COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
REQUÊTE
INTRODUCTIVE D’INSTANCE
enregistrée au Greffe de la Cour
le 19 février 2009
QUESTIONS CONCERNANT L’ObLIGATION
DE pOURSUIVRE OU D’ExTRADER
(bELGIQUE c. SéNéGAL)
INTERNATIONAL COURT OF JUSTICE
AppLICATION
INSTITUTING pROCEEDINGS
filed in the Registry of the Court
on 19 February 2009
QUESTIONS RELATING TO THE ObLIGATION
TO pROSECUTE OR ExTRADITE
(bELGIUM v. SENEGAL) 2
2009
Rôleogénéral
n 144
I. LETTRE DE L’AGENT ET DU COAGENT
DU ROyAUME DE bELGIQUE AU GREFFIER
DE LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
Le 17 février 2009.
Monsieur le Greffier,
Objet: Requête introductive d’instance du Royaume de belgique contre la Répu‑
blique du Sénégal
Veuillez trouver ci‑joint une requête introductive d’instance que le Royaume de
belgique a l’honneur de déposer contre la République du Sénégal, conformément
à l’article 40 du Statut de la Cour internationale de Justice et à l’article 38 de son
Règlement.
Le différend qui oppose la belgique au Sénégal porte sur l’inapplication par le
Sénégal de son obligation de réprimer des crimes de droit international humani‑
taire imputés à l’ancien président du Tchad, M. Hissène Habré, qui réside actuel‑
lement à Dakar, au Sénégal.
La belgique estime que le droit international qui lie les deux Etats oblige le Séné‑
gal, soit à poursuivre pénalement M. H. Habré, pour les faits qui lui sont imputés
à défaut de l’extrader vers la belgique.
L’acte introductif d’instance ci‑joint rappelle les faits qui sont à l’origine du dif‑
férend, et développe les moyens de droit qui fondent la présente requête, les bases
de compétence de la Cour ainsi que l’objet précis de la demande de la belgique.
Les coagents de la belgique sont, pour les besoins de la présente affaire,
M. paul Rietjens, directeur général des affaires juridiques du service public fédé‑
ral affaires étrangères, commerce extérieur et coopération au développement, et
Gérard Dive, chef du service droit international humanitaire du service public
fédéral justice. Toutes les communications relatives à la présente affaire devraient
être transmises à la représentation permanente du Royaume de belgique auprès
des institutions internationales à La Haye, à l’attention de M. yves Haesendonck,
ambassadeur, représentant permanent, Alexanderveld 97, 2585 Db La Haye.
En vous remerciant infiniment d’avance de l’attention que vous porterez à la
requête de la belgique, je vous prie d’agréer, Monsieur le Greffier, l’assurance de
ma haute considération.
L’agent du Gouvernement belge, Le coagent du Gouvernement belge,
directeur général des affaires chef du service
juridiques, service public fédéral droit international humanitaire,
affaires étrangères, commerce service public
extérieur et coopération au fédéral justice,
développement, (Signé) Gérard Dive. (Signé)
(Signé) paul Rietjens. (Signé) 3
2009
General List
No. 144
I. LETTER FROM THE AGENT AND CO‑AGENT
OF THE KINGDOM OF bELGIUM TO THE REGISTRAR OF
THE INTERNATIONAL COURT OF JUSTICE
[Translation]
17 February 2009.
Registrar,
Subject: Application instituting proceedings by the Kingdom of belgium against
the Republic of Senegal
please find herewith an Application instituting proceedings against the Republic
of Senegal which the Kingdom of belgium has the honour to submit pursuant to
Article 40 of the Statute of the International Court of Justice and Article 38 of the
Rules of Court.
The dispute between belgium and Senegal concerns Senegal’s failure to act
on its obligation to punish crimes under international humanitarian law alleged
against the former president of Chad, Mr. Hissène Habré, who is currently living
in Dakar, Senegal.
belgium takes the view that, under the international law which binds the two
States, Senegal is obliged to prosecute Mr. H. Habré for the acts alleged against
him, failing his extradition to belgium.
The enclosed Application instituting proceedings recalls the facts behind the dis‑
pute and sets out the legal grounds on which the Application is based, the bases for
the jurisdiction of the Court and the precise subject of belgium’s claim.
The Co‑Agents of belgium for the purposes of the present case are
Mr. paul Rietjens, Director‑General of Legal Affairs at the Federal public
Service for Foreign Affairs, Foreign Trade and Development Co‑operation, and
Mr. Gérard Dive, Head of the International Humanitarian Law Division of the
Federal public Service for Justice. All correspondence concerning this case should
be sent to the permanent Representation of the Kingdom of belgium to the inter‑
national institutions in The Hague, for the attention of Mr. yves Haesendonck,
Ambassador, permanent Representative, Alexanderveld 97, 2585 Db The Hague.
yours sincerely,
(Signed) paul Rietjens, (Signed) Gérard Dive,
Director‑General of Legal Affairs, Head of the International
Federal public Service for Foreign Humanitarian Law Division,
Affairs, Foreign Trade and Federal public Service for Justice,
Development Co‑operation, Co‑Agent of the Government of
Agent of the Government of the Kingdom of belgium.
the Kingdom of belgium. 4
II. REQUÊTE INTRODUCTIVE D’INSTANCE
TAbLE DES MATIèRES
I. Les faits, l’objet du différend et les moyens de droit
II. La compétence de la Cour internationale de Justice
III. Demandes de la belgique
IV. Liste des annexes
I. Les faits, l’objet du différend et les moyens de droit
1. La présente requête introductive d’instance devant la CIJ exposera les faits
qui sont à l’origine du différend opposant la belgique au Sénégal (A), l’objet du
différend (b) et les moyens de droit qui fondent la requête de la belgique (C).
A. Les faits
2. Les premières plaintes contre l’ancien président du Tchad, M. Hissène
Habré, sont déposées au Sénégal en 2000. C’est le 25 janvier 2000, en effet, qu’un
juge d’instruction sénégalais communique par ordonnance une plainte avec consti‑
tution de partie civile à l’encontre de M. H. Habré à l’attention du procureur de
la République près le tribunal régional hors classe de Dakar. Les plaignants com‑
prennent sept personnes physiques et une personne morale — l’Association des
victimes des crimes et répressions politiques (AVCRp).
Les plaignants s’estiment victimes de crimes de droit international humanitaire
(crimes contre l’humanité, tortures, «actes de barbarie», disparitions forcées).
A la suite de ces plaintes, le 3 février 2000, le doyen des juges d’instruction près
le tribunal régional hors classe de Dakar inculpe M. H. Habré de complicité de
«crimes contre l’humanité, d’actes de torture et de barbarie», et l’assigne à rési‑
dence (ann. 2).
Le 4 juillet 2000, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Dakar rejette
les plaintes et l’inculpation après avoir constaté que le «crime contre l’humanité»
ne fait pas partie du droit pénal sénégalais et que, même si le crime de torture est
prévu par le droit pénal sénégalais, les faits en cause ont été commis à l’étranger
par un étranger; or, l’article 669 du code de procédure pénale ne permet pas au
juge sénégalais d’exercer une compétence extraterritoriale de ce type.
3. Entre le 30 novembre 2000 et le 11 décembre 2001, un ressortissant belge d’ori‑
ginetchadienneetdesressortissantstchadiensdéposent,successivement,desplaintes
avec constitution de partie civile auprès de la justice belge contre l’ancien président
duTchad,M. HissèneHabré,pourdescrimesdedroitinternationalhumanitaire.
La compétence actuelle des juridictions belges étant fondée sur la plainte dépo‑
sée par un ressortissant belge d’origine tchadienne, la justice belge entend exercer
la compétence personnelle passive. 5
II. AppLICATION INSTITUTING pROCEEDINGS
[Translation]
CONTENTS
I. Facts, subject of the dispute and legal grounds
II. Jurisdiction of the International Court of Justice
III. belgium’s submissions
IV. List of annexes
I. Facts, Subject of the Dispute and Legal Grounds
1. This Application instituting proceedings before the ICJ will set out the facts
which lie behind the dispute between belgium and Senegal (A), the subject of
the dispute (b) and the legal grounds which form the basis of belgium’s Appli‑
cation (C).
A. The Facts
2. The first complaints against the former president of Chad, Mr. Hissène
Habré, were filed in Senegal in 2000: on 25 January 2000, a Senegalese investi‑
gating judge communicated to the procureur de la République at the Tribunal
régional hors classe in Dakar, by order, a complaint with civil‑party application
filed against Mr. H. Habré. Seven of the complainants were natural persons and
the eighth a legal person, the Association of Victims of political Repression and
Crime (AVpRC).
The complainants consider themselves to be victims of crimes under interna‑
tional humanitarian law (crimes against humanity, torture, “acts of barbarity”,
forced disappearances). Further to these complaints, the senior investigating judge
at the Tribunal régional hors classe in Dakar on 3 February 2000 indicted Mr. H.
Habré for complicity in “crimes against humanity, acts of torture and barbarity”
and placed him under house arrest (Ann. 2).
On 4 July 2000, the Chambre d’accusation of the Dakar Court of Appeal dis‑
missed the complaints and the indictment after finding that “crimes against
humanity” did not form part of Senegalese criminal law and that, while the crime
of torture was covered by Senegalese criminal law, the acts in question had been
committed abroad by an alien; Article 669 of the Code of Criminal procedure did
not empower a Senegalese court to exercise extraterritorial jurisdiction of this type.
3. between 30 November 2000 and 11 December 2001, a belgian national of
Chadian origin and Chadian nationals filed a series of criminal complaints with
civil‑party applications in the belgian courts against the former president of Chad,
Mr. Hissène Habré, for crimes under international humanitarian law.
As the present jurisdiction of the belgian courts is based on the complaint filed
by a belgian national of Chadian origin, the belgian courts intend to exercise pas‑
sive personal jurisdiction. 6
A l’époque du dépôt des plaintes, M. Hissène Habré n’était plus le président du
Tchad, qu’il avait dirigé du 7 juin 1982 au 1erdécembre 1990, date à laquelle il avait
été renversé par celui qui est devenu l’actuel président du Tchad, M. Idriss Déby.
Depuis 1990, M. H. Habré vit en exil, à Dakar, au Sénégal.
4. A la suite des plaintes et des réquisitions du procureur du roi, de nombreux
devoirs d’instruction judiciaire ont lieu entre le 30 novembre 2000, date du dépôt
de la plainte avec constitution de partie civile en belgique, et le 19 septembre 2005,
date à laquelle le juge d’instruction en charge du dossier décerne un mandat d’ar‑
rêt international à l’encontre de M. H. Habré (ann. 3). Ces devoirs d’instruction
comportent, notamment, deux commissions rogatoires internationales, l’une au
Tchad, et l’autre auprès des autorités sénégalaises. Cette dernière, datée du 19 sep‑
tembre 2001, a pour objet
— de faire parvenir en original ou en copie conforme l’ensemble du dossier de la
procédure instruite au Sénégal en cause de M. H. Habré;
— d’autoriser le transfert en belgique de tous documents, pièces et valeurs qui
auraient pu être saisis ou communiqués en la matière;
— de procéder ou faire procéder à toute autre audition ou tout acte d’instruction
utile à l’enquête.
Le 22 novembre 2001, le Sénégal adresse à la belgique un inventaire des pièces
relatives aux procédures qui ont eu lieu au Sénégal (plaintes, constitutions de par‑
ties civiles, ordonnance de placement de M. H. Habré en résidence surveillée du
3 février 2000, arrêts de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Dakar du
4 juillet 2000 et de la Cour de cassation du Sénégal du 20 janvier 2003).
5. Le 7 octobre 2002, le ministre de la justice du Tchad informe le juge d’instruc‑
tion belge du fait que les autorités compétentes tchadiennes ont levé l’immunité
dont M. H. Habré pourrait se prévaloir; il ne bénéficie plus d’aucune immunité de
juridiction depuis le 7 avril 1993 (ann. 4).
Entre 2002 et 2005, divers devoirs d’instruction sont exécutés en belgique, dont
notamment l’audition de parties plaignantes, de témoins et l’analyse des très nom‑
breuses pièces transmises par les autorités tchadiennes en exécution de la commis‑
sion rogatoire précitée (vingt‑sept classeurs de documents).
6. La chronologie des événements pertinents pour la présente cause, chronolo‑
gie fondée sur des échanges de notes verbales, est alors la suivante:
— 19 septembre 2005: le juge d’instruction belge décerne un mandat d’arrêt inter‑
national ou par défaut à l’encontre de M. H. Habré, «comme auteur ou coau‑
teur» de crimes de droit international humanitaire. Le mandat est transmis par
Interpol (notice rouge) au Sénégal; conformément aux pratiques en vigueur à
Interpol 1(dont la belgique et le Sénégal sont membres depuis, respectivement,
le 7 septembre 1923 et le 4 septembre 1961), cette notice vaut demande d’arres‑
tation provisoire en vue de l’extradition (ann. 3). Le mandat d’arrêt internatio‑
nal précise notamment que les immunités dont M. H. Habré pourrait souhaiter
se prévaloir ont été levées par le Tchad.
— 25 novembre 2005: la chambre d’accusation de la cour d’appel de Dakar se
déclare incompétente pour rendre un avis sur la demande d’extradition car elle
concernedesfaitscommisparunchefd’Etat«dansl’exercicedesesfonctions».
— 30 novembre 2005: la belgique demande au Sénégal quelles sont les implica‑
tions de cet arrêt sur la demande d’extradition de la belgique, quelle sera la
suite de la procédure et quelle est la position du Sénégal sur la demande d’ex‑
tradition de la belgique.
1
http://www.interpol.int/public/ICpO/LegalMaterials/FactSheets/FS13fr.asp. 7
by the time the complaints were filed, Mr. Hissène Habré had ceased to be presi‑
dentofChad,ofwhichhehadbeentheleaderfrom7June1982to1December1990,
when he was ousted by Mr. Idriss Déby, who went on to become the current presi‑
dent of Chad. Mr.H. Habré has lived in exile in Dakar, Senegal, since 1990.
4. Further to the complaints and to submissions by the belgian public prosecu‑
tor (procureur du Roi), numerous investigative measures were carried out between
30 November 2000, the date on which the complaint with civil‑party application
was filed in belgium, and 19 September 2005, when the investigating judge respon‑
sible for the case issued an international arrest warrant against Mr. H. Habré
(Ann. 3). Amongst these investigative measures were two international letters
rogatory, one addressed to Chad and the other to the Senegalese authorities. The
latter, dated 19 September 2001, aimed at
— obtaining the entire original record, or a certified copy thereof, of the investiga‑
tion in Senegal in the proceedings concerning Mr. H. Habré;
— securing authorization for the transfer to belgium of any and all documents,
papers and items of value which had been seized or produced in the case;
— carrying out or having carried out any other examination or any other investi‑
gation which would be helpful to the inquiry.
On 22 November 2001, Senegal sent belgium a list of documents concerning
the proceedings which had taken place in Senegal (complaints, civil‑party applica‑
tions, order of 3 February 2000 placing Mr. H. Habré under house arrest, judg‑
ments of the Chambre d’accusation of the Dakar Court of Appeal of 4 July 2000
and of the Court of Cassation of Senegal of 20 January 2003).
5. On 7 October 2002, the Minister of Justice of Chad informed the belgian
investigating judge that the competent Chadian authorities had lifted any immu‑
nity to which Mr. H. Habré might be entitled; he has not enjoyed any immunity
from jurisdiction since 7 April 1993 (Ann. 4).
between 2002 and 2005, various investigative measures were carried out in bel‑
gium; these included examining the complainants and witnesses and analysing the
voluminous documentation transmitted by the Chadian authorities in compliance
with the letter rogatory referred to above (27 files of documents).
6. As based on the Notes Verbales exchanged, the chronology of relevant events
in the present case is as follows:
— 19 September 2005: the belgian investigating judge issues an international
arrest warrant in absentia against Mr. H. Habré “as the perpetrator or co‑
perpetrator” of crimes under international humanitarian law. The warrant is
transmitted by Interpol (red notice) to Senegal; in accordance with Interpol
practice1 (belgium and Senegal having been members of Interpol since 7 Sep‑
tember 1923 and 4 September 1961, respectively), the notice serves as a request
for provisional arrest with a view to extradition (Ann. 3). The international
arrest warrant states that any immunities which Mr. H. Habré may seek to
claim have been lifted by Chad.
— 25 November 2005: the Chambre d’accusation of the Dakar Court of Appeal
holds that it is without jurisdiction to render an opinion on the request for
extradition since it concerns acts committed by a Head of State “in the exercise
of his functions”.
— 30 November 2005: belgium asks Senegal to describe: the implications of that
judgment for belgium’s extradition request; the steps to come in the proceed‑
ings; and Senegal’s position on belgium’s extradition request.
1
http://www.interpol.int/public/ICpO/LegalMaterials/FactSheets/FS13fr.asp. 8
— 7 décembre 2005: l’ambassade du Sénégal à bruxelles précise qu’en accueillant
M. H. Habré sur son territoire sans «chercher à le soustraire» à la justice, le
Sénégal traduit ainsi «ses valeurs traditionnelles d’hospitalité» et son «atta‑
chement aux principes de justice et de démocratie». par ailleurs, le Sénégal
indique qu’il saisit le sommet de l’Union africaine (UA) consécutivement à l’ar‑
rêt de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Dakar, qui s’est déclarée
incompétente quant à la demande d’extradition; ce faisant, le Sénégal estime
contribuer «à l’intégration politique du continent».
— 11 janvier 2006: la belgique prend note de la transmission du dossier à l’UA,
se réfère à la procédure de négociation visée à l’article 30 de la convention des
Nations Unies de 1984 contre la torture et prie le Sénégal de lui communiquer
sa décision finale sur la demande d’extradition belge.
— 9 mars 2006: la belgique rappelle que la procédure de négociation précitée est
en cours et demande au Sénégal si la transmission du dossier à l’UA signifie que
le Sénégal ne va ni juger M. H. Habré ni l’extrader vers la belgique.
— 9 mai 2006: le Sénégal déclare que, en transférant l’affaire au sommet de
l’Union africaine, il «se conforme à l’esprit de la règle aut dedere aut punire»
prévue à l’article 7 de la convention des Nations Unies de 1984 contre la tor‑
ture; l’article 7, paragraphe 1, dispose:
«L’Etat partie sur le territoire sous la juridiction duquel l’auteur pré‑
sumé d’une infraction visée à l’article 4 [actes de torture] est découvert, s’il
n’extrade pas ce dernier, soumet l’affaire dans les cas visés à l’article 5 [cas de
compétence territoriale, personnelle active, personnelle passive, universelle à
défaut d’extradition] à ses autorités compétentes pour l’exercice de l’action
pénale.»
— 20 juin 2006: en réponse à cette déclaration, la belgique constate l’échec des
négociations fondées sur l’article 30 de la convention précitée de 1984; elle rap‑
pelle l’existence du différend entre les deux Etats sur l’interprétation de l’ar‑
ticle 7 de cette convention et demande au Sénégal de recourir à la procédure
d’arbitrage prévue à l’article 30 de la convention.
— 20‑21 février 2007: le Sénégal souligne que sa décision de modifier la législa‑
tion sénégalaise dans le but d’organiser le procès de M. H. Habré se fonde
sur la décision prise à banjul le 2 juillet 2006, lors du sommet des chefs
d’Etat et de gouvernement de l’UA; à cet effet, le Sénégal a modifié son
code pénal et son code de procédure pénale, d’une part, en y intégrant l’in‑
crimination du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’huma‑
nité, d’autre part, en permettant au juge sénégalais d’exercer la compétence
universelle; selon le Sénégal, ce procès exige toutefois des moyens financiers
importants qu’il «ne saurait mobiliser sans le concours de la communauté
internationale»; le Sénégal dit qu’il a besoin de 27 500 000 euros pour orga‑
niser ce procès; à titre de comparaison, les trois procès tenus en belgique
relatifs aux événements qui se sont passés au Rwanda en avril‑juillet 1994
ont coûté, selon la direction générale de l’ordre judiciaire du service public
fédéral belge justice:
— procès des «quatre de butare» (affaire Ntezimana et al.), 2001,
233 496,59 euros;
— affaire Nzabonimana et al., 2005, 308 345,56 euros;
— affaire Ntuyahaga, 2007, 219 117,90 euros (estimation provisoire au
31 août 2008). 9
— 7 December 2005: Senegal’s embassy in brussels states that, by hosting
Mr. H. Habré in its territory without “seeking to shield him” from justice,
Senegal is giving expression to “its traditional values of hospitality” and “its
attachment to the principles of justice and democracy”. Senegal further indi‑
cates that it is referring the matter to the African Union (AU) summit follow‑
ing the judgment by the Chambre d’accusation of the Dakar Court of Appeal,
which declared itself to be without jurisdiction in respect of the request for
extradition; Senegal considers that by doing so it is contributing “to the politi‑
cal integration of the continent”.
— 11 January 2006: belgium takes note that the case has been passed on to the
AU, refers to the negotiation procedure contemplated in Article 30 of the
1984 United Nations Convention against Torture and requests Senegal to
inform belgium of its final decision on belgium’s request for extradition.
— 9March2006:belgiumpointsoutthatthenegotiationprocessreferredtoabove
is continuing and asks Senegal whether the submission of the matter to the AU
means that Senegal will neither try Mr. H. Habré nor extradite him to belgium.
— 9 May 2006: Senegal asserts that, in transferring the case to the African Union
summit, it “is complying with the spirit of the rule aut dedere aut punire” laid
down in Article 7 of the 1984 United Nations Convention against Torture;
Article 7, paragraph 1, provides:
“The State party in the territory under whose jurisdiction a person alleged
to have committed any offence referred to in article 4 [acts of torture] is
found shall in the cases contemplated in article 5 [cases of territorial, active
personal, passive personal, or universal jurisdiction or of failure to extra‑
dite], if it does not extradite him, submit the case to its com petent authorities
for the purpose of prosecution.”
— 20 June 2006: in response to that assertion, belgium observes that the negotia‑
tions based on Article 30 of the above‑cited 1984 Convention have failed; it
notes that there is a dispute between the two States concerning the interpreta‑
tion of Article 7 of the Convention and asks Senegal to submit to the arbitra‑
tion process contemplated by Article 30 of the Convention.
— 20‑21 February 2007: Senegal states that its decision to amend Senegalese
legislation so as to make provision for Mr. H. Habré’s trial is based on the
decision taken at banjul on 2 July 2006 at the Summit of African Union
Heads of State and Government; to that end, Senegal amended its penal Code
and Code of Criminal procedure to include the offences of genocide, war
crimes and crimes against humanity and to enable Senegalese courts to exer‑
cise universal jurisdiction; according to Senegal, the trial will however call
for significant financial resources which it “would be unable to raise with‑
out assistance from the international community”; Senegal says that it needs
€27,500,000 to hold the trial; by way of comparison, according to the Directo‑
rate‑General of the Judicial System of the belgian Federal public Service for
Justice, the three trials held in belgium concerning the events in Rwanda in
April‑July 1994 cost:
— trial of the “butare Four” (Ntezimana et al.), 2001, €233,496.59;
— Nzabonimana et al., 2005, €308,345.56;
— Ntuyahaga, 2007, €219,117.90 (provisional estimate at 31 August 2008). 10
pour chacun de ces procès, plusieurs dizaines de personnes venues de l’étranger
ont comparu à titre de témoins devant la cour d’assises; leurs frais de déplace‑
ment et d’hébergement ont été pris en charge par l’Etat belge.
Les dernières estimations émanant des autorités sénégalaises en vue de couvrir
l’ensemble de la procédure judiciaire à charge de M. H. Habré s’élèvent à plus
de 16 000 000 euros.
— 8 mai 2007: la belgique rappelle une fois de plus le différend qui l’oppose au
Sénégal et lui demande si les nouvelles dispositions législatives précitées vont
permettre au Sénégal de poursuivre M. H. Habré à défaut de l’extrader vers la
belgique, et dans quel délai; la belgique est prête à collaborer avec la justice
sénégalaise dans le cadre des règles applicables en matière de coopération judi‑
ciaire internationale (ann. 5).
— 2 décembre 2008: la belgique rappelle à nouveau l’existence du différend
et demande que les droits des plaignants belges d’origine tchadienne soient
pris en compte par la justice sénégalaise; la belgique rappelle également sa
disponibilité dans le cadre des règles applicables en matière de coopération
judiciaire internationale, et demande au Sénégal de lui communiquer les coor‑
données du magistrat instructeur et du magistrat du parquet désignés à cet
effet (ann. 6).
A ce jour, la belgique n’a reçu aucune réponse aux notes verbales du 8 mai 2007
et du 2 décembre 2008.
B. L’objet du différend
7. Des faits rapportés ci‑dessus, la belgique tire les conclusions suivantes:
— depuis 2001, la belgique demande que M. H. Habré soit traduit en justice pour
répondre des faits qui lui sont imputés;
— ces faits peuvent être qualifiés, notamment, de crimes contre l’humanité et de
tortures (infra, par. 11‑12);
— depuis2005,labelgiquedemandeauSénégaldejugerdirectementM.H.Habré
pour ces faits à défaut de l’extrader vers la belgique;
— lesdemandesbelgessontbasées,d’unepart,surlaconventiondesNationsUnies
du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements inhu‑
mains ou dégradants, d’autre part, sur l’obligation coutumière de réprimer les
crimes contre l’humanité;
— ces demandes sont fondées sur des règles conventionnelles et coutumières de
droit international;
— le Sénégal ne répond pas concrètement aux demandes de la belgique.
8. Il existe donc un différend entre le Sénégal et la belgique sur l’application de
la convention de 1984 et sur l’application de l’obligation coutumière de répression
des crimes contre l’humanité. La belgique estime que le Sénégal ne remplit pas ses
obligations conventionnelles et coutumières.
9. Le Sénégal semble prétendre s’y conformer en déférant l’affaire à l’UA. La
belgique constate que cela n’a encore conduit à aucune procédure pénale à l’en‑
contre de M. H. Habré: le Sénégal n’applique pas les règles internationales l’obli‑
geant à poursuivre M. H. Habré à défaut de l’extrader vers la belgique, ou il les
interprète de manière erronée. Il existe donc bien un différend entre le Sénégal et
la belgique, différend portant sur l’application et l’interprétation des obligations
conventionnelles et coutumières internationales applicables à la répression de la
torture et des crimes contre l’humanité. 11
In each of these trials, several dozen people came from abroad to testify as wit‑
nesses in the Assize Court; their travel and lodging expenses were paid by the
belgian State.
The most recent estimates from the Senegalese authorities of the amounts
needed to cover the full judicial proceedings against Mr. H. Habré total more
than €16,000,000.
— 8 May 2007: belgium again refers to the dispute between it and Senegal and
asks Senegal whether the new legislative provisions referred to above will
enable Senegal to prosecute Mr. H. Habré, failing his extradition to belgium,
and in what time frame; belgium is prepared to work with the Senegalese
judicial authorities within the framework of the rules governing international
judicial co‑operation (Ann. 5).
— 2 December 2008: belgium once more draws attention to the existence of the
dispute and asks that the rights of the belgian complainants of Chadian origin
be taken into consideration by the Senegalese courts; belgium also reiterates its
willingness to co‑operate pursuant to the rules governing international judicial
co‑operation and asks Senegal to provide the contact details for the investi‑
gating judge and prosecutor appointed in that connection (Ann. 6).
belgium has yet to receive any response to the Notes Verbales of 8 May 2007
and 2 December 2008.
B. Subject of the Dispute
7. From the facts set out above, belgium draws the following conclusions:
— since 2001, belgium has been requesting that Mr. H. Habré should be brought
to trial to answer for the acts alleged against him;
— those acts can be characterized as including crimes against humanity and acts
of torture (see paras. 11‑12 below);
— since2005,belgiumhasbeenaskingSenegaltoprosecuteMr.H.Habrédirectly
for those acts, failing his extradition to belgium;
— belgium’s claims are based on the United Nations Convention against Tor‑
ture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or punishment of
10 December 1984, and on the customary obligation to punish crimes against
humanity;
— those claims are founded on conventional and customary rules of international
law;
— Senegal has failed, in practical terms, to provide a response to belgium’s
requests.
8. A dispute therefore exists between Senegal and belgium over the application
of the 1984 Convention and over the application of the customary obligation to
punish crimes against humanity. belgium takes the view that Senegal is not fulfill‑
ing its conventional and customary obligations.
9. Senegal appears to claim to have complied with these by referring the case
to the AU. belgium notes that this has not yet led to any criminal proceedings
against Mr. H. Habré: Senegal is not applying the international rules that oblige
it to prosecute Mr. H. Habré, failing his extradition to belgium, or is interpreting
those rules incorrectly. A dispute between Senegal and belgium therefore exists,
relating to the application and interpretation of conventional and customary
international obligations regarding the punishment of torture and crimes against
humanity. 12
C. Les moyens de droit
10. La belgique fonde la présente requête sur le droit conventionnel et sur le
droit international coutumier.
11. Au regard du droit international conventionnel, l’abstention du Sénégal de
poursuivre M. H. Habré à défaut de l’extrader vers la belgique pour répondre des
faits de torture qui lui sont imputés viole la convention de 1984 contre la torture,
notamment l’article 5, paragraphe 2, l’article 7, paragraphe 1, l’article 8, para‑
graphe 2, et l’article 9, paragraphe 1.
12. Au regard de la coutume internationale, l’abstention du Sénégal de pour‑
suivre M. H. Habré à défaut de l’extrader vers la belgique pour répondre des
crimes contre l’humanité qui lui sont imputés viole l’obligation générale de répri‑
mer les crimes de droit international humanitaire que l’on trouve dans de nom‑
breux textes de droit dérivé (actes institutionnels d’organisations internationales)
et de droit conventionnel.
Les crimes imputés à M. H. Habré peuvent être qualifiés, notamment, de
crimes contre l’humanité. A l’époque où M. H. Habré était président du Tchad
(1982‑1990), une politique massive de violations des droits humains a été menée
contre les opposants politiques, des membres de leurs familles et des personnes
appartenant à certains groupes ethniques — les Hadjerai (1987) et les Zaghawa
(1989). Selon un rapport de la Commission d’enquête nationale du ministère tcha‑
dien de la justice (1992), plus de 40 000 personnes auraient été sommairement exé‑
2
cutées ou seraient mortes en détention .
De tels faits correspondent à la définition des crimes contre l’humanité, à savoir
des homicides et des tortures «commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou
systématique lancée contre toute population civile»; ces éléments de définition du
crime contre l’humanité sont l’expression de la coutume internationale exprimée,
notamment, par le Statut de la Cour pénale internationale (CpI) (art. 7) 3qui lie le
Sénégal et la belgique depuis, respectivement, le 2 février 1999 et le 26 juin 2000.
L’obligation de poursuivre les auteurs de tels crimes figure dans des résolutions
de l’Assemblée générale des Nations Unies (voir, par exemple, la résolution 3074
(xxVIII), par. 1), le projet de code des crimes contre la paix et la sécurité de l’hu‑
manité adopté en 1996 par la Commission du droit international (art. 9), et dans
les nombreux appels de la communauté internationale à lutter contre l’impunité
(voir, par exemple, le Statut de la CpI, préambule, considérants 4‑6, l’acte consti‑
tutif de l’Union africaine, art. 4 c), diverses résolutions du Conseil de sécurité 4).
*
II. La compétence de la Cour internationale de Justice
13. La belgique et le Sénégal sont Membres des Nations Unies depuis, respec‑
tivement, 1945 et 1960. parties à la Charte, ils sont également liés par le Statut de
la CIJ (Charte, art. 93).
Tous deux ont reconnu la compétence de la CIJ par des déclarations unilatérales
2
Rapport de la Commission d’enquête nationale du ministère tchadien de la justice sur les
(1992), paris, L’Harmattan, 1993.r l’ex‑président Hissène Habré, ses co‑auteurs et complices
3 TpIy, affaire IT‑95‑17/1‑T, Furundzija, 10 décembre 1998, par. 227.
4 par exemple, S/Rés/1318, 7 septembre 2000, VI; S/Rés/1325, 31 octobre 2000, par. 11;
S/Rés/1820, 19 juin 2008, par. 4; etc. 13
C. Legal Grounds
10. belgium founds this Application on conventional law and customary inter‑
national law.
11. Under conventional international law, Senegal’s failure to prosecute
Mr. H. Habré, if he is not extradited to belgium to answer for the acts of torture
that are alleged against him, violates the Convention against Torture of 1984, in
particular Article 5, paragraph 2, Article 7, paragraph 1, Article 8, paragraph 2,
and Article 9, paragraph 1.
12. Under customary international law, Senegal’s failure to prosecute
Mr. H. Habré, or to extradite him to belgium to answer for the crimes against
humanity which are alleged against him, violates the general obligation to punish
crimes under international humanitarian law which is to be found in numerous
texts of secondary law (institutional acts of international organizations) and treaty
law.
The crimes alleged against Mr. H. Habré can be characterized as including
crimes against humanity. At the time when Mr. H. Habré was president of Chad
(1982‑1990), a policy of widespread human rights violations was carried out
against political opponents, members of their families and members of certain
ethnic groups: the Hadjerai in 1987 and the Zaghawa in 1989. According to a
report by the National Committee of Enquiry of the Chadian Ministry of Justice
(1992), over 40,000 persons were summarily executed or died in detention 2.
Such acts correspond to the definition of crimes against humanity, namely mur‑
ders and acts of torture “committed as part of a widespread or systematic attack
directed against any civilian population”; these defining elements of crimes against
humanity reflect customary international law as expressed, for example, by the
Statute of the International Criminal Court (ICC) (Art. 7) 3, by which Senegal and
belgium have been bound since 2 February 1999 and 26 June 2000, respectively.
The obligation to prosecute the perpetrators of such crimes is indicated in the
resolutions of the General Assembly of the United Nations (see, for example,
resolution 3074 (xxVIII), para. 1), the Draft Code of Crimes against the peace
and Security of Mankind adopted by the International Law Commission in 1996
(Art. 9), and in numerous calls by the international community to combat
impunity (see, for example, the preamble of the Statute of the ICC, 4th‑6th con‑
sideranda, the Constitutive Act of the African Union, Article 4 (c), and various
Security Council resolutions 4).
*
II. Jurisdiction of the International Court of Justice
13. belgium and Senegal have been Members of the United Nations since 1945
and 1960, respectively. As parties to the Charter, they are also bound by the
Statute of the ICJ (United Nations Charter, Art. 93).
both have recognized the jurisdiction of the ICJ by unilateral declarations made
2
Rapport de la Commission d’enquête nationale du ministère tchadien de la justice sur les
(1992), paris, L’Harmattan, 1993.r l’ex‑président Hissène Habré, ses co‑auteurs et complices
3 ICTy, Case No. IT‑95‑17/1‑T, Furundzija, 10 December 1998, para. 227.
4 For example, S/Res/1318, 7 September 2000, VI; S/Res/1325, 31 October 2000,
para. 11; S/Res/1820, 19 June 2008, para. 4; etc. 14
faites sur la base de l’article 36, paragraphe 2, du Statut, le 17 juin 1958 (bel‑
gique) et le 2 décembre 1985 (Sénégal) (ann. 1). Ces déclarations, qui n’ont pas été
dénoncées, prévoient que la CIJ peut trancher tout différend juridique portant,
notamment, sur l’interprétation ou sur l’application d’une règle de droit interna‑
tional. In casu, la belgique estime que le Sénégal ne remplit pas son obligation
de réprimer les crimes contre l’humanité et les crimes de torture. Il s’agit donc
bien d’un différend juridique portant sur l’interprétation et l’application de normes
internationales, conventionnelles (pour la torture) et coutumières (pour les crimes
contre l’humanité).
14. Les deux Etats sont parties à la convention des Nations Unies du
10décembre1984contrelatorturedepuisle21août1986(Sénégal)etle25juin1999
(belgique). La convention est en vigueur depuis le 26 juin 1987. L’article 30 de la
convention dispose que tout différend entre deux Etats parties concernant l’in‑
terprétation ou l’application de la convention qui n’a pu être réglé par voie de
négociation ou d’arbitrage peut être soumis à la CIJ par l’un des Etats. In casu, la
belgique négocie avec le Sénégal depuis 2005 pour que celui‑ci poursuive directe‑
ment M. H. Habré à défaut de l’extrader vers la belgique. Le Sénégal n’ayant pas
donné concrètement suite à cette alternative, la belgique se trouve confrontée à
une situation de non possumus 5on volumus qui épuise l’obligation de résoudre le
différend par la négociation .
Quant à l’arbitrage, la belgique l’a proposé au Sénégal, le 20 juin 2006 (ann. 7).
Celui‑ci n’a pas donné suite à cette demande ni dans les six mois ni plus tard, alors
que la belgique n’a cessé de confirmer par notes verbales la persistance du différend
à ce sujet.
15. Les négociations entre les deux Etats courent vainement depuis 2005. Leur
échec a été constaté par la belgique le 20 juin 2006 (ann. 7). par ailleurs, la pro‑
position de recourir à l’arbitrage n’a reçu aucune suite de la part des autorités
sénégalaises. par conséquent, les conditions de l’article 30 sont remplies pour que
la belgique saisisse la Cour de son différend sur l’interprétation et l’application de
la convention de 1984.
*
III. Demandes de la belgique
16. La belgique prie respectueusement la Cour de dire et juger que
— la Cour est compétente pour connaître du différend qui oppose le Royaume
de belgique à la République du Sénégal en ce qui concerne le respect par le
Sénégal de son obligation de poursuivre M. H. Habré ou de l’extrader vers la
belgique aux fins de poursuites pénales;
— la demande belge est recevable;
— la République du Sénégal est obligée de poursuivre pénalement M. H. Habré
pour des faits qualifiés notamment de crimes de torture et de crimes contre
l’humanité qui lui sont imputés en tant qu’auteur, coauteur ou complice;
— à défaut de poursuivre M. H. Habré, la République du Sénégal est obligée de
l’extrader vers le Royaume de belgique pour qu’il réponde de ces crimes devant
la justice belge.
5 o o
Concessions Mavrommatis en Palestine, arrêt n 2, 1924, C.P.J.I. série A n 2, p. 13;
Applicabilité de l’obligation d’arbitrage en vertu de la section 21 de l’accord du 26 juin 1947
relatif au siège de l’Organisation des Nations Unies, avis consultatif, C.I.J. Recueil 1988, p. 33. 15
on the basis of Article 36, paragraph 2, of the Statute, on 17 June 1958 (belgium)
and 2 December 1985 (Senegal) (Ann. 1). These declarations, which have not been
revoked, state that the ICJ may settle any legal dispute concerning, in particular,
the interpretation or application of a rule of international law. In this case, bel‑
gium takes the view that Senegal is not fulfilling its obligation to punish crimes
against humanity and crimes of torture. There is thus a legal dispute concerning
the interpretation and application of international treaty norms (in respect of tor‑
ture) and customary norms (in respect of crimes against humanity).
14. The two States have been parties to the United Nations Convention against
Torture of 10 December 1984 since 21 August 1986 (Senegal) and 25 June 1999
(belgium). The Convention has been in force since 26 June 1987. Article 30 of the
Convention provides that any dispute between two States parties concerning the
interpretation or application of the Convention which it has not been possible to
settle through negotiation or arbitration may be submitted to the ICJ by one of the
States. In this instance, belgium has been negotiating with Senegal since 2005 for
the latter to prosecute Mr. H. Habré directly, failing his extradition to belgium.
As Senegal has taken no action on these alternatives in practical terms, belgium is
now in a situation where the other party has declared itself unable, or refuses, to
give way, thereby exhausting the obligation to settle the dispute by negotiation 5.
As for arbitration, belgium suggested this to Senegal on 20 June 2006 (Ann. 7).
It failed to respond to that request either in the following six months or subse‑
quently, whereas belgium has persistently confirmed in Notes Verbales that a dis‑
pute on this subject continues to exist.
15. Negotiations between the two States have continued unsuccessfully since
2005. On 20 June 2006, belgium observed that they had failed (Ann. 7). In addi‑
tion, the suggestion of recourse to arbitration did not elicit any response from
the Senegalese authorities. Consequently, the conditions in Article 30 have been
fulfilled so as to allow belgium to bring its dispute over the interpretation and
application of the 1984 Convention before the Court.
*
III. belgium’s Submissions
16. belgium respectfully requests the Court to adjudge and declare that:
— the Court has jurisdiction to entertain the dispute between the Kingdom of
belgium and the Republic of Senegal regarding Senegal’s compliance with its
obligation to prosecute Mr. H. Habré or to extradite him to belgium for the
purposes of criminal proceedings;
— belgium’s claim is admissible;
— the Republic of Senegal is obliged to bring criminal proceedings against
Mr. H. Habré for acts including crimes of torture and crimes against humanity
which are alleged against him as perpetrator, co‑perpetrator or accomplice;
— failing the prosecution of Mr. H. Habré, the Republic of Senegal is obliged
to extradite him to the Kingdom of belgium so that he can answer for these
crimes before the belgian courts.
5 Mavrommatis Palestine Concessions, Judgment No. 2, 1924, P.C.I.J., Series A, No. 2,
p. 13; Applicability of the Obligation to Arbitrate under Section 21 of the United Nations
Headquarters Agreement of 26 June 1947, Advisory Opinion, I.C.J. Reports 1988, p. 33. 16
17. La belgique se réserve le droit de modifier et de compléter les termes de la
présente requête. Afin de ne pas alourdir inutilement celle‑ci, la belgique a limité
les annexes qui s’y rapportent. Des annexes plus nombreuses seront jointes au
mémoire de la belgique sur le fond, sauf souhait contraire de la Cour.
18. Conformément à l’article 31, paragraphe 2, du Statut et à l’article 35 du
Règlement, la belgique se réserve le droit de désigner un juge ad hoc.
19. Conformément à l’article 41 du Statut, la belgique demande à la Cour d’in‑
diquer des mesures conservatoires. Cette demande est précisée dans un acte dis‑
tinct de la présente requête.
L’agent du Gouvernement Le coagent du Gouvernement
du Royaume de belgique, du Royaume de belgique,
directeur des affaires juridiques, chef du service de droit
service public fédéral des affaires international humanitaire,
étrangères, du commerce extérieur service public fédéral justice,
et de la coopération au (Signé) Gérard Dive. (Signé)
développement,
(Signé) paul Rietjens. (Signé) 17
17. belgium reserves the right to revise or supplement the terms of this Appli‑
cation. In order not to make the Application unduly long, belgium has limited
the number of annexes to it. A larger number of annexes will be included with
belgium’s Memorial on the merits, unless the Court wishes otherwise.
18. pursuant to Article 31, paragraph 2, of the Statute and Article 35 of the
Rules of Court, belgium reserves the right to choose a judge ad hoc.
19. pursuant to Article 41 of the Statute, belgium is requesting the Court to
indicate provisional measures. That request is set out in a separate document from
this Application.
(Signed) paul Rietjens, (Signed) Gérard Dive,
Director‑General of Legal Affairs, Head of the International
Federal public Service Humanitarian Law Division,
for Foreign Affairs,
Federal public Service for Justice,
Foreign Trade Co‑Agent of the Government of
and Development Co‑operation, the Kingdom of belgium.
Agent of the Government of
the Kingdom of belgium. 18
IV. Liste des annexes
Annexe 1. Déclarations d’acceptation de la juridiction de la CIJ par la belgique
et le Sénégal.
Annexe2. 3février2000,inculpationetassignationàrésidencedeM.H.Habrépar
le doyen des juges d’instruction près le tribunal régional hors classe de Dakar.
Annexe 3. Mandat d’arrêt international du 19 septembre 2005, délivré par le juge
d’instruction belge en charge du dossier.
Annexe 4. Lettre du 7 octobre 2002 du ministre de la justice du Tchad levant l’im‑
munité dont M. H. Habré pourrait se prévaloir.
Annexe 5. Note verbale du 8 mai 2007 adressée par l’ambassade de belgique à
Dakar au ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal.
Annexe 6. Note verbale du 2 décembre 2008 adressée par l’ambassade de belgique
à Dakar au ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal.
Annexe 7. Note verbale du 20 juin 2006 adressée par l’ambassade de belgique à
Dakar au ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal. 19
IV. List of Annexes
Annex 1. Declarations recognizing the jurisdiction of the ICJ by belgium and
Senegal.
Annex 2. 3 February 2000, indictment and placing under house arrest of
Mr. H. Habré by the senior investigating judge of the Dakar Tribunal régional
hors classe.
Annex 3. International arrest warrant of 19 September 2005 issued by the belgian
investigating judge responsible for the case.
Annex 4. Letter of 7 October 2002 from the Minister of Justice of Chad lifting any
immunity which might be claimed by Mr. H. Habré.
Annex 5. Note Verbale of 8 May 2007 from the belgian Embassy in Dakar to the
Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal.
Annex 6. Note Verbale of 2 December 2008 from the belgian Embassy in Dakar
to the Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal.
Annex 7. Note Verbale of 20 June 2006 from the belgian Embassy in Dakar to the
Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal. 20
Annexe 1
Déclarations d’acceptation de la juridiction de la CIJ
par la belgique et le Sénégal
Compétence — Etats admis à ester devant la Cour* 1
Etats Membres des Nations Unies
Etats non membres des Nations Unies parties au Statut
Etats non parties au Statut auxquels la Cour peut être ouverte
Vous trouverez ci‑après le texte des déclarations faites en vertu de l’article 36,
paragraphe 2, du Statut qui ne sont pas expirées ou n’ont pas été remplacées ou
retirées avant le 31 juillet 2002. Le fait qu’une déclaration figure ou ne figure pas
dans cette section est sans préjudice de son application éventuelle par la Cour dans
une affaire déterminée.
En application de l’article 36, paragraphe 5, du Statut de la Cour internatio‑
nale de Justice, la présente section contient aussi le texte des déclarations faites
en application du Statut de la Cour permanente de Justice internationale qui ne
sont pas devenues caduques ou n’ont pas été retirées. Elles sont actuellement au
nombre de six.
Les déclarations déposées par soixante‑cinq Etats au total sont reproduites
ci‑après en français. Quand cette langue n’est pas la langue de l’original, les traduc‑
tions utilisées sont, sauf exceptions expressément signalées, celles du Secrétariat
de l’Organisation des Nations Unies ou du Secrétariat de la Société des Nations.
La date indiquée après le nom de l’Etat est celle à laquelle la déclaration a été
déposée.
belgique
Déclarations d’acceptation de la juridiction obligatoire de la Cour
belgique — 17 juin 1958
Au nom du Gouvernement belge, je déclare reconnaître comme obligatoire de
plein droit et sans convention spéciale vis‑à‑vis de tout autre Etat acceptant la
même obligation la juridiction de la Cour internationale de Justice, conformément
à l’article 36, paragraphe 2, du Statut de la Cour, sur tous les différends d’ordre
juridique nés après le 13 juillet 1948 au sujet de situations ou de faits postérieurs
à cette date, sauf le cas où les parties auraient convenu ou conviendraient d’avoir
recours à un autre mode de règlement pacifique.
* Source: http://www.icj‑cij.org/jurisdiction/index.php?p1=5&p2=1&p3=3. [Traduction
du Greffe.] 21
Annex 1
Declarations Recognizing the Jurisdiction of the ICJ
by belgium and Senegal
Jurisdiction — States Entitled to Appear before the Court* 1
States, Members of the United Nations
States, not Members of the United Nations, parties to the Statute
States, not parties to the Statute, to which the Court may be open
The texts of declarations under Article 36, paragraph 2, of the Statute, which
had not expired by effluxion of time, or whose withdrawal or replacement had not
been notified by 31 July 2002 will be found below. The fact that a declaration is or
is not included in this section is without prejudice to its possible application by the
Court in a particular case.
In view of the provisions of Article 36, paragraph 5, of the Statute of the Inter‑
national Court of Justice, the present section also contains the texts of declarations
made under the Statute of the permanent Court of International Justice which
have not lapsed or been withdrawn. There are now six such declarations.
The declarations, deposited by a total of 65 States, are given here in English.
Where this is not the original language of the declaration, the translations used,
except where otherwise indicated, are by the Secretariat of the United Nations or
of the League of Nations.
The date shown after the name of the State is that on which the declaration was
deposited.
belgium
Declarations Recognizing as Compulsory the Jurisdiction of the Court
belgium — 17 June 1958
[Translation from the French]
I declare on behalf of the belgian Government that I recognize as compulsory
ipso facto and without special agreement, in relation to any other State accept‑
ing the same obligation, the jurisdiction of the International Court of Justice, in
conformity with Article 36, paragraph 2, of the Statute of the Court, in legal dis‑
putes arising after 13 July 1948 concerning situations or facts subsequent to that
date, except those in regard to which the parties have agreed or may agree to have
recourse to another method of pacific settlement.
* Source: http://www.icj‑cij.org/jurisdiction/index.php?p1=5&p2=1&p3=3. [Note by the
Registry.] 22
La présente déclaration est faite sous réserve de ratification. Elle entrera en
vigueur le jour du dépôt de l’instrument de ratification, pour une période de cinq
ans. A l’expiration de cette période, elle restera en vigueur jusqu’à notification de
son abrogation.
bruxelles, le 3 avril 1958.
Le ministre des affaires étrangères,
(Signé) V. Larock. (Signé)
Sénégal
Déclarations d’acceptation de la juridiction obligatoire de la Cour
Sénégal — 2 décembre 1985
J’ai l’honneur, au nom du Gouvernement de la République du Sénégal, de décla‑
rer que, conformément au paragraphe II de l’article 36 du Statut de la Cour inter‑
nationale de Justice, il accepte sous condition de réciprocité, comme obligatoire
de plein droit et sans convention spéciale, à l’égard de tout autre Etat acceptant la
même obligation, la juridiction de la Cour sur tous les différends d’ordre juridique
nés postérieurement à la présente déclaration ayant pour objet:
— l’interprétation d’un traité;
— tout point de droit international;
— la réalité de tout fait qui, s’il était établi, constituerait la violation d’un engage‑
ment international;
— la nature ou l’étendue de la réparation due pour la rupture d’un engagement
international.
Cette présente déclaration est faite sous condition de réciprocité de la part de
tous les Etats. Cependant, le Sénégal peut renoncer à la compétence de la Cour
au sujet:
— des différends pour lesquels les parties seraient convenues d’avoir recours à un
autre mode de règlement;
— des différends relatifs à des questions qui, d’après le droit international, relè‑
vent de la compétence exclusive du Sénégal.
Enfin, le Gouvernement de la République du Sénégal se réserve le droit de com‑
pléter, modifier ou retirer les réserves ci‑dessus, à tout moment, moyennant notifi‑
cation adressée au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.
Une telle notification prendrait effet à la date de sa réception par le Secrétaire
général.
Dakar, le 22 octobre 1985.
(Signé) Ibrahima Fall, (Signé)
ministre des affaires étrangères
de la République du Sénégal. 23
This declaration is made subject to ratification. It shall take effect on the day of
deposit of the instrument of ratification for a period of five years. Upon the expiry
ofthatperiod,itshallcontinuetohaveeffectuntilnoticeofitsterminationisgiven.
brussels, 3 April 1958.
(Signed) V. Larock, (Signed)
Minister for Foreign Affairs.
Senegal
Declarations Recognizing as Compulsory the Jurisdiction of the Court
Senegal — 2 December 1985
[Translation from the French]
I have the honour, on behalf of the Government of the Republic of Senegal, to
declare that, in conformity with Article 36, paragraph 2, of the Statute of the Inter‑
national Court of Justice, it accepts, on condition of reciprocity as compulsory ipso
facto and without special convention, in relation to any other State accepting the
same obligation, the jurisdiction of the Court over all legal disputes arising after
the present declaration, concerning:
— the interpretation of a treaty;
— any question of international law;
— the existence of any fact which, if established, would constitute a breach of an
international obligation;
— the nature or extent of the reparation to be made for the breach of international
obligation.
This declaration is made on condition of reciprocity on the part of all States.
However, Senegal may reject the Court’s competence in respect of:
— disputes in regard to which the parties have agreed to have recourse to some
other method of settlement;
— disputes with regard to questions which, under international law, fall exclu‑
sively within the jurisdiction of Senegal.
Lastly, the Government of the Republic of Senegal reserves the right at any
time, by means of a notification addressed to the Secretary‑General of the United
Nations, to add to, amend or withdraw the foregoing reservations.
Such notification would take effect on the date of its receipt by the Secretary‑
General.
Dakar, 22 October 1985.
(Signed) Ibrahima Fall,
Minister for Foreign Affairs
of the Republic of Senegal. 24
Annexe 2
3 février 2000,
inculpation et assignation à résidence
de M. H. Habré par le doyen des juges d’instruction
près le tribunal hors classe de Dakar
Transcription
Cour d’appel de Dakar 7/48
Tribunal régional hors classe de Dakar
(illisible) Cabinet d’instruction 11
R.I.: 13/2000
Nous, Demba Kandji, doyen des juges d’instruction du tribunal régional hors
classe de Dakar;
Vu l’information suivie contre Hissein Habré, né en 1942 à Faya‑Largeau
(République du Tchad), demeurant à Ouakam, cité Africa, villa n o12, inculpé de
complicité d’actes de torture et de barbarie;
Vu l’article 130 du Code de procédure pénale;
Vu l’arrêté ministériel n 2974 en date du 6 juin 1986;
Attendu que M. Hissein Habré, ancien président de la République du Tchad
o
(illisible) Dakar à la villa n2 de la cité Africa à Ouakam et Almadies, route de
Ngor, du fait d’un asile politique à lui accordé par l’Etat du Sénégal;
Attendu que les faits articulés contre lui sont graves et de nature à troubler
sérieusement l’ordre public;
Assignons à résidence l’inculpé en application des dispositions de l’article 130
du Code de procédure pénale et de l’arrêté n o 2974 du 6 juin 1986 du garde des
sceaux, ministre de la justice, sus‑visés;
Disons que l’inculpé sera astreint à se soumettre aux obligations suivantes eu
égard aux raisons sus‑indiquées:
— Limiter ses déplacements, qui seront surveillés par la gendarmerie, aux seules
localités de Ouakam et Almadies, route de Ngor, où résident ses deux épouses;
— S’abstenir de toute participation à une réunion publique et se montrer discret
sur les faits qui lui sont reprochés;
— Eviter tout contact avec l’extérieur sans autorisation préalable de l’autorité
judiciaire ayant décidé de la mesure;
— Rendre aux autorités de gendarmerie toute arme en sa possession ainsi que
celles éventuellement détenues par les membres de son entourage;
— Se présenter une fois par semaine dans les locaux de la brigade de gendarmerie
de Dakar‑Recherches sise rue Raffenel, angle Lapérine, à Dakar pour signer le
registre de contrôle ouvert à cet effet;
— Remettre à M. le Commandant de la brigade susdite tous ses titres de voyage
(passeport notamment); 25
Annex 2
3 February 2000,
Indictment and placing under House Arrest
of Mr. H. Habré by the Senior Investigating Judge of the
Dakar T ribunal régional hors classe
[Translation]
Transcription
Cour d’appel de Dakar 7/48
Tribunal régional hors classe de Dakar
[Illegible] Cabinet d’instruction 11
R.I.: 13/2000
We, Demba Kandji, senior investigating judge at the Tribunal régional hors
classe in Dakar;
Having regard to the investigation against Hissein Habré, born in 1942 at
Faya‑Largeau (Republic of Chad), residing at Ouakam, Cité Africa, Villa No. 12,
accused of complicity in acts of torture and barbarity;
Having regard to Article 130 of the Code of Criminal procedure;
Having regard to Ministerial Order No. 2974 of 6 June 1986;
Whereas Mr. Hissein Habré, former president of the Republic of Chad,
[illegible] Villa No. 12, Cité Africa at Ouakam and Almadies, route de Ngor, as
a result of the political asylum granted to him by the State of Senegal;
Whereas the acts enumerated against him are grave in nature and likely to pro‑
voke serious disturbances to public order;
Hereby place the accused under house arrest pursuant to the provisions of
the above‑mentioned Article 130 of the Code of Criminal procedure and Order
No. 2974 of 6 June 1986 by the Minister of Justice;
The accused shall be required to comply with the following obligations in view
of the reasons indicated above:
— To confine his movements, which will be monitored by the police, to the areas
of Ouakam and Almadies, route de Ngor, where his two spouses live;
— To refrain from taking part in any public meeting and from commenting on the
acts of which he is accused;
— To avoid any external contacts without the prior authorization of the judicial
authority responsible for the present measure;
— To surrender to the police authorities any weapon in his possession, and any
that may be held by the members of his entourage;
— To report once a week to the offices of the Brigade de Gendarmerie de
Dakar‑Recherches at Rue Raffenel, angle Lapérine, in Dakar in order to sign
the register kept for such purposes;
— To hand in to the Commander of the above‑mentioned Brigade de Gendarmerie
all his travel documents (in particular his passport). 26
Disons que le commandant de la brigade de gendarmerie de Dakar‑Recherches
est chargé de l’exécution stricte des mesures ci‑dessus et nous rendra compte sans
délai de toutes difficultés rencontrées.
Fait en notre Cabinet à Dakar, le 3 février 2000.
Le doyen des juges d’instruction,
(Signé) Demba Kandji. (Signé)
Copie certifiée conforme
(Sceau)
(Signé) [Illisible] 27
The Commander of the Brigade de Gendarmerie de Dakar‑Recherches shall be
responsible for strict implementation of the above measures and shall report any
difficulties encountered to us without delay.
Done at our office in Dakar, 3 February 2000.
(Signed) Demba Kandji,
Senior Investigating Judge.
Copy certified as correct
(Seal)
(Signed) [Illegible] 28
Annexe 3
Mandat d’arrêt international du 19 septembre 2005,
délivré par le juge d’instruction belge en charge du dossier
Habré Hissein — N de contrôle A‑1568/9‑2005
pays demandeur: belgique
N de dossier: 2005/40148
Date d’édition: 27 septembre 2005
Diffusion aux médias (y compris Internet): non
Recherche en vue de poursuites pénales
1. Eléments d’identification
1.1. Nom de famille actuel: Habré
1.2. Nom de famille à la naissance: non précisé
1.3. prénom(s): Hissein
1.4. Sexe: masculin
1.5. Date et lieu de naissance: 1941 – Tchad
1.6. Autre(s) nom(s): non précisé
1.7. Autre(s) date(s) de naissance: 1942
1.8. Nom de famille et prénom(s) du père: non précisé
1.9. Nom de jeune fille et prénom(s) de la mère: non précisé
1.10. Identité exacte
1.11. Nationalité: tchadienne (exacte)
1.12. pièce(s) d’identité: non précisé
1.13. profession: non précisé
1.14. Langue(s) parlée(s): français
1.15. Signalement: non précisé
1.16. Marques particulières et caractéristiques: non précisé
1.17. Code ADN: non précisé
1.18. Région(s)/pays où l’individu est susceptible de se rendre: Sénégal
1.19. Renseignements complémentaires: non précisé
2. Eléments juridiques
2.1. Exposé des faits: Tchad: en 1982, en tant que président de la République
du Tchad et en sa qualité de responsable principal de la DDS, Habré a commis
des meurtres, des actes de torture, des enlèvements, des arrestations arbitraires et
l’exécution d’un grand nombre de Tchadiens, civils ou militaires, en raison notam‑
ment de leur appartenance ethnique.
2.2. Complice(s): non précisé.
2.3. Qualificationdel’infraction:violationsgravesdudroitinternationalhuma‑
nitaire, crimes de torture, crimes de génocide et crimes contre l’humanité, crimes
de guerre, meurtres, tentatives de meurtre, coups et blessures volontaires, attentats
à la liberté individuelle et à l’inviolabilité de domicile, actes arbitraires et attenta‑
toires aux droits garantis par la Constitution, arrestations arbitraires, enlèvements,
disparitions forcées et séquestrations. 29
Annex 3
International Arrest Warrant of 19 September 2005 Issued by
the belgian Investigating Judge Responsible for the Case
[Translation]
Habré Hissein —Control No. A‑1568/9‑2005
Sender: belgium
Reference No.: 2005/40148
Date: 27 September 2005
Circulation to the media (including internet): no
Fugitive Wanted for prosecution
1. Identity particulars
1.1. present family name: Habré.
1.2. Family name at birth: not specified.
1.3. Forenames: Hissein.
1.4. Sex: male.
1.5. Date and place of birth: 1941 — Chad.
1.6. Also known as: not specified.
1.7. Other dates of birth: 1942.
1.8. Father’s family name and forenames: not specified.
1.9. Mother’s maiden name and forenames: not specified.
1.10. Identity: confirmed.
1.11. Nationality: Chadian (confirmed).
1.12. Identity documents: not specified.
1.13. Occupation: not specified.
1.14. Languages spoken: French.
1.15. Description: not specified.
1.16. Distinguishing marks and characteristics: not specified.
1.17. DNA code: Not specified.
1.18. Regions/countries likely to be visited: Senegal.
1.19. Additional information: not specified.
2. Judicial information
2.1. Summary of facts of the case: Chad: in 1982, as president of the Republic
of Chad and the main person in charge of the DSD, Habré committed murders,
acts of torture, abductions, arbitrary arrests and the execution of a large number
of Chadian civilians and military personnel, in particular on the grounds of their
ethnicity.
2.2. Accomplices: not specified.
2.3. Charge: serious violations of international humanitarian law, crimes of
torture, crimes of genocide and crimes against humanity, war crimes, murder,
attempted murder, intentional assault and battery, violations of personal free‑
dom and the sanctity of the home, arbitrary violations of the rights guaranteed
by the Constitution, arbitrary arrests, abductions, forced disappearances and false
imprisonment. 30
2.4. Référencesdesdispositionsdelaloipénaleréprimantl’infraction:violations
graves du droit international humanitaire telles que visées par les articles 136 bis
à octies du Code pénal belge; crimes de torture tels que notamment visés par la
convention du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, par le Statut de Rome du 17 juillet 1998 et les
articles 417 bis à quinquies du Code pénal belge; crimes de génocide et crimes
contre l’humanité tels que notamment visés par la convention du 9 décembre 1948
pour la prévention et la répression du crime de génocide, par le Statut de Rome du
17 juillet 1998; crimes de guerre tels que notamment visés par les conventions de
Genève du 12 août 1949 sur la protection des victimes de la guerre, la protection
des personnes civiles en temps de guerre, meurtres, tentatives de meurtres, coups
et blessures volontaires, attentats à la liberté individuelle et à l’inviolabilité du
domicile, actes arbitraires et attentatoires aux droits garantis par la Constitution,
arrestations arbitraires, enlèvements, disparitions forcées et séquestrations tels que
notamment visés par les articles 51, 52, 66, 136 bis à octies, 147 à 159, 393, 394, 398
à 401, 417 bis à quinquies, 434 à 442 du Code pénal belge.
2.5. peine maximale encourue: 20 ans de prison minimum.
2.6. prescription ou dato d’expiration du mandat d’arrêt: non précisé.
2.7. Mandat d’arrêt: n 2001/002 DD délivré le 19 septembre 2005 par le tribu‑
nal de première instance à bruxelles (belgique).
Nom du signataire: M. Fransen.
Copie du mandat auprès du secrétariat général dans la langue du pays deman‑
deur: non.
3. Actions requises en cas de découverte
3.1. Aviser immédiatement Interpol bruxelles (référence b.C.N.: bCN ZZ‑
AEL05‑78435‑05‑1 du 21 septembre 2005) et le secrétariat général de l’OIpC‑
Interpol de la localisation de l’individu.
3.2. pour les pays ayant reconnu à la notice rouge la valeur d’une demande d’ar‑
restation provisoire, procéder à l’arrestation provisoire de l’individu.
pour les pays signataires de la convention européenne d’extradition, la présente
notice rouge est une demande d’arrestation provisoire au sens de l’article 16.
L’extradition sera demandée aux pays avec lesquels le pays demandeur est lié
par un traité bilatéral d’extradition, par une convention d’extradition ou par tout
autre traité ou convention comportant des dispositions relatives à l’extradition.
pRO JUSTITIA — MANDAT D’ARRÊT INTERNATIONAL
pAR DéFAUT
o
Dossier n 2001/002
Notices n FD.30.98.129/03 (ex‑bR.30.99.4103/00)
Devoir n 29.2001/002.0120
Nous, D. Fransen, juge d’instruction au tribunal de première instance de
bruxelles (belgique);
Vu la plainte avec constitution de partie civile de:
— M. A. Aganaye, en date du 30 novembre 2000; 31
2.4. Law covering the offence: serious violations of international humanitarian
law as referred to by Articles 136bis‑octies of the belgian penal Code; crimes of
torture as referred to in particular by the Convention against Torture and Other
Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or punishment of 10 December 1984, the
Rome Statute of 17 July 1998 and Articles 417bis‑quinquies of the belgian penal
Code; crimes of genocide and crimes against humanity as referred to in particu‑
lar by the Convention of 9 December 1948 on the prevention and punishment of
the Crime of Genocide and by the Rome Statute of 17 July 1998; war crimes as
referred to in particular by the Geneva Conventions of 12 August 1949 on the
protection of Victims of Armed Conflicts and the protection of Civilian persons
in Time of War; murder, attempted murder, intentional assault and battery, viola‑
tions of personal freedom and the sanctity of the home, arbitrary violations of the
rights guaranteed by the Constitution, arbitrary arrests, abductions, forced dis‑
appearances and false imprisonment, as referred to in particular by Articles 51,
52, 66, 136bis‑octies, 147‑159, 393, 394, 398‑401, 417bis‑quinquies and 434‑442
of the belgian penal Code.
2.5. Maximum penalty possible: minimum 20 years’ imprisonment.
2.6. Time‑limit for prosecution or expiry date of arrest warrant: not specified.
2.7. Arrest warrant: No. 2001/002 DD issued on 19 September 2005 by the Tri‑
bunal de première instance in brussels (belgium).
Name of signatory: Mr. Fransen.
Copy of arrest warrant available at the General Secretariat in the language used
by the requesting country: no.
3. Action to be taken
3.1. Immediately inform Interpol brussels (Ref.: bCN ZZ‑AEL05‑78435‑05‑1
of 21 September 2005) and the ICpO‑Interpol General Secretariat that the fugitive
has been found.
3.2. For countries which consider red notices to be valid requests for provi‑
sional arrest, please provisionally arrest the fugitive.
For countries party to the European Convention on Extradition, this red notice
is equivalent to the request for provisional arrest referred to in Article 16.
Extradition will be requested from any country with which the requesting coun‑
try is linked by a bilateral extradition treaty, an extradition convention or by any
other convention or treaty containing provisions on extradition.
pRO JUSTICIA — INTERNATIONAL ARREST WARRANT
IN ABSENTIA
Dossier no.: 2001/002
Notice no.: FD.30.98.129/03 (ex‑bR.30.99.4103/00)
Task no.: 29.2001/002.0120
We, D. Fransen, investigating judge at the brussels Tribunal de première instance
(belgium);
Having regard to the complaint with civil‑party application filed by:
— Mr. A. Aganaye on 30 November 2000; 32
Vu le réquisitoire du 26 janvier 2001 de M. le procureur du roi;
Vu les plaintes avec constitution de partie civile de:
— M. R. Dralta, en date du 3 mai 2001;
— M. N’Garketé baïndé Djimandjoumadji, en date du 12 avril 2001;
— M me Hadje Kadjidja Daka, en date du 24 avril 2001;
— M. Ismaël Hachim, en date du 24 avril 2001;
— M. Koumandje Gabin, en date du 24 avril 2001;
— M. mebadet Totodet, en date du 24 avril 2001;
— M Aiba Adam Harifa, en date du 24 avril 2001;
— M. Aldoumngar Mabaije boukar, en date du 24 avril 2001;
— M. Mahamat Abakar bourdjo, en date du 24 avril 2001;
— M. Clément Abaifouta, en date du 24 avril 2001;
— M me Mariam Abderaman, en date du 24 avril 2001;
— M. Adimatcho Djamal, en date du 24 avril 2001;
— M. bichara Djibrine, en date du 6 décembre 2001;
Vu les réquisitions complémentaires des 9 et 17 mai 2001 de M. le procureur
du roi;
Vu les plaintes avec constitution de partie civile de:
— M. bechir bechara Dagachene, en date du 6 décembre 2001;
— M. Ibrahim Kossi, en date du 10 décembre 2001;
— M. Souleymane Abdoulaye Tahir, en date du 10 décembre 2001;
— M me Haoua brahim, en date du 10 décembre 2001;
— M. Masrangar Rimram, en date du 10 décembre 2001;
— M. mehamat Nour Dadji, en date du 11 décembre 2001;
— M bassou Zenaba Ngolo, en date du 11 décembre 2001;
Vu les pièces de la procédure que nous instruisons en cause de;
M. Hissein (ou Hissène) Habré, de nationalité tchadienne, né en 1941 ou 1942,
ancien président de la République du Tchad, sans résidence ni domicile connu en
belgique, résidant actuellement à Dakar (Sénégal), rue Air France – concession
n 26 – quartier Ouakam,
inculpé notamment de, comme auteur ou coauteur:
— violations graves du droit international humanitaire telles que visées par les
articles 136 bis à octies du Code pénal belge;
— crimes de torture tels que notamment visés par la convention du
10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhu‑
mains ou dégradants, par le Statut de Rome du 17 juillet 1998 et les articles
417 bis à quinquies du Code pénal;
— crimes de génocide et crimes contre l’humanité tels que notamment visés par la
convention du 9 décembre 1948 pour la prévention et la répression du crime de
génocide, par le Statut de Rome du 17 juillet 1998;
— crimes de guerre tels que notamment visés par les conventions de Genève du
12 août 1949 sur la protection des victimes de la guerre, la protection des per‑
sonnes civiles en temps de guerre;
— meurtres, tentatives de meurtre, coups et blessures volontaires, attentats à la
liberté individuelle et à l’inviolabilité du domicile, actes arbitraires et attenta‑
toires aux droits garantis par la Constitution, arrestations arbitraires, enlève‑
ments, disparitions forcées et séquestrations tels que notamment visés par le
Code pénal belge; 33
Having regard to the application of 26 January 2001 submitted by the procureur
du Roi;
Having regard to the complaints with civil‑party application filed by:
— Mr. R. Dralta on 3 May 2001;
— Mr. N’Garkete baïnde Djimandjoumadji on 12 April 2001;
— Mrs. Hadje Kadjidja Daka on 24 April 2001;
— Mr. Ismael Hachim on 24 April 2001;
— Mr. Koumandje Gabin on 24 April 2001;
— Mr. Sabadet Totodet on 24 April 2001;
— Mrs. Aiba Adam Harifa on 24 April 2001;
— Mr. Aldoumngar Mabaije boukar on 24 April 2001;
— Mr. Mahamat Abakar bourdjo on 24 April 2001;
— Mr. Clement Abaifouta on 24 April 2001;
— Mrs. Mariam Abderaman on 24 April 2001;
— Mr. Adimatcho Djamal on 24 April 2001;
— Mr. bichara Djibrine on 6 December 2001;
Having regard to the additional submissions of 9 and 17 May 2001 made by the
procureur du Roi;
Having regard to the complaints with civil‑party application filed by:
— Mr. bechir bechara Dagachene on 6 December 2001;
— Mr. Ibrahim Kossi on 10 December 2001;
— Mr. Souleymane Abdoulaye Tahir on 10 December 2001;
— Mrs. Haoua brahim on 10 December 2001;
— Mr. Masrangar Rimram on 10 December 2001;
— Mr. Mahamat Nour Dadji on 11 December 2001;
— Mrs. bassou Zenaba Ngolo on 11 December 2001.
Havingregardtotheproceduraldocumentsthatweareinvestigatingconcerning;
Mr. Hissein (or Hissène) Habré, of Chadian nationality, born in 1941 or 1942,
formerly president of the Republic of Chad, with no known residence or domicile
in belgium, currently residing in Dakar (Senegal) at rue Air France — Concession
No. 26 — Ouakam Quarter,
indicted inter alia as the perpetrator or co‑perpetrator of:
— serious violations of international humanitarian law as referred to by
Articles 136bis to octies of the belgian penal Code;
— crimes of torture as referred to in particular by the Convention against Tor‑
ture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or punishment of
10 December 1984, the Rome Statute of 17 July 1998 and Articles 417bis to
quinquies of the penal Code;
— crimes of genocide and crimes against humanity as referred to in particular by
the Convention on the prevention and punishment of the Crime of Genocide
of 9 December 1948 and by the Rome Statute of 17 July 1998;
— war crimes as referred to in particular by the Geneva Conventions of
12 August 1949 on the protection of Victims of Armed Conflicts and the pro‑
tection of Civilian persons in Time of War;
— murder, attempted murder, intentional assault and battery, violations of
personal freedom and the sanctity of the home, arbitrary violations of the
rights guaranteed by the Constitution, arbitrary arrests, abductions, forced
disappearances and false imprisonment, as referred to in particular by the
belgian penal Code. 34
Vu les articles 16 et 34 de la loi du 20 juillet 1990 relative à la détention préven‑
tive;
Attendu qu’il existe des indices sérieux de culpabilité et que les faits, s’ils
devaient s’avérer établis, sont de nature à entraîner la peine de réclusion de quinze
à vingt ans, ou une peine plus grave, aux termes notamment des dispositions des
articles 51, 52, 66, 136 bis à octies, 147 et suivants, 393 et 394, 398 et suivants,
417 bis à quinquies et 434 et suivants du Code pénal belge, dont les textes sont repris
en annexe du présent mandat;
Attendu que les circonstances spécifiées ci‑après propres à la cause et à la per‑
sonnalité de l’intéressé entraînent l’absolue nécessité pour la sécurité publique de
décerner mandat d’arrêt à son encontre.
Exposé des faits
1. Les plaintes et les faits dénoncés
Le 30 novembre 2000, M. A. Aganaye, belge d’origine tchadienne, déposait une
plainte avec constitution de partie civile entre les mains du juge d’instruction au
tribunal de première instance de bruxelles à l’encontre notamment de M. Hissein
(ou Hissène) Habré, ancien président du Tchad, résidant actuellement à Dakar au
Sénégal du chef de:
— violations graves du droit international humanitaire telles que visées par les
articles 136 bis et suivants du Code pénal belge;
— crimes de torture tels que notamment visés par la convention du
10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhu‑
mains ou dégradants;
— crimes de génocide tels que notamment visés par la convention du 9 dé‑
cembre 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide;
— meurtres, tentatives de meurtre, coups et blessures volontaires, arrestations
arbitraires, actes arbitraires et attentatoires aux droits garantis par la Consti‑
tution, attentats à la liberté individuelle et à l’inviolabilité du domicile, enlève‑
ments, disparitions forcées et séquestrations tels que notamment visés par le
Code pénal belge.
par la suite, une vingtaine d’autres plaignants, soit belges d’origine tchadienne,
soit tchadiens, portaient également plainte avec constitution de partie civile contre
M. H. Habré notamment, pour des faits de même nature, reposant sur les mêmes
qualifications légales.
Les faits invoqués par les plaignants à l’appui de leurs actions et les éléments
contextuels du dossier peuvent être résumés comme suit:
1.1. Hissein (ou Hissène) Habré
M. Hissein Habré est de nationalité tchadienne. Il appartiendrait plus précisé‑
ment à l’ethnie Toubou (ou Goran).
er
Entre le 7 juin 1982 et le 1 décembre 1990, il a exercé les fonctions de président
de la République du Tchad.
En guise de bref rappel historique, il faut noter que, en1975, le premier président
de la République du Tchad, indépendante depuis le 11 août 1960, est tué et des
militaires prennent le pouvoir, avec à leur tête le général Malloum.
En 1978, Hissein Habré, chef rebelle d’une faction armée en dissidence, se rallie
au pouvoir central du général Malloum. Il occupe le poste de premier ministre. 35
Having regard to Articles 16 and 34 of the Law of 20 July 1990 on preventive
Detention;
Whereas there is strong circumstantial evidence of guilt and whereas these acts,
were they to be proven, are such as to carry a sentence of 15 to 20 years’ imprison‑
ment, or a more serious punishment, under the terms of Articles 51, 52, 66, 136bis
to octies, 147 et seq., 393 and 394, 398 et seq., 417bis to quinquies and 434 et seq. of
the belgian penal Code, the texts of which are annexed to this warrant;
Whereas the circumstances set out hereunder, specific to the case and character
of the person concerned, make it vital in the interests of public safety to issue an
arrest warrant against him.
Statement of the Facts
1. The Complaints and the Alleged Acts
On 30 November 2000, Mr. A. Aganaye, a belgian national of Chadian origin,
filed a complaint with civil‑party application with the investigating judge at the
brussels Tribunal de première instance against Mr. Hissein (or Hissène) Habré, the
former president of Chad, currently residing in Dakar in Senegal, for:
— serious violations of international humanitarian law as referred to by
Articles 136bis et seq. of the belgian penal Code;
— crimes of torture as referred to in particular by the Convention against Tor‑
ture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or punishment of
10 December 1984;
— crimes of genocide as referred to in particular by the Convention on the pre‑
vention and punishment of the Crime of Genocide of 9 December 1948;
— murder, attempted murder, intentional assault and battery, arbitrary arrests,
arbitrary violations of the rights guaranteed by the Constitution, violations of
personal freedom and the sanctity of the home, abductions, forced disappear‑
ances and false imprisonment, as referred to in particular by the belgian penal
Code.
Subsequently, about twenty other complainants, either belgian nationals of
Chadian origin or Chadian nationals, also filed complaints with civil‑party appli‑
cation against Mr. H. Habré, for acts of the same kind, corresponding to the same
offences in law.
The acts referred to by the complainants in support of their actions and the
background to the case can be summarized as follows:
1.1. Hissein (or Hissène) Habré
Mr. Hissein Habré is of Chadian nationality. More specifically, it would appear
that he is a member of the Toubou (or Gorane) ethnic group.
between 7 June 1982 and 1 December 1990 he held office as the president of the
Republic of Chad.
briefly recalling the recent history of the country, it should be noted that in 1975
thefirstpresidentoftheRepublicofChad,whichgainedindependenceon11August
1960,waskilledandthemilitarytookpower,headedbyGeneralMalloum.
In 1978, Hissein Habré, the commander of a rebel army, allied himself to
General Malloum’s central government, taking the post of prime Minister. 36
Lemoisdefévrier1979voits’instaurerunconflitarméentrelespartisansduprési‑
dentMalloumetceuxdupremierministre,HisseinHabré.Dèscemoment,le«Front
de libération nationale du Tchad» (FROLINAT) occupe le pouvoir à N’Djamena.
Un«Gouvernementd’unionnationaleetdetransition»(GUNT)estmisenplace.Il
estprésidéparGoukouniOueddeï.HisseinHabréyestministred’Etatàladéfense.
Le21mars1980,lorsquelaguerreéclateànouveauàN’Djamena,HisseinHabré
se trouve à la tête des «Forces armées du Nord» (FAN) contre les «Forces armées
populaires» (FAp) de Goukouni Oueddeï.
Le 14 décembre 1980, Hissein Habré se replie à l’est du pays vers le Soudan,
vaincu par les forces du GUNT.
Le 7 juin 1982, alors que Goukouni Oueddeï s’enfuit au Cameroun, Hissein
Habré s’empare du pouvoir à N’Djamena et l’occupe jusqu’au 1 décembre 1990,
jour où les forces du «Mouvement patriotique du salut» (MpS), c’est‑à‑dire une
coalition de plusieurs groupes armés dirigée par l’actuel président Idriss Déby,
prennent possession de N’Djamena.
M. H. Habré quitte alors le Tchad pour se réfugier dans un premier temps au
Cameroun et ensuite à Dakar, au Sénégal, où il réside à l’heure actuelle.
1.2. La Direction de la documentation et de la sécurité (DDS)
o
La DDS fut créée par le décret n 005/pR du 6 janvier 1983 du président His‑
sein Habré.
Il s’agit d’un service de l’Etat tchadien qui, selon les éléments figurant au dossier,
dépendrait directement du président de la République. En effet, aux termes de l’ar‑
ticle premier du décret du 6 janvier 1983, la DDS était «directement subordonnée à
la présidence de la République en raison du caractère confidentiel de ses activités».
Ce service avait pour mission d’assurer toute une série de tâches liées à la sûreté
de l’Etat, à savoir:
— la collecte et la centralisation de tous les renseignements émanant de l’intérieur
ou de l’extérieur, relatifs aux activités étrangères ou d’inspiration étrangère sus‑
ceptibles de compromettre l’intérêt national;
— l’identification des agents étrangers;
— la détection des réseaux (renseignements ou action) étrangers éventuels et de
leur organisation;
— la préparation des mesures de contre‑espionnage, de contre‑ingérence et éven‑
tuellement de contre‑propagande;
— la collaboration et la répression par l’établissement de dossiers concernant des
individus, des groupements, collectivités, suspects d’activités contraires ou seu‑
lement nuisibles à l’intérêt national;
— la protection, sur le plan de la sécurité, des ambassades du Tchad à l’étranger
et du courrier diplomatique.
1.3. Les faits reprochés à M. H. Habré
Selon l’ensemble des plaintes actuellement au dossier, il est reproché, de manière
générale, à M. Hissein Habré, en sa qualité de responsable principal de la DDS, vu
le lien hiérarchique étroit qui le lie à ce service, des faits de meurtres, de tentatives
de meurtre, de coups et blessures volontaires, de tortures, de disparitions, d’exécu‑
tions sommaires, d’arrestations arbitraires d’un grand nombre de Tchadiens, civils
ou militaires, en raison notamment de leur appartenance ethnique.
Les plaignants reprochent particulièrement à M. H. Habré d’avoir «persécuté,
par périodes, en procédant à des arrestations collectives et des meurtres en masse,
différents groupes ethniques dont il percevait les leaders comme des menaces à 37
February 1979 saw armed conflict develop between supporters ofpresident Mal‑
loum and those of the prime Minister, Hissein Habré. Immediately, the “National
Liberation Front of Chad” (FROLINAT) took power in N’Djamena. A “Transi‑
tionalGovernmentofNationalUnity”(GUNT)wascreatedandGoukouniOued‑
deï was named president. Hissein Habré took the post of Minister of Defence.
On 21 March 1980, when war broke out again in N’Djamena, Hissein Habré
found himself at the head of the “Armed Forces of the North” (FAN) against the
“people’s Armed Forces” (FAp) of Goukouni Oueddeï.
On 14 December 1980, Hissein Habré withdrew to the east of the country near
Sudan, defeated by the GUNT forces.
On 7 June 1982, when Goukouni Oueddeï fled to Cameroon, Hissein Habré
seized power in N’Djamena and held it until 1 December 1990, the day on which
the forces of the “patriotic Salvation Movement” (MpS), a coalition of several
armed groups led by the current president, Idriss Déby, occupied N’Djamena.
Mr. H. Habré then left Chad, taking refuge initially in Cameroon and then in
Dakar in Senegal where he now lives.
1.2. The Documentation and Security Directorate (DSD)
The DSD was created by Decree No. 005/pR of 6 January 1983 of president
Hissein Habré.
It was a department of the Chadian State which, according to the information
in the case file, answered directly to the president of the Republic. Article 1 of the
Decree of 6 January 1983 states that the DSD was “directly subordinate to the
presidency of the Republic because of the confidential nature of its activities”.
This department was charged with carrying out a whole series of tasks relating
to State Security:
— collecting and centralizing all information from within or outside the country
about activities carried out or orchestrated by foreigners that were likely to
compromise the national interest;
— identifying foreign agents;
— detecting any foreign information or operational networks and ascertaining
how they were organized;
— preparing measures to counter espionage, interference and, if necessary, propa‑
ganda;
— cracking down on collaboration by creating files on individuals, groups and
associations suspected of carrying out activities contrary to or harmful to the
national interest;
— providing security services to protect Chad’s embassies abroad and the diplo‑
matic mail.
1.3. The charges against Mr. H. Habré
According to all of the complaints currently in the case file, Mr. H. Habré is in
general accused, as the main person in charge of the DSD, given his close hier‑
archical link to this department, of acts of murder, attempted murder, intentional
assault and battery, torture, disappearances, summary executions and arbitrary
arrests of a large number of Chadian civilians and military personnel, in particular
on the grounds of their ethnicity.
The complainants accuse Mr. H. Habré, in particular, of having, “persecuted,
at different times, by carrying out mass arrests and mass murders, various ethnic
groups whose leaders he perceived to be a threat to his régime, in particular the 38
son régime, notamment les Sara et d’autres groupes sudistes en 1984, les Hadjeraï
en 1987 et les Zaghawa en 1989» (page 4 de la requête adressée le 8 mai 2003 au
ministre de la justice par les parties civiles).
D’un premier examen, à les supposer établis, les faits dénoncés par ces plaintes
pourraient être corroborés par le rapport de la commission d’enquête, instaurée le
29 décembre 1990 par l’actuel président du Tchad, M. I. Déby, «sur les crimes et
détournements commis par l’ex‑président Habré, ses coauteurs et/ou complices»
publié par le ministère de la justice du Tchad en 1992, ainsi que par des témoi‑
gnages et documents recueillis lors de l’exécution de la commission rogatoire inter‑
nationale au Tchad intervenue du 26 février au 8 mars 2002.
1.3.1. Plainte de M. A. Aganaye
M. A. Aganaye, de nationalité belge, expose que:
«En mai 1989, il a été arrêté dans la rue à N’Djamena par des militaires
qui l’ont accusé d’espionnage contre des établissements militaires alors qu’il
passait simplement devant ceux‑ci afin de se rendre chez des amis.
Il fut immédiatement embarqué jusqu’à la présidence, où il fut enfermé
dans une pièce exiguë (3 mètres sur 3 mètres) avec une vingtaine de personnes.
Le lendemain matin, il fut emmené à la bSIR, où il fut enfermé pendant
deux jours.
Il fut ensuite transféré à la «piscine», prison souterraine, où il fut interrogé
de façon brutale et musclée. Ses geôliers lui intimèrent l’ordre «d’avouer».
pendant plus de trois heures, il fut ainsi torturé.
Ensuite il fut réincarcéré pendant neuf mois. Il fut soumis à un régime par‑
ticulièrement pénible et fut libéré en décembre 1989.»
M. A. Aganaye expose encore qu’il a été témoin du massacre des Zaghawa ainsi
que de cas de disparition, à savoir:
— en 1984: M. Idriss Koua, ancien directeur de la SONASAT,
— en 1988: M. Ali Hamsi, de nationalité libanaise,
— en 1985: M. Dono Donogardum, ancien policier,
— en 1986: M. Saleh bara, Hadjeraï, journaliste.
1.3.2. Plainte de M. R. Dralta
M. R. Dralta, de nationalité belge et tchadienne, expose que:
«Deux proches parents, dont l’un a été tué, l’autre ayant disparu:
— Mata Raymond, son cousin paternel, directeur des eaux et forêts à Sarh
en 1982. Il a été arrêté sans raison par les militaires sous les ordres de l’an‑
cien président. Deux jours après, c’est un corps sans vie qui a été rendu.
Alors qu’il est de coutume d’organiser les cérémonies funéraires, les mili‑
taires ont interdit ce rituel en veillant autour de la concession du défunt.
— M. Djimandjoum David, cousin maternel de M. Rémy Dralta, et cadre
commercial à la SONASUT (Société nationale sucrière du Tchad) à Sarh,
a été enlevé en septembre 1984 par les milices de M. Hissein Habré, sans
motif.
Septembre 1984 était appelé septembre noir, en raison des arrestations et
enlèvements massifs de cadres sous les ordres mêmes de M. Hissein Habré.» 39
Sara and other ethnic groups in the south in 1984, the Hadjerai in 1987 and the
Zaghawa in 1989” (page 4 of the application made on 8 May 2003 to the Ministry
of Justice by the civil parties).
From an initial examination, on the assumption that they are proven, the acts
alleged by these complaints could be corroborated by the report of the Commis‑
sion of Inquiry, set up on 29 December 1990 by the current president of Chad,
Mr. I. Déby, “into the crimes and misappropriations committed by the former
president, H. Habré, his co‑perpetrators and accomplices”, published by the Min‑
istry of Justice of Chad in 1992, and by the evidence and documents transmitted
in compliance with the international letter rogatory to Chad from 26 February to
8 March 2002.
1.3.1. The complaint of Mr. A. Aganaye
Mr. A. Aganaye, a belgian national, states that:
“In May 1989 he was arrested in the street in N’Djamena by soldiers who
accused him of spying on military buildings when in fact he was simply pass‑
ing them on his way to visit some friends.
He was immediately taken to the presidency, where he was locked up in a
cramped room (3 m × 3 m) with around 20 other people.
The next morning he was taken to the bSIR, where he was locked up for
two days.
He was then transferred to the ‘piscine’ (swimming pool), an underground
prison, where he was subjected to a brutal and violent interrogation. His jailers
orderedhimto‘confess’.Hewastorturedinthiswayformorethanthreehours.
He was then imprisoned for a further nine months. He was subjected to a
particularly harsh régime and was released in December 1989.”
Mr. A. Aganaye also states that he witnessed the massacre of Zaghawa and
cases of disappearances, as follows:
— in 1984: Mr. Idriss Koua, a former director of SONASAT,
— in 1988: Mr. Ali Hamsi, a Lebanese national,
— in 1985: Mr. Dono Donogardum, a former policeman,
— in 1986: Mr. Saleh bara, Hadjerai, journalist.
1.3.2. The complaint of Mr. R. Dralta
Mr. R. Dralta, a belgian and Chadian national, states that:
“He had two close relatives, one of whom was killed and the other dis‑
appeared:
— Mr. Raymond Mata, his paternal cousin, director of forestry and water
resources in Sarh in 1982. He was arrested for no reason by the military
on the orders of the former president. Two days later, a lifeless corpse was
returned. It is customary to organize funeral ceremonies, but the soldiers
stopped this ritual from taking place by keeping watch at the deceased’s
plot in the cemetery.
— Mr. David Djimandjoum, the maternal cousin of Mr. Rémy Dralta and
a sales manager at SONASUT (the National Sugar Company of Chad)
in Sarh, was abducted in September 1984 by Mr. Hissein Habré’s militia,
for no reason.
September 1984 was known as black September because huge numbers of
managerial staff were arrested and abducted, on the orders of Mr. Hissein
Habré himself.” 40
1.3.3. Plainte de M. N’Garketé Baïndé Djimandjoumadji
M. N’Garketé baïndé Djimandjoumadji, de nationalité belge et tchadienne,
expose que:
«Le plaignant entend faire valoir que les faits qui motivent sa plainte
concernent tous les membres de sa proche famille. Leur sort est détaillé ci‑
dessous:
— Nom et prénom: Mouaba Rémy
— profession: militaire (lieutenant de l’armée nationale tcha‑
dienne)
— Age: 65 ans
— Date des faits: le 2 octobre 1984
— Description des faits: torturé d’abord devant sa famille par la solda‑
tesquedeHabré,ensuitedanslacourdel’écoledes
télécommunications de Sarh (route de Doyaba) et
achevé. Le corps a été gardé par les auteurs des
faits jusqu’à décomposition totale
— Lien de parenté: oncle paternel
— Nom et prénom: Kouade Jacob
— profession: surveillant général de l’école de Sarh
— Age: 56 ans
— Lieu: en brousse entre behomon et bétrigui
— Date des faits: en 1985
— Description des faits: grièvement blessé par la milice de Habré. par
cynisme, on l’a laissé transporter lui‑même ses
boyaux jusqu’à un petit village où il a rendu
l’âme
— Lien de parenté: cousin
— Nom et prénom: Ngarkodi Thomas
— profession: policier
— Age: +/ – 50 ans
— Lieu: N’Djamena, quartier Ridina
— Date des faits: le 12 février 1979
— Description des faits: abattu alors qu’il rentrait du travail en mobylette.
Corps non retrouvé à ce jour
— Lien de parenté: cousin et tuteur
— Nom et prénom: Ngarkodi Tomtebaye (fils de Thomas Ngarkodi)
— profession: militaire
— Age: +/ – 25 ans
— Lieu: N’Djamena
— Date des faits: deux jours avant la prise du pouvoir par le MpS
en 1990
— Description des faits: disparu. Corps non retrouvé à ce jour
— Lien de parenté: neveu
— Nom et prénom: Mbaitemade Samuel
— profession: travailleur à la SOCOpAO et syndicaliste 41
1.3.3. The complaint of Mr. N’Garketé Baïndé Djimandjoumadji
Mr. N’Garketé baïndé Djimandjoumadji, a belgian and Chadian national,
states that:
“The complainant wishes to assert that the acts underlying his complaint all
concern members of his close family. Details of their fate are set out below:
— Full name: Rémy Mouaba
— profession: soldier (lieutenant in the National
Army of Chad)
— Age: 65
— Date on which the acts took place: 2 October 1984
— Description of the acts: tortured first in front of his family
by Habré’s army rabble and then in
the yard of the Telecommunications
School in Sarh (route de Doyaba)
where they finished him off. The per‑
petrators kept his body until it had
fully decomposed
— Relationship to complainant: paternal uncle
— Full name: Jacob Kouade
— profession: principal educational adviser at the
school in Sarh
— Age: 56
— place: in the bush between behomon and
bétrigui
— Date on which the acts took place: in 1985
— Description of the acts: very seriously injured by Habré’s
militia. They shamelessly left him to
carry his own guts to a small village,
where he passed away
— Relationship to complainant: cousin
— Full name: Thomas Ngarkodi
— profession: policeman
— Age: approx. 50
— place: N’Djamena, the Ridina Quarter
— Date on which the acts took place: 12 February 1979
— Description of the acts: shot on his way home from work on
his moped. body never recovered
— Relationship to complainant: cousin and guardian
— Full name: TomtebayeNgarkodi(sonofThomas
Ngarkodi )
— profession: soldier
— Age: approx. 25
— place: N’Djamena
— Date on which the acts took place: two days before the MpS seized
power in 1990
— Description of the acts: disappeared. body never recovered
— Relationship to complainant: nephew
— Full name: Samuel Mbaitemade
— profession: worker at the SOCOpAO and trade
unionist 42
— Age: +/ – 60 ans
— Lieu: N’Djamena
— Date des faits: 1989
— Description des faits: torturé à mort, son corps fut jeté dans un puits;
le corps a été présenté à la conférence nationale
souveraine de janvier 1993
— Lien de parenté: oncle paternel
— Nom et prénom: Natoiallah N’Garketé Saïndé
— profession: militaire
— Age: +/ – 30 ans
— Lieu: Am Timan
— Date des faits: 1989
— Description des faits: disparu sans laisser de trace
— Lien de parenté: petit frère
Les membres de la famille du plaignant sont donc tous morts ou considérés
comme disparus dans des circonstances extrêmement pénibles. C’est la raison
pour laquelle le plaignant entend que soient poursuivis M. Hissein Habré et
les complices de ces assassinats ou disparitions.»
1.3.4. Les autres plaintes avec constitution de partie civile
Sans détailler les dix‑huit autres plaintes qui figurent actuellement au dossier,
celles‑ci peuvent être résumées comme suit:
1.3.4.1. Plainte de Mme Hadje Kadjidja Daka, de nationalité tchadienne
Selon la plaignante, son mari, Idriss Miskine, appartenant à l’ethnie Hadjaraï,
ministre des affaires étrangères de 1982 à 1984, aurait été assassiné sur ordre de
M. Hissein Habré le 7 janvier 1984.
1.3.4.2. Plainte de M. Ismaël Hachim, de nationalité tchadienne
M. I. Hachim prétend avoir été arrêté le 2 avril 1989 en raison de son apparte‑
nance à l’ethnie Zaghawa et détenu dans des conditions inhumaines aux lieux dits
«la piscine» et «les locaux».
Il aurait également été soumis à la torture dite de «l’arbatachar».
Il déclare encore que, lors de sa détention à «la piscine», il aurait été témoin du
commencement des exécutions massives dont furent victimes les Zaghawas.
1.3.4.3. Plainte de M. Koumandje Gabin, de nationalité tchadienne
M. K. Gabin, Zaghawa, expose qu’il a été arrêté le 12juillet 1987 sous le prétexte
de détenir des explosifs qui proviendraient de l’opposition armée au régime Habré
à l’étranger, ce qu’il nie.
Selon ses déclarations, il aurait été torturé par la DDS à de nombreuses reprises
et aurait subi les tortures dites de «l’arbatachar», le supplice des baguettes ainsi
que des brûlures d’allumettes sur tout le corps.
Il sera libéré le 1décembre 1990.
1.3.4.4. Plainte de M. Sabadet Totodet, de nationalité tchadienne
M. Sabadet Totodet expose qu’il a été arrêté le 12 juillet 1985 par des agents de
la DDS qui le suspectaient d’appartenir à l’UND. Il fut d’abord emmené à la direc‑ 43
— Age: approx. 60
— place: N’Djamena
— Date on which the acts took place: 1989
— Description of the acts: tortured to death, his body was
thrown down a well; the body was
presented to the Sovereign National
Conference of January 1993
— Relationship to complainant: paternal uncle
— Full name: N’Garketé Saïndé Natoiallah
— profession: soldier
— Age: approx. 30
— place: Am Timan
— Date on which the acts took place: 1989
— Description of the acts: disappeared without trace
— Relationship to complainant: younger brother
These members of the complainant’s family were therefore all killed or are
considered to have disappeared in extremely unpleasant circumstances. The
complainantthereforewishesMr.HisseinHabréandhisaccompliceswhowere
responsible for these assassinations and disappearances to be prosecuted.”
1.3.4. The other complaints with civil‑party application
The other 18 complaints currently on file are not presented in detail, but can be
summarized as follows:
1.3.4.1. The complaint of Mrs. Hadje Kadjidja Daka, a Chadian national
The complainant alleges that her husband, Idriss Miskine, a member of the
Hadjerai ethnic group, Minister of Foreign Affairs from 1982 to 1984, was assassi‑
nated on the orders of Mr. H. Habré on 7 January 1984.
1.3.4.2. The complaint of Mr. Ismael Hachim, a Chadian national
Mr. I. Hachim claims that he was arrested on 2 April 1989 because of his mem‑
bership of the Zaghawa ethnic group and that he was detained in inhuman condi‑
tions at the so‑called “piscine” and “Locaux”.
He also alleges that he was subjected to the “Arbatachar” method of torture.
He further states that while he was being detained at the “piscine” he witnessed
the beginning of the mass executions of Zaghawa.
1.3.4.3. The complaint of Mr. Koumandje Gabin, a Chadian national
Mr. K. Gabin, a Zaghawa, states that he was arrested on 12 July 1987 for
possessing explosives that were alleged to have come from the armed opposition
to Habré’s régime abroad, an accusation which he denies.
He alleges that he was tortured by the DSD many times and was subjected to
the “Arbatachar” method of torture and torture by sticks and that he had match
burns all over his body.
He was released on 1 December 1990.
1.3.4.4. The complaint of Mr. Sabadet Totodet, a Chadian national
Mr. Sabadet Totodet states that he was arrested on 12 July 1985 by agents from
the DSD who suspected him of belonging to the UND. He was first taken to DSD 44
tion de la DDS, puis dans les locaux de la bSIR (brigade spéciale d’intervention
rapide), puis au lieu dit «les locaux».
Toujours selon ses déclarations, il sera détenu pendant près de quatre ans et
devra effectuer des travaux inhumains dont notamment l’enterrement des corps
des victimes de la DDS et le creusement des fosses communes.
Il déclare avoir été témoin de traitements inhumains, de meurtres et de crimes
contre l’humanité comme l’élimination systématique en 1987 des Hadjaraïs en rai‑
son de leur origine ethnique.
1.3.4.5. Plainte de Mme Aiba Adam Harifa, de nationalité tchadienne
M meAiba Adam Harifa expose que, le 2 avril 1989, deux agents de la DDS ont
arrêté son mari, M. Adam bachar, de l’ethnie Zaghawa, qui a «disparu» depuis.
1.3.4.6. Plainte de M. Aldoumngar Mabaije Boukar, de nationalité tchadienne
M. Aldoumngar Mabaije boukar expose qu’il a été arrêté le 8 août 1989 par des
membres de la bSIR et transféré à la DDS pour avoir distribué des tracts dénon‑
çant le régime de H. Habré, faits qu’il conteste.
Lors de l’arrestation, une fusillade éclata et deux de ses enfants, âgés respective‑
ment de 3 et 14 ans, furent tués.
Il déclare avoir été soumis aux supplices des baguettes ainsi que la torture dite
de «l’arbatachar». Il indique avoir également subi des ingurgitations forcées de
grandes quantités d’eau, des tortures à l’électricité et d’autres supplices.
Il déclare par la suite avoir été incarcéré à «la piscine» à la DDS dans des condi‑
tions inhumaines à la suite desquelles deux de ses codétenus décédèrent.
1.3.4.7. Plainte de M. Mahamat Abakar Bourdjo, de nationalité tchadienne
M. Abakar bourdjo expose que, le 30 juillet 1983, il a été fait prisonnier avec des
centaines de combattants du CDR (Comité démocratique révolutionnaire) par les
FAN, l’armée de M. H. Habré.
Transféré avec 1200 autres prisonniers à N’Djamena, où seules 800 personnes
arriveront vivantes, il fut placé en détention dans un camp de la DDS où il fut
régulièrement torturé (arrachage des ongles, électricité, menaces de mort...).
Toujours selon le plaignant, il fut transféré dans une maison d’arrêt où il resta
enfermé pendant cinq ans dans des conditions très dures qui entraînèrent la mort
de dizaines de détenus (faim, maladies, mauvais traitements, manque de soins).
Il déclare encore qu’il a vu des prisonniers emmenés pour être exécutés dans des
charniers autour de N’Djamena ainsi que des exécutions perpétrées par H. Habré
lui‑même.
1.3.4.8. Plainte de M. Clément Abaifouta, de nationalité tchadienne
M. Abaifouta expose que, suspecté d’appartenir à l’UND, parti d’opposition
au régime du président Habré, il fut arrêté le 12 juillet 1985 par des membres de
la DDS.
Emmené à la DDS, il déclare avoir été détenu dans des conditions inhumaines et
interrogé par des membres de ce service. Selon le plaignant, il fut ensuite transféré
dans «les locaux», où il fut chargé de l’enterrement des victimes de la DDS et du
creusement des fosses communes.
Il indique encore avoir été le témoin de traitements inhumains, de meurtres et de
crimes contre l’humanité dont notamment l’élimination systématique des Hadja‑
raïs en raison de leur origine ethnique. 45
headquarters, then to the premises of the bSIR (Special Rapid Action brigade)
and then to the place known as the “Locaux”.
He alleges that he was detained for nearly four years and had to carry out inhu‑
man work, including in particular burying the bodies of the DSD’s victims and
digging communal graves.
He states that he witnessed inhuman treatment, murders and crimes against
humanity such as the systematic elimination of Hadjerai in 1987 because of their
ethnic origin.
1.3.4.5. The complaint of Mrs. Aiba Adam Harifa, a Chadian national
Mrs. Aiba Adam Harifa states that on 2 April 1989 two DSD agents arrested her
husband, Mr. Adam bachar, a Zaghawa, who has since “disappeared”.
1.3.4.6. The complaint of Mr. Aldoumngar Mabaije Boukar, a Chadian national
Mr. Aldoumngar Mabaije boukar states that he was arrested on 8 August 1989
by members of the bSIR and transferred to the DSD for distributing tracts
denouncing H. Habré’s régime, an accusation which he denies.
When he was arrested there was a volley of gunfire and two of his children,
aged 3 and 14, were killed.
He states that he was subjected to torture by sticks as well as the “Arbatachar”
method of torture. He also states that he was forced to ingurgitate large quantities
of water, was given electric shocks and was subjected to other forms of torture.
He states that he was then imprisoned in the “piscine” at the DSD in inhuman
conditions, as a result of which two of his fellow detainees died.
1.3.4.7. The complaint of Mr. Mahamat Abakar Bourdjo, a Chadian national
Mr. Abakar bourdjo states that he was taken prisoner on 30 July 1983, together
with hundreds of combatants from the CDR (Democratic Revolutionary Coun‑
cil), by the FAN, Mr. H. Habré’s army.
Transferred to N’Djamena with 1,200 other prisoners, of whom only 800 would
arrive alive, he was placed in detention in a DSD camp, where he was regularly
tortured (nails torn off, electricity, death threats, etc.).
The complainant alleges that he was then transferred to a remand centre where
he remained locked up for five years in very harsh conditions, which led to the
deaths of dozens of detainees (hunger, disease, ill‑treatment, lack of medical care).
He further states that he saw prisoners being taken to be executed in the mass
graves around N’Djamena as well as executions being carried out by H. Habré
himself.
1.3.4.8. The complaint of Mr. Clement Abaifouta, a Chadian national
Mr. Abaifouta states that he was arrested on 12 July 1985 by members of
the DSD, suspected of belonging to the UND, the opposition party to presi‑
dent Habré’s régime.
He states that he was taken to the DSD, where he was detained in inhuman
conditions and interrogated by its members. The complainant alleges that he was
then transferred to the “Locaux”, where he was made to bury the DSD’s victims
and dig communal graves.
He further states that he witnessed inhuman treatment, murders and crimes
against humanity, including in particular the systematic elimination of Hadjerai in
1987 because of their ethnic origin. 46
me
1.3.4.9. Plainte de M Mariam Abderaman, de nationalité tchadienne
Cette plaignante expose que son époux, M. bachar bong, a été arrêté par trois
agents de la DDS et que, depuis ce jour, il a «disparu».
1.3.4.10. Plainte de M. Adimatcho Djamal, de nationalité tchadienne
M. Adimatcho Djamal expose:
— qu’il a été arrêté le 2 octobre 1984 par le commandant de la brigade de Kélo,
puis transféré à Laï, étant accusé d’organiser des opposants au régime Habré
au sud du pays;
— que, au cours de ce transfèrement, ses codétenus et lui ont été victimes d’un
simulacre d’exécution;
— que par la suite il fut incarcéré dans «les locaux», une des prisons de la DDS;
— qu’il fut détenu sans être entendu par un magistrat et sans qu’aucune charge
lui soit notifiée;
— qu’il fut détenu dans des conditions assimilables à des tortures permanentes,
sans soins alors qu’il était malade, avec très peu de nourriture;
— que, au cours de sa détention, il vit quotidiennement 10 à 15 détenus mourir, les
cadavres mis dans des sacs et jetés dans le fleuve Chari;
— que, toujours au cours de sa détention, il fut témoin de l’enlèvement par des
agents de la DDS de détenus dont les noms étaient appelés à partir de listes
préétablies, et qui ne revenaient jamais;
— qu’il fut libéré le 16 janvier 1986.
1.3.4.11. Plainte de M. Bichara Djibrine, de nationalité tchadienne
M. bichara Djibrine expose qu’il a été fait prisonnier de guerre en juillet 1983
à la maison d’arrêt de N’Djamena, où il ne recevait pas assez à manger. Il y avait
environ 20 détenus par cellule et ils n’avaient pas assez de place pour se coucher.
Ils étaient privés de sortie, même pour aller aux toilettes.
Un soir, environ 150 prisonniers ont été embarqués dans un véhicule et ont été
emmenés à 20 ou 25 kilomètres de N’Djamena, où les militaires ont tiré sur eux et
achevé ceux qui n’étaient pas morts.
Il aurait été blessé à la cuisse et à la main et aurait perdu connaissance. Lorsqu’il
se serait réveillé, il aurait constaté que les militaires étaient partis.
1.3.4.12. Plainte de M. Bechir Bechara Dagachene, de nationalité tchadienne
M. bechir bechara Dagachene, membre de la rébellion, explique qu’il a été fait
prisonnier le 30 juillet 1983. A la maison d’arrêt de Faya, les détenus étaient très
nombreux. Il n’y avait pas assez de place pour dormir et les prisonniers ne rece‑
vaient rien à manger, à part un peu de sorgho cru.
Lorsque certains prisonniers ont été blessés suite à des bombardements, ils n’au‑
raient pas reçu de soins.
Les détenus ont été transférés à la maison d’arrêt de N’Djamena, où les condi‑
tions étaient épouvantables. parfois, ils ne recevaient pas à manger pendant trois
ou quatre jours. Ils dormaient à même le sol et, vu le manque de place, à tour de
rôle. personne ne recevait de soins. S’il y avait un mort, le cadavre restait dans la
cellule pendant deux ou trois jours. Selon les calculs du plaignant, 257 prisonniers
sont morts, soit par exécution, soit à cause de la faim ou de maladies.
1.3.4.13. Plainte de M. Ibrahim Kossi, de nationalité tchadienne
M. Ibrahim Kossi, de l’ethnie Zaghawa, relate qu’il a été arrêté le 30 mai 1988 47
1.3.4.9. The complaint of Mrs. Mariam Abderaman, a Chadian national
This complainant states that her husband, Mr. bachar bong, was arrested by
three DSD agents and that he has since “disappeared”.
1.3.4.10. The complaint of Mr. Adimatcho Djamal, a Chadian national
Mr. Adimatcho Djamal states:
— that he was arrested on 2 October 1984 by the brigade Commander in Kelo,
then transferred to Laï accused of organizing opposition to the Habré régime
in the south of the country;
— that during this transfer, he and his fellow detainees were the victims of a mock
execution;
— that he was then imprisoned in the “Locaux”, one of the DSD prisons;
— that he was detained without being heard by a court official or notified of any
charges;
— that he was detained in conditions tantamount to permanent torture, with no
medical care, despite his being ill, and with very little food;
— that, during his detention, he saw 10 to 15 detainees die every day, their corpses
put into bags and thrown into the Chari River;
— that, also during his detention, he witnessed DSD agents abducting detainees,
whose names were called out from lists drawn up in advance, and who never
returned;
— that he was released on 16 January 1986.
1.3.4.11. The complaint of Mr. Bichara Djibrine, a Chadian national
Mr. bichara Djibrine states that he was made a prisoner of war in July 1983 and
detained at the remand centre in N’Djamena, where he was not given enough to
eat. There were about 20 detainees in each cell and they did not have enough room
to lie down. They could not go out, even to go to the toilet.
One evening, about 150 prisoners were loaded into a vehicle and taken to a place
20 or 25 km from N’Djamena where soldiers shot at them and then finished off any
who were not already dead.
He claims to have been injured in the thigh and the hand and to have lost con‑
sciousness. When he woke up he realized that the soldiers had gone.
1.3.4.12. The complaint of Mr. Bechir Bechara Dagachene, a Chadian national
Mr. bechir bechara Dagachene, a member of the rebellion, explains that he was
taken prisoner on 30 July 1983. There were a huge number of detainees at the
remand centre in Faya. There was not enough room to sleep and the prisoners
were not given anything to eat apart from a little raw sorghum.
When some of the prisoners were injured in bomb attacks they were not given
treatment.
The detainees were transferred to the remand centre in N’Djamena where the
conditions were dreadful. Sometimes they were not given anything to eat for three
or four days. The lack of space meant that they took it in turns to sleep on the
bare floor. No one received any medical care. If someone died the corpse stayed in
the cell for two or three days. The complainant calculates that 257 prisoners died,
either because they were executed or of hunger or disease.
1.3.4.13. The complaint of Mr. Ibrahim Kossi, a Chadian national
Mr. Ibrahim Kossi, a Zaghawa, tells us that he was arrested on 30 May 1988 48
et emmené à la DDS, où il a été interrogé. Selon lui, Hissène Habré suivait l’inter‑
rogatoire par talkie‑walkie et a donné l’ordre de le torturer quand il a dit qu’il ne
connaissait pas les gens qui préparaient une rébellion.
Il déclare avoir été détenu pendant plus de trois mois dans des conditions inhu‑
maines.
1.3.4.14. Plainte de M. Souleymane Abdoulaye Tahir, de nationalité tchadienne
M. Souleymane Abdoulaye Tahir, de l’ethnie Zaghawa, explique qu’il a été
arrêté parce qu’un de ses cousins, également de l’ethnie Zaghawa, s’était évadé de
prison. On le soupçonnait de connaître sa cachette. Il a été torturé (entre autres,
chaise électrique).
Il était détenu dans la prison souterraine «la piscine». Il y avait 83 détenus dans
une cellule d’environ 2 mètres sur 4 mètres. Des prisonniers mouraient tous les
jours d’asphyxie et de différentes maladies. Au bout de deux semaines, les cadavres
ont été évacués. Seules 11 personnes ont survécu.
me
1.3.4.15. Plainte de M Haoua Brahim, de nationalité tchadienne
M meHaoua brahim explique qu’elle a été arrêtée le 6 juin 1985, à l’âge de 13 ans,
pour mettre sa mère sous pression afin qu’elle rentre au Tchad. Elle a été enfermée
pendant un an à la DDS. Elle a été torturée (attachée à une chaise à laquelle les
agents de la DDS branchaient le courant).
1.3.4.16. Plainte de M. Masrangar Rimram, de nationalité tchadienne
M. Masrangar Rimram, gardien de la paix à Sahr en 1984, relate qu’il a été
arrêté dans la vague des arrestations de cadres sudistes et jeté dans une cellule dans
la villa d’un particulier. Dans cette pièce, il y avait des traces de sang et les chaus‑
sures avec les noms de deux chefs de quartier. Le gardien lui a dit que ces agents
avaient été abattus dans la cellule.
Les prisonniers dormaient à même le sol. Le plaignant n’a reçu que deux fois à
manger pendant les sept jours de détention.
1.3.4.17. Plainte de M. Mahamat Nour Dadji, de nationalité tchadienne
M. Mahamat Nour Dadji, fils du chef de file des Hadjaraïs, explique que, le
28 mai 1987, son père et lui ainsi qu’environ 150 Hadjaraïs ont été arrêtés et déte‑
nus à la bSIR, le bras armé de la DDS.
Tous les deux ou trois jours, le plaignant a été interrogé, pendant que les agents
de la DDS torturaient d’autres Hadjaraïs devant lui. On leur enlevait les ongles,
leur coupait des doigts, les brûlait avec des briquets et les ligotait à «l’arbatachar».
plusieurs personnes ainsi torturées sont mortes.
1.3.4.18. Plainte de MmeBassou Zenaba Ngolo, de nationalité tchadienne
me
M bassou Zenaba Ngolo, veuve de M. Saleh Gaba, journaliste, expose que
son mari a été arrêté en 1983 et enfermé à la DDS pendant dix jours dans des
conditions inhumaines et y a constaté que d’autres personnes étaient torturées.
Ensuite, ils sont partis en France, puis revenus au Tchad en 1986. Son mari a été
arrêté en juillet 1986. Depuis lors, elle ne l’a plus vu et ne sait pas exactement ce qui
lui est arrivé ni où il est enterré.
1.3.4.19. Remarque
Les faits tels qu’ils sont exposés ci‑dessus sont extraits des différentes plaintes 49
and taken to the DSD where he was interrogated. He alleges that Hissein Habré
followed the interrogation by walkie‑talkie and gave the order to torture him when
he said that he did not know the people who were preparing a rebellion.
He states that he was detained for more than three months in inhuman condi‑
tions.
1.3.4.14. The complaint of Mr. Souleymane Abdoulaye Tahir, a Chadian national
Mr. Souleymane Abdoulaye Tahir, a Zaghawa, explains that he was arrested
because one of his cousins, also a Zaghawa, had escaped from prison. He was sus‑
pected of knowing where he was hiding. He was tortured (including by the electric
chair).
He was detained in the underground prison known as the “piscine”. There were
83 detainees in a cell measuring about 2 m x 4 m. prisoners died every day of
asphyxiaandvariousdifferentdiseases.Aftertwoweeksthecorpseswereremoved.
Only 11 people survived.
1.3.4.15. The complaint of Mrs. Haoua Brahim, a Chadian national
Mrs. Haoua brahim explains that she was arrested on 6 June 1985, when she
was 13 years of age, to pressure her mother into returning to Chad. She was locked
up for a year at the DSD. She was tortured (attached to a chair to which the DSD
agents connected an electric current).
1.3.4.16. The complaint of Mr. Masrangar Rimram, a Chadian national
Mr. Masrangar Rimram, a peacekeeper in Sahr in 1984, tells us that he was
arrested in the wave of arrests of managerial staff from the south of the country
and thrown into a cell in a private house. In this room were traces of blood and
shoes bearing the names of two local chiefs. The guard told him that these men had
been shot in the cell.
The prisoners slept on the bare floor. The complainant was only given food
twice during his seven days in detention.
1.3.4.17. The complaint of Mr. Mahamat Nour Dadji, a Chadian national
Mr. Mahamat Nour Dadji, the son of the leader of the Hadjerai, explains that
on 28 May 1987 he and his father, together with about 150 other Hadjerai, were
arrested and detained at the bSIR, the armed wing of the DSD.
Every two or three days the complainant was interrogated while the DSD agents
tortured other Hadjerai in front of him. They removed their nails, cut off their
fingers, burned them with cigarette lighters and tied them up using the “Arbata‑
char” method. Several of those tortured in this way died.
1.3.4.18. The complaint of Mrs. Bassou Zenaba Ngolo, a Chadian national
Mrs. bassou Zenaba Ngolo, the widow of Mr. Saleh Gaba, a journalist, states
that her husband was arrested in 1983 and locked up at the DSD for 10 days in
inhuman conditions. He observed that other people were tortured there. They then
left for France, returning to Chad in 1986. Her husband was arrested in July 1986.
She has not seen him since then and does not know exactly what happened to him
or where he is buried.
1.3.4.19. Remark
The above statements of the facts are extracts from the various different com‑ 50
auxquelles il y a lieu de se référer et leur relation est dès lors à attribuer aux
plaignants.
2. La procédure en Belgique et la compétence
des juridictions belges
L’appréciation définitive de la compétence du juge d’instruction relève des attri‑
butions des juridictions d’instruction et de jugement.
Toutefois, le juge d’instruction doit vérifier provisoirement s’il est compétent
pour instruire les faits dont il est saisi avant de poser les actes d’instruction relevant
1
de sa compétence .
La question de la compétence du juge d’instruction et, partant, des juridictions
belges doit être abordée sous quatre angles de vue:
— ratione materiae;
— ratione personae ou la question de l’immunité diplomatique;
— ratione loci ou la question de la compétence extraterritoriale;
— ratione temporis ou la question de la prescription de l’action publique.
2.1. Remarques préalables
2.1.1. En matière de droit international humanitaire et notamment pour ce
qui concerne les crimes contre l’humanité, l’ensemble des questions relatives à la
compétence, l’immunité et la prescription sont intimement liées. Elles poursuivent
toutes la même volonté internationale contemporaine de se donner les moyens
d’une justice pénale universelle et d’une intégration progressive du d2oit interna‑
tional humanitaire dans les ordres juridiques internes des Etats .
En adoptant la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves
au droit international humanitaire 3, la belgique a érigé spécifiquement en «crimes
de guerre» certaines violations graves du droit international humanitaire com‑
mises non seulement dans le cadre d’un conflit armé international mais aussi dans
celui d’un conflit armé non international.
De cette manière, la loi belge du 16 juin 1993 constituait déjà un modèle unique
d’incrimination spécifique complète 4.
La modification de cette loi par la loi du 10 février 1999 correspondait à un
élargissement substantiel du champ d’application de celle‑ci (extension au crime
de génocide et au crime contre l’humanité) et à l’élaboration d’une loi générale
relative à la répression des violations graves du droit international humanitaire.
A l’époque, cette modification de la loi s’inscrivait d’ailleurs dans le droit‑fil de
la création d’une Cour pénale internationale qui, depuis l’entrée en vigueur de son
1 Voir Ord. Civ. bruxelles, 6 novembre 1998, Journal des tribunaux, 1999, p. 308;
J. Leclercq, note sous Cass., 31 mai 1995, Revue de droit pénal et de criminologie, 1996,
p. 410.
2 proposition de loi relative à la répression du crime de génocide, en application de
la convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide du
9 décembre 1948, Annales parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999, séance du
3 décembre 1998, p. 6626.
3 Intitulé de la loi du 16juin 1993 dans sa première mouture (Moniteur belge, 5août 1993).
4 A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert et J. Verhaegen, «Commentaire de la Loi
du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au droit international huma‑
nitaire», Revue de droit pénal et de criminologie, 1994, p. 1117 et 1133, note n 73 pour les
exemples de tradition des «premières» juridiques mondiales. 51
plaints, to which reference should be made. They are therefore made by the com‑
plainants.
2. Proceedings in Belgium and the Jurisdiction
of the Belgian Courts
The final decision on the jurisdiction of the investigating judge depends on the
powers conferred on the investigating court and the court hearing the case.
However, the investigating judge has to make a provisional assessment of
whether he has jurisdiction to investigate the evidence referred to him before
taking the investigative measures within his remit 1.
The question of the jurisdiction of the investigating judge and, hence, of the
belgian courts needs to be considered from four angles:
— ratione materiae;
— ratione personae or the question of diplomatic immunity;
— ratione loci or the question of extraterritorial jurisdiction;
— ratione temporis or the question of whether prosecution is subject to a statute
of limitations.
2.1. Preliminary remarks
2.1.1. In matters of international humanitarian law and particularly where
crimes against humanity are concerned, all of the issues relating to jurisdiction,
immunity and time‑limits are closely linked. The objective in each case is to comply
with a modern international desire to create a universal criminal judicial system
and gradually to integrate international humanitarian law in the internal legal sys‑
tems of nation States 2.
In adopting the Law of 16 June 1993 on the punishment of Serious Violations
3
of International Humanitarian Law , belgium specifically elevated to the category
of “war crimes” certain serious violations of international humanitarian law com‑
mitted not only as part of an international armed conflict but also as part of a
non‑international armed conflict.
Indrawingupacompletelistofspecificoffences,thebelgianLawof16June1993
therefore already constituted a unique model .
This law was amended by the Law of 10 February 1999, which substantially
increased its scope (this was extended to cover the crime of genocide and crimes
against humanity) and resulted in a general law on the punishment of serious viola‑
tions of international humanitarian law.
At the time, this amendment was, moreover, consistent with the creation of
an International Criminal Court, which, since the entry into force of its Statute
1 See Ord. Civ. bruxelles, 6 November 1998, Journal des tribunaux, 1999, p. 308;
J. Leclercq, note to Cass. 31 May 1995, Revue de droit pénal et de criminologie, 1996, p. 410.
2 Draft law on the punishment of the Crime of Genocide, in application of the Inter‑
national Convention on the prevention and punishment of the Crime of Genocide of
9 December 1948, Annales parlementaires, Senate, Ordinary sittings 1998‑1999, Sitting of
3 December 1998, p. 6626.
3 Title of the first draft of the Law of 16 June 1993, Moniteur belge (belgian Official
Gazette), 5 August 1993.
4 A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert and J. Verhaegen, “Commentaire de la Loi
du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au droit international humani‑
taire”, Revue de droit pénal et de criminologie, 1994, pp. 1117 and 1133, No. 73 for previous
examples of world legal “firsts”. 52
er
Statut (Rome, 17 juillet 1998), le 1 juillet 20025 connaît des crimes de génocide,
crimes contre l’humanité et crimes de guerre .
En effet, à la lecture du préambule de ce Statut, aucun doute n’est permis sur les
intentions des Etats parties à celui‑ci, qui stipule que:
«Les Etats parties au présent Statut,
Conscients que tous les peuples sont unis par des liens étroits et que leurs
cultures forment un patrimoine commun, et soucieux du fait que cette
mosaïque délicate puisse être brisée à tout moment,
Ayant à l’esprit qu’au cours de ce siècle des millions d’enfants, de femmes
et d’hommes ont été victimes d’atrocités qui défient l’imagination et heurtent
profondément la conscience humaine,
Reconnaissant que des crimes d’une telle gravité menacent la paix, la sécu‑
rité et le bien‑être du monde,
Affirmant que les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la com‑
munauté internationale ne sauraient rester impunis et que leur répression doit
être effectivement assurée par des mesures prises dans le cadre national et par
le renforcement de la coopération internationale,
Déterminés à mettre un terme à l’impunité des auteurs de ces crimes et à
concourir ainsi à la prévention de nouveaux crimes,
Rappelant qu’il est du devoir de chaque Etat de soumettre à sa juridiction
criminelle les responsables de crimes internationaux,
Réaffirmant les buts et principes de la Charte des Nations Unies et, en par‑
ticulier, que tous les Etats doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à
l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance poli‑
tique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des
Nations Unies,
Soulignant à cet égard que rien dans le présent Statut ne peut être interprété
comme autorisant un Etat partie à intervenir dans un conflit armé ou dans les
affaires intérieures d’un autre Etat,
Déterminés, à ces fins et dans l’intérêt des générations présentes et futures,
à créer une cour pénale internationale permanente et indépendante reliée au
système des Nations Unies, ayant compétence à l’égard des crimes les plus
graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale,
Soulignant que la cour pénale internationale dont le présent Statut porte
création est complémentaire des juridictions pénales nationales,
Résolus à garantir durablement le respect de la justice internationale et sa
mise en œuvre.»
5
Loi du 25 mai 2000 portant assentiment au Statutere Rome de la Cour pénale interna‑
tionale, fait à Rome le 17 juillet 1998 (Moniteur belge, 1 décembre 2000) et que la belgique a
ratifié le 28 juin 2000; voir la proposition de loi relative à la répression du crime de génocide,
en application de la convention internationale pour la prévention et la répression du crime
1999, séance du 3 décembre 1998, p. 6625 et 6627; le projet de loi relatif à la répression des
violations graves du droit international humanitaire, Documents parlementaires, Chambre,
sessions ordinaires 1998‑1999, n 1862/2, p. 2; voir en ce sens E. Gillet, qui plaide pour
que «se crée, dans le chef des autorités judiciaires nationales, une culture de poursuite des
crimes contre l’humanité», in E. Gillet, «La compétence universelle est‑elle applicable?»,
De Nuremberg à La Haye et Arusha. Actes du colloque organisé par le groupe PRL‑FDF du
Sénat, bruxelles, bruylant, 1997, p. 119. 53
(adopted in Rome on 17 July 1998) on 1 July 2002, has had jurisdiction to try
crimes of genocide, crimes against humanity and war crimes .
A reading of the Statute’s preamble certainly leaves no doubt about the inten‑
tions of its States parties. It reads:
“The States parties to this Statute,
Conscious that all peoples are united by common bonds, their cultures
pieced together in a shared heritage, and concerned that this delicate mosaic
may be shattered at any time,
Mindful that during this century millions of children, women and men have
been victims of unimaginable atrocities that deeply shock the conscience of
humanity,
Recognizing that such grave crimes threaten the peace, security and
well‑being of the world,
Affirming that the most serious crimes of concern to the international
community as a whole must not go unpunished and that their effective
prosecution must be ensured by taking measures at the national level and by
enhancing international co‑operation,
Determined to put an end to impunity for the perpetrators of these crimes
and thus to contribute to the prevention of such crimes,
Recalling that it is the duty of every State to exercise its criminal jurisdiction
over those responsible for international crimes,
Reaffirming the purposes and principles of the Charter of the United
Nations, and in particular that all States shall refrain from the threat or use
of force against the territorial integrity or political independence of any State,
or in any other manner inconsistent with the purposes of the United Nations,
Emphasizing in this connection that nothing in this Statute shall be taken as
authorizing any State party to intervene in an armed conflict or in the internal
affairs of any State,
Determined to these ends and for the sake of present and future genera‑
tions, to establish an independent permanent International Criminal Court in
relationship with the United Nations system, with jurisdiction over the most
serious crimes of concern to the international community as a whole,
Emphasizing that the International Criminal Court established under this
Statute shall be complementary to national criminal jurisdictions,
Resolved to guarantee lasting respect for and the enforcement of interna‑
tional justice”.
5 Law of 25 May 2000 giving assent to the Statute of the International Criminal Court,
done in Rome on 17 July 1998, Moniteur belge, 1 December 2000, ratified by belgium on
28 June 2000; see draft law on the punishment of the Crime of Genocide, in application of
the International Convention on the prevention and punishment of the Crime of Genocide
of 9 December 1948, Annales parlementaires, Senate, Ordinary sittings 1998‑1999, Sitting
of 3 December 1998, pp. 6625 and 6627; draft law on the punishment of Serious Viola‑
tions of International Humanitarian Law, Documents parlementaires, Chamber, Ordinary
Sittings 1998‑1999, No. 1862/2, p. 2; see in this respect E. Gillet, who argues in favour of
“the fostering, within the national judicial authorities, of a culture of prosecuting crimes
against humanity”, in E. Gillet, “La compétence universelle est‑elle applicable?”, De Nurem‑
brussels, bruylant, 1997, p. 119.u colloque organisé par le groupe PRL‑FDF du Sénat, 54
L’adoption de la loi du 5 août 2003 relative aux violations graves du droit inter‑
national humanitaire s’inscrit dans un souci de lier la compétence des juridictions
belges pour des faits commis à l’étranger à certains critères de rattachement à la
belgique.
La question de la compétence du juge belge se pose dorénavant non pas en des
termes d’obligation — et inversement de non‑obligation — de poursuivre, mais en
des termes de faculté de poursuivre.
«la première mission de la justice est de rendre justice et cela vaut a fortiori
pourlescrimeslesplusgraves,àsavoirceuxdedroitinternational.Or,endroit
humanitaire, le risque ne semble pas tellement résider dans le fait que les auto‑
rités nationales outrepassent leur compétence mais bien plutôt dans le réflexe
qu’elles auraient de rechercher des prétextes pour justifier leur incompétence,
laissant ainsi la porte ouverte à l’impunité des crimes les plus graves, ce qui
6
est assurément contraire à la raison d’être des règles de droit international.»
2.1.2. En vertu de l’article 3 du Code judiciaire, «les lois d’organisation judi‑
ciaire, de compétence et de procédure sont applicables aux procès en cours ... sauf
7
les exceptions prévues par la loi» .
Cela signifie que les lois de procédure pénale sont d’application immédiate,
c’est‑à‑dire qu’elles s’appliquent aussi aux infractions commises avant leur entrée
en vigueur et non encore jugées définitivement ou prescrites .
Ce principe de l’application immédiate des lois de compétence et de procédure
pénale s’applique non seulement aux lois modifiant la compétence matérielle des
tribunaux, aux lois modifiant les règles de procédure, aux conventions et traités
en matière d’extradition et d’entraide judiciaire, mais aussi aux lois modifiant les
règles en matière de prescription et la compétence extraterritoriale du juge belge.
Ainsi, la loi du 5 août 2003, qui est venue modifier la compétence extraterrito‑
riale du juge en lui reconnaissant une compétence extraterritoriale pour connaître
notamment des crimes contre l’humanité, est applicable aux faits susceptibles de
tomber dans le champ d’application des articles 136 bis et suivants du code pénal,
et qui ont été commis avant son entrée en vigueur le 7 août 2003.
En l’espèce, la circonstance que les faits se sont produits avant l’entrée en
vigueur de la loi du 5 août 2003 n’a aucune incidence sur la question spécifique de
la compétence.
6 D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto pino‑
chet Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 310, point 3.3.3; voir également, dans le cadre
des génocides au Rwanda et pour un cas d’application de l’adage «la plume est serve mais
la parole est libre», bruxelles (Ch. cons.), 22 juillet 1996, Journal des procès, 1996, n 310,
p. 28‑31.
7 pour un cas d’exception, voir la disposition transitoire de l’article 103 de la Constitu‑
tion, qui reconnaît la compétence exclusive de la cour d’appel pour connaître des infractions
commises par un ministre. «Le présent article n’est pas applicable aux faits qui ont fait
l’objet d’actes d’information ni aux poursuites intentées avant l’entrée en vigueur de la loi
portant exécution de celui‑ci», c’est‑à‑dire la loi du 17 décembre 1996 portant exécution
temporaire et partielle de l’article 103 de la Constitution, avant la loi du 25 juin 1998 réglant
la responsabilité des ministres.
8 H.‑D.boslyetD.Vandermeersch,Droitdelaprocédurepénale,bruges,LaCharte,2003,
p. 62; D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto pino‑
chet Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.2.1; pour des consécrations du
principe, voir Cass., 24 décembre 1973, Pasinomie, 1974, I, p. 447; Cass., 16 octobre 1985,
Revue de droit pénal et de criminologie, 1986, p. 406, note J. Leclercq, «Attendu que, sauf
disposition dérogatoire, une modification des règles sur la compétence en matière répressive
est applicable aux procédures en cours dans lesquelles n’est pas déjà intervenue une décision
sur le fond fixant la compétence» (p. 409). 55
The Law of 5 August 2003 on Serious Violations of International Humanitarian
Law was adopted with the aim of establishing a link between the jurisdiction of the
belgian courts to try acts committed abroad and the fulfilment of criteria demon‑
strating a connection to belgium.
The issue of the belgian judge’s jurisdiction is now couched not in terms of obli‑
gation — and conversely non‑obligation — to prosecute, but in terms of having a
right to prosecute.
“the primary function of the judicial system is to do justice and this applies
a fortiori to the most serious crimes, that is those under international law.
In humanitarian law, however, the danger would seem to lie not so much in
the national authorities exceeding their powers but rather in their immediate
reaction being to seek pretexts for pleading a lack of jurisdiction, thus leaving
the door open to the most serious crimes going unpunished, which is clearly
contrary to the raison d’être of the rules of international law.” 6
2.1.2. pursuant to Article 3 of the Judicial Code, “the laws on the administra‑
tion of justice, jurisdiction and procedure shall apply to proceedings already in
progress . . . except where the law provides otherwise” 7.
This means that the laws on criminal procedure take immediate effect, which is
to say that they also apply to offences committed before their entry into force on
8
which a final ruling has not yet been given and which are not statute‑barred .
This principle of laws on jurisdiction and criminal procedure applying imme‑
diately also holds not only for laws modifying the courts’ jurisdiction to try cer‑
tain offences, laws amending the rules of procedure, conventions and treaties on
extradition and judicial co‑operation, but also for laws amending the rules on the
application of a statute of limitations and the extraterritorial jurisdiction of bel‑
gian judges.
The Law of 5 August 2003, which was enacted to modify the judges’ extrater‑
ritorial jurisdiction by granting them extraterritorial jurisdiction to deal in par‑
ticular with crimes against humanity, therefore applies to acts that are likely to
fall within the scope of Articles 136bis et seq. of the penal Code, and which were
committed before its entry into force on 7 August 2003.
In this instance, the fact that the acts took place before the Law of 5 August 2003
entered into force has no implications for the specific issue of jurisdiction.
6
D. Vandermeersch, in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte
case, Journal des tribunaux, 1999, p. 310, point 3.3.3; see also, in the context of the geno‑
cides in Rwanda and for an example of application of the adage (concerning the freedom
of the public prosecutor in court) “La plume est serve mais la parole est libre”, brussels
(Ch7 Cons.), 22 July 1996, Journal des procès, 1996, No. 310, pp. 28‑31.
For an exception, see the transitional provision of Article 103 of the Constitution,
committed by a minister: “The present article is not applicable to acts which have beens
the subject of a preliminary judicial investigation or to proceedings instituted prior to the
entry into force of the law implementing the article”, i.e. the Law of 17 December 1996
temporarily and partially implementing Article 103 of the Constitution, prior to the Law of
25 June 1998 on the responsibility of ministers.
8 H.‑D. bosly and D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
2003, p. 62; D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet
Ugarte case, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.2.1; for examples upholding the
principle, see Cass., 24 December 1973, Pasinomie, 1974, I, p. 447; Cass., 16 October 1985,
Revue de droit pénal et de criminologie, 1986, p. 406, note by J. Leclercq, “Whereas, in the
absence of any dispensatory provision, a change in the rules on jurisdiction in respect of law
enforcement is applicable to all ongoing proceedings in which a final decision establishing
jurisdiction has not yet been handed down”, p. 409. 56
2.2. La compétence ratione materiae
Conformément au Code d’instruction criminelle, en principe, le juge d’instruc‑
tion n’est compétent que pour instruire les crimes et délits.
Concrètement, pour qu’une affaire soit mise à l’instruction, il est nécessaire qu’il
existe des indices de l’existence d’un crime ou d’un délit 9.
En l’espèce, au vu des éléments du dossier et notamment des plaintes des parties
civiles, des auditions et devoirs d’enquête déjà réalisés, notamment dans le cadre
d’une commission rogatoire internationale exécutée au Tchad, des rapports des
organisations non‑gouvernementales, du rapport de la «commission d’enquête sur
les crimes et détournements commis par l’ex‑président Habré, ses coauteurs et/ou
complices» publié en 1992 par le ministère de la justice du Tchad et des nombreux
autres documents, il existait et il existe des indices, susceptibles de justifier à tout
le moins l’ouverture d’une instruction, de l’existence de violations graves du droit
international humanitaire et plus particulièrement de crimes contre l’humanité,
de crimes de guerre, de crimes de torture ainsi que de génocide, dans le chef des
personnes appartenant aux services placés sous la responsabilité directe de l’ancien
président H. Habré, voire dans le chef de ce dernier.
2.3. La compétence ratione loci ou la question de la compétence extraterritoriale
2.3.1. L’article 3 du Code pénal belge dispose que «L’infraction commise sur
le territoire du royaume, par des belges ou par des étrangers, est punie conformé‑
ment aux dispositions des lois belges».
Le principe de la territorialité du droit pénal ainsi énoncé connaît toutefois des
exceptions, comme l’énonce l’article 4 du Code pénal: «L’infraction commise hors
du territoire du royaume, par des belges ou par des étrangers, n’est punie, en bel‑
gique, que dans les cas déterminés par la loi.»
On le comprend aisément, la compétence extraterritoriale des juridictions belges
10
est exceptionnelle et limitée aux situations prévues par le législateur .
La pertinence d’une de ces exceptions est à examiner en l’espèce, à savoir celle de
la compétence extraterritoriale.
2.3.2. La compétence extraterritoriale
2.3.2.1. La «compétence extraterritoriale» reconnue à une juridiction lui per‑
met de se considérer comme compétente pour connaître d’infractions quels que
soient le lieu où celles‑ci auraient été commises, la nationalité de l’auteur et celle
de la victime.
Cette exception au principe de territorialité du droit pénal belge implique la soli‑
darité des Etats dans la lutte contre la criminalité qui po11e atteinte à l’ordre inter‑
national et au respect des obligations internationales .
Cette compétence exorbitante du droit commun 12 trouve sa justifi‑
cation dans le souci de protéger des valeurs et des intérêts jugés essen‑
tiels sur le plan national et international et dans la volonté des autori‑
9 H.‑D. bosly et D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
2003, p. 502.
10 Voir l’énumération des cas de compétence extraterritoriale aux articles 6 à 14 de la loi
du 17 avril 1878 contenant le titre préliminaire du Code de procédure pénale.
11 F. Tulkens et M. van de Kerchove, Introduction au droit pénal, 4 éd., Diegem, Kluwer
Editions juridiques belgique et E. Story‑Scientia, 1997, p. 205.
12 puisqu’elle permet au juge belge de connaître de faits qui ont eu lieu à l’étranger entre
étrangers sans entretenir un quelconque lien avec la belgique. 57
2.2. Jurisdiction ratione materiae
In accordance with the Code of Criminal procedure, in principle the investi‑
gating judge only has jurisdiction to investigate indictable offences.
Specifically, for an investigation to be opened in9o a case, there has to be evi‑
dence that an indictable offence has taken place .
In this instance, in the light of the information in the case file and in particular
the complaints of the civil parties, the hearings and the enquiries already made,
in particular in the context of an international letter rogatory sent to Chad, the
reports of non‑governmental organizations, the report of the “Commission of
Inquiry into the crimes and misappropriations committed by the former president,
H. Habré, his co‑perpetrators and accomplices”, published in 1992 by the Ministry
of Justice of Chad, and many other documents, there was and is evidence, likely
to justify at the very least the opening of an investigation, of serious violations
of international humanitarian law and more specifically crimes against human‑
ity, war crimes, crimes of torture and crimes of genocide being committed by
people working in services under the direct responsibility of the former presi‑
dent, H. Habré, and even by H. Habré himself.
2.3. Jurisdiction ratione loci or the question of extraterritorial jurisdiction
2.3.1. Article 3 of the belgian penal Code provides that, “Offences committed
on the territory of the Kingdom of belgium, whether by belgian nationals or for‑
eignnationals,shallbepunishedinaccordancewiththeprovisionsofbelgianlaw.”
This principle of territoriality in criminal law does however admit of exceptions.
Article 4 of the penal Code states: “Offences committed outside the territory of the
Kingdom of belgium, whether by belgian nationals or foreign nationals, shall only
be punished in belgium in those cases established by the law.”
This is easily understood: the extraterritorial jurisdiction of the belgian courts
is the exception and is only to be exercised in the situations provided for by the
legislator10.
In this instance, the relevance of one of these exceptions needs to be studied, that
of extraterritorial jurisdiction.
2.3.2. Extraterritorial jurisdiction
2.3.2.1. If a court is recognized as having extraterritorial jurisdiction then it
is permitted to exercise jurisdiction to try offences regardless of where they are
alleged to have been committed and regardless of the nationalities of the perpetra‑
tor and victim.
This exception to the principle of territoriality in belgian criminal law requires
States to work together to combat crime that undermines the international order
and adversely affects compliance with international obligations 11.
This jurisdiction, which constitutes an exception to the general law 12, is justified
by a concern to protect the values and interests that are deemed to be essential on
a national and international level and by the desire of the authorities to ensure
9
2003, p. 502.sly and D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
10 See the instances of extraterritorial jurisdiction listed in Articles 6‑14 of the Law of
17 April 1878 containing the preliminary title of the Code of Criminal procedure.
11 F. Tulkens and M. van de Kerchove, Introduction au droit pénal, 4th ed., Diegem,
Kluwer Editions juridiques belgique and E. Story‑Scientia, 1997, p. 205.
12 Since it enables a belgian court to deal with acts which have taken place abroad
between foreign nationals without a link of any kind with belgium. 58
tés d’assurer la répression la plus large des infractions portant atteinte à
ces intérêts 1.
Cette compétence extraterritoriale contient par conséquent en elle‑même l’idée
sous‑jacente qu’il existe un ordre public international supérieur à l’ordre public
interne, qui comporte un ensemble de règles juridiques s’imposant à tous les Etats
en dehors de tout lien conventionnel. Les infractions à ces normes constituent des
«crimes de droit international» 1.
Admettre l’existence de ce noyau dur constitue un pas décisif pour l’effectivité
du droit international humanitaire. Comme le soulignait, en 1967, C. De Visscher,
«sans adhérer au principe d’un ordre public universel s’imposant aux Etats en
dehors de tout lien conve15ionnel, il n’est aucun espoir de progrès pour la commu‑
nauté internationale» .
Le caractère dissuasif d’une telle compétence se comprend aisément. Cette com‑
pétence permettrait à tous les Etats de se déclarer compétents pour connaître des
poursuites engagées contre les auteurs de faits que les Etats considèrent eux‑mêmes
comme particulièrement graves.
C’est la raison pour laquelle de nombreux Etats se sont regroupés et ont mis au
point des instruments internationaux par lesquels ils se sont engagées à organiser
ce type de compétence.
Ainsi, cette compétence extraterritoriale est expressément consacrée par les
quatre conventions du 12 août 1949 16, de même que par le protocole additionnel I
du 8 juin 1977 (art. 85, par. 1), qui introduisent le principe «Aut dedere, aut judi‑
care» selon lequel les Etats sont obligés soit de poursuivre les auteurs des infrac‑
tions graves, soit de les extrader 17. La belgique a ratifié ces instruments.
2.3.2.2. La compétence des autorités judiciaires belges pour connaître du type
de faits qui font l’objet de la procédure était fondée au moment du dépôt des
plaintes sur la loi du 16 juin 1993, modifiée par la loi du 10 février 1999, relative à la
répression des violations graves du droit international humanitaire, sous l’empire
de laquelle les constitutions de partie civile ont été actées, le réquisitoire de M. le
procureur du roi établi et la procédure pénale initiée.
Sansentrerdanslesdétails,l’originalitéetlaspécificitédecetteloiétaientessentiel‑
lement de conférer une compétence dite «universelle» aux juridictions belges pour
connaître des crimes visés par cette loi, quelles que soient la nationalité des auteurs
et celles des victimes et quel que soit le lieu de la commission de l’infraction ou celui
où l’auteur était trouvé. En d’autres termes, il n’y avait nul besoin d’un critère de
rattachementàlabelgiquepourquesesjuridictionssoientdéclaréescompétentes.
13 H.‑D. bosly et D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
2003, p. 76; A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert et J. Verhaegen, «Commentaire
de la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au droit international
humanitaire», Revue de droit pénal et de criminologie, 1994, p. 1170.
14 H.‑D. bosly et J. burneo Labrin, «La notion de crime contre l’humanité et le droit
pénal interne», note sous ord. civ. bruxelles, 6 novembre 1998, Revue de droit pénal et de
criminologie, 1999, p. 293; A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert et J. Verhaegen,
«Commentaire de la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au
droit international humanitaire», op. cit., 1994, p. 1137, point 3.3.
15 C. De Visscher, Les effectivités du droit international public, paris, Editions pedone,
1967, p. 117, cité par H.‑D. bosly et J. burneo Labrin, «La notion de crime contre l’huma‑
nité et le droit pénal interne», note sous ord. civ. bruxelles, 6 novembre 1998, op. cit., 1999,
p. 300, note 44.
16 Voir respectivement les articles 49, 50, 129 et 146 des quatre conventions du
12 août 1949.
17 A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert et J. Verhaegen, «Commentaire de la loi
du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au droit international humani‑
taire», op. cit., 1994, p. 1171. 59
that expansive punitive action is taken against any offences that are detrimental to
those interests 13.
Implicit in this extraterritorial competence is therefore the underlying idea that
an international public order exists that is superior to the national public order and
that this comprises a body of legal rules applicable to all States, quite separate
from any treaty obligations. Infringements of these rules constitute “crimes under
international law” 14.
Acknowledging the existence of an international public order is a decisive
step towards ensuring the effectiveness of international humanitarian law. As
Ch. De Visscher stressed in 1967, “without support for the principle of a universal
public order that applies in all States, quite separately from any tre15y obligations,
there is no hope of progress for the international community” .
The disadvantages of such powers of jurisdiction are easily understood. They
would enable all States to declare that they had jurisdiction to entertain proceed‑
ings against the perpetrators of acts considered by those States to be particularly
serious.
That is precisely why numerous States have come together and concluded inter‑
national instruments, through which they have undertaken to organize this kind
of jurisdiction.
Extraterritorial jurisdiction is thus explicitly enshrined in the four Conventions
of12 August 1949 16, aswell asin AdditionalprotocolI of8June1977 (Art.85 (1)),
which introduce the principle of “Aut dedere, aut judicare”, according to which the
States parties are obliged either to prosecute the perpetrators of serious offences or
to extradite them 1. belgium has ratified these instruments.
2.3.2.2. The belgian judicial authorities had jurisdiction to deal with the type of
acts that are subject to the procedure when complaints were filed concerning the
Law of 16 June 1993, as amended by the Law of 10 February 1999, on the pun‑
ishment of Serious Violations of International Humanitarian Law, under which
civil actions were filed, the application of the procureur du Roi was drawn up and
criminal proceedings were initiated.
Without going into the details, the originality and specificity of this law essen‑
tially resided in the fact that it conferred “universal” jurisdiction on the belgian
courts to try the crimes to which it referred, regardless of the nationalities of the
perpetrators and victims, where the crime was committed or where the perpetrator
was found. In other words, there was no need to prove a connection to belgium for
its courts to be declared competent.
13 H.‑D. bosly and D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
2003, p. 76; A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert and J. Verhaegen, “Commentaire
de la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au droit international
humanitaire”, Revue de droit pénal et de criminologie, 1994, p. 1170.
14 H.‑D. bosly and J. burneo Labrin, “La notion de crime contre l’humanité et le droit
pénal interne”, note to Ord. Civ. bruxelles, 6 November 1998, Revue du droit pénal et de
criminologie, 1999, p. 293; A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert and J. Verhaegen,
“Commentaire de la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au
droit international humanitaire”, op. cit., 1994, p. 1137, point 3.3.
15 Ch. De Visscher, Les effectivités du droit international public, paris, Editions pedone,
1967, p. 117, quoted by H.‑D. bosly and J. burneo Labrin, “La notion de crime contre
l’humanité et le droit pénal interne”, note to Ord. Civ. bruxelles, 6 November 1998, op. cit.,
1999, p. 300, note 44.
16 See,respectively,Articles49,50,129and146ofthefourConventionsof12August1949.
17 A. Andries, E. David, C. Van den Wyngaert and J. Verhaegen, “Commentaire de la loi
du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves au droit international huma‑
nitaire”, op. cit., 1994, p. 1171. 60
pour diverses raisons, le législateur a été amené à revoir les dispositions de cette
loi, dans un premier temps par une loi du 23 avril 2003 et ensuite, quelques mois
plus tard, par la loi du 5 août 2003 relative aux violations gaves du droit interna‑
tional humanitaire.
Dès lors, actuellement, depuis son entrée en vigueur le 7 août 2003, c’est cette
dernière loi qui constitue le siège de la matière et fonde la compétence du juge belge
dans les cas de violations graves du droit international humanitaire.
Une disposition transitoire (art. 29, par. 3, al. 2 et 5) de cette loi du 5 août 2003
prévoit que:
«Les affaires pendantes à l’instruction à la date d’entrée en vigueur de la
présente loi et portant sur des faits visés au titre I bis du livre II du Code pénal
sont transférées par le procureur fédéral au procureur général près la Cour
de cassation endéans les trente jours après la date d’entrée en vigueur de la
présente loi, à l’exception des affaires ayant fait l’objet d’un acte d’instruction à
la date d’entrée en vigueur de la présente loi, dès lors que, soit au moins un plai‑
gnant était de nationalité belge au moment de l’engagement initial de l’action
publique [les italiques sont de nous], soit au moins un auteur présumé a sa rési‑
dence principale en belgique à la date d’entrée en vigueur de la présente loi...
pour les affaires qui ne sont pas classées sans suite sur base de l’alinéa pre‑
mier du paragraphe 3 du présent article, ou dont le dessaisissement n’est pas
prononcé sur base du précédent alinéa, les juridictions belges restent compé‑
tentes.»
Dans le cas présent, M. A. Aganaye, de nationalité belge depuis le 19 juin 1998,
s’était constitué partie civile en date du 30 novembre 2000. Il était dès lors de natio‑
nalité belge au moment de l’engagement initial de l’action publique.par ailleurs, de
nombreux actes d’instruction ont été effectués avant l’entrée en vigueur de la loi du
5 août 2003, dont notamment une commission rogatoire internationale au Tchad,
délivrée en date du 10 octobre 2001 et exécutée du 26 février au 8 mars 2002.
En conséquence, sur base de l’article 29, paragraphe 3, alinéas 2 et 5, de la loi du
5 août 2003, les juridictions belges restent compétentes, en principe, pour connaître
des faits faisant l’objet de la présente instruction.
2.4. La compétence ratione personae ou la question de l’immunité diplomatique
2.4.1. Le juge d’instruction est chargé de l’instruction à l’égard de toute per‑
sonne soupçonnée d’un crime ou d’un délit relevant de la juridiction ordinaire en
matière pénale.
La saisine du juge est réelle (in rem) et non personnelle (in personam). Une fois
le juge saisi d’un ou plusieurs faits infractionnels, il peut accomplir librement tous
les actes d’instruction qu’il juge utiles pour rechercher les auteurs de ces faits 1.
Ceprincipeconnaîttoutefoisdesexceptions.Eneffet,certainescatégoriesdejus‑
ticiables échappent à sa juridiction en raison de leur qualité ou de leurs fonctions.
La qualité de chef d’Etat étranger constitue d’ordinaire un obstacle à l’exercice
de l’action publique.
Leschefsd’Etattoutcommelesministres,envoyésspéciaux,diplomates,consuls
ou fonctionnaires des organisations internationales à qui une protection parti‑
culière est reconnue en vertu d’instruments de droit international peuvent ainsi
échapper à la compétence des juridictions belges en raison de leur qualité.
18H.‑D. bosly et D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
2003, p. 530. 61
For various reasons, the legislator was led to revise the provisions of this law,
initially in a Law of 23 April 2003 and subsequently, several months later, in the
Law of 5 August 2003 on Serious Violations of International Humanitarian Law.
Consequently, since its entry into force on 7 August 2003, it is this second law
that has constituted the reference text and which now forms the basis for deter‑
mining whether the belgian judge has jurisdiction in cases of serious violations of
international humanitarian law.
A transitional provision (the second and fifth subparagraphs of Article 29 (3)) of
this Law of 5 August 2003 provides that,
“Cases pending investigation on the date of entry into force of this Law
and relating to the acts referred to in Title Ibis of Volume II of the penal Code
shall be transferred by the procureur fédéral to the procureur général at the
Cour de cassation no later than thirty days following the date of entry into
force of this law, with the exception of cases in respect of which an investigative
measure has already been taken on the date of entry into force of this law, since
either at least one complainant was a Belgian national at the time that the crimi‑
nal proceedings were initiated [emphasis added] or at least one alleged perpe‑
trator has his main residence in belgium on the date of entry into force of this
law . . . For cases where the proceedings are not discontinued on the basis of
the first subparagraph of Article 29 (3) or where jurisdiction is not declared to
be relinquished on the basis of the previous subparagraph, the belgian courts
shall continue to exercise jurisdiction.”
In this case, Mr. A. Aganaye, a belgian national as of 19 June 1998, had filed
a civil action on 30 November 2000. He was therefore a belgian national at the
time that the criminal proceedings were initiated. Moreover, numerous investiga‑
tive measures were taken before the entry into force of the Law of 5 August 2003,
including in particular an international letter rogatory to Chad, which was issued
on 10 October 2001 and executed from 26 February to 8 March 2002.
On the basis of the second and fifth subparagraphs of Article 29 (3) of the Law
of 5 August 2003, the belgian courts therefore continue to exercise jurisdiction, in
principle, to try the offences that are the subject of this investigation.
2.4. Jurisdiction ratione personae or the question of diplomatic immunity
2.4.1. The investigating judge is assigned to investigate anyone suspected of an
indictable offence governed by ordinary criminal courts.
The judge is assigned in rem and not in personam. Once the judge is assigned
to investigate one or several offences, he or she is free to take all the investigative
measures that he or she deems useful to find the perpetrators of these acts 18.
This principle does, however, entertain exceptions, because certain categories of
defendants escape their jurisdiction by virtue of their position or office.
The position of foreign Head of State is usually a bar to criminal proceedings
being initiated.
Heads of State, like ministers, special envoys, diplomats, consuls or officials
of international organizations, who are accorded special protection pursuant to
instruments of international law, may also be outside the jurisdiction of the bel‑
gian courts by virtue of their position.
18H.‑D. bosly and D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte,
2003, p. 530. 62
Ainsi, un chef d’Etat étranger en fonctions bénéficie d’une immunité de juridic‑
tion et d’exécution absolue.
Lorsque la personne poursuivie perd son statut de chef d’Etat, elle cesse dès ce
moment de jouir des immunités conférées à l’exercice de sa fonction, mais continue
toutefois à jouir des immunités pour tous les actes accomplis dans l’exercice de ses
fonctions de chef d’Etat, pour autant que cette immunité ne soit pas levée 19.
2.4.2. pour connaître ce que recouvre la notion d’immunité, il y a lieu de se
référer à l’arrêt rendu le 14 février 2002 par la Cour internationale de Justice dans
une affaire opposant la République démocratique du Congo au Royaume de
belgique.
En effet, dans cet arrêt, la Cour a rappelé le principe de l’immunité de juridiction
pénale et l’inviolabilité totales à l’étranger des dirigeants en exercice, quelle que
soit la nature du crime reproché et sous réserve de la levée d’immunité. Selon la
Cour, cette règle ne souffre pas d’exception lorsque les dirigeants en exercice sont
soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.
La Cour souligne toutefois que cette immunité de juridiction ne signifie pas une
impunité. En effet, alors que l’immunité de juridiction revêt un caractère procédu‑
ral, la responsabilité pénale touche au fond du droit. Dès lors, poursuit la Cour,
«l’immunité de juridiction peut certes faire obstacle aux poursuites pendant un
certain temps ou à l’égard de certaines infractions; elle ne saurait exonérer la per‑
sonne qui en bénéficie de toute responsabilité pénale».
Et la Cour de mentionner à ce sujet les exceptions à la règle consacrant l’immu‑
nité et l’inviolabilité, à savoir, en premier lieu, l’absence d’immunité de juridiction
pour ces dirigeants dans leur propre pays.
En deuxième lieu, ils ne bénéficient plus de l’immunité de juridiction à l’étranger
si l’Etat qu’ils représentent ou ont représenté décide de lever cette immunité.
Troisième exception, cette immunité prend fin dès qu’une personne cesse d’oc‑
cuper une fonction de dirigeant, pour les actes accomplis avant ou après la période
pendant laquelle elle a occupé cette fonction, ainsi que pour les actes qui, bien
qu’accomplis durant cette période, l’ont été à titre privé.
Enfin, des poursuites pénales peuvent toujours être intentées devant certaines
juridictions pénales internationales, dès lors que celles‑ci sont compétentes.
2.4.3. Dans la mesure où, par un courrier du 7 octobre 2002 adressé au magis‑
trat instructeur, figurant au dossier de la procédure, les autorités tchadiennes ont
confirmé que, dans le cadre de la présente procédure, M. H. Habré ne pouvait se
prévaloir d’aucune immunité, et ce, depuis la fin de la conférence nationale souve‑
raine qui s’est tenue à N’Djamena du 15 janvier au 7 avril 1992, il n’y a pas lieu, à
ce stade, d’examiner si les faits dénoncés par les plaignants sont, à les supposer éta‑
blis, des actes accomplis par ce dernier à titre privé, quand bien même il occupait
les fonctions de président de la République du Tchad, ou si l’immunité s’applique
ou non en matière de crimes de droit international, tels que les crimes de guerre, les
crimes contre la paix, le crime de génocide ou les crimes contre l’humanité.
2.4.4. Néanmoins, bien que la Cour internationale de Justice en ait décidé
autrement dans son arrêt du 14 février 2002, il est utile de mentionner que, à plu‑
sieurs reprises, il a été soutenu dans la pratique des relations internationales de
ces dernières années que l’immunité reconnue aux chefs d’Etat ne s’applique pas
19
J. Salmon, Manuel de droit diplomatique, bruxelles, bruylant, 1994, p. 602, cité par
H.‑D. booly et D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte, 2003,
p. 163, n 145. 63
Thus, a serving foreign Head of State enjoys absolute immunity from jurisdic‑
tion and enforcement.
As soon as individuals subject to prosecution lose their status as Heads of State,
they cease to enjoy the immunities conferred on them when they were in office,
but nevertheless continue to enjoy immunities for all of the acts carried out in the
performance of their duties as Heads of State, in so far as these immunities have
not been waived 19.
2.4.2. To determine what is covered by the notion of immunity, it is necessary
to refer to the Judgment handed down on 14 February 2002 by the International
Court of Justice in a case between the Democratic Republic of the Congo and the
Kingdom of belgium.
In this Judgment, the Court recalled the principle of immunity from criminal
jurisdiction and the absolute inviolability enjoyed by incumbent holders of office
abroad, regardless of the nature of the crime of which they are accused and subject
to the immunity being waived. According to the Court, this rule does not admit of
any exception when the incumbent holders of office are suspected of having com‑
mitted war crimes or crimes against humanity.
The Court underlines, however, that this jurisdictional immunity does not mean
impunity, because, while jurisdictional immunity is procedural in nature, criminal
responsibility is a question of substantive law. That being the case, the Court con‑
tinues, “[j]urisdictional immunity may well bar prosecution for a certain period
or for certain offences; it cannot exonerate the person to whom it applies from all
criminal responsibility”.
The Court goes on to mention exceptions to the rule conferring immunity and
inviolability: firstly, the fact that there is no jurisdictional immunity for these
holders of office in their own countries.
Secondly, they cease to enjoy immunity from foreign jurisdiction if the State
which they represent or have represented decides to waive that immunity.
The third exception is that this immunity comes to an end after a person ceases
to hold office, in respect of acts committed prior or subsequent to his or her period
of office, as well as in respect of acts committed during that period of office in a
private capacity.
Finally, criminal proceedings may still be instituted before certain international
criminal courts, where they have jurisdiction.
2.4.3. Given that, in a letter dated 7 October 2002 addressed to the investigat‑
ing judge, which is included in the case file, the Chadian authorities confirmed
that in the context of this procedure Mr. H. Habré could not avail himself of any
immunity and that this had been the case since the end of the Sovereign National
Conference, held in N’Djamena from 15 January to 7 April 1992, there is no need,
at this stage, to consider whether the acts reported by the complainants, assuming
that they are proven, are acts carried out by him in a private capacity at the same
time that he held office as president of the Republic of Chad or whether the immu‑
nity does or does not apply to crimes under international law, such as war crimes,
crimes against peace, the crime of genocide or crimes against humanity.
2.4.4. Nevertheless, although the International Court of Justice held otherwise
in its Judgment of 14 February 2002, it is worthwhile mentioning that support has
been expressed on several occasions in recent years in the practice of international
relations for the idea that the immunity conferred on Heads of State does not
19J. Salmon, Manuel de droit diplomatique, brussels, bruylant, 1994, p. 602, quoted by
H.‑D. bosly and D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte, 2003,
p. 163, No. 145. 64
en matière de crimes de droit international, tels que les crimes de guerre, 20s crimes
contre la paix, le crime de génocide ou les crimes contre l’humanité .
Ainsi, ce principe fut énoncé par le Tribunal militaire international de Nurem‑
berg en 1946 21, qui dépassa une des objections principales qui furent rencontrées
au cours des débats, à savoir, outre la règle stricte de la non‑rétroactivité de la loi
22
pénale , la doctrine selon laquelle le chef de l’Etat souverain n’est pas personnel‑
lement responsable d’un crime international en consacrant que:
«La protection que le droit international assure aux représentants de l’Etat
ne saurait s’appliquer à des actes criminels. Les auteurs de ces actes ne peu‑
vent invoquer leur qualité officielle pour se soustraire à la procédure normale
et se mettre à l’abri du châtiment.»
La raison d’être de cette jurisprudence se comprend aisément.
«De tels actes criminels (crimes contre l’humanité) ne peuvent être censés
rentrer dans l’exercice normal des fonctions d’un chef d’Etat, dont l’une des
missions consiste précisément à assurer la protection de ses concitoyens.» 23
Cette règle avait été insérée par la loi du 10 février 1999 dans l’article 5 de la loi
du 16 juin 1993 relative à la répression des violations graves du droit international
humanitaire, qui consacrait expressément que «L’immunité attachée à la qualité
officielle d’une personne n’empêche pas l’application de la présente loi».
Les auteurs de ce texte ont insisté, lors de son élaboration, sur le fait qu’il
s’agissait «uniquement de la transposition d’une règle du droit humanitaire
international, récemment confirmée par l’article 27 du Statut de la Cour pénale
internationale» 24.
En effet, l’article 27 du Statut de Rome de la Cour pénale internatio‑
nere du 17 juillet 1998 (approuvé par la loi du 25 mai 2000, Moniteur belge,
1 décembre 2000) dispose que:
20 En ce sens, H.‑D. bosly et D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale, bruges, La
Charte, 2003, p. 160 et suiv.; D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998
en cause Augusto pinochet Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.1; E. David,
Eléments de droit pénal international, bruxelles, presses universitaires de bruxelles, 1997,
première partie, p. 38‑40. Voir contra J. Verhoeven, Droit international public, bruxelles,
Larcier, 2000, p. 123, et «M. pinochet, la coutume internationale et la compétence univer‑
selle», obs. sous ord. civ. bruxelles, 6 novembre 1998, Journal des tribunaux, 1999, p. 312,
point 4; C. Dominice, «Quelques observations sur l’immunité de juridiction de l’ancien chef
d’Etat», Revue générale de droit international public, 1999, p. 297‑308; p.E. bass, «Ex‑head
of State Immunity: A proposed Statutory Tool of Foreign policy», Yale Law Journal, 1988,
p. 299 et suiv.
21 Tribunal militaire international de Nuremberg, 1 octobre 1946, cité par J. Salmon,
Manuel de droit diplomatique, bruxelles, bruylant, 1994, p. 603.
22 W.J. Ganshof van der Meersch, «Justice et droit international pénal», Journal des
tribunaux, 1961, p. 534.
23 D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto pino‑
chet Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.1, sa prise de position étant
confortée, dans le cadre de cette affaire, par la Chambre des lords britannique, qui a jugé,
le 24 mars 1999, que toute immunité doit être exclue, s’agissant d’un ancien chef d’Etat,
lorsque sont en cause des crimes contre l’humanité (torture, notamment), qu’ils aient ou non
été commis dans l’exercice de ses fonctions; voir J. Verhoeven, Droit international public,
bruxelles, Larcier, 2000, p. 123.
24 proposition de loi relative à la répression du crime de génocide, en application de
la convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide
du 9 décembre 1948, Documents parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999,
n 1‑749/3, p. 15. 65
apply to crimes under international law, such as war crimes, crimes against peace,
20
the crime or genocide or crimes against humanity .
Thus, this principle was stated by the Nuremberg International Military Tribu‑
nal in 1946 21, which overcame one of the major objections that was encountered
during the course of the trials, that is, apart from the strict rule of the non‑retro‑
activity of criminal law 2, the doctrine according to which the sovereign Head of
State is not personally responsible for an international crime, by establishing that:
“The principles of international law which, under certain circumstances,
protect the representatives of a State cannot be applied to acts condemned as
criminal by international law. The authors of such acts cannot shelter behind
their official position to avoid criminal proceedings and be freed from punish‑
ment.”
The grounds for the existence of this case‑law are easily understood.
“Such criminal acts (crimes against humanity) cannot be regarded as falling
within the normal exercise of the functions of a Head of State, one of whos23
tasks is specifically to ensure the protection of his fellow citizens.”
The Law of 10 February 1999 had inserted this rule in Article 5 of the Law of
16 June 1993 on the punishment of Serious Violations of International Humani‑
tarian Law, which expressly established that “The immunity attached to the offi‑
cial capacity of a person shall not bar the application of this law.”
When the text was drafted, its authors stressed the fact that this provision was,
“simply transposing a rule of international humanitarian law, recently confirmed
24
by Article 27 of the Statute of the International Criminal Court” .
Article 27 of the Rome Statute of the International Criminal Court of
17 July 1998 (ratified by the Law of 25 May 2000, Moniteur belge (belgian Official
Gazette), 1 December 2000) provides that:
20 SeeinsupportH.‑D.boslyandD.Vandermeersch,Droitdelaprocédurepénale,bruges,
La Charte, 2003, pp. 160 et seq.; D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the
Augusto pinochet Ugarte case, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.1; E. David,
Eléments de droit pénal international, brussels, presses universitaires de bruxelles, 1997, first
part, pp. 38‑40. See for counter‑arguments J. Verhoeven, Droit international public, brussels,
Larcier, 2000, p. 123, and “M. pinochet, la coutume internationale et la compétence univer‑
selle”, note to Ord. civ., bruxelles, 6 November 1998, Journal des tribunaux, 1999, p. 312,
point 4; C. Dominice, “Quelques observations sur l’immunité de juridiction de l’ancien chef
d’Etat”, Revue générale de droit international public, 1999, pp. 297‑308; p. E. bass, “Ex‑head
of State Immunity: A proposed Statutory Tool of Foreign policy”, Yale Law Journal, 1988,
pp.2199 et seq.
Nuremberg International Military Tribunal, 1 October 1946, quoted by J. Salmon,
Man22l de droit diplomatique, brussels, bruylant, 1994, p. 603.
W. J. Ganshof van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, Journal des
tri23naux, 1961, p. 534.
D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte
case, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.1; his position was supported in that case
by the british House of Lords, which ruled on 24 March 1999 that there may be no immu‑
nity for a former Head of State where crimes against humanity (in particular torture) are
concerned, whether or not they were committed in the exercise of his functions, see J. Ver‑
hoeven, Droit international public, brussels, Larcier, 2000, p. 123.
24
Draft law on the punishment of the Crime of Genocide, in application of the
of 9 December 1948, Documents parlementaires, Senate, Ordinary sittings 1998‑1999,
No. 1‑749/3, p. 15. 66
«1. Le présent Statut s’applique à tous de manière égale, sans aucune dis‑
tinction fondée sur la qualité officielle. En particulier, la qualité officielle de
chef de l’Etat ou de gouvernement, de membre d’un gouvernement ou d’un
parlement, de représentant élu ou d’agent d’un Etat, n’exonère en aucun cas
de la responsabilité pénale au regard du présent Statut, pas plus qu’elle ne
constitue en tant que telle un motif de réduction de la peine.
2. Les immunités ou règles de procédure spéciales qui peuvent s’attacher
à la qualité officielle d’une personne, en vertu du droit interne ou du droit
international, n’empêchent pas la Cour d’exercer sa compétence à l’égard de
cette personne.»
L’écartement de la qualité officielle de chef d’Etat par le Statut de cette juridic‑
tion pénale internationale permanente est conforme à la volonté des très nom‑
breux Etats qui en sont les rédacteurs, «déterminés à mettre un terme à l’impunité
des auteurs de ces crimes (les crimes les plus graves qui touchent à l’ensemble de
la communauté internationale) et à concourir ainsi à la prévention de nouveaux
crimes» 25.
2.4.5. Entouslescas,ilyadonclieudeconclureque,danslecadredelaprésente
procédure, M. H. Habré ne pourrait se prévaloir d’une immunité diplomatique liée
à ses anciennes fonctions de président de la République du Tchad, susceptible de
faire obstacle à l’exercice de l’action publique à l’étranger.
2.5. La compétence ratione temporis ou la question de la prescription de l’action
publique
Les faits reprochés à M. H. Habré daernt de la période de sa présidence tcha‑
dienne, à savoir du 7 juin 1982 au 1 décembre 1990. Se pose dès lors la question
de la prescription de l’action publique pour ces faits.
En effet, la prescription de l’action publique apparaît traditionnellement comme
une cause d’extinction de l’action publique, l’exception étant toutefois l’impres‑
criptibilité attachée à certains crimes constitutifs de violations graves du droit
international humanitaire, comme les crimes contre l’humanité, les crimes de
guerre, les crimes de génocide et de torture.
2.5.1. Consécration du principe d’imprescriptibilité
Dès 1945, les crimes de guerre et les crimes contre la paix sont consacrés impres‑
criptibles par l’article II, paragraphe 5, de la loi no10 du Conseil de contrôle allié
en Allemagne 26.
Cette législation présentait l’inconvénient d’être limitée aux crimes commis par
les nazis durant la seconde guerre mondiale.
D’autres consécrations, générales cette fois, suivirent, dont on peut déduire une
coutume internationale. On citera:
— l’article premier de la convention des Nations Unies du 26 novembre 1968 sur
l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité;
25
préambule, alinéa 5 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale du
17 26illet 1998.
Editions de l’Université de bruxelles, 1974, p. 208.guerre et contre l’humanité, bruxelles, 67
“1. This Statute shall apply equally to all persons without any distinction
based on official capacity. In particular, official capacity as a Head of State
or Government, a member of a Government or parliament, an elected repre‑
sentative or a government official shall in no case exempt a person from crimi‑
nal responsibility under this Statute, nor shall it, in and of itself, constitute a
ground for reduction of sentence.
2. Immunities or special procedural rules which may attach to the official
capacity of a person, whether under national or international law, shall not
bar the Court from exercising its jurisdiction over such a person.”
The dismissal of the official capacity of Head of State by the Statute of this per‑
manent international criminal court is in accordance with the wishes of the very
large number of States who drafted it, “Determined to put an end to impunity for
the perpetrators of these crimes (the most serious crimes of concern to the inter‑
national community as a whole) and thus to contribute to the prevention of such
crimes.” 25
2.4.5. In any case, it can be concluded that, in the context of this procedure,
Mr. H. Habré would not be able to claim diplomatic immunity on the basis of his
former position as president of the Republic of Chad such that this could be a bar
to criminal proceedings being initiated abroad.
2.5. Jurisdiction ratione temporis or the question of whether prosecution is subject to
a statute of limitations
The acts of which Mr. H. Habré is accused date from the time that he held office
as president of Chad, that is from 7 June 1982 to 1 December 1990. The question
therefore arises of whether prosecution for these acts is subject to a statute of limi‑
tations.
Traditionally, if proceedings are statute‑barred they cannot be pursued, the
exception being, however, the non‑applicability of statutory limitations to certain
crimes that constitute serious violations of international humanitarian law such as
crimes against humanity, war crimes, crimes of genocide and torture.
2.5.1. Establishment of the principle of the non‑applicability of statutory limitations
As early as 1945, war crimes and crimes against humanity were recognized as
not being subject to statutory limitations by Article II (5) of Law No. 10 of the
Allied Control Council in Germany 26.
The disadvantage of this legislation was that it was limited to crimes committed
by the Nazis during the Second World War.
This principle was subsequently established several times, this time as a general
rule, and it can therefore be concluded that it has become an international custom.
We would cite:
— Article 1 of the United Nations Convention of 26 November 1968 on the
Non‑Applicability of Statutory Limitations to War Crimes and Crimes against
Humanity;
25
preamble, para. 5, of the Rome Statute of the International Criminal Court of
17 26ly 1998.
Editions de l’Université de bruxelles, 1974, p. 208.guerre et contre l’humanité, brussels, 68
— l’article premier de la convention du Conseil de l’Europe du 25 janvier 1974 sur
l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité;
— l’article 29 du Statut de la Cour pénale internationale, fait à Rome le
17 juillet 1998 (approuvé par la loi du 25 mai 2000, Moniteur belge,
1er décembre 2000): «Les crimes relevant de la compétence de la Cour ne se
prescrivent pas.» Il s’agit du crime de génocide (art. 6), des crimes contre l’hu‑
manité (art. 7) et des crimes de guerre (art. 8). La prescription est en outre
de toute manière incompatible avec le rejet de l’impunité énoncé par le Statut
de la Cour pénale internationale (préambule, al. 5). Or la belgique a ratifié ce
Statut le 28 juin 2000, marquant ainsi très clairement son intention de ne plus
laisser ce genre de crimes impunis;
— le principe en tant que règle générale de droit international. Même si l’Etat
n’a pas ratifié ces conventions ou qu’il ne l’a fait que tardivement, et qu’elle ne
vaudrait que pour l’avenir, il est une pratique générale et constante considérée
comme du droit de refuser la protection de la prescription aux crimes les plus
graves commis à l’égard de l’humanité tout entière.
Il existe, bien entendu, des exemples de consécrations internes de cette coutume
internationale dans l’ordre juridique de divers Etats, notamment:
— pour la Belgique: l’article 21, alinéa premier, du titre préliminaire du Code de
procédure pénale (tel que modifié par la loi du 5 août 2003, Moniteur belge,
7 août 2003);
— pour la France: la loi du 26 décembre 1964 (Journal officiel, 29 décembre 1964)
constatant l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, et selon laquelle
«les crimes contre l’humanité ... sont imprescriptibles par nature»;
— pour Israël: l’affaire Eichmann, Jerusalem District Court, 12 décembre 1961,
ILR, 76, p. 76‑79.
2.5.2. Obstacle: la prescription pourrait‑elle avoir déjà été acquise avant l’entrée en
vigueur de la législation nationale?
Il n’y a aucune prescription acquise sur base de dispositions du droit interne qui
s’applique dans la mesure où la consécration légale, insérée dans l’article21 du titre
préliminaire du Code de procédure pénale,27st non pas constitutive mais déclara‑
tive de l’imprescriptibilité de ces faits .
27 Article 21 du titre préliminaire du Code de procédure pénale: «Sauf en ce qui
concerne les infractions définies dans les articles 136 bis, 136 ter et 136 quater du Code
pénal, l’action publique sera prescrite après dix ans, cinq ans ou six mois à compter du
jour où l’infraction a été commise, selon que cette infraction constitue un crime, un délit
ou une contravention. Le délai sera cependant de quinze ans si cette infraction est un crime
qui ne peut être correctionnalisé en application de l’article 2 de la loi du 4 octobre 1867
sur les circonstances atténuantes.» A ce sujet, notons, mutatis mutandis, que «cette dispo‑
sition ne fait que consacrer une règle préexistante du droit coutumier international suivant
laquelle ces infractions sont par nature imprescriptibles», H.‑D. bosly et D. Vandermee‑
rsch, Droit de la procédure pénale, bruges, La Charte, 2003, p. 65. En ce sens, pour la
France, aff. Touvier, Cass. fr. (crim.), 30 juin 1976, Annuaire français de droit international,
1977, p. 969, spéc. l’opinion du ministre des affaires étrangères français du 15 juin 1979 en
(crim.), 26 janvier 1984, Journal du droit international, 1984, p. 314‑315, où l’imprescripti‑
bilité des crimes contre l’humanité est même assimilée à un «principe de droit reconnu par
l’ensemble des nations». Qu’ainsi, selon l’arrêt, la loi du 26 décembre 1964 «s’est bornée
à confirmer qu’était déjà acquise en droit interne, par l’effet des accords internationaux 69
— Article 1 of the Council of Europe Convention of 25 January 1974 on the
Non‑Applicability of Statutory Limitations to War Crimes and Crimes against
Humanity;
— Article 29 of the Statute of the International Criminal Court, done at Rome
on 17 July (ratified by the Law of 25 May 2000, Moniteur belge, 1 Decem‑
ber 2000), “The crimes within the jurisdiction of the Court shall not be sub‑
ject to any statute of limitations.” These are genocide (Art. 6), crimes against
humanity (Art. 7) and war crimes (Art. 8). Furthermore, the application of a
statute of limitations is incompatible with the rejection of impunity expressed
by the Statute of the International Criminal Court (para. 5 of the preamble).
belgium ratified this Statute on 28 June 2000, thus very clearly stating its inten‑
tion no longer to let these kinds of crimes go unpunished;
— the principle as a general rule of international law. Even if the State has not
ratified these conventions or has only done so belatedly, and the principle is
said only to apply in the future, it is a general and consistent practice, held to
be tantamount to law, to refuse to provide protection by applying statutory
limitations to the most serious crimes committed against humanity as a whole.
Of course, there are also examples of this international custom being established
internally in the legal systems of various States, in particular:
— for Belgium: the first subparagraph of Article 21 of the preliminary Title of
the Code of Criminal procedure (as amended by the Law of 5 August 2003,
Moniteur belge, 7 August 2003);
— for France: the Law of 26 December 1964 (Official Journal, 29 December 1964)
noting the non‑applicability of statutory limitations to crimes against humanity
and according to which, “crimes against humanity . . . are by their very nature
not subject to statutory limitation”;
— for Israel: the Eichmann case, Jerusalem District Court, 12 December 1961,
ILR, 76, pp. 76‑79.
2.5.2. Problem: could the offences already have been statute‑barred before the
national legislation came into force?
Offences are not statute‑barred by virtue of the applicable provisions of internal
law, because the legal establishment of the principle of the non‑applicability of
statutory limitations, inserted in Article 21 of the preliminary Title of the Code
of Criminal procedure, does not create the right for these acts not to be subject to
statutory limitations, but rather declares it 27.
27
Article 21 of the preliminary Title of the Code of Criminal procedure states that:
“With the exception of the offences defined in Articles 136bis, 136ter and 136quater of the
six months from the date when it was committed, depending on whether it constitutes anars or
indictable crime or offence or a misdemeanour. That period shall, however, be 15 years if
the offence is an indictable crime or offence which cannot be prosecuted under Article 2 of
the Law of 4 October 1867 on Mitigating Circumstances”. On this point, it should be noted
mutatis mutandis that “This provision merely enshrines a pre‑existing rule of customary
international law according to which there can be no statutory limitation on those offences
by their very nature”, H. D. bosly and D. Vandermeersch, Droit de la procédure pénale,
bruges, La Charte, 2003, p. 65. In support of this in France, Aff. Touvier, Cass. fr. (crim.),
30 June 1976, Annuaire français de droit international, 1977, p. 969, particularly the opinion
of the French Minister for Foreign Affairs of 15 June 1979 in reply to a question pondered
by the French Cour de cassation; Aff. barbie, Cass. fr. (crim.), 26 January 1984, Journal
du droit international, 1984, pp. 314‑315, where the statutory limitation on crimes against
And that, according to that judgment, the Law of 26 December 1964 “merely confirmedions”. 70
En outre, les crimes de droit international sont régis, en ce qui concerne la
prescription, par l’ordre juridique dont ils proviennent, à savoir le droit interna‑
tional.
Or, le droit international ne connaît pas la prescription en général et cette der‑
nière est incompatible avec la nature des faits incriminés (crimes contre l’humanité,
notamment).
A ce sujet, p. Mertens écrivait en 1974, à propos des crimes contre l’humanité,
que
«on ne conçoit pas d’application de la «loi de l’oubli» pour des crimes qui
ont été perpétrés contre la communauté des nations et l’humanité en tant
que telle. Ces crimes sont imprescriptibles par nature. Si, pour des raisons
techniques, ces crimes ne peuvent, dans l’état actuel de la législation du droit
positif, être réprimés que sur le plan interne, ce doit être en conformité avec le
droit international et en reconnaissant à celui‑ci la primauté qui lui est due» 2.
2.5.3. En conclusion, la prescription ne saurait être acquise pour les infractions
pour lesquelles M. H. Habré est soupçonné.
2.6. Conclusion
Il y a donc lieu de constater que le juge d’instruction belge est, dans la mesure où
les faits dénoncés tombent dans le champ d’application des articles 136 bis et sui‑
vants du Code pénal, compétent pour connaître de faits dont il est saisi en l’espèce,
— ratione materiae, parce qu’il existe des indices que des crimes contre l’humanité,
des crimes de guerre, des faits de torture et de génocide auraient notamment
été commis;
— ratione personae, parce que l’Etat tchadien a renoncé à invoquer l’immunité
diplomatique en faveur de M. Hissein Habré, quand bien même cette immunité
vaudrait pour de tels faits, à les supposer établis;
— ratione loci, parce que l’article 10 du titre préliminaire du Code de procé‑
dure pénale, conjugué à l’article 29, paragraphe 3, alinéas 2 et 5, de la loi du
5 août 2003, reconnaît une compétence extraterritoriale aux juridictions belges
pour connaître de tels faits, à les supposer établis;
— ratione temporis, parce que la prescription ne saurait être acquise, tant sur
le plan international que sur le plan interne, pour les faits pour lesquels
M. H. Habré est soupçonné.
3. Le droit matériel applicable
3.1. Enoncé de la question
La question de la compétence du juge belge n’a de sens que dans la mesure où les
faits dont il est saisi font l’objet d’une incrimination dans l’ordre juridique belge.
Déjà lors de l’analyse de la compétence, le lien intime entre les questions de
la compétence et le droit matériel applicable s’est manifesté. Le juge belge s’est
vu attribuer une compétence extraterritoriale exorbitante du droit commun en
auxquels la France avait adhéré, l’intégration à la fois de l’incrimination dont il s’agit et de
l’imprescriptibilité de ces faits»; voir aussi Cass. fr. (crim.), 3 juin 1988, barbie, Gazette du
Palais, 2–3 novembre 1988, p. 13‑27.
28p. Mertens, L’imprescriptibilité des crimes de guerre et contre l’humanité, bruxelles,
Editions de l’Université de bruxelles, 1974, p. 208. 71
Furthermore, crimes under international law are governed, as far as the appli‑
cability of statutory limitations is concerned, by the legal system from which they
derive, namely international law.
In fact, international law does not recognize statutory limitations in general and
the latter are incompatible with the nature of the offences charged (in particular
crimes against humanity).
In 1974, p. Mertens wrote on this subject, saying about crimes against humanity
that,
“onewouldnotconceiveofapplyingthe‘lawofforgetting’tocrimesthathave
been perpetrated against the community of nations and humanity as such.
These crimes are by their very nature not subject to statutory limitations. If,
for technical reasons, these crimes may only be punished internally, in the
State with the legislation containing the positive law, this must be done in 28
accordance with international law and with due recognition of its primacy.”
2.5.3. In conclusion, the offences which Mr. H. Habré is suspected of commit‑
ting could not have been statute‑barred.
2.6. Conclusion
Given that the acts reported fall within the scope of Articles 136bis et seq. of
the belgian penal Code, there are therefore grounds to conclude that the belgian
investigating judge does have jurisdiction to investigate the acts referred to him in
this instance,
— ratione materiae, because evidence does exist that crimes, including crimes
against humanity, war crimes, acts of torture and genocide, have been com‑
mitted;
— ratione personae, because the Chadian State waived its right to plead diplo‑
matic immunity for Mr. Hissein Habré, even if this immunity were to be valid
for such acts, should they be proven;
— ratione loci, because Article 10 of the preliminary Title of the Code of Criminal
procedure, combined with the second and fifth subparagraphs of Article 29 (3)
of the Law of 5 August 2003, acknowledges that the belgian courts have extra‑
territorial jurisdiction to try such offences, should they be proven;
— ratione temporis, because the offences which Mr. H. Habré is suspected of
committing could not have been statute‑barred, either at international or at
national level.
3. The Applicable Substantive Law
3.1. Exposition of the issue
The issue of whether or not the belgian judge has jurisdiction is only meaningful
if the acts referred to him constitute an offence in the belgian legal system.
The analysis of jurisdiction has already demonstrated the close link between
issues of jurisdiction and the applicable substantive law. The belgian judge is
attributed extraterritorial jurisdiction constituting an exception to the general law
the incorporation into French municipal law, as a result of the international agreements to
which France had acceded, of both the criminality of crimes against humanity and the fact
that they were not subject to statutory limitation”; see also Cass. fr. (crim.), 3 June 1988,
bar28e, Gazette du palais, 2‑3 November 1988, pp. 13‑27.
p. Mertens, L’imprescriptibilité des crimes de guerre et contre l’humanité, brussels,
Editions de l’Université de bruxelles, 1974, p. 208. 72
raison du fait qu’il s’agissait de violations graves du droit international huma‑
nitaire.
pour ce qui concerne les incriminations que connaît l’ordre juridique belge et
qui intéressent les faits de la cause, il y a donc lieu de vérifier si, prima facie, sont
applicables en l’espèce quant aux incriminations qu’ils comportent:
— les articles 136 bis et suivants du Code pénal belge (des violations graves du
droit international humanitaire);
— les articles 147 et suivants du Code pénal belge (des atteintes portées par des
fonctionnaires publics aux droits garantis par la Constitution, pour ce qui
concerne les arrestations arbitraires);
— lesarticles393et394duCodepénalbelge(dumeurtreetdesesdiversesespèces);
— les articles 398 et suivants du Code pénal belge (de l’homicide volontaire non
qualifié meurtre et des lésions corporelles volontaires);
— les articles 434 et suivants du Code pénal belge (des attentats à la liberté indivi‑
duelle et à l’inviolabilité du domicile commis par des particuliers);
— les articles 417 bis à 417 quater du Code pénal belge (de la torture, du traite‑
ment inhumain et du traitement dégradant);
— la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants, adoptée à New york le 10 décembre 1984, approuvée par la
belgique par la loi du 9 juin 1999 (Moniteur belge, 28 octobre 1999) et que le
Sénégal a ratifiée le 21 août 1986;
— la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée
le 9 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, approuvée
par la belgique par la loi du 26 juin 1951 (Moniteur belge, 11 janvier 1952) et à
laquelle le Sénégal a également adhéré le 4 août 1983;
— lesconventionsdeGenèvedu12août1949I,II,IIIetIV,notammentsurlaprotec‑
tion des victimes de la guerre (III), la protection des personnes civiles en temps de
guerre (IV), approuvées par la belgique par la loi du 3 septembre 1952 (Moni‑
teur belge, 26 septembre 1953) et auxquelles le Sénégal a adhéré le 18 mai 1963
et le Tchad le 5 août 1970.
3.2. Incriminations prévues par la législation belge
Depuis les modifications apportées par la loi du 10 février 1999 (Moniteur belge,
23 mars 1999), la législation pénale belge relative à la répression des violations
graves du droit international humanitaire réprime le crime de génocide, le crime
contre l’humanité et les infractions graves aux conventions de Genève de 1949 et
aux protocoles additionnels à ces conventions.
Les deux premières catégories d’incrimination ont été insérées dans l’arsenal
pénal par la loi du 10 février 1999, qui est entrée en vigueur le 2 avril 1999. Il s’agit
donc d’un texte récent qui, pour le crime de génocide plus particulièrement, vient
mettre un terme à un retard de la be29ique de près de cinquante ans dans le respect
de ses obligations internationales .
29La convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide
fut en effet signée à paris, le 9 décembre 1948. Cette signature fut suivie d’une ratification
en 1951, mais jamais les mesures indispensables à sa transposition en droit interne ne furent
prises. Ce qui laissera dire au sénateur M. Foret, à l’origine de la loi du 10 février 1999, que,
jusqu’à cette loi, cette convention est restée lettre morte en belgique. Voir proposition de
loi relative à la répression du crime de génocide, en application de la convention internatio‑
nale pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948, Annales
parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999, séance du 3 décembre 1998, p. 6625. 73
because the case in question concerns serious violations of international humani‑
tarian law.
The belgian legal system recognizes a series of offences that may be relevant to
the acts reported in this case. It is therefore necessary to verify whether prima facie
the following apply in this instance in terms of the offences that they include:
— Articles 136bis et seq. of the belgian penal Code (Serious violations of interna‑
tional humanitarian law);
— Articles 147 et seq. of the belgian penal Code (Violations by public officials of
the rights guaranteed by the Constitution, with regard to arbitrary arrests);
— Articles 393 and 394 of the belgian penal Code (Murder of different kinds);
— Articles 398 et seq. of the belgian penal Code (Manslaughter and intentional
assault and battery);
— Articles 434 et seq. of the belgian penal Code (Violations by private individuals
of personal freedom and the sanctity of the home);
— Articles 417bis to 417quater of the belgian penal Code (Torture and inhuman
and degrading treatment);
— the Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treat‑
ment or punishment, adopted in New york on 10 December 1984, ratified by
belgium in the Law of 9 June 1999, Moniteur belge, 28 October 1999 and rati‑
fied by Senegal on 21 August 1986;
— the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide,
adopted on 9 December 1948 by the United Nations General Assembly, rati‑
fied by belgium in the Law of 26 June 1951, Moniteur belge, 11 January 1952
and to which Senegal also acceded on 4 August 1983;
— the Geneva Conventions (I, II, III and IV) of 12 August 1949, in particular on
the Protection of Victims of Armed Conflicts (III) and the Protection of Civilian
Persons in Time of War (IV), ratified by belgium in the Law of 3 September
1952, Moniteur belge, 26 September 1953 and to which Senegal acceded on
18 May 1963 and Chad on 5 August 1970.
3.2. Statutory offences in Belgium
Since belgian criminal legislation on the punishment of serious violations of
international humanitarian law was amended by the Law of 10 February 1999
(Moniteur belge, 23 March 1999), it has included the following as offences: the
crime of genocide, crimes against humanity and serious violations of the Geneva
Conventions of 1949 and the Additional protocols to those Conventions.
The first two categories of offence were incorporated into the body of criminal
legislation by the Law of 10 February 1999 which entered into force on 2 April
1999. This is therefore a recent text, which, in particular for the crime of genocide,
marks the end of a de29y of almost 50 years in belgium’s complying with its inter‑
national obligations .
29The International Convention on the prevention and punishment of the Crime of
Genocide was signed in paris on 9 December 1948. Signature was followed by ratification
in 1951, but the measures necessary to transpose it into national law were never taken. This
prompted Senator M. Foret, the sponsor of the Law of 10 February 1999, to state that until
that law, the Convention had gone unheeded in belgium. See draft law on the punishment
of the Crime of Genocide, in application of the International Convention on the prevention
and punishment of the Crime of Genocide of 9 December 1948, Annales parlementaires,
Senate, Ordinary sittings 1998‑1999, Sitting of 3 December 1998, p. 6625. 74
La loi du 5 août 2003 intègre ces incriminations dans le Code pénal belge aux
articles 136 bis et suivants.
Cela démontre que, si la disposition de droit interne est récente, les incrimina‑
tions qu’elle insère dans l’arsenal interne belge ne le sont en revanche pas.
3.2.1. Le principe de la légalité des délits et des peines et de la non‑rétroactivité du
droit pénal
Au cours du procès de Nuremberg déjà, le principe de la légalité des délits et des
peines, et son corollaire, la non‑rétroactivité des lois pénales, firent l’objet d’im‑
portants débats 30.
Cette question fut également présentée comme un «risque» au cours des débats
du Sénat qui ont présidé à l’insertion des incriminations de crime de génocide et de
crime contre l’humanité dans la loi du 16 juin 1993.
«Ne court‑on pas le risque qu’en intégrant des crimes contre l’humanité
dans une loi pénale classique, des prévenus ne tirent argument de l’article 2,
alinéa premier, du Code pénal pour soutenir que les faits commis avant
l’entrée en vigueur de la loi nationale ne peuvent donner lieu à aucune pour‑
suite, dès lors qu’ils n’étaient pas punissables à ce moment en vertu du droit
pénal national?» 31
Et en effet, il est unanimement admis que la non‑rétroactivité des lois pénales
découle du principe de légalité des délits et des peines tel que consacré par les
articles 12 et 14 de la Constitution. Il résulte de cette règle, d’une part, que nul ne
peut être poursuivi ni condamné pour des faits qui n’étaient pas prévus par la loi
au moment où ils ont été commis 32, d’autre part, que la loi applicable est la loi en
vigueur au moment des faits .
La non‑rétroactivité est consacrée par l’article 7, paragraphe premier, de la
convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et
par l’article 15, paragraphe premier, du pacte international relatif aux droits civils
et politiques, dont les dispositions respectives sont directement applicables en droit
interne, où elles ont d’ailleurs la primauté. En droit interne, il est également admis
que l’article 2, alinéa premier du Code pénal s’applique aussi bien aux incrimina‑
tions qu’aux peines 33.
3.2.2. Exceptions au principe de la non‑rétroactivité: les incriminations reconnues
par la coutume internationale et en droit national par d’autres qualifications
3.2.2.1. Malgré ces consécrations qui peuvent en donner l’impression, il serait
inexact de penser que la règle de la non‑rétroactivité a une valeur absolue.
Il y a lieu de redonner toute sa dimension au principe de légalité des délits et des
30 W. J. Ganshof van der Meersch, «Justice et droit international pénal», Journal des
tribunaux, 1961, p. 537, in fine.
31 proposition de loi relative à la répression du crime de génocide, en application de
la convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide
do 9 décembre 1948, Documents parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999,
n 13249/3, p. 15. e
F. Tulkens et M. van de Kerchove, Introduction au droit pénal, 4 éd., Diegem, Kluwer
Editions juridiques belgique et E. Story‑Scientia, 1997, p. 192; D. Vandermeersch, dans son
ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto pinochet Ugarte, Journal des tribunaux,
19933 p. 308, point 3.2.2.
F. Tulkens et M. van de Kerchove, Introduction au droit pénal, op. cit., p. 192. 75
The Law of 5 August 2003 incorporates these offences into Articles 136bis et seq.
of the belgian penal Code.
This shows that although the provisions in national law are recent, the offences
that they incorporate into the internal belgian body of legislation are not.
3.2.1. The principle of the legality of criminal offences and penalties and of the
non‑retroactivity of criminal law
Even during the Nuremberg trials, the principle of the legality of criminal
offences and penalties and its corollary, the non‑retroactivity of criminal laws,
30
were the subject of lengthy debates .
This issue was also presented as a “risk” during the debates in the Senate about
incorporating the offences of crime of genocide and crime against humanity in the
Law of 16 June 1993.
“If crimes against humanity are integrated into a traditional criminal law, is
there not a risk that the accused will argue, on the basis of Article 2 (1) of the
penal Code, that prosecutions cannot be brought for acts committed before
the entry into force of the national law because they were not punishable at
that time under national criminal law?” 31
Indeed, it is unanimously accepted that it follows from the principle of the
legality of criminal offences and penalties, as enshrined in Articles 12 and 14 of
the Constitution, that criminal laws are not retroactive. The result of this rule is,
firstly, that no one can be prosecuted for or convicted of acts that were not foreseen
by the law at the time when they were committed and, secondly, that the law32hat
applies is the law in force at the time when the acts were committed .
The principle of non‑retroactivity is enshrined in Article 7 (1) of the Con‑
vention for the protection of Human Rights and Fundamental Freedoms and in
Article 15 (1) of the International Covenant on Civil and political Rights, the
respective provisions of which are self‑executing in national law, where they
moreover take precedence. In internal law, it is also accepted that Article 2 (1)
33
of the penal Code applies both to offences and penalties .
3.2.2. Exceptions to the principle of non‑retroactivity: offences recognized by inter‑
national custom and by other classifications in national law
3.2.2.1. Despite the impression given by these references, it would be wrong to
think that the rule of non‑retroactivity is an absolute.
In international law, it is necessary to remember that the principle of the legality
30 W. J. Ganshof van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, Journal des
tribunaux, 1961, p. 537, in fine.
31 Draft law on the punishment of the Crime of Genocide, in application of the
International Convention on the prevention and punishment of the Crime of Genocide
of 9 December 1948, Documents parlementaires, Senate, Ordinary sittings 1998‑1999,
No. 1‑749/3, p. 15.
32 F. Tulkens and M. van de Kerchove, Introduction au droit pénal, 4th ed., Diegem,
Kluwer Editions juridiques belgique and E. Story‑Scientia, 1997, p. 192; D. Vandermeersch,
in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte case, Journal des tribu‑
naux, 1999, p. 308, point 3.2.2.
33 F. Tulkens and M. van de Kerchove, Introduction au droit pénal, op. cit., p. 192. 76
peines, et son corollaire, en droit pénal international. En effet, comme le soulignait
W. J. Ganshof van der Meersch, citant le professeur Graven,
«Appliquer aveuglément ce principe en droit international, ce n’est plus
assurer le règne du droit et la protection de l’innocent contre des condamna‑
tions injustifiées; c’est au contraire mettre le droit en échec et soustraire les
coupables à des condamnations justifiées.» 34
Exiger des incriminations précises et des sanctions définies telles qu’elles existent
en droit interne n’est pas adapté au droit international, dont la base coutumière est
l’expression progressive des jugements moraux du monde civilisé. Le droit interna‑
tional n’accorde pas de place à une application stricte du principe «Nullum crimen,
nulla poena sine lege» 35.
Autrement dit, ici aussi, au plan de l’incrimination, les crimes de droit inter‑
national humanitaire qui sanctionnent une atteinte à l’ordre public international
feraient exception.
Il serait cependant difficilement admissible qu’un individu puisse être sanc‑
tionné pénalement pour des actes dont le caractère illicite aurait pu lui échapper
au moment où il les commentait. Si «la responsabilité pénale suppose une certaine
conscience du mal commis et du châtiment encouru» 36, il est tout aussi difficile
d’imaginer que les auteurs de violations graves du droit international humani‑
taire n’auraient pas cette conscience. Non seulement les faits constitutifs de ces
infractions sont‑ils considérés comme illégaux par la conscience universelle mais en
37
outre, en les décomposant, par les législations des pays civilisés .
Cette exception au profit des incriminations reconnues par la coutume inter‑
nationale est expressément consacrée par les instruments internationaux invoqués
plus haut.
En effet, l’article 15, paragraphe 2, du pacte international relatif aux droits
civils et politiques fait à New york le 19 décembre 1966 (approuvé par la loi du
15 mai 1981), alors que le paragraphe premier prévoit que
«Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui ne constituaient
pas un acte délictueux d’après le droit national ou international au moment
où elles ont été commises»,
assure que
«Rien dans le présent article ne s’oppose au jugement ou à la condamna‑
tion de tout individu en raison d’actes ou omissions qui, au moment où ils ont
été commis, étaient tenus pour criminels d’après les principes généraux de droit
reconnus par l’ensemble des nations.»
De même, l’article 7, paragraphe 2, de la convention de sauvegarde des droits et
libertés fondamentales du 4 novembre 1950 (approuvée par la loi du 13 mai 1955)
précise que
34 W. J. Ganshof van der Meersch, «Justice et droit international pénal», Journal des
tribunaux, 1961, p. 538.
35 S. Glaser, «Le principe de la légalité des délits et des peines et les procès des criminels
de guerre», Revue de droit pénal et de criminologie, 1947‑1948, p. 230, cité par W. J. Ganshof
van der Meersch, «Justice et droit international pénal», op. cit., p. 538, note 72.
36 D. de Vabres, «Le jugement de Nuremberg et le principe de légalité des délits et des
peines», Revue de droit pénal et de criminologie, 1946‑1947, p. 816, cité par W. J. Ganshof
van der Meersch, «Justice et droit international pénal», op. cit., 1961, p. 538, note 74.
37 S. Glaser, «Le principe de la légalité des délits et des peines et les procès des criminels
de guerre», Revue de droit pénal et de criminologie, 1947‑1948, p. 230, cité par W. J. Ganshof
van der Meersch, «Justice et droit international pénal», op. cit., p. 538, note 75. 77
of criminal offences and penalties, and its corollary, have a broader scope. As
W. J. Ganshof van der Meersch underlines, citing professor Graven,
“If you apply this principle blindly in international law you no longer guar‑
antee the rule of law or the protection of the innocent from unjustified con‑
demnation; on the contrary, you cause the law to fail and you shield the guilty
from justified condemnation.” 34
It is inappropriate in international law to require offences to be precisely defined
and sanctions to be clearly laid down, as they are in internal law, because interna‑
tional law is based on custom and constitutes an ever‑evolving expression of the
moral judgments of the civilized world. International law has no room for a strict
application of the principle “Nullum crimen, nulla poena sine lege.” 35
In other words, here too, at the level of the offence, crimes under international
humanitarian law that sanction an infringement of the international public order
are the exception.
It would, however, be difficult for the law to allow an individual to be subjected
to criminal sanctions for acts which he might not have realized were unlawful at
the time when he committed them. If “criminal responsibility assumes a certain
awareness of the evil done and the punishment incurred” 36, it is just as difficult to
imagine that the perpetrators of serious violations of international humanitarian
law would not have that awareness. The acts constituting these offences are
considered to be illegal not only by the universal conscience, but also, when
they are b37ken down into their component parts, by the legislation in civilized
countries .
This exception to the benefit of the offences recognized by international custom
is expressly enshrined in the above‑mentioned international instruments.
Although the first paragraph of Article 15 of the International Covenant on Civil
and Political Rights, adopted in New york on 19 December 1966 (ratified by the
Law of 15 May 1981), provides that,
“No one shall be held guilty of any criminal offence on account of any act
or omission which did not constitute a criminal offence, under national or
international law, at the time when it was committed”,
the second paragraph asserts that,
“Nothing in this article shall prejudice the trial and punishment of any per‑
son for any act or omission which, at the time when it was committed, was
criminal according to the general principles of law recognized by the commu‑
nity of nations.”
Similarly, Article 7 (2) of the Convention for the Protection of Human Rights and
Fundamental Freedoms of 4 November 1950 (ratified by the Law of 13 May 1955)
states that,
34 W. J. Ganshof van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, Journal des
tribunaux, 1961, p. 538.
35 S. Glaser, “Le principe de la légalité des délits et des peines et les procès des criminels de
guerre”, Revue de droit pénal et de criminologie, 1947‑1948, p. 230, quoted by W. J. Ganshof
van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, op. cit., p. 538, note 72.
36 D. de Vabres, “Le jugement de Nuremberg et le principe de légalité des délits et des
peines”, Revue de droit pénal et de criminologie, 1946‑1947, p. 816, quoted by W. J. Ganshof
van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, op. cit., p. 538, note 74.
37 S. Glaser, “Le principe de la légalité des délits et des peines et les procès des criminels de
guerre”, Revue de droit pénal et de criminologie, 1947‑1948, p. 230, quoted by W. J. Ganshof
van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, op. cit., p. 538, note 75. 78
«Le présent article ne portera pas atteinte au jugement et à la punition
d’une personne coupable d’une action ou d’une omission qui, au moment
où elle a été commise, était criminelle d’après les principes généraux de droit
reconnus par les nations civilisées.»
La clef du raisonnement, en droit pénal international, est, par conséquent, de
percevoir que ces incriminations de droit international étaient préexistantes aux
incriminations insérées dans la loi pénale belge.
3.2.2.2. Les crimes contre l’humanité
Ainsi, alors même que l’incrimination de crimes contre l’humanité ne figurait
pas encore dans la loi pénale belge, le juge d’instruction D. Vandermeersch, dans
une ordonnance du 6 novembre 1998 en cause de M. A. pinochet Ugarte, fit appa‑
raître le fondement coutumier de celle‑ci, et considéra que, en tant que source de
droit international au même titre que le traité, l’incrimination coutumière s’appli‑
quait directement dans l’ordre juridique belge 38.
L’incorporation au droit positif interne de l’incrimination de droit international
ne pourrait avoir pour effet d’empêcher la poursuite de faits antérieurs à l’entrée en
vigueur de la loi du 10 février 1999 ni de celle du 5 août 2003 au nom du principe
de la non‑rétroactivité, parce qu’il y a lieu de considérer qu’avant d’être codifié
dans des traités ou des lois, le crime contre l’humanité est consacré par la coutume
internationale et fait partie à ce titre du jus cogens international qui s’impose dans
l’ordre juridique interne avec un effet contraignant erga omnes 39.
S’il en allait autrement, cette solution paraîtrait complètement étrange, voire
même paradoxale, puisque, en raison de l’intervention du législateur belge, il ne
serait plus possible de poursuivre des faits qui étaient poursuivis et dont il voulait
justement permettre une meilleure répression.
«Si l’on admet que la coutume résulte d’une pratique où les Etats concer‑
nés montrent qu’ils ont le sentiment de se conformer à ce qui équivaut à une
règle juridique, l’incrimination de crime contre l’humanité apparaît comme
coutumière.» 40
41
La meilleure preuve de ce fondement coutumier est à trouver dans le fait que
plusieurs des instruments juridiques du droit pénal international qui reprennent
cette incrimination n’ont été créés qu’a posteriori, c’est‑à‑dire après la commission
des faits.
38 D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto
pinochet Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.3.2, où il cite, à propos de la
coutume, J. Salmon, «Le rôle de la Cour de cassation belge à l’égard de la coutume interna‑
tionale», in Mélanges Ganshof van der Meersch, bruxelles, bruylant, p. 220 et suiv.
39 C. bassiouni, Crimes against Humanity in International Criminal Law, Martinus Nijhoff
publishers, Dordrecht, 1992, p. 489‑499, cité par D. Vandermeersch, dans son ordonnance
du 6 novembre 1998 en cause Augusto pinochet Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 310,
point 3.3.2; H.‑D. bosly et J. burneo Labrin, «La notion de crime contre l’humanité et le
droit pénal interne», note sous ord. civ. bruxelles, 6 novembre 1998, Revue de droit pénal
et de criminologie, 1999, p. 294, note 7, «Or, parmi les normes impératives ou de jus cogens
s’imposant aux Etats en dehors de tout lien conventionnel, on compte celles interdisant
certaines violations: les crimes internationaux du droit international humanitaire et du droit
international des droits de l’homme.»
40 E. David, Eléments de droit pénal international, 1997‑1998, presses universitaires de
bruxelles, p. 540, cité par D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en
cause Augusto pinochet Ugarte, op. cit., p. 310, point 3.3.2.
41 Or il y a lieu de rappeler qu’il n’y a rien de plus difficile à prouver que la coutume, qui
est par essence un processus non formalisé. Voir J. Verhoeven, Droit international public,
bruxelles, Larcier, 2000, p. 335. 79
“This article shall not prejudice the trial and punishment of any person for
any act or omission which, at the time when it was committed, was criminal
according to the general principles of law recognized by civilized nations.”
The key to the reasoning on international criminal law is therefore understand‑
ing that these offences under international law pre‑existed the offences inserted
into belgian criminal law.
3.2.2.2. Crimes against humanity
Thus, even though the offence of crimes against humanity was not yet part of
belgiancriminallaw,itscustomarybasiswashighlightedbytheinvestigatingjudge
D. Vandermeersch in an Order of 6 November 1998 in the case of Mr. A. pinochet
Ugarte. He considered customary offences to be a source of international law on
a par with treaties and therefore to be self‑executing in the belgian legal system 38.
The effect of incorporating the offence under international law into internal posi‑
tive law could not be to prevent prosecutions being brought for acts committed
prior to the entry into force of the Law of 10 February 1999 or that of 5 August
2003inthenameoftheprincipleofnon‑retroactivity,becausetherearegroundsfor
considering that, before being codified in treaties or laws, crimes against humanity
are established by international custom and as such form part of the international
jus cogens which is binding in the internal legal system and applies erga omnes 39.
Any other solution would appear to be very strange, even paradoxical, since,
because of the intervention of the belgian legislator, it would no longer be possible
to prosecute acts which had previously been prosecuted, when his purpose was
precisely to enable them to be more effectively punished.
“If we accept that the custom results from a practice where the States con‑
cerned show that they have a sense of conforming to the equivalent of a legal
rule, the offence of crime against humanity appears to be customary.” 40
41
The best proof of this customary basis resides in the fact that several of the
legal instruments in international criminal law that include this offence were only
created a posteriori, that is to say, after the acts were committed.
38 D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte
case, Journal des tribunaux, 1999, p. 308, point 3.3.2, in which he quotes, in reference to
customary law, J. Salmon, “Le rôle de la Cour de cassation belge à l’égard de la coutume
internationale”, in Mélanges Ganshof van der Meersch, brussels, bruylant, pp. 220 et seq.
39 Ch. bassiouni, Crimes against Humanity in International Criminal Law, Martinus
Nijhoff publishers, Dordrecht, 1992, pp. 489‑499, quoted by D. Vandermeersch in his
Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte case, Journal des tribunaux,
1999, p. 310, point 3.3.2; H.‑D. bosly and J. burneo Labrin, “La notion de crime contre
l’humanité et le droit pénal interne”, note to Ord. Civ. bruxelles, 6 November 1998, Revue
de droit pénal et de criminologie, 1999, p. 294, Note 7, “Among the peremptory norms or
norms of jus cogens binding on States apart from any treaty obligation are those prohibiting
certain violations: international crimes under international humanitarian law and interna‑
tional human rights law.”
40 E. David, Eléments de droit pénal international, 1997‑1998, presses universitaires de
bruxelles, p. 540, quoted by D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the
Augusto pinochet Ugarte case, op. cit., p. 310, point 3.3.2.
41 However, it should be recalled that there is nothing more difficult to prove than
custom, which is essentially an unformalized process. See J. Verhoeven, Droit international
public, brussels, Larcier, 2000, p. 335. 80
Dès lors, si cette incrimination n’était pas préexistante en droit coutumier, leur
application se serait heurtée au principe 42 la non‑rétroactivité de la loi pénale.
Ce fut le cas en 1946 à Nuremberg . Ce fut le cas lorsque le législateur belge a
reconnu l’existence et les statuts des tribunaux internationaux ad hoc et les a inté‑
grés dans notre ordre juridique interne 43. Or, ces statuts consacrent l’incrimination
de crimes contre l’humanité à l’égard de faits qui ont été commis avant leur entrée
en vigueur 44.
Il paraît dès lors établi que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’incri‑
mination de crime contre l’humanité fait partie du droit international, même si on
ne la retrouve pas dans le droit interne de tous les Etats. «Dans ces conditions, il
n’y a pas de violation de «Nullum crimen, nulla poena sine lege» si un Etat introduit
aujourd’hui cette incrimination dans sa législation et entend l’appliquer à des faits
45
antérieurs.»
En ce sens, la loi pénale belge n’est qu’une codification de la coutume internatio‑
nale. La preuve en est que, pour les incriminations qu’elle comporte, le Code pénal
belge renvoie systématiquement à des instruments internationaux d’importance.
Le droit international prévoit la possibilité de faire exception au principe de la
non‑rétroactivité de la loi pénale au profit de «principes généraux de droit recon‑
nus par l’ensemble des nations».
En tant que coutume internationale, l’incrimination de crimes contre l’humanité
fait partie de ces principes généraux.
Les articles 136 bis et suivants du Code pénal incorporant le crime contre l’hu‑
manité dans la loi belge, non seulement pour les incriminations mais aussi pour
les peines qu’ils fixent, sont la traduction, en droit interne, de la coutume interna‑
tionale et, à ce titre, pourraient trouver à s’appliquer, sans égard au principe de
non‑rétroactivité.
Nonobstant cette possibilité, des poursuites pourraient par ailleurs être engagées
en se fondant sur les incriminations et les peines prévues pour les infractions de
droit commun correspondant aux faits considérés 46.
42 W. J. Ganshof van der Meersch, «Justice et droit international pénal», Journal des
tri43naux, 1961, p. 538.
Loi du 22 mars 1996 relative à la reconnaissance du Tribunal pénal international
pour l’ex‑yougoslavie et du Tribunal pénal international pour le Rwanda (Moniteur belge,
27 44ril 1996).
D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto pino‑
che45Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 310, point 3.3.2.
E. David, Traité de droit pénal international, bruxelles, presses universitaires de
bruxelles, 1995, p. 266‑268, cité par la proposition de loi relative à la répression du crime de
génocide,enapplicationdelaconventioninternationalepourlapréventionetlarépressiondu
crime de génooide du 9 décembre 1948, Documents parlementaires, Sénat, sessions ordinaires
1998‑1999, n 1‑749/3, p. 16‑17; voir en ce sens C. Van den Wyngaert, Strafrecht en straf‑
procesrecht in hoofdlijnen, vol. II, Anvers, Maklu, 1994, p. 804, «Men kan vandaag dus nog
moeilijkstaandehoudendatdevermeendeJoegoslavischeoorlogsmisdadigerszoudenmoeten
terecht staan op grond van strafbaarstellingen die ratione temporis, op het ogenblik van de
feiten,nietbestonden»;R.MerleetA.Vitu,Traitédedroitcriminel,vol.I,paris,Cujas,1997,
p.479‑480;R.A.LawsonandH.G.Schermers,LeadingCasesoftheEuropeanCourtofHuman
Rights,Anvers,Maklu,1997,p.615,note7,dansleurcommentairedel’affaireS.W.c.Grande‑
Bretagnedu22novembre1995,etplusparticulièrementdel’article7,par.2,delaconvention,
où ils font remarquer que cet article «makes it possible to punish a person for an act which, at
the time it was committed, was criminal according to the general principles of law recognised
byc46ilisednationseventhoughitwasnotclassifiedasacriminaloffenceundernationallaw».
C’est une première solution qui fut proposée lors des discussions qui ont eu lieu au
Sénat à propos de la délicate question de la non‑rétroactivité de la loi pénale. Voir la propo‑
internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948,n
Documents parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999, n 1‑749/3, p. 19. 81
If this crime had not already existed in customary law, therefore, the principle of
thenon‑retroactivityofcriminallawwouldhavebeenanobstacletoitsapplication.
42
This was the case in 1946 in Nuremberg . It was the case when the belgian legis‑
lator recognized the existence and the statutes of the ad hoc international tribunals
and integrated them into our internal legal system 43. In fact these statutes estab‑
lish the offence of crimes against humanity in respect of acts that were committed
before their entry into force 4.
It would therefore seem to be established that the offence of crimes against
humanity has been part of international law since the end of the Second World
War, despite not being found in the internal law of all States. “This being the case,
there is no violation of ‘Nullum crimen, nulla poena sine lege’ if a State introduces
this offence into its legislation today with the intention of applying it to earlier
acts.” 45
In this sense, belgian criminal law is no more than a codification of international
custom. The proof is that, for the offences that it does include, the belgian penal
Code refers systematically to the significant international instruments.
International law provides for the possibility to derogate from the principle of
the non‑retroactivity of criminal law to the advantage of “general principles of law
recognized by the community of nations”.
As an international custom, the offence of crimes against humanity forms part
of these general principles.
Articles 136bis et seq. of the penal Code, which incorporate crimes against
humanity into belgian law, not only with respect to the offences themselves but
also with respect to the penalties that they stipulate, are the expression, in internal
law, of international custom and, as such, could find application without regard
for the principle of non‑retroactivity.
Notwithstanding this possibility, prosecutions could also be commenced on the
basis of the offences and penalties provided for under46iolations of ordinary law
that correspond to the acts under consideration .
42 W. J. Ganshof van der Meersch, “Justice et droit international pénal”, Journal des
tribunaux, 1961, p. 538.
43 Law of 22 March 1996 on the Recognition of the International Criminal Tribunal
for the Former yugoslavia and the International Criminal Tribunal for Rwanda, Moniteur
belge, 27 April 1996.
44 D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte
case, Journal des tribunaux, 1999, p. 310, point 3.3.2.
45 E. David, Traité de droit pénal international, brussels, presses universitaires de brux‑
elles, 1995, pp. 266‑268, quoted in the draft law on the punishment of the Crime of Geno‑
cide, in application of the International Convention on the prevention and punishment of
the Crime of Genocide of 9 December 1948, Documents parlementaires, Senate, Ordinary
sittings 1998‑1999, No. 1‑749/3, pp. 16‑17; see in support C. Van den Wyngaert, Strafrecht
en strafprocesrecht in hoofdlijnen, Vol. II, Antwerp, Maklu, 1994, p. 804, “It is thus now
still difficult to argue that the alleged yugoslav war criminals must be put on trial on the
basis of acts which were not criminal at the time at which they occurred”; R. Merle and
A. Vitu, Traité de droit criminel, Vol. I, paris, Cujas, 1997, pp. 479‑480; R. A. Lawson
and H. G. Schermers, Leading Cases of the European Court of Human Rights, Antwerp,
Maklu, 1997, p. 615, No. 7, in their commentary on the S.W. v. United Kingdom case of
22 November 1995, and in particular on Article 7, paragraph 2, of the Convention, in which
they point out that this article “makes it possible to punish a person for an act which, at the
time it was committed, was criminal according to the general principles of law recognised by
civ46ised nations even though it was not classified as a criminal offence under national law”.
This was an initial solution put forward during the debates in the Senate on the deli‑
cate issue of the non‑retroactive nature of criminal law. See the draft law on the punishment
of the Crime of Genocide, in application of the International Convention on the prevention
and punishment of the Crime of Genocide of 9 December 1948, Documents parlementaires,
Senate, Ordinary sittings 1998‑1999, No. 1‑749/3, p. 19. 82
De la sorte, c’est un système répressif cohérent et respectueux du droit inter‑
national dont il serait fait application.
3.2.2.3. Le génocide et les crimes de guerre
Ce qui a été exposé ci‑dessus pour les crimes contre l’humanité trouve égale‑
ment à s’appliquer pour ce qui concerne tant les faits de génocide que les crimes
de guerre.
Qui plus est, dans la mesure où les faits de génocide, insérés dans la loi belge
du 10 février 1999 au même titre que les crimes contre l’humanité, faisaient déjà
l’objet d’une incrimination en droit international en vertu de la convention pour la
prévention et la répression du crime de génocide adoptée le 9 décembre 1948 par
l’Assemblée générale des Nations Unies, approuvée par la belgique par la loi du
26 juin 1951 (Moniteur belge, 11 janvier 1952), leur répression pouvait déjà trouver
son fondement en droit interne dans les dispositions de ce traité.
Il en va de même pour ce qui concerne les crimes de guerre puisque les conven‑
tions de Genève du 12 août 1949 ont été approuvées par la belgique par la loi du
3 septembre 1952 (Moniteur belge, 26 septembre 1953).
3.2.2.4. La torture
3.2.2.4.1. Surlaquestiondel’exceptionauprincipedenon‑rétroactivitédudroit
pénal, il y a lieu d’admettre, comme c’est le cas pour les autres crimes contre l’hu‑
manité, que l’incrimination de la torture trouve son fondement dans la coutume
internationale, de sorte que cette incrimination fait partie des «principes généraux
de droit reconnus par l’ensemble des nations» qui font exception au principe de
légalité des délits et des peines et son corollaire, le principe de non‑rétroactivité de
la loi pénale47.
En effet, selon le professeur Eric David 4, il existe divers exemples qui montrent
que l’incrimination internationale de la torture peut être appliquée sur la base des
règles coutumières incriminant le crime contre l’humanité.
Le caractère «internationalement» criminel de la torture est antérieur à l’en‑
trée en vigueur de la convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants adoptée à New york le 10 décembre 1984, qui
fait d’ailleurs renvoi, dans son préambule, à trois autres instruments internatio‑
naux plus anciens, à savoir la Déclaration universelle des droits de l’homme du
10 décembre 1948 (art. 5), le pacte international relatif aux droits civils et poli‑
tiques fait à New york le 19 décembre 1966 (art. 7) et la déclaration sur la protec‑
tion de toutes les personnes contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies du
9 décembre 1975 (art. 1, par. 2).
A nouveau, les meilleures preuves de ce fondement coutumier sont à trouver
dans le Statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, où la torture est
incriminée à titre de «crime contre l’humanité» (art. 6 c)), dans le Statut du Tribu‑
nal pénal international pour l’ex‑yougoslavie (art. 5) et dans le Statut du Tribunal
pénal international pour le Rwanda (art. 3). Ces instruments juridiques internatio‑
naux virent le jour après la commission des faits poursuivis, et aucune voix ne s’est
élevée pour critiquer cette incrimination au nom de son éventuelle rétroactivité.
47Article 15, paragraphe 2, du pacte international relatif aux droits civils et politiques fait
à New york le 19 décembre 1966 et article 7, paragraphe 2, de la convention de sauvegarde
des48roits et libertés fondamentales du 4 novembre 1950.
Dans sa consultation annexée à la constitution de partie civile. 83
It is therefore a consistent penal system, and one which respects international
law, that it is proposed to apply.
3.2.2.3. Genocide and war crimes
The above argument regarding crimes against humanity also applies to both
acts of genocide and war crimes.
What is more, because acts of genocide — which, like crimes against humanity,
were included in the belgian Law of 10 February 1999 — already constituted an
offence under international law pursuant to the Convention on the prevention and
punishment of the Crime of Genocide, which was adopted on 9 December 1948
by the United Nations General Assembly and ratified by belgium in the Law of
26 June 1951 (Moniteur belge, 11 January 1952), there was already a legal basis
in internal law for punishing the perpetrators of such acts: the provisions of this
treaty.
The same applies to war crimes, because the Geneva Conventions of 12 August
1949 were ratified by belgium in the Law of 3 September 1952 (Moniteur belge,
26 September 1953).
3.2.2.4. Torture
3.2.2.4.1. As regards derogating from the principle of the non‑retroactivity of
criminal law, there are grounds for accepting, as is the case for the other crimes
against humanity, that the offence of torture has a basis in international custom,
making this offence one of the “general principles of law recognized by the commu‑
nity of nations” that derogate from the principle of the legality of criminal offences
and penalties and its corollary, the principle of the non‑retroactivity of criminal
law 47.
Indeed, according to professor Eric David 4, there are several examples to show
that the international offence of torture may be applied on the basis of customary
rules that make crimes against humanity an offence.
Torture has been regarded as a crime by the international community since
before the entry into force of the Convention against Torture and Other Cruel,
Inhuman or Degrading Treatment or punishment, adopted in New york on
10 December 1984, the preamble to which moreover refers to three other, older,
international instruments: the Universal Declaration of Human Rights of
10 December 1948 (Art. 5); the International Covenant on Civil and political
Rights, adopted in New york on 19 December 1966 (Art. 7), and the Declaration
on the protection of All persons from being Subjected to Torture and Other Cruel,
Inhuman or Degrading Treatment or punishment, adopted by the United Nations
General Assembly on 9 December 1975 (Art. 1 (2)).
Once again, the best proof of this customary basis is to be found in the Statute of
the International Military Tribunal at Nuremberg, where torture is defined as an
offence that is a “crime against humanity” (Art. 6 (c)); in the Statute of the Inter‑
national Criminal Tribunal for the Former yugoslavia (Art. 5), and in the Statute
of the International Criminal Tribunal for Rwanda (Art. 3). These international
legal instruments were born after the acts subject to prosecution were committed,
and no one has criticized the fact that this offence could be applied retroactively.
47Article 15, paragraph 2, of the International Covenant on Civil and political Rights
signed in New york on 19 December 1966 and Article 7, paragraph 2, of the Convention for
the48rotection of Human Rights and Fundamental Freedoms of 4 November 1950.
In his opinion annexed to the civil‑party application. 84
3.2.2.4.2. La ratification de la convention du 10 décembre 1984 contre la torture
et sa réception dans le droit interne belge ne sont donc pas une condition indispen‑
sable à l’application d’une incrimination qui trouve également sa source dans la
coutume internationale.
Dans la mesure où cette convention a été approuvée par la belgique par la loi
du 9 juin 1999 (Moniteur belge, 28 octobre 1999), il convient néanmoins d’y prêter
attention.
L’article 4 de la convention dispose que
«1. Tout Etat partie veille à ce que tous les actes de torture constituent des
infractions au regard de son droit pénal. Il en est de même de la tentative de
pratiquer la torture ou de tout acte commis par n’importe quelle personne qui
constitue une complicité ou une participation à l’acte de torture.
2. Tout Etat partie rend ces infractions passibles de peines appropriées qui
prennent en considération leur gravité.»
Cette convention soulève avant tout la question de son applicabilité directe.
L’avis du Conseil d’Etat belge du 25 novembre 1998 sur l’avant‑projet de loi
portant assentiment à cette convention avertissait déjà le législateur de cette
difficulté en invoquant la doctrine:
«Si les conventions internationales signées par la belgique et approuvées
par le législateur belge font directement entrer dans l’ordre juridique belge les
interdictions, autorisations et commandements qu’elles contiennent, dès lors
que cette application directe (self executing) résulte du texte ou de la nature
même de l’engagement, ... on ne peut pas oublier qu’une incrimination ne se 49
conçoit pas sans fixation légale d’une peine frappant les contrevenants.»
Il convient donc que le législateur intervienne pour assortir de peines spécifiques
les faits incriminés par la convention pour que les normes internationales, même
approuvéesparlelégislateurbelge,s’intègrentpleinementdansledroitpénalbelge.
Si elle est nécessaire, cette intervention n’est pourtant pas indispensable. Et la
doctrine de reconnaître que
«à défaut, les juridictions pénales belges pourront connaître de la transgres‑
sion de ces normes internationales si dans l’arsenal des règles pénales belges
existantes peuvent se retrouver des dispositions qui renferment expressément
ou logiquement dans leurs termes les incriminations spécialement prévues par
les conventions» 50.
La question se pose dès lors de savoir si le système pénal belge connaît de tels
textes de droit positif qui incriminent les actes de torture.
Depuis la loi du 10 février 1999, qui a inséré un nouveau paragraphe 2 dans l’ar‑
ticle premier de la loi du 16 juin 1993 relative à la répression des violations graves
du droit international humanitaire (devenu l’article 136 ter du Code pénal par la
49 Ch. Hennau et J. Verhaegen, Droit pénal général, 2 éd., bruxelles, bruylant, 1995,
n 30 et suiv., cité par le Conseil d’Etat (section législation), dans son avis sur l’avant‑projet
de loi «portant assentiment à la convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, adoptée à New york le 10 décembre 1984», Documents
parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999, n 1‑1296/1, p. 24.
50 Ch. Hennau et J. Verhaegen, Droit pénal général, op. cit., n 30 et suiv., p. 48 et suiv. 85
3.2.2.4.2. The ratification of the Convention against Torture of 10 Decem‑
ber 1984 and its incorporation into belgian internal law are not therefore essential
for the offence to be applied, because its source is also international custom.
Nevertheless, given that this Convention was ratified by belgium in the Law of
9 June 1999 (Moniteur belge, 28 October 1999), it is worthwhile examining it more
closely.
Article 4 of the Convention provides that,
“1. Each State party shall ensure that all acts of torture are offences under
its criminal law. The same shall apply to an attempt to commit torture and to
an act by any person which constitutes complicity or participation in torture.
2. Each State party shall make these offences punishable by appropriate
penalties which take into account their grave nature.”
Above all, this Convention raises the issue of whether or not it is self‑executing.
The opinion of the belgian Conseil d’état of 25 November 1998 on the prelimi‑
nary draft law giving assent to this Convention already warned the legislator of
this difficulty by mentioning the following legal doctrine:
“Although the international conventions signed by belgium and ratified by
the belgian legislator directly introduce the prohibitions, authorizations and
orders that they contain into the belgian legal system, provided either that the
text itself states that it is self‑executing or that the very nature of the undertak‑
ing indicates that this is the case, . . ., we must not forget that an offence is
not created unless the law defines the penalties that will be imposed on those
who contravene it.” 49
The legislator therefore needs to intervene to determine the specific penalties
that will apply to the offences created by the Convention for the international
standards to become a full part of belgian criminal law, even if those offences have
been ratified by the belgian legislator.
Although such intervention is necessary, it is not, however, indispensable. There
is also the doctrine of recognizing that,
“failing this, the belgian criminal courts may deal with contraventions of
these international standards if, in the existing body of belgian penal rules, it
ispossibletofindprovisionsthatexpresslyorlogicallyencompasstheoffences
specifically provided for by the Conventions” 50.
This therefore raises the question of whether the belgian penal system takes cog‑
nizance of such texts of positive law that make acts of torture an offence.
Since the Law of 10 February 1999, which inserted a new paragraph 2 into
Article 1 of the Law of 16 June 1993 on the punishment of Serious Violations
of International Humanitarian Law (which later became Article 136ter of the
49C. Hennau and J. Verhaegen, Droit pénal général, 2nd ed., brussels, bruylant,
1995, Nos. 30 et seq., pp. 48 et seq., cited by the Conseil d’Etat (legislative section) in its
opinion on the preliminary draft law “giving assent to the Convention against Torture
and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or punishment adopted in New york
on 10 December 1984”, Documents parlementaires, Senate, Ordinary Sittings 1998‑1999,
No.50C. Hennau and J. Verhaegen, Droit pénal général, op. cit., Nos. 30 et seq., pp. 48 et seq. 86
loi du 5 août 2003), la torture est incriminée en tant qu’acte constitutif de crime
contre l’humanité 51 et sanctionnée par la réclusion à perpétuité . 52
Et, en toutes hypothèses, depuis la loi du 14 juin 2002, la répression de la torture,
du traitement inhumain et du traitement dégradant est consacrée en droit positif
belge par les articles 417 bis à quinquies du Code pénal.
D’autres incriminations de la torture sont à trouver dans l’article 347 bis, ali‑
néa 5 (prise d’otage), dans l’article 376, alinéa 2 (viol), dans les articles 398 et sui‑
vants (coups et blessures) et dans les articles 434 et suivants du Code pénal (arres‑
tation et détention arbitraires).
Il faut donc constater que la belgique remplit l’obligation qui lui incombe selon
les termes de l’article 4 de la convention.
L’incrimination spécifique de la torture par la législation pénale belge répond
à l’exigence d’adaptation du droit positif pénal belge dénoncée dans l’exposé des
motifs du projet de loi portant assentiment à la convention contre la torture 53dans
la mesure où la législation réprimant les crimes contre l’humanité ne voit plus son
champ d’application limité aux violations graves des conventions internationales
de Genève du 12 août 1949 et des protocoles additionnels I et II du 8 juin 1977,
puisque désormais le Code pénal vise toutes les violations graves du droit interna‑
tional humanitaire.
3.2.2.5. Conclusion
Les incriminations de droit international de crimes contre l’humanité, de crimes
de guerre, de génocide ou de torture, en ce qu’elles sont le reflet de la coutume
internationale, sont préexistantes aux incriminations insérées dans la loi pénale
belge, qui n’est qu’une codification de celle‑ci.
Le principe de légalité des incriminations, tel que défini à l’article 2 du Code
pénal notamment, ne saurait dès lors faire obstacle à l’intentement de poursuites
pour de telles infractions, étant entendu que, le cas échéant, les peines applicables
seraient celles prévues par les articles 136 bis et suivants du Code pénal et, en tous
cas, celles qui étaient en vigueu54au moment de la commission des infractions en
vertu du droit pénal commun .
Enfin, quoi qu’il en soit, les faits susceptibles d’être constitutifs de violations
graves du droit international humanitaire, comme ceux de l’espèce, à les suppo‑
ser établis, sont également généralement constitutifs d’infractions de droit com‑
mun (meurtres, tentatives de meurtre, coups et blessures volontaires, arrestations
55
arbitraires, enlèvements et séquestrations, tortures…) et pourraient donc être
51 Article 136 ter du Code pénal.
52 Article 136 quinquies du Code pénal.
53 «La mise en conformité du droit belge avec cette disposition impliquera l’adaptation
du droit positif pénal belge. En effet, les dispositions actuelles qui répriment les actes de
torture ne couvrent pas un champ d’application suffisamment large pour respecter le pres‑
crit de la Convention.» (Voir projet de loi portant assentiment à la convention contre la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée à New
york le 10 décembre 1984, Documents parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999,
n 154296/1, p. 4.)
D. Vandermeersch, dans son ordonnance du 6 novembre 1998 en cause Augusto
pin55het Ugarte, Journal des tribunaux, 1999, p. 310, point 3.2.2, in fine.
Il s’agit de la deuxième solution proposée lors des débats au Sénat. Voir proposition
de loi relative à la répression du crime de génocide, en application de la convention interna‑
tionale pour la prévention et la répression du crime de génocode du 9 décembre 1948, Docu‑
ments parlementaires, Sénat, sessions ordinaires 1998‑1999, n 1‑749/3, p. 19. 87
penal Code pursuant to the Law of 5 August 2003), torture has been an offence as
an essential constituent part of a crime against humanity 51 punishable by life
imprisonment 5.
In any case, since the Law of 14 June 2002, the punishment of torture,
inhuman and degrading treatment has been enshrined in belgian positive law by
Articles 417bis to quinquies of the penal Code.
Torture is also an offence pursuant to Article 347bis (5) (hostage‑taking),
Article 376 (2) (rape), Articles 398 et seq. (assault and battery) and Articles 434 et
seq. of the penal Code (arbitrary arrest and detention).
It can therefore be concluded that belgium does fulfil its obligations in accord‑
ance with Article 4 of the Convention.
The specific mention of torture as an offence in belgian criminal legislation was
added in response to the indication given in the explanatory memorandum to the
draft law giving assent to the Convention against Torture that belgium’s positive
criminal law needed to be adapted 53, because the scope of the legislation punishing
crimes against humanity was no longer limited to serious violations of the Geneva
Conventions of 12 August 1949 and the Additional protocols I and II of 8 June
1977, since from then on the Code covered all serious violations of international
humanitarian law.
3.2.2.5. Conclusion
The offences under international law of crimes against humanity, war crimes,
genocide or torture reflect international custom and therefore pre‑date the offences
incorporated into belgian criminal law, which is no more than a codification of
that.
The principle of the legality of the offences, as defined inter alia in Article 2
of the penal Code, should not therefore constitute an obstacle to prosecutions
being brought for such offences, given that, if necessary, the penalties to be applied
would be those provided for in Articles 136bis et seq. of the penal Code and, in
any case, those which were in force at the time when the offences were committed
pursuant to ordinary criminal law 54.
Finally, be that as it may, the acts likely to constitute serious violations of
international humanitarian law, like those in this particular case, should they be
proven, also generally constitute offences under ordinary criminal law (murder,
attempted murder, intentional assault and battery, arbitrary arrest, abduction and
false imprisonment, torture, etc.) 55 and could therefore be prosecuted, with regard
51 Art. 136ter of the penal Code.
52 Art. 136quinquies of the penal Code.
53 “To make belgian law compliant with that provision will require the adaptation of
belgium’s positive criminal law. The current provisions that punish acts of torture are not
sufficiently broad in scope to comply with the requirements of the Convention.” See the
draft law giving assent to the Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or
Degrading Treatment or punishment adopted in New york on 10 December 1984”, Docu‑
ments parlementaires, Senate, Ordinary Sittings 1998‑1999, No. 1‑1296/1, p. 4.
54 D. Vandermeersch in his Order of 6 November 1998 in the Augusto pinochet Ugarte
case, Journal des tribunaux, 1999, p. 310, point 3.3.2, in fine.
55 This was the second solution put forward during the debates in the Senate. See the draft
law on the punishment of the Crime of Genocide, in application of the International Conven‑
tion on the prevention and punishment of the Crime of Genocide of 9 December 1948,
Documents parlementaires, Senate, Ordinary sittings 1998‑1999, No. 1‑749/3, p. 19. 88
poursuivis tenant compte de ce qui précède, sur cette dernière base, sous réserve
de l’application de l’article 12 du titre préliminaire du Code de procédure pénale.
3.2.3. Contenu des incriminations de violations graves du droit international huma‑
nitaire
pour connaître les éléments constitutifs des violations graves du droit interna‑
tional humanitaire, il y a lieu de se référer aux textes légaux annexés au présent.
3.3. Application au cas d’espèce
Au vu des faits de l’espèce tels qu’exposés par les différents plaignants, des actes
d’instruction posés jusqu’à présent, dont l’exécution d’une commission rogatoire
internationale au Tchad, et compte tenu du rapport de la «Commission d’enquête
sur les crimes et détournements commis par l’ex‑président Habré, ses coauteurs et/
ou complices», parmi les actes susceptibles d’être constitutifs de violations graves
du droit international humanitaire, des indices de la commission notamment des
infractions suivantes peuvent être décelés.
3.3.1. Les crimes contre l’humanité (article 136 ter du Code pénal)
parmi les actes repris dans l’article 136 ter du Code pénal belge, peuvent notam‑
ment être retenus, outre ceux visés par des qualifications distinctes.
3.3.1.1. Le meurtre (articles 136 ter 1) et 136 septies 6) du Code pénal)
Eu égard au fait que bon nombre de plaignants ainsi que la Commission
d’enquête sur les crimes et détournements commis par l’ex‑président Habré, ses
coauteurs et/ou complices font état d’exécutions, de massacres, de meurtres, de
tentatives de meurtre…, il existe des indices de perpétrations d’homicides ou de
tentatives d’homicide commis avec intention de donner la mort, définition du
meurtre ou de la tentative de meurtre (voir 1.3).
3.3.1.2. L’extermination (article 136 ter 2) du Code pénal)
Le Statut de la Cour pénale internationale la définit comme étant «notamment
le fait d’imposer intentionnellement des conditions de vie, telles que la privation
d’accès à la nourriture et aux médicaments, calculées pour entraîner la destruction
d’une partie de la population» (art. 7, par. 2, du Statut).
Au vu des éléments actuels du dossier et à les supposer établis, les conditions de
détention qui auraient été imposées par M. Hissein Habré et son régime pourraient
répondre à ce type de «conditions de vie calculées».
3.3.1.3. La persécution (article 136 ter 8) du Code pénal)
Ces mêmes faits pourraient également tomber sous la notion de persécution «de
tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique,
racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste ou en fonction d’autres cri‑
tères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international», en
corrélation avec tout autre acte constitutif de crime contre l’humanité.
En effet, les massacres des Hadjerayes et des Zaghawas décrits par les plai‑
gnants, à les supposer établis, pourraient semble‑t‑il reposer sur l’utilisation d’un
tel critère. Il pourrait en être de même de l’arrestation de M. A. Aganaye, de
M. Adam bachar et de M. Koumandje Gabin notamment (voir 1.3). 89
to the foregoing, on this alternative basis, subject to the application of Article 12
of the preliminary Title of the Code of Criminal procedure.
3.2.3. Content of the offences of serious violations of international humanitarian
law
To identify the constituent elements of serious violations of international
humanitarian law, it is necessary to refer to the legal texts attached to this docu‑
ment.
3.3. Application to this case
Taking account of the facts of this case as stated by the various complainants,
the investigative measures taken hitherto, including the execution of an interna‑
tional letter rogatory to Chad, and the report of the “Commission of Inquiry into
the crimes and misappropriations committed by the former president, H. Habré,
his co‑perpetrators and accomplices”, among the acts that are likely to constitute
serious violations of international humanitarian law, there is evidence of the fol‑
lowing offences having been committed:
3.3.1. Crimes against humanity (Article 136ter of the Penal Code)
Amongst the acts included in Article 136ter of the belgian penal Code, the fol‑
lowing are relevant here, as well as those covered by separate definitions:
3.3.1.1. Murder (Articles 136ter (1) and 136septies (6) of the Penal Code)
Given that a significant number of complainants, as well as the Commission of
Inquiry into the crimes and misappropriations committed by the former president,
H. Habré, his co‑perpetrators and accomplices, report executions, massacres, mur‑
ders, attempted murders, etc., there is evidence of killing or attempted killing with
intent to kill, that being the definition of murder or attempted murder (see 1.3).
3.3.1.2. Extermination (Article 136ter (2) of the Penal Code)
The Statute of the International Criminal Court defines extermination as,
“include [ing] the intentional infliction of conditions of life, inter alia the depriva‑
tion of access to food and medicine, calculated to bring about the destruction of
part of a population” (Art. 7 (2) of the Statute).
In the light of the information currently on file, and if it were to be proven, the
conditions of detention which Mr. Hissein Habré and his régime are alleged to
have imposed could correspond to such “calculated conditions of life”.
3.3.1.3. Persecution (Article 136ter (8) of the Penal Code)
These same acts could also fall within the meaning of persecution “of any group
or any identifiable community on political, racial, ethnic, cultural, religious or
gender grounds or other grounds that are universally recognized as inadmissible
under international law”, when carried out in conjunction with any other act con‑
stituting a crime against humanity.
The massacres of the Hadjerai and the Zaghawa described by the complainants,
were they to be proven, could fall into such a category. The same could apply to
the arrests of Mr. A. Aganaye, Mr. Adam bachar and Mr. Koumandje Gabin, for
example (see 1.3). 90
3.3.1.4. Les disparitions forcées (articles 136 ter 9) du code pénal)
Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale du 17 juillet 1988 retient
également l’incrimination de disparitions forcées (art. 7, par. 1 i)). Le Statut entend
par là
«les cas où des personnes sont arrêtées, détenues ou enlevées par un Etat ou
une organisation politique ou avec l’autorisation, l’appui ou l’assentiment
de cet Etat ou de cette organisation, qui refuse ensuite d’admettre que ces
personnes sont privées de liberté ou de révéler le sort qui leur est réservé ou
l’endroit où elles se trouvent, dans l’intention de les soustraire à la protection
de la loi pendant une période prolongée».
Différents cas d’arrestations arbitraires, de disparitions, d’enlèvements et de
séquestrations peuvent être relevés dans les plaintes (voir 1.3).
3.3.2. Les crimes de guerre (article 136 quater du Code pénal)
Dans la mesure où les faits reprochés à M. H. Habré ont été commis dans le
contexte de différentes luttes armées entre les forces qui lui étaient fidèles et des
forces d’opposition (voir 1.1), ceux‑ci sont également susceptibles de tomber sous
le coup des qualifications de crimes de guerre au sens des conventions de Genève
du 12 août 1949 (articles 50 de la convention I, 51 de la convention II, 130 de la
convention III et 147 de la convention IV).
Ce principe a d’ailleurs été confirmé par l’article 8 du Statut de la Cour pénale
internationale.
3.3.3. Le génocide (article 136 bis du Code pénal)
Le génocide s’entend, en vertu de la convention du 9 décembre 1948 à laquelle
l’article 136 bis du Code pénal fait référence, de l’un quelconque des actes ci‑après,
commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, eth‑
nique, racial ou religieux, comme tel:
a) meurtre de membres du groupe;
b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) soumissionintentionnelledugroupeàdesconditionsd’existencedevantentraî‑
ner sa destruction physique totale ou partielle;
d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Au vu des éléments actuels du dossier et à les supposer établis, la Direction de la
documentationetdelasécurité(DDS),dontlesdirecteursnerendaientdescomptes
qu’à M. H. Habré et appartenaient quasi tous à la même ethnie, les Goranes,
aurait commis la plupart des exactions et notamment la persécution (arrestations
collectives, meurtres en masse…) de différents groupes ethniques (Sara, Hadjerai,
Zaghawa…) dont il aurait perçu les leaders comme des menaces à son régime.
3.3.4. La torture
La torture fait partie des actes constitutifs du crime contre l’humanité (art. 7,
par. 1 f), du Statut de Rome et article 136ter du Code pénal). La définition qu’en
donne la convention contre la torture du 10 décembre 1984, en son article premier,
paragraphe premier, précise, de manière exemplative, les finalités pour lesquelles
une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnelle‑
ment infligées à une personne. 91
3.3.1.4. Enforced disappearance of persons (Article 136ter (9) of the Penal Code)
The Rome Statute of the International Criminal Court of 17 July 1998 also
includes the offence of enforced disappearance of persons (Article 7 (1) (i)). by this,
the Statute means,
“the arrest, detention or abduction of persons by, or with the authorization,
support or acquiescence of, a State or a political organization, followed by a
refusal to acknowledge that deprivation of freedom or to give information on
the fate or whereabouts of those persons, with the intention of removing them
from the protection of the law for a prolonged period of time”.
Various cases of arbitrary arrests, disappearances, abduction and false impris‑
onment can be found in the complaints (see 1.3).
3.3.2. War crimes (Article 136quater of the Penal Code)
Given that the acts of which Mr. H. Habré is accused were committed during
various armed conflicts between forces loyal to him and opposition forces (see
1.1), they are also likely to qualify as war crimes within the meaning of the Geneva
Conventions of 12 August 1949 (Article 50 of Convention I; Article 51 of Conven‑
tion II; Article 130 of Convention III and Article 147 of Convention IV).
This principle has moreover been confirmed by Article 8 of the Statute of the
International Criminal Court.
3.3.3. Genocide (Article 136bis of the Penal Code)
pursuant to the Convention of 9 December 1948, to which Article 136bis of the
penal Code refers, genocide means any of the following acts committed with intent
to destroy, in whole or in part, a national, ethnical, racial or religious group, as
such:
(a) Killing members of the group;
(b) Causing serious bodily or mental harm to members of the group;
(c) Deliberately inflicting on the group conditions of life calculated to bring about
its physical destruction in whole or in part;
(d) Imposing measures intended to prevent births within the group;
(e) Forcibly transferring children of the group to another group.
In the light of the information currently on file, and were it to be proven, the
Documentation and Security Directorate (DSD), whose directors answered only
to Mr. H. Habré and nearly all belonged to the same ethnic group, the Gorane, is
alleged to have committed most of the abuses and in particular to have persecuted
(mass arrests, mass murders, etc.) other ethnic groups (Sara, Hadjerai, Zaghawa,
etc.),whoseleadersMr.Habréisallegedtohaveperceivedasathreattohisrégime.
3.3.4. Torture
Torture is one of the constituent elements of a crime against humanity
(Article 7 (1) (f) of the Rome Statute and Article 136ter of the penal Code). The
definition given in Article 1 (1) of the Convention against Torture of 10 Decem‑
ber 1984 gives examples of the purposes for which severe pain or suffering, whether
physical or mental, is intentionally inflicted on a person. 92
La convention retient notamment la volonté d’obtenir de la personne tor‑
turée ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir
d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir
commis.
Les faits tels que dénoncés par les plaignants faisant notamment apparaître des
faits d’arrestation arbitraire, de coups et blessures volontaires et de séquestration
(voir 1.3), à les supposer établis, pourraient également être compris dans la défini‑
tion de la torture entendue comme «le fait d’infliger intentionnellement une dou‑
leur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, à une personne se trouvant
sous sa garde ou sous son contrôle» (art. 7, par. 2 e) du Statut).
Il pourrait en être ainsi des agissements qui ont eu lieu dans la «piscine», tels
qu’ils ont été décrits par les plaignants et dans le rapport de la «Commission
d’enquête sur les crimes et détournements commis par l’ex‑président Habré, ses
coauteurs et/ou complices», à les supposer établis, de même que les finalités
qui auraient été poursuivies par les services de la présidence, et plus particuliè‑
rement la DDS semblent, au premier abord, susceptibles d’entrer dans cette
définition.
*
* *
Au vu de ce qui précède, les faits, à les supposer établis, démontrent chez
M. Hissein Habré un état d’esprit et sont de nature à porter gravement atteinte
notamment à l’intégrité physique et psychique d’autrui ainsi qu’aux libertés fonda‑
mentales, reconnues internationalement, de tout individu et, partant, à la sécurité
publique, critère en l’espèce suffisant pour justifier la détention préventive.
par ailleurs, divers devoirs d’enquête dont des auditions et confrontations doi‑
vent encore être accomplis, de même que la localisation et la récolte de documents,
pièces, témoignages, utiles à la poursuite de l’enquête, ainsi qu’éventuellement la
localisation d’autres personnes susceptibles d’être impliquées dans les faits ou d’en
avoir connaissance.
Il y a lieu de craindre que l’intéressé, s’il était en liberté, n’entrave le bon dérou‑
lement de l’instruction ou se soustraie à l’action de la justice en tentant de faire
disparaître des preuves ou d’entrer en collusion avec des tiers afin de les prévenir
ou de susciter de faux témoignages notamment.
Il y a dès lors lieu de solliciter l’arrestation provisoire de l’intéressé en vue de
son extradition, conformément à l’article 34 de la loi du 20 juillet 1990 relative à la
détention préventive.
*
* *
Mandons et ordonnons à tous huissiers et agents de la force publique à ce requis
de mettre le présent mandat d’arrêt à exécution et de conduire à la maison d’arrêt
de Forest le nommé:
M. Hissein (ou Hissène) Habré, de nationalité tchadienne, né en 1941 ou 1942,
ancien président de la République du Tchad, sans résidence ni domicile connu en
belgique, résidant actuellement à Dakar (Sénégal), rue Air France — concession
n 26 — quartier Ouakam.
Enjoignons à M me ou M. le Directeur de la prison de le recevoir et de le garder
dans la maison d’arrêt en vertu du présent mandat. 93
The Convention refers for instance to the desire to obtain from the tortured per‑
son or a third person information or a confession, to punish him for an act he or a
third person has committed or is suspected of having committed.
The acts as reported by the complainants include arbitrary arrests, intentional
assault and battery, and false imprisonment (see 1.3). Were these acts to be proven,
they could also fall within the definition of torture, meaning, “the intentional inflic‑
tion of severe pain or suffering, whether physical or mental, upon a person in the
custody or under the control of the accused” (Art. 7 (2) (e) of the Statute).
This could be the case for the misconduct that took place in the “piscine”, as
describedbythecomplainantsandinthereportofthe“CommissionofInquiryinto
the crimes and misappropriations committed by the former president, H. Habré,
his co‑perpetrators and accomplices”, were it to be proven. Similarly, the purposes
that are alleged to have been pursued by the presidency’s services, and in particular
the DSD, seem at first sight likely to fall within this definition.
*
* *
In the light of the foregoing, these acts, should they be proven, demonstrate
Mr. Hissein Habré’s state of mind and are such as to cause serious physical or
psychological harm to others, to infringe internationally recognized fundamental
freedoms of the individual and, therefore, to pose a danger to public safety, a fact
that is sufficient in this case to justify preventive detention.
Moreover, the enquiry continues: hearings and interviews still need to be carried
out; documents, other items and evidence useful to the enquiry need to be located
and gathered, and other individuals likely to have been involved in the acts or to
have knowledge of them may need to be found.
There are grounds to fear that the person concerned, were he to be left at liberty,
might interfere with the course of the investigation or escape legal proceedings, for
example by seeking to destroy evidence or to collude with third persons so as to
warn them or have them give false testimony.
There are therefore grounds for requesting that the person concerned be
taken into preventive custody with a view to his extradition, in accordance with
Article 34 of the Law of 20 July 1990 on preventive Detention.
*
* *
We hereby order all law enforcement officers and agents to execute this arrest
warrant and to take the individual named below to the Forest remand prison:
Mr. Hissein (or Hissène) Habré, of Chadian nationality, born in 1941 or 1942,
formerly president of the Republic of Chad, with no known residence or domicile
in belgium, currently residing in Dakar (Senegal) at rue Air France — Concession
No. 26 — Ouakam Quarter.
We enjoin the prison director to receive him and to keep him in the remand
prison pursuant to this warrant. 94
Requérons tous dépositaires de la force publique, auxquels le présent mandat
sera exhibé, de prêter main‑forte à son exécution.
Fait en six originaux munis de notre sceau à bruxelles, le 19 septembre 2005.
Le juge d’instruction,
(Signé) D. Fransen.
Annexe: copie de la lettre du 7 octobre 2002 de M. le Ministre de la justice, garde
des sceaux de la République du Tchad, au 56ge d’instruction relative à la
levée d’immunité de M. Hissein Habré*.
Nous, b. bulthe,
Vice‑président du tribunal de première instance séant à bruxelles;
VupourlalégalisationdelasignaturedeD.Fransen,juged’instructionàbruxelles.
bruxelles, le 19 septembre 2005.
(Signé) b. bulthe.
LéGISLATION INTERNATIONALE ET bELGE AppLICAbLE
Code pénal belge
Article 51
Il y a tentative punissable lorsque la résolution de commettre un crime ou un
délit a été manifestée par des actes extérieurs qui forment un commencement d’exé‑
cution de ce crime ou de ce délit, et qui n’ont été suspendus ou n’ont manqué leur
effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur.
Article 52
La tentative de crime est punie de la peine immédiatement inférieure à celle du
crime même, conformément aux articles 80 et 81.
Article 66
Seront punis comme auteurs d’un crime ou d’un délit:
— Ceux qui l’auront exécuté ou qui auront coopéré directement à son exécution;
— Ceux qui, par un fait quelconque, auront prêté pour l’exécution une aide telle
que, sans leur assistance, le crime ou le délit n’eût pu être commis;
— Ceux qui, par dons, promesses, menaces, abus d’autorité ou de pouvoir, machi‑
nations ou artifices coupables, auront directement provoqué à ce crime ou à ce
délit;
— (Ceux qui, soit par des discours tenus dans des réunions ou dans des lieux
publics, soit par des écrits, des imprimés, des images ou emblèmes quelconques,
qui auront été affichés, distribués ou vendus, mis en vente ou exposés aux
* Voir annexe 4. [Note du Greffe.] 95
All law enforcement agencies to which this warrant is presented are requested to
assist in its execution.
Done in six originals under our seal in brussels, 19 September 2005.
(Signed) D. Fransen,
Investigating Judge.
Annex: Copy of the letter of 7 October 2002 from the Minister of Justice of the
Republic of Chad to the invest* 56ing judge concerning the lifting of
Mr. Hissein Habré’s immunity .
b. bulthe,
Vice‑president of the brussels Tribunal de première instance;
IherebyauthenticatethesignatureofD.Fransen,investigatingjudgeinbrussels.
brussels, 19 September 2005.
(Signed) b. bulthe.
AppLICAbLE INTERNATIONAL AND bELGIAN LEGISLATION
[Translation]
belgian penal Code
Article 51
A punishable attempt is deemed to have been committed when the decision to
commit an indictable offence has been manifested by external acts which constitute
the commencement of the execution of the indictable offence and which have been
suspended or failed in their effect only because of circumstances independent of
the person’s intentions.
Article 52
An attempted crime shall be liable for a punishment immediately below the
punishment for the crime itself, in conformity with Articles 80 and 81.
Article 66
Thefollowingshallbepunishedastheperpetratorsofacrimeormisdemeanour:
— persons who executed it or directly co‑operated in its execution;
— persons who, by any act whatever, aided and abetted its execution such that the
indictable offence could otherwise not have been committed;
— persons who, through gifts, promises, threats, abuse of authority or power, cul‑
pablemachinationsorartificedirectlyincitedtocommitthisindictableoffence;
— (persons who, through speeches made at meetings or in public places, or
through written material, printed matter, images or emblems of any kind,
that were put up, distributed or sold, offered for sale or put on public display,
* See Annex 4. [Note by the Registry.] 96
regards du public, auront provoqué directement à le commettre, sans préjudice
des peines portées par la loi contre les auteurs de provocations à des crimes ou
à des délits, même dans le cas où ces provocations n’ont pas été suivies d’effet.)
Article 136 bis
Constitue un crime de droit international, et est réprimé conformément aux dis‑
positions du présent titre, le crime de génocide, tel que défini ci‑après, qu’il soit
commis en temps de paix ou en temps de guerre. Conformément à la Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948, et
sans préjudice des dispositions pénales applicables aux infractions commises par
négligence, le crime de génocide s’entend de l’un des actes ci‑après, commis dans
l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial
ou religieux comme tel:
1) meurtre de membres du groupe;
2) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
3) soumissionintentionnelledugroupeàdesconditionsd’existencedevantentraî‑
ner sa destruction physique totale ou partielle;
4) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
5) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Article 136 ter
Constitue un crime de droit international, et est réprimé conformément aux dis‑
positions du présent titre, le crime contre l’humanité, tel que défini ci‑après, qu’il
soit commis en temps de paix ou en temps de guerre. Conformément au Statut de
la Cour pénale internationale, le crime contre l’humanité s’entend de l’un des actes
ci‑après commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée
contre une population civile et en connaissance de cette attaque:
1) meurtre;
2) extermination;
3) réduction en esclavage;
4) déportation ou transfert forcé de population;
5) emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en vio‑
lation des dispositions fondamentales du droit international;
6) torture;
7) viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée
et toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable;
8) persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs
d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste ou en
fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en
droit international, en corrélation avec tout acte visé dans les articles 136 bis,
136 ter et 136 quater;
9) disparitions forcées de personnes;
10) crime d’apartheid;
11) autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de
grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé
physique ou mentale.
Article 136 quater
1. Constituent des crimes de droit international, et sont réprimés conformément
aux dispositions du présent titre, les crimes de guerre visés aux Conventions adop‑
tées à Genève le 12 août 1949 et aux protocoles I et II additionnels à ces Conven‑
tions, adoptés à Genève le 8 juin 1977, par les lois et coutumes applicables aux 97
directly incited the commission of the crime or misdemeanour, without preju‑
dice to the statutory penalties applicable to those guilty of incitement to com‑
mit indictable offences, even where such incitement had no effect.)
Article 136bis
The crime of genocide, as defined below, whether committed in time of peace or
in time of war, constitutes a crime under international law and shall be punished
in conformity with the provisions of this section. Under the Convention on the
prevention and punishment of the Crime of Genocide of 9 December 1948, and
without prejudice to the penal provisions applicable to crimes committed through
negligence, the crime of genocide shall be understood to mean one of the acts set
out below, committed with the intention of destroying, in all or in part, a national,
ethnical, racial or religious group as such:
(1) killing members of the group;
(2) causing serious bodily or mental harm to members of the group;
(3) deliberately inflicting on the group conditions of life calculated to bring about
its physical destruction in whole or in part;
(4) imposing measures intended to prevent births within the group;
(5) forcibly transferring children of the group to another group.
Article 136ter
A crime against humanity, as defined below, whether committed in time of peace
or in time of war, constitutes a crime under international law and shall be punished
in conformity with the provisions of this section. Under the Statute of the Interna‑
tional Criminal Court, a crime against humanity shall be understood to mean one
of the following acts committed in connection with a general or systematic attack
on a civilian population or in the knowledge of that attack:
(1) murder;
(2) extermination;
(3) enslavement;
(4) deportation or forcible transfer of the population;
(5) imprisonment or some other severe deprivation of physical liberty in viola‑
tion of the fundamental rules of international law;
(6) torture;
(7) rape,sexualenslavement,enforcedprostitution,enforcedpregnancy,enforced
sterilization or any other form of sexual violence of comparable gravity;
(8) persecution of any group or any identifiable community on political, racial,
ethnic, cultural, religious or gender grounds or other grounds that are univer‑
sally recognized as inadmissible under international law, in connection with
any act referred to in Articles 136bis, 136ter and 136quater;
(9) enforced disappearances of persons;
(10) the crime of apartheid;
(11) other inhumane acts of a similar character intentionally causing great suffer‑
ing or serious injury to body or to mental or physical health.
Article 136quater
1. ThewarcrimesreferredtointheConventionsadoptedinGenevaon12August
1949andinAdditionalprotocolsIandIItothoseConventions,adoptedinGeneva
on 8 June 1977, constitute crimes under international law and shall be punished in
conformity with the provisions of this section, by the laws and customs applicable 98
conflits armés, tels que définis à l’article 2 des Conventions adoptées à Genève le 12
août 1949, à l’article premier des protocoles I et II adoptés à Genève le 8 juin 1977
additionnels à ces Conventions, ainsi qu’à l’article 8, paragraphe 2 f) du Statut
de la Cour pénale internationale, et énumérés ci‑après, lorsque ces crimes portent
atteinte, par action ou omission, à la protection des personnes et des biens garantie
respectivement par ces Conventions, protocoles, lois et coutumes, sans préjudice
des dispositions pénales applicables aux infractions commises par négligence:
1) l’homicide intentionnel;
2) la torture ou les autres traitements inhumains, y compris les expériences bio‑
logiques;
3) le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des
atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé;
4) le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérili‑
sation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle constituant une infrac‑
tion grave aux Conventions de Genève ou une violation grave de l’article 3
commun à ces Conventions;
5) les autres atteintes à la dignité humaine, notamment les traitements humiliants
et dégradants;
6) le fait de contraindre à servir dans les forces armées ou groupes armés de la
puissance ennemie ou de la partie adverse un prisonnier de guerre, une per‑
sonne civile protégée par la Convention sur la protection des personnes civiles
en temps de guerre ou une personne protégée à ce même égard par les proto‑
coles I et II additionnels aux Conventions de Genève du 12 août 1949;
7) le fait de procéder à la conscription ou à l’enrôlement d’enfants de moins de
15 ans dans des forces armées ou dans des groupes armés, ou de les faire par‑
ticiper activement à des hostilités;
8) le fait de priver un prisonnier de guerre, une personne civile protégée par la
Convention sur la protection des personnes civiles en temps de guerre ou une
personne protégée à ce même égard par les protocoles I et II additionnels aux
Conventions de Genève du 12 août 1949, de son droit d’être jugé régulière‑
ment et impartialement selon les prescriptions de ces instruments;
9) la déportation, le transfert ou le déplacement illicites, la détention illicite d’une
personne civile protégée par la Convention sur la protection des personnes
civiles en temps de guerre ou une personne protégée à ces mêmes égards par les
protocoles I et II additionnels aux Conventions de Genève du 12 août 1949;
10) le fait d’affamer délibérément des civils comme méthode de guerre, en les pri‑
vant de biens indispensables à leur survie, y compris en empêchant intention‑
nellement l’envoi des secours prévus par les Conventions de Genève;
11) la prise d’otages;
12) le fait de détruire ou de saisir les biens de l’ennemi, en cas de conflit armé inter‑
national, ou d’un adversaire, en cas de conflit armé n’ayant pas un caractère
international, sauf dans les cas où ces destructions ou saisies seraient impé‑
rieusement commandées par les nécessités militaires;
13) la destruction et l’appropriation de biens, non justifiées par des nécessités mili‑
taires telles qu’admises par le droit des gens et exécutées sur une grande échelle
de façon illicite et arbitraire;
14) le fait de lancer des attaques délibérées contre des biens de caractère civil,
c’est‑à‑dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires;
15) le fait de lancer des attaques délibérées contre les bâtiments, le matériel, les
unités et les moyens de transport sanitaires, et le personnel utilisant, confor‑
mément au droit international, les signes distinctifs prévus par le droit inter‑
national humanitaire; 99
to armed conflicts, as defined in Article2 of the Conventions adopted in Geneva on
12 August 1949, and in Article 1 of Additional protocols I and II to those Conven‑
tionsadoptedinGenevaon8June1977,andalsoinArticle8,paragraph2(f),ofthe
StatuteoftheInternationalCriminalCourt,andenumeratedbelow,wherebyaction
oromission,thesecrimesprejudicetheprotectionofthepersonsandgoodsguaran‑
teedrespectivelybytheseConventions,protocols,lawsandcustoms,withoutpreju‑
dice to the penal provisions applicable to offences committed through negligence:
(1) wilful killing;
(2) torture or inhuman treatment, including biological experiments;
(3) wilfully causing great suffering or serious injury to body or health;
(4) rape, sexual slavery, enforced prostitution, forced pregnancy, enforced steri‑
lization or any other form of sexual violence also constituting a grave breach
of the Geneva Conventions or a grave breach of Article 3 common to those
Conventions;
(5) other outrages upon personal dignity, in particular humiliating or degrading
treatment;
(6) compelling a prisoner of war, a civilian person protected by the Convention
on the protection of Civilian persons in Time of War or a civilian person simi‑
larly protected by Additional protocols I and II to the Geneva Conventions
of 12 August 1949 to serve in the armed forces or armed groups of the hostile
power or the adverse power;
(7) conscripting or enlisting children under the age of fifteen years into the armed
forces or into armed groups or forcing them to participate actively in hostili‑
ties;
(8) depriving a prisoner of war, a civilian person protected by the Convention on
the protection of Civilians in Time of War or a person similarly protected by
Additional protocols I and II to the Geneva Conventions of 12 August 1949,
of their right to a fair and impartial hearing in keeping with the requirements
of those instruments;
(9) the unlawful deportation, transfer or displacement, the unlawful detention of
a civilian person protected by the Convention on the protection of Civilian
persons in Time of War or a person similarly protected by Additional proto‑
cols I and II to the Geneva Conventions of 12 August 1949;
(10) intentionally using starvation of civilians as a method of warfare by depriving
them of objects indispensable to their survival, including wilfully impeding
relief supplies as provided for under the Geneva Conventions;
(11) taking of hostages;
(12) destroying or seizing the enemy’s property in the case of an armed conflict of
an international character, or of an adversary in the case of an armed con‑
flict not of an international character, unless such destruction or seizure be
imperatively demanded by the necessities of war;
(13) extensive destruction and appropriation of property, not justified by military
necessity as accepted by international law and carried out unlawfully and
wantonly;
(14) intentionally directing attacks against civilian objects, that is, objects which
are not military objectives;
(15) intentionally directing attacks against buildings, material, medical units and
transport, and personnel using the distinctive emblems of the Geneva Con‑
ventions in conformity with international humanitarian law; 100
16) le fait d’utiliser la présence d’un civil ou d’une autre personne protégée par
le droit international humanitaire pour éviter que certains points, zones ou
forces militaires ne soient la cible d’opérations militaires;
17) le fait de lancer des attaques délibérées contre le personnel, les installa‑
tions, le matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une
mission humanitaire ou de maintien de la paix conformément à la Charte
des Nations Unies, pour autant qu’ils aient droit à la protection que le droit
international des conflits armés garantit aux civils et aux biens de caractère
civil;
18) les actes et omissions, non légalement justifiés, qui sont susceptibles de com‑
promettre la santé et l’intégrité physique ou mentale des personnes protégées
par le droit international humanitaire, notamment tout acte médical qui ne
serait pas justifié par l’état de santé de ces personnes ou ne serait pas conforme
aux règles de l’art médical généralement reconnues;
19) sauf s’ils sont justifiés dans les conditions prévues au 18), les actes consistant
à pratiquer sur les personnes visées au 18), même avec leur consentement,
des mutilations physiques, des expériences médicales ou scientifiques ou des
prélèvements de tissus ou d’organes pour des transplantations, à moins qu’il
s’agisse de dons de sang en vue de transfusions ou de dons de peau destinée à
des greffes, pour autant que ces dons soient volontaires, consentis et destinés à
des fins thérapeutiques;
20) le fait de soumettre à une attaque délibérée la population civile ou des per‑
sonnes civiles qui ne prennent pas directement part aux hostilités;
21) le fait de lancer une attaque délibérée contre des lieux où des malades et des
blessés sont rassemblés, pour autant que ces lieux ne soient pas des objectifs
militaires;
22) le fait de lancer une attaque délibérée en sachant que celle‑ci causera des pertes
en vies humaines, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux
biens de caractère civil, ou des dommages étendus, durables et graves à l’en‑
vironnement naturel, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire
concret et direct attendu, sans préjudice de la criminalité de l’attaque dont
les effets dommageables, même proportionnés à l’avantage militaire attendu,
seraient incompatibles avec les principes du droit des gens, tels qu’ils résultent
des usages établis, des principes de l’humanité et des exigences de la conscience
publique;
23) le fait de lancer une attaque contre des ouvrages ou installations contenant
des forces dangereuses, en sachant que cette attaque causera des pertes en vies
humaines, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux biens de
caractère civil qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret
et direct attendu, sans préjudice de la criminalité de l’attaque dont les effets
dommageables, même proportionnés à l’avantage militaire attendu, seraient
incompatibles avec les principes du droit des gens, tels qu’ils résultent des
usages établis, des principes de l’humanité et des exigences de la conscience
publique;
24) le fait de soumettre à une attaque ou de bombarder, par quelque moyen que ce
soit, des zones démilitarisées ou des villes, villages, habitations ou bâtiments
non défendus qui ne sont pas des objectifs militaires;
25) le pillage d’une ville ou d’une localité, même prise d’assaut;
26) le fait de soumettre une personne à une attaque en la sachant hors de combat,
à la condition que cette attaque entraîne la mort ou des blessures;
27) le fait de tuer ou blesser par traîtrise des individus appartenant à la nation ou
à l’armée ennemies ou un adversaire combattant;
28) le fait de déclarer qu’il ne sera pas fait de quartier; 101
(16) utilizing the presence of a civilian or other person protected by international
humanitarian law to render certain points, areas or military forces immune
from military operations;
(17) intentionally directing attacks against personnel, installations, material, units
or vehicles involved in a humanitarian assistance or peacekeeping mission
in accordance with the Charter of the United Nations, as long as they are
entitled to the protection given to civilians or civilian objects under the inter‑
national law of armed conflict;
(18) the acts and omissions, not legally justified, likely to compromise the health
and physical or mental integrity of persons protected by international
humanitarian law, in particular any medical act not justified by the health
status of those persons or that does not comply with generally accepted medi‑
cal standards;
(19) except where they are justified in the conditions laid down in Article 18, caus‑
ing physical mutilations to, performing medical or scientific experiments on
the persons referred to in Article 18, even with their consent, or removing
tissue or organs for transplants, except in the case of giving blood for trans‑
fusions or skin for grafts, provided such removal is voluntary, has been con‑
sented to and is for therapeutic purposes;
(20) subjecting the civilian population or civilian persons not taking a direct part
in hostilities to a deliberate attack;
(21) directing a deliberate attack on places where the sick and wounded are col‑
lected provided such places are not military objectives;
(22) directing a deliberate attack in the knowledge that it will cause loss of human
life, injuries to civilian persons or damage to civilian property or extensive,
lasting and serious harm to the environment, which would be excessive in
relation to the anticipated concrete and direct military advantage, without
prejudice to the criminality of the attack, whose harmful effects, even where
proportionate to the anticipated military advantage, would be incompatible
with the principles of international law derived from established custom, the
principles of humanity and the dictates of public conscience;
(23) directing an attack against works or installations containing dangerous
forces, in the knowledge that it will cause loss of human life, injuries to civil‑
ian persons or damage to civilian property, which would be excessive in
relation to the anticipated concrete and direct military advantage, without
prejudice to the criminality of the attack whose harmful effects, even where
proportionate to the anticipated military advantage, would be incompatible
with the principles of international law derived from established custom, the
principles of humanity and the dictates of public conscience;
(24) attacking or bombing, by whatever means, demilitarized zones or undefended
towns, villages, dwellings or buildings which are not military objectives;
(25) pillaging even in a town or locality taken by assault;
(26) subjecting a person to an attack in the knowledge that he is hors de combat
and that it will result in death and injuries;
(27) killing or wounding treacherously individuals belonging to the hostile nation
or army or a combatant adversary;
(28) declaring that no quarter will be given; 102
29) le fait d’utiliser perfidement le signe distinctif de la croix rouge ou du croissant
rouge ou d’autres signes protecteurs reconnus par le droit international huma‑
nitaire, à la condition que ce fait entraîne la mort ou des blessures graves;
30) le fait d’utiliser indûment le pavillon parlementaire, le drapeau ou les insignes
militaires et l’uniforme de l’ennemi ou de l’Organisation des Nations Unies,
à la condition que ce fait entraîne la perte de vies humaines ou des blessures
graves;
31) le transfert, direct ou indirect, dans un territoire occupé d’une partie de la
population civile de la puissance occupante, dans le cas d’un conflit armé
international, ou de l’autorité occupante, dans le cas d’un conflit armé non
international;
32) le fait de retarder sans justification le rapatriement des prisonniers de guerre
ou des civils;
33) le fait de se livrer aux pratiques de l’apartheid ou à d’autres pratiques inhu‑
maines ou dégradantes fondées sur la discrimination raciale et donnant lieu à
des outrages à la dignité personnelle;
34) le fait de diriger des attaques contre les monuments historiques, les œuvres
d’art ou les lieux de culte clairement reconnus qui constituent le patrimoine
culturel ou spirituel des peuples et auxquels une protection spéciale a été
accordée en vertu d’un arrangement particulier, alors qu’il n’existe aucune
preuve de violation par la partie adverse de l’interdiction d’utiliser ces biens
à l’appui de l’effort militaire, et que ces biens ne sont pas situés à proximité
immédiate d’objectifs militaires;
35) le fait de lancer des attaques délibérées contre des bâtiments consacrés à la
religion, à l’enseignement, à l’art, à la science ou à l’action caritative, des
monuments historiques, des hôpitaux, pour autant que ces bâtiments ne soient
pas des objectifs militaires;
36) le fait d’utiliser du poison ou des armes empoisonnées;
37) le fait d’utiliser des gaz asphyxiants, toxiques ou assimilés, et tous liquides,
matières ou engins analogues;
38) le fait d’utiliser des balles qui se dilatent ou s’aplatissent facilement dans le
corps humain, telles que des balles dont l’enveloppe dure ne recouvre pas
entièrement le centre ou est percée d’entailles;
39) le fait de déclarer éteints, suspendus ou non recevables en justice les droits et
actions des personnes appartenant à la partie adverse;
40) le fait d’employer des armes, projectiles, matières et méthodes de guerre de
nature à causer des maux superflus ou des souffrances inutiles ou à frapper
sans discrimination en violation du droit international des conflits armés, à
condition que ces armes, projectiles, matières et méthodes de guerre fassent
l’objet d’une interdiction générale et qu’ils soient inscrits dans une annexe au
Statut de la Cour pénale internationale.
2. Constituent des crimes de droit international, et sont réprimées conformé‑
ment aux dispositions du présent titre, les violations graves de l’article 3 commun
des Conventions signées à Genève le 12 août 1949, en cas de conflit armé défini
par cet article 3 commun, et énumérées ci‑après, lorsque ces violations portent
atteinte, par action ou omission, à la protection des personnes garantie par ces
Conventions, sans préjudice des dispositions pénales applicables aux infractions
commises par négligence:
1) lesatteintesàlavieetàl’intégritécorporelle,notammentlemeurtresoustoutes
ses formes, les mutilations, les traitements cruels et la torture;
2) les atteintes à la dignité de la personne, notamment les traitements humiliants
et dégradants; 103
(29) the perfidious use of the distinctive emblem of the Red Cross or the Red
Crescent or other protective signs recognized by international humanitarian
law resulting in death or serious injuries;
(30) making improper use of a flag of truce, of the flag or of the military insignia
and uniform of the enemy or of the United Nations, resulting in the loss of
human life or injuries;
(31) the transfer, directly or indirectly, into an occupied territory, of part of the
civilian population of the Occupying power in the case of an international
armed conflict, or of the Occupying Authority in the case of an armed conflict
not of an international character;
(32) unjustified delay in the repatriation of prisoners of war or civilians;
(33) applying the practices of apartheid or other inhuman or degrading practices
based on racial discrimination and causing insult to human dignity;
(34) directing attacks against historic monuments, works of art or clearly recog‑
nized places of worship which constitute the spiritual or cultural heritage
of peoples and to which special protection has been given under a special
arrangement when there is no evidence of violation by the adverse party of
the prohibition on the use of such property in support of the military effort
and this property is not situated within the immediate proximity of military
objectives;
(35) intentionally directing attacks against buildings dedicated to religion, educa‑
tion, art, science or charitable purposes, historic monuments or hospitals,
provided they are not military objectives;
(36) employing poison or poisoned weapons;
(37) employing asphyxiating, poisonous or other gases, and all analogous liquids,
materials or devices;
(38) employing bullets which expand or flatten easily in the human body, such
as bullets with a hard envelope which does not entirely cover the core or is
pierced with incisions;
(39) declaring abolished, suspended or inadmissible in a court of law the rights
and actions of the nationals of the hostile party;
(40) employing weapons, projectiles and material and methods of warfare which
are of a nature to cause superfluous injury or unnecessary suffering or which
are inherently indiscriminate in violation of the international law of armed
conflict, provided that such weapons, projectiles and material and methods
of warfare are the subject of a comprehensive prohibition and are included in
an annex to the Statute of the International Criminal Court.
2. The serious violations of Article 3 common to the Conventions signed in
Geneva on 12 August 1949, in the case of armed conflict defined by that common
Article 3 and enumerated below constitute crimes of international law, which shall
be punished in accordance with the provisions of this section, when, by action
or omission, those violations prejudice the protection of the persons guaranteed
by those Conventions, without prejudice to the criminal provisions applicable to
offences committed through negligence:
(1) violence to life and person, in particular murder of all kinds, mutilation, cruel
treatment and torture;
(2) outrages upon personal dignity, in particular humiliating and degrading treat‑
ment; 104
3) les prises d’otages;
4) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement
préalable, rendu par un tribunal régulièrement constitué, assorti des garanties
judiciaires généralement reconnues comme indispensables.
3. Constituent des crimes de droit international et sont réprimées conformé‑
ment aux dispositions du présent titre, les violations graves définies à l’article 15 du
Deuxième protocole relatif à la Convention de La Haye de 1954 pour la protection
des biens culturels en cas de conflit armé, adopté à La Haye le 26 mars 19er, com‑
mises en cas de conflit armé, tel que défini à l’article 18, paragraphes 1 et 2, de la
Convention de La Haye de 1954 et à l’article 22 du Deuxième protocole précité,
et énumérées ci‑après, lorsque ces infractions portent atteinte, par action ou omis‑
sion, à la protection des biens garantie par ces Convention et protocole, sans préju‑
dice des dispositions pénales applicables aux infractions commises par négligence:
1) faire d’un bien culturel sous protection renforcée l’objet d’une attaque;
2) utiliser un bien culturel sous protection renforcée ou ses abords immédiats à
l’appui d’une action militaire;
3) détruire ou s’approprier sur une grande échelle des biens culturels protégés par
la Convention et le Deuxième protocole.
Article 136 quinquies
Les infractions énumérées aux articles 136 bis et 136 ter sont punies de la réclu‑
sion à perpétuité.
Les infractions énumérées aux 1), 2), 15), 17), 20) à 24) et 26) à 28) du para‑
graphe 1 de l’article 136 quater sont punies de la réclusion à perpétuité.
Les infractions énumérées aux 3), 4), 10), 16), 19), 36) à 38) et 40) du même para‑
graphe du même article sont punies de la réclusion de vingt ans à trente ans. Elles
sont punies de la réclusion à perpétuité si elles ont eu pour conséquence la mort
d’une ou de plusieurs personnes.
Les infractions énumérées aux 12) à 14) et 25) du même paragraphe du même
article sont punies de la réclusion de quinze ans à vingt ans. La même infraction
ainsiquecelleviséeaux29)et30)dumêmeparagraphedumêmearticlesontpunies
de la réclusion de vingt ans à trente ans si elles ont eu pour conséquence soit une
maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel,
soit la perte de l’usage absolu d’un organe, soit une mutilation grave. Elles sont
punies de la réclusion à perpétuité si elles ont eu pour conséquence la mort d’une
ou de plusieurs personnes.
Les infractions énumérées aux 6) à 9), 11) et 31) du même paragraphe du même
article sont punies de la réclusion de dix ans à quinze ans. Dans les cas de circons‑
tances aggravantes prévues à l’alinéa précédent, elles sont punies, selon le cas, des
peines prévues à cet alinéa.
Les infractions énumérées aux 5) et 32) à 35) du même paragraphe du même
article sont punies de la réclusion de dix ans à quinze ans, sous réserve de l’applica‑
tion des dispositions pénales plus sévères réprimant les atteintes graves à la dignité
de la personne.
L’infraction prévue au 18) du même paragraphe du même article est punie de
la réclusion de dix ans à quinze ans. Elle est punie de la réclusion de quinze ans à
vingt ans lorsqu’elle a entraîné des conséquences graves pour la santé publique.
L’infraction énumérée au 39) du même paragraphe du même article est punie de
la réclusion de dix ans à quinze ans. 105
(3) taking of hostages;
(4) the passing of sentences and the carrying out of executions without previous
judgment pronounced by a regularly constituted court, affording all the judi‑
cial guarantees which are generally recognized as indispensable.
3. The serious violations defined in Article 15 of the Second protocol to the
Hague Convention of 1954 for the protection of Cultural property in the Event of
Armed Conflict, adopted in The Hague on 26 March 1999, in the case of armed
conflict, as defined in Article 18, paragraphs 1 and 2, of the 1954 Hague Conven‑
tion and in Article 22 of the above‑mentioned Second protocol, and enumerated
below, constitute crimes of international law and shall be punished in accordance
with the provisions of this section, when, by action or omission, those offences
prejudice the protection of the property guaranteed by those Conventions and that
protocol, without prejudice to the criminal provisions applicable to offences com‑
mitted through negligence:
(1) making cultural property under enhanced protection the object of attack;
(2) using cultural property under enhanced protection or its immediate surround‑
ings in support of military action;
(3) extensive destruction or appropriation of cultural property protected under
the Convention and the Second protocol.
Article 136quinquies
The offences enumerated in Articles 136bis and 136ter shall be punished by life
imprisonment.
The offences enumerated in subparagraphs 1, 2, 15, 17, 20 to 24 and 26 to 28 of
Article 36quater, paragraph 1, shall be punished by life imprisonment.
The offences enumerated in subparagraphs 3, 4, 10, 16, 19, 36 to 38 and 40
of the same paragraph of the same Article, shall be punished by 20 to 30 years’
imprisonment. They shall be punished by life imprisonment if they have resulted
in the death of one or more persons.
The offences enumerated in subparagraphs 12 to 14 and 25 of the same para‑
graph of the same Article shall be punished by 15 to 20 years’ imprisonment. The
same offence, together with the offence referred to in subparagraphs 29 and 30
of the same paragraph of the same Article shall be punished by 20 to 30 years’
imprisonment if they resulted in a seemingly incurable illness, or permanent
incapacity for work, or the loss of the absolute use of an organ or a serious muti‑
lation. They shall be punished by life imprisonment if they resulted in the death of
one or more persons.
The offences enumerated in subparagraphs 6 to 9, 11 and 31 of the same para‑
graph of the same Article shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment. In
the cases of aggravating circumstances envisaged in the preceding subparagraph,
they shall be punished, depending on the case, with the sentences laid down in that
subparagraph.
The offences enumerated in subparagraphs 5 and 32 to 35 of the same paragraph
of the same Article shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment, subject
to the application of the harsher penal provisions punishing outrages on human
dignity.
The offence contemplated in subparagraph 18 of the same paragraph of the
same Article shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment. It shall be pun‑
ished by 15 to 20 years’ imprisonment when it has resulted in serious consequences
for public health.
The offence enumerated in subparagraph 39 of the same paragraph of the same
Article shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment. 106
L’infraction énumérée au 1) du paragraphe 2 de l’article 136 quater est punie de
la réclusion à perpétuité.
Lesinfractionsénuméréesaux2)et4)dumêmeparagraphedumêmearticlesont
puniesdelaréclusiondedixansàquinzeans,sousréservedel’applicationdesdispo‑
sitionspénalesplussévèresréprimantlesatteintesgravesàladignitédelapersonne.
L’infraction énumérée au 3) du même paragraphe du même article est punie de
la réclusion de dix ans à quinze ans. La même infraction est punie de la réclusion
de vingt ans à trente ans si elle a eu pour conséquence soit une maladie parais‑
sant incurable, soit une incapacité permanente de travail personnel, soit la perte de
l’usage absolu d’un organe, soit une mutilation grave. Elle est punie de la réclusion
à perpétuité si elle a eu pour conséquence la mort d’une ou de plusieurs personnes.
Les infractions énumérées aux 1) à 3) du paragraphe 3 de l’article 136 quater sont
punies de la réclusion de quinze ans à vingt ans.
Article 136 sexies
Ceux qui fabriquent, détiennent ou transportent un instrument, engin ou objet
quelconque, érigent une construction ou transforment une construction existante,
sachant que l’instrument, l’engin, l’objet, la construction ou la transformation est
destiné à commettre l’une des infractions prévues aux articles 136 bis, 136 ter et
136 quater ou à en faciliter la perpétration, sont punis de la peine prévue pour
l’infraction dont ils ont permis ou facilité la perpétration.
Article 136 septies
Sont punis de la peine prévue pour l’infraction consommée:
1) l’ordre, même non suivi d’effet, de commettre l’une des infractions prévues par
les articles 136 bis, 136 ter et 136 quater;
2) la proposition ou l’offre de commettre une telle infraction et l’acceptation de
pareille proposition ou offre;
3) la provocation à commettre une telle infraction, même non suivie d’effet;
4) la participation, au sens des articles 66 et 67, à une telle infraction, même non
suivie d’effet;
5) l’omission d’agir dans les limites de leur possibilité d’action de la part de ceux
qui avaient connaissance d’ordres donnés en vue de l’exécution d’une telle
infraction ou de faits qui en commencent l’exécution, et pouvaient en empêcher
la consommation ou y mettre fin;
6) la tentative, au sens des articles 51 à 53, de commettre une telle infraction.
Article 136 octies
1. Sans préjudice des exceptions énoncées aux points 18), 22) et 23) de l’article
136 quater, paragraphe 1 , aucun intérêt, aucune nécessité de nature politique,
militaire ou nationale ne peut justifier les infractions définies aux articles 136 bis,
136 ter, 136 quater, 136 sexies et 136 septies, même si celles‑ci sont commises à titre
de représailles.
2. Le fait que l’accusé ait agi sur ordre de son gouvernement ou d’un supérieur
ne l’exempte pas de sa responsabilité si, dans les circonstances données, l’ordre
pouvaitclairemententraînerlacommissiond’unedesinfractionsviséesauxarticles
136 bis, 136 ter et 136 quater.
Article 147
Tout fonctionnaire ou officier public, tout dépositaire ou agent de l’autorité ou
de la force publique, qui aura illégalement et arbitrairement arrêté ou fait arrêter, 107
The offence enumerated in Article 136quater, paragraph 2, subparagraph 1,
shall be punished by life imprisonment.
The offences enumerated in subparagraphs 2 and 4 of the same paragraph of
the same Article shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment, subject to the
application of the harsher penal provisions punishing outrages to human dignity.
The offence enumerated in subparagraph 3 of the same paragraph of the same
Article shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment. The same offence shall
be punished by 20 to 30 years’ imprisonment if it has resulted in a seemingly
incurable illness, or permanent incapacity for work, or the loss of the absolute
use of an organ, or a serious mutilation. It shall be punished by life imprisonment
if it has resulted in the death of one or more persons.
The offences enumerated in Article 136quater, subparagraphs 1 to 3, shall be
punished by 15 to 20 years’ imprisonment.
Article 136sexies
personswhomanufacture,possessortransportanyinstrument,deviceorobject,
erect a structure or transform an existing structure, knowing that the instrument,
device or object, the structure or transformation is intended to commit one of the
offences laid down in Articles 136bis, 136ter and 136quater, or to facilitate its
perpetration, shall be punished by the sentence laid down for the offence whose
perpetration they have permitted or facilitated.
Article 136septies
The following shall be punished by the sentence laid down for the offence com‑
mitted:
(1) an order, even when not acted upon, to commit one of the offences envisaged
by Articles 136bis, 136ter and 136quater;
(2) a proposal or offer to commit such an offence and the acceptance of such a
proposal or offer;
(3) incitement to commit such an offence, even when not acted upon;
(4) participation, within the meaning of Articles 66 and 67, in such an offence,
even when there is no result;
(5) failure to act within the limits of their scope for action by those who knew of
orders given with a view to the execution of such an offence or of acts com‑
mencing its execution and could have prevented its commission or put an end
to it;
(6) an attempt, within the meaning of Articles 51 to 53, to commit such an offence.
Article 136octies
1. Without prejudice to the exceptions set out in subparagraphs 18, 22 and 23
of Article 136quater, paragraph 1, there is no interest, no political, military or
national necessity that may justify the offences defined in Articles 136bis, 136ter,
136quater, 136sexies and 136septies, even where they are committed in reprisal.
2. The fact that the accused may have been acting on the orders of his govern‑
ment or of a superior shall not exempt him from liability if, in the given circum‑
stances, the order could clearly have led to the commission of one of the offences
referred to in Articles 136bis, 136ter and 136quater.
Article 147
Every official or public officer, every person holding or enforcing public author‑
ity or police officer who has unlawfully and arbitrarily arrested or had arrested, 108
détenu ou fait détenir une ou plusieurs personnes, sera puni d’un emprisonnement
de trois mois à deux ans.
L’emprisonnement sera de six mois à trois ans, si la détention illégale et arbi‑
traire a duré plus de dix jours.
Si elle a duré plus d’un mois, le coupable sera condamné à un emprisonnement
d’un an à cinq ans.
Il sera, en outre, puni d’une amende de cinquante francs à mille francs et pourra
être condamné à l’interdiction des droits indiqués aux n 1, 2 et 3 de l’article 31.
Article 148
Tout fonctionnaire de l’ordre administratif ou judiciaire, tout officier de justice
ou de police, tout commandant ou agent de la force publique, qui, agissant en cette
qualité, se sera introduit dans le domicile d’un habitant contre le gré de celui‑ci,
hors les cas prévus et sans les formalités prescrites par la loi, sera puni d’un empri‑
sonnement de huit jours à six mois et d’une amende de vingt‑six francs à deux cents
francs.
Article 151
Tout autre acte arbitraire et attentatoire aux libertés et aux droits garantis par
la Constitution, ordonné ou exécuté par un fonctionnaire ou officier public, par un
dépositaire ou agent de l’autorité ou de la force publique, sera puni d’un emprison‑
nement de quinze jours à un an.
Article 152
Si l’inculpé justifie qu’il a agi par ordre de ses supérieurs, pour des objets du
ressort de ceux‑ci et sur lesquels il leur était dû obéissance hiérarchique, les peines
portées par les articles précédents seront appliquées seulement aux supérieurs qui
auront donné l’ordre.
Article 153
Si les fonctionnaires ou officiers publics, prévenus d’avoir ordonné, autorisé ou
facilité l’un des actes mentionnés dans les articles 148 à 151, prétendent que leur
signature a été surprise, ils seront tenus, en faisant, le cas échéant, cesser l’acte, de
dénoncer le coupable; sinon, ils seront poursuivis personnellement.
Article 154
Si l’un des actes arbitraires mentionnés aux articles 148 à 151 a été commis au
moyen de la fausse signature d’un fonctionnaire public, les auteurs du faux et ceux
qui, méchamment ou frauduleusement, en auront fait usage seront punis (de la
réclusion) de dix ans à quinze ans.
Article 155
Les fonctionnaires ou officiers publics chargés de la police administrative ou
judiciaire qui, en ayant le pouvoir, auront négligé ou refusé de faire cesser une
détention illégale portée à leur connaissance seront punis d’un emprisonnement
d’un mois à un an.
Article 156
Les fonctionnaires ou officiers publics chargés de la police administrative ou
judiciaire qui, n’ayant pas le pouvoir de faire cesser une détention illégale, auront 109
detained or had detained one or more persons, shall be punished by three months’
to two years’ imprisonment.
The prison term shall be from six months to three years if the unlawful and arbi‑
trary detention lasted more than ten days.
If the detention lasted over one month, the perpetrator shall be sentenced to one
to five years’ imprisonment.
The perpetrator shall also be punished by a fine of 50 to 1,000 francs and may be
sentenced to a prohibition of the rights indicated in Article 31, subparagraphs 1,
2 and 3.
Article 148
Every official in the administration or judiciary, every police or judicial officer,
every police chief or other policeman, who, acting in this capacity, has entered
the home of an inhabitant against the latter’s will, with the exception of the cases
laid down by law and without observing the formalities laid down by law, shall be
punished by eight days’ to six months’ imprisonment and a fine of between 26 and
200 francs.
Article 151
Every other arbitrary act which prejudices the rights and freedoms guaranteed
by the Constitution, ordered and carried out by an official or public officer, law
enforcement or police officer, shall be punished by 15 days’ to one year’s imprison‑
ment.
Article 152
If the person charged justifies his conduct by claiming to have acted on the
orders of his superiors, for purposes falling within their powers and in relation to
which he had to obey them as his superiors, the sentences laid down by the pre‑
ceding Articles shall be applied only to the superiors having given the order.
Article 153
If the public officials or officers who are accused of having ordered, authorized
or facilitated one of the acts mentioned in Articles 148 to 151, claim that their
signature has been falsified, they shall be obliged, while putting a stop to the act
where possible, to report the guilty party, failing which they shall be prosecuted
personally.
Article 154
If one of the arbitrary acts mentioned in Articles 148 to 151 has been committed
by means of the falsified signature of a public official, those having falsified the
signature and those who, maliciously or fraudulently, have made use of it, shall be
punished by ten to 15 years’ (imprisonment).
Article 155
The public officials or officers in charge of the administrative or judicial police
who, although having the power to do so, have neglected or refused to put a stop
to an unlawful detention brought to their attention, shall be punished by imprison‑
ment of one month to one year.
Article 156
The public officials or officers in charge of the administrative or judicial police
who, while not having the power to put a stop to an unlawful detention, have 110
négligé ou refusé de constater celle qui aura été portée à leur connaissance, et de la
dénoncer à l’autorité compétente, seront punis d’un emprisonnement de huit jours
à six mois.
Article 157
Les directeurs, commandants, gardiens et concierges des maisons de dépôt, d’ar‑
rêt, […] ou de peine, qui auront reçu un prisonnier sans ordre ou mandat légal ou
sans jugement;
Ceux qui l’auront retenu ou auront refusé de le représenter à l’officier de police
ou au porteur de ses ordres, sans justifier de la défense du procureur du roi ou du
juge;
Ceux qui auront refusé d’exhiber leurs registres à l’officier de police;
Seront punis d’un emprisonnement de quinze jours à deux ans et d’une amende
de vingt‑six francs à deux cents francs.
Article 158
Seront punis d’une amende de deux cents francs à deux mille francs, et pour‑
ront être condamnés à l’interdiction du droit de remplir des fonctions, emplois
ou offices publics, tous juges, tous officiers du ministère public ou de la police
judiciaire, tous autres officiers publics qui, sans les autorisations prescrites,
auront provoqué, donné, signé soit un jugement contre un ministre, un sénateur
ou un représentant, soit une ordonnance ou un mandat tendant à les poursuivre
ou à les faire mettre en accusation, ou qui, sans les mêmes autorisations, auront
donné ou signé l’ordre ou le mandat de saisir ou arrêter soit un ministre, soit
un sénateur ou un représentant, sauf, quant à ces deux derniers, le cas de fla‑
grant délit.
Article 159
Seront punis de la même peine les officiers du ministère public, les juges ou les
officiers publics qui auront retenu ou fait retenir une personne hors des lieux déter‑
minés par le gouvernement ou par l’administration publique.
Article 393
L’homicide commis avec intention de donner la mort est qualifié meurtre. Il sera
puni de la réclusion de vingt ans à trente ans.
Article 394
Le meurtre commis avec préméditation est qualifié assassinat. Il sera puni (de la
réclusion à perpétuité).
Article 398
Quiconque aura volontairement fait des blessures ou porté des coups sera puni
d’un emprisonnement de huit jours à six mois et d’une amende de vingt‑six francs
à cent francs, ou d’une de ces peines seulement.
En cas de préméditation, le coupable sera condamné à un emprisonnement d’un
mois à un an et à une amende de cinquante francs à deux cents francs.
Article 399
Si les coups ou les blessures ont causé une maladie ou une incapacité de travail
personnel, le coupable sera puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et
d’une amende de cinquante francs à deux cents francs.
Le coupable sera puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une
amende de cent francs à cinq cents francs s’il a agi avec préméditation. 111
neglected or refused to record such detention brought to their knowledge and
to report it to the competent authority, shall be punished by imprisonment of
eight days to six months.
Article 157
The governors, directors, guards and wardens of the remand or detention
centres (. . .) or prisons, who have received a prisoner without any judicial order
or warrant or without a hearing;
persons having detained him or having refused to present him to the police
officer or his proxy, except where prohibited from so doing by the public prosecu‑
tor or the judge;
persons having refused to show their registers to the police officer;
Shall be punished by 15 days’ to two years’ imprisonment and a fine of 26 to
200 francs.
Article 158
All judges, all officers in the public prosecutor’s office or the judicial police, all
other public officers who, without the prescribed authorizations, have incited,
given or signed either a judgment against a minister, a senator or deputy, or an
order or a warrant with a view to prosecuting them or charging them, or who,
without those same authorizations, have issued or signed the order or the warrant
for the arrest or detention of a minister, a senator or deputy, with the exception, in
the case of the latter two, of cases of flagrante delicto, shall be punished by a fine
ranging from 200 to 2,000 francs, and may be sentenced to a prohibition on the
right to occupy or perform public offices, tasks or duties.
Article 159
Officers in the public prosecutor’s office, judges or public officials having
detained or had detained a person outside the places laid down for this purpose by
the government or public administration shall be punished by the same sentence.
Article 393
Killing with intent to kill shall be characterized as murder and punished by 20
to 30 years’ imprisonment.
Article 394
Murder with premeditation shall be characterized as assassination and punished
(with life imprisonment).
Article 398
Anyone guilty of intentional assault and battery shall be punished by eight days’
to six months’ imprisonment and a fine of 26 to 100 francs, or to only one of these
sentences.
In the event of premeditation, the accused shall be sentenced to imprisonment
ranging from one month to one year and to a fine ranging from 50 to 200 francs.
Article 399
If the assault and battery has led to illness or incapacity for work, the accused
shall be punished by imprisonment ranging from two months to two years and a
fine of 50 to 200 francs.
The accused shall be punished by six months’ to three years’ imprisonment and
a fine of 100 to 500 francs if the offence was premeditated. 112
Article 400
Les peines seront un emprisonnement de deux ans à cinq ans et une amende
de deux cents francs à cinq cents francs s’il est résulté des coups ou des bles‑
sures soit une maladie paraissant incurable, soit une incapacité permanente
de travail personnel, soit la perte de l’usage absolu d’un organe, soit une muti‑
lation grave.
La peine sera celle de la (réclusion de cinq ans à dix ans) s’il y a eu prémé‑
ditation.
Article 401
Lorsque les coups portés ou les blessures faites volontairement, mais sans inten‑
tion de donner la mort, l’ont pourtant causée, le coupable sera puni de la réclusion
de cinq ans à dix ans.
II sera puni de la réclusion de dix ans à quinze ans s’il a commis ces actes de
violence avec préméditation.
Article 417 bis
pour l’application de la présente section, l’on entend par:
1) torture: tout traitement inhumain délibéré qui provoque une douleur aiguë ou
de très graves et cruelles souffrances, physiques ou mentales;
2) traitement inhumain: tout traitement par lequel de graves souffrances men‑
tales ou physiques sont intentionnellement infligées à une personne, notam‑
ment dans le but d’obtenir d’elle des renseignements ou des aveux, de
la punir, de faire pression sur elle ou d’intimider cette personne ou des
tiers;
3) traitement dégradant: tout traitement qui cause à celui qui y est soumis, aux
yeux d’autrui ou aux siens, une humiliation ou un avilissement graves.
Article 417 ter
Quiconque soumettra une personne à la torture sera puni de la réclusion de dix
ans à quinze ans.
L’infraction visée à l’alinéa premier sera punie de la réclusion de quinze ans à
vingt ans dans les cas suivants:
1) lorsqu’elle aura été commise:
a) soit par un officier ou un fonctionnaire public, un dépositaire ou un
agent de la force publique agissant à l’occasion de l’exercice de ses fonc‑
tions;
b) soit envers une personne particulièrement vulnérable en raison d’un état de
grossesse, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou
mentale, ou en raison d’une situation précaire;
c) soit envers un mineur;
2) ou lorsque l’acte a causé une maladie paraissant incurable, une incapacité per‑
manente physique ou psychique, la perte complète d’un organe ou de l’usage
d’un organe, ou une mutilation grave.
L’infraction visée à l’alinéa premier sera punie de vingt ans à trente ans de
réclusion:
1) lorsqu’elle aura été commise envers un mineur ou envers une personne qui, en
raison de son état physique ou mental, n’était pas à même de pourvoir à son
entretien, par ses père, mère ou autres ascendants, toute autre personne ayant 113
Article 400
The sentences shall be from two to five years’ imprisonment and a fine of 200 to
500 francs if the assault and battery has resulted in a seemingly incurable illness
or permanent incapacity for work, or the total loss of use of an organ, or a serious
mutilation.
The sentence shall be (five to ten years’ imprisonment) in cases of premeditation.
Article 401
When the assault and battery was deliberate but was not intended to result in
death, yet nevertheless had this result, the accused shall be punished by five to
ten years’ imprisonment.
The accused shall be punished by ten to 15 years’ imprisonment if he committed
these acts of violence with premeditation.
Article 417bis
For the application of this section, the following terms shall be understood to
mean:
(1) torture: any deliberate inhuman treatment that gives rise to acute pain or to
very serious physical or mental suffering;
(2) inhuman treatment: any treatment by which serious mental or physical suffer‑
ing is intentionally inflicted on a person, for such purposes as obtaining infor‑
mation or confessions from him, punishing him, coercing him or intimidating
him or third persons;
(3) degrading treatment: any treatment which causes the person submitted to it
gross humiliation or debasement in his own or others’ eyes.
Article 417ter
Anyone subjecting a person to torture shall be punished by ten to 15 years’
imprisonment.
The offence referred to in subparagraph 1 shall be punished by 15 to 20 years’
imprisonment in the following cases:
(1) when it has been committed:
(a) by an officer, public official, law enforcement officer or police officer when
on duty;
(b) or against a person who is particularly vulnerable owing to pregnancy,
illness, infirmity or mental or physical disability or owing to a precarious
situation;
(c) against a minor;
(2) or when the act has caused a seemingly incurable illness, a permanent physical
or mental incapacity, the complete loss of an organ or of the use of an organ,
or a serious mutilation.
The offence referred to in subparagraph 1 shall be punished by 20 to 30 years’
imprisonment:
(1) when committed against a minor or a person who, owing to his physical or
mental state was not able to provide for his upkeep, by his father, mother or
other ascendants, any other person having authority over him or having cus‑ 114
autorité sur lui ou en ayant la garde, ou toute personne majeure qui cohabite
occasionnellement ou habituellement avec la victime;
2) ou lorsqu’elle aura causé la mort et aura été commise sans intention de la
donner.
L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité ne peut justifier l’infraction prévue à
l’alinéa premier.
Article 417 quater
Quiconque soumettra une personne à un traitement inhumain sera puni de
réclusion de cinq ans à dix ans.
L’infraction visée à l’alinéa premier sera punie de dix ans à quinze ans de
réclusion dans les cas suivants:
1) lorsqu’elle aura été commise:
a) soitparunofficierouunfonctionnairepublic,undépositaireouunagentde
la force publique agissant à l’occasion de l’exercice de ses fonctions;
b) soit envers une personne particulièrement vulnérable en raison d’un état de
grossesse, d’une maladie, d’une infirmité ou d’une déficience physique ou
mentale, ou en raison d’une situation précaire;
c) soit envers un mineur;
2) ou lorsque l’acte a causé une maladie paraissant incurable, une incapacité per‑
manente physique ou psychique, la perte complète d’un organe ou de l’usage
d’un organe, ou une mutilation grave.
L’infraction visée à l’alinéa premier sera punie de quinze ans à vingt ans de
réclusion:
1) lorsqu’elle aura été commise envers un mineur ou envers une personne qui, en
raison de son état physique ou mental, n’était pas à même de pourvoir à son
entretien, par ses père, mère ou autres ascendants, toute autre personne ayant
autorité sur lui ou en ayant la garde, ou toute personne majeure qui cohabite
occasionnellement ou habituellement avec la victime;
2) ou lorsqu’elle aura causé la mort et aura été commise sans intention de la
donner.
L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité ne peut justifier l’infraction prévue à
l’alinéa premier.
Article 417 quinquies
Quiconque soumettra une personne à un traitement dégradant sera puni
d’un emprisonnement de quinze jours à deux ans et d’une amende de 50 EUR
à 300 EUR ou d’une de ces peines seulement.
Article 434
Seront punis d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de
vingt‑six francs à deux cents francs ceux qui, sans ordre des autorités constituées et
hors les cas où la loi permet ou ordonne l’arrestation ou la détention des particu‑
liers, auront arrêté ou fait arrêter, détenu ou fait détenir une personne quelconque.
Article 435
L’emprisonnement sera de six mois à trois ans et l’amende de cinquante
francs à trois cents francs si la détention illégale et arbitraire a duré plus de dix
jours. 115
tody of him, or any other person of adult age who occasionally or habitually
cohabits with the victim;
(2) or when it has caused death and was committed without such intent.
An order from a superior or an authority cannot justify the offence laid down
in subparagraph 1.
Article 417quater
Anyone subjecting a person to inhuman treatment shall be punished by five to
ten years’ imprisonment.
The above‑mentioned offence shall be punished with ten to 15 years’ imprison‑
ment in the following cases:
(1) when it has been committed:
(a) by an officer, public official, law enforcement officer or police officer
when on duty;
(b) or against a person who is particularly vulnerable owing to pregnancy,
illness, infirmity or mental or physical disability or owing to a precarious
situation;
(c) against a minor;
(2) or when the act has caused a seemingly incurable illness, a permanent physical
or mental incapacity, the complete loss of an organ or of the use of an organ,
or a serious mutilation.
The above‑mentioned offence shall be punished by 15 to 20 years’ imprison‑
ment:
(1) when committed against a minor or a person who, owing to his physical or
mental state was not able to provide for his upkeep, by his father, mother or
other ascendants, any other person having authority over him or having cus‑
tody of him, or any other person of adult age who occasionally or habitually
cohabits with the victim;
(2) or when it has caused death and was committed without such intent.
An order from a superior or an authority cannot justify the above‑mentioned
offence.
Article 417quinquies
Anyone who subjects a person to degrading treatment shall be punished with
15 days’ to two years’ imprisonment and a fine of 50 to 300 euros or to only one
of these penalties.
Article 434
persons who, without any order from the constitutional authorities and with
the exception of cases where the law permits or orders the arrest or detention of
individuals, have arrested or had arrested, detained or had detained any person
whatever shall be punished by three months’ to two years’ imprisonment and a
fine of 26 to 200 francs.
Article 435
If the unlawful and arbitrary detention has lasted for more than ten days, the
imprisonment shall be from six months to three years and the fine from 50 to
300 francs. 116
Article 436
Si la détention illégale et arbitraire a duré plus d’un mois, le coupable sera
condamné à un emprisonnement d’un an à cinq ans et à une amende de cent francs
à cinq cents francs.
Article 437
La peine de la (réclusion de cinq à dix ans) sera prononcée si l’arrestation a été
exécutée soit sur un faux ordre de l’autorité publique, soit avec le costume ou sous
le nom d’un de ses agents, ou si la personne arrêtée ou détenue a été menacée de
mort.
Article 438 bis
Dans les cas prévus par le présent chapitre, le minimum des peines portées par
ces articles peut être doublé (s’il s’agit de peines correctionnelles) et augmenté de
deux ans s’il s’agit de la réclusion, lorsqu’un des mobiles du crime ou du délit est
la haine, le mépris ou l’hostilité à l’égard d’une personne en raison de sa prétendue
race, de sa couleur, de son ascendance, de son origine nationale ou ethnique, de
son sexe, de son orientation sexuelle, de son état civil, de sa naissance, de son âge,
de sa fortune, de sa conviction religieuse ou philosophique, de son état de santé
actuel ou futur, d’un handicap ou d’une caractéristique physique.
Article 439
Sera puni d’un emprisonnement de quinze jours à deux ans et d’une amende de
vingt‑six francs à trois cents francs celui qui, sans ordre de l’autorité et hors les
cas où la loi permet d’entrer dans le domicile des particuliers contre leur volonté,
se sera introduit dans une maison, un appartement, une chambre ou un logement
habités par autrui, ou leurs dépendances, soit à l’aide de menaces ou de violences
contre les personnes, soit au moyen d’effraction, d’escalade ou de fausses clefs.
Article 440
L’emprisonnement sera de six mois à cinq ans et l’amende de cent francs à cinq
cents francs si le fait a été commis soit sur un faux ordre de l’autorité publique, soit
avec le costume, soit sous le nom d’un de ses agents, soit avec la réunion des trois
circonstances suivantes:
— Si le fait a été exécuté la nuit;
— S’il a été exécuté par deux ou plusieurs personnes;
— Si les coupables ou l’un d’eux étaient porteurs d’armes.
Les coupables pourront, en outre, être condamnés à l’interdiction, conformé‑
ment à l’article 33 (...).
Article 441
La tentative du délit prévu par l’article précédent sera punie d’un emprisonne‑
ment d’un mois à un an et d’une amende de cinquante francs à trois cents francs.
Article 442
Sera puni d’un emprisonnement de quinze jours à deux ans et d’une amende de
vingt‑six francs à trois cents francs celui qui se sera introduit, sans le consentement
du propriétaire ou du locataire, dans les lieux désignés à l’article 439, et y aura été
trouvé la nuit. 117
Article 436
If the unlawful and arbitrary detention has lasted for more than one month, the
accused shall be sentenced to one to five years’ imprisonment and to a fine of 100
to 500 francs.
Article 437
The sentence of (five to ten years’ imprisonment) shall be passed if the arrest
has been made either on the basis of a false order from the public authority either
in uniform or under the name of one of his officers, or if the person arrested or
detained has been threatened with death.
Article 438bis
In the cases contemplated by this chapter, the minimum sentences laid down by
these Articles may be doubled (in the case of correctional penalties) and increased
by two years with respect to imprisonment, when one of the motives for the indict‑
able offence is hatred of, contempt for or hostility to a person owing to his alleged
race, colour, ascendancy, national or ethnic origin, gender, sexual orientation, civil
status, birth, age, wealth, religious or philosophical conviction, current or future
state of health, disability or a physical characteristic.
Article 439
Anyone who, without an official order and with the exception of cases where
the law permits entry into the homes of individuals against their will, has entered
a house, apartment, room or lodging inhabited by others, or the adjoining out‑
houses, either by threats or violence against the persons concerned, or by burglary
or housebreaking or by means of counterfeit keys, shall be punished by 15 days’ to
two years’ imprisonment and a fine of 26 to 300 francs.
Article 440
The term of imprisonment shall be from six months to five years and the fine
from 100 to 500 francs if the crime has been committed either using a false order
from the public authority or the uniform and name of one of its officers, or when
the following three circumstances are present:
— If the offence has been carried out at night;
— If it has been carried out by two or more persons;
— If all or one of the accused were armed.
The accused persons may additionally be sentenced to the prohibition under
Article 33 (. . .).
Article 441
The attempted offence envisaged by the foregoing Article shall be punished by
imprisonment of one month to one year and a fine of 50 to 300 francs.
Article 442
Anyone who, without the owner’s or tenant’s consent, has entered the places
designated in Article 439 and been found there at night shall be punished by
15 days’ to two years’ imprisonment or a fine of 26 to 300 francs. 118
Loi du 20 juillet 1990 relative à la détention préventive
Article 16
1. En cas d’absolue nécessité pour la sécurité publique seulement, et si le fait est
de nature à entraîner pour l’inculpé un emprisonnement correctionnel principal
d’un an ou une peine plus grave, le juge d’instruction peut décerner un mandat
d’arrêt.
Cette mesure ne peut être prise dans le but d’exercer une répression immédiate
ou toute autre forme de contrainte.
Si le maximum de la peine applicable ne dépasse pas quinze ans de (réclusion),
le mandat ne peut être décerné que s’il existe de sérieuses raisons de craindre que
l’inculpé, s’il était laissé en liberté, commette de nouveaux crimes ou délits, se sous‑
traie à l’action de la justice, tente de faire disparaître des preuves ou entre en col‑
lusion avec des tiers.
2. Sauf si l’inculpé est fugitif ou latitant, le juge d’instruction doit, avant de
décerner un mandat d’arrêt, interroger l’inculpé sur les faits mis à sa charge et
entendre ses observations.
Il doit également informer l’inculpé de la possibilité qu’un mandat d’arrêt soit
décerné à son encontre, et l’entendre en ses observations à ce sujet.
Tous ces éléments sont relatés au procès‑verbal d’audition.
(Lorsqer le mandat d’arrêt est exécuté conformément à l’article 19, para‑
graphe 1 bis, il est recouru lors de l’interrogatoire à des moyens audiovisuels.)
3. Le mandat d’arrêt est décerné immédiatement après le premier interrogatoire
de l’inculpé par le juge d’instruction, sauf si le juge prend des mesures d’investi‑
gation aux fins de contrôler un élément de l’interrogatoire, l’inculpé restant à sa
disposition.
4. Le juge d’instruction informe l’inculpé qu’il a le droit de choisir un avocat.
Si l’inculpé n’a choisi ou ne choisit aucun avocat, le juge en informe le bâtonnier
de l’Ordre ou son délégué. Il est fait mention de cette formalité au procès‑verbal
d’audition.
5. Le mandat d’arrêt contient l’énonciation du fait pour lequel il est décerné,
mentionne la disposition législative qui prévoit que ce fait est un crime ou un délit
et constate l’existence d’indices sérieux de culpabilité.
Le juge y mentionne les circonstances de fait de la cause et celles liées à la person‑
nalité de l’inculpé qer justifient la détention préventive eu égard aux critères prévus
par le paragraphe 1 .
Le mandat d’arrêt indique également que l’inculpé a été préalablement entendu.
6. Le mandat est signé par le juge qui l’a décerné et revêtu de son sceau.
L’inculpé y est nommé ou désigné le plus clairement possible.
7. Le procès‑verbal de l’audition de l’inculpé par le juge d’instruction, ainsi que
tous les procès‑verbaux d’auditions de l’inculpé intervenues entre le moment de
sa privation de liberté et le moment où il est déféré au juge d’instruction, doivent
mentionner les heures du début de l’interrogatoire, du début et de la fin des inter‑
ruptions éventuelles et de la fin de l’interrogatoire.
Article 34
1. Lorsque l’inculpé est fugitif ou latitant ou lorsqu’il y a lieu de demander son
extradition, le juge d’instruction peut décerner un mandat d’arrêt par défaut.
2. Si ce mandat est exécuté avant la clôture de l’instruction, l’inculpé doit être
interrogé par le juge d’instruction. Si le juge d’instruction estime que la détention
doit être maintenue, il peut délivrer un nouveau mandat d’arrêt auquel sont appli‑
cables les dispositions des chapitres III, IV et V. 119
Law of 20 July 1990 on preventive Detention
Article 16
1. Where absolutely necessary and only in the interests of public safety, the
investigating judge may issue a detention order where the offence is such as to
entail, for the accused, a correctional prison term of one year or a heavier sentence.
This measure may not be taken with a view to applying immediate punishment
or any other form of constraint.
If the maximum applicable sentence does not exceed 15 days’ (imprisonment),
the warrant may only be issued if there are serious grounds to fear that, if left
free, the accused might commit further crimes or misdemeanours, might attempt
to evade justice, destroy evidence or collude with third parties.
2. Except where the accused is a fugitive, the investigating judge must, before
issuing an arrest warrant, question the accused about the acts of which he has been
charged and hear what he has to say.
He must also inform the accused of the possibility that an arrest warrant may be
issued against him and hear what he has to say on the subject.
All these elements shall be noted in the record of the proceedings.
(When the arrest warrant is executed in accordance with Article 19, Section 1bis,
audiovisual aids are used in the examination.)
3. The arrest warrant shall be issued immediately after the first examination of
the accused by the investigating judge except where the judge takes investigative
measures aimed at checking one particular element in the examination, with the
accused remaining at his disposal.
4. The investigating judge shall inform the accused of his right to choose a law‑
yer. If the accused has not chosen or does not choose a lawyer, the judge shall
inform the president of the bar or his deputy of the fact. This formality shall be
noted in the record of the hearing.
5. The arrest warrant shall contain a statement of the reasons why it is being
issued, shall mention the legislative provision laying down that the act in question
is an indictable offence and refer to the existence of strong evidence of guilt.
In it, the judge shall mention the factual circumstances of the case as well as
those related to the personality of the accused justifying preventive detention with
due regard to the criteria laid down by paragraph 1 above.
The arrest warrant shall also indicate that the accused has been given a hearing.
6. Thewarrantshallbesignedbythejudgehavingissueditandshallbearhisseal.
The accused shall be named or designated in it as clearly as possible.
7. The record of the hearing of the accused by the investigating judge, as well as
all the records of all the hearings of the accused from the moment of his detention
to the moment when he was referred to the investigating judge, must mention the
times when the examinations started, the beginning and end of any breaks and the
end of the examinations concerned.
Article 34
1. When the accused is a fugitive and when there are grounds for requesting his
extradition, the investigating judge may issue an arrest warrant in absentia.
2. If this warrant is executed before the close of the investigation, the accused
must be examined by the investigating judge. If the latter considers that the deten‑
tion should continue, he may issue a new arrest warrant, to which the provisions of
Chapters III, IV and V are applicable. 120
Ce nouveau mandat d’arrêt est signifié à l’inculpé dans les vingt‑quatre heures
à compter de la signification sur le territoire belge (ou sur le territoire étranger où
une fraction de l’armée est stationnée) du mandat d’arrêt par défaut, laquelle doit
intervenir dans les vingt‑quatre heures de l’arrivée ou de la privation de liberté sur
le sol belge.
3. Le prévenu ou l’accusé ne peut demander sa mise en liberté que conformé‑
ment à l’article 27. 121
Theaccusedshallbenotifiedofthisnewarrestwarrantwithintwenty‑fourhours
with effect from the service in belgian territory (or in foreign territory where part
of the army is stationed) of the arrest warrant in absentia, which must be no later
than 24 hours after the accused’s arrival or deprivation of liberty on belgian soil.
3. The accused may only request his release in conformity with Article 27. 122
Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants. Adoptée par l’Assemblée générale
des Nations Unies le 10 décembre 1984
(Nations Unies, Recueil des traités, vol. 1465, p. 85)
[Non reproduite] 123
Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading
Treatment or punishment. Adopted by the General Assembly
of the United Nations on 10 December 1984
(United Nations, Treaty Series, Vol. 1465, p. 85)
[Not reproduced] 124
Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies
le 9 décembre 1948
(Nations Unies, Recueil des traités, vol. 78, p. 277)
[Non reproduite] 125
Convention on the prevention and punishment of the Crime of Genocide.
Adopted by the General Assembly of the United Nations
on 9 December 1948
(United Nations, Treaty Series, Vol. 78, p. 277)
[Not reproduced] 126
Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre.
Signée à Genève le 12 août 1949
(Nations Unies, Recueil des traités, vol. 75, p. 135)
[Non reproduite] 127
Geneva Convention Relative to the Treatment of prisoners of War.
Signed at Geneva on 12 August 1949
(United Nations, Treaty Series, Vol. 75, p. 135)
[Not reproduced] 128
Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles
en temps de guerre.
Signée à Genève le 12 août 1949
(Nations Unies, Recueil des traités, vol. 75, p. 287)
[Non reproduite] 129
Geneva Convention Relative to the protection of Civilian persons
in Time of War.
Signed at Geneva on 12 August 1949
(United Nations, Treaty Series, Vol. 75, p. 287)
[Not reproduced] 130
Annexe 4
Lettre du 7 octobre 2002 du ministre de la justice du Tchad
levant l’immunité dont M. H. Habré pourrait se prévaloir
république du tchad — ministère de la justice — direction de cabinet
N o329/MJ/CAb/2002 N’Djamena, le 7 octobre 2002.
Monsieur le Ministre de la Justice,
Garde des Sceaux
à
Monsieur le Juge d’instruction de l’arrondissement de bruxelles
Tribunal de première instance
V/réf.: 2001/2002
Monsieur le Juge,
En réponse à votre courrier ci‑dessus référencé, relatif à l’immunité de M. His‑
sein Habré, je viens vous communiquer les renseignements suivants.
La conférence nationale souveraine tenue à N’Djamena du 15 janvier au
7 avril 1993 avait officiellement levé toute immunité de juridiction à M. His‑
sein Habré. Cette position a été confortée par la loi n0/pR/95 du 9 juin 1995
accordant l’amnistie aux détenus et exilés politiques et aux personnes en opposi‑
tion armée, à l’exclusion de «l’ex‑président de la République, Hissein Habré, ses
co‑auteurs et/ou complices».
Dès lors, il est clair que M. Hissein Habré ne peut prétendre à une quelconque
immunité de la part des autorités tchadiennes et ce, depuis la fin de la conférence
nationale souveraine.
(Signé) Djimnain Koudji‑Gaou. 131
Annex 4
Letter of 7 October 2002 from the Minister of Justice of Chad
Lifting Any Immunity Which Might be Claimed by Mr. H. Habré
[Translation]
republic of chad — ministry of justice — head of chambers
No. 329/MJ/CAb/2002 N’Djamena, 7 October 2002.
Minister of Justice,
Keeper of the Seals
to
brussels Investigating Judge,
Tribunal de première instance
V/ref.: 2001/2002
Dear Judge,
Further to your letter regarding the immunity of Mr. Hissein Habré, I am able
to provide you with the following information.
The Sovereign National Conference held in N’Djamena from 15 January
to 7 April 1993 officially lifted all immunity from legal process from Mr. His‑
sein Habré. That position was reinforced by Law No. 010/pR/95 of 9 June 1995,
which granted amnesty to political prisoners and exiles and to persons engaged in
armed opposition, with the exception of “the former president of the Republic,
Hissein Habré, his co‑perpetrators and/or accomplices”.
Consequently, it is clear that Mr. Hissein Habré cannot claim immunity of any
kind from the Chadian authorities, and has been unable to do so since the end of
the Sovereign National Conference.
(Signed) Djimnain Koudji‑Gaou. 132
Annexe 5
Note verbale en date du 8 mai 2007 adressée au
ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal
par l’ambassade de belgique à Dakar
L’ambassade du Royaume de belgique à Dakar présente ses compliments au
ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal et a l’honneur de
porter à sa connaissance ce qui suit:
La belgique se réfère aux notes verbales relatives à l’affaire Hissène Habré
échangées entre les deux pays et plus précisément celles du Royaume de belgique
o o
deo 16 novembre 2005 (n 2068o, 30 novembre 2005 (n 228), 11 janvier 2006
(n 00084), 9 mars 2006 (n 06/0049), du 4 mai 2006 (J3) et du o0 juin 2006 et
celles de la République du Sénégal des 7 décembre 2005 (n 0635/ASb/TF/MM),
23 décembre 2005 (n 71768/MAE/DAJC/CONT), 9 mai 2006 (n 0213/ASb/ o
MbS/s.nd), 20 février 2007 (n 00073/ASb/MbS/sp) et 21 février 2007 (n 001806/
MAE/DAJC/CONT).
La belgique rappelle à la République du Sénégal que, constatant son différend
au sujet de l’application de la convention des Nations Unies du 10 décembre 1984
contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
(et plus particulièrement les dispositions des articles 4, 5 paragraphes 1 c) et 2,
7 paragraphe 1, 8 paragraphes 1, 2 et 4, et 9 paragraphe 1 de la convention préci‑
tée prévoyant l’obligation, pour l’Etat sur le territoire duquel est trouvé l’auteur
présumé d’une infraction visée à l’article 4 de la convention précitée, de l’extrader
à défaut de l’avoir jugé sur base des incriminations visées audit article), elle lui a
fait part, par note verbale du 20 juin 2006, de son souhait de constituer un tribunal
arbitral pour résoudre ce différend à défaut d’avoir pu trouver une solution par
la voie de la négociation, comme le prévoit l’article 30 de la convention précitée.
La belgique constate qu’à ce jour aucune réponse ne lui a été apportée par la
République du Sénégal au sujet de cette proposition d’arbitrage et se permet dès
lors de réserver ses droits sur base de l’article 30 de la convention torture.
La belgique prend acte de la décision du ministre d’Etat, garde des sceaux,
ministre de la justice de la République du Sénégal de constituer un groupe de tra‑
vail chargé de faire les propositions nécessaires pour déterminer les modalités et
procédures aptes à faire poursuivre et juger l’ancien président du Tchad, dans le
respect des règles garantissant la tenue d’un procès équitable.
La belgique prend également acte des nouvelles lois adoptées par l’Assemblée
nationale sénégalaise modifiant son code pénal et son code de procédure pénale
afin de les mettre en conformité avec ses obligations internationales, notamment
sur le plan de la compétence universelle et de la coopération judiciaire en matière
de violations graves de droit international humanitaire.
A ce sujet, la belgique souhaiterait obtenir les éclaircissements suivants:
— Les autorités sénégalaises peuvent‑elles préciser à quelle date elles envisagent
de faire entrer en vigueur ces nouvelles dispositions?
— Ces nouvelles dispositions ont‑elles notamment pour objet de permettre au
Sénégal de remplir ses obligations internationales en poursuivant l’ancien pré‑
sident tchadien Hissène Habré à défaut de l’extrader vers la belgique? 133
Annex 5
Note Verbale of 8 May 2007 from the belgian Embassy
in Dakar to the Ministry of Foreign Affairs
of the Republic of Senegal
[Translation]
The Embassy of the Kingdom of belgium in Dakar presents its compliments to
the Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal and has the honour to
inform it of the following:
belgium refers to the Notes Verbales exchanged between the two countries
concerning the Hissène Habré case, more specifically those of the Kingdom of
belgium dated 16 November 2005 (No. 2068), 30 November 2005 (No. 228),
11 January 2006 (No. 00084), 9 March 2006 (No. 06/0049), 4 May 2006 (J3)
and 20 June 2006 and those of the Republic of Senegal dated 7 December 2005
(No. 0635/ASb/TF/MM), 23 December 2005 (No. 71768/MAE/DAJC/CONT),
9 May 2006 (No. 0213/ASb/MbS/s.nd), 20 February 2007 (No. 00073/ASb/MbS/
sp) and 21 February 2007 (No. 001806/MAE/DAJC/CONT).
belgium reminds the Republic of Senegal that, having noted a dispute over the
application of the United Nations Convention against Torture and Other Cruel,
Inhuman or Degrading Treatment or punishment of 10 December 1984 (in partic‑
ular the provisions of Articles 4, 5, paragraphs 1 (c) and 2, Article 7, paragraph 1,
Article 8, paragraphs 1, 2 and 4, and Article 9, paragraph 1, of that Convention
establishing the obligation, for a State in whose territory a person alleged to have
committed any offence referred to in Article 4 of the Convention is found, to extra‑
dite him if it does not prosecute him for the offences mentioned in that Article), it
informed it by its Note Verbale of 20 June 2006 of its wish to set up an arbitration
tribunal in order to resolve that dispute, as provided for by Article 30 of the Con‑
vention, having not been able to settle it through negotiation.
belgium notes that to date it has received no response to its proposal for arbitra‑
tion from the Republic of Senegal and consequently wishes to reserve its rights on
the basis of Article 30 of the Convention against Torture.
belgium takes note of the decision by the Minister of State, Minister of Justice
of the Republic of Senegal to set up a working group with the task of bringing for‑
ward the necessary proposals to determine the arrangements and procedures for
prosecuting and trying the former president of Chad, in accordance with the rules
guaranteeing him a fair trial.
belgium also takes note of the new laws adopted by the Senegalese National
Assembly amending the penal Code and Code of Criminal procedure so as to
bring them into line with its international obligations, particularly with regard to
universal jurisdiction and judicial co‑operation concerning serious violations of
international humanitarian law.
On this subject, belgium requests the following clarifications:
— Are the Senegalese authorities able to specify on which date they plan to bring
these new provisions into force?
— Is the particular purpose of these new provisions to enable Senegal to comply
with its international obligations by prosecuting the former president of Chad,
Hissène Habré, failing his extradition to belgium? 134
— Dès lors que ces nouvelles dispositions permettraient l’ouverture d’une instruc‑
tion pouvant mener au procès de l’intéressé, dans quels délais les autorités séné‑
galaises envisagent‑elles la saisine d’un juge d’instruction et la tenue éventuelle
d’un procès?
— Dans l’hypothèse où un procès était envisagé à l’encontre de l’ancien prési‑
dent tchadien Hissène Habré, celui‑ci aurait‑il lieu devant les juridictions
ordinaires? Dans le cas contraire, le Sénégal devra‑t‑il adopter une législation
complémentaire établissant un tribunal spécifique et comment envisage‑t‑il la
possibilité de créer un tel tribunal dans le respect des règles en matière de procès
et de traitement équitable?
La belgique remercie le Sénégal de lui apporter ces éclaircissements qui l’aide‑
ront à mieux estimer le risque de plainte, portée contre elle par les plaignants d’ori‑
gine tchadienne réfugiés sur son territoire, pour cause de violation de ses obliga‑
tions sur base de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme,
et plus précisément des règles en matière de délais raisonnables et de traitement
équitable.
Ces difficultés sont également soulevées dans le cadre du différend qui oppose la
belgique au Sénégal au sujet de l’application de la convention des Nations Unies
contre la torture.
Si un juge d’instruction sénégalais devait être saisi, dans des délais raisonnables,
de l’ensemble du dossier à l’encontre de l’intéressé, la belgique se montrerait dis‑
posée à coopérer, notamment par la transmission du dossier d’instruction belge
sur commission rogatoire émanant des autorités sénégalaises, pour autant que ces
poursuites soient conformes aux règles de droit international et notamment à l’ar‑
ticle 14 du pacte international sur les droits civils et politiques.
L’ambassade du Royaume de belgique à Dakar saisit l’occasion de renouveler
au ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal l’assurance de sa
très haute considération.
Fait à Dakar,
(Remis le 8 mai 2007.) 135
— Since these new provisions would make it possible to open a judicial investiga‑
tion which could lead to a trial of the person in question, in what time frame
do the Senegalese authorities plan to refer the matter to an investigating judge
and possibly to hold a trial?
— Assuming that a trial of the former president of Chad, Hissène Habré, were
to be envisaged, would it take place before the ordinary courts? If not, will
Senegal have to adopt further legislation setting up a special tribunal, and how
does it view the possibility of establishing such a tribunal in accordance with
the rules governing trials and fair treatment?
belgium will be grateful to Senegal for providing it with these clarifications,
which will help it to assess more accurately the risk of legal action against it by the
complainants of Chadian origin who have found refuge in its territory, for breach
of its obligations under the European Convention on Human Rights, in particular
the rules concerning reasonable periods of time and fair treatment.
These difficulties also arise in the context of the dispute between belgium and
Senegal over the application of the United Nations Convention against Torture.
If the entire case file relating to the person in question were to be referred to a
Senegalese investigating judge within a reasonable period of time, belgium would
demonstrate its willingness to co‑operate by transmitting the belgian record of
investigation upon receipt of a letter rogatory from the Senegalese authorities, pro‑
vided such proceedings complied with the rules of international law and in particu‑
lar Article 14 of the International Covenant on Civil and political Rights.
The Embassy of the Kingdom of belgium in Dakar avails itself of this oppor‑
tunity to renew to the Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal the
assurances of its highest consideration.
Done in Dakar,
(Delivered 8 May 2007.) 136
Annexe 6
Note verbale en date du 2 décembre 2008 adressée au
ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal
par l’ambassade de belgique à Dakar
L’ambassade du Royaume de belgique à Dakar présente ses compliments au
ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal et a l’honneur, par
la présente, de soumettre à l’attention des autorités du Sénégal les considérations
suivantes au sujet de la mise en jugement de l’ex‑chef d’Etat M. Hissène Habré:
Sans préjudice du différend subsistant entre la belgique et le Sénégal au sujet de
l’application et de l’interprétation des obligations résultant des dispositions perti‑
nentes de la convention des Nations Unies du 10 décembre 1984 contre la torture
et autres peines ou traitement cruels, inhumains ou dégradants, et plus particu‑
lièrement les articles 4, 5 paragraphes 1 c) et 2, 7 paragraphe 1, 8 paragraphes 1, 2
et 4, et 9 paragraphe 1 de la convention précitée prévoyant l’obligation aut dedere
aut judicare (obligation pour l’Etat sur le territoire duquel est trouvé l’auteur pré‑
sumé d’une infraction visée à l’article 4 de la convention précitée de le juger dans
un délai raisonnable sur base des incriminations visées audit article en cas de refus
d’extradition vers un autre Etat partie), la belgique a pris acte des modifications
apportées aux dispositions législatives et constitutionnelles adoptées par l’Assem‑
blée nationale sénégalaise visant à créer la possibilité juridique d’un tel procès.
Soucieuse de ce que les requérants belges d’origine tchadienne qui ont déposé
plainte contre M. H. Habré en belgique voient leurs droits pris en compte par la
justice en cas de procès tenu au Sénégal, la belgique réitère sa disponibilité à mettre
sur pied une coopération judiciaire internationale avec le Sénégal, en particulier
par la transmission au Sénégal du dossier d’instruction belge sur base d’une com‑
mission rogatoire émanant des autorités sénégalaises, en conformité avec les règles
applicables de droit international régissant l’entraide judiciaire. Dans ce cadre, les
magistrats belges sont tout disposés à recevoir, dans les meilleurs délais et à leur
meilleure convenance, les magistrats instructeurs sénégalais saisis de ce dossier. La
belgique serait donc reconnaissante au Sénégal de lui communiquer les coordon‑
nées du magistrat instructeur et du magistrat du parquet désignés à cet effet.
La belgique espère que les poursuites engagées à l’encontre de M. H. Habré
puissent faire l’objet, grâce notamment à la coopération offerte au Sénégal par les
autorités judiciaires belges, d’une avancée décisive dans les prochaines semaines.
L’ambassade du Royaume de belgique à Dakar saisit l’occasion de renouveler
au ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal l’assurance de sa
très haute considération.
Fait à Dakar,
Le 2 décembre 2008. 137
Annex 6
Note Verbale of 2 December 2008 from the belgian Embassy
in Dakar to the Ministry of Foreign Affairs
of the Republic of Senegal
[Translation]
The Embassy of the Kingdom of belgium in Dakar presents its compliments
to the Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal and has the honour
to submit hereby, for the attention of the Senegalese authorities, the following
considerations regarding the trial of the former Head of State Mr. Hissène Habré:
Without prejudice to the dispute that exists between belgium and Senegal
regarding the application and interpretation of the obligations arising from the
relevant provisions of the United Nations Convention against Torture and Other
Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or punishment of 10 December 1984,
more specifically Articles 4, 5, paragraphs 1 (c) and 2, Article 7, paragraph 1,
Article 8, paragraphs 1, 2 and 4, and Article 9, paragraph 1, of that Convention
establishing the aut dedere aut judicare obligation (the obligation for the State in
whose territory a person alleged to have committed any offence referred to in
Article 4 of the Convention is found to prosecute him within a reasonable period
of time for the offences mentioned in that Article, if it declines to extradite him
to another State party), belgium has taken note of the changes to the legal and
constitutional provisions adopted by the Senegalese National Assembly with a
view to establishing the legal possibility for such a trial to take place.
Concerned that the rights of the belgian plaintiffs of Chadian origin who have
filed complaints against Mr. H. Habré in belgium should be taken into considera‑
tion by the judicial authorities in the event of a trial in Senegal, belgium reiter‑
ates its willingness to engage in international judicial co‑operation with Senegal,
in particular by transmitting to Senegal the belgian record of investigation upon
receipt of a letter rogatory from the Senegalese authorities, in accordance with the
applicable rules of international law governing mutual judicial assistance. In this
context, the belgian judges are entirely willing to meet the Senegalese investi‑
gating judges responsible for the case at their earliest convenience. belgium would
therefore be grateful if Senegal would communicate to it the contact details for the
investigating judge and prosecutor appointed in that connection.
belgium hopes that significant progress can be made in the coming weeks in the
proceedings initiated against Mr. H. Habré, not least by means of the co‑operation
offered to Senegal by the belgian judicial authorities.
The Embassy of the Kingdom of belgium in Dakar avails itself of this oppor‑
tunity to renew to the Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal the
assurances of its highest consideration.
Done in Dakar,
2 December 2008. 138
Annexe 7
Note verbale en date du 20 juin 2006 adressée au
ministère des affaires étrangères de la République du Sénégal
par l’ambassade de belgique à Dakar
L’ambassade de belgique présente ses compliments au ministère des affaires
étrangères de la République du Sénégal et a l’honneur de porter à sa connaissance
ce qui suit:
La belgique rappelle avoir adressé les notes verbales des 16 novembre 2005
(n 2068), 30 novembre 2005 (n 228), 11 janvier 2006 (n 00084), 9 mars 2006
o
(n 06/0049) et du 4 mai 2006 (J3), relatives à l’affaire Hissène Habré, auxquolles
la République du Sénégal a répondu paroses notes des 7 décembre 2005 (n 0635/
ASb/TF/MM), 23 décembre 2005 (n 71768/MAE/DAJC/CONT) et 9 mai 2006
(n 0213/ASb/MbS/s.nd).
Constatant que le Sénégal reconnaît que ces notes verbales s’inscrivent dans le
cadre de la négociation entamée par la belgique en relation avec la demande d’ex‑
tradition de M. Hissène Habré, négociation qui relève de la procédure prévue par
l’article 30 de la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants (New york, 10 décembre 1984).
Rappelant que la belgique avait souhaité entamer des négociations avec le
Sénégal en raison du fait qu’elle interprète les dispositions des articles 4, 5 para‑
graphes 1 c) et 2, 7 paragraphe 1, 8 paragraphes 1, 2 et 4, et 9 paragraphe 1 de
la convention précitée comme prévoyant l’obligation, pour l’Etat sur le territoire
duquel est trouvé l’auteur présumé d’une infraction visée à l’article 4 de la conven‑
tion précitée, de l’extrader à défaut de l’avoir jugé sur base des incriminations
visées audit article.
Constatant que le Sénégal précise dans sa note verbale du 9 mai 2006 que:
«S’agissant de l’interprétation de l’article 7 de la convention contre la tor‑
ture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, l’am‑
bassade retient qu’en transférant le cas Hissène Habré à l’Union africaine,
le Sénégal, pour ne pas créer une impasse juridique, se conforme à l’esprit du
principe «aut dedere aut punire»…»
Rappelant que la belgique a souligné, dans sa note verbale remise le 4 mai à
l’ambassadeur du Sénégal à bruxelles, qu’une controverse non résolue au sujet
de cette interprétation entraînerait un recours à la procédure d’arbitrage prévue à
l’article 30 de la convention torture, et prenant note du fait que le Sénégal, dans sa
réponse du 9 mai, se réfère à l’éventualité d’un recours de la belgique à cette procé‑
dure, tout en rappelant son interprétation divergente des dispositions pertinentes
de ladite convention.
Tout en réaffirmant au Sénégal son attachement aux excellentes relations qui
régissent les rapports entre les deux pays, et tout en suivant avec intérêt l’action
menée par l’Union africaine dans le cadre de la lutte contre l’impunité, la belgique
se doit de constater que la tentative de négociation entamée avec le Sénégal en
novembre 2005 n’a pas abouti et, conformément à l’article 30, paragraphe 1 de la 139
Annex 7
Note Verbale of 20 June 2006 from the belgian Embassy
in Dakar to the Ministry of Foreign Affairs
of the Republic of Senegal
[Translation]
The Embassy of belgium presents its compliments to the Ministry of Foreign
Affairs of the Republic of Senegal and has the honour to inform it of the following:
belgium recalls that it has sent Notes Verbales concerning the Hissène
Habré case dated 16 November 2005 (No. 2068), 30 November 2005
(No. 228), 11 January 2006 (No. 00084), 9 March 2006 (No. 06/0049)
and 4 May 2006 (J3), to which the Republic of Senegal replied by its Notes of
7 December 2005 (No. 0635/ASb/TF/MM), 23 December 2005 (No. 71768/MAE/
DAJC/CONT) and 9 May 2006 (No. 0213/ASb/MbS/s.nd).
Noting that Senegal acknowledges that these Notes Verbales form part of the
negotiation process initiated by belgium concerning the request for the extradition
of Mr. Hissène Habré, and that such negotiation falls within the procedure pro‑
vided for by Article 30 of the Convention against Torture and Other Cruel, Inhu‑
man or Degrading punishment or Treatment (New york, 10 December 1984).
Recalling that belgium had sought to engage in negotiations with Senegal
becauseofthefactthatitinterpretstheprovisionsofArticles4,5,paragraphs1(c)
and 2, Article 7, paragraph 1, Article 8, paragraphs 1, 2 and 4, and Article 9, para‑
graph 1, of that Convention as establishing the obligation, for a State in whose
territory a person alleged to have committed any offence referred to in Article 4
of the Convention is found, to extradite him if it does not prosecute him for the
offences mentioned in that Article.
Noting that Senegal asserts in its Note Verbale of 9 May 2006 that:
“With regard to the interpretation of Article 7 of the Convention against
Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading punishment or Treatment,
the Embassy is of the opinion that by transferring the Hissène Habré case to
the African Union, in order to avoid a legal impasse, Senegal is complying
with the spirit of the rule ‘aut dedere aut punire’ . . .”
Recalling that belgium emphasized in its Note Verbale handed to the Ambas‑
sador of Senegal in brussels on 4 May that an unresolved disagreement regarding
that interpretation would give rise to use of the arbitration procedure provided for
by Article 30 of the Torture Convention, and taking note of the fact that Senegal,
in its reply of 9 May, referred to the possibility of belgium making use of that
procedure, at the same time recalling its differing interpretation of the relevant
provisions of the said Convention.
While reiterating to Senegal the value it places on the excellent relations main‑
tained by the two countries, and while continuing to follow with interest the action
taken by the African Union in combating impunity, belgium is obliged to conclude
that the attempt to negotiate with Senegal initiated in November 2005 has failed
and, pursuant to Article 30, paragraph 1, of the Torture Convention, accordingly 140
convention torture, demande en conséquence au Sénégal de soumettre le différend
à l’arbitrage suivant les modalités à convenir de commun accord.
L’ambassade de belgique saisit cette occasion pour renouveler au ministère des
affaires étrangères de la République du Sénégal les assurances de sa très haute
considération.
Dakar, le 20 juin 2006. 141
requests Senegal to submit the dispute to arbitration under terms to be agreed by
mutual consent.
The Embassy of belgium avails itself of this opportunity to renew to the
Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Senegal the assurances of its
highest consideration.
Dakar, 20 June 2006.
Requête introductive d'instance