Non Corrigé
Uncorrected
CR 2010/18
Cour internationale International Court
de Justice of Justice
LAAYE THAEGUE
ANNÉE 2010
Audience publique
tenue le lundi 18 octobre 2010, à 10 heures, au Palais de la Paix,
sous la présidence de M. Owada, président,
en l’affaire du Différend territorial et maritime
(Nicaragua c. Colombie)
Requête du Honduras à fin d’intervention
________________
COMPTE RENDU
________________
YEAR 2010
Public sitting
held on Monday 18 October 2010, at 10 a.m., at the Peace Palace,
President Owada presiding,
in the case concerning the Territorial and Maritime Dispute
(Nicaragua v. Colombia)
Application by Honduras for permission to intervene
____________________
VERBATIM RECORD
____________________ - 2 -
Présents : M. Owada,président
viceMpra,ident
KoMroMa.
Al-Khasawneh
Simma
Abraham
Keith
Sepúlveda-Amor
Bennouna
Crinçade
Yusuf
XuMe mes
Dojnogshue,
CotMM.
jugesaja, ad hoc
Cgeffrrr,
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -
Present: Presiewtada
Vice-Presdenkta
Judges Koroma
Al-Khasawneh
Simma
Abraham
Keith
Sepúlveda-Amor
Bennouna
Cançado Trindade
Yusuf
Xue
Donoghue
Judges ad hoc Cot
Gaja
Registrar Couvreur
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -
Le Gouvernement du Nicaragua est représenté par :
S.Exc.M.CarlosJoséArgüelloGómez, ambassadeur du Nicaragua auprès du Royaume des
Pays-Bas,
comme agent et conseil ;
S. Exc. M. Samuel Santos,
ministre des affaires étrangères du Nicaragua ;
M. Alex Oude Elferink, directeur adjoint de l’Ins titut néerlandais du droit de la mer de l’Université
d’Utrecht,
M.Alain Pellet, professeur à l’Université de ParisOuest, Nanterre-La Défense, membre et ancien
président de la Commission du droit internatio nal, membre associé de l’Institut de droit
international,
M.PaulReichler, avocat au cabinetFoley Hoag LLP, WashingtonD.C., membre des barreaux de
la Cour suprême des Etats-Unis d’Amérique et du district de Columbia,
M.AntonioRemiroBrotóns, professeur de droi t international à l’Universidad Autónoma de
Madrid, membre de l’Institut de droit international,
comme conseils et avocats ;
M.RobinCleverly, M.A., D.Phil, C.Geol, F.G.S., consultant en droit de la mer, Admiralty
Consultancy Services,
M. John Brown, consultant en droit de la mer, Admiralty Consultancy Services,
comme conseillers scientifiques et techniques ;
M. César Vega Masís, directeur, direction des affaires juridiques, de la souveraineté et du territoire,
ministère des affaires étrangères,
M. Julio César Saborio, conseiller juridique au ministère des affaires étrangères,
M. Walner Molina Pérez, conseiller juridique au ministère des affaires étrangères,
Mme Tania Elena Pacheco Blandino, conseiller juridique au ministère des affaires étrangères,
comme conseils;
Mme Clara E. Brillembourg, cabinet Foley Hoag LLP, membre des barreaux du district de
Columbia et de New York,
Mme Carmen Martinez Capdevila, docteur en droit international public à l’Universidad Autónoma
de Madrid,
Mme Alina Miron, chercheur au Centre de droit in ternational de Nanterre (CEDIN), Université de
Paris Ouest, Nanterre-La Défense,
M.EdgardoSobrenesObregon, premier secrétaire à l’ambassade du Nicaragua au Royaume des
Pays-Bas,
comme conseils adjoints. - 5 -
The Government of Nicaragua is represented by:
H.E. Mr. Carlos José Argüello Gómez, Ambassador of Nicaragua to the Kingdom of the
Netherlands,
as Agent and Counsel;
H.E. Mr. Samuel Santos,
Minister for Foreign Affairs of Nicaragua;
MrA. lexOudeElferink, Deputy-Director, Netherlands Institute for the Law of the Sea,
Utrecht University
Mr.AlainPellet, Professor at the University ParisOuest, Nanterre-La Défense, Member and
former Chairman of the International Law Co mmission, associate member of the Institut de
droit international,
Mr.PaulReichler, Attorney-at-Law, Foley Hoag LLP, Washington D.C., Member of the Bars of
the United States Supreme Court and the District of Columbia,
Mr.AntonioRemiroBrotóns, Professor of Intern ational Law, Universidad Autónoma, Madrid;
Member of the Institut de droit international,
as Counsel and Advocates;
Mr.RobinCleverly, M.A., DPh., CGEOL., F.G.S., Law of the Sea Consultant, Admiralty
Consultancy Services,
Mr. John Brown, Law of the Sea Consultant, Admiralty Consultancy Services,
as Scientific and Technical Advisers;
Mr. César Vega Masís, Director of Juridical Affairs, Sovereignty and Territory, Ministry of
Foreign Affairs,
Mr. Julio César Saborio, Juridical Adviser, Ministry of Foreign Affai
rs,
Mr. Walner Molina Pérez, Juridical Adviser, Ministry of Foreign Affairs,
Ms Tania Elena Pacheco Blandino, Juridical Adviser, Ministry of Foreign Affairs,
as Counsel;
Ms Clara E. Brillembourg, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the District of Columbia and
New York,
Ms Carmen Martínez Capdevila, Doctor of Public International Law, Universidad Autónoma,
Madrid
MsAlinaMiron, Researcher, Centre for International Law (CEDIN), University ParisOuest,
Nanterre-La Défense,
Mr. Edgardo Sobenes Obregon, First Secretary, Embassy of Nicaragua in the Kingdom of
the Netherlands,
as Assistant Counsel. - 6 -
Le Gouvernement de la Colombie est représenté par :
S. Exc. Julio Londoño Paredes, professeur de relations internationales à l’Université del Rosario de
Bogotá,
comme agent ;
S. Exc. M. Guillermo Fernández de Soto, président du comité juridique interaméricain, membre de
la Cour permanente d’arbitrage et ancien mini stre des affaires étrangères de la République de
Colombie,
comme coagent ;
M.JamesCrawford, S.C., F.B.A., professeur de droit international à l’Université de Cambridge,
titulaire de la chaire Whewell, membre de l’Institut de droit international, avocat,
M.RodmanR.Bundy, avocat à la Cour d’appel de Paris, membre du barreau de NewYork,
cabinet Eversheds LLP (Paris),
M. Marcelo Kohen, professeur de droit internationa l à l’Institut de hautes études internationales et
du développement de Genève, membre associé de l’Institut de droit international,
comme conseils et avocats ;
S. Exc. M. Francisco José Lloreda Mera, ambassadeur de la République de Colombie auprès du
Royaume des Pays-Bas, représentant permanent de la Colombie auprès de l’OIAC, ancien
ministre d’Etat de la République de Colombie,
M. Eduardo Valencia-Ospina, membre de la Commission du droit international,
S. Exc. Mme Sonia Pereira Portilla, ambassadeur de la République de Colombie auprès de la
République du Honduras,
M. Andelfo García González, professeur de droit inte rnational, ancien ministre adjoint des affaires
étrangères de la République de Colombie,
Mme Victoria E. Pauwels T., ministre-conseiller au ministère des affaires étrangères de la
République de Colombie,
M. Julián Guerrero Orozco, ministre-conseiller à l’ambassade de la République de la Colombie aux
Pays-Bas,
MmeAndreaJiménezHerrera, conseiller au ministère des affaires étrangères de la République de
Colombie,
comme conseillers juridiques ;
M. Thomas Fogh, cartographe, International Mapping,
comme conseiller technique. - 7 -
The Government of Colombia is represented by:
H.E. Mr. Julio Londoño Paredes, Professor of International Relations, Universidad del Rosario,
Bogotá,
as Agent;
H.E. Mr. Guillermo Fernández de Soto, Chair of the Inter-American Juridical Committee, Member
of the Permanent Court of Arbitration and former Minister for Foreign Affairs of the Republic
of Colombia,
as Co-Agent;
Mr.JamesCrawford, S.C., F.B.A., Whewell Professor of International Law, University of
Cambridge, Member of the Institute of International Law, Barrister,
Mr. Rodman R. Bundy, avocat à la Cour d’appel de Paris , Member of the NewYork Bar,
Eversheds LLP, Paris,
Mr.MarceloKohen, Professor of International Law at the Graduate Institute of International and
Development Studies, Geneva; associate member of the Institut de droit international,
as Counsel and Advocates;
H.E. Mr. Francisco José Lloreda Mera, Ambassador of the Republic of Colombia to the Kingdom
of the Netherlands, Permanent Representative of Colombia to the OPCW, former Minister of
State,
Mr. Eduardo Valencia-Ospina, Member of the International Law Commission,
H.E. Ms Sonia Pereira Portilla, Ambassador of the Republic of Colombia to the Republic of
Honduras,
Mr. Andelfo García González, Professor of Interna tional Law, former Deputy Minister for Foreign
Affairs of the Republic of Colombia,
Ms Victoria E. Pauwels T., Minister-Counsellor, Ministry of Foreign Affairs of the Republic of
Colombia,
Mr. Julián Guerrero Orozco, Minister-Counsellor, Embassy of the Republic of Colombia in the
Kingdom of the Netherlands,
Ms Andrea Jiménez Herrera, Counsellor, Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Colombia,
as Legal Advisers;
Mr. Thomas Fogh, Cartographer, International Mapping,
as Technical Adviser. - 8 -
Le Gouvernement du Honduras est représenté par :
S. Exc. M. Carlos López Contreras, ambassadeur, conseiller national au ministère des affaires
étrangères,
comme agent ;
SirMichaelWood, K.C.M.G., membre du barreau d’Angleterre, membre de la Commission du
droit international,
Mme Laurence Boisson de Chazournes, professeur de droit international à l’Université de Genève,
comme conseils et avocats ;
S. Exc. M. Julio Rendón Barnica, ambassadeur, ministère des affaires étrangères,
S. Exc. M. Miguel Tosta Appel, ambassadeur, président de la commission hondurienne de
démarcation au ministère des affaires étrangères,
S. Exc. M. Sergio Acosta, chargé d’affaires a.i. à l’ambassade du Honduras au Royaume des
Pays-Bas,
M. Richard Meese, avocat à la Cour d’appel de Paris,
M. Makane Moïse Mbengue, docteur en droit, maître de conférences à l’Université de Genève,
Mlle Laurie Dimitrov, élève-avocat, barreau de Paris, cabinet Meese,
M. Eran Sthoeger, faculté de droit de la New York University,
comme conseils ;
M. Mario Licona, ministère des affaires étrangères,
comme conseiller technique. - 9 -
The Government of Honduras is represented by:
H.E. Mr. Carlos López Contreras, Ambassador, National Counsellor, Ministry of Foreign Affairs,
Asgent;
SirMichaelWood, K.C.M.G., member of the E nglish Bar, member of the International Law
Commission,
Ms Laurence Boisson de Chazournes, Professor of International Law at the University of Geneva,
as Counsel and Advocates;
H.E. Mr. Julio Rendón Barnica, Ambassador, Ministry of Foreign Affairs,
H.E. Mr. Miguel Tosta Appel, Ambassador, Chairman of the Honduran Demarcation Commission,
Ministry of Foreign Affairs,
H.E. Mr. Sergio Acosta, Chargé d’affaires a.i. at the Embassy of Honduras in the Kingdom of the
Netherlands,
Mr. Richard Meese, avocat à la Cour d’appel de Paris,
Dr. Makane Moïse Mbengue, Senior Lecturer at the University of Geneva,
Miss Laurie Dimitrov, pupil barrister, Paris Bar, Cabinet Meese,
Mr. Eran Sthoeger, Faculty of Law, New York University,
Csounsel;
Mr. Mario Licona, Ministry of Foreign Affairs,
as Technical Adviser. - 10 -
The PRESIDENT: Please be seated. The sitting is open.
Before we start our judicial proceedings today, I would first like to pay solemn tribute, on
behalf of the Court, to the memory of Professo r Luis Ignacio Sánchez Rodriguez, a good friend of
Honduras and one of the advisers of the delegati on of Honduras in a number of cases before this
Court. He sadly passed away on 19 July 2010.
Professor Sánchez Rodriguez was born in Oviedo in 1948 where he studied law.
He was a distinguished professor of interna tional law at the Complutense University of
Madrid. He also taught at various other universities in Spain and abroad, such as the University of
Panthéon-Assas Paris2, the University Interamericana in Puerto Rico, and the United Nations
University for Peace.
ProfessorSánchezRodriguez also participated in a number of cases before this Court. In
particular, he was a member of the Honduran delegation on several occasions, as counsel and
advocate, namely, in the case concerning the Land, Island and Maritime Frontier Dispute
(El Salvador/Honduras: Nicaragua intervening) , the case concerning the Application for Revision
of the Judgment of 11September1992 in the preceding case and, most recently, in the case
concerning Maritime Delimitation between Nicaragua and Honduras in the Caribbean Sea
(Nicaragua v. Honduras).
I would like to invite you to stand and observe a minute’s silence in memory of
Professor Sánchez Rodriguez.
The Court observes a minute’s silence.
The PRESIDENT: Please be seated.
*
The Court meets today pursuant to Article 84, paragraph 2, of the Rules of Court to hear the
oral argument of the Republic of Honduras and the Parties on the question whether the Application
for permission to intervene in the case concerning the Territorial and Maritime Dispute - 11 -
(Nicaragua v. Colombia), filed on 10June2010 by Honduras unde r Article62 of the Statute,
should be granted.
For reasons which he has duly conveyed to me , Judge Skotnikov is unable to be present on
the Bench today.
I note that since the Court does not include upon the Bench a judge of the nationality of
either of the Parties, both Parties have ava iled themselves of the right, under Article31,
paragraph2, of the Statute, to choose a judge ad hoc . Nicaragua originally chose
Mr.MohammedBedjaoui. Following the resignati on of the latter, it chose Mr.GiorgioGaja.
Colombia chose MrY . vesFortier. Following the resignation of MrF . ortier, it chose
Mr. Jean-Pierre Cot.
Article 20 of the Statute provides that “[e]very Member of the Court shall, before taking up
his duties, make a solemn declaration in open court that he will exercise his powers impartially and
conscientiously”. Pursuant to Article 31, paragraph 6, of the Statute, that same provision applies to
judges ad hoc. Mr.Gaja, having participated in the proceedings on preliminary objections in the
present case, and Mr. Cot, having participated in the proceedings on the Application of Costa Rica
for permission to intervene, have both made th eir solemn declaration on those occasions. The two
judges ad hoc are therefore duly installed and need not make another declaration in the present
proceedings.
*
I recalled the principal steps of the procedure so far followed in the case concerning the
Territorial and Maritime Dispute (Nicaragua v. Colombia) at the opening of the oral proceedings,
which were held between 11 and 15 October 2010, wh en the Court heard the oral argument of the
Republic of Costa Rica and the Parties on the request for permission to intervene filed by
CostaRica on 25February2010. I will not repeat them, therefore, this morning. However, the
following elements should be mentioned.
* - 12 -
On 15 May 2003, the Government of Honduras, citing Article 53, paragraph 1, of the Rules
of Court, submitted to the Court a request to be furnished with copies of the pleadings and
documents annexed produced in the case. In accordance with the same provisions, having
ascertained the views of the Parties, the Court granted this request.
*
On 10June2010, Honduras filed an Applicati on for permission to intervene in the case. In
its Application Honduras stated the object of this Application as follows:
“ Firstly, in general terms, to protect the rights of the Republic of Honduras in
the Caribbean Sea by all the legal means ava ilable and, consequently, to make use for
that purpose of the procedure provided for in Article 62 of the Statute of the Court.
Secondly , to inform the Court of the nature of the legal rights and interests of
Honduras which could be affected by the decision of the Court, taking account of the
maritime boundaries claimed by the parties in the case brought before the Court . . .
Thirdly, to request the Court to be perm itted to intervene in the current
proceedings as a State party. In such circumstances, Honduras would recognize the
binding force of the decision that would be rendered. Should the Court not accede to
this request, Honduras requests the Court, in the alternative, for permission to
intervene as a non-party.”
In accordance with Article83, paragraph1, of the Rules of Court, Honduras’s Application
was immediately communicated to Nicaragua a nd Colombia, which were informed that the
President of the Court has fixed 2September 2010 as the time-limit for the filing of Written
Observations by those States.
Both Parties filed their observations within th e time-limits so prescribed. Since Nicaragua
raised an objection to the Application, the Parties and Honduras were notified that the Court would
hold public sittings pursuant to Article 84, paragraph 2, of the Rules of Court to hear the views of
Honduras, the State seeking to intervene, and those of the Parties in the case.
After ascertaining the views of the Parti es, the Court has decided that the Written
Observations of the two Parties on the Application for permission to intervene shall be made
accessible to the public on the opening of the presen t oral proceedings; additionally, those Written
Observations will shortly be posted on the Court’s website. - 13 -
I note the presence at the hearing of the Agen ts, counsel and advocates of both Parties as
well as those of Honduras. In accordance with the arrangements for the organization of the
proceedings which have been decided by the Court, the hearings will comprise a first and a second
round of oral argument. Honduras will be heard first.
During the first round of oral argument, Honduras and each Party will speak for a maximum
of two hours: Honduras will take the floor this morning until 12noon, and on Wednesday
20October2010 Nicaragua will take the floor be tween 9.30a.m. and 11.30a.m., and Colombia
between 11.30 a.m. and 1.30 p.m.
During the second round of oral argument, Honduras and each Party will speak for a
maximum of one hour: Honduras will take the fl oor on Thursday 21 October 2010 between 3 p.m.
and 4p.m., and on Friday 22October2010 Nicar agua will take the floor between 3p.m. and
4 p.m., and Colombia between 4 p.m. and 5 p.m.
*
In this first sitting, Honduras may, if so required, avail itself of a short extension beyond
12 noon, in view of the time taken up by the opening part of these oral proceedings.
I now give the floor to His Excellency Mr. Carlos López Contreras, Agent of Honduras.
Mr. LÓPEZ CONTRERAS:
I.INTRODUCTION
1. Mr. President, Members of the Court, it is a great honour to appear before you, as Agent
of the Republic of Honduras. I also wish to greet our colleagues and friends appearing for
Colombia and Nicaragua.
2. I wish to pay a tribute to ProfessorLu isIgnaçioSánchez Rodríguez, who regretfully
passed away during the preparation of our A pplication. He had assisted Honduras for over
20years, and made important contributions to inte rnational law in different fields. Honduras has
lost a good friend. - 14 -
3. Mr. President, Honduras has appeared before the Court on a number of occasions, dating
back to 1958. This reflects our unswerving commitment to the peaceful settlement of disputes, and
our trust in the International Court of Justice.
4. Honduras also attaches the highest importance to the sanctity of treaties, including
boundary treaties; that is to say, to the principle pacta sunt servanda.
5. Our commitment to international law is al so shown by our determination to settle our
maritime boundaries in accordance with the principl es of international law and the United Nations
Convention on the Law of the Sea; to do so by agreement, whenever possible, and in the spirit of
good neighbourliness. Honduras has successfully, in good faith, negotiated, on the basis of
international law, in order to achieve an equitable solution, maritime delimitations with three of its
neighbours; Colombia, the United Kingdom and Me xico. Where this has not been possible, for
whatever reason, we have welcomed recourse to third-party settlement.
6. In maritime delimitation, an agreement between neighbouring States is the preferred way
of settling boundary disputes, as provided in Articles15, 74 and 83 of the UnitedNations
Convention on the Law of the Sea. This Court, Mr.President, recognized such priority, when it
stated, in the Gulf of Maine case that
“for the delimitation of a maritime boundary ... both conventional and customary
international law accord priority over all others to the criterion that this delimitation
must above all be sought, while always respecting international law, through
agreement between the parties concerned” (I.C.J. Reports 1984, p. 266, para. 22).
7. Over the years, Honduras has sought to fi x its maritime boundaries in the Caribbean Sea,
through agreement whenever possible. Honduras has sought to do so without altering political
geography recognized by the 1928Barcenas-Esgue rra Treaty between Nicaragua and Colombia.
That Treaty clearly resolved the pending territorial questions between the Parties, as was confirmed
by the Court in its Judgment of 13December2007 ( Preliminary Objections, Judgment,
I.C.J. Reports 2007 (II), p.831). Given our geographical vicinity with Colombia, as long ago as
March1975, Colombia, with a view to determining the legal rights of each country in the
Caribbean Sea, presented a formal claim to H onduras, which gave rise to a dispute over our
common maritime boundary. Diplomatic claims an d counter-claims were exchanged until the
parties decided to engage in amicable and good faith negotiations, which culminated in the Treaty - 15 -
concerning Maritime Delimitation, concluded in 1986. This Treaty has been in force since 1999,
and it should remain so. This Treaty recognized that the area north of the 15th parallel and east of
the 82nd meridian involves Honduras’s legitimate rights and interests of a legal nature. We believe
that the Court should take due account of these in terests of a legal nature. It should seek in its
decision in the present case to take full account of Honduras’s rights and interests in the area north
of the 15th parallel and east of the 82nd meridian which were not addressed in its 2007 decision in
the Nicaragua v. Honduras case (I.C.J. Reports 2007 (II), p. 658).
8. At no point before or during the negotia tions leading to the 1986Treaty did Nicaragua
claim sovereign rights over the Serranilla features and their surrounding waters. At the time,
Nicaragua maintained only that it would not recognize any maritime delim itation agreed between
two of its neighbours before it had resolved its te rritorial claim against Colombia. For more than
20 years, Nicaragua tried to block the preferred procedure of bilateral maritime delimitation under
international law and set forth in Articles15, 74 and 83 of the United Nations Convention.
Nicaragua asserted a de facto veto over the legitimate treaty- making power of other sovereign
States.
9. Nicaragua’s first claim to the Serranilla cays and their surrounding waters dates back only
to December 2001, when it lodged its Applicati on in the present proceedings. One may wonder,
where was Nicaragua during the previous 40 years? When during the late 1960s Honduras granted
oil concessions in the area and acted à titre de souverain , Nicaragua remained silent. When
Colombia in the 1980s granted fishing rights to Ja maica in the Serranilla area, Nicaragua remained
silent. When PresidentBelisario Betancourt of Colombia visited the Serranilla cays in 1984 in a
ship of the Colombian Navy, Nicaragua remained silent. When in 1986 Colombia published a map
showing Colombia’s territorial claims in the Caribbean 1, and finally, when Jamaica and Colombia
concluded their 1993Treaty establishing a Join t Regime Area including Serranilla, recognizing
Colombian sovereignty over the cays and full respect for the 1986 Treaty with Honduras, still
Nicaragua remained silent.
1By the Geographical Institute AgustínCodazzi. Asusual practice, counsel for Honduras will not read the
references in the footnotes, but wishes the Court to consider them as part of the proceedings. - 16 -
10. Mr.President, throughout those years, although Honduras and Colombia were engaged
in amicable negotiations, Honduras, and only Honduras, protested those acts by a foreign State that
we considered violated our maritime jurisdicti on. For her part, Colombia was probably led to
consider that Honduras had a better right to t hose areas than Jamaica; conversely, Honduras
considered that Colombia had a better claim th an Jamaica to those maritime spaces. And the
passage of time proved us right. In fact, Jamaica concluded the Maritime Delimitation Treaty with
Colombia in 1993, which fully respected Honduras’s rights and jurisdiction east of the
82nd meridian. Mr. President, the map can be found at tab 1 in the judges’ folders.
11. Mr. President, Nicaragua’s objections to our Application deal mainly with their assertion
that the Judgment of 8October2007 delimite d “the entire maritime boundary”, that our
Application is a “blatant attempt to reopen” a matter that was settled in its entirety with full force of
res judicata ; that the 1986Treaty was amply discussed in the proceedings leading to the
2007 Judgment. But, Mr.President none of this is true. Nicaragua recognizes in its own Written
Observations that “[i]n fact, the Court deliberately chose not to fix an ‘endpoint’ of this boundary” 2
but a boundary that does not have an endpoint, clearly cannot be settled in its entirety. And even a
quick look at the Nicaragua v. Honduras case shows that Nicaragua did not request a ruling over
the 1986 Treaty, and the Court, accordingly, did not rule on it, which leaves unresolved that part of
the boundary east of the 82nd meridian. The 1986 Treaty was not amply discussed.
12. It is my duty, as Agent, to express, at the outset of these intervention proceedings, that
Honduras fully accepts the res judicata of the 2007decision of the Court. We honour our
commitment under the United Nations Charter and the Statute of the Court to accept that decision
as binding and final. That is part of our commit ment to international la w mandated by Article 15
of our Constitution. Fortunately, we are entitle d to exercise our right under Article62 of the
Statute in order to safeguard our interests of a lega l nature that may be affected by the decision in
the present case. Above all, we seek to remove the uncertainty over sovereign rights and
jurisdiction in the area, which must be determined by the Court with the participation of the three
States with claims in the area.
2
WON, para. 9. - 17 -
13. Honduras is of the view that Nicaragua, instead of objecting to our Application, should
welcome it as an opportunity to secure a decision on the matter from the Court, binding on all three
Parties concerned. I would recall that after its 1999Application instituting proceedings against
Honduras, Nicaragua filed another Application agai nst Colombia in 2001. In doing so, Nicaragua
explained why it had not introduced the proceedings simultaneously. It explained that “apart from
the difficulties entailed for a small and poor country to face two major cases before the Court, the
issues in dispute with Colombia are of a . . . diverse nature than those with Honduras” 3. Honduras
believes that today those reasons are no longer valid, if they ever were. Honduras believes that
what matters today is what Nicaragua said in its Application: “Nicaragua has decided to ask the
Court for assistance in removing the legal uncerta inties which still exist in this area of the
Caribbean and thus to enhance the legal security of those seeking to go about their lawful business
4
in the region.” Honduras regrets that Nicaragua seeks to oppose, by invoking an alleged res
judicata, our wish to co-operate.
14. As the Court said in the North Sea Continental Shelf cases, “the parties are under an
obligation to enter into negotiations with a view to arriving at an agreement . . .; they are under an
obligation so to conduct themselves th at the negotiations are meaningful” ( (Federal Republic of
Germany/Denmark; Federal Republic of Germany /Netherlands), Judgment, I.C.J. Reports 1969 ,
p.47, para.85). Yet rather than seeking to ne gotiate, Nicaragua seems to prefer to launch legal
proceedings against its neighbours, without giving negotiation a chance. This appears to be part of
its expansionist maritime policy.
15. I wish to express the importance which Honduras attached to be permitted to intervene as
a party in the present case. Our purpose is to achieve a final settlement, based on international law,
to the outstanding maritime delimitation dispute with our neighbour Nicaragua.
16. In the alternative, what we seek is to intervene as a non-party in order to inform the
Court of our interests of a legal nature that may be affected by the Court’s decision, and thus to
protect those interests. This would not be our pr eferred course, since it could not resolve the issue
definitely, as intervention as a party would.
3
Application filed on 6 Dec. 2001, para. 7.
4Ibid., para. 8. - 18 -
17. Colombia has no objection to our intervention as a non-party and acknowledges that
5
“vis-à-vis Honduras it is bound by the delimitation agreed in the 1986 Treaty . . .” . In this respect,
Colombia also says in its Observations that it “has drawn a line with an arrow to illustrate its claim,
6
to avoid encroaching potential areas in which third countries could have a legal interest” .
18. Since the present State is concerned onl y with permission to intervene, we shall
concentrate in these oral pleadings on the requi rements for intervention, and only touch on the
substance in so far as it is necessary to do so for the purposes of assisting the Court to decide on
our request to intervene.
19. In summary, Mr. President and Members of the Court, the main reason of our appearance
today is that Honduras wishes to end the uncertainty of its maritime borders with Nicaragua and
Colombia, and wishes to be in a position to exploi t safely the resources of its continental shelf and
exclusive economic zone. The purpose of our Appli cation for permission to intervene as a party is
to enable Honduras and the two other States to put an end to such an uncertainty; and that of our
alternative Application to intervene as a non-party is to assist the Court in preserving the rights of
Honduras and the other States to a coherent delimitation with their neighbours. The Court is thus
called to contribute to the certainty, stability and finality of borders in the area.
20. Mr. President, it is regrettable that Nicaragua has seen fit to introduce, at paragraph 38 of
its Written Observations, a purely political matter, irre levant to this case. That matter calls for no
response in these legal proceedings. I simply wish to put on record that Honduras has a
democratically-elected Government, an expression of sovereignty of its people, Honduras, which
represents Honduras at the United Nations.
21. Mr.President, Members of the Court, it remains for me to introduce counsel for
Honduras.
22. Professor Laurence Boisson de Chazournes will first address you on the law and practice
on intervention in proceedings before the Court, and its relevance to this case.
23. SirMichael Wood will then address the factual background to the present intervention,
and Honduras’s request to intervene as a party to the present proceedings. He will show that the
5
Written Observations of Colombia , para. 6.
6Ibid., para. 4. - 19 -
conditions for such intervention are met, and explain why the Court should admit such intervention
in the present case.
24. Professor Laurence Boisson de Chazournes will then show, as a separate and alternative
submission, that the conditions for intervention as a non-party are also met, should the Court decide
not to authorize Honduras to intervene as a party.
25. Mr.President, Members of the Court, I thank you very much for your attention, and
request that you invite Professor Boisson de Chazournes to address you next.
The PRESIDENT: I thank you Your Excellency CarlosLópezContreras for your
presentation. Now I invite to the floor professeur Laurence Boisson de Chazournes.
Mme BOISSON de CHAZOURNES :
D ROIT ET PRATIQUE DE L ’INTERVENTION EN VERTU DE L ’ARTICLE 62 DU S TATUT
Je vous remercie Monsieur le président. C’ est un honneur de me présenter devant votre
illustre Cour pour défendre les intérêts du Honduras.
1. Si nous sommes tous réunis aujourd’hui dans l’enceinte de votre juridiction, il ne fait pas
de doute que c’est pour débattre des intérêts d’ordre juridique du Honduras, intérêts susceptibles
d’être affectés par un jugement au fond dans l’instance pendante entre le Nicaragua et la Colombie.
Tous ici présents, y compris le Nicaragua, s’acco rdent à reconnaître ce fait. Le Honduras
démontrera que des intérêts d’ordre juridique ex istent et qu’ils pourraient être affectés par un
jugement de la Cour.
2. La requête à fin d’intervention du Honduras est admissible 7. Toutefois, usant de
subterfuges juridiques pour ne pas avoir à l’accepter, le Nicaragua a tenté dans ses observations et
tentera très certainement au cours de la présente procédure orale, de déplacer le débat sur le terrain
de la res judicata du jugement d’octobre2007. Or, Monsieur le président, la Cour n’est point
réunie aujourd’hui pour connaître d’un recours en interprétation ou pour connaître d’un recours en
revision du jugement de 2007. La requête du Hondu ras est une requête à fin d’interprétation dans
7 Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya arabe liyenne), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1981, p. 12, par. 17. - 20 -
l’instance pendante entre le Nicaragua et la Colombie. Nous sommes ici strictement dans le cadre
d’une procédure incidente visant à déterminer si la Cour devrait ou non autoriser le Honduras à
intervenir.
3. Le Honduras invite la Cour à accorder une a ttention spéciale et particulière aux intérêts
d’ordre juridique en cause dans la présente procédure. Pour le Honduras, il s’agit d’intérêts vitaux
voire essentiels. Ils ont trait aux droits souverains du Honduras qui, rappelons-le, est un pays pour
lequel l’exploitation de ses ressources naturelles est cruciale. Si les intérêts d’ordre juridique que le
Honduras estime être en cause venaient à être affect és par un jugement de la Cour, il en résulterait
non seulement une remise en cause de certains aspects essentiels de sa souveraineté, mais
également une perturbation du tissu des droits éc onomiques dont bénéficient les ressortissants du
Honduras et les autres personnes et entités autorisée s par le Honduras dans la zone maritime au
e
nord du 15 parallèle. Dans cette même zone, rappelons-le, le Nicaragua prétend avoir des droits
souverains et juridictionnels exclusifs. Pour le Honduras, la délimitation par la Cour des espaces
maritimes entre le Nicaragua, la Colombie et lui- même est le seul moyen de lever l’incertitude en
8
ce domaine tout en assurant la sécurité juridique des activités dans la région .
4. Mesdames et Messieurs les juges, si j’insi ste sur le caractère essentiel des intérêts d’ordre
juridique du Honduras qui pourraient être affectés par un jugement de la Cour dans l’instance
pendante, c’est dans le but de mettre en exergue l’importance des enjeux qui sont en cause dans la
présente procédure. Mais avant tout, je souhaiterais attirer l’attention de la Cour sur le fait que
lorsque de tels enjeux ⎯ des enjeux importants ⎯ sont en cause dans des affaires de délimitation
maritime, ils dictent une «particulière circonspection» ( Compétence en matière de pêcheries
(République fédérale d’Allemagne c. Islande), fond, arrêt, C.I.J. Recueil 1974, p. 10, par. 17, et
9
p.181, par.18) à la Cour en tant qu’or gane judiciaire principal des NationsUnies . La Cour
elle-même est consciente de cette exigence puisqu’elle a reconnu que «en particulier dans le cas de
délimitations maritimes intéressant plusieurs Etats, la protection offerte par l’article59 du Statut
peut ne pas être toujours suffisante» ( Frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le
8Voir la requête du Honduras à fin d’intervention, par. 13.
9Voir sur ce point, E. Jouannet, «L’im possible protection des droits du tiers par la Cour internationale de Justice
dans les affaires de délimitation maritime», dans La mer et son droit. Mélanges offerts à Laurent Lucchini et Jean-Pierre
Queneudec, Pedone, Paris, 2003, p. 316-341. - 21 -
Nigéria (Cameroun c.Nigéria; Guinée équatoria le (intervenant)), arrêt, C.I.J. Recueil 2002,
p. 421, par. 238), et que l’article 59 ne protège pas dans tous les cas suffisamment dit la Cour
«contre les effets ⎯ même indirects ⎯ d’un arrêt» (ibid.) affectant les droits d’un Etat tiers. Le
Honduras est convaincu qu’un arrêt de la Cour dans l’instance pendante entre le Nicaragua et la
Colombie pourrait affecter de manière irréversible ses intérêts d’ordre juridique si la Cour en
arrivait à faire droit à certaines demandes du Nicaragua.
5. Face à un tel risque, le Statut de la Cour offre une protection encore plus importante que
10
celle de l’article59 : c’est la protection offerte par l’artic le62 du Statut. En effet, l’article62
permet à un Etat d’adresser à la Cour une requête à fin d’intervention lorsque ledit Etat estime que,
dans une instance pendante devant la Cour, un intérêt d’ordre juridique est en cause pour lui. Pour
que cette disposition, l’article62, puisse remplir sa fonction de protection de manière effective et
efficace, deux principes sous-tendent l’article 62. Le premier principe repose sur le fait que c’est à
l’Etat qui désire intervenir d’«estimer» si un ou pl usieurs de ses intérêts d’ordre juridique sont en
cause. En d’autres termes, seul le Honduras est à même d’apprécier l’étendue de ses intérêts
d’ordre juridique qui sont en cause dans le di fférend entre le Nicaragua et la Colombie. Ces
derniers Etats ne peuvent pas se substituer au Honduras pour ce faire. Le second principe qui
sous-tend l’article62 est une conséquence nécessaire du premier principe. C’est à l’Etat qui
«estime» qu’un ou plusieurs de ses intérêts d’or dre juridique sont en cause dans une instance
11
pendante, de décider de l’opportunité d’exercer un droit d’intervention devant la Cour .
6. Mes propos porteront sur ces principes que sous-tend l’article62 du Statut. Dans un
premier temps, je mettrai l’accent sur les fondements du droit d’intervention en vertu de l’article 62
et ses implications juridiques dans la présente instance. Puis, dans un second temps, il me
reviendra de présenter à la Cour les formes d’intervention que vise la requête à fin d’intervention
du Honduras.
10
Voir sur ce point, l’opinion dissidente de sir Robert Jennings, Plateau continental (Jamahiriya arabe libyenne/
Malte), requête à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1984, p. 159-160, par. 34.
11Voir sur ce point, S. Torres Bernardez, «L’intervention dans la procédure de la Cour internationale de Justice»,
Recueil des Cours, t. 256 (1995), p. 260-269. - 22 -
Les fondements et implications juridiques du droit d’intervention du Honduras
en vertu de l’article 62 du Statut de la Cour
7. Monsieur le président, ainsi que la Cour l’a souligné dans son arrêt sur les exceptions
préliminaires dans l’affaire Frontière terrestre et maritime en tre le Cameroun et le Nigéria c’est
aux Etats tiers de «décide [r] d’exercer leurs droits à intervention» ( Frontière terrestre et maritime
entre le Cameroun et le Nigéria (Cameroun c.Nigéria), exceptions préliminaires, arrêt,
C.I.J. Recueil 1998, p. 324, par. 116) dans une instance pendante. Cette indication de la part de la
Cour est déterminante. Elle confirme que l’ar ticle62, comme l’article63 du Statut, consacre un
droit d’intervention. Une telle approche trouvait, d’ailleurs, déjà sa place dans les procès-verbaux
des travaux du Comité consultatif de juristes ch argé de l’élaboration du Statut de la Cour
permanente de Justice internationale (CPJI). Lesdits procès-verbaux illustrent clairement que
l’objectif de l’institution de l’intervention était de créer un droit général pour les Etats tiers
d’intervenir dans un litige, soit en prenant cau se pour un des Etats parties au litige, soit en
12
intervenant afin de faire valoir des droits propres . Une étude très étayée, publiée en1927, et
portant sur l’intervention devant la Cour permanente de Justice internationale (CPJI), soutient cette
interprétation. Il y est dit « [t]out le monde était d’accord qu’il fallait ajouter une disposition
reconnaissant le droit d’intervention aux Etats tie rs dans des cas autres que celui de l’article [qui
13
avait déjà été adopté]» , c’est-à-dire l’article 63.
8. Si le Honduras tient à insister sur l’existence d’un droit d’intervention en vertu de
l’article62, ce n’est pas fortuit. Cela implique que lorsqu’un Etat estime que ses intérêts d’ordre
juridique sont en cause dans une instance pendante, la Cour devrait faire respecter ce droit en
autorisant l’intervention. Un parallèle peut être fait entre l’accès à la Cour et l’intervention sur la
base de l’article 62. L’accès à la Cour est un droit pour tous les Etats parties au Statut de la Cour.
La Cour ne peut refuser à un Etat d’avoir accès à la Cour si ledit Etat remplit les conditions posées
par les articles 34 et 35 du Statut. Et bien, il en va de même lorsqu’un Etat souhaite intervenir dans
une instance pendante. La Cour ne saurait en principe lui refuser la possibilité d’intervenir que si et
seulement si, l’intervention de l’Etat ne vise pas à protéger ou sauvegarder un ou des intérêts
12
e Comité consultatif de juristes chargé de l’étude du atut de la Cour Permanente de Justice internationale,
28 séance, procès-verbal (1920), p. 745.
13W. M. Farag, L’intervention devant la Cour permanente de Justice internationale, 1927, p. 57. - 23 -
d’ordre juridique. Le Comité consultatif de juristes auquel je faisais référence il y a un instant, a
bien précisé que le droit d’intervenir est sujet à une et une seule condition : l’existence d’un intérêt
d’ordre juridique 14. Des procès-verbaux du Comité, il ressort clairement que la décision de la
Cour, dont il est fait état au paragraphe 2 de l’article 62, consiste en la vérification de l’existence de
15
l’intérêt ainsi que de la recevabilité générale de la demande . Votre juridiction a d’ailleurs déclaré
dans son arrêt relatif au Plateau continental (Tunisie/Libye) , qu’en raison du fait que l’article62
«envisage … que l’objet visé par l’Etat intervenant soit d’assurer la protection ou la sauvegarde de
son «intérêt d’ordre juridique» ( Plateau continental (Jamahiriya arabe libyenne/Malte), requête à
fin d’intervention, arrêt, C.I.J.Recueil1984, p.18, par.28) 16, la Cour doit simplement «examiner
si l’intervention a ou non pour objet cette protection ou cette sauvegarde» (ibid.). Pour reprendre
les termes de la Cour, il n’est donc pas question d’un «pouvoir discrétionnaire» ( ibid., p.12,
17 18
par. 17) général en la matière et la Cour ne «saurait re fuser la demande d’intervention» lorsque
des intérêts d’ordre juridique d’un Etat tiers sont en cause dans une instance pendante. Ces aspects
sont déterminants, et le Nicaragua semble vouloir les écarter sinon les oublier.
9. En effet, dans ses observations, le Nicara gua demande à la Cour de rejeter la demande
d’intervention du Honduras, prétextant que
«in any event, the Court has been fully informed of the situation in the region in which
Honduras claims to have rights and it decide d on the consequences to draw from that
in the 2007 decision … The Court was informed of all the alleged rights of Honduras
in the Caribbean in the Nicaragua v. Honduras case.» 19
14
e Comité consultatif de juristes chargé de l’étude du Statut de la Cour Permanente de Justice internationale,
28 séance, procès-verbal (1920), p. 746.
15
Ibid.
16
Plateau continental (Jamahiriya arabe libyenne/ Malte), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1984, p.18, par.28. Voir également C.Chinkin, «Thi rd-Party Intervention before the International Court
of Justice», 80 American Journal of International Law (1986), p. 527.
17
S. Rosenne, Intervention in the International Court of Justice , Dordrecht/Boston/London: Martinus Nijhoff
Publishers, 1993, p. 33.
18
e Comité consultatif de juristes chargé de l’étude du Statut de la Cour Permanente de Justice internationale,
28 séance, procès-verbal (1920), p. 746.
19
Observations écrites du Nicaragua sur la requête à fin d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010, par. 35 b). - 24 -
10. Cette assertion laisse pour le moins perp lexe. Depuis quand l’article62 du Statut
engendre-t-il une impossibilité pour un Etat de pouvoir intervenir dans une instance pendante
devant la Cour en raison du motif selon lequel ledi t Etat aurait soit disant déjà informé la Cour de
la nature de ses intérêts juridiques dans une autre instance portant sur un tout autre différend et
impliquant d’autres parties? Si l’on suit jusqu’au bout la logique du Nicaragua, le Honduras ne
pourrait pas demander à intervenir dans le différend entre le Nicaragua et la Colombie, du simple
20
fait qu’il aurait été partie à un différend av ec le Nicaragua durant «presque huit ans» et cela,
rappelons-le, dans une toute autre instance. Quelle confusion ! C’est là une interprétation inédite
et bien étrange du Statut de la Cour que nous livre le Nicaragua. C’est une interprétation qui nie
littéralement l’esprit et la lettre de l’article62, à savoir garantir le dro it d’intervention d’un Etat
lorsque ce dernier «estime» que ses intérêts d’or dre juridique sont en cause dans une instance
pendante et qu’il souhaite les sauvegarder.
11. Par ailleurs, ne pas admettre un droit d’intervention pour le Honduras, a pour effet
pervers de méconnaître la nature incidente de la pr océdure d’intervention. En effet, si la Cour
devait suivre le Nicaragua dans son approche, cela l’amènerait à pr éjuger du fond dans le différend
entre le Nicaragua et la Colombie au stade d’une procédure incidente. Or, la Cour elle-même a
indiqué qu’elle ne saurait préjuger du fond d’ un différend dans le cadre d’une procédure
incidente 21.
12. A ce propos, je souhaite attirer l’attention de la Cour sur le fait que la Colombie, tout au
long de ses écritures 22 dans le différend qui l’oppose au Nicaragua, a insisté sur l’importance pour
la Cour de prendre en considération le traité de délimitation mar itime de 1986 entre la Colombie et
e
le Honduras. La Colombie a bien souligné dans sa duplique, qu’au nord du 15 parallèle, des droits
d’Etats tiers (en l’occurrence ceux du Honduras) pouvaient être affectés par les prétentions
territoriales du Nicaragua. Si la Cour en venait, comme le Nicaragua le souhaite, à exclure dès à
20 Observations écrites du Nicaragua sur la requête à fin d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010, par. 15.
21 Voir par analogie sur la questi on des exceptions préliminaires, Compétence en matière de pêcheries
(République fédérale d’Allemagne c. Islande), compétence de la Cour, C.I.J. Recueil 1973, p. 54, par. 12.
22
Voir le contre-mémoire de la Colombie, vol. I, 11 novembre 2008, par.4.163-4.167, 4.184, 8.33, 8.36,
8.47-8.52, 9.69 et annexe 10 : 1986 Traité de délimitation ma ritime entre la République de Colombie et la République du
Honduras, Recueil des traités des NationsUnies , vol.2093, n oI-36360, p.298; voir également la duplique de la
Colombie, vol. I, 18 juin 2010, par. 2.22, 5.67, 7.52, 7.60, 8.77, 8.79. - 25 -
présent l’existence d’intérêts d’ordre juridique du Honduras sans que ce dernier ne soit «entendu»
au cours de la procédure au fond dans l’instan ce pendante, cela conduirait la Cour à préjuger au
stade d’une procédure incidente de certaines ques tions juridiques soulevées par la Colombie. Au
risque de me répéter, le droit d’intervention tel qu’il a été conçu, a pour objet de sauvegarder les
intérêts d’ordre juridique d’un Etat tiers à une instance pendante devant la Cour, en réservant la
décision au fond jusqu’à ce que la Cour ait pleinement entendu chacune des parties au différend
ainsi que les Etats intervenants sur les divers droits et intérêts en cause.
13. Il suffit donc qu’un Etat estime qu’«un» de ses intérêts d’ordre juridique est en cause
dans une instance pendante , pour qu’il soit en principe autorisé par la Cour à exercer son droit
23
d’intervention. Peu importe de savoir si ledit intérêt d’ordre juridique pourrait être «touché»
24
directement, indirectement, immédiatement, médiatement, profondément, ou encore légèrement .
Comme l’a souligné la Cour, la seule chose qui importe en matière d’intervention en vertu de
l’article 62, c’est que «l’intérêt d’ordre juridique dont il [s’agit soit] un intérêt en jeu dans le procès
et donc un intérêt pouvant être affecté par la décision» ( Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya
arabe libyenne), requête à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1981, p. 14, par. 22 ; les italiques
sont de nous). Et, même à conce voir que la Cour ait été «informée» des intérêts d’ordre juridique
du Honduras lors du différend avec le Nicaragua ⎯ quod non ⎯, si ces intérêts sont en cause dans
une autre instance pendante devant la Cour, le H onduras conserve le droit d’intervenir afin non
seulement d’informer la Cour mais aussi et surtout de préserver ses intérêts. Dans la mesure où ses
intérêts d’ordre juridique sont «en jeu» (ibid.), le Honduras est fermement convaincu qu’il doit être
autorisé à exercer son droit d’intervention dans l’instance pendante. Le Honduras n’a pas à prouver
qu’il détient «des droits qui doivent être protégés, ma is simplement qu’il a un intérêt d’ordre
juridique susceptible d’être affecté pa r la décision à rendre en l’espèce» ( Différend frontalier
terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/H onduras), requête à fin d’intervention, arrêt,
23 Or monétaire pris à Rome en 1943, C.I.J. Recueil 1954, p.32; Différend frontalier terrestre, insulaire et
maritime (El Salvador/Honduras), requête à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1990, p. 115, par. 54.
24Pour reprendre les termes de la plaidoirie de Pierre Lalive, C.I.J., Mémoires, plaidoiries et documents, affaire
du Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya Arabe Libyenne), vol. III, p. 330. - 26 -
C.I.J. Recueil 1990, p.129, par.87) 25. Il doit «seulement démontrer que son intérêt «peut» être
26
affecté et non qu’il le sera ou qu’il le sera nécessairement» (ibid., p. 117, par. 61) .
14. Monsieur le président, permettez-moi de souligner que dès leur origine, le Statut de la
Cour permanente de Justice internationale (CPJI), puis celui de la Cour de céans, ont appréhendé le
droit d’intervention de manière large en n’assortissant quasiment pas l’article62 de conditions
spécifiques. Un rapport de M.JamesBrownSc ott, lequel avait participé aux côtés de
M.ElihuRoot aux travaux du Comité consultatif chargé de l’élaboration du Statut de la Cour
permanente (CPJI), précise que le projet d’article60 (devenu l’article62) «provides that a party
claiming a legal interest in the cause can request the court to permit it to intervene. Undoubtedly
the permission will be granted, provided the request set forth an interest of a legal nature, inasmuch
27
as the court is a judicial, not a political body.»
15. Ce n’est pas tout. La procédure d’interven tion en vertu de l’article 62 ne se limite pas à
conférer aux Etats la libre faculté de décider d’exercer leur droit à intervention. Elle permet
également aux Etats de décider de la forme de leur intervention dans une instance pendante devant
la Cour.
Les formes d’intervention en vertu de l’article 62 du Statut
et la requête à fin d’intervention du Honduras
16. Avant d’aborder la question des form es d’intervention dans la requête à fin
d’intervention du Honduras, il es t opportun de rappeler que l’ins titution de l’intervention est
reconnue dans la quasi-totalité des systèmes ju ridiques. L’étude précitée de M.Farag de1927
indique qu’
«il est des institutions juridiques qui, quoique d’une importance indéniable, ne
trouvent pas le même accueil auprès des différentes législations, pas même auprès de
celles qui remontent à une source commune… Il en est d’autres, telles que la tutelle,
le droit de défense en justice et l’autorité de la chose jugée, qui ont reçu une
consécration universelle plus ou moins uni forme…On ne risquerait pas trop de
s’éloigner de la vérité si l’on faisait rentre r dans cette dernière catégorie l’institution
25
Voir également, requête à fin d’intervention du Honduras, par. 25.
26
Voir également, ibid.
27Cité par S. Rosenne, Intervention in the Inter national Court of Justice , Dordrecht/Boston/London: Martinus
Nijhoff Publishers, 1993, p. 25. - 27 -
de l’intervention du tiers en justice. On trouve cette institution, partout, 28peu près la
même dans son ensemble et avec peu de variations dans les détails.»
Une étude du professeur Habscheid qui avait été présentée à la Cour par le Gouvernement de Malte
lors de la procédure orale relative à la requête à fi n d’intervention de Malte dans le différend sur le
Plateau continental (Tunisie/Libye) révèle que le droit d’intervention peut être considéré comme un
des principes généraux visés pa r l’article38, paragraphe1 c) du Statut de la Cour. Mais ce que
révèle surtout cette étude, c’est que l’interventi on peut prendre plusieurs formes dont une qui nous
intéresse tout particulièrement dans la présente procédure, à savoir l’«intervention principale» 29ou
intervention à titre de partie.
17. Ces diverses considérations que je viens d’énumérer étaient également présentes dans les
travaux du Comité consultatif de juristes chargé de l’élaboration du Statut de la Cour permanente.
Ces travaux démontrent que le Comité a très vite perçu que l’intervention devant la Cour pourrait
revêtir diverses formes. Le rapporteur, M.de La pradelle, explique que «trois cas peuvent se
présenter : une partie peut vouloir se ranger, soit près du demandeur, soit près du défendeur. Une
partie peut faire valoir certains droits qui lui sont propres. Une partie peut demander que l’un des
deux Etats en cause disparaisse parce qu’il n’est pas le véritable dominus du droit qu’il
revendique» 30. La requête du Honduras à fin d’interv ention vise précisément le second cas, celui
dans lequel un Etat souhaite «faire valoir certains droits qui lui sont propres».
18. Mesdames et Messieurs les juges, la prati que et la jurisprudence de la Cour concernant
l’article 62 du Statut et les formes d’intervention qu’il prévoit, ont bien évolué depuis 1981, année
de la première affaire dans la quelle votre Cour a eu à décider formellement d’une demande en
intervention sur la base de l’article62. Il ne vous aura pas échappé que c’est l’émergence des
questions de délimitation maritime qui a conduit à cette évolution du droit de l’intervention. A se
demander d’ailleurs si cette procédure ne serait pas bien adaptée pour les différends portant sur des
questions de délimitation tant maritime que terrestre.
28W. M. Farag, L’intervention devant la Cour permanente de Justice internationale, 1927, p. 11-12.
29Voir document déposé à la fin de la procédure orale re lative à la requête à fin d’intervention, «Les conditions
de l’intervention volontaire dans un procès civil. Etude de théorie générale de la procédure et de droit comparé en vue de
l’interprétation de l’article62 du Statut de la Cinternationale de Justi ce», par W. J. Habscheid, C.I.J., Mémoires,
plaidoiries et documents, affaire du Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya Arabe Libyenne), vol. III, p. 478.
30Comité consultatif de juristes chargé de l’étude du atut de la Cour Permanente de Justice internationale,
28e séance, procès-verbal (1920), p. 745. - 28 -
19. Tel que cela ressort de la pratique et de la jurisprudence de la Cour, derrière l’expression
«faire valoir certains droits qui lui sont pr opres», se profilent deux formes d’intervention:
l’intervention en tant que partie et l’intervention en tant que non-partie.
20. L’arrêt de la Chambre dans l’affaire du Différend frontalier terrestre, insulaire et
maritime (El Salvador/Honduras) (intervention du Nicaragua), apporte des éclaircissements sur ce
point en indiquant que l’article62 du Statut de la Cour permet à un Etat d’intervenir dans une
procédure existante, soit en tant que partie soit en tant que non-partie. Ainsi que l’a déclaré la
Chambre dans cette même affaire :
«Il est donc patent que 1’Etat admis à intervenir dans une instance ne devient
pas aussi une partie en cause du seul fait qu ’il est un intervenant. Réciproquement, il
est vrai que, sous réserve du consentement requis des parties en cause, l’intervenant
n’est pas empêché par sa qualité d’intervenant de devenir lui-même partie au procès.»
(Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras), requête
à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1990, p. 134, par. 99.)
Dans son arrêt sur le fond dans la même affaire, la Chambre a rappelé que pour qu’un intervenant
devienne partie, «le consentement ⎯ consentement ad hoc ou consentement sous la forme d’un
lien de juridiction préexistant ⎯ des parties à l’affaire est indispensable» ( Différend frontalier
terrestre, insulaire et maritime (ESlal vador/Honduras; Nicaragua (intervenant)), arrêt ,
C.I.J. Recueil 1992, p. 610, par. 424).
21. La distinction entre l’intervention en ta nt que partie et l’intervention en tant que
non-partie, sous-jacente dans le Statut, est donc d ésormais consacrée et reconnue dans la pratique
de la Cour. Toutefois, comme je le rappelais, cette distinction entre les deux formes d’intervention
n’est pas pure Œuvre prétorienne puisqu’en réalité elle était déjà envisagée implicitement au
moment de la rédaction de l’artic le62 du Statut de la Cour perman ente de Justice internationale
(CPJI). C’est à la lumière de ces éléments que le Honduras a, pour des raisons que mon collègue
sir Michael Wood et moi-même exposerons, décidé de présenter deux demandes dans sa requête à
fin d’intervention. La première demande ⎯à titre principal ⎯ a trait à une intervention en tant
que partie. La seconde demande ⎯ à titre subsidiaire ⎯ concerne une intervention en tant que
non-partie. - 29 -
22. Mesdames et Messieurs les juges, la re quête du Honduras est pionnière. C’est la
première fois, en effet, dans l’histoire de la Cour qu’un Etat demande à intervenir en tant que partie
à titre principal et en tant que non-partie à titre subsidiaire. Jusqu’à présent les Etats qui ont exercé
leur droit d’intervention devant la Cour en vertu de l’article62 l’ont fait en tant qu’intervenant
non partie. Il convient de noter, au demeurant, que la Colombie et le Nicaragua reconnaissent, dans
leurs observations, l’existence du droit d’intervention en tant que partie si la Cour considère que les
conditions pour une telle intervention sont remplies.
23. Face au caractère inédit de la requête à fin d’intervention du Honduras, se pose la
question de savoir ce que recouvre spécifiquement l’intervention en tant que partie et l’intervention
en tant que non-partie. Il faut avouer que la distinction entre les deux formes d’intervention n’a pas
toujours été claire. A tel point que le juge Elias, dans l’un de ses écrits, s’interrogeait sur le fait de
31
savoir «whether there is such a thing as a non-party intervener» . Ou encore, le juge Oda, dans
une contribution, se posait la question de savoir si «participation qua party is a conditio sine qua
32
non of the institution of intervention» .
24. La jurisprudence précitée en l’affaire du Différend frontalier terrestre, insulaire et
maritime (El Salvador/Honduras) , a permis à la Cour de différencier les deux formes
d’intervention: un intervenant partie serait lié par le jugement de la Cour alors qu’un intervenant
non-partie continuerait de bénéficier de la protection de l’article 59 du Statut (Différend frontalier
terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/H onduras), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1990, p. 135, par. 100) 33.
25. En cas d’existence d’un lien de juridiction, le Honduras pe ut exercer un droit
d’intervention en tant que partie dans l’instance pe ndante entre le Nicaragua et la Colombie. Et en
l’espèce, il y a un lien de juridiction préexistant entre les trois Etats sur lequel sirMichaelWood
31 T.O. Elias, «The Limits of the Right of Intervention in a Case Before the International Court of Justice»,
Völkerrecht als Rechtsordnung Internationale Gerichts barkeit Menschenrechte. Festschrift für Hermann Mosler ,
Springer-Verlag, Berlin/Heidelberg/New York, 1983, p. 168.
32 Sh. Oda, «Intervention in the International Cour t of Justice. Article 62 and 63 of the Statute», Völkerrecht als
Rechtsordnung Internationale Gerichtsbarkeit Me nschenrechte. Festschrift für Hermann Mosler , Springer-Verlag,
Berlin/Heidelberg/New York, 1983, p. 641.
33 Voir également P.Palchetti, «Opening the Internationa l Court of Justice to Third States: Intervention and
Beyond», 6 Max Planck Yearbook of United Nations Law (2002), 139-181, p. 142. - 30 -
reviendra. L’intervention consiste alors pour l’intervenant à faire valoir un droit propre concernant
l’objet du litige et à «s’interposer» pour cette raison dans le procès 34.
26. Si le Honduras, au travers de sa requête à fin d’intervention, a jugé nécessaire de faire
deux demandes d’intervention formelles et distinct es, c’est parce qu’il est convaincu que chacun
des deux types d’intervention remp lit une fonction différente. L’in tervention en tant que partie
permet à la Cour de rendre un jugement avec force obligatoire et définitive et dès lors de se
prononcer sur les droits de l’Etat intervenant en même temps que sur ceux des autres Etats parties à
l’instance. L’intervention en tant que non-partie ne s’inscrit pas dans cette logique: le rôle d’un
intervenant non-partie à une affaire soumise à la Cour est de faire connaître à celle-ci sa position,
afin de lui permettre d’éviter, dans sa décision, tout empiétement sur des prétentions crédibles du
35
tiers, et donc de sauvegarder les droits d’un Et at tiers sans pour autant se prononcer à leur égard .
L’intervention en tant que non-partie vise donc à permettre la préservation des droits et intérêts.
27. L’intervention en tant que partie, quant à elle, vise à autoriser la détermination des droits
et intérêts. Pour paraphraser la Cour c’est une intervention par laquelle l’Etat intervenant
«cherch[e] à obtenir une décision judiciaire sur [s]es propres demandes» (Différend frontalier
terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/H onduras), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1990, p. 131, par. 92).
28. Dans l’hypothèse où la Cour autoriserait le Honduras à intervenir comme partie, votre
juridiction pourra «exercer sa fonction judiciaire» 36 à l’égard du Honduras, c’est-à-dire se
prononcer conformément au droit international sur les prétentions du Honduras à une délimitation
maritime prenant en compte le traité de délim itation de 1986 qui lie le Honduras et la Colombie.
Le recours à une telle procédure permettrait ainsi à la Cour de délimiter de manière définitive les
frontières maritimes entre le Nicaragua, la Colo mbie et le Honduras dans la zone maritime
concernée. Toutefois, en cas de rejet de la demande à titre principal du Honduras, le Honduras
34 Voir document déposé à la fin de la procédure orale re lative à la requête à fin d’intervention, «Les conditions
de l’intervention volontaire dans un procès civil. Etude de théorie générale de la procédure et de droit comparé en vue de
l’interprétation de l’article62 du Statut de la Cointernationale de Justice» (par W. J. Habscheid),C.I.J., Mémoires,
plaidoiries et documents, affaire du Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya arabe libyenne), vol. III, p. 478.
35 Frontière terrestre et maritime entr e le Cameroun et le Nigéria (Camer oun c. Nigéria; Guinée équatoriale
(intervenant)), arrêt, C.I.J. Recueil 2002, p. 418, par. 230.
36 Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Croatie c.Serbie),
exceptions préliminaires, arrêt, C.I.J. Recueil 2008, p. 433, par. 67. - 31 -
invite respectueusement la Cour à l’autoriser à intervenir en tant que non-partie afin que la Cour, en
faisant droit aux prétentions des parties à l’instance pendante, préserve les droits du Honduras à une
délimitation maritime dans la région.
29. Monsieur le président, le fait que le Honduras ait demandé à intervenir en tant que
non-partie à titre subsidiaire ne réduit en rien l’importance aux yeux du Honduras de pouvoir
bénéficier d’un tel statut. En effet, la protection visée à l’article 62 du Statut n’est pas limitée à une
seule option en matière d’intervention. Un Etat peut recourir à toutes les options couvertes par
37
l’article62 et la Cour «décide». La Cour en tant que «gardienne» du Statut a autant le pouvoir
que le devoir procédural de décider sur chacune des demandes d’intervention présentées par le
Honduras au titre de sa requête à fin d’intervention.
Je remercie la Cour de son attention et vous prie, Monsieur le président, de bien vouloir
donner la parole à mon collègue sir Michael Wood.
The PRESIDENT: I thank Professor BoissondeChazournes for her presentation. I now
invite to the floor Sir Michael Wood, to make his presentation.
Sir Michael WOOD:
FACTUAL BACKGROUND TO H ONDURAS ’ APPLICATION TO INTERVENE AND H ONDURAS ’
A PPLICATION TO INTERVENE AS A PARTY
1. Mr. President, Members of the Court, it is a great honour to appear on behalf of Honduras.
2. My colleague, ProfessorBoisson deChazournes, has described the legal principles
applicable to intervention, including intervention as a party. I shall explain why, based on those
principles, the Court should permit Honduras to intervene, as a party, in the present case.
Mr.President, this is the first ti me that a State has sought to inte rvene as a party in proceedings
before the International Court of Justice, but the novelty of the request is not a reason to decide
against it. There are, in fact, good reasons whyparty intervention is appropriate in certain cases,
especially in those concerning maritime delimitation, where there is jurisdiction, and where the
intervening State wishes to see its legal interests, at issue in the case, determined once and for all.
37Par analogie avec le terme anglais «guardian» utilisé par la Cour dans Northern Cameroons
(Cameroon v. United Kingdom), Preliminary Objections, Judgment of 2 December 1963, I.C J. Reports 1963, p. 29. - 32 -
3. But before turning to our request to intervene as a party, it is necessary to say a few words
about the factual background to our Application, including the present state of the proceedings
between Nicaragua and Colombia.
4. Mr.President, it was Nicaragua that objected to Honduras’s request to intervene.
Colombia, on the other hand, did not raise objection. It was Nicaragua, therefore, which stimulated
the present permission hearing. Yet in its Wr itten Observations in response to Honduras,
Nicaragua largely ignored the requirements fo r intervention, concentrating instead on the
accusation that we were ignoring the res judicata of your 2007 Judgment. Beyond that, Nicaragua
has not yet given any real indication of its reasons for objecting. I have to say, however, that it
would appear from some of Nicaragua’s arguments last week that, in its view, there are no
38
circumstances in which intervention should be permitted in a maritime delimitation case .
I. Factual background to Honduras’s Application to intervene
5. Mr. President, the Court is already familia r with the history and the geography of the
relevant part of the Caribbean Sea. These matte rs have been much di scussed in the present case,
39
and they were described in your Judgment of 2007 . At this stage, I only wish to draw attention to
certain matters that are particularly relevant to the request to intervene. They include the existing
maritime boundaries in the region, and the current state of the present proceedings.
Existing maritime boundaries in the region
6. From the point of view of maritime delim itation, the area of the Caribbean with which the
present case is concerned is particularly complex. Indeed, it seems to have become more so as
these proceedings have developed, especially in light of the claims now put forward by the Parties.
In a maritime area such as this, a crowded maritime area, in a semi-enclosed sea, fulfilment in good
faith of the obligation to negotiate maritime deli mitation agreements assumes special importance.
It is vital for security and stability, and for the avoidance of disputes over sensitive issues affecting
sovereign rights and jurisdiction.
38
CR 2010/17, p. 23, para. 20 (Crawford).
39Territorial and Maritime Dispute between Nicaragua and Honduras in the Caribbean Sea (Nicaragua v.
Honduras), Judgment, I.C.J. Reports 2007 (II), pp. 669-672, paras. 20-30 and pp. 673-685, paras. 33-71. - 33 -
7. I should like to recall the considerable efforts Honduras has made to reach agreement with
its neighbours on the delimitation of its maritime zo nes, and to do so on the basis of international
law, in order to achieve an equitable solution. Honduras concluded agreements with Colombia, in
1986 40; with the United Kingdom, in respect of the Cayman Islands, in 2001 41; and with Mexico,
in 2005 42. All these agreements are in force. In addition, of course, the maritime boundary
between Honduras and Nicaragua was partially delimited by this Court in 2007.
8. Of all the States in the region, Colombia has been the most active in negotiating maritime
boundary agreements. Agreements have been concluded with Panama (1976) 43, with Costa Rica
(1977) 44, with the Dominican Republic (1978) 45, with Haiti (1978) , with Honduras (1986) , and 47
48
with Jamaica (1993) .
9. Of all States in this part of the Caribbean , it is Nicaragua that seems to have been most
reluctant to negotiate maritime boundary agreemen ts. As the Agent of Honduras has just said,
Nicaragua apparently prefers to launch legal proceedings against its neighbours, rather than to
negotiate.
10. Among the agreements I have just mentioned, the 1986 Maritime Delimitation Treaty
between Honduras and Colombia 49 is of particular importance for the present Application to
intervene. A copy of the text of this Treaty is in your folders at tab 7. As the Agent of Honduras
explained this morning, this is a treaty in fo rce between Honduras and Colombia. Both Honduras
and Colombia intend that it should remain in force. It was a very carefully negotiated agreement.
The negotiating parties had to take into consideration various features, including islands, cays and
banks, the appurtenance of which was disputed. The Treaty, which entered into force in 1999,
40
International Maritime Boundaries (“IMB”), Vol. I, pp. 517-518.
41
49 LOS Bulletin 60 (2002); IMB Vol. V, pp. 3564-3574.
42
To be published in IMB, Vol. VI.
43IMB, Vol. I, pp. 532-535.
44Ibid., pp. 474-476.
45Ibid., pp. 488-490.
46Ibid., pp. 500-502.
47
2093 United Nations Treaty Series (UNTS) 292, I-36360; IMB, Vol. I, pp. 517-518. Reproduced at tab 7.
48
26 LOS Bulletin 50 (194); IMB, Vol. III, pp. 2200-2204.
49
IMB, Vol. I, pp. 517-518. - 34 -
represents an historic compromise, and Honduras has an important and specific “interest of a legal
nature” in its continuation in force. The significance of the Treaty goes well beyond maritime
delimitation. It is, above all, a factor for stability and peace in the region.
11. Article I of the 1986 Treaty defines a single maritime boundary between the two States.
This is illustrated on the sketch-map at tab3 in the folders. Starting from the 82ndmeridian, the
50
boundary goes due east along the 15th parallel until it reaches meridian 79° 56' 00". It then turns
due north along that meridian. Some distance to the north, it turns to follow an approximate arc to
the west of some cays and Serranilla Bank, until it reaches a point north of the cays. From that
point, it continues due east along latitude 16°4' 15" “up to a point where a delimitation must be
made with a third State”. Put another way and looking at the map in tab 3, it continues along the
northern limit of what you see there as the “Joint Regime Area”.
12. ArticleIII of the 1986 Treaty is important. It makes it clear that each party may have
rights and interests on the other side of the boundary established by the Treaty. It deals with the
exploitation of cross-border resource deposits.
13. Mr. President, another important ag reement for our purposes is the 1993 Maritime
51
Delimitation Treaty between Colombia and Jamaica . The importance of this Treaty is that it fully
respects the delimitation line established by the 1986 Treaty between Honduras and Colombia. It is
clear from the depiction on the sketch-map in your folders, again at tab3. The Treaty, which
entered into force as long ago as 1994, makes deta iled provision for a Joint Regime Area in the
vicinity of Serranilla cays. It also provides for a Joint Commission. It is clear that, in concluding
this Treaty, Jamaica and Colombia took full account of the pre-existing 1986 Treaty between
Honduras and Colombia.
The present proceedings
14. Mr.President, I now need to say a word about the present case brought by Nicaragua
against Colombia ⎯ though the Court is, of course, fully acquainted with it. Honduras has
requested and been furnished with copies of th e written pleadings. It is not, of course, for
50
In fact, along latitude 14° 59' 08". For ease of reference, this is referred to as the 15th parallel.
5IMB, Vol. III, pp. 2200-2204. - 35 -
Honduras to express a view, at this stage at least, on the merits or otherwise of the claims of
Nicaragua and Colombia vis-à-vis each other. But as the case has developed, it has become more
and more evident that the claims of Nicaragua, and indeed of Colombia, potentially encroach on
maritime areas where Honduras may have — indeed does have — interests of a legal nature, which
may therefore be affected by the decision of the Court in this case.
15. According to Nicaragua, the 2007Prelim inary Objections Judgment “provoked her to
review her general position and to undertake a more detailed analysis of the question of
delimitation” 52. As a result Nicaragua’s Reply of Se ptember2009 adopts a radically different
stance from that taken in its Memorial. Nicaragua now asks the Court to delimit, no longer a single
maritime boundary, but a continental shelf boundary, saying at the same time that “the result of this
delimitation will be to completely delimit the ma ritime areas appertaining to Nicaragua and to
Colombia and hence will be the only pertinent or single maritime boundary affecting the parties” 53.
16. The area which Nicaragua now considers to be the area to be delimited is shown in
54
Figure3.1 of its Reply : and for convenience we have re produced Figure3.1 at tab4 of the
folders. In its Reply, Nicaragua describes this de limitation area, as it calls it, as consisting of “the
area between the mainland coasts of Nicaragua and Colombia”: it goes on to say that “[t]he
delimitation area stretches in the north from Cape Gracias a Dios on the Nicaraguan coast, through
55
the cays of Serranilla and Bajo Nuevo to Punta Gallinas on the Colombian coast” . It is evident
from this description, and from a glance at Figure 3.1, that Honduras has interests of a legal nature
in the north of this “delimitation area” that may be affected by the Court’s decision in the case.
17. In addition, the present state of the pro ceedings between Nicaragua and Colombia gives
rise to major uncertainties, which reinforce the concerns of Honduras, and make its request to
intervention as a party even more pressing. It is clear where the outer limit of Nicaragua’s
continental shelf claim is locat ed, well within Colombia’s 200-m ile exclusive economic zone, but
what are we to make of the lateral limits of its claim, to the south and, of particular concern to
52RN, para. 25.
53
Ibid., para. 26.
54
Ibid., para. 3.7, and Part II, Fig. 3.1.
55Ibid., para. 3.1. - 36 -
Honduras, to the north? Another uncertainty is to know what Nicaragua now claims in respect of
the water column. Is it, or is it not, claiming a boundary with Colo mbia in the water column, and,
if so, where? At the hearing last Friday, counsel for Nicaragua said that
“[t]he consequence of the adoption by th e Court of [Nicaragua’s claimed] boundary
with Colombia , is that, as between those two States only, the waters on the
Nicaraguan, or western side of the b oundary would appertain to Nicaragua not
Colombia” . 56
Mr.President, Members of the Court, what does th at mean? There are uncertainties in this case
that give rise to grave concerns for us.
II. Honduras is entitled to intervene as a party
18. Mr.President, that concludes the section of my statement dealing with the background
facts. I will now turn therefore to the App lication to intervene lodged by Honduras, and in
particular to that part which seeks permission to intervene as a party.
19. Mr. President, as we have said, this is the first time that a State has sought to intervene as
a party under Article62 of the Statute. As we understand it, the essential difference between
intervention as a party and intervention as a non-part y is that a party intervener will be bound,
vis-à-vis the other parties to the case, by the Cour t’s decision on the specific point or points on
which the intervention was permitted, and that the other parties will be similarly bound vis-à-vis
the intervening State. In other words, Article59 of the Statute and Article94 of the Charter will
apply.
20. Mr. President, Honduras seeks to intervene as a party in this case because it believes that
only intervention as a party can bring legal certaint y to a maritime area, which has already been
delimited as between Colombia and Honduras, and wh ich is directly at issue in the present case.
We want to bring to an end, once and for all, the uncertainties surrounding Honduras’s sovereign
rights and jurisdiction in the area. If Honduras were to intervene as a non-party, in order to bring
our interests of a legal nature to the Court’s attention, that would of course help to protect those
interests. But it would not provide Honduras with the legal certainty that it seeks.
56
CR 2010/16, p. 22, para. 15 (Reichler). - 37 -
Nicaragua’s Written Observations
21. Mr.President, I will now address Nicaragua’s Written Observations on our Application
57
to intervene . Nicaragua asserts that our Application “fails on two grounds”. First, because we
have failed to identify any interest of a legal nature which may be affected by the Court’s decision.
58
And second because our Application is “barred by the principles of res judicata” . As presented
by Nicaragua, these are not in fact separate grounds. They both turn on a single, false assertion,
endlessly repeated ⎯ that the 2007Judgment of the Court “settled the entire Caribbean Sea
59
boundary between Nicaragua and Honduras” . As I shall explain, the Court made no such
determination east of the 82nd meridian.
22. Mr.President, as the Agent of Honduras ma de clear this morning, Honduras in no way
seeks to reopen the res judicata of the 2007 Judgment. Nor could it. The principle of res judicata
is central to the judicial process, and Honduras accepts in full the effect of Article 60 of the Statute.
But it is important properly to un derstand the meaning and scope of res judicata. This Nicaragua
signally fails to do.
theIn23. Genocide Convention case of 2007, the Court explained that
“in respect of a particular judgment it may be necessary to distinguish between, first,
the issues which have been decided with the force of res judicata , or which are
necessarily entailed in the decision of tho se issues; secondly any peripheral or
subsidiary matters, or obiter dicta; and finally matters which have not been ruled
upon at all” 60.
The Court recalled at the same time:
“[i]f a matter has not in fact been determ ined, expressly or by necessary implication,
then no force of res judicata attaches to it; and a general finding may have to be read
in context in order to ascertain whether a pa rticular matter is or is not contained in
61
it” .
5Colombia has indicated no objection to Honduras’s App lication to intervene; Written Observations of
Colombia, sixth para.
5Written Observations of Nicaragua (“WON”), para. 29.
5WON, para.3. See, also, paras. 16 and 19, “the entire maritime boundary between Nicaragua and Honduras”.
At para. 30, Nicaragua phrases it slightly differently, sa ying that the 2007 decision “determined completely the maritime
border between Nicaragua and Honduras subject to the rights of third parties ”; emphasis added: but even this is not an
accurate statement of what the Court actually decided.
6Application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide (Bosnia and
Herzegovina v. Serbia and Montenegro), Judgment, I.C.J. Reports 2007 (I) , p. 95, para. 126 (available at http://www.icj-
cij.org/docket/files/91/13685.pdf).
6Ibid. - 38 -
T2he. res judicata of the 2007 Judgment needs to be assessed and determined in light of
these principles set forth by the Court in its case law. The fact is that, in its Written Observations,
Nicaragua wholly distorts the res judicata principle. In no sense can it be said that the Judgment of
2007 settled “the entire Caribbean Sea Boundary between Nicaragua and Honduras” 62.
25. Mr. President, the res judicata of the 2007 Judgment is contained in, and limited to, the
dispositif set forth in paragraph 321. Point (3) of the operative part (dispositif) provides, inter alia,
that “From point F, [the boundary line] shall continue along the line having the azimuth of
70°1441.25 until it reaches the area where the rights of third States may be affected.”
(I.C.J. Reports 2007 (II), p.763.) PointF is the point where the 12 nautical mile arc around
SouthCay mees the azimuth. This point is located approximately 20nautical miles west of the
82nd meridian. The language is clear. What the Court decided was that the sin
gle maritime
boundary between Nicaragua and Hondur as runs from point F until it reaches the area [la zone, in
French] where the rights of third States risk being affected. It did not decide that the line continued
along the azimuth until it reached a tripoint with a third State, but only until it reached the area
where the rights of third States might be affected. The Court did not refer to the point where the
jurisdiction of a third State is reached. Instead , it spoke in terms of reaching the area where the
rights of third States may be affected. The Court used cautious wording ⎯ “until [the boundary
line] reaches the area where the rights of third States may be affected” (this is also the formula used
in the later Romania v. Ukraine Judgment 63).
26. And this formula contrasts with the Court’s approach in earlier cases, where the Court
did expressly determine the full line, even while leaving the precise coordinates of the endpoint
undetermined. I would refer, for example, to the language used in the 2001 Judgment in the case
between Qatar and Bahrain 64.
6WON, para. 16.
63
Maritime Delimitation in the Black Sea (Romania v. Ukraine), I.C.J. Reports 2009, p131, para.219 (available
at http://www.icj-cij.org/docket/files/132/14987.pdf).
64
The Court held that “Below point 1, the single maritime boundary shall follow, in a south-westerly direction, a
loxodrome having an azimuth of 234° 16 53, until it meets the delimitation line between the respective maritime zones of
Saudi Arabia on the one hand and of Bahrain and Qatar on the other. Beyond point 42, the single maritime boundary
shall follow, in a north-north-easterlydirection, a loxodrome having an azimuth of 12° 15 12, until it meets the
delimitation line between the respective maritime zones of Ira n on the one hand and of Bahrain and Qatar on the other.”
(Maritime Delimitation and Territorial Ques tions between Qatar and Bahrain (Qatar v. Bahrain), Merits, Judgment,
I.C.J. Reports 2001, p. 116, para. 250). - 39 -
27. Moreover, the Court did not, in its 2007 Judgment, indicate the location of the area ( la
zone) where the rights of third States might be affected. The Court was careful not to indicate
whether or not the point where the area in ques tion would be reached lay to the east of the
82ndmeridian. The sketch-maps accompanying the Judgment confirm this. If we look, for
example, at sketch-map8 from the Judgment, which you will find at tab5 in your folders, the
65
arrow stops at the 82nd meridian . The arrow may indicate that the boundary could go beyond the
82ndmeridian before it reaches the area where the interests of third States may be affected. But
the Court made no decision to that effect. The fact that the arrow stops at the 82nd meridian
together with the wording of the dispositif indicates that the Court has made no decision about the
area lying east of that meridian. As counsel fo r Nicaragua said last Wednesday, such an arrow
“indicates only the direction that the line follows up to, but not beyond, areas claimed by another
66
State” .
28. Nicaragua tries to bolster its res judicata argument by referring to paragraphs 306 to 319
of the 2007 Judgment, and especially to paragraph 319. This argument fails on two grounds. First,
paragraphs 306 to 319 are not part of the res judicata. Second, they do not in any event say what
Nicaragua claims that they say.
29. These paragraphs are not part of the res judicata. In paragraph319, which is the
paragraph chiefly relied upon by Nicara gua, the Court was dealing with the method it could use to
determine the maritime boundary between Honduras a nd Nicaragua. Paragraph319 is the logical
continuation of what the Court said in paragraph 314 concerning possible options available to it.
30. In paragraph319, the Court simply stated one method that it could apply. It did not
decide anything with the force of res judicata. The Court declared: “The Court may [ peut, in
French] accordingly... delimit the maritime boundary and state that it extends beyond the
82ndmeridian without affecting third-State rights.” ( Nicaragua v. Honduras, I.C.J. Reports
2007 (II), p. 759.) That is not the language of res judicata. The Court was not ruling on a specific
matter. It was indicating to the parties the methodology it could use without prejudging a final
endpoint, and without prejudging which State or States could be considered as third States. Thus,
65
Contrary to what is said in WON (para. 9), no arrow appears on sketch-map 7.
6CR 2010/13, p. 34, para. 20 (Reichler). - 40 -
in paragraph 319 there are no “matters which have been ruled upon at all”, nor matters which have
“been determined, expressly or by necessary implication” to use the language of the Genocide case.
Paragraph 319 contains no matters which can be considered as res judicata 67.
31. Moreover, Mr. President, the paragraphs relied upon by Nicaragua do not at all say what
Nicaragua claims they say. They do not est ablish that, and I quote from Nicaragua’s Written
Observations, “the Judgment of the Court clearly indicates that the undefined terminus of the
boundary is located east of the 82nd meridian”; nor does “the judgment specify that the undefined
terminus is on the [70° 14' 41.25"] azimuth”; nor does the Judgment establish ‘that there cannot be
a maritime boundary between Nicaragua and Honduras to the south of this azimuth’ 68. Nicaragua’s
Written Observations are based on a misreading of the Judgment. Nicaragua simply fails to
distinguish between, first, the endpoint of the delimitation line actually determined by the Court in
the 2007 judgment (which is the point ⎯ unspecified ⎯ at which on the azimuth where the line
reaches the area (la zone) where the interests of third States may be affected), and, second, the final
endpoint of the maritime boundary between Nicaragu a and Honduras, which will be a tripoint with
a third State, but which was in no way determined by the Court in 2007. The final endpoint of the
Nicaragua-Honduras maritime boundary has not been determined by the Court, which moreover
did not specify that that final endpoint would lie on the azimuth. Beyond the point where the
azimuth reaches the area where the rights of third States may be affected, nothing has been decided.
32. Nor did the Court decide anything at a ll about another key issue raised in Honduras’s
Application to intervene ⎯ the current status and effect of the 1986 Maritime Delimitation
Agreement between Honduras and Colombia. In the Nicaragua v. Honduras case, the Court was
not asked to make any pronouncement on the legal effect of that Treaty, and it did not decide that
6Application of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide (Bosnia and
Herzegovina v. Serbia and Montenegro ),Judgment, I.C.J.Reports 2007 (I95,ppara. 126 (available at http://www.icj-
cij.org/docket/files/91/13685.pdf).
6WON, para. 19. - 41 -
issue in its 2007 Judgment. Nor was the Court ask ed to determine which are the third State or
States concerned by the 2007 Judgment, and it made no finding in that respect 69.
70
33. Therefore, for the “purposes of the case” and between “Colombia and Honduras” , the
Court did not in 2007 settle the issues which ar e being raised in Honduras’s Application to
intervene as a party. Those issues are new issues which did not form the subject-matter of the 2007
71
Judgment, and are not governed by the res judicata .
34. To conclude on this point, Mr. President, Members of the Court, the 2007 Judgment says
nothing with regard to the tripoint that Honduras now intends to ask the Court to fix between
Honduras, Nicaragua and Colombia. Colombia was not a party to the case between Nicaragua and
Honduras. The Court was thus not able to decide on such a tripoint. It is obvious that without a
decision on a tripoint, there can be no finality on the rights of the three States concerned. The
2007 Judgment is therefore neither dispositive nor obligatory in that respect.
35. In short, Mr.President, important aspects of the subject-matter of the dispute between
Nicaragua and Colombia that is now before the Court and which affect the legal interests of
Honduras were not addressed in the 2007 Judgment and are not governed by the res judicata in that
Judgment. We are here dealing with a different subject-matter, different parties, and a different
cause of action.
The conditions for intervention as a party
36. Mr.President, Members of the Court, having dealt with such points as there are in
Nicaragua’s Written Observations, I would return to the three matters. Please.
6The Court was not asked (as indicated in Honduras’s App lication to intervene) “de déterminer le tracé de la
frontière maritime entre les trois Etats dans la zone mariti me située dans l’angle nord-ouest de la carte nicaraguayenne
jointe à sa réplique ainsi que le point triple sur la lignfrontière du traité de 1986” (see para.24). See, also, the
dissenting opinion of Judge ad hoc Torres-Bernárdez: “the dispute regarding the treaty in question was not included by
the Applicant, Nicaragua, within the subject of the dispute as defined in its Application instituting these proceedings, nor
did it ask the Court, in its final submissions, to rule on any legal aspect of the dispute between the Parties concerning that
treaty” ( Territorial and Maritime Dispute between Nica ragua and Honduras in the Caribbean Sea (Nicaragua v.
Honduras, I.C.J. Reports 2007 (II), p. 825, para. 157).
70
See the wording of the Genocide Convention case.
71
This is similar to what happened in the Haya de la Torre case, in which the Court said that the Judgment in the
Asylum case was not final with regard to the method for termin ating the asylum, because the parties never asked the
Court to determine such a method. According to the Court, “the question of the surrender of the refugee was not decided
by the Judgment of November 20th. This question is new . . .. There is consequently no res judicata upon the question
of surrender.” (Haya de la Torre, Judgment, I.C.J. Reports 1951, p. 80; emphasis added). - 42 -
The PRESIDENT: SirMichaelWood, how many more minutes would you require for
completing. I am somewhat worried about the time, the duration that we have already spent on the
first part of the oral proceedings. You have the time naturally, what I am thinking about is where
do we have the coffee break, if that’s all right?
SirMichaelWOOD: I think this would be a very good place, a very good moment for the
Court to have a coffee break.
The PRESIDENT: Thank you, Sir Michael Wood, for your co-operation. We will continue
after a very short coffee break of ten minutes, and then we will come back. I think this is a good
point where we can break and then come back. Thank you.
The Court adjourned from 11.30 to 11.45 a.m.
The PRESIDENT: Please be seated. Now, Sir Michael, you can resume your presentation.
Sir Michael WOOD: Thank you, Mr. President. I now come to the three matters required by
Article81 of the Rules of Court to be set out in the Application: the “interest of a legal nature
which the State applying to intervene considers ma y be affected by the decision”; the “precise
object of the intervention”; and the “basis of jurisdiction”.
Interests of a legal nature that Honduras considers may be affected by the decision in the case
37. The first requirement for intervention as a party under Article 62 of the Statute is that the
intervening party “consider[s] that it has an interest of a legal nature which may be affected by the
decision in the case”. This interest may be the very subject-matter of the case. But it need not be.
38. As I have already mentioned, in the Judgment of 8October2007, the Court did not
pronounce one way or the other on the status or content of the 1986Treaty. However, while the
Treaty recognizes the rights of Honduras north of the 15thparallel and east of the 82nd meridian,
Nicaragua claims that the Judgment awards to it the area between what it claims is the continuation
72
of the line drawn by the Court and the 15thparallel . But in fact, in its decision in the present
72
WON, para. 12. - 43 -
case, the Court needs to take full account of Honduras’ s rights and interests in the area north of the
15th parallel and east of the 82nd meridian, which were not addressed in its 2007 Judgment.
39. I have already shown that Nicaragua’s assertion as to the effect of the 2007 Judgment is
without merit. The area north of the 15th parallel and east of the 82nd meridian, an area where all
three States have from time to time put forward claims, is an area title to which has yet to be
determined. The Court did not decide on the location of the tripoint within this disputed area. In
addition, even assuming arguendo that Nicaragua’s claim were correct, Honduras would then find
itself with conflicting bilateral obligations. On the one hand, it has legal rights vis-à-vis Colombia
under the 1986 Treaty. On the other, it could have conflicting obligations under the 2007 Judgment
vis-à-vis Nicaragua.
40. The practical implications of all this go beyond drawing the boundaries between the three
States. They also go to the specific rights a nd obligations of Honduras and Colombia under the
1986Treaty. For example, they may also affect the rights of Colombia and Honduras under
Article III of that Treaty, regarding the exploitation of cross-border resource deposits.
41. Moreover, Honduras has a legal interest in determining if and how the 2007Judgment
has affected the status and application of the 1986Treaty, which is in force according to both
Honduras and Colombia.
42. Nicaragua points out that in the 2007Judgment, the Court found that it was not
prevented, in theory, from delimiting the area north of the 15thparallel and east of the
73
82nd meridian, as the 1986 Treaty did not accord that area to Colombia . However, to say that the
Court relied on the fact that the 1986Treaty accords no rights to Colombia north of the
15th parallel strengthens rather than weaken s Honduras’s position. Since the 1986 Treaty accords
no rights in the area to Colombia, it accords t hose rights to Honduras. It follows that any
pronouncement by the Court in the present case on th e delimitation of the maritime areas north of
the 15th parallel and east of the 82nd meridian will inevitably affect the legal interests of Honduras
under the 1986 Treaty. As counsel for Colombia put it last Friday, with reference to the
1977 Treaty between Colombia and Costa Rica, these “are interests of third States that are not only
73
WON, paras.11-12. - 44 -
affected but fundamentally prejudiced by the depic tion of what Nicaragua considers the area to be
delimited in the present case” [CR 2010/17, p. 17, para. 30 (Bundy)].
43. You will recall that Figure 3.1 in Nicar agua’s Reply showed the delimitation area
according to Nicaragua in pink. I now refer you to tab 6 in the folders, which adds the 1986 Treaty
line in blue and the median line now claimed by Colo mbia in its Rejoinder in red. A glance at the
1986 Treaty line demonstrates that the area north of the 15th parallel and east of the 82nd meridian
allocated to Honduras in the 1986 Treaty is claimed by Nicaragua as part of the area to be delimited
in these proceedings. Similarly, Nicaragua is claiming for itself areas appertaining to Colombia
under the Treaty, but in which Honduras may have rights and interests under ArticleIII of the
74
Treaty , the cross-border resource provision. As the Court is expected to pass judgment on
Nicaragua’s claims, the rights and interests of Honduras under the 1986Treaty will inevitably be
affected by the Court’s decision, and affected irreversibly.
44. In addition, Honduras’s claim to s overeign rights and jurisdiction east of the
82nd meridian and north of the 15th parallel may be cl early affected by the Court’s decision. It is
recalled that the Court in 2007 did not extend the bisector beyond “the area where the rights of
third States may be affected”. At the very least areas to the east of the 82nd meridian have yet to
be attributed, areas to which it seems Honduras, Nicaragua and Colombia all advance overlapping
claims. The decision of the Court on the area to be delimited in this case, and the eventual
boundary decided by the Court between Nicaragua and Colombia, will inevitably affect rights and
interests of Honduras.
45. I now turn from Nicaragua’s claim to that of Colombia. The Court’s consideration of the
median line now put forward by Colombia in its Re joinder, shown in red on the sketch-map at
tab 6, will also require it to consider the rights and interests of Honduras.
46. It is true, of course, that Colombia, in its letter to the Registrar in response to our
75
Application to intervene, acknowledges that it is bound by the 1986Treaty . Nevertheless,
Colombia also maintains that “this is not the case vis-à-vis Nicaragua and Colombia has
74
1986 Treaty, Art. III.
7Letter dated 2 Sep. 2010. - 45 -
consequently reserved its rights in this area” 76. Language to this effect is also to be found in the
77
Rejoinder . As can be seen on the sketch-map at ta b 6, Colombia has placed arrows on both the
south and the north ends of its proposed median line. In effect, Colombia is claiming that its
bilateral obligations vis-à-vis Honduras, by wh ich it is bound, do not prevent it from claiming in
the present proceedings rights and interests in the area north of the 15thparallel and east of the
82nd meridian that was allocated to Honduras in the 1986 Treaty. The Court will eventually decide
on the merits of this claim and its decision on this claim will inevitably affect the rights and
interests of Honduras.
Precise object of the intervention
47. The second matter that Article81 of the Rules of Court requires to be included in an
application is the “precise object of the intervention”. The precise object of Honduras in seeking to
intervene as a party in the present proceeding was se t out in our written Application, and has been
restated this morning by the Agen t. In seeking to intervene in the present proceedings, as a party,
our purpose is to reach a final se ttlement, based on international law, to our maritime delimitation
dispute with our neighbour Nicaragua, as well as reaffirming our boundary with Colombia.
Jurisdiction
48. The third requirement for intervention as a party is that there should be, in the words of
Article 81 of the Rules, a “basis of jurisdiction . . . as between the State applying to intervene and
the parties to the case” 78. The Court was explicit about this requirement for intervention as a party
in its Judgment of 23October2001 in the Ph ilippines’s Application to intervene in the Pulau
Ligitan and Pulau Sipadan case, when it said that
“a jurisdictional link between the intervening State and the Parties to the case is only
required if the State seeking to intervene is desirous of ‘itself becoming a party to the
case’ ( Land, Island and Maritime Frontier Dispute (El Salvador/Honduras),
Application to Intervene, Judgment I.C.J Reports 1990, p. 135, para. 99)” (Sovereignty
over Pulau Ligitan and Pulau Sipadan (In donesia/Malaysia), Application for
Permission to Intervene, Judgment, I.C.J. Reports 2001, p. 589, para. 35).
76Letter dated 2 Sep. 2010.
77
Rejoinder of the Republic of Colombia (RC), 18 Jun. 2010, para. 8.78.
78Rules of Court, Art. 81, para. 1 (c). - 46 -
49. The present intervention proceedings are a case, a rare case, where the parties to the
original proceedings and the State seeking to intervene are all bound by the same jurisdictional
link. This is an important distinction between the present Application and earlier requests to
intervene. It does not seem to be in dispute th at ArticleXXXI of the Pact of Bogotá provides a
basis of jurisdiction in the present case, both between Honduras and Nicaragua, and between
79
Honduras and Colombia . Given the existence of this juri sdictional link, which is based on a
multilateral treaty to which all the States concerned are parties, there is no reason for the Court not
to accept Honduras’s intervention as a party. To accept our intervention would be fully in
accordance with the principle of consent that underlies the Court’s jurisdiction.
Concluding remarks
50. Before concluding, Mr. President, allow me to make one general point. There are strong
reasons of legal policy why the Court should we lcome intervention as a party, especially in cases
involving maritime delimitation where the interests of more than two States are at play . Disputes
over maritime delimitation are of a particular nature and in many geographical settings will involve
the legal interests of more than two States. The late Shabtai Rosenne expressed these concerns,
with respect to maritime delimitations, when he asked, in his book on intervention, whether
“these disputes [are] in truth bilateral? Can they really be settled exclusively on a
bilateral basis? . . . Is the bilateral infrastructure of modern international judicial and
arbitral dispute settlement procedures adequate for all purposes?” 80
The complex geographic reality of the Caribbean Sea raises all these concerns.
51. Mr. President, I wish to make it clear that we do not see our intervention as a party as
complicating or significantly delaying the pro ceedings, rather the opposite. Article85 of your
Rules indicates that the procedure is rather light . The Court fixes time-limits within which the
intervening State may submit a written statement, and the parties may furnish written observations
on the statement. The intervening State may th en submit its observations with respect to the
subject-matter of the intervention at the oral hear ing. The Court, as part of its ordinary case
79
Application of Honduras, para. 34.
8Shabtai Rosenne, Intervention in the International Court of Justice, 1993, p. 198. - 47 -
management, has the necessary powers to ensure that intervention does not lead to undue delay.
Honduras, for its part, is committed to co-operating with the Court to that end.
52. Mr.President, Members of the Court, that concludes what I have to say on Honduras’s
Application to be permitted to intervene as a party in the proceedings. For all the reasons I have set
out, we urge the Court to accede to our request. In doing so you will be placing on a firmer footing
a procedure that may assist not only the present parties but those involved in future cases to resolve
their differences, especially their maritime delim itation differences, expeditiously and effectively.
That can only enhance the good administration of international justice 81.
53. Mr.President, I thank you for your atte ntion. It remains for ProfessorBoisson de
Chazournes to address you briefly on our alterna tive request, to intervene as a non-party; and I
would request that you now give her the floor.
The PRESIDENT: I thank SirMichaelWood for his intervention. I now invite
Professor Laurence Boisson de Chazournes to the floor.
Mme BOISSON de CHAZOURNES :
INTERVENTION EN TANT QUE NON -PARTIE
1. Je vous remercie, Monsieur le président. Il l’a été dit: c’est la première fois qu’une
demande d’intervention en tant que non-partie se fait à titre subsidiaire. Et je voudrais attirer
l’attention de la Cour sur une question de procé dure. La requête du Honduras contient bien deux
demandes formelles à titre d’intervention sur la b ase de l’article62 du Statut, demandes qui sont
distinctes l’une de l’autre. La nécessité pour votre juridiction de considérer la demande à fin
d’intervention en tant que non-partie n’apparaîtra ⎯et le Honduras espère que tel ne sera pas le
cas ⎯ que si la Cour rejette l’intervention en tant que partie.
2. Le Honduras est conscient qu’une interventi on en tant que non-partie ne lui permettra pas
de faire valoir des prétentions et positions qu ’il aurait pu faire valoir dans le cadre d’une
intervention en tant que partie. Il est égalem ent conscient qu’une intervention en tant que
8Christine Chinkin, “Third-Party Intervention before the International Court of Justice”, 80 AJIL 495, 500, 1986;
on the good administration of international ju stice as a function of the International Court of Justice; see also Chester
Brown, “The Inherent Powers of International Courts and Tribunals”, 76, BYIL 195, 230-231, 2005. - 48 -
non-partie du fait de sa nature strictement incidente, ne lui permet pas d’introduire, sous couvert
d’intervention, un nouveau différend, un litige suppl émentaire à celui opposant le Nicaragua et la
82
Colombie . En outre, le Honduras adhère pleinement au principe en vertu duquel l’intervention
en tant que non-partie «ne peut avoir été conçue pour qu’on s’en serve à la place d’une procédure
contentieuse» ( Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras),
requête à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1990, p. 134, par. 99). De ce fait les doutes émis
par le Nicaragua sur la conformité de la demande d’intervention en tant que non-partie avec le
Statut et le Règlement de la Cour doivent être réfutés. En particulier, les affirmations du Nicaragua
consistant à dire que «the sole purpose of th e application for permission to intervene from
Honduras is to call into question the Court’s Decision of 8October2007» 83 sont totalement
infondées et relèvent de la pure stratégie dilatoire.
3. La demande d’intervention en tant que non- partie du Honduras vise à informer la Cour de
la nature des intérêts d’ordre juridique que le Honduras estime être en cause dans le litige entre le
84
Nicaragua et la Colombie. Ce but «conservatoire» est conforme à l’objet de l’intervention en tant
que non-partie. Si le Honduras est autorisé à intervenir en tant que non-partie, cela lui permettra de
conserver ses droits à une délimitation et au tri point dans la zone mar itime faisant l’objet du
différend entre le Nicaragua et la Colombie.
4. Nous le savons, les objections du Nicaragua ne sauraient empêcher la Cour de «décider»
d’autoriser le Honduras à intervenir en tant que non-partie si les conditions objectives d’une telle
forme d’intervention sont remplies. De ce fait, Monsieur le président, je voudrais dans un premier
temps aborder la question des intérêts d’ordre ju ridique du Honduras susceptibles d’être affectés
par un jugement de la Cour dans l’instance entre le Nicaragua et la Colombie (art. 81, par. 2 a)). Je
traiterai ensuite de la question de l’objet spéci fique de la demande d’intervention du Honduras en
tant que non-partie (art. 81, par. 2 b)).
82Plateau continental (Jamahiriya arabe libyenne/Malte), requête à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1984,
p. 23, par. 37 ; Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras), requête à fin d’intervention,
arrêt, C.I.J. Recueil 1990, p. 134, par. 97.
83 Observations écrites du Nicaragua sur la requête à fi n d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010, titre II, entre par. 15 et par. 16.
84Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1990, p. 130, par. 90. - 49 -
I. Les intérêts d’ordre juridique susceptibles d’être affectés
5. Comme indiqué au cours de nos plaidoiries de ce matin, certains des droits du Honduras
e
au nord du 15 parallèle découlent du traité de délimitation de1986 qui lie la Colombie et le
Nicaragua… Pardon ! Qui lie le Honduras et la Colombie. Ce n’est pas un lapsus révélateur selon
Lacan! Partant, le Honduras «estime» qu’il a un intérêt d’ordre juridique à ce que l’intégrité du
traité de 1986 ne soit pas affectée par un jugement de la Cour. S’il en était autrement, cette atteinte
aux droits de la Colombie et du Honduras priver ait d’objet le traité de1986. La Colombie
s’accorde à ce niveau avec le Honduras sur le fait qu ’une intervention en tant que non-partie aurait
pour but majeur d’informer la Cour sur les droits que le Honduras tire du traité de1986 et de
protéger, voire de «réserver», de tels droits. La Colombie reconnaît, en effet, dans ses observations
que «vis-à-vis Honduras it is bound by the delimitation agreed in the1986 Treaty between
Colombia and Honduras» 85 et précise que «however, this is not the case vis-à-vis Nicaragua and
86
Colombia has consequently reserved its rights in this area» .
6. Il ne vous aura pas échappé que le Nicar agua ne fait aucune me ntion du traité de1986
dans ses observations si ce n’est pour affirmer de manière erronée que «that treaty was amply
discussed during the Nicaragua v. Honduras case» 87. Mesdames et Messieurs les juges, le traité
de 1986 n’était pas une composante du différend entre le Nicaragua et le Honduras et la Cour n’a
apporté aucune conclusion définitive quant aux effets de ce traité da ns la zone maritime qui fait
l’objet du différend entre le Nicaragua et la Colombie et au sein de laquelle le Honduras exerce des
droits juridictionnels. Partant, le jugement de 2007 ne saurait être interprété comme ayant réglé la
question de l’application et des effets du traité de 1986.
7. Or, le Nicaragua, procédant encore une fois à une interprétation erronée du jugement
de2007, agit comme si ledit jugement avait re ndu caduc le traité de1986 arguant que la Cour
aurait «decided three years ago, that Honduras has no such «rights and interests»» 88 au nord du
e
15 parallèle. Contrairement à ce qu’avance le Nica ragua, le fait pour la C our d’avoir estimé dans
85Observations écrites de la Colombie sur la requête à fin d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010.
86Ibid.
87Observations écrites du Nicaragua sur la requête à fi n d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010, par. 10.
88Ibid., par. 6. - 50 -
le jugement de2007 qu’elle «ne se fonde aucunement sur le traité de1986 pour fixer un point
terminal approprié à la délimitation mariti me entre le Nicaragua et le Honduras» ( Différend
territorial et maritime entre le Nicaragua et le Honduras dans la mer des Caraïbes (Nicaragua c.
Honduras), arrêt, C.I.J. Recueil 2007, p.758, par.316) et qu’une éventuelle délimitation au nord
e
du 15 parallèle «ne porterait pas…préj udice aux droits de la Colombie» (ibid.), ne signifie pas
que le Honduras n’a plus d’intérêts d’ordre juridique à faire valoir au nord du 15 eparallèle. Tout
au contraire, la Cour, en s’intéressant ne serait- ce que brièvement à la situation de la Colombie
dans son jugement de 2007, a implicitement reconnu que le traité de 1986 crée des droits et intérêts
pour le Honduras et la Colombie. Maintenant que la Cour est amenée à connaître du fond de
l’instance pendante entre le Nicaragua et la Colo mbie, le Honduras en tant qu’Etat tiers à ladite
instance et en tant qu’Etat par tie au traité de1986, est en dr oit de demander à intervenir pour
informer la Cour des intérêts d’ordre juridique protégés par le traité de1986, intérêts qui sont
inéluctablement en cause dans l’instance pendante.
8. Le Nicaragua se perd d’ailleurs dans ses conjectures. Il affirme d’abord de manière
péremptoire que «it is in this precise area ⎯ east of the 82nd meridian and north of the
15th parallel ⎯ where the Honduran Application claims «rights and interests» that might be
affected by the present proceedings [that]... the Court has already ruled that Honduras has no
89
rights or interests . . .» . Et puis changement radical de position: le Nicaragua considère que
«to be sure, Honduras has a legal interest in areas lying north of the delimitation line fixed by the
90
Court» et qu’en fait ces intérêts d’ordre juridique («th ose interests» dixit le Nicaragua) sont tout
simplement «unaffected by the current proceedings since they are undisputably outside the scope of
91
this case» . Ces extraits conduisent à se poser des qu estions. Les intérêts dont il s’agit
sont-ils affectés? Sont-ils non affectés? So nt-ils existants? Sont-ils non existants?
Monsieurleprésident, cet imbroglio juridique cr éé par le Nicaragua justifie à lui seul que le
Honduras informe la Cour de la véritable situati on juridique qui prévaut dans cet espace et cela
notamment à l’aune du traité de 1986.
89Observations écrites du Nicaragua sur la requête à fi n d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010, par. 12.
90Ibid., par. 28.
91Ibid. - 51 -
9. L’intervention en tant que non-partie pourra permettre à la Cour de mieux identifier ces
intérêts d’ordre juridique et d’éviter d’y «toucher» 92. Un jugement de la Cour pourrait hypothéquer
définitivement l’exécution du traité de1986, vo ire entraîner une impossibilité d’exécution dudit
traité. De manière générale, ceci pourrait entraî ner des conséquences importantes sur le processus
de négociation, de conclusion et d’application des traités de délimitation maritime dans la région.
10. Le Honduras est convaincu qu’une intervention en tant que non-partie, à défaut d’une
intervention en tant que partie, doit être autorisée par la Cour. Dans la procédure qui s’en suivra, le
Honduras ne rouvrira pas des aspects passés de son contentieux maritime avec le Nicaragua.
LeHonduras cherche à protéger ses droits et intérêts d’ordre juridique tels qu’ils pourraient être
affectés dans l’instance pendante entre le Nicaragua et la Colombie en établissant devant la Cour la
nature desdits droits et intérêts. Ce faisant, il fera connaître ses vues sur la manière dont les
prétentions du Nicaragua ou de la Colombie pourraie nt leur porter atteinte . Le Honduras ne peut
pas accepter les observations du Nicaragua te ndant à avancer que «Honduras cannot truly be
interested in informing the Court all over again for the second time. Rather, the Application is a
pretext for reopening and again litigating the same issue ⎯ the location of its boundary with
93
Nicaragua in the Caribbean Sea» . Messieurs les juges, Mesdames les juges, de telles assertions
ne reposent sur aucun fondement et ne corres pondent pas à l’objet spécifique de la demande
d’intervention du Honduras en tant que non-partie.
II. L’objet spécifique de la demande d’intervention du Honduras en tant que non-partie
est conforme aux prescriptions du Statut et du Règlement
11. J’en viens, Monsieur le président, à la deuxième condition. Il est traditionnellement
admis dans la jurisprudence de votre Cour que pour qu’une intervention en tant que non-partie soit
autorisée, il suffit que la demande ait pour objet d’informer la Cour de la nature des intérêts d’ordre
94
juridique qui sont en cause dans l’instance pendante ainsi que de protéger les intérêts en question .
92 Or monétaire pris à Rome en 1943 (I talie c.France, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique), arrêt,
C.I.J. Recueil 1954, p.32; Différend frontalier terrestre, insulairmaritime (ElSalvador/Honduras), requête à fin
d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1990, p. 115, par. 54.
93Observations écrites du Nicaragua sur la requête à fin d’intervention déposée par la République du Honduras,
2 septembre 2010, par. 15.
94Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras), requête à fin d’intervention, arrêt,
C.I.J. Recueil 1990, p. 130, par. 90 ; Frontière terrestre et maritime entle Cameroun et le Nigéria (Cameroun
c. Nigéria), requête à fin d’intervention, ordonnance du 21 octobre 1999, C.I.J. Recueil 1999, p. 1034, par. 14. - 52 -
A travers sa demande d’intervention en tant que non-partie, le Honduras n’a d’autre visée que
d’informer la Cour de ses intérêts d’ordre juridique en cause dans l’instance entre le Nicaragua et la
Colombie et de protéger lesdits intérêts d’une manière autorisée par le Statut de la Cour. C’est là le
but conservatoire de la requête à fin d’intervention en tant que non-partie du Honduras.
12. Cet objet conservatoire de la demande du Honduras prend assise dans les considérations
fondamentales de bonne administratio n de la justice, d’égalité des parties au Statut et de «due
process». Ce sont ces mêmes préoccupations qui avaient conduit la Chambre constituée pour
connaître de la requête à fin d’interv ention du Nicaragua dans l’affaire du Différend frontalier,
terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras) , à déclarer que le «but de l’intervention»
consiste pour l’intervenant à «informe [r] [la Cour] de ce qu’il cons idère comme ses droits ou
intérêts, afin de veiller à ce qu’aucun intérê t d’ordre juridique ne puisse être «affecté» sans que
l’intervenant ait été entendu » (Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime
(ElSalvador/Honduras), requête à fin d’intervention, arrêt, C.
I.J. Recueil 1990, p. 130, par. 90
(les italiques sont de nous)). Lorsqu’une intervention en tant que non-partie a pour objet spécifique
d’«informer» la Cour, cette intervention devient un élément de la bonne administration de la justice
internationale et du «due process». La nécessité d’«entendre» le Honduras se fait encore plus
pressante à la lumière des prétentions juridiques du Nicaragua dans l’instance pendante.
13. En plus de l’information sur les droits d écoulant du traité de 1986 et évoqués dans cette
première partie d’exposé, le Honduras pourrait fournir à la Cour des informations factuelles
importantes qui éclairciront sans nul doute le contenu et la portée desdits intérêts d’ordre juridique.
Comme la Cour l’a souvent mentionné, si la Cour connaît le droit, elle n’est pas toujours en mesure
de connaître toutes les informations factuelles ento urant une situation juridique particulière. Or,
e
l’espace maritime au nord du 15 parallèle et dans lequel le H onduras estime qu’il a des intérêts
d’ordre juridique à faire valoir en tant qu’Etat tiers est caractérisé par une situation factuelle des
plus complexes. L’espace maritime en question est un lieu où se concentrent concessions
pétrolières, patrouilles navales et activités de pêch e. Afin de mieux saisir la complexité de la
situation, je me permettrai de vous référer à une carte des conces sions pétrolières, laquelle figure à
l’onglet 2 de votre dossier. L’ensemble des activ ités conduites et exercées sur cet espace relève de
l’autorité souveraine du Honduras et s’est développé en application des droits que le Honduras tire - 53 -
du traité de 1986, de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer et du droit international
général. Ces activités constituent une réalité factuell e et sociologique qui ne peut être ignorée. De
ce fait, la Cour doit être informée de «l’ensemble factuelcomplexe» ( Plates-formes pétrolières
(République islamique d’Iran c.Etats-Unis d’Amérique), demande reconventionnelle, ordonnance
du 10 mars 1998, C.I.J. Recueil 1998, p.205, par.38) sur lequel reposent les intérêts d’ordre
juridique du Honduras susceptibles d’être affectés par un jugement de la Cour.
14. Monsieur le président, l’intervention en tant que non-partie du Honduras permettrait à la
Cour d’acquérir toutes les informations juridiques et factuelles en vue de préserver les intérêts
d’ordre juridique du Honduras et de se prononcer en toute connaissance de cause sur la délimitation
d’une frontière maritime stable et définitive entr e le Nicaragua et la Colombie, sans atteinte aux
droits d’un tiers. L’intervention en tant que non-partie du Honduras éviterait à la Cour de faire face
à une situation similaire à celle d’une non-comparution d’un Etat, laquelle prive souvent la Cour de
l’information sur les faits qui pourrait lui être néce ssaire pour apprécier les «faits de la cause» qui
lui sont soumis. La Cour ne «saurait tota lement pallier, par ses propres recherches, les
conséquences de l’absence» (Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. Etats-Unis d’Amérique), fond, arrêt, C.I.J. Recueil 1986, p. 25, par. 30). L’absence
du Honduras «limite[rait] nécessairement l’information de la Cour» ( Ibid.). Dans la mesure où le
Honduras souhaite intervenir en tant que non-partie af in d’informer pleinement la Cour sur le plan
juridique et factuel, votre juridiction devrait l’auto riser à intervenir. Cela est à l’avantage de la
Cour elle-même et ⎯permettez-moi de le réitérer ⎯ de la bonne administration de la justice
internationale.
15. Le Honduras espère que la Cour l’autorisera à intervenir en tant que partie sinon en tant
que non-partie en conformité avec l’article 62 du Statut. En effet, dans la mesure où l’intervention
du Honduras «a pour objet «d’informer la Cour de la nature des droits du Honduras qui sont en
cause dans le litige», on ne peut pas dire que cet objet n’est pas approprié: il semble d’ailleurs
conforme au rôle de l’intervention» ( Différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El
Salvador/Honduras), requête à fin d’intervention, arrêt, C.I.J. Recueil 1990, p. 130, par. 90) 95.
95
Voir requête du Honduras, par. 33. - 54 -
16. Mesdames et Messieurs les juges, pour toutes les raisons exposées dans sa requête et au
cours de ses plaidoiries, le Honduras prie la Cour d’autoriser ce dernier à intervenir en tant que
partie dans l’instance pendante entre le Nicaragua et la Colombie. A titre subsidiaire, le Honduras
prie la Cour de l’autoriser à intervenir en tant que non-partie afin de protéger et préserver ses
intérêts juridiques susceptibles d’être affectés par un jugement de la Cour dans ladite instance
pendante.
17. A la demande de l’agent du Honduras, je c onclue ainsi le premier tour de plaidoiries du
Honduras. Je remercie la Cour de son attention.
The PRESIDENT: I thank Professor Boisson de Chazournes for her presentation. That
brings to an end today’s sitting. The Court will meet again on Wednesday 20October2010 at
9.30 a.m. to hear the first round of oral argument of Nicaragua. The meeting is adjourned.
The Court rose at 12.15 p.m.
___________
Audience publique tenue le lundi 18 octobre 2010, à 10 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Owada, président, en l'affaire du Différend territorial et maritime (Nicaragua c. Colombie) - Requête du Honduras à fin d'intervention