la Cour ce qu'est
l'lndreleia. Pour l'instant, je me borne à constater que la Partie adverse
veut faire application de la théorie des détroits légaux, de sa conception
des détroits légaux aux parties des eaux intérieures du skjxrgard qui
se trouvent le long de cette route de l'Indreleîa.

[Séancepubliqtu d$1:a octobreI95I, après-midi]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, comme j'ai eu l'honneur
de l'exposer ce matin, le Gouvernement britannique prétend qu'une
partie des eaux du skjŒrgard serait soumise au régime des détroits
légaux.
Or, d'après lui, les eaux d'un détroit légalne pourraient pas appartenir
à la catégorie des eaux intérieures. Ce seraient nécessairement des eaux
territoriales.
Voilà, en somme, le point crucial de la thèse britannique.
En principe, les eaux du skjŒrgard sont des eaux intérieures. C'est
la conséquence logique du fait que la ligne côtière de la Norvège se

trouve à la frange du skjŒrgârd. Ce principe a d'ailleurs toujours été
admis, nous l'avons vu, comme un des axiomes de la tradition norvé­
gienne, et le Gl~uvememe b rtannique lui-mêmene le conteste pas,
puisqu'il reconnaît que les eaux situées entre la frange du skjŒrgârd
et la terre ferme sont des " enclosed waters "· Cela est dit au paragra­
phe 334 de sa Réplique.
Or, le régimedes" enclosed waters "est bien celui des eaux intérieures.
Et quand on consulte les cartes qui ont étéproduites par le Gouver­
nement du Royaume-Uni, on constate, en effet, qu'il reconnaît aux
eaux du skjŒrgard le caractère d'eaux intérieures, à l'exception de celles
qui seraient affectées, d'après lui, par le régime des détroits légaux.

Ainsi donc, l'application de ce régime des détroits légaux certaines
eaux du skja~rg furridpour effet de leur enlever le caractère d'eaux
intérieures qu'elles possèdent naturellementen leur qualité d11enclosed
waters ''et de les faire passer dans les eaux territoriales.
Une des conséquences qui résulteraient de ce déclassement, de ce
passage dans la catégorie des eaux territoriales, ce serait évidemment
que les eaux en question seraient soumises au droit ((passageinnocent"·
Une des principales différences entre les eaux intérieures et les eaux
territoriales, c'est que précisément les secondes sont grevées, au profit
de tous les pavillons, d'un droit de passage innocent. Et la Cour me

permettra de souligner cette conséquence des prétentions du Royaume-
Uni. ·
Sî la thèse du Royaume-Uni devait être acceptée, il en résulterait
que, sur certains passages du skjŒrgard, la souveraineté norvégienne
serait limitée par les obligations résultant du droit de passage innocent.
Or, quelles sont ces obligations ? PLAIDOIRIE DE i).BOURQUIN (NORVÈGE) - II X 5I 293

C'est une question qui n'est pas élucidéeet sur laquelle la Cour ne
s'est pas prononcée d;ms son arrêt relatif à l'affaire du Détroit de
Corfou.
Mais cette incertitude elle"mêmwestloin d'êtrerassurante. Et ce qui
est encore moins rassurant, c'est la conception que certains auteurs et
certains gouvernements se font de la portée du droit de passage
innocent.
Nous connaissons; par exemple, les vues du Gouvernement britan­
nique à ce sujet. Il les a exposées précisément, avec toute la clarté
désirable, dans l'aff<liredu Détroit de Corfou.
Or, d'après lui, la règle du passage innocent permettrait aux navires
de guerre étrangers d'emprunter les eaux territoriales sans permission

et mêmesans avertissement.
Tout ce que l'État côtier pourrait faire, en temps de paix, ce serait
de soumettre ces bâtiments de guerre à une réglementation raisonnable,
soit pour des fins d'ordre sanitaire ou douanier, soit pour des raisons
de défense locale.
L'État pourrait peut-être subordonner exceptionnellement leur
passage à une autorisation ou à un avertissement. Mais, d'après le
Gouvernement britannique, une dérogation de ce genre à la règlegénérale
ne ser::tit admissible que pour des raisons spéciales.
Et, en temps de guerre, la situation serait la même,sauf que les obliga­
tions urgentes découlant de la neutralité pourraient justifier plus
aisément des mesures exceptionnelles.

Voilà comment le Gouvernement britannique comprend le droit de
passage innocent dans les eaux territoriales, et,par conséquent, dans
les détroits légaux, puisque, d'après lui, les détroits sont soumis à ce
régime.
Nous avons reproduit, au paragraphe 504 de notre Duplique, la
déclaration qui a étéfaite à cet égard-par M. l'agent du Royaume-Uni
dans l'affaire du Détroit de Corfou, le n novembre 1948.
Elle est d'une parfaite clarté.
Et c'est à ce régime que le Royaume-Uni voudrait soumettre une
partie importante du skjŒrganl. norvégien. Je l'avoue, cette prétention
nous a paru tellement exorbitante que nous avons eu peine à croire
qu'elle répondait aux véritables intentions de la Partie adverse.
Ce qu'on demande à la Cour de proclamer, c'est que les eaux du

""skjŒrgard sont ouvertes aux navires de guerre étrangers - à tous les
navires de guerre étrangers-, et cela, sans que la Norvège ait d'autres
moyens de défense que les quelques mesures exceptionnelles dont
M. l'agent du Gouvemement britannique a parlé dans sa plaidoirie du
ll novembre 1948.
Le trajet de l'Indreleia est représentésur certaines cartes que nous
avons jointes à notre Contre-Mémoire et à notre Duplique.
liiais je crois que, pour apprécier comme il convient la prétention
émise par le Gouvernement du Royaume-Uni, il faut également jeter
un coup d'Œil sur le plan en relief.
La route de l'I ndreleiay est marg uéepar un fil violet, qui malheureuse­
ment n'est pas très visible. Mais leplan en relief a tout de mêmel'avantage

de faire mieux ressortir les passages du skjŒrgârd qui sont situés sur
cette route. Le plan en relief donne une idéeplus concrète et plus vivante
de la réalité, et, avec votre permission, Monsieur le Président, je
demanderai au capitaine Coucheron-Aamot d'indiquer sur le plan en294 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X 5I
relief le trajet de l'Indreleia, plus exactement la partie du trajet de
l'Indreleia qui concerne la région litigieuse, parce que, comme j'aurai
l'occasion de l'indiquer tout à l'heure, l'Indreleia dépasse de beaucoup
la région litigieuse: ce n'est qu'une partie de l'Indreleia qui se trouve

dans cette région.
Il est évident que cette route fait corps avec l'ensemble, qu'elle est
inséparable du territoire lui-même. C'est donc à tr'avers le pays que
l'on voudrait établîr une sorte de coupure permettant le passage des
navires de guerre étrangers.
A cet égard, je crois bon d'ajouter une précision. C'est que
l'Indreleia, la route que le capitaine Coucheron-Aamot vient de montrer,
passe par le domaine du port de Tromso. La route de l'Indreleia traverse
le domaine du port de Tromso et, à cet endroit, le chenal navigable est
particulièrement étroit. Il n'a que rjw de mille de largeur, par consé­
quent environ 185 mètres.
· Or, le port de Tromso est un port de guerre norvégien. Par conséquent,
la thèse du Gouvernement britannique aboutirait à ceci, que les eaux

du port de guerre de Tromso seraient des eaux territoriales à travers
lesquelles pourraient passer les navires de guerre étrangers.
Je viens de montrer quelles conséquences entraînerait l'application de
la théorie qui est défendue par nos adversaires.
Mais, ici,une remarque s'impose.
On nous dit que les eaux du skj<ergârd qui se trouvent sur la route
de l'Inclreleia ne sont pas des eaux intérieures, qu'elles sont des eaux
territorialesparce qu'elles sont soumises au régime des détroits légaux.
Mais en quoi cela intéresse-t-il le différend qui est soumis à la Cour ?
Le différend qui est soumis à la Cour concerne la zone de pêche, la
zone dans laquelle la pêcheest réservéepar la Norvège àses ressortissants.
Or, du point de vue de l'exclusivité de la pêche,il n'y a absolument
aucune différenc_eentre le régime des eaux intérieures et celui des eaux.
territoriales.L'Etat riverain a le droit de réserver la pêche à ses natio­
naux, dans ses eaux territoriales aussi bien que dans ses eaux intérieures.

Par conséquent, supposant que les eaux auxquelles s'applique soi­
disant le régime des détroits légaux soient des eaux territoriales, la
Norvège aurait parfaitement le droit d'y interdire la pêcheaux étrangers,
comme s'il s'agissait d'eaux intérieures.
Le Gouvernement britannique reconnaît qu'il en est ainsi. Mais, dit-il,
la question de savoir si ces eaux sont territoriales ou intérieures est
importante d'un autre point de vue. Suivant la réponse que l'on donnera
à cette question, la limite de la zone de pêchesera différente. Si les eaux
sont intérieures, les quatre milles de la mer territoriale se comptent à
partir de l'endroit où elles prennent fin. Si, au contraire, ce sont des
eaux territoriales, alors le domaine maritime de la Norvège prend fin
à cet endroit. Il n'y a plus à y ajouter les quatre milles de la mer terri­
toriale. On passe immédiatement à la haute mer.
Voilà toute l'explication de cette fameuse théorie des détroits légaux.

Le Gouvernement du Royaume-Uni ne fait appel à cette théorie que
pour arriver à la conclusion que la limite de la zone de pêchedoit être
différente. Ce qui le préoccupe, ce n'est pas de savoir si les eaux sont
territoriales ou si elles sont intérieures. Ce qui le préoccupe, c'est de
savoir quelle est l'étendue de la zone de pêche. En faisant passer les
eaux dont il s'agit dans la catégorie des eaux territoriales, il veut, en
réalité, aboutir à ce résultat de réduire l'étendue géographique de la
zone de pêche. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X SI 295

On comprend très bien alors, si l'on examine sa théoriesous cet angle,
les raisons qui l'ont poussé à en faire usage. Il suffit de jeter un coup
-d'Œil sur les cartes où il a tracé la pec!wd green tine. Cette pecked
green /;i-neindique comment la zone de pêchenorvégienne devrait être
-délimitée,d'après la Partie adverse, à la sortie des eaux de l'Indreleia.
Il ne faut pas êtretrès observateur pour constater les avantages qui
résulteraient de cette délimitation pour les chalutiers britanniques. Elle
leur assurerait un certain nombre de bancs de pêchequi feraient partie,
sans cela, de la réservenorvégienne.
On comprend très bien que les compagnies de chalutiers désirent

-obtenir ce résultat, mais on peut se demander s'il est légitime, pour
arriver à cette fin, de faire intervenir la théorie des détroits.
Car, enfin, quelle est la raison d'êtrede cette théorie des détroits ?
Quelle est la raison d'êtrequi explique le régime spécial des "détroits?
Considéréen lui-même, un détroit peut être tout aussi important
qu'une baie pour la sauvegarde des intérêtsde l'État riverain. Grotius
en faisait déjà la remarque et il n'hésitait pas à mettre les baies et les
détroits sur le mêmeplan à ce point de vue. Vattel faisait de même.
JI englobait dans la mêmeformule les rades, les baies et les détroits, qui
sont, disait-il, plus capables encore (q4e la mer territoriale) d'êtreoccupés
et plus importants pour la sûretéde l'Elat. ,

· Si l'on se place au point de vue des intérêtsde l'Etat côtier, il n'y
a absolument aucune' raison de principe pour refuser aux détroits le
régime des baies. Si l'on se place à ce point de vue, il n'y a aucune
rai,son pour restreindre, en ce qui concerne les détroits, les pouvoirs de
l'Etat riverain. ·
Seulement, d'autres intérêtspeuvent entrer en j_eu,qui peuvent entrer
en concurrence avec les intérêtsparticuliers de l'Etat riverain. D'autres
considérations_ peuvent intervenir pour justifier une restriction des
pouvoirs de l'Etat riverain.
Mais quels intérêts? Ce sont les intérêtsde hl nayigation internatio­
na.le. Si un détroit est un élémentdu territoire de l'Etat, il peut se faire
qu'il soit en mêmetemps une voie de communication internationale.
Et alors, le droit des gens, tenant compte des intérêtsen présence,

cherche à les équilibrer dans une solution de compromis. Mais ce sont
uniquement les intérêtsdu trafic international qui expliquent ce com­
promis. Ce sont uniquem.:;nt ces intérêts-làqui justifient les restrictions
apportées aux droits de l'Etat riverain.
Or, dans le cas qui nous occupe, la navigation internationale n'est
pas en cause. Ce que la Partie adverse voudrait obtenir, ce n'est pas une
restriction des droits de l'Etat côtier en vue d'assurer le libre passage
des navires étrangers. Ce qu'elle veut obtenir, comme je le disais to11tà
l'heure, c'est une réduction géographique du domaine maritime de l'Etat
riverain en vue de lui retirer certains bancs de pêche.
Le but que l'on poursuit en utilisant la notion du détroit légal est
complètement étranger à celui qui explique et qui justifie I.erégimedes

détroits.
On connaît, en droit administratif, ce que le Conseil d'État de France
appelle le "détournement de pouvoir 11Je me permets de croire que
nous sommes ici devant ce que j'appellerai un " détournement de théorie 11,
la théorie des détroits étant utilisée dans ur1dessein qui n'a rien de
commun avec ses fms l.égitimes.zg6 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- II X SI

La tht•orie des détroits légaux sur laquelle s'appuie l'argumentation
du Gouvernement britannique serait donc en tout cas détournéede son
but. Mais il ne fJuffit pas de faire cette constatation, il faut encore se
poser deux questions.
La première est de savoir si cette théorie prise en elle-mêmeest exacte~
si elle correspond aux règles du droit coutumier. La deuxième question
est de savoir si elle est applicable à I'Indreleia, si les bras de mer du
skj<ergftrd, qui se trouvent sur. la route de l'lndreleia, constituent des

détroits légaux au sens que nos adversaires donnent à ce mot.
En ce qui concerne J'examen de la théorie elle·même, il me paraît
inutile de la reprPnclre complètement en plaidoirie. Nous avons exposé
nos arguments à ce sujet aux paragraphes SIS à 535 de notre Duplique.
Je me permets d'y renvoyer la Cour.
Il y a deux points sur lesquels je voudrais cependant insister dans
cet ordre d'idées.
Le premier point est celui-ci :
Dans le cas qui nous occupe, les bras de mer que le Gouvernement du_
Royaume-Uni prétend êtredes détroits légaux font partie d'un archipel

côtier. Ce sont tout simplement des chenaux situés à l'intérieur du_
skj::ergârd, soit entre les îles, soit entre les îles et la terre ferme.
Or, quand .les auteurs et les sociétéssavantes parlent des détroits et
quand ils conçoivent pour ces détroits un régimepropre, un régimespé­
cial, l'hypothèse qu'ils ont en vue est généralement très différente.
Ilsont en vue des détroits comme le détroit de Gibraltar, par exemple,
comme le détroit du Bosphore ou comme le détroit de Corfou, c'est­
à-dire des passages maritimes qui ne sont pas englobés dans un archipel
côtier analogue au skja:rgârd norvégien.
Je crois que pouF saisir la penséeréelledes auteurs, pour la saisir com­

plètement, il ne suffit donc pas de considérer ce qu'ils disent des détroits,
il faut aussi sedemander quelle est l'opinion qu'ils expriment en ce qui
concerne le régimedes archipels et de leurs eaux intermédiaires.
En somme, la question devant laquelle nous noüs trouvons a un double
aspect et il faut, par conséquent, l'envisager sous ses deux faces.
Il est possiblequ'il y ait des détroits, mais ces détroits sont des eaux.
intermédiaires d'un archipel côtier.
Je prends un exemple.
La DeuxièmeSous-Commission de la Conférencede codification de 1930,
-toujours elle! - a proposé que les eaux d'un détroit servant de pas­
sage entre deux mers libres soient· considéréescomme des eaux terri to­

riales et non comme des eaux intérieures.
C'est un des documents sur lesquels le Gouvernement britannique
s'appuie principalement pour soutenir sa thèse.
'Fort bien.!l'laisla même sous-commissions'est occupéeaussi du régime
des archipels et voici ce que nous lisons à ce sujet clans son rapport:
<(Qu::tnt au caractère des eaux comprises dans le [groupe d'îles].

la sous-commission ne s'est pas prononcée. n
Je prends un autre exemple :
La question des détroits a étéabordée dans les discussions de l'Institut
de droit international en 1928, session de Stockholm. L'Institut a finale­
ment décidéde ne pas traiter dans ses résolutions le problème des détroits.
L'article 14 des résolutions de Stockholm dit expressément:

" Le régime des détroits demeure réservé. JJ PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - II X 51 297

Seulement l'Institut s'est prononcésur le régimedes archipels. Comme
je l'ai rappelé ce matin il a admis que, moyennant certaines conditions
de distance, un archipel côtier serait considérécomme formant une unité
et que les lignes de base de la mer territoriale seraient tracées à la péri­
phérie en joignant par des lignes droites les extrémités extérieures des
îles.
Or, le rapport de la CinquièmeCommission de l'Institut, qui préconisait
cette solution, en contient le commentaire suivant :

11La mer territoriale se comptera à partir de la ligne qui joint les
extrémités extérieures des iles et la mer qui se trouve entre elles

est mer intérieure et fermée."

Ce commentaire du rapport n'a soulevé.aucune objection au cours des
débats de Stockholm. Il parait donc certain qu'il exprime les vues de
1'Institut de droit international.
Or, il est incontestable que, parmi les eaux d'un archipel côtier, il y
en a qui répondent à la définition des détroits légaux donnée par la
Partie adverse. On ne peut pas imaginer que tous les passages maritimes
d'un archipel ne conduiraient qu'à des eaux intérieures. Il est inévitable
que, parmi eux, il en est qui relient géographiquement deux parties de
mer libre et qui, par conséquent, correspondent à la définition du détroit

légal donnée par le Gouvernement brit<mnique.
La Cinquième Commission de l'Institut, dans son rapport, dit que les
eaux qui se trouvent entre les îles et la terre ferme ou entre les îles elles­
mêmessont considéréescomme des eaux intérieures.
Voilà la première remarque que je voulais faire.
Il y a un second point sur lequel je demande la permission de revenir

brièvement. C'est un point particulier.
Nous avons relevé dans notre Contre-11'lémoirea ,u paragraphe 502,
que le détroit de Kalmar faisait partie des eaux intérieures suédoises.
Dans sa Réplique,au paragraphe385 A, leGouvernement du Royaume­
Uni a mis en doute cette affirmation.
Or, elle est parfaitement exacte. Non seulement le détroit de Kalmar
fait partie des eaux intérieures suédoises, mais il en est ainsi en principe

de toutes les eaux situées entre les îles et la côte de la Suède.
La réponse que le Gouvernement suédois a faite au questionnaire du
Comitépréparatoire de Ia Conférencede codification est tout à fait expli­
cite sur ce point. Elle dit notamment :

"que les détroits s'étendant entre les îles suédoises situées le long
de la côte et la rive, ou entre les îles d'un archipel, sont à considérer
comme eaux intérieures n.

Je rappelle également les décrets suédois que j'ai lus ce matin, c'est­
à-dire les décrets de I9I2 et de 1938 sur les règles de la neutralité ; le
décret de 1925 sur l'admission des navires de guerre et des aéronefs
étrangers en temps de paix.
Ces textes sont également formels. Et je signale que celui qui concerne
l'admission des navires et des aéronefs cieguerre en temps de paix range

expressément le détroit de Kalmar parmi les "eaux fermées"• c'est-à­
dire celles dont l'accèsest complètement interdit aux navires de guerre et
aux aéronefs militaires.298 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X 5I

Voici d'ailleurs ce que dit à ce sujet le professeur Torsten Gihl,-dans
l'étude" La limite des eaux territoriales suédoises"dont j'ai lu ce matin
un extrait. Il dit ceci :
((Les eaux du skj<ergârd suédois font partie des eaux intérieures
suédoises; les eaux situées en deçà des îl.esde la côte, par exemple
le Kalmarsund ou l'anse du Sund, font dans leur totalité partie

des eaux intérieures. n
Si la thèse dn Royaume-Uni ~tai fondée,le droit international coutu­
mier ne permettrait pas aux Etats qui possèdent des archipels côtiers
de comprendre dans leurs eaux intérieures n'importe quel bras de mer,
situé à l'intérieur de ces archipels, dès l'instant où ce bras de mer relie

géographiquement deux parties de la hapte mer.
Ni la doctrine, ni la pratique des Etats ne révèlent, pensons-nous,
une règle de ce genre.
Mais je ne voudrais pas m'a,ttarder davantage à l'examen dela théo_rie
des détroits légaux. Il me semble que ce qui importe avant tout, c'est
l'application de cette théorie que Ia Partie adverse voudrait faire à
certaines eaux elu skjŒrgârc\ norvégien. Nous ne devons jamais perdre
de vue les réalitésconcrètes, sUrtout dans un cas aussi particulier, aussi
exceptionnel que celui de la côte norvégienne, et il me semble qu'une
des faiblesses principales de la thèse britannique, c'est précisément de
vouloir résoudre des cas de ce genre au moyen de formules abstraites.
Le Gouvernement britannique nous oppose des théories, et ses préoc­
cupations de théoricien lui font perdre contact bien souvent, me semble­

t-il, avec les faits de cause, avec le cas d'espècequ'il s'agit de trancher.
Je croîs que, dans nos écritures, nous avons démontréla fragilité de
sa théorie. Mais, pour les besoins du raisonnement, supposons qu'elle
soit exacte. Supposons qu'il.existe une règledu droit coutumier imposant
aux "détroits légaux n, c'est-à-dire aux détroits reliant deux parties de
mer libre, le régimedes eaux territoriales. Cette règleserait-elle applicable
à certaines parties elu skjŒrgârd, comme nos adversaires le prétendent ?
Nous avons rappel{)dans notre Duplique, au paragraphe 536, la décla­
ration qui a étéfaite jadis par le Gouvernement norvégien dans sa
réponse au questionnaire du Comité préparatoire de la Conférence de
codification.
Cette déclaration est toutà fait nette ; la voici :

rrIl n'existe pas, sur la côte norvégienne, de détroits unissant
deux mers libres. n

Le Gouvernement norvégien n'a pas songé un instant que les eaux
intérieures du skjŒrgârd pourraient être considéréescomme des ((dé­
troits unissant deux mers libres n.Cette idéen'a mêmepas effleuré son
esprit et c'est pourquoiil a fait, sans la moindre hésitation, la réponseque
je viens de lire.
Nous avons également relevé, dans le mêmeparagraphe 536 de notre
Duplique, que cette réponsecatégorique de ta-Norvège n'avélitprovoqué,
de la part du Gouvernement britannique, aucune réaction.
On nous a dit qu'il n'est pas dans les usages diplomatiques de faire
des observations au sujet des réponses fournies par les gouvernements
à des enquêtescomme celle-là. j'en tombe d'accord. Mais il ne faut pas
oublier les circonstances toutes,spéciales qui caractérisaiena ce moment

les rapports de t'Angleterre etde la Norvège. PLAIDOIRlE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X SI 299
Le débat auquel se rattache le procès actuel était déjà ouvert. La

question de la délimitation de la zone de pêchele long des côtes septen­
trionales de la Norvège préoccupait vivement le Gouvernement britan­
nique. Cette question avait fait l'objet de conversations en 1924 et 1925,
à Oslo, puis à Londres. ·
D'autre part, le Gouvernement britannique, tout le monde le sait,
avait mis de grands espoirs dans la prochaine Conférence de codification;
et tout permet d'affirmer qu'il attachait une réelleimportance à l'attitude
que la Norvège prendrait à cette conférence.
Il est donc certain que la réponse du Gouvernement norvégien au
questi.onnaire du Comité préparatoire n'a pu lui échapper. Ill' a certaine-
ment examinée avec soin. ·
Or, si cette réponse lui avait paru contraire à la réalitésur un point
aussi important que cela, il lui aurait étéfacile de réagir, sans contrevenir

le moins du monde aux usages diplomatiques.
Il n'était pas nécessaire, pour cela, de protester coram populo. Il
suffisait, par exemple, de demander à Oslo certains éclaircissements,
par voie diplomatique.
Le Gouvernement britannique n'a pas hésité il user de toute son
influence pour amener la Norvège à modifier sa politique età se ranger
parmi les partisans de la règle des trois milles. Il aurait pu, tout aussi
facilement, faire savoir à son interlocuteur qu'il ne comprenait pas très
bien la réponse faite au Comité préparatoire et, qu'à son avis, les
passages de l'Indreleia constituaient bel et bien des détroits reliant
deux mers libres.
Or, il n'en a rien fait. Ni par écrit, ni verbalement, aucune réserve n'a
été formulée, aucune question n'a été posée. Dans ces conditions, il

paraît assez légitime de penser que la réponse norvégienne n'a pas été
considéréeà Londres, à ce moment-là, comme inexacte.
Dans le même ordre d'idées, il y a un autre fait que je voudrais
également signaler à l'attention de la Cour.
L'ordonnance norvégienne de rgrz sur les règles de la neutralité
contient une définition des eaux intérieures que j'ai lue ce matin. Je l'ai
lue dans l'ordonnance suédoise, et l'ordonnance norvégienne était
conçue de la mêmefaçon. D'après cette formule, les eaux intérieures
comprennent toutes les eaux du skjŒrgârd; toutes les eaux, dit le texte,
" situées entre et en deçà des îles, îlots et récifsqui ne sont pas continuelle­
ment submergés''·
La formule est donc absolue. Elle vise toutes les eaux du skjŒrgard­
y compris celles que le Gouvernement britannique considère aujourd'hui
comme des détroits légaux et auxquelles il refuse, pour cette· raison, le ·
caractère d'eaux intérieures.
Or, elle n'a soulevé aucune protestation de la part d'aucun gouverne-·

ment étranger, pas plus de la part elu Gouvernement britannique que
des autres.
Cette formule a d'ailleurs étéreprise dans l'ordonnance de rg38.
Et le fait est d'autant plus remarquable que dans les ordonnances
similaires eluDanemark et de la Suède, qui ont étéprises en mêmetemps,
la même définition des eaux intérieures t1gure également, mais avec
certaines réserves, qui concernent précisément le régime des détroits.
Les ordonnances danoises prévoient, je cite, que:

" dans la partie des eaux .... du Kattegat, du Grand et du Petit
Belt et du Sund qui forment les voies de trafic naturelles entre la300 PLAIDOIRIE DE ].L BOURQUIN (NORVÈGE) - II X 5I

mer du Nord et la mer Baltique, «ne sont à considérer comme
((eaux intérieures .... que les ports, les entrées deports et la rade de
((Copenha.gue " ».

Les ordonnances suédoises contiennent une disposition analogue.

"Il est entendu- disent-elles- que dans le Sund, ce ne sont que
les ports et les entrées de ports qui peuvent être compris dans les
eaux intérieures. »

Le Danemark et la Suède ont donc pris soin de préciserque les détroits
en question ne sont pas compris dans leurs eaux intérieures- par déro­
gation au principe posédans l'ordonnance.
Ilsont ainsi mis en relief la portée des dispositions norvégiennes qui,
elles, ne contiennent aucune restriction de ce genre.
Si le Gouvernement britannique avait estimé,à l'époque,que certaines
eaux du skjrergard constituent des détroits légaux et ne peuvent pas
êtrecomprises pour cette raison dans les eaux intérieures norvégiennes,
il est à présumer qn'il n'aurait pas manqué de le signaler. Or, il n'en

a rien fait.
Tout porte donc à croire qu'il ne songeait pas alors à se prévaloir de
la théorie des détroits légaux qu'il invoque aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, le Gouvernement norvégien maintient la réponse
qu'il a faite au Comité préparatoire de la Conférence de codification,
et, malgré tout ce qui a pu êtreexposé au cours du procès actuel par la
Partie adverse, il répète aujourd'hui ce qu'il a dit en rgzg, à savoir
qu'il n'y a pas. sur la côte norvégienne, de détroits unissant deux mers
libres.
Où le Gouvernement britannique prétend-il trouver ces détroits?
Il prétend les trouver le long de l'Indreleia.
Mais qu'est-ce que l'Indreleia?

L'Indreleia, ce n'est pas un détroit; c'est une route, une ronte très
longue, une route qui s'étend depuis Lindesnes, au sud de la Norvège,
jusqu'au delà du cap Nord, jusqu'à la sortie d'un détroit qui s'appelle
le Mageroysund. Voici comment s'exprime à ce sujet la publication
britaon ique officielle Admiralty Norway Pilot :

"Indreleia. La côte de la Norvège est couverte par un skjaorgàrd
ou série d'îles entre lesquelles s'étalent les groupes d'îlots et de
rochers, qui, brisant la force des vagues de l'Atlantique Nord et de
.l'océanArctique, procurent ce qu'on peut appeler·une navigation
intérieure qui s'étend, avec de légèresinterruptions, de Lindesnes
au cap Nord. Cette route côtière est connue sous le nom d'I11dreleia,
et, en beaucoup d'endroits, elle est si complètement fermée par
les terres qu'on a pu·la comparer à une chaîne de lacs.... JJ

Nous avons reproduit ce texte à. l'annexe 85 de notre Duplique.

L'Indreleia s'étend donc depuis Lindesnes, an sud de la Norvège,
jusqu'au cap Nord. Sa longueur totale est de 1.976 kilomètres.
Quand on m'a donné ce chiffre, j'avoue qu'il n'a aucunement parlé
à mon esprit. Mais je me suis dit : qu'est-ce que cela représente, 1.976
kilomètres ? ·
Eh bien !1.976 kilomètres, c'est la distance à vol d'oiseau de La Haye
à Sébastopol, en Crimée. Et le seul parcours de l'Indreleia dans la zone PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - II X SI JOI
litigieuse, c'est-à-dire depuis TrŒna jusqu'au cap Nord, mesure
524 kilomètres, ce qui représente la distance à vol d'oiseau de La Haye
à Berlin.
Il est évident qu'il ne s'agit pas là d'un détroit. Il s'agit d'une route,

et même d'une route extrêmement longue, qui emprunte une série
de passages de caractères différents.
Cette route est avant tout une route intérieure qui conduit aux ports
norvégiens. Mais elle est également utilisée dans une certaine mesure
par la navigation internationale.
Seulement, si on la considère de ce point de vue, elle n'offre qu'un
caractère tout à fait secondaire et qu'il est nécessaire de bien préciser.
La publication Admiralty Norway Pilot signale très justement que
la navigation internationale se fai.t normalement à l'extérieur du
skjŒrgard. .
La route de \'lndreleia ne fait que dédoubler la voie principale, c'est­
à-dire la voie du large.
La route de l'lndreleia présente un avantage. C'est celui qui résulte

de la protection du skja:rgard. Les bateaux qui empruntent cette voie
sont mieux abrités contre la tempête.
r-.Iais,à côté de cet avantage, la route de l'Indreleia présente aussi des
inconvénients; non seulement parce que les navires d'un certain tirant
d'eau ne peuvent pas l'utiliser, mais aussi parce qu'elle est compliquée
et délicate, mêmepour les autres bateaux. Certain es passes sont très
exiguës. En beaucoup d'endroits, les écueilsabondent, et ils sont parfois
si difficilesà repérer que, pour s'y aventurer, il faut avoir un pilote averti.
Depuis quand les navires étrangers se servent-ils de la route de
l'lndreleia ?
Il y a, à cet égard, un fait important, je crois, à relever. C'est que, sur
les anciennes cartes et dans les anciennes descriptions des routes à suivre
.par les marins, personne ne parle d'elle. La route intérieure, la route à
l'abri du skjŒrgàrd, est complètement inconnue. On ne signale qu'une

seule route, la route du large.
La route de l'Indreleia, en effet, n'est apparue comme route utilisée
par les étrangers qu'à une époque récente. Les étrangers ne s'en sont
servis, en fait, que depùis la fin du XJxmcsiècle.
Pourquoi les navires étrangers ont-ils attendu la fin du XJxmcsiècle
pour y passer? C'est tout simplement qu'avant cela la route n'était pas
accessible pour eux.
Pour la rendre accessible, il a fallu d'abord l'établissement de cartes
marines perfectionnées. li a fallu aussi que le Gouvernement norvégien
exécutedes travaqx d'art, sans lesquels, aujourd'hui encore, les étrangers
devraient se passer de la route de l'Indreleia.
La Norvège met à la disposition des marins étrangers un service de
pilotage qui est particulièrement nécessaire dans cette région. Elle
assure l'éclairagede la route et le balisage des passes.
Nous avons publié à cet égard, à l'annexe 86 de notre Duplique, un
bref rapport du directeur du service des Phares, auquel je prie respec­

tueusement la Cour de se référer.
((La n<wigation, dit ce rapport, est assurée par une sériede feux
permanents, de bouéeslumineuses et de balises fixes ou flottantes. ))

Et le rapport ajoute ;
((Sans travattx d'art, le chenal serait ù1uhlisable pour la nat'igation
continue de four et de nuit. »302 PLAIDOIRIE DE M.. BOURQUIN (NORVÈGE) - II-x 5I

Par conséquent, si le Gouvernement norvégien, qui a pris l'initiative
de ces travaux et qui en assure l'entreti.en, décidait de les abandonner,
l'Indreleia cesserait d'offrir à la navigation. étrangère les possibilités
qu'elle met aujourd'hui à sa disposition.

JI me semble qu'il suffirait de cette constatation pour réfuter les pré­
tentions du Ro:yaume-Uni. Car le régime des détroits ne s'applique
qu'aux voies de communication naturelles en principe, et on ne peut
pas dire que J'lndreleia soit une voie de communication naturelle pour
les étrangers. L' lnclreleia a toujours étéune voie importante, et très
importante, pour la vie intérieure du pays. Les bras de mer qui compo­
sent l'lndreleia ont étéde tout temps des artères de la vie sociale, poli­
tique, économique ct religieuse de la population. Les petites embarca­
tions, maniées par les pêcheurslocaux pour se rendre d'un endroit à un
autre, ont toujours pu y circuler, soit en les longeant, soit en les traver­
sant.
Mais la fonction naturelle de ces bras de mer ne va plus loin. Elle a un
caractère purement national, et mêmeessentiellement local. Et, pour
élargir cette fonction, pour lui donner un caractère international, eh

bien 1 il a fallu recourir à des moyens artificiels, ceux dont je parlais tout
à l'heure.
Il y a encore d'autres raisons qui justifient la réponse qui a étéfaite
en Igzg par le Gouvernement norvégien au comité prépa.ratoire de la
Conférence de codification.
Je disais tout à l'heure gue l'Indreleia n'est pas un détroit, qu'elle
est une route ; et cela paraît évident.
Cette route emprunte une sériede passages qui sont très différents les
uns des autres. A certains endroits, la route passe par de véritables
détroits plus ou moins resserrés; en d'autres endroits, les espaces mari­
times qu'elle traverse ne sont pas des détroits. Ce sont, par exemple, de
véritables baies, comme le Vestfjord, dont je parlerai dans un instant,
et, en d'autres endroits, la route de l'lndreleia n'est.mêmepas couverte·
du tout.
La thèse du Gouvernement britannique, c'est que ces différents tron­
çons devraient êtreconsidéréscomme formant une unité.

Il faudrait prendre la route de 1'1ndreleia dans son ensemble ou, tout
au moins, depuis le moment où elle emprunte la régionlitigieuse, c'est-à­
dire depuis le Vestfjord jusqu'à son extrémité.
Eh bien, nous trouvons que cette thèse est inadmissible.
Si le droit international prescrit un régime spécial pour les détroits,
ce régime ne peut s'appliquer qu'à des bras de mer qui constituent
réellement des détroits, et pour savoir si on est réellement en présence
d'un détroit il ne suffit pas de constater que la route de l'lndreleîa passe
par là, il faut examiner chaque tronçon séparémentet se demander, pour
chacun d'eux, si sa structure géographique fait vraiment de lui un détroit.
Seulement alors, quand on procède ainsi, quand on ne considère plus
la route de l'Indreleia dans son ensemble mais dans ses différentes frac­
tions, on s'aperçoit que la thèse britannique est extrêmement fragile.

Je prends un exemple, celui du Vestjjord. C'est donc la grande baie
qui se trouve à l'extrémitéoccidentale [JI.'Bourquin l'indique sur le plan
en relief qui se trouve devant la Cour]. Cette baie fait pendant au Varan­
ge"fiord qui se trouve à l'extrémitéorientale.
Je crois qu'il est difficile de contester que le Vestfjord constitue une
baie. Dira-t-on que le Vestfjord cesse d'êtreune baie et qu'il se trans- PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- II X 5I 303

forme en détroit parce que la route de l'lndreleia emprunte une certaines
partie de ses eaux et que cette route contin !le au delà du fjord ?
Mais à ce compte-là la baie de Disko, clans le Groënland, ne serait pas
non plus une baie. Elle serait un détroit parce que la baie de Disko se
prolonge par un bras de mer qui la relie à 1'océan.

Nous avons produit une carte de la baie de Disko à l'annexe II2,
n° IIh, de notre Dnplique. C'est pourquoi je me réfèrespécialement à
cette baie. On pourrait prendre d'autres exemples, mais cette baie
figure dans la documentation graphique que nous avons produite.
Si la Cour veut bien se reporter à cette carte de la baie de Disko, elle
constatera que les navires qui pénètrent dans cette baie peuvent en
sortir et rejoindre la haute mer en empruntant le passage du Vaigat qui
s'ouvre au fond de la baie.
La baie de Disko est clone située elle aussi sur une route allant d'un
point à un autre de la haute mer. Cela n'empêchepas qu'elle a toujours
étéconsidéréecomme une baie et qu'on n'a jamais songéà lui appliquer

le régimedes détroits légaux, · ··
La baie de Disko fait partie des eaux intérieures du Groënland.
Je ne vois pas pour quelle raison il faudrait appliquer un régimediffé­
rent au Vestfjord et le faire passer de la catégor.iedes baies à celle des
détroits.
Je me permets de rappeler à la Cour que le Vestfjord a toujours fait
partie des eaux intérieures de la Norvège; que la Norvège a toujours été
extrêmement catégorique snr ce point. Elle l'a exprimé, par exemple,
dans la correspondance échangéeen r868 avec la France, au sujet de
l'incident des Quatre-Frères. Le Gouvernement norvégien a déclarétrès

nettement que cette baie était une mer intérieure.
La Cour se souviendra que le Gouvernement français n'a pas insisté
et que l'affaire s'est liquidéeà l'entière satisfaction de la Norvège.
Je rappelle également la déclaration qui a étéfaite en 1893 au cours
de l'arbitrage de la me~ de Behring, par l'un des membres elutribunal
arbitral, le ministre d'Etat Gram, sur le régime des fjords norvégiens.
Il a constaté que tous les fjords norvégiens, quelle que fût leur largeur,
avaient toujours étécompris dans les eaux intérieures du pays. La
Grande-J3retagne était partie au différend de la mer de Behring. Et en
rgro, dans l'arbitrage des pêcheriesde l'Atlantique Nord, le Gouverne­
ment britannique a fait usage de la déclaration de Gram.
Aujourd'hui, on voudrait modifier le régimedu Vestfjord. On voudrait

le soustraire à la catégorie des eaux intérieures pour le faire passer dans
celle des eaux territoriales. On voudrait dire que ce n'est plus une baie,
gue c'est un détroit légaL
C'est manifestement un artifice. Et cet artifice ne peut changer ni
la nature des choses ni la tradition.
Le Vestfjorcl est bien une baie et le Vestfjord fait partie' des eaux
intérieures de la Norvège.
Mais alors, tout l'échafaudage s'écroule.
Dans la région litigieuse, le point de départ de l'Indreleia c'est le
VestfjorcL Ce n'est donc plus une mer libre, c'est une baie intérieure.
Et il devient impossible de prétendre que l'Indreleia devra êtresoumise
au régime des ((détroits légaux 11puisque, d'après la définition rnên~e

donnée par .la Partie adverse, il n'y a détroit légalque quand le détrOit
relie géographiquement deux parties de mer libre, 304 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) -II X SI

Donc, dans la régionlitigieuse, le point de départ de l'lndreleia, c'est
le Vesl/jord, et je crois que le Vestfjord, pour les raisons qui ont été
indiquées, doit être considéré,sans l'ombre d'un doute, comme eaux.
intérieures.
Mai.; voyons maintenant quelle est l'autre extrémité de l'Indreleia.
Le capitaine Coucheron-Aamot indiquera sur la carte ce que je vais
·exposer. .

. L'autre extrémité de l'Indreleia se trouve au delà du cap Nord, à la
sortie du Mageri:Jysund.
Le Gouvernement britannique prétend que l'Inclreleia prend fin avant
cela, qu'elle ne va pas aussi loin. D'après le Gouvernement britannique,
la fin de l'Inrlreleia se trouverait dans les eaux qui séparent les îles de
Ingi::\yet de Hjelmsèiy. Il y a donc un désaccord de fait entre les Parties
sur l'endroit ou l'Indreleia prend fin.
Nous sous sommes demandé- mais la réponse nous est vite venue
à l'esprit - pourquoi le Gouvernement britannique voulait arrêter
·l'fnclreleia à cette espèce de baie qui est marquée par les îles de Ingi::\y
et de Hjelmsoy.
La raison est facile à comprendre. C'est que le Gouvernement britanni­
que lui-mêmeadmet qu'à partir de rîl.e de Hjelms6y les eaux du skjŒr­
gârd sont des eaux intérieures. Il le dit très nettement. Il dit que tous
les chenaux qui sont situésà 1'est d'une ligne tiréede Geitingen à Gavlod­
den sont des eaux intérieures.
Et quand on regarde la carte produite par le Gouvernement britannique
en annexe à sa Réplique, on constate, en effet, qu'à partir de cette ligne,

dans la direction de l'Est, les eaux sont teintées en vert, ce qui est le
signe des eaux intérieures dans 1'expression graphique clu Gouvernement
britannique.
Donc, le Gouvernement britannique reconnaît qu'à partir de la ligne
Geitingen-Gavlodden les eaux du skjrergârd sont des eaux intérieures.
Alors, évidemment, il fallait arrêterl'Indreleia avant cela. Pour rester
clans la théorie des détroits légaux, c'est-à-dire des détroits qui relient
géographiquement deux parties de mer libre, il fallait faire finir l'Indre­
leîa avant la ligne Geitingen-Gavlodden.
Sur la carte britannique, les détroits qui se trouvent à l'est de la ligne
en question, c'est-à-dire le Breisund, le Mâstiysund et- le Magerôysund,
sont des eaux intérieures. Donc, l'Indreleia ne peut pas aller jusque-là,
parce que, si elle va jusque-là, si elle ne se termineu'à l'extrémitéorien­
tale du Magerüysuncl, elle prend fin alors sur des eaux intérieures, elle
aboutit à des eaux intérieures et toute la théorie des détroits légaux,
telle qu'elle est exposée par nos adversaires, s'écroule.

*
Il s'agit donc de savoir d'abord si l'Indreleia s'arrête bien là où le
Gouvernement britannique veut aujourd'hui l'arrêter, entre les lies de

Ingèiy et de Hjelmsèiy, ou si l'Indreleia va plus loin et si, comme nous
l'afflrmons, elle prend fin à l'extrémitéorientale du )I'Iager6ysund.
Nous avons bermcoup de documents sur lesquels nous pourrions nous
appuyer. Mais il y en a un qui suffira, je pense. C'est le document dont
nous nous sommes déjà servi souvent: c'est Aàmiralty Norway Pilot,
la publication officielle britannique, qui, dans un passage que nous avons
reproduit à l'annexe 85 de notre Duplique, page 543 (vol. III),dit ceci:
«Après avoir franchi le Mageri:iysund, l'Indreleia prend fm. n PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- II X 5I 305

Donc: la publication officielle Admiralty Norway Pilot nous donne
absolument raison. Elle dit, comme nous, que l'Indreleia prend fin à la
sortie du Magerôysund. Et cette sortie, ce sont des eaux intérieures,
d'après le Gouvernement britannique lui-même.

Par conséquent, d'un côtécomme de l'autre, aux deux extrémitésde
cette route, ce que nous trouvons, ce sont des eaux intérieures.
Mais, pour le raisonnement, je vais supposer que nos adversaires aient
raison sur ce point. Je vais supposer que vraiment l'Indreleia s'arrête
là où ils veulent l'arrêter,entre l'île de Ingôy et l'île de Hjelmsëiy. Je me
demande alors comment il se fait que les détroits qui sont à l'Est, ceux
que j'ai mentionnés tout à l'heure, le Breisund, le Mâsôysuncl et le
Magerëiysund, constituent des eaux intérieures, d'après le Gouvernement
britannique.
Car il y a un fait certain, indiscutable; c'est que ces détroits, si même
·ilsne font pas partie de l'Indreleia, sont le prolongement de l'Indreleia.
Ces détroits sont utilisés par les navires étrangers comme les autres
fragments de l'Indreleia. C'est un fait incontestable. Par conséquent, ce

sont des détroits qui permettent aux navires de venir de la haute mer
jusqu'à l'Indreleia. Ce sont donc des passages qui relient deux mers
libres et qui constituent des détroits légaux, d'après la définition de nos
adversaires.
Alors, comment se fait-il que ces détroits légauxsoient teintés en vert
et constituent, d'après le Gouvernement britannique, des eaux intérieures,
tandis que les détroits qui sont dans la mêmesituation, mais qui se
trouvent à l'ouest de cette ligne n'ont pas l'honneur d'être teintés en
vert et sont considéréssimplement comme des eaux territoriales ? C'est
un mystère que je n'ai pas pu résoudre.
]e crois avoir démontré que non seulement la théorie des détroits
légaux, soutenue par le Gouvernement britannique, est dépourvue de
fondement, mais que cette théorie, même si elle était exacte, ne trou­

verait pas son application dans le cas de l'Inclreleia.
Cette dernière conclusion est d'ail1eurs corroborée par un argument
qui, à lui seul, me paraît décisif.
Le Gouvernement britannique reconnaît que la Norvège possède des
titres historiques sur l'ensemble des eaux du skj::ergard. Il reconnaît que
toutes les eaux situées en deçà de la frange du skjŒrgard relèvent de la
souveraineté norvégienne en vertu de l'usage.
Ces titres historiques s'appliquent aussi bien aux passages de l'Indre­
Jeia qu'aux autres parties maritimes elu skja::rgürd. C'est dit expressé­
ment à plusieurs endroits de la Réplique, notamment aux paragraphes
.507, 5II-.5I3 et 514.
Seulement, d'après le Gouvernement britannique, l'effet de l'acquisi­
tion historique serait différent suivant les cas.
En principe, les eaux du skjŒrgard auraient étéacquises comme eaux
intérieures. Mais les passages de l'Indreleia n'auraient étéacquis que

comme eaux territoriales.
Je n'aperçois pas, je l'avoue, comment on peut justifier une pareille
discrimination dans le jeu des titres historiques.
Qu'est-ce qu'un titre historique? Nous ne sommes pas toujours
d'accord avec nos adversaires sur la portée de cette notion, et j'aurai
l'occasion demain d'indiquer nos divergences de vues.
Mais un point me semble à l'abri de toute discussion, c'est que le
titre historique est fondésur l'usage. Le titre historique établit la validité
ZI306 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) --II X SI
d'une situation de fait qui s'est juridiquementconsolidée à travers le

temps.
Or, si un État acquiert historiquement un droit, ce droit ne peut être
que celui qu'il a effectivement revendiqué et exercé.L'usage ne peut pas.
lui faire acquérir un autre droit que celui-là.
On ne peut pas dire à cet État: vous avez revendiqué telle zone
maritime comme faisant partie de vos eaux intérieu vr esvous êtes
toujours 'comporté à l'égard de cette zone comme un Etat se comporte
à l'égard de ses eaux intérieures, cette situation s'est consolidée par
l'usage et nons reconnaissons que vous pouvez maintenant faire vaioir,_
en ce qui la concerne, un titre historique. Mais le qroit que ce titre­

historique vous assure, ce n'est pas le droit d'un Etat sur ses eaux
intérieures, c'est le droit d'un État sur ses eaux territoriales.
Ou bien le titre historique est valable, ou bien il ne l'est pas. Mais
s'il est valable, c'est avec la portée qui correspond à l'usage sur lequel
il se fonde.
Or, laNorvè~ n'aejamais revendiqué les eaux du skja:rgard comme·
des eaux territoriales. Elle les a toujours revendiquées comme des eaux
intérieures.Sur ce point, aucun doute n'est possible. Elle les a toujours
revendiquées comme des eaux intérieures, aussi bien à l'ouest de la ligne­
Geitingen-Gavlodden qu'à l'est de cette ligne. Jamais aucune discrimina-­

tion n'a étéfaite à ce sujet dans la réalité,dans la pratique norvégienne.
La discrimina tion que le Gouvernement britannique voudrait introduire­
aujourd'hui dans le régime des eaux du skjŒrgard est complètement
étrangère à la tradition norvégienne. C'est une discrimination qui ne·
correspond aucunement aux faits qui caractérisent l'usage historique.
Elle est donc complètement injustifiée si l'onadmet que les droits de,
la Norvège sur les eaux du skjao:rgârd sont historiquement fondés.
Or, le Gouvernement britannique l'admet. Il y a, par conséquent,
une contradiction évidente entre le principe dont il part et la conclusion_
à laquelle il aboutit.
Mais, dit-il, les règles généralesdu droit internationarelatives aux.

détroits légaux veulent que ces détroits soient des eaux territoriales.
L'objection est sans aucune valeur, car, mêmesi l'on admettait que­
les règles généralesdu droit internationalont cette portée - ce que·
nous contestons formellement -, cela ne modifierait aucunement le­
jeu des titres historiques.
Et, ici, je me réfèreà ce que disent nos adversaires eux-mêmes. Le
rôle des titres historiques, déclarent-ils au paragraphe 473 deplique,
c'est de valider une prétention qui serait autrement sans valeur.
Le titre historique modifie l'application des règles générales.Le titre·
historique confère des droits que l'on ne posséderait pas en vertu de·
ces règlesgénérales.On peut donc opposer le titre historique aux règles.

générales.Mais l'inverse n'est pas vrai. On ne peut pas opposer les règles.
généralesaux titres historiques.On ne peut pas faire appel aux règles.
généralespour réduire la portée des titres historiques.
La conclusion est donc évidente: puisque la Norvège possède des.
titres historiques sur les eaux du skj~-erg aasridbien sur celles.
que traverse l'Indreleia que sur les autres, ces eaux ne peuvent lui.
appartenir que conformément à l'usage qui s'est consolidé, c'est-à-dire:
que comme faisant partie de la catégorie de ses eaux inté1·ieures. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 12 X 5I 307

[Séancepublique du I2 octobreI95I, matin]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, l'examen de la thèse
britannique relative aux détroits et à l'Indreleia m'a amené à invoquer
hier la question des titres historiques mais sous un angle particulier.
Je me propose maintenant de considérer cette question dans· son
ensemble, et d'abord il me para.ît nécessaire de préciser le rôle que les
Parties attribuent à l'élémenthistorique dans le cas qui nous occupe.

Pour le Gouvernement britannique, l'effet de l'é.lémenh t istorique est
de rendre légitime une situation qui ne le serait pas si on la jugeait
à la lumière des règles_généralesdu droit international. En se fondant
sur un long usage, l'Etat côtier peut revendiquer certaines ~mrfaces
maritimes qui feraient sans cela partie. de la haute mer.
Cette conception est-elle fondée ?·
Nous sommes parfaitement d'accord pour l'admettre.
Nous croyons, comme le Royaume-Uni, qu'nf! long usage international
suffit pour légitimer les revendications de l'Etat côtier mêmesi ces
revendications dépassent les limites résultant du droit commun.
C'est d'ailleurs cette conception qui inspireJe plus souvent la doctrine

quand elle traite des titres historiques.
Par exemple, les projets qui ont étéélaboréspar des sociétéssavantes
en ce qui concerne le régime de la mer territoriale commencent par
formuler des règles générales et pnis prévoient que des dérogations
pourront êtreapportées à ces règles sur la base de l'usage.
Il est évident que, dans ces projets, le titre historique apparaît comme
justifiant des droits exceptionnels, comme légitimant des situations qui,
à son défaut, seraient illicites.
Il en résulte donc que, si la Norvège possède des titres historiques
sur les eaux comprises dans les limites du décret de 1935, ces titres
suffisent pour justifier le décret dont il s'agit, quand bien même les.

règles généralesdu droit international seraient telles que le prétend le
Royaume- Uni. .
Toutefois, dans la conception norvégienne l'élémenthistorique joue
un rôle différent. Et cela provient de ce que nous concevons le droit
commun autrement que la Partie adverse ne le fait.
Pour la Partie adverse, le droit commun ne tient aucun compte de la
diversité des situations. Si je pnis ainsi elire, c'est une espèce de géomètre
qui tranche tous les cas d'espèce en leur appliqua.nt des formules uni­
formes et mécaniques.
Dans ces conditions, il est clair que l'élémenthistorique n'a pas à
intervenir dans l'application de ce droit commun. Il ne peut intervenir
que pour justifier des dérogations aux règlesgénérales.
Le Gouvernement norvégien, lui, part d'un autre pointde vue. Il con­

çoit le droit commun, ainsi que j'ai déjà eu l'honneur de le rappeler,
d'une manière plus souple et plus réaliste. Pour lui, le tracé des lignes de
base doit s'adapter aux conditions particulières des différentes régions.
Qu'il s'agisse d'une baie découpéepar la côte de terre ferme, ou qu'il
s'agisse d'une échancrure dans la frange du skjŒrg[Œd,les circonstances
locales doivent entrer en ligne de compte. Il faut prendre en considération
naturellement la configuration de J'espace maritime dont il s'agit et cl€;
ses rapports avec le territoire. ~~---~ --------

308 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - I2 X SI

Mais il faut tenir compte aussi d'autres facteurs, par exemple, de
l'importance qu'il revêt pour l'État riverain, soit au point de vue de la
sécurité,soit au point de vue économique et social. Et il faut epfi.n tenir
compte du facteur historique, c'est-à-dire de l'usage. Car si l'Etat rive­
rain a exercé longtemps sa souveraineté sur cet espace maritime, et cela
sans se heurter à l'opposition de lacommunauté internationale, il y aura

là une raison majeure, une raison puissante qui viendra s'ajouter aux
autres pour confirmer les droits de cet État.
· C'est dans cet esprit que le Gouvernement norvégien fait appel à
l'Histoire.
Il n'invoque pas l'Histoire pour justifier des droits exceptionnels, pour
revendiquer des espaces maritimes que le droit commun lui refuserait ;
il invoque l'Histoire, avec d'autres facteurs, pour justifier la manière
dont il applique le droit commun.
Seulement, je le disais tout à l'heure et je crois bon de le répéter afin
d'éviter tout malentendu, nous sommes parfaitement d'accord avec le

Royaume-Uni en ~e sens que, si les règles du droit commun avaient le
caractère qu'il leur attribue, les titres historiques suffiraient pour justifier
des dérogations à ces règles.
Il faut que je m'explique sur les divergences de vues qui peuvent
exister entre les deux Parties, en ce qui concerne le fondement des titres
historiques.
D'après ce que sir l'rank Soskice a dit à la barre, la distance qui
nous sépare à ce sujet est sans cloute moins considérable qu'on aurait
pu le croire à la lecture des pièces de la procédure écrite. Mais une mise
au point me paraît cependant indispensable.
Je ne reprendrai pas l'examen de tous les aspects de la question. Nous

les avons discutés clans notre Duplique, aux paragraphes 552 à 588
auxquels je renvoie respectueusement la Cour.
Le point imporhnt est celui qui concerne l'attitude des États étran­
gers; et c'est uniquement sur ce point-là que j'insisterai.
Que cette attitude constitue un facteur important dans la formation
<les titres historiques, personne ne le conteste.
Pour se prévaloir d'un titre historique, J'État doit être en mesure
d'établir que l'exercice de sa souveraineté a étépaisible, et ce ne serait
pas Je cas s'il s'était heurté à l'opposition de la communauté internatio­
nale.
Nous sommes parfaitemen"t d'accord sur ce point. Nous sommes égale­
ment d'accord avec le Gouvernement britannique pour admettre que, si

une prétention nouvelle est formulée par un État, cette prétention n'est
pas opposable à un autre .État qui, dès le début et d'une manière non
équivoque, y aurait fait opposition.
Une opposition, mêmeisolée, suffirait, en pareil cas, pour préserver
les droits de l'opposant, parce qu'il s'agit d'une prétention nouvelle et
sur laquelle, par conséquent, l'action du temps n'a pas encore pu pro­
duire ses effets.
Mais nous ne pouvons pas souscrire à la thèse du Gouvernement bri­
tannique d'après laquelle le titre historique aurait pour seul fondement

l'acquiescement des autres États.
Si la formation du titre historique reposait uniquement sur l'acquiesce­
ment des autres États, le phénomène se confondrait avec celui de la
Œconnaissance. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - I2 X 5I 309

La seule différenceéventuelle serait une différence de forme. Et encore,
cette différence purement formelle n'en serait-elle pas une, puisque la
reconnaissance n'est pas nécessairement exprimée, mais peut se déduire
des circonstances. '
Entre la théorie de la reconnaissance et la théorie des titres historiques,
il y a une différence substantielle,ur laquelle la thèse du Gouvernement
britannique nous paraît fermer les yeux.
Cette différence concerne l'action du temps. li est évident que, dans la
théorîedes tîtres historiques, l'Histoire a un rôle à jouer. La duréedevient
une condition majeure.
Au contraire, dans la théorie de la reconnaissance, ce facteur n'a

aucune importance. La reconnaissance n'a pas besoin de l'action du
temps. Elle peut êtreimmédiate, instantanée, parce qu'elle est unique­
ment fondéesur la volontéde l'Etat.
La consolidation historique procède d'une autre idée. Elle s'expli­
que par le besoin de stabûité.
Une situation qui s'est prolongée paisiblement pendant longtemps
est entrée dans les habitudes. Elle s'est en quelque sorte incorporée à
l'ordre juridique. Et il faut éviter qu'elle puisse êtreremise en question
à tout bout de champ.
Comme le dit très justement Fauchille, dans son Traité de droit inter­

itational public :
<tC'est dans l'intérêtde la sociétéinternatîon ale, pour y faire·
régner la paix .. qu'il importe de mettre, après un certain temps,
lesdroits cl\in Etat à l'abri de toute attaque.»

Voilà un élémentqui ne joue aucun rôle dans la reconnaissance et
qui est, au contraire, un élémentessentiel dans la notion du titre histo­
nque.
Pour faire saisir d'une manière concrète notre pensée, je prendrai un
exemple .
. Un usage s'est con~ol iansé provoquer de réaction de .la part d'un
Etat déterminé. Cet Etat n'a pas cru nécessaire de protester. Peut-être
mêmeignorait-il les faits. Puis, un beau jour, un intérêtnouveau attire

son attention sur ces faits et le pousse à intervenir pour faire connaître
son dissentiment.
Il proteste, et il proteste mêmeénergiquement.
Si l'on admettait que le titre historique exige l'acquiescement, au
moins tacite, des Etats, on pourrait très bien soutenir que l'État en
question n'est pas lîépar l'usage qui s'est établi et peFpétuésans oppo­
sition desa part. On pourrait le soutenir, parce que, dans les circonstances
que j'ai imaginées, son silence ne serait pas nécessairement la preuve
d'cm acquiescement.
Eh bien, nous prétendons que la théorie. des titres historiques refuse
tou te efficacitéà une protestation de ce genre.
Nous prétendons que cette opposition devrait êtreécartée,parce qu'au

moment où eUe se produit, le temps a déjà fait son Œuvre et que la
situation s'est ainsi consolidée.
Je crois que cet exemple hypothétique éclaire suffisamment notre
point de vue. La Cour me permettra de citer une fois de plus le professeur
Gide!.
On a fait allusion, de l'autre côté de la barre, au passage que je vais
lire, mais enlaissant tomber certaines précisions importantes.310 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 12 X 51

Après avoir constaté qu'il est impossible d'exiger, pour l'usage.histo­
rique, soit une reconnaissance expresse, soit une reconnaissance univer­
selle,. et après avoir préciséqu'une seule protestation, émanant d'un
seul Etat, ne saurait infirmer cet usage, Gide! s'exprime de la manière
suivante:

" Il appartient à ceux qui, dans chaque cas particulier, auraient
à se prononcer sur le caractère «historique ''ou non de tels ou tels
espaces maritimes, d'apprécier les circonstances spécialesde chaque
espèce, en conservant présente à l'esprit la judicieuse considération
de la sentence du 23 octobre rgog dans l'arbitrage des Grisebaer:

<ldans le droit des gens, c'est un principe bien établî qu'il faut
" s'abstenir autant que possible de modifier l'état de choses existant
''de fait, et depuis longtemps >>»

Ce passage figure au volume III, pages 634 et 635, du livre de Gide!.
Comme on le voit, Gide! considère comme exclu d'exiger soit une
reconnaissance o;_:xpre:>sso,it une reconnaissance universelle. Il ne suffit
pas qu'un seul Etat conteste l'usage pour que celui-ci soit infirmé.
La question doit être appréciée,dans chaque cas, à la lumière des
circonstances. Mais l'auteur indique également la tendance dont il
faut s'inspirer et c'est, dans toute la mesure du possible, de ne pas modi-
fier unétat de choses qui existe depuis longtemps. ·
Le principe "quieta non movere " doit servir de guide à ceux qui ont
à se prononcer en pareil cas. Voilà l'idée.qu'exprime Gide!.

Il me semble que ces observations portent la marque d'une grande
sagesse et qu'elles sont entièrement conformes à la notion des titres
historiques.··
Afin d'éviter toute incertitude, je résume encore notre façon de voir:
I0 Nous sommes d'accord pour dire que l'attitude de la communauté
internationale est un facteur important dans la formation des titres

.historiques.
2° Nous sommes d'accord pour dire que l'opposition d'un Êtat
:à une situation nouvelle, qui porte atteinte à ses droits, suffit pour que
cette situation nouvelle soit sans effet juridique à son égard lorsque son
opposition s'est manifestée dèsl'origine et qu'elle a étémaintenue depuis
·lors d'une manière non équivoque.

3o Mais nous soutenons que l'opposition d'un Étal est tardive et
doit êtrerejetéelorsqu'elle se produit après une consolfdation historique
suffisante, mêmesi le silence observéjusque-là par cet Etat ne devait pas
êtreinterprétécomme la preuve d'un acquiescement de sa part.

Il est un point particulier sur lequel je dois présenter également cer­
taines observations.
Le Gouvernement britannique a soutenu que, pour se prononcer sur
la question des titres historiques de la Norvège, c'est la situation exis­
tant en Igo6 que la Cour devrait prendre en considération et que tout
ce qui s'est passéultérieurement devrait êtreécartédu débat.
Comme nos adversaires sont revenus avec insistance sur cette affinna­
tion, à la fois dans leurs écritures et dans leurs plaidoiries, nous supposons
qu'ils y attachent une grande importance.

A vrai dire, la tradition norvégienne a de telles racines dans le passé
que nous n'en sommes pas, en ce qui nous concerne, à quelques années
près.- ----------

PLAIDOIRIE DE M. BOUR.QUIN (NORVÈGE) - !2 X ji 3II

Mais nous ne voyons aucune raison pouvant justifier-la limite dans
laquelle on tente d'enfermer ainsi les investigations de la Cour.
Il nous semble que la Cour doit considérerla situation dans son ensemble
telle qu'elle se présentait au moment où l'affaire a étéportéedevant elle.
Évidemment, la protestation britannique, qui existait déjà à ce

moment, fait partie de l'ensemble des faits à interpréter. Mais décider
a priori que rien de ce qui est postérieur à rgo6 n'entrera en ligne de
-compte, sous-prétexte que plus rien n'a de pertinence à partir de l'instant
où le Royaume-Uni a manifesté son opposition, nous paraît tout à fait
inadmissible. Ce serait déjà se prononcer sur la valeur et sur .leseffets
-decette opposition, alors qu'il s'agit là d'une question controversée.
J'ajoute qu'en toute hypothèse je ne comprends pas du tout le choix
de la date de rgo6.

Pourquoi rgo6 ? Y a-t-il eu en rgo6 une intervention du Gouvernement
britannique? Pas à ma connaissance.
En rgo6, il y a eu simplement quelques chalutiers qui ont fait leur
apparition devant la côte du Finnmark oriental.
La première protestation du Gouvernement britannique est posté­
rieure à cela. Elle a étéprovoquée par l'incident du Lord Roberts, qui
date de rgn.
Quel était, à ce moment-là, l'objet du désaccord entre le Royaume­
Uni et la Norvège? Eh bien! ce désaccord portait uniquement sur deux

points: sur la territorialité du Varangerfjord et sur la limite de quatre
'millesde la mer territoriale norvégienne. Il n'y avait pas d'autre contes­
tation.
Or, sur ces deux points, Je Gouvernement britannique a abandonné
ultérieurement ses prétentions et il reconnaît aujourd'hui le bien-fondé
du point de vue norvégien. La protestation de 19II n'a donc plus aucun
rapport avec l'objet du débat actuel.
Je crois inutile d'insister ·davantage sur cette question de date et

j'aborde l'examen de ce·qui est certainement l'essentiel: la Norvège
pm1t-elle se prévaloiren fait d'un tithistori lqt1~eemettant de revendi­
qtŒr-l'ensemble des eaux comprises dans les limites du décretde I935 ?
Le Gouvernement britannique reconnaît dans une certaine mesure
l'existence de nos titres historiques.
Il reconnaît d'abord l'existence d'un titre historique concernant les
quatre milles de la mer territoriale. Il reconnaît aussi l'existence de
titres historiques sur les fjords et sur les détroits du skjŒrgard. Seule­
ment, à cet égard, il précisequ'ii s'agit uniquement des eaux situéesdans
les limites de ces fjords et de ces détroits, et non pas des caux qui se

trouvent au delà de leur entrée. Cette restriction est formuléeà plusieurs
endroits de la Réplique. Elle l'est notamment au paragraphe 507, dans
les termes suivants :
tLa grande objection que le Gouvernement britannique soulève
au décret de 1935 n'est pas que, par ce décret, le Gouvernement

norvé_gien s'est approprié toutes les eaux des fjords et des
détrmts ...., mais qu'il a fixéles limites de son territoire maritime
sans rapport avec les limites physiques réelles des fjords et des
détroits.''
Et plus loin dans le mêmeparagraphe, il dit:

~ ~ue l'étendue du titre historique de la Norvège sur les fjords
et les détroits ne dépasse pas l'étendue réelle (de leurs eaux) .... et312 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - !2 X 51

que la limite des eaux historiques est déterminéenécessairement par
les limites physiques des côtes, des fjords et des détroits)).

Or, dit le Gouvernement britannique, les lignes de base du décret
de 1935 sont situées bien au delà de l'entrée des fjords et des détroits.
Comme on le voit, éeque le Gouvernement britannique conteste, c'est.
que la Norvège puisse jaire valoir des titres historiques sttr les eaux qui sont
comprises entre les limites du. décretde I935 et cequ'il appelle les limites
réellesdes fiords et des détroitsdu. skiŒrgârd.
Cette thèse appelle une première observation.
On parle de la .limite réelle des fjords et des détroits du skj::ergârd.

Mais où se trouve cette limite réelle ?
Quand il s'agit d'une baie découpéedans la côte de terre ferme, on
peut déjà bien souvent hésiter sur 1'endroit où il faut tracer cette limite.
Ce serait une erreur de croire que la nature indique toujours, d'une
manière en quelque sorte évidente les promontoires qui marquent
l'embouchure de la baie. _,
Dans beaucoup de cas- et on peut mêmedire dans la plupart des cas
- il y a plusieurs tracés entre lesquels on peut,. en toute bonne foi,
hésiter, si bien que la solution adoptée n'est pas uniquement dictée par

la nature elle-même,mais qu'elle comporte un choix de la part de l'État
côtier.
Je ne citerai que quelques exemples.
Nous avons reproduit à l'annexe II2 de notre Duplique trois décrets
français, datant de 1888 et de 1938, qui délimitent d'une manière précise
un grand nombre de baies de la Métropole et de l'A.lgérie.
Les textes figurent à l'annexe II2, sous les nos 16 b, I6 cet x6d, et les
cartes correspondantes 1se tro"uvent dans le volume IV de notre Duplîq ue
sous le no x6 (lettre e à lettre j). _
Ces documents sont d'autant plus intéressants que les Etats publient

rarement, je l'ai rappelé l'autre jour, le tracé précis de leurs lignes de
base.
Or, si la Cour veut bien s'y reporter, elle constatera que les limites qui
ont étédonnées a:ux baies françaises comportent manifestement une part
assez large d'appréciation subjective.
Et, si je fais cette observation, ce n'est pas le moins du monde dans
un esprit critique, c'est simplement pour établir que la délimitation d'une
baie n'est pas du tout, comme on voudrait le faire croire, une opération
simple, qui serait en quelque sorte dictée par la configuration de la côte.
Je signale en particulier, sur la carte n" 16 e, la délimitation qui a
étéfaite, dans le nord de la Bretagne, entre la roche de la Mauve et

l'île de Batz. La limite couvre une série d'incurvations de la côte et
elle ne répond certainement pas à la prétention émise par nos adver­
saires, d'après laquelle la ligne de base ne pourrait êtretirée qu'à l'extré­
mité d'une échancrure unique. Nous sommes en présence d'un "com­
plexe» qui embrasse plusieurs échancrures.
C'est d'ailleursun cas fréquent.
On le retrouve également sur la carte suivante (n° 16/) -qui con­
cerne .la partie occidentale et méridionale de la Bretagne - où plusieurs
baies délimitées par le décret de 1938 ont le mêmecaractère.

La carte n" 16 h, qui concerne les côtes de la Méditerranée,offre égale­
ment des exemples typiques de ce genre; celui, par exemple, du golfe
de Marseille. ·
1 Non reproduites. PLAIDOIRIE DE i\I. BOURQUIN (NORVÈGE) - I2 X SI 313
En ce qui concerne la carte no r6 i,qui est relative à l'Algérie,j'attire

notamment l'attention de la Cour sur la ligne de base qui relie le cap
Fegalo au cap Lindless, en pa.ssant par les îles Habibas. On cherche en
vain comment cette délimitation pourrait se justifier, si les thèses défen­
dues par le Gouvernement britannique au sujet des baies et au sujet
des îles, devaient êtreconsacrées.
Je me suis arrêtéaux exemples fournis par les décrets français, parce
que là, une réglementation officielle donne à ces exemples à la fois le
maximum de précision et le maximum d'authenticité.
Il y a beaucoup d'autres exemples qu'on pourrait donner. Mais il me
paraît inutile de prolonger da.vantage cet examen de la pratique. Il
prouve que la délimitation d'une baie est très loin d'apparaître comme
une opération purement scientifique, qui n'obéirait qu'aux lois de la

géographie et qui ne comporterait aucune liberté de choix de la part de
celui qui y procède.
Or, s'il en est ainsi pour les baies qui se découpent dans la terre îemte,
il est clair que le coeffi.citd'appréciation est nf!cessairement plus con­
sidérable encore, quand il s'agit de fjords et de détroits qui sont formés
par les eaux d'un archipel comme le skja:rgard.
On ne trouve mêmeplus alors un rivage continu, dont le dessin est
au moins manifeste, On se trduve devant une accumulation d'îles; d'îlots,
de rochers, d'écueils.Ce sont des élémentsséparés,des élémentsdisjoints,
qui forment ensemble un dessin approximatif et fragmentaire.
En pareil cas, les indications de la nature sont encore beaucoup plus
sommaires. Et le choix de l'observateur joue évidemment un rôle encore

plus important.
La formule qui consiste à dire: 11Nous nous en tenons aux limites
réelles des fjords et des détroits», est donc une formule illusoire. Elle
fait croire à une objectivité qui est pratiquement impossible.
Mais serrons de plus près la pensée du Gouvernement britannique.
Nous la connaissons d'une manière précise, depuis qu'il a produit les
cartes où se trouve dessinée la pecked green line. Qu'est-ce que nous
voyons? .
Nous constatons que, pour le Gouvernement britannique, la limite des
fjords et des détroits est toute différente, suivant qu'il les range dans la
catégorie des eaux intérieures ou qu'il les considère comme des eaux
territoriales, parce que soumises au régimedes détroits légaux.

Lorsqu'il s'agit d'eaux intérieures, l'embouchure elu bras de mer est
représentée par une ligne droite, tiréeentre les promontoires.
Au contraire, quand il s'agit pour lui d'eaux territoriales, cette embou­
chure prend une forme toute différente. Elle est figurée par des arcs de
cercle,et on voit alors des poches de haute mer qui viennent s'enfoncer
entre les lignes courbes dans les eaux territoriales.
La superficie donnéeaux bras de mer est donc beaucoup plus restreinte
dans le second cas que dans le premier.
Mais en quoi cette différence dépend-elle de la limite réelle, de la
limite naturelle des eaux dont il s'agit ?
Elle est sans aucun rapport avec la réalité physique. Ce n'est pas
une donnéede la nature. C'est une vue de l'esprit. C'est une conséquence

découlant d'une théorie juridique.
Est-ce que l'embouchure des bras de mer qui sont sur la route de
l'lndreleia serait physiquement modifiée si ces bras cessaient d'êtresou-314 PLAIDOÎRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE I2)X~ 5I

mis au régime tics e:tux territoriales et faisaient partie intégrante des
eaux intérieures?
La délimitation de lapeckedgreenline n'est donè pas déterminée,en
pareil cas, par la configuration réelle des espaces maritimes. Elle est
déterminée,comme je le disais il y a un instant, par des théories juridi­
ques. .
Or les théories juridiques sont complètement étrangères anx titres
historiques de la Norvège.
Les titr iitorSques de la Norvège proviennent de ce qu'elle a effec­
tivement exercé,depuis toujours, sa souveraineté sur les eaux du skja:r­

gard.
Et personne ne soutiendra, je pense, qu'en ce qui concerne les parties
du skja:rgârd que nos adversaires qualifient de détroits légaux, personne
ne soutiendra, dis-je, que la Norvègeaurait exercésa souveraineté que
dans les limites restreintctcapricieuses de lpeckedgreentine.
Il est certain cependant que la seule chose qui compte pour déterminer
l'étendue géographique d'un droit historique c'est le fait, c'est l'usage
qui s'est effectivement établi.
Par conséquent, à supposer même que le droits historiques de la
Norvège ne s'étendent que jusqu'à la limife réelle des fjords et des
détroits, ce que nous contestons, cette limite ne serait pas celle en

cas de lapeckedgreenUne.
Sous le bénéficedes observations que je viens de faire, je me propose
d'examiner mainten<mt ce que vaut la thèse britannique d'après laqueUe
les titres historiques de la Norvège'arrêteraient à la soi-disant limite
physique réelledes fjords et des détroits et ne couvriraient pas l'ensemble
des eaux comprises dans la délimitation du décrètde I935·
Dans cet ordre d'idées, la première constatationqui doit être faite,
me semble-t-il, c'est que le décret royal de1935 est une application
du systèmè norvégien, qui s'est p(éciséet consolidé au cours du xrxme
siècle.
De mêmeque le décret de r86g a fait application de ce système à la
côte du Sunnmi:îre et que le décret de r88g en a fait l'application à la
côte du Romsdal, le décret de 1935 l'applique à la côte litigieuse.

Le Gouvernement d11Royaume-Uni conteste qu'il en soit ainsi, et
îl le conteste pour denx raisons :
La première, c'est que, d'après lui, il n'y aurapas de "système
norv'égien" et que les divers décrets duxrxme sièclene constitueraient
que des mesures locales, dépourvues de toute portée généraleet, par
conséquent, dépourvues de toute valeur pour la solution du litige actuel.
Cet argument-là, je l'ai déjà rencontré ; et je crois avoir établi qu'il
he résiste pas à l'examen .
. Je crois avoir établi que les décrets dxrxmc siècle et notamment
celui de r86g et celui de r88g font bien application à certaines circons­
tances locales der~gle msais que précisémentils s'appuient sur des

règles générales,ils'appuient sur un système, et que c'est ce système
qui se dégage de leur application même.
L'argument en question procède manifestement d'une erreur. Le
Gouvernement du Royaume-Uni conteste que la pratique norvégienne
se fonde sur UJLS)TStèmep,arce qu'il attribue à ce mot de système un
sens beaucoup trop étroit.
Pour lui, un système n'existe, semble-t-il,que. s'il est susceptible
d'être appliqué mécaniquement et uniformément à tous les secteurs
de la côte. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - I2 X 5I 3I5

Évidemment, le système norvégien n'a pas ce caractère. C'est un
système flexible, qui comporte un ensemble de règles bien déterminées,
mais qui implique également l'appréciation des circonstances locales
auxquelles il doit se plier.
ll est donc conforme à l'essence de ce système que ses applications
varient suivant les régions et que, dans chaque cas d'espèce, plusieurs
solutions possibles se présentent à l'esprit. ·
Je crois inutile de m'étendre de nouveau sur ce point.
Mais le Gouvernement du Royatnne-Uni avance un autre argument.
A supposer, dit-il, qu'il y ait un 11système norvégien JJ,le décret
litigieux n'en ferait pas l'application. Le décret de I935 serait si différent
des décrets antérieurs qu'on ne pourrait pas le considérer comme

procédant du mêmesystème.
Là encore, nous nous trouvons devant une affirmation complètement
injustifiée. Comme je le rappelais, ily a un instant, le système norvégien
est souple, il laisse aux autorités compétentes le soin d'apprécier les
circonstances locales auxquelles il s'applique.
Mais ce pouvoir d'appréciation est nettement circonscrit. Il y a un
cadre fixe dont on ne peut pas sortir.
Le système exige que les lignes de base s'accrochent à des points de
la côte et du skj<ergàrd qui ne sont pas recouverts par la mer.
Dans ces limites, les autorités compétentes peuven.t choisir. Mais
-elles ne peuvent jamais les dépasser, sous aucun prétexte, mêmeen

invoquant des iiltérêtsessentiels, et mêmeen s'appuyant sur des titres
historiques.
De pbs, le choix qu'elles font"des points de base n'est pas un choix
arbitraire. C'est un choix qui doit se fonder sur des raisons objectives,
tirées de la configuration de la côte, par exemple. Ce choix s'inspire
également, comme je l'ai noté précédemment, de··la préoccupation
constante de tracer une limite de pêched'où la côte soit visible en tous
po~~- .
Voilà le système norvégien, qui a étéappliqué dans les décrets du
XIX'"" sièc\e.
Est-ce que le décret litigieux de I935 n'en fait pas également appli­
cation ?

Il n.'y a pas une seule ligne du décret de 1935 qui n'ait ététracée
conformément aux règles que je viens de rappeler. Et c'est précisément
parce que les auteurs du décret de 1935 ont voulu rester fidèles à ce
système qu'ils ont laisséen dehors de leur délimitation toute une série
de bancs de pèche côtiers, que la population aurait eu le plus grand
intérêtà conserver et sur lesquels elle avait toujours exercé jusque-là
des droits exclusifs.
Où est donc la différence entre le décret de I935 et les précédents?
Cette différence, le Gouvernement britannique croit la découvrir
dans la longueur des lignes de base. Les lignes de base du décret de rg35,
dit-il, sont plus longues que celles des décrets antérieurs.
D'accord, elles sont plus longues en certains endroits. Mais qu'est-ce

gue cela prouve ?
Est-ce qu'on peut soutenir que le décret de 1935 n'est pas une appli­
cation du ((système norvégien " parce que la longueur de ses lignes de
base est différente ?
Le système norvégien ne fixe pas une longueur déterminée pour les
lignes de base. Il fait varier la longueur de ces lignes d'après les circons­
tances !.ocales. 316 l'LAlDOlRIE DE !IL BOURQUlN (NORVÈGE) - IZ X SI

Il n'est donc pas étonri.antqne les lignes de base de la côte septen­
trionale soient clifférentes de celles qni ont ététracées dans d'autres
régions.
La question qui se pose est simplement de savoir si la longueur des
lignes se justifie en fait par des considérations géographiques ou autres
qui doivent entrer en ligne de compte.
La question est de savoir si les auteurs du décret de 1935, quand ils
ont déterminéles points de base auxquels ces lignes vont s'accrocher,
se sont fondés sur des considérations raisonnables.
On ne pourrait pas prétendre que les lignes du décret de 1935 dépassent
le système des décrets de r86g et de r88g, à moins de démontrer que les

points de base en ont étéchoisis arbitrairement et abusivement, sans
qu'il soit possible de les jnstifier par les conditions de fait de la région
à laquelle le décret doit préciséments'appliquer.
Or, cette démonstration, non seulement on ne l'a pas faite, mais on
n'a mêmepas tenté de la faire. Et l'agent du Gouvernement norvégien
établira, au contraire, que le choix auquel se sont arrêtésles auteurs du
décret de 1935 s'explique toujours par des raisons sérieuses.
J'en conclus que le décret de 1935 est parfaitement conforme au
<<systèmenorvégien , dont les bases se sont préciséesdans la pratique
du XJxmesiècle,et qu'il bénéficie,par conséquent, des titres historiques
dont ce système peut se prévaloir.

Le décret de 1935 bénéficiedu titre historique dont le système norvé­
gien du xJXme siècle peut se prévaloir. Il n'est pas douteux, en effet,
que ce système norvégien du xJxme siècles'est historiquement consolidé.
La Cour me permettra de citer à c~ propos le professeur Gide!. Voici
ce qu'il écrit à la page 649 du tome III de son livre au sujet de la pra­
tique norvégienne:
((Cette pratique, à laquelle seules des conditions géographiques
absolument exceptionnelles ont pu assurer d'une manière générale

la reconnaissance de principe des gouvernements intéressés,se carac­
térise par trois prétentions essentielles : I) la Norvège doit pouvoir·
inclure dans ses eaux intérieures tous les espaces ma.ritimes situés
en deçà du skjŒrgard, quelle que soit la distance qui sépare de la
terre l'archipel d'îleset de récifsqui la borde; 2) la Norvège doit
pouvoir ne pas faire suivre à la ligne de départ de la mer territoriale
les sinuosites de la côte ou celles du skjŒrgàrcl; elle doit pouvoir
la tracer suivant des droites tirées entre les pointes de la terre ou
des rochers extrêmesdu skjŒrgârd, mêmesi la distance entre ceux-ci.
dépassele double de la distance admise, soit généralement,soit par
Ja Norvège elle-même,pour la largeur de la mer territoriale; 3) la
Norvège doit pouvoir comprendre dans ses eaux intérieures la tota­

lité des espaces enserrés plus ou moins complètement dans la terre
ferme ou dans les îles maritimes ou ilots du skja:rgard, quelle que
soit la largeur de la principale ouverture de ces espaces.n
On voit que l'auteur caractérise .la pratique norvégienne comme un
système comportant plusieurs règles solidaires et c'est ce système qui a
reçu, dit-il,d'une manière générale,la reconnaissance de principes des
gouvernements étrangers.

Trois· pages plus loin, Gide! confirme cette constatation en disant:
u Les règles que comporte la pratique de la Suède et de la Nor­
vège sur la délimitation de la mer territoriale se légitiment dans PLAIDOIRIE DE J\1. BOURQUfN (NORVÈGE) - I2 X 51 317

l'ensemble par la configuration exceptionnelle des côtes de ces pays
et elles.ont bénéficiéd'une reconnaissance généralede la part des
autres Etats ..11

Je rappelle brièvement les faits que j'ai eu l'honneur d'exposer pré­
cédemment à la Cour à ce sujet.
Qui s'est opposé à la pratique norvégienne du x1xmc siècle, telle
qu'elle s'est manifestée dans les différents décrets dont j'ai parlé Per­

sonne. Les seules démarches qui aient étéfaites sont celles du Gouver­
nement français sous le second Empire. La première, datant de r868,
visaitle Vestfjord. La seconde, datant de 186g, concernait le décret de
délimitation qui venait d'êtrepris pour la régiondu Sunnmore.
Dans aucun de ces deux cas, la France n'a insisté.La Norvège a main­
tenu intégralement son point de vue. Elle l'a justifié et les choses en
sont restées là. Et lorsque, en rSSg, le Gouvernement norvégien a pris
un nouveau décret faisant application des mêmesprincipes à la région
du Romsdal, le Gouvernement français n'a élevéaucune protestation,

n'a formulé aucune réserve.
Il est évident qu'après l'échangede correspondance qui avait eu lieu
vingt ans plus tôt, ce silence est significatif.
Quant aux autres États, il n'y en a plls un seul qui ait fait entendre
la moindre note discordante. Le Royaume-Uni s'est tu comme les autres
Éta.ts.
J'ai déjà soulignél'embarras qu'il éprouve aujourd'hui devant ce fait
incontestable.Il ne va pas d'ailleurs jusqu'à nier que des titres historiques
se soient constitués sur la base de ces décrets au profit de la Norvège.
11 reconnaît d'abord que, dans la région du Sunnn::ôre et dans la région
eluRomsdal, laN orvège peut sans doute se prévaloir d'un titre historique.

Il est vrai qu'il essaie de limiter la portée de cette reconnaissance, en
prétendant que les mesures .prises dans ces régions n'auraient qu'une
portée locale. Mais c'est là une appréciation tout à fait inexacte et dont
je crois avoir fait justice.
l'l'lil y a plus. Le Gouvernement britannique admet aujourd'hui que
la Norvège a acquis historiquement le droit de fixer à quatre milles
l'étendue de sa mer territoria.le.
Nos adversaires restent <tttachésà la règledes trois milles. Cette règle,
d'après eux, correspond aux exigences du droit international général.
lVlaisils reconnaissent malgré cela que la Norvège peut y déroger. Ils
reconnaissent que la pmtique norvégienne des quatre milles est consoli­

déepar l'usage.
Or, comme j'ai eu·l'occasion de le félireobserver précédemment, la
règledes quatre milles n'a jamais étéappliquée par la Norvègecomme une
règle isolée.La règle des quatre milles a toujours l~t lée aux autres
règles qui font partie avec elle du système norvégien du XIX"'"siècle.
Le système norvégien du x1xn•csièclene se ramène pas exclusivement
à la règle des quatre milles. Ce qui le caractérise, c'est qu'il comporte
une mer territoriale de quatre milles, comptéeà partir de l1:gnesde base
reliant les points saillants de la c6teet dtt skfŒrgardqtti so1 ~as st<b"
mergis.
Ces différentsélémentsforment un tout, et l'usage qui s'est historique­

ment consolidé les comprend tous sans exception. Reconnaître qu'un
des élémentsde cet ensemble est couvert par un titre historique, c'est
donc reconnaître que ce titre historique couvre également les autres. 318 HAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 12 X 51

Comment la règle des quatre milles pourrait-elle êtrehistoriquement
fondéesans qu'il en fût de mêmedu reste du système, puisque jamais,
dans la pratique, ellen'a étédétachéede ce système?
C'est donc bien le système norvégien pris dans son ensemble qui peut
se prévaloir d'un titre historique.
Et puisque Je décret litigieux de 1935 ne fait qu'appliquer ce système,.
la base sur laquelle il repose est à l'abri de toute contestation.
Mais ma démonstration serait très i!!complète si je l'arrêtaislà.
Les titres historiques de la Norvègesur les eaux délimitéespar le décret

litigieux ont, en effet, un fondement plus largeet beaucoup plus ancien.
Ainsi que je crois l'avoir établi d'une manière qui ne .laisse place à
aucun doute, le système que la Norvège a appliqué au xrxmc siècle à.
la délimitation de sa zone de pêchecomporte une réduction - et, en
certains endroits, une réduction considérable - de ses anciens droits.
Traditionnellement, la zone de pêcheréservéeaux habitants compre­
nait tous les bancs côtiers, tous ceux qui étaient et qui sont encore
aujourd'hui repérésau moyen du système des alignements, au moyen du
système des <méd JJ.

Il ne s'agit plus ici d'un usage du x1xmc siècle, il s'agit d'un usage.
qui remonte aussi loin dans Je passéque nos connaissances elles-mêmes,
et qui a toujours étéconsidérécomme un axiome du droit norvégien,.
jusqu'au jour où le système plus restrictif du x1xmn siècle lui a été
substitué.
Quand on dit que la Norvège ne peut pas établir ses titres historiques
sur la totalité des eaux comprises clans les limites de 1935, je réponds
que la Norvège pourrait établir des titres historiques sur des surfaces
beatlcoup plus étendues.
Les seuls titres historiques auxquels elle a renoncé sont ceux qui

dépassent les limites du système nouveau auquel elle s'est arrêtéeau
Xlx'n" siècle. Dans les limites de ce système, elle n'a jamais abandonné
les droits qu'elle tient· de temps immémoriaL
Je .ne reviendrai pas sm: ce point que j'ai exposé dans la première
partie de ma plaidoirie. Je n'y reviendrai plus si ce n'est que pour
rappeler que, depuis le début du xvwnc siècle jusqu'à l'appa.rition des
.t.rmolersdevant les côtes du Finnmark oriental quelques années avant
la première guerre mondiale, aucune difficulté ne s'est élevéeentre Ia
Grande-Bretagne et la Norvège au sujet du monopole de la pêchecôtière
norvégienne. Les pêcheurs anglais se sont abstenus de venir faire
concurrence aux pêcheurs norvégiens dans leurs eaux. Et jamais en

aucune occasion le Gouvernement britannique n'a élevéla moindre
protesta tion.
Ce silence de trois siècl qus , succédéaux incidents survenus à la
fin du règne de la reine Elisabeth, nos adversaires n'en parlent guère.
Il semble qu'à leurs yeux ce soit un fait sans importance.
Il nous semble à nous, au contraire, qu'il s'agit là d'un élémentdécisif
quand on se place au point de vue de la formation des titres historiques.
Ce n'est pas seulement le système norvégien du XIX""l siècle que le
silence de la Grande-Bretagne a contribué à consolider, c'est aussi la

vieille tradition à laquelle ce système nouveau s'est substitué.
En toute hypothèse, par conséquent, l'opposition du Royaume-Uni
qui s'est manifestée au xxwc siècle serait venue trop tard. Au moment
oil elle s'est produite les droits historiques de la Norvège existaient
depuis très longtemps. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - I2 X 51 319

Nous avons, d'autre part, démontré que cette opposition tardive
apparaissait également comme une opposition isolée; que le décret
litigieux de 1935 s'est heurté à la résistance britannique, mais qu'il
ne s'est pas heurté à la résistance de la communauté internationale.
J'ajoute que les conditions dans lesquelles l'opposition du Royaume­
Uni se présente ne sont pas faites pour fortifier_son crédit.
Quand il s'agit d'apprécier l'opposition d'un Etat, il ne suffit pas de
tenir compte de l'énergiequ'il met à faire valoir cette opposition. Il faut
encore se demander si cette position qu'il prend est raisonnable et s'il
la maintient au cours du débat.

L'attitude de l'opposant est certainement un des facteurs à prendre
en considération. . ·
Le Gouvernement britanùiqile admet aujourd'hui que la Norvège
possède un droit historique à une mer territoriale de quatre milles.
Mais en 19II, lorsque l'incident du Lord Roberts a ouvert le débat,
il contestait formellement qu'il en fût ainsi. Il prétendait alors que la
règle des trois milles liait la Norvège, et son ministre des Affaires
étrangères,sir Edward Grey, n'hésitait pas à employer mêmeun langage
très énergique pour le déclarer.
En 19II, nous n'avions pas droit à quatre milles.

En 1924~19 l2r5,es entretiens d'Oslo et de Londres, nous ü'y avions
pas droit non plus.
En 1930, lors de la Conférence de codification, pas davantage.
En 1935, quand fut pris le décret litigieux, le R.oyaume-Uni n'avai.t
pas changé d'avis. En effet, le 24 août r935, le ministre de Grande­
Bretagne à Oslo informa le Gouvernement·norvégien que le Gouverne­
ment du Hoyaume-Uni ne pouvait pas reconnaître la limite des quatre
milles ni aucune limite autre que celle des trois milles.
Ce sont nos <tdversaires eux-mêmesqui mppellent les faits au para­
graphe 51 de leur Mémoire.

Est-ce que nous avions droit à la limite des quatre milles au moment
où l'instance fut ouverte par la requête du Gouvernement britannique,
c'est-à-direle 28 septembre 1949?
Pas davantage.
Que dit en effet la requête? Textuellement ceci :

(1Inspiré par le mêmeesprit de compromis qui l'avait conduit
en 1933 à accepter le modus vi1>endi de la ligne rouge, le Gouverne­
ment du Royaume-Uni, aux fins du présent différend et sans
préjudice de la position maintenue par lui, quant à l'étendue des
eaux territoriales norvégiennes à d'autres égards que celui de la
pêche,est prêt à accepter que la zone de pêchenorvégienne soit
délimitéeen part<tnt de l'hypothèse que la zone s'étend vers la mer

à une distance de quatre milles marins des lignes de base tracées
conformément aux principes du droit internationaL "

Ainsi, le 28 septembre 1949, on ne reconnaît pas encore à la Norvège
un droit historique à la limite de quatre milles. Tout ce qu'on accepte
c'est que l'arrêtde la Cour parte de l'hypothèse qu'en matière de pêche
l'étendue est de quatre milles. Et encore, précise-t-on, que si l'on prend

cette attitude c'est "dans un esprit de compromis "· li ne s'agit donc
pas de la reconnaissance d'un droit. .
Le Mémoirebritannique reste sur le·mêmeterrain.320 PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 12 X 51

Ce n'est que dans la Réplique du 28 novembre 1950 que les réserves
disparaissent et qu'on reconnaît franchement qu'il existe en cette matière
un véritable droit historique.
Les conversions doivent toujours être accueillies avec joie, même
quand elles ont lieu in extremis.
J\l[ais,tout de même,n'est-il pas étrange que ce qui était faux en 1935
soit devenu vrai en 1950, étant donné qu'entre 1935 et 1950 on ne voit
pas comment cette situation aurait pu se modifier.
La règle des quatre milles est appliquée en matière de neutralité
depuis le milieu du xv mme siècle; elleest appliquéeen matière de pêche

depuis près de cent ans.
Iln'y a rien de nouveau qui soit survenu dans les dernières années.
Ou plutôt, le seul élémentnouveau, c'estlechangement qui s'estheureuse­
ment produit dans les idées du Gouvernement britannique.
Et cela c'est un changement purement subjectif et qui n'a rien à voir
dans la formation des titres historiques.
Et l'on devient plus perplexe encore quand on lit au paragraphe 58
de la Réplique britannique, sous la lettre a):

((Le Gouvernement du Royaume-Uni est disposé à admettre
qu'une distance d'un quinzième de degré, c'est-à-dire de quatre
milles, avait, à cette époque, étéétablie sur une base historique,
comme constituant la largeur de la zone maritime que la Norvège
est fondée à revendiquer. n

Or, il résulte clairement du contexte que l'époqueà laquelle il est fait
allusion c'est l'année r906.
Ainsi, on reconnaît qu'en 19c6 la Norvège possédait ce titre historique
qu'on lui contestait formellement en 19II, en rgz4, en 1925, en 1930 et
encore en 1.935.
Que faut-il en conclure?
ll n'y a qu'une interprétation possible: c'est que le Gouvernement
britannique était alors déts l'erreur.
Il reconnaît aujourd'hui que jusqu'au dernier moment il s'est mépris
sur la véritable situation. Mais s'ilse trompait en I9II, en 1930, en r935,

pourquoi ne se tromperait-il pas encore aujourd'hui ?Pourquoi faudrait-il
attacher plus de crédit à ses dénégationsactuelles ?
Et ce n'est pas seulement sur la règle des quatre milles qu'il s'est
trompé et qu'il reconnaît son erreur, c'est aussi sur le régimedes fjords.
L'incident du Lord Roberts concernait le Varangerfjord. C'est dans le
Varangerfjord que ce navire avait étésurpris en train de pêcher.
Le Gouvernement ·britannique protesta. En se fondant sur quelle
raison ? En soutenant que le Varangerf jorelne pouvait pas êtreconsidéré
comme faisant partie des eaux norvégiennes à cause de sa hngeur.
On refusait d'admettre que la Norvège avait .sur ce fjord un titre
historique.
Or, aujourd'hui, on reconnaît que c'est la Norvège qui était dans le

vrai, et que la thèse qui avait étési fermement défendue à l'époquepar
le Gouvernement de Londres reposait sur une erreur d'appréciation.
Car personne ne prétendra, je pense, que le Varangerfjord n'était
pas norvégien en rgn et qu'ille serait devenu depuis lors.
Encore une fois, entre l9II et aujourd'hui, la seule chose qui ait
changé c'est l'opinion du Gouvernement britannique. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 12 X 51 J2I

Tl est piquant d'observer que sur les deux points essentiels du débat,
tel qu'il se présentait à l'origine, on a assisté à un retournement com­
plet de la situation en faveur de la thèse norvégienne.
Eh bien !je ne crois pas que cette constatation soit faite pour donner
-plus de poids aux affirmations actuelles de la Partie adverse, en cc qui
concerne 1'étendue et le caractère de nos titres historiques.

[Séancepublique rln 12 octobre 195I, a.près-mùli]

Nlonsicur le Président, Messieurs de la Cour, je crois avoir démontréque

les titres historiques de la Norvège sont solidement établis, ct cela, non
seulement pour une partie de la zone de pêchedélimitéepar le décret de
1935, mais pour la totalité de cette zone.
11 en résulte que le décret de 1935 est parfaitement conforme aux
exigences du droit international.
Mêmesi les règles généralescorrespondaient à l'image qu'on en donne
de l'autre côté de la barre, la_délimitation de 1935 serait historiquement
justifiée.l\ais nous croyons avoir établi par ailleurs que les règles qu'on
nous oppose n'ont jamais existé comme règles coutumières liant la Nor­
vège. Ces règles n'ont jamais correspondu à une prati géqn~realedes
f:tats. Elles n'y correspondaient pas en 1930, au moment de la Confé­

rence de codification, ct elles y correspondent encore moins aujourd'hui,
car, depuis 1930, des changements sont intervenus et personne, je pense,
ne pourrait affirmer que ces changements nous ont rapprochés du
système britannique. Qu'on s'en réjouisse ou qu'on le regrette, c'est
une autre question, mais il y a là un fait qui me paraît évident.
Il nous a paru nécessaire de souligner ce fait dans nos écritures et de
l'illustrer par des exemples concrets. Nous l'avons fait aux paragraphes
20r à234 de notre Contre-Mémoire, ainsi qu'aux paragraphes 261 à 293
de la. Duplique. Nous avons cru hon également de donne_r,à l'annexe 112
de la Duplique, un "Résumé de la- pratique des Etats, avec des
extraits des lois, règlements, etc. "· Ce résuméest loin d'êtrecomplet,
mais nous espérons qu'il facilitera l'étude d'une question particulière­

ment complexe et sur laquelle il n'est pas toujours facile d'êtresuffisam­
ment renseigné.
Pourquoi avons-nous fait état des tendances actuelles de la pratique?
Le Gouvernement norvégien n'a pas à se prononcer sur les différentes
111esuresqui ont étéadoptées dans ces dernières années par d'autres
Etats. Il n'a pas à les approuver, ni à les désapprouver. li les cite unique­
ment comme des faits.
D'au trc p::trt, et je tiens à le souligner fortement,nous n'invoquons
pas du tout ces faits pour JUstifier nos droits. La Norvège n'a pas besoin
d'y faire appel en ce qui la concerne. Ce qu'elle revendique, ce n'est pas
une extension de son domaine maritime, c'est une situation acquise
depuis longtemps déjà. Elle s'appuie sur une vieille tradition, sur une

des traditions les plus anciennes que l'on puisse concevoir et qui est
donc tout à fait indépendante des mouvements actuels de la pratique
interna tionale.
Si nous avons esquissé ce tableau de l'actualité, dans la mesure .où
nos moyens d'information nous ont permis de le faire, c'est uniquement
pour mettre en lumière les défauts du système qu'on nous oppose. C'est
pour étab!i:rpar un ensemble de faits que !e système juridique exposé par

22 322 PLAIDOIRIE DE M:BOURQUIN (NORVÈGE)- I2 X SI

la Partie adverse est en désaccord avec la pratique de nombreUx États
et qu'il est donc impossible de voir dans ce système l'expression d'une

1pratique générale ac~ept è oe me étant le droit 11.
En rgxo, quand les Etats-Unis soutenaient, dans l'affaire des pêcheries
de l'Atlantique Nord, que l'ouverture des baies territoriales ne pouvait
pas dépasser six milles marins, le Gouvernement britannique n'a pas
manqué d'attirer l'attention du tribunal arbitral sur les conséquences
qui résulteraient de cette théorie.oici ce qu'on peut lire à ce sujet dans
le British Case :

«Ce n'est pas trop de dire que si la thèse actuelle des États­
Unis devait recevoir la sanction de ce tribunal, des difficultés et
des contestations surgiraient immédiatement dans toutes les parties
du monde. 11 ·

Cc"passageest reproduit au paragraphe 362 de notre Contre-Mémoire.
Il est évident qu'une remarque analogue peut êt;:-efaîte dans le cas
qui nous occupe. Si l'on devait appliquer à tous les Etats le système qui
est défendu par le "Gouvernement britannique, beaucoup de perturba­
tions en résulteraient dans 1'état actuel des choses.
Pournotre part, nous n'avons pas un aussi vaste dessein. Nous deman­

dons simplement à la Conr de dire qu'un pays comme la Norvège, se
trouvant dans des conditions géographiques, historiques, économiques,
que j'ai eu l'honneur d'exposer, ayant derrière lui une vieille tradition
qui découle précisément de ces conditions exceptionnelles, nous lui
demandons de dire qu'un tel pays ne méconnaît aucunement les exigences
du droit international enrestant fidèleà cette tradition et en délimitant
sa zone de pêchecomme 1'a fait le décret de rg35,
Nous ne prétendons pas que notre formule doit être généralisée.
Nous croyons, au contraire - et c'est une conviction que le Gouverne­
ment norvégien a toujours affirmée- que le droit international a assez

de souplesse pour tenir compte de la diversité des situations et qu'il peut
ainsi· éviter"les abus sans sacrifier les intérêtsessentiels et légitimes
des États côtiers.
Je crains d'avoir déjà fait trop largement appel à la bienveillante
attention de la Cour.
Elle me permettra cependant de lui soumettre une dernière observation.
Le Gouvernement du Royaume-Uni ne conteste pas l'importance de
l'industrie de la pêche po_urles habitants de la Norvège du Nord. Mais
il prétend que, de leur côté, les pêcheurs britanniques auraient un
intérêtmajeur à pouvoir exercer leur activité dans la région contestée.

Il signale à cet égard qu'en 1949 ces pêcheursont entrepris 560 croi­
sières dans les eaux situées au large de la Norvège et qu'en prenant une
moyenne de zr hommes d'éqnipage·etune duréede 24 jours par croisière,
cela représente au total z83.ooo journées de travaiL
La conclusion qu'il en tire est la suivante :

''I1est indéniable- dit-il- qu'une réductionimport ante des possi­
bilités de pêcheda,ns ces régions aboutirait à causer un grave chô­
mage et à créerbien des difficultés à l.apopulation intéressée.n

·Ce passage figure au paragraphe 8 c de la Réplique.
'Je êroisqu'il suffit de le lire attentivement pour se conv<lincre que
la'contesta tiori-ni.menéèà son véritable objet - ne présente en somme
pour la. Grande-Bretagne qù'un intérêtminime. PLAIDOIRIE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 12 X 51 32J
Tout ce qu'on trouve à elire, en effet, pour mettre cet intérêten relief,

c'est qu'une 'réduction'importante de la pêcheclans les mers septeJ~trio­
nales situees en face de la Norvège créenit du chômage et des difficultés
pour les pêcheurs anglais.
Mais examinons cette atlirmation. Quel rapport y a-t-il entre l'hypo­
thèse qu'elle envisage ct l'erijeu du procès?
l'our ma part, je n'en vois aucun.
Si le Royaume-Uni est déboutéde son action, il n'en résultera aucune~
ment une ''réduction importante n de la pêcheà laquelle ses ressortis­

sants se livrent dans les mers septentrionales situées en face des côtes
norvégiennes. Et cela pour deux raisons bien simples.
La première, c'est que la contestation ne porte pas du tout sur
l'cnsemble cles mers sept entrion[dessituées en face des côtes norvégiennes,
mais uniquement sur quelques bancs de pêchebien délimités: ceux qui
se trouvent entre la limite elu décret de 1935 et la pecked green line.
Il ne s'agit pas d'autre chose. Les bancs de pêchesitués au delà de

la limite de 1935 ne sont pas en cause. Et les bancs de pêchesitués en
10 deçà de la pecked green. line ne le sont pas davantage.
La Norvège n'a jamais songé à empêcher les chalutiers britanniques
d'exercer leur industrie sur les nombreux bancs de pêche des· mers
septentrionales.
Tout ce qu'elle leur demande, c'est de ne pas l'exercer en deçà de la
limite de 1935.
Ils oiü tout le reste à leur disposition. Et le reste, c'est énorme.

Nous avons donné à l'annexe 87 de notre Duplique, pièce n" 3, une
"esquisse cartographique indiquant les parties de l'Atlantique Nord et
de l'océan Glacial Arctique fréquentées par les chalutiers Jl.
Si la Cour veut bien s'y reporter, elle verra que les bancs situés à
proximité des côtes de la Norvège ne représentent qu'une petite partie
de l'ensemble.
Et ces bancs eux-mêmes sont loin d'êtretous compris dans la délimi­
tation de 1935.
D'autre part,' nous avons mesuré la superJ1cie contestée dans la zone

comprise entre la pcckeâ green linc ct la limite du décret de l935· Elle
est de 6.gzo km•.
Et, pour permettre d'apprécier J'importance relative de cette zone,
nous avons demandé à nos experts d'évaluer la superficie totale des
zones de chalutage les plus fréquentées de l'Atlantique Nord et de
l'océan GlaciaL
lis sont arrivés au chiffre der.127,000 km 2. .Tecrois inutile de donner
en ce moment le détail de cette évaluation. Il sera, bien entendu, com­

muniqué à la Cour et à la Partie adverse.
Le chiffre obtenu ne constitue sans aucun doute qu'une approximation,
car il est difficile de fixer exactement l'étendue de zones de mer qui ne
sont pas rigoureusement délimitées. Nous le donnons comme tel, mais
nos experts croient l'avoir établi avec le maximum d'objectivité.
Et, dans tous les cas, il indique un ordre de grandeur, qui permet
de constater la place très réduite qu'occupe dans l'ensemble la zone
contestée dans le litige actuel: 6.900 km 2 d'un côté; I.rzo,ooo km 2

de l'autre.
Voilà ma première observation.
Et voici la seconde.324 PLA1110IRIE DE M. BOURQUTN (NORVÈGE) - 12 X 51

On parle d'une ((réduction importante" de la pêche actuellement
pratiquée par les chalutiers britanniques.
Mais il ne s'agit pas de réduction. Il ne s'agit pas d'enlever aux com­
pagnies de chalutiers des bancs de pêchequi leur auraient ét.éouverts
jusqu'ici.
Dès que les chalutiers britanniques ont fait leur apparition en face
des côtes du Finnmark oriental, en 1906, puis à partir de 1932, à l'ouest
du cap Nord, les autorités norvégiennes leur ont interdit de pénétrer
dans la zone litigieuse.

Les bancs qui sont actuellement contestés n'ont jamais étéà la dispo·
sition des chalutiers britanniques.Si ces pêcheurs ont réussi à y faire
de temps en temps des incursions, c'est en fràude.
Il est donc absolument inexact de prétendre qu'on veut leur retirer
le pain de la bouche et que le maintien du décret de 1935 provoquerait
du chômage dans les ports de pêchedu Royaume-Uni.
Si le chômage se produit, c'est ailleurs qu'il faudra en chercher la
cause.
Nous comprenons très bien que les compagnies de chalutiers désirent
étendre le champ de .leurs opérations. Et nous comprenons très bien "
que les bancs de pêchede la. Norvège .les tentent.

Mais nous ne croyons pas qu'on puisse sérieusement affirmer que le
sort des quelques bancs de pêchequi sont en litige affecte les intérêts
essentiels du Rovaume-Uni.
En revanche, ~perso nnnpeut contester, me seri1ble-t-il, que les
intérêtsessentiels de la Norvège ne soient en jeu dans ce procès.
J'ai eu l'occasion d'établir, dans une partie précédentede ma plaidoirie,
que, pour les pêcheurs norvégiens, le maintien de la limite de 1935 est
d'une importance primordiale.
Je ne crois pas nécessaire de refaire cette démonstration.
Remplacer la limite de 1935 par celle de la pee/mlgretm li11et ouvrir,
par c.onséquent, aü chalutage étranger, des bancs de pêche qui sont
situés entre ces deux lignes, c'est pratiquement déloger de cette région
.les pêcheursde la côte dont les engins de pêchene peuvent pas échapper

à l'action destructrice des chalutiers.
C'est les déloger de' bancs de pêchequ'ils ont toujours étéseuls à
exploiter et dont le rendement est nécessaire pour leur pem1ettre
d'équilibrer leur budget.
C'est les réduireà une situation qu'ils ne pourraient plus supporter
et qui aurait sans cloute pour conséquence un dépeuplement de la Norvège
du Nord.
Car les conditions de vie dans cette partie du monde sont si rudes,
et elles sontà ce point dépendantes des produits de la mer, que toute
réduction de- la pêche exerce immédiatement sur elles une influence
désastreuse.
Je ne voudrais pas donner à la Cour l'impression de forcer les choses,

ni encourir le reprochede verser clans le sentimentalisme.Mais il s'agit
d'un fait, et d'un fait qui est, pour la Norvège, d'une gravité incontes­
table.
j'ai déjà mentionné le rapport des deux experts britanniques qui
ont représenté leur pays aux entretiens d'Oslo de 1924, rvTM.Maurice
et Douglas.
Rien ne permet de supposer que, dans ce rapport ~trè csnfidentiel»
adressé par eux au Foreign Office, ils aient exagéréles nécessitésqui
pèsent sur la Norvège. - PLAIDOIRIE DE ;\IBOURQUIN (NORVÈGE) - 12 X 51 325

Or, voici l'opinion qu'ils y expriment:
"On peut dire en véritéde la population de la côte septentrionale
qu'elle doit ou bien pêcherou bien mourir de faim (either .fish or
starve)."

Le rapport de MM. Maurice et Douglas a étéreproduit à l'annexe 4
du Mémoire britannique. La phrase que je viens de citer se trouve à
la page rog (voL 1). _
To fish or tostarve:voilà l'alternative, On ne peut rien ajouter à un
diagnostic aussi net.
Question vitale,par conséquent, pour la Norvège.
Question d'autant plus vitale qu"en délimitant la zone de pèche. on
délimite du mêmecoup les frontières maritimes du pays. ·
Pour la Partie adverse, rien de semblable n'est en jeu.
Les frontières du Royaume- Uni ne seront pas affectées par A'issue du

procès. Si le Gouvernement britannique se voit déboutéde son action,
les compagnies de chalutiers de Hull et de Grimsby devront renoncer à
.l'espoir d'étendre leurs opérations. Mais le territoire maritime de la
Grande-Bretagne ne subira aucun changement.
Pour la Norvège, au contraire, c'est le territoire national lui-même
qui est en cau,st:.Et tout le monde reconnaît que, s'il est une question
grave pour un Etat, c'est bien celle de la délimitation de son territoire.
Les anciens traités d'arbitrage contenaient souvent une claus d~e
réserve,qui excluait les différendstouchant aux intérêtsvitaux des Etats
en conflit.

li est certain que, sous l'empire d'une clause de ce genre, un différend
comme celui-ci n'aurait pas étésoumis à l'arbitrage ou à un règlement
judiciaire, car la Norvège aurait étéjustifiéeà invoquer l'obstacle des
intérêtsvitaux.
Si je rappelle ce passé- qui est encore, en somme, bien près de nous
- c'est uniquement pour mettre en relief Je progrès qui s'est réalisé
dans les idéeset dans les mŒurs.
Nous sommes maintenant libérésdes réserves qui paraissaient alors
naturelles et que, bien souvent, même,on considérait comme indispen­
sables.
Nous sommes convaincus que tous les différendsjuridiques, quelle que

soit leur importance, quelle que soit la gravité des intérêtsqu'ils affec­
tent, peuvent êtresoumis avec confiance à votre haute juridiction.
Et le Gouvernement norvégien espère que l'exemple donné par les
Parties dans le.litige actuel aura une heureuse influence sur le dévelop--­
pement de la procédure juridictionnelle ~t qu'il contribuera à h faire
pénétrerdavantage clans la pratique des Etats.
Monsieur le Président, Messieurs·de. la Cour, je suis arrivé au terme

de mon exposé.Avec votre permission, l'agent du Gouvernement norvé­
gien le complétera en traitant les deux questions qu'ila déjà annoncées,
c'est-à-dire l'évolution du litige depuisrgo6 et la comparaison entre la
limite de 1935 etla pecked green ü"ne.
Le PRÉSIDENT: M. le professeur Bourquin vient de terminer sa plai­
doirie en énonçant une constatation qui est à l'honneur de l'une et

l'autre Parties. Je souhaite que les dernières paroles qu'il a prononcées
aient leur échoen dehors de ce prétoire.
Et maintenant je prie M. l'agent du Gouvernement norvégien de bien
vouloir prendre place à la barre et J'énoncerson exposé. 9. PLAIDOIRIE DE M. SVEN ARNTZEN
(AGENT OU GOUVERNEMENT DU ROYAU!\Œ DE NORVÈGE)

.o\:UX SÉANCES PUBLIQUES DI':S I2,13 ET IS OCTOBRE 1951

[Séancepublique dttI 2 octobre I95r. aprèS-midi]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, comme le professeur
Bourquin vient de l'annoncer, je vais maintenant examiner la période
depuis rgo6 environ.

Les événementsen question sont examinés en détail dans les écritures.
Je me bornerai donc à réfuter les allégations de nos adversaires émises
dans les plaidoiries orales.
C'est surtout sir Frank Soskice qui s'est occupé de l'examen de cette
période. Si j'ai bien compris il a voulu par son analvse étayer deux
thèses. •
Sa première thèse, c'est que l'attitude de l<tNorvège à l'égard de la
question des eaux territoriales a subi de nombreuses variations anté­
rieurement à I935·
La seconde thèse, c'est que le Royaume-Uni n'avait pas acquiescé aux
prétentions nor:végien_nes·.

Examinons, pour commencer, cette dernière question :
Le professeur Bourquin a prouvé, me semble-t-il, dans son exposé·,que
les principes sur lesquels repose le décret de 1935, avaient été cons~crés
en droit norvégien, et étaient déjà connus et respectés par les Etats
étrangers, bien avant le commencement de letpériode dont nous nous
occupons ici.
La question ne se pose doncpas de savoir si le Royaume- Uni a acquiescé
ou non aux prétentions norvégiennes après rgo6. Toutefois, l'attitude
britannique à l'égardde la question du territoire maritime de la Norvège,
postérieurement à .rgo6, a son importance sous un autre rapport.
Comme nous le verrons tout à l'heure, le Gouvernement du Royaume­
Uni a exercé une forte pression sui: le Gouvernement norvégien au cOLirs

de cette période.
Je tiens à signaler ce fait, ·car il explique deux choses: c'est d'abord
l'àttitude elu Gouvernement norvégien dans la question de l'application
de la législation sur la pêche,et ensuite la moderation dont il a étéfait
preuve du côté norvégien dans l'espoir d'en arriver à un arrangement à
l'amiable avec la Grande-Bretagne.
Aujourd'hui, le Gouvernement britannique reconnaît que la Norvège
possède des titres historiques à une bande territoriale de quatre milles
marins, à tous les fjords et sunds, et aux eaux situées en deçà de la
frange d'îles, d'îlotst de rochers. A cette barre, le Gouvernement bri­
tannique a déclaréque la Norvège avait acquis ses droits à ces portions

de sa mer côtière avant r.go6.
Mais quelle a étél'attitude du Gouvernement du Royaume-Uni à
partir de rgo6 et jusqu'à maintenant ?
_ Je ne vais pas examiner en détail elevant vous toutes les réclamations
du Gouvernement du Royaume-Uni à l'égard de ta Norvège, mais en I'LAIDOIRlE DE l\1. ARNTZEN (NORVÈGE) - 12 X 5! 327
m'appuyant sur les écritures, je me permettrai de relever les faits sui­

vants:
Premièrement, je tiens à rappeler la tentative faite par la Grande­
Bretagne en 1906- au lendemain de la dissolution de l'union entre la
Norvège et la Suède- pour amener la Norvège à renoncer à sa limite de
quatre milles et à adhérer à la Convention de la mer du Nord de r882.
Je renvoie au paragraphe 96 et à l'annexe 31, no r, au Contre-Mémoire.
Je rappelle ensuite l'attitude prise par la Grande-Bretagne dans
l'affaire du Lord Roberts, affaire que le professeur Bourquin a évoquée
dans son exposéce matin.

Je rappelle, enfin, la note du Gouvernement britannique du 22 aoüt
1913, reproduite à l'annexe 38, no r, au Contre-Mémoire. Le Gouver­
nement du Royaume-Uni déclaredans cette note que " the possibility that
a dispute with Nonvay on the subject of the limit of territorial waters
might lead to a serious political controversy, is an eventuality which
His Majesty's Government would regard with the greatest concern ».
Les propositions faites par le Gouvernement du Royaume-Uni dans
cette note se passent de commentaire quand on les compare avec tout
ce que le Gouvernement britannique reconnaît aujourd'hui.

La première guerrç. mondiale amena un arrêt dans l'activité des
chalutiers britanniques dans les eaux arctiques.
Mais en 1922, les chalutiers se montrèrent de nouveau sur la côte
du Finnmark oriental. Le Gouvernement du Royaume-Uni soutint les
compagnies de chaJ.utage en déclarant, entre autres, que la Norvège
n'avait droit qu'à une bande territoriale de trois milles, et au:X.fjords ne
dépassant pas six milles de largeur à l'entrée. Voir, par exemple, le
Mémoirebritannique, à la fin du paragraphe r2. ·
Le 29 mars 1924, le Gouvernement du Royaume-Uni envoya la note

reproduite à l'annexe 3 au Mémoire britannique.
Cette note présente de grandes analogies avec la note du 22 août
1913 que je viens de mentionner. La nouvelle note de 19i4 a étéexaminée
au paragraphe 149 de la Duplique. Mais il y a lieu de rappeler que le
projet présenté par le Gouvernement du Royaume-Uni comme base
d'un arrangement, comportait les propositions suivantes :
La Norvège devait renoncer à la limite de quatre milles marins.
En revanche, le Royaume-Uni se déclarait disposé à reconnaître
comme eaux nationales cert<üns fjords considérables, en particulier
le Vestfjord et le Varangerfjord.Plus tard, cette proposition fut modifiée:

le Royaume-Uni se déclarerait disposé à soutenir les prétentions de la
Norvège sur ces deux fjords dans une conférence internationale .
..En compensation de ·cette offre, qualifiée dans la note du 29 mars
1924 de " very large concession 11de la part de la Grande-Bretagne, la
Norvège consentirait à ce que les chalutiers norvégiens soient soumis,
dans certains secteurs au large des côtes d'Écosse, aux mêmesrestrictions
que subissaient déjà, d'après la loi, .les chalutiers britanniques.
En d'autres termes, l'arrangement que faisait prévoir le Gouvernement
du Royaume-Uni aurait comportéla renonciation de la part de la Norvège
à une partie importante de ses droits incontestables et aujourd'hui

incontestés, en compensation de quoi elle devait assumer certaines
obligations.
Quand on considère l'ampleur des revendications britanrüques et la
pression continue exercée sur la Norvège, on comprendra sans doute328 PLAIDOIRlE DE ~1A .RNTZEN {NORV.ÈGE) - 12 X 51

qu'ily ait eu, du côténorvégien, des opinions diviséessur les concessions
à faire pour arriver à une solution.
Mais ce serait une erreur d'attribuer comme motif à ces divergences
un doute quelconque en ce qui concerne les droits de la Norvège. Pareil
doute ne s'était jamais élevénon plus, antérieurement à ces propositions.
Comme il a étémentionné à plusieurs reprises, îes premiers chalutiers
étrangers firent leur apparition sur la côte du Finnmark oriental vers
I906. Ils y complétaient leurs prises au cours de leurs voyages entre la
Grande-Bretagne et la mer de Barentz.
Mais si les chalutiersbritanniques pratiquaient, à partir de cette date,

la pêcheap large du Finnmark oriental, cela ne signifie pas que cette
pêchese pratiquât près de la. côte au point de se dérouler à l'intérieur
du territoire maritime norvégien. Le premier cas d'infraction qui soit
enregistré dans les annales de cette affaire, c'est l'incident du Lord
Roberts, en 19n.
Par contre, l'apparition des chalutiers amena les pouvoirs publics
en Norvège à prendre des mesures en vue de sauvegarder la limite
maritime dans ce secteur. A partir de .1908, afin de faire respecter les
lois en vigueur, une police régulièrede la pêchefut organisée sur là côte
orientale du Finnmark, avec des bâtiments de la marine nationale.

, La polîce de la pêche fut exercée conformément aux instructions
généraleselu 22 décembre 1906, présentées à l'annexe 23 au Contre­
Mémoire.
Le paragraphe 93 du Contre-Mémoire reproduit le télégramme de
service envoyé par le préfet du Finnm<trk. Le texte de cc télégramme
préciseles limites des zones maritimes du Finnmark oriental revendiquées
comme eaux territoriales norvégiennes. Comme le reconnaît sir Frank
Soskice, la zone ainsi définie coïncide avec celle déterminée en 1935-
Je renvoie ici au compte rendu de la séance du 29 septembre.
Puis, en 1912, fut déposéle projet de délimitation présenté par la

Commission de la frontière des eaux territoriales de I9Il- C'est un fait
reconnu par la Partie adverse que les lignes proposées par la commission
coïncident, dans leur ensemble, avec celles qui ont étéadoptées par le
décret de 1Q35- ,
De plus, Je souligne que dès l'apparition des cha.lutiers, une zone de
pêche- limitée à quatre mmes marins au large de ces lignes de base­
a étédéfendue par la police de la pêcheen tant que zone norvégienne,
ainsi qu'ilà étéexpliqué au paragraphe 95 eluContre-Mémoire.
li:J.r.\Vilberforce commet donc une erreur manifeste en déclarant que,
depuis trente ans, les chalutiers étrangers pêchent bien à l'intérieur des
lignes bleues. '

Il est vrai que, comme il a étéexpliqué au paragraphe 95 du Contre­
Mémoire, t:application de la loi a étéfaite d'une façon tempérée dans
une portion de la zone de pêche,à savoir dans les eaux situées entre la
limite de pêchenorvégienne et une autre ligne déterminée à partir de
.lignes de base ne dépassant pas dix milles marins de longueur, et com­
portant une bande territoriale de quatre milles marins.
i\'faiscette application tempérée de la loi n'altère en rien le fait que
.ledroit exclusif des Norvégiens à la pèche a étémaintenu tout le temps
sur l'ensemble de la zone délimitéepar la ligne bleue.

Comme de juste, le Gouvernement du Royaume-Uni n'a pas contesté
les précisions fournies par le Gouvernement norvégien concernant les PL>\IDOJRIE DE M. .'I.RNTZEN (NORVÈGE) - I2 X 5I 329

instructions suivies par les navires de guerre faisant fonction de police
de la pêchedepuis :rgo8. Je renvoie à la Réplique, paragraphe 99 a.
Cette application tempérée de la loi fut maintenue au Finnmark de
la mêmefaçon et dans la mêmezone jusqu'au mois d'aoùt 1934, comme il
a étéexpliqué dans la Duplique, au dernier alinéadu paragraphe ISL

Le Gouvernement du Royaume-Uni a soutenu dans ses écritures qu'il
aurait étépratiqué un tacitmodus vù~tn dès1925 sur la base de la ligne
dite ''rouge J)et un express modus vi11endise basant sur la mêmeligne­
limite à partir de novembre 1933.
Au cours de la plaidoirie orale, nos adversaires ont reconnu que ces
aJlégations reposent sur un malentendu, et que la Norvège a continué à
appliquer. la loi conformément aux instructions de rgo8, après 1925

aussi bien qu'après le mois de novembre I933-
Par contre, nos adversaires soutiennent toujours que les autorités
britanniques supposaient que la Norvège se servait de la ligne rouge
comme ligne de démarcation entre l'application tempéréeet l'applica­
tion avec emploi de la force.
Ils soutiennent encore que le Gouvernement du Royaume- Uni aurait

informé les patron'i des chalutiers en ce sens; que ceux-ci se seraient
conformés à cette consigne, et que le Gouvernement du Royaume-Uni
aurait-porté ces faits à la connaissance du Gouvernement norvégien.
Ces allégations ne résistent pas à l'examen.
Au paragraphe 151 de la Duplique, il est démontréque ni le Gouverne­
ment elu Royaume-Uni ni les chalutiers britanniques n'ont observé

la ligne rouge dans les années consécutives à 1925; et ce n'est qu'en
1934 que le Gouvernement du Hoyaume-Uni soutint que les chalutiers
britanniques avaient observé la ligne rouge sur la base de l'accord inter­
venu en 1925. Je me reporte à la note britannique du.24 mai 1934, annexe
14, no z, au Mémoirebritannique.
Comme il appert du document numéro 5 de cette annexe, à savoir la
note norvégienne du 31 mai 1934, le Gouvernement norvégien a nié

l'existence d'un tel accord. Je cite : ·
<(As regard t~e st;Jtement in your note concerning an arrange­

ment of 1925, I do not fail to draw attention to the fact- of which,
moreover, the British Government is also well aware- that the
negotiations of 1925 dicl not lead to any arrangement. ))

l'our ce qui est de l'application de la loi, je renvoie en outre à !"annexe
s6 au Contre-Mémoire, avec les pièces no.;I et2, donnant la description
exhaustive des nombreuses captures et admonestations. Dans une autre
partie de mon exposé, j'indiquerai comment l'application de la loi a été
faite dans les zones situées entre la ligne bleue ct la pecked green tine.

Toutefois, je dois dire quelques mots concernant un document de
JgoS, relatif à la police de la pêchequi, alors, allait êtreorganisée au
Finnmark oriental.
Je fais allusion à la lettre du 24 mars rgoS, adres.<>épear le ministère
des Affaires étrangèresau ministère de la Défensenationale, et reproduite

àl'annex~ A-a3+Contre-Mémoire. Cette lettre contientune déclaration
du ministère des Affaires étrangères concernant la limite territoriale
dans le Finnmark,. à l'usage des navires de guerre chargésde la sur"
veillance des pêches.330 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 12 X SI

· Je rappelle qu'après avoir d'abord renvoyé à la disposition contenue
dans la lettre patente de chancellerie du 25 février 1812, le ministère
s'exprime ainsi :

"Cette prescription doit, plus pr'écisément,être ainsi comprise
que la limite se compte à partir de la ligne du littoral qui avance le
plus dans la mer à maréebasse, ou de l'île ou l'îlot le plus éloigné,qui
n'est pas constamment recouvert par la mer. La mer. territoriale dans
le Finnmark comprend en outré, en vertu du droit international et
de la coutume, les fjords et baies adjacents, et l<llimite de pêche
sera tracée à la distance d'une lieue géographique en partant des
lignes qui relient les points extrêmes des deux côtés de ces fjords et
baies.ll

Les mots "à marée basse, et "constamment" sont soulignés dans
la lettre.
Cette lettre a ététraitée de façon assez étrange par nos adversaires.
Au paragraphe 62 de la Réplique, il fut soutenu que cette lettre
formulait un (extreme headland prînciple "· Il fut en outre alléguéque
le Gouvernement norvégien, à deux occasions, et" no doubt deliberately )),
aurait évitéde porter cette lettre à la connaissance du Gouvernement
du Royaume-Uni, alors qu'une telle comrimnicatioti. aurait étédes·plus

naturelles.
Cette dernière allégation fut réfutée-parla Duplique, au paragraphe 122.
Mais qu'advient-il alors de cette lettre dans la procédure orale ?
Eh bien !nos adversaires se prévalent de cette mêmelettre pour prou­
ver que la Norvège aurait, à l'époque, adopté ccthe tide-mark rule "·
Cette règle, selon la terminologie employée par le Gouvernement britan­
nique, représente le. contraire de l' « extreme headland theory ll.
Dans la séance du 26 septembre, sir Eric Beckett s'est exprimé à ce
sujet de la m<mière suivante:

"The r8r2 Decree itself clearly contemplates the ticle-mark rule,
though it was not then clear whether it was low tide or high tide.
This became clear in rgoS when Norway adopted the line of low
tide. If the Court will look at Annex 34 A of the-Counter-Memorial
at the top of page 102 (Vol. II), it will fmd the words : "la limite

se compte à partir de la ligne d'u,littoral qui avance le plus dans la
mer à marée basse". 1 invite particular attention to the words "la
ligne.dtt littoral". Why did Norway botl1er to specify low tide if
the hele mark was not relevant at ail? ))

Et sir Frank Soskice déclara, dans la séa.ncedu 29 septembre:

''I would like ne:xt to refer the Court again to the letter of .rgoS
written by the Norwegian Foreign Ministry to the Ministry of
National Defence (Annexe 34 A of Counter-Memorial)-the letter
\vhich attempts a re-interpretation of the r8:iz Rescript. Apart from
the fact that this letter is noteworthy as containing a statement­
as applicable to Norway-of the tide-mark rule-"la ligne du litto­
ral qui avance le plus dans la mer à marée basse"-the letter deals

with fjords and bays. There it says, basing itself on international
law and on custom (not, be it noted, on anything specifically Nor~
wegian), that the territorial sea in Finn mark includes adjacent fjords PLAlDOIRIE DE i\'1. ARNTZ~ (~ORVÈGE) - 12 x SI 33I

and bays, the fishing limit being traced at one league from the liùes
which connect the extreme points of the two sides of these fjords
and bays. Clearly this letter contemplates that each separate fjord
or bay shall be separately closecl by its own closing line-a method
quite inconsistent with that now followed by Norway, who daims
to draw !ines across severa! bays at a time. ''
Par conséquent, alors que nos adversaires primitivement ont caractéc

riséla lettre du 24 mars 1908 comme formulant un "extreme headland
principle », et après avoir déclaréque ce principe était à ce point outré
que le Gouvernement norvégien n'aurait pas eu le courage de le faire
connaître au Gouvernement du Royaume-Uni, nos adversaires soutien­
nent actuellement que cette mêmelettre consacrerait la soi-disant" tide­
mark rule», et ferait montre d'une grande modération en ce qui concerne
la définition du fjord.
Nos adversaires arrivent à cette nouvelle conclusion sensationnelle, en
soulignant dans la lettre des mots qui n'y étaient pas soulignés, et en
omettant de souligner les mots qui l'étaient effectivement dans l'original.

Au demeurant, nos adversaires confondent leur soi-disant ''tide-mark
rule'' avec la règle de la "low-water mark''· Le fait que la Norvège,
quand elle trace les lignes entre les points de base, calcule à partir de
la laisse de basse mer, ne signifie naturellement, pas qu'elle se conforme
à quelque ((tide-mark rule lldans le sens que nos adversaires attribuent
à cette expr~ssion. .
.Je n'entrerai pas davantage _dans les détails de ce qui se passa dans
les années précéd'ant1924. Les écritures en fournissent une analyse des
plus fouillées. Cependant, je tiens à rappeler la note norvégienne du

29 novembre 1913 (annexe 38, n° 2, au Contre-Mémoire), qui formulait
si clairement le point de vue de la Norvège (voir le paragraphe roS du
Contre-Mémoire).
Pour ce qui est des Commissions de la. frontière des eaux territoriales
de I9ll et de 1912, je renvoie aux paragraphes 103 à ro6 du Contre­
"Mémoire et aux paragraphes 128 à I35 de la Duplique. 11 me suffit de
préciser que les deux commissions ont proposé, pour la distance de
Grense-Jakobselv à Tr<cn<l,des lignes de base qui, dans l'ensemble, sont
les mêmesque celles adoptées par le décret de 1935. Les projets avaient
étévotés à l'unanimité.
C'estau sein de la Commission de 1926 pour la délimitation des eaux

territoriales que se manifestèrent des dissentiments à propos de certaines_
lignes de base.
Toutes ces commissions - de rgrr., de rgr2 et de 1926 - avaient
procédé à des reconnaissances très consciencieuses des 1ieux avant de
formuler leurs rapports.
Nos adversaires sont sans doute les premiers à comprendre que les
rapports contenant l'analyse des différents secteurs de côte gardent, pour
des raisons de sécuriténationale, un caractère confidentiel.
J'en arrive maintenant aux conversations qui eurent lieu en 1924 et
en 1925, et aux soi-disant" red !inesll.
Sir Frank Soskice a déclaréque la. Norvège semblait « to be particu­

larly sensitive to the references to the red \ines and to the various
-modim"vendi 11.
Nos adversai res ont dù revenir sur leurs allégations antérieures selon
lesquelles il y aurait eu un modus <livendi sur la base des lignes rouges,
comme je l'ai déjà mentionné.332 PLAIDOIRIE DE ~1A .RNTZEN (NORVÈGE) - 12 X 51

Néanmoins, ils se prévalent toujours du fait qu'en 1924, certaines
lignes rouges furent tracées snr quelques cartes.
Dans sa Duplique, Je Gouvernement norvégien a exprimé sa surprise

devant la façon dont le Gouvernement du Royaume-Uni a exploité ce
qui s'est passé en 1924, et devant la façon dont il a tiré argument de
l'épisode des "lignes rouges"· Il a dit combien il trouvait étranges les
efforts desBritanniques de minimiser les réserves très nettes qui furent
alors formulées. J'ai éténon moins surpris d'entendre, à cette barre,
sirFrank Soskice tirer parti de ces délibérations, sans mêmementionner
la protestation norvégienne, ni les réserves formulées et acceptées.
Je veux d'abord parler de la carte elu Finnmark oriental, que le Gou­
vernement norvégien a envoyée au Gouvernement du Royaume-Uni.
C'est la.carte dont on trouve copie à l'anoexe 43 <wContre-Mémoire'·

[M. Arntzen indique sur le plan en· relief le secteur de côte dont il
s'agit.)
Cette carte fut commimiq uéesur les plus vives instances britanniques.
n fut préciséformellement et à plusieurs reprises que la. remise de cette

carte, sur laquelle était portée une ligne-limite et non pas des lignes de
base, ne préjugerait en rien de la. position des Parties dans la question
de la délimitation.
Je me reporte, à cet égard, à la lettre <Ldresséele 19 septembre 1924
par M. Mowinckel, ministre des Affaires étrangères de Norvège, à
M. Lindley, ministre de Grande-Bretagne à Oslo. Cette lettre est men­
tionnée au paragraphe 13 du Mémoire britannique. Je cite:

" ln transmitting this chart ît is assumed that it will in no respect
prejudice the point of view of either Norway or Great Britain
regarding the extent of the territorial waters. ))

Cette réserve fut confirmée par la note verbale britannique du
r3 octobre 1924 et renouvelée dans la note du ministre des Affaires
étrangères de Norvège, en date du 4 novembre 1924. La réserve fut
finalement confirmée dans la note du chargé d'affaires britannique en
date du 5 novembre 1924. Ces trois notes figurent à l'annexe 42 au
Contre- Mémoire.

Le Gouvernement norvégien maintient que, en raison des réserves
prises, le Gouvernement du Royaume-Uni n'a pas le droit de se prévaloir
de cette carte dans la présente affaire ..
J'estime clone superflu d'examiner ici la ligne qui avait ététracée sur
cette carte. .Je dirai seulement qu'el!e était tracée selon des lignes de
base droites. Je renvoie en outre au dernier alinéa du paragraphe 11'7
du Contre-Mémoire.
Je passe ensuite aux conversations mêmesqui eurent lieu à Oslo ert
décembre 1924.
Le Gouvernement du Royaume-Uni reconnaît dans sa Réplique au
paragraphe 74, que ces conversations étaient' "technicalconversations

between experts who had no authority to enter in any agreement binding
their respective Governments n.
Je rappelle les réserves formulées d'un commun accord par les deux
comités au début des conversations, et qui figurent au procès-verbal
de la troisième séance (annexe 4 au Mémoire britannique). je cite:

' Non reproduite. I'LAIDOJRIE DE "M. AHNTZEN (NORVÈGE) 12~~SI 333

" The two Governments represented arc not in any way bound
by what the committees or their members might put forward or
agree to during the discussions. Neither shall these discussions,
. nor even the fact tint they take place, prejudice in any respect
whatsoever the present Norwegian point of view as to the extent
of the territorial waters of Norway or with regard to other questions
in connection with territoriality. This, of course, holds good as
regards the British point of view. "

Je me permets de rappeler que ces réserves furent répétéesdans le
texte du communiqué à la presse, adopté pendant la douzième séance.

(Mêmeannexe au l\l[émOire,vol. T, p: I34-l
Or, la situation était la suivante:
.En 1924, les deux Gouvernements firent discuter par leurs experts
la question des contestations. suscitées par l'activité des chalutiers
britanniques au large de la côte de la Norvège du Nord. Avant d'engager
ces conversations, les délégués·i-wrvégiens formulèrent des réserves
stipulant qu'aucune partie de ces conversations - ou leur existence
même- ne pourrait plus tard être invoquée contre la Norvège. Les
déléguésbritanniques formulèrent des réserves analogues.
Du côté norvégien, on savait que la délimitation concrète du territoire
maritime du pays dépendait de la décision du Storting. (Le Storting
est le Parlement norvégien.) Tant que le Storting n'avait pas pris position,

les déléguésnorvégiens devaient être particulièrement prudents, afin
de ne rien déclarer qui pùt être invoqué plus tard comme l'expression
du point de vue officiel de l<lNorvège.
Les conversations anglo-norvégiennes ne pouvaient avoir d'utilité
que dans la mesure où elles étaient franches. Or, comment aumient-elles
pu l'être avec la crainte que les déclara,tions ou les documentations
produites au cours des conversations pourraient êtreplus tard exploitées
par la PlLrtie adverse ? C'est pourquoi ces réserves furent formulées, et
cela de façon à ne prêter à aucune équivoque. Elles elevaient exclure
toute possibilité pour le::.parties qui les avaient acceptées, d'utiliser plus
ta rd des déclarations ou des documentations procJ,ütes au cours des
entretiens sous 1a sauvegarde de ces réserves.

Le Gouvernement norvégien estime clone que le Gouvernement du
Royaume-Uni, par suite des réserves faites, ne peut invoquer les lignes
rouges portées sur les cartes <lUcours des conversations.
De ce fait, le Gouvernement norvégien veut éviter de faire traîner
les débats en revenant sur les raisons et les circonstances du tracé des
lignes rouges. Après la réfutation minutieuse que nous avons faite des
allégations britanniques, aux paragraphes 145 à 149 de notre Duplique,
je ne saurais retenir l'expression de mon étonnement devant la déclara­
tion suivante de sir Frank Soskice: <Norway gave us to understand ir.
1924 that the red !ines repn~ edchncr c:laims. ''(Je cite le compte rendu
de la séance du 29 septembre.)
Comme on le sait, les conversations entre les experts des deux pays

se poursuivirent à Londres au mois de juin 1925, avec les mêmesréserves
que celles d'Oslo. Je me reporte à l'annexe 7 au Mémoire britannique,
vol. T,p. I4I, procès-verbal de la I'"séance, d'où il ressort que le chef
de la délégation norvégienne, le professeur Hjort, déposa une copie des
instructions données aux déléguésnorvégiens. Celles-ci figurent à
l'annexe 1l au procès-verbal et renferment lèpassage suivant, que je cite:334 PLAIDOIRIE DE ~1A .RNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51
"The delegates should make it clear to the British delegates

that the said enyuiries do not in any respect prejudice the view
maintained by Norway in regard to her territorial waters.
Tt is a matter of course that the Government will not be bound
by the negotiations which are to take place. "

A ce sujet, il doit suffire de constater que la proposition britannique,
fruit de ces entretiens, fut repoussée par le Gouvernement norvégien
avec l'appui du Storting à l'unanimité. Je renvoie à cet égard au Contre­
Mémoire, paragraphe 135.
Le Gouvernement du Rovaume-Unî a fait état d'une communication
adressée au Stortîng et élaboréepar le ministère des Affaires étrangères,

au sujet des conversations qui avaient c0 lieu en 1924 et en 1925: c'est
.le dossier documentaire du Storting, Il 8 (1926).
Au sujet des déclarations contenues dans ce document et qu'invoque
le Gouvernement· du Royaume-Uni, je renvoie . à la Duplique,
paragraphe r 'i.
Je me bornerai, à cette barre, à rappeler que ce document était une
communication intérieure du ministère des Affaires étrangères et
uniquement destinée au Storting.

[Séancepublique du I3 octobre I95I, matt:n J

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, à plusieùrs reprises au
cours de sa procédure orale, la Partie adverse s'est prévalue de l'arrêt
rendu par la Cour suprême de Norvège dans l'affaire elu Deu-tschland.
Je fais notamment allusion à l'exposé de sir Frank Soskice à la séance
dn 29 septembre.
L'arrêtdans l'affaire du Deutschland a étéexaminé de façon détaillée
au cours de la procédure écrite, aux paragraphes 141 à 145 du Contre­
-M:émoire.etau..x.paragraphes 153 à 155 l3 de la Duplique. Le Gouverne­
ment norvégien estime y avoir démontré que c'est à tort que la Partie
adverse croit pouvoir tirer de cet arrêt un argument favorable à sa
thèse. je considère comme superflu et peu indiqué d'en reprendre ici un

examen détaillé.
Je me bornerai donc à souligner les traits saillants. Il convient tout
d'abord de rappeler brièvement les faits.
L'équipage. d'un navire allemand avait étéaccusé d'avoir introduit
en fraude de l'eau-de-vie sur la côte du Trondelag-Norcl. Ce département
est situé bien au sud de la côte qui intéresse la présente a.ffaire, et sen­
siblement plus au nord que les eaux visées par les décrets royaux de
1869 et de r88g.
Les actes incriminés s'étaient clone produits dans un secteur de côte
où aucune lîgne de base précise n'avait encore étédéterminée pour la
limite territoriale, ni par une loi spéciale, ni par un décret.

Le tribunal de première instance condamna les prévenus. Il estima à
l'unanimité que la limite devait êtretracée parallèlement à la direction
généralede la côte au large du skjŒrgard et que le navire avait opéré
en deçà de cette limite. n le fit en s'appuyant sur la lettre patente de
chancellerie de r8r.2 et sur les décrets royaux ultérieurs : celui de r86g
concernant la limite maritime au large du Sunnmôre, celui de 1889 PLMDOIRlE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - I3 X 5I 335

visant le Romsdal, et les deux décrets de r881 et de r8g6 concernant le
Varangerfjord.
Les conclamnésayant interjeté appel, I'affaire fut portéedevant la Cour
suprême. Les parties appelantes faisaient valoir que la décision du tri­
bunal inférieur était fondéesur une application erronée de la loi énce

qui concerne la limite territoriale.
La Cour suprêmecass<lle jugement du tribunal inférieur.
La traduction intégrale de l'arrêtde la Cour suprêmeest produite à
l'annexe 47, n° z, au Contre-Mémoire.
L'arrêt reproduit l'avis du D,·RŒstad dans la mesure jugéenécessaire
par la Cour suprême.
Comme je viens de .Jedire, les actes incriminés s'étaient produits dans

un secteur de côte oü aucune ligne de base concrète pour la limite terri­
toriale n'avait encore étédéterminée,ni par une loi spéciaJe,ni par un
décret.
Je désire mettre en évidence les points suivants qui ont étédéve­
loppésen détail dans notre procédure écrite:
L La Cour suprêmene prit pas le moins du monde position sur la
question de savoir oü le législateur serait fondéà tracer la ligne de base
dans Je secteur en cause.

2.La décision de la Cour suprêmea uniquement la signification que
voici:
Du moment que le législateur n'avait pas, par une disposition positive,
établi de ligne concrèt i~ne revenait pas davantage au tribunal de
tracer une telle ligne pour le secteur de côte en question, en vue de
justifierune condamnation dans l'affaire pénale soumise à son appré~
ciation.
On voit dès lors que la conception juridique formulée par la majorité

de 1«Cour suprême, dans l'affaire du Deu/.schland, est sans pertinence
pour la présente affaire des pêcheries.
3. Les premisses qui étaient à la base ete.la décision majoritairene
saura.ient non plus étayer l'argumentation de la Partie adverse dans
l'affaire qui nous divise.
En estimant que Ie décret de r8rz et les·règles ~supplément aires
droit coutumier n'étaient pas suffisamment e~plici potersqu'on pût se
baser, en l'espèce, sur la ligne adoptée par le tribunal cle première
instance, la majorité de la. Cour soulignait expressément qu'il s'agissait

d'une a[faire pénale.
Selon la Constitution norvégienne, on ne peut êtrecondamné qu'en
vertu de la loi. En conséquence, les tribunaux exigent que les dispositions
pénalesindiquent clairement les conditions qui entraînent la.culpabilité,
de sorte que l'acquittement s'ensuiveen cas de doute.
4· La Partie adverse pense pouvoir étayer les arguments en faveur cle
sa thèse sur l'avis rédigépar le Dr R;cstad et produit devant la Cour
suprême lors de l'examen de cette affaire pénale. li suffira de signaler

que le Dr Restad lui-mêmeapporte dans son avis une réserve en ce
qui concerne la pêche. Je cite: .
•Certes, pour les questions de la pêchesurtout, il est vrai qu'en
Norvège le skja:rgàrd est depuis fort longtemps considérécomme
unité et que, selon la conception juridique norvégienne, encore et

s'urtout quant aux questions de la pêche,le skjŒrgârd est considéré
comme point de départ naturel pour la délimitation du territoire
maritime. n336 PLAIDOIRIE DE ~1A ,RNTZEN {NORVÈGE) - 13 X ji

Ici, leDr R<L~st ranvoie à une note à la page BSi de son ouvrage
Kongens Siromme (Les Eaux du H..oi), déclaration qui a déjà étécitéeau
paragraphe 142 du Contre-Mémoire norvégien, mais qu'il y a lieu de
rappeler ici.Je cite :

"Ces principes, sm lesquels se fondent les décrets royaux de r869
et de r88g, sont traditionnels dans le droit norvégien. Les eaux en
deçà du " skjac:rgard " sont dans une autre situation que les eaux
au delà de celui-ci. Le ((skj<crgardJforme rempart ct borne contre
lamer située au delà. C'est le skjŒrgdrd, elnon pas les rochersisolés
qui constitue le point de départ pour la détermination du terri­
toire maritime. Les lignes droites, tracées par les décrets de r86g
et de r88g, entre des points avancés du "skj<crgftrd », sont des
tentatives pour détermiper Je coiltour extérieur du " skj<.crgàrd )).

On ·ne saurait sans doute formuler une réfutation plus c<üégorique
et plus autorisée de l'allégation présentée par le Gouvernement du
Royaume-Uni et suivant laquelle l'avis du Dr Restad dans l'affaire du
Deutschland corrobore la critique britannique du décret de 1935. .

J'estime super.ftu de m'étendre davantage sur l'affaire du Deutschland
et sur l'avis duDr RŒstad. 11ne me reste qu'à rappeler que l'arrêtde la
Cour suprême dans cette affaire fut rendu avec le vote de dissentiment
du président de la Cour suprême. Celui-ci déclara :
"La conception de droit qui est à la base de l'opinion du tribunal

de première instance quant à la question de savoir où tracer la
limite correspond,à mon avis, à ce que les autorités norvégiennes ont
toujours soutenu .lorsque la question de l'étendue du terri toire
maritime s'est posée pour d'autres secteurs de la côte. "

Je rappelle enfm que la.conception juridique exprimée par le président
de la Cour suprêmelors de l'affaire du DM1tschl(tlureçut l'assentiment de
la majorité de la Cour suprême dans l'affaire du Snin./.-}1rstAinsi,
cette conception jurie\ique fut définitivemen t consacrée cornme droit
norvégien en vigueur.

L'exposé de sir Frank Soskice renferme en outre quelques déclarations
visant les années postérieures à 1925, déclarations sur lesquelles je vais·
faire de brefs commentaires. Les déclarations auxquelles je fais allusion,
se trouvent dans le compte rendu de la séance du 29 septembre.
C'est une erreur de dire {jue "great care was taken to ensure that no
hint of the 1935 !ines was allowed to leak out at the 1930 Hague Confe­
rence although, as wc know, these !ines had in principle been decided

on "·Tant que le Storting n'avait pas délibéré sur l'affaire, on ne pouvait
pas fixer les lignes. C'est une raison suffisante pour qu'aucun renseigne­
ment à leur sujet ne pùt être fourni à la Conférence de codification de
1930.
.Par contre, la Norvège transmit à la conférence des renseignements
précis concernant les principes préconiséspar elle.
Sir 'Frank Soskice déclara en outre :

" Norway did not disclose to us that in 1933 she bad issued to
ber fishery inspection vessels instructions to enforce limits corre­
sponding to the 1935 !ines. n PLAIDOIRIE DE l\1.ARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51 337

Pour rétablir les faits, je tiens à préciser que les instructions auxquelles
il est ainsi fait allusion sont produites à l'annexe 49 au Contre-Mémoire,
à savoir la lettre de l'amiral commandant en chef au commandant du
garde-pêche Frùltjoj Nan-5cn, en date du 22 février 1933. Ces instruc­
tions s'appliquaient au secteur de côte allant de l'île de Senja à l'île de
Kvaltiy dans le département elu Trams, où les chalutiers n'avaient pas

encore opéré et où, de ce fait, aucune police de la pêchen'avait encore
étéétablie.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur la catte la situation de
ces îles et M. Arntzen les indique sur le plan en relief.]

Pour le département du Finnmark, les instructions de rgo8 restaient
toujours en vigueur.
Lorsqu'en 1934, les chalutiers commencèrent leurs opérations da.ns les
eaux baignant le département du Nordland, des instructions furent
établies pour la police de la pêchedans les eaux nordlandaises.

[l\'1.Arntzen indif!ue sur le plan en relief où se trouve le Nordland. J
Ce sont les instructions du 12 avril 1934, reproduites à l'annexe 50 au
Contre-Mémoire.

Soit dit entre parenthèses, je tiens à relever que sir Frank Soskice a
fait une erreur en déclarant, dans le paragraphe numéro 6 du passage
ci-dessus; que le Storting avait émis l'assertion suivant laquelle le
" lenient enforcement »était basésur les " lignes rouges».La déclaration
à laquelle je his a.llusion, n'émanait pas du Storting. Elle figure dans un
rapport de la commission des Affaires étrangères du Storting, reproduite
à l'annexe 15 au Mémoirebritannique. Il a étéprouvé, dans la procédure
écrite, que cette déclaration repose sur un malentendu, fait également
;reconnu aujourd'hui par nos adversaires.
Sir Frank Soskice posa la question suivante, au cours de la séance du
29 septembre : ·

«If any body had asked, even from 1924 onwards, as we asked on
severa! occasions, N orwegian officiais for definite informa tion
concerning the limits claimed by Norway, what would they·have
been told 'n

Je ne vois pas de raison de limiter la question à la période postérieure
à 1924. La Norvège est prêteà fournir des répm}sesconcernant n'importe
quel moment antérieur ou postérieur à cette date.
Il importe de distinguer entre les pri1Kipes et leur application concrète
aux divers secteurs de la côte.
Il a étémentionné bien des fois que les principes de délimitation se
sont manifestés dans les décrets royaux de rSrz, de r86g, de 1881 et
de 188g.
La Norvège a toujours fourni des explications sur ses principes de
délimitation en réponse à toute demande de la part d'une Puissance
étrangère.
Il est donc incontestable que le Royaume-Uni avait connaissance des

principes régissant la délimitation du territoire maritime de la Norvège.
je me bornerai, en ce qui concerne le XJXm" siècle, à me référerà
l'exposé du professeur Bciurquin. Quant à la période que je suis en. train
d'examiner, je ferai état des cas· suivants où le Royaume-Uni a.·été
formellement informé des principes de délimitation de la Norvège.
23 338 PLAIDOIRIE DE ~LARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51

1. En réponse à sa note du 8 mai rgo8, le Gouver:nemen t du Roya ume-
·Uni reçut les renseignements fournis par le Gouvernement norvégien
le 6 ao\Ît rgo8. Je me reporte à l'annexe 32 au Contre-Mémoire.
2. Le rapport déposéen 1912 par la Commission de la frontière des
.eaux territoriales de rgn, fut officieusement communiqué au Gouverne­
ment du Royaume-Uni· en traduction française, sous le titre : Rapport
1912. . . .
Voir la note du 29 novembre 1913, annexe 38, no 2, au Contre-Mémoire.

3- Le. rB décembre 1912, la Norvège _fit promulguer des règles de
neutralité, avec les dispositions suivantes au paragraphe 1 c:
<(Les eaux intérieures comprennent, outre les ports, entrées
des ports, rades et baies, les eaux territoriales situées entre e,t en
deçà des îles, îlots et récifs qui ne sont pas continuellement

submergés. n
Ces règles se trouvent à l'annexe 39· l1° 1,au Contre-Mémoire.
Voilà pour les principes. Pour ce qui est de l'application deces principes,
ou de la fixation définitive de la limite de pêche norvégienne, celle-ci

éta.itsubordonnée à la décision du Storüng. Aucune information concer­
I}ant le tracé concret des lignes de base ne pouvait être fournie à des
Etats étrangers, tant que le Storting n'avait pas pris position dans la
·question de la délimitation. A plusieurs reprises, le Royau.me-Uni a
étéinformé de ce fait. En voici des exemples:
I. La note du 19 juillet1927, reproduite à l'anne.xe 45, n° 5, au
Contre-Mémoire. ·
2. La note du II août 1931, reproduite à l'annexe 10, au l'l'lémoir.e
. 3- La. ilote du 30 octobre 1933, reproduite à l'annexe 51, n° 2, au
Contre-Mémoire, volume des annexes.

4- La note du 30 novembre 1933, reproduite à l'annexe 12, au Mémoire.
5- La note du 31 mai 1934, reproduite à I:annexc 14, n° 4, au Mérrioire.
Je tiens à rappeler qu'à l'époque, aucun Etat n'avait encore déterminé
les limites exactes de ses eaux territoriales.
n me paraît superflu d'analyser l'évolution elu litige après la
promulgation du décret royal de 1935. Au cours de cette dernière période,
le H.oyaume-Uni a exercé une forte pression sur le Gouvernement
norvégien pour que celui-ci rapporte le décret ou du moins ne .le main­
tienne pas à l'égarddes navires de pêchebritanniques. Le Gouvernement
·norvégienne pouvait pas accéder à ces demandes, et au bout de longues
négociations, le Gouvernement du Royaume-Uni fit porter l'affaire
·devant la Cour internationale de Jus ti ce.
Le Gouvernement norvégien est bien aise de voir ce litige, qui dure

deptiis si longtemps, soumis à la décision de la Cour. Je crois pertinent
de rappeler que M. Irgens, ministre des Affaires étrangères de Norvège,
lors de son entretien avec sir Edward Grey à l'occasion de l'incident du
Lord Roberts en 19Jr, suggéra le recours à l'arbitrage comme solution
du litige.

*
* *
· Avant d'aborder ·.Jeprochain chapihe de mon exposé, la Cour voudra
bien' me permettre. de lui adresser une demande :

·' Ati cours des débats il a souvent étéparlé de l'engin de· pêche appelé
" chalut'{:·· PLAIDOIRIE DE :If. ARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51 339

A l'annexe 87, n° 2,de la Duplique, nous en avons donné une courte
description. Mais à elle seule, une description si sommaire ne saurait
suffire à donner à la Cour une notion exacte de J'aménagement et du
fonctionnement de cet engin.
C'est pourquoi nous avons fait exécuter un modèle de chalutier avéc
son chalut.
· Si la Cour le permet, j'en ferai la démonstration au début de la séance
de lundi matin, avec le concours de notre expert, M. Rollefsen, directeur
aux Techerches océanographiques. ·
A notre avis, une telle démonstration pourrait se révélerutile, parce
qu'elle servirait, entre autres,à rendre évidents, aux yeux de la Cour;
les dangers que comporte l'emploi du chalut pour les engins stationnaires.
La démonstration ne dépasserait pas dix minutes.

Le PRÉSIDENT:La Partie adverse a exposé l'autre jour qu'à son avis
l'usage du chalut ne présentait pas les dangers que l'on paraît en
redouter du côté norvégien. Il est légitime que vous fassiez valoir les
explications que vous jugez opportunes pour combattre l'opinion de la
Partie adverse.
En conséquence, la Cour entendra lundi matin, au début de J'audience,
les observations que vous avez demandé J'autorisation de présenter.

*
* *
M. ARNTZEN: Je procéderai maintenant à J'analyse de la délimitation
de 1935.
Je commencerai par quelques remarques généralessur cette délimi­
tation, et par la critique de la pecked green tine clans son ensemble.

Puis, j'étudierai les différents secteurs de la côte, j'expliquerai le choix
elu tracé de 1935 et je présenterai nos objections à la pecked green line.
Sir Eric Beckett a exprimé ses doutes sur l'utilité d'un débat portant
sur ces questions au stade actuel de J'affaire. Il déclara, en particulier,
qu'à son avis ce serait perdre notre temps que de discuter maintenant
le tracé détailléde la limite sur l'ensemble de la côte litigieuse.
Cc point de vue défendu par sir Eric Beckett fait partie de la propo­
sition, adressée par nos adversaires à la Cour, de scinder J'affaire.
Un tel morcellement de la question ne serait ni utile ni réalisable.
L'objet du différend, c'est la validité, en droit international, de la
délimitation établie par Je décret de 1935. Cette délimitation est étroite­
ment liée à la configuration de la côte. Pour que la Cour ait tous les
élémentsnécessaires pour bien asseoir sa décision,les Parties ne sauraient
refuser de discuter la délimitation concrète.
Les Parties ne sauraient non plus éluder les débats sur la question
de savoir quelles seraient éventuellement les conséquences d'une délimi­

tation entreprise conformément à la proposition britannique.
Si nos adversaires ont à présenter, à l'encontre de la délimitation
de 1935, d'autres objections que celles dont ils ont fait état clans leurs
écritures et dans leur première plaidoirie, je compte qu'ils les fassent
connaître dans leur réplique.
Je passe à mes remarques généralesau sujet de notre limite, et à la
critique de la peckeclgreen li11eclans son ensemble.
Qu'il me soit permis de rappeller d'abord le préambule du décret
royal elu 12 juillet 1935, qui énonce que .la délimitation a étéfaite340 PLAIDOlRlE DE l\l..ARNTZEN (NORVÈGE) ~ 13 X 51

conformément aux décrets royaux établis en 1812, en 1869, en r88r et
en 1889.
Le professeur Bourquin a examiné ces textes, et les principes sur les­
quels ils se fondent. Il me suffira donc de rappeler que, d'après ces prin­
cipes, la limite de pêchenorvégienne est parallèle à des lignes de base
droites. Ces lignes de base sont tirées, en suivant la direction généralede
la côte, entre les îles, îlots et écueils les plus avancés, qui ne sont pas
recouverts par la mer.
Voilà pour les principes de la délimitation. Seulement, le tracé concret
de la limite dans les divers secteurs ne résulte pas d'une application
mécanique de ces principes. Le Gouvernement norvégien s'est expliqué
à ce sujet dans son mémorandum au Secrétaire général de la Société

des Nations, en date du 3 janvier 1929, qui se trouve à l'annexe 46,
n° 4, au Contre-Mémoire. Je cite de la section IV de ce mémorandum,
volume II, page r86 :
·«En fais.ant le choix des endroits qui, en vertu du décret de
1812, doivent être considérés comme les p9ints extrêmes, il faut
prendre égard aux circonstances locales de chaque région particu­

lière de la côte. Il peut s'agir de faits historiques, économiques ou
géographiques, par exemple d'une vieille conception des limites
territoriales,d'une possession sans trouble de la pêche, exercée
par la population côtière de temps immémorial et nécessaire à sa
subsistance, ainsi que de la limitation naturelle des bancs de pêchen

Lorsqu'elles procèdent au choix des points de base, les autorités
compétentes tiennent compte des différents éléments d'appréciation
contenues dans ce mémorandum.
Elles se préoccupent également de délimiter la zone de pêchede manière
qu'on puisse avoir la côte en vue de n'importe quel point de la limite.
Les lignes de base coïncident ainsi avec la route de navigation la plus
courte qui longe la côte sans la perdre de vue.
La délimitation de 1935 est, pour chaque secteur de côte, le résultat
d'investigations scrupuleuses et minutieuses. Je renvoie, à ce sujet, au
paragraphe 134 de la Duplique.
C'est la limite ainsi établie par le Gouvernement norvégien que le
Gouvernement du Royaume-Uni demande à la Cour d'infirmer, comme
contraire au droit international.
Nos adversaires ont fait des objections contre 3 des 48 points de

base utilisés par le décret de 1935. Ce sont les points nosu, Vesterfallet
i Gftsan, 27, Tokkebâen, et 39, Nordbôen. Je reviendrai sur ces objec­
tions en examinant les secteurs côtiers, où sont situés les points de base
en question.
Que propose, à la place de la limite de 1935, le Gouvernement du
Royaume-Uni?
Il propose la ligne tracée sur les cartes présentées à l'annexe 35 à sa
Réplique, sous le nom de la pecked green line. Selon le Gouvernement
britannique, cette ligne serait conforme aux exigences du droit inter­
national, alors que la délimitation entreprise en vertu du décret norvégien
serait contraire à ces exigences.
Voyons donc d'abord sur quels principes repose la peckecl green lin.e.

La pecked green line est une application de la méthode elite des «arcs
de cercle>>que le Gouvernement britannique applique au cas d'espèce
de façon purement mécanique. Il en résulte une construction géomé- Pl~AIDOI DE IM. ARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51 341

trique, déterminéeexclusivement par les élémentsqui apparaissent sur
une carte. Elle fait abstraction des particularités de la côte norvégienne.
Elle négligetotalement les conditions locales, c'est-à-dire les conditions
d'ordre hydrographique, historiqueet économique, propres aux divers
secteurs de la côte. Ce n'est pas tout. Comme l'a démontréle professeur
Bourquin, la peckedgreenline a ététracéesans mêmequ'il ait étéprocédé

à l'élimination des <poches n malencontreuses, élimination que les
partisans de la méthode considèrent pourtant comme indispensable.
Or, une telle correction s'impose pour une côte aussi déchiquetéeque celle
de la Norvège avec ses innombrables îles, îlots et écueils.
Le professeur Bourquin a démontréqu'il n'existe pas de règle·de droit
international imposant l'emploi de la méthode des arcs de cercles pour
la délimitation du territoire maritime. Il a établi que, au point de vue
international, cette méthode géométrique; aux fondements purement
théoriques, n'a pas dépassél'état de projet.

Dans. ses paragraphes 229 à 234, la Duplique met en évidence qu'une
délimitation du domaine de pêchenorvégien selon la pecked green line
aboutirait à des résultats inapplicables dans la pratique. Ce fait est
également illustré par les 4 ·esquisses qui figurent à l'annexe 78 à la
Duplique.
Ces esquisses présentent nn certain nombre de chalutiers opéra.nt les
uns à proximité des autres clans divers secteurs côtiers. Quelques-uns

de ces chalutiers se trouvent au delà, d'autres en deçà de la limite de
pêchetracée selon la peckedgrem tine. Que Messieurs les juges veuil1ent
bien examiner les esquisses où figurent les chalutiers, et leur superposent
ensuite le papier-calque portant le tracédes lignes britanniques.
L'emplacement des bateaux par rapport à ces lignes donnera lieu à
des constatations inattendues.
Nous avons fait agrandir la première de ces esquisses pour les besoins
de la démonstration devant la Cour. L'esquisse représente les eaux
situées entre les îles dHj~lmso eyd_eIngôy.

[iVI. Arntzen indique d'abord sur une carte géographique la situation
de ces îles, ensuite sur l'esquisse agrandie.]

On voit sur cette, esquisse trois chab;J.tiers. La question qui se pose
est la suivante : ces chalutiers sont-ils en deçà de la limite, ou en mer
libre ? . . .
Voici la solution du problème: pa:r rapport à la pecked green tine,Je
chalutier le plus avancé dans les eaux du fjord se trouverait en dehors
de la limite, les autres en deçà.

[M. Arntzen montre sur l'esquisse agrandie la position de trois chalu­
tiers. Puis, il tend sur cette esquisse un papi~r-ca .urqlueuel est
tracée la pecked green line.Il apparaît que deu2..:chalutiers se trouvent
à la limite extrêmede cette ligne, le troisième se trouvant en dehors de
cette ligne.]

Par rapport à la .ligne norvégienne, ils sont tous en deçà cie la Jimite.
li ressort de notre démonstration, que la délimitation de la zone de
pêchenorvégienne selon la peckedgreenline conduirait' à des absurdités.
On peut les.résumer ainsi :

1)Du point de vue du navigateur, le tracé de cette ligne semble très
artificieL Pour arriver le plus vite possible à destination, un bateau se
déplaçant .le long de la côte suivra un parcours rectiligne.342 PLAlDOllUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - I3 X 5I

Il va de soi que nous partageons le point de vue de nos adversaires
suivant lequel une ligne délimitant des eaux territoriales n'a pas pour
fonction de servir de route de navigation.
Mais ce n'est pas là la question. Ce que nous voulons faire ressortir,
c:est qu'à la différence de la limite rectiligne, la pecked green tine, avec
ses nombreuses incurvations, est ùwtile et sans intérêp tour la navigation
libre.
On ne saurait donc invoquer les intérêtsde la navigation libre pour
appuyer une délimitation s'inspirant des principes adoptés pour la
pecked greenlùie.

2) Si \;on se place au point de vue du pêcheur étranger,on s'apercevra
que la pecked green-line conduit, en bien des secteurs, à des solutions
impraticables, par exemple quand elle forme des indentations qui pain,
tent vers la côte.
Le pêcheurrisque à tout moment de transgresser la limite, tant en
raison de l'étroitesse de l'incurvation que de sa forme irrégulière.
Veut-il se lancer à la poursuite du poisson, il s'expose à tout moment

à se trouver dans la situation qui a ététrès exactement décrite par
John Basset Moore, et citée au paragraphe 229 de la Duplique. Je cite
le passage suivant de cette déclaration :
'1Voihenfishermen fall in with a.sho.alof fish, the impulse to follow
it is so strong asto make the possib]lity of transgres:.ion very serions

within narrow limits of free water. "

3) La pecked green lùje compliquerait sérieusement le contrôle du
respect de la limite.
[M. Arntzen indique sur l'esquisse agrandie une" poche"·]

Le danger de transgression est bien démontrépour un pêcheurétranger
se trouvant dans une telle poche.
Il serait dans bien des cas très difficile, voire impossible, pour les
gardes-pêche de constater de loin si un bateau de p~che étranger se
trouve au delà ou en deçà d'une telle limite.
Ainsi, les occasions de conflit se multiplieraient,les rapports entre les
pêcheurset la police seraient soumis à une tension perpétuelle. La tâche
de la police norvégienne serait alourdie et plus coüteuse, et les pêcheurs
étrangers seraient exposésà des pertes de temps et d'argent. ·

4) Les incurvations de la pecked green li-neentainent de préférence·les
eaux norvégiennes les plus riches en poissons. Elles empiètent sur les
lieux de pêchetraditionnellement exploités par les pêcheursnorvégiens
avec des engins stationnaires.
5) Il y a contradiction. entre la reconnaissance par le Gouvernement
du Royaume-Uni des fjords et des sunds comme eaux norvégiennes, et
là manière dont il a tracé la pecked green lin.e.

En effet, à l'ouest de la ligne Geitingen-Gavlodden, la détermination
de la pecked green lùu ne comporte pas de lignes de base en travers des
fjords et des suncls conduisant à l'Indreleia.
Citons quelques exemples frappants.
La pecked green tl:ne a étéétablie sans le secours claucune "ligne de
base en travers des fjords que voici : à l'entrée du fjord entre les îles
de Hjelmsôy et de Ingoy, à l'entréedu fjord situé entre les îles de Ingôy
et de Sôrôy, ainsi qu'aux entrées du Andfjord et du Vesteràlsfjord. PLAIDOIRIE DE .M. ARNTZEN {NORVÈGE) - 13 X 51 343

[1\1.Arntzen indique sur la carte, puis sur le plan en relief, la situation
de ces îles. Ensuite, il indique la situation du Andfjord et du Vestertlls­
fjorcl.]
Cette discrimination provient de la thèse britannique suivant laquelle
les eaux de l'Indreleia n'auraient pas le caractère d'eaux intérieures,•

mais seulement le caractère d'eaux territoriales. Or, à cette barre, nos
adversaires n'ont guère fait montre de beaucoup d'assurance quant à
la soliditéde cette thèse. ·
Si cette thèse s'écroule, cela ne peut manquer d'entraîner, pour ·la
délimitation proposée par nos adversaires, des conséquences, qui se
feraient sentir non pas pour un nombre limité de points, ·comme le
soutiennent nos adversaires, mais en fait pour la détermination de la
pecked green z.in.esur toute la côte à l'ouest de la ligne ··Geitingen-
Gavlodclen. · · . . .
Il a étéinvoqué en faveur de la méthode des arcs de cercle qu,.elle
permettrait au navigateur de se rendre facilement compte s'il se trouve

en deçà ou au delà de la limite. JI n'aurait pour cela qu'à repérer sa
position et à la projeter sur la carte; puis, prenant cette position pour
centre, à faire décrire à son compas un cercle dont le rayon, clans le cas
de la Norvège, serait de quatre milles marins. Si le compas touche la
terre,le bateau se trouve en decà, sinon il se trouve au delà de la limite.
Il faut pourtant observer qu'il serait difficile, voire mêmeimpossible,
pour un bateau de pêcheétranger de savoir quels écueils, parmi les
innombrables roches de la côte norvégienne, servent à déterminer· les
arcs cle cercles. ·!: •

. Au surplus, pour le bateau de pêchese trouvant clans une des'' poches))
forméespar la pecked grccnlùz.e,ilserait bien difficile, avec les instruments
dont on clispo:e à bord de tels bateaux, de déterminer avec la précision
désirable la position elu bateau par rapport ;1la limite. .,;:... •
Sur une côte comme celle de la Norvège, le pêcheur ne se rendrait-il
pas plus facilement compte de sa position par rapport à la·limite, si
l'on traçait cette limite au moyen de lignes droites reportées sur la
carte? Le pêcheurn'aurait alors·à se faire aucune opinion sur la·valeur
des diverses élévations de la mer. ·
Sans cloute, dans ce cas également, il est obligéde marquer·sa·position
sur la carte. Mais cela fait, le pêcheurpeut lire clirectcme·lt sur la carte.

s'il se trouve en deçà ou au delà de la limite, sans avoir à se servir de
son compas. r :
La démonstratiori faite à cette barre par le commandant Keilnedy
aur~ certainement permis à Messieurs les juges de sc rendre compte.
combien est compliquée l'application de la méthode elite des arcs de
cercle. Je ne m'étendrai clone p<lS'Surles conclusions à tirer de.èette
démonstration. · ·
Je mc permets seulement de faire observer qu'un élémentcapital du
système est demeuré inexpliqué. Comme je viens de le mentionner,
M. Boggs, protagoniste de la méthode, souligne lui-même que l'é.limi­
nation des ''poches indésirables nconstitue un correctif incl~spe.nsable

elu système. Or, l'exposéelucommandant Kennedy n'en çlit p~~. munt.
Pour dissiper tout malentendu, précisons que notre critiéjile de la
pecked green line ne ·porte pas sur Je·travail purement ·technique du
commandant Kennedy, comme le suppose sir Eric Beckettd\1ais. je·me
permets de supposer que le commandant Kennedy a:exécuté·s0n··travail
sur la foi de directives qui lui ont étéclonriées.Il ril'-estclifficile.dccroire344 PLAIDOIRIE DE l\1.ARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51

qu'il soit l'auteur de la thèse selon laquelle le chenal de l'lndreleia
et les eaux qui y conduisent ne seraient pas à considérer comme eaux
intérieures. Ce n'est sans doute pas à lui qu'il faut attribuer le choix
des fjords et suncls en travers desquels ont ététirées des lignes cie base.

Ce n'est certainement pas lui non plus qui a omis d'éliminer les« poches
indésirables ».
Devant les complications inhérentes à la pecked green tine, qui ne
serait pas d'accord avec l\1.S. W. Boggs sur l'impossibilité d'appliquer
à la côte norvégienne la méthode des arcs cie cercle ?
A ce propos, je me bornerai à renvoyer au passage cie son article de
1930 qui a déjà étécité par le professeur Bourquin.
En traçant la pecked green tine, nos adversaires ont tiré des lignes cie
base en travers de certains fjords à l'est ciela ligne Geitingen-Gavlodclen.

A l'ouest de cette ligne, ils ont tiré ce qu'ils appellent des «lignes de
fermeture » en travers de certains fjords.
Sir Eric Beckett a exposé les considérations sur la base desquelles
ces lignes de fermeture ont étéchoisies. .
Il précise à cet égard que les résultats auxquels seraient arrivées
les conversations de Londres en 1925, en constituaient un élément
important.
L'usage que fait sir Eric Beckett des conversations cie Londres pour
établir le critère ciela délimitation des fjords norvégiens, est en flagrante

contradiction avec les réserves sur la foi desquelles ces conversations
furent menées; et dont j'ai parlé hier. Le Gouvernement no"rvégiense
voit obligé de protester formellement contre une telle exploitation cie
ces entretiens.
La question ne se posait d'ailleurs pas de savoir où la Norvège avait
le droit de porter sa limite, mais de savoir quelles étaient les lignes
auxquelles pourraient se rallier les deux Gouvernements dans le cadre
d'un accord général.
Le problème de la délimitation des fjorcls, sunds ct autres indentations
de la côte norvégienne est en premier lieu une question de .droit interne,

dans laquelle entrent des élémentsd'ordre géographique, historique et
économique.
Le Gouvernement norvégien est censéconnaître mieux lui-mêmeses
propres côtes, comme le elisait d'ailleurs sir Eric Beckett au cours cie
la mêmeséance.
Dans cet ordre d'idéesil peut êtrepertinent de rappeler deux déclara­
tions figurant àla page 20 du Rapport I9I2. La Commission de la frontière
des eaux territoriales y examine les doutes qui pourraient s'élever sur
la question de savoir à partir de quel endroit on fixerait !'·entréed'un
fjord. Le doute peut subsister à cet égard mêmesi le principe en est

bien établi.
La commission déclare d'abord à la page 20 du Rapport :
«Les doutes qui surgiront à cet égard devront être résolus par
les faits géographiques, historiques .et autres pour chaque endroit

en particulier. L'opinion qui s'est formée au cours du temps chez
les habitants de l'endroit, servira ici d'indication. ))
C'est justement ce principe directeur sur lequel s'est basée la com­
mission dans ses investigations lors de l'établissement des lignes qu'elle

a finalement adoptées.
A la page en·question du Rapport I9I2, la commission poursuit : PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51 345

"En général,dans les cas particuliers, on prendra le plus sùrement
une décision en conformité avec la vieille notion juridique
norvégienne, si l'on considère la ligne fondamentale comme étant
tirée entre les points les plus extrêmes dont il pourrait être
question, nonobstant la longueur de la ligne. " ·

* * *

Je passerai maintenant à l'analyse des divers secteurs de côte. A ce
sujet, la Cour ·voudra bien se reporter aux cartes de l'annexe 75 à la
Duplique. Ces cartes sont présentéesici, en séance, à échelle agrandie.
Messieurs les juges sont d'autre part en possession de reproductions pho­
tographiques à échelleréduite de ces mêmescartes, réunies en volumes
de format maniable.

[M. Arntzen indique la carte tendue devant la table des juges.
li montre 1~ .olume (couvert_ure verte) dans leqnel les cartes sont
reproduites à l'échellecorrecte. Les ·autres cartes, dit-il, sont des photo­
graphies.]

Sauf indication contraire, mes réferences visent les cartes de l'annexe
75, ncos Ià 9·
Au cours de la séance du rer octobre, sir Eric Beckett déclara que
la pecked gre~n.l ainser plusieurs points, étéinexactement tracée sur

nos cartes dél'annexe 75 à la Duplique.
Iln'est pas impossible que d'infimes différences se soient introduites
au cours du report de la pecked green. line d'une carte à l'autre. Nos
experts ont copié les lignes de façon aussi exacte que possible, tâche
rendue diffl.cilepar la différenced'échelledes cartes.
Pour ce qui est de la description des divers points de base et de leur
emplacement par rapport à la terre ferme, ou par rapport aux îles, îlots
et écueilsles plus proches, je renvoie à l'exposédonné dans la Duplique
(première partie, section B, chapitre V). .
La mêmeréférencevaut pour l'examen de la longueur des lignes de
base et de 1'emplacement elufond riverain et de son taius.

Je commence parles différents secteurs du Finnmark.
Le département du Finnmark sc voit sur la carte no 2 et sur le plan
en relief.
[ilL Arntzen indique ce département sur le plan en relief.]

D'une mapière générale,je me _permets de renvoyer aux renseigne­
ments qni ont "déjàétéproduits, à cette barre, au sujet des conditions
géographiques du Finnmark. J'estime cep.endant utile de rappeler les
points suivants:
La côte du département du Finnmark va de la frontière de l'Union
soviétique à l'est, jusqu'à J'ilede Brynnilen, à l'ouest:

[M. Arntzen l'indique sur le plan. en relief.]

On distingue le ·Finnmark orüntal du Finnmarll occidental.
Le Finnmark oriental s'étend depuis la frontière soviétique jusqu'au
milieu des eaux de SvŒrholtlia1)et,c'est-à-dire la baie comprise entre le
cap Nordkyn et le cap Nord.

[M. Arntzen indique la baie sur le plan en relief.]346 PLAIDOIRIE DE J\1.ARNTZEN (NORVÈGE) - IJ X..5I

Le Finnmark occidental s'étend depuis Sva:rholthavet jusqu'à l'Hede
Brynnilen.
Le Finnmark oriental se signale par l'absence de skj<ergârd pr•>tecteur ;
on n'y trouve que quelques îles, îlots et écueilsisolés. Par conséquent,
rien ne fait obstacle aux assauts furieux de l'océan Glacial Arctique
contre le ivages du continent. Mais la côte est profondément découpée
par de nombreux fjords, baies et échancrures.

Le long de la côte du Finnmark occidental, au contraire, à partir de
l'île de Magerôy, où est situé le cap Nord, un cordon continu d'iles,
d'îlots et d'écueilsforme un skj~erg protectedr qui abrite le continent.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique cette côte sur la carte.
M. Arntzen l'indique sur le plan en relief.]

Cette côte du Finnmark occidental est également déchiquetéepar un
grand nombre de fjords et d'échancrures.
La grosse majorité de la population habite le long de la côte. .
L'intérieur du continent se compose de vastes plateaux déserts, fré­
quentés surtout r>arles Lapons nomades.

Comme il a étéexpliquéau Contre-Mémoire, paragraphe 26, le peuple­
ment du Finnmark est, de vieille date, intimement lié à la pêche. A
titre d'indication, je renvoie àl:icarte dressée par N. A. Ytreberg, sur
.laquelle sont marquées les anciennes places de commerce du Finnmark
(Duplique, paragraphe 38, annexe 94). Le peuplement de la région est
parti de la côte et non de l'intérieur des fjords.
Depuis les temps anciens, la pêchepratiquée par les habitants du
Finnmark fut protégéepar des règlesjuridiques particulières à la région.
Le droit de pêche était réservéaux habitants de la province et à ceux
du Norelland, avec pourtant certaines restrictions pour ces derniers.

C'est ce qui. ressort des ordonnances des xvwue et ·xvmm" siècles,pré~
sentées à l'annexe 9 du Contre-Mémoire. '
Après ces remarques préliminaires sur les conditions propres· au Finn-
mark, je passerai à l'examen des différents secteurs côtiers. ·
Je commence par le Varange_rfjord, qui se voit sur la carte n° 3 et
sur le plan en relief. · ·"

[Le capitaine Coucheron-Aamot inciique sur la carte où se situe le
Varangerfjord, et M. Arntzen l'indique sur le plan en relief.)
Le Gouvernement du Royaume-Uni ne conteste plus la limite de pêche
norvégienne à travers le Varangerfjord. .
Je me contenterai de montrer sur la carte l'endroit où fut capturé

en rgn le chalutier britannique Lord Roberts. Lêpoint de capture est
indiqué surïa carte par un petit c~rc luezéro,suivi du ni.niléroL '·
[Le capitaine Coucheron-Aamot l'indique sur la carte.]

Je me reporte pour la numérotation à rannex'e s6, piècen" I,au Contre-
Mémoire. . ' - :·'
La carte indique égalef1.1enqtu'il y a eu, avant 1935, en tout 6 cap­
tures en deçà de la ligne-limite maintenant reconnüe. Outre la protesta­
tion de rgH au sujet d\1 Lord Roberts, le Gou\,ernement du .Royaume­
Uni a protesté contre la capture faite en 1925, aux dépens des 2 chalu-

tiers britanniques Sarpedon (zéro 21)et Sheldon (zéro22). ·
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique s~lr a carte les lieux de ées
captures.] ·· · · · ·· PLAIDOIRIE DE tiL ARNTZEN (NORVÈGE}- l3 X ~r 347

Vient ensuite le secteur allant elu cap Kibergnes au Tanafjorcl.
[M. Arntzen indique ce secteur sur le plan en relief, et le capitaine
Coucheron-Aamot l'indique sur la carte.]

Il n'y a pas lieu de s'attarder à l'analyse elu parcours entre les points
de base n<> 2s et 5·
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur la carte ces points de
base, et M. Arntzen les indique sur le plan en relief.]

La ligne la plus longue, entre les points2 et 3, est d6,2 milles marins.
Au large de cette ligne de base, la peckeclgreen line fait cependant une
incurvation qui paraît entièrement arbitraire. Elle aurait pour consé­
quence de soustraire é!-1roit exclusif des pêcheursnorvégiens une partie
elu fond de pêchede Osterbakken.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique l'endroit sur la carte.]

J'en viens au point de base no 5· .
La section qui va depuis le point de base n° 5 sur l'île de Reinôy
jusqu'à Tanafjord, constitue une zone de pêchetrès importante. De nom­
breux témoignages attestent l'ancienneté elu peuplement sur cet.te côte
et l'ampleur de la pêchepratiquée par les riverains depuis des siècles.
Le fond riverain et son talus sont extrêmement poissonneux. De mars
à juin, on pêchela morue au capelan et, pendant toute l'année,la morue,
le colin, l'églefint les pleuronectes. La population dépend entièrement
de la pêchepour sa subsistance.
La presqu'île elu Varanger présente sur tout son parcours des monta­

gnes relativement élevées.
[M. Arntzen indique cette presqu'île sur le plan en relief. Le capitaine
Coucheron-Aamot l'indique sur la carte.]
Le navigateur peut clone voir la côte d'assez loin. La ligne côtière
présente une série d'échancrures sans skjŒrgard protecteur.
Je demanderai au capitaine Coucheron-Aamot de montrer sur la
carte ainsi qu'au plan-relief le tracé de la limite de pêchenorvégienne par

rapport au fond riverain et au talus de celui-ci. ·
[Le capitaine Coucheron-Aamot, tout en faisant les indications sur
la carte, donne les indications ci-après :
Dans ce secteur la courbe isobathe est de 200 mètres et se déroule
de la manière suivante (indications sur la carte) ; plus au large, la courbe
isobathe est de 300 mètres. Entre les deux courbes se trouve le talus du
fond riverain. Plus en bas, en deçà elu talus, on a la limite de pêche.
Les lieux de pêche les plus importants sont: Korsnesbakken, Store­
grunnsbakken, Kji:ilnesbakken, Langfjorclbakken et Tanasnaget. La
parcelle de mer oit se pratique la pêcheau train de lignes est également

indiquée sur la ·carte.]
Dans la partie orientale de cette zone, au large du Persfjord et elu
Syltefjord, les fonds de pêche,le long du fond riverain et·de sori talus,
ne portent pas de noms spécifiques. Mais plus à l'ouest, on trouve, le
long du talus, une série de fonds de pêche nommément désignés.Je
demanderai au capitaine Coucheron-Aamot d'indiquer sur la carte
l'emplacement des lieux de pêcheainsi que des parcelles de mer oit se
pratique la pêcheaux lignes et aux filets.

, [M. Arntzen indique sur le plan en relief ces lieux de pêche,et le capi­
taine Coucheron-Aamot les indique sur la carte.]348 PLAIDOIRIE DE 111.ARNTZEN (NORVÈGE) - 13 X 51

Depuis les temps les plus anciens, les pêcheurs riverains localisent,
à l'aide d'alignements, les fonds de pêcheintéressants. Des exemples de
tels alignements ont étéportés sur la carte.
[M. Arntzen indique ces alignements sur la carte.)

· C'est à partir de 1906 environ que les chalutiers étrangers ont commencé
à pratiquer la pêchedans ce secteur. On aura une idée de l'intensité de
cette pêcheen confrontant les indications de la carte avec les tableaux
présentésà l'annexe s6 au Contre-Mémoire, pièces nos I et 2, qui donnent
le relevé des chalutiers capturés ou admonestés.
De 191r à 1935, il y a eu au total 48 captures. Trente-deux de ces
captures se situent dans ce secteur. Avant le décret de 1935, il y a eu
sept admonestations, toutes données dans le secteur en question.
On trouvera sur la carte au large du Syltefjord la capture no 44·

[Le capitaine Coucheron-Aamot l'indique sur la carte.)
C'est la capture opéréeaux dépens elu chalutier britannique Saint
just,en .novembre 1933. Comme il a déjà étémentionné, l'affaire fut
jugée en dernier ressort par la Cour suprême de Norvège. Par son arrêt
du 28 août 1934, celle-ci a reconnu le principe suivant lequel la limite

norvégienne de pêche doit être calculée, selon le droit norvégien en
vigueur, à partir de la ligne de base allant de la pointe de Kâlsenet
(point no 5). à la pointe de Korsneset (point no 6}.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique ces points sur la carte.)

Cette ligne a une longueur de vingt-cinq milles marins.
L'arrêtde la Cour suprêmeest reproduit à l'annexe 48, n° 2, au Contre­
l\Iémoire.
Au cours de la séance du rer octobre, sir Eric Beckett déclara que les
autorités norvégiennes auraient, à ce moment-là, pris position pour
l'adoption des lignes bleues. Cette allégation est sans fondement, étant
donné que le Storting n'avait pas encore délibérésur cette question.
L'affirmation de sir Eric Beckett, suivant laquelle la ligne au large
du Syltefjord, appliquée par"les autoritées norvégiennes lors de l'affaire
du Lord Weir en 1931, serait exactement la même que celle adoptée
maintenant par le Gouvernement britannique, est également inexacte.
Je renvoie à la note norvégienne du II aoùt 1931 (annexe ro, n° 2,
a~ t émoire britannique). où il est dit :

« \Vith reference to your note to the former Prime l\linister,
1\fr. Mowinckel, of 27th March last, and to Mr. Carnegie's letter
to me of r8th ultimo, regarding the arrest of two British trawlers
Howe and Lord Heir, I have the honour to convey the following
information :
As is known, Norwegian territorial waters, in accordance.with the
prescription of centuries, have a breadth of 4 nautical miles. As
regards the base !ines from which the 4-mile limit is to be calculated,

the position is that the Storting have not yet taken up a standpoint
with regard to the final marking of these lines in ail details. It is
assumed that this will take place in the course of the coming session
of the Storting, and as soon as such a decision has been made it will
be a pleasure for me to see that you receive ail necessary information
in that respect.
I must not omit to add, that, in accordance with reports received
from the competent authorities, the position is that whatever base- PLAIDOIRIE DE illARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51 349
line, of those that Norway can consider, may be taken as the one

from which territorial waters are to be calculated, the arrest of the
two trawlers will be found to have taken place withiri the 4-mile
limit."

Il ressort de la cartn" 2, qu'il y a eu, dans le secteur qui nous occupe,
de nombreux cas de pertes d'engins entre 1945 et 1950, en deçà comme
au delà de la limite de pêche.Les cas marqués sur la carte ne représen­
tent que les sinistres qui ont étéréglésselon les dispositions de la Con­
vention norvégo-britannique du 5 novembre 1934 (annexe 29 à la
Réplique).

[Le capitaine Coucheron-Aarnot indiqne sur la carte les endroits où
eurent lieu des pertes d'engins.]

[Séance publique du 15 octobre 195r, matin]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, avant de poursuivre
mon exposé, je· prends la liberté d'user de la permission qui m'a été
accordée à la dernière séance, de procéder à la description d'un chalutier
et de son chalut. Au fur et à mesure de rna description, M. Rollefsen

fera la démonstration du modèle qui est placé devant vous.
Ce modèle a étéexécutéà l'échelle de deux centièmes (1: zoo). Cela
veut dire que ce modèle, de 30 centimètres de long, correspond à un
navire de 50 à 6o mètres de long, dimension ordinaire des chalutiers
opérant dans les eaux arctiques. Le modèle du chalut a étéexécuté fL
1a mêmeéchelle, aux deux centièmes.
Le· chalut est un filet en forme de poche cônique (conical net-bag),
traîné sur le fond au moyen de deux funes (telires), ou filins d'acier, de
manière que l'immense " bouche » (mouth) de l'engin soit maintenue
béante.
Pour nous en tenir à l'im<Lgede l<l" bouche" pour désigner l'ouverture
du chalut, l'écartement de celle-ci- des deux côtés- est assuréà l'aide

de deux panneaux de divergence (oiterboards).La'' mâchoire inférieure''
(lo"lfler-jaw) de cette "bouche" est constituée par une ralingue de grosse
corde (footrope) munie d'une série de boules de fer (bobbins) qui a<;surent
l'adhérence du chalut au foml. La ''rnàclwire supérieure'' (upper-jaw)
est représentée par la raiingue dite ''corde de dos " (headrope), pourvue
d'un chapelet de flotteurs en aluminium (floais), destinés à soulager
.le ciel (rao/) du chalut.
Il peut être intéressant de donner une idée des dimens ions réelles
.d'un chalut. A elle seule, la ralingue inférieure qui roule sur le fond
pèse 2 tonnes environ. Les panneaux de divergence ont plus de 3 mètres
de long et presque 2 mètres de haut. Chacun pèse à peu près 500 kilos.
La, distance entre les panneaux de divergence est de 35 mètres environ,

ce" qui correspond à la longueur de cette salle. L'ouverture du chalut
est de 15 mètres, à peu près la largeur de cette salle.
Quand le chalut est remorqué sur le fond, les panneaux de divergence
ainsi que les filins reliant lesanneaux au chalut effarouchent le poisson
ct le poussent vers le centre de l'énorme "bouche'' qui vient à sa
rencontre.350 PLAIDOIRIE DE :M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51

Le chalut peut êtreremorqué sur le fond pendant une heure ou deux
à une vitesse de 3, 4 ou 5 nŒuds. La distance parcourue pendant la
durée d'un ((trait )Jou remorquage varie entre ro et 15 kilomètres.
Voila pour le chalut.
Je me suis également permis de placer devant ·vous un fragment de
la corde principale d'une ligne de fond (lpng-line), en&>inde pêche qui
a également étémentionné maintes fois au cours des débats.
La ligne de fond ·se compose d'une corde principale, où viennent se
fixer,à certains intervalles, des lignes plus minces, appelées ((avançons.»
et munies d'hameçons. Les hameçons doivent être appâtés. Un train

de lignes comprend de 10 à 30.000 hameçons. La ligne de fond est munie
de lests qui la fixent an fond. Une série de bouées, attachées à la ligne
de fond et flottant à la surface de l'eau, signalent la position de l'engin
immergé.
Cette démonstration suffira sans doute pour faire comprendre le
danger que représente le chalutage pour les engins stationnaires. Le
train de lignes s'étend sur le fond de !.a mer sur des kilomètres et ses
hameçons se comptent par dizaines de milliers. Dans ces conditions, les
panneaux de divergence (otterboards) qui balaient le fond accrochent
facilement le train. de lignes. · ·::·-

La poche du chalut qui passe également au ras·du sol risque toujours
de happer l'engin stationna.ire en s'agrippant aux hameçons.
Dans cet ordre d'idées, il peut êtrepertinent de signaler que la flotte
britannique de chalutage compte aujourd'hui environ 700 chalutiers de
grandes dimensions. .
.Puisque je parle de chalutage, permettez-moi de rectifier une déclara­
tion faite par ?l'Ir.Wïlberforce.
La Cour se rappelle sans doute que uous avons signalé le danger que
présente le chalutage pour les réserves de la morue sédentaire. Au cours

de son exposé contradictoire, Mr. \Vilberforce a renvoyé sur ce point,
à un rapport sur les pêchesnorvégiennes présentépar M. Rollefsen, en
I937- Mr. Wilberforce déclara à la séance du reroctobre:
" 1\L Rollefsen clic!not at that time [1937] fmd it necessary to
~ake _ny com,I?ent upon the supposed effect of trawling on the
stattc reserve . JJ

Cette allégation est fausse. En effet, dans la conclusion de son rapport
de 1937, M. Rollefsen s'exprima ainsi sur .cette question :

<(Pour ce qui est de la morue côtière, le ch<dutage constitue un
certain danger en cas d'intensification de ce mode de pêchesur les
bancs côtiers pendant la pério(le d'avril à décembre. ,

Le point de vue défendu par lV[.Rollefsen aujourd'hui était donc
exactement le même en 1937-

Le PRÉSJDENT: Avant la traduction, je vais vous demander une petite
précision.
La description que vous avez présentée du chalut s'applique, si j'ai
bien compris, au chalut anglais. · · ·

!IL ARNTZEN: Oui, l\'fonsieur le Président. PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - IS X 51 35I

*
* *
Dans mon exposé d'avant-hier, j'ai examiné le secteur de côte allant
.du cap Kibergnes au Tanafjord, situé entre les points n<>•2 et s. On
troùve ce secteur sur la carte ne 3. J'ai dit combien la pêcheétait impor­
tante dans cette région et quelles en étaient les caractéristiques géogra­
phiques. J'ai enfin analysé le tracé de la ligne bleue. Je vais mainte­
nant passer à \"examen de la pecked green-lùM dans ce secteur.
En suivant le tracé de la pecf<edgreen.lùw. on constate que cette ligne
dessiùe une séried'incurvations, qui englobent généralementles meilleurs
fonds de pêche,ceux-la mêmesqui presentent le plus d'intérêtpour les

pêcheursriverains. ·
Au large de l'anfractuosité du Persfjord-S<mdfjord, on constate que la
pcckcd green line, sur une longueur de "7milles marins, forme un creux
de deux milles marins par rapport à la limite norvégienne.· Elle entame
ainsi le lieu de pêchedans la partie du fond riverain le plus proche du
rivage, OÙ certaines profondeurs sont inférieures a lOO mètres.
Les captures et admonestations figurant sur la carte témoignent de la
fermeté avec .laquelle le Gouverùement norvégien a maintenu le droit
exclusif des Norvégiens à la pêche clans les eaux sitùées dans cette
entaille. Pendant les années 1923 à 1931, on compte dans Ho'triangle
.formépar cette entaille huit captures et deux admonestations.

Le Gouvernement du Royaume-Uni a tiré une ligne de base a !"entrée
du Persfjord. De cette manière, un précieux triangle est soustrait au
droit exclusif des pêcheurs norvégiens. Pourquoi cette ligne de base ·
n'a-t-elle pas ététirée en travers de l'incurvation entre la pointe de
Blodskytodden et celle de Hâbranclnesest (Harbakken). dont l'ouverture
est pourtant inférieure à dix milles marins?
Au large du Syltefjord, en allant vers louest dans la direction de
Korsneset et (point de base no 6), sur une longueur de g milles marins
environ, la pecked green lù;e entame la limite de pêchede I935 sur une
largeur d'environ 1 mille IT).arinet demi. La pecked green line y passe de
telle sorte qu'elle coupe des lieux deêchesitués sur la terrasse intérieure
du fond riverain.
Dans cette entaille située entre la ligne bleue et la pecked green line

·ily a eu une capture et une admonestation av<:mt1935.
Entre les points de base n'" "7et 8, a l'entrée du Bâtsfjord-Kongsfjord,
la peckedgreenline entame, sur une largeur de 2 milles et sur une longueur
de 16 milles marins, deux lieu.x de pêcheexploités par les pêcheursnorvé­
giens : Storegnmnsbakken et Vest.erbakkm..
En 1913 déjà, le chalutier britannique Caulonia s'attira une admones­
tation [croix a] dans les eaux situées dans cette entaille.
[Le capitaine Couchéron-Aamot indique sur la carte l'emplacement.]

L'emplacement où eut lieu cette admonestation est marqué par une
croix (annexe 56, pièce 2,au Contre-Mémoire).
A l'entrée du Tanafjord, entre les points de base nes 8 et g, la peclwd
green line s'incurve très sensiblement vers la côte.
Elle enlèverait aux pêcheurs norvégiens des parties importantes de
leurs vieux fonds de pêchedes deux cOtésdu fjord.
La partie intérieure du T{masnaget. avec des profondeurs variant entre

50 et 100 mètres, serait particulièrement entamée. Ce ne serait rien moins
qu'une catastrophe pour les habitants du port de pêchede Berlevdg; 352 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51

si les chalutiers étrangers étaient autorisés à ~xploi tes fonds. En
effet, les pêcheursde Berlevâg, à bord de petits bateaux, pratiquent la
pêchesur cette partie du fond riverain.
· Ces parages se signalent par le grand nombre d'admonestations qui y
ont étéfaites de 1927 à 1938, dont 3 avant le décret de 1935, toutes
aux dépens de chalutiers britanniques.
En ce qui concerne le Tanafiord, la ligne de l;>asede la. pecked green
line traverse l'entrée du fjord obliquement. li ne nous a pas étépossible
de comprendre pourquoi.

A l'ouest du Tanafjord également, le tracé de la pecke1l green lùM
empièterait sur les lieux de pêchede la population riveraine.
Tel est aussi le cas dans la partie intérieure du fond de Tcmabakken
et dans celle, tr_Çs imporhl.nte, du secteur rése"l"véà la pèche au filet
près du fond de Orntubakken, entre les points débase nos8 et g.
La pecketi green tiney passe a plus de 2 milles marins en deçà. de
la limite de 1935.
Dans la collection de photographies présentées à l'annexe 79 à la
Duplique, MM. les juges trouveront deux vues, nos .Iet 2, prises dans
le secteur de côte que je viens d'examiner. r

La vue no 1 montre le port de pêchede Vardo, qui a étéde tout temps
le plus grand des ports de pêchedu Finnmark oriental. La forteresse de
Vardôhus fut établie à proximité du port vers 1300. En 1307, une église
y fut consacrée par l'archevêque de Norvège. Dans la feuille de con­
tributions de 1520, mentionnée au paragraphe 38 de la Duplique, le port
de Varda se place au premier rang par le nombre de ses contribuables.
La vue n° 2 montre le port de Berlevâg, l'entrée orientale du Tana­
fjord, au sud du fond de Tanasnaget. L'existence de Berlevâg comme
port d'attachepour la pêcheremonte très loin dans le passé. Je renvoie
à ce propos au Contre-Mémoire, paragraphe 26.

Examinons maintenant le secteur allant du Tanafjord au cap Nord
{la pointe de KnivskjŒrodden).

[Au cours des exposéssuivants de M. Arntzcn, le capitaine Coucheron­
Aamot indique sur la carte et sur le plan en relief les .lieux cités par
1V1 .rntzen.] ·

Cette partie de la côte se trouve également à découvert, sans skjŒr­
gard protecteur. Les extrémités en sont constituées par la presqu'île de
Nordkyn à l'est, et la grande île de JVlagerôyà l'ouest séparéedu con­
tinent par un petit passage large à peine de o,8 mille marin, appelé
Mageroysund. Le continent ainsi que l'île sont, à l'intérieur, pierreux,
arides et inhabités. Il n'y a guère d'habitations en dehors des ports de
pêche,et la population vit principalement de l'industrie de la pêcheet
des entreprises connexes.

Je viens d'examiner précédemmentles secteurs de côte à l'est du point
de base !1°9·

Le capitaine Coucheron-A<tmot voudra bien nous indiquer sur la carte
l'emplacement du fond riverain et de son talus dans le secteur situéentre
le cap Nordkyn et le cap Nord. PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - IS X 5I 353
Le capitaine CoucHERON-AAMO[T tout en indiquant sur la carte] :

Dans cette région,la courbe isobathe de00 mètres court de la manière
que j'indique. La courbe isobathe de 300 mètres se trouve à l'endroit
que j'indique, et entre les deux se trouve le talus riverain.

M. ARNTZEN:Je demanderai encore au capitaine Coucheron-Aamot
de désigner les lieux de pêcheles plus importants dans cette région et
de préciserleur emplacement par rapport à la limite de pêche.
Le capitaine CouCHERO~- VAoiAi,sur la: carte, la limite de

·pêcheL. es lieux de pêcheles plus importants sont Sleppen, Reian, Moen
et Sveet.
M. ARNTZEN : De nombreux témoignages historiques attestent l'an­

denncté de la pêche,pratiquée sur les fonds entre le cap Nordkyn et
le cap Nord. ·
Les recherches toponymiques ont prouvé que les fonds de pêchede
Steppen, de Reian, de Moen et de Sveel ont dû être exploités dès la
plus haute antiquité. Je renvoie à ce propos à l'annexe 93 à la Duplique,
au mémoire rédigépar M. Per Hovda, directeur de l'Institut de topony­
mie de Norvège.Aux pp. 587 et589 [vol. III), il expose l'origine lointaine
des noms de Reian, de Sleppen, de Moen et de Sveet. Il explique que des
fonds de pêche portant des noms aussi' anciens ont du être soumis à

une exploitation ininterrompue depuis le temps où ils ont étébaptisés.
Autrement, ces noms seraient tombés en désuétude. Or, les fonds de
Sleppen, de Moen et de Reian sont situésau delà de la peclud green line,
tandis que celle-ci coupe le fond de Sveet. -
Le fond de Sleppen a servi depuis des temps immémoriaux de lieu
de pêche à la population des deux rives des eaux de SvŒrholthavet. Ce
sont en particulier les bateaux ayant leurs ports d'attache dans l'île de
Magerèiy qui ont exploité ces eaux. Le fond de Sleppen est décrit par
Amund Heltand comme ''un lieu de pêchetrès connu"· Nous l'avons
rappelé dans la Duplique, au paragraphe r88, deuxième alinéa.

La feuille de contributions de 1520, mentionnée au paragraphe 38
de la Duplique, cite toute une série de ports de p~che situés dans l'ile
de Magerôy.
En rsSg, il n'y avait pas moins de cinq églisesdans l'île de Magerôy.
Cela ressort d'un ouvrage de P. R. Sollied, Meddelelser fra det norske
Ril1sarkiv,l, Oslo 1935, pages 290 et ss. La densité de la population
dans cette régionprouve combien la pêchey était prospère.
Entre les pointsno~II, près de Nordkyn, et 12,à la pointe de Knivsk­
jŒrodden, la ligne de base a une longueur de 38;9 milles marins.

Au cours de la séancedu reroctobre, sir Eric Beckett a signaléqu'en
I8g8, le ministère de l'Intérieur se demandait s'il fallait tracer la ligne
du cap Nordkyn au cap Nord, ou bien la faire passer par le cap de
SvŒrholtklubben. Il a relevé que la ligne bleue passe au delà du tracé
le plus extrême proposé par le ministère. Or, le tracé proposé en r8g8,
à savoir la ligne Nordkyn-cap Nord, est seulement de z milles marins
plus courte que celle du cap Nordkyn au cap KnivskjŒrodden situé au
point no rz. Le choix de l'un ou de l'autre de ces points de'base ne modi­
fie pour ainsi dire pas le tracé de la limite.

Cette ligne traverse'Ies eaux de SvŒrholthavet qui, géographiquement,
ont le caractère d'une baie. ·
24354 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - I5 X SI
En deçà, cette baie se divise en deux bra:s,le Laksefjord et le Porsanger­
fjord. Ils pénètrentrespectivement sur des longueurs de 50 et de 75 milles
marins à l'intérieur des terres.

Le fait que la presqu'île de SvŒrholt s'avance au milieu de ces eaux
ne saurait enlever à ce bassin fjordique le caractère d'une baie.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur le plan en relief le Lakse-·
fjord et le Porsangerfjord.J

ILressort de l'aperçu sur la pratique des États figurant à l'annexe rrz
à la Duplique, que beaucoup d'Etats considèrent comme eaux nationales
des baies ayant une largeur bien plus considérable que les eaux: du
SvŒrholthavet. Je rappelle que la ligne-limite fermant le Varangerfjord,
contre laquelle le Gouvernement du Royaume-Uni ne fait plus d'objec­
tion, a une longueur de 30 milles marins, et que le Gouvernement bri­
tannique lui-mêmepropose cle tirer une ligne de 41,5 milles marins en

travers du Vestfjord, plus longue par conséquent, que celle considéréeici.
Le nom mêmede SvŒrholtha vet désigne les eaux de pêcheau large
de SvŒrholt. Au cours de la séance èlu.z8 septembre, sir Frank Soskice:
s'est prononcé sur la signification du terme hav. Pour réfuter sa thèse,
je renvoie au pa.ragraphe 14 e de la Duplique. Je pourrais également
faire état de la loi du 6 août 1897 concernant la pêcheaux Lofoten, et
dans laquelle une série de dispositions utilisent le terme hav comme
synonyme de ~lie de pêche)>,Voir entre autres les articles s. ro, 14 et
r6 de la loi.
Sur ce parcours, la limite de pêehede 1935 ne protège que partielle­
ment le droit exclusif de la population riveraine aux fonds de pêcheles
plus proches de la côte. Ces fonds de pêcheont étéexploités par les
riverains de façon ininterrompue et paisible dèsles temps les plus reculés.

Si nous suivons maintenant le tracé de la pecked greenline dans le
secteur qui nous occupe, nous constatons que cette ligne dessine une
incurvation entre les points nos 10 et II. Elle coupe le fond de Metus­
kallen,où se trouvent les emplacements des trains de ftlets des pêcheurs
du port de Mehavn.
Mais ce sont les lieux de pêchesitués entre le cap Noràkyn et le cap
Nord gue la peckeàgreen li1u entame le plus profondément. A un certain
point, cette ligne pénètre jusqu'à 9 milles marins à l'intérieur du fond
de Steppen. La population riveraine a utilisé de vieille date ce lieu de
pêcheet le fréquente encore avec assiduité. La peckedgreenline priverait,
en outre, les pêcheursnorvégiens de l'exploitation des fonds importants
de Moen, de Reian et de Mellomsleppen, qui sont tout aussi anciens.
Le tracéde la peckedgreenline dans ces parages est sans utilité pratique
pour la navigation en mer libre. Un bateau se déplaçant vers l'est au.

delà du skjŒrgard prendrait une route parallèleà la ligne Knivskj::erodden­
Nordkyn. Un bateau empruntant le passage de lViagerôysund devrait
traverser de grands espaces gui, mêmeselon la conception britannique,.
font partie des eaux in'térieures norvégiennes jusqu'à. la ligne reliant
le cap SvŒrtholtklubben et le cap Helnes. (Au demeurant, le Gouverne­
ment norvégien n'a jamais fait obstacle au passage innocent dans ses.
eaux intérieures.)
Le chalutier allemand Emma Richardson fut capturé près du fond de
Sleppen et donc au delà de lapeckedgreentine en 1933 ; cette capture est
indiquée sur la carte par zéro 4S· PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN {NORVÈGE) - 15 X 51 355

Les vues nos 3 à 5 dans la collection de photographies sont prises dans
le secteur examiné ici.
La vue no 3 représente le port de Honningsvâg, situé sur la face sud
de l'île de Magerôy, île clans laquelle est situé le cap Nord. Honningsviig
est un des plus grands ports de pêche elu Finnmark; son existence
dépend exclusivement de la pêche.Les pêcheurs de l'endroit exploitent
les fonds de pêcheau nord de l'île de Mageroy et le fond de Sleppen.
La vue no 4 est celle du cap Nord avec la pointe de Knivskj<erodden.
La côte abrupte surplombe la mer. La photo a étéprise du large. Au
fond, on aperçoit le point de base no 12.
La photo n° 5 est également une vue du cap Nord, prise de l'autre
côté.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur le plan en relief où se ·
trouvent les endroits photographiés.]

*

Je passe maintenant au secteur allant elu cap Nord à l'île de Si:irôv.
Je demanderai au capitaine Coucheron-Aamot de bien vouloir montrer
ce secteur sur le plan en relief et sur la carte no s.
[Le capitaine Coucheron-Aamot procède aux indications demandées.]

Dans son exposé, sir Eric Beckett a laissé de côté l'examen de tout
ce secteur situé entre les points de base no 12 et n° 20.
Pour ma part, je ne saurais passer ce secteur sous silence. En effet,
on y trouve des exemples frappants du caractère absurde d'une délimi­
tation s'inspirant de la pecked green line.
L'étude de ce secteur nous amène au Finnmark occidental. Par ses
caractéristiques géographiques, celui-ci contraste avec le Finnmark
oriental. ;Le relief montagneux est plus accusé, la côte est encore plus
déchiquetée qu'à l'est. Au pied des montagnes s'étend une ceinture
d'îles, d'îlots et d'écueils. C'est le skj<ergiird qui fait son apparition.
Il y a lieu de rappeler que, clans le skjŒrgârcl, ce sont les îles qui forment

l'entrée des fjords. Je cite le Rapport I9I2, page zo :
((Sont considérées comme fjords non seulement les parties de
mer environnées par la ligne côtière de la terre ferme, mais aussi
cellesqui acquièrent le caractère de fjord par une série d'îles ou un
groupement d'îlots de l'un ou de l'autre des côtés. ))

Je renvoie aussi à une déclaration analogue elu professeur Aubert,
mentionnée clans la Duplique, paragraphe 103, deuxième alinéa.
Comme on le voit sur la carte et sur le plan-relief, yla, dans ce secteur,
trois fjords principaux: le premier est situé entre les îles de Magerôy
et de Hjelmsôy; le second, entre les îles de Hjelmsôy et de Ingôy; et

le troisième, entre cette dernière et l'île de Si:irôy.
On aurait étéen droit de s'attendre à cc que nos adversaires, après
avoir reconnu comme eaux nationale_s tous les fjords et sunds, tirent
des lignes de base en travers de l'entrée de ces trois fjords. Or, il n'en est
rien. Au contraire, la pecked green line empiète profondément sur les
eaux de ces fjords.
La raison en est qu'à l'ouest de la ligne Geitingen-Gavlodden, le
Gouvernement britannique ne veut pas reconnaître aux eaux de
l'Inclreleia le caractère d'eaux intérieures norvégiennes. Bien plus, en~1

356 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51

traçant la pecked green line nos adversaires ont utilisé la méthode des
<arcs de cercle n sans éliminer les <<poches indésirables >>.
J'examinerai successivement chacune de ces entailles.
La première est située entre les points de base nos 12 et 13.

Dans ces parages, la délimitation britannique est vraiment injusti­
fiable. Cela saute aux yeux rien qu'à voir la carte britannique n° 4 à
l'annexe 35 à la Réplique.
Le Gouvernement du Royaume-Uni reconnaît comme eaux intérieures
norvégiennes, Je fjord situé entre les îles de Mageroy et de Hjelmsoy ..
Le tracé d'une ligne de base s'impose donc en l'occurrence.
Mais la détermination de ce tracé est bien surprenante.
La ligne de base est tirée entre le promontoire de GjesvŒrnŒringen et

l'écueilde NŒringsskjŒr. N'aurait-il pas étéplus naturel de choisir au
moins la ligne Store-Stappen-NŒringsskjŒr, située plus au large, tout
en n'excédant pas la longueur de 10 milles marins?
Le tracé proposé par nos adversaires permettrait aux chalutiers
d'exploiter la plus grande partie possible des fonds importants de Rasa,
de Solene et de Leira.
Je tiens à signaler l'ancienneté de ces fonds de pêcheque la pecked
green lùM enlèverait au droit exclusif des riverains.

A l'annexe 93 à la Duplique, au bas de la page 588 (vol. III), M.Hovda
expose ce qui suit à propos de Solene:
''Au large de GjesvŒrse trouvent les fonds de Solene (carte no323).
Ils font partie des eaux de GjesvŒrhavet, et le nom en est si ancien

qu'il se dérobe à l'analyse. Nous savons que, dèsl'époque de saint
Olav (x1me siècle), GjesvŒrétait un port de pêche important; il
est tout naturel qu'on rencontre des noms très anciens à l'intérieur
de son domaine d'exploitation. Les noms de GjesvŒret de Solene
ouvrent des perspectives lointaines. Il peut paraître hardi de se
demander si ce n'est pas là un nom emprunté à l'origine au lapon,
et adapté par la suite à la phonétique et à la morphologie norvé­
giennes ; et, cependant, il semble bien en êtreainsi. >>

Dans le même document, à J'avant-dernier alinéa de la' page 589
(vol.III), il fait encore valoir l'ancienneté des noms de Rasa et de Leira.
Dans la zone située entre la pecked gree·;'li1u et la limite de pêche
norvégienne, à l'endroit marqué zéro48 sur la carte, le chalutier britan­
nique Beachflowerfut capturé en avril 1934.
La deuxième entaille faite par la pecked green li?&epénètre à 5 milles
marins en deçà de la limite de pêcheentre les îles de Hjelmsoy et de
1
Ingôy. C'est cette poche présentée sur l'esquisse no 1 de l'annexe 78
à la Duplique que la Cour a sous les yeux à une plus grande échelle.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique la poche sur la carte-esquisse
agrandie.]

La troisième entaille faite par la pecked green line est située entre les
points nos 18 et 19. C'est celle qui entraînerait les plus graves consé­
quences pour la pêche.
Sur une longueur de plus de 20 milles marins, une entaille variant de
1 à 8 milles marins de large entame les fonds les plus fréquentéspar les
pêcheursriverains. La profondeur de ces fonds varie de 100 à 200 mètres.

Cela revient à dire que la peckedgreenline enlèverait aux pêcheursnorvé­
giens le droit exclusif de pêchesur tous les fonds rentables situés entre
l'île de Rolvsoy et la pointe nord-ouest de l'île de Sôroy.

•• N'on reproduite. PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - I5 X 5I 357
L'exploitation de ces fonds de pêcheremonte très loin. Pour ce qui

est du fond de Forsagdeshallen, je renvoie aux passages de l'annexe 93
à la Duplique, page 585 (vol. III), relatant que ce nom date du moyen âge.
Dans ce secteur, une quatrième entaille faite par la pecked green line
se trouve à l'ouest du point de base n" rg. Elle retrancherait plus de la
moitié du fond exploité aux trains de filet par les pêcheursdu Galtefjord.
Les vues nos 6 à ·get 34 de la collection de photographies sont prises
dans ces secteurs de côte.
La vue n° 6 montre le port de GjesvŒr situé sur la face nord-est de
l'île de Magerôy. C'est un port très ancien. Comme on l'a fait observer,
il est mentionné dans la chronique Heimskrù~ gxl r•c siècle).
La vue 11°7 montre la pointe nord de l'île de Hjelmsôy. Le point de
base na 13 est situé sur la langue de terre qui s'avance dans les eaux

(au milieu de la photographie). A l'arrière-plan on aperçoit les îles de
Rolvsôy et de Ingôy. Sur la face nord de cette dernière sont situés les
points de base nos 14 à 18.

*
Les secteurs suivants appartiennent au département du Trams.
Je demanderai au capitaine Coucheron-Aamot de montrer sur le plan en
reliefl'étendue de ce département.

[Le capitaine Coucheron-Aamot situe sur le plan en relief le départe­
tement du Troms.]
La côte du Finnmark se termine à l'î:le de Brynnilen, à l'entrée du
Kv::enangenfjord, au sud-ouest de l'île de Loppa. Pour qui vient du nord,
la ligne côtière du Troms se termine à Andenes, et là commence le dépar­
ment du Nordland.
Les pêcheurs du Trams prennent des quantités considérables de

morue norvègo-arctique. Une avant-saison précède le mois de mars où
la pèche atteint son point culminant. Les pêcheursbénéficient,en outre,
d'une arrière-saison au moment du retour des bancs de poisson vers la
mer de Barentz.
D'ailleurs, en deçà comme au delà de la limite de pêche,on capture
toute l'année toutes sortes de poissons : églefin, morue et flétan sur les
bancs, colin près de la côte, et hareng gras dans les fjords.

*
Le premier secteur s'étend de l'île de Stiroy à l'île de Vannoy. Je
demander:ai au capitaine Coucheron-Aamot de vouloir bien l'indiquer
sur le plan en relief.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique le secteur sur la carte n° 6
et sur le plan en relief.] ·
Ce secteur est caractérisé par de grandes îles hérissées de hautes
montagnes et par des fjords pénétrant profondément dans le pays. Dans
ces fjords et sur la face intérieure des îles, on trouve de petites exploi­
tations agricoles. Mais dans les ports, la population vit principalement

de la pêche.
Le capitaine Coucheron-Aamot voudra bien montrer le déroulement
du fond riverain et de son talus sur ce trajet.

Le capitaine CouCHERON-AAMO:T Dans cette région, la courbe isobathe
de 200 mètres se trouve à l'endroit que j'indique [indication sur la358 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - IS x SI

carte]. La courbe isobathe de 300 mètres est plus au large. Le talus elu
fond riverain se trouve entre ces deux courbes. On le voit plus clairement
sur le plan en relief.

M. ARNTZEN: Ensuite, le capitaine Coucheron-Aamot montrera la
situation des fonds de pêcheprincipaux par rapport à la limite de pêche.

Le capitaine CoucHERON-AAMOT:Les fonds de pêcheprincipaux sont
les suivants [îlles indique sur la carte no 6] : Vesterrâsa, Longebakken,
Leira, Gjesboskallen, Ytre Gjesboene, Kolbeinhavet, Gasan et Sveboen.

M. ARNTZEN:Ainsi que je l'ai mentionné, sir Eric Beckett, dans son
exposé du rer octobre rgsr, s'est étendu sur des détails topographiques
concernant quelques rochers servant de points de base, entre autres
le point no ZI : Vesterfallet i Gâsan. Les deux Parties reconnaissent que
ce point de base est situé à la distance de 7,8 milles marins de l'île de
Store Grimsholmen et à la distance de r mille marin environ de Storjallet.

Par contre, nos adversaires allèguent que Vesterfallet serait une roche
à fleur d'eau qui en réaliténe découvre pa:s, et que Storfallet serait une
roche qui découvre à marée basse.
Quelle que soit l'acception des termes employéspar nos adversaires en
l'occurrence, il ressort du Rapport 19I2, au bas de la page 46, que la
Commission de la frontière des eaux territoriales avait décidéde ne pas
utiliser comme point de base les rochers qui sont toujours recouverts

par la mer.
Or, ladite commission, après reconnaissance des lieux, n'hésita pas
à proposer Vesterfallet i Gâsan comme point de base. Je me reporte à
l'annexe 3'7 au Contre-Mémoire, au tableau annexé au rapport de la
commission. Vesterfallet y est proposé comme point de base no r.
Le signe conventionnel utilisé sur la carte marine pour désigner
Vesterfallet, signale ce rocher comme n'étant pa:s submergé à marée
basse.
D'un autre côté, la carte marine montre que Storfallet t;st une roche
ne couvrant jamais. Elle est située à 6,g milles marins de la roche sur

laquelle se trouve le phare de Fuglôykalven. .
La ligne de base entre les points nos 20 et 21 marque l'entrée naturelle
d'une unité géographique. Ceci apparaît de façon particulièrement
évidente sur le plan en relief.
[Lè capitaine Coucheron-Aamot l'indique sur la carte et sur le plan
en relief.]

Sans doute, la ligne de base formant l'entrée de cette unité géogra­
phique présente, entre les points nos 20 et 2I, une longueur de 44 milles
marins. Mais les autres dimensions de ce bassin sont à l'avenant. Ses
ramifications pénètrent sur une longueur de s6 milles marins dans la
région de KvŒnangen, et de 76 milles marins dans celle de Lyngen, à
compter de la ligne de base.

Dans ce secteur, la côte est visible de très loin pour les navigateurs.
Au paragraphe II, in fine,page II, la Duplique fait état d'un renseigne­
ment donné par la pnblication britannique officielle Admirally Nonoay
Pt"tot.Dans la troisième partie, à la page SIS, cette publication signale
que les cimes de Loppa et de Fuglen, hautes respectivement de r.ooo
et de 1.214 pieds (3os et 3?0 mètres), sont visibles par temps clair à une
distance de 30 milles marins, c'est-à-dire bien au delà de la ligne bleue. PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51 359
Il est évident que les montagnes du continent, qui dépassent 3.000 pieds,
peuvent être vues à des distances encore plus considérables. Signalons
comme repères utilisés les cimes de Middagsfjell, de Slettfjell et de

Vanntind, qui figurent sur le plan en relief.
C'est pourquoi, clans ces eaux, les pêcheurs ont pu utiliser des·aligne­
ments pour localiser des fonds situés au delà de la limite de pêche
de 1935.
Le capitaine Coucheron-Aamot indiquera, sur la carte, les alignements.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur la carte les lieux cités
par M. Arntzen.]

Quelques exemples d'alignements ont été portés sur notre carte.
Comme la Duplique l'a signalé au paragraphe 197 (vol. III, 2me alinéa
de la p. rSs). les alignements marqués par un H ont étéempruntés à
l'ouvrage de Amund Helland: Description topographique de la Norvège,
département dtt Trams.

Plusieurs témoignages attestent que les fonds de pêchesitués entre
les îles de Si:iri:iyet de Vanni:iy sont exploités depuis des siècles.
Ainsi, l'exposé de M. Hovda (annexe 93 à la Duplique, vol. III,
3mcalinéa de la p. 584) explique que le nom de Trollskallen- une roche
noyée près des Inctre Gjesboene - a ses origines clans la préhistoire;
il en est de mêmepour le nom de Gjesboene. Je renvoie à ce sujet à la
même annexe, volume III, pages 585 et 586.
Les hauts-fonds de Gjesboene figurent sur une carte datant de r6g2.
C'est dire l'importance qu'avaient déjàdes fonds de pêcheà cette époque.
Or, le nom de Gjesboene doit remonter encore plus haut clans le passé.
Il daterait de la mêmeépoque que le nom de GjesvŒr citéclans l'ouvrage
de Heimskringla, chronique elu xnmc siècle, que je viens de mentionner.
A la page 588 (vol. III), la mêmeannexe examine le nom de Gâsan. Il y
est démontré que ce nom doit son origine à des habitudes primitives.

Ces trois fonds de pêche,aux dénominations si archaïques, sont situés
bien au delà de la pecked green tine.
Pour ce qui est des Gjesboene, nous sommes renseignés par les privilèges
accordés par: le roi à la fin elu xvnmc siècle au bénéficede Erich Lorch
et de ses sociétés.Je renvoie à ce propos au Contre-Mémoire, para­
graphe 36, ct à la Duplique, paragraphe 61, et à l'annexe IOI, nos r,
2 et 3·
Contrairement à ce qu'a avancé sir Frank Soskice au cours de la
séance du 28 septembre, le premier de ces privilèges valait pour toutes
sortes de pêches.Voir le privilège elu 14 avril r688. Il y est préciséque
Erich Lorch et ses co-armateurs avaient sollicité le privilège de pêcher
la morue. Le privilège octroyé permettait de pratiquer clans les parages
de l'île des Ours, de la roche noyée de Gjesboen et des lieux attenants
situés dans la mer Septentrionale, en deçà ou au delà des écueilscôtiers,
toute pêchequi manifestement n'avait encore étéexploitée par personne.

Les deux autres privilèges de r6g2 et de r6g8 concernaient la chasse
aux cétacés. I~edernier en date mentionne de nouveau « la roche noyée
de Gjesboen avec les lieux de pêchey attenant>> comme faisant partie
elu domaine octroyé aux privilégiés.
Comme on peut le constater, la pecked green tine passe bien en deçà
des eaux affectées par ces actes de souveraineté elu roi de Norvège.
Le Contre-Mémoire (paragraphe 42, annexe 12) nous renseigne sur la
réglementation de la pêcheà la morue aux filets et aux lignes au large360 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51
de Breivik dans l'île de Sorôy. Cette réglementation fut instaurée en
1793 par le préfet du Finnmark. La pêcheau filet ne fut autorisée
qu'au delà de certains alignements. La seule limite extérieure à la pose

des filetspour cette méthode de pêcheest la profondeur de la mer.
A son avant-demier alinéa, ce mêmeparagraphe du Contre-Mémoire
signale qu'en 1822 ces règles furent remplacées par de nouvelles pres­
criptions également rédigéespar le préfet.
Rappelons aussi la lettre émanant du préfet du Finnmark et adressée
à J. B. Schjelderup en date du 19 septembre 1786. Elle est commentée
dans le Contre-Mémoire au paragraphe 42, et son texte est reproduit à
l'annexe II au Contre-Mémoire.
Il ressort de tout ceci que, depuis des siècles, les pêcheursnorvégiens
exploitent pour ainsi dire toutes les eaux situées en deçà de la limite de
1935, entre les îles de Sorôy et de Vannôy. En outre, ils ont de tous
temps exercé leur activité dans de vastes zones s'étendant au delà de
la limite actuelle, sans avoir à subir la concurrence de pêcheursétrangers.

[SéancepubliqHedu.I5 octobreI95I, après-midi]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, à la fin de la séance de
ce matin j'étais en train d'examiner le secteur situé entre les îles de
Sorôy et de Vanno y.
Dans la description géographique, j'avais indiqué les conditions histo­
riques montrant l'ancienneté de l'exploitation des lieux de pêchedans
ces parages.
Sir Eric Beckett s'est prévalu du fait qu'en 1898 le ministère de
l'Intérieur estima que, pour ce qui est des eaux du Lopphavet, on avait
le choix entre deux lignes : ou bien une ligne tirée entre l'île de Loppa
et l'île de Fuglôy, ou bien une ligne allant de l'île de Loppa à l'île de
Amoy puis, de là, à l'île de Fugli:\y. ·

Il est exact que le ministère s'est exprimé ainsi dans une lettre adressée
en r898 à la Faculté de droit. A cette époque, l'administration centrale
à Oslo n'avait pas, sur les conditions géographiques et historiques de ces
parages, les connaissances qu'on a acquises par la suite.
On n'avait pas en mains ck relevés hydrographiques suffisamment
précis, ni de cartes marines modemes (voir le paragraphe 134 de la.
Duplique). La Commission de la Frontière des eaux territoriales n'avait
pas encore effectué ses investigations sur la topographie des lieux.
Je passe ensuite à l'examen du tracé de la pecked green li1Mdans ces.
parages.
Au nord-ouest de l'île de Sorôy - entre les points nos 19 et zo -, la.
pecked green line passe à une distance de z à 4 milles marins en deçà
de la limite de pêchenorvégienne. Elle retranche des portions impor­
tantes des lieux de pêche exploités par les pêcheurs riverains sur la
partie intérieure elu fond riverain, qui comporte des profondeurs variant

entre 50 et roo mètres, en deçà des fonds de Vesterrâsa et de Longe­
bakken.
La peckedgreenlitM fait sa poussée la plus ;mclacieuse vers la côte entre
les points de base nos zo et zr.
Mieux que partout ailleurs éclate ici l'absurdité de la délimitation qu'on
voudrait établir d'après le système géométrique des arcs de cercle, sans.
tenir compte des données historiques et des intérêtstangibles sur lesquels PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- I5 X SI JÔI

doit se fonder une .limite de pêcliebien établie. En effet, la pecked green
line coupe ici tous les fonds où se pratique depuis des siècles la pêche
côtière professionnelle. 11ne resterait plus que des lieux de pèche moins.
importants situés tout près du rivage, et suff1sant tout au plus à assurer
une consommation domestique des plus restreintes. ·
Le tracé de la pecked green line aurait pour conséquence, dans ces.
secteurs, d'ouvrir aux pêcheurs britanniques l'accès des fonds de pèche

les plus proches de la côte. Les arcs de cercle ne comportent aucun
correctif qui permette d'éliminer les résultats inapplicables dans la.
pratique.
Les esquisses 1présentéesà l'annexe ·78,nos 2 et 3, à la Duplique, suffi­
ront à mettre en évidence l'inutilité de cette ligne au double point
de vue du navigateur et du pécheur. L'esquisse no 2 représente une partie
des eaux situées entre les îles de Si:irôyet de Loppa. Elle illustre l'absur­
dité de la ((poche n formée ici par la pecked green line. L'esquisse n° 3-.
en fait de mêmepour le tracé entre les îles de Loppa et de Arni:iy.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique au fur et à mesure sur la carte
les lieux cités par M. Arntzen au cours de son exposé.]

Avant I935, aucun chalutier étranger n'avait pénétréclans ces para­
ges, exception faite du chalutier britannique qui, en 1931, s'était aven­
t~ué jusqu'à la pointe sud de l'île de Sôrüy où il fut capturé. Il s'agit
de la capture du Deepdale Wyke, indiquée sur la carte par zéro31.
Dans la collection de photographies, les vues nos IO à r6 se rapportent
au secteur situé entre les îles de Sôr6y et de Vann6y.
Je signale surtout les vues nos 10, IT, 12et 14.
La vue no IO est celle d'un autre port moyen du Finnmark situé sur

la pointe sud-ouest de l'île de Sôrôy à l'entrée du Sôrôysund. A l'arrière­
plan, on aperçoit la baie de Hasvâg, mentionnée dans les privilèges.
accordés à Erich Lorch et à ses compagnies à la fm du xvnmc siècle.
La vue n° II montre les montagnes situées au sud de Sôroysund_
Ces montagnes s'élèvent jusqu'à 1.200 mètres au-dessus de la limite
des neiges éternelles.
La vue n° 12 montre l'île de Loppa. La vue n° 14 montre l'île de Fugloy,
prise du large; à l'arrière-plan, l'île de Vannoy. L'île de Fuglôy sert de
point de repère pour l'établissement de plusieurs alignements portés sur

la carte.
*
Après avoir parlé des eaux de Lopphavet, sir Eric Beckett passa sans.
transition à l'examen du Vestfjord. Voici sur le plan-relief le secteur de
côte sur lequel il n'a Po:tsfait de commentaire. Cette partie de la côte est
reproduite sur les cartes nos 7 et 8.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur le plan en relief cette
partie de la côte.]
.A part deux points sur lesquels je reviendrai tout à l'heure, nous ne
savons pas quelles sont les critiqutts que nos adversaires pourraient avoir

à présenter contre la délimitation de 1935 dans ce secteur.
Je n'abuserai donc pas des instants de la Cour en procédant à l'analyse
détaillée·decette partie de la côte. Je renvoie à la description donnée dans.
la Duplique aux paragraphes 201 à 2IJ.
Toutefois, j'estime nécessaire de relever quelques traits générauxqui,
depuis les temps les plus reculés,sont caractéristiques de la pêchedans
ces parages.

1 Non reproduites,:362 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN {NORVÈGE) - I5 X 5I
En effet, nous nous trouvons ici dans des eaux où passent la morue

·norvégo-arctique, au cours de ses migrations.
En janvier-février, les bancs de morue venant de la mer de Barentz
·se dirigeant vers les frayères des Lofoten, viennent se heurter aux
bas-fonds de Malangsgrunnen.
La plus grande partie de ces bancs de morue ne remontent pas sur les
bas-fonds, mais longent les accores. On sait, en effet, que la migration
-du poisson s'effectue dans les profondeurs allant de 200 à 400 mètres.
Les eaux du fond de Màlangsgrunnen étant beaucoup moins profondes,
1es bancs de poisson sont déviés et suivent les accores. Néanmoins,
·quelques-uns de ces bancs remontent quand même sur le bas-fond et
·pénètrent dans les fjords pour frayer.

Il en est de mêmepour le fond de Sveinsgrunnen, où la descente vers
Tes profondeurs abyssales est encore plus accuséequ'au large de Malangs­
_grunnen.
Les. accores présentent le .même relief au sud jusqu'à la fosse de
Bleikdfufta au large de l'île de Andi:iya.
Les bancs de morue continuent ensuite leur migration vers le sud
·en passant par les fonds de Vesterâlen (nord).
C'est pourquoi les accores de Malangsgrunnen, de Sveinsgrunnen et
des bancs plus au sud sont fabuleusement poissonneux, notamment
quand les morues font -leur voyage d'aller vers les Lofoten. Pendant
leur voyage de retour vers la mer de Barentz, les bancs de morue se
Tépandent en ordre plus dispersé et gagnent des eaux moins profondes.

De tous temps, les pêcheursriverains ont étéau courant du fait que la
morue passait en grande quantité par les bancs hauturiers et dans les
accores. C'est dans les eaux de ce qu'ils appelaient le Havbroen
qu'ils allaient chercher la morue, à bord de leurs embarcations ouvertes.
Je renvoie à ce propos à la carte et la description de Christian Gran
Molberg, en 1782 (paragraphe 40 de la Duplique et annexe 95).
Ce n'est que récemment, à savoir en 1934, que les chalutiers commen­
cèrent à pratiquer la pêchedans les accores au large de Malangsgrunnen,
·de Sveinsgrunnen et des bancs de Vestcrâlen. Dans ces parages, il y a
-des fonds de chalutage qui comptent parmi les meilleurs du monde.
Depuis qu'il a commencé, le chalutage sur ces fonds ne fait qu'augmenter.
·Les pêcheurs riverains ont étéévincésde leurs vieux fonds de pêche,

parce que la pêcheau chalut et la pêcheaux engins stationnaires ne
sauraient être pratiquées simultanément dans les mêmes eaux.
Comme il ressort de la carte no 7, la limite de p~che de 1935 passe
hien en deçà des accores.
Or, nos adversaires, avec le tracé qu'ils donnent à la pecked green line,
entendent porter la limite encore plus près de la côte. Ils enlèveraient
ainsi à la population locale mêmeles fonds de pêche les plus proches
du rivage, où se pratique la pêche journalière pendant toute l'année.
Sur la carte no 7, que vous avez devant vous, figure le point de base
no 27, situé sur la roche de Tokkcbâen, un des trois points de base
commentés par sir Eric Beckett. ·

Ainsi qu'il a étédit au paragraphe 201 de la Duplique, Tokkebâen
se trouve à 2,4 milles marins de la roche la plus proche ne couvrant
jamais, à savoir TrollskjŒr.
Comme il appert de l'annexe 3/' au Contre-Mémoire, le point de base
de Tokkebâen fut proposé par la Commission de la Frontière des eaux
territorialesde rgr2 et figure à son tableau sous le n° 7· La commission,.--------- - ------

PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51 363

-par des investigations faîtes sur place, avait constaté que la roche de
Tokkebàen n'est pas submergée à marée basse.
Le point de base n° 27 est désignésur la carte marine par le même
signe conventionnel que le point n° 28 situé sur la roche de Glimmen qui
est utilisé comme point de base également pour la détermination de la
pecked green line.
Je rappelle que le Tribunal de première instance de Trondenes fonda
son arrêtdu ro mai 1933,dans l'affaire intentée au capitaine du chalutier

britannique Loch Torridon, sur la ligne de base reliant les points nos 27
et 28, et que la Commission de renvoi ·de la Cour suprême repoussa
l'appel interjeté par le condamné. Voir à ce sujet les paragraphes 147
et 148 du Contre-Mémoire, et le paragraphe xs6 de la Duplique.
Les points des trois captures opéréesaux dépens des chalutiers Loch
Torridon et Crestfiower sont marqués sur la carte no 7 sous les chiffres
zéro 39, 40 et 42.
Justement à cet endroit, la pecked green lù~ fait une entaille consi­
dérable et arbitraire dans les eaux du Andfjord. C'est encore un exemple
probant de la contradiction qui existe entre le tracé de la pecked green
line et la reconnaissance, par la Partie adverse, de nos fjords.

Le troisième point de base, au sujet duquel sir Eric Beckett a présenté
ses observations, est le point n° 39, à savoir la roche de Nordbôen.
La roche de Nordbôen, portée sur la carte no 8, est située à 2,4 milles
marins de l'île de Moskenesôy. Ce point de base fut proposé par la Com­
mission de la 'Frontière des eaux territoriales de rgrz, et figure au
tableau sous le no rg (annexe 37 au Contre-Mémoire).
Cette roche n'est pas submergée à marée basse. Sur la carte marine,
elle est désignéepar le mêmesigne conventionnel que les points nos zr
et 27.

Puisque j'en suis à la carte no 8, je signale 1'entaille faite par la pecked
green line dans les eaux du Vesterâlsfjord. Là non plus, nos adversaires
n'ont pas tenu compte du fait qu'ils reconnaissent nos fjords. La poussée
que fait la pecked green line dans les eaux du Vesteralsfjord constituerait
une menace très sérieuse pour la pèche côtière.
Le caractère extravagant du tracé de la pecked green line dans ce
secteur saute aux yeux quand on contemple l'esquisse nQ4 présentée
à l'annexe 78 à la Duplique.
Le croquis donné par Mr. Boggs dans son article publié cette année­
même dans The AmericŒn journal of International Law, représente
la région située au nord du Vesteralsfjord. Ce croquis n'embrasse qu'un
secteur bien limité. Dans ce secteur, précisément, les absurdités résul­

tant de l'application, à la côte norvégienne, de la méthode des " arcs
de cercle", n'apparaissent pas aussi clairement qu'ailleurs, exception
· faite de l'entaille à l'ouest de l'île de Andoya.
Je me permets de renvoyer la.Cour à ce qu'a dit le professeur Bourquîn,
à la séance du ro octobre, à propos de cet article de Mr. Boggs et de son
croquis.

*
J'en arrive maintenant au Vestfjord, de Rôst à Tra:na (cartes no• 8
et g, et plan-relief).

Le Vestfjord s'insinue entre .lecontinent et la cha.îne d'îles des Lofoten,
appelée aussi en norvégien Lofotveggen (le mur des Lofoten). L'archipel
des Lofoten offre un relief tourmentê. Autour des îles et dans les étroits

' Non reproduite. ----------

364 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - IS X 5I
passages qui séparent les plus grandes d'entre elles, on trouve des

centaines de petites îles, îlots et écueils. Les îles les plus avancées sont
l'ile de VŒrôy et le groupe de Rost.
La rive méridionale elu Vestfjord présente le mêmecaractère rocheux
et profondément échancré, avec de hautes montagnes et des glaciers.
Le point culminant du glacier de Svartisen s'élève à 1.599 mètres (4.880
pieds anglais). Svartisen est situé sous le cercle polaire, qui coupe la
limite de pêcheentre les points de base nos 47 et 48.
Au pied de ces montagnes, le skj<ergârd étale, en largeur, une série

de groupes insulaires et d'innombrables îlots et écueils.
La population des ports abrités dans ce skjŒrgard vit exclusivement
de la pêche.
Alors que partout ailleurs sur la côte litigieuse la Partie adverse invite
la Cour à statuer seulement sur les principes, pour ce qui est du Vest.­
fjord elle lui demande de prendre position sur la détermination de la
limite concrète. J'avoue que les raisons de cette discrimination
m'échappent.

Les points de vue norvégien et britannique au sujet du Vestfjord
divergent sur deux points:
I) Î_e Gouvernement norvégien considère lé Vestfjord comme eaux
intérieures norvégiennes, alors que le Gouvernement du Royaume-Uni
ne consent à y voir que des eaux territoriales norvégiennes.

:2) Selon les conclusions du Gouvernement du Royaume-Uni, la
peckeà green line, qui doit servir de ligne-limite à la zone de pêchedans
le Vestfjord, est tracée en deçà de la ligne de base norvégienne tirée
entre les points de base nos 45 et 46.

A propos de la première divergence, je voudrais signaler ce qui suit :
Que l'on considère ces eaux comme intérieures ou territoriales, cela
est indifférent pour le statut du droit exclusif à la pêche.Dans les deux.
cas, l'État riverain peut réserver à ses nationaux ce droit exclusif.
Seulement, le Gouvernement du Royaume-Uni attache de l'impor­
tance à cette distinction. En effet, au large d'une zone d'eaux intérieures,
il admet le tracé d'une bande d'eaux territoriales de 4 milles marins. Au
large d'espaces mari times a:uxquels le Gouvernement clu Royaume-Uni
ne reconnaît que le caractère d'eaux territoriales, il n'admet pas une
telle bande. Il laisse, dans ce cas, la ligne de fermeture servir de limite

de pêche.
C'est la fameuse thèse concernant les eaux de l'Indreleia qui surgit de
nouveau.
En vertu de cette thèse, nos adversa.ires ne tracent pas de ligne de
base à partir de l'île de Rôst, bien qu'ils reconnaissent que cette île
constitue le point le plus occidental du Vestfjord. Ils se contentent de
tracer des arcs de cercle centrés sur notre point de base n° 45 et sur
trois autres points situés plus à l'est. Puis nos adversaires tirent ce qu'ils

appellent 1une ligne de fermeture n à partir d'un point arbitrairement
choisi sur l'arc de cercle situé le plus à l'est.
Dans la séance du II octobre, le professeur Bourquin a prouvé que
toute cette théorie britannique concernant l'Indreleia et les eaux qui
y conduisent ne résiste pas à l'examen.
De même coup s'effondrent les principes appliqués pour le tracé des
lignes britanniques, principes auxquels cette thèse sert de fondement. PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X 51 365

Il serait absurde au plus haut point et en contradiction avec les faits
historiques, de ne pas assimiler le Vestfjord aux autres fjords et de ne
pas le délimiter par une ligne de base servant à établir une bande d'eaux
territoriales.
Les faits suivants le prouveront :
0
I Aucun autre fjord norvégien n'a étéplus que le Vestfjord, et depuis
aussi longtemps que lui, soumis à une pêcheexclusive aussi intensive.
. Aucun autre fjord n'offre, de loin, des ressources aussi importantes
pour la population côtière et le pays tout entier.
Dans aucun autre fjord, enfin, la souveraineté norvégienne ne s'est
aussi anciennement manifestée par une réglementation aussi minutieuse
de droit coutumier et de droit écrit.

2° Lors de l'échange de notes entre le Gouvernement français et le
Gouvernement norvégien en r868 et en r86g, le Gouvernement français
a reconnu le Vestfjord comme eaux intérietctrensorvégienHes .e renvoie
à ce qu'a dit le professeur Bourquin à ce propos dans son exposé des
8 etII octobre.

3° Dans la déclaration faite en 1893, en qualité de juge dans l'affaire
de la mer de ,Behring, qui opposa la Grande-Bretagne aux. l1tats-Unis,
le ministre d'Etat Gram, a dit expressément que tous les fjords norvé­
giens ont, de temps immémorial, étéconsidéréscomme eaux intérieures.
Et contrairement à ce qu'allègue la Partie adverse, l'exemple donné
par le ministre Gram se rapportait précisémentau Vestfjord.
Or, cette déclaration fut invoquée par le Gouvernement du Royaume­
Uni lors de l'arbitrage de rgro au sujet des pêcheriesde l'Atlantique Nord.
La déclaration du ministre Gram a étéexaminée par le professeur
.Bourquin au cours des séances des 8 et II octobre.

Au sujet de la denxième divergence, ayant trait an tracé des limites
dans le Vestfjord, il importe de retenir ceci :
Vu la topographie des lieux, il eût étéplus naturel de tirer la ligne
de base directement entre les points extrêmesdes groupes d'îles de Rost
et de TrŒna, ou bien, en d'autres termes, entre les points de base nos 45
-et 48. La ligne ainsi obtenue aurait coïncidé plus exactement avec la
direction généralede la côte. On aurait eu ce que le Gouvernement du
Royaume-Uni appelle lui-même" a naturallîne marking the entrance )J•
. Il_me semble que le plan-relief confirme la justesse de cette appré­
-ctahon.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique l'endroit au plan en relief.]

En tirant la ligne de base en travers du Vestfjord, entre les îles de
SkomvŒr et de Myken, le Gouvernement norvégien a donc fait preuve
l' de modération.
A l'appui de la délimitation proposée par nos adversaires, sir Eric
Beckett a invoqué les conversations de 1924 et de 1925. J'ai précisément
établi que c'est agir contrairement aux réserves formulées et acceptées
.àl'époqueque de se prévaloir de ces entretiens.
Puisque ces allégations abusives de nos adversaires reviennent si sou­
vent, il me faut préciserque la Norvège n'a formulé aucune« revendica­

tion» en 1924, et qu'il ne fut conclu aucun" accord llen rgzs.
Sir Eric Beckett a également invoqué une observation de Fulton au
.sujet du Vestfjord.366 PLAIDOIRIE DE:!!'!. ARNTZEN (NORVÈGE) ~ I5 X 5I
En dépit de la grande autorité attachée au nom de Fulton, dans le
domaine de l'histoire du droit maritime international, je me permets

de croire que le Gouvernement norvégien est mieux placé que lui pour
connaître les données qui conditionnent la juste délimitation du Vest­
fjord. .
Il y a lieu,ar ailleurs, d'attirer l'attention sur le fait que la ligne de
fermeture britannique est plus longue que la ligne de basenorvégienne~
41,5 contre 40,3 milles marins.
La ligne de base établie en travers du Vestfjord par le décret de 1935
se fonde également sur les droits d'un usage séculaire.
Tout le long de la rive méridionale du Vestfjord, et principalement
depuis le phare de Stéitt dans la direction de l'ouest, près des groupes.
insulaires de Myken et de TrŒna, se pratique de vieille date une pêche
lucrative. · ·
Jusqu'à présent, les chalutiers étrangers n'ont pénétréni dans le·

Vestfjorcl, ni dans les eaux norvégiennes situées plus au sud.
La limite de 1935 protège, dans l'ensemble, le Vestfjord et ses lieux.
de pêcheexploités depuis toujours par les pêcheurs norvégiens.
Si la limite devait être tracée conformément à la pecked green tine,
cela signifierait l'intrusion des étrangers dans des eaux où les pêcheurs.
norvégiens ont eu, jusqu'à présent, l'exclusivité de la pêche.Ainsi, la.
présencede chalutiers étrangers dans les eaux au large de SvebŒn,entre
1es îlots de Tenholmene et de ValvŒr,porterait un coup partîculièremen t
sensible aux pêcheurs norvégiens.
Au sujet de l'archipel de ·rrŒna, point terminal de la limite de pêche
de 1935, je renvoie aux renseignements donnés au paragraphe 26 du.
Contre-Mémoire (voL 1,p. 233}: c'est dans l'île de Sanna, la plus avancée
parmi les importantes îles de ce groupe, que se trouvent les vestiges de·

la plus ancienne agglomération que les archéologues aient mise au jour
en Scandinavie.
Dans l'album de photographies, il y a plusieurs vues des Lofoten.
Je tiens à signaler les nos33 et 38.
Le no 33 reproduit la pointe la plus avancéede l'archipel de Rôst avec,.
au premier plan, le phare de Skomva;r Fyr, près du point de base no 45·
Le n° 38 montre le profil caractéristique de l'archipel de Rôst, le groupe
d'îles le plus avancé des Lofoten. En le voyant, on réalise le sens de
l'expression : «mur des Lofoten n.
Je voudrais aussi mentionner le no 32, qui montre l'île de VŒrôy dans.
le groupe des Lofoten. Rôst et VŒrôyont formédans le temps une seule
paroisse.

* * *

Monsieur le Président, j'ai terminé l'analyse des divers secteurs de·
la côte litigieuse et examiné le tracé de la limite de pêchenorvégienne·
en vertu du décret royal de 1935. ·
Je crois avoir démontré que les principes remontant à r8r2, 186g,.
r88r et r88g, on les a appliqués d'une façon naturelle et équitable, en.
tenant compte des particularités géographiques, historiques et écono-·
mîques des divers secteurs côtiers.
La Partie adverse prétend que la limite de pêchenorvégienne a été·
tracée sans tenir compte de la configuration de la.côte. L'analyse que je
viens de présenter doit pouvoir faire justice de cette allégation, contre-· PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - IS X SI 367
dite par le principe mêmequi a présidéà la délimitation : la limite de

quatre milles marins est calculée à partir de lignes de base droites, tirées..
entre les points les plus avancésde la côte, suivant la direction générale
de celle-ci et sans :jamais la perdre de vue.
En outre, lors de la délimitation concrète, il a ététenu compte -·
comme nous venons de !.evoir - de la configuration de la côte et du
fond sçms-marin dans les divers secteurs. ]'estime avoir démontréque•
la délimitation fixéeen I935 était une mesure de protection indispen­
sable pour la sauvegarde des intérêtsvitaux et des droits séculaires des­
pêcheursdans la partie septentrionale de la Norvège.
Les chalutiers étrangers avaient commencé à pénétrersur les lieux de
pêchele long de la côte.

Pendant des siècles,_les pêcheurs norvégiens y avaient exercé leur
activité et avaient étéconsidéréscomme en ayant le droit exclusif. Sur·
toute l'étendue de cette côte - depuis le point de base no r jusqu'au
point n° 48- ce droit exclusif à la pêcheavait étépratiqué au delà, sur
certains parcours mêmetrès loin au delà, de la limite de pêcheétablie
en I935-
C'est pourquoi cette limite ne sauvegarde qu'une partie de ce domaine~
qu'un minimum vital dans l'économie de la population riveraine.
Le décret royal de I935 ne constitue donc pas une usurpation norvé-­
gienne de la mer libre. Il ne porte ancune atteinte à la libertéde la naviga-­
tion. Il ne constitue pas un acte d'occupation. Le décret ne fait que­
san vegarder des clroits existants.

Telle est la limite de pêcheque le Gouvernement du Royaume-Uni
invite la Cour à invalider comme contraire au droit international.
Que propose le Gouvernement du H.oyaume-Uni à la place de la
limite norvégienne? Quelle serait la ligne gui, d'après lui, répondrait
aux exigences du droit international?
C'est la pecked green line.
Nous en avons suivi le tracé dans les divers secteurs côtiers. Nous.
avons vu que la pecked green tine est l'application mécanique à la déli-­
mitation de la zone de pèche norvégienne d'un système de règles inconnu
jusqu'ici.
Nous avons vu qu'une délimitation entreprise selon cette méthode·
serait sans intérêtpour la navigation le long de la côte.

EUe augmenterait pour le pêcheur étranger les risques de conflits_
Elle rendrait plus difficilea tâche de la police de la pêche.
Elle enlèverait à la population riveraine le droit exclusif à nombre cie
lieux de pêchesitués dans le voisinage le plus immédiat de la côte, et
indispensable à la subsistance de cette population.
La Norvège, depuis l'époque de l'apparition des chalutiers étrangers,
a maintenu ses droits exclusifs à la pêchedans les eaux qui sont situées.
entre la pecked green tine et la ligne qui, par la suite, fut formellement
établie par le décret royat de 1935.
La pecked green tine méconnaît les conditions topographiques, hydro­
graphiques et historiques qui règnent sur ces cBtes.
Telle est la ligne qui, d'après nos adversaires, doit former la limite

de la zone de pêcheà laquelle la Norvège a droit de par ses titres histo-
riques. ·
Ceci"montre parfaitement le caractère purement théorique de la
conception de nos adversaires. Ce n'est pas par l'application mécanique368 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 15 X SI

d'un système de règles théoriques qu'on arrive à déterminer les limites
d'un droit particulier acquis sur la base de titres historiques.

C'est la vie elle-même- la vie telle qu'elle se manifeste depuis des
siècles- qui a crééces titres historiques; en revanche, des conditions
spéciales gouvernent l'existence de cette population.
On ne saurait, sans les mutiler, confiner ces titres dans le cadre rigide
d'une telle construction géométrique.
J'espère avoir donné à la Cour une idéede l'ampleur et de la précision
des recherches sur lesquelles repose la délimitation de 1935.
Ces recherches ont confirmé que la Norvège avait, depuis toujours,
exercé le droit exclusif à la pêchedans des eaux encore plus étendues.

Il est bien exact que dès l'apparition des chalutiers sur la côte du
Finnmark oriental, les pêcheursriverains ont lancé des appels pressattts
pour que leurs vieux droits fussent intégralement maintenus.
Il en fut de même en 1935.
Mais le Gouvernement norvégien se sentit lié parce que les pouvoirs
publics, en 1869 et plus tard, avaient adopté la limite des quatre milles
aux fins de pêcheégalement.
C'est pourquoi la commission des Affaires étrangères du Storting

déclara, dans son rapport de 1935 :

"Avec un sentiment de résignation, dû aux événements qui se
sont produits au cours des 70 dernières années, et au fait que la
Norvège n'a plus étéen mesure de maintenir les privilèges sur les
mers, qui correspondent aux anciens droits et aux intérêtsvitaux
des habitants, la commission se borne à recommander au Gouverne­
ment 'de fixer, pour les pêcheries, une limite conforme à celle
qu'avaient préconiséele préfet du Finnmark en rgoS et la Commis·
sion de la Frontière des Eaux territoriales en gn, dans son rapport,
en précisant, par décret royal, de la même manière qu'en r86g,
à partir de quels points de la côte la limite des quatre milles doit
être calculée. »

Le rapport fut approuvé par le Storting à l'unanimité.

Le Gouvernement norvégien estime que la Cour ne saurait invalider
cette limite. ·

* * *

Il me reste encore à présenter les conclusions du Gouvernement
norvégien. En principe, elles sont définitives, mais je voudrais me
réserver la possibilité de les modifier, ou de les compléter le cas échéant
selon les plaidoiries ultérieures de la Partie adverse.
]'aimerais également rappeler ce que j'ai avancé au cours de la
séance du 5 octobre:

" En ce qui concerne les demandes respectives en dommages­
intérêts, le Gouvernement norvégien considère comme plus indiqué
d'en réserver l'examen jusqu'à ce que la Cour ait statué sur la
question de la validité internationale du décret de 1935. 11 PLAIDOIRIE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - IS x SI 369

Voici les CoNCLUSIONS que je vais respectueusement soumettre à
la Cour:

Attendu que le décret royal norvégien du 12 juillet 1935 ne
contrevient pas aux règles de droit international liant la Norvège,
et que la Norvège possède en tout cas des titres historiques sur
l'ensemble des eaux comprises dans les limites de ce décret,

PLAISE A LA CouR,

statuant par un seul et mêmearrêt,

rejetant toutes conclusions contraires,

dire et inger que la. délimitation de la zone de pêchefixée par le
décret royal norvégien du .12juillet.1935n'est pas contraire au droit
international.

Monsieur le Président, nous avons étéobligés, par l'importance et la
multiplicité des questions soulevées dans ce litige, a occuper la barre
pendant de longues journées. Nous espérons, cependant, avoir évité
des digressions inutiles.Et nous remercions la Cour de la bienveillante

attention qu'elle nous a prêtée.370

10. REPLY BY SIR ERIC BECKETT
(AGENT FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED KINGDOM)
AT l'Hl' PUBLIC SITll.NG OF OCTOBER I7th, I95I

[Public sitting of October I7th,l95I, morning]

May it please the Court.
A character in English fiction was accustomed to say on every possible

occasion : "vVhat I say three times is tme." The Bellman, .for th at is
the name of the character in question, may have been right in repeating
everything he had to say three times in the circles in which he moved,.
but I do not think that he would have been right to do so before this.
Court. I do not think that before this Court the same argument becomes.
more convincing merely because it is repeated three times, and there­
fore, in replying, we shall endeavour to avoid doing so. This will make:
our speeches in reply relati.vely short and, since the reason that they·

are short is our desire to avoid repetition, I hope it will be understoocL
that our comparative brevity implies no disrespect to, or Jack of appre­
ciation of, the long but persuasive and beautifully expressed address.
of Professor Bourquin or the cogently argued address of Mr. Amtzen.
Our speeches in reply will fall into three parts : fi.rst these introductory
remarks by myself, followed by Professor Waldock who will deal with_
Part 1 of the case (general rules of international law), and then I shall_
myself in conclusion take Part II {Norway's historie case). I hope in
these introductory remarks to dispose of ali points which do not form

.essential portions of the arguments relating to Parts I or II.
It seems to us that, in the oral pleadings, the emphasis falls more
and more on what we have called Part II, and in particular on the
existence and non-existence of the Norwegian system, and the date
when that system, if it ever existed, came into force. I propose, there­
fore,to devote most time to the examination of that question.
Another general observation which occurs tome is that the arguments.
of the Parties are now beginning to sorne extent to run parallel to each.
other rather than to hit one another at rigflt angles. We have felt that

the oral pleadings of our opponents have perhaps tended rather to be
most forceful restatements of their own thesis them answers to the
objections to, and critîcisms of, their thesis, which we have made orally.
I have no reason to abject to that, unless it were that they were reserving
their fire for their last speeches, when of course, we have, save with
the special permission of the Court, no opportunity of saying anything
further. As, however, such a course would not be in accord with the

best traditions of advocacy, I do not think that our opponents mean
to adopt it. The oral rejoinder, as I understand it, is a response to the
oral reply. It is not the time for dealing with the first address of your
opponents. REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.; -I} X 51 3}I

Further, on those occasions where our opponents have pnrported
to deal with our criticisms and contentions, they have not by any means
always stated the contentions which we made in the form in which we
would state them. Thus, to sorne extent they have directed tbeir fire

to a target which was not the target whîch we put up. We shall not,
however, try to mention every point where we disagree wîth Professor
Bourquin or Mr. Arntzen, because when we come to the final addresses
ît seems more than ever necessary to concentrate on the essential and
important and not to explore side issues. Thus, in general, wc maintaîn

but do not repeat for the third time the arguments which we have
already made.
Further, wc also think that our opponents have in their oral state­
ments withdrawn and .nolonger present to our tire certain targets which
we think they had presented in their written pleadings. To sorne extent,

therefore, the case already lies in a slightly smaller compass than at
one time it appeared to do. Thus Professor Bourquin bas saicl that
"the question of the breadth of the maritime belt does not arise in the
case" and "the only question submitted to the Court relates to the
base-lines of the 1935 Decree". (P. 242 1.)Now, that is exact! y what

we thought in the beginning, as our Application and our Memorial
show. It was the Counter-Memorial which put the matter on a wider
footing and aclvanced propositions, relating to the general rules of
international law, so new and strange that they put in issue the very
principle of a maritime belt of fixed wiclth and indeed ahnost every

princîple of which we had ever beard.
We were forced, therefore, to deal with this in our R.eply; but the
R.ejoinder followed the Counter-Memorial, so I felt obliged to devote
an hour or two of my first address to these wide issues. But now it
appears that our opponents have discarded ail these wider propositions

as irrelevant, and we are, so to speak, back somewhere near the coast
line again. 1am glad that we are back again, but I cannot help remarking
that the excursion into these fundamental issues has involved the
Parties in sorne hundreds of pages of pleadings, which the Court might
have been spared, and the excursion, though interesting, has been costly

of time. But we have returned from the excursion-perhaps our
opponents did not find the weather in the Baltic altogether to their
!iking. vVe are back near the coast again to a doctrine-the so-called
Norwegian system-which our opponents say îs (1) part of general
international law, but (z) is yet a formula which is not to be generalized
-it applies to Norway and perhaps to sorne other coasts which are

supposed to be special, and (3) which is supple and flexible. So supple
and flexible is it that you camiot seize it at any point without it changing
its form. It takes into account so many local considerations of which
the Nonvegian Government is the judge. If you criticize the long base­
line, the answer is that there is no limit of length. If you say that it does

not follow the line of the coast, the answer is that there are special
-local considerations in the arca in question-economie considerations-,

1
As regards references to the pleadings, the pages indicated are those of
this volume.372 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 5I

there is a nice fishing bank which it would be desirous to reserve for
the local population. It is part of the system to take these economie
considerations into account.
It is the custom to-day to describe projects by two words, of which
the first word is always "Operation". Following this custom, we are
tempted to describe the Norwegian system as "Opera tion Proteus".

The Court will remember that Homer relates that when you caught
hold of a Proteus he first assumed the form of a lion, then of a leopard,
then of a boar and then he slipped through your fingers by becoming
a stream and then, having done so, assumed the form of a massive tree.
Can anyone believe that this Protean doctrine was, in the words of the
Norwegian Agent, already known to and respected by other States

well before the beginning of the period which concerns the Court to-day ?
And yet it is this Protean doctrine whose character is so supple and so
flexible, which is not of general application, that the Court is asked to
accept as part of general international law, or alternatively, as some­
thing in which the community of nations has acquiesced so as to give
Nor.vay an historie title. Could any State be deemed by mere inaction

to have accepted something so supple, so flexible, so Protean ? I shall
endeavour to come to grips ;vith this Protean doctrine, and I hope
I shall finally extract the truth.
Our system depends on geography-except in so far as it allows for
historical titles. Our opponents complain that our system (which of
course we say is simply general international law) is rigid and not
supple. At any rate, under it, '/ficannat vary our green lines for the

purpose of including (or for that matter of excluding) fishing banks.
So if our green lines do leave on the seaward side certain fishing banks,
it is merely beca:use the Creator of the world happens-perhaps inad­
vertently-to have placed these banks where they are. We have no
discretion to alter our lines for economie reasons. Our opponents may
abject to a system which takes no account of economie facts-which
allows no discretion. They may regret the facts of geography, but they
cannot address any complaint to us at being cunning in filching fishing

banks.
I should Iiketo refer very brief:lyto one or two disconnected matters.
First, thereis that delightful model relief map of the coast of northern
Norway which our opponents have placed before the Court, and which
I understand is likely, when the case is over, to remain indefinitely on
view in sorne museum or institute in Nor.vay, where I have no doubt
it will continue to delight people like myself who take a pleasure which

is almost childish in these things. Speaking, however, here before the
Court, it is my dp.ty to point out two things with regard to this map.
The first is that the vertical scale used is no Jess than nearly IZ times
as large as the horizontal scale. Now, it is very common when relief
maps are made to use a bigger vertical scale, but it cannat be denied
that the visual impression thus created is totally misleading. It makes

the areas of water appear rz times narrower than they really are, and
there is the same distortion in the case of the underwater features.
My second obser.,ation is that it is necessary to remember, when
looking at this relief map, that everything which is not green is water. 'REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 373

E<;renthe areas coloured white may be as much as zoo metres under the
sea. If one could turn on a little tap and flood the relief map with a
deep green or deep blue ink up to low-water mark, which is the only
level which counts in this case, then the impression one would get from
the relief map would be quite different. But, of course, to get the correct
impression one would in addition either have to reduce the vertical

scale 12 times or make the horizontal scale 12 times bigger. If these
two things could be done, then the Court would, of course, get quite a
good idea of what SvŒrholthavet or Lopphavet reilly look like, but
I am afraid the relief map in its present fonn gives, for the two reasons
I have mentioned, a very distorted picture.
Again, our opponents, with that thoughtfulness and thoroughness

which bas characterized their conduct of the case, have been so good
asto supply members of the Court with copies of the charts which form
their Annex 75, but at a reduced scale~ tIink about one quarter of
the size of the charts which have been filecl.
I think I have observed members of the Court consulting these small
charts, and nobody will appreciate more than myself at the present
time how very inconvenient it is to manage a number of large charts.

In this connection, however, I would wish to remind the Court of the
dictum of a famous statesman, who was concerned, 1 think, with sorne
boundary dispute, and that dictum was : "Always use large-scale maps."
I would humbly suggest to the Court that this clictum is very applicable
to the charts in the present case. The smaller the scale of the charts
w'hichyou use, the more reasonable Norway's blue !ines look, and the

larger the scale of the chart which you are looking at, the more unrea­
sonable they lciok. V•lhen one is clealing with a case where the basic
measurement is, so to speak, 4 miles, one is unlikely to get from a chart
anything like a proper impression of what is involved i.f one uses a chart
smaller than, say, 4 miles to the inch, and of course, one two miles to
the inch is much better than that. At a later stage of this address, I
propose to illustrate one or two points on a Jarger scale charI!oinches
to the mile, which is one of the large scale coastal charts published by

the Norwegian Hyclrographic Office.
Then there are two charts showing the north-west coast of Scotland
and the territorial waters which the United Kingdom daims in this
area. Professor Bourquin (p. 206), asked if he could presume th at the
principles upon which these two charts were clrawn were applicable
to the whole of the rest of Scotland, namely, that the base-lines followed
faithfullythe sinuosities of the land except in the case of bays, where
the base"line would never exceed ten sea miles, and that outside a 3-mile
limi.t from base-lines so drawn, fishing was entirelyfree and no United
Kingdom regulations would be applied to foreign vessels. My answer is,
yes, certainly.The Government of the United Kingdom applies these

principles not merely to the whole of the rest of Scotland but to the
whole of the United Kingdom, and for that matter, to ail other terri­
tories overseas for which my Government is responsible. However, there
is one thing I must mention, and that.is that, here and there, in different
parts of the territories for which my Government is responsible,. the~e
exist sorne historie bays-su.rprisinglyfew, but there are sorne. H1stonc
bays are not a Norwegian monopoly.374 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-IJ X 51

Now, I think that I know why Professor Bourquin is so anxious 'to
elucidate this information about Scotland, but perhaps the Court do
not. I do notthink that the on!y reason why the Norwegian Government
in its pleadings so often asked for charts of Scotland was that which was
îndicated in the pleadings, though ît is guite true that the western
coast of Scotland is, from a geographie point of view, not dissimila:r
from the coast of Norway. The Court may be interested to know that
Norwegian fishing vessels are apparently very interested in the fisheries
oH the west coast of Scotland. They have been appearing there recent! y·
in surprisingly large numbers. I am told, for instance, by the M.inistry
concemed, that no fewer than 33 Norwegian shark fishîng vessels were
cited in the waters off the Hebrides alone, in a period of about 5 weeks

in the middle of last summer. ·
The principles which I have mentioned are those which the Govern­
ment of the United Kingdom will no doubt continue to apply in delimit­
ing territorial; waters so long as it has every reason6 believe that these
are the principles indicated by international law. If, of course, it received
an authoritative pronouncement that the rules of international law were
different,the Government of the United Kingdom would naturally fee!
itself free to reconsider its policy. We have not, as perhaps we might
have done, as an interesting exercise, drawn on our charts of the north­
west of Scotland blue !ines showing what our limits would be if we
delimited our waters in accordance with Norwegian principlr.s. As there
are there innumerable islands and something perhaps in the nature
of a skj::ergaard as well as many fjords-but we happen to call them
firths-blue lines so drawn off the north-west coast of Scotland would

close to Norwegian fishing vessels very large areas of water \vhere they
now come and fish freely.
However, for the purposes of this case, I think that our two cha:rts
of north-west Scotland have beeri useful, for they show that we ünd no
difficulty in applying our own principles, principles which Mr. Arntzen
describes as "general and uncertain" and Professor Bourguin as "pre­
cise and rigorous" (and surely both these observations cannat be right),
to a coast under British j urisdiction which is just as complicated as
the coast of Norway. Further, we still find no difficulty in doing this,
although we work on a 3-mile limit and not a 4-mile Jimit, and therefore
the outer rim of our territorial waters oH north-west Scotland is far
more irregular than the pecked green line which we have drawn for the
northern Norwegian coast in the charts iriAnnex 35- Yet my Govern­
ment has fou]ld nothing impossible or unworkable in all this, even
though certain interests which were represented on the Neven-Spence
Committee would have liked my Government to take a different course

and simply copy Norway.
I am sure that the Neven-Spence Committee and the Scottish Cmmcil
of Industry will derive from Norway's frequent reference to them the
same sort of satisfaction which Professor Bourquin imagined that
Dr. Munchmeyer ought to derive from sorne remarks of my own. I do
not think you will find inshore fishermen in any country who would not
say that they would like the fishing limits pushed further out to sea.
That, after all, is only human nature. Ask a farrner if the fixed priee
for wheat is high enough and you know what answer you would get,
and remember what the Nonvegian and Swedish fishermen said about
those Icelandic decrees. · REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 375

I now turn to another point. Both the Nonvegian Agent and Pro­
fessor Bourquin first of all said perfectly correctly that the reason why
the United Kingdom had instituted these proceedings was because
British fishermen wish to fish in the areas marked yellow on the charts
and Norway was preventing them, but they then followed this correct
statement by another, the purport of which was that the Norwegian
decree line was accepted by all other States. (Pp. r6s and173.) Now I do
not think it would affect in any way the legal issues before this Court,
if this second statement were true. But what is the e\"idcnce in support
of this second statement ? Merely that, apart from Germany, no other
State protested against the Decree. If Norway wished to prove before
this Court that other States accepted her decree line, she.would have to
produce to the Court statements by the governments of other States to

this effect. Nonvay, of course, has not thought it prudent to take this
course, and I, for one, would certainly not have advised her to do so.
\:Vhat proof is it that France, Belgium, the United States or any other
State, accept the Norwegian decree line as valid in international law
against them, because their governments have not taken the step of
protesting against it ?
For one thing, the governments of all those countries have at all
times been perfectly well aware that the United Kingdom was challeng­
ing this line and persisting in its challenge. All these governments,
therefore, were in the happy position, in which individuals often are, of
seeing someone else bring a test case, they being able to benefit from
the decision, if it is favourable, and not having in any event to incur
the expense of litigation. That they do consicler it a test case is perhaps
indicated by the number of governments which have asked for copies

ofthe pleadings. Most of the rest of the community of States have no
practical interestin fishing in the area which is the subject of litigation,
and probably the interest which other States have in it is less than that
of the United Kingdom.
Professor Bourquin, having referred to a certain circular which a
committee of French shipowners had sent round to its members, cer­
tainly implied that the French Government must have decidecl to accept
the Decree because the Decree was certainly brought to its notice and
no French protest had been forthcoming. But the French Government
has clearly stated in a note which is before the Court that it does not
feel called upon to protest against dècrees, even when it cloes not accept
them, if they are not brought officially to its notice through the diplom­
atie channel, and that, of course, is action which Nonvay has thought
it prudent not to take. I do not biarne Norway for not taking the risk,
but Nonvay could have taken it if she was so convinced of the attitude
of the French Government. Further, it is unlikely that, for instance,

the Belgian and Netherlands Governments accept the Norwegian Decree
when they have protested against the Icelandic Decree. The Icelandic
Decree is one which, as Professor Bourquin states, and I will use his
words this time, "adopts the same method" as Norway bas clone. vVhen
I used the word "copied" that is precisely what I meant and no more.
Of course, governments do often protest against decrees of this kind,
even when they are not brought to their notice through the diplomatie
channel and even when they have not yet been enforced against their
nationals. They do this in orcler to make it quite clear that they have
~no acquiesced and to prevent a prescriptive case being built up against376 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-17 X 51

them. But it takes a long time before a prescriptive case can be built
up on the basis of mere silence when there has been no enforcement
of the decree against the nationals of the States in question. I shall not
labour the question whether other countries have acquiesced in the·
1935 Decree, because I do not think thatît really affects the legal issue
which the Court bas to decide.
I will now, Mr. President, say a few words about the Indreleia. The·
Court may remember what the Attorney-General said on this subject
on the first day of the oral hearing. I will just read what he said.

(p. 30):
"Lastly, there is one legal issue which has been arguecl at sorne
length which is relevant but not very important so far as the case·
before the Court is concerned, and that is whether those straits,
which ar~ described as the Indreleia Straits, which we admit t(}
be Norwegian waters, are Norwegian territorial waters or Nor-·
wegian inland waters. It is relevant because, in one or two places,

the <:lifferencebetween the blue and green Iines depends on it, but
the difference in area of water is not great, and as it happens the
difference does not relate to areas of water which have any great
importance for fishing. Norway's strong opposition to the Unitecl
Kingdom view that the Indreleia is territorial waters rather than
inland waters is based on something which has nothing to do with.
fishingbut on another issue which is not involved in this case at
ali, namely, the difference which it makes as to the amount of
control which Norway has over shipping using the Indreleia. In
the circumstances the United Kingdom, while maintaining its
legal views as set forth in the pleadings on this point, does not
propose to deal with this point in our opening oral remarks any

further.
The United Kingdom does not admit that these are internai
waters, but leaves the matter with the comment that, if Norway
is entitlecl to daim these as internai as opposecl to territorial waters,
the claim must be founclecl on historie grouncls and not on the
general principles of international law."

I have only two remarks to make, additional to those of the Attorney­
General. The first is this. We have confidence in our arguments on the
basis of the general rules of international law about legal straits. How­
ever, we do admit Norway's title to the Inclreleia on historical grounds
and we dosee a certain difficulty in our own argument in the sense that,
on the one hand, we admit that Norway has a title on historical grounds
and, on the other hand, contend that the nature of the title (i.e. internai
as opposed to territorial waters) which Norway derives from history is
different from that to which such Norwegian material as exists points.
Professor Bourquin did .make this argument in regard to the Inclreleia
at the end of his address on Thursday, rrth October (p. 304}, and it
was the only argument which he made concerning this matter which

macle sorne impression on us. Therefore, as the Attorney-General said,
we think that, if these waters are internai waters, the conclusion is
one which must be basecl on historical grounds peculiar to Norway.
\Vith this observation, I leave the matter to the decision of the Court.
There is one other thing I want to say. Professor Bourquin is quite
wrong in thinking that our contention that the waters were territorial REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I7 X 5I 377

was an "abuse of theory" artfully designed to open a good fishing"
ground to our f1shermen. The areas of water which are affected by thiS­
point are small and, as far as we know, of no importance to fishing at all.
Of course, it was not for Commander Kennedy to advise whether the­
Indreleia was internai waters or not. That is a question of law. The
technical work is doue on the basis of the legal rules believed to be-
applicable. "
There is one general point which I wish to make, but it is such an
obvious one that I do it with the greatest deference. My point is that
this Court, as a court of law, will not accept, or be influenced in any way
by, a statement of fact if the statement is not proved. lf the statement
relates to issues which are relevant for the decision of the case, and the·
statement is not proved by evidence, the Court's conclusion on the
point will no doubt depend upon which party lay the burclen to prove

the fact in question. To give one example of such a statement, Professor
Bourquîn, in more than one passage of his oral pleading, has referred ta­
certain areas of water or certain fishing banks as having been at a certain
period of time in Norvvegian possession, and then, having made this,
statement, he drew certain deductions from ît as regards the burden of
proof or sorne other matter. The Court will, 1 am sure, not forget that
this statement bas no value at ali, unless the alleged possession at the
time in question bas been proved, and since in fact the statement related
to Norway's alleged historical title, the burclen would in this case lie­
upon Norway to prove it.
Then Professor Bourquin has made statements such as the following:
that unless trawlers are kept outside the blue lines, the local population_
would be ruined and "we would witness the depopulation of the country"
(p. 179). Now, this is a statement relating to something which, in our
view, at any rate, is perfectly irrelevant to the question which the Court

bas to decide, which is the question of the delimitation of Norway's.
territorial waters and not the conservation of fishing stocks. But, ifthe·
Court thinks, as we do, that the statement is in any case irrelevant, it
will be entirely uninfluenced by it.If, on the other band, itthought that.
the statement had any legal relev<tnce, ît would stiJl refuse to be
influenced by it unless Norway had proved the truth of the statement.
V,Tedo not propose to say any more on the question of fishing stocks.
and the other matters with whîch Mr. Wilberforce dealt in our opening
addresses.
Mr. Vlilberforce's remaiks were an answer to a number of Nonvegian
assertions either entirely unproved by evidence or incompletely proved ..
We do not say that Mr. Wilberforce proved completely aUthe statements.
that he made, though they were mostly based on Norwegian reports·
and committees. \Ve believe that what Mr. Wilberforce said represents.
the best supported view on these matters, but, as we said then, we do not
thînk these matters are in any way relevant for the decision of the case,.
and it would be wrong for us to take any more of the Court's time in
dealing with issues which we say are irrelevant. I therefore simply ask

the Court to note that it would be wrong to infer from our silence that
we accept as correct the critîcisms of Mr. Wilberforce's statement. It
does not seem to be contended that there is any injury to the stocks:
of migratory cod, but, ifit were relevant whether trawling injured.
stationary fishing stocks, it would be for Norway_to prove it.In fact,
the evidence before the Court is totally insufficient to enable it to come:378 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)~ XI5I

io a decision one way or another on the· question whether trawlers do
-or do not injure this or that type of stock of fish. In fact, the question
:is one on which there is disagreement between the greatest experts
.and it would be impossible for the Court to reach any conclusions on
this question without a Jengthy process devoted to that issue alone,
in which an enormous mass of scientific data would be laid before it,
.as well as no doubt the conflicting evidence of eminent expert w:itnesses.
As regards the fouling of lines and nets by trawlers, M.r. Wilberforce
Teferred to the agreement which we made with Nonvay in I934· The same
·question is also dealt with in a number of other international agreements.
Unless my information is at fault, Norway recently made an agreement
·with German y on this same matter. As line and net .fishingis in any case
-carried on extensively outside the blue Iine, the problem is not solved

"by the blue line at aU. The Court should not suppose that the trawler
is always to biarne. In many cases the trouble is due to failure by the
line and net fishermen to buoy the places where their gear is and, as
Mr. Arntzen indicated when demonstrating wîth the little mode! trawler
·OnMonday morning, the line and net fishermen are under an obligation
to do this.
Then ·there is the other question, namely, even supposing (which
we do not admit) that trawling does injure stocks of sorne fish, would
the population of northern NoP.vay suffer economically if trawling took
place up to the green line instead of up to the blue lines ? Vve have
·pointed out the ample waters which still remain inside the green· line, .
and the fact that the fishermen of northern Norway can, like fishermen
-of ali other countries. engage in any sort of fishing that they wish out­
:side Norway's maritime limit, and that conditions have recently greatly

changed and they are begînning increasingly to do so. Norwegian fisher­
men are f1shing off Greenland, off Iceland, off the banks of the Barentz
Sen, and indeed off the coast of Scotland. Further, one mîght have
gathered from what has been said by our opponents that fishing was
absolutely the only economie resource of northern Norway, whereas, of
-course, northern Non.vay is a country where there are valuable minerais,
and other resources which are beginning to be increasingly exploited
with the aid of the magnificent water power available. Ail this appeared
:in the rgsr Report àn the development of northern Norway, to which
Mr. \Nilberforce referred. Further, the trawlers visit the ports of northern
Nonvay frequently and make purchases of ali sorts there, resulting in
commercial profits to the local population. The quotation from the
Maurice-Douglas Report, which Professor Bourquin made the key of
his peroration-that these people must fish or starve (p. 325)-isdoubly
înapposite ; in the first place, because it relates to 1924 and one of our

chief points has been that there has been a change since theo, and indeed
since 1935 ; in the second place because it is dea:r that neither Sir Henry
Maurice nor Admirai Douglas in any way indicated that these people
would starve if trawling were permitted up to the green line. The chief
point I want to make here is that, in addition to being in our view
irrelevant, these assertions are absolutely unproved.
Professor Bourquin, who at the end of his othenvise admirable
address (p. 319) seemed unable to resist a temptation to depart a bit
from what 1 might cali proper legal argument, referred to the fact that
in rgrz, over the Lord Roberts case, the United Kingdom maintained
that Norway had no title to a 4-mile limit or to the Varangerfjord, and. REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 3'Ï9

now before this Court the United Kingdom admits that Nonvay is
entitled to both these things and by implication admits that Norway
was so entitled in 1912. That is quite true. The United Kingdom, and
for that matter a number of other States, did dispute Norway's title
to these things at that time ; but what bearing has it ? Professor Bour­
quin indicated that he thought it had a bearing because the United
Kingdom, having been legally wrong over two points before, was more
likely to be legally wrong in the case it now presented to the Court
which relates to different issues. Now I am surprised that Professor
Bourquin said this, because I imagine that this Court will decide on the
arguments presented to it according to the weight of those arguments,
and I certainly never beard of any court rejecting the claim of a party

.supported by legal arguments, on the ground that that party was supposed
to be likely to be wrong in law now because he had macle sorne legal
mistakes in the past. I question whether observations of this kind are
of any assistance to the Court in decicling the case.
It is quite true that, in another place (p. 317), Professor Bourquin
made a quite different argument, and I do not for a moment suggest
that this second argument was not perfectly relevant, although, of
course, I am going to suggest that it was incorrect, Professor Bourquin's
second argument was that the four-mile breadth of territorial waters,
the Nonvegian title to fjords and ;;unds and the Nonvegian system of
base-lines, were so much inseparable parts of one whole that, if the
United Kingdom accepted the first two on historical grounds, she must
be cleemed to have accepted the third part also, namely, the Nonvegian

system with regard to base-lines.
There are many answers to this second argument, and the first is
that it is a petitio principiiNonvay is trying to prove that the third
element is an inseparable part of the other two, but that is just the
point which we are disputing. A second answer is that Nonvay herselt,
in ali sorts of official communications, referredo the first two elements
without ever saying a word about the third. A third argument is that
the four-mile limit, and I think the title to fjords, goes back before
r8oo, whereas the system of base-lines certainly does not go back before
this date. I will, however, say no more on this point here because our
answer to this is to be found in our treatment of the Norwegian system
which I am going to give later, after Professor Vi'aldock has spoken.
I now come to a question which has causecl me sorne perplexity.
As the Court will remember, at the end of our opening addresses on
l\ionclay, October rst, I submitted that the Court shoulcl at this stage
confine itselfto giving decisions of principle and might refrain from

entering into points of geographical detail. I said that I thought that,
if the Court cliclthis, the Parties would probably be able to settle the
dispute completely on the basis of the guidance which the Court had
given them, but, in case this should prove not to be so, the Court's
judgment might contain suitable provisions under which one or other
of the Parties might, by making a suitable application, request the
Court to decide this or that question which hacl arisen with regard to
the application of the principles laid down by the Court. M. Arntzeù, at
the opening of his aclclress, opposed this proposai. I was ali the more
surprisecl since, as I explained at the very end of my last aclclressto the
Court, there were reasons which I decluced from the written pleadings,
as well as from the nature of things, why I shoulcl have thought Norway,380 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51

even more than the United Kingdom, would have desired this course.
Amongst other things, there is the point that, in so far as the principles
laid clown by the Court do leave to the territorial State a choice or a
discretion,it is Norway that has that choice and can exercise that
discretion. However, I am now faced with the situation where Mr.Arntzen
has opposed the course which I suggested, and at the present moment I
am without any guidance at all as to the view of the Court itself on this
question of procedure. In the circumstances, I am forced, without this
guidance, to decide whether or not in this reply, which is the last
opportunity which the United Kingdom has of acldressing the Court,
to go into questions of geographical detail or not to do so.
Before I go further into the merits of this question of procedure,

I must make a very brief comment on three points which were made by
Mr. Arntzen in opposing my suggestion. I rather regret that these three
observations were made because, in my submission at any rate, they are
all clearly wrong and have behind them (and that is what I regret) the
inference that, in making this suggestion about procedure, I was endeav­
ouring to secure sorne tactical advantage for the United Kingdom.
There was nothing further from my mind, apart altogether from the
point that you, Mr. President, yourself had made the same suggestion
to the Agents of the Parties.
The three comments which the ~orwegia Agent made in opposing
this suggestion were, I think,the following:

(1) The United Kingdom, in making this suggestion, has in sorne way
departed from the position which it took up when the case was
begun by the United Kingdom Application.
(2) The United Kingdom's object is to obtain from the Court decisions
on points of general principle, not so much because they are.
necessary forthe purposes of the decision of this case, but because
it suits the interests of the United Kingdom that the Court shoulcl

make as many decisions of principle as possible, because that will
increase the scope of the judgment in this case as a precedent of
general application,and such a course woulcl in fact mean that
this Court would be doing what the Hague Conference of 1930
failed to do.
(3) The United Kingdom suggestion with regard to procedure was
equivalent to asking the Court to give an advisory opinion, and
that the Court will not do in a litigation between two States, but
only at the request of the United Nations or sorne other body
having authority under the Statute to obtain advisory opinions
from this Court.

Now, I submit, all those three observations are completely unfounded.
The United Kingdom attacks the validity against itself of the Nor­
wegian Decree of 1935 because that Decree does not conform with the
relevant principles of international law. It is therefore necessary for the
United Kingdom to submit to the Court what, in the United Kingdom
view, the relevant principles of international law are, and, so far as the
Court finds them relevant for the purpose of deciding the case, it is

inevitable that the Court should pronounce upon them. Our opponents
indeed have been very insistent that it was the task of the United
Kingdom as the applicant State to formulate these principles. Our
opponents were most anxious that we should, at the conclusion of our REPLY BY ~IR BRIC BECKETT (u.K.)-IJ X 51 J8I
'()ral addresses, formulate our conclusions setting forth what we asked
the Court to decide, and that we did. So, far from the United Kingdom

asking the Cpurt to pronounce on any point of general principle, ifthe
practical necessities of the case do not require a decision on it, we have
been most scrupulous in bringing to the attention of the Coutt, at the
very beginning of these proceedings, all those cases where a point of
general princi ba~ eeen discussed in the pleadings but where it seemed
that, for prachcal reasons, it was not necessary for the Court to pro­
nounce on it. Thus, we mentioned that we did not think it was necessary
forthe Court to pronounce upon the validity of the ra-mile rule for bays,
or on the question whether, as a matter of general international law,
the outer-coast-line theory was recognized. Although, as 1 said myself,
the United K.ingdom would very much welcome a decision on these two·
points, we were aware that courts do not as a rule make any pronounce­

ments on questions of general principle which the Court does not con­
:Sideressential for the {:>urposesof the decision which it has to give.
If the Court will look at the conclusions which 1 presented on October
rst, it will be seen that, in formula ting them, we have taken into account
the rights which we admit that Norway has by way of prescription or,
asit is also put, on the basis of an historie title. In the case of each prin­
ciple in our conclusions we have asked the Court to decide these issues
in a binding judgment as between the United Kingdom and Norway, a
judgment which would be binding on both Parties. There is no point
on which we have asked ,the Court to give a decision on any question
of general principle which was not, in our submission, directly required
for the decision of the case. Professor Bourquin was inclined to suggest
·that we were doing this, when we submitted that the Court would have

to decide what the rule with regard to low-tide elevations was, but
this is not so. As we pointed out before, a decision on this point of
principle seems to be required for two reasons :
(i) Because in our view the blue line does use certain base points
which are low-tide elevations more than 4 miles from permanently
dry land, and, if this view is correct, theo the point does arise in

regard to the blue line. There is, of course, a dispute on a point
of pure geography here, and, though we were sure that the experts
of the Parties would be able to agree on these points of geography,
we said we did not think such a point of pure geography was one
which the Court could easily decide in these proceedings.
\ii) Because this question of low-tide elevations is relevant in connec­
tian with our green !ines and therefore it would Clearly arise, on
the hypothesis that the Court did not agree with our opponents,
that the principles on which the blue line is drawn are principles
which Norway, either on the basis of an historie title or on the
basis of general international law, is justified in endeavouring to
enforce as against the United Kingdom.

It is impossible, 1 submit, in these circumstances, to maintain that
ihe United Kingdom is requesting the Court to decide any point of
·principle, whieh is academie so far as the dispute between Norway and
the United Kingdom is concerned, and it is still more, if 1 may say so
without offence, fantastic to suggest that the United Kingdom is asking
ihe Court to give an advisory opinion. \Vhen Mr. Arntzen referred to

·.thecase of the.FreeZones of Savoy and Ge.'l:,r rather to a commentary382 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 5I

on the Court's decision in that case which appeared in the British Year
Boak of International Law, he was referring to something entirely
different. In the Free Zones case, France and Switzerland actually by
agreement requestecl the Court informally to indicate its provisional

conclusions on certain questions of principle, without any legal effect
upon the position of the parties inthe case. In other words, France
and Switzerland clid ask the Permanent Court to give, in a litigation
between these two States, a non-binding aclvisory opinion on certain
issues. That is entirely different from anything the United Kingdom
asks in this case, as the conclusions which we have submitted to the
Court show quite clearly.
1 turn once more to the consideration of this question of procedure
·on its merits. As I said, I have found great difficulty in making up
my mind what is the proper course for the United Kingdom to pursue.
After much thought, I have come to the conclusion that we must make
our ftnal addresses to the Court upon the hypothesis that the Court will
in fact adopt the course which we suggestecl and will in its judgment not .

endeavour to settle ali questions of geographical detail at the same time
as it determines questions of principle. I have reached the conclusion
that this is the proper course for me to pursue for three reasons :
(1) That it seems to be the only practical course for the Court to take.
(z) Tint, if I were to proceed on the other assomption, the United
Kingdom could easily take three weeks or more discussing points
of geographical detail upon the various hypotheses which might
have to be considered, w'henwe do not know what is the Court's

conclusion on any point of principle. 1 \'l'illelaborate that in a
minute.
(3) That if, contrary to what 1 suppose, the Court îs disposed to
deal with the matter differently, the Court will not wish to decide
even questions of geographical detail without being fully informed
of what the Parties on both sides have to say with regard to them
and, therefore, the Court would exercise its powers to obtain this
information, either by addressing questions or by indicating that
it required further arguments upon this or that question of geo­
graphical detail.

I have just saidthat, if I were to proceed at this stage on the contrary
assumption, the United Kingdom alone could occupy the Court's time
for about thrce weeks in discussing questions of geographical detail,
and I want to explain why I say this. Being without any decisiori of the
Court as regards the principles applica\;lle, wc should have to deal \Vith
geographical detail upon various hypotheses.
For instance, hypothesis No. x: that the Court accepted ali the prin­
ciples which theUnited Kingdom has submi.ttecl toit. On this hypothesis
we should perhaps have to justify, as regards certain details, our green

line, where Norway may choose to say that we have not applied our
own principles properly. Hypothesis No. z: that the Court is in agree­
ment with most of the general principles we submit but not \vith others.
This hypothesîs, of course, really contains a large number of hypotheses.
according to the principles which the Court is assumed to accept, and.
those which it is assumed to reject.
I have not tried to count mathematically how many hypotheses there
could be here. But the points of detail which might arise could be almost REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I'] X 51 383:

infinite. Commander Kennedy might have to draw so large a number
of different pecked lines that the rainbow would not provide him with
enough colours. Mr. Arntzen's remarks (p. 339) seem to me to confirm
that ail this would be involved.
Then there is hypothesis No. 3 : the Court accepts the general thesis.
of our opponents. It decides that Nonvay is entitled to apply the Nonve­

gian system. This hypothesis again is capable of division because the·
Court might decide that the Norwegian system is either exactly what
Norway says or partly in accordance with what our opponents contend
and partly something different. Or it might decide that the Nonvegian
system was applicable to one part of the coast and not to another part.
On this hypothesis we might criticize in detail the blue !ines as correct or
incorrect applications of the Nonvegian system. ·
·The process seems to me so fantastic and I should have thought so­
unwelcome to the Court that I shrink from adopting it, unless I receive·
a definite intimation that that is the course which the Court desires.
In the circumstances, I shall once again confine myself to a limited
number of more general observations with regard to the blue and the·
green !ines, supplementing those which I made on Monday, October rst,
in the light of sorne observations made by Mr. Arntzen.
I may have occasion to illustrate my general observations with
reference to certain areas on the charts; but my observations will be
of a general rather than a detailed character.

[Pu.blicsitting of OctoberI']th, I95I, afternoon]

May it please the Court.
In the remainder of this speech, that is to say, from now on to the·
moment .when I give way to Professor Waldock, I am endeavouring
to answer the last part of Mr. Arntzen's address from approximately
page 339 onwards, though of course, here and there, Mr. Arntzen.
made observations which, according to the arrangement of our own.
pleadings, it is convenient for us to answer elsewhere.
. The remainder of my remarks at this stage may be said to be divided
into two parts. In the first part, I make a number of observations,
perhaps rather disconnected observations, in reply to points made by
Mr. Arntzen, and in the second part I take a particular area, the SvŒr­

holthavet, as a test area, as one suitable for comparing our principles.
with the principles adopted by our opponents.
The broad position, however, is, as I said earlier,that the green !ines.
stand or fallon the principles which we have put forward to the Court,
and the blue !ines broadly stand or fall on the issue whether the Nor:
wegian system is enforceable against the United Kingdom, either as.
a matter of general international law or by prescription. It is, there­
fore, useless for our opponents to criticizethe green !ines because they
do not take account of economie factors and, in particular, completely
disregard fishing banks. It is also useless to criticize them on the ground.
that they eut across certain features of the sea bed which are at ail
times urtder the water. It is useless to criticize them on the footing
that they are not the most convenient route for navigation. It is useless.
to advance any of these criticisms because admittedly .our principles
take account of none of these things. We have never beard of a rule
of international law to the efftct that territorial waters must be delimited384 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X SI
by relation to fishing grounds, or that features of the sea bed, perma­

nently covered by water, should ever be taken into account for the
-purposes of the delimitation of territorial waters. Indeed, I know of
no rule of international law which says that territorial waters must be
-detimited in such a way that it will be most easy for vessels to know
whether they are inside or outside territorial waters, or in such a way
.as to simptify the work of the coastguards or fishery protection author­
ities, though, in fact, we think that the results obtained by applying
·Our principles (the green lines in the present case) are demonstrably
_results which do make it easier than any other system is likely to do for
vessels to know whether they are inside or outside territorial waters.
:But so far as fishing banks are concerned, our position is that the banks
are where the Creator of the world put them, and that our system allows

·no variation in favour of the coastal State or othenvise, because of the
·position of fishing banks. Our opponents really ought to admit this
because they keep on saying our system is rigid and geometrical. On the
-oth ~and, the Norwegian system does allow Nonvay, as far as tines
·drawn between extreme points can do so, to include fishing banks, and
we are certainly entitled to say that our opponents have exercised very
artfully the discretion which they consider their rules give them so as
to include as many fishing banks within the blue lines as they possibly
-can.
Incidentally, I noticed an observation of Mr. Arntzen-and it cornes
at page 338-where he says that, "at the time, no State had determined

the exact limits of its territorial waters", and I think the ti me he was
referring to was 1935. Now, if Mr. Arntzen meant that at that time no
State had defined its territorial waters by drawing straight base-tines
enacted in a decree, then, of course, the statement is perfectly correct.
But that is not quite what Mr. Arntzen meant. He meant, I think, that
States hacl not issued charts such as, for instance, the charts of the
north-west coast of Scotlancl, which, on request, we produced before
the Court, on which you would find the territorial waters marked out,
and I am prepared to believe that, broadly speaking, it may be true
that States in general hacl not done this. But Mr. Arntzen's point was,
I think, that because they had not issued their charts, no one would
1mow precisely what were the boundaries of their territorial waters, and
:in this I submit Mr. Arntzen is entirely wrong.

Except where there is an historie bay, anybocly with the necessary
technical skill can plot the territorialwaters of any country in the
world, provicled that that country is applying what the United Kingdom
put forward as the general rules of international law in regard to the
subject. It is merely an expert task which an expert of any nationality,
>vith the requisite qualifications and adequate charts, can perform. So
there is really nothing at all to be made of the point that other countries
hacl not issuecl these charts. Of course, if you apply the Nonvegian
system, then nobocly can have the !east iclea of what you claim until
a decree has been issued defining the base-lines and you have plotted
these all out on a chart; and this is why my Government, as soon
as it got an inkling of the Norwegian system after the First \\ orld vVar,

pressed for charts.
Our system consists of rules operating directly upon geography, but
by way of an exception it recognizes titles based on history or, as I
prefer to say, prescription. In drawing our green !ines we have given -1

REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 385

full effect to ail that, according to our view, Nonvay is entitled to daim
on the basis of prescription. Now, this reference to prescription leads
me to make two observations. The first relates to the Vestfjord and to
the very end of Mr. Arntzen's remarks. The first question is whether
the Vestfjorcl is internai or territorial waters. I will say no more on this
because this point falls under the remarks I macle earlier about the
lndreleia, the Vestfjorcl being, of course, part of the Tndreleia. The
second point relating to the Vestfjord is its proper closing line, and
here Twish to make a further comment. First of ali, if the Vestfjorcl is
internai waters, then Norway will get as territorial waters a band of
four miles outside the closing line whether it is our closing line or another

one. Now, asto the proper closing line, our case is simply this. Nonvay's
title to the Vestfjord must be based on presctiption and on nothing
else. ln the ordinary sense, the Vestfjord is not a fjord at ail but an
enonnous expanse of water with a fringe of islands on the western side,
a fringe where the islands get very smail indeed and much further
dispersecl as you get to the southern end. Now, Mr. Arntzen puts his
case for the closing line which Nonvay at present draws on the ground
that he considerecl it to be the more naturalline from a purely geogra­
phical point of view, and he also observed, and we admit this, that as
far as mere length is concernecl, their line is not very different in length
from the line which we draw. 'Vell, my answer is that, even from the
geographical point of view, our line seems obviously the most appropria te
because it goes across more nearly at right angles to the mainland coast
on one side and to the fringe of islands on the other side or, in other
words, to the general direction of the fjord, and l think that a glanee
at the chart shows that it is obvions that it does. But in our view it is
history rather than geography which must decide the closing line of this
fjord, and the Vestfjord happens to be one of the fjords which has quite
a lot of history.But for history, we do not think that Norway would
be able to claim the Vestfjorcl at ail and, that being so, if history points
to a particular closing line, then that must be the determining factor.

I gave our contentions in favour of our closing line when l addressecl
the Court before (pp. rso-rsr), and 1 now leave this matter by merely
inviting the Court to refer to what I said then.
vVhile [ am on the question of historie titles, my second observation
is this. lmust comment on the numerous occasions when Mr. Arntzen
states that fishing banks which are left outside the green !ines have
long been exploited or been possessed or formed the essential livelihoocl
of the local population. I shall deal rather fully once again with the
whole question of Nonvay's historie title after Professor 'Valdock has
spoken; but, by way of anticipation, I will merely say now that the
general picture which results from this examination is that, whatever
exploitation of these banks took place round about the year r6oo, there
was a long periocl later, beginning about 1700 and encling at the very
end of the nineteenth or in the very early years of the twentieth century,
when Norwegians really clid not exploit these banks at all. This obser­
vation applies to the banks of Finnmark, Troms and northern Nordlancl.
The mere fact that the banks had names proves nothing. The position
may be quite different when we get further south in the area of Sundmore
and Romsdal. This absence of exploitation in the north was clue in a
large measure to the frightful depopulation of Finnmark brought about,
as I understand it, by the disastrous Bergen monopoly, and later I shall

26386 REPLY BY SIR ERIC BECKETI (U.K.)-17 X 51
be giving evidence that the Norwegian Government at the beginning of
the 20th century was making every effort to encourage the local popu­
lation in theorth to exploit the fishing banks. Broadly speaking, in all

this long period (two centuries) the local population were only fishing
quite close tothe coasts and in the fjords. That is the broad picture.
I now take one or two particular cases in the endeavour to show how
flimsy-I am tempted to say worthless-is the evidence which
Mr. Arntzen produced to support his assertions that fishing banks were
exploited and possessed by the local population.
Thus, on page 347, Mr. Arntzen says, of the sector between the
Norwegian base-points 2 and 3 : "Outside this base-line, the pecked
green line makes a curve which appears entirely arbitrary." (Why this
is called arbitrary I do not know: the base-points which we use are
shown plainly on our chart.) "It would have the result of withdrawing
from the exclus iihts.of the Norwegian fisherrnen a part of the

fishing ground of Osterbakkei1:"
Now, what is this bank of Osterbakken ? Its name sounds obviously
modern and in any case Mr. Hovda has nothing to say about it. Is it
a bank which can be claimed on historie grounds ? The only evidence
which the Court has about it is that of Professor Hjort, who says it was
the object of experimental fishing in r8gg. I take as another example
the banks in the SvŒrholthavet. Mr. Arntzen says the Sleppen Bank
in the SvŒrholthavet has servecl since time immemorial as a fishing
ground for the population of the two coasts of the SvŒrholthavet but
the only evidence he produced to support his argument was based on
the name Sleppen, and a reference to the fact that, in rs8g, there were
five churches on the island of Mageroy. If M.r.Arntzen is dealing with
churches, he might have referred to Prefect Hammer's evidence, which

shows that three of these five churches had gone by his time. That was
1760. "The clensity of the population proves the prosperity of the fish­
ery", says Mr. Arntzen, but he specifiee!no perioclfor tIfsMr. Arntzen
is dealing with population, he might at least have mentionecl the
subsequent depopulation of Mageroy after rsSg. Juclge Kraft in his
book (p. 584) says that about 1835 there were on the whole island
only 12 male residents, of whom 8 were Finns. Mr. Arntzen does not
refer to the information which the Rapport of rgr2 gives at page 123,
namely that, in r825 at any rate, the Sleppen Bank was not fished at
all by the local inhabitants from either sicle of the SvŒrholthavet but
merely by visiting fisherrnen coming from Nordlancl. There is also
Mr. Arntzen's reference to the nan1es Reian, Moen and Sveet and to
Mr. Hovda's stucly. We have looked again at this and find that ail
Mr. Hovda has to say is that he does not know what Reian means and
that it must be a very olcl name; he assigns a derivation for Sveet and

he says nothing about Moen at ali. ln fact, I submit that, leaving asicle
what may have been the position round about the year r6oo, the local
population only began to fish theseanks in SvŒrholthavet just at about
the same time as the trawlers began to come.
Then, going to the Lopphavet, Mr. Arntzen, referring to my point
that the Ministry of the lnterior. in r8g8 had consideree! two alternative
closing lines a long way insiclethe blue lines, answers that these lines
were drawn by the Ministry at that date because the authorities had
not the information later possessed by the rgrr Commission. But, if
the Norwegian authorities in r8g8 did not know this, how can it be said REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 387

that the Norwegian Government has for centuries claimecl these banks
on historical grouncls ?
·Mr. Arntzen's argument on the fishing grouncls in the Lopphavet
provides, I submit, a striking example of the uncritical use of unsiftecl
historical material. Ithink I can safely say that the whole of his material
on this is completely worthless. He refers to a bank near the rock of
Trollskallen, about which Mr. Hovcla relates a Jeg'endthat its existence
was revealed to fishermen by a marine monster : I wonder coulcl this
be an early manifestation of .the sea god Proteus ?
He says of Gasan that Mr. Hovda's study shows that this name "owes

its origin to primitive customs". That sounds impressive, but what does
Mr. Hovcla say? That Gâsan means "the geese" and is namecl after the
noise macle by the sea.
He says that the name of another bank, Gjesbâen, goes back beyoncl
history: so the name may, but Annex ror, No. r, of the Rejoincler shows
that it. was notorious in r688 that nobody hacl exploitecl the bank.
Mr. Arntzen (p. 360) refers to a letter from the Prefect of Finnmark
written to one Schjelclerup in 1786 (Annex II of Counter-Memorial) and
relies on this (with other evidence of names) to show that for centuries
Norwegian fishermen have exploited all the water situated insicle the 1935
limits between Sèirèiyand Vannèiy.

What does the letter of 1786 say? It says that "Brynillen" or
"Svartskj::er" were part of the habituai fishing grounds of one Mogensen
-this is then supposecl to be evidence of "appropriation" and so of an
historie title.vVhere are Brynillen and Svartskj<er ? I will ask Com­
mander Ke1.medyto point them out [indicated on chart]. They are right
inside the pecked green tine and situatecl only just off the shore of the
mainland. Now I have gone in detail into one or two specifie cases where
our opponents assert these daims about fishing banks. I submit that
J have shown that in these ·cases the alleged evidence proves nothing
at ali. Since I have clone this for two or three cases and the Court will
not desire to be detained white J go through the whole lot, 1 am going
to leave the matter with the general comment that practically the whole

of Mr. Arntzen's histOiical evidence as regards banks consists of asser­
tions, unsupportecl by facts, selected historical material, references
to names and etymology-all of which may be interesting as background,
but, as proof of anything, simply dissolves ";hen subjected to examin­
ation. I askthe Court to bear in minci the flimsiness of Norway'sevidence
in regard to these individual banks when it considers the general question
of Norway's claim to an historie title-a question with which I shall deal
again after Professor Walclock has finished.
I now come to Mr. Arntzen's main criticism of our green lines which
was to the effect that we had not applied our own rules properly, because
our own rules require the elimination of "pockets". They base this
statement on the fact that Mr. Boggs has proposalsJor the elimination
of pockets. Now, it is quite true that Commander Kennedy, in clrawing

the green lines, appliecl no process at all to eliminate pockets. Professor
Walclock will acldress you shortly on the question of principle here, and.
J will only say that there is no rule of international law for the elimin­
ation of pockets and that Mr. Boggs in this respect was making proposais
de lege ferenda, proposais which many authorities besiclesourselves think
both unnecessary and unclesirable. However, Mr. Arntzen took a partic­
ular pocket, had it enlarged and put it up on the board before the388 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51

Court with little ships on it, and then covered it with a tracing of the
blue and green !ines. The purpose of this demonstration was to illustrate
the absurdity or the impracticability of such a pocket. It was a triangular
piece, the base, or open end, of the triangle being towards the sea. It
cornes between Hjelmsôy and Ingôy on chart No. 4 of Annex 35 to the
Reply; the passage of Mr. Arntzen's address is at pages 340 and 34r.
The first observation of Mr. Arntzen was that, of the little ships which
he showecl, the ship which was furthest in the waters of the fjord was
outside territorial limits, whereas the others were inside these limits.

Quite true. But what of that ? The first shlp was further from any land
than the other two. Mr. Arntzen's remark has really no more point than if
I said that it was an extraordinary thing that a ship which was, say,
6 miles off the innennost point of the Bay of Biscay, which I think is
somewhere near the Pyrenees, was outside territorial waters, whereas
another ship which was two miles off Lorient, and therefore not nearly
so far into the bay, was in territorial waters.
Mr. Arntzen then made the point that the triangle was artificial from
the point of view of the navigator. I do not deny that for a moment.
But what is the significance of that ?We have never said, nor has anybody
else ever said, so far as I know, that the outer limit of territorial waters
must be drawn so as to constitute a convenient route for navigation.
I quite agree with Mr. Arntzen that, for navigation in general, this

triangle is quite useless.
Mr. Arntzen's next point was that it would be very difficult for the
ships inside the triangle to know whether they were inside or outside the
limit, more difficult that is, than if the limit was the Norweg.ian straight
line. \Vell, we have dealt with that point, of course, in our written
pleadings, and in a word the answer is that it is not more difficult ;
that long straight lines, the middle of which are far from any land, do
not render it at ali easy for ships to know whethcr they are inside or
outside territorial waters.
Then there was a comment made by Mr. Arntzen (p. 348) which
rather puzzles mc. I had said that the closing linc of the Syltefjord,
which was applied by the Norwegian authorities in the case of the
Lord Weir in 1931, was exact!y the same as that now adoptecl by the

United Kingdom Governmcnt, and Mr. Arntzen said that was incorrect.
To prove it incorrect he quoted a Nonvegian note to the British Lega­
tion in Oslo of nth August, 1931, a note which does not seem to me to
show anything at ali, except that it says that the Storting had not yet
taken up a stanclpoint \Vith regard to the final marking of lines in all
details. Quite true. But the unfortunate Lord Weir (as indecd the
unfortunate St. Just a year or two later) was prosecuted in the Nor­
wegian courts in spite of the Storting having not taken up a standpoint,
and in prosecuting the vessel the Nonvegian· authorities did endeavour
to prove the vessel's guilt by using a certain closing tine, and the closing
tine which they usecl for this purpose is the one which we have adopted
as our green line. I invite reference to paragraph 38 of the Memorial and
-to the end of Sir Charles \Vingfield's note, which is given in Annex ro,

No. I, of the Memorial. I have not actually got a copy of the juclgment
in the Lord Weir case, but if Mr. Arntzen produces it and proves by
that means that Sir Charles \.Vingfield was wrong, I shall be clelightecl
to apologize. REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 389

I must now refer to some disputed points of pure geography. They
are one of the reasons (but of course I have already explained there is
another reason) why we think that the Court should give a ruling of
principle on the use of low~ti dlvations. In my previous speech I
said (p. 147) that in our view, point No. 21, Vesterfall in Gasan, was
a rock awash, and that Storfallet, from which it is one mile distant, was
a drying rock. l\1.r.Arntzen still daims (p. 358) that Vesterfall in Gâsan
is a drying rocl<,that is to say a low-tide elevation, and that Storfallet is

permanently above water. On the latest Nonvegian charts-that is "on
the charts officially used by the coastal State"-Versterfall in Gasan is
shown as a rock awash. As for Storfallet, the Admiralty Norway Pilot,
Part III (1939), so often cited by the Norwegian Government, says at
page 518 that "Storjallet drùs 3 jeet''.This information was in turn based
on the official Norwegian Sailing Directions, Den Norske Los, Volume ro
(1926), which says at page 69 in its description of the outer Gâsene:

"At low water spring tide seven rocks are dry or awash at low
water. Storfallet, the largest, then appears as a large rock about
a metre high ; as it always breaks, it would be easy at high water

to see it from afar."

The range of the tide here is approximately 2 metres. Consequently, at
high water Storfallet is I metre below the surface and at low water it is
I metre above the wrface, and in our view this makes it quite clear that it
is a drying rock or low-tide elevation. Now, it certainly looks, on the
basis of the latest official and most authoritative publications of Nonvay
that we are right. What does M:r.Arntzen say to this ? All he says is

(p. 358) that the Rapport of 1912 shows that the Commission had
decided not to use as base-points rocks which were always covereù by
the sea. But this was in 19n-at a time when, as wc have been told,
northern Nonvay had not been properly charted. Long after that, it
was properly charted and the latest charts show the position to be what
we say it is. So far at any rate the evidence is in our favour.
Here then is a difference of opinion between the Parties on a quf'stion
of pure fact, a difference which, in our contention, materially affects the
correct delimitation of territorial watersin this region. On the evidence
at present, Nonvay's base-point here is wrong even on her own principles.
On our principles the effect of the disputed point of geography is even
greater. This is because we say that Storfallet is outside the maritime

belt as measured from the undoubted island of Fugloykalven, the nearest
permanently dry land, and that Storfallet is only a low-tide elevation.
Therefore, in our view, Storfallet cannot be used as a base-point. If.
however, Storfallet were, as the Nonvegians say it is, pennanently above
water, then it could be used as a base-point. Further, if Storfallet were
permanently above water and Vesterfall in Gâsan were a drying rock,
as the Norwegians say it is, then the latter could also be used as a base-
point. ·
As for point 27, Tokkeboen, and point No. 39, Nordboen, we say that
these are rocks awash, and Mr. Arntzen (pp. 362-363) says that they are

drying roclls. Once again our information is based upon the charts "offi­
cially used by the coastal State", and Mr. Arntzen sets against this the
Rapport of 1912. Here, again, is a difference of opinion as to the facts
which affect the correct delimitation of territorial waters.390 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-IJ X SI

I do not think these disputed points of geography can be detennined
by the Court here and now, but I have no doubt at all that the experts
of the two Governments could, given sorne time, reach agreement on
them, but this sort of thing in my view only shows that it is desirable
for the Court at the present stage to confine itself to laying clown prin­
ciples.
Now I would like to conclude this portion of my address by taking
a particular arca, so to speak as a test case, for the comparison of our
system, which of course is the traditional system, with the Norwegian
system. The Court will be aware from the charts that have been bcfore
it during the whole period, when we were addressing it, that there are
two patches of yellow, which are much bigger than all the other yellow

patches. I exclude the Vestfjcird; perhaps that is bigger still. These two
patches come in the portions of the sea called Lopphavet and SvŒrholt­
havet. Now "havet" is the Norwegian word used for "ocean" and the
Court will remember that the Atlantic Ocean is described in Nonvegian
as the Atlanterhavct. So the two big yellow patches relate, if I may
translate into English, to the Lopp Ocean and the SvŒrholt Ocean. Of
course, the word ocean sometimes is used for something smaller than an
ocean-for instance the North Sea used sometimes to be called the
German Ocean but that clic!not mean that Germany, even in the days
of Hitler, thought that entitled her to daim it as German internai waters.
The point I want to make is that the word "havet'' in Norwegian implies
something wide and open. It is the opposite to a fjord or a sund, which
are words for something which is more or Jessenclosed by land.
Now it is the enonnous long base-lines across the Lopphavet and

SvŒrholthavet which seem to us to be perhaps the outstanding examples
of the suppleness and flexibility of the Norwegian system. Mr. Arntzen
saicl "havet" meant fishing ground. I imagine theo that the Atlantic
Ocean in Nonvegian means the Atlantic fishing ground and 1 have no
doubt that people do catch sorne fish in the Atlantic Ocean.
Now I would have liked to take the Lopphavet as my example, but I
wantecl to use the large-scale charts, and the Lopphavet is so big and so
many charts would have been involved that we should have hacl to
wheel into the Court an elaborate construction in order to display the·
Lopphavet on large-scale charts. Further, the Lopphavet is so big that
a large portion of the waters insicle it are not shown at ali on the large­
scale Norwegian official charts.For these reasons, l had to abandon the
idea of taking the Lopphavet, and wc have taken the SvŒrholthavet
instead. and I think it is not a bad example as a test case.
The Court will now see before it the charts of the SvŒrholthavet
which are the Norwegian large-scale charts of Ik inches to the mile
publisheclby the Norwegian Hydrographical Office. For convenience, we

have coloured the land brown. Now, if I may, I will begin by illustrating
our system. The Court will see, and Commander Kennedy is going to be
good enough to point out the places when I mention them, that here
there run into the Norwegian coast a number of well-marked fjords,
which not only have the characteristics of fjords, but they also happen
to bear the name fjord. Now the United Kingdom admits Norway's
title to ail her fjords rightto the natural entrance, even if the natural
entrance of the fjord is more than IO miles wide.
Let us look at these fjords. Starting in the east, there is a little fjord
here called Kinnarod-sandfjord. Then cornes the Oksefjord, then the REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-17 X 51 391

Kji:illefjord, then the big Laksefjord, then the big Porsangerfjord, then
the Kami:iyfjord followed by an indentation, which is in a sense composed
of three parts, on the east the small Kaldfjord and the small Risfjord,
and then a slightly larger one called the Vestfjord. But there is an island
here, and we accept that this island, taken in conjunction with the
configuration of the mainland, makes it proper to treat all three portions
of this indentation as one bay. Now, if the Court will look at the chart,
they will see that we have drawn the cloSÜ)glines and that we have
drawn them in each case at the place we consider to be the proper

entrance of the various fjords on geographical principles, applying the
definition of the proper entrance which we gave in our conclusions.
It is proper to apply the general test of international law here, because
we know of no history by which Nonvay can claim an historie title to
any other line.
Looking at the fjords on the big chart, l think the Court will have
very little difficulty in seeing whatthe correct closing lines are. Jt hap­
pens that one of the closing !ines, that of the Porsangerfjord, is over
ro miles ;.the rest are Jess. Our base-line is the coast and the closing lines
of ail these fjords, and, according to us, the outer limit of Nonvegian
territorial waters,the pecked green line, cornes four miles outside this
base-line.

Now, let us look at the application of trye Norwegian system here.
Nonvay draws here one of her longest base-lines, right from the point
which is figure II written in large letters on the east to where there is
the figure 12 written in large letters to the west. The western base-point
is just off the chart and Commander Kennedy has put a little piece on to
continue the chart so far as is necessary to show it. Here the base-line
is practically 39 miles. Now, what justification canMr. Arntzen produce
for this base-line? One thing he said was that you must consider the
whole of the Sv::erholthavet to ,be a bay, but we contend that this havet
is essentially a piece of water that has not the character of a bay at all.
If you were to take the length inland of the Svcerholthavet regarding
it as a bay, you would have to take the distance from the Nonvegian

base-line to the top of the Sv::erholt peninsula and that is II~ m·iles as
compared with nearly 39 miles along the closing ~ine.
But look at the character of this havet, its general shape and the
configuration of the waters : the havet or ocean begins outsicle our
closing lines which mark off the individual fjords. Does this havet look
like abay at ali or does it look like one of those curvatures of the coast
that cannot be regarded as a bay? There is no Nonvegian historical
title which can be claimed here, at any rate none of the character that
we can admit. I hope I demonstrated a little earlier on the flimsiness ·
of the daims to the banks inside the havet. The havet has a coast
indented by most characteristic fjords, and to these fjords with proper
closing lines Norway clearly has an historie title but the claim to the
ocean itself is clearly a new one which has nothing to support it, except

a Norwegian system entitling Norway to draw a base-line of unlimitcd
length between any two extreme points of the coast, a systen} which
indicates that it is particularly appropriate to do this when there is a
good fishing ground inside the base-line-and of course there is sorne
gooclfishing in the Sv::erholthavet and Commander Kennedy will indicate
to you with his pointer on this big chart the Sleppen Bank and the other392 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)--17 X 51

banks. [Commander Kennedy indicates the position of the Sleppen
Bank and certain other banks.]
Unless the land near the coast of this havet happened, as does happen
in northern Norway, to consist of very high mountains, a large part of
this long Norwegian base-line would be out of sight of land. If, for
instance, the land we see drawn here was like Rolland, most of the long
base-line would be out of sight of land. But what an extraordinary
doctrine that enables a country to daim more of the sea because the
land which it possesses is mountainous rather than flat ! Truly, the
Norwegian system is, as Professor Bourquin says, not one of general
application.
Referring to the dosing !ines across fjords, and the fact that, in the
case of some of these fjords, 1.had explained that we had adopted lines
agreed between experts of the two Governments at the London Con­

ference of 1925, Mr. Arntzen (p. 344) said that this reference to the
London conversations was in contradiction with the reserves under
which these conversations had been held, and he protested formal.ly
against the reference to the records of this Conference. I sincerely regret
that Mr. Arntzen should think that we have clone anything incorrect,
because I like to believe that we are rather scrupulous about these
things. The difference of view on thispoint results from the fact that our
opponents do not seem to appreciate what we think to be a fundamental
difference.If we had used the results of the London Conferenc'e as an
argument that Nonvay was preduded by an agreement from contesting
a closing Iine agreecl there,then· we should clearly have violated the
reserves of which Mr. Arntzen spoke. But we have not clone this. It
would also have been incorrect if, in any case where the closing line

agreed at the London Conference was the result of a bargain, or adopted
on a give-and-take basis, we had relied upon that line. Now, there were
some dosing !ines to which this observ~ti aoplies, but I think that,
in no case where this was so, have we made any reference to the London
Conference closing line.
At any rate, we examined the minutes of the Conference with great
care in orcier to exdude all cases where that coulclbe said to be so. Where,
however, at the London Conference the experts on both sides agreed that
a certain closing line was the closing line obviously indicated on grounds
of principle, then we have referred the Court to those closing !ines and,
quite frankly, we see nothing in the reserves which makes it improper
for us to do so. I only referred to the 1925 closing !ines in four cases,
Tanafjorcl, Syltefjord, Laksefjordand Porsangerfjord (vide pp. 149-150).
AH these fjords come in Annex B on page 152 (Vol. I)of our Memorial
amongst the seven cases where our experts accepted the Norwegian

Oslo daims completely.
In these cases the competent experts on both sides agreed that a certain
line was indicated by principle. The London Conference proceeded in
this way. They first dealt with what I may call the easy cases, namely,
where both sides agreed that an indentation was a fjord having the
characteristics of a bay, and where the proper closing line was (vide Vol. I,
pp. I5T-I52 of the Memorial, AnnexA). Then, after that, at a later stage,
they took what l may call the clisputed cases (vide Vol. I, Annex Don
pp. 153-155 of the Memorial), and with regard to these, there was a
certainamount ofbargaining on the basis of give and take, but 1mentioned
none of the last class of cases. REPLY BY SIR ERIC BECKETr (u.K.)-IJ X 5I 393

Nonvay has only producecl historical evidence with regard to closing
lines of fjords in the case of theVarangerfjord and the Vestfjord. In the
case of all the others, therefore, there is no reason to apply any test
excepta purely geographical one. Vvehave, in our conclusions, submitted

to the Court our formulation of the geographical test, and, in accordance
with the explanation which l gave earlier to-day, I refrain from going
round the coast and dealing with each fjord in turn.
Further, I am not going to occupy the Court's time in making any
detailed examination of the hydrographical features of the waters off
the Norwegian coast. I only wish to make one general remark.
The Court has been given a good deal of information, both in the
\vritten pleadings and in the course of Mr. Arntzen's aclclress, regarding
the depths, the situation of the edge of the coastal bank, and so on.
I have no complaint to make about this, but what is it supposed toshow?
Is it claimed that the new base-lines, or the outer blue !ines follow any
particular depth, or any particular marine contour, or any particular
configuration of the sea?

Mr. Arntzen did not explicitly make any of these daims, but yet,
unless he implied them, it is difficult to see what object the Norwegian
Government could have in placing all this hydrographical information
before the Court.
Now, of course, our main position is that it is notpermissible in fixing
the limits of territorial waters totake into account at ail configurations
which are permanently under water. But 1 just want to say now that,
even on the basis that these matters are taken into account, our oppo­
nents have given no sort of proof that their !ines are basecl in any con­
sistent way on any considerations of this nature. Indeed, 1 can go further
and assert that any inspection of the charts, without any expert know­
leclgeat all, will show that the blue tines do not in fact follow any of the
features to which 1 have referrecl, and cannot have been chosen by
reference to them. The short reason for this is, of course, that nature does

not do her work in straight lines.
On any view of the matter, therefore, our submission is that the data
on underwater features of the sea bed are not relevant to the case.
That ends my introductory remarks, Mr. President, and, with the
Court's pe1mission, I should like Professor vValdock to follow me.
It is, I think, sometimes convenient to the Court to know how long the
Parties expect to take, and I am afraid I must now estimate that we will
occupy the time of the Court two full days more. f am afraid our speech
in reply is not quite as short as l perhaps indicatecl this morning, but
my learnecl friencls are so industrious and keep on producing more ammu­
nition, that we shall take longer than I thought we woulcl when I startecl
this morning.394

11. REPL Y BY PROFESSOR WALDOCK
(COUNSEL FOR THE GOVERN111ENT OF THE UNITED KlNGDOM)

AT THE PUBLIC SITTING OF OCTOBER 18th, 1951

[Pttblic sitting of October .r8th, I95I, morning]

- May it please the Court.
My task and my privilege is to address the Court in reply to our
opponents' arguments concerning the general rules of international
law governing the delimitation of coastal waters. I must begin with a
very fundamental point, the nature of the obligations imposed on

States by these general rules. We shoulcl not have troubled the Court
further with this question if our opponents had not continued, as we
think, to misrepresent the true nature of these rules by insisting that
they operate as prohibitions on coastal States. Before I examine the
oral arguments of our opponents on this question, I want to say a few
words about how it cornes to assume so much importance in their case.
The Parties are agreed that there is no bm·den of proof in regard to the
establishment of rules of international law, for the law lies \VÏthin the
judicial knowledge of the Court. Each Party, however, has been jockeying
for position-if 1 may be pardoned this unprofessorial expression-in
regard to the establishment of the law. Each Party has been trying to
persuade the Court that it ought to begin its consideration of the appli­
cation of the general rules of international law from a particular starting
point. The efforts of our opponents have been directed to persuading the

Court, by one argument or another, that the 1935 Decree must be held to
be binding on the United Kingdom unless shown by us to be positively
forbidden by a specifie rule of international law.
First,they say that the United Kingdom is the applicant in the case.
But, as Sir Eric pointed out in our opening speech, the fact that a State
is the applicant in the case cannat affect the law to be applied between
the Parties or the nature of its rules. The burden that the law imposes
upon an applicant is merely the burden of proving the facts which he
alleges.Both Parties equally are in the position of having to make good
the legal propositions which are necessary to their case. Secondly, our
opponents contend that Norway \Vasalready in possession of the clisputed
waters when the dispute arose, and apparently ask the Court to holclthat,
in consequence, there is sorne sort of special obligation on the United
Kingclom in regard to the establishment of the law. Unless the reference
here is to the fact that the United Kingdom, exercising a restraint which

I hope will be considered commenclable, did not send fishery protection
vessels to protect our trawlers from interference in areas which the United
Kingdom believes to be high seas and thus left Norway in a disputed
possession, it is clear that the statement that Nonvay was in possession
of the clisputed waters is a mere assertion on a question of fact. Even
if the assertion were true, it would have no bearing on the establishment
of the general rules of international law applicable in this case. ln fact,
the assertion relates to the issue of Nonvay's historie title, the very issue
in regard to which the Norwegian Government in the pleadings has REPLY BY ML WALDOCK {U.K.)-18 X SI . 395
correctly admitted that the bm·den of proof lies upon Norway. V/hat

then do our opponents mean when they say that Nonvay was in pos­
session, beca:use I do not think they are referring to the period from 1922
onwéLrdswhen the arrests were taking place ? Do they mean that
Norway, the State of Norv.;ay, already had under international law a
possessory title to the waters concerned against other States ? Or do
they mean that Nonvegian fishermen fished in the disputed\vaters before
the dispute arose ? These questions, plainly go to the root of Norway's
historictitleand have nothing to do with the establishment or the nature
of the general rules of international lav.r.
However, the principal proposition of our opponents concerning
the establishment of the rules of international law is in effect that the
Court ought to start from the basis that restrictions on the sovereignty
of a State are not to be presumed. They assert that, under international
law, a State has an undisputed competence to delimit its own coastal
waters, and that the general rules of international law concerning the

delimitation of coastal waters appear as restrictions upon that com­
petence. Then, applying the maxim that restrictions upon the sover­
eignty of States are not to be presumed, the:1lsay that the United King­
dom must fail, unless it can establish the existence of specifie rules
forbidding Norv.rayto make the particula:r delimitation which she made
in 1935. Our answer to that argument is that both limbs of it in our
view are completely wrong in law. As to the question of competence,
we do not agree that aState hasan undisputed competenccin the delimit­
ation of its coastal watersas against other States. We contend that, when
a State is defining the limit of its own competence on the sea as against
the competence of other States, it bas not got an exclusive competence
in determining that Jimit. Vve contend that our opponents' assertion
of the coastal State's unclisputed competence is contradicted by Norway's

own thesis that, in the ·modern law, the principle of the freedom of the
seas-that is, the rights of States on the high seas-and the principle
of sovereignty over coastal \vaters are of equallegal value. On the basis
of Norway's own thesis, we fail to see how it can possibly be said that
in international law a State has the undisputed competence whîch they
assert.
\Ve do not know the reasoning by which our opponents seek to justi.fy
their assertion, because, although wc argued the question fully in para­
graphs 215 to 217 (a) of onr Reply, and again in our opening speech,
they still prefer simply to make the assertion ·without giving their
reasons. So far as we are concerned, we entirely dispute the assertion
that Nonvay, in Jraming the 1935 Decree, enjoyed an undisputed com­
petence to make a delimitation binding upon other States. Nor do we
know of any authority for the proposition that, in a dispute between
two States concerning maritime limits, the coastal State is, as it were,
in a superior position to other States.
As to the nature of the general rules of international law concerning

the delimitation of coastal waters, our contention is thaJ they do not
take the form of prohibitions restricting coastal States from making
daims. As we have sought to show in our pleadings and our speeches,
they lay clown the limits generally recognized as enforceable against
all States. They thereby fix on the one hand the general obligations of
States to accept the enforcement. of the limits claimed by any given
coastal State, and on the other the extent of the rights of the coastal REPLY BY J\ILWALDOCK(U.K.)-r8 X 51

State to enforce its daims against other States without obtaining their
agreement. In consequence, as Sir Eric pointed out-the reference is
on page 36-it is the attempt to enforce an excessive decree rather

th an its promulgation which constitu tes the international wrong.
Professer Bourquin, however, complains that in saying this we alter
the nature of the case which we brought before the Court, and make
the seizure of British ships rather than the validity of the 1935 Decree
the issue before the Court. This argument is transparently specious.
Our case is and always has been that the 1935 Decree is invalid as
against the United Kingdom under general international law, and that,

if we are right in this view, its enforcement against British vessels is an
international wrong entitling us to damages.
Of course, we say that the 1935 Decree is intrinsically invalid in the
sense of being unenforceable against other States under general inter­
national law, but if a particular State, Icela:nd, for example, likes to
accept and adopt for itself the principles of the 1935 Decree, then no
doubt it may become unenforceable against that State. International
law does not forbiclNorway to make a daim going beyond her establishecl
rights and to attempt to gain acceptance of such an extension of her

rights, but a daim of that kind is not, in our view, opposable to any
other State without its agreement. That is almost exactly the language
used by the French Govermnent in its note of April 1951, concerning
recent Latin-American claims-I mean the French note which we filed
shortly before the oral hearing. The Court will see that the same view
of the Iaw is to be found in the Danish and Swedish notes to the U.S.S.R.
concerning the Baltic. These two Scandinavian States do not say that
the Russian decrce is prohibited by international law: they say that
it is not opposable to themselves as it goes bcyoncl R.ussia's established

limits and they have not accepted it.
Ifmembers of the Court will be good enough to look at the form of
protest made by the Norwegian Government to the Soviet Government
in 1922, which appears on page 51, they will also sec that Norway then
acted upon the same view of the law. The Norwegian Government did
not there say that the Soviet -daim was prohibited and illega1. They
said that they could not recognize the extension of Russia's exclusive
fisheries made by the Decree, the extension beîng one that, in their view,
went further than was warranted by international law.
Iam not going to weary the Court with a detailecl examinatîon of

State practice on this very clear point. I merely put forwat:d these recent
notes as samples of what is the everyday practice of States. 1 will also
remind the Court of our argument in our first speech showing that the
Norwegian theory that the rules of international law operate as restric­
tions upon coasta\ States isnot in accord cither with the hîstor.ical develop­
ment of the law or with the law as it appears to·day. Our argument will
be found on pages 45 to 48.
Here again, our opponents have simply passcd over our main argu­

ments on this matter. Ali that Norway's Counsel clic!in their speeches
was to point to the fact that often States do protest against a clecree
before it has been enforced. That is very true. We have clone it ourselves
more thau once. But how cloes that meet our arguments? Sometimes a
protest is made at once a.gainst a decree because of the potential threat REPLY BY -r.Ir. \VALDOCK(U.K.)-18 X 51 397

of enforcement against the protesting State's own vessels; such, for
example, was our own immediate protest against the 1935 Decree.
Sometirnes a protest is made at once simply to place on record objection
to the daim and to reserve the righ t:oof the protesting State ; such, for
example, were the recent protests of the United Kingdom and -the
United States to Chile in regard to her clairn to large areas of high seas.
Sometimes a protest is made at once in the hope of moclifying the views
of the coastal.State ; such, .forexa111ple,wou~ protest to the Egyptian
Government 11regard to 1ts recent plan. Agam, as the French Govern­
ment's note concerning the Latin-American daims sho\vs, a State
frequent\ y abjectstoa claim on principie but yet does not fee!it necessary
to register its protest. None of this everyday practice in regard to the

making of protests conAicts with our argument in the \east. On 'the
contrary, if members of the Court care to look at the language of any
of the notes which we have filed-either at the protests of the United
h:.ingdom or the United States, or at the Danish or Swedish notes to the
Soviet Union, or at the French note concerning Latin-American daims,
or at the note of the Netherlands Government concerning Latin-Ameri­
can daims which wa.<;read to the Court by Sir Eric, and will be found
on page 56, or at the notes of the Belgian and Dutch Governments
concerning Iceland's new daim, the texts of which I shall shortly be
reading to the Court, they will find that the language of al! these notes
entirely confi.rmswhat we say about the nature of the general rules of

international law concerning coastal waters. lndeed, as 1 have already
mentioned, the Norwegian Governrnent itself in its protest to the Soviet
Government in rgzz adopted precisely the same view of the nature of
these rules as we put before the Court to-day.
Not one of the States involved in ail these protests regardee\ the
general rules of international law as prohibiting the making of the clccrees.
Ali objectee\ on the ground that the daims exceec\ed the generally
accepted limits and either declinee! to recognizehe daim or reserved ail
rights in regard to the enforcement of the daim against the nationals of
the State concerned. The only argument raised by our opponents in
opposition to our contention in regard to the nature of the generarule of
international law thus, in our submission, falls completely to the ground.
Accorclingly, we submit, first, that a coastal State has not got, as our

opponents assert, an undisputed exclusive competence in the delimit­
ation of its coastal waters. Secondly, we submitthat we have established
that, historically and legally, the general rules of international law in
regard to coastal waters do not appear as restrictions on the competence
of a coastal State to define its limits, but as rules fixing the extent of the
general obligations of States to accept the enforcement of the coastal
State's daim as against themselves. vVe recognizc, as we have always
recognized, that the issue in the present case is the validity of the 1935
Decree under international law, but that means its validity-its enforce­
ability-as against other States, and in particular as against the United
King dom.
I need not detain the Court long in restating our own contention in

regard to the application of the general n1les of international law, for
ît isvery simple. We contend that, apart from any bias which the law
may have in favour of the freedom of the seas-neither Party starts from
a position inherently superior to that of the other in regard to the appli­
cation of the law. The Parties are equal before the law and it is in the REPLY BY MT. WALDOCK {U.K.)-r8 X SI

law of coastal waters alone that the applicable principles must be founcl.
V/e say that, under general international law, the principle is that mari­
time territory is accessory to the land. Norway does not dispute that ;
she said it again and again in her pleadings. It follows-we contend­
from that principle that the maritime belt in principle extends from the
limit of the land which the law defines as the low-tide mark along the
coast. \Ve contend that the tide-mark rule is the recognized general rule
for the base-line. Vle concede that the law also recognizes exceptions to
this principle. But wc say that, the tide-mark rule being, as we think,
a recognized principle, wc are not bouild by any coastal State's delimita­
tion which conflicts with this rule, unless the particular delimitation also
falls under a recognized principle. That is aU we ask of the Court, that

we should not be held bound by something plainly not in accordance
with one established rule of international law unless it is in accordance
with sorne other established rule of international law. Norway, I know,
disputes the tide-mark rule. But that concerns the content of the general
rules of international law to which I shall now turn.
I willflrst say something as to the nature of the difference between
the Parties conceming the content of the general rules of international
law. The nature of the difference, as it appeared at the close of the plead­
ings, was explained by the Attorney-General at the opening of our first
speech (pp. 26-27). Broadly speaking, the United Kingdom Government
maintained tint the law consists of specifie rules fixing the limits of the
obligations of States to accept the cnforcement of maritime daims,
whereas the Norwcgian Government contcnded that aState is at liberty
to fix the extent of its coastal waters at its discretion in accordance with

what it conceives to be its legitimate interests.
The Norwegian Government at that tim'eput its theory of legitimate
interests in its most comprehensive form, contending that a State can
simply fix the outer limit of its maritime territory in accordance with
its conceptions of legitima te interests, and that in consequence the ques­
tion of any rules concerning base-lines is of no signincance in the delimit­
ation of cciastal waters. Counsel for Norway, as Sir Eric bas <tlready
mentioned, have now apparently abandoned this extreme doctrine of
legitimate interests and incleed appear to say that they never intended
to put it forward, whereas Norway formerly rnaintained that she had a
liberty to decree an extension of ber maritime belt and that thisrenderecl
our discussion of her base-line3 pointless. Her Counsel now concede that
she has a fixed belt of 4 miles and that there is no question in this case
of any extension of that limit. Secondly, Norway does not now ask the
Court, as it were, to hold over the head of the United Kingdom the

possibility of an extension of ber maritime belt as a kind of general
answer to every proposition we put forward about the law governing
base-lines. Norway's Counsel now insist that the case exclusively con­
cerns base-lines and that the question of extending the maritime belt is
altogether out of the way.
Vl'ecan only guess why the Norwegian Government has decided to
abandon the more extreme form of its legitima:te interests theory. Cer­
tainly the idea of unilateral extensions of the maritime belt being binding
on other States without their agreement appeared to us to have become
completely untenable in the face of the evidence of State practice which
has come to light in the course of this case. I refer to the Danish and
Swedish notes in regard to the Baltic, to the Norwegian Government's. REPLY BY ML WALDOCK (U.K.)-18 X 51 399

own note to the Soviet Union in 1922 and to the other evidence before the
Court. At any rate, the Norwegian Government, having acknowledged
the fixed nature of its maritime belt for the purposes of this case, has
hastened to say that the Danish and Swedish notes of this year and its
own note of 1922 to the Soviet Union have lost all further significance
for this case. It stresses that the principal point in ali these notes was
the purportecl extension of the Soviet Government's maritime belt to
12 miles and thereby seeks to get riel of these embarrasing precedents.
The question of the extension of Norway's maritime belt being out
of the way, 1 need only make two observations upon this contention.
First, the fundamental principle found in these notes is the unenforce­
ability of a unilateral extension of maritime limits as against other States.

This principle for which there is abunclant other evidence remains
significant in this case. It is our contention that the1935 Decree consti­
tutes an extension of Norwegian established limits. If we are right in
this, the principle that 1 have referred to is, in our view, a complete
answer to any suggestion that the Decree is enforceable against us in the
absence of our agreement. Secondly, there is a great deal more in the
Norwegian note of 1922 to the Soviet Union which is of significance in
the present case, since it deals both with the tide-mark rule and the
limit of inland waters in bays. V·/eshall return to these aspects of the
note in due course.
We therefore now proceed with our argument on the basis that the

Norwegian maritime belt of 4 miles is a fixed element unalterable as
against the United Kingdom in this case. The Cour.t is now exclusively
concerned with the question of base-lines. What then is the difference
between the Parties regarding the applicable rules of international law
at the stage which has now been reached in the case ?The broad difference
between us and our opponents is still the same. We say that the law
consists of specifie rules. Norv,ray says that, under general international
law, the coastal State may fix its base-lines in accordance with the
so-called principles of the Norwegian system. Norway says, however, that
this dispensation of general international law is not of general applica­
tion. \Ve have not, of course, heard whether this dispensation applies to
any other country except Norway and possibly Sweclen. l may remark
here that this is a rather curious way of setting out what purports to

be a general rule of international law. However, Norway's Counsel
further explainecl that the Nonvegian system-and! presume the allegecl
rule of internationallaw-contains the following elements. ln principle,
the coastal State is allowed to adapt its base-lines to local conditions
subject to two restrictions which are representecl as severely circum­
scribing its freedom of choice. First and foremost, the base-lines have to
be drawn between points on the coast or on the skj<ergaarcl which are
not coverecl by the sea-meaning, we may assume, not pennanently
submerged by the sea. Secondly, the base-lines have to be selected in a
reasonable manner which is said to mean that the choice must not be
arbitrary but must be justifted by considerations ofa geographie, economie
or other character. l say that the broad difference between the views

of the Parties is still the same because this allegecl rule of international
law is really nothing but the legitimate interests theory eut clown and
shaped to meet the case of base-lines.
The main principle of the system is that the coastal State is free to
draw its own base-lines. The second principle is that it may clraw its400 REPLY BY !IlL WALDOCK (U.K.)-18 X 51

base-lines regardless of any geographie considerations except one. The
one exception is that the connecting points of the base-line must always
be points on the mainland or on the skj;ergaarcl which appear, at any
rate from time to time, above the sea. The only limitation that we can
detect in this principle is that the base-line may not be a wholly imaginary
line drawn away from the coast and at. random along the surface of the
sea. It must at least, at its beginning and at its end, consist of a point
of soil or rock occasionally peeping above the water. However, the third
principle then cornes into play-the base-lines must be selected not
arbitrarily but in a reasonable manner taking into account various

factors. Counsel for Norway placed great emphasis on this third princip le
as a safeguard against arbitrary choice of base-lines by the coastal State ;
but the alleged safeguard is entirely illusory, it leaves everything to the
free appreciation of the coastal State which may determine what is
reasonable by reference to its own estimate of complex geographical,
economie, defence. political and other factors. Indeed, this version of
Norway's system and of Norway's alleged rule of international law is
only a slightly varied version of the rule for base-lines proposed by
Norway and Sweden at the 1930 Conference as an amendment to the
recommendation of the tide-mark rule. The variations in the Nonvegian
formula simplify the statement of the alleged rule but in no way alter
its essential feature that everything is left to the choice of the coastal

State. In short, the only solid restriction on the coastal State containecl
in Norway's alleged rule is that terminal points of the base-line must touch
points of territory which occasionally appear above the sea. Norway's
rule, for example, would constitute no obstacle to France clrawing a
straight base-line from one end of the Bay of Biscay to the other.
Norway's alleged rule of general international law is thus the very
rule which was utterly condemned by Gide! in his book as lacking any
legal content and which was proposed at the 1930 Conference and wholly
excluded by other States from their consideration. Sir Eric, in his opening
speech (pp. 73-75), read to the Court the relevant passage of Gidel and
gave chapter and verse in support of our statement that Norway's pro­
posai was excluded and rejected at the 1930 Conference.
Professor Bourquin, when pressing the Norwegian system upon the
attention of the Court, emphasized that he was concerning himself
with its validity under general international law. The position, therefore,

of the Parties before the Court on the question of the general rules of
international law is this. The United Kingdom asks the Court to declare,
as the system of base-lines applicable uncler general international law
in this case, the tide-mark rule which was adoptecl at the 1930 Con­
ference without argument, which is almost universally found in the
practice of States and of which, as Sir Eric will subsequently show,
there are many indications in Norwegian practice. Norway, on the other
hand, asks the Court to declare, as the system of base-lines applicable
under general international law, the rule condemned by Gicle!as lacking
in legal content and rejected by States in 1930.
vVegrant that there are one or two recent precedents which appear
to fall within the system advocated by Norway, namely, the recent

decrecs of Ecuador and Iceland. Against Ecuador's dccree two States
have protested, the United Kingdom and the United States, and I ask
the Court to look particularly at the language of the United States
protest in the Annex (p. 603) to our letter to the Court filed shortly REPLY BY Mr. WALDOCK (U.IC)-r8 X 51 401

before the oral hearing, which contains these protests. Against Iceland's
decree four States have already protested, the United Kingdom, the
Federal Government of Germany, Belgium and the Netherlands. The
protests of the Belgian and Dutch Governments have only come into
our hands since our first speech was delivered. They are quite short,
and if the Court will permit me, I will read them now.

I will take the Belgian Government's note first, which is dated the
rst September, rgsr :
"La légation de Belgique présente ses compliments au ministère
des Affaires étrangèresd'Islande et a l'honneur de lui soumettre ce
qui suit:

A l'expiration de l'Accord anglo-danois sur les pêcheriesde rgor,
soit le 3 octobre 1951, le Gouvernement islandais aurait l'intention
de IJ!ettre en vigueur une nouvelle réglementation en vertu de
laquelle ses eaux territorÜLles seraient portées de 3 à 4 milles,
distanceq~t sirait mtgmentéeencore grace aHx lignes fictives à partir
desquelles la limite des eaux serait comptée.
Étant donné que les entreprises de pêchebelges exploitent les
eaux voisines de l'Islande, cette mesure est de nature à porter
préjudice aux intérêtsde nationaux belges.
Au surplus, cette nouvelle réglementation, si elle était admise,

constituerait une dérogation au principe de la limite de 3 milles
généralement respectée par les pays riverains de la mer du Nord.
Une tendance à élargir cette limite semble se manifester de diffé­
rentes parts, à tel point qu'au moment où la Belgique a déposé
lesinstruments de ratification de la Convention <Overfishing »,son
Gouvernement a fait une nette réserve sur ce point.
Le Gouvernement belge estime qu'il serait regrettableque l'Islande
agisse unilatéralement pottr étendre seea~t txrritoriales. Il estime,
au contraire, que si la règle admise jusqu'ici doit êtreamendée, elle
ne devrait l'êtreque par la voie d'une convention internationale.

Sur instruction de son Gouvernement, la légation de Belgique est
amenéeà s'élevercontre l'adoption de cette nouvelle réglementation.
Par ailleurs,ia étésignaléau Gouvernement belge que la Grande­
Bretagne a un litige avec la Norvège au sujet de l'étendue des eaux
territoriales. Il est entendu que la Cour internationale de Justice
de La Haye se prononcera sur ce différend dans le courant du mois
de décembre 1951.
La légation de Belgique se permet de demander aux autorités
islandaises de surseoir à Ia mise en vigueur du règlement qu'il
envisage jusqu'à ce que cette Cour se soit prononcée sur ce cas.

Oslo, le rer septembre rgsr."

The protest of the Netherlands Govcrnment to the Jcelandic Govern­
ment was communicated to my Government under cover of the following

note clated 3rd October, rgsr-that is, after the close of our opening
speech:
"European DepartmentfWE

No. 95924-
The Ministry of Foreign Affairs presents its compliments to the
British Emba.ssy and has the honour to inform the Embassy,

27 REPLY BY ML WALDOCK (U.K.)-I8 X 5I

referring to the latter's Note dated rrth August, 195I, that the
Netherlands Government having stuclied the Icela.nclic regulations
concerning the conservation of fisheries off the north coast of lee­
land have come to the conclusion that these measures contravene
the principles of international law which do not permit a State
to take unilateral action prohibiting or regulating the fishing of
foreign vessels in a certain area of the high seas.
The Icelandic Government has been informed through the inter­

mediary of the Netherlands Ambassador in London of the opinion
ofthe Netherlands Government in the matter.
A copy of the Memorandum which has been presented to the
Icelandic diplomatie representative in London, who is also accreditecl
to Rer 1\'Iajestythe Queen, is enclosecl herewith.

The Hague, October 3rcl, I95I.
To the British Embassy,
The Hague."

I will now reacl the Aide-Mémoire of the Netherlands Government:

"The Netherlancls Government have been advised that the Ice­
lanclic Government have promulgated on the zznd of April, I9SO,
certain regulations conceming the conservation of fisheries off the
north coast of Iceland.
Accorcling to these regulations only Icelanclic citizens may bence­
forth fish for herring in a certain area of the high seas and only
Icelanclic vesselsmay be useclin this arca. The Netherlancls Govern­
ment are of opinion that international law cloes not allow a State
to take unilateral measures prohibiting or regulating the fishing
of foreign vessels in a certain arca of the high seas. Such regulations
can only refer to the territorial waters of the State. The area
envisagecl in the new regulations exceeds the l-imits of the territorial
sea as recognized by international la1v.

As the Icelanclic Government are aware, the Netherlancls fishery
interests off the coast of Icelancl are considerable. These interests
would suffer from the coming into force of the regulations in
question, which imply, by establishing a four-mile zone 121hichis
moreover meas-ured from 1milaterally introduced long straight base­
tines, an extension of the area in which a State may forbid the
fishing by vessels under a foreign fiag.
For these reasons the Netherlands Government would appreciate.
if the Icelandic Government would be willing to ·refrain from
bringing the new regulations into effect."

The Court will see from the notes that I have just read that the
Belgian Government makes a specifie point of the extension of
Icelancl's exclusive fishery limits by the use of imaginary base-lines,
while the Netherlands Government makes specifie references to

the long straight base-line system as objectionable. It is thus
abunclantly clear that the so-called Norwegian system, so far from
being a generally accepted rule of international law or having any basis
in general principles, is rejected by the general body of States.
We are here concerned with the question of a rule bincling States
uncler general international law to accept the enclosure of areas REPLY BY Mr. WALDOCK (u.K.)-r8 X 5I

of sea by a coastal State with the consequential exclusion of flshery in
all the areas enclosed by the outer lîne and also of innocent passage in
ail waters inside the base-line. vVe are entitled to a<;kwhy the United
Kingdom should be bound under general international law by a Nor­
wegian system, rejected by the large majority of States, rather thau
that Norway shoulcl be bound by a system generally accepted in State
practice and adopted in 1930 as the traditional system.
Still considering the status of the Norwegian system in general inter­
national law, it remains for me to deal with the argument of our

opponents that in any event international law. accepts the Norwegian
system as an exceptional case. This argument which first appeared in
the Counter-Memorial wa.S developed at sorne length by Professor
Bourquin (pp. 259-262). His proposition is that, even if the system of
the tide-mark rule plus its exceptions is established in internationalaw,
the law nevertheless recognizes that it cannot be applied to such a very
exceptional coast .line as that of Norway and therefore aHows the Nor­
wegian system to operate in such a case instead of the general rule.
He says in effect that off a complicated coast the rule is swallowed up
by the exceptions and as a result the whole system becomes, as ii were,
unmanageable.

Our first comment is that because the configuration of a partk'ular
coast may require the application of the exceptions in a system of rules
more often than the main rule, it does not at all follow that the system
as a who.le becomes unrnanageable and incapable of application. That is.
not the case with the tide-mark system either in regard to delimitation
on or in regard to the practical working of the limits 1.vhenthey l1ave
been established. So far as concerns delimitation, this is clearlv
illustratedby our own charts on Norway ftled in this case and our charts
of the west coast of Scotland and it is also illustrated by Boggs's applica­
tion ofthe system to a section of the Norwegian coast in his article in the
American Journal of April 1951. Equally, the everyday experience of the
practical working of the system, off other coasts of a similar kincl to those

of Norway, shows that there is no particular difficulty in the practical
application of the system in fisheries. . ·
1 will take as rny example the coasts of Iceland and Scotland which
Norway clear.Jy considers to be strictly comparable to her own coasts.
Until her recent decree Iceland had long operated on the basis of the
traditional system induding the IO-mile rule .for bays. Fishermen of
nurnerous foreign States engage in the fisheries off lceland. At the 1930
Conference, leeland said th at no Jessth aI foreign States were interested
in fishing the waters off lceland. Fishing vessels have not infrequently
b_eenarrested off Iceland as elsewhere for poaching ; yet there is no
record of any particular c\ifficulty experiencec\ in defining the limits
of territorial waters. 1"here may have been disputes as to the vessels'
position but that is a point w'hicharises '.vhatever the nature of the lines.

So, too, off the west coast of Scotland, where the tide-mark system also
operates. There foreign fishing vesselsre not so numerous but they have
operated in this area for a long time past and, as Sir Eric mentioned, there
are signs of a substantial Norwegian shark fishery developing. Again,
there is no record of disputes concerning the limits or of any particular
difficulty in ascertaining them. How then can it be saîd that the tide­
mark system is incapable of application on a complex coast ? lceland
does not \vant to change her base-li by b:rsnew decree for this reason REPLY BY ML WALDOCE (u.K.)-I8 X 5I

but for quite a different one. She wishes to reserve more fishing grounds
for Icelandic fishermen.
Our second comment is that it îs a somewhat bolcl proposition that
the Norwegian system is recognized by general internation-al law to be
an established exception to the tide-mark system in the case of a com­
plicated coast like that of Norway. After all, the Norwegian system is a
complete denial of the tide-mark system. Accordingly, if the tide-mark
system is held to be the generally applicable system in international
law, Norway, who so repeatedly caUs on us to establish the general

recognition of the tide-mark system, is surely at !east under a similar
obligation to establish the general recognition of her system as a special
exception to it. ·
I know that learned Counsel on the other side are extremely allergie
to the proceedings of the I930 Conference, and I would not willingly
cause"pain by a further reference toit. But, when ali is said and clone,
it was a rather important conference with regard to the matters being
discussed in this Court. We are repeatedly, though very courteously,
chided for saying that the automatic adoption of the tide-mark rule in
Ba.<>isf Discussion VI and in the Report of Sub-Committee II provides
satisfactory evidence of the general recognition of the tide-mark system
-of which recognition in point of fact there is abundant other evidence.
Büt, surely, we shall not be thought unreasonable by anyone ifwe say
that the complete and deliberate omission of any provision either in the
Bases of Discussion or in the Report of Sub-Committee II for Norway's
alleged rule is conclusive evidence agai.nstthe rule having been generally

recognized by States in 1930, even as an exŒptîonal rule. Nor can it
possibly be sai.d that there is any evidence of its recognition in general
international law after 1930, the protests of the several States agai.nst
the Iceland and Ecuador decrees bei.ngdecisive evidence to the contrary.
In point of fact Counsel for Norway, in trying to establish their pro­
position that the Norwegian system is recognized in general international
law, do not really rely on the evidence of the practice of States. They
rely, as they did in the pleadings, on opinions expressed by Boggs and
Gidel that in the case of Nonvay's complicated coast an exceptional.
system is justifiable.
I will take Boggs first. Nonvay relies essentially on his statement in his
rg3o article that for Nonvay's exceptional coast a system of arbitrary
straight !ines appears to be not only j_ustifiablebut practicaHy inevitable.
'vVedealt with that statement on page 589 (Vol. Il) of the Reply and
Sir Eric also pointed out in our first speech the very different view now
expressed by Boggs in another article in the American Jottrnal of April
of this year. Professor Bourquin did not trouble to examine the language
usecl by Boggs in the new article and confined himself to asserting dog­

matically that Boggs has not in any way repudiated the statement made
by him in 1930. Sir Eric's examination of the relevant passages of
Boggs·srecent article was full and precise and 1 do not propose to add
anything to it. I merely ask the Court to compare the passages in his
speech {pp. 70, 71), with the unsupported assertion of our. opponents.
I want, however, to make a brief further reference to the queshon whether
Boggs regarded the exceptional use of straight base-lines as involving
the issue of an historie title. In the passage fom his 1930 article, whîch
was cited by Professor Bourqu.in, Boggs gave, as a reason for excluding
consideration of the Norwegian case from his discussion of general prin- REPLY BY Mr. WALDOCK (U.K.)-I8 X 51
ciples, the fact that Norway's daim appeared to be commonly accepted

as historie \vaters. Our opponents again by the simple method of dog­
matic assertion say that it is a complete distortion of Boggs's view to
interpret him as having trea:ted Norwegian daims on the basis of historie
waters.
I ask the Court when re-reading the passage from Boggs's new article,
which Sir Eric quoted (p. 70) to mark the following sentences : "Except
for the ten-mile rule for bays and estuaries, the use of artificial base-lines
(usua1ly straight lines) should be very limited. It îs suggested that, except
wherethey are regardedas having been establishedby prescription, they be
understood to be effective only when interested States, or the inter­
national community, specific<Lllyaccepts the daims of the coastal State."
I do not know how in the light of the last sentence we can be accused
of distorting Boggs's views when we say that he puts Norway's excep­
tional daims into the category of historie waters. He there says that a

daim to exceptional straight basdines is only to be effective against
other States when either it has been express! y recognized or the claimant
possesses an historie title. Is not tint precisely the view whî.ch we have
expressed again and again in this case ?
l will now take Gidel. Our opponents, citing two brief passages from
Volume 3 of his book, contend that, whîle Gidel criticized the system
of base-lines proposed by Norway and Sweden at the 1930 Conference, if
put forward for adoption as a general rule ofinternational law, he regarded
the system as justified in the exceptional cases of Norway and Sweden
by reason of the complicated configuration of their coasts. They ask
the Court to understand that Gide! considered the Norwegian system to
be legitimate in itself under general international law without regard to
the recognition of the system by other States. \1-,ledealt with this con­
1
tention fully in our Reply, paragraphs 405-407- \<e there set out other
passages from Gidel's book, which make it entirely plain that he con­
sidered exceptional daims such as those of Norway and Sweden to fall
under the heading of historie waters. Our opponents, however, again
without even saying a word about the other extremely pertinent passages
of Gidel's book, accuse us of having distorted his views.
l am not going to weary the Court by takîng them ali through the
opinions expressed by Gidel. I shaH only ask the Court to read in this
connection the two passages from Gidel's book set out in paragraph 406
of our Reply, and in addition to look at a further passage on page 652 of
his book. This further passage follows immediately after the statement
principal!y relied upon by our opponen ts and in it Gidel again emphasized
the need for the agreement of other States in such exceptional daims.
Having said that an examination o.f the theory of historie waters and
of Scandinavian practice showecl that modifications of the tide-mark

system were sometimes needed, he added:
"La pratique de ces rectifications de tracé mérite d'être encou­
ragée,sous la conditipn qu'elle ne soit pas abandonnée à l'apprécia­
tion exclusive de l'Etat riverai!). et qu'die fasse l'objet de conver­
sations aimables avec les autres Etats, ce qui contribuera à maintenir
à cette pratique les caractères indispensables d'opportunité et de
modération."

It seems to us in any case to be somewhat curions th at our opponents
do not even think it necessary to enquire why Gide! should have treated REPLY BY l\'lf. WALDOCK (u.K.)-18 X 51

the Norwegian and Swedish daims exclusively under the hcacling of
historie waters.
The one point which our opponents really are entitled to make in
regard to Gidel's examination of Norwegian practice is his opinion that
the special system of rules claimed by Non.vay has becn blessed with the
general recognition of other States. We dealt with this point squarely
in paragraph 407 of our Reply. We there pointecl out that the evidence,
on which Gidel based his whole appreciation of Norwegian practice,
was simply the statemen ts of the Norwegian Connnission on Territorial
Waters in the Rapport of 19r2. If the Court will be good enough to look

at pages 643 to 649 of the third voh.tme of Gidel's book, it will see that
these six pages consist simply of extracts from the Rapport. Gide\ did
not have before him the farge volume o.f additional evidence wl1ich bas
been presented to the Court by the two .Parties in the present case. Quite
naturally, he did not attempt to examine the accuracy of Norwegian
assertionsin the Rapport asto what was traditional Norwegian practice,
but acceptee!.the assertions at theîr face value. He does not even appear
to have been aware that the Norwegian daims in northern waters hacl
for many years been actively resisted by the United Kingdom. Nor did
he know anything of the equivocation and uncertainty in Norwegian
officialirdes asto the limits which Norway should daim off her Norwe­
gian coasts.
In brief, our view is that Gide! might have had quite a different
opinion on this point ifhe had heard or read all the arguments on this

issue addressed to the Court. Moreover, as the Court has beard in this
case, the actua\ base-lines recommended by the 19r2 Commission were
not puhlished with the Rapport and no one knew until 1935, when Gide!
had already published his book, what very extravagant base-lines
Norway bad in fact decided to daim off her northern coast. The question
whether the so-called Norwegian system had received general recognition,
or jndeed come into existence, before 1935, is a question purely of fact
which lies in the judgrnent of the Court. vVesubmit (and our argument
will he developed later on this point by Sir Eric Beckett) that the
conclusion to be·drawn from ali the evidence now before the Court is
tl1at the system of base-Jines of the 1935 Decree was not even in existence
off Norway's northern coasts, much tess generally recognizecl by other
States, when Gidel was writing his book.
Accordingly, we adhere ftnnly to our staternent that both Gidel and
Boggs regarded any exceptional rights obtained by Non.vay in virtue
of the special configurations of her coast to depend either on their express

recognition by other States or on their implied recognition through the
long acguiescence of other States. Express recognition being Iacking,
Norway's exceptional rights necessarily fall under the head of her
prescriptive title. We have acknowleclged in this case her possessi.on
of historie titles to a four-mile belt and to all her fjords and suncls­
greater rights than wc have recognized any other State in the world to
possess. lt is our view that, whatever special interests or eqnities arise
from the special configurations and conditions of Norway's coasts, they~
are in fact fully met by the admission of ber title to a four-mile belt and ·
to all her fjords and sunds, though as a màtter of law it islegally irrelevant
whether they are or not. In any case, wesubmit that Norway's exceptional
daims under her so-called system fall altogether outside the obligations
împosed upon us by general rules ofinternational law. And in consequence REPI.Y BY Mr. WALDOCK (U.K.)-18 X SI

we also submit that we are not bound by any aclditional Norv,egian
claims beyond those wc have recognized unless Norway proves to the
satisfaction of this Court that she possesses an historie title to the waters
concerned as against the United Kingdom.

[Pttblic sittiof October rSth, 1951,(4femoon]

May it please the Court.

My argument this morning ·was directed to dispos of he~{idea
that Norway's system of base-lines forms part of general international
law. I will now take up our own formulation of the relevant customary
rules of Jnternational law. The principal plank of our case in regard
to the customary rules is, of course, the tide-mark rule.
That being so, our opponents have gone to great lengths to try
and impeach the tic\e-mark rule, but, as Sir Eric said in our first speech,
they have not tried to do so directly by atternpting to show, despite
its adoption in the practice of most States, despite its adoption in Basis
of Discussion No. VI and despite its adoption in the Report of Sub-Com­

mittee No. II, that the tide-mark rule is not the genera1ly accepted rule
in State practice. Instead, they have tried to throw up a smoke screen
about the way in which the outer limit of the maritime belt is delirnited
from the base-line.Even this argument is not founcled upon the practice
of States but upon the mistaken views of sorne writers concerning the
tracéparallèle method of drawing the outer limit of the belt and on
complete distortions of the views of two experts in this field, Gidel and
Boggs. The distortion of the views of Gidel and Boggs were, we believe,
fully exposed in paragraphs r8o to209 of our Reply and the whole smoke
screen was, I submit, blown away by Sir Eric and Commander Kennedy
in our first speech.ur opponents, however, in their speech, have conti­

nued to puff out the smoke screen, and I shall now deal with their further
arguments.
On the face of it, the argument that the tide-mark rule is not accepted
in international law because certain confusionsmay have existed among
jurists asto the method by which in practice the outer limit of the mari­
time belt is ascertained, is wholly illogical. However, our opponents seek
to put the matter in this way. They say that the outer limit, which is the
relevant hmit for flsheries, derives from a combination of the base-line
and the delimitation of the maritime belt. They say that our contention
that the outer limit follows automatically when the base-line is known is
only truc if the width of the belt is "uniform and unchangeable". That,
I think, was the actual expression used by Professor Bonrquin.
This statement is, however, a complete fallacy, at any rate in the
sense in which Professor Bourquin uses the words ''uniform and un­

changeable". He means by these words th at the bd t must necessarily,
along the base-line, be an even ribbon precisely four miles wide, but this
in our view is a complete misunclerstanding of the rule which is that cvcry
point on the outer edge must be not more than four miles from sorne
point on the base-line. After ail, the cannon-shot rule preceded the 3-mile
limit. The 3-mile lirnit evolved frome cannon-shot rule and was adopted
as a conventionally fi.xed maximum of the range of cannon and having
been so fi.xedbecame independcnt. Now, ifyou want to mark on a chart
what area of sea a cannon with a range of 3 miles can cover, any artillery
man would tell you to draw an arc of cirde with a 3-mile radius from the REPLY BY 1\'fWALDOCK (U.K.)-18 X 5I

place where the cannon is. Naturally, if your abject is to caver by your
f1re as rouch sea as possible, you will place your cannon on the salient
points of the coast and not in the indenta tians.you had a limit based on
the range of vision the result would be exaclly the same. In order to see
· as rouch water as possible from. a place at sea level on the shore, you
would naturally place your look-outs on the salient points and not in the
indentations. Thus there îs, l submit, no doubt (r) that the rule is that
ail water within four miles of sorne point qn the base-line can, in Norway's
ca.<,;,e claimed as territorial waters, and (z) that, given the base-line,
ît is a purely technical operation to plot the outer limit. Consequently,
the whole of Professor Bourquin's attack upon the tide-mark rule, whîch

he founds upon his criticism of what he ca\ls the "arcs of circles rnethod"
disintegrates,because it is founded, as we think, on a complete miscon­
ception of what the rule is.
\l',lhat then, were Pro.fcssor Bourquin'sother arguments? He first
insisted that there is no evidence of the arcs of circles procedure being
oblig<ttory upon States under general international law. No one con­
tends-or at any rate we do not-that the arcs of cirdes procedure is
made obligatory upon States by law. The tide-mark rule is obligatory­
the arcs of circles procedure is not. It is a procedure which, in the very
nature of things, States naturally adopt. Given the meaning of the tide­
mark rule and given the right of a State to daim the waters up to four
miles from any point on its shore, how else can a State determine the

outer limit of its waters than by using the- arcs of cireles procedure, if
ît wants to make the most use of its r.ight to four miles ? Of course, it
can daim smaller waters if it likes, butifit wants to daim the maximum
this 1s what itwill do, and what in fact it always does. It is, 1 believe,
the only way that a State can make the most of its rights. Moreover,
1 shall shortly provide tile Court wîth ample evidence of the general use
of arcs of circles procedure-indeed ît even makes a modest appearance
in the delimitation of Norway's outer limit-yes, even in the delimitation
o.ftheir outer lîmit drawn bv them on their chart. ·
Professor Bourquin next ~underl a stntm ent of Gide! that Sub­
Committee No. Il of the 1930 Conference did not categoricalli reject
the tracé parallèlerror when it formulated the low-water mark rule. But

Sub-Committee No. II was only stating the base-line rule and did not
profess to caver the procedure of delimitation. Cle;uly, all that Gidel
meant was that to state the tide-mark rule as the rule Ior the base-line
did not by itself remove ali possibility of erroneous notions concerning
the method of delimiting the outer limit.
Professor Bourgoin then at~empt eodsuggest that delimitation by
arcs of circles, that is by the use of diviclers, is a novel prînciple pro­
posed de lege ferendat the 1930 Conference. It is not, of course, a prin­
ciple at ali, but Professor Bourquin, who wants to represent the proce­
dure as a principle, and indeed a new principle, invoked particularly the
statemen t of the American delegation th at they believed their proposais
to be a first attempt to formulate a comprehensive and systematic body

of rules for the purpose of delimiting territorialwaters. It will be seen
at once that the American delegation were not claiming that all the rules
proposed by them were new rules·, only that their comprehensive formu­
lation of the rules was new. The same comment applies to the statements
in the article by Boggs where again he daims original authorship for
the American formulation of the rules. One element of the American REPLY BY MT, WALDOCK (u.K.)-18 X SI

proposais was undoubtediy novel and that was the proposai for the
elimination of pockets. 1 will come to that in a moment. But !irst 1 must
deal with ouT opponents' contention that the arcs of' circles procedure
was an entirely new suggestion in 1930.
Our concept of the base-line rule and of the delimitation of the outer
limit was fully explained to the Court by Sir Eric and by Commander
Kennedy in our first speech. The base-line in principle is the tide-mark
and the question whether a given part of sea is oris not within territorial
waters can most easily be determined simply by swinging a four-mile

arc with a pair of dividers either from the nearest point of land out
to sea or from the point at sea towards the nearest land. Substitute a
cannon with exactly a four-mile range for a compass on a chart, and
you see it at once. The procedure is the same for the coastal State and
for the foreign vessel. This procedure, as Commander Kennedy said
(p. 67), has been used for generations by seamen, by admiraltiès, by
prize courts and by admiralty courts. Our opponents, however, continue
to represent it as something novel introduced in 1930. Weil, let us
just see. .
Sir Eric in his first speech referred to the fact that H.Œstadmentioned

the arcs of circles procedure in the Deutschland judgment on page 736
(Vol. II) of Annex 31 of our Reply. judge Berg, however, one of the
dissenting judges in that case, also referred to the procedure of arcs of
circles~ teference is page 206 (Vol. Il) of the Annexes to the
Counter-Memorial. The words he used were: .

"On évite par là en généralque la limite soit tracée en arc en
dehors des rochers (ou en demi-cercles autour de ceux-ci avec un
rayon d'une lieue), et aussi qu'il soit tracé un cercle entier autour
d'un rocher en particulier, auquel on attribue une parcelle de la
mer territoriale enlevée au reste de la zone."

In other words he seems to have looked. upon the arcs of circles
procedure as the natural, and perhaps inevitable, alternative to a system
of straîght !ines. Then if the Court would be good enough to look at
the photostat of the chart used by the Court in the Deutschland case,
which is at Annex 8 of the United Kingdom's Memorial, it will sec the
four-mile limit delimited off the Norwegian coast according to the arcs
o.fcîrcles procedure. The chart is in fact a mass of arcs of circles. Vole
do not kno\v who drew these circles but whether he was a Norwegian
or ·aGerman he clearly assumed that, in the absence of a straight base­
line system, the outer limît has to be c\rawn by the arcs of circles pro­

cedure. There is no record that anybody in the case suggested that
this was the wrong procedure for drawing the outer limit under the
tide-mark system. 1 can, however, take the Court a little further back
in Norwegian history and show 'tha.t Norwegian officiais have long
assumed the tide-mark and arcs of circles system to be the necessary,
or at !east ordinary, àlternative to the straight-line system. lf members
of the Court woulcl look at pages 48-49 of the famous Rapport of 1912
they will see that the arcs of circles method is again referred to in a
way to show that it wa.s regarded as the alternative to straight !ines.
But we also know the procedure adopted by another Scandiriavian
State, namely Denmark, which published a chart of the fishery limit

off Iceland drawn in accordance with the Anglo-Danîsh Convention of
1901. These limits, apart from the Jo-mile rule for pays, were drawn 410 REPLY BY ML VVALDO.CK .U.K.)-18 X .')I
by the arcs of circles procedure. Again, Fulton publishes in his book a
number of illustrative charts wh1ch show that he also assumed the

outer limit of the maritime belt to be ascertained by arcs of circles.
Generally speaking the scale of these charts is rather small to make
the point conspicuously clear. For example, on page 654 he gives the
Danish !imits for Denmark itself w'hich can just be seen to be drawn
by arcs of circles though a bigger scak would have made this fact much
clearer. However, on page 670, he illustrates the application of a 3-mile
limit on a chart of the Rornsdal section of the Norwegian coast on a
slightly larger scale and the arcs of circles there show up very c\ear!y.
Tnc\eed, they run ali along the section of the coast which he i!!ustrates.
Fulton, of course, wrote in rgrr. That I tbink is enough to dispose of
.our opponents' suggestion that the arcs of circles procedure is a novelty
and that the tide-mark system suffers from a defect in not having a
settléd procedure for ascertaining the outer limit of a belt.
Before I leave this argument against the acceptance of the tide-mark
system as a rule of law I should, however, like to ask our opponents

exactly by \vhat procedure they take their outer limit shawn on the
Norwegian charts by the thick blue line round the corners where the
line changes direction. It certainly appears tous from our reading of the
Norwegian charts that Norway herself uses the arcs of circles on these
corners. There are several examples to be seen on the charts. Point 23
is the simplest case as only a single arc is used to get the line round the
corner. At points 3, 4 and 5, in the small island group at Varda, three
arcs of circles are required to turn the corner. Even Norway does not
employ the straight-line system of tracé polygonal at the corners but
makes the line follow the arcs of circles.
Finally 1 come to the contention that supporters of the tide-mark and
arcs of circles system consider the elimination of awkward pockets of
high sea to be an essential p<nt of the system. The argument is that the
system is unworkable without the elimination of pockets and that \Ye
do not elirninate pockets. Both Professor Bourquin and Mr. Arntzen
made a great deal of this argument as their last assault on the citadel
of the tide-mark rule. This argument, however, is founded on nothing
but the opinion of Boggs that elimination of awkward pockets is essential
and on the inclusion of a provision for elimina ting pockets in the American

proposais at the 1930 Conference. This part of the American proposais
really was introduced as a novelty de lege jerenda and Boggs seems to
have had the view that arcs of circles plus the elimination of pockets
would provide sorne sort of panacea for al! awkward problems of delimi­
tation. We dealt with this aspect of Boggs's view in paragraph r87 of
the Reply, where we pointed out that Gidel disagreed with Boggs as to
the virtues daimed by him for his principle of the elimination of pockets.
Incidentally, as our charts of North-\·Vest Scotland show, the United
Kingdom does not fmd these pockets difficult or find any reason for
eliminating them.
vVeshare Gidel's doubts and, for technical reasons with which I need
not trouble the Court, we think that Boggs's method of eliminating
pockets would create as many problems as it solves..It is aJso to be
observed that Sub-Committee No. Il, although it retained for further
study the American proposai in regard to the definition of bays, did not
include in its report any general provision for the elimination of pockets.
The only resort to this principle in the Sub-Committee's report was in REPLY BY Mr. \VALDOCK (U.K.)-18 X 51

regard to straits. where it allowed small pockets not exceeding 2 miles
to be eliminated in the middle of straits provided that at each end of the
straü the terrdoriat belt.>ovèrlapped. In such a case there is a small area
of open sea entirely surrounded by territorial waters~someth qineg

different from the so-called pockets in our green line. The Court may
remcmber the triangle open to the high sca on Chart No. 5 of the Nor­
...,vegiancircles which apparentlywas the worst example Mr. Arntzen
could find. In any event, it is necessary to appreciate that Boggs's pro­
posal~thou ig has wider than that which the Cornrnittee adopted­
'"as confmed to the elimination of srnall awkward pockets--the proposa\
was pockets not more than fo•urmiles wide. Further, it is interesting to
note that Boggs insists that the status of the waters then accruing to

the coastal State under his principle of elimination shall be territorial
waters, and I do not think Mr. Arntzen accepts this. The Boggs pro­
posai for elimina ting pockets, as 1 have said, was a new proposal in 1930
"introduced de lege .ferenâa. The tiùe-rnark rule and the a.rcs of circles
procedure are entirely practical and have been practised fo.a very long
time without elimination of pockets. For instance, Denmark did not
eliminate pockets in drawing her fishery limits which, as I have said, are

reproduced in Fulton's book. .
Let me return, therefore, to where 1 began on this question of the tide­
mark rule. The arguments of our opponents are not even airned at the.
tide-mark rule itself but at the drawing of the maritime belt. Such as
they are, they are founded on a complete misconception of the rule and
a mistake in regard to a proposai of Boggs de lege ferencla as being part
of the law. Vle subrnit th at the ticle-mark rule, the rule found in the
practice of States and the rule adopted by Sub-Committee No. II as the

traditional rule is rrrmly established as the general rule for the base-line.
There is evidence of that in the practice of almost every Statc and in
the practice of Norway no less thau of other States.
Sir Eric in the second p«rt of our speech will point out to the Court the
numerous indications of the tide-mark rule which are to be found in
Norwegian practice. Here Twill only refer to one, narnely, the Norwe­
gian protest to the Soviet Union in 1922, the substance of which was
read by Sir Eric to the Court in our first speech (p. 51). He then drew the

Court's attention to the p<lssage in which the Norwegian Government
said they were "willing out of regard for the prine~· opteeiprocity to
agree to an area of fishing and whaling of one Scandinavian league,
reckoned from low-rf!ater mark of the mainland and islands''. This proposai
in the Norwegian note was made as a counter to a Soviet daim to a
12-mile belt drawn (here I quote the Soviet language) "from the tine of
lmoest low l'ideboth along the coast tine of the mainland and also along the
coast tine of islands". Can there be any real doubt that both the Soviet

Government and the Norwegian Government in this correspondence
acted upon the assumption that the tide~ma rrle is the accepted rule
for the delimitation of the maritime belt ?
1 now come to the question of bays in regard to which 1 really do
not think that we can assist the Court much further. Vle triecl in our
first speech to spare the Court unnecessary discussion of the question
of the ro-mile limit by underlining that our admission of Norway's
historie title to fjords and sunds had rendered the question of a limi.t

of width for hays of no significance in the case. However, our opponents
continued to say that the ro-mile rule is at the very heart of the dispute, REPLY BY ML WALDOCK (U.K.)-!8 X 51
or, in another phrase, is one of the pivots of the-United Kingdom's legal

argument. We simply cannat· fathom our opponents' reasons for makîng
these statements. ln our speech we said as clearly as we possibly coulcl
tint we now consider the IO-mîle rule to have no application in view of
Norway's historie title. It is not as if our opponentshave had anything
new to say about the m-mile limit. They have now presented almost
exact! y the same argument to the Court three times, and we have made
our answer to them in the Reply and in our first speech. I shall therefore
say not one word more about the m-mile limit. 1 shall simply say as
fim1ly and as clearly as 1 can, that our admission of Norway's historie.
title means that Norway is entitled to daim asinland waters ail the waters
of indentations on ber coast which

(r) fall within the legal concept of a bay, and
(2)lie within the proper closing line, tint is to say within the natural
closing line of the bay, or where there is historie evidence
concerning a particular closing line, then this closing line.

So far as concerns the general rules of international law goveming the
delimitation of coastal waters, we thus contend that, for the purposes
of the present case, ther are two relevant points : :first, thatthere is
a legal concept of a bay and that where an indentation falls within this
concept a different rule from the tide-mark rule comes into play. Second!y,
that this rule allows all the waters of the bay to be treated as inland
waters provided that they lie within the proper closing line. This is true
of historie bays no less than of other bays. We have said all we wish to
say concerning our own view of the legal concept of a bay and of the
proper limits of the inland waters of a bay. I shall therefore confine myself
to makîng one or two comments on our opponents' argument on these
matters. ·

Our opponents concede that there is a concept of a bay and that
there is some legal rule limiting that concept so that a State is not
entitled to treat every kind of curvature as inland waters. Further than
théLt,they give us very little guidance except to say that a State's right
to treat a given area of water as a bay depends on an appreciation of a
whole complex of factors, most of which are not geographîcal. The object
of our opponents' contention is simply to make the geographical conŒpt
of a bay no criterion of a legal bay. Our opponents say virtually nothing
about the closing tine!; of a bay, but make this also <lpparently a matter
of vague appreciation of innnmerable factors.
Vvehave already answered our opponents' arguments on these points
an.d the only new point perhaps made in their speech seems to be an
attempt to in.voke the authority of the United States Delegate at the
I930 Conference for their utterly vague rule for bays. \Ve like to see our

opponents taking an interest in the proceedings of the I930 Conference,
but really this is an extrao rdinaril ys trained attempt to extract something
out of Mr. David Hunter-Miller's statement. What he said at the end of
the Conference was that an attempt-indeed he said a notable attempt­
had been made to obtain a scientîfic and complete definition of a bay,
clearly indicating that the Conference had merely been concerned with
formulating a complete definition of an existîng concept. It is true that
he .also said that there are indentations of the coast which may also
perhaps require special treatment, though not technically hays. vVhat
he was referring to we do not know. He may very well have been referring REPLY BY :Mf. WALDOCK (U.K.)-18 X 51

to inland straits analogons to bays, which were discussed at the Confer­
ence. But in any case it really is quite out of the question for our oppo­
nents to represent that they have the support of the United States
Government in their formulation of the law of bays. It was the United
States Government which was the principal proponent of the geometrical
approach to the definition of bays and the United States is now to-da y,
in 1951, urging the same approach upon the Supreme Court in the Cali­
fornian case. Sir Eric, in our first speech (p. 86), mentioned that the
United States Government were contesting California's daim to San
Pedro Bay. ln point of fact, the Federal Government is contesting Cali­
fornia's daim to three bays which have been held by Californian Courts
to be historie inland waters, namely, San Pedro, Santa Monica and
Monterey Bays. In the case of San Pedro Bay, it is the limits daimed
by California which are contested. Why ? As being outside the natural
cntrances. In the case of the other two bays, the daim is being contested

on the ground that the indentations simply are not bays in a legal sense
at all.
That, l think, disposes of Professor Bourquin's reliancc on Mr. David
Hunter-Miller's clictum. I may perhaps conclude our observations in
regard to bays simply by recalling to the Court what the United States
Solicitor-General, Mr. Perlman, recently said in answer to Senator
Cordon's remark that a bay seemed to be just what the Federal Govern­
ment wanted to call it. The Solicitor-General said: "No.lt isnot what we
want to cali it. In the last analysis if there is any dispute about it, the
Court will have to determine whether it is a bay or whether it is an inlancl
water or open sea." That also is our position in this case, and before
this Court.
l shaH now take up my last subject ; the rules conccrning islands.
Here again I do not think that we can assist the Court very much by

further argument. \Vith regard to the status of individual islands and
rocks, Sir Eric has already dealt with our opponents' contention that this
question has no significance in the present case. We do not accept that
contention. Asto the substance of the matter, which primarily concerns
the problem of low-tide elevations, we developed our case fully in the
pleaclings and in our first speech (pp. 91-94) ; and since our opponents do
not seem to have raised any new point, I shall not add anything more.
With regard to the status of coastal archipelagos under general inter­
national law, it is we, on the other hand, who think that the question
whether the law admits any special outer coast line theory for coastal
islands has no significance in the case. We have recognized Norway's
historie title to fjords and sunds with the result that Norway, by our
admission, obtains all the waters she could possibly get under an outer­
coast-line theory. I must, however, say a little more on this question
because we do not seem to have made our position concerning Norway's
outer coast line entirely dear, at any rate, to our opponents.

Norway, as I said, has an historie title to all her fjords and sunds. If,
on the historical evidence, the Court should holcl that Norway's historie
title to the channels of the Indreleia route are inlancl waters in the same
way as in the case of the other fjords and suncls, then all the waters
which in our view can properly be said to be endosecl within the skj<er­
gaard will be possessed by Norway as inland waters. In the interests of
simplicity and without conceding the point about the Indreleia channels,
I shaH now proceed with my argument on the basis that there is no IŒPLY BY l\lfWALDOCK (U.K.)-18 X 51

difference in the character of the waters of the various channels and that
ali are inland waters. The difference for the purposes of the fishery limit
in any case relates only to the question whether, in sorne cases, the
closing line of the inlet is also the limit of territorial waters or whether
an additional four miles may be claimed.
We have the impression that, despite our admission of Norway's his­
torie titleo the inlets, our opponents imagine that weare trying to restrict
Norway's daims by reference to a ro-mile rule for archipelagos. This
is not the case at aU.Having admitted Norway's possession of an historie
titleto the fjords and sunds, we recognize that she is entitled to aU
waters which can properly be said to lie within them, whether the width

of their entrances is less or more than ten miles. \~T heave not anvwhere
drawn the pecked green line on the basis of applying the ro-mile limit
to the closing line of a fjord or sund. 1 do not therefore propose to reply
to our opponents' argument in regard to the question of a limit of width
for the inlets of archipelagos except to say this. We really think that the
material produced by Professor Bourquin in his argument against a
ro-mile limit for archipelagos, particularly on pages 283-285, entirely
confirms our own contentions that :
(r)It is very doubtful whether the general rules of international law
do admit any outer coast line theory for archipelagos, and, if they do
admit such a theory, what the conditions are upon which the rules do
admit it.

(2) In so far as there is any evidence that an outer coast line theory
is admitted, the evidence shows that it is only admitted subject to sorne
ft:Œdlimit on the interval between the islands of a group-a limit which
may be twice the breadth of territorial waters, or ten miles, or perhaps
even twelve miles, though this last seems Jess likely.
However, as 1 said, and as Professor Bourquin seemed sometimes also
to recognize-for example on pages 282 and 283 and page zSs-we think
these questions are irrelevant.
In our view the question at issue in this case in regard to the rules of
general international law is not the existence of a limit of width at the
entrances to the inlets of a coastal archipelago. The questions at issue
are:

(r) What can be said to be the proper coast line of a State and the
proper indentations in that coast line when coastal islands are taken into
account as part of its mainland coast, and
(2) What are the proper closing !ines of the indeptations in the island
coast line?
'vVeconcede that the islands of the skj a:rgaard may be taken into
account as part of Norway's coast line, and that-leaving aside the
Indreleia question-the fjords and sunds which lie witlùn her island
coast line should be treated on the same basis as bays. But we contend
that this is the very highest that you can possibly put Norway's rights
under an island coast-line theory-I mean that she may appropriate
any indentations in her island coast which are analogous to bays. When

Professor Bourquin said (p. z8z) that the waters indenting the fringe
of a coastal archipelago are very frequently real bays, I thought for a
moment that he was going along with us in this view. He was exactly
expressing our own view. But we know weil enough that our opponents
do not at ali share our view in regard to "real bays". Apart from Norway's
idea that the conception of a bay is not determined sole!y by geographical REPLY BY :ML WALDOCK (U.K.)-18 X 51
considerations, about which I need not trouble the Court now, the differ­

ence between the Parties lies precisely in the fact that Norway does not
accept the principle which we accept and which is generally accepted,
that daims to bays even to historie bays must be limited to the waters
actually within the bays. Bath on the coast west of the North Cape where
the fringes of islands lie, and on the east coast where there are no island
fringes, she pushes her daims to inland waters right out beyoncl the
waters of the indentations in her island fringe far into the open sea. The
Court may recall sorne of the examples of Norway's extreme daims to
inland waters which Sir Eric pointed out yesterday on the large-scale
charts.
On the west coast Norway cloesnot follow the geographicalline of her
outer island coast line, while on the east coast she does not follow the
geographical line of the mainland. Certainly she is consistent in making

her wholly exceptional daims right out in the open sea, whether her
coasts are fringecl with islands or whether they are not. Our charge
against her in that regard is not inconsistency but something else.
Equally, however, we repudiate the charge of inconsistency which Pro­
fessor Bourquin apparently levels against us when he complains that
we treat Norway's indentations on her island coast on a different prin­
ciple from those on her mainland coast to the east of the North Cape.
In general, we apply precisely the same principle on bath coasts, the
principles of the law of bays and of straits. It merely happens that nature
has not placed on the east coast of Finnmark the island formations which
on the west coast give rise to the problem of legal straits.
The Norwegian Government does not seem now to deny that its daim
to the inland waters endosed by the 1935 Decree is wholly exceptional

so far as general international law is concerned. Our opponents, as one
of their contentions on the general law, have run the argument that,
even if the ticle-mark system is the general rule of international law,
the law recognizes, inthe case of Norway's wholly exceptional coast, the
legitimacy of the Norwegian system as a wholly exceptional rule. No
satisfactory explanation has yet been offered by our opponents why this
extraordinary exceptional rule should apply to the coast east of the
North Cape, which has no island fringe and does not differ materially
from numerous other heavily indented coasts in the world. So far as
concerns the west coast and its isl<mclfringe, our opponents' arguments
have been mainly directed at attacking the application of the tide-mark
rule there and suggesting the possible existence of an outer-coast-line
doctrine in general international law. As 1 have said, if such a doctrine
exists,it seems to be subject to a strict limit of wiclth in regard to the
intervals between the islands. But our main point on the general law is
that you would stiJl have to follow the actual geographical line of the

outer coast. On principle, the mere fact that your outer coast line is
composed of islands cannot possibly entitle you under general inter­
national law to disregard the actual geographical shape of the island
coast formed by the islands and draw a wholly imaginary line of endosed
waters at random from point to point across the open sea. Ccrtainly wc
have never beard of any rule of international law permitting a State
to do anything like that.
Our opponents sought to justify their extreme imaginary line first by
a method of argument with which 1 have already dealt and which we
think is entirely wrong. Although they are advancing daims which go REPLY BY ML WALDOCK (U.K.)-18 X 51

beyond those of almost any other State, and which are in conflict with
the very weil known and generally accepted principle of the tide mark,
they say it is up to the United Kingdom to establish the existence of a
customary rule forbidding their daims. 'vVeput the matter very differ­
ently. \Ve say that we cannot conceivably be bouncl by a wholly
exceptional daim in conflict with the recognized rule of international

law unless the exception itself is recognized as established law.
Secondly, Professor Bourquin advanced a vague argument about the
complex character of an archipelago and about the solidarity of the
islands with the intermediary waters leaving the latter quite undefined.
This argument seems tous to have a kinship with the Norwegian argu­
ment that the definition of a bay must take into account every con­

ceivable, known factor, geographical and otherwise. It would allow the
coastal State to choose its own imaginary coast line. So far as concerns
the water forming part of a coastal archipelago, it may be true that the
intermediary waters are inland, where they are genuinely endosecl by
the islands in a manner analogons to a bay. But, as Sir Eric pointecl
out in our first speech (p. 95), it would be extraordinarily paradoxical
that these discontinuons arms of the indentations of an island fringe

should be held to enclose more extensive areas of water than if they
had been the continuons soliclarms of a mainland bay.
Finally, Professor Bourquin sought to fincl sorne basis for Norway's
extreme imaginary coast line in the practice of States. He acknow­
ledged that the outer coast line daims of Saudi Arabia and Egypt, which
have recently been made, are subject to a limit of width between the
islands, although he overlooked the fact that even these daims had been

objected to by the United States and by the United Kingdom. He
then reliecl upon the daims of Ecuador, Yugoslavia and Iceland; repre­
senting them as precise authority for the 1935 Decree. \Ve have dealt
with these daims fully in our first speech (pp. 77-So). We pointed out
that in fact the Yugoslav outer coast line appears to have been drawn
on the basis of a 12-mile limit and that, in any event, the Yugoslav
daim falls very far short of the so-called Norwegian system. In parti­
cular, it does not do what we are objecting to Norway doing, namely

going outside the line of the island fringe and daiming waters outside
that line as inland waters. We also pointed out that the Icelandic and
Ecuador decrees had met with protests from various States. I myself
read to the Court earlier in my speech the texts of the very recent
Belgian and Dutch notes to Iceland. 1 will not repeat what we have
said about these protests but draw the Court's attention again parti­
cularly tothe protest of the United States Government to the Government
of Ecuador (at page 603 of this volume).
Lastly, Professor Bourquin invokes the support of Scandinavian

practice and he would like the Court to understand that it contains
an outer coast line doctrine precise!y the same as that of the Norwegian
system. But this practice only shows daims relating to waters either
on the landward side of coastal islands or enclosed between islands.
In many places the areas appropriated as inland waters by the 1935
Decree cannot be said to be enclosed between islands. Moreover, therc
is nothing in the language of the decrees of Denmark, Sweden and Fin­
land to suggest that they daim open waters outside the dosing lines REPLY BY ML WALDOCK (U.K.)-18 X 5I

of indentationsformed by ishwds. The evidence provides strong indi­
cations to the contrary. The Court may recall what I have already said
:about the Danish Government's delimitation of the territoriallimits
of Iceland and of Denmark îtself. The delimitation shown in Fulton,

page 654, of Denmark's O\vn maritime !imits is particularly interesting
since the delimitation was made in pursuance of the Danish-Swedish
'freaty of 1899 whîch contained the usual outermost rocks formula
found inScandimwian decrees_ It is also the fact, as we have previously
pointed out in our pleadings, that Sweden in her reply at the 1930 Con­
ference îndicated in extracts not cited by Professor Bourquîn that she
regardeclthe question of island indentations as analogous to bays, and

intimated that in general a closing line of not more t12nmiles would
be found in Swedish practice; and there mîght be one or two larger
bays. As to Finland, she said in her reply at t1930 Conference that
the base-line is the low-water mark following the sinuosities of the coast
and that in regard to the indentationsof an archipelago the Swedish
idea of treating them analogously to bays should be followed.

ln any event, 1 should like to draw the Court's attention to the fact
that the Swedish formula claiming as inland waters "those parts o(
Swedish waters which are situated between or landward from Swedish
islands, islets reefs not permanently coveredby the sea", the fonnulà
(and I have given the exact \vords) upon which Professor Bourquin
espccially relied, came from the Swedish Neutrality Decree of 1925 and
that we know perfectly weil how Sweden înterpreted this formula in her

neutrality practice. We possess in our office a complete set of Swedish
charts showing Sweden's neutrality limits drawn in accordance with
Profe sourquin's formula. These charts are of course official charts
and are dated 1942.The "legend" on these charts~ is ha ttatement
of principles upon which the lines are drawn-statein Swedish that the
lines <<redrawn at à distance of tinee nautical miles from the outermost
points of the Swedish coast. I may say by way of explanation that the

3-mile measure W<tsused instead of Sweclcn's normal 4-mile measure
because Sweden like Norway decided to apply the smaller rneasure du ring
the last war. That, of course, is not the point. The significant point is
that the neutrality limit on the charts is drawn from end to end of the
Swedish coast not upon any straight-lîne system but wholly upon the
principle of the ticlc-m<nk rule and the arcs of circles procedure has been
used to apply the rule, again from end to end of the Swedish coast. The
outermost islands and rocks are simply usee! as the outerrnost points of
the Swedish coast from which it is permissible to draw arcs of circles.
The formula of the Swedish Neutrality Decree is, of course, a standard
formula adopted by the Scandin<wüm States under a common treaty.

\Ve therefore subrnit that the so-called Norwegian system of an imagi­
mLry coast, which is founded on the 1935 Decree, cannot possibly be
said to have had any general recognition in international law. Our case
is that în many places the inland waters which Norwa.y purports to
enclose by the 1935 Decree cannat by any stretch of imagination be
regarcled as fjords, or sunds, or indentations within the island fringe.
Our case is, to use our opponents' phrase, that they cannat conceivably
be Silid to be "real bays". If.Nonvay has a title to these disputed waters
it must be an l1istoric tl\'lsubmission to the Court is that it is abso-

28 REPLY BY ML WALDOCK (U.K.)-I8 X SI
lutely impossible to put a title of this kind on the basis of the general

rules of international law. .
Norway's case in this Court in regard to the disputed areas of inland
waters and in consequence to the areas of open sea coloured yellow on
our charts must stand or .fall in our view by her claim on the historical
evidence and on that part of the case the burden of proof, as she agrees,
falls upon her. \\le contend that this burden has not been discharged,
but, on tha t part of the case, Sir Eric Beckett will again address the Court. 12. REPLY BY SIR ERIC BECKETt
(AGENT FOR THE GOVERNMENT OF THE UNITED I<!NGDOM)
AT THE PUBLJC SlTTlNGS OF OCTOBER Igth :~ND zoth, 1951

[Pttblic sitting of OctoberI9lh, I95I, morning]

May it please the Court.

Following the order which we adopted in our opening speech, I
now propose to take up agaîn Norway's justiftcation of her daim on
historical grounds.In particular I wish to examine the extent to which
the argum.ent against that daim which was put before the Court by the
Attorney-General has been met by our opponents in their address.
Before I do so, I wish to remind tl1eCourt of two things: (r.) that Nor­
way's daim based on historical grouncls becomes relevant on the hypo­
thesis that the Court reaches the conclusion that the Decree of 1935
is not valid against the United Kingdom on the basis of the general
rules of international law and that, so to speak, on part I of the case,
the United Kingdom's arguments prevail generally ; and (z) that Nor­
way's daim on historical grounds is a defence against the United King­

dom daim on the basis of the general rules of international law and the
burden of proof is on Norway to establish her historical daim.
The Attorney-General examined the historical evidence from two
aspects, which he described as the negative and the positive. \1-/edaim
no special virtue in the use of the two terms-negative and positive.
They are merely labels, and it is convenient to have brief labels and
there can be no harm in them, provided it is dear to what they refer.
The negative aspect is the contention that, even if the rules of inter­
national law are what the United Kingdom contends, Norway never
became bound by them. The positive aspect is the contention that, even
if the rules are what the United Kingdom says and even if Norway
did become bound by them at one time, Norway subsequently acquired
by prescription a title to the waters which she daims. I shaH use those
two .terms, negative and positive, several times. The positive aspect
of the daim really arises on the hypothesis that Norway is unsuccessful
in proving her histor.îcal.case in its negative aspect.
Taking flrst the negative aspect, the A.ttomey-General showed (p. gg)

that Norway, in order to succeed in her argument that she never adhered
to the customary system, must establish each one of tluee separate
points: tirst,that before 18oo she already possessed wide rights to
maritime territory; second,that she refused to adhere to the customary
rules and kept her former wide rights, or at any rate a portion of them ;
lhird,that the Decree of 1935 is within the portion of ber old wide rights
which Norway kept.
The second and third points of Norway's historical daim in its nega­
tive aspect depend on the existence of the so-called Norwegian system
and Norway's claim in its positive aspect also depends on the existence420 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-19 X 5I

of the Norwegian system. The establishment of the Norwegîan system
is essential for both aspects of the historical daim. However, the Nor­
wcgîan system. even if established, will only support the daim in its
negative aspect if the Norwegian system existecl at an carly date-say
about r812. That is not so as regards the historîcal daim in its positive
aspect-where a later date would suffice. On the other band, whereas for
the establishment of the daim in its negative aspect, Norway's own con­
duct alone would suffice, if it has been timely, consistent and unequi­

vocal, it is necessary, if the historical claim in its positive aspect is to be
established, for Norway to prove not merely the appropriate conduct of
her own part but the acquiescence of the community of States. Thus
each aspect of the historical daim has, from Norway's point of view,
its advantage and its disadvantage. The alleged Norwegian system
cornes into both aspects of the historical daim and now appears as
an essential feature of the whole case, and I shall therefore-a little
later-1 think this afternoon-devote some special attention toit. How­
ever, before 1 do so, 1 feel it is desirable that 1 should say something
more about the fi.rstpoint în the historical daim in its negative aspect­
namely, what rights Norway possessed before r8oo. It is common
gronnd that a change took place about that tîme both in the general
rules of international law and in Norwegîan conceptions. Professor
Bourquin said so most clearly (p. 1.95). Now this first point, this early
history, is not, in my submission, really very important from the point

of view of the case. As the Attorney-General said in opening, we do
not, speaking generally, think that <mything before r8oo is really of
great importance. But, as we think that Norway does not rnake. out
her historical case, even for the period before r8oo, and as we think
that Professor Bourquin's address on this period gives a misleading
impression, 1 am going to say something more about this periocl. I
regret that J.ca.nnot exphtin in fewer words the relatively few addîtional
criticîsms of Norway's case, which I now want to make, but the nilture
of the material makes it difficult to do so. 1 am afraid I shal\ be about
two hours on the period before 18oo.
The question is what rights Norway has proved (the burden is on
her) that she possesseclin the period just before I8oo.
In our opening address (pp. I0?-109) we dealt first with the periocl
from about r6oo, or a little ear.lier, to about 1730, when the modern
law of territorial waters was just beginning to take shape. AH these
dates <lreapproximate but are taken to represent wha.t are, I think,

incontestably the historical dividing !ines. \Ve thought, and we still
think, that what happened in that period, r6oo-1730, is ofvery subsicliary
importance indeed, because it is only the position just before r8oo
which matters. However, wc dealt with it and pointed out that Norway
had considerably exaggerated the place which considerations affecting
fisheries playeà. in the deve1opment of law and policy of those times,
and that even Christi<m IV, aggressive though his policy was, was not
able to do more than to reserve for his Norwegian subjects a restrictive
maritime belt-defined for the time by reference to the range of vision
and that he certainly was not able to exclude ali foreign :fi.shermenfrom
the Northern Ocean.
Professor Bourquin clid not dispute any of this, but he did return to
an argument which appetLrSat sorne length in the Norwegian pleadings

tlnt, from the time of James I (i.e. from about .r616 onwards), British
fishermen were excluded from Nonvegian waters for th ree cent uries. REPLY BY SIR El\IC BECKEJT (u..K.)-I() X 5I 42I
Let us see w'hat actually happened-ancl I am quite content to take
Professor Bourquin's arder of events and to see what they prove. There

was first a dispute inthe reign of Queen Elizabeth and in r6o2 negotia­
tiuns took place in Bremen. At this time bath sides adopted an extreme
position, Norway taking the Iine of extreme exclusiveness and the English
delegates arguing for the right to fish right up to the Norwegian coast,
not merely up to a maritime Iimit from tl1ecoast. Naturally, these nego­
tiahons led to no result.
Theo James 1 came to the throne and his preoccupations were to
protect the Scottish fisheries against the Dutch : he was endeavourîng
in fact to keep the Dutch outside the "range of vision lîmit". In his
relations with Denmark/Norway he applied exactly the same principles.
The Attorney-General mentioned-ancl 1 h:lve recently referred to­
R<estad's statement that Christian IV was seeking to reserve a maritime
belt based on the range of vision. Now this same Iimit-range of vision­
\vas agreed toby James in the dispute about fishingoffthe Faroe Islands in

r6r6 to which Professor Bourquin refers (p. 182) as being very significant.
vVhat James agreed to do was to prevent his subjects from fishing within
the range of vision ofthe Faroe Islands. That is ail explained by Fulton
on page 178. Tt was James's hope to impose a similar Iimit on the Dutch.
In other words, -..vefind here, not, as Nonvay would Iikc to make out,
a recognition of wi.deextensive daims over large areas of sea, but what
is virtually a recognition, at the· beginning of the 17th century, of
a fixed maritime belt, the belt being at that time the transitional belt
based on the range of vision bef01;etint Jimit was restricted to the
maritime league.
The next clefinite piece of evidence consists of the diplomatie discus­
sions, which took place about 1740 in Copenhagen between the Dutch,
supported by the British, on the one side and the Danish/Norwegian

Kingdom on the other. The Attorney-General referred to this at page III
and summarhed the conclusions at page n2. Professor Bourquin
attempts to reduce the effect of these discussions in two ways. First,
he says the English attitude was hypothetical-but was it ? The British
Minister had explicit instructions to support the Dutch (p. rrr) and he
clidso : he manifested the support of his country for Dutch resistance to
Danish/Norwegian daims. lltis seems to be actual and not hypothetical
action.
Secondly, Professor Bourq tlÎn says, quite truly, that the dispute
related to Iceland. He also says that the position with regard to Iceland
was alwa:ys qui te distinct from that prevailing in Nonvay; but I am not
at all de ar what differences there were, which are relevant in this connec­
tian. At any rate there cao be no doubt that the line taken by the
Danish/N orwegian Governmen t in 1740 as regards Iceland-a poliey of
reserving fishing up to certain limits-was one which applied through­
out the Danish}Norwegian Kingdom and applied in particular to
Nonvay. In 1740 in regard to Jceland, the Danish/Norwegian Kingdom

was c\aiming 8 leagues (which ît was prepared to reduce to 4) and
the Dutch were refusing to accept more than cannon range.
This is really ali the clefinite evidence there is regarding the alleged
exclusion of British fishermen from Norwegian waters and it shows
nothîng more than that the British Crown was prepared to recognize
Norway's exclusive rights over a limited maritime belt.Apart from this,
we do not know \vhat happened-almost certainly because Englîsh 422 REPL Y BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-rg X 5I
.fishermen did not at this time try to go to Norwegian waters and con­
sequently no occasion to exclude them arose. We certainly know of no

incidents and Norway does not refer to any. Indeed Professor Bourquin
himse1f explicitly states (p. 183) that there had not been a single dispute
for three centuries. It was with this in mind-and bearing in mind parti­
cularly that the burden of proof in this matter is on Norway-that we
said that we had no reason to suppose that British fishermen were
excluded-an expression crihcized by .Professor Bourquin as "evasive"
(p. 184). Our statement, however, Œflects the reality of the situation.
Norway asserts that she excluded British fishermen; but she has no proof
ofit-she does not refer to a single incident, or arrest, in ail these three
hundred years. The burden of proof is on her-we say she has not dis­
charged it and that no information in our possession leads us to believe
that our fishermen were excluded. In fact, as I have said, we believe that
they did not go to Norwegian waters to any significant extent and that
the on!y fishermen who did were the Russians :so far as .British fishermen
were concerned, it is not a case of exclusion but of absence, which is
rather a different"thing.
I have already to sorne extent passed from the early, !css important,

period before 1730 to the 18th century, and 1 will now come on to the
main evidence covering the later and more critical time np to r8oo.
Our evidence with regard to this period could be summed up as
follows: first, wc referred to the decline in the Finnmark fisheries and
the depopulation of Finnmark in order to correct the impression given
by theNorwegian pleadings of a flourishing and substantial Norwegian
· fishing industry in full enjoyment of the local fisheries, încluding fishing
grounds weil out to sea. Vveproved our contention by reference to Nor­
wegian standard zoth-century works as well as by quotations from the
contemporary record of Prefect Hamni.er.
\;ve then providerl some evidence to illustrate the extensive nature of
Russian fishing as far sonth as Sêiroy,which we showed (p. no) tobe so
extensive as to create the fear that the Russians would obtain a title by
prescription.
We then examined the Norwegian evidence, which had been adduced
to show that Norwegian fishermen had for centuries been in peaceful and
undisturbed possession of fishing grounds extending far beyond those
now claimed. We showed that this daim was not borne out by the
I8th-century writers, Molberg, Falch and Friis, al! of whom testified to

the extremely restricted arca in which fishing in northern Norway was
generally carried on and to the fact that the offshore banks were hardly
exploited at ali. Ail of this evidence makes up one consistent picture of
what was happening in the r8th century-the local population not able
to engage in any extensive exploitation of the offshore banks and harclly
able to hold its own against the much more effective Russian exploitation.
Finally (pp. n6-II7) wéreferrecl to the zoth-century book of I-'rofessor
H jort, which showed :
(a) that, in the county of Troms, the original, century old, fishery was
boat fishing in shallow parts of the sea, up to 70 fathoms and in the
immediate vicin_ityof the coast, as contrasted with bank fishery, which
was a comparahvely recent development;
(b) that bank fishing off the coast of both .Nordlaud and Troms was
still only inthe experimental stage in xgoo ; REPLY :BvsiR ERre BECKETT (u.K.)-19 x sr 423

(c) that experimental bank fishing had recently been'undertaken in
Finnmark, where the local opinion was "that fishery is only possible
dose to land and on the part of the sloping bottom situated nearest to
the shore".
This evidence, reaching to quite recent time-just before the appear­
ance of trawlers off Finnmark-we thought to be a complete refutation
of the Norwegian daim to have been in exclusive or effective enjoyment
Droccupation of the off-shore banks, whether those outside or thoseinside

the line of the 1935 Decree. .
After adducing the authoritahve evidence, we examined the fresh
Norwegian evidence given in the Rejoinder, in particular M. Hovda's
study in regard to names, and we showed that this provided no concrete
evidence of appropriation of any particular banks at any particular
time, nor indeed of anything else as existing in the r8th century. Still
less did it prove any exercise of Norwegian sovereignty over the areas
concerned.
N ow let us see how this evidence stands after the oral address of our
opponents. The Norwegian case really falls under two main headings:
(r) exclusion of foreigners, and (2) appropriation or enjoyment by the
Norwegian population of fishing banks.
Under the heading of exclusion I have already dealt with the alleged
exclusion of British fishermen and I have said that the most that can be
shown is absence, and absence and exclusion are two quite different things.
There remain the Russians. Professor Bourquin did not controvert in

any way our evidence regarding the extensive Russian participation in
Norwegian fisheries, and that evidence alone is, I think, sufficient to
refute the Norwegian daim to have excluded foreigners throughout the
period up to rgo6. It showed, in our view conclusively, that, over a long
stretch of the northern Norwegian coast, Russian fishermen were fishing
up to and even inside the one-league limit-such fishing having initially
been regarded as precarious and subject to the payment of a fee, but
coming in course of time to be regardecl as of right. Professor Bourquin
does not, I think, dispute the facts.
He does, however, put forward two arguments in an attempt to dispute
the inference which might be drawn from the facts.
His first argument is directed to prove something which we do not
dispute may have been the case-namely, that in 1747 the right to
fish outside the leat,ruelimit was regarded as subject to the payment oi
a fee. The Attorney-General said that he did not dispute this (p. II3) and
explicitly said that he agreed with Rrestad. When therefore Professor
Bourquin (p. rgg) again quoted Restad against us, it can only be that he
is misunderstanding our argument. The point which we were concerned
to make-and it is the relevant point-isthat, whatever was the position
in 1747 (and we do not wish to dispute that itwas at.that time what
Rrestad and Professor Bourquin say it was), in the course of till).e (and

it became explicitly clear in r840), the Russian fishing up to the limit of
one league was of right. In parentheses I would add that the one league
was one league "du littoral''. Our argumént was so dearly stated by the
Attorney-General on pages II3-II4 that I would only weary the Court
if I pursued the point.
Professor Bourquin's second argument is that the Russian case was
a very special one because Norway and Russia were neighbours, and that
close commercial relations existed between Norway and Russia 'whîchdid424 REPLY BY SIR ERIC BECKJ< (~ K .)____:9SI
not exist betwèen Norwav and other countries. And sorne inference was
sought to be drawn fro me~action of the French and British Govern­
ments in allowing trade to continue during the Crimean \Var.

vVith ail respect we cannat see the relevance of this argument. The
question is, didNorway-as she says-continuously exclude foreigners.
from her fisheries, or, as we say, didforeigners-including Russians­
partîdpate in these fisherie? Ifit were the fact that the Russians
fished off the Norwegian coast but outside territorial waters uncler the
terms of som.e treaty arrangement, that might be a relevant considera­
tion. But such is not the case. The fishing was, as I have said, as of right.
That is what it came to be in the course of time. That being so it can
be of no importance whatcver that Nonvay was interested in main­
taining her tradc with Russia. That is ali that Professor Bourquin referred
to-trade, not Hshing.
\Vhether it was for this reason or because Norway had not the power,
or the wish, to prevent the Russians from fishing, the fact is that Norway

clid not do so and this refutes her daim to have established an historie
title to the waters in dispute by the exclusion of foreigners. The Russians
were excludecl at most from fishing within one league from the coast.
They were not excluded from the banks. No long base-lines were then
even thought of.
That is al\ 1 need say on the question of exclusion and Tnow pass to
the evidence of appropriation or exploitation. We do not of course agree
that, even if proved, enjoyment or appropriation by inclividuals could
in any event confer any title upon Norway under international law, but
at the present moment 1 am only concerned to see to what extent any
enjoyment or appropriation has been proved. on· this part of the case,
Professor Bonrquin has been obliged to leave our evidence, which
after all was founded on the best Norwegian authorities, substantially
untouchec\, and I am able to submit that Norway has by a long way failed
to clischarge the burden wl1ich is on her of showing that her population

had-during the period before r8oo (or, for that matter before r9oo, or
for any other relevant period)-been in enjoyment of the fishing banks
up to and beyoncl the blue lines. On the contrary, the evidence shows
that the true position was entirely different. Vle believe, after consider­
ing, I hope conscientiously, allhe historical material we have, that the
position was pretty weil the following.
There was a general conception among the population that the ftshing
grounds lying off the Norwegian coast were Norwegian grounds. J use
this designedly vague expression because 1 think that the conception
itself was vague :no body thought in terms of property or ownership and,
in so far.<they thought of anything analogous to property or ownership,
they had not thought out, whet(ler it was the property of i;1dividuals or
communities. The fishing grounds were of course locally known at any
rate by the local inhabitants-probably not by anyone else and not by
the authorities. ln sorne cases, they were iclentified by names of the dif­

ferent kinds describedby Mr. Hovda-and could be found by means of
fixes ("rnéd"). We should not dispute that there was an accumulation
of knowledge and tradition, probably somewhat uneven, possessed by
the local fishing inhabitantsBut so far as actual use and exploitation
was concernee!, there was none in any regular or consistent sense apart
from the Sundmôre fisheries. Until the end of the r9th or the beginning
of the :wth century, the economie conditions of the inhabitants of --------

REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-rg X SI 425
nort hern Norway neither required nor indeed permitted any such exploi­
tation. Qf course, we do not say that nobody ever went out to the banks
-no doubt they did from time to time and to one place or another place,

but they had neither the means nor the need to make the exploitation
of the banks part of their regular occupation as fishermen.
As Professor Hjort says of the county of Trams, it was the boat fishing.
carried out in deptl1s up to 70 fathoms, on the shallow shoals in the
immediate vicinity of the coast, that was the original century-old fishery,
and the bank fishery, apart from Sundmi:ire, was the creation of the late
19th century.
This is the picture that emerges from the evidence and we believe
that it is a true one: it is at !east the only one that is supported by
the authorities. Let us see now what Professor Bourquin \vas able to
say about it.
First of ali, he criticizes the evidence and the figures which we derived
from the r8th-century work of Prefect Hammer of Finnmark. Hammer,
he says, was a partial witness, his figures were wrong and "real figures

from the best sources" can correct them-the figures quoted by him
being those published by Professor Aschehoug in 18go. :From these
so-called "real figures" Professor Bouryuin tries to make out that there
was no decline in the Finnmark fisheries in the 18th century-although
this decline is attested by severa! Norwegi<mofficial reports, încluding
the Rapport of rgr2-ancl, we belîeve, by every wrlter on the subject.
1-Iammer'swork on the Finnmark Trade was written in 1763 and later
published (in 1835) in a large work on the Language and Hislory of the
Norwegian People, by Mr. J Chr. Berg. It is interesting to note that
Mr. Berg was the first man to publish the 1812 Decr.eein I8Jo. Mr. Berg
states in his preface to Hammer's treatise, that Hammer's position as
Prefect of Finnmark from 1757 till 1768 "enabled him, by aid of the
archives of the prefecture, to find information which cannot be had

from other sources". Mr. Berg further introduces Hammer's treatise as
a .very reliable source of information on rn<üters which are elsewhere
(in contemporary works) incompletely describecl. His preface does not
present Hamrner as prejudiced ; the only mention by lVJr.Berg of Ham­
mer's view on the Finnmark monopoly is to the effect that Hammer
'\vith commenclable energy" worked to bring about- the developrftent
(improvement) of Finnmark, which "at the time (1763), because of the
disastrous system of monopoly trade, was ruined and in depression".
Further, Mr. Berg gives thei nJormation that Prefect Hammer's treatise
has been used as a source by I>refect Sommerfeldt in his ''Description of
Finnmark" (1799), by Professor Keilhau in his work referred to by
l'l'!. Bourquin, and by Mr. !{raft in· his work Topographical Histon:c
Description oj Nonvay (1835), a work of great authority.
Then asto Hammer's figures. We were careful to c.xplain (pp. wg-uo)
that his figures related to NonPJegian families-tbat is the relevant
figure, sincethe Norwegians Jived along the coast in the fishi.ngvillages

and c\epended on fishery. Hammer's figures did not include the .Finnish
families. lt would have been inappropriate to do so, since most of the
Finns were nomads living inland and looked after reindeer ; of the sea
Finns the great part lived in the region of the Varangerfjord and never
went beyond that area.
Professor Bourquin's "real figures" only manage to show an increa~c
in the Finnmark population by including these Finnish families. The
Norwegian families did decrease as we said. 426 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-rg X SI

To show that, in citing Hammer's figures, we were not depending on
so fragile a basis, Jet me cite ProfP.ssor Helland-an authority later
than Aschehoug and generally accepted as a leading historian. My
reference is to Helland's work Topographical-Staf:isticalDescription of
the Counly of F1:1vnmark(Christiania, rgos), VoLI. page 398. He states
there, that during the period of monopoly trade in Finnmark, the Norwe­
gian population severely decreasecl in numbers, while the number of

Finns increasec\. I quote : "Thus there was the following number of
Norwegian and Finn families :
Norwegian families Fùm fantilies

1567 s6x I54
r667 385 206
1767 329 668
rSos 290
r868 I,J49

The reason for this remarkable reduction of the Norwegian population
until rSos was certainly the (Bergen) trade monopoly ; the number of
houses in the fishing villages decreasecl, a fact which was also brought
about by the destruction of the forests in the outer part of the county."
It is a well-established fact that another trade monopoly ruined Iceland.
Professor Bourquin remarks on page 200:

"Ici je ferai une remarque préliminaire : c'est qu'en soutenant
cette thèse, le Gouvernement britannique reconnaît que clans cette
région le déclin de la pêche entraîne presque fatalement une
diminution de ·la population. C'est précisément une des consé­
quences qu'entraînerait l'adoption de la pecked green line. En
entamant ·les ressources dont les pêcheurs locaux ont besoin, elle
provoquerait - comme je l'indiquais au début de ma plaidoirie­
un phénomène de dépeuplement."

This I nnd one of the most puzzling remarks. It cornes in as a complete
non sequüur. Finnmark was ruined by the Bergen monopoly as
Icelanc\ was by the Copenhagen monopoly. The monopoly caused the
decline of population and it caused the decline of fishing. PrefecHam~
mer knew what the cause was, so did the Icelanders. ·
So much for the overall figures. In addition, and these are real!y more
helpful tous when we want to see what the actual condition ofthe fishing
villageswas, we have the specifi.creferences by Hammer to the depopula­
tion of individual pl;:tces-and these Professor Bourquin does not
criticize-and it is difficult to believe that they are not founded on fact.
\Ve gave sorne of them on pages rog-rro.

These. figures are further confirmed by Judge Kraft in the Topo­
graphical HistorieDescription of Norway (1835), Volume VI-a work
of admitted authority. He mentioned the following places as having
been greatl y reduced in population in the 18th century: Varda, Sôroy,
Ingoy, Hjelsoy, GjesvŒr,Tuenaes, Stappen, Mageroy, Kjelvig, Skarsvaag,
Hopseidet, Kjollefjord, SvŒrholt, Skjotningsberg, Omgang, Berlevaag,
Makaur, Havningsberg, Kiberg, Ekeroy. All thcse places were prominent
fishing villages before I6jo-quite a few of them with their own church
and town hall. By the beginning of the rgth century most of these
former villages were entirely depopulated (according to Mr. Kraft) and REP.LY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)--rg X 5I 427
in the othprs only a very small percentage of the previous number of
people was to be found.Nobody is more pleased to note than my Govern­

ment that. to-day, these same places are once more important fishing
villages and centres of the coastal fishery. ·
Just before I leave the figures, I should mention that we do not accept
the conclusions which Professer Bourquin draws from certain statistics
of fish exports from Finnmark in the r8th century. Roughly, these
figures indicatehe export of from r-2 tons a vear per fisherman, and
that is a verv modest catch. ~ ·
A good-s codzw~eghs anything between 6 and 20 pounds. Let us
take 8 pounds as an average, good cod. There are 2,240 pounds to the
ton ; therefore, one ton is about 280 good-sized cod. Even in these
days, when fishing was by hand-line only, a ftshermanmight expect to
get during the better season of the year at !east ro or 20 cod a da1.
described r-2 tons a year as a modest catch. I think I might have said
it was a miserable c:atch.

Then there were the r8th-century writers, Molberg, Falch and Friis,
whom we cited (p. II5) asshowing the limited area and inefficient methods
of local fishermen ine r8th century. Professor Bourquin again criticizes
this evidence and charges us withibelling the descendants of the Vikings.
\Ve know ali about the Vikings-we were very glad last year to welcome
a Viking ship with sorne of their real descendants on board ; we are
concerned here with fishing, not adventure, andr remarks are sound! y
based on Norwegian authorities.
I will now add another authority additional to those we mentioned
before, an authority which clearly bears out the Hmited scope of the
local fisheries in the x8th century. ln Carl PontoppidanThe Collected
Papers of the Finnmark Magazine (.qgo), the text is given of the Royal
Instructions to the trade inspectors in Finnm<trk, appointed in 1783.

These instructions contain detailed orders on the methods to be used
by the trade inspectors to encourage an increase in the fishing activities
in Finnmark, and it is not open to doubt, if one looks at these instructions,
that the local population lacked both the necessary equipment and the
knowledge of the offshore fishing grounds to engage in offshore ftshing.
I shall mention one point.
In paragraph (e) of the Instructions the trade inspectors are told that
they should "purchase 2 or 3 such large vessels as the Russians use for
their fishing". With these vessels the trade inspectors were to start test
fishing "on the banks and in the areas round the outer islands, in arder
to show to the population of Finnmark the advantages of these larger
vesscls". Note "test fishing on the banks". The local population had not
the knowledge. Further, larger ships were needed and the local popula­
tionhad to be persuadecl that this was so. We are in the year 1783-and
about x8oo is the critical time for the purposes of my argument. Further,
the same instructions arder the trade inspectors to ernploy "experienced

Russian fishermen as masters on board these vessels", because the
Russian fishermen were able to point out the fishing grounds to the
inhabitants and because the Russians could give the Finnmark popula­
tion useful information on certain fishing methods, which quite appar-.
ently were unfamiliar to it.Could anything prove more clearly than
these instructions of the year 1783 that the Finnmark fisheries in the
rSth century werc very Iimited indeed and that the local people were
not fishing the banks? These are our authorities. Now let us see what
Professor Bourquin has to say about them.428 REPLY BY sm ERIC BECKETT (u.K.)-19 x sr

First, he tries to turn Molberg against us, but the passage Professor
Bourquin quotes does not bear the weight he puts on it, since, apart
from his references to the Sundmôre fi.sheries-where as we made dear
(p. II5) the situation was different from that in northern Norway-all

that Molberg says î.s tha:t certain fishermen travelled 30 to 40 leagues
from their homes {Lofoten is one of the places mentioned) to the extreme
north of Finnmark to take part in the fisheries there. In other words,
he is referring to coastal voyages by fishcrmen living further south to
get to fishing in the extreme north. It is thoroughly misleading to suggest
that they went 30-40 miles out front land to fish. 1\llolbergcloes not say
that at aU; indeed he says the contrary in the extracts which we cited
(p. IIS). Professor Keilhau, who is also cited by Professor Bourquin, says
no more than Molberg.
There remains the work of Mr. Rode-and we can quite accept this
as saying that in the early rgth century sorne summer ftshing (and·
remember that the summer in Finnmark only .lasts 4 months) took pla.ce
outside the fjords in the open sea. How far outside, Mr. Rode does not
say, but Professor Hjort in the passages we have cited (p. II6) makes it
plain that it cannot have been very far nor the fishing very extensive.
Finally, Professor Bourquin had to deal with the work of Professor
Hjort. It is said that Hjort was not interested in developing bank fish­

ing but in deep-sea fishing, "for example on the Murmansk Coast, Bear
Island and the F<Œoes''.
\Ve can find no reference in Hjort's book to deep sea fishing at ail
except a brief reference to the fishing of coalfish in summer-a very
secondary type of fishery. I need really only ask the Court to be good
enough to reacl again the extracts which we have cited on page n6
to see how clearly Hjort expresses himself both on the limita­
tions of the old boat fisheries and on the recent development of coastal
banks fi.sheries. In my submission, the evidence is really plain beyond
any doubt. ·
I must not leave this historical section (though I am near the end of
what I have to say on this period) without mentîoning two other matters
on which sorne reliance is placer! by our opponents.
The (irst is the method of "fixes" or "méd". Professor Bourquin laid
sorne emphasis upon the use of this method by fishermen-he described
it very clear.ly to the Court and he asserted, which we should not deny,
that it was from verv earlv times used bv fishermen as a method of
Hnding the ftshing ground. There is, of course, nothing mysterious or even
unusual about the use of these fixes. These fixes represent the method,

by which fishennen and navigators of all countries have from carly times,
until the introduction of more scientific instruments, been able to deter­
mine their position at sea. We have already, I hope, made clear that we
do believe the inhabitants of the Norwcgian coast used this method,
both to locate their own position and to identify the position of fishing
areas in which the_ywere interested. The evidence as to the areas iden­
tifiedby the "méd" and as to the dates at which they were so identified
isnot very precise-but even assuming that it was more precise than it
is-even assuming that, in the r.Sthor rgth centuries, fishing banks
included in the yellow patches (for that is what we arc concemed with)
were identified by "méd'',what would that prove? In our view, it would
prove nothing more than the fact that I have stated----that banks were
identified in this manner, however rouch or howcver little those banks REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-!9 X 5I 429

were exploited or appropriated. It would prove nothing whatever with
regard to appropriation-stillless wîth regard to appropriation by any
persan or body of persons. The case is exactly the same. as with regard
to names. Tlw fact that a.bank was named proves nothmg except that
somebody knew it and named it, and it gives no indication as to who
appropriclted it or used it or as to the time and extent of such appro­
priation.
· The only positive inference drawn from the use of "méd" is that to
which the Attorney-General referred (p. n8) and with which Professor
Bourquin agrees, namely, that the fact that the ancient conceptions of
the population, regarding the fishing banks, were related to the use of
"méd" to identify the banks, underlines the distance between the 1935
system of straight lines and the ancient conceptions. Tha.t is ali that I

need say about the ''méd".
The other point is perhaps of somewhat greater importance and is
the question how far there real!y is any evidence of any right of property
of <wy person or body of persans or of any legal entity in any of the
banks now in dispute. The Court may desire to scrutinize this evidence
with sorne care.
Professor Bourquin first dealt with this matter in his passage on
the "méd". He quoted a passage from Rzestad "La Mer territoriale".
pages 40-41, to show that the use of the system involved property rights.
The passage-which I will not trouble the Court by quoting again­
is, however, in the most general terms: it states that "these grounds"­
which these are it does not specify-'\vere designated by proper names"
and "consequently had from severa! points of view the characteristics

of immovable property' '. Could anything be more vague ? V/hich nam es
are refcrred to? Are these Mr. Hovda's geographical names, or his taboo
names, or his persona! names-obviously not ali are on an equal footing
and, when RŒstad talks of "characteristics of immovable property
from severa! points of view", what does he mean ? .ls he saying that
the grounds were anyone's property and if so, whose > And what period
is he referringto? To the Middle Ages orto the 15th and 16th centuries,
which wcrc times of prospcrity, or to the r8th centu'ry, when, as we
have shown, the condition of the coast al Hsheries was entiryldifferrnt ?
The matter is put more precisely in Ra:stad's Kongens Stromme,
page 366. 1 quote from the Court's translation of paragraph 53 of the
Hcjoinder :

"Certain parts of the sea, li.ke the sea adjoining a lancled estate,
or a f1shing ground at sea (un lieu de pêcheen mer) may be the
subject of private exploitation by an individual ; this right of
exclusive exploitation might equally weil be ccdled a right of
property. It is, however, of a different kind from the right of property
in land. For an individual to have possession of a portion of the
sea,. it is necessary for him, or for someone on whose title he relies,
to be the bolder-of sorne real property. As the subject matter of
property rights, the sea must therefore always be ancillary or
appurtenant to property inland."

·I now continue Norway's quotation from Kongens Stromme:

"There may be cases whcre individuals h<we been what-to
give the words a rather wider meaning-=-might be called owncrs
of fishing grounds at sea."430 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I9 X 5I
I read the last sentence as the Rejoinder quotes it : but in fact it reads

in the original as follows :
"There are in the countries with which we have been concerned,
only a j~ cases where individuals have been what-to give the
words a rather \vider meaning-might be called owners of fishing
grounds."

The words "only a few" are omitted from Norway's quotation, but
these words make it clear that this sort of thing was not common.
RŒstad's view is, at any rate, that it is only by stretching the term
ownership that individua1s can be said to be owners of f1shing grounds,
that they are only so by reason of and in connection with their owner­
ship of property on land ; that the ownership or quasi-ownership of the
sea is ancillary or appurtenant to ownership on land; and there are

only a few examples of this type of ownership known.
The Rejoinder (para. 53) continues by saying that a more
thorough knowledge of the documents, place names and traditions
would have indicated to Ra:stad a good many other cases : but where
are these? 'vVehave repeatedly pointed out that the existing evidence
before the Court does not reveal them.
Professor Bourquin, indeed, in the reply which he gave to the question
which you, Mr. President, put to him, says-afterreferring to RŒstad,
who, as I have shown, knew only a few cases-that "there were indi­
viduals-fishermen-and also groups who obtained exclusive rights on
certain banks" (p. 207), and he then states that Norway has supplied
a series of documents which prove it.
Professor Bourquin here must have been referring to the documents

annexed to the Counter-Memorial. \1-,have analysed these documents
with sorne care in paragraphs r6 and IJ of our Reply and I do not wish
to go over the ground again. Briefl.y we showed that the documents
fall înto two groups :
r. Regulations of a police character, which might well be made to
apply to Norwegiari subjects outside Norwegian waters, but which in
no case gave any specifie indication ofthe area to \Vhichthey did apply:
it may be remembered that the Norwegian Government as late as 1792
did not know where the Nordland fishing grounds were situated (see
para. 59 of Rejoinder). ·
2. Documents showing that certain areas of sea were allotted for
exclllsive use by indîviduals or communities. These documents, too, are
in most cases quite indefinite as to the areas which they caver, and
where they are at all precise as to are(!,s;for example, inside the Vest­
fjord, east ofVardô, or near Vadsôy the areas are quite plain!y quite close
to shore and may weil fall withîn the "few cases" of rights, similar to

property, to which Ra:stad refers. 1 am advised that a careful search in
Norwegian jurisprudence has revealed no reports of decisions of the
Norwegian courts relating to the ownership of fishing grounds in the
sea, except in regard to a:reasappurtenant to the foreshore.
1 have referred again at a little length to this matter of rights of pro­
perty because it is, 1 think, important, in face of the assedion which
is so often repeated by Norway, that the banks belongecl to the inhabi­
tants, to see how extremely slight the evidence in support of it is. It
goes nowhere near to establishing that aU, or indeed that any single one,
of the banks situated in the yellow patelles were ever the property of REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I9 X 5I 43I

anyone or allotted for the exclusive use of anyone, and on this matter it
is for Norway to prove her case with full particularity.
It only remains for me now to state our conclusions with regard to
Norway's title in r8oo or, in other words, at the time when the change
which bath Parties agree occurred, took place. It is the position about
the year r8oo which is important, and it is irrelevant what legal title to
areas of the sea Norway possessed before that date. Norway's historical
daim in the period before rSoo rests upon two grounds, \vhich I have
briefly described above, under the headings:

(i) Exclusion of foreigners ; and
(ii) The appropriation and exploitation of ftshing grounds.

My conclusion on (ii), appropriation of fishing grounds, is that Norway
has procluced no evidence of any appropriation of any fi.shing ground in
the disputed areas shown coloured yellow on the charts. It is immaterial .
for the purposes of this case, whether or not there was appropriation
of fishing grounds elsewhere. Ail that Norway bas produced is sorne
little evidence, in thennexes to the Counter-Memorial, of police control
over, and of the allotment of, small areas of water very close to the
shore, and perhaps of ownership of waters appurtenant to the foreshore_
As to tl1e outlying coastal banks, there is no evidence at ail, apart from
evidence of identification by means of names and in some cases fixes,
and these prove nothing at a11.Many fishing banks, such as the Rosemary
Bank north-west of the Hebrides, have become known to the fishermen
of one country by a certain name, often the name of the persan or vesse!
which discoverecl them, but the fact that it has such a name is no more
than a means of identification.

Against Nonvay's contentions, there is a considerable body of evidence
drawn from r8th-century writers, and endorsed by well-known zoth­
century experts and historians, that the local population of northern
Norway was not, in numbers or resources or technique, in a position to
exploit the off-shore banks, and that in fact it did not do so. On the
contrary, Norwegian fishermen only began effectively to exploit these
-banks at just about the same tirne that the trawlers began to arrive.
On point (i), the exclusion of foreigners, the conclusion which we
submit to the Court is that, in r8oo, Norway was on1yexcluding foreign­
ers from an area one league wide measured from the shore. lt seems
indeed that she was half-hearted and unsuccessful in doing even that.
I think it has been demonstrated quite clearly that this was the position
as regards the Russians, who were the only foreigners at that time
interested in fishingoff these northern Norwegian coasts. It is interesting
to recall in this connection RŒstad's view that by r.Soo the 4-mile Iimit
·originally adopted for neutrality had become applicable to fishing as

well.
If these two conclusions are correct, and it is for the Court to judge
the matter on the evidence, then it follows clearly that Norway's histor­
ical case in its negative aspect fails cornpletely on the first of the three
points, ail of which Norway would have to establish. Norway had not
shawn tha t, in .r8oo, she was in possession of, or hacl any recognized
tille to, any ofhe areas marked yellow on the charts.
·rhis concludes my treatment of the period before r8oo. I think the
Court will appreciate that the United Kingdom has hacl to deal with this
period under heavy disadvantages as compared with our opponents. To432 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-I9 X ji
deal with it involvcs research into Norwegian history, into learned

works, nearly all in Norwegian, and for the most part only to be found
in Norway. .
If the Court thinks tlut we have been able to make a contribution
in bringing to light the true facts in regard to th1s period, the Court
will also appreciate how great is thedebt which we owe to our Norwegian
Counsel, Mr. Schjodt, and to the late Tvlr.Nansen,whose untimely death
our opponents will join us in regretting most sincerely. He was working
on this case up to a day or two before his death and itwas the last
work he did. \Vithout such assistance, we would have been practically
helpless so far asagreat portion of this part of the case is concerned. In
this connection, T wish to stress one of the many pleasant features in
this case-and it is a pleasure to do so. Tt is something, I think, on
which bath Nonvay and the United Kingdom can congratulate them­
selves. They are bath free countries and in bath countrîes it is fully
appreciated that lawyers, like doctors, !end their services to those who
need them and throw aside ali persona! and national prejudices \vhen
they do so. It is a fact, and it issomething which we applaud, that our

opponents have enjoyed the benefit of the services of a distinguished
ftrm of lawyers in Edinburgh. There are many pleasant features in this
case, and 1 have pleasure in referring to this one.

[P1tblicsitting of October 19th, 1951, afternoon]

lVIy it please the Court.

I now turn to an examination of the so-called N onvegian system
of c\rawing base-lines. lt seems now to be an important part of the
.case and Professor Bourqtiin's forcible àrguments on it merit a full
reply-so I fee! obliged to go over this ground aga.in rather fully, but
we are not here simply repeating ourselves three times, because I
am dealing with it rather differently this time. As 1 said in my opening
remarks, the existence of this so-called base-line system is relevant, both
on what 1 have ca.lled the negative and on what I have called the positive
aspect of Norway's historie title. On the negative aspect, it is only rele­
vant if Norway should succeed in establishing the first of the three points
I have mentioned-narnely, that she possessed wide rights ta maritime
territory before r8oo. This is the point which l have dealt with and 1
have, I hope, shown t\nt she possessed no such rights. However, on the
hypothesis that I have not disposed of the negative aspect of Norway's
historie title on the first point, 1 will point out that it is also necessary
for Norway, if ber daim in its negative aspect is to succeed, to show

that the "system" existed at an early date-close to the time when the
old system finally gave way to the modem system, say about 1.8oo or
I8rz. Hoth Parties agree that this change took place-in Norway as
elsewhere. I will, however, make one quotation from Professor Bourquin
(p. 195):
"It is quite correct that the Decree of 1935 is not based on the
system of 'mÉds'. As 1 recalled just now-and I shr.ll have occasion
to do so again-, in the rgth centmy a new conception replaced the
tradition<ll conception. In the rgth century the traditional concep­
tion was replaced in Nonvay by a new system based on the 4-mile
rüle.'' REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-19 X SI 433

The Decree of J uly rzth, 1935, makes use of this new system, the
Tgth-centurv system based on the 4-mile rule.
"MyGovernment is, therefore, quite right .insaying that the disputed
decree is based on the rgth-cer)tury system and not on any system of
law which prevailed in Norway before r8oo.
. On the positive aspect-that is, on the question whether Norway,
having come within the rriodern system, later acquired a special title by
prescription-it îs sufficient for Norway to establish her system as from
a later date : but it is also necessary for ber to prove not merely the
appropriate conduct of ber own part but also the acquiescence of States.
In order to avoid repetition and a separate examination of the alleged
Norwegian system under each of these two headings, 1 propose to under­

take one single review of it chronologica1ly, and to see at each stage
(1) whether at that point the system bad developed, and (z) whether it
had received the acquiescence of States. Our case is that the Norwegian
system never existed at a11-at any rate before 1935.
I think it important, however, at the outset to underline two points.
The first is this. The concrete question which the Court bas to determine
is whether, by means of the so-called system of base-lines; Norway has
obtained a title to the waters in dispute in this case. Our opponents tend
to speak of the system as if it were a system of principles existing in
vacuo, something which can be extracted, by analysis, from the docu­
ments~the rgth- and 20th-century decrees.
A system in this sense may form an interesting subject for a lecture or
for a thesis (incidentally the only thesis which has been written on it,
that by Dr. Miinchmeyer, clid not accept it}-but it is not what we are
looking for in this case. 'vVeare only concernee[ with Norway's title to

certain disputed waters off the coasts of the counties of Finnmark, Trams
and Nordland. Whclt Norwav ha.s to establish is that a.t a certain date,
long enough ago to preserve in established historical title, or long enough
ago to give her a prescriptive title, a system was developed de no11o,
a system which was applicable to the waters inthe blue-line area and she
must establish when that date was. I say "developed de no11o"because
it is agreed that this system of straight ba.se-lines did not exist before
r8oo.
Our main submission is that the system, ifitexisted, became applicable
to nort.hern Norway on the 12th July, 1935, and on no other date. We
go further, if it is necessary, and we say that the so-called system
-simply as a system which can be explained and put on paper-itself
did not become explicit until 1935. To use our opponents' language
(they say that the system is to be extracted from, and that the system
manifests itself through, a number of legislative acts includinghe Decree
of 1935}-we say that, before that decree, the system was not inanifest

-it was in embryo: on rzth July, 1935, it was born-and I think it is
growing stiJl.
The second preliminary point 1 \Vant to make is this. The waters in
dispute in this case are those opposite the coasts of Finnmark, Troms,
and Nordland. Now, the decrees on which Norway principally relies for
her system-the twin pillars of it-are the Decrees of r86g and r88g,
which are concerned with a different area altogether, n<lmely,the county
of Romsdal, and Norway's Counsel concentrates the spotlight on those
two decrees. vVesay, of course, that those decrees could not assist Norway
to acquire a title to waters in any other ar:eabut those opposite Sundmôre

29434 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-rg X 5I

and llomsdal. These decrees could not assist Norway to acquire a
title to the blue-line waters, even if there had been, in the rgth century
and in the earlier part of the 2oth century, no legislation affecting the
blue-line waters at ali. But there îs-there is a good deal of legislation,
from 1830 onwards, applicable to the disputed waters-mostly applicable
to the waters opposite Finnmark-legislation which our opponents.
naturally do not stress, though of course it is found in their annexes.
I am going to examine this legislation, and I hope to show that it is.
entirely inconsistent with the existence of any base-line system such
as Norway daims is applicable. In considering what the legal situation
was in regard to the coasts in dispute-the blue-line coasts-just before
1935, why should we pick out two, out of the great number of clecrees

and laws concerned with fi.shing-namely those of r86g and r8Sg­
when these two concern another part of the coast and when there are
quite a lot of other laws, which have applied to the blue-line coasts?
The picking out of the r86g and r88g Decrees gives an entirely false
impression and therefore I am going to try to put these decrees in their
proper place.
Now, what precisely is the so-caUed system? vVe must be certain
of what we are looking for be.fore we begin our examination of the docu­
ments. I take the latest formulation of i.t from Mr. Arntzen (p. r65) :

"The Norwegian territorial zone is four sea miles in breadth.
It is measured from straight base-Jines, which conform to the
general direction of the coast and are drawn between the outermost
islands, islets and reefs in such a way as never to lose sight of the
land."

I pause here to draw attention to a feature of this formulation-the
last words: "in such a way as never to \ose sight of the land".
We see here introduced into the system; for the first time, an entirely
new ingredient, which I ca.n confidently say has not been contained

in any previous formulation-not in -any law or decree, not in any
exposé des motifs, not in any statement before any international body
or in any diplomatie correspondence. It does not even appear in any
of the written pleadings.
Let me refer to one of the previous statements. ln paragraph 62 of
the Counter-Memorial, the r86g line, which is described as the proto­
type of the Norwegian methocl of drawing base-lines, is saicl to be based
upon the following principles :
x. No relation behveen the width of the maritime belt and the length
of base-lines.

2. No.maximum length for the indivic\uallines.
3· The terminal points of the \ines are chosen among the most distant
rocks so as to avoid the formation of concave or convex angles.

4- The base-lines continue at angles as near as possible to ISo degrees.
No mention here of losing sight of land : on the contrary, the lines can
be as long as Norway pleases_.And the same is true of other formnlations
of the system-paragraphs 91 .and 529 of the Counter-Memorial. The
"sight of land" is wîthout doubt an entirely fresh element. It is certainly
not introduced by inadvertence, since Professor Bourquin also inc\ndes
it in his description of his system on severa! occasions (pp. 243 and 315). REPLY BY SIR E.RIC BECKETT (U.K.)-19 X 5I 435
It is not difficult"to guess th(! reason for its introduction. The purpose
is no doubt a double one-first, to give to the system an addîtional

element of precision and so to meet the criticisms advanced against
it that it would permit base-lines of any length and any distance from
land. However, Norway's mountains are so hîgh that it does not seem
to be a serious limiting factor. Seconclly, wc may suppose, that it was
desired to provide the system with an additional historical support,
to buttress it with a factor clrawn from the olcl traditional range of
vision, to link it up with the system of "méds" and soto strengthen the
case for representing the system as <Lsurvival of traditional daims.
Now though, as I have said, this range of vision element appears
in Mr. Arntzen's formulation, it is not quite clear whether it really forms
part of the system or not. Professor Bourquin expresses himself with
sorne discretion about it (p. 243}.
He says : "in exercising the choice of base-points, within the limits
prescribed by these absolu te rules, the Norwegian authorities are always

concerned to delimit the fishing zone in such a manner that the coast
may be visible from the outside limit of the zone".
That is very prudent language, but what we desire to know is whether
this element forms part of the system or not. If it does not, it is merely
confusing the issue to introduce it into the discussion. Ifit does form
part of it, wc should expec.t to be told how and when it became part
of the system. Norway's advocates, however, do not explain that in
their speeches-the element appears fully born without any antecedents.
It would indeed be interesting to hear an explanation how two such
ingredients as the four-mile belt and the range of vision came to be
united in the sa:me formnla. The range of vision was, as we know, the
ancestor, or one of the ancestors, of the four-mile limit-it was histori­
cally supersecled by it ; and yet, in the 20th century, this ancestral

element appears side by side with that .into which it had evolved. It
is just as surprisingàS it would be to see a man with both an append.ix
and a tail. But there it is and we must take the system as we find it:
as l saicl there îs not a trace of this element in any previous formulation
and 1 shall not therefore repeat myself by drawing attention to its
absence at each of the successive stages 1shail examine.
I said just now that the system was still growing and in the course
of its evolution it has now collecteù yet another element-that of
"reasona bieness". This is, in the >vords of Professor Bourq uin (p. 243),
"a su pplementary condition". J do not think th at we need a ttach much
importance to the appearance of this element : there are so m;;;ny local
factors which may be taken into account and of whose importance
the Norwegian Government is the judge that ît is doubtful ifthis element
isany check. 1t is in fact difficult to detect the inflnence of reasonableness
in the blue !ines. The Court may remember the lines across the Sv:oer-
holthavet and the Lopphavet. .

So much for the nature of the system, and I will now begin my chrono­
logical examination.
Now, when cloes the system begin?
'vVecan start with 1812 and we need not spend much time on an
cnquiry whether the system was in being then or not, because our oppo­
nents agree-as they were bound to-that it was not.
As Professor Bourquin said (p. 204}:436 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-rg X 5I

"This Rescript of r8rz was destined later on to play an important
rôle.... It was destined to become one of the foundations of the
Norwegian system .... But at the time when it was issued its scope
was much more restricted. Its only object was to defme the limit
of the neutrality zone."

And again {p. ZII) :
"The :r8rz Decree .... merely lays dawn that the four miles are
to be reckoned from the outermost islands and islets not run over

by the sea. It says no more."
We are ail clear about this: this statement of Professor Bourquin with
regard to the r8rz Decree agrees with what the Rapport of 1912 said

and with what R<estad said in the Deutschland case-that is to sav that
no straight base-lines are implied by the 1812 Decree. There can Jbe no
question of a Norwegian system at this date. This disposes at once of
the "negative argument" because, as I said earlier on, unless the system
could be shown to be in existence in x8oo or shortly afterwards, it could
not be used to support an argument that Norway by means of it kept
the wide rights {ifshe had any) acquired in the 18tb century. The rest
of my examination, therefore, relates solely to the question whether
Norway has in the .rgth century, by means of the system, acquired a
prescriptive tîtle to the waters in dispute. The negative argument has,
I submit, failed to pass the test on two of the three points on which it

had to rest. I need not bother about the third point. I submit that I
have now disposed of the negative argument.
Between 1812 and r86g there a.re two documents. First, there is the
1830 Law concerning fishing in l"innmark and, secondly, there is the
letter of :r862-to the Prefect of Lister and Mandal. Neither of these
discloses any Norwegîan system.
The Law of 1830 (Art. 40 is the relevant article and it is in Ann. 13/:ro
of the Counter-Mem., Vol. II, p. so) is of importance.because it is the
first of the specîf'icpîeces of legislation referring to Finnmark. It remained
in force right up to 1gn-the time of the Commission on Territorial
\Naters-and therefore ît is interestîng to see whether it laid clown any
system of base-lines oris consistent with any such system. The expres­
sion it -uses is "une lieue du rivage"-one league from the coast-an
expression which can only" be interpreted as referring to a tide-mark

rule-whether high or low tide is not specified. A fortiori, it would not
convey to other States any notice of an intention to apply straight base­
lines anèl coulcl not therefore become the basis for anv acquieseence bv
those States. ln fac t, as we shaH see, when we come Jto consider othér
Finnmark legislation, ail the later laws and decrees support the view
that a tide-mark rule was applicable in .Fïnnmark right up to, and indeed
into the 2oth century.
My conclusion from this law (the Law of. r830) is-no "system" in
Finnmark in r830 or at any time thereafter until we find a positive
indication that the position has altered.
The letter of 1862 (which is Annex 14 of the Counter-Memorial, Vol. II,

p. 52) is from the Ministry of the lnterîor to the Prefect. of Lister
and Manda\ and contains the following statement:
"In accordance with a theory which is, as far as the Ministry is
aware, commonly accepted in international law, and which was REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-19 X 51 437

as far as Nonvay is concerned adopted by Royal Decree of
zznd February, rSrz, territorial \vaters are presumed to extend to
one sea league from the coast."

This is a general statement of the law and itshows th at in 1862 the rule
was taken to be a tide-mark rule. It also shows that the r8rz Rescript
was stiJl interpreted not as setting up any Norwegian system, but as a
typical example of the rule generally accepted in international law. Pro­
fessor Bourquin is rather fond of picturing other peoples' embarrassment
at something which he thinks is inconvenient to them. Now, 1 think this
letter was rather an embarrassment to Professor Bourquin. He tries to

extricate himse1ffrom his embarrassment by saying in page zo5 tbat this
letter "had not been the abject of any very careful study". \•VeiJ,neither
Professor Bourquin nor I really know whether the Ministry spent a
long or short time in studying that letter. The letter was at any rate not
a reply by return of post. 1 think its date is six weeks or two months
later than that of the communication to which it replies. It seems tous
to be a well-enough drafted letter and it may be that the point it was
concerned to make was thought an obvions one. It is entirely consistent
wîth what has go.nebefore and with what is really the orthoclox vîew of
the 1812 Rescrîpt-that is, that that rescript did not mark any departure
from the customary rules in favour of a special Norwegian system.
My conclusion from this letter is that, as a matter of generally applicable
law in Nonvay, it was not thought, in 186z, that the territoriallimit

was to be measured in any but the customary manner from the tide
mark. 1 am not surprised that Professor Bourquin finds it necessary to
suppose that this letter was ill considered. ·
At any rate, here -..veare in r86z and here is a case where, if the system
existed, the Ministry could not have failedto mention it and the Tvlinistry
of the lnterior does not mention it, but writes in a manner which is
quite inconsistent with its existence.
Next, in 1868, cornes the Qttatre-Frèresiricidentin the Vestfjord, and
the consequent correspondence with France. I hacl better dispose of this
before I deal with the r86g Decree, although this ccirrespondence did
continue into r87o. This correspondence was, of course, not coneerned
at ali with the question of straight base-lines: it was concerned with
another question, namely whether the Vestfjord was a bay or a channel
of navigation and whether Norway had an historie title toit. The French
Government did not pursue its protests because, as it explained in its
note of 27th July, r87o (Ann. r8;5 of Counter-Memorial, (VoL II, p. 72),

it was prepared to regard the Vestfj orel as an exception to recognized
principles and on the basis that no similar difficulty would arise else­
where on the Norwegian coasts. HO\vever, looking at the correspondence,
we find on the one band no statement of any system by Norway, on the
other no recognition of any system by France.
Now cames the r86g Sundmi:ireDecree-the main pillar of the system.
Professer Bourquin daims (p. zos) that at this time there was "no longer
any doubt about the matter", and again (p. zrr) "the authors of the
r869 Decree were in no doubt about the matter. It never occurred to
them that the rSrz rule could be applied in any way except by drawing
straight Iines between the outermost rocks of the skja::rgaard."
Professor Bcurguin speaks with great confidence: for our part we do
not know what were the processes of thought of those who framed the 438 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-19 X 51

r86g Decree. \Ve do not know whether thev had doubts or not : the onlv
material we have is the exposédes motifs, and, looking atthe exposé dès
motifs, it seems to us as if they hacl doubts. The extraordinary length
of the exposé des motifs invites comment. Incidentally the Court has
not got the whole of it, «s one-third has been omitted-a portion dealing
in greater detail with the local circumstances. The exposé des motifs
suggests to me that the authorities proceeded with very great circum­
spection indeed, and that they gave a great deal of attention to very
special local circumstances. Ttseetns to me that the exposé shows that
they knew that they were proposing <tninnovation.
· ln the first place they proceeded to state the general rule for the

delimitation of territorial waters in orthodox terms-stating that either
cannon-shot or the 4-mile limit may be taken and that the 1812 Rescript
provides a good reason for preferring the 4-mile limit. ·
They only draw two deductions from the r8rz Rescript: (r) 4 miles,
(z) measured from outermost rocks. That is ail that they profess to
deduce from the .r8rz Rescript.
Then, after a reference to the charts, the exposé continues (I quote
from page 61 {Vol. II) of Annex r6 of the Counter-Mernorial) :

"My Minish·yassumes [the french word is 'suppose' and I am tolet
that the English word 'supposes' would be a better translation of
the Norwegian origin«l] that the general rule mentioned above and
recognized in international law to determine the territorial waters
of a country must be applied here, so that the sea area withîn a
line running parallel to a straight line drawn between Svenoy and
Storholmen at a distance of one league north-west of this straight
line should be considered as Norwegian maritime territory."

Please note the words "must be applied here".
Thus we see that the authorities spen t three quarters of an exposéof
almost record length explaining the special circumstances applicable to a
particular place-the waters off Sunnmèire. They did this to justify an
innovation-the particular cîrcumstances requiring something special.
They said that these special drcumstances justified the general rule (the
old rule) being applied in a certain way : in a way, in fact, in which ît
had never been applied before-and this of course is a circumspect way
of saying that the special circumstances required a new exceptional
rneasure.
It was a new exceptional measure to apply to a particular area justî­

fied by particular circumstances existing in that area.
There is no suggestion in the exposédes motifs that anything like this
had ever been donc before, or even thought of before.
'vVeknow now what retrospective importance is attributed to the
decree; but placing ourselves in r86g-what had it establîshed? Had
it establîshed a Norwegian system in any sense of the word?
In the first place, there was in the decree absolutely no statement, as
a matter of principle, that straight base-lines were the appropriate
method to use for the delimitation of the 4-mîle belt. No general state­
. ment whatsoever. Simply a statement that in this coast the limit should
be drawn four miles from a base-line.
And eqmùly, and a fortiorithere was no indication whatsoever that
the method adopted by this decree was to be applied, or was in any

way applicable, to any other part of the coast-neither to Finnmark nor REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-Ig X 51 439

to any other portion of the coast with which we are conŒrned. It is
simply a solution of one particular problem. lt could not begin to be
used as the basis for any tîtle to any waters other than those immediately
covered bv it.
So much for the clecree itself. Volemust then consider the attitudof
other States towards it and, in particular, the question whether Norway
acquired as against other States a prescriptive title and, if so, to what.
All the other States except France maintained a complete silence. Some
of them may have known of the c\ecree, others may not. The l)nitecl
Kingdorn did know of it and took no action, and though Professor
Bourquin considers that wc are very embarrassed by this, wc are not

in fact embarrassed at all. I think that Norway c\id acquire as against
the United Kingdom a prescriptive title to the waters enclosed by the
Sundmôre Decree. But I strongly dispute, however, the Norwegian con­
tention that the United Kingdorn by its silence as regards the Sundmôre
Decree, accepted a system or, in other words, accep~ eorway's right
to act in relation to other parts of the Norwegian coast in the manner
in which Norway bad acted with regard to the waters off Sundmore.
Ali that the United Kingdom would have known of was the decree and
the exposédes motifs. ll1ave just dealt with them and reachecl the con­
clusion that there was neither in the decree nor in the exposé des motifs
any statement as a matter of principle, that straight base-lines were the

appropriate method for Norway to use generally for the delimitation of
her four-mile belt or any indication whatever that the method adopted
by this decree was to be applied, or was in any way applicable, to any
other part of the Norwegian coast. From the conclusions which 1 have
just reached as to what is to be deduced from these documents, it is
obvious that the United Kingdom could not have acquiesced in a system
when she acquiesced in the decree. Jf, as I have contended, these docu­
ments presented the decree simply as a particular measure taken in view
of the partîcular circumstances relating to a particular bit of coast, then
no State, by silent acquiescence in it, could have committed itself to
finything more than this.
Then there is the correspondence with France. This correspondence

cannat alter the position of the United Kingdom, whatever such carres.
})Ondence meant or implied, because the United Kingdorn would natur­
ally be quite unaware of the correspondence between Norway and
France. ln fact, it is quite clear that the French Government, while
not objecting to Non~·a ryserving the waters which she hacl reserved
off the Sundmôre coast, rdused to accept any of Norway's contentions of
principle.Thus, on p. 71 (Vol. II) of the Annexes, Counter-Memorial, we
fmd the French Government saying that: "Le Gouvernement français ne
saurait _... accepter l'argumentation sur laquelle Votre Excellence prétend
appuyer ses conclusions", and on page 72 (Vol. 11), the znd paragraph
shows that the French Government was anxious about the possible
consequences of accepting the decree, as a precedentwhich might be
invoked by other countries, and the third paragraph shows that France

also had fears of accepting it as a precedent which might be used by
Norway herself elsewhere. France wanted particularly to safeguard
herself against this latter eventualitybecause she bad recently come
across a particular Norwcgian daim to the Vestfjord, which she bad
accepted as a particuhr case, not to be a precedent for anything else,
and now off Sundmôre she was faced by another Norwegian particular 440 REPLY BY SIR l~RI BCCKETT (U.R.)-rg X 5I

daim, and it was to safeguard against a repetition of this that France
proposed an examination of the Norwegian coast by two officers and, as
we know, the matter was dropped because Norway did not take up the
French suggestion and France became almost immediately involved în
the Franco-Prussian War.
I may remind the Court, in parting from this correspondence, of
the words of the Rapport of rgrz, "chacun des deux pays eût conservé
sa manière de voir". France, in fact, by this correspondence never
recogf!ized anything at all.

The r86g Decree was, as we know, directed specially against the
Swedish fishermen coming from Bohuslen. It is interesting to see that
in the following year~r87o-t Nherwegian Ministry of the Interior
asked the Swedish Ministry of Civil Affairs to infomi these same fishennen
-the Bohuslen fishermen-that, so far as the Norwegian coast in general.
was concerned, they were not entitled to engage in lobster fishing or
other fishing at a distance from the Norwegian coast Jess than 4 miles
measured from the outermost islet not run over by the sea. No reference
to the 1869 Decree here at air; no reference to any system of straight

lines-simply the usual reference to .the 18rz formula without any
suggestion that it had been added toorre-interpreted by the r86g Deet·ee.
This information is contained in Kongens Strdrnnu, page 358.
So much for the Decree of r86g. It was followed, as we know, by the
r88g Romsdal Decree, but, keeping strictly to the chronological order,
I must first deal with the r88o-r88r legislation about whaling in Finn­
mark.
In the first place this legislation fixed the closing line of the Varanger­
fjord and, as the United Kingdom accepts that dosing line, there is
no need to say anything more about that.

The second point which is of interest about this legislation lies in the
manner in which it dealt with the rest of the Finnmark coast-apart
·from the Varangerfj ord-an clI emphasize again th ~ his isof far greater
relevance on any question affecting Norway's prescriptive title th an the
r86g or r88g Decrees because this 188r legislation did apply to Finnmark•
whereas those decrees did not. Did this legislation theo, lay dawn any
s},stem, or indicate that stra.ight base-lines were to be used ? Not at ail.
In the exposé des motifs of r6 February, 188o (Annex rgjz of the
Counter-Memorial, Vol. II, p. 75), we find these words:

''Thel\1inister also considers th at the prohibition [against whaling]
should be applîecl as far as one sea league from the coast or over the
whole extent of the territorial sea of the K.ingdom."

We see here that the wole exterit of the territorial sea of the Kingdom
is defined as one sea league from the coast. vVe find here an orthodox
reference to the tide-mark rule-in substantiallv the same terms as the
Law of 1830. J
The same is true of the later exposédes motifs of 2oth December, r88o,
(Ann. rg/3 of Counter-Memorial, Vol. II, pp. 76-79). This begins (bottom

of p. 76) by referring back to the passage of the exposé of r6th Febru­
ary which I have just read. It then mentions {that is at the bottom
of p. 77) that the Prefect had recommended that the frontier should be
. fixed in accordance with the r812 Rescript and states (top of p. 78) that
the Department could agree with this: ltthen refers to the exposé des REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-19 X SI 441
motifs of the r86g Decree, and \ve find this passage in the second para­

graph on page 78 :
"The Department emphasized" (that is it einphasized in the r869
exposé des mot ifs) "th at the latt er measure" (four "miles) "could

probably be employed without any hesitation in defining the frontier
as had been donc formerly-see letters patent of zsth February,
r8rz-and that it was not the mainland alone that could be taken
as astarting point for the calculation but the isles and rocks, situated
in a seawardly direction of the coast ....", etc.

The exposé docs not suggest that there is any system of base-lines
(such as adopted in the Decree of r86g for Sündmore) wlüch was applic­
able to the Finnmark coast. It refers to the 1869 Decree only as a
previous authority for applying the rSrz llescript as regards the hvo
points which that rescript made clear, i.e. (1) the limit is four miles, and
(z) four miles can be measured from isles and rocks and not merely from
the mainland. Jhese two points, as Professor Bourquin correctly statcd,
are ail that the 18rz Rescript did say.

The Proclamation of 5th January, r881, was accordingly enacted and
it uses these words :
"Dans les mers baignant les côtes du Finmarken jusqu'à la

dist<mce d'une lieue géographique de la côte à compter de l'ile ou
îl?t le,plus éloignéqui ne soit pas recouvert par la mer, il sera inter­
elit....

and then follows the prohibition against whaling.
There is no indication here ofany system \vith straight base-lînes. On
the contrary, ali we have in. the proclamation is a repetition of the
language of the r8r2 Decree-ancl in the exposé des motifs a clear
indication of the tide-m;uk rule.
· The proclamation, and it was based, as the two exposésshow, upon the
prevalent conception concerning the extent of territorial waters in Finn­
mark, says up to one league from the coast. There is not a mention of
straight base-li.nes, apart from the Varangerfjord. The only exception
to one league from the coast suggested is where t11ereis an island, as for
example at Vardô-you may measure from the island. There is no
suggestion that the limit may be drawn-as the alleged system allows­

without regard to its distance from the coast, or that any waters (not
in fjords) could be claimed which were not within four miles from the
lancl. This Finnmark legislation of r88o and 188I thus completely
disproves the existence of any straight-line system applicable to Finn­
mark at this date, and there are other documents about Finnmark still
to come which preserve the same situation clown to Jater times.
It is interesting to compare with these legislative declarations a
statement \\'hich appears to have been made by the Norwegian author­
ities to the British Chargéd'Affaires at Christiania in r88z. My authority
here is the Rapport of 19:12,page 8o, but it îs confirmed by a later letter
which is to be fmmd in Annex Jr/r of the Counter-Memorial {Vol. II,
p. g6). This statement was in these terms:

"la Norvège réclamait la souveraineté sur un espace de 4 milles,
à compter de .la laisse de basse mer sur toutes ses côtes".442 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-19 X 51

•The Rapport's only comment on this is that this expression cloes not
necessarily exclude drying rocks: apart from that the rapport obviously
accepts this as a correctstatement of the position. What does it show?
It shows that the rule accepted in Norway in r882 as applicable to ail
her coasts is four miles from low-tide mark, without any indication
whatcver of any special system exemptîng her from this rule. lndeed,
according to this statement, the legal conception concerning Norwegian
territorial waters (whîch in r83oand in 188o and r88r had accepted the
tide-mark rule), instead of moving away from the customa.ry system
towards a specifically Norwegian system of straight base-lines, had
closely followed the customarysystem in accepting the rule of low-water
marks-and we are now in r882.
This declaration seems to have been made in connection with .the

No~t Sea Fisheries Conference: we have alreadv drawn attention to
the fact that, at that conference, the United J<ingdom and severa! other
Governments refused to make any exception to the three-mile limit
or the ten-mile rule for bays in favour of Norway, and th at Mr. Bretteville,
the Norwegian delegate, did not ask the conference to do more than
just those two things: he never even mentioned the existence of a
straight base-line system along the coast. ln other words, at this con­
ference there was no presentation of any system, and no acquiescence
in any sy'Stem. So far from any such acqniescence, there was indeed
at the conference positive opposition to two Norwegian daims which
·we now admit-opposition not merely from the United Kingdom
bnt from other Powers. But in any case, here we have an official Nor­
wegian statement iit r882 to the British diplomatie representative.

Here is something which is _communîcated through the diplomatie
channel to my Government. Jt does not merely fail to mention a Nor­
wegian system of straight base-lines. It is a direct negation of it. How,
after this statement, could the United Kingdom possibly be supposed
to deduce a general Norwegian system of straight base-lines from the
r86g Decree, when, in fact, in 1.88z, the Norwegian Government, in a
diplomatie communication, had dîrectly implied the contrary to our
Legation and bad in fact negatived it? How, after this statement, can
Norway even argue that such a system existed in r88z ?
The r88g Romsdal Decree cornes next, and I need not spend long
over it. vVe have dealt with it fully in our Reply (para. 38). The lîne
established by it was a continuation of that established by the r86g
Decree, and we can agree th<lt it was drawn on the same basis. But it
no more establishes or purports to establish a system applicable to the
entire Norwegian coast, or more specîfically, to that part of the coast
with which we are concerned in this case, than did the r86g Decree,

and the silence of other States wîth regard to it-and in this case there
is no correspondence·about the clecree-can no more confer upon No.rway
a prescriptive title to the waters of anv portion of the coast, other: than
that covered by the decree, than can "the inaction of the United King­
dom in the face of the rS6g Decree.
\Ve now come to sorne statements made by various pwminent Nor­
wegian authorities in the r8go's. Let us sec what they said about a
Norwegian system. First there \vas the Behring Sea arbitrationin r8g3.
Norway does not fail to throw into the scale the statement of the Nor­
wegian arbitrator,.Mr. G.ram: but this referred only to fjords and even
to fjords in a far Jess comprehensive manner tl1an Norway now daims, REPLY B'i'" SIH. ERIC BECKETT (U.K.)-rg X 5I 443

but at any rate his statement referrcd to nothing elsc than fjords.
Mr. Gram said nothing about a general Norwegian system of straight
basc-lines. SoI think that Mr. Gram"s statement, if it is relevant <ttall,
is rather against our opponcnts. If the system was so well established
as our opponents say, why did he not refer toit ?
Rather more to the point was M. Aubert at the lnstitutc and in his
article of r894. It is, however, only to the point in one sense-did Nor­
way consider that she h<lda system ? lt is not to the point at ail on the
question whether other governments are aware of it. Governments
are not deemed to have notice of the discussions in learned legal societies.
1 do not propose to go again through the discussions at the lnstitute,
since these are aclequately analysed in the pleadings-we think that
the account of them given in paragraph:: 53 ff. in our Reply is correct.

But 1 would like to say a few words about his article written in 1894
in the Revue généralede droit internat,ional public, since it is there that
we fincl the most coherent and complete statement of what M. Aubert
at that time conceived the law iJ1Norway to be.
In this article, after the by-now familiar geographie and historical
review (which in this case is commendable for its brevity) and after a
discussion of the 4-rnile limit, r-.L Aubert proceeds (p. 434) to
discuss the question:

"A partir de quelle base se mesure la mer territoriale deN orvège?''
He cites the rSrz Rescript and shows that it does not deal with the
question of drying rocks. He then points out that in general the distance
between the rocks and islands of the same series (i.e. forming a chain

out from land) is not great; and he adds:
"Mais dans la ligne des îlots ou des rochers mêmeles plus avancés,
les intervalles sont souvent plus grands."

'fhat means-to use his expression-that the distance between the
outern1ost rock of one series and the outermost rock of another series
is sometimes great. He then makes the statement which is quoted in
paragraph 56 of our Reply, that a stra:ight line may be drawn betwcen
these outermost rocks, provided that the distance does not exceed
8 miles-a necessary consequence in his opinion of the establishment
of the one-league limit in IJ45·
The Rejoinder in paragraph no says that this is wrong; it says that
:M.Aubert's statement was contrary to the facts-namely that the r86g
and rSSg Decrees adopted !ines more than 8 miles long.
But our opponents' pleadings do this Norwegian jurist Jess than
justice. M. Aubert shows that he was perfectly aware of the r86g and

ISSgDecrees and he deals with them express!y in his article. On page 435
-just below the passages 1 have quoted-he says that in sorne cases,
special regulations have approvecl, in relation ·to the distances beween
the outermost islands, the same principle, as for bays properly so-called­
that is to say, that the line need not follow the sinuosities of the coast
but may be drawn straight across, even though the distance is more
than 8 miles-and he proceeds to deal with the 1869 and r889 Decrees
on this basis, painting out incidentally that in Sundmèire there is a more
effective exploitation of the banks than anywhere else.
Quite clearly, therefore, lvL Aubert-who could properly be described
as one of the greatest authorities, on U1etheoretical siclc,.in Norway at444 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-19 X 5I

that time-did not consider the r86g and r88g Decrees as laying down
a general rule,but as coilstituting exceptions to the rule-the rule being
that base·lines between the outermost islands could not exceed 8 miles.
His explanation of these decrees was that they treated the areas of water
concerned on the analogy of bays-we need not be concerned with the
question whether that explanation was right. Right or wrong, M..Aubert
did not regard a system as existing, in the sense, that is, of a special
Norwegian system of unlimited straight base-!ines of general application.
If further proof be needed that M.. Aubert wa.s not, in this matter of
limited base-lines, a voice crying in the wilderness, we 'have the state­
ments of Mr. Olsen and Mr. Kleen referred to in the last sentence of

paragraph 56 of our Reply, which is based on the Norwegian Report
of rgrz.
Short!y after the date of l\J. Aubert's article, there took place an
exchange of notes with France. The documents .(which are in Annex 30
of the Counter-Memorial) consist of an enquiry by France <lDda reply,
both dated in J-uly rSgs.
The French enquiry asks what is the distance from low-water mark
to which the Norwegian exclusive fisheries zone extends. The Norwegian
reply quotes the rSrz Rescript, says that fjords are considered as form­
ing part of Norwegian territory, and then states that, for practical
reasons, it is not possible to delimît the maritime territory by following
alithe irregulari ties of the coast. For this reason,ticontinues, "special
measures have had to be taken in certain sectors of the coast.... I enclose
herewith copies of the Royal Decrees of October r6th, r86g, and Sep­

t'ember gth, r88g, concerning two maritime areas in the County of
Romsdal.''
This reply emanates from the Ministry of the Interior.
Vvefind this exchange interesting from two points of vie\v.
First, the French presuppose in their question that the goveming
rule is the low tide-mark rule. They are certainly not under any impres­
sion that Norway daims to depart from it either generally or in any
special case.
Second, the Norwegian answer does nothing to create any such impres­
sion. It refers merely to "special measures" quoting the r86g and r88g
Decrees as applicable to two maritime areas off the coast of the County
of Romsdal. There is no suggestion that these deCI:eeswere generally
applicable, or that they are anything but exceptional enactments of
special application. There is no suggestion that there was a general
system; no suggestion that the whole of northern Norway was to be
subject to such special measures.

Then followed the consultation of the Faculty of Law by the Ministry
of the Interior in r8g8. This is referred to in the H.apport1912, page 38,
and in our Reply, paragraph 39· The opinion of the Faculty is given in
Ann. 105ofthe Rejoinder (Vol.III, p. 6o5).l draw attention to the fact that
this consultation related to the Jiïnnmark coast : it is therefore of direct
relevance to the question whether at this date (r8g8) there was thought
to be a system of principles in existence for deterrnining the limit of
territorial waters in Finnmark. Th~ fact, in the first place, that the
Minister sought the opinion of the Faculty of Law on this point, indi­
catès th at the Minister at any rate had more th an a little doubt about iL
What does the Faculty say? Its opinion runs to a little over three
pages of the annexes to the Rejoinder. Rather more than zt pages REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-Ig X 51 445

are devoted to the position in international law, and that takes us weil
down p. 607 (Vol. III), and then there is quite a brief passage about the·
position in Nonvegian internai law at the bottom of page 607. Now,
for the present purposes, since we are talking aboul the Norwegian system,
it is only the brief passage which 1 have just mentioned which is really
of interest, and 1 propose to read itail in translation.

Of the first portion, international law, I will say nothing except that
I think the view of the Faculty is really summed up in one sentence,
which cames on page 607 and reads (it is my own paraphrase} as follows :
"The Norwegian Government would be even Jess lîkely to encoun­
ter foreign protests if, except in very rare and exceptional cases,
it avoided, when drawing its base-lines, exceeding the lîmits admit­
ted by the Institute of International Law [in its resolutions of r8g4],
namely six sea miles from the coast, the limits being measured at
the entry of fjords and between the islands and rocks from a straight

base-line drawn between points which were not distant one from
another more than twelvemarîne miles."
Now we come to the passage about" Norwegian internai law which I
saicl was the relevant one, and that reads, in the Court's translation,
as follows. l invite particular attention to the wording of it :

"lt is an entirely different question to determine how the limit
of maritime territory should be drawn, in detail, according to Norwe­
gian law. In this matter, the only available guidance is that provided
by the general rule laid clownin the Chancellory letter patent dated
February 25th, r8r2. No laws or H..oyalden·ees laying clown more
extensive mies with respect to the parts of the coast in issue have
appeared since that date. lts interpretation may weil raise doubts
in specifie cases, and a limit fixed by a mere ministerial decision,
and deviating appreciably from that which would result from
conforming to the sinuosities of the shore line and of the skjŒrgaard,
might well be challengecl as invalid. Therefore it would no doubt

be wiser and more appropriate to abide by what was laid clown in
the above-mentioned Decrees of October r6th, r.86g, and Septem­
ber gth, r88g, concerning the territoriallimit off the coast of ROins­
dal; in other words, to determine the detailed position of the limit
of maritime territory in the most important fishing areas by reference
to specifie Royal decrees." · ·
it accordingly advises the issue of a specifie :Royal decree.
Here the Faculty is saying as plainly as possible th at there is no general
system of base-lines applicable to the Finnmark coast: that the only legal

provision w'hich applies is the r8r2 Rescript : that that rescript does
not authorize any substantial departure from the coast line, or in other
words the tide-mark rule, and that the on\y way in \vhich such departure
could be authorized in Norwegian law would be by legislative action of
equal authori.ty to that rescript. Surely this is the strongest possible
evidence against the existence-in r8g8- of any base-Iine system estab­
lished in Norwegian law applicable to the Finnmark coast. The Faculty
in effect says that in r8g8 Norwegian law, the Rescript of r812, prescribes
the tide-:rnark rule for Finnmark and a ministeriai decision prescribing
anything else woulc\be ttltra vires.446 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-20 X 51

[Pt.tblic sitting oj October 20th, I95I, moming)

·May it please the Court.

When the Court rose yesterday r had just been dealing \Vith the
opinion of the :Faculty of Law. I had just observed tint the Faculty of
L1w had advised that ·.
(r) the Norwegian law applicable in Finnmark to determine the limits
of territorial waters was the Rescript of 1812;

(2) the Rescript of r8rz did not authorize any appreciable· deviation
from a base-line conforming to the sinuosities of the coast ;
(3) there had been no legislation since 18.12applicable to Finnmark
laying down more extensive territorial limits ;
(4) a ministerial decision authorizing any appreciable deviation
from a base-line conforming to the sinuositiesof the coast \vould be
ultra vires, and therefore such a step could only be taken by

a legislative measure of -authority equivalent to the Rescript
of rgrz.
This is the Faculty of Law advising in r8g8 and, as far as I can see,
what the Faculty saicl in its opinion is exactly what we are contending.
SoI think that I can say that the Faculty of Law was advising that in

rSgS there was, in Norwegian law, no general Norwegian system of
straight base-lines then in existence. Do I need any further evidence to
prove my case ? Moreover, is it not clear that the Faculty were right in
the ir opinion? Have I not demonstrated by my chronological review th at
no other opinion was possible? SoI submit that the Norwegian system
did not exist in r8g8.
Before J pass to the zoth century I should like to mention one law of
1896. This was a decree of 17th December, r8g6, the importance of which
isth at it extended to the County of Troms the same prohibition against
whaling in territorial waters as had aheady been in r88r applied to
Finnmark. I have already shown that the rSSr legislation with regard
to whaling in Finnmark showed no trace of any special system and was
indeed inconsistent with the existence of any special system as applic­
able to Finnmark. This law of r8g6, then, extends the benefit of this
conclusion to the County of Trams, <mdshows that theTe was no system
applicable there either. .
V,Tecan now come to the 2oth century. I rnight first invite the Court's
attention to the letter of the British Chargéd'Affaires of the gth January,
rgo6, to the Norwegian Foreign Minister. It is in Annex :v/r of the

Counter-Memorial, p. g6 (Vol. II). This letter indicated the desire of the
United Kingdom that Norway should become a party to the North Sea
Convention of r882 and in that connecbon states what the Government
ofthe United Kingdom at that time supposed to be the Norwegian daim
to territorial waters. This letter was based on the information suppliecl
to Sir Horace Rumbold in r88z. I have already referred to the informa­
tion .given in rSSz. The Norwegian daim is described in the British note
and that note showed what the United Kingdom thought the position
was in rgo6-basing itself, as it naturally had to do, on a Norwegian
official communication of 1882, the only one, I think, that it had so far.
The words used in the British note were these: REPl-Y BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-20 X 5I 447

"Norway claimed jurisdiction over four miles from low-water
mark on ali her coasts: or one mile more tban the limiUaid down Ior
territorial fishing grounds in Article II of the Convention.""

The letter goes on :

"In the province of Finnmark, the limit claimed extended even
as far as six miles."

I am not sure what is the explanation of this reference to six miles in
Finnmàrk, because it is not only out of line with the communication of
r88z but quite inconsistent with a lot of Norwegian legislation referring
to Finnmark and to which 1have invited the attention of the Court.
I think it is just a mistake based upon a belief that the old Finnmark
mile-which was six miles-still applied. It is quite clear, however, tbat
for the purposes of the fisbery limit this had been replaced in Finnmark
by the geographical mile (four sea miles) by 1830 at the latest {see the
Principal Facts, p. so). However that may be, in rgo6 the British Lega­
tion is stating the Norwegian daim as only differing from the limits

specified in the convention and generally accepted in that it was based
on a four-mile instead of a three-mile Jimit. In the British note, the Nor­
wegian basis of the measurement is assumed to be the same as that
prescribed by the convention, namely, low-water mark on ali ber coasts.
Nonvay in ber reply to tbat note did not dispute that the British Legation.
letter gave a correct description of her daims. There is in the reply
absolutely no reference to a general Norwegian system of base-lines,
and no doubt Norway did not neec' to refer to the special measures of
r86g and 188g because Sundmore and Romsdal were outsicle the area
of the convention.
Then followed an important hlw of znclJune, rgo6 (Ann. 22of Counter­
Memorial Vol. ll, p. 82), which prohibited foreigners from fishing in
Norwegian waters. One would certainly expect that this law woulcl

be carefully drafted with reference to any special Norwegian system­
if it existed-but one finds nothing of the kind: it merely refers to
"territorial waters". Vole have, however, some useful evidence how it
\vas understood. A note in the Rapport of rgi;z, page 5, says that the
Royal proposition of the law states that references in the law to Nor-
, wegian territorial w<lters should be interpretee\ by reference to the
r8rz Rescript and continues "where the border bas been fixee\ by a
special decree, this decree applies". Here we see that the Royal propo­
sition of the law is say.ing tint clecrees such as those of r86g are dero­
gations from the general law, the general law being the r812 Rescript,
and we have just seen the Faculty of Law in 1898 indicating that the
general law-the Rescript of r8rz-was the tide-mark rule. Surely
that makes it clear that there was no Norwegian system of base-lines
in rgo6.
An enforcement decree of 22nd December, rgo6 (Annex 23 of Counter­

Memorial, Vol. II, p. 83), in referring to territorialwaters, again refers
merely to the worcling of the 1812 Rescript {Article 2).
ln addition we have the letter of 24th Mard1, rgo8 (Annex 21 of
Counter-Memorial, Vol. II, p. 8o), from the Norwegian Foreign Minister
to the Minister of National })denee. This letter was issued in connec­
tian with the enforcement of fishery limits and applied-I emphasize
that-to Finnmark.448 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-20 X ·51
After giving the r8r2 definition, it contains the following very

important passage :

"Cette prescription doit, plus précisément, être ainsi comprise
que la limite se compte à partir de la ligne du littoral qui avance
le plus dans lamer à maréebasse, ou de l'île ou l'îlot le plus éloigné,
qui n'est pas constamment recouvert par la mer. La mer terri­
toriale dans le Finnmark comprend en outre, en vertu du droit
international et de la coutume, les fjords et baies adjacents, et
la limite de pêchesera tracée à la distance d'une lieue géographique
en partant des lignes qui relient les points extrêmesdes deux côtés
de ces fjords et baies."

Here we have a perfectly authoritative statement about the fishery
limits in Finnmark-as late as rgo8. This statement contains three ·
points.

r. Application of the tide-mark rule-interpreted to mean the tide
mark at \ow water.

2. Interpretation of the r8r2 Rcscript to refer to rocks not con­
tinuously run over !)y the sea.
3· A rule about fjords, that the closing line of each fjord is a line
drawn from its outermost entrance points, or from the extreme

headlands of fjords.

How, in the face of this express official statement of rgo8, C<Ln it be
claimed that there was a system of straight base-lines of unlimited
length which could be applied to the coasts of Finnmark ? There is no
indication of any straight !ines, except the closing \ines of fjords.
Mr. Arntzen, in his oral address, naturally had something to say
about this letter. He first tries to embarrass us by painting out that in
paragraph 62 of our Reply we treat the letter as stating an extreme
headland theory, whereas in our oral address we treat it as stating the
tide-mark rule. And on hearing him, for a moment I thought he had
caught us out. But lookîng at the pleaclings I fine\ this, th<lt the letter
does bath things. In the first of the three points it states a tide-mark

rule for the coast, and in its third point it states an extreme headland
the01·yabout fjords, but still nothing more than one based on the outer­
most entrance points of fjords. A reference to paragraph 62 of our
Reply shows that we referred to the third point in exactly this way.
There is no inconsistency in what we said at ali. We do still criticize
that letter as trying to suggest too wide closing !ines for fjords, though
we naturally also applaudit for stating the tide-mark rule.
More important, IvlrArntzen tries to maintain that the 1908 letter
does not state a tide-mark rule at ail-he says we confuse a low-water
mark rule with a tide-mark rule-and that a\l that the letter did was
to state a low-water mark rule and that it contains nothing to suggest

a tide-mark rule.
But this is rather a forlorn attempt. The letter plainly does both.
Certain! vit states a low-water mark rule in the words "à marée basse",
but it ~Is uonmistakably states or rather restates the tide-mark rule
in the wotds ·"la ligne du littoral qui avance le plus dans la mer"-the
rule which, as I have shawn, had always been applied to Finnmark. REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-20 X 51 449
·rhere were two exchanges of correspondence in the same year (rgo8)
to which Nonvay has made sorne reference. The first was with the
United Kingdom, and the relevant notes are in Annex 32, page gS,
of the Counter-Memorial (Vol. Il). No conclusion can be extracted from

these notes except that Norway sent us a copy of the r88g Decree and
of the Decree of r8g6 relating to the Varangerfjord.
The second exchange was with France and is much more significant :
it is în Annex 34/I, p. roo (VoL II), of the Counter-Memorial.
In her note of enquiry France asks whether the limit is 4 miles or
4 minutes "en ligne droite du dernier cap à la mer" or whether this
limit has been altered. ·The Norwegian Foreign Ministry in reply
(Ann. 34/2, p. IOT (Vol. II), of the Counter-Memorial) says that no change
has been made and the lîmit is one marine league. It then refers to the
letter of 24th March, rgo8, which I l1ave just quoted, and continues:

"En interprétant les prescriptions norvégiennes dans cette matière
et étant, en même temps, en conformité de la règle générale
pu droit des gens, ce ministère s'est exprimé dans ce sens que la
distance à partir de la côte doit êtrecomptée de la ligne de la basse
marée, et que chaque îlot qui n'est pas continuellement submergé
par la mer doit êtrecompris comme point de départ."

In reading I tried to underline the won:Js "de la règle généraledu
droit des gens" and the words "chaque îlot".
Norway relies on this correspondence because the French note uses
the expression "en ligne droite du dernier cap à la mer". The argument
isthat this shows that the French understood that Norway was claiming
to draw Jines from headland to headland. It is surelv doubtful whether
the note will bear this weight-it is a brief enquiry from the Chargé
d'Affaires and is concerned with the question of the width of the mari­
time belt and with nothing else. But whatever slight encouragement
Mr. Arntzen might extract from words in the French enquiry is complet ely
swept away by the Norwegian reply. The reply, after referring to low­

watèr mark, expressly says that Norwegian law is in conformity with
the general rule of international law. The only impression that these
words can convey is that territorial waters in Norway were measured
in the ordinary way (the general rule) and not in sorne special way. Now,
I do not think that it is even part of Norway's case that these straight
base-lines are the ordinary way of measuring territorial waters. Our
opponents say that their base-line system is legitimate under general.
international law, but that ît îs something which is not of general appli­
cation. And, as if this were not enough, the note says that each island
must, not may, be used as a base-point. It says you cannat jump from
island to island.
Now, I have mentioned tinee things, aU happening in the years
rgo6-rgo8 : (r) an enforcement decree-a pîece of legislation ; (2)à
letter from the Minister of Foreign Affairs to the Minister of Defence­
i.e. an internai administrative explanation ; (3) a communication to a
foreign government.

You might say that there was a specimen here of each of the main
forms of Norwegian governmental activity. In none of them did Norway
do, what she inev:itably would have done, if this Norwegian system of
straight base-lines existed, applicable to the whole of Norway, and,
that is, declare the system. In each of the three cases she did nothing
30450 REPLY BY ?IR ERIC BECKETT (U.K.)_:_20 X 5I

of the kind-each of the three pronouncements imply the contrary­
the last one appears even deliberately to contradict a vague phrase in a
French note,· 'vhich might be rega:rded as inadvertently suggesting a

system of straight lines. But we are now in the year rgo8, only a short
time before the disputes began. Certa:inly rgo8 was a sad year for the
Norwegian system. The system bas not appeared yet. Its existence seems:
even to have been denied.. _
Looking back on our own pleadings, it now seems to me we have
spent too much time on the period after rgo8, and that we have not
high-Jighted sufficiently the period before. Perhaps that is not alto­
gether our fault. 1t does take sorne time for us to get some understanding
of Norwegian law; we are not on familiar ground. Also it was perhaps;
not irnmediately apparent to us what precisely the Norwegian case on
the allegecl Norwegian system really was. This is my excuse for infl.icting·
on the Court this long review of the Norwegian system, in a speech in
reply. whîch I began by thinking would be much shorter than it has.
been. 1 hope that my review of Norwegian legislation, of Norwegian
official communications and of the vie\vs of the most learned academie

opinion in Norway has demonstrated that there was no Norwegian:
system in rgo8. However, as I am trying to deal with the matter fully,
1 will speak briefly about the period after 1908. .
. So at last we come to the time of the Rapport of 1912-and that is.
really the end of any search for the Norwegian system. For it is clear
that, if the system was not established by this date, that is to say, if
by rgrz Norway had not established against the United Kingdom a
titleby prescription over the waters in dispute, a title which the United:
Kingdom had accepted or must be deemed to have accepted before rg12,
she cannat establish one at ali. The years from rg12 onwards are years.
of war, years of negotiations, years of dispute between our countries.
about the territoria1 limit.
There is no room in this late period for the establishment of any title
by prescription and no ground for any suggestion that we acquiesced in.
the fom1ation of anv title. ·

Nevertheless, wh:i't happened from rgrz onwards is of interest and.
significance to the extent that indications can be found whetl1er Norway
herself regarded a system of straight base-!ines as established in relation
to the waters in dispute and, if so, when. I can run rapidly over the facts.
since the Court is by now fu11yinformed of them and we have dealtwith
them in detail in our Reply and in our opening speech.
- We know now, although we did not know it until the appearance of'
the Counter-Memorial, that the Commission of rgu-rg12 did recommend,
in the unpublished portion of its report, that base-lines should be drawn
substantially as they were drawn in I935· The Norwegian "system" can
therefore be said in one sense to originate in 1912. At any rate, I think
I have proved that it did not exist in any sense before this. I think that
the r91z H.apport is real\y the origin in the sense th at this Rapport recom­
mended the adoption of the system, but tried of course to minimize the
novelty and to minimize the change. In its effort to do this the Rapport

is, I think, a most able piece of advocacy. The history of the system
between 1912 and I935 is, therefore, from recommendations to definite
legislative action,the transi tion being accomplished not without much
hesitation and vacillation on the part of the Norwegian authorities. The. REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-20 X _)I 451
concrete recommendations regarding the Hnes were both tentative and
unpub!ished.

A system of straight base-lines was, however, certainly adumbrated
in the Rapport of 1912. To apprecia te the mcmnerin which this wa.sclone,
it is only necessary to .lookfirst at the very opening \VOrdsof the Rapport,
which defme-as a matter of established law~Norway' mantime
frontier in the familiar orthodox way, by reference to "une lieue de la
côte" and following the wording of the r8I2 Rescript, and then to con­
trast with that the passage on pages 48-49where it isdealing-as a matter
of sorne doubt and uncertainty-with the question of straight base-lines.
The contrast makes it clear that straight base-Iines of unlimited length
form no part of the established order.
How little the recommended lines were thought to follow from any
established system is easily shown, since in the view of the Norwegian
Ministry of Foreign Affairs in rg28 (see para. 58 A of the Reply; it
is the document we call St. Med. 8) "these base-\ines, which in sorne cases

are very long, are drawn more with a view to local interests than on the
basis of any general principle", and in the same document the Ministry .
said it considered that the red lines were based "as far as possible upon
the principles and indications advanced in the r869 and r889 Decrees".
It was in fact realized from the start that the blue !ines were-and were
bound to be regarded as-arbitral)' lines.
1 respectfully request the Court to read paragraph sS A of our Reply,
as the extract from the document printed there is so very interesting,
and 1 would add that if both the red and the blue lines can be regarded
as the expressions of the same system, that shows how very flexible and
indefinite the system is. .
Mr. Arntzen takes a good deal of trouble to prove that we were fully
aware of Norway's attitude during these times. He cannot of course say
that we knew about the !ines ; they were kept most carefully concealed

untîl 1935. The way he puts it (p. 337) is that Norway has always "fur­
nished explanations of her princip\es ofdelimitation in replyto all requests
emanating from foreign Powers". Perhaps this statement is not meant
to mean that Norway stated her principles-meaning the principles on
which the alleged system is based-because that she certain! y did not do.
We had indeed in 1913 a copy of the general recomrhendations of the
1912 Rapport, as opposed to the detailed proposais which were kept
secret. VVedid not have a clear statement that Norwav intended for the
future to apply these general recommendations, though I think that the
red !ines of the Oslo Conference 1924.were some notice to this effect.
and perhaps the first notice that we had. However, we never accepted
those red Unes; we were only ready to have temporary modi vivendi
based on them. It would not affect the legal position, if Norway bad after
1913 communicated officially her prînciples, unless the United King­
dom had accepted them, but in fact, we made the most pointed and
pressing requests for a statement of principles on many occasions-may
I refer to paragraph 22 of our Memorial-but never received one.

Mr.Arntzen (p. 338) gives an impressive looking list of occasions on which
he says that we were forinally supplied with a statement of Norwegian
principl.es-but to >vhat do these amount ? They consist of the corres­
pohdence of rgo8 with my Government-that was in what I ventured to
cali the sad year for the Norwegian system-the Rapport of 1912 of
Norway's neutrality rules of 1912 and nothing else. I have dealt with

\452 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-20 X SI

the 1908 correspondence and with the 1912 Rapport. Neither of these
nor the neutrality rules contained any statement of principles actually
applied by Norway to the drawing of straight base-lines for the whole
coast and nobody reading them_ could possibly get an îdea of what
Norway was going to do in 1935.
Then, in the middle of this period, we have the Norwegian Govern~
ment's note to the Soviet Union in 1922. The Soviet daim was to a
xz-mile belt drawn "from the line of lowest low tide both along the coast
line of the mainland and also along the coast line of islands", and the
Nonvegian protest said that Norway was "willing out of regard for the

principle of reciprocity to agree to an area of fishing and whaling of one
Scandinavian league, reckoned from low-water mark of the mainland
and islands". 1-Ierewe have in rgzz, ten years after the Rapport of rgxz,
the Norwegian Government acting, in its relations with another State,
upon the basis that the tide-mark rule is the accepted rule, and making
no mention of any special Norwegian system. Now, it would have been
disîngenuous for Norway, after her mention of rcciprocity, to have
concealed such a system, if .it existed, after so to speak binding the
Soviet Union to a tide-mark rule.
No reference to this })eriod would be complete without a reference to
the work of l)r. :RŒstad. His .l<ongens Strbmme appeared in rgrr. Of
course Kongens Stromme is not something of which the Foreign Office

becomes officia\Iy cognizant. This work was an historical and analytical
exposition of the development of the law of territorial waters since early -
times-and we are all able to recognize the high quality of his work.
It would of course be surprising ifthe book clidnot cont:J.insornegeneral­
izations-it is the task of historians to extract principles from the raw
material of facts. His "thesis", as the Counter-Memorial (para. 142)
clescribes it, concerning the tracing of the maritime limit outside the
skjŒrgaard is found on page 357. and it was quoted by Mr. Arntzen
(p. 336). It describes the1869 and r88g Decrees as "attempts to deter-
mine the outer line of the skjŒrgaard". · .
This is -,v'hatDr. RŒstad wrote as a theoretician. It is interesting to
compare with it what he said in the Deutschland case, when it was a
question, not of theoretîcal analysis, but of the concrete application of

principle to a definite sector of the coast, the same problem as that
with which we are now concerned. There he was faced with the task of.
advising not what Norwegian law could do, but what it had clone in
1926. In relation to the skjŒrgaard he wrote (and Mr. Arntzen quoted
this passage) :

"Undoubtedly the Nonvegians have for many years looked upon
the skjŒrgaard as a unity especially over questions of fishing,
and on those questions, in particular, according to their conceptions,
the skerries are considered to provide the natural starting point
for the calculation of the sea territory."

Dr. RŒstad then refers in a footnote to the passage from Kongens
Strbmme at page 357, quoted by Mr. Arntzen, and Rrestad continues
{Mr.Amtzen does not quote this):

"In my view, however, one cannot select any particular line
along a part of the skjŒrgaard as a basis for defining the sea terri­
tory, unless one can find support in the positive regulations or REPLY BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-20 X ji 453

unless, in considering the region in question, one can justify one­
self on historical facts, i.e. customary law. The necessary historical
facts will usually exist only in connection with an exclusive use,
for instance, for the purpose of fishing."

.All this is rather similar to our own approach. It is no use, says
Dr. Raostad, talking in general tenns about conceptions or systems :
you have to find sornething-either a law or historical facts-which
applies the conceptions to the coast in question. As I said, at the begin­
oing of this discussion of the Norwegian system, we are not really here
concerned with the system in the abstract but \vith its concrete appli­
catian-in particular to those disputed areas marked yellow. Nothing,

according to Dr. RŒstad, except a law or an historical title, can make
those Norwegian; and there was no law until 1935, and, as I hope we
have proved, no historical title at ali.
That is ail that 1 propose to say about the Deutschland case, which
the Court \vill undoubtedly read and evaluate for itself. 1invite attention
to paragraphs Sz-83 of the Reply.
That is ali I have to say about the events between I9II and 1935
which we have dea1t fully with in our Reply (paras. 72-94) and in our
opening speech (pp. 130-r33). Norwegian opinion was all the time moving
in the direction which. it finally assumed in 1935. It moved with hesit­
ation, as shawn by the communication of the red lines in 1924. It
moved wîth internai divisions, as when the majority of the 1gz6 Com­

mission voted for other !ines than those adopted. Still itmoved steadily
in that direction. How far it had gone in the seven years from 1927 to
1934 and whatmaterial it then had behind it, can be well seen from the
1934 judgment in the St. Just case, which is a reasoned argument in
the Norwegian standpoint. Nothing in this period "r927 to 1934-
interesting, and perhaps relevant though it may be~provid anys basis
for a daim on Norway's part to have establishecl an historie title. It
is too late beca:usethe dispute had begun-one cannot put the beginning
of the dispute later tha:n 1922, and one might put it as 1912. ·
I must now end my discussion of the Nonvegîan system. I have been
through the period r81z-1gz6 in chronological order. I have tried to
take every successive stage and then stop and take stock of the position

from two points of view:
(a) Was there a Norwegian system established and in force by Nor­
wegian law, applicable to the whole coast ?

(b} If so, is there any ground for holding that the United Kingdom
was aware of it and acquiesced in it?
My general conclusions, based on the matters I have just discussed,
together with other matters fully dealt with in the pleadings to which
-it did not seem necessary to refer again, are as follows: ·

· (1) There is no evidence of a Norwegian system, consisting of straight
base-lines of.unlimited length, drawn between extreme points, applicable
to the whole of the coast, or to the blue-line coast, being even con­
templated by Norwegian official authorities, before I9IZ.

(2) In rg24 there is evidence-in the form of the red lines-that the
Norwegian Government bad accepted such a system in principie and
int€mded to make it part of Norwegian law by legislation, but it was not
yet part of Norwegian law.454 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-:20 X SI

(3) Between 1922 and 1933, there was evidence that the Norwegian
authorities were enforcing, by the seizure of ships, a certain claim.
The nature of that daim is now explainèd by sorne secret instructions
given in 1go8, of which wc only became awa.rewhen we read the Counter­
Memorial. This daim was based on closing .!inesacross fjords not longer
th anI o rniles, except in the Varangerfj ord. Norwegian Courts pronounced
convictions in cases of arrests, effected onhe basis of these more limited
daims. The authorities were also giving warnings to ships in a manner
which indicated a possible wider daim, but what this wider daim was,

they had not decided themselves and never communicated to anyone
else.
(4) In 1933, the Norwegian authoritics began to enforce a wider
daim by arrests. The United Kingdom protested against these arrests.
The United Kingdom Government had no iclea what this wider daim
was-the instructions were secret-we now know that they were enforc­
ing !ines which Jater, in 1935, were enacted-namely, the blue !ines.
In 1934, in the case of the St. Just (or possibly in 1933 in the case of the
Loch Torridon), the Norwegian courts for the first time accepted a:nd

pronounced convictions based on these !ines, or one or two of them. At
the earliest this system became part of Norwegian law at that time, but
it is doubtful if it was.
(S) In 1935, we have the décreeof that year-which settles the ques­
tion so far as Norwegian law is concemed for the area north of Tnena.
Whether there is even now, as a matter of Norwegian law, a system of
general application is doubtful, but we are not concerned with that
question.

(6) The United Kingdom Government has by its conduct acquiesced
in the lines laid ?own by the Decrees of r869 and 188g as !ines applicable
to the areas wh1ch they_cover.
(7) The United Kingdom Government has not acquiesced in the
application of any system of straight base-lines to any other portion
of the Norwegian coast, so as to give Norway an historie title against

the United Kingdom.
(8) The United Kingdom Government could not have acquiesced in
any such system because:
(a) No such general system existed as part of Norweg.ian law until

1935, even if (which is not admitted) it exists to-day in Norwegian
law as a system of general application.
(b) In any case the United Kingdom Govemment had no knowledge
of the existence of such a system in Norwegian law till 1935 ;
nor, till1924 at the earliest, any notice of an intention to make
such a system part of Norwegian law by the adoption of specified
base-lines. -

(c) The United Kingdom Government macle clear its objection to
such a system consistently from the first moment \\•hen it could
be regarded as having had any knowledge of it.
I submit to the Court that my chronological review has proved, and
proved conclusively, that Norway has no title against the United King­

dom to the Norwegian system and in particular no such title to the
disputed areas marked yellow on the charts. REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-20 X 51 455

I'erhaps as an appendix to these matters I may be permîtted to say
_oneword on a matter, which was raîsed in rather strong language by
Mx. Arntzen, with regard to the red lines, where he crîtîcîzed the use
which we had made of these lînes as incorrect. To this, I only say now
that the use we have made of these lines is in precise and exact conformity
wîth Norwegian official documents-! refer to the Report of the Foreign
Affairs Committee of the Storting of 1935 and to the passages quoted in
paragraph 75 of our Reply. We have useçlthem because this report said :

"They [i.e. the red lines] constituted an attempt at showing the
principles. on wh:ich base-lines should be drawn according to the
Norwegian point of view, but without in ~my way bindîng the Nor­
wegian authorities as regards the final fixing of the base-tines."

The criticism is the more strange because Non.vay is loud in her protest­
ations that she made her principles known to us and to the world at all
relevant times. Yet she complains, when we use these Hnes to illustrate
what she believed her principles to be-the very purpose for which,
according- to their own official report, the lînes were drawn and
commun icated.
The red lines were the first intimation we ever had that the Norwegian
Government ever intended to adopta Norwegian system and what that
system might mean :from a practical point of view in northern Norway.
But, of course, the red lines were not so bad from our point of view as
the blue lines.
I submit that Mr. Arntz'en'scriticism is unjustified, and unfortunately

it is in regard to this very same matter that we think that Norway has
acted in a manner which is not quite consistent with the very high respect
which we have for Norway. In our view Norway has shown, and we
explained the reason for this view in our R.eply, a degree of prevarication
and evasion over these red Jines, which was hardly what we shquld have
expected.
Turning to another point, Mr. Amtzen (p. 338) seems to agree with
us that the negotiations and discussions posterior to 1935 are of no
interest ·so far as the case bdore the Court is concerned. That being so,
is it not rather a pity that he does not refer to those matters faidy but
says that during the period in question the United Kingdom exercised
a heavy pressure on the Norwegian Government in order that the latter
should withdraw the decree, or at least not enforce it against British
ships ? What is this strong pressure ? Certainly the United Kingdom
urged the Norwegîa:n Govemment either to withdraw the decree or not

to enforce it. The United Kingdom Govemment wished to avoid a dispute
with Norway. But the Govemmen t of the United Kingdom went further.
It engaged in two sets of negotiations with the Norwegian Government
in an endeavour to settle the matter out of Court, once just before the
war and once afterwards, the latter at the request of the Norwegian
Government itself. On both these occasions tines of demarcation were
drawn up, which the delegations on both sides felt able to recommend
to their Governments, lines which represented a bargain or, as I think
it is said in Frenchtransaction,and which involved the United Kingdom
going a long way to meet the Non.vegian point of view, and 1 believe
that, in the latter case at any rate, it was the Storting rather than the
Norwegian Government which was the cause of these negotiations not
being successful. Is· it fair to describe this aforte pression? Or is the

\456 REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K.)-20 X 5I

expression forte pression intended to carry sorne disagreeable meaning
to the Court, a meaning which is totally unjustified by the facts ? I am
happy to say tint I think this case has, on the whole, been most pleas­
antly free from attempts to import prejudice of this kind, and therefore
I pass over this matter without further remark. The Court will realîze
that it is difficult for someone representing his government not to reply
to statements of this kind, and I therefore felt obliged to do so, though
I doubt if these exchanges assist the Court; and I doubt if, taken together,
they do anybody any good.

When I presented our conclusions at the end of our opening address
to the Court, I venturecl to reserve the right, which I thought we bad,
of amending these conclu'Sionsif we wishecl to do so, at the dose of our
speech in reply. I do wish to make certain amendments, and I will
firstexplain what they are. . .
ln the first place, we wish to amend slightly Nos. (5) and (1x) to make
the sense clearer, but no change of substance is intended.
In the second place, 1 wish to introcluce a new conclusion, in which.
we ask the Court to declare that the blue lines a.reunenforceable agaînst
the United Kingdom, in so fa.r as they cover waters in excess of those,
which Norway is entitled to daim under the principles of law, which
we have set out in Nos. (1) to {II). This is, of course, an amendment
of a purely formai character.
Thirdly, 1 wish to add an alternative to our Nos. {I) to (13), in which

we ask the Court to declare that Norway îs not entitled to enforce against
the United Kingdom a claim to any waters" outside the pecked green
line, and I had better explain the reason for this alternative. Vve wish
to put it in, because we do not know at the present moment whether
the Court, in the judgment which it will give at this stage, is goîng to
give a judgment of principle o.r one which covers al\ matters of detail.
Vie maintain our view, and for the reasons which I have already given,
that it would be preferable for the Court to give a judgment defi.ning
principles only at this stage. But supposing that the Court should thînk
fit to adopt the other course, we submit our pecked green line as the
extreme !imits which Norway is entitled to daim against the United
Kingdom.
Then, we have thought it best to assist the Court by submitting an
alternative conclusion, to apply only on the hypothesis that the Court
may decide that the Indreleia is internat waters. On this hypothesîs,

amendments would be required to Nos. (8), (g), (m) and (n) of our
previous conclusions. . .
These are al! the amendments to our conclusions which we wish to
make. I will only add, if I may, one further remark in favour of the
suggestion that the Court should at this stage confine itself to a decision
on principles. Mr. Arntzen and Professor Bourquin both submitted, as
a matter of principle, that our pecked green !ines were wrong because,
in drawing them, we had not eliminated pockets, as they contended
as a matter of principle we should have clone, and that consequently
our green !ines we.re not drawn correctly, even according to our own
principles. But om opponents only made this submission as a matter
of principle. As a matter of principle, we certaînly desire that the Court
should pronounce upon this contention, which we dispute. But, having

raised the question of the elimination of pockets, our opponents. dicl
not act a.<they should logically have clone, if-as they say they do- REPLY BY SIR ERIC BECKETT (U.K)-20 X 51 457
they wish ail- questions of geogtaphical detail to be decided, namely,

present as an alternative submission-to operate only if the Court
upholds our principles-detailed amendments to our green \ines, showing
whîch the pockets were, and in what manner they contend such pockets.
should be eliminated. I can well understand that our opponents may
not wish to do this, but it is the sort of thing one would be expected
to do, if one asks for a judgment covering questions of detail, when no
decision on the principles has yet been given.
I should like now to ask your guidance, Mr. President. I am now in
a position to read our revised conclusions. I think they will take me·
ro minutes to read and 20 minutes with the translation. After that I
want to speak for only two minutes more. But I am, of course, aware·
that conclusions, when read, are perhaps a little difficult to follow.
I should be clelighted to read them, but I should like to have your
guidance whether you wish me to do so.
. .
Le PRÉSIDENT: La Cour écoute avec intérêt la lecture de vos.
conclusions.

Sir Eric BECKETT : I will now, with the permission of the Court,.
read our revised conclusions :

The United Kingdom submits that the Court should decide that the­
maritime Hmits which Norway is entitled to enforce as against the·
United Kingdom should be drawn in accordance with the following
principles :
(r)Tha:t Norway is entitled to a belt of territorial waters of fixed
breadth-the breaclth cannat, as a maximum, exceed 4 sea miles.

(2) That, in consequence, the outer limit of Norway's territorial
waters must never be more than 4 sea miles from some point on the·
base-line.
(3) That, subject to Nos. (4), (g) and (ro) below, the base-tine must be·
low-water mark on perrnanently dry land (which is part of Norwegian
. territory) or the proper closing line (see No. {7) below) of Norwegian
internai waters.
(4) That, where there is a low-tide elevation situated within 4 sea
miles of permanently dry land, or of the proper closing line of Norwegian
internai waters, the outer limit of Norwegian territorial waters may be
4 sea miles from the outer edge (at low tide) of this low-tide elevation.
In no other case may a low-tide elevation be taken into account.

(S) That Nonvay is entitled to daim as Norwegian internai waters, on
historie grounds, ali fjords and sunds w'hichfall within the conception of
a bay as defined in international law (see No. (6) below), whether the
proper closing line of the indentation is more or less than ro sea miles
long..
(6) That the definition of a bay in international law is a well-marked
indentation, whose penetration inland is in such proportion to the width
of its mouth asto constitute the indentation more than a mere curvature
of the coast.
(7) That, where an area of water is a bay; the principle;w'hich deter­
mines where the closing line should be drawn, is that the closing line
should be drawn between the natural geographical entrance points

where the indentation ceases to have the configuration of a bay.-458 REPLY BY -SIR ERIC BÈCKEIT (U.K.)...,.-Xo 5I

(8) That a legal strait is any geographical strait which connects two
:portions of the high seas.
(g) (a) That Norway is entîtled to daim as Norwegian territorial
·waters. on historie grounds, all the waters of the fjords and sunds which
-have the character of legal straits. ·

(b) Where the maritime belts drawn from each shore overlap at each
-end of the strait, the limit of territorial waters is formed by the outer
rims of these two maritime belts. vVhere, however, the maritime belts so
·drawn do not overlap, the limit follows the outer rims of each of these two
·maritime belts, until they intersect with the straight line, joining the
11atural entrance points of the strait, after "'hich intersection the limit
follows that straight line.
· (ro) .That, in the case of the Vestfjord, the outer limit of Norwegian
·territorial waters at the south-westerly end of the fjord is the pecked

,green line shawn on Charts Nos. 8 and 9 of Annex 35 of the Reply.
(u) That Norway, by reason of her historie title to fjords and sunds
{see Nos. (S) and (9) (a) above), is entitled to daim, either as internai or
.as territorial waters, the areas of water lying between the island fringe
and the rnainland of Norway. In arder to determine what areas must be
-deemed to lie between the island fringe and the mainland, and whether
-these areas are internai or territorial waters, the principles of Nos. (6),
(7), (8) and (9) (b}- must be applied to indentations in the island
iringe and to indentations between the island fringe and the rnainland~
those areas, which lie in indentations having the character of bays, and

-within the proper closing !ines thereof, being deemed to be internai waters
and those areas, which lie in ind\Ontations having the character of legal
:straits,and within the proper limits thereof, being deemed to be terri-
torial waters. ·· ·
(12) Tint Norway is not entitled, as against the United Kingdom, to
·enforce any claims to waters not covered by the preceding principles.
As between Norway and the United Kingdom, waters oH the coast of
Norway north of parallel66" 28.8'N., which are not Norwegian by virtue
:of the above-mcntioned principles, are high seas.

(13) That the Norwegian Royal Decree of r2th July, 1935, is not
·enforceable agaînst the United Kingdom to the cxtent that it daims as
.Norwegian waters (internai or territorial waters) areas of water not
·covered by Nos. (r)-(n).
(14) That Nonvay is under an international obligation to pay to the
United Kingdom compensation in respect of all the arrests since
r6th September, 1948, of British fishing vessels in waters which are high
seas by virtue of the application of the preceding principles.

Alternative/y to Nos. 1)to (13) (if the Court should decide to determine
-by its judgrnent the exact limits of the territorial waters which Norway
i.s entitled to enforce against the United Kingdom), that Nonvay is
not entitled as against the United Kingdom to daim as Norwegian waters
:any areas of water off the Norwegian coasts north of pa:ra:Uel66°28.8' N.
-which are outside the pecked green line drawn on the charts which form
Annex 35 of the Reply.

Alternatively to Nos. (8) to (n) (if the Court should hoid that the
waters of the Indreleia are Norwe§,'laninternai waters), the following
.are substituted for Nos. (8) to (n) : · REPLY• BY SIR ERIC BECKETT (u.K.)-20 X 51 459

I. Tint, in the case of the Vestfjord, the outer limit of Norwegian
territorial watersat the south-westerly end of the fjord is a line drawn
4 sea miles seawards of aline joining the SkomvŒr lighthouse at Rost to
Kalsholmen lighthouse in Tennholmerne until the intersection of the
- former line with the arcs of circles in the pecked green line shown on
Cha:rts 8 and 9 of Annex 35 of the Reply.

II. That Norway, by reason of ber historie title to fjords and sunds,
is entitledto daim as internai waters the areas of water lying between
the island fringe and the main land of Norway. In order to determine what
areas must be deemed to lie between the island fringe and the mainland,
the principles of Nos. (6) and (7) above must be applied to the indenta­
tions in the island fringe and to the indentations behveen the island
fringe and the mainland-those areas, which lie in indentations l1aving
the character of hays and within the proper closing lines thereof, being
cleemed to lie between the island fringe and the mainland.

Thàse are our conclusions.
Having now presented our final conclusions, we now leave our case
:in the hands of the Court. We are conscious that the case is a heavy
one and that the Court's responsibility is not lightened by the fact
that the judgment which ît \vill give will almost înevitably become a
precedent of great importance in regard to the law of the sea. That is
so whether the judgment is in favour of the United Kingdom or in
favour of Norway.

This is not the first time that either the United Kingdom or Norway
cornes before the Hague Court. Our two countries, who are both firm
believers in the rule of law in international affa:irs and whose relations
l1ave been consistently friendly, have brought and argued before this
Court a dispute as to their respective legal rights, which has continued
for about forty years and which, despite every endeavour, they have
failed to s!Ôttleby agreement. It ha:salways been the wish of the United
Kîngdom that, should agreement prove impossible, the dispute should
be submitted to judicial settlement.
The case has, I think, been conducted in the best possible atmosphere,
and our opponents have been just as eager as we have been that this
should be so. I think it is true to say that there is no place, other than
this Court, where an international dispute can be considered and deter­
mîned on the legal merits of the particular case alone, without regard to
extraneous considerations and without respect of persans. Such condi­

tions are surely the very essence of justice. It only rema:ins for me to
thank Mr. Arntzen and the entire Norwegian delegation for the co­
operation which they have shown us in the innumerable small matters
that are inevitably connected with conducting litigation of these pro­
portions before thisCourt, and also to thank you, Mr. President, and the
Members of the Court, for the patience and courtesy with which you
have listened to the two statements of our case. 13. DUPLIQUE DE M. SVEN ARNTZEN

(AGENT DU GOUVERNEMENT DU ROYAUME DE NORVÈGE)
AUX SÉANCES PUBLIQUES DES 24 ET 25 OCTOBRE 1951

[Séancepublique du 24 octobreI95I, après~midi]

Monsieur ·te Président, Messieurs de la Cour, je me sens obligé de
commencer mon exposé en marquant mon désaccord avec sir Eric
Beckett au sujet de la déclaration qu'il fit à la fin de sa réplique
concernant l'attitude de la Norvège à l'égard de la question des lignes
rouges (p. 455).
Cette déclaration m'étonne, et appelle une réfutation. J'entends y

revenir dans la partie de ma duplique qui est consacrée à l'exa!f1e11de
cette question. J'estime pourtant opportun de manifester dès l'abord
mes sentiments à ce sujet.
Au début de sa réplique, sir Eric Beckett fit entendre que nous aurions.
dans nos plaidoiries orales retiré et soustrait au feu de nos adversaires
certains objectifs exposés dans nos écritures (p. 371).
Cette présomption est sans fondement. Nous n'avons rien retiré de
ce que nous avons avancé dans nos écritures. Seulement, nous n'avons
jugé ni nécessaire ni possible de faire passer en revue devant la Cour
toutes les questions déjà examinées dans nos écritures. Pour compléter
nos exposés oraux, nous nous permettons de n::n:voyeraux pièces écrites.
Je voudrais relever encore une déclaration faite par sir Eri.c Beckett,

et ayant une portée générale. En parlant de l'exposé des motifs du
décret royal de I86g - présenté par nous en annexe r6 au Contre­
Mémoire -, sir Eric Beckett signala la longueur exceptionnelle de ce
document, tout en ajoutant que la Cour n'en possédait pas le texte
intégral, un tiers en étant omis (p. 438). .
]'en profite pour préciser, en ce qui concerne ce document, ainsi que
tous les autres documents que nous avons présentés comme annexes,
que nous n,oussommes conformés à l'article 43 du Règlement de la Cour.
Nous avons communiqué au Greffier, à l'usage de la Cour et de l'autre
Partie, les textes intégraux, en original ou en copie. Mais, pour les
documents volumineux, nous avons présenté en annexe seulement les
passages qui nous ont semblé pertinents. Nous avons alors désigné

l'annexe en question par le terme " extrait )), et les passages omis ont
étésignalés au moyen de points d~ suspension.
Dans notre duplique orale, nous nous bornerons à répondre aux
a.'iSertions que nos adversaires ont présentées dans leur réplique orale.
Nous n'allons pas examiner toutes les questions, mais tàcherons de nous
en tenir à l'essentiel. Pour le reste, nous renvoyons à notre premier
exposé oral ainsi qu'aux écritures.
Notre duplique se divise de la façon suivante :
Je commencerai par examiner les conclusions et les questions de
délimitati on. DUPLIQUE DE M:.ARNTZEN (NORVÈGE) - 24 x;5I 46I

Puis, le professeur Bourquin réfutera les objections que nos adver­
saires ont faites à son premier exposé.
Pour terminer, je parlerai de l'évolution du litige depuis rgo6.

* * *

Je passe maintenant au premier point de mon exposé: les conclusions.
Le Gouvernement norvégien a demandé à la Cour de dire et juger que
1a délimitation de la zone de pêche,fixéepar le décret royal du 12 juillet
1935, n'est pas contraire au droit international.
Cette conclusion répond exactement à ce qui, selon la requête, fait
l'objet du litige. La conclusion est précédéedu considérant que voici :

que le décret de 1935 ne contrevient pas aux règles de droit inter­
national liant la Norvège, et
que la Norvège possède en tout cas des titres historiques sur l'ensemble
des eaux comprises dans les limites du décret.
Le Gouvernement britannique fait valoir de son côté, que I.edécret
royal de 1935 serait contraire à certaines coutumes de droit international,

qui auraient étéreconnues comme règles de droit, coutumes que le
Gouvernement britannique a récapituléessous forme de certaines thèses,
aux points 1 à 13 de ses conclusions revisées.
Nos adversaires ont, en outre, émis à cette barre des doutes sur
certains détails topographiques qui ont leur importance pour la délimi­
tation de 1935.
Or, ils n'ont signalé que trois cas prétendus douteux. Nos adversaires
ont mis en question les caractéristiques à accorder aux points de base
norvégiens n° 21, Vesterfallet i Gasan, no 27, Tokkebaen, et no 39,
Nordbôen.
J'ai~oumi au Service hydrographique de Norvège les questions sou­
levées paT nos adversaires au sujet de ces points de base. Les précisions
fournies par notre Service hydrographique au sujet des indications
portées sur les minutes cartographi(jues dissipent les doutes qui auraient

pu s'élever au sujet du caractère de ces points. Depuis que le rapport,
fourni par ledit service, fut ptésenté <ila Cour et communiqué à nos
adversa.iresavant la séance de l'après-midi du 19 octobre, nous n'avons
plus entendu parler de ces points de base.
Si la Cour ne reconnaît pas aux principes contenus dans les conclu­
sions britanniques le caractère de "couturne internationale comme
preuve d'une pratique générale acceptée comme étant le droit n; ou
bien, si elle prononce que les règles dont il s'agit ne sont pas obligatoires
à l'égardde la Norvège; ou encore si elle décideque la Norvège, en tout
·cas, a droit aux eaux situées en deçà de la ligne bleue en vertu d'un
titre historique; dans les trois cas, la Cour aura à débouter le Gouverne­
ment du Royaume-Uni de son action et à faire droit aux conclusions du
Gouvernement norvégien.
La Cour pourrait faire sienne n'importe laquelle de ces trois solutions,
sans qu'il s'ensuive aucune de ces difficultés d'application dont nos

adversaires ont parlé, sans autrement préciser ce qu'ils entendaient
par là.
De plus, même si la Cour ne faisait pas droit aux conclusions du
Gouvernement norvégien, elle n'aurait pas à prendre position sur des­
questions de détail.462 ·DU~'LIQUE M.-ADRNTzEN (NORVÈGE) - 24 X SI
Si la Cour décidait que les principes formulés par le Gouvernement
du Royaume-Uni dans ses conclusions sont des règles de droit inter­

national liant .la Norvège, et que la Norvège ne possède pas non plus
de titres historiques aux eaux contestées, la conséquence en serait que
la Cour déclarerait comme contraire au droit international la délimita­
tion fixéepar le décret de 1935-
Il ne rentre pas dans les fonctions judiciaîres de la Cour de tracer
concrètement une nouvelle ligne-limite. La compétence en revient au
Gouvernement norvégien qui, dans l'hypothèse envisagée, aurait à se
conformer aux indications données par la Cour dans son arrêt.
Les deux Parties semblent avoir étéd'accord sur ce point au cours
de la procédure écrite; voir le Cqntre-Mémoire, paragraphe 246 ; la
Réplique, paragraphes I57-I59; la Duplique, paragraphe 325. Je ren­
voie en outre à la déclaration faite par sir Eric Beckett dans sa réplique

orale (p. 380) :
1Amongst"other things; there is the point that in so far as the.
principles laid clownby the Court do leave to the territor.ial State
a choice or a discretion, it is Nonvay that has that choice and can
exercise that discretion. ''

A la même occasion, sir Eric Beckett exprima sa surprise devant
notre réaction à sa proposition de scinder l'affaire. Je ne comprends pas
la surprise de sir Eric Beckett.
Ce n'est pas nous qui avons changé d'opinion sur cette question de·
procédure.. L'idée de scinder l'affaire n'a jamais effleuré notre esprit.

La Partie adverse ne l'avait certainement pas en pensée non plus
quand elle a protesté contre nos demandes de prolongation des délaiS­
pour le dépôt de nos écritures- prolongations que nous jugions néces­
saires pour pouvoir présenter l'affaire d'une manière digne de la Cour
et des grands intérêtsen jeu. A ce stade, maintenant révolu, del'affaire~
nos adversaires sc montraient très empressés à voir trancher le diffé­
rend avant le commencement des prochaines campagnes de pêche.
Aujourd'hui, nous voyons nos adversaires proposer une procédure
dont le résultat le plus certain serait d'ajourner indéfiniment la solution_
du litige.
Le Gouvernement norvégien a toujours été d'avis qu'une affaire
aussi importante devait êtretrès soigneusement étudiée,et qu'il aurait.
étéinadmissible de compromettre sa mise au point et sa présentation

par une hâte excessive. Mais une fois le dossier complétéet les plaidoiries.
orales prononcées, nous avons le souci non moins légitime de mettre
fin à la controverse qui nous oppose au Royaume-Uni, et de voir la Cour
se prononcer définitivement sur le véritable objet de cette controverse,_
Si j'aborde maintenant les conclusions soumises par nos adversaires,
ce n'est pas pour présenter nos objections aux divers points dont elles.
se composent. C'est là une tâche qui sera assumée par le professeur
Bourquin.
Je me contenterai de préciser qu'à notre avis, le dispositif de J'arrêt
ne saurait porter sur la constatation par la Cour de certains principes.
de délimitation. Un tel arrêt ne constituerait pas une solution du litige
porté devant la Cour.

· Nous nous rendons parfaitement compte que la Cour peut êtreamenée
à prendre position, dans ses motifs, à l'égard des conclusions formulées.
par nos adversaires. DUPLIQUE-DE Ill. ARNTZEN (NORVÈG.EJ - 24 X 5! 463~
Autant que je puis comprendre. la Cour pourrait s'en dispenser, si.
elle jugeait que les prétendues règles invoquées par nos adversaires.
ne sont pas obligatoires pour la Norvège, ou bien que la Norvège, en

tout état de cause. possède des titres historiques sur l'ensemble des.
eaux comprises dans les limites de 1935.
La première conclusion alternative déposéepar i.eGouvernement du
Royaume-Uni à la fin de sa réplique orale porte que:

<( •••Norway îs not entitled as against the United Kingdom to·
daim as Norwegian waters any areas of water off the Norwegian.
coasts north of parallel 6ft 28.8' N. which are outside the pecked.
green line drawn on the charts which form Annex 35 of the Reply )).

Au cours de notre premier exposé, nous avons présenté nos objec-·
tions quant au fond sur le tracé de la pecked green line,et nous insiste-·
rous sur quelques-unes de ces objections dans la présente duplique.
Pour le moment, je me contenterai de signaler que cette conclusion
alternative britannique est insoutenable pour des raisons formelles aussi.
En effet, il n'entre pas dans les fonctions judiciaires de la Cour de tracer­
les limites de la zone de pêchenorvégienne pour i.ecas où la Cour consi-·
dérerait la 9-élimitation de I935 comme incompatible avec le droit.
international. C'est ce que je viens d'expliquer.
La deuxième conclusion alternative, présentéepar la Partie adverse,.

se base sur la présupposition que : ·
" .... Norway, by reason of her historie title to fjords and sunds,.
is entitled to daim as internai waters the areas of water lying·
between the island fringe and the mainland of Norway "·

Les points numéros 8 à II des conclusions principales ont étémodifiés.
eu conséquence.
Cette conclusion alternative tombe sous le coup des mêmesobserva-·
tions faites à l'encontre des conclusions principales, étant donné que,
selon cette conclusion alternative, .la Cour, au lieu de trancher le diffé-·

rend, aurait à statuer sur certains principes.
Le Gouvernement norvégien maintient les conclusions que j'ai dépo-·
séesà cette barre, au cours de mon premier exposéoral.

>1<
>1< >1<

Je passe maintenant à l'examen de la délimitation de 1935 et de la.
pecked greenline. .
Je tiens à préciser tout d'abord un fait auquel j'ai clé jà fait allusion,
à savoir qu'il ne saurait exister de doute sur la topographie des lieux en.
ce qui concerne les points de base adoptés par le décret de 1935.
Nos adversaires avaient émis certains doutes au sujet des points.
de base no 21,Vesterfallet i Gllsan: n° ZJ,Tokkebâen, et no 39, Nordbtien ..
La déclaration que j'ai reçue du Service hydrographique de Norvège,
à ces points, et qui fut communiquée à la Cour et à nos adver··
relative
saires au cours de la réplique, est ainsi libellée:
cLèsminutes C<!-rtographiquesen la possession du Service hydra-·
graphique de Norvège montrent: .
r. que Storfalleti Gdsan est une roche qui ne couvre pas à..

marée haute (which does not cover at high water) ;464 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 24 X 5I
2. que Vesterfalleti Gâsan, point de base. n" 2I, Tokkebcien, point

de base no 27. et Nordboen, point de base n" 39, sont tous les trois
des roches qui ne sont pas constamment submergées (which are
not continuously submerged). 11

Ces détails sont ainsi élucidés.
D'après sir Eric Beckett, les lignes bleues utiliseraient comme points
d.e base certaines ((low-tide elevations more than 4 miles from perma­
nently dry land 11(p. 381).
Cette déclaration ne doit viser que le point de base n° 21, Vesterfallet i
·Gasan.

Nos adversaires n'ont pas signalé d'autres points de base susceptibles
·detomber sous le coup de cette imputation.
Il est reconnu par les deux Parties que Vesterfallet i Gasan est situé
.à1 mille marin de Storfallet.Par ailleurs la déclaration du Service hydro­
graphique de Norvège confirme notre renseignement antérieur disant
que la roche de Storfallet ne couvre pas à marée haute.
C'est donc un fait établi que le décret de 1935 n'utilise comme point
d.e base aucune cclow-tide elevation n située à une distance de plus de
4 milles mari11spar rapport au ccpermanently dry land ''·
Cette mise au point permet de constater que .lepoint 4 des conclusions

du Gouvernement elu Royaume-Uni est sans pertinence dans le présent·
litige. ·
D'ailleurs, pour des raisons de principe, je tiens à remarquer que le
Gouvernement norvégien n'accepte pas la limitation à la faculté d'utili­
ser comme points de base les ((low-tide elevations ,, limitation que com­
porte le point 4 des conclusions britanniques.
D'après ce que je viens de dire, la Cour n'est pas tenue de s'occuper
de détails topographiques en se prononçant sur la délimitation de 1935.
Au cours de ma première plaidoirie orale, j'ai exposé les principes sur
lesquels se fonde cette délimitation, ainsi que les considérations qui sont

entrées en ligne de compte ponr le tracéde la limite dans les divers secteurs.
Je ne vais pas reprendre ledit exposé, mais je"voudrais relever un point
qui a étémis en cause par nos adversaires au cours de leur réplique orale.
J'ai dit dans mon exposé que, lorsqu'elles procèdent au choix des
points de base, les autorités compétentes se préoccupent de délimiter
la zone de pêchede manière que la côte soit en vue de n'importe quel
point de la limite (p. 340). ·
Dans mon exposéd'introduction j'ai dit à ce propos:

" .... la zone territoriale norvégienne a une largeur de 4 milles marins.
Elle est comptée à partir de lignes de base droites suivant la clirec­

tion généralede la côte, et tirées entre les îles, îlots et écueils les
plus avancés; sans qu'on perde la terre de vue~ (p. r65).

Sir Eric Beckett m'a surpris, d'abord en prétendant (p. 434) se trouver
là devant un élément nouveau pour lui, et ensuite en confondant le
principe norvégien de ne pas perdre la côte de vue avec le vieux principe
du " range of vision n.
Devant ces déclarations de sir Eric Beckett, j'estime indispensable
d.e rappeler certains passages des écritures.

Le paragraphe 18 de la Réplique présente, sous ce rapport, de
l'intérêtà plus d"un égard. DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORV.ÈGE) - 24 X 51 465

Après avoir mis en lumière l'importance que l'usage des alignements
avait eue·pour l'établissement des coutumes et réglementations anciennes
de la pêche, le Gouvernement britannique poursuit ainsi, au dernier
alinéa de ce paragraphe :

((It seems clear not only that this is a principle traditionally
adopted in Norway for the identification and definition of fishing
grounds but that it is a principle far more clearly established and
far more fundamental than any of the other alleged principles upon
which later Norwegian legislation is now said to be based. As has
been pointed out in the Memorial (paragraph 129), the Royal Decree
of 1935 has radically departed from this principle. ln the first place,
the base-lines adopted by decree are in many cases a considerable
distance from the nearest land (for example between points 20-21,
27-28, 34-35there are points distant respectively r6 1/4, 8 ancl7 x./z
miles from land) ; the outer lîmit of territorial waters, being four
miles further to seaward, would of course be even further from anv
land. Second!y, the Norwegian Governmen t itse fprofesses to base th-e
1935 Decree upon quite different principles (see paragraph 62 of the

Counter-Memorîal), one of whîch îs that there is no limît to the length
of the base-lines-which involves that the base-lines may, whenever
desired, be drawn out of sight of land. This fact, of itseif and apa:rt
from aU other considerations, completely undermines the present
Norwegian argument that the 1935 Decree is in conformity with
principles traclitionallyand historically accepted in Nonvay."

.Dans ce passage, le Gouvernement du Royaume-Uni base son argu­
mentation sur une supposition erronée, à savoir que quelques-unes des
lignes-limites de 1935 auraient ététirées de manière que, dans certains
secteurs de leur parcours, on perde la terre de vue.
Aux paragraphes 9 à 13 de la Duplique, nous avons répondu d'une.
façon circonstanciée à certaines allégations faites au paragraphe r8 de
la Réplique; nous avons signaléqu'il était tout à fait erroné de déclarer
que le décret de 1935 aurait déterminédes lignes-limites à partir des­
quelles la terre serait invisible. Au paragraphe ro, nous avons fait le

commentaire suivant à cette dernière allégation :
« Non seulement tous les points situés le long des lignes de base
de 1935, mais également ceux situés le long de la limite à 4 milles
marins plus au large, sont en vue de terre.
Lors donc que la Réplique déclare au paragraphe cité ci-dessus
que le principe norvégien, d'après lequel iln'y a pas de limite pour

la longueur des lignes de base, impliquerait que 11the base-lines may,
« whenever desired, be drawn out of sight of land n,cette allégation
n'a rien à voir avec l'affaire présente portée devant la Cour - à
savoir la validitédu décretde 1935 au regard du droit international. "

· Sir Eric Beckett affirme n'avoir pas vu souligner, clans l'exposé des
motifs d'aucune disposition antérieure, que les lignes-limites devaient
êtretracées de manière qu'on ne perde pas la terre de vue.
Or, ce paragraphe 18 de la Réplique, que nous venons de rappeler,
fait justement état de la lettre du 7 ma,i 188g, émanant du Service carto­
graphique et faisant partie de l'exposé des motifs du décret du 9 sep-·
tembre de la mêmeannée. Cette lettre signale, la Réplique le rappelle,

3I466 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (~ORVtGE) 2-X 5I
que la limite proposée pouvait êtreindiquée à l'aide de certains aligne~

ments.
Et la Réplique poursuit, au paragraphe 38 :
((ln xSSg, straightness was not rega:rded as a basic principle ::
what was then regarded as important was that the limit could
readily be ascertained by means of "fixes"-which are specified
in the Report of the Tnstitute (the lighthouse of Ona and of .Moo,.

etc.), and by soundings. As has been stated in paragraph I29 of the·
Memorial, this is by no means the case with the line of xg35, and this
fact constitutes one of the many objections to it.n
Ladite lettre du Service cartographique a étéreproduite à l'annexe xoz·

à la Duplique.
Je pense ainsi avoir démontréque nous n'avons apporté. au cours de·
la procédure, aucun élémentnouveau en faisant valoir devant la Cour·
que les lignes-limites de I935 se trouvent, dans la totalité de leur parcours,.
déterminées de manière qu'on n'y perde pas la côte de vue.
Qu'on appelle cela un principe ou une règle, cela importe peu.
Ce principe ne s'inspire pas de celui du rayon visuel à partir du rivage,.
mais s'apparente au vieil usage des alignements, où l'essentiel est de·
pouvoir se repérer sur la côte quand on se trouve· en mer.
. Cette méthode déjà ancienne, utilisée par les pêcheurs pour retrouver
les lieux de pêche,a jouéun rôle plus important sur la côte norvégienne
que dans d'autres parages, à cause de son relief montagneux. Nous.

sommes d'accord avec sir Eric Beckett, quand il dit qu'il n'y a rien de
mystérieux dans ce vieil usage (p. 428).
Toutefois, notre opinion diffère de la sienne en ce qui concerne les.
témoignages, recueillis pour les besoins de la présente affaire, sur le vieil
usage des alignements et sur le repérage des fonds de pêche; d'après.
nous, ils fournissent une preuve importante de l'existence d'un usage
immémorial donnant naissante aux titres historiques de la Norvège·
sur les fonds de pèche situés au large de la côte litigieuse. -

*
Je passe maintenant à la pecked green tine.
En ce qui concerne notre critique de son tracé, je renvoie à mon
premier exposé. ~

Je me bornerai à signaler ce qui suit :
Nos adversaires reconnaissent aujourd'hui le droit de la Norvège,
de par ses titres historiques, à tous les fjords et sunds de la côte litigieuse_
Mais comment peuvent-ils prétendre que la pecked green line, tracée
si arbitrairement, représente la limite extérieure des eaux sur lesquelles
la Norvège a des droits historiques?
Quelle est l'origine de ces droits historiques, sinon l'usage séculaire
de ces eaux ; le peuplement de la èôte; l'utilisation des eaux pour la
circulation humaine ; la chasse et la pêchemaritimes ; l'exclusion des.
étrangers, et l'exercice de la souveraineté norvégienne par l'établisse­
ment de règles juridiques et leur application ?

Nos adversaires veulent-ils vraiment dire que l'exercice de ces droits
historiques s'est arrêtédevant les lignes artificielles qui nous sopropo~
séesmaintenant par le tracé de lapecked green tine ?
. Cette pedked green line qui auràit ététracée, nous dit-on, conformé­
ment aux principes les plus récents du droit internatioral? DUPLIQUE DE M. ARNTZEN {NORVÈGE) - 24 X 5I 467

Si les restrictions apportées à un usage historique exercé le long de
toute cette côte coïncidaient mathématiquement avec une ligne tracée
selon les prétendues règles modernes de droit international, ce serait
par un étrange concours de circonstances.
On a d'ailleurs nettement l'impression, dans le conflit qui doit néces­
sairement surgir entre l.es titres historiques et les prétendues règles

rigoureuses de droit international, que la Partie adverse a accordé, à
ces dernières, une priorité marquée.
Je ne m'explique pas autrement la déclaration de sir Eric Beckett,
suivant laquelle il serait inutile pour nous
((,,,. to criticize the green !ines because they do not take account
of economie factors and in particular completely disregard fishing

banks. It is also useless to criticize them on the ground that they
eut across certain features of the sea bed which are at all times
under the water J(p. 383).

Et ensuite, après avoir parlé des égardsdus à la navigation :
" It is useless to advance any of these criticisms because
admittedly our principles take account of none of these things.

We have never beard of a rule of international law to the effect
that territorial waters must be de\imited by relation to fishing
grounds, or that features of the sea bed, permanently covered by
water, should ever be taken into account for the purposes .of the
delimitation of territorial waters. ))

Je continue la citation de sir Eric Beckett:
" But so far as fishing banks are. concerned, our position is that
the banks are where the Creator of the \Vorld put them, and that

our system allows no variation in favour of the coastal State or
otherwise, because of the position of the fishing banks. ''

Sans doute, les fonds de pêchen'ont pas changé de place. Et c'est
précisément sur ces fonds que la population riveraine, au cours des
siècles, a pratiqué la pêchequi fournit l'essentiel de sa subsistance.
C'est cet usage séculaire qui est à la base des titres historiques de la
Norvège sur ces eaux. ·
Si nous nous prévalons des conditions hydrographiques, et particu­
lièrement du déroulement du fond riverain et de son talus, la raison
en est que c'est ·là que séjourne habituellement le poisson et que les
pêcheurs riverains, cela va sans dire, le savent et agissent en consé­
quence.
Sir Eric Beckett a reconnu que le tracé de la peclŒd green line ne
prend pas non plus en considération le danger qu'elle crée pour le pêcheur
étranger de transgresser la limite, ni les difficultés qu'elle suscite pour

l'exercice de la police .de la pêche:
«Indeed, I know of no rule of international law w'hichsays that
territorial waters must be delimited in such a way that it will be
most easy for vessels to know whether they are inside or outside
territorial waters, or in such a way as to simplify the work of the
coastguards or fishery protection authorities. "

Sans doute, il ajoute que468 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 24 X SI

" .... in fact, we think that the results obtained by applying our prin­
ciples (the green !ines inhe present case), are demonstrably results
which do make it easier than any other system .islikely to do, for
vessels to knowwhether they are inside or outside territorial watersll.

J'ai réfutécette dernière allégation dans mon premier exposé. Mais
je tiens à souligner que sir Eric Beckett reconnaît ouvertement que
le tracé de la pecked green line ne prend en considération aucun de ces
facteurs.
Le seul critère sur lequel se base le système britannique, c'est la ligne
de départage entre la terre et les eaux.
Les données de l'histoire, les nécessitésde la vie, sont écartéescomme
étant dépourvues de pertinence.
Voilà ce que nos adversaires entendent par droit international.
Voilà ce qu'ils proposent comme critère pour déterminer l'étendue

des droits historiques de la Norvège.
C'est en parlant des questions que je viens de rappeler que sir Eric
Beckett a examiné les élémentscle preuve de l'exploitation des fonds de
pêchedepuis des temps anciens (pp. 385, 386}.Il a prétendu que la preuve
que nous en avons apportée serait ((flimsy " et ((worthless n, et que
((broadly speakîng ", on pourrait soutenir que la popula tîon pendant deux
siècles - de 1700 à1900 environ -n'aurait pratiqué la pèche que près
de la côte et dans les fjords.
Ces allégations seront réfutéespar le professeur Bourquin.

Je ne m'arrêterai qu'à une des preuves que nous avons présentées,
à savoir l'étude rédigéepar M. Hovda, directeur de notre Institut de
toponymie (voir l'annexe 93 à la Duplique), à laquelle je me référeraipar
la suite.
La science toponymique peut démontrer que le nom de tel lieu de
pêchene saurait êtrepostérieur à telle époque dans le passé.
Cela suffit pour prouver que le lieu de pêcheen question a étéconnu et
exploité à cette époque, ou plus tôt. Si ce nom reste encore en usage
aujourd'hui, cela prouve que le lieu de pêchequ'il désigne est en usage
depuis l'attributiondu nom, ou bien que son exploitation n'a pas été
interrompue de mémoire d'homme. Autrement, le nom serait tombé en

désuétude.
Tel serait certainement le cas si l'exploitation avait étéinterrompue
dans l'espace d'une génération ou deux et encore plus certainement si
l'interruption avait duré deux cents ans, comme le prétendent nos adver­
saires.
Je ne ferai pas de nouveaux commentaires sur la carence de nos
adversaires en ce qui concerne l'élimination des 1poches indésirables "
crééespar le tracé de la pecked green line.
Par contre, je vais relever la curieuse question posée par le professeur
\~aldo pckur savoir comment nous procédons pour tracer nos lignes
bleues dans les angles formés par l'intersection d~ lignes d'orientations

différentes.
Là où la ligne-limite contourne un saîllan t de la côte, nous nous servons
naturellement d'arcs de cercle. Sinon, les deux lignes-limites se coupe­
raient en formant une pointe, située à plus de 4 milles marins du point
de base le plus proche:
Nous n'appliquons pas notre principe des lignes droites d'une manière
qui conduirait à des absurdités. DUPJ~IQ DEUEM. ARNTZEN (NORVÈGE) - 24 X 5I 469
La position de sir Eric Beckett, au cours de sa réplique, doit être

interprétée comme un abandon- sinon explicite, du moins implicite­
du point de vue défendu antérieurement par le Gouvernement britannique
dans la présente affaire, en ce qui concerne le statut juridique des eaux de
l'Indreleia et des approches y conduisant (pp. 376 etsqq.).
C'est en conséquence de cette nouvelle position que nos adversaires
ont présentéune deuxième conclusion alternative.
Sir Eric Beckett a commenté sa déclaration en ce sens en disant que

" the areas of water which are affected by this point are small
and as far as we know of no importance to fishing at ali)).
Aucune de ces affirmations ne résiste à l'examen.
Nos adversaires reconnaissent que les eaux de J'Indreleia - et en
généraitoutes les " areas of water lying between the island fringe and
the mainland of Norway ))(selon l'expression de la deuxième conclusion

<ùternative) - sont des eaux intérieures norvégiennes.
Cela ne peut manquer d'ébranler le tracé de la pecloed green line sur
toute la côte depuis la ligne Geitingen-Gavlodden jusqu'à TrŒna.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique cette ligne sur la carte.]
Il faudrait alors tirer des lignes de base droites en travers de l'entrée

de tous les fjords et sunds dans ce secteur et établir une bande de mer
territoriale d'une largeur de 4 milles marins à parti.r de ces lignes de base.
La superficie des eaux contestées serait ainsi réduite de façon sub­
stantielle. ]e reviendraisur ce point plus tard.
Mais il n'est-pas exact non plus que la pêchesoit sans importance
dans les eaux jusqu'ici contestées que le Gouvernement britannique
est disposé aujourd'hui à reconnaître comme norvégiennes. Des fonds
de pêcheimportants situés au delà de la pecked green line seraient, selon
la deuxième conclusion alternative, englobés dans les eaux norvégiennes.
En voici des exemples:
Dans les eaux situées entre les îles de Ingoy et de Soroy: les fonds de
Tuboene et de Forsagdeskallen. Ces fonds sont indiqués snr la carte
n° 6 à l'annexe 75 de la Duplique. .
Entre les îles de Soroy et de V<mnoy, dans les eaux de Lopphavet :
une série de fonds de pêchedont les noms sont portés sur la carte no 6

de l'annexe 75 à notre Duplique.
Dans le Andfjord: le vieux fond de Moen (ou Tâja). (Dans cette·
connexion, je renvoie à l'annexe 93 à la Duplique, vol. Ill, p. 579·)
Dans le Vesterâlsfjord: l'important fond de pêchede Longskallen.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique, sur les cartes dressées devant
la Cour, où se trouvent ces divers fonds.]
Il est regrettable que ce dernier abandon des prétentions britanniques
concernant les eaux de l'Indreleia ne soit pas intervenu assez tôt pour
que nous puissions en voir la projection sur les cartes présentéesdevant

la Cour.
Il y avait d'autant moins de raison de différer cette nouvelle prise
de position que notre Duplique a étédéposéele 30 avril de cette année.
Rien de nouveau n'est intervenu, de notre côté, depuis cette date, qui
soit de nature à modifier la position du problème dont il s'agit id.
Dans cet ordre d'idées, il y a lieu de rappeler que le Gouvernement
du Royaume-Uni n'indiquait pas, dans son Mémoire, comment- selon
lui - la limite de pêchenorvégienne devait êtretracée.470 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 24 X 51

C'est seulement avec sa Réplique que le Gouvernement britannique
a déposéles cartes sur lesquelles était porté le tracé de la pecked green
line exprimant les vues du Royaume-Utii sur la délimitation de la zone
de pêche norvégienne.
De ce fait, c'est seulement dans notre Duplique que nous avons pu
procéder à l'analyse détailléede la côte, avec l'explication de nos lignes
et la critique de la proposition britannique.
L'analyse que j'ai faite, devant la Cour, des divers secteurs côtiers,
formait un résumédes paragraphes :r65 à 244 de notre Duplique.
Je présu.me qu'à l'encontre de cette analyse la Partie adverse n'a

pas à faire d'autres objections que celles exprimées dans ses écritures et
au cours de sa plaidoirie orale. ·
Je constate d'abord que nos adversaires n'ont pas fait de commen­
taires àmon exposé concernant le secteur situé entre les iles de Magerôy
et de S6r6y, soit entre les points de baseno~12 et 20.
D'autre part, ils n'ont rien objecté non plus en ce qui concerne les·
étendues considérables situées entre les îles de Vannôy et de Rost,
soit entre lespo~nt desbase nos 22 et 45·

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur les cartes dressées devant
la Cour les lieux cités par M. Amtzen.]

Je fais alors abstraction des remarques britanniques sur les carac­
téristiques topographiques des points de base nos 27 et 39 que j'ai exa­
minés tout à l'heure.
Il reste alors à examiner les eaux que voici : les eaux du Finnmark
oriental, depuis le point de base n° 2 jusqu'au Tanafjord; les eaux de
SvŒrholthavet situées entre les points de base no~ II et 12 ; les eaux de
Lopphavet situées entre les points de base nos 20 et21, et l'entrée du
Vestfjord entre les points de base no~45 et 46.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur les cartes ces différents
points de base.] ·

*
j'examine d'abord le secteur du Finnmark oriental.
j'estime superflu de développer nos objections à la remarque qu'a
faite sir Eric Beckett au sujet de l'entaille par laquelle la pecked green
tine enlèverait une partie du fond de Osterbakken, situé entre les points
de base nm 2 et 3 (p. 386). Je ne \\Oisvraiment pas ce que nos adversaires
peuvent raisonnablement avancer pour ne pas adopter, dans ce secteur,
la ligne de base norvégienne, longue de 6,2 milles marins. .

Quant à ma déclaration concernant le trajet entre les points de base
nos 5 et g,sir Eric Beckett n'y a consacré qu'une seule remarque et cela
au sujet de la capture opérée aux dépens du chalutier britannique
Lord Wàr, en 1930 (p. 388).
Le chalutier Lord Weir figure sous le numéro 30 de la pièce no r à
l'annexe 56 au Contre-Mémoire. La carte numéro 3 de l'annexe 75 à la
Duplique fait voir que le Lord Weir fut capturé en deçà de la pecked
green line.

. [Le capitaine Couchercin-Aamot montre sur la carte l'endroit où eut
lieu la capture.]
La ligne Harbakken (Hàbrandsneset) - Korsneset est longue de
II milles marins, alors que la ligne Harbakken (Hàbrandsneset)
Klubbespiret est longue de 6,8 milles marins. DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 24 X 5I 471

Il ne fut pas prononcé de iugement contre le capitaine du Lord Weir.
J~e capitaine préférapayer l'amende fixéepar la police. Je n'ai pas été
:àmêmede me procurer les documents y relatifs, de sorte que je n'ai pas
pu me rendre compte des données de l'affaire.
Il est bien possible que les autorités norvégiennes, en présence des
protestations britanniques consécutives à cette capture, se· soient
prévalues du fait que le chalutier avait étéappréhendé en deçà de la
Iimite de 4 milles, comptée à partir d'une ligne de base tirée entre Har­
bakken (Habrandsneset)- Klubbespiret, dont la longueur est inférieure
.à-ro milles marins. Les motifs dont se sont inspirées les autorités norvé­

_giennes dans des cas semblables-ont étéexpliqués au paragraphe II3 du
Contre- Mémoire. >1< ·

Je passe ensuite au Vestfjord. _

D'après ce qui a étédéclarépar nos adversaires à cette bane au cours
de leur réplique, je crois comprendre que ceux-ci abandonnent mainte­
nant, en fait, leur prétention de ne reconnaître au Vestfjord que le carac-
tère d'eaux territoriales. ,
Il leur reste alors à modifier Je tracé de la pecked green line dans ces
eaux, et à adopter une ligne de base àpartir du point n° 45, reconnu par
nos adversaires comme étant celui qu'il faut utiliser sur la rive occiden­
tale du fjord.
Il leur reste encoreà tracer au delà de cette ligne de base la limite d'une
bande d'eaux territoriales large de 4 milles marins.
La réelledifférence entre les points de vue des deux Parties se réduit
ainsi à la question de savoir si la ligne de base, en travers du Vestfjord,
doit êtretracée entre les points nos45 et 46, ou bien, comme le prétendent

nos adversaires, si elle doit se terminer sur le phare de Kalsholmen Fyr.
[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur les cartes les lignes de
base et les points de bases mentionnés par M. Arntzen.]
Dans mon premier exposé, j'ai rendu compte des raisons qui ont
déterminé la délimitation établie par le Gouvernement norvégien
(pp. 365-366).
Dans sa réplique, sir Eric Beckett a soutenu que la ligne britannique
serait la plus appropriée, parce que c'est celle qui traverse la ligne côtière,

du continent d'une part, et de la frange d'iles de l'autre à des angles
presque droits ; en d'autres termes, suivant la direction générale du
fjord (p. 385).
Seulement, sir Eric Beckett néglige le fait que les rives du Vestfjord,
à son entrée, sont dissymétriques. L'entrée occidentale des eaux est
plus en retrait que l'entrée orientale.
C'est pourquoi une ligne tirée du point no 45 et jusqu'à Trrena constitue
pour le Vestfjord la ligne de fermeture la plus indiquée, vu la géographie
des lieux. Le Gouvernement norvégien estime êtredu bon côtéen traçant
la ligne de base entre le phare de Skomvrer Fyr et l'archipel de Myken,
c'est-à-dire une ligne plus en retrait que la ligne de fermeture que je
viens de mentionner.
Nos adversaires peuvent-ils réellement prétendre qu'une limite de
pèche déterminée à partir de cette ligne de base soit contraire au droit
international, alors que les exigences de ce même droit international

seraient satisfaites si l'on traçait la ligne de base depuis le phare de
Skomvrer Fyr jusqu'au phare de Kalsholmen Fyr? . \472 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 24 X 51

. A!ltant que je puis comprendre, nos adversaires aussi reconnaissent
à l'Etat riverain un certain choix ou une certaine marge d'appréciation
dans le tracé des lignes de base dans les divers secteurs côtiers.
La différenceentre la ligne de base norvégienne et la ligne de fermeture
britannique est assez minime pour que les eaux encore contest soé~nt
largement couvertes par le pouvoir d'appréciation du Gouvernement
norvégien.
Les secteurs qui me restent à. examiner sont les suivants : celui situé

entre les îles de Sôréiyet de Vanno y (Lopphavet) et celui situé entre le
cap Nordkyn et le cap Nord (SvŒrholthavet).
SirEric Beckett a attribué beaucoup d'importance au fait que le
terme hm' est utilisé dans les noms de Lopphavet et de SvŒrholthavet.
Il a signalé que l'océanAtlantique s'appelle, en norvégien, Atlanterha~'et
(p. 390).
Je dois de nouveau renvoyer au paragraphe 14 e) de la Duplique et à.
ce que j'ai dit à ce sujet, au cours de mon premier exposé (p. 354).
Il n'y a rien d'extraordinaireà ce qu'un mot ait un ou plusieurs sens
différents. Personne n'a contesté qu'un des sens du mot haven norvéf,>ien

signifiàtocéan.
Seulement, dans les dialectes de la Norvège septentrionale, le terme
hav a encore d'autres sens.
Le dictionnaire éditépar Knudsen et Sommerfelt, Norsk Riksmiil­
sordbok (Dictionnaire clu norvégien littéraire), auquel se réfèresir Frank
Soskice (p. ug), donne les définitions les plus courantes du vocabulaire
général.Ce dictionnaire n'est pas - et n'a pas la prétention d'être-
complet en ce qui concerne les sens oules nuances des termes techniques,
ou des termes employés dans les dialectes. Les auteurs ont fait des réser­
ves expresses sur ce point dans leur préface à la page VIII.

Dans les dialectes de la Norvège du Nord',le terme hm1sert à désigner
les portions de mer où se pratique la pêche: on parle de "fiskehmJ"
(eaux de pêche) en général, et, en particulier, de «garnhav " (parcelle
assignée aux trains de filets) et de " lineh»v(parcelle assignée aux trains
de lignes) pour désigner les eaux où se pratique la pêcheavec les trains
de filets et de lignes respectivement.
On se sert aussi du terme <Lofothm1et JJpour désigner les eaux du
Vestfjord où se pratique la pêcheaux Lofoten.
Le terme " Loppha11et » sert à désigner les fonds de pêche dans les
eaux baignant l'ile de Loppa, alors que le terme <1Svrerholthm1et ))
s'applique aux fonds de pêcheau large du cap cSvŒrholtklubben ».

Comme il a déjà étéexpliqué, la législation sur la pêchea adopté le
terme dans le sens qu'il a dans les dialectes. ··
Les dia]ectes de la Norvège du Nord utilisent en outre le terme hav
pour désigner l'eau salée en général, que ce soit la haute mer ou la
crique d'un fjord.
A l'annexe 7 au Mémoire, le Gouvernement britannique a présenté
quelques silhouettes de côtes. Sur ]a silhouette E est porté le nom de
((Frohm1et n,qui sert à désigner ce qu'on appelle en anglais des enclosed
u·aters.
Il y a égaiement lieu de mentionner les faits suivants :

Jusqu'au xvnmc siècle, le norvégien était la langue principale dans les
îlesShetland, et les lieux de pêchey portent encore des noms qui ressem~
blent aux noms norvégiens. Je renvoie à ]. Jakobsen: Det norrtine
Sprog paa Shetland- La langue norroise aux Shetland- Copenhague, DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 24 X 5I 473.

r8g7. Idem: Shetlandsoernes Stednavne- toponymie des îles Shetland­
Copenhague, rgor, et Etymologisk Ordbog over det norrcine Sprog paa.
Shetland - Dictionnaire étymologique de la. langue norroise aux Shet-·
land- Copenhague, rgzL
En 1937, le commandant Neven-Spence, représentant des Orcades.
et des Shetland, déclara à la Chambre des Communes :

" I will give a:nother example from my knO\vledge of a very
famous Shetland fishing. It is know:n as the Burra Haa:f and lies.
six miles off the west of Shetland. It was one of the finest fishing­
anywhere round the coast, but now there is nothing to be got
on it at ail by reason of trawling. )) (Parliamentary Debates,.
vol. 329, no r8, jeudi r8 novembre 1937, pp. 678 et sqq.)

Il ressort "clairement de cette citation que dans Burra Haaf, le terme·
Haaf a étéutilisé dans le sens de lieu de pêche- donc dans le même·
sens que le terme hav peut avoir en norvégien.
Sir Eric Beckett a choisi les eaux du Sv.erholthavet comme exemple­
témoin.
Il déclara qu'il aurait aimé choisir le Lopphavet. Mais il voulait se
servir de cartes à grande échelle sur lesquelles les eaux du Lopphavet
auraient couvert des feuilles tellement nombreuses qu'il aurait dû édifier
dans la salle d'audience un appareil compliqué (p. 390).
Abstraction faite de la possibilité qu'avait sir Eric Beckett de se

servir, pour les besoins de sa démonstration, sur ces eaux, de notre­
carte agrandie no 6, je crois que ce n'étaient pas les dimensions du­
Lopphavet qui l'avaient conduit à se rabattre sur un autre exemple­
témoin.
Je croîs que la raison de son choix était le fait que le bassin appelé
Lopphavet conduit à l'Indreleia. C"est pourquoi nos adversaires n'ont
pas utilisé de lignes de base pour établir le tracé de la peched green line­
dans ces parages. Mais d'après ce qu'ils viennent de déclarer à cette
barre, à propos de l'Indreleia, ils se rendent sans doutecompte qu'ils­
devraient soumettre le tracé de la pecked green line ·dans les eaux du.
Lopphavet à uné revision complète. ·
Puisqu'ils reconnaissent gue les eaux situées en deçà de la frange·
des îles, îlots et écueils ont le caractère d"eaux intérieures, nos adver­
saires seraient obligésde tracer une ligne de base en travers du Loppha vet
à partir d'un endroit quelconque. Par exemple entre les iles de Sëroy
et de Amoy. Dans ce cas ils devraient reconnaître à la Norvège une
bande d'eaux territoriales s'étendant à 4 milles marins au delà de cette
ligne de base.
Mais a.lors la différence entre la ligne britannique et la délimitation

de I935 devient si minime que les eaux du Lopphavet ne seraient guère
utiles comme exemple-témoin des prétentions britanniques.
La- différence serait si -infime que, même selon la thèse britannique,
les eaux encore contestées seraient à la discrétion du pouvoir d'appré-
ciation de l'État riverain. ·

..474 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 25 X SI

[Séancepubliquedu 25 octobreX95t, matin]

Le PRÉSIDENT: M. le juge Zor:iciéa fait connaître son désirde poser
une question à M. l'agent du Gouvernement de Norvège. ·
J'indique immédiatement à M. l'agent du Gouvernement de Norvège
·qu'il pour:ra répondre à cette question au moment opportun. Il n'est
pas nécessaire d'y répondre immédiatement. En effet, étant donné la
nature de la question, je crois que le renseignement qui est demandé
·sera plus utilement fourni un peu plus tard.

M. ZoRiéié: Je prie M. l'agent du Gouvernement de Norvège de
-donner les éclaircissements suivants.

Dans l'annexe ror de la Duplique, nos r,2 et 3, relative ·aux licences
.accordées au lieutenant de vaisseau Erich Lorch, on trouve des références
.à la roche noyée de Gjesbâen, ainsi qu'à Ervik dans le bailliage de Senja
jusqu'à Hasvâg dans le Finnmark.
M..l'agent pourrait-ilindiquersur les cartes oi1se trouvent ces endroits?

M. ARNTZEN: Monsieur le Président, je pourrais le préciser immédi:üe­
ment. Mais, peut-être, avec la permission de la Cour, est-il préférable
-d'attendre, car les deux lieux ne figurent pas sur la mêmecarte.

Le PRÉSIDENT: Comme je l'ai dit, vous voudrez bien donner ces
·renseignements au moment que vous jugerez le plus opportun.
En conséquence, je vous donne la parole pour la continuation de
votre exposé.

M. ARNTZEN:Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, en terminant
hier mon exposé, j'examinais les eaux de Lopphavet.
J'avais démontré que nos adversaires, pour être fidèles aux décla­
rations formulées au cours de leur réplique au sujet de l'Indreleia et
-deseaux situées en deçà de la .frange des îles, îlots et écueils,étaient dans
l'obligation de tirer une ligne de base en travers de l'entrée de Lopphavet
et d'établir une bande d'eaux territoriales de 4 milles marins au delà
de cette ligne de base.
J'avais signalé également que nous étions sans indications sur la
manière dont nos adversaires entendent tracer cette ligne de base.

Les droits de la Norvège aux eaux de Lopphavet, droits de caractère
géographique, historique et économique, sont fondés sur une documen­
tation abondante que j'ai analysée au cours de mon premier exposé
(pp. 357-361). .
Je ne crois pas que sir Eric Beckett ait affaibli la portée de cette docu­
mentation par son exposé concernant le Lopphavet (pp. 386, 387).
Je peux ajouter encore à notre documenta.tion historique les .préci-
sions suivantes : ·
Dans l'ouvrage La vie et l'histoire du peuple norvégien (cité par nos
adversaires au cours de leurs premières plaidoiries, p. ro8), Oslo, rgzg,
tome VIII, page 48, il est dit :

cEn r8o6 encore, le préfet du Finnmark estimait devoir user de
son pouvoir administratif pour ordonner le délogement des trains de
filetsdesriches pêcheried se Loppa, pour que les pêcheurSaux lignes
n'y fussent pas évin_cé psr la concurrence.))(Italiques par nous.) o I;lUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE\ - 25 X SI 475

Dans le volume XVIII (Oslo, 1924) de la publication La toponymie
des exploitations agricoles en Norvège (citée dans la Duplique, vol. III,
p. 586, note :r), il est dît au sujet de la communauté de Loppa:

ccEn tout cas. le nom [Loppa] semble être d~orig norveégienne

et être, comme le nom de l'île voisine de Sild, d'un âge vénérable. n
"(P. 92.) .
" La construction de l'église actuelle fut achevée en IJ47· JJ
(P. 92.)
(<En 1746, on attribue à la paroisse de Loppa la population de
:r68 Norvégiens et 43 Lapons sédentaires. » (P. 94.)
((L'î:lede Silden est voisine de l'île de Loppa, de mêmeétendue à
peu près, et son nom semble pouvoir rivaliser avec celui de sa
voisine qui, apparemment, est d'une très haute antiquité.» (P. III.)

Le professeur Amund Helland, qualifié par sir Eric Beckett d'éminent
historien (p. 426). déclare dans son ouvrage Norges Land og Folk, Finn­
markens Ami (Description topographique et historique de la Norvège,
département du Fiimmark), volume 1, page 6o:r :

<cLa pêcheau colin est pratiquée soit auprès des roches noyées
face à la mer, soit dans les grands fjords ouverts .... Dans les départe­
ments du Troms et du Nordland, par contre, on pêcheaux approches
de la côte ou bien sur les bancs côtiers, là où ceux-ci présentent des
renflements peu profonds. Les roches de Gjesboene ))- ce nom est

mentionné dans le document auquel M. le Juge ZoriCiés'est référé­
''dans les eaux du Lopphavet constituent des fonds particulièrement
connus.))

Je ne vois pas de raison d'invalider la délimitation fixéepar le décret
de 1935 pour le secteur allant de l'île de Soroy à l'île de Vannoy.
J'en arrive ·maintenant à l'exemple-témoin choisi par sir Eric Beckett,
à savoir les eaux du SvŒrholthavet situées entre le cap Nordkyn et le
cap Nord (p. 390). .
Au cours de mon premier exposé, j'ai examiné SvŒrholthavet de façon
assez détaillée(pp. 352 et sqq.).

. Pour les besoins de sa démonstration, sir Eric Beckett a utilisé une
carte à grande échelledu Svrerholthavet.
Cette carte avait le défaut de ne pas comprendre les deux rives de la­
baie en question. Mais pour qui regarde une carte présentant les deux
rives du Svrerholthavet, aucun doute ne peut s'élever sur son caractère
de baie.
Le fait que la presqu'île de Svrerholt s'avance dans ces eaux pour
former les deux fjords de Laksefjord et de Porsangerfjord, ne saurait
enlever à ces eaux le caractère d'une baie. Sinon, l'existence de ce sur­
croît de territoire, en l'espèce la presqu'ile de SvŒrholt, aurait pour
conséquence de dimintter l'étendue des eaux territoriales.
Les distances entre la ligne de base Nordkyn-Knivskjrerodden (points

de base nosnet I2) et l'intérieur du Laksefjord et du Porsangerfjord sont
respectivement de 50 et de 75 milles marins. C'est évidemment avec ces
distances qu'il faut compter pour mesurer la pénétration de la baie, et
non pas la distance de la ligne de base au cap Svrerholtklubben, comme
le veulent nos adversaires.476 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 25 X SI

L'existence des quelques petits fjords qui découpent les rives de cette
baie, ne lui enlève pas le caractère d'une baie.
Le télégramme du z6 février IgoS (par. 93 du Contre-Mémoire) éma­
nant du préfet du Finnmark caractérise la ligne Knivskj<erodden­
Nordkyn comme traversant l'embouchure d'un fjord.

Cette conception concorde avec celle qui a toujours régnéau sein de
la population locale. ·
-C'estaussi le cas de la proposition faite par la Commission de la Fron­
tière -des Eaux territoriales de I9II (voir l'annexe 36 au Contre-Mémoire,
nos IZ et I3).
Sir Eric Beckett s'appuie de nouveau sur les conversations de Londres
de I925.
Je maintiens qu'une telle exploitation de ces conversations est
contraire aux réserves qui furent alors formulées. Je rappelle que, lors de
ces conversations, le point de vue de la Grande-Bretagne était que la
Norvège avait droit seulement à une bande d'eaux territoriales de
3 milles et à des baies dont l'ouverture ne dépasse pas 6 milles marins.
Pour ce qui est des lieux de pêchesitués entre le cap Nordkyn et le

cap Nord, je renvoie à ce que j'ai dit au cours de mon premier exposé.
Les remarques au sujet de l'analyse qu'a fournie .M.Hovda des noms
des fonds de Sleppen, de Reian et de Sveet, donnent l'impression. que
sir Eric Beckett n'a pas examiné de façon bien approfondie cette étude
toponymique.
La déclaration faite par la Commission de r8z5 et suivant laquelle le
fond de Sleppen aurait à cette époque étéexclusivement utilisé par les
Nordlandais, ne peut s'appliquer qu'à une période très limitée.
D'ailleurs, les Nordlandais sont des Norvégiens. Par contre, il faut
attendre I933 pour voir rapporter que des étrangers ont pratiqué la
pêche près de Sleppen. C'est alors que le chalutier allemand Emma
Richardson fut appréhendé. Il pêchait à l'endroit marqué par le signe
zéro45 sur la carte n° 4 de l'annexe 75 à la Duplique.
En rgzs. le chalutier britannique .Franc. Tireur fut surpris en train

de pécher à 4 milles marins à l'ouest du cap Nordkyn, en deçà de la
pecked green tine. A part cela, les chalutiers britanniques n'ont essayé
de pratiquer la pêchedans les eaux du Svrerholtha vet qu'après la promul­
gation du décret de rg35.
[Le capitaine .Coucheron-Aamot indique sur la carte les différents
endroits cités par M. Arntzen.J

Dans mon premier exposé (p. 354), j'ai si&'Tialé que nombre d'États
considèrent comme eaux nationales des baies ayant une largeur bien plus
considérable que celle du Svrerholtha '-:et.La largeur du SvŒrholtha vet
est de 38,g milles marins.
En me référantà l'annexe Il2 à la Duplique, je mentionnerai quelques
baies, d'une ouverture supérieure à 38 milles marins, et revendiquées
par les pays respectifs comme faisant partie de leur territoire:

Argentine: le golfe de San Matias, ayant une largeur de 55 milles à
l'ouverture; le golfe de San ]orge, ayant une largeur de rzs milles;
l'estuaire du Rio de la Plata, large de I35 milles (voir annexe nz à la
Duplique, par. 34).
Canada: la baie d' Httdson, ayant une largeur de 50 à 6o milles marins;
l'estuaire du Saint-Laurent, ayant une ligne de base tirée du cap Rosiers
(sur l'île de Gasp) à l'île d'Anticosti, longue de 40 milles, et de l'île DUP.LIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 25 X )I 477

d'Anticosti jusqu'au rivage septentrional, longue de 19 milles (par. 37).
Égypte: la baie d'El Arab, ayant une largeur de 50 milles marins
{par. 40).

États-Unis d'Amérique: la baie de Bristol (Alaska) a une largeur de qo
à rso milles marins selon l.'endroit d'où l'on tire la ligne. Le professeur
Hyde indique également d'autres baies de l'Alaska telles que: la baie
de Golofnin, large de roo milles marins environ; la baie de Kuskok<~in,
.large de 75milles marins environ; la baie de CookInlet, qui a une ouver­
ture de 50 à 70 milles marins selon l'endroit où l'on tire la ligne de ferme­
ture (par. sr).

France: en Tunisie, le golfe de Gabès,ayant une largeur de 40 à so milles
marins à l'ouverture (par. 42).
U.R.S.S. : la mer Btanche : une ligne de base a ététirée du Sviatoi Nos
au Kanin Nos, dont la longueur est de 89 milles marins ; la baie de

Tscheschskaya, ayant une largeur de 44 milles (par. so).
Je signale aussi que la Grande-Bretagne, pour North Borneo, ferme
la baie de Darvet par une 1igne 27 milles environ ; et la zone de Maruap,
par une ligne de base de 30 milles (par. 46).

* * *
J'ai analysé les conclusions définitives du Gouvernement britannique

·etj'ai examiné le tracé norvégien, la ligne bleue et la proposition britan­
nique de la pecked green tine.
A l'issue de ces débats, certaines réflexionss'imposent naturellement.
A en juger par les conclusions du Gouvernement britannique- qui ne
-consacrent pas moins de 13 points aux questions de principe- l'écart
:Serait très grand entre la limite tracéeen vertu du décret de 1935 et celle
que propose le Gouvernement du Royaume-Uni.
Les débats portant sur les questions de principe ont également
1aisséentrevoir l'abîme gui sépare les thèses des Parties.
Bien plus, si l'on examine les notions fondamentales qui sont mises
·enavant dans cette affaire, on dirait que les Parties s'interpellent à travers
un désert.
La question se pose irrésistiblement : quelle est la portée pratique de
ce profond désaccord sur les principes de la détermination de la limite

sur la côte litigieuse ? Il faut dire, en effet, gu'au départ, les divergences,
·quant aux faits, étaient considérables elles aussi.
· La Norvège a organisé, dès 1908, sa police de la pêcheen se basant sur
•les lignes mêmesqui furent par la suite fixéespar le décret de 1935. Le
Royaume-Uni préconisait, dèsl'affaire du Lord Roberts en 19II, une lar­
geur de 3 milles marins pour les eaux territoriales, une longueur de
45milles marins pour les lignes de base èntravers des fjords,etne recon­
:naissait la possession d'aucun espace maritime sur une base historique.
Aujourd'hui, l'optique des choses a changé. Le Gouvernement du
Royaume-Uni vient de reconnaître les droits historiques de la Norvège,
à savoir: la limite de 4 milles marins, le caractère national de tous les
"fjords et sund~ sans limitation à 6 milles d'ouverture d'abord, à
ro milles ensuite ; la possession de toutes les eaux s'étendant en deçà du

-skjŒrgard, et en fait aussi des fjords et baies forméspar les élémentsde
-ce skjŒrgard, et cela également sans limitation à ro milles de largeur.4'78 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 25 X 5I

Le Gouvernement du Royaume-Uni préconise comme règle générale
du droit international la règle dite tidM1tark rule - comportant une
bande territoriale de largeur déterminée, calculée à partir de la !.igne de
côte physique. Mais cette règle ne s'appliquerait pas à l'entrée des inden­
tations mineures, ni aux eaux des baies, ni dans le cas d'une côte conti­
nentale bordée d'îles présentant une configuration de la nature du
skjŒrgârd norvégien.
Que reste-t-il alors decette prétendue règle quand il faut l'appliquer
à une côte comme celle de la Norvège dans les secteurs contestés -
une côte qui, à l'est du cap Nord, ne se compose que de fjords et d'inden­
tations et qui, à l'ouest du cap Nord, estmasquée d'une ceintme ininter­
rompue d'îles, d'îlots et d'écueils? Je ne saurais donner une réponse
précise à cette question car, en fait, la piJckedgreenline est déjà périmée.
Essayons de nous représenter, au sud de la ligne Geitingen-Gavlodden,

le tracé de la pecked green lùu revu et corrigé conformément au principe
selon lequeUe les eaux de l'Indreleia et du Vestfjord constituent des eaux
intérieures. On est alors frappé de voir comme les prétentions elu Gouver­
nement britannique se sont amenuisées. On peut alors constater combien.
le tracé britannique s'est finalement rapproché du tracé norvégien.
N'est-ce pas là une preuve supplémentaire du caractère naturel et
raisonnable de la délimitation appliquée à cette côte par le décret
de 1935 ?
Le 14 octobre 1951, nous avons communiqué au Greffier de la Cour
l'état détailléde la superficie considéréealors comme contestée, soit les
eaux situées entre la ligne bleue et la pecked green line. Cette superficie
accusait un total de 6.g2o kilomètres carrés.
Au stade actuel du procès, ce chiffre se trouve réduit de façon substan­
tielle. Loin de moi la pensée que les eaux séparant la ligne bleue et la
pec!Œdgreen line ainsi réviséesoient sans importance pour la population
riveraine.
La délimitation de 1935 mutila gravement le domaine dans lequel les.
pêcheurs norvégiens avaient joui du droit exclusif à la pêche. Il est

d'importance "vitale pour eux que les eaux situées en deçà de la ligne·
bleue soient en totalité protégées contre les chalutie"rs britanniques,
comme elles le sont contre les chalutiers norvégiens. .
L'étendue fortement réduite des eaux encore contestées ne saurait,.
par contre, présenter aucun intérêtpour les chalutiers britanniques.
Pour le Gouvernement britannique, l'enjeu de. l'affaire ne réside plus.
tant dans les intérêtstangibles que dans les questions de principe.
La Partie adverse a appelé à son secours la mythologie grecque pour
railler la méthode norvégienne de délimitation. Elle l'a qualifiée de plan.
d'action qu'elle a baptisé opérationProtée.
Devant la peckedgreentine, tellement théorique, a:umoyen de laquelle·
le Gouvernement britannique entamerait le droit acquis par la Norvège
sur la base d'un usage séculaire, le nom d'une autre figure mythologique
vient à mon esprit. Il peut servir pour désigner le plan d'action élaboré:
par nos adversaires: c'est l'opérationProcuste.

*
* *

Je viens de recevoir une communication qui me force à faire des obser­
vations supplémentaires avant de céder la place au professeur Bourquin. DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 25 X 51 479'

J'ai reçu ce matin copies de deux lettres adressées par sir Eric Beckett
au Greffier de la Cour, en date du 24 octobre 195r. La première de ces
lettres concerne les points de base nos 21, 27 et 39, et la déclaration du_
Service hydrographique de Norvège, en date du 19 octobre 1951.
Au cours de la séance d'hier, j'ai dit par inadve1·tance que la lettre
que j'avais adressée au Greffier portait la date du rS octobre. En fait, la
lettre est datée du rg octobre ..La correction de cette erreur sera portée
au compte rendu.
Sir Eric Beckett déclare dans sa lettre que

«the Government of the United Kingdom is not able to accept
the accuracy of the minutes of the Hydrographical Service with
regard to these three points. The reason is that the minutes of the
Hydrographica1 Service are in conflict with the charts for which
this Service is responsible, and, as I pointed out in my address to·
the Court (pp. 389, 390), our contentions with regard to the charac­
ter of these three rocks is based upon these charts. .
The Norwegian Hydrographical Service has not explained the dis-·

crepancy between its minutes and the charts which it has issued,
nor has it admitted that the charts are înacctirate in this respect..
On the other band, Mr. Arntzen dîd not contest my statements that
the information that I gave to the Court regarding these rocks was
based on a correct reading of the charts. ))
Au paragraphe zz6 de la Duplique, nous avons reproduit le-signe conven­

tionnel qui, sur les cartes norvégiennes, - ainsi d'ailleurs que sur les.
cartes britanniques à l'annexe 2 du Mémoire,et à l'annexe 35 à la Répli­
que - a étéutilisé pour désigner les écueils servant à déterminer les.
points de base nos zr, 27 et 39·
A cette occasion, nous avons dit dans notre Duplique:
((Ilne ressort pas clairement de la Réplique, ce qu'il faut entendre
par 11rock awash Jpar opposition à ((drying rock )),puisque le Gou­
vernement britannique use les deux termes pour désigner des écueils

qui sont portés sur les cartes marines avec lemêmesymbole ( *),
par exemple le point de départ n° zS, qu'il désigne également par
un troisième terme, à savoir<<dry skj<er n.Or, en fait, le poin:t no zr,
Vesterfallet,découfJr e maréebasse.))
Par conséquent, la déçlaratîon du Service hydrographique de Norvège

n'est pas contraire aux indications des cartes.
Je puis ajouter: le signe conventionnel reproduit au paragraphe 2z&
de la Duplique a servi sur les cartes non seulement pour désigner les.
points de base nos zr, z7 et 39, mais aussi pour désigner les points de
base norvégiens no 24 (Juboen) et n° z8 (Glimmen). Ces deux écueilsont.
étépris comme points de base pour la détermination de la pecked green­
line aussi, c'est-à-dire qu'ils ont étéutilisés par le Gouvernement bri~
tannique lui-même.
C'est ce qui ressort de la carte britannique no 6, à l'annexe 35.
Par conséquent, JeGouvernement britannique se sert lui-mêmecomme
points de base pour la détermination de la peckedgreentine des écueils.
qui, sur les cartes, sont désignéspar le mêmesigne conventionnel que
les points de base nos 21, 27 et 39·
Il ne ressort pas de la lettre de sir Eric Beckett si sa contestation se

rapporte également à la déclaration faite par le Service hydrographique480 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 25 X 5I
.de Norvège et suivant laquelle la roche de Storfaltei Gàsan- qui n'est
pas un point de base - est une roche qui ne couvre pas à marée haute

(which doesnot coverat high water). Mais pour le cas où Sir Eric Beckett
aurait visé également cette roche, je tiens à préciser formellement que,
sur la carte spéciale, la roche de Storfallet est désignée par le signe
servant à indiquer les roches ne couvrant jamais.
Sir Eric Beckett dit à la fin de sa lettre :
((Further, as I stated in my address, the information on the charts
with regard to point zr is also confirmed by Den LVorslΠLos,
Volume ro, or, in other words, the "Sailing Directions" issued by
the Norwegian Government. ))

J'admets qu'il y a ici une divergence. Cette divergence s'explique,
Œpendant, de la manière suivante:
La dernière édition du Norske Los est de rgz6. Depuis cette date, il
a étéentrepris, dans les parages de la Norvège du Nord, des vérifications
sur les données hydrographiques, et c'est sur la foi de ces vérifications
que se base la dédaration du Service hydrographique en date elu rg octo­
bre rgsr, suivant laquelle Storjalletest une roche qui ne couvre pas à

marée haute. 14. DUPLIQUE DE M. MAURICE BOURQUIN

(AVOCAT DU GOUVERNEMENT DU ROYAUMl DE. NORVÈGE)
AUX SÉANCES PUBLIQUES DES 25, 26 ET 27 OCTOBRE 1951

[Séancepublique du, 25 octobre t95I, ma#n]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, les plaidoiries qui ont été
prononcées en réplique par nos adversaires font certainement grand
honneur à leur talent. Je ne crois pas, cependant, qu'elles aient affaibli
notre argumentation, ni qu'elles aient modifié l'éclairage du procès.

J'avais espérépouvoir me contenter, dans cette duplique orale, de
rappeler les grandes lignes dea contestation et les points essentiels qui
me paraissaient acquis. Mais la méthode qui a étésuivie par nos
contradicteursm'empêchede le faire. ··
Les objections qu'ils nous ont adressées sont nombreuses. Ils ont jeté
dans le débat une quantité d'arguments anciens et nouveaux, et ces argu­
ments, par leur masse, peuvent faire momentanément illusion. Je suis
donc obligé de les suivreans la voie qu'ils ont suivie, afin d'établir que,
lorsqu'on examine de près leurs observations, on les voit s'évanouir
immédiatement.
Sur l'objet du différend, il me paraît inutile d'insister, car nos vues se

sont heureusement rapprochées.
L'agent du Gouvernement norvégien a fait valoir les critiquesque
nous adressons aux conclusions de la Partie adverse. Mais, quelles que
soient les réserves que nous ayons à formuler à cet égard, il est certain
que les conclusions finales prises, au nom du Gouvernement britannique,
par sir Eric Beckett marquent un progrès très sensible par rapport aux
précédentes.
la validité internationale du décretde 1935 y est directement visée.Le
Gouvernement britannique demande à Ia Cour de dire que ce décret est
en contradiction avec les exigences du droit international.Nous lui
demandons de dire qu'il n'en est rien. Voilà l'objet du différend déterminé
d'une manière concrète et précise.
Je dois cependant relever certaines observations qui ont étéprésentées

à la harre par le professeur \Valdock.
Celui-ci a contesté la compétence exclusî ve l'}~ côttet pour déli­
miter son territoire maritime à l'égard des autres États.
Si le professeu\~laldo vcut dire par là que cette CO!npétencen'est
pas une compétence discrétionnaire et qu'en l'exerçant l'Etat côtier doit
se conformer aux règles du droit international, nous sommes entièrement
d'accord.
Il n'en reste pas moins que l'État côtier est seul compétent pour
Jlrocéder à la délimitation de son territoirmaritill"!e, qu'aucun autre
Etat, qu'aucune autorité internationale ne pourrait se substituerà lui
en pareille matière.
Le professeur \\1aldock a ajouté que les règles du droit international

qui concernent la délimitation du territoire maritime ne prennent pas
la forme de règles prohibitives. Ce que nous soutenons, a-t-il dit, c'est
que le décret de 1935 n'est pas valable, d'après Je droit international,
32482 DUJ'LIQUE DE i\I. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 5I

à l'égard du Royaume-Uni. Le droit international n'interdit pas à la_
Norvège de formuler des revendications qui dépassent les limites établies.
par les règles générales_du droit international et d'essayer d'obtenir

l'acquiescement d'autres Etats à ces dépassements. Mais ces dépassements.
ne nous sont pas opposables, à nous Royaume-Uni, sans notre consen-­
tement.
Je suis heureux que le professeur Waldock ait ainsi précisésa thèse,_
car nous sommes entièrem,ent d'accord avec lui sur ce point.
, Il est évident que si un Etat se déclaredisposéà reconnaître à un autre­
Etat des compétences maritimes plus étendues que celles qui résultent
du droit commun, rien n'empêchepareille entente de se réaliser. Et il est
tout aussi évident que les effets de cette entente seraient limités aux rap-­
ports des deux États contractants.
Seulement, l'hypothèse imaginée par Je professeur Waldock est:

absolument étrangère au litige actuel.
La Norvège ne prétend pas appliquer au Royaume-Uni le décret de,
I935 en vertu d'un accord spécial. Elle prétend le faire en vertu des:
règles généralesdu droit internationaL Ce qu'elle soutient, abstraction
faite, bien entendu, de ses titres historiques, c'est que les limites qui lui.
sont imposées par le droit international concernant son territoire mari-­
time n'ont pas étéenfreintes par le décretde I935 et que, par conséquent,.
ces limites sont opposables au Royaume-Uni sans qu'un acquiescement
spécialde ce dernier soit aucunement nécessaire.
Pourquoi le décret de I935 ne serait-il pas opposable au Royaume­
Uni?

Ce décret ne serait pas opposable ·au Royaume-Uni parce qu'il serait:
en désaccord avec certaines règlesde droit international qui sont énumé­
rées et exposéespar la Partie adverse dans ses conclusions.
Nous voici donc parfaitement au clair. I>our que les objections adres-·
sées pa.r le Gouvernement britannique à la délimitation résultant du.
décret de I935 soient fondées, il est indispensable que les règles en
question existent réellement et qu'elles lîent la Norvège. S'il 11en était:
pas.ainsi, les objections du Royaume-Uni seraient dépourvues de fonde­
ment et toute sa thèse s'écroulerait. C'est ce que nous avons toujours.
soutenu. Mais nous constatons avec plaisir que cette vérité indiscutable·
est mise en quelque sorte en relief maintenant, à la fois par les conclu-­
sions de nos adversaires et pa.r les explications qui ont étéprésentéesà
la barre par le professeur \Valdock.
Les règles qui sont invoquées par la Partie adverse existent-elles ?·

En d'autres termes, est-ce que ces règles constituent des règles coutu-­
mières, ayant force obligatoire pour la Norvège ?
Pour qu'une règle coutumière existe, il faut qu'elle réunisse cer:taines.
conditions, il faut qu'elle corresponde àn la pratique généraledes Etats>>·
et que cette pratique généralesoit "acceptée comme étant le droit 11;
en p'autres termes, qu'elle soit observée comme une nécessitéjuridique ..
Ces deux conditions sont à la base de la notion mêmedu droit coutu­
mier. Aussi longtempsqu'elles ne sont pas réunies,il n'y a pas de coutume,,
la règle coutumière n'existe pas.
Or, quels sont les prétendus élémentsde preuve sur lesquels s'appuie
le Gouvernement britannique pour tenter d'établir l'existence des

règles coutumières qu'il invoque ? Est-ce qu'il démontre que ces,
.règlesqu'il nous impose, et au nom desquelles il prétend cond~mner
Je décret de 1935, sont conformes à ta pratique générale des Etats?- DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NO.RV.ÈGE) - 25 X 5I 483

Il n'essaie même pas de le faire parce qu'il sait d'avance qu'il
échouerait.
Comme j'ai eu J'occasion de le rappeler dans ma première plaidoirie,
il n'est pas toujours facile d'être renseigné d'une manière précise et
certaine sur la pratique des Etats. Les informations officielles font
souvent défaut, mais tout de même,nous avons pu en réunir un nombre
assez impressionnant. Je rappelle à Ja Cour que ces informations
se trouvent groupées dans une annexe spéciale à notre Duplique
(annexe nz).
Or, ce qui ressort manifestement de l'examen de ces élémentsd'.infor­
mation, c'est que la pratique de nombreux Jhats ne concorde pas le
moins du monde avec les prétendues règles généralesqui sont invoquées
par la Partie adverse.

Peut-on prétendre que, quand il existe une divergence aussi caracté­
risée et au~s profonde entre un système juridique et la pratique de
nombreux .Etats, ce·système juridique correspondrait au droit coutumier?
Ce serait aller à l'encontre de ce qui constitue l'essence même de la
coutume.
Alors, ne tr_ouvant pas les éléments de sa démonstration dans la
pratique des Etats, le Gouvernement britannique cherche ailleurs. Il
utilise certaines parties des travaux de la Conférence de codification de·
La Haye. Il essaie de trouver, dans les travaux de 1930, certains éléments
qui lui paraissent favorables à sa thèse. Et ces éléments, c'est surtout
dans le rapport de la Deuxième Sous-Commission qu'illes puise.
Qu'il y ait, dans le rapport de la Deuxième Sous-Commission, des
idées et des formules apparentées à celles de nos adversaires, nous ne le
contestons aucunement.

Mais là n'est pas la question.
La question est rle savoir si ces éléments prouvent l'existence de
règles coutumières. La Conférence de 1930 a étéréunie non pas pour
enregistrer le droit en vigueur, mais pour essayer d'établir une conven­
tion qui aurait permis d'introduire plns d'ordre et plus de clarté dans un
état de choses dont le Dr Schücking a pu dire, au début de son discours
levant la Deuxième Sous-Commission, qu'il constituait un véritable
chaos. . ·
La Deuxième Sous-Commission, qui était un comité d'experts, a été
chargée d'étudier certains aspects du problème, précisément ceux qui
nous intéressent dans ce procès, ceux qui concernent les lignes de base.
Les propositions qu'elle a formulées avaient pour but de prendre place
dans une convention éventuelle.
Comme l'agent du Gouvernement brit<mnique l'a fait très justement
observer, dans l'affaire du Détroit de Corfou, avant de retenir ces proposi­
tions de la Deuxième Sous-Commission comme des témoignages de
l'existence du droit coutumier, il faudrait commencer, dans chaque cas,

par prouver qu'elles ont bien cette portée, car, en principe, on n'a pas
le droit de présumer qu'elles la possèdent, il faut les prendre telles qu'elles
sont, pour des propositions faites par des experts en vue de réaliser un
accord conventionnel- ce qui est tout autre chose.
Ai-je besoin de rappeler, d'autre part, que le rapport de cette Sous­
Commission n'a jamais étéapprouvé, mêmeà titre provisoire, par Ia
Commission plénière ? ·
Or, c'est à cette preuve, à cette source que la Partie adverse se réfère
le plus souvent. 484 DUPLIQUE DE M. EOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 5I

Les quelques autres éléments qui viennent compléter son maigre
stock sontempruntés à des projets qui ont étéadoptés, dans les années
qui ont précédéla réunion de la Conférence de codification, par certaines
Soci.étéssavantes. Mais là encore, les témoignages invoqués sont géné­

ralement dépourvus de force probante, en tant gue témoignages du droit
existant, et cela pour deux raisons :
La première c'est que les projets en question sont loin d'êtreconcor­
dants, c'est que bien souvent ils se contredisent parfois mêmede la façon
la plus évidente.
La seconde raison, c'est que les Sociétéssavantes qui se sont occupées
du problème de la mer territoriale, aux approches de la Conférence de
codification, l'ont fait en s'inspirantdu désir, parfaitement légitime,
d'apporter leur contributionà l'Œuvre constructive, à l'Œuvre créatrice
de cette conférence.
Par conséquent, pour elles, le souci de la lex feren.da est venu se mêler

à l'observation de la lex lata. Pour ellesaus~ iifaudrait établir dans
chaque ca.<;que les formules auxquelles elles ont eu recours n'avaient
d'autre objet, dans leur pensée, que d'exprimer le droit en vigueur.
Je crois clone êtreautorisé à conclure que les élémentssur lesquels le
Gouvernement britannique s'appuie, comme éléments de preuve, non
·seulement ne prouvent pas l'existence des règles qu'il invoque, mais ne
constituent mêmepas un commencement de preuve.
Ils ne constituent mêmepas un commencement de preuve, parce qu'un
commencement de preuve - quand il s'agit de l'existence d'une règle
coutumière - doit s'appuyer sur des t~moignag reltifs à ce qui

constitue effectivement la pratique des Etats, et que les témoignages
invoqués par la Partie adverse n'ont pas cet objet. Ce ne_sont pas des
témoignages de la pratique effectivement suivie par les Etats. Ce sont
des opinions et des propositions concernant la manière dont certaines
questions devraient êtrerégléesdans une convention éventuelle.
Je sais bien que la coutume peut êtrecomprise .d'une manière plus ou
moins souple. Dans l'affaire du Lottts, que la Cour permanente de Justice
internationale a eu à juger en 1927, on a vu se dessiner à cet égard deux
tendances distinctes. L'une de ces tendances, qui se reflète dans l'arrêt
lui-même, correspond à ce qu'on peut appeler la conception ((volonta­
riste)) du droit international et du droit c9utumier. Elle fait dépendre la
coutume de la volonté concordante des Etats et elle ne reconnaît l'exis­

tence d'une règle coutumière que là où cette volonté se maniJeste.
L'autre tendance, qui a trouvé son expression dans l'opinion dissidente
du juge Altamira, a étésouvent citée depuis ·lors.
.Parlant du processus de développement de la règle coutumière, Alta­
mira s'est exprimé dans l.estermes que je me permets de rappeler:

crIl y a souvent dans ce processus, des moments où la règle se
trouvant implicitement dans les actes ne s'est pas encore dégagée
d'une façon formelle aux yeux de tout le monde, mais se trouve
cependant déjà annoncée dans les actes mêmesavec une telle force
que ce serait rendre un bon service à la cause du droit que de l'aider
à se manifester dans la forme dans laquelle il aura toute la force qui

dOit revenir à des règles de droit positif appartenant à cette caté­
gorie .Série A, Arrêtno g, pp. m6-107.) DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 5I 485.

Cette doctrine élargit évidemment ]a notion du droit coutumier par
rapport à celle de l'arrêt de la Cour, et elle favorise davantage le déve­
loppement de la coutume par .la jurisprudence intemationale.
Seulement, il faut la prendre telle qu'elle a étéjudicieusement formulée
par Altamira.
Ce qu'elle envisage, ce n'est pas du tout de çlonner à la règle coutumière
un autre fondement que la pratique des Etats. C'est simplement de
dégager de cette pratique les règles qui s'y trouvent déjà, mais qui
n'apparaissent pas encore formellement aux yeux de tout le monde. II

n'est pas question de se contenter - comme le font nos adversaires -
d'un mouvement d'opinion en faveur d'un certain principe ou d'une
certaine formule. Ce qui compte, ce sont les actes des :États. Il faut,
comme le dit Altamira, que Ja règle existe déjà implicitement dans ces·
actes, qu'elle soit annoncée pa:r eux avec une telle force, qu'il suffit de
l'aider à se manifester d'une façon formelle.
Comprise dans ces limites, la thèse de Altamira est sans doute accep­
table; et elle peut mêmeinvoquer en sa faveur de bonnes raisons. Mais
si on devait se pa~se dres conditions r~strict qiveA ltamira a eu le
soin d'énoncer, alors la notion de coutume perdrait toute signification
précise. Elle deviendrait complètement fluide.
Elle serait privée de tout critère objectif, et ne correspondraitplus

à la définition qui en est donnée dans le Statut de la Cour à l'artic38.
J'ajoute que, dans le cas qui nous occupe, il serait doublement
inadmissible d'opposer à la Norvège de prétendues règles coutumières
qui n'auraient pas d'autres fondements.
Car il y a un fait qu'ilne faut pas oublier, c'est que les règles invoquées
par Je Royaume-Uni sont en contradiction manifeste non seulement
avec Je décret de 1935, mais avec toute la tradition norvégienne.
Or, cette tradition était solidement établie bien avant que ne se
dessinent les mouvellJents d'opinion sur lesquels la l'artie adverse
prétend s'appuyer.
Et jamais la Norvège n'a consenti à se départir de cette tradition pour

adhérer aux formules nouvelles qui étaient préconisées dans· certains
milieux.
On s'est efforcé d'obtenir son ralliement. On a même, à plusieurs
reprises, insisté autant qu'il était possible de le faire.
Elle s'est constamment refusée à entrer dans cette voie. Comme je
le disais dans ma première plaidoirie, si elle n'a pas bronché, ce n'est pas
du tout par entêtement ; c'est parce que sa tradition est fondéesur des
besoins profonds, et sur des réalités immuables.
Est-ce qu'un Etat dont la .position est aussi clairement déterminée
peut être contraint d'y renoncer, pa.rce qu'il se forme, dans d'autres
milieux, des idéesnouvelles, auxquelles il n'a jamais donnéson consente­
ment?
Je crois qu'aucun doute n'est possible à cet égard. Nous avons examiné

la question aux paragraphes 256 à 266 de notre Contre-Mémoire ainsi
qu'aux paragraphes 346 à 353 de notre Duplique.
Nous avons cité notamment au paragraphe 257 du Contre-Mémoire
l'opinion d'un juriste dont l'autorité est universellement reconnue.
Voici comment il s'exprime:
Envisageant l'hypothèse où l'usage est consacré par une pratique
répandue, ma,.isse trouve encore en opposition avec la pratique suivie
par certains Etats, l'auteur déclare :486 DUPUQUE DE M. EOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 5I

" Il n'est pas possible .... de considérer la règle coutumièrt; comme
ayant une autorité universelle: elle liera sans doute .... les :Etats qui
l'ont sanctionnée par une pratique constante ; mais elle ne s'impo­
sera pas à cettx qui, par leur attitude contraire, ont marqué.la 11olonté.
persistante de ne pas s'y sottmetire. " ·

11 ••elle ne s'imposera pas à ceux qui, par leur attitude contraire, ont
marqué la volonté persistante de ne pas s'y soumettre, :
On pourrait croire que ces lignes ont étéécrites pour le cas de la Nor­
vège. Il serait impossible de trouver, je pense, une formule qui. s'appli­
que plus parfaitement à notre situation.

Les règles sur lesquelles le Gouvernement du Royaume-Uni a fait
porter le débat concernent uniquemènt le tracé des lignes de base.
Ce n'est pas nous qui avons choisi ce terrain, ce sont nos adversaires.
Nous avons mêmefait observer, en ce qui nous concerne, dans notre
Contre-Mémoire, que cette position du débat nous paraissait défectueuse,
étant donné qu'en matière de pêchela seule chose qui importe c'est la
limite extérieure de la zone réservée.
Le Gouvernement britannique a répondu, dans sa Réplique, que le
tracé des lignes de base est déterminant, mêmeen pareil cas, parce que
la limite extérieure de la zone de pêchese trouve à une distance fixe
de ces lignes de base, soit, dans le cas de la Norvège, à la distance fixe
de 4 milles marins.
Comme la Parti.e adverse reconnaissait notre droit à une mer terri­
toriale de 4 milleset que nous n'avons pas demandé davantage, nous nous

sommes déclarés d'accord et nous avons admis que le débat fût centré
sur la question des lignes de base. Mais il est clair, et nous n'avons pas
manqué de le faire ressortir immédiatement, qu'il ne peut en êtreainsi
qu'à une candi tion : c'estque la largeur des eaux territoriales soit constante.
Si la distance entre la ligne de base et la limite extérieure de la zone
de pêcheest toujours la même,si elle ne subit aucune variation, alors
le tracé des lignes de base est concluant. Mais s'il y a des flottements,
des variations dans cette distance, alors le tracé des lignes de base ne
suffit pluspour connaître la limite extérieure de la zone de pêcheet cesse,
par conséquent, d'êtrela question pertinente dans l'affaire dont la Cour
est saisie.
Je crois nécessaire d'insister sur ce point, parce qu'il me semble que
nos adversaires se méprennent sur le sens de nos observations.
Le professeur \Nalclock a déclaréqu'en exigeant cette égalitéabsolue
de distance nous commettions une erreur, nous donnions une inter­

prétation inexaète des exigences du droit international.
Mais là n'est pas la question. Ce que nous disons, c'est que l'égalité
absolue de distance entre tous les points de la ligne de base et la limite
extérieure de la zone de pêcheest indispensable pour que le tracé des
lignes de base soit l'objet du débat dans un différend où la seule chose
qui importe est la limite extérieure de la zone de pêche.
Ce que nous disons, c'est que, dans le cas où cette distance ne serait
pas toujours la même, le Gouvernement britannique aurait trial posé
le problème, qu'il aurait fait porter Jedébat sur une question irrelevante.
Voilà ce que nous avons dit dès le début. Voilà ce que nous maintenons
de la manière la plus formelle, en constatant qu'aucune des explications
données par nos adversaires n'a rencontré nos observations sur ce point

précis. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 51 487

Il me sera permis, à cette occasion, de présenter une remarque.
La distinction entre les eaux intérieures et les eaux territoriales est
sans importance aucune pour la pêche.Elle est importante, au contraire,

·en ce qui concerne la navigation. Et, bien que cette dernière question
n'ait rien à voir dans le différend -actuel, îl n'est peut-être pas sans
intérêtde relever une déclaration qui a étéfaite à:ce propos par leministre
-des Affaires étrangères de Norvège, M. Koht, dans le discours qu'il a
·prononcé devant le Storting, le 24 juin I935. en présentant le projet
de décret. Voici comment M. Koht s'est exprimé:

<La Commission - c'est-à-dire la· commission compétente du
Storting -s'en est en outre tenue à ce qui était nécessaire au pre­
mier objectif, c'est-à-dire la défensede nos pécheurs. C'est pourquoi
elle n'a voulu fixer que les limites de la zone de pêche,laissant de
côtéd'autres questions qui concernent les eaux territoriales ....»

'Et voici le passage que je voudrais surtout souligner:

" En fixant ainsi les limites de pêche,nous avons signifié queHOUS

n'entendons nullement inquiéter les droits acquis relatifs à la naviga­
tion ordinaire dans les fiords et détroitsde Norvege.... "

Le ministre des Affaires étrangères a donc déclaréexpressément que
les droits acquis en matière de navigation ne seraient pas affectéspar les
dispositions du décret de I935·
Je pense que cette déclaration offre une certaine importance. C'est
pourquoi j'ai tenu à la rappeler à la Cour. Elle figure dans nos écriturcs,
à l'annexe 52 de notre Contre-Mémoire, page 227 (vol. II).

Cela dit, je ferme la parenthèse, et je vais aborder dans un .instant
l'examen des thèses en présence au sujet des lignes de base.
Dans le système norvégien ~ et notamment dans le décret de I935
qui n'est qu'une application de ce système -, la limite extérieure de la
.zone de pêcheest parallèle à des lignes droites reliant certains points de
la côte ct du skjŒrgard. ·
Le Gouvernement du Royaume-Uni prétend que cette façon de pro­
<::éderest contraire aux exigences du droit international et il lui oppose

une autre méthode, la méthode des arcs de cercle.
Nous sommes ainsi placés devant deux systèmes bien différents et,
-comme le professeur Waldock l'a fait observer avec raison, c'est la seul.e
-alternative qui s'offre à nous.
En effet, la troisième méthode, qui a étésouvent envisagée par les
juristes, est exclue. Cette troisième méthode c'est celle qui est connue
sous le nom de <tracéparallèle "·Elle consiste à tracer la limite extérieure
·de la zone de pêcheparallèlement à la côte et en tenant strictement

-compte de tous ses mouvements. Cette méthode, ce procédén'est en
fait possible que quand on est en présence d'une côte rectiligne. Dans
le cas d'une côte quelque peu tourmentée, il est radicalement exclu. Tout
]e monde est d'accord sur ce point, et notamment les Parties.
Par conséquent, je le répète, la seule alternative que nous ayons à
·envisager est la suivante : ou bien le système des lignes droites, employé
par la Norvège, ou bien le système des arcs de cercle, qui a étéemployé
par le Gouvernement britannique sous la forme de la pecked green line.
Je commencerai par le système -des arcs -de cercle.488 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 25 x SI

On nous a vanté ses mérites. On a mêmedit que tous les spécialistes
reconnaissaient sa supériorité. Et, parmi ses admirateurs, on a cité non
seulement l\f.Boggs, mais aussi le professeur Gidel.
Pour ce qui est de M. Boggs, personne ne contestera l'admiration
qu'il professe pour cette méthode. C'est, si je puis ainsi dire, son enfant
chéri.
Pour Gidel, son jugement est beaucoup plus nuancé. Et je crois bon de
rappeler ce qu'il a dit à ce sujet au tome III de son ouvrage, pages SIS
et 516. Voici le texte : ·

"M. Boggs attribue un·evaleur excessive à la méthode de la courbe
tangente aux arcs de cercle, lorsqu'il paraît la représenter comme
l'alpha et l'omega du tracé de la mer territoriale. C'est oublier gue,
si cette méthode donne des résultats de principe extrêmement satis­
faisants en ce qui concerne letracé de la limite extérieure de la mer
territoriale,elle suppose résolue la question de savoir à partir de
quels points les arcs de cercle peuvent êtretracés....
On doit donc ténir pour un peu théorique l'opposition établie par

lui entre les bienfaits d'une règle unique, telle que celle de la courbe
tangente à tous les arcs de cercle, et les inconvénients inhérents à
une série de règles ou de pr.incipes dont chacun devrait êtreadapté
à un type particulier de côtes. En réalité, il n'est pas de règle
suffisamment générale par elle-même pour faire abstraction des
configurations particulières des côtes devant desquelles il s'agit de
faire le tracé de la mer territoriale ..».

Comme on le voit, l'appréciation de Gide! n'est pas sans mélange. Et
il faut en retenir tout particulièrement, me semble-t-il, cette constatation
importante que la méthode des arcs de cercle "suppose résoluelaques­
tion de savoir à partir de quels points les arcs de cercle peuvent être
tracés n.
Or, dans le litige actuel, c'est là une question essentielle.
La deuxième observation qui s'impose c'est gue la pecked green line
n'est pas une application de la méthode des arcs de cercle, telle que ses
défenseurs les plus autorisés la conçoivent.
Dans la conception des partisans les plus autorisés de Ia méthode,
l'emploi de celle-ci comporte deux opérations : d'abord, le tracé des arcs
de cercle, puis, ensuite, l'élimination des poches de haute mer qui résul­
tent de ce tracé brut et qui présentent des inconvénients pratiques.
Comme: je l'ai rappelé dans ma première plaidoirie, lorsque la déléga­

tion des Etats-Unis a présentéà Ja Conférence de rg3o des amendements
en vue de faire adopter la méthode des arcs de cercle, elle n'a pas manqué
d'y joindre une proposition qui avait précisémentpour objet l'élimination
des poches de haute mer.
D'autre part, M. Boggs l'a toujours reconnu- et ille répète encore
expressément dans son récent article du mois d'avril dernier paru dans
l'American ]onrnal-, que cette seconde opération constitue- ce sont
les termes mêmesdont i1se sert - " un élémentessentiel de la méthode ».
Or, si la pecked green line comporte Je tracé d'arcs de cercle, elle
s'abstient complètement de procéder à l'élimination de ce que M. Boggs
appelle les poches de haute mer objeelionable.Elle ne fait qu'une appli­
cation partielle de la méthode et donc une application défectueuse. Elle

oublie ce que j'appellerai le "contre-poison lde la méthode des arcs de
cercle. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X SI 489

Le Gouvernement britannique reconnaît qu'il en est bien ainsi et il
essaie de justifier sa façon de procéder en disant que l'élimination des
poches de haute mer ne serait qu'une idée personnelle de M. Boggs.
C'est ce que Jeprofesseur Waldock a déclaré(p. 400). La proposition faite
à.cet égard,en rg3o, par la délégationaméricaine, n'a été,dit-il, qu'une
proposition de lex fercnda.
Nous sommes tout à.fait d'accord sur ce point. Mais toutes les propo­

sitions de la délégationaméricaine, concernant la méthode des arcs de
cercle, avaient ce caractère. La délégation américaine n'a jamais
soutenn que la méthode des arcs de cercle était obligatoire en vertu du
droit existant. Elle a fait cette proposition de lege ferenda.
. Or, le Gouvernement britannique voudrait ne retenir maintenant
de cet ensemble qu'une partie: celle qui lui convient, et il voudrait
rejeter lesurplus: ce qui ne lui convient pas.
On a dit aussi que Gidel serait en désaccord avec Boggs sur l'élimina­
tion de poches de haute mer. Mais, quand on lit l'ouvrage de Gidel, on ne
constate rien de semblable.
J'our êtreprécis,je citerai ses observations. Elles figurent aux pages 513

et 514 de son volume.
Gidel commence par rappeler ce que Boggs lui-mêmea dit au sujet de
cette question. Puis il ajoute :

ccBoggs observe (op. àt., p. 548) que l'attention s'est portée tou­
jours sur l'inconvénient que présente la création de ces sortes. de
poches de haute mer dans le cas des baies, mais que l'on ne semble
pas s'êtrerendu compte que le même problème se posait dans le
voisinage des îles. Peut-être l'auteur peut-il être taxé de quelque
exagération sur ce dernier point.)) [A savoir qu'on ne s'est jamais
préoccupéde l'identité qui existe entre la situation des baies et la
situation des échancrures dans un archipel côtier.] 1De plus, il serait

plus explicite de spécifierque le problème se soulève dans le cas des
îles, lorsqu'il s'agit d'iles voisines de la terre ou d'îles voisines entre
elles.
Quoi qu'il en soit, les raisons pour lesquelles iy a lieu, dans un
intérêtde simplicité, d'éliminer les poches de haute mer qui se
tronvent crééesentre des surfaces de mer territoriale par le tracé
normal de la délimitation de la mer territoriale, sont au nombre de
deux : 1) le maintien de ces surfaces de haute rner ne présente pas
d'intérêtvéritable pour la navigation ; 2) le maintien de ces surfaces
de haute mer risque d'amener les pêcheursétrangers qui voudraient
s'en servir à empiéter par mégarde sur les eaux territoriales où'
elles se trouvent imbriquées. n

Voilà ce qui est dit de l'élimination de poches de haute mer. Et il me
semble qu'il n'y a là.aucune critique du principe mêmede cette élimina­
tion mais, au contraire, une approbation tout à fait formelle.
L'agent du Gouvernement norvégien a mis en lumière les inconvé­
nients graves que présente à. ce point de vue le tracé de la pecked green
line le long de la côte litigieuse. ·
On peut rapprocher, de ce qu'il a dit à ce sujet, certaines décla:rations
qui figurent dans le rapport que sir Thomas Barclay a présenté,en x8g8,
à l'Institut de droit international, déclarations qui s'appuyaient d'ail­
leurs sur une lettre que lui avait adressée John Bassett Moore.490 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X SI

Nous avons reproduit le passage pertinent au paragraphe 507 de notre
Duplique.
Dans son rapport, sir Thomas Barclay explique les raisons qui justi­
fientJe tracéde lignes droites à l'embouchure des baies et des estuaires.
Parmi ces raisons, il fait valoir les inconvénients graves que présenterait,
en pareil cas, l'application des règlesordinaires.Or, quels sont ces incon­
vénients ?C'est précisémentla formation de poches de haute mer. Je cite :

"On peut bien dire 11,écritsir Thomas Barclay, (<quece coin de mer,
plus qu'à moitié enfermé entre deux bandes de la mer territoriale,
se rattache per se beaucoup plus au territoire qui le domine qu'à
la haute mer, qu'il y a plus de probabilité de conflit entre les intérêts
rivaux en le considérant comme bien commun qu'en l'associant ·à
la mer territoriale.» (Annuaire, vol. XII, p. 128.)

Ces inconvénients, Gide! en donne d'ailleurs une illustration saisissante
au tome III de son livre, au moyen d'un croquis qui y est annexé et qui
forme la planche IL Je me permets respectueusement d'y renvoyer la
Cour.
Or, si la présence de poches de haute mer dans les baies constitue
un inconvénient grave sur lequel tout le monde est d'accord, je voudrais

bien savoir pour quelles raisons cet inconvénient disparaîtrait quand
il s'agit de bras de mer s'intercalant entre les îles d'un archipel côtier.
Il est évident que les conséquences pratiques ne sont pas moins graves
dans le deuxième cas que dans le premier.
Et j'en conclus qu'en omettant l'élimination de poches de haute mer
dans le tracé de la pecked green line, le Gouvernement britannique
adopte une attitude indéfendable. Il prétend faire application de la
méthode des arcs de cercle ; mais .il en rejette une partie essentielle,
parce qu'elle ne Juî convient pas. Et i! laisse ainsi subsister, dans le
tracé qui en résulte,des irrégularitésdont les inconvénients sont reconnus.
depuis longtemps.

[Séancepublique du 25 octobreI95I, après-midi]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, en terminant mon exposé
ce matin, j'ai eu l'honneur de présenter certaines observations relatives
à l'application de la méthode des arcs de cercle et à l'élimination des
poches de haute mer, qui constitue la partie essentielle de cette méthode.
J'en arrive maintenant à ce qui est, sans doute, le point décisifdans
un différendcomme celui-ci, puisqu'il s'agit d'un différend juridique qui
doit êtreréglépar application du droit.
Ce point décisif est évidemment celui de savoir si la méthode des
arcs de cercle peut être considéréecomme juridiquement obligatoire

pour les Jîtats.
· La Norvège n'a conclu aucun traité par lequel elle aurait pris l'engage­
ment d'appliquer cette méthode. Par conséquent, pour que la méthode
des arcs de cercle fût obligatoire pour elle, il faudrait que le caractère
obligatoire de cette méthode résultât de la coutume.
En est-il ainsi? On peut répondre non sans aucune hésitation. Il
est superflu d'insister sur ce point, puisque nous avons maintenant une
déclaration tout à fait nette qui a étéfaite à la barre à ce sujet par
le professeur \Valdock. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 5I 49I

Le professeur Waldock a déclaréexplicitement que la méthode des
arcs de cercle n'est pas, en elle-même,juridiquement obligatoire.
On constatera d'ailleurs que, dans les conclusions qui ont étéprises
au nom du Gouvernement britannique, il n'est pas demandé à la Cour
de se prononcer sur cette méthode des arcs de cercle qui, pourtant,
joue un rôle si essentiel dans le tracéde la pecked green line.
Voilà donc un point qui est acquis. La Norvège n'est pas obligée
d'employer le système des arcs decercle, et personne ne pourrait prétendre
que le décretde 1935 serait contraire aux exigences du droit international

parce qu'il n'aurait pas fait emploi de cette méthode.
Avant d'en finir avec la methode des arcs de cercle; il me reste une
dernière constatation à faire. Nous l'avons déjà faite dans notre Dupli­
que. Je l'ai reprise dans ma première plaidoirie orale. Mais je me vois
obligé d'y revenir, parce qu'on n'y a pas répondu, ou plus exactement,
parce que la réponse qui a étéfaite passe à côtéde notre objection.
Cette constatation, c'est que la méthode en question est en désaccord
avec les postulats du système britannique. Pourquoi ? Mais pour la raison
bien simple que la limite extérieure des eaux territoriales, à laquelle
aboutit l'application de la méthode des arcs de cercle, n'est pas à égale

distance de tous les points de la côte. C'est là un fait incontestable. Il
ressort d'ailleurs très clairement dela démonstration qui a étéfaite à la
barre par le commandant Kennedy. Il ressort non moins clairement de
ce qui a été exposédans la réplique du Gouvernement britannique.
La distance entre la ligne physique de la côte et la limite extérieure
des eaux territoriales varie. Elle varie parce qu'on ne tient pas compte,
en traçant les arcs de cercle, de certains points de la côte que l'on appelle
les concavitésmineures. La distance varierait bien plus considérablement
encore si l'on éliminait les poches de haute mer, comme on devrait le
faire pour êtreen règleavec les exigences de la méthodedes arcs de cercle.

Les conclusions prises par le Gouvernement britannique confirment
d'ailleurs l'exactitude de cette constatation.Il y est dit, sous le chiff2,
que la limite extérieure des eaux territoriales norvégiennes ne doit jamais
êtreà plus de 4 miUes de quelque point de la ligne de base (from some
point on the base-line).
La Cour observera qu'on se garde bien de dire que tous les points de
la ligne côtière doivent êtreà 4 milles de la limite extérieure.
Mais qu'est-ce qu'une concavité mineure ? Que sont ces concavités
dont on ne tient pas compte pour l'établissement des arcs de cercle ?
Cela dépend évidemment de l'appréciation de l'.État riverain. L'.État

riverain déterminera lui-mêmeles points à partir desquels il trace les arcs
de cercle et ceux qu'il estime pouvoir négliger. Il serait, par conséquent,
tout à fait inexact de prétendre que cette méthode des a,rcs de cercle ne
laisserait aucun choix, aucune liberté d'appréciation à l'Etat riverain. Il
serait tout à fait inexact de prétendre qu'elle l'obligerait à suivre servile­
ment les indications de la nature.
Or, il me semble bien que ce qu'on peut appeler l'esprit de la règlede
la ligne côtière, qui est considérée par nos adversaires cotp.me la base
mêmede tout leur édifice,c'est précisémentd'enlever à l'Etat riverain
la possibilitéd'un choix, c'est de lui imposer une réalitéphysique comme
règle.
Le principe de la ligne côtière veut que la ligne de base suive partout
la côte. Il veut que la ligne de base- pour me servir de l'expression qui492 DUPLIQUE DE M. BOURQUlN (NORVÈGE)- 25 X 51

a étésouvent employée dans leurs écrîtmes par nos adversaires - se
trouve à l'endroit où la mer se sépare de la terre.
Dans le système des arcs de cercle, la ligne de base ne se trouve point
là, etelle ne s'y trouve pas, en tout cas, à tous les endroits. Il y a, dans
les concavités mineures, des endroits où la mer se sépare de la terre et
où l'on ne prend pas appui pour tracer un arc de cercle.
Dès lors, de deux choses l'une : ou bien la ligne physique de la côte
ne constitue pas la ligne de base, oubien l'étendue de la mer territoriale
n'est pas constante.·
.Mais alors, dans cette dernière hypothèse, la question des lignes de
base perd sa valeur déterminante dans le litige actuel, puisque ce litige
porte uniquement sur la question de la pêcheet que, comme je le rappe-·

lais ce matin, dans les questions de pêcheil n'y a aucune distinction à
faire entre les eaux intérieures et les eaux territoriales et que .la seule
chose qui importe, c'est la limite extérieure de la zone réservée.
Il y a là un dilemme qu'il me paraît impossible de résoudre. Or, je
n'ai rien entendu qui apporte sur ce point une explication. Je constate
que, dans les plaidoiries, on n'a pas rencontré cette objection.
Je passe maintenant à l'examen de l'autre système.
Nous sommes, comm.e je Je,constatais ce matin, devant une alternative
-c'est l'expression mêmedont le professeur Waldock s'est servi. Une
des branches de l'alternative, c'est le système des arcs de cercle. L'autre
branche, c'est le système des lignes droites. Je viens de parler du système
des arcs de cercle. Considérons maintenant le système des lignes droites.
Que lui reproche-t-on ? On lui reproche de violer une règle que l'on

considère comme fondamentale; la règle de la ligne côtière, que l'on
appelle, dans les écritures de nos adversaires, la règlede la laisse de mer.
Je crains que cette expression de la règle de la laisse de mer ne suscite
certains malentendus, certaines équivoques. C'est pourquoi je préfère,
en ce qui me concerne, employer l'autre expression ; règle de la ligne
côtière. . ·
Ce que l'on veut dire, et c'est là l'essentiel, c'est, comme je le rappelais.
ily a un instant, que la ligne de base doit suivre la côte et la ligne physique
de la côte.
Mais une autre questi011 se pose, tout à fait indépendante de celle­
là,c'est la question de savoir à quel moment de la marée il faut se placer
pour déterminer le point de départ du calcul. On peut hésiter entre Ia
marée haute, la marée basse ou pe_ut-êtredes solutions intermédiaires .
.Jadis, il arrivait souvent que les Etats eussent recours au système de
la haute mer, qu'ils considérassent la situation telle qu'elle se présente à.
marée haute. Maintenant, généralement, on est d'accord pour prendre le

critère de la marée basse. ·
Mais un État peut parfaitement adopter le critère de la marée basse,
accepter par conséquent la règle de la laisse de basse mer, sans adhérer
le moins du monde à la règle de la ligne côtière. J'en donnerai un exemple .
tout à fait caractér.istique : celui de la Norvège.
La Norvège se place au. moment de la marée basse pour apprécier
l'e~dr dooitle calcul doit partir. Elle adopte la règle de la marée basse,
mm_selle n'adopte pas la règle de la ligne côtière. Il y a donc là deux
notwns qui sont absolument étrangères l'une à l'autre, qui sont tout à.
fait distinctes l'une de l'autre.
La crainte que j'éprouve, c'est que, lorsqu'on parle de la règle de
la laisse de mer, on ne facilite ou on ne provoque, mêmeinconsciemment, DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 25 X 5I 493
une confusion. Cette crainte a étérenforcée par les constatations que
j'ai pu faire au cours de ce procès, et notamment lors des plaidoiries.

A mon avis, il est arrivésouvent que cette confusion eüt étéfaite par nos
adversaires eux-mêmes en ce qui conceme l'attitude de la Norvège.
Ils sesont appuyés sur des textes norvégiens clans lesquels était affirmée
la règle de la laisse de basse mer, c'est-à-dire l'option <·nfaveur de la
basse mer à l'exclu:.ion de la haute mer. Et, s'appuyant sur ces textes,
ils ont cru pouvoir en tirer la conséquence que la Norvège aurait adhéré
à un moment donnt: à la règlede la ligne côtière.
Il n'en est rien. Voilà un exemple de la confusion qui peut naître de
l'ambiguïté des mots. j'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir sur ce
point quand je parlerai de la question des titres historiques, mais je
-signale immédiatement qu'il y a là un danger d'équivoque et que, pour­
éviter ce danger, il est peut-être préférabled'employer une expression
qui ne permette aucune confusion. Voilà pourquoi je parlerai de la règle

de ·laligne côtière.
Le décret de rg35, dit-on, est en conflit avec cette règle de la ligne
côtière. Ce n'est pas douteux. Le décret de I935 n'applique pas la règle
de la ligne côtière, pas plus que le décret de r86g, pas plus que le décret
de 188g. Il est en conflit, comme toutes les mesures de délimitation de
la mer territoriale qui ont étéprises en Norvège, avec le principe de la
ligne côtière. Jamais, clans aucun cas, lorsque la Norvège a étéappelée,
par une circonstance quelconque, à procéder à une délimitation pd:cise
de sa mer territoriale, de sa zone de pêche,elle n'a eu recours an système
de la lif,'1lecôtière. Elle a toujours employéle sy,tème des ligne;, droites.

Par conséquent, il n'y a aucun doute possible : le décret de 1935 est
bien en conflit avec cette règle.
Mais il n'est pas seul en conflit avec cette règle. C'est toute la tradition
norvégienne qui est en conflit avec elle.
Et alors, la question qui se pose est évidemment celle de savoir si
un Etat a le droit, d'après la règle internationale, lorsqu'il s'agit d'une
côte comme la côte litigieuse, ayant les caractères de cette côte, ay:mt
sa configuration, dis-je, d'employer le système des lignes droites, ()U si,
au contraire, le droit international fait uue obligation à tous .les Etats,
mêmelorsqu'il s'agit de côtes de ce genre, d'appliquer le système de la
ligne côtière.

Le professeur Waldock a cru trouver une justification logique pou_rla
règle de la ligne côtière. Il a rappelé que le.domaine maritime de l'Etat
est un accessoire de son domaine terrestre. Et, de ce fait, ou de ce prin­
cipe, qui est en lui-mêmeincontestable, il a conclu que c'est depuis la
terre elle-mêmeque J'étendue des eaux adjacentes doit être calculée.
Mais c'est là, me semble-t-il, une simple pétition de principe.
Le territoire maritime d'un État comprend deux éléments: les eaux
intérieures et la mer territoriale. On est gênéra1ementd'accord pour
admettre que l'étendue de la mer territoriale se compte à partir de la
limite des eaux intérieures.

Le point de départ du calcul dépenddonc essentiellement de la consis­
tance des eaux intérieures et non pas -ou non pas seulement- de la
limite de la terre. Leoint de départ du calcul ou, pour employer l'expres­
sion dont nous nous servons constamment au cours de ce procès, les
lignes de base ne sont pas déterminées par la terre mais par la limite
des eaux intérieures.494 DUPUQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 5I

C'est ce que Gide\ constate aux pages 497 et 498 du tome III de son
livre. Parlant de la délimitation de la ligne de base dans le cas d'une
côte, il déclare:
<1dans ces hypothèses, la ligne de base cesse d'êtreliéeà la laisse de
basse mer, élément matériel susceptible de détermination assez
rigoureuse et sensiblement uniforme ; la ligne de base est obtenue

alors par des constructions géométriques .... Jl.
Le lien logique que Je professeur \Naldock a cru découvrir entre la
règle de la ligne côtière et la dépendance du domaine maritime, par
rapport au domaine terrestre, est donc un lien purement illusoire.

Dans le passage que je viens de citer, Gidel constate que, lorsque la
côte est entaillée d'échancrures ou bordée d'îles, la ligne de base cesse·
d'être.liéeà la ligne physique de la côte et qu'elle est obtenue au moyen
de constructions géométriques.Le Gouvernement britannique lui-même
reconnaît, dans une certaine mesure, qu'il en est ainsi.
Il reconnaît que la règle de la ligne côtière est un principe, mais un
principe gui souffre·des exceptions. Et il admet, il reconnaît comme tout
Je monde, que lorsqu'on se trouve en présenced'une baie ou devant des
cas exceptionnels, ce n'èst plus la règlede la ligne côtière qui joue, mais
d'autres règles, qui font brèche clans le principe. Par conséquent, nos.
adversaires eux-mêmesadmettent qu'il y a des cas clans lesquels on se
sépare de la terre et où on utilise les constructions géométriques.

Or, s'il est un fait évident, c'est que d'un bout à l'autre de la côte
litigieuse les cas exceptionnels sont en fait si nombreux qu'ils ne laissent
pour ainsi dire point de place pour l'application éventuelle de la règle
principale, c'est-à-dire la règle de la ligne côtière clans le système bri­
tannique.
De TrŒna jusqu'à la frontière soviétique, c'est un cortège ininterrompu
d'îles et de fjords,par conséquent une suite ininterrompue d'exceptions.
Au milieu de cette accumulation de cas exceptionnels, la règle de la
ligne côtière ne parviendrait que rarement à se faufiler, si je puis ainsi
dire, mêmesi l'on <lclrnettaitqu'elle reste en principe applicable.
Mais ma.lgrécela, le Gouvernement britannique prétend que cette
règle garde, dans un cas de ce genre, la valeur d'un principe. li prétend
mêmeque lorsqu'une côte a les caractéristiques de la côte litigieuse et

qu'elle n'est qu'un fourmillement d'exceptions, il faut maintenir le prin­
cipe, quitte à multiplier les exceptions.
A cet égard, nous sommes en complet désaccord avec lui.
C'est évidemment, en ce qui concerne les principes généraux,un des.
points sur lequel les Parties sont le plus franchement en désaccord.
Ce que nous soutenons, c'est que la règlede la ligne côtière, qui est un
principe valable dans les cas normaux, cesse de l'êtredans une situation
aussi anormale, dans une situation aussi exceptionnelle que celle de la
côte litigieuse.
Nous sontenons que prétendre appliquer à une côte de ce genre le
régime des côtes normales, c'est une prétention artificielle et qui ferme
les veux à la réalité. ··

Nous soutenons que, pour faire admettre une pareille prétention, il
faudrait établir, par des preuves convaincantes, que la coutume inter­
nationale l'impose.
Et nous soutenons enfin que cette preuve, nos adversaires ne l'admi­
nistrent en aucune façon. DUPLIQUE DE l\1BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 51 495

Ils se contentent de dire que les juristes considèrent .larèglede la ligne
côtière comme un principe. C'est vrai. Mais quand les juristes expriment
cette idée, encore une fois, ce qu'ils ont en vue ce sont les situations
normales- qui sont de très loin les plus nombreuses.
li est certain qu'en principe la présence de baies ou la présence d'îles

peut êtreconsidéréecomme une exception, et lorsqu'on se trouve devant
des cas qui sont en fait des exceptions, il est parfaitement justifiéde les
traiter comme des exceptions juridiquement.
Mais la question est de savoir si cette façon de raisonner, qui est bonne
pour les cas normaux, les cas ordinaires, reste valable pour une côte qui
n'est d'un bout à l'autre qu'une accumulation d'îles et de baies.
Est-ce que les juristes, quand ils se prononcent en faveur du principe
de la ligne côtière, prétendent vouloir appliquer ce régime à des situa­
tions comme celle de la côte litigieuse?

Voilà la véritable question.
Le Gouvernement britannique n'apporte à l'appui de son opinion
aucun élément de preuve.
Nous établissons, au contraire, en ce qui nous concerne, que les spé­
cialistes qui sesont prononcés sur ce point, les spécialistes qui se sont
demandé si les règles ordinaires sont applicables à des cas aussi excep­
tionnels, eh bien, nous apportons la preuve que ces spécialistes ne se
prononcent pas elu tout dans le sens du Gouvernement britannique,

mais, au contraire, contre la thèse de ce Gouvernement.
Il est arrivé que des auteurs se soient posédirectement la question de
savoir si une côte comme celle de la Norvège est régie par les mêmes
règles de droit international que celles qu'on peut appliquer aux côtes
ordinaires.
Parmi ces auteurs, ily en a deux dont les noms reviennent constamment
clans cette afhire : Boggs et Gide!. Et leurs opinions concordent. Cela
est d'autant plus intéressant qu'ils représentent des disciplines diffé­
rentes: l'un est un géographe, l'autre est un juriste. Il-laistous deux font_
autorité dans les questions maritimes.

L'un et l'autre sont d'accord pour reconnaître et pour proclamer que,
quand on se trouve en présenced'une côte ayant un caractère exception­
nel, comme la côte norvégienne, ce sont les règles exceptionnelles qui
doivent êtreappliquées et que le droit international ne peut pas appli­
quer le mêmesystème, le mêmerégime qu'aux côtes ordinaires.
J'ai déjà cité dans ma première plaidoirie les termes dans lesquels ces
deux auteurs s:expriment, mais je suis obligé d'y revenir parce que nos
advers<üres maintiennent l'interprétation, à mon avis manifestement
erronée, qu'ils donnent de l'opinion de Boggs et de Giclel.
Je commencerai par M. Boggs, et je me permettrai de rappeler le
passage clanslequei il vise expressément le cas de la Norvège :

((Le tracé des arcs de cercle autour des rochers constituant tech­
niquement des îles le long du skjŒrgârd septentrional aboutirait
à une série d'arcs de cercle d'une complexité extraordinaire. Il
semble que, pour cette côte exceptionnelle, le système norvégien
consistant à tracer des lignes droites tirées arbitrairement pour
marquer la .limite entre la mer territor.iale et la haute mer soit non
seulement jusbfié, mais pratiquement inévitable.... Jl496 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X SI

Et l'auteur ajoute :

''Au surplus, le fait que ces eaux so11tassez généralement recon­
nues comme des ((eaux historiques» tend à placer cette côte en
dehors de l'application généraledu système proposé par l'amende­
ment américain JJ(c'est-à-dire l~ystèm des arcs de cercle).

Je crois qu'on ne pourrait pas êtreplus clair ni plus formel.
Malgrécela, le professeur Waldock s'est efforcéd'écarter ce témoignage
en soutenant deux choses. .
Il a soutenu d'abord que M. Boggs, clej:lllisle moment où il a écrit
les lignes que je viens de lire, c'est-à-dire depuis930, au lendemain de
la Conférence de La Haye, aurait changé d'avis. C'est son premier argu-

ment. .
Puis il a soutenu qu'en s'exprimant comme je viens de le rappeler,
M. Boggs n'aurait pas admis que les règlesordinaires ne s'appliquent pas
à une côte aussi exceptionnelle, si ce n'est en verttt de titres historiques,
Je reprendrai successivement ces deux affirmations.
D'abord, M. Boggs aurait changé d'avis.
Qu'invoque-t-on comme argument pour étayer cette imputation?
On invoque un article récent du mêmeauteur paru dans la mêmerevue,
au mois d'avril dernier.
Est-ce que, dans cet article, .M. Boggs fait, si je puis ainsi dire, son

mea culpa; reconnaît-il l'erreur qu'il aurait commise en 1930 ? Pas le
moins du monde. Et je crois que cela devrait suffire pour faire justice de
l'argumènt.
Si un homme comme M. Boggs avait estimé que son opinion sur ce
point devait être revisée, il l'aurait dit. Il ne faut pas oublier que
M. Boggs est un defenseur convaincu, et mêmepassionné-le mot n'est
pas trop fort -, de la méthode des arcs de cercle. Il ne faut pas oublier
qu'il déploiede grands efforts pour convaincre ses lecteurs et les gouverne­
ments que cette méthode devrait êtregénéralement appliquée le plus
largement possible. Est-il vraisemblable qu'un homme ayant cette
mentalité .et se vouant, si je puis di.re, à cette mission, hésiterait à recon·
naître qu'en 1930 il a commis une erreur en ce qui concerne les côtes de

la Norvège en s'exprimant comme il l'a fait ? Il est incontestable que
ce qu'il a diten 1930 prouve que cette méthode n'est pas toujours appli­
cable, qu'il y a des cas exceptionnels où elle ne l'est pas.
Or, le but que poursuit M. Boggs, c'est d'étendre l'application de la
méthode le plus possible, c'est de la généraliserdans toute la mesure où
il est pratique de le faire.
Si, en 1950 ou 1951, M. Boggs, après réflexion, s'était dit : " Je me
snis trompé, je m'aperçois maintenant qu'il y a des possibil.itésd'appli­
cation de la ·méthode des arcs de cercle au skjcergard norvégien, alors
que j'ai dit exactement le contraire en 1930 JJ,il aurait alors conclu:
n J'avouerai que je me suis trompé, j'e.;-:primerai à mes lecteurs les
raisons pour lesquelles j'ai changé d'avis.»

H n'en fait rien.
Mais, dit-on, si M. Boggs n'a pas dit qu'il s'est trompé, on peut
déduire qu'il l'a fait de certaines phrases de son nouvel article. Et on
cite la phrase suivante ;

«Exception faite de la règle des ro milles pour les baies et les
estuaires, l'emploi de lignes de base artificielles (d'habitude des - - - - - ~ - - - - -

DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 25 X SI: 497

lignes droites) devrait êtretrès limité. On suggère que, sauf quand
eUes apparaissent comme ayant étéétablies par prescription, elles
ne soient considéréescomme effectives que quand les États intéressés
ou la communauté internationale acceptent spécifiquement les
revendicatio.ns de l'État côtier. "

Voil8.la phrase sur laquelle on s'appuie pour prétendre que l'auteur
aurait répudiéson opinion si catégorique de rg3o en ce qui concerne le
skjŒrgard norvégien.
Je me permets de penser que c'est là une interprétation tout à fait
inadmissible.
Ce qu'il y a dans cette phrase, la Cour l'a entendu, c'est une suggestion
d'un caractère tout à .faitgén~r al.B.oggs dit que l'emploi de ces lignes
droites devrait êtretrès limité et il suggère que, sauf dans certains cas,

on ne les emploie pas. .
Encore une fois, si M. Boggs avait estimé que l'emploi des lignes
droites, lorsqu'il'agit d'une côte comme celle du skjrergârd septentrional,
.était injustifié que l'on pouvait pratiquement le remplacer par l'appli­
cation de son système des arcs de cercle, il n'aurait pas eu recours à ce
procédéindirect, je dirai presque oblique, pour faire connaître sa pensée.
Il aurait dit nettement:" Je crois que ma méthode est applicable, même
en pareil cas. Je ne fais plus d'exception. En 1930, j'émettais encore des
exceptions. Maintenant, une illumina tion m'est venue et j'écarte toutes
les exceptions, mêmel'exception concernant le skja:rgiird norvégien, sur
lequel je m'étais pourtant prononcé en termes extrêmement nets et
formels en rg30. )) ·
M. Boggs n'a rien fait de semblable.

11y a un second argument, comme je le disais tout à l'heure, qui a été
invoqué par le professeur Waldock pour se débarrasser de cette phrase
tout de mêmegênanteécriteen 1930 par M. Boggs, d'autant plus gênante
qu'elle vise le cas soumis à la Cour. Cet argument, le voici si M. Boggs
admet une exception pour le cas du skjrergârd norvégien,·ce n'est pas
parce qu'il estimerait que les règles générales- représentées dans son
esprit par la méthode des arcs de cercle- ne sont pas applicables à une
telle côte, mais c'est tout simplement sur la base des titres historiques.
En d'autres termes, M. Boggs n'aurait admis l'exception du skjŒrgard
norvégien que parce que, dans ce cas, la Norvège a acquis des titres
historiques.
Ici, je me permettrai de présenter deux observations préalables.
La première, c'est que M. Boggs n'éprouve aucune hésitation à carac­
tériser le système norvégien par l'emploi de lignes droites. Je répètesa
phrase : ''Il semble que, pour cette côte exceptionnelle, le système norvégien

consistant à tracer des lignes d!oites.... "• etc.
Donc, ily a bien un système norvégien, et l'un des traits de ce système
c'est de ne pas suivre la ligne physique de la côte, mais de tracer des
lignes droites comme lignes de base. M. Boggs n'hésite pas un instant
à le constater.
On a prétendu, de l'autre côtéde la barre, liu'il aurait fallu attendre
le décret de rg35 pour avoir une révélationde ce système. Je constate
qu'en 1930 M. Boggs, comme tout le monde d'ailleurs, le connaissait
parfaî temen t.
La deuxième observation préalable que je tiens à présenter, c'est que
M. Boggs constate que les eaux délimitéespar ce système des lignes

33498 DUPLIQUE DE M. BOURQUJN (NORVÈGE) ~ 25 X 5I

droites le long des côtes norvégiennes sont - je reprends ses termes -
" assez généralement reconnues comme eaux historiques ll.,
C'e>:t un fait qui n'est pas sans intérêt pour nous; Evidemment,
M. Boggs n'a pas étudiéspécialement la question des titres historiques,
mais il exprime ici une opinion généralement répandu.e, et j'en prends
acte en passant .
. Quant à l'affirmation d'après laquelle ce serait uniquement sur le
terrain des titres historiques que M. Boggs se placerait, il suffit de lire
ce qu'il a écrit pour en faire justice.

L'argument principal sur lequel il fonde son opinion, dans le passage
que j'ai rappelé tout à l'heure, c'est que la méthode des arcs de cercle
aboutiraità des résultats d'une complexité extraordinaire si l'on voulait
J'appliquer au skjétrgâ.rd norvégien. C'est sur cette raison géographique
qu'il s'appuie pour conclure qu'une côte aussi exceptionnelle ne doit pas
être soumise aux règles ordinaires. L'argument des titres historiques ne
vient, dans son raisonnement, qu'en second lieu. C'est un argument qui
renforce le précédent, il ne le remplace pas.
Au surplus, elit-ii, les titres historiques permettent de considérer la
qnestion comme résolue. .·
Ce que M. Boggs a écrit au lendemain de la Conférencede 1930 garde
toute sa valeur. Il a écrit que, pour une côte aussi exceptionnelle que

celle du skjŒrgâ.rd, la méthode des lignes droites employée p<lrla Norvège
est non seuleinent justifiée mais pratiquement inévitable. Il n'est donc
pas quéstion de faire application à cette côte du principe général-le
principe de la ligne côtière-, et cela non seulement parce que la Norvège
possède des droits historiques, mais d'abord et avant tout parce que le~
conditions géographiques donneraient à l'application de ce principe un
caractère inadmissible dans la régiondont il s'agit.
je passe maintenant à l'opinion de Gide!. .
Les textes pertinents ont étécitésdans ma première plaidoirie (pp. 263-
264). Il méparaît superflu, au moins dans leur ensemble, d'en rappeler
les termes. · ·
Mais je dois sigmtler que le professeur :\Valdock en a complètemeiit
déforméle sens.
Coinme j'ai eu l'honneur de l'exposer à la Cour, l'opinion de Gidel a

un double aspect. Gide! se prononce, d'un côté, sur l'amendement que
les délégationsnorvégienne et suédoise avaient présentéconjQintement
à la Conférence de codification, et, d'un autre côté, sur le système qui
est appliqné par ces deux pays en ce qui concerne leurs propres côtes.
L'erreur elu professeur Waldock, c'est d'avoir confondu ces deux
aspects.
En ce qui concerne l'amendement présentépar la Norvège et la Suède
à la Conférence de codHication, Gidel se déclare en désaccord avec lui.
Pourquoi ? Parce gue cet amendement veut généraliserune situation qui
est en réalitécelle des deux pays auteurs de l'amendement. Il ne veut
pas de cette généralisation. ll.estime que ce serait une erreur de vouloir
ériger en règle ordinaire une règle qui est valable pour des côtes excep­

tionnelles.
Au contraire, quand il s'agit d'appliquer ce système aux côtes de la
Norvège et de la Suède, Gicle! se .déclare entièrement d'accord. Il en
donne la raison.
C'est parce que la configuration de ces côtes a un caractère exception­
nel et qu'il est donc nécessaire<leleur appliquer des règlesexceptionnelles. DUPUQUE DE i\1. .BOURQUIN (XORVÈGE) ·;_ 25 X 5I 499

La thèse de Gîdel, par conséquent, est en opposition complèfe à cet
égard avec celle du Gouvernement britannique. , .
Gide! repousse l'idée- qui est essentielle dans la construction juridique
de nos adversaires- que le droit international établirait des règles uni-
formes valables pour toutes les situations. · ·
Gide! comprend les exigences du droit 'international autrement que le

Gouvernement du Royaume-Uni. Il comprend ces exigences d'une
manière plus souple et plus réaliste. Il est d'accord avec nous. Il est
d'accord avec nous pour dire que les exigences du droit international ne
sont·pa.'lles mêmesdans tous les cas, et pour reconnaître notamment que
le principe de .la ligne côtière - qui est peut-être valable pour les cas
normaux - ne s'impose aucunement lorsque la côte présente les carac~
tères exceptionnels des côtes norvégiennes et suédoises. .
En pareil cas, le tracé des lignes droites lui paraît, comme à nous-
mêmes,parfaitement licite, en vertu du droit commun. .
Le professeur \Valdock a versé dans une autre confusion, identique
d'ailleurs à celle que je viens de signaler, à propos de l'opinion de Boggs.

JIa prétendu que si Gide! admettait ce régime exceptionnel pour les
côtes de la Norvège aussi bien que pour celles de la Suède, ce ne serait
que sur la base de titres historiques. Et il fait valoir dans cet ordre
d'idées un argument qui, je dois le dire, m'a assez surpris, parce qu'il
me paraît d'une fragilité trop éclatante pour qu'on doive s'y arrêter.
L'argument qui a étémis en avant, c'est que J'opinion exprimée, au
sujet de la Norvège, par Gidcl, sc trouve dans la partie de son ouvrage
qui est consacrée aux titres historiques. - '
Tout le monde sait que quand un auteur doit grouper, en quelques
grandes divisions, une matière aussi vaste, aussi touffue, aussi complexe
que celle que Gide! a traitée dans son ouvrage, il est vraiment impossible
d'exiger de cet auteur que chaque point traité dans une de ces divisions

se rapporte exactement au titre _quiest donné à cette division. Ce qu'il
faut examiner, ce n'est pas .le titre sous .lequel l'idéeest exprimée, c'est.
l'idéeelle-mêmeet l'expression.qui lui est donnée.
L'expression quE; Gide]'a: donnée :lsa pensée me paraît d'une clarté
qui ne laisse pl<lCà aucun doute. Et ici je rappelle le texte :

"Les États dont la conflgurat)on géographique estexcepticinrielle
par rapport à celle des autres. Etats, doivent supporter sans impa­
tience que les règles qui leur sont appliquées soient des règles
exceptionneJJes, puisque exceptionnel est 1'etat de choses dont elles
ont à tenir compte. 11

L'idée, la Cour le voit, est exactement la mêmeque l'îcléede Boggs.
C'est l'idée que le droit international généraln'impose pas à des situa­

tions de ce genre les mêmes règles qu'aux situations ordinaires, aux
situations normales. Et cela pour des raisons géographiques, carl'argu­
ment historique ne vient qu'en second lieu, comme une confirmation.
C'est un adjuvant, mais il n'est pas indispensable. ·
ll y a encore, à propos de l'opinion de Gide], une erreur que nos adver­
saires ont commise dans leurs écritures, que nous avions déjà réfutée
dans les nôtres, mais qui a étérépétéeen plaidoirie et dont il faut, par
conséquent, que je dise un mot.
Elle consiste à dire qu'en s'exprimant comme il l'a fait, Gide! se
serait contenté de reproduire les opinions exprimées par la Commission500 DUPLIQUE DE 1.\L BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X ji

norvégienne de la l'routière des .Eaux territoriales, dans son Rapport
I9I2 (pp. 405-406).
Il y a là, encore une fois, une confusion évidente. Sans doute, Gide!
cite-t-il fréquemment le Rapport I9I2 dans son exposé de la pratique

norvégienne. Mais l'opinion qu'il exprime, dans le passage que je viens
de lire, cette opinion est manifestement son opinion,personnelle. C'est
l'opinion de Gidel. Ce n'est pas l'opinion de la Commission de la Fron­
tière des Eaux territoriales exposée dans le Rapport I9I2.
Je me permets, pour ne pas allonger inutilement le débat, de renvoyer
la Cour à ce que nous avons écrit au paragraphe 620 de notre Duplique.
Nous venons de voir que la thèse fondamentale du Royaume-Uni,

d'après laque\\e la règle de la ligne côtière serait applicable en principe
à des côtes d'une configuration aussi exceptionnelle que la côte litigieuse,
est franchement repoussée par des géographes comme M. Boggs et par
des juristes spécialisésdans le droit international maritime comme le.
professeur Gide\.
En pareil cas, le caractère anonnal des côtes écarte le principe de la
ligne côtière, et le droit i.nternational admet le tracé de lignes droites.
C'est exactement le point de vue que le Gouvernement norvégien a tou­
jours soutenu et qu'il continue à soutenir.

Mais serrons la question de plus près.
Le Gouvernement britannique admet que, lorsqu'on se trouve en pré~
sence d'une baie, qu'il s'agisse d'une baie découpéedans la terre ferme,
comme il y en a à l'est du cap Nord, ou qu'il s'agisse d'une .baie découpée
dans la frange du skjŒrgârd, comme il y en a à l'ouest de ce point,
le tracé de lignes droites est légitime, En ce qui concerne les baies, Je
désaccord des deux Pa.rties ne porte pas sur le principe des lignes droites :

il porte uniquement sur la longueur de·ces lignes et sur l'endroit où on
peut les tracer. . ·
C'est une question sur laquelle je reviendrai. Pourle moment, je m'en
tiens au principe et je constate qu'en ce qui concerne les baies, le tracé
de lignes droites n'est pas contesté.
En revanche, nos adversaires contestent la possibilité de tirer des
lignes droites pour les autres échancrures du skjŒrgârd. Ils affirment que
la limite extérieure de l'archipel côtier ne peut 'pas êtrereprésentée par
des lignes droites, sauf lorsque l'échancrure a le caractère d'une baie.

C'estcette affirmation que je voudrais considérer maintenant.
Nous avons déjà établi, dans nos écritures et dans nos premières pl<d­
doiries, que cette affirmation ne repose sur aucune règle coutumière du
droit international et qu'il est tout à faimpos~i delprétendre qu'elle
serait consacrée par la pratique généraledes Etats. Mais, étant donné
que, dans leur réplique orale, nos adversaires sont revenus à la charge,
je me vois obligéde reprendre l'examen de cette question. J'essaierai de le
faire aussibrièvement que possible en rappelant quelques faits essentiels.
C'est d'abord, dans l'ordre doctrinal, les résolutions qui ont étéaclop~

tées en rgz8 par l'Institut de droit international dans sa session de
Stockholm. L'Institut de droit international a consacré expressément
la méthode des lignes droites pour la délimitation des archipels. Nous
avm1s cité le texte au paragraphe 480 de notre Duplique.
Ce texte a-t-il étécontesté, ou a·t-on contesté l'interprétation que
nous en avons donnée? Je n'ai rien relevéde ce genre dans l'exposédu
professeur Waldock DUPUQUE DE M. BO:Ul\Q (NORVÈGE) - 25 X 5I 501

Nous avons, d'autre part,_fourni un ensemble de témoignages révéla­
teurs de Ia pratique des Etats. La plupart de ces témoignages figu­
rent à l'annexe rrz de notre Duplique, et on en trouve un résuméaux
pages 628-633 (vol. III) de c~tt DeupJique. Jis concernent l'Arabie
saoudite,Cuba, le Danemark, l'Egypte,l'Equateur, l'Islande, laStûde, la
Yottgoslavie, etc.
La liste est incomplète. ll faut y ajouter par exemple la France qui,
par ses décrets de délimitation de r888 et de rg38, qui sont reproduits
à l'annexe nz de notre Duplique, a prouvé qu'elle n'hésite pas à tracer

des lignes droites en dehors des baies proprement dites pour relier les
uns aux autres les îles, les îlots ou lesueilssitués en face de la côte.
li faut y ajouter la Fiulande, dont )'ordonnance de neutralité de rg38
applique le mêmesystème que les Etats scandinaves.
Il faut y ajouter la Lettonie, l'Esthonie et la Lithuanie qui, en 1938
et 1939, ont adopté également ce système dans leurs lois de neutralité
(Duplique, par. 475).
Enfin, je rappelle le projet du Comitédu Scottish Council on lndustry
qui, dans ses recommandations concernant les Orcades, les Shetland et
la région de Stornway, fait application du système des lignes droites.
Il est inutile, je crois, de nous arrêter à ces différents cas.

Pour l'un d'eux cependant, je ne puis laisser passer sans les rectifier
les affirmations quiont étéproduites de l'autre côtéde la barre. Il s'agit
de la Suède.
On a soutenu que nous· aurions commis une erreur et que la Suède
n'appliquerait pas la méthode des lignes droites. Pour soutenir cette
thèse, on a faittat d'une carte qui a étédresséeen Suède en 1942 en vue
de fixer les lîmites de la zone de neutralité. Je parlerai de cette carte
dans un instant et je préciserai la portée qu'il faut lui accorder, en
m'appuyant sur la meilleure autorité qu'on puisse concevoir: une décla­
ration du Gouvernement suédoislui-mêmequi vient de nous êtreadres­
séeet que nous avons étéautorisés à produire devant la Cour.
l'viais,avant d'arriver à ce point, je tiens à rappeler certains textes que

nous avons mentionnés dans nos écritures et qui ne semblent pas avoir
convaincu nos adversaires, puisque ceux-ci persistent à fermer les yeux
sur les affirmations- pourtant catégoriques, me semble-t-il - qui s'y
trouvent.
Je rappellerai d'abord les ordonnances suédoises de rg12 et de· rg38
sur la neutralité ainsi que le décret royal du21.novembre 1925, relatifs
à l'admission en temps de paix des navires de guerre et des aéronefs
étrangers. Ces documents sont reproduits à l'annexe 112 à la Duplique.
Les. dispositions définissant les eaux intérîeures suédoises sont
pratiquement les mêmesdans les trois actes auxquels je viens de me réfé­
rer. Elles visent nettement "les parties des eat1.xsu'édoisessilttées entre
ot~ en deçà des "îles, îlots et récifs suédois qui ne sont pas constamment
recouverts par la mer''·

Si les eaux situées entre les îles, notamment entre les îles de la péri­
phériedu skjŒrgârd, sont des eaux intérieures, il est manifeste que la
délimitation de ces eaux intérieures ne peut se Jaire que par des lignes
droites, reliant entre elles les îles les plus avancées.
Je rappellerai ensuite la réponse qui a étéfaite, le rg novembre 1928,
par le Gouvernement suédois a:u questionnaire du Comité préparatoire
de la Conférencede codification. On lit notamment dans.cette réponse:502 DUPLIQUE DE M. BOURQU!N (N_ORVÈGE) - 25 X 5I

''Le Gouvernemenfsuédois estime que, pour le calcul de l'étendue
des eaux territoriales, il conviendrait de prendre pour .ligne de base
une ligne tracée entre les points extrêmes des côtes, îles, îlots et
rochers.... ·
En ce qui concerne le droit positif suédois, ce mode de calcul ....
est impliqué par les dispositions du décret....n

Suit l'énumération d'une série de décrets. Le Gouvernement suédois
ajoute:
"Pour les côtes présentant, comme celles de la Suède, des décou­

pures nombreuses et profondes et bordées d'archipels, ce mode
de calcul ....paraît bien êtrele seul qui soit susceptible de donner
des résultats satisfaisants. ))

Je rappellerai enfin l'étudedu Dr Torsten Gihl, conseiller du ministère
suédois des Affaires étrangères, sur La li·mde des eaux territoriales
de la Suède, qui a paru en r930 et dont nous avons donné des extraits en
traduction française à l'annexe nz de notre Duplique. Voici notamment
ce que l'on trouve dans cette étude;

<< ..la limite territoriale suit la direction généralede la côte, parallè­
lement à d~s lignes droites reliant les points avancés de la côte,
traversant l'ouverture des baies, et passant par les îles et écueils
les plus extérieurs du sk ja:rgard, etc. Ces règles doivent êtreindu bi­

tablement appliquées au calcul de la mer territoriale de la Suède. ))
(Duplique, p. 717, vol. III.)

Et plt1stoin :

<1...la limite maritime ries ea11xextérieures est parallèle à la ligne
ext(:rieure du skjaorgàrd>Jet ((la mer territoriale doit êtrecalculée
à partir de lignes droites délimitant en mer les eaux énumérées
ci-dessus» (p. 720, voL lll).

Enfin, le Dr Gîhl. préciseque le droit suédois

"ne .reconnaît pas de maximum pour la longueur des lignes de
base en question, mais part du principe que la limite territoriale
doit être tracée en tenant compte des conditions géographiques
naturelles» (p.722. vol. III).

Il serait difficile, je pense, de trouver uensemb le~cléclarati.onsplus
décisive que celles-là.

Qu'y oppose-t-on ? Une carte qui a étéétablie au·cours de la dernière
guerre mondiale en vue de définir la zone de neutralité ·de la Suède. On
invoque le fait que, sur cette carte, l'étendue des eaux territoriales n'est
pas comptée à partir de lignes droites, et on en conclut que le système
·des !.ignesdroites n'est pas, n'est plus le système suédois.
Quand nos adversaires ont mentionné ce fait à la barre, nous avons
immédiatement compris que la carte de rg42 ne pouvait pas avoir la
signification et la portée qu'on lui prêtàit. :Mais, cette carte, nous ne

l'avions pas sous les yeux, et, comme ·.Je.temps pressait, nous avons
demandé d'urgence au Gouvernement suédoislui-mêmece qui en était.
L'ambassadeur de Norvège à Stockholm a reçu la réponse suivante : DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 25 X 51 503

"Stockholm, le· 20 octobre 1951.
Monsieur l'Ambassadeur,

En réponse aux questions que vous avez posées, j'ai l'honneur
de vous faire connaître ce qui suit :
Au début de la deuxième guerre mondiale, la Suède maintenait,
en conformité avec les dispositions en vigueur, une limite de neutra­

lité tirée à la distance de 4 milles marins à partir de lignes de base
tracées le long de la côte. Comme il s'avérait impos.<;ible,au cours de
l'automne 1939, de faire respecter cette limite par les belligérants,
les autorités suédoisesprirent la décisionde défendre, dans la prati­
que, la neutralité en deçà d'une limite de 3 milles marins seulement.
Ladite limite de 3 milles ne fut pas tirée à partir de lignes de base,
mais suivant les sinuosités de la côte. On considérait que ce mode
de calcul, motivé par le désird'éviter des discussions avec les belli­
gérants au sujet de la détermination des lignes de base, n'éveillait

pas de doute quant aux principes, vu que la limite de 3 milles, dans
tous les cas, ne constituait pas la limite des eaux territoriales
suédoises....>> ··
La Cour sait que ·la limite des eaux territoriales suédoises est de

4 milles, comme pour la Norvège.
Je poursuis la lecture de la lettre:
"Le tracéde la limite de 3 milles, par conséquent, ne porte pas le
moindre préjudice aux principes régissant le calcul de cette limite
prénommée qui, dans une série de décisions parmi lesquelles la
dernière en date, le décret royal du 9 février 1945 portant certaines
prescriptions pour la navigation dans les eaux territoriales, est

fixéeà la distance de 4 milles marins à partir.. ..>>
A partir de la ligne côtière ? Non !
((.... à partir de lignes de ba.'le tirées en travers de l'entrée des

anses ct baies, et entre les îles situéessur la côte.
La carte qui, en 1942, fut adressée pour la gouverne des naviga­
teurs et conformément à la décisionde maintenir la neutralité seule·
ment en deçà d'une limite de 3 milles, ne constitue donc pas de
témoignage concernant !Cquestion des principes servant à la déter·
mination de la limite des eaux territoriales suédoises.
Veuillez agréer, Monsieur l'Ambassadeur, les assurances de ma
très haute considération.
(Signé) bstcn Ulidén."

Comme on le voit, la réponse esf catégorique. Au. cours de la guerre
et par suite des nécessitéspratiques devant lesquelles elle se trouvait,
la Suède a fixédes limites toutes spéciales pour sa zone de neutralité,
non seulement en s'abstenant d'appliquer son système des lignes droites,
mais aussi en restreigrian t à 3 rn iIles marins 1'étendue de ses eaux terri­
toriales.
Mais il s'agit là d'une mesure dictée par les circonstances, qui ne peut
en aucune façon - le ministre des Affaires étrailgères nous l'assure -

être·interprétée comme ayant une portée généraleou comme modifiant
en quoi que ce soit les principes traditionnels de la Suède.
Le système suédoisreste ce qu'il a toujours été.C'est le mêmesystème
que celui de la Norvège. C'est le système des lignes droites. 504 DUPLIQUE DE .M. BOURQUIN (NORVÈGE) - z6 X 5I

Nous ne pouvons; je pense, que nous féliciter, en ce qui nous concerne,.
de l'incident, puisqu'il nousermet d'apporter à la Cour une confirma­
tion officielle de pratiqne suédoise, et nne confirmation d'autant plus
précieuse qu'elle est donnée au moment mêmede nos plaidoiries.

[Séancep!tbliqtte du .26 octobreI95I, matin]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, je crois avoir suffisam­
ment établi que, quand il s'agit d'une côte offrant les caractères de la
côtelit~gie l'uspeli de la méthode des lignes droites est parfaitement
licite et que, par conséquent, le Gouvernement norvégien en ayant
recours à cette méthode, dans le décret de 1935, est restédans les limites
de ses droits, abstraction faite des titres historiques qu'il peut faire valoir.
Ce point essentiel étant acquis, l'objet de la contestatiose resserre.
Il ne concerne plus gue la manière dont la méthode a étéutilisée, c'est­
à-direla longueur qui a étédonnée à ces lignes droites et au choix de

points qu'elles relient.
C'est ici qu'intervient la fameuse règle des dix milles.
.Nos adversaires ont contesté dans leur réplique orale (V',Ialdock,
pp. 412, 415) comme ils l'avaient fait dans leur première plaidoirie que
cette règle des dix milles ait la moindre importance da11Sle litige, tel
·qu'il se présente actuellement,étant donné que le Royaume-Uni admet
que la Norvège possède des titres historiques sur ses fjords et sur ses
sunds, et cela méme lorsque leur ouverture dépasse dix milles marins.
Je croyais m'êtresuffisamment expliqué sur ce point, mais il est pro­
bable que mon exposé n'a pas étésuffisamment clair. Je vais en rappeler
brièvement la substance. Elle est très simple.

Le Royaume-Uni veut bien nous reconna.ître aujourd'hui la possession
exclùsive des fjords et des sunds en vertu des titres historiques ; seule­
ment, il ne nous reconnaît cette possession que dans des limites restreintes
et dans des limites qui ne correspondent aucunement à ce que nous
considérons comme J'étendue réellede nos droits.
Or, dans le système juridique défendu par la Partie adverse, les titres
historiques apparaissent comme des exceptions à la règle générale. Les
titres historiques sont considérés comme légitimant des situations qui
s~ns c·la seraient illicites. En d'autres termes, les titres historiques
consacrent des privilèges.
Si nous étions d'accord en fait sur l'étendue des droits de la Norvège

sur ses fjords et sur ses sunds, la question serait évidemment sans intérêt-
parce qu'en pareil cas, peu importerait que ces droits fussent légitimes
par la règle généraleou par un privilège, on serait d'accord sur leur
étendue. · ·
Mais nous ne sommes pas d'accord sur l'étendue de ce que la Partie
adverse considère comme des privilèges qui nous sont accordés. Dans ces
conditions il me paraît évident qu'il est nécessaire de savoir ceà quoi
nous avons droit en vertu des règles générales. ·
Je ne crois pas nécessaire d'ailleurs de reprendre ni mêmede résumer
les arguments que j'ai eu l'honneur de développer dans ma première

plaidoirie et qui avaient d'ailleurs déjà étéexposés- mêmeplus abon­
damment - dans nos écritures, pour démontrer que la règle des dix
milles n'existe pas comme règle coutumière généraleet qu'elle ne lie pas
la Norvège, ou qu'il n'existe pas d'autres règles analogues fixant un DUPLIQUE DE M. BOURQUIN {NORVÈGE) ---:26 X 51 505

maximum numérique déterminé pour l'étendue des lignes de base ou
ouvertures des baies: ·
Je ne reprendrai pas cet examen. Je me permets de renvoyer la Cour
à ce que nous avons dit sur ce point.

Je fais une simple constatation : c'est gue ces arguments sont restés
sans répoüse dans les plaidoiries orales, ·et que le Royaume-Uni déc.lare
maintenir sa position mais s'abstient de la justifier par d'autres argu­
ments que ceux qui se trouvent dans ses écritures et auxquels nous
avon ~éjà répondu. ··
Je tenais à marquer dès le début l'importance que revêtà notre point
de vue, clans notre conception, la règle des dix mîlles dans le procès
actuel. C'est, d'après la Partie adverse, qui, je le répète,maintient inté­
gralement sa position sur ce point, c'est la règle générale.
Le terrain étant ainsi déblayé,j'en arrive au second argument que la
Partie adverse présente en ce qurconceme la longueur et l'emplacement
'denos lignes de base. ·
Cet argument consiste à dire que nos lignes de base ne correspondent
pas à l'embouchure réelledes baies et des sunds. ·

Seulement, je crois qu'il faut préciser davantage la position de nos
adversaires sur ce point parce qu'elle comporte des nuances.
En ce qui concerne les baies, le Gouvernement du Royaume-Uni
demande à la Cour d'en donner une définition ou, plus exactement, un
embryon de définition, en proclamant qu'une baie__:. voilà la formule­
est ((une échancrure bien marquée, pénétrant à l'intérieur sur une
longueur suffisante par rapport à la largeur de son embouchure pour que
l'échancrure constitue plus qu'une simple courbe de la côte"· (Point 6
des conclusions britanniques.)
Le Gouvernement du Royaume-Uni demande aussi de proclamer que,
lorsqu'ils'agit d'une baie répondant à cette pseudo-définition, ((le prin­
cipe pour tracer les lignes de fermeture est de prendre les points naturels
d'entré!;)géographiques au point où l'échancrure ceSse d'avoir la confi­

guration d'une baie n.(Point 7 des conclusions britanniques.)
Voilà pour les baies.
LorsqtJ.'ils'agit de ce que nos adversaires appellent un "détroit légal''•
le neuvième point de leurs conclusions énonceune règlede délimitation
toute différente. Cette règleserait la suivante :

''Là où les ceintures maritimes tracées de chaque rive se recou­
vrent à chaque extrémitédu détroit, la limite des eaux territoriales
est formée par le bord extérieur de ces deux ceintures maritimes.
Toutefois, lorsque les deux ceintures maritimes ainsi tracées ne se
recouvrent pas, la limite suit le borel extérieur de chacune des deux
ceintures maritimes·, jusqu'à leur intersection avec la ligne droite
rejoignant les points d'entrée naturels du détroit, après quoi, la
limite suit cette ligne droit».

Mais ce n'est pas encore tout, car dans les dernières conclusions prises

par sir Eric Beckett ily a une alternative. Elle envisage l'hypothèse ou
la Cour ne se rallierait pas à la théorie des détroits légaux ou estimerait
que cette théorie ne serait pas applicable aux eaux de l'lndreleia. En
pareil cas, les eaux de l'Indreleia seraient, comme tes autres eaux du
skjŒrgard, des eaux intérieures dont la délimitation se ferait suivant les
règlesqui sont énoncéesaux points 6 et 7 des conclusions pOur les baies.506 DUPLIQUE"DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I

Voilà la thèse soutenue par la Partie adverse, la thèse qu'elle demande à
la Cour de consacrer.
Me sera-t-il permis d'avouer que tout cela me paraît à la fois assez
compliqué et assez artificiel..
j'ai exposédans ma première plaidoirie les objections que nous adres­

sons à cette conception de la délimitation des eaux intérieures. Aucune
des objections que nous avons présentéesne me paraît avoir fait l'objet
d'une réponsevalable de la part de nos adversaires, et je me contenterai
donc, d'une manière générale,de m'y référer.
]e ne vais pas reprendre l'examen de la question dans ses détails.
Mais il me paraît nécessairede rappeler tout au moins la différenceessen­
tielle, la différencefondamentale qui existe à cet égard entre la concep­
tion du Royaume-Uni et la nôtre.
Pour le Royaume-Uni, la délimitation des baies et, d'une manière
générale,la délimitation des eaux intérieures repose exclusivement sur;
des critères géographiques. Je n'examine pas la valeur de ces critères
qu'on nous propose. Je n'examine pas. la question de savoir s'ils sont

judicieusement cnoisis. Je constate simplement que le Gouvernement
britannique ne tient compte que des considérations géographiques. Rien
de ce qui est en dehors de la géographie ne joue un rôle quelconyue dans
le système qu'il propose.
Eh bien, la conception norvégienne est différentede cela. La conception
norvégienne part de cette idéeque ·!a question .qui se pose n'est pas une
question géographiyue, ·mais une question juridique. La question qui se
pose est de savoir si une certaine portion de mer doit être considérée
suffisamment liéeau territoire, au domaine terrestre de l'ttat, pour être
soumise au régime des eaux intérieures. Voilà tout le problème. Est-ce
que telle surface de mer doit êtrerangée dans \a catégorie des eaux inté­
rieures ou dans la catégorie des eaux territoriales ?
Nous disons ceci: c'est que les liens qui existent entre une portion
de mer et le territoire national ne sont pas uniquement des liens d'ordre

géographique. Sans doute, la géographie y tient-elle une place impor­
tante 1 Mais il y a bien d'autres facteurs qui doivent entrer en consi­
dération, des facteurs d'ordre économique, d'ordre politique, d'ordrè
historique, etc. Tout cela pour nous forme un ensemble. Tout cela est
un tout. Il est inadmissible de dissocier ; c'est un ensemble qu'il faut
prendre comme tel, dont on ne peut pas extraire les seuls éléments
géographiques pour en faire l'unique base d'appréciation.
Nos adversaires adressent un reproche à ces conceptions, mais c'est
le seul qu'ils leur adressent.Je n'en ai pas entendu d'autres. Je n'ai pas
remarqué que, soit dans les écritures, soit dans les plaidoiries orales,
on ait contesté le fait que des liens politiques, économiques ou autres,
des liens qui ne sont pas ·purement géographiques, puissent avoir de
l'importance pour la solution du problème dont il s'agit.
Personne n'a avancé cette idee. Le seul reproche que l'on adresse à
cette conception, c'est qu'elle est trop compréhensive et, par conséquent,

trop flexible. Le reproche que nos adversaires adressent à notre concep­
tion, c'est un excèsde flexibilité.
Je répondrai que ce que nous reprochons à la leur, c'est un excès
d'étroitesse.Je répondrai aussi que si notre conception est jugée trop
large et trop souple, nous sommes, dans tous les cas, en· très bonne
compagnie pour la défendre. DUPLlQUE DE M. BOURQUIN (Nû.RVÈ:GE) - 26 X .51 507
Que disait en rgro la Cour pennanente d'Arbitrage, dans l'affaire
des Pêcheriesde l'Atlantique Nord ?
Elle disait que, pour se' prononcer sur la territorialité d'une baie,
c'est-à-dire pour savoir si les eaux d'une baie doivent être comprises

dans les eaux intérieures ou non, il fallait tenir compte " de toutes les
circonstances individuelles .... : du rapport entre la largeurtla profon­
deur de sa pénétration.dans les terres ; de la possibilité et de la nécessité
de la défendre pour l'Etat dans le territoire duquel elle pénètre; de la
valeur spéciale qu'elle a ponr l'industrie des habitants de ses rivages;
de la distance qui la sépare des grandes voies internationales en haute
mer, et d'autres circonstances impossibles à énuméreren général''·
La Cour permanente d'Arbitrage., par conséquent, a soutenu une
conception qui est exactement la nôtre. Elle est partie de cette idée
que pour décider de la territorialité d'une b<lieon ne pouvait pas se
limiter à l'examen des critères géographiques. E!le a fait entrer les
critères géographiques parmi les données du problème. Personne ne
conteste que les critères géographiques sont une des données du pro­

blème. Ivlais à côté dés données géographiques il y en a d'autres, telles
que la largeur et la profondeur de pénétrationd'une baie dans les terres.
La Cour permanente d'Arbitrage a énumérétoute une série d'autres
facteurs d'ordre poHtique et d'ordre économique. Elle a ajouté qu'il
y avait encore d'autres circonstances, impossibles à énuméreren généraL
Que disait le Dr Drago dans son opinion dissidente ? Il disait qu'il
n'y a pas d'autre principe à appliquer en pareille matière que celui
qui résulte de la coutume et de l'usage de chaque nation individuelle-
ment considérée. ·
je ne crois pas que cette conception soit moins flexible que la nôtre.
Le Dr Drago s'en réfèreà l'usage de chaque nation : c'est une flexibilité
qui est encore plus grande que la nôtre.
Et que disait le Gouvernement britannique lui-même? Il disait que

le§ restrictions apportées dans Je droit international à .la juridiction de
l'Etat riverain "n'ont jamais étéformuléesdans une règled'application
générale et qu'elles doivent dépendre des circonstances particulières
de chaque cas"·
Nous nous permettons de croire que cette conception repose sur une
véritéprofonde et qu'elle est infiniment. préférableaux règles étroites
que le Gouvernement britannique demande aujourd'hui à la Cour de
couvrir de son autorité. .
· Dans tous les ca.s, il appartiendrait au Royaume-Uni d'établir que
sa thèse actuelle est fondée et, pour en établir le bien-fondé, il devrait
prouver qu'el)e correspond à la coutume, c'est-à-dire à la pratique
généraledes Etats. .
Mais c~es ltune démonstration qu'il lui serait bien difficile de faire
et qu'il n'a jamais, d'ailleurs, entreprise. Car sur les points que je viens
de considérer on ne trouve rien d'autre dans ses écritures et dans les
plaidoiries prononcées en son nom, que de simples affirmations.

Je crois pouvoir conclure, non seulement que l'emploi des lignes
droites est parfaitement conforme aux exigences du droit international
quand on se trouve devant une côte ayant les caractères exceptionnels
de la côte litigieuse, mais encore qu'on ne peut pas opposer à .la Norvège,
soit la prétendue règle des IO milles, soit les formules de délimitation
qui sont énoncéesdans les conclusions de la Partie ad verse. 508 DUPLIQUE -DE M. l-lOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 51 -

Pour éviter tout malentendu, je tiens à répéter ici ce que j'ai déjà
dit à. plusieurs reprises. La Norvège n'a jamais prétendu que !"État
riverain pouvait tracer ses lignes de base arbitrairementet leur donner
n'importe quelle longueur. Non seulement ces lignes doivent suivre la
direction généralede la côte en s'accrochant à des points de cette côte,
mais il faut encore - condition complémentaire - qu'elles soient
raisonn~ble émeanles, c'est-à-dire qu'elles soienétabli e~s tenant
compte des données géographiques, économiques et autres qui caracté­

risent la région.
Et cette condition de (<raisonnabilité )) n'est pas du tout, comme
on l'a prétendu, une condition illusoire, car les lhats étrangers auraient
certainement le droit d'invo4uer .cette condition pour contester la vali­
dité du choix qui a étéfait par l'Etat riverain.
Il est vrai que c'est là un .terrain sur lequel Je Gouvernementbritan­
nique ne s'est guère avancé. Il lui a paru préférable de s'en tenir à Œ
qu'il appelle les principes, sans se livrer à un examen précis et détaillé
du cas d'espèce qui est soumis à la Cour.

En revanche, la Norvège a fourni à ce sujet de nombreuses explica­
tions, celles qui figurent dans sa Duplique et celles qui ont étéfournies
à la barre par M. Arntzen. j'espère que ces explications ont convaincu la
Cour que .lechoix des autorités norvégiennes a toujours étédétenniné par
des motifs sérieux et raisonnables.
Pour terminer l'examen du système juridique que le Gouvernement
britannique nous oppose, il me resterait à parler de deux questions,
d'importance d'ailleurs tout à fait inégale.

La première question est celle des sèches, c'est-à-dire des élévations.
du sol marin qui ne découvrent qu'à marée basse.
La seconde question, c'est celle des détroits légaux et de l'application
que la Partie adverse a prétendu en faire aux eaux de l'Indreleia.
· En ce qui concerne les sèches, le Gouvernement britannique ·déclare
maintenir sa position et nous maintenons la nôtre. Mais, comme l'agent
du Gouvernement norvégien l'a exposé, cette question nous paraît
dépourvue, dans le litige actuel, de tout intérêtpratique. Dans ces
conditions, je m'en voudrais de prendre les instants de la Cour en m'y

arrêtant de nouveau et je me permettrai de renvoyer simplement la
Cour aux arguments très convaincants, me semble-t-il, que nous avons
produits dans nos écritures.
Je passerai également sous silence la question des détroits légaux et
de l'Indreleia, bien que, contrairement à la précédente, cette question
o soit d'une importance considérable dans I.ecas actueL
Je la pasSerai sous silence parce que la Partie adverse me parait ne
plus y insister beaucoup.
EUe n'abandonne pas, il est vrai, la thèse qu'elle a soutenue. Elle la

maintient mêmeformellement. Mais sir Eric Beckett a reconnu qu'une
partie de notre argumentation l'avait impressionné et, dans les dernières
conclusions qu'il a prises, il envisage l'hypothèse où la Cour refuserait
d'admettre que les eaux de l'Indreleia sont soumises au régime de ce
qu'il appelle les détroits légaux.
Nous avons l'impression que la Partie adverse se rend compte des
conséquences inadmissibles qui résulteraient de sa thèse en ce qui
concerne J'Indreleia et qu'au fond elle n'est pas plus désireuse que la

Norvège de voir les eaux du skjŒrgard s'ouvrir à tous les navires de
guerre étrangers. DUPLIQUE [JE M. BOURQUIN" (NORVÈGE) - 26 X 5I 509

Je m'abstiendrai donc de reprendre notre argumentation, à laquelle
d'ailleurs on n'a rien objecté en réplique. Je m'abstiendrai de le faire,
non point du tout parce que cette argumentation me paraîtrait fragile,
mais, au contraire, parce qu'elle me semble si décisive que nos adver­
saires eu"x.-mêmeo snt renoncé à la combattre.
Mais je ferai observer - M. Arntzen l'a fait hier - que si toutes
les eaux elu skj::ergârd, y compris celles de l'Indreleîa, sont des eaux
intérieures, al.ors le tracé de la peckedgreen line ne tient plus. Toute

la partie de ce tracéqui se trouve à l'ouest de la fameuse ligne Geitingen­
Gavlodden exige une refonte complète. Et je me permets de signaler que
la nécessitémêmede cette refonte complète souligne, me semble-t-il,
la fragilité des bases sur lesquelles a étéédifiéle système de délimitation
qu'on oppose à celui du décret de 1935. ·
Aprèsavoir considérésuccessivement les différents aspects du système
britannique, je voudrais soumettre à la Cour quelques considérations sur
l'ensemble de ce système.
C'est au nom du droit coutumier que le Gouvernement du Royaume­
Uni. prétend condamner le décret de 1935 et, à travers lui, la tradition
·norvégienne.
Il me semble que, pour prendre cette attitude, il faudrait au moins

que le droit coutumier présentât dans cette matière un minimum de
certitude et de cohésion.
Or, qui oserait prétendre qu'il en est ainsi?
Pa.rmi les jurîstes et les techniciens qui se sont penchés sur les pro­
blèmes qui nous occupent, en est-il un seul pour affirmer l'existence de
règlesprécisesqui seraient effectivement en vigueur sur le plan universe! ?
Tous sont d'accord pour constater, au contraire, les incertitudes ~t les
incohérences qtii caractérisent, dans ce domaine, la pratique des Etats
et les enseignements de la doctrine.
1Il règne en cette matière un effrayant chaos)), disait le Dr Schücking
en ouvrant la discussion à la Conférencede codification de rg30.

C'est Hune des parties les moins satisfaisantes du droit international )),
écrit M. Boggs dans son article du mois d'avril dernier.
Quant au professeur Gide!, après avoir énuméréles principales ques­
tions qui se rattachent au problème de la délimitation de la nier terri­
toriale, et après avoir indiqué succinctement les désaccords qui existent
sur les différents points, il conclut dans les termes suivants :

((On voit, sans mêmepénétrerdans l'examen de certaines hypo-.
thèses spéciales plus particulièrement délicates .... à combien d'in­
certitudes, les unes extrêmement graves, les autres de détail, donne
lieu la détermination du tracé de la mer territoriale. n

Voici d'autre part ce qu'écrit le professeur Georges Scelle, dans son
Cours de droit international publt:c (Paris. 1948, pp. 418-4r:9):

"L'étude des eaux adjacentes est une des plus décevantes qui
soient en droit international. Tqut y est incertain, la doctrine et
la pratique : l'une et l'autre varient selon les époqueset la politique
des gouvernements. Les complexités des conditions géographiques
et les nécessitésde la vie journalière des nations riveraines inter­
fèrent dans tous ces problèmes. Il n'y a de règles coutumières ou
conventionnelles claires et durables, ni en ce qui concerne le point
de départ ct la délimitation des eaux territoriales, ni en ce qui510 DUPLIQUE DE :M. BOURQUIN (NORVÈGE)- z6 X 51

concerne leur étendue, ni en ce qui concerne leur régimejuridique, ni
même en ce qui concerne leur nature .... cc domaine est aussi moti­
vant quant aux constructions juridiques qui lui correspondent que
J'élémentqui leur sert de base. JJ

On pourrait multiplier des citations de ce genre, car elles foisonnent.
Je voudrais en mentionner une dernière, qui est récente et qui émane
d'une source particulièrement significative, me semble-t-il, dans le cas
actuel, puisqu'il s'agit du déléguédu Royaume-Uni à l'Assemblée géné­
rale des Nations Unies.
Sur .la proposition de l'Islande, la question de la mer territoriale a
étéinscrite pam1i celles dont la Commission du droit international devrait

s'occuper par priorité. Mais, lorsque cette proposition a étéprésentée à
la sixième Commission, le 14 octobre 1949, elle a ëté combattue par le
déléguédu Royaume-Uni, M. Fitzmaurice. Et le principal argument
que 1\'LFitzmaurice a fait valoir à J'appui de son opposition a étéexposé
comme suit:

" Lorsque ·la Commission du droit international a dressé la liste
des sujets à codifier par priorité, elle s'est notamment demandé dans
quelle mesure elle pouvait s'attendre à voir les résultats de ses tra­
vaux approuvés par les gouvernements .... Or, aucune question dè
droit international n'est davantage sujette à controverse que celle
du régime des eaux territoriales. 11

M. Fitzmaurice en a donné pour preuve l'échecde la Conférence de
codification de 1930. Et il ajoute : ·

''que son Gouvernement et celui de la Norvège avaient décidéde
soumettre à la Cour internationale de Justice le différend qui les
oppose sur cette question. Il semble donc préférable, a-t-il conclu,
d'attendre l'arrêt de la Cour avant de s'atteler à cette tâche .... »

Il est intéressant' de ·coùstater ·que Ie porte-parole du Gouvernement

britannique a aim:i reconnu les incertitudes qui planent sur le problème
même dont la Cour est ·saisie. Aucune question n'est- plus sujette à
controverse, pour reprendre les termes dont il s'est servi.
Et c'est dans cette nébuleuse qu'on prétend découvrir une coutume
généralesuffisamment précise et consolidée pour pouvoir condamner en
son nom le décret de 1935 et la tradition norvégienne !
Je rappelais tout à l'heure le mot du Dr Schücking, qui qualifiait de
chaotique l'état du droit international dans la matière qui nous occupe.
Le Dt Schücking avait ajouté qu'il fallait essayer de mettre fin à
cette situation par une action commune.
Je tiens à déclarer que le Gouvernement norvégien est entièrement

d'accord sur ce point avec l'opinion qui était ainsi exprimée par le
D• Schücking. Le Gouvernement norvégien croit, lui aussi, que ra
situation prése11teoffre des dangers et qu'il faut essayer d'y porter
remède.
La Conférence de I930 a échoué,mais elle n'était qu'une première
étape. L'Œuvre doit se poursuivre et elle se poursuit effectivement sous
nos yeux. L'Organisation des Nations Unies l'a inscrite parmi ses tâches.
La Commission du droit international s'en occupe. Les institutions
scientifiques et les groupements de spécialistes la discutent. Tout un DUPLIQUE DE i"ll. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I 5II

travail d'élaboration est en cours et il faut espérer qu'il aboutira à des
résultats positifs.
Seulement, si l'on veut introduire un peu plus d'ordre et de régularité
dans cette partie du droit international, il y a certaines conditions
essentielles qu'il faut respecter.
La première de ces conditions, c'est que le système juridique qui
s,era considérécomme 'la loi commune soit accepté par l'ensemble des
Etats.
Vouloir, ériger-en loi commune ce qui n'est en réalitéque le vŒu de

certains Etats, c'est s'engager dans une voie sans issue, Un syst_ème
juridique n'a chance qe se généraliserque s'il tient compte des intérêts
essentiels de tous les Etats. ·
Ce gui serait non seulement injuste, mais pratiquement irréalisable,
ce serait de vouloir étendre à la communauté internationale tout entière
de~ règles qui s'harmonisent peut-être avec les intérêts d'un groupe
d'Etats, mais qui sont en contradiction avec les intérêtsd'autres groupes.
La seule façon d'introduire plus de régularitédans la situation chaoti­
que dont parlait le Dr Schücking, c'est de chercher ensemble les possi­
bilités d'accord,ç'est de dégager des solutio'ns qui soient acceptables par
1'ensemble des Etats. -

Voilà la première condition.
Il y en a une seconde,
La seconde condition nous paraît êtrede renoncer à ce que j'appellerai
la chimère de l'uniformité mécanique.
Prétendre soumettre toutes les situations à des règles précises et
rigoureuses, qui s'appliqueraient uniformément sans tenir compte de
la diversité des réalitésphysiques et sociales, c'est aller au devant d'un
échec, c'est aller au devant d'un échec parce que c'est. poursuivre une
idée fausse.
Je voudrais citer lestermes ex_cellents dans lesquels cette observation
a étéprésentée par le professeur Brierly, Dans son cours de 1936, à

l'Académie de droit international, sur les " Règles généràles du droit
et de la paix J>le professeur Brieriy s'est ·exprimécomme suit;

" Tout réformateur du droit doit se garder de rechercher l'unifor­
mité, uniquement par amour de l'uniformité. L'nniformité n'est
bonne que quand elle est commode, c'est-à-dire quand elle simplifie
notre tâche; elle est mauvaise quand elle résulte d'une assimila­
tion artificiellede cas dissemblables.'" La nature de la société
internationale ne rend pas seulement difficile le développement de
règles d'application générale du droit international, il arrive sou­
vent qu'elle les rend peu souhaitables .... " (Recueil des· Cours de
l'Académie, 1936, IV, pp. 17-18.)

Et comme exemple d'un cas de ce genre, l'auteur a cité précisément
celui du régime des eaux: territoriales.
Il serait difticilc, en effet, d'en trouver qui soit plus convaincant.
S'il y a un domaine où la variétédes situatio et l~variétédes besoins
qui en résulten ett~évident, c'est bien celui des eaux territoriales.
Et ici je voudrais rappeler ce que disait le rapporteur du projet de
règlement relatif à la mer territoriale, qui a étésoumis en 1928 aux
délibérations de l'Institùt de droit international. Voici comment il
s'est exprimé : .512 DUPLlQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X SI

1( •••ilne faut pas établir des principes trop absolus ni trop rigides:
ils doivent tenir compte des situ~ti porisulières des continents.
des régions ou des groupes d'Etats, et être assez souples pour
pouvoir se plier aux circonstances. Enfii]., on doit respecter les

situations ou les droits qu'ont certains Etats par suite de leurs
conditions particulières , (Annuaire, 1928, p. 632.)

La nécessitéd'adapter \es règles du droit international à la diversité
des situations particulières, cette nécessitéa étégénéralement reconnue
par tous ceux qui ont participé, soit aux travaux préparatoires, soit
aux discussions de la Conférence de codification de 1930, et elle a été
même une des difficultés essentielles que la conférence a rencontrées
sur son chemin.

. Les déclarations qui ont étéfaites à ce sujçt sont très nombreuses.
Je me bornerai à citer celle du déléguédes Etats-Unis, M. Miller. La
voici:

((.... en ce qui concerne la différence des situations locales, nous
avons eu devant nous une somme réellement extraordinaire de
documentation utile, et je pense que je puis parler au nom des
autres membres du comité aussi bien qu'en mon nom propre, en
disant que chacun d'entre nous a appris beaucoup au cours de ces
discussions. Sans entrer dans les détails, nous avons appris la
situation particulière de la côte de la Norvège, qui est unique en
son genre .... 11

Le délégué des États-Unis a ajouté:
ccEn réalité, le problème que nous avons devant nous consiste

à établir juridiquement la carte du monde, e1rconsidérant les droits,
les coutumes et les besoins économiques des populations riverain JJes~
(Actes de la Conférence, vol. III, p. T47-)

La formule du -déléguéaméricain donne, me semble-t-'il, une image
très juste du problème qui se pose.
. JI .faut tenir compte des droits, des coutumes, des besoins économiques
des populations riveraines, si l'on ne veut pas mettre sm pied un système
qui ne soit pas artificiel, si l'on veut arriver à un système qui ne soit
pas seulement bon dans les apparences mais qui soit viable, qui puisse
entrer dans les réalités pratiques. C'est .la pensée qui a toujours guidé

le Gouvernement norvégien.
Loin d'être hostile à une réglementation juridique du problème,
auquel se rattache le litige actuel, le Gonvernement norvégien est par­
faitement conscient du grand intérêtque présenterait une réglementation
de ce genre, et il souhaite vivement qu'elle voie le jour.
Seulement, cette réglementation ne !ni paraît possible et elle ne lui
paraît souhaitable que moyennant les deux conditions que je viens
d'indiquer.

Il faut qu'elle se fonde sm: un accord généralet non pas sur les vues
unilatérales d'un groupe d'Etats. II faut, en seco_nd lieu, qu'elle soit
réaliste, qu'elle respecte les besoins .légitimes des Etats et la diversité
des situations particulières.
Si l'on veut donner assez de souplesse au régime juridique des eaux
territoriales, il y a, me semble-t-il, deux méthodes que l'on peut envisager. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I 513

La première méthode consiste à introduire cette souplesse dans les
règles généraleselles-mêmes,et se contenter de principes assez flexibles
pour qu'ils puissent se plier aux besoins si variés de la vie réelle.
La seconde méthode serait d'établir des règles généralesplus précises
et plus rigides, mais en les assouplissant alors par un jeu d'exceptions

ayant, notamment, pour but de maintenir les situations acquises.
Il est évident que c'est dans cette seconde direction que les efforts de
la Conférence de codification de 1930 s'étaient orientés. Le rapport de
la Deuxième Commission, présenté par le professeur François, marque
nettement cette tendance. La Cour me permettra de rappeler les termes
dont il s'est servi :

(\Une difficulté à laqueÜe la commission s'est heurtée lors de
l'examen de plusieurs points de son progr<lmme est la suivante: la
fixation de règles généralesen cette matière aboutirait inévitable­
ment, du point de vue théorique, à une modification elu régime
existant en ce qui concerne certaines portions d'eau. Il est presque
superflu de mentionner à ce sujet les baies dites historiques ; le
problème n'est d'ailleurs point limité aux seules baies, mais se pose
dans d'autres situations.L'Œl}Vt:eciecodifkation ne pourrait porter
atteinte aux droits que des ~ta: tesvent posséder sur certaines

portions de la mer adjacente. Nulle stipulation contenue dans ce
rapport ou dans ses annexes ne saurait donc êtreinterprétée dans
ce sens. ))(Acles, III, 211.) .
Voilà qui est clair.

La conférence a essayé - sans y réussir d'ailleurs - à mettre sur
pied un ens~mbl de règles précises qui seraient, en principe, applicables
à tous les Etats. Mais à ce système généralelle a entendu apporter un
correctif essentiel, elle a voulu mettre les situations acquises à l'abri des
bouleversements qui résulteraient de l'application de ces règles conven­
tionnelles,et elle a souligné le fait qu'aucune disposition du rapport ou
de ses annexes ne peut êtreinterprétée sans ce correctif.
Je me permets de rappeler à la Cour, entre parenthèses, que parmi
les annexes qui sont ainsi visées,figure le fameux rapport de la Deuxième
Sous-Commission dont nos adversaires font un usage si abondant.
Rien, par conséquent, dans les règles proposées ou suggérées,soit par

la commission plénière,soit par ses Sous-Commissions, ne devait en tout
cas porter atteinte aux situations acquises.
Cette méthode apparaît certainement comme une possibilité.
Introduire la précision et l'uniformité dans les règles générales,mais
y ajouter alors la souplesse nécessaire grâce à la théorie qu'on appelle la
théorie des titres historiques.
Je ne dis pas que ce soit la meilleure méthode, mais elle offre, en tout
cas, une ressource.
Seulement, pour que la théorie des titres historiques puisse jouer le
rôle qui lui estsîg naés cette conception, pour qu'elle constitue vrai­
ment la soupape de sûreté qui est indispensable, il est de toute nécessité

de la comprendre assez largement. Et voilà précisément, je pense, le
défaut essentiel de la thèse soutenue par le Gouvernement du Royaume­
Uni.
Le Gouvernement du Royaume-Uni prétend établir des règles géné­
rales précises~t rigoureuses. Il prétend en même temps enfermer la
notion des titres historiques dans des limites aussi étroites que possible.

345r4 DUPLIQUE DE M. s'ouRQUJN (NORVÈGE) - 26 x sr
Dans cette conception-là, la rigidité règne partout. Or, il faut choisir
ou bien des règles souples ou bien une véritable soupape de sûreté.
La thèse britannique ne veut ni de l'un ni de l'autre. Elle n'offre donc

aucune issue. Cette thèse n'est pas seulement en désaccord avec le droit
positif, avec le droit en vigueur. Je me permets de penser qu'elle est en,
désaccord avec les nécessitésde la vie.
.Monsieur le Président, j'aborde maintenant la question des titreS­
historiques.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de rappeler les observations que'
j'avais présentées dans ma première plaidoirie en ce qui concerne le­
fondement des titres historiques.
Ces observations n'ont pas étérelevées dans la réplique orale de noS­
adversaires. J'ai l'impression que nous sommes en réalité d'accord,.
tout au moins sur l'essentiel.
La différence qui pouvait s'accuser entre les vues des Parties, à cet
égard, concernait principalement le point suivant: une situation qui.
s'est prolongée paisiblement pendant un temps suffisamment long,
peut-elle êtrer~mi snequestion par l'opposition d'un État, mêmesi le
silence de cet Etat ne pouvait pas êtreinterprété, en raison des circons-­
tances, comme impliquant de sa part un acquiescement tacite?

Nous donnons à cette question une réponse tout à fait négative,.
Je ne crois pas que nos adversaires en contestent le bien-fondé.
Dans ces conditions je ne m'attarderai pas davantage à cet aspect du_
problème, pour lequel je me permets de renvoyer la Cour à mes précé­
dentes observations, et j'entrerai immédiatement dans le vif de la réalité.
Quelques mots d'abord de l'attitude qui a étéprise par le Gouverne- .
ment britannique au sujet de nos droits historiques.
Le Gouvernement britannique reconl).aît maintenant que la Norvège·
possède des titres historiques sur une partie des eaux litigieuses, mais iL
conteste que ces titres couvrent la totalité de la zone de pêchedélimitée.
en 1935. Pour lui, les titres historiques de la Norvège ne vont pas au.
delà de la pec!u:dgreen line.
Pourquoi?
La reconnaissance d'un titre histor.ique n'est pas une simple mani-­
festation de volonté. La reconnaissance d'un· titre historique c'est une,
constatati.on. C'est la constatationd'un fait juridique.
Or, ce que nous savons, c'est que la Partie adverse veut bien admettre•
les titres de la Norvège jusqu'à un certain point, mais qu'e.lle ne veut
pas les admettre au delà de ce point.

Sur quelle base fait-elle cette discrimination ? Sur quelle raison
historique nos adversaires se fondent-ils pour émettre ce jugement ?
La discrimination ne serait valable que si, au cours de l'histoire, la.
Norvège avait exercé effectivement sa souveraineté jusqu'à la pecked
grt:enline mais ne l'aurait pas exercée au delà de la pecl<edgreen line.
Voilà le fait historique. Voilà l'usage historique qui pourrait servir de.
base éventuellement à une telle discrimination.
Or, nos adversaires se gardent bien de prétendre qu'il en ait étéainsi.:
Ilssavent très bien que la pec!Œd greentine c'est une ligne qui a ététracée·
dans les bureaux de Londres et qui est dépourvue de toute réalitéhisto­
rique. Ils savent très bien que la pecked green line n'a jamais joué un
rôle quelconque dans l'exercice effectif de la souveraineté norvégienne.
Le professeur Wa!dock a dit qu'à son avis il y a deux questions qui.
se posent en ce qui concerne l'étendue des droits de la Norvège. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I 5I5

Première question : qu'est-ce qui constitue la ligne côtière d'un .État
et quelles sont les indentations de cette ligne?
Deuxième question : quelles sont exactement les lignes qui ferment
ces indentations ?
Mais on constatera que ces deux questions se rapportent uniquement
à des faits géographiques et qu'ils n'ont rien à voir avec la réalitéhisto­
rique.
Or, pour que les titres historiques soient fondés, ou que le refus de
reconnaître un titre historique soit fondé, la seule chose .importante

c'est la réalitéhistorique.
Le Royaume-Uni admet aujourd'hui le titre l1istorique de la Norvège
à une mer territor.ia\e de quatre milles.
Pourquoi?
Mais évidemment parce qu'il reconnaît que la Norvège a effectivement
exercé depuis longtemps et dans les conditions voulues sa souveraineté
sur une étendue de quatre milles. La reconnaissance qu'il fait du titre
historique de la Norvège à une mer territoriale de quatre milles, elle
est baséesur la réalitéhistorique.
Il est évident que géographiquement la limite de quatre milles n'a
aucune réalité.
Lorsqu'il s'agit de la reconnaissance du titre norvégien à une mer de
(]Uatre milles, c'est sur l'histoire que le Gouvernement du Royaume-Uni
s'appuie. Mais quand il s'agit des titres historiques de la Norvège en

dehors de la limite des quatres milles, l'histoire est laisséede côté et on
ne foumit plus aucun argument qui soit tiré des faits historiques, de la
réalité,de l'usage lui-même.
n y a un autre argument qui a étéégalement invoqué par nos adver­
saires pour justifier la thèse de peckedgreenhne. Pour justifier le tracé
de la peckedgreenline sur une partie de la côte litigieuse, on a invoqué
que les eaux qui se trouvent là seraient des détroits .légaux.
Mais encore une fois, nous sortons ici du domaine de la .réalitéhistori­
que. L'argument qu'on invoque, c'est une théorie juridique qui n'a abso­
lument rien à voir avec les .faits, avec ce qui se passe réellement, avec
l'usage qui s'est effectivement constitué.
Par conséquent, je le répète,la distinction que le Royaume-Uni fait
pour reconnaître, ou refuser de reconnaître, les titres historiques de la
Norvège, en dehors du cas de la mer territoriale de quatre milles, ce
sont des arguments qui n'ont rien à voir avec l'application des titres

historiques. Ce sont des arguments qui sont complètement étrangers à
la réalitéhistorique, qui tiennent à des définitions géographiques ou à
des théories juridiques.
Ces opinions, par conséquent, ne se trou vent pas justifiées, et cette
conclusion me paraît êtreconfirméepar les fluctuations qui ont marqué,
à cet égard, l'attitude du Gouvernement du Royaume-Uni depuis l'ori­
gine du conflit. Ces fluctuations, nous les avons déjà signalées. Je les
rappelle brièvement.
Au début de la controverse, le Gouvernement britannique soutenait
avec beaucoup d'énergieque la Norvège n'avait pas droit à une mer terri­
toriale de quatre milles. Il soutenait avec beaucoup d'énergie que le
Varangerfjord n'était pas un fjord territorial norvégien, qu'il ne pouvait
pas êtrecompris dans les eaux intérieures norvégiennes.
Aujourd'hui, changement complet. R.enversement totaL

0 .5I~ DUPI,IQUE .DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I

Or, ce renversement des positions initiales ne peut certainement pas
s'expliquer par des modifications qui se seraient produites dans la réalité
historique, parce que depuis - disons rgn, c'est-à-dire le moment où
la controverse a éclatéà propos du Lord Roberts- il n'y a pas un seul
changement qui se soit produit dans la réalitéhistorique en ce qui con­
cerne les droits de la Norvège. .

Quels changements se sont produits? Des changements de quel ordre?
Mais simplement des changements dans l'opinion du Gouvernement
britannique, dans sa façon de voir les choses.
Ce sont des opinions subjectives en présence desqueiJes nous nous
trouvons.
Dans sa réplique (p. 379), sir Eric Beckett s'est étonnégue nous
fassions état de ces variations. Il a dit que les erreurs de droit qu'un
gouvernement a pu commettre dans le passéne sont pas une raison pour
repousser ses préte11tionsactuelles lorsque celles-ci sont fondées sur des

arguments valables. .
D'accord. Lorsque les prétentions actuelles sont fondées sur des argu­
ments juridiques valables, je suis tout à fait d'accord pour dire qu'on
ne peut pas contester la yaleur de ces arguments en invoquant simple­
ment le fait que le mêmeEtat a commis une erreur d'interprétation anté-
rieurement. -
Mais, précisémentce que nous soutenons- et je crois l'avoir démontré
-c'est que les prétentions actuelles du Royaume-Uni en ce qui concerne
l'étendue des droits historiques de la Norvège ne sont pas fondées sur
des arguments juridiques valabl e'ls~avaient étévalables, je m'incli­
nerais devant eux. Mais.ils ne le sont pas.

Dans ces conditions, je croîs que nous sommes parfaitement en droit
d'opposer aux appréciations subjectives que le Gouvernement britan­
nique énonce actuellement d'autres appréciations subjectives, diamé~.
tr<ikment opposées, qu'il a défendues antérieurement.
Nous soutenons, en résumé,qu'il est impossible de découvrir dans son
attitude flottante un principe juridique quelconque. Nous soutenons
qu'on n'y trouve que des opinions personnelles qui se modifient et qui
se contredisent au grédes circonstances.
Je dois également relever certaines autres déclarations qui ont été
hites par sir Eric Beckett au sujet de la position généraledu problème
que nous exam.inons. .
Il peut se faire-, a-t-il dit, que les règles générales énoncéespar le

Royaume-Uni existent mais ne lient pas la Norvège, n'aient jamais lié
la Norvège. C'est ce qu'il a appelél'aspect négatif du problème. ·
Il peut se faire aussi, a-t-il ajouté, que ces règles existent et qu'elles
lient la Norvège, mais que la Norvège ait acquis postérieurement un
titre historique sur les eaux qu'elle revendique. C'est ce qu'il a appelé
l'aspect positif.
. Sir Eric Beckett n'a donc envisagé que les deux hypothèses que je
viens de rappeler.
Mais il y en aune troisième. Il pourrait très bien se faire que les règles
générales formulées par le Royaume-Uni lient la Norvège et que la

Norvège puisse revendiquer certaines dérogations à ces règles générales
en se fondant sur un usage antérieur à la fonnation des règles en question.
Le cas se présente très souvent. Par exemple, le Royaume-Uni se
considère comme liéen principe par les règles généralesqu'il expose dans
ses conclusions, mais cela ne l'empêche pas de revendiquer certaines

0 DUPLIQUE DE M~BOURQUIN (NORVÈGE)- 26 X 51

baies qu'il ne posséderait pas en application de ces règles généraleset
auxquelles il déclare avoir droit en vertu de titres historiques. Or, les
titres historiques sur lesquels îl s'appuie pour prétendre à ses droits
exceptionnels ont leur fondement dans un passé qui est manifestement
antérieur à la formation du système juridique généralauquel le Royaume~
Uni reconnaît êtreactuellement lié.
Je ne crois pas d'ailleurs que cette troisième hypothèse ait une grande
importance pratique dans notre litige, pas plus que la deuxième, parce
que je suis convaincu que les règles généralesinvoquées par la Partie

adverse ne sont pas opposables à la Norvège, que la Norvège n'a jamais
étéliée par ces règles générales.Mais il était cependant nécessaire, me
semble-t-il, de faire cette mise au point pour éviter tout malentendu.
Il y a une autre remarque que je dois faire encore dans le mêmeordre
d'idées.
Si-r Eric Beckett a parlé de ce qu'il a appelé le système coutumier
(customary system). Il a employé à de nombreuses reprises cette expres­
sion, en elle-mêmeextrêmement vague, on le reconnaîtra. Il s'est demandé
par exemple si la Norvège avait adhéréau système coutumier, et à quel
moment elle l'avait fait.
Mais que signifieau juste cette expression ? On s'est abstenu de nous

le dire. ·
Le système juridique que le Royaume-Uni demande à la Cour de
consacrer comporte une sériede règles. Est-ce que c'est l'ensemble de ces
règles prises en bloc qui constitue le système coutumier, ou bien est-ce
simplement une partie de ces règles? Mais alors, quelle partie?
A certains moments, on pourrait croire, en écoutant nos adversaires,
qu'il suffit d'admettre l'existence d'une mer territoriale ayant une
étendue déterminéepour êtreconsidérécomme ayant donnéson adhésion
au système coutumier.
Mais si tel est le sens que nos adversaires donnent à l'expression,
alors cette expression est évidemment équivoque, car la notion d'une

mer territoriale d'une étendue déterminée est aujourd'hui dominante.
Et, cependant, beaucoup d'États qui admettent cette conception repous­
sent le système juridique qui est défendu par le Royaume-Uni.
D'autre part, nos adversaires ont l'air de fixer au début duXIxmc siècle
le moment où ce système coutumier se serait formé. Ils donnent même
la date précise de r8oo.
Il y a là encore une simplification inadmissible et qui pourrait être,
elle aussi,la source de sérieux malentendus.
Je prends comme exemple le phénomène de l'unification de la mer
territoriale. ·
A la fin du xvmmc si~c len,y avait aucune unité dans la notion de
la mer territoriale. Les Etats exerçaient lem juridiction sur des espaces
maritimes dont l'étendue variait suivant les différentes matières. Il y
avait une zone de neutralité, une zone de pêche,une zone de douanes, etc.

Au XIX"'c siècle, la tendance à l'unification :-:'est dessinée, et c'est
d'ailleurs le plus souver.t la distance appliquée en matière de neutralité
qui a été étendue aux autres matières. .
Mais il est tout à fa:it inexact de se représenter cette unification
comme s'étant réaliséebrusquement aux alentours de J'an r8oo. L'uni­
fication ne s'est réaliséeque graduellement au cours du· x1xmc siècle.
Elle ne s'est réalisée qu'avec beaucoup de peine, beaucoup de diffi­
cultés, rencontrant beaucoup de résistances, et ce n'est guère qu'au518 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - z6 x sx

xxme siècle que la notion de l'unité de la mer territoriale a étégénéra·
lement admise. Encore a-t-il fallu y apporter des correctifs en accep­
tant le plus souvent la notion de la zone contiguë.
Par conséquent, quand on vient rious dire que, vers x8oo, le système
coutumier s'est substitué aux traditions antérieures, je crois que l'on
fait subir à la réalitéhistorique une étrange déformation.

*
J'en viens maintenant aux faits de la pratique norvégienne et je les
suivrai autant que possible dans l'ordre chronologique.
En Cf'qui concerne la vieille tradition norvégienne de la pêchecôtière,
je crois qu'il'y a pas de véritable contestation.

Nos adversaires ne contestent pas que la pêchecôtière était réservée
à la population et que les étrangers en étaient exclus. C'est d'ailleurs
erécisément sur ce principe qu'a porté, à la fin du règne de la reine
Ëlisabeth, la controverse qui s'était élevéeentre l'Angleterre et les
Royaumes de Danemark et de Norvège:
Nos adversaire,: ne contestent pas .non plus, je pense, que la pêche
côtière qui était ainsi monopolisée englobait les bancs de pêche situés
en face des côtes et repérésau moyen d'alignements, au moyen de mùl.
Le Gouvernement britannique a reconnu dès le début, dans ses écri­
tures, que le système des alignements représente la plus vieille méthode
norvégienne, et l'un des arguments dont il se sert pour affaiblir l'autorité
du décret de 1935, c'est précisément que ce décret ne se rattache pas
au système des alignements.
Je reviendrai sur ce point. Ce que je retiens pour l'instant, c'est que

l'on reconnait que les limites de l'ancienne pêchecôtière réservéeaux
habitants sont indiquées par le jeu des alignements, dont l'emploi se
perd, peut-on dire, dans la nuit des temps, et qu'ils se sont transmis
jusqu'à nos jours de générationà génération.
A cet égard, je crois bon de relever une remarque qui a étéprésentée
par sir Eric Beckett dans sa répl.ique.
La Norvège, a-t-il dit, n'a jamais revendiqué qu'une zone de pêche
limitée. .Mêmeau temps du roi Christian IV, cette limite ne dépassait
pas le rayon visuel. La Norvège n'excluait pas les étrangers de toute la
mer Septentrionale.
Nous sommes parfaitement d'accord. La revendication ne portait
pas sur tous les fonds de pêchede la mer Septentrionale, c'est-à-dire
la mer de Barentz. Elle portait uniquement sur les bancs de pêchequi
se trouvent en face des 'côtes.
Je rappelle à ce propos ce que j'ai dit dans nia première plaidoirie
·en m'appuyant sur l'ouvrage de R~stad «,a Mer territoriale"·R~stad

distingue entre la pêchecôtière, qui s'applique aux bancs repéréspar
le système des alignements, et la pêchehauturière, qu'il définit comme
étant celle qui se pratique ((sans le secours d'aucun point de repère de
la côte>>. -
Il est bien évident que l'exclusion des étrangers ne portait pas sur la
pêche hauturière. Elle ne concernait que la pêche côtière, mais cette
pêche côtière couvra.it l'ensemble des bancs repérésà l'aide des méd.
Il n'est pas contesté non plus que les bancs de la pêchecôtière ainsi
définis dépassent, et parfois même très sensiblement, les limites du
décret de I935· Nous en avons donné des preuves tangibles en reportant DUPLIQUE DE M. BOU.RQUIN (NORVÈGE) - 26 X 51 519

"Surles cartes un certain nombre d'alignements, et je n'ai pas entendu,
dans les plaidoiries de nos adversaires, que l'on ait mis en doute l'exacti­
tude de ce fait. Un fait non seulement important mais, je crois pouvoir
·]e dire, tout à fait essentiel.
Conteste-t-on que les ro.is de Danemark et de Norvège aient mani­
festé d'une manière constante et positive leur volor;té d'exclure les
étrangers de cette zone de pêcl1eet qu'ils aient pris, le cas échéant,les
·mesures voulues pour assurer le respect de ce principe? Je crois qu'il
:serait difficile de le faire, car les textes que nous avons cités font foi de
l'attitude qu'ils ont prise. C'est ainsi, par exemple, qu'à la fin du ;.::vJmc
·siècleleur opposition aux prétentions de l'Angleterre, de la reine Elisa­
beth, constitue un témoignage évident de leur volonté en cette matière.
C'est ainsi également qu'un peu plus tard, dans la correspondance qui a
étééchangéeentre le roi Christian IV et le roi d'Angleterre Jacques fer,

au cours des années r6r6 et r6x8, nous avons vu se manifester d'une
façon également indiscutable la volonté du roi de Danemark et de
Norvège d'exclure les étrangers de cette pêchecôtière et de la réserver à
1a population du pays. Puis viennent toute une séried'actes, d'instruc­
tions, de démarches diplomatiques, etc., qui s'échelonnent du milieu
du xvnmc siècle jusqu'à la fin du xvmrac siècle et que j'ai énumérés
clans ma première plaidoirie. La Cour'me permettra de ne pas reprendre
-cette nomenclature.
On ne conteste pas non plus, de l'autre côté de la barre, l'attitude
prise par Jacques 1erà l'égard des prétentions norvégiennes. II y avait
eu à cet égard, semble-t-il, certaines hésitations dans les écritures
britanniques, mais aujourd'hui nous voyons, et nous en sommes heu­
reux, que les représentants du Royaume-Uni sont entièrement d'accord
avec nous sur l'interprétation à donner à la politique de Jacques Ier,

notamment à la fameuse lettre de r6r6 adressée au roi Christian IV et
que nous avons produite dans notre Duplique.
. Sir Eric Beckett a déclaréà ce propos que la préoccupation de
Jacques I orétait de protégerles pêcheriesécossaises contre les Hollandais,
qu'il s'efforçait de tenir ceux-ci au delà du rayon visuel. Et sir Eric
Beckett a ajouté : "Dans ses rapports avec le Danemark-Norvège, il
appliqua exactement les mêmesprincipes. "
Voilà encore un fait essentiel qui est acquis. Jacques lor,en sa qualité
de roi d'Angleterre, a reconnu expressément le bien-fondédes prétentions
norvégiennes et a promis de les respecter.
Conteste-t-on qu'à partir de ce moment, r6r6, et jusqu'à l'arrivée
des premiers chalutiers britanniques en face de la côte du Finnmark
oriental- c'est-à-dire en 1906- il n'y ait plus eu aucune difficultéentre
les deux pays au sujet des droits de la Norvège sur ces bancs côtiers?
On ne le fait pas, et il serait difficile de le faire, car aucun incident ne s'est
produit et aucune démarche n'a étéfaite par le Gouvernement de Lon­

dres dans cet ordre d'idées.
Conteste-t-on que les pêcheurs britanniques ont cessé, à partir du
mêmemoment, de venir concurrencer, comme ils le faisaient précédem­
ment, comme ils avaient eEsayéde le faire, les pêcheurs norvégiens? Non
seulement on ne le conteste pas, mais sir EricBeckett l'a reconnu en fait.
Seulement, nous avons entendu à ce propos un argument qui me
paraît assez étrange. La Norvège, a-t-on dit, ne peut pas établir que les
pêcheurs britanniques étaient étéexclus de la zone côtière, parce qu'elle520 D~PLIQU DEEM. BOURQUIN (NORVÈGE)- 26 X 51

n'est pas en état de prouver que des mesures d'expulsion auraient été
prises contre eux.
~ Ainsi, quand un État promet à un autre État de respecter son mono­
pole de pêcheet quand ille respecte effectivement, il deviendrait impos­
sible de prouver l'existenceclece monopole parce qu'on ne pourrait pas
établir que des mesures d'expulsion auraient étéprises pour le faire
respecter. ]'avoue que l'argument me laisse rêveur, et je serais très
heureux de savoir comment on peut expulser des gens qui ne viennent
pas.
Je me résumedonc sur cette première phase de l'histoire en constatant
que tout ce que nous avons avancé à son sujet dans nos écritures se

trouve définitivement acquis.

[Séance publique du 26 octobre I95I, apres-mùli]

Monsieur Je Président, .Messieurs de la Cour, ce matin, j'ai parlé de la
vieille tradition norvégienne en vertu de laquelle les étrangers étaient
exclus de la pêche sur les bancs côtiers, c'est-à-dire sur les bancs qui sont

repérésau moyen du système des alif,'llements.
Au cours du xrxme siècle,.un régime nouveau a été institué, un
régimenouveau qui comporte une restriction sensibl.ede la zone de pèche
par rapport à cette ancienne conception, à cette conception traditionnelle.
Ce régime nouveau, je l'appellerai le régime des quatre milles; mais
en prenant soin de faire observer tout de suite que l'expression est
défectueuse. Ce régime,en effet, est loin de se ramener exclusivement à
.larègledes quatre milles; il entoure cette règled'une sériede conditions
qui font corps avec elle,qui en sont inséparables. C'est donc uniquement
par souci de brièvetéqu'on peut le désigner sous le nom de système des
quatre milles.
Ce que je tiens à souligner pour le moment, c'est que ce régimetradi­

tionnel est resté en vigueur jusqu'au moment où lé régime des quatre
mH!es lui a étésubstitué. Celui-ci a donc succédéà celui-là. Entre eux,
il n'y a eu aucun régimeintermédiaire qui serait venu s'intercaler.
Si j'insiste sur ce point, c'est que nos adversaires s'efforcent d'accré­
diter l'opinion que le régime traditionnel aurait pris fin bien avant le
xrxme siècle. Ils prétendent que depuis le xvmme siècle les bancs de
pêchecôtiers auraient étéen fait désertés par les pêcheursnorvégiens ;
que l'ancienne exploitationdont ils av<Lientétél'objet aurait étépratique­
ment abandonnée, au moins dans une très large mesure, et que cette
pêchecôtière n'aurait étéreprise par la population locale qu'au com­
mencement du XX"'" siècle,c'est-à-dire au moment où les chalutiers bri­
tanniques ont fait eux-mêmesleur apparition dans la région voisine du

Finnmark.
Je cite, pour êtresûr de ne pas déformer sa pensée, ce que sir Eric
Beckett a elit dans sa réplique orale :

((Jusqu'à la fin du xrxme 011 au commencement du xxme siècle,
les conditions économiques dans lesquelles se trouvait la population
n'exigeaient paset en vériténe permettaient pas une te!l.eexploita­
tion. Assnrément, nous ne disons pa.<;;ue personne ne fréquentait ces
bancs; il n'est pas douteux qu'ils étaient fréquentésparfois à certains
endroits, mais les habitants n'avaient ni les moyens, ni le besoin de DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 26 X 5I 52I
faire de l'exploitation de ces bancs une partie de leurs occupations
régulières de pêcheurs. JJ(Pp. 424-425.)

· A l'appui de cette thèse, nos adversaires ont invoqué, dans leur pre­
mière plaidoirie et dans leur réplique, différentsextraits d'ouvrages nor­
végiens.
Sir Eric Beckett a fait valoir que le Gouvernement britannique se
trouve en quelque sorte handicapé, dans un débat de ce genre, par la
difficultéde se procurer les ouvrages en·question.
On reconnaîtra, je pense, que cet inconvénient a étécompensé par les
conditions dans lesquelles la discussion sur ce point s'est engagée, car
rien dans les écritures n'indiquait, et mêmene laissait entrevoir, qu'on
userait de cet argument. C'est dans la plaidoirie de sir Eric Beckett qu'il
a fait brusquement son apparition.
Pour y répondre, nous avons dû, nous aussi, dépouiller les ouvrages
qui peuvent s'y rapporter. On nous dit: mais ces ouvrages se trouvent
à Oslo. C'est vrai. Mais je crois que c'est un avantage assez mince quand

on se trouve soi-mêmeà La Haye.
Bien. gue le temps que nous ayons eu à notre disposition ait étéen
somme assez court, il ne nous sera pas difficile de réfuter les allégations
de nos adversaires. en cette matière.
Avant d'examiner les faits, je voudrais tout de mêmeconsidérer, du
point de vue juridique, les conclusions qu'on prétend en tirer.
On nous dit que le déclin de la pêchenorvégienne aurait commencé
au début du xvmmc siècle. Or, il y a un fait qui me paraît certain, c'est
que, à ce moment, les droits exclusifs de la Norvège sur ses bancs côtiers
étaient solidement établis et qu'ils ne faisaient plus l'objet de la moindre
contestation. L'·Angleterre les avait expressément reconnus en J:616, et
aucun autre gouvernement n'élevait le moindre doute à leur sujet.
Les habitants de la Norvège exploitaient les bancs qu'ils avaient loca­

lisés au moyen de mid. J_es autorités norvégiennes veillaient à ce que
le principe de l'exclusion des étrangers fùt respecté.
C€t état de choses remontait aussi loin dans Je passé que le souvenir
des hommes. On peut difficilement imaginer, me semble-t-il, une situa­
tion plus nettement et plus solidement établie.
La souveraineté de la Norvège sur les bancs côtiers à la fin du
xv nme siècleétait indiscutable et indiscutée.
Or, que prétendent nos adversaires ?
Us préteùdent que la Norvège aurait perdu ses droits de souveraineté
au cours du xvn1ma et du XIX""' siècle.
Et pour quelles raisons? Est-ce qu'elle aurait perdu ses droits parce
qu'elle y aurait reqoncé? Non. Est-ce qu'elle aurait perdu ses droits
parce que d'autres Etats les auraient contestés? Pas davantage. Quand,
à quel moment, dans quelles circonstances b Norvège aurait-elle aban­
donné ses droits acquis? A quel moment, dans quelles circonstances
aurait-elle manifesté, d'une manière ou d'une autre, son intention de
renoncer à ses droits ?

On n'apporte à cet égard aucune précision, aucun élémentde preuve.
Et on ne pourrait pas en apporter, parce que les faits prouvent d'une
manière tout à fait claire que la Norvège, loin de renoncer à ses droits,
a continué à les affirmer.
Je ne citerai qu'un exemple auquel il a déjà étéfait plusieurs fois
allusion. Il s'agit des incidents qui, au milieudu xvmmc siècle, se sont522 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I
produits avec les pêcheurs russes dans le Finnmark. Ces incidents, la

Cour s'en souvient, ont amené les autorités norvégiennes à réagir et à
prendre des dispositions.
Je ne reviendrai pas sur la signification de l'arrangement qui est inter­
venu en 1743 avec le préfet du Finnmark, et qui a étéconfirmé en I747
par un rescrit royaL Je n'y reviendrai pas parce que sir Eric Beckett a
déclarélui-mêmequ'il était d'accord avec nous sur ce point.
L'arrangement en question a-reconnu aux Russes le droit de pêcher
au delà de six milles marins, mais moyennant paiement d'une redevance.
Ils reconnaissaient que, au delà de six milles, ils pêchaient dans les eaux
norvégiennes, dans les eaux du roi, que c'était un privilège qu'on leur
accordait et que ce privilège ils ne pouvaient l'obtenir qu'en le sollicitant
et en payant une taxe.

Il est évident que le roi de Danemark et de Norvège, par l'attitude
mêmequ'il a prise dans cette circonstance, n'a pas manifesté le moins
du monde l'intention de renoncer à ses anciens droits. Il les a, au
contraire, confirmés. Et j'ajoute que le Gouvernement russe a reconnu
officiellementla légitimité de cet état de choses. Nous avons produit les
pièces y relatives à l'annexe_13 de notre Contre-Mémoire. .
Donc, aucun abandon de la part de la Norvège de ses droits de sou­
veraineté. Confirmation, au contraire, des droits en question lorsque
l'occasion s'est présentéed'affirmer son attitude. De la part des gouver-
nements étrangers, pas une seule contestation. ·
Les déclarations de la Russie auxquelles je viens de faire allusion

prouvent que le Gouvernement russe a reconnu les droits du roi de Dane­
mark et de Norvège. Il n'y a aucun gouvernement, en dehors de la Russie,
qui soit int}'!rvenupour les contester. La Grande-Bretagne, pas plus que
les autres Etats, n'a fonnulé à cet égard le moindre doute.
Alors, comment la Norvège aurait-elle perdu sa souveraineté? Pour
quelles raisons aurait-elle étédépouilléede ses droits acquis ?
Parce que, dit-on, la pêchenorvégienne aurait subi une crise et que
l'exploitation des pêcheriesaurait éténégligée. .
Je commence par faire toutes réserves sur la réalité des faits, et je
démontrerai tout à l'heure que ces affinnations sont sans aucun fonde­
ment.
Les allégations produites à cet égard sont réfutéespar des témoignages
indiscutables .

. Mais pour les besoins du raisonnement, supposons gue les faits avancés
par nos adversaires soient exacts. Supposons qu'en eff~ tu.cours du
xvmme et du xrxme siècle, il y ait eu une crise de la pêche, un déclin
de la population, et que l'exploitation des bancs de pêchen'ait plus
étéce qu'elle était autrefois.
Je dois dire que je me demande sur quelle théorie juridique nos
adversaires se basent _pour soutenir que des faits de ce genre seraient
d~ nature à priver l'Etat d'un domaine régulièrement acquis. Est-ce
sur la théorie de l'effectivité qu'ils s'appuient ? On ne nous l'a pas dit.
On n'a pas précisésur quelle base juridique on s'appuyait. On n'a
indiqué aucun argument juridique à· l'appui des conclusions qu'on
formulait, qu'on esquissait.

Mais la théorie de l'effectivité n'exige aucunement que l'exploitation
et la mise en valeur du territoire se poursuivent intégralement et sans
interruption pour que l'État conserve sur ce territoire ses droits de
souveraineté. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5I 523

Dans sa Réplique écrite, le Gouvernement britannique a fortement
souligné le fait que les activités privées ne peuvent pas entrer en ligne
de compte dans l'établissement des titres historiques.
Mais s'il en est ainsi pour l'établissement des titres historiques, on
ne voit pas pour quelles. raisons il en serait autrement quand il s'agit
de détruire ces titres historiques et d'y mettre fm.
Ce qu'il faudrait _prouver, ce qu'ilfaudra ét~blir, c'est l'existence
d'une activité de l'Etat, d'une attitude de l'Etat. Ce sont des actes de

l'autorité publique qui comptent.
Le Gouvernement britannique, je le répète,dans sa Réplique, a forte­
ment insisté sur ce point. Il se plaignait que la Norvège prît surtout
comme preuve de la formation de droits historiques sur les bancs en
question les activités privées. Les activités privées n'entrent pas ici
en ligne de compte ; il n'y a que les activités de l'autorité publique que
I'on puisse retenir.

· Si les activités de l'autorité publique entrent seules en ligne de compte
pour la formation des titres historiques, il me semble logiqued'admettre
{1ueseules ces activités entrent en ligne de compte pour la destruction
éventuelle de ces titres.
La Cour observera d'ailleurs que le Gouvernement britannique ne va
pas jusqu'à prétendre que les bancs de pêche auraient étécomplète­
ment désertés.Il n'est pas douteux, déclare-t-il, qu'ils aient étépartielle­
ment fréquentés. Tout ce que le Gouvernement britannique avance,
c'est que les habitants n'avaient ni les moyens, ni le besoin de faire de

l'exploitation de ces bancs une partie de leurs occnpations régulières
de pêcheurs.C'est la phrase que j'ai citée tout à l'heure.
On voit que la formule est beaucoup plus prudente.
Donc, pas d'abandon total et définitif des bancs de pêche, mais
réduction de la pêche,déclin de la pêche. Voilà tout ce qu'on allègue.
Et cela suffirait pour mettre juridiquement fin à un drOit de souveraineté
indisct!tablement acquis, qu'aucune Puissance étrangère ne conteste et

qne l'Etat intéressémanifeste sa volonté de garder.
Cette théorie me paraît nouvelle ef assez audacieuse.
Je ne puis m'empêcher de rappeler à ce propos les tendances bien
nettes de la jurisprudence internationale en ce qui concerne la condition
de l'effectivité.
Dans l'affaire de l'île de Palmas, l'arbitre, M. Max Huber, n'a pas
hésitéà proclamer què, "bien que continue en principe, la souveraineté

ne peut pas être exer~ en fait à tout moment et sur tous les points du
territoireJJ(Cour permanente d'Arbitrage, p. r8.) .
Dans l'affaire du Groënland oriental, la Cour permanente de Justice
internationale a déclaréceci : .

~ Il est impossible d'examiner les décisions rendues dans les
affaires visant la souveraineté territoriale sans observer que, dans
beaucoup de cas, le tribunal n'a pas exigéde nombreuses maryifesta­
tions d'un exercice de droits souverains, pourvu que l'autre Etat en
cause ne pût faire valoir une prétention contraire. " (C. P. J. I.,
Série .tfB, ll0 53, p. 46.)

Dans l'affaire de l'île de Clipperton, la sentence arbitrale s'exprime

comme suit:524 DUPLIQUE DE M. BOURQUlN (NORVÈGE) - 26 X 5I

<li découle de ces prémisses que l'île de Clipperton a été légi~
timement acquise par la France le I7 novembre r8sS. Il n'y a aucun
motif d'estimer que la France ait ultérieurement perdu son droit
par dere/iclio, puisqu'elle n'a jamais eu I'animus d'abandonner l'île,
et le fait de n'y avoir pas exercé son autorité d'une manière positive
n'implique pas la déchéanced'une acquisition déjà définitivement
achevée. " (Recueil des Sentences arbitrales, volume II, p. rno.)

Je souligne epcore une fois que, dans ces décisions, il est question de
l'attitude de l'Etat et non pas d'activités privées.
Je crois donc pouvoir conclure que, même dans l'hypothèse où la
situation de la pèche. dans la Norvège septentrionale au xvrnme. et au
xrxmc siècle, aurait étéce que prétendent nos adversaires,il serait absolu~
ment inadmissible d'en tirer la conclusion juridique qu'ils avancent.

Voilà le premier point que j'ai tenu à souligner. ·
Mais sous le bénéficede cette réserve liminaire, nous allons voir
maintenant comment les faits se présentent dans la réalité.
Je crains que cette partie de cet exposé ne soit bien aride, mais je
suis obli9éd'entrer dans certains détails pour rencontrer les affirmations.
qui ont eté avancées de l'autre côté de la barre.
· Il me semble qu'avant tout il faut savoir ce que l'.onveut démontrer.
. Je présume que l'intention de nos adversaires est d'établir que les.
bancs de pêchese trouvant en face de la côte norvégienne et repéréspar
le système des médn'étaient plus exploités ou qu'ils ne l'étaient plus.
que dans une mesure réduite, qu'ils avaient étéabandonnés par ]a popu­
lation riveraine et que cette population, comme on l'a dit, se contentait
de pêcherle long de la côte, tout près de la côte ou dans les fjords.
Comment peut-on établir un fait de ce genre, comment peut-on
établir l'abandon des bancs de pêche?

On peut l'établir éventuellement par des témoignages directs, je
veux dire par là par des témoignages qui constatent directement le
fait de l'abandon. On peut aussi essayer de l'établir par des moyens
indirects, mais alors il me semble .qu'une très grande prudence s'impose
dans l'interprétation de ces témoignages. Si les renseignements sur
lesquels on s'appuie révèlent par exemple une diminution du produit de
la pêcheou une diminution du chiffre de la population, il n'en résulte
pas nécessairement que les bancs de pêche aient été abandonnés. IL
peut se faire qu'il y ait eu moins de pêcheurs ou que les efforts de ces
pêcheurs aient étémoins fructueux, mais que cependant leur industrie
ait continué à s'exercer aux mêmesendroits qu'auparavant. D'autre part,
il est évident gue, pendant une période aussi longue que celle qui est
considérée, c'est-à-dire une période de deux siècles- xvrnmc et x1xnw
siècles- il y a nécessairement des hauts et des bas. On peut toujours
trouver, sur un espace de temps aussi considérable, ce que j'appellerai

des années creuses, soit au point de vue du rendement de la pèche, soit
au point de vue démographique. Ce n'est pas le propre du xvmmc et du
xrxme siècle, c'est un phénomène normal qui est de tous les temps, et
il faut particulièrement se garder, me semble-t-il, quand on cite des
chiffres ou des opinions qui se rapportent à ces moments de dépression,
de tirer des conséquences purement conjecturales. en affirmant que les
bancs de pêcheont étéabandonnés.
En revanche, il me semble que si les renseignements établissent un
accroissement de la population ou un accroissement du produit de la DUPLIQUE-DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 26 X 5I 525

pêche,on est alors en droit de conclure qu'il n'y a pas eu abandon des
bancs de pêche.
Dans un pays comme la Norvège du Nord, la pêcheest indispensable
à l'existence de If!.population. C'est la base essentielle et mêmesouvent
u'nique de toute l'existence de cette population. Il est donc impossible
de croire qu'il y aurait eu une augmentation du .nombre des bouches à
nourrir en mêmete_mpsqu'un déclin de la pêcheelle-mêmevenant de
l'abandon des bancs.
Et si l'on voit que le produit de la pêchea augmenté, si l'on constate,
par exemple, gue les ventes de poisson ou les exportations de poisson
ont augmenté, on peut êtresûr qu'il n'y a pas eu désertion des bancs de
pêche. Pourquoi? Mais parce qu'il ne faut pas oublier que les grandes
pêches de la Norvège septentrionale ont lieu à certains endroits et à

certains moments de l'année. C'est au moment où la morue se déplace
en suivant le talus du banc côtier que les grandes pêchesont lieu. ·
li y a là un phénomène naturel qui était exactement, au xvmmc et
au xrxme siède, ce qu'il est aujourd'hui. Par conséquent, si les statisti­
ques établissent que le produit de la pêche, non seulement n'a pas
décliné,mais a augmenté, on peut en conclure avec une certitude prati­
quement absolue qu'il est impoosible de prétendre que les bancs de
pêche,ceux où l'on trouve le poisson, auraient étéabandonnés.
J'aurai une dernière observation b: présenter avant d'entrer dans
l'examen des chiffreset des faits: c'est qu'en Norvège les services statis­
tiques n'ont étécentralisés que depuis un siècleenviron. Par conséquent,
pour les périodes antérieures, les matériaux dont on dispose doivent
être puisés dans les sources privées. Ces sources sont d'ailleurs parfois

entièrement dignes de confiance, mais, naturellement, les renseignements
qu'elles fournissent n'ont pas la mêmeabondance, la mêmerégularité
que les renseignements qui sont fournis pac les statistiques officielles
depuis le moment où nous les possédons.
Voilà quelques observa tions préliminaires (ue je vou!ais présenter
avant d'examiner les témoignages que je vais avoir l'honùeur main­
tenant de soumettre à la Cour.
Je prend rai d'abord les renseignements démographiques.
C'est surtout le Finnmark qui a étévisépar nos adversaires.
Le thème qui a étédéveloppépar eux, c'est que la population elu
Finnmark aurait subi au xvmmc siècleun déclinpresque catastrophique.
Dans ma première plaidoirie, j'ai rencontré cette allégation et j'y
ai répondu en citant des chiffres puisés,je crois, aux meilleures sources.
Or, de ces chiffres, il résulte non seulement qu'il n'y a pas eu un déclin
de la population finnmarkienne, mais qu'au contraire cette population

a marqué un mouvement d'ascension très caractérisé.
J'ai produit deux tableaux, le premier relatif à la population totale
du Finnmark, le second relatif au nombre des contribuables, c'est-à­
dire, en fait, des chefs de famille. Je ne reproduis pas ces tableaux,
d'autant moins que les chiffres ne me semblent pas avoir étécontestés de
l'autre côté de la barre.
Ce que l'on a soutenu de l'autre côté de la barre, c'est qu'il y a eu,
à un. moment donné, une régression de la population de souche nor­
végienne.
Cette régression s'est effectivement produite entre le milieu du xvnrmc
siècle et le début du xrxme siècle. Mais, à partir de r8r5, on constate au
contraire que le nombre des contribuables norvégiens ne fait que croître.526 DUPLIQUE DE i\'L BOURQUIN {NORVÈGEJ - 26 X 5I

Entre r8os et r865, la population totale du Finnmark a tr.iplé et le
nombre des contribuables norvégiens a sextuplé.
Maintenant, pourquoi sir Eric Beckett a-t-il insistésur cette régression
momentanée de la population de langue norvégienne? C'est pour une
raison bien simple. Il nous a dit ; le reste de la population du Finnmark

est constitué par des Lapons nomades. Or, les Lapons nomades ne
sont pas des pécheurs, ils vivent de l'élevagedu renne. Par conséquent,
ce qui importe, ce n'est pas le chiffre total de la population, c'est le
chiffre de la partie norvégienne de la population, parce que cette partie­
là est .la seule qui pêche.
Il y a simplement une erreur de fait à la base de l'argumentation

qui a étéainsi produite.
Nos adversaires ont cru qu'en dehors de la population finnmarkienne
de souche norvégienne ii n'y avait que des Lapons nomades.
Ce n'est pas le cas. Il y a des Lapons nomades, il y a des Lapons

sédentaires et il y a des Quaines. c'.est-à-dire des immigrants .finlandais,
et c'étaitle cas aux XVHI""' et x1xmc sièclescomme maintenant.
Or, si les Lapons nomades ne sont pas des pécheurs, il n'en est pas
du tout ainsi des Lapons sédentaires et des immigrants finlandais, qui
pèchent exactement comme les Norvégiens.

Et quelle est la proportion de ces Lapons nomades qui ne pêchent
pas ? Mais elle est très réduite. Dans une étude publiée en r799, le
préfet Sommerfelt évalue la proportion des Lapons nomades aux deux
treizi~ deelsensemble de la population du Finnmark. Par conséquent,
dans cette population totale, il n'y a qu'une petite fraction de non­
pêcheurs, si je puis ainsi dire. Tout le reste pêche, qu'il s'agisse des

Norvégiens, des Lapons sédentaires ou des Finlandais_ immigrés. Par
conséquent, l'augmentation du chiffre de la population totale est un
signe extrêmement important, mêmeaux époques où, à l'iiltérieur de
ce chiffre global, il a pu y avoir une régression de l'élémentnorvégien.
Voüà l'observation que j'avais. à faire en ce qui concerne la popu­
lation du Finnmark. Je croîs qu'il est inutile de développer davantage

l'idée, puisque les chiffres prouvent que,"loin de trouver un déclin de
cette population, nous voyons, pendant le xvnrme et le x1xme siècle,
une augmentation manifeste. -
En ce qui concerne 1e Nordland, les chiffres de la population totale
sont les suivants pour la périodequi s'étendde r665 à 1900 ;

En
1665, il y a)lit 29.530 habita))s
I]OI, 32.030
1769, )) 40·975 ))
I80I, )) 5L464 ))
1825, )) 52-578 ))
1845, )) 65.6oo ))
rs , )) ))
75 )) 103-579
rgoo, I52.144 )J

Les chiffres sont tirés, pour la première période, quand ii n'y avait
pas encore de statistiques officieBes, de l'ouvrage de Aschehoug et de
l'ouvrage de Coldevin, et, à partir du moment où il y a eu des statisti­
ques officielles,ce sont naturellement ces statistiques qui ont été_utilisées.

Donc, progression constante et marquée. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 26 X 5I 527

Pour le département du Troms - on sait que la région litigieuse est
constituée par trois départements -, voici les chiffres pour la même

période: ·

En r665, .ii y avait 6.220 habitants
l76g, )l rz.6r5 ))
r8or, )) r8.967 ))
r8zs, )) 21.041 ))
r845, )) 31.201 ))
)) )J
r875, 53-934 ))
1900, 74-363

Donc, phénomène analogue, progression des deux côtés, je dirais
des trois côtés, parce que la progression est flagrante aussi en ce gui
concerne le Finnmark.

Or, il ne faut pas oublier, encore une fois, que la population de ces
trois départements vit essentiellement de la pêche,et on ne pourrait pas
concevoir une augmentation de la population comme celle que je viens
d'indiquer s'il y avait vraiment un déclin de la pêche,un abandon des
lieux de pêche,comme on l'a prétendu de l'autre côtéde la barre.

Voici maintenant quelques chiffres qui concernent l'importance de
la pêche. J'en ai déjà cité dans ma première plaidoirie qui étaient
empruntés aux ouvrages de Hammer et de Pontoppidan.
Ytreberg, qui est sans doute l'expert le plus qualifié quand il s'agit
du commerce du Finnmark à cette époque, donne, d<ms son ouvrage
sur Les placesde commerceau Finnmark (citéau par. 38 de la Duplique),

les chiffres suivants en ce qui concerne la période allant de 1779 à 1784.
li nous dit que les exportations de poisson du Finnmark passant par
Copenhague ont atteint une valeur de 4-299-I04 couronnes et que les
autres exportations allant directement à l'étranger sans passer par Copen­
hague ont atteint une valeur de z.g6r.z64 couronnes. Par conséquent,
au. total, plus de sept millions de couronnes.

Ytreberg ajoute que ces exportations - le renseignement me paraît
intéressant et je cite textuellement l'auteur - ''s'écoulaient surtout
dans des villes comme Barcelone, Bilbao, Cadix, Malaga, Gênes,Livourne,
Trieste, Marseille, Ostende et d'autres ports. Une partie était dirigée
vers la Baltique et la Suède.... ))
Je croîs que cela dénote un état de prospérité assez manifeste, et il

est intére~a dent onstater que ces renseignements se rapportent pré­
cisément à la période que nos adversaires dépeignent comme la plus
sombre de l'histoire du Finnmark.
D'autres renseignements du même·auteur concernent l'activité des
pêcheursd'une série de localités comme Alta, Loppa, Tana, etc., parmi
lesquelles se trouvent plusieurs localités qui ont étécitées par sir Eric
Beckett comme se trouvant alors dans une profonde détresse.

Un autre écrivain, Jens .Rathke, qui fut le premier titulaire de la
chaire d'Histoire naturelle à l'Université d'Oslo, déclare,clansune Disser­
tation sur les pêcheriesnorvégiennes(datant de 1797), que, pour l'année
1791, le seul département du Nordland a livré à la ville de Bergen plus
de 8.415 tonnes de poisson,. à quoi il faut ajouter 20.402 barils d'huile.

Il signale que ces chifires ne concernent pas le commerce du Nordland
avec d'autres villes comme Trondheim et Kristiansund. 528 DUPLIQUE DE ~LBOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X SI

Dans le livre de U:iberg, intitulé Les pêches norvégiennes,livre qui a
paru en 1864- nous voici donc au milieu du xrxme siècle-, on trouve
également d'intéressantes sta tistiqu:es,
Un des tableaux publiés par Viberg couvre la période qui.s'étend de
r8r5 à r86z. Les chiffres qu'il donne concernent l'ensemble de la Norvège,
mais certains d'entre eux visent uniquement le poi~so séché,et il se
fait que la production de poisson séchéest assurée entièrement par la
Norvège du Nord. Ces chiffres figurent dans le texte de mon exposé,
mais je crois inutile de les lire à la Cour, parce que ce serait vraiment

une lecture fastidieuse. Ils dénotent, dans tous les cas, un état de prospé­
rité croissante.
Voici maintenant d'autres renseignements qui sont fournis par Hel­
land, un auteur qui a étécitépar·nos adversaires.
En ce qui concerne le Finnmark, 1-Ielland indique, pour la période
s'étendant de r866 à r.goo- donc, la deuxième moitiédu XIxme siècle-,
le nombre annuel des pêcheurs, le nombre des poi~so capsturés et leur
valeur. Encore une fois, il serait fastidieux de lire les chiffres, mais on
y voit que le nombre des pêcheurs oscille aux alentours de Ij.OOO et le
nombre des poissons capturés autour de II,S à r6 millions d'unités p:lr
an. Et si nous comparons ces chiffres aux chiffres d'aujourd'hui, nous

.constatons qu'il n'existe guère de différence entre eux.
En cc qui concerne la pêche aux Lofoten, les chiffres donnés par
Helland sont particulièrement intéressants. Pour .la période de x825 à
r82g, il indique un nombre d'embarcations variant entre 2.589 et 3-0ZJ.
Pour la période de 1846 à r850, le nombre des embarcations est estimé
à 4.000,le nombre des pêcheursà r8.ooo et .la prise annuelle des morues
à rS millions d'unités. Pour .la période allant de r86r à rgo5, le nombre
des pêcheursosciHe entre IJ.JI6 et zg.855.
En ce qui concerne le département du Troms, Helland indique la
valeur moyenne des prises des années r876 à r895 : elle varie entre
967.ooo et r.rzz.ooo couronnes.
J'en arrive maintenant à l'examen de la proposition essentielle présen­

téepar nos adversaires, à savoir, l'abandon des bancs de pêche,l'examen
direct de cette thèse. · .
Pour l'appuyer, on a avancé que les embarcations dont les pêcheurs
du xvmme se servaient étaient si défectueuses, qu'elles ne leur permet­
taient pas de s'aventurer au 'large.
C'est là une affirmation non seulement inexacte, mais étrange à
première vue, parce qu'en fait, il est acquis que précédemment la pêche
se pratiquait jusqu'aux accores du banc côtier, c'est évidCJlt que les
pêcheursnorvégiens avaient des embarcations capables de tenir la mer~
et mêmede tenir la mer au milieu des effroyables tempêtes de l'océan
Glacial.
Il faudrait donc admettre que, depuis lors, les anciens types d'embar­

cations auraient disparu. Or, il n'en est rien. Les pêcheurs norvégiens
du XVIII"'"et duXIX""' sièclecontinuaient à se servir des mêmesbateaux
que leurs ancêtres.
Il y avait aussi un autre type d'embarcation, qu'on appelait le fem­
boring.Il portait un équipage de 7 ou 8 hommes etétait muni de xo ou
xz rames. Ces bateaux affrontaient la haute mer et pouvaient aller bien
au delà de la limite des bancs côtiers .
.J'ai cité dans ma première plaidoirie une déclaration de lVIolberg
que je tiens à rappeler, parce· qu'il me semble que sir Eric Beckett en a
singulièrement réduit la portée. DUPLIQUE O.E M• .80URQUIN (NOHV.ÈGE) - 26 X SI 529

Molberg ecrit ceci en I]8I :

" C'est une vision effroyable que de voir deux à trois cents petits
bateaux ouvèrts à Sunnmore pendant les jours durs et noirs de
l'hiver, naviguer entre les vagues et les brisants jusqu'à une distance
de quatre, six ou huit lieues, eu.·mer, pour y chercher le poisson
après avoir parcouru douze ou seize lieues au plus profond des
fjords, avant d'arriver aux ports de pêche,et cela, souvent pour
rien, ou pour trou ver la mort, là où ils espéraient trouver leur gagne­
pain. Et c'est avec étonnement que j'ai appris que les pêcheurs
riverains de S<ùten, Senja, Lofoten et Tromsoen dans le Nordland,
parcouraient trente à quarante lieues, jusqu'à l'extrême nord du

Finnmark, en passant par le vaste océanpour y prendre part aux
pêcheries,entreprise si audacieuse et hasardeuse que le commerçant
le plus avide et le plus rapace ne voudrait pas s'y lancer. ))

Sir Eric Beckett nous dit que le long voyage de 30 ou 40 lieues que
faisaient ainsi les pêcheursdu Troms et du Nordla,nd pour se rendre au
Finnmark n'etait pas un voyage en haute mer, mais un voyage le long des
côtes.
je ferai d'abord observer que, d'après Molberg, c'est ((en passant
par le vaste océan ))qu'ils faisaient cette randonnée. Et puis, tout de
même, je ne suppose pas que les pêcheurs du Troms et du Nordland
couraient l'aventure d'un tel déplacement pour aller pêcherpaisiblement

au pied des montagnes de la côte du Finnmark. S'ils accomplissaient un
pareil effort, c'est évidemment pour participer aux grandes pêches qui
ont lieu clans cette régiontelles qu'elles se pratiquent encore aujourd'hui,
c'est-à-dire à une distance considérable de la côte.
Mais le témoignage de Molberg est bien loin d'êtreunique dans son
genre.
I-Iammer écritde son côtéque les Nordlandais effectuaient des déplace­
ments de 30 à 40 lieues en haute mer pour prendre part aux pêcheries
. du Finnmark: trente ou quarante lieues, cela faisait à l'epoque 180 à
240 milles marins.

Voici ce qu'écrit d'autre part, en 1797, le professeur Rathke à la
page n de son étude sur la pêchenorvégienne :
«Bien que les grandes barques océaniques, nommées " fiorîngfer
et ott ring " puissent affronter une mer très agitée, il n'arrive pas
moins que les pêcheurs restent trop longtemps sur les lieux de pêche: _
la tempêteles surprend, et comme ils diffèrent au plus tard possible

le moment de jeter par-dessus bord la cargaison qui leur est si pré­
cieuse, il n'advient malheureusement que trop souvent que le bateau
soit rempli par le tourbillon et les paquets de mer et sombre irrémé­
diablement. "

Nous ne sommes pas dans !.esfjords et nous ne sommes pas à proxi­
mite ùnmedîate de la côte l
Keilhau à la page 74 de son étude intitulée: Voyage au Finmmark
oriental et occidental, 1827-IBzB, écrit qu'on a constaté la présence de

" ....200 barques de pêcheétrangères, originaires des baillages de
Senja et du Trams, du département du Nordland et même de
celui du .Trondelag Nord, pour participer non seulement à la pêche
rl'éte,m:1.is:wssi à la pèche d'hiver n.

35 530 DUPLIQUE DE M. BOTJRQUIN (NORVÈGE) - z6 X 5I

Voici ce qu'écrit Hagerup, en IJJO:

((Les pêchesconsidérables pratiquées sur la haute mer sauvage
comportent des difficultés multiples, un labeur dur et pénible, des
incertitudes et des hasards qui mettent en péril la vie aussi bien
que la prospérité....
.... Dans quel endroit au monde en dehors de la Norvège pourrait­
on rapporter le cas de ces pêcheurs sédentaires qui, dans la saison­
la plus sombre de l'année,en janvier et en février, voire en décembre,

c'est-à-dire au moment où surviennent les grandes tempêtes, où les
jours sont brefs et le temps très couvert, osent quitter leurs foyers,
se lancer sur la mer furieuse à bord d'une fragile barque, pour entre­
prendre un voyage de plus de 'JO à So lieues allemandes (zSo à 320·
milles marins) en vue de poursuivre le poisson .... ; voilà justement ce
que font les Nordla:ndais domiciliés dans les baillages du Helgeland
et du Salta, sous la latitude de 66 à 68 degrés Nord, quand ils s'en
vont précisément dans _cette saison neigeuse de l'année pour
se rendre au Finnmark à l'est du cap Nord, sous la .latitude de

72 degrés, et plus loin encore vers l'est pour trouver le poisson .... J>­
(Afhandling om Fiskerieme, p. g.)

Ytreberg dit, à la page 146 de son livre sur Les places de commerce:
au Finnmark, que la grande pêchesur le banc côtier est pratiquée à la
fois par les Finnmarkiens et pas les pêcheurs venus du Nordland et du
Trams.
En ngg, Sommerfelt affirme que les pêcheurs du Finnmark prati­
quaient la pêcheau large. Il écrit :

"Dès le commencement de la colonisation, les Norvégiens se sont
fixésau bord de la mer ou dans les îles du Finnmark, où ils habitent
encore pour la plupart et vivent principalement de la pêche au
large." (Kort Beskrivelse over Finnmarken, p. 137.)

Pontoppidan lui fait écho:

"Au Finnmark, c'est surtout au large que la pêche présente le
moins d'aléas. ll(Det Finnmarkske Magazins Samlinger, p. 204.}

Melchior: Falck (1775) écrit que la pèche à la morue est pratiquée sur
les côtes norvégiennes à 3 ou 5 lieues du rivage, soit jusqu'à 30 milles
_ marins (p. 303).
Le professeur Rathke, au retour de ses voyages d'études entrepris de
I'J95 à r8o2, relate que- je cite- :

ttPartout. ... les pêcheursavaient des connaissances plus ou moins.
'précises sur la situation des bancs et sur les alignements servant à
les repérer...n

Or, nous savons que ces alignements nous reportent jusqu'à la limite·
extrême des bancs côtiers.
Il ajoute (p. 22) que :

"Le plus important et le plus connu parmi les bancs de pêche
norvégiens est celui de Storegga (les Grandes Accores) .... Jl

Dans un article du 13 mars IBos, il dit, à propos des bancs de Troms.
et de Senja: DUPLIQUE DE M. BOURQUlN (NORVÈGE)"- 26 X 5I 531

<<Cen'est pas sans étonnement qu'on voit combien ces pêcheurs
ont le mépris des précautions les plus élémentaires. Quelques-uns

des fonds depêche sont situésde 3 à 5 lieues du rivage (donc jusqu'à
30 milles marins), les pêcheursy passent la nuit dans leurs embarca­
tions ouvertes et continuent parfois la pêchejusqu'à ce que la
. tempêteles mette dans l'impossibilitéde gagner la terre. Les avaries
ne sont pas rares, bien que leurs barques soient généralement de
solides fembôring, bons marcheurs à li voile.... ))

Dans l'ouvrage La vù; et l'histoire du Peuple non1égienqui ·a pa.ru à
Oslo, et qui a étécité par nos adversaires, on lit à la page 48 du
tome VIII (rgzg) :

<<En r8o6 encore, le préfet du Finnmark estimait ainsi devoir
user de son pouvoir administratif pour.ordonner Je délogement des
trains de filets des riches pêcheriesde Loppa, pour que les pêcheurs
aux lignes n'y fussent pas évincéspar la concurrence. n

Ce qui tend à prouver que la pêchedans ces régions réunissait beau­
coup de monde.
Voici maintenant quelques citations de Helland:

<<Dansles départements du Trams et du Nordland, par contre,
on pêcheaux approches de la côte ou bien sur les bancs côtiers, là
où ceux-ci présentent des renflements peu profonds. Les roches de
Gjesboene dans les eaux du·Lopphavet constituent des fonds parti­
culièrement connus. 1(Norges Land og Folk, p. 66r.)

Les fonds de Gjesboene, la roche de Gjesboene, précisémentcelle au
sujet de laquelle M. le Juge Zoricié a demandé des indications à
M. l'agent elu Gouvernement norvégien, qui les fournira au début de
sa prochaine :intervention, sont situés loin en mer.
Et plus loin Helland écrit:

«La pêcheau Finnmark est pratiquée dans les déclivitésvers les
profondeurs qui, au large de la côte finnmarkienne, atteignent de
rso à zoo brasses. Ce sont ces déclivitésqu'ils appellent le talus du
fond riverain. Plus au large, la mer devient moins profonde .... De
grandes étendues de la mer Orientale (mer de Barentz) ont des pro­
fonqeurs de moins de 150 brasses, et ces .fonds élevésde la mer
sont également exploités pour la pêche. n

Donc, la pêche était pratiquée, précédemment comme aujourd'hui,
sur Je tal.us du fond riverain. Il serait difficile, je pense, en présence de
déclarations aussi formelleset aussi concordantes, de soutenir encore que
la population de la Norvège septentrionale aurait désertéau xvmmc et
au xrxmc siècleses anciens bancs de pêchepour se contenter de rester à
l'intérieur de ses fjords ou dans le voisinage immédiat de la côte.
Cette affirmation était peu vraisemblable dès le premier abord . .Pour­

quoi une tradition plusieurs fois séculaire comme celle de la pêche
côtière en Norvège aurait-elle étéabandonnée ?
Les engins de pêche et les embarcations étaient restés les mêmes.
Le besoin de pêcher n'avait pas diminué, et c'est un besoin vital pour les
habitants de ces régions. Il faudrait donc imaginer que les vertus de la
race se seraient perdues, pour réapparaître d'ailleurs plus tard après
une éclipsede deux siècles. ·532 DUPLIQUE PE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 x SI

La thèse de nos adversaires porte, semble-t-il, en elle-même une
invraisemblance qui la condamne à première vue, mais à la lumière
des témoignages que je viens de citer, je crois pouvoir dire qu'il n'en
reste rien. Il me faut encore, cependant, attirer l'attention de la Cour
sur certains points qui contribuent, eux aussi, à démontrer le caractère
fantaisiste de la thèse qui a étésoutenue de l'autre côté de la barre.
Pourquoi nos adversaires ont-ils essayé de créer la légende d'une
éclipse de deux siècles dans la pêchenorvégienne côtière ? Pour arriver
à cette conclusion qu'en 1906, quand les chalutiers britanniques ont
fait leur apparition en face des côtes du Finnmark oriental, le champ
était libre. D'après le Gouvernement du Royaume-Uni, c'est à cemoment­
là que les Norvégiens eux-mêmes auraient repris leurs anciennes entre­

prises de pêche,si bien que la concurrence qui met aux prises les Norvé-
giens et lesBritanniques serait partie, si"je puis dire, de zéro. .
Eh bien, là aussi les chiffres donnent le démenti le plus catégorique
à nos contradicteurs. Les statistiques officielles à cette époque nous
renseignent avec précision et certitude sur l'importance de la pêche
pratiquée dans cette région par les Norvégiens et par les Britanniques.
Quels renseignements nous apportent-elles'?
Pendant les années r8go à 1gm, plus de 2o.ooo pêcheursont participé
en moyenne à la pêcheau Finnmark. Le chiffre minimum est de q.ooo
en rgo3 ; le chiffre maximum de 34.000 en rgog.
Au cours de cette même période, les prises ont étéen moyenne de
15 à L6 millions de morues, ce qui correspond à 40 millions de kilogs.
Ces renseignements sont extraits de la statistique officielle norvégienne.
Comment ces chiffres auraient-ils pu être atteints si, comme on le

prétend de l'autre côté de la barre, les Norvégiens avaient perdu la
connaissance de leurs fonds de pêchesitués au large de la côte et l'habi­
tude d'exploiter ces fonds de pêche? Et quelle était,.à ce moment-là,
l'activité des pêcheursbritanniques dans les eaux du Finnmark ?
La statistique officielle britannique indique qu'en rgo6 les chalutiers
britanniques n'ont rapporté, non pas des eaux norvégiennes, mais de
la mer de Barentz, que 55 tonnes de morue, alors que la mêmeannée
les prises faites dans les eaux du Finnm;uk atteignaient 33.000 tonnes.
Et l'année suivante, en 1907, les chalutiers anglais n'ont pris que
n4 tonnes de morue, contre 35.000 tonnes pour les Norvégiens !
Je crois que ces chiffres se passent de commentaires.
Comment soutenir, après cela, que, par suite de la décadence de
la pêchenorvégienne, on se trouvait en rgo6 devant une espèce de table
rase et que les deux concurrents auraient pris leur essor dans de!: condi­
tions égales ?
Et je citerai un dernier chiffre, il est extrait du rapport annuel pour
1906 du Board of A.gricttllure and Fisheries, page 14 ; il y est dit en

ce qui concerne la côte de la Norvège pendant l'année; qu'il n'y a pas
eu de pêche par les chalutiers anglais dans cette région. En 1906, les
chalutiers anglais ont pris 55 tonnes de morue da11sla mer de Barentz,
mais il n'y a pas eu de pêche le .long de·la côte norvégienne. Et le
rapport ajoute : le principal type de poisson qui fréquente cette côte
est la morue, dont une pêcheconsidérable est pratiquée par les Norvégiens.
Alors, voilà la situation décrite par le rapport annuel du Board of
Agriculture and Fisheries. Je m'en voudrais d'y ajouter quelque chose.
Je crois que l'échafaudage construit par le Gouvernement britannique
sur quelques frêlesindications ne résiste pas à l'examen. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVf~-GE 2)6 X 51 533

La Norvège du Nord subit parfois de dures épreuves; elle a connu
des années de misère, car son existence est liéeentièrement à la pêche,
et quand Je rendement de la pêcheest insuffisant, ce qui arrive fataJe­
ment de temps à autre, toute Ia base de la vie éconornique.vacille. Mais
le dépeuplement de la Norvège septentrionale et l'abandon des bancs
de pêche dont on nous a parlé ne sont que de pures légendes. Les
pêcheursnorvégiens ont continué au XVIII'"cet au XJxmr.iède à exploiter
leurs anciens bancs de pêcl1eE. t nous en trouvons d'ailleurs une preuve

complémentaire, je dirai mêmeune double preuve, dans la persistance
du système des méd et dans celle des noms qui sont attribués aux
bancs de pêche.
Ces bancs sont aujourd'hui localisés sur les cartes officieUes. Mais
cela ne date que du début du xxmc siècle. Jusque-là, .leur localisation se
faisait uniquement au moyen d'alignements, et c'est encore le procédé
des alignements que les pêcheurs utilisent aujourd'hui pour s'orienter.
D'autre part, la plupart de ces bancs situés en face de la côte ont des
noms individuels, qui sont anciens, et mêmesouvent très anciens.
Le fait que ces noms ont persisté établit que les bancs de pêche
auxquels ils s'appliquent ont étécontinuellement exploités. Comme le
dit M. Hovda, dans l'étude que nous avons publiée à l'annexe 93 de
notre Duplique, un banc de pêchene prend un nom individuel qu'à
partir du moment où on l'exploite. Et il perd son nom quand l'exploi­

tation prend fin. Par conséquent, lorsqu'un banc de pêcheporte aujour­
d'hui un nom qui remonte par exemple au xv1mesiècle- et sur ce point
c'est la philologie quieut nous renseigner-, on est en droit d'en con­
clure qu'il a étéconstamment exploité depuis lors.
Et ce qui est vrai des noms de lieux de pêchel'est également des
alignements.
Et il est facile de le comprendre. Pourquoi les pêcheursétablissent­
ils ces alignements ? Ce n'est pas pour le plaisir de localiser des bancs
de pêche. Les pêcheurs-norvégiens n'ont pas de préoccupations scienti­
fiques. Ils ne vont pas localiser des bancs de pêchepour le plaisir de Je
faire. S'ils établissent des alignements, c'est tout simplement pour
exploiter ces bancs, c'est pour aller y pêcher.
D'autre part, d'où vient la connaissance qu'ils ont actuellement de
ces alignements qui ont étédécouverts par quelque a11cêtrelointain ?
Elle vient uniquement du fait que, d,e génération en génération, le
secret s'est transmis.
Iln'y a pas un seul document écrit qui donne les indications des

méd. C'est par tradition orale que cette connaissance se transmet. Et
comme je le disais il y a un instant, les pêcheursgardent mêmejalouse­
ment les connaissances qui leur ont ététransmises à cet égard.
Eh bien, supposons que la tl1èse britannique soit vraie. Supposons
que pendant deux sièdes î! y ait cu un abandon de ces bancs de pêche.
Comment pourrait-on expliquer aujourd'hui que les pêcheurs norvé­
giens ont encore la connaissance, non seul.ement du nom de ces lieux
de pêche,mais des alignements au moyen desquels on les repère ? Ce
serait impossible." Il faudrait supposer que pendant les deux siècles en
question, de père en fils on se soit transmis inutilement, la connaissance
des alignements. Pourquoi transmettre cette connaissance des aligne­
ments si on n'exploite plus les bancs de pêche ? Il est évident que la
transmission de la connaissance des alignements ne s'explique que
par la continuité de·J'exploitation.534 DUPLIQUE DE i\1BOURQUIN (NORVÈGE) - 26 X 5f

Le régime traditionnel de la pêche côtière s'est donc maintenu .en
Norvège jusqu'au moment où le régime des4 mîUes lui a étésubstitué.
A quel moment la substitution a-t-elle eu lie?
Je croîs bon de rappeler à cet égard que si la règle des 4 milles a fait
son apparition au milieu du xviii"'" siècle, elle ne concernait alors en
rien l'étendue de la zone de pêche.

A son origine, la règle des 4 milles se rattache à une série de mesures
prises au cours du xvume et du XVIII"'"siècle en matière de prises.
Le xvume et le xvnrute sièc)e ont connu de nombreuses guerres, et
tout naturellement les divers Etats se sont préoccupésde fixer l'étendue
des espaces maritimes sur lesquels ils exerceraient leurs droits de neutres.
La Norvège a fait comme les autres, et, dans une série de décrets qui
se succèdent à intervalles d'ailleurs assez courts, depuis I6gi jusqu'à
I812, elle a déterminél'étendue de sa zone de neutralité, et cette etendue
a fini par êtrefixéeà une lieue, soit 4 milles marins.

Mais il ne s'agit aucunement, à ce moment-là, de la pêche. Mêmele
décret de 1812, qui plus tard a étéétendu à d'autres matières et est
devenu la base du régime généralde la mer territoria]e norvégienne, ne
concernait .àl'origine que le droit de prises.
Si la règle des 4 milles qui est énoncéedans. ce décret- qui l'avait été
dans des décrets antérieurs mais qui a étéreprise et préciséedans le
décret de 1812 -, si la règledes 4 milles a reçu plus tard une application
plus large et si elle a étécomprise comme ayant une portée générale,

c'est conformément à un phénomène qui n'est pas du tout propre à la
Norvège.
Je rappelais précisément ce matin qu'au XIX"'c siècle il y a eu une
tendance marquée à l'unification de J'étendue de la mer territoriale.
Cette tendance s'est réaliséeeù Norvège comme ailleurs; et, de mêmeque
dans d'autres pays, la limite qui avait étéchoisie pour les questions de
prises a étéadoptée comlt!e limite générale.Le mêmephénomène s'est
produit par exemple aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, où la règle
des 3 milles, à l'origine, concernait elle aussi uniquement le droit de prises.
Voilà en gros comment le phénomène se présente.

Et alors, à quel moment précis peut-on dire que cette règle des
4 milles, qui d'abord ne concernait en rien la pêche,est devenue une règle
généraleapplicable à la zone de pêche? Il est très difficile de donner à
cette question une réponse tranchée. Comme il arrive presque toujours
en pareil cas, l'idéea gagné peu à peu les esprits. Dans l'opinion publi­
que, un glissement s'est fait dans ce sens.
Mais si nous nous plaçons au point de vue formel, je veux dire au
point de vue des actes officiels, législatifs ou réglementaires, alors nous
pouvons donner une réponse tout à fait nette à la question que je viens
d'inc\iquer.
C'est en 186g, dans le décret royal qui a délimitéla zone de pêche
en face de la côte du Sunnmore, que, pour la première fois, le décret de

1812 a étéconsidéréformellement comme la base de la règle applicable.
. Quelques années auparavant, en 1862, on trouve mention de ce décret
de 1812 à propos de la pêchedans une lettre du ministre de l'Intérieur
à l'un de ses préfets. j'aurai d'ailleurs l'occasion de revenir sur cette
lettre, parce que nos adversaires en ont fait état. Mais cette communica­
tion du ministre à l'un de ses agents n'a certainement pas la même
autorité que le décret royal qui a étépris en I86g. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - z6 X 51 · 53$

D'autre part, je persiste, malgréce qu'a dit sir Eric Beckett, à trouver
que la rédaction de cette lettre de r862 donne l'impression qu'elle n'a
pas fait l'objet d'une étnde bien attentive et je m'expliquerai aussi snr
ce point.
En tout cas, avant r862, on ne trouve aucun acte officiel, fùt-ce
une lettre, fùt-ce une communication de service, qui fasse mention du
décret de r8r2 comme étant applicable en matière de pêche.
Je me permets d'attirer l'attention de la Cour sur ce point qui me
paraît important lorsqu'il s'agit de déterminer le moment où le système
des 4 milles fondé sur le décret de r812 a étéétendu à la pêche.Au
contraire, le décret de r869 est formel. Il est fondé tout entier sur le
décret de I8I2: Il considère que les règles formulées dans le décret de

r8r2 régissent la délimitation de la zone de pêche.Il prend le décret de
r8r2 pour base et il l'interprète en vue d'en faire application.
Le décret de r8fig est la première application concrète qui ait été
faite du décret <;ler8r2 à la matière qui nous intéresse. La)ettre de
r862 est la première pièce officielle où l.'onparle du décret de r8r2 en
matière de pêche,et le décret de r86g est le premier acte qui fasse pra­
tiquement application de ce décret en matière de pêche.Voilà encore un
fait indiscutableet dont l'importance ne peut échapper, me semble-t-il,
à personne.
Vingt ans plus tard, en I88g, nouveau décret de délimitation, cette
Jais pour la zone du Romsdal. Confirmation complète et sans aucune

réserve des règles appliquées en r86g et de l'interprétation du décret de
x812 qui a été'faite dans ce décret de r86g.
Et depuis lors, tous ceux qui ont eu, soit dans la pratique, soit dans
l'ordre scientifique, préciser la portée du système norvégien, se sont
fondés sur ces précédents.Ils les ont considérés;à juste titre d'ailleurs,
comme caractérisant le système, comme faisant apparaître les traits
essentiels de ce système.
Ces traits essentiels, quels sont-ils? La Cour voudra bien m'excuser
de les rappeler, étant donné les diverses confu~i qonisemblent avoir
étécommises par nos adversaires dans leur dernier exposé et qui ris­
quent, si on ne remet pas les choses au point, de déformer l'image de
la réalité.

Le système des 4 milles appliqué à hl zone de pêchepar les décrets
de r86g et de r88g se caractérise par un ensemble de règles solidaires
les unes des autres.
L'une de ces règlesest évidemment que l'étenduede la mer territoriale
est de 4 milles marins.
Une autre règle, expressément énoncée,elle aussi, clans le décret de
r8.r2, c'est que cette étendue de 4 milles se compte à partir des îles et
des îlots les plus avancés qui ne sont pas reconverts par la mer.
Une troisième règle, qni n'est pas formellement énoncéedans le décret
de 1812 mais qui a étéacceptée en r86g et en .r88g comme implicite­
ment admise par le décret de r812, comme étant la seule admissible pour
une côte présentant les caractères de la côte norvégienne, c'est que les

4 milles secomptent à partir de lignes droites reliant les îles et les îlots
les plus avancés qui sont mentionnés dans la formule de ISiz. Il n'ya
à ce sujet aucune hésitation et il n'y en a eu aucune dans l'esprit des
hommes qui ont eu à élaborer les décrets de r86g et de r88g.
A ce propos, je tiens à relever une remarque qui a étéprésentéepar
sir Eric Beckett. ·536 . DlJPLIQUE DE ~1B .OURQUIN (NORVÈGE) - 27 X 5I

Sir Eric Beckett a insisté sur Je fait que les extraits de l'exposédes
motifs de 1869 que nous avons joints à notre Réplique ne représentent
qu'une partie du document. C'est tout à fait exact, mai!J la réponse a
déjà étédonnée par l'agent du Gouvernement norvégien. Nous n'avons
publié en traduction que des extraits. étant donné la longueur du docu­
ment. mais nous avons signalé dans le texte qu"il s'agissait d'extraits,
et, d'autre part, le document complet en norvégien a étédéposéau
Greffe. Par conséquent, si le Gouvernement britannique désirait en pren­
dre connaissance, rien ne luiétait plus facile.
]e ferme maintenant cette parenthèse pour reprendre l'exposé du

système norvégien.

[Séancepublique du 27 octobre 195l, matin]

Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, j'ai rappelé dans la
dernière partie de mon ·exposé d'hi~ lrs traits essentiels du s·ystème
qui a remplacé, au xrxmc siècle, l'ancien régime de la pêchecôtière :
une mer territoriale de 4 milles comptés à partir de lignes droites reliant

les îleet les îlots les plus avancésqui ne sont pas recouverts par la mer.
Ce système rejette donc catégoriquement la règle de la ligne côtière.
Il donne aux lignes de base la direction généralede la côte, mais il
repousse très nettement l'idée de faire suivre à ces lignes toutes les
sinuositésde la côte et duskj~ergârd.
D'autre part, ce système considère comme exclu de soumettre ces
lignes de baseà un maximum de longueur déterminéà l'avance..
La ligne de base du décretde r86g a une longueur de 26 milles marins.
Les lignes de base du décret de r88g - car il y en a plusieurs - ont
des dimensions qui varient mais qui atteignent, pour l'une d'elles,
23 milles et demi.
Le choix des points de base et, par conséquent, .la longueur des lignes
qui les relient les uns aux autres sont détenninés par les circonstances

locales.
Encore une fois, ce serait une erreur de voir dans ce principe la recon­
naissance d'un pouvoir arbitraire. Les, précédentsde r86g et de r88g,
sans parler de celui de 1935, le prouvent d'une façon très évidente. Si
les autorités compétentes disposent incontestablement à cet égard d'un
pouvoir d'appréciation, il n'en reste pas moins qu'eUes doivent user de
ce pouvoir d'appréciation d'une manière raisonnable, et le travail de
préparation très minutieux auquel ces autorités se sont livréesen 186g,
en r88g et en 1935, a eu justement pour objet de déterminer avec le
maximum de précision et d'objectivité les circonstances locales et de
peser les conséquencesqui s'en dégagent.
Tout cela fait partie du système norvégien du xrxme .siècle.En décri­
vant ce système, nous avons également signalé,·I\>LArntzen et moi,

que la délimitation de la zone de pèche y est faite de façon qu'en tout
point la côte reste visible.
Sir Eric Beckett nous a reprochéd'avoir ainsi introduit dans le système
un élémentnouveau destiné sans doute, dans notre pensée, à le rendre
plus facilement acceptable, et il a demandé que nous lui disions où
l'on trouve trace de cet élément. DUPLIQUE DE ?.l. BOURQUIN {NORVÈGE) - 27 X 51 537

Je lui réponds très volontiers. On en trouve trace nettement dans la
lettre qui a étéadressée, le 7 mai r88g, au ministère de l'Intérieur par
Je Service cartographique et qui est reproduite à l'annexe 102 de notre
Duphque:

" Si l'on s'en tient à la règle suivie précédemmentpour la déter­
mination de la frontière des eaux territoriales, écrit le service com­
pétent, on trouve que, en ce qui concerne l'arrondissement du
Romsdal, celle-ci doit être fixée parallèlement aux lignes sui­
vantes ...11

Suit la description des lignes de base suggéréespa.r le Service carto­
graphique.
Puis la lettre ajoute:

« Comme on le verra sur la carte, la frontière territoriale au large
de Bod pourra êtreindiquée par les amers [tel et tel] .... et dans
la .partie nord, par les amers [tel et tel]. ''

Les autorités norvégiennes se sont donc préoccupées,on le voit, de
tracer des lignes auxquelles pùt être appliqué le système des amers,
c'est-à-dire le système des alignements.

Or, qui dit alignement dit rayon visuel. Nous avions donc raison de
faire figurer cet élémentdans la conception norvégienne, li ne s'agit
pas du tout d'une condition nouvelle que ,nous aurions imaginée pour
les besoins de la cause. ,
Il reste un point important à mettre en relief. Mais, sur ce point, je
n'ai pas besoin d'insister longuement.
Lé système fondésur Je décret de r8rz et consacré par les précédents
de r86g et de r88g comporte une réduction sensible de l'ancienne zone
de pêche. En adoptant ce système, la Norvège a renoncé à revendiquer
une partie des bancs de pêchesur lesquels elle avait des droits histo­
riques. Mais il est évident, et c'est là le point capital que je tiens à
souligner, qu'elle n'y a renoncéque dans la mesure où ces bancs dépas­

sent géographiquement la zone qui résulte du système nouveau.
Il y aà cet égardune équivoque qui pourrait résulter de la façon dont
sir Eric Beckett a présentéles choses. Il a souligné le fait que le décret
de 1935, pas plus d'ailleurs que ceux de r86g et de r88g, ne se fonde
sur la vieille conception norvégienne de la zone de pêche.Et, en cela,
il atout à fait raison. Ces trois décretsse fondent sur le système nouveau
des 4 milles. Mais, à entendre l'exposéde sir Eric Beckett, on pourrait
croire que l'adoption de ce système nouveau aurait rompu toute attache
avec le passéet comporterait une renonciation totale aux droits histo­
riques qui étaient acquis au profit de la,Norvège quand le système est
entré en vigueur.
Or, ce serait là une erreur complète. La renonciation à des droits
acquis ne se présume pas et nos adversaires seraient dans l'impossibilité

absolue de produire un élémentquelconque tendant à prouver pareille
renonciation.
Il ressort, au contraire, de la façon la plus nette des décrets de .r86g,
de r88g et de 1935, éclairéspar leurs travaux préparatoires, que la
renonciation a étéstrictement limitée à la partie des anciens bancs
rle pêchequ'on ne pouvait pas.conserver sans se mettre en conflit avec
les règles du système des 4 milles.538 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORV~:-GE 2) X 51.

Par conséquent, le système des 4 milles comporte une réduction des
droits acquis, mais il ne comporte aucunement l'abandon total de ces
droits et, dans la mesure où il n'a pas voulu y renoncer, le système
norvégien du XIX"'" siècle prend son appui dans la tradition immé­
moriale du pays. Les droits historiques que la Norvège possédait au
moment où elle a adopté ce système nouveau constituent, si je puis
ainsi dire, l'infrastructureur laquelle ce système repose.
Comme l'a très justement constaté Fulton dans un passage de son
livre que j'ai déjàcité,

«les droits exclusifs de la Norvège ont étémaintenus, tandis que la
surface sur laquelle ils sont exercés a·diminué"·

C'est à la page 538 de son livre, The Sovereiguty of the Sea, que se
trouve cette judicieuse explication.

Le Gouvernement britannique déploie des efforts considérables pour
jeter le doute sur l'existence du système dont je viens de parler, et on
comprend sans·peine la raison qui le pousse à prendre cette attitude,
car, si ce système existe et s'il s'est historiquement consolidé, alors les
bases mêmesdu décret de 1935 deviennent inattaquables.
Dans cet ordre d'idées, nos adversaires ont eu recours à plusieurs
arguments. Us ont essayé d'abord de dénier aux précédentsde r86g et
de r88g toute signification généra!.e.Ils ont essayé de représenter les
décrets en qu·estioncomme n'étant que des mesures locales indépendantes
de tout prhJcipe.

]'ai déjà répondu à ces ar€,'1.Imentdans m~ première plaidoirie et je
ne crois pas nécessairede rappeler la réponseque j'y ai faite. Il me semble
qu'ils n'ont pas fait l'objet d'une contestation sérieuse.
La Cour me permettra cependant d'y ajouter la citation d'un passage
de RŒstacldans son livre J{ongens Stromme, qui confirme ce que j'ai dit:

" La limite tracée en r88g continue, vers le nord, celle tracée en
r86g, el se fonde sur les mêmesprincipes juridiques. Ces principes
sont t-radit,1:onnsans le droit norvégien.... C'est le skfŒrgard, et non
pas les rochers isolés,qui constitue le point de départ pour la déter-
mination dtt territoire maritime)>•

A ce premier argument, qui me semble avoir fait long feu, on en a
ajouté un autre qui a étéamplement développépa:r sir Eric Beckett
dans sa réplique. Ce second argument fait état de différents actes et
déclarations émanant des autorités norvégiennes qui tendraient à prou­

ver que la Norvège est loin d'avoir toujours pratiqué le système des
lignes droites et que, dans plusieurs cas, elle n'a pas hésitéà admettre
la JCèg\dee la ligne côtière.
Evidemment, si cet argument était fondéen fait, il serait très avanta­
geux pour nos adver~ai l es.résulterait qu'il n'y a pas de système
norvégien. Il y aurait une pratique norvégienne incohérente, une pratique
norvégienne, qui tantôt ferait usage de lignes droites et tantôt ferait
usage de la ligne côtière.
Mais, comme je l'établirai dans un instant, l'argument ne repose que

sur des interprétations tout à fait trompeuses.
L'argumentation présentéepar nos adversaires, en ce qui concerne les
actes auxquels je viens de faire allusion, repose sur des interprétations
€rronées et tout à fait inadmissibles. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X SI 539
J'ai déjà eu l'occasion de dénoncer une de ces erreurs: c'est celle qui

<:onsiste à confondre la règle de la ligne côtière avec la règle de la laisse
de basse mer.
Ce sont là, comme je crois l'avoir établi, deux notions tout à fait
distinctes.
La règle de la ligne côtière vent dire qne l'on prend pour ligne de base
la ligne physique de la côte avec toutes ses sinuosités. la l.ignequi marque
en fait la séparation de la terre et de la mer.
La règle de la laisse de basse mer veut dire que, pour mesurer la mer
territoriale,on se place au moment de la marée basse et non pas au

moment de la marée haute, ce choix entre la marée basse et la marée
haute étant lui-même absolument indépendant de l'attitude que l'on
prend à l'égard de la règle de la ligne côtière. ·
Sir Eric Beckett a fait état de déclarations norvégiennes qui consta­
taient l'application, en Norvège, de la règle de la basse mer, et il a
çru pouvoir en tirer la conclusion que ces déclarations impliquaient une
adhésion à la règle de la ligne côtière.
Mais c'est là précisément l'erreur da.ns laqueUe il a versé.·
Dans le mêmeordre d'idée, il a commis une autre confusion, une antre

erreur. Il a attribué au mot ((côte,, ou <1rivage », qni figure çlans certains
de ces textes, un sens qu'il n'a pa'l. ·
Certaines lois norvégiennes et certaines proclamations portent, par
exemple, que les eaux territoriales du pays ont une longueur de quatre
milles à partir de la côte. Vous voyez bien, dit-on de J'autre côté de la
barre, que vous avez reconnu vous-mêmesque les quatre milles doivent
·êtrecomptés à partir de la côte et, par conséquent, vous avez admis la
règle de la ligne côtière.
Le raisonnement serait exact si le mot ((côte, avait toujours le sens
physique que nos adversaires lui attribuent de la sorte. Mais il n'en est

:rien. Et c'est là une question qui n'est pas nouvelle.
l.l est arrivé à plusieurs reprises qu'on ait étéamené à analyser la
portée de ce terme. Pour ne pas allonger inutilement ma plaidoirie, je
me contenterai de rappeler les observations très justes que le Gouverne­
ment des Etats-Unis a présentéesà ce sujet dans l'affaire des Frontières
de l'Alaska, qui l'opposait à la Grande-Bretagne, en 1903. Le passage
est d'ailleurs reproduit au paragraphe 461 de notre Duplique.
Le Gouvernement américain distingue trois sens qui sont attribués,
suivant les circonstances, au terme ''côte "· Je laisse de côté le troisième
sens qui est le sens vulgaire et qui ne nous intéresse pas ici. Quant aux
deüx autres sens, voici comment Ïe Gonvernement américain les carac­
térise :
Le mot "côte», dit-il, peut êtreemployé, premièrement, dans le sens
,géograph·iqu peour désigner la côte physique, la ligne de séparation entre

l'cau et la terre. - On voit que c'est là précisément le sens que nos
adversaires luidonnent.- Mais le Gouvernement américain ajoute qn'il
peut être employé aussi, deuxièmement, dans le sens jmidique pour
désigner la côte politique, la ligne adoptée par le droit international
comme base de l'étendue de la compétence nationale sur les eaux de mer
adjacentes au territoire de hl nation. , .
J'ajoute qu'en rgro, dans l'affaire des Pêcheriesde l'Atlantique Nord,
sir William Robson, parlant au- nom de la Grande-Bretagne, a invoqué,
lui aussi, cette distinction entre la ligne côtière physique et la ligne 540 DUPLIQUE DE ?1!. BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X 5l

côtière juridique ou politique, pour justifier les prétentiOJ1sde son pays
en ce qui concerne les baies.
C'est en prenant le mot 1<côte" dans le sens purement physique que
sir Eric Beckett a pu mentionner certains actes norvégiens comme fai­
sant application de la règle de la ligne côtière.
Mais on voit l'erreur de l'argumentation. Elle oublie que le mot peut
ê.treemployé clans un autre sens, dans son sens juridique ou politique,
et qu'alors il a une tout autre portée.
La côte, au sens juridique ou politique, ce n'est pas seulement la
ligne de séparation de la terre et de la mer. C'est aussi la limite des eaux

intérieures. Les baies intérieures et les eaux intérieures des archipels
côtiers,sont situés en deçà de la côte, au sens juridique du mot.
Il est clair que quand on prend ce mot dans ce sens, il n'a plus aucun
rapport quelconque avec la règle de la ligne côtière, puisque la règle de
la ligne côtière est celle qui exige qu'on suive la ligne physique de la côte.
]e prendrai clailleurs -un exemple concret pour illustrer ce que je
viens de dire. Je prendrai l'exemple de la Suède, parce que la pratique
suédoise s'inspire des mêmes principes que la pratique norvégienne, et
que l'analogie des situations rend plus claire, me semble-t-il, la portée
de l'exemple.
L'étendue de la mer territoriale suédoise est de quatre milles, comme

celle de la mer territoriale norvégienne. Cette règle a étéformulée pour
la première fois en Suède en 1779, dans des Instructions relatives à la
sécuritéde la navigation et du commerce; la fonnule gui a étéemployée
rappelle visiblement ou évoque, celle du décret royal norvégien de
1812. Elle porte, en effet, que le domaine maritime de la Suède s'étend
"à une lieue de mer dite allemande au large des plus éloignésparmi

les écueilset parmi les roches qui ne couvrent jamais u.
l..a règle qui a ètè ainsi énoncéedans ces instructions de 1779 a été
réaffirméedepuis lors à de nombreuses reprises et en différentes matières.
Les instructions données, en 1826, aux inspecteurs des douanes décla­
rent que le territoire riverain de la Suède s'étend à une lieue allemande
au large de la côte suédoise. La mêmedisposition se retrouve dans un

règlement douanier de 183I, ainsi que dans des règlements de navigation
de 1835 et de r843. Elle figure dans les lois douanières de r86o et de
1877. La loi douanière de r927 établit la limite du territoire suédois à
la distance de quatre milles marins au large de la côte. Les décrets de
rgr9 et de 1920, concernant la navigation aérienne, fixent la distance de
quatre minutes nautiques de la côte pour la limite du territoire maritime.
j'emprunte ces différents renseignements à l'étude du Dr Torsten Gihl
sur La limite des eaux territoriales de la Suède, dont nous avons donné
la traduction à l'annexe n2 de notre Duplique.
Comme on le constate, rien dans tout cela ne fait apparaître le principe
d'après \eqnel les quatre milles de la mer territoriale suédoise sont

comptés à -partir de lignes droites reliant entre eux les points saillants
" de la côte et du skjŒrgârd. · ·
Au contraire, on devrait interpréter ces textes comme excluant le
système des lignes droites si on prenait le mot " côte ))dans son sens
physique.
. :Mais cette interprétation serait·aussi inexacte pour la Suède qu'elle
'l'est pour la Norvège, car la Suède applique, comme la Norvège, le
principe des lignes droites. DUPLIQUE DE M. BOURQUIK (NORVÈGE) - 27 x SI 541
Ce principe des lignes droites résulte explicitement ou implicitement

de certains autres textes. Il résulte. par exemple, comme le constate
le ])tGihl, de la proclamation de 19i:2relative aux règlesde la neutralité,
proclamation qui range dans la catégorie des eaux intérieures les eaux
situées entre et au deçà des Hèsdu skjŒrgard. Tlrésulte de la proclama­
tion de 1925 sur l'admission en temps de paix des navires de guerre et
des aéronefs étrangers, qui contient une disposition du mêmegenre. Tl
résulte de la loi douanière de 1927, qui s'exprime à peu près dans les
mêmestermes. ' ·
Si on appliquait aux actes officiels suédois, relatifs à l'étendue des
eaux territoriales, le raisonnement qui a étéfait par sir Eric Beckett en
ce qui concerne les actes norvégiens, on devrait en conclure ·que la Suède

a accepté depuis longtemps la règle de la ligne côtière,.et que ledisposi~
tions spéciales dans lesquelles elle a prévu des lignes de base droites
apparaissent comme en contradiction avec cette règle de la ligne côtière
à laquelle elle aurait antérieurement adhéré.
Je pense qu'il est inutile d'insister davantage sur cette confusion qui
enlève toute valeur aux conclusions de nos adversaires sur ce point.
Je viens d'indiquer d'une manière générale les conclusions sur les­
quelles repose une partie de l'argumentation de nos adversaires. Je
voudrais maintenant passer rapidement en revue les actes qu'ils ont
mentionnés.
C'est d'abord la loi de r830 sur la pêcheau Finnmark. L'article 40

de cette loi est reproduit à l'annexe ro de notre Contre-Mémoire. La
formule est la suivante :
" Si les Russes, en raison de [a. pèche qu'ils pratiquent au delà
de la distance d'une lieue du rivage .... ,,

Pour les raisons que je viens d'indiquer il y a un instant, il est tout à
fait inadmissible de s'appuyer sur cette expression ((la distance d'une
lieue du rivage " pour en conclure que la ligne de base de la mer terri­
toriale norvégienne serait la ligne physique de la côte. Mais, puisque
sir Eric Beckett a mentionné cette [oi de r83o, j'en profiterai pour .faire
à son sujet deux remarques.
La. première remarque, c'est qu'en r83o les Russes étaient encore

seuls autorisés à pêcherau delà d'une lieue. Ce n'était pas en vertu du
droit commun que L1rticle 40 que je viens de lire leur reconnaissait
ce droit, c'était en vertn d'un privilège.
Ma seconde remarque, c'est que le décret de 1812, qui sera invoqué
plus tard comme étant applicable à la délimitation de la zone de pêche,
n'est aucunement mentionné dans cette loi de r83o.
Sir Eric Beckett a fait état ensuite de la lettre qui a êtéadressée,
en r862, par le ministère de l'Intérieur à un préfet au "sujet des droits
de pêchedes étrangers. Que dit la lettre ? Que la pêchecôtière dans
les eanx territoriales est interdite aux étrangers. Elle ajoute que, confor­
mément au décret royal de r8r2, ((les eaux territoriales sont présumées
·s'étendrejusqu'à une lieue de mer de la côte J>.

C'est la première fois que le décret de r8r2 est invoqué en matière de
pêche.
Je me suis permis de dire qu'à mon avis cette lettre de 1862 n'avait
pas étéétablie avec soin, et la raison qui me pousse à le dire c'est que le
ministère, qui invoque dans cette lettre le décret de r8r2, ne le cite
mêmepas correctement.542 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 27 X 51

Le décret de r8rz ne dit pas que les 4 milles se comptent à partir de
la côte. Il dit qu'ils se comptent à partir des îles ct des îlots les plus
éloignésqui ne sont pas recouverts par la mer. Il semble résulter de cette
rédaction que la lettre a étébâclée, si je puis ainsi dire, et non pas
fondéesur une étude attentive.
]\:[aismêmesi le document était bien rédigé,il n'aurait certainement
pas le sens que nos adversaires lui donnent. Encore une fois, ils prennent
ici le m.ot.((côJ)dans un sens physique, alors que, je viens de .le démon­

trer,ce sens est très souvent un sens juridique qui est absolument étranger
au sens physique.
On invoque aussi l'échange de correspondance qui. a eu lieu en x.868
avec la France à propos elu Vestfjord et de l'incident des Quatre-Frères..
Je ferai d'abord observer quéla question discutée avec la France était
uniquement celle de la territorialité du Vestfj ord.
Mais la réponse du Gouvernement norvégien à la démarche française
me paraît intéressante. La France ayant invoqué, à l'appui de cette

démarche, la règle des 3 milles, le Gouvernement norvégien répond ceci:

" Si dans les conventions conclues par la France afin de réglerles
questions souvent difficiles des droits de pêche,il a étépermis aux
étrangers de pratiquer librement cette industrie à une distance de
3 lieues marines des côtes, û ne s'ensuit point que le mêmeprinàpe
puisse êtreéquitablement appliqué là oit la conformai·ion des côtes est
toutautre....n

On voit par conséquent que la Norvège, clans cette réponse, invoque
la configuration exceptionnelle de ses côtes pour soutenir que les règles

qui sont applicables à d'autres côtes ne le sont pas aux siennes. En.
d'autres termes, le Gouvernement norvégien soutient, dans cette réponse,
comme Gidel, comme Boggs, mais contrairement à la thèse britannique,
que des côtes aussi exceptionnelles demandent des règles appropriées.
Sir Eric Beckett a mentionné. une communication qui a étéfaite en
r87o par le Gouvernement norvégien au Gouvernement suédois, afin de
l'informer que la pêcheau homard était interdite jusqu'à une distance
de 4 milles comptés à partir des îles et des îlots les plus éloignésqui ne
sont pas recouverts par la mer.
Or, dit .sir Eric Beckett, dans cette communication qui date de r8JO,

le décret de r86g n'est pas mentionné.
Il y avait d'autant moins de raisons de le faire que ce décret de r869
venait d'être notifié à la Suède quelques mois auparavant. C'étaient
surtout les pêcheurs suédois qui étaient visés par le décret de .1869 et
le Gouvernement norvégien avait cru bon de porter offi.ciellement à la
connai:'isance de la Suède la mesure qui venait d'êtreprise.
D'ailleurs,abstraction faite de cette circonstance, l'interprétation don­
néeà la communication de 1870 par nos adversaires serait dépourvue de

tout fondement, puisque, encore une fois, il est impossible - dans tous.
les cas rien ne l'indique ~ qu'il faille J'interpréter comme impliquant
une adhésion quelconque à la notion de la règle de la ligne côtière.
La mêmeobservation s'applique aux exposés des motifs du r6 octobre
et du 20 décembre r88o qui concernent l'interdiction de la chasse aux
cétacés sur la côte du Finnmark. Ces documents sont reproduits à
l'annexe 19 de notre Contre-Mémoire. DUPLIQUE DE 0\L BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X SI 543

.La phrase sur laquelle sir Eric Beckett s'est appuyé est la suivante:
"J_e Ministre estime également gue l'interdiction doit êtreappli­
quée jusqu'à une lieue de mer de la côte, ou sur toute la largeur
de la mer territoriale du royaume. "

Ce texte, dit-on, ne parle pas de lignes droites. Il mentionne la côte
comme étant le point de départ du calcul. C'est toujours le mêmeraison­
nement et la même confusion.C'est toujours le mêmeraisonnement qui o
considère comme acquis définitivement que le mot ''côte 1ne peut être
pris que dans son sens physique.
Je signale d'ailleurs en passant que, dans l'exposé des motifs du
20 décembre r87o, donc. de l'acte mentionné par sir Eric Beckett, le­

ministère se réfèreexpressément à son Exposé des motifs de r86g, celui
qui a annoncé Je décret relatif à la régiondu Sunnm6re et qui mentionne
cet exposé comme traitant à fond la question de l'étendue des eaux
territorialesdu royaume. Le ministère souligne donc ainsi le caractère
généraldes principes qui ont étéformulés dans Je document de r86g.
Faut-il gue je m'arrête à la communication qui a étéfaite en r88z
à son Gouvernement par le ministre britannique à Stockholm? Cette
communication assure que la Norvège réclame la souveraineté sur un .
espace de 4 milles à compter de la laisse de basse mer sur toutes les côtes.
Encore une fois, quelle portée peut-on légitimement attribuer à une
déclaration de ce genre? Elle prouve que la Norvège revendique 4 milles.

Elle prouve que la Norvège se place au moment de la marée basse, et
non de la marée haute, pour mesurer sa mer territoriale, mais elle ne
prouve absolument rien en ce: qui concerne les lignes de base, c'est-à­
dire la seule question qui nous intéresse.
Je ferai la même observation pour l'argument que l'on a tiré des
réserves formuléespar Bretteville à la Conference de r88r qui a préparé
la Convention de La Haye sur le régimede la pêchede la mer du Nord.
Bretteville,dit-on, n'a fait des réserves que sur deux points : la
limite des 3 milles et la règle des ro milles pour les baies. Et, de là, on
conclut qu'il aurait accepté tout Je reste et que, par conséquent, la
Norvège aurait, par sa bouche, marqué son absence d'opposition à la
règle de la ligne côtière.

Je crois qu'il suffit en toute hypothèse, pour écarter cette conclusion
vraiment démesurée,de se rappeler les conditions dans lesquelles la
Norvège avait accepté de se faire représenter à cette Conférence de
r88I. Bretteville n'était pas un délégué muni de pleins pouvoirs. C'était
simplement ce que nous appelons aujourd'hui un observateur. 11n'avait
d'ailleurs aucun titre politique ou juridique. C'était un enseigne de
vaisseau chargéde la police de la pêcheau hareng. ·raut cela est exposé
au paragraphe 67 de notre Contre--Mémoire.Et d'ailleurs, même si
Bretteville avait étéun plénipotentiaire pleinement qualifié pour expri~
mer les vues de son gouvernement, ne serait-il pas tout aussi abusif
de venir elire : vous avez formulé deux raisons pour ne pas accepter
la convention, par conséquent vous avez admis les autres prinçipes

dont cette convention s'inspire.
Comme on veut faire flèche de tout bois, on va jusqu'à invoquer la
déclaration qui a étéfaite en 1893, dans l'affaire de la mer de Behring,
par Gram en sa qualité d'arbitre.
Gram, dit-on, n'a pas parlé d'un système norvégien comportant le
tracé de lignes droites. Iln'a parlé que de la territorialité des fjords. 544 DUPLIQUE DE l\L .BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X 51

C'est vrai. Mais pourquoi ? Parce que c'est la territorialité des rjords
qu'on discutait. .
Le Gouvernement des Etats-Unis anit invoqué la proclamation de
r88r qui délimite le Varangerfjord, et c'est ce qui a amené Gram à
fournir des précisions sur la pratique de la Norvège en cette matière.
On fait état enfin d'une correspondance avec la France qui date de
1895 et qui est reproduite à l'annexe 30 de notre Contre-Mémoire. Le
à consul de France avait demandé des renseignements sur l'étendue de
la zone de pêche réservéeaux nationaux. Le ministère de l'Intérieur
répond ceci : ·

" Le territoire maritime norvégien où la pêcheest réservéeexclu­
sivement aux sujets norvégiens s'étend à une distance d'une lieue
géographique (dont il y a 15 au degré)de l'île ou l'îlot le plus éloigné

de la terre qui n'est pas recouvert par la mer (décret royal du
22 février r8I2). n

Réponse parfaitement correcte, puisqü'élle reproduit le texte même
du décret de r8r2.
Mais,· dit-on, vous n'avez pas indiqué comment vous tracez vos
lignes de base, et on tire de là cette conséquence que, n'ayant rien dit
sur ce sujet, nous aurions admis le principe de la ligne côtière.
C'est une fois de plus la même erreur d'interprétation. Mais, dans
le cas qui nous occupe, il se fait précisément que le Gouvernement
norvégien a voulu donner certaines précisions au sujet des lignes de base.

La réponse du ministère de l'Intérieur, dont je viens de lire un extra{(
poursuit en disant :

((Pour des raisons d'ordre pratique, il n'est pas possible de
délimiter le territoire maritime en épousant toutes les irrégularités
de la côte. C'est pourquoi il a étépris des mesures expresses, pour
certains secteurs de la côte.... ''

Donc, le Gouvernement norvégien a.signalé qu'il n'appliquait pas la
règle de la ligne côtière, qu'il ne suivait pas, dans le tracé de la ligne
de base, les sinuosités de la côte, et il a ajouté que, pour certains sec­
teurs, des mesures expresses avaient été prises.
Ici, sir Eric Beckett a commis une erreur qui est imputable à un
défaut clans la traduction en anglais. Il a parléde " mesures spéciales "•
ce qui pourrait avoir un tout autre sens. Une" mesure spéciale npourrait
être comprise comme ayant le caractère d'une exception à.la règle.
Mais ce n'est pas du tout ce que le ministre a dit. JIa parlé de mesures

expresses ou, si l'on vent, de mesures formelles. li visait évidemment
les délimitations concrètes faites en r86g et en r88g dans les deux secteurs
du More et du Romsdal. Le langage employé par sir Eric Beckett serait
de nature à faire croire qu'on a présentéces délimitations comme des
exceptions, ou tout au moins comme des mesures n'ayant qu'un caractère
spécial ou local, alors qu'en réalitéon les a présentéestout simplement
comme étant l'application formelle et concrète du système norvégien,
du principe énoncédans le décret de 1812 et que le ministre rappelle
dans la mêmelettre.

Sir Eric Beckett a cité enfin le décret de r8g6, relatif au Varanger­
fjord. Mais, comme· ce décret ne fait que confim1er la proclamation
de r88r, il est superflu, me semble-t-il, de s'y arrêter. DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X SI 545
Et voilà le tour d'horizon achevé. Je suis au regret d'avoir dù le
faire, mais l'initiative ne m'en est pas imputable. Je n'ai fait que suivre
nos adversaires dans les voies où ils m'ont entraîné. Je crois pouvoir
dire que, de cet amoncellement de textes, il ne reste en fin de compte

exactement rien.
Et maintenant que le terrain est déblayé,maintenant que sont écartés
]es matériaux sans emploi, nous nous retrouvons à nouveau devant ce
qui compte, c'est-à-dire devant l'application qui a étéfaite du décret de
rSrz, par ceux de r869, de r88g puis de 1935 ; en d'autres termes, devant
le système norvégien du x1xme siècle,celui qui s'est substitué à l'ancienne
conception de la pêche côtière.
Nos adversaires pourtant ne veulent pas en démordre. Ils sentent
très bien que l'existence de ce système, c'est la ruine de leur thèse. Alors
ils cherchent par tous les moyens, sinon à renverser l'édifice,du moins
à jeter un doute sur sa solidité.
La législation norvégienne ne leur fournissant pas les armes qu'ils
avaient espéréy trouver, ils se rabattent sur la doctrine. Ils essaient

de trouver, dans la doctrine, des fissures, des contradictions, des flotte­
ments, qui pourraient peut-êtreébranler la conviction de la Cour.
Je crois pouvoir dire que ce qu'ils ont trouvé de ce côtén'est pas supé­
rieur à ce qu'ils ont trouvé dans le domaine législatif. Et je suis même
très heureux qu'ils aient insistésur ce point, parce qu'ils me fournissent
ainsi l'occasion de confirmer notre thèse. .
Qu'ont-ils trouvé?
Un article d'Aubert, paru en r8g4 dans la Revue généralede droit
ititernational public. Est-ce que, dans cet article, il met en doute le
principe du tracédes lignes droites ? Pas le moins du monde.
Pas plus que les autres auteurs norvégiens, Aubert n'a prétendu que
la Norvège appliquerait ou devrait appliquer le fameux principe de la
ligne côtière. Aubert n'a pas cesséde prétendre le contraire.
Par conséquent, ce juriste, que nos adversaires appellent à la rescousse,

se prononce nettement contre leur thèse fondamentale.
Alors qu'a-t-on découvert clans l'article der8g4? ,
On a:découvert une phrase qui concerne non pas Je principe des lignes
droites, mais la longueur de ces .lignes. La phrase, .la voici :

" On a donc .... comptécomme ligne de base de la mer territoriale
la ligne qui court entre les îlots et rochers, à moins qu'elle n'ait
plus de 8 milles. n

Lo.in de moi la pensée de médire 'des professeurs d'Université. Mais
jusqu'à présent, je n'aijamai cru qu'ils étaient infaillibles.
Aubert a pu se tromper, comme les autres. Et si .laphrase que je viens
de citer a bien le sens qu'elle paraît en effet avoir, Aubert s'est trompé.
Car présenter la pratiqne norvégienne comme limitant à 8 mîHes
marins la longueur des lignes de base reliant les îles et îlots du skjŒrgàrd,

c'est simplement commettre une erreur de fait.
L'article date de 1894. A ce moment, les décrets de r869 et de r88g
existaient. Et comme je l'ai rappelé tout à l'heure à la Cour, les lignes
de base étaient de z6 et z3 milles.
J'ajoute que, trois années auparavant, en I8gi, le même Aubert
avait présenté àl'Institut de droit international un rapport sur la pratique
norvégienne. Or, dans ce rapport, il ne dit rien de semblable.546 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - ZJ x SI

Et puisqu'on a invoqué l'opinion d'Aubert, je demande à mon tour
la permission de le citer.
Voici, entre autres, ce qu'il dit dans sa communication de I8gi à
l'Institut :
((Une autre question essentielle est de savoir s'il faut, en déter­
minant la mer territoriale, abstraction faite des golfes proprement
dits, suivre toutes les sinuosités capricieuses que forme la côte ou

la suite des îles. Comme celaserail tout à fait impraticable, le Gmwerne­
ment a fixé, dans certains cas importants, comment doit êtretiréela
ligne qui 8eri de base. A cette occasion, il a fallu trouver une froniiere
pratique, et sztriout tirer la ligne droite entre des points q1tisont visibles
de pleine mer. " ·
Il ajoute:

((liest, sans doute, aussi impossible de soumettre des rapports
géographiques de cette nature à des règles généralesd'un caractère
absolu. Il faut en laisser l'ar.plication détailléeà la coutume ou à
la réglementation de chaque Jhat, pourvu que cela se fasse de bonne
foi ou soit dicté par des motifs plausibles. La règle généraleinter­
nationale, qu'il s'agit d'établir, doit, par conséquent, être assez
élastique pour permettre de pareilles anomalies locales.)) (Annuail'i,

vol. XI, p. qo.)
Voilà pour Aubert.
On a invoqué ensuite l'avis de la Faculté de droit d'Oslo, du 3 octobre
I8g8, dont le texte est reproduit à l'annexe I05 de notre Duplique. ·
J'ai relu attentivement cet avis, et je me demande quel parti nos
adversaires pourraient en tirer. .

La Cour me permettra de donner quelques précisions à ce sujet.
Cet avis avait étésollicité par le ministère de 1' Jntérieur \}ui désirait
savoir, non pas ce qu'était le système norvégien, mais quel était l'état
du droit international en cette matière.
La Faculté de droit n'était donc pas invitée à se prononcer sur le
système norvégien, mais tout simplement à dire quelles étaient, d'après
elle, les règles de droit international existantes, s'il y en avait.
Que répond-elle ? Textuellement ceci :

((A la connaissance de la Faculté, il n'existe à l'heure actuelle
aucune règle de droit international .... concernant le problème ....
dont il s'agit.. JJ
La réponse est donc négative. Il n'y a pas de règle de droit internatio­

nal généralement reconnue qui se rapporta à la question posée, c'est-à­
dire la question des lignes de base.
La Faculté ajoute cependant que, sur un point particulier, à savoir
la délimitation des baies, l'Institut de droit international s'était prononcé
quelques années auparavant.
Il s'agit des résolutions qui avaient étéprises par l'Institut, à la
session de Paris de r8g4, et la Faculté rappelle cette partie des résolu­
tions de l'Institut, d'après laquelle les baies sont territoriales jusqu'au
point où l'écartement de leurs cbtes ne dépasse pas 12 milles marins.
La Faculté signale cette résolution à l'attention du ministère, mais.
elle ne la présente aucunement comme l'expression du droit en vigueur ..
C'est, dit-elle, une \(recommandation» de l'Institut, et rien de plus. DUPLtQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X 51 547

Voilà ce que la Faculté répond à la question précise qui lui avait été
posée, à savoir l'état du droit international en ce qui concerne le tracé
des lignes de base.
Mais après avoir mis ainsi le ministère au courant de l'état du droit
international, la Faculté attire son attention sur les particularités de la
côte norvégienne. Et elle en tire la conclusion que, pour une côte aussi
exceptionnelle, il serait pratiquement impossible; de suivre, dans la déli­
mitation de la mer territoriale, toutes les sinuosités du rivage des îles
et des fjords.
En d'autres termes, elle écarte résolument le pr.incipe de la ligne
côtière qui est la base de tout l'édificede la Partie adverse.
Elle montre que l'appl.ication d'une telle méthode conduirait, dans

certains ca<>,à laisser subsister des poches de haute mer entre les diffé­
rentes parties du. territoire maritime. Elle montre; d'autre part, que le
tracé serait si compliqué qu'il deviendrait <(impossibleà reconnaître et à
faire respecter)).
On dirait presque que la Faculté de droit d'Oslo a eu l'intuition de la
peckedgreen- tine. · .
Elle rappelle que l'exploitatiorr de certaines pêcheriesconstitue p9ur
la population riveraine un droit exclusif, reconnu de vieillf' date.
Elle signale enfin qu'il faut tenir compte aussi de la configuration du
litde la mer et des données bathymétriques. ·
JIy a une dernière phrase que je tiens à souligner. Nos adversaires
l'ont passéesous silence. Voici cette phrase :

"Selon notre avis, c'est sur les principes esquissésque se fondent
.... les décrets royaux du I6 octobre I86g et du 9 septembre I88g,.
délimitant le territoire maritimeau large du département du Roms­
dal.~

Ainsi les décrets de I86g et de I889 sont donnés comme exemples de
l'application des principes exposés par la Faculté. Ces décrets ne sont
donc pas du tout conçus par elle comme des mesures purement locales,

étrangères au principe du système norvégien. Elle les considère comme
fondées sur ces principes. Elle les considère cornrne une application,
comme une illustration du système norvégien.
On a mentionné le rapport présentéen rgr2 par .la Commission de la
Frontière des Eaux territoriales.
Mais qu'a-t-on trouvé dans ce rapport qui nie l'existence du système
norvégien ou qui contredise ce système dans l'un quelconque de ses
éléments?
Le Rapport I9I2 ne met pas en doute un seul instant que les lignes de
base sont des lignes droites tirées entre les îles et les îlots les plus avan­
cés.Il part, au contraire. de ce principe fondamenhlL
Quant à la. question de savoir s'il existe pour ces lignes droites un
maximum numérique de longueur, il l'examine à la page 49· Voici ce
qu'il dit:

" .... on est obligé à chaque endroit .... de s'en rapporter aux
circonstances ....
Les différentes circonstances auxquelles il convient de prendre
égardpour chaque endroit en particulier peuvent êtred'ordre histo­
rique, économique ou géographique, par exemple: une vieille con­
ception concernant la frontière; une possession non troublée des548 DUPLIQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE)- 27 X 51

pêcheries,exercée par li population côtière de temps immémorial et
nécessaire à son existence ; les avantages pratiques d'une ligne facile
à constater sur place. n

Est-ce la condamnation de notre thèse ? Ou n'est-ce pas plutôt la con­
damnation de la thèse soutenue par nos adversaires?
On a parlé de la déclaration faite en 1926 par le ministre des Affaires
étrangères, Mowinckel, qui est citée au paragraphe 414 de la Réplique
britannique.
Mais cette déclaration, loin d'êtrecontraire au système norvégien, ne
fait que le confirmer. .
Est-ce que Mowinckel a mis en doute le droit de la Norvège de tirer
des lignes droites entre les points saillants de la côteet du skjrergârd ?

Pas du tout. Est-ce qu'il prétend que la ligne de base devrait suivre les
sinuosités de la côte ? Pas le moins du monde. Est-êe qu'il soutient
enfin qu'il y aurait un .maximum de longueur déterminé a prioripour les
lignes de base ?
Il dit exactement le contraire :

((Iln'existe pas de règle sur la longueur à donner aux lignes de
base pour nos eaux territoria!.es. "

Incidemment, il n'est sans doute pas sans intérêt de signaler que
Mowinckel a voté l'adoption des lignes de base du décret de 1935, qui
ont d'ailleurs étéapprouvées par le Storting, à l'unanimité, sans distinc­
tion de partis.
On a· vainement essayé de découvrir la fissure. Mais, puisqu'on a
tenté de le faire, je voudrais, pour ma part, souligner l'unanimité et la
continuité de la pensée norvégienne. J'entends l'unanimité et la conti­
nuité sur tous les principes, car tout est là. Il peut y avoir discussion sur
les points secondaires. Le contraire serait étonnant. Mais sur les prin­
cipes du système, tels que je les ai dégagés, ilest frappant au contraire
de voir combien les esprits s'accordent.
Suivons la chronologie.

r86g. Décret de délimitation pour le Sunnmore. Application première
des principes de r8r2 à la pêche.
l.88g. Décret de délimitation pour le Romsdal. Confirmation entière
du précédentde r86g.

r8gr. Communication d'Aubert a l'Institutde droit international,
affirmant le principe des lignes droites.
18g8. Avis de la Faculté d.e Droit d'Oslo que j'ai analysé tout à
l'heure.

rgo8. Les premiers chalutiers britanniques ayant fait leur apparition
devant le Finnmark oriental, le ministre du Commerce dema:n 'avis
du préfet sur l'endroit précis où devrait être tracée la limite de pêche.
Le 21 février, le préfet répond par un télégramme où est ildit: "à la
distance d'une lieue de mer (c'est-à-dire 4 mîlles) de lignes droites entre
les caps suivants .... )), et les lignes de base qui sont indiquées par le
préfet sont déjà la préfiguration de celles qui seront adoptées par le

décret de 1935.
1912. Rapport de la Commission de la Frontière des Eaux territoriales
dont j'ai rappelé les conclusions tout à l'heure. DUPLIQUE DE M, BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X 51 549

;giZ toujours. Ordonnance relative aux règles de la neutralité, qui
consacrent expressément le principe d'après lequel toutes les eaux situées
entre et en deçà des îles du skjŒrgârd sont des eaux intérieures. Cette
ordonnance, qui était d'ailleurs constmîtesur le mêmemodèle que les
ordonnances suédoise et danoise, a éténaturellement portée à la con­
naissancedu Gouvememen t britannique, qui n'a formuléaucune critique,
aucune réserve à son sujet.

1927. Réponse .du Gouvernement norvégien au questionnaire du
Comité d'experts de la Sociétédes Na tons.
rgzg. Réponse de ce Gouvernement au questionnaire du Comité pré­

paratoire de la Conférence de codification.
Et, ici, je demande la permission de lire quelques phrases de cette
réponse:
Après avoir rappelé la t.eneur du décret de rSrz, le Gouvernement
déclare:

" Conformément à l'ancienne conception de la place qu'occupent,
au point de vue du droit constitutionnel, les eaux baignant le
skj::ergaxd, la directive donnée par ce décret doit être interprétée
dans ce sens qu'une ligne tirée le long du skjŒrgârd, entre les
rochers les plus ~loign et,slà où il n'y a pas de skjŒrgârd, entre
les points extrêmes, forme le point de départ pour calculer l'étendue
des eaux territoriales. Cette interprétation du décret en question a
étéprise pour base dans les cas où le tracé en détail des limites
de la mer territoriale a étéfixéjusqu'à présent, à savoir : le décret

royal du r6 octobre r86g relatif aux parages au large du Sunnmôre
et le décret royal du 9 septembre r88g relatif aux parages au large
du littoral du Romsdal.
La Norvège n'a aucune règle relativement à la distance maximum
entre les points de départ des lignes de base à partir desquelles est
calculée l'étendue des eaux territoriales. En faisant le choix des
endroits qui, en vertu du décret de r8rz, doivent être considérés
comme les points extrêmes, îl faut prendre égard aux circonstances
locales de chaque région particulière de la côte. Il peut s'agir de
faits historiques, économiques ou géographiques, par exemple
d'une vieille conception des limites territorialesd'une possession
sans trouble de la pêche,exercée par la population côtière de temps
immémorial et nécessaire à sa subsistance, ainsi que de la limitation
naturelle des bancs de pêche.

Dans les décrets précitésde r86g et de r88g, on a fixédes lignes
de base de 25,9, 14,7, 23,6 et rr,6 milles marins.
La question de fixer les lignes de base exactes pour le restant
de la côte norvégienne est étudiéepar une commission royale, nom­
mée à cet effet. ))

Il me semble que ces diverses manifestations tirent de leur nombre
et de leur continuité une force démonstrative difficile à contester.
Le d.écretde 1935 vient s'y ajouter.Ilreste dans la ligne du système,
il en applique tous les principes. Or, ce système s'est historiquement
consolidé. (_Juia protesté contre lui ?En dehors de la démarche fran­
çaise de r86g, qui n'a pas eu de stii ter,onne n'a élevéla voix. La
Grande-Bretagne, comme les autres Etats, a laissé le temps faire son
Œuvre. Ce n'est pas après So ans de silence qu'on peut remettre en550 DUPLIQUE DE l\L BOURQUIN (NORVÈGE) - 27 X 51

question les droits d'un État. Nos adversaires eux-mêmessont d'a:ille.urs
bien obligés de reconnaître aujourd'hui cette consolidation. Ils la recon­
naissent sous une double forme. Ils l'admettent pour les eaux du More
et du Romsdal et ils l'admettent pour la règle des 4 milles.
Pour les eaux du More et du Romsdal, ils essaient d'échapper à la
logique de cette consolidation en soutenant qu'il s'agitait de mesures
purement locales. Je crois avoir fait justice de cet argument.
Mais, pour la règle des 4 milles, ils ne peuvent pas prétendre qu'il

s'agirait d'une mesure purement locale. Il s'agit bien d'un principe
général,il s'agit d'une des pièces du système norvégien.
Alors, comment expliquent-ils que cette pièce du système se soit
consolidée sans que les ;mtres aient eu la mêmefortune ? Ils sont obligés
de soutenir qu'elle n'est pas une pièce du système, qu'elle est, à elle
seule, un système autonome, qu'elle existe isolément.
Cetteprétention ne résiste pas à l'examen. Jamais la règle des 4 milles
n'a étéappliquée isolément. Elle n'a jamais étéconçue et elle n'a jamais
fonctionné qu'en liaison étroite et indissoluble avec les autres. L'expli­
cation ne tient donc pas. Et, en reconnaissant que Ia Norvège possède

un titre historique à une mer de 4 milles, Je Royaume-Uni reconnaît
inévitablement, qu'il le veuille ou non, qu'elle possède un titre histo­
rique à une mer de 4 milles calculés à partir de. lignes droites, reliant
les points saillants de la côte et du skjŒrgàrd qui ne sont pas recouverts
par la mer.
Cette consolidation historique du système du x1xme siècle suffirait
pour justifier juridiquement le décret de 1935, qui n'en est qu'une
application.
Mais, derrière cette consolidation historique, il y en a une autre
plus ancienne et plus profonde. Il y a celle qui vienfdu système antérieur,

celle qui s'applique aux vieux bancs de la pêchecôtière dont l'exploi­
tation avait toujours étéintégralement réservée à la population du
pays jusqu'au jour où le système nouveau a réduit les dimensions de
cette zone.
Quand on prend conscience de cette double base des droits historiques·
de la Norvège, je crois qu'il devient impossible de mettre en doute que
toutes les eaux comprises dans la délimitation de 1935 soient couvertes
par eux.
Ce sont ces droits que nous défendons.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner dans ma première plai­
doirie, l'attitude de la Norvège dans ce procès est très différente de celle

du Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni défend un vaste système juridique. Ce sont des
principes généraux qu'il demande à la Cour de consacrer par son arrêt.
Toute sa thèse repose sur ces principes. Et il est même permis de se
demander, étant donné l'intérêtminime que représentent pour lui les
quelques bancs de pêchede plus en plus réduits qui restent en contesta­
tion, si c'est bien à ses yeux le véritable objet du débat. Il est permis de
se demander s'il n'attend pas surtout une décision de principe sur la­
quelle il pourrait s'appuyer dans d'autres cas.
La Norvège n'a absolument aucune ambition de ce genre. Ses conclu­
sions sont simples. Elles ne visent qu'un cas d'espèce. Elles ne demandent
pas à la Cour de proclamer l'existence d'un système juridique aux réper­
cussions lointaines. DUP.LlQUE DE M. BOURQUIN (NORVÈGE) ~ 27 X 51 551
La Norvège défend simplement une situation dont elle n'a cessé de

jouir paisiblement jusqu'au jour où l'expansion des chalutiers vapeur
est venue la menacer.
On a beaucoup parlé dans cette affaire des travaux de la Conférence
de codification de·La Haye. Je voudrais, pour terminer ma plaidoirie,
y faire un dernier emprunt.
Le 5 avril1930, le déléguéde la Suède, Ivi.Sjoborg, après avoir exposé
la pratique de son pays, a déclaréque si la cause de ce dernier était
plaidée devant la Cour permanente de Justice internationale, il ne dou­
tait pas un seul instant que le verdict de la Cour fùt favorable à son
pays, parce que, dit-il, ce verdict serait nécessairement baséle respect
des droits acquis.
La penséequi s'exprime dans cette déclaration du délégué de la Suède
correspond exactement à la nôtre.

Ce que la Norvège défend ici, ce sont des droits acquis. Et elle est
convaincue que l'arrêtde la Cour lui donnera raison, parce que le respect
des droits acquis représente une des exigences les plus certaines et les
plus impérieuses du droit des gens. ·55Z

15.. DUPLIQUE DE ~L SVEN ARNTZEN

(AGENT DU GOUVERNEMENT DU ROYAUME DE NORVÈGE)
A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 29 OCrüBRE 1951, MATIN

II'Ionsieur le Président, Messieurs de la Cour, je commencerai par
répondre à la question qui a été posée par M. Je juge Zorièié.au

début de la séance du 25 octobre.
La question portait sur trois localités indiquées aux nos r2, et 3 de
l'annexe ror à la Duplique. M.le juge Zorièîca demandé de voir indiquer
sur les cartes l'emplacement de ces trois endroits.
r)La baie de Ervik est située dans la région couverte par la carte
n° 8 de l'annexe 75 à la Duplique. C'est la carte qui est présentéedevant

la Cour en échelleagrandie. Cette carte se trouve aussi à l'échelleréduite
dans l'album des cartes.
La position géographique de .la baie est de latitude 68° 49' N., .longi­
tude r6° 31' E., c'est-à-dire juste au nord de la ville actuelle de Harstad.
Le nom de Ervik n'est pas porté sur la carte. C'est une anse de la
baie située au nord de Harstad. On en trouve l'emplacement sur la
carte entre les noms de Berg et de-Trondenes.
2) Hasvrlgest un port de pêchesitué dans l'île de Soroy. Son nom est

portésur la carte no 6 de l'annexe 75à la Dnplique. En voici la reproduc­
tion agrandie.
La position géographique est de latitude70° 30' N., l.ongitud22° ro' E.
Je renvoie aussi à la vue no ro de la collection de photographies.
Cette vue montre le port de pêchede Hasvig, situé sur la pointe sud­
ouest de l'île de Séiréy l'entrée du SéiréiysundA. l'arrière-plan on voit
la baie de Hasvàg, mentionnée dans les privilèges accordés à Erich
Lorch et à ses compagnies, à la fin du xvnmo siècle.
3) Gjesbden (ou Gjesboene) est un fond de pêchesitué dans les eaux
englobées par la carte no 6 de l'annexe 75 à la Duplique, donc sur la

mêmecarte que Je port de Hasvàg.
Le fond de Gjesbâen s'étend entre latitude J0° 29' N. et latitude
70° 39' N., et entre les longitude20° 20' et 20° 40'E. Le fond se divise
en deux parties, à savoir Ytre Gjesboene (Gjesboene extérieur) avec la
roche noyéede Gjesboskallen, et Indre Gfesboene(Gjesboene intérieur).
Le fond de Gjesboene est aussi indiqué sur le plan en relief.
Il faut retenir que l'orthographe des noms est très instable dans la
langue norvégienne. L'annexe IOI, no~ r et 3, utilise l'orthographe
Gfesbden, alors que la carte se sert de la dénomination Giesboene.

Sur la carte sont portés des alignements servant à repérer ces·vieux
fonds de pêche.Ces alignements ont étépuisés dans l'ouvrage du pro­
fesseur Amund Helland (voir la Duplique, par. 197).
Les Ytre Gjesboene sont situés au large de la ligne bleue, les Indre
Gjesboene, entre celle-ci et la ligne de base.
La pecked green tine passe bien en deçà de ces fonds de pêche.

[Le capitaine Coucheron-Aamot indique sur les cartes dérouléesdevant
la Cour la baie de Ervik (carte no 8) ; le port de Hasvag, le fond de
pêcheGjesbaen et les alignements (carte n°6) mentionnéspar M.Arntzen.] DUPLIQUE DE IlL AR~'TZ(N EONRV.itCE)- 29 x SI 553

4) La carte no 2 de l'annexe 75 à la Duplique permet de juger de la
situation de ces trois endroits, les uns par rapport aux autres.
Voilà cette carte en échelleagrandie.
La distance de navigation de Ervik à Hasvag est de 175 milles marins,
et la zone soumise au régime de privilèges au bénéficede Lorch et co­
armateurs s'étendait à ro lieues plus au large, c'est-à-dire à So milles
marins de terre.

5) Au paragraphe 36, le Contre-Mémoire fournit certaines indications
intéressant l'emplacement des endroits sur lesquels M. le juge Zoriéiéa
demandé des précisions. Mais ces indications sont insuffisantes, et il y
est fait renvoi aux. cartes britanniques.

* * *

Je tiens à éclaircir un point susceptible d'induire en erreur.
Dans la séance du rg octobre, la Partie adverse a signalé qu'au para­
graphe 53 de notre Duplique nous aurions cité d'une façon inexacte une
phrase se trouvant à la page 366 de l'ouvrage de Ra:stad, Kongens

Stromme (Eaux du roi) (pp. 429, 430).
La phrase en question peut être traduite en français de la façon
suivante:

"Du reste, on ne trouve dans les pays dont nous nons sommes
occupés que peu de cas où les particuliers ont étéce que- dans un
sens quelque peu élargide la notion---' l'on pourrait qualifier de pro­
priétaires de lieux de pêcheen mer. "

Au paragraphe 53 de notre Duplique, nous avons écrit:

".R,estad se rend parfaitement compte que, dans les pays dont il
parle, l'on trouve1des cas où des particuliers ont étéce que- dans
1un sens quelque peu élargide la notion -l'on pourrait qualifier de
1propriétaires de lieux de pêchede mer)). (Op. cit.p. 366.) )).

La suite du texte à la page 54 (vol. III) de la Duplique montre, àmon
avis, :1l'évidence qu'il n'a pas étédans l'intention du rédacteur de
dissimuler le fait que RŒstad n'avait constaté que peu de cas d'apparte­
nance privéede fonds de pêche.
Si nos adversaires ont étéinduits en erreur par le fait que la Duplique
porte les mots 11des cas)) au lieu de "peu de cas)), je serai I.e premier
à re~:,t ruetla déclaration de Ra:stad n'ait pas étéreproduite inté­

gralement.

*
* *
Je vais maintenant répondre à certaines allégations faites par nos

adversaires, et relatives à la périodeconsécutive à rgo6.
Je parl.erai tout d'abord de la référenceaux lignes rouges, et de la
critique(jU'afaite sir Eric Beckett de l'attitude du Gouvernement norvé­
gien à cet égard.
Pour ce qui est de la façon dont nos ·adversaires se prévalent de ces
lignes, je considère suffisant de renvoyerà mes déclarations antérieures
(pp. 33! et suivantes).554 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 29 X 5I
J'y ai exprimé mon étonnement de voir nos adversaires persister à
invoquer ces lignes, en dépit des réserves expresses formulées du côté
norvégien et acceptées par le Royaume-Uni.

Sir Eric Beckett, dans sa réplique, estime que j'ai usé d'un rather
strong language. Tel n'est cependant pas mon avis. Ma critique était
ferme dans sa forme, sans toutefois dépasser ma pensée. Je n'ai rien à
retirer, ni à ajouter.
A propos des arguments que sir Eric Beckett a développésquant à
l'emploi des lignes rouges, je me permets de relever une erreur de fait
qu'il a commise.
11déclare, entre autres, qu'il se réfèreà un rapport de la Commission
des Affaires étrangères du Storting en rg26. Or, le texte cité date de
I935· Je renvoie à ce propos au paragraphe 75 b) de la Réplique, qui
s'en tient correctement au rapport de la commission. C'est en 1935
seulement que cette dernière s'est prononcée pour la première fois sur
la question des lignes rouges.
La Com111issiondes Affaires étrangères du Storting a préciséque
ces lignes rouges n'avaient jamais étéreconnues par la Norvège (voir
annexe I5, n° I, au Mémoire,par. 2I). ..
A.la fin de sa réplique, sir Eric Beckett critiqua sévèrementl'attitude

de la Norvège à l'égardde la question des lignes rouges.
Comme je l'ai fait au début de ma duplique orale, je proteste toujours
énergiquement contre cette critique sans fondement.
Le Gouvernement norvégien, }e l'ai déjà démontré, n'a jamais fait
mystère des principes qu'il a préconiséset qu'il applique depuis r86g
pour la détermination de sa limite de pêche.
Mon Gouvernement proteste vivement contre le fait que nos adver­
saires, en dépit des réserves qui furent alors formulées, invoquent, pour
les besoins de la présente affaire, les conversations de rg24 et de 1.925,
et cela pour faiTe un usage manifestement abusif de ces dernières ainsi
que les lignes rouges.

*
J'en viens maintenant à l'examen de la lettre du 9 janvier rgo6,
reproduite à l'annexe JI du Contre-Mémoire, et dont parle sir Eric
Beckett dans sa réplique (pp. 44r, 442, et 446, 447).
Cette lettre fut envoyée par le chargé d'affaires britannique à Chris­
tiania au ministre des Affaires étrangères de Norvège. Elle invite le
Gouvernement norvégien à examiner la question de savoir si le moment

n'était pas venu pour la Norvège d'adhérer à la Convention de la mer
du Nord.
La lettre fait allusioà une despatch que sir Horace Rumbold envoya,
le 21 avril x882, an Gouvernement britannique. Sir Horace Rumbold
était à l'époqueministre de la Grande-Bretagne auprès des Royaumes­
Unis, la Norvège et la Suède. Visiblement, cette despatch rend compte
d'un entretien que sir Horace Rumbold avait e11avec le baron Hoch­
schild, ministre des Affaires étrangèresdes deux Etats.
Les observations de la Partie adverse, dans la mesure où elles
concernent ce qui se passa en 188x au cours des négociations sur Ia
Convention de la mer du Nord, ont déjà ététraitées par le professeur
Bourquin dans son exposé du samedi 27 octobre (p. 543). DUPLIQUE DE ~LARNTZEN (NORVf;GE) - 29 X 5I 555

Toutefois, la Partie adverse a cru pouvoir tirer argument de la manière
.dont cette lettre a ététraitée en Norvège ei1 rgo6 et ultérieurement ..
A ce propos, je ferai quelques brèves remarques.
Nos adversaires ont dit:
'
"Norway in her reply to that note did not dispute that the
British Legation letter gave a correct description ~f her daim. n
{P. 447-)

.Premièrement, cin peut y répondre que le Gouvernement britannique
était au courant des principes norvégiens.
Deuxièmement, ce même Gouvernement se rendait. parfaitement
·compte que l'analyse donnée par la lettre de rgo6 de la despatch de
sir Horace .Rumbold ne comportait pas l'énumération de toutes les
objections que la Norvège avait opposées .à l'idée d'adhérer à la

Convention de la mer du Nord. L'opposition de la Norvège ne se basait
pas seulement sur le fait que celle-ci appliquait la limite de 4 milles.
C'est un fait avéré qu'au cours des négociations qui ont abouti à la
{;Onclusion de cette convention, la Norvège fit une autre objection -
qui, elle, n'est pas mentionnée dans la lett -r~ à savoir que la Norvège
ne pouvait pas accepter la limitation à ro milles pour les fjords et les
baies.Je renvoie, à ce propos, au paragraphe 68 in fine du Contre­
Mémoire, ainsi qu'au paragraphe 48 de la Réplique, et à ce qu'a dit
le professeur Bourgoin à la séancedu 27 octobre {p. 543).
ll va de· soi que le Gouvernement norvégien, dans sa réponse à la

note de rgo6, ne trouva pas pertinent de relever ces lacunes. Il n'est
pas non plus venu à l'esprit du Gouvernement britannique de soutenir
que la Norvège, pour ne pas l'avoir fait, serait liée à la mesure de
ro milles pour les baies.
Dans son exposé du rg octobre, sir Eric Beckett signale que la Com­
mission de la Frontière des Eaux territoriales de rgn, dans son Rapport
1912, cite le passage suivant de la lettre de rgo6 :

((La Norvège réclamait la souveraineté sur un espace de 4 milles
à compter de la laisse de basse mer sur toutes ses côtes.»

Sir Eric Beckett continue ainsi:
"The Rapport's only comment on this is that this expression

does not necessarily exclude drying rocks : apart from that the
Rapport obviously accepts this as a correct statement of the position.
What does it show? It shows that the rule accepted in Norway in
r882 as applicable "toall her coasts is four miles from low-tide mark,
without any indication whatever of any special system exempting
her from this rule. n ·

Sir Eric a conclu en disant que, dans cette déclaration, les autorités
norvégiennes n'avaient pas seulement omis de mentionner le système
des lignes de base droites, mais aurait dit, au contraire, qu'elles se confor­
maient au système qu'on lui oppose, à savoir celui de la #de-mark rule.
Il suffit de lire la page 40 du Rappo1912 (le compte rendu renvoie par

erreur à la page So) pour se convaincre combien la déclaration de sir
Eric Beckett est mal fondée. Il ressort du contexte que les déclarations
de la commission, dans ce passage, se rapportaient uniquement it la
question suivante: SS6 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN {NORVÈGE) - 2g X 5I

Doit-on, pour déterminer la limite maritime, prendre en considération
seulement les écueils ne couvrant jamais, ou bien peut-on utiliser aussj.
les écueilsqui découvrent à marée basse ?
Voilà pourquoi la commission cite la déclaration suivant laquelle la
limite doit être comptée à partir de la laisse de basse mer (from low­
tva(er mark).
Etant donné que la laisse rle basse mer devait servir de base pour la

détermination de la limite maritime, la commission était d'avis qu'il
était logique d'en tirer la conclusion qu'il faut utiliser comme points
_de base, également, les roches qui découvrent à marée base.
l'ar conséquent, la conclusion, que la Partie adverse a cru pouvoir
tirer du passage citédu Rapport 191:2,est entièrement dénuéede fonde­
ment.
Dans cet ordre d'idées, je tiens à signaler que nous nous trouvons ici
en présence d'un de ces nombreux cas où nos adversaires invoquent une
déclaration concernant la laisse de basse mer pour étayer leur règle de
tide-marl<rule.
Je rappelle le passage où le professeur Bourquin, également, dans son
exposé du 25 octobre, signal.e cette confusion {pp. 492 et suivantes).

Pour ce qui est de la lettre du 24 mars r.go8 (annexe 34 A au Contre-
1\l~émo jirn'a) ,as grand'chose à ajouter à mes commentaires anté­
neurs.
Je rappelle cependant qu'au cours de mon exposé du rz octobre
(p. 330), j'ai signalé que nos adversaires, dans IE:ur Réplique écrite

(par. 6z), avaient attribué à la lettre de préconiser un extreme headland
principle.
J'ai démontré au cours du même exposé que sir Eric Beckett aussi
bien que sir Frank Soskice, dans leurs exposésoraux, étaient arrivés à la
conclusion contraire, à savoir que la lettre préconiserait la tide-mark rule.
Dans sa réplique orale. sir Eric Beckett, après avoir soumis la lettre
à un nouvel examen, conclut alors qu'elle préconiserait à la fois la tide­
mark rule et un extreme headland principle. Ce dernier principe s'appli­
querait uniquement aux fjords.
J'estime superflu de commenter cette troisième interprétation de la
lettre.
Ce qui importe, c'est de savoir comment la lettre a étécomprise et
·comment ses directives ont étéappliquées par les autorités compétentes.

La limite pour la police de Ia pêcheorganisée en rgo8 sur la base du
télégramme préfectoral.du 26 février de la mêmeannée, et sur la base
de la l.ettre incriminée, fut tirée à 4 milles à partir de lignes droites
correspondant à celles du décret de 1935. Ce fait est reconnu par nos
adversaires.
Dans cet ordre d'idées, il péut êtrepertinent de faire état de la r,ote
du II novembre rgo8 envoyée par le ministre des Affaires étrangères de
Norvège au chargé d'affaires français à Christiania (voir l'annexe 34,
no 2, au Contre-Mémoire).
Comme sir Eric Beckett l'a signalé, cette note renvoie tout d'abord à
la lettre du 24 mars rgo8, que je viens d'évoquer. Puis elle poursuit en

ces termes : -
<<En interprétant les prescriptions norvégiennes· dans cette
matière et étant, en mêmetemps, en conformité de la règle générale DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) ~ 29 X 5I 557
du droit des gens, ce ministère s'e"stexprimé dans ce sens que la
distance à partir de la côte doit êtrecomptée de la ligne de la basse
marée, et gue chaque îlot gui n'est pas continuellement snbmergé
par la mer doit êtrecompris comme point de départ. n

La réponse norvégienne dit : "en conformité de la règle généraledu
droit des gens)) - et sir Eric Beckett de tirer la conclusion que cela
devrait exclure l'emploi de lignes droites.
C'est là une erreur manifeste d'interprétation, car la Norvège à tou­

jours préconiséle point de vue suivant lequel l'emploi des lignes droites
est conforme aux règles généralesdu droit intemation<lL

*

Le rapport de la Commission de la Frontière des Eaux territoriales
de rgn- Rapport I9I2- a étéexaminé de façon minutieuse dans nos
écritures, et je me bornerai pour l'essentiel à renvoyer aux paragra­
}'lhes103 et 104 du Contre-Mémoire et aux paragraphes 128 à 133 de
la Duplique. .
Je me contenterai d'ajouter que, lorsque sir Eric Beckett (p. 451)
dit que les pages 48 et 49 du Rapport .t9I2laissent une impression de
doute et d'hésitation, il aurait dù ajouter que ces hésitations ne portent
pas sur la question de l'utilisation de lignes de base droites.
La commission n'a aucun doute sur la question de savoir s'il faut
utiliser des lignes de base droites. Ses hésitations portent sur la queEtion
de savoir qul'lle catégorie d'écueilspouvait servir pour la détermination
de ces lignes.

*
Au cours de leur deuxième exposé, nos adversaires ont, à plusieurs
reprises, cherché à tirer argument de la note norvégienne de 1922 adres­
sée à l'Union ~oviétique.

Je ne ferai que de brefs commentaires sur ce que sir Eric Beckett a
déclaré le 20 octobre (p. 452). Il mentionné que la Norvège, dans sa
note, déclare qu'elle était
«willing out of regard for the principle of reciprocity to agree to
an area of fishing and whaling of one Scandinavian league, reckoned
from low-water mark of the ruainland and islands "·

Puis il continue;

« Here we have in 1922, ten years after the Rapport of rg12, the
Norwegian Government acting, in its relations with another State,
upon the basis tr1at the tide-mark rule is the accepted rule, and
making no mention of any special Norwegian system. Now. it would
have been disingenuous for Norway, after her mention of recipro­
city,to have concealed such a system, if it existee!, after soto speak
"binding the Soviet Union to a tide-mark rule.))

A cela on peut objecter: si, dans sa note, le Gouvernement norvégien
déclare êtredisposé à reconnaître l'étendue d'une lieue de mer à partir
de la laisse de basse mer le long de la côte du continent et des î\es, cette
expression ne fait que reprendre textuellement les tennes mêmes du
décret russe pour désigner Je point de départ pour la détermination de
la limite.558 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN {NORVÈGE)- 29 X SI

Le décret en question dit que la distance doit s'étendre à I2 milles
marins «from the line of lowest low tide, both along the coast line of
the mainland and also along the coast line of islands "· La note es.t repro­
duite à l'appendice no 3r b) à l'annexe rr:z à la Duplique, pages 737 et
738 (voL III).
Vu ces renseignements, j'avoue êtreincapable de comprendre comment
on peut soutenir que la Norvège aurait, pour sa part, reconnu la pré­
tendue !ide-mari< rule et que la Norvège aurait pour ainsi dire engagé
l'Union soviétique à adopter cette mêmerègle.

*
L'affaire du Deutschland fut abordée par le professeur Waldock,
le rS octobre {p. 409), et aussi par sir Eric Beckett, le zo octobre
(p. 452).
Je ne parlerai plus de l'arrêt de la Cour suprême. Il a étécommenté
d'abord dans les écritures, ensuite dans mon premier exposé oral du
13 octobre (p. 335). La Cour voudra bien s'y rapporter.
Cependant, nos adversaires ont étévictimes de quelques malentendus
que je tiens à relever. ~

· Le professeur \i\laldock a dit que le Président de la Cour suprême de
Norvège, M. Paal Berg, "referred to the procedure of arcs of circles n,
puis il a cité un passage du vote du Président Berg.
La déclaration que le professeur Waldock attribue au Président Berg
faisait seulement partie d'une citation que celui-ci avait puisée dans le
Rapport .rgu. J'ai déjà examiné la position prise par la Commission de
rgii dans la question du·système des arcs de cercle.
Ensuite, le professeur Waldock a fait état de la photocopie de la carte
utilisée dans l'affaire du Deutschland (carte reproduite à l'annexe 8 au
Mémoire), et où il a signalé l'utilisation d'arcs de cercle.

On peut répondre à cela que c'était les prévenus allemands qui se
prévalaient du tracé en arcs de cercle. La carte porte des tracés de
lignes de base droites avec des limites à 4 et àIO milles, respectivement,
au large de ces lignes, et aussi des tracés en arcs de cercle, avec comme
rayon 4 et ro milles respectivement. Ceci pour illustrer les positions
successives du Deutschlanii par rapport à la limite dont se prévalait le
ministère public, et par rapport à la limite dont se prévalaient les pré­
venus. Le tracé en arcs de cerc lur cette carte n'a pas d'autre signi-
fication. ·
Le professeur Vlaldock déchua, d'autre part, qu'on ne trouve aucun
crrecord that anybody in the case suggested that this [c'est-à-dire les
tracés en ar.cs de cercle) was the wrong procedure for drawing the outer

limit under the tide-mark system)).
On peut y objecter que le juge dissident, le Président de la Cour,
M. Paal Berg, basait expressément son vote sur le tracé rectiligne, comme
l'avait fa.it le tribunal inférieur, à l'unanimité; alors que la majorité,
vu la conception juridique sur laquelle elle se basait, n'éprouvait pas le
besoin de prendre une position quelconque sur la méthode des arcs de
cercle.
Puisque nous parlons de cette carte (annexe 8 au Mémoire), il y a
lieu de signaler une absurdité résultant de l'application de la méthode

des arcs de cercle aux parages en question.
Je fais allusion à l'étroit couloir de-« mer libre nintercalé entre les
îles et le continent par le tracé en arcs de cercle. DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE)- 29 X 5I 559

Je ferai ensuite quelques brèves remarques sur le commentaire de
sir Eric Beckett au sujet de l'avis du J)rR<estad.
La Cour se souviendra que, dans mon exposédu 13 octobre (pp. 335-
336), j'ai fait état.une déclaration faite par Rcestad dans cet avis, et
ensuite d'une autre déclaration qui figure dans son ouvrage Kongens
Stromme, déclaration à laquelle l'avis du Dr Rcestad renvoie pour pré­
ciser le statut particulier des pêcheries.
A l'appui de ses objections sur ce point, sir Eric Beckett a·cité la
suite de ce que dit le Dr Rcestad dans son avis. Sir Eric Beckett me
reproche de n'avoir pas fait de même,
Je ne suis nullement embarrassé de le suivre sur ce terrain, et je me
sens mêmeobligéde le faire, était donné que sir l:i:ricBeckett a conclu
en disant que la suite qu'il avait citée ((is rather similar to our own
approach ».En fait, cette conclusion est erronée. Et l'erreur est sans
doute imputable à ce que sir Eric Beckett, dans sa citation, n'est pas

ailé jusqu'au boUt de: la phrase. En arrêtant sa citation à mi-chemin,
il ne fait pas ressortir la vraie penséede RŒstad.
Voici le texte intégral du passage en question :

" Mais, à mon avis, l'on ne saurait délimiter le territoire maritime
en partant d'une ligne déterminéele long d'un secteur du fiskjcer­
gard n, sans se fonder sur des dispositions positives, à moins de
pouvoir s'appuyer sur des faits historiques ou un usage coutumier
pour la région donnée. Les faits historiques. nécessaires n'apparais­
sent, de préférence,que dans le cas d'une exploitation exclusive,
par exemple dans le but de la pêche''(ici, sir Eric Beckett a arrêté
la citation, au milieu d'une phrase. Je continue la citation) " dans
la zone maritime en question; ils se présentent plus difficilement
quand il s'agit- comme ici- de l'exercice de la juridiction crimi­
nelle; de toute manière, de tels faits historiques n'existent pas
dans l'occurrence, ,,

Comme on peut le constater, le Dr Rcestad précise ici de nouveau
que ce dont il s'agit, et qu'il discute, c'est la question de savoir si le
tribunal a étéfondé à déterminer une l.îgne de base pour le secteur
considéréet en vue de ((l'exercice de ht juridiction criminelle ''·
C'est un fait acquis que ni le Dr RŒstad, ni la Cour suprême, n'ont
pris position sur la question de savoir où les autorités norvégiennes
tracer la limite de pêchedans les eaux considérées.
seraient fondées de

* * *

Sir Eric Beckett a dit, au début de sa réplique omle :
((What proof is it that France, Belgium, the United States or any

other State, accept the Norwegian Decree line as valid in inter­
national law against them, because their Governments have not
taken the step of protesting against it.
For one thing, the Governments of ail those countries have at
ali times been perfectly weil aware that the United Kîngdom was
challenging this line and persisting in its challenge. All these Govern­
ments therefore were in the happy position, in which individuals
often are, of seeîng someone else bring a test case, they being able
to benefit from the decision, if it is favourable, and not having in560 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVltGE) ~ 29 X 51
any event to incur the expense of litigation. That they do consider

ita test case is perhaps indicated by the number of governments
which have asked for copies of the pleaclingsJ:(P. 375.)

J'examinerai d'abord la fin de ce que je viens de citêr.
Autant que je puisse comprendre, une telle déclaration tend à clo_nner
l'impression que, à part le Royaume-Ur;i, il y aurait d'autres ~tats
désireux de contester la validité du décret de 1935, mais que ces Etats,
en se reposant sur l'action- du Royaume-Uni, se seraient abstenus
d'émettre des protestations pour leur propre compte et de soumettre
le différendà une appréciation judiciaire.
Consultons la liste des États ayant demandé des copies de~ écritures.

Le Greffier de la Cour en donne le relevé suivant : Canada, Etats-Unis,
Cuba, Venezuela, Belgique, Islande, Suède. .
Inutile de dire que les quatre premiers Etats n'ont pas demandé
communication des écritures en raison de l'intérêtqu'ils portent à la
limite de pêchenorvégienne.
Pour ce qui est des trois autres, il suffit de constater que la Suède -
comme la Norvège - utilise des lignes de basedroites; que l'Islande,
de par son décret de 1950, a adopté le mêmesystème que celui appliqué
par la Norvège. Je reviendrai tout à l'heure au cas de la Belgique.
Ces précisions suffiront pour démontrer combien est erronée l'impres­

sion que sir Eric;.Beckett, si j'ai bien compris_.a voulu donner en préten­
dant que les Etats qui ont demandé communication des écritures
seraient enclinsà contester la limite de pêchede la Norvège, mais qu'ils
se seraient reposés sur le Royaume-Uni pour entrer en lice et endosser
les frais de 1'opération.
Regardons de plus près la question posée par sir Eric Beckett, à
savoir : ((What proof is it that France, Belgium, the United States or any
other State, accept the Nonvegian Decree line as valid in international
law against them, because their Governments have not taken the step
of protesting against it ? "
lei également, la Partie adverse semble ne tenir aucun compte de
faits patents que voici :
Les nationspratiquant la pêcheau chalut dans la mer du Nord et au

larg-e des autres c6tes norvégiennes sont les suivantes : Royaume-Uni,
Union soviétique, Allemagne, Pologne, France, Pays-Bas, Belgique.
Il y a lieu de relever, ainsi que le fit le professeur Bourquin au cours
de son premier exposé (p. 234), que l'Allemagne, après ;woir fait sa
communication verbale, qu'elle n'a du reste pas poursuivie, a explicite­
ment reconnu la limite de pêchede 1935.
En second lieu, il faut noter que la France s'étaitbien poséla question
de savoir s'il fallait ((s'associer protestation du Gouvernement de la
Grande-Bretagne n et que, à.la suite de ses délibérations,la France s'est
abstenue de le faire.
Dans le mêmeordre d'idées,examinons le rapport figurant à l'annexe 56

au Contre-Mémoire, avec le relevé des chalutiers ayant fait l'objet de
capture ou d'admonestations depuis l'organisation de la police de la
pêcheen IgoS.
Ce tableau (annexe 56 du Contre-lVIémoire)montre, premièrement, que
treize ciMlutiers allemands ont étécapturés avant 1935. Or, depuis cette
date, aucun chalutier allemand n'a étéappréhendéen deçà de la limite
"depêche. DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) 29~X 5I 561

Deuxièmement. il permet de constater qu'à l'exception de ces treize
chalutiers allemands,et à l'exception des chalutiers britanniques, aucun
chalutier battant pavillon étranger n'a pratiqué la pêcheen deçà de la
limite, ni avant ni après la promulgation du décret de I935·
Je fais abstraction du chalutier fmlanda.is qui, en 1935, s'était égaré
en deçà de la limite, et qui s'est éloignédes lieùx dès qu'il avait été
avisé de sa méprise. L'jhcident n'eut aucune suite diplomatique. je me
rapl?orte à_la Duplique, paragraphe 245· . .. .
J en arnve mamtenant aux cas de la Belg1que et des Pays-Bas.
Dans sa réplique, sir Eric Beckett a fait état de certainesprotesta~
bons qui ont étéadressées par la Belgique et les Pays-Bas au Gouverne­
ment de la République islandaise, au sujet de son décretd22avril rgso.

Nos adversaires ont dit à ce propos :
((Further,' it is unlikely that, for instance, the Belgian and
Netherlands Governments accept the Norwegian Decree when
they have protested against the Icelandic Decree. The lcelandic
Decree is one which, as Professor Bourquin states, and 1 will use
his words this time,adopts the same method" as Norway has clone. ))

(P. 375.)
Un tel raisonnement me paraît vraiment spécieux.
La Belgique et les Pays-Bas n'ont pas protesté contre le décret royal

de 1935, ni ,au moment ~e sa promul~a niiposntard. P~r cont:e,_ils
ont proteste contre le decret 1Slanda1sde rgso. La cçmcluswn qm s en
dégage logiquement, c'est sans doute que ces deux Etats n'estimaient
pas que le décret norvégien fùt·contestable.
A voir la question de plus près, on se rend parfaitement compte que
.telle doit bien êtrerexplication de leur inaction.
Nos adversaires, en effet, négligent un point essentiel, savoir que
là situation de la Norvège diffèreradicalement de la situation de l'Islande.
Je n'ai pas, pour les besoins de notre cause, à prendre position quant
aux revendications de l'Islande, mais je tiens à attirer l'attentiosur
le pojnt que voici : .
L'Islande a étésoumise, depuis la conclusion du Traité de Igor, aux
règles stipulées par la Convention de La Haye de r882 sur la police de
la pêchedans la mer du Nord. Ce traité entre le Danemark et la Grande­

Bretagne étendait aux eaux islandaises la règlede 3 milles pour la largeur
de la mer territoriale, et celle dIO milles pour la largeur des baies.
C'est de ce régimeque l'Islande veut aujourd'hui se libérer. Leocto­
bre 1949, elle dénonça leTraité de rgor, qui, selon préavis contractuel,
expiraitle 3 octobre 195l. Mais quelles que soient les raisons qu'elle
invoque à l'appui de son geste, il n'en reste pas moins que ce qu'elle
réclame,c'est un changement de statu quo.
.La Norvège est dans une situation toute différente.
Elle n'a jamais accepté de se soumettre aux dispositions de la Con­
vention de J:882.
Elle n'a jamais reconnu ni la règle de3 milles, ni celle de IO milles.
Voilà, parmi d'autres, une différence considérable qui existe entre le
décret de 1935 et les mesures qui ont caractérisérécemment la politique

islandaise.
Voilà la raison pour laquelle la Belgique et les Pays-Bas ont protesté
contre le décret islandais de rgso, mais non pas contre le décret norvé­
giende 1935.
37562 DUPLIQUE DE i\L ARNTZEN (NORVÈGE) - 29 X 51

* * *

Le 26 octobre, l'agent du Gouvernement britannique envoya au Gref­
fier de la Cour une nouvelle lettre relative aux points de base nos zr,
27. et 39. La lettre était accompagnée d'un rapport du commandant
Kennedy.
Le dépôt de ces pièces au stade actuel du procès me parait singulier.
Ces pièces cherchent à jeter le doute et à embrouiller à nouveau les
idées sur les points élucidéspar l'examen que j'en avais fait. Mais les
questions ninsi remises sur le tapis sont sans portée pratique dans

l'affaire.
Dans la persévérance de nos adversaires à maintenir leurs assertions,
je trouve indiqué de préciser les faits que voici:
r) La Norvège utilise, comme points de base, des îles, îlots et rochers
qui ne sont pas constamment submergés.
.· Voir,entre autres, le paragraphe 409 du Contre-Mémoire, et le mémo­

randum du Gouvernement norvégien au Secrétaire généralde la Société
des Nations, en date du 3 janvier r929, V et VI, figurant au 11°4 de
l'annexe 46 a:u Contre-Mémoire.
z) Dans sa déclaration du xg octobre I95I, le Service hydrographique
de Norvège a déclaréque Vesterfallet î Gasan (point de base no 21),
Tokkebaen (point de base no 27) et Nordbtien (point de base no 39)
sont tous les trois des écueils qui ne sont pas constamment submergés.
3) [ln'y a pas de divergence entre la déclaration du Service hydro­
graphique et les indications de la carte.
C'estle commandant Kennedy qui se trompe sur la signification des
signes conventionnels utilisés sur les cartes norvégiennes. On pourra s'en

convaincre en consultant l'annexe 103 à la Duplique, le rapport du
14 février 1951 du Service hydrographique d~ Norvège.
Il ressort de ce rapport que le signe composéd'une croix grecque etde
quatre points- signe reproduit aussi au paragraphe 226 de la Duplique
- indique une boei vannflaten (une roche au niveau de l'eau). Ce terme
désigne deux sortes d'élévationssous-marines, à savoir celles définies à
l'annexe Sr à la Duplique, sous le point n° 6 b et c; en d'autres termes,
on désigne par là les roches à fleur d'eau et aussi celles qui découvrent
à marée basse («sèches 1)).
Ce que dit la déclaration du Service hydrographique, en date du
Ig octobre rgsr, c'est que les trois roches en cauoàesavoir Vesterfallet
i.Gasan, Tokkebaen et Nordbtien, appartiennent à cette dernière caté­
gorie.
Les contours d'un îlot ou d'une roche ne couvrant jamais sont des­

sinés par une ligne continue. Si la roche en question a peu d'étendue,
sa projection sur la carte se réduit à un point noir assez marqué (a solid
black dot).Voir la catégorie6 d de l'annexe Sr à la Duplique.
4) Le Gouvernement britannique prétend que l'on ne saurait utiliser
comme points de base une low-tide elevation, à moins que celle-ci ne
soit située à une distance inférieure 4 milles marins d'un territoire ne
couvrant jamais (permat~ ery llat~ d)ir le point4 des conclusions
britanniques.
Le Gouvernement norvégien soutient que le droit international ne
fournit aucun fondement à une telle restriction à la faculté d'utiliser
des low-tide elevations. DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 29 X 5I 563

Nous avons longuement examiné cette question aux paragraphes
404 à 420 du Contre-Mémoire, et aux paragraphes 447 à 453 de Ja
Duplique.
le professeur Bourquin, également, a réfuté la thèse britannique
sur ce point dans son exposé oral (pp. z8g-zgo).
Il y a lieu de noter que la Partie adverse ne soutient nullement -

et c'est là un point important à retenir- que le point 4 de ses conclu­
sions est l'expression ·des règles coutumières. En effet, à la page 94 de
l'e:xposéoral de sir Eric Beckett, on lit :

" The customary law being incomplete and unsettled on this
point we submit that the rule which is consistent with principle
and was favoured at the Codification Conference should be applied. »
De l'aveu de la Partie adverse elle-même, les règles qu'elle nous
oppose, et au nom desquelles elle demande à la Cour d'invalider le décret

de 1935, sont donc des règlesde legeferenda. .
S) Je viens de dire mon étonnement de voir nos adversaires agiter
ces questions, non pas seulement parce gue je les considère comme
parfaitement élucidées,mais aussi surtout parce qu'elles sont dépourvues
de portée pratique. On peut s'en rendre compte en jetant un coup d'Œil
sur la carte.
Qu'J,nt au point de base n° 39, la roche cle Nordboen, ce point est
situé à 2,4 milles marins au .large d'un territoire ne couvrant jamais_
Ce point est indiqué sur la carte n° 8, <mnexe75 à la Duplique.
Ce poir;t de base a étémentionné au paragraphe 421 i) etf) clela

Réplique, sans qu'il y ait étéprésentéd'objection contre l'utilisation
de cette roche comme point de base.
La controverse concerne aussi le point n° 27, la roche de Tokkebâerl,
qui également est située à 2.4 milles marins au large d'un territoire ne
couvrant jamais. Cette roche se trouve sur la carte n° 7,annexe 75 de
la Duplique.
Dans leurs écritures, nos adversaires n'ont pas fait d'objection contre
l'utilisation de Tokkebâen non plus, comme point de base.
Mais au paragrétphe39, le Mémoirea signaléque les défendeurs, dans
le premier procès intenté devant le tribunal de Trondenes contre les
capitaines des chalutiers Loch Torridon et Crcstflower, faisaient valoir

que la ligne de base Tokkebaen-Glimmen " was drawn over rocks at
times washed over by the sea "· Il ne fut donc pas soutenu que la roche
de Tokkebâen était constamment submergée.
Dans son jHgement du 25 février 1933, le tribunal, qui acquitta les
prévenus en tenant compte de leur bonne foi, déclara:
<<Le Tribunal estime prouvé que les deux: écueilsen question
[c'est-à-dire Tokkebaen et Glimmen] ne sont pas submergés à

marée ba~s ee,qui est considérécomme suffisant d'après les règles
en vigueur en Norvège pour la détermination du territoire maritime.))
Dans le deuxième jugement du ro mai 1933, portant condamnation
du capitaine du Loch Torridon, et dont j'ai fait état dans mon exposé
devant la Cour (p. 363), le tribunal estima:

ccIl est considérécomme prouvé par les renseignements produits
au cours de la présente affaire que la roche de Tokkebâen n'est
pas submergée au niveau normal des eaux. JJ564 DUPLIQUE DE M. ARNTZEN (NORVÈGE) - 29 X 5I

Le seul point de base auquel nos adversaires ont fait des objections
dans leurs écritures, est le point no 21 : Vesterfallet i Gasan (Vester­
fallet iGasan est indiqué sur la carte n° 6 à l'annexe 75 de la Duplique).
Voir le paragraphe 124 (IV) du Mémoire, et les paragraphes 421 d)
et 491 de la Réplique.
Ces objections ont étéréfutées aux paragraphes rg6 et 226 de la
Duplique, ainsi que dans nos exposés oraux (pp. 358, 461, 463, 464,

479 et 480).
Je renvoie à ces explications et à la déclaration du Service hydro­
graphique du rg octobre l9Sl. déclaration gui coupe court au débat.
J'ajouterai seulement que, pour le point de base no 21 aussi, les
o.bjections sont sans portée pratique.
Si l'on écarte la thèse britannique selon laquelle les sèches ne sauraient
être utilisées comme points de base à moins qu'eUes ne soient situées
à une distance inférieure à 4 milles d'un territoire ne couvrant jamais­
restriction qui est sans fondement dans le droit international -, la
roche de Storfallet pourrait servir de point de base mêmeselon le point
de vue britannique. Or, la distance entre Vesterfallet i Gâsan et Stor­
fal!et est seulemeilt de 1 mille marin, de sorte que les lignes ne varieront

guère d'orientation ni de longueur, que l'on choisissel'une ou l'autre
de ces roches pour point de base.

*
* *
Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, c'est la dernière occasion
qui s'offre à moi de m'adresser à la Cour en cette affaire, et je ne voudrais
pas terminer ma duplique sans remercier .respectuevsement la Cour
de toute l'attention qu'elle a bien ":oulu réserver à nos longs exposés.
Le différend actuel a opposédeux Etats qui entretiennent, par ailleurs,
d'excellentes relations, et qui - sur nombre de points essentiels - se
sentent très près J'un de l'autre. Ils se fondent tous les deux sur le respect
de la loi.

Quelles gue soient les divergences des points de ·vue respectifs, nous
ne saurions oublier les liens traditionnels qui unissent les deux pays.
Je tiens à exprimer à sir Eric Beckett le plaisir que nous avons éprouvé
-en entendant les paroles par lesquelles il a terminé sa réplique.
Je remercie nos admis de l'autre côté de la barre de leur collaboration
et de la cordialité confraternelle qui n'a cessé de régner entre nous au
cours de ces débats.

Document Long Title

Procès-verbaux des séances publiques tenues au Palais de la Paix, à La Haye, du 25 septembre au 29 octobre et le 18 décembre 1951 sous la présidence de M. Basdevant, président

Links