Audience publique tenue le jeudi 21 octobre 2010, à 15 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Owada, président, en l'affaire du Différend territorial et maritime (Nicaragua c. Colombie

Document Number
124-20101021-ORA-01-00-BI
Document Type
Incidental Proceedings
Number (Press Release, Order, etc)
2010/21
Date of the Document
Bilingual Document File
Bilingual Content

Non Corrigé
Uncorrected

CR 2010/21

Cour internationale International Court
de Justice of Justice

LAAYE THAEGUE

ANNÉE 2010

Audience publique

tenue le jeudi 21 octobre 2010, à 15 heures, au Palais de la Paix,

sous la présidence de M. Owada, président,

en l’affaire du Différend territorial et maritime
(Nicaragua c. Colombie)

Requête du Honduras à fin d’intervention

________________

COMPTE RENDU

________________

YEAR 2010

Public sitting

held on Thursday 21 October 2010, at 3 p.m., at the Peace Palace,

President Owada presiding,

in the case concerning the Territorial and Maritime Dispute
(Nicaragua v. Colombia)

Application by Honduras for permission to intervene
____________________

VERBATIM RECORD
____________________ - 2 -

Présents : M. Owada,président
KoMroMa.

Al-Khasawneh
Simma
Abraham
Keith

Sepúlveda-Amor
Bennouna
Crinçade
Yusuf

XuMe mes
Dojnogshue,
CotMM.
jugesaja, ad hoc

Cgefferr,

⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -

Present: Presewtada
Judges Koroma

Al-Khasawneh
Simma
Abraham
Keith

Sepúlveda-Amor
Bennouna
Cançado Trindade
Yusuf

Xue
Donoghue
Judges ad hoc Cot
Gaja

Registrar Couvreur

⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -

Le Gouvernement du Nicaragua est représenté par :

S.Exc.M.CarlosJoséArgüelloGómez, ambassadeur du Nicaragua auprès du Royaume des

Pays-Bas,

comme agent et conseil ;

S. Exc. M. Samuel Santos,

ministre des affaires étrangères du Nicaragua ;

M. Alex Oude Elferink, directeur adjoint de l’Ins titut néerlandais du droit de la mer de l’Université
d’Utrecht,

M.Alain Pellet, professeur à l’Université de ParisOuest, Nanterre-La Défense, membre et ancien
président de la Commission du droit internatio nal, membre associé de l’Institut de droit

international,

M.PaulReichler, avocat au cabinetFoley Hoag LLP, WashingtonD.C., membre des barreaux de
la Cour suprême des Etats-Unis d’Amérique et du district de Columbia,

M.AntonioRemiroBrotóns, professeur de droi t international à l’Universidad Autónoma de

Madrid, membre de l’Institut de droit international,

comme conseils et avocats ;

M.RobinCleverly, M.A., D.Phil, C.Geol, F.G.S., consultant en droit de la mer, Admiralty

Consultancy Services,

M.JohnBrown, R.D., M.A., F.R.I.N., F.R.G.S., consultant en droit de la mer, Admiralty
Consultancy Services,

comme conseillers scientifiques et techniques ;

M. César Vega Masís, directeur, direction des affaires juridiques, de la souveraineté et du territoire,
ministère des affaires étrangères,

M. Julio César Saborio, conseiller juridique au ministère des affaires étrangères,

M. Walner Molina Pérez, conseiller juridique au ministère des affaires étrangères,

Mme Tania Elena Pacheco Blandino, conseiller juridique au ministère des affaires étrangères,

comme conseils;

Mme Clara E. Brillembourg, cabinet Foley Hoag LLP, membre des barreaux du district de
Columbia et de New York,

Mme Carmen Martinez Capdevila, docteur en droit international public à l’Universidad Autónoma
de Madrid,

Mme Alina Miron, chercheur au Centre de droit in ternational de Nanterre (CEDIN), Université de
Paris Ouest, Nanterre-La Défense,

M.EdgardoSobenesObregon, premier secrétaire à l’ambassade du Nicaragua au Royaume des
Pays-Bas,

comme conseils adjoints. - 5 -

The Government of Nicaragua is represented by:

H.E. Mr. Carlos José Argüello Gómez, Ambassador of Nicaragua to the Kingdom of the
Netherlands,

as Agent and Counsel;

H.E. Mr. Samuel Santos,

Minister for Foreign Affairs of Nicaragua;

MrA. lexOudeElferink, Deputy-Director, Netherlands Institute for the Law of the Sea,
Utrecht University

Mr.AlainPellet, Professor at the University ParisOuest, Nanterre-La Défense, Member and

former Chairman of the International Law Co mmission, associate member of the Institut de
droit international,

Mr.PaulReichler, Attorney-at-Law, Foley Hoag LLP, Washington D.C., Member of the Bars of
the United States Supreme Court and the District of Columbia,

Mr.AntonioRemiroBrotóns, Professor of Intern ational Law, Universidad Autónoma, Madrid;
Member of the Institut de droit international,

as Counsel and Advocates;

Mr.RobinCleverly, M.A., DPh., CGEOL., F.G.S., Law of the Sea Consultant, Admiralty

Consultancy Services,

Mr.JohnBrown, R.D., M.A., F.R.I.N., F.R.G.S., Law of the Sea Consultant, Admiralty
Consultancy Services,

as Scientific and Technical Advisers;

Mr. César Vega Masís, Director of Juridical Affairs, Sovereignty and Territory, Ministry of
Foreign Affairs,

Mr. Julio César Saborio, Juridical Adviser, Ministry of Foreign Affai
rs,

Mr. Walner Molina Pérez, Juridical Adviser, Ministry of Foreign Affairs,

Ms Tania Elena Pacheco Blandino, Juridical Adviser, Ministry of Foreign Affairs,

as Counsel;

Ms Clara E. Brillembourg, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the District of Columbia and

New York,

Ms Carmen Martínez Capdevila, Doctor of Public International Law, Universidad Autónoma,
Madrid

MsAlinaMiron, Researcher, Centre for International Law (CEDIN), University ParisOuest,

Nanterre-La Défense,

Mr. Edgardo Sobenes Obregon, First Secretary, Embassy of Nicaragua in the Kingdom of
the Netherlands,

as Assistant Counsel. - 6 -

Le Gouvernement de la Colombie est représenté par :

S. Exc. Julio Londoño Paredes, professeur de relations internationales à l’Université del Rosario de
Bogotá,

comme agent ;

S. Exc. M. Guillermo Fernández de Soto, président du comité juridique interaméricain, membre de
la Cour permanente d’arbitrage et ancien mini stre des affaires étrangères de la République de
Colombie,

comme coagent ;

M.JamesCrawford, S.C., F.B.A., professeur de droit international à l’Université de Cambridge,
titulaire de la chaire Whewell, membre de l’Institut de droit international, avocat,

M.RodmanR.Bundy, avocat à la Cour d’appel de Paris, membre du barreau de NewYork,
cabinet Eversheds LLP (Paris),

M. Marcelo Kohen, professeur de droit internationa l à l’Institut de hautes études internationales et
du développement de Genève, membre associé de l’Institut de droit international,

comme conseils et avocats ;

S. Exc. M. Francisco José Lloreda Mera, ambassadeur de la République de Colombie auprès du
Royaume des Pays-Bas, représentant permanent de la Colombie auprès de l’OIAC, ancien
ministre d’Etat de la République de Colombie,

M. Eduardo Valencia-Ospina, membre de la Commission du droit international,

S. Exc. Mme Sonia Pereira Portilla, ambassadeur de la République de Colombie auprès de la
République du Honduras,

M. Andelfo García González, professeur de droit inte rnational, ancien ministre adjoint des affaires
étrangères de la République de Colombie,

Mme Victoria E. Pauwels T., ministre-conseiller au ministère des affaires étrangères de la
République de Colombie,

M. Julián Guerrero Orozco, ministre-conseiller à l’ambassade de la République de la Colombie aux

Pays-Bas,

MmeAndreaJiménezHerrera, conseiller au ministère des affaires étrangères de la République de
Colombie,

comme conseillers juridiques ;

M. Thomas Fogh, cartographe, International Mapping,

comme conseiller technique. - 7 -

The Government of Colombia is represented by:

H.E. Mr. Julio Londoño Paredes, Professor of International Relations, Universidad del Rosario,
Bogotá,

as Agent;

H.E. Mr. Guillermo Fernández de Soto, Chair of the Inter-American Juridical Committee, Member
of the Permanent Court of Arbitration and former Minister for Foreign Affairs of the Republic
of Colombia,

as Co-Agent;

Mr.JamesCrawford, S.C., F.B.A., Whewell Professor of International Law, University of
Cambridge, Member of the Institute of International Law, Barrister,

Mr. Rodman R. Bundy, avocat à la Cour d’appel de Paris , Member of the NewYork Bar,
Eversheds LLP, Paris,

Mr.MarceloKohen, Professor of International Law at the Graduate Institute of International and
Development Studies, Geneva; associate member of the Institut de droit international,

as Counsel and Advocates;

H.E. Mr. Francisco José Lloreda Mera, Ambassador of the Republic of Colombia to the Kingdom
of the Netherlands, Permanent Representative of Colombia to the OPCW, former Minister of
State,

Mr. Eduardo Valencia-Ospina, Member of the International Law Commission,

H.E. Ms Sonia Pereira Portilla, Ambassador of the Republic of Colombia to the Republic of
Honduras,

Mr. Andelfo García González, Professor of Interna tional Law, former Deputy Minister for Foreign
Affairs of the Republic of Colombia,

Ms Victoria E. Pauwels T., Minister-Counsellor, Ministry of Foreign Affairs of the Republic of
Colombia,

Mr. Julián Guerrero Orozco, Minister-Counsellor, Embassy of the Republic of Colombia in the

Kingdom of the Netherlands,

Ms Andrea Jiménez Herrera, Counsellor, Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Colombia,

as Legal Advisers;

Mr. Thomas Fogh, Cartographer, International Mapping,

as Technical Adviser. - 8 -

Le Gouvernement du Honduras est représenté par :

S. Exc. M. Carlos López Contreras, ambassadeur, conseiller national au ministère des affaires
étrangères,

comme agent ;

SirMichaelWood, K.C.M.G., membre du barreau d’Angleterre, membre de la Commission du
droit international,

Mme Laurence Boisson de Chazournes, professeur de droit international à l’Université de Genève,

comme conseils et avocats ;

S. Exc. M. Julio Rendón Barnica, ambassadeur, ministère des affaires étrangères,

S. Exc. M. Miguel Tosta Appel, ambassadeur, président de la commission hondurienne de
démarcation au ministère des affaires étrangères,

S. Exc. M. Sergio Acosta, chargé d’affaires a.i. à l’ambassade du Honduras au Royaume des
Pays-Bas,

M. Richard Meese, avocat à la Cour d’appel de Paris,

M. Makane Moïse Mbengue, docteur en droit, maître de conférences à l’Université de Genève,

Mlle Laurie Dimitrov, élève-avocat, barreau de Paris, cabinet Meese,

M. Eran Sthoeger, faculté de droit de la New York University,

comme conseils ;

M. Mario Licona, ministère des affaires étrangères,

comme conseiller technique. - 9 -

The Government of Honduras is represented by:

H.E. Mr. Carlos López Contreras, Ambassador, National Counsellor, Ministry of Foreign Affairs,

Asgent;

SirMichaelWood, K.C.M.G., member of the E nglish Bar, member of the International Law

Commission,

Ms Laurence Boisson de Chazournes, Professor of International Law at the University of Geneva,

as Counsel and Advocates;

H.E. Mr. Julio Rendón Barnica, Ambassador, Ministry of Foreign Affairs,

H.E. Mr. Miguel Tosta Appel, Ambassador, Chairman of the Honduran Demarcation Commission,
Ministry of Foreign Affairs,

H.E. Mr. Sergio Acosta, Chargé d’affaires a.i. at the Embassy of Honduras in the Kingdom of the

Netherlands,

Mr. Richard Meese, avocat à la Cour d’appel de Paris,

Dr. Makane Moïse Mbengue, Senior Lecturer at the University of Geneva,

Miss Laurie Dimitrov, pupil barrister, Paris Bar, Cabinet Meese,

Mr. Eran Sthoeger, Faculty of Law, New York University,

Csounsel;

Mr. Mario Licona, Ministry of Foreign Affairs,

as Technical Adviser. - 10 -

The PRESIDENT: Please be seated. The sitting is open. The Court meets today to hear the

second round of oral argument of the Republic of Honduras. Before giving the floor to Honduras, I

note that Vice-President Tomka, for reasons which have been explained to me, will be unable to be

present at the sitting of the Court today and tomorrow. I shall now give the floor to

Sir Michael Wood to make his presentation.

Sir Michael WOOD:

H ONDURAS HAS SATISFIED THE REQUIREMENTS FOR INTERVENTION AS A PARTY

AND AS A NON -PARTY

1. Thank you very much, Mr. President. Mr. President, Members of the Court, our purpose

today is to respond to what our colleagues from Ni caragua and Colombia said in the first round.

We shall not attempt to reply on all points, in par ticular not those we already covered in detail in

the first round. But we shall seek to identify point s of agreement, and then deal with some of the

more significant points that still appear to divide the Parties.

2. It cannot be overemphasized that we are at the permission stage. It is not the time for any

of us to get deep into the merits of Honduras’s intervention, still less the merits of the main

proceedings between Nicaragua and Colombia.

3. The structure of our statements in this second round will be as follo
ws.

4. I shall address what Nicaragua and Colombia said about the three matters referred to in

Article 81 of the Rules of Court: the interest of a legal nature; the object of the intervention; and

jurisdiction.

5. Professor Boisson de Chazournes will then respond to what was said about the law and

practice of intervention, and the legal considerations that govern this institution.

6. Finally, the Agent will make some c oncluding remarks and read out our formal

submissions.

7. Mr.President, there does seem to be a degree of common ground among all three States

on some important points. - 11 -

8. First, there seems to be agreement that Article 62 of the Statute covers both intervention as

a party and intervention as a non-party. Nicaragua and Colombia have each been explicit on this

point 1.

9. Second, it does not seem to be questioned that, for each form of intervention, the key

requirement is that the intervening State considers that it has an interest or interests of a legal

2
nature that may be affected by the decision of the Court in the main case .

10. Third, the precise object of each of Honduras’s two separate requests to intervene, as a

party and as a non-party, seems to be well understood 3.

11. Fourth, it is clear that, there is a jurisdictional link among the three States under

Article XXXI of the Pact of Bogotá.

12. As we made clear during the first round, since Honduras has demonstrated that the

necessary conditions are met, the Court should permit intervention, and in the form chosen by the

State seeking to intervene. To refer to Article 62 as “discretionary intervention”, as some authors

4
do, is in our view misleading .

13. Mr.President, the first of the three matters referred to in Article81 of the Rules, the

interest of a legal nature, is the same both for intervention as a party, and for intervention as a

non-party. Yesterday Professor Crawford wonde red aloud whether there might be differences

depending on the form of intervention 5. We do not think there are. No distinction is made in

Article 62 of the Statute, or Article 81 of the Rules, or in the case law.

14. The second matter, the precise object of the intervention, by definition varies depending

on whether the State seeks to intervene as a party ⎯ or as a non-party.

15. And the third requirement, jurisdiction, is chiefly relevant to intervention as a party.

1
Written Observations of Nicaragua (WON), para. 32; CR 2010/19, p. 14, para. 5 (Pellet).
2
CR 2010/19, pp. 14-15, paras. 6-7 (Pellet); CR 2010/20, pp. 16-17, para. 9 (Bundy).
CR 2010/20, pp. 14-15, para. 3 (Bundy); CR 2010/19, p. 13, paras. 2-3 (Pellet).

See, for example, S. Rosenne, The Law and Practice of the International Court 1920-2005, Vol. III, p. 1440.

CR 2010/20, p. 18, para. 43 (Crawford). - 12 -

(i) Interest of a legal nature

16. I turn then to the interest of a legal natu re. I set out on Monday the interests of a legal

nature that Honduras considers may be affected by the Court’s decision in the main case. In reply,

counsel for Nicaragua reverted, and at some length, to their res judicata Leitmotif. But he said

nothing particularly new 6. He did, however, introduce what is perhaps a new thought by

7
describing part of the reasoning of your Judgment as “ très res judicata” , “very res judicata”. I

must say, I am not convinced that there can be degrees of res judicata.

17. I need not really say much in response to ProfessorPellet, since he did not seek to

engage with our arguments. Ind eed, he avoided altogether dealing with the important points we

made concerning the actual wording of the dispositif, including the inclusion of the words “until it

8
reaches the area where” [“la zone”], dismissing it all as merely playing with words . I would recall

that the operative part ( dispositif) of your Judgment, at paragraph321(3), provides that “From

point F, [the boundary line] shall continue along the line having the azimuth of 70° 14' 41.25" until

it reaches the area where the rights of third States may be affected.” ( I.C.J. Reports 2007(II) ,

p.763.) Professor Pellet conveniently omitted to address the words “until it reaches the area

where”; just as he conveniently omitted to address the words “may be affected”.

18. In addition, Professor Pellet expressly re frained from examining in any detail the earlier

paragraphs of the Judgment on which Nicaragua re lied in its Written Observations. One can only

assume that this was because, as I explained on Monday, they do not say what Nicaragua says they

say. One thing he did do, however, was to have a go at redrafting paragraph 316 of the Judgment

to suit his argument, changing the te nse from the conditional to the present ⎯ “serait” to “est” 9,

“would do” to “does”. And we are grateful to him for reading out a passage from the

Anglo-French Continental Shelf decision 10, in which the Court of Arbitration considered “it to be

well settled that in internationa l proceedings the authority of res judicata, that is the binding force

6
CR 2010/19, pp. 15-17, paras. 8-33 (Pellet).
7
Ibid., p. 20, para. 17 (Pellet).
8Ibid., p. 18, para. 15 (Pellet).

9Ibid., p. 21, para. 19 (2) (Pellet).

10Ibid., p. 22, para. 21 (Pellet). - 13 -

of the decision, attaches in principle only to the provisions of its dispositif and not to its

reasoning” 11 It goes on, of course, to say:

“In the opinion of the Court, it is equally clear that, having regard to the close

links that exist between the reasoning of a decision and the provisions of its dispositif,
recourse may in principle be had to the r easoning in order to elucidate the meaning
and the scope of the dispositif.”

We would agree with that.

19. We heard yesterday in the clearest possi ble terms, from the representatives of Colombia,

that the azimuth “reaches the area wh ere the rights of third States may be affected” at the point

where it touches the 82nd parallel. After quoting the wording of the dispositif ⎯ “until it reaches

the area where the rights of third States may be affected” ⎯ the Agent of Colombia said

“Colombia is such a third State and does have ri ghts in the area situated immediately east of the

82nd meridian” 12.

20. Since it is a crucial issue, which has been contested by Nicaragua, I must explain again

what Honduras considers to be its interests of a lega l nature that may be affected by the decision in

the present case, and why indeed our intervention “actually relates to the subject-matter of the

13
pending proceedings” . In brief, we consider that, in so far as Nicaragua’s claimed “delimitation

area” overlaps the rectangle described in our Application 14, our rights in that area recognized under

the 1986 Treaty with Colombia may be affected. Since the “delimitation area” which Nicaragua is

inviting the Court to delimit includes a substantial pa rt of the rectangle, it is plain that Honduras

has interests of a legal nature that may be affected by the Court’s decision.

21. Mr.President, could I invite the Member s of the Court to look at the sketch-map

markedMW6, which I think should be at tab8 in your folders? It was handed in this morning.

This sketch-map shows, the area in pink — the “zona rosa ” —, which Nicaragua now considers to

be the area to be delimited in the present proceedings. This, of course, is the area shown in

15
Figure 3.1 in Nicaragua’s Reply , with which you are already well familiar.

11
Decision of 14March1978: UnitedNations, Reports of International Arbitral Awards (RIAA) , Vol.XVIII
p. 295, para. 28; emphasis added.
12
CR 2010/20, p. 11, para. 7 (Londoño); see, also, ibid., p. 21, para. 27 (Bundy).
13
Haya de la Torre (Colombia/Peru), Judgment, I.C.J. Reports 1951, p. 76.
14Application for permission to intervene by the Government of Honduras, para. 17.

15Reply of Nicaragua (RN), 3.7, and Part II, Fig. 3.1 (reproduced at tab 4 in the folders). - 14 -

22. The map also shows, as a shaded recta ngle, the area which Honduras indicated, in its

Application, was the area in which its interests of a legal nature were at stake in the present

16
proceedings. As the Application made clear, and as counsel for Colombia rightly surmised , the

description of this rectangle in the Application was only approximate. It is certainly not our

intention to cast doubt on the 1986Treaty line. As you will see from the sketch-map, there is a

considerable area of overlap, some 17,700sq km in fact, between Nicaragua’s claimed

“delimitation area” and the rectangle described in our Application.

23. The map also shows Colombia’s latest me dian line claim, with an arrow touching the

southern limit of the shaded rectangle, the 15thparallel, which is of course the 1986Treaty line,

and which confirms Colombia’s interests in the area east of the 82nd meridian. It also shows, and I

hope ProfessorPellet is pleased with this, the deli mitation line determined by the Court in the

dispositif of the 2007 Judgment, which was illustrated on sketch-maps Nos. 7 and 8 ⎯ sketch-maps

included in the Judgment and “prepared for illu strative purposes only”. Counsel for Nicaragua

tried to score a point yesterday by referring to the fact that on Monday we only produced

17
sketch-map No.8, and not sketch-map No.7 . We could have produced either ⎯ they are of

course essentially the same ⎯ but we chose No. 8 since it is the one that includes an arrow. I note

in passing that Nicaragua itself saw fit to annex sketch-map No.7, twice, and not sketch-map

No.8, to its Written Observations 18. Apparently not satisfied with the Court’s sketch-map No.7,

yesterday Nicaragua sought to improve it by adding an arrow, a flashing arrow no less, at the

eastern end of the dotted line. But, Mr.Preside nt, I will avoid the temptation to quibble about

19
Nicaragua’s maps, as they sought to do at very considerable length about ours . I am confident

that Members of the Court will not be misled by the sketches that Nicaragua has prepared, even

though they were projected on large screens around the Great Hall of Justice. A last word on maps:

20
yesterday ProfessorPellet cited Napoleon , with evident enthusiasm. What in fact the Emperor

16CR 2010/20, p. 23, para. 32 (Bundy).

17CR 2010/19, p. 24, paras. 25-26 (Pellet).
18
WON, Anns. A and B.
19CR 2010.19, pp. 24-27, paras. 24-33 (Pellet).

20Ibid., p. 28, para. 38 (Pellet). - 15 -

actually seems to have said was perhaps even more apt— as far as I can tell he said “ Un bon

croquis vaut mieux qu’un long discours” — “A good sketch is better than a long speech.”

24. Mr.President, Members of the Court, I now turn to the 1986Treaty between Honduras

and Colombia, and its relevance to our interests of a legal nature in the present case. Nicaragua, in

its Written Observations and orally, claimed that the Treaty was amply discussed in the

21
2007 Judgment . But in reality, in its 2007Judgment, the Court did not find it necessary to

discuss the Treaty at length since it underscored that the Judgment would not prejudice the Treaty

in any way. Nor could it, as Colombia was not a party to the proceedings, and thus the Court

refrained from passing judgment on its treaty rights and obligations. Such an exercise would have

been futile, as the representatives of Colombia said yesterday, as the Judgment would not have any

22
binding force on Colombia, under Article 59 of the Statute .

25. Nicaragua further contends that the 2007 Judgment rendered the 1986 Treaty invalid, and

23
no longer in force . As I have just made clear, the Court did no such thing. It is Nicaragua ⎯ and

Nicaragua alone ⎯ that has purported unilaterally to strip the Treaty of its validity, as if the Treaty

were its own to dispose of as it likes. Colombia, on the other hand, has made clear that it respects

24
the 1986 Treaty, as does Honduras . The Treaty, as you will recall, allocates the area north of the

15thparallel, east of the 82ndmeridian, and west of the eastern arm of the 1986Treaty line to

Honduras, while providing for the cross-border exploitation of resource deposits. As we have seen,

some of the areas allocated to Honduras and Colo mbia under the Treaty fall within Nicaragua’s

claimed “delimitation area”.

26. Hence, for the Court to determine the a llocation of the “delimitation area” proposed by

Nicaragua, it would inevitably have to decide whether the 1986Treaty is in force and whether it

does or does not accord Colombia rights in the area in dispute between Colombia and Nicaragua. It

is in the present case that the status and substance of the 1986 Treaty are at stake. This point was

25
made by the representatives of Colombia yesterday . Yet, the Court could only determine the

21WON, para. 17.
22
CR 2010/20, p. 13, para. 17 (Londoño); ibid., p. 45, para. 29 (Crawford); ibid., p. 24, para. 35 (Bundy).
23
CR 2010/19, p. 31, para. 46 (Pellet).
24Written Observations of Colombia, sixth para.

25CR 2010/20, p. 11, para. 8 (Londoño); ibid., p. 24, para. 38 (Bundy). - 16 -

status and substance of the Treaty between Honduras and Colombia, relating to an area that the

Treaty allocates to Honduras, if Honduras were a party to the proceedings. It is thus clear that our

26
intervention “actually relates to the subject-matter of the pending proceedings” .

27. It is important to note that the Court may not be able to avoid determining the effect of

the 1986Treaty at the merits phase of the present case, as it was able to do in 2007. This is

because of an important difference between the two cases. In 2007, the area to be delimited was

27
not allocated under the 1986 Treaty to an absent third party . In the present case, however, part of

the delimitation area proposed by Nicaragua is allocated to a third party, to Honduras, which is

currently not a party to the case. As things sta nd, the Court would have to refrain from delimiting

the area covered by the Treaty in which the ri ghts of Honduras may be affected. Yet Honduras

wishes to intervene as a party, and is willing to accept the binding decision of the Court on the area

covered by the 1986 Treaty, to which ⎯ as was made clear yesterday ⎯ all three States claim title.

28. To this let me add, Mr. President, that even if Nicaragua were correct in asserting that the

Treaty cannot stand and is without force at present, it is the Court that must make such a decision,

not a State which is not even a party to the Treaty. For the Court to consider this question, both

Honduras and Colombia must be parties to the proceedings.

29. One final point on the 1986 Treaty, Mr.President. I cannot refrain from pointing out

that, although it claims that the 1986 Treaty is invalid and without force, Nicaragua has not

hesitated to rely upon it when it found the Treaty served its objectives. Thus, it relies on the Treaty

when it claims that the Treaty demonstrates th e absence of Colombian rights north of the

28
15th parallel . Nicaragua does so although it has consistently claimed that the Treaty is without

29
force, ever since its conclusion, back in 1986 . By doing so, Nicaragua is attempting to arrogate

to itself an area allocated to Honduras under the Treaty, claiming that Colombia has renounced its

rights to that area in the Treaty it self, even though Nicaragua at the same time asserts that the

Treaty is invalid.

26
Haya de la Torre, (Colombia/Peru), Judgment, I.C.J. Reports 1951, p. 76.
27Territorial and Maritime Dispute between Nica ragua and Honduras in the Caribbean Sea (Nicaragua v.

Honduras), Judgment, I.C.J. Reports 2007 (II), pp. 758-759, para. 316.
28Figs. 6-7 annexed to Nicaragua’s Reply in the present case.

29See, e.g., Territorial and Maritime Dispute between Nicaragua and Honduras in the Caribbean Sea
(Nicaragua v. Honduras), Memorial of Nicaragua (MN), Vol. II, Ann. 70. - 17 -

30. Mr.President, I drew attention on Monday to important uncertainties for Honduras

arising from the present state of the proceedings between Nicaragua and Colombia. Among these

was puzzlement at just what Nicaragua now claims in respect of the water column. Professor Pellet

feigned annoyance that I had only partially quoted Mr. Reichler on the consequences for the water

column of the adoption by the Court of Nicaragua’s claimed continental shelf boundary, and I have

30
then asked “What does that mean?” He read more from Mr. Reichler . I still have to ask “What

does that mean?” I am none the wiser.

31. In this connection, Mr.President, I would recall that you heard much over these two

weeks about the “relative” or “relational” effect of agreements on maritime delimitation 31. It is, of

course, true that in principle a bilateral maritime delimitation treaty, like virtually all treaties, does

32
not, of itself, create rights and obligations for third States . But, at the end of the day, and absent

specific treaty provision, there can only be one coastal State with “title” 33 to any particular area of

continental shelf or exclusive economic zone.

32. It is uncertainties such as these that reinforce the concerns of Honduras, and reinforce the

importance we attach to being able to interven e, and to intervene as a party in the current

proceedings. In any event, granting permission to Honduras to intervene as a party would mean

that the Court could avoid grappling with difficult issues of “relativity”, since it would be able to

decide, with binding force, these matters for all the States concerned.

33. Mr.President, Members of the Court, I can deal much more briefly with the other two

matters that are required to be set out in an application to intervene, since our position on these

does not seem to have been contested by our colleagues.

(ii) Precise object of the intervention

34. As I said at the beginning, Mr.President, it is when we come to the object of the

intervention that we see the first of the two majo r differences between intervention as a party, and

30
CR 2010/19, pp. 25-26, para. 31 (Pellet).
31See, for example, CR 2010/16, p. 22, para. 15 (Reichler); CR 2010/20, pp. 26-27, para. 46 (Bundy).

32Vienna Convention on the Law of Treaties, Arts. 34-38.
33
The term used by the Court in the Judgment of 3February2009, Maritime Delimitation in the Black Sea
(Romania v. Ukraine), I.C.J. Reports 2009, p8.9 , para7.7 (available at http ://www.icj-cij.org/docket/files/
132/14987.pdf). - 18 -

intervention as a non-party. In seeking to inte rvene in the present proceedings, as a party,

Honduras’s purpose is a very practical one. We want the Court to decide, with binding force, on

the basis of international law, the course of the maritime boundary between Honduras and

Nicaragua, from the end of the line decided by the Court in 2007, which we say is the

82ndmeridian, to the tripoint between Honduras, Co lombia and Nicaragua. Only if the Court is

able to do so shall we achieve a final and bi nding determination of our sovereign rights and

jurisdiction in this area of the Caribbean, a determination based on international law.

35. As we are only at the permission stage, it would not be appropriate to go into more detail,

as that would take us deep into the merits. But I must say one thing: on Wednesday, counsel for

Nicaragua asserted that the Court could not in any event determine the whole line because of

Jamaica’s absence from the proceedings 34. That, in our view, is simply wrong. It is obvious from

a glance at the map we have produced today, MW6 at tab8, that fixing a tripoint between

Honduras, Colombia and Nicaragua would in no way touch upon the interests of Jamaica.

36. Intervention as a non-party, which is only a subsidiary request in our Application, would

have a quite different object. It would be the familiar one of informing the Court of our interests of

a legal nature that may be affected by the decision in the case, and thereby protecting them.

(iii) Jurisdiction

37. The third matter referred to in Article81 of the Rules is the basis of jurisdiction. I

referred on Monday to ArticleXXXI of the 1948 Pact of Bogotá, to which Honduras, Nicaragua

and Colombia are all parties. This is the basis for jurisdiction in the current proceedings instituted

by Nicaragua against Colombia. Honduras is equally a party to the 1948 Treaty. The existence of

this basis of jurisdiction has not been contested, and so I think I need say no more about it.

38. Mr. President, in conclusion, one is left asking what the alternative would be if Honduras

were not permitted to intervene in this case as a party? An alternative course open to Honduras,

under Article XXXI of the Pact of Bogotá, would be to use that basis of jurisdiction to commence

new proceedings against Nicaragua and Colombia. Having done that, Honduras could seek to have

them joined to the current case, which the Court could also do proprio motu. But that would hardly

34
CR 2010/19, p. 30, para. 34 (Pellet). - 19 -

be an efficient way to proceed. For that reason the Statute and Rules of Court do provide for

intervention as a party, where the intervening State so wishes, and where there is a basis, or bases,

of jurisdiction linking all the States concerned.

39. Mr.President, Members of the Court, that concludes my statement, and I shall be

grateful if you would invite Professor Boisson de Chazournes to address you.

Mme BOISSON de CHAZOURNES :

1. Je vous remercie, Monsieur le président. Ainsi que vient de l’exposer mon collègue

sir Michael Wood, il ne fait pas de doute que le Honduras a bel et bien un intérêt d’ordre juridique

susceptible d’être affecté dans l’instance pendante entre le Nicaragua et la Colombie. A ce titre, le

Honduras devrait être autorisé par la Cour à intervenir en tant que partie ou, à titre subsidiaire, en

tant que non-partie en vertu de l’article 62 du Statut.

2. En réponse aux exposés du Nicaragua lors du premier tour de plaidoiries, je souhaiterais

me concentrer sur deux points. Tout d’abord, je mettrai en relief les contradictions du Nicaragua

quant à l’admissibilité de la requête à fin d’intervention du Honduras. Puis, je mettrai l’accent sur

l’étendue du pouvoir d’appréciation de l’Etat qui so uhaite intervenir sur la base de l’article62 du

Statut.

I. Les contradictions du Nicaragua quant à l’admissibilité de la requête
à fin d’intervention du Honduras

3. Le professeurAlainPellet notait mercredi, avec le talent qu’on lui connaît, que les

«requêtes à fin d’intervention se suivent et ne se ressemblent pas» 35. Qu’il me soit permis d’en dire

tout autant de certains arguments du Nicaragua. Toutefois, en plus de se suivre sans se ressembler,

certains des arguments du Nicaragua ont pour caract éristique de s’entremêler, de se contredire,

voire de se neutraliser. Le Nicaragua a tout d’abord tenté de remettre en cause ⎯ sans y

parvenir ⎯ la «vraisemblance suffisante» 36des intérêts d’ordre juridique du Honduras en avançant

37
que la Cour a déterminé «toute la frontière» entre le Nicaragua et le Honduras. Autrement dit, le

Nicaragua a purement et simplement ⎯ je devrais dire radicalement ⎯ nié l’existence d’un intérêt

35
CR 2010/19, p. 13, par. 2 (Pellet).
36
Ibid., p. 15, par. 6 (Pellet).
37Ibid., p. 17, par. 14 (Pellet). - 20 -

d’ordre juridique in casu. Je cite le Nicaragua: «le Honduras ne peut faire valoir aucun intérêt

d’ordre juridique qui pourrait être affecté par l’arrêt à intervenir dans l’affaire entre le Nicaragua et

38
la Colombie» .

4. Mais cela était sans compter sur les volte-face auxquelles nous avait déjà habitués le

Nicaragua dans ses observations écrites jointes en réponse à la requête du Honduras. En effet,

soudainement, l’intérêt d’ordre juri dique du Honduras n’est plus un intérêt inexistant mais un

intérêt inopérant. Peut-être que des intérêts existent au nord du 15 eparallèle, selon l’aveu tacite du

Nicaragua, mais ils ne sont sûrement pas en cause dans l’instance pendante entre le Nicaragua et la

Colombie. Pourquoi? Selon mon aimable contra dicteur, car les prétentions du Nicaragua dans

ladite instance ne concerneraient que le sud de la frontière maritime entre le Nicaragua et le

39
Honduras , frontière imaginaire ⎯nous le savons ⎯ et ne reflétant point la res judicata du

jugement de 2007 40. Je précise au détour que le Nicaragua s’arroge le droit de donner des leçons

au Honduras sur ce qui est en jeu ou non dans l’ instance pendante avec la Colombie, alors que

comme nous le savons cet Etat n’a pas hésité à modifier les demandes contenues dans sa requête

introductive d’instance 41et n’hésite pas à admettre dans la présente procédure qu’il n’a pas

42
(encore ?) «formulé [de] conclusion» sur les limites horizontales de la zone qui figure en rose sur

le croquis n o 3.1 de la réplique du Nicaragua. Considérant qu’aucun intérêt du Honduras n’est «en

jeu» dans l’instance pendante, le Nicaragua en déduit que la Cour ne devrait pas autoriser le

Honduras à intervenir.

5. Je me permets de réitérer la question que j’avais posée au Nicaragua lors du premier tour

de plaidoiries dans la présente procédure et à laquelle aucune réponse précise n’a encore été

apportée: les intérêts du Honduras sont-ils existants ou inexistants? Ou alors sont-ils existants

mais inopérants? Ou encore, pour paraphraser notre contradicteur, sont-ils «vraisemblablement

suffisants» ou «vraisemblablement insuffisants» ? Le jeu de «miroirs dé formants» auquel se prête

le Nicaragua témoigne de la réalité des incertitudes juridiques dans la zone maritime concernée par

38CR 2010/19, p. 20, par. 18 (Pellet).
39
Ibid., p. 31, par. 48 (Pellet).
40
Voir la requête du Honduras à fin d’intervention, par. 5. Voir également CR 2010/20, p. 21, par. 25 (Bundy).
41CR 2010/20, p. 22, par. 29 (Bundy).

42CR 2010/19, p. 25, par. 31 (Pellet). - 21 -

la requête à fin d’intervention du Honduras et à propos desquelles mon collègue sir Michael Wood

est revenu il y a un instant.

6. Mesdames et Messieurs les juges, bien que le professeur Pellet se soit gardé d’avoir de la

«sympathie pour Napoléon» 43, il n’y a pas plus napoléonienne que la stratégie du Nicaragua. Ce

dernier, non satisfait de se lancer à la conquête d’un espace maritime qui lui aurait été ⎯ quod

non ⎯ reconnu et attribué par le jugement de la Cour d’octobre2007, se lance maintenant à la

conquête du droit d’intervention des Etats tiers. Il soutient sans complexe et avec un regard

rétrospectif que la Colombie n’av ait pas besoin d’intervenir à l’époque dans le différend entre le

Nicaragua et le Honduras dans la mesure où le Honduras avait «amplement informé la Cour [des

44
droits] de la Colombie» . Mieux, le Nicaragua considère sans ambages que ce n’est pas le

Honduras, «défenseur trop zélé des intérêts colombiens» 45, qui doit intervenir dans l’instance

pendante entre le Nicaragua et la Colombie, mais la Jamaïque. En d’autres termes, seule la

Jamaïque serait un Etat tiers dont les intérêts ju ridiques seraient susceptibles d’être affectés par un

jugement de la Cour. Et, en outre, si la C our devait encore douter de l’esprit «conquérant» du

Nicaragua, je l’invite à méditer les paroles suiv antes du Nicaragua: «le Nicaragua entend que les

droits des tiers soient pleinement préservés dans la présente affaire» 46. Quel grand protecteur !

7. Les velléités napoléoniennes du Nicaragua poussent encore ce dernier à prétendre pouvoir

se substituer au Honduras et à d’autres Etats tiers pour décider de l’opportunité ou non d’exercer

leur droit d’intervention en vertu de l’article 62 du Statut, c’est-à-dire pour «estimer» si des intérêts

d’ordre juridique sont pour eux en cause dans l’instance entre le Nicaragua et la Colombie. Ce

n’est pas le Honduras qui a une appréciation subjective de l’article 62 mais bien le Nicaragua.

8. Mesdames et Messieurs les juges, du fait de l’approche du Nicaragua consistant à ignorer

la lettre et l’esprit de l’article62 du Statut, voi re à réinterpréter ses conditions, je me propose de

faire quelques remarques et précisions sur l’étendue du pouvoir d’appréciation de l’Etat qui

souhaite intervenir sur la base de l’article 62 du Statut.

43CR 2010/18, p. 17, par. 13 (Wood).
44
CR 2010/19, p. 20, par. 18 (Pellet).
45Ibid., p. 21, par. 19 (Pellet).

46Ibid., p. 26, par. 31 (Pellet). - 22 -

II. L’étendue du pouvoir d’appréciation de l’Etat qui souhaite intervenir
en vertu de l’article 62 du Statut

9. L’article 62 du Statut prévoit que c’est à l’Etat qui estime qu’un intérêt d’ordre juridique

est pour lui en cause dans une instance pendante de décider «d’exercer [ou non son] droit à

intervention» ( Frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigéria (Cameroun

c.Nigéria), exceptions préliminaires, arrêt, C.I.J.Recueil1998, p.324, par.116.). Or, ce que le

Nicaragua a prôné tout au long de ses plaidoiries du premier tour mais aussi dans ses observations

écrites, c’est la possibilité pour les Etats parties à une instance pendante de se substituer à l’Etat qui

souhaite intervenir pour déterminer si ledit Etat a ou non un intérêt d’ordre juridique qui pourrait

être affecté par un jugement de la Cour. Monsieur le président, si la Cour elle-même ne peut se

47
substituer à l’Etat qui souhaite intervenir , comment des parties à une instance pendante

pourraient-elles s’arroger une telle prérogative ?

10. Se réfugiant derrière une interprétation fictive et téméraire de la res judicata du jugement

d’octobre2007, le Nicaragua cons idère que le principe de la res judicata annihilerait en l’espèce

toute possibilité pour le Honduras de recourir à l’ avenir à l’article62 du Statut. Cela, car la

48
réponse aux arguments du Honduras se trouve «entière, complète et limpide» dans l’arrêt de la

Cour d’octobre2007 ou encore parce que le Hondur as aurait «amplement informé la Cour de ses

49
propres droits et intérêts» .

11. Mais, Monsieur le président, «qui ne dit mot consent». Le Nicaragua n’a à aucun

moment réfuté que l’article62 du Statut n’ engendre pas une impossibilité pour le Honduras

d’intervenir dans une instance pendante devant la Cour au motif que le Honduras aurait déjà

informé la Cour de la nature de ses intérêts juridiques dans une autre instance, à savoir celle ayant

opposé le Nicaragua et le Honduras, qui a porté sur un autre différend et a impliqué d’autres

parties 50.

47
Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1990, p. 118, par. 61.
48
CR 2010/19, p. 16, par. 11 (Pellet).
49Ibid., p. 20, par. 18 (Pellet).

50CR 2010/18, p. 24, par. 10 (Boisson de Chazournes). - 23 -

12. L’article62 prévoit qu’un Etat tiers est en mesure de décider où, quand et comment

exercer sa prérogative juridique tant qu’il se conf orme aux dispositions du Statut et du Règlement

de la Cour. C’est à l’Etat qui souhaite intervenir et à lui seul de décider de son exercice tant qu’il

se conforme aux dispositions du Statut et du Règlem ent de la Cour. La répétition ou insistance,

Monsieur le président, ne relève pas d’un acte inconscient, lequel peut jouer des tours, sauf bien sûr

au royaume de Zen.

13. Cette insistance vise à démontrer que le Honduras s’accorde avec le Nicaragua pour

considérer que l’article62 n’est pas entièrement «l aissé à l’appréciation subjective» de l’Etat qui

souhaite intervenir. Le Honduras a toujours considéré que c’est à la Cour d’autoriser une demande

d’intervention lorsqu’elle considère que les conditions objec tives, ou ce que le professeurPellet

51
appelle la «condition de l’article 62» , sont réunies. Il convient de faire la part du subjectif et celle

de l’objectif dans le contexte de l’article 62. En réalité, cette distinction est très simple à opérer à

l’aune de la construction de l’article 62 en deux paragraphes.

14. Le premier paragraphe de l’article 62 repose sur une appréciation subjective du titulaire

du droit. Les Etats parties à une instance pendante ne peuvent se substituer à l’Etat qui souhaite

intervenir. Le mot à mot de l’artic le62 est clair: «Lorsqu’un Etat estime que, dans un différend,

un intérêt d’ordre juridique est pour lui (on pourrait dire aussi pour elle) en cause, il peut adresser à

la Cour une requête, à fin d’intervention». Le pouv oir d’appréciation de l’Etat désirant intervenir

est double. Non seulement c’est à lui d’estimer si un de ses intérêts d’ordre juridique est en cause

dans un différend. C’est également à lui d’estimer s’il est bénéficiaire d’un tel intérêt d’ordre

juridique. C’est comme ça qu’il faut comprendre le membre de phrase «est pour lui en cause». La

version anglaise de l’article62 du Statut confir me une telle lecture puisqu’il est y dit «Should a

State consider that it has». La version anglaise ne dit pas «Should a State consider that an interest

of a legal nature».

15. La Cour décidera alors, sur la base du deuxi ème paragraphe de l’article 62, de la réalité

de l’intérêt d’ordre juridique que l’Etat qui dema nde à intervenir déclare avoir dans une instance

pendante. Si cet intérêt est réel, comme c’est le cas avec le Honduras, la Cour n’a pas de «pouvoir

51
CR 2010/19, p. 14, par. 5 (Pellet). - 24 -

discrétionnaire» (Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya arabe libyenne), requête à fin

d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1981 , p. 12, par. 17) pour ne pas autoriser l’intervention.

16. Mesdames et Messieurs les juges, derrièr e le langage de l’artic le 62 se dessine un souci

de protéger au maximum les Etats dont les intérêts d’ordre juridique sont susceptibles d’être

affectés par un jugement de la Cour. Il y a aussi un souci de garantir leur f aculté d’intervenir dans

une instance pendante 52. Cette protection s’avère d’autant plus nécessaire dans les cas de

délimitation maritime impliquant plusieurs Etats.

17. Toutes les parties dans la présente pr océdure s’accordent pour ne pas considérer que

l’article59 du Statut serait suffisant pour protég er les intérêts d’ordre juridique du Honduras

puisque ni le Nicaragua ni la Colombie ne l’ont invoqué. Cela prouve que tous les Etats ici

présents s’accordent pour reconnaître que la protection en vertu de l’article 62 est plus importante

et plus appropriée pour préserver les droits des Etats tiers en matière de délimitation maritime.

18. Ce qui rend la protection en vertu de l’ar ticle 62 appropriée, c’est que l’Etat intervenant

est en mesure d’informer la Cour sur l’existence d’un intérêt d’ordre juridique, cela afin de protéger

et sauvegarder cet intérêt ou de demander à la Co ur de déterminer ses droits et intérêts. Un

jugement rendu à la suite d’une intervention en ve rtu de l’article 62 prend alors nécessairement en

compte les intérêts d’ordre juridique de l’Etat intervenant et, dès lors, ce dernier est sûr qu’il

n’affectera pas ses intérêts. En d’autres termes, Monsieur le président, l’article 62 garantit toujours

et nécessairement que les intérêts d’ordre juridique d’un Etat tiers à une instance pendante seront

protégés, conservés et sauvegardés.

19. Mais se pose alors la question de savoir comment faire en sorte que l’article 62 du Statut

puisse avoir un effet utile et effectif. La réponse est la suivante: il s’agit de donner à l’Etat qui

demande à intervenir la possibilité d’«être entendu». La Chambre constitu ée pour connaître de la

requête à fin d’intervention du Nicaragua dans l’affaire El Salvador c. Honduras, a déclaré que le

«but de l’intervention» consis te pour l’intervenant à «informe [r] la Cour de ce qu’il considère

52
CR 2010/18, p. 21, par. 5 (Boisson de Chazournes). - 25 -

comme ses droits et intérêts, afin de veiller à ce qu’aucun intérêt d’ordre juridique ne puisse être

«affecté» sans que l’intervenant ait été entendu » (Différend frontalier terrestre, insulaire et

maritime (ElSalvador/Honduras), re quête à fin d’intervention, arrêt , C.I.J. Recueil 1990, p. 130,

par. 90 ; les italiques sont de nous).

20. In fine, ce qui compte c’est donc que l’Etat inte rvenant puisse bénéficier de la protection

en vertu de l’article 62 par le fait qu’il a pleinement et dûment été «entendu» par la Cour. A lui de

décider quelle forme il souhaiterait donner à son inte rvention. Et à la Cour d’autoriser ou non

l’intervention sous l’une de ses formes, en tant que partie ou en tant que non-partie.

21. Au stade de la procédure orale portant sur la demande en intervention, l’Etat qui

demande à intervenir n’est pas censé «complètement débatt [re]» (Ambatielos (Grèce

c. Royaume-Uni), exception préliminaire, arrêt, C.I.J. Recueil 1952, p. 45) de toute la substance de

ses intérêts d’ordre juridique. C’est au stade du fond de l’instance pendante que l’Etat intervenant

à titre de partie ou en tant que non-partie pourra exposer toutes ses vues sur les points pour lesquels

il aura été autorisé par la Cour à intervenir. Ces aspects sont importants. La procédure

d’intervention, telle qu’elle a été conçue, a pour objet de sauvegarder les intérêts d’ordre juridique

d’un Etat tiers à une instance pendante devant la C our, en réservant la décision au fond jusqu’à ce

que la Cour ait pleinement entendu chacune des parties au différend ainsi que les Etats intervenants

sur les différents droits et intérêts en cause 53. C’est là la nature incidente de la procédure du « droit

54
de demander à intervenir» .

22. Mesdames et Messieurs les juges, il apparaît clairement des plaidoiries du Nicaragua et

de la Colombie que la portée des intérêts d’ ordre juridique du Honduras et leur impact dans

l’instance pendante sont un pan important du diffé rend entre le Nicaragua et la Colombie, du fait

notamment de la question du traité de 1986. Si la Cour en venait, comme le Nicaragua le souhaite,

à exclure dès à présent l’existen ce d’intérêts d’ordre juridique du Honduras sans que ce dernier ne

soit «entendu» au cours de la procédure au fond dans l’instance pendante, cela conduirait la Cour à

préjuger au stade d’une procédure incidente de certaines questions juridiques faisant l’objet du

différend entre le Nicaragua et la Colombie.

53
CR 2010/18, p. 25, par. 12 (Boisson de Chazournes).
54CR 2010/19, p. 14, par. 6 (Pellet). - 26 -

23. Je remercie la Cour de son attention et vous prie, Monsieur le président, de donner la

parole à l’agent du Honduras pour les conclusions du deuxième tour de plaidoiries du Honduras.

Le PRESIDENT : Je remercie Mme le prof esseur Laurence Boisson de Chazournes pour son

intervention. Now I invite H.E.Ambassador CarlosLópezContreras, the Agent of Honduras, to

give his concluding remarks.

Mr. LOPEZ CONTRERAS:

C ONCLUDING REMARKS AND SUBMISSIONS

1. Thank you, Mr. President. Mr. President, Me mbers of the Court, first of all, I would like

to express our appreciation to the Court for th e tribute that was paid to the memory of

Professor Luis Ignaçio Sánchez Rodríguez at the beginning of these proceedings. Our delegation is

deeply touched. I also wish to convey our sy mpathy to our Nicaraguan friends for the untimely

loss of Sir Ian Brownlie, who is much missed by all of us.

2. I shall now, Mr. President, conclude our oral presentation concerning the Application for

permission to intervene in the pending case betw een Nicaragua and Colombia, filed pursuant to

Article 62 of the Statute of the Court. The purpose of the Honduran Application was and continues

to be to enable the Court to settle definitivel y the overlapping maritime claims between Honduras,

Nicaragua and Colombia in the area of concern.

3. I wish to reiterate that Honduras has never challenged the authority of the res judicata of

an international decision as others might have done in the past. I reaffirm what I said on Monday

that “[w]e honour our commitment under the United Nations Charter and the Statute of the Court to
55
accept [the 2007] decision as binding and final” .

4. Should the Court accept Honduras’s Application to intervene, it would be in a position to

remove two major uncertainties resulting from the claims of these three States over sovereign rights

and jurisdiction within the maritime area in dis pute in the pending case. The first uncertainty

relates to the determination of sovereignty and ju risdiction over the area east of the 82nd meridian

and north of the 15thparallel. The second concerns the need to identify the tripoint between

55
CR 2010/18, p. 16, para. 12 . - 27 -

Honduras, Colombia and Nicaragua, taking into co nsideration the 1986Treaty. These sovereign

rights and jurisdiction need to be determined by the Court with the participation of the three States.

5. The Honduran Application to intervene meets the requirements provided for in Article 62

of the Statute. Honduras has demonstrated that it has interests of a legal nature which may be

affected by the decision of the Court. The interests that Honduras seeks to protect concern the

maritime area east of the 82ndmeridian and nort h of the delimitation line of the 1986Treaty.

Should the Court not permit our intervention, Hondur as’s interests of a legal nature will inevitably

be affected. In that case, failing to accept Honduras’s intervention would lead the Court to

prejudge at an incidental stage of the proceedings some aspects of the merits of the dispute between

Nicaragua and Colombia.

6. In addition, Honduras has shown that it sa tisfies the condition of jurisdiction required for

intervention as a party, and has identified the precise object of its intervention, as laid down in

Article 81 (c) of the Rules of Court. The basis of juri sdiction existing among the three States is the

Pact of Bogotá.

7. Honduras, Mr. President, having satisfied the conditions, expects to be entitled to benefit

from the power conferred to the Court by the Statute to decide to permit the intervention, either as a

party or, in the alternative, as a non-party.

Mr.President, pursuant to Article60 of the Rules of Court, I shall now read the final

submissions of the Government of the Republic of Honduras.

Having regard to the Application and the oral pleadings,

May it please the Court to permit Honduras:

(1) to intervene as a party in respect of its interests of a legal nature in the area of concern in the

Caribbean Sea (paragraph 17 of the Application) which may be affected by the decision of the

Court; or

(2) in the alternative, to intervene as a non-party with respect of those interests.

A signed copy of the written text of our final submissions has been communicated to the

Court and transmitted to the other parties. - 28 -

To conclude our participation in this stage of the oral proceedings, on my behalf and that of

all the Honduran delegation, I wish to express our deepest appreciation to you, Mr. President, and

to each of the distinguished Judges, for the attention you have kindly given to our presentation. We

thank our friends from Colombia and Nicaragua for their courtesy during these proceedings.

May I also offer our thanks to the Court’s Registrar, his staff and the interpreters.

Thank you very much, Mr. President.

The PRESIDENT: I thank you YourExcellencyAmbassadorCarlos López Contreras, the

Agent of Honduras, for his statement. The Court will meet again tomorrow at 3 p.m. to hear the

second round of oral argument of Nicaragua and Colombia.

The sitting is adjourned.

The Court rose at 3.50 p.m.

___________

Document Long Title

Audience publique tenue le jeudi 21 octobre 2010, à 15 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Owada, président, en l'affaire du Différend territorial et maritime (Nicaragua c. Colombie) - Requête du Honduras à fin d'intervention

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