Exposés écrits et documents (Mauritanie, Maroc) (suite et fin)

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9473
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COURINTERNATIONALDE JUSTICE

MÉMOIRES,PLAIDOIRIEETDOCUMENTS

SAHARA OCCIDENTAL

VOLUME III

Exposeécriet documents nfiri)

INTERNATIONACOURTOF JUSTICE

PLEADINGS,ORALARGUMENTS, DOCUMENTS

WESTERNSAHARA

VOLUME III

WrittenStatementsand Doc(concluded) Référencaebrégé e

C.1.J.Mémoires Saharooccidental,
Vol. III

Abbreviatedreference
1.C.J. PfeadingsWesternSahara,

Vol. III

No de vente :
Sales numberSAHARA OCCIDENTAL

WESTERN SAHARA COUR INTERNATIONALEDE JUSTICE

MÉMOIRES.PLAIDOIRIESET DOCUMENTS

SAHARA OCCIDENTAL

VOLUMEIII
Exposésécretdocumen(susiefin)

JNTERNATIONALCOURTOFJUSTICE

PLEADINGS.ORAL ARGUMENTS,DOCUMENTS

WESTERN SAHARA

VOLUMEIII

Wntten StatementsandDocuments(concluded) L'affaire du Sahara occidenial, inscrite au r6le généralde la Cour sous le
numéro61le3janvier 1975,a fait l'objetd'un avisconsultatifrendu le 16octobre
1975(Sahara occidenial,avis consullaiiJ C.I.J. Recueil 1975, p. 12).

Les exposés etdocuments relatifs à cette affaire sont publies dans l'ordre
suivant :
Volume 1. Requêtepour avis consultatif ; dossier du Secrétaire général des
Nations Unies ; exposes écritsde la France, de Panama. du Nicaragua, du

Chili,du Guatemala, de la RépubUquedornjnicaine.de I'Equateur.du Costa
Rica,de laColombieet del'Espagne ;débutdesinformationset documents de
l'Espagne.
Volume 11. Suite ei fin des informations et documents de l'Espagne.
Volume III. Exposés écrits et documents de ia Mauritanie et du Maroc.
Volume IV. Débutdes exposés oraux.
Volume V. Suite et fin des exposés oraux, correspondance.

Dans la présente édition.ni la présentation typographique,ni l'orthographe
desnoms propres nesauraient ètreutiliséesauxfinsde I'interpréiationdestextes
reproduits. Lesversionsou traductions différentesd'unmême texte en français
ou en anglais ont étémaintenues.
Pour lesrenvoisd'unvolume à l'autredela présenteédition,un chiffreromain
gras indique le numérodu volume auquel il est renvoyé.

La Haye, 1981.

The Western Sahara casewasentered as No. 6 1 in the Court's GeneralListon
3 January 1975 and was the subject of an Advisory Opinion delivered on
16 October 1975 (Weslern Sahara, Advisov Opinion, I.C.J. Reports 1975,
p 12).

The order of publication of the statements and documents presented in this
case is as follows:
Volume 1. Request for advisory opinion ;dossier transmitted by the Secretary-
General of the United Nations ; written statements of France, Panama,
Nicaragua, Chile,Guatemala, the Dorninican Republic.Ecuador,Costa Rica,

Colombia andSpain ; information and documentspresented by Spain(begin-
ning).
Volume II. Remainder of information and documents presented by Spain.
Volume III. Written staternents and docunienis presented by Mauritania and
Morocco.
Volume IV. Oral statements (beginning).
Volume V. Rernainder of oral statements ;correspondence.

Neither the typographical presentation nor the spelling of proper narnes
ernployed in this publication may be used for the purpose of interpreting the
textsreproduced. Diffenngversionsor translationsof the sametex1in Englishor
French have been left unaltered.
In cross-referencesbetweenvolumes,the number of the volume referred to is
indicated with a large Roman numeral in bold type.

The Hague, 1981. TABLE DES MATIÈRES . CONTENTS

Page
Exposésécrits et documents (suiteet fin) . Wriîîen statements and docu-
ments (concluded)

Avertissement ......................
Introduction .......................
Rappel des circonstances ayant conduit Bla demande d'avis . .
Comment s'estposéejusqu'à présentla question du Sahara occi-
dental devant l'Assembléegénéralede I'ONU ? ......
La non-application des résolutionspar l'Espagne ......
Les droits particuliers de la Républiqueislamique de Maurita-
nie .........................
Esprit générad l e la résolution3292(XXIX) ........
PremiPre partie .................. 'I' "

Section 1 . Histoire de la colonisation du Sahara occidenial par
I'Espagne ......................
Les Canaries et Ifni ..................
L'intérêd te l'Espagne pour-lacôte saharienne ......
Les groupes de pression . . Le congrPsespagnol de géographie
coloniale et commerciale et la Société des africanistes et des
partisans du systéme de la colonisation ........
L'expéditiondiEmilio Bonelli Hernando .........
La prise en compte du protectorat par l'Espagne .....

L'expédition d'Alvarez Pérezd et Campos MolesdansleTekna
et la Saquiet el Hamra ................
La mission Cervera-Quiroga-Riuo ...........
Constatations sur la politique coloniale de l'Espagnede 1885B
19ûû .......................
La question du cap Blanc ...............
La question de l'Adrar ................
Négociationsdu traité franco-espagnol du 27juin 1900 . .
Contenu du traitéfranco-espagnol du 27juin 1900 .....
Le projet de convention du 8 novembre 1902 .......
Les accords du 3 octobre 1904 .............
La convention franceespagnole du 27 novembre 1912 ...*
Section 2. . La Notion de terntoio sans maître (terra nullius).
.......
1. Définitiond'un territoire s&s maître
A . Points sur lesquels la doctrine semble unanime .
1. Temtoires déserts ou inhabités ........
2. Territoires abandonnés (resderelictur) .....
3. Territoires appartenant Bun Etat .......
4. Territoires habités, maisou il y aabsence d'autorité
............
politique quelconque SAHARA OCCIDENTAL

Page

B . Points sur lesquels la doctrine étaitdivisée..... 32
Première these : L'absence totale de droits des sau-
vages .................... 32
Deuxièmethese :Droits des sauvageslimitésauxdroits
de l'homme ................. 33
Troisiémethése: Les tribus jouissent de la souverai-
neté .................... 33
Quatrième thése : La mise entre parenthèsesde ta con-
tradiction .................. 37
u) Les travaux de la conférencede Berlin .... 37

b) Les travaux de l'Institut de droit international 41
11. La pratique coloniale ............... 48
Section 3. - Le Sahara occidental était.il,au moment de la colo-
nisation par l'Espagne,un territoire sans maîtr? ..... 52
A. Hypothéses à exclure ............... 52
B Hypothèses à examiner .............. 53
I. Appartenance du territoire a un Etat ....... 53
2. Appartenance du territoire a des tribus indépen-

dantes .................... 54
Deuxieme partie ..................... 58
Section 1.- Aspects géographiques, économiquee st humains du
Bilad Chinguiti ou ensemble chinguittien au moment de la
colonisation ..................... 58

1. .Les régionsnaturelles de l'ensemblesaharien occidental . 59
II. Les ressources de l'ensemble saharien occidental et leur
mode d'explojtatjon ................ 61
III. Type d'établissementshumains conditionnés par les don-
néesqui précédent ................ 63
Etablissements humains sédentaires ......... 63
Eiablissements humains nomades .......... 63
oj Les pâturages ................. 64
b) Les points d'eau ................ 65

c) Les cimetikres ................. 65
Section2 .- Aspects historiques, sociaux,culturelsetjuridiques du
pays chinguittien ................... 67
1. Historique sommaire du Bilad Chinguiti ....... 67
11. Structures sociales ................ 69
III. Les structures culturelles .............. 71
IV. Les structures politiques .............. 72

1. ta structure du pouvoir et l'organisation politique . 72
A. Les émirats ....... '......... 73
1) Evolution historique et brèvedescription . . 73
a) Emirat des Trma .......... 73
b) Emirat des Brakna .......... 73

c) Emirat du Tagant (ou des Idaouich) ... 75
d) Emirat de l'Adrar .......... 75
2) Institutions ............... 77 Page
B. Autres groupements de tribus non constitués en
émirats ..................
1) Evolution historique et brévedescription , .

1. Les Aroussiyin (marabouts guerriers) . .
2. Oulad Dleim .............
3. Oulad Bou Sba ............
4. Ahel Rarikaila ............
5. Rgueibat (marabouts guerriers) .....

2) Institutions ...............
2. Lesrapports desémiratset tribuslesuns aveclesautres
et leurs relations avec les souverainetés extérieures ,

a) Absence de personnalité internationale de I'en-
amble ..................
b) L'indépendancede l'ensemblechinguittien par rap-
port aux souverainetésétrangères .......
Conclusions .....................

Section 3. - Les liensjuridiques entre le temtoire du (ISahara
occidental s et l'ensemblemauritanien ..........
Annexe 1.Convention signéele 28 novembre 1884par lesindigknes
de la côte du cap Blanc et M. Bonelli,représentantde la Société
espagnole d'africanistes .................
Annexe II. Circulaire portant ordre royal transmis le 26 décembre
1884 aux ambassadeurs espagnols l'étrangerpar le ministre
d'Etat J. Elduayen pour les charger de notifier le protectorat

espagnolsur lesterritoiresdelacôteoccidentaied'Afriquecompris
entre la baie de l'Ouest et le cap Bojador ..........
Annexe 111.Spanish notification of the extension of Spanish protec-
tion over certain territones on the North-West coast of Alrica,
9 January 1885 .....................
(1) The Marquis de Casa Laiglesia to Earl Granville .....
(2) Eafl Granville to the Marquis de Casa Laiglesa .....

Annexe IV. Protectorat dela côteoccidentale del'Afriqueentrele cap
Bojador et le cap Blanc. Décret royaldu 10juillet 1885 ...
Annexe IV bis.Traitédu 1Omai 1886passépar AlvarezPérezetsigné
au port d'hrecife (île de Lanzarote) ............
Annexe V. Sahara occidental et Adrar. Traités reconnaissant la
souveraineté etle protectorat de l'Espagne, signésavec différents
chefs du Sahara occidental dans le territoire d'Iyl - lljuillet
1886 .........................

Annexe VI.
1. Lettre de l'émirde l'Adrar Ahmed Ben SidiAhmed a Léon
Fabert .......................
II. Traite entre la France et l'Adrar du 20 octobre 1891 ...
Annexe VII. Agreement between the British and Moorish Govem-
ments, respectingthe purchase by Morocco of the property of the
North-West AfRca Company in Terfaya (Cape Juby), signed
13March 1895 .....................XII SAHARA OCCIDEKTAL

Page

Annexe VIIi Convention pour ladélimitationdes possessionsfran-
$"ses et espagnoles dans l'Afrique occidentale, sur la cBte du
Sahara et surla côte du golfede Guinée,signéA Paris le 27juin
19ûû ......................... 106
Annexe IX Projet de convention franceespagnole relativau Ma-
roc .......................... 109
Annexe X.
1. Espagne et France. Déclaration signke à Pari le 3 octo-
bre 1904 ...................... 111
II. Espagne et France. Accord secret relatif au Maroc, signà

Paris le 3 octobre 1904 ............... 111
Annexe XI. Note sur les coutumes des populations sahariennes en
matiéred'arrangements contractuels et les droits respectifs de la
France et de l'Espagne sur l'Adrar occidental (ministre des colo-
nies) ......................... 114
Index de noms de Eeux,de personnes et de groupements .... 117

Cartes annexéesA l'exposé écridtlaRépubliqueislamiquede Mau-
ritanie (mars 1975) ................... 124

Exposé ~~CRITDU GOUVERNEME MAROCAIN .........
Premiérepartie, La résistance marocaiaiacolonisation prouveque

le Sahara occidental n'ajamais étéune terre sans maître...
1. La résistance marocaine exprimela non-reconnaissance des
titres juridiques invoqués par l'Espagiil'égarddu Sahara
occidenta1 .....................

1. Le Maroc, victime de l'expansionnisme colonial ...
A. Les crises économiques et militaires.......
a) L'influencedes crises économiques ......
b) L'infiuencedes crises militaires.......

B. La fin de l'indépendance marocaine .......
2. Le Maroc, victime au Sahara occidental de I'expansion-
nisme espagnol .................

A. L'appel ide prétendus droitshistoriques .....
a) Le Maroc, continuation maghrébinede la Re-
conquista )>espagnole ...........
b) L'absence d'effectivitdes prétendusdroits histo-
riques de l'Espagne ............

B. L'utilisation déformke de la pratique du protec-
torat ....................
a) Les causes de l'instauration du protectorat espa-
gnol ...................

b) La portée juridique du« protectoratOespagnol .
i) Le soi-disant traitéde protectorat n'existepas
matériellement .............
ii) Lesoi-disantprotectorat n'estpas conforme au
droit international ........... Page
C. Le Maroc, objet du droit diplomatique européen )> 146

a) Le dépegagedu Royaume du Maroc . . . . . 147
b) La violation du principe de l'intégritéterritoriale
du Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . .
II. L'insuffisance de l'effectivitéde l'occupation espagnole du
faitde la résistance marocaine. . . . . . . . . . . . .

1. Historique des actes matériels . . . . . . . . . . .
A. L'occupation espagnole esttréslongtemps partielle .
B. La permanence de la résistance marocaine auSahara
occupé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Historique des faits juridiques . . . . . . . . . . .

A. Les faits diplomatiques . . . . . . . . . . . .
a) Le Sahara dit (iespagnol a,créationéchelonnée de
la politique colonialiste européenne . . . . . .
b) La «sphère d'influence », camouflage diploma-
tique de l'absence d'effectivitédans l'occupation

c) Les conventions franco-espagnoles de 1904et de
1912ne sont pas opposables au Maroc . . . .
B. Les faits administratifs . . . . . . . . . . . . .
a) La présencejuridique espagnole, tréslongtemps
partielle, n'ajamais étéexclusive . . . . . . .
b) L'adaptation des moyens administratifs aux fins
politiques de l'Espagne . . . . . . . . . . .

Deuxièmepartie. Le Maroc, possesseur immémorial . . . . . .
1. L'histoireintérieuredu Royaume du MarocdémontreI'indis-
cutable solidaritéde destin entre les hommes qui se répar-
tissent du Rif à la régiondu cap Blanc et leur acceptation
commune d'une méme souveraineté, celledu Sultan . . .

1. Le Sahara occidentai, foyer de la nation marocaine . .
2. L'unitéprofonde qui existe entre nord et sud du Maroc
n'est nullement mise en cause par la spécificitéde la
structure de 1'Etat marocain ancien et notamment par
l'apparente division territoriaie du bled makhzen et du
bled siba. A cet égard,le Sahara occidental a toujours
acceptéson intégrationdans le cadre étatique chérifien
A. La spécificitéde la structure de 1'Etat marocain
ancien . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

a) Le Royaume du Maroc, seul Etat national et inde-
pendant du Maghreb au XIXe siécle . . . . .
6) Le contenu réelde la distinction bled makhzen/
bled siba . . . . . . . . . . . . . . . . .
B. Le Sahara occidental, partie intégrantedu Maroc .

a) L'histoire ancienne des relations entre les deux
parties géographiquesdu Maroc . . . . . . .
b) La situation politique du Sahara occidental (iau
moment de la colonisation espagnole b) . . . . SAHARA OCCIDENTAL

3. Le Sahara occidental. terre privilégiéede la résistance
marocaine ....................
A. La lutte contrel'envahisseur. constante de l'histoiredu
Maroc ....................
B. La lutte contre le colonialisme au Sahara occidental
II. La souverainetédu sultandu Maroc sur leSahara occidental a
toujoursétéreconnue par les Etats étrangersavant le déve-
loppement de l'impérialismeterritorial des derniéresannées
du XIXesiècle ...................

I. L'analyse des conventions diplomatiques démontre que
lesEtats étrangersont eurecoursenpermanence au Sultan
pour protégerles activitésde leurs nationaux au Sahara
occidental .... ................
A . Le traitéde Marrakech du 28 mai 1767 ......
B . Les conventions instituant le Sultan protecteur des

naufragés européensau Sahara occidental ....
C . Les conventions reconnaissant directement la souve-
raineté marocainesur le Sahara occidental ....
2. La tentative d'atteinàel'intégritterritoriale, instrument
de lacolonisation ................

A . Les tentatives françaises.......... i .
0 . Les tentatives espagnoles............
C. Les tentatives allemandes ............
DOCUMENT PR~SEN'T~ PAR LEROYAUME DU MAROC À L'APPUI DE SON
EXPOSE ÉCRIT .......................

Annexe 1 . Dahir de nomination ...............
Annexe 2. Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan .........
Annexe 3.Dahir de S .M .Abdelaziz Ben el Hassan .......
Annexe 4. Dahir deS .M .Abdelaziz Ben el Hassan .......
Annexe 5. Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan .......
Annexe 6 Dahir de S .M .Abdelaziz Ben el Hassan .......
Annexe 7. Dahir deS . M. AbdelhaficiBen el Hassan ......
Annexe 8.Dahir de S. M. Abdelhafid Ben elHassan ......
Annexe 9.Dâhir de S .M .El Hassan Ben Mahamed ......
Annexe 9 bis.Lettre de .M .le roi Hassan Ieàfison fidèleserviteur,
Haj Mohamed Ben Larbi Torres i),en date du 4 Ramadan 1303
(correspondant au 6juin 1886) ..............
Annexe IO. Extrait de la consignation des réponses sultaniennesaux
vingt-trois questions posees par l'ambassadeur d'Espagne José
Llberia en date du 30 Wijja1325 (correspondant au 24janvier
1908) .........................

Annexe II . Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan ......
Annexe 12 . Extrait de la consignation des requêtes présentéepsar
l'ambassadeur d'Espagne au Maroc et des réponses définitives
donnéespar S .M .le Sultan en date du 18Safar 1327(correspon-
dant au l l mars 1909) ..................
Annexe 13 . Lettre du ministre d'Espagne au Maroc .......
Annexe 1..Lettre d'Aissa Ben Omar ............. Annexe 15. Dahir de S. M. El Hassan Ben Mohamed . . . . . .
Arinexe Iri. Dahir de S. M. El Hassan Ben Mohamed . . . . . .
Annexe 17.Dahir de S. M. El Hassan Ben Mohamed . . . . . .
Annexe 18. Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan . . . . . .
Annexe19. Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan . . . . . .
Annexe 20. Dahir de S. M. Abdelariz Ben el Hassan . . . . . .

Annexe21. Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan . . . . . .
Annexe 22. Dahir de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan . . . . . .
Annexe 23. Lettre d'Ahrned el Hiba . . . . . . . . . . . . .
Annexe 24, Extrait du traite de paix conclu entre S. M. le sultan
Sidi Mohamed Ben Abdellah Ben Ismaïl et S. M. Charles III,
roi d'Espagne, endate du ler Moharrem 1181(correspondant au
18mai 1767) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Annexe25. Traité avec les Etats-Unis d'Amérique des23-28juin
1786 ..........................
Annexe26. Extraits du traitéde paix conclu à Meknésle 22 Rama-
dan 1213 (correspondant au ler mars 1799) . . . . . . . . .
Annexe 27.Traitéde paix et d'amitiéentre les Etats-Unis de I'Amé-
rique septentrionale et l'empereur du Maroc, conclu et signéa
Meknésle 16septembre 1836 . . . . . . . . . . . . ; . .
Annexe28. Accords anglo-marocains du 9 décembre1856 . . . .

A. Traitégénéralentre la Grande-Bretagne et le Maroc . . . .
Bo Traitédecommerceet de navigation entre laGrande-Bretagne
et le Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Annexe 29.Traitéde commerce entre le Maroc et l'Espagne signé à
Madrid le 20 novembre 1861 . . . . . . . . . . . . . . .
Annexe30. Lettredu ministre d'Etat espagnol à sonministrerésident
A Tanger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
AnnexeJI, Lettre du ministre d'Etatespagnol à son ministrerésident
à Tanger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Annexe32 A. Lettre de Jorge Juan au marquis de Grimaldi . . .
Annexe 32 B. Lettre du marquis de Grimaldi iiJorge Juan . . .

Annexe 32 C. Articles préliminairesqui doivent servir de base pour
un traitéde paix entre S. M. Catholique et S. M. impérialedu
Maroc, communiques à Si Ahmed el Ghaual le 20 mai 1767. .
Annexe 33 A. Lettre de S.M. Mohamed Ben Abdallah au roi d'Es-
pagne Charles III . . . . . . . . . . , . . . . . . . . .
Annexe 33 B. Lettre de l'empereurdu Maroc au roi d'Espagne , .
Annexe33 C. Extrait de Garcia Figueras, Santo Cruz de Mor

Pequefiu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Annexe 34 A. Premier document : Base sréliminaires au traité de
paix ..........................
Annexe34 R. Basespréliminairespour la négociation d'untraitéde
paix du 25 mars 1860 . . . . . . . . . . . . . . . . . -
Annexe35A. Traitéde paix et d'amitiéentre le Maroc et l'Espagne
signé àTétouanle26 avril 1860,connu en Espagne sousle nom de
traitéde fOuad Ras )). . . . . . . . . . . . . . - . . .

Annexe35 B. Traitéde paix et d'amitiésigné A Tétouanle 26 avril
1860 .........,...............+
Arinexe36 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . - - . . .XVI SAHARA OCClDENTAL

Annexe 37.Lettre du ministreplénipotentiaired'Espagne QTanger &

son ministre dTEtat ...................
Annexe 37 bis. Rapport du ministre des affaires étrangéresde Bel-
giqueno 2829en date du 24 octobre 1900 et notede l'ambassade
d'Espagne à Bmxelles au ministkre des affaires étrangéresde
Belgique .......................
Annexe 38. Extrait de Domenech Lafuente. AIgosobre Riode Oro
Annexe 39. Convention signéele28 novembre 1884par lesindigénes
de la cate du cap Blanc et M. Bonelli, représentantde la Société
espagnole d'africanistes .................
Annexe 40.Ordre royal circdaire aux représentantsde Sa Majesté à
l'étranger,les chargeant de notifier le protectorat dans les terri-
toires de la cBteoccidentale de l'Afriquecompris entre la baie de
l'Ouestetlecap Bojador et ci-jointaccord aveclesindigéndu cap

Blanc du 28 novembre 1884 daté a Madrid du 26 décembre
1884 ..........................
Annexe 40 bis. Sahara occidentalet Adrar. Traités reconnaissant la
souverainetéet le protectorat de l'Espagne.signésavecdifférents
chefs du Sahara occidental dans le territoire d'lyil (12 juillet
1886) .........................
Annexe 41. Décret royalétablipar la Présidencedu conseil des
ministres leIOjuillet 1885 ................
Annexe 42. Décret royal établi par la Présidencedu conseil des
ministres le 6 avril 1887.................
Annexe 43. Convention pour la délimitation despossessions fran-
çaises et espagnoles dans l'Afrique occidentale, sur la côte du
Sahara et sur la côte du golfede Guinée,signéà Paris le 27juin

19ûû .........................
Annexe44 Projet de traitéfranco-espagnol de 1902. ......
Annexe 45. Accord franco-anglais du 8 avril 1904. .......
Annexe46. Déclarationfranco-anglaise du 8 avril 1904 .....
Annexe 47. Déclaration du3octobre 1904relative A l'arrangement
franco-espagnol .....................
Annexe 48. Traité secret franceespagnol sur le Maroc (3 octobre
1904) .........................
Annexe 49. Accord secret franco-espagnol du le'septembre 1905 .
Annexe 50.Acte générad leta conférenceinternationale d'Algésiras,
du 7 avril 1906 ......................
Annexe 50 bis.

a 1. Déclarationséchangéea s Paris, le8juillet 1905,entre M. Rou-
vier,présidentdu conseil, minisire des affaires étrangéres,et
M. le prince Radolin, ambassadeur d'Allemagne a Paris . .
2. Accord signé,le28septembre 1905,par M. Rouvier, président
du conseil,ministre des affairesrangkres,etS.A. S.leprince
de Radolin, ambassadeur d'Allemagne-&Paris ......
Annexe SI. Accord franco-allemand du 9 février1909 ......

Annexe 52.L'accord franc&allemand du 4 novembre 191 1 ...
Annexe 53.Lettrede M. de KiderIen-Waechter, secrétaired'Etat des
affaires étrangéresde l'Empire d'Allemagne, 3. M. Cambon,
ambassadeur de la République française A Berlin ......
Annexe 54. Traitéde protectorat signéBFésle 30mius 1912 . . Page
Annexe55 . Convention franco-espagnole conclue à Madrid le
27 novembre 1912.précisantla situation respectivede la France et
de l'Espagne A l'égardde l'hpire chérifien. etlettres annex.s 3 11
Annexe56 .Lettre du ministre des affaires étrangèresdu Maroc. 320
Annexe 57 .Lettre du ministre des affaires étrangeresdu Maroc. 321
Annexe 58. Lettre du ministre des affaires etrangéresMaroc . 322
Annexe 58 bis...................... 323
Annexe 59 .Lettre du Sultan au cheik Habib.......... 324
Annexe 59 bis. Lettre du ministre d'Etat espagnoi son ministre
résidentà Tanger .................... 325
Annexe 60 .Circulaire du délégué dSultan adresséeaux représen-
tants étrangersau Maroc ................. 327
Annexe 6I .Extrait de BeckerHistoriade Marruecos ...... 328
Annexe62 .Circulaire du ministre des affaires étrangères duMa-
roc .......................... 328
Annexe63 .Translation of a letter addressed by Cid Emfadl Gharnit
to Mr .Herbert White .................. 329
Annexe64 .Translation of a letter addressed to.Di.Hay by the
Vizir Cid Emfadl Garneet dated July 4th 1886........ 331
Annexe65 .Translation of a letter addressed by Cid Emfadl Gharnit
to Sir William Kirby Green ................ 333
Annexe 66. M.Patenatre. ministre de FranàTanger. AM . Spuller.
ministre des affaires étrangeres .............. 336
Annexe 67.Lettre de M.D'Aubigny,ministre de Francei Tanger,i
M. Ribot. ministre des affaires étrangèr.......... 337
Annexe68 .Accord anglo-marocain du 13mars 1895 ...... 338
Annexe 69.Lettrede M .Bouet. commandant du bateau françaisLa
Malouine. au cheik Beyrouk ................ 340
Annexe70 .Copie de la lettre du délédu Sultan iTanger i I'am-
bassadeur de France ................... 342
Annexe 71. Lettre du Sultaau cheik Beyrouk ......... 343
Annexe 72. Lettre du Sultan au cheik Habi.......... 344
Annexe 72bis. Dahir deS. M. Mohamed Ben Abderrahmane . . 345
Annexe73 ........................ 346
Annexe 74. Lettre du ministre d'Etat espagnolAsonministre résident
h Tanger ........................ 347
Annexe 75.Dahir de S.M .El Hassan Ben Mohamed ...... 349
Annexe 76. Dahir de S. M. El Hassan Ben Mohamed ...... 350
Annexe 77.Dahir de S.M. El Hassan Ben Mohamed ...... 351

Annexe 78.Dahir de S.M .Abdelhafid Ben el Hassan ...... 352
Annexe 79. Dahir deS. M. Abdelhafid Ben el Hassan...... 353
Annexe80 .Extraits de Domenech Lafuente, Algo sobre Rio de
Oro .......................... 354
Annexe 81(1). Lettre du charge d'affaires d'EspagneATanger au
ministre d'Etat. 1juillet 1906 .............. 354
Annexe 81(7) . Lettre du ministre plénipotentiaire d'Espagne B
Tanger au ministre d'Etat,1l décembre1906 ........ 355
Annexe 82 .Texte d'une lettre dMael Aïnin ......... 356
Annexe 83. Texte d'une lettre de Ma el Aïnin......... 357
Annexe 84 .Dahir de S A .le khalife du sultan El Hassan Ben el
Mehdi ......................... 358XVIIl SAHARAOCCIDENTAL

Page
Annexe 85. Dahir khalifien du 18 avril 1934accordant un crédit
extraordinaire de 70000pesetas(pour l'acquisitionde chameaux

destinésaux troupesde policedu Sahara))(B.O.,no 15,du 31 mai
1934) ......................... 359
Annexe86. Haut-commissariat d'&pagne au Maroc ...... 359
Annexe87. Haut-commissariat d'Espagne au Maroc ...... 360
Annexe 88. Dahir du khalife en date du 12févri9411interdisatla
pêche avec desenginsA la traîne remorquéesur lelittoral compris
entre l'embouchure de l'oued Draa et le parallele 26" de latitude
nord ......................... 361
Annexe89A. Dahirdu 10 décembre1934(2Ramadan 1353)fixant le
régime spécialI certaines marchandises destinéIsêtreconsom-
méesdans diverses régionsdu sud du Maroc ........ 362

Annexe 89 B. Arrêtérésidentieldu 11janvier 1935portant organi-
sation des territoires du sud du point de vue de l'application des
droits de douane et de consommation ........... 364
Annexe89 C. Les accords de Bir Moghreïn et l'Espagne .... 367
Annexe90(1). Décretdela Présidencedu gouvememcnt du20 juillet
1946établissantle régimede dépendance despossessions espa-
gnoles d'Afrique occidentale ............... 369
Annexe 90(2).Décretde la Présidencedu gouverncment, du IOjan-
vier 1958,sur les provinces d'Ifni et du Sahar....... 370

DOCUMENTS COMPL~MENTAIRES PRÉSENTÉS PAR LE ROYAUM EU
MAROC CONFORM~MENTAU DEUXIEME PARAGRAPHE DE LA RBSOLU-
TION 3292 (XXIX) DE L'ASSEMBLÉEGÉN~RALE DES NATIONU SNIES 372

Annexe91. Lettre du consul de France a Mogador au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du 31 mai 1842... 372
Annexe 92. Lettre du consul de France BMogador au ministre des
dfaires étrangèresde France, en date du 23février 1844.... 373
Annexe93. Lettre duconsul de France AMogador au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du mai 1866 ..... 374
Annexe94. Lettre du ministre de France à Tanger au ministre des
affaires etrangerede France, en date du 9 décembre1874 ... 376

Annexe95. Lettre du ministrde France à Tanger au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du 14mai 1876.... 379
Annexe 96. Lettre du consul de FrancàMogador au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 22 octobre 1877.. 379
Annexe 97.Lettre du ministre de France à Tanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 6 février187.... 380
Annexe98. Communication du ministre de la guerre de France au
ministre des affaires étrangèresde France, en date du 27juillet
1875.. ........................ 381
Annexe99. Lettredu ministre des dfaires étrangkresde France au
ministre de France ATanger, en date du8 juillet 1880 .... 382

Annexe1#. Lettre du ministre de France Tanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date d1juillet 1880.... 383
Annexe 101.Lettre du ministre de FrancA Tanger au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du 28 février1881. 384
Annexe102. Lettre du ministre de France ATanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 31 m1881 .... 385 XIX

Page
Annexe103. Traduction annexée à une dépêchedu ministre de
France a Tanger au ministre des affairesétrangèresde France, en
date du 19juin 1881 ...................
Annexe104. Traduction annexée à une dépêchedu ministre de
France à Tanger au ministre des affaires étrangèresde France, en
datedu l9juin 1881 ...................
Annexe105. Lettre du ministre de FranceàTanger au ministre des
affaires étrangèresde France. en date du 31juillet 188....
Annexe106. Lettre du ministre de FranceàTanger au ministre des

affaires étrangèresde France, en date du20 août 1882 ....
Anne-xe107. Lettre du ministre des affaires étrangèresde France au
ministre de France àTanger, en date du 19novembre 1882 . .
Annexe108. Lettre du ministre de FranceàTanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 18novembre 1882 . .
Annexe109. Lettre du ministre de France Tanger au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du 30 mus 1883 ....
Annexe110. Lettre du ministre de FranceàTanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 9 septembre 1889 . .
Annexe111. Lettre du ministre de FranceàTanger au ministre des

affaires étrangèresde France, en date du 4 septembre IR85 . .
Annexe117. Lettredu ministre de France àTanger awministre des
affaires étrangèresde France, en date duIOjuin 1886 , . . ,
Annexe113. Lettredu chefdelamissionmilitaire françaiseau Maroc
au ministre de France 1 Tanger, en date du 26 mai 1886 ...
Annexe114. Lettredu chefdelamission militairefrançaiseau Maroc
au ministre de France àTanger, en date du 29 mai 1886 ...
Annexe115. Rapport du consulde France 1 Mogador au ministrede

France 1 Tanger, en date du 7juin 1886 ..........
Annexe116. Messagedu sultan Mouley Hassan h son peuple re!zîi-
vernent à la revision du traité de commerce proposéepar les
représentantsd'Allemagne,de France et de Grande-Bretagne .
Annexe117. Lettre du ministre de France 3Tanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 28mai 1886 ....
Annexe118. Lettre du ministre de Franceà Tanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 27 mai 1886 ....
Annexe119. Lettre du ministre de Franceà Tanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 17 mai 1886 ....

Annexe120. Copied'un rapportendate du 6 mai 1886adressépar le
consul de France a Mogador au ministre de France iTanger .
Annexe121. Copied'un rapportendatedu 7 mai 1886adressépar le
consul de France àMogador au ministre de France BTanger .
Anne-xe 122.Lettre du consul de France àMogador au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 21mars 1883 ....
Annexe123. Lettre du consul de France à Mogador au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 14mai 1883 .....

Annexe124. Lettre du consul de France BMogador au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du 15avril 1886 ...
Annexe 125.Lettre du consul de France à Mogador au ministre des
affaires étrangères deFrance, en date du 26 mai 1886 ....
Annexe126. Lettre du ministre de FranceàTanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 10novembre 1898XX SAHARA OCCIDENTAL

Page

Annexe 127.Lettre du ministre de France àTanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 10juillet 1895 ... 421
Annexe128. Lettre du m'nistre de France ATanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 7juillet 1895 .... 422
Annexe129. Lettre du ministre de France BTanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 5 décembre1895 . .
423
Annexe130. Lettre du ministre de France 1iTanger au ministre des
affaires étrangéresde France, en date du 5décembre1899 . . 424
Annexe131, Lettre du ministre de France à Tanger au ministre des
affaires étrangtresde France, en date du 9 avril 1900 .... 426
Annexe132. Lettre du ministre des affaires étrangéresde France à

l'ambassadeur de France A Londres, en date du 30 décembre
1w2 .........................
Annexe133. Lettre du ministre des affaires etranghes de France B
l'ambassadeur de France A Madnd, en date du Xjanvier 1903 .
Annexe134. Lettredel'ambassadeurde France AMadrid au ministre

des affaires étrangèresde France, en date du 23avril 1904. , .
Annexe 135. Lettre de l'ambassadeur de France Londres au mi-
nistre des affaires étrangèresde France, en date du ler mai
1904 ........................
Annexe136. Mémorandumsecret relatif Al'accord anglo-marocain
du 1 3mars 1895,remis par lord Lansdowne Al'ambassadeur de

France à Londres le 27 avril 1904 .............
Arinexe137. Lettre du ministre des affaires étrangèresde France &
l'ambassadeur de France Madrid. en date du 6mai 1904. ..
Annexe138. Lettre du ministre des affaires étrangèresde France A
l'ambassadeur de France à Madrid, en date du 10mai 1904. .
Annexe139. Télégramme de l'ambassadeur de France LiMadrid au

ministre des affaires étrangtres de France, en date du 22 mai
1904 .........................
Annexe140. Télégramme duministre des affaires étrangèresde
France à l'ambassadeur de France AMadrid, en date du 7juin
19W .........................

Annexe141. Télégrammd eu rninistredeFrance A Tanger au ministre
des affaires étrangéresde France, en date du 8juin 19W ...
Annexe142. Télégrammd eu ministredeFrance ATanger auministre
des affaires étrangèresde France, en date du 3 juin 1904 ...
Annexe143. Télégramm e u ministre des affaires étrangères de
France au rninistre de France
Tanger, en date du 14 juin
1904 .........................
Annexe144. Télégramme du ministrede France 1 ianger au ministre
des affaires étrangèresde France, en date du 21juin 1904 . .
Annexe 145. Télegrammedu ministre de France à Tanger au mi-
nistre des affaires étrangéresde France, en date du 21juin 1904

(si) .........a.............
Annexe146. Lettre du ministre des affaires étrangèresde France à
l'ambassadeur de France ATanger .............
Annexe147. Télégrammedu ministre des affaires étrangèresde
France au ministre de France B Tanger, en date du 6 octobre

19û4 .........................
Annexe148. Lettrede l'ambassadeurde France hMadrid auministre XXI

Page

des affaires étrangères de France, en date du 22 novembre
1904 ......................... 444
Annexe 149. Télégrammedu gouverneur généralde 1'AOF au-mi-
nistre des colonies de France, en date du 2janvier 1906.... 445
Annexe 150. Télégrammd eu ministredeFrance &Tangerauministre
des affaires étrangères de France, en date du 17 septembre
1906 .........................
Annexe 151.Lettredu ministredescoloniesde France auministredes
affaires étrangèresde France, en date du 7janvier 1907. - - .
Annexe 152.Lettredu ministredescoloniesde France auministredes
affaires étrangéresde France, en date du 7janvier 1907 ....
Annexe 153. Lettre du ministre de France ATanger au ministre des
affaires étrangeresde France, en date du 8janvier 1907 ....
Annexe 154.Télégrammd eu ministredeFrance ATangerau ministre

des affaires étrangèresde France, en date du 16janvier 1907 .
Annexe 155. Lettre du ministre de FranceiTanger au ministre des
affaires étrangèresde France, en date du 22janvier 1907 . .'
Annexe 156.Lettre du consuldeFrance AFésau ministredeFrance
Tanger, en date du 24 février1907. ............
Annexe 157.Lettredu ministredes coloniesdeFranceau ministredes
affaires étrangèresde France, en date du 13mars 1907 ....
Annexe 158.Lettre du ministre des affaires étrangeresde Franceau
ministre des colonies de France, en date du 21 mars 1907 ...
Annexe 159.Lettredu ministredescoloniesdeFrance auministredes
affaires étrangèresde France, en date du 28 mars 1907 ....
Annexe 160. Lettre du ministre de FranceàTanger au miriistredes
affaires étrangèresde France, en date du 28 mars 1907 ....

Annexe 161. Lettre du ministre de Francea Tanger au gouverneur
généralde l'Afrique occidentale française, en date du 13 mai
1907 .........................
Annexe 162. Lettre du ministre des affaires étrangèresdu Maroc au
ministre de France ATanger, en date du 25 mars 1907 ....
Annexe 163. Lettre du ministre de France a Tanger au ministre des
affairesétrangéresdu Maroc, en date du 15mars 1907 ....
Annexe 164.Lettredel'ambassadeurdeFrance aMadrid au ministre
des affaires étrangéres de France, en date du 16 septembre
1911..........................
Annexe 165.Lettre du ministre des affaires étrangèresde France au
chargéd'affaires de France a Madrid, en date du 15novembre
1911..........................
Annexe 166. Lettre du chargé d'affairesde France iiTanger au

ministre desaffaires étrangèresde France, endate du30novembre
1911 ..........................
Annexe 167. Lettre du ministre des affaires étrangèresde France B
l'ambassadeur de France à Madrid, en date du 3juillet 1904 .
Annexe 168.Lettre du présidentdu conseildes ministresde Franceà
l'ambassadeur de France a Berlin, en date du 4 août 1911...
Annexe 169.Lettre du ministre des affaires étrangèresde France a
l'ambassadeur de France BMadrid, en date du 20 août 1911 .
Annexe 170. Note adressée au ministredes affaires étrangèresde
France, en date du 27 mars 1912 .............. SAHARA OCCIDENTAL

Page
Annexe 171. Télégrammede l'ambassadeur de France BMadrid au
ministre des aifaires étrangèresde France. en date du 10avril
1912. .........................
Annexe 172.Extrait d'un article du lieutenant-colonel de Ca:tries
Le Saharamarocain D,paru dans larevue Hespéris(numérodu
quatriéme trimestre 1923) ................
Annexe 173. Extraits du livre EWasyi, de Ahmed Ben el Amine

(Le Caire, 1958) ....................
Annexe 174.Lettre de Ahmed elHiba au ministre des affairesétran-
géresdu Maroc, en date du 17 Safar 1327 (correspondant au
10mars 1909) .....................
Annexe 175. Lettrde Ma elAinin au ministredes affairesétrangères
du Maroc, en datedu ler Safar 1327(correspondant au 22février
1909) .........................
Annexe 176,Lettre deMa el Aïnin au sultan Moulay Abdelaziz, en
date du 24 Rajeb 1314(correspondant au 29 décembre1896) .
Annexe 177.Lettre du sultan Moulay Abdelazizà Ma el Aïnin, en
date du 23 Rajeb t314(correspondant au 28 décembre1896) .

Annexe 178.Lettre du sultan Moulay Abdelaziz au ministre des
affairesétrangéresdu Maroc, en date du 5 Safa181(correspon-
dant au Zjuin 1900) ..................
Annexe 179. Lettre de Ma el Aïnau grand vizir, en date 7Mo-
harrem 1318(correspondant au 3 mai 1900).........
Annexe180. Lettre du sultan Moulay Abdelaziz au caïd Abdallah
Ben Saïd,en date du5Safar 1318(correspondant au 4juin 1900)
Annexe 181.Copie d'une lettre du sultan Moulay Abdelaziz au
ministre des affairesétrangèresdu Maroc, en date Safar1318
(correspondant au 2juin 1900) ..............
Annexe 182.Extrait du livreElWasy~FiTarujirniOdoboaChenquite

(essai de biographie des hommes de lettres de Chenguiti) par
Ahmed Ben el Amine Ech-Chenguiti ............
Annexe 183. Lettre circulaire du ministre des affairesétrangèresdu
Maroc au corps diplomatique, en date du 20décembre1912 . .
Anne,w 184. Lettre du ministrd'ItalieaTanger au ministre des
affaires étrangeresdu Maroc, en date du 25 mars 190....
Annexe 185. Lettre du sultan Moulay Abdelaziz au ministre des
affaireétrangéres duMaroc, en date du 14Rajcb 1314(corres-
pondant au 19décembre1896) ..............
Annexe1-36, Lettre du sultan Moulay Abdelaziz au ministre des
affaires étrangères du Maroc,en date du 14Rajeb 1314(corres-

pondant au 19décembre 1896) ..............
Annexe 187.Lettre du ministre des affaires étrangères duMarocau
grand vizir. en datedu 25 Safar 1(correspondant au 3 février
1913) .........................
Anîiexe 188. Letlrdu ministre des affaires étrangéresMaroc au
déléguéde Sa Majesté à Tanger, endate du 29 Moharrem 1322
(correspondant au 15avril 1904..............
Annexe 189, Lettre de l'ambassadeur d'Espagne au délégude Sa
Majestéà Tanger en date du 20 décembre1912 .......
Annexe 190.Déclaration prononcéepar l'ambassadeur du Maroc
devant lepape en février1888et réponsede celui-ci..... TABLE DES MATIÈRES XXIII

Page

Annexe191. Lettre du général elFekkak au ministrede lajustice du
Maroc, en date du 1OChaabane 1307(correspondant au le'avril
1890) ......................... 490
Annexe 192. Lettre du sultan Moulay Hafid Adeux caïds des Tekna
en date du 27 Gaada 1329(correspondant au 19novembre 1911) 491
Annexe 193.Lettrde S.A. R.leprince Mohamed BenAbderrabman
au grand viziren date du 7 Chaoual 1262 (correspondant au
28 septembre 1847) ................... 492

Annexe 194.Lettredu princeMoulayHafid augrand vizir,en datedu
dernier jour de Joumada 1 1322(correspondant au 21août 1905) 493
Annexe 195.Dahirde distinction attribuépar lesultan Moulay Has-
san 1Aun habitant des Ouled BouSbaen date du 3Joumada 1307
(correspondant au 26 décembre1889) ........... 495
Annexe196. Extraitdes registresdu palais royal marocain ausujetde
l'ouverture du port d'Assaka ............... 496
Annexe 197.Lettrede MoulayAbdelazizBun caïddu sud, endate du
28 Saiar f314(correspondant au 8 août 1896) ....... 497 EXPOSE SCRITS
ET DOCUMENTS(Suite et fin)

WRITIEN STATEMENTS

AND DOCUMENTS (Concludedl EXPOSÉ ÉCRIT

DU GOUVERNEMENT MAURITANIEN

AVERTISSEMENT

Lesmotsd'originearabe citésdans leprésent mémoirp eroviennent desources
diverses:espagnole,française ou anglaise.Lestranscriptions diffèrentsensible-
ment selonlessources,Aucun essaid'uniformisationn'aété tenté.On s'estborne
- pour rester fidèleaux documents originaux utilisé- a reprendre les ortho-
graphes adoptéesdans lesdits documents 2.Toutefois, dans un appendice au
présent mémoire .n trouvera un index reprenant les diverses orthographes
utiliséesdans le mémoire,lesmettant enconcordanceet indiquant l'orthographe
françaiseusuelleen Mauritanie, On fournira aussiuneindicationsommaire surla

classe dont relèvele mot (nom de lieu, de région,de tribu, de personne, etc.).

Reçu au Greffele27 mars 1975.
2 Dans la présenteédition,un efforta éfaienvued'uniformiser d'un volumeA
l'autre l'orthograpees noms propresleplus fréquemmenctités.[Note duGreffe.] Par sa résolution3292(XXIX)du 13décembre1974,l'Assemblée généradle es

Nations Unies a saisi la Cour internationale de Justice d'une demande d'avis
consultatif relativeau Sahara occidentaldont lesprincipales dispositions sont les
suivantes :
(L'Assemblée générale,

Constoranrqu'une controversejuridique a surgi au cours des débats

au sujet du statut dudit territoire au moment de sa colonisation par
1'Espagne,
Considerarrr,dès lors, qu'il esthautement souhaitable que l'Assemblée
généraleobtienne, pour poursuivre l'examende cette question lors de sa
trentiémesession, un avisconsultatif sur certainsaspectsjuridiques irnpor-
tants du problème,
Prenonrnoie de l'article96 de la Charte des Nations Unies et de I'ar-
ticle65 du Statut de la Cour internationale de Justice,

1. Décidededemander Iila Courinternationale deJustice, sans préjudice
de l'application des principes contenus dans la résolution 1514(XV) de
l'Assembléegénéraled ,edonner, à une date rapprochée,un avisconsultatif
sur les questions suivantes :

<(1. Le Sahara occidental (Rio de Oro et Sakiet El Hamra) était-il.au
moment de la colonisation par l'&pagne, un territoire sans maître
(lerra r~ulliu)?
Si la réponseA la premiérequestion est négative,

II. Quelsétaientlesliensjuridiques de ce territoire avecle Royaumedu
Maroc et l'ensemblemauritanien? i;
2. Demandenorommeni à l'Espagne,entant que Puissanceadministrante
en particulier, ainsi qu'aMaroc et àla Mauritanie, en tant que parties
concernées,de soumettre à la Cour internationale de Justice tous rensei-

gnements ou documents pouvant servir à éluciderces questions...

Rappel des circonstancesayant conduit A la demanded'avis

Il convient de rappeler brièvementlescirconstancesqui ont conduit I'Assem-
bléegénérad leesNations UniesA introduire laprésentedemanded'avisauprèsde
la Cour internationale de Justice.
Le mardi 17 septembre 1974. dans une conférencede presse, S. M. le roi
Hassan II du Maroc suggéraitque le différendrelatif au Sahara occidental soit

portédevant la Cour internationale deJustice'.A lasuite decetteconférence de
presse, le ministrmarocai dnesaifaires etrangèrea,dans une déclaration faite
le 30 septembre 1974 devant l'Assembléegénérale, invité le Gouvernement

1 Le Monde, 19 septembre 1974. EXPOS~ ÉCRIT DE LA MAURITANIE 5

mauritanien a sejoindre à l'initiative marocaine.En m?me temps, le ministre

marocain des affaires étrangères déclarait:
((La Mauritanie est intéresséAl'avenirdu Sahara et ne peut Otrequ'as-
sociée - en raison de ses droits - au règlement et à l'issue du
litige qui oppose le Maroc et la Mauritanieà l'Espagne.))l

Leministre mauritanien des affairesétrangèresM. Ould Mouknass, répondit
en ces termes a l'invitation marocaine:

<iMon pays,qui demeure plus quejamais anime par la mêmevolonté,ne
saurait ne pas répondrefavorablement à l'appel qui lui aétélancé hier,
au nom du Gouvernement marocain, par mon collégue et frère
M. Ahmed Laraki, ministre des affaires étrangèresdu Royaume du Maroc.

Nous le faisons avecd'autant plusd'aisance etde sérénité que le Gouver-
nement marocain a expressément reconnunos droits sur cette régionsaha-
rienne. Nous le faisons aussi car nous avons la certitude qu'au-del8 des
malentendus passagers entretenus par le colonialisme, lesdeux peuples
mauritanien et marocain ont hautement conscience de leur responsabilité
contre le colonialisme que continue a dominer les territoires -du Rio de
Oro et de Saguiet El Hamra. La Mauritanie, qui comprend les motifs

légtiimesdu Gouvernement marocain,déclarequeleseulprobléme,bl'heure
actuelle,estlalibérationdecesterritoires,libérationque renforceral'entente
et la coopérationentre nos deux peuples.
Nous disposons de preuves historiques,juridiques, linguistiques et hu-
maines suffisantesqui démontrentque ceterritoire n'étaitpasune terresans
maître ni administration. C'est pourquoi le Gouvernement mauritanien
accepte le recours a la Cour internationale de Justice dont l'avisne pourra

qu'éclairerl'Assembléegénérale sur le bien-fondéde notre position et lui
permettre de mettre correctement en application les résolutions vo-
tées..»

Comment s'est posée jusqu'hprésent laquestion du Sahara occidental
devant l'Assemblée générald ee I'ONU ?

Conformément à la Charte des Nations Unies (chapitre XI), le Sahara occi-
dental estun territoire non autonomeau sujetduqueldesrenseignementsdoivent
êtretransmis régulièrement à l'Assembléegénéralepar la Puissance adminis-
trante. C'est ceque l'Espagne a fait depuis 1961.
Poursapart, 8partir de 1965,l'Assemblée généraledeI'ONU allaitdemander A
la Puissanceadministrante deprendre immédiatement certaines mesurespour la
décolonisationdu territoireduSahara espagnol.CesmesuresallaientStrerépé tées

ensuite et préciséesdans diverses résolution-'.
Dès 1965, l'Assembléegénérale,traitant en mêmetemps du problème du
Sahara occidental et de celuid'Ifni, priait leGouvernement espagnol, Puissance
administrante, de prendre immédiatement des mesures pour décoloniser le ter-

1A/PV.2249, p. 97.
2A/PV.2251,p. 83.
32072 (XX)du 16décembre1965 ;2229(XXI du 20 décembre1966: 2354(XXII)
du 19décembre 1967; 2428 (XXIIT)du 18décembre1968: 2591(XXIV) du 16 dé-
cembre 1969;2711(XXV) du 14 décembre1970 ;2983 (XXVII) du 14décembre 1972 ;
3162(XXVIII) du 14décembre 1973.ritoire et d'engager Acette fin des négociationssur les problèmes relatiQsla
souverainetéque posent cesdeux temtoires B 1.
L'année suivante. la résolution na earle plus de ~roblémesde souveraineté
mais < réaffirme ledroit inaliénabledès d'1iniet du Sahara espagnol A

l'autodétermination. conformément Ala résolution1514 IXV) de 1'Assemblée
généraie r(par. 1)et invitlaPuissanceadrninistrante1i raànisérun référendum
sous le contrôle d'une mission spéciaienomméepar le Secrétaire généradle
l'ONU :
L'Assemblée générale,

4. Invitela Puissance administrante 1iarrèter le plus tôt possible, en
conformitéavec les aspirations de la population autochtone du Sahara
espagnol et en consultation avecles Gouvernements marocain et maunta-
nien et toute autre partie intéresséel,es modalitésde l'organisation d'un
référendumqui sera tenu sous les auspices de l'organisation des Nations

Unies afin de permettreà la population autochtone du territoire d'exercer
librement son droità l'autodétermination et,à cette fin:
a) de créer unclimat politique favorablepour que leréférendumsedéroute
sur des bases entikrement libres, démocratiquesel impartiales en per-
mettant, entre autres, le retour des exilésdans le territ;ire
b) deprendre toutes lesmesuresnécessairespour faire en sorteque seulsles
habitants autochtones du territoire participent au référendum;
c) de s'abstenir de toute action de naturàretarder le processus de déco-

lonisation du Sahara espagnol ;
d) defournir toutes lesfacilitésnécessaireasune missiondesNations Unies
pour qu'ellepuisse participer activemenà l'organisation et au déroule-
ment du référendum ;
5. Prie le Secrétahegénéral, agissant enconsultation avec la Puissance
administrante etleComitéspécial, de nommer immédiatement une mission

spécialequi sera envoyée auSahara espagnol en nie de recommander des
mesures pratiques touchant l'application intégraledes résolutions perti-
nentes del'Assemblée généraleetnotammentdedéciderdansquelle mesure
l'Organisation des Nations Unies participera a la préparation et Ala sur-
veillance du référendum...)2

Les résolutionsde 1967et de 1968 lancent les mêmesinvitations à la Puis-
sance administrante et au Sesrétairegénéral.
En 1969,l'Assembléegénérale
<regrette quelesconsultations auxquelleslapuissanceadministrantedevait
procéderau sujet de l'organisationd'un référendum au Saharadit espagnol

n'aient pu encore avoir lie))4.
L'Assemblée invite A nouveau la Puissance administrante iiorganiser un
référendum ;ellelui demande, en outre, de respecter les résolutionsde 1'Assem-
blée relativesaux activitésdes intéretsétrangerséconomiqueset autres,opérant

' 2072 (XX) du 16 décembre 1965.
2229 (XXI) 20décembre 1966.
' Résolutions2354 (XXII du 19 décembre 1967 et2428(XXIlI) du 18décembre
.--".
2591 (XXIV) du 16 décembre 1%9.par. 3.dans les pays et territoires coloniaux, pour ne pas retarder la décolonisa-

tion '.
A la session suivante, la mission n'a éténi constituée,ni envoyée,le référen-
dum n'a pas eu lieu, l'Assembléeintroduit de nouveaux dispositifs dans sa
résolution.Après avoirréaffirméle droit d'autodéterminationdela popuIation
du Sahara espagnol, elle invite tous les Etats Bs'abstenir de faire des investis-
sementsdans leterritoire, ellereconnaît l(iIégitimitéde lalutte que lespeuples
coloniaux ménentpour l'exercicede leur droit àl'autodéterminationet au libre

choix et prie tous les Etats de leur apporter toute l'aide nécessa))2.
La résolutionsuivante date de 1972,elle met l'accentsur le droit àI'auto-
déterminationet à l'indépendancede la population du Sahara 4.
La résolutionde 1973,tout en insistant moins sur la solution de l'indépen-
dance, réaffirmel'attachementde l'Assembléegénérale au principe de l'autodé-
termination, continue àproclamer lalégitimité de la luttedes peuplescoloniaux
et exprime sa solidarité avecles populations du Sahara sous administration

espagnole. On notera incidemment que ces populations ne sont toutefois pas
qualifiéesde peuple colonial.
te règlementpréconisé par lesNations Unies, relatifàladécolonisation,qu'il
porte sur la question de souveraineté (résolution2072 (XX)) ou sur celle
de l'autodétermination de la population, n'a pas étémis en Œuvre par
l'Espagne.

La non-applicationdes résolutions par l'Espagne

La Puissance administrante n'a pas mis en Œuvrelesrésolutionsde I'Assem-
bléegénérale. Les populations autochtones du Sahara espagnol n'ont pas été
misesen mesured'exercerleurdroit àl'autodéterminationdans Iesconditions de
sérieuxet d'authenticitérequisepar l'Assemblée. Riea nu contraire,la Puissance
administrante poursuit dans ce territoire une politique de fait accompli allant A

l'encontre des intérêtsdes populations tels qu'ilsont étéréaffirmésdans les
nombreuses résolutionsdes Nations Unies. LeGouvernement de la République
islamique de Mauritanie a eu à dénoncer à plusieurs reprises une telle poli-
tique $.
L'annonce d'un référendumpar l'Espagne, dans les premiers moisde 1975,
sans le contrôle de la commission de l'ONU, qui n'a pas encore eu accésau
territoire et sans la concertation, exigéepar l'Assemblée,avec la République

islamique de Mauritanie et le Royaume du Maroc,pays directement intéressés,
tend A mettre ceux-ci, comme l'Assemblée,devant un fait accompli.

Les droits particuliers de la Républiqueislamiquede Mauritanie

Ces circonstances ont amenéle Gouvernement mauritanien àréaffirmerles
liens juridiques qui unissent la colonie espagnole du Sahara occidental à la
République islamiquede Mauritanie. En effet,ils'agitlà d'unepartie du Sahara

32591(XXIV) du 16décembre1969,par. 4.
2 2711(XXV) du 14 décembre 1970.
3 Iln'ya pas eude résolutionen 1971,mais unedécisionrenvoyantla questionAla
vingt-sepliéme session.
2983(XXVII) du 14 décembre1972.
5 AIAC. 109/480 du 26février1975.8 SAHARA OCCIDENTAL

qui,à l'époquede la colonisation, a étédistraitedel'ensemblemauritanien avec
lequel elle forme depuis toujours une seule et mémeentitéethnique, géogra-
phique, culturelle et historique.

Partant de cesliens multiples, le Gouvemement mauritanien s'estdonnétrés
tôt commepriorité larécupérationdecettepartie deson territoirenational. C'est
ainsiqu'au lendemaindel'accessiondela Mauritanie hl'autonomieinterne,celui
qui allait devenir le président de la République islamique de Mauritanie,
S. Exc. Moktar Ould Daddah, alors vice-présidentdu Conseil, exprimait Ie
lerjuillet 1957à Atar ' la nécessitéde réunirtous les fréres mauritaniens:

(1C'estici queje m'adresseplus particulièrement Anos fréresdu Sahara
espagnol. Jene peuxm'ernpécherd'évoquer les innombrables liensquinous
unissent :nousportons lesmêmes noms, nousparlons lamOmelangue,nous
conservons les mêmes nobles traditions faisant pdtre nos troupeaux sur les
mêmespâturages, les abreuvons aux m&mespuits.
Je convie donc nos fréresdu Sahara espagnol Asonger A cette grande
Mauritanie économiqueet spirituelle à laquelle nous ne pouvons ne pas
penser désmaintenant...Je leur adresse etje vousdemande de leur répéter
un messaged'amitik,un appel àla concorde de tous les Maures de l'Atlan-

tiqueà l'Aouad et du Draa aux rives du Sénè gl..J'engage nos frèresdu
Tins, de l'Adrar Soutouf, du Zemrnour,de Khat (actuel Sahara espagnol) a
se tourner ensemble versun avenir commun àpartager avec nous les heu-
reuses perspectivesque nous réservent~'ex~loitationdesrichessesde notre
sol et la mise en valeur de notre pays1)2

Depuis 1961, date de l'admission de la Mauritanie aux Nations Unies, le
Gouvemement mauritanien ne s'estjamais départi decette position comme en
témoignent lesnombreux documents de l'organisation.
Le présidentde la Républiqueislamique de Mauritanie a constamment rap-
pelécetteposition du Gouvemement mauritanien dans sesdiscoursprononcésh
l'occasion de la f&tcnationale du 28novembre. DkjAen 1963il déclarait:

{tl'attitude du Gouvernement espagnol face au problémecolonial permet
d'escompter que nous parviendrons définirla solution qui permettra, le
moment venu, de réglerle problémedu Sahara espagnol, partie intégrante
du territoire national, en plein accord et dans l'amiti*.

Encoretout récemment,parune note verbale du 19août 1974,leministèredes
affaires étrangéresa Nouakchott croyait utile de rappeler que :

« La Républiqueislamique de Mauritanie a toujours considéré et consi-
déreratoujours leSahara sousadministration espagnale comme une partie
intégrantede son territoire nationai...

A la suite de l'action menéesur le plan international par le Maroc, le
Gouvernement mauritanien, Atravers le Secrétariatgénéralde l'ONU, le
Secrétariatgénérad le l'OUA, le Secrétariat générd al la Conférenceisla-
mique, le Bureau des non-alignes, attire l'attention despays frères ou amis
qu'il n'a pas renoncéet ne renoncera pas Ases droits sur le Sahara sous
domination espagnole qu'il atoujoursconsidérécomme partie intégrantede
son temtoire national. o

1Chef-lieude l'émiradte l'Adrar.
Mdtre MoktarOuldDaddah, DiscoursetinterventionsRépublique islamiquede
Mauritanie, p. 10. En mëme temps, le Gouvernement mauritanien réitérait (son attachement
sincéreau respect fidèle de la volontélibrement expriméedes populations

concernées i)'.

Esprit gbnéralde la résolution3292 (XXIX)

Les déclarations faitespar les ministres des affaires étrangéresde la Mauri-
tanie et du Maroc comme les interventions des représentants des deux pays
devant la QuatriémeCommission ont évidemmentinspiréles questions posées
par l'Assembléegénérale a la Cour internationale de Justice.
II convient de noterà ce propos qu'aux termesmPmesde la résolution3292

(XXIX)les « deux pays se sont reconnus mutuellement intéresséa su devenir du
territoirn.
D'autre part, les questions posées révèlenltesouhait de l'Assemblée générale
de connaitre les élémentsde fait et de droit dont elle peut, le cas échéant, tenir
compte dans la politique a suivrepourladécolonisationdeceterritoire. Ellepeut
notamment prendre en considérationlesliensjuridiques existant, au moment de
la colonisation, entre le Sahara occidental, le Royaume du Maroc et l'ensemble
mauritanien.
C'est peut-ëtre pour ces raisons que l'Assemblée générale a demandé a la
Puissance administrante de

«surseoir au référendum qu'ella eenvisagéd'organiser au Sahara occiden-
tal, tant que l'Assembléene se sera pas pronocéesur la politique à suivre
pour accélérer... la décolonisation du territoire..à la lumièrede l'avis
consultatif donné par la Cour internationale de Justice )>2.

L'exercicedu droit A l'autodétermination despopulations du Sahara peut,en
effet, aux termes des résolutions 1514 (XV) et 1541 (XV) êtreenvisagéde
plusieurs maniéres.
A côtéde l'indépendance,Ia résolution 1541(XV) du 15décembre 1960a

prévu lalibre associationa un Etat indépendant (principeVII)ou l'intégrationa
un Etat indépendant (principeVIII). La déclarationsur les relations amicales
d'octobre 1970a mentionnéBnouveau ces modalitésde décolonisationen y
ajoutant le cas du territoire qui acquiert tout autre statut politique librement
décidépar le peuple.
Au surplus, le paragraphe 6 de ta déclarationsur l'octroi de l'indépendance
aux pays et peuples coloniaux(1514(XV) du 14décembre1960)stipule expres-
sément:

Toute tentative visant 1idétruirepartiellement ou totalement l'unité
nationale et l'intégrité territore'unpaysest incompatible avecles butset
principes de la Charte des Nations Unies. I)

C'estdoncdans lebut d'éclairer l'Assemblése ur l'existencede certainspoints
de fait et de droit au moment de la colonisation, et de l'aider ainsi à choisir
certaines modalitésde décolonisationdu territoire du Sahara occidental,que la
Cour est amenéeàexaminer si,àcette époque,leterritoireétaitresnulliirset,dans
la négative,quels étaientses liens avec le Maroc et l'ensemblemauritanien.

Voiraussilediscours du ministre des affairesétrangéres, .Outd Mouknass,le
leroctobre 1974, hl'Assemblé générale de l'ONU, A/PV.2251. p. 81-82.
2 Résolution 3292 (XXIX), par 3. PREMIÈRE PARTIE

Lapremiérequestion posée alaCour par l'Assembléegénérale le 13décembre
1974est la suivante :

<(1. Le Sahara occidental (Rio de Oro et Sakiet El Hamra) était-il,au
moment de la colonisation par l'Espagne, un territoire sans maître(rerru .
nullius? s

La réponse à cette question nécessite un triple développement.
1) Il convient tout d'abord d'établir les limites tempordans lesquellesla
qualification doit 2tre précisée. L'Assemblée généra alutiliséles mots <tau
moment de la colonisation ».Cette dernièrenes'étantpas opérée en unjour sur
l'ensembledu territoire appeléaujourd'hui Saharaoccidental, ilconviendra tout
d'abord de retracer l'histoirede lacolonisation du territoire par l'Espagne.C'est
ce que nous tenterons de faire dans une premikre section.

2) Cette basedesfaits étantétablie,ilfaudra ensuite sedemander ce qu'ilfaut
entendre par lesmots <(un territoire sans maît(terrunüllius» ? Lecontenu de
cette terminologie n'estpas, en effet,absolument clair.Nous nous attacherons h
cet examen dansune deuxiémesection.
3) Dans une troisiéme section,enfin, on essaiera de dégagerune réponse àla
question posée.

SECTION 1. - HISTOIREDE 1,A COLONISATION
DU SAHARA OCCIUENTAL PARL'ESPAGNE

Les Canaries et Ifni'

L'implantation coloniale espagnole en Afriquedébutapar l'archipel des EIes
Canaries.
Désle milieudu XIVesiècle,Espagnolset Portugais tentent de s'emparerdes
îles. Au XVesiècle, les roisde Castille parviendrontà soumettre les iles. Les
Portugais, par le traite signéà Alcaçovas en 1479, acceptèrent de renoncer
aux Canaries au bénéficede l'Espagne, en échangede la reconnaissance par
l'Espagne que la route de Guinéeappartiendrait au Portugal.
En 1478,DiegoGarcia de Herrera, vassal des Rois Catholiques,établit surla

cote,face aux iles Canaries, une forteresse, qu'il confàaune importante gar-
nison, et un comptoir commercial. L'endroit fut nomméSanta Cruz de Mar
Pequefia.Par letraite de Cintra du 18septembre 1509,lesPortugais renoncèrent
aux droits qu'ils alléguaient relativement cette partie de la côte.
Aux alentours de 1524, la forteresse fut conquise par les tribus locales et le
comptoir commercialdisparut. Par l'article8du traitéde paix du 26 avril 1860,
signéLiTétouan par le Maroc et l'Espagne, S. M. marocaine s'engagea « h

VoirAlfonsoGarcia-Gallo de Diego,Los rirulosjuridicde laintegracionde los
territorim aficanos en la monarquiaespatiArchivosdel Institutsde estudiosafri-
canos,XVIII. no 669,p.57-70 ;JuanBautistaVilar, EspariaenArgelia, Tiinez.Ijyi
Sahara. duranre el siglXIX,Institut0 de estudios africanosConsejo supenor de
investigacionescientificMadrid, 1970. concéder àperpétuité à S. M. Catholique, sur la côte de l'océan,présde Santa

Cruz la Petite, le territoire suffisant pour la formation d'un établissementde
pêcherie,comme celui que l'Espagney possédait autrefoisr).
Cen'estqu'en 1877que lacommissionchargéededéterminerlalocalisationde
ce territoire se rendit sur place et choisit le territoire d'Ifni.Ce choixfut accepté
apres beaucoup d'atermoiements par lesultan du Maroc, le20octobre 1883.Ce
n'est pourtant qu'en 1934que l'Espagne allaitoccuper Ifni.

L'intérê dt l'Espagne pour la côte saharienne

Comme l'écritVilar, l'Espagne avait un double intérêp tour les côtes saha-
riennes occidentales :la sécuritéde l'archipelcanarien et une meilleure exploi-

tation des riches bancs de poissons proches de ce littoral '.
Dés1856,un certain don Agustin Coma de la Mata avait demandéI'auto-
risation au gouvernementd'yfonder unesociété de pêche canario-africaine. mais
sans résultat. Un certain don Antonio Baeza n'eut pas plus de succès en
1875 2.
En 1881, la société <(Pesquerias canario-alricanas i)décided'ouvrir sur le
littoral saharien quelques comptoirs qui serviraient de point d'appui pour ses

navireset entreraient en relations commerciales avecles tribus de la région.En
mars, elleétablitun ponton Bcôtéde la presqu'îlede Rio de Oro et, ainsi que le
rapporte Vilar, parvint àce qu'en septembre de la mêmeannéeune délégation
composéede trois notables sahraouis accepte de se rendre aux Canaries où,au
nomde la tribu desOulad Delim,maîtressedu secteurenquestion,et aunomdes
tribus fédéréeosu tributaires des Oulad Delim,fut signéun traitédans lequelils
cédaient la péninsulede Riode Oro à la sociétée,n échangede certaines com-

pensations politico-économiques 3.
L'établissementdeux annéesplus tbt d'une factorerie britannique plus au
nord, à cap Juby, nefut sansdoute pasétrangeràce qu'au surplusdesétudesplus
attentivesdelacôtesahariennesoientordonnéespaslegouvernementet réalisées
par le capitaine de frégatedon Pedro de la Puente en 1882et 1885 '.

IRS groupes de pression. - le congrèsespagnol de géographiecoloniale et
commercialeet la Sociétédes africanisteset des partisansdu système de la
colonisation

En 1883seréunitun congrésespagnoldegeographiecolonialeetcommerciale.
Plusdequatre centspersonnes yparticipent, demilieuxcommerciaux, financiers
et scientifiques5.

'Vilar, op. ci!p.103.
José GuillermoR. Sanchez, El Suhuruocciden!ul, Madrid, 1932.
Vilar,op. cit., 103-104.
J.G. R.Shchez, op.cit.,p. et Vilarop.cii.p. 104.VoiraussiCesireoFernindez
Duro, (iLos derechosdeEspanaen la Costa delSaharadiscutidos por lasociedadde
geografiade Parirs ,Bolerinde luSociedudgeograficode Madrid, t.XXI, janvier 1886,
p. 54.Cet auteur cite les ouvrages suivan:sPedro dela Puente,capitande fregata,
In~ormesobrelaspesquerim deloscanorios enlacostodeAfrira,publicadodeRealorden,
Madrid, 1882,et Informesobre lapesca en Io GronCunariay en los bancosde Africu.
mandadopublicarpor Real orden,Madrid, 1885.
Don RafaelTorresCampos,«L'Espagneen Afrique n,Revuededroitinternorionalet
de législationcomparée.1892,p. 441-475,spéc. p. 457. Ce congrésdécidade fairedes explorations et de créerdes établissementsde
civilisation(estaciones civilizadorw)à Rio deOro et de demander au gouver-

nement d'y établir, ainsi qu'au cap Blanc, des établissementsmilitaires OU
navals 1.
Dans une résolutiondu 10novembre,Iccongrès insistesurla conservationdes
bancsde pêche,laprotection despêcheurs,lanécessité d'abrissur lacôtedans les
baiesdeRiodeOro, Cintra,et del'Ouestoudel Galgo *.Larésolution metenrelief
l'imminencedel'occupationétrangére elt'intérêt qu'ilyaurait icommercer avec
les tribus de l'Adrar 4.Le congréscréaaussi la Société des africanistes et des

partisans du systémede lacolonisation,devenueensuitela Société de géographie
commerciale Cette société fut chargéede transmettre la résolutiondu 10no-
vembre 1883au présidentdu conseil des ministres qui,dans sa réponseverbale,
déclara (que les particuliers commencent pas créerdes intéretssur la côte du
Saharaet legouvernementpenseraalors 1 iaformede protection a leuraccorder i).
N'ayant pas obtenu lerésultatescompte. la société décidad'occuperen son nom
cet important territoire 6.

L'expédition d1EmilioBonelli Hemando

LaSociété espagnoled'africanistesetcolonialistesengageaunjeune géographe

etarabisant detalent,Emilio Bonelli.poureffectuerl'expéditionprojetéeC . elle-ci
eut lieuen novembre 1884,hbord de lagoélettede guerre Ceres commandéepar
don Pedrode la Puente. C'estdonc commereprésentantde lasociéteque Bonelli
fit sonexpédition '.11pritpossessionde lacôteentre lecap Bojadoret lecap Rlanc
enétablissantdescomptoirs commerciaux A RiodeOro,Cintra etcap [email protected]
cap Blanc,Bonellisigna une convention, le 28 novembre, avecdifférentsrepré-
sentants de la tribu des Oulad Bou Sba,dont le chérifSidAbd el AzizOuledei

Marni, cheik de la tribu d'Oulad Sba (partie sud des Oulad Delim). Par cette
convention, lesreprésentantsremettaient à Bonelli, (représentantdela Société
espagnoledesafricanistesqui résideAMadrid, villede S. M.leroid'Espagne ...i>,
le territoire du cap Blanc <<afin qu'il se trouve sous la protection et le gouver-
nement de S. M. le roi d'Espagne don Alfonse XII uniquement i) 9.
Dansla conférencequ'ilfitBsonretour jlaSociété degéographiedeMadrid,le
7avril 1885,Bonellidevait insistersur lefait que (dans toute cette région,il n'y
aura que deux hommesquijouissent d'autoritéet de sympathie généraleA , bd el

AzizOuld el Mamiet Ahrned BenMohammedOuld elAid dont l'amitiépourra

' FranciscoCoello, (Territoriosadquiridospara EçpafiaporlaSociedadespfiola de
aîricanistasy colonistasen la costa occidental de Africa)).Boletin de la Sociedad
geograficade Madrid, vol.XVIII, 1885, nos5-6,mai-juin,p. 358.
Francisco Coello op. cir., p.376.
Ibid., p377.
' Ibid.D..378.
TorreiCampos, op. cir.,p. 457.
F. CoeHo.,op. cir., p. 379.
VoirlerécitdansdonErnilioBonelli. (Nuevostemtorioses~aiiolesdelaCostadel
SAhara » (conférence du 7 avril1885),3olerin de la Sociedodieogrofica de Madrid,
XVIII,n-5-6, mai-juin 1885, p. 333-351.
11s'agissaite petitemaison sréfabriquée amenées d'Espagne. Celle se Riode
Oroétaientprotégées pa lrgoéletteInes etcellesdecap Blanc par leponton Liberrad.
(Vilar,op.cir.p. 105).Cette dernière étaidt'ailleurs installée en réaaltéfaux cap
Blanc.Voir infi.
Voir texteen annexe1.&tretrésutile l8.Onaura remarquéquec'estaunomdel'und'entreeux,l'émirde
l'Adrar, que fut signéle traitédu 28 novembre 1884.
Ya-t-ileud'autres traitésqueceluidu 28 novembre 1884?C'est cequi semble
résulterde l'exposédes motifs de l'ordre royaldu 26décembre 1884 (voir infra),

maisceluidu 28 novembre 1884fut leseulquiOlivartput trouverBl'époquedans
les archives du ministere 2.

La priseen compte du protectorat par l'Espagne

Desleretourdel'expédition8 Madrid,lasociétés'employa dobtenir lapriseen
compte par 1'Etatespagnol du protectorat établipar Ronelli.
Par un ordre royaldu 26 décembre1884,une circulaire fut adresséeAtous les
représentants du Roi iil'étranger, leschargeant de notifier le protectorat de
l'Espagnesur les territoires dela côte occidentale de l'Afriquecompris entre la
baiedel'Ouest(buhiodelOeste) etlecap Bojador 3.On noteraen particulierquela

zone sur laquelle s'étendleprotectorat espagnol n'estpasdéfinieen profondeur,
maissimplement en distance lelongde lacôte, soit de la latitude de cap Bojador
(lat. 26" 8'N.) A cellede la baie de l'Ouest(lat. 20"51' N.). Seulesla Grande-
Bretagne et la France firent des réserves4.
Pans fit remarquerque leslimitesméridionalesdu nouveau territoireespagnol
contigu à lapossessionfrançaisede Mauritanie (Sénégal)devraienê t trefixéespar
lesdeuxparties conjointement. La réservede Londres fut levéeunefoisinformée
que l'Espagneassurerait auxétrangers - enparticulier auxAnglaisdecap Juby -

la libertéde commerce et de pêche dans cette possession pendant vingt ans,
conformément a ce qui avait étédécidépar la conférence de Berlin de
1885
Si les possessions espagnoles étaientlimitéesau sud par l'existencede pos-
sessions françaises, il ne semblepas que l'Espagneait eu la moindre conscience
d'unelimitationanaloguepour lenord,sousréservedel'implantationbritannique
iicapJuby. Eneffet.Bonellidans saconférenceprécitéee,xprimaitlevŒuquel'on
étendelespossessionsespagnolesau-del8decap Bojador,jusqu'au Maroc,dont il
fixait la limite sud a Santa Cruzde Agadir. Il se disait cependant conscient de

l'énormitéde l'entreprise 6.
En mars 1885,la factorerie établiesur la péninsulede Rio deOro fut attaquée
par les tribus voisines et les rescapéss'enfuirent aux Canaries. En juin, le
Gouvernement espagnol envoya un détachement militaire commandépar le
capitaine don JoséChacon pour rétablirl'ordreet permettre un nouveau départ
aÜcomptoir commercial 7.
Le IOjuillet fut proclaméun décret royalnommant, pour leterritoire missous
protectorat espagnol, un commissaireroyal. Selon l'article4 du décret,le com-

missaire royal:

Bonelli,op.cil., BSGM, 1885,p. 351.
VoirOlivart, marquisde, Coleccidnde los rrnrudos,canvenios documentos inter-
nacionales,volume 9 de lacollectioncompléte Regenciade doiïuMuriaCrisrina, vol.1,
1885,26 novembre1890, p. 500,note 2.
' Voir texte en annexeII.
' Voir en annexe 111les textes de la notification espagnoleet de la réponse
an laise.
Vilar.op. cir. p106.
Bonelliop. cir.,p. 342.
' J.Ci. R. Shnchezo,p.cil., p.4.14 SAHARA OCCIDENTAL

{(Aura en outre la facultéde concluredes traitésavec lesindigénes,ainsi

que de prendre possession des terrains (terrenos)qui n'ont pas de proprié-
taire{dueno) connu, en rendant compte dans lesdeux cas au gouvernement
pour due approbation. r '

C'estBonelliqui fut choisi comme commissaire royal et qui, installé A Riode
Oro, organisa deux voyages en septembre et novembre 1885pour reprendre
contact avec les tribus indigéneset leur démontrer <la sincéritédes positions
espagnolesenfaveur du développement commercial etle grandintérêatpportéh
laformationd'un portquisatisferaitlesbesoinsdecettevaste région a 2IIobtint
aussi l'indemnisation des victimes des incidents de mars 1885 3.

Aucours deces deux voyages,descontacts furenntoués avecdesreprésentants
des tribus de Bou-Amar, Oulad Delim, Oulad Tsiderarin et Erguibat. En par-
ticulier,desrencontres fructueuses eurent lieu avecSaad Bou,fréredu cheikMa
el Aïnin, et avec le cheik Ould el Aïda entouréd'un très grand nombre de
représentantsde tribus voisines venusle féliciter '.

L'expéditiond'Alvarez Pérez etde Campas Moles dans le Tekna
et la Saquietel Hamra

La Société de géogrgphiede Madrid organisa une nouvelleexpédition, cette
fois pour explorer et prendre possession des territoires entre le cap Bojador et
l'oued Draa. Elle choisit A cette fin don José Alvarez Péreza ,ncien consul
d'Espagne A Mogador et grand connaisseur du Sous et du Noun

L'expéditionreconnut ainsi le port d'Ouina O' Meano, Aryila OJJPuerto
Cansado, la factorerie anglaise établiea cap Juby, la crique des Matas de los
Majoreras et l'embouchure de la Saquiet el Hamra.
En cours de route, Alvarez Pérezpassa des traitésavec plusieurs chefsindi-
génesafin d'établirle protectorat de l'Espagne sur tout le littoral entre l'oued
Draa et le cap Bojador et une partie de l'intérieur, en particulier le bassinde la
Saquiet el Hamra 6.

Dansla bréverelation de son voyage qv'il fit dans la Revisrude geografia
con~erciall,Jod Alvarez Pérezexplique ce qui suit :
<iLes tribus avec lesquellesj'entrai en relation son: 1)les BeniZorguin

ou Izarguiin, proches de la côte ; 2) les Ait Mousa-ou-Ali qui habitent
l'intérieur.
Leslimitesde leur territoire sont, du nord au sud,lefleuveChebaika etle

Voirtexteen annexe IV.
E.Bonelli, (Viajes alinteriordel Sahara i)Boletinde lu Sociedadgeograficude
Madrid, tXXI,no' 5-6, novembreet décembre1886, p.324-338,spéc. p. 333.
' Ibid., p335.
E.Bonelli,op. ci!p.335. SelonJ. B.Vilar,op.cir.p.107,pendantleurvoyage,les
reprksentantsde l'Espagnereçurentl'hommagedela majoritédes tribusrencontrées:
OuladDelim,Oulad Xuij.Skarnadu Tins,BerikAlLah,Erguibat du Sahelet Oulad
BouSba,desImeragen,Menasir,Lammia, Fuicat etautres tribusadonnéesAla pêche
commedes OuladTidrarin tributairesdesOulad Delim.
1.B.Vilar, op. cil.. p. IIl.
* DonFranciscoCoello, (Sumariarelacibn de losviajesy exploracioneshechospor
losespaiialesenetpresentesiglo O,Bolerinde laSociedadgeogrbficade Madrid,t. XXX,
no 4,avril1891,p. 177-186,spécp.. 179.Leméme articleestreproduitdanslaRevisrade
geografiocomerciul, 6eannée,avril 1891,no 92, p. 115et suiv.
' <ExpedicittnalSaara - EnelSeguia-El-Hamra i)Revistude geogrufiacornercial.
2e année, lernovembre1386-31janvier 1887,nos 25 A 30, p8-10. EXPOS~~CRIT DE LA MAURITANIE 15

cap Bojador, et de l'ouest h Pest, l'Atlantique et les affluents les plus
orientaux de la Saguia-el-Hamra, même prochede Tindouf. Les chefs res-
pectifs de ces tribus, A savoir Embark-ben-Mohammed et Moharnmed-
ben-Belall, manifestérentle désirle plus vif de voir s'établirdes établisse-
ments commerciaux B Matas de los Majoreros et A Boca del Meano, et
d'étendreles relations avec les habitants des Canaries dont ils ont une
connaissance circonstanciée h cause du commerce qui, depuis des

siécles- mémes'ilest d'une importance réduite - est entretenu avec les
pOcheurs de l'archipel. A cet effet, les chefs émirent l'idée d'un traité
solennel qui les rendrait compatriotes des Canariens.
Ayant admiscette idéeconditionnellement, c'est-h-dire sousréservedece
qu'accorderont, le moment voulu,la Société queje représentais et leGou-
vernement de la nation, nous convînmes de certaines bases, et pour les
revetir de la solennitéils chargérent Mohammed-ben-Ali,de la tribu des

Beni Zorguin qui se transporta avec moi,dans une des trois goélettesqui
étaientau service de l'expédition(el Arico), A l'îlde Lanzarote. LAnous
établîmes, devantle notaire don Antonio M. Manrique, un traitéde com-
merce et de protection. i)

Par ce traité- dont on trouvera le texte ci-aprésen annexe IVbis - lesdeux
chefs, au nom de leurs tribus, se plaçaient sous la protection de la Société
espagnole de géographie commercialeet acceptaient d'avancecelledu Gouver-
nement espagnol,si celui-civoulait bienlaleur accorder. Lasociétés'engageaB it
payer aux chefs un traitement mensueldequinze duros en échangede la défense
par ceux-ci des magasins de la société.
Alvarez Pérezétablit,en effet, une factorerie à Jouinetz Alioua, Ouina O'

Meano, mais elle devait être abandonnéequelque temps après *.
Quoi qu'il en soit de cette expédition,le Gouvernement espagnol de Sagasta
refusa d'établirsur la région unprotectorat et, partant, de le notifier aux puis-
sances '.
Torres Campos prétendque le Gouvernement espagnol aurait accepté (vers
1894) l'acquisition de ce territoire, en donnant des instructions au ministre
d'Espagne ABruxellespour qu'il soutienne les droits de l'Espagne ABruxelles

devant l'Association africainede la Croix-Rouge '.Cette information est isolk
et au demeurant non confirmée.

La missionCernera-Quiroga-Rizzo

C'estencore la Sociétéespagnole de géographie commercialequi vaorganiser
la troisiémeexpéditionavec charge, cette fois, de pénétrerdans le désert du
Sahara et traiter avec les maîtres de 1'AdrarTmar. L'équipeétaitcomposéedu
capitaine ingénieurdon Julio Cerveray Baviera,ledocteur Francisco Quirogay
Rodriguez, spécialistede sciences naturelles, don Felipe Rizzoy Ramirez, ara-
bisant, ancien consul au Maroc,et ElHaj Abd elKader elAjdar. Ilsarrivèrentle

'VoiraussiF. de laChapelle, «LesTekna du Sudmarocairn ,AJriquefranqaise,
novembre1933,p. 643-644; Sanchez (op.cit.p.5)situecesévénemene tsn mai 1886 ;
D. F.Coello, <iSumaria i),op.cil.p. 179.
J.B. Vilar,op. cil.p. 112.
3.J. B.Vilar,ibid,etFrank E. Trout,Moroceo's Sahorion FrontiersGenkve,éditions
Droz, 1969. p. 152en note.
4 DonRafaelTorres Campos,dans un articleauBoletindelaSociedadgeogruficude
Mrrdrid: <Elabandono de Rio deOro ))t.XXXVI, no"-10, septembre-octobre 1894,
p.369.16 SAHARA OCC~DENTAL

14mai 1886BRio deOrooù ilsrestérentquelquessemaines.Enjuillet, ilsprirent
la direction de la sebka d'Idjil en traversant le Tinsl.
A Idjilétaientconvoquésleschefsdetribus Oulad BouSba,Oulad Xuij,Oulad
Mousa, Erguibat, Oulad Delim,qui contrôlaient Idjil,leTins, l'Adrar Soutoufet
autres régionsdu Rio de Oro.
Le 12juillet 1886fut signéun traité engageanttoutes les tribus et déclarant
notamment :

<Tous les territoirescompris entre lacôte des possessions espagnolesde
l'Atlantique, cap bjador a cap Blanc, et la limite occidentale de I'Adrar
appartiennent A l'Espagne àpartir d'aujourd'hui. »
Lemêmejouret au même endroit, un secondtraitéétaitpassé aveclepuissant

émirde l'Adrar, Ahmed Ben Mohammed Ould Aidda, chef de la tribu de
Yehya-ou-Azmén. accompagnédes principaux dignitaires de sa cour. Par ce
traitéétaitreconnue la souverainetéde l'Espagnesur tout le territoire de l'Adrar
Tmar dont les Limitesétaient précisées.L'Emir sollicitait du Gouvernement
espagnol l'usage d'un sceau spéciap lour authentifier les documents et la cor-
respondance officielle qb'il auraità entretenir dans l'avenir avec lesautorités
espagnoles 2.

Un troisiémetraitéfut passéhDmiset dans le Tins. Par ce dernier traité,le
puissant cheik SidiBechir,en son nom propre et au nomd'autreschefsde tribus,
faisait soumission ài'bpagne etconvenait d'unaccord commercialexclusifavec
elle3.
Bienque cetteexpéditionavaitétéentreprise avecl'appuidu gouvernement ',
lecabinet Sagasta,comme ill'avaitfaitpour la missionAlvarez Pérez,nevoulut
pas entrendre parler de la possibilitéd'étendreles possessioas espagnoles au

Sahara occidental, craignant sans doute que cela n'entraîne des frais,de nou-
velles responsabilitésou des complications internationales 5. En conséquence,
les traitésd'Idjil ne requrent pas la sanction gouvernementale; ils ne furent pas
publiés dans la Garera officiell; ils ne furent pas notifiésaux puissances
comme l'exigeait l'article 34de l'acte généralde Berlin du 26 février L885 qui
posait lesconditions à remplir pour quelesoccupations nouvellessur lescbtesdu
continent africain soient considérées comme effective '. Si l'Espagne avait
procédé à de telles notifications, elle se serait trouvàela têted'un territoire

particuliérementvaste au Sahara. Elle n'en fit rien.
Rien ne devait modifier son attitudedans les années qui suivirent.Un décret
du 6 avril 1887traitant des territoires de la cate du Sahara se réfère auxmêmes
indications géographiquesque celles du décretdu 26décembre1884 8.
La notice géographiqueet statistique sur l'Espagne, publiéepar la direction
généralede l'Institut de géographieet de statistique à Madrid, en 1888,limite

Voirpour le récit l'expédition:JulioCerveraBaviera, (Expedicion al Sahara-
De Rio de Oro a lyila,Rwista degeogrofiacomerciol.2e année, Iernovembre 1886-
31 'anvier1887, nos25 B 30,p. 1-8.Voiraussi J.B. Vilar,op. ci!.,113-114.
IVoir ln traductionIranqairrde ce traite (originarabe) enannexe V.
R.B., c Shhara ofcidentaly Guinea i),Revisia de geografi coloniay mercanlil,
4e année, no5, 1900,t.1,no29, p. 542.
D. R. TorresCampos, op.cit.,RDILC, 1892,p. 463.
J. B.Vilar,op. cit.p. 120.
Ibid.n. 121.
voir-a-dessous,section2.
Unextraitdu texteparudansla GocetadeMadriddu 7 avril 188estreproduitdans
Hertsletop.cir ,ol.III,p. 1164Voirtexteespagnoldu décretetlacritiquetrPsvivequi
est faitede ce dernierdans la Revista de geografiacornerci2eannée .0 avril 1887,
no 36.p. 250. EXPOS BCRITDE LA MAURITANIE 17

aussi leprotectorat espagnol Ala côte occidentale de l'Afriquedu cap Bojador A
la baie de l'Ouest (ca~ Blanc) '.
Le6 février 1889: lasociétédegéographie commercialeenvoyaune supplique
au ministre d'Etatpourqu'il acceptelestraitéssignésparAlvarezPérez,notifiant
cette prise de possession aux puissances, établisseson protectorat entre cap

Bojador et la frontiéremendionale du Maroc et installe un détachementAla
Ouina 2.
Le gouvernement ne répondh aucune de ces sollicitations.
Bien plus, les membres de la Sociétéde géographie se plaignentde l'état
d'abandon dans lequel se trouve la factorerie de Rio de Oro, tombéeen déca-
dence depuis la renonciation par Bonelli de sa charge de commissaire royal 3.
La Sociétégéographiquede Madrid et la Société espagnolede géographie
commerciale adressérentau ministre d'Etat, le 14 mai 1892,une lettre signéede
Francisco Coello transmettant Ci nouveau les traites d'ldjil et attirant l'attention

du ministre sur le danger que les Français ne nient les droits de l'Espagne sur
l'Adrar. Une communication de M. Fabert,dont ilseraquestion ci-dessous,leur
paraissait inquietante. Les sociétésdemandaient au gouvernement de remettre
au sultan de l'Adrar le sceau officiel qu'il avait solli'.tCette demande n'eut
pas'plus d'effet que les autres.
Par un traitédu 13 mars 1895 passéentre la Grande-Bretagne et le Maroc, la
Grande-Bretagne vend au Marocles établissementsde la North West Africa
Company situés àcap Juby. Dans ce traité,la Grande-Bretagnedéclareque tous

les terrains qui sont entre l'oued Draa et le cap Bojador appartiennent au
territoire du Maroc 5.
Il ne semble pas que l'Espagne ait réagi.
Fin avril 1895,leHeruldoannonça qu'une convention avaitété signéeentre le
directeur de la factorerie espagnolede Riode Oroet lechef dela tribudes Oulad
Delim.Seloncetteconvention, lechefaurait reconnu leprotectorat de l'Espagne
et l'autoritédu gouverneurde Rio de Oro ; ilpromettait de protégerlesrelations
entre les indigènesetlesEspagnols, d'indemniserlesdommagesque pourraient

causersessuietset deleschâtier sévèrement ed telivretceuxgu. .rt te nltesarmes
contre les Espagnols 6.
En 1897,leroiAlphonse XII1fitremettre aucheik Mael Aïnindescadeaux, en
réponsedequoi lecheik réitéra son adhésion L 'Espagne '.Encette même année,
des représentations desTsiderdn, Erguibat, Arroussiyin, Oulad Delim, Azra-
quin et Oulad Sbaconfirmèrent égalementleur attachement a l'Espagne 8.

'Citépar D. R. TorresCampos,op. cit.RDJLC, 1892,p. 448.
Revisrude geogrufiacomerciai,4@année, 15février 1889n,o63, p. 170. Voirausle
longarticle,dansle mêms eens.dansle numéro64decetterevuequiinsiste pour que le
protectoratsoit établide l'oued Draaau cap Bojador,sur base des traitéspasséspar
AlvarezPérez(p. 181et suiv.).
BSGM,on XXXIII,Lu1892,p. 85-114, spéc.p. 90-92.Oro n,coniérencedu 12avril 1892.
' Cette lettreestreproduiteau BSGM, XXXIII,1892, p. 80-84,etdans faRevistude
geogrujio comerciai, 7eannée,avril-maiet juin 189nos 104-105-106,p.26 1-262.
'
DonrMartinteFerreiro,(Memoria acercade los progresosgeograficosleida en la
junta general de 28 de Mayo de 1895 O,BSCM, XXXVII, noS7-9 ,uillet-septembre
1895,p.268. Mêmeidormation dans la Revisia de geografi cornercial, 1le année,
mars-mai 1895, nos 139-141,p. 175.
' SAharaespaf~ol, <La factoriade Rio de Oro », Revista degeugrafia co/oniay
mercanril,1" année,na8, t897,p. 137.
Vbid.. p. 138. SAHARA OCCIDENTAL

Constatationssur la politiquecoloniale
de l'Espagnede 1885 h 1900

De cette pérode qui s'étendde 1885 à 1900, on peut donc conclure que

l'Espagne a eu une politique coloniale trèstimide :
1) Elle se borne itinvoquer un protectorat (reulorden du 26 décembre 1884,
notification aux puissances, realdecreto du IOjuillet 1885).

A la fin 1885, répondant h une question parlementaire, le président du
Conseil Sagasta insista sur le fait que le Rio de Oro n'étaitqu'unprotectoraf.
une zone d'infiuence qui ne pouvait êtreconsidérée comme territoirede
souverainetéespagnole, si cen'estde façon bien diffuse '.Le 24juin 1887,le
president répéta,à lasuite d'une interpellation au Parlement, que<l'Espagne
exerce le protectorat dans ce territoire, sans que pour autant celui-ci fasse

partiede la nation espagnole ))'.
2) Elle se limite 1ila bande côtière de cap Bojador h cap Blanc, en dépit des
traitéspassés avec lestribus de l'intérieuret des pressions de divers milieux
d'dfaires.
3) Les factoreries instaIléessur la cate végètent 3,et aucune occupation de
l'intkrieur n'a lieu.
4) Rien n'est fait pour étendre les possessions espagnoles au nord de cap

Bojador jusqu'h la frontière marocaine en dépit desaccords passésavec les
tribus.
5) Ju~qu'àcette date, lecontentieux avecla France àpropos de la frontièresud
et est du Rio de Oro n'est pas entiérementvidé.

Laquestiondu cap Blanc

Pourtant dés1885la question de l'appartenance du cap Blancet de la baie du
Lévrier allaitetre poséepar divers géographes français auxquels répondirent
leurscalléguesespagnols 5.

' S.B.Vilar, op. cit., 109-110.
Revistade geogrufiacornercial,24année, Madrid.30juin 1887, no40, p. 347.
' Encore en1900, laSociétégéographiqdueeMadridseplaint de l'inactivitiRiode
Oro du Gouvernement espagnol qun iefaitrienpour développe rafactoreriequi reste
d'initiative privsauf àlaprotéger parun détachement militaire Revistadegeografin
colonialy niercanri4eannée,no 2, 1900,p. 489-491.
' Chrono1ogiquemen tA. Merle, <L'Angleterre,l'EspagneetlaFrance 8 proposde
l'ile d'Argui11.Revue de gêographi Pe,ris,tXVI, janvier-j1 u8in5p,.169-177;
H. Duveyrier,« L'Espagne en Afrique i)communication tla Sociétédegéographie de
Paris,séancedu 6 novembre 1885, Comptesrendu de la Sociéré de géographie.1885.
no16,p. 517-519 ; A.Merle,«Sur certainsdroitsde la Franceen Afrique (côteocci-
dentale). Lettre M. Henry Duveyrier i)communication la séancedu 4décembre
1885,Comptesrendu delaSociété degéographie ,885,nos19-20, p.634-640 ; Rom.mee
du Caillaud,{Lesdroitsdela FrancesurlegoHedlArguinet notammentsurlabaiedu
Lévrieri)Bulletinde luSociéd teégéographiecommerciuk de Paris,1885-1886,p. 162-
163 ; A.Merle, (La questiondu cap Blanc», Revue degéogrqhie,Paris, mars 1886,
o.183-191 : «Le litigfranco-esvamol i)Bulletinde la Sociér"a"rdra~hiauceommer-
hie, paris; 1887-18g8,vol. X. 754. '
Don C. FernandezDuro. (Los derechosde Es~aÏiaen la Costadel Sahara dis-
cutidospor la hiedad deg~ografiade Pans ,,BSGM,XXI, janvie r886,p. 42-61;
R.TorresCampos, L'Espa neen Afri ue i}RDJLC, 1892,p. 441-475; rCaboBlan-
co del Skhara.Litigioentre%kpaïiay 2ran!uid , Revisiu degeogrofiacmercial. t. II,
nos12 8 15,p. 216-219. Dèsmars 1885, M. Albert Merle expliquait que l'intérêd te la colonisation
algérienneexigeaitla créationd'un poste de commerce sur la côte au-dessus du
cap Bojador. Maisen attendant il proposait de réactiverl'établissemenftrançais

de l'îled'Arguin.Il rappelait que la France avait étremiseenpossessionde tous
lesétablissementssurcettepartie de lacôte occidentalede l'Afriquepar le traite
de paix du 3 septembre 1783avecla Grande-Bretagne, dont l'article6étaitainsi
conçu :
<<Le roi de la Grande-Bretagne cédeen toute propriétéet garantie à

S.M. Très Chrétienne,la rivièredu Sénégal etses dépendances,avec les
ports de Saint-Louis, de Podor, de Galam, Arguin et Portendick... »
II ajoutait que l'érectiond'un phare au cap Blanc contribuerait à assurer la
sécuritéde ces parages l.

Le 6 novembre 1885,ce fut M. Henry Duveyrier qui attira l'attention de la
Société de géographiede Paris sur I'expéditionRonelliet le décretespagnol du
26 décembre1884.Il protestait contre l'inclusion dans la zone de protectorat
espagnol de cap Blanc et de la côte est de la baie du Lévrier jusqu'à 20')26'de
latitude nord. Il invoquait lestitres historiquesde la France sur lecap et la ba:e
lettres patentes de Louis XIV à la Compagnie du Sénégae ln 1681réduitesen
1685,etc. 2.
La Société degéographiede Paris décidade transmettre cettecommunication
au ministre des affaires étranghreset à celui de la marine '.
Leministredes affairesétrangéres remercialasociété decettecommunication,

en ajoutant qu'ilne l'avaitpas attenduepour sepréoccuperde la situation qu'on
lui signalait'.En effet, les documents diplomatiques français révélentque
des septembre 1884le ministérede la marine et celui des affaires étrangéres
s'interrogeaient sur les mesures h rendre pour protéger les droits de la
France.
Aprèsavoir recula notification de Madrid proclamant leprotectorat espagnol
jusqu'à la baie de l'Ouest,Jules Ferry, dans une note du 13janvier 1885,écritce
qui suit au ministre dela marine :

<Nos droits territoriaux étaient incontestablespour la partie de la côte
situéeausuddu cap Blanc,nous nepouvionsau norddecepoint, i défautde
titre formel, n'invoquer qu'une présomption résultant d'une commune
renommée.Telles étaientnotamment vos conclusions l'an dernier quand
nous avonseu a répondreaux Etats-Unis d'Amériquequi sollicitaientpour

un compatriote l'autorisation de fonder une pschene au cap Blanc. n
Le ministre de la manne, pour sa part, dans une lettre du 27janvier 1885,
reconnaissait :

{tNous ne pouvons invoquer l'existence de traitésou de conventions
conclus avec les chefs de ladite côte de nature A infirmer la valeur de
ceux qui, d'après lesinformations fournies par M. Belle,dans sa lettre du

'A. Merle, op.cil.RG, 1885, p. 173-174et 176.
*H. Duveyrier, op. cil.CRSG, 1885,p. 517-518.
Ibid.,p.519.
' Ibid.,p.610.
Ministèredes affairesétrangéresde FrancM e,émoireserdocuments,Alrique.<iDe-
limitationfranco-espagnoledans 1'Afriqueoccidental»e,l, t860-1885correspondances
diverses.
6 Folio 253 ;voiraussifolio255.20 SAHARA OCCIDENTAL

19 décembre dernier, auraient étépassés par la Sociétéespagnole
africaine.))

Désireuxde s'assurer que les Espagnols ne s'étaientpas installéssur le cap
Blanc lui-mêmeou plus au sud, notamment al'îled'Arguin, le gouverneur du
Sénégalet dépendancesfit reconnaître les endroits occupés par un aviso de
I'Etat, LeHéron 2. Le rapport du capitaine rassura les autoritésfrançaises :

<(Le cap Blanc m'aparu absolumentdésert,on n'yvoit nulle trace d'une
habitation quelconque. Quant Al'îled'Arguin,je mesuisconvaincuque non

seulement elle n'estpas occupéeni actuellement habitée...En revanche sur
le faux cap à neuf millesdans l'ouest-nord-ouest du cap blanc, s'élévu ene
maisonnette en pierre et le drapeau espagnol en dehors des limites de nos
possessions. »

Pourjustifier que lecap Blancet lacôte au sudjusqu'au Sénéga al partenaient à
la France, le ministèrede la marine invoquait non seulement les titresdécoulant
de traités internationaux avec les Pays-Baset la Grande-Bretagne, mais encore
ceux issus des traitésparticuliers passes avecles chefs de tribus ou <rois indi-
gènesrles29juillet 1717,6 mars 1723,5mai 1773et 8 juin 1873par ledirecteur
généralde la Compagnie du Sénégal '.

LeGouvernement français fitdonc savoir au Gouvernement espagnolque les
revendications françaises comprenaient expressémentla baie du Lévrier,au
mêmetitre que la baie d'Arguin 5.
Le lerdécembre1885, laFrance proposa de confier A une commission mixte
franco-espagnole l'étudedes délimitationsdes possessions françaises et espa-
gnoles respectivesen Guinéeet au Sahara occidental. L'Espagneaccepta 6.La
commissioninterrompit ses travaux en 1888,lesreprit en 1891pour lesarrêtera
nouveau en 1892 '.

C'estpendant cettepériodequelesEspagnolsacceptèrentque lecap Blancsoit
diviséen deux, laissant la totalitéde la baie du LévrieB la France 8,quoique la
chose ne devait êtremise noir sur blanc que par le traitédu 27juin 1900.
Le projet de limitation dans le cap Blanc étaitle suivant :

Une lignequi partant du point indiquéparlacarteannexée àlaprésente
convention sur la côte occidentale de la péninsuledu cap Blanc entre
l'extrémitéde ce cap et la baie de l'Ouest gagnera le milieu de ladite
péninsule,puis en partageant celle-cipar moitié.autant que lepermettra le
terrain, remontera au nord jusqu'au point de rencontre avec le parallPle
21' 20' de latitude nord. i)

Folio260.
Folio262.Voiraussi LciGironde.6janvier1885,citepar A.Merle. op.cir.,RG1886,
p. 184S'agit-ilaussdu navirede guerrequiauraitété envoyépar laFranceenvuede
s'assurer del'effectivtuprotectoratespagnolauquel R.Torres Campos faitaiIusion,
op.cir., BSGM, 1894,p. 368?
Lettredu 12décembre 1884,folio265.
' Folio283,lettredu 27 mai 1885 de la marineauxaffairesétrangéres.
Folio336.
Folio359.
' J. B.Vilar,op.Nt.,p. 121.
a MinistéredesaffairesetrangeresdeFrance, Mémoireset documenrs.Afrique.« Dé-
limitationfranco-espagnoledansl'Afriqueoccidentaler, 2,correspondancesdiverses.
t.98.Voiren particulier foli37.
Ministére desaffairesktrangéresde France, op. cirfolio37. EXPOS ECRITDE LA MAURITANIE 21

Ilsemblequecesoit au courantdes négociationsde 1891quelescommissaires
espagnols aient admis quela limite despossessions franco-espagnolesau sud du
Rio de Oro serait le parallèle21" 20' 1.
Dans une note au ministre français des affairesétrangéresdu 26février1900,

préparéepar ses services, on trouve le résumésuivant des négociationsde
1891 :
(Ledifférend concernantla régiondu cap Blanc,aprhs avoiroccupéles

treize premiéresséancesdes conférencesde 1886,a étél'objet d'un arran-
gement rédigéen projet au commencement des conférencesde 1891. La
rédactionadoptéedivisedans lalongueur. entre lesdeux gouvernements,la
péninsuledu cap Blanc. La limite rejoint ensuite le parallèle21" 20' de
latitude nord et secontinue dans l'intérieurle long de ce paralléle.
La remarque ayant été faitequ'aucune stipulation n'intervenait pour la

fixation de la limite Al'intérieur,la commission constata que son mandat
n'avait traitqu'Aladélimitationsur la côteet ne luiconféraitpar lepouvoir
d'examiner d'autresquestions.Maisilfautentendreque lalimiteenlatitude
ne pouvait 2tre autre que celle du parallèle21" 20'.les dispositions com-
plémentairesqui pouvaient êtreintroduites plus tard dans l'arrangementne
pouvant porter que sur les extensions en longitude.

La question de l'Adrar

A la séancedu 4 mars 1892de la Société de géographiede Paris, M. Léon
Fabert fit unecommunication relative àsonvoyageaupaysdesMauresTrarza et
au Sahara sud-occidental, au cours duquel il avait

écritaujeune roide l'Adrar,AhmedOuldSoueydAhmedOuldAïda,pour
luiproposer l'amitiéetl'allianceexclusivedesFrançais.Leroi,quin'estqu'A
trois ou quatre jours de marche, mais qui est en guerre avec lesMaures
I'Dowicheo,répond favorablementsur toutes lesquestions. IIdéclarequ'il
recevra les visiteurs quand le pays sera pacifiéi>

Dans une lettrequ'iladressaau ministred'Etat, FranciscoCoello,présidentde
laSociété de géographiedeMadrid,attiral'attention du Gouvernementespagnol
sur le voyage de M. LéonFabert et sa lettre au jeune roi de l'Adrar et surla
négationdes droits de l'Espagne qu'ilsimpliquaient '.

Les inquiétudesespagnoles seprécisèrent car,le 26 octobre 1892,le sous-
secrétairedu ministèred'Etat,Ferraz,demandaau duc de Mandas,ambassadeur
d'Espagne B Paris, de vérifier l'exactituded'une information du journal Le

Protocole no39,16février 1891,cité parLeonyCastille, Docurnenrosiplorniricos,
Iqislucicinde 1900. Madrid. Tip.Suc. Rivadeneyra, 1900.75 pages et une carte;
((Negociacibncon Francia paracelebrarun tratado de limitesentre las posesiones
espaiïolasyfrancesasenlacostaoccidentaldeAfrica t)doc.no33,et J.B.Vilar,op.cit.,
p. 124.
* Ministére des affaireéstrangeresde France,Dossie genérul1900. II, ((Afrique
équatoriale, Contestationfsranco-espagnoles)5, folio34his(manuscrit)et51(dac-
tylographe).Le numéro93dela Revistadegeografiucomerciul(mai189 1p. 124)faisait
remarquer qu'adopterle parallele21"21' c'était perdrela plus grande partie de
l'Adrar.
L.Fabert, «Le paysdes MauresTrmas etleSaharaoccidental i)séancedu 4 mars
1892,Comptesrendus de laSociéréde géographie,1892, no5,p. 109-111.
' BSGM, XXXIII, 1892, p.83.22 SAHARA OCCIDENTAL

Temps,reprisepar ElImpartial,dans laquelleilétaitquestiond'untraitésouscrit
entre la France et les chefs de l'Adrarl.L'information étaitexacte.
Dans une lettre adresséele 17février1892au ministre français des affaires
etrangeres, LéonFabert insistait sur I'intérép t our la France de l'Adrar et le
danger des initiatives espagnolesqui avaient fait une tentative directe auprés

du cheik de l'Adrar, maisque cette tentative n'avait provisoirementpas abou-
ti o.Aprésavoirrappelél'échecde Faidherbe en 1860,qui avaitcherché à faire
un traitéavec l'Adrar et y avait expédié sans succesle capitaine Vincent, Léon
Fabert expliquait : (ILes gens de l'Adrar trésindépendantset trés braves re-
doutent une invasion européenne.Le traitéque je leur ai fait accepter est le
maximum de ce que l'on pouvait obtenir. i*
Ce traite, dont on trouvera le texte en annexeVI, fut signeie 20octobre 1891
par l'émirde l'Adrar.IIserapprmheplusd'untraitté decommerce que d'un trakté
de protectorat en bonne et due forme. La souverainetéde I'Emir est à peine

entamée.
Ce traitéfut signé ànouveau par l'émirde l'Adraren 1892,pour en assurer la
parfaite authenticité3,et par le présidentde la République françaisele IOjuin
1893. Il fut ratifiépar ce dernier par un décretdu 7 juillet 1893 et cette
ratification fut communiquée a1'Emir
Lorsque àla fin octobre 1892le duc de Mandas, ambassadeur d'Espagne A
Paris, demande des explications, il fut éconduit, selon Vilar, de la maniére
suivante :

« Mandas eut une entrevue avec M. Ribot, alors titulaire du Quai d'Or-
say, et loin de formuler une protestation quelconque finit par reconnaître
que si leterritoire en question se trouvait au sud du parallèle21' 20'il n'y
aurait lieu3récIamationquelconque de la part de l'Espagne.Lerésultatde

cet entretien fut communique par l'ambassadeur A son supérieur le 5 ne
vembre 1892 par dépêcheno294 sans que le ministre d'Etat ne soulève
d'objection, Ainsi, notre gouvernement perdit une occasion prkcieuse de
protester contre de tels traites et de réaffirmernotre souveraineté surle
territoire en question1)

Négociationsdu traitéfranco-espagnol du 27juin 1900

Lesnégociations franco-espagnoles reprirent enjanvier1900,aun moment où
la tension en Guinéeétaitdangereuse. Ellesfurent menéespar don Fernando de
Lebny Castille,ambassadeur d'Espagne àParis,etThéophileDelcassé, ministre
des affaires etrangéresde France.

Par un ordre royal no 140 du 21avril 1900, le ministre d'Etat affirmait la
souverainetéde l'&pagne sur l'Adrar 7.L'autre problèmeétaitde fixer la fron-
tiéreest du Rio de Oro.
Dans unenote du 10mai 1900,leministrefrançaisdescoloniesindiquait hson

J. B. Vilar,opcil.p.125.
Ministéredes affaires étrangèrese France,Afrique.Sénégal et dependances ,9,
1892-1894,t. 124,folio 61.
' Ibid., fol313.141, 154et 203.
' Ibid.folio351.
J.B. Vilar, op. cip. 125.
Ibid EXPOS ÉECRIT DE LA MAURITANIE 23

colléguedes affaires étrangéresce qu'il estimait devoir êtreles limites de la
négociation :

<(Les possessionsdu Rio deOro ne devant pas dépasserni au nord ni au
sud les parallèlesentre lesquels elless'étendent actuellementj,e n'attache-
rais qu'une importance secondaire dans ses détails à la direction de leur
frontikre orientale pour peu que celle-cilaissait tila France Chingueti et la
sebka d'tdjil. C'esten effetpar cette voieque lacoloniedu Sénégatlrouvera
sa prolongation naturelle vers le nord. ))

LaFrance allait semontrerintraitable aussibiensurlaquestion de1'Adrarque
sur cellede la sebka d'Idjil. La belle assurance de Delcassé nelaissa rien filtrer

des doutesque révèlentlesarchivessur lavaliditérespectivedes titres françaiset
espagnols sur l'Adrar.
C'est ainsi qu'une note du 4 mai 1900émanant du ministèredes colonies
examine les méritesdes traitésd'ldjil face à celui de LéonFabert :

(iQuoi qu'il en soit et sous bénéficede la comparaison de ces deux
documents, il n'estpas douteux que,pour lemoment,l'anténontédes titres
sur l'Adrar sembleacquise a l'Espagneetje n'aipas besoin de rappeler que
c'estseulementpour lacôteetnon pour lesterritoiresdel'intérieurquel'acte
de Berlin a requis la notification des prises de possessionet l'établissement

d'une autoritéeffective. o
Dans une note du 10mai 1900,le mOmeministre interrogeait :

(IPeut-Otreserait-il possible d'affaiblir la validitédu traitéespagnol en
examinant sa portée véritableau point de vue ethnographique et poli-
tique. ir3

Le20juin, leministredescoloniesfaitencore lesremarques suivantes quisont
pleines d'intérst :

« nous ne saurions oublier quejusqu'à présentdans les négociationsterri-
toriales concernant l'Afriqueune importance particulière a étédonnée aux
arrangements passéspar les puissances européennesavec les chefs lo-
caux.

C'estsur ce terrain que nousnous sommes d'ailleursplacésnous-mêmes
en diverses occasions ...
II semblerait dèslors difficile,sans toutefois perdre de vue les considé-
rations d'intérêo tu d'ethnologie expriméesdans la note dont il s'agit,de
vouloir écarterde la discussion sur les traitésque l'Espagneoppose à nos
prétentionssur l'Adrar alorsque cette convention est antérieureaux nôtres

ei que les renseignements que vous m'avez communiquésétablissentqu'au
moment où elle a étéconclue, un signataire, AhmedBenSidiAhmed Ould
Aïda, étaitconsidérécomme le principal émirdu pays. i)

Quand on sait,en outre, qu'à l'époque la France n'avaitnullement entrepris la
conqutte de l'Adrar,on est stupéfaitde l'aisance aveclaquelle Delcassé,cachant
habilement sesfaiblesses,réponditaux demandes espagnoles.Il fit valoirque la

Dossiergénéra1l900,11, (iAfriqueéquatoriale.Contestation franco-espagnoles O.
5,folio 130.
Dossiergénéru l900. II,op. clr.folio118.
Jbid.folio 130.
Dossiergénéru l900, II, op.cit.folio144.24 SAHARA OCCIDENTAL

France ne pouvait abandonner des oasis dont elle avait pris possession en
ignorancedes traitésd'Idjil,oasisqu'elleavait occupées,coloniséee st défendues
contre les attaques des Touaregs ; qu'au surplus ces territoires formaient le lien
nécessaireentre ses provinces algérienneset sénégalaises l.
Prenant instruction auprks de son ministre, Lebn y Castillo écrivait :

eEn 1886, avec les traitésd'Idjil, notre droit à ce territoire avait un
fondement solide ;mais nous avons procédé ..avec une négligence vrai-
ment inexplicable et non seulement il n'a pas étédonné depublicitéaux
traitéspasses par nos explorateurs avec leschefsdes tribus qui occupaient
ces territoires, mais nous n'avons exécuténi alors ni ensuite d'acte quel-

conque qui révélenotre souveraineté ..En 1891, il était encorepossible
de soutenir notre droit ; mais lescommissaires espagnols,sur instructions,
sans doute, du gouvernement, s'opposerent il ce que I'on supprime la
condition que la limite entre les territoires français et espagnols serait le
paralléle 21 O 20' prolongé h l'intérieur, au sud duquel on trouve
l'Adrar,,, i)2

Devant la résistancedu Gouvernement espagnol, Lean y Castillo envoya le
télégrammesuivant, le 16mai, au ministre d'Etat :

<IIme seraitagréablede savoir la date etla forme par laquelle les traités
d'ldjil ont été acceptépsar le Gouvernement espagnol, parce que les anté-
cédents que I'on m'a envoyésne mentionnent pas cet élément impor-
tant. n

Leministre dutrépondreque lestraitésd'ldjiln'avaient pasété publiésdansla
Gaceta, qu'ils n'avaienteténi ratifiés,ni communiqués auxpuissances. Quele
Gouvernement espagnoI ne les avait jamais acceptés sous une forme offi-
cielle'.
Le Gouvernement espagnol abandonna alors la partie. Le traité futsignéle

27juin 1900 5.L'kchangedes ratifications eut lieu à Paris le 22 mai 1901.

Contenu du traite franco-espagnol du 27 juin 1900

Pour cequi concernedirectement leSahara occidental, on peut serapporter A
ce traité qui contient les éléments suivants :

- description de la frontiéresud et ouest (art. 1) ;
- octroi de droits de pêche aux ressortissants espagnolsdans la baie du Lévrier
(art.2) ;
- absence de droits d'exportation pour le sel d'Idjil (art. 3) ;
- intransmissibilité desdroits prévusaux articles 2 et 3 (art. 6) ;

- droit de préférencepour la France en cas de cession par l'Espagne des pos-
sessions faisant l'objet de la convention (art. 7) ;
- commission de démarcation(art. 8) ;

' J.B. Vilar,op. cit.. p. 123-124.
Documentasdiplom8ricos,Legislucidnde 1900, <NegociaciCI non Francian,doc.
no33.
Docurnenlmdiplornaticos,Legisiacionde 1900, op.cit.doc. no 34.
' Ibid.,doc.no 35.
On en trouveradesextraitsen annexeVIII.Voiraussi lacarte no 5.[Non repro-
duite.]- respect des tribus passant d'une souverainetéAl'autre ;
- ratification dans les six mois (art. 10).

Reprenons certains de ces points.
Pour cequi touchelafrontiere du RiodeOro,laconventiondiviselecap Blanc
commeon l'adit plushaut, laissant latotalitédelabaiedu Lévrier Ala France. La
frontiéresud est ensuite établiesur base du paralléle 21" 20'de latitude nord

jusqu'iil'intersectiondeceparalléleavecleméndien15' 20'ouestde Paris.Dece
point, la lignede démarcations'Pl&ve en arcde cerclepour laisserà la France les
salines de la régiond'Idjil. Au point de rencontre de la courbe avec le méridien
15" 20'ouest de Paris, la frontiéregagne l'intersection du tropique du Cancer
avecleméridien14'20'ouest de Pari etseprolongesurcedernier méridiendans
la direction du nord.
Cequ'il faut retenirde cette fixation,outre lesélémentséjAexaminés ci-avant
(pertepour Espagne dela baie du Lévrier,passagede la limitesudde lalatitude
20" 51'nord ii21O 20'nord, perte de l'Adrar et des salines drIdjil),c'estque la
frontiére septentrionalen'est pas déterminée. «La frontiére ..se prolongera sur
ce dernier méndien dans la direction du nord. O
Aucune limite nord n'est donnée.En particulier, on ne s'est arrêténi à la

latitude du cap Bojador(26"8'nord), cequieutpus'expliquer par lanotification
espagnole de 1885,ni B lajonction avecla frontiéremarocaine oii qu'elle puisse
être.
UnarticlesignéR. B.dans la Revistudegeografiacolonialy mercanti1exprimait
les réflexionssuivantes :

Cequiest certain, c'estqu'onne fixepas comme limiteseptentrionale le
paralléledu cap Bojador ;nous devons des lors supposer que le territoire
espagnol avancejusqu'ii lalimitede l'Empiredu Maroc,c'est-A-direjusqu'ii
la riviéreDraa, ou au moins jusqu'au Sakiet el Hamra. A de multiples
reprises, la Société géographiqud ee Madrid et la Société espagnolede
géographie commercialedemandérent au gouvernement qu'il étende le
protectorat du Sahara a lapartiedu littoralcomprise entre lecap Bojadoret
la frontière marocaine ;maintenant la France. implicitement,nousautorise
à proclamer notre souverainetésur les territoires situés aunord du cap
Bojador. L'acquisitiondelafactorerie decap Juby par lesultan du Maroc et
les conditions qu'a mises l'Angleterrepourront rendre difficile l'établisse-

ment d'une puissance européenne quelconqueentre le Sakiet et le Draa ;
maisrien ne s'oppose ceque nousarrivions au Sakiet,et maintenant que le
Sultan a acquis des territoires au sud du Draa, il seraitjuste que les puis-
sances reconnaissent comme limite méridionalede l'Empire marocain la
ligne de la vallée ou oueddu Sakiet el Hamra. s '

Selonles archivesdu ministérefrançaisdes affaires étrangéresi,l semble bien
que les Espagnols essayèrentd'obtenir que la frontitre soit prolongéejusqu'h
celle du Maroc. La France s'y refusant, on laissa la question ouverte 2.
II paraît aussi intéressantde relever l'article9 de la convention par leque:

(1Les deux Puissancescontractantes s'engagent réciproquement 1 traiter

' R. B., Revista de geografia colonl mercantil,4t année, no5, 1900,t.1.no 29,
p. 543.
Dossier généra1l900,II, Afriqueéquatoriale,Contestationfsranci~espagnoless.
5,folio 154. SAHARA OCCIDENTAL

avec bienveillance les chefs qui, ayant eu des traités avec l'une d'elles, se
trouveront envertu delaprésente convention passersous lasouverainetéde
l'autre. e

Le projet de conventiondu8 novembre1902

Leprojet de conventionfranco-espagnoledu 8novembre 1902 l,quidevait ne
pas étreratifiépar 1'Espagne - de peur, semble-t-il, de déplair1 la Grande-
Bretagne - accordait àl'Espagne une zone d'iniluence au Maroc qui suivait
grosso modo les limites suivantes :

Partant de la latitude de 26Onord - ce qui est proprement incompréhensible,
sauf si on a voulu<(arrondir e le chiffre exactdu parallèledu cap Bojador, soit
26O8'nord - une ligne suivait cette latitude jusqu'à BietAbbas. De 11,elle
remontait dans la direction du nord-ouest jusqu'i l'oued Merkaia. La ligne
remontait ensuite l'oued Draa, puis rejoignait l'océanle long de l'oued Sous.
Faut-il interpréter ceprojetcommeayant considéréterritoiremarocain cequi

étaitau nord du 26" nord 3 ou bien que lanotion desphèred'influenceau Maroc
ne se rapportait qu'au territoirecertainement marocain (au nord du Draa) ? La
seconde interprétationnousparaît plus plausible, car nila France, ni l'&pagne
ne considéraient la Sakiet el Harnra et la zone de Tarfaya comme maro-
cains.
En 1904,le Gouvernement britannique reconnut les intéréts particuliersde
l'Espagnepour le Maroc dans la déclarationdu 8 avrilconcernant 1'Egypteet le

Maroc, signéeà Londres le 8 avril 1904entre la France et la Grande-Bretagne et
dont l'article8prévoyaitce qui suit :
<iLes deux gouvernements, s'inspirantde leurs sentiments sincérement
amicaux pour l'Espagne,prennent en particulièreconsidérationlesintéréts

qu'elletient de sa position géographiqueet de ses possessions territoriales
sur la côte marocaine de la Méditerranéee ,t au sujet desquels le Gouver-
nement français se concertera avec le Gouvernement espagnol.
Communication sera faite au Gouvernement de Sa Majestébritannique
de l'accord qui pourra intervenir a ce sujet entre la France et l'Es-
pagne. H 4

Les accords du3 octobre 1904

La question de la frontiéreseptentrionale allait êtreréglépar les accords du
3 octobre 1904
A cette date, en effet, deux accords franco-espagnolsfurent signé1iParis par
de Leon yCastilloet Delcassé :unedéclaration, publique,dans laquelle lesdeux
gouvernementsdéclaraientnotammentqu'ilsdemeuraient (fermementattachés

à l'intégritde l'Empiremarocain sousla souverainetédu Sultan Ret un accord
secret qui déterminait notamment une région située endehors du territoire
marocain i)et dans laquelle le Gouvernement espagnol se voyait reconnaître

On en trouvera des extraits en annexe IX. Voir aussi carteno6. [Non repro-
duire.]
F.E. Trout,op. cit.p. 168.
' Comme le fait F.E. Trout, op.cilp.168-169.
Texte dans RGDIP, 1907,p. 508.
Voir largesextraitsen annexeX. Voiraussila carte no7. [Non reproduite.] EXPOSÉ ÉCRIT DE LA MAURITANIE 27

{{pleineliberté d'action» (art. VI) et une zone d'influence en territoire Sud
marocain (art. V).
L'articleVI comportait en effet le texte suivant :

(iDe méme,le Gouvernement de la Républiquefrançaise reconnaît des
maintenant au Gouvernementespagnol pleine liberté d'actionsur la région
comprise entre les degrés26 et 27' 40'de latitude nord et le méridienIl0
ouest de Paris, qui sonten dehors du territoire marocain.s

C'est cette région A laquelle on donne habituellement le nom de Sakiet El
Hamra.
Cette région,allant de cap Bojador au sud du cap Juby, recoupait en partie
cellequelesBritanniques avaienttenuepour territoire marocaindans l'accorddu
13 mars 1895,
Le Gouvernement britannique fut tenu au courant de la négociationde I'ac-
cord du 3octobre 1904,sinon même utilisé par les Français pour amener les
Espagnols à accepter l'accord l.
Les textes furent secrétement communiquésA lord Lansdowne, secrétaire

d'Etat aux affaires étrangéresde Grande-Bretagnedésle IOoctobre 2.Il n'yeut
aucune observation sur la contrariété destextes.
En dépit du blanc-seing que lui donnait I'accord, l'Espagne resta passive.
Certes, en1906, iil'occasion d'unvoyaged'Alphonse XII1auxCanaries, il reçut
l'hommage de tribus de Rio de Oro ',mais le territoire lui-même restait inex-
ploité.Un décret royaldu 10août 1907avait bien projeté un plande dévelop-
pement des territoires espagnols du Sahara occidental. Mais en 1909la Société
royale de géographie se plaignaitamérementque rien n'étaitfait '.
La mêmesociété se plaignait, en 1909,de l'inaction du gouvernement dans la
Sakiet El Hamra. Apparemment ignorante de l'accord secret de 1904et se

fondant seulement sur celui de 1900,elle demandait que soit fixéela frontière
nord du territoire sous obédienceespagnole :
«Comme il est tout iifait indubitable, écrivait Beltrany Rozpide, que la
zone qui suit immédiatementle nord du parallele du cap Bojador n'appar-
tient pas au sultan du Maroc, on peut et doit la considérercomme la

continuation du territoire espagnol...Nous avonsdonc parfaitementle droit
d'exécuterdes actes de souverainetédans tout le territoirequi s'étendde la
frontiéreméridionaledu Maroc et en face de notre archipel canarien.
Il n'est pasinutile de rappeler qu'ainsil'atoujoursentendu la Sociéde
géographieet depuis 1889et en conséquencede l'expéditionde reconnais-
sance qui se fit avant dans la Sakiet El Hamra et des bonnes dispositions
dont firent preuve,à l'égardde l'Espagne,les tribus du temtoire compris
entre le fleuve Chebica et lecap Bojador...le Gouvernement espagnol fut
sollicitéAde nombreuses reprises de déclarer notre protectorat dans ce

territoire)>

Voir Documentsdiplomuripesfrançois(1871-1914),2esérie(1901-191l), t. doc.
no147.o. 166.
J.iDiaz de Villegas, Plazm y provincias aJricanasespafiolasMadrid, 1962,
p. 141.
BSGM. 1909.p. 520.
5 BSGM. 1909,p. 521-522.28 SAHARA OCCIDENTAL

En 1910, le lieutenant colonel Bens rencontre les Français a Atar, dans
l'Adrar.
En 191 1,['Espagnen'avait toujours pas occupé laSakiet El Hamra '.

La convention franco-espagnole du 27 novembre 1912

Elle n'allait plus rien changer de fondamental dans les relations franco-
espagnoles '.
L'article2 injine comporte la phrase suivante :

<<Au sud du Maroc, la frontière des zones française et espagnole sera
définiepar le thalweg de l'oued Draa, qu'elle remontera depuis la mer
jusqu'i sa rencontre avec le méridien 1 Io ouest de Paris ; elle suivra ce
méridien verslesudjusqu'8 sa rencontre avecleparalléle27' 40'de latitude
nord. Au sud dece oarallkle.lesarticle5 et6delaconventiondu 30 octobre

1904 resteront ap&cables. es régionsmarocaines situéesau nord et àl'est
de ladélimitationviséedans leprésentparagraphe appartiendront à lazone

Co n'estcependant que le 30juin 1916que l'Espagnes'installera acap Juby '.
En novembre i920, aLa Agüera au cap Blanc '.

A partir de 1925,tes lignes d'aviation aboutissent au Sahara occidental
En 1932,VillaCisneros,LaAgüeraetcapJuby étaientlesseulslieuxau Sahara
occidental ooiiflottait le drapeau espagnol6.
En 1934. lesEspagnols débarquent a Ifni.

SECTION 2.- LA NOTION DE TERRITOIRESANS MA~TRE
(TERRA NULLiLiS)

La notion de territoire sans maître est essentiellement doctrinale et est habi-
tuellement utilisée enrapport avec la facultéqu'ont les Etats d'occuper de
nouveaux territoires.
Bien que la notion soit ancienne et ait fait l'objet de nombreux developpe-
ments doctrinaux, elle est loindl&treclaire. La doctrine est en partiel désaccord
sur la définitionde ce qp'est un territoire sans maître et sur les conséquences
pratiques que l'on peut tirer de cette qualification.

1.Définition d'un territoirsans maiire

Un survol de la doctrine dela seconde moitiédu XIXesikcleet du débutdu
XXe - périodependant laquelle les événements relatifa su Sahara occidental se
sont déroulés - montre que les auteurs paraissent unanimes sur les points
suivants :

1) territoires désertsou inhabités ;

F. E.Trout, op. ci?..p. 20Manuel Conrotte,<(ElSihara Marroqui y laMauri-
tania 0,BSGM, 1911, p.211-228,spéc.p. 226et suiv.
Voir la carteno8. [Non reproduire.]
(iDesembarco en cabo Jubi)}Revista de geogrufiacoloniymercunril,juin-juillet
1916,p. 284 E.Bonelli,<<Cabo Jubi )>,ibid.p.245-247.
' J.G. Sanchez, op. cir.,p. 171.
'1.Diaz deVillegas,op. cir.,p. 141,et J.Siinchez,op.citp. 171-172.
J.G. SAnchez ,p.cir, p. 115. 2) territoires abandonnés(res derelictils;
3) territoires appartenant à un Etat ;
4) territoires habités mais où il y a absence d'autoritépolitique quelconque.

En revanche, la mémeunarimité n'existepas s'agissantdes territoires habités
par des <(barbares O, tribus a sauvages n, nomades, etc., qui tout en ayant une
autorité politiquene peuvent êtreassimilés -4un Etat.
Examinons ces divers points.

A. POINT SUR LESQUELS LA DOCTRINE SEMBLE UNANIME

I. Territoires déser~sou inhabités

Les territoires dberts ou inhabitéssont une classe non discutéede territoires
sans maître. Comme l'écrivaitFiore :(iTout Etat a ledroit d'explorerou defaire
explorer les contréesdéserteset, en les occupant, peut prendre possession des
régionssans maître. r 'Ils'agitessentiellement d'îlesquiont été découvertespar
lesnavigateurs occidentaux au coursdes siécles.Encore faut-il,bien sûr. queces
îles ne soient pas déjà appropriéespar d'autres Etats.
On peut relever les exemples suivants mentionnés par la doctrine :lïle de
Ponria. dans la mer de Toscane, dont la République romaine prit possession ;

Madéreet les Açores découvertespar les Portugais dans la premièrepartie du
XVesiècle ;Sainte-Hélènedécouverte en1502par les Portugais ; la Réunion
occupéepar lesFrançais en 1642 'lesîlesKerguelendécouvertespar lesFrançais
en 1772et occupées en 1774; lïle de Clipperton occupéepar la France en 1858;
les ilesAldara, Cosmoledo, etc., situéesau nord-ouest de Madagascar, dont les
Anglaisprirent possessionen 1890 ;lesilesGlorieuseset RochesVertesoccupées
par la France en 1892,etc.

2. Territoires abundonnés (res derelictus)
Cette seconde situation est déjà un peu plus compliquée,car il s'agit de

déterminersion va tenircompte uniquement du fait matérieldel'abandon ous'il
faut tenir compte égalementde l'intention d'abandon de l'ancien occupant.
Nous n'entrerons pas dans l'examen de cette question ici. Bornons-nous à
paraphraser Lindley '.Pourqu'un territoirequi a étéoccupédevienne territorium
nuIliusildoit avoirétéabandonné,c'est-A-direque sonoccupant antérieurdoiten
avoir abandonnéla possessionou n'avoirpas eu l'intention d'exercer à nouveau
une telle possession, ou bien il doit avoir perdu son droit Adéfaut d'occupation
effective.

Lesexemplesdonnes de cette catégoriede territoires sont nombreux. Citons :
l'îlede Corse occupéepar Marius et Sylla,l'îleSaint-Martin abandonnéepar les
PasqualeFiore, Nouveaudroit internationalpublic suivaletbesoinsdelacivilisation
moderne,2eéd., trad. par Charles Antoine,t. 2Pari sPedone-Lauriel),1885, p.140.
M. F. Lindley,TheAcquisilionand Governmentof BuckwurdTerritoryin Interna-
tional Luw. Beinga Treatise on the Law and Pructicerelating to ColoniulEJ,-artsion,
Longrnans. Green and Co. Ltd., Londres, 1926. p. 6et suiv.Cet ouvrage sera cité
ci-dessousde lamanière suivante : BackwardTerritory; PaulFauchille, Trairéde druil
internationalpublic,Pans,Rousseau et C'e,1925,t. 1,2epartie,p. 692 esuiv.;Henry
Rorûils,Manuelde droit internationalpublic(Droitdesgens).7@ed. revueet miseAjour
par PaulFauchille,Paris(Rousseau),19 14,no 543,p. 380 ;Gaston Jéze,Etudethkorique
ei pmtique sur l'occupatiocomme moded'acquérirles territoiresen droit international,
Pans (Giard et BriPre),1896,p. 64.
3 Backward Territov. op.cil.,p.53.30 SAHARA OCC~DENTAL

Espagnols et occupéepar les Français et les Hollandais, l'îleMaurice abandon-
néepar lesHollandaiset occupéepar lesFrançais,le territoired'Angra Pequefia

délaissépar la Grande-Bretagne et occupépar l'Allemagne l.
Lepoint de savoirsi un territoireétait vraimentabandonnéa donne lieu Ade
nombreux conflits. Ainsi, àpropos des îles Falklands (ou Malouines ou Malvi-
nas). de la baie de Delagoa qui a donnélieu au célébre arbitrage du maréchal
Mac-Mahon du 24juillet 1875 2,ou desîles Carolines.L'affairede l'occupation
de Massaouapar l'Italie,en 1885, aaussieusonheuredegloire Grisi quecellede

Fachoda '.
Prenant position sur la question des <(peupladesbarbares 0,Fauchille donne
les précisionssuivantes qui méritentd'étresoulignées :

«On ne saurait évidemment traitercomme une resnulliusle territoire
abandonnépar I'Etatqui l'occupait,lorsqu'unesouverainetéquelconqueest
venues'yconstituer aprésabandon, cettesouveraineténeFût-ellepoint celle
d'une puissance civilisée,par exemple lorsque les peuplades barbares du
territoire s'organisent politiquement,yont établiun gouvernementrégulier.
Cefut lecasnotamment del'îlede Madagascar,aprèsqu'en 1674la France
eût abandonné la partie qu'elley occupait ...)>

On retiendra aussil'opinion,fréquemmentexprimée,qu'unterritoire doit etre
considérécomme abandonnés'iln'estpas effectivementoccupédans un laps de
temps raisonnable 6.

3. Terrifoires appartenanr a un Etaf

IIyavaitcertainement unanimitédansla doctrine pour reconnaître quen'était
pas un territoire sans maître un territoire appartenant h un Etat dotéd'une
structure sinon similaire A celle d'un Etat occidental, du moins suffisamment

organisée pour qu'il ait étéadmis en tant que tel dans le concert des
nations '.

-
Voir JosephJoons, (<De l'occupation des territoiressans maître surles chtes
d'Afrique.Laquestiond'Angra-Pequefi ),Revuededroitinternational etde législation
comparée (ci-dessousRDILC), 1886, p. 236-243; voir aussiBonfils, op. ci!.no 544,
p. 380,et Jèze,op. cil.p.67.
Sentence du 24juillet 1875,A. de La Pradelleet N. PolitisRecueildes arbitrages
inrernationaux,t.III,p. 596 et suiv.,et note doctrinaledeG. Berlia.
Surcetteaffaire,voirAlexandre-Charle K sissRépertoiredelapratiquefrançaiseen
matière de droit internationalpublicCNRS,Paris, 1966,t,III,no 247, p. 137et suiv.
J.Griache, Lu théoriede l'occupationdes territoires sansmitre hm I'aflairedu
Haur-Nilet du Bahr-el-Gazal(1898-18991. Clermont-Ferrand(Raclotl. 1945.
Op. cit..p.696-697.~
Ainsi M. F. Lindley, Backward Territoty,op. cit.p. 51 :
r And evenwherethephysical possession of an occupiedtemtory has not been
entirelytelinquished,but, dter a reasonablerime,the occupyingState hasnot
establishedwithin the territoryuch an administrationas torender the occupation
effective,itcannotclaimtohaveperfected its titfeand, insuchacase, theterritory
is againopen to occupation. D

Voircependantensenscontrairel'affairedefilede Clipperton,NationsUnies, Recueil
des senrencesarbitrales.vol.II,p. 1110-L1Il.
Ainsi Alphonse Rivied ransson Programme fin coursde droitdes gens,Bruxelles
(G. Mayolez).Paris(Rousseau )8898. 47, '.ivaitcequisuit :<L'occupation alieusur
des territoiressans mdtre, c'est-b Ire qui n'appartiennentactuellementB aucun
Etat 1; Jèze,op.cir, p. 74parlede «territoiresoccupés par unepuissancecivilisée )). EXPOS~ ~CRIT DE LA MAURITANIE 31

C'est ainsi qu'Alphonse Rivier considéraiten 1889comme Etats :la Perse,
Sarawak et autres Etats de Bornéo, le Siam,Mascate, le Maroc ,e sultanat de
Zanzibar '.A la m&meépoque,les Etats sous protectorat suivants avaient &té
auparavant consideréscomme Etatsindépendants :Tunis, Annam, Cambodge,
Madagascar, certains princes de l'Hindoustan.
Quantau principe, voici,à titre d'exempledeladoctrine del'époque.cequ'en
disait Pasquale Fiore :

4 Dans tous les cas on doit admettre la régleque l'occupation. comme
moyen valable pour acquérir lapossession d'une contrée.ne peut pas @tre
appliquée aux régionq suifont partie du territoire d'unEtat. Sitôtque 1'Etat
existe sousune forme quelconque, il possede tout le territoire comme uni-
versiruset son droit de défendresa possession A l'exclusionde tout autre,

m&meen cequi a trait aux parties qui ne sont pas cultivées,est un droit qui
repose sur l'idéejuridique du territoire qui, relativement aux autres Etats,
est un et indivisible, Aussi,si I'onconsidéreque les conti!ients d'Europe,
d'Asie et d'Amériquesont en grande partie soumis B 1' domination de
gouvernements établis, I'on doit en conclure qu'ils ne peuvent pas être
soumis alacolonisation, etqu'aucun établissemenn t epourrait 2trérigésur
aucune partie de ces territoires, sauf le consentement des gouvernements
territoriaux et en conformité desprincipes générauxdu droit internatio-

nal.i)

4. Territoireshabités,
mais où il y a absenced'auforitépolitique quelconque

hlêmeceuxqui estimaient &l'époqueque les territoires occupes par les tribus
sauvages ou nomades ne pouvaient êtreassimilés a des territoirenuIliusrecon-
naissaient que dans le cas oii le territoire n'étaithabitéque par des individus
disséminés sans autoritéou organisation politique quelconque,ce territoire était

ferritoriirm nu!/ius.
Ernest Nys est certainement de cette tendance. Il écrivait:

<iLorsqu'il s'agitde territoires inhabités,de territoires abandonnés, de
territoires habités par des individus disséminés etne formant pas une
communauté politique, le cas d'occupation n'offre gukre de difficul-
tés1)

De meme Fauchille distinguait :

« Lorsqu'on parled'un territoire vacant et sans maître celane veut pas
dire que le territoire doive êtreabsolument sans habitants. Pour qu'un
temtoire soit res nulliisil suffit qu'il y ait sur lui absence d'autosité.

~lphOnseRivier, op.Nr..p.32.
Pasquale Fiore,Nouveaudroitinternationalpublicsuivunltes besoinsdelacivilisotion
moderne, 2e éd., trad. par Charles Antoine, t.II, Pari sPedone-Lauriel), 1885,
p. 138.
ErnestNys, Ledroii in[ernarional.Lesprincipes,lesihéoriesl,es aII,éd.1912,
Bruxelles(Weissenbmch) ,.85.Ilfaiiappeh l'autorideGastonJ 4ze.Etuderhéoriye
erpratique suI'occupotioncomme moùe d'ocqtrérilres territoenedroit international,
Paris, 1896,p. 59 et suiv. Vaussip. 71et suiv.
Paul Fauchilleop.ci!.no546,p.697.Voir danslerntmesens Charles Salomon, De
I'occupariondes territoisansrnuhre,Paris 18,89no78.32 SAHARA OCCIDENTAL

Lindley étaitdu mCmeavis :

«It would lollowthat if atract of country wereinhabited only by isolated
individuals who were not Unitedfor political action, so that there was no
sovereignty in exercise there, such a tract would be territorium nul-
[ius., '

Ce point de vue est partagépar de nombreux auteurs 2.
Telle semble bien avoir étéIa situation de l'Australie et d'une partie de la
Nouvelle-Zélande.
Dans l'affaireCooperv. Stunrz, leconseil privéde la Couronne déclaraparla
voix de lord Watson :

u There is a great difference between the caseof a Colony acquired by
conauest or cession.in whichthere isan established systemof law,and that
of acolony which consisted of a tract of territory p;actically unoccupied,
without settled inhabiiantsor settledlaw.at the timewhenit was neacefullv
annexed to the Britishdominions.The colony of New South~alésbelon6
to the latter classr>3

En ce qui concerne une partie de la Nouvelle-Zélande(South Island), le
représentant britanniquereçut pour instruction que s'ildevait découvrirque IYe
n'étaithabitée que par (a very small number of persons in a savage state,

incapable from their ignorance, of entering intelligentlyinto anytreaty with the
Crown . . . the ceremonial of rnaking such engagements with them would be a
mere illusion and pretence O et que, dans ces circonstances, les droits de Sa
Majestésur South Island devaient être proclamés surbase de la découverte '.

S'agissantdes territoires habitéspar les <{barbares b),les tribus« sauvages i),
les nomades, etc., la meme unanimité n'existait pas dans la doctrine de
l'époque.
Faisant l'inventaire de la situation en 1925.Fauchille avait cm pouvoir dis-

tribuer la doctrine en trois groupes >.Reprenons ses distinctions.

Première rhèse: L'absence totale de droitsdes sauvages

Fauchille résumaitcette thésecomme suit
<rLes peuples sauvages ou les tribus barbares n'ont aucun droit sur les
terres qu'ilsoccupent, ni droit de propriété, nia fortioridroit de souverai-
neté.Ils ne sont que de simples détenteursde fait, des possesseurs transi-
toires.ü

M. F. Lindley. Backward Territoq, op. cil., p. 23.
Voirainsi FrantzDespagnet. Cours dedroirin~ernaioubic éd.,Paris(Larose
etTenin),1905,p. 469 ; A. Merignhac,Traitédedroitpublicinrernalional,epartie,«te
droitdelapaix h,Pari (LGDJ), 1907,p. 433 ;Ch.Salomon, L'occupaliondes territoires
sans maître, Paris(Giard), 1889p..200 ; Jéze,op. cil.. p. 71.
' 14A. C.,p. 291.Voir aussilesautres exemples citéspar M. F. Lindley,Bockward
Terrirory,op. cil., p. 41.
' Parliamentay Papers, 1840. vol.XXXIII(238).
Paul Fauchille,op. cil., 697 etsuiv.FauchilIes'est visiblemen tnspiredesdis-
tinctionsétabliesparJkze,op. cil.p. 90et suiv.
Paul Fauchille,op.cil.p. 697. EXPOS~ÉCRIT DE LA MAURITANIE 33

Lors des grandes découvertes des XVe, XVIe, voire XVlle siécles, l'idée
dominante étaitque {(lespays des païens et des infideles appartenaient la
nation chrétiennequi les découvrait i)'.Cette vue de la doctrine étaitacceptée
par lesgouvernants. Ferdinand d'Aragon et Isabellede Castille avaient institué
Colomb comme amiral «dans les îles et les terres fermes que son habileté
découvrirait r2. La patente accordéeen 1578par Elisabeth d'Angleterre à sir
Humphrey Gilbert l'autorisait Adécouvrirlescontrées païenneset barbares qui

n'étaient pas effectivementpossédées par unprince oupar unpeuplechrétien.La
commission donnéeen 1585h sir Walter Raleigh étaitconçue en termes simi-
laires '.
Les attributions papales, comme la célkbrebulle d'AlexandreVI des 3 et
4 mars 1493établissantla lignede démarcationentre lespossessions espagnoles
et portugaises, étaientsymptomatiques du cas fait des droits des peuplades in-
digénes découvertes. Lep says et provinces occupéspar lespaiens et par lesinfi-

dèlesappartenaient ipsojure aux nations chrétiennesqui les (1découvraient )).
Cesthéoriesfurentcependant bientôt repousséespar Francisco Vitoria, Soto.
Las Casas, Ayala, Gentilis, Selden, Grotius,etc. '.

Deuxièmethèse : Droits des sauvageslimitésaux droits de /'homme

Fauchille résumecette thésecomme suit :

<Les peuples sauvages ne peuventprétendrequ'à une souveraineté limi-
téeDarlesdroirs de lacolonisationetdelacivilisarion.Ondoit soimeusement
dis&uer le droit de propriétéimmobiliére. individuelleou collective,de
propriétéprivée,qui appartient aux sauvages, en tant qu'hommes,du droit
desouveraineté.Lessauvagesnepeuvent pas avoircedernier droit, car ilsne
lecomprennentpar, ilsn'enont pas la notion et ne l'exercentpoint comme
les Européens. Leur souveraineté est rudimentaire, fruste et incom-

pléte.
Dans le groupe d'auteurs qui soutiennent cette thése.on mentionnera Vattel,
G. F. de Martens, Pinteiro-Ferreira, Bluntschli, Westlake, Hall, Lawrence,
Dudley Field 6.

Refusant toute souveraineté aux tribus, Westlake refuse toute valeur aux
traitésqu'elles.signent :(ino documents in which such natives are made to cede
the sovereignty over any territory can be exhibited as an international
title.. s

Troisièniethèse : Les rriburjouissent de la souveraineté

Donnons encore la parole a Fauchille :

a Un respect absolu estaussi biendû à l'indépendancedestribussauvages
ou barbares qu'à leur droit de propriété.Les hommes de toutes races,
blanche ou noire, rougeoujaune, siinégauxqu'ils puissentêtreen savoir,en

'Ernest Nys, Le droit in~erna~ionaol,p.cii.t.II, p. 64.
Ibid., p. 68.
Ibid., p. 68-69.
' M. F. Lindley,Backward Terriroty,op. ci!.p. 12-13,
Paul Fauchille, op.cir.p. 498-1599.
Ibid.ou citationsde M. F. Lindley,BackwurdTerritoty*p. 18-19,
L. Oppenheim,TheCollectedPapersofJohn Wesrlake on PublicInrernarionalhw,
Cambridge, University Press, 1914,p. 146.34 SAHARA OCCIDENTAL

richesses,en industrie, doiventêtreconsidéréc sommeégauxendroit. Ilsont
un egaidroit à la liberté.Lespuissances civiliséesn'ont pas plus le droit de
s'emparerdes territoires des sauvages,que ceux-ci n'ont ledroit d'occuper
les continents européens.Nier à des tribus ou peuplades qui occupent
librement le sol, depuis des milliers et des milliers d'années,le droit à

l'indépendance, A la souveraineté, est inadmissible. Que cestribus n'aient
pas de la souverainetéla conception qu'en ont les peuples d'Europe, c'est
certain. Mais ilsn'enont pas moinsune certaine notion ;et lapreuve en est
dans leurs traités,leurs tréves,leurs alliances. dans la protection même
accordéepar ces petits rois ou sultans aux explorateurs pacifiques. Com-
ment ce Lobeneula, roi desMatébélés. oui a luttéoendant vlusieurs années
contre l'envahi&inte compagnieanglaisedu suddélb~friq;e, n'aurait-ilpas
lesentiment desasouveraineté ? Et Behanzin,pasdavantage ?Decequeces

peuplades (dont quelques-unes ont une organisation tris remarquable)
n'ont pasde lasouveraineté etdesdroits desEtats uneconceptionidentique
acelle qu'enont lesEuropéensou lesAméricains,s'ensuit-ilnécessairement
qu'ils n'en aient aucune ? Est-ce que les peuples d'Europe, au Xe siècle,
avaient delasouverainetélanotion qu'ilsenont aujourd'hui ? Faudrait-ilen
conclure que les petits Etats féodauxne possédaient pasla souveraineté?
Est-ce que la souveraineté,telle que l'entendent les tribus nègresde 1'Afri-

que ou de la Guinée,ne comprend pas lemaximum d'attributs, puisqu'elle
contient pour leprince,pour lechef,ledroit de vieou de mort sur Iessujets
et le droit de domaine éminentet supérieur sur tousles biens? Les tribus
nègres de l'Afrique n'ont-elles pas droit A l'existence et par suite à la
Iiberré? al

Cette troisiémethésejouissait d'une indéniablepopularitépendant la période
qui nous intéresse.
Nous croyons devoir faire ici quelques citations :

1831 : Kluber :
(Aucune nation n'est autoriséepar ses qualités,quelles qu'ellessoient,
notamment par un plus haut degré culturelquelconque, à ravirà une autre
nation sa propriété, pasmêmeà des sauvages ou nomades. n

1863 :Pradier Fodéré dénilee droit aux chrétiens, sousaucun prétexte,même
celui d'un niveauplus élevé de culture, de s'emparer de pays effectivement
occupés par des peuplesmoins civilisés,fussent-ils sauvages 3.
1866 :Heffter :

(L'occupation s'appliquenotamment aux contréesou auxiles non habi-
téesou non occupéesentiérement, mais aucune puissance sur la terre
n'a ledroit d'imposer seslois àdes peuples errantsou sauvagesmême. Ses
sujets peuvent chercher a nouer des relations cornmercides avec ces der-
niers, séjourner chezeux en cas de nécessité, leurdemander les objets et

vivresindispensables,et même négocieraveceuxlacessionvolontaire d'une
portion de territoire destinée a êtrecolonisée.a

'P:Fauchille, op.cil.p. 699.
Kluber,Droit desgens moderne de l'Europe, Paris,183 1,p. 209.
Pradier-Fodéré L,edroit desgensde Vattel, Paris, 1863par.209.
' A. G. Heffter,Le droit iniernationalpubldel'Europe,Berlin-Paris,1866,par. 70,
p. 141.Cet auteurajouteplusloin :<A touteslesépoques ,estraitéenl'absence même
de loi commune ont serviaux peuples sauvages,comme aux nations civilisées,liens
légam... r (p.165.) EXPOSÉ ÊCRIT DE LA MAURITANIE 35

1874: Woolseyestimeque laprétention A la souverainetéterritorialesur basede
la decouverte « was god only against those who acknowledgedsuch right of
discovery, but not against the natives 1)'.
1877: Funck Brentano et Sorel :

(On n'a parléjusqu'ici que des nations et des Etats ; en dehors des
nations formees et desEtats constitués,il y a des populations agglomérées
qui ne peuvent êtrequaiifiéesde nations et qui, A plus forte raison, ne
composent point dlEtats. Ce sont les populations nomades et les tribus
sauvages.Lespopulations nomades ont un caractèrenational ;maisellesne

serassemblent pasencorps politique, ellesne sefixent pasdans un territoire
déterminé :illeurmanque leséléments nécessairespour ê treunenation. Les
tribus sauvagessont uniespar une originecommune ;maisellesn'ontnides
mŒurs stables ni des coutumes établies, elles ne possédentmêmepas un
caractére national. Cependantlesnomadeset lessauvagesont desintérête st
desprétentions qui leur sont ~articuliers;ilssont en relations avecd'autres

nomades ou sauvages et avec des peuples plus civilisés.De ces
relations résultent des obligationsélémentaires ed tes rudiments de coutu-
mes. Les nomades et les sauvages ont donc, soit entre eux, soit avec les
peuples civilisés,undroit des gensqui est observé aumêmetitre que ledroit
des gens des nations civilisées.))

1885 : Fiore reconnaît aussi la personnalité destnbus sauvages tout en admet-
tant une limitation de leurs droits :

<<Lorsqu'une région ne se trouve comprisedans les limites territo-
riales d'aucun Etat civilisé,mais est habitéepar des tribus sauvages,on a le
droit d'occuper les terresdont cestribus ne profitent pas et auxquelles elles
n'appliquent pas les moyens de production, mais en indemnisant les sau-
vages,ou en employant tous moyens les moins nuisiblespour lescontrain-
dre Ase retirer dans une partie du territoire. )3

1889: Salomon soutient que :

<la couleur de la peau ou un état de civilisation peu avancén'em-
p&chentpas que des peuples barbares et sauvages exercent des droits de
souveraineté,nidimentaires ilestvrai, maissuffisantspour rendrecontraire
en droit toute occupation violente du pays qu'ilsoccupent '.

1892: Calvo :
(iLes peuples nomades n'ayant ni territoire propre ni domicile fixe, ne

sauraient êtreconsidérés comme des Etats ; mais on les traite sur le méme
pied ; on conclut mêmedes traites internationaux avec eux, lorsqu'ils
jouissent d'une organisation politique et expriment, par l'intermkdiairede
leurs chefs ou de leurs assemblées,une volontécommune...
On peut classer dans cette catégorieles Arabes diis Bédouins.répandus
dans les désertsde l'Arabie,de la Syrie,de 1'Egypteet de l'Afriquebarba-

'T. D. Woolsey, lnrroductiun ro rhe Studyaj InrernnrionalLnw, New York, 1974,
par. 53.
Th. Funck-Brentanoet Albert Sorel,Précids e droitdes gens.Paris(Plon), 1877,
D. 23.
3 PasqualeFiore, op.Nt.,p. 140.
CharlesSalomon, De I'occupariondes territoires rans nioirPans, 1889,par.80.
p. 206. SAHARA OCCIDENTAL

resque où ils vivent en familles gouvernées-pardes cheiks, ou en grandes
tribus obkissant Bdes émirs, etles Turcomans, qui parcourent le plateau
central de 1'Adie. i>l

1896 :Jézepour sa part écrivait

«AprèsmGreréflexion,c'esten faveur du droit absolu des indigènesque
nous nous décidons.La théoriecontraire, croyons-nous, ne fait que consa-
crer, saus prétextede civilisation,la maxime ((la Forcc prime le Droit i),et
violer, sousdes apparencesjuridiques, la rPglefondamentale del'égalité des
races.

Le seulprincipe dont on nedoit pas s'écarter.c'estque tous lespeuples,
quels qu'ils soient, ont droit au respect de leur territoire et de leur souve-
rainetéet qu'il estinique delesdépouillersans leur consentement. La vérité
est que les Etats colonisateurs doivent faire précéderleurs prises de pos-
sessionde traitésconclus aveclesindigknes.Si cesderniers refusent, on ne
peut passer outre. Ainsi donc, dans le cas où le territoire est habité par des
peuplades sauvages,ilnepeut yavoiroccupation pureet simple.La prisede
possessiondoit sefairedu consentement del'autoritésouveraineindigéneet

dans lalimitedesespouvoirs. Maispour que ceconsentement soit valable,il
est nécessaire qu'il réunisse les troicsonditions suivantes :
1) Il faut qu'il soit libre.
2) 11faut qu'il soit intelligent.
3) Il faut qu'il soit donnésuivant les usages du pays. >>'

<(Ainsi, lorsqu'ilexistedans le pays une souverainetéquelconque,même
organisée d'une façonrudimentaire, c'est avec elleque lepays colonisateur
doit traiter de l'occupation ou du protectorat ;c'est sur les bases du traité
que doit s'établir l'étadte choses nouveau dans lequelseront conciliés,par
une entente commune, les droits des deux contractants. fi'

1912 : Nys est péremptoire:
« Lorsqu'ils'agitde territoiresoccupéspar des peuples A l'étatde nature
ou pour mieux dire pas des peuples incultes, l'occupation nepeut pas

s'accomplir sans le consentement de ces peuples. n
Par ailleurs, iécrit

uIl faut affirmer le droit des peuples incultes de traiter avec les Etats
civilisésH

1914 : Bonfils :
riC'est h l'aide de conventions pacifiques que l'Europe doit chercher à
pénétrerdans les régions habitées,non encore soumises a son influence.

CharlesCalvo, Manueldedroit international,3ekd.,Paris(Rousseau), 1892,par.49,
p.90.
~bid.'b..II5:i16. 112.
' A. Meri~nhac ,raiiédedroitpublic internationaSC partie,Ledroir de lapaix, Paris
(LGDI), 1967, p.436.
' Ernest Nys, Le droit international, ocil.t.II,p. 85-86.
Ibid..t.11,p.500. C'estpar voie de cession volontaire, consentiepar leschefsdu pays, que la
souveraineté peutêtreacquise par les Etats européens. Etcette cession
volontaire n'estpas un déguisementde l'occupation ; car il y a abandon de

la souveraineté,rudimentaire parfois, mais réellecependant... )>'

A cestrois positionsdégagéep sar Fauchille,ilsembleque l'onpeut en signaler
une quatriéme.

Quutrieme rhèse :La mise entreparenthèses de lu contrudiction

Cette derniéreposition consiste a ne pas prendre position sur la <iquestion
délicate 1du droit de souverainetédes sauvages et n'envisagerla question de
l'occupation que sous l'anglede son opposabilitéaux autres puissances coloni-
satrices.
C'est sans doute de cette manitre qu'il faut comprendre les travaux de la

conférenceafricainequise réunit àBerlin le t5 novembre 1884pour aboutir au
célèbreacte généraldu 26février1885,ainsi que ceux de l'Institut de droit
international A ses sessions de Heidelberg (1887) et de Lausanne (1888).

a) Les Iravaux dela conjérencede Berlin

En janvier 1885,les membres de la conférencefurent saisis d'un projet de
déclaration en deux paragraphes préparéspar la France et l'Allemagne,relatifs
aux occupations de territoires sur les côtes africaine=.
Le plénipotentiaire des Etats-Unis, M. Kasson, fit la proposition que le
consentement des tribus indigènes soit unecondition de la légitimité de l'occu-
pation. Sa proposition était la suivante:

« Whilst approving the twoparagraphs of this declaration as a first step,
well directed though short, it is my duty to add two observations to the
protocol :

'1. Modem international law follows closelya line which leads to the
recognitionof the nght ofnativetribes todispose freelyofthemselvesand of
their hereditary terntory. In conformity with thisprinciple my govemment
would gladly adhere to a more extended rule, to be based on a pnnciple
which should airnat the voluntary consent of the natives whosecountry is
taken possession of, in dl cases where they had not provoked the aggres-
sion.

2. 1have no doubt as to the coderence being agreed in regard to the
signification of the preamble. It only points out the minimum of the con-
ditions whichmustnecessarilybe fulfilledinorder that the recognitionofan
occupation rnay bedemanded. It is aiwayspossible that an occupation rnay
be rendered effectiveby actsof violence whichare foreign to the principles
ofjustice, aswellas to national and eveninternational law.Consequently it
should be well understood that it is reserved for the respective signatory
powers to determine al1the other conditionsfrom the point of viewof right

as well as of fact which must be fulfilled before an occupation can be
recognised as valid'.>)

HenryBonfils,op. cil.no548, p. 384.
Voir infra.

Protocoledu 31 janvier1885.pur fi cl men P^aperc.4361, p.209.38 SAHARA OCCIDENTAL

M. Busch, sous-secretaired'Etat allemand aux affaires ktrangères,qui prési-
dait la réunionfit remarquer que lapremihe partie dela déclarationde M. Kas-

son touchait desquestions délicatessur lesquellesla conférencehésitait A expri-
mer une opinion.
De fait, les plénipotentiairesne tenaientni itune reconnaissance a priori des
souverainetésdes pays indigènes,ni à une procédurede contrôle de la légitimité
des occupations.
Engelhardt, qui avait participéaux négociationsde Berlin, écrit ce sujet ce
qui suit :

a Un engagement conventionnel de cette nature eût suscitéentre Etats
rivaux ou comaétiteursd'interminables contestations, car lesenquêtesaw-
quelles les quatorze gouvernements représentés A Rerlin se serairent vus
ainsiconviésauraient soulevédesauestions lenlussouventinsofubles.telles

que, par exemple,les causes initkes du c&lit (si la mainmise sir tel
territoire avait eu lieu 3 la suite d'une guerre, ou dans le cas contraire), le
libre consentement des indigenes, leur connaissance complètede la signi-
fication desactessouscritspar eux,la validitéde leurstitresdecontractants,
etc., etc. Et d'ailleurs,pourrait-on raisonnablement se faire 3 l'idéequ'un
gouvernement européen, ou américain,au lendemain d'une acquisition
coloniale, fût tenu de justifier de la rectitude de ses procédés,de son
honnétetépolitique, en initiant les cabinetsà tous les préliminairesde son

occupation ?
Pas plus que la reconnaissance apriordies souverainetésbarbares, l'ori-
gine des fondations étrangéres en pays non civilisésne peut Ctrematiére
stipulation contractuelle strictement obligatoire.» '

Le meme auteur insiste cependant sur le fait que :
(1siaucun articledu traitéde Berlinn'énonce le principeposépar M. Kas-
son, les protocoles constatent qu'au fond tous les plénipotentiaires lui

étaientacquis,etje citeraiparticulièrement&cesujet laconclusiondu débat
soulevépar lebaron de Courcel a surlanécessitéde ménagerdans lamesure
du possible, les droits acquis et les intérets légitimesdes chefs indigè-
nes. s

Il ajoute encore:
<A chaque vote ou àchaquepropositionqui amisen causelesintérêtsdes
indigénesafricains, l'assembléede Berlina démontréqu'elle ne voyaitpoint
en euxdesassociationsou desindividus endehorsde lu cornniunauté dudroit

des gens.u

'Ed.,Engelhardt, <Etude sur ladéclarationdela Conférencd ee Berlinrelativaux
occupations ilRDILC. 1886,p. 433-441 et p. 573-586,spéc.p. 580.
Ibid.,p. 579.
Ed.Engelhardt, op. cirp.578. A la sessionde Lausannede l'Institutde droit
international,M.Engelhardt devaitsoutenirencore :
c il résultdes proces-verbauxque lesdispositions des représentantsdes puis-
sancesétaientfavorables à lareconnaissancedes droitsdesindigènes, et ;con-
sidérerlapratiquedestraitésavec leschefsdetribuscommerecommandable ; les
représentantsproposaientdenepastraitercestribuscommeplacées en dehorsde
la communauté du droitdesgens et dépourvues depersonnalitéjuridique r(An-
nuairede /'Institdedroit inrernation,lditionnouvelleabrégé e1928),Bruxelles
(Falke)t Pans (Pedone),L928 p. 707). Cette impression générale esp tartagée parF. de Martens qui écrivait:
<iMais en face de cette question, si catégoriquement posée par le repré-
sentant des Etats-Unis, la conférencene put faire autrement que de se
prononcer en faveur de la nécessité de respecter lesdroits des princeset des
peuples indigénesdans les terrains nouvellement explorés. Sans prendre de

décision dans le sens indiqué par le représentant d'Amérique, ellene
témoignapas moins,par d'autresdispositions,de son respectpour lesdroits
des indigénesdans les territoires occupés. fil
A relire l'acte généradle la conférencede Berlin du 26 février1885,on n'y
trouve cependant rien qui touche à lasoweruinetédes indighnes.Rien qui la nie,

mais rienqui l'affirme.En revanche certes,de nombreuses dispositions inspirées
d'une philosophe humaniste et tendant A reconnaître à ces populations des
droits individuels, voire collectifs,pour assurer leur bien-étre.
Lepréambulede l'acte généra plrésenteainsilesdispositionsd'esprit deschefs
d'Etat représentés a la conférence :

<iVoulant réglerdans un esprit de bonne entente mutuellelesconditions
lesplus favorablesau développementdu commerceet de lacivilisationdans
certaines régionsde l'Afrique,et assurer Atous lespeuples lesavantagesde
la libre navigation sur lesdeux principaux fleuvesafricainsqui sedéversent
dans l'océanAtlantique ;désireuxd'autre part de prévenir lesmalentendus
et les contestations que pourraient soulever 3 l'avenirles prises de posses-
sions nouvelles sur les côtes de l'Afrique, et préoccupée sn même temps

des moyens d'accroître le bien-0tre moral et matérieldes populations
indigénes ..))
L'article 6 dispose ce qui sui:

«Toutes les puissances exerçant des droits de souveraineté ou une
influence dans lesdits territoires s'engageniivcilleriila conservation des
populations indigéneset A l'améliorationde leurs conditions morales et
matérielles d'existence etA concourir à la suppression de l'esclavageet
surtout de la traite des Noirs; eIlesprotégeront et favoriseront,sans dis-
tinction de nationaliténi de cultes, toutes les installations et entreprises

religieuses, scientifiques ou charitables créées et organiséeiices fins ou
tendant A instruire les indigènes eA leur faire comprendre et apprécier les
avantages de la civilisation.
Les missionnaires chrétiens,les savants, les explorateurs, leurs escortes,
avoirs et collections seront égaiementl'objetd'une protection spéciale.
La liberté de conscience et la tolérance religieusesont expressément
garanties aux indigènes comme aux nationaux et aux étrangers.Le libre et

public exercicede tous les cultes, le droit d'érigerdes édificesreligieuxet
d'organiser des missions appartenant à tous les cultes ne seront soumis à
aucune restriction ni entrave.)>
L'article 9 interdit la traite des esclaveset oblige les puissanàeutiliser les
moyens en leur pouvoir pour y mettre fin.

La conférence se prononça aussi contre le commerce des spiritueux en
Afrique h cause <ide l'action dangereuse qu'il pourrait avoir sur ces tribus
barbares i).

1 F.deMartens, (iLaConférenc eu Congo h Berlinetlapolitiquecolonialede stats
modernes D.RDILC, 1886,p. 113-150et p.244-280, spéc.,p.264.
F.dé Martens, article cité,RDILC, 1886,p. 264.40 SAHARA OCCIDENTAL

Les puissances A Berlin n'ont donc pas voulu trancher la question de la
souveraineté des peuplades autochtones. S'ila étéfait allusion dans certaines
résolutionsaux prérogatives souverainesdu sultan de Zanzibar ',il ne faut pas
oublier que la qualitéd'Etat de Zanzibar n'étaitpas sérieusementcontestée il
l'époque.
Cette attitude n'implique pascependant une négationde la souverainetédes
peuplades autochtones, maissimplementla répugnanceque la légitimité du titre

d'occupation dépended'une cessionrégulibredesouverainetéopérép ear lesdites
peuplades. Les puissances ne tenaient pas à favoriser les interventions des tiers
dans l'examendesconditions del'établissementde l'occupationet encore moins
a condamner le droit de conquêteen cas de résistancedesdites peuplades.
La meilleuresolution étaitdonc d'escamoterla question delasouveraineté,se
bornant àétablirdesrègleshumanitaires au profit des peuplades autochtones et,
pour lesurplus, Avider lapréoccupationessentielle :l'établissementdes règlesen
vue d'éviterles conflits entre puissances coloniales.
Comme le disait le projet de déclaration franco-allemand :

<iil y aurait avantage à introduire dans les rapports internationaux une
doctrine uniforme relativement auxoccu~ationsgui .ouAraient avoir lieu à
l'avenir sur les côtes d'Afrique>).

Le résultat, surce point, de la conférencefut conforme au souhait des puis-
sances. Le chapitre VI de l'acte générali,ntitulé (Déclaration relative aux
conditions essentiellesàremplirpour quedesoccupations nouvellessur lescBtes
du continent africain soient considéréescomme effectives i),comporte deux
articles dont le texte est le suivan:

(Arr. 34.- La puissance qui, dorénavant,prendra possession d'un ter-
ritoire sur lescôtes du continent africainsituéen dehors de ses possessions
actuelles, ou qui, n'en ayant pas eujusque-là, viendraia en acquérir,et de
même la puissance qui y assumera un protectorat, accompagnera l'acte
respectif d'une notification adresséeaux autres puissances signataires du
présentacte afin de les mettre à mémede faire valoir, s'il y a lieu, leurs
réclamations.

Art. 35. - Lespuissancessignatairesdu présentactereconnaissent l'obli-
galion d'assurer dans les territoires occupéspar elles sur les cotes du
continent africain l'existence d'uneautorité suffisante pour fairerespecter
lesdroits acquiset, lecaséchéant, lalibertédu commerce etdu transit dans
les conditions où elle serait stipulée.

On a souvent fait l'analysede cesdeux articles et soulignéleur caractérenon
rétroactifet leur limitation aux territoires sissur les côtes du continent africain
(et non u li'nlérieurdu continent).
Pour le reste, les articles 34 et 35 confirment le principe de l'effectivitéde
l'occupation, mais exigent la notificationaux autres puissances.
Lestextesdemeurent, en revanche,silencieuxsur ladésignationdeslimitesdes
territoires occupes ou soumis à un protectorat, contrairement A la premiére
rédactiondu project commun qui disposait que la notification devait contenir

une désignationde limites.
Engelhardt fait cependant remarquer ceci :
L'on admet qu'en généralla prise de possession d'une régioncôtiére
entraine celle de l'intérieurdu territoire qui en dépend par son régime

M. ~nahardt, op. cii.RDILC, 1886,p. 579. EXPOS ECRIT DE LA MAURITANIE 41

orographique ou hydrographique. La plupart des colonies ont commencé

ainsi. Cette régle,toutefois, n'a qu'une valeurrelative.
Le long des côtes, le terrain est délimité. uant aux frontikres continen-
tales. elles restent le plus souvent dans le vague, faute de connaissance
suffisante du pays.
L'ons'estdit, d'ailleurs,que dans sa notification 1'Etatcolonisateur, pour
sauvegarder ses droits, ne pourra logiquement se dispenser de décrire
approximativement son nouveau domaine,et ila paru dèslorsqu'iln'yavait

pas lieu de réglementerce point par une disposition formelle. 0 '
11résultedes travaux préparatoiresque la puissance qui notifie ne doit pas
attendre indéfinimentlaréponsede toutes lesautres puissancesetqu'unacquies-

cementunanime n'estpas unecondition devaliditéd'uneprise de possession ;en
cas de désaccord,la difficulte seraaplanie par les modes normaux de réglernent
pacifique des différends *.

b) IRS rruvuux de I'lnsritude droit inrernational

Le 12 septembre 1885,l'Institut de droit international chargea une commis-
sion d'étudierla théoriede la conférencede Berlin de 1885sur l'occupationdes
territoiresM. de Martitz en fut nommé rapporteur.
Le rapport et le projet de déclaration de M. de Martitz furent distribués
pendant la session de Heidelberg (1887) 3.

Lepoint 1du projet dedéclarationet lecommentaire delacommission avaient
le contenu suivant :
1.Estconsidéréecomme territorium nulliutoute régionqui nesetrouve
pas effectivementsous la souverainetéou sous leprotectorat d'undesEtats

qui forment la communauté du droitdes gens,peu importeque cette région
soit, ou non, habitée.
C'est une exagérationque de parler d'une souverainetédes peuples sau-
vages ou demi-barbares. Il est en contradiction avec l'histoireque le droit
international fassedépendrede la cessionde la souverainetélavaliditéd'une
occupation. Un truitéde cession ne peut se faire que par les Etats recon-
naissant ledroit international. Certainement, une occupation de territoires
habitéspar des sauvages aura souvent pour buse des arrangements avec les
chefsindigènes.On condamnera laviolence àl'égarddespeuples inférieurs.

On ne pourra mPme dire strictement que ceux-ci sont en dehors de la
communauté du droit des gens. Mais ils n'en sont pas membres. Le droit
international ne connaît pas <des droits des tribus indépendantes 0.Les
arrangements qui aujourd'hui se passent réguliérernen tvec les chefs des
tribus sauvagesseront indispensables pour se fixerdans un territoire occu-
pe ; rerriioriurn nuIliuc'est autre chose que res nuIliusMais le titre de
possession international n'est pas dérivat(f;il resteoriginaire.Voyez mes

remarques dans mon essaiprécitép ,age 17,numéro55 ; M. de Martens, I.,
1, 147 ; voyez Stengel, I.,1,349. ))
Ce projet et cet article, en particulier, lurent vivement combattus par Ed.

ErnestgNys, IR droit interna~ionn,p. cit.tII,p. 95.
' Ce rapport est reproduitdans l'Annuairede I'lnsrirutde droit internaiio1887-
1888,vol. 9.p.244 etsuiv.,oudans l'éditionouvelleabrégé de 1928,vol.II, p. 42et
suiv.,ainsique dansla RDILC, t.XIX, 1887,p. 371-376.
Editionnouvelle abrégéev,ol. II, p.432-433.42 SAHARA OCCIDENTAL

Ennelhardt oui. Bla suite de sonétudeprécitée a la Revuededruilinternationalet
de hisialion comparée lavait proPosiun projet différendadoptant un point de

vue inverse en ce qui conceme la souverainetédes peuplades indigénes.Engel-
hardt y écrivaiteieffet :
(iLa science moderne, on peut le croire, proclamera hautement la
maxime humanitaire, qui semble ne pouvoir êtrel'obiet d'une garantie
-
synallagmatique ; elle seprononcera sur la fegitimiiédes prises de posses-
sion en terres sauvu .s.en reconnaissant ~ositivementaux tribus indiaenes.
en tantqu'Etats indépendants,ledroit de signer des traites,de consentira
l'abandon total ou partiel de leur souveraineté,soit parla cessiondéfinitive
de leur territoire, soit par la stipulation d'un protectora))

lorsque le projet de déclaration fut examinépar l'Institut Ir sa session de
Lausanne (1888),M. Engelhardt critiqua vivement l'article1qui déclarait terri-
~oriumniul1iu.stoute régionqui ne se trouvait pas effectivement sous la souve-
rainetéou sousleprotectorat d'un desEtats quiforment la communautédudroit
des gens.
Son argumentation mérited'étrereproduite dans sa quasi-totalité:

fM. Engelhardt se demande s'il est possible de poser cette regle du
territoriurnnulliu~habitéou non.
Quel est,d'autre part. lesens decesmots :<iEn dehors de la conirnunauté
du droir desgens a? Qu'est-ceaujuste que la (Icommunautédu droit des
gens » ? Dans quellesconditions un Etat sera-t-il considérécomme raisant

partie ou non de la communautédudroit des gens ?Quelleest la situation
d'un Etat qui sesoumet à la plupart des règlesdu droit des gens, et qui en
repousse quelques-unes ? Ainsi, prenons le Maroc, qui n'interdit pas I'es-
clavage.Or,le Maroc fait-il partie de la communautédu droit des gens ? La
situation de l'Abyssinie,du sultanat de Zanzibar est analogue (icelle du
Maroc,
D'autres sociétéssont de fait en dehors de la communautédu droit des
gens,et constituent pourtant des Etats dignesd'être respectés ;telleétaitla
situation des Etats de I'Amenquelors de laconquêteespagnole. Ilen est de

mêmequi sont a certains points de vue des peuples sauvages, qui sont
absolument en dehors de la communautédu droit des gens.et dont il serait
pourtant exorbitant de considérer le territoirecommeun territoriumnulliur.
Lasituation des Egbas.peuplededeuxmillionsd'âmes étable intre leDaho-
mey et un affluentdu Niger,est intéressante5connaitre Irce point de vue.
Voici ce qu'en dit un explorateur :

<iTrois corpsassurent lefonctionnement politique,judiciaire etadmi-
nistratif dans chaque ville. A part le chef, quia le titrde roi, il y :

les Ologun (guerriers) ;
les Okbonjs(corps civil rrpondan t à nos mmunicipa tlis;
les Parokoi (chambres de commerce).

Il y a ensuite lespersonnes considérablesdela nation ;l'ancienne no-
blesse, qui ne forme pas de corps proprement dit, mais dont l'influence
n'est pas moins réelle.
Les trois corps de la ville d'Akéont la prépondérance surceux des autres villes. Ce sont eux qui décidentd peu près souverainement des
questions qui touchent aux intérêts généraudxe la nation ;puis, au-
dessus de tout, vient le roi des Egbas n,ommépar les corps des villes
réunies.
L'autoritédu roiest restreinte;seul,ilnepeut rienfaire,nidécider.Ila
l'initiativedes questions, mais leur solution dépend desdécisionsprises
en assembléepar les corps de la ville d'Aké.
Chaque ville a une maison municipaleoù se réunissenthebdomadai-
rement, tantbt les Okbonis pour délibérersur les affaires publiques,

tantôt les Parakoi, pour la discussion des questions commerciales. u
Voilh comment M. Viard représente les Egbas. Ce peuple réunitles
conditions que Cicérondéfinitcomme lescaractères distinctifsdes nations
avec lesquelles Rome faisait des traités : Hubenr rem publicam, curiam,
oerurium, consensum civium et ratiunem uliquam pucir et federis. Or, le

territoire de ce peuple, qui pourtant n'est certainement pas dans la com-
munauté du droit des gens, faut-il le considérercomme territorium nul-
liuî?
Certaines sociétéhsumaines n'ont mêmepas encoreabsolument la fixité
territoriale. Faut-il pourtant consacrer 3leur égardledroit de la force etde
la spoliation ?
Nous trouvonsd'autre part desEtats qu'onestd'accordpourcomprendre
dans la communautédu droit des gens ; et pourtant. au point de vue de la
civilisation, ils n'offrent guère plusde garanties que les tribus primitives.
Telleest la situation de la républiquede Hai'ti,dans laquelle lesinstitutiqns
les plus avancéessont en vigueur, et où la révolutionrégne A l'état endé-
mique :personne ne songepourtant 3 l'exclurede la communautédu droit
des gens.

Cesobservationsn'ont au'un but :démontrer unefoisde lusla vérité de
l'adagelatin : Ornnisdefinjtoestpericuloso. Au fond, du reste,l'intention de
M.de Martitz peut avoirété deproclamer cettedoctrine del'envahissement
et de la spoliation.
M. Engelhardt propose,en vertu de cesconsidérations,la suppression de
l'article1.O'

La demande de suppression de l'article1du projet de M. de Martitz allait
rencontrer l'approbation de MM. de Bar et Renault ',ainsi que du secrétaire
générad l el'Institut, M. Gustave Rolin-Jacquemyns, et Moynierqui trouvaient
cet article inutil4.
Le président, Alphonse Rivier, tentait d'interpréter l'article1 du projet de
maniere restrictive en disant que «la réglede M. de Martitz n'exclut que les
véritables hordes sauvages )>.
Seul Fusitano soutint l'article1,qui devait disparaître.
Enrevanche,uneproposition en sensopposéd'Engelhardt nedevait pas avoir

plus de succès.Cette proposition avait le contenu suivant :
«L'Institut, considérantqu'en fait laplupart des prises de possession
effectuéesdepuisuncertain temps,sur lecontinent d'tlfrique, ont pourbase

'Editionnouvelleabrégée v.ol.IIv. 707-709.44 SAHARA OCC~DENTAL

des arrangements avecleschefsindigènes,émetlevŒuquecette pratiquese
généraliseet devienne la règledes occupations en pays non civilisés. a'

Gustave Rolin-Jacquemyns devait s'opposer à cet article en déclarant:

(1Qu'onsesouviennedel'idéequi a inspirélaconférencede Berlin,etqui
a décidél'InstitutAs'occuperdela question, Le but envisagéétaitd'éviter,
dans lamesuredupossible,lesconfiitsentreles peuplescivilisésB , propos de
l'extensionde lacivilisation.On voulait surtout cmpéchcr.entreEuropéens,
les conflits sanglants semblablesà ceux qui, au siécledernier, firent long-
temps combattre entre eux lesAnglaiset les Français installésdans 1'Amé-
nque du Nord. Que prétend-onfaire,en définitive ?Déterminerlescondi-
tions de l'occupation de territoires lointains, appartenantà des peuples
barbares dépourvusde foi internationale. Et s'ilsn'ont pas la foi interna-

tionale, comment chercher dansdestraitéslajustification del'occupation ?
Ces traitésde cession avecdes chefs indigénesplus ou moins réels.plus ou
moins légitimes.n'ont pas de valeur sérieuse.Le préambuleque propose
M. Engelhardt ne doit donc pasêtreadopté.Le caractéreejfecrifet l'éta-
blissement d'uneforce de sùreté[ocale sont des conditions nécessairesde
l'occupation ;la cession n'en est pas une;il arrive mêmequel'occupation
violente soit légitime,si elle s'applique par exemplh des peuples cruels,
esclavagistes,qui pourtant résistent énergiquement.
M. le Secrétaire généraplropose donc la suppression de l'article1 du

projet, parce qu'amendéou non, il lui parait dangereux. u2
.Le présidentRivier avait de même,dans une intervention ambiguë, critiqué
aussi certains traitéspassés avec les indigènes:

fiUn Etat, c'estun corps politique organisé ;une tribu nomade ne sera
pas un Etat. Désqu'il y a apparence d'organisation. c'est-à-direde l'exis-
tence d'un Etat, il n'y a plus lieu à occupation pure et simple. mais à
prorec~oro~: c'est ce qu'a admis l'Allemagnedans l'Afriqueméridionale.
La tendance à reconnaître des Etats et B traiter comme tels des corps
politiques rudimentaires ou insignifiants esdu reste, siforte qu'au Congo
les Etats européensvoilent leurs occupations sous l'apparence de traités

aveclespetitschefs indigènes :rienn'estmoinssérieuxquecestraitésoù un
chef sans importance, un petit tyranlocal,vend des droits de Souveraineté
douteux contre quelques piècesde cotonnade ou quelques bouteilles de
rhum. 3

Engelhardt,voyant le peu d'enthousiasme de l'Institut h accepter sa propo-
sition, la retira.
On notera auss iu'une proposition de Fusitano, qui consistait, dans un seul
but dedéfinition,A considérerrerrizoriumriulliustoute régionqui nesetrouvepas
effectivement sous la souverainetéou sous le protectorat d'un Etat, fut aussi
rejetée.
Somme toute, c'est le mêmeesprit pragmatique qu'à Berlin qui allait I'em-
porter à l'Institut. Comme le disait le président :

<iLa tâche de lacommission a étédéfinieen cesensqu'elleétudieraitles
conditions auxquelles l'occupationseraconsidérée commeun titre vis-à-vis

Editionnouvelleabrégée v,olIlp. 712.
Ibid.
Ibid., p.711. des autres Etats, dés lors il n'y a lieu de s'occuperque des relations entre
Etats civilisés.i)

Deslors l'Institut s'attacha Adécrirelerégimedel'occupation,cequ'il fitdans
l'article premierde sa résolutiondu 4 septembre 1888:
(iL'occupation d'un territoire A titre de souveraineté nepourra être
reconnue comme effective que si elle réunit lesconditions suivantes :

1. La prise de possession d'un territoire enfermédans certaines limites,
faites au nom du gouvernement ;
2. La notification officiellede la prise de possession.

La prisede possession s'accomplitpar l'établissement d'un pouvoilrocal
responsable, pourvu de moyens suffisants pour maintenir l'ordre et pour
assurer l'exercice régulierde son autorité dans les limites du territoire
occupé. Ces moyenspourront etre empruntés àdes institutions existantes
dans le pays occupé.
La notification de la prise de possession se fait, soit par la publication
dans la forme qui, dans chaque Etat, est en usage pour la notification des
actes officiels,soit par la voiediplomatique. Elle contiendra la détermina-
tion approximative des limites du territoire occupé. >>*

L'Institut de droit international mit ainsi, à son tour, entre parenthésesla
question de la souveraineté destribus indigènes.La question de souveraineté
n'est envisagée que dans les seuls rapports entre puissances occidentales.L'Ins-
titut ne prenait position ni pour ni contre la souverainetédes tribus indigénes.II
insistait en revanche sur les aspects humanitaires devant prévaloirdans les
relations puissances occidentales-tribus indigènes dans les autres articles du
projet. Ainsi l'articleIV interdisant la guerre d'extermination des indigknes.

l'articleVassurant le respect de leur propriété privée, I'articeI leur éducation
et leur conservation, l'articleVI1 leur libertéde conscience, les articles VI11
et IX relatifs à l'esclavageet (ila traite, et l'articleX au trafic des boissons
alcooliques.

Que conclure de tout cela sur les positions de la doctrine ?
Certainement que pendant toute lapériodequi nous occupe, grosso niodo
1885-1912,ladoctrine estdiviséesur laquestion delasouverainetédespeuplades
indigènes etque, dans sa majoritt!, elle répugne - pour des raisons morales

probablement - a caractériserde territoriumnulliusou (territoire sans maitres
un territoire habitépar des tribus indigénes.
Toutefois, l'impérialismedel'kpoquerequéraitdesjuristes - dont ilest inutile
de souligner qu'ils étaient tous originaires de l'Occident colonisateur - qu'ils
mettent au point des formules juridiques ne freinant pas l'expansion colo-
niale.
La formule trouvée semble bien avoirétéde dissocier les réglesrelatives aux
modoliiésde l'occupation de celles relatives au territoirefuisunt l'objet de I'oc-
cupation.

'Page 714du volume IIdel'éditionnouveIleabrégée V.oiraussilesinterventionsde
De Bar, p. 7IOet714, ainsique celledusecretairegénéraGl,ustaveRolindacquemyns,
p. 716: r Ilyalieu...de revenir auvéritablbutquel'Institutaenvisage,lequelest de
s'efforced'éviter,entrelesEtats européenscivilisateurs,lesdifficultàproposd'oc-
CU Ediiionnouvelleabrégée v,ol.IIp.808-809.46 SAHARA OCCIDENTAL

Cela parait d'autant plus évidentque la question de savoir si leterritoire était

ou nonsans maître devenait sansintérst Apartir du moment ou l'expansionnisme
colonial s'attaquait aussà des Etats constituésmais faibles (Empire ottoman,
Maroc, Tunisie, Zanzibar, Madagascar, Abyssinie, etc.) et dont personne ne
pouvait soutenir que leur territoire étaitterritorium nulliuî.
C'est ainsique l'article34 précitédel'acte généradle la conférencede Berlin
du 26 février1886,instaurant la procédurede notification, s'appliquait aussi
bien auxpuissances qui prendraient possession d'un territoire sur les chtes de
l'Afrique qu'Acelles qui y assumeraient unprotectorat.

De m&me,l'Institut de droit international dans sa résolutionfinalement votée
le4 septembre 1888étendait, par son article II, auprotectorat lesreglesétablàes
l'articleI sur l'effectivitéde l'occupation et sa notification.
La miseentre parenthésesde la difficulté quicorrespondaitau soucide nepas
entraver la colonisation de terres habitéespar des tribus indigenes ou par des
Etats faibles d'Afrique et d'Asiecomportait implicitement un principe de licéité
de la colonisation de cesterritoirespourvu quedàutrespuissunces européennesne

s) trouventpm déjà.
Que l'on décéledans cette attitude cynisme ou réalismeou refusde I'hypo-
crisie,on doit constater que par un raccourcide penséeune partie de ladoctrine,
voire les chancelleriesou lesjuges, en arriverA considérercomme sans maitre
tout territoire non occuppar un maître européenp , uisque le droit d'y établir la
souveraineté etle protectorat y étaitreconnu par l'acte générad l e Berlin.
Joseph Jooris, écrivanten 1886,est un exemplecaractéristiquede cette posi-
tion. II écritains:

(tLe droit d'établir la souveraineté elte protectorat sur les territoires
déserts ou habitéspar des races sauvages vivant en dehors de la cornmu-
nauté politiqueuniverselle, régiepar le droit public positif,été reconnu
aux nations civiliséespour les côtes occidentale et orientaldu continent

africain.àl'exclusiondesîles et d'unepartie du littoral est. Ainsi l'adécrété
un congrésdiplomatique où siégeaienttesdéléguédses principaux Etats de
l'Europe, aveclereprésentantde lagrande république américaine du Nord,
et il a réservél'adhésionfuture des absents. Aux puissances désireuses
d'asseoir, soitleur domination, soit leur patronage politique. sur les terres
réputéessans maître, il impose l'obligation d'une notification officielle
préalableaux tiers,afind'imprimer Aleur possession unedate certaineet de
leur fournir l'occasion d'exhiber,le cas échéant. des titresde priorite.'

On remarquera que Joorisparlede terres « réputées sans maitre s,posant ainsi
lesprémissesde lafictionjuridique suivante : Endroitdoit êtretenu pour <sans
maître » tout territoire d'Afrique non occupépar des Européens 2.

Les chancelleries n'ont pas toujours évitéce raccourci de pensée.
A propos de l'affaire d'Angra-Pequeiia, la question se posait de savoir si
l'Allemagne pouvait occupercc territoire proche d'un territoire occupépar la
Grande-Bretagne.

JosephJooris,(Del'occupationdesterritoiressansmaîtresurlescôtesd'Afrique.
La questiondlAngra-Pequena i)R DILC, 1886,p.236-243.
2 Voirencorele même auteurqui déclare (p.242):
(Ainsi seterminacettepolémique surlapropriétéd'un littoralafricainqude
fait, étaitrestéela possessiondes racesautochtoneset sur lequeljamais une
puissanceétrangérn e'avaitexercéde souveraineté réell)e. Dans son article précitéJ,oons parlant d'unenote allemande(maisest-ce bien
le texte original?)écritce qui suit :
<(La note du IOjuin 1884affirme le droit de l'AllemagneBl'occupation
d'un territoire res nulliuset d'yprotégerses nationaux, lors mêmequ'elle

n'aurait pas l'intentiond'ycréerun établissement politique,maisun simple
établissement colonial délégué iiune compagnieayant un caractéreofficiel,
ainsi que l'Angleterrel'avaitfait à Bornéo, etilcombat l'étrange théorid ee
vouloir écarterle protectorat d'une tierce puissance étrangPresur un terri-
toire sansmaître au profit d'une puissance coloniale voisines '

L'Italie occupaMassaoua le 5février 1885,alors territoireégyptienrelevantde
la Sublime Porte. Justifiant cette occupation par une note du 25juillet 1888,le
ministre italien des affaires étrangères parlede territoire virtuellementres nul-
lius2.
La France opérerade même àl'égardd'une partiede laTripolitaine, alléguant

le 9juin 1899l'absence d'<(action civilisatrice antérieureou concurrente de la
part de la Turquie ))'.
En 1898,c'estFachoda, en territoire égyptien,que les Français qualifient de
«sans mstre u.La phrase suivante de la dépêchd eu 13octobre 1898de M. de
Courcel, ambassadeur de France à Londres, àM. Delcassé,ministredesaffaires
étrangkres,est éclairantede cette conception :

(iJ'aiditqu'à mon avis nous avions le droit d'envoyernos expéditions
jusqu'ii cepoint siles territoires occupés ou traversépsar nous étaient sans
maître ;maisque, silalégitimité desprétentionségyptiennesétaitreconnue,
il n'étaitpas prouvéque la présencede nos troupes dût nécessairementy
déroger,ni qu'ellefût plus incompatible avec l'autorité nominaledu Khé-
diveque ta présencedes troupes anglaisesdans d'autresparties de territoire

plus incontestablement égyptiennes. a'

On peut donc conclurede tout celaqu'endoctrine et parfoisen diplomatie,les
termes « ~erritoriumnuIlius i)ou « territoire sans maître)>ont étéutilisésdans
divers sens :

1) Au sens propre du terme, il s'agit de territoires déserts au inhabités,ou
abandonnés,ou habitéspar des individus disséminéss,ans autoritéou orga-
nisation politique quelconque.
2) En vue de justifier l'occupation de territoires habités par des peuplades
possédant une autoritépolitique, voire unestructure gouvernementale com-
plexe, par une fictionjuridique, ces territoires ont étédéclaréssans maître
niant la personnalitéde droit des gens des peuplades en question ou esca-
motant la question.

3) La fiction a étéquelquefoisétendue à des Etats acceptés à l'époquecomme
tels, mais incapables de résisterà la pénetrationcolonialiste européenne.

Joseph Joons. op. cilp. 241.
l Kiss, Répertoire.op. cilvol.II,no247, p. 138.
' Ibid.,no248. p. 141.
Ibid., no253, p.144.Voiraussi sur cet incident Janine Griache, Lu lhéoriede
Iùccupation des territoirsans niaiire dans I'alfaidu tlaur-Nil erdu Bahr-el-Gazal
(1898-18991, Clermont-Ferrand(Raclot),1945.48 SAHARA OCCIDENTAL

Allant au-dela des différents sensdoctrinaux de la notion, il paraît essentiel

d'examinerla pratique des Etats colonisateurs Bl'égarddestemtoires colonisés
pour voir s'ils les ont considérésou non comme <(sans maître dans les
faits.

II. La pratiquecoloniale

La pratique colonialeApartir du XVIlIesikcleet pendant tout le XlXesiecle
peut êtrerésuméeen deux propositions :acquérir lescontréesnouvelles par
consentement des populations ;Lidéfaut,lesconquérirpar la force. Mêmesien

doctrine, on lvu, certaines résistancessefaisaientjouproposdesspoliations
desindigénespar l'emploibrutal de laforce,leschancelleries n'hésitaientàys
recourir lorsque les voies pacifiques de l'argumentation ne portaient pas les
résultats escomptés. L'acquisitiode territoires par la force n'étaitpas alors
formellement contraire au droit international.
Ilendecouled'ailleurs qu'enpratique lacolonisationva sefairebeaucoup plus
par voied'acquisition,par consentement ouparconquete quepar occupation s
proprement dite '.
Quecespuissanceseuropéennesaientvoulu donner la primauté auxmanieres
douces résulteampiement des instructions données par les chancelleries aux

explorateurs.
Ainsi Lindley écrit:

<Thus, in 1776,the British Admiralty ordered Captain James Cook to
explore the Coastof North-West America, to avoidal1interference with the
establishment of European Powers, to take possession, in the name of His
Sovereign.ofany countries whichhe mightdiscoverto be uninhabited and.
if there should be inhabitants in any parts not yet discovered by other
European Powers, to take possession of them with the consent of the

natives.n *

Fauchille fait étatque dans les instructions donnéespar plusieurs gouverne-
ments européenson trouve l'idéeque la souverainetérudimentaire et primitive,
que l'indépendancedes peuplades barbares doivent êtrerespectées.II donne
comme exemples : les instructions anglaises iiM. Holzon le 14 août 1839;
françaises A M. de Brazza, en février 1883 ; M. Mizon, en août 1892; à
M. Archinard,en septembre 1892; allemandesA M. Nachtigal, le 19mai 1884'.
Ces dernières portaient :

4 La souveraineté impérialene sera proclaméequ'aprèsqu'elle aura été
reconnue par traitéde la part des chefs indigènesou sur la base d'une
acquisition antérieureopérépear un sujetde l'Empiredans lesterritoires en
question.

Mais ce qui est essentielen la matièrec'estque l'occident a utilise systema-
tiquement, pendant les XVIIIeet XIXe siPclesnotamment, le mécanismedes

traités passés pacifiquemetvecleschefsde tribus,sultans, princes, émirs,etc.,

M. F. Lindle y.ckward Terriloryop.cilp. 31.
Ibid.p.26.
Paul Fauchilloep,.cirp.700.
Cite parCh. Salomon o,p.cirp,ar83.p. 218.pour faire reconnaître leur suzeraineté,leur souverainetéou leur protectorat sur
Ies territoires que ceux-ci dirigeaient.
Pour les Etats-Unis, Nys citant F. A. Waiker, relkve :

<iEnplusde quatrecents traitésconfirmésparleSénat,lesEtats-Unis ont
reconnu les tribus indiennes comme des nations avec lesquelles ils pour-
raient contracter sans déroger,et c'étaitsurtout des traitéspar lesquels les
tribus cédaient des territoires. »

Dans l'ensemble,l'expansion colonialebritannique et néerlandaisedans les
Indes s'est faite par cessions ou conquêtes.
C'estaussipar desmélangesdeguerreet de traitesdeprotectorat quela France

s'etablit au Cambodge, en Cochinchine et au Tonkin 2.
Pour l'Afrique, la chose est encore plus dette.
C'estpar traites que la Grande-Bretagne s'installeau Cameroun, au Niger,au
Bechuanaland, au Matabeleland et Mashonaland et en Aïrique de l'Est. De
mêmepour l'Allemagneau Cameroun, au Niger, au Sud-Ouest aîricain et en
Afrique de l'Est 3.

E. Rouard de Card a consacréun ouvrage entier aux seuls trait65de protec-
torat conclus par la France en Afrique de 1870A1895.Les pays couverts par la
table des matiéressont : la Tunisie, la baie de Tadjourah, les iles Comores,
Madagascar, le Gabon, le Congo, le Dahomey, la Côte d'Ivoire, la Guinée
française, le Fouta-DjaIlon, le Sénégae lt le Soudan français 4.Cet ouvrage est
d'ailleursincomplet. La Revue de géographiede IR85signalait queleprésidentde
la République françaiseavait signédu 27 novembre 1883au 12décembre1884

une sériede décrets régularisantde nombreux traités passésavec des chefs
indigènes.La liste donnéeensuite comportait onze traitéspour le Sénégae lt le
Haut-Niger, deux pour la Côte des Graines, sept pour la Côte d'Ivoire etune
trentaine pour legolfedu Biafra et leCongo.Ces traites s'échelonnaientde 1838
a 1884 5.
Pour ce qui est du Congo, dont vas'emparer l'Associationinternationale du

Congo, voici cequ'écrit ErnestNys :
<Il s'agissait fréquemment en I'espkcede territoires habités par des
peuplades. Selon les principes du droit des gens moderne, une solution
s'imposait ;il ne pouvait y avoir d'occupation pure et simple ; la prise

de possession devait se faire du consentement de l'autoritéindigtne ;ce
consentement mêmedevait étrelibre, conscient etdonnésuivant lesusages
du pays. 11fallait,enréalitéu,neappropriation à lasuite d'un traité:ilfallait
une cession.
C'est ainsi que près de cent conventions furent conclues par Henry
Stanley etpar sesagents ;leschefsindigénes reconnaissaientlasouveraineté
de I'Associationinternationale, ils adoptaient son drapeau, ils acceptaient

pour euxetpour leurssuccesseurs lesdécisionsdesesreprésentantsrelatives
à leur bien-êtreou a leurs propriétés.

' Ernest Nys, Le droir international,t. II, 90. Pour un exempleoù ta Court of
Claimsinsistasurlavaleurd'untraitédu 17septembre185 1entrelesEtats-Unisetles
indiens Sioux .ndépitdel'absencede proclamation parleprésident des Etats-Unis :
voir G. H. Nackworth, Digest ofInterna~ionulLaw, vol. V, p.86-87.
M. F. Lindley, Buckwurd Terrifory.op. cit.,p.31-32.
Ihid., p. 34 esuiv.
E. Rouard de Card, Les rroilésde prorecforut conclu pur luFrance en Afrique.
1870-1895, Paris(Durandet Pedone-Lrturiel) ,897.
Revue de géographie, 8eannée, t.XVI, janvier-juin 1885,p. 223.50 SAHARA OCCIDENTAL

Semblablescessionsinvestissaient-ellesl'Associationinternationale de la
puissance d'Etat ? Des consultations savantes dues àsir Travers Twisset
Egide Arntz ont donne une solution affirmative auproblème ;ellesse sont
appuyées surl'histoire etsur les principes du droit. Elles proclanlaient la
vérité . '

Pour la Nouvelle-Zélande,dans une dépêche d'août 1839, le secrétaireiila
guerre et aux colonies du Royaume-Uni écrivait :

«The Queen, in common with Her Majesty's immediate predecessor,
disclairns,for herself and for her subjects, everypretension 10seizeon the
islands of New Zealand,or to govern ihem as a part of the dominions of
Great Britain udess the free and intelligent consent of the natives, ex-

pressed according to their established usages,shdl be first obtained. )>2

Fidji fut égalementcédéa la Grande-Bretagne par leschefsde tribus autoch-
tones j.
11estaussiintéressantdenoter quefréquemment,dansleursconflitsentreeux,
les puissances européennes ont invoquéles traitéspassésavec les indigknes
comme source de leur droit de souveraineté.
Ainsi, aussi bien la Grande-Bretagne que le Portugal ont pris cette position
dans l'affaire de la Baie de Delagoa 4.
L'Italie, en1880,fondasa prétentiondesouverainetésur labaie d'Assabsurla

cession obtenue en 1869 du sultan local et la France, en 1882, réclamaun
protectorat surcertainesparties du nord-ouest de Madagascar envertu de traités
passés avecdes chefs locaux de 1840 ii1843 5.
Bonfilscite l'articl5 de la convention anglo-allemande du lerjuillet 1890par
laquelle cesdeuxEtats s'étaientengagés à se notifier lestraitésqu'ils passeraient
avec les tribus africaines résidantautour du lac Tchad 6.
Dans sa sentence du 6juin 1904relative à la frontièreentre la Guyane bri-
tannique et le Brésil,le roi Victor-Emmanuel d'Italie invoqua entre autres

comme argument que :
<(such effective assertion of rights of sovereignjurisdiction was gradually
developed .. . and . . became acceptcd even by the independent native

tribes whoinhabited theseregions,whocould notbe considered asincluded
in the effectivedominion of Portuguese, and later on of Brazilian, sover-
eignty. )r

On peut donc conclure de ce qui precédeque dans leur pratique courante, en
particulier dans la périodequi nous intéresseici, auxalentours de 1880,les Etats
recouraient aux traités avecles chefs locaux pour établirleur souveraineté.
A moinsdedonner aux motslesensfictifrelevéplushaut, ilçernbledifficilede
dire qu'est territorium nufliusun territoire dont on acquiert la souverainetépar
cession d'un chef de tribu.

' ErnestNys, IR droit internationat.1, 1912,p. 104-105.
M. F. Lindley, BackwardTerritory, op. ci!., p. 41.
' Ihid., p. 42.
' A. de LapradelleetN. Politis,Recueildes arbitrages internationau,ol.IIIp. 596
et suiv.
M. F. Lindley. Backward Terrifov.op.rit p..40,
Bonfils,op.cil., n541,p. 379.
' NationsUnies. Recueildessentences arbitrales,vol.XI, p. 22. Certes, on sait que plus tard, la doctrine et même uncélèbrearbitre auront
tendance Anier la qualitéde traitéAde tels rapports et préféreront parlerde
contrats. L'affairede l'lle de Palmus rendue par Max Huber ne peut pas ne pas
êtrecitée à cet égard ' :

As regards contractsbetweenu Stute or a Company such as the Dutch
East India Company and nutiveprincesor chiejsofpeopiesnot recognizedas

membersof the community of nations, theyare not in theinternational law
sense,treatiesor conventionscapableof creatingnghts and obligationssuch
as may. in international law, ariseout of treaties. But, on the other hand,
contracts of this nature arenot whollyvoid of indirect effectson situations
governed by international law ;if they do not constitute titles in inter-
national law, they are none the less facts of which that law must in cer-
tain circumstances take account. From the time of the discoveries until
recent times, colonial territory has very often been acquired, especiallyin

the East Indies, by means of contracts with the native authorities, which
contracts leave the existing organization more or less intact as regards
the native population, whlst granting to the colonizing Power, besides
economic advantages such as monopolies or navigation and commercial
privileges,also the exclusivedirection of relations with other Powers,and
the right to exercisepublic authority in regard to their own nationals and
to foreigners. The form of the legal relations created by such contracts.
is rnost generally that of suzerain and vassal, or of the so-called colonial

protectorate.
In substance,it isnot an agreementbetweenequals ;it israther a formof
interna1organization of acolonial territory,on thebasisof autonomyfor the
natives. ))

Il faut tout d'abord relever que la position de l'éminentarbitre est finale-
ment rigide sinon arbitraire, car la qualitéde sujet de droit international n'a
rien d'immuable, comme l'a dit la Cour internationale de Justice : ((Les
sujets de droit, dans un systémejuridique, ne sont pas nécessairement iden-

tiques quant à leur nature ou à l'étenduede leurs droits. s(C.I.J. Recueil 1949,
p. 177.)
Max Huber lui-mêmedevait reconnaîtreque ces (icontrats r avaient permis
l'acquisition du temtoire par le colonisateur, lequel laissait intacte l'organisa-
tion de la population autochtone. Encore une foisun territoire dans lequel régne
une telle situation s'accommode mal de la qualification de territoire sans
maitre.

' Ibid, vol.II, p.858.
Les puissances occidentales ne faisaient pas, pour leuprart, la fine bouche et
parlaient biendetraitésouconventions,mémesi - cequin'est pascontradictoire- elles
n'assimilaient passurtouslespointslestribusBdesEtats. Une opiniondes LuwO//icers
ofthe Crown peutetre citéeici :

whether Samoawas882(a 'foreignState' within thmeaning1aofDS.6 of theNaturali-
zationAct, 1870,reported that'bythe mere fact ofrecognizing a nativeGovern-
ment in the WesternPacificto theextent of concludingTreatieswith it, Wer
Majesty'sGoverment cannotbeheldtohavebounditseiftorecognizetheletters
ofnaturalizationgranted by it to Britishsubjects(lord A. McNair,Inlernotional
Luw Opinions, Cambridge, University Press,vol. 7, p.66). SAHARA OCCIDENTAI.

SECTION 3.- LESAHARAOCCIDENTALÉTAIT-IL,
AU MOMENTDE LACOLONISATIONPARL'ESPAGNE,
UN TERRITOlRESANS MAPTR ?E

Aprks avoir exposé l'historiquede la colonisation par l'Espagne du Sahara
occidental et résumé ledifférentesconceptionsquel'onsefaisait à l'époquedela
notion de territoire sans maître, on peuttenter de répondrà la question posée
par l'Assembléegénérale.
Dansl'avisquiestsolIicité,laCourdoit quaiifierjundiquernent unesituation d
un moment donné. Les limites temporelles sont préciséespar les mots (au

moment de la colonisation par l'Espagne i)II s'agitmoins d'une dure critique.
que d'une période critique. Comme on a pu le voir dans la section 1. si la
colonisation du Rio deOro aeu lieudans lesannées1885-1888,en revanchecelle
de laSakietEl Hamra nes'estvéritablementréalisé qu'en 1912,dans lesrelations
franco-espagnoles, voire en 1916par l'occupation de cap Juby.
C'estenseréférant ala même périodede tempsqu'ilfautcomprendre la notion
de r territoire sans martr».

Commel'écritMaxSarensendans sonrapport définitifprésenté à l'Institut de
droit international sur le problème dit du droit intertemporel dans l'ordre
international, c'estun principe générale droit que r tout fait, tout aettoute
situation doivent êtreappréciésa la lumikre des règlesde droit qui leur sont
contemporaines. i)'

*

A. Hjpothèsesh esclure

Sion tented'appliquer lesrkglesdégagéed sans la précédentesection aux faits
exposésdans la première, uneséried'hypothésespeuvent être immédiatement
exclues

f) Tout d'abord, le territoire nëtait pinhabité.Au contraire, il étaithabité
par de nombreuses tribus avec lesquelles furent passésdes traités.
Siledécretroyal du IOjuillet 1885 prkvoitque lecommissaireroyalaura (le
droit de conclure des traités avec les indigénes, aiiue de prendre possession

des terrains qui n'ont pas de maître...)b(art. 4), ce décret ne peut pas Ctre
interprétécomme signifiantquecertainespartiesdu territoire étaientsansmaître
alorsque d'autresen avaient un.C'estBunenotion dedroit privé :<terrains sans
propriétairei)que fait allusion le décretroyal, mêmesi cette idée, typiquement
européenne,étaitétrangère à la mentalitéet 1ila réalité sahariennes.
L'Espagne n'aévidemmentjamais prétenduque le territoire du Sahara occi-
dental était inhabitéou mêmepartiellement inhabité.Comme le disait M.de
Piniesà la QuatriémeCommission des Nations Unies le 24décembre1974 :

«II estime cependant que la déclarationdu représentantde la Syrie est
fondéesur une hypothèsefallacieuse : celui-ci a en effet déclaréque l'Es-
pagne considéraitle Saharacomme un territoire sansmaître (terru~iullius).

Or, cette position n'ajamais étécelle de l'Espagne. Celle-ciestime que le
Sahara, commetout autre territoireafricain,pour nepas direcommelereste

Annuaird eeI'lmrirut de drointernntional,197vol.55,p.99.
2 Reproduiten annexe IVau présent mémoire. du monde, avait sa population propre - le Sahara étant peuplépar des -
Saharaoua et les autres territoires par d'autres habitants.
Il tient cependantQ déclarerque leSahara n'ajamais étéunnoman's/und
aux yeux de l'Espagne.Il existedes traitésdans lesquelsleshabitantsde ce
territoire sont mentionnés. » '

Un peu plus tard, il reprenait :
«La premiére question poséedansle projet de résolutionnecorrespond

pas 3la réalitédans la mesureoùl'Espagnen'ajamais affirméque leSahara
était un territoire sans maître (rerrunuIlius).bi2
2) En second lieu,ilnepeut êtresoutenu que leterritoireétaitabandonné (res

derelicrur).Cela n'a étéprétendupar personne et cette hypothèsene correspond
pas aux faits dela cause.
3) Il n'a pas enfin étéavancéque le territoire n'aurait étéhabité que par des
individus disséminéssons ouloriréou orgunisurionpolirique quelconque.Cette
hypothèsene correspond pas non plus aux faits. Les sociétén somades vivant au
Sahara au moment de la conquêteétaient,comme il sera exposéplus loin, des
sociétés trbs structuréesavecune organisation politique complexemêmesielles
étaientnon étatiques.

B. Hypothèsesà examiner

Le Gouverncmcnt marocain a soutenu quele territoire appartenait à l'Empire
chériiien.SelonleGouvernement marocain, laquestion poséeestcelle-ci : ((Les
deux territoires sahariens en question ...relevaient-ils.au moment de leur occu-
pation, de la souverainetéou de l'administration de 1'Etatmarocain ? » '
M. Slaoui a parlé (du retour au sein de 1'Etatmarocain de territoires et de
populations arrachéspar l'usurpation coloniale >> ',il a affirméque le Ma-

roc : .- . .-
(peutétablirqu'antérieurementa la colonisation espagnole la souveraineté
marocaine s'estexercéesur cesterritoiresdans lesconditions requisespar le
droit international public ;il peut établirque lc Maroc a.sans défaillance,

tenu ces territoires pour une partie intégrantede sa propre entité ety a
effectivement fait des actes administratifs sans équivoque )>
A supposer que tout ou partie du Sahara occidental ait. it l'époquede la
colonisation, relevéde la souverainetéetde l'administration de 1'Etatmarocain,

on ne pourrait soutenir que le temtoire affectéde cette souveraineté était res
iiullius,puisqu'ilestindiscuté,endoctrineet enpratique,qu'un territoireétatique
n'est jamais res tiullius à moins qu'il n'ait étkabandonné b. Pour ces Etats
constitues, le colonialisme utilisait d'autres moyens de pcnétration :la zone
d'influence ou le protectorat. Le Maroc en fut l'objet.

' A/C.4/SR.2130, p. 9.
A/C.4/SR.2130, p. 26.
M. Laraki, AIPV.2249, 30 septembre 1974.p. 93.
A/C.4/SR.2117,p. 8: voir aussi p.14.
A/C.4/SR.2117,p. 8-9.
Et saufquelquesabus,signales I lasection2. OUd'ailleurs l'abandoéntaitsouvent
invoqué. SAHARA OCCIDENTAL

2. APPARTENAN CE TERRITOIREÀ DES TRIBUS INDÉPENDANTES

LeGouvernement mauritanien soutient,pour sa part, que la plus large partie
sinon la totalitéde ce territoire étaitoccupéepar des tribus indépendantesdu
sultan du Maroc (voiren particulier la réponseBla deuxième question).On se
retrouve déslors dans la dernitre categorieexaminée àla section2 :la situation
de territoires habités par des tribus nomades qui, tout en ayant une autorité
politique, ne peuvent étreassimilés Aun Etat.
On avu plushautqu'une partie deladoctrine del'époque,envuedejustifier la

colonisation de territoires habites par des peuplades possédant une autorité
politique, voire une structure gouvernementale complexe, a, par une fiction
juridique, déclaré cetemtoires sans maître, niant ainsi la personnalitéde droit
des gens des peuplades en question ou escamotant la question. .
Cepoint devuequi nes'attachait qu'aupartage du mondeentre lespuissances
n'acertainement pas été étranger a certains courants dela penséeespagnole de
l'époque.On en acceptera pour preuve la résolutiondu 10novembre 1883du
congrésespagnol de géographie colonialeet commercialequi mentionnait dans
sesconsidérantslefaitque <l'établissementdel'Espagnesurlacôte du Saharane
serait pas de natureà créerdes complications diplomatiques puisque cette côte

ne se trouve actuellement sous la souverainetéd'aucune puissance n 1.
Avec lyrisme,Torres Campos décrit ainsi l'admirationdu peuple espagnol :
(111asuquedesexpéditionsespagnolespromenaient, dans lesforêtsdel'Afrique,
ledrapeau rougeetjaune et que l'Espagneavaitoccupéde richesterritoires sans
maître.>>2
Ce point de vue - réalisteou cynique comme on voudra -jugeait le résultat
deschosesetn'avaitpasgrand mal àmontrer qu'enpratique lestraitésdecession
et autres marques de respect pour la volontédes tribus était endéfinitiveune
opérationpassablement formelle. Les tribus n'avaient souvent guèrele choix.

C'étaitle traite ou la guerre.
Néanmoins,il parait avoir étédémontré A la section 2 que la majoritéde la
doctrine de l'époquene partageait pas cette rnaniérede voir.Elleinsistaitsur la
nécessitéd'obtenir le consentement libre des tribus pour leur apporter la civi-
lisation. Elle entendait ainsi interdire tout retour aux opérations attentatoires
aux droits de l'hommequand elles ne constituaient pas ce que l'on appellerait
aujourd'hui un génocidequ'avaip tratiquélecolonialismedesXIVe-XVIesiècles.
Cette vision,quelque soitlejugement qu'on puisse parailleursporter sur el-eil
s'agissaitde la moralisation delasituation et del'occultationdesphénomènesde

force- était,on l'avu, défendueavecbeaucoup de forceet deconvictionpar une
doctrine majoritaire et de qualité.
Ellepouvait, au surplus,faire étatd'unepratiquejuridique des Etats étoffée,
riche et pertinente.
L'examenconcret delapratique du Gouvernement etdesautoritésespagnoles
au Sahara occidental indique que c'estce courant humaniste qui a &téindénia-
blernent suivi.
Rien n'est plus symptomatique, iicet égard,que les réflexionsdlAlfonso
Garcia-Gallo de Diegoquiétablitun ~arallélesaisissantentre lacolonisationdes

Canaries et celle du Sahara occidental. Pour les Canaries, aux XIVe ct XV*
siécles,les autochtones sont chasséscomme du bétail ;on ne prend pas en

lBSGM, XVIII, 1885, p.377.
R. TorresCampos, op. cil.RDILC, 1892,p. 457-458. EXPOSÉ ~CRIT DE LA MAURITANIE 55

considération leurvolonté; on ne leur reconnaît aucun droit ; les terres sont
vacantes l.
En revanche, pour la Guinéeet le Sahara :

(L'Espagne ne prockde plus maintenant, comme tous ces pays qui
méconnaissent lapersonnalitéet la capacitéjuridique desindigènes, con-
sidérantlecontinent africain comme risnullh, teries sans maîke suscep-
tibles d'occupation par n'importe quelEtat civilisé. »

Lapratique espagnoleau Sahara occidentalest,ilestvrai, à cetégard,exempte
de toute ambiguïté.

On se souviendra que les trois expéditions,Bonelli,Alvarez-Pérez,Cervera-
Quiroga-Riuo, furent toutes accompagnéesde traitéspassés avec leschefs de
tribus indigénes.
Aucune pression militaire quelconque n'accompagne les négociations.Les
explorateursquis'aventurent dans lesrégionssousladomination des tribus font
figure de hérostéméraires.C'est par la diplomatie et l'argumentation qu'ils
convainquent leurs interlocuteurs à signer de telles conventions.
Pour autant qu'on peutenjuger, celles-cisont faitesenarabe etselonlesusages

des lieux.
Les explorateurs cherchent iirencontrer et 3.traiter avec les chefs les plus
prestigieux, les plus représentatifs etdont la juridiction est la plus étendue.
Deux citations nous paraissent typiques Q cet égard: Au cours de son voyage
de novembre 1885, Bonelli note l'importance pour l'Espagne de l'amitiédu
sultan Ould el Aïda '.De mérne,Cervera insiste sur les faits suivants :

« La tribu la plus nombreuse de toutes celles qui peuplent la région
parcourue pendant notre voyage,est celledes Yehya Ou Osman, maîtresse

del'Adraretgouvernéepar lesultan Ahmed BenMahommed,Ould el Aïda.
C'est la plus nombreuse et aussi la plus crainte et la plus respectée.L'in-
fluence d'Ouldel Aïda s'étenddepuis SakietEl Hamrajusqu'au Sénégaelt
depuis la côte jusqu'à Tombouctou.
Avec le chef arabe, nous eûmes dans notre camp d'Idjil, frontière de
l'Adrar Trnar. diversesconférences auxquelles assistérent lecshefs lesplus
caractéristiques des tribus qui peuplent le Sahara occidental.))

Par la suite, notamment en 1895,1897,etc., les contacts seront raffermis, les

allégeancesrenouvelées.
L'importance donnéepar l'&pagne aux traitésavec leschefs de tribus appa-
rait encore dans l'article9 précité de la convention de 1900comme dans les
négociations quiont conduit à l'adoption de ce traite.
Touscesélémentm s ontrent que lesEspagnols reconnaissaient lapersonnalité
et l'autoritéde droit public des chefs avec lesquels ilstraitaient.
Est égaiementsymptomatique le fait que l'hpagne, pendant toute la période

qui nous concerne, a traitéleRio de Oro deprotectorut. C'estla formule que l'on
trouve dans les textes des traités,dans la notification aux puissances, dans le

fA. Garcia-Gallo deDiego, (Lostitulosjuridicosdelaintegracidnde losterritonos
africanosen lamonarquia espaiiola)>,ArchivosdelJnstiiutoestirdioufricanosXVIlI,
no 69, p. 57-70.
Ibid.. p. 66.
E.Bonelli, (Viajesal interiordel Sihua 9,BSCM. XXI, 1886,.p.335.
1.Cervera,«Conferencia dadaenlareunionordinariade 2de noviembre de 1886n,
BSGM, 1887, p. 37-18.56 SAHARA OCCIDENTAL

décret royaldu IOjuilfet 1885,et au cours de l'interpellation dont fera l'objet

Sagasta, fin 1885. L'absence d'occupation sérieusedu territoire (trois points
limitéssur la côte et de caractkre touàfait pacifique) ainsique de tentativde
fiscalitéfaisaientquelasouverainetéparticuliéredestribusdemeurait réellement
intacte.
En quelque sorte, le protectorat de l'Espagne, A l'époque considéréé e,tait,
contrairement ii l'usage, un lien plus intellectuel, politique et commercial
qu'autre chose. Aucune prise de possession matiirielle du territoire, aucune
subjugation administrative ou militaire des populations. C'est ce qui explique
comment la France parviendra, eu utilisant elled'autres méthodes, A grignoter

progressivement le protectorat espagnol.
On peut donc conclure de tout ceci que l'Espagne,dans ses rapports avec les
tribus du nord au sud du territoir- dans la mesurede son action qui fut tout le
long bien timide - a toujours respecte lapersonnalitéet lespouvoirsde celles-ci,
qu'elle n'adonc pas considéréle territoire comme une terre sans maître.

La seule alternative serait de choisir la position doctrinale minoritaire et de
direque leterritoireétaitresnuIliuspuisqu'iln'étaitoccupépar aucunepuissance
européenne.Cette conception <(réaiistei)si elle était minoritaire Al'époque,
trouvede largeséchosdansla doctrinecontemporaine etcecid'autant plusquela
question n'aplusaucun interét.Non seulementtouslesterritoiresfurentoccupés
par les puissances européennes,mais, depuis,,ils ont été ou sonten voie de
décolonisation.Pour la doctrine contemporaine, la question a donc surtout un
aspect historique.
Charles De Visscher résumait ainsi avecluciditéla situation :

<{Quant aux territoires envisagés commeencore libres ou sans maître,
deux facteurs ont exercédans leur appropriation historique une influence
déterminante :l'inégalitéde i'étatde civilisation et la préoccupation de
l'équilibre politique. LesEtats de civilisation avancée et avidesde colonies
ont considérécomme «anetatiques » et susceptibles d'occupation les ter-

ritoires habitéspar des populations indigènesqui, de leur point de vue.
n'étaientpasorganises en régimed'Etat. D'autre part, et par souci de
l'équilibrepolitique et de la paix, ils ont adoptéprogressivement divers
criteres et pratiques en vue de réglementer l'acquisition paroccupation de
territoires sans maîtreou din dedonner un fondement moral ou social iun
étatde possession. )r

Qui ne voitcependant qu'adopter cettemanièredevoir,etdirequ'encesensle
Sahara occidental étaitres nullius,n'aiderait en rien l'Assemblée généraplaer
rapport iila situation qui a justifié lademande d'avis.
La conception réalisteou conception-fiction du territoire nulliu~n'apporte
aucune lumièrepar rapport au problkme dont iiAssembléeest saisie. Lebut de
cette conception est, eneffet. touiifait précis, celuidejustifier une conquêteet
d'éviterdes frictionsentre Européens.Sileproblèmeposé AlaCourse rapportait

à la légitimitéde la possession espagnole ou aux limites territoriales de cette

' CharlesDe Visscher, Théorieset réalitésen droit internationalp3eed.,Paris,
Pedone, 1955.p.253.possession, la conception réalisteou conception-fiction du territoirenullius
trouverait certainementA s'appliquer.
On voit mal comment elle s'inscritdans les préoccupationsde l'Assemblée

génkralequi sont les suivantes :comment décoloniser le territoiredu Sahara
espagnol ? Doit-on considérerque ce territoire, au moment dela colonisation,
n'appartenait Apersonne, auquel cas toute créationfaite sur le territoire est
espagnole et susceptible d'un avenir entierement indépendantet autonome, ou
faut-ilconsidérerque ce territoire était habipar des tribus qui elles-mêmes
faisaient partie d'un ensemble plus vaste marocain ou mauritanien?
RépondreAce propos que le territoire pouvait Otreoccupépar des Européens
parcequ'iln'étaitoccupéque pardes tribusqui n'étaientpas encoreoccupéespar
d'autres Européens,ne serait guerede natureQ aider l'Assembléegénéraledans
l'exercicede ses compétencesen matiérede décolonisation.

En conclusion,il est demandéà la Cour de direpour droit que quelleque soit
I'hypothéseretenuequant Qlaformedepouvoir oude souverainetéqui s'exerçait
A l'époquede la colonisation espagnole sur le Sahara occidental (cellede I'Etat
marocain, celle de tribus indépendantes du Royaume du Maroc ou l'une et
l'autresur des territoires différents),ces terriloireç n'étaientpassans(restre
nulli~.
En effet. dans la mesure ou ils pouvaient releverde la souverainetéde I'Etat
marocain, ces territoires faisaient partie d'une entité étatiqueet, dans la mesure
ou ilspouvaient releverde tribusindépendantesdu Royaumedu Maroc,on peut

constater que celles-ciétaient dotéesd'une autoritéet d'une organisation poli-
tique suffisamment développées pour que - conformément à la pratique géné-
ralisée I'époque - le Gouvernement espagnol aitsollicitéleur accord pour
entrer avecellesdans des relationsqui nedevaient prendre qu'auFildestemps le
caractérede subordination qui est l'attribut des relations coloniales. DEUXIÈME PARTIE

La seconde question posée à la Cour internationale de Justrice csla sui-
vante :

«Quels etaientles lienuridiques de ce territoiravec le Royaume du
Maroc et l'ensemblemauritanien ? u

Par (iceterritoire )),l'Assembls'estdonc référéaeu(Saharaoccidental (Rio
de Oro et Sakiet El Hamra) au moment de la colonisation i(voir la premiére
question).
Troisentitésgéographiques interviennentdoncdans cettequestion :leSahara
sousadministration espagnole.leRoyaumedu Maroc etI'ensemblemauritanien.
Envisageons-lessuccessivement.

1) Le <{Sahara occidental))(dit espagnol): devenu territoire non autonome
administré parl'&pagne, son statut de droit international est bien défini.
2) 11en va de meme pour le Royaume du Maroc : il étaitet est restéun Etat
indépendant(quoiqu'un moment affectépar les liens du protectorat).

3) L'ensemblemauritanien n'est pas une notion précisede droit international
public.
LaRépubliqueislamiquedeMauritanie. lorsqu'elleaaccédé àl'indépendance
en 1960,n'a recouvré qu'unepartie du territoire de 1'0ensemblemauritanien)).

L'Assembléegénérale des Nations Unies, lorsqu'ellea utilisé les term<(en-
semblemauritanien )>semblebien avoirvouluseréfére r cetensembleculturel,
géographique etsocialquiexistaitAl'époquedans larégiondu Saharaoccidental,
ensemblegui. comme chacun lesait, n'avait Dasla aualitéd'Etat et dans leauel
allait scrke; plus tardla ~e~ublique islamipe déMauritanie.
Pour rkpondre Ala question poséepar l'Assembléei,l paraît donc essentielau
Gouvernement de la République islamique de Mauritanie d'expliquer ce
qu'était,Bl'époque,l'ensemblemauritanien, cetteentitéqi avaitd'ailleurspour
nom arabe Ailad Chinguitiou encore pays chinguirtien.

A cet effet,on décrira tout d'abord,dans une première section,les aspects
géographiques, économiques eh tumains de cet ensemble.
Dans une seconde section,on s'attacheraàmontrer que l'ensemblechinguit-
tien correspondaità une réalitéhistorique, socialeet culturelle tAfait indé-
pendante, mêmesi sa structure politique et juridique restait élémentaireet
composite.
Dans une troisièmesection, il sera démontré queles temtoires sous admi-
nistration espagnole jusqu'à l'oued Saguiael Hamra faisaient partie de cet

ensemble.

SEClïON 1. - ASPECTS GÉOCRAPHIQUES, ÉCONOMIQUES ET
HUMAINS DU BILAD CHINGUITIOU ENSEMBLECHINGUIWEN
AU MOMENT DE LA COLONISATION

Le Bilad Chinguiti ou ensemble chinguittien est compris éntrele méridiende
Tombouctou et l'Atlantique, le fleuve Sénégadlepuis son embouchure jusqu'A

sonconfluent avecle Karakoro. A partir de cepoint, leslimitessuiventune lignebriséecorrespondant a peu près au tracé des frontières entrele Mali et la
Mauritanie. Vers le nord, la zone frontière court le long de I'oued Saguiael
Hamra et se poursuit jusqu'à larégionou cessent les possibilitésde transhu-
mance,soit lalimiteextrêmedela Majaba el Koubra. En effet,au nord del'oued
Saguia el Hamra commence une régionde transition au point de vue géogra-
phique et humain où l'influence marocaine se fait sentir.
La vaste région du Bilad Chinguiti se divise en faiten deux régionsgéogra-
phiques bien différentes,selonque l'onse trouveau nord ou au sud de l'isohyéte
100millimètres.Au sud, c'estlazone dite du sahel ',c'est-à-dire,dans la langue

des géographes, la zone desavane. Au nord, c'est l'ensemblesaharien occiden-
tal.
Le sud ne nous retiendra pas ici. En depit de l'importance des peuplements
humains qui s'ytrouvent, cette zone ne représente qu'undixièmeenviron de la
surfacede I'ensemblemauritanien. C'est aussilazonenordquiprésenteleplus de
caractéristiques propres et qui a donnéau pays de Chinguiti sa personnalité.
C'estenfin dans cette zone que se trouvent les territoires actuellement adminis-
tréspar l'Espagne.C'estdonc à cette régionnord que seront consacréeslespages

qui suivent, endonnant A la matièrelesdéveloppementsqui paraissent s'imposer
pour comprendre la réalité saharienne.
Lesgéographesont toujoursconstatéquela régiondu Saharacompriseentre le
parallèle 18" nord et l'oued Saguia el Hamra d'une part. le méridiende Tom-
bouctou e[ ['Atlantique d'autre part, régionque nous appellerons I'ensemble
saharien occidental,constituait une unité àla foisgéographique,économiqueet
humaine. C'estdans cette régionque, depuis l'antiquité,des pasteurs de langue
berbkre, devenus arabophones (dialecte hassania, d'où l'expressionhassano-

phones qui leurest appliquée)auXVesiecle,exploitent les ressourcesnaturelles
limitéesqu'elleoffre(pâturages, gibier, poissons. ressourcesminérales,agncul-
ture intermittente) et exploitent le monopole du commerce caravanier.
Dans les développementsqui suivent seront examinés :lesrégionsnaturelles
de cet ensemble, sesressources et leur mode d'exploitation, ainsique les types
d'établissementshumains qu'ellesconditionnent *.

1. Les régions naturellesde l'ensemble saharien occidental

Cet ensemble comprend essentiellement

- des plaines sédimentairessublittorales.
- des pénéplaines cristallines,
- des plateaux.

Sur ces trois éléments seplacent des ensablements, tous situésau sud d'une
diagonale allant de l'îlede Tidra au sud-ouest à Aïn Bentilliau nord-est. Il faut
souligner ici l'importance des ressources végétalepsermanentes de cesensable-
ments profonds (ergs) qui constituent les résemesfourragèresdes mauvaises

'Sahel :motarabesigrdiantbordureoulittoral.EnAfriquedu Nord,ildésigne les
collineslittoralesen bordure des plaines intérieures.
Voir,carte no 1 /non reprodui~e]:Carie physiquedu nord-ouestde l'ensemble
mauritanien ; carteno2[IV,p. 374-3751: Parcoursde nomadisationdanslenord-ouest
deI'ensemble du Saharaoccidental ;carte no3 [IV,p.380-3811 :Idem (détails; carte
no 4(non yroduire] :Localisationdesprincipaux groupemente st régionse I'ensemble
mauritanien.
Erg (mot arabe) :régiondu Saharacouverte de dunes. Oppos é hamadu. années,surtout sides possibilités d'abreuvementy existent. Aussi tous les iti-
nérairesde nornadisation sont-ils polariséspar les ensablements ou ergs. Le
Sahara dit espagnolcontient peu de terrains sableux,sauf dans l'angle sud-estou
la frontiéreatteint les cordons de I'Azefalet de I'Akchar.
Lesplaines sédimentuiressublitroralessont à peu près parallèles à la cBtesur
une largeur de 80 A150 kilomètres.Au sud. ellesprennent différentsnoms. Au
nord du parallele 20" etjusqu'à Ayoun el Medelchi (El Aeïun pour les Espa-
gnols), la plaine sédimentaire prend le nom de Suhel(c'est-à-dire <côte 1))que
l'on subdivise en :

- Sahel Labiad (ou sahel parseméde dunes en croissant),
- Sahelsrricrusensu,
- Irniricli.

Aunord du 24e paralléle etàl'ouestdu Khatt-Semesrou, i'Imiricliestconstitué
par une mesetacalcaire, basse. dénudéeet parseméede dépressions 1végétation
contractée.
L'ensemblede ces dépressionsporte le nom de Legroret on y cuitive i'orge
durant les annéesexceptionnellement pluvieuses.En année normale,le Sahel

(côte)estune maigrerégiondeparcours peu fréquentées,auf lelongdu littoral ou
se pratique la psche.
Lespbiépluinescristallinessont divisees en plusieurs unitéspar les cordons
dunaires. Du sud-ouest vers le nord-est, on rencontre successivement les péné-
plainessuivantes :Inchin, Amessaga,Tijirit,Taziazet,Tiris,Zemmour Labiad et
Ghalamsne. Elles peuvent êtreparseméesde guelb l comme le Tiris ou déses-
peremment plates comme Ghalarnâne. La plus célèbre,abondamment chantée
partous lespoétesmaures en arabe classique et en dialectehassania, est leTiris.

Lesreliefsappelésgdr (pluriel degara) et krubau sud-ouest du Zemmour sont
traditionnellement rattaches au Tiris. La limite avec le Zemmour Labiad est
l'alignement de guelb appelé Rich-Anâjim. La frontiére actuelle du Sahara
occidental (espagnol) coupe le Tiris en plusieurs morceaux.
Le Tins comprend deux ensemblesde reliefsimportants : l'Adrar Soutouf au
sud-ouest. la Kedia d'Idjil au nord-est.
Ces reliefs sont drainés par des oueds ayant des nappes phréatiques semi-
permanentes. Prèsde la Kedia d'ldjil (ouAdrar Nwejel deshistoriens arabesdu

moyen âge)setrouvelacélébresalinedesebkha d'Idjildont lesela alimenté une
bonne partie du commerce entre le Sahara et l'Afrique noire voisine.
Lorsqu'ellessont arrosées,les pénéplainesdonnent d'excellentspâturages de
plantes saléesexploitéssurtout en vert durant la saison fraîche (de novembre A
. mars). L'eaudes puits y est très souventsaumâtre. En saison chaude (d'avril h
octobre), lesnomades abandonnent lespénéplainespour leszonesou despoints
d'eau douce existent en permanence.
Lesplureauxforment deux ensemblesséparés par lespénfplainescnslallines :

au nord. lesplateaux du Zemmour Lakhdar(le Zemmour noirdes géologues)de
la Hamada de Tindouf et d'El Gada.
Le Zemmour Lakhdar est iin plateau peu étenduet fortement découpé par
l'érosion.11estdrainéa l'ouestet aunord par lesoueds affluents de la Saguiael
Hamra. Ce plateau reçoit assezfréquemmentdes pluiesorographiques d'origine

Cuelb (mot arabe) :monticule isole.
Cour (mot arabe) :fragments de plateauxisoles par l'érosionéolienneet formant
une butte.
' Oued (mot arabe) :coursd'eautemporairedansles régionsd'Afrique. méditerranéenne.Le point d'eau le plus célèbre est le réservoinraturel d'eau
superficielle appeléla Guelta du Zemmour. Les nappes phréatiquesexploitées
pour la culture du palmier dattier sont trés rares.La seuleplantatqui mérite
d'êtresignalée est cellede cheik Ma el AïninàSmara. Le plateau du Zemrnour
constitue une zonede refugepour lesnomades à moutons et chhvres.Ceplateau
est actuellement coupépar la frontiere Mauritanie-territoires sous administra-
tion espagnole.
La Hamada de Tindouf, au nord du Zemmour, est une ligne de falaises
séparantlesdeux plateaux et formant la lignedepartage des eauxentre la Saguia
et lesoueds drainant la Hamadaversl'est.Cesfalaisesqui ressemblentbeaucoup
à cellesde l'Adrar Tmar sont appeléesicikrab, terme réservé ailleurs poures
côtesde bien moindre reliefA l'ouestdu reliefde Seken,laHamada porte lenom

d'E/ Guda.
Ces deux plateaux, aux ressources végétales trés pauvres etx points d'eau
permanents rares, sont fréquentés parfoispar des nomades du groupement
Tekna (Zerguiyin, Yaggout, ei Ait Oussa). Cette zone constitue d'ailleurs la
limite sud de leurs terrains de parcours.
LR pIuteau de l'Adrar Tntar (ou Adrar des dattes) est séparé desplateaux
précédentspar les pénéplainescristallinesmentionnées ci-dessus.Ceplateau est
situé entièrementen Mauritanie. De par sa situation plus méridionale ctson
reliefplus éle(quidépasseparfoisles 800mètres),l'Adrar reçoitrégulièrement
des luie sstivales de la mousson trovicale. Sesoueds ont des nappes ~hréati-
importantes qui ont permis, de tout temps, l'exploitationdan; des oasis de

culture de céréalest de alm mi edst tiers.L'élevaeeduchameau et l'ex~loitation
de la saline d'Idjil sont'des activités traditionnellesde l'Adrar. A l'ihversede
toutes lesrégionsprécitéeisl,possededans lesoasisdescitéssahariennescélèbres
(Ksour) quiont été lesmirtropoleséconomiques, culturelleset religieusesde tout
l'Ouest saharien :Chinguiti, Wadane, Atar. Tinigui, etc. L'AdrarTmar est le
carrefour obligatoire ou s'entrecroisent les routes caravaniéresqui vont de
l'Afrique noirede l'ouest au Maghreb. C'est le centre d'approvisionnement de
tout leSahara occidental grâcà sesproductions agricoleset auxéchangesdont il
est le lieu privilégié.

Il. Les ressourcesde l'ensemblesaharien occidental

et leur mode d'esploitation

Traditionnellement les ressources du Sahara occidental se limitaienà I'ele-
vagenomade, la chasse,la pêchel,escultures occasionnelleset la miseen valeur
de palmeraies, l'exploitation de certaines ressources minéraleset, enfin, lecom-
merce caravanier transaharien.
L'élevagedes bovins, des caprins et surtout des chameaux, était laressource
essentielledesnomades.Cet élevagen'étaitpossiblequegrke al'exploitationde
toutes les ressources végétaleses différentesrégionsnaturelles parcourues.
Ressource essentielle pour I'autoconsommation, le bétailentrait faiblement
dans les échangesextérieurs au Sahara. Le marche marocain de viande et celui

des pays d'Afrique noireau sud étaientdonc beaucoup moins approvisionnés
qu'aujourd'hui en bétailde boucherie enprovenance du Saharaoccidental et de
la zone sahélienne. Leschameaux étaientdonc beaucoup plus utiliséspour le
transport caravanier que pour la boucherie.
Incidemment, on ne peut parler du Sahara sans rappeler l'importance essen-
tiellequ'yjoue lechameau. Grâce Bsasobriété quipermetunegrande autonomie
de déplacement, A son endurance etA sa physiologieparticulièreadaptée1ilavie62 SAHARA OCCIDENTAL

désertique,le chameau (dromadaire), qui a été introduitau Iersiéclede l'ére
chrétienne, a rendu possible l'exploitatipar l'homme des grandes étendues
désertiquesdu Sahara.
Historiquement lechameau estàlabase de laconstitution de la tnbu nomade
saharienne. dont il svmbolise ~uissance et fortune. Il fournit. en effet. les élé-
ments essentiels de falimentaiion (laitage, viande), la peau ei les poils'du cha-
meau Dermettent de confectionner une ~artie du matérielde la vie nomade
(tente;, cordes, chaussures, etc.),son empk pour le transport rend possibles les
échanges A l'intérieurdu Sahara et avecles régionspériphérique, changesqui
procurent leséléments indispensables hla vienomade (grains et autres produits
fabriqués par tes économies sédentaires).Le chameau assure égalementau

groupp eossesseuu negrande mobilitépour sedéfendre,attaquer et sesoustraire
au danger.
La chasseétaitunappoint réduit àlaconsommation, en raisonde la raretédes
armes et des munitions. Elle ne prendra son plein essorqu'avecla colonisation.
Legros gibierétait soumisa des migrations de mtme type que la nomadisation,
c'est-A-direqu'il dépendait beaucoup desressources végétaledses zones sahé-
liennes.
Lüpêchesefaisaituniquement lelongde la cbte dans lessites appelésrnaciyed
(pscheries). Des populations de statut servile spécialiséesa,ppeléesJmraguen,
nomadisaient lelong de la côte. Ellesn'&aientfixesqu'àNouamghar etdans les
ilescomme Tidra et Agadir Doum (Arguin pour les Européens),et en quelques
autres points situéesplus au nord. Ellespéchaient surtout pourse nourrir, Elles

faisaient du poisson séché en saison fraîche. Leusapports avec les pécheurs
européens étaitréduits.Chaque groupe Imraguen étaitconsidéré comme sujet
d'une tnbu guerrièreou maraboutique qui nomadisait habituellement dans son
voisinage.Ceuxdu sudétaient sousl'obédiencedesTrana. desTendagha et Ahel
Barikalla. Ceuxde la baie du Lévrierjusqu'à El Argoub dépendaientdes Oulad
Delim et, plus au nord encore, des Aroussiyin et Oulad Tidrarin.
Lesculiuresoccasionnellesselimitaient aunord hlarégiond'lmriclilorsquedes
pluies exceptionnelles permettaient l'inondation de grayer(cuvette d'épandage
des oueds).
Au sud,dans l'AdrarTmar, lescultures sontplusfréquentesdans descuvettes
du même genre ;lapropriété desterresyest reconnue etsouvent matérialiséseur
le terrain par des alignements de pierres.

La phénicultureavec des cultures sous palmiers (blé, orge, millet,etc.) est
spécialeà l'Adrar Trnar.Lors de la récoltea lieu la guetna(cure de dattes). En
cette période(juillet-septembre), l'Adrar Tmar est fréquentépar tous les no-
mades hassanophones des rives du Sénéga l la Saguia el Hamra Ades fins
thérapeutiques.Dans le Sahara administrépar l'Espagne,les seules palmeraies
existantes sont cellede Smara et, plus récemment, cellesde MesseyyedLekhelet
de Ayoun el Medelchi (El Aeïun actuel).
L'exploiraiiondes ressourcesminéralesdusou-sol concernait surtout I'extrac-
tion du sel, de l'antimoine, du soufre et du silex.
Leselgemme était extraitpresque exclusivementde la saline ou sebkha d'Idjil
dont le sel était commercialisédans toute l'Afrique de l'Ouest et considéré
commede meilleurequalitéqueceluide Tawdenni(Mali). Ilétaitéchangé contre

lesproduits de l'Afriquenoire (céréalesc,oton, épices, métaux précieux, ntre
desproduits manufacturés(tissus,armes,verroteries,etc.)oucontre desesclaves.
IIservaitpratiquement de monnaie. PropriétédesKounta Choummad, lasebkha
d'Idjilétaitsousle contrôle politiquedel'émirdel'Adrar.Cen'estsansdoute pas
par hasard que le traitédu 12juillet 1886entre l'expéditionCervera-Quiroga- EXPOS BCRI TE LA MAURITANIE 63

Rizzoet l'émirde l'Adrarfut sigàéla sebkha d'ldjil. On se souviendra aussi de
l'importancequeluiaccordaitlaFrancequi réussit,parle traitédu27juin 190A,
se l'approprier.
L'antimoineou kohol étaitexploitékMesseyyed Lekhel dans l'oued Khatt-

Semersrou (Rio de Oro). C'estle gisement le plus célkbrede tout le Sahara
occidental.
Lesoufreétaitsurtout exploitéausud,dans laTafe-lrégiondeNouakchott ;
ilentrait dansla fabrication artisanale dela poudre Acanon etle traitement de la
galedeschameaux. Notons quelecupn tedes cartes n'estqu'une déformationde
kebrîi (soufte).
Lecommercecuravaniersepratiquait entre lescentressituésde part et d'autre
du Sahara que plusieurs routes caravanieres traversaient. La plus occidentale
passait par Tenouakka qui étaitconsidécommeétant à mi-cheminentre l'oued
Noun et Saint-Louis du Sénégal.

Des marchands appartenant àdes tribude l'Adrar(Tajakanet, Idaou eHaj,
Idaou Ali, Laghlal,Smacidet Oulad BouSba) voyageaiententre l'oued Noun et
le Snégal.
Lesproduits exportésdu Saharaétaientessentiellementlesel,éventuellement
le bétailet les dattes ainsi que la gomme et les plumes d'autruche. Etaient en
revanche importésdu sud (Sénkgalet Mali actuel) des céréales, tissus, épices,
métaux précieux,et du Marocdes céréales,des produits d'artisanat ou des
produits manufactures d'origine européenne. Unepartie de ces produits tran-
sitaient simplement titravers le Sahara occidental. Tout ce trafic donniit lieu
perception de taxes par toutes les autoritésdes régions traversées.

III. Types d'établissementshumains
conditionnésparlesdonnées quiprécèdent

Il découledes donnéesgéographiques et économiqueq sui précèdentque les
établissementsne peuvent être que dedeux groupes : nomades ou sédentaires.
Les premiers prédominent.

Mis part lesétablissementsdans lepays Tekna (oued Noun et oued Draa) et
Tindouf qui sont au nord de l'ensemblechinguittien, les seuls étabiissernents

sédentairesde l'ensemble saharien occidental setrouvaient situés aucŒur de
cette régiondansl'Adrar Tmar. De trés anciennesoasisexistaien, otamment
à Azougui (centre almoravide, non loin d'Amr), Ouadane, Chinguiti, Atar,
Oujeft, Tinigui, etc. C'étaientdes pbles d'attraction économique(marchés)et
culturels (établissementsd'enseignement) etde hauts lieux de culte. Ces villes
servaient en outre de zones de refuaux pasteurs les plus démunisen cas de
sécheresseou de calamitésnaturelles ou non (guerre, etc.). Leur population
s'enrichissait ainside nouveaux éléments.Les liens étaient permanents entre
oasis et pasteurs. Certains pasteurs étaient rnémepropriétairesd'une partie de
ces oasis.

Les facteurs climatiques, c'est-li-direla quantité et la régularitédes pluies.
imposent au Sahara,comme dans d'autresrégionsdésertiques, un type d'activité64 SAHARA OCCIDENTAL

humaine : le nomadisme pastoral qui a déterminéles contours de la so-
ciété- aspects de la culture matérielle,répartitionet organisation des groupes

humains.
On peut schématiquementdistinguer deux régions :
- une prernitre régioninapte Al'utilisation par l'homme : Majaaba el Koubra
(désert quasi intégraldans le coin nord-est du pays) ;
- une seconde où la ressource principale est l'élevagedu chameau.

Dans la régionsahélienne,en revanche, l'élevagedu chameau disparaît pro-
gressivement pour laisser la place Acelui des bovins et des moutons. ,
Lesprincipes de la vienomade sont bien connus. On sebornera A rappeler les
phénoménesessentiels.
La vie pastorale suppose la recherche permanente de pâturages appropriés
pour le bétail, ainsique de points d'eau, particuliérement rares - faut-il le

souligner - dans cette région.Enfin, on le verra, les cimetiéressont des lieux
d'attache qui jouent un rôle certain dansla vie des nomades.

ri)Lespâturages

Les nomades exploitent toutes leszones de parcours favorables. La présence
de pâturages dans le Sahara dépend des quantitésde pluies tombées etde leur
régularité.La saison des pluies se situe de la fin de l'été (moussontropicale)
jusqu'en hiver (pluies méditerranéennes).Le caractkre saisonnier des pluies
améneles pasteurs a utiliser deux types de pâturages : le pâturage de saison
fraîche (novembre a mars) et celuide la saison chaude (lereste de I'année). Cela
entraîne des déplacementsqui peuvent parfois etre de grande amplitude. pour

utiliser ces plturages.
L'importance de l'élémenc tlimatologique dans la viedes nomades se refléte
dans leurschronologies.Parchronologie, on entend leslistesdespoints de reptre
dans letemps, utiliséspar les tribus, en vue de la datation des événements. Elles
différentde tribu à tribu et ne reposent pas sur le calendrier de l'hégireou
chrétien,mais bien sur des élémentsmétéorologiquesou sociaux. Exemples :
l'annéede la pluiefine,l'annéede tellemaladiedu chameau, I'annéedu déctsde
tel personnage illustre...
Ilconvient aussidesignalerque dans tout leSahara lepâturageest lapropriété
de tous et la pâture est vaine. Les frontières territoriales sont, a cet égard,
imprécises. Toutefois, unedistinction est hfaire. A cdte des pâturages, il existe
également des terrains qui se prstent la culture (principalement orge et

millet). Ils sont ensemencéschaque fois que les conditions pluviométriquesle
permettent. Ces terrains sont l'objet d'une appropriation privative plus
accentuée,avec titres de propriété, écrits,etc.La non-exploitation, mêmepro-
longéedans le temps par manque de pluie, n'entraîne pas la perte du droit de
propriété.
Ainsi l'économiepastorale est associée A l'agriculturequand les conditions le
permettent dans certaines zones :oasis dans le centre (Adrar, Tagant), là ou la
culture du palmier et des céréales est possible gràcAla présencede ressources
hydrauliques permanentes. De cette façon, les possibilités agricoles, mêmperé-
caires, procurent des ressourcessupplémentaireset rendent naturellement com-
plémentairesles activités des pasteurset cellesdes sédentairesdes oasis et des

zones cultivables. Les mêmes groupess,uivant le cas,peuvent avoir iila fois des
élémentsqui se livrent A des activités agricoles et d'autresse consacrant A
l'élevage. b) Les points d'eau

Ily a deux types de points d'eau :les points d'eau temporaireset les points
d'eaupermanents. Parmi lespoints d'eautemporaires, on mentionnera lesmares

pluviales de duréesouvent trPs brkve et les puisards creusésdans les nappes
superficiellesalimentéespar lespluies.Mares etpuisards facilitent l'exploitation
des pâturages pendant une partie de l'année.
En ce qui concerne les points d'eau permanents, il s'agitde puits aménagés,
souvent de grande profondeur.
Lespoints d'eaupermettant d'exploiterdurablement le pâturage sont la pro-
priétéde ceux qui les ont aménagésd ,e leursdescendants et de leurs tributaires.
Ce sont surtout les Zawaya ou tribus maraboutiques, ces descendants spirituels
des Almoravides, dont le rôle social était,entre autres, d'aménager lespoints
d'eau. Les Medlech 1,Ideyghoub, Ahel-el-Haj-el-Mokhtar, Smacid, Idaou Ali,

Ideyboussat et surtout lesAhelBarikallaont réalisé de trèsnombreuxforages au
Sahara occidental, bien avant la colonisation espagnole. Ces tribus vivaientet
vivent encore aussi bien dans l'actuelleMauritanie que dans le Sahara espagnol
qui constituait la partie septentrionale de leur zone de nomadisation.
t'aménagement ou ihyu (revivification) constituait la preuve principale de
l'appropriation d'un territoire par une tribu conformémentaux règlesdu droit
musulman. C'estjustement en fonction de cet ihya que se définissentles terri-
toiresde parcours, propriété des tribus mentionnéesplus haut. Uneautre forme
d'aménagement etdonc d'appropriation est l'entretien et la lutte contre les
nuisances (malfaiteurs, fauves,etc.) en vuede permettre l'utilisationnormale de

ces points. L'utilisation des points d'eau permanents est ouverte a tous, sous
réservede certains usagescoutumiersquant auxprioritéset quantitéspuisées.La
solidaritéqui s'exprime par le fait que les pâturages et les points d'eau sont
ouverts à tous est évidemmentjustifiéepar les besoins pratiques qu'a chaque
groupement d'utiliser occasionnellementleszones de parcours des autres grou-
pements et trouve son expressiondans une sériedepréceptesjuridiques (<(aideA
toute personne en péril s) et canoniques (Œuvre pie).

c) Les cimetières

En outre, les sites où sont inhumés les personnages célèbresd'une tribu
(ancCtressaints,personnages notoires, etc.) deviennentdeslieuxdepèlerinageet
d'inhumation privilégiésI.ls sont un lieu de ralliement pour la tribu qui les a
aménagéseltestribus alliées.Ilarrivequ'une partiedu groupement, dans lesouci
dene pas s'éloignerdu cimetièreancestral, réduise sonparcours denomadisation
(cas des Regueibat el Mjaourine).
Les cimetièresjouent, par conséquent, unrôle important comme preuve de
possession d'un territoire.Par exemple : le tombeau de Sidi Ahmed Ergueibi,
ancêtre éponyme de tous les Regueibat, se trouve dans la Saguiet el Hamra. Le
tombeau de l'ancêtredes Oulad Bou Sba est dans le Tins ;celuide l'ancêtredes
Aroussiyin dans la Saguiet el Hamra ; celui de cheik Mohammed el Mami,

célébresavantetsainthommedes AhelBarikalla,setrouve à Eigdans leTiris.On
pourrait multiplier lesexemples(voir en particulierla carte no3)La plupart des
cimetières du Sahara, sous domination espagnole, ont été construitspar des
tribus aujourd'hui recensées enMauritanie.

'Lepuits deAyoun el Medelchiactuel El Aeïun a étéaménagepar cette tribu.66 SAHARA OCCIDENTAL

Lespâturages (et éventuellementlesterrains deculture), lespoints d'eauetles
cimetiéresapparaissent ainsi comme les points d'attache obligésdes nomades.

Chaque tribu ou groupe de tribus possède undroit de propriété oude priorité
d'usage sur ces points. C'est la propriétéde l'ouvrage.
A la place des actes notariés des pays sédentaires,les nomades ont pour
justifier leur propriété,en plus des aménagements,leur littérature orale et,en
particulier, leur poésiequi recensent soigneusement tous les toponymes des
parcours.
Le territoirehabituel de parcours, donc la propriétécollectivedu groupe,de la
tribu, renfermait tous les centres d'intérêts luaippartenan:les pâturages sou-
ventfréquentése ,nparticulier leszonesd'ensablementou ergsoù setrouvent un

ceriain type de végétation,les pointsd'eau douce permanents et les cimetikres.
Lespasteurs, suivantle typede bétailélevéo,nt des amplitudes deparcours plus
ou moins étendues,d'où leur répartition en grands et petits nomades, les pre-
miers étantpresque exlusivement chameliers. C'estde ces seconds qu'il s'agira
essentiellement ci-dessous.
Les territoires de parcours des grands nomades chameliers s'enchevêtrene tt
s'interpénetrent.On pourrait les représenter schématiquement par des ellipses
qui serecoupent (voircartes nos2et 3,IV,p. 374-375et 380-381).Les territoires
habituels de parcours des Tekna n'intéressentque les margesseptentrionales du

Sahara occidental (voir carte no2).
Apart cetteexception,la trèsgrande majoritédesnomades aun itinéraireplus
ou moins nord-sud. Ils sont constamment attirésvers le sud du Sahara, vers les
marges de la zone sahélienne(ou savane) aux ressources pastorales plus abon-
dantes et plus régulières. 'estainsiqu'une tribu comme celledes Ahel Barikalla
(Ahel Inchin sur la carte no3)nomadise dans une zone s'étendantde la latitude
de Nouakchott jusqu'au nord de Dakhla (Villa Cisneros) et de l'Atlantique
jusqu'à 1'Adrar.C'estlecas d'autres tribus recenséesaujourd'hui en Mauritanie
(gens de l'Adrar, du Tagant et de Guebla).
Le territoire de parcours des Oulad Delim s'enchevêtre avec celud ies Ahel

Barikalla et ledépasseverslenord. Ilpart dela régionqui s'étendau sud ducap
Blanc pour atteindre l'oued Saguia en passant par l'Adrar. D'autres tribus
suivent, dans lesgrandes lignes,lemême parcours :Oulad Bou Sba, Aroussiyin,
Oulad Tidrarin, etc. (voir carte n3).
Leparcours des Regueibat s'enchevêtre avelc abordure est de touteslesautres
zonesdeparcours prbcitées.Ils'étenddesconfins del'Algérieed t u Maroc ausud
de l'Adrarenpassant par la SaguietelHamraet leTiris(voircartesnos2et 3).Le
territoire propre de la trèsgrande majorité desRegueibat se trouve a cheval
entre les territoires sous administration espagnole et la Mauritanie. Certaines

branches des Regueibat, tels lesOulad Daoud qui exploitent les parcours du
Tiris, du Zemmour et de l'erg Iguidi, ont d'ailleurs un itinéraire habituel
est-ouest.
Les déplacementsci-dessus mentionnés sont, peut-on dire, des parcours de
nomadisation normaux. Dans certaines circonstances exceptionnelles (séche-
resse, etc.), tous cesgroupes peuvent être amenés Ase rendre temporairement
dans deszonesderefuge,trèsloinverslesudou verslenord. Leschronologiesdes
nomades indiquent généralementces déplacementsexceptionnels. Ainsi Cau-
neilleet Dubief ont pu établir que lesRegueibat avaientnomadisédans l'oued
Noun en 1890,1891,1911,1931et 1935;en revanche, ilssetrouvaient au sud de

c Les Reguibat Legouacem,chronologieet nomadisme O,BuIl.ein/FAN, sérieB,
scienceshumaines,juillet-octobre1955,p. 528-550.l'Adrar en 1907, 1941, 1942,et au Rio de Oro en 1885, 1894,1897, 1906, 1907,
1926, 1937, etc.
Sans tenir compte de cesdéplacementsexceptionnels,on aura remarqué que
meme les itinéraireshabituels mentionnésci-dessus(voir cartes nos2 et 3) ont
rouipour caractéristiqued'étretransfrontièreentre la Mauritanie actuelleet les
territoires sous administration espagnole.
Lescolonisations espagnoleetfrançaise n'ontpas altéréfondamentalement ce
phénomène.Lestribus ont continuéetcontinuentencoreaujourd' huiii effectuer

leursdéplacements traditionnels à travers l'actuellezone sousdomination espa-
gnole et le territoire mauritanien. En conséquence, lesmêmesfamilles et leurs
propriétés sont répartiesde part et d'autre de la frontikre. Ainsi des puits,
terrains, cimetièresdu Rio de Oro appartiennent Ades ressortissants maurita-
niens et,en revanche,des pointsd'eau,des palmeraies situésen Mauritaniesont
propriétésd'habitants du Sahara sous domination espagnole.
La nécessitéfondamentale desurviequipostule la transhumance a fait l'objet,
au surplus, d'un arrangement administratif franco-espagnol (convention de
1934)qui a consacréla librenomadisation traditionnelle de part et d'autre de la
frontikreà laquelle l'occupation françaiseavait mis auparavant des entraves

temporaires A partir de 1910.La Mauritanie indépendante n'a pas modifiéces
usages.

SECTION2. - ASPECTS HISTORIQUES, SOCIAUX,CUI,TUREI.,S
ET JURIDIQUES DU PAYS CHINGUI'ITIEN

Tant aux yeux de ses habitants qu'Aceux des autres communautés arabo-
islamiques, le pays chinguittien constitue un ensemble, une unité.
Lesentiment deconstituer un ensemble remonteloin,Il s'estexpriméaumoins

àpartir du XIesièclede l'hégire(XVIIesikclede l'èrechrétienne)par l'adoption
d'un nom de pays : <Bilad Chinguiti i)(le pays de Chinguiti), qui est reconnu
dans tous les pays arabes comme une expression précise.Cette appellation est
l'équivalentdel'expressionde « paysmaures »qu'utilisait lalittératurecoloniale
française comme espagnole dans le XIXe siècle. Lesétablissements coloniaux
espagnols, sur la côte du Sahara, ont un temps étéappelésMauritanie espa-
gnole.
Dans les lignes qui suivent nous utiliserons donc comme synonymes Bilad
Chinguiti, ensemble ou pays chinguittien, ou ensemble mauritanien.
Dansle but de faireapparaître la profonde identitéet i'autonomie de I'en-
semble chinguittien, il sera exposé ci-dessou:

1. Un historique sommaire du Bilad Chinguiti.
II. Les structures sociales.
III. Les structures culturelles.
IV. Les structures politiques.
V. L'indépendancede t'ensemblechinguittien.

1. Historiquesommaire du BiladChinguiti

L'homogénéitd éu BiladChinguiti etlesentimentd'appartenance dont elle est
le support sont le résultatd'une longue histoire dont deux phases furent parti-
culikrement décisives.

Historiquement, en effet, l'ensemble territorial concerné correspond au68 SAHARA OCCIDENTAL

domaine sahélienet saharien qui fut le théâtredu mouvement almoravide du
Vesiéclede l'hégire(XIesièclede l'èrechrétienne).
C'estensuite, dans ces mêmeslimites,qu'un processus d'arabisation linguis-
tique s'opéraA partir du VIIesikclede l'hégire(XIIIesièclede l'èrechrétienne)
pour s'acheververs la lin du Xe(XVIe)siècle.Cette arabisation est distincte de
l'islamisation, conversionreligieuse accomplie durant la périodeantérieureh

l'époque almoravide.
On peul ainsi brosser 1igrands traits l'histoire du pays chinguittien.
Sous l'aspect où l'atrouvée laconquête étrangèrel,a sociétémauritanienne
était constituéedès le milieu du Xie sièclede l'hégire(XVIIesièclede I'kre
chrétienne),ainsi qu'il ressort des sources écriteslocales et des témoignages
européens(portugais, espagnols, hollandais, anglais ct français).Depuis cette
époque,ni la miseen placedu peuplement, ni lesstructures politiques n'ont subi
de modifications importantes, lesprincipales étantprovoquéespar l'occupation
française,à partir de 1902,espagnole, a partir de 1930environ, et par l'indé-
pendance de la Républiqueislamique de Mauritanie. Avant de les-décrire.on
devra donner un bref aperçu de l'évolutionhistorique de cet ensemble.

Lepaysentre dans l'histoireavecl'introductionde l'lslaaux Ier-IIesièclesde
l'hégire(VIIe-VIIIesiéclesapr&sJésus-Christ)dans cettepartie del'Afrique.Des
époquesantérieures,on ne possèded'autres informationsque cellesfourniespar
la préet protohistoire, donc sans portéeactuelleA I'tpoquc de laconquête de
l'Afriquedu Nord par les Arabes, leshabitants étaient des Sanhaja- confédé-
ration de tribus de langue berbère dont les principales branches (Lemtouna.
Massoufa Gdala) existent encore aujourd'hui.Lesitinéraires caravaniersreliant
le Maghreb central et occidental (ouest de l'Algérieet le Maroc actuels) et les
pays des savanesde l'Afriquede l'Ouest(Mali et Sénégaim ) irent lesSanhajaen
contact aveclacivilisation arabo-islamique et favorisérent ladiffusionde I'lslarn
parmi eux. Ce courant d'échanges semble avoircontribué à la créationdes

conditions où prirent naissance lesEtats noirs dans les régionsoù aboutissait le
trafic. Ceux-ciont successivementcontrôlélesrégions intéresséepsar ceséchan-
ges nord-sud, du VIle au XVIe sikcle:
u) 1'Etat Soninkédu Ghana (différent du Ghana ex-Gold Coast des VIIe-
XIesikcles après Jésus-Christ)dont une partie du territoire ainsi que les
ruinesde sacapitalehistoriquesont comprisesdans leslimitesactuellesdela

Républiqueislamique de Mauritanie ;
b) l'Empire du Mali (XIe-XVesiècles);
c) le Royaume du Songhay :capitale Gao,dans le Mali actuel, florissant aux
XVe-XVIesiècles.

L'influencepolitique de ces Etats fut,certaines périodes,trèsforte sur les
Sanhaja méridionauxque leur mouvementde migration, A la recherche dezones
de paturage les plus favorables, mettaient en contact permanent avec ces Etats
sédentaires,
Au Xle siécle, lemouvement almoravide, aboutissement de l'islamisation
complètedes Sanhaja en cours depuis trois siécles,prit naissance dans l'Adrar
Tmar (Azougi, près d'Atar, étaitson principal centre sédentaire)et s'étendit
rapidement non seulement pour réaliserl'unité de l'ensembledu pays chinguit-
tien, mais aussipour englober d'autres territoires enli1'Etatdu Ghana. Les
succésalmoravides furent facilitésparl'allianceconclue avecle peuple toucou-
leur. dont la conversion à l'lslam date de cette époque. Maisfinalement, ses
activitéss'orientérentversleMaroc actuel,l'Algérieet l'Espagnemusulmanequi

atteignait encore1'Ebre.L'histoirepostérieuredeladynastie alrnoravideestbienconnue. En quittant son berceau saharien et sahélien,I'Etatcréé par lesAlmo-
ravides entra des lors dans la grande histoire du monde islamc-chrétiende la
Méditerranée etcessa d'intéresserdirectement le Bilad Chinguiti, sansque les
attaches furent cependant complètementrompues.Lemouvementavaitlaisséun
héritage d'importance : les bases de la structure de la sociétémaure et, par

conséquent,les traits de sa personnalité.
L'introduction d'un élémend tu peuplement nouveau allait, par la suite,
parachever le visagede la société chinguittienne en apportant et en diffusant la
langue arabe. II s'agit des Makil Hassan, tribus de langue arabe, venues au
Vesiéclede l'hégire(Xle sièclede l'èrechrétienne)en Afriquedu Nord avecles
Hilaliens. Une longuemigrationd'estenouest,lelongdelafrangesahariennedu
Mahreb. a conduit finalement les MakilHassan dans le Sahara occidental ou
~eur-~rksenceest attestéedès le VIIe sièclede l'hégire(XIIIe sièclede l'ère

chrétienne).Leur infiltration prit plusieurs formes :guerrièreou pacifique, et
aboutit B l'amalgamedes Hassan et des Sanhaja pour former le peuple vivant
dans l'ensemble mauritanien. Ils ont donné leur nom au dialecte arabe, le
hassania. parlédans cet ensemble. L'adoption de cette langue commune, subs-
tituée progressivementau parler berbère antérieurementen usage, accéléra un
processus d'intégrationfacilitésans doute par legenre de viecommun aux deux
éléments etpar la pratique d'une mêmereligion :l'Islam.
Lesstructures socio-politiquessont ainsi misesen place i lafindu Xeisiècle de
l'hégire (XVIe siéclede l'èrechrétienne).
Mentionnons cependant deux tentatives de renouveler, dans l'espacechin-

guittien, une structure étatique,comme celle qui avaitétéconnue a l'époque
almoravide : l'épisodedes Aroussiyin au cours de la première moitiédu
XVIIesiècle, et 1'Etat maraboutique établidans le Sud mauritanien dans la
deuxièmemoitiédu XVlle siècle.

II. Stnictures sociales

D'un bout 1il'autre du pays chinguittien, les structures sociales sont iden-

tiques. Elles permettent de distinguer les hommes qui vivent dans ce pays des
autresgroupements depasteurs delanguearabe - ouberbère,telslesTouaregs -
qui occupent la zone aride s'étendant de l'Atlantique au golfe arabo-per-
sique.
Dans l'ensemble,la sociétéchinguittienne étaitde type hiérarchiséO . n dis-
tinguait trois« ordres )>:

- les tribus guerriércs;
- les tribus maraboutiques ;
- les tribus de clients-vassaux.
A chacun de ces (iordres )>étaient rattachésdes groupes h fonction artisanale
oude statut servile.On apu parler de systèmede «castes » àpropos dela société

maure. Mais la démonstration reste a faire, car cette sociétéignore la rigidité
caractéristiquedu systèmehindou des castes qui sert de référence classique. Le
passage d'un individu (ne serait-ce que par mariage). ou d'un groupe, d'un
« ordre >>àun autre dans lesensascendant ou descendant est tropfréquentpour
autoriser une telle assimilation.
a) Les {ribus guerrières détenaient, le plus souvent, l'exercice du pouvoir
politique sur un territoire déterminé.Leur fonction sociale étaitd'assurer la
protection des autres catégoriesplacéessous leur dépendanceou des étrangers70 SAHARAOCCIDENTAL

traversant le temtoire, en échangede redevances ou prestations diverses. Elles

étaient donc arméesde mOmeque leurs clients-vassaux. Le statut de clients-
vassauxavait,leplussouvent,pour origine une guerreperdue par ces demiers les
affaiblissant aupoint de rechercher uneprotection. Les tribus guerrihresdomi-
naient égaiement lestribus maraboutiques vivant sur leur territoire. Ellespou-
vaient aussi avoir sousleur dépendancedes tribus guerrières moinsFortes.Un
systéme complexe d'allianceset d'allégeancesliait les unes aux autres.
b) Les rribusmurnboufiquesexerçaient principalement des activitésde carac-
tére (ipacifique s. Elles avaient pour fonction sociale de porter la tradition

culturelle arabo-islamique et, en tant que telles, assuraient les tâches d'ensei-
gnement (ou la religion et le savoir étaientintimement liés),rendaient lajustice
suivant lefigh (droit musulman) pour l'ensemblede la sociétéC . 'esten effet en
leur sein que se recrutaient les magistrats (cadis). Elles avaient aussi un rble
économique (agriculture, aménagemend tes points d'eau permanents, négoce,
etc.). Les tribusmaraboutiques avaient aussi leursclients-vassauxqu'ellesdéfen-
daient par leur poids social et leur influence religieuse.

On rencontre égalementdesformes mixtes.C'estainsi qu'il existedesgrandes
tribus de marabouts guerriers. C'est le cas notamment des Aroussiyin, des
Regueibat, Ahel Sidi Mahmoud, Kounta Oulad Biri, etc.
On trouve aussi /epassage d'une catégorie a l'autre.D'importantes tribus
guerrièressont devenues maraboutiques et vice-versa.La situation de la femme
est l'undes traits distinctifs lesplus caractéristiquesde la socichinguittienne.
A ladifférencede fapratique observéedans lessociétésmusulmanesvoisines,elle
jouissait d'une grandeliberté :en particulier, ellen'était pas recluseet lemariage

monogamique était la règle générale,meme s'il était affectéd'une certaine
instabilité.
Cettesituation a permis 3lalemme mauritanienne dejouer un rôlede premier
plan dans lesdomainespolitique etculturel. Certainesfemmesont ainsi accédé à
la charge de cheik de tribu ;d'autres sont réputéespour leur savoir ou leur
sainteté.
Cette structure «ternaire 0 de lasociété n'étaiptas sans analogie avec le

systeme en vigueur chez les Touaregs, voisinsorientaux des Maures. Le même
type d'organisation se rencontre chez tous les pasteurs de la zone aride. Mais
un trait distinctif de grande portée confère à la sociétémaure un caractère à
part très accusé: l'importance numériqueet le rôle socio-culturel de l'élément
maraboutique. Le peuple maure est ainsi le seul groupe de pasteurs de la
zone aride à posséderune tradition culturelle écritefortement enracinée.On a
pu ainsi parler d'université nomade.La réputation acquise par les savants
chinguittiens dans l'ensemblearabo-musulman des XVIIIeet XlXe siécles est

bien connue '.
Partout ailleurs, cette forme de culture est l'apanage exclusif du monde des
sédentaires,ruraux ou citadins. Cette H marque i)de la sociétéchinguittienne
doit trésprobablement êtreattribuéeau mouvementalmoravide.Elleentre pour
unegrandepart dansla constitution delapersonnalitéchinguittienne etdans son
rayonnement séculairesurplusieurs régionsdel'Afriquedel'Ouestsaharienne et
sahélienne.

VoirIsmaëlHamet, <Littératuresaharienn 0,Revuedumondeniicrulmon; J. Bey-
riesfiQuestionsmauritaniennes. 1.Note sur renseignementet les mŒursscolaires
indigéneesnMauritanie ))Revueder étudesislamiques,,1926, p. 39-73et lestravaux
de Marty. III. Lesstnichiresculturelles

La notoriétédu Bilad Chinguiti, dans le monde musulman, provient de la

réputation acquise par les savants chinguittiens dans les diversesbranches des
sciences religieuseset des lettres arabes. En effet, dans les développements
précédentso , n a soulignéla tradition culturelle écritevigoureusequi constitue la
<imarque » distinctive du Bilad Chinguiti par rapport aux types de sociétés
comparables.
Le contenu de cette culture est le fond arabeislamique : sciences théolo-
giques, belles-lettres arabes et autres disciplines scolastiques. Ces différentes
branches du savoir étaient enseignéesdans le Bilad Chinguiti, non seule-
ment dans les cités-oasis,mais aussi et surtout dans les camps de pasteurs
nomades, particuliérement par les tribus maraboutiques. L'instrument de

cette culture élaborée est l'arabeclassique. Le dialecte arabe parlé(le has-
sania) est la langue de l'ensemble chinguittien. C'est un dialecte de type
bédouin, donc distinct des parlers des pays arabophones voisins (Maroc et
Algérie).
Depuis la fin du XVIesiècle,les recueilsde biographies dessavants chinguit-
tiensattestent que leurformation s'effectuaitsur place.Auparavant, l'usageétait
d'alleracquérirsonsavoirdans lesgrands centresde culturedes pays musulmans
voisins(Tombouctou, Fès,etc.). A l'époqueconsidéréel.esgrandes transforma-
tionsquidevaientaffecter lemondeon teupour effetdedétournerversla merles
grands courants d'échangequi traversaient lepays chinguittien ((ivictoire de la

caravelle sur la caravane i))Ces transformations devaient affaiblir considéra-
blement les grands Efats musulmans de la bordure du pays chinguittien :
Royaume Songhay successeur de l'Empire du Mali, Maroc mérinide etsaa-
dien.
Une situation d'autonomie culturelle s'est établie depuislors dans le Bilad
Chinguiti. A leur tour, lessavants chinguittiens dispensaient leur enseignement
qui était ensuite transmispar des disciples venus des pays noirs du sud ou des
régionsdu Maroc méridional.
C'est égalementvers cette mêmeépoqueque l'appellation << chinguittien

faisait son apparition dans les recueilsde biographies publiésen Occident et en
Orient arabo-islamiques, C'estde cette époqueque date l'organisation de I'en-
seignement dans l'ensemble chinguittien.
Cet enseignement commençait par ce que l'administration coloniale devait
appeler l'écolecoranique et que l'ondésigne,dans lemondearabo-islamique,du
nom de kuitubou écoles primaires.Ces écoles existaientdans les cités-oasiset
dans les<(campements i)ou unitésdenomadisation.Cette formed'enseignement
très répandue touchait a la fois les garçons et les filles. On peut en mesurer
l'impact par le rappel des résultatsde sondages effectuésdans certaines régions
de la Rim au cours de l'année1960et qui ont révélq éue plus de 70pour cent des

personnes interrogées savaientlire et écrirel'arabe.
Cet enseignement groupait généralement uncertain nombre de jeunes gens
autour d'un mdtre qui pouvait résider trésloin du territoire de leur tribu. Le
programmedesétudescouvraitlessciencesislamiquesetleslettres arabes. Parmi
cesjeunes gens,une minoritén'hésitapas àse rendre trèsloinde son terroir pour
poursuivre des étudesspécialisées auprès de maîtres réputés.Elle contribuait
ainsiA entretenir un puissant sentiment d'unitésocieculturelle dans l'ensemble
chinguittien. C'estdans cedernier groupe que l'onretrouve les nomsdes grands
savants qui ont assuré le rayonnement culturel du Bilad Chinguiti. Cet ensei-
gnement était flofissantaussi bien dans les cités-oasis(Ouadane, Chinguiti,72 SAHARA OCCIDENTAL

Tichit, Oualata, etc.) que dans les campements nomades (Tachoumcha, Ahel
BarikaHa,Ahel Moharned Salem, Idaouali, Laghlal, etc.) '.
L'enseignementétaitorganise par les communautésconcernéesqui venaient

d'ailleurs en aide auxétudiantsnécessiteux. Ilyavaità cet effet,des fondations
constituéesdans les oasis, de mêmeque des contributions volontaires étaient
collecteesdans lescampements nomades.Un autre aspectde l'activité culturelle,
dans l'ensemblechinguittien, étaitreprésentépar les confrériesreligieuses.Les
deux principalesétaient :la Kadirya et Tidjania, dont lerayonnement dépassait
largement le Bifad Chinguiti, pour s'étendre àl'Afrique noire 1il'ouest du lac
Tchad.
Une autre forme de l'expression culturellede l'ensemblechinguittien est sa

musique, dont on peut dire sans exagération qu'elle eslta manifestation la plus
achevéede l'unité-socio-culturellede cet ensemble. Elle y est la seule à étre
appréciéetant elle parait aux habitants du Bilad Chinguiti comme étantleur
créationspécifique 2.

IV. Les structurespolitiques

L'unitédebasede l'organisationpolitiquechinguittienneétait latribu (kabyh),
groupement constitué autour d'un noyau réputédescendu du meme ancêtre
éponyme - d'ou lesnoms «AhelX s (lgens de X), <Oulad Y 1)(les filsde Y-
d'alliés,de confédérkset de clients-vassaux.
Lestribus pouvaient Etrede dimensionsvariées.Certainesétaientminuscules,
ne dépassantpas l'effectifde quelques familles.D'autres s'élevaienàla taillede
vastes confédérationset se sont constituées, àcertaines époques.en véritables
Etats (les émirats).

Quelle-quesoit la place dansla hiérarchie socialetraditionnelle, so« statut
coutumier O,la tribu occupait un territoireàelle, sur lequel ses droits étaient
reconnus. Ce territoire se coniondait, en principe, avec sesterraide parcours
habituels. Toutefois, les mécanismesde transhumance décritsBla section pré-
cédente amenaient souvent certaines tribus a parcourir les territoires apparte-
nant à d'autres groupes.
Cette vie donnait lieuà tout un systèmede coutumes intégrées dans le droit
musulman (figh)réglementant aussibienlastructuredupouvoiret l'organisation
politique destribus etémiratsque leursrapports aveclesautres. En revanche,les

relations avec l'extérieur relevaient, semble-t,u droit des gens.

1. LA STRUCTURE DU POUVOIR ET L'ORGANISATIONPOLITIQUE

Depuis le XVIIesiécle,deux types d'entité politique ont prédominé dans
l'ensemblechinguittien :lesémiratset lesgroupements de tribus non constitués
en émirats.

Ahrned Ech -Chinguiti- ElWasit,LeCaire, 1911,Recueilclossiquede biographies
chinguittiennesJ. BeyriescQuestionsmauritanniennes .. Notessurl'enseignement
etlesmŒurs scolairesindigknesenMauritanie>>R,evuedesléludesirlarniques,1. 1926,
p.39-73.
Michel Guignard, Musique,honneuret plaisir au Sahara. Eiuùespsycho-sociolo-
giqueset muricologiquesdu pays maure;Regensburg, 1973,p. 241-265,thésede troi-
siérnecycle,Pais. Théserésumé earl'auteurdans MusikkulturenAsiens,Ajrikm und
Ozeanienrini 19.Iphrhundert.GusiavBosseVerlag. A. Les émirats

Quatre émirats separtagérentla majeure partie de l'espacechinguittien. Ils

seront briévernentexaminésen partant du sud au nord et de l'ouest en est '.
a) Emirat des Trorzo

11futconstitue autour d'un noyaud'origineMaki1Hassan, vers 1632,dansla '
régionqui porte son nom(voircarte no 17.Ilcontrblait lazone decontact avecla
régionoù setrouvaient lesétablissementsdecommercefondésparlesEuropéens
(Portugais, Espagnols, Hollandais,Anglaiset Français) lelongdelacôte, àpartir
d'Arguin vers le sud et sur le fleuve Sénégal.
Les Trana vivaient en rivalitéavecleurs voisins Brakna pour le contrôle du
commerce dela gommeet autres échanges.Dans une premikrephase (du XVIIe

au débutdu XVllIe siécle),la prépondéranceappartenait aux Brakna. Par la
suite,l'influencedesTrama devintprépondéranteet persistajusqu'à l'arrivéedes
Français. L'émirAli Chandora (1703-1727).menacépar lesRrakna, serendit au
Maroc en 1720, pour obtenir l'aide du sultan Moulay Ismail qui mit à sa
disposition des contingents des tribus de l'oued Noun pour triompher des
Brakna 4.Une partie de cescontingents composésd'lzirguin restérentsurplace.
LaprédominancedesTrarza apoussélespuissancesétrangéres àé tablir aveceux
de nombreux traitésdepuis laseconde moitiédu XViIe siécle.

Vis-A-visde leursvoisinsdu nord et bu nord-est- Oulad Delim, émirat de
l'Adrar,émiratdu Tagant (Idaouich) - des alternatives d'allianceset de tensions
se sont succédétout au cours de la périodede trois sikcles qui a précédé la
colonisation.
En ce qui concerne les parcours des tribus chamelikres du pays Trama, il
convient de noter qu'elles fréquentent encore aujourd'hui réguliérement les
pâturages de l'actuelRio de Orojusqu'au-delà du Tins. Le mouvement inverse
nord-sud existe tout autant.

L'émiratdu Trama fut occupé parla France en 1902et perdit alors sa sou-
veraineté.
b) Etnirat des Brukno

Fondé àla m&meépoque quel'émiratdu Trma et par des tribus de même
origine Hassan (163l), ilcontr6lait dans sa périodede grande extension (XVIIe-
débutXVIIIesiécle)la régions'étendantdu Tins au fleuve Sénéga l l'est du
domaine Trarza. Il s'affaiblAtla suite de nombreusesluttes intestines et perdit
une grande partie de son territoire au profit de ses voisins Trama, Adrar et

Tagant.

Voiren généra iésiré-Vuillemi nontributionà /'histodelaMauritani e.-
1934,EditionsClairaprigue,Dakar,1962,parsim.
Paul Marty, L'Emirat des Trarza,Paris é,d.Emest Leroux, 1919, 483pages;
P.Dubie, Organisationdu commandemenrchez/es Maures du Trarza, 1937,38pages,
no562,étudeduCHEAM ; LéonFabert, <Voyage dans lepaysdesTratzaetleSahara
occidentalo,Bulleridelu SociétdegéographieP,ari roisiémetrimestre1892,p. 375-
392.
Non re roduite.[Noredu Crefle.]
AndrCLeicourt, i~ fiunce etiesétablirsmenrsfrancaisau Sénégaelntre 1713et
1763, mémoirede I'IFAN, nD17, Dakar, 1952,p. 279-280.
PaulMarty, EtudessurI'lslamerlestribusmaures,LesBrakna,PariErnest Leroux,
1921,399 pages; André Delcourt,op.Nt., passim.74 SAHARA OCCIDENTAL

Lesémirseurent lemême typede rapports aveclesEuropéenspourlapartiedu
fieuve Sénégaq lu'ils contrôlaient.
Ce que l'on a noté iipropos des parcours de nomadisation des tribus Trarza
s'applique également aux Brakna.

L'occupation française, en 1904,mit fin l'émiratdes Brakna.
c) Emirat du Tugant (oudes Idaouich) '

Les Idaouich sont les descendants d'une des tribus almoravides. Leur émirat
fut egalement formé au XVIIesiècleet confirma son importance à la suite de
lu!tesnombreuses contre sesvoisins du paysdes Brakna,de l'Adrar etdu Hodh,
luttes qui culminérent vers 1780. Leur expansion les amena à contrôler un
territoire qui s'étendadu fleuveSénégaa l,u sud,et du Hodhau sud-est,jusqu'à
l'Adrar au nord.

Ils entrérentainsi en rapport avecles Français lorsque ceux-ci fondèrent le
comptoir deBakelvers 1818,surlehaut Sénéga(ltraitésdepaix,commerce,etc.).
L'émirBakarOuld Soueid Ahmed (1843-19û5),par ses alliances, les guerres
victorieusesqu'il a soutenues contretous ses voisins, ajoue un grand rôle dans
l'équilibredes pouvoirs dans l'ensemble chinguittien,et mêmejusqu'a l'oued
Noun. Par ailleurs, toujours la memeobservation en ce qui concerne la trans-
humance des tnbus chamelièresvers le Rio de Oro s'applique egalement au

Tagant.
d) Emimr de l'Adrar2

Emirat le plusseptentrional del'ensemblemauritanien, l'Adrarconstitue avec
ses dépendances un vas teterritoire.
Soninfluence s'exerçaitdepuisl'ouedde la Saguiael Hamrajusqu'aux abords
d'ElGuebla(domaine desTrarzaet desBrakna)etdu Tagant etdel'Atlantiquea
la Majaba el Koubra.

La date traditionnelle dela fondation de l'émiratest 1745 '.II faisaitsuiteà
une longuetradition politiquepuisque c'estla qu'apris naissancele mouvement
alrnoravide. II s'est forme autour du plateau de l'Adrar Tmar.
Comme on l'avu plus haut, l'économieagro-pastorale y était basée sur trois
activitésessentielles: culturdu palmier dattier dans lesoasis,&levagedu cha-
meau et exploitation de la saline d'Idjil. Carrefour du commerce caravanier et
important centre économique,culturel et politique, particulièrement dans ses

Pierre Amilhat.41Petite chronipuedes Idaouichi),Revuedes étudesislamiques.
1936.
Il existe une bibliographie considérable relatiàvecet important émiratV. oir
Désire-Vuillemin,op. cilCitons cependantAhmadou Mahmadou Ba :
- a Unegrande figurede l'Adrar,l'émiAr hmed Ould M'Hamed,187 1-1891 »,LA fn-
quefrunpise, Renr.cob, octobre 1929, p.550 ;
- ((Un émirde la guerre en Adrar, Ahmed Ould Sid Ahmed (1891-1899 ),
L'Afriquefrançaise,Rem. col.,octobre1930, p. 589-596 ;
- « L'émira dtel'Adrarmauritaniende 1872 à 1908 r,Bulletintrimestrielde luSociété
degéographieetd'urcheologied'Oran5 ,5eannée, 1.53f,sc.190et 191.1932,p.83-111
et 263-298 ;
- <IChronologiede l'Adrar», L'Ajriquefrançaise, Rem.col.février1933, p. 36-48;
- ((L'Adrardans l'anarchie 0,Lyfripefraqaise, Rem. coi,février1933,p. 25-38.
- BessonFaidherbe. aLa missionVincent etla premiereexplorationde l'Adraren
18600, L'AfriquefronçaiseRenr.col., 1936,p. 147-150.

ColonelModat, <iPortugais, Arabes et rançaisdans 1'Adrarmauritanienr. Bul-
letin duomitédëtude historiqueet scientifiquede l'ADF,1922, p.550-582. villesde Chinguiti, Ouadane, Atar, etc.,l'émiratde l'Adrara constituétrèstôt le
pôle d'attraction des grands nomades du Sahara. Cet étatde fait a conféréaux
émirsde l'Adrar une influence plus ou moins considérableselon lesépoqueset
qui a fait d'eux un facteur important dans le jeu politique de l'ensemblechin-
guittien.
Si,en raison de sa situation privilégiéet,ant par sa position centrale que par

sescaractéristiques géographiquee st économiques (ressourcesen eau), l'Adrar
a connu plusieurs occupations, il n'en demeure pas moins que depuis le
XVIlesièclesespossesseurs n'ontpas changé.Depuis cette époque,c'estun des
groupesHassan, lesOulad Yahya BenOthmane, qui a réuniautour de lui toutes
les populations de la régiondonnant ainsi naissance à une organisation socio-
politique : l'émirat.

Les Oulad Yahya Ben Othmane se subdivisaient en :
- Oulad Amoni (tribu de la famille émirale) ;
- OuladAkchar;
- Oulad Ghailane.

Autour d'euxgravitaient, en fonction des liens de vassalitédirects, les autres
tribus adrariennes selon le schémasuivant :

a) Les clients-vussuux :
Ideichelli, Mechdouf, Torchane, Teizegue, Amgarij, Lekdadra, Ladem el
Gdala, etc.

b) Les rncirubours:
Smacide, Idaou Ali, Laghlal, Idaou el Hadj, Tachomcha, Chorfa.
Indépendammentde cesgroupes,il existait des tribus importantes qui noma-

disaient A l'intérieurdu territoire de l'émiratet qui, de cefait, relevaientplus ou
moins étroitement de son autorité.Il s'agissait principalement des tribus sui-
vantes :

- Kounta : marabouts guerriers etdont une branche habite lesparties nord-est
et sud-est de l'Adrar.
- Regueibat : marabouts guerriers dont le domaine de nomadisation touche
l'Adrar (voir cartes nos 2 et 3).
- Oulad Dleim : guerriers nomadisant dans l'ouest ct le nord-ouest de
l'Adrar l.

- Aroussiyin : marabouts guerriers qui vivent dans l'ouest et le nord de
l'Adrar.
- Oulad Bou Sba : vivant au sud et a l'ouest de l'Adrar l.
- Ahel Cheik Melaïnine :constituéeautour de l'illustre cheikdont elleportele
nom et qui, dans sa plus grande partie, a changéde zone de parcours aprèsla
conqu&tefrançaise, quittant ainsi le cŒurde l'Adrar pour se porter plus au

nord.
Inversement, il est important de souligner que l'émiret les tribus placées

directement soussa dépendance,nomadisaient normalementaucŒurdu Rio de
Oro etjusqu'à l'oued Saguiael Hamra.
Placédans une position médiane entre les différentesparties de l'ensemble

1 Cefait estsignalé par Camille Douls, Voyaged'exploration iitraversle Sahara
occidental )),ASG, 1888,p. 437-479. 11écrit: <(De même au Sud, deuxfractions des
OuladDelim etlesOulad-Bou-Sbah ,ui sontvoisins de l'Adrar,sontenquelquesorte
sousla suzeraineté de OuldAïda,le sultan de la contrée .)(P. 462.)76 SAHARAOCCIDENTAL

chinguittien, l'émiratdel'Adrardevaitconnaîtredesvicissitudesdiversessuivant
sa cohésioninterne et 1apersonnalitéde I'émirrégnant.
C'estainsique sous l'émirAhmed OuId Sid Ahmed OuIdOthman, dit Ahmed

Ould Aïda du nom desa mPre(1824-186l), tout l'ensemblectiinguittien du nord
et du nord-ouest était dominépar l'Adrar,laissant seulementen dehors les trois
émiratsprécédemment examinés. II en fut de mêmependant le règnede son
petit-fils, I'émirAhmed Ould Mhammed Ould Ahmed Ould Aïda (1872-1891)
dont le rayonnement politique s'étendaitalors au mêmeensemble,
On en voudra pour preuve les traitésd'Idjil dont on a pu mesurer, dans la
premikre partie du présentexposé, toute l'importance.Rappelons que c'est, en
quelque sorte, grâcea sa haute caution que Cervera et Quiroga purent réunir à

Idjil des représentants desprincipales tribus du nord et de l'ouest chinguittien.
On remarquera aussique l'émira fait signer,enson nom, non seulementle traité
mettant l'Adrar sous protectorat espagnol, mais aussi celui qui étaitrelatif aux
territoires administréspar l'Espagne au sud de l'oued Saguia l.
L'extensiondespouvoirs de l'émirdans leRiodeOro est attestée par d'autres
sources.
C'estainsique presséde grâcier deuxmalfaiteurs, l'émir AhmedOuld M'Ha-
med devait s'écrier :

tcVotre intervention en faveur de deux malfaiteurs ne me surprend pas,
car vos pèreset vous-mêmes vous vous seriez comportéscomme eux. Mais
apprenez que moi, qui descends d'Othman Ould Lefdhil [fondateur du
régimedes émirsen Adrar], j'assume devant Dieu et devant l'univers la
responsabilitéde la sécuritédans le pays qui va du Khatt [limite entre le
Tagant et l'Adrar]au Rag Lemhoune [nord de l'Adrar Soutouf].J'entends
qu'elley règnecomplètement. Je serai impitoyable pour tous ceux qui y
porteront atteinte.»

En 1892,lesFrançais envoyèrent uncertain BouelMogdad dans 1'Adrar qui,à
son retour, le 29 septembre, h Saint-Louis, écrivaitce qui suitA propos de Ia
mission espagnole de 1886:

<iUne mission envoyéepar ceux-ci s'étaitrendue dans le Tins où se
trouvait Ahmed Ould M'Harned. Elle étaitchargéede demander au Roi
l'autorisation de s'installer dans la Dakla.i)

Or la Dakla se trouve sur la cbte du Rio de Oro !

JulioCernera,conférencdeu2novembre1886, BSGM. décrivantsonvoyagedeRio
de Oro àla sebkhad'Idjildéclarait:
aLa tribumasnumerosadetodaslasquepueblanlaregionrecorridaennuestro
viaje,es la de Yehya-u-Aozman,duefiadel Adrar y gobemada por el sultan
Ahmed-ben-MahmmedU , ld-el-Aidda.
Por sermisnumerosaes tambiénmis temida yrespetada. La influenciade
Uld-el-Aiddase extiendedesdeSaguia-el-Hamra aiSenegal,y desdela costaa
Timbuctu.
Coneljefe ArabecelebramosvariasconferenciaesnnuestrocampamentodeIyl,
fronteradelAdrar-et-Tmarr,a las que asistieronlosjefemls caracterizadosde
todas lastribusque pueblanel SaharaOccidental. i(P. 17-18.)
Mahrnadou AhmadouBa. Lëmirar de['Adrarmaur~tanicnde1872 à1908,op.cit..
p. 91-92.
Citépar G. Désiré-Vuillemi op. cif.annexeIX, p. 308. On se souviendra égalementde l'importance que les Français attachèrent A
l'alliance(traité Fabert de 1892)avec lejeune émirde l'Adrar.
A côtéde l'aspect politique, I'émiratde l'Adrar avait un rayonnement éco-
nomique et culturel important. Au point de vue économique,en effet, leshabi-
tants de l'Adrar, plus connus dans le BiladChinguiti sous le nom (iAhel el
Hajra n (habitants des montagnes) ont. de tout temps, sillonnéles itinéraires

caravaniers sud-nordtransportant seletdattes,produits qu'ilstroquaient contre
les céréales, les tissuet les esclaves.
Au point devueculturel, ilconvientdesoulignerquela villede Chinguitiétait
un centre de rayonnement culturel actif et, en particulier, un lieude rassemble-
ment des caravanes de pélerinspour La Mecque. De là vient le nom de Bilad
Chinguiti ou ensemble chinguittien.
L'Adrar fur conquis par les Français en f909.

2) Institutions

Lesquatre émiratsdont onvient d'examinerbrièvementI'évolutionhistorique
se caractérisentpar une pratique institutionnelle commune.
A la t&tedechaqueémiratsetrouvait un émirchoisidans lamêmefamille,dite
famille émirale.Ainsi pour les Trama. I'émirprovenait de la famille Ali Chan-
dora (Xeémir),chezles Brakna, celledesAhel Aghreychi, chezlesIdouich, celle

des Ahel Mhammed Cheïn,et enfin,en Adrar, I'émirétaitchoisidans la famille
d'Ahel Othmane Ould Lefdhil de la tribu Oulad Amonni.
La transmission du pouvoir s'opéraitde pèreen fils ou par le systèmecolla-
téral.
La seconde institution fondamentale des émirats étaitla joniaa. Elleétait
composéede maniéreoligarchique, réunissantlespersonnalitéslesplus influen-
tes des tribus relevant de I'émirat,quel que soit leur statut.
Outre le fait que son assentiment était requispour la désignationde I'émir ',
elle approuvait tous lesactesimportants accomplispar celui-ci, qu'ils'agissede

mesuresintérieures AI'émiratoude sesrelations extérieures (voir infra l'appro-
bation des traites).
L'autoritéde l'émirs'exerçaitsur lestribusqui relevaientde I'émirat,ainsique
sur les personnes ou tribus qui pénétraientsur son territoire.
Les compétencesde l'émirincluaient notamment :

- la disposition des terrains de I'émiratnon encore attribuésou exploités.C'est
lui notamment qui pouvait concéderles terrains, lescarrièresou mines rele-
vant du «domaine public 1)de l'émirat. Les salines du Trana ou la sebkha
diIdjil relevaient de l'autoritéde I'émir(perception de taxes) ;
- le maintien de l'ordre public : par l'intermédiairede ses guerriers ;
- lereglementpolitique entre tribus setrouvant surson territoire, l'arbitragede
leurs différends ;
- lasanction des désignationsde chefs opéréespar les tribus relevant de sa
compétenceterritoriale (ce qui entraînait souvent l'acceptation dedons pro-

venant de celui qui sollicitait la sanction);

L'autoritédesémirs, pas plud s'ailleursquecelledescheiks.n'était délégu pare
aucun souverain extérieur, ilsne recevaient d'autre investitureque celle des plus
influentsnotablesdeleur groupement, conformémenatux coutumes en vigueur. Leur
mode de désignation ne relevait quedesusages internes:choixdu titulairedans une
famille déterminée,accks icettecharge parvoie d'héritagesans préjudiceparfoisde
I'kliminationdu prédécesseu par assassinatou la suited'un des multiples conflits
internes, la guerre existaAl'étatendémique.78 SAHARA OCCIDENTAL

- la désignationdu cadiprincipal attachéA sacour,cadiauquel ilappartenait de
trancher les grands procésintéressant les tribus relevant du territoire de
l'émiratselon les prescriptions du droit coranique, sauf si l'émirexerçait son
droit d'évocation, en particulieren rnatiérepénal;
- l'émir,comme danstout ledroit musulman, n'avait aucun pouvoir législatif,
mais bien le pouvoir d'exécution,ce qui comportait le droit de prendre des
édits.

L'odminisrration au servicede l'émirétaitkvidemment embryonnaire.
L'émirétaitentoure de sa cour où figuraient des secrétaires, conseillersreli-
gieux et civils, notamment un intendant chargédes finances de l'émirat.
Il avait un campement personnel (hellaen Adrar etchez lesIdouich et rnohsar
chez les Trarza et les Brakna). Il était accompagnéd'une importante garde
militaire personnelle.
Ilavait aussiiisa disposition une force armée, composéede tous les hommes
valides des tribus guerriéresde son territoire.
Sur le plan fiscal, l'émir levtes taxes et redevances, la fois sur les tribus
clients-vassaux directs, mais aussi sur les tribus relevant de sa compétence
temtoriale (qu'ellessoient maraboutiques ou guerrières).De plus, il prélevait
une taxe sur les caravanes transitant dans son territoire, ou sur les usagers de
certains phrages ou salines. A cela s'ajoutaient lesdons et legslesbutinsde
guerre.

B. Aurres groupements de tribus non consrituéen émirats

I) Evolutionhistorique er brèvedescriplion
A côtédes émirats, ilexistait d'autres tribus ou confédérationstribales.
Pour nous borner aux principalesd'entreellesdont le territoire se trouvait, au
moment de la colonisation, dans le Nord chinguittien, y comprisles territoires

administréspar l'Espagneau sud de l'oued Saguia, quelquesindications seront
donnéesci-dessous 2 titre d'exempleiipropos des :
- Aroussiyin,
- Oulad Dleim,
- Oulad Bou Sba,
- Ahel Barikalla,
- Rgueibat.

1. Les Aroussiyin (niaruboutsguerriers)

Les Aroussiyin tirent leur nom de l'ancêtreéponyme,cheik Sid Ahmed el
Aroussi Ould Moulaye Oumar. Ce personnage étaitréputéêtred'origine tuni-
sienne et descendant du Prophhte, d'ou laqualitéde chorfas reconnue à ses
descendants. Ce fait a conféré iila tribu des Aroussiyin le caractérede tribu
maraboutique selon le classement maure traditionnel.
Cheik SidAhmed, mort au débutdu XVIIesiecle,estenterré ARiyade dans la
Sakiet El Harnra. Un de ses fils,Sidi Brahim al Khalifa, aïeulde la famillequi
commande encore la tribu ajoué,en compagnie de sesfrères,un rôle important

dans lesévénementsdesannées 1630-1650qui sedéroulèrentdans le sud et l'est
de I'actuelleMauritanie. Un petit groupe de leursdescendants vit encoredans le

'Que l'administration françaiappelait chupeluins. EXPOS ÉCRIT DE LA MAURITANIE 79

Hodh (sud-est de la Mauritanie), maisl'habitat de la grande majoritéde la tribu
reste le territoire sous administration espagnole.
La réputation de saintetédu cheik Al Aroussi et de ses descendants attira
autour d'euxdes groupes de discipleset de clients qui formérentle noyau dela
tribu.
En dépit de leur statut de marabouts, donc vouésaux activités pacifiques,les
Aroussiyin ne cessérentjamais de porter lesamies etjouissent, dans I'ensemble
mauritanien. d'une ré~utationde nuerriers valeureux.

Au cours des trois Sièclesprécédantles conquétesfrançaise et espagnole, la
tribu connut diversesvicissitudesAcausede nombreuses luttessoutenuescontre
d'autres groupes (Oulad Dleim,Oulad Yahya Ben Ohtmane, Oulad BouSba)et
aussi par suite de calamitésnaturelles.
Les groupes les plus importants des Aroussiyin sont :

- Oulad Lekhleffiya (Mauritanie et territoire sous administration espa-
gnole) ;
- Oulad Sidi Bou Mehdi.

Le territoire de la tribu s'étendsurI'lmricliet atteint le Zemmour (voircarte
no3, IV, p. 380-381).Leur parcours de nomadisation peut les conduire depuis
l'oued Saguiajusqu'en Mauritanie.

2. OuledDleim

Ils font partie du groupe des Arabes Hassan. Ils sont signalésdes Ic début
du XVe siècle,dans la zone où ils se trouvent encore, le long de l'océanet a

cheval sur la Mauritanie et le territoire sous administration espagnole. Avant
d'être bousculés par l'expansion Rgueibat au XIXe siècle, leur territoire
s'étendait a l'ensemble du domaine Rgueibat d'aujourd'hui. Traditionnel-
lement les Oulad Dleim SC divisaient en deux groupes formant chacun une
confédération:

- Oulad Maarif ou Oulad Dleim occidentaux ;
- Oulad Snane a l'estdes précédents.

Cettederniéreconfédération connut duXVIIe au débutduXlXesiècleunhaut
degréde puissance dans le Sahara occidental. Des luttes intestines ininterrom-
pues, une suite de guerres aveclesvoisinsseptentrionaux (Arib, Ait Khabbach :
tribus algériennes et marocaines), méridionaux (Adrar et Tapant) et orientaux
(Brabichet Touaregsdu Mali)lesaffaiblirent considérablement.Au XIXesiècle,
les Rgueibat allaient se substituer à eux.
Le nom Oulad Bleini s'appliquedonc depuis cette époqueaux Oulad Maarif

qui se répartissententre les groupes suivants :
- 0ude.ïkate (Mauritanieet territoire administrépar l'Espagne) ;
- Oulad Lab (Mauritanie) ;
- Guerea (Mauritanie) ;

- Oulad Ba Amar ;
- Oulad Khliga ;
- Oulad Tegueddi ;
- Srahna.

Ces quatre derniers groupes sont surtout en territoire administrépar l'Es-
pagne.
Les Oulad Dleim étaientorganisés traditionnellement sousforme de confé-80 SAHARA OCCIDENTAL

deration dont chaque membre avait une grande autonomie. Ils reconnaissaient
cependant la prééminence de certainesfamilles (Ahel Chiaa Ould Mansour des
Oudeïkate ;AhelCheikMbreh desOulad BaAmar). Dans lesgrandesoccasions
touchant lesintérêtsgénérad uxla confédération (guerre,paix, tractations avec
l'extérieur,etc.), des personnalitésde ces familles s'affirmaientcomme leaders

reconnus et pouvaientjouir d'une grande autorité.
Des relations de paixou de guerre importantes liaient les Oulad Dleim aux
Trarza et aux Oulad Yahya Ben Othmane. Avec les Aroussiyin et les Oulad
Bou Sba, les relations etaient le plus souvent cordiales. Depuis le milieu du
XIXesiècle,lesOuladDleimentrèrentdans unesériedeluttes avec lesRguejbat,
luttes qui n'eurent pas de résultatdécisifet auxquelles l'occupationeuropéenne

allait mettre fin.
Aux Oulad Dleim étaient rattachéun certain nombre de clients-vassaux
(Oulad Tidrarin, Gdala, etc.). Les principales tribus maraboutiques qui évo-
luaient dans leur sillageétaient: lesTachoumcha Ahel BarK idla, les Medlech
Ahel MohamedSalem, etc.
Un épisodede la vie politique des Oulad Dleim est restécélkbredans les

annales sahariennes : la tentative d'Abou Nasr, fils du sultan Moulay Ismai'l
(1692-1727),fondateur de l'actuelledynastie marocaine.Révolté contreson père
et chassédu Maroc, Abou Nasr vint chez les Oulad Dleim et essaya de les
dominer. Ceux-cirefuskrent de lui reconnaître la moindre autorité,seprévalant
de la tradition d'indépendancedes tribus maures à I'kgardde tout Etat et le
mirent a mort dans le Tiris en 1713.
Au début de l'occupation européenne, lesOulad Dleim relevaient adminis-

trativement des autoritésfrançaises de Mauritanie l.C'est la tribu des Oulad
Dleirn qui détruisit la factorerie espagnolede Riode Oro (Villa Cisneros) en
1885.
Cervera leur a consacre plusieurs lignes dans sa relation de voyage 2.

3. OuladBouSba 3

La présencedes Oulad Bou Sba dans la zone oh ilssont actuellement (nord-
ouest de la République islamiquede Mauritanie et territoires sous adminis-

Enrique d'Almonte, u Ensayode una brevedescripciondel SAhara espaiiola,
Boletinallu reat Sociedudgeogruficat.LVI, Zeet 3e trimestrede 1914,p.296.
Don lulio Ccrvera.conférencedu 2novembre 1886, BSGM, XXII, noa 1et 2,
janvier-février887,p. 7-20.Voiciquelquesextraitsdela relation du géographe espa-
gnol :

<{La triburnhsnumerosaquepueblalazona immediata h la Costa,esla delos
Uled-Delim. Ocupa elGuerguer,1'AatfyAr-Rak,hastapozo O'Hasi-Bu-Hafra.
SeLos individuosodeaesta tribugozanfamaiasde banditos terribles.Dedicanseal

merodeoy al robo de las grandescaravanasque atraviesanel Sahara. Poseen
AcudentmbiénneroA,la costaen buscade pescadoseco,tiqueeobtienende las tribus
pescadoras.Dominan à laspequeiïaçtribusde losArusiyin,Iisederari,Tndarin,y
otrasquehabitanlamismazona,yseextiendenhastaelAdrar-Suttuf.dedicadossus
individuos,unosal comercioy otros a laoracidny a lasprhcticasreligiosasque
ensefiael Koran.» (P.15-16.)

'Voirnotamment :capitaineBonafos, <(Une tribu marocaine en Mauritanie :les
OuladBouSba 0.Bull.trim.Soc. de géographieetd'archéologide'Oran.t.L,fasc. 183,
septembre-décembr1 e929, p. 249-267capitaine Martin,«OuladRou Sba i)Bullelin
IFAN. avnl-juillet1939. EXPOSÉÉCR~T DE LA MAURITANIE 81

tration espagnole) remonte au XVIesiècle.Les Oulad Bou Sba avaient émigré

de la régionde Marrakech où certains d'entre eux se trouvent encore aujour-
d'hui.
Etablis dans leTiris en contact avecl'ouedde la Saguiael Hamra, leTrma et
l'Adrar, les Oulad Bou Sba, s'adonnant tréstôt au commerce caravanier, con-
nurent au XIXe siècleune grande époquede prospéritéC . ette richessegrandis-
sante les conduisit &vouloir élargirleurterritoire,à soumettre les tribus moins
fortes et dobtenir par là mémece quidonne un certain rang socialau Sahara, les

clients-vassaux.Ilsentrkrent dèslorsdans desluttes avecleursvoisinsde l'Adrar
(Oulad Yahya Ben Othmane, Oulad Dleim, Rgueibat et Aroussiyin), luttes B
l'issuedesquelles lesOulad BouSbaallaientacquériruneprépondérancedans la
partie nord-ouest de l'espacechinguittien,A lacharniéredesXIXeet XXesiècles.
Cette suprématiefit d'euxles interlocuteurs de la missionde M. Emilio Bonelli
avec laquelle ilsconclurent, aucap Blanc,le premier traitéde protectorat inté-
ressant le Sahara sous administration espagnole l.
Dans leclassementtraditionnel, c'estune tribu demaraboutsguerriers réputée

êtred'origine chérifienne.
Les Oulad Bou Sba se subdivisaient traditionnellement en Oulad Omr et
Oulad Amir. Ces derniers sont surtout représentésau Maroc avec cependant
que1,quesgroupements en Mauritanie et dans les territoires administres par
l'Espagne.
Les Oulad Omr constituaient, eux, le gros de la tribu au pays chinguittien.
Leurs principaux groupes sont les Dmeissate, leaders de la tribu. les Oulad
Baggar, les Oulad Azouz, etc. Leur zone de parcours est I cheval sur la Mau-

ritanieet le territoire administrépar l'Espagne ou se trouvent les tombeaux de
eurs ancêtres.

Les Ahel Barikalla font partie des Tachorncha, vaste confédérationde
tribus maraboutiques allant du pays des Trana aux territoires administréspar
l'Espagne. Ils forment eux-mêmes le groupe Tachorncha le plus septentrio-
nal.

'DonEmilioBonelli,danssaconférenceprononcée 7 laevril188, evantlaSociété
géographique de Madrid, disaitceci àleur propos :

NLosUladSb6sonsindisputalosmaspaàerososporsusespeciales condiciones:
cosechadedtrigo.cebada ydatiles,poseengrandesrebafiosde ganado,espacial-e
mente vacuno,y buen nurnerode caballos,con otrosproductosque llevan al
Senegal.alrnismotiempoquesonlosunicoscasi que viajana mayoresdistancias;
lleganhasiaTimbuctuyGuineadoncehacen gran trafic0deesclavos, seimponen
enelterritorioquepisanporelprestigioquedisfnilanysusmayoresconocimientos
en la religion. (BSGM, XVIII,nos 5-6,mai-juin1885, p.351.

Bonelliajoutequ'a côtedel'émidre l'Adrar.AbdelAziz Ouledel Mami, CheikOulad
RouSbajouit d'une grande autoritédansla région. VoiarussiCewera, op.cit..1887,
p. 16-17:
(iMBs numerosaquelatribudelosUled-Delirne ,sladeUled-bu-Sbâ(Hijos deEl
delLeon). Cornpuestade noblesocherfa ;dedicanse,sus individuos,unos al
comercio,yoirosa lacara ya la guerr..Los Uled-bu-Sbâhabiianmasfrécuen-
temente larnesetadelTiRs,elTisnik,Ausert,Dumus,Teniulek,etc.,y mantienen
buenasrelacionesconlos queocupan el Adrar, conlasde Sidi-Mhammed y de
Meschduf. ambas tarnbienestablecidasen el mismoterritorio.,82 SAHARA OCCIDENTAL

L'ancêtre BankaiiaOuld AhmedBazeïdvivaitauXVIesiécle.Saréputationde
saintetéattira autour de lui des individus et des groupes, phénomène courant
dans l'ensemble chinguittien. Les descendants de ces groupes forment au-
jourd'hui la tribu dontla postéritéde Barikalla constitue le noyau.
LesAhelBarikalla nomadisent dans un territoire trèsétendu(voircarte no3)
et qu'ilsont misen valeurpar l'aménagementdepoints d'eaupermanents, situés
en grande partie dans la zone administréepar l'Espagne. L'importance de ces

points d'eau, l'étenduede leur territoire et l'éparpillement de leurs clients-
vassaux,lesmettaient particulièrementen rapport aveclesémiratsdes Trarza et
de l'Adrar, avecles Oulad Bou Sba, Ouled Dleim, Rgueibat et Aroussiyin. En
tant que tribu maraboutique, vouéedonc àdes activités pacifiques,les rapports
étaientessentiellement cordiaux '.

5. Rgueibat (maraboutsguerriers)

L'ancêtreéponyme desRgueibat est cheik Sid Ahmed Rgueibi dont le tom-
beau setrouve BHabchi, non loindela rive nord de l'ouedde laSaguiael Hmra,
tombeau qui restejusqu'àcejour un haut lieude pèlerinagenon seulement pour

les Rgueibat (notamment Rgueibat Lemjaouine) mais aussi pour les tribus
voisines.
Les Rgueibat, par suite de leur accroissementdémographiqueet du dévelop-
pement de leurs troupeaux, ont acquis un rôle politique important au milieudu
XlXe siècle.Ainsi ont-ils étéamenésa rechercher de nouveaux terrains de
parcours. Ce faisant, ils se sont heurtés A leurs voisins immédiats : les Oulad
Jahya Ben Othmane (Qulad Ghailane), les Oulad Bou Sba, Oulad Dleim et

Tajakanet avec lesquels ilsentrèrent dans une sériede guerres.
Ces guerres aux fortunes diverses se sont poursuivies tout au long de la
deuxikme moitiédu XIXesiécleau débutdu XXe sikcle,jusqu'à l'arrivéedes
Français. Les épisodesles plus marquants de ces luttes se dérouleronten 1889,
1896, 1906-1907contre respectivement lesOulad Dleim, lesTajakanet de Tin-
douf et les Oulad Bou Sba.
L'issuede cesluttes fut favorable aux Rgueibat qui allaient nomadiser libre-

ment, depuis lors,dans leur temtoire actuel (voircartes nos2et 3,IV,p. 334-375
et 380-381).ils lancbrent pendant plus de vingt ans des raids 3 grand rayade
l'Atlantique au nord du Niger, du sud du Maroc au Mali actuel comme mani-
festation de leur résistancà la conquêtefrançaise.
LesRgueibat sedivisaientendeuxgrandesbranches principales :lesRgueibat
Charg (ou de l'est, appelésLegouastem) et les Rgueibat Sahel(ou de l'ouest),
comprenant chacune un certain nombre de fractions plus ou moins impor-
tantes.

Miske Ahmed. r LesAhel Barikalla,tribu maraboutiquedu Sahel i)Bulletindu
Corniféd'erudeshistoriqueset scientifïquesde I'AOoctobre-décembre 1937,p. 282-
306.
LesRgueibatont donnélieu à une ample littérature. entionnonsnotamment :
Mahmadou Ahmadou Ba,« Contribution21l'histoides Rgueibat O.Afriquefrançaise.
Rem. col.,décembre1933. p.273-278 ;avril1934,p.90-93 ;A. Cauneilleet 1.Dubief,
r Les Reguibat Legouacem, chronolog tenomadisme fiBulletin IFAN, série B.
Scienceshumuines.juillet-wtobre 1955,p.528-550 ;A. Cauneille,Evoluiion du norna- '-
disme cher les Repibot Legouucem, 1945, 14pages,nD 1009(Cheam) ; A.Cauneille,
ReguibutLegouucern, 113pages, no 300-257(Cheam) ; lieutenantP. Denis,Lojurice
chezlesgrandsnomadesReguibat,1954,35 pages,no2353(Cheam) ;Dupas, Les Regui-
bat Ixgouacem. 1937, 40pages, no770 (Chearn); colonelLesourd,LRs Regueibntdu
Saharuoccidental,10février 1964(Cheam). EXPOSE ÉCRITDE LA MAURITANIE

Les Rgueibat Sahel comprenaient :

- les Oulad Moussa ;
- les Souaad ;
- les Oulad Chekh ;
- Thalat ;
- Oulad Taieb, etc.

Les Rgueibat du Chargcomprenaient :

- AheI Brakim ou Daoud ;
- Loubeihate ;
- AI Fogra.

Cette vaste confédération avait une organisation de caractére collectif, régie
par des réglesse rapportant notamment à la conduite dela guerre et I l'exploi-
tation en commundespoints d'eau et des pâturages. C'est ainsi que les Rgueibat
avaient leur djemaa (Ait Arebuine)chargée de réglementerl'usagede l'eauet des
pâturages comme de laconduite de la guerre.
Dans leurs rapports avec les autres tribus, il existait un régimed'alliance
collective qui visait Blimiter le recours à la violence. Dans ce régime, la respon-

sabilitédes tortscauséspar tout individuétait imputéeaux parents de celui-ci qui
doivent réparation aux victimes (diyu: prix du sang).

Ce qui a été dit a propos des émirats est valable mutatis mutondis pour les
autres groupements de tribus. C'est-A-dire que le cheik y est choisi dans une
mPmefamille,qu'il possède une administration rudimentaire et qu'il est contrôlé
par la djemaa. A l'échellede leur groupement, ils exercent les mêmes compé-
tences que celles des émirs.
Ce qui a habituellement frappé les explorateurs occidentaux, c'est la grande

indépendance des tribus, d'une part, et l'importance de la djemaa, d'autre
part '.

' Camille Douls, op cil.p. 460-461 :

«Le Maure nomade estun ennemide toute autoritéet detoutgouvernement ...
Indépendant,nevivantquedeliberté,il nereconnaît d'autremaîtrequele Désert
et Dieu >et chaque Maure est souverain ...LesMaures nomades sont diviséspar
clans ou tribus mais ils sontindépendantset ne reconnaissent aucune autorité
devoir.vs. Ils ne paient donc ni dîme, ni tribut et ne sont astreints 3. aucun

Ceci,on l'a vu, est partiellement inexact.
Francisco Coello, «Conocimientosanteriores il,RGC, 1886,1887, no 25-30,p. 75 :
«Cada tribu se administraseparadamente, residiendo elpoder en la DyemmBa ..i)
Don Francisco Quiroga, <ElSaharaoccidental y susmoradoresa, RGC, 1886-1887,
noa25-30 :
<Vivenen una independenciacasisalvajeyopuesta a tododesarrollo moraly
material. Respetan el nombre del sultan de Mamecos por ser descendientedel
Proteta : pero rechazan con energia la idea de llegar a ser subditos de Muley-
Hassan. Susjefesnomandannadaenlatribu8 elduar sin al acquiescenciadetodos
loshornbresdeella,encuyasjuntas seconfunden,gozandode iguallibertad para
exponersuopinion,el ricoylinajudoxerifyel rnasmiserablepastordecamellos M. il
vecesnoshandichomorosdedistintastribus,yaun delantedesusmisrnosjefes,que
el arabe del Desierto (<no tiene otros que Allah y Mohamed. s (P. 87.)84 SAHARA OCCIDENTAL

2. LES RAPPORTS DES ÉMIRATSET TRIBUS LES UNS AVEC LES AUTRES
ET LEURSRELATIONSAVEC LESSOUVERAIN~T~S EXTERIEURES

a) Absencede personnalité internotionalee l'ensemble

11découlede ce qui précédeque les émiratset les tribus n'étaientcoiffés
d'aucune structure hiérarchique commune.L'ensemblechinguittien ne pouvait,
à cet égard.2tre assimiléà un Etat, nà une fédkration,ni même 1une confe-
dération,Bmoinsque I'onne soitprêt à donner cenom aux lienspolitiquestenus
unissant les tribus les unes avec les autres.
Certes il y eut, dans cet ensemble,de vastes confédérationsde tribus, ou des
émiratsétendanttrés loinau-delà de leur frontikre leur influencequi participait
icidelavassalité,1Adel'alliance.(Ce futlecas,enparticulier, Al'époquequi nous
concerne, de l'émiratde l'Adrar qui fut un pôle d'attraction indiscutable.)Mais

ceci n'estcependant pas suffisantpour que I'onpuisse- utilisant une termino-
logieanachronique pour l'époque - dire que I'ensemblechinguittien bénéficiait
d'une personnalité internationaleoujouissait d'une souverainetéau sensOU le
mot étaitentendu iil'époque.
Certes la doctrinejuridique a mis au point de nombreux concepts pour tenir
compte de situations particulièresde ce genre. On a ainsi parléde cosouverai-
netésconviviales.Sansrejeter l'intérdte tellesconstructionsjuridiques, ilparaît
au Gouvernement de laRépubliquede Mauritanie que la réalitésaharienne s'y
laisse difficilement enfermer.

Les personnalitésjuridiques ou souverainetésappartenaient en réalité aux
élémentd sel'ensemblepour autant qu'ellesn'aientpas étaliénéese,ntout ouen
partie, par des liens de vassalitéou d'alliance, au profit d'autres élémdets
l'ensemble.
La souverainetédesdifférentsélémentd se l'ei~serndécoulait.a l'évidence.
de la pratique de cesentités.Commemaîtresd'unterritoire, on avu quechaque
entitéfaisait assurerlerespectdecelui-cietdesessujetscontre lesactesdeguerre
ou de pillage. Corrélativement,l'&mirou le cheik avait le devoir de protégerles
étrangers(explorateurs ou caravanes)qui seplaçaient soussa protection (le plus

souvent en payant un tribut).
Les émirsou cheiks entraient, on I'a vu, les uns avec les autres, dans des
rapports d'alliance, ou se faisaient la guerre. La pratique du rezzou et les
reprksailles qui s'ensuivaient, pour êtrenégatils,n'en étaientpas moins des
rapports entre égaux.
Lapratique del'arbitragepar lesémirsou chefsayant une grande autoriteàla
fois politique, militaire et morale, étaittrèsfréquente.
Il arrivaitauxtribus de conclure,entre elles,des traitésenbonne et dueforme
de paix ou de commerce. Ainsi entre les Trarza et les Brakna en 1897 et
1898 '.

C'estcependant certainement par la pratique des traiiniernnrionauxpassés
arec les souveraine~éésrrun.,resque les diverses entitéde l'ensemble mau-
ritanien ont montré, à cette occasion, leur indépendance et ceci depuis le
XVIIesiècle.
C'est bien, en effet, par la forme traditionnelle du traitéque toutes tes puis-
sances européennes quisont entrées enrelation avec les émiratsou les tribus
indépendantesont scellé lesengagements respectifs.

P.Marty,L'émirur desTrarzu.op. citp. 458et462. Ces traités pouvaientporter sur les matikres les pIus diverses.Ainsi les trai-
tés :

- d'alliance et d'amitié. Exemple :le traitédu 20octobre 189 1 entre l'émirde
l'Adrar et Léon Fabert ';
- de paix : le traitédu 7juin 1821entre I'émirdes Trarza et la France ;
- de non-intervention dans lesaffairesintérieures: le traitéprécitéentre Léon
Fabert et I'émirde l'Adrar et le traitéde 1821avec le roi des Trarza :

- de non-intervention dans lespaysvoisins : traitédu 7juin 1821entre leroides
Trarza et la France ;
- d'établissement : le meme, ainsi que celui de Ronelli avec les Oulad Bou
Sba 5 ;
- de très nombreux traitésde commerce,en particulier, relatifs la gomme à la
fin du XVIIIesiècle,ainsi le traité du 2 mai 1785 de la France avec les

marabouts d'Armankour et du 26 mai 1785avec l'émirdes Trarza ;
- par lesquels lesémiratsou tribus s'engageaient A faire respecter l'ordreet, en
particulier, le commerce : traitéde mai 1910entre I'émirdes Trarza et la
France OU encore à protégeret respecter les marins naufragésqui aboutis-
saient sur leur territoire :traité du 24 aoiït 1877entre la France et l'émirdes

Trana ;
- de protectorat :ainsi les traites examinésci-avant entre Bonelli et les Oulad
Bou Sba Io.entre Fabert et l'Adrar Il.les traitésd'ldjil IZet les traitéspassés
par Alvarez Pérez IJ.

On a déjàsignalécombien les Etats étrangerss'étaientmontréssoucieux de
traiter avec une personne compétente.Cela a étésoulignéplus haut en ce qui
concerne l'Espagne.notamment àpropos des traitésd'Idjil.La France faisaitde
mPme avec les Trama, imposant A I'émirla consultation individuelle, voire
I'assentimentécritdes djemaas intéressées 14.

Dans une note rédigée par le ministérefrançais des colonies, le 5juin 1900,
l'auteur signale aussi que !
<(pour qu'un acte de puissance publique ait une valeur incontestée,il est

essentiel qu'il soit établipar le principal cheik du pays et approuvépar
chacun deschefsdes tribus intéresséea sutorisésàcette fin par leursdjemaas
respectives.Un traitépassé avecl'und'eux,quelquesoitlerangqu'iloccupe
n'engage que sa tribu et. par voie de conséquence, ne porteque sur les
territoires où sa collectivité estétablie n 15.

' Voir annexeVI.
2 P.Marty, L'iniirurdes Trorza, op. ci,., p. 405.
-'Voirannexe VI.
' P. Marty, op.fit.,p.406.
Voir annexe 1.
P.Marty, op. cit., 364.
Ibid.. p. 372.
a Ibid..D. 468.
~bid.;p. 127.
Io Voir annexe 1.
Voir annexeVI.
l2 Voir annexe V.
l3 Voir annexeIV bis.
l4VoirP.Marty, op. cil.p. 290.Ainsile traité avec Coppolanide 1903.
1)Cettenote est recopiée in extensoen annexe XI.86 SAHARA OCCIDENTAL

Ainsi donc I'ensemble chinguittien apparaît comme une structure com-
plexe.
Les élémentsgéographiques, culturels et sociauxcimentent étroitement les
entitésqui fontpartie deI'ensemble.Cesentitésviventsousune communautéde
droitet d'institutions qui neportepas atteinteleur souveraineté propre.Lefait
que I'ensemblesoit ainsi fragmenté nesignifiepas l'absence d'ensemble.On le
voit fort bien lorsque l'indépendancede I'ensemble estmise en péril.

b) L'independuncede I'ensemblechinguittien

par rapport auxsauveruinetés errongères

Sans vouloir reprendre ici de longues argumentations qui ont &téexposées
dans un passémémerécent,mais qui paraît aujourd'hui révolu, ilest indispen-
sable, par souci de rigueur, de souligner- ainsi que l'a toujours fait la Rfpu-
blique islamique de Mauritanie - que I'ensemble chinguittien. c'est-A-dire le
territoire s'étendantdel'ouedSaguiaelHamra au fleuveSénégan l'ajamais fait
partie des Etats qui se sont créesau cours de l'histoire dans son voisinage :
empires noirsdu moyen âge,voisinsméridionauxdecetensemble(Ghana, Mali,
Songhay), dynasties marocaines (A l'exception des Almoravides chinguit-
tiens).

Cequi est vrai de l'ensemble chinguittienl'est par conséquentdes territoires
administréspar l'Espagneau sud de l'oued Saguiael Hamra. En particulier, les
relations avec cesEtats voisins n'ontjamais revétu unequelconque forme d'd-
légeancepolitique.Par exemple,dansleprhe hebdomadaire duvendredi,aucun
nom de souverainétrangern'ajamais été mentionné dans le BiladChinguiti. De
mêmel,es émirs,cheikset autres chefsde tribus n'ontjamais été investispardes
autoritésétrangéreest n'ontjamais tenu leur pouvoir que desrèglespropres Ala
dévolutiondu pouvoir dans l'ensemblechinguittien.
Certes, dans certaines circonstances historiques,dont la dernièrefut la con-
quêtefranqaise, des demandes d'assistance pour lutter contre l'envahisseur
furent adresséesau sultan du Maroc en tant que souverain du pays musulman

le plus proche. Cet appel s'inscrivait dans le cadre du devoir de solidarité
islamique.
Est-ilbesoin de rappeler que desappels semblablesont étéadressésà des Etats
musulmans voisins dans d'autres circonstances : au Maroc par les Algériens
luttantcontre laFrance, et ilaTurquiepar lescommunautésmusulmanesd'Asie
centrale ou du Caucase au moment de la conquêtetsariste?
Quecetensembleait,au surplus,entendudéfendresonindépendancecontrele
colonisateur estaussiamplement prouvéparl'histoire coloniale.Cette résistance
ne s'estsans doute pasfait sentircontre 1'Espagne,car celle-cin'occupant pasle
temtoire, la viecontinuait comme si la souveraineté espagnolen'existait pas. II
n'en fut pas de mêmelors de la conquêtefrançaise. Les efforts furent alors

conjuguésdans l'ensemble dupays chinguiriienpourI'enruyerO. n sesouviendra, A
cepropos,comment le terntoire espagnolde la SakietEl Hamra devint, après la
conquêtede l'Adrar,lelieu de refuge dela résistancequi devait tout de mtme se
maintenir pendant une bonne trentaine d'années.

Conclusions

On peut donc conclure des deux sections qui précédentque l'ensemblechin-
guittien ou mauritanien se caractérisepar une unité profondetenant à la géo-
graphie, aux conditions de vie à prédominance nomade,aux relations et insti-tutions socialesà la langue,à la culture, aux institutionsjuridiques communes.
Les relations de voyagedes explorateurs du XIXesitcle (Scott, Panet, Vincent,

Bou el Moghdad, Gateli, Sid el Haj Idriss el Khirchi, Bonelli.Cervera, Coyne,
etc.) attestaient que cet ensemble vivait pratiquement en vase clos dans une
immense (niche écologique a que constitue le Sahara occidental. Leschrono-
logies des tribus ne mentionnaient que très rarement des événementsétran-
gers.
En dépitde lapluralitédesunitésformant l'ensemble, l'ensemblemauritanien
n'en possédaitpas moins une somme de caractéristiqueslui donnant une con-
figuration originale. Corrélativement,en dépitde leur personnalité propre,les
unitésne cessaientjamais de faire partie de l'ensemble.

Est-il besoin au surplus de souligner quele concept ensemble i)n'implique
pas nécessairementl'existenced'unepersonnaliré juridique propre età fortiori,
d'une souveruineré ?Pour comprendre cela, il n'est mémepas besoin de faire
appel Ala théoriedes ensemblesen mathématique.Le droit international en est
un exemple vivant.
Tout commeces tribus et émirats indépendants,liésentre euxpar lesliensles
plus diversd'intérêtcsommuns,de rivalités,de relations d'alliance,de vassalité.

fondéessurladomination ou sur l'intérê mtutuel,doivent êtreconsidéré csomme
faisant partie d'un méme ensembledu fait de l'existenceentre eux d'un tissu
complexede relations, de memeles relations internationales actuellesmontrent
de multiplesexemplesd'Etats liéspar desrelationsplusétroitesqu'avecd'autres
sansperdre leursouveraineté.Cessituations(communautésdiverses)sont légion
dans un systèmejuridique fondé sur la coordination, la coexistence, ou les
relations amicales plutôt quesur la subordination. Qui dit(iensemble s n'im-
plique pas nécessairement unestructure pyramidale, hiérarchiséea,yant la qua-
litéd'un Etat ou d'un super-Etat.

L'Assemblée générad les Nations Unies a, semble-t-il, perçu cette nuance
lorsque, danssa question Ala Cour, elle a parléd'ensemblemauritanien au lieu
d7Erut mauritanien. L'Assembléesavait parfaitement bien qu'h l'époqueil
n'existaitpas d'Etut mauritanien, mais bien plutôt un ensemble,ensemble dont
on s'estattaché A montrer ci-dessusl'essence,les particulantéset le ciment.

SECTION3. - LES LIENSJURIDIQUES ENTRELETERRITOIRE

DU <{SAHARAOCCIDENTAL i)ET L'ENSEMBLEMAURITANIEN

Il convient maintenant de tenter de dégagerdes élémentsde réponse à la
deuxiémequestion poséepar l'Assembléegénérale A la Cour :

(iQuels étaientles liensjuridiques de ce territoire avec le Royaume du
Maroc et l'ensemblemauritanien ? a
Le Gouvernement de la Républiqueislamique de Mauritanie confinera ses

observations,A ce stade de laprocédure,aux liensjuridiques deceterritoire avec
l'ensemble mauritanien.
On se souviendra tout d'abord qu'ainsi que cela a étéexposé ci-avantI'en-
semblechinguittien ou mauritanien s'étendaitdu fleuveSénégaA l l'ouedSaguia
el Hamra - compte tenu de l'imprécisionnaturelle affectant tout oued et celui-
cien particulier. Cet oued,on l'aeneffet souligné,marque bien lafrontiere entre
deux mondes bien distincts 1.

'Robert Montagne, Les Berbèresetlemokhzen marocain,1930.88 SAHARA OCCIDENTAL

Celaétantposé,le Gouvernement dela République islamiquede Mauritanie

estime que la partie des territoires sous administration espagnole, au sud de
l'oued Saguia el Hamra, étaitpartie intégrantede l'ensemblemauritanien. La
relationjuridique entre les deux est une simple relation d'inclusion.En effet, le
Gouvernement de la République islamiquede Mauritanie espére avoir prouvé
dans les lignes qui précédentles éléments suivants :

1. La frontiéreinternationale établieen 1900-1912parla France et l'Espagne
a coupéarbitrairement des régionsnaturelles. La frontière n'est en rien une
frontiérenaturelle.
2. La frontiere a coupéde la meme maniérearbitraire les territoires des
confédérutionîde tribus OU d'émirars(en particulier l'Adrar).
11est inutile de rappeler ici les circonstances dans lesquelles la frontiere fut
établie.Cela a été largement analysédans la premièrepartie du présentexposé.

On sesouviendra que ce qui acomptéc'estessentiellement lesintéretsrécipro-
quesde la France et de l'Espagneet que lesintérêtd sela premièreont largement
prévalu.Cesintérêtsc,'étaitconserverl'Adrar,la sebkhadlIdjil, la route versles
provinces algériennes.Le tracéde la frontiére n'a tenu compte en rien des
établissementshumainset,enparticulier,des territoiresde tribusqui ont tousété
coupés.
3. Certes on pourrait dire quecephénoméne estgénérae ln Afrique,et quede
nombreux territoires africains ont ainsi étédépecéspar des parallèles et des

méridiens.II convient de souligner que cette caractéristiquea pourtant ici un
relief toutàfait fondamental, car il ne s'agitpas de tribus sédentaires,maisbien
de nomudes. En se référantaux cartes nos2 et 3 (IV, p. 374-375 et 380-38l), on
verraque non seulementtour lesierritoires de tribusont été coupésen deux,mais .
que tour lesparcours de nomadisarionl'ontété de mêmep ,arfois en troistronçons.
Ainsi unepartie du parcours étaitd'uncôtéde lafrontiére,lerestede l'autre.Les
puits, les cimetiéres,les oueds cultivés,lespâturages se trouvant sur descircuits
impératifspour mainrenir iovie des pasteurs se trouvaient scindés.

4. Si la frontiéres'était avéréreéelle,c'eût étéla fin du nomadisme, la des-
truction d'un mode de vie qui a sa tradition, sa grandeur et sa culture, c'eûtété
une forme d'ethnocide.Heureusement, il n'enfut rien. De 1886a 1912,on peut
dire que la frontikre étaitpurement sur papier, au moins du côtéespagnol '.
C'estbien parce que ceterritoire espagnol n'étaitpas occupéen fait que cheik
MaelAïnin ycréaSmara, dans unepartie librcdu payschinguittien. leplus loin
possible de l'influence étrangére.
Lecolonisateur français ne s'estinquiétéde ce fait que lorsque les territoires

espagnols sont devenus des zones de refuge pour (les dissidents i>ou <(non-
pacifiques »,c'est-à-dire tous ceuxqui n'acceptaient pas la colonisation. C'est
ainsiqu'en 1913lesFrançais n'hésitérenptasApoursuivre,enterritoireespagnol,
les tribus maures Rgueibat et Oulad Dleim qui leur résistaient,et même à .

'Ahmcd Baba Miske,traductionet commentaire d'un récitd'AlWassitintitulé
TableutcJela Mouriranie au debutdu XXcsiècl e.12-13 :
<(On sait ensuiteque pour des raisons internationaleusn accordpasséentre
Français etEspagnols (convention du 27 juin 1900)diviselepays en deux zones
d'influence différenteTs.utau moinsthéoriquement car,enpratique,lestribusdu
Sahel. nullement informéd ees l'accordet ignorant toutde leurqualité de futurs
sujetsdesdeux puissanceseuropéenne co,ntinuaientnomadiserdansleurszones
habituelles.rente Aquarante ansplustard,ellesdevaientserendre compte qu'en
dépassanttelou tel point du tracé bizarreet vague,lescampements devenaient
riFrançaisr ou «Espagnols t)et qu'ilfallaitde plusen plusrchoisir.r détruire Smara enplein territoire espagnol de Sakiet El Wamra l.C'estvers ce
pays que I'émirde l'Adrar atentéde fuir encore en 1932.
En 1934,on s'ensouviendra, un accord administratif fut passéentre lesdeux
administrations coloniales pour supprimer toutes entraves aux nécessitéd se la

transhumance.
Est-ilbesoin desouligner,ausurplus,que mishpart quelquesunitéstout àfait
limitées,aucune partie de la population des territoires occupéspar l'Espagne
n'étaitsédentaire.Elle faisait toute partie de tribus nomades dont le caractère
fondamental étaitd'étrerransfrontière.
LesOulad BouSba,lesOulad Dleim,lesRgueibat,etc., sevoyaientinscritssur
lesregistresfrançaisou espagnolspar l'effetdu hasard. Leurspuits, leursterrains
cultivés,leurs cimetikresdont ilsétaientancestralement propriétairessevoyaient
placer soudain au-delà d'une frontière établiepar les étrangers.
5. 11convient aussi, puisqu'il s'agitd'examiner les liens du «Sahara occi-

dental, avec l'ensemble mauritanien au moment de la colonisation, de se
rappeler qu'au débutde celle-ci,au moins pendant lesdix premièresannées,on
se trouvait dans une périodeoù l'émi~ de l'Adrar étaitla principale entitépoli-
tique du Nord et du Nord-Ouest chinguittien. t'influence, sinon le pouvoir de
l'émir,s'étendait alors - on l'a vu plus haut - jusqu'à l'oued de la Saguia el
Hamra et jusqu'h la péninsulede Rio de Oro (Dakhla). L'émiratde l'Adrar,
c'était la métropole culturelle et économique du Nord et du Nord-Ouest
chinguittien.
Les traitésdiIdjil sont,à cet égard, toutA fait symptomatiques. C'estgrice à
I'influencedel'émirquetous leschefsde tribusontpu étrerassemblés à Idjil.Les

deux traités sontsignéssous sa tente. 11signe - ou plutôt fait signer, suivant la
tradition guerrikre de l'époque - lesdeux traités,non seulement celui relatif à
l'Adrar, maisaussi celui relatifa la zone qui s'étendde l'Adrar Soutouf à l'oued
de la Saguia el Hamra. Combien est symptomatique le fait que les Oulad Bou
Sba qui,pourtant, avaient déjàsigné le traité avecBonelli,signent a nouveau en
présencede l'émir.
6. Certains diront : pourquoi invoquer ces traitésd'Idjil qui ne sontjamais
entrés envigueur, puisque l'Espagnene les a pas ratifiés?Ce fait est pourtant
irrelevant. Ce qui compte ici,cen'estpas que le traite ait ou non étératifié, mais

c'est qu'il est une preuve du pouvoir de I'Emir.
La question posée A la Cour n'estpas d'examiner la validitéinternationale de
telou tel titreque l'Espagneaurait pu faire valoirpour établirlafrontièreavec les
possessions françaises ici ou la ; la question ne porte pas non plus sur une
contestation territoriale entre l'Espagne et la France ou ses successeurs ; la
question estdesavoirsileterritoire, aumoment desonoccupation par l'Espagne,
avait une autonomie quelconque par rapport à l'ensemblemauritanien. Nous
croyonsavoir montrélecontraire, car aucuneentitc de l'ensemblenesetrouveau
coniplet au <iSahara occidental ».
Et le dessin géométrique quel'on peut voir aujourd'hui sur les cartes au

nord-ouest de l'ensemblemauritanien n'estqu'un ramassisdisparate de parties
de l'émiratde l'Adrar et de morceaux de quelques territoires de tribus.
Onpeut donc en conclure qu'au momentdelacoionisation espagnole leBilad
Chinguiti ou ensemblemauritanienétaituneentitéuniepar deslienshistoriques,
religieux,linguistiques,sociaux,culturelsetjuridiques, formant unecommunau-
téayant sa propre cohésion, etque lesterritoires occupéspar l'Espagne.appelés
«Sahara occidental n, ne formaient aucune entité propre, n'avaient aucune

' Désiré-Vuillemi n.stoire de in Mauriruniop. cit.p. 108.% SAHARA OCCIDENTAL

identitéet que la partie situéeau sud de l'oued Saguia elHamra faisait jundi-
quement partiede l'ensemblemauritanien.
La ferme conviction du Gouvernement mauritanien est que cette partie du
Saharaoccidental etleterritoire actuelde laRépubliqueislamiquede Mauritanie
constituent les parties indissociables de I'ensemblemauritanien.

Avant de conclure surla deuxième question posée, leGouvernement de la
Républiqueislamique de Mauritanie estime devoir rappeler que l'Assemblée
générale,par sa résolutiondu 13décembre1974,s'estbornée A demander a la
Cour «quels étaient les liens juridiques de ce territoire avec le Royaume du
Maroc et l'ensemblemauritanie?oL'Assemblée n'apascru devoirconfier a la
Cour la mission de procédera une quelconque délimitation géographiquequi
n'eut pas étéen harmonie avec la procédure consultativeengagée.
C'est pourquoi le Gouvernement de la Républiqueislamique de Mauritanie
demande seulement i la Courde constater qu'au momentde la colonisation par
l'Espagnela partie du Sahara actuellementsous administration espagnole avait
des liensjuridiques avecl'ensemblemauritanien. Il est toutefois utile,aux yeux
du Gouvernement de la Républiqueislamiquede Mauritanie, desoulignerquelà

où s'arrCteI'ensemblemauritanien commence le Royaume du Maroc. Annexe 1

CONVENTION SIGNEE LE 28 NOVEMBRE 1884
PAR LES INDIGÈNES DE LA COTEDU CAP BLANCET M. BONELLI,

REPRESENTANT DE LA SOCIÉTÉ ESPAGNOLE D'AFRICANISTES

[Traduction]

Louange a Allah l'unique !
Seul sonregne est durable !

Déclarent,ceuxdont lesnoms figurent aprèsladate, qu'est arrivé auterritoire
de latribudesOulad BouSba,3lacôtedelamer, don EmilioBonelli,représentant
de la Société espagnole d'africanirésidant Madrid,ville de. M. le roi
d'Espagne, avec mission de commercer, vendre et acheter.
Il a construit sur notre territoire une maison sur laquelle flotte le drapeau
espagnol et nous lui avons remisle territoire appeléUeu cap Blancde la
côte, pour qu'il se trouvesous la protection et l'autoriee S.M.le roi
d'Espagne, don Alfonso XII.

Stipulons entre lui etnous que nous n'admettrons d'autressujetsd'une nation
chrétienne que les sujets qui appartiennenlanation espagnole que nous
respecterons et considéreronsdans leurs personnes et leurA l'imagedu
respect et de la considérationque nous portons h la religion de notre prophéte
Mohamed (que la bénédictionet la paix soient avec!).i
Par ce contrat volontaire et avantageux pour le bien et l'amitiésincèreentre
Musulmans et Espagnols, le déclaronsavec satisfactien notre qualitéde
représentantdu chérifAbdel Aziz Ould el Mami, cheide la tribu précitée.
Et la paix.

Au 28 novembre de l'an 1884.
AHMED EL ALUJI.

MOHAME BDENYEIRAT EL ALUJI.
AHMED OULADMOHAME ELALUJI.

(Extrajtd'olivart, marquisde, Collenelosrratados,conveniadocumentos
internacionalevolume IX de la collection compléte(t.1885,26 novembre

1890),p.500,sous le numéroCXLIV bis -384bis.) SAHARA OCCIDENTAL

Annexe II

CIRCULAIRE PORTANT ORDRE ROYAL
TRANSMIS LE 26 DECEMB R884 AUX AMBASSADEURS ESPAGNOLSÀ L'ÉTRANGER
PAR LE MINISTRE D'~TATJ. ELDUAYEN POUR LES CHARGER DE NOTIFIER LE PRO-

TECTORATESPAGNOLSUR LESTERRITOIRESDE LA CBT E CCIDENTALED'AFRIQUE
COMPRISENTRELA BAIEDEL'OUESTETLECAP BOJADOR.CETTECIRCULAIREPORTE
ENANNEXELACONVENTION SIGNE L E28NOVEMBRE 1884ENTREEMILIOBONELLI.
REPRÉSENTANT LASOCI~T~ESPAGNOLED'AFRICANISTES.ET LESINDIGÈNES DUCAP
BLANC.

(Truduction]
Madrid, le 26 décembre1884.

Ewcellence,Monsieur,
Pour répondreau désir expriméA plusieurs reprises par la Socespagnole
d'africanistes et colonialisteset par la Sde pécheurscanario-africains;

Considérantl'importance des instalIations espagnolesétabliesau RioOro
(lat. 23' 36'N.) (long9"49' O.), Angra de Cintra (lat. 23O06' N.) (long.
10"01'0.) et baie de l'Ouest (lat. 20'51' N.) (long. 10' 5à'la côte occi-
dentale d'Afriqu;
Auvudesdocumentsque lestribusindépendantesdecctte partie delacbte,qui,
àdiversesoccasions,ont sollicitéetobtenu laprotection desFspagnols,ont signé
avec le représentantde la Société espagnole d'africanistes et colonialistedson

Emilio Bonelli, durant l'expédition réalpear celui-ci au mois de novembre
dernieA bord delagoélettedeguerreCeresen compagnieducapitaine de frégate
don Pedro de la Puente1;
S.M.leRoi(q.D.g,),voulant donner unepreuvede lasollicitudeaveclaquelleil
veut favoriser les intédetl'industrie et du commerce de l'Espagne, a tAnu
prendre en considérationla proposition du minisBrlaquelle il souscrit et, en
accordavec sonconseildesministres,confirmelesactesd'adhésionsignesdevant
M. Bonelli et prend soussa protection les territoires de la côte occidentale

d'Airiquecomprisentre labaie del'Ouestet lecap Bojador(la26'8'N.) (long.
8" 17'0.)et dans laquelle se trouve, enplus des points cités, lespoinlas et
Bombarde, sans préjudiceaux droits éventuels quedes tiers pourraient justi-
fier.
Jevous Faispartdelavo~ontedeSaMajestédecommuniqueràVotre Excellence
cette royale résolutionafinqu'elle soitportéeblaconnaissancedu gouvernement
auprésduquel vous 2tres accrédité.
Dieu, rtc.

J.ELDUAYEN.
(Extrait d'olivart, marquisCollecciondelorrutudosconveniasydocunieirtos
in~ernacionalev,olumeIX de la collection complète (t1,1885, 26 novembre
I890), p. 499-500, sous le numéroCXLIVbis. -384 bis.)

' Voicil'undesconventionsla seulequse trouveaministéretquenousdevons,
ainsqiuel'ordre royaqui précèdei,la bonneamitiéde S. Exc. MD. JuanPérez
Caballerochefde lasectioncorrespondante. Annexe III

SPANISH NOTIFICATION OF THE EXTENSION OF SPANISH
PROTECTION OVER CERTAIN TERRITORIES ON THE NORTH-
WEST COAST OF AFRICA, 9JANUARY 1885

(1) THEMARQUI DSECASALAIGLESI TO EARL GRANVILL (EECEIVED
12JANUARY ) ranslation)

Spanish Legation, London,9January 1885.

My Lord,
By order of rnyGovernment, 1have the honour to bnng to your Excellency's
notice that, as solicited on different occasions by the Spanish Afncan and

Colonists Society and the Canary-African Fishenes Society, considering the
importance of the Spanish Settlements established on the Gold River(Rio Oro)
(latitude 23' 36'north, long9"u49'west), atAngra de Cintra (latitu6' 23"
north. longitude 10û'l"west), and at Western Bay (latitude 20° 51' north,
longitude 10" 56'west), on the Western Coast of Africa, and in view of the
documents which the independent tnbes of this part of the Coast,who haveon
various occasions solicited and obtained Spanishprotection, have signedbefore
the representative of the Spanish African and Colonists Society, Don Emilio
Bonelli,during the expedition which took place inNovember last. on board the
ship of war Ceres, in conjunction with Captain Don PedrladPuente,Hjs
Majesty the King,myaugust Sovereign,desirousof givingproof of the solicitude

with which heendeavoursto advance the industrial and commercial interestsof
Spain, has been pleased to confirm the Acts of Adhesion signedbefore Sefior
Bonelli,and to take under his protection the territones of the Western Coast of
Afnca compnsed between the forementioned Western Bay and Cape Bojador
(latitude 26" 8'north, longitude 8" 17'west),and in which are included, besides
thepointsstated, Las PuntasaLa Bombarda,without prejudice to theexisiing
proved rights of third parties.
1 avail, &c.,

Marquis de CASALAIGLESIA.

British AccepiunceofrheAboveNotification

Foreign Office, 28January 1885.

M. le Ministre,

I have the honour to acknowledge the receiptof your note of the 9th instant,
stating that His Majesty the King of Spain has been pleased to take under his94 SAHARA OCCIDENTAL

protection,withoutprejudicetotheexistingrightsof thirdparties,theterritories
of theWesternCoastof Afrjca as thereindetailed.
1 have.&c.

(Extractfrom Hertslet(SirE.), TheMapof Afnca by Treav. A reprintof the
thirdeditionin threevolumes,FrankCass& Co. Ltd.,London,1967,Vol.III,
pp. 1163-1164.) Annexe IV

PROTECTORAT DE LA COTE OCCIDENTALE DE L'AFRIQUE
ENTRE LE CAP BOJADOR ET LE CAP BLANC.

DfiCRET ROYAL DU 10JUILLET 1885.

RAPPORT
Sire,

Un ordre royal en date du 26 décembredernier a déclaréplacée sous le
protectorat del'Espagnetoute la côtedel'Afriqueoccidentale comprise entreles
20 ct27degrés de latitude nord,dont lesimportants bancs de pêcheconstituent
un des principaux élémentsde vie de la population des Canaries, eou s'est
établie derniérementla société espagnole appeléCompagnie comrnerciulehis-
pano-africaine.
Parcette dkclaration, legouvernement a assumétacitement la tâche de pour-

voir& ladéfensedes personnesetdes biensdessujets résidantenceslieuxet ilya
actuellement une raison majeurede la remplir depuis lesactes de barbarie et de
révolte accomplispar lesindigènesdans la factoreriedeRio de Oro. La premiére
mesure A prendre dans ce but est de porter dans ces régions l'autoril'Es-
pagne, représenteepar un délégué du pouvoir suprêmequi, avec le titre de
commissaire royal,réuniratous les pouvoirs et lesattributions nécessairespour
maintenir l'ordreet assurer le gouvernement et la protection desétablissements
fondésdans lesterritoiressusmentionnésouquiviendraientayêtrefondép sar la
suite. Mais la créationde cette charge serait insuffisante, si elle n'était accom-
pagnéede l'envoidesforcesdemer etde terre indispensablespourfaire respecter
son autoritédes nationaux et des étrangers et,en même temps, our relever le
prestige de l'Espagndans l'espritdes naturels et établirpour l'avenirles signes
d'une possession effectivesur la côte sus-indiquée.

En conséquence,le soussigné, d'accord avele conseil des ministres, a l'hon-
neur de soumettre Bl'approbation deSa Majestéle projet de décretsuivant.
Madrid. le 10juillet 1885.

Sire, A.L.R.P. deV.M.

Article I- Le protectorat, constituépar ordre royaidu 16décembredernier
sur leterritoire dela côteoccidentale d'Afriquecomprisentrelecap Rojadoretla
baie de l'Ouest dans le cap Blanc, sera Ala charge du ministèred'outre-mer.
Article 2- Sousl'inspectionimmédiatedudit ministèreet aveclecaratérede
déléguédu gouvernementen résidencesur lacôtesusmentionnée,seranommé un

fonctionnaire qui porterletitre de commissaire royai.
Article J- Ce commissaire sera investi de tous les pouvoirs et attributions
indispensables pour le gouvernement et la défensedes établissementsfondésou
qui seraient fondéspar la suite sur le territoire compriskdprotectorat.96 SAHARA OCCIDENTAL

Article 4.- Il aura en outre le droit de conclure des traités avecles indigknes,
ainsi quede prendre possessiondes terrainsqui n'ont pas de maître, Achargede
rendre compte, dans les deux cas,au gouvernement pour obtenir l'approbation

requise.
Arricle 5.- Ilaura aussilecommandement enchefdesforcesdemeret de terre
qu'ily aura lapour le maintien de l'ordre et la défensedes territoires possé-
dés.
Arricle6. - Enfin ilexerceralajuridiction civileetcriminelleordinaire, sousla
dépendancedel'audiencedesCanariesetàcharge d'appelde sesdécisionsdevant
laditeaudiencetantsur terre quedans leslimitesde lazonemaritime appartenant
;ila côte susmentionnée.
Article 7.- Les ministres d'outre-mer,d'Etat, de grâceetjustice, de guerreet
marine prendront les dispositions nécessairespour l'exécutiondu présent
décret.

Le présidentdu conseil des ministres,

(Extrait deRGDIP, 1900,p. 760-761.Pour letexteoriginal en espagnol voirle

Bolerin de la Sociedad geografica de Modrid, t. XIX, no 3, septembre 1885,
p. 191-192.) Annexe IVbis

TRAITÉ DU 10MAI 1886PASSI?PAR ALVAREZ PEREZ
ET SIGNE AU PORT D'ARRECIFE LE DE LANZAROTE)

(A comparu l'Arabe Mohamed Ben Ali, dont on ne peut prkciser l'âge,
célibataire, paysanet natif dla tribu Beni Zorguin dans le continent africain
voisin ;et par l'intermédiairedel'interprétedelanguearabedon Manuel Dumbn
y Atalaya, igédevingt-trois ans, célibataire,habitant de Casablanca, au Maroc,

déclara :que pour son propre droit et comme mandataire et représentantdes
chefs de tribu Embark Ben Mhamed et Mohhamed Ben Belall,respectivement
des tribus Ait Mousa et-k~ 9rguin. qui habitent entre lefleuveChebaïkaet le
cap Bojador ;il déclara:que les chefs cités ettoutes les personnes sous leur
autoritésemettent depuis aujourd'huisous la protection de la Société espagnole
de géographie commerciale dela villeet de lacour de Madrid ; que cetsociété
pourra etablir sur lacôte et dans l'intérieurdu continent, commeellele souhaite
ou l'estime préférable,les ports, maisons, dépbtset cultures et aussi que les
Espagnols qui passent dans ce pays seront respectés etdéfenduspar les chefs
cités ci-dessu;que la Société espagnolede géographie commercialepaiera un
traitement de quinze duros ou soixante-quinze pesetas par mois, en argent ou

marchandises européennes,au chefdu <douar a dans leterritoire duquel sesont
établis desdépôts,étant entendu que le traitement est seulement considéré
comme salaire de la garde que le meme chef sera obligéde maintenir pour la
défensedes dépôtscités. Etenfin que, si ladite Sociéespagnole de géographie
commerciale subroge dans ses droits ici consignésle Gouvernement espagnol,
c'est-&-diresi elle lesmet Bsa disposition, et que l'Espagnedaigne les accepter,
ces chefs de tribu devront le considérer commeungrand bénéficeque leur fait
l'Espagne de les mettre tout de suite sous sa protection et abri sans autre
condition que celle qu'ilsrespectent la religion et les ))is.

La Sociétéespagnole de géographiecommercialea ratifiéensuite l'accordpar
sesre~résentantsdans cet écrit.don José AlvarezPéreze.t donJuan Campos. Ils
furen; témoins de ce qu'ils'connaissaient le Maure Moharned B& Ali,
don DomingoNegrinetdon Mateo Pefia ;et témoinsinstrumentaux, don Rafael
Ramirez et don Jacinto Gonzalez, habitants d'Arrecife.

(Extrait de Revista de geogrufia cornerciulMadrid, ler novembre 1886-
31janvier 1887,nos25-30,p. 62.) SAHARA OCCIDENTAL

AnnexeV

SAHARA OCCIDENTAL ET ADRAR

TRAITÉS RECONNAISSANTLA SOUVERAINETÉET LE PROTECTORAT
DE L'ESPAGNE, SIGNE SVEC DIFF~RENTS CHEFS DU SAHARA OCCIDENTAL
DANS LE TERRITOIRED'~YIL - 12JUILLET 1886

Dans le territoire nomméIyil (Sahara occidental), cinq kilomètres vers le
sud-ouest du puits Auigà22O28'de latitude nord, 9" 9' 15"de longitude ouest
du méridiende Madrid, le 12juillet 1886( 10de Chaoual de l'année1303de
l'hégire).

LaSociétéespagnold ee géographieconimercialeetsesreprésentantsMM. Ju-
lia Cervera y Baviera,capitaine du génie,Francisco Quiroga y Rodriguez, doc-
teur èssciences,professeual'universitéde Madrid, et Felipe Rivo y Rarnirez,
consul et professeur de langues, spécialiste enarabe : tous trois ayant forme la
commission envoyéepar la sociétéaiin d'exploreret étudiertesparticularitésdu
Sahara occidental et étantautorisésformellement par le Gouvernement espa-
gnol, déclarent:

Tous les territoires compris entre la cbte des possessions espagnoles de
l'Atlantique du cap Bojador au cap Blanc et la limite occidentale de l'Adrar
appartiennent il'Espagne à partir d'aujourd'hui.
Sontcompris entre ces territoir:El Auig,la sebjade Iyil,leTirisoccidental,
Ausert..N~g~ir,ElRegg,Rsaibet elAidhzem, Tenuca,Adrar Soutouf, Guerguer
et tous les territoires occupéspar les familles Ouled Bou Sba, les Mechdzouf,
Ehel Sidi Mhammed, er Rgueibat, et les quatre branches des Ouled Dleim,
c'est-A-direOuled Fligui, Ouled Tegued-di, les Aroussiyin, Tidrarin, Ouled

Bericallah et d'autres moins importantes.
Lorsdelaprisedepossession,ledrapeau national aétéhisséetleprésent traité
montré A plusieursArabes,représentantsdes tribus nomméesauparavant. Parmi
ces personnes se trouvent les chefs suiva:ts

Le cheik d'Ouled Bou Sba, Sidi Lafdzal, le chétifSidi Bechir Ben es Sayyid
Sbai,le chérifAdb el Ouedoud, lechérifAbdel el AziBen Abd el Koddous, le
chérifMohammed Ben elMujitir, OuldEfrut, lecheikd'er Regueibat,Ouled Sidi
Mohammed, l'émirOuld Muhammed, ancienpropriétairedes salinesdiIyil,et le

cheik de la tribu de Sidi Mohamed ;El Hafazd, le cheik d'Ouled el Fligui,
Ahmeyyen, cheik d'Ouled Udeica,Muhammed Abid-el-lah, le cheik d'Ouled
Bou Amar, Sidi Baba, le cheik d'OuledTegueddi ; les quatre derniers sont les
représentants desquatre branches des Ouled Dleim.Tous sont d'accord avecle
présenttraitéet ont nomméleur représentant pour le signer, le Hadj Abd el
Kader 1'Aj-dar. En foi de quoi nous signons avec M. le représentantarabe 3 Iyil le 12juillet
1886.
Capitaine du génieJULIO CERVERA.
FRANCISCQ OUIROGA.

FELIPERIZZO.
(Signéen urahe par) MD-EL-KADER-L'AI-DAR.

Dansle territoire de Iyil,frontiere de l'Adraret Tmaaudouzièmejour du
mois de juillet de 1886(10 de Chaoual de l'an 1303de l'hégire),la Société
espagnoledegéographiecommercialeetenson nom don Julio'Cerveray BaMera,
capitaine du génie; don Francisco Quiroga y Rodrigua, docteur èssciences,
professeur de l'universitéde Madrid, et don Felipe Rivo Ramirez, consul de
prerniéreclasseet professeur delangueset, en particulier, de l';lestroisen
commission envoyee par ladite sociétépour mener à bout les voyages d'explo-
ration et d'étudeIrl'intérieurdu Sahara occidental et antkrieurement autorisée
par le Gouvernement espagnol, déclarentce qui suit:

Ahmed BenMohammed Ould Aida,cheikAdrar etTmar,chefdela puissante
tribu de Yahya Ould Aman. accompagné desprincipales personnalitésde sa
cour :le chérifYeddou, des fils de Sidi Yahya; AzmanOuld Mohamed Ben
Kaimich, Edreïkh Ould Eynen Al Chinguiti, Sid Brahim Ould Megguid, Sid
Ahmed Ould Edde et SidiAbiggidBen Fermin, reconnait la souveraineté espa-
gnole sur tout le territoire de l'Adrar et Tmar et se met avec sa tribu sous la

protection du Gouvernement espagnol.
Les limites du territoire cité reconnuespar les Arabes du Sahara occidental
s'étendentdepuis leTudin aunord de Ouadanejusqu'h Aksar ausudde Oujeft ;
et depuis Iyilet lepuits Guimit, par l'ouest,jusqu'd Tixit, par l'est. Enpreuve de
soumission et subordination, le cheik Ahmed Ben Mohamed Ould Aïda donne
son cheval et son fusil au chef de la commission espagnole et sollicite du
gouvernement l'usage d'uncachet spécialpour authentifier les documents et
correspondances officiels qu'iladresserapar la suite auxautoritésespagnoles.Et
pourque soitcertaine lasignature, avecnous commereprésentantd'AhmedBen
Moharned Ould Aïda, qui ne sait pas signer, le chérifYeddou, des fide Sidi
Yahya, asigné.

A Iyil, le12juillet de 1886(10de Chaoual 1303).

Le capitaine du génieJULIO CERVERA.

FRANCISCQ OUIROCA.
FELIPERIZZO.
YEDDUOULD SIDI YAHYAD , ieu le garde.

(Cachet :Sociétéespagnole de géographie commerciale.)

(Extrait d'olivart, marquis de, Colleccibndelos trutudus*convendocumen-
iosinternacionales.Regenciade Maria Crisrina(t. 1, 1885,26 novembre 1890),
volume 1X de la collection complète,no CLXXII bis- 412bis, p. 501-502.)100 SAHARA OCCIDENTAL

Lesdroits reconnus l'Espagneparcesaccordsont étéplusou moinscontestés
par leGouvernement françaiLacommissionmixtenomméeen 1886,avecpour
objet de régler aussi biedifférendssuscitésau Rio Muha,approuve, réser-
vantAla formedéfinitive unaccord quidélimitelesuneset lesautrespossessions
au Sahara venantàsuivre les ligdu parallél21"20' nordde latitude et le
méridienIO0 longitude ouestPari s.dit pacte n'apas encore étératifiépar
les deux Etats, c'àlui que se réfèresans doute l'auteur anglais Hertslet en
citant un réglernentdu 26 décembre1886avec les conditions mentionnées. Annexe VI

1. LETTRE DE L'GMzR DE L'ADRAR AHMED BEN SIDl AHMED
À LÉON FABERT

LouangesBDieu ! Que ses salutations soient sur notre SeigneurMahomet, le

meilleur du monde de Dieu !
Ahmed Ben Sidi Ahmed, roi actuel de l'Adrar (des Yahya Ben Osman),
autorise le rédacteurde cette lettre BAcSidi Fabert et au gouverneur qu'il
accepte absolument l'alliance, la coutume et les conditions commerciales du
traité etil déclarequ'il ne s'allierajamais avec d'autres Européens queles
Français. Les représentantsdu gouverneur viendront le voir sous peu désqu'il
sera délivré.'il plait ADieu de ses occupations actuelles.
Salut.

Le rédacteur,

(Signé)MOHAMMEDBEN AHMED BENALIONM.

L'interprkte de la mission, rédacteur d'arabe au Gouvernementdu Séne-

gd.
(Signé) M.Bou ELMOGDAD.

11.TRAITÉ ENTRE LA FRANCE ET L'ADRAR
DU 20 OCTOBRE 1891

Louange ADieu l'unique !
Entre M. Henri de Lamothe, chevalierde la Légiond'honneur, gouverneurdu

Sénégalr,eprésentépar LéonFabert, officier d'académie,d'unepart, et Souyed
Ahmet Ould Aida, cheik de l'Adrar, d'autre part, il a étéconvenu ce qui
suit:

Article -.La France et l'Adrars'engagentréciproquemeAtvivresur lepied
de la plus sincéreamitiéetafavoriser le plus possible le développementdu
commerce entre les deux pays.
Article 7- La France déclarequ'ellen'interviendrajamais dans les affaires
intérieuresde l'Adrar. Elle fersonemieux pour protégerl'Adrar contre ses
ennemis du dehors.
Article 3- Le roi de l'Adrar s'engage1ine faire de traité semblable avec
aucune autre puissance étrangéreet se contente de l'amicaleprotection que lui

offre le Gouvemement français.
Article#.- Pour encourager le Gouvemement de l'Adrar A envoyer des
caravanes eA faire du commerce avecSaint-Louis leGouvernement du Sénégal
paiera chaque annéeau roi de l'Adrar une coutume de quatre cents piècesde
guinéefilaiure X.102 SAHARA OCCIDENTAL

Ardcie5.- Leprésent traitéefaipour une duréede trente annsdaterdu
jourde son approbation par le Gouvernemenfrançais.

(Signé)MOHAMME FDDH EL BEN MANSEIN EHBRIF.

L'interpréte,
(Signé)M. BOU EL MOGDAD.

Leprésenttraitm'aétéapportéaucamp d'Harishle29 octobre 1891,àmidi,
par lesdeux témoins ci-dessus,lesquelsont déqu'ilavaétéacceptéA Atar

par le roi de l'Adrle20 du mois courant.
La traduction par l'interpréteBouel Mogenda étéfaite immédiatement
sous les yeux des soussignés,

Le chef de la Mission,
(Signé]LEONFABERT,

officier d'Académie.

L'écrivaindes directionsl'intérieurdu Sénéga,ttachiila mission,

(SignéG. DESCEMET.

(Extrait des archivdurninistéredes affaires étrangèresde FrDossier
géneral19ûû.11.nouvelle sériAiriqueéquatorial5, folios 136-137.) Annexe VI1

AGREEMENT BETWEEN THE BRITISH AND MOORISH GOVERN-
MENTS, RESPECTING THE PURCHASE BY MOROCCO OF THE
PROPERTY OF THE NORTH-WESTAFRICA COMPANYIN TERFAYA
(CAPEJUBY). SIGNED 13MARCM 1895

[Translation]

Agreement asconcluded between the two personswho are going to signat the
end of this document, and they ar- the Vizier,the honoured, the worthy Cid
Hamad-ben-Moosa-ben-Hamad, and the gentleman the Minister, Mr. Satow ;
and they haveagreed to thesixîollowingclausesbelow,concerning the Govern-
ment (Moorish) huying, from the English Company called theNorth-West Afri-
can, thebuildings, &c..in the placethat isknown bythenameTerfaya, that is,in
the country of the tribe of Tekna.

Lnds between Wad Draa andCape Bojodorbelongro Morocco

1st Clnuse.If this Government buy the buildings, &c., inthe place above
named from theabove-narnedCompany, noone willhaveanyclairnto thelands
that are between Wad Draa and Cape Bojador, and which are called Terfaya
above named,and dl the lands behind it, becauseal1thisbelongstothe territory
of Morocco.

Such Lands norro be given ro any other Power

2ndCluuse.It isagreed that ths Government shallgiveitsword to the English
Governmentthat they willnot giveanypart of the above-named landsto anyone
whatsoever without the concurrence of the English Government.

AilProperty of Compunyto be hundedover ro Morocco for 50,000f

3rd Clause.If this Government buy the buildings in the place above named

from the Company abovenamed, thewholeof theproperty shallbelong to them,
namely, the buildings with their Stonesand wood, that areon the land or out at
sea(i.e.the reef),and thewholeof theproperty thaienclosedin thewallsof the
buildings, whether on the land or at sea, including cannons and any other
property, and no one shail be able to lay claim of any kind whatsoeverto the
aboveproperties or lands;and the price thisGovernment isto pay for al1this to
the above-named Company is put down at 50,000 E,half at the signing of this
document, theother halfwhenthe Government receivesoverinto their hands the
above-named lands from the Company above mentioned.

Places belongi~ito hre Companyto remain open ro Trude,Curtoms Dulies

4th Clause. If the Moorish Governrnent take over the place named from the
Company named by buying it, it shall rernain open for buying and selling,and104 SAHARA OCClDENTAL

the Customsduties forexports and imports shalbe thesameas atother ports on
the Coast.

MoorishGovernmenrnot to be compelledrobuildHouses,&c.,for Merchants

5th Cluuse.If the Moorish Government take over the place named from the
Company namedby buyingit,theMoorishGovernment shallnot build fromthe
moneyof the Treasury any houses forthe merchants to livein, or stores for their
merchandize,and shdl not supplyboats toland or shipcargo until suchtimeasit
may please theSultan to do so.

Righi of Merchantsto buiIdHouses, &c., or rheirownexpense

6th Clauîe. If any merchants wisb to bringrnerchandize to the place named,
and take a letter from iheMirister of theirnation, thisGovernment shall allot to
them a piece of ground at a rental to build suitable stores or dwelling-houses,at
the merchants' own expense, for 20years, and at the end of 20years. the said

ailotments, with the buildings thereon, shallbecometheproperty of the Moorïsh
Govemment.

Agreementof Sultan ojMoroccoto above Clouses

1have shown the sixclauses written above to the Sulta- God givehim the
victory- about the Agreementbetween usconceming thesesixclausesabout the
buying for the Government of OurLord the buildingsof the place named above.
The Emperor - God helphirn - agreedto themall,and allowedthem all.Alsohe
grants his consent to the buying of the buildings for his Governmen- God
prosperthem - from the Company named above for50,00 0,halfof itatonce,

and the other half when theGovemment receiveover the place named, which
shall be within six months, counting from the 1st Shawal next to the end of
Rabia 1next, and the Sultan- Godbless his sou1 - hasordered me to write the
above. And also the Government perhaps willget ready somepeople belonging
to them to go to the place above named at once, before they receiveit over, and
when theysend thern theywill let you know, so that you can give them a letter
from you to the Englishmen there, so that they will receive them.

16Ramadan 1312(1 3 March1895).

Agreemenroj BririshEnvoyroabove Claures,SuppIemenia~Clause

TO the worthy, honoured, and wise Vùier, Cid Hamad-ben-Moosa-ben-
Hamad.
1agree to thesixclauseswntten above.and Ialsoagree to the Company above
named sellingthe buildings at the place above named to the Government of the
Sultan - mayGod blesshim - forasumof 50,00 E.theGovernment topay half
at once, theother halfwithin sixmonths,counting fromthe 1stShawalnext (28th
March) to theend of Rabia 1next (19thSeptember),and the transfer of theplace
above named to the Moorish Govemment by the Company above named shalltake place whenever the Moorish Government pays down the remaining half,
namely, 25,000f, to the above-named Company.
In token whereof 1hereto nppend rnysignature, this 13thdaMarch,1895,
being duly authorized thereto by HeBntannic Majesty'sGovernment.
If the Moorish Government desire to send anyofficiais to resideat Cape luby
there isno objection,but beforedoing so theymust letmeknow, that 1maywrite
a letter to the Englishmen in charge there to receivethem.

(Signed) Ernest SATOW,
Her BrironnicMajesiy's EnvoyExrraordinaty
ond MinislerPienipoteniio~.

(Extract from Hertslet (Sir E.), Map ofAfricaby Treuly.A reprintofthe
third edition in three volumes, Frank & Co. Ltd., London, 1967,Vol.doc.
NO. 296, pp.970-972.) SAHARA OCCIDENTAL

Annexe VI11

CONVENTION POUR LA DELIMITATION DES POSSESSIONS FRAN-

ÇAISES ET ESPAGNOLES DANS L'AFRIQUE OCCIDENTALE, SUR LA
COTE DU SAHARAETSUR LACOTEDU GOLFE DE GUINÉE, SIGNÉE
A PARIS LE 27JUIN 1900

Le présidentde la Républiquefrançaise et S.M. le roi d'Espagne et, en son
nom, S.M.lareinerégentedu Royaume, désireuxderesserrerlesliensd'amitiéet
de bon voisinagequi existent entre les deux pays, ont résolude conalcet,
effet, une convention spécialepour la délimitation despossessionsfrançaiseset
espagnolesdans1'Aîriqueoccidentde, surlacôte duSaharaet surlacôtedu golfe
de Guinée, etont nommé pour leurs plénipotentiaires,savo:r

Le présidentde la Républiquefrançaise,
S.Exc. M.Th. Delcassé,député, ministre desaffaires étrangèresde la Répu-
blique française, chevalier de l'ordre national de la Légiond'honneur, grand-
croix de l'ordre royal et distinguéde Charles III,

Et S.M. le roi d'Espagne et, en son noS. M. la reine régente,
S.Euc.M. Fernando de Leon y Castille, décoréde l'ordre royal et distingué

de Charles III,grand-croix de l'ordre national de la Légiond'honneur, membre
de l'Académiedes sciences morales et politiques de Madrid, son ambas-
sadeur extraordinaireetplénipotentiaire près le président de la République
française.
Lesquels, apres avoir échangleurs pleins pouvoirs trouvés enbonne et due
forme, sont convenus des articles suivants :

Articlepremier.- Sur la côte du Sahara, la limite entre les possessionsfran-
$"ses et espagnoles suivraune lignequi, partant du point indiquépar lacarte de
détailA juxtaposéeàla carte formant l'annexà2la présenteconvention, surla
côteoccidentaledelapéninsuledu cap Blanc,entre l'extrémdececapettabaie
de l'Ouest, gagnerale milieu de ladite péninsule, puis,en divisant celle-cipar
moitiéautant que le permettra le terrain, remontera au nordjusqu'au point de
rencontre avecle paralléle21' 20'delatitude nord. La frontikre secontiàuera

l'estsur le O120'de latitude nord jusqu'a l'intersection de ce parallèleavec le
méndien15' 20'ouest de Paris(13" ouestde Greenwich). Decepoint, Ialignede
démarcations'eléveradans la direction du nord-ouest en décrivant,entre les
méridiens15"20'et 16'20'oues1de Paris(13'et 14'ouest de Greenwich), une
courbe qui sera tracéede façon a laiàiaFrance, avecleursdépendances,les
salinesde la régiond'Idjil,dela riveextérieure desquelleslafrontièresA tiendra
unedistance d'aumoinsvingt kilomètres.Du point derencontre de ladite courbe
avec le méridien15' 20'ouest dePari (13' ouest de Greenwich), la frontikre
gagnera aussi directementquepossible l'intersectiondu tropique du Cancer avec
leméridien14O20'ouestde Paris(12" ouestdeGreenwich)etseprolongerasurce

dernier méndien dans ladirection du nord.
Il estentendu que, dans la régionducap Blanc,ladélimitationquideyêtreeffectuéepar la commission spécialeviséeI l'article8de la présenteconvention
s'opérerade façon que la partie occidentale de la péninsule,ycompris la baie de

l'ouest, soit attribuée&l'Espagne,et que lecap Blancproprement dit et la partie
orientale de la mêmepéninsuledemeurent Bla France.
Article2.- Dans le chenal situé entrela pointe du cap Blanc et le banc de la
Bayadére,ainsi que dans les eaux de la baie du Lévrier,limitéepar une ligne
reliant l'extrémitédu cap Blanc à la pointe dite de la Coquille i)(carte de dé-
tail A juxtaposée & la carte formant l'annexe2 de la présente convention),les
sujets espagnols continueront comme par le passé à exercer l'industrie de la
pêcheconcuremment avec les ressortissants français. Sur le rivage de ladite
baie, les pecheurs espagnols pourront se livrer h toutes les opérations acces-
soires de la mêmeindustrie tellesque séchagedes filets, réparation desengins.

préparation du poisson. Dans les mêmeslimites, ils pourront élever des
constructions légéreset établir des campements provisoires, ces construc-
tions et campements devront êtreenlevéspar les pêcheurs espagnols toutesles
fois qu'ils reprendront la haute mer, le tout à lacondition expresse de ne
porter atteinte, en aucun cas ni en aucun temps, aux propriétés publiques ou
privées.
Ardcle 3. - Le sel extrait des salines de la régionde 1'Idjilet acheminé
directement par terre sur lespossessions espagnolesde la côte du Sahara nesera
soumis à aucun droit d'exportation ...
Article & - Les droits et avantages qui découlent desarticles 2, 3 et 5 de la
présenteconvention,étantstipulés raiion du caractere commun oulimitrophe,

des baies. embouchures. rivièreset territoires susmentionnés,seront exclusive-
ment résérvéa sux ressortissants des deux Hautes Parties contractantes et ne
pourront en aucune faqon êtretransmis ou concédés aux ressortissants d'autres
nations.
Article 7.- DanslecasoùleGouvernementespagnolvoudraitcéder, Aquelque
titre que ce fOt,en tout ou enpartie, lespossessioniqui luisontreconnues par les
articles 1et 4 delaprésenteconvention,ainsi que lesîles Elobey etl'îleConsco
voisinesdu littoral du Congofrançais,leGouvernement françaisjouirad'undroit
depréférence dans lesconditions semblables Bcellesquiseraient proposéesaudit
gouvernement espagnol.
Article 8.- Lesfrontièresdéterminéep sar laprésenteconvention sont inscrites

sous les réserves formuléesdans l'annexeno 1 à la présente convention, surles
cartes ci-jointes(annexes nos2 et 3).
Les deux gouvernements s'engagent à désigner,dans ledélaidequatre mois à
compter de la date de l'échangedes ratifications, des commissaires qui seront
chargésde tracer sur les Iieux les lignesde démarcationsentre Ies possessions
françaiseset espagnoles, en conformitéet suivant l'espritdes dispositions de la
présenteconvention.
Il est entendu entre les deux puissances contractantes qu'aucun changement
ultérieur danslaposition du thalwegdesriviéresMounietOutemboni n'affectera
les droits de propriétésur les îles qui auront été attribuéa chacune des deux

puissances par leproces-verbaldescommissairesdûment approuve par lesdeux
gouvernements.
Article9. - Les deux puissances contractantes s'engagent réciproquement à
traiter avec bienveillance les chefsqui,ayant eu des traités avecl'uned'elles, se
trouveront en vertu de la présenteconvention passer sous la souverainetéde
l'autre.
Article 10, -La présente conventionsera ratifiée et lesratifications en seront
échangées & Pans dans le délaide six mois et plus tôt, si faire se peut.108 SAHARAOCCIDEmAL

En foi de quoitessoussignésont dresselaprésenteconvention,qu'ilsont
revêtudee leur cachet.

Faità Parisen doubleexemplaire,Ie 27juin1900.

(Signe) DELCASSB.
(Signé)F. DE LE~N Y CASTILLO. EXPOS~ BCRIT DE LA MAURITANIE

Annexe M

PROJET DE CONVENTION FRANCO-ESPAGNOLE
RELATIVE AU MAROC

(Extraits.)

8 novembre 1902.

Le Gouvernement de la Républiquefrançaise et leGouvernement de S.M. le
roi d'Espagne, heureux de constater les relations amicalesqui existent entre la

France et l'Espagne et voulant les fortifier encore dans l'avenir pour le bien
commun des deux pays, sont convenus des dispositions suivantes :
Arric!eI. - La France, par la communauté desfrontières,l'Espagne par la
possession des présides,ont un intérstprééminent aumaintien de l'indépen-
dance territoriale, politique, économique, administrative, militaire etfinanciére

du Maroc.
Ellesne concluront donc, avecune puissance quelconque,aucune convention
d'aucune sorteni ne s'associeront, soitdirectement,soitindirectemenAaucun
actequi devrait avoirpour effet,soitd'yfavoriserl'établissement d'une influence
étrangère,soit d'y nuire1il'action légitimeet aux intérêse l'une d'elles.
Arricle2. - Si par la faiblesse du Gouvernement marocain, par son impuis-
sance à assurer l'ordre et la sécurou pour toute autre cause. le maintien du
statuquo devenait impossible, leGouvernement de la Républiquefrançaiseet le
Gouvernement de S. M.le roi d'Espagnedéterminent commeil suit leslimites A
l'intérieur desquelleschacun d'eux aurait le droit exclusif de rétablir latran-

qujlljté,e protégerla vie et les biens despersonnes et de garantir la libertédes
transactions commerciales.
Article3.- D'une part, la ligne de démarcation entrelessphéresd'iniiuence
française et espagnolepartira de l'intersectiondu mérid14'20'ouest de Paris
(12" ouest de Greenwich),visépar la convention du 27juin1900.avecle 26' de
latitude nord. qu'ellesuivra vers l'estjusqu'à sa rencontre avecla routeenracée
pointillésur la carte formant l'annexenoà la présenteconvention, et y reliant
Bir el Abbas à Mader lm Ougadir en passant par Tindouf. De ce point de
rencontre, elle remontera dans la direction du nord-ouest etjusqu'à son inter-

section avec I'ouedMerkala ladite route, dont l'usagesera commun dans cette
sectionauxressortissantsfrançaisetespagnols,lesoldela route ainsiqueceluide
Tindouf etdesabanlieue restant toutefoisdans lasphèred'influence françaiAe.
partir de cepoint d'intersection, lalignede démarcation remonteralethalwegde
l'ouedjusqu'à sasourcepour gagner de li, directement par le parallélepassant
par ladite source,le 10"de longitude ouest de Paris (7" 40'ouest de Greenwich)
qu'ellesuivra vers lenord jusqu'l la rencontre de I'ouedDraa. Elle remontera
ensuite par leurthalwegl'ouedDraa,puis l'ouedIdermi, puis I'ouedIririjusqu'à
sa source. De ce point, elle rejoindra aussi directement que possible le sommet

appelédjebel Siroua et de ce sommet gagnera la sourcede I'ouedSous, la plus
rapprochée,et descendra lethalwegdecette rivièrejusqu'Al'océanAtlantique. 11
est entendu que, pour le commerce des caravanes du Sous. le Gouvernement
espagnol pourra établir des entrepôtà Tindouf, ou lesdites caravanes auront
également droit à l'usagedes fruit...110 SAHARA OCCIDENTAL

Article 9- Aucune des deux Hautes Parties contractantes ne pourra, sans le
consentement de l'autre, aliénertout ou partie des territoires placésdans la
sphéred'influence.
Article 10- Leslignesde démarcationdéterminéep sar i'article3sont tracees
sur lescartes ci-jointes (annexes nosI et 2). Au cas où il y aurait Lieud'en faire
l'application sur le terrain, il est convenu qu'ilsera tenu complamesure
du possiblede la position des tribus limitrophes.
Article 1I- La présente convention,étantdestinéiirester secréte,ne pourra
êtredivulguée, communiquéeou publiée entout ou en partie sans un accord
préalableentre les deux Hautes Parties contractantes.
En foi de quoi les soussignés,

dûment autoriséspar leurs gouvernements respectifs, ont dresséla présente
convention qu'ils ont revêtuede leur cachet.

Fait A en double exemplaire, le

(Extraitde Documentsdiplomatiqueir/ran@, 2e sétienDII, p. 583-586.) Annexe X

1. ESPAGNEET FRANCE. DÉCLARATION SIGNÉE À PARIS
LE 3 OCTOBRE 1904

LeGouvernement de la Républiquefrançaise et leGouvernement de S.M. le
roi d'Espagne s'étantmis d'accord pour fixer l'étenduedes droits et la garantie
des intérêtqsui résultentpour la France de sespossessionssur lacôte du Maroc,
et leGouvernement de S.M. leroid'&pagne ayant, en conséquence,donnéson

adhésionAla déclaration franco-anglaisedu 8 avnI 1904relativeau Maroc et
l'Egypte, dont communication lui avait été faite parle Gouvernement de la
Républiquefrançaise, déclarentqu'ils demeurent fermement attachés àI'inté-
@té de l'Empire marocain sous la souverainetédu Sultan.
En foi de quoi les soussignés,S.Exc. le ministre des affaires étrangères et
S.Exc.l'ambassadeur extraordinaireetplénipotentiairedeS.M.leroid'Espagne
présle présidentde la Républiquefrançaise, dûment autorisésAcet effet, ont
dressé la présentedéclarationqu'ils ont rev@tuede leurs cachets.

Fait en double exemplaire, APans, le 3octobre 1904.

(LS.) (Signé) DELCASSB.

(,!.,S.)(SignéF. DE LE~N Y CASTILLO.

II. ESPAGNEET FRANCE. ACCORDSECRETRELATIF AU MAROC,

SIGNE À PARIS LE 3 OCTOBRE 1904

Leprésidentdela Républiquefrançaiseet S.M. leroid'Espagne, voulant fixer
I'tendue des droits elagarantiedes intérétsqui résultent pour laFrance de ses
possessions algériennes, etpour l'Espagne de ses possessions sur la côte du
Maroc, ont décidedeconclure uneconventionetont nornméàceteffet pour leurs
plénipotentiaires,savoir:

Le président de la République française, S. Exc. M. Théophile Delcassé,
député,ministre des affaires étrangèresde la Républiquefrançaise, etc;
Et S.M. le roid'Espagne, S. Exc. M. Leon y Castillo, marquis de1Muni, son

ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire présle présidentde la Répu-
blique française, etc. ;
lesquels,aprèss'5trecommuniquéleurspleins pouvoirs, trouvés enbonne et due
forme, sont convenus des articles suivant:

1.- L'Espagneadhére,aux termesde la présenteconvention, à la déclaration
franco-anglaise du 8 avril 1904relative au Maroc eà I'Egypte.
II. - La région située A l'ouest et au nord de la ligne ci-après déterminée
constitue la sphèred'influence qui résultepour l'Espagnede ses possessionssur
la côte marocaine de la Méditerranée...
III.- Dans lecasoù l'état politiquedu Maroc etleGouvernement chérifienne

pourraient plus subsister, ou si, par la faiblessede ce gouvernement et par son
impuissancepersistante àamener lasécuritéetl'ordre public.oupour toute autre112 SAHARA OCCIDENTAL

cause A constater d'un commun accord, le maintien du staru quo devenait
impossible, l'Espagnepourrait exercerlibrement son action dans la région déli-
mitée A l'article précédentet qui constitue dès h présent sa sphere d'in-
fluence.
IV.- Le Gouvernement marocain ayant, par l'article8 du traitédu 26 avril
1860,conckdé à l'Espagneun établissementASanta Cruzde Mar Pequefia(Ifni),
il est entendu que le territoire de cet établissement nedépasserapas le cours de

l'ouedTazeroualt,depuis sa sourcejusqu'à sonconfluent avecl'ouedMesa,et le
cours de I'oued Mesa, depuis ce confluent jusqu'h la mer, selon lacarte no2
annexee Ala présente convention.
V. - Pour compléter la délimitation indiquéepar l'article premier de la
convention du 27juin 1900,il est entendu que la démarcationentre les spheres
d'influence françaiseet espagnole partira de l'intersection du méridien14"20'
ouest de Paris avec le 26" de latitude nord qu'ellesuivra vers l'estjusqu'h sa
rencontre avecleméridien11"ouestde Paris.Elleremontera ceméridienjusqu'a
sa rencontre avec l'oued Draa, puis le thalwegde l'oued Draa jusqu'8 sa ren-
contre avec le méridien10" ouest de Paris, enfin le méridienIO0ouest de Paris
jusqu'à la ligne de faite entre les bassins de l'oued Draa et de I'oued Sous, et

suivra, dans la direction de l'ouest, la lignede faîte entre les bassins de I'oued
Draa et de l'oued Sous,puis entre lesbassins côtiers de l'ouedMesa et de I'oued
Noun,jusqu'au point leplus rapprochéde la source de I'ouedTazeroualt. Cette
délimitation est conformeAla délimitation tracéesur la carte no2 déjàcitéeet
annexée 5 la présenteconvention.
VI.- Lesarticles 4 et5 seront applicables en mëme temps que l'article2de la
présenteconvention. Toutefois le Gouvernement de la République française
admet que l'Espagnes'établisseAtout moment dans lapartie définieAI'article4,
A la condition de s'êtrepréalablement entendue avec le Sultan. De même,le
Gouvernement de la Républiquefrançaise reconnait désmaintenant au Gou-
vernement espagnol pleinelibertéd'action sur la région compriseentre le degré
26et 27"40'delatitude nord et leméridien1I "ouest deParis,quisont endehors
du territoire marocain.

VII.- L'Espagne s'engageAn'aliénerni àcédersous aucune forme, même à
titre temporaire, tout ou partie des territoires désisux articles 2,4 e5 de la
présenteconvention.
VIII.- Si,dans l'application des articles 2,4 et 5 de la présente convention,
une action militaire s'imposait Al'une des deux parties contractantes, elle en
avertirait aussitôt l'autre partie.En aucun cas, il ne sera fait appel au concours
d'une puissance étrangère.
lx. - La ville de Tanger gardera le caractère spécial que luidonnent la
présencedu corps diplomatique et ses institutions municipales et sanitaires,
X. - Tant quedurera l'étatpolitique actuel, lesentreprises de travaux publics,
cheminsdefer,routes,canaux, partant d'unpoint du Marocpour aboutirdans Ia
régionvisée à l'article2 et vice versa, seront exécutéespar des sociétés que

pourront constituer des Français et desEspagnols. De mêmei,lscra loisible aux
Français et aux Espagnols au Maroc de s'associerpour l'exploitation des mines,
carrières,et généralementd'entreprises d'ordre économique.
XI. - Les écoleset les établissements espagnols actuellementexistants au
Maroc seront respectés.La circulation de la monnaie espagnole ne sera ni
empéchée ni entravée.Les Espagnolscontinueront dejouir au Marocdes droits
que leur assurent les traités, conventions et usages en viguycompris ledroit
de navigation et de pêchedans les eaux et ports marocains.
XII.- LesFrançaisjouiront dans lesrégionsdésignée asuxarticles 2,4 et 5dela présenteconventiondesmêmesdroits qui sont, par l'articleprécédentr,econ-
nus aux Espagnols dans le reste du Maroc.
XIII. - Dans le cas où le Gouvernement marocain en interdirait la vente sur
son territoire, lesdeux puissances contractantes s'engaàeprendre dans leurs
possessions d'Afriquelesmesuresnécessairespour empêcherquelesarmeset les
munitions soient introduites en contrebande au Maroc.
XIV, - II est entendu que la zone viséeau paragraphe I de l'article7 de la
déclaration franco-anglaise du 8avril 1904, relative au Maroc et Al'Egypte,
commence sur la côte a trente kilométresau sud-est de Melilla.
XV. - Dans lecasoiila dénonciationprévuepar leparagraphe 3de l'article4
de ladéclarationfranc-anglaise relativeau Marocetà I'Egypteaurait eulieu,les

Gouvernements français et espagnol se concerteront pour l'établissement d'un
régimeéconomiquequi répondeparticulikrement à leurs intérêtréciproques.
XVI. - La présente convention serapubliéelorsque lesdeux gouvernements
jugeront, d'un commun accord, qu'elle peut l'êtresans inconvénients.En tout
cas,ellepourraêtrepubliéepar l'undesdeux gouvernementsa l'expirationdela
premiérepériodede son application, périodequi est définieau paragraphe 3de
l'article2.

En foi dequoi lesplénipotentiairesrespectifsont signela présente convention
et l'ont revétuede leurs cachets.

Fait en double exemplaire, a Pais, le 3octobre1904.

(Signé)DELCASS~.
(Signé] LE~N Y CASTILLO. SAHARA OCCIDENTAL

AnnexeXi

NOTE SUR LES COUTUMES DES POPULATIONS SAHARIENNES EN
MATIGRE D'ARRANGEMENTS CONTRACTUELS ET LES DROITS
RESPECTIFS DE LA FRANCE ET DE L'ESPAGNESUR L'ADRAR OCCI-
DENTAL (MINISTRE DES COLONIES)

Chez les nomades musulmans, plus particulibrement parmi les Maures de

l'Aga, du Tagant, du Hodh, de l'Adrar occidental, la législation faite d'usages,
de coutumes, de traditions, s'applique aux collectivités.Ilanpas de pouvoir
centralétabli,maisdes groupements plus ou moinsimportantserrant au grédes
saisonset des circonstances. C'estainsi que telle tribu aujourd'hui dans l'Adrar
se fixera demain dans le Hodh ou dans le Tagant sans perdre le bénéfice des
droits qu'ella acquis dans la premièrede ces contrées.Si, en effet, l'immensité
désertiqueest res nullicril existe une sorte de régimefoncier unanimement
reconnu et respecté.Chaque tribu a ses terrainde parcours, ses lieux de cam-
pements, ses puits. L'accèsdes mares et des cours d'eau, des carriéresde sel ou
autresproduits naturels du solnepeut lui2trevalablementcontesté :cesont des

ressourcesconsidéréec sommeétantd'essencedivineet au profit desquellesdoit
êtreadmisesur placel'universalitédes musulmans. Deloin ou de près, latnbu a
lajouissance desesbiens.Lesdroitssont héréditaires;ilspeuvent setransmettre
par voie de conquéte ou de cession amiable. Ils sont souverains.
Les tribus constituent de petites puissances,jalouses de leur indépendanceet
de leurs prérogatives. Ala têtede chacune d'elles estplacé un cheik, guerrierou
religieux,sorte de seigneur féodal,qui assistéde la djemaa (assembléede nota-
bles) défendles intérêtsde la collectivitéqu'il représente,prend des engage-
ments,dirige lecombatou la prière, règlpar lesarmesou au moyende contrats
les différendsquipeuvent surgir avectes autres tribus, C'est une sorte de baron
du moyen âge,souventcoupeur de routes, tenant de sesancêtresd . u prestigede
ses armes, de sa sciencethéologiqueou de sa piété, les prérogativeqsu'ilexerce

avec l'assentiment et sous le contrôle de la djemaa.
Voilhpour lesnomades. A côtéd'eux viventdessédentaireshabitant depetites
villescommeAraouan, Oualata, Chinguiti,In Salah,Tindouf, oudu ksar comme
Ouadan, Attar, Mabrouk, Boudjebiha, Mimoun. Et ceux-là aussi ont des cou-
tumes. des traditions. dont il faut tenir cornDte.Ils rmrésentent la ~artie labo-
rieusede la sont généralemenc t&merFan;s, industriels,ieur naturel
est paisible:tandis que les nomadessont les maîtres, lesdéfenseursvigilantsdu
pays,ilsen sont lesgérantsintéressésD. ecette situation naissent entrenomades
et sédentairesdes engagements réciproques,inte~ennent des contrats.
Souvent, dans certainescontréesou dans certains centres, une tnbu domine
par le nombre de sesguerriers,lesuccesde sesarmes,leprestige religieuxde son

chef ou de ses notables. Les autres,plus faibles,lui paient tribut jusqu'ti l'heure
où, devenueselles-mémes plusfortes,elless'affranchissentdesobligations quilui
ont étéimposées.
En aucun cas, le chef prépondérantdans le pays ne peut engager lescollec-
tivitésdans une guerre ou aliénerleur indépendance.Chacune d'ellesreprésente
une puissance respectueuse des traités que son cheik, délégué de la djemaa,
conclut en son nom.
Pour qu'un acte de puissance publique ait une valeur incontestée, il estessentiel qu'ilsoit établi parle principal cheik du pays et approuvépar chacun

des chefs des tribus intéressées, autorisésà cette fin par leur djernaa respec-
tive.
Un traitépassé avecl'und'eux,quelque soit lerangqu'il occupe,n'engageque
sa tribu et, par voie de conséquence,ne porte que sur les territoires oh sa
collectivitéestétablie.C'est,au surplus, ainsiqu'onopèrelorsqu'en paysmusul-
man on organise ledjehad(guerre sainte), qu'on engagedes dépensesde guerre
ou qu'on nartaee le butin.
C&régies rapidement esquissées,formentenquelque sorte. lecode
des nomades et des sédentairesdirectement daces sous leur déwendance.

Dans l'Adraroccidental notamment, elles;ont s~ru~uleuseme~tobservées.11
nefautpas oublier,eneffet,quecette régionest,parsa situation géographique,la
fertilitéde son sol, la densitéde sa population, l'importance des transactions
commerciales qui s'y opérent, la valeur de la sebkha d'Idjil, le rendez-vous
accoutumé desindigènesqui nomadisent entre le Maroc, Tombouctou et le
Sénégal. Letsribus du Tagant, du Hodh, de I'Agany sont représentées par des
fractions ou descommerçants : toutes y exercent desdroits séculaireset aucune
nepeut disposerde tout ou partie decesdroits sansleconsentement préalablede
leurs chioukh ou des notables qui les représentent.II convient de citer notam-

ment :les Oulad Ahel en Atsman, les Chorfa Douali. Laglal, Kounta, Taleb-
Moktar, Oulad BouSba,lesMedjdhouf,lesSemalil,lesOulad elHabab, lesAhel
Gora, les Oulad Boulaïa, les Oulad Delim.
Il y a quelques années,le cheik Ahmed Ben Sid Ahmed Ould Aïda, chef des
Ahel Ben Atsman, était considérécomme le principal guerrier du pays, les
chioukh Ma el Aïnin et Saad Bou du Taleb-Moktar en avaient la suprématie
spirituelle.
Actuellement lesKounta sont prépondérantset leur chef garantit la sécurité
des transactions commerciales aux fractions alliéessans, pour cela, avoir la
direction effectivedes affaires.Quantà Ma elAïninet Saad Bou,ilsont conservé

intact tout leur prestige religieux.
Aucuneéquivoquenepeut donc plus existeren cequi concernela validitédes
traitésque l'Espagneou la France ont pu conclure avec cespersonnages. Sices
traites sont établispar eux et ratifiéspar l'unanimitédes choukh des tribus
précitées, leur valeuerst incontestablDans lecascontraire, ilsnesauraient Ptre
valablement invoqués ; les Maures n'yattachent aucun prix : ce sont pour eux
des « papiers decomplaisance ))desimplesmarquesdedéférence d'uncheflocal
a l'égardd'une puissance européenne.
A défautde l'occupation effectivedu pays, la question doit donc êtreplacée

sur un autre terrain et envisagéeau doublepoint devuedeI'influencedirecteque
la France et l'Espagne exercent sur les tribus ou des intérêts commerciaux
qu'elles ont engagésdans l'Adrar.
Dans lepremier cas,la France a placé,pour ainsidire, soussonadministration
directe, les principales tribus représentées pardes fractions dans l'Adrar. Les
Oulad Ahel BenAtsman envoient périodiquement à Saint-Louisleurschefs faire
acte de déférenceau gouverneur general de l'Afriqueoccidentale française. Ils
ont reçu (le cachet fic'est-i-dire l'investiturede notre gouvernement et s'en
servent l'occasion, A l'exempledeschefsnoirsplacéssousnotreprotectorat. Les

Chorfa Douali, Laglal,Tdeb-Moktar, dont des chioukb principaux sont dans le
Hodh et le Tagant, nous ont donné à plusieurs reprises, des témoignagesde
soumission absolue et sous forme de droits de péage,acquittent leurs impôts et
reconnaissent notre suprématie.Les Medjdhouf, maîtres du Hodh, ont fait leur
soumission en 1899,viennent payer une forte contribution de guerre et conti-Il6 SAHARA OCCIDENTAL

nuent A se soumettre aux redevances que nous leur demandons. Quant aux

Kounta et aux tribus secondairesquiendépendent,nousdevonslesconsidéreret
ils se considérent comme nos sujets, aussi bien par leur origine que par les
relations étroitesque nousentretenons avecleurschioukh fixesdans la régionde
Tombouctou, dans leTouat, dans le Hodh, dans leTagant, c'est-à-dire dansdes
contrées aujourd'huiplacéessous notre domination.
Les indigènesde l'Adrar constituent une fraction peu importante et suivent
naturellement la ligne de conduite de leurs chefs temporels et spirituels.
Au point devue commercial,il suffit de rappeler que les habitants de l'Adrar
s'approvisionnentcheznossujetsdu Sénégaled tu Soudanaveclesquels ilsontde
constantes relations d'intérét.
Nous ne pouvons rien préciseren ce qui concerne l'influence exercéepar

l'Espagnedont le nom mêmeest inconnu parmi la plupart des Maures qui nous
occupent.
On nesaurait donc tenircompte de traitésayant un caractéreindividuelnon
suivisd'exécution,pas plus qu'il n'ya lieu d'examiner de prétendusdroits non
justifiés. Anotre avis,une délimitationen longitude du Rio deOro ne peut être
qu'une Œuvrede bonne entente entre les Gouvernements français et espagnol.
Mais Aaucun prix nous ne pourrions abandonner la sebkha d'Idjiet Chinguiti.
Ceseraitcompromettre gravement lecommercedu Sénégaeltdu Soudan, arrêter
notre extension vers le nord, élever unobstacle insurmontablà lajonction de
nos possessionsde l'Afriqueseptentrionale avecnotre colonie au Sénégaln,ous

priver de nos futurs postes d'avant-garde au sud de l'Empiremarocain et porter
la plus graveatteintaux intérêtpsrimordiaux des Maures, nos protégé su nos
sujets.

(Extrait des archives du ministéredes affaires étrangéresde France, Dossier
généru l900, II, nouvellsérieA, frique équntorial5,folio138.) INDEX DE NOMS DE LIEUX, DE PERSONNES
ET DE GROUPEMENTS

Abd el Kader I'Aj-dar= Abdel Kader Ahmed Ben Mohammed Ould Aïdda
Lakhdar = Ahmed Ould Mhammed Ould
Marocain du Rif, interprète de la Ahmed Ould Aïda = Ould el Aïda
mission Cervera. = Ould Aïdda
Adrar = Adrar Trnar = Adrar Emir.
Ahmed Ben Sidi Ahmed = Ahrned
Temar Ould Sid Ahmed.
1. Massif montagneux du Sahara
occidental. Ahmed BenSidiAhmed OuldAïda =
2. Emirat s'étendant sur l'Adrar Soueyed Ahmet Ould Aida.
Tmar et régionsvoisines. Ahmed el Aluji(El Allouchi).
Adrar Nwejel Ahmed Ould Soueïd Ahmed Ould
Ancien nom de la kedia d'Idjil. Aïda = Soueïd Almet Ould Aïda.
Adrar Setef Ahmed Uled Mohamed el Aluji (Al
V. Adrur Suttuf. Allouchi)
Adrar Soutouf Les Ahel Allouchi sont une famille
Oulad Bou Sba, fraction Dmeissat.
V. Adrur Sutlu/.
Adrar Suttuf Ahrneyyen = Hmoyene (cheik des
Relief du sud-ouest du Tins. Oulad Dleirn)
V. Ahr Tmur. Aïn Rentilli
Agadir Doum Poste administratif mauritaniànla
Ile et baie au large du littoral mau- frontière de la Saguia.
ritanien. Aïn Salah
Agan Oasis du Sahara algérien.
Zone nord-est d'El Guebla. Ait Moussa Ou Ali
Tribu de la confédérationTekna
Agüera
Poste espagnol à l'extrémitéde la dont lecentre estGoulimineMaroc
presqu'île du cap Blanc. méridional.
Aguerguer Akchar
Régionsublittorale du Rio de Oro. Zone sableuse (voir carte no3. IV,
Ahel Bankalla = Beric Ai-lah p. 380-381).
Tribunomadisant en Mauritanie et A-Ksar
au Rio de Oro. V.Akchur.
Amessaga
Ahel el Haj el Mokhtar PlainerocheuseentreAdrarTmar et
Tribu de l'Adrar Tmar.
Ahel Inchin Akchar,
Populations de I'Inchiri. Amgarij
Ahel Mohammed Salem Tribu vassale de l'Adrar.
Tribu maraboutique nomadisant en Angra de Cintra
Mauritanie et territoires sous admi- Baie.
nistration espagnole. Araouane
Ahel Sidi Mahmoud Ksar situédans I'Azaouad, Mali.
Tribu importante du sud-est de la Arguin
V.Agudir Doum.
Mauritanie.
Ahel Sidi Yahya? Armankour
Ahmed Ben Ali Marabouts d'Armankour.
Notable des Izirguin. V.Iduou el Haj.118 SAHARAOCCIDENTAL

Amsiyin :Aroussiyin Blanco
V. cap Blanc.
Importante tribu du Sahara occi- Bojador
dental.
Aryila = Azila V. cap Bojador.
Port du Maroc septentrional. Boudjebiha
Atar Oasis du nord du Mali.
Ville principale de l'Adrar Tmar. Brakna
Auig Tribu qui aformél'émiratdecenom
Puits du Tins. dans le sud de la Mauritanie.
Ausert
Puits dans le Tins. Cab0 Blanco
V. cap Blanc.
Awessred Canaries
V. Auser[. Iles.
Ayoun el Medelchi Cap Blanc.
Chef-lieu desterritoires administréCap Bojador.
par l'Espagne. Cap Juby = Tarfaya
Azefal Chebaïka.
Zone sableuse (voir carte 3).
Azmen Ueld Mohamed Ben Kairnisch Oued du nord de la Saguiael Ham-
= Oihman Ould Moharned Ould ra.
Nghaïmich = Xibija
V. Chebaïko.
Poète-chanteur de l'entourage de Cheik Mohammed el-Mami
l'émir. Savant et mystique des Ahel Bari-
Azouad kalla(XIXe siècle).
Régiondu Saharaoccidental dans le CheikMael Aïnin = Malainine
nord du Mali. Ould Cheik Moharned Fadhel
Azougi Célèbresavant, mystique et homme
Ancienne capitale almoravide dont
les ruines subsistent aux environs politique chinguittien (1833-1910).
d'Atar. Abd-el-aziz Ben
dus ?
Azraquin ChérifAbd el Aziz,Ouled el Mami =
V. Jzirguin. AbdelAzizOuld elMamidela tribu
Oulad Bou Sba fraction Dmeissat.
Bahia del Oueste ChérifAbd-el-Uedud = Abdel Oue-
V. Baie deI'Ouesr. doud Ould Seyyid des Oulad Bou
Baie de l'Ouest= Dakhlet Nouadhi-
bou. ChérifMohamed Ben el Mejitir?
Bakar Ould Soueid Ahmed
Emir du Tagant. Chérif Sidi Mohamed el Emir ueld
Bakel Muhammed ?
ChérifYeddu = Jiddou ?
Ville sur le fleuve Sénégal. Chinguiti
Bejdour 1. Citeoasisde l'Adrar Tmar.
V. cup Bojador. 2. Ensemblechinguittien = ensem-
Ben Fermin ? ble mauritanien.
BericAl-lah : Barikalla= Ah1 Bari-
kalla. Descendants du Prophéte.
BiladChinguiti = payschinguittien= Cintra
ensemble mauritanien
Bir el Abbas Baie.
Puits du Sahara occidental. Dakhla = Villa Cisneros
Chef-lieu du territoire espagnol de
Blanc Rio de Oro.
V. cap Blanc. Guelta du Zemrnour
Dakhlet Nouadhibou Mare de rochers.
Presqu'îledu cap Blanc.
Dumus Guerguer
Puits du Tiris. V.Aguerguer.
Dra = Draa Guimit ?
Oued (cours d'eau)saharien, consti- Habchi
tue, sur une partie de son cours, la
frontiérealgéro-marocaine. Lieu dit proche de la rive nord de
l'oued Saguia.
Hamada d'El-Gada
Ehel Sidi Mhammed, fraction Kounta V. El Gada.
el Metghembnne Hamada de Tindouf
Vivent dans l'Adrar et étaientpro- Plateau.
priétairesde la sebkha d'Idjil. Hasi Bou Hafra
Lieu dit territoire des Oulad De-
Eg lim.
Puits et relief du Tins.
El Aaïen = El Aeïun Hilaliens
V. Ayounel Medelchi. Tribusarabes arrivéesenAfriquedu
El Argoub Nord au Xiesiècle.
Lieu de péchedu littoral de Rio de Hodh
Oro. Régionde plaine du sud-est de la
El Gada = Hamada d'El Gada Mauritanie.
Plateau en bordure nord de l'oued
Saguia. Ideichilli
El Hafazd Cheik des Ouled Fliggui. Tribu de l'Adrar.
Ideyboussat
Embarek Ben Mhamed = Mbark ben Tribu du Tagant et de l'Adrar.
Mhammed Ideyghoub
Chef Tekna. Tribu d'El Guebla et de I'Inchiri.
Erguibats = Rgueibat
Importante confédérationde tribus Idjil
du nord chinguittien. 1. Sebkha (saline) du nord de
Es-Ragg = er Ragg l'Adrar.
V. Rug Lemhoun 2. Kedia = massif de montagnes
Es-schijuld-Eynen = Cheikh Ould ou se trouvent les mines de fer
exploitéespar Miferma.
Aynina Al-Chinguiti. Idaou Ali = Idaw Ali
Tnbu dont le centre principal est
Chinguiti en Adrar.
Galam Idaou el Ha4
Régiondu Mali le long du fleuve
Sénégal. Tribu représentéeen Adrar A Oua-
Galgo. bahia = baie du Lévrier. dane et dans El Guebla (souslenom
Gdala de marabouts d'Arrnankour).
Tnbu qui a fait partie du mouve- Idouich
ment almoravide. Sesreprésentants Tnbu propre des émirsdu Tagant.
aujourd'hui se trouvent dans plu- I'Dowiche
sieurs régionsde l'ensemblemauri- V. Idouich
tanien. Ifni
Territoire du sud-ouest du Maroc.
Ghalarnâne
Pénéplainecristalline au nord de la Iguidi
Mauritanie. Zone sableuse du nord-est de la
Guebla = El Guebla Mauritanie.
Régionsud-ouest dela Mauritanie, Imeragen = Imraguen
pays des Trana et des Brakna. Groupes de pêcheursdu littoral120 SAHARA OCC

atlantique en Mauritanie et Sahara Lévrier
administrépar l'Espagne. Baie du littoral maurita~en. Au
Irniiicl= Imricli fond de la baie se trouvent Noua-
Pénéplaineau sud de l'oued Sa- dhibou (ex-Port-Etienne) et La
guia. Agüera.
Inchiri
Pknéplainede l'ouestde laMaurita- Mabrouk
nie. Village,oasis du Sahara malien.
Itsidrann = Oulad Tidrarin. Mader Im Ougadir
Iyil Lieu sur l'oued Draa.

V. 14iI. Majaba el Koubra
Izirguin = Zorguin = Zerguiyine Désertdu nord-est de la Maurita-
Tribu de la confédérationTekna vi- nie.
vant principalement dans le terri- Maki1Hassan ou Hassan tout court
toire administré par l'Espagne. Groupe de tribus arabes venues en
Afrique du Nord avec les Hila-
Juby liens.
V.Turfayu. Matas de los Majoreros
Crique.
Karakoro Mechdzouf = Mechdouf
Affluent du Sénégal. 1. Tribu de l'Adrar.
2. Tribu du Hodh.
Khatt Semersrou Medlech
Région du temtaire administre
parl'Espagne. Tribu maraboutique nomadisant
Khatt entre El Guebla etl'oued Saguiael
RégionséparantAdrar et Tagant. Hamra.
Kounta Merkala, oued
Tribu répanduedans différentesré- Affluent de la rive gauche de l'oued
gions de la Mauritanie et au Mali. Dra.
Kounta Chournrnad Mesa, oued
Groupe desKounta vivant enAdrar Cours d'eau du sud-ouest maro-
et fournissant leschefsdes EheISidi cain.
Messeyyed Lekhel
Mohammed.
Site de pêcheen territoire adminis-
Ladem tre par I'hpagne.
Tribu représentéedans différentes Mimoun
régionsdu Sahara administré par Oasis du nord du Mali.
l'Espagne et en Mauritanie. Mohamed Ben Yeirats Al Aluji (El-
Laghlal Allouchi).
Tribu de l'Adrar et du Hodh. Mohhamed BenBella1
Lanzarote Chef Tekna.
Ile. Muhammed Abid-Al-Lah = Moha-
La Ouina rned Abdallah?
V. OuitiaO Meuno.
Negyir = Negjir
Lawej = Laouej
V. Auig. Monticule dans le Tiris et point
Legrar d'eau.
Zone d'épandage dans l'oued Sa- Nouadhibou = Port-Etienne = Uadi-
guia. bée
Le Kdadra Nouakchott
Tribu cliente des Kounta Chou- Capitale dela Républiqueislamique
mad. de Mauritanie.Nouamghar Regueibat El Mjaourine
Village de pêchesur la côte de la Groupe Rgueibat.
Mauritanie. Rgueibat
Noun Conléderation de tribus du Sahara
Cours d'eau et régiondu sud du occidental (Mauritanie, territoires
Maroc. administréspar l'&pagne).
Rich-Anajim
Ouadane Régionde guelb.
V. Wudane. Rio de Oro
1. Presqu'île du littoral atlantique
Oualata du Sahara ou se trouve Dakhla(Vil-
Ville du Hodh+
Oueste la Cisneros).
V. Baie de l'Ouest. 2. Une des divisions administra-
Ouina O Méano tives du Sahara administré par
Mouillage. l'Espagne.
Oujeft Riyade
Oasis de l'Adrar Tmar. Rive sud de l'oued Saguia.
Oulad Akchar Rsaihet El Aïdhzam ?
Tribu de l'Adrar.
Oulad Amonni
Saad Ru = Cheik Saad Bouh Ould
Tribu de l'Adrar. Cheik Mohamed Fadhel, frérede
Oulad Bin
Tribu d'El Guebla. Cheik Malaïnine, Cheik Saad Bouh,
Oulad Bou Sba = Ulad Sba = Ulad m. 1917dans le paysdes Trarza.
Bu Sba Saguia el Hamra = Saguiet el Hamra
Tribu nomadisant A cheval sur les = Sagya el Hamra
frontières entre la Mauritanie et le Oued du Sahara occidental dont le
territoire administre par l'Espagne. bassin versant constitue une vaste
Oulad Ghaïlane régions'étendantde la Hamada de
Tribu de l'Adrar. Tindouf et du Zemmour Irl'Atlan-
tique.
Oulad Tidrarin = Itsidrarin Sahel Labiad
Tribu du territoire administré par
l'Espagne. Partie de la côte parseméede dunes
Oulad Yahya Ben Othmane (voir cartes).
Confédérationde tribus guerrieres Sakiet El Hamra
de l'Adrar et régions voisines. Une des divisions administratives
Ould Aïdda du Sahara administré par l'Es-
V. Ahmed Ben Mohammed. pagne.
V. Su~uia el fiamru. oued.
sarihajas*
Podor Ensemble de tribus de langue ber-
Ville sur le fleuve Sénégal. bérequi occupaient le Sahara occi-
Portendick dental et les régions voisines aude-
Anciennement mouillagedans la ré-
gion de Nouakchott. but de la périodeislamique.
Port-Etienne = Nouadhibou. Santa Cruz de Mar Pequefia
Ancien établissement espagnolqui
Puerto Cansado fut identifiiiIfni.
V. Aryila. Sebka = Sebkha = Sebja
v. idjil.
Rag Lemhoune Seken
Plaine rocheuse entre l'oued Saguia Bordure de la Hamada de Tin-
douf.
et l'Adrar Soutouf.122 SAHARA OCC

Semalil Teizegne
Tribu du Hodh. Tribu de l'Adrar.
Sénégal Tekna
Fleuve. Confédérationde tribus arabo-ber-
Sidi Abiyyid? bPresdu Sudmarocain (ouedNoun-
Sidi Ahmed Ergueibi oued Draa) et de la Saguia.
Ancetre éponyme desRgueibat. Tendegha = Tendgha
Tribu maraboutique dont le terri-
Sidi Ahmed Ould-ed-de ?
Sidi Bechir Ben es Siyyid Sbui. toire va d'El Guebla au Rio de
SidiBrahim Ould Megguid = Brahim Oro.
Ould Mogayya, chef des Oulad Tenoaca = Tenouaka = Tenouakka
Ghailane, et conseiller de l'émirde Puits du Tins occidental.
l'Adrar. Tichit = Tixit
Sidi Lafzdal = Sidi Lafdhal. Villede l'Est mauritanien.
Smacid = Smacide Tidra
Tribu de I'Adrar dont les centres Ile, au large de la côte maurita-
principauxsont Atar et Oujeft. nienne.
Tijirit
Smara Plaine rocheuse.
Centre sédentairecrépar cheik Ma
el Aïnin dans l'oued Saguia. Tindouf
Soninké V. IJumudu de -.
Peuple vivantdans le sud-est de la Tinigui
Mauritanie, auSénéga et au Mali. Ancienne oasis de l'Adrar Tmar.
Soueyed Ahmet Ould Aïda = Tinioulig= Tenioulig
Ahmed Ould Soueid Ahmed Ould Saline (voir carte nD3, IV, p. 380-
Aïda = Ahmed Ben Sidi Ahmed 381).
Ould Aïda Tins
Région de pénéplaine sédimen-
Ernir de I'Adrar 1891-1900. taire.
Sous
Oued et régiondu Sud marocain. Torchane
Tribu de l'Adrar.
Toucouleurs
Tachomcha Peuple vivant en Mauritanie et au
Confédkrationde tribus vivant dans Sénégal.
ElGuebla, Inchiri,Adrar, territoiresTourine
administrés parl'Espagne. Puits dans le nord de I'Adrar.
Tadjakant Trana
Tribu importantehabitant dans le Importante tribu dusud-ouest de la
Mauritanie, constituéeen émirat.
sud-est, le sud et le nord du pays
chinguitien. Tudin ?
Taielli
Plaine du littoral dans la régine
Nouakchott. Uadane
Tagant V. Wadane.
Région montagneusedu centre-est Uadibée
de la Mauritanie. V. Nouodhibou.
TalebMokhtar Ulad Moussa = Oulad Moussa
Tribu du Hodh dont cheik Malaï-
Fraction des Rgueibat.
nine étaitoriginaire. Ulad Sba
Tarfaya = Terfaya = cap Juby. V. Oulad Bou Sba.
Taziazat Uld elAida = Ahmed Ben Mohamed
Plaine rocheuse. Ould Aïda, émir del'Adrar. Wadane
Uled Bu Amar = Oulad Ba Amar Ville de l'Adrar Tmar.
Fraction Oulad Dleim.
Uled Delim = Oulad Dlim = Oulad
Dleim Xibija
Importante tnbu dela Mauritanie et V. Chebaika.
du Riode Oro.
Uled Efriit= Ould Afreyyit
Les Ould Aîreyyit sont une famille Yaggout
importante de la fraction Oulad
Moussa, dela tnbu Rgueibat. Tribu de la confédérationTekna.
YehyaOu Osman = Yehya Ou Azmén
Uled-Fligui = Oulad Lekhliga = Oulad Yahya Ben Othmane.
Fraction des Oulad Dleim.
Uled Sidi Mohammed el Laxanna el
Souri? Zemmour
Uled-Tegueddi = Oulad Tegueddi Massif montagneux du Sahara occi-
Fraction desOuladDleim. dental.
Uled Xuij = Oulad Cheikh V. Gueltu.
Une des subdivisions des Rguei- Zemmour Labiad
bat. Parseméde dunes.
Zemmour Lakhadar
Uled Xuij = Oulad Chikh.
Uyeft = Awjett Plateau du Zernmour.
V. Oujefi. Zerguiyin
V. Izirguin.
Villa Cisneros Zorguin
V. Dukhla. V. Jzirguin. CARTES '

ANNEXÉES a L'EXPOSÉ ÉCRIT
DE LA REPUBLIQU IELAMIQUE DE MAURITANIE
(MARS 1975)

Carte na :CARTE PHYSIQUE DU NORD-OUESTDE L'ENSEMBLE MAURITANIEN.
Carteno 2 : PARCOURDE NOMADISATION DANS LE NORD-OUEST DE L'ENSEMBLE
MAURITANIEN (CARTE D'ENSEMBLE).
Carteno3 :PARCOUR DENOMADISATION DANS LE NORD-OUEST DE L'ENSEMBLE
MAURITANIEN (D~TAILS).

Carte no 4: LOCALISATIO DES PRINCIPAUX GROUPEMENTS JXFL~GIONS DE
L'ENSEMBLEMAURITANIEN.
Carteno5 :ANNEXE IÀ LA CONVENTION DU27JUIN 1900ENTRELAFRANCE ET
L'ESPAGNE.
Cart no6 : CARTE &SULTANT DU PROJET DE TRAIT BRANCO-ESPAGNOL DU
8 NOVEMBRE 1932.
Carte no 7:CARTE &SULTANT DE L'ACCORD SECRET FRANCO-ESPAGNOLDU
3 OCTOBRE 1904.

Carteno8 :CART ESULTANT DE L'ACCORD FRANCO-ESPAGNOL DU27NOVEM-
BRE 1912.

Non reproduitessacartes n2 et3 (IVp. 374-37et380-381). [Note du
Grefle.1 EXPOSÉ ÉCRIT
DU GOUVERNEMENT MAROCAIN

La demande d'avisadresséeiila Cour internationale de Justice par 1'Assem-
blée générald ee l'organisation des Nations Unies au sujet du Sahara occi-
dental porte sur une double question juridique dont la solution doit, selon les
termes de la résolution3292(XXIX), permettre à l'Assembléede poursuivre
l'examen de la question poséepar la persistance d'une situation coloniale
dans ce territoire a. II s'agit pour la Cour d'assister l'Assembléegénéraledans
l'exercice de ses fonctions relatives au règlement de la question du Sahara

occidental.
Dans cette perspective, les deux questions poséàla Cour intéressentplus
spécialement troisEtats qui, en raison de leur situation géographiqdeeleur
histoire, sont particuliérementintéressésau devenir du territoire, et entre les-
quels se pose une <<question juridique pendante))au sens de l'article89 du
Règlement de la Cour. C'est pourquoi, outre la Puissance administrante, la
résolution3292 (XXIX) mentionne nommémentle Royaume du Maroc et la
Mauritanie, tant dans la secondequestion poséeàla Cour que dans le paragra-
phe 3de sondispositif invitant cesdeux Eta«en tantque parties concernéesde
soumettre à laCour internationale deJustice tous renseignementsou documents
pouvant servir àéluciderces questionsa.

LeGouvernement de S. M.le roidu Maroc tient rappeler que,confiant enla
justice internationale. il aurait souhaitéque l'affaire fut portée devantla Cour
statuant au contentieux. Cette procédure qu'il avaitexpressément proposée,
notamment lors des débats de la vingt-neuvièmeAssembléegénéraleet à la
QuatrièmeCommission, n'ayant puêtreentamée fautede l'accorddu Gouver-
nement espagnol, il a.avec le Gouvernement de la RCpublique islamique
de Mauritanie, demande que la Cour internationale de Justice soit invitéeA
donner un avis qui éclaireraitl'Assembléegénérale et l'aiderat prévoirdes
mesures de décolonisationappropriees, fondées sur la négociationentre les
Etats intéressés.
II est évidentque ces négociations eussentpu réglerla question il y a déjii

longtemps si le Gouvernement espagnol avait accepted'yparticiper conformé-
ment A l'invitationqui laétéadresséetant par leGouvernement marocain que
par les Nations Unies.
Ce n'est pointà ce mémoired'énoncertoutes les résolutionspertinentes de
l'AssembléegénéraleQ . u'il suffise de rappeler, comme l'a fait le ministre ma-
rocain des affair etsangéres lors de la dernière session de cet organe
(A/PV,2249, 89/40), que adepuis 1964 les mêmesrecommandations sont
reprises, avec l'adjonction. suivant la tournure que prennent les débats, de
certains paragraphesi).Mais toutes se ramènent a quelques idéesmaîtresses :

1) 1'Espagne est invitéeh hâter le processus de décolonisat;on
2) elle est constamment invitéA prendre toutes les mesures qui permettent
l'expression libre et démocratique des populations locales, cequi implique la
levéedes mesures policiéreset l'évacuationdes troupes d'occupation ;

Reçuau Greffe mars126 SAHARA OCCIDENTAL

3) elle est invitéàpermettre aux rPfugiésqui ont été expulséspar l'adminis-
tration espagnole de rejoindre leurs foyers et de participer à une éventuelle
consultation locale ;
4) l'Espagneest invitée,d'abord à négocierpuis hprocéder àdes consultations
avecle Maroc, la Mauritanie et toute partie intéresséeC. e qui implique que les
Nufions Unies n'ucinier~enipusque l'Espagneagisse seule et unilateralemerit. Ce

qui impliqueaussi,commecelaa étédit plus haut, que ladécolonisationde deux
provinces sahariennes pose un problèmede souverainetécar sans cela la négo-
ciation ou la consultation recommandéen'aurait pas de raison d'5tre ;
5)l'Espagne est invitéedpermettre àune niissiondesNations Uniesdeveiller
à ce que la consultation des populations locales se dérouledans un climat de
libertéet de démocratie.

Non seulement le Gouvernement espagnol a pendant des années opposé
l'inertie aux recommandations de l'Assembléegénérale de procéder à la déco-
lonisation du Sahara occidentalet n'avotédepuis 1969aucune des résolutions,
maisils'estabstenu de touteconcertation avec <lesGouvernementsdu Marocet
de laMauritanie et de toute autre partie intéressO,commel'yinvitait pourtant

instamment les résolutionsréitéréedse l'organe pleinierdes Nations Unies.
Le Gouvernement espagnol a ainsi méconnule principe généralde droit
faisant un devoir de négocier,principe que les résolutionsde l'Assemblée géné-
rale ont rendu spécifiqueentre les Etats intéressés et determinéspar elle. On
permettra au Gouvernement marocain de rappeler que la Cour permanente de
Justice internationale, dans son avis consultatif sur le Troficjetroviuire e/are
Lithuanie et lo Pologne, a déclaréque cette obligation <n'est pas seulement

d'entamerdes négociations, maisencoredeles poursuivreautant quepossible,en
vue d'arriver àdes accords n(C.P.J.I.,sérieAIB no42, 1931, p. 116).La Cour
internationale deJustice,dans l'affairedu Pluteuucontinentaldelumer duNord,a
rappeléque (Ilesparties sont tenuesd'engagerune négociationen vuede réaliser
un accordet non passimplementdeprocéderaune négociation formelle » (C.I.J.
Recueil 1969, par. 85 uj).
Or, le Gouvernement espagnol s'estrefuséAtoute négociation véritables,e
bornant a informer soit les Gouvernements marocain et mauritanien, soit le

Secrétaire générad le l'organisation des Nations Unies des mesures qu'il a
arrCtéesunilatéralement, àson heure et selon des modalitésde son choix. Pré-
tendant se rallierauxrisolutions de l'Assembléegénéralei,la décidedeprocéder,
au Sahara occidental. dans le premier semestre de 1975,à un référendum qui
n'offrirait pas les garanties prévuespar les Nations Unies. Les résolutionsde
celles-ciforment en effet un tout indivisible.Commel'aindiquéle représentant
du Maroc devant la Quatriéme Commission, <(ellesmettaient,à la charge de la
Puissance adrninistrante, un ensemble cohérentd'obligations qui ne peut être

démembré s. Coupéde celle-ci, un référendum organisé par cette puissance
équivaudrait a entamerun véritable processusde recolonisation tendant acréer
un Etat dont l'indépendance fictiverappellerait fâcheusementleMandchoukouo
de 1932ou la Slovaquiede 1939 '.
Le Gouvernement marocain reconnaît la résolution1515(XV)du 14décem-

'Cf. B.Jacquin,(L'aurodétenninatiod nuSaharaespagnol )>Revuegénéralededroit
interna~iona[public,974.pp. 683 725.Cet auteurrapportedes extraitsde la revue
Africa-Madrid comportantdes documents approuvéspar la consultation tribald'oc-
tobre1966, dans lesquelson peut lire notammen t «si un dia tenemos capacidad
para constituirun pais independiente... sera con elestado espaîiolunicamentea
(p. 711). bre 1960comme la charte édictéepar les Nations Unies en matiérede décolo-
nisation.Deux sériesde principes se dégagentde ce texte :
D'une part, au principe VI :

<(on peut dire qu'un territoire non autonome a atteint la pleine autono-
mie :

a) quand il est devenu Etat indépendantet souverain ;
b} quand il s'est librement associà un Etat indépendant ; ou
C} quand il s'est intégréAun Etat indépendanto.

Ainsi,commel'arappelé leministremarocaindes affairesetrangeresdevantla
vingt-neuviémesession de l'Assemblégénérale(A/PV. 2249,p. 88),
c l'application correcte et loyale des principes de la décolonisationet de

l'autodétermination ne débouchepas nécessairement etautomatiquement
sur unstatut d'Etat indépendant.Tout dépend dessituationsparticuliéres a
chaque territoire, et plus particulièrementdesoriginesde la conquêtecolo-
niale et des tractations impérialistes,dont certains pays souverains ont été
les victimes.Telest lecas du Marocqui a vu son terntoire nationai,àla fin
du XIXesiècleet au début du XXe, faire l'objetd'unvéritable dépeçageen
plusieurs zones d'influence.r

D'autre part, la résolution1515(XV) comporte une disposition qui confirme
que

c toute tentative visaAtdétruirepartiellement ou totalement l'unité natio-
nale et l'intégritemtoriale d'un paysest incompatible aveclesbuts et les
principes de la Charte des Nations Unies 1).

Ce texte, que ie Gouvernement espagnol ne se fait pas faute d'invoquer à
propos de Gibraltar, n'est pas moins important que le précédent.
En fait, ce gouvernement fonde son refus de négocieravec le Gouvernement
marocain sur l'allégationque le Sahara occidental n'auraitjamais relevéde la

souveraineté marocaine.Dèslors, ce territoire n'aurait pu êtreacquis par l'Es-
pagne que par les procédésen usage Ll'époquede la colonisation à l'égarddes
territoires sansmaître :l'occupationoula cessionobtenue dechefs de tribusnon
considéréscomme des souverains au regard du droit international classique.
C'estpour éclaircircepoint que l'Assembléegénérale a adressé àla Cour une
demande d'avisconsultatif à propos de laquelle le Gouvernement marocain a
l'honneur d'adresser à la Cour le mémoiresuivant et les documents'y affe-

rants.
Deux points préliminaires doivent êtreexaminésB partir de la première
question posée à la Cour, car elleconditionne l'ensembledu problémequi luiest
soumis : d'une part, quel sens donner à l'expression <terre sans maître kr;
d'autre part, que faut-il entendre par la formu<(au moment de la colonisation
espagnole o.

1. La notion de terranulliusest incontestablement un concept historique qui
appartient huneépoquebien déterminéec,elledel'expansioncoloniale.Déslors,
ceuxqui s'attendraient h ce que la Cour répondepar l'affirmative àla première
question escompteraient de l'organejudiciaire principaldesNations Unies qu'il
donne à l'expression<<terre sans maîtrerle sens qu'elle avaithl'époqueou elle

étaitutilisée,c'est-h-direau XIXeet au débutduXXesiècle.Or,sil'onsereporte
aux traites de droit international de cetteépoque.on entend parterranulliusun
terntoire inhabitéou habitépar des populations <<barbares et féroces)>.omme128 SAHARA OCCIDENTAL

ledit un auteur représentatifde ces temps anciens :(iles nomades, lessauvages,
ne comptent pas pour maîtres 0'.
Sans partager lui mémecette conception discriminatoire, L. Cavare exprime
fort bien dans un livre récent (Le droit internationalpublicpositif, t. II, 1969,
p. 675)la visiondu monde qui fut A la base de l'occupation des territoires sans
maître. Il écrit:

(iLes territoires dont il est ici question sont situésdans des pays de
civilisationpeu avancée,n'étantpas soumis A une autoritépolitique conçue
sur le type admis par les Etats civiliséscontemporains, principalement
européens. t)

La Cour a d'excellentes raisonspour ne pas se raillierà un tel concept. Tout
d'abord, sil'arbitreou lejuge international applique ledroit del'époqueaucours
de laquelle se sont déroulésles faits examinés,c'est dans la mesure ou il s'agit
d'actesjuridiques précis(contrats, traités, instrumentsles constatant, etc.émis
selon les procédures alorsen vigueur. En revanche, ils n'ontpas àfaire leur les

interprétations qui ont étédonnéesde certaines pratiques considéréesalors
commeétantledroit et qui, mêmeàcette époque,pouvaient n'étrepas partagées
par l'ensemble de la communauté internationale ou de la conscience hu-
maine.
Defait, siauXIXesiécleet audébutdu XXesiécle,l'occupationdesterritoires
sans maitre trouve de facilesjustifications fondéessur l'inégalitdesraces et des
civilisationset surlasupérioritéaffirméd ee cellesdespayseuropéens,ils'enfaut
que cette analyse, typique de l'époquede l'expansion du colonialisme, ait été

partagée partous les internationalistes (cf. les enseignements de Bonfils, Fau-
chille,Despagnet, de Broek,Fiore,Jèze,Kluber, Hoffter, de Martens, Merignac,
Oppenheirn) ou par des diplomates (déclarations du délégué américain à la
conférencede Berlin en 1885).
Au surplus, lesformesdu pouvoir politique et cellesde 1'Etatn'ont pas, même
en Europe, revêtucelled sel'appareilétatiquetelqu'il existait auXIXesiécledans
les grands Etats européens. Refuser la qualité de souverain A des autontés
politiques situéessur d'autres continents a permis aux puissances colonialesde
considérer arbitrairementcomme terresans maîtrenombre de territoireshabités

et gouvernés.
Alors que la vkritable terranulliurest cellequi est vide d'hommesou vide de
souveraineté,on a amalgamé cesdeux catégorieset assimilé la premiérecelle
sur laquelle le pouvoir politique ne revétaitpas les formes qui caractérisaient
1'Etatcolonisateur. Commeledit leprofesseurJennings dans soncours généra l
l'Académiede droit international de La Haye 2 :

«Considering that, in the last 20years or less,the Societyof Nations has
changed out of ailrecognition,itwouldseemthat the lawgoverningchanges
in territorialsovereigntysbould beofsometoyicalimportance. Butwhenwe
look at the bookswe find under the heading of acquisition or loss of
territorial sovereignty a schemeof so-called 'modes'of acquisition of ter-
ritorial sovereigntywhichseemcuriously remote fromactual events. These
'modes' haveobviously beenborrowed from the modefor the acquisition of

dominiumover land in classicai Roman private law.Thus, there is occupa-
tion of ares nulliur; cession, accessionor accretion ;and there is prescrip-

A. Rivier,Principesdu droitdesgens, 1896,no 39,p. 188.
Recueildes cours,1967, t.121. EXPOSEÉCRIT DU MAROC 129

lion.Thesehave had tobeadapted somewhatofcourse :and the adaptation
included the important assumption that what was called 'backward terri-
tory',i.e.,territory inhabited by peoplesorganized on a tribal rather thaa
modem State basis, was[erranuIliusand therefore subject to occupation by
'civilized',nations. It should be added that this highlysophisticated notion
of occupation lay chiefiyin the context of territorial disputes between rival
colonial powers. )>

La Cour nedevrait donc avoir aucunedifficulté Aretenir unenotion objective
du territoire sans maître, excluant le subjectivisme et l'europeocentrismc qui
inspiraient les Etats coloniaux.
11convientdéslorsdedireque nedoitêtreconsidéré commeterranulliusquele
territoire sur lequel ne s'exerce aucune autorité étatique, étant entenduque

celle-ci,sielleexiste,nedoit pas nécessairementrevetirlesformes,ni reposer sur
lesidéespolitiquesqui avaient cours en Europe, maisqu'ellepeut tout aussibien
participerde types institutionnels et idéologiquestrèsdifférents.
L'exigenced'autoritéexercéesur le territoire est satisfaitedèslorsque celle-ci
relevedes systémestraditionnels dans la région du monde concernéeet que cette
autonté est effective.
Tel est bien lecas du Sahara occidental qui, depuis des temps fort anciens, a
toujours été soumishla souverainetémarocaine, laquelle se fonde sur les rkgles
de la religion et du droit musulman, tels que cette religion et ce droit se sont

incarnésdans l'organisation de l'Empirechérifien,puis du Royaume du Maroc,
organisation elle-meme admirablement adaptée au milieu naturel qui condi-
tionne l'assise territoriale, comme le cadre géographique et climatique des
diverses régionsdu pays.
Le Maroc est bien ainsi un (possesseur immémorial irau Sahara occidental,
pour reprendre l'expression consacrée par la jurispnidence internationale,
notamment par la sentence intervenue I propos de l'lle Clipperton.
Une conséquenceimportante résultede cette qualitéde possesseur immémo-

rial,A savoir que les conditions de l'exercicede sa souverainetédoivent s'ap-
précierde façon différentede celles qui devraient êtreexigéesde 1'Etatqui est
venu troubler sa possession.
AIorsque, pour ce dernier, lajurisprudence exigela preuve d'actesd'autorité
effectifs. concordants et nombreux, elle se montre naturellement moins exi-
geante àl'égarddu possesseur traditionnel menacé d'éviction. Ainsd i,ans l'aî-
faire sur le Groënland oriental, la Cour permanente de Justice internationale
a-t-elle reconnu l'effectivitéde la possession du Danemark, dans un plan trks

différentde celui de l'occupation stricto sensu, comme le faitjustement remar-
quer Charles De Visscher 1.
L'éminentauteur ajoute :
« Elle yétait centrée nonsur acte particulier de prise de possession,mais

sur l'existence séculaire d'une possession pacifiquaettestant avec uneconti-
nuité suffisantel'exerciced'activitésgouvernementales. Les circonstances
particulikresA l'espèceont permis i la Cour de reconnaître une effectivité
adéquateAdes manifestations, Ala vérité, peu nombreuses ))

Ce qui a étéadmispour un territoire glaciairedevrait l'être pour un territoire
en grande partie désertique :terre de parcours, le Sahara occidental est lecadre
de diversactes de souverainetéde nombre et de fréquence moins élevé que ceux

Les efleccrividsudroit internationolpublic, 1967,p. 104.130 SAHARA OCCIDENTAL

qui seraient exercésdans une zone urbaine ou agricole, maisqui, au fil des ans,
manifestent,dans desconditions adaptéesau milieu,ceque laCour permanente

a appelé <un exercicecontinu d'autoritéi)Cequi a étéadmispourleDanemark
au Groenland oriental devrait l'être fortiori pour le Maroc, possesseur incom-
parablement plus ancien du Sahara occidental etdont les actes de souveraineté,
nombreux et cohérents, seront démontrés par ce mémoire.
En outre, s'agissant de la comparaison des comportements entre un pays
colonisateur etun pays victimedel'entreprise coloniale,lepremierdoit satisfaire
aux formes d'exercicede la souverainetéexigées par le droit classique dl'oc-
cupation ou de l'annexion,leseconddoit voirsesactesdesouverainetéappréciés

non en fonction des conceptions et des réglesdominant l'exercicedu pouvoir
dans le droit européen ouoccidenial mais par rapport aux canons traditionnels
du type de pays et au systémed'autoritéauxquels il appartient.
2. L'expression <(au moment de lacolonisation espagnole u mérite,elleaussi,
un examen particulier. De quand, en effet, faire partir cette colonisatioLa?
recherche de la «date critique))courante dans les procèsportant sur des dif-
férends territoriauxn'a pas à reteniricil'attention que la Cour laiaccordée
notamment dans l'affaire des Minquiers etEcréhous.Outre que la Cour n'a

pas Btrancher un différend nià fixer les limites précisesd'un territoire, on ne
saurait évoquerici l'idéed'une cristallisationdans le temps de revendications
formelles. Pour le Gouvernement marocain, l'exercicede sa souverainetéaété
permanent et continu, en dépit des<traités inégauxiconclusparlespuissances
sans son consentement et A ses dépens.
De fait, la présence espagnole auSahara occidental a ététrès longtemps
ponctuelle, concentréesur la &te, d'abord à Villa Cisneros (1884-1916),puisii
cap Juby et La Güera (1920-1934),ellene s'estétendue àl'intérieurdu territoire

qu'aprks la seconde guerre mondiale etla création,en 1946,de 1'Afriqueocci-
dentale espagnole, acte qui n'a pas suffi d'ailleursA assurer dés cette date
l'occupation effectivedu pays.
Si l'on cherche i <saisir l'effectivitédans la vision totale de son devenir
historique i',lebilan est incomparablement positif pour leMaroc, l'Espagnene
s'efforçant de tenir le Sahara occidental que depuis le retour 1il'indépendance
d'unMarocdont ellesavaitqu'ilnepouvaitqueréclamer larétrocession Alamere
patrie d'une régionavec laquelle il n'avait, mémesous le proteciorai, jamais
rompu lescontactset ouunelonguerésistanceactiveetdéterminée semanifestait

en 1958avec une vigueur accruepour se poursuivre encore àune époque toute
récente 2.
Aussi bien, lesdeuxquestion poséesBlaCour sont intimement liées. Pourle
Royaume du Maroc ,n effet, la démonstrationdu fait que le Sahara occidental
n'étaitpas une terre sans maîtraux divers momentsqui marquent lesétapesdu
processusde lacolonisation espagnole résultedu fait que ce territoireétaitplace
depuisune époquetrèsancienne (XIesiècle),qui se confond avecla constitution
du Royaume lui-m&me,sous une autoritéeffective et que celle-ciétaitla sou-

veraineté marocaine.II est impossible de dissocier les deux démonstrations,
s'agissant des actes de souveraineté d'unEtat qui, pour êtresensiblement dif-
férentdans sa structure des Etats européens,n'en était pas moins reconnu

Ch. De Visscher,op. cirp.107.
Le Monde du 20juina relatéune manifestatiogroupant a El Aioundeux mille
Regueibatenfaveurdu retour du SaharaoccidentalAlamére patrie. L'armétiretces
incidentsfirentquarantemorts.Denouveaux incidentsseproduisirentenmars1972(Le
Monde. 12-13 mars 1972).commeEtat souverain parcesdernierset qui n'acesséde résisteil'implantation
espagnole au Sahara occidental.
Le défaut d'effectivitk de l'occupation espagnole empPche de considérer
comme territoire sans maitre un Sahara occidental donla résistancemarocaine
entravait l'acquisition, au regard mêmedu droit international classique. La
parenthésedu protectorat elle-même n'apas contrarié lapersistance des mani-
festationsde la souverainetémarocaine. Le dépeçagedu Maroc n'a pu la para-
lyser complétement.

Démunie detoute apparencede titredepuislafindu protectorat français, dont
elle tenait ses pouvoirs, l'Espagne tentdejustifier son entreprisau Sahara
occidental endissimulantune tentative néo-colonialiste,par un recoursdéformé
au principe d'autodétermination. Cette opérationne saurait dissimuler les titres
du Maroc, consolidéspar une longue histoire et qui font de lui un possesseur
immémorialau Sahara occidental. PREMIÈRE PARTIE

LA R~ISTANCE MAROCAINE À LACOLONISATION
PROUVEQUE I,E SAHARAOCCIDENTALN'AJAMAIS ~TÉ
UNE TERRESANS MAPTRE

Le recours Ala notion de terre sans maître tendrait en Baperpétuersur
le territoire du Maroc une présence espagnolejamais acceptéepar le Sultan et
par le peuple marocain. Depuis 1860,l'Espagne cherchA contrôler une zone
stratégique mais aussi l'exploitatioa,son profit, des richesses naturelles
marocaines ;ayant débuté parcelledes pécheries,elle se poursuit par celledes
phosphates.
Le problkme du Sahara occidental soulèveainsi des questions de droit inter-

national contemporain,maintesfoisrésoluespar les Nations Uniesdans lesens
de l'affirmation de la souverainetépermanente despeuples sur leurs ressources
naturelles. L'utilisationde la vieillenotion de terre sans maître, originairement
liée&l'expansioncoloniale. nesaurait contrecarrer lamiseenŒuvre,auprofit du
Maroc, pays en voiededéveloppement,des principes dégagéspar le droit la
décolonisation.
La notion de terranuflitupeut êtreencore invoquéedevant lejuge interna-
tional Al'occasion des problémesterritoriaux relaàides terres insulaires ou
inhabitées,ce qui n'est pas le cas du Sahara occidental, dont toute l'histoire
appartientà celle du Maroc.
Laréférence Ala notion de terre sansmaîtrecorrespondrait paradoxalemAnt
l'octroi, au bénéfide l'Espagne,d'un'nouveau titrejuridique, aprésla dispa-
rition du traitéde protectorat de mars 1912et de l'accord franco-espagnolde

novembre de la mêmeannée,susceptible de justifier un prétendu({processus
d'autodétermination de la population du Sahara a.
Le fait que le Sahara occidentan'ajamais constitué uneterre sans maitre
explique que l'Espagne n'ait jamais pu, jusqu'li une date récente, assurerle
contrôle effectif de ce territoire. L'impossibilioccupation effective au-
del&de trois forts côtiersestàdlapermanence de la résistancedes Marocains.
M@meàpartir de 1912,date de la miseen place du protectorat, et en dépit des
atteintes subies par la souverainetéd'un Maroc occupépar deux puissances
étrangères,la résistances'est poursuivienom de l'unitéet de l'intégritéde
l'Empire chérifien.
Aussi, désque leroi Mohammed V retrouve sa liberté,il reprend la tradition
historique, enprononçant, le25février1959,dans lavalléedu Draa, un discours
exaltant la fidélides tribus sahariennnset affirmant sa volontéd<pour-
suivre son action pour la restitution du Sahara au Mau.c

Demême,lors delasignature delacharteinstituant l'OUAenseptembre 1963,
le Maroc a maintenu ses droits par la réservesuivan:e

la signature de la charte nesaurait aucunement êtreinterprétéeni comme
une reconnaissance expresse ou implicite des laits accomplis, jusqu'ici
refusés commetelspar le Maroc, ni commeune renonciation Ala poursuite
de la réalisationde nos droits par les moyens légitiàenotre disposi-
tionn. Le textememede la réservemarocaine révèle ainsi ladoublesignificationdela
résistancepermanente à l'emprise espagnolesur le territoire marocain.
D'unepart leGouvernement marocain s'esttoujours refusé à travers l'histoire
à admettre la validitéjuridique des «faits accomplis O Al'encontrede sa volonté
et de ses intérêts.
D'autre part le Gouvernement marocain n'a jamais renoncé 1iobtenir la
reconnaissance de ses droits nationaux par des moyens légitimescar c'estpré-

cisémenten exerçant sa souverainetépermanente sur le territoire du Sahara
occidental qu'il a rendu insuffisante l'effectivitéde l'occupation espagnole.

1, La résistance marocaine exprime lanon-reconnaissance
des titres juridiques invoquéspar l'Espagneh l'égarddu Sahara occidental

La politique coloniale de i'hpagne A partir des dernières décenniesdu
XIXesiècleestinséparablede l'histoire générald ees relations établiesentre les
principales puissances européenneset le Maroc. Le problémeposé aujourd'hui
par lestatutjuridique du Sahara occidental estdonc unhéritagede lapériodedu
partage de l'Afrique entre Etats européens.Le Gouvernement marocain n'a
jamais accepté cette situation. Le Maroc n'a cédéqu'Ala force, le traitéde
protectorat lui a étéimposépar le (1concert européen i).

La mainmise territoriale de l'Espagne sur le Maroc est le résultatd'un long
processus au cours duquel le Gouvernement de Madrid a toujours cherché à
obtenir des titresjuridiquesjustifiant sonmcupation. Certainsresponsables sont
mêmealles trks loins dans la recherche de la justification de l'opérationde
démantèlementde l'Empire chérifien.
Ainsi le 8juin 1904,le duc de Almodovar déclare :

« Qu'est-ceen réalité l'empire du Maroc? Il ne constitue pas une entité
internationale telleque nousconsidéronslesEtats souverains,maisc'estun
territoire immensepeupléde tribusdont leseullien estlareligion. Cestribus
n'ont pas le sens de la soumission A caracere politique au Sultan. C'est
pour cela qu'il n'y a pas un géographecapable aujourd'hui d'établir ses

limites.i) l
Cette affirmation conduit le Gouvernement marocain A présenter deux
remarques :

- en premier lieu, dèsjuillet 1894,P, Vuillot, membre de la Sociétéde géo-
graphie de Paris, établitd'aprèsles travaux d'une trentaine d'explorateurs et
de gèographes internationaux une «Carte du Sahara et du nord-ouest de
l'Afrique ».P. Vuillotfixeleslimitesméridionaiesdu Maroc A la hauteur du cap

Blanc (carte 1) ;
- en second lieu, 1'Etatmarocain possèdeune constitution coutumière qui
n'est peut-être pasconforme aux principes constitutionnels du droit européen,
mais qui, en revanche, est parfaitement en harmonie avec les réglesdu droit
musulman. Admettre l'allégationdu duc de Almodovar, c'est affirmer que le
Maroc tout entier est une (iterre sans maître i)c'est-A-direvide de toute sou-
verainetéétatique.

Il est vrai que le duc de Almodovar, deux années plustard 1iAlgésiras,fait

Sessiondes Cortes espugnoles t, 12,année1903, no 166.
Non reproduite.[Note du Grefi]134 SAHARAOCCIDENTAL

adopter par les délégationsde la conférenceinternationale les principes de la

souverainete, de l'indépendanceel de l'intégriterritoriale marocaines. Ce fait
soulignel'absence de pertinence despropos tenus en 1904.Ces derniers, en tout
cas,révèlent bienune volonté délibéré delapart du Gouvernement espagnol de
proclamer terre sans maître des portions du territoire marocain. Le Sultan et le
peuple marocain sesont toujours élevés contre cette pratique.

Le Maroc a réussiau débutdu XIXesiècle,Ase maintenir politiquement A
l'écartdes confiits européens. Ceux-ciont cependant des conséquencesdirectes

sur ledéroulementde sa vieéconomique. A lapolitique commerciale libéralede
la fin du XVIIIesiècle,qui ouvrait aux Espagnols les siloabléde la Chaouia,
succédeune sériede mesures restrictives. Ellessontjustifiéespar les craintesdu
Sultan. Le rnakhzen redoute que des

{livraisons trop importantes de vivres A l'un des blocs ne suscitent des
jalousies, des récriminations oud'impérieusesdemandes appuyées surla
clause de la nation la plus favoriséedont jouissent lesprincipaux belligé-
rantss 1.

L'exportation de la plupart des denrées marocaines estdonc interdite. Les
prohibitions s'étendent en1814 aux grains, aux huiles, aux laines ainsi qu'au
bétail.Le repliement économiqueest aggravédans les années1820.
Dix ans plus tardau moment où, par son intervention en Algérie,la France
met un terme à l'équilibrepolitique en Méditerranée occidentalel,e Maroc est
{(plus que jamais un monde ferméen marge d'une Europe au début de la
révolution industrielli)=.Il vaétreaffaibli par une sériede criseséconomiques
et militaires qui explique la fin de l'indépendance.Pourtant l'affaiblissement
obtenu par les puissances ne saurait les autorisea transformer en terre sans
maître les régionspkriphériquesconvojiéesde l'Empire.

A. Les crises économiqu elsmilitaires
La pression des faits économiqueset diplomatiques conduit Bune ouverture
progressivede l'Empirechérifienet Bdes interventionseuropéennes,de plus en

plus précises,dans les affaires intérieuresdu pays.

a) L'injluencedescrises éconontiques
L'année1825estmarquéepar une récoltede grainscatastrophique, la pénurie

entraîne une hausse considérabledesdenrées alimentairesde première nécessité.
Dans ledesseindelimiterleseffets néfastesdeladisette et d'enrayerlespremiers
troubles nésde la pénurie,le rnakhzen est obligéde procéder Ad'importants et
coUteuxachats de céréales en EuropeL. e bilan de la crise se solde ainsuner
importation de plus de 150 000 quintaux pour environ 7 millions de francs.
Au lendemain de la crise de 1825-1826le Marocretrouve sa place dans la
« traite des bléi)Ilrompt sur cepoint avec lapolitique d'isolementdu premier
quart du XIXesiécle.Profitant des besoins de l'Europe, du maintien en hausse
des p~ixet de deux récoltesabondantes en 1829et 1830,lemakhzen autorise de
nouveau l'exportation du surplus de la production pour essayerde reconstituer

' J.-L. Miége, e Maroc erl'Europe,PUF, Parist.II,1961, p.20.
J.-L .ège, op.cil,p. 35. sesfinances.Lesopérationscommercialesdonnent {iune impulsiondécisive i)au

mouvement des échanges désormais irrkversibles.11s'agitde la prerniere fissure
par laquelle s'entrouvreun marché l,aumoment où précisémenctommencenten
Europe la révolution technicienne etl'essor d'un systémecapitaliste, don-
néesnouvelles, qui poussent les hommes de l'ancien continent au partage de
l'Afrique.
L'ouverture du marchémarocain est confirmée par le développementdu
commercedeslaines. La mécanisationde l'industrie textile et l'augmentationde

lademande surlemarchéeuropéenaccroissentdemanikresensiblelesbesoinsde
matikres premières. L'Afriquedu Nord offre alors ses grandes possibilités.La
part dela Tunisie et du Maroc dans l'ensembledes importations françaises de
laine passe de13,1 66en 1831h22,718en 1832 et 136%en 1834.Dans lemPme
temps le pourcentage du seul Maroc révéleune hausse remarquable : O%
en 1831,78 %en 1836.

L'insertiondu Maroc dans le négoceméditerranéenet britannique bien que
limitéepar l'existence du monopole gouvernemental des transactions éveille
l'intérstpolitique de l'Europe envers l'Empire chérifien.
Aux partenaires traditionnels, Espagne,Grande-Bretagne,France, s'ajoutent
de nouveaux venus. La Belgique,dont l'industrie textile ne se satisfait plus des
seules fournitures ardennaises, installe un consul général à Tanger et signe un
accord commercialen 1839.LeRoyaumede Naplespour sauvegarderlesintér2ts

de sa marine en pleine expansion renoue avec le Maroc en 1834.
D'autres Etats établissent des relations diplomatiques avec ce pays ce qui
démontrequ'ils le reconnaissent comme un Etat souverain.
Les Royaumes de Suèdeet de Norvégeenvoient une ambassade en 1837.La
Russie de mémemanifeste son intérêp tour les affaires marocaines. Les Etats-
Unis pour leur part concluent untraitéde paix et d'amitiéle 17septembre 1836
aveclemakhzen. Ils songent même à sefairecéderun îlot en Méditerranéepour

les besoins de leur escadre ou un comptoir dans le Sud marocain *.
Le Maroc prend ainsi une valeur nouvelle dans l'ensemble des relations
internationales au moment où les questions méditerranéennesdeviennent
déterminantes surtout avec l'extension de la présence colonialefranqaise en
Algérie.

b) L'inflirencedes crisesmilituires

Le soutien apportépar le sultan Abd-er-Rahman à l'émirAbd el Kader est 3
l'originede l'affrontement franco-marocaind'août 1844et de l'effondrementde
l'arméechérifienne A Isly. Les conséquences politiquessont profondes. Comme

l'écritl'historien français J.-L. Miége:
(ICe qui s'étaiteffondré AIsly, c'étaitbien plusqu'un corpsd'armée :la

réputationmilitaire du Maroc. Depuis plus de deux sièclesnulle interven-
tion armée européennequi ne se fût terminéepar un échec. i)

Lesprétentionsétrangéres sont renforcéespar laperte du prestigemilitaire.Le
Sultan ne peut plus résister aux demandes des Etats surtout lorsqu'ellessont

-
'J.-L.Miège,op. cii.p.54.
J.-L. MiPge.op. cit., II, p192, note 5.
3 1.-L.Miége,op. cii.t.II, p. 19: PierreRenouvin, Histoiredes relariom inrerna-
rionulest.V, (iLe XIXesiécle,t815-1870a. p.100.
' J.-L.Mikge, op. cil., 203.136 SAHARA OCCIDENTAL

assorties de menaces. Le consul génkralde France a résuméen 1846,dans une
formule significative, le changement intervenu : (Il y a plus d'un siecle de
distance entre les lettres du Sultan et celles trouvédans le camp d'Isly.)>
Les années1840-1845avaient entraîne d'importantes dépensesmilitaires. La

situation des finances marocaines est encore aggravéepar la nouvelle crise de
1847-1851.Pour y faireface le makhzen tente un nouveau repli commercial. Il
entraîne l'intervention des négociants anglais deGibraitar et des firmes indus-
triellesde Manchester auprésdu Gouvernement de Londres. Celui-ciobtient le
9 decembre 1856la signature d'un traitéqui reconnaît lalibertéde commerceet
l'abolition de tous les monopoles ou privilégesexclusifsde vente et d'achat. La
prohibition de sortie que le Sultan conserve sur les grains ne peut s'appliquer
qu'aprésun préavisdesixmois.Ledroit d'effectuerdesopérationscommerciales
dans l'ensembledu pays ains iue ledroit depropriétésont accordes aux sujets

britanniques. Le traitéétablitaussi au bénéficdes nationaux du Royaume-Uni
le bénéficede l'exterritorialité. Censée, selolneconsul général ay, apporterla
prospérité auMaroc. cette convention apparaît rapidement comme un élément
actif de la dissolution du pays.
En effet, lesavantages obtenus par l'Angleterresont généraliséasu profit des
autres puissances européennes parlejeu de la clause de la nation la plus favo-
risée.Le Gouvernement chérifienperd son monopole commercial, donc son
contrble sur la circulation des marchandises et sur lesopérationsd'échange.En
outre,ilest contraintd'abandonner sonpouvoirdejuridiction surcertains deses

nationaux, agents de l'étrangeretA ce titre bénéficiantde l(tprotection diplo-
matique a.
Le développementdu commerce extérieur provoquela hausse des prix et la
dévaluationde la monnaie. L'Espagne décide de profiter de l'affaiblissementdu
Royaume pour reprendre son vieux révede conquste. Il est vrai que l'opinion
publique espagnole s'inquiétedes progrésbritanniques sur leplan économique,
la Grande-Bretagne assumant plus de 80 %des importations marocaines et sa
marine prenant une part croissante aux échanges.
Ecritset discourss'efforcentdeprovoquer uneintervention militaire. Santiago
Alonso Valdespino 'affirme qu'elleest

(ipour l'Espagne un devoir dont elle ne peut se séparer commec'est un
affront pour elle depuis l'occupationde l'Algériepar la France de n'avoir
pas su empIoycr ses arméesdans cette noble entreprise )).

Le Gouvernement espagnol profite de menus incidents, opposant son corps
d'occupationauxRifains, a proximitédeCeuta,pour déclarer laguerreau Maroc
le 24octobre 1859.La médiation anglaisemet un terme aux affrontements. Un
traitéde paix estsignéle26 avril 1860.Lesconditionssont dures pour le Maroc.
Ellesprévoient l'agrandissementdes présidesde Ceuta et de Melilla. taconces-

sionsur lacôte del'océan ASanta Cru de Mar Pequeiïad'un (Iterritoire suffisant
pour la formation d'un établissement tel que celui que l'Espagne y possé-
dait jadis». Le Maroc s'engageen outre Bverser une indemnitédc guerre de
105millionsde francs-or, la villede Tétouanétantoccupéejusqu'au versement
intégral.
Les conséquences financièresde la guerre sont désastreuses 2. Elles pèsent

SantiagoAlonso Valdespino,Ln questiondu Maroc exorninéeau point de vue
espagnolet européen,Paris,1859,p.52.
* G. Ayache, « Aspectsde lacrisefinanciPrau Marocaprèsl'expédition espagnole
de 1860 i)Revuehistorique,Paris 1,58.p. 271.pendant un demi-siéclesur lebudget marocain. Pour faire faceaux échéances le
makhzen emprunte auprésdes banques étrangères,son endettement s'aggrave

périodiquement.Afin de payer sescréanciers, lesultan Abd el Aziz multiplie les
emprunts. L'aide financié:.~est rapidement doubléed'une pression politique
rendue plus sensibleencore par la succession des crisesfrumentaires. De 1877à
1894,puisencore en 1904.des sériesannuellesde mauvaises récoltes empêchent
tout progres économique.Avec l'accorddu Gouvernementfrançais, lesbanques
parisiennes offrent le 12juin 1904 un crédit de 62,5 millions de francs au
Gouvernement chérifien.La proposition estassortie de conditionséconomiques
et politiques qui remettent en cause t'indépendancedu Maroc ;elle fait naitre

une tension entre puissances européennes. Cesderniéressurmonteront leurs
rivalitésen sacrifiant la souveraineté marocaine.
On n'insisterajamais assez sur la gravitéde l'ensemblede ces crises écono-
miques périodiques: 1825- 1826, 18601-862, 1879-1894et 1904,doubléesdes
drames militaires de 1844 et 1860.
Affaibli économiquementet démoralisé militairementl,e Maroc s'est trouvé
confrontéAl'ensembledes grandes puissances de l'Europe expansionniste qui
allait, par un processus aussi compliquéque pressant, entamer l'évolutionqui

devait aboutir au traitéde protectorat de 1912.

B. La finde I'indipendancemarocaine
A partir de 1900leMaroc est au centre dela politique d'équilibreeuropéenne.

La solution du (iproblème marocaina,c'est-à-diredu passagedu pays sousune
domination étrangérem , et aux prises lesgrands Etats européenset permet une
redistribution des forces sur le continent. L'Europe écrit alorsson histoire en
disposant des peuples africains.
En décembre1900,un accord de désistement réciproqueabandonne la Tri-
politaine A l'Italie, cette demière reconnaît le rôle privilégiéde Paris au
Maroc.
Une convention franco-britannique du 8avril 1904laisse àla France entière

libertéd'action dans l'Empirechérifien,en échangele Gouvernement français
s'engagerine pasentraver lesinitiativesbritanniques en Egypte.Venant aprèsle
rapprochement des deuxnationslatines, l'ententecordialeestun nouveausuccès
de la politique extérieure françaiseobtenue au détriment de la souveraineté
marocaine. Celle-ciest tout simplement niéepar la convention secrètefranco-
espagnoledu 3octobre 1904 qui, commenous leverronsdans un développement
ultérieur,partage le Maroc en zones d'influence.
La grande crise diplomatique oppose la France a l'Allemagne.Au lendemain

de la guerre de 1870, Bismarckdécidede s'intéresserau Maroc pour peser sur
l'orientation de la diplomatie française et la rendre plus souple en menaçant
l'Algérie.Or, A cette époque,les intérêts allemands dans le pays sont insigni-
fiants. Un fimythe marocain i)est crééde toutes pièces l.Historiens, journa-
listes,philosophes et écrivainspangermanistes évoquentun Maroc aux richesses
considérables.Eldorado Drometteurrévondantauxbesoinsdel'expansion impé-
riale.Cette campagne sesfruitsA partir de 1855,négociants,armateuri et
industriels s'intéressent activementau marchémarocain.

LeGouvernement allemand restecependant fidèle àlabonne vieilletradition
europeénne ;leMaroc n'estpour luiqu'unemonnaied'échange dans d'éventuels
marchandages diplomatiques.

' P. Guillen,L'Allemagne erle Maroc de 1870a 1905, PUF, Paris, 1967138 SAHARA OCCIDENTAL

C'est précisémendtu refusfrançaisdeprendre enconsidérationlaprésencede
{'Allemagnequenaît la crise de 1905.
Elle est due AIa proposition d'octroi de créditsau Sultan d'un montant de
62,5 millionsde francs,parlesbanques françaisesappuyéesparleQuai d'Orsay.
Gagé surles douanes, supervisépar des agents français installésdans les ports

sous l'autorité d'un (idélégué des porteurs » désigné par le groupe des banques
prêteuses, ilcomporte des conditions politiques qui affectent la souveraineté
marocaine. L'institution de contrôle de la dettedonne, en effet, & la France un
instrument politique qui lui assure la mainmise sur l'activitééconomique et
financière du pays. Le cldélégué des porteurs >>est un diplomate, Regnault,
nommésurrecommandation duQuai,ilseratoutnaturellementquelquesannées

plus tard le signataire du traite de protectorat. Enjanvier 1905,une missionest
chargée d'inviterle Sultan « iirétablirl'ordre dans son Empire avec l'aidede la
France i).11s'agit, en fait, d'une véritable protection proposée au Souve-
rain chérifienqui y échappe grâce à l'intervention allemande. Le 31 mars,
Guillaume II proclame h Tanger sa uolontk de protéger l'indépendancema-
rocaine.

La crise se résout provisoirementpar la rkunion d'uneconférenceinternatio-
nale A Algésiras(1906) qui réunit douzeEtats, dont le Maroc et les Etats-
Unis.
Formellement cette conférencene se présente nullement commetendant A
mettre en auvre une véritable colonisation, il s'agip t lutôt,aux termes de l'acte
généraladopté, d'apporter au Maroc un ((concours technique )),une <simple
assistance a '. Le délégué marocain présente d'ailleusrosus cette optique les

travaux de la conférence: (Nous sollicitons l'assistance de vos conseils éclai-
rés... et nous espérons profiter de vos avis dictéspar l'amitié ))l.Aussi la
(isouveraineté du Sultan uest-elleréaffirméc eonstamment tant dans lestravaux
préparatoires que dans le texte de l'acte final 4.
En réalité lesobservateurs ne s'y trompent pas. On fait référence à (ila

souverainetédu Sultan qu'il s'agissaitde renforcer tout en la limitant >> 11
convenait donc (id'étudierune combinaison mixteque sauvegardait théorique-
ment les droits d'Abd el Aziz en garantissant pratiquement ceux des puis-
sances 6.
En définitive, (la conférencedisposadu Maroc, en présencede ses représen-
tants mais sans leur consentement x '.
La conférenced'Algésiras permet d'éviter que c lonflit franco-allemand ne

dégénère en dfronrement armé, maisellenerèglepas définitivementleprobléme
qui lui est pose. La formule de (colonisation collective ))à laquelle elleaboutit
constitue uncompromistemporaire et fragile.DanslamiseenŒuvredecertaines
réformes,telles que la police des ports ou l'instauration d'unebanque d'Etat,

Conférencienternationaled'Algésiras ,ecueildesprocès-verbuu x ficielsImpren-
ta JoséBalss y C'a,SanMarco, Madrid, Actegénérala,rt. 4, 65, 1IOet 114.
Conférenceinternationaled'Algésiras ,p. ci!.déclarationlue par Sidi el Hadj
Mohammedel Mokri,seconddélkguede Sa Majesté chérifiennle e,22janvier 1906,
annexeau protocoleno 3,p.43et 44.
-'Conférenceinternationale d'Algésiras, op. cil.. quatriPrne séance plénière,
lerfévrier1906 ; dixikmeséanceplknikre,3 mars 1906 ;treizièmeséance pleniére,
26 mars 1906.
Conférence internationaled'Algésiras O,P.cil.p. 375.
5 A. Tardieu,La con/éence filgisira, AAm, Pais, 1907, p.109.
A. Tardieu. ibid.,p. 35et 358.
' A. Tardieu, ibid.p.448. l'acte final attribue des responsabilités particulièresaux deux principales puis-
sances intéressées: la France et l'Espagne.
La première profite de sa présenceterritoriale en Algériepour accroître sa
pénétrationpacifique »,de plus en plus attentatoire a la souverainetémaro-
caine. Lesopérationsmilitairesde Casablanca en 1907et à Fèsen 1911provo-
quent une nouvelleintervention allemande. Finalement legrand marchandage a
lieuet seterminepar l'accorddu 4novembre 1911,l'Allemagneobtient leprixde

son désintéressement :l'abandon d'une partie du Congo français. La voie est
libre pour l'instauration du protectorat français le 30mars 1912.
11ne reste au Gouvernement de Paris qu'a s'entendre avec celui de Madrid
pour l'exercicedes responsabilitésétatiquesau Maroc. C'estl'objetde l'accord
du 27novembre 1912qui, précisément, remet officiellemen tn question I'ap-
partenance au Marocdes terres sahariennes. II marque I'aboutisernent d'un long
processus colonialiste imaginépar l'Espagne dèsle XVesiècle.

2. LE MAROC, VICTIMEAU SAHARA OCCIDENTAL DE
DE L'EXPANSIONNISMEESPAGNOL
Les relations entre le Maroc et l'Espagne sont animéespar un double mou-

vement contradictoire, A la poussée colonialistehispanique s'oppose une résis-
tance chérifienneconstante. Les récentesdéclarationsespagnoles, devant la
QuatrièmeCommissionde l'Assembléegénérale des Nations Unies,prétendant
exprimer un ralliementauxprincipesénoncésparledroit deladécolonisation, ne
constituent qu'un revirementconjoncturel.
Elles illustrent de façon significativela recherche permanente d'un titrejuri-
dique adaptéaux différentesivolutions du droit international.
Le souci du Gouvernement marocain d'en révélerla véritable signification

politique est conforme a son attitude de refus permanent de la présence espa-
gnole sur le territoire du Royaume du Maroc.
Chronologiquement 1'Espagnea tentéde justifier son expansionnisme au
Sahara occidental par l'appel a différentsthèmes. Ellea d'abord invoquéde
prétendus droitshistoriques. Puis,devantlacarence manifeste d'effectivité, elae
utiliséde manièreunilatéraleet déformée la pratique du 4protectorat ))Enfin,
elleabénéficié desprocédures de dominationimaginées etimposéesparle (idroit
diplomatique européen r 1.

A. L'appeld deprétendtadroits hisroriques
Dès le début de la politique coloniale européenne,l'Espagne énonce ses
prétentions <historiques ))sur le Maroc. L'absence de ceux-ci sur le terrain

contraste nettement avecl'ampleuretl'ambitiondeleurs intituléset témoignede
l'intensitéde la résistance marocaine.

a) Le Maroc, continuationmughrébinede la «Reconquista ))espagnole

Le 5juillet 711,les Arabes, aprèsavoir débarqué a Algésiras,vainquirent a
Xeresde la Frontera l'armée espagnolequi avaitété envoyéecontreeux Darleroi
Rodéric.En quelques années,la$us partie dela iéninsulefut oCcupée et
lesArabes donnérent Al'Espagne un développement intellectuel eé t conomique
qui en fitA cette époquela premièredes nations européennes.
Pendant de nombreux sièclesles Espagnols réfugiéasu nord combattirent les

'La formule estutiliséepar l'articlI du traitdu 25 août 1883 établissantle
protectoratde la France surleViet Nam.140 SAHARA OCCIDENTAL

Arabes et la reconquétes'achevale 2janvier 1492par laprisede Grenade. Avant
de mourir, en 1504,la reine Isabelle la Catholique inséra.entre autres disposi-
tions, dans son testament, la clause suivante:

« Jeprieetje requiers la Princesse,mafille,etlePrince,sonépoux,enleur
qualitédesouverainscatholiques, deprendre bien soin deschosesquison1A
l'honneur de Dieu et de sa sainte foi, qu'ils soient tres obéissants aux
commandements de la Sainte Mère1'Eglseet ses protecteurs et ses défen-
seurs. ainsiqu'11sont tenu ei qu'ilsnecessenipasde conquérir['Afriqueeide

combuitrepour lu foicontre les infidèles))1
A partir de ces directives, les successeursdela reine isabelle, pousséspar un
désirde vengeance et de conquête,essayérentd'implanter leur domination en
Afrique en invoquant leurs prétendus «titres historiquesi)Toute la politique

déxpansion colonide espagnole au Maroc ne peut Ptrecomprise sans la cons-
tante nostalgie de cepays pour son épopéemarocaine. Donoso Cortes souligna
fréquemmentquel'Espagneétaitla têtede pont de l'Europeversl'Afrique 2.De
mêmeL , AIEpocu,journal ministérielespagnol, soulignaitdès1857 « l'impossible
prescription ))des droits de l'Espagne sur le Maroc. De son côté, SantiagoAl
Onso Valdespino écrivait: (pour lepeuple espagnol, ilseraitplus dégradantde
ne pouvoir réaliserla civilisationdu Maroc qu'il esthumiliant de supporter une

garnison étrangére A Gibraltar ))3.
Ces nombreuses revendications (historiques » amènent l'historien J.-L.
Mitge j.constater : <la question marocaine dès lors fait partie de l'ensemble
d'idées,de rêveset de regrets qui constitue l'espagnolisme n4. Ces termes sont
particulièrement significatifs et annoncent l'absence d'effectivitdans la réali-
sation des prétendus c droits historiquesi)de l'Espagne au Sahara occidental.

b) L'ubsenced'efjeciivirédesprétendusdroirs historiques de l'Espagne
Analyséesdans la perspective de la dimension historique précédente, les
manŒuvres de l'Espagne au Sahara occidental s'intègrent dans la tentative

générale de conquOtedu Maroc. Maisdevant l'impossibilitématérielled'obtenir
ce contrôle, du fait de l'opposition arméedes tribus marocaines. l'Espagne se
contente de réclamerune tétede pont sur lacôte marocaine afin d'yinstaller une
garnison suffisamment forte pour protéger lesîles Canaries. Le Gouvernement
espagnol désireobtenirla cessiondece « point fort))du seulsouverainlégitime :
le sultan du Maroc. Pour y parvenir, il évoque lesdroits qu'il prétend tenirde
l'histoire.
En 1476,l'Espagneconstruit une forteresse sur le littoral saharien en un lieu

intituléparelIe a Santa Cru de Mar Pequefia )r.Mais, dès 1478,la résistance
marocaine semanifesteet lefort est attaquépar une troupe de dix millehommes
commandée par le chérifAdil. En 1481,le fort est détruitet rasé.
Bien qu'il aitété reconstruit,il est de nouveau attaqué par les Marocains et
définitivement démoli en 1524 ou en 1527.La destruction de cette présence
ponctuelle a étési totale qu'iln'a plusétépossible d'enretrouver le lieu et toute
trace matérielleau XIX siécle, cequi démontre, unenouvellefois,s'il s'enfaut,

'Cité par Rouard de Gard, Reiaiiom de l'Espagneet du Murue au XVl'lllesiècle,
p. IO.
Euvres, Paris,1859.
' La questiondu Maroc examinée aupoint devueerpagnol et européent.rad.Lamar-
tinière,Paris, 1859p.58,
' la Maroc et l'Europe,PUF, Paris, 1962.p.352.le peu de teneur des soi-disant (titres historiqueside l'Espagne.A partir du

XVIesièclel'actionde ce pays au Sahara occidental selimite à quelques razzias
d'esclaves effectuéespar lesgensdesCanaries. En 1587,PhilippeII songe àfaire
restaurer la forteresse de Santa Cruzmais les ordres qu'il donne en ce sens ne
pourront pas êtreexécutés.
Pourtant, inquiet des tentatives d'un,commerçant anglais, Georges Glas,
désireux d'ouvrir en1764un comptoir à Tarfaya, le Gouvernement espagnol se
fondesur le souvenir decette lointaine présencepour réclamer auSultan le droit
de se réinstallersur les ruines de SantaCruz.
C'estla missionquifut confiée en1767Al'ambassadeurJorge Juan, auprésdu

sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah. L'échangede lettre entre l'ambassadeur
espagnol et son ministre montre l'importanceque l'Espagneattache àla cession
d'un point sur la côte marocaine de l'AtlantiqueàproximitédesCanaries, mais
aussi le refus permanent du Sultan d'accorder cette concession (annexes 32
et 33).
Lesnégociationsaboutissent à la conclusiondu traitéd'amitiédu 28mai 1767
parlequel leMaroc accepta touteslespossibilités d'échange e dt'entraide maisse
refusa à admettre l'existencede Santa Cruz.

Ce refus s'inscritparfaitement dans les orientations politiques de S. M. Sidi
Mohamed BenAbdallah qui,dans unelettre adresséele 19septembre 1774au roi
d'Espagne, informait son correspondant de son intention de récupérerCeuta et
Melilla, Illustrant cesintentions, le Souverain marocain devait, d'ailleurs, assié-
ger effectivement Melilla du 9 décembre1774au 16mars 1775 l.
En 1785. Salinas, ambassadeur du roi d'Espagne. reçu enaudience par le
Sultan, ne présenta aucune demande relative à Santa Cruzmais se borna à
réclamer la restitutionde Canariens prisonniers au Sahara occidental.

Le traitémaroco-espagnol du lermars 1799,confirmant la souverainetédu
Sultan au Sahara occidental, l'institue protecteur des naufragés espagnols
échouéssur les rivages de l'oued Noun et au-delà 2.
11faudra attendre la guerre malheureuse maroco-espagnolede 1859pour que
l'article8du traitéde paix du 26 avril 1860attribua l'Espagne,sous la pression
des armées,un territoire suffisantpour l'édificationd'unétablissement similaire
à celuiqu'elle possédaitautrefoisà Santa Cruz (annexes 34 et 35)C .ette dispo-
sition, qui avait pour objet l'installation d'une pêcheriseur une côte particuliè-

rement poissonneuse est introduite dans le traité Iila demande du général
commandant les troupes espagnoles, le général O'Donnel, lui-même originaire
desîlesCanaries, Elle ne recevrajamais le moindre commencement d'exécution
en dépitdes multiples interventions du Gouvernement espagnol (envoide trois
ambassades en 1863,1864et 1866)etdes travauxdedeuxcommissionsd'enquête
mixtes bilatérales.
Des 1878,le makhzen propose le rachat de Santa Cm. Tel est l'objet de
l'ambassade de Bricha en juin 1878et de Souissi,l'année suivante, à Madrid.
Bricha se rend encore àdeux reprises dansla capitale en 1880et en 1882 (an-

nexes 36 et 37).
Leministreplénipotentiaireespagnol àTangerexposedans unelettre adressée
le 16mars 1881 àson ministre dlEtat desaffaires étrangèreslecontenu de l'offre
marocaine.

{IElsitiode Melillde 1775,contieneeldiario delataquey defensade laPIaza de
Melillacontraelejércitdel Emperador de Marruecos por su misma persona desdeel
9 deDiciembre de 1774. ,Publicocionesdel InsiirutoGeneralFrancoTanger. 1939.
Cf.,in/ra deuxieme partie,p. 145.142 SAHARA OCCIDENTAL

Constatant l'inefficacitépratique desesrevendicationsétabliessurl'existence
de prétendustitres historiques, l'Espagnes'efforcea cette époqued'utiliser de
façon déformée lapratique du protectorat.

B. L'utilisutiondéIorméd ee la protique duprotectorat
Le26décembre1884,leGouvernement deMadrid notifieauxgouvernements
europkenssa décisionde placer souslaprotection del'Espagnelacôte du Riode
Oro, qui s'étenddu cap Bojador au cap Blanc (annexe 40).
Cette notification intervient Ala veille de la conférencede Berlin qui doit

précisément réglementerles rnodalitésdel'occupationpar lesEtats européensde
certaines ~arties du littoral africain. II ~araît intéressantde recherch... vour
mieux apprécierla portéejuridiquedu titre invoqué,les causes immédiatesde
cette initiative.

a) Les cawes de l'instaumtion duproteclorut espagnol
Ellesse trouventAlafoisdans l'apparition etledéveloppementd'ungroupede

~ressioncolonial en Es~aeneet dans la volontéde ré~ondre ?Il'établissement
L'uncomptoir britannigue de Mackenzie Acap ~ub~.'
Au lendemain de la signature du traite maroco-espagnol du 26 avril 1860,les
intérêtsprives hispaniques s'organisent pour profiter de la situation nouveIle.
Une compagnie se fonde iiMadrid, sous le nom d'Atlas Compagnie,pour
exploiter l'établissementde péche iiinstaller sur la côte du Sahara occiden-
tal.
Le 30 mars 1884,une société des africanistes se constitue AMadrid din de
développer la colonisation de l'Afrique a.Elle est patronnée par plusieurs
ministres et d'importantes personnalitéspolitiques. A la mêmeépoque,une
compagnie de navigation et de commerce, la Compagnie mercantile hispano-
africaine, estinstaurée pouraccroître «les relations commercialesde l'Espagne

avecl'Afriquepar l'implantation defactoreriesetlacréationd'unservicerégulier
de bateaux à vapeur $ l.
Ces différentessoci&tés coloniales et commerciales s'efforcent d'établirune
présence espagnoledans les régions côtiéres au sud du cap Juby, en invoquant
l'application de l'article 8 du traite du 26 avril 1860.Cette partie de la côte
marocaine paraît <(plus riche en poissons et plus accessibli) que cellede la
région «d'Ifni entre oued Noun et Agadir u,que les Espagnols considèrent ,
encore en 1878comme correspondant le mieux iil'ancienne Santa Cruzde Mar
Pequefia -'.
Le 1Imai 1882,leprésidentde la Société des africanistes espagnolsdemande,
dans une conférenceprononcéeAMadrid, l'occupation unilatérale,par le gou-
vernement, de Santa Cmz,qui devait êtresituéedans la zone comprise entre le

cap Noun et le cap Blanc '.De meme, dans un rapport du 22février1884,le
secrétairede la Sociétéespagnold ee géographiecommerciale,M. Ricari, affirme
la nécessité d'installerSanta Cruz entre le cap Bojador et le cap Blanc, de
préférencedans la presqu'île de Rio de Oro '.

' J.-L.Mikge,op. cit., II,p. 331.
Ange1 DomenechLaluente, Algo sobre Rio de Oro,Madrid, 1946,p. 45.
' J.-L.Miège, op.cit.i.III.p. 326.
' Tomas Garcia Figueras.La occion ofricono de Espufia.Madrid, 1966.t. II.
p. 1Elporvenirde Espada, Barcelone, 1884,p. 16-19. La même revendication est reprise enjanvier 1884par la Société des africa-

nistes, conformément A la résolutionadoptéepar le congres espagnol de geo-
graphie coloniale et commerciale réuni au moisde mars 1883.qui exigeI'inter-
vention du Gouvernement espagnol '.Celui-ci s'y refuse, mais laisse agir les
initiatives privées,surtout aprésles premiéresinterventions des concurrents
européens.
En 1869, le Gouvernement italien encourage l'envoi d'une missiondans la
régionde l'ouedNoun afin d'yreconnaîtrele territoire. Une nouvelletentative a
lieu en 1876avec Ie concours de la Société géographique italienne. L'objd et
cette double opération est de nouer des contacts avec le Soudan. <Au vrai,

comme l'écrit l'historienJ.-L. Mi&, les Italiens avaient étépris de vitessepar
l'ingénieurbritannique Donald Mackenzie. )>
Ce dernier créaen 1875la North West Africa Company et place un comptoir
en avril 1879au cap Juby, en niant l'existenced'unesouveraineté marocainesur
cette région.Le différend qui surce point oppose Mackenzie au Sultan sera
étudiédansla deuxiémepartie de ce mémoire 3. 11convient cependant de noter
d'ores et déjhque le Gouvernement espagnol appuie la positionjuridique ché-
rifienne concernant la souverainté marocaine sur le territoire contesté (an-
nexe6 1).

Cependant, en raison de I'kmotion suscitée au seinde l'opinion publique
espagnole et surtout de celle des îles Canaries (annexes 56 et 57), le Gouverne-
ment de Madrid décidede prendre desgages territoriaux entre lecap Bojadoret
lecap Blanc. Ceslimitesgéographiques lus iont imposéesau nordpar sonpropre
refusdeconsidérerlarégiondecap Juby commeun territoiresans maître, afinde
contester la présencebritannique. et, au sud, par le traite de Versailles du
4 septembre 1783qui reconnaît hla France desdroits spéciauxentre lecap Blanc
et le fleuve Sénégal.
IIexploitedans cedessein lesquelquesinstallations matériellesmisesen place

par des initiatives privées.En septembre 1881,lacompagnie Pesqueriascanario-
africanas établit un simple ponton dans la baie de Rio de Oro. En novem-
bre 1884,Bonelli,représentantde la,Sociétedesafricanistes érige unefactorerie
dans la presqu'île de Dakhla, h Villa Cisneros.
Tels sont les rares élémentssur lesquels est bâtie la fiction du protectorat qui
n'intéresse d'ailleursue lacôte allant du cap Bojadorau cap Blanc,hI'exclusion
de la Saguiet el Hamra pour laquelle aucun fait de ce genre n'a étéinvoque.

b) Laportée juridiquedu fprorectorai » espagnol
La notification espagnole aux puissances effectuée a la fin de l'année1884est

atteinte d'unviceessentiel, l'inexistenced'un actejuridique susceptibled'établir
un protectorat.
i) Le soi-disant traitéde proteetorai n'existepas matériellement

LeGouvernementespagnolpour tenterdejustifier saprésenceau Rio deOro a
invoqué uncertain nombre de textes.
En septembre 1881,la compagnie Pesqueriascanario-africanas aurait acheté
des terrainssur lerivagedela péninsuledeRiodeOro par l'intermédiairede trois
marocains qui seseraientrendus,pour réalisercette transaction, h Arrccifedans

I'ile de Lanzarote. Il s'agit en fait, d'après letémoignagedes Espagnols eux-

' Ange1 Domenech Lafuente,op. ci?.,p. 45
J.-L. Miége,op. cit.p. 229.
Infra, deuxiémepartie,p. 197.144 SAHARA OCCIDENTAL

mêmes '.d'une simplecessionentre personnes privéesne réalisantqu'un simple
transfert de propriétéet n'aliénantnullement la souveraineté marocaine(an-
nexe 38).

Le 28 novembre 1884,Bonelli obtient par la signature d'un acte rédigéen
espagnol et daté engrégorien,ce qui révèle bienson caractére unilatéral,l'au-
torisation deconstruire un bâtimentpour yexercersoncommerce à Nouadhibou
(annexe 39).
11paraît difficile d'admettre que ces deux documents, élaborésdans une
perspective uniquement commerciale, puissent répondre aux exigences posées
par l'acte généradle la conférencede Berlindu 26février1885,dont l'&pagne
-
étaitpartie.
Aux termes de l'article 35 de cet acte général, ielst en effet stipulé:

Les puissances signataires du présentacte reconnaissent l'obligation
d'assurer dans les territoires occupéspar elles, sur les côtes du continent
africain, l'existenced'une autoritésuffisante pour faire respecter les droits

acquis...)>

C'est sans doute pour concrétiser cette autorité, jusque-là absente, qu'un
décretdu IOjuillet 1885précisel'organisation administrativedu soi-disant pro-
tectorat et nomme Bonelli au commandement supérieurcivil et militaire (an-
nexe41).
En fait,cetteorganisation resteplusnominaleque réelle.Ilestintéressant à cet

égardde comparer !'affirmation contenue dans la notification du 26décembre
1884selon laquelle lespopulations delacôteducap Bojadoraucap Blanc <{ont à
de nombreusesoccasionssollicitéetobtenu laprotection desEspagnols n,avecle
témoignagedu chargé d'affairesde France à Tanger, M. de La Martiniere.
Celui-ciparlant en 1900de la présenceespagnole à VillaCisnerosdans unelettre
adresséeau ministre des affaires étrangéres évoque : cette ombre de garnison

dont les relations avec les tribus de l'intérieur n'existeraiet asu 2.
Le témoignagede l'historienJ.-L. Miégeconfortecette dernikre estimation :
(iLes populations se montrhrent rétives.Le mouvement xénophobede Ma el
Aïnin installé a Smara contraignit les Espagnols de s'enfermer à Villa Cisne-
ros. )3
L'accord passépar trois explorateurs espagnols avec des représentants de
I'érnirdel'Adrar, 1e 12juiHet1886,et quiconcernait I'hirrreri'c~nnedpouvait rien

changer hlasituation de fait, n'ayant de toute façonjamais étesuivid'effectivité
(annexe 40 bis).

ii) Lesoi-disant protectorat n'est pus conformeau droit international

En dépitde la confusion juridique de la situation de l'Espagne au Sahara
occidental que nous venons d'établir,c'estbien l'établissement d'un protectorat
que le Gouvernement de Madrid cherche Q instaurer. 11ne procédepas I une
annexion.
La séancedesCortesdu 24juin 1887en fournit ladémonstration.Au coursdu
débat,un députéd'opposition (M. Montilla) interroge le président du Conseil
Sagasta pour savoir «si le gouvernement considèreque le territoire de la côte

A. DornenechLafuente, op. cil.p. 45.
Docunienls diploma~iquesjrançuis. 1871-1914, lm série, t.XVI, doc. no 115,
p.190-192.
la Maroc ell'Europe.op. ci!.t. III,p333africaine compris entre la baie du cap Blanc et le cap Bojador fait partie du
territoire de la nation espagnole ))Montilla précise son interpellation :

<ileparagraphe 2de l'articte 55 delaConstitution disposeque,pour aliéner
ou annexer des territoires nationaux, le Roi doit êtreautorisépar une loi
élaboréeaux Cortes. Si le gouvernement déclareque ces territoires appar-
tiennent Al'Espagne comme il a cru bon de le faire, il n'estrien de moins
qu'en flagrante violation de la Constitution. 1)'

Le présidentdu Conseil confirme bien l'intention gouvernementaled'établir
un protectorat. Or, (ila notion de protectorat ades limites tr&simprécisesqui

peuvent aller d'une petite influence de la nation protectricejusqu'à la domina-
tion complète du territoire u 2.
En vérité, le droit international de la périodecoloniale ne connait que deux
types de protectorat. Le protectorat international implique des rapports de
dépendanced'un côte,de protection d'un autre,entre deux entités constituant

deux véritablesEtats. Le protectorat colonial porte sur des territoires (iqui
contiennent des peuplades avec un chef mais non un peuple avecson gouver-
nement ))3.
Pour s'en tenir audroit de la colonisation, cedeuxième typesupposeune prise
de possession réelle. Ainsiapparaît l'absence de conformité des prétentions
espagnoles aux conditions établiespar le droit de l'époque.Commele rappelle

avec force Charles De Visscher (Les effecrivitésdu droit interna~ionulpublic.
p. 102) :

(1lestitres proprementjundiques, telsqu'un traitéde cession,n'opèrent pas
par eux-mêmes établissemendte la souveraineté ; il ne suffit pas davantage
alaconserver. Le traitédecessionn'ophretransfert que s'ilest suivipar une
prise de possession )>.

Jusqu'en 1934l'Espagne n'a occupé que trois points côtiers du Rio de Oro,
précisément en raison de l'opposition arméedespopulationsmarocaines qu'elle
étaitcensée protéger. Cep sopulations ont pris lesarmespour répondrea l'appel
de leur souverain légitime,le Sultan.

L'Espagne savaitde longue date que le sultan du Maroc étaitle seul maître
authentique de la terre sahariennecomme le montre notamment le traitéqu'elle
avait conclu avec lui le 28 mai 1767.
Il estd'ailleurs significatifdenoter qu'en 1886,deux ans après l'ordre royalde
(inotification de protectorat i),l'Espagne doute encore de la validité de <<ses
droits )).Elle essaie sans succèsde faire ratifier ses prétentions par le Sultan.

Dans ce dessein, l'ambassadeur d'Espagne prie MohammedBen Larbi Torres
d'interroger Moulay Hassan sur les (frontières sud du Royaume )).Le Roi
repondit le 4 Ramadan 1303(6juin 1886)dans tes termes suivants :

(1EncequiconcerneleRiode Oro,uneenquêtefaiteauprèsdeshabitants
de la régiona révélé qu'il s'agitdes lieux habitéspar les Ouled Delim et la
tribu des Aroussiyine qui sont nos fidélesserviteurs, qui se sont installés
aux environs de Marrakech et de FPs et qui appellent cette région
(iDakhla. )>

Vingt-deuxansplus tard, en 1908,leGouvernement espagnoldemandeencore

'Tomas GarciaFigueras, Santa Cruz de Mar Pequefio,Ilni, Saharo, Madrid
Revue Africÿ, 1934, p. 205.
P. Fauchille,Truite de droit inlernationol. Pans, 1925, t.II,p. 776.146 SAHARA OCCIDENTAL

au Gouvernement marocain O l'établissementdes limites entre le territoire de
l'Empire chérifienet le point que possPdel'Espagne à Wadi-Ed-Dahab ))(an-
nexes 9 a 14).
Le 18mai 1886,S. M. Hassan Ieradresse à tous les représentants desEtats
étrangers à Tanger, par l'entremisede son ministre des affaires étrangères,une
note circulaire par laquelle il proteste contre les mendescertaines puissances

européenneset en particulier de 1'Bpagne au Sahara ' (annexe 60).
te voyageeffectué,la méme annéep ,ar le Souveraindans lesudestégalement
dirigécontre les convoitises espagnolessur la côte marocaine du cap Blanc.
Le 2 mai 1889, dans une lettre adressée à l'ambassadeur britannique, sir
Herbert White, le grand vizir M'Fade1 Ghamit rappelle une ilouvelle lois la
position marocaine :

(iVous dites que les rois du Portugal occupaient quelques villesde 1'Em-
pire du Maroc dans les régions situées au sud de Juby. c'est-à-diredans le
Rio de Oro ou la rivière d'Or, etque si le Gouvernement marocain ne
reconnaît pas que ces villes étaient portugaises, toujoursest-il que les
Espagnols les occupent depuis plusieurs annéesmalgréles revendications

marocaines sur elles.
Vous ignorezque le Gouvernement marocain a écrit auGouvernement
espagnol à ce sujet et qu'il a envoyédes troupes dans la régionpour la
protéger.)) (Annexes 63, 64 et 65.)

Ne pouvant une foisencore rien obtenir du souverain légitime,le Gouverne-
ment de Madrid cherche une autre voiedans la négociationavec lespuissances
européennes.Ainsis'expliqueque ladéclarationde 1884,considéreecommeune
((prévisiondiplomatique ))par leministre espagnol des affaires étrangères, ait
éténotifiéeaux puissances pour servir de base à la future négociation.
C'estdoncle concerteuropéenquiattribuera Al'Espagne unepart de territoire
marocain.

C. Le Maroc, objetdu rdroit dip/ontatiqueeuropéeit
«L'Espagne, sans ennuis diplomatiques, et toute seule durant de longs
siècles en facedu Maroc, n'avait pu le conquérir.II fallut, pour que ses

troupes pénétrassent à demeuredans un pays silongtemps convoité,que la
question marocainefût poséedevant lespuissances. L'Espagnearriva ainsi,
après despéripéties diverses, au but qu'elle s'était proposet cela indirec-
tement, beaucoup plus par les combinaisons de la diplomatie que par la
force des armes. ))3

Cette appréciation de l'historien français Emile Vidal est parfaitement
conforme aux déroulements des faits. Les dispositions des traités franco-
espagnols du 27juin 1900,du 3novembre 1904et du 27 novembre 1912tracent
progressivement sur lacote marocaine lescontours d'unecréationcoloniale :Le
«Sahara espagnol ».
Le depécementdu Royaume du Maroc s'effectueen violation du principe

essentieldu respect de l'unité etde I'intéNtéterritoriales, maintes foisconsacré

Espinozade losMonteiros, L'Espagneen Afrique. Madrid, 1903, p.146.
2Public RecordOffice,F.O. 99/27 1,Dans lem&me senslettredu 4juillet 188hsir
J.B. Hay, PublicRecordOffice, F.O. 99/262,et lettrdu 26 février1889LsirWilliam
KirbyGreen, F.O.99/27].
3E. Vidal,h politiquedel'Espagne au Maroc, Montpellier,1913, p.181.par des traitésinternationaux dont le plus solennelest sans conteste l'acte final
de la conférence d'Algésiras.
Dans cescirconstances,ils'avèreimpossibledeconsidérer commeterrattullius
une partie importante du territoire marocain, arbitrairement détachéedu

Royaume. Une telle violation de l'intégrité territoriale marocaine est d'ailleurs
parfaitement miseenlumiérepar M. Gonzalo DeReparaz, conseiller,spécialiste
des affaires marocaines, auprès de l'ambassadeur d'Espagne2 Paris, lors des
négociationsayant abouti au traité franco-espagnoldu 3 octobre 1904.Celui-ci.
dans son ouvrage Politique de ['Espogne en Afrique, rappelle que le Maroc
comprend dixprovinces : trois au nord, troisau centre et quatre au sudà savoir

le Sous, le Draa, la Saguiet el Hamra et le Sahara marocain )>l.L'ensembledu
Sahara occidental est donc partie intégrantede l'Empirechérifien,excluant tout
recours à la notion de terre sans maître.

a) Le depeçagedu Royaume du Muroc

A lasuite de la notification espagnoledu 26décembre 1884, et de l'expédition
exploratoire vers l'Adrar, enjuillet 1886,le Gouvernement français prend l'ini-
tiative d'une premiere délimitationdu territoire placésous la protection » de

l'Espagne. Les négociations aboutissent ii la signature du protocole franco-
espagnol du 26 octobre 1886.
Lafrontikre entre les(ipossessionsfrançaisesdu Sénéga )etles <possessions
espagnoles >>est tracéede la maniéresuivante :

(Une lignequipartantdu point indiquépar lacarte annexée àlaprésente
convention sur lacôteoccidentaledel'Afrique,delapéninsuleducap Blanc
entre l'extrémitédececapet la baie de I'Ouest(baiedu Lévrier),gagnerale
milieude ladite péninsule,puis en divisant celle-cipar moitié,autant que le
permettra le terrain, remontera aunord jusqu'au point de rencontre avecle

paralléle21 O 20'de latitude nord etsecontinuera dans l'intérieur lelongdu
susdit parallèle.))
Ainsisetrouvent limitéesausud lespossibilitésd'extension espagnolem , ais ce

protocole passesoussilencel'aboutissementdecettefrontièrelelongduparallele
21 "20'.Telleest, sansdoute, la raisonqui pousseleGouvernement de Madrid A
la mêmeépoque àdemander au Gouvernement chérifienoù s'arrêteau sud les
frontièresdu Royaume I.
Le décretroyal espagnol du 6 avril 1887précisedans son article premier que
(1lesterritoires de la côte sahariennesetrouvant entre la baie de I'Ouestdu cap

Blanc...et lecap Bojador ...sont incorporés A la capitaineriedes îles Canaries ))
(annexe 42).
La terminologie employéeest révélatricede l'évolution subie.Le terme de
protectorat n'estplus utilisé.L'Espagnecalqueainsi l'organisationde ses (ipos-
sessionssur lacôte occidentale sde l'Alriquesur cellequela France metenplace
Bpartir du Sénégal.

Au moment mémeoh elle procede de la sorte Aune annexion unitéraled'une
partie du territoire marocain, l'Espagneadresse, avecl'Italieet l'Angleterre,une
note collectiveau Sultan le 12mars 1887.Lestrois gouvernementsaffirment que
c lemaintien del'indépendanceetde l'intégrité territorialedel'Empiremarocain
est l'objet de leur vive sollicitud8.

Barcelone, 1907,p. 84.
Cf. supra,p. 145.148 SAHARA OCCIDENTAL

En janvier 1891, le sous-secretaire d'Etat aux colonies du Gouvernement
français appelle i'attention du ministre des affaires étrangères

(isur legrand danger qu'il y auraità ne pas fixerlepoint ou s'arrêteradans
l'intérieurla limitedespossessions espagnoleslelong du parallèle21" 20'et
à permettre ainsi la justification par une convention diplomatique des
prétentionsultérieuresque I'Espagnepourrait éleverdans une région dont
la possession ne saurait nous être contestée a la suite de la convention

franco-anglaise du 5 août 1890 il.
Le territoire essentiellementvisépar cette note est l'Adrar. bien que le Gou-
vernement espagnol n'ait jamais notifié aux puissances, donc ii la France, le

soi-disant (itraitéde protectorat i)de 1886.
La nécessité pour la France de ne pas laissercouper lajonction projetéeentre
leSénégaelt sespossessions d'Afriquedu Nord amène.désIR91,deséchangesde
vuesentre lesGouvernementsfrançaisetespagnol.Ilsdeviennentindispensables
à la suitedes initiativesd'un fonctionnairefrançais. XavierCoppolani estchargè
ennovembre 1898par songouvernementde (prendre contact aveclespeuplades

maures et touaregsituées au nord » delacoloniedu Sénégal id'établiravecelles
un courant de relations pacifiques n et <id'étudierle développementde l'isla-
misme dans ces régionsau point de vue politique ».Cette mission conduit le
27décembre1899 leministre français des colonies à proposer la création d'une
<organisation autonome » regroupant « les territoires immenses))rt-partis<de
la rivedroite du Sénégaelt des régionscomprisesentre Kayeset Tombouctou i)
jusqu'au cap Juby et au Sudalgérien,souslenomde <(Mauritanie occidentale o.

La réalisationde ce projet se heurte aux objections du ministre des affaires
étrangèresfrançaisquiévoque à lafoisl'accord anglo-marocaindu 13mars 1895,
reconnaissant lasouverainetédu Sultan sur lesterres allant de cap Juby aucap
Rojador,et lesvuesde l'Espagnesur certainesparties du Sahara occidental.Pour
surmonter cet obstacle, les négociationsfranc<~espagnoles,suspendues par la
guerrehispano-américainede 1898,reprennent etaboutissent A lasignature dela
convention du 27juin 1900(annexe 43).

L'article premier trace la délimitationterritoriale de la maniPre suivante :
(iSur la cate du Sahara, la limite entre lespossessions~rançaiseset espa-
gnolessuivrauneligne qui,partant du point indiquépar lacarte ...surlacôte

occidentale de la péninsuledu cap Blanc, entre l'extrémité de ce cap et la
baie de l'Ouest, gagnera le milieu de ladite péninsule, puis,en divisant
celle-ci par moitiéautant que le permettra le terrain, remontera au nord
jusqu'au point de rencontre avec le parall&le21' 20'de latitude nord. La
frontiere secontinuera à l'est sur l21' 20'de latitude nord jusqu'à l'in-
tersection de ce parallèle avecle méridien15" 20' ouest de Paris(13" ouest
de Greenwich). De ce point, la ligne de démarcation s'éléveradans la

direction du nord-ouest en décrivantentre les méridiens15' 20'et 16" 20'
ouestdeParis (13" et 14"deGreenwich), unecourbequiseratracéedefaçon
a laisserA la France, avec leursdépendances,lessalinesde la régiond'Idjil,
de la rive extérieuredesquelles la frontiérese tiendra h une distance d'au
moins 20 kilomktres. Du point de rencontre de ladite courbe avec le méri-
dien 15"20'ouest de Paris (13' ouest de Greenwich), la frontiere gagnera
aussi directement que possiblel'intersectiondu tropique du Cancer avecle

méridien14' 20'ouest de Paris (12' ouest de Greenwich)et se prolongera
sur ce dernier méridiendansla direction du nord B.

Convention relativeau partage du Soudan. 14 liniite ainsi tracée n'estdoncpus unelignejerniée,le territoire attribue
l'Espagne n'estpus liniitéau nord.Pour obtenir un élargissementde ses (ipos-
sessions r le Gouvernement espagnol est contraint de s'accorder avec la

France.
Ce fait est reconnu par M. Ribera qui déclaredans le numérode décembre
1901de la Revistude Aragon :
(On ne peut faire la conquêtedu Maroc, même se ille étaitfacile, sans
l'amitiéde la France qui tient entre ses mains la frontiére marocainepar

l'Algérie,base naturelle d'opérations offensives et défensives ... Enfin,
actuellement, en cequi concerne laquestion du Maroc,l'énormeinfériorité
de nos moyenscomparés a ceuxde la France nous met dans l'obligationde
nous soumettre entiérement3 elle pour obtenir un succèsdurable. o

Desdiscussionsentre lesdeuxpaysreprennent apresl'accordfranco-italiende
décembre1900,Un projet de convention est misau point le 8et le 1 1novembre
1902,mais leGouvernement espagnolhésite3leconcluresansI'accordpréalable
de la Grande-Bretagne. Ce projet est toutefois intéressant a analyser dans la
mesureou il reconnaît explicitement lasouveraineté marocainesur la Saguietel
Hamra. L'article 2 prévoit qu'encas d'impossibilitéde maintien du staruquo au
Maroc.la France et1'Espagnejouirontd'un {idroit exclusia d'intewcntiondans
deux « sphères d'influence t>délimitéespar l'article 3 qui attribue h celle de
l'Espagne.outre une partie de l'Anti-Atlaset de la valléedu Sous,la Saguietel

Hamra (annexe 44).
Les deux articles fondamentaux sont ainsi rédigés :
(1Art. 2. - Si par Ia faiblesse du Gouvernementniorocuinet par son
impuissance iiassurer l'ordre et la sécurité.ou pour toute autre currse,le
maintien du statu quo devient impossible, le Gouvernement de la Répu-

blique françaiseet le Gouvernement de S. M. le roid'Espagnedéterminent
comme il suit leslimites à l'intérieur desquelleschacun d'euxaura le droit
exclusif de retablir la tranquillité,de protégerla vie et les bicns des per-
sonnes, et de garantir la libertc des transactions commerciales.
Ar[. 3, - D'unepart, lalignededémarcationentre lessphèresd'influence
française et espagnole partira de l'intersection duniéridien14O2û' ouestde
Paris (12' ouestde Greenwich)visépurluconve?ition du27juin 1900. arec le
?ciedegré de latitude nord qu'ellesuivra vers l'estjusqu'à son intersection
avec la route tracéeen pointilléssur la carte formant l'annexe 1 de la
présente convention,etreliant BirelAbbas à MaderYmOugadirenpassant

par Tindouf ..))
Letexte nesouffreaucunediscussion.Pour lesEspagnols.en1902.faSupiet el
ffurrnirast bienuneterreniorocuinecontnieleconfirnielucurreci-jointe ',exrruire
d'urtouvragede M. GarciaFiguerus,paru i Mudriden 1946, inritulé Lesreveri-

dicoiions espagnoles sur le nordfe f'AjriqueM.
Lesnégociationsun moment interrompues sont rouvertesen 1903et facilitées
l'annéesuivante par l'accord franco-anglais du 8 avril 1904, Par l'article8, les
deux parties contractantes
((s'inspirant de leurs sentiments sincérement amicauxpour l'Espagne,

prennent enparticuliéreconsidérationlesintéretsqu'elletientdesa position
géographique etde sespossessions territorialessur la côte marocaine de la

'Nonreproduite. [Noie du Grcfje.1 SAHARA OCCIDENTAL

Méditerranée etau sujet desquels le Gouvernement français se concertera
avec le Gouvernement espagnol i)(annexes 45 et 46).

Toutefois, comme lereléve M. Noulens dans son rapport devant la Chambre
française desdéputesen 1913,rcles situations se précisaientet la nôtre ne nous
permettait plus d'envisagerles mémesconcessions que précédemmeno t ',con-
cessions bien entendu consenties sur le territoire marocain.
Lesnégociations se terminentpar la signaturedu traitédu 3 octobre 19M. Par
une déclarurionpubligud ee la m&medate, lesdeux gouvernements reconnaissent
qu'ils sesont mis d'accord pour fixer l'étendue de leurs droits et la garantie de
leurs intérêtsau Maroc, tout en déclarant <(qu'ils demeurent Fermementatta-

chés Q l'intégritéde l'Empire marocain sous la souverainetédu Sultan )>(an-
nexe 47).
En réalité,cette noble affirmation n'étaitque de principe, la déclaration
publique du 3octobre 1904 était accompagnéed'un «arrangement i)qui, au
cours des quinze premières années,ne pouvait étrepubliéqu'aprésaccord des
deux gouvernements (annexe 48). Le contenu du traitédu 3 octobre 1904reste
donc secretjusqu'en 1912.11révèle en fait une nouvelleet graveamputation du

territoire marocain dont les deux signataires désirent camoufler les effets A
l'égarddu Maroc. Dans cette perspective,le ministre d'Etat espagnol déclare à
sonambassadeur &Paris :« Ilfaut trouverunmoyenafindeconvaincreleMaroc
que tout cequi aété décidépa l'rEspagneet Ia France ne viseque lesintérstsdu
Maroc. » 2
Trois types de disposition ont une portée territoriale :

L'oriicleIV ussure lu reconnaissancepar le Gouvernement français des
<(droits spéciaux fde l'Espagnesur Santa Cruzde Mar Pequeiia. maissourtout
localisesur le terrirairemarocaincefameux étoblissemenr :

« il est entendu que le territoire de cet établissementne dépasserapas le
cours de I'oued Tazeroualt, depuis sa source jusqu'à son confluent avec

I'oued Mesa, et le cours de l'oued Mesa, depuis ce confluent jusqu'a la
mer. e
*L'nrticleIII établitunpartage conditionnel du Maroc en deux zones d'in-

fluence. La première, aunord. éloignela France de la forteressede Gibraltar, la
deuxikme, au sud, complètepar l'articleV ladélimitationde 191W):

(la démarcationentre lessphéresd'influencefrançaise et espagnolepartira
de l'intersection du méridien14' 2û'ouest de Paris avecle 26' de latitude
nord, qu'elle suivra versl'estjusqu'a sa rencontre avecleméridien11O ouest
de Paris. Elle remontera ce méridienjusqu'à sarencontre avecl'oued Draa,
puis le thalweg de I'oued Draa jusqu'à sa rencontre avec le méridien10"
ouest de Paris, enfin le méridien10"ouest de Parisjusqu'à lalignede faîte
entre lesbassins de I'ouedDraa etdeI'ouedSous,etsuivra,dans ladirection

de l'ouest,la lignede faîte entre lesbassinsde l'ouedDraa et de I'ouedSous,

1 Rapport fait aunom delacommissiondesaffairesextérieures,des protectoratest
descolonies,chargéed'examinerle projetde loiportantapprobationde la convention
situationrespectivedes deux pays iil'égarddeal'Empirechérifienv.ar M. pNoulens,a
député ,O, Chambre des députés, documents parlemenlaires,no 2559 (3= séance du
27 fevner 1913),p.84.
Mémoirede I'Ecolediplomaiique espagnole,1950, p.200. EXPOS~~CRITDU MAROC 151

puis entre les bassins côtiers de I'oued Mesa et de I'ouedNoun. jusqu'au
point le plus rapprochéde la source de I'ouedTazeroudt )).

Dans les deux <(sphéres i)ainsi déterminées, laFrance et l'Espagnepeuvent,
déslasignature du traité,développer une (iinfluence rpolitiqueou économique.
En revanche, elles ne pourront exercer librement leur action O,c'est-&-dire
intervenir militairement et imposer leurdomination que si une condition préa-
lablement prévuepar l'articleIII est remplie :

« Dans lecas où l'étatvoliti~uedu Maroc et le Gouvernement chérifien
nepourraient plussubsis~er,ouii, par la faiblessedece gouvernement etpar
son impuissance Dersistantehamener la sécuritéet l'ordre public ou pour

toute Gtre cause iconstater d'uncommun accord, lemainiièndu ~ror;~uo
devenait impossible ..a

En fait si(l'ordre publicet la sécuritéu sont troublésau Maroc au début du
XXesiécle,c'estprécisément à cause des interventions étrangéres qui, en cequi
concerne l'Espagne, deviennent avec le traitésecret de 1904encore plus pres-
santes. L'articleVI s'avéreparticuliérementnéfastepour l'intégritéterritoriale
marocaine. Certes le Gouvernement espagnol ne retrouve plus la vaste zone
d'influence que le projet de 1902 lui attribuait dans le Sahara occidental. En
revanche, il peut s'établir <Atout moment )) 5 Ifni,à la {condition de s'être

préalablemententendu avec le Sultan ))Surtout,
a leGouvernement de la République françaisereconnait dèsmaintenantau

Gouvemement espagnol pleinelibertéd'action sur la régioncompriseentre
les26"et 27' 40'de latitude nord etleméridien 1 Ioouestde Pan's,quiesten
dehors du territoire marocain ».

Le Gouvernement de la République françaisefait ainsi un cadeau au Gou-
vernement espagnol, il lui offre la Saguiet el Hamra. L'Espagne entrevoit la
réalisationde ses rêves. Leprésidentdu Conseil, M. Maura, déclaredevant le
Sénatde son pays : L'Espagne retrouveraau Maroc l'équivalentde cequ'ellea
perdu aux Antilles O, allusion au bilan désastreuxde la guerre hispano-améri-
caine de 1898,qui avait amputél'aempire colonial idesïles de Cuba, de Porto

Rico et de l'archipeldes Philippines. Pour y parvenir, il lui faut expulser, sans
droit, la SaguietelHamra du territoire marocain eten faireune terresans maitre.
En agissant ainsi, le Gouvernement espagnol adopte une attitude diarnétrale-
ment opposée à celle qui étaitla sienne treize annéesplus tôt. Une lettre du
15aotît 1891adresséepar l'ambassadeurde France A Madrid, Paul Cambon,au
ministre français des affaires etrangeres, est particuliérementéclairante a cet
égard.Le Gouvemement franqais tente, à cette époque,d'occuper les oasis du

Touat au sud-ouest desespossessionsalgériennes.Lespopulations protestent de
leur appartenance à la couronne chérifienne.Pour obtenir l'assentiment de
l'Espagnehcetteopération,l'ambassadeurde France expliqueauministred'Etat
espagnol, le duc de Tetouan, que les regions convoitéesne sont que des <iter-
ritoires sans maitre r. Le ducde Tétouanrépondau diplomate français :

<Je ne méconnaispas votre intérê tilestévidentetle nôtre est nul. Jene
formulerais même pas uneobservation, s'iln'yavait pas euune question de
principe dont la solution peut nous intéressersur un autre point, je veux
parler du cap Juby. LesAnglaissoutiennent quela régionavoisinant cecap
est sans maître, que le Sultan n'yajamais fait acte de souveraineté,et ils

émettentla prétentionde se l'attribuer, ce qui nous gêneraitbeaucoup, a152 SAHARA OCCIDENTAL

causedes Canaries. Je crains doncde créerun précédentfâcheuxpour nous
en admettant votre thése. a

Le représentantde 1'Espagnea affirmédevant la QuatriémeCommission,en
décembre 1974,que son pays n'avaitjamais considéréla Sahara occidental
comme une terre sans maître 2.Cela est vrai en 1891,comme le Gouvernement
marocain vient de le montrer, parce que l'Espagneconsidéraitque cette région
étaitprécisément placéseous la souverainetédu Sultan.
Lecadeau français n'estpasdésintéressé D.ans lalutte queselivrent laFrance
et l'Allemagne,le Gouvemement de Paris a trouvéun alliédont lesintérêts sont
désormaisliés aux siens. Ladémonstration en est fournie en 1905-1906.
A la suite du discours prononce à Tanger par le Kaiser, les Gouvernements

français et allemands acceptent dans leur déclarationdu 8juillet 1905la con-
vocation AAlgésirasd'uneconférenceintemationale.Avant deprendre part Q ses
délibérationspar leurs représentants, laFrance et 1'Espagneseconcertent {<sur
l'attitude qu'elles tiendront laconfkrence pour la défensecommune de leurs
intérétsn -'.
Leur accord est consacré par un Iraitésecret du Icrsepternhre 1905 (an-
nexe49bis) eipar un échangede letrresduréesdu 15septembre de lumènieannée.
Le Gouvernement français avait ainsi obtenu l'isolementdiplomatique de l'Al-

lemagne.
Cette derniere en tire lesconséquencespar le traitéfranco-allemand du 4 no-
vembre 1911(annexes 51 et 521,qui constate l'existence matériellede la condi-
tion imaginéepar l'article3 du traité secret franco-espagnoldu 3octobre
1904:

(1A la suite des troubles qui se sont produits au Maroc et qui ont
démontréla nécessitéde poursuivre, dans l'intérêt général, l'Œud vere
pacification et progrésprévuepar l'acte d'Algésiras ...le Gouvernement
impérial ..donne son adhésionaux mesuresde réorganisation,de contrôle
et degarantie Einanciéreque, aprésaccord avec leGouvernement marocain,
le Gouvernement français croira devoir prendre.

L'échange de lettres explicatives du 4 novembre 1911entre M. de Kiderlen,
secrétaire d'Etat des affaires étrangéresd'Allemagne, et M. Jules Cambon,
ambassadeur de France a Berlin, est sur ce point plus explici:e«Dans I'hy-
pothtse où le Gouvernement franqais croirait devoir assumer le protectorat du

Maroc, le Gouvemement impérial n'y apporterait aucun obstacle. DSurtout le
contenu territorial de 1'Etatmarocain est déterminéde façon précisé :
«l'Allemagne restera étrangereaux accords particuliers que la France et
i'hpagne croiront devoir faire entre elles au sujet du Maroc éfantconvenu

que le Maroc comprend toute luparfie de liljrique du Nord s'èlendanfenfre
l'Algérie,lwrique occidenruleJrançaise et Ia colonie espagnole du Rio de
Oro # (annexe 53).

A la suite de la publication de ces lettres, l'Espagne proteste auprésdu
Gouvernementfrançais car ellesnelui paraissent pas conformes Al'accord secret
de 1904. En effet, elles restituent 3 la Saguiet el Hamra sa véritablenature

' Docunienfsdiplomariqu~~frun~ai 1r.71-1914. IR sérit.VIII. p.667.
Ouaincme Commissioli. .oinP*e rendu de la 2130F.+ance, 10 décembre1974,
A/C.~/SR.Z~.~O p,9.
RapportA laChambre françaisedes députés op.cir.p. 85. EXPOS ÉCRIT DU MAROC 153

juridique de province marocaine.C'estdire qu'à aucun momenton ne saurait la
considérercomme une terre sans maître.
Le traité franco-allemand du 4 novembre 191 1 viole manifestement l'acte

générad l e la conférence d'Algésirpuisqu'ilporte atteinte a la souverainetédu
Maroc. Son article 14 s'efforcede pdlier cette difficultéjuridiq:<Leprésent
accord sera communiqué aux autrespuissances signatairesde l'acte d'Algésiras
aupres desquelles les deux gouvernements s'engagent àse prêter mutuellement
appui pour obtenir leur adhésion. iCelle-ciétantacquise, la France impose au
Maroc le traitéde protectorat du 30 mars 1912 qui, dans son article premier,
troisikme alinéa,autorise le Gouvernement de Paris a se concerter « avec le
Gouvernement espagnol au sujet des intérêts que ce gouvernement tient de sa
position géographiqueet de sespossessionsterritoriales sur 1acôte marocaine»
(annexe 54).

Au cours de la nouvelle négociation, leGouvernement français (réclame à
l'Espagne,sousforme de supplément territorial,une participation équitableaux
sacrificesconsentis par la France pour consoiider au Maroc lasituationddeux
puissances u 1.De fait, la France a dû cédera l'Allemagneune partie du Congo.
Le Gouvernement espagnol oppose un refus catégorique acette réclamationet
obtient finalement,en dépitdequelquesrectifications territoriales,lerespectdes
engagements pris en 1904,dans le textede la convention du 27novembre 1912,
qui donne au c Sahara espagnol sa configuration définitive(annexe 55).
L'article2, quatrième alinéa,de la convention dispose:

<iAu sud du Maroc, la frontiéredes zones française et espagnole sera
définiepar le thalweg de l'oued Draa, qu'elle remontera depuis la mer
jusqu'à sa rencontre avec le méridien 11 ouest de Paris ;elle suivra ce
méridienversle sudjusqu'à sa rencontre avecleparallèle27"40'delatitude
nord. Au sudde ceparallele, lesarticle5et 6de laconvention du 3octobre
1904resteront applicables.

Aux termesdecetortueux processusdiplomatique, leGouvernement espagnol
arriveà sesfins ;mais au prix d'une violation caractérie'unprincipejuridique
fermementénoncé par ledroit internationa:lerespectdel'intégritédu territoire
national d'un Etat.

b) Lu violarionduprincipe de I'intégrirterritoriuledu Maroc

Le dépècement duterritoire marocain, effectuépar les accords franco-espa-
gnols, mais acceptépar toutes les grandes puissances du débutdu XXe sikcle,
pose une des questions juridiques essentielles: celle du droit applicable pour
apprkcier la validitédes décisionsdiplomatiques qui ont séparéle Sahara occi-
dental du Royaume du Maroc.

Si l'on se réfèreau droit généradl u XIXe sitcle, on constate, et on le déve-
loppera ultérieurement,que?occupation espagnolen'apasété effectiveen raison
delarésistancedu Sultanetdeson~eu.le..efait historique écartetoutrecours a
la notion de terru nullius.
Mais dès 1906un droit spécialest élaboré pourle Maroc par la conférence
internationale qui se réunita Algésiras.
A l'initiative de l'Allemagneet pour contrebalancer l'influence française,le
sultan du Maroc essaiede sauver l'indépendancemenacéede son Royaume en
demandant la convocation d'une conférencequi réunit les principauxEtats

' RapportA laChambre française desdéputés ,p. cilp. 85.154 SAHARA OCCIDENTAL

européens etles Etats-Unis d'Amérique ;elle s'ouvrele 16janvier 1906dans le
petit part espagnol, elles'achèvepar l'adoptiond'un actegénéral trois moisplus
tard, le 7 avril (annexe50).
Cet acte réaffirmela pleine indépendancede l'Empire chérifien. Les puis-
sancessignataires ydéclarentsefonder usurle tripleprincipedelasouveruineté et
de I'indipendancede Sa MajestéleSultan,del'intégrité de sesEtats et dela liberté
économique )>'.Cette formule avancéepar leprésidentde la conférence, leduc

de Almodovar, représentant de l'Espagne, est approuvée par tousles partici-
pants 2.
Elleest reprise par la Cour internation deaJuesticedans l'affaire desressor-
tissants des Etats-Unis d'Amériqueau Maroc. L'arrêtdispose que

« les Partiessont d'accordpour admettre que lacaractéristiquedu statut du
Maroc, telqu'il résultede l'acte d'Algésirasu 7 avril1906,estlerespectdes

trois principes énoncésdans le préambulede l'acte 1 savoir : (de la sou-
veraineté etde l'indépendancede Sa Majestéle SuIlan,de l'intégrité de ses
Etats et de la liberté économique sans aucuneinégalité 93.

La Cour rappelle que ces trois principes <ont étéexpressément acceptép sar la
France et l'Allemagnedansun échangede lettres du 8juillet 1905 relativesaleur
attitude h l'égarddu Maroc (annexe 50 bis). Ils étaient doncdéjlibien établis

quand la conférenceles a réaffirméset insérés dans le préambulede l'Acte de
1906.Leprincipede l'intégrité territoriulceo,mmeceluide la liberté économique.
cruppamîtclairementcommeayant Brédestinéùavoirle camctèe d'uneobligation
et non à resterseulement formule vid e.
Le raisonnement de la Cour se fonde, Ajuste titre,sur une distinction qui
résultedes principes sur lesquels repose l'exercicede la compétencede 1'Etat
protecteur dans la conduite des relations extérieuresde 1'Etatprotégé.Cette
distinction est celle des pointsde vue organique et maténel.

Du point de vue organique, les autoritésfrançaises étaientchargéesdes rela-
tions extérieures ainsique la Cour internationale de Justice l'a reconnu en
1952.
Du point de vue maténel, en revanche, le pays protecteur n'avait pas une
compétencediscrétionnaire : le statut international et multilatéral établipar
l'acte d'Algésiras la limitait enaffirmant l'intégrité territorialedu Maroc.
que l'accord franco-espagnol de novembre 1912 ne pouvait dés lorsmécon-

naître.
L'acte d'Algésirasa privéde toute valeurjuridique l'accordde 1904puisqu'il
est en contradiction avec le contenu de l'article 123.Ce dernier formule :

Tous les iraitésdes puissances signataires avec le Maroc restent en
vigueur.Toutefois,ilestentendu qu'en casdeconflitentre leursdispositions
et celles du présent actegénéral,les stipulations de ce dernier prkvau-
dront. >)

Le Gouvernement français a toujours étéconscient de cette situation juri-

Préambule de l'acted'Algésiras. Conférenic neternationaled'Algésiras,p. Nt..
p. 375.
Coderenceinternationaled'Algésiras s,éanced'ouverture,16janvier1906,op.cir.,
p. 10et II.
C.I.J.Recueil 1952,p. 183.dique, comme en témoignentlesjustifications fournies 3l'Espagneen 19 1I pour
refuser la publication du texte resté secret.
M. Cruppi, ministre français des affaires étranghs, déclare a M. Geoffray,

ambassadeur de France à Madrid :
«Nous n'en devons pas moins tenir compte du fait que la conférence
d'Algésirasa proclaméles principes de l'intégritédu Maroc et de la sou-
verainetédu Sultan ; la France et l'Espagne ont souscrit avec les autres

puissances hces principes, admis désormais parmiles maximesessentielles
de la politique européenne. Or, si la convention de 1904était publiée,
l'opinion publique, la presse, les Parlements des divers pays pourraient
découvrirune certaine antinomie entre elle et l'actediAlgésiras ;certains
des gouvernements signataires de ce dernier acte, notamment l'Allemagne,
pourraient êtreamenés a nous adresser des questions, des protestations
même, etnous éviterions malaisément l'alternativd e'avoir a expliquer que
l'accord franco-espagnolest pleinement conforme aux idées directivesde

l'acte d'Algésiras,ou de déclarerqu'il a été réformé parcette dernière
convention. '
De même, en1910 lors de la discussion d'un projet d'accordfinancier franco-
chérifien, leGouvernement espagnol demande des explications au Gouverne-
ment français qui a exigédes garanties sur l'ensemblede l'Empire marocain.

M. Cruppi, ministre français des affaires étrangères,répondle 18mars 191 1à
M. Pérez Caballero.ambassadeur d'Es~ame à Paris : Aejr autrement eiit été
contraire au principe de l'intégritédu'~>roc proclaméAns le préambulede
l'acted'Aie"siras. Nous ne Douvonslaisser souDcon,erau Gouvernement ché-
rifienl'existencedezonesd'influence délimitéessur son territoireentre laFrance
et l'Espagne »dans le traite secret de 1904 2.
La violation de l'intégritéterritoriale du Maroc est donc condamnée parle
droit spécialque les Etats européensavaient eux-mêmesélabore pour mieux
contrôler ce pays. Elle l'est égalementpar tout le droit international d'au-

joud'hui.
Or, selon l'expressionde Max Huber (sentence de l'lie dePulmm), un fait
juridique doit être apprécié Ala lumièredu droit qui lui est contemporain, mais
un droit ne peut être maintenudans un systemejuridique nouveau s'il n'estpas
conforme aux exigencesde ce dernier j.
IIest remarquable de noter queledroit international issudeladécolonisation
consacre lui aussi comme undroit fondamental des peuples lerespect de l'unité
de l'intégritéterritoriale de 1'Etat.
Son fondement apparaît déjàdans l'article2, paragraphe 4, de la Charte des

Nations Unies, qui interdit de recourir à la menace ou à l'emploi de la force
contre (l'intégritéterritoriale ou l'indépendance politiquede tout Etat ». La
Cour internationale de Justice, dans l'affaire du Détroitde CorJou, sanctionne
cette atteinte, fût-elle motivée par un prétendu (droit d'intervention ou
d'autoprotection » '.Les solutions de l'Assemblée générad lees Nations Unies
ont permis de précisercette interdiction.

' Documents diplornariquesfrançois, 871-1914,2esérie,tXIII,doc. no202, p.381-
-82.
Ibid., docno 191,p. 357-359.
S.Bastid,«LesproblémetserritoriauxdanslajurisprudencedelaCIJ »,Recueildes
cours,Académiede droit internationalde LaHaye. 1962.t.107, p.448.
' C.I.J.Recueil1949, p. 35.156 SAHARA OCCEDENTAL

La déclarationsur l'octroi de l'indépendance aux payset aux peuples colo-
niaux du 14décembre1960considère,dans son article 6, que (toute tentative
visant a détruire partiellement ou totalement l'uniténationale et l'intégrité
territoriale d'un pays est incompatible aveclesbuts et lesprincipes de la Charte
des Nations Unies w(résolution514 (XV)).
Dememe,la résolution2625(XXV)du 4 novembre 1970relativeauxprincipes
du droit international touchant les relations amicales elacoopération entreles
Etats, conformément à la Charte des Nations-Unies, édicte:

<iLe territoire d'un Etat ne peut faire l'objetd'une occupation militaire
résultantde llemploide la force. Leterritoire d'un Etat ne peut faire l'objet
d'une acquisition par un autre Etat Ala suite du recours à la menace ou a

l'emploidela force.Nulle acquisition territoriale obtenuepar la menaceou
l'emploi dela force ne sera reconnue comme légale.r

La déclarationdu 21 décembre1965(résolutionde l'Assembléegénérale 213 1
(XX)),rappelle que (Il'usagede la force pour priver les peuplesde leur identité
nationale constitue une violation de leurs droits inaliénables».
Des principes identiques sont consacréspar certains accords internationaux
récents,c'est ainsi que la déclaration finale de la conférencede Genève sur
l'Indochine du 21juillet 1954dispose :

<iDans sesra~~ortsavecleCambodge. leLaos et teVietnam,chacun des
participants (1;Conférence dt:~enévcs'en~a~e àrespecter la souveraineté,
l'indépendance, l'unité et l'intégritterritoriales des Etats susviséi)

De mêmel'actedu 2mars 1973adoptéBl'issuedelaconférenceinternationale
de Pans sur le Viet Nam considére quel'accord du 27 janvier 1973 sur <la

cessation dela guerreetlerétablissementdelapaix dansce pays » correspond aux
aspirations etauxdroitsnationauxfondamentaux du peuplevietnamien,àsavoir
l'indépendance, lasouveraineté, l'unitéet l'intégritéterritoriales».II est donc
intéressant de relever larédaction identique des actesadoptéspar la conférence
internationale diAlgésiraspourleMarocen 1906 etcelledePans pour leVietNam
en 1973.
Lepeuple marocain peut, commelepeuple vietnamien, exigerlerespect deses
droits nationaux fondamentaux impunémentvioléspar le colonialisme euro-

péen.
D'ailleurs, c'estpour assurer la sauvegardedesesdroits qu'ila.obéissantainsi
aux ordres de son Souverain, pris les armes contre la présenceespagnole sur le
Sahara occidental.

11.[,'insuffisancede I'effectivitéde l'occupationespagnole
du fait de la résistancemarocaine

Si l'on se reporte au droit international du XIXe siécle,l'occupation n'est
légitimeque sielleintéresseune terre sans maître, c'est-A-direune terre non pas
vide d'habitants, mais vide de souveraineté.Tel n'est pas le cas du Sahara
occidental. La contre-preuve est abondamment fournie par l'insuffisanced'ef-
fectivite de l'occupation espagnole.
Seulel'histoirepermet d'encomprendrela raison. Elle est sous-tendue par la
volonté d'un peupledemaintenir sonindépendance.Elleexpliquecertainsactes,
comme certains faitsjuridiques. 1. HISTORIQUE DES ACTES MAT~RIELS

L'histoire de la présence espagnoleau Sahara occidental démontreavec évi-
dence la faiblesse hatérielle de cette occupation longtemps limitéea quelques
oints d'a~..isur la côte. La cause essentielle de cette absence d'effectivité
résidedans les nombreuses manifestations de la résistance marocaine.

A. L'occuputionespagnoleest ~rèslongienipspurtielle

Jusqu'en 1934l'Espagne n'est présenteau Sahara occidental. territoire cou-
vrant une superficie de 285 000 kilomètrescarrés.que par quelques établisse-
ments situés surla côte.
De 1884 h 1916,seule Villa Cisneros matérialiseI'occupationhispanique. En
effet, ainsi qu'ill'aétéprécédemment évoquS e,anta Cruz de Mar Pequeîia a été
définitivementdétruiteen 1524.Dèslors.de cette date ii1884.lesrelations entre

les Espagnols et la côte saharienne cessent complètement, exception faite de
quelques razziasaccompliespar leshabitants du Sahara aux Canariesaux XVIe
et XVIII"siècles,répondantauxraids, ou entradur,effectuésauXVesiècleparles
Canariens sur cette côte afin de s'approvisionner en esclaves.
Pratiquement, de 1884h 1916,l'occupation espagnolene fait aucun progrèset
se trouve strictement cantonnéeet isolée ason bltirnent de Villa Cisneros.
Dans une lettre du 9 avril 1900, M. de la Martinière, chargé d'affairesde
France àTanger, écritau ministredesaffairesétrangèresh , lasuited'un entretien
avec le représentant espagnol M. de Ojeda : (iL'Espagne entretiendrait, selon

lui.1 cet endroit, une centaine de soldats qui, en réalit, tnent sur cette côte
déserteet quoi qu'ait pu m'en dire le chef de la délégaiion espagnole, la plus
misérabledes existences. l Henri Martin note aussi que
<il'autorité espagnole,représentéepar deux ou trois officierset un ou deux
pelotons desoldats canariens, restecantonnée 1l'abridessurprisesdans son

présidede Villa Cisneros. Tout au plus, peut-on citer quelques excursions
rapides sur laterre ferme que les officiers profitant de périodesde tran-
quilitéeffectuentrapidement parmi lestribus attachées aVillaCisnerospar
des nécessités commerciales. )>

Le 30juin 1916,lesoccupants parviennent 1is'installerhcap Juby, au milieu
des ruines de la factorerie édifen 1880par lecommerçant anglais Mackenzie.
Comme Villa Cisneros, cette occupation reste ponctuelle et ne concerne nulle-
ment l'hinterland.
Enfin, en 1920,une modeste pêcherie estédifiéesur la côte du cap Blanc,
donnant naissance au futur poste militaire de La Güera créé le 20 novembre
1920.Jusqu'en 1934ccpendan tl'infiuenceespagnolenedépassepaslesenceintes
fortifiéesde ces trois établissementscôtiers.
Cette absence flagrante d'effectivitédans I'occupation a d'ailleurs parfaite-
ment étédécritepar Albert Lebrun, futur présidentde la Républiquefrançaise.

experten la matiéreensaqualitédeprésidentdu comitédel'Afriquefrançaise.A
l'occasiondu débatsurlebudgetdes coloniesauSénatfrançais(sessionde 1928),
M. Lebrun rédigeaun important rapport insistant sur l'insécurité régnan dtans
les régionssahariennes concédées par la France Bl'Espagne et l'absence d'ef-
fectivitéde l'occupation espagnole :

'Documents diplomatiquesjranpir.lmsérie.t. XVI,no 115,p. 190 à 192.
H.Martin. IR Suharu espagnol.CHJZAMP , aris.1939p. 84.158 SAHARA OCCIDENTAL

« Trois postes espagnolsysont installés: au capJuby,A VillaCisneros, A
La Güera. Mais ils n'ont aucune action sur les territoires de l'intérie:r
interdiction est faite d'en sort;rils sont, en quelque sorte, prisonniers
derriere leurs murailleset leurs réseauxdfide fer. L'Espagnevit Bl'égard
des Maures en voisine et non en maître. Elle se refuse à toute action
extérieurequipourrait, en casd'accidents, l'amenerades représaillesetplus
Ioin encore. '

Ainsi, de 1884 i 1934,l'Espagne qui avait pris pied sur la côte occidentale
marocaine en 1884,attendit trente-deux ans pour créer undeuxièmefortin, cap
Juby, et un troisikme, La Güera, trente-six ans après sa premiére prisede
possession. Durant cesquarante et une années,lesfortins espagnols ne sont oc-
cupésquepar depetitesgamisons, dénuéed semoyensde transports terrestres,et
aucune randonnée digned'être mentionnéne'esteffectuée à l'intérieudu pays.
En 1926,M.Guillermo Rocafort, médecindu senice sanitaire colonial, publie

dans la Revistahispuno-ufricunu *un article traçant un tableau saisissant de la
faiblesse de l'occupation espagnole,même àVilla Cisneros :
(iVillaCisneros,capitale de lacolonie du Rio de Oro, posskde actuelle-
ment une population constituéepar vingt maisons (ou plutôt cabanes) de
maçonnerie, basses ; une seule habitation a trois mètres de haut sur
quatre métres de superficie ...et vingt-huit raïmes (tentes), habitations

consistant en une espècede tente decampagne ..La population indigtne ne
s'elèvepas à cent cinquante personnes ;il faut y ajouter un détachement
militaire (trente-cinq soldats), un capitaine gouverneur, un lieutenant, un
médecin,unagent depolice,unaumônieretlegéran tde laTransatlantjca, et
c'est 18tout le détailde la population de Villa Cisnerosi)

En 1934,les troupes françaises occupent une partie du Sud marocain. Les
possessionsespagnolessont désormaisentouréespar lespostesfrançais de Fort-
Gouraud, BirMoghrein, AïnBenTili.Agrnar,Chegga,Tindouf, Goulirnine,etc.
Profitant de cette protection, les Espagnolss'aventurenten 1935horsde Villa
Cisneroset reconnaissentunebande côtiérejusqu'au poste deLaGüera.En 1936
à partir du cap Juby, Smara est occupéeet en 1937 Guelta Zemmour, Bir
Gandouz et Tickla. C'est ainsi qu'à la veille de la deuxièmeguerre mondiale,
l'Espagne n'occupe qu'unepartie du Sahara occidental.
Meme dans la périodecontemporaine, l'occupation de l'Espagne n'a pas

revêtuen permanence une elfectivitétotale. En 1957,lespopulations marocaines
Tekna et Regueibat du Sahara occidental 3 se révoltent en raisondu fait que
cette province ne réintègrepas la mèrepatrie indépendante. Les unitésde la
Légionétrangére,Ies banderas, doivent évacuer leursgarnisons de Smara
(Saguiet el Hamra) et d'Aoucert (sud du Riode Oro). A la fin du mois d'août
1957,leséléments retirédse l'intérieursont regroupes en troispoints de lacate :
Villa Cisneros, El Aioun, cap Juby. Dans les derniers mois de l'année1957,
l'implantation de l'Arméemarocaine de libérationne va cesserde se renforcer.
Sesagentsrendent lajustice et lèvent l'impôtjusqu'h lafrontièreméridionale du
Rio de Oro, en face de Port-Etienne.

L'Espagne nepourra venir about de cette résistance marocaine qu'avecl'aide
de la France intervenant militairement et directement au Sahara occidental A

La questiondu Rio de Oro )>L'Ajriqüefranqaise,1929,p.13 h 15.
2 Numéro de novembre-décembr1 e926.
Ils territoires espagnols d'Afrique,noetsétudesdocumentaires, no2951 du
3 janvier1963,p. 14. partir de Fort-Gouraud et de Fort-Tnnquet. Une nouvelle fois, la présence
espagnole ne peut se maintenir qu'avec l'appui d'un autre pays européen,
renouant sur leplan militaire, aveclestraditions diplomatiques desconventions
franco-espagnolesde 1904et de 1912.De méme,maisŒuvrant cettefois-cipour
la défensede l'intégridu territoirenational, lesoppositions arméesmarocaines

de 1957 continuent la résistance entamée dèsle début de l'occupation es-
.pagnole.

B. La permanence de larésisrancemarocaine au Saharaoccupe

La pression militaire constante des sujets marocains du Sahara contre les
installations espagnoles explique seule les présencessimplement ponctuelles
relevéesprécédemment.
Dèsque le Sultan est informéde I'installationd'Espagnols sur un point de la
côte de Dakhla, il adresse une protestation au Gouvernement de Madrid '.
Le 9 mars 1885,deux mois aprèsle débutde la construction d'un fort AVilla
Cisneros,lesEspagnols subissent leur premiéreattaque delapart des Marocains.

Celle-ci se solde par la destruction de la constmction, l'incendie des baiaque-
ments et par plusieurs morts et blessésdu côtéde l'occupant, obligeant les
derniers survivantsà se réembarquerpour lesCanaries.Cette attaquedonne lieu
à une protestation officielle du Gouvernement espagnol auprès du Sultan,
reconnaissance implicite mais significativedu véritablemaître de la terrl.
Undétachementespagnolseréinstalle troismoisplus tard mais,désle24mars
1887,ilsubit unedeuxièmeattaque suivied'une troisiéme le4 septembre 1890.A

partir de cette période,le harcèlementde la garnison espagnole est constant :
attaques du 2 mars 1892,des2et 13novembre I894(annexe 80).Cette résistance
tenace obligel'Espagne àconclure le2 mars 1895avecles agentsdu cheik Mael
Aïnin, représentantdu Sultan au Sahara occidental 3, un accord l'engageant
payer un tribut en échangede la libertéd'exercer le commerce.Le signataire
marocain de ce traitéen sa qualitéde représentant duSultan démontre quela
résistance marocaine à l'occupation espagnolen'estpas lefait d'élémentisncon-

trales mais reléved'une straiégie marocaine d'ensemble mûrement réfléchie et
coordonnée.
Le capitaine de vaisseau français Senes,commandant la division navale du
Maroc. porte tkmoignagedecet espritderésistance.Dansunelettre auministrede
la manne endatedu 27novembre 1910,ilrendcompte desonentrevue, à Agadir,
avec le khalifa Mohamed Ould Hussein Oulhot :

« Meshbtesnemecachentpas quelestribusdu Sousetdelarégiondu Sud
ne tolérerontjamais, sousaucun prétexte,la présencechezelles d'unétran-
ger. Ilsaffirment qu'il estmaintenant impossiblàun Européendedépasser
les pentes méridionalesde l'Atlas.))

Les populations marocaines sahariennes détiennent un contrôle absolu du
pays.C'est ainsiqu'en1928lecapitaineaviateur espagnolMartin,tombe enpanne
seulement 12kilomètres decapJuby,est fait prisonnier par la tribu Tekna des
Yaggout durant seizejours et n'est restitué qu'en échange d'unrençon de 1500
douros 5.

29 février1884, Doc. oliciales del Ejercito,Posses~iespagnolesde l'Afrique
occidenruleMadrid. i900,p. 68.
Ramos Espinosa de losMonter, L'Espagne en AfriqueMadrid, 1903. p.123.
Cf. infra.euxiemepartie,p. 187.
Documenfsdiplomariquerfrançuis,2e sériet.XIII, no55,p. 92.
Citépar H.Martin,Le Sahara espagnol,CHEAM,Paris, 1939,p. 92.160 SAHARA OCCIDENTAL

De méme,dans son rapport précité,Albert Lebrun expose longuement les

différentes manifestations de la résistance marocainesur toute l'étenduedu
Sahara occidental jusqu'à Port-Etienne etnotamment la perte d'un appareil
espagnol abattu A250 kilométresau sud de cap Juby.
En 1932,les Espagnols de cap Juby manifestentquelques velléités de recon-
naître l'intérieurdu pays. Acequi n'estsimplementqu'une intention, les popu-
lations locales manifestent ouvertement leur hostilitéet une délégation des.
Izerguiyine se présenteau fortin espagnol pour assurer qu'elle s'opposerait A
l'extension de l'occupation étrangèrevers l'intérieur.Pour répondre iicet ulti-

matum, lecoloneldelaPena ordonne unesortie le 19février1932.Celle-citourne
rapidement court puisque, Apeine éloignéd'une demi-journéedu poste, le
détachementespagnolseheurteaux Izerguiyineetdoit rebrousserchemindevant
cette manifestation patentede lasouverainetémarocainD e.mêrne,le29octobre
1932,cent Izerguiyineseprésentent àcapJuby pour (iimposer rleursconditions
aux Espagnols ettout particulierement l'interdictionde rayonnerà l'intérieurdu
pays 1.

La répétitiondes actes de résistanceébranlela volontédu Gouvernement de
~adrid: Lacarence decedernierprovoque de multiplesprotestations françaises
dénoncantl'absencede tout contrôle réel.sur le Sahara occidental. de la riade
l'autoité qui se prétend administrante. ~e découragementespag'nolse'traduit
,égalementpar différentesdéclarations quirévelentun désird'abandon de res-
ponsabilités troplourdes a exercer.
Installésdans l'Adrar h la veillede la guerre de 1914,les troupes françaises
doivent, pour maintenir l'ordre, pénétrer ilplusieurs reprises dans les zones

prétendumentespagnolesenraisondel'inactiondesgarnisonsenferméesdansles
fortinsadossés la mer. Devant le videespagnol tant militaire que polilique, le
colonel français Patey est conduit h réclamerdés 191 1la modification de la
frontiérel.
En 1924,l'amiral de Magaz, président par intérimdu Directoire, évoque à
l'ambassadeurde France a Madrid l'éventualitéd'unecessionpar l'Espagne iila
France du Rio de Oro contre une compensation en Guinée.
Fait encore plus significatif,le Gouvernement espagnol éprouvela tentation,

en 193 1,de remettre le Sahara occidental Ala Sociétdes Nations, manifestant,
devant l'opinionpubliqueinternationale, sonimpuissance aassurerl'occupation
effective dece territoireL'Ajriquefrançaise note h ce propos que
<leGouvernement espagnol a faitsavoirqu'ilétaitdésireuxde remettre à la
SocietedesNations lesterritoiresque l'Espagneoccupeau Maroc,et qu'elle

considère non seulement comme inutiles Al'Espagne, mais comme trop
dispendieux b)3.
Illustrant cette déclaration,lejournal Le Temps publie le 30juin 1921:

<(M. Pneto, ministre desfinances, a précislesensde son récentdiscours
de Bilbao ..L'Espagne pourrait demander a l'Europe qu'on la libèrede
l'uniqueentreprise belliqueusequ'elleaurait encore en dehors du territoire
péninsulaire »,

illustrant ainsi le caractère de ses quelques implantations au Sahara occiden-
tal.

'Cf. H. Martin, Le SaharaespagnoioClHEAM, Paris, 1939, p95.
Ibid.. D.171. Réagissant cette prise de position, la résidence généraldee Fance Rabat
rend public le communiqué suivant:

<(L'Espagne ne possède auMaroc aucun portectorat, occupant simple-
ment unezone d'infiuencequi lui fut concédée par le traitédu27 novembre
1912 ; elle n'a pas à remettre A la kiété des Nations cette préroga-
tivei)'

Cette sommation rappelle la portéeexacte de l'assisejuridique de la présence
espagnoledans leSaharaoccidental. Iln'existequ'un seulprotectorat, l'Espagne
est investied'unesimple missiond'administration au seind'une zoned'influence
dont ellene parvient pas àcontrôler totalement leterritoire, ainsique cemémoire
vient de le démontrer.

Aussi bien lesfaits diplomatiques que les faitsadministratis liésà la présence
coloniale au Sahara occidental confirment la force de la souverainetémaro-
caine.

A. Leslaits diplomariques
Le Sahara dit (Iespagnol i)est bien, ainsi que nous l'avonsdémontréprécé-

démment, une créationcoloniale. Il a étéen fait conqu en plusieurs étapes
historiques,chacunemarquéeparlespréoccupationsdiplornatiques dominantes.
L'utilisation réuétéd ee la (sphéred'influence ir,notion refuséepar la doctrine
internationale,ét la non-opposabilitéau Maroc des traités franco-espagnolsdu
3 octobre 1904et du 27 novembre 191 2,démontrent am~lement l'absence de
valeurjuridique de ces prétendus titres.

a) 12 Suharu dit rcespugnol u,création échelonné dee lu politique colonialiste
européenne
La convention du 27juin 19M) trace sur la carte de la côte occidentale de

l'Afrique la limite des<Ipossessions ))espagnoles. Elle laisse h hauteur de l'in-
tersectiondu tropiqueduCancer et du méridien14'20'ouestde Paris(12' 2û' de
Greenwich) la frontiéreouverte, autant vers le nord que vers l'ouest.
L'Espagne reçoit ainsiune premiérepart de terre marocaine jusqu'a hauteur
du tropique du Cancer et se voit reconnaître vocation 3 revendiquer des terri-
toires chérifiensplus septentrionaux.
C'est ce que confirme le traitésecret franco-espagnol du 3octobre 1904qui

comporte une double attribution de territoire marocain au Gouvernementespa-
gnol. Les terres comprises entre l'intersection du tropique du Cancer et du
méridien 14' 20' de Paris, d'unepart, et I'intersectiondu méridien 14O 20'ouest
de Paris, avec le 26" de latitude nord, d'autre part, sont considérées comme
possessions espagnoles.Cettedélimitation reprendcelleprévuedans leprojet de
1902 l.
Ainsi seconstitue au profitde l'Espagne, et audétrimentdu Marocqui nesera

jamais partie àcesinstrumentsdiplomatiquesqui luisont imposéspar laforce, le
Rio de Oro. Cette appellation coloniale n'apparaît qu'une seule fois d'ailleurs

la pressemarocaine, 29juin 1931.
2 Letexte de ce projetaétépublié dans lejournal françaiLe Figaro le IOnovembre
1911.162 SAHARA OCCIDENTAL

dans un texte international de droit diplomatique européen, une des lettres
explicativesjointes Al'accord franco-allemanddu 4 novembre 19111,qui juri-
diquement disparaîtra avec la signature par l'Allemagne du traite de paix de
1919.

Le traitésecret franco-espagnol du 3 octobre 1904attribue à l'Espagne une
sphtre d'influence qui part de l'intersectiondu méndien 14"20'ouest de Paris
avec le 26Ode latitude nord. La limite suit ensuite ce 26Ojusqu'Bsa rencontre
avecleméridien11 O ouestde Paris. Elleremonteenfin ceméridienjusqu'àI'oued
Draa (art. 5).La convention du 27novembre 1912,dans sonarticle 2, terminece
tracéen prévoyantque la frontiéreentre la zone française et la zone espagnole

suivra le thalweg de l'oued Draa jusqu'li la mer.
A l'intérieurde cettezone d'influence, letraitéde 1904,coniimé sur cepoint
en 1912,découpedeux zones différentes.
La région compriseentre ledegré26 et 27"40'de latitude nord et le méridien
IIo ouest de Paris (Saguiet el Hama) est en dehors du territoire marocain et
livréedés 1904aux appétitsterritoriaux de l'Espagne.

La région comprise entreles27" 4(Y de latitude nord et l'ouedDraa (Tarfaya)
est placéesous le protectorat espagnol.
Cettelaborieuseopérationdedémantèlementdu territoire marocain estviciée
dans son principe mêmepar la violation du traitéangIo-marocain du 13mars
1895qui, dans son article premier, affirme que les territoiresc&tiers {<alfant de
i'ouedDraa au cap Bojador )et ceux placés <(derriére cettecôte appartiennent
au Maroc r) 2.Or, lescorrespondancesdiplomatiques franco-espagnoles établis-

sent que lesdeux gouvernements étaientparfaitement au courant du contenu de
ce traite.
Ainsi, le 30 avril 1900, M. Revoil, ministre de France A Tanger, écrit a
M. Delcassé,ministre des affaires etrangères:

((A Londres, on (l'Espagne) aura peut-êtreparlédes meilleures condi-

tions de voisinagequ'onvoudrait obtenir du rnakhzenpour les possessions
du Rio de Oro, dont on se propose d'étendrel'hinrerland.Or, une telle
négociationcomporte implicitement Ia reconnaissancepar l'Espagnedes
droits du Maroc sur le littoraljuqu'au cap Bojador. o

Cetémoignageconfirmeunefoisde plusl'impossibilitédeconsidérerlaSaguiet
el Hamra comme un territoire sans maître.

L'analysedes faits diplomatiques démontre par ailleurs que la théoriede la
sphére d'influence, fréquemment énoncéepar l'Espagne et ses partenaires,
camoufle l'absence d'effectivité de l'occupation espagnolesur le Sahara occi-
dental.

b) Lo ({sphered'influence N,camouflagediplomatique del'absenced'effec~ivifédons
I'occupaiion

Lorsque la puissance coloniale sait que leterritoirequi l'intéresse estpourvu
d'un maître qui empêcheson occupation, elle fait appel à la théoriede la zone

d'influence.Cette pratique est formellementcondamnéeen droit international
commeen témoignela sentence arbitrale de Max Huber dans l'affairede l'llede
Palmas :

-
Supra,p. 152.
Infra, p. 198. <(La limitation primordiale qu'imposele droit international à 1'Etatest
celle d'exclure,sauf l'existenced'une reglepermissivecontraire, tout exer-
cice de sa puissance sur le territoire d'un autre Etat.e'

La sphéred'influence constitue un exemple particulièrement grave d'inter-
vention directe dans lesaffairesd'unEtat, Certainsauteurs l'associentméme Ala
notion d'agression.En effet, c'estparce que 1'Etatest une organisation territo-
rialeque la violation de sesfrontikresest inséparablede l'idée d'agressiocontre
I'Etat lui-même 2.

LesmenéeseuropéennesauXIXesiècle,etaudébutduXXesiècle,s'assimilent
àune agressioncontre 1'Etatchérifien,caractériséenotamment par lesmultiples
atteintes Al'intégritéterritoriale marocainau Sahara. IIest ainsi significatif de
noter encesensladéclarationde M. deBacheracht,ministrede Russieau Maroc.
affirmant que lorsque le prince de Bismarck se trouvait au pouvoir l'&pagne
aurait fait des ouvertures au cabinet de Berlin en vue d'un partage éventuelde

l'Empire marocain '.
Demêmel,ecommandant deCornulier-Lucinihre,attache militairede France
à Madrid, annonçait le 21décembre 1900 au généralAndré, ministre de la
guerre :

<(de ces déclarations,comme de la presse, comme des conversations parti-
culières,ilressort donc une foisde plusque l'Espagneconservel'espoir,lors
de la liquidation de l'Empire du Maroc, de s'agrandir de ce côté i)

Ces viséesimpérialistessont confirméespar la missivede M. dela Martiniére
rapportant le 9avril 1900les propos de M. de Ojeda, ministre d'Espagne au
Maroc :

riPar nos places fortes du Rif, nous enserrons dorénavant l'Empire du
Sultan aussibien au nord qu'au sud,où nos établissementsde la cbte nous
mettent A mêmede faire sentir au Gouvernement chérifienl'étendueet la
puissancedenotreaction. Au surplus,je meproposededémontrerau Sultan
etA son vizirque ce serait un grand malheur pour leGouvernement maro-

cain si l'Espagne,qui a perdu ses colonies et a de ce fait tournétoute son
ambition verscepays, n'yobtenait pas lessatisfactionsqueje suischargede
réclamer. i)

Lerapprochement avecla Francecorrespond à cetobjectif. Leprojet de traité
de 1902et l'accordsecret de 1904attribuent bien deux zones d'influenceétran-

gèressur leterritoire d'unEtat souverainetindépendant,reconnu comme telpar
la communauté des nationsdans l'acted'Algésiras.
Mais alors que pour la France la zone d'influenceest un moyen de camouiler
une emprise réellesur les différents aspectsde la vie marocaine, elle n'estpour
l'Espagne qu'un procédé juridique lui permettant de cacher la quasi absence

Sentencedansl'affairede l'fie de Palmas.p. 16.
Cf. M. W. Kmarnicki, rLa définitionde l'agresseurdans le droit international
moderne ))Recueil des cours,1949,t.75, p.53-55.
affairttetrangkres.en dateidure15 octobrea1899.TDocumentsdiplomnriquefsrançais.s
1871-1914,Iresérie, t.XV, doc.no280. p. 486-487.
' Documentsdiplomatiquesfrançais, 1871-1914, lm série,t. XVI, doc. no 410,
p. 565-568.
Ibid.doc. no 115,p. 190-192.164 SAHARA OCCIDENTAL

d'occupation territorialeau Saharaoccidental. Or, comme le rappelle Fauchille,
la sphéred'iduence (ne sauraitjamais avoir qu'unevaleur transitoire » l .Au
lendemain du traitédu 30 mars 1912,la France metimmédiatement enplacesur
l'ensemble du territoire marocain de sa zone d'iniiuence ale nouveau régime
comportant les réformesadministratives, judiciaires, scolaires, économiques,
financieres et militairesi)prévupar l'article 1.

En revanche, les représentants espagnols au Sahara occidental resteront
enfermésdans leurs présides )>côtiers.
Au-dela memede la non-conformitédu systémede la sphèredd'inuence aux
normes dudroitinternational etdelaviolation flagrantede l'intégrité territoriale
marocaine réalisée par les deux traitésde 1904et de 1912,l'impossibilitéjun-
dique de ces actes aengager le Maroc est incontestable.

c) IRS~~nvet~t~on~Jran~o-ed sep~904neidIe1PI?nesontpas opposables au
Muroc
En cequi concerne l'accord secretdu 3 octobre 1904,il n'apas éténécessaire

d'attendre l'article34de la convention de Viennede 1969sur ledroit des traités
pour décider, endroit international général. qu'un accord bilatéral nesaurait
engager un Etat tiers sans son consentement, d'autant plus que, en I'espéce,
l'objetdecc traitéportait sur lepartage d'un territoiren'appartenant niiil'uneni
a l'autre partie.
Demême,dans l'affairerelative aux Réserves rilaconvention sur legé?zocilll.

Cour internationale de Justice a affirméla nécessité du consentement des Etats
pour que ceux-ci soient liéspar une convention internationale 2.
La France est parfaitement consciente de I'inacceptabilitédu traitéde 1904
pour le Maroc et du sursaut de résistancenationale dans tout l'Empirechérifien
que sa publication entraînerait. L'ambassadeur d'Espagne à Paris rappelle ainsi
son ministre diEtat :

« Delcasséinsiste sur la non-publication du traitéet il voudrait savoir
comment le Gouvernement espagnol entend conjurer les graves incidents
que la publication de ce traité pourrait créer dans l'Empire du Ma-
roc. iJ

La correspondance diplomatique entre lesdeuxparties signataires du traitéde
1904démontrepar ailleurs avec évidenceque les clauses conventionnelles de
répartition deszonesne sont opposabies ni au Marocni aux autresEtats euro-

péens. C'est ainsqiue,répondantauxcritiques adresséespar l'Espagneenversun
projet franco-marocain de convention financiére,M. Gruppi, ministre français
des affaires étrangéresi,ndique à M. PérezCaballero, ambassadeur d'Espagne A
Paris :

<J'ajoute qu'il n'eûtpas étépossible d'introduire publiquement, dans la
négociationfinancière,desdistinctionsdezonesqui, toutenconservant leur
portke au regard des deux Gouvernements français et espagnol pour des

1 Truitéde droit internotionalpuhliParis,1925,t. II, p. 736.
2 C.I.J. Recueil1951, p21.
3 Lettredu 7juin 1904, Mémoirede I'Ecolediplomatique espagnole . 950,p. 203.
Danslemarnesensl',ambassadeurprécité informele 16juin 1904le ministred'Etat
espagnolqueM.Delcassé affirmequela publication dutraitéiranc~espagnolpourrail
etre lacause d'un soulevernent au Maroc qui rendraitnécessaireune intervention
militaire. éventualitéset dansdes conditions déterminéesn .epeuvent êtreproduitsni
\ devant le maktuen ni devant les puissances. n

Poursuivant le partage entamé en 1904, le traité franco-espagnol du
27 novembre 1912n'est égalementpas opposable au Maroc.
Un certainnombre de remarques peuvent êtreapportée slaCour concernant
cette non-opposabilité.
En premier lieu. l'attribution i l'Espagnedes territoires sahariens du Maroc
résultedu renvoiauxdispositions précitéed su traité secretde1904.Or,ainsiqu'il

l'aétédémontréprécédemment,le Maroc n'est pas liéjuridiquement par cette
convention a laquelle il n'est pas partie.
En deuxiémelieu, on ne saurait arguer du fait que ce traité ayant été conclu
postérieurement autraitéde proctectorat leGouvernement français étaitinvesti
de l'exercicedes competcnces internationales du Maroc et pouvait valablement
l'engager.Comme il l'aétédémontréprécédemmentc ,e gouvernement ne pou-
vait méconnaîtrele principe de l'intégrité territorialedu Maroc '.

En troisikme lieu, lesc droits déjàacquis k)dans une zone d'influencepar le
« souverain indigtne établi«dans cette zone D ne sont, écritFauchille. ((ni
atteints, ni compromis par la convention intervenueentre des Etats réglant leur
hinrerlundou leurs sphèresd'influence O2.Or, leGouvernementmarocain pense
avoir démontréque leseul <(souverain indigkne )de la zone était bienle sultan
du Maroc.
En quatrièmelieu, par toute une séried'actesjuridiques postérieurs A I'indé-

pendance, leMaroc s'estlibéré de l'applicationdes ((traités inégaux>)et notarn-
ment de la convention francc-espagnole de novembre 1912.
La (déclarationcommune idu Gouvemement espagnol etde S. M. Moharn-
med V, sultan du Maroc, énonce :

«Le Gouvernement espagnol et S. M. Mohammed V, sultan du Maroc,
ayant le désirde se traiter mutuellement d'une façon particuliérement
amicale. sur la base de la réciprocité,de renforcer leurs liens séculaires
d'amitiéet de consolider lapaix dans la régionoù leursdeuxpays respectifs
se trouvent situés, ont décidéde rendre publique la déclaration sui-
vante :

Io LeGouvernement espagnol et S.M. MohammedV,sultandu Maroc,
considérantque lerégimeinstauréau Marocen 1912necorrespond pas àla
réalitéprésente,déclarentque la convention signée à Madrid le27 novem-
bre 1912ne peut plus régir 1il'avenir lesrelations hispano-marocaines.
20 Par conséquent, le Gouvemement espagnol reconnaît I'indépen-

dance du Maroc proclaméepar S.M. le sultan Mohammed V,et, en pleine
souveraineté, avectous lesattributs de cette demiére.y compris ledroit du
Maroc A unadiplomatie et à une arméepropre. 11réaffirmesa volontéde
respecter l'unité territorialede l'Empire que garantissent les traités inter-
nationaux. 11 s'engage 3 rendre toutes les mesures nécessairesDour la
rendre effective.L; Gouvekernent espagnols'engageégalement3.d'onner h
S.M. le Sultan l'aideet l'assistanceaui seraient reconnuesnécessairesd'un

commun accord, spécialementence quiconcerne lesrelations extérieureset
la défense.1)

Laconventiondiplomatique maroco-française signée a Rabat, le20 mai 1956.

-
1Cf. supra.p. 153et suiv.
2 Fauchille,op. cil.i.II.p. 736.166 SAHARA OCC~DENTAL

par laquelle le Maroc s'engageAassumer les obligation(irksultant des traités
internationaux passéspar la France en sonnom, ainsiquecellesqui résultentdes
actes internationaux relatifs au Maroc qui n'ont pas donnéliAudes observa-
tions))n'est pas opposable au Gouvernement marocain. D'une part, elle a été
dénoncée par leMaroc en 1960.D'autrepart, son applicationétait subordonnée

Lii'acceptation préalabledes conventions signéepar la France.
A cet égard,par lettres des mai, 30août et 14septembre 1956,le Gouver-
nement marocain s'estinforme auprks du Secrétaire généradles Nations Unies,
qui a répondu, le25 octobre 1956 :
(IIest d'usageau moment OUun Etat assumela direction de sesaffaires
étrangeresde lui demander de bien vouloir notifier au Secrétaire général,
dans une déclaration,les conventions et accords internationaux passésen

son nom et A l'égar ddsquels il se reconnaît lré.
En conséquence,par une déclarationen date du 3 novembre 1956,reçue à
I'Organisationdes Nations Uniesle 7 novembre 1956,et portant la signature du
ministre des affaires étrangères,le Maracreconnu qu'ilétaitliépar toutes les
conventions dont il donne la Liste.Cette liste Limitativene com~renait aue des
conventions intemationaies multilatérales promulguées, aMGO pCe,&mt la

périodedu protectorat, par un acte législatifmarocainAl'exclusionde toutes
autres.
Laforcejuridique du principe del'intégritéterritoriest tellequel'occupant
espagnol a étécontraint d'en tenircompte dans l'organisation administrative
mise en place au Sahara occidental.

B. Lesfairs adminisrrurifs
Lesfaits administratifs démontrent les indécisions etlesincertitudes de l'Es-
pagne face aux sérieuses difficultés qu'elle éproiioccuper effectivement le
pays. Il est vrai que selon la presse espagnole le traité franco-espagnol du
27 novembre 1912 réserva mesquinement iil'Espagne le droit d'organiser sa
protection sur la vingt-troisièmepartie du territoire marocain...habitéepar des
tribus belliqueusestoujoursen rébellion.II n'estpas exagéréde qualifier de

piégediplomatique cequi aétépréparé pour notrpeaysen vuede lediscréditer
devant l'opinion marocaineet l'opinion mondiale rl.

a) La présencejuridiqeusepagnole,trèslongtempspartielle, n'ajarnuétéexclu-
sive
Cela résultede deux sériesde faits concordants:

- Le Gouvernement espagnol étaitsi peu convajncu de la non-appartenance
du Rio de Oro et de la Saguiet elHqra au Maroc qu'ilalaisséle khalifa du roi
du Maroc à Tétouanlégiférer pour ces régionset qu'il a dû accepter que leur
administration dépendedes autoritéskhalifiennes de la zone nord sous protec-
tion espagnole depuis 1912.
Révélateurssont les dahirs khalifiens de 1931, 1934et 1941 rapportés au
dossier et comportant la promotion d'un olficier des forces de surveillance du

Sahara et l'imputation de son traitement au budget delazone nord, l'affectation
de créditspour l'acquisition de chameaux destines la police du Sahara,I'ex-
tension d'uneinfirmerieA VillaCisneros, la construction de la délégationde La
Güera, approuvéepar l'administration des travaux publicsde Tétouan.la regle-

Revue Ajricaavril1942,p. 29et30. mentation de la pêchesur la côte decap Bojador. Cesfaits établissent toutaussi
bien la reconnaissancepar l'Espagnede la souveraineté marocainesur leSahara
occidental (annexes 84 1288).
- SeulEtat protecteur, la France a délégué dans plusieurs régionsdu Maroc
I'exercicede la fonction administrative AI'Espagne.Constatant les carences de
celle-ci,le protecteur français a repris dans certaines circonstances, au nom du
Souverainmarocain,l'exercicedes attributions déléguéeL s.eSultana pu déslors
légiféredrirectement pour l'ensembledu territoire du Maroc. Le dahir du 2 Ra-
madan 1353(10 décembre1934) enfournit un remarquable exemple.

Ce texte fixe le régimespécialde certaines marchandises destinées 1Otre
consomméesdans diverses régionsdu sud du Maroc r.
Le préambuledu dahir précise :
«L'insuffisancedes populations qui habitent les territoires de l'extdme
suddu Maroc,leslaits de transport ...ainsique lesdifficultésdesurveillance

douaniére constituentautant d'obstaclesBl'application intégraled , ans ces
contrées, desimpôts de douane et de consommation. x
L'arrCtérésidentieldu IIjanvier 1935portant (iorganisationdes territoiresdu
Suddu point de vuede l'application desdroits dedouane et de consommation o

délimite lechamp géographiquede son application <jirsqu'ùla limite du Rio de
Oro au sud >).
La réglementation ainsi élaborépear l'autorité française soulevel'indignation
du journal espagnol El Sol: <(Nous doutons fort, écrit-il,qu'une telle décision
eût été prise, sA Ifni et a Rio de Oro flottait le drapeau anglais ou italien, ou
simplement le drapeau hollandais. i)
La revue du comitéde l'Afrique française remarque dans sa réponseau

journaliste d'El Sof qu'il paraît oublier que l'Espagne, A la différencede ce
qu'aurait fait sansdoute l'Angleterre,l'Italieou laHollande, ne s'estpas encore
décidée A occuper définitivement et àorganiser les possessionsoù son drapeau
flotte depuis de longues annéesmais seulement surla carte l (annexe 89).
D'ailleurs l'organisation miseen place par leGouvernement espagnol sur les
terres marocaines du Sahara occidental, lorsqu'il a pu enfin en assurer le con-
trôle, confirme leur profonde unitéehumaine.

b) L'adaprariondes moyensadministra~ifsauxfins pofiriquesde l'Espagne

L'organisation espagnoledes territoires marocains de lacôte atlantique aprés
avoir reposésur l'affirmation de leur unité humaine prépare leprocessus colo-
nialiste de skcession.
L'affirrnarionde l'unit: Le 29 août 1934,un décret (confére au haut-com-

missaire d'Espagne auMaroc les attributions de gouverneur générad l es terri-
toires d'Ifni, du Sahara espagnol et du Riode Oro >)La raison principale de ce
regroupement unitaire tient précisémenA t laforte unitéethnique,géographique,
climatiaue et économiauede l'ensemble marocain.L'ex~osé desmotifsest. hcet
égard,révélateur :

« LRS populuiionsdes territoires du nord-ouestde l'Afriqueoù l'Espagne
exerce des droits d'occupation.prorec~orat,possession ou souverainerésonr
caractériséespau rneévidente afiinitéde race, d'idiomeserde coutumesqui, à
elleseule, conseille(«aconreja»)d'unvier iecommandementet la politique Ù
suivre dansces terriroires. SAHARA OCCIDENTAL

En raison de ces affinitéset du nomadisme des habitants du Sahara
géographique.tourcequiseprduir surl'undeces~erritoires a une irnmédiare
et cansidéroblerépercussion dans les aurreC s.'est pourquoi s'impose la
nécessité d'unifier la politique, l'administratioent le commandement, les-
quels reposent, dans l'organisation actuelle,sur des autorités distinctes,
dont l'interdépendancen'existeque dans quelques casetest, dans d'autres,

plus nominale qu'effective.
Iln'yapasd'autoritéplusindiquéequelehaut-commissaired'Espagne au
Maroc pour assumer, enplusdesattributions qui luisont propres, cellesqui
sont nécessairespour réaliser cetteunitéde commandement, en l'assistant
pour ses fonctions de contrale des organismes quecompte la zone nord du
protectorat, de façon que lesdites autorités territoriales agissent comme
délkgueesdu haut-commissariat. i, l

Comment exprimer cette réabtéhistorique et géographiqueque constitue
l'unitéde la nation marocaine ?
hpreparotion administrativede fasécession :Pourtant un décretdu 20juillet

1946amorce leprocessus colonialistede sécessionterritoriale en organisant une
<iAfrique occidentale espagnole )>dont le gouveneur est placésous ladépen-
dance directe de la Présidencedu gouvernement. II est vrai que l'unitédevient
régionaleet que cette nouvelleorganisation sejustifie par lesliens existant entre
Ie Rio de Oro, la Saguiet el Harnra, Tarfaya et Ifni (annexe 90 (1)).
La séparation des deux administrations espagnolessur le territoire marocain
trouve en véritéson origine dans le désir du Gouvernement de Madrid de

maintenir sa présenceau Maroc. Le nord, la zone du Rif, est en quelque sorte
sacrifié.Le nationalisme marocain sort renforcédes épreuvesde la deuxiérne
guerre mondiale. Sous la direction de S. M. Mohammed V, le pays amorce sa
longue marche vers la libération politique. Le Gouvernement espagnol peut
ainsi, le 7 avril 1956,déclarerque cla convention signéeAMadrid le 27 novein-
bre 1912 ne peut plus régirAl'avenir lesrelations hispano-marocaines >).La

csphere d'influence » du nord retourne Bla mèrepatrie. Le Gouvernement
espagnol croit avoir sauvéIfni, Tarfaya, la Saguiet El Harnra et le Rio de
Oro.
C'est alors rnéconnaitrela ténacitél,a patience du Souverain, du Gouverne-
ment et du peuple marocains. La pression s'accentueet l'organisation adminis-
trative espagnoles'adapte. Le IOjanvier'1958.deux provincessont créées sur la
côtemarocaine : {Ifni )etle {Saharaespagnol )(annexe90(2)).Selonla Revisru

ufricanuce sont des
(1circonstances derivéesde l'expérience .,qui ont conseilléde modifier la
structure administrative et militaire du gouvernement généra dlel'Afrique

occidentale espagnole, l'accommodant aux réalités géographiquese,th-
niques et militaires >)2.
L'expérience enseigne effectivementau Gouvernement espagnold'effectuerla

part du feu. Ifni est rétrocédé au Maroc le 4janvier 1969.
Mais dejAla (iprovince espagnoleodu aha ar avait connu quelques difficul-
tés.ComooséeDourdes raisons aue le décretde 1934avait varfaitement résu-
mées,ellécomirend en janvier i958 :le Rio de Oro, la saguiet el Hamra et
Tarfaya. L'insurrectionpopulairede 1957ayant obligélesforcesespagnoles à se

Bulletinofficielde lzone. annéeXXII,no24,31 aoGt1934,p.623-625.
Revisruu/ricunu. février1958.replier sur la côtla régionde Tarfaya retourne à la souverainetémarocaine le
Ieravril 1958.
Déslors, après la restitii'ion dTarfaya, comment justifier que l'Espagne
conserve la partie sud d'urierégion qu'ellea toujours considérécomme natu-

rellement homogkne, sinon en provoquant le droit à l'autodéterminationd'une
prétendue population saharienne »différentede celle du Maroc ?
Une tellejustification constitue undefiau bon sens, maisausAlagéographie
et Al'histoire.Combien plus logique apparaît l'attitude du Royaume du Maroc
clairement exposéepar S. M. Mohammed V A M'Harned-el-Ghizlane, aux
portes du Sahara b),le25 février1958:

<(Et cequi fait notrejoic'estd'êtrereçu au villagede M'Hamed, qui est
la porte duSahara marocain,par lesfils de ceuxqui ont reçu notre aïeul dans
unautrevillage, desRegueihaf,des Tekna, des OuledDelimel d'autrestribw
Chenguit,etde lesentendre, accompagnésdeleurshommesdeloietdeleurs
lettrésnous réaffirmer- comme leurspères l'ont faitcinotre aïeul- leur
ortuchernentau rrônealaouite et leur appartenanceau Marocpar desliens
étroitset quinepeuvent erretranchés. ous saluons leurs âmesgénéreuseest
la ferme déterminationqui les anime et nous leur souhaitons la bienvenue

dans leur patrie et parmi lesleurs, commenous leurréaffirmonà,notretour
- etquele>présente sninformentlesabsents- quenousconrinuerons uŒuvrer
entout cequiestnotrepouvoirpourrecouvrernoireSaharaeftoutcequi,pur le
témoignagede /'histoire,et par Ia volonté deshabitants, revient de dràit
notre Royaume. ))

Mohamed V, roidu Maroc, Renaissanced'une Nation, 1957-1958,Imprimerie
royale,Rabat, p. 149-153. DEUXIÈME PARTIE

LE MAROC, POSSESSEUR IMMI?MORIAL

Que le Maroc ait la qualité de<possesseur immémorial a au sens où l'a
entendu lajurisprudence arbitrale et celledela CourdeLa Haye résultededeux
données historiques indiscutables.LSaharaoccidental est un territoire maro-
cain car l'histoire des hommesquil'habitentest intimemee celle de l'Empire
chérifien.Le passédu Maghreb extrêmeest riche d'événements maia,u-delà de
la complexitéapparente, il s'ordonneautourde quelquesgrandeslignesdeforce.
Les Sahatiens yjouent un rble décisifet souvent privilégiéJ.usqu'en 1886,les
gouvernements étrangersen ont toujours tiréla conclusion logique: ils ont
reconnul'appartenancede touresles terres situéesau sud de l'ouedDàI'Etat
Marocuin.Le Gouvernement du Royaume du Maroc en apporte la démonstra-
tion en sefondant sur desfaits etdesdocuments quiétablissentIapermanence et

la légimitéde ses titres historiques.

1. L'histoireintérieueuRoyaumedu Maroc démontre l'indiscutablesolidarité
de destinentreles hommesquise répartissendtuRif àla régionducapBlancet
leur acceptationcommuned'unemêmesouverainetéc ,elle du Sultan

La portée destitres marocains sur leahara occidental doit s'apprécier en
tenant compte de l'environnement socialet économique maghrébin. 'ilest vrai
que l'imitation des modèles européenet nord-américain nepermet pas néces-
sairement au XXesièclede résoudre les problèmesdu tiers monde, Iiplus forte
saiso nne approche juridiq ueupéedes réalitéslocales risquede fausser
l'interprétationdes faits survenus au siécleprécé. cet égardtrois consta-

tations s'imposent. Le Sahara occidental est le foyer de la nation marocaine.
L'unitéprofonde quiexisteentrelenordetlesudduMaroc n'estnullementremise
en causepar l'apparente divisionterritorialedu bled maktizenetdu bled siba.Le
Sahara occidental est la terre par excellencede la résistancemarocàI'oc-
cupation étrangère.

Le Sahara occidental joueau XIe siècleun rôle décisifdans l'histoire de la
créationdu Maroc.Surce point, leshistoriensfrançais quiont étul'évolution
des sociétés maghrébineaspportent un témoignage essentiel etd'autant plus
remarquablequiau momentdelacolonisationl'historiographieofficielle tenAait
nier l'existencede nations et d'Etats en Afrique du Nord.

Du VIIIeau XIesiécle,l'histoiredu Maghreb conquis pa1'Islarconnaît une
phase confuse. Les Berbères cherchenta se débarrasserdes liens qui les ont
attachésà l'orient. Pourtant, ils ne s'estimentpas suffisamment arméspour se
passer decetOrient,dont ilsrejettent la tutellepolAtceutitre, ilsaccueillent
volontiers les exilésorientaux qu'ils prennent pour chefs. L'un d'entre eux,
descendant de la familledu Prophète, IdrisIbn Abdallah, s'installedans le nord
du Maroc. SonfilsIdrisII fondelavilledeFès.II neréussit certàplacer sousson autorité tout le territoire du futur Empire chérifien, mais il parvient à
rassembler « sous une seule autorité musulmaneun certain nombre de tribus

berbéresjusque-la indépendanteslesunes des autres l.Le premier Etat maro-
cain estné,ilestdéjaattirépar leSahara.IdrisIIconduit sestroupesjusqu'aupays
des Masmouda, dans le Haut Atlas, au sud de la région actuelle deMarrakech.
Alors s'enclencheun processus historique de circulation des élites gouver-
nantes qui, des Idrissides aux Alaouites et du IXe au XXe siécle, installent
successivementseptdynasties aupouvoiretfaitdu Marocle seulEtat authentique
du Maghreb.

L'historien français Henri Terrasse l'explique par l'appel aux donnéesgéo-
graphiques marocaines. Il oppose le (iMaroc intérieur ))à la fois mediter-
ranéenet atlantique, au nord et à l'ouest de l'Atlas,au(iMaroc extérieur u, qui
regroupe

(itoutes lesrégionsqui s'étendentau-delà de I'Atlas ..L'unitéde cette zone
luivientsurtoutde sonclimat :c'estleMarocdelasécheresseettrop souvent
de la faim ..C'est donc un Maroc pauvre et, par la, périodiquement sur-

peuplé.w
A partir de cette constatation, H. Terrasse précise :

(Lesoasis, auxcultures inextensibles, ne peuventnourrir qu'un nombre
déterminéde bouches. Le développementdes troupeaux dont vivent les
nomades est limitépar les possibilitésde pâturages ..Lorsque surviennent
une ou plusieurs annéessèches,lescultures et lespâturages font également
défaut.Lespopulations du Marocextérieurs'efforcent alors ..de gagnerle
Maroc atlantique...Cemouvementquasifatalestaccrupariaconvoitise. Les

populations pauvres du Maroc extérieur et surtout les nomades, dont la
valeur militaire restegrande, ont presque toujours cherchéa s'installerdans
les bonnes terres du Maroc intérieur. Et les invasions venuesde l'est ont
maintes foisdéclenché eatccru cemouvement intermittent et invincible.Ce
fuit essentieldel'histoiremnrocuin: luconquêtepériodiqu deuMaroc intérieur
par leMarocextérieur,apris desformes diverses.Leplussouvent,unedynastie
néeau-delà de l'Atlas a conquis leMaroc atlantique.o2

La mêmeconstatation faisait dire A un députéfrançais, Léon Barety,chefdu
parti colonialentrelesdeuxguerres, à propos d'une insurrectionriffained'Abdel
Krim, (touslesroguis, touslesprétendantssonttoujours venusdusud,dudésert.
Les mouvementsqui ont leur origine au nord, dans les montagnes, n'ontjamais
entraînélesmasses u3.Silaformeestdiscutable,le contenu decetteconstatation
est en revanche incontestable.

L.efondateur de dynmtie est souvent directement issu d'une tribudu Sahara
occidental.Telest lecas deYoussef Ibn Tachfin, lepremier desAlmoravides, (ila
plusgrandefiguredel'Occident musulman àsonépoqueetdont l'Œuvre,plusque
celle de tout autre souverain, allait déciderdes destinéesdu Maroc 4
CepaysestauXIesièclepeuplépardeuxgrandsgroupes tribaux,lesMasmouda
dans la partie occidentaleetsurtoutlesSanhaja,qui,par leurrépartitionde lacôte

'Ch.A.Julien, Histoirde I'Ariquedu Nord,de Iuconquête arabeLi1830,2@ édition,
revue et mise jour par R. Le 4ourneau, Payot,Paris, 1952,p. 44.
Henri Terrasse,HistoireduMaroc,Editions Atlantides,Casablanca,1949, t. p. 12
et 13.
LéonBarety, Leproblème du Rif, discoursprononcé la Chambre des députélse
28 mai 1925, imprimeriesdes Journauxoficiels, Paris 1,25,p. 10.
' Henri Terrasse, op. cirp.224.172 SAHARA OCCIDENTAL

niédirerranéenn aeuSahara occidenral,consriruentdijù unpuis~antélémen d~'uni-
/ication humaine :
«Si les Sanhaja apparaissent ainsi en posture offensivecontre les Mas-
mouda, écritHenri Terrasse, c'estqu'ils régnaienten maîtres dans presque
tout le <(Maroc extérieur ». Dans le Draa, Yacoubi signale surtout des

Targa ;d'autres Sanhaja peuplaient lesoasis dépendant de Sidiilmassa '.
TOU; lesgéographesquiparlent du~aharaatlantiqÜesignaientquiles grands
nomades berberes qui parcouraient ces régionsappartenaient aux Sanhaia.
On eut croire ...aie Ïe meilleurde l'~tl6 central et du Moyen Atlas é&t
de ~anhajièns.car un groupeimportant deSanhajaoc>cCupa dt j8une
grandepartie du Rifetpoussaitverslenord oùilfinitpar atteindrele bord de
la Méditerranée.
LesSanhajaduMaroc.largemené t tolésanslesoasis,formaientensuiteune

sorte decouléenord-sud,qui allait sansdoute serétrécissant eqtui s'achevait
par une tache isolée en progression dans le Rif. Mais dans les plaines
atlantiques ilsnepossédaientquedesîlotspeu nombreux. Yacoubiensignale
àAghmat dans leHaouz actuel. Surtout, ilsFormaientun groupe important
en bordure de l'Atlantique, vers l'embouchure de l'Oum-er-Rbia au sud
d'kemmour :c'étaitlaseuleenclaveimportante dans lebloc masmoudien
de la meseta marocaine.
Ainsi lapousséedes populations venuesdu sudet du (iMaroc extérieur »,

qui n'apresquejamais cesséaucoursdel'histoiredu pays,sefaisait alorspar
les Sanhaja et A leur bénéfice i)
Vers 1040,lesSanhaja du sud, lesLemtouna et lesGoeddala, les (iSanhajaau

voile k),s'organisent sous la direction d'un des Iwrs, l'émirTarsina, en une
puissante confédération,sans doute pour mieux lutter contre Ics Noirs de
l'Afrique soudanaise. Henri Terrasse retrace son évolution progressive sous
l'influencede I'lslani orrhodoxedont le renouveaudans le Sud marocain était
I'hériiagede I'uctionIdrisside. Les débutsde la nouvelle confédération étaient
assez difficiles et son action semblait toute dirigée versle sud. Ken donc ne
laissait prévoirune action et un triomphe des Sanhaja au nord :

cCe tournant brusque fut I'Œuvrede deux hommes : le successeur de
Tarsina, Yahya Ben Ibrahim et un rfqih » marocain, Abdullah Ben
Yasin.
A la mort de Tarsina, Yahya Ben Ibrahim, qui appartenait d la tribu des
Goddda, mais qui avait épousé une femmedes Lemtouna,obtint le com-
mandement. La situation peu glorieusedont il héritaitne I'empéchapas de

faire le pélerinageà La Mecque avecplusieurs chefssmhajiens. Ce voyage
révélaà Yahya Ben Ibrahim la médiocritéde l'Islam que connaissaient et
pratiquaient ses contribules ; il désiravivement améliorer leurvie reli-
gieuse.
A sonretour, ils'arrCta Kairouan et écoutalesleçonsd'unpieuxdocteur
originairedeFès,Abou Imran, Aquiildemanda deluidonner un desesélkves
qui seferait lemissionnairedes Lemtouna.Aucun desdisciplesKairouanais
d'Abou Imran ne voulut partir dans ce pays lointain. Mais Abou lmran

adressaYahya undesesdisciples :OuaggagBenAl-Lamtiquitenait école à
Melkis, sur le Ziz, dans le royaume de Sidjilmassa. Yahya se rendit chez

' Localitksituéedans le Taiilaleli.
* Henri Terrasse,op.cit.p. 193. Ouaggagqui lui désignaun de ses disciples, sanhajien lui aussi :Abdallah
Ben Yasin, de la tribu des Gueuoula.
Abdallah accompagna l'émirYahya chez les Sanhaja au voile. Il com-
mensa par leurenseignerleCoranet la Sunna, surtout - semble-t-il- leurs
prescriptions, car dans ce pays berbérophonebien peu de lettrésdevaient
connaitre l'arabe. Mais les Sanhaja, qui auraient sans doute volontiers
consenti haugmenter leurscienceislamiqueet leurconnaissance de l'arabe,
semontrkrent rebellestila reformedesmŒursqu'AbdallahBenYasinvoulut

imposer...
Les prédications d'AbdallahBen Yasin furent acceptéestant que vécut
Yahya BenIbrahim. Lenouveauchef delaconfédération,Yahya Ben Omar,
ne put empêcherles Sanhaja de chasser Abdallah BenYasin et de piller sa
maison...
Abdullah Ben Yusinse retira encompagniede Yahya Ben Omar ef de son
frere Abou Bekrdonsleribaf 'qu'iljondadansuneîle(F.de laChapelle,qui a
étudié surleslieuxlaprimitive histoirealrnoravide.penseljuneîledulittoral.
sans doute vers lo Suguiat-al-Hanira). Sa tentative missionnaire semblait
destinées'ensevelirdans uneobscure retraite. 11n'enfut rien : c'estalorsque

conrnrencaIogrondehistoiredes gensdu ribai »(al-niourabirin),des Almo-
ravides.)>
Le fqih marocain revit l'épopéd eu prophète etles débutsde la prédication
mohammadienne. Il devait en sortir un embryon d'Etat nouveau, répliquede
1'Etatmedine,modéledela Citémusulmaneassurant au Maroc,par lerespectde

la Sunna (tradition prophétique),une incontestable originalitéconstitutionnelle
au sein du Maghreb.
La base de départse fortifie dans le Sahara occidental, l'unitése reconsti-
tue :
Les textes qui rapportent la premikre histoire du mouvement almora-
videsontdéjàdéformép sar lalégende.SeptGoddala seraien td'abordvenus

rejoindre au ribat les trois fondateurs. Puis mille hommes appartenant à
l'aristocratie des Sanhaja auraient adhéréau mouvement. Les Mourabitin
auraient tentésans résultatlaconversion pacifiquedesSanhaja au voile.Ils
durent avoir recours A la guerre saintepour soumettre les Lemtouna et les
rallier leur réformereligieuse. Les Messouga et les Goddala suivirent le
mouvement. puis les Lamta et les autres Sanhaja qui habitaient plus au
nord,jusqu'au bas Draa. La confédération sanhajienne du Saharaocciden-
tal étaitreconstituéeet agrandie. Elle avait un chef politique, Yahya Ben
Omar, et un cher religieux: Abdallah BenYasin, qui avait la préeminence
sur la premier.

Sur ces entrefaites, Abdallah Ben Yasin reçut un appel de son maître
Ouaggag Ben Zeloui, dénonçantles illégalitéc sommisespar les émirs zé-
netes de Sidjilmassa, les Beni Khazroun. Les Sanhaja au voile décidèrent
d'aller au secours de leurs frkres des oasis marocaines oppriméspar les
ennemisde leur race.En 1053-1054,une expéditionfut montéeendirection

' Lemotribatpeut avoirdeuxsenss,oitunsensélargi : uartierfortifi,illfortifiée,
on de guerre,sait un sensrestrein:fortin.*Danslesjeux cas, il s'agittoutefoide
fondationspieusesdestinLesh des cornbaitane de la loi.des guer.crs de la gucm
sainte.» L. Golvin,Noresur lemot nbat et son interprétatioen Occident murulman.
n.6, 1969.
2 H. Terrasse,op.cit.,p.214 et215. 174 SAHARA OCCIDENTAL

de Sidjilmassa.LesAlmor~vides ailaiententrer dm l'histodi e/a Berbé-
rie.b)'

La cohésion religieuse permetde résoudre les problèmeséconomiqueset

démographiques qu'affronte la confédération :

aL'invasion par les Zénètes des oasismarocaines et l'installation de la
dynastie des Beni Khazroun de Sidjilmassaavaient dû changer sur bien des
points la viedes Sonhuzuinstallés auSaharaatlantique.C'étaientdesenne-
mis de leur race et non plus des frères de sang, qui tenaient les ports
marocains du désertoù aboutissaientleslignescaravanieres d'où ilstiraient
lemeilleurde leur richesseet de leurpuissance. En outre, il estprobubleque
bien desSanha~udu désert venaient transhumer en bordure d l'eA[lasmaro-

cain. L'invasionzénétecoupait ou interdisait ces lignes de transhumance,
alorsmêmeque lesluttes aveclesroyaumes noirs devaient limiter ausud les
possibilitésde pâture dans la zone des savanes.
En outre, toutes les régions désertiquessont périodiquement surpeu-
plées ;ellessonthabitéespar des racesvigoureuseset prolifiques auxquelles
elles n'offrent que des possibilités d'existence limitées: les oasis ont des
ressources mesurées,tandis que la raretédes terrains de parcours et les
irrégularitédsu climatréduisentledévelopmentdes troupeaux. Un moment
vient oùle déserta trop d'habitants :bon gré,mal gré,une partie des forces

humaines qu'il recbledoivent chercher un exutoire. fi

C'est sans doute ce qui se produisait au milieu du XIe sièclepour la confé-
dération des Lemtouna, Goddalaet Messoufa : isolés,ils seraient faibles et
condamnés à traîneraudésertuneexistencedifficile;groupés,ilsdevenaient forts
et capables d'expansion. Lïdée religieuse lesaida à vaincre le purticularisme
berbère,lesréunitpourlesalutcommunetpourluconquêtedelsisièresnordduSahara
ai/antique:

<{L'occasiondel'attaque fut fourniepar l'appeldeOuaggaget ladécision
fut prise par Abdallah, qui était un Marocain. Tout cela explique qu'une
vague de fond partie de l'ouest de l'océan saharienait déferléau pied de
l'Atlas. Ces Sahariens - une fois entrés au Maroc - n'en devaient plus
sortir ;en s'orientantversdenouveaux destins, ilsallaientchanger lesort du
Maghreb, et bientôt celui de l'Espagne musulmane. >)

Henn Terrasse conclut son étudedel'époqueaimoravide en insistant sur les
conséquences marocainesqui lui paraissent essentielles:

« Jusqu'auxAlmoravides,leMaroc n'existaitpas. Lesldnssides n'avaient
pu que l'ébaucheren partie :de la mort d'Idris Ià la conquêteaimoravide,
le Maghribel-Aqsa n'avaitvu, sousdesformes diverses,que letriomphe du
particularisme. C'est Yousef Ben Tachfinqui u russembléles terres maro-
caines,uniespourlapremière foisSOUS unemêmedynastieS .ansdoute l'oeuvre
politique des Almoravidesa vitedépassé, A l'estet au nord, lesfrontièresdu
Maroc :mais lepuys tardivementagglomérepur les Almoravides nese dis-

. sociera plusen droit. IIoura roujoursunmakhzendont lepouvoir essuierade

H. Terrasse,op.cir.p. 216.
* Ibidp ..217 et218. s'étendreen fait surl'ensemble du pays. Lenordet lesuddupays quia ,prèsla
révolrekharijite, avaient vécuséparésconfondrontdésormuisleurs desti-
nées.n '

Loin d'êtreun territoire sans maître, le Sahara occidental assure au sein de
1'Etatmarocain une fonction historique essentielle :

« La fonction propre, l'originalitédu Maroc, écrit,en 1930,le géographe
français Jean Célerier,c'est d'êtreAtous égardsle lien, le lieu de passage
entre l'Europeméditerranéenneetl'Afriquetropicale. Ignorer soitcequi est
revenu par le Sahara, soit le rayonnement de son action 3 travers le désert,
c'est lemutiler et se condamner à ne pas le comprendre. i>

Le mémeauteur voit dans le Sahara occidentalnon pas une régiondésertique
et vide mais, pour le Maroc,

« un véritablefoyer de civilisation original... Dans cette <(marche ))saha-
rienne du Maroc se sont heurtéset mélangés Mkditerranéens,Saharienset
Soudanais. De là, des idluences de tout ordre ont rayonnédans le nord.
Cela s'estfait tantôt par crises violentes dont les unes se perdent dans les
ténèbresdelapréhistoire,dont lesautressonttoutes récentes,tantôt par une
pénétration lenteetindividuelle. Il nefaut pas oublier en effetqueceuxque
nous appelons de termes générauxet vagues, Soussi, Draoui, sont des
émigrantstraditionnels.Ainsi s'expliquequ'on voitsurgirjusque dans le Rif

des dessins qui viennent en droite Lignedu Soudan et que la musique négre
éveilleau moinsautant d'échodans l'âme marocaineque l'art hispano-
mauresque. '

Le mouvement inverse esttout aussiimportantpour expliquer lepeuplement
du Sahara occidental. Un historien espagnol est, avec bien des présupposés
hostiles, contraint cependant de le reconnaitre :

Au XVIe siécle, l'immigrationprocédant du nord fut extrêmement

intenseA cause de la misère etdes guerres avecleschrétiens :dans ledésert
surgirent un certain nombre d'exploiteursde la crédulité et du mysticisme
des habitants qui groupérent autour d'eux des disciples et fondèrent des
tribus...L'originedes tnbus méridionalesest parfaitement fixée ; ellespro-
cédentdes BeniHassan,unebranche des Beni-Hilalqui nomadisait aunord
de la SeguiatelHarnra ...et qui émigradans la direction du sud ..Les tribus
localesrésistérent Al'arabisation, maislesenvahisseursl'emportèrent ..Ces
tnbus arabes étaient appuyéespar les sultans du Maghreb qui, dans cer-
taines occasions, leur envoyèrentdes contingents auxiliaires. ))

L'union intime du Sahara occidental et du Maroc intérieur est aujourd'hui

symboliséepar le fait que la famille royale descenden droite ligne d'unenoble
sahraouie, Khenatabent Cheick Bekkaral-Maghfiri,que Moulay Ismaël épousa
et qui fut la mèrede son successeur.

' H. Terrasse, op.cil.p. 256.
J.Célener, leçon inaugurale du seplitme congresde I'Institutdes hautes études
marocaine susr(L'intérê dutSahara occidentaloour l'étudedu Maroc o.EtEldesn. otes
etdocumentssur le Sahora occidental,Paris, 1930,p. 8
J.Célerier , bid ., 12.
Colonel J. Alensio, ibid,,p. 30.176 SAHARA OCCIDENTAL

Aux indiscutables faits de souverainetéqui jalonnent l'histoire du Maroc
méridionals'ajoute, à partir des deux derniéresdécenniesdu XIX"siècle,l'éta-
blissement d'une organisation administrative apte faire face aux tentatives
européennes depénétrationcommerciale et politique.

A. Lu spécificitde la structud reI'Eratmarocain uncien

Lors de la réunionde la QuatriémeCommission de 1'Assembleegénérale
des Nations Unies tenue à New York le 10 décembre 1974, le représentant
du Gouvernement espagnol a affirméque depuis onze ans (le Maroc a fait
valoir de prétendus droits historiques qu'il s'est occasionnellement attribués

non seulement sur le Sahara mais égalementsur tous les Etats de la région,ou
sur certains d'entre eux s'. Cette affirmation qui méconnaît totalement
l'histoire du Maghreb oblige le Gouvernement A formuler deux re-
marques :

Le Marocn'ajamais présenté de <irevendicationsterritorialei>fondéessurde
<(pretendus )>droits historiques.Ildemande simplementla reconnaissancedeses
droits légitimeset le retour de terres marocaines a la mPre patrie. Si le Sahara
occidental est aujourd'hui séparédu Royaume, c'esten raison de lapolitique de
partage territorial exécutéeà ses dépenspar les puissances européennesdu
XIXesiècle.LeGouvernement de SaMajestéa fournisurcepoint à laCour,dans

la première partie de ce mémoire,suffisamment d'éléments d'appréciatiopnour
ne pas reprendre de nouveau l'analyse.II est certain que, grâce aux documents
et aux faits qui lui sont fournis, la Cour sera mieux à mêmed'apprécier la
portéeréellede ladéclarationdu représentant espagnol devant la Quatrième
Commission. (L'Espagne ne s'interroge pas sur la validité de ses droits
souverains au Maroc ...II s'agit 19 du passée.)> Le Gouvernement de Sa
Majestépense au contraire qu'il est important de s'interroger sur cette vali-

dité pour comprendre l'actuelle politique espagnole, dite <id'autodétermina-
tion de la population du Sahara >),camouflage juridique d'une opération
néo-colonialiste.
Le Maroc ne s'estjamais attribuécroccasionnellement )desdroits historiques
sur leSahara ou surcertains Etats de la région.Laconquêtecolonialel'aamputé
d'une partie de son territoire. Il tente par l'utilisation de moyens pacifiques
de ne pas subir une nouvelle amputation territoriale consacréecette fois par

l'organisation mondiale dont certains membres seraient mal informés de
l'importance de l'enjeu pour le Royaume du Maroc. Ses droits ne sont pas
r(occasjonnels >>ils résultentde la forme qu'à revêtu dans l'histoire l'exercice
du pouvoir marocain sur une partie des populations du Maghreb et aussi de
cette réalitjuridique :le Sahara occidental est partie intégrantedu Royaume
du Maroc.

Compte rendu analytiqueprovisoiredela 2130eséance dela QuatrièmeCommis-
sion,A/C.4/SR.2130, du 13 janvier1975,p. 10et 11.
* Ibid p.,9.a) Le Royaume du Maroc, seul Eiut notionalet indépenduntdu Maghreb au
XIXesiècle

La these espagnole, telle qu'elleest exposéepar le représentantdu Gouver-
nement de l'Espagnedevant la QuatrièmeCommissionde l'Assembléegénérale
des Nations Unies :
(ile Sahara comme tout autre territoire africain ...avait sa population
propre, leSahara étantpeuplépar des Sahraouis et les autres territoires par

d'autres habitants r
n'estque la formulation actuelle du vieux mythe européende 1'0anarchie )>de
1'Elatmarocaindue a l'inefficacitédu contrôle gouvernemental sur les popula-
tions du Maghreb extrême.L'Etat marocain, au débutdu XIXe siècle,était

certainement affaibli par les menéesétrangèreset par des lacunes internes de
structures, il n'en était pas moins l'expression juridique d'une cornnlunauté
humainefaçonnéepar des siècle d'histoire.
L'analyse des forces internes qui animent la sociétémarocaine permet de
mieuxcomprendre lafinalitéde1'Etat.Lavie du corps socialestassuréepar deux
cellulesprimaires :lafamilleet latribu, maisdeuxstructures de superposition,la
confrérieet I'Etat,compensent etannulent leseffetsdu fractionnementapparent

des groupements humains.
La famille constitue la cellule de base de la sociétémarocaine. Plusieurs
famillesserépartissenten douars, ces communautéss'élargissenten fractions et
surtout en tribus. C'estau seinde la tribu que l'individuprend consciencede la
solidaritédu groupe. En effet, la société marocaine

<{ne saurait êtreindividualiste, car l'individu devant supporter les obliga-
tions queluiimposecette solidaritéetrisquant del'engagerpar sesactesdoit
aliénersa liberté enconséquence.Dans une large mesure il est sacrifié a
la collectivitédont il partage étroitement et obligatoirement les charges
comme les droits t) 2.

11est vrai que les unes comme les autres sont élaborése ,n principe, de façon
trèsdémocratique.Le pouvoir de décisionappartient a l'assembléedes chefs de
douars. Celle-ci fixe les règlesdela vie collective, veilleau respect des intérêts
communautaires et choisit lechef, simpleorgane exécutif,qui verra son autorité
consacréepar l'investiture accordéepar le Sultan. La cohésionest renforcéepar
la pratique localede l'Islam.Certes l'adhésion à la religion révélée epsrtofonde

mais elle s'accompagne du culte du saint, du marabout (isouvent membre du
lignageet parfois fondateur éponyme,ilest la transposition sur leplan religieux
de la structure sociale>>'.
Unitépolitique et religieuse,la tribu offAesesmembreslecadrejuridique où
les conflits internes doivent trouver leur solution. L'assembléedes notables
élaboreet applique un droitcoutumier quiLimitel'applicationde laloicoranique
par Ie cadi aux seuls problèmes du statut personnel. L'appartenance tribale
donne enfin a la cellule familiale les moyens de subvenir aux besoins de ses

membres. Defait lafamilleestune unitééconomiqueautonomequi produit pour
son entretien et pour sa reproduction. La tribu dispose d'un important patri-

Compterenduanalytiqueprovisoire de la 2130séancedelaQuatrièmeCommis-
sion,A/C.4/SR.2130, du 13janvier 1975,p.9.
Loubignac, Le mondeberbèreet sesconstitutionsa, Introduction2 ta connais-
sance du Maroc, Casablanca, 1942,p. 278.
L. Valensi,op. cik,p.33.178 SAHARA OCCIDENTAL

moinefoncierqui s'étendsur devastesespacessans clôtureetqui luiest reconnu
par un usage immémorial.
Du Rif aucap Blanc,l'infrastructure socialeestcomparable :<deschefsissus
de la collectivité,des décisionsdébattuesentre leschefsdesdifférentesfamilles,
une étroitesolidarité desmembres de la tribu >l,elle réaliseune remarquable

conciliation entre la gestiondes affaires localeset la reconnaissancede l'autorité
centrale. De fait et pour autant le Marocne constitue pas un simple assemblage
de tribus s'ignorant mutuellement, commele prétendaient au XIXe siècleles
Européensqui préparaientl'intervention coloniale.
Des liens étroitss'établissententre les hommes par-delà les solidaritésfami-
lialeset tribales. Ilssont tisséspar l'appartenance auxconfrériesquifont appeà
la participation individuelle. Ellesconstituent

<(desassociations depieusesgensqui seréunissentpour accomplircertaines
pratiques recommandéespar tel grand mystique commepropre Afavoriser
la connaissance des réalités divines etA ouvrir la voie du salut)2.

Lemausoléedu fondateur devient un centre culturel et cultuel, une zaouia,dont
lerayonnement peut s'étendresur l'ensembledu territoire. Confrérieset zaouias
du Saharaoccidental ont toujours pousséleurs ramifications dans le nord du
pays, apportant ainsi un important élément d'unification nationale.

Leurs chefs,notamment ceuxde la Saguiet el Hamra et tout particulièrement
le cheik Ma el Aïnin sauront profiter de cette situation pour s'opposer à l'in-
tervention coloniale. Dans cette perspective les confrériesont puissamment
contribué àl'affermissementet au développementde la cohésionnationale du
peuple marocain. Leurlutte avait précisémenp tour objet d'assurer le respectpar
l'étrangerde la souverainetédu seul Etat indépendantdu Maghreb.
L'Etat, par son organisation centrale et unitaire est, en effet, lefacteur deter-

minant del'unitémarocainecar si,commenousl'avons explicité précédemment,
latribupermet lasatisfaction decertainsbesoinscollectifslocaux, en revanchela
structure étatique répondseule aux nécessitée st aux impératifsde la vie natio-
nale. Elle assume, enoutre, la protection de la collectivité marocaineau-del8de
l'appartenance tribale. Deux exemplesillustrent lerôle essentiel et nécessairede
1'Etat.Le grand vizir adresse des lettres a toutes les tribus pour les mobiliser
militairement en cas de danger aux frontières car l'arméemarocaine est une

arméepopulaireet non pas une arméede métier,du moinsjusqu'au XIXesiècle.
Face il'extérieur,leMaroc est représenté par un ministre des affairesetrangères
qui porte le nom de tiministre de la mer s, Ouzir el Bahr,car précisément les
menaces à l'intégritéterritoriale sont toujours venues dla mer.
Le Maroc constitue depuis 1145un Etat indépendant.A cette date, le sultan
Abd el Moumen a rompu définitivement ses relationsavec le khalifat arabede
Bagdadet s'estdéclaré lui-même khalifedes Marocains. Sonindépendance aété
confortée aprèsleXVesieclelorsquelesMarocains,plutôt quedefaireappel aux

Turcs, comme leurs voisins maghrébins,ont préféré se regroupearutour de leur
Sultan pour résister à l'envahisseur européen. Désormaisla lutte nationale
devient lebut suprêmedu pouvoir central représentéauprèsdes tribus par des
(icaïds n,nomméspar tdahir s.
Le pouvoir central est exercépar le Sultan, commandeur des croyants et
kahlife, c'est-à-dire<intendant de Dieu )>sur la terre pour les affaires spiri-
tuelles. A ce titre, il est chef religieux de la communautédes croyants dont il

L. Valensi,op.ci!.p. 34.
R. Le Tourneau, Fèsavant leprotectoratCasablanca, 1949. assume également legouvernement temporel.Déslors qu'ilest ainsi reconnu, il
exerce seul le pouvoir politique :

<(Le khalife n'apoint d'associédans sa charge, Nul autre que lui n'ade
pouvoir sur les musulmans, si ce n'est un pouvoir émanant de la dignité
khalifale et par voie de mandat du khalife. Les gouverneurs dans I'Etat

islamique et tous ceux qui détiennent une autorite quelconque sur les
musulmans, au spirituelcomme au temporel ...tous ceux-làsont des man-
dataires du Souverain et desprocureurs. Lui seulpeut déciderde leur choix
et de leur révocation,de la plénitudedes pouvoirs à leur conférer,de la
mesure et des limites de l'autorité aleur remettre. >> '

L'acceptation de la personne du Sultan par la communauté des croyants a
donc une importance décisive,elleengageceuxqui la donnent à uneobéissance
définitive,surtout financière,des lors que le khalife reste fidèle auCoran. Elle
sous-tend la distinction du bled makhzenet du bled siba. La tribu qui conserve
naturellement ses pouvoirs domestiques, mais qui répugne a payer l'impôt,

appartient au bled siba.Cellequi sesoumet au prélèvement fiscarlélèvedu bled
makhzen.
b) Le contenu réel de la distinction bled makhzenlbled siba

Ces deux expressions indiquent donc deux modalitésde rapports entre les
autorités locales marocaines et le pouvoir central et non pas une volontéde
séparationterritoriale. La distinction des deux bleds ne se ramène nullement à
une répartitiongéographique.Ellen'opposecertainementpas leMarocdu Nord
et Ie Sahara occidental. Elle se situe aussi bien a l'intérieurdu premier. Deux
caractéristiquesde cettedistinction démontrenten tout cas qu'elle n'affectepas

l'unitédu Maroc.
L'unitédu Royaume n'estpas remise en causepar I'exisiencedu bled siba.
L'utilisation du mot makhzen, dont le sens original est entrepôt, révèlela
conception qu'ontdu pouvoir central leshommesdu Maghreb engénéral etceux
du Maroc en particulier : (<une force militaire chargéede faire payer les
impBts a 2. Les autres fonctions, relations avec les pays étrangers,défensede

l'Islam, nesont pas discutées.En outre, en raison d'unfonds culturel commun,
l'autoritéspirituelle du Sultan est toujours acceptée. Ainsi l'opposition bled
makhzen-bled siba ne traduit pas une volontéde contestation de l'existence
mêmedu pouvoir central, mais plutôt des conditions d'exercicede ce pouvoir.
Sur ce point un auteur français, témoinde la vie de l'ancienMaroc, apporte un
intéressanttémoignage :

(iNaturellement, le bled makhzenet lebled siban'étaientpas séparép sar
une limite préciseet rigide. Lorsqu'un sultan avait su acquérirplus d'au-
torité,les territoires soumis devenaient plus étendus ..Mais il faut remar-
quer, et ceci est important, que l'autoritéreligieusedu Sultan n'estjamais
contestéenulle part : le bled siba reconnaissait toujours le Sultan comme

chef de la communautémusulmane de l'Islamoccidental, son représentant
et son proctecteur vis-à-visdes nations étrangères » ...((Les caids de ces
régions recevaientdu Sultan leur investiture. i)

l AliAbderrazik, <L'Islamet lesbasesdupouvoir e,Revued'étudesislumipes, 1933,
p. 360.
A. Sghal, <L'édification nationale au Maghreb i),Revue inrernorionaledes scènes
sociales,vol.XXIII (1971), no 13,p. 473.
' H. Gaillard, L'histoire et l'organisationduprotectorat marocain. Sa politique indi-
gène, Rabat, 1915, p.5.180 SAHARA OCCIDENTAL

Le bIed siba réalise, enpratique, une simple décentralisation administrative.
L'abondante correspondance qu'il entretien avec le makhzen prouve qu'il ne
remet pas en cause l'existencedu lien unitaire que constitue le Gouvernement
marocain :

« Le soin de cettecorrespondance et de cettecomptabilitéavecles tribus
revienta la bureaucratie makhzénienne.La correspondance est considé-
rable car, mêmedans lesparties lesplus reculéesdu bled siba,il n'estpde
tribu qui ne soit en rapport avec Ie makhzen.
Ellestiennent toutesa garder un contact avecluieta nepoint sedétacher
compléternentd'un pouvoir musulman qui maintient, aux yeux des étran-
gers infidèles,le symbole de l'unité impérialeO'

Les informations sont centraliséespar les services de I'Ouzirel A'dham, le
grand vizir,rouageessentieldel'administration marocaine,etnotamment par les
deux secrétairesdu Nord et du Sud.
C'est vers ce pouvoir, (musulman » certes, mais surtout national, que se
tournent au XIX siècleles chefs de tribus de tout le Sahara occidental mena-

céspar l'expansion coloniale françaisequi a déjà submergél'Algérieet la
Tunisie.
La distinction bled makhzen-bled siba repose sur une assisemouvante et non
pas territorialement fixe.Les dynastiespuissantes paniennent a rkduirelazone
du bled siba, qui s'étendau contraire durant les périodesde crise interne.
L'unanimitécombattante se retrouve lorsque apparaît la menace extérieure.
Dans cette perspective le Sahara occidentaljoue dans l'histoire marocaine un
r6leremarquable, car ilconstitue du fait dela présence espagnoleaux Canariesà
la foisun front de résistanc» et une {marche i)du nationalisme. Ainsi est-il
fondamentalement une terre makhzenqui fournit au pays sesprincipales dynas-
ties. Quand elles se constituent et entreprennent de se répandrevers le Maroc

intérieur,le bled siba est au nord. Comment dès lors nier la communautéde
destin entre tous les hommesdu Maroc.

B. Le Suharooccidental,partie intégrantedu Maroc
Cette affirmation estjustifiéetant par l'histoireanciennedesrelations entre le

(Maroc extérieur et le <Maroc intérieur que par la situation politique
existant dans lesrégionsdela SaguietelHamra etdu RiodeOro au (moment de
la colonisation espagnole M.

a) L'histoire oncienne des refotions entre les deux parries géographiquesdu
Maroc

Elleconfirm l'héritagede l'épopée almuravide.Lesinfiuences réciproques -
économiques, politiques et culturelles - du Maroc méridionalsur le Maroc
septentrional etdu secondsur lepremier n'ontjamais cessé. 11convient d'insister
sur leur complémentarité permanenterévelée par l'histoire marocaine.
L'invasiondes Bédouins arabessemble couper le Maroc du Nord du Sahara
occidental. Cetélémene txtérieur, lesMakilserépandau suddu Draa Apartir du
XITIesiècle, refoulépar l'arméemérinidequi parvient à protégerles plaines
atlantiques. II est progressivement marocanisépar le grand mouvement mara-
boutique qui se développedansla Saguiet el Hamra au XVeet au XVIe siècle.
Cette périodevoit apparaître d'illustres marabouts venus du Maroc intérieur,

E.~ubin, Le Maroc d'artjourà'liui,ari1912,p. 241.ancetres desprincipalestribus actuellesdu Sahara occidental et notamment Sidi
Ahmed Regueibi(Regueibat), SidiAhmed elAroussi (Aroussiyine),SidiAhmed
Bou Chenbour (Ouled Tidrarin), Sidi Ou Hassoun (Yaggout).

L'effervescence politico-religieuseva une fois de plus produire ses effets ins-
titutionnels au nord du Draa. Lemouvementmaraboutique qui anime l'espritde
résistancecontre l'envahisseurportugais instalàéAgadir aboutit1ila fondation
de la dynastie saadienne. Celle-cirenoue avec la tradition nationale marocaine.
De fait. les sultans saadiens et surtout Aboul Abbas Ahmed surnommé El
Mansour. leVictorieux,aprèssavictoire décisivede 1578sur lesPortugaisàKsar
El-Kébir,reprennent la Liaisonsaharienne. Sous le régne d'ElMansour une
expéditionsurTombouctou et lepays Sonrhaypermet la reprisedu trafic del'or
et des esclaves, accentue le contrôle politique sur le désert.

La décadence saadiennerelâche lesliens avec lepouvoir central. Ce dernier
rétablitson influence grâce a la dynastie alaouite. Son fondateur, en1664,
Moulay Rachid, installéau Tafilalet, s'appuiesur lesconfrériessahariennesqui
I'acceptentcar ildescenddu filsd'Ali,legendredu Prophète.11bénéficiesurtout
del'aideefficacedestribusHassan,issuesdes Makil.Asamort,son frèreMoulay
Ismaël (1672-1727),dont la mèreest saharienne, affermit encore les liens du
souverain chérifien aveclestribus du Saharaoccidental. En 1672,l'annéedeson
intronisation, il intervient militairement a l'appeld'undescendant d'un conqué-
rant maki],Terrouz,l'émirdesTraaa, menacépar la révoltedesTolba desbords

du SénégalE .n 1679unetournéed'inspectionleconduit au Chinguit. Ilépousela
filledel'émirdesBrakna (nomdonne 1 'émiratpar un Makil,Barkani)etinvestit
un nouvelémirdu Trama, Addi. En 1680les Hassan du Tagant font appel à son
arbitrage pour réglerleur conflit avec les Noirs et les BerbèIdou Aich.
De 1703 à 1727Ali Chandora, qui commande les tribus Hassan du Traiza, se
rend 1Meknèsetobtient l'aidedeMoulay Ismaël(subsideset contingentsarmes)
pour lutter contre les Ouled Rizg du Brakna et les Européens du Sénégal. Le
Sultancharge lesAhel Youssef,chefsTekna des Izerguiyine(tribu de Ia Saguiet
el Hamra), de fournir l'essentieldel'aideen hommes eten matériel.Grâcàcette
intervention AliChandora rétablitsonautorité,enretour ils'engageAverseraux

Tekna un tribut annuel que ses successeurs payaient encore en 1933quand
l'historien francais F. dela Chapelle publia son étude sur Les Tekna du Sud
marocain >> 1.
Lesdissensionsqui conduisent lesfilsdeMoulay Ismaël a separtager leMaroc
ne mettent pas un terme aux contacts avecle Sahara.Un prisonnier anglaisqui
vécutvingt-troisansauMaroc affirmeavoirrencontréun gouverneurmarocain
résidant 1iChinguiti, En 1730il participe a une expéditionde l'un des fils de
Moulay Ismaël au Chjngujt et au SénégalV . ers 1757-1759,le petit-fils d'Ali
Chandora, El Moktar Abdallah Ould Amar Ould Ali, reçoit du sultan Moha-

med Ben Abdallah un tambour d'airain comme emblèmede l'émiratqu'il lui
confere.
En 1860lesultan SidiMohamed adresse un messageau cheik Sidyael Kebir,
religieuxetjuriste de renom, chef des Ouled Biridu Trarza qui l'avaitfélenité
1859pour son avènement : (Nous avons bien reçu votre reconnaissance bénie
de notre personne en tant que Prince légitimeu
En 1880,S.M. Moulay Hassanchargeune délégation deporter à AhmedOuld

F. de la Chapelle,c Les Tekna du Sud marocaini), Afrique français1933,
p.639.
AdventuresofThorna Pellow. Mariner,Londres,W. Brown, 1890.
' (iArchives Mauritani0,A. Leride,Bul/efiIFAN, XXI, no2, t952, p. 632-634. 182 SAHARA OCCIDENTAL

M'Hamed, émirde l'Adrar, des cadeaux et une lettre «le coniirmant dans ses
fonctions et le félicitantpour la façon dont il administre l'Adrar))'.
L'ensemblede ces faits historiques démontrent l'indiscutable continuite, B
travers les siècles,de l'exercicepar le Sultan de la souveraineté marocainesur
l'ensembledu Sahara occidental.

Le Gouvernement marocain prouve par la production de nombreux docu-
ments l'existence d'un contrôle effectif et continu du territoire saharien au
«moment dela colonisation espagnole )).

b) Lu situation politique du Sahara occidenral «au moment de la colonisnrion
espugnole s

Le contrôle des populations du Sahara occidental par le Gouvernement ché-
rifien doit s'apprécieren tenant compte dela constitution particulièrede I'Etat
marocain étudiéeci-dessus et de la répartitionhumaine dans les régionsinté-

ressées, c'est-à-dire:la Saguiet el Hamra et le Rio de Oro.
Lesliensexistantentre lestribus etlesouverainmarocainnesont pas,biensûr,
comparables aux modéleseuropéens,ilssont en revanche parfaitement adaptés
aux rkaiitéstribales. Ilsconstituent unestrucrurepyramidale d'allégeanceperson-
nelie.
A la findu XIXesiècle,l'autoritéchérifienneest exercéeau sud du Draa par

deux lieutenants i>.Celui pour le Sahara, Moulay Rachid, frère du sultan
Moulay Hassan, résidedans le Taiilalet, d'abord ASidjilmassa puis dans une
kesba construite à proximitédu Ksar de Bou-Aam. Installé à Marrakech, le
deuxiéme lieutenant chérifien » est responsable du Sous et de la Saguiet el
Hamra qui, selon un officier français, A. G. P. Martin, <joue un rôle de
pédoncule politiquerattachant ?il'Islam maghrébin lesmusulmans de tout de

Sahara sud-occidental ))2.Le meme auteur insiste d'ailleurs, à propos de la
Saguiet, sur sa profonde {communuu~é de vie polirique avec l'Empire chéri-
fien )>.
Defait ce <igouverneur »,pour reprendre l'expressionconsacréepar les traités
anglo-marocain du 9 décembre1856et hispano-marocain du 20 novembre 1861
que nous étudieronspostérieurement, exerceson commandement, par l'inter-

mediaire des tribus de la Saguiet el Harnra, jusqui&la hauteur du cap Blanc.
Les donnéesgéographiques, physiqueset climatiques déterminentl'étatdes
relations politiques. Celles-ci confirment bien l'existence de la souveraineté
marocaine sur l'ensembledes terres qui s'étendentde Tarfaya au cap Blanc.
La SaguietelHamra apparait commelepoint central du Saharaoccidental et,
au moins lors des annéespluvieuses, comme unerégionde cultures et de pâtu-

rages. Ces faits expliquent sa relativedensité démographiquepar rapport à la
contréeméridionaledu Rio de Oro.Toutefois celui-cilui estintimement lié.En
sa qualitéde terre de parcours il constitue le complémentgéographiquenéces-
saire il'accomplissementde lavienomadedes tribusqui, toutes,ont une origine
marocaine.
Certes, comme le dit Charles De Visscher, <simple notion spatiale la conti-

guïtécomme telle ne conférepas un titre autonome a la souverainetéternto-
rialen,mais il a ajoutéqu'elle estpertinente, <(là ou des liens naturels de

AhmadouMamadou Ba, <L'kmirat duf ramade 18721 1908a, Bulletintriniestriel
de lu Sociétéde giographieet d'archéologie,ran,1932,p. 103.
A. Ci. P.Martin,Quatresiècles d'histoire marocainaeuSahara de1504a 1902, nu
Maroc de 1894 u 1912 d'aprèsarchiveset documentutions indigènesE,. Leroux,Paris,
1923,p. 369.dépendancephysique sont renforcéspar la proximitéimmédiate d'unesouve-
raineté généralemenrteconnue i'.
Au nord les Tekna, issus de la fusion des envahisseurs Maki1dans le fonds
traditionnel berbère,constituent une tribu guerriére. Ilsserépartissentde l'oued

Noun jusqu'au sud du cap Juby, ce qui démontrele caractérefallacieux de
l'affirmation espagnole selonlaquelle <le Sahara comme tout autre territoire
africain avait sapopulation propre, lSahara étantpeuplépar des Saharaouiset
lesautres territoires par d'autres habitan)>Le Saharaoccidenta1 atoujoursété
peupléde Marocains.
A l'heure actuelle deux fractionsTekna vivent sur le territoire du Sahara dit
<{espagnol >),toutes les autres sont sur le territoire du Royaume du Maroc. Ces
deuxfractions :les Izarguiyineet lesYaggout ont leurs terresde culturesdans la
SaguietelHamra, ellesnomadisentjusqu'à hauteur dupuits deTogba,au sudde
Villa Cisneros.
LesTekna ont toujours fidélement servileSultan. Ilsont auXVIe siéclefourni

AIadynastiesaadienne l'essentieldes tribusguich,c'est-à-diredu bras séculierdu
makhzen.C'est euxencoreque lesouverainmarocain envoie iAliChandora aux
XVlIIe siècle.
Les Aroussiyine. pasteurs et agriculteurs, sont très attachés A leur pays
d'origine,la basse Saguietou setrouve letombeau deleur ancetre SidiAhmedel
Aroussi, formépar les maîtres de l'universitécoranique de F&s.Ils descendent
quelquefois jusqu'au Tins.
Les Oulad Tidrarin, dont le fondateur SidiAhmed Bou Ghenbour était ori-
ginairede la région montagneusedu Nord marocain (régiond'ouezzan), sesont
fixésdans le Sahel, à proximité de l'embouchure de la Seguia (Foum el

Oued).
Les Regueibat, nomadisant sur l'ensembledu territoire du Saharaoccidental,
sedéplacentjusqu'aunord del'ouedDraa etfréquententlemarchedeGoulimine
et de Marrakech. Sur ces deux marchés, leurs chameaux étaient exempté dse
taxes A la vente, par le makhzen, en raison de la qualitéde leurs propriétaires
considéréscomme des chorfas.
Ilssont réputéspour leur zélereligieuxet leurgrande connaissance du Coran.
Bien que se plaçant sous la protection de leur ancêtreéponyme,Sidi Ahrned
Reguibi,dont la famillevivaitdans la régionde Fès,ilsacceptent l'influencedes
Ahel Cheik Ma el Ainin.

Les Ouled Dlim sedéplacent i l'intérieurdu Sahara occidental de BirGuen-
douzjusqu'au capBojador.Un rameau decette tribu estinstallédanslarégionde
SidiKacem (85kilomktresde Fés)où il témoignedel'allégeancepermanente de
cette tribuA l'égarddu Sultan.
L'histoire a suscitéentre tous cesgroupementshumains une hiérarchieétablie
en raison de la fonction socialeexercée.Trois typesde tribusconstituent ainsi la
société politiquedu Sahara occidental.
Par lesarmes,certaines tribus guerrièresont imposéautrefois leur suzeraineté
A leurs voisines devenues tributaires. Par ailleurs, les tribus maraboutiques ont
toujours acceptédes liens étroitsde dépendance à l'égarddes guerriers.
Ainsi apparaît le principe directeur de l'organisation politique etsociale du
monde marocain saharien.

Les tribus tributaires (Oulad Tidrarin) et maraboutiques (Regueibat) ont
toujours reconnu la suerineté de la confédérationguerriéredes Tekna. L'bis-

' Ch. De Visscher,Problèmesde confinsen droitinterna!iona/puhlParis,Pedone,
1969,p. 35.184 SAHARA OCCIDENTAL

toire des Regueibat est à cet égard exemplaire. Obligés de se déplacersur de
longuesdistances afin de rechercher des paturages pour leurs troupeaux. ilsont
accepte de payer tribut aux différentesfractionsTekna pour pouvoir s'installer
sur les terresde parcours de cesderniers. LesRegueibat devenaientalors debiha
des Tekna. Chaque tente avait en pays Tekna son suzerain, auquel un mouton
étaitégorgé lorsque lanomadisation l'entraînait au nord du Draa.

Quelques exemples permettent de mieux apprécier la fois l'ampleur etla
précisiondes liens de suzerainetéétablis entre les différentes fractions des
Regueibat et des Tekna, Les Ouled Cheik et les Ouled Daoud sont protii~ésde
tous les Tekna, les Ouled Moussa et tes Souaad des Ait Lahssen ; les Foqra
des Ait Moussa. En outre, les Lgouassen paient un tribut, le ghajer. aux Ait
Oussa.
Cette hiérarchisationsociale et politique explique que par dahir en date du
14Rabia II 1327(1909)S. M. MoulayHafid ait pu nommer Habib BenBeyrouk
à la fois caïd des tribus Ait Moussa, Regueibat etTidruin (annexe 8). L'actede

nomination ci-dessus prouve, s'ilen étaitencore besoin, d'une part, la subordi-
nation desTekna aupouvoircentral marocainet,d'autre part.la souverainetédu
SuIran sur l'ensemble du Sahara occidentai. Le Gouverncment espagnol le
reconnaît lui-mêmeen 1870,h l'occasion de l'affaire Butlerqui sera examinée
postérieurement l.
A l'appuide sadémonstration,leGouvernement marocain soumet 3l'examen
de la Cour un certain nombre de documents officiels. Ilstémoignentdes préoc-
cupations politiques des deux sultans Moulay Abdelaziz et Moulay Hafid A

l'égarddu Sahara occidental. Dans cette perspective, deux types de textes sont
déterminants. Les uns concernent la nomination de responsables locaux, les
autres fixent la mission qui leur est impartie par le makhzen.
Les dahirs de nomination que le Gouverncment marocain ne cons-
tituent qu'une infime partie de I'ensembledes titres qui ont étédélivresen ce
domaine. De fait, ces actes officiels sont remis 1ileurs bénéficiaireet entrent
dans le patrimoine familial, ce qui rend difficile leur consultation.
Toutefois, certains dahirs, en raison dela personnalitéde leurs destinataires,

ont pu Stre retrouvés.Ils attestent tous de la présencedans cette région, essen-
tielle pour l'existencedu Maroc, de grands commis de 1'Etatmarocain, notam-
ment :
Mohamed elAmin, nomméen1896par lesultan Abdelazizcaïd destribusAit

Lahssen et Yaggout des Tekna (annexe 3). 11est confirmédans ses fonctions en
1907par Moulay Hafid et chargéégalementde l'administration de fractionsdes
Ouled Tidrarin (annexe 4) ;
Brrihim Ben Bahrek Chtouki, nommé en 1896cald d'une partie des Tekna
(annexe 2). 11est plus spécialementchargé en 1899 de la fraction Manacer
(annexe 5);
Mohamed Ben Lahbid Tidrari, nommé en 1890 caïd des Tidrarin (an-
nexe 7) ;
SlimaneelAroussi, nomméen1906caïd de lacollectivité d'EG l ourrah i>de

la tribu des Tekna (annexe 6).
L'examende la correspondance officielleadresséepar le Sultan Ases repré-
sentants locaux illustre la politique permanente du Souverain :la défensede
l'intégrité territoriadu Royaume.

En t877, S. M. Hassan Ieradresse une lettre« A notre serviteur fidkleHabib

'InJro,p. 201et suiv. ~xeoséBCRI DTU MAROC 185

BenM'Barek apour luipréciserque contrairement Acequ'ilaurait entendu iln'a

pas l'intention de renoncerttsa souverainetésur oued Noun et le Sahara (an-
nexe 75).
En 1886,S. M. Hassan Ierordonne au caïd BrahimBen AlidesAit Lhassende
surveillerlescôteset d'informerlecaïd Dahmen BenBeyroukdetoute incursion
espagnole (annexe 76).
En 1887,S. M. Hassan lerprévientson (fidéleserviteurlecaïd Dahmane Ben
Beyrouk n qu'il a appris qu'un certain Ould Blal Zergui (de la tribu des Izer-
guiyine)aurait autorisédesétrangersQs'installer auport Baidaenvue d'y exercer
le commerce. Il le charge de procéder à une enquête(annexe.77).
En 1901, S. M. Moulay Abdelaziz charge <ses serviteurs fidèles,les caïds

Brahim Chtouki et Ben Rellal Bousaidi ))de la surveillance du littoral de son
royaume de Tarfaya jusqu'au cap Bojador (annexes 21 et 22).
En 1909,S.M. Moulay Hafid ordonne au caïd et auxnotables des Izerguiyine
d'interdire toute installation étrangéreet de sévircontre tous ceux qui entre-
tiennent des rapports avec les Européens (annexe78).
En 1910,une lettre de S. M. Moulay Haîid aux caïds Ben Bellalet Brahim
Chtouki leur indique qu'ila reçuleurslettresl'informant qu'un« nazaréens'est
installéauport de Tarfaya fet leurordonne del'expulser(annexe 79).Lesordres
donnés par le Sultan sont exécutéspar les destinataires. Les Européens qui
refusent de se soumettre a la loi chérifiennesont arrêtéset emprisonnés (an-

nexes 58,58bis, 59 et 59 bis).
Tous ces textes ont un dénominateur commun : la lutte contre l'ingérence
étrangkre. Région particuliérernent exposée auc xonvoilises européennes le
Sahara occidental est la terre par excellencede la résistance marocaine.

Le catalyseur de l'unitémarocaine est constituépar le danger extérieur. Les
tentatives de pénétrationétrangéresrassemblent les énergiespopulaires sous
l'autoritédu Sultan. Leshommes du Sahara occidental participent toujoursA la
lutte nationale.
Regroupésautour de la forte personnalitéde Ma el Aïnin, représentantper-
sonnel du Sultan, ilss'opposent Bla findu XIXeet audébut duXXesiécle par la
violence A l'occupation européenne.

A. Lü lutte contrel'envahisseur,consrunte
de I'histoireduMaroc

Dèsle XVesiècle,depuisla prisede Ceuta,lesPortugais oulesEspagnolstour
à tour n'ontjamais renoncé1i conquérirla totalitédu Maroc :

tiFace à des troupes d'invasion armées, équipée est organiséeA un
niveau de beaucoup supérieur.seul un puissant élandes forces populaires
permit aux Marocains de ne pas êtreanéantiscomme certains peuples
d'Amérique.Sansun sentiment national effectifagissant ilsn'auraient pas,
comme ils le firent. bloqué l'envahisseur en ses points de débarquement

pour l'en chasser ensuite au cours d'une lutte de quatre siècles.Quatre
siéclesde défensenationale contre les mêmesenvahisseurs voili~de quoi
Fairel'uniténationale morale d'unpeupleet laperpétuermême en l'absence SAHARA OCClDENTAL

des facteurs plus modernes qui ont joué dans la formation des na-
tions.))'

L'élaborationde la conscience nationale marocaine s'effectue progressive-
ment, eIle se nourrit de l'esprit de vigilance
<pour décelerla moindre atteinte aux intérêts ou à l'intégritéd'une com-
munautédont onsesentait membre,surlaquelleon comptaitpour sapropre

défense commeon était,soi-rnsme,prêt a se sacrifier pour elli>2.
La menacepésesurdeuxpoin tçprécisduRoyaume,lenord etlescôtesdu Sahara
occidental proches des iles Canaries. Pour repousser le danger européen,les

Algériens etlesTunisiens fontappel a l'étranger musulman: leTurc. Lepeuple
marocais ne tourne vers son chef naturel :le Sultan :
QConcrktement, le lien entre les groupes et les communautés,c'était le
Souverain : c'est lui que I'on alertait en casde danger, c'est donc lui qui

centralisait lesalertes etc'estluiquimobilisait tout oupartiedes forcesdela
communautépour organiser la parade. D*
Le manquement au devoir national est sanctionne par la destitution. Les Ouat-

tassides sont chassésde l'histoire auXVIesièclepour n'avoirpas su résister A
l'installation des Portugais et des Espagnols sur les côtes du Maroc. Conduites
par Mohammed Ibn Ahmed el Kaim, les tribus de la valleédu Draa, soutenues
par les confrériesreligieuses de la Saguiet el Hamra, se lancent a l'assaut de
Santa Cruz (Agadir) occupéepar les Portugais. Sa chute en 1541est le premier
succèsde la nouvelledynastiesaadienne. LesAlaouitesqui succédentaffrontent
A partir du XIXesiéckde nouveaux adversaires. A l'Espagnestajoutent désor-
mais l'Angleterre, l'Allemagneetla France. Face aux empiètements européens,

atteinte hl'unitéet Al'intégritéterritoride de l'Empire chérifien, lSultan réagit
en s'efforçant de rester fidéleà sa mission historique.
Ainsi entrave-t-il l'installation matérielle espagnole aSanta Cruz3. De la
mtme maniére,il s'opposeaux entreprises de commerçants britanniques sur la
cbte du Sahara marocain.
Tablant sur la vénalité d'uncaïd marocain du sud, Moharned Beyrouk, deux
négociantsanglais, Mackenzieet Curtis, fondent descomptoirs, l'una cap Juby,
l'autre 1 proximitéd'Ifni. Le deuxième est rapidement ruinépar le pillage des

dépôtset le refus d'indemnisation du Sultan. Le premier est l'objet d'attaques
incessantes encouragées en sous-main par le sultan Moulay Hassan.
En 1874, le makhzen proteste auprès du Foreign Office 4.Cette démarche
incitesir 1.D. Hay, consulgénéraa luprksdu Sultan, àécrireà Mackenziepour le
mettre en garde contre les conséquences politiquesde son installation :<(Com-
ment, affirme-t-il,la Grande-Bretagne pourrait conserver son rôle de conseilet
de soutien du makhzen si elle aidait ceux qui portent atteinte à la souveraineté
marocaine ? 5.Lemakhzen n'admetpasles présencesétrangèren son autorisées

sur son territoire (annexe62).
Le 18mai 1886, S. M. Hassan Ier réitéreses protestations dans une note
circulaire adressée auxreprésentants étrangers à Tanger (annexe60). L'échange

G. Ayache, (ILe sentimentnationaldans leMaroc au XIXesiécle )iRevuehisro-
rique, 1968,p. 395.
G. Ayache,op. cit.p. 406.
' Cf.supra,première partie, p. 14et suiv.
F.O.99/ 177.Tanger27-3-1875.
'1.-L.Miège, Le Maroc et l'Europe,1.IIIop. cil.p.303-305.de lettres entre le grand vizir M'Fade1Gharnit et trois représentants diploma-
tiquesbritanniques (annexes63,64 et 65)ainsique Les documents diplomariques
français témoignentdu refus permanent du Sultan d'admettre la validitéde
l'occupation anglaise.Dans une lettedu 29 mai 1889, adressée 2sonministre des
affaires étrangères,M. Patenôtre, ministre de France à Tanger, précise quele

Sultan ne consentiraitjamais de son plein gré à aliénerla moindre parcellede
son territoirei)' (annexe 66).
M. Paul Cambon, ambassadeur de France à Madrid rapporte, dans un pli
adresséau Quai d'Orsay le 22juin 1891,le désir duSultan de soumettre à un
arbitrage sa contestation avec l'Angleterresur lapropriétédes territoires decap
Juby.
Dans cedocument, Cambon fait étatd'unediscussionavecleducde Tétouan,

qui Iui déclare expressément :
<Nous pourrions soutenir que les contestations sur la souverainetédes
territoiressituésau sudde l'ouedDraa constituent uninfraction ausratu qua

que toutes les puissances et l'Angleterre elle-même ss eont implicitement
engagées àrespecter. Il a toujours étéreconnu que la souverainetéternto-
riale du Sultan s'étend ausslioin que sa souverainetéreligieuseet comme il
esthors dedouteque lespopulations de capJuby luisont soumisesaupoint
de vue religieux,nous pourrions considérersa souverainetécomme indis-
cutable. 1)

Dans une lettre au ministre des affaires etrangeres, M. Ribot, le ministre de
France à Tanger, M. D'Aubigny,précise le28juin 1892,que le Sultan refusede
reconnaître l'occupation anglaisedu cap Juby (annexe 67).Le même diplomate
souligne dans sa correspondance en date du 21 décembre 1892 l'opposition

absolue du Sultan a toute discussion susceptible de mettre en cause sa souve-
raineté territoriale.
Cetté politique de dissuasion aboutit finalement 1 la signature du traité
maroco-anglaisdu 13mars 1895. Lesconstructionssont remisesau Maroccontre
le paiement de 50000livres,le Gouvemement anglais reconnaît la souveraineté
chériîienne surles territoires <(allant de l'oued Draa au cap Bojador >>(an-
nexe68).

Unautre danger menace audébutdu siPclel'intégrité del'Empirechérifien.Le
Gouvemement françaisentreprend l'élargissementterritorial de ses possessions
algérienneset sénégalaisesF . ace àcette pénétration un leaderreligieux,Ma el
Aïnin, sollicitépar les tribus de l'extrémeSud marocain, est chargepar le Sultan
de coordonner la lutte contre l'envahisseur.

B. Lu lutte conrrele colonialismeau Saharaoccidental
Ma el Aïnin appartient àune famille vénéré ela fin du XIXe sièclede tous
<<les peuples musulmans de l'Atlantique au méridiende Tombouctoü, du Sud

marocain aux riviéresde Guinée D '.
Fondée par Mohamed Fadel, elle est a l'origine d'une nouvelle confrérie
islamique, la Fadelia,(ivoie nouvelleoù, telleune caravane sur ces pistes saha-
riennes aux multiples sentiers, tous lesmusulmans peuvent cheminerde concert
SOUS la conduite d'un mêmecheikpar les sentiers les plus divers 3.
A la mort du fondateur, vers 1870,la réputationde savant et de thaumaturge

Documenrs diplomutiquesfrcinçais, 1871-191Iresé,riet,. VII,p. 415.
Documenrs diploma~i~uesfrançais, 1871-1914Iresérie,t. VIIIp.514.
-'P. Marty, Erudessur I'lslommaure, Leroux,Paris, 1916,p. 113.188 SAHARA OCCIDENTAL

d'un de ses fils, Mohamed Mostafa dit Ma el Aïnin (la Liqueur des Yeux) se

répandau sein des tribus du Sahara occidental.
Névers 1830,Ma el Aïnin a étudiéet enseignéa Yuniversitécoranique de
Chinguiti, avant d'entreprendre le long pèlerinagedeLa Mecqueen 1855-1856.
Entouréde sa famille et de ses fidèles, il vit sousla tente de 1884 à 1909 à
l'intérieurde la Saguietel Hamra aprèsavoir établiun centre cultuel, culturel et
militaire a Smaraen 1899.L'emplacementétait bienchoisicar situésur un point
d'eaujalonnant la grande prise de l'ouedNoun à l'Adrar, et au centre d'impor-
tants pâturages.

Sesidées religieuses,liéeasu désir d'émancipationde la nation arabe, I'amè-
nent Apréconiserl'union de toutes les confrériesdans le dessein d'encadrerla
résistance nationalea lapénétrationeuropéenne. ((Il semble,écritun diplomate
français en 1907,que la politique deMa elAïnin rappelle àplusieurségardscelle
des théoriciensmodernes de la régénération panislamique. Dans plusieurs de ses
écrits...ilprône commebut communa touteslesconfrériesislamiquesl'unionen
masse compactecapable de résister aux infidèles ed te porter la guerre sur leur
territoire;c'est dans ce but qu'il s'efforcede modifier les rites mêmesdes

confréries.r)'
Dès 1890,il met son rayonnement religieuxau servicedu sultan du Maroc. Il
devient alors, au-dessus des caïds nomméspar le makhzen, le représentant
spécialdu Souverain pour l'ensembledu Sahara occidental. A ce titre il est le
fidèleexécutantde la politique du pouvoir central. La lettre qu'iladresàel'un
des collaborateurs marocains de Mackenzie est A cet égard significative et
exemplaire :

<{..excellent est le sang ainsi que la souche auxquels vous etes apparenté
mais je vous conseille de suivre la piétéde Dieu le Grand et les bonnes
recommundutionsduSultan desmusulmansetdes gensmusulmans aussi,car
le musulman n'aura pas d'assistancede la part de Dieu à moins qu'il n'ait
une assistancede lapart desonSultan : autrement il seraen perdition. Il est
dit<prends garde à ce quipourrait déplairà tonSultan,cequi amènerait tes

amis A t'abandonner car quiconquedéplaît à son Roi s'expose u /a mort ef
au mulheur et quiconque est abandonnépar ses frères verra disparaître sa
liberté>>
De fait lesdifférentssultansont toujours accordéune absolue confiance àMa

el Aïnin. Moulay Abderrahman l'a reçu lors de son premier pèlerinage à La
Mecque vers 1860.En 1890il se rend à Marrakech pour rencontrer Moulay
Hassan, sixansplus tard ilest accueillidans la même villeparAbdelazu, auprès
duquel il vient fairacte d'allégeance.
L'anciensecrétairegénérad lu (igouvernement de l'Afriqueoccidentale espa-
gnole r),le colonel Domenech Lafuente, témoignedans un ouvrage paru en
1934 dela qualitédesliensexistantentre Ma elAïninet leSouverainmarocain.
Evoquant la rencontre de 1890,l'officier espagnolécrit:

(iLe Sultan qui ne manqua pas de le recevoir,lui dit :

<MoulayAbderrahmanfit detoi sonfils,SidiMohammed mon pèrete

' Rapportadressé au gouverneurgénéralId 'eOF parR. Amoud,Tanger,le 16mai
t907.
Citéedans D. Mackenzie, TheKholfite of rheWest, Beinga CeneralDescriptionoj
Morocco, Londres,Quimpkin,Marshall,Hamilton,KentandCo., Ltd, 1911.
' Angel DomenechLafuente,Ma El Ainin,Serior deSmora. Editora Marroqui,
Tétouan, 1954, p. 40. considéra comme sonfrère etmoije fais de toi mon pèreet, a partir de
maintenant, je te recommande à mesdescendants comme SidiMohamed
qui te recommanda aux siens. i)

Il le combla de présentset fonda en son honneur la zaouia Ainia à Mar-
rakech. 11l'eut comme confident et conseiller. Ma el Aïnin installa avec
l'accord desIzerguiyine,un postechérifiensur lapartie côtièrede leur zone
de pâturage. Tarfaya fut dotéed'une garnison et fut régulièrementappro-
visionnéepar les vapeurs du Gouvernement marocain qui, de temps en
temps, débarquaient à Mogadordes envoyésetdes présentsde Ma elAïnin

adressésa son grand ami le Vizir ba Ahmed. » '
Smara est construite par des maçons Tekna grâce aux matériaux et à l'argent
queleSultan envoie à MaelAïnin, De nombreux documentsfrançais confirment

lerôle politiqueattribuéparle makhzen au (grand marabout ))du sud. Un agent
africain de l'administration française, Bou el Mogdad, précise dansun rapport
adresséau gouverneur de l'Afrique occidentalefrançaise, à l'issued'un voyage
dans l'Adrar en 1900 :

« Je puis vous informer que le grand marabout Cheik Ma el Ainin es1
roujours trisestimé du Gouvernement nzarocni donotilesr le représentant;
qu'on achPvede construire A Smara sa résidence, un vaste immeuble en
maçonnerie destiné à recevoirles troupes que le Sultan va y envoyer sur sa
demande. 11s'est rendu dernièrement à Marrakech oii le Sultan l'avait
conviépour assister A la nomination de son grand vizir décédé ).

Coppolani comptait d'ailleurssurl'influencede Ma elAïnin auprèsdelaCour
chérifiennepourétablirdescontactsen trelaFrance etleMaroc.IIécritdans une
lettre adressée auministre des colonies :

<iJ'espere que vous n'avezpas oublié que laMauritanie est le prolonge-
ment naturel du Maroc d'où,autant quepartout ailleurs,ilnous estpossible
de participeràl'ipuvreentreprise..Nous avons aujourd'huifranchi labarre
du Sénégaelt bientôt, sivouslevouliez,nouspourrions êtreaucontact dece
({bled elmakhzen >par l'intermédiairedespersonnages religieuxdel'Adrar
dont l'action s'exercesur les principaux centres chérifien>>

Ma elAïnin étaitdoncbien lereprésentant duSultandans leSahara marocain,
la politique du makhzen l'amène A êtreaussi dans cette régionle chef de la
résistance locale auxentreprises européennes.
De 1890 à 1900,il suscite toutes sortes de difficultàla mission politique

espagnoledu Rio de Oro et aux entreprises commercialesanglaisesdu capJuby
mais c'estsourtout àla luttecontre la pénétrationfrançaise qu'il consacre toutes
ses activitésàpartir de 1904.
A cette date, Ma elAïni nffectueune nouvellevisiteauprèsdu Sultanet leurs
conversations portent surl'action européennequi commenceàse dessiner dans
le sud avecCoppolani. La SaguietelHamra estalors devenuelecentre d'unevie
politique et commerciale relativement importante. A son port de Tarfaya les
navirescanariens, etpar intermittence de petitsvapeursallemandsetdes voiliers

grecs,viennent déposer,avec des denréescommerciales ordinaires, des cargai-
sons d'armes et de munitions.

Ba Ahmedétaitgrand vizirde MoulayAbdelaziz.
Revued'histoire des coloniesXXXIX, 1952, p. 103.
-'Revue d'histoiredes colonit.XLII, 1955,p. 321.
Paul Marty, op. ci,.,135.190 SAHARq OCCIDENTAL

La politique saharienne du Gouvernement marocain apparaît trésclaire et
fort intelligemment conçue )récrit un historienfrançais l.Eo ces régions loin-
tainesetdésertiqueselleviseAassurerladomination chérifienne en s'appuyantA
la fois sur le prestige et l'influenceregligieusedes marabouts e et sur l'ardeur
guerrièredes tribus nomades alimentées en matérielA . insileakhzen (tcouvrait

sonfrontsuden faisant fairelapolicedu Sahara parlaseule puissanceredlemenl
capable de la faire et il pouvait revendiquerle droit de protester diplomatique-
ment contre toute entreprise chérifienne >).'
Connaissant la confiance dont Ma el Aïninjouit auprésdu Souverain, toutes
les tribus de l'extrêmeSud marocain, du cap Blancet de l'Adrar Ala Saguiet,lui
demandent en 1905d'intervenir aupres du pouvoir central pour obtenir des
armes modernes etla coordination de la résistance. Comme l'écrit R.de Segon-

zac dans L'Afrique fran~aise en 1917,Ma el Aïnin ((part pour Féset parle au
jeune sultan Moulay Abd el Aziz en chef spirituel de tout le Sahara dont il Iui
apporreI'hontmugeet pour lequel il requiert son appui r2.
Le Sultan, dans une lettre aux tribus, prend acte de leur démarche.Elle révéle
les méthodeset les desseins politiques du Gouvernement chérifien. Sonintérst
est tel qu'il faut en citer de longs passages :

<II a étéportéBnotre connaisance que vous aviez vous plaindre des
tentatives effectuéespar des nations étrangèresdans le but d'envahir votre
pays...Bonne note a étéprise de vos doléances etnous trouvons que votre
méfiance à l'égardde ceux qui ont de mauvais desseins sur votre pays,
comme votreaccord entre tribus pour ledéfendre,sontdes preuvesdevotre
parfaite croyance en Dieu ...

D'autre part le fait de vous réclamerde notre Gouvernement chérifien
que vous avez reconnu depuis longtemps est un argument qui appuie vos
revendicationset quiprouve la sincérité devotre affection inotre égard.Par
cette reconnaissance vous défendez votre religionet gardez toujours votre
place réservée ...
Quant aux moyens qui vous manquent, l'aideque vous attendez de nous
et enfin l'intérétue vous voulezque nous vousportions, ilest tout Afait de

notre devoirde nous intéresser àvous,et s'ilpiaitaDieu,vousobtiendra de
nous tout ce que vous désira.
Nous vous ordonnons, en conséquence,de faire le meilleur accueil Anos
envoyéset de leur faciliteren tout l'accomplissementde la mission qui leur
est confiéetout en vous conformant, comme nousle désirons,htout ceque
vous dira le Cheik.
En outre, nous vous ordonnons de loyalement assister celuid'entre vos
notables sur lequel portera votre choixN .ouslui enverrons aussiterundahit
chiriJiend'invesri~urpeoriant lecacherdu commandement.

En agissant ainsi, nous voulons bien marquer que vous êtesbien des
nôtres et répandrele bien chez vous. u
Les envoyésdu Sultan sont conduits par son cousin, Moulay Idris Ben

Abderrahman Ben Suleiman. Ma el Aïnin informe les différentschefs de tribus
de l'arrivéede représentantsdu makhzen :

Paul Marty, op.ci!.p. 135et 136.
R.de Segorizac (ElHiba,filsdeMael Aïnin s,Ajriqrrefrançaire. enreignemenis
coloniaux,mars-avril1917,p. 64.
Cettelettredatéedu 23Saîar 1323 (1905)aété trouvéeà Smara danslespapiersde
Mael Aïnin lelermars 19 13par lecolonelMouret,officierfrançaisquis'est emparéde
la villElleétaitadresséeBl'assembléd ee la tribudes Aroussiyine. <Qu'ilsoit hta sageconnaissance que le Sultan a envoyéson cousin, qui
est son représentantpour traiter les affaires des Maures et en particulier
celles qui concernent les chrétien...
Le Sultan a recommandé iison délégué q,ui avec la puissance de Dieu

donnera toute satisfaction, de s'occuper sérieusementde ces affaires,jus-
qu'à ce que la cause des musulmans ait complètement triomphé. )>
Moulay Idriss installe, enremettant lesdahirs revêtdu cachetd'Abdel Aziz,
les chefs désignéspour conduire les tribus au combat.
L'alliance défensive seforme et se renforce progressivement autour de deux
centres essentiels, Smara et l'Adrar. Dans cette derniérerégion,le fils de Ma el

Aïnin, cheikHassana, conseillel'émirOuld Aïda, élevé dansla zaouiapaternelle
de la Saguiet el Hamra :
« Durant leséjourde Moulay Idriss enAdrar, écritun officierfrançais,le
makhzen entretenait un rekkas (courrier àpied) entre Mogador et Smara
d'une part, Smara et l'Adrar d'autre part. Le Sultan connaissait ainsi les
agissements des Français en Mauritanie et pouvait constater s'il y avait
progréset extension de leur influence versle Nord. ))

Les résultats pratiquesde l'organisation politique mise en place par le Gou-
vernementmarocain sont spectaculaires(annexe 82) ;Coppolaniesttuéaucours
d'un combat le 12 mai 1905.
Le 14novembre 1905,le commissaire du gouvernement générad le I'AOF en
territoire civil de Mauritanie révèledans un rapport au gouverneur général,
Roume, l'efficacitéde l'action de Ma el Aïnin :

Nous ne pouvons pas nous empêcherde constater que depuis quelque
temDsun mouvement sedessinedansunbut nettement ~récisd'o~~ositi..
anotre action etA notre pénétration, quedesmenéesdeplus en plus actives
s'exercent contre nous, que ces dernières prennent leur origine dans la
Saguietel Harnra...C'estainsique poursuivant la réalisationde son plan le
grand cheik de la Saguiet el Hamra a adressé,cesjours derniers, un appel
comminatoire ii la révoltA certaines tribus qui ont déj8librement accepté
notre influence..Bien plus, grâceà l'appui du Gouvernement marocain il

procure des armes a tir rapide et des munitions auxgensde l'Adrar et il en
offre même à ceux de nos propres administrés qui seraient disposés à
abadonner notre cause. )'
Ce rapport est transmis par Roume au ministre des colonies. La lettre qui
l'accompagne constate :

Dans l'ensemble des rapports qui nous sont parvenus il résulte avec
évidenceque les menéesdirectement hostiles a notre influence, queje vous
ai signaléesdéjà,sepoursuivent et s'accentuent. Elleoritfeursiègedanslu
régionde Saguiet el Hnmra,et sont dirigéespurcheikMo elAinin, aunomdu
sultun du Maroc, trèsprobablement avec la connivencedu représentunrdu
pouvoir chérifiendans le sud du Maroc...
Vous m'avezfait savoirque leministre des affairesétrangèresavait invité
notre reprksentant àexprimer au Gouvernement chérifien,dans la mesure

où il le croirait utile, les griefs que nous donne l'attitude des agents maro-
cains dans la régionde l'oued Noun. 1)

'Documents diplomatiquefrançais.AflairesduMaroc, t. 111,1906-1907,p5.
* Ibid., p. et 4.192 SAHARAOCCIDENTAL

Le consul de France AFésproteste effectivement auprèsdu ministre chérifien
des affaires étrangéresl,e Gouvemement français reconnaissant ainsique Ma el
Aïnin est l'instrument de la politique du Sultan dansle Sahara occidental.

Ce fait est confirméparun rapport du consul honoraire d'Espagne h Fès
(1I décembre1906) :
<(Lechefreligieuxdu Sahara occidental, lecélèbre marabout MaelAïnin,
esten relation depuis longtemps avec le Gouvernement marocain ..Il a
établià Fés,etdansle restedu Maroc, de veritables missionsreligieusesqui
le représententégalementdans les relations politiques qu'ilmaintient avec
le Sultan..Le caïd Driss Benaïch ...s'occupedes pétitions desChenguites

dont il est le plus important élément e propagande et de soutien. Tout ce
que peuvent faire lespartisansde Ma elAïnin au Sahara estsanctionne par
le Gouvernement chérifien.La dernièrevisitede Ma elAïnin a Fèsa revêtu
une importance extraordinaire ..Le makhzen lui a remishuit cents fusilset
quantitéde cartouches. >)(annexe 81 (2))
Ce texte permet une meilleure compréhensionde la politique de résistance
du makhzen. Elle revêtdeux formes différentescar le Sultan lutte sur deux

fronts.
Sur le plan diplomatique, il est contraint d'acceptercertaines concessionsqui
lui sont imposéespar lesgrandes puissancespuisque depuis la finde XIXesiècle
le sort de son Empire est, en fait, liéau maintien de l'équilibreeuropéencomme
le Gouvernement marocain l'a démontrédans la première partie de ce mé-
moire.
La négociationinternationale est l'instrument de cepremier combat inégal.Il
s'agit de maintenir l'idependance du Maroc.
En revanche, les menacesqui pèsent surl'Empirechérifienont une tout autre
ampleur dans la régionsaharienne. L'accord taciteou formel des grandes puis-
sancesa extrait la partie méridionaledu Marocdu marchandage européen.Dans
cette régionc'estl'intégritterritorialedu paysqui esten causepuisquel'Espagne
et la France s'y taillent de<icolonies )désl'accord de délimitationde 1886.

Le Gouvernement chérifienne pourrait affronter ouvertement l'arméefran-
$"se sans provoquer un accroissement de ses interventions sur la frontière
algéro-marocaine.
Des lors cette résistancecamouflée, assumée par le Sultan et menéesur le
terrain par sonenvoyé spécialMoulay ldriss et son représentantpermanent, Ma
elAïnin, estlaseulepossible.Ceque leGouvernement françaisconsidèrecomme
un doublejeu n'esten faitque le seuljeunational marocuin. 11éclairela réponse
astucieuse effectuéepar le makhzen Bla demande d'explication formuléepar le
consul de France à Fèssur lesopérationsguerrièresconduites par Ma etAïnin et
Moulay Idriss au Sahara occidental :

« MoulavIdrissdevait examinerlasituation et voir silesrégionsriuinous
occupent 'nt partie du Sénégao l u reconnaissent, au cont&re, l'autorité
chérifienne.Dans le cas où telle serait sa conclusion, il ne devait pas, bien
entendu, déclarer laguerre sainte, cette folie n'estjamais venuea l'esprit
d'aucun membre du makbzen, mais fournir A fa Cour de Fès les rensei-
gnements nécessaires. Le Sultan serait alors mis a mêmede pouvoir
entamer avec le Gouvemement français,dans des formes courtoises, des
negociations ayant pour but la délimitation des zones respectives
d'influence.» '

'Documentsdiplomoriqiresfrançais.AIfiiresdu Maroc. t. 1111906-1907,p. 3et 4. A la fin de 1906et au débutde 1907,Ma elAïnin conduit une délégationdes

tribus du Sahara occidental 1 Fés oùelle est reçuepar le Sultan (annexe 81(1)).
Son passage dans les principales villes chérifiennes provoque unsursaut de
l'esprit national marocain. La signature de l'acte d'Algésiras entrdne une crise
politiqueinterne, qui inquiètelechefreligieux.SelonlecolonelAnge1Domenech
Lafuente :

(1l'ingérencedes étrangersdans le pays avait inquiétéle peuple marocain.
Toutes les classes sociales, et plus particuliérement les politiques et les
nationalistes, adressaient des lettres et des messages au Cheik, lui deman-
dant son intervention pour que soit évitéle chaos que I'on prévoyait.Le
marabout conseillait à tous qu'aucun effort ne soit ménagé en faveurde
l'unitéet pour éliminer les injustices,les mettant en garde contre les
conséquences néfastesdu désaccord. u '

Après la destitution de MoulayAbd elAziz,Ma elAïnin se met au servicedu
nouveau sultan, Moulay Hafid (annexe 83).
En 1908ilcontrôle depuis Smara l'ensembledu Sahara occidental. Lessoldats

espagnols, cantonnés dans leurs forts entourés de barbelés,sont totalement
neutralisés.L'effort principal est portécontre les tentatives françaises en Mau-
ritanie, Deux de ses fils, cheik Hassana et cheik Taleb Khiar, organisent la lutte
«avec une intelligence et une énergieremarquable 1) 2Pour mettre un terme a
leur action, les autorités françaises décidentde procéder a l'occupation de
l'Adrar en 1909.Celle-cine supprime pas, pour autant, les affrontements armés
car Ahel Ma el Aïnin continue Arecevoir aide et encouragements du Sultan.
Ainsi se trouve confirmée l'étroitesolidaritédu makhzen et de la résistance

marocaine.
En effet, ainsi que l'affirme une historienne française dans un ouvrage
récent :
<Qu'on leveuilleou non (ilaquestion marocaine r ne peut êtrelimitée au

bled elmakhzen, nimême la lignedesAtlas ; lesinfluences neconnaissent
pas lesdémarcationsdefrontiéres,les intérêtdsestribusnomades non plus.
Jusque-la le Gouvernement français avait deux politiques : une politique
marocaineoù entraient en considérationlesambitions des puissanceseuro-
péennesrivales,lesintérêts françaisc,euxdu Sultan ..et une autre là-bas en
Mauritanie,prèsduSénégall,aparente pauvre qu'on sacrifiaitdélibérernent
a la premikre. L'affirmation de Coppolani se trouve vérifiée : L'Islam est
un, il faut une politique d'ensembledans les pays musulmans. i)

En fait c'es1leMaroc qui es1irn,le Gouvernementfrançais en estparfaitement
conscient puisqu'ils'efforce d'engagerle Sultanen luiimposant par lacontrainte
la signature et l'application d'un accordpermettant d'isoler la résistancemaro-
caine au Sahara. Par voiedeconséquenceilreconnaitune nouvellefoisqueMa el
Ainin n'est que i'exécutantlocal de la politique chérifienne.

La convention franco-marocaine du 4 mars 1910,dont lasignatureest obtenue
aprèsl'occupation, par l'armée française, de la province de la Chaouia, prévoit
ainsi dans son article 10 :

'Ange1DomenechLafuente, op.ci?.p. 99.
H. Martin, Lestribusnomadesde/'Ouestet du Nordrnauriraniend,uSaharaespagnol
et du Sud niarueuin,CHEAM, 1939, p.132.
G. Désire-Vuillemin , ontributionù l'histoirede la Mauritunie, Dakar, 1962,
p. 159-160. SAHARA OCCIDENTAL

(Au sujetdu cheikMa elAïnin et desennemis de la France au Sahara,le
Gouvernement chérifiendevraempêcher que cesagitaieurs ne reçoiventdes

encouragements et des secours en argent, armes et munitions. Il adressera
deslettres, dont la délégatdeFrance recevra copie,auxautoritésdu Sous
et de l'ouedNoun pour leur prescrire de réprimerla contrebandedes armes
dans ces régions.a

L'article 1ne sera pas appliqué. Devantla montée despérils,Ma elAinin se
rapproche du Maroc septentrionai. Quittant Smara, il s'étaàlla fin de 1909
dans lacitéchérifiennede Tiznit. Delà, ilprépareune intervention dans lenord.
Ala têtedecontingents Teknaet Regueibat, ils'avance versFés,maisilestbattu
dansle Tadla enjuin-juillet par des unitésde l'arméefrançaisecommandéespar
le généralMoinier. Ma el Aïnin meurt à Tiznità la fin du mois d'octobre
1910.
Son fils, El Hiba, s'efforiison tour de lutter contre la pénétrationfran-
$"se IIestdéfaitdans larégionde Marrakechen 1913par legénéral ManginL . a
meme année,une expédition partiede Mauritanie sous le commandement du

colonel Mouret s'achèvepar ladestruction de Smara. Désormais lesjeuxsont
faits.

II.La souverainetédu sultan du Maroc sur le Sahara occidentala toujours été
reconnuepar les Etats étrangeavantle dévelopmentdel'impérialismetemtorial
des dernières annéesdu XIX. siècle

La souverainetémarocaine sur le Saharaoccidental a étéconsacrée,tant par
les dispositions expresses de multiples conventions passéespar l'Empire chéri-
fien avec des Etats étrangers,que par la résistance auxdifférentes tentatives
d'atteinte a l'intégritéterritoriale, instrument du colonialisme et du néo-colo-
nialisme.

1. L'ANALYS DES CONVENTIONS DIPLOMATIQUES D~MONTRE QUE LES ETATS
ETRANGERS ONT EU RECOURS EN PERMANENCE AU SULTAN POUR PROTEGER

LES ACTIVITÉSDE LEURS NATIONAUX AU SAHARA OCCIDENTAL

Les conventions portent sur plusieurs sujets, mais ellesont toutes pour point
commun la reconnaissanceindirecte ou directe de la souverainetémarocainesur
le Sahara occidental.

A. Le truitéde Marrakechdu 28 mai 1767

Ce traitédpaix maroco-espagnol apour objectif l'organisationdu commerce
entre lesdeux Etats, son article 18intéressedirectement le Sahara occidental en
raison de la traduction erronée qu'en fait l'Espagne.
Selon l'Espagne, l'article18 disposerait :

« Sa Majesté impériale s'abstientde délibérerau sujet de l'établissement
que SaMajestéCatholique veut fonder au sud de l'ouedNoun, car Elle ne
peut se rendre responsable des accidents et des malheurs qui pourraient se
produire, vuqueSusouveraineténes'étendpujsusque-là,etque lespeuplades
vagabondes et féroces,habitant ce pays,ont toujours causé desdommages
aux gensdes îles Canariesetles ont réduitsen captivit».

L'Espagne, se fondant sur cette traduction, en conclut que le territoire maro-cain ne dépassepas l'oued Noun, puisque le principe de responsabilité est une

conséquence directede la notion de souveraineté.
A ces assertions, le Maroc n'a aucune peine A opposer des arguments dont la
complémentaritéet la teneur démententl'interprétationespagnole.
En premier lieu, le Maroc peut présenter3 la Cour le texte arabe du traité ',
tout particulièrement significatif puisque, manifestement, le sultan Moulay
Mohamed RenAbdallah ne pouvait apposer s-- sceauque sur un texte arabe, ce
qui résulte du documentjoint.

Or l'article 18 (annexe 24) de ce texte stipule :
<iSa Majesté impérialemet en garde les habitants des Canaries contre
toute initiative d'allerpêcher surlescôtes d'ouedNoun et au-dellt.IIdégage
toute responsabilitéde ce qui leur arrivera de la part des Arabes du pays

auxquels il est difficile d'appliquer les décisions,eux qui n'ont pas de
résidence fixe,qui sedéplacentcomme ilsveulentet plantent leurs tentesoù
ilsl'entendent. Leshabitantsdes Canariessont certainsd'êtremalmenéspar
ces Arabes. >)

Cette déclaration ne constitue donc pas un abandon de souveraineté,mais
s'inscrit tout naturellemeirt dans la prespective particulièrede l'exercicede la
souveraineté marocaine sui-le Sahara occidental.
En deuxième lieu, l'article18de ce traitéporte sur l'oued Noun et au-delà,ce
qui indique bien l'application de cet article au Rio de Oro,d'autant plus que la
seconde partie de l'article 18 précise : (iEn ce qui concerne la côte d'Agadir
jusqu'à la régionoù résidentles Arabes nomades, elle est sous l'autoritéde Sa

Majesté impériale qui autoriseles habitants des Canaries à y pscher. 1)
En troisième lieu, letexte arabe de cet article 18dispose qu'il «est difficile
d'appliquer des décisions )>aux habitants d'oued Noun et de l'au-delà. Cela
signifieque le Sultan a pouvoir de prendre des décisions enverscessujets,du fait
de sa souveraineté surle Sahara occidental, mais que le genre de vie de ces
habitants rend difficilel'application de tellesmesures.Ilest d'ailleurs significatif
deconstaterque l'Espagnedemande laprotection du Marocpour sessujetsdans

cette région,constatant de cefait implicitement lasouverainetédu makhzen sur
ce territoire.
La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental
résulte égalemend t e nombreuses conventions internationales visant la protec-
tion par le Sultan des naufragés européens surles côtes de ce territoire marc+
cain.

B. Les convenrionsinstiruuntle SuIranprotecteur desnaufragéseuropéens
au Sahara occidental
L'articleX, in fine, du truitéd'amifiéd, e commerceetde nuvigurianpussépnr le

Murocuvec les Etats-Unis d'A merique les23-28juin 1786,prévoit :<(Et siquelque
vaisseau américainéchouesur lescôtesd'ouedNoun ou surquelque côtevoisine,
l'équipagey appartenant sera protégéetassisté,jusqu'à cequ'Al'aidede Dieu, il
puisse êtrerenvoyéson pays a (annexe 25).
De mêmel,eirai~émuroco-espugno dlule?mars1799constitue uneaffirmation,
par l'Espagne, de la souveraineté marocainesur le Sahara occidental.
Selon l'Espagne, l'article XXII de ce traitéstipulerait :

Siquelque navireespagnol faisait naufragesurla rivièreNoun et sacôte

' Non reproduit. [Noie du Crefle.] 196 SAHARA OCCIDENTAL

où Sa Majestén'exercepas sa domination. il offre,pour prouver combien il
appréciel'amitiéde Sa Majestécatholique, d'employer les moyens lesplus
propres et les plus efficaces pour sauver et délivrerles équipages...u

Dans cette hypothéseencore, on peut relever une importante erreur de tra-
duction. puisque le texte arabe (annexe 26) dispose au contraire :

«Siquelque navireespagnol faisait naufrage au-delàdu Souset de l'oued
Noun, S. M. leSultan, A cause de l'amitiéque manifeste le roi d'Espagne,
emploiera tous les moyens possibles pour sauver et délivrerles naufragés
jusqu'h ce qu'ils retournent Bleur pays i).

Ce traitéadmet la souveraineté marocaine surle Sahara occidental en insti-
tuant le Sultan comme seule autoritécapable d'imposer ses vues a ses sujets
sahariens. Cette demande d'intervention auprésdu Souverain marocain consti-
tue par là mêmeégalementune réfutationde I'hypotkseselon laquellele Sahara
occidental aurait étéune (terre sans maître 1).

On peut égaiementnoter dans lemêmesensl'article 10,in fine.durroiredepuix
Maroc-Etats-Unis du 17 septembre 1836,énonqant :(1Si un bateau américainest
rejetésur le rivage d'ouedNoun ou sur une côte voisine. l'équipagede cebateau
sera mis en sécurité et gardéjusqu'3,cequ'avecl'aidede Dieu il soit remis àson
pays 0 (annexe 27).
De même, ilest dit à l'articlXXXIII du traitégénéralanglo-marocain du
9 décembre 1956 :

(iSi un bateau britannique faisait naufrage B Oued Noun ou sur une
partie quelconque desescôtes,lesultandu Marocuserade sonautoritépour
sauveretprotégerlecapitaine etsonéquipagejusqu'à leurretour à leur pays
et le consul généralbritannique ainsi que son représentant auront la pos-
sibilitéde s'occuper et s'assurer, des que ceci sera possible, du sort du
capitaine et de l'équipagede ce bateau afin de les retirer de cette partie du
pays ; ils seront aidésdans leurs démarchesconformémentau devoir de
l'amitié par les gouverneurs que le sultan du Maroc a dans de tels

endroits.n

Par ce traité,la Grande-Bretagne reconnaît ainsi la souverainetémarocaine
sur le Sahara occidental,l'autoritédu Sultan en résultantet la représentationde
cette souveraineté par les gouverneurs de Sa Majesté(annexe 28).
Enfin e,une nouvelle fois, l'Espagne dans le traitépassé avecle Maroc le
20 novembre 1861, réaffirme indirectement le caractére marocain du Sahara

occidental. L'article38 de ce traite expose, en effet:
<tAu casoù un bateau espagnolferait naufrage sur lerivaged'ouedNoun
ou en tout autrepoint de sacôte, leroidu Maroc usera de sonpouvoir pour
sauver et protéger le capitaineet l'tquipage jusqu'ii cqu'ilsse retrouvent
dans leurs pays ; et il sera permis au consul général d'Espagne,au consul,

vice-consul, agent consulaire, ou son délégué d,e prendre toutes informa-
tionsou nouvellesnecessairessurlecapitaineet l'équipagedudit bateau afin
de pouvoir les sauver. Les gouverneurs du roi du Maroc apporteront eux-
memes leur aide au consul gkntral d'Espagne, au consul, au vice-consul, à
l'agent consulaire ou Ason délégué d,ans leurs démarches,conformément
aux lois de l'amitié.))(Annexe 29.)

Ce traitéconfirme en de nombreux points la souveraineté marocaine sur le
Sahara occidental. D'unepart, reproduisant les termes des textes arabes des traitésde 1767et 1799,il infirme l'interprétationdonnée parl'Espagne de ces
deux traités.D'autre part leprésenttraitéaffirme l'autoritédu roi Maroc sur
le Sahara occidental puisque :

- il reconnaît l'existence des gouverneurs du roi du Maroc sur ce tem-
toire ;
- il admet les possibilitks d'action du roi du Maroc et de ses gouverneurs
envers les habitants du Sahara occidental ;
- il permet aux différentesautoritésespagnoles de s'informer du sort des
naufragés,ce qui conduit implicitement à reconnaître la souverainetémarocaine
sur leSaharaoccidental. Eneffet, sileshabitantsde ceterritoireéchappaientàla

souverainetéchérifienne,aucune permission ne serait nécessaireaux autorites
espagnoles pour prendre contact avec eux au sujet de la délivrancedes nau-
fragés.
C'est bience que démontrela pratique. Parlettre du 4 avri1863, le ministre
d'Etat espagnol transmet Bson ambassadeur BTanger une correspondance du

ministére de la marine l'informant que neuf matelots du bateau Esmeralda
servant àla p@che ont étécapturéssur lelittoral marocain {(plusde180millesau
suddu cap Noun ))Il lui demande d'intervenir auprésdu Sultan aiin d'obtenir
leur libérationen application de l'article38 du traitédu 20novembre 1861.Sur
ordre du Sultan, les naufragésont étéeffectivement restitués auxautorités
espagnoles compétentes (annexes30 et 31).
L'analyse généralede ces différentes conventions convenant de la souverai-
netédu Sultan surle Sahara occidentalestparticuliérementinstructive,au moins
lideuxégards. D'unepart, ces traités s'échelonnenttout au longdu XVIIleet du
XIXesiécle.Ils attribuent ainsiàcette affirmation de souveraineté toutle poids
de l'histoire et ils confirment qu'il ne s'agit pas d'une manifestation isolée.

D'autre part, ces conventions ayant étépassées avecun grand nombre d'Etats
parmi les plus représentatifsde l'histoire diplomatique de ces deux sikcles,la
souverainetk marocaine sur le Sahara occidental ne se déduitpas d'un accord
international, mais est conforte avec éclatpar un faisceaud'accordsde volontk
internationaux émanantde nombreux pays, y compris l'Espagne. Par ailleurs,
d'autres conventionsexpriment directement et explicitement la souverainetédu
Sultan sursa province saharienne.

C. Les convenrionsreconnaissantdirectementla souveraine~m éarocuine
sur le Saharaoccidentu/

Dés 1872, l'homme d'affaires anglais Mackenzie penseétablir au Sahara
occidental une factorerie destinée a éviterles frais de transport par terre de
Mogador ila régionde la Saguietel Hamra et à tourner lesdroits de douane du
makhzen. Enoutre,de trèsimportantes caravaneschargées d'or,de gommeet de
plumes d'autruches, venuesde Tichet, Chinguiti, Adraret Ouadan traversaient
fréquemment la Saguiet el Namra a proximitédu cap Juby. En avril 1879.
Mackenzie passeune (ichartede concession N aveclecaïd Mohammed Beyrouk,
afin d'obtenir le monopole du commerce dans la régionde l'oued Noun et
l'installation d'une station commerciale au cap Juby.

Cetetablissement fut attaquéBplusieurs reprises, en 1879,1883,1888et 1889,
tandis que le makhzen proposait régulièrement à lacompagnie anglaise une
compensation financiérepour l'abandon du cap Juby. Le 13mars 1895enfia, le
Gouvernement britannique conclut avecleSultanune convention qui,infirmant
les pouvoirs irrégulièrementreconnus par Mackenzie au caïd Beyrouk,confirme198 SAHARAOCCIDENTAL

expressémentla souveraineté marocaine sur leSahara occidental en stipulant
dans son article 1 :

<Aprèsque le Maroc aura achetélefonds decommercedela compagnie,
aucune puissance nepourraémettredesprétentionssurlesterritoires allant
de l'oued Draa au cap Bojador et Al'intérieur, parceque ces territoires

appartiennent au Maroc. »
En reconnaissant la souverainetédu Sultan sur le Saharaoccidental, la Grande-

Bretagne conteste la revendicatide protectorat amorcépar l'Espagneen 1886.
On notera égaiementque dans leprotocole maroco-espagnol sur Santa-Cm, en
date du 20 juin 1900,il est prévuque les deux parties <auront la facultéde
procéder A des négociationsrelativeLil'échange,dans des circonstancesanalo-
gues,desdits territoires avecd'autres se trouvant dans la partie de la côte qui est
situéeentre le fleuve Draa et le cap BojadornL. Reconnaissant au Sultan la
possibilité d'aliéner destemtoires situés au Sahara occidental, ce protocole
confirme la souveraineté marocaine au moins jusqu'au cap Bojador (an-
nexe 37 bis)C.oncrétisantla souverainetédu Sultan, un caïd marocain est ins-
taliéau cap Juby, ài'ancienne station de Mackenzie. C'est ainsi que lorsqu'un
français, Jacques Lebaudy (annexe 70) débarqua entre le cap Juby et le cap

Bojador et fut fait prisonnier, l'intervention de ce caïd marocain fut nécessaire
pour le faire relâcher, démontrant ainsi en pratique la consistance de la souve-
rainetémarocaine énoncéedans les différentstraitésprécédents.
Il ressort de l'ensembde cesconventionsétabliessurune tréslongue phiode
historique et avec de nombreux Etats que les pays étrangersont toujours eu
recours au Sultan pour la protection de leurs nationaux au Sahara occidental,
reconnaissant ainsidirectement ou indirectement la souverainetémarocainesur
ce territoire. L'autorisation du Sultan est donc nécessairepour permettre I'exer-
cice d'activitéséconomiquesviables. Afin de tourner cet obstacle génantleurs
opérationscommerciales,un certain nombre d'Etats ou de sociétésqui espérent
l'appui de leurs gouvernements suscitent,par l'entremise de leurs agents, plu-

sieurs tentatives de sécessionterritoriale. L'objet de cesmanŒuvresen faun
exemple particulièrement significatif du colonialisme et néo-colonialisme.

2. LA TENTATIVE D'ATTEINTE À L'INT~GRIT~ TERRITORIALE,
INSTRUMENT DE LA COLONISATION

Le sultan du Maroc s'opposant fermement aux différentes manŒuvres com-
merciales des Etats européensau Sahara occidental, les gouvernements de ces
pays, ou certains de leurs nationaux, essaient de créerde toutes piècesun Sud
marocain imaginaire constituéde <prétenduesprincipautésautonomes i).

L'gprete de ces différentes tentatives de sécessionterritoriale, dénoncée
aujourd hui par le droit de la décolonisationcomme un exemple caractéristique
d'entreprise néo-coloniale,trouve sonoriginedans l'importanceattachédeplus
en plus au commerce transsaharien.
La situation géographique du Maroc donne à celui-ci une position particu-
lièrement privilégiéedans les relations commerciales afnc+nes. Célenernote
ainsique la proximité de l'Océan,la présencedes grands oueds du sud de

--
'RafaëlMitjana,En elMaghreb elAha - ViajedelaEmbajada espaiiolaa lCorte
del Sultande Marruecos,en eafio1900,Madrid,p. 225 etsuiv. EXPOS BEC:RITDU MAROC 199

l'Atlaslancésversledésert,raccourcissent les distanceset multiplient lespoints
d'eau )'.
LesdifférentsEtats européenss'intéressentdoncau Marocdans la mesureoù
illeurpermettrait decontrôlerle commercetranssaharien. Or, ce commercerevêt

une importance considérablepour lesEuropéensdésireuxd'atteindre leSoudan
et ses <cent millions de consommateurs )).De même, bienque les évaluations
soient difficilesAétablir,il apparaît certain que la part du commercecaravanier
dans l'activitéPconomique du pays est importante. La conquete de I'AlgPrie
affermit encore cette tendance puisqu'elle entraîne un afflux de caravanes se
détournant de ce pays et utilisant la voie marocaine.
Constituant déjA un courantnon néghgeableentre 1830et 1844,levolumedes
transactions transsahariennes s'accroît encore entre 1845 et 1866 Ismaël
Hamet et Nacer Eddine notent avecjustesse que <il'occupationdel'Algérieavait

rompu l'unitéde l'Afrique du Nord, jusque-lii soumise aux mêmeslois econo-
miques ))3.Lescaravanes reliant le Maroc et le Soudan empruntent deuxitiné-
raires principaux :celui de Goulimine atteint Mogador par Agadir et de Mar-
rakech par Taroudant rejoint Eglab et Taoucbi, celui qui, par le Tafilalet et la
chaîne des palmeraies du sud, retrouve les oasis du Touat et descend vers
Tombouctou.
Une telle situation privilégiéattire donc les convoitisesdes différentsEtats
europkens. Le Marocleur sembledétenir lecontrôle desvoiescaravanièresainsi
que celui des routes maritimes traditionnelles. Ce contrôle est d'autant plus

important dans la seconde moitiédu XIXe siècle, queles efforts français de
conqu&tecommercialede l'Afriquecentrale par le Sahara algkriensesoldent par
un échec.Alors se révéle l'importance nouvelle prisp ear les routes marocaines
partant du Sous, du Draa ou du Tafilaiet, Or, précisément, ces régionssont
fermées à la pénétrationcommerciale européenne.
Afin de tourner l'interdiction des actes de commerce,en dehors des points du
Royaume ouverts aux transactions par le Sultan, les puissances européennes
tentent différentes manŒuvressubversivestendant a la sécessionterritoriale du
Sahara occidental. Mettant un terme aux illusionsétrangéresl,eSultan s'oppose

àces tentatives coloniales de démembrementdu territoire national, démontrant
la permanence de la souverainetémarocaine l'encontre des ambitions exté-
rieures. La diversitédes pays européensen cause démontreégalementqu'A la
multiulicitédes ~arties Œuvrant Dour la sécessionterritonale du Sahara occi-
dentai s'esttouj&rs opposéun suitan unique,lesultan du Maroc,personnifiant
larésistance marocaineface aux ingérences illégaled sans lesaffaires intérieures
de l'Empire.

A. Les tenrotives~rançaises

Le sultan du Maroc n'étant évidemment dispos e aucune concession terri-
toriale sur sesterritoires sahariens, la France tente de traiter directement avecle

caïd Beyrouk, représentantdu makhzen exerçant son autoritésur laplus grande
partie du Sahara occidental. C'est ainsique le6 novembre 1839le commandant
Bouetadresseunecorrespondance a Beyrouk,l'invitanta conclureun traitéavec

Hespéris,4, 1937,p. 438.
Capitaine Dupas, <Lecommercetranssaharienentrelesuddu Maroc etleSahara
occidental)),La France méditerranéenne et aficuinejanvier 1938,fax. 1, p.76 et
suiv.
' Revuedu mondemurulman,1909,p. 432.200 SAHARA OCCIDENTAL

la France (annexe 69) . etraitéfut signen 1840,maisleSultan faisantconnaitre
son opposition empeche son application.
La soumissiondu caïd Beyroukau Sultan estégalement prouvée explicitement
par la lettre envoyéele2fkvrier 1844par le sultan SidiAbderrahmane h <notre
serviteur l'appréciablecheik M'Barek )(Beyrouk étantle diminutif de ce nom)
informant celui-ci de la réception de son fils Bachir venu lui présenter les

hommages de son père,lui expliquer la conduite de ce dernier etjustifier ses
rapports avec les étrangers (annexe71).
L'obligation pour le caïd Beyroukde fournir explication etjustification met
l'accent surson lien de dépendanceenvers le Sdtan, lien égalementprouvépar
les termes mémesde la lettre précithe:((Nous t'avonsécoutéé , crivaitleSultan,
dans tes explications concernant les reproches qui te sont faits quant tes
relations avec les chrétiens.Nous avons compris que tu t'es repenti et nous
acceptons ton repentir que nous considéronscomme sinckre ..Sacheque toutes
relations avec les chrétiens ne peuvent donner de résultat positif )).(An-
nexe 7 1.)
Les Liensde dépendance de la famille Beyrouk envers le Sultan sont de

nouveau misen lumiérepaxunecorrespondance du 15aoGt 1861adresséepar le
sultan Mohammed BenAbderrahmane A Habib Ben Beyrouk,filsdu précédent,
mettant en garde son fidéleseniteur contre les agissementsdesEuropéenset lui
demandant en conskquence d'êtrevigilant et de rompre toute relation avec ces
étrangers (annexe 72),un nouveau rappel t~l'ordre lui est adresséle 18février
1873(annexe 72 bis).
Contrairement aux instructions du Sultan, les Etats européens et leurs
agents usent de multiples pressions pour utiliser illeur profit Beyrouk en
l'invitantAla sécession territoriale.C'estainsi qu'en 1861Moulay Abbés,délé-
guédu Sultan hTanger, informe le Souverain,son frére,de l'envoid'émissaires
d'un desirkres de Habib Ben Beyrouk, réclamantque le commerce soit ouvert

au Sahara. Le Sultan répond le 17septembre 1861 (annexe 73) en le mettant
en garde contre les manŒuvres de Beyrouk capables de susciier des troubles
dans le sud, du fait de l'opposition de toutes les tribus à l'intervention
étrangère.
Le Sultan rndeste kgdement la mémeattitude faceaux initiatives françaises
visant à traiter directement avec le cheik Hussein el Hachami. afin d'accroitre
i'infiuencede la France dans la provincemarocained'oued Noun. En favorisant
cette sécessionterritoriale, les commerçants français avaient pour objectif de
relier le Sous et 1'Europe par des relations cornmerciaies directes évitant la
fiscalitédu makhzen. Malgré ces pressions, le cheik Husseinrappela en 1880au

consulde France AMogador qu'il nepourrait « autoriser par voiede merlasortie
de marchandises peu ou prou sans l'ordre du Sultan oet ajouta: (du reste,pour
ne pas blesser son cŒur, nous lui avons écrit toutes chosessur les affaires du
pays fil.
Les pressionsfrançaises s'accentuant en 1881,le cheik Husseinse déclarapr&t
Asigner une convention commerciale avecla France mais y renonça devant la
ferme opposition du Sultan et le soulevernent des tribus loyalistes Ait Ba
Arnrane.
IIest A remarquerque ces exemples montrent combie nes tentatives euro-
péennesde sécessiontemtoriale ont accru les difficultés intérieuresdu Maroc.
Les initiatives de caïdsdéloyaux,contraires aux instructions du Sultan, ne sont
doncpas la manifestation du (Ibled sibafi,mais tout au contraire le résultat des

' Archives généralede Rabat,reg. Mogador, 24juin 1880.pressions de certaines compagnies commerciales ou de certains diplomates
européens.

Li. Les tentatives espagnoles
Elles sont provoqukes par l'application pratique du décretroyal espagnoldu
27juin 1863autorisant désormaisles relations commerciales des îles Canaries

avec la côte comprise entre le cap Noun et le cap Blanc.
IntéresséQl'ouvertured'un port sur la cate du Sahara occidental, lecommer-
çant espagnol Jacob Butler invoque, en 1867, un accord passéh Cadix de
prétendus représentantsdu cheik Habib Beyrouk. Or, malgr cette prétention,
l'Espagne reconnaît l'absencede pouvoir du cheik Beyrouk enla matiére,du fait
de la souveraineté du Sultan.
C'est ainsique s'adressant par lettre du 19septembre1869 AMM. Butler et
Puyana, le consul génkrald'Espagne ATanger précise :

(iLe Gouvernement marocain a présenté uneréclamation formelle
auprèsdu Gouvernement espagnol en disant que vous conspirez en faveur
de l'indépendancede Beyrouk. Le Gouvernement espagnol ne permettra
pas que des rebelles puissent se manifester, enson nom, dans les tribus de
l'oued Noun. )r

De mêmec ,onfirmant cetteposition, leministre d'Etat espagnolécrit,aprèsla
capture de Butler par le cheik Beyrouk, le 29 novembre 1870,une lettre iison
représentant h Tanger déclarant notamment :

t(SiButlera réellement concluun accord aveclesvéritablesreprésentants
de Habib Beyrouk, ce dernier doit &treconsidéré comme un rebelle Ason
Souverain parce que les ports d'oued Noun sont fermésau commerce par
ordre du sultan duMaroc, en vertu du droit que tout souverain possédede
déterminersurson territoire lesports etlescôtesoù ilest Licited'effectuerun
trafic avec lesétrangers...En violant lesréglesde la neutralité,Butler etses
compagnons ont perdu tout droit Anotre protection. Cependant le Gou-
vernement espagnol fera, par humanité, toutedemande nécessaireauprés
du sultan du Maroc. Mais le Gouv~rnement espagnol n'accepterajamais
d'apporter son soutiendirectouindirectàBeyrouk,entantque rebelle,et ne
l'aidera jamais Aouvrir lesports d'oued Noun ferméssur ordre du Sultan,

parce que celaconstituerait un démembrementde l'Empiremarocain...J'ai
d'ailleurs affirmétous ces principes devant les Cortei)(Annexe 74.)
L'Espagne reconnaît ainsi en 1870la souverainetémarocaine sur le Sahara
occidental puisque, selon le consul de Grande-Bretagne AMogador, le temtoire

deTins gouvernépar Habib Beyrouks'étendaitjusqu'hdouzejours de marcheau
sud d'oued Noun '.De même,Espinosa dans son livre L'Espagne eti Afrique
délimite lecap Blanc comme frontiéredu Tiris.
Malgré ces reconnaissances formellesde la souverainetémarocaine, lesdécla-
rations de Butler au lendemain de sa libération sur l'existence des richesses
sud-marocaines fortifient de nouveau les tentatives sécessionistesdes agents
espagnols au Sahara occidental. EllesvisentAs'assurerlecontrôle desdébouchés
commerciaux transsahariens Apartir des revendications sur Santa Cruz .'est
ainsi que le consul généraibritannique J. D. Hay déclaredans unede ses
missives :

Bull.Soc. Geo. Mudrid,t3, mars 1878,no 3, p. 231A233. SAHARA OCCIDENTAL

En fait àtravers SantCm lesEspagnols recherchent (malgrécequ'en

dit Silvela&l'ambassadeurWalsham)un port ..quilesrendrait capables de
monopoliser le commerce avec le Soudan et Tombouctou au grand préju-
dice du port de Mogador et du commerce britannique... Cette vue est
corroboréepar lesnégociationssecrétesque leconsul d'Espagneet d'autres
agents du gouvernement espagnol auraient eu avec le chef du Wad
Noun a '.

De même,de nombreux témoignagescorroborent le fait que la politique
espagnole, dés1878,tend A provoquer une sécessionterritoriale dansla région
saharienne selon un chémacolonialiste devenu classique. C'estainsi que l'his-
torien Jean-Louis Miégenote :

<auprPs des populations les menées espagnolesétaient constantes -'Le
consul d'Espagne iMogadorentretenait un agentpermanent chezlesAitBa
Amrane '... Le chérifd'Oueuane étaitsollicitèd'intervenir pour disposer
favorablement envers les Espagnols, grâce son prestige religieux, lesdif-
férentes tribus Des démarches étaient faitesauprès de Si Hachem pour
qu'ilse proclame souverainindépendant ;I'Espagnesoutiendraitsespréten-
rionsriconriifionqu'illa laisses*instulriIfni»

C. Les tentatives allemandes

Lebut de ces nouvelles tentatives estd'intercepter lescaravanes du Soudan et
d'éviter le paiementdes taxes dues aux douanes du makhzen. Poursuivant ces
fins, l'organismecommercial privéCentraiverein fürHandels Geographie essaie
d'installer une factorerie à I'embouchure de l'oued Noun. La nise en Œuvre
sécessionnisteest attestéepar un mémoireélaboré par Otto Kezsten, un des
directeurs decette société,t prévoyantla créationau sud du Maroc d'un Etat
indépendant, sous obédienceallemande,englobant leSous,leRiodeOro ettoute
la côte jusqu'au Sénéga '.

L'histoire démontre ainsiueles tentativesespagnoiesactuelles tendanta I'ins-
taurutiond'unprétenduEtat indépendann t esont que lacontinuationd'unlointain
objectijcoloiiialis~ede démembremendt e ('Empirchérifievisant la réalisatide
profits commerciaux.La volontéd'accaparement desphosphates s'estsubstituée
aujourd'hui pour l'Espagne au mirage commercial soudanais de la fin du
XIXe siécle,mais le moyen reste lem@me :la tentative de sécessionterritoriale.
Celle-ciest encore aggravée,dans le droit de la décolonisation,lorsqu'elles'ac-
compagne, wmtne cela est le cas actuellement, pour le Sahara occidental, de
l'emprise étrangèresur les ressources naturelles.
Conscient du caractéredéloyaldes manŒuvresdu Centraiverein, leGouver-
nement impérial allemand affirma la souveraineté du Sultan sur ses terres
sahariennes endéconseillantl'installationd'une factoreriedans leSous,<région

qui appartient au Sultan aveclequel nous sommesliéspar un traité. L'Allemagne

'Archivesdu ForeignOffice, PublicRecordOffice hLondres,F0/99/ 18 1,Tanger,
21fkvrier1878.
J.-L.Miège,Le Marocet l'Europe,PUF,Paris,1962, t.III, p. 327.
Archives du Foreign Office991 181,Tanger,2 1février1878.
ForeienOffice.99/18d1.Tanger.6marsMo1878.ador,22octobre1877,et archives du
' &chives pénérales'd ebat, AA 33,Tanger, 6février1878.
Archivesdu Foreign Office,F0/99/ 181,Tanger,6mars1878.
' DeutschesZentralarchiv,FondsAuswartiges, Amt. Potsdam, Citépar P. Guil-
len,L'Allemagneer leMarocde 1870Ù 1905,PUF, Paris. 1967,p.130.ne peut absolument pas s'immiscerdans les affaires intérieuresdu Maroc 1)'.

L'autoritédu Sultanest d'ajlleurs établie solidementau Sahara occidental puis-
que lorsque T.Jannasch,fondateur du Centralverein, tente dedébarquerdansla
régionde l'ouedNoun, il est fait prisonnier avec ses hommes pendant un mois
jusqu'à ce que le Sultan le fasse relâcher.
Le Souverain a égalementmis fin a ces différentesillusions étrangèresen
effectuant des déplacementsdans le sud, en 1882 et en 1886,lui permettant
d'investir officiellementet personnellement différentscaïds. L'historien Jean-
Louis Miègenote égalementqu'auCour5du déplacementde 1882 <les notables

de toutes les tribus se présentérentau Sultan et promirent de s'opposer aux
agissements des Européens )2.
Ilsrépondaientainsiaux ordresde Hassan Ier.Le Sultan s'était en effet adressé
aux chefs locaux en ces termes :

<Je suis venu dans ce pays ... pour chasser les infidèlesqui, sans mon
consentement, se sont installéssur cette côte. Pour queje puisse parvenir a
ce résultat,il faut que mon autorité règnesans conteste dans toutes ces
régions, car à chacune de mes observations les chrétiensincriminés répon-
dent que ce pays n'est pas a moi, puisqu'ilne m'obéitpas. Or leurs instal-
lations existent aucap Juby, d'autres sont en voied'établissement,d'autres

viendront encore et il n'estqu'un moyen pour s'opposeraux empiétements,
que vous ne pouvez empêcher vous-mêmecs',est que vous reconnaissiez
mon pouvoir. i)

Les notables convaincus acceptèrent l'arrangementetfirent ucfed'hommageau
Sultan. Celui-ci, en retour, choisit des caïds parmi eux 3.Le Sultanétablit de
mémeune villemakhzen ?iTiznitet ennomma gouverneurlecaïd Hermou Ouled
Ahmed ou Hassan.
Les différentes manŒuvressécessionnisteseuropéennesse poursuivent de
mêmeque les réclamationsespagnoles, le sultan Hassan Ierse déplacede nou-
veau au Sahara occidental en 1886 pour mettre un terme à des interven-
tions directes dans les affaires intérieuresdu Maroc, au profit d'intérêtmer-

cantiles.
L'examen de ces multiples tentatives européennesatteste l'intérêp torté par
l'Europe au Sudmarocain présenté commelavoie d'accès laplusdirecteauxcent
millions de consommateurs du marché soudanais. Pour l'atteindre, lecommerce
européen n'hésitepas à jouer la carte de la sécessionterritonale du Sahara
occidental. Ces interventions étrangères constituent unecause importante de
l'affaiblissement du makhzen, affaiblissement provoquant en retour une nou-

velleincitation al'intervention despays européens.Acetégard,l'utilisationdela
famille Beyrouk illustre l'emploi d'un procédéa.ujourd'hui repris par le Gou-
vernement espagnol.Le retour ?ila mèrepatrie du Sahara occidental répondseul
à l'objectif fondamental du droit de la décolonisation,le maintien de l'intégrité
territoriale camoufléedans l'établissementd'un soi-disantEtat indépendantne
représenteque l'expression néo-coloniale d'anciennes visées colonialistes repo-
sant toujours sur l'exploitation kconomique a ledemantélemen du Maroc.

En conclusion leGouvernement marocaincroit avoirdémontréque le Sahara
occidental, tout au long de la colonisation espagnole, n'était pasune terre sans

DZA, 8015,notedu conseiller Raschdam, 14janvier 1886.
J.-L. Miége,Le Muroc et I'Europe, t.III,op.cil.p. 351.
E. Geventon, Les expéditions de Moulay Hassan dans le Sous, 1882-1886 »,
L'Afriquefrançuire. Renseignements coloniaux,septembre 1924, p. 273.204 SAHARA OCCIDENTAL

maître, car leMaroc n'ajarnais cessédemanifesterl'existenceetlapersistancede
liensjuridiques de souverainetédans ce territoire.
Ces liens sont démontrés :

1) Par de multiples faits de souveraineté qui ont étérapportés dans ce
mémoire :

u) nominations d'émirs,de caïds, de commandants militaires ;
b) levéed'impôts ou de tributs ;
C) actes d'allégeanceau Sultan par les chefs des tribus.
2) Par des actes de résistancepermanente aux tentatives de pénétration
étrangkre,resistance d'une importance fondamentale qui a atteint son apogée
dans l'action de Ma el Aïnin pour le compte du Sultan.
3) Par la reconnaissance de la souverainetédu Sultan au Sahara occidental

tant par l'Espagne elle-mêmede 1767 A 1904,que par les puissances tierces
(accords entre les Etats-Unis etle Maroc de 1786et de 1836.accords anglo-
marocains de 1856et de 1895,accord franco-allemand de 1911).
Le Gouvernement marocain croit devoir attirer l'attention de la Cour sur le

fait qu'il ne s'estpas cm tenu Ades développements tendant iune délimitation
géographiquequiauraient étéinutiles,compte tenu dela nature de la procédure
engagéedevant la Cour et de la mission impartie Bcelle-ci.
Dansla demande d'avisconsultatif qui lui a étéadresséeaucune mission de
délimitationn'a étéconfiéea la Cour. Il n'en reste pas moins qu'aux yeuxdu
Gouvernement marocai inn'existepas de no man's land entre la souveraineté
marocaine et l'ensemble mauritanien. DOCUMENTS '

PRESENTE PASR LE ROYAUME DU MAROC

A L'APPUIDE SON EXPOSÉ ÉCRIT

SOMMAI RES ANNEXES 1A 90

Annexes Id 23. Les actes de souverainetMaroc sur le Sahara occidental.

Annexes Ià 8. Les dahirs de nomination.
Annexes 9à 23. Les correspondances.
Annexes 9à 14.Délimitationdu«point1)occupépar l'Espagneau Sahara occi-
dental.
Alinexes15à 23. Echange de lettres entre le Sultan et les caïds.

Annexes 24ci37bis, Les conventions internationales reconnaissant la souveraineté du
Sultan sur le Sahara occidental et la guerre maroco-espa1859. de
Annexes24 à 31. Les conventions internationales reconnaissant la souverainetédu
Sultan au Sahara occidental.
Annexes 24ù 29, Les conventions diplomatiques (textes).

Annexes 30 et 31. L'application du traité maroco-espagnol20novembre
1861.
Annexes 32 a 37bisLa guerre maroco-espagnole de 1859et le problèmede Santa
Cm.
Annexes 38 à 42. Les prétendus traites de protectorat espagnol.
Annexes 43 à 55. Le .dépeqagedu territoire marocain par les conventions du droit
diplomatique européen.
Annexes 56 à 83. Les actes de résistance marocainedans le Sahara occidental.

Annexes 56 à 79. Correspondance.
Annexes56 a 59 bis. Correspondance interne.
Annexes 60 à 70. Correspondance avec les représentants diplomatiques étran-
gers.
Annexes 71à 79.Lettres adresséauxcaïds.

Annexes80 Ù 83. Les actes de résistanceahmla conquête étrangèeu Sahara
occidental.
Annexes 84ù 89. Le maintien de la souveraineté marocaineau Sahara occidental sous
l'occupation espagnole.
Annexes 90 (1)et90 (2). La préparation administrative de la sécessiondu Sahara
occidental par l'Espagne.

Carte1:CARTE DU SAHAR AT DU NORD-OUESTDE L'AFRIQUE, DRESSEEPAP.VUILLOT
(1894).[Non reproduite.]
Carte IETAPE HISTORIQUESDELA CRBATIO CNLONIALE DITE(SAHAR ESPAGNOL )).
[Non reproduite.]

' Reçusau Greffe le27 mars 1975.Lesannexes 1h24,26a58bis,70,72 bis,73,75
à 79et 8à 84, tellesqu'ellesondéposéesau Greffde la Cour, portent la mention :
(iPour traduction certifiée conforme,ducservicede l'interprétariat judiciairedu
tribunal de premièreinstanceRabat >)suivie d'une signature. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe1

DAHlR DE NOMINATION

A toute la tribu de Tidrarin du Sahara.

Nous avons nomménotre serviteur Mohamed Ben Lahabib Tidrarin comme
caïd, et l'avons chargé, etc.

Le 22 Rabia II 1308(1890).

Annexe2

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZ BENEL HASSAN

Louange ADieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed, sa famille et ses compagnons !

(Sceaude S. M. Abdeimiz Benel Hassan.)

A nos serviteurs agréableslesChtouka et leursalliés,lesMejat, lesFouigat, le
tiersdesAit Lahssen,le tdessZergat etleursalliésparmi lesToubait ainsiqu'à

leurs alliésdes Mede,la tribu des Tekna, puisse Dieu vous guideAvoust
salutation et miséricorde divine! Aprésce préambule,
Nous avonsconfiévotreadministration àvotre frérenotre se~teur agréablele
caïd Brahim BenM'BarekEch-Chtouki et l'avonschargédeprendresain de vos
affaires.
Pour cela, nous vous ordonnons d'écouteret d'obAice que nous l'avons
investidepouvoir derecommandation etd'interdictiondans ledomaine denotre

service chérifien.
Puisse Dieu vous rendre réciproquementheureux et vous guider tous vers ce
qu'ilagrée! Salut !
Faitle 20 Kaada 1313(correspondantau3 mai 1896). DOCUMEMS DU MAROC

Annexe 3

DAHIRDE S.M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange A Dieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed, sa famillsescom-
pagnons !

(Sceaude S. M. Abdelatir Benel HassanBenMohamed.)
A nos serviteurs agréables, aux gens d'ElMouissat et des Ait Mohamed
tahssen et la moitiéde Yaggout, de la tribu des Tekna. Puisse Dieu vous

guider ! EtAvous salutation et miséricorde divines! Aprèsce préambule,
NOUS avonsconfiévotreadministration &votrefrérenotre serviteur agréablele
caïd Moharned el Amine Ben Aii At-Tecni el Hassani, et l'avons chargéde
prendre soin de vos affaires.
Pour cela, nous vous ordonnons d'écouteret d'obéArce que nous l'avons
investide pouvoir de recommandation et l'interdiction dans ledodenotre

seMce chérifien.
Puisse Dieu vous rendre réciproquementheureux et vous guider versce qu'il
agrée! Salut !
Le 21 Rajab 1314 (correspondonou 25décembre1896).

Annexe 4

DAHIR DE S.M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange Dieu seul!
PuisseDieu bénirnotre seigneur Mohamed etsa famille !

(Sceuu de S. M. Abdeluriz Ben el Hussan BenMohamed,Dieuest sonprofec-
leur.)
A nos serviteurs agréables Ouled Moussa,Laabobat et Ouled Alides Tidrarin
du Sahara. PuisseDieu vous guideEtavous salutatioetmiséricorde divines!

Aprèsce préambule,
Nous avons confiévotre administrationA notre serviteur agréablele caïd
Mohamed el Amine Ben Ali At-Tecni et l'avonscharge de prendre soin de vos
affaires.
Pour cela, nous vous ordonnons d'écouteret d'obéirce que nous l'avons
investide pouvoir derecommandationet d'interdiction dldomaine de notre
' service chérifien.

Puisse Dieu vous rendre réciproquement heureux et vous guider versce qu'il
agrée! Salut !
Le 3 Ramadan sacre an 1316 (correspondantu 15junvier 1899). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 5

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange A Dieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Moharned et sa famille !

(Sceaude S. M. Abdelariz Ben el Hassan Ben Mohamed, dont Dieu est le
protecteuretle maître.)

A nos se~teurs agréables (membresde la tribu des Mnassir [de la codédé-
ration] des Azerguiyi'e). Puisse Dieu vousguider dansla bonne voiAvoust
salutation et miséricorde divines! Aprèsce préambule,

Nous avonsconférévotre administrationAvotrefrèrenotre se~teur agréable
lecaïdBrahim BenM'BarekEch-ChtoukiEr-Rouifi et l'avonschargédeprendre
soin de vos affaires et de toutes vos alléeset venues.
Pour cela, nous vous ordonnons d'êtrà ses recommandations et ses inter-
dictions, dans le domaine de notre service chérifien.
Puisse Dieu vous rendre mutuellement heureux ! Salut !

Le 23 Rabia 1 1317(correspondant au aofit1899).

Annexe6

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange A Dieu seul !
Puisse Dieu bénir notre seigneur Moharned, sa famille et ses compagnons !

(Sceau de S.M. Abdelaziz Benel HassanBen Mohamed.)

Anos serviteurs agréables, membresde lacollectivitéd'ElGourrah, dela tribu
des Tekna, du Sahara. Puisse Dieu vous guider !AEvous salutation et misé-
ricorde divines ! Aprhs ce préambule,
Nous avons confiévotre administration à notre se~teur agréablele caïd

Slimane el Aroussi et nous l'avons chargéde prendre soin de vos affaires.
Pour cela, nous vous ordonnons d'écouter etd'obéiraceque nous l'avons
investde pouvoir derecommandation etd'interdiction dansledomaine denotre
service chérifien.
Puisse Dieu vousrendre réciproquement heureuxet vous diriger tous vces
qu'il agrée! Salut !

Le 4 Rajab 1324(correspondontau 24aolît 1906). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe7

DAHIR DE S. M. ABDELHAFID BEN EL HASSAN

Louange A Dieu seul !

Puisse Dieu bénir notre seigneur Mohamed et sa famille !
(Sceau de S. M. AbdelhafidBen el Hassan.)

A nos serviteurs agréables toutesles tribus des Ait Hasine et des Ait Uckou,
Ouled Tidrarin, Yaggout, Mouissat, qui sont des Ait Lahssen, des tribus de
Tekna Oued Noun. PuisseDieuvousguider !Et ?îvoussalutation et miséricorde
divines ! Aprésce préambule,

Nous avons confié votre administration h notre serviteur agréable le caïd
Mohamed el Amine, et l'avons chargéde prendre soin de vos affaires.
Nous vous ordonnons de l'écouter,de Iuiobéiret d'êtreAses recommanda-
tionset àsesinterdictionsdansceque nous l'avonsinvestide notre serviceet de
nos ordres chérifiens.

Puisse Dieu vous rendre réciproquementheureux et vous guider tous vece
qu'il agrée! Salut !
Le 2Chaabane 1325(correspondantau IOseptembre 1907).

Annexe8

DAHIR DE S. M. ABDELHAFID BEN EL HASSAN

Louange riDieu seul !

hisse Dieu benir notre seigneur et maître Mohamed et sa famille !

(Sceau de S. M. AbdelhafidBenel Hassan.)

A nos serviteursagréables,Ait MoussaouAli,Yaggout,Ouled Driss,Rguibat
et Ouled Tidrarin. Puisse Dieu vous guider(dans labonne voie) ! Et a vous
salutation et miséricordede Dieu, le Trés-Haut! Aprésce préambule,
Nous avons confié votreadministration 1inotre serviteur agréablele caïd
Brahirn el Khail Ben elHabib Ben Birouk el Ouadnouni,et l'avons chargéde

prendre soin de vos affaires.
Pour cela, nous vous ordonnons d'écouter etd'obéirI ce que nous lui avons
confiéde recommandations et d'interdictions dans le domaine de notre service
chérifien.
Puisse Dieu vous rendre mutuellementheureux ! Et vous guider tous vers ce
qu'il agrée! Salut!

Le 14Rabia II 1327(correspondantau 5 mai 1909). SAHARA OCCIDENTAL

DAHIR DE S. M. EL HASSAN BEN MOHAMED

Louange A Dieu seul !

(Sceau de S. M. El Hassan Ben Mohamed.)

A notre serviteur fidéleEl Haj Mohamed Ben Larbi Torres. Puisse Dieu te
guider ! Et Atoi salutation et miséricordedivines ! Aprésce préambule,
Est arrivéeta réponsettlaquelle a étjointe cellede l'ambassadeur d'Espagne
relative :

- à la navigation de deux bateaux espagnols, dans le port de Sahb el Har-
cha ;
- Ason étonnement de ce voyage versledit port ;
- A sa correspondance adresséeAson gouvernement A ce sujet;
- et au fait que son pays connaît par cŒurla teneur de la letàrnous envoyée
par l'ambassadeur, son prédécesseur, selon laquelle tout ressortissant espa-
gnol, qui atterrit dans les côtes du Sous, est seul responsable du danger qu'il

court.
Tu as rapporte que l'ambassadeur t'a dit de sa propre bouche:

<que Ieur ministre des affaires étrangéresnous avait posé,par l'intermé-
diaire du se~teur Abdessadeq, la question de savoir queiles étaientles
frontiéresde cetEmpire du c8tédu Sous, si c'étaitl'oued Draa ou si ses
limites seterminaientiin autreendroit,et ce afindelecommuniquer àson
gouvernement et de le reconnaître avant les autres ;

et que ce qui les inciAeposer de telles questions étaitle fait qu'ils possé-
daient lepays dit enarabe Wadi-Ed-Dahab etenespagnol Rio deOro,et ceci
dans le but, pour l'ambassadeur, de prendre toutes les précautionsnéces-
saires interdisant l'intrusion d'un étranger entreles deux possessi)).

Bonne note en a étéprise.
Onnous avaitdéjA écritpour s'enquérirdeslimites del'Empire dececoté.Ilfut
réponduen cestermes :lesfrontièresdu territoire surlequel nousexerçons notre
souveraineté sont :
1'Egypted'un côté, le Soudand'un autre et Maghmad'autre part.

Copie de la réponseintégralete parviendra ci-jointpour te tenir parfaitemenl
au courant.
Pour cequi estdeWadi-Ed-Dahab,cette question aété posée auxhabitants de
cette région.Ilen ressort que ce territoire se situedansla régiondes Ouled Dlim
et de la tribu Aroussiyine qui sont nos sujets, installés dans les régionsde
Marrakech et de Fés - ils le dénomment Ed-Dakhla.
Que tu en informes l'ambassadeur. Salut!

Le 4 Ramadan 1303(correspondana tu 6juin 1886). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe9 bis

LETTRE DE S. M. LE ROI HASSAN IeA (SON FIDELE SERVITEUR,
HAJ MOHAMED BEN LARBI TORRES ))EN DATE DU 4 RAMA-
DAN 1303 (CORRESPONDANT AU 6 JUIN 1886).

Dans cettelettre, S.M.le Roi répoAM. Torresqui l'avaitinforméde ceque
l'ambassadeur d'Espagnelui avait demandéde bien vouloir interroger S. M. le
Roi sur les frontières sud du royaume.
Une telledemandeétaitjustifiéeauxyeuxdel'Espagnepar lefait qu'elle serait
propriétaired'unecontréeappeléeRio deOro et qu'elleaimerait êtrerenseignée

afin d'éviterqu'un étrangerne vienne s'installer entre les deux nations.
S. M. le Roi répond textuellemen:
«Notre frontiéresud est limitéepar l'Egypte,d'une part, le Soudan (les
Noirs), d'autre part, et Maghnia de troisièmepart.
En ce qui concerne le Rio de Oro, une enquéte faiteauprésdes habitants

de la régiona révélé qu'il s'dts lieux habitéspar les Ouled Dlim et la
tribu des Aroussiyinequi sont nosfidélesserviteurs,qui sesont installésaux
environs de Marrakech et de Fèset qui appellent cette régionDakhla.
Laréférencea1'Egyptepourra surprendre. 11estévidentqueleSultan,en 1886,

c'est-à-dire a une époque antérieurea l'expansion de la colonisation frànçaise
l'intérieurde l'Afrique, considèreque les territoAl'est de l'Empire chéri-
fien sont limitésau nord par l'Algérie(Maghnia) et dansla partie méridionale
par la Libye actuelle qui, h l'époque,lui parait relever de la souverainetéde
1'Egypte.

Annexe10

EXTRAIT DE LA CONSIGNATION DES RGPONSES SULTANIENNES
AUX VINGT-TROIS QUESTIONS POSEES PAR L'AMBASSADEUR
D'ESPAGNE JOSE LLBERIA EN DATE DU 30 HIJJA 1325 (CORRES-
PONDANT AU 24 JANVIER 1908)

Question n16 :
<<L'ambassadeur a demandél'adoption d'un modus vivend pour l'éta-

blissement des limitesentre le territoire del'Empirechérifienet lepoinrque
possèdel'Espagne a Wadi-Ed-Dahab, à l'extrémitédu Sahara du Sous))
Réponse :

«Lorsque les tribus auront étéapaisées,et les causes des troubles extir-
pées,lemakhzennemanquera pas dedépêcher und eélégationde sapart qui
accompagneraune délégation espagnolpeour circulerintensivement dansla
région situéeentre le territoire dudit point et le territoire de l'Empire
chérifienet pour considérer attentivement les points les plus importants

d'entre eux. C'est alors que se dégagera lemode d'arrangement le plus
adéquat.a SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 11

DANIR DE S. M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange à Dieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre maître et seigneurMohamed, sa familleet sescompa-
gnons !

(Sceau de S. M. AbdeIazizBen el Hassan.)

A nos deux délégués agréable Esl Haj Mohamed Torres et M'hamed el
Guebbas. Puisse Dieu vous assister eà vous salutation et miséricorde divines!
Aprés ce préambule,

Des conversations ont étéengagées avecl'ambassadeur espagnol qui a été
dépêcha éuprèsdeNotre Majestépour présenterdes requetesqu'ona consignées
suivant ce qu'a dictéson interprète.
Alafinde cespourparlers, un recueilcomportant desréponsesiichaquearticle
des requêtes luaété remissansyapposer designature,laquelleaétéreportée s,ur
sa demande, pour lui permettre de le présenter à son gouvernement et de
communiquer ce qu'il convient d'en retenir ou d'en supprimer totalement.
Aprés ledécésde cet ambassadeur, son successeur :

- nous a renvoyé,par la voie du consul espagnolàRabat, le mêmedocument
sans (la moindre) lettre (explicative) et auquel a étéjoint un autre recueil,
inspirédu nôtre déjàremisiciau mêmeambassadeur et écritpar leur écrivain

arabe, mais présentantbien des dissemblances dans ses termes,
- en demandant audit consul d'intervenir verbalementdans le but de faire
procéder àla refonte de la rédactionde notre recueil, en conformitéavec le
leur, et d'en supprimer les huit articles numérotésci-contre.

Lesmêmesdeux recueilsvoup sarviendront ci-joint ensemblepour que vousen
preniez l'essentielet les retourniez en annexe de votre réponse.
D'autre part, en disséquant les mots du recueil renvoyépour refonte de
rédaction sans ajoutnidiminution, oy trouve tellementde phrases dont lesens
pr@te confusion et à supposition qu'il n'est permisde les assortir de réponses
qu'aprèsles avoir changéespar des motsà acception explicite sans pour autant
modifier le sens recherchépar eux.

Il s'agira eneffet de s'exprimer par des termesà signification claire, sans
équivoqueni supposition afin que la réponsecorrespondealorsparfaitementàla
question et épargneauxdeux parties toute opposition sur l'intelligencedes mots
et toute survenance ultérieurede problémes.
Ceci a bien été verbalementexplicitéici au consul, et on lui a demandésa
collaboration au déchiffrementdes points obscurs de leur recueil.
Il a réponduqu'encettematièreil n'apas reçu de précisionsde ses supérieurs,
mais qu'ila pour missionde remettre lerecueilaltér,e demander la refonte du
n6tre et de le dire verbalement.

On s'est en effet entendu avec lui pour qu'il vous en saisissepour que vous
désigniezqui, de votre part, se réuniraavec leur interprète et leur rédacteur et
excellera aussi bien dans l'intelligencedu sens voulu dans chacun des articles DOCUMENTS DU MAROC 213

qu'ils désirentvoir consignésdans leur recueil,que dans la rédaction ens
arabes faciles, clairs dans leur entendement et sains de toutes équivoqueset de

toutes suppositions.
Vousnous adresserez,aprks rédactionetaccorddesdeux partiessur ce travail,
une copie par le canal de leur délégué eutne autre sans son intermédiaire, afin
qu'à l'arrivéecette refonte soit confrontéeet qu'on lui retourne le document
demandé,aprèsavoir assorti de réponseappropriéechacun des articles par la
puissance de Dieu !
Salut !

Le 26 Moharrem 1326(correspondana tu 29février1908).

Annexe 12

EXTRAIT DE LA CONSIGNATION DES REQUETES PRESENTÉES

PAR L'AMBASSADEUR D'ESPAGNE AU MAROC ET DES RCPONSES
DÉFINITIVES DONNfiES PAR S. M. LE SULTAN EN DATE DU
18SAFAR 1327(CORRESPONDANT AU 11MARS 1909)

Requête no8 :
«Déclaration par le makhzen chérifienprécisant les frontières de ses
sujets, pour que se dégage lalimite de la colonie prise en.compte par

l'Espagne, et sisA proximitéde Tarfaya.i)

«Sa Majesté a réponduque. lorsque son cortège chérifien arriveraa
Marrakech, on en discutera par la puissance de Diei>!

Désignation desfrontiéresdel'endroit se trouvant aux confins du Sous
dénommé Ifii et relance de la constitution d'une commission chargée
d'enquêtersur sa réalitéet de savoiA qui il appartient)

Réponse :
« Sa Majesté a répondu que, lorsque soncortège chérifien arriveraà

Marrakech, on en discutera, et que le makhzen -ura alors approfondi
l'examen de ce qui se rapportà la questioni) SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 13

LE'ITRE DU MINISTRED'ESPAGNEAU MAROC

Louange A Dieu seul !

A l'ami,leperspicace, lejuriste et respectable déléguel,evénérableM. M'ha-
med Ben Moharned elGuebbas. On ne cessedes'enquérirdeVOSnouvellesdans
l'espoir que tu seras en permanence heureux et en bonne santé! Après ce
préambule,
Lorsde notreséjourdans lavilleimpérialede Fés,'nousavionsposénombre de
questions conformément auxordresdenotre gouvernement et relativemeaux

diverses requêtesd'ordre politique et économiqueque 1'Etatespagnol désirait
obtenir.
Nous les avionsformuléespuisécriteset remiiises ministres (dont) eldi
Abbèsel Fassi.
Aprésquoi, Sa Majesté chérifienne avait bien voémettre sa réponsea la
plupart des questions poséespar 1'Etatespagnol.
C'est parcequenous n'avonsparreçupar écritlesdites réponses chérifiennes
que mon gouvernement m'ordonne (de) demander de lui faire parvensous
couvert de votre éminence,lesdites réponses chérifiennesd,eàfavoir une
preuve incontestable.
II est souhaitable que votre éminence intervienneauprès du minisdes
affaires btrangéresdSaMajesté chérifienn: nous n'avons pasde doute que
vous avez la facilité conformémentaux vŒux du gouvernement de notre

Etat.
Puisse Dieu vous perpétuerdans une vie heureuse et joyeuse.
Libelléle 21mai 1909.

Le ministre plénipotentiairedélégué
auprès deSa Majesté chérifienne,

(Signé A)LFON~O MERRY DEL BAL. DOCUMENTSDU MAROC

Annexe 14

LETTRED'AISSA BEN OMAR

Louange 1iDieu seul !

Puisse Dieu bénir notre seigneur et maître Mohamed et sa famille !
A notre ami le plus cher, l'agréable,le juriste, le délégu,e vtnérable
M. M'hamed el Guebbas.
Puisse Dieu t'accorder la paix ! Et B toi salutation et miséricorde divines!
Aprèsce préambule,

11te parviendra ci-joint un recueiloù sont consignéesdes affaires et requêtes
formuléespar l'ambassadeur d'Espagne,assorti des réponsesde Sa MajesAce
qui aétédiscutéet tranché,comprenant trente affaires et requéteset signépar
mes soins ;pour remettre (ce recueil) audit ambassadeur, aprèsque tu t'esfait
procurer l'exemplaire,Blui, adressépar l'ambassade chérifienne,dûment signé
par lui, conformémentAta réponseantérieure.
Aprèsl'obtention, par toi, de ladite copie, tu l'enverras directement Itnous

pour qu'elle soit portàela connaissance deSa Majesté et conservée.
Amicalement, salut !
Fait le dernier jode Joumada 1 1327(correspondant au 19juin 1909).

Puissent les grâces divines le combler! SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 15

DAHIR DE S.M. EL HASSAN BEN MOHAMED

Louange A Dieu seul !

Puisse Dieu bénir notre seigneur et maître Mohamed et sa famille !

(Sceaude S. M. El Hassan BenMohamedBenAbderrahrnand ,ont Dieu estle
protecteur.)

Notre présentelettre puisse Dieu en éleverla teneurdont les recomman-
dations et lesinterdictions puissent êtreexécupar la grâce du T'rés-Haut-
Adressée aulettre Brahim Ben M'Barek Ez-Zergui.

1en appert que parla puissance etla force divin-sNous I'avonsred tudes
habits de l'honorabilitde la respectabilitéet de la vénérat...nous I'avons
libéré detoutes charges makhzénienneset des servitudes sultaniennes, de telle
sorte qu'on ne saurait le traiter et lui adresser la parole qu'avec beaucoup
d'égards,exception faite pour l'impôt religieuxpour lequel il est comme les
autres.
Et ce,en considérationde cequ'ilappartieiila noble scienceetde cequ'ilse
réfugiesous sa large ombre.
A ceuxqui, gouverneurset autorités,iombentsurlaprésente, nousordonnons
d'enprendre connaissance,d'agir en conséquence,de ne pas se départirde cette
noble voie, et de ne point transgresser notre ordre, glorifiépar Dieu !

Le 24 Chaabme le plus béni an 1303(correspondanatu 28niai 1886). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 16

DAHIR DE S.M. EL HASSANBEN MOHAMED

Louange BDieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed, sa famille et ses com-
pagnons !

(Sceau de S.M. El Hassan Ben Mohamed.)

A Notre se~teur agréablele caïd Dahmane Ben Birouk Et-Tecni : Puisse
Dieu te guider! et B toi salutation et miséricorde divines! Aprésce préam-
bule,
Est arrivéeta lettre par laquelle tu annonces ledécèsdu colonelPekkak

et le départ de son frére versNotre Majestépour présenter ses condoléances.
Bonne note en a étéprise.
Il est effectivement arrivaeéténommé àsa place ; il lui a étéconseillede
s'acquitter convenablement de sa tâche et d'êàrta disposition.
VeiHe à ce qu'il soit bien traité et prends bons deilui. Salut !

Le 25 Hijja1306 (correspondunau 20 août1889). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 17

DAHZR DE S. M. EL HASSAN BEN MOHAMED

Louange a Dieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maitreMohamed, sa familetsescom-
pagnons !

(Sceau de S. M. El HassaBenMohamed)

Que l'on sache par le présentdah-rpuisse Dieu en rehausser la tene-r !
que nousavonsrevêtuledétenteur notreserviteurBrahimBenAliBenMoharned
Et-Tecni eHassani deshabits de la vénérabiet dela respectabilité,que nous
l'avons portésur l'épaulede la bienfaisance et du bon traitement et que nous
l'avonsnommé àla t&tede sesamischargésdelasurveillancedescôtespour qu'il
soit avec euxl'milet l'oreille de cette vigilance contre les chrqui s'y
manifesteraient et du renforcement des sentinelles dejour comme de nuit, de
façon que sil'und'euxy apparaît, d'unemanièreou d'uneautre,notre serviteur
agréable le caïdDahmane Ben Birouk Et-Tecni doit en êtreaverti pour qu'il
prenne les mesures nécessairisl'extirpation de l'essencedu malet s'ytienne

activement pour repousser cette invasion, comme indiquéplus haut.
Quel'on ne setrompe pas par cequ'ils avancentque lemakhzenlesaautorisés
A yvenir. Car siautorisation il yavait, ellen'aurait émanéque du propre chef du
gouvemeur et siunenégligenceou un relâchement seproduit dans cequenouslui
ordonnons en l'objet ilsencourent une grave responsabilitédont nedélieraitpas
l'assertion de la détention d'un écrit etla protection du gouvemeur. Que ce
dernier craigne Dieu et assume, dans la mesure du possible, sa fonction telle
qu'elle est tracée.
hisse Dieu leur attribuer la justesse et les guider dans la bonne voie !
Salut !

Décrétépar notre ordre fortifiépar Dieu le 21Chaabane 1303(correspondanr
au 25mai 188.5). DOCUMENTSDU MAROC

Annexe 18

DAHIR DE S.M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange à Dieu seul !

(Sceuude S.M. Abdelaziz Benel HassanBen Mohamed.)

A notre serviteur agréablelecaïdDahmane BenBiroukEt-Tecni. Puisse Dieu
te guider ! Et à toi salutation et miséricorde divines! Aprèsce préambule,

L'Eternel a rappelà lui notre feu père- puisse Dieu avoir son âme et
l'hébergerdans sonlargeparadis - àonzeheures delaveilledejeudi troisdece
mois, ADar Ouled Zeidouh, tribu des Béni-Moussa, provincede Tadla.
Dieu nous a prédestinéa sa succession dans ce pays, en vertu de l'acte
d'allégeanceproclamépar lesOulémaet lesdignitairesde notre Empire fortuné,
par les notables des villes et des campagnes et par les hauts fonctionnaires.
L'arméeetla suiledu cortkgede notre saint péresesont dirigéesversRabat où
nousavons campéBRas elAïne,desenvirons decelte cité.Laméhalla composée
des dignitaires de notre Empire nous y a ovationnéet acclamé eta présentéses
hommages et son attachement.
Alors,nous sommesmontésurlechevaldu califat pendant que leparasol royal
s'est déployé surnotre tête.
Nous prions Dieu de nous guider dans nos allées etnos venues et de nous

gratifier de sa victoire et de son assistance.
Aprèsla réuniondes méhallas du gharb et du Haouz et la proclamation du
manifeste de leur allégeanced'une façon totale et légale,nous sommes solen-
nellement et triomphalement entrésa Rabat a onze heures dujeudi, et dirigés
vers le sanctuaire de notre grand ancêtrele sultan SidiMohamed BenAbdellab
pour inhumer etrendre lesderniershonneurA notre seigneuret feu père, puisse
Dieu le sanctifier !
Ensuite nous avons accédéau trône de nos glorieux pères.
Ainsi,c'est parceque vous occupezcheznous et cheznosancétreslesplacesde
se~teurs fidélesdont on s'orgueillitpartout, que nous vousinformons afin que
vous sachiez que Dieu a accordésa victoiàeson serviteur, l'a gratifiéde ses
profusions et l'a combléde ses bienfaits et afin que vous vous engagiezsur le
chemin pratiquépar la communautémusulmane, en envoyant votre acte d'al-

légeancefondésur les traditions du meilleur des prophètes.
Puiss eieu vous guider tous danla bonne voie, le trés-hautétantle plus
grand généreux!
Salut ! SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 19

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZBEN EL HASSAN

Louange à Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maitre Mohamed et sa famille !

(Sceau de S. M. Abdelaziz Ben el Hassan.)

A notre serviteur agréablele caïd Dahmane Ben Birouk Et-Tecni. Puisse Dieu
te guider ! A toi salutation et miséricordedivines ! Apcespréambule,

Nous t'ordonnons de te présentera Notre Majesté chérifienne ave cabéné-
diction divine, si les circonstances te le permettent. Sinon, dépêcheton fils le
khalife.
Salut !

Le 8 Safar 1318 (correspondantau 7juin 1900).

Annexe 20

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange a Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed, sa famille et ses compagnons !

(Sceaude S. M. Abdelaziz Benel Hassan.)

A notre serviteuragréablele caïd Mohamedel Amine BenAbdellah Et-Tecni
el Hassani:puisse Dieu te guider ! Et I toi salutatietmiséricordedivines !

Aprèsce préambule, .
Nous t'ordonnons de te présenteràNotre Majesté en compagnie de notables
parmi tes frèrespour affaire présentantun intéretpour votre avenir et celui de
vos biens etde vos enfants. Salut !

Le 2 Joumada 1 13 18 (correspondantau 28aoùr 1900). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe21

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZ BEN EL HASSAN

Louange àDieu seul !

Puisse Dieu bénir notreseigneur Mohamed, sa famille et ses compagnons!

(Sceau deS. M. Abdelaziz Benel HassanBen Mohamed,Dieues? sonprorec-
teur.)
A notre se~teur agréablelecaïd Brahim BenM'barek Ech-Chtouki Et-Tekni,
puisse Dieu te guider Et à toi salutation et miséricorde divines! Après ce
préambule,

Nous t'avonschargé - toietleserviteur Mohamed BenelBelld elBoussaïdi-
de prendre soindes côtes de nos sujetsheureux, de TaràaRas Bogador et d'y
êtreattentifs.
Nous vous ordonnons tous les deux de redoubler de vigilance activement et
sérieusement,par terre etpar mer;delesgarder secrhtementetpubliquement ;
de placer des vigies contre ceux qui veulent y créerce qui est contraire ou

incompatible avec ses traditions ; et de porter, sansàdla connaissance de
Notre Majestécequ'onpourrait ycréertant du côtéde la terre que du cbtéde la
mer.
Attention ! Ne manque pas de vigilance dans cette affaire. En effet,enous
êtes tousles deux responsables. M&meordre en a étédonné auserviteur Moha-
med Ben el Bellal. Salut !
Le le=Moharrem sacre .1319{correspondantau 20 avril 1901).

Annexe22

DAHIR DE S. M. ABDELAZIZ BEN ELHASSAN

Louange A Dieu Seul !
Puisse Dieu bénir notre seigneur Moharned et sa famille !

(Sceau de S.M. Abdelnziz Bene/ Hassan, Dieuest sonprotecteuret rnaitre.)

A notre serviteur agreable le caïd Hammadi Ech-Chbani. Puisse Dieu te
guider ! Et Btoi salutation et miséricorde divines! Aprèsce préambule,

Nous avons chargénos serviteurs: le caïd Brahim Ben M'barekEch-Chtouki
Et-Tecni et lecaïd Mohamed Ben elBellalel Boussaïddeprendre soindescôtes
de nos sujets heureux de TarFay&Ras Bogador, et de les préserverde cequ'on
pourraity créerparterre et par mer.
Nous t'informons pour que tu sois vigilant. Salut !

Le lerMoharrern 13 19(correspondant au 20avri1901). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe U

LETTRE D'AWMEDEL HIBA

(Sceau d2hmed el Hiba, Louange ADieu Seul !
esclave de son maître,
puiss Deieurassiste!) Puiss Dieu bénirnotreseigneM urohamed et sa
farnil!e
Aprésce préambule,
(Le caïd Moharned Ben el
Bellals'est présente ety a Que lesinionnésde la présenteparmiles mem-
acquiescéd'une faqon to- bresdu makhzen dont l'amine royal Allal Ben
tale et parfaite) Hayoun et autres, les Azerguynes et les autres,
sachent que les deux fi:le nadir Baba Ahmed
Ahmed el Hiba, fils du Ben Sidi Youssef et caïd Brahim Ben M'Barek
cheik, notre cheik Ma el ainsi que le rédacteurde la présente,en qualitéde
Aïnin ,uisse Dieu les ai- représentantducaïd Mohamed Ben elBellal,et en
der tous les deux et leurs présencede notre cheik,lecheik Ma el Aïnin -
amis ! puisse Dieu lui assurer une longuev-eont tenu
une réunionau coursde laquelle a ete discutéela

Amen ! question des six sentinelles dont les soldes sont
allouéesen 1322par lesultan Moulay Abdelazi-
puisse Dieu le glorifier !
L'assistancaétéd'accord pourverserlessoldes
de deux sentinellASlimaneBenBoujemaaBenel
Guellal.
Que quiconque contrevient ouviolela présente
nefait que contrevenir Anotreordre et d'autrepart
II l'ordre du Sultan, puisse Dieu le glorifier !
Salut !

Le 20 Kaada 1322 (correspondanrnu 26janvier
1905). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 24

EXTRAIT DU TRAIS DE PAIX CONCLU ENTRE S. M. LE SUL-
TAN SIDI MOHAMED BEN ABDALLAH BENISMArL ET S. M. CHAR-
LES III, ROI D'ESPAGNE, EN DATE DU ler MOHARREM 1181
(CORRESPONDANT AU 28MAI 1767)

Article 18

Sa Majesté - que Dieu le glorifie - a mis en garde les habitants des îles
Canaries pour lespêchessurlescôtesde l'ouedNoun et au-delà,et ellen'estplus
responsablede ce qui pourrait leur advenir avec les populations locales qui
échappent aux décisions ellesqui ne se fixent pas, mais campent 18où elles
veuientet serendent où bon leursemble.Ledangerque risquentlesCanariensest
certain, avecesgens-là.
Quant à larégionallant des cbtes d'Agadir Ala régionde ces nomades, cette

partie s'abrite sous I'ombrede notre sécurité.
Sa Majesté - que Dieu l'assiste- a permis aux habitants des Canaries de
pêcherdans lescôtesd'Agadiretlesaexonérésdesdroits.Ellealaissécescôtes-ci
al'intentiondesCanariens tdesautresEspagnols,sansconcurrence destiers,en
considérationde la paix et de la trêve.

' Voir ci-aprkles exposésoraux prononcéparM. Dupuy le 3juillet1975(IV,
p. 294-295)et lejuill1975(V,p. 210)etparM. GonzalesCampos le21juille1975 ,
(V,p.79-82)./Note du Grefle.1 SAHARAOCCIDENTAL

Annexe25

TRAITJ?AVEC LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE
DES 23-28JUIN 1786 '

Truitéd'amitié,de commerceet de navigation
entre les Etats-Unisd'Amérique etl'empereur duMaroc

Au nom de Dieu tout-puissant.
Laprésente estun traitéde paix etd'amitié,établientre nous et lesEtats-Unis
d'Amérique,qui a étéconfirméetquenous avonsordonnéd'2treenregistrédans
le présentlivreet scelléde notre sceauroyal Anotre courde Maroc,le25du mois
bénide Chaabane. l'an 1200,nous reposant sur Dieu que ce traité sera perma-
nent.

Arlicfepremier. Nous déclaronsque les deux parties sont convenues que le
présent traité,composéde vingt-cinq articles,sera inséré dansce livre et remis
I'honorable Thomas Barclay, actuellement agent des Etats-Unis notre cour,
avec l'approbation duquelil a étéfait, et qui est dûment autorise de leur partà
traiter avec nous de tous les objets ycontenus.
ArticleII. Lorsqu'une des deux parties sera en guerre avec une nation quel-

conque, l'autre partie ne prendra point de commission de cet ennemi, ni ne
combattra sous son pavillon ou drapeau.
ArricleIII.Si l'une ou l'autre des deux parties est en guerre avec quelque
nation que ce soit, et qu'ayant fait une prise appartenant Bcette nation il y soit
trouvéAborddes sujetsou effetsappartenant Bl'autrepartie,les sujetsseront mis
en liberté,et leseffets seront rendus aux propriétaires.Et si des effets apparte-
nant quelque nation, avec laquelle l'unedes parties serait en guerre, fussent
chargés A bord de vaisseauxappartenant i l'autre partie, ilspasseront librement

etsansêtremolestés.sansqu'ilsoit même faitaucune tentativepour s'enemparer
ou pour les détenir.
Article1V. IIsera donnéun signalou passeport Btousbâtiments appartenant
auxdeuxparties, par lesquelsilspourrontse reconnaître mutuellement lorsqu'ils
se rencontreront en mer. Et si le commandant d'un vaisseau de guerre appar-
tenant I'unedes parties a d'autresbâtimentssous sonconvoi,la déclarationdu
commandant suffira seule pour les exempter de toute recherche.
ArricleV. Sil'une des parties est en guerre et qu'elle rencontre en mer un

vaisseauappartenant A l'autrepartie, ilest convenu quesiune recherche àbord
doitavoir lieu,ellesefera en envoyant une chaloupe avecdeux ou troishommes
seulement ;et s'ilse tirequelque coup, ou qu'ilse fassequelque dommage,sans

' Caille.LRsaccordrinrernnrionauxdu Sultan,p.260. Cet ouvragecontientla note
suivante: iTraduction de Martens(ouvrage cité, tII, p.54-62).Cette traduction
manque parfoisde clarté,mais nousa parue moins obscured. ansl'ensembleq,uecelle
de Hauterive et Cussy (ouvrage cité2e partiet. 3, p. 272-277Ellementionnedeux
dates: Blafindupréambulel,e 25 Chaabane 1200,c'est-8-dirle23juin 1786,etinfine,
aprésl'articXXV, le1trRamadan 1203,c'est-&:dirlee28jui1786.Letextenenousa
pas sembléassezprécispourchoisirentrelesdeuxdates ;c'estpourquoi nous avondsaté
le traitéde(23-28juin 1786».DansHauteriveetCussy, la concordance est indiquée
d'unefaçon trksfantaisistequi n'apu êtreretenue.a DOCUMENTS DU MAROC 225

qu'on y ait donnélieu, la partie qui aura fait l'offenseprocurera l'indemnitéde
tous les dommages.

Arlicle VI. Au casque quelqueMaureconduisedes citoyensdesEtats-Unis ou
leurseffetsa SaMajesté, les citoyensseront immédiatementmisen libertéet les
effets rendus. De m&rne,au cas que quelque Maure, n'étant pointsujet de cet
Empire,fassela prise de quelques citoyensd'Amériqueou deleurseffets,et qu'il
les conduise dans quelqu'un des ports de Sa Majesté, ilsseront immédiatement
relâchésou rendus ;et ils seront regardés commeétantsous la protection de Sa
Majesté.
Article VII. Si quelque vaisseau de l'uneou de l'autre partie relâche dans les
ports de l'autre et qu'il ait besoin de quelques provisions ou autres nécessités,
elles lui seront fournies, sans le moindre délaini molestation.

ArticleVIII. Siun vaisseaudesEtats-Unis éprouvequelquedésastreen meret
qu'ilrelftchedans un de nos ports pour se réparer,il lui sera libre de remettre sa
cargaison Aterre et de la rembarquer, sans payer aucun droit quelconque.
ArricleIX. Siquelque vaisseau des Etats-Unis soitjetésur quelque partie de
nos cales, et qu'ily échoue,il restera toujouàsladisposition despropriétaires ;
et personne n'entreprendra de s'en approcher sans leur aveu, vu qu'on le con-
sidéreraalors comme étantparticulièrement sousnotre protection. Et siquelque
bâtiment des Etats-Unis est forcéde relâcher dans nos ports par le mauvais '
temps, ou par quelque autre raison pareille, il ne sera pas obligéde mettre sa

cargaison li terre;mais il restera en tranquillité,jusqu'à ce que le commandant
juge à propos de continuer son voyage.
Arrick X Siquelque vaisseau de l'une ou de l'autre des parties est en enga-
gement avecun vaisseau,appartenant a quelqu'une desPuissances chrétiennes, à
la portéedu canon des châteaux de l'autre, le vaisseau qui se trouvera ainsien
action sera défenduet protégé autantque possible,jusqu'licequ'ilsoit en sûreté.
Et si quelque vaisseau américainéchouesur les côtes de Wadnoon 'ou sur
quelque autre côte voisine, l'équipagey appartenant sera protégéet assisté,
jusqu'ii ce qu'à l'aidede Dieu il puisse étrerenvoyédans son pays.

Artide XI. Si noussommes en guerre avec quelqu'unedes puissances chré-
tiennes, et que quelqu'un de nos vaisseaux fassevoiledes ports des Etats-Unis,
aucun bâtiment appartenant à l'ennemi nepourra le suivre dans un délaide
vingt-quatre heures apres ledépartde nos navires.Et la mêmerègles'observera à
l'égarddes bâtiments américains,sortant de nos ports, que ces ennemis soient
Maures ou chrétiens.
ArticleXII. Si quelque vaisseau de guerre, appartenant aux Etats-Unis, re-
lâche dans quelqu'un de nos ports, iln'y sera point fait des recherches, sous
quelque prétexteque ce soit, mêmedans le cas qu'il s'y trouverait des esclaves
fugitifsà bord. Et le gouverneur ou le commandant de la place ne les forcera

point à amener ces esclavesa terre, sous aucun prétexte,ni n'exigerapour eux
aucun paiement.
Article XIII. Lorsqu'unvaisseaude guerrede l'unedesparties entrera dans le
port de l'autre et saluera, le salut lui sera rendu par le château avec un nombre
égalde coups, ni plus ni moins.
Article XI V. LecommercedesEtats-Unis serasurlemême pied que celuiavec
l'Espagne,ouceluiavecla nation qui seraalorslaplus favorisée.Etleurscitoyens
seront respectéset estiméset auront pleine libertédepasser et repasserpar notre
pays et par nos ports de mer, aussi souvent qu'il leurplaira, sans interrup-

tion.

'11faut lire:(isur lecôtes de l'ouedNoun u.226 SAHARA OCCIDENTAL

Arricle XK Les marchands des deux pays n'emploieront tels interpréteset
autres personnes pour les assister dans leurs affaires, qu'ils jugeroatpropos.

Aucun capitaine de vaisseaune transbordera sacargaison sur un autre bâtiment.
11neserapas retenu dansle port plus longtemps qu'il netrouvera convenable ;et
toutespersonnes, employées àchargerou à décharger,ou quelque autre travail
que ce soit, seront payéesau taux usité.ni plus ni moins.
Article XVI. Dans le cas d'uneguerre entre lesdeuxparties, lesprisonniers ne
seront pasfaits esclaves,maisilsseront échangésl'un pour l'autre,capitaine pour
capitaine, officier pour officier, matelot pour matelot. Et sid'un côté lenombre
n'estpas égal,cemanque sera remplipar lepaiement de centdollars mexicains '
pour chaque personne qui manquera. Ii est convenu aussi que tous prisonniers

seront échangés dans un délaide douze mois,Acompter de ladate qu'ilsauront
été pris;et cet échangepourra s'effectuerpar un négociantou par quelque autre
personne, autorisée a cet effet par l'une des parties.
Article XVII. Les négociants neseront pas forcés aacheter ni vendre aucune
espèce de marchandises que cellesqu'ils jugeront à propos. Et il leur sera libre
d'acheter ou de vendre toute sorte de marchandises, excepté cellesqui seraient
défenduesaux autres nations chrktiennes.
Artide XVIII. Toutes les marchandises seront peséeset examinéesavant
qu'ellessoient envoyées à bord. EtA l'effetd'évitertoute détentionde vaisseaux,
il neserafait ci-aprèsaucune recherche àbord, à moins qu'ilne soit auparavant

prouvé qu'ilaétéenvoyédes marchandises de contrebande à bord ;dans lequel
cas les personnes, qui auraient pris de la contrebande à bord, seront punies
conformément a l'usageet aux coutumes du pays ; et aucune autre personne
quelconque n'éprouveradu tort à ce sujet, ni le vaisseau ou sa cargaison n'en-
courront aucune pénaliténi dommage quelconque.
ArticleXIX. Aucun vaisseauneseradétenudans leport sousquelqueprétexte
que ce soit ;et il ne sera obligéBprendre à bord aucun article, sans le consen-
tement du commandant, qui sera entiérement le maitre de convenir du fret de
toutes les marchandises qu'il embarquera.

ArticIe XX. Si quelques-uns des citoyens des Etats-Unis, ou quelques autres
personnes setrouvant sous leurprotection, ont un différendensemble,le consul
décideraentre les deux parties ; et toutes les fois que le consul exigera quelque
aide ou assistance de la part de notre gouvernement, pour faire exécuter ses
décisions, ellelui sera immédiatementaccordée.
Article XXI. Au caçqu'un citoyen des Etats-Unis tue ou blesseun Maure. ou
si au contraire un Maure tue ou blesse un citoyen des Etats-Unis, la loi du pays
serasuivie ;etilserarendu unejustice égale,leconsul assistant aujugement. Et si
quelque délinquantéchappe dela prison, leconsul neserapas responsable de sa
personne, en quelque manikre que ce soit.

Article XXII. Au casqu'un citoyen américain vienne à mourir dans nos Etats
et qu'il ne se trouvepoint de testament, le consul prendra possession de ses
effets ;et s'iln- - point de consul, leseffets seront dé~osésentre les mains de
quelquepersonne de confiance,jusqu'h cequ'ilseprésente quelqu'unqui seraen
droit delesréclamer. Mais au casaue l'héritierdudéfuntsoitorésent.lesbiens lui
seront remis sans interruption. ~isi l'on trouve un testament, leseffets parvien-
dront A celuiquiauraétédésigné parcette dispositiontestamentaire,aussitôt que
le consul en aura proclamé lavalidité.
Article XXIII. Les consuls des Etats-Unis d'Amérique feront leurrésidence
dans celui des ports de notre domination qu'ilsjugeront à propos. Ils seront

-
l Hauteriveet Cussydisent : <centpiastresd'Espagr n.e DOCUMENTS DU MAROC 227

respectés etjouiront de tous lesrivilkgesdont jouissent lesconsuls de quelque
autre nation que cesoit. Et au cas que quelque citoyen des Etats-Unis contracte
des dettes ou des engagements, le consul n'en sera pas responsable en aucune
façon àmoins qu'il n'aitdonnéune promesse par écritpour leur paiement ou

acquit, sans laquelle promesse par écritl'on ne s'adressera poinàlui pour en
obtenir la prestation.
ArticleXXIK S'il s'éléve quelques différends,li raison de l'infraction, que
l'une ou l'autre des parties aurait faàtquelque article de ce traité,la paix et
l'harmonie continueront néanmoinsde subsister dans leur vigueur la plus en-
tiére,jusqu'h cequ'ilait étéfaitune demande amicalepour un arrangement ;et
avant que cette demande ait étérejetée, l'onn'aura point recours aux armes. Au
casque laguerre sedéclareentrelesdeuxparties, ilseraaccordéun délaide neuf
mois àtous tes sujets des deux parties pour disposer de leurs effets et se retirer

aveccequi leurappartient. Et ilestdéclaréultérieurementque toute indulgence'
à l'égarddu commerce ou autrement, qui sera accordéeh quelqu'une des puis-
sances chrétiennes.les citoyens des Etats-Unis seront égalementen droit de la
réclamer.
Article XXK Ce traité continuera d'avoir son entiere force, avec l'aide de
Dieu, durant un espace de cinquante ans.

Nous avons remis ce livre entre les mains du susdit Thomas Barclay, le
premier jour bénidu mois de Ramadan, I'an 1200.

Jecertifieque lacopie ci-jointeestvéritabledela traduction qu'IsaacCordoza
Nunez, interpréte à Maroc. a faite du traitéentre l'empereur du Maroc et les
Etats-Unis d'Amérique.

(Signé)THOMAS BARCLAY.

Articleadditionnel

Grâce soità l'unique Dieu.
Moi, soussigné,le serviteur de Dieu, Taher Ben Abdellah Fennish 2,certifie
que Sa Majestéimpériale, monmaître (que Dieu conserve), ayant conclu un
traitédepaix etdecommerceaveclesEtats-Unisd'Amérique,m'aordonné, pour

lecompléterd'autant mieuxetenaddition al'article Xdu traité,dedéclarer :que
siquelque vaisseau,appartenant auxEtats-Unis, setrouvedans quelqueport des
Etats-Unis de Sa Majestéou à la portéedu canon de ses forts, il sera protégé
autant que possible. Et aucun vaisseauquelconque, appartenant à des puissan-
ces, soit maureou chrétiennes,avecIesqueIIeslesEtats-Unis pourraient étreen
guerre,n'obtiendra la permission de le suivreou de l'attaquer, attendu que nous
regardons iiprésentles citoyens de l'Amériquecomme nos bons amis. Et, en
obéissanceauxordresde SaMajestéj.e certifiecettedéclaration,enlasignant de

ma main, et y apposant mon sceau, le dix-huitiémejour de Ramadan I'an
1200.
Le serviteur du Roi, mon maître, que Dieu conserve,
(Signé)TAHER BEN ABDELLAF HENNIÇH.

Je certifie que ce que dessus est une copie véritabledlatraduction faiteA
Maroc par IsaacCordoza Nunez,interpréte,d'unedéclarationfaiteet signéepar

Il fautlir:(itoutavantage i).
Vaher Fennish, quiétaiallécomme ambassadeuren France en 1777-1778.228 SAHARAOCCIDENTAL

SidiHage Taher Fennish, en addition au traitéentre l'empereurdu Maroc el les
Etats-Unis d'Amérique,laquelle dtclaration ledit TaherFennish a faite par les
ordres exprèsde Sa Majesté.

(Signé)THOMAB SARCLAY.

Annexe26

EXTRAITS DU TRAITE DE PAIX CONCLU À MEKNÈS
LE 22 RAMADAN 1213(CORRESPONDANTAU lerMARS 1799)

Au nom de Dieu. clément et miséricordieux !

(Sceau de S. M. Mouiay Slimane.)

Lorsqu'est arrivé(AMeknPs)I'illustreambassadeur Juan Salomon, en qualité
d'émissairedu roid'EspagneCarlos IVauprèsde S.M. Moulay Slimane,prince
descroyants, sultan des musulmanset roidu Maroc, dans lebut de reconduire (le
traité)de paix déjàconclu entre les deux Etats, de le confirmer et d'y inclure

d'autres affaires nécessitpar l'intérêtes sujets des deux parties,
Sa Majesté a donnél'ordre, & son ministre SjdjMohamed Ben Othmane,
d'entamer les négociationsavecledit ambassadeur.
La teneur de cequi estconcluet decequiseraarrange sera,par écrit,consignée
et esquissée,de façonà ce que le texte de l'accord reste sainet sauf de ce qui
pourrait troubler une paix bien tracéeentre les deux rois et leurs sujets.
Puisse la volontédivine le sauvegarder des dégâtset des pertes ! Amen !

(Enurnérationdes irente-huiujfairesprésentéesar ledirambassadeur.)

Si un bateau espagnol s'échoue(dans les côres)de l'au-delà du Sous et de
l'oued Noun, (c'esten considérationde I'arniiique voue le roi d'Espagneà
l'égardde notregrand seigneur-puisse Dieu lefortifier !-(que) Sa Majestéfait
toute rechercheet use deson influencepour lesauveta-eet lerapatriement des

sujets du bateau échouée,t ce, par les moyens possibles.
(Signé)MOHAMEB DENOTHMAN,

puissent les grâces divines le combler ! DOCUMENTS DU MAROC

Annexe27

TRAITÉ DE PA~XET D'AMITI EENTRE LES GTATS-UN IE L'AMÉ-

RIQUE SEPTENTRIONALE ET L'EMPEREUR DU MAROC, CONCLU
ET SIGNE A MEKNÊS LE 16 SEPTEMBRE 1836 '

Praise be to God !
This isa copy of the Treaty of Peace whichwehave made with the Americans
and written in this boo;affWng thereto our blessed seal, that, with thehelp of
God, it may remain firm for ever.
Wntten at Meknez, the city of Olives,on the 3d day of the month Jarnad el
Lalshar, in the year of the Hegira 1252(corresponding to 16September, A.D.
1836).

Article 1. Wedeclare that both parties have agreed that this treaty, consisting
of 25articles,shall beinsertedinthisbook, and deliveredtoJamesR. Leib,agent
of the United States, and now their resident consul at Tangier, with whose
approbation it has been made, and who isduly authorized on their part, to treat
'ith us, concerning al1the matters contained therein.
Article 2.If either of the parties shallbe at war with any nation whatever, the
other shall not take a commission from the enemy, nor fight under their
colours.
Article3. If either of the parties shallbe at waanytnation whatever, and

take a prize belonging tothat nation,and there shallbe found on board subjects
or effects belonging to either of theparties, the subjects shallbe setat libertyand
the effects returned to the owners. And if any goods, belongingany nation,
with whom either of the parties shall be at war, shall be loaded on vessels
belonging to the other party, they shall pas free and unmolested, without any
attempt being made to take or detain them.
Article 4. A signal, or pass, shall be given to al1vessels belonging to both
parties, by which they are to be known when they meet at sea ; and if the
commander of a ship of war of either party shall have other ships underhis
convoy,thedeclaration of thecommander shallalonebesufficient toexempt any

of them from examination.
Artide 5. If either of the parties shdl be at war, and shall meet a vesse1at sea
belonging to theother. it isagreed,that ifan examination is tobe made,it shallbe
done by sendinga boat with twoorthree menonly :and if anygunshallbe fired,
and injury done, without reason, the offending party shall make good dl darn-
ages.
Article 6. If any Moor shallbringcitizens of theUnited States,or theireffects,
to his Majesty, the citizens shdl immediately be set at liberty, and the effects
restored ; and, in like manner, if any Moor, not a subject of these dominions,

shall make prizeof anof the citizensofAmerica or theireffects,and bnng [hem
into anyof the ports of His Majesty, they shallbe immediately releasetheys
will then be considered as under his Majesty'sprotection.
Article 7. If anyvesse1of either party, shdl put into a port of the other, and
have occasion for provisions or other supplies, they shallbe furnished without
any interruption or molestation.

1 Reproduitdu Nouveaurecueil derrairéde Martens, tIV,nouvellesériep. 685
etsuiv.230 SAHARA OCCIDENTAL

Article 8. Ifany vessel of the United States shall meet with adisaster atsea,
and put into one of our ports to repair, sheshailbe at liberty to laand teload
her cargo, without paying any duty whatever.
Article 9. If anyvesselof the United States shallbe cast on shore on any part
of Ourcoasts, sheshdl remain at the disposition of the owners,and no one shall
atternpt going near her without their approbation, as she is then considered
particularly under our protection ;and if any vesselof the United States shallbe
forced to put into our ports by stress of weather, or otherwise she shall not be

compelled toland hercargo,but shdl remainintranquillity until thecommander
shall think pruper to proceed un his voyage.
Article10. Ifanyvesselofeitherof theparties shallhaveanengagement with a
vesselbelonging to any of the Christian Powers,within gun-shokof the forts of
the other, the vessel so engaged shail be defended and protected as much as
possible, until sheisin safety:and if anyAmerican vesse1shallbecast on shore,
on the coast of Wadnoon or anycoast there about, the people belonging to her
shailbeprotected and assisted,untilby the helpof Gad, theyshallbesent to their
country.
ArticleII. If we shaHbe at war with any Christian Power, and any of Our
vesselssailsfrom theports of the United States. no vesselbelonging to theenemy

shall folIow, until 24 hours after the departure of our vessels :and the same
regulation shall beobserved towards theAmerican vesselssailingfrom our ports
be their enemies Moors or Chnstians.
Article12. If any shipofwar belongingto theUnited States,shallput into my
of Ourports, she shdl not be exarninedon anypretence whatever, even though
sheshould havefugitiveslaveson board, nor shallthe governoror commander of
the place compel them to be brought on shore on any pretext, nor require any
payment for them.
Article 13. If aship of either party shall be put into a port of the other, and
salute, it shall be returned from thefort wian equal number of guns, not more
or less.
Article 14. The commercewith theUnited States shallbe on the samefooting

as is the commerce with Spain, or asthat with the most favoured nation for the
time being ;and their citizens shall be respected and esteemed. and have full
liberty to pass and repass our country and seaports whenever they please,
without intermption.
Article 15. Merchants of both oountries shall employ interpreters, and such
other persons to assist them in their business as they shall think proper. No
commander of avesselshalltransport his cargoon board another vessel ;heshall
not be detained in port longer then he may think proper ; and al1 persons
employed in loading or unloading goods,or in any otherlabour whatever, shail
be paid at the customary rates, not more and not less.
Article16. In caseof warbetweentheparties,theprisonersare not to bemade
slaves,but to be exchanged one for another, captain, officerfor officer, and one

private man for another, and if there shall provea deficiencyon either side, il
shallbemade upby thepayrnentof 100 Mexicandollars foreachpersonwanting.
And it is agreedthat al1prisoners shallbe exchanged in 12months from the time
of their being iaken, and that this exchange may be effected by a merchant, or
any other person, authorized by either of the parties.
Article 17. Merchants shail not be compelled to buy or sel1anykindof goods
but such as they shall think proper: and may buy and seIlal1sorts of merchan-
dize but such as are prohibited to the other Christian nations.
Ariicle 18. All goods shall be weighed and examined before they are sent on DOCUMENTS DU MAROC 23 1

board ;and to avoid al1detention of vessels,no examination shailaftenvards be
made, unless it shdl first be proved that contraband goods have been sent on

board ;in whichcase, thepersons who took thecontraband goodson board shall
be punished according to the usage and custom of the country, and no other
person whatever shall beinjured,nor shall theship or cargoincur any penalty or
damage whatever.
Article 19. No vesse1shall be detained in port onany pretence whatever ;nor
be obliged to take on board any article without the consent of the commander,
who shall be at full liberty to agree for the freight of any goods he takes on
board.
Article 20. If any of the citizens of the United States, or any persons under

their protection, shall have any dispute with each other, the consul shall decide
between the parties ;and whenevertheconsulshailrequireanyaid, or assistance
from our Govemment, to enforcehisdecisions,it shallbeimmediatelygranted to
him.
Article 21. If acitizenof theUNtedStatesshouldkillorwound aMoor,or, on
the contrary, if a Moor shallkill or wound a citizenof the United States, the law
of the country shail take place, andequal justice shall be rendered, the consul
assisting at the triai, and if any delinquent shall makehisescape, theconsul shall
not be answerable for hirn in any manner whatever.
Article11. If an American citizen shalldie in our country, and no will shall

appear, the consul shall take possession of his effects ;and if there shall be no
consul, the effectsshallbedeposited in the hands ofsorneperson worthyof trust,
until the party shallappearwho hasa right todemand them ;but iftheheir to the
person deceased be present, the property shall be delivered to him without
interruption, and if a will shall appear the property shdl declare the validity
thereof.
Article23. The consuls of the United States of America shall reside in any
seaport of Ourdominions that they shall think proper ; and they shall be res-
pected, and enjoy al1the pnvileges which theconsulsof any othernation enjoy :

and if any of the citizens of the United States shall contract any debts or
engagements, theconsulshall not beinany rnanner accountable for them.unless
he shall have given a promise in writing for the payrnent or fulfilling thereof ;
without which promise in writing no application to hirnfor any redress shall be
made.
Article24. Ifany differencesshall arisebyeitherparty infringingon anyofthe
articles of this treaty, peace and harrnony shall remain notwithstanding, in the
fdlest force, until friendly application shall be made for an arrangement ;and
until that application shall be rejected,no appeal shallbe made to arms. And if a
war shall break out between theparties, nine months shall be granted to al1the

subjects of both parties to dispose of their effectsand retire with their property.
And it isfurthcr declared that whateverindulgencein trade or otherwise shall be
granted to any of the Christian Powers,the citizensof the United States shall be
equally entitled to them.
Article 25. This treaty shall continue in force, with the helpof God, for 50
years ; after the expiration of which term the treaty shallcontinue to be binding
on both parties, until the one shall give 12rnonths' notice to the other, of an
intention to abandon it ;in which caseitsoperations shallceaseat theend of the
12 months. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe2%

ACCORDS ANGLO-MAROCAINS DU 9 DÉCEMBRE 1856

A. Traité généraelntre b Grande-Bretagneet IeMuroc

Her Majesty theQueen of the United Kingdom of Great Bntajn and Ireland,
and His Majesty the Sultan of Morocco and Fa, being desirous to maintain and
strengthen the relations of friendship whichhave long subsisfed between their
respective dominions and subjects, have resolved toproceed to a revision and
improvement of the Treaties subsisting between the respectivecountries, and
have for that purpose named as their Plenipotentiaries, that is to say:

Her Majesty theQueen of the United Kingdom of Great Britain and Ireland,
JohnHay Drummond Hay,Esquire,Her Chargéd'Affairesand Consul-Generd
at the Court of His Majesty the Sultan of Morocco and Fa ;
And His Majesty the Sulkau of Morocco and Fez, Seed Mohamed Khateeb,
His Commissioner for Foreign Affairs ;
Who, after having cornmunicated to each other their respective full powers,

have agreed upon and concluded the following Articles :
Article 1There shall be perpetual peace and friendship between Her Ma-
jesty the Queen of the United Kingdom of Great Britain and Ireland, her heirs
and successors,and His Sherifian Majesty the Sultan of Morocco and Fez, and
between their respectivedominions and subjects.
ArticleII. Her Majesty the Queen of Great Britain may appointone or more
Consulsin thedominions of theSultan of Moroccoand Fez ;and suchConsulor

Consuls shall be at liberty to residein any of the sea-ports or citiesof the Sultan
of Morocco which they or the British Government may choose, and find most
convenient for the affairs and seMce of Her Britannic Majesty, and for the
assistance of British merchants.
ArticleIII. The British Chargéd'Affaires,or other political agent accredited
by the Queen of Great Britain to the Sultan of Morocco, as also the British
Consulswho shall residein thedominions of the Sultan of Morocco,shall always
have respect and honour paid to them, suitabletotheir rank. Their houses and
familiesshall be safeand protected. No one shallinterfere with them,or commit

any act of oppression or disrespect towards them, either by words or by deed;
and ifany one should doso, he shall receivea severepunishment, as acorrection
to hirnselruida check to others.
The said Chargé d'Affairesshall be at liberty to choose his own interpreters
and servants,either lrorn the Mussulmans or others, and neither his interpreters
nor servants shallbe cornpelledtopay anycapitation tau, forcedcontribution, or
other sirnilar or corresponding charge. With respect to the Consuls or Vice-
Consuls who shall reside at the ports under the orders of the said Chargé
d'Affaires, they shallbe at liberty to choose one interpreter, one guard, and two
servants,either from the Mussulrnansorothers ;and neither the interpreter, nor

theguard, nor theirservants, shallbe compelledtopay any capitationtax,forced
contribution,or other similar or corresponding charge. If the said Charge d'Af-
.-
'Signéen angla etsen arabe.Le texteest tirédla publicatioofficie1leanglaise
Srale Papers,vol.46, p.176et suiv. DOCUMENTS DU MAROC 233

faires should appoint a subject of the Sultan of Morocco as Vice-Consul at a
Moorish port, the said Vice-Consul, and those members of his family who rnay
dwell within his house, shall be respected, and exempted from the payment of

any capitation tax, or ot!ier similar or corresponding charge ;but the said
Vice-Consul shall not take under his protection any subject of the Sultan of
Morocco except the rnembers of his family dwelling under his roof. The said
Chargéd'Affaires, and the said Consuls, shail be permitted to have a place of
worship, and tohoist theirnational flagat al1timeson thetop of thehouseswhich
they may occupy,either in the city or out of it, and also in their boats whenever
they goto sea.No prohibitionnor ta shallbe put upon their goads,fumiture, or
any other articles which may come to them for their own use and for the use of
their families, in the dominions of the Sultan of Morocco ;but the said Chargé
d'Affaires,Consuls,or Vice-Consuls,shallberequired todeliverto theofficersof

the Customs a note of hand, specifying the number of articles which they shall
require to be passed. This privilege shall only be accorded to those Consular
Officers who are not engaged in trade. If the serviceof their sovereignshould
require their attendance in their own country, on absence they shodd depute
another person toact forthem in their absence, theyshall not be preventedin any
way from so doing ;and no impediment shall be offered either to themselves,
their servants, or their property, but they shall be at liberty to go and come,
respected and honoured ;and both they themselvesand their deputies or Vice-
Consulsshallbeentitled, in themost ample sense,to everyprivilegewhichisnow
enjoyed, or may in future be granted, to the Consul of any other nation.
Article IV. With respect to the personal phvileges to be enjoyed by the sub-
jects of Her Bntannic Majesty in the dominions of the Sultan of Morocco, His

Shenfian Majesty engages that they shall have a free and undoubted nght to
traveland to residein theterritonesand dominions ofhissaid Majesty,subject to
the same precautions of police which are practised towards the subjects or
citizens of the most favoured nations.
They shdl be entitled to hire, on lease or otherwise, dwellings and ware-
houses ;and if a British subject shall not find a house or warehouse suitable for
his dwellingor for hisstores, the Moorish authorities shdl assisthim infinding a
site, within the localities generally selected for the habitations of Europeans, if
there be a suitable sitewithin the town, for building a dwelling,or stores,andan
agreement shall be entered upon, in writing, with the authonties of the town,

regarding the number of years that the British subject shallretain possessionof
the land and buildings, in order that he shail thus be repaid the expenses of the
outlay he shallhavemade ;and no person shallcompel the Britishsubject to give
up the dweIling or warehouses until the time mentioned in the said document
shall have expired. They shail not be obliged to pay, under any pretence what-
ever, any taxes or impositions. They shail be exempt from al1military service,
whether by land or sea ; from forced loans, and from every extraordinaq
contribution. Their dwellings,warehouses, and al1 premises appertaining there-
to, destined for purposes of residence or commerce, shall be respected. No
arbitrary search of or visit to the houses of British subjects,and no examination
or inspection whatever of their books, papers, or accounts, shall be made ;but

such measures shall be executedonly in conformity with the orders and consent
of theConsul-Generai or Consul.And, generally, His Majesty theSultanengages
that the subjects of Her Britannic Majesty residing in his States or dominions
sha1lenjoy their property and persona1security in asfull andamplea manner as
subjects of the Emperor of Morocco are entitled to do within the territones of
Her Britannic Majesty.234 SAHARA OCCIDENTAL

Her Britannic Majesty, on her part, engages to ensure the enjoyment of the
same protection and privileges to the subjects of His Majesty the Sultan of
Morocco within her dominions, which are or rnaybe enjoyed by the subjects of
the most favoured nations.
Article V. Al1British subjects and merchants who may wish to reside in any

part of the dominions of the Sultan of Morocco shall have perfect secunty for
their own persons and property ;and ihey shall be free to exercise the rites of
their own religion,without any interference or hindrance, and to have a bunai-
placefor their dead ;and theyshallbe allowedto goout to bury them withsafety
and protection in going and in returning. They shall be free to appointany one
whom they may choose of their own friends or servants for the transaction of
their affairs, either on land or at sea, without anyprohibition or interruptio;
and if a British merchant shallhave aship in or outside of one of the harbours of
the Sultan of Morocco, he shall be permitted to go on board of her, either by
hirnself or with any whom he likes of his friends or servants, without eiiher
himself or his friends or servantsbeing subjecied to any forced contribution for

so doing.
Article Vf. Any person subject to the Queen of Great Britain, or under her
protection, shallnot be compelled to sel1or to buy anything without hisownfree
will,nor shall anyof the Sultan of Morocco'ssubjects havea claimor right upon
any goods of a British merchant, but what, such rnerchant may give them
voluntarily ;and nothing shall be taken away from any British rnerchant but
what shall be agreed upon between the respectiveparties.
The sarne rule shall be observed with regard to Moorish subjects in the
dominions of the Queen of Great Britain.
Article MI. No subject of the Queen of Great Britain, nor any person under
her protection, shall, in the dominions of the Sultan of Morocco,be made liable
to paya debt due frum anotherperson of his nation, unlesshe shdl have made
himself responsible or guarantee for the debtor, by a document under his own
handwriiing ;and, inlikemanner, the subjectsoftheSultan ofMorocco shallnot

be made liable topay adebtduefromanother person ofhisnation to asubjectof
Great Britain, unless heshallhave madehimselfresponsible or guarantee for the
debtor by a document under his own handwriting.
Arricle VIII. In al1criminal casesand complaints, and in al1civil differences,
disputes of causes of litigation which rnay occur between British subjects, the
British Consul-General, Consul, Vice-Consul,or Consular Agent, shall be sole
judge arbiter. No Governor, Kadi, orother Moorish authority, shallintermeddle
therein ;butthesubjects d HerBritannicMajestyshall,in al1mat tersof criminal
or civil cognizance arising or existing between British subjects exclusively,be
amenable to the tribunal of the Consul-General,Consul, or other British autho-
nty only.
ArticleIX All criminal cases and complaints, and al1civil differences, dis-
putes, or causesof litigation arising between British subjectsand subjects of the

Maorish Government, shallbe adjusted in the following manner.
If the plaintiff be a British subject and the defendant a Moorish subject, the
Govemor of the town or district, or the Kadi, according as the case may
appertainto their respectivecourts,shalialonejudge thecase ;the British subject
making his appeal to the Govemor or Kadi, through the BritishConsul-General,
Consul, or his deputy, who willhave a right to be present in the court during the
whole trial of the case.
In a like manner, if the plaintiff be a Moorish subject, and the defendant a
Britishsubject, the caseshallbe referred to the solejudgment and decisionof the DOCUMENTS DU MAROC 235

British Consul-General, Consul, Vice-Consul,or Consular Agent ; the plaintiff
shall make his appeal through the Moorish authorities ;and the Moorish Gov-
ernor, Kadi, or other officer whornaybeappointed by themshallbepresent, ifhe
or they so desire,during the trial andjudgment of the case. Should theBntish or
Moorish litigant be dissatisfied with thedecisionof theConsul-Generai,Consul,
Vice-Consul, Governor, or Kadi (according as the case rnay appertain to their

respective courts), he shall have a right of appeal to Her Britannic Majesty's
Chargéd'Affaires and Consul-Generai, or to the Moorish Commissioner for
Foreign Affairs, as the case rnay be.
Arricle X. A British subject suing, in a Moonsh court of Iaw,a subject of the
Sultan of Morocco, for a debt contracted within the dominions of the Queenof
Great Britain, shail be required to produce an acknowlzdgment of the claÎm
written either in the European or Arabic characters, and signedby the Moonsh
debtor in the presenceof, and testified by, the Moorish Consul, Vice-Consul,or
Consular Agent, or before two witnesseswhosesignatures shall have beenat the
time, or subsequently, certified by the Moonsh Consul, Vice-Consul,or Con:
sular Agent, or by British Notary in a place where no Moorish Consul, Vice-

Consul, or Consular Agent resides. Each document so witnessed or certified by
theMoorish Consul,ConsularAgent, orBntish Notary, shall have fullforceand
value in aMoorish tribunal. Should at any tirnea Moorish debtor escape to any
town or place in Morocco where the authority of the Sultan may be established,
and where no British Consul or Consular Agent rnay reside, the Moorish Go-
vernment shall compel the Moorish debtor to corneto Tanger, or other port or
town in Morocco where the British creditor rnay desire to prosecute his claim
before a Moorish court of law.
Article Xi. Should the BritishConsul-General, or any of the British Consuls,
Vice-Consuls,orConsular Agents, haveat any time occasion to request from the
Moorish Govemment the assistance of soldiers, guards, arrned boats, or other

aidfor the purpose of arresting or transporting any British subject, the demand
shall immediatelybe complied with,on payment of the usual feesgivenon such
occasions by Moorish subjects.
Article XII. If any subject of the Sultan be found guilty before the Kadi of
producing falseevidenceto theinjuryorprejudiceofa Britishsubject,he shallbe
severely punished by the Moorish Government according to the Mahometan
law. In like manner, the British Consul-General, Consul, Vice-Consul or Con-
sular Agent, shall take care that any British subject whornaybe convictedof the
same offence against a Moorish subject,shall be severelypunished according to
the law of Great Biitain.

Article XJII. Al1British subjects, whether Mahometans, Jews,or Christians,
shall aiike enjoy al1the rights and privilegesgranted by the present Treaty and
the Convention of Commerce and Navigation whichhas also been concluded
this day, or which shall at any time be granted to the most favoured nation.
Article XIV. In al1crirninai cases, differences, disputes or other causes of
litigation arising between British subjects and the subjects or citizens of other
foreignnations, no Governor, Kadi orother Moorish authonty shallhave aright
to interfere, unlesa Moorish subjectrnayhave receivedthereby any injury tohis
person or property, in which case the Moorish authority, or one of his officers,
shall have a right to be present at the tribunal of the Consul.

Such cases shall be decided solely in the tribunals of the foreign Consuls,
without the interference of the Moorish Government, according to the estab-
lished usageswhichhavehitherto been acted upon,or rnayhereafterbe arranged
between such Consuls.236 SAHARA OCCIDENTAL

Arricle XV. It is agreed and covenanted that neither of the WighContracting
Parties shall knowinglyreceive into or retain in its serviceany subjects of the
other party who have deserted from the naval or military serviceof that other
Party ; but that, on the contrary, each of the Contracting Parties shall respec-
tivelydischarge from its senice anysuch deserters, upon being required by the

other party so to do.
And it is further agreed that if any of the crewof any merchani vesselofeither
Contracting Party, not being slaves, norbeing subject of the party upon whom
the demand ismade, shalldesert from suchvesselwithin anyport in the territory
of theother party,the authorities of suchport and territory shall bebound to give
every assistance in their power for the apprehension of such deserters, on
application beingmadeby theConsul-General or Consul of theparty concerned,
or by the deputy or representative of the Consul-General or Consul ; and no
person whatever shaHprotect or harbour such desertcrs.
Article XVI. No Britishsubject professing the Mahometan faith. or who may
have professed the Mahometan religion, shall be considered as having in any

rnanner lost.or asbeingby reason thereof in anydegreelessentitled to, the nghts
and privileges,or the full protection, enjoyed by British subjects whoare Chris-
tian~,but al1British subjects, whatever their religionmay be, shall enjoyal1the
rights and privilegessecured by the present Treaty to British subjects, without
any distinction or difference.
ArticleXVII. Any subjects of the Queenof Great Brilainwho may befound in
thedominions of the Sultan of Morocco,eitherin timeof peaceor in timeof war,
shall haveperfect liberty to depart to their own country, or toanyother country,
in theirown shipsor in the shipsof any other nation ;and they shallalsobe free
to dispose as theyplease of their goods and property of everykind. and to carry
awaywith them thevalue of al1such goods and property, as wellas to take their

familiesand domestics even though born and brought up in Africa or elsewhere
out ofthe Britishdominions,without anyone interferingwithorpreventing them
under anypretence. A11theserightsshdlbe likewisegranted to thesubjectsof the
Sultan of Morocco who may be in the dominions of the Queenof Great Britain.
ArticleXVIII. If any subjectof Her Britannic Majesly,orany nativeof a State
or place under British protection, should die in the dominions of the Sultan of
Morocco, no Governor or officerof the Sultanshall under any pretence. dispose
of the goods or property of the deceased, nor shall anyone interfere therewith ;
but al1the property and goods belonging tothe deceased. and al1that wasunder
his hands and in his possession, shall be taken possession of by the persons
chosen by him for that purpose, and named in hiswill ashis heirs.if they should

be present ;but in case such heir or heirs should be absent, then the Consul-
General, Consul, or his deputy, shall take possession of al1the property and
effects,after making alistor inventory thereof, specifyingeveryarticle correctly,
until hedeliversthe sameto theheirof thedeceased. Butshould the deceaseddie
without making any will, the Consul-General,Consul, or hisdeputy, shall have
the right to take possession of al1theproperty left by him, and to preserve it for
the persons entitled bylaw to theproperty of the deceased ; and if the deceased
should leavebehind hirn debtsdue tohimfrom individuals, then the Governor of
the town,or thosewhohavesuch a power,shallcompet thedebtors topay what is
due from them either to the Consul-Generai, Consul, or his deputy, for the
benefit of the estate of the deceased ;and likewise,if the deceased should leave

behind hirn debts due from him to a subject of the Sultan of Morocco, the
Consul-General,Consul, or hisdeputy shall assist the creditor in the recoveryof
his claim upon the estate of the deceased. DOCUMENTS DU MAROC 23 7

ArricleXIX. The present freaty shall apply generally to al1the dominions of
Her Britannic Majesty, and to al1subjects who are under her obedience, and dl
those who inhabit any townor place whichisconsidered part of her kingdom,as
also to al1 her subjects in Gibraltar and its inhabitants, and likewise to the
inhabitants of the United States of the Ionian Islands which are under her

protection, and dl those who are called or described as English shall be con-
sidered as British subjects, without any distinction between those bom in and
those bom out of Great Briiain ; andif the Queen of Great Britain should
hereafter possess a town or acountry which, either by conquest or by treaty,
shall enter under her authority, al1its people and inhabitants shall be con-
sidered as British subjects, even if only for the first time subject to Great
Britain.
ArticleXX. The subjects of the Queen of Great Britain, and those who are
under herGovernment or protection, shallhave the fullbenefit of the privileges
and of the particular favoursgrantedby thisTreatyand whichmaybe allowedto
thesubjects of other nations that areat warwith Great Britain;and if after this

date anyother pnvileges shallbe granted to any other Power, the same shall be
extended and apply to and in favour of al1Britishsubjects in everyrespect, as to
the subjects of such other Power.
ArticleXXI. If a subject of the Sultanof Moroccoshould shiphimselfand his
goods on board of a vesselbelonging to a nation at war with the Queen of Great
Britain, and that ship should be taken by a British man-of-war, thesaid Mo-
roquine subject, and also his goods, provided they be not contraband of war,
shall not be molestedor interfered with,but bothhe and the good s hichhe has
on board the vesselthus taken, shallbelet free,and heshall besetat liberty iogo
where he pleases. In like manner, if a British subjectshould take his passageon

board of a vesselbelonging to a nation at warwith the Sultan of Morocco. and
that vessel be taken by a Moroquine cruiser, such British subject shdl not be
molested, nor shall hisgoods,if not contraband of war,whichhe may have with
him on board of the vesse1thus taken, be interfered with, but he shall have his
liberty, and be left free to go where he pleases, with his goods without impe-
diment or delay.
ArticleXXII. If any duly commissionedBritish vesselshoutd capture a ship,
and takeher to a harbour in thedominions of the Sultanof Morocco,the captors
shall be pleased to sel1suchprize or the goods taken in her,without impediment
from any one ;or theysh~llbeat libertytodepart with their prizeand take herto
anyother place they please.

ArticleXXIII. If a British vesselshould be chased by an enemy to within
gun-shot from theseaports or shoresof the dominionsof the Sultan of Morocco,
thelocalauthorities shall respectand defendher asmuchastheycan ;and, inlike
manner theshipsof Moroccoshallbe protected in al1the seaportsorcoastsof the
dominions of the Queen of Great Britain.
Article XXIV. If acruiser not belonging either to the Queen of Great Bntain
or to the Sultanof Moroccoshouldpossesslettersof marquefrom a nation at war
withGreat Britainor withMorocco,that cmisershall noi be permjtted toremain
in any of theharbours orseaports of eitherof the twoparties, nor to seIlitsprizes
therein.nor to exchangesuch prizes or their cargo for other merchandize : nor
shall anysuchcruiserbedlowed topurchase storesorprovisions, exceptasmuch

as may be absolutely necessary for the voyage to the nearest port of its own
country.
Arficle XKV. Ifan armed ship ofa nation at war withGreat Bntain should be
found in any of the harbours or seaports of the Sultanof Morocco, and at the238 SAHARA OCCIDENTAL

sametimea Britishship shouldhappen to bealsothere,suchshipof theenemyof
Great Britain shall not be allowedto seizeupon the Britishvessel,nor to cause it
any injury ;and the enemy'sship shall not be allowed to saiIin the track of the
Britishvesseltill24 hoursshallhave elapsedafter thedeparture of thesaidvessei,
if the authonties of the port or harbour have the power of detaining the vesselof

the enemy.
The samenile shallbe observedtowards ihe shipsof the Sultan of Morocco or
bis subjects in ail the harboursand seaports of the Queen of Great Britain.
Arricle XXVI. If any British vesselsof war or merchant-vesselsshould enter
one of the harbours or seaports of the Sultan of Morocco, and be in want of
provisions or refreshments, such vessels shall be at liberty to buy what they
require at the current pricesof the time,freeof duty ;but the quantity shall not
exceed that which may be sufficient for the sustenance of the master and crew
dunng the voyage to the port whither the vessel may be bound, and also the
necessary provisions required for the daily maintenance of the crewduring the
time the vessel rernains at anchorage in the Moorish port.

Article XXVII. Vesselsorboats freighted by order of the BritishGovernment
for the conveyance of mails, or employed by the British Government under
contract for the same service,shallbe respected, and shall have the same privi-
leges as ships of war,if they do not bnng or take articles of merchandize to or
from a port of the Sultan of Morocco,but iftheycarryanymerchandize from a
port of the sea dominions they shall pay the same charges as other merchant
vessels.
Article XXVIII. Ifany vesselbelonging to the subjectsor to theinhabitants of
the dominions ofeitherContracting Party shouldenter one of theseaports of the
other, and should not wish to gointo harbour nor to declare nor sel1her cargo
there, she shall not be compelled to do so,nor shall anyone inquire or search in

any way toknow what she contains ;but a guard maybe placed on board by the
Custom-House officers as long as the vesselremains at anchor, to prevent any
il1ega.ltraffic.
Article XXIX If aBritish vesselwith acargo shouldenter oneof the harbours
of the Sultan of Morocco, and should wishto land a part ofher cargowhichmay
be destined for that place, she shall not be compelledto pay duties upon more
than the landed part of her cargo,and shallnot be required topay anyduty upon
the rest of the cargo which isleft on board, but she shallbe at liberty to depart
with the remainder of her cargo to any place she pleases.The manifest of the
cargo of each vessel shdl, on her arrival, be delivered up to the Moorish

Custom-House officers, whowillbe permitted to search thevesselon her arriva1
and departure, or io place a guard on board the vessel IO prevent my illegal
traffic.
The sarne rule shall be observed in British ports with regard to Moorish
vessels.
The master ofeachvessel,on departure froma Moorish port, shailbe required
to present a manifest of the cargoof articlesexported certified by the Consul or
the Vice-Consul,and shallexhibit the manifest to theadministrators ofCusloms
when required to do so, in order that they may venfy that no goods have been
embarked in contraband.
Article XXX. No captain of a Britishvesselin a Moorishport, and no captain
of a Moorish vesselin a British port, shallbein any waycompelled to carry any

passengersor anykind of goods againsthis ownwill,nor shallhe be forced tosail
for any place whichhe does not wish togoto ;and hisshipshall not be molested
in any way whatever. DOCUMENTS DU MAROC 239

ArticleXXXI. If any of the subjects of the Sultan of Morocco should hire a
British vesselto carry goods or passengers from one place to another within the
dominions of Morocco, and if in the course of her voyage such Bntish vessel

should be forced by stress of weather or accident of the sea toenter a different
port in the samedominions, the captain shall not be obliged to pay anchorageor
any other duty on account of his entering such port ; but if such vesselshould
discharge or take on board at suchport any cargo, thesaidvesselshdl be treated
like any other.
Article XXXII. Any Britishships orvesselswhichmaybe darnagedat sea,and
may enter one of the harbours of the Sultan of Morocco for repairs, shall be
receivedand assisted in ail their wants during their stay in such harbour, during
their refit, or at their departure fotheplace of their destination, if the articles
required for the repairs of the vesselshallbe foundfor salein suchharbour, and

in such case they shall be bought and paid for at the sarneprices as are usually
paid by others ; and British ships or vessels shall not be in any way whatever
rnolested or prevented from proceeding on their voyage.
ArticleXXXIII. If a shipbelonging to the Queenof Great Bntain, orto anyof
her subjects, should get on shore, orbe wrecked on any part of the dominions of
the Sultan of Morocco, she shall be respected and assisted in al1her wants ; in
accordance with the rules of friendship, and such ship, and al1her contents,
cargo, or any goods whichmay be saved from her at the timeor after the wreck,
shall be preserved and givenup to the owners,or to the British Consul-General,
Consul, or his deputy, without the loss or concealment of anything whatever.
Should the wrecked vesselhaveon board anygoods whichthe proprietors desire

to sel1within the dominions of Morocco, the proprietors shall pay upon these
goods the requisite duties ; but if the goods on board the vessel had been
embarked from any port of the dominions of Morocco, no other duties in
addition to those which may already have been paid, shall be dernanded, either
on importation or on exportation, and the proprietors shall havethe right either
of selling the goods in Morocco, or of embarking thern, as they please. The
captain and crewshallbeatliberty toproceed to anyplace theyplease,and at any
tirnethey maydeem proper, without any hindrance. In likemanner, the ships of
the Sultan of Morocco, or ofhissubjects,shallbe treated in the dominions of the
Queen of Great Britain ;it being understood that suchshipsare to be subject to

the samelawfulchargesfor salvageto whichBntish shipsare subject. If a British
vesselshould be wrecked at Wadnoon,or on any part of its Coast,the Sultan of
Morocco shall exert his power to Saveand protect the captain and crew,till they
return to their own country ; and the British Consul-General, Consul, or his
deputy, shall beallowed to inquire and ascertain, asmuch as they cm, about the
captain and crew of any such ship, in order that they may obtain and Savethern
from those parts of the country, and the Governors appointed in thoseplacesby
the Sultan of Moroccoshall alsoassistthe Consul-General, Consul,ordeputy, in
his researches, agreeably to the rules of fnendship.
ArticleXXXiV. Her Majesty the Queen of Great Britain and His Majesty the
Sultan of Morocco engageto do al1in their powerfor thesuppression of piracy ;

and the Sultan especiallyengagesto usehisutrnost efforts to discoverand punish
al1persons on hiscoastsor within hisdominions whomaybe guiltyof that crime,
and to aid Her Britannic Majesty in so doing.
ArticleXXXV. If any of the subjects or of the shipsof eitherof the twoparties
should do anything contrary to any of the conditions of this Treaty, whether
intentionally or unintentionally, the peace and friendship thereby etipulated for
shall not be disturbed, but shall remain preserved, fixed, and always durable240 SAHARA OCCIDENTAL

upon the bais of sincerity, till communication shail be fonvarded to the 'h
vereignof the aggressor,without hisbeingin the meantirnemolested ;and ifany
of thesubjectsofeitherparty shouldwishorattempttoviolate thisTreaty,or any
of itsconditions hisSovereignshallbebound tochastiseand punish himseverely
for his conducl.

ArticleXXXVI. If this Treaty of Peace and Friendship between the two
Contracting Partiesshould beinfringed, and if,inconsequence,ofsuchinfringe-
ment (whichGod forbid !)war should be declared, ail the country and subjects
of theQueenof Great Britain, and thoseunder her protection, ofwhatever degree
or class,who mayhappen tobe foundin thedominions of the Sultanof Morocco,
shall be permitted to depart to any part of the world they choose, and to carry
with them their goods and property, their families and their servants or esta-
blishments, whether they be British born or not ; and they shall be allowed to
embark on board of any ship of anothernation which theymayselect. Moreover,
a period of six months shdI be granted them, if they ask for it, for the arrange-
ment of their affairs, the sale of their goods, or for doing what they please with
their property;and during suchpend of six months they shall have fullliberty

and perfect security for their persoand property, withoutany interference,
injury, or hindrance in any way,by reason of such w;rand the Governors or
authorities shall assist and help them in the arrangemofttheir affairs, and
attend them in the recoveryof the debts due to them, without delay, dispute, or
postponement. In like manner, al1this shall be granied to the subjects of the
Sultan of Morocco inal1the dominions of the Queen of Great Bntain.
ArticleXXXVII. ThisTreaty shall be declared and made public to the sub-
jects of both parties, lest any one of them should remain ignorant of its condi-
tions, and copies shall be prepared and sent to the Governors and men of
authority whoareentrusted with the revenueand theexpenditure ;and alsotoal1
the seaports and the captains of cruisers belonging to the Sultan of Morocco.
Article XXXVIII. The present Treaty shall be ratified by Her Majesty the
Queen of Great Bntain, and by His Majesty the Sultan of Morocco, and the
ratifications shall be exchanged at Tangier, as soon as possible within four

months from the date hereof.
When the ratifications of the present Treaty, and of the Convention of Com-
merceand Navigation, whichhas alsobeenconcluded thisdaybetween theHigh
Contracting Parties, shallhavebeen exchanged,thestipulationsof thesaidTreaty
and ConventionshaHcorneintoimmediate operation, and shallbesubstituted for
the stipulations of preceding treaties between Great Britain and Morocco.
In witness whereof the respective Plenipotentiaries have signed the present
Treaty, and have affixed thereto their respective seals.
Done at Tangier,the 9thday of December, in the year 1856,corresponding to
the Moorish date of the lOthday of the month of Rabbea the 2nd, in the
year 1273.

(L.S.) J. H. DRUMMON DAY
Arabic signature of

(L.S.)SEED MOHAME WHATEEB. DOCUMENTS DU MAROC

B. Traitéde commerce et de navigationenfrela Grande-Brefope
et le Maroc '

Her Majesty the Queen of the United Kingdom of Great Britain and Ireland,
and His Majesty the Sultan of Morocco and Fa, being desirous to extend and
irnprove the relations of commerce and navigation which exist between their
respectivedominions and subjects, have resolvedto conclude a specialConven-
tion for that purpose, and have named as their Plenipotentiaries, that is to
Say :
Her Majesty the Queen of the United Kingdorn of Great Britain and

Ireland, John Hay Drummond Hay, Esquire, Her Chargéd'Affaires and
Consul-General at the Court of His Majesty the Sultan of Morocco and
Fez ;
And His Majesty the Sultan of Morocco and Fez. SeedMohamed Kha-
teeb, His Commissioner for Foreign Affairs ;
Who, after having cornmunicated to each other their respective full
powers, have agreed upon and concluded the following Articles :

Arficle1. There shall be reciprocai freedom of commerce between theBritish
dominions and the dominions of the Sultan of Morocco. The subjects of Her
Britannic Majesty may residein and trade to any port of the territones of the
Sultan of Morocco to which any other foreigners are or shail be admitted.
They shall be permitted to hire houses, and to build houses, stores, or ware-
houses, as stipulated in Article IV of the Generai Treaty of this date.
Theyshall enjoyfullprotection for theirpersonsand properties, asspecifiedin
Article IVof theGeneral Treaty ; theyshailbe allowedtobuy fromand tosel1to,
whornthey like,al1articles not prohibited inArticle 11of thisConvention,either
by wholesale or retail, at ail places in the Moorish dominions, without being
strained or prejudiced by any rnonopoly, contract, or exclusive privilege of

purchase or sale whatever, except the articles of export and those of irnport
enumerated in Article 11 ;and they shail, moreover, enjoy ail other rights and
pnvileges which hereafter may be granted to any other foreigners, subjects, or
citizens of the most favoured nation.
Thesubjectsof theSultanofMoroccoshal1,inreturn,enjoy in thedominionsof
Her Britannic Majesty the sarneprotection and privilegeswhich are or may be
enjoyed by the subjects or citizens of the most favoured nation.
Article II. The Sultan of Morocco engages to abolish al1monopolies or pro-
hibitions on imported goods, except tobacco ; pipes of al1 kinds used for
smoking, opium, sulphur, powder, saltpetre, lead, arms of ail kinds, and ammu-
nition of war, and further to abolish ail monopolies of agricultural produce, or
of any other article whatsoever in the dominions of the Sultan. except leeches.

bark,tobacco, and other herbs used for smoking in pipes.
Article III. No tax, toll, duty, or charge whatsoever, beside the export duty
hereinafter rnentionedshall.under anypretext, oron any account,be irnposedby
any person whatsoever, in any part of the dominions of Morocco, upon or in
respect of any goodsor produce whatsoeverwhichmayhavebeen purchased for
exportation by oron behalfof anyBritishsubject ;but thesaidgoodsor produce,
when so purchased. shail be conveyed from any place in Morocco to, and
embarked from, any port therein, absolutely free and exempt from al1other

'Signé en anglaiset enarabe.Letexte esttiré dela mPme publicationquele traité
précédent.242 SAHARA OCCIDENTAL

taxes, tolls, duties, or charges whatsoever.No permit, or any similar document,
shall be requisite to enable them to be so conveyed or embarked, nor shallany
officeror subject of the Sultan offer anyimpediment to,or lay any restriction on

the conveyance or embarkation of such goods (except those goods or produce
which the Sultan of Morocco shall prohibit from being exported, as arranged in
Article V), or, on any pretext, demand or receive any money in respect or on
account ofsuchgoods ;and should anysuchofficeror subject actcontrary to this
stipulation, the Sultan shall immediately punish with severity the Governor,
officer, or other subject who shall have been guilty of such misconduct, and
render fulljustice to British subjectsfor al1injuorelosseswhichthey mayduly
prove themselvesto have suffered thereby.
Article IV. Thesubjectsof Her Britannic Majesty withinthedominions of His
Majesty the Sultan shail be free to manage their own affairs themselves,or to
commit those affairs to the management ofany persons whom they mayappoint
astheir broker, factor, or agent, nor shall such British subjects be restrained in
their choiceof persons to act in suchcapacities ; nor shall they becalledupon to

pay any salary or remuneration to any person whom they shall not choose to
employ ;but those persons whoshail be thus employed,and who are subjectsof
the Sultan of Morocco, shall be treated and regarded as other subjects of the
Moorish dominions. Absolute freedom shallbegiveninal1casesto thebuyerand
sellerto bargain together, and no interferenceon the part of the Sultan'sofficers
shallbepermitted. Should anyGovemor orother officerinterfere in thebargains
between British and Moorish subjects, or place any impediments in the lawful
purchase or saleof goods or merchandise imported into,or to beexported from,
the Sultan's dominions, His Cherifian Majesty shall severely punish the said
officer for such misconduct.
Article V. Should the Sultan of Morocco atany time think proper to prohibit
the exportation of any kind of grain or other article of commerce from his
dominions, Britishsubjects shall in no manner be prevented from embarking ail

the grain or other articles whichtheymay havein their magazines,or which may
have beenbought previously to the saidprohibition ;but theyshallbe ailowedto
continue to export al1they may havein their possession,during the term of six
months from the time theprohibition waspublicly made known ;but on theday
when the order of the Sultan of Morocco regarding theprohibition shall arrive,
and shallbe published to the merchants, Britishsubjectsshall,within the termof
twodays, declare and giveproofs of the arnount of produce they shall possessin
theirstores,onwhich tbeprohibition isimposed,and theyshallalsopresent legal
certificates regarding the amount of the said produce which they shall have
bought in the interio;, or elsewhere,previouslyCothe promulgatioiof the order
fortheprohibition. No prohibition, either as to theexportation orimportation of
any article, shail applioBritish subjects, unlesssuchprohibition shall apply to
subjects of every other nation.

Article VI. Merchandise or goods, except the articles enumerated in Arti-
cle II, imported by British subjectsin any vesse],or fromany country, shall not
beprohibited in the territories of the Sultan of Morocco,norbe subject to higher
duties than areleviedon the sarnekind of merchandiseor goodsimported by the
subjects of anyother foreign Power, or by native subjects, aiter the date of this
Convention.
Al1articles, except those enumerated in Article II, the produce of Morocco,
may be exported therefrom by British subjectsin anyvessels,on as favourable
terms as by the subjects of any other foreign country, or by native subjects.
Article VII. In consideration of the favourableterms upon whichthe produce DOCUMENTS DU MAROC 243

of Morocco isadmitted into the territories of Her Bntannic Majesty, and with a
view to the extension of commercial intercourse between Great Britain and
Morocco, for their mutuai advantage,His MajestytheSultan of Moroccohereby
agrees that the duties to be leviedon al1articles irnported into the territones of
His Majesty by British subjects, shall nexceed 10 per cent. icash on thir
value,at the port of theirdisembarkatio;and that theduties to be leviedon al1
articlesexported from the territories of His Majesty by British subjects, shallnot
exceed in amount the duties marked in the following tariff :

TARIFF OF EXPORTS

Articles of exportation Qiuintiy DoIIors Ounces

Wheat Per strike fenega
Maize and Durra Per full fenega
Barley Per strike fenega
All other grain Per cantar
Flour
Birdseed
Dates
Alrnonds
Oranges, lemons, and limes Per i:ooo

Wild Marjoram Fer cantar
Cummin seed
Oil
Gurns
Henna
Wax
Rice
Wool (washed)
Wool (in grease)
Hides, sheep, and goat skins
Tanned skins called Felaly,
Zawany, and Cochinea
Homs Per i:ooo

Tallow Per cantar
Mules Per head
Donkeys
Sheep
Goats
Fawls
Eggs Per 1,000
Slippers Per 100
Porcupine quills Per 1,000
Grasool Per cantar
Ostrich feathers Per lb
Baskets Per 100
Per cantar
Carraway seed
Cornbs of wood Per 100
Hair Per cantar
Raisins 244 SAHARA OCCIDENTAL

Arriclesofcxpor!arion Qua~iriy Dollars Ouiices

Woollen sashes, called Karazy Per 100 - 100
Tackawt (a dye) Per cantar - 20

Tanned fleeces - 36
Hernp and fiax - 40

The Sultan of Morocco has the rightof prohibitingany articleof exportation ;
but when a prohibition on anyarticleshail be imposed, it shallbe in conformity

with what is arranged in Article V ;but upon the exportation of articles the
prohibition ofwhichshallbe taken off,theduties noted inthe tariff shallalonebe
paid. With regard towheat and barley. should theSultan think proper to prohibit
the exportation of these articles, but should desire to sel1to merchants the grain
whichbelongs to the Govemment. it shall be sold at the pnce the Sultan thinks
proper toimpose. Should the Sultan augment or diminish the price of the grain,
there shall be granted to the purchaser for exporting that which he shall have
bought, the termstatedin ArticleV ;but should thegrainbe freeforexportation,
the duties irnposed thereon shall be in conformity with what is stated in the

tanff.
Should the Sultan of Morocco think proper to reduce the duties on articles of
exportation, His Majesty shall have the right of doing so, on condition that
British subjects shail pay the lowest duty that shall be paid byany other foreign
or native subjects.
Arricle VIIJ. Should a British subject, or his agent, desire to convey by sea,
fromone port to another inthedominions of the Sultan of Morocco,goodsupon
which the 10 per cent. duty has been paid, such goods shall be subject to no
further duty, either on their embarkation or disernbarkation, provided they be

accompanied by a certificate from a Moorish Administrator of Customs.
Article IX. If any article of Moroquine produce, growth, or manufacture,
except the articles enumerated in Article II,be purchased for exportation, the
same shall be conveyedby the Britishmerchant, or by his agent,free of any kind
of charge orduty whatsoever, to a convenient place of shipment. Subsequently,
on exportation, the export duty according to the tanff in Article VI1shall alone
be paid on it.
ArticleX. No anchorage, tonnage, import, or other duty or charge, shall be
levied in the dominions of the Sultan of Morocco on British vessels,oron goods

imported or exported in British vessels,beyond what is, or may be, levied on
national vessels,or on the Likegoods imported or exported in national vessels ;
they shall not, however, exceed in amount the rates of the following scale,
viz. :
Six moozoonats per ton shail be levied upon every British vessel (except

steam-vessels)that does not exceed200tons in measurement. Upon everyvessel
(not astearn-vesse])measuringmore than 200tons, the foliowingchargeshall be
made, viz., 6 rnoozoonats per ton shall be paid for 200 of her tons. and 2
moozoonats per ton for the remainder. Should the Administrator of Custorns
have any doubt regarding the tonnage of a British vessel,as declared by the
rnaster, the BritishConsul or Vice-Consul shall, on appeal being made to him,
cause the ship'spapers, whereon the tonnage is formally stated, tobe exhibited.
The sarne charges shall be made inal1the ports of Morocco except Rabat and
Laraiche, at whichport 4 moozoonats per ton shdl bepaid for pilotage into the

river,shoutd the vesselenter the river,and 4 rnoozoonatsper ton for pilotageout DOCUMENTS DU MAROC 245

of the river ;3moozoonats per ton shail alsobe leviedupon eachvesselentering

the river,on account of anchorage. Shoulda vessel,however,not enter the river.
the same charges shall be levied upon her as those which are paid at the other
ports. At Mogadore, 4 moozoonats per ton shall be paid on British vesselsfor
pilotage on their entenng the port only, and 6 moozoonats per ton for an-
chorage.
Should the master of a British vesselrequire, at anyotherport, a pilot, heshall
pay for him at the rate of 2 moozoonats per ton ; but this charge shall nor be
exacted except when the master of a vessel requires a pilot.
The surn of 16dollars shall be lened, on account of anchorage, on a steam-

vesselentering aport in the Moorishdominionsfor thepurpose ofdischargingor
embarking cargo. If. afterwards, the said stem-vesse1 proceed frorn that port to
any other port or portsin the Moorish dominions. and on her arrivaiat the latter
embark or dischargecargo, the aforesaid chargeof 16dollars for anchorage shall
again be levied ;but if thesaid stearn-vessel,on her retum voyage,should enter a
Moorish port at which the said anchorage dues shall have already been paid, no
further charge on account of anchorage shall be leviedupon her unless the said
steam-vesse1depart on a second voyageto a Moorish port, or unless dunng her
return voyagesheshallhave touched atanyportother than a port of the Moorish

dominions, in whichcase the aforesaid chargeof 16dollars shallagain be levied.
The charge. however, for anchorage on a steamer of 150tons burthen, or less,
shail not exceed what is due from a sailing-vesse1of the sarne size.
The masters of al1vesselsshall pay, in addition to the aforesaid charges, the
followingsumsto officersof theports. but no otherpayments shall bedernanded
of them ; vjz.:

A vessel rneasunng 25 tons or less, 20ounces ; a vesselexceeding25 and not
over 50 tons, 40ounces ;a vesselexceeding50and not over 100tons,60ounces ;
a vessel exceeding 100 and not over 200 tons, 80 ounces ;a vessel exceeding
200 tons, 100ounces.

In addition to the charges,the master ofevéryBritishvesselvisiting theport of
Tetuan shall pay 10ounces for the messenger who shall convey the ship'spapers
from the port of Marteen to Tetuan ; 5ounces to the trumpeter who shall
announce the arrival of the vessel ;and 3ounces to the public crier ;but no other
payments shail be demanded at the port of Tetuan. No charge for anchorage
shail be levied on account of British vessels which mayenter the ports of
Morocco for the purpose of seekingshelter frorn the weather.and whichdo not
embark or discharge cargo, nor shall anycharge for anchorage be levied upon

fishing vessels.
And, in like manner, no anchorage, tonnage, import, or other duty or charge,
shall be levied in the Britishdominions on Moorishvessels,oron goodsimported
or cxparted in Moorish vessels,beyond what is or may be levied on national
vessels, or on the Likegoods irnported or exported in national vessels.
ArticleXI. Should British subjects desire to embark in or discharge goods
from vessels arriving in the ports of Morocco they shail employ the Moorish
Governrnent boats for that purpose ;but if within twodays after the arrival of a
vessel, the Moorish Government boats are not placed at their disposal for the

aforesaid purpose, the British subjects shall have theright of ernployingprivate
boats, and shail not pay, in suchcase, io the port authorities more than one-haif
of what would have been paid, had they employed the Government boats. This
regulation shail not be applicable to the ports of Tangier and Tetuan, inasmuch
as there is a sufficient number of Govemment lighters at those IWO ports.246 SAHARA OCCIDENTAL

The chargesnowpaid for lighterageat the different ports of Moroccoshallnot
be aunmented. and the Administrator ofCustoms at each Dortof Morocco shall
delive; to the'~ritish Vice-Consul a tariff of the charge'snow demanded for
lighterage.
ArticleXII. The Articlesof thisConvention shallbe applicable to dl theports
in the Empire of Morocco ;and should His Majesty the Sultan of Morocco open
theports of Mehedea,Agadeer,or Wadnoon, or any other ports within thelimits
of His Majesty'sdominions, no differenceshall be madein the levyingof duties,
or anchorage, between the said ports and other ports in the Sultan's domi-
nions.
ArficleXIII. Ifa Britishsubject bedetected in smugglingintothe Motoquine
territories goodsof any description, thegoods shallbe confiscated to the Su;tan

and such Bntish subject shall, on conviction before the British Consul-General,
Consul, Vice-Consul, or Consul Agent, be iiable to be fined in an amount not
exceeding treble theamount of duties leviable on such goods, or in the case of
goods not admitted to importation, treble the value of the gooet the current
price of the day, and failingpayment of such fines,such British subject shall,on
conviction before theBntish Consul-General, Consul, Vice-Consul, orConsular
Agent,be liable tobe imprisoned ;or,without being fined,any Britishsubjecton
conviction as aforesaid may be impnsoned, but in either case for a time not
exceedingoneyear,in suchplace astheConsul-General, Consul,Vice-Consul,or
Consular Agent may determine.

ArticleXIE In order that the two High Contracting Parties may have the
opportunity of hereafter treatinand agreeingupon suchother arrangementsas
may tend still further to the improvement of their mutual intercourse, and to the
advancement of the interests of their respectivesubjects, it is agreed that at any
time after the expiration of five years from the date of the exchange of the
ratifications of the present Convention of Commerce and Navigation either of
the High Contracting Parties shall have thrightto cal1upon the other to enter
upon a rcvision of the same; but until such revision shall have been accom-
plished by common consent, and 'anewConvention shall havebeen conduded
and ratified, the present Convention shall continand remain in full force and
effect.

ArticleXV. The present Convention shall be ratified by Her Majesty the
Queen of Great Britain and by His Majesty the Sultan of Morocco, and the
ratificationsshall be exchangedat Tangier, at thesametimeastheratifications of
the General Treaty signed this day between the Kigh Contracting Parties.
When the ratifications of the present Convention and of the said General
Treaty shall have been exchanged, the stipulations of the said Convention and
Treatyshall corneintooperation withinfourmonths, and shallbesubstitutedfor
the stipulations of al1preceding treaties between Great Britain and Morocco.
Inwitness whereof the respective Plenipotentiaries have signed the present
Convention, and have affixed thereto their respective seals.

DoneatTangier, the9th dayofDecember, 1856,correspondingto theMoorish
date of the 10th day of the month of Rabbea the second, in the year 1273.

(L.S.)J.N. DRUMMON HAY,

Arabic signature of
(L.S.) SEEDMOHAMEK DHATEEB. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 29

TRAITEDE COMMERCE ENTRE LE MAROC ET L'ESPAGNE SIGNE
A MADRID LE 20NOVEMBRE 186 1

(Traduction]

Au nom de Dieu tout-puissant.
Les lréspuissants princes, M. la Reine d'bpagne et S.M. leRoi du Maroc,
désirant faciliterde toutleurpouvoir lesrelations commercialesentreleurssujets
respectiEs,suivant les besoins mutuels elaconvenance réciproque, etjugeant
opportun Alafoisdedétermineravecexactitudelesattributions consulairesetles

privilègesdont jouissent les Espagnols au Maroc, tant pour ce qui regarde la
juridiction que les autres droits, en vertu desstipulations desarticles duet 14
traite de paix signATétouanle 26avril 1860,et vu l'articl5du traitéconcluà
Madrid le 30octobre de l'année présenteo ,nt nommépour leurs plénipoten-
tiaires, savoir :

S.M. la Reine des Espagnes, don Satumino Calderon Collantes, ancien
ministre de l'intérieur etdu commerce, de l'instruction et des travaux publics,
sénateurdu Royaume,grand-croixdes ordres royaux de Charles III et d'Isabelle
la Catholique, grand cordon de l'ordre impérialde la Légiond'honneur de
France, de l'ordrede Léopoldde Belgique,etc.,son premier secrétaired'Etat des
affaires étrangère;
S. M. leRoi du Maroc, son ambassadeur plénipotentiaire, le califedu Prince
des croyants, fils du Prince des croyants Muley-el-Abba;

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs respectifst les avoir
trouvésen bonne et due forme, sont convenus des articles suivants:
Articlepremier. 11y aura paix et amitiéparpétuellesentre S. M. la Reine
d'Espagne et le Roi du Maroc, et entre leurs sujets respectifs.

Article2. S.M. la Reine d'Espagne pourra nommer un consul générald ,es
consuls, vice-consuls et agents consulaires dans tous les domaines du Roi du
Maroc. Ces fonctionnaires auront la facultéde résiderdans touslesports de mer .
ou villes marocaines que choisira le Gouvernement espagnol etjugera conve-
nables pour le bien du service deS.M. Catholique.
Article3. Le chargéd'affaires d'Espagneou tout autre agent diplomatique
accréditépar S. M. Catholique près le Roi du Maroc, le consul général, les
consuls, vice-consuls et agents consulaires espagnols qui résideront dans les
domaines du Roi du Maroc recevront les honneurs, la considération et les
distinctions dusaleur rang. Ces agents, leurs maisons et leurs famillesjouiront
d'une immunité absolue, d'une complète sécurité et protection. Personne ne
pourra ks molesterni leur manquer lemoins du mondeen paroles nien actions ;

et si quelqu'un enfreint cette prescription, il recevra un châtimseverequi
servirade peine au délinquantet d'exempleaux autres. Lecharge d'affairesoule
consulgénérap l ourra librement choisirsesinterprétesousesserviteursparmi les
sujets musulmans ou lessujetsde tout autre pays. Leursinterprètesou serviteurs

'Riviere,Traitéscodeset loisduMaroc, Paris, 1924,p. 49-57.248 SAHARA OCCIDENTAL

seront exempts de toute contribution personnelleou directe,de toute capitation,
de tout impôt forcéou de toutes autres charges analogues.
Les consuls, vice-consulsou agents consulairesrésidantdans les ports maro-
cains et places sous les ordres du chargéd'affaires ou consul généralauront le
droit de choisir un interprète, un garde et des domestiques pris parmi les
musulmans ou les sujets de tout autre pays ;l'interprète,le garde et les domes-

tiques ainsi désignésseront également exempts d'impôtsde capitation, de con-
tributions forcées oude toutes autres charges analogues.
Si ledit chargéd'affaires ou le consul général nomme vice-consuo lu agent
consulaire dans un port marocain un sujet du Roi du Maroc, cet individu, de
memeque ceuxdesa famillequi habiteraient lamaiso n êmeseront respectéset
seront exempts du paiement des impbts de capitation ou autres charges pareilles
ou analogues ;mais ledit vice-consulou agentconsulaire ne devra prendre sous
sa protection aucun sujet du Roi du Maroc,sauf les membres de sa famille, s'ils
habitent la mOmemaison.
Le chargéd'affaires ou le consul général,les consuls, vice-consuls et agents

consulaires de S. M. Catholique auront un lieudestinéAla célébrationdu culte;
ils pourront hisser le pavillon national en tout temps au faîte des maisons qu'ils
occuperont, A l'intérieurou al'extérieurde lavilleet ledéployersur leursnavires
quand ils s'embarqueront.
Les effets, meubles ou tout autre objet importéspar lesdits agents pour leur
usage personnel ou celui de leurs familles, pourvu qu'ilsne soient pas commer-
çants, seront francs d'impôts et il ne sera mis aucun obstacle a leur importation
dans les domaines du Roi du Maroc ; mais le charge d'affaires ou le consul
générall,es consuls, lesvice-consulsou agentsconsulairesdevront remettre aux
officiers de la douane une note écritespécifiant le nombre desariicles qu'ils
voudront introduire.

Sile se~ce de sonSouverain exigela présenced'unagent espagnol dans son
pays et qu'une autre personne soit nomméepour le représenteren son absence,
cettepersonne serareconnue par leGouvernement marocain etjouira desmêmes
considérations,droits etpnviléges.Dans cecas,ledit a-.ntpourra alleretrevenir
en toutelibertéavecsesse~teurset seseffets,sanscesseren aucunecirconstance
d'ktreconsidéréet respecté.Le chargéd'affaires ou tout autre agent diploma-
tique, consul général, consuls, vice-consuls, agents consulairsu le déléguéde
l'un ou l'autre des représentants deS.M. Catholique auront droit a toutes les
prérogativeset privilégesdont jouissent aujourd'hui tous agents étrangersde
rang égalou qui leur seraient concédésAl'avenir.

Article4. Les sujetsde S.M. Catholique pourront voyager, résideret s'établir
librement dans les domaines du Roi du Maroc en sesoumettant aux règlements
de police applicables aux citoyens de la nation la plus favorisée.
Article5. Si, dans l'Empire du Maroc, les Espagnols achètent, avec l'autori-
sation des autorités, desmaisons, magasins ou terrains, ils pourront disposer
librement deleurspropriétés sansquepersonne lesinquiéte.Toutes lesfoisqu'ils
loueront des maisons on magasinspour un tempset un prix fixés,on ne haussera
point le prix de location durant ce temps et on ne les en délogerapas.
De même, lesMarocains pourront acheter et louer des maisons, magasins et
terrains en Espagne, conformément aux lois espagnoles.
On ne pourra, sous aucun prétexte,obliger les sujets espagnols A payer des

impôts ou contributions.
Ils seront exempts de tout service militaire, aussi bien sur terre que sur mer,
comme ils seront exempts de charges personnelles, emprunts forcés et tous
impôts extraordinaires. DOCUMENTS DU MAROC 249

On respectera leurs maisons, leurs magasins et tout ce qui leur appartiendra,
que ce soit destinéà un objet de commerce ou Al'habitation, et ils ne seront
obligésB héberger nientretenir personne contre leur gré.On ne pourra exercer
aucune vérificationou visite arbitraire dans les maisons des sujets espagnils,
examiner ou inspecter leurs livres,papiers ou comptes. Cesopérationsne pour-

ront êtreexécutéesque d'accord et en vertu de l'ordreexprésdu consul général,
consul, vice-consul ou agent consulaire national.
S.M. le Roi du Maroc s'obligea fairejouir les sujets espagnols résidantdans
ses Etats ou domaines d'une sécuritéet d'une protection aussi complètespour
leurs personnes et leurs propriétésque celle à laquelle auront droit les sujets
marocains sur le territoire dS.M. Catholique.
Desoncôté,S. M. Catholique s'obligeàassurerauxsujetsde S.M.chérifienne,
qui résideraient dans ses domaines, toute la protection et les privilégesdont
jouissent aujourd'hui oupourront jouir dans la suitelessujetsdelanation laplus
favorisée.
Arricle6. L'exercicede la religioncatholiquesera permis libremenA tous les

sujets de la Reine d'Espagne dans les domaines de S. M. marocaine et ils en
pourront célébrerles offices dans leurs maisons ou dans leurs églises.
Les Espagnols auront un lieu destiné à la sépulture des morts ; et aucune
autorité ou aucun sujet marocain ne les troublera pendant les cérémoniesde
l'enterrement, ni ne les molestera lorsqu'ilsiront ou reviendront des cimetières,
qui seront respectéspar tous.
Les Marocains, en Espagne, pourront aussi exerceren particulier, ainsi qu'ils
l'ont pratiquéjusqu'aujourd'hui, les actes propres9leur religion.
Article 7. Les sujets espagnols auront pleine facultéd'employer toute per-
sonne de confiancedans leurs affaires,par terre ou par mesans aucunedéfense
ni empéchement.
S'ilarrivait qu'commerçant espagnol eût besoinde visiterun navire abordé

dans ouhors del'undesports du Roidu Maroc,on luipermettra d'aller A bord de
ce navire, seulou accompagnéde toute autre sans que luiniceuxqui
l'accompagnent soient soumis de ce chef au payement d'aucune contribution
forcée.
Article 8. Aucun sujet de la Reine d'Espagne, aucun individu soussa protec-
tion ne sera responsable des dettes de ses concitoyens, 9 moins qu'ilne s'enfût
portégarant par un acte écritet signéde sa main. .
La mêmeréglesera applicable en Espagne aux sujets du Roi du Maroc.
Article9. Tout Espagnol qui, dans les domaines marocains, se rendra cou-
pable d'un scandale, d'uneinsulte ou d'un crime qui mérite correctionou
châtiment, sera livréason consul générala ,ux consuls, vice-consulsou agents

consulaires pour que, suivant la loi observée en Espagne,cette peine lui soit
infligée,ouqu'il soit renvoyédans sonpays,aveclasécuritéconvenable, toutesles
fois que lecas l'exigera.
Article 10. Le consul générai d'Espagne, lecsonsuls, vice-consulsou agents
consulaires seront les seulsjuges ou arbitres qui connaîtront des causes cnmi-
nelles, procés,litiges ou différendsde tout genre, tant civilsque commerciaux,
soulevésentre lessujetsespagnols résidantau Maroc, sansqu'aucun gouverneur,
cadi ou aucune autre autorité marocaine puisse y intervenir.
Article 11. Les causes et plaintes criminelles, les procès litigesou différends,
de quelque nature qu'ils soient, en matiére civileou commerciale, qui seraient
suscitésentre sujets espagnols etmarocains, seront décidésde la manière sui-
vante :

Siledemandeur ou plaignant est sujet espagnol et ledéfendeur oulepi Tenu,250 SAHARA OCCIDENTAL

sujet marocain, la cause sera soumise au gouverneur de la villeou du district ou
au cadi,suivant que lecas ressortira Alajuridiction de l'un oudel'autre. Lesujet
espagnol introduira sa demande devant le gouverneur ou le cadi par I'intermé-
diaire du consul général, u consul, vice-consulou agent consulaire d'Espagne,
lesquels auront droit d'assister autribunal durant lejugement.

De même, siledemandeur est sujet marocain et leprévenu, sujetespagnol, la
cause sera soumise uniquement Q la connaissance et B la décisiondu consul
général,du consul, vice-consul ou agent consulaire d'Espagne. Le demandeur
présenterasa demande par l'intermédiairedes autoritésmarocaines ;et le gou-
verneur marocain, lecadi ou tout autre employépar euxdésigné seront présents,
s'ilsle désirent,durant lejugement et ladécisionde la cause.
Si le plaignant ou plaidant espagnol ou marocain ne se conforme point iila
décisiondu consul général, consul, vice-consuolu agent consulaire, du gouver-
neur ou cadi,suivant que l'affaire ressortiraaux tribunaux des uns ou des autres,
ilsauront ledroit d'enappeler respectivement au chargéd'affairesd'Espagneou

au commissaire marocain pour les affaires étrangères.
Article 12. Siun sujetespagnolactionnedevant un tribunal marocain unsujet
du Roi du Maroc pour une dette contractéedans lesdomaines de S. M.la Reine
d'Espagne, il devra présenterun acte de reconnaissance de cet écriten cxac-
tèreseuropéensouarabes. et signépar ledébiteur marocain,avec lacertification
du consul, vice-consulou agentconsulaire desa nation, ou bien écriten présence
de deux témoins,dont les signatures seront lhgaliséespar le consul marocain.
vice-consul ou agent consulaire, ou par un notaire espagnol, si dans le lieu ne
résideaucun de ses agents. Cet acte, ainsi légaliséet certifiépar le consul
marocain, l'agent consulaire ou notaire espagnol, aura pleine force et valeur
devant les tribunaux marocains.

S'ilarrivait qu'undébiteurmarocain seréfugiâtdans quelque villeou placedu
Maroc ou ne résideraitaucun consul ou agent consulaire d'Espagne, le gouver-
neur marocain obligera le débiteurA se rendreà Tanger ou àtout autre port ou
ville du Marocoh le créancierespagnol désirepoursuivre son droit devant le
tribunal marocain.
Arricle 13. Sileconsul généradl'Espagne oul'undes consuls, vice-consulsou
agentsconsulairesespagnols requéraient, A l'occasion,du Gouvernement maro-
cain, l'assistancedesoldats,gardes,embarcations arméesou tout autre appui. en
vue d'arrêter ou d'amenerun sujet espagnol, la requêtesera accordéeimmedia-
tement, moyennant le payement desdroits exigésen pareil cas des sujets maro-
cains.

Article 14. Lorsqu'un sujetdu Roidu Maroc serajugépar lecadicoupable de
faux témoignage, aupréjudiced'unsujet espagnol,il serapuni sCv&rcmenp tar le
Gouvernement marocain suivant la loi mahométane.
De même,le consul générall,e consul, vice-consulou agent consulaire espa-
gnol veilleront1ceque tout sujet de S.M. Catholique,coupable d'un semblable
fait envers un sujet marocain. soit puni suivant les lois espagnoles.
Article 15. Les sujers ou protégés espagnols,tant mahométans que chré-
tiens et israklites,jouiront égalementde tous lesdroits et privilégesaccordéspar
ce traitéet de ceux que l'on accorderait dorénavant à la nation la plus favo-
risée.
Article 16. Dans les causes criminelles. différends,querelles ou litiges qui

seraient débattusentresujetsespagnols etlessujetsou citoyensd'autres nations
étrangères,aucungouverneur,cadiou autreautoritémarocaine n'aurale droit de
connaître ou d'intervenir?imoins qu'g cette occasion quelque sujet marocain
n'ait souffert un tort en sa personne ou un prkjudice dans sa propriété.dans DOCUMENTS DU MAROC 25 1

lequelcasl'autoritémarocaineou l'undesesreprésentants auraledroit d'assister

au tribunal du consul.
Cescausesseront décidées uniquement autribunal desconsulsétrangers,sans
intervention du Gouvernement marocain, suivant lesusagesétablisoulesarran-
gements concerter entre lesdits consuls.
Article 17.Les Hautes Parties contractantes sont convenues de ne recevoir
sciemment ni demaintenir Aleur serviceaucun sujetqui ait désertede l'armée, e
la flotte ou des bagnes. Les sujets deS. M. Catholique qui auraient désertéde
l'armée,de la flotte ou des présides espagnolsseront conduits, désqu'ils tou-
cheront le territoire marocain, en présencedu consul générald'Espagne, et

resteront à sa disposition jusqu'8 exécutiondes ordres du Gouvernement espa-
gnol, lequel payera les frais de conduite et d'entretien des déserteurs.
Le Gouvernement marocain s'obligeant par les présentes à livrer spontané-
ment les déserteursespagnols, le prétexte,alléguéjusqu'ici. d'avoe irmbrasséle
mahométisme,ne sera pas un obstacle mis en avant pour éluderla peine qu'ils
mériteront.
Article 18. Si un individu de I'équjpaged'un navire de l'une des parties
contractantes désertait, pendant qu'il se trouve dans un port de l'autre, les
autoritéslocalesseront obligéesde prêterl'assistance nécessairepour leremettre
au consul, vice-consul ou agent consulaire qui le réclamerait,et personne ne

protégeraces déserteurs etne leur donnera asile.
Les Hautes Parties contractantes sont convenues que les marins et les indi-
vidus d'un équipage,sujets du pays où aura lieu la désertion,aussi bien que les
esclaves marocains qui deserteraient dans les ports espagnols, seront exceptés
des stipulations comprises au paragraphe précédent.
Article 19.Tout sujetde la Reined'Espagne quise trouverait dans ledomaine
du Roi du Maroc, même en tempsde guerre, aura la libertéentiérede se retirer
dans son pays ou tout autre, sur bâtiments espagnols ou étrangers: il pourra
aussi disposer comme il lui plaira de ses propriétésde toute nature et emporter

avec lui la valeur desdites propriétés et emmenersa famille et ses gens,même
alors qu'ils seraient néset élevés enAfrique ou dans tout autre lieu hors des
domaines espagnols, sans que personne puisse y intervenir ou l'empêcher sous
aucun prétexte.
Les sujets espagnols devront néanmoinsobtenir le consentement du consul
générald ,u consul, vice-consulou agentconsulaire, afin que ceux-cisachent s'ils
sont libres de dettes ou de toute autre obligation dont ils devraient s'acquitter
avant leur départ ; et ces agents ne seront, en aucune façon, responsables des
dettes que contracteraient les Espagnols au Maroc, à moins qu'ils ne soient
obligés expressémentsous leur signature Bles satisfaire.

Tous les droits mentionnés serontégalementgarantis aux sujets du Roi du
Maroc qui se trouveraient dans les domaines de S. M. Catholique.
Article20. Le consul général,les consuls, vice-consulsou agents consulaires
de S.M. Catholique devront expédiergratuitement a tout sujet marocain qui se
rendrait en Espagne le passeport nécessairesans lequel il ne pourra être admis
dans les domaines espagnols.
Article 21. Si ce traitéentre les deux Parties contractantes était enfreint, et
qu'en conséquencede cette infraction la guerre fût déclarée (ce qu'ADieu ne
plaise), tous lesemployéset sujetsde la Reine d'Espagneet lesindividus sous sa
protection, de quelque classe et catégorie qu'ilssoient, qui à cette époquese

trouveraient dans les domaines du Roi du Maroc, pourront se rendre dans telle
partie du monde qu'ilsvoudront et emporter aveceuxleur fortune etleurs biens,
emmener leur famille et leurs serviteurs, qu'ils soient ounon de naissance252 SAHARA OCCIDENTAL

espagnole,et il leur serapermis de s'embarqueriibord d'un navirede la nation
qu'ils voudront. 11leur sera accordé, enoutre, un délaide six mois, s'ils le
demandent, pour réglerleurs affaires, vendre leurs effets ou disposer de leurs
biens comme ilsl'entendront ; et, durant le terme de six mois.ilsjouiront d'une

sécuritécomplète et d'uneentiérelibertéh l'égardde leurspersonnes et de leurs
propriétéss,ans intervention, grief,niembarras d'aucune naturedu chef decette
guerre. Les gouverneursou autoritéstesassisteront et protégerontdans le régle-
ment deleursaffaires,lesaideront au recouvrementde leurscréances,sans délai,
retard ni controverse.
D'égales facilitésseront accordéesaux sujets du Roi du Maroc dans tous les
domaines espagnols.
Dans lecas imprévud'uneruplure, S. M. leRoi du Maroc s'oblige 1respecter
les officiers, soldats et marins espagnols faits prisonniers durant la guerre, les
traitant comme prisonniers et non comme esclaves,leséchangeant sans distinc-
tion de personnes, classes, grades, le plus tBtqu'il sera possible,sans que dans
aucun cas on dépassele terme d'un an Apartir de la captivité, exigeunt reçu

au moment de leur remise, en vue du règlementde l'échangesubséquent ;on
ne considérerapas comme prisonniers de guerre les femmes, les enfants, les
vieillards, qui, dés+lemoment de leur capture, seront mis en Libertéet trans-
portésen leur pays par embarcations parlementaires ou neutres, les frais de
ce transport restant A charge de la nation 1ilaquelle appartiendront les pn-
sonniers. S. M. Catholique promet d'agir de rnDme,les deux Hautes Parties
contractantes s'engageant réciproquement, sousleur parole loyale, àI'exécu-
tion fidèlede cet article. Et en cas que, la guerre termiily ait un excédent
de prisonniers, cette affaire sera considércomme terminéesans avoir besoin
d'aucune diligence iicet égard, les reçusétant restituéspar lapartie qui les
détiendrait.
Arricle21. Siun sujet espagnol venait mourir dans les domaines du Roi du
Maroc, aucun gouverneur, aucun employé marocainne pourra, sous prétexte
aucun, disposer des biens ou propriktésdu défuntet personne ne pourra inter-

venir.
Les personnes qu'il aura désignées et nommées sehséritiersdans son testa-
ment, siellessont sur leslieux,entreront immédiatementen possessionde toutes
les propriétéset biens appartenant au défuntet de tout ce qu'il se trouvera
posséderau moment de sa mort ; et, en cas que les héritiers soient absent, le
consulgénérall,econsul,vice-consul ou agentconsulaireouleur délégué prendra
possession de toutes les propriétéset effets, aprèsen avoir dressél'inventaire,
désignantchaque choseclairement,jusqu'h remiseAI'héritierdu défunt.Mais si
celui-ci n'a fait aucune disposition testamentaire, le consul général,le consul,
vice-consul, agent consulaireou leur déléguaura ledroit de prendre possession
de tous les biens de la successietne lesconserverpour lespersonnes appelkes
par Ia loi à l'héritage.Si le défunt laissait des créancesA charge de sujets
marocains, le gouverneur de la villeou les personnes compétentesobligerontles
débiteurs A verser le payement de leur dette au consul général, consulv , ice-

consul, agent consulaire ou leur délégué;et de même,si le défuntlaissait des
dettes au profit d'un sujet du Roi du Maroc, le consul générall,e consul, vice-
consul,agentconsulaireou leur délégua éideront lecréancierau recouvrement de
ce qu'il réclamede la succession testamentaire ou abintestat.
S'imourait en Espagne un sujet marocain, le commandant, gouverneur ou
juge du territoire où il serait décédé garderen dépat ce qu'il aura laisséet
informera le consul généralespagnole,n lui envoyantun inventaire, afin qu'ilen
donne avis aux héritierset en procure le recouvrement sans détournement. DOCUMENTS DU MAROC 253

Arricle23. Lesnaviresdesdeux nations pourront aborder librement auxports
de chacune.
Les navires marchands devront êtremunis de papiers des autoritéscompé-
tenteset ilspourront demeurer dans lesditsports aussilongtempsqu'ilsera utile
à leurs opérationsde commerce.
Arricle24. Tout bâtiment marocain qui partira pour se rendre dans un port
espagnol devra emporter son connaissement et sa patente de santé,légalisép sar
le consul, vice-consul ou agent consulaire d'Espagne auport de départ.
Arricle25. Afin d'éviterles abus auxquels donnent lieu lescarabos du Rifl,
lesdeuxparties contractantes sont convenuesquelesmaîtresou patrons desdites

embarcations devront se munir de passeports du gouverneur des places espa-
gnoles sur les côtes de la Méditerranée, ou des consulsespagnols quand ils
s'équipentdans un port où résident lesdits agents ; et cet acte leur sera délivre
gratuitement et leur seMra de sauf-conduit pour leur trafic légal.
Article26. S.M. Catholique et S.M.le Roi du Maroc s'obligent3détruirela
piraterie par tous les moyens en leur pouvoir; et S. M. le Chérif s'engage
particulièrement Iifaire tous lesefforts possibles pour découvriret châtier ceux
qui, sur les côtesou dans l'intérieurde sesdomaines, se rendraient coupables de
ce crime, et I prêter son concoursdans cette vue à S. M. Catholique.

Arricle27. En preuve de la bonne harmonie qui doit régnerentre les deux
nations, toutes les fois que les navires marocains captureront une embarcation
ennemie, et qu'ils'ytrouvera des marins ou passagers espagnols,des marchan-
disesou toute autrepropriétéqui puisse revenir à des sujetsde S.M. Catholique,
lesMarocains lesremettront librement àleur consul général avectousleursbiens
ct effets, au cas qu'ilsarrivent au port S.M. marocaine ;mais s'ilstouchentii
l'un des ports d'Espagne, les Marocains les présenterontde mêmeau comman-
dant ou au gouverneur ;et si la chose ne peut s'exécuterde l'une ou de l'autre
manière, ils lesdéposeront,en toute sécurité,au premier port ami où ils abor-
deront.

Autant en feront les navires espagnolà l'égarddessujetsetdesbiens de S.M.
marocaine qui seraient trouvésdans des naviresennemiscapturés ;cette bonne
harmonie et le respect que l'on doit porter aux pavillons des deux Souverains
devant s'étendrejusqu'h accorder la libertédes personnes et desbiens dessujets
des puissances ennemies trouvés à bord des embarcations, espagnoles ou maro-
caines,avecdespasseports en rkgleoù l'ondéclareleséquipageset les effetsqui
leur appartiennent, pourvu quece ne soient pas des articles de contrebandede
guerre.
Articles28. Siun navire espagnol dûment commissionnécapturait un navire
et seréfugiaitavec lui dans lesdomaines du Roidu Maroc,lescapteursauront la

facultéde vendre le navire et leschargements saisis;sans obstacle de la part de
personne, et ilsauront pleine libertédesortir avecleurprise et del'amenerhtout
autre port qui leur plaira.
Article29. Lesbâtiments des deux nations, tant de guerre que de commerce,
qui dans les ports ou les lieux fortifiésseraient attaquéspar les navires d'une
autre puissance qui serait en guerre avecl'unedesdeux,seront défendusdansces
ports ou dans ces lieux, et les vaisseauxennemis ne pourront commettre aucun
acte d'hostiliténisortir des ports que vingt-quatre heures aprésque les embar-
cations amies auront mis à la voile.

Lesdeux Parties contractantes s'engagentaussi àréclamer réciproquementd ,e
la puissanceennemie del'unedesdeux,larestitution des prisesqui seferaient en

'Bateaux légersservantau cabotage.254 SAHARA OCCIDENTAL

vue ou iltrois milles des cbtes, si le navire capturéétaitdans l'impuissancede

s'approcher de la terre et se trouvait Al'ancre.
Finalement, ellesdéfendrontde vendre en leursports lesbâtiments de guerre
ou de commerce qui seraient pris en la haute mer par toute autre puissance
ennemie de l'Espagneou du Maroc ;et aucas où lesnaviresennemisentreraient
dans les ports avec une prise faite au préjudicede l'une oude I'autre des deux
nations 1proximitéde leurs ctites,ainsi qu'ilvient d'@tredit, elles ladéclareront
libre par lefait même, obligeantlecapteuAl'abandonner avectout cequ'ilaura
pris d'effets, équipageset autres choses.
Article30. Les embarcationsde guerreou de commercedes deux nations qui
se rencontreraient en la haute mer et auraient besoin de vivres, eau et toutes
autres choses nécessairespour continuer leur route, se fourniront réciproque-
ment tout ce qu'ellespourront, en fixant la valeur au prix courant.
Ariicle 31. Siun bstiment espagnol, de guerre ou de commerce, entrait dans
l'une des rades ou l'un des ports du Roi du Maroc, et qu'il eGt besoin de

provisions et de vivres, il pourra les acheter francs de droits au prix du marche,
aveccette réserveque la quantiténedevra pas excédercequ'exige l'entretiendu
capitaine et de l'équipagejusqu'h destination, et le navire pourra aussi se pour-
voir de toutce qui sera nécessaireI I'entretienquotidiende l'kquipagetout le
temps qu'il demeurera h l'ancre dans le port marocain.
Article32. Les navires frétéspar ordre du Gouvernement espagnol pour
transporter lacorrespondance officielleou privéeoulouéspour ceserviceseront
respectéset auront les mémesprivilkges que les bâtiments de guerre, s'ils ne
transportent point des articlesde commerce de ouà ceport du Maroc ;dans ce
dernier cas, ils payeront les mCmesdroits qu'un bâtiment marchand.
Article33. Si un navire espagnol abordait aux côtes duMaroc et ne voulait
point prendre port, nidéclarer ou vendre son chargement, on ne l'y obligera
point ;et I'on nevérifierapas ce que porte le navire ; mais on pourra mettAe

bord une garde de douaniers, tout le tempsque le navire demeurerà l'ancre, en
vue d'évitertoute opérationfrauduleuse.
Article34. Si un navire espagnol entre chargédans l'un des ports du Roi du
Maroc, et qu'il veuilledébarquerseulement la partie de chargement destinéeA
cette place, il ne sera obligéde payer d'autres droits que ceux qui pksent sur la
partie déchargée,etI'onne devra exigerlepayement d'aucun droitpour la partie
qui demeurera hbord, mais ilseralibre desediriger avecce restede chargement
vers le point qui lui plaira.
Le connaissement de tout navire devra, à son arrivée,êtreprésentéauxoffi-
ciers de la douane du Maroc, afin qu'ils donnent l'autorisation de visiter le
bâtiment Asonentréeet à sasortie. et demettre unegardA bord pour évitertout
traFicillbgal.
La mêmeréglesera observéedans les ports espagnols, A l'égarddes navires

marocains. L'agentconsulaireespagnolexpédieraaucapitaine de chaque navire,
à sa sortie d'un port du Maroc, un certificat du connaissement qui devra cons-
tater les articles qu'il emportera. Les capitaines présenteront ce document aux
administrateurs de ladouane espagnole,quand ilsl'exigeront,afin qu'ils puissent
s'assurer que l'onn'apoint embarquédes articles de contrebande.
Ariicle35. Un capitaine de navire espagnol dans un port du Maroc et un
capitaine de navire marocaindans un port espagnol ne pourront d'aucune façon
êtreobligés de transporter contre leur grédes passagers ni des marchandises
d'une nature quelconque ;ilsneseront pas forcésnon plusde mettre Ala voileen
destinationd'un point verslequel ilsnevoudraientpas sediriger.etleur navire ne
serait molestéd'aucune façon. DOCUMENTS DU MAROC 255

Article36. Sil'un des sujetsdu Roi du Maroc frétaitun navire espagnolpour
transporterdes marchandisesou despassagers d'un pointA un autre des domai-
nes marocains et que, dans sa route, ledit navire se trouvât obligé,par le gros

tempsou un accidentdemer,d'entrerdansun autreportde cesmêmes domaines,
le capitaine ne sera tenu de payer le droit d'ancrageni aucun autre pour
son entréedans ce port. Mais si ledit navire débarquait ou prenaitA bord,
dans le mémeport, un chargement quelconque il sera traitécomme tout autre
navire.
Article37. Tout bâtiment espagnolqui aura souffert des avariesen mer et qui
entrera dans un des ports du Roi du Marocpour réparation,y sera admis et
recevra toute assistance, durant son séjouren ce port, pour tout le temps
nécessaire,afin de terminer les réparatiooujusqu'Ason départ pour sa des-
tinationSilesobiets nécessairesaux ré~arationsdu navire se trouvent Bacheter
aux ports, ilsseroh acquiset payéauxmêmes prixqu'ont coutumededonner les

autres navire;etpour aucun motif leditbâtiment neseramolesténiempêché de
poursuivre sa route.
Articl38. Si un bâtiment espagnol, de guerre ou de commerce, échoueou
naufrage sur un point quelconque des côtesdu Maroc,il sera respectéet protégé
dans tout cequ'illui faudra, conformémentauxloisdel'amitié,etleditbâtiment,
avec tout ce qu'ilcontiendra, sera conservéet restatses maîtres oau consul
générald'Espagneou consul, vice-consul,agent consulaire ou leur délégus,ns
détriment ni détournement d'aucune espéce.Si un bâtiment naufragé avait à
bord quelquesarticles que lespropriétairesvoulussentvendre dans lesdomaines
marocains,ilsle pourront fairelibrement, sanspayer aucun droit, niquand ilsles
vendront, ni quand ilslesambarqueront. Le capitaine et l'équipageauront toute

libertéde se rendre au point qu'ils voudront et qu'il leur semblera le plus
convenable, sans qu'il puissy êtremis obstacle.
Les navires du Roi duMaroc ou de ses sujets recevront le mêmetraitement
dans lesdomaines de S.M. Catholique, les naviresmarocains étant,dans cecas,
pour tout ce qui se rapporte au sauvetage, traités comme les navires espa-
gnols.
Siun navire espagnolnaufrageaiA l'ouedNoun ou en tout autre point decette
côte, le Roi du Maroc emploiera tout son pouvoir pour sauver son capitaine
et l'équipagejusqu'h ce qu'ils retournent dans leurs pays, et il sera permis au
consulgénérad i'Espagne,auconsul,vice-consul,agentconsulaireouleurdélégué
deprendre toutes lesinformationsou renseignementsqu'ilsvoudront concernant

lecapitaine et l'équipagedecenavire,afindepouvoir lessauver.Lesgouverneurs
du Roi du Marocaideront égalementle consul générald'Espagne, le consul,
vice-consul, agent consulaiou leur déléguédans leurs investigations, confor-
mément aux loisde l'amitié.
Article 39. Dans les ports du Maroc, le droit d'ancrage ou de mouillage
applicable aux embarcations marchandes espagnoles sera de 20 a 80 réauxde
vellon lpour chacune, suivant sa classe et son tonnage, et d'aprés larègle
suivante :

Tarifdes droits d'ancraget dernouilIage
Réaux de vellon
Jusqu'à 50 tonneaux 20
De 50 A 100 40
De 100 A 150 60
De 150et au-dessus 80

~zal de vellon= O fr.25 environ.256 SAHARA OCCIDENTAL

Article 40. 11ne sera exigédes navires espagnols, dans les ports du Maroc,
aucun autre droit de pilotage ou de capitainerie de port que ceuxquisont exigés
des nations ou de la nation la plus favorisée.
En tout cas, ces droits ne pourront excéder ceuxindiquésau tarif suivant :

Pilotage obligatoiru Rabatet à Luruche
Centiéme de réal

Pour chaque tonneau, à l'entréedes navires au port 80
A la sortie 80

Pilotagefacultat~ ou au grédes capitainesdans lesautresportsdu Muroc

Centiémesde réal
Pour chaque tonneau, Bl'entréedes navires au port 40
A la sortie 40

Lesdroits de capitainerie de port ne dépasserontjamais 8 réauxde velionpar
navire, quel que soit son tonnage.
Cesdroits, aussi bien que tous les autres, seront les mêmesdans tous lesports
de l'Em~ire.
1 -
Article 41. Les navires espagnols qui entreraient ou sortiraient sans faire
aucune opération de commerce seront exempts de toute espécede droits de
mouillage et de capitainerie de port, en se soumettant, quant aux droits de
pilotage, aux réglesci-dessus établies.
Les bateaux pecheurs seront exempts de toute espkce de droits.
Article 42. Les bâtiments de guerre de l'une des deux nations ne payeront,
dans aucun des ports de i'autre, de droits d'ancrage, de mouillage ou de capi-
tainerie de port pour les vivres, I'aiguade,le bois, le charbon et les rafraîchis-
sements dont ils auront besoin pour leur consommation.
Artide. 43. L'expérienceayantdémontréqueledéfautd'éclairagesur lescôtes

septentrionales du Maroc exposela navigatione tlecommerce 1 iegraves risques
et h des pertes, et S. M. marocaine désirant contribuer à la sécuritéde la
navigation et au développementdu commerce, autant qu'ilest en son pouvoir,
s'engage A construire un phare au cap Spartel et AveillerAson éclairage àtson
entretien '.
Article 44. Il y aura libertéréciproquede commerce entre les domaines de
S.M. Catholique et les domaines du Roi du Maroc.
Les sujets de S. M. Catholique pourront trafiquer sur tout point du territoire
marocain sur lequel sont ou seraient admis les sujets des pays étrangers.
Les sujets espagnols pourront acheter et vendre Aqui ilsvoudront les articles

non prohibes, en gros et en détail, ei dans toutes les parties des domaines
marocains, sans que leurs intértts puissent êtreléséspar aucun monopole,
convention ou privilégeexclusifd'achat ou devente. Deplus, ilsjouiront de tous
lesdroits, prérogativeset avantages commerciauxquidorénavant seraientaccor-
désaux sujets et citoyens de la nation la plus favorisée.
Lessujets du Roi du Marocjouiront en revanche,dans lesdomaines de S.M.
Catholique, des memes privilégeset de la meme protection dont jouiront ou
jouiraient lessujetsou citoyens de la nation la plus favorisée.

' Voirin/rr(Dewiérnepartie :Accordsrelatifà quelquesobjejetsspéciaulesdeux
conventionsinternationalesdes31 mai 1863et27-29janvier 1892,relativauphare et
au semaphore du cap Spartel. DOCUMENTS DU MAROC 257

Article 45. Lessujetsde S.M.Catholique et deS.M.le Roidu Marocjouiront
d'uneentiérelibertéde communication avec lesplacesde Ceuta et de Meiiilaet
les pays immédiats,et ilspourront acheter et vendre en détail touslesobjets de

consommation et les articles dont l'introduction et l'exportation nesont point
prohibéesdans l'Empiremarocain. Les autoritéset employésétablispar le Roi
du Maroc etceuxdesplacesdeCeutaet de Melillaprotégerontlessujetsdesdeux
Souverains dans l'exercicede ce droit.
Article46. Personne,sousaucun prétexte, n'imposerad, ans letemtoirmaro-
cain, outre lesdroits mentionnésil'article50,aucun droit de douane, de transit
ou autre chargequelconque sur lesmarchandisesouproductions qui auraientété
achetéespour l'exportation pour ou au nom d'un sujet espagnol. Mais leurs
marchandises ouproduits seronttransportésde toutpoint du Maroc auxports de
l'Empireet y serontembarquéslibresetfrancsde tout droit dedouane, de transit
ou de tout autre impbt. On n'exigeraaucune passe ni document semblable pour
pouvoir de cette façon lesintroduire et lesembarquer dans lesports marocains ;

aucun employéou aucunsujejed tu Roi duMarocnepourra mettre empêchement
ou obstacle au transport nA l'embarquement de ces marchandises ou produits,
sauf lesarticles dont leRoidu Marocaurait défendu l'exportation,et sous aucun
prétexteil ne pourra demander ou percevoir de l'argentsur leurs marchandises.
Siunemployéouun sujetmarocaincontrevient à cettestipulation,son Souverain
lechâtiera sur-le-champ aveclaplusgrande sévérité; ilrendra pleinejustice aux
sujetsespagnols, lesindemnisant de touslesprejudicesetpertes qu'ils pourraient
subir et éprouver.
Article47. Les commerçants espagnols, dans les domaines marocains, pour-
ront librement diriger leur affaires par eux-m&mesou les conlier aux soins de
toutes autres personnes par eux nommées commecourtiers ou agents ;ils ne

seront inquiétésni entravésdans le choixdes personnes qui peuvent s'acquitter
de ces commissions. Ils ne subiront pas non plus l'obligation de compter un
salaire ou une rémunérationen faveur des personnes qu'ils n'auront pas voulu
choisir pour de semblables fonctions. Ceux qui, étantsujets du Roi dMaroc,
exerceraient ces offices seront traités et considérés commeles autres sujets
marocains.
L'acheteur, aussi bienque levendeur, auront libertéabsoluede négocierentre
eux, et la moindre intervention ne sera point permise de la part des employés
marocains.
Siun gouverneurou un autrefonctionnaire s'entremetaitdans lestransactions
entre lessujetsespagnols et marocains ou mettait un ernpéchemenAl'achatou
la vente légale,dans les domaines du Roi du Maroc, d'effets ou marchandises

importés ou exportés,S. M. chérifiennepunira sévèrement ledit gouverneurou
fonctionnaire.
Article48. Encore qu'il surviennei S. M. marocaine unjuste motif de prc
hiber l'exportation de blésde sesdomaines ou de tousautresobjetsou articlesde
commerce, cela n'empêcherapas les Espagnols d'embarquer dans les ports
marocains les blés qu'ilsauraient déjhen magasin ou qu'ils auraient achetés
avant la prohibition (fussent-ils encore au pouvoir des sujets deM.. maro-
caine), dela mernefaçonqu'ils leferaient silaprohibition n'avaitpaspubliée,
sansqu'on puisseleuroccasionnerlamoindre vexationou lemoindre préjudice ii
leurs intkrêts.
La mêmeconduite, dans le meme cas,sera observéeen Espagne l'égarddes

Marocains.
Article49. Ne seront point prohibéesdans les territoires du Roi du Maroc les
marchandises ou productions importéesdans les ports marocains par des sujets258 SAHARA OCCIDENTAL

espagnols,quellequ'ensoitlaprovenance ;et,iipartirde ladate decetraité,elles
ne payeront pas de droits plus élevéq sue ceux exigés,sur les mêmes marchan-

dises ou productions, des sujets de toute autre puissance étrangère oudes
nationaux.
Tous lesproduits du Maroc pout-rontêtreexportéspardessujetsespagnols,en
les embarquant dans les ports marocains, avecles mémesavantages dont jouis-
sent les nationaux ou les sujets de tout autre pays.

ArticleSû. Afin de faciliter le commerce entre l'Espagne ct te Maroc, S. M.
chérifienneprometpar lesprésentesque lesdroits qui devrontêtreperçus sur les
articles importes dans ses domaines par des sujets espagnols ne depasseront
point 10pour cent de la valeur au point où s'opéreral'importation, et que les
droits qui seront imposéssur lesarticlesexportésdu territoire marocain par des

sujets espagnols ne dépasseront pas letaux fixéci-dessous :

TARIF D'EXPORTATION 1

A rticles Piusrres
forles Onces

Blé par fanéguerase 1 ))
Maïs et doura - comble lh P
Orge - rase '12 ))
Tous autres grains par quintal IV2 i)

Farine - 0 30
Graines pour oiseaux - )> 12
Dattes - )) 40
Amandes - D 35
Oranges, citrons et limons par 1OOO )) 12

MarjoIaine sauvage par quintal )) 10
Cumin - i) 20
Huile - i) 50
Gomme - i) 20

Henné - )) 15
Cire - i) 120
Riz - i) 16
Laine (lavée) - )) 80
Laine (en suint) - )) 55

Cuirs :peaux de mouton et
de chévre - >) 36
Peaux tannées,dites tafilel,
zavani et cochinea - i) 100
Cornes par IO00 I) 20

Suif par quintal )) 50
Mules par tête 25 ))
Anes - 5 1)
Moutons - I )>
Chèvres - )> 16

Poules par douzaine B 22
Eufs par IM30 i) 51

' Ce tarifest identique&celui qui figure l'artic7 du traitéde commerce anglo-
marocai dnu 9 dkcembre 1856(voir supra).
La piastre forte= 5 fr.26. DOCUMENTS DU MAROC 259

Pinsires
fortes Onces

Babouches par 100
Piquants de porc-épic
par 1ûO
Gasoul (savon minéral) par quintal
Plumes d'autruche par livre
Paniers par 100
Carvi par quintal
Peignes de hois par 100
Poils par quintal
Raisins
Ceintures de laine nom-

méescresi par 100 >)
Tackawt (teinture) par quintal )>
Toisons tannées - 1)
Chanvre et lin - >)

Si le Roi du Maroc, usant de son droit, prohibait l'exportation d'un article
quelconque, et qu'ensuite il révoquâtsa prohibition, les droits établisdans ce
tarif ne seront pas modifiés.
Quant au bléet A l'orge, si le Roi du Maroc juge à propos d'en prohiber
l'exportation, mais qu'il veuillevendreaux commerçants les céréalesapparte-
nant au gouvernement, il le fera sous toutes lesconditions et avecles avantages
dont jouit la nation la plus favorisée.

Sile Roi du Maroc voulait réduirelesdroits sur lesarticles d'exportation, ille
pourra faire sans inconvénient, et les sujets espagnols payeront en ce cas les
droits les plus bas que payent les sujetdu pays ou les étrangers.
Les sujets marocairls payeront en Espagneles mémesdroits d'importation et
d'exportation sur les marchandises de leur propriété,dont l'entréeet la sortie
sont autorisées,que payent les sujets de la nation la plus favorisée.
Article 51. S. M. le Roi du Maroc désirant,en exécutiondes stipulations de
l'article 15du traitéde paix signéhTétouanle 26 avril 1860,faciliter autant que
possible l'exportation des bois pour les arsenaux dS. M. Catholique, convient

d'accorder aux sujets espagnols qui s'ytrouveraient spécialementautoriséspar
leur Souverain ledroit de faire des coupes dans lesforêtsdesesdomaines où il
sera possible de le faire sans compromettre la sécuritédu territoire ni des
personnes qui y sont employées,dressant Acette fin lesbaraques, les abris et les
clbtures indispensables pour se préserverdes intempéries, garder les outils,
garantir les abattis, jouissant d'une libertéet d'une pleineprotection de la part
des autorités indigènes.
Lecontrat entre lesexploitants sujetsdS. M.Catholique etleGouvernement

marocain, pour fixer le prix et les conditions de l'exportation, sera conclu avec
l'intervention du représentant de 1'Espagneau Maroc, lequel veilleraa l'exact
accomplissement de l'engagementcontractépar lesdeux parties. Lesdifférends
qui pourraient survenir seront réglése commun accord par lesgouvernements
respectifs.
Le droit d'exportation des bois destinéaux arsenaux de S. M. Catholique ne
pourra dépasser240 réauxde vellon par 100madriers.
Article 52. Siun sujetespagnolouson agentdésirait transporter parmer,d'un
port àl'autre desdomaines du Roi du Maroc, desmarchandises sur lesquelleson260 SAHARAOCClDENTAL

aurait payéle droit de 10pour cent, les marchandises ne seront pas sujettes au
payement d'autres droits ni A l'embarquement ni au débarquement, pouvu
qu'elles soient accompagnéesdu certificat de I'administrateur de la douane
marocaine.
Article 53. Tout article produit ou fabriquéau Maroc, et acquis par un com-
merçant espagnol oupar sesagentsen vue del'exportation, sera transportéfranc

de tout droit ouchargeau lieuconvenablepour l'embarquementdans lesports. A
l'exportation,on exigera seulement le droit fixéau tarif consignéh l'arti-
cle 50.
Article 54. Les sujets espagnols qui embarqueraient ou débarqueraient des
marchandises dans les ports du Maroc emploieront a cet effet les allègesdu
Gouvernement marocain ; maissilejour de l'arrivéedu navireleGouvernement
n'avait pas mis sesalltge)ala disposition des intéressdans lesdites operations
pour la fin susmentionnée,les sujets espagnols pourront employer des embar-
cations particuliéres,et,dans cecas, ilsne payeront aux autoritésdu port que la
moitiédes droits qu'ils auraient payés s'ils avaient employé lesbateaux du
gouvernement.
-
Ne pourront êtreaugmentes les droits de transbordement qui se payent
actuellement dans lesdifférentsportsdu Maroc et l'administrateur de la douane
respectivedevra fournir au consul, vice-consulou agent consulaire espagnol.un
exemplaire du tarif de ses droits pour son information.
Article 55. Les articles de ce traité seront applicablàstoutes les places et
ports du Maroc ouverts au commerce étrangerou qui seraient ouverts dans la
suite, tant dans la Méditerranéeque sur l'océan.
Article 56. Si un sujet espagnol introduisait frauduleusement des marchan-
disesen contrebande, de quelque valeur que cefOt,en territoire marocain, ou en
emportait, les marchandises seront confisquéeset le fraudeur livréau consul,

vice-consul ou agent consulaire de l'Espagne pour êtrepuni selon sa faute.
11soaprocédéde mêmeenEspagne enverslessujetsmarocains qui feraient la
contrebande. Ilsseront pris et remis auconsulgénéradle S.M.Catholique, en lui
donnant connaissance desfaits, afin que leGouvernement marocain leur inflige
la punition méritée.
Article 57. Lessujetsespagnols, qu'ils soienthabitants delaPeninsuledesîles
Canaies ou Baléares,ou des possessions de S. M. Catholique sur le continent
africain, auront le droide pêchersur les côtes de l'Empire marocain.
Article58. Les bâtiments espagnols qui se livreraienàla pêchesur les côtes
marocaines devront &treporteurs d'un permis des autoritésmaritimes d'Espa-
gne ; ilsle pourront exhiber, s'ilest nécessaire,aux autorduéMaroc,aupoint
1
le plus rapproché de l'endroit où ils voudront exercer la pêche.
Arricle59.Siun bateau pPcheur espagnol étaitsuspect de se livrer à la con-
trebande sur lescôtes marocaines, lesautoritésdu pays ledénonceraientimmé-
diatement au consul ou agent consulaired'Espagne le plus voisin, afin qu'après
vérificationle capitaine ou le patron soit acquitté ou condamnépar ses supé-
rieurs respectifs, suivant les lois et ordonnances en vigueur en Espagne.
Article 60. Afin de faciliter la péchedu corail a laquelle se livrent les Espa-
gnols sur les côtes du Maroc, les Hautes Parties contractantes sont convenues
que les embarcations espagnoles pourront se livrerà cette pêchesur tout le lit-
tord de l'Empire marocain en payant la somme annuelle fixeet invariable de
150douros 1par chaque bateau pêcheurde corail.

Les capitainesou patrons de navires qui voudraient se livrer A cette pêche

Le douro valait5 pesetashassani,soit enviro5 francs. DOCUMENTS DU MAROC 261

adresseront leur demande au représentantde l'Espagne au Maroc, qui la trans-
mettra au ministre des affaires étrangèresde S. M. le Sultan, lequel dépêchera
l'autorisation nécessairesans y mettre embarras ni difficultéaucune ;et il rece-
vra directement descapitaines intéressés le ontant desdroits, enleurexpédiant
l'acte constatant qu'ils ont acquis le droit de pêcherle corail moyennant le
payement de la somme stipuléepar cet article.
Serontpunis par ledit représentantde S. M.Catholique lespatrons de navires

espagnolsquiseront trouvésselivrant à lapêchedu corailet neprouverontpoint,
par l'acte susmentionné,qu'ils ont acquis le droit de pêche.
Les peines seront proportionnées àla nature de la faute.
Article 61. Par leprésent traitéi,lestdérogà toutes lesanciennesstipulations
entre l'Espagne et leMaroc. II ne subsiste plus que la convention signée à
Tétouan le24août 1859et lestraitésconclusdans la mêmevillede Tétouanet en
cette cour, le 26 avril 1860et le 31 octobre de la présente année,lesquels
conserveront toute leur force et vigueur en tout ce qui n'est pas en opposition
avec les mêmes dispositions.
Article 62. Ce traité serapubliéet notifie aux sujetsdes deux puissances, afin

que nul n'enignore lesconditions, et les copies en seront envoyées aux gouver-
neurs et autoritéscompétentesen vue de l'exécution la plus exacte.
Article 63. Afin que les Hautes Parties contractantes puissent dorénavant
traiter et convenir d'autres arrangements propres à faciliter davantage encore
leurs relations mutuelles et favoriser lesintérêde leurs sujets respectifs, il est
stipulé que,passé dixans aprèslejour de l'échangedes ratifications du présent
traité, chacune desdeux Parties contractantes aura le droit d'en demander la
modification àl'autre; mais tant que cette modification n'aura pas étéfaite, ou
qu'un nouveau traité n'aura pasétéconclu et ratifié, leprésent traité demeurera
en pleine vigueur.
Article 64. Le présent traitésera ratifiépar S.M. la Reine d'Espagne et par

S.M. le Roi du Maroc, et l'échangedes ratifications aura lieu BTanger dans le
terme de cinquantejours, et plus tôt sifaire sepeut. On signeraet scelleraquatre
exemplaires de ce traité,un pour S.M. Catholique, un autre pour S. M. maro-
caine,un autre qui devrademeurer dans lesmainsdu chargé d'affaires d'Espagne
au Maroc et un autre dans les mains du ministre des affaires étrangèresdu
Royaume d'Espagne, chacune des deux Parties contractantes veillant Ace que
l'on observe avec la plus grande ponctualité tousles articles qu'il renferme.

En foide quoi,nous, les soussignésplénipotentiaires,l'avons signeet scelléde
nos sceaux respectifs à Madrid, le 20 novembre 1861de l'èrechrétienne qui
correspond au 17de Chumeda la premikre de 1278de l'hégire.

Le calife de notre maître lePrince des croyants (que Dieu le favorise), EL
ABBASf,ils du Prince des croyants (que Dieu lui pardonne). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 30

LETTRE DU MINISTRE D'ÉTAT ESPAGNOL
A SON MINISTRE ReSIDENT A TANGER

Le ministèrede la marine m'a transmis l4 févrierla communication sui-

vante :
«J'ai le plaisir de vous annoncer que neuf membres de l'équipagedu
navire EsmeraldadestinéAla pêcheont étéfaits prisonniers, ou, je dirai
mieux, faits captifs par les Maures de la côte frontiére.Suivant la déclara-
tion du commandan tudit naviredu 25 novembre, lesdits membres qui
sont alléspécheront étécapturéspar les Maures qui exigeaient, pour les

libérerde l'argent, de la poudre et de la mouss..Nous attendons du
Gouvernement de S. M. l'AugusteReine et de ses sentiments humanitaires
de voir de quelfaçonilpourra faire délivrer lescaptifs qui sont dignes de
compassion ..Les faits onteu lieu dans un endroit appelépar les pêcheurs
du nom de Cabinoqui est à plus de 180milles au sud du cap Noun.>)

D'ordre de Sa Majesté,je vous demandede faire la réclamation quis'impose
au Sultan conformément il'article38 du traitédu 20 novembre 1861afin qu'il
use de son pouvoir pour sauver les marins captifs.
Madrid, 4 avril 1863.

Annexe 31

LETTREDU MINISTRE D'ÉTAT ESPAGNOL
A SON MINISTRE RÉSIDENT À TANGER *

Le Consul de Mogador m'a informéque les marins du navire Esmeraldoqui
ont étécapturéspar leshabitants de lacôte de l'ouedNoun et au sujet desquels
vousavezentamé laréclamationopportuneauprès du Gouvernement marocain,
ont étédélivréset se trouvenentreles mains du cheik Beyrouk. De méme,le
même consul m'ainforméquehuit autresEspagnols ontétécapturéset, pourleur
délivrance,ilaentamédesnégociations avecleditpersonnage.Des ordres ont été
donnésau ministre de la marine afin qu'il envoieun naAl'oued Noun pour
récupérerles captifs et les amener en Espagne. Le Gouvernement de S.M. ta
Reine a récompensé lecheik Beyroukpourles bons offices déployésdancelte
affaire et il vous autorise Alui faire un cadeau en témoignagede sa grati-
tude.

San Ildefonso, 20juillet 1863.

Bauer,Consecuenciade lcampafiode1860(Marruecos),tII,p. 287
Ibid., 327. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 32A

LETTRE DE JORGE JUAN AU MARQUIS DE GRIMALDI

Cadix, 3février1767.

Monsieur,

J'abeaucoup réfléchaiu sujet de l'établissementque les Anglais voudraient
établirsurla cate africaine ainsi qu'au sujetde la lettre de M...L'éta-i
blissement préconispar M. Bernardietquidit servArlasalaisondu poissonest
situédans le port de Voord ou Santa Cm de Mar Pequefia.., Mêmedans
I'hypothéseoù l'onpourra avoir cet établissement,je ne voispas son utilitépour
leshabitantsdes îlesCanaries. Ilcoûterait trop cher au Roiparce qu'ilfaudrait le
fortifier, mettàesa teteun gouverneur et des troupes pour le garder, plus
nombreuses pendant les periodes de guerre. Je crois qu'il serait moins cher
d'acheter le poisson hTerra Nova et de le trasporter aux îles Canaries.
De toutes laçons, il ne faut pas oublier que l'ambassadeur Ahmed el Ghazal
n'a pasréponduhla demandede Votre Excellenceau sujetde cet établissement,
peut-9tre c'étaitpar répugnance...

Annexe 32 B

LETTRE DU MARQUIS DE GRIMALDI A JORGE JUAN 2

El Pardo, 9février1767.

Me référant ivotre lettre au sujet de l'article que l'on désireinclure dans le

traité depaix avec le Marocsur la fondatio dn'unétablissementsur la &te
d'Afrique afinde développerla pPchedes Canaries dans lesdits parages,j'ai pu
voir lesavantageset lesinconvénientsque vous m'avezsignalS.M. leRoi alu
attentivement votre lettre et il appréciebeaucoupvotre zéle,mais avant de vous
donner des instructionsà ce sujet nous avons penséBtout cela. On sait que
l'affaire est tellement graveet tellement séqu'ilfaut prendre du temps et
avoir le maximum de renseignements avant de planifier l'établissement projeté.
SaMajestéconsidere qui'il est nécessade demander etd'obtenir la permission
de l'empereurdu Maroc pour fonder cet étabLissemen. n sait que ce n'estpas
opportun de faire une forteresseparce que celaimpliquerabeaucoup de troupes
et desdépensesconsidérablessans êtrepour autant sûrsdes avantagOn.pense
établirun petit fort qui serait suffisant pour repousser lesattaques des Maures
très braveset nomade..Il est évidentquejamais nous ne pourrons empêcherles
AnglaisB s'établirsur la côte d'Afrique au moment où ils le voudront, mPmesi
nous les précédons. SAHARAOCCIDENTAL

Annexe 32C

ARTICLES PRÉLIMINAIRES QUI DOIVENT SERVIR DE BASE
POURUN TRAITI?DE PAIXENTRE S.M.CATHOLIQUEET SM.IMPB-
RIALE DU MAROC, COMMUNIQUA ESSI AHMED EL GHAZZAL
LE 20MAI 1767 l

(Extrait.)

Articl12

S.M.impérial permettraaux habitantsdes îles Canariesà s'édans le
port d'ouedNoun ou dansun autre portplus loin de ses domainesau sud de
celui-ciafiqu'ils puissent le produide leurpéche.

'Rodrigue2Casado,Politica marrde CarlIII, p. 409. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe33 A

LETTRE DE S. M. MOHAMED BEN ABDALLAH
AU ROI D'ESPAGNE CHARLES III

Au nom de Dieu, le Miséricordieux,de Marrakech, de Fés,de Meknts, de
I'Enir,des musulmans, Sultan, du Orad, du Sous, du Tafilalet et d'autres pro-
vinces marocaines,
Au roi d'Espagne Carlos III, que Dieu te guide,et sAlcelui qui est sur le
droit chemin.
Notre Majesté a reçulecadeau que tu luasadressé avec l'ambassadeurJorge
Juan. Nous l'avonsapprkcié,comme nousavonsété agréablement impressionnés
par l'ambassadeur qui a fait preuve d'intelligence,de doigtéet de politesse due

aux rois, lorsqu'ilsaccordent une audience.
11nous a informéde ce que tu nous réserves,amitiéet bonne prédisposi-
tion.
Notre secrétaireAhmed Al-Ghazal nous a informéaussi de la maniéresatis-
faisante dont tu l'as reçu et de ce que tu as libérédes prisonniers que tu
détenais.
Nous n'avonsplus aucun doute quanA lamanièredont tu satisfaisAnosdésirs
et quant a l'amitiéque tu nous portes.
Quant aux affaires dont l'ambassadeur nous a parlé en ton nom et pour
lesquellestu luiasdonnédélégationpour traiter,nouslesavonsrégléesetotalité
sauf deux quenous n'avonspu résoudreàcausedes problèmesjuridiques qu'elles
soulèvent.
La premiéreconcerne l'autorisatioaux habitantsdes Canaries de péchersur
la cbted'oued Noun.à causedes risquesqu'encourent lesCanariens etdespertes

qu'ils peuvent subirEn effet, les nomades de ces régionssont des ignorants
capables de commettre les pires méfaitssans crainte dëtre sanctionicause
du grand éloignement.
Observecequi est arrivPaux Anglais avec eux ; ilsont attaquéleur navire,les
ont tués,ont brisélebateau, sesont seMs despoutres de leurs tentes et ont briilé
le reste.
CesArabes (nomades) n'ont pas de domicile fixe,mais vont avecles tentesoù
ils veulent, ce qui rend nos décisionsinopéran1ileur égard.
11n'est donc pas digne de nous de consentiaune demande qui peut porter
préjudice aux deux parties. Les habitants des Canaries et d'autres pêchent
d'ailleurssur la cate d'Agadirqui est suffisamment poissonneuse pour satisfaire
le besoin espagnol. Nous les avons déchargésàcet effet de toute redevance.
D'ailleurs, de grandes sommes d'argent ont été offertespour la pPchesur cette

côte et nous n'avonsjarnais voulu lesaccepter réservantcettecôte auxEspagnols
sans concurrence aucune, en considérationde notre réconciliation etde la ma-
niéredont ils (les Espagnols) reçoivent nos serviteurs lorsqu'ils vontchez eux.
Quant A la côte qui va d'Agadir Aoued Noun et au-delii, nous ne sommes
nullement responsables de tous les préjudicesqui peuvent y arriver. Pour cequi
va d'Agadir versnous, elle est sous notre contrôle.
La seconde question concerne les frontikres. Sacheque les frontikres ont été
fixéespar les précédentsrois, et ont étédélimitées en présenee savants de
l'époque,de magistratset d'une assembléede musu1mans.266 SAHARA OCCIDENTAL

Ces rois se sont engagéspar leurs signaturesAn'y apporter ancune modifi-
cation. Depuis, tous les rois qui se sont succédéau service de leur peuple ont

exercéune surveillance et un contrôle de ces frontières d'une manièrelégale.
Personne ne peut donc rien y changer. Et, si notre religion permettait un tel
changement, nous vous l'aurions accordéen récompensede bonne amitiéet de
tes senices.

Un ordre a étédonné d'écrirecette lettre à Marrakech par le Roi, le
1"'Moharrem 1181 (correspondantau 30 mai 1767).

Annexe 33 B

LETTRE DE L'EMPEREUR DU MAROC AU ROI D'ESPAGNE '

(Extrait.)

Tout ceque votre ambassadeur m'ademandéen votre nom,je leluiaiaccordé
comme s'il s'agissait de vous-même.Seulement, je me suis éloignédes deux
articles que j'ai considérésde droit. Le premier concerne l'établissementdes
habitants desîles Canaries pour faciliter leur pêchedans la côte de l'oued Noun
parce que je suis certain que cela leur serait préjudiciable. LesArabes dudit
endroitne sont subordonnés,niont peur depersonne acausedeleuréloignemenl
de mes royaumes, et je n'ai pas de juridiction sur eux. Ce qui est arrivé aux
Anglaisqui ont étéattaquésetleurs naviresprisdétruitset incendiés,et lesmâts

de cesnavires ont étutiliséspour leurs tentes. CesArabes n'ontpas de lieu;ûr
ils changent de lieu quand ils veulent. Jamais, ils n'ont étéassujettis, ni subor-
donnés à aucun gouvernement. C'estla raison pour laquellecen'estpas normal
que je donne mon consentement, étant donnéqu'ilpeut être préjudiciableaux
habitants desîlesCanaries...La côte,depuis Santa Cruversle sudn'étant pasde
majuridiction, je ne peux pas la franchir, ni êtreresponsabde ce qui peut y
arriver..

Datéea Marrakech le ferMoharrem 1181 (correspondantou 28 mai 1767).

l AlcalaGaliano,Pesquerim y comercio,p262. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 33 C

EXTRAIT DE GARC~AFIGUERAS, SANTA CRUZ DE MAR

PEQUENA

Page 49 :

Jorge Juan a échouédans ses démarches auprèsdu Sultan pour obtenir
l'autorisation voulue pour l'établissementd'une factorerie commerciale et de
pêchedans la côte frontihre des îles Cana...s

Annexe 34 A

PREMIER DOCUMENT : BASES PRÉLIMINAIRES

AU TRAITÉ DE PAIX '

(Extrait.)

Articl2

S. M. le roi du Maroc s'oblige a cédàrperpétuitéun morceau de terrain
suffisanà Santa Cruz de Mar Pequeiia sur la côte de l'océanAtlantique pour
l'établissementd'un centre comme celui que l'Espagne possédaitautrefois.

25 mars 1860.

Annexe 34 B

BASES PRÉLIMINAIRES POUR LA NÉGOCIATION D'UN TRAITÉ

DE PAIX DU 25 MARS 1860

(Extrait.)

Article
Dela mémefaqon,S.M. leroidu Maroc s'obligeaconcéder 1i erpctuité,dans

la côte de l'océan,ASanCruz la Pequefia,le territoiresuffisant pour laforma-
tion d'un établissement commecelui que l'Espagne avait la-bas autrefois.

'Dawud, Tory TitwantIV, p. 268.
Cagigns,Trotador y conveniusreferentesa Marruecos,p. 39 SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 35 A

TRAITÉ DE PAIX ET D'AMITIÉ ENTRE LE MAROC ET L'ESPAGNE
SIGNE A TÉTOUAN LE 26AVRIL 1860,CONNU EN ESPAGNE SOUSLE
NOM DE TRAIT?? DE OUAD RAS i)

Articl8

S.M. marocaine s'obligacéderà perpétuitAS.M. Catholique surlacôtde
l'océan,près de Santa Cm la Petite, un territoire suffiàala formation
d'un établissementde pêcheries comme celi ue l'Espagne avait eu là dans le
passe.
Pourmettre enŒuvrecequiaetéconvenu dans cetarticlesgouvernementsde
S. M. Catholique et dS.M. marocaine se mettront d'accord, au préalable,et
nommeront de part et d'autre des commissions pour désignerle terrain et les

limites que devravoirledit établissement. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 35 B

TRAITÉ DE PAIX ET D'AMITI~~ SIGN~ A TBTOUAN
LE 26AVRIL 1860 '

Au nom de Dieu tout-puissant !

Traitéde paix et d'amitiéentre S.M. dona Isabelle II, reine des Espagnes, et
Sidi-Mohammed, roi de Maroc, de Fés,de Mequinez, etc. Les parties contrac-
tantespour S. M.Catholiquesont sesplénipotentiairesdon LuisGarcia yMiguel,
grand-croix des ordres royaux et militaires de Saint-Ferdinand et Saint-Herme-
negilde, de Charles III et d'Isabelle laCatholique. dkcoréde deux croix Saint-

Ferdinand de premiére classe etd'autres pour actions de guerre, officierde la
Légiond'honneur de France, lieutenant généraldes armées nationales,chef
d'état-major généradle l'arméed'Afrique, etc., et dom Thomas de Ligues y
Bardaji, majordome de semaine de S.M. Catholique, notaire et roi d'armes de
l'ordre illustre de la Toison d'or, commandeur compris dans le nombre régulier
desordres de Charles 111et d'Isabelle laCatholique, chevalierdel'ordre militaire
deJérusalem,grandofficierdel'ordredeSaint-Mauriceet Lazare,du Medjidiéde
Turquie, et du méritede la couronne de Baviére,commandeur de l'ordre de
Santiago d'Avis de Portugal et de l'ordre de Franqois Ier de Naples, ministre
résidentet directeur politique de la première secrétaireried'Etat, ;et pour
S. M. marocaine les plénipotentiaires,le serviteur, représentant et confidentde
l'Empereur, l'avocat El Sid-Mohammed elJetib, et le serviteur de l'hpereur,
chef de la garnison de Tanger, caïd de la cavalerie, El Sid-el-Hadch-Ajmad

Chabli, Ben-Abd-el-Melek, lesquels,dûment autorisés,sont convenus des ar-
ticles suivant:
Arriclepremier. Ily aura paix et bonne arnite perpétuelleentre S.M.la Reine
des Espagnes et S. M. le Roi du Maroc et entre leurs sujets respectifs.
Article2. Pour faire disparaitre les causes qui ont motivé la guerre,au-
jourd'hui heureusement terminée,S.M.le Roidu Maroc, animedu désir sincère
de consoliderlapaix,convientd'étendrele territoire appartenant Blajuridiction
de la place de Ceuta jusqu'aux lieux les plus convenables pour la sûretéet la
défense complètede sa garnison, ainsi qu'il sera déterminédans l'article sui-
vant.

Article 3. Afinde mettrA exécution lastipulation del'articleprécéde, . M.
le Roi du Maroc céde a S. M. la Reine des Espagnes, en pleine possessionet
souveraineté,le territoire compris depuis la mer en suivant les hauteurs de
Sierra-Bullones jusqu'au ravind'Anghera.
Commeconséquencede cequi précède,S. M.le Roi du Maroc cédeà,S.M. la
Reine des Espagnes, pour le posséderen pleine souveraineté,tout le territoire
compris depuisla mer, en partant pr&sde lapointe orientale de la premièrebaie
de Handag-Rahma, sur la cbte septentrionale de la placede Ceuta, en suivant le
ravin ou ruisseauquiyfinit,en montant ensuiteverslapartie orientale du terrain
où estla prolongation du mont du Renégat,qui suitlamémedirectionsur lacbte,
se déprimetrksbrusquement pour finir par un escarpement parseméde pierres

i RiviéreTraitéscodes et lois Maroc, t.1,p.36.270 SAHARA OCCIDENTAL

d'ardoises et descend en côtoyant, depuis le passage étroit quis'ytrouve, sur le
versant des montagnes de Sierra-Bullones, ou sont situéesles redoutes d'ka-
belle II, Francisco de Asis, Pinier, Cisneros el Prince Alfonso, en arabe Vad-
Auiut,pour seperdre dansla mer ;letout formant un arcde cerclequi setermine
dans la baie du Prince Allonso, en arabeVad-Auiai, sur la côte sud de la place
deCeuta, ainsi qu'ila étreconnu et déterminé parlescommissaires espagnolset
marocains, dans la convention passée et signéepar eux le 4 avril dernier. Pour

conserver ces limites, il sera établi un camp neutre qui partira des versants
opposés duravin pouratlerjusqu'8la cimedes montagnes de l'uneBI'autrepartie
de la mer, ainsi qu'il est stipulédans les mêmes articlesde la convention men-
tionnée.
Article4. Ilseranomméensuiteunecommission composée d'ingénieuresspa-
gnols et marocains, qui marqueront par des poteaux et bornes les hauteurs
indiquéesdans l'article3,en suivant les limites convenues.Cette opérationsera
accompliedans leplus bref délai possibl; maislesautoritésespagnolesn'auront
pas besoin d'en attendre la fin pour exercer leurjuridictionau nomde S.M.
Catholique, sur ce territoire, lequel,comme tout autre céen vertu de ce traite
par S.M. le Roi du Maroc a S.M. Catholique,seraconsidérécommesoumis àla
souverainetéde S. M. la Reine d'Espagne depuis lejour de Ia signature de la

présente convention.
Article5. S. M. le Roi du Marocratifiera dans leplus bref délaila convention
que lesplénipotentiaires d'Espagneet du Maroc ont signée àTétouanle24 août
1859.
S.M. marocaine confirme des à présent les cessionsterntonaies faites par ce
pacte international en faveur de l'Espagne, ainsi que les garanties, privilègeset
gardes des Maures du Roi octroyésauxplacesdu Peiionet d'Alhucemas,comme
l'indique l'article6 de la convention précitéesur les limites de Melilla.
Article 6.Il seraplacéàlalimite des terrains neutresconcédésar S.M.leRoi
du Maroc, auxplacesespagnolesdeCeuta et Melilla,uncaïdougouverneur avec
des troupes régulièrespour éviteret réprimerles attaques des tribus.
Les gardes des Maures du Roi pour les places espagnoles de Peiïon et
d'Alhucemas seront placés aubord de la mer.

Article 7. S.M. le Roi du Maroc s'engageI faire respecter par ses propres
sujetslesterritoires qui,conformément auxstipulationsdu présent traité, restent
sous la souverainetéde S. M. la Reine d'Espagne.
S.M. Catholique pourra néanmoinsadopter toutes les mesures qu'ellejugera
opportunes pour la sûreté deces territoires, et y faire élevertoutes les fortiîi-
cations et défenses qu'ellecroira convenables, sansque les autoritésmarocaines
puissent jamais y mettre obstacle.
Articl8. S.M. marocain seengageA concéder àperpétuité aS. M. Catholi-
que, sur lacôte del'océan,prtsde SaritaCm la Petite, leterritoiresuffisantpour
la formation d'un établissementde pêcherie comme celuq i ue l'Espagne y pos-
sédaitautrefois.
Afin de mettre I exkcution ce qui a étéconvenu dans cet article, les Gouver-
nements de S. M. Catholique et deS. M. marocaine semettront préalablement

d'accord et nommeront des commissaires de part et d'autre pour designer le
terrain et les limites que cet établissementdevra occuper.
Articl9. S. M. marocaine s'engage à payer A S. M. Catholique, comme
indemnité pour les frais de guerre, la somme de 20 millions de piastres, soit
400 millionsde réauxde vellon.Cettesommesera remise en quatre versements à
la personne désignée par S.M. Catholique dans le port désignépar S. M. le Roi
du Maroc,et dela maniéresuivante : 100millionsde réauxdevellon leterjuillet, DOCUMENTS DU MAROC 271

100millions le29 août, 200 millionsle29octobre et 100millionsle28décembre
de la présenteannée.

Article10. S.M. le Roi du Maroc, en suivant l'exemplede ses illustres pré-
décesseursqui accordèrent une protection si efficace et spécialeaux mission-
naires espagnols, autorise l'établissement,dans la villede Fks,d'une maisonde
missionnaires espagnols, et confirme en leur faveur tous lesprivilégeset exemp-
tions que les précédents souverainsdu Maroc leur avaient accordés.
Ces missionnaires espagnols pourront, dans toutes les parties de l'Empire
marocain ou ilsse trouvent ou s'établiront,selivrerlibrementl'exercicede leur
saint ministéreet leurs personnes, maisons et hospices jouiront de toute la
sécuritéet la protection nécessaires.
S.M. le Roi du Maroc donnera dans ce sens les ordres opportuns à ses
autoritéset déléguép sour qu'ils accomplissenten tout temps les stipulations
contenues dans cet article.
Article Il. Il a étéconvenuexpressémentque, lorsqueles troupes espagnoles

évacuerontTétouan,ilpourraêtreacheté l'espacede territoire nécessaire,prèsle
consulat d'Espagne, pour la construction d'une eglisedans laquelle les prêtres
espagnols pourront exercer le culte catholique et célébrerdes messespour les
soldats espagnols morts pendant la guerre.
S.M. le Roi du Maroc promet que l'église,l'habitation des prétreset les
cimetièresdes Espagnolsseront respectéset ildonnera lesordres nécessairesAce
sujet.
Article 12. Afin d'éviter des événements commc eeux qui ont occasionnéla
dernièreguerreetfaciliter autantque possiblelabonne intelligenceentreles deux
gouvernements, il a été convenuque le représentant de S. M. la Reine des
Espagnes dans les Etats du Maroc résidera àTétouanoudans la villeque S.M.
Catholiquejugera le plusconvenable pour la protection desintérêtespagnolset
le maintien des relations amicales entre les deux Etats.

Article13. Ilseraconcludans leplus bref délaipossible untraitédecommerce
par lequel touslesavantages déjhaccordésouqui seraient accordésA l'avenir la
nation la plus favoriséeseront concédésaux sujets espagnols.
S.M. le Roi du Maroc, persuadéde la convenance de cultiver les relations
commerciales entre lesdeux peuples, offre de contribuer pour sa paràfaciliter
autantque possiblelesditesrelations, enayant égardauxnécessitésmutuelles etA
la convenance des deux parties.
Article 14. Jusqu'd ce que le traitéde commerce dont il vient d'être question
soit conclu, les traités existantsentre les deux nations avant la derniéreguerre
resteront en vigueur en tant qu'il n'ypas été dérogp éar le présent.
Dans un bref délaiqui ne dépasseraun mois après la ratification de ce traité,
lescommissairesnomméspar lesdeuxgouvernements seréuniront pourconclure
le traitéde commerce.
Article 15.S. M. le Roi du Maroc concèdeaux sujetsespagnolsla permission

d'acheter et emporter librement les bois des forets de ses Etats, en payant les
droits,a moins qu'il nejuge convenable, par une disposition généraled, e pro-
hiber l'exportation1itoutes les nations, sans que pour cela la concession 12ite
S. M. Catholique par le traitéde 1799soit considérée comme modifiée.
Article16. Les prisonniers faits par les troupes de l'une etde l'autre armée,
pendant laguerre quivient de finir,serontimmédiatementmis enlibertéetlivrés
aux autoritésrespectives des deux Etats.
Le présent traité seraratifiédans le plus bref délaipossible et l'échangedes
ratifications aura lieuATétouandans ledélaidevingtjours, ou plus tôt, sifairese
peut.272 SAHARA OCCIDENTAL

En foide quoi,les soussignésont fait cetraitéenlanguesespagnoleetarabe en

quatre exemplaires:un pour S.M. Catholique, un pouS.M. marocaine, un qui
restera entre les maidel'agentdiplomatique oudu consul général'Espagne
au Maroc, et le dernier pour le ministre aes relations extérieures dce
Royaume.
Lesplénipotentiairesl'ontignéetcachetédu sceaudeleurs armes,ATétouan,
le 26 avril 1860(correspondanau 4Chidai 1266 de l'hégire).

(L.S.)Luis GARCIA.
(L.S.)THOMA DE LIQUE S BARDAJI.
(L.S.)Le serviteude son Crkateur, MOHAMM EEDJETIB.
(L.S.)Le serviteur de son Dieu, AHMEDEL CHAELI,
filsA ABD ELMELEK.

Annexe36 '

Le Sultan aenvoyé A Madrid l'ambassadeur Sidi Bricha Cjuin1878)lequel a

présenté le14dudit mois une note intéressante dans laquelle ... il offrait une
indemnisation en échangede larenonciation par l'Espagne sursesdroits dérivés
de l'article 8 du traité.Il fut normal que cette proposition ait étérejetée.Le
Gouvernement de S.M. Catholique, d'aprésla note du ministre d'Etat, ne
pouvait accepter de lui-mCmel'indemnisationofferte paM.Schérifienneétant
donnéque cette renonciation équivalaitBl'abandon d'un territoire. Cela néces-
site, d'aprésla Constitution, le vote d'une loi par les Cortes.
Etant donnéqu'il ne convenait pas de résoudre cette affaire,sinon en accord
avecleSultan ;étantdonnéaussilesdangersqueprésentait rétablissementsiles
tribus étaient en lutte entre elles et étant donné enfin queles principaux géo-
graphesespagnols n'étaientpaarrivésàsemettre d'accord au sujet du véritable
emplacement dei'ancienne SantaCm, le Gouvernement espagnolproposa ...
une fois clarifiées toutes ces considérations, que le Gouvernement du Sultan

pouvait dors proposer ...le chiffredéfinitifde l'indemnismaisnlui-mPme
se réservaitle droit de décider si l'artiduetraité devait Otreappliquéou
bien d'accepter une compensation. Dans ce dernier cas, il devra recourir aux
Cortes...

' Becker,Historia de Marruecos,p. 320-321. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 37

LETTRE DU MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE D'ESPAGNE A TANGER
A SON MINISTRE D'ETAT

Tanger, 16mars 1881.

Au début de l'année encours, M. Abdelknm Bricha (riche commerçant
marocain fart appréciéet favorisépar le Sultan qui lui confie des missions
importantes) s'est présentpour me dire qu'ilavait étéchargépar l'Empereur
afin de traiter avec moi une formule de substitutàol'obligation acquisepar
l'article8du traide 1860de remettre Il'Espagne letemtoire qu'elleoccupait,
dans Iepassé,hla place de l'établissementde SanCruzde Mar Pequefia,sur la
côteoccidentale du Maroc. SidiBricham'informaqu'ilétaitautoriséBoffrirune

forte somme en échangedu temtoire.
J'a répondu à Sidi Bricha queje n'avaispas Iespouvoirs pour négociàrce
sujet endehors des stipulations du traité, laseule chosequeje pouvaisfaire était
de transmettre saproposition au Gouvernement de SaMajesté.C'estceque j'ai
fait mals le ministre d'Etat de l'époqm'a répondu que la proposition était
inacceptable.
M. Bncha, non satisfait par cette réponse et croyant que le nouveau ministre
serait mieux disposé,il s'estpréseàtnouveau chezmoi ajourd'hui en offrant
une somme plus importante a payer dans les mémesconditions que l'indemni-
sation de guerre, c'est-à-dire, avec les revenusdes douanes...
11est àremarquer que, le mois de novembre 1877,l'ambassadeur Abdeslem
Souissi est alàéMadrid pour féliciter Sa Majestpour son intronisation et a
profitédel'occasionpour luiparler delanécessidetrouver uneautre solution B
la disposition del'article 8,car leGouvernement marocain n'étaitpas en mesure

de l'exécute...
En 1878SidiBricha,envoyépar lesultan pour féliciterSaMajestéàl'occasion
de son mariage, insista sur la modification du t...té
Pendant le printemps de 1880,Sidi Bricha est alla nouveau Ii Madrid, à
l'occasionde la conférence,et il a demanàéce qu'on ne laissepas en suspens
une affaire qui risque d'altérerles bonnes relations act...les

Documeniospresenrados a lm Cortes espaFioles,1882, p. 1. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 37 bis

RAPPORT DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DE BEL-
GIQUE NO 2829 EN DATE DU 24 OCTOBRE 1900 ET NOTE DE
L'AMBASSADE D'ESPAGNE À BRUXELLES AU MINISTÈRE DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE BELGIQUE

Ce 19ocrobre 1900, le ministre d'Espagne m'a fait l'exposésui:ant

L'une des clauses du truitéde 1859entre l'Espagne et le Maroc donala
premièrede ces puissances un port du nom de San...
Jusqu'àcesderniers temps leGouvernement de Madrid nes'estpas prévalude
cette clause et quand récemment ila voulu en poursuivre l'exécutionl'on n'est
pas parvenuàdésignerlabaie deSan .Aprèsavoir longtemps cherchél'onafini
par désignerde commun accord leportd'Ifncimme celui qu'avaient envueles
auteurs du traitéde 1859.
Le Gouvernement chérifien estdispose a mettreleGouvernementespagnol en
possession de ce port.
L'Espagne voudrait l'échangercontre celui qui est situéentre Ifni et le cap
Bojador. Ellevientdedonner l'ordàesonministre d'ouvrirdesnégociationssur
cet échange etsur la cession de la côte de Tentrele Draa et lecupBojador
moyennant des compensations équitables que le cabinet de Madrid est paêt

discuter.
SonExcellencem'adit que lesexceIIentesraisonsexistant entre l'Espagne etIa
France donnaientà son gouvernement l'assuranceque du côtéde cette dernière
puissance aucune objection ne serait soulevéecontre ce projet. Du côtéde
l'Angleterreilrésulted'un entretien du ministre d'EàLondresavecle chef
du Foreign Office que la Grande-Bretagne n'interviendrait quelaiFrance
faisait une expéditionimportante ayant le Maroc pour objet. Son Excellencea
ajoutéqu'il n'entraitpas dans lesvuesdu cabinet de Madrid de ràlaforce
des armes pour faire prévaloir seslégitimesrevendications maisque l'onpensait
qu'une démarchecollective des représentantsdes puissanàeTanger pourrait
avoir,comme dans d'autres circonstances, une trèsgrande influence sur l'atti-
tude du Gouvernement chérifien.SonExcellence,d'ordre de songouvernement,

a sollicité l'interventiondans ce sens et sous cette forme du ministre du Roi au
Maroc.
J'airéponduen rappelant la situation particulièrede la Belgiquedans ledroit
international, sa neutralité et la régle,invariablement suivie par nous depuis
1830,d'éviterde nous mêlerauxdémarchesqui revêtent uncaractère politique.
J'ai faitremarquer que c'était précisémentoncours sur ce terrain politique
que l'Espagne réclamaitde nous. J'aiajouté que, cetteréservefaite, la question
serait examinée avecbienveillance, que les instructions qui seraient àonnées
M. Auspach s'inspireraient des sentiments de la trèsvive sympathie que nous
éprouvonspour sonpaysetque notreministreItTangerprêteraittout leconcours
compatible avec notre neutralité. DOCUMENTSDU MAROC

Légation d'Espagne
Bruxelles 19octobre 1900

Le Gouvernement chérifienayant reconnu les drodesl'Espagne sur Ifni et
étantdisposéà nous mettre en passession de cepoleGouvernement espagnol
vient de donner des instructionà son représentantaTanger pour négocier
l'échangeentre leport d'Ifniet un autreport situéentreIfniet lecap Bojadorainsi
quela cessiondelacôte de Tarfoyuentrele Draa etlecap Bojadormoyennant des
compensations équitablesque l'Espagne est prêàediscuter.

Annexe 38

EXTRAIT DE DOMENECH LAFUENTE. ALGO SOBRE RIO DE ORO

Page 45.

La presqu'île du Riode Oro avait étéachetéepar la sociétéde Pesquerius
canario-ofriconm.Pour cela,depuilemois demarsjusqu'au moisde septembre
1881,ellea fondéun ponton dans lbaieenattirant lesindigènesmoyennant des
cadeaux et del'argent.Elapu amenertrois desindigkneslesplus importantà
Arrecife (Lanzarote) afin de traiter et céder leurspropriétés. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe39

CONVENTION SIGNÉE LE 28 NOVEMBRE 1884 PAR LES INDI-
GENES DE LA COTE DU CAP BLANC ET M. BONELLI, REPRESEN-
TANT DE LA SOCIÉTÉ ESPAGNOLE D'AFRICANISTES

Louange à Allah l'unique !

Seul son règne estdurable !

Ceux dont les noms figurent aprésladate déclarentqu'est arrive auterritoire
de la tribu des Oulad Bou Sba, en bordure de mer, don Emilio Bonelli, repré-
sentant de la Sociéespagnoled'africanistes, résidànMadrid, villedeS.Mle
roi d'Espagne, avec mission de commercer, vendre et acheter.
Il a construit sur notre territoire une maison sur laquelle flotte le drapeau
espagnol et nous lui avons remis le territoire appelé-Uediheeou cap Blanc de
la côte,pour qu'ilsetrouvesouslaprotection etl'autoritéexclusivede S.M.leroi
d'Espagne don Alfonso XII.
Stipulons entre lui et nous que nousn'admettrons d'autres sujetsd'une nation

chrétienne que les sujets qui appartiennenà la nation espagnole que nous
respecterons et considéreronsdans leurs personnes et leurs biàl'imagedu
respect et dla considérationque nous portonsa la religion de notre prophète
Mohamed (que la bénédictionet la paix soient avec lui !).
Par ce contrat volontaire et avantageux pour le bien et l'amitié entrere
musulmans et Espagnols, le déclarons avec satisfaction en notre qualité de
représentants du chérifAbdel Aziz Ould el Mami, cheik de la tribu précitée.
Et la paix.

Au 28 novembre de l'an 1884. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe40

ORDRE ROYAL CIRCULAIRE AUX REPRÉSENTANTS DE SAMAJES-
TE À L'ETRANGER, LES CHARGEANT DE NOTIFIER LE PROTECTO-
RAT DANS LES TERRITOIRES DE LA COTE OCCIDENTALE DE
L'AFRIQUE COMPRIS ENTRE LA BAIEDE L'OUESTET LECAP BOJA-
DOR ET CI-JOINT ACCORD AVEC LES INDIGGNESDU CAP BLANC
DU 28 NOVEMBRE 1884 DATÉ A MADRID DU 26 DÉCEMBRE 1884 1

Ministère dlEtat
Section politique
Madrid. 26 décembre1884.

Excellence,

Compte tenu desdemandes faites, en diverses occasions,par la Sociespa-
gnole des africanistes et colonialistes et celle des Pêcheriescanario-africaines
considérant l'importance des installations espagnoles établies auRio de Oro
(lat. 230-3N. ; long,9" 49' O.), dans la baie de Cintra (lat.O.,6* N. ;
long. IO01'O.) et la baie de l'Ouest(la51'N. ; long 10"560.)dans lacôte
occidentale d'Afrique compte tenu des documents que les tribus indépendantes
de cette partie la côte, qui en plusieurs occasionsont demandéet obtenu la

protection des Espagnols, ont signédevant le représentantde la Sociespa-
gnoledes africanistes et des colonialistes M. Emilio Bonelli,lors de l'expédition
qu'ilaréalisée,u cours du moisde novembre dernier, a bord de la goélettede
guerre Ceres aveclecapitaine defrégateM. Pedrodela Fuente, S.M. leRoi (que
Dieuleglorifie)voulant donner unepreuvde lasollicitudeaveclaquelleilessaie
de promouvoir les intér8tsde l'industrieet du commercede l'Espagne,a décidé,
sur proposition du ministre qui souscrit, et en accord avec son conseil des
ministres, de confirmer les actes d'adhésionsignéspar-devant M. Bonelli et de
prendre sous saprotection lesterritoires dela cbteoccidentaled'Afrique compris
entre ladite baie de l'Ouest et le cap Bojador (latN ;6long. 8" 17'0.) et
dans laquelle se trouve, en plus des points cités.les Po{las Puntas)et la
Bombarda, sans préjudicedesdroitsde tiersqui subsisteraient et pourraient étre

prouvés.
Aussi, il esde la volontéde Sa Majesté que cette résolution royale soit
communiquée A Votre Excellence afinque vous la portiez a la connaissance du
gouvernement auprésduquel vous étesaccrédité.
Dieu, etc.

Raventos,Textos infernacionaie1p. 128. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe40 bis

SAHARA OCCIDENTAL ET ADRAR
TRAITÉS RECONNAISSANT LA SOUVERAINETE ET LE PROTECTO-
RAT DE L'ESPAGNE, SIGNES AVEC DIFFÉRENTS CHEFS DU SAHA-

RA OCCIDENTAL DANS LE TERRITOIRE D'IYIL (12 JUILLET 1886)

Dans le territoire nommé Iyil (Sahara occidental), cinq kilométresvers le
sud-ouest du puits AuiA 22"28'delatitude nord, 9' 9'15"delongitude ouestdu
méridiende Madrid, le 12juillet 1886(10 Chaoual de i'année1303 de l'hé-
gire),
La Sociétéespagnole de géographie commerciale et ses représentants
MM. Julio Cervera y Baviera, capitaine du génie,Francisco Quiroga y Rodri-
gua, docteur essciences, professeuà l'université de Madrid,et Felipe Rizzo y
Ramirez, consul et professeude langues, spécialiste enarab:tous trois ayant
forméla commission envoyéepar la Sociétéafin d'explorer etétudierles par-

ticularitésdu Sahara occidental et étantautorisésformellement parle Gouver-
nement espagnol, déclarent:
Tous les territoires compris entre la côte des possessions espagnoles de
l'Atlantique du cap Bojador au cap Blanc et la limite occidentale de l'Adrar
appartiennent à l'Espagne partir d'aujourd'hui.
Sontcompris entre cesterntores:ElAuig, leSabjade Iyil, leTirisoccidental,

Ausert, Neggir,El Regg,Rsaibet elAidhzem,Tenuca, Adrar Soutouf, Guerguer
et tous les territoires occupés par les familles Ouled Bou Sba, les Mechdzouf,
EheI Sidi-Mhammed, Er Rguibet, et les quatrebranches des Ouled Dlim, c'est-
a-dire Ouled Fligui, Ouled Tegued-di, les Aroussiyine,Tidrarin, Ouled Berical-
lab et d'autres moins importantes.
Lorsde laprisedepossession,ledrapeaunational a étéhisséet leprésenttraité

montréa plusieursArabes, représentantsdeçtribus nomméesauparavant. Parmi
ces personnes se trouvent les chefs suivan:s
Lecheikd'ouled BouSba,SidiLafdzal,lechérifSidiBechirBenesSayyidSbai,
le chérifAbd el Uedud, le chérifAbd el Aziz Ben Abd el Koddous, le chérif
Mohammed Ben el Mujitir, Ould Efmt, le cheik d'Er Reguibet, Ouled Sidi
Mohamed, l'émirOuld Muhammed, ancien propriétaire des salinesd'lyil, et le
cheik de la tribu de Sidi Mohamed ; El Haîazd, le cheik d'Ouled el Fligui,

Ahmeyyen,cheikd'OuledUdeïca, Muhammed Abid El-Lah,lecheikd'OuledBo
Amar, SidiBaba, le cheikd'Ouled Tegueddi ;lesquatre derniers sont les repré-
sentants desquatre branches desOuled Dlem.Tous sont d'accord avecleprésent
traitéet ont nommé leur représentantpour le signer,le Hadj Abd el Kader
1'A jar.
En foi de quoi nous signons avec M. le représentant araba Iyil le 12juil-

letI886. DOCUMENTS DU MAROC

Dans le territoire diIyil, frontiérede l'Adrar Tmar et au douzièmejour du
moisdejuillet de 1886(10 Chaoual del'an 1303del'hégire)l,a Sociétéespagnole
de géographiecommercialeet en son nom don Julio Cervera yBaviera,capitaine
du génie ;don FranciscoQuirogay Rodriguez,docteur éssciences,professeurde
l'universitéde Madrid, etdon FelipeRizzoRamirez,consuldeprernikreclasseet
professeur delangueset,en particulier, d'arabe ;les troisen commissionenvoyée
par ladite sociétépour mener à bout les voyages d'exploration et d'etude à
l'intérieurdu Sahara occidental et antérieurement autoriséepar le Gouverne-

ment espagnol, déclarent cequi suit :
Ahmed Ben Mohammed Ould Aïda, cheik d'Adrar Tmar, chef de la puis-
sante tribu de Yahya Ould Azman, accompagnédes principales personnalitésde

sa cour : le chérifYeddou, des filsde SidiYahya ;Azman Ould Mohamed Ben
Kaimich, Edreïkh Ould Eynen Ai Chinguiti, Sid Brahim Ould Megguid ; Sid
Ahmed Ould Edde et SidiAbiggid Ben Fermin, reconnaît la souverainetéespa-
gnole sur tout le territoire de l'AdrarTmar et se met avec sa tribu sous la
protection du Gouvernement espagnol.
Les limites du territoire citéreconnues par les Arabes du Sahara occidental
s'étendentdepuis leTudin au nord deOuadane jusqu'iiAksar au sud de Oujeft ;
et depuis Djil et lepuits Guimit, par l'ouest,jusqu'hTixit, par l'est,en preuve de

soumission et subordination, le cheik Ahmed BenMohamed Ould Aïda,donne
son cheval et son fusil au chef de la commission espagnole et sollicite du
gouvernement l'usage d'un cachet spécialpour authentifier les documents et
correspondances officielsqu'iladressera par lasuiteaux autoritésespagnoles.Et
pour que soit certaine la signature, avecnous commereprésentantd'Ahmed Ben
Mohamed Ould Aïda, qui ne sait pas signer, le chérifYeddou, des fils de Sidi
Yahya, a signé.

A Iyil, le 12 juillet de 1886 (correspondant uu 10 Chaoual 1303). (Signa-
tures)l.

Lesdroitsreconnus 9 l'Espagnepar cesaccordsont étplusoumoinscontestespar
leGouvernementfrançais. La commissionmixtenomméeen 1886,avecpourobjetde
régleraussi bienles différendssuscitau Rio Muni, approuve, réservanth laforme
définitive un accorduidélimitelesunes etlesautrespossessionsau Sahara venant 9
suivreleslignesduparallele2Io 20'latitudenordetleméridien 10'longitude ouestde
Paris. Leditpacte'apasencoreété ratifieparlesdeuxEtats,c'esthluiqueseréférseans
doute l'auteuranglaisHertsleten citant unréglernendtu 26décembre 1886 avecles
conditionsmentionnées. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe41

DÉCRET ROYAL~TABLI
PAR LA PR~SIDENCE DU CONSEIL DES MINISTRES
LE 10 JUILLET 1885

Articlepremier. Le protectorat qui s'estconstitué parl'ordre ro26ldé-
cembre dernier,surle territoire occidental de l'Afsetrouvant entre le cap
Bojador et la baie de l'Ouest au cap Blanc, relkverade l'autoritédu ministkre
d'outre-mer.
Article 2. 11seranomméun fonctionnairedépendantdirectement de ceminis-
térequi sera le délkgukdu gouvernement et qui, sous le nom de commissaire
royal, résiderasur la côte mentionnée.
Article 3. Le poste de commissaire sera dote (pourvu) de toutes lesfacultéset
attributions indispensablespour la gouvemance et ladéfensedesétablissements
fondésou qui seront fondéshl'avenirAl'intérieurdes territoirescouverts par le
protectorat.
Article4.11aura de pluslafacultéde faire destraitésavecles indigknesaussi
quedeprendre possessiondesterrainsquin'auraient pasde propriétairesconnus

tout en faisant part, dans les deux cas, au gouvernement afin de recevoir l'ap-
probation due.
Article 5. 11aura, de mPme,lecommandement des forcesdemeretde terrequi
se trouveront 19pour le soutien de l'ordre et la défensedes territoires proté-
gés.
Article 6. 11exercera,enfin,lajuridiction civileei criminelleordinaire, sous la
dépendanceet avec appel Al'audience des Canaries aussi bien sur terqu'A
l'intérieurde la zone &time appartenantA la côte mentionnée.
Article 7. Les ministéresd'outre-mer, d'Etat, de grâce et dejustice, de guerre
et de marine, dicteront les dispositions nécessairesAl'exécutionde ce présent
décret. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe42

DBCRET ROYAL
ETABL PIAR LA PRESIDENC DU CONSEILDES MINISTRES
. LE 6 AVRIL 1887'

Articlepremier. Les territoires de la cBtesaharienne se trouvant entre la baie
del'Ouestdu capBlancsituéaux20" 5delatitude nord et 56delongitude
Ouest et le cap Bojador auxu26"8'de latitude nord et 8" 17'de longitude
nord sont incorporàsla capitainerie généraiedes îles Canaries.
Article 2. Lecommissaire royalqui,au nom demon gouvernement, exerceson
autoritésur cespossessions prendra Al'avenir letitre de sous-gouverneur poli-
tico-militairRiode Oro,ceposte étantconfiépar leministre delaguerrehun
officier de l'arméedont le salaireetla gratification ssur lebudgetés
de la guerre.
Article 3. Le ministre de la guerre dictera les ordrasl'exécutions
de ce décret.

AlcaiaGalianoPesquerimy comercio, p.311. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 43

CONVENTION POUR LA DELIMITATIO DENS POSSESSIONS
FRANÇAISES ET ESPAGNOLES DANS L'AFRIQUE OCCIDENTALE,
SUR LA COTE DU SAI-IARA ET SUR LA COTE DU GOLFE
DE GUINEE, SIGNÉE A PARISLE27 JUIN 1900

S.M.leRoi d'Espagne.et ensonnom S. M.la ReinerégenteduRoyaume, etle

Présidentdela République française,désireuxde resserrer lesliensd'amitié etde
bon voisinagequi existent entre lesdeux pays, ont résolude conacet effet,
une convention spécialepour la délimitation des possessions espagnoles et
françaises dans l'Afriqueoccidentale, sur lacôtedu Saharaetsur lacbte du golfe
de Guinée, etont nommépour leurs plénipotentiaires,savoir :
S. M. le Roi d'Espagne, et en son noS.M. la Reine régente,

S.Exc.M. Fernando de Leon y Castillo,décoréducollier de l'Ordre royal et
distinguéde Charles III, grand-croix de l'ordrenationlaLégiond'honneur,
membre de l'Académiedes sciences morales et politiques de Madrid, son
ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire prèsle Présidentde la Républi-
que française;

et le Présidentde la République française,
S. Exc.M.Th. Delcassé,député,ministre des affaires étrmgéresde la Répu-
blique française, chevalier de l'ordre national de la Légiond'honneur, grand-
croixde l'Ordre royaletdistinguk de Charles III,

Lesquels, aprèsavoir échangé leurs pleisouvoirs trouvés enbonne et due
forme, sont convenus des articles suiva:ts

Articlpremier. SurlacBtedu Sahara,la limiteentre lespossessionsfrançaises
et espagnoles suivra une ligne qui, partant du point indiquépar ldecdé-e
tail Ajuxtaposéeà la carte formant l'annexeà la présenteconvention, sur la
côte occidentale de la péninsuledu cap Blanc, entre l'extrde ce cap et la
baie del'Ouest,gagnera lemilieudeladite péninsule, puis, endivisant celle-cipar
moitiéautant que le permettra le terrain, remontera au nord jusqu'au point de
rencontre avecleparallèle2" 20'delatitude nord. La frontièrese continuàra
l'est sur 21" 20'de latitude nord jusqu'g l'intersection de ce parallele avec le
méridien15"20'ouest de Paris (13" ouestde Greenwich). Decepoint, la lignede
démarcation s'élèveradans la direction du nord-ouest en décrivantentre les
méridiens15"20'et 16"20'ouest de Pans (13" et 14"ouest de Greenwich), une
courbe qui sera tracéedefaçonAlaissea laFrance, avecleurs dépendanceless,
salinesde la régiond'Idji1,dela riveextérieuredesquellesla frontièreseAiendra
une distance d'au moins 20kilomètres.Du point de rencontre de ladite courbe
avec le méridien15" 20'ouest de Paris (13" ouest de Greenwich), la frontière

gagnera aussidirectement que possible l'intersectiondu tropique du Cancer avec
le meridien14" 20'ouest de Paris (12"ouest de Greenwich) et seprolongera sur
ce dernier méridiendans la direction du nord.
Ilestentendu que,dans la régiondu caBlanc,ladélimitationquidevrayêtre

Fispinosa,Espaten Marruecos,annexe. DOCUMENTS DU MAROC 283

effectuéepar la commission spécialevisée Al'article8de la présente convention
s'opérerade façon que la partie occidentale dela péninsule,y compris la baie de
l'Ouest,soit attribuéeAl'Espagne,et que lecap Blancproprement dit et lapartie

orientale de la mêmepéninsuledemeurent à la France.
Article2. Dans le chenal situé entrela pointe du cap Blanc et le banc de la
Bayadère, ainsique dans les eaux de la baie du Lévrier, limitée par une ligne
reliant l'extrémitdu cap Blanc àla pointe dite de la Coquille1)(carte de dé-
tail A juxtaposée a lacarte formant l'annexe 2 de la présenteconvention), les
sujets espagnols continueront comme par le passé a exercer l'industrie de la
pêcheconcurremment aveclesressortissantsfrançais.Sur lerivagedeladitebaie,
lespêcheursespagnols pourront selivrer àtoutes lesopérationsaccessoiresde la
mOmeindustrie telles que séchagedes filets, réparation desengins, prkparation
du poisson. Dans lesmêmeslimites, ilspourront éleverdesconstructions légères
et établirdes campements provisoires, cesconstructions et campements devront

êtreenlevés par lespêcheursespagnols toutes lesfois qu'ilsreprendront lahaute
mer, letout alacondition expressedeneporteratteinte,en aucuncas nien aucun
temps, aux propriétés publiques ouprivées.
Article 3. Leselextrait des salinesde la régiond'Idjilet acheminédirectement
par terre sur les possessions espagnoles de la côte du Sahara ne sera soumis à
aucun droit d'exportation.
Arricle 4Lalimiteentre lespossessions espagnoles etfrançaisessurlacôtedu
golfe de Guinée partira du point d'intersection du thalweg de la nvière Mouni
avec une ligne droite tiréede la pointe Coco Beach à la pointe Diéké. Elle
remontera ensuite le thalweg de la rivièreMouni et celui de la rivièreOutem-
boni jusqu'au point où cette derniere nvière est coupéepour la première fois
par le Ier degréde latitude nord et se confondra avec ce parallèlejusqu'à son

intersection avec le9e degréde longitude est de Paris (11 20'est de Green-
wich).
De ce point la Lignede démarcation seraForméepar ledit méridien9" est de
Parisjusqu'a sa rencontre avecla frontiéreméridionalede la colonie allemande
de Cameroun.
Article 5. Les navires français jouiront pour l'accèspar mer de la riviére
Mouni, dans les eaux territoriales espagnoles, de toutes les facilitésdont pour-
ront bénéficier les navireespagnols. Il en sera de même, à titre de rt.ciprocité,
pour les navires espagnols dans les eaux territoriales françaises.
La navigation et la pêcheseront libres pour les ressortissants espagnols et

franqcs dans les rivièresMouni et Outernboni.
La police de la navigation et de la pêchedans ces rivières,dans les eaux
territoriales espagnoleset franqaisesaux abords de l'entréedela nvière Moundi,
ainsi que les autresquestions relativeaux rapports entre frontaliers, lesdispo-
sitions concernant l'éclairage,le balisage, l'aménagement etla jouissance des
eaux feront l'objet d'arrangements concertésentre les deux gouvernements.
Article 6.Les droits et avantages qui découlent des articles 2, 3 e5 de la
présente convention,étantstipulés à raison du caractére communou limitrophe
des baies, embouchures, rivièreset territoires susmentionnés, seront exclusive-
ment réservés aux ressortissantsdes deux hautes parties contractantes et ne
pourront en aucune façon Stre transmis ou concédés aux ressortissants d'autres

nations.
Article 7. Dans lecasou leGouvernement espagnolvoudrait céder, Aquelque
titre que cefût, en tout ou en partie, lespossessionsquiluisont reconnuespar les
articles 1et 4 de la présente convention,ainsique lesîles Elobeyet l'îleCorisco
voisines du littoral du Congo français, le Gouvernement français jouira d'un284 SAHARA OCCIDENTAL

droitde préférence dans lesconditionssemblables cellesqui seraientproposées
audit Gouvernement esnaenol.
C "
Article8. Lesfrontiéres déterminéep sar la présenteconvention sont inscrites
souslesréservesformuléesdans l'annexe 1 àlaprésente conventionsur lescartes
ci-jointes (annexesno" et 3).
Lesdeux gouvernements s'engagent a désigner,dans ledélaide quatre mois à
compter de la date de l'échangedes ratifications, des commissaires qui seront
chargésde tracer sur les lieux les lignes de démarcation entreles possessions
françaiseset espagnoles, en conformitéet suivant l'esprit des dispositions de la
présenteconvention.
II est entendu entre les deux Puissances contractantes qu'aucun changement

ultérieurdansla position du thalweg des rivièresMouni et Outemboni n'affec-
teralesdroitsde propriétésurlesiles qui auront étéattribuéeschacunedesdeux
Puissances par leprocés-verbaldescommissairesdûment approuvépar lesdeux
gouvernements.
Article9. tes deux Puissances contractantes s'engagent réciproquement a
traiter avecbienveillance les chefsqui,ayant eu des traitésavecl'une d'elles,se
trouverant en vertu de la présente convention passer sous la souveraineté de
l'autre.
ArticleIO. La présente convention seraratifiéeet les ratifications en seront

échangées à Pans dans le délaide six mois et plus tôt, si faire se peut.
En foi de quoi les soussignésont dresséla présenteconvention, qu'ils ont
revPtue de leur cachet.

Faita Paris, en double exemplaire, le 27juin 1900.

Annexe 1. Bienqueletracédeslignesdedémarcationsur lescartes annexées à
la présente convention(annexesnos2et 3)soit supposéêtregénéralement exact,
il ne peut êtreconsidérécomme une représentation absolumentcorrecte de ces
lignes à moins qu'il n'aitétéconfirméparle nouveau plan. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 44

PROJETDE TRAIT ERANCO-ESPAGNOL DE 1902 '

Le Gouvernement de la Républiquefrançaise et le Gouvernement de S. M. le
Roi d'Espagne, heureux de constater les relationscordialesqui existent entre la
France et l'Espagne, et voulant les fortifier encore dans l'avenir, pour le bien

commun des deux pays, sont convenus des dispositions suivantes :
Arrickpremier. La France, par la communauté desfrontières,l'Espagne.par
la possession des présideset ses divers intéren relation avec le territoire du
Maroc. ont un intérêt prééminen at maintien de l'indépendanceterritoriale,
politique, économique,administrative, militaire et financiéredu Maroc.
Ellesne concluront donc, avecune puissance quelconque,aucune convention

d'aucune sorte ni ne s'associeront,soit directement, soit indirectement, h aucun
actequi devraitavoirpour effet,soit d'yfavoriser l'établissementd'uneinfluence
étranghe, soit d'ynuire hl'action légitiet aux intérétsde l'uned'ellessans
son consenternent préalable.
Article2. Sipar la faiblessedu Gouvernement marocain, par son impuissance
àassurer l'ordreet la sécuri.u pour toute autre cause,lemaintiendustutuquo
devenait impossible, leGouvernement de la Républiquefrançaise et le Gouver-
nement de S. M. le Roi d'Espagne déterminent comme il suit les limites h
l'intérieur desquelleschacun d'eux aurait le droit exclusif de rétablir la tran-
quillité,de protégelavieet les biensdes personnes, et de garantir la liberté des
transactions commerciales.
Article3. D'une part, la ligne de démarcation entreles sphéresd'influence

françaiseetespagnole partirade l'intersectiondu méridien14O20'ouest de Paris
(12Oouest de Greenwich) visépar la convention du 27 juin 1900, avec le
26"degréde latitude nord qu'elle suivra versl'estjusqu'à sonintersectionavecla
route tracéeen pointillé sur lacarte formant l'annexe n1 à la prhsente con-
vention, et y reliant Birel AbbAMader Ym Ongadir en passant par Tindouf.
De ce point de rencontre, elle remontera dans la direction du nord-ouest et
jusqu'h son intersection avec I'oued Merkala ladite route, dont l'usage sera
commun dans cette section aux ressortissants français et espagnols, le sol de la
route ainsi que celuideTindouf et de sabanlieue restant toutefois dans lasphére
d'influence française;Bpartirde cepoint d'intersection,lalignededémarcation
remontera le thalweg de I'oued Merkala jusqu'à sa source, pour gagner de Id,
directement, par le parallèle passant par ladite source,le 10"de longitude ouest

de Paris (7" 40' ouest de Greenwich) qu'elle suivra vers lenord jusqu'l sa
rencontre avec I'oued Draa. Elle remontera ensuite, par thalweg, I'ouedDraa
jusqu'h Bounou remontant par l'affluent du Draa qui le rejoint présde Beni
Smigin vers le nord. et le suivant jusqu'a Tagha;tde 11,elle rejoindra Tinin
Ourkan et passant entre Ymita el Tiilit vers la source de l'oued Dades pour
remonter les crêtesde l'Atlas qu'ellesuivra en descendant jusqu'au cap Ghir,
passant par Tizi on Rijint, Ait Yrni, Telouet, Tagherat, Touchka, Bibana et
Bibaouan. Bien entendu qu'en cas de doute on s'en tiendra toujours pour

'RouarddeCard, LIquestionmarocuineelIn néguciationjranco-es pa1g02I, e
Paris, 1912p. 33.286 SAHARA OCCIDENTAL

l'exactitude de cette délimitationau principe de:que la ligne de démarcation
sera celle qui divise les eaux.
Il est aussi entendu que, pour te commerce des caravanes du Sous, le Gou-
vernement espagnolpourra établir desentrepôts àTindouf où lesditescaravanes
auront égalementdroit à l'usagede l'eau.
D'autre part. la lignede démarcationentre lessphkresde l'influencefrançaise
et espagnole partira sur la côte de l'océanAltantique de l'embouchurede l'oued
Sebou dont elle remontera le thalweg depuis la merjusqu'd son confluent avec
I'oued Mikkes.Elle remontera ensuite, par leur thalweg,cette nviéreet cellede
sesbranches qui passe par Medhouma. De la sourcedece dernier cours d'eau,la

ligne de démarcationgagnera directement la crétedu djebel Beni Mtiz qu'elle
suivra ainsi que la crêtedu djebel Ait Youssijusqu'Al'oued Sebou,dont elle
remontera ensuite le thalweg et celui de son premier affluent de droite. De la
source de ce demier cours d'eau, elle gagnera aussidirectement que possible la
source de l'affluent le plus proche de I'oued BouZennelan et descendra le
thalweg de ces deux cours d'eaujusqu'à l'oued Ynaouen, elle suivra ensuite le
thalweg de cette riviére jusqu'àsa source, puis rejoindra par Taza et Riata,
suivant lacrete de la montagne Rejida, et suivraensuite lecours de la Moulouïa
jusqu'à Medouhar et son debouchédans la Méditerranée.
Article4. Les deux hautes parties contractantes, reconnaissant l'importance
de la position de Tanger par rapport à la liberté nécessairedu détroit de
Gibraltar, ne s'opposeraient pas éventuellement à la neutralisation de cette

ville.
Article 5. En affirmant le caractère absolument pacifique de la présentecon-
vention, les deux hautes parties contractantes décidentque si l'uned'elles,pour
la protection desesintérêtsdans sa sphèred'influence,devait recourira laforce,
elle ferait connaître préalablementA l'autre la nécessitou elle se trouve.
Si,pendant lapériodedestalu quo.l'unedesdeuxhautespartiescontractantes,
par suite d'une injure, d'un dommage, d'une menace A ses intérêts,e voyait
réduite, pourobtenir satisfaction, exercerune action coercitivetemporaire sur
un point quelconque du territoiremarocain, elleferait prhalablernentconnaîtrà
l'autre la nécessiteou elle se trouve.
Arricle6. Dans les questions qui pourraient étresoulevéesà propos de la

présente convention,les deux hautes parties contractantes se prêterontl'une h
l'autre l'appui de leur diplomatie.
Article 7. Lesnaviresfrançaisjouirontpour l'accéspar merde I'ouedSous,de
l'ouedSebou et de la Moulouïa, dans leseaux territoriales espagnoles,de toutes
lesfacilitésdont pourront bénéficier lesavires espagnols. IIen sera de mëme,a
titre de réciprocité, pourles navires espagnols dans les eaux territoriales fran-
çaises et I'acces,par mer, des fleuves compris dans sa zone d'influence.
La navigation et la pêcheseront libres pour les ressortissants français et
espagnols dans les rivihes ou dans les parties de rivikrescommunes.
La police de la navigation et de la pêchedans ces nviéresou dans ces parties
de rivières,dans les eaux territoriales françaises et espagnoles aux abords de

I'ouedSous, de I'ouedSebou et de la Moulouïa et les autres compris dans cette
convention, ainsi que lesautres questions relatives Al'éclairage, au balisage,
a l'aménagementet A la jouissance des eaux feront l'objet d'arrangements
concertésentre les deux gouvernements.
Lesdroits et avantages qui découlentdu présent articleétantstipulésiraison
du caractère communou limitrophe desbaies,embouchuresou rivièressusmen-
tionnées serontexclusivement réservéea sux ressortissants des deux autres par-
tiescontractantes et ne pourront en aucune façon êtretransmisou concédésaux DOCUMENTS DU MAROC 287

ressortissants d'autres nations sans l'accord commundes deux hautes parties
aujourd'hui contractantes.
Article 8. Aucun droit différentielen matiérede navigation, de douanes, de

transports par chemindefer etgénéralementaucunprivilge d'ordre commercial
ne sera établidans lessphéresd'influence délimitéepsar la présenteconvention.
Toutes facilitésde transit et de circulation seront données, pour le commerce
venant de l'intérieur ous'ydirigeant, dans ei par les territoiresreconnus comme
faisant partie des sphtres d'ifluence espagnole et française, telles qu'ellessont
délimitéesdans l'article 3 de la présente convention.
Article 9.Aucune des deux hautes parties contractantes ne pourra, sans le
consentement de l'autre, aliénertout ou partie des territoires placésdans sa
sphéred'influence.
Article 10. Leslignesdedémarcation déterminéep sar l'article3delaprésente

convention sont tracéessur lescartesci-jointes(annexes nos1et 2).Au casoù ily
aurait lieu d'en faire i'application sur le terrain, il est convenu qu'ilsera tenu
compte, dans la mesure du possible, de la position des tribus limitrophes.
Article Il. La présente convention,étantdestinée iirester secréte,ne pourra
êtredivulguée,communiquée, nipubliée, entout on en partie, sans un accord
préalableentre les deux hautes parties contractantes. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe45

ACCORD FRANCO-ANGLAIS DU 8 AVRIL 1904 '

Articlepremier. LeGouvernement de Sa Majestébritannique déclarequ'il n'a
pas t'intention de changer l'étatpolitique de l'Egypte.
De son caté,le Gouvernement de laRépubliquefrançaise déclarequ'iln'en-
travera pas l'actionde l'Angleterredans ce pays en demandant qu'un terme soit
fixé àl'occupation britannique ou de toute autre manière, et qu'ildonne son
adhésionau projet de décretkhédivialqui est annexéau présent arrangement,et
qui contient les garanties jugées nécessaisour la sauvegarde des intérêtdes

porteurs de la dette égyptienne,mais Ala condition qu'aprésamise en vigueur
aucune modification n'ypourraêtreintroduite sans l'assentimentdespuissances
signataires delaconvention de Londres de 1885.
Il est convenu que la direction génkraledes antiquitésen Egypte continuera
d'stre, comme par le passé,confike à un savant français.
Lesécolesfrançaisesen Egyptecontinueront Ajouir dela même libertéquepar
le passé.
Article2. Le Gouvernement de la République française déclarequ'il n'apas
l'intention de changer l'état politique duMaroc.
De son cbtP, le Gouvernement de Sa Majestébritannique reconnaît qu'il
appartient àla France, notamment comme puissance limitrophe du Maroc sur

une vaste étendue,de veillerà la tranquillitédans ce pays, et de lui prêter son
assistancepour toutesles réformesadministratives, économiques, financiérest
militaires dont ia besoin.
11declare qu'il n'entraverapas l'actiondelaFranAeceteffet,sous réserveque
cette action laissera intacts les droitsdont, en vertu des traités, conventions,et
usages,la Grande-Bretagnejouit au Maroc, ycompris ledroitde cabotage entre
les ports marocains dont bénéficientles navires anglais depuis 1901.
Article3. Le Gouvernement de Sa Majestébritannique, de son cbté,respec-
tera lesdroitsdont, en vertu des traités,conventions et usages,la Francejouit en
Egypte, y compris le droit de cabotage accordé auxnavires français entre les
ports égyptiens.
Article4. Les deux gouvernements, également attachés au principe de la

libertécommercialetazen Egypte qu'auMaroc,déclarentqu'ils nes'yPrêteront
à aucune inégalité, as us dans l'établissementdesdroitsdedouanes ou autres
taxes que d&s l'AbliSsement des tarifs de transport par chemin de fer.
Lecommercede l'une etl'autrenation avecleMarocei avecl'Eewt"#Aou.ra du
m@metraitement pour le transit par lespossessions françaisesetbritanniques en
Afrique. Un accord entre lesdeux gouvernements réglera lesconditions de ce
transit et déterminerales points de pénétration.
Cet engagement réciproqueest valable pour une périodede trente ans. Faute
de dénonciationexpressefaite une année au moins à l'avance,cettepériode sera
prolongéede cinq en cinq ans.
Toutefois le Gouvernement de la République françaiseau Maroc et le Gou-

vernement deSaMajestébritannique enEgypteseréserventdeveiller àce queles
concessions de routes, chemins de fer, ports, etc., soient données dans des

'Deloncle,Statur inrernarionduMaroc. Zeéd.,p. 30. DOCUMENTSDU MAROC 289

conditions telles que i'autoritéde l'Etat sur ces grandes entreprises d'intérêt
généraldemeure entière.

Article5. Le Gouvernement de Sa Majestébritannique déclarequ'il userade
soninfluence pour que les fonctionnairesfrançais actuellement au seMce égyp-
tien ne soientpas mis dans desconditions moins avantageuses que cellesappli-
quéesaux fonctionnaires anglais du même service.
Le Gouvernement de la République française,de son côté, n'auraitpas d'ob-
jection àce que des conditions analogues fussent consentieaux fonctionnaires
britanniques actuellement au service marocain.
Article 6. Afind'assurer lelibrepassagedu canal deSua, leGouvernement de
Sa Majestk britannique déclare adhéreraux stipulations du traité conclu le
29octobre 1888,et A leur miseen vigueur. Le libre passage du canal étantainsi
garanti, l'exécutionde la dernikre phrase du paragraphe 1et celle du para-
graphe 2 de l'articleVI11de ce traitéresteront suspendues.

Article 7. Afin d'assurer le libre passage du détroitde Gibraltar, les deux
gouvernements conviennent de ne pas laisser éleverdes fortifications ou des r
ouvrages stratégiques quelconques sur la partie de la cbte marocaine comprise
entre Melilla et les hauteurs qui dominent la rive droite du Sebou exclusive-
ment.
Toutefois,cettedisposition ne s'appliquepasaux points actuelIementoccupés
par l'Espagne sur la rive marocaine de la Méditerranée.
Article8. Les deux gouvernements, s'inspirant de leurs sentiments sinckre-
ment amicauxpour l'Espagne,prennent enparticuliéreconsidérationlesintérèts
qu'elletient de saposition géographiqueet de sespossessions territorides sur la
côte marocaine dela Méditerranée, etau sujet desquels leGouvernement fran-

çais se concertera avec le Gouvernement espagnol.
Communication sera faite au Gouvernement de Sa Majestébritannique de
l'accord qui pourra intervenir Ace sujet entre la France et l'Espagne.
Article9. Les deux gouvernements conviennent de se prêter l'appuide Ieur
diplomatie pour l'exécutiondes clauses de la présente déclarationrelative A
1'Egypteet au Maroc.
En foi de quoi S. Exc.l'ambassadeur de la Républiquefrançaise prés S.M. le
Roi du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande et des territoires
britaniques au-dellidesmers,empereurdesIndes,et leprincipal secrétaired'Etat
pour les affaires étrangèresde Sa Majestébritannique, dûment autorisés A cet
effet, ont signla présente déclarationet y ont apposéleurs cachets.

Fait à Londres, en double expédition,le 8avril 1904.

(L.S.) SAHARAOCCIDENTAL

Annexe 46

DECLARATION FRANCO-ANGLAISE DU 8 AVRIL 1904

Claues secrètes

Arlicle preniier.Dans le cas où l'un des deux gouvernements se verrait
contraint, par la force des circonstances, de modifier sa politique vis-à-visde
I'Egypteou du Maroc, lesengagements qu'ilsont contractésl'unversl'autrepar
lesarticles4,6 et 7 de la déclaration de cejour demeureraient intacts.
Article2. Le Gouvernement de Sa Majestébritannique n'a pas l'intention de

proposer, quant à présent, auxpuissances de modifications au régimedes capi-
tulations eta l'organisationjudiciaire en Egypte.
Dans lecasoù ilserait amené&envisagerl'opportunitéd'introduire àcetégard
en Egypte des réformestendant a assimiler la législation égyptienne cellees
autres pays civiliséle Gouvernement de la Républiquefrançaise ne refuserait
pas d'examinerces propositions, maisA lacondition que leGouvernement deSa
Majestébritannique accepterait d'examiner les suggestions que le Gouverne-
ment de la Républiquefrançaise pourrait avoiràlui adresserpour introduire au

Maroc les réformesdu même genre.
Article3. Les deux gouvernements conviennent qu'une certaine quantité de
territoire marocain adjacentàMelilla,Ceuta,etautres présidesdoit. lcjourou le
Sultan cessera d'excercersur ellesonautorité, tomberdans la sphéred'influence
espagnoleetquel'administration delacôtedepuis Melillajusqu'aux hauteurs de
la rive droite du Sebou exclusivement sera confiéeàl'Espagne.
Toutefois, l'Espagne devra, au préalable,donner son adhésion formelleaux
dispositions des articles 4 et 7 de la déclarationde ce jour et s'engager à les

exécuter.
Elle s'engagera enoutre àne point aliénertout ou partie des territoires placés
sous son autoritéou dans sa sphèred'influence.
Article 4. Si l'Espagne, invitéAadhéreraux dispositions de l'article précé-
dent, croyait devoir s'abstenir, l'arrangement entre la France et la Grande-
Bretagne, tel qu'il résultede la déclaration de ce jour, n'en serait pas moins
immédiatement applicable.
Article 5.Dans Iecasoù i'adhésiondes autres puissances ne seraitobtenue au
projet de décretmentionne à l'article premierde la déclaration de ce jour, le

Gouvernement de la République françaisene s'opposerapas au remboursement
au pair, a partir du 15juillet 1910, des dettes garanties privilégiéeset uni-
fiées.

RiviérT e,aité sadeset fois dMaroc, p. 77-78. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe47

DÉCLARATION DU 3 OCTOBRE 1904 RELATIVE
À L'ARRANGEMENT FRANCO-ESPAGNOL '

Le Gouvernement dela République françaiseet le Gouvemement de S.M. le

Roi d'Espagne, s'étant misd'accord pour fixer l'étenduedes droits et la garantie
desintérêtsqui résultent,pour la France, desespassessions algériennes et. pour
l'Espagne, de sespossessions *sur la côte duMaroc et le Gouvemement deS.M.
le Roi d'Espagne ayant, en conséquence, donné son adhésion à la déclaration
franco-anglaise du 8 avril 1904,relative au Maroc et à 1'Egyptedont commu-
nication lui avait étéfaite par le Gouvernement de la République française,
Déclarent qu'ils demeurent fermement attachés à l'intégritéde l'Empire
marocain sous la souveraineté du Sultan.

Signé& Paris, paM. Delcassé, ministredesalfaires etrangéreseM. le Marquisdel
Muni, ambassadeur d'Espagne(3 octobre 1904).

L'Espagne tienttsesdroitsaunMarocde sa situation géographique spécialeet des
<iprésideso.Ce sont depetites placesfortes utiliséescommebagnesar les~pagnols.
Melillaseule est unport.franc qui jouit d'unecertainprospente commerciale.Les
autres,Ceuta, Alhucemos, Ifni, Penode Velez,Peregil,l'ileAlborun'offrent pas un
grand intérêtL. 'Espagnefaitremonter sesdroits sur l'Afriqudu Nord jusqu'au tes-
tament d'IsabelllaCatholique.Aprésdesalternativesdeperteetdeconquêtee ,lles'est
fait céderCeuta en 1688... Annexe 48

TRAIS SECRET FRANCO-ESPAGNOL SUR LE MAROC
(3 OCTOBRE 1904) @

te Présidentde la République françaiseet S.M. le Roi d'Espagne, voulant
fixerl'étendue desdroitset lagarantiedes intéretsqui résultentpour la France de
ses possessions algériennes etpour l'Espagne de ses possessions sur la côte du
Maroc, ont décidé de conclure une convention et ont nommé, Q cet effet, pour
leurs plénipotentiaires, S. Exc. M. Théophile Delcassé,deputé ministre des
affaires étrangigéee la République française, etc;
Et S. M. le Roi d'Espagne, S.Exc.M. de Leon y Castille, marquis del Muni,
son ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire présle Président de la
Républiquefrançaise, etc.;

Lesquels,apres s'ëtre communiqué leurspleins pouvoirs, trouvésen bonne et
due forme, sont convenus des articles suivant:

L'Espagne adhére, aux termes de la présente convention,A la déclaration

franco-anglaise du 8avril 1904relative au maroc età 1'Egypte.

La régionsituéehl'ouest et aunord dela ligneci-aprksdétermineeconstituela

sphéred'influence qui résultepour l'Espagne de ses possessions sur la cbte
marocaine de la Méditerranée.
Dans cette zone est réservBl'Espagnela mémeaction qui est reconnue ala
France par ledeuxiémeparagraphe deI'article2 dela déclarationdu 8 avril 1904
relative au Marocet A 1'Egypte.
Toutefois, tenant compte des difficultés actuelleset de I'intértitréciproque
qu'ily a ales aplanir, l'Espagnedéclarequ'elle n'exerceracette action qu'après
accord avec la France pendant la premièrepérioded'application de la presente
convention.périodequi nepourra pas excederquinze ans hpartir de la signature
de la convention.
De son côte,pendant la même période,la France, désirant quelesdroits et les
intérêts reconnusA l'&pagne par la présenteconvention soient toujours respec-

tés,fera part préalablement, au Gouvernement du Roi, de son action près du
sultan du Maroc en ce qui concerne la sphéred'influence espagnole.
Cette premiérepériodeexpirée,et tant que durera lestatuquo,l'action de la
France présdu Gouvernement marocain, en ce qui concerne la sphère d'in-
fluence réservéeAl'Espagne, ne s'exerceraqu'aprés accordavec le Gouveme-
ment espagnol.
Pendant la première période,e ouvernement dela Républiquefrançaisefera
son possible pour que, dans deux des ports à douane de la régionci-après
déterminéel.edélégué du représentantgénéradl es porteurs de l'emprunt maro-
cain du 12juillet 1904soit de nationalitéespagnole.
Partant de l'embouchure de la Moulouya, dans la mer Méditerranéel,a ligne

Deloncle,Sro~u!internationdu Maroc,p. 352 DOCUMENTS DU MAROC 293

viséeci-dessusremontera le thalwegde cefleuvejusqu'à l'alignementde lacrête
deshauteurs leplusrapprochéesdela rivegauchedeI'ouedDelfa.Decepoint, et
sans pouvoir, en aucun cas, couper le cours de la Moulouya,la ligne de dérnar-
cation gagnera aussi directement que possible la ligne de faîte séparant les
bassins de la Moulouya et de l'oued Inaouen, de celui de l'oued Kert, puis elle
continuera versl'ouestpar lalignedefaiteséparantlesbassinsdel'ouedInaouen
et de I'ouedSebou,de ceuxde l'ouedKert et de l'ouedOuergha pour gagnerpar

la cr2tela plus septentrionale ledjebel Moulaï-Bou-Chta. EHeremontera ensuite
vers le nord, en se tenanàune distance d'au moins 25kilomètresa l'estde la
route de Fez AKsar-el-Kébir, par Ouezzan, jusqu'g la rencontre de ïoued
Loukkos, ou oued El-Kous, dont elle descendra le thalweg jusqu'a une dis-
tance de5 kilomètres en aval du croisement de cette rivièreavec la route pré-
citéede Ksar-el-Kébir,par Ouezzan. De ce point, elle gagnera aussi directe-
ment que possible le rivage de l'océanAtlantique, au-dessus de la lagune de
Ez-Zerga.
Cette délimitationestconforme A ladélimitationtracéesurla carte annexée a
la présente convention sous le no 1.

III

Dans le cas où l'étatpolitique du Maroc et le Gouvernement chérifien ne
pourraient plus subsister, ou si, par la faiblesse de ce gouvernement et son
impuissancepersistante à amener lasécuritéetl'ordre publicoupour toute autre

cause 8 constater d'un commun accord, le maintien du sturu quo devenait
impossible, l'Espagne pourrait exercer librement son action dans la région
délimitée8 l'article précédentet qui constitue dés à présent sa sphère d'in-
fluence.

Le Gouvernement marocain ayant, par l'article8 du traité du26 avril 1860,
concédé àl'Espagneun établissementhSanta Cruz de Mar Pequefia(Ifni), ilest
entendu que le territoide cetétablissementnedépasserapas lecoursde l'oued
Tazeroualt, depuis sa sourcejusqu'li son confiuent avecl'ouedMesa, et le cours
del'ouedMesa,depuis ceconfluentjusqu'à lamer,selonla carte no2annexéeàla
présente convention.

Pour compléterla délimitation indiquéepar l'articlepremier delaconvention

du 27juin 1900,il est entendu que ladémarcationentre les sphèresd'influence
française et espagnolepartira de l'intersectiondu méridien14"20'ouest de Paris
avecle 26' de latitudenord, qu'elle suivra versl'estjusqu'asa rencontre avecle
méridien11 ouestde Paris.Elleremontera ceméridienjusqu'hsarencontre avec
l'ouedDraa, puisle thalwegdet'ouedDraajusqu'Asarencontre avecleméridien
10" ouest de Paris, enfin le méridien10' ouest de Parisjusqu'a la ligne de faîte
entre les bassins de l'ouedDraaet de l'ouedSous,et suivra,dansla direction de
l'ouest, la ligne de faîte entre les bassins de l'oued Draa et de I'ouedSous, puis
entre lesbassins côtiers de l'ouedMesaet de l'ouedNoun,jusqu'au point leplus
rapprochédelasourcedel'oued Tazeroualt.Cettedélimitationestconforme iila
délimitationtracéesur la carte na2 déjàcitéeet annexéeAla présenteconven-
tion.294 SAHARA OCCIDENTAL

Les articles4 et5 seront applicables en mêmetemps que l'article 2 de la
présente convention.
Toutefois, le Gouvemement de la Républiquefrançaise admet que l'Espagne
s'établiraàtout moment dans lapartiedéfinie àl'article4à la condition de s'être
préalablement entendue avec le Sultan.
De meme, le Gouvemement de la République française reconnaît désmain-
tenant au Gouvernement espagnol pleine libertéd'action sur la régioncomprise
entre les26"et27O40'de latitudenord etle méridien11 ouest de Paris,quisont
en dehors du territoire marocain.

L'Espagne s'engage à n'aliénerni acéder sousaucune forme, mêmetempo-

raire, tout ou partie des terrains désignésaux articles 2, 45ede la présente
convention.

Sidans l'application desarticles 2,4 et 5delaprésente convention,une action
militaire s'imposaità l'une des deux parties contractantes, elle en avertirait
aussitôt l'autre partie.
En aucun cas, il ne sera fait appel au concours d'une puissance étranghre.

La villede Tanger gardera le caractèrespécialque lui donnent la présencedu

corps diplomatique et ses institutions municipale et sanitaire.

Tant que durera l'étatpolitique actuel, les entreprises de travaux publics,
cheminsdefer,routes,canaux, partant d'unpoint du Maroc pour aboutir dans la
région visée a l'articl2 et vice versa, seront exécutéespar les sociétésque
pourront constituer des Francpis et des Espagnols.
De même,is leraloisibleaux Français et aux Espagnolsau Maroc de s'associer
pour l'exploitation des mines, carrières,et généralement d'entreprises d'ordre
économique.

Les écoleset les établissementsespagnols actuellement existants au Maroc

seront respectes. La circulation de la monnaieespagnole ne sera ni empêchén,i
entravée. Les Espagnols continueront de jouir au Maroc des droits que leur
assurent les traités, conventions et usages en vigueur, y compris le droit de
navigation et de pêchedans les eaux et ports marocains.

XII

Les Françaisjouiront dans les régions désignéeasux arides 2, 4 et 5 de la
présente convention desmêmesdroitsqui sont, par l'articleprécédent, reconnus
aux Espagnols dans le reste du Maroc. DOCUMENTS DU MAROC

Dans le cas où le Gouvernement marocain en interdirait la vente sur son
territoire, les deux puissances contractantes s'engagent iiprendre dans leurs
possessions d'Afrique les mesuresnécessairsour empêcherquelesarmeset les

munitions soient introduites en contrebande au Maroc.

XIV
II est entendu que lazone viséeau paragraphe premier de l'articl7 de la
dkclaration franco-anglaise du 8 avril 1904 relative au Maroc eà I'Egypte

commence sur la cBteA30kilométresau sud-est de Melilla.

Dans le cas où ladknonciation prévuepar le paragraphe 3 de l'article4 de la

déclaration franco-anglaiserelative au Maroc eà I'Egypteaurait eu lieu, les
Gouvernements français et espagnokse concerteront pour l'établissementd'un
régimeéconomique qui réponde particulièrementh leurs intéretsréciproques.

XVI

La présente convention serapubliéelorsque lesdeux gouvernementsjugeront
d'un commun accord qu'elle peut1'Ptresans inconvénient.
En tout cas, elle pourra Ptre publiéepar l'un des deux gouvernements B
l'expiration de la premiérepériodede son application,périodequiest définieau
paragraphe 3 de l'article2.
En foi de quoi, les plénipotentiairesont signéla présente convention et l'ont
revétuede leurs cachets.

Fait en double exemplaire, a Paris, le 3 octobre 1904. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe49

ACCORD SECRETFRANCO-ESPAGNOL
DU 1ERSEPTEMBRE 1905 '

Le fonctionnementdu traitésecrdu3octobre 1904futréglépar un accord signeé
lerseptembre 1905el ainsiconçu:

1. Policedesports
Lescorps depolicemilitaire qui devrontétreorganisésleplus t6t possibledans
les~ortsde1'Emoirechérifiendevantêtreformésdetroupes indinénes,la France,
d'accord avecl'Espagne, admet que tous les chefs, offic'ierset sous-officiersqui

seront chargésde l'instruction et du commandement desdites troupesdans les
portsdeTétouan etdeLarachedevront appartenir àla nationalitéespagnole ;de
soncbté,l'Espagne,d'accordaveclaFrance, admet que tousleschefs,officierset
sous-officiers qui seront chargés de l'instruction et du commandement des
troupes de police dans les ports de Rabat et de Casablanca devront étrede
nationalité française.
Encequiconcernele port deTanger, enraison desstipulationsdel'article 9du
traite du 3 octobre 1904ilest convenu que la police de cette villeseraconfAée
un corpsfranco-espagnol commande par un Français. Ce régimesera soumis a
revision, i'expiration de la périodede quinze ans, prévua la convention du
3 octobre 1904.

II. Surveillanceet répresside la contrebandedes armes

Conformément h l'esprit de l'article18 dudit traité,et en vue d'assurer son
exécution, il est entendu que sur terre la surveillance et la répressionde la
contrebande des armes demeurent A la charge de la Francedans la sphérede sa
Frontièrealgérienne,et à la charge de l'Espagne, dans la sphérede toutes ses
places et possessions africaines.

La surveillanceet la répressionde cettecontrebandesur mer seront confiéeà
une division de navires de guerredes deux puissances, qui en fixeront les types.
Cette division sera commandéealternativement,pendant un an, par un officier
de la marine de l'unedesdeux puissances, etl'année suivanteparun officierdela
manne de l'autre puissance, le commandement devant étreexercé la premiére
annéepar un officier de la marine française.
Lesdeux gouvernements établiront d'un communaccord lesrkglesa observer
pour la répressiondecettecontrebande, lorsqu'ils'agirade l'exercicedu droit de
visite, dans le casoù I'exercice dece droit serait indispenàl'efficacité dela
répression.

III. Intérêtésconomiquee st financiers

En vue d'assurer de part et d'autre dans le sens le plus amical l'exacte inter-
prétationdes articles 10,11et 12de la conventiondu 3 octobre 1904ildemeure
entendu :

'Becker,Histori de Murruecos,p.559. DOCUMENTS DU MAROC 297

1. Que les entreprises de travaux publics, de chemins de fer, de routes et
canaux, d'exploitation de mines et carrières, et toutesautres de caractèrecom-
mercial et industriel, sur le territoire du Maroc, pourront êtreexécpardes

groupes constituéspar de: Espagnols etdes Français ;les deux gouvemements
s'obligentmutuellement Afavoriserpar les moyens dont ils disposeront la créa-
tion decesentreprises mixtes,sur la basede l'égaldesdroits des associés,dans
la proportion du capital engagé.
A l'expiration du délaide quinze ans, prévupar la convention du 3 octobre
1904, les deux hautes parties contractantes pourront exécuter les travaux aux-
quels se référe lparagraphe précédent, conformémenatux reglesqu'ilindique,
dans leurs zones d'influences respectives.
2. Les Espagnols et les Français, ainsi que leurs établissementset écoles
actuellement existant5dans I'Empiremarocain,seront respectés ;en tout cas, ils
jouiront pour toujours au Maroc, dans l'exercice de leurs professions, et la

réalisationde leurs opérationscommerciales et industrielles encours ou proje-
tées,des mêmesdroits et priviléges,de maniéreque l'étatjuridique des sujets et
ressortissantsdes deuxnations soitconstamment leméme.Lesmarchandisesdes
deux paysjouiront pour leur introduction, circulation et vente dans I'Empire
d'un traitement identique. Les deux hautes parties contractantes emploieront
tous les moyens pacifiques en leur pouvoir et se prêterontmutuellement leur
concours auprésdu Sultan et du maghzen en vued'empécherque,présentement
comme dans t'avenir,cette clause ne vienneà êtremodifiéepar l'autoritérnaro-
caine, par suite de l'établissementde règlesdifférentes,en cequi concerne l'état
juridique des personnes et les conditions auxquelles serontsoumises les mar-
chandises des deux nations.

3. La monnaie d'argent espagnole continuera à &tre librement introduite
comme ellel'aété jusqu'ici dans l'Empire,sansquedirectementouindirectement
ou A la suite d'une mesure quelconque prise ou Aprendre, il puisse être porté
atteinteA la libertéde l'introduction et de la circulation ainsi qu'Ala valeur
libératricede ladite monnaie.
Les deux gouvemements s'obligent respectivement A ne pas laisser créer
d'obstacles directs ou indirects a ce qui se trouve énoncéau paragraphe précé-
dent, par lesinstitutions commercialesou industrielles organiséesdans I'Empire
marocain par leurs sujets respectifs ea employer tous les moyens pacifiques
dont chacun d'eux disposepour que des participations dans le capital et les
travaux de toutes les entreprises publiques soient offertes aux sujets des deux

nations.
4. Les Gouvernements espagnolet français étantd'accord sur la nécessitéde
créerau Maroc un établissementde crédit sous la dénominationde Banque
d'Etat ou toute autre, établissementdontla présidencesera réservée la France
en raison du plus grand nombre d'actions souscritespar elle, s'entendent éga-
lement sur les points suivants:

a) laparticipation enactionsde toutes espècesetlesparts debénéfica réservea
l'Espagne seront supérieurea la part de chacunedes autres puissancesprises
séparément,la France exceptée;
b) le personnel espagnol de l'administration de cet établissement etde celle
de ses dépendances sera proportionnel A la part de capital souscrit par

l'Espagne;
c) Cet établissementpourra se charger de travaux et de services publics dans
l'Empiredu Maroc, avecl'assentimentou en vertud'unaccord avecle Sultan.
Ilpourra soit lesexécuterdirectement soit lestransféràd'autres groupesou298 SAHARA OCCIDENTAL

entreprises.Toutefois, pour l'exécutionde touscestravauxet servicespublics,
les stipulations des paragraphes ci-dessus a) et b) devront êtreobservées.

5. LesdeuxGouvernements espagnolet françaisaugmenteront d'un commun
accord lenombre actuel dessujetsespagnolsdéléguédsans leservicedesdouanes
de l'Empire,réorganisé en garantie de l'emprunt contractéen dernier lieu par le
Sultan auprès des banques françaises, empnint dans lequel se trouve englobé
l'emprunt contractéantérieurementpar Sa Majestéchérifienneauprésdes ban-
ques espagnoles.

Lesdeux puissancess'engagent Aobserver cetaccord,même dans lecasoù les

stipulations del'article 17de laconvention de Madrid de 1880viendraienA être
étendues à toutes les questions d'ordre économique et financier.Elles s'efforce-
ront par leur action pacifique constante auprès du Sultan et du maghzend'as-
surer l'accomplissement loyal de tout ce que stipule le présent accord.
En outre, l'Espagne étantfermement décidée àmarcher complètementd'ac-
cord avec la France, au cours des délibérationsdela conférence projetée, etla
Franceseproposant d'agirde même avecl'Espagne,ildemeureconvenuentre les
deux gouvernements qu'ils s'aideront mutuellement et procéderont d'un com-
mun accord dans lesdites délibérationse,ncequi concerne lesstipulations de la

convention du 3octobre 1904,dans son interprétationla plus large et la plus
amicale, comme en ce qui concerne les différents objetsdu présentaccord.
Ils s'engagentenfin à se preter réciproquementle concours pacifique le plus
entier sur toutes les questions d'ordre général concernantMaroc, ainsi que le
comporte la cordiale et amicale entente qui existeentre eux par rapport aux
affaires de l'Empire chérifien.

On saitquelaFrancectl'Espagnenégocientactuelleme ntvri1912)lamiseaupoint
deces deux derniersinsirurnenrsdiplomatiquesetleuradaptatioauxnouvelleséven-
tualités prévuear lesconventions franco-allemandes 4unovembre1911.Ces nege
ciationsont pourobjetsprincipaux: 1)l'établissement duégime intérieurdedeux
zones : 2) decompensaiions territoriales réclamépesla France comme prix des
sacrificesconsentparellepour libérelreMarocde l'hypothèqueinternationaleetdes
rectifications la frontikrenorddesdeux zones. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 50

ACTE GÉNÉRAL DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE
D'ALGÉSIRAS DU 7 AVRIL 1906

Au nom de Dieu tout puissant,

Sa Majesté l'Empereurd'Allemagne,roi de Prusse, au nom de l'Empire alle-
mand ;
Sa Majesté l'Empereurd'Autriche, roi de Bohêmee ,tc., et roi apostolique de
Hongrie ;

Sa Majestéle Roi des Belges;
Sa Majestéle Roi d'Espagne ;
le Président desEtats-Unis d'Amérique;

le Présidentde la République française ;
Sa Majestéle Roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et des
territoires britanniques au-delà des mers, empereur des Indes ;

Sa Majestéle Roi d'Italie ;
Sa Majesté leSultan du Maroc ;
Sa Majestéla Reine des Pays-Bas ;

Sa Majesté le Roide Portugal et des Algarves, etc., etc., etc.;
Sa Majesté l'Empereurde toutes les Russies ;

Sa Majestéle Roi de Suède ;
S'inspirant de l'intérêqtui s'attachea ce que l'ordre, la paix et la prospérité

régnent auMaroc,et ayantreconnuque cebut précieux nesaurait êtreatteint que
moyennant l'introduction de réformes basées sur le triple principe de la souve-
- rainetéet de l'indépendancede SaMajestéleSultan, del'intégrité de sesEtats et
de la liberté économiquesans aucune inégalitéo , nt résolu,sur l'invitation qui
leur a étéadresséepar Sa Majestéchérifienne,de réunir une conférencea
Algésiraspour arriver A une entente sur lesdites réformes, ainsique pour exa-
miner les moyensde se procurer les ressources nécessaires à leur application, et
ont nommépour leurs déléguép slénipotentiaires,savoir :

Lesquels,munis de pleins pouvoirs qui ont étetrouvésenbonne et dueforme,
ont, conformément au programme sur lequel Sa Majesté chérifienneet les
Puissances sont tombéesd'accord, successivement discutéet adopté:

1.Une déclaration relative àl'organisation de la police;
II. Un réglementconcernant la surveillance etla répressionde la contrebande
des armes ;
III. Un acte de concession d'une banque d'Etat marocaine ;

'ConventionconclueentreAllemagneA , utriche-HongrieB, elgiqu, spagne,Etats-
Unis d'AmériqueF,rance,Grande-Bretagne,Italie, Maroc, Pays-Bas,Portugal,Russie,
Sukde.300 SAHARA OCCIDENTAL

IV. Une déclaration concernant un meilleur rendement desimpôtset la créa-
tion de nouveaux revenus ;
V. Un réglernentsur lesdouanes de l'Empireet larepressionde lafraude et de

la contrebande ;
VI. Une déclarationrelative aux services publics et aux travaux publics, et,
ayant jugé que ces différents documents pourraient êtreutilement coor-
donnésen un seul instrument, les ont réunisen un acte général. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 50bis

. DÉCLARATIONS ÉCHANGÉES A PARIS, LE 8JUILLET 1905,ENTRE
M. ROUVIER, PRESIDENT DU CONSEIL, MINISTRE DES AFFAIRES

ÉTRANGÈRES, ET M. LE PRINCE RADOLIN, AMBASSADEUR
D'ALLEMAGNE A PARIS

M. Rouvier,présidentdu Conseil,ministredes offoiresétrangèrprince Rado-
lin,ambassadeur dAllemagne ciParis

Pari e,8juillet 1905.

Le Gouvernement de la Républiqueest convaincu, par les conversations qui
ont eu lieu entre les représentantsdes deux pays, tant qu'à Berlin,quele
Gouvernement impérialnepoursuivait àla conlérenceproposéeparle sultan du
Marocaucun but qui compromît leslégitimesintérêtse la France dans cepays,
ou qui fût contraire aux droitladFrance résultantde ses traitésou arrange-

ments et en harmonie avec les principes suivants :
Souveraineté et indépendancedu Sultan.
Intégritéde son Empire.
Liberle économique sans aucuneinégalité.
Utilitéde réformesde police et de réformesfinancièresdont Pintroduction
serait réglépour une courte durée, par voie d'accord international.
Reconnaissance delasituation faiàla France au Marocparla contiguïté,sur
une vaste étendue, de l'Algérieet de l'Empire chérifienet par les relations

particulières qui en résultententre les deux pays limitrophes, ainsi que par
l'intérêt spéciqauli s'ensuitpour la France a ce que l'ordre règnedans l'Empire
chérifien.
En conséquence,le Gouvernement de la Républiquelaisse tomber ses objec-
tions premièrescontre la conférenceet accepte de s'yrendre.

ROUVIER.

S. A. S. le prince Radolin, ambassadeur d'Allemagned Parià,M. Rouvier,
présidentdu Conseil,ministre desalfairesétrangères

Paris, le 8juillet 1905.

Le Gouvernement de la République, acceptantde se rendrà la conférence
proposée parlesultan du Maroc,le Gouvernement impérialm'achargéde vous
confirmer ses déclarationsverbales, aux termes desquellesil ne poursuivra a la
conférence aucun but qui compromette les légitimesintérêtsde la Franau
Maroc ou qui soit contraire auxdroide la France résultantde ses traités ou
arrangements et en harmonie avec les principes suivants :

Souverainetéet indépendancedu Sultan.
Intégritéde son Empire.
Liberté économique sans aucuneinégalité.302 SAHARA OCCIDENTAL

Utilitéde réformesde police et de réformesfinancigres dont l'introduction
serait réglépour une courte duréepar voie d'accord international.
Reconnaissance de la situation faite hla FrancMaroc par la contiguïté,sur
une vaste étendue,de l'Algérieet de l'Empirechérifien,par les relations parti-
culiéresqui en résultententre les deux pays iirnitrophes, ainsi que par l'inter2t
spéciaiqui s'ensuit pour la France tice que l'ordre rkgnedans l'Empire chén-
fien.

Cet échangede letrresa étésuivi de la dkclarutionsuivan:e

Le Gouvernement de la Républiqueet le Gouvernement allemand convien-
nent :

1. De rappeler ti Tanger simultanément leurs missions actuellementA Fés
aussitôt que la conférencese sera réuni;
2. De faire donner au sultan duMaroc des conseils par leurs représentants,
d'un commun accord, en vue de la fixation du programme qu'il proposeraiila
conférencesur les bases indiquéesdans les lettres échangéessous la date du
8juillet 1905entre le présidentdu Conseil, ministre des affaires étrangé,tse
l'ambassadeur d'Allemagne Pans.

Fait a Pais, le 8juillet 1905.
ROUVIER.

2. ACCORD SIGNÉ, LE 28 SEPTEMBRE 1905,PAR M. ROUVIER, PRÉ-
SIDENT DU CONSEIL, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGGRES, ET
S.A. S. LE PRINCE DE RADOLIN, AMBASSADEUR D'ALLEMAGNE À
PARIS

Les deux gouvernements se sont mis d'accord pour proposer au Sultan le
projet du programme suivant élaboréen conformité desprincipes adoptésdans
i'échangedes lettres du 8juille:

1. 1. Organisation, par voie d'accord international, de la police hors de la
régionfrontière.
2. Règlementorganisant lasurveillance et lacontrebande des armes. Dans la
régionfrontière, l'application de ce règlement restera l'affaire exclusivede la
France et du Maroc.
II. Réformefinancière.
Concours financier donnéau makhzen, par la création d'une banquediEtat
avec privilège d'émission, schargeant des opérationsde trésorerie et s'entre-
mettant pour la frappe de la monnaie dont les bénéficesappartiendraient au

makhzen.
La banque d'Etat procéderaitAl'assainissement de la situation monétaire.
Lescrédits ouvertsau rnakhzenseraient employés àl'équipementet à lasolde
des troupes de police eacertains travaux publics urgents, notammenA I'arne-
lioration des ports et de leur outillage. DOCUMENTSDU MAROC 303

III.Etude d'un meilleur rendement des impbts et de la créationde nouveaux
revenus.
IV. Engagement par le makhzen de n'aliéneraucun des services publics au

profit d'intérêts particuliers.
Principe de l'adjudication, sans exception de nationalité, pour les travaux
publics.

Fait à Paris, le 28 septembre 1905.

Annexe 51

ACCORD FRANCO-ALLEMAND DU 9 FÉVRIER 1909 '

LeGouvernement delaRépubliquefrançaiseentièrementattachéaumaintien
de l'intégrité de l'indépendancede l'Empirechérifien,résolua y sauvegarder
l'égalitkconomique, et par suite 2ne pas y entraver les intérsommerciaux et
industriels allemands,

Et le Gouvernement impérialallemand, ne poursuivant que des intérêts éco-
nomiques au Maroc, reconnaissant d'autre part que les intérêtpsolitiques par-
ticulierde la France y sont étroitementliéà la consolidation del'ordre et dela
paix intérieure,et décidéa ne pas entraver ces intérêts,
Déclarentqu'ils nepoursuivront et n'encourageront aucune mesurede nature
à créeren leur faveur ou en faveur d'une puissance quelconque un privilège
économique, etqu'ils chercheront a associer leurs nationaux dans les affaires
dont ceux-ci pourront obtenir l'entreprise.

Deloncle. Starut international du Maroc,p. 319. SAHARA OCClDENTAL

Annexe 52

L'ACCORDFRANCO-ALLEMANDDU 4 NOVEMBRE 1911 '

L'accordmarocain

A la suite des troubles qui se sont produits au Maroc et qui ont démontréla
nécessitéde poursuivre, dans l'intér2tgénéral,l'Œuvrede pacification et de
progrèsprévuepar l'acte d'Algésiras,le Gouvemement de la RépubliqueIran-
ç"se et leGouvernement impérial allemandontjugéntcessaire de préciseret de
compléterl'accordfranco-allemand du 9février1909,etsont convenushceteffet
des dispositions suivante:

Le Gouvernement impérialallemand déclareque, ne poursuivant au Maroc
que des intérétséconomiques,iln'entravera pas l'actionde la France en vuede
pr2ter son assistance au Gouvernement marocain pour l'introduction de toutes

lesreformes administratives, judiciaires, économiques,financiéreset militaires
dont il a besoin pour le bon gouvernement de l'hpircomme aussi pour tous
les réglements nouveauxet modifications aux réglementsexistants que ces
réformescomportent.
En conskquence donne son adhésion aux mesuresde réorganisation decon-
trôle etde garantiefinanciéreque,aptes accord avecleGouvernement marocain,
le Gouvernement français croira devoir prendre hcet effet, sous la réserveque
l'actionde la France sauvegardera Maroc l'égalité économiquentre lesdeux
nations.
Au cas ou la France serait amenéeà préciseretàétendre son contrôleet sa
protection, le Gouvemement impérialallemand, reconnaissant pleine liberte
d'actionà la France et sous résemeque lalibertécommerciale prévuepar les
iraitésantérieurs sera maintenue, n'y opposera aucun obstacle.

Ilestentendu qu'il nesera portéaucuneentrave auxdroits et aux actions de la
banque dlEtat du Maroc, tels qu'ils sont définispar l'acte d'Algésiras.

Dans cet ordre d'idées,il est entendu que le Gouvernement impérialne fera
pas obstacleiice que la France, apres accord avec le Gouvernement marocain,
procéde auxoccupations militaires du territoire marocain qu'elle jugera neces-
saires pour le maintien de l'ordre et la sécuritédes transactions commerciales,
et A ce qu'elle exerce toute action de police sur terre et dans les eaux ma-
rocaines.

III

Dès àprésent, siS.M. le sultan du Maroc venaiA confier aux agents diplo-
matiques et consulaires de la France la représentationetla protection des sujets
et desintérêtmarocains ii'étranger,leGouvernemeni impérialdéclarequ'iln'y

Deloncle,SraruriniernaiiodulMaroc. p.345. DOCUME~S DU MAROC 305

fera pas d'objection.Si,d'autre part,S. M. le sultan du Maroc confiait au
représentant de la France présdu Gouvernement marocain le soin d'être son
intermédiaire auprés des représentants étrangers,le Gouvemement impérial
déclarequ'il n'y ferait pas d'objection.

Le Gouvernement français déclare que, fermement attachéau principe de la
libertécommerciale au Maroc, il ne seprsteraàaucune illégalitép,as plus dans
l'établissementdes droits de douane, impôts et autres taxes, que dans l'établis-
sement des tarifs de transport par voieferrée,parvoiede navigation fluvialeou
toute autre voieet notammentdans toute auestion de transit. LeGouvernement
français s'emploiera égalementauprésd;~ouvemement marocain afin d'ern-
~échertout traitement différentielentre les ressortissants des différouis-
Sances,et il s'opposera notammentà toute mesure, par exemple Bla prom;lga-

tion d'ordonnances administratives sur les poids et mesures, le jaugeage, le
poinçonnage, etc., qui pourrait mettre en état d'infkriontéles marchandises
d'unepuissance. Le Gouvemement français s'engage à user de son influence sur
la banque d'Etat pour que celle-ci confèrà tour de rble aux membres de sa
directionATanger les postes de délégué donetlle disposeà la commission des
valeurs douaniéreset au comité permanent desdouanes.

Le Gouvemement français veillera A ce qu'il nesoit perçu au Maroc aucun
droit d'exportation sur le minerai de fer exporté des ports marocains. Les
exploitations de minerai de fer ne subiront, sur leur production ou sur leurs
moyens de travail, aucun impat spécial. Elles nesupporteront en dehors des
impôts générauxqu'une redevancefixe calculéepar hectare et par an, et une

redevance proportionnée au produit brutde l'extraction. Les redevancesqui
seront assisesconformément aux articles 35et 49du projet de règlement minier
annexéau protocole du 7juin 1910de la conférencede Paris seront également
supportéespar toutes les entreprises miniéres.Le Gouvernement français veil-
Iera ceque lestaxes minièressoient régulikrementperçuessans quedesremises
individuelles du total ou une partie de ces taxes puissent Ctreconsenties sous
quelque prétexteque ce soit.

Le Gouvernement de la Républiquefrançaise s'engageBveiller à ce que les
travaux et fournitures nécessitespar les concessions éventuellesde routes, che-
mins de fer, ports, télégraphese,tc.,soient octroyés parleGouvernement maro-
cainsuivant lesréglesdel'adjudication. 11s'engageégalementAveilleràceque les
conditions des adjudications, particulierement en cequi concerne lesfournitures

du matériel etles délais impartis poursoumissionner, ne placent les ressortis-
sants d'aucune puissance dans une situation d'infériorité. L'exploitatides
grandes entreprises mentionnées ci-dessus sera réservé& I'Etat marocain ou
librement concédéepar lui àdes tiers qui pourront êtrechargésde fournir les
fonds necessaires à cet effet. Le Gouvernement français veilleraAce que, dans
l'exploitation descheminsde feret desautres moyensde transport, commedans
l'application des réglementsdestinés à assurer celle-ci, aucune différencede
traitement ne soit faite entre les ressortissants des diverses puissances qui use-
raient de ces moyens de transport.306 SAHARA OCCIDENTAL

Le Gouvernement de la Républiqueusera de son iniïuence sur la banque
dlEtat afin que celle-ci confkrà tour de rôle aux membres de sa direction A
Tanger les postes dont elle dispose de délégué s la commission générale des
adjudications et marchés. De mémele Gouvemement français s'emploiera
auprésdu Gouvernement marocain pour que, tant que restera en vigueurI'ar-
ticle66 de l'acte d'Algésiras,il confie Bun ressortissant d'une des puissances
représentéesau Maroc un des trois postesde délégué chérifien caumitéspécial
des travaux publics.

Le Gouvernement français s'emploiera auprès du Gouvernement marocain

pour que les propriétairesde mines et autres exploiations industrielleagri-
coles, sans distinction de nationalité eten conformitédes règlementsqui seront
édictes ens'inspirant de la législation françaisesur la matière. puissent être
autorisésa créerdes chemins de fer d'exploitation destinàsrelier leurs centres
de production aux lignes d'intérêgténéralet aux ports.

11seraprésentétous lesans un rapport sur l'exploitationdeschemins de ferau

Maroc, qui sera établi dans les mOmesformes et conditions que les rapports
présentésaux assemblées d'actionnairesdes sociétédse chemins de fer français.
Le Gouvernement de la République chargera un des administrateurs de la
banque d'Etat de l'établissementde ce rapportqui sera, aveclesélémentqui en
seront la base, communiqué,s'ily a lieu, avecles observations que ces derniers
croiront devoir y joindre d'aprbs leurs propres renseignements.

Pour éviterautant que possible lesréclamationsdiplomatiques,le Gouverne-
ment français s'emploiera auprès du Gouvernement marocain afin que celui-ci

défkreà un arbitre désignad-hoc,pour chaque affaire, d'uncommunaccord par
leconsul de France et par celdela puissanceintéressée ou Aleur défaut parles
deux gouvernements, les plaintes portees par des ressortissants étrangerscontre
les autontés marocaines ou les personnes agissant en tant qu'autorités maro-
caines, et qui n'auraient pu êtreréglsar l'intermédiairedu consul français et
du consul du gouvernement intéresséC . ette procédure resteraen vigueurjus-
qu'aujour où auraétéinstituéun régimejudiciaireinspirédesrèglesgénéraled se
la législationdespuissances intéresséeestdestiàéremplacer, aprésentente avec
elles, les tribunaux consulaires.

Le Gouvemement français veillera b ce que les ressortissants étrangers
continuent à jouir du droit de pêchedans les eaux et ports marocains.

Le Gouvernement français s'emploiera auprès du Gouvernement marocain
pour que celui-ci ouvre au commerce étrangerde nouveaux ports au fur et h

mesure des besoins de ce commerce. DOCUMENTS DU MAROC

XII

Pour répondre Aune demande du Gouvernement marocain, les deux gouver-
nements s'engagentàprovoquer la revision,d'accord aveclesautres puissances,
et surla base dela convention de Madrid, deslisdelasituation des protégés
étrangers et desassociés agricoles auMaroc dont parlent les artides 8 et 16de

cetteconvention. Ils conviennent égalementde poursuivre auprèsdespuissances
signataires toutes lesmodifications delaconvention que comportera, lemoment
venu, le changement du régimedes protégéset des associés agricoles.

Toutes les clauses d'accord, de convention, de traité, oude règlementqui
seraient contraires aux précédentesstipulations sont et demeurent abrogées.

XIV

Leprésentaccord seracommuniquéaux autrespuissances signatairesdel'acte
d'Algésiras,auprès desquelles les deux gouvernements s'engagentA se prêter
mutuellement appui pour obtenir leur adhésion. SAHARAOCCIDENTAL

Annexe 53

LETTRE DE M. DE KIDERLEN-WAECHTER, SECRETAIRE D'ÉTAT
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L'EMPIRE D'ALLEMAGNE,
A M. CAMBON, AMBASSADEUR DE LA REPUBLIQU FREANÇAISE
À BERLIN

Berlin, 4enovembre 1911

Mon cher Ambassadeur,

Pour bien préciser t'accordnovembre 1911relatif au Maroc et en définir
la portée,j'ai l'honneur de faire connaître ?iVotre Excellenceque, dans I'hypo-
these où le Gouvernement français croirait devroir assumer le protectorat du
Maroc, le Gouvernement impérialn'y apporterait aucun obstacle.
L'adhésiondu Gouvernement allemand, accordéed'unemaniéregénérale au
Gouvernement français par l'article premierde ladite convention, s'applique
naturellemenàtoutes les questions donnant mAtréglementationet visées
dans l'acte d'Algésiras.
Vous avez bien voulu me faire connaître d'autre part que, dans le cas où
l'Allemagnedésirerait acquérirdel'EspagnelaGuinéeespagnole,l'ileCoriscoet
les îles EloblaFrance serait dispoàérenoncer en sa faveur ?iexercer les
droits de préférencequ'elle tientdu traitédu 27juin 1900entre la France et
l'Espagne. Je suis heureux de prendre acte de cette assurance et d'ajouter que
l'Allemagnerestera étrangkreaux accords particuliersque laFrance et t'&pagne

croiront devoir faire entrausujet du Maroc, étantconvenu que le Maroc
comprend toute la partie de 1'Afnque du Nord s'étendant entre l'Algérie,
l'Afrique occidentalefrançaise et la colonie espagnole du Rio de Oro. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 54

TRAITÉ DE PROTECTORAT SIGNI? À FÈS LE 30 MARS 1912 '

Le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de Sa
Majesté chérifienne,soucieux d'établirau Maroc un régime régulierf,ondésur
l'ordre intérieuretla sécuritgénéraleq,ui permette l'introduction des réformes
et assureledéveloppementéconomiquedu pays,sont convenus des dispositions
suivantes :

Arriclepremier.LeGouvernement delaRépubliquefrançaise etS.M.leSultan
sont d'accord pour instituer au Maroc un nouveau régimecomportant les ré-
formes administratives,judiciaires, scolaires, économiques,financiéresetmili-
taires que le Gouvernement français jugera utile d'introduire sur le territoire
marocain.
Ce régimesauvegardera la situation religieuse,le respect etle prestige tradi-
tionnel du Sultan, l'exercicede la religion musulmane et des institutions reli-
gieuses, notamment de celles des Habous. Il comportera l'organisation d'un
makhzen chérifien réformé.
Le Gouvernement de la République se concertera avec le Gouvernement
espagnol au sujet des intérêtque ce gouvernement tient de sa position géogra-
phique et de ses possessions territorialeSUTla côte marocaine.

Demême,lavilledeTanger garderalecaractérespécialqui luiaété reconnu et
qui déterminerason organisation municipale.
Article 2. S.M. le Sultan admet, des maintenant,que le Gouvernement fran-
çais procéde, aprésavoir prévenule makhzen, aux occupations militaires du
territoire marocain qu'il jugerait nécessaires aumaintien de l'ordre et de la
sécuritédes transactions commercialeset hcequ'il exerce touteaction de police
sur terre et dans les eaux marocaines.
Article 3.Le Gouvernement de la République prendl'engagementde prêter
un constant appui a SaMajestéchérifiennecontre toutdanger qui menacerait sa
personne ou son tr6ne ou qui compromettrait la tranquillité de ses Etats. Le
mêmeappui sera prété à l'héritierdu trône eta ses successeurs.
Article 4. Lesmesuresque nécessiteralenouveau régimede protectorat seront

édictées,sur la proposition du Gouvernement français, par Sa Majestéchéri-
fienneou par lesautoritésauxquelles elleen aura délégulepouvoir. Ilenserade
méme des réglements nouveaux et des modifications aux règlementsexis-
tants.
Article 5. Le Gouvernement français sera représenté auprèsde Sa Majesté
chérifiennepar uncommissaire résidentgénérald, épositairede tous lespouvoirs
de la Républiqueau Maroc, qui veillera à l'exécutiondu présentaccord.
Lecommissaire résident générsaelraleseulintermédiairedu Sultanauprèsdes
représentants étrangers etdans les rapports que ces représentants entretiennent
avecle Gouvernement marocain. Ilsera,notamment, chargéde toutes les ques-
tions intéressantles étrangersdans l'Empire chérifien.Il aura le pouvoir d'ap-

' Approuvk parune loi du 15juillet 1912; promulguépardécretdu 20juillet 1912
(Journal ofiicides 18juillet et 2juillet1912; Bulletin officdul ler novembre
1912).310 SAHARA OCCIDENTAL

prouver et de promulguer, au nom du Gouvernement français, tous les décrets
rendus par Sa Majesté chérifienne.
Article6. Lesagentsdiplomatiques et consulairesde laFrance serontchargés
de la représentation etde Ia protection des sujets et des intercts marocains

l'étranger.
S. M. le Sdian s'engage Bne conclure aucun acte ayant un caractère inter-
national sans l'assentiment préalabdu Gouvemement de la Républiquefran-
çaise.
Article 7.Le Gouvernement de la République françaiseet le Gouvernement
de Sa Majesté chérifiennese réserventde fixer, d'un commun accord, les bases
d'une réorganisationfinanciere qui, en respectant les droits conféraux por-
teurs des titres desemprunts publics marocains, permette de garantir les enga-
gements du trésorchérifienet de percevoir réguiiérementles revenus de I'Em-
pire.

Article8. Sa Majestéchérifiennes'interdit de contracterà l'avenir, directe-
ment ou indirectement, aucun emprunt public ou privé,et d'accorder, sousune
forme quelconque, aucune concession sans l'autorisation du Gouvemement
français.
Arrici'9. La présente convention serasoumise A la ratification du Gouver-
nement de la République françaiseet l'instrument de ladite ratification sera
remis à S.M. le Sultan dans le plus bref délaipossible.

En foide quoi les soussignésont dresséle présent acte etl'ont rev@tude leurs
cachets.
Faità Fés,le 30 mars 1912 (correspondantau II Rebiuh 1330). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 55

CONVENTION FRANCO-ESPAGNOLE CONCLUE A MADRID LE
27 NOVEMBRE 1912, PRÉCISANT LA SITUATION RESPECTIVE DE
LA FRANCE ET DE L'ESPAGNE A L'ÉGARD DE L'EMPIRE
CHÉRIFIEN, ET LETTRES ANNEXES

Le Présidentde la Républiquefrançaise et S.M. le Roi d'Espagne,

Désireuxde préciserla situation respectivede la France et l'Espagnegard
de 1'Empirechérifien;
Considérant,d'autre part, que leprésent traitéleuroffre une occasionpropice
d'affirmer leurs sentiments d'amitiéréciproque et leurdésirde mettre en har-
monie leurs intérstsau Maroc,

Ont convenu les dispositions suivantes
Articlepremier. Le Gouvernement de la Républiquefrançaise reconnaît que,
dans la zone d'infiuence espagnole, il appartientl'Espagne de veilleà la
tranquillitédeladitezoneet deprêter sonassistance auGouvernement marocain

pour l'introduction de toutes les réformesadministratives, économiques,finan-
cières,judiciaires et militaires dont il a besoin, comme aussi pour tous les
règlements existants que ces reformes comportent, conformémenàla déclara-
tion franco-anglaise 8 avril 1904eàl'accordfranco-allemand du4 novembre
1911.
Les régionscomprises dans la zone d3inFluencedéterminéà l'article2 reste-
ront placées sousl'autoritécivileet religieusedu Sultan,suivantlesconditions du
présent accord.
Cesrégions seront administrées,souslecontrôle d'un haut-commissaireespa-

gnol,par un khalifa choisipar leSultan sur une listededeux candidats présentés
par leGouvernement espagnol. Lesfonctions du khaiifa neserontmaintenues ou
.retiréesau titulaire qu'avec le consentement du Gouvernement espagnol.
Le khalifa résideradans la zone d'influence espagnoleet habituellemenA
Tétouan ;ilserapourvu d'une délégatiogénéraledu Sultan, en vertudelaquelle
iIexercera les droits appartenaatcelui-ci.
Cettedélégationaura uncaractèrepermanent. Encasdevacance,lesfonctions
de khaliha seront provisoirement et d'office rempliespar le pacha de Tétouan.
Les actes de l'autorité marocainedans la zone d'infiuence espagnoleseront

contr6lé.spar le haut-commissaire espagnol et ses agents. Le haut-commissaire
seraleseulintermédiairedans lesrapports quelekhalifa, enqualitédedélégée
l'autorité impérialedans la zone espagnole, auràentretenir avec les agents
officielsétrangers,étant donnéd'ailleurs qu'il nesera pas da l'article5du
traité franco-chérifiendu 30 mars 12.
Le Gouvernement de S. M. le Roi d'Espagne veillera à l'observation des
traités,et spécialementdes clauseséconomiqueset cornmerciaiesinséréedans
l'accord franco-allemand du 4 novembre 1911.
Aucune responsabiliténe pourra êtreimputéeau Gouvernement chérifiendu

chef de réclamationsmotivéespar les faits qui se seraient produits sous I'admi-
nistration du khalifa dans la zone d'influence espagnole.
--
Riviére,Traitécoâeset lois du Maroc. Pa1924,p. 124-128.312 SAHARA OCCIDENTAL

Ariicle2. Au nord du Maroc, la frontiéreséparativedes zones d'influence
française et espagnole partira de l'embouchurede la Moulouya et remontera le
thalwegdecefleuvejusqu'tiun kilomktreen avalde Mechra-Klila. Decepoint, la
ligne de démarcation suivrajusqu'au djebel Beni-Hassen le tracéfixépar I'ar-
ticl2 de la convention du 3octobre 1904.

Dans le cas où la commission mixtede délimitationviséeau paragraphe 1de
l'article4 ci-dessous constaterait que le marabout de Sidi-Maarouf se trouve
dépendre dela fraction sud des Beni-Bouyahi,ce point serait attribuéhla zone
française. Toutefois. lalignede démarcationdes deuxzones, aprèsavoir englobé
ledit marabout, n'enpasserait pas àplus d'unkilomttre au norà plus dedeux
kilomètres à l'ouest, pour rejoindre la ligne de démarcation telle qu'elle est
determinéeau paragraphe précédent.
Du djebel Beni-Hassen, la frontière rejoindra l'oued Ouergha au nord de la
djema des Cheurfa-Tfraout, en amont du coude formé parla riviére.De la, se
dirigeant versl'ouest,ellesuivra la Lignedes hauteurs dominant la rivedroitede
l'oued Ouergha jusqui& son interception avec la ligne nord-sud définiepar
l'articl2de laconventionde 1W. Dans ceparcours,lafrontièrecontournera le
plus étrojtement ~ossiblelljmtenord destribusriveraines del'ouedOuerghaet
la limite sud de cellesqui nesont pas riveraines, enassurant unecommunication

militaire non interrompue entre lesdifférentesrégionsde lazone espagnole.Elle
remontera ensuite verse le nord, en se tenant Aune distance d'au moinski-
lométres A l'estde la route de FéàEl-Kçar,El-Kébir parOueuan jusqu'g la
rencontre de l'oued Loukkos,dont elle descendra le thalwegjusqu'8 la limite
entre les tribus Sarsar Tlix D e ce point, elle contournera le djebel Ghani,
laissant cette montagne danslazone espagnole, sous réserve qu'n'y sera pas
consttuit de fortifications permanentes. Enfin, la frontiérerejoindra le paralléle
35" delatitude nord entre ledouar Mgaryaet laMarya de SidiSlama,et suivrace
paralftle jusqu'r2la mer.
Ausud du Maroc ,a frontikredeszonesfrançaise etespagnolesera définiepar
le thalwegde l'oued Draa, qu'elleremontera depuilamerjusqu'h sa rencontre
avec leméridien1I "ouest de Paris ; ellesuiceaméridien verslesudjusqu'i sa
rencontre avec le paralléle2740'de latitude nord. Au sud de ce parallkle, les

articles5et 6 de la convention du 3 octobre 1904resteront applicables. Les
régionsmarocaines situéesau nord et à l'est de la délimitationviséedansle
présentparagraphe appartiendront ila zone française.
Arficle3. Le Gouvernement marocain ayant, par l'article 8 du traité du
26 avril 1860,concédé A l'Espagne un établissement à Santa Cm de Mar
Pequefia(Ifni),ilestentendu queleterritoire decet établissemauraleslimites
suivantes : au nord, l'oued Bou-Sedradepuis son embouchure ;au sud, l'oued
Noun depuis son embouchure ; Al'est,une lignedistante approximativement de
25 kilométresde la côte.
Article 4. Une commission technique, dont les membres seront désignés en
nombre égalpar lesGouvernementsfrançais etespagnol,fixeraletracéexactdes
délimitationsspécifiéesux articles précédents.Dans son travail, la commission
pourra tenir compte, non seulement des accidents topographiques, mais encore
des contingences locales.

Lesprocés-verbauxde la commissionn'auront valeur exécutivequ'aprésrati-
fication des deux gouvernements.
Toutefois, les travaux de la commission ci-dessus prévuene seront pas un
obstacle ila prise de possession immédiatepar l'Espagnedeson établissement
d'Ifni.
Ariicle5. L'Espagne s'engageiin'aiiénerni cédersousaucune forme, mémeà. DOCUMENTS DU MAROC 313

titre temporaire, sesdroits dans tout ou partie du territoire composant sa zone
d'influence.

Article 6. Afin d'assurer lelibre passage du détroit de Gibraltar, les deux
Gouvernements conviennent de ne pas laisser éleverde fortifications ou d'ou-
vrages stratégiques quelconques sur la partie de la cbte marocaine viséepar
l'article7deladéclaration franco-anglaisedu 8 avril 1904etpar l'article 14dela
convention franc+espagnole du 3 octobre delamêmeannéeetcomprisedansles
sphèresd'influence respectives.
Article 7. LavilledeTangeret sabanlieueserontdotésd'un régimespécia qlui
sera déterminéultérieurement; elles formeront une zone comprise dans les
limites décritesci-aprés:

Partant dePunta-AItarèssur lacôte sud du détroitdeGibraltar, lafrontiérese
dirigera en lignedroite sur la crêtedu djebel Beni-Meyimel,laissant Bl'ouest le
villageappeléDouar-es-ZeitounetsuivraensuitelalignedeslimitesentreleFahs
d'un cbtéet les tribus de l'hdjera et de l'oued Ras de l'autre cbtéjusqu'à la
rencontre de l'oued Es-Seghr. De lti, la frontière suivra le thalweg de l'oued
Es-Seglilr puis ceux des oueds M'harhar et Tahadartz jusqu'à la mer.
Le tout conformémentau tracé indiqué sur lacarte de l'état-major espagnol

qui a pour titre:({Croquisdel Imperio de Marruecos OA l'échellede / 100000,
éditionde 1906.
Article 8. Les consulats, lesecoleset tous lesétablissementsfrançais et espa-
gnols actuellement existants au Maroc seront maintenus.
Les deux gouvernements s'engagent faire respecter la libertéet la pratique

extkrieure de tout culte existant au Maroc.
Le Gouvernement de S. M. le Roi diEspagne, en ce qui le concerne, fera en
sorte que les privilèges exercés actuellementpar le clergé régulieret séculier
espagnol ne subsistentplus dans lazonefrançaise.Toutefois, dans cettezone,les
missions espagnoles conserverontleursétablissementsetpropriétésactuels,mais
le Gouvernement de S. M. le Roi d'Espagne ne s'opposera pas Ace que les
religieuxde nationalité françaisey soient affectés.Lesnouveaux établissements
que ces missions fonderaient seront confiés iides religieuxfrançais.
Article 9. Aussi longtemps que lechemin defer Tanger-Fés neserapas cons-
truit, il ne sera apportéaucune entrave au passagedesconvoisde ravitaillement
destinésau makhzen, ni aux voyagesdes fonctionnaires chérifiensou étrangers

entre Féset Tanger, et inversement, non plus qu'au passage de leur escorte, de
leursarmesetbagages,étantentenduquelesautoritésdelazone traverséeauront
été préalablementavisées.Aucune taxe ou aucun droit spécialde transit ne
pourra êtreperçu pour passage.
Après la construction du chemin de fer de Tanger-Fés,celui-ci pourra étre
utilisépour ces transports.
Artilce 10. Les impôts et ressources de toutes sortes dans la zone espagnole
seront affectés aux dépensesde ladite zone.
Article Il. Le Gouvernement chérifien nepourra êtreappelé ilparticiper à
aucun titre aux dépensesde la zone espagnole.
Article 12. Le Gouvernement de S.M. le Roi d'Espagne ne portera pas at-

teinteaux droits, prérogativeset privilégesdes emprunts 1904et 1910dans sa
zone d'influence.
En vue de mettre l'exercicede ces droits en harmonie avec la nouvelle situa-
tion, le Gouvernement de la Républiqueusera de son influence surle représen-
tant des porteurs pour que le fonctionnement des garanties dans ladite zone
s'accorde avec lesdispositions suivantes :314 SAHARAOCCIDENTAL

La zone d'iduence espagnole contribuera aux charges des emprunts 1904

et 1910suivant la proportion que les ports de ladite zone, déduction faite des
500000 pesetas hassani dont il sera parlé plusloin, foumissent al'ensemble
des recettes douanières des ports ouverts au commerce.
Cette contribution est fixée provisoiremeat7,95 pour cent, chiffre basésur
lesrésultatsdel'année1911.Elleserarevisabletouslesans,a lademande derune
ou de l'autre des parties. La revision prévuedevra intervenir avant le 15mai
suivant l'exercicequi lui seMra debase. IIseratenu compte decesrésultatsdans
le versement a effectuer pai le Gouvernement espagnol le lerjuin, ainsi qu'il est
dit ci-après.
Le Gouvernement de S.M. le Roi d'Espagne constituera chaque année, à la
date du ler marspour le servicde l'emprunt 1910,et àladatedu lerjuin pour le

servicede l'emprunt 1904,entre les mains du représentantdes porteurs de titres
de ces deux emprunts, le montant des annuitésfixéesau paragraphe précédent.
En conséquence,l'encaissement autitredesemprunts serasuspendu dansla zone
espagnole par application des articles 20 du contrat du 12juin 1904et 19du
contrat du 17mai 1910.
Le contrôle des porteurs et les droits s'yrapportant, dont l'exerciceaura été
suspendu en raison des versements du Gouvernement espagnol, seront rétablis
tels qu'ils existentactuellement dans lecasoù lereprésentant desporteursaurait
àreprendre l'encaissement direct conformément aux contrats.

Article 13. D'autre part, il y a lieu d'assuàla zone française età la zone

espagnole leproduit revenant achacune d'ellessur lesdroits de douane perçua
l'importation.
Les deux gouvernements conviennent :
10 Que, balance faite des recettes douanièresque chacunedes deux admini-
strations zonièresencaissera sur les produits introduits par ses douanàsdes-
tination de l'autre zone, il reviendaala zone française une somme totale de
500 000 pesetas hassani, se décomposantainsi :

a) une somme forfaitaire de 300 000 pesetas hassani applicable aux recettes
des ports de l'ouest;
6) une somme de 200 000 pesetas hassani applicable aux recettes de la côte
méditerranéenne,sujette à revisionlorsquelefonctionnement descheminsde fer
fournira des éléments exactsde calcul. Cette revision éventuellepourrait s'ap-
pliquer aux versements antérieurementeffectués, sile montant de ceux-ciétait
supérieuritceluidesversements a réaliserdans l'aveni;toutefois, lesversements
dont il s'agit neporteraient que sur le capital et ne donneraient pas lAeun
calcul d'intérsts.

Si la revision ainsi opéréedonne liea une réduction desrecettes françaises
relativesaux produits douaniers desports dela Méditerranée,lleentraînera ipso
facro le relèvement de Ia contribution espagnole aux charges des emprunts
susmentionnés.
2O Que lesrecettes douanièresencaisséespar lebureau deTanger devront être
répartiesentre lazone internationaliséeet lesdeux autres zones, au proratade la
destination finale des marchandises. En attendant que le fonctionnement des

chemins de fer permette une exacte répartition des sommes dues à la zone
française età la zone espagnole, le senice des douanes versera en dépôtBla
banque d'Etat l'excédentde ces recettes, paiement fait de la part de Tanger.
Lesadministrations douanièresdes deuxzoness'entendront par l'entremisede
représentantsqui se réuniront périodiquement àTanger, sur lesmesurespropres DOCUMENTS DU MAROC 315

à assurer i'unitéd'application des tarifs. Ces délégués sceommuniqueront à
toutes fins utiles les informations qu'ils auront pu recueillir tant sur la contre-

bande que sur les opérations irrégulières éventuellemene tffectuéesdans les
bureaux des douanes.
Les deux gouvernements s'efforceront de mettre en vigueur, à la date du
le' mars 1913,les mesures viséessous le présentarticle.
Article 14. Les gages affectésen zone espagnole à la créancefrançaise, en
vertu de l'accordfranco-marocain du 21mars 1910,seront transférés auprofit de
lacréanceespagnoleet, réciproquement,les gagesaffectésen zonefrançaise à la
créance espagnole,en vertu du traité hispano-marocain du 16novembre 1910,
seront transférésau profit de la créancefrançaise. En vue de réserverAchaque
zone le produit des redevances minièresqui doivent naturellementlui revenir,il

est entendu que lesredevancesproportionnelles d'extraction appartiendront a la
zone où la mine est située,lors même qu'elles seraient recouvréea la sortie par
une douane de l'autre zone.
Article 15. En cequi concerne les avancesfaitespar la banque de 1'Etatsur le
5pour cent desdouanes, il a paru équitablede fairesupporter par lesdeuxzones
non seulement le remboursement desdites avances, mais, d'une manièregéné-
rale, les charges de la liquidation du passif actuel du makhzen.
Dans le cas où cette liquidation se feraiau moyen d'un emprunt Acourt ou

long terme, chacune des deux zones contribuerait au paiement des annuitésde
cetemprunt (intérêtsetamortissement dans uneproportion égale à cellequia été
fixéepour la répartitionentre chaque zone des charges des emprunts de 1904 et
1910).
Letaux del'intérêlte,sdélaisd'amortissement etdeconversion, lesconditions
de l'émissionet, s'il y a lieu, les garanties de l'emprunt seront arrêtésaprès
entente entre les deux gouvernements.
Les dettes contractées après la signaturedu présentaccord seront excluesde
cette liquidation.
Lemontant total du passif àliquidercomprend notamment :1)lesavancesde

la banque d'Etat gagéessur le 5pour cent du produit des douanes ;2) lesdettes
liquidéespar la commission instituéeen vertu du reglement du corps diploma-
tique de Tanger en date du 29 mai 1910.Les deux gouvernements se réservent
d'examiner conjointement les créancesautres que cellesviséesci-dessus sous les
numéros 1et 2, de vérifierleur légitimitet, au cas où le total passif dépasserait
sensiblement lasomme de 25 millionsde francs, de lescomprendre ou non dans
la liquidation envisagée.
Article 16. L'autonomie administrative des zones d'influence française et
espagnole dans l'Empire chérifien nepouvant porter atteinte aux droits, préro-
gatives et privilégesconcédés,conformément à l'acte d'Algésiras, la banque

d'Etat du Maroc, pour tout le territoire de l'Empire, par le Gouvernement
marocain, labanque diEtat du Maroccontinuera dejouir dans chacunedes deux
zones de tous lesdroits qu'elle tientdesactesqui la régissent,sansdiminutioni
réserve. L'autonomiedesdeux zones nepourrapas faire obstacle A son action et
les deux gouvernementsfaciliteront àla banque d'Etat le libre et complet exer-
cice de ses droits.
La banque d'Etat du Maroc pourra, d'accord avecles deux puissances inté-
ressées, modifier lesconditions de son fonctionnement en vue de les mettre en
harmonie avec l'organisation territoriale de chaque zone.

Les deux gouvernements recommanderont à la banque d'Etat l'étuded'une
modification de ses statuts pe-mettant : 316 SAHARA OCCIDENTAL

1)de créer un second haut-commissaire marocain qui serait nommé par

l'administration de la zone e-pa-nole, aprèsentente avee le conseil d'adminis-
tration de la banque ;
2) de conférer a ce second haut-commissaire, pour sauvegarder les intérêts
légitimesde l'administration dela zone espagnole, sans porter atteinte au fonc-
tionnement normal delabanque, desattributions autant que possibleidentiques
à celles qu'exercele haut-commissaire actuel.

Toutes démarchesutiles seront faites par les deux gouvernements pour par-
venir àla revisionrégulièredans lesensindiquéci-dessusdesstatuts delabanque
d'Etat et du règlementde ses rapports avec le Gouvernement marocain.
Afin de préciseret de compléter l'entente intervenueentre les deux gouver-
nements et constatéepar la lettre adressée le23fkvrier 1907par le ministre des
affaires etrangèresde laRépubliquehl'ambassadeurde S.M. leRoid'Espagne à
Paris, le Gouvernement français s'engage,en cequi concernelazone espagnole,
sous réservedes droitsde la banque :1)An'appuyer aucunecandidature auprés

de labanque d'Etat ;2)a faireconnaître àlabanque sondésirde voirprendre en
considération, pourles emplois de ladite zone, les candidatures de nationalité
espagnole.
Réciproquement,le Gouvernement espagnol s'engage,en ce qui concerne la
zone française, sous réservedes droits de la banque :1) à n'appuyer aucune
candidature auprésde la banque d'Etat ; 2)à faire connaître àla banque son
désir de voir prendre en considération pour les emplois de ladite zone les
candidatures de nationalité française.
En ce qui concerne : 1)les actions de la banque qui pourraient appartenir au

maWlzen; 2) les bénéficesrevenant au makhzen surlesopérationsdefrappe et
de refonte de monnaies, ainsi que sur toutes les autres opérations monétaires
(art. 37de I'acted'Algésiras), lstentendu qu'ilsera attribueà l'administration
de lazone espagnole une part calculéed'après lememepourcentage que pour la
redevance et les bénéficesdu monopole des tabacs.
Article 17. L'autonomie administrative des zones d'influence française et
espagnole dans 1'Empirechérifien nepouvant porter atteinte aux droits, préro-
gatives et privilèges concédésc,onformément à l'acte générald'Algésiras,pour
tout le territoire de l'Empire, par le Gouvernement marocain, à la Société
internationale de régiecoïntéresséedes tabacs au Maroc, ladite sociétéconti-
nuera A jouir, dans chacune deszones, de touslesdroits qu'elletient desactesqui

la régissentsans diminution ni réserve.L'autonomie desdeux zones ne pourra
pas fair obstacleà son action elesdeux gouvernements luifaciliteront leEbre et
complet exercice de ses droits.
Les conditions actuelles de l'exploitation de monopole, et en particulier les
tarifs des prix de ventene pourront êtremodifiésque d'accord entre les deux
gouvernements.
Le Gouvernement français ne fera pas obstacle à ce que le Gouvernement
royalseconcerte avec larégiesoitenvued'obtenir decette sociétéla rétrocession
à des tiers de l'intégralde sesdroits et privilèges, soit en vuede lui racheàer

l'amiable, par anticipation, lesdits droits et privilèges.Dans cas où, comme
conséquence du rachat anticipe, le Gouvernement espagnol désireraitmodifier
dans sa zone les conditions généralesde l'exploitation du monopole, et, par
exemple,s'ilvoulait réduirelesprix devente,un accorddevraintervenir entre les
deuxgouvernements dans lebut exclusif de sauvegarder Iesintérêts de la zone
d'influence française.
Lesstipulationsquiprécèdents'appliqueront réciproquementdans le casoù le DOCUMENTS DU MAROC 3 17

Gouvernement françaisdésireraitfaire usage desfacultésreconnues ci-dessusau
Gouvernement espagnol.
La régiepouvant faire objection Bun rachat partiel, les deux gouvernements
s'engagentdésmaintenant a faire exercerdans l'uneet I'autqezone,aussitôt que
possible, c'est-à-dire Ierjanvier 1933,enprévenantla régieavant le le=janvier
1931,le droit de rachat prévuà l'article24 du cahier des chargesA partir du
lerjanvier 1933,chacune des deux zones deviendra libre d'établir selon ses
convenances les impôts qui font l'objet du monopole.
Les deux gouvernements se mettront d'accord pour obtenir, en respectant le
cahier des charges :

a) la créationd'un second commissaire nommépar l'administration de la
zone d'influence espagnole ;

b) la définitiondes attributions qui seraient nécessaireà ce second com-
missaire pour sauvegarder les intérêtslégitimesde l'administration de la zone
espagnole, sans porter atteinte au fonctionnement normal de la régie ;
cl la répartition par moitiéentre les deux commissaires de la somme de
5000rials makhzanis, argent verséannuellement par la régiepour le traite-
ment du commissaire.

Afinde maintenir pendant la durée dumonopole l'identitédu tarif desprixde
vente dans lesdeux zones, lesdeux gouvernementsprennent l'engagementdene
pas assujettir la régieou ses ayants droità des impats nouveaux sans s'être
préalabl&nententendus.
Leproduit desamendesprononcéescontre lar&giepour inexécutiondu cahier
des charges ou abus (art. 31du cahier des charges) sera attribuéau trésorde la

zone dans laquelle les infractions ou abus auront étécommis.
Pour le partage de la redevance fixeannuelle et des bénéfic(art. 2à 25 du
cahier des charges), on appliquera un pourcentage qui sera déterminépar la
puissance de consommation de la zone espagnole, comparativement la puis-
sance de consommation totale de l'Empire. Cette puissance de consommation
sera évaluéed'aprèsles perceptions douaniéresrestant effectivement entre les
mains de l'administration de la zone espagnole, compte tenu du reversement
prévu àl'article 13ci-dessus.
Article 18.En ce qui concerne le comité des valeurs douaniéres,le comité
spécialdestravauxpublics etla commissiongénérald eesadjudications, durant la

périodeoù ces comités resteronten virgueur il sera réservéA la désignationdu
khalifa de lazoneespagnole un dessiègesdedéléguéchérifid eans chacun deces
trois comités.
Lesdeux gouvernements sont d'accordpour réserver à chaquezoneet affecter
à sestravaux publics le produit de la taxe spéciperçue dans sesports en vertu
de l'articl66 de l'acte d'Algésiras.
Les services respectifs sont autonomes.
Sous condition de réciprocité, les délégud ées l'administration de la zone
française voteront avec les déléguédu khalifa dans les questions intéressant la
zone espagnole et notamment pour tout ce qui concerne la détermination des

travaux Bexécutersur les fonds de la taxe spéciale,kur exécutionet la dési-
gnation du personnel que cette exécutioncomporte.
Article 19. Le Gouvernement de IaRépublique françaiseet leGouvernement
de Sa Majesté Catholiquese concerteront en vue de :

1) toutes modifications qui devraient êtreapportéesdans l'aveniraux droits
de douane ;318 SAHARA OCCIDENTAL

2) l'unification des tarifs postaux et télégraphiquesdans l'intérieurde 1'Em-
pire.

Ariicle 20. La lignedechemindeferdeTanger-F&sseraconstruite etexploitée
dans les conditions déterminéespar le protocole annexéa la présenteconuen-
tion.
Article 21. Le Gouvernement de la République françaiseet le Gouvernement
de Sa Majesté Catholiques'engagent àprovoquer la revision, d'accord avec les
autres puissances et sur la base de la convention de Madrid, des listes et de la

situation des protégés étrangerset des associés agricoles,et éventuellement
l'abrogation de lapartie de ladite conventionconcernant lesprotégéset associés
agricoles.
Arricle 22. Les sujets marocains originaires de la zone d'infiuence espagnole
seront placésh l'étrangersous la protection des agents diplomatiques et consu-
laires de l'Espagne.
Arricle23. Pour éviterautant que possible lesrécIamationsdiplomatiques, les
Gouvernements français et espagnols s'emploieront respectivementauprPs du
Sultan et de son khalifa pour que les plaintes portéespar des ressortissants
étrangers contre les autorités marocaines ou les personnes agissant en tant

qu'autorités marocaines,et qui n'auraient pu êtrerégléespar l'entremise du
consul du gouvernement intéressé, soiend t éféréeA un arbitre ad hoc pour
chaque affaire, désigné d'un commun accord par le consul de France ou celui
d'Espagne et par celui de la puissance intéresséou, àleur défaut,par les deux
gouvernements de ces consuls.
Article 24. Le Gouvernement de la République françaiseet le Gouvernement
de Sa Majesté Catholiquese réserventla facultéde procéder tl'établissement
dans leurs zones respectivesd'organisationsjudiciaires inspiréesde leurs légis-
lations. Une foiscesorganisations établieset lesnationaux et protégés chaque
pays soumis, dans la zone de celui-ci, h la juridiction de ces tribunaux, le
Gouvernement de laRépubliquefrançaise,dansla zoned'influence espagnole,et
le Gouvernement de S.M. le Roi d'Espagne,dans la zone d'iniiuence française,

soumettront également 5 cette juridiction locale leurs nationaux et protégés
respectifs.
Tant que leparagraphe 3 de l'artic11 de la convention de Madrid du 3juin
1880sera en vigueur,la facultéquiappartient au ministredes affaires étrangéres
de Sa Majestéchérifienne de connaître en appel des questions de propriété
immobièredesétrangersfera partie, pour ce qui concerne lazone espagnole, de
l'ensemble des pouvoirs déléguéasu khalifa.
Article25. Les puissances signataires s'engagent a préter, dés maintenant,
dans leurs possessions d'Afrique,leur entier concours aux autorités marocaines
pour la surveillanceela répressiondelacontrebande desmes et desmunitions
de guerre.
La surveillance dans les eaux territoriales des zones respectives française et

espagnole sera exercéepar les forces organiséespar l'autoritélocale ou cellesdu
gouvernement protecteur de ladite zone.
Ariicle 26. Les accords internationaux conclusa l'avenirpar Sa Majesté ché-
rifienne ne s'étendrontila zone d'influenceespagnole qu'avecle consentement
préalable du Gouvernement de S. M. le Roi d'Espagne.
Article 27. La convention du 26février1905,renouveléele3 février1909ainsi
que la convenion généralede La Haye du 18octobre 1906,s'appliqueront aux
différendsqui viendraient As'éleverentre les parties contractantes au sujet de
l'interprétationet de l'application des dispositions de la présente conventionet DOCUMENTS DU MAROC 319

qui n'auraient pas étérégléesar la voiediplomatique. Un compromisdevra être

adressé etil seraprocédé suivantles réglesdes mémesconventions en tant qu'il
n'y serait pas dérogépar un accord exprks au moment du litige.
Article28. Toutes clauses des traités, conventionset accords antérieurs qui
seraient contraires aux stipulations qui précédent sontabrogées.
Article29. La présente conventionsera notifiée aux gouvernements signa-
taires de l'acte généralde la conférenceinternationale d'Algésiras.

Lettres annexes au traité franco-espagndoul27 novembre1912

Madrid, le 27novembre 1912.

L'ambassadeurde Franceau ministred'Erat

Pour bien préciser la portée des dispositions de la convention signée
aujourd'hui, qui ont traià la nomination du khalifa et aux rapports de celui-ci
aveclesagentsétrangers,Votre Excellencemepermettrade lui rappeler qu'ellea
bien voulu me déclarerque :

Encequiconcernele premier decespoints, ladésignationdukhalifa delazone
espagnolepourra étreutilementpréparéepar despourparlers confidentielsentre
lesdeuxgouvernements dans lebut de s'assurerque lechoixdu Sultan seportera
sur celuides deux candidats visésdans l'articlepremier de ladite convention qui
aura les préférencesdu Gouvernement royal. 11est toutefois entendu que, quels
que soient lesavantages de cettefaçon deprocéder,chacunedesdeuxpuissances
est libre d'y renoncer dans des cas particuliers et de s'en tenir strictement aux
clauses de la présenteconvention, qui, d'un côté,oblige l'EspagneA la présen-

tation d'un listede deux candidats, et, d'un autre côte,stipule que lecdeiSa
Majesté chérifienneaura Aseporter surl'un de cesdeuxcandidats. Ilvaenfin de
soi que ceux-ci devront êtredes personnalitésde marque.
En ce qui touche les rapports que le khalifa, en tant que délédel'autorité
impériale dans la zone espagnole, aura ii entretenir avec les agents officiels
étrangers,il est entendu que, lors de la rédactiondu traité,le moofficiel)>a
étésubstitué au mot (consulaires r,envued'éviter,suivantl'expressiondeVotre
Excellence,des difficultésdans la pratique ; cesdifficultéspourraient surgir du
fait que certaines puissances, n'ayant au Maroc d'agent consulaire de carrière
que dansla zone française, ne pourraient suivre directement avec I'administra-

tion de la zoneespagnole les affaires afférentàscettezone et que, seule,ladite
administration a qualité pour trancher aux termes de notre convention d'au-
jourd'hui. Pour les relationsdiplomatiques des gouvernements étrangersavecle
Sultan, il est bien entendu, en effet, que la mention faite dans la présente
convention del'article5du traitéfrancechérifien du30 mars 1912en réserve à la
France le monopole.

Agréez, etc.

II

(Lettre de M. Garcia Prieto à l'ambassadeurde Fruncerepétunllu précé-
dente.) SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 56

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES PTRANGERES
DU MAROC

Louange A Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Moharned, sa famille et ses com-
pagnons !

Puisse le Trés-Haut perpétuesagloire, sa victoire,son appui, son triomphe,
son assistanceet sonéclatantsucckànotre seigneuretmaître,commandeur des
croyants, fils de notre seigneur et maitre, commandeur des croyants !
Aprésma prosternation devant Votre Majesté etaprésvous avoir rendu ce
qu'il convient d'hommages et d'honneurs:
Ilestporté&lanoble connaissancede VotreMajesté - que Dieu vousglorifie !

- que l'ambassadeur d'Espagnea reçu de son ministre une lettre par laquelle il
l'informe que 1'Etatespagnol est vivement critiquépar la population des iles
Canaries, situéesen face d'oued Noun, Bcause du silence qu'igarde sur la
présenceauxdites îles de l'AnglaisMackenzie et que les Canariens demandent
que lahuitiémeclause soit tenuLe Gouvernement espagnolnesait cequ'ilfaut
leur répondre,car il désire ardemmentsauvegarder son amitiéavec le Maroc.
SiVotre Majesté veutla rupture decette clause,il vous appartient de déléguer
un émissairequi leur en parlera et connaîtra leur réponse.
Lemêmeambassadeur a diten avoirdiscutéavecleserviteurde notre seigneur
ElHaj Abdelkrim Brichapour communiquerson avissur laquestion. Etjusqu'à
présentnous n'avons pasencore reçu sa réponse.

Nous sollicitons de Votre Majestéde bien voulour nous faire parvenir vos
instmctions, pour que les Espagnols sachent quoi répondrebleurs sujetset aux
habitants des îles précitées.
Nous espéronsétredigne de votre agrément.
Salut !

Le 9 Ramadan 1297 (correspondantau 16 aoli1879).

Le serviteur de son seigneur,

Puisse Dieu le combler de ses grâces DOCUMENTS DU MAROC

Annexe57

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
DU MAROC

Louange à Dieu seul !
Puisse Dieu bénir notreseigneur et maître Mohamed, sa famille et ses com-

pagnons !
Puissele Trés-Hautperpétuersa gloire,sa victoire, son appui, son triomphe,
sonassistanceet son éclatantsuccésBnotre seigneuret maître commandeur des
croyants, fils de notre seigneur et maître, commandeur des croyants !
Aprks ma proslernalion devant Votre Majestéet aprés vous avoir rendu ce
qu'il convient d'hommages et d'honneurs :

Ilestportéalanobleconnaissance deVotre Majesté - que Dieuvousglorifie !
- que nous avons reçu votre lettre chérifienn- puisse Dieu en fortifier la
teneur !- en réponseBnotre correspondance Votre Majestéconcernant les
remousprovoqués auxîlesCanariesà causedel'AnglaisMackenzieet la rupture
avec lesEspagnols de la huitiémeclause.

Vousm'avezditque nous recevronsprochainement un émissairequi discutera
de cette rupture avec l'ambassadeur et m'avez consulte si ledit émissairà
désigner seraautreque Brichaqui est récemmentarrivedelà-bas ou siledélégué
à nommer sera, malgrétout, le mêmeBricha.
En réponse,j'infome Votre Majesté - puisse Dieu perpétuer votregloire-!
que l'envoide Bricha estjudicieux, car il a des connaissaàMadrid avecles
gensdu makhzen.Consultéparmes soins, l'ambassadeur me partage cet aviset
affirme que la désignation deBricha est tellement pertinente que si aucune
entente n'estconclueentre lui etl'ambassadeuBcesujetil serendra lui-mêmeà
Madrid pour l'ydénoncer,d'autant plus que le Gouvernement espagnol est en
mauvaise posture A cause de Ia violente campagne de presse dont il est la
cible.

Nous communiquons BVotre Majesténotre avis et celui de l'ambassadeur,
&tantbien entendu que le vôtre sera le meilleur.
Nous demandons 1iétredigne de votre agrément.
Salut !
Le 26 Chaoual 1297 (correspondantau le'octobre1879).

Le sewiteur de son seigneur,

Puissent les grâces de Dieu le combler ! SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 58

LETTRE DU MINlSTRE DES AFFAIRES ÉTRANG~RES
DU MAROC

Réponseaux Français et aux Espagnols à Tarfaya (les mors rret aux Espa-
gnols » éranrrayes).

Louange à Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed et sa famille !

A notre ami le plus cher, le plus agréable,le délégu, vénérableM. El Haj
Mohamed Torres, puisse Dieu t'accorderla paix ! Et Ittoi salutation et miséri-
corde divines ! Grâce aux bienfaits de Sa Majesté puisse Dieului accorder son
assistance ! Aprèsce préambule,

est arrivéeta lettre dont il ressort que tu appris :
- qu'une compagnie française fit la navette entre Wadi ed Dhahab,Ras Bouh-
kador et la régionde Tarfaya ;
- et que I'interprétedesEspagnols t'informa quel'un desvapeursde cette méme

compagnie se rendit aux Calaniat (îles Canaries) OUil fut arraisonné,etc.
Bonne note en est prise. On t'avaitjàmis au courant de I'évolution decette
affaire, des instructions données,en ce sens,aux gouverneurs decette région,et
de notre ordre d'entretenir le représentantde la France de cette question.

Puis l'amine de Tarfaya informa qu'au soir du 22 Rabia I écouléun grand
vaisseau accosta et salua par drapeaux et salves,les mêmeshonneurs lui furent
ainsi rendus.
Ensuite cinq individus en descendirent et se dirigkrent vers la maison du port
où ils restèrent une heure et demie. Aprèsquoi, ils s'en allérent,par défaut de
personne qui interprétât pour eux. On crut qu'ils étaient des Français.
Lelendemain de cemêmesoir, on manda au port que leschrétiensapparurent
dans la tribu des Zerguyine, que cinq d'entre eux furent arréet que les agents
partirent P la délivrance des détenus.

Etjusqu'au 5 Rabia courant ils ne revinrentpas, selonles termes mêmesde sa
lettre dont vous trouverez ci-joint copie.
Sa Majesté - que Dieu l'assiste!- a donnél'ordre qu'on te récrivuene lettre
afin que tu fasses le nécessaire,conlormémenth ce qui précède.
Par conséquent,au nomdeSa Majesté - queDieu la rehausse ! - dépéche-toi
deletraiter, suivantcequi t'aétéindiqué. Si,concernant ce qui aétérapportépar
ledit amine, des nouvelles arrivent,on t'en informera, de toute vitesse, pala
force de Dieu !
Amicalement, salut !

Fait le 27 Rabia II 1321(correspondun tu I8juillef 1903).

Puissent les grâces de Dieule combler ! DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 58 bis

Oued Noun, le 6 décembre1863

Au commandant de l'arméemarocaine 2.
Aprèsprésentation de notre salut à votre grandeur, et des vŒuxde pleine et

parfaite santé, nous vous informons que nous avons été arrêté dsns ce village.
Nous comptons ici vingt-cinq prisonniers chrétiensdont six parmi nous sont
prisonniers depuisprès d'une annéeet septsont détenusil ya sixmoisaprèsque
leur navire a coulé.Quant aux douze autres, ils sont incarcérésdepuis trois
mois.
Il ne faudrait que vous soyezétonné, pourcela, parce que nous nous sommes
enhardis dvous écrire,alorsque nous n'avonspas fait votre connaissancejusqu'à
maintenant.
Ainsi nous avons appris par un membre de votre suite que vous êtesarrivés
avec lui dans cette ville où nous sommes détenus. Nousavons décidede vous
écrirepar l'intermédiairedevotre serviteur précitée,taussid'écrarSonAltesse,

en luidemandant dedonner tout cequ'iladeplus cheret deplusprécieux ànotre
délivrancede cet exil.Nous vousdemandons aussi d'ydéployertous vosefforts.
Nous vous en serions reconnaissants toute notre vie.
En ce qui concerne la préparation de notre dklivrance, nous l'avonsindiquée
dans la lettre que nous avons adressée a Son Excellence.
Nous vous informons égalementque le docteur Luis Carcel, commandant du
bateau dénommé La ColtBoficar(b d'Algésiras)a aussiété arrêtaévec nous.Ce
bateau a pris la mer par Rabat. II a quitté le port de Safi, chargéde bléA
destination des Canaries. Ia fait naufrage le 2mai, aprèsavoir étésubmergé.
Le 29, ce commandant a pu arriver avec sept marins aDalmiano où ils ont été
arrstés.

En conclusion, nous insistons auprésde Votre Excellence pour que vous
fassiez tous les efforts possibàenotre libérationde cet exil, et engagiez toutes
les négociationsavec le prince A notre sujet.
Que vous sachiez que la plupart de ces prisonniers sont mariéset que Ieurs
familles sont dans le dénuementet le besoin les plus complets.
C'estde quoi on doit vous informer aujourd'hui. Ayezpitiéde cesprisonniers
qui baisent vos mains.

L'écrivain,

'Traduction de l'originalen arabpubliépar IbnZaydan. Ithd Aalam Al-Na,
Histoire de Meknès.t.III, p542.
On neconnaît pas lenom du commandant de lacolonnemarocaine expédiéedans
cetterégion. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 59

LETTRE DU SULTAN AU CHEIKHABIB

(Sceauxde S. M. le suli~Sidi MdzamedAbderrahman.)

Louanges A Dieu unique.

A notre serviteur, cheik Habib Ben M'BarekBenAbdellah ou Salem, Dieu te
guide et te protège,la paix, la miséricordeet la bénédiction soientavec vous.
Il est arrivéà notre présence, élevépar Dieu, ta lettre dans laquelle tu
demandes de t'envoyerdeux personnes prudentes et fidèlesparmi nos serviteurs
afin d'écouterles deux chrétiensque tu dis avoir détenuentre tes mainsjusqu'a
l'arrivéede notre réponse.
Ce que tu voudrais que nos envoyésfassent en écoutantles deux chrétientu
peux lefaire toi-mêmeetnous eninformer. Mais silesdeuxchrétiensont quelque
chose à dire, ils doivent aller lamer à la ville de Mogador oùilspourront

declarerce qu'ilsvoudront. Il ne faut pas que leschrétienspénètrent et rentrent
dans les terresdes musuImans. Lesportsdes musulmans sont nombreux et celui
qui a quelque chose ànotifier doit se rendre auxdits ports où il sera écouté.
Dieu t'empare et la paix.

Le 18 Rabia II 1278(correspondant au 23 octobre 1861).

1 Alcala GalianoPesquen'asy comerciop. 296. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 59 bis

LETTREDU MINISTRE D'ÉTATESPAGNOL
A SON MINISTRE R~~SIDENT À TANGER

Excellence,

De l'examen des questions soulevées à I'occasionde la captivité subiepar
plusieurs marins espagnols dans le territoire d'oued Noun, auxquelles se réfère
votre envoi no159de l'annéequi vient de s'écouleret les documents qui l'ac-
compagnent, il résulte:

1. Qu'il n'estpas, possible de nier le droit qu'a le Sultan de demander le
châtiment des membres de l'équipage de la goéletteDoloresdu moment meme
que l'on recannâit le faque ledit bateau est allésur les câtes de i'ouedNoun
dans l'intention de faire commerce, ce qui, par ailleurs, implique une certaine
complicitéde la part de nos autorités du fait qu'elles ont consentiA ladite
expéditioncommerciale et l'ont légaliséea,lors qu'elleétaitcontraire aux pres-
criptions du Souverain marocain.
2. Quepour autant que lajustice soit du côtéde la réclamationformuléepar
l'armateur etlesmembres de l'équipagede la goélettePolicu~poet de cellesque,

de la mêmemanihre,pourraient présenter tousautres captifs,iln'yapasde base
légalesur quoi appuyer la demande, mais bien au contraire, le traitéen vigueur
s'y oppose en établissant implicitement l'irresponsabilitédu Sultan dansles
excésque commettent les côtiers d'oued Noun.
3. Que, en vertu du mêmetraitéet conformémentà la mêmedisposition qui
couvre le Sultan àl'égarddes réclamationsde ceux qui sont lésés, ilapparaît
raisonnable d'exigerde luileremboursement des sommesprélevéeslaacaissede
contrôle de la douane de Mogador et employéesAfaire face au paiement de la
ranqon de deux captis et àentretenir et vêtirles autres durant leur captivitéet

ensuitejusqu'à leur départde Mogador :tous soins qui doivent étàela charge
du Sultan, en application dladisposition précitée, laquelle esctontenue dans le
paragraphe 4 de l'article38 du traité.
Le refusdu consul AMogador decéderaux instancesdesautoritésmarocaines

qui demandaient la prison et le châtiment des membres de l'équipagede la
goéletteDolores aétéen tout point conforme Ace que la prudence conseillait en
pareil cas;maispour l'étayer,dans la supposition qu'ilest possible queleSultan
insiste sur une telle réclamation,il conviendràitout le moins d'alléguerles
raisons que ledit consul alléguedans le rapport qui estjoint au vôtre, car en
laissant sur piedle faitque la goéletteDoloresétaitalléecommercersur un point
fermédelacôteet celaau vuet au sudesautoritésespagnoles,ilresteraittoujours
démontréqu'il y eut de notre part infraction à la loi et une complicité des
autoritésmaritimesespagnoles qui rabaisserait notre force morale etébranlerait
le prestige qui accompagne toujours nos réclamations, lequel dépend pour
beaucoup de leurstrictejustice et du respectque l'Espagnemanifeste entout cas

pour la légalitéexistante dans les pays avec lesquels elletraite. De plus, vous
connaissez l'aspectpolitique que revétentauxyeuxdes Marocains toutes ques-

' Bauer,Consecuenciasde lacampaiinde 1860(Marruecos),tIII, p. 40-43.326 SAHARA OCCIDENTAL

tions se rapportant plus ou moins directement à l'indépendancedu territoire
d'oued Noun. etcequ'ily aurait dedkbcat engagerune discussiondans laquelle
pourraient intervenir des reproches sur ce point particulier.

Pour cela, il convient de feindre d'ignorer tout ce qui pourrait avoir rela-
tion avec l'objetdu voyage de la goélette Dolores a la côte du sud du Maroc,
et de faire mention de l'événement seulement comma eyant été causé par un
accident de la mer qui éloignaet fit faire naufrage au bateau sur lesdites
côtes.
En ce qui concerne la réclamation formulée par l'armateur et les membres
de l'équipagede la goélettePolicarpo,vous connaissez parfaitement l'article38
du traité de commerce contre lcquel cette demande ne peut d'aucune façon
prévaloir.
En fixant dans le paragraphe4 dudit article les obligations positives qui
incombent au Sultan dans descas comme celuidont ils'agit,aprésque lerestedu

traitéeut établiles devoirs générauxdu Souverain marocain dans les cas ordi-
naires, il est indéniabquel'on laisseimplicitementreconnue l'irresponsabilité
dudit Souverain en dehors de ce Aquoi il s'obligeformellement s'agissant d'af-
faires comme la présente.
Mais cette mêmedisposition internationale, qui exempte le Sultan de la
responsabilité d'indemniser les intéressés, luiimpose le devoir de sauver et
protégerles Espagnols en cas de naufrage sur les côtes d'oued Noun jusqu'h ce
qu'ils retournent dans kur pays. Le Sultan ç'estacquittéde cette obligation en
partie enrachetant laplusgrande partiedes naufragés,maisiln'apas prissoinde
leur entretien et de leur protection des intempéries, commeil ledevai;de sorte
que, sans les secours envoyéspar le consul de Mogador, le rachat réalispar le
Sultan aurait été tardif,car lesnaufragésn'auraient pu résisteraux rigueursde la

captivité.A cela, il faut ajouter que le rachat des captifs fut égalementeffectué
avec des fonds espagnols provenant de la caisse de contrôle de la douane de
Mogador.
Pour toutes ces considérations,S. M. la Reine, notre souveraineabien voulu
ordonner :
1. Que vous n'admettiez aucune discussion au sujet de la culpabilité des

marins de la goéletteDoloresau cas ou le Gouvernement du Sultan insisterait
dans sa réclamationde leur châtiment, et que vous vous limitiezà présenterla
venue de ce bateau sur les côtes d'oued Noun comme une chose accidentelle et
fruit des hasards de la mer.
2. Que vousportiez hla connaissance de ceuxqui réclamentdesdommageset
intérêts,commleesmembres de l'équipageet l'armateurde la goélettePolicarpo,
l'impossibilité qu'iylAdonner suitehleursdemandes, du fait que l'article38du
traités'yoppose.
Et 3. Que vous réclamiezdu Gouvernement marocain le remboursement des
61 366 réauxet 56 centimes auxquels se montent les sommes provenant du
contrôle de ladouane de Mogador et employéespar leconsul encette placepour

effectuer lerachat de deux captifs,pour tâcher d'obtenir celuides autres et pour
les secourir tous durant leur séjouàoued Noun et ensuitejusqu'h leur embar-
quement pour la Péninsule.
De même,l'on a bien voulu approuver les comptes de l'emploidesdits fonds,
lesquels paraissent justifiésen partie par lesdocuments et en partie par I'attes-
tation de l'existencedesreçus restantdans lesrapports du consulet vice-consul

a Mogadorjoints àvotre communication no 159 de l'annéequi vientde s'ecoliler.
Cette approbation servira de décharge intérimaireau moment de recevoir les DOCUMENTS DU MAROC 327

comptesdeladite caissedecontrôle enattendant queuvernement marocain
effectue le remboursement de la somme susmentionnée.
Enfin, SaMajestéaappris avecleplusgrand plaisir lesservicesrendus pardon
Manuel Correa, ainsi que lecomportement des SeiioresBornaset Compagniequi
ont autorisécelui-ci a utiliser enfaveur des marins détenus lesfonds qu'ils lui
avaient confies.Ainsi vous le ferez savoir aux uns et aux autres comme témoi-
gnage de l'appréciationque le Gouvernement de Sa Majestéa pour tous tes
services d'humanité quel'on rend Bdes sujets espagnols.
D'ordre royalje vous le dis, etc,

Madrid, le 21 avril 1865.
(SignéL. ARRAZOLA.

Annexe 60

CIRCULAIREDU DÉL~GUÉ DU SULTAN
ADRESSE AEUX REPRÉSENTANTS ÉTRANGERS AU MAROC '

La Cour chérifienne aeu connaissance que des bateaux appartancer-
taines nations étrangèresont été surles côtes d'oued Noun pour faire du com-
merce d'importation et exportation avec les indigènes. Les gouverneurs respec-

tifs desdites provinces ayant notifié S.M.ale Sultan, celui-cia ordonné
d'empecher tout débarquement desdits bat;ilaenvoyé,à cet effet, le vizir
Sidi Ali el Mesfioui et le caïd M'BBenkSlile, avec cent chevaliers, pour
protester contrecette façon d'agiret pour faire savoir que les bateaux devaient
abandonner immédiatementles côtes, étant donnéque cela était contraire aux
lois et que les équipagesexposaient leur vie et leurs biens.
Au nom de S.M. le Sultan, nousprotestons Bnouveau contre cesfaits et nous
avertissons les représentants des puissances étrangèresque les équipages des
bateaux qui arriveront dans lesports non habilitéset dépourvusde douanes, et
qui seront l'objet de malheur dans leurs vies et leurs biens, seront seuls respon-
sables. Le Gouvernement marocain n'admetniaplaintes, ni réclamationsde
leur part.
Nous espéronsque vouspreniezactede cetteprotestation qui vouseau faite
nom du Sultana votre gouvernement.

Tanger, le 12Chaabane 1303(correspondant 16mai IRRril.

(Signé )OHAME BENLARB IORRES. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe61 '

EXTRAITDE BECKER.HISTORIA DE MARRUECOS

Pages326-327 :
(Après avoirdécrir[esnégociarionesngagéeesntrele Gouvernemenm t arocainet
le Gouvernementanglais au sujet de I'érab/isscmen dte Mackenzie a capJuby,
lùurarr ajoute :)

Le gouvernement espagnol a joué un rale de médiateur dans toute cette
contestation, sans s'ériger toutefois en jqui apprkcie le désaccordexistant
entre l'Angleterre et Maroc, mais tout en appuyant les intéretsde ce dernier
dans des conditions telles que le ministre des affaires étrangéresdu Sultan
exprima sagratitude au représentant espagnolliTanger.

Annexe62

CIRCULAIREDU MINISTRE DES AFFAIRES ~TRANG~~RES
DU MAROC

Lorsde lademiéreconversation du 28janvier 1879,SidiMohamed Bargacha
dit au représentant espagnol:

« Je vous aiinterrogéau sujet d'une expéditionprojetéedepuis les îles
Canaries aux cates du Sous et du Noun et vous m'avezréponduqu'effec-
tivement vous savia qu'un ingénieuranglais, nomméDonald Mackenzie,
avait étél,'étdernier, ALanzarote, pour affréterun bateau etréunirdes
gensafin de serendreaux ciitesduSouset du Noun ..Dans le désird'éviter
les malheurs qui pourront &treoccasionnés & des citoyens espagnols s'ils
descendent du bateau dansdes côtes dépourvuesde notre autorité,je vous
prie de faire savoir 21votre gouvernement que celui S. M. le Sultan ne
répondpas de laviedesdits gens,ni desdommageset intér0tsquepourront

leur causer les tribus, étant donné queS. M. le Sultan ne consent que
personne mette sesmains dans cesEtats. ni que personne nedébarquedans
les lieux non habilitéAl'effet11

Becker, Hisloride Murruecos,p. 326-327.
Alcala Galiano,Pesquen'usycornerciop. 120. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 63

TRANSLATION OF ALETTER ADRESSED BYCID EMFADL GHARNIT
TO MR. HERBERT WHITE

(After Compliments) 1have receivedyour replyto the answer I had givenyou
by order of the Sultan with regard to the indemnity claimed by the (Juby)
Company for the loss suffered by it in its trade and with regard to the compen-
sation for thedead man and the wounded, to the following effect.
(You argue) that Juby is not part of the Empire of Marocco, for the boundary
ofthelatter isWad Draa, and that whenthe Company established itsdf the~ethe
Authority of the Govemment was limited to what is between Wad Draa and
Agadir.
That the Govemment wished to give to Spainin lieu of SantCnu a place
between Juby and Wad Draa known as Puerto Cansado, and that the Spanish

Government would not accept it, adducing that it was outside the Empire of
Marocco.
That theKings of Portugal possessed afew towns belonging to the Empire of
Marocco in thedistricts South ofJuby known asRiodeOro, Le.,the Gold River,
and that the Moorish Govenunent doesnot nowrecognizetheseplaces tobelong
to them and that the Spaniards took possession of them several years ago,
although the Moorish Govenunent claims to possesssovereignty there,and you
are not aware that the latter wrote to the Spanish Govemmenton the subject or
sent troops to the place to keep them away from itand that the British Govern-
ment has evinced patience and given proofs of the friendship existing between
the two Govemments (its treatment of) this matter from beginning to end and
expects H.S.M. to order its settlemeot and the punishrnent of the guoutof

consideration for this friendship, to the end of al1you state.
1have communicated your letter to our Lord, and His Majesty,- may God
give him victory- has been acquainted with al1you say therein andhascom-
manded me to answeryou that those tribesin whose territory Juby and the other
landing places of that district are situated have sworn allegeance to H.S.M. by
their neckswithal1the tribesofthe West(i.e.,Marocco)and theydo not deny that
for the animais they killcould not be eaten nor would their maniages be valid
without that in the lawof Islam.Theysworeto HisSherifian Majestysubmission
and obedience, asthey had done to bis sanctified predecessors.His Majestywas
satisfied with hem and with what came from them in obedience, as hisprede-
cessorsreveredby them andby otherdistant tribes and mountaineers had been.
But when thenations cast their eyesupon them and began to send ships to them
sometimeson thesideofJuby,and sometimeson that ofthedistrict of the Part of

SidiMohammed'benAbdallah, and others at thepart of Baida theywrote His
Sherifian Majestyand invited hispresence.And as they wereamong His Majes-
ty'ssubjects and had rights upon him, anW.M. is responsibleto God for them,
OurLord - may Godstrengthen him - answered theircd1 in the rneasureof his
ability, and went to their country and set their affairs in ordeThis is the
abridged answer of His Sherifian Majesty, and his detached explanation sup-
ported by precise and clear proofs of how those tribes belong to the Empofe

PublicRecordOffice F.O. 99/271.330 SAHARA OCCIDENTAL

Marocco iscontained inmany mernorandain the hands ofour fnend, theformer
Minister, and of the new one. They are sufticient. As to the "Gold River" the

Moonsh Government isnot silent toward the Spanish Government aboThet.
Spaniards had opened certain negotiations on the matter and had askad for
delimitation of thefrontier, and an answerwasretumed thereto. Thetribesliving
therearepublicly known to render allegiance to the MoonshGovemrnent, and
have its Governors ovethem.The Government had the intentionofsending
them help from the "Geish" to watch over them .. .

Finished the1stRamadan 1306 (= 2 May 1889).

S.A. MUHAMME EDMUFADDAB LENMUHAMME GHARRIT. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 64 '

TRANSLATION OF A LETTERADDRESSEDTO SIR J. D. HAY BYTHE
VIZIR CID EMFADL GARNEET DATED JULY 4th 1886

(Aftercompliments) WehavereceivedyourIeiter stating that the Agen1of the
British N.W. African Co. trading at Tarfaya (Cape Juby) has reported that the
Co.'sstorehouse at that place wasattacked and pillaged by Government troops,
and the trade with the tribes put a stop to, and that your Government had
directed you to inform them whether this report is true or not, and if true.

whether the troops or tribes acted under orders received from the Sultan, or
without suchorders. Youaskforexplanations regarding thisoccurrence,and you
observe that you had formerly pointed out that the place where the Co.'s are
established isbeyond thedominions of thÎsGovernrnent,and that theywouldbe
held responsible if the said Co.should sufferany damageor harm at the hands of
the Government troops or of others under theirjurisdiction.
1have communicated your letter to our Lord the Sultan and H.M. has taken
into consideration al1you state in it and has commanded me to inform you in
reply that the chiefsof the tribe whbuy and sel1with the Co. through their(the
Co.'s)Agent, had demanded of the latter an increase in the duties they receive

frorn him ;on his refusal a dispute arose, and commercial intercourse in that
district was brokenoff in consequence, tkiswas reported to the Sultan by the
principal persons and chiefç of that region before H.M.'s departure from
Marocco on the present Soos Expedition ;theletters on this subject are athand
and should you wishto see thern,theyshallbe sent toyou. Asto the allegationof
the Co. that their store had been pillaged, H.S.M. has no knowledgeof such an
occurrence.
It is true that you stated that the place where the Company is established is
beyond theconfines of thesedominions,and in proof of this youpointed out that
the tribes were not submissive to the Sultan. Al1doubt and falsehood has now
ceased and light has shone forth on the subject for those who have eyes,for the
Aït Jemel of the tnbe of Tekna, in whose terntory Tarfaya issituated, presented

themselvesbefore the Sultan listeningand obeying 2,and not only this tribe but
also those beyond thern,and even thetribes beyond themagain, at adistance of
many days' journey from Tarfaya, came to H.M. listening and obeying, and
renewed their allegiance, each tribe separately after that they had done so ia
body together with the other tribeintheEmpire, and H.M. establishedasystem
of Govemment and appointed rulers over thern, and placed guards on their
ports, incfuding Tarfaya, and sel their af'fairsin order.
Ithas been made clearand evident that thesedominions are coterrninouswith
the independent Statesof Egypt, Soudan, and Magnia 3,as has been set forth as
unquestionable in thechroniclesof the Ulernaofthiscountry.The saidCompany
(N.W. African) or others that have settled on the coast at other places besides

Tarfaya have no longer any prctext for remaining there in accordance with the
rulesofjustice and equity, recognizedand observed by European Powers,for it

' Public Record Office F.O.99/262.
Note an Arabic phrascdcnotingmaking submission
On the Algerian.. (?)332 SAHARA OCCIDENTAL

has been clearly shown that those regions form part of the Empire of Marocco,
and the continued residence(illegible)of any merchantanunauthorked
actsettingestablished lawsat defiance. Should anyperson resideat any placeon
theCoastother thanon thecoasts of Dakala, Shawia,and theGharb, and buyand
sel1there, his trade belcontraband, and on his head alone witestthe

responsibility for whatever may bhim,in personorproperty.
May you continue in prosperity !

Finished the 1st 1303 (= 4July1886).

S.A.MOHAMME EL M'FADDA BLEN MOHD GHARNE~T. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 65 '

TRANSLATION OF A LETïER ADDRESSED BY CID EMFADL
GHARNIT TO SIR WILLIAM KIRBY GREEN

(After compliments) 1have receivedyour letter (saying) that you have com-
municated to your Governent the three letters sent to you on the Cape Juby
question and that your Government has answered you on the subject in the
manner set forth in your letter in seven paragraphs, (in) the first of which (you
state) that your Government holds the Moorish Govemment responsiblefor the
losses sustained by the Company in its trade at the afore-said place in conse-
quence of theobstructive attitude of itsoffici;(in) thesecond(youstate) that ,
our honoured friend, the Secretaryof State for Foreign Affairs has commanded
you to irûorm us that in one of the above letters it is admitted that his Govem-
ment did not recognize that Juby be1ongsto the dominions of the Empire of
Morocco at the time that the Company landed there, (in) the third (you state)
that the Secretary of Statehad also mentioned that in the intervalwhich elapsed
between the assertion by the MoorishGovernment ofitsauthority over the tribes
neighbouring toJuby and theestablishment of theCompany there,the Company
had established relations of friendship and commerce with those neighbouring

tribes, and that these were thereupon interrupted through the action of the
officialsof the Moorish Government ;the fourth (states) that no intelligencehas
reached Foreign Powersof the extension of the Moorish dominion ta the South
of Wad Draa and that thereisalsono proof of thisin the possessionof theBritish
Govemment ;thefifth(states)that theabove-mentioned Secretaryof Stateurges
the Moorish Government not to gainsaythe rightsof foreignerswhowereat that
place before the Moorish Govemment succeeded inestablishing its authority
there ;the sixth (states) that the friendly Govemment protests against the She-
rifian Government, if it should compel the Company to abandon Juby without
compensation for the lossessustained by it in its trade through theopposition of
the officials of the Moorish Government ; the seventh states that the friendly
Government hasdeclaredthat it cannot (consent)that thismatterbe treated with
it through a special Envoy from the Sultan, until an answer be received to that
letter. 1have communicated your letter to the knowledgeof OurLord [may Gd
make him victoriousjand H.M. has acquainted himselfwith itscontents and has

commanded me to answer youon each of the sevenaforesaid paragraphs, in the
manner detailed below.
Answer to the first paragraph. When the Company landed at Tarfaya, the
principal menof the tribeof Tekna reported thefact to the MoorishGovernment
and made known toit that this place was in the country of their brethren the Ait
Jemel, who belong to the Empire of Morocco, and they stated that when they
attempted to restrain them, Mackenzie,theChief of theCompany, told themthat
they (the Company) were landing with the permission of the Moorish Govern-
ment and that a letter from this Government wasin their possession. The
Moorish Government answered that theyhad givenno suchpermission and had
given no letter to them (the Company), and ordered them (the principal men of
the tribe) to havenothing to Sayto themnor tum them away,if theyremainedout

Public Record OfficeF.O. 99/27.334 SAHARA OCCIDENTAL

at sea, but if they should come to the land tooppose them and not to deal with
them. The Moorish Government enquired, if the merchants had before that time
gone out (10the land) at that place and they (the principal men) answered that
they did sosometimesin the woolseason as wellas at some other landing places

such as Elbaida and El harisha in an underhand manner and not together with
the common people of the inhabitants of thecoast, not with thetribes who are in
the interior of the country, stealtbily and bought from them wool and returned
and did not land on the coast (perrnanently) and that theydid thisby supriseand
furtively without theconsent of the principal menof the tribes.The tmth of their
report that the Company had stated that it had landed withthe permission of the
Moorish Government and held a letter from the same, is confirmed by the fact
that their Chief Mackenzie told the Secretary,Sid Mohammed Gabbas, when he
was sentto them, that theyhad established themselveswith thepermissionof the
Minister and that he (SirJohn Drummond Hay) had told them that thatspot did
not belong to the Empire of Morocco. The Moorish Government then arose to
the Minister of the (British) Government at Tanger, and brought this to his
knowledge, and explained to him that the place belonged to the Government of

Morocco, because it is in the temtory of the Ait Jemelof Tekna, the latter being
publicly known tobe one of the tribesof the Empire ofMorocco,whosebrethren
belong to the "Geish" of the Govemment. The Minister answered that the
doresaid place is outside the boundaries of this Empire, and that even if it
belonged to the Empire, the (British) Government had no way of preveating a
Company of its subjects from carrying on trade at that place, owing to the
freedom (ofits constitution) but that when thehand of the MoorishGovernment
should reach that place and its administration be carried on there (the Moorish
Government) might lay hands on the Company and have their persons and
property in safe keeping and deliver them up to him(the British Minister). Al1
this took place immediately upon the landing of the Company at that place, and
no time elapsed between that event and the (commencement of) negotiation on
the subject, except the time requiredfor the newsof the landing to reach H.S.M.

and tobe transmitted toTangier, that isa little moreora little lessthan a month.
Youcan ascertainthis from theanswerssentyoufrom the SherifianCourt on this
subject, which are in your possession, to the letters of the Minister whichare in
the Sultan'spossession. When the Minister retumed that answer to the Moorish
Government and said thatif the latter should extend its dominion to that place,
he would do what is above stated, the Moorish Government applied itself with
energy to movingtowards that place and took thetrouble togo thereat that time,
whichwasone of scarcityand famine,and made thearrangements whichthe time
and the situation rendered necessary in the affairs of those tnbes, but did not
carry this work through to completion :later on theGovernment movedthither a
second time and investigated their affairs and renewed the organization of their
tnbes and gave their Governors andplaced guards alI along from Aglou to the
anchoring places beyond Juby, and sent someone who renewed the protest

against the Company (stating) that if any harm should befall them the respon-
sibility would be on themselves and nobody else, but they answered that their
Minister had ordered (no)them to land at that place.
Answer to the second paragraph, as to the fnendly Governrnent not having
admitted Juby to belong to the Empire of Morocco. Let the (British)Govern-
ment make enquiry as to the Commercial agents (Semsars) belonging to the
Company among the natives of the place, and if they be found to belong to
Tekna, the British Government will be convinced that the place belongs to
Morocco, as that tribe is known to everyone asone of the tribes of the Empire, DOCUMENTSDU MAROC 335

and thegreater part of the"Geish" oftheGovernment istaken from it,but ifthey
be found to belong to another tribe, then let it not recognize what is above
stated.
Answer to the third paragraph. No time elapsed between thelanding of the

Company at Juby and the consolidation of the authority of the Moorish
Government there, because assoon asthey landed the principal men of the
adjoining tribes informed the Government of the fact, and discussion ensued
between the MoorishGovernment andtheCompany, asalsowith theMinisteras
stated above under the first paragraph.
Answer on the fourth point, as to no intelligence having reached Foreign
Powers of the extension of Moorish rule to the south of Wad Draa. Such
intelligence did reach them, and the Sultan has in his possession letters congra-
tulating his Govemment on the fact.A proof of such extension isto be found in
the fact that the Moorish Govemment brought back the seven German Chris-
tians from the distroftthat riveifthe Govemment had nojurisdiction there,
how should they have been delivered over to ?t

Answer on the fifth point. The Moorish Government does not disallow the
rights of Foreigners, and treats them equitably, whenever right is palpably on
theirside. The aforesaid Company hasno caseagainst the Moorish Government,
but they have a caseagainst thosewhohaveallowed themtoestablish themselves
there without the permission or consent of the Moorish Govemment.
Answer to the sixth paragraph, as to the protest of the friendly Governrnent
against the Moorish Govemment, waming them not to compel the Company to
withdraw from Juby without compensation for the lossof its trade. The fnendly
Government is one of the greatest and wisest Governments and those most
mindful of justice. It will consult the answers of H.S.M. on this matter and
examine the documents inpossession of H.S.M. which will be sent to you, in
order that you may forward them, and then it will see whether the Moorish

Government has or has not a right to expel the Company from Cape Juby
without compensation for the loss of its trade.
Answer on the seventh point, as to the impossibility of sending the special
Envoy to the friendly Government for the treatment of the question of this
indemnity clairnedby theCompanyfortheloss ofits trade, until thearriva1ofan
answer to your letter. This is the answer to your letter, therefore send it to your
Government and when thedocuments are collected together, theywillbe sent to
you that you rnayfonvard them Jso. More than this may occur between friends,
and justice is done between them and their friendship is not lessened no1
changed. As to the twenty-five thousand dollars, whichwere demanded by way
of indemnity for the murder of the English merchant at Cape Juby and the
wounding of two of his companions, a Sherifian order has been sent to Sid El
Hadj Mohammed Torres to obtain the money from theAdministrators of Cus-

toms at Tangier and pay it over to youas 1have already informed you.

Finished the 25Jumadi II 1306 (= 26 Febrrraty1889).

(S.A.) MUHAMME EL MUFADDAB LENMUHAMMA GHARNI'T. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe66 '

M. PATENOTR E ,NISTRE DE FRANCE A TANGER,
A M. SPULLER, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Fés, le29mai 1889.

(Reçu: Cabinet, 1Ojui;Dir.poL, 1juin.)

Profitant des dispositions bienveillantes que j'ai rencontréeschez Moulay
Hassan, lors de ma secondeaudience,j'ai cru pouvoir reprendre avecSaMajesté
chérifiennel'entretien quej'avais euprécédemment avecelleau sujdeetsvelléités

d'acquisitioterritoriale que l'Allemagneentretiendrait du côte du Maroc. J'ai
recueilliAcetteoccasionde labouchedu Sultandesinformationsdétaiqueje
crois devoir consigner dans un rapport spécial.
Sansméconnaîtrelesvues ambitieusesdel'Allemagne,SaMajesté chérifienne
m'aaffirméquejusqu'ici aucunedémarchedirecten'avaitétentéeauprésd'elle
parlecabinet de Berlinet par sesagents officiels.Desouvertureslui ont étéfaites
pour la prernikre fois, il y a cinq ans, par un envoyéde l'usine Krupp.
Aprèsavoir livréau Sultan des canons commandéspar le MarocBla fonderie
d'Essen,lereprésentantdM. Knipp aurait sondéleterrain envuedesavoSasi
Majestk chérifiennene consentiraitLicéderà l'empereur Guillaume la baie
dlAdjeroud. Moulay Hassan prétendn'avoir prétéalors que peu d'attention A
une demande faite d'une façon aussi inattendue et par une personne aussi peu
qualifiéepour une négociationde cegenre. Maisdeux ans plustard M. Scovasso,
ministre d'ItalàTanger, tentait dans le meme sens une nouvelle démarche,
Faisant allusiAnl'entente italeallemande, il aurait fait savoir au Sultan que le

prince de Bismarck avaitentretenu l'ambassadeur du roi HuABerlinde la
possibilitéqu'entrevoyaitl'Allemagned'obtenir delaCour de Féslacessionde la
baie d'Adjeroud ou d'un petit territoire du Sous, situépres de l'oued Draa.
Pressenti à ce sujet M.rScovasso, Moulay Hassan aurait répondu qu'il ne
consentiraitjamais de sonplgréàaliénerlamoindreparcelldeson tem toire.
Le Sultan m'a déclaré encore unefois qu'il étaitaujourd'hui dans les memes
résolutions.J'aiessayédesavoirquelsétaientaujuste lesavantagesquelecabinet
de Berlin luiavait fait offrir en échanged'Adjeroud.Surcepoint SaMajesté s'est
dérobéeet je n'ai pas oséinsister.

Documenfsdiplomu~ique/rsan~1871-1914t.VIII. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 67l

LETTRE DE M. DAUBIGNY, MINISTRE DE FRANCE A TANGER,
A M. RIBOT, MINISTRE DES AFFAIRES GTRANGÈRES

Tanger, le 28juin 1892,12h. 10,soir.
(Reçu :5 h., soir.)

L'envoyéanglais a Fès a renoué ses négociationsle 21 dans une longue
entrevue avec le Sultaila réclamél'établissemedtu pavillon national sur le
vice-consulat britannique, ou, en échange,les consedouaniéressignalées
par mon rapport no86, plus le libre achat des propriétésreconnuissance
officielle de la factorerie du cap Juby comme possession anglaise. Le Sultan a
tout refusé,ens'entenaiisesréponsesantérieurescontenuesdanmon rapport
précité.Le lendemain, le docteur Linarés,appelépar Moulay Hassan, l'a vigou-
reusement poussé de ma part à la résistanceet Sa Majestés'est finalement
décidée1ine pas revenir sur son refus.
Sir Charles souffre de notre action sur le Sultan et vient de faire au chef de
notre mission militaire pour moi des ouvertures nettes et pressantes en faveur

d'uneentente anglo-française ayantpourblepartagdu Maroc.Jevousenvoie
aujourd'hui un rapport de ses ...Je vais faire discrétementusage de ces aVances
Iauprés]du Sultaii en lui indiquant que nous sommes décLidéfendre l'io-
tégritdu Maroc etje mepropose de tenirplus tisirCharleslemémelangage
avec votre approbation.

lDocumenisdiplomatiquefrançais, 1871-1900,Ire t.IX, p. 537. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe68

ACCORD ANGLO-MAROCAIN DU 13MARS 1895

The Agreement

Asconcludedbetween the twopersons who are goingto signat the end of this
document, and they are the Vizier, the honoured the worthy Cid Hamad ben
Musa ben Hamad, and the gentleman the minister Mi-.Satow, and they have
agreed to the six following clausesbelow concerning the Moorish Government

buying from the EriglishCompany called theNorth-West Aîrican Company, the
buildings, etc., in the place that isknown by the narne of Tarfaya or Cape Juby,
that is in the country of the tribe of Tekna.
1. If this Governrnent buy the buildings in the place above named, from the
named Company, no one willhaveany cfaimto the lanh ~hatare between Wad
Draa and Cape Bojador, andwhichare called Tarfoyanbove narnedand ail the
lands behindit, becauseall thishelongs to the terriroty of Morocco.
2. It is agreed that this Government willgiveits word to the EnglishGovem-
ment that they will not give any part of the above-named lands to anyone
whosoever without the concurrence of the English Government.
3. If this Government buy the buildings in the place above mentioned from

the Company above named, the wholeof theproperty shall belong to them : viz.
thebuildings withtheir Stonesand wood that areon theland orout at sea(i.e., the
reef) and the wholeof the property that isenclosed in the wallsof the buildings,
whether on theland or at sea,includingcannons and any other property, and no
one shall be able to lay claim ofany kind whatsoever to the aboveproperties, or
lands, and thepnce this Governrnent istopay for al1this to theabove-mentioned
Company isput down at f 50,000;half at the signingof thisdocument, theother
half when the Government receivesoverinto their hands the above-named lands
from the Company above-mentioned.
4. If the Moorish Government take over the place named from the Company
narned, bybuying it, it shall remain open for buyinand sellingand the customs

duties for exports and imports shall be the same as at other ports on the
coast.
5.If the Moorish Govenunent take over theplace named from the Company
named by buying it, theMoorish Government shallnot build, from the moneyof
the Treasury, any houses for the merchants to live in or stores for their mer-
chandise, and shall not supply boats to land or ship cargo until such time as it
please the Sultan to do so.
6.If any merchants wish to bring merchandise to the place narned,and takea
letter from the minister of their nation, this Governrnent shaallotto them a
piece of land at a rental to build suitable stores or dwelling-houses at the
merchant's ownexpensefor twenty yearsand at the end of twenty yearsthe said

ailotments, with thebuildingsthereon, shallbecome theproperty of the Mmrish
Government.
(After compliments) 1have shownthe sixclauseswrittcn aboveto the Sultan -
God give him the victory ! The agreement between us concerning these six
clauses about buying for the Government of our Lord the buildings of the place
narned, the Ernperor - God help him ! - agreed to them all.Also he grants his DOCUMENTS DU MAROC 339

consent to thebuying of the buildings for hisGovernment- God prosper them !
- from that Company named above for £50,00 0,lf of it at onceand the other
half when the Government receiveover the place named, which shall be within
sixmonths, counting from the first of Shawalnext to the end of Rabia next, and
the Sultan - Gd blesshis sou1!- has ordered me to write the above, and also
the Government perhaps willget ready some peoplebelonging to them togoout
of theplace abovenamed at once,before theyreceiveit over;andwhen theysend
them they willlet you know, sothat you can give them a letter from you to the
Englishman there, so that they will receive them.

(Signeci)HAMAD BENMUSABENHAMAD.

Ramadan 16, 1312 (= 13 March1895).

To the worthy, honoured, and wise Vizier, Sid Hamad Ben Musa Ben
Hamad.

1agreeto the sixclauseswritten above,and 1alsoagreeto theCompany above
named selling thebuildings at the place above named to the Government of the
Sultan - mayGod bless him !- for asumof £50,000sterling,the Government to
pay half at once, the other half within six months, counting from the 1stShawal
next (28 March), to the end of Rabia next(19 September),and the transofrthe
place above named to the Moonsh Govemment by the Company above named
shall take place whenever the Moorish Govemment pays down the remaining
half, namely, £25,000sterling to the above-named Company.In token whereof 1
heretoappend mysignature this 13thday of March, 1895,beingduly authorized
thereto by Her Britannic Majesty's Govemment. If the Moorish Government
desire to send any officials to reside at Cape Juby, there is no objection, but

beforedoingso theymust let meknow that 1maywritea letter to the Englishman
in charge there to receive them.

(Signed) E.SATOW,
H.B.M. Envoy Extraordinary and
Minister Plenipotentiary. SAHARA OCCIDEmAL

Annexe 69

LETTRE DE M. BOUET, COMMANDANT DU BATEAU FRANÇAIS
LA MALOUINE, AU CHEIK BEYROUK '

Mogador, le 6novembre 1839.

Gloire à Dieu dans les cieux !
Honneur et félicitésur la terre Aceux qui sont hommes de bien.
Le roi Philippe, mon souverain, a donnéses pouvoirs A deux de ses illustres
maréchaux.

L'un a vainculesennemis dela Francesurterre, et l'autrelesavaincussur mer.
Tous deux m'ont dit : laisse un moment Mohammed el Habit et Harnet D'an,
cheiks des tribus des Trarza et des Brakna, sur les nves du Sénégale,t va-tàen
Soueira (Mogador) en vue de te mettre en relation aveccheik Beyrouk.Adresse-
lui desparolesd'amitiéde lapart dela France. Selonleslettres denotre consul,il
semble étreun cheik habile et sage et qui désire vivementouvrir commerce avec
lesnégociantsfrançais :va donc, et dis-luiqueleroi de France souhaiteêtreson
ami.
I'a donc abandonnéles rives du Sénégal ejte suis venu ASoueira avec mon
bateau de guerre,dont lescanons saluent aveclapoudre lesamiset tuent avecles
boulets les ennemis.

Je suis venu, et je t'ai écrit ce qui suit:
Par voiedemerj'ai fait une reconnaissance desapprochesde Mogadoretje me
suis convaincu qu'il est nécessaired'attendre quelques mois pour étudieravec
quelque résultat la côte comprise entre le cap Noun et le capJuby.
Si je le voulais, je pourrais passer un ou deux mois sur ton littoral pour

communiquer avec toi, profitant d'une occasion favorable, maisje ne pourrai
explorer bien tacôte quasi inabordableal'heureprésente,et ilya un axiomequi
dit qu'c il vaut mieux attendre etfaire bien leschoses,plut& que de lesfairemal
en s'yprenant la hâte1).
Si,donc, tu persevéresdans l'intention d'engagerdes relations commerciales
avec lesmarchands français,je retournerai sans faute au moisdemaiou dejuin il
Soueira, et ensuite j'irai il cap Noun, sur laquelle côte j'espérerencontrer tes
émissaires.Je mouillerai un peu plus basque ledit cap, et nous conviendrons du
signalque doivent mefaire alors tesagentspour savoir qu'ilssont 1Bet qu'ilsme
regardent. Notre consul t'a déjildemandéle signal.
Je veux étudier bien lescontours de ta côte afin de rencontrer un abri, parce

que tu n'ignores pas qu'une côte sans ports est un désert sansoasis, où les
caravanes finissent par mourir de soif.
Il est nécessairequ'A mon retour en France j'annonce aux commerçants
français queje leur aitrouvéun bon port où, par la suite, ils puissent mouiller
leurs bateaux avec sécuritéet sans risques de nauirages.
On m'a dit, de méme,que tu souhaiterais entourer d'une muraille I'établisse-
ment de commerce projeté, afinde le défendrecontre les attaques des Arabes
pillards:celaest bien;ilfautque lesmarchandsjouissent icid'autant de sécurité

l Fernandez-Duro, Exploru&n de unaparie de la cosru noruestede Afilm, p. 228. DOCUMENTS DU MAROC 34 1

que s'ilsétaient en France ; il est nécessaire aussi que lesbateaux et équipages

soient ici respectéspar tous et Atous égards,car les marchands préférent rester
chez eux plutôt que de s'exposer étrevoléset maltraitéspar ceshordes rapaces
qui se considérent indépendantesde toi et qui sont d'autant plus maudites de
Dieu Acause de leur amour de la rapine.
Ilestcertain qu'avecun telobjet laFrance seradisposée àteprêtersonappui le
plus efficace dans l'établissementprojeté,pour soutenir l'honneur de son pavil-
lon et sauver du pillage les marchandises de ses négociants. Mais sache aussi
qu'elle espere que, étant l'ami particulier du roi des Français, tu te dois de
négocier avec lesmarchands français à l'exclusionde ceux des autres nations.

C'estainsiqu'ont agiet agissentencorelescheiks Mohammed elHabit et Hamet
D'an, mesdeuxamis,aveclesquelsj'ai mangéplusieurs foilsecouscous.Euxsont
parvenus àétredescheiks richeset puissants, craints dans les tribus voisines,les
Ouadelims. Ils sont parvenus Bêtreriches parce que les sages ont écrit: {Le
commerce est ta source des richesses. ))Ils sont parvenus à 2tre des cheiks
puissants parce que lessages ont égaiementdit : <{Le commerceest lasourcedu
pouvoir. i)
le tedirai avectoute la sincéride mon âme pour que tu décides ceque tu as21

faire : je m'erracherais la langue si je pouvais proférer un mensonge, je me
briilerais la main sij'étaiscapable d'écriredes faussetés. C'estpourquoi, si tu
désires placerta confianceen lieu sfir,tu peux t'adresser& moi ;mon cŒurest
plein de loyauté etde bonne foi.
De même,le roi de France a apprisque tu es un cheik disposé à protégerles
malheureux chrétiensqui font naufrage sur ta côte sifertile en sinistres,jusqu'A
ce quej'ai découvertun bon abripour mes frères, sicelaest possible, avecl'aide
de Dieu.

11terend grlce pour tesbons procédés et t'envoieen échangequelquespreuves
de son amitié ;plus grandes et plusbellessont cellesque tu recevras,sicommeje
ïespére nous nous mettons d'accord.
Enfin,je tesalueetje prie Dieude t'accorderet aux tienslonguevie.Offre mon
amitié à Bouiza :j'ai lu ses lettres et je vois que c'est un homme sage et
loyal.
Il est inutile que tu parles de àepersonne,quel qu'ilsoit. Dans des affaires
de cegenre on a coutume de dire : ((Tourne sept foista langueavant de parler. i)
Te salue,

Le capitaine du bateau de guerre
La Malouine,

chevalier de la Légiond'honneur. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe70

COPIE DE LA LETTREDU DÉLÉGUÉ DU SULTAN A TANGER
A L'AMBASSADEURDE FRANCE

Nous avons reçu une lettre chérifienne selon laquealétéporté l la
connaissance de Sa Majestéque la compagnie française de Jacques Leaaudy
cherchéàs'installerarbitrairement dans la côte du cap Bojadorqui fait partie de
cetEmpire fortunérelevadela provincedeTarfaya etqueleshabitants decette
région,en essayant deluiinterdire dedébarquer,ontététouchéspar descoups de
canon, tiréApartir de son vapeur.
Sa Majesté noua ordonnédevous contacterpour le dépadela compagnie
précitéede cette région.
Par conséquent,nous espéronsque lenécessairesera fait pour sonévacuation
dudit endroit,pour lui interdire d'y reveniret pour lui demander les raisonspour
lesquelles elle a bombardéla population qui lui en a interdit l'accés.
Ilne vous échappe pas que ce Lieun'est pas ouvert au commerce et que le
débarquementdans cet endroit et dans ses semblables expose, aux risques, les

personnes et les biens.
Nous espérons votreréponse. PuisseDieu vousperpétuerune vieheureuse et
tranquille !
Tanger, le 8 JournadaI 11(correspondanau 2août 1903). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 71

LETT'RE DU SULTAN AU CHEIK BEYROUK '

Louange au Dieu unique !
La bénédictiond'Allah soitsur notre seigneur Mohammed, sa famille et ses
sectateurs !

(Sceaude MouluyAbderrahmane.)

A notre serviteur. l'appréciablecheik M'BarekOuld Abd Allah Ousalem -
Dieu vous guide, et sa miséricordeet bénédictionvous accompagnent. Aprésce
préambule,
Nous avons reçu votre lettre de laquelle nous avons pris connaissance,et est

arrivéde mêmevotre filslTdeb elBachir,que Dieul'assiste,présentant en votre
nom A Notre Majesté chérifiennel'hommagede votre soumissionet respect qui
nous sont dus et nous remettant le présentqu'avec lui vousnous avez envoyé.
Qu'Allah vous comble de bienfaits en cette heure et après,amen !
Nous avons pris bonne note de la façon dont vous vousjustifiez des reproches
qui vous sont faits de traiter avec les chrétiensen vous disculpant de ces
accusations et en montrant votre repentir pour tout ce qui est arrivé.
Nous acceptons vosexcuses et tenons pour sirichevolre repentir ecantn-
tion ;il est préférablede ne pas pécherpour n'avoirpaàserepentir, maiscelui
qui se repent et s'amende aprésavoir péchéD , ieu l'a en sa compassion.
Sachez qu'Avous compromettre avec les chrétiensvous ne vous trouverez en

face de rien de bon ; ne les fréquententque les tièdes ensentiments religieuxet
ceux Bqui la loi fait défaut.Dieu, qu'Il soit loué, a:i<O croyants ne vous
compromettez pas avec lesjuifs et les chrétienss,malheureux sont ceux-ci et
malheureux sont ceux-là, vous que l'on pourrait voir avec eux vous seriez
comptésde leur nombre. Allah ne conduit pas par le chemin droit cette gent
pécheresse, ilssont ennemis de notre religionet de sessectateurs et le véritable
croyantne doit pas secommettre avecl'ennemide sareligion;cequ'ilfaut bien
plutôt c'estlescombattreetlesrepousserpour que tous s'assurent qu'isontnos
véritablesennemiset adversaires.Nous ledéploronspourvous quidescendezde
la noble souche de notre seigneur Ismaël, qu'il soit en gloire, et il n'y a point
d'exemple de ce que vos andtres aient traitéavec les ennemis et les infidéles,
lesquels seulement cherchent à tromper les musulmans en poursuivant leur

propre intérêtV. otre honneur consiste Irles imiter àsuivre leurs traditions.
Qu'Allah vous illumineet vous guide ! Et la paix en cc 12de Moharrem 1260
(correspondanrau 1jévrier1844).

Pour traduction conforme : A. M. ORFILA.

'Fernlndez-Duro, Explorucidndeunoparte de lucosfannroesfedeAjricup. 207. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 72

LETTRE DU SULTAN AU CHEIK HABIB '

Louange au Dieu unique !

(Sceaudu sultanMohammedBenAbderrahmane.)

Anotre seniteur lecheikElHabib BenM'BarekBenAbdallah Ousalern.Dieu
te protégeet te guide. La pak, la miséricordeet la bénédictionde Dieu soient
avec toi.
Après ce préambule,

Nous avons requ ta lettre nous notifiant que certains chrétiensétaientarrivés
avec deux bateaux dans un lieuiivous appeléEl Tarfaya, et qu'ils ont cornmu-
niquéaveccertaines kabylas arabes, auxquelschrétiensqui promirentde revenir
dans les trois mois ilsvendirent une cargaison de laine et trois chevaux. Pource
motif, tu me poses la question de savoir ce que tu dois faire avec eux.
TudiségalementquelegouverneurdeMogador tyrannise lestiens, auxquelsil
adonnéordre de sortir dlamaison ;que tuluiasécritàplusieurs reprisesetqu'il
ne t'a pas répondu,pas mêmepour te dire s'ilen a besoin pour notre élevée
personne.
Et qu'ilainterdià tonami lejuif Messodd'allerjusqu'à toi,etcela endépitdu
faitque tu sois en relation avec lui et qu'en son pouvoir se trouvent deA objets

toi.
En cequi concerne leschrétiens,ilsnelefontnipour lecommerce nipour tout
autre motif ;leur unique dessein est d'espionner etde connaître les bonnes et
mauvaisescoutumes, et ilsfont valoicesprétextespour arriverBleurs mauvaises
fins et pour leursdesseinsdangereux;raison pour laquelle lesrapports aveceux
ne produisent riend'autre que des maux et des pertes pour cette vie et pour
l'autre, Tous ceux qui ont Ctéenrapport avec euxont eu nauséeet dégolit.Pour
cela, prends bien garde A ne point t'incliner vers eux,car sur cela ilayIa
malédictionde Dieu.
En ce qui concerne lejuif, nous avons ordonnéau gouverneur de Mogador
qu'il tel'envoie,s'ilnelesoupçonnait pas d'etreen faveurdecertains, auquel cas
nous lui donnons ordre de ne pas te l'envoyer.
Etquant hla maison, nous avons apprisque tun'en aspoint besoin et quetu

veux la louer hd'autres pour que lescommerçants y entreposent leurs marchan-
dises. Pour cela, le gouverneur de Mogador ne tla remettra pas.
Et la paix, le 8 Saiar 127(correspondantau 15aodr 1861).

AlcaliGaliano. ~es~rrerhy cornercip. 295. DOCUMENTSDU MAROC

Annexe 72 bis

DAHIRDE S. M. MOHAMED BEN ABDERRAHMANE

Louange ADieu seuI !
Puisse Dieu bénirnotre seigneuret maître leprophkte Mohamed, sa familleet
ses compagnons !

(Sceaude S. M. Sid i ohamedBenAbderrahmane.)

A Notre seniteur intrépidelecheik Lahbib Ben BiroukEl Ouadnouni. Puisse
Dieu te guider ! Et Btoi salutation et miséricordedivines ! Aprésce préam-
bule,
Est arrivée talettre par laquelle tu annonces que tu obéiraset exécuteras nos
ordres relatifs au sujet espagnol, dans la mesure où nous y avons une vue

intéressée.
Que tu saches que ta maison ne s'étaitagrandie et n'était devenue célért
réputéechez lesgensdecescontrées-lhque grâceaux méritesintrinséquesde tes
ascendants - puisse Dieu avoir leurs âmes - connus pour I'extr2meattache-
ment & nos ancétres- puisse Dieu lessanctifier - pour s'êtredépensésdans
l'exécutiondes ordres reçus et pour s'être bienacquittésde leur mission. Ils
aimaient et haïssaient ceque lesnôtres aimaient et haïssaient. Ilspourvoyaient à
l'essentiel et guérissaientle mal surveatelleenseigne qu'ilstiraient partie de
leur sincérité,cueillaient les fruits de leur labeur, en étaient satisfaitset jouis-
saient de l'estime de nos aïeux.
N'est-ilpas vrai que lebien n'estrécompenskque par tebien et que lemeilleur
descendant est précisémentcelui qui suit la voie droite de ses ascendants?
Quant au sujet espagnol que tu asmentionne, nous n'y avons pas de vue

intéresséeE. t cependant, tu I'asséquestde ton propre chef, arbitrairement et
hérétiquement.Le prophète a prescrit : <Qui s'écartede la communauté la
mesure d'un empan mourra h la façon des idolâtres ! >>
Et puisque tu I'asdéjAarretéde tapropre initiative tu peux expierta faute, en
nous l'adressant h Taraudant ou au port d'Es-Saouira. Nous désigneronsun
défenseurque plaidera ta cause contre le détenu,afin qu'on enjuge en toute
connaissance. Tes droits seront sauvegardés.
Nous sommes,nos anches et nous, liésaveccesétrangerspar des traitésque
nous ne pouvons ni bafouer ni violer. Parmi les clauses souscrites, ci:ons

- Si les épavesd'un bateau sont rejetées sur vos rivages, le contenu sera
ramasséet expédié vers nous pour êtrerestituéA ses propriétaires,contre paie-
ment, par ces derniers, des frais engagés.
- Sil'unde nossujetsdésireintenter une actionenjustice contrelesétrangers,
l'affaire sera portéiinotre connaissance pour la faire déférArla juridiction
compétente.
En conclusion, ton attitude vis-&-visdes chretiens est en contradiction fla-
grante avec ces clauses et engagements.
Dieu estle meilleurguide vers la bonne voie!Salut !

Le 20 Hijja 1289(correspondana tu IBfévrier1873). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 73 '

Louange à Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed, sa famille et ses com-
pagnons !

(Sceau de S. M. Sidi MohumedbenAbderrahmane.)
A notre frérele plus cher et le plus agréable Moulayel Abbas. Puisse Dieu te
garder ! Et à toi salutation et bénédictiondivines ! Aprèsce préambule,

Du vivant denotre père - puisse Dieulesanctifier - BenBiroukEt-Tecnis'est
entendu secrètement avec certains chrétiens pour leur permettre de construire
dans les régions côtières.
Ayant eu ventde cestractations, Sa Majesténotre père luia envoyé quelqu'un
pour lesermonner et lefairejurer surle Coran afin de nejamais lecommettre ;et
de ne point se compromettre avec les infidèles.

Sonrepentir s'est révéltellement sincère,cheznotrepère, qu'illuia alloué une
maison à&-Saouira, etexemptéde tousdroits sesmarchandises qui arrivent par
ce port, ce qui s'inséredans une politique de rapprochement.
11est restéainsijusqu'a sa mort. Sesfils, qui lui ont succédé,nt délaissé ces
recommandations, voulu exposer la patrie des musulmans à toutes sortes de
malheurs. et cherché à avilirleur foilégèrepar lesbiens de cebas monde en con-
venant secrètement avecles chrétiensespagnols de construire dans ces régions.
L'ayant appris, les tribus limitrophes ont décidéde les combattre s'ils ne
reviennent pas sur leur erreur. Il ne t'échappepas les troubles, les dangers et

l'extension des guerres qui en découlent.
Par conséquent,il est nécessaireque tu parles aux Espagnols de ces faits qui
aboutiront aux mésententes afinqu'ilsy renoncent ;et ce,dans la mesureou ils
prennent l'initiative de t'en parler. Sinon, pas.
Il estévidentque ceshabitantscomptent parmi nos sujetset leurs régionsfont
partie de notre hpire. Nul n'ale droit de disposer,commeill'entend,del'unde
ses empans. Les tribus ne cèderont jamais, mêmesi elles sont entikrement
exterminéespar la guerre.
Notre volonté estque tu gardes ce secretjusqu'i ce que les Espagnols t'en
parlent. S'ilsle font les premiers, tu trouveras quoi dire et répliquer.

Et voicila lettre du combattant M. Houcine elAlighi,elle te parviendra, tu la
liras et comprendras ce qu'elle contient. Et s'ils prétendent que ce sont les
populations qui ledésirentet ledemandent, dis-leurque c'est faux,que les tribus
localesdésavouentunanimement BenBirouket que cedernier n'apersonnepour
le soutenir dans son entreprise.
Dis-leur ce qu'ilconvient de dire. Mais s'ilsne te disent rien tais--oNous
demandons à Dieu de faire déjouerle complot de Ben Birouk.
Notre serviteur le lettré Abdellah Abhi a rapporté la même choseque le
combattant précité.

Puisse Dieu précipiterla mort de Ben Birouk ! Amen ! Salut !
Le IlRabia 1 1278(correspondanr au 17 septembre 1861).

' Traduction de l'orginalen arabe publiépar Ibn Zaydan. Ithaf Aalam Al-Nas,
Histoire de Meknès,t.1,p.381. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 74

LETTRE DU MINISTRE D'ETAT ESPAGNOL
À SON MINISTRE RESIDENT À TANGER

Section politique.
No 165.

Excellence,
Le Gouvernement de Son Altesse accPde àla demande de Sid Mohammed
Bargach consignéedans leparagraphe 6desa note du IOdont la traduction aété

remise par vous dans votre rapport no231.
Butler et sescompagnons, en signant l'acco-dqu'ilsont semble-t-ilconclà
Cadix avec l'envoyé du cheik Ould Beyrouk en vue d'ouvrir au commerce les
ports de cette partie de l'Empire marocai- ont violé leslois de la neutralité,
parce que Beyrouk est un rebellecontre leSultan marocain etparce que lesports
d'oued Noun sont fermésau commercesur ordre du sultan du Maroc en vertudu
droit que tout souverain a de déterminerles ports et lescôtes par où est licite le
traficavecl'étranger.En violant lesloisdelaneutralitéButleretsescompagnons
ont perdu tout droità la protection espagnole.
Malgré cela, leGouvernement de Son Altesse a fait, fait et fera tout ce qu'il
peut et tout ce qui est en son possible en faveur des trois Espagnols détenusà

oued Noun, mais sa bonne volontén'ira pas et il n'est pas possible qu'elleaille
jusqu'h appuyer nidirectement niindirectement Beyrouknijusqu'a aider cechef
marocain rebelle àouvrir de sa propre autorité les ports d'oued Noun au com-
merce. Cela serait le démembrementde l'Empire marocain.
Ilestnécessaireque Butler, Puyana etSilvasepersuadent que l'entreprisedans
laquelle ils sesont engagésen faisant avec Beyrouk letraitéde Cadix n'estpoint
faitepour seréaliserjamais avecleconcours du Gouvernement espagnol, parce
que les intéréts permanentsde la politique espagnole au Maroc ne peuvent être
subordonnés à l'intérétd'un particulier ou d'une société mercanti;et que,
oubliant leurs irréalisables projets de convertir Beyrouk en souverain d'oued
Noun, ils se limitentA aider le Gouvernement espagnol dans les efforts qu'il

déploiepour les faire revenir au sein de leur famille.
Le Gouvemement de Son Altesse a constaté avec le plus grand étonne-
ment que ni au ministère ni a la légationles intéressésn'ont fourni aucune
indication raisonnable sur les moyens susceptiblesde faire parvànleur libé-
ration, alors qu'il est certain qu'ils se trouvent encorrespondance avec leurs
proches.
Dans lediscoursque sur cettequestionj'ai prononcéauxCortésconstituantes,
j'ai clairement dit quepas plus que letrésorespagnol nedonnerait d'argent pour
pallier les conséquencesd'uneviolation des lois de la neutralité,il n'était ques-
tion de reconnaître l'indépendancede Beyrouk ni d'entrer en communication

avec ce sujet marocain rebelle. Et cela n'étaitpas mon opinion personnelle mais
bienlarésolutiondu Gouvemement espagnol,je vouslerépèted'ordrede S.A. le
Régent, etd'accord avec le conseildes ministres.

'Bauer, Comecuencias de la camparîade 1860(MurruecastIV, p. 423.348 SAHARA OCCIDENTAL

Veuilleztransmettrecopie légaliséee cette lettAedon JoséButler,vice-
consul d'Espagneà Saffienluiordonnantde la transmettre, anslesplus brefs
délaispossibles et sous sa stricte responsabiliaesonfrèredon Jacobo
Butler.
Dieu vous garde,etc.

Madrid.29 novembre1870. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe75

DAHIR DE S. M. EL HASSAN BEN MOHAMED

Louange à Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed, sa famille et ses com-
pagnons !

(Sceau de S. M. El Hassan Ben Mohamed - Dieu est son protecteur et
maître.)

Anotre serviteuragréable,lelettréEl Habib BenCheikM'BarekelQuadnouni
el Jalmoumi - Puisse Dieu teguider ! Et a toi salutation et miséricorde divines!

Aprèsce préambule,
Nous avons reçu la lettre et avons ainsi pris connaissa:ce
De la missiveadressée ittoi par le consuldes Espagnolà Es-Saouiraaux fins
d'arrêterceux des leurs surgissant sur la côte.

De l'écriture- des ressortissants Espagnols- destinéeégalement à toi par
laquelle ceux-ciprétendent avoir sous la main une lettrde notre père, feuSa
Majesté - puisse Dieu le sanctifier - suivant laquelle il se serait dessaisi de
Massa, d'oued Noun, du Sahara et aurait pris l'engagement de ne pas en
parler.
De ce qu'ils demandent de les laisser faire avec la population ce qu'ils
veulent.
De l'indication de la politique que tu adopterasàleur égard.
Tudisque BenDlirnicoupelechemindeceuxquiviennent devosrégionsvers
les villeset leur interdit de regagner ces dernières.

Tu demandes par conséquentqu'on l'éloigne et qu'on l'oblig?ite restituer ce
dont il s'est emparé.
Quant iila cessionpar SaMajesté, feunotre pére,de musulmans en général a,
plusforte raison deceuxd'entreeuxdesessujets,celan'apasde fondement.Loin
de Ià. Il ne l'ajamais fait, que Dieu en présente.
Pour cequi est de Ben Dlimi, nous avons ordonné à son gouverneur, notre
seniteur El Haj Omar El M'Tougui de l'en éloigner etde le contraindre às'en
tenirA sa limite età vous restituer ce dont il s'est emparé.
Vous occupez cheznous lerang qu'occupaient vos ancêtreschez nos aïeuls -

que Dieu les sanctifie - Car votre maison est maison de seMce et d'attache-
ment, de péreen fils. Nous ne vous manquerons pas. Et même ceux d'entre vous
qui sesont écartésdu bon chemin et y reviennent nous les accepterons et ne les
livrons pas. Salut !

Le 3 Moharrem 1294(correspondunian Id janvier 1877). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 76

DAHIR DE S.M. EL HASSAN BEN MOHAMED

Louange ADieu Seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed, sa famille et ses com-
pagnons !

(Sceaude S. M. Ei HassanBenMohamed.)

Que l'on sache par le présentdah-rpuisse Dieu en rehausser la teneu- !
que nous avons revêtuledétenteurnotre serviteur BrahBen Ali BenMoham-
med Et-Tecni el Hassani des habits lavénérabilitet de la respectabilité,que
nous l'avons porte sur l'épaulede la biedaisance et du bon traitement et que
nous l'avonsnommé Ala têtede sesamischargésdelasurveillancedescôtespour
qu'ilsoit avec eux l'Œilet l'oreillede cette vigilancecontre les chrétiensqui s'y
manifesteraient et du renforcement des sentinelles dejour comme de nuit, de
faqon que sil'und'euxyapparaît, d'une manièreou d'uneautre,notre serviteur

agréablele caïd Dahrnane Ben Birouk Et-Tecni doiten êtreaverti pour qu'il
prenne les mesures nécessaireshl'extirpation de l'essdu mal ets'y tienne
activement pour repousser cette invasion, comme indiqué plus haut.
Quel'on ne setrompe pas parce qu'ilsavancent que lemakhzenlesaautorisés
ay venir.Car siautorisation ily avait, ellen'aurait émaneque du chefdu
gouverneur etsiune négligenceoun relâchementseproduitdans ceque nouslui
ordonnons en l'objet, ilsencourent une graveresponsabilitédont ne délierait pas
l'assertion de la détention d'un écritet la protection du gouverneur. Que ce
dernier craigne Dieu eassume dans la mesure du possible, sa fonction telle
qu'elle est tracée.
Puisse Dieu leur attribuer la justesse et les guider dansla bonne voie !
Salut !

Décrété par notre ordre fortifiépar Dieule 21Chaa1303 (correspond~ntau
25 mai 1886.) DOCUMENTS DU MAROC

Annexe77

DAHIR DE S. M. EL HASSAN BEN MOHAMED

Louange iiDieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Moharned, sa famille et ses com-
pagnons !

(Sceau de S.M. El Hassan Ben Mohamed.]

A notre serviteur agrkable le caïd Dahmane Ben Birouk. Puisse Dieu te
guider ! et toi salutation et miséricorde divines! Apcepréambule,

II a étéportéànotre connaissance qutOuld BellaiEs-Zrigui s'estcompromis
avecleschrétiensetademandk leur retour auport d'El Beïdapour ycommercer,
bien que tu n'en aies pas rendu compte ANotre Majesté,klevéepar Dieu.
Par conséquent, noust'intimons l'ordre de recouper ces nouvelles.
Au cas où cestractations d'Ould Bella1et de sescomplices s'avéraient exactes,
quellessont lesraisons qui t'ont ameàne pas saisir leurs biAne pas lesen

détourneret a ne passaper leursconvoitises, alorsmémeque tu as étéchargéd'y
appeler notre attention et d'extirper le?mal
Nous t'ordonnons de prendre toutes mesures commandéespar la situation et
de nous mettre au courant de l'évolutionde cette affaire.
Salut !

Le II Hiia 1304 (correspondantau31 août 1887.) SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 78

DAHIR DE S. M. ABDELHAFID BEN EL HASSAN

Louange Dieu Seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Moharned et sa famille !

(SceaudeS.M.AbdeihafidBenel HassanBenMoharned,Dieu estsonprotecteur 1
el maître.)

A nos serviteurs agrkablesles caïds d3Azerguiyine,des Tekna et A leurs nota-
bles et dignitaires. Puisse Dieu vousguider ! &tvoussaiutation et bénédiction
divines ! Aprésce prkarnbule,

Ilest portéhnotre connaissance que lesproprielaires de quelquesbateaux de
commerce appartenant h certains pays désirentse rendre dans ces régions-lh,
avecdes marchandiseset autres, en vuede la vente etde l'achat ;de connaîtrela
situation de votre région; et de chercherà nuire à ses habitants.
Par conséquent nousvous ordonnons d'y faire bien attention, en plaçant des
sentinelles et des vedettes au port d'Assaka et autres (points) de vos cô;ede
leur interdire totalement d'ydébarqueret de mouiller l'ancredans voseaux ;de

saisir lesbiens deceuxqui entretiennent des relations commerciales aveceux,de
ceux qui les y aident;etde lesen éloigner aupoint qu'ilssoient éloignésce qui
sera une réprimande Dourles autres.
Prenez garde A toit accommodement et h tout relâchement, car les consé-
quences n'enseront paslouableset tourneront auxdésavantagesde cescontrées-
11i.
Puisse Dieu augmenter vos vertus et vous guider dans sa bonne voie !
Salut !

Le 4 Safar 1327(carrespondantau 15janvier 1909). DOCUMEN'ïS DU MAROC

Annexe 79

DAHIRDE S.M.ABDELHAFID BEN EL HASSAN

Louange Dieu Seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed, sa famille sescompagnons !

(Sceaude S. M. AbdelhafidBenel Hassan - Puisse Diele guider!)

A nos se~teurs agrkableslecaïd Mohamed Ben Bellalet fecaïd Brahim Ben
M'Bareke ,ntre autrescaïds d'Azerguiyine,desTekna. PuisseDieu vous guider !
etA vous salutation et miséricorde divines! Apcepréambule,

Nous accusonsréceptiondevotrelettredont ilappert qu'un chrétien descendit
à la maison de mer du port de Tariaya, par autorisation du caïd Ahmed Chbani,
et commença Acommercer lescéréales avecleRs guibat, Ouled Dlim etcertains
Tekna.
Vous avez sollicitédes directives dans cette affaire, dont bonne note est
prise.
Les instructions consisteàtl'expulser de ce por- protégépar Dieu -
doucement et sans effusion de sang, car il ny exercer ni vente niachail;
empéchertous ceuxqui viennent des tribus pour ycommercer aveclui ; attirer
leur attention sur les pires conséquencesAvous hâter de i'en éloigner.
Nous sommes derriéreà l'écoute.Salut !

Le 29 Joumada 1an 1328(correspondantau 8juin IPIO). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe80

EXTRAlTS DE DOMENECH LAFUENTE, ALGO SOBRE R~O DE ORO

Pages 47-79:

...Le mois suivant, la Compagnie mercantile hispano-africana commença les
travaux pour remplacer labaraque provisoire enboispar un bâtiment-forteresse.
Mais, deux mois aprés,les nomades Ba Amar,de la tribu des Oulad Delim, en
attaquérent les constructions (9 mars) occasionnant des morts et des blessés,
faisant des prisonniers, emportant des marchandises ; et aprés avoir détruitles
travaux de maçonnerie, ils ont incendié lesbaraques.
Un trimestre aprés. le gouvernement envoya, le mois de juin, le capitaine
d'état-majorJoséChacone, comme chef d'udétachementqui garantit la sécu-
rité dela factorerie et permit la reprise des travaux et les transactions cornrner-
ciales suspendu...Le 24 mars1887,un nouvel acte d'hostilitéentre la facto-
rerie oblige le capitaine généraides iles Cànaméliorer lesconditions de
sécurit...
En mars 1892, en facedu Rio de Oro, ont étéattaqués plusieurspaile-
botes1...
Le 2novembre 1894,la factorerie a éanouveau attaquéepar les nomades

des tribus des Ouled Delim, Ouled Bou SbaaLaroussiyine. Le 13du méme
mois, arriva <paileboteuSarttiago,qui n'apas pu déchargerlesvivreset l'eau.
Son commandant dut demander le secours du commandant des iles Cana-
ries.

Annexe 81 (1)

LETTRE DU CHARG E'AFFAIRES D'ESPAGNE A TANGER
AU MINISTRED'ÉTAT, 31JUILLET 1906

Leconsulhonoraire delanationàFès,danssa lettrenD84du 27juillet courant,
dit la délégationde Sa Majestéce qui su:t

(Aujourd'hui estarrivà Fésle célèbremarabout Ma el Aïnin, chef
religieuxdelarégiondu Saharacomprise entre notrecoloniedeRiode Oroet
l'oued Draa. Le célebremarabout vient cette annéeentouréde plus de
prestige et d'un entourage plus nombreux et plus respectable.
Le fanatisme religieuxexcite auiourd'hui contre les chrétiens toutesles
tribus au sud de l'Empire MGO C oulay Hafid, khalifa du Sultan B
Marrakech,protègeces mouvementset iln'estpas excluque Ma el Aïnin se
trouverait un moyend'étendre soninfiuencereligieuseetdepouvoir toucher
une mouna chaque fois plus importante du Gouvernement chérifien.
La rentréeBFéde Ma elAïnin arevêtuunegrande solennité:lestroupes
ont rendules honneurs etleGouvernement marocain aucompletestsorti(en

dehors de la ville) pour le recevoir. DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 81 (2)

LETTREDU MINISTREPLI?NIPoTENTIAIRED'ESPAGNE ATANGER
AU MINISTRE D'ÉTAT. 11DGCEMBRE 1906

J'ait'honneur de vous remettre ci-joint une communication queje viens de
recevoir du consul honoraire de la nationà Fésau sujet de l'attitude et des
intentions du chef religieux du Sahara occidental Ma el Aïnin.

(Signé)LLABERIA.

ANNEXE

Consulat d'Espagne lFks.
No 110.

Lechef religieuxdu Saharaoccidental, lecélèbremarabout MaelAïnin, esten
relation depuis longtemps avec le Gouvernement marocain. Le chef des Chen-
guites a constitué et étendu son association religieuse qui a aujourd'hui de
nombreux partisans au Mruoc :association religieuseqaun sensdu fanatisme
religieux trPspousse entre lepeuple musulman. Le chefchenguite a étaliFks
auprésdu Sultan et à Marrakech auprésdu khalifa Moulay Hafid de véritables
missions de propagande religieuse qui le représententégalementdans les rela-
tions politiques qu'il maintient avec le Sultan.
Le représentantde Ma elAïnin AFéstravaille pour étendrel'influencede son

chef, fanatise leschérifsinfluents et lesfréresdu Sultan qui ont un grand respect
pour ce saint homme du désert.
Lecaïd SiDriss Benaïch,introducteur desambassadeurs, s'ocupedespétitions
desChenguites dont il est leplus important élémete propagande etdesoutien
parce que tout ce que peuvent faire les partisans de Ma el Aïnin au Sahara est
sans doute approuvépar le Gouvernement chérifien.
Ladernikrevisitede MaelAïnin àF&sarevétu uneimportanceextraordinaire
quej'ai essayéde rechercher avecintérêt. a el Aïninest rentaéFésoù il aété
reçu avec grand apparat ; les Chenguites, cette fois-ci, ont maltraité B Fés
M. Campini, capitaine de l'artilleried'Italie, et la presse a les actes de

violence commis par eux à Rabat, Casablanca et Marrakech ; dominéepar un
esprit plus fanatique, sa propagandeà part le caractérereligieux, s'étendAla
propagande de guerre sainte contre les chrétienset surtout contre les Fran-
çais.
Le makhzen a remis à Ma el Aïnin huit cents fusils. systèmeGrass, modèle
1870,et quantité de cartouches. Sans doute le chef chenguite n'a pas encore
l'armement suffisant,parceque, d'aprésles renseignements,je sais positivement
qu'ilest en train de chercher le moyen d'acheter plus de fusils et plus de
cartouches. 11serait prudent que les autoritésdes îles Canaries exercent plus de
vigilance afin d'empscher la contrebande d'armes avec la côte marocaine.

(Signé)CE~EIIU. SAHW OCCIDENTAL

Annexe 82

TWTE D'UNE LETTREDE MA EL AININ

(Voici le texted'unerèponseadresseur Ma elAinin-puisse DieuperpCtuersa
vie!- ou sultunMoulay Abdelaziz.)

Louange BDieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Moharned, sa famille esescompagnons !

Ai'ombre de Dieusur l'universàl'âmedeI'actiondes musulmans et auprince
des croyants.
PuisseDieu fortifier ton régneet t'accorderla memevictoireque celledonnée
au meilleur des émissaires divins! àvous salutation et miséricordede Dieu,
tant que durentte cosmos, ses mouvements et ses repos!
IleslportéB laconnaissance duprincedescroyants que notre filsdépêcéhez
lesOuled Dlimest maintenantde retour. 11nous a rapportélesbonnes nouvelles
tant désiréespar Votre Majesté,h savoir la mpture de toutes relations avec les
chrétiens,où - par la puissance et la volonté divi-eil n'ensubsiste pas de

séquelleset il n'ya aucun mal, voire il n'yaura par la volonté divineque ce que
vous déciderez selonla maniérecorrecte et la voie saine.
Parmi ce qu'ils nous écrit ce:i
tNous portons votre connaissance que les consignes que vous avez
donnees Avotre fils El Waliconcernant les chrétienseen particulier les

Espagnols seront appliquéesselonvotrevolonté,aprks que nous ayonspris
larésolutiond'entretenir aveeuxdes relations consistant Arecevoirleurs
armes et h leur céder cetemtoire.
Nous avons définitivemententerréceprojet, pour vous agréeret nous ne
le commettrons jamais, et surtout aprésvotre décornmandation et votre
désapprobation. Salut amical >>

En ce qui concerne les Françaisils ont dit qu'ils n'ont pas eu avec eux
grand-chose. Ilsdisent n'avoir engagé aveceaucune conversationconcernant
une vente, un achat, un territoire, ou autre chose.
11estesperable que tous n'agirontque suivantvotrevolontvotreagrément.
Nous prions Dieu pour qu'il ne vous accueilleque par ce que vous désirez
complètement, avec une longue vie pleine de bonne santéet d'heureuse fin.
Salut avec notre attachement !

Le 2 Ramadan 132 1(correspondana ru 22novembre1903). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 83 '

TEXTED'UNELETTRE DE MA EL AININ

(Parmi les correspondancesdu cheik Ma el Ai'nin au suhan MotrlayAbdel-
hafid.)

Louange ADieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed, sa famille et ses compagnons !
Au prince descroyants, notre fils,fraîcheur de nos yeux,fruit de nos cŒurs,le
sultan Moulay Abdelhafid. Puisse Dieu te préserverde tout ce qui fâche ! Et A

vous salutation, miséricordeet bénédictiondivines, tant que durent le cosmos,
ses mouvements et ses repos !
Qu'ilsoit portéà votre haute connaissance que depuis que nous vous avons
quitté- par lapuissance divine - nousnous sommesabritésousl'ombredevos
bienfaits jusqu'ti notre retouàla famille. Depuis lors et jusqu'à maintenant,
nous ne cessons de l'être. Puisse celseperpétueret s'accroître.
Lorsque nous y sommesarrivé,nousnous hâtons d'en rendrecompte à Votre
Majesté.Nous avons appris que vous n'êtesinforméni d'un vol ni d'une ins-
pection. Le porteur aeu un succès.Nous espéronsque cela vous sera rapporté
selon la description voulue par nous et par vous.
Nous ne cessons d'interroger les voyageurs partis et revenusde chez vous-

jusqu'lil'annonce desbonnes nouvellesde notre victoire. PuisseDieu l'affermir
au-delà de ce que nous avons entendu !
Nous avons aussi appris que vous êtesen train de vous préparerA la guerre
sainte etdemobiliserpour elle.PuisseDieu vous accorder lavictoiresur tous les
hommes et dans tout le pays !
Que Dieu soit loué,que Dieu soit loué,que Dieu soit loué pour votre enga-
gement sur lavoie de votre ancêtreleProphètelemeilleurde toutes lescréatures
et sur cellede voschasteaïeux,puisse Dieu hisser,grâceavous,lesétendardsde
l'Islam, et réprimerparvotre moyen sesennemis les mécréants!
D'autre part, il est poràévotre haute connaissance que les habitants de ce
territoire m'ont interrogésur cequ'il convientde faire avecceschrétiensquiont

envahileur régionet campé à proximitéde l'Adrarqu'ilsconvoitent. Jeleurai dit
- que Dieu soit loué!- que <je lesharcélepar votre force.Chacuna obtenuson
dahir remis parvous, puisse Dieu vous assister Vous connaissezla régionet il
vousconnaît. Je ne vousdisque cequ'il vousadit lui-mêmeq ,ue Dieu luidonne
son appui ! Mon avis est de vous conformeB sa politique de paiou de guerre.
Ce qu'ilordonne, vous l'exécutez,t viceversa.Nous nous n'immisçons pas dans
vosaffaires aprésceque vous avezenduré.Ilvousa ditce qu'ila dit, puisse Dieu
le glorifieri)
Sice queje leur ai dit constitue une bonne réponse,je ne peux que louer Dieu
pour me l'avoirinspirée.Sinon,votre réponseserala meilleureet laplus utileaux
habitants..
Enoutre, ilestportéhvotreconnaissancequ'aprésnotre retour cheznousnous

trouvâmes Moulay Dnss quiétaitau Sahara aveclecadiEl Madani et El Ghorfi.

Voir annexe82.358 SAHARA OCCIDENTAL

Ilsvoulaient alleroù nousignorlrnes. Nous lesretînmesjusqu'h l'arrivéedevotre
réponse.
Maintenant qu'est-ce que vous décidez? Nous nous y conformerons par la

volontédivine.
PuisseDieu vousaider et nous aider,lhoù nous sommesetoùque voussoya !
Que Dieu soit loue !
Si Dieu vous accorde sa victoire, nul ne peut vous vaincrecar le secours
n'émane que de lui.
Nous voill pénétréd ses directivereçuesde Votre Majesté,comme vous le
savez et particulièrement imprégnésde l'engagement vers un avenir meilleur.
NotrecŒurest avecvous.PuisseDieuvousbien et totalement récompenser selon
vos souhaits, pour ce que vous faites pour nous. Avec notre attachement et
salut !

Le 4 Safar 1326(corresponduna ru 8 mars 1908).

Annexe84

DAHIR DE S. A. LEKHALIFEDU SULTAN

EL HASSANBEN EL MEHDI

Louange Dieu seul !
Seul le régne divinest éternel!

(Sceaude S. A. El Han Ben el Mehdi - Dieuest sonprotecreur! )

Que l'on sache par la présentelettre chérifienneet par cet illustréet haut édit
que nous avons ordonnéla promotion de Mounir el Khattari Ould Brahim du
poste de caïd dela brigadedes forcesdegarde au Sahara augrade de caïd El Mia
desdites forces, avecune solde annuelle de 6000pesetas espagnoles payabl21
échéances a lafin de chaque mois, Bimputer sur le chapitre 9, sec4,article
premier du budget courant,
Qu'il s'acquitte convenablemendes tâches qui lui sont confiées,de façon 2I
montrer l'intérêt qu'ilporte eLirévélelres soins accrusqu'ily prodigue et la
parfaite activitéqu'il y déploie.
Acelui qui tombesur laprésente,ordre estdonnéde s'yconformeret deriepas

le transgresse- Salut!
Le 16Moharrem an 1350(correspondana tu 3juin 1931). DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 85

DAHIR KHALIFIEN DU 18 AVRIL 1934 ACCORDANT UN CRÉDIT
EXTRAORDINAIRE DE 70 000PESETAS (POUR L'ACQUISITION DE
CHAMEAUX DESTIN~S AUX TROUPES DE POLICE DU SAHARA a
(B.O., NO15,DU 31MAI 1934)

Louange au seul Dieu !

Quel'onsachepar lesprésentes- puisseDieu enéleverla teneur- que,ayant
étéinforméde la nécessitéd'accorder un crkdit pour couvrir les frais d'acqui-
sition de chameaux destinésauxtroupedela policedu Sahara, du fait qu'iln'ya

pas de créditinscrit au budget.
Nous avons décidé d'accorder un créditextraordinaire de 70000pesetas sous
un articleadditionnel du ti10,chapitre 6, qui s'intitu«Pour l'acquisition
de chameaux destinésaux troupes depolicedu Sahar)>etqui seracouvert parle
montant de l'excédent des recettes sur les dépenses A la fin du présent
exercice.
Que ceux qui lisent ceci s'y conforment sans outrepasser les limites
prescrites.

Que la paixsoit sur vous.
Le 3 de Moharrem 1353 (correspondaIau 18 avril 1934).

Vu ledahir signécejour parSon AltesseimpérialelekhalifeMoulayelHassan
Ben el Mehdi Ben Ismaïl, accordant un créditextraordinaire de 70 000pesetas
{(pour l'acquisition de chameaux destinés auxtroupes de police du Sau,ra
Je donne effetau dahir sus-indiqué.

Fait àTétouan, le 18avril 1934.
Le haut-commissaire,
(Signé M). RICOAVELLO.

(Sceauduhaut-commissariat.)

Annexe86

HAUT-COMMISSAR DESPAGNE
AU MAROC

Excellence,

J'ail'honneur de vousadresser lerapport quej'aireçude l'architecte,chefdes
constructions civiles,ausujetdel'extensiond'uneinfirmerieetdelaconstruction
d'un pavillon pour le médecinde la ville de Cisneros, et sur lequel le délégué
signataire de la présente lettre exprimeson accord. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe aI

HAUT-COMMISSARIATD'ËSPAGNE
AU MAROC

Excellence,

J'ail'honneude vousadresser lerapporde l'architectechefdesconstmctions
officielleset qui approuve le projet de construction de la délAgAgüera
(Rio de Oro).

Tétouan, le 13octobre 1934.

HAUT-COMMISSARA IT D'ESPAGNE
AU MAROC

DBLÉGATION AUX TRAVAUX PUBLICS
CONSTRUCTIONS CIVILES

Rapport

Objet: Bâtiment pour la délégation etpavillon du déléguéde la place de
Agüera (Rio de Oro).

Monsieur,

Nous nousvoyons obligésde faireprécédecerapport du même avertissemen1
que les rapports antérieurs concernant des bâtimeatconstruirà Villa Cis-
neros, etc. Le manque de renseignements sur le terrain, lescaractéristiquesde la
construction, la main-d'muvre, etc., obligànLimiterle rapport Bla partie
imposee du projet.
Avalisepar l'ingénieur militairedon Ramon de Castro, le rapport comprend

tous les documents nécessaireen pareil cas, et les pourcentages afféreBts
l'exécution matériellseont correctement appliquésen fonction du systkmed'ad-
ministration,cequi est le seul objet de l'établissementdu devis.
Pour le restela distribution et les levéssoAl'étude etseront adaptésA
l'utilisation du bâtiment.

Tétouan,le Il octobre 1934. t'architecte en chef

des constructions civiles,

(Signé)[Illisible.]
Approuvé.
Le délégué,

(Signé)[Illisible.) DOCUMENTS DU MAROC

Annexe 88

I)AHIRDU KHALIFE EN DATE DU 12FÉVRIER 1941INTERDISANT
LA.PECHE AVEC DES ENGINS A LA TRAfNE REMORQUEE SUR LE
LITTORAL COMPRIS ENTRE L'EMBOUCHURE DE L'OUED DRAAET

LE PARALLEL 260 DE LATITUDE NORD 1

Vu l'opportunité qui nous a exposéepar les organismes compétentsde la
nation protectrice d'édicter unedispositionqui interdit depêcdesengins
à la traîne remorquéesur le littoral de la zone sud du protectorat et sur cellede
droit d'occupation, afin que,analogieavec ce qui a étédisposédans l'ordre
ministérieldu16décembre1940du ministéredes affaires etrangéres,la pêàhe
laquelle il est fait référence soitinterdite sur tout le littoral du Sahara espa-
gnol.
Avons décrété ce qusiuit:

Premikrement. - Surlelittoral comprisentre l'embouchurede l'oued Draa et
leparalléle26"delatitude nord est interdite lapèche avecdes ànla traîne
remorquée A moinsde sixmillesde lacôtela plus procheet delalignequi unit les
points les plus saillants dans les baies et anses d'ouverture de moins de douze
milles.par analogie aveccequi a disposédans l'ordredu 26septembre 1939,
du ministérede l'industrie etdu commerce, pour la régioncanarienne.
Deuxikmement. - Est étendueauxdites eaux la législationnationale actuel-
lement en vigueurconcernant la pêchemaritime et particulièrement les dispo-
sjlions suivantes :

Loi du 14juin 1909pour la promotion des industries et des communications
maritimes et rkglement du 13octobre 1913pour son application (titre III, cha-
pitre 1).
Décret-loiroyal du 5janvie19'25approuvant le reglement pour la sanction
desinfractions qu'enmatièredepêchecommettent lesbateaux étrangdans les
eaux espagnoles.
Ordre du 26septembre 1926'du ministère de l'industrie et du commerce
réglementant lapeche avecdesenginsàla trdne remorquéedans lesdifférentes
régionsmaritimes.

Troisiémement. - Aux infracteurs nationaux seront appliquéesles sanctions
quisont indiquéespar l'ordre26useptembre 1939du ministPredel'industrieet
du commerce, celles commisespar les bateaux étrangersétantpunies en appli-
cation de celles signaiéesdansle décret-loi roy5janvier1925.

' 3.0.de lazonenord no11,du 20avri1941. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe89A

DAHIR DU 10DCCEMBRE 1934(2 RAMADAN 1353) FIXANT LE RÉ-
GIME SPÉCIAL A CERTAINESMARCHANDISES DESTINEE ÀSETRE
CONSOMMEE SANS DIVERSES RÉGIONS DU SUD DU MAROC

Exposedes motifs

L'insuffisance des ressources des populations qui habitent les territoires de
l'extrcme sud dMaroc es fraisde transports supportés par les marchandises
sur lesgrandes distances leséparentdescentresd'approvisionnement, ainsi
que les difficultésde la surveillance douaniére,constituent autant d'obstacles a
l'application intégrale, dansces contrées.des impôts de douane et de consom-
mation.
La création d'une zoneà l'intérieurde laquelle serait prévue l'exemption
partielleou totale desdits droitsapparaît comme une mesureindispensable pour
faciliter l'existencedes populations des régions précitées.
Tel est l'objet du présentdahir.

Louange A Dieu seul !

(Grand sceoude Sidi Mohamed.)

Que l'on sache par les présent-spuisse Dieu en éleveret en fortifier la
teneur !
Que Notre Majesté chérifienne,

a décidéce qusuit:

Articlepremier.Peuvent2treexemptéesdlatotalitoud'unepartie desdroits
de douane, de la taxe spécialeet des autres taxesApl'importation aula
consommation. les marchandises expédiéess,ouscertainesconditions, dansdes
régionsdéterminéesdu sud de l'Empire chérifien.
Article2. Un arrétérésidentiel, pris sur l'avis du directeur général des
finances, dudirecteur génélel'agriculture,du commerceetdelacolonisation,
du directeur des affaires indigènes et du chef du sduvcommerce et de
l'industrie, détermin:ra
1) la liste des marchandises admises au bénéfiladétaxe totale ou par-
tiell;

2) les limites des zones privilégiéesl,es routes directes et le rayon de surveil-
lance;
3) le conditionnement des marchandises (emballage et marques spécialesou
estampillesdont ellesdevront êtrerevêtuesmodalitésde transport, ainsique
les réglesrelatives au contrble.
Article 3. Toute manŒuvre ayant ou pouvant avoir pour résultat de faire
bénéficierindûment une marchandise du régime prévuAl'article premier est
considérée comme uneimportationen contrebande et punie comme telle,indé- DOCUMENTS DU MAROC 363

pendamment des sanctions applicables au titre des infractions aux lois et règle-
ments sur les impôts intérieursde consommation.
Article4. Sontconsidéréescomme importéesen contrebande et donnent lieu

aux sanctions prévuesa l'article3:
1) toutes quantités demarchandises non revêtuesde marques ou estampilles
circulant ou trouvéesen dépôtdans la zone privilégiée sans êtreaccompagnées
d'un titre de mouvement délivré par les douanes chérifiennesd'entrée ;

2) toutes quantités de marchandises revêtuesde marques ou estampillescir-
culant ou trouvées endépôt hors de la zone ou elles doivent ètre consom-
mées.
Article5. Les quantitésde marchandises admissibles en exemption de droits

ou h tarif réduiainsique les tarifs applicablessont fixéspararrêtsu directeur
général desfinances, rendus sur la proposition du directeur des affaires indi-
génes,après avis du directeur généralde l'agriculture, du commerce et de la
colonisation et du chef du service du commerce et de l'industrie.
Article6. Sont et demeurent abrogées toutesdispositions contraires au pré-
sent dahir.

Fait à Rabat, le 2 Ramadan 1353 (correspondantou 10décernbre1934).

Vu pour promulgation et mise a exécution :Rabat, le Il janvier 1935.

Le commissaire résidentgénéral,

HENRI PONSOT. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 89 B

ARRÊTÉ RÉSIDENTIEL DU 11JANVIER 1935PORTANT ORGANISA-
TION DES TERRITOIRES DU SUD DU POINT DE VUE DE L'APPLICA-
TION DES DROITS DE DOUANE ET DE CONSOMMATION

Le commissairerésidentgénérad le la Républiquefrançaise au Maroc,

Vu le dahir du 10décembre1934fixant le régime spéciad le certaines mar-
chandises destinées à être consommées dans diverses régionsdu sud du
Maroc ;
Vu ïavis conforme du directeur généradl esfinances, du directeur généled
l'agriculture, du commerce et de la coloiiisation, du directeur des affaires indi-
gèneset du chef du servicedu commerce et de l'industrie,

arréte.

I. Liste des marchandises admiseà détaxe

Articlepremier, Sont admises au bénéficedu régimeprévu par le dahir du
10décembre1934,les marchandises énumérées ci-aprè s
Sucres raffinésen pain;thés; bougies ; tissus de coton (articles ordinaires
usage des indigènes);rizen grains.

II. Limites des régionsbéné$'ciaidses dérunes

Article 2. Le territoire bénéficiantdu régime privilécomprend une zone
franche et une zone ?tarifs réduits.
La délimitation territonale des deux zones est déterminée parles points
suivants :

a) Zonefrande. A I'ouest,la limite territoriale est de I'enclaved'Ifni et la côte
atlantique jusqu'lalimitedu Riode Oro ausud,etjusqu'a lalimitdelatribu
des Ahl-Sahel au nord.
Au nord,la limite nord des tribus desAhl-Sahelet Ait-Brihim,puislalimite
septentrionale desbureaux de Bou-Izakaren, d'Ami el de Tafraout.
A l'est,une lignejalonnéepar les postes ou bureaux des affaires indigènes
d'Aqqa, Bou-Akba, ces deux points inclus et Tindouf.
Au sud, la lirnite territoriale de l'Empire.

b) Zone a tarifs réduits.A l'ouest,limite est de la zone franche.
Au nord,lalimitedu territoireautonomedesconfins duDraa jusqu'à l'oued
Draa, puis la limite ouest et nord du bureau de Tazzanne, la limite est de la
régionde Marrakech jusqu'a hauteur de Tinfift, la limite nord du cercle
diErfoud et l'extrémitédela limitsud du temtoire du Tafilalet.
A l'est et au sud, la limite territoriale de l'Empire.

III. Routes direcreset rayodesurveillance

Article3. Les routes directes suivant lesquelles doivent s'effectuer lestrans-
ports 3 l'intérieurdu rayon de surveillance sont : DOCUMENTS DU MAROC 365

Aux confinsde /arégionde Marrakech : lespistes reliant lespostes du sud àla
piste principale allant d'Agadir à Tuarine en passant par Taroudant et
Tazenakht, savoir :

Piste Inezgane-Tiznit-Goulimine avec embranchement A l'ouest sur I'Ahl-
Sahet et iil'est sur Anzi.
Piste Inezgane-Ait-Abdallah-Tafraout.
Piste Taraudant-Irherm-Aqqa et Tatta.
Piste Tazenakht I Foum-Zguid.
Piste Tazenakht-Zagora-Tagounit.

Aux confinsduterritoiredu Tajilal:pistedeMidelt hKsar-es-Souket Erfoud,
et piste de Bou-Denib AErfoud.

Article 4. L'actiondu seMce des douanes secondée par lesagentsdes affaires
indigenes s'exercedans le périmétredes agglomérationssituéesdans la zone A
tarif réduit,dans un rayon de 40 kilométresAl'intérieurde la ligne de délimi-
tation de ladite zone, ainsique dans un rayonde40kilomètreal'extérieur,sur le
territoire assujetti confinant aux zones franches Btarifs réduits.
Sur le secteur ainsi délimitél'action du senice s'exerceen vertu des lois et
réglementssur la police du rajrondes frontiéresde terre et sur les marchandises
soumises cette police.
Toutefois, dans lerayon de la limite nord de la zone à tarifs réduits,la
surveillance selimite aux marchandises bénéficiantdesdits tarifs.
Les infractions constatéeiI'intérieurdu rayon de surveillanceainsi que les
transports rétrogradesvers le territoire assujetti sont répriméspar les mêmes

sanctions et suivant les réglesappliquéesdans le rayon douanier.
Iln'est exercéaucun contrôlAl'intkrieurdelazonefranche,et lesexpéditions
de marchandises à destination de ladite zone sont assimiléesaux exporta-
tions.
Le territoire franc demeure, toutefois, soumis aux lois et réglementssur la
police etla sécurité.
Article 5. Les marchandises viséesAl'article 1expédiéesur la zone franche
sont exemptées desdroits de douane, de la taxespécialeet de toutes autres taxes
perçues Al'importation ou i la consommation.
Bénéficiendtesexemptions prévuespour lazonefranchedesconfins d'Ifniles
postes de l'extrêmesud, désignésci-aprks:

Tindouf, Tabelballa, Zegdou

iK Conditionnementer rnodatiresde rranrportdes marchandises

expédiées surles territoiresdusud
Article 6.Les marchandises destinéesAla zone franche ou aux territoires A
tarifs réduitsdoivent&trerenferméesdans desemballagespréparésde manikre A
recevoir, lcas échéant,un plomb garantissant l'intégritédu contenu.

Les colisdoivent porter d'une maniéreapparente sur l'emballage extérieurla
mention zonejranche ou zone suivant le secteur sur lequel ils sont acheminés.
L'estampillezonesera portéekgalement au bout despiéce d'étoffes et repro-
duitechaque 5mètres,sur lespaquets debougies etsur l'emballageintérieurdes
théslorsque ceux-ci seront présentésen paquets ou boîtes, ainsi que sur I'em-
paquetage des pains de sucre.
Lessucres devront porter, en outre, sur lepain lui-même le motzoneen creux
ou en relief.366 SAHARA OCCIDENTAL

Article 7.Les expéditions doivent êtreeffectuéessous le régimedu transit

ordinaire, avec acquit-A-caution et consignation ou garanties des droits. Le
transport a lieu par les voies directes sous plomb ou escorte, aux fraisdes
expéditeurs,dans le délaifixédiaprésles distances a parcourir. L'acquit est
décharge3destination ou au dernier poste de contrôle désignéa ,u départ,sur
l'itinérairàsuivre.11doit 2tre rapportédûmentrevêtudu certificat de décharge
dans lesdeux moisqui suivent le termedes délaisde transport, Adéfautde quoi
les droits sont acquis au trésor,sanspréjudicedes sanctions prévuesAl'article3
du dahir du 10décembre 1934.
Au vu du titre déchargele servicedes douanes annule les engagements sous-
crits et rembourse, s'iy a lieu, le montant des sommes consignées non exi-
gibles.

Article8.Quiconque établi commerçant dans une localitédes territoires du
sud, ou dans l'un des ports ou bureaux de douane qui la desservent, désirey
expédier des marchandises bénéficiant du régime favorable doit en faire
préalablement lademande au service des affaires indigènes(commandant du
cercle ou territoire) qui apprécies'il doit ou non accorder l'autorisation, en
tenant compte des garanties foumies par le demandeur etdes disponibilités
du contingent.
L'administration de l'intendance militaire du Maroc peut, toutefois, si elle le
désire,s'approvisionner directement en denrées exemptes ou soumises à droits
réduits,pour les besoins des corps de troupes stationnésdans les zones privilé-
giées.

Article 9. Quiconque a obtenu l'autorisationde détenirdes marchandisses de
zone doit se soumettre à toutes les vérificationsdes autorités militaires, des
agentsdesfinancesetdesaffaires indigénes.Il doit, enoutre, tenir,lecaséchéant,
à la disposition des autoritéslocales, contre paiement de leur valeur, toutes les
quantités dont elles auraient besoin dans un intérêptolitique.

Rabat, le 1l janvier 1935. DOCUMENTSDU MAROC

Annexe89 C

Miseaupointdansle Bulletindu Comitéde r,fiiquefrançaireausujetdel'application
en 1935d'un dahir marocain jusqu'h l'extrêmesuddes limites du Ride Oro.A noter
d'unepart qu'encette année1935lesEspagnolsdisent encore :«lorsque notreaction
s'étendra définitivementsluerRiode Oro et capJuby i}etquelesautoritésfrançaises
reconnaissentque le Sahara marocain s'étendbien jwqu'à Ièxtrême sud des limitesdu
Rio de Oro.

12s uccordr de Bir Moghreïn et l'Espagne

L'accord intervenu à la suite de la conférencetenue A Bir Moghreïn, en
décembre dernier (Afriquefrançaise, 1935,p. 157),a fait l'objet, de la part du
correspondant dujournal ElSol aCasablanca, delongscommentaires(31 mai et

5juin) que nous résumeronsici, à titre documentaire.
Ce correspondant commence par déclarerqu'ily a dans lesdits accords
<(certains points trts intéressantspour l'actionde l'Espagnedans le Sahara

et qui ne doivent pas passer inaperçus de l'opinion espagnole.étant donné
qu'ils peuvent être pour l'Espagne l'originede situations désagréables,
contre lesquelles il n'y aura pas alors d'autre remèdeque de nous plaindre
inutilement ..1)

Les deux points examinéspar le collaborateur de El Sol concernent : 1)la
répartition des tribus ;2) le régimedouanier.
Sur la première question, il écritce qui suit :

<<La France adopte, pour sa politique dans l'organisation de ces terri-
toires, leprincipe, assurémenttrèsrationnel, qu'iln'estpas possible defixer
de limitesgéographiques...Lesnégociateursont reconnuque,dans leSahara
occidental, il ne peut existeque deux <(statuts personnels ipour les indi-
génes : le français et l'espagnol. Les nomades qui se déplacent sur les
immensesétenduesdel'extrême sudmarocain, dela Mauritanieet du Rio de
Oro, doiventêtre,en conséquence, nécessairemend tes sujetsfrançais ou des
sujets espagnols. En vue de l'identification politiquedechaque individu et

de sa filiation«définitive ))la France a adoptéle principe de considérer
comme document determinant de la personnalité et capablede conférerla
qualitépolitique le reçu du paiement des impôts. Cesimpôts se réduisenta
1pour cent annuel sur la valeur des têtesde bétail possédéepsar chaque
individu. Par conséquent,il suffit de posséderun seul animal pour payer le
tribut correspondant, et il suffit d'entrer dansla zone attribuéàla France
pour contracter l'obligation de payer ce tribut et pour acquérirainsi, auto-

matiquement, la qualité de sujet français.
Il est évidentque s'ilexistait, en mémetemps,une règleanalogue dans la
zone espagnole, on pourrait déterminer plus oumoins rapidement lesindi-
vidus ou les groupes qui dépendront de l'une ou de l'autre nation. Mais
comme, pour le moment, il n'en est pas ainsi, les autorités espagnoles
courent le risque de se trouver du jour au lendemain, lorsque notre aclion
s'étendra définitivementsur le Rio de Oro et cap Juby, avec un territoire

peupléde sujets français, y compris les indigènes originairesde ces terri-
toires ou qui y <nomadisent >)à un moment donné...Il y a donc 1spour
nous un grave problème, et qui montre, une jois de plus,lu nécessitépour 368 SAHARA OCCIDENTAL

l'Espagned'occuperdéjinitivementet d'organiserses territoiresde I'Ajrique
occidentale..»

Revenant dansune correspondance ultérieuresur cette question, le rédacteur
de El Sol mentionne que, en conformitéavec l'accord de Bir Moghreïn, le chef
(iRegueibat i)Lhabid Ould Billal,originaire du RiodeOro, quisetrouvait àAïn
BenTili au moment decette conférence,a fait sasoumission aucommandant du
cercle de l'Adrar, qui a déclarél'accepter (Afriquefrançaise, 1935, p. 159):

«On espère - ajoute le correspondant de El Sol - que cette soumission
sera suiviede cellede tous les membresde la tribu dont il est le chef;mais
comme ceux-ci se trouvent actuellement dans le sud du Rio de Oro, des
conversations en vuede leur soumission etde leurinscription comme sujets
de la France ne pourront avoir lieu que quand ils passeront dans la zone
française.

Le correspondant de El Sol remarque ensuite que les dispositions qui ont été
adoptées, tanten cequi concerne ledésarmemeniinrégrad lillérédes tribusque la
réglementationtouristiquepour lutraverséeduSaharaoccidental,ont été imposées
par <(l'ignoranceoii se trouvent les autorités françaisesau sujet des moyensmis

en Œuvrepar les autoritésespagnolesdu Riode Oro pour obtenir la soumission
définitivede ces tribus )>.
En ce qui concerne la décision prisepar leGouvernement marocain, la suite
de ta conférencede Bir Maghreïn,d'exonérer,en tout ou en partie, des droits de
douane toutes lesmarchandises enprovenancedesports marocainset destinées à
êtreconsomméesdans une zone neutralisée,s'étendantdes confinsd'Ifni jusqu'à
l'extrême sud des limites de la coloniede Rio de Oro, le correspondantde El Sol
estimequ'elleaurapour effetdesupprimer rapidementtoutcommerce uvec lesports

et possessions espagnols.Mais, ajoute-t-il,
<iil estincontestable que cette mesure es&la foiscontraire, en cequi touche

au Maroc, à la libertécommerciale reconnue pour tout cet Empire. et au
droit des gens, pour tout le reste des territoires inclus dansl(izone neu-
tralisée)).
Personne ne peut discuter le droit de la France a organiser administra-
tivement son protectorat. Elle est libre d'installer des bureaux de douane,
pour percevoir à l'entréeauMaroclesimpôtslégauxsur lesmarchandises de
toute espèceprovenant d'Ifni. Mais de quel droit la France interdit-elle
l'entréede marchandises espagnoles dans la zone « neutre )),en les consi-
dérantcomme contrebande ? Nous doutonsfort qu'ellepuisse donner une

réponsejustifiéeàcette question, et nous doutons aussi qu'une telledéter-
mination eût étéprise, siAIfnietARiode Oro flottaii ledrapeau anglaisou
l'italien, ou simplement le drapeau hollandais,,,>)

Le correspondant de El Sol paraît oublier que - comme il l'a lui-mémenoté
plus haut - l'Espagne,hla différencedecequ'aurait faitsansdoute l'Angleterre,
l'Italie...ou la Hollande, ne s'est pasencoredécidéa (toccuper définitivementet
A organiser n les possessions où son drapeau flotte depuis de longues années,
mais seulement sur la carte ;qu'il n'existe pas de <<zone neutralisée i)mais
seulement une iigne frontiéreimpréciseautour de l'enclaved'Ifni ;quele dahir

instituantunrégimespécialpour les marchandisesdestinéesa certaines régiond su
Sahoromarocainn'estpas consécutifhla convention de Bir Moghreïn, puisqu'il
porte la date du 10décembre 1934 et que la convention est du 21 décembre
(Afriquefran~aise, 1935,p. 157et 160) ;que la France - ouplu exactement le DOCUMENTSDU MAROC 369

Maroc - nS'nterditpasl'entréedes marchondises espagnoles danlse Sahara maro-
cain, mais assure dans ces régioml'egalidouanièreiirouiesles marchandises
importéesquelle quesoit leur origine,enleurervant,ar la créationd'unezone
franche,desavantageségaux àceuxdontbénéficientlesimportationefsfeciuéespor
les établissemenîsespagnols de la c6te Atlantique. La suppression de la zone
franche ne peut être queconsécutiveBl'installation, en zone ou territoire espa-
gnolsdu sud,d'une organisationdouanikreeffectivesemblableAcellequiexiste,
dans le nord du Maroc, entre les places de souveraineté etle territoire mare
cain.

ARYMUNOZ.

Annexe90(1)

DÉCRET DE LA PRESIDENC DEU GOUVERNEMENTDU 20 JUILLET
1946ÉTABLISSANTLERÉGIME DEDÉPENDANCEDESPOSSESSIONS
ESPAGNOLESD'AFRIQUE OCCIDENTALE

Source :Boletin oficialde[ Estado du 24juillet 1946.

Article 1. Le régimdu gouvernement et de l'administration desterritoires de
l'Afriqueoccidentale espagnoledépendradela Présidencedu gouvernement par
l'intermédiairede la direction généradu Maroc et des colonies.
Articie 2. Les territoires d'Ifni et du Sahara espagnol constitueront un gou-
vernement spécialqui s'intitulera((Gouvernement de l'Afrique occidentale
espagnole set seront régispar un gouverneur qui aura le commandement poli-
tique et militairedans laplénitudede sesfonctionset accomplira samissiondans
les limites et conformément aux dispositions en vigueur ouiicelles qui se

prendront à l'avenir.Ildépendra directement de la Présidencedu gouverne-
ment.
Article 3. Lesfarces militairesdel'arméede terre decesterritoiresdépendront
du ministérede l'arméepar l'intermédiairedu capitaine générales Canaries.
Les forces militaires maritimes et aériennes continueràndépendrede leurs
ministkres respectifs, dalaforme actuelle. Le gouverneur de l'Afrique occi-
dentale espagnole assumera toutes les fonctions du commandement militaire
quani à i'uiiiisaiion des forces de terre, de mer et de l'air, dans les conditions
stipuléesdans le décredu 9mars 1942.
Article 4. Lachargede gouverneurde l'Afrique occidentale espagnoleincom-
bera à un généralou à un chef des arméesde terre, de mer ou de l'air et sera

nommépar décretpris en conseil desministres sur proposition laPresidence
du gouvernement.
Article 5. Pour maintenir l'unité nécessaee la politique indigènedans la
zone désertiquedu protectorat, dite zonedésertiquedu protectorat du Maroc, le
gouverneur de l'Afriqueoccidentale du Maroc y assumera celle-cien vertu de la
délégationdu haut-commissaire d'Espagne au Maroc.
Article 6. La Présidencedu gouvernement prendra les dispositions oppor-
tunes pour l'exécutionde ce décret.
Toutes les dispositions contraires sont abrogées. SAHARA OCClDENTAL

Annexe90(2)

DÉCRET DE LA PRESIDENCE DU GOUVERNEMENT,
DU 10JANVIER 1958,SUR LES PROVINCES D'IFNI ET
DU SAHARA

Source: Bulletinofficiel de la provincedu Sahara du 14janvier 1958.

Arricle1. Les territoires de l'Afriqueoccidentale espagnoleseront constitués
dorénavant par deux provinces, dénomméesIfni et Sahara espagnol.
Article2. Conformément à cequi estprévudans l'articlevremier du décretde
cette Présidencedu gouvernemeni, du 20juillet 1946,lerégimedegouvernement
etd'administration des deux~rovincesénoncéessera ila cha"gede laPrésidence
du gouvernement au travers-de la Direcciuiigeneruldeplazas y provinciasafri-
CQiîUS,
Article 3. Dans le domaine militaire, c'est au capitaine gél es Canaries
que revient le commandement des forces des arméesde terre, de mer et de l'air
stationnéesdans les provinces de ïarchipel canarien et de l'Afriqueoccidentale

espagnole, et selon les conditions prévuespar le décretdu 9 mai 1942.
C'estaussi àladite autoritéque revient l'exercicede lajuridiction militaire sur
tous les territoires de l'Afrique occidentale espagnole.
Article 4. En ce qui concerne les aspects d'ordre politique, tant en ce qui
touche la politique internationale que la politique intérieure des territoires qui
peuvent avoir un rapport avec la préparation ou l'exécutiond'opérationsde
police, le capitaine général des Canariess'entiendra aux orientationsémanant
du gouvernement, par l'intermédiairede la Présidencede ce dernier, et le cas
échéand t u ministre de l'armée,et il s'adràseux pour toute consultation ou
proposition en rapport avec ces questions.

Article 5. Chacune desprovincesd'Ifnietdu Sahara espagnolserarégiepar un
gouverneur général, résidantrespectivement B Ifni età Aioun, les postes de
gouverneurs générauxdes provinces qui constituent I'Afriqueoccidentde espa-
gnoleirncomberont Ades généraux de division ou de brigade de l'arméede terre
et leur nomination se fera par décret accordéau conseil des ministres, sur
proposition conjointe de la Présidencedu gouvernement et du ministre de
l'armée.Chaque gouverneur généras lera assistéd'un secrétairegénér,ommé
par la Présidencedu gouvernement sur proposition de la Direction generulde
plazas y provinciasofricanas,aprèsavoir entendu le gouverneur générlorres-
pondant.
Article 6. Lesgouverneurs générauxq,ui ont Aleur chargel'administration et

legouvernement des territoires respectifs de leurs provinces, exerceront aussile
commandement des troupes situées à l'intérieurde leurs démarcationsrespec-
tives,mais n'auront pasde compétencejudiciaireencequiconcernel'instruction
et lesjugements d'affaires dejustice, et ils seront responsables du maintien de
l'ordre dansles territoires soumàsleur commandement.
Article7, Les gouverneurs générauxdes provinces d'Ifni et du Sahara, à
l'intérieurdes territoires sous leur juridiction, obtiendront les honneurs de
générad le division en charge,etle capitaine généraldes Canaries, dans chacune
des provinces de l'Afrique occidentale espagnole, obtiendra ceux qui lui re-
viennent en tant que capitaine généralde région. DOCUMENTS DU MAROC 37 1

Article 8.Cette organisation ne donnera pas lieu des changements dans les
cadres du personnel effectif,cepourquoi, lecaséchéanun dédommagementdû
devra êtreétabli3.l'intérieurde ces mémescadres.
Article 9.La Présidencedu gouvernement édicterales dispositions oppor-

tunes en vue de l'exécutionde ce décret etde l'adaptation des services et des
normes qui les régissent.
Article10. Toutes lesdispositionss'opposantàl'observancedu présentdécret
seront abrogées,lequel décretentrera en vigueuràpartir dujour suivant celuide
sa publication. DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES '
PRÉSENTÉS PARLEROYAUME DU MAROCCONFORMÉMENT

AU DEUXIÈME PARAGRAPHEDE LA RESOLUTIO 3N92(XXIX)
DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALEDESNATIONS UNIES

Annexe91

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE A MOGADOR AU MINISTRE DES
AFFAIRES ETRANGER DES FRANCE, EN DATE DU 31MAI 1842

(Extrait.)

Lecaïd Zervoual(cheikdelatribu d'Errahmna, qui setrouvedans lesenvirons

du Maroc, ainsi quede celledesOulad BouSebah),dont il est question dans ma
dépêche na18 en date du 18janviea,étédestituéAl'époquede la f2te du
mevloud;et le 1du moiscourant il a étéconduiavectes fers aux pieds. Les
gouvernementsdes tribus qu'ilavait sous sesordres ont étédonnéspar leprince
SidiMohammed A d'autres gouverneurs:savoir,celuidela tribu Eraunmna
nommé Elhadj'Azouzel Hiddadgi ;et celuide la tribu des Oulad BouSebahau
caïd Suleïman, caïd de Nïadma et gouverneur militaire de cette ville de Moga-
dor.
Le caïd dela province du SousEl Hadji Ahmed Agouni, qui était déjà
disgraciéauprès de i'Empereur, est allédernièàeMaroc pour sejustifier
auprèsdu prince Sidi Mohammed, et pour luiporter en mêmetemps un présent
de plus d1O000ducats (35000francs;maisiln'enapas moinsétdestitué,et
l'ondit queson gouvernement adonnéà SidiAbdallah BenBihyi,gouvemeur
de laprovince de Haha.Tout lemonde dans cette ville-cidésireraitbien qu'ilen
fût ain;parcequelaprospéritédeMogadordépend beaucoupdelatranquillité
des provincesdu Sousetde Hah:ceque l'on nepeut guèreespédevoir,que
lorsqu'elles sont bien administréesce qu'on n'a jamais pu voimoins
qu'ellesn'aientésous la juridiction d'un seul et m&megouverneur.
Il y a déjà longtempsqueje n'ai reçu aucune nouveilede Maroc, et commeje
n'entends parler d'aucun événementremarquable qusi'ysoit passé,je pense que
la plus parfaite tranquillitéeet que dans cette ville-lààMogador,

on ne s'y occupe aujourd'hui que d'affaires commercialeset des prix élevés
auxquels sont montésles produits du pays ; Acause des nombreux arrivages de
navires qui, depuis le mois d'avril,ont eu lieu dans ce pays de Mogador.

' Reçusau Greffel18juin 1975.Les annexes173A 197,tellesqu'ellesont étk
déposéeasu Greffde la Cour, portent la men:«Royaume duMaroc, Cour
supreme,le chedu servicde 1interprétarjudiciaipour traduction certifiée
conformefisuivid'unesignature, DOCUMENTSCOMPL~MENTAIRES DU MAROC

Annexe92

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE À MOGADOR
AU MINISTREDES AFFAIRESGTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 23 FÉVRIER1844

(Extrait.)

Toutes les provinces voisines de mon arrondissement consdaire sont tran-
quilles. La saison est bonne partout, les pluies abondantes dans l'intérieurde

l'Empireappellent lescultivateurs au travail ;la radeestdépourvuedebâtiments
français et angla;les négociantnesont pas encorede retour deMaroc ; toutes
ces circonstances entretiennent la stagnation du commerce. Les marchandises
importées d'Europeont baissédeprix parce que legouvernement a faitjeter sur
la place celles quavaiten dépôtdans la douane de Mogador et que la dime y
avait accumuléesdepuis deux ans.
En résultat,la situation commerciale de Mogador estdans un moment de
détresseet l'Empereur l'a déclarélui-mêmedans sa réponse aux négociantsen
promettant de faire des efforts pour l'améliorer.
J'aieu l'honneur de vous rendre compte, Monsieur le Ministre, dans ma lettre

no II du ler décembre dernier,de la pacification de la province du Sou:le
résultatdecette opérationestévaluéà100 000piastresfortes d'Espagn(560 000
francs) qui vont entrer dans letrésor impérial, r00006piastres enespkceset
40 000piastres en esclaveset bestiaux. Un pareil résultatprouve la richessede
cette provinceet fait supposer qu'elle peutêtrecelledel'Empiredont lesproduits
naturels sont continuellement échangescontre l'argent de l'Europe, qui ne sort
plus du Maroc unefois qu'iyestentré.Lavaleur élevépeour laquellefigurent les
esclaves dans la contribution semble laisser peu de chances de succésà la
propositiqo u'on assure ici avoir faite 21l'Empereur d'abolir l'esc...age SAHARA OCCIDENTAL

Annexe93

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE À MOGADOR
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGGR E S FRANCE,
EN DATE DU 26 MAI 1866

(Extrait.)

En annonçant au département, dans ma précédentelettre en date du 20 cou-

rant, no9,lapublication d'un nouveauprojet deschefs du ouad Noun, au sujetde
lacréationd'unétablissement maritimesur lacôte occidentale d'Afrique,je n'ai
pas voulu, dans la crainte de fatiguerl'attention de Votre Excellence, prolonger
mon rapport du récitd'un incident dont je crois, néanmoins, devoir lui rendre
compte aujourd'hui avec quelques détails.
11s'agitd'unesortede négociation engagédeansun but tout opposéau projet
en question, et les mêmes chefsdu ouad Noun et le vice-consul anglais de
Mogador, a l'effet d'obtenir du Sultan par l'intermédiairede la légationde Sa
Majestébritannique à Tanger, un arrangement avec les fils du cheik Beyrouk,
imprudemment sinon injustement traités comme rebelles par le Gouvernement

marocain, ainsique jel'airacontédans ma dernière lettre, no9.
Au commencement decette année,desagentssecretsdu ouad Noun vinrent a
Mogador pour demander au vice-consulanglaisdevouloir bienintervenir auprès
du Sultan enfaveurdesfilsdu cheikBeyrouk,quiétaient prêtàsesoumettre aux
conditions qui leur seraient imposées.Le vice-consul,M. Larstensen, accueillit
avecempressement cesouvertures, etje ne saurais mieuxrésumercequi s'estfait
depuis qu'en transcrivant iciquelquesextraits de lettresarabes, traduits par moi
sur les originaux mêmesque mon collègue a bien voulumeconfier momenta-
nément :

(Mogador, le 21mars 1866.Levice-consul anglaisau cheik Wabyb Ben
Beyrouk.
Sachezquej'ai fait part devospropositions &l'ambassadeurd'Angleterre
àTanger qui lesaportéeslui-mêmechezleministreSid Bargach,lequellesa

renvoyées auSultan. L'ambassadeur anglais ne doute pas que le Sultan
n'agrée votre soumissionilmerecommande devousdemanderde suiteun
engagementen règleet sincère,parce que sinousparvenons a vousmettre en
paix avec le Sultan, nous vous assisterons complètement,et nous ne vou-
drions pas nous exposiiavoirArougir a sesyeuxpour notre intervention et
notre garantie. Il faut doncque vous m'écri,ans retard, une lettre dans
laquelle vous dire:
1) que vous sollicitez l'intercessiondes Anglais et de leur gouvernement

pour obtenir la paix et le pardon du Sultan, pour vous, vos enfants, et vos
tribus;
2) quevousne recevrezsurvoscôtes aucun naviredenation chrétienne,si
ce n'est par ordre du Sult;n
3) que vous accueillerezavechumanité,ainsi quevosfrèreset vostribus,
tous lesnaufragésBquelque nation qu'ilsappartienne;vouslesassisterez
et les renverràzMogador, sous escorte et en sécurité;
4) que vousetvosfrères,vousjurer fidéliauSultan, et obéissanàesongouvernement dont vous respecterezlesordres, comme lefaisait votre père
défunt, lecheik Beyrouk ;
5) que vouselespret àm'envoyerun de vos filsqui résideraiiMogador,
en gage de la sincéritéde vos engagements.

Aussitôt que vousm'aura fait parvenir l'écritcontenant cesdéclarations,
je l'enverraA Tanger. Al'ambassadeur anglais qui Ic conservera pour s'y
référer A l'occasion et en tous temps. Que Dieu complète vos bonnes
intentions, et nous ne vous abandonnerons pas ... SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 94

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE À TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGER E S FRANCE, EN DATE
DU 9 DCCEMBRE 1874

M. Paxtot, ministred'Espagne&Tanger,vientdepartirpour Madrid oiil'avait
appelé,depuis quelquesjours déji,nedépêchd eu ministre d'Etat. Le départ de
mon collégue n'aétéretardé que par l'enquête à laquelle il était chargéde

procédersur l'affaire des prisonniers de l'ouad Noun.
Bien que M. Paxtot se soit renfermédans une réserve absoluequant aux
résultatsde l'interrogatoire auquelont été soumM. Butler et ses deux com-
pagnons, la durée de cette procédure aussi bien que le silence dont elle a été
entourée seraient de naturà confirmer les doutes qui s'étaient éledsepuis
longtemps sur la bonne foi de cestrois personnages. De quelquecôtéque soit la
vérité, cet égard,leur séjourprolongé, sinontouàfait volontaire dans l'ouad
Noun, aura du moins pour résultatde faire mieux connaître une contrée sur
laquelle nous ne possédonsque fort peu de renseignements. M. Butler et ses

compagnons rapportent. paraît-il, unecarte assezdétaide toutecetterégion.
Je n'ai pas eu communication de ce document, mais un de mes collégues,plus
heureux, a pu yjeter les yeux et vérifier,dans ce rapide examen, la position
assignéepar M. Butler un point qui serattachà unequestion politique depuis
longtemps pendante entre l'Espagneet le Maroc et dont la solution peut entraî-
ner, d'un moment àl'autre, de graves difficultésentre les deux pays. Je veux
parler de la question de SantCruz.
Votre Excellencesaitque,par l'articleVIdu traitéde paixde 1860,le Maroc
s'est engagéàcéder àl'Espagne, sur la côte de l'océanet prèsde Santa Cm la
Pequefia,(ile terrain nécessaàrl'installation d'une pêcheriesemblaàlcelle

que l'Espagne y possédait autrefofi'.
Soitque le Gouvernement espagnol aitreculédevant lesdépensesquedevait
occasionner la création de ce nouveau préside, soit qu'ilait voulu réserver,
comme lelangagede sesagents l'atoujours donnéà entendre, une question dont
le réglementpouvait, ainsi qu'onleverra t1il'heure, servirlesarrière-pensées
que le cabinet de Madrid nourrit toujours Bl'égarddu Maroc. l'articleVI11du
traité de 1860 est la seule clause de cet acte qui n'ait pas encore reçu son
exécution. Non seulement la question de Santa Cruz la Pequefia demeure
ouverte,maisl'interprétationinadmissiblequele Gouvernementespagnoldonne

aux termes dans lesquels cette cession a étéconsentie, constitue un motif suf-
fisant pour arriveiiun moment donné A une rupture avec le Maroc.
Avant de signaler l'interprétationBlaquelleje fais allusafind'en mieux

«S.M.Marroquiseobligaa concedera perpetuidaa S.M. Catblicenlacosta
delOceano,junto a SantCruz la Pequefiel territoriosuficientepara la forma-
cibnde un establecimientode pesquericonio el que Espatuvoahi anriguu-
mente.
Para llevara efectoIoconvenidoen estearticusepondrin previameniede
acuerdolos Gobiemos de S.M. CatoLicay S. MMarroqui,los cualesdeberan
nombrarcomisionadospor unay porotraparte parasefialarelterrenoylos limites
quedeba ienerelreferidoestablecimiento.rfaire saisir le c6téarbitraire, Votre Excellence me permettra d'entrer dans les
détails géographiques ethistoriques qui se rattachent B cette question. Elle

voudra bien sereporter en memetemps à lacarte spécialequi setrouvejointe hla
présentedépéche.
Il y a eu deux établissements européens dunom de Santa Cruz sur la côte
occidentale du Maroc : Santa Cru proprement dite et Santa Cruz la Pequefia.
SantaCmzproprement dite,quiporte aujourd'huilenomberbéred'Agadir,n'a
jamais été unecolonie espagnole. Situéeàcent vingt-cinq kilométresenviron au
sud de Mogador, au point où la grande chaîne atlantique plonge dans l'océan,
Agadir possede 1s meilleure rade du littoral et commande la seule route par
laquelle lescaravanespuissent serendre du Marocdans leSousetau Sahara,sans
passer par les défilés ausiangereux que difficilesde l'Atlasindépendant.Les

avantages de cette situation déterminèrent ungentilhommeportugais ày fonder
aucommencementduXVIe siécleunepêcherie àlaquelle ildonnale nomdeSanta
Cruz L.e roi don Emmanuel l'acheta plus tard et y bâtit un fort que l'empereur
Moula Mohammed enlevaaux Portugaisen 1536.Santa Cm reprit, déslors.son
anciennomd'Agadir etdevintunedesvilleslesplus florissantesduMarocjusqu'à
l'époqueoù Moula Abdallah fonda Mogador et y transporta le mouvement
commercialdont l'ancienétablissementportugaisavaitété lecentre pendant plus
de deux sikcles.Bienque déchuede saprospéritéd'autrefois. Agadirn'enestpas
moins restée undespoints lesplus importants du Maroc ;elleesttoujours laclef

de la route du Souset du Sénégaelt deviendrait entre lesmains d'une puissance
européenne un entrepôt de premier ordre et le véritableport du Soudan.
L'autreSanta Cm, distinguéedela premièreparles différentssurnomsde (ila
Pequeiia »oude «Mar Pequeiio ioude (IMar Minor )),estd'origineespagnoleet
date de la seconde moitiédu XVesiécle.Fondéesur la côte de l'oued Noun, en
1476,par Diegode Herrera, seigneurdesîlesCanaries, lapécheriede SantaCruz
((la Pequefiai)ne subsista quejusqu'en 1524.Les anciennescartes, notamment
cellesdeJuan dela Cosa (1500)etdeJeanGuérarddeDieppe(163 1)laplacent au
sud de l'oued Noun. Les cartes modernes vaient : M. Renou, reproduisant les
anciennes données,place Santa Cruza la Pequeiiai>sur le golfe indiquépar la

carte d'ArlettiIla hauteur de la pointe sud-est de Fuenteventura, et qu'on
suppose êtrele Porto Cansado des Portugais. Les documents espagnols, et en
particulier la carte annexéeau ManualdeloficieanlMurruecos,publié iIMadrid
en 1844par M. Calderon, reportent Santa Cruz un peu plus au nord. BI'cm-
bouchure et sur la rive droite de I'ouedNoun. La carte de Calderon ajoute en
note : cSantaCruz minor O dela mar Pequefia,establecimicntodelosCanariosa
principio del sigloXVI. i)C'est cette même positionque M. Butler aurait
assignke A Santa Cruz la Pequefia dans son esquisse topographique de I'ouad
Noun :lesderniers vestigesde lapêcheriede Diegode Herreraseraient désignés

aujourd'hui sous le nom arabe de El Kheriba,la Ruine.
En rapprochant l'historiquedes deux établissementseuropéensqui ont existé
sousIcnomdeSanta Cruz,sur lacôteoccidentaledu Maroc,du texteespagnolde
l'articleVIIIdu traitéde1860,ilnepeutexisteraucundoutesusr elsdveentable
laclausepar laquelleleGouvernement marocain s'estengagéBcéderuneparcelle
de son territoire. La SantaCm dont il s'agit est évidemment laSanta Cnu
espagnole fondée par Diego de Herrera dans l'ouad Noun :l'article VI11 le
reconnaït implicitement, d'unepart en donnantiicette SantCw cesurnom de
<ila Pequeiiai)qui l'atoujours distinguéedela Santa Cruzportugaise d'Agadi;
d'autrepart enajoutant cesmots : comoelque Espaiia tuvoalli mtiguarnente )>,

phrase qui ne peut s'appliquer qu'a laSanta Cruzde l'ouadNoun, la SantCm
d'Agadir n'ayantjamais appartenu à l'Espagne.378 SAHARA OCCIDENTAL

Malheureusement pour le Maroc, le texte arabe du traitéde 1860contient.
aprésle nom de Santa Cruzla Pesueïia, les mots <tprésd'Agadir u. Comment

cétteétrangemention. aussi conthe iila vérité que dangereuse
DourleGouvernement marocain. s'est-elle~récisémendtisséedans l'instrument
dresséen langue marocaine ? On prétendq'uela bonne Toides plénipotentiaires
du Sultan aurait étésurprise lors de la rédactiondu traite ; qu'à cette question
naïve adresséepar eux àl'interprète espagno:« Santa Cruz la Pequeiia est-elle
présd'Agadir ? O,M. Rizzoaurait réponduaffirmativement etqu'ilaurait étcm
sur parole. J'ignocequ'ilpeut yavoirde vraidans cette explication,la seulequi
ait étdonnéejusqu'ici. Il est peu probable, dans tous lescas,que la cour de Fez.
par une de ces maladroites habiletésd'ailleurssi familiéàla politique orien-

tale, ait chercàécréerelle-meme,commemoyen de défense,lemalentendu qui
est devenu un moyen d'attaque entre les mains de l'&pagne. Le cabinet de
Madrid, en effet,s'estjmmedialcment prévalude la variand tuetexte arabe du
traitéde 1860pour déclarer,contretoutes lesindications du texteespagnol, que
la SantaCruz, concédée en principe par le Maroc. étaitAgadir. Cette these, au
moins, a toujours été soutenueparla légation d'Espagnea Tanger, et avec une
netteté,pour ne pas dire avec une violence,qui ne permet guèrede douter que
tellenesoiteffectivementl'interprétation officiellemtonnée par lecabinet de
Madrid à l'articleVI11du traitéde paix de 1860M. Merry y Colom. en parti-
culier. s'enestexpliquàplusieurs reprisesavecsescol~èguese,tnemanquait pas.

lorsqu'onluidémontraitcombien cesprétentionsétaientpeu fondéesendroit,de
terminer la discussionpar cette phrase significat:«Nous saurons bien trou-
ver Santa Cm, la où il nous conviendra,lorsque nousjugerons a propos de la
réclamer. i)
L'Espagneprocédera-t-ellea une revendication aussi injus?eLa question de
Santa Cruz continuera-t-ellà dormir, comme une arme au fourreau,jusqu'au
moment où des nécessités de politique intérieuredéterminerontle cabinet de
Madnd A s'enservircontre le Gouvernement marocain ? Certains indices, quel-
ques mots échappés à M. Paxtot, et qui ont étésoigneusement recueillis, ten-

draient àfaire croire que ce moment est peut-Stre plus proche que ne le feraient
supposer la situation actuelle de l'Espagne,l'épuisementde ses ressources et la
ruine de sesfinances. Cette situation, du reste, Acertains points de vue,pourrait
étrepour beaucoup dans lesprojets qu'onprête,htortou iraison,au cabinet de
Madrid. Il est plus vraisemblable, toutefois, que le Gouvernement espagnol
continuera, pendant quelque temps du moins, A ne seservirde l'articleVIll du
traitéde 1860quecomme d'unemenacedestinée à triompherdesrésistancesdela
Cour de Fa dans les nombreuses questions secondaires qui s'agitent entre les
deux eouvernements. C'est sur i'ensernblde ces difficultés.aui créent une
situation asseztendue, que M. Paxtot est alléprendre lesinstructions du cabinet

de Madnd avant deserendre AlaCour deSaMajestéchérifienneoù sirJohn Hay,
qui a égalementaprésentersesnouvelleslettres de créance,compte,d'ailleurs,le
devancer. Annexe95

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRES ETRANGGR ES FRANCE,
EN DATE DU 14 MAI 1876

J'ai reçu par le dernier courrier lque Votre Excellence a bien voulu
m'écrireau sujetdesrelations del'EspagneavecleMaroc, ainsique l'extraitdela
correspondance de notre chargéd'affaires aMadrid qui s'y trouvait joint.
Les renseignements recueillispar M. de Cariclaux concordent avec ceux que
j'aieu l'honneur de vous transmettre a plusieurs reprises sur les tendances que
paraît avoirlapolitiqueespaàétendresonactionau-delàdu détroit.Pousse

par l'opinion publique, et aussi par les nécesste créerla dernière
guerre, le cabinet de Madrid semble, depuis quelque temps, rechercher une
causde rupture avec le Maroc avec autant de soin que la Cour de Fez en met
elle-m0meà l'éviter.
En constatant ces tendances et les craintes très vives qu'elles inspirent au
Gouvernement marocain, je me hâte d'ajouter qu'aucun incident sérieuxn'est
venu, jusqu'ici, compliquer la situation que j'ai signaléedepuis longtemps.

Annexe%

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE A MOGADOR
AU MINISTREDES AFFAIRES ÉTRANG~RESDE FRANCE,
EN DATE DU 22 OCTOBRE 1877

(Extrait.)

On a dit aussi que M. Alvarez y Pérezentretenait depuis longtemps une

correspondance avec les cheiksdu Sous, afin de les encourager a se reconnaitre
indépendantsdu Sultan. Un decescheiks,voulant fairepreuvedenversité
Sa Majesté chérifienne,aurait saisi une partie des lettres en question et les lui
aurait fait remettre, aveclecourrier qui lesportait. Ce fait aurait, dit-on, motivé
l'appel immédiata Madrid du consul d'Espagne.
Les nouvelles qui nous parviennent du Sous sont dés:les récoltes
auraient manqué cette annéeet la plus grande miséreséviraitdans cescontrées,
où levol et le brigandage régneraient avecimpunité. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 97

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE À TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 6 FÉVRIER 1878

Le rapport qui vous a ététransmis 4janvier dernier par M. de Laugier-
Villars,sousletimbrdeladirection politique sansnuméroetquivousannonçait
ledépartpour l'ouedNoun descommissairesespagnolset marocains qui doivent
déterminer l'emplacementde la future pêcherieou factorerie de Cruz,a
confirméet développéfort Apropos les renseignements quej'avais moi-même
adressésde FezA M. le duc Decazes sur cette importante question.

Je m'empresse de les compléteraujourd'hpar une information nouvelle :
dans son récent voyaga Ceuta, dont le gouverneur l'avait inàides fétes
données à l'occasion du mariage du roi d'Espagne, le chérifd'Ouman a été
l'objetde tentatives de séductionpécuniairedont lebut étaitdeledéterminerAse
rendre dans l'ouedNoun pour y disposer favorablement envers les Espiinols,
l'aide de l'empire religieuxqu'il exerce, les différentestribus qui vont bientôt
devenirleurs voisines.On luiaurait offert deuxcent millefrancspour prixde son
concours. Le chérarepoussécetteoffre en excipant de l'étatde sa santéqui ne
lui permettait pas d'entreprendre un aussi long voyage.S'ilest impossible d'af-
firmer, comme lechérifvoudrait évidemmentlefaire croire,que sonamitiépour
la France et son effroi de voir l'Espagne conquérirle Maroc soient les seuls
mobiles de sa conduite dans cette circonstance, il est permis d'apercevoir,dans
les objections auxquelles il enébutte, l'idée éloignée d'upnrd'agran-
dissement, soit par voie d'empiétements continuset pacifiques, soit par la pro-

vocation de mouvements hostiles qui amèneraient une guerre.
Quoi qu'il ensoit,je crois devoir attirerl'attention de Votre Excellencesur un
renseignement queje ne tiens pas du chérif lui-même, sui m'a étéconfi-
dentiellement donnépar une personne toAtfait en situation d'êtrebien infor-
mée. Annexe 98

COMMUNICATION DU MINISTRE DE LA GUERRE DE FRANCE
AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 27 JUILLET 1875

Par suite d mes précédentescommunications, j'ai l'honneur de vous trans-
mettre ci-joint plusieurs extraits du rapport que je viens de recM.ole de
gouverneur généralcivil de l'Algériesur la situation politique de la colonie
pendant le mois dejuin dernier.
L'unde cesextraits est relAtl'incursionsur notre territoire d'unebande de
Méharas,appartenant aux Ouled Deiim marocains,quiaenlevéun troupeau de
chameaux A une de nos tribus et lui a mêmetué septhommes.
M. legouverneurgénéraal informédecefaitM. leministredeFrance àTanger
etje vous pride vouloir bien donner des instructicet agentdiplomatique

pour qu'il adresse,s'ily a heu, au Gouvernement marocain les réclamations
nécessaires. Lesautresextraits font connaître lasuite desévésui sesont
produitsàdesdates plusou moins éloignéesd,el'autrecôtéàproximitéde nos
fronliéresdu Maroc et de la régencede Tun...
La tranquillitén'a pas cesséde régnerdans le 'k11.Dans l'extrémesud, une
bande de soixante Méharasappartenant aux Ouled Delim marocains, a enlevé,
présdeGoléa,un troupeau de chameaux appartenant aux Chambaa el Manadi,
et a tuésept indigénespréposslagarde de cesanimaux.Sur leur demande, les
Chambaaont étéautorisésàpoursuivrelesOuledDelim pourleurreprendre leur
butin. Les Ouled Delim se trouvent en lutte avec la plupart des tribus du Sahel
marocain qui, comme les nôtres, ont iise plaindre de leurs dtpredations.
Laplus grande circonspection a, du reste, étérecommandAnos gens pour
évitertoute complication avecle Gouvernement marocain et on a infM.mle
ministre de France h Tanger de ce mouvement et des causes qui l'ont provo-
qué. SAHARA OCCIDEWAL

Annexe 99

LETTRE DU MINISTREDESAFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE
AU MINISTREDE FRANCE A TANGER,
EN DATE DU 8JUILLET 1880

J'ail'honneude vous adresser ci-joint pour votre information confidentielle
un extrait d'une lettre du consul de France ATénériffequi contient d'intéres-
santes données historiques au sujet des prétentions de 1'Espagnesur la cale
occidentale d'Afrique en facedes iles Canaries. Cette qaun lien direct
aveccellede Santa Cruzde Mar Pequeiia etl'importance quela Cour de Madrid
paraît avoir attachée depuis quelques annàedes droits qu'elle avait fort

longtemps laissés en oubli pourrait expliquer le peu d'empressement de
M. Canovas del Castillo hseprêterauxouvertures que nous nous étionschargés
de lui transmettre, au mois de févrierdernier, de la Maroc.u
Parmi lescausesqui auraient ramenél'attentionde l'Espagne verscesparages.
M. Chasséniinmentionne l'établissemenifondesur le continàla hauteur de
191ede Fortaventure par un sujet angM.iMackenzie. Lesindications quail
pu recueillirsur lebut poursuivi, etpeut-étreen parréalisé,ar cet agent
d'une compagnie deLondres se trouvent résuméedans une note queje crois
utile de joindre égalemeàcette dépêche.
Vous remarquerez que, d'aprésnotre ageiSainte-Croix,sir J. Drummond
Hay aurait fait ratifier par le Gouvernement chérifien lesprivilègeAseconnu
M. Mackenziepar lescheiksdes tribus de la&te, indépendantesen faitsinon en
droitdelaCour deFez.Sil'exactitudedecetteinformatisetrouvait confirmée,
ilseraitintéressantpournousdeconnaître lesmotifsquiauraient amenéleMaroc

àfaciliter l'établissementdes Anglais sur un point du littoral africain qui avait
jusqu'ici échappéa leur influence,alorsqu'il semontrait désireux,ily a quelques
moisde racheter lesdroits reconnus Al'Espagnepar lder1860Jevousprie
de vous renseigner aussi discrètementque possi1ce sujet ede me faire
connaître le résultatde vos recherches. Annexe 100

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DE FRANCE,
EN DATE DU 31 JUILLET 1880

(Extrait.)

Vous avezpu voir,Monsieur leMinistre, par mon rappono 23queje n'aipas
étésans me préoccuperdéjkde l'établissementde comptoirs anglais dans l'oued
Noun et l'oued Draa. Pour meconformer au désir expripar Votre Excellence
dans sescommunications des 8,13et 20juillet courant, et me trouver en mesure
de répondreaussi exactement que possiblesa demande,je n'aipas cm mieux
faire que de prier M. le premier drogman de la légationde se rendre chez Si
Mohamed Bargach, pensant que ce serait peut-étparcepersonnage que nous
serions encore le mieux renseignés surla manikre dont le Gouvernement maro-

cain envisageait lesprojets prêtésAngleterre.M. Hecquard, ainsi quej'avais
eu soindelelui recommander,a donné Asavisiteuncaractèrepurement privé,et
c'est encausant amicalement de choses et d'autres Ieministredes affaires
étrangeresqu'il a habilement amené la conversationsur le sujet qui nous inté-
ressait et qu'alpu alors obtenir de Si Bargach l'affirmation, faite toutefois
confidentiellemenque le cabinet dFa, loin d'avoir ratifiprivilegesaccor-
dés AM. Mackenziepar lecheik El Madi et par Bab Hamed SidiYoussefs'était,
au contraire, refuséénergiquemeàtydonner son approbation. Aucune entente
relativeB la construction ek l'ouverture de nouveaux ports n'existe entre
l'Angleterreet leMaroc,a ajouSi Bargach,qui,s'épanchant encoredavantage,
a laisséentendre que le Sultan verrait avec satisfaction M. Mackenzie échouer
dans son entreprise. Notre consulBMogador qui, par lasituation de sonposte,se
trouve encoreplus Bmemeque moidesuivrelesagissementsdesAnglaisdans ces
contréesa,de soncôté,faitparvenir, le 16decemoià,Votre Excellence(sous le
timbre de la direction des affaires commerciales) d'autres renseignements qu'il
m'a également communiqués etque je pense inutile, Monsieur le Ministre, de
vous mettre denouveau sous lesyeux.

Des trois tribus de la province dioneuan dont j'ai déjà annoncéle soulève-
ment, une, celledesBeni M'cteraa éenpartie anéantiedans une rencontre avec
lesarméesrégulièrecommandéespar lecaïd Mbark BenSchlen.A lasuitedecet
engagement,vingt-troistêtesd'insurgésoétésalées,envoyéeBsFezetclouées
l'unedes portes de la ville.Enprésenced'une telledéfaite,lesdeux autres tribus.
les Ghzaoua et les R'houna ont étéimmédiatement se retrancher dans leurs
montagnes ... SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 101

LETïRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES GTRANGERE DES FRANCE,
EN DATE DU 28 FÉVRIER 1881

(Extrait.)

J'ai appris cependant de M. Mackenzie lui-mémeavec aemon dernier
voyageen France,j'avfaitroutdeTanger AMarseillequedans unevisitequ'il
avait reçue de l'un des membres de la famille Bairouck ce personnage était
accompagnédequelquessoldats du maghzentd'unsecrétairedu sultan nommé
El Hadj Abd elKadeBen Messand.Ilest vraisemblableque cetagentmarocain
étaitvenupour s'enquérirde cequi sepaàTarfaya. Ce nom qui signifielieu
plantéd'arbres estceluiquel'ondonne àtoute lapartie delaplaine quientoure le
cap Juby. Annexe 102

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAf RES BTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 31MAI 1881

J'ailu avec le plus vif intérétles dépéque vous m'avezfait l'honneur de
m'adresser sous les nos29 et30relativement aux affaires tunisiennes et Ala
signature du traitéentre la France et la Tunisie.
Aprèsavoir montré,commesesconfrhresdelaMétropole,un peude mauvaise
humeur, bien naturelle chez tout Anglais qui a pu comparer la rapiditéde nos
progrèsen Tunisie avecleséchecset lemécomptes subisdans i'Afghanista,e
Zululand etleTransvaal, le Gibraltar Chroniclereconnaît qu'ATunis lesennemis
de la Francesontfrappésde stupeur. Il ajoutequesileBeynes'étaitpasempressé
de souscrire aux demandes du généralBréard,l'annexion de la régence oula
dépositiond'Add-es-Sadoket son remplacement par un prince disposéhaccep-
ter notre protectorat en eussent étéles conséquences logiques. Les Arabesdu
dehors, dit-il, croient avoir été trahispar le Bey,et un certain nombre de tribus
manifestent l'intention d'aller retrouver les Kroumirs et de setieux, ce
qui serait plutôt difficile(whichwouldberatherdifficult),le territoire kroumir se
trouvant Al'heure qu'il est compléternent cerné.
Enfin il saisit, comme le correspondant du Time côté humoristiquede la

question et fait ressortir ce qu'il y avait de ridicule dans la conduite du Bey,
signant et protestant tàutour, dans cellede la Porte abandonnant la moitiéde
ses provincesd'Europe et menaçant d'envoyersa flotte pour conserver un pays
qui ne lui estplus rien depuis des siècles,dans celledel'ItaliernCme,livréeAune
crise des plus sérieusesparce que la Fraacpris l'ilede Tabarca.
Le numérodu 27 mai ne semontre pas moinsfavorable Anosprojets d'assurer,
par nos arrangements avec l'Empire d'Aman, la sécuritéde nos frontiéresde
Cochinchine et la Librecommunication, par le fleuve Rouge, avec les riches
provinces de l'ouest de l'Empire du Milieu.
Dans un autre ordre d'idkes,lafeuilleanglfaitobserverquelerefusopposé
par le prince de BismarcA la proposition d'une conférencesur les affaires de
Tunis, non moins que l'attitude hostile de l'Italie, pourrait bien amener un
rapprochement entre la France et l'Allemagne,peut-êtremémeune alliancedont
profiterait l'Espagne pour étendre soninfluence et ses possesauoMaroc.
De son c8téla presse espagnole signale avec grande insistance l'analogie
qu'offre la situation de la France vis-h-visde Tunis aveccelle de i'Eauagne
Maroc. 11s'agirait aussid'yétablirunprotectoratd'autant plus Aconstituer

que plusieurs hommes d'Etat allemands ne s'ymontreraient pas défavorables.
Notre consul à Malaga m'entretient, comme il en a sansdoute entretenu Votre
Excellence,decertains ouvrages militairesqu'une compagniedugénieespagnole
seraitchargéed'éleveà Melilla.On aurait également envodans cette villedes
munitions de guerre et vingt-sept canons :
« Sansdoute. ajoute M.de Laigne, il est depuis longtemps question de
construire des fortins de nature hempêcherles incursions audacieuses des
Arabes dans la zone espagnole, maisla coïncidence de la Aiexécution
avec notre expéditioncontre les Kroumirs mérited'étre signal.) 386 SAHARA OCCIDENTAL

Votre Excellencesesouvient qu'au moisde mars t879lesmêmes bruits avaient
couru a propos d'une visite A Melilla du capitaine généralde la province de
Grenade. On prêtaitmérneaux Espagnols l'intention de créersurla côte maro-

caine, i hauteur de Bordj-el-Bachir,un établissementfixe, garanti par la proxi-
mitédes îles Zaffarines dont les deux principales seraient reliées ensemblepar
une jetée. Un projet semblable avait étéattribué aux Allemands à la même
époqueet dans les mêmes parages, c'est-à-dire chelzes Kebdana. L'intendant
espagnol, don JoséSerra, avait vivement réponduau chef de notre annexe de
Nemours, qui l'interrogeait Ace sujet, qu(les Puissances européenneset l'Es-
pagnesurtout nelepermettraient pas >)Depuiscetemps,on n'avaitplus entendu
parler de rien de ce côté, où il est du reste assez naturel qu'en présencede
I'exctation encemoment exist aedans Iemonde musulman,l'Espagne cherche

Acouvrir Melilla contre une attaque possible bien que peu probable.
J'ignore quelleestsurcesquestionsl'opinionde M.l'amiralJaurès,bien mieux
placéque moi pour connaître les dispositions actuelles du cabinet de Madri;
mais mon long séjouren Espagne me porte à croire qu'en dehors de l'agitation
accoutuméede la presse, les hommesd'Etat decepays nesauraient songerpour
l'instantàune expéditionsérieuseque l'étatde ses finances ne comporte pas, et
qui rencontrerait a coup sûr une résistance désespérdans le vieux sentiment
d'aversion des Marocains pour tout ce qui est espagnol. Annexe 103

TRADUCTION ANNEXÉE A UNE DÉPÊCHE DU MINISTRE DE
FRANCE A TANGER AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
DE FRANCE, EN DATE DU 19JUIN 1881

L7mpardul, généralementlemieux informédesjournaux libérauxde Madrid
assure que lecabinet Sagastava prendre une attitude plus vigoureuseau Maroc.
Lesjournaux ministérielsgardent un silenceprudent, bien diflérentdescritiques
amères qu'ilsfaisaient, yla un an, de l'inaction et de la potitique de neu-
tralitédeM. Canovas auMaroc. Le Sultan, comme sonpère,paie régulièrement
l'indemnité stipuléeen 1861 aprés l'invasion espagnole; il donne prompte
satisfaction pour tous les torts, mêmeceux causéspar les piratesRif et
les Bédouinsarabes insoumis ; il accorde les mêmes privilèaux censaux
espagnols qu'Aceux des autres natioSi.l'Espagne chercheune querelle, bien
certainement un prétexteest faciàetrouver dans l'une des clauses du traité

de 1861ayant trait &lacréationdemissionscatholiqueset deconsulatsespagnols
dans l'intérieurdMaroc, ou bien encore dans les droits de commerce ou de
pêchequi ont étéconcédés,et que la diplomatie castillane trouva tellement
inapplicables que, de 18ii1878,époqueAlaquelle une ambassade mauresque
se rendit B Madrid, le ministre des affaires étrangèresespagnol reconnut le
danger qu'ily auraiàarracher de semblables concessions aufanatisme musul-
man ;et queM. Sibula consentitiremettreà plusieurs annéesl'exécutionde
cetteclause;leGouvernement espagnolsemontra mêmedispose a remplacer ces
droits de peche et d'établissementpar une indemnité.De 18,cependant, et des
attaques constantes des musulmans contre les commerçantsjuifs ou chrétiens,
l'Espagne, disent ses hommes de guerre, peut toujours faire sortirbelliasus
ou une cause d'intervention. Sesintentions ont étkseulement révéléepsar ses
diplomates quand ils cherchaienA pressentir les dispositions des Gouverne-
ments d'Allemagne etdeFranceque l'onconsidèreplusparticulièrementcomme

intéressésdans les affaidusMaroc. A l'égardde l'Angleterreet de son actif
représentant ATanger, siG. Drummond Hay, non seulement les Espagnols,
mais aussi lesdiplomates italiens et français, ont montre clairement leurs sen-
timents aux conférencesde Tanger et de Madrid en 1M.0Canovas,depuis la
restauration en 1875,s'est attachéAagir d'accord avec l'Angleterre au Maroc,
pour éviterde réveillerles hostilités et lessoupçons, plus quejamais en éveil
contre l'ambition castillane, depuis la guerrede 1859.M. Canovasa toujoursété
blâmépour sa politique de neutralitéau Maroc, il en est de vifsdébatsa
l'Assembléeet une polemique plus vive encore dansla presse de Madnd, tout
cela révélantune grande tendance de l'opinion, chez les libérauxet mëme les
républicains,vers une politique d'action au Maroc. De ce feu qui couve, il est
facilede fairejaillir la flamme. Lescerclesofficielssemontrent toussurservés
ce sujet. Ilaylieu d'étreeffraye pour le créditet les finances de l'Espagne

menacéepar 18de nouveaux embarras, quand on voit, depuis 1869,chaque
annéese terminer par un déficit,quand la conversion de la dette est retardée
parce que le paiement intégralde l'intérêt est impoe.outefois il me parait
certain que la politique espagnole au Maroc est sur le point d'entrer dans une
période d'action.En attendant la réunion des Cortes,apr&sles élecgene-
rales de l'automne prochain, le Gouvernement deMadnd sebornera a nommer388 SAHARA OCCIDENTAL

un nouveau eténergiqueministre?Tanger et des consulsdans lesports,qui tous
auront pour instructiode rendre un compte exact, non seulement des dom-
mages causésauxjuifs et aux sujets espagnols ou aux censaux, mais aussi de
l'exécutiondu traite de 1861et de la convention de 1880conclue par la confé-
rence de Madrid.

Annexe 104

TRADUCTION ANNEXCE À UNE DÉPÊCHE DU MINISTRE DE
FRANCE A TANGER AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES

DE FRANCE, EN DATE DU 19JUiN 1881

Le Standards'occupede l'intention que l'onpratl'Espagned'exercersur le
Maroc la mêmeaction bienveillante quevient d'exercerla République française
sur Iebey de Tunis. II n'estpeut-êtrepas sans ite savoir sila France a été
consultéeau sujet d'une nouvelle campagne de l'EspagailMaroc. Quelques
esprits soupçonneux ont émisl'opinionque leprince de Bismarck n'aencouragé
la France danssesdesseinsATunis que pour la mettre en froid avecl'Angleterre
et augmenter en Italie la violence de ses adversaires. Pour ce qui est de nous,
l'expéditionfrançaise ATunis ne nous a guère tirésde notre indifférenceprimi-
tive. Nous trouvons que les Français ont agi en quelque sorte sournoisement et
avec peu de sagesse,voili tout. Mais ilest bien plus maqueenous n'avons
pris lapeinede lediricque lesItalienssont furieuxcontre la France cdese

faits qui viennent de se passersientre la France et l'Espagne un sentiment
analogue pouvait se fairejour, la confraternitélatine serait bien malade. Faire
deux ennemis tla France de ceuquidevraient êtresesalliésnaturels,et surtout
détourner toute l'énergiede la première en lui créant deux rivaux dans la
Méditerranéeceserait un beau coupde diplomatie pour un homme d'Etat. Tout
cela sans doute n'est que supposition, mais une telle supposition n'a rien d'in-
vraisemblable. Annexe 105

LETTREDU MTNISTRE DE FRANCE À TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANG~RES DE FRANCE,
EN DATE DU 31 JUILLET 1882

Aladate du 20juillet, l'arméemarocaineétaitarrivéeàAglou,petit port situé
à présde 150kilométres ausud d'Agadir. Ne trouvant dans cette contrée aride
aucune ressource pour ravitailler sestroupes exté,aMajesté chérifienna
renoncé à pousserjusqu'g l'oued Noun et s'estcontentéed'y envoyer unde ses
frérespour reconnaître l'embouchure du fleuveet y établirune douane. Surson
passage, le Sultan a partout nommé ungrand nombre de nouveaux caïd; il a
reçu des déléguéd ses tribus de l'oued Noun et de celles du cap Juby et il se
proposerait d'envoyerun gouvemeurjusque dans cette contrée poury affirmer
son autontk.
L'arméeimpériale a dû quitter Aglou pour retourner A Agadir, et de là,
directement au Maroc, en traversant les défide l'Atlas au-dessus de Tarou-
dant.

Le 26juillet, une lettre chérifienneadresséeau gouverneur de Mogadété
lue solennellement dans la grande mosquéede cette ville pour annoncer a la
population que Sa Majestéavait heureusement terminé sacampagne dans le
Sous, sans effusion de san. anscette lettre, dont j'ai entre les mains la copie
authentique, leSouverain déclarequ'ila voulu ramenBl'obéissancedescheiks
qui cherchaient une protection étrangère etvoulaient nouer des relations avec
des Européens poursesoustraire Alajuridiction de leur gouvernement légitime.
Aenjuger par les termesde cetteproclamation publique, ce que MouleyHassan
semblesurtout redouter, c'estl'ingérenceétrangérelacôte méridionaledeson
Empire.
II y a uan,mon collégued'Angleterre désavouait ostensiblement lsntre-
prises tentées par ses nationaux au cap Juby. Aujourd'hui, malgréson rôle de
défenseurattitrédu Maroc dont il se targue de sauvegarder lesdroits avec une
jalouse sollicitude,sir John Hay décàaqui veut l'entendreque ladomination

Iégdedu Sultan ne s'étendpas au-del8de l'oued Draa, et que le Gouvernement
britannique ne secroirait pasdûment autoràsdésavouerlestentations deceux
de ses sujets qui chercheraient B fonder des établissements au-dessousde ce
fleuve.
Je me réserve,d'ailleurs, de faire ressortir en temps voulu, et avec plus de
détails, ie côté fuyant de la politique suivie depuis nombre d'annéespar le
ministre d'Angleterre au Maroc,non sans quelque profitpour son influence
personnelle, mais presque toujours au détriment de I'intérstgénérai etde la
civilisation de ce pays. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe106

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE,

EN DATE DU 20 AOUT 1882

(Extrait.)

En appelant l'attention de votre prédécesseursur les efforts tentés par
SaMajestéchérifienneenvued'obtenirdel'Espagne,moyennant uneindemmité
pécuniaire,la rétrocessionde la p@chenede Santa Cruz de Mar Pequefia,j'ai
signalé l'insuccse la mission d'El Hadj Abd el Kerirn Bricha.Les ouvertures,
bien qu'accueillies des le principe avec une certaine faveur par le cabinet de
Madrid, ont dû êtreécartéesen présencede l'opposition de la presse et de
l'opinion publique. Le marquis Vegade la Arrnijoa pressenti que les Cortes
refuseraient leur sanctioAun marchéqui leur paraîtrait porter atteinAela
digniténationale.

Il serait difficiIe de prévoirsous quelle nouvelleforme la question de Santa
Cm pourrait êtrereprise. On m'assure qu'au lieudes quinze millionsen numé-
raire offerts par Sa Majestéchérifienne,lecabinet de Madrid aurait demandéau
Maroc, sur lacôte de la Méditerranée, unebande de territoire de mêmevaleur
calculée d'après lesusagsu pays. Or, aubas prix où esticila terre,un territoire
de quinze millionspourrait comprendre une bonne partie du littoral de Ceuta B
Tanger. Il est tout naturel que lesouverain du Maroc reculedevant une pareille
exigence.Mais sil'Espagne réduisait sesprétentions et acceptait uneautre baqe
d'évaluation, MouleyHassan s'ypréterait sansdoute d'autant plus volontiers
que son attention est en cemoment presque exclusivement dirigée versle sud de
son Empire. Il vient d'ouvràrAssaka et Agadir deux nouveaux ports dont les
douanes devront lui assurer une nouvellesourcede revenuspour son trésor,et il
sembleque cesoit surtoutdes côtesde l'Atlantiquequ'ilchercheen cemoment B

éloignertoute ingérenceetrangére.
Quoi qu'il en soit, il vient de se produire ATanger une sériede faits qui me
semblent mériterune sérieuseattention. Depuis quelque temps, notre rade est
assidûment fréquentéepar des naviresde guerre espagnolet,tout rkcemment.
on me signalait la présenceTanger de deux officierssupérieursespagnols qui,
aprésavoir visitéAnghera, sont venus ici pour lever des plans et étudierles
batteries qui défendentl'entréedu po... Annexelûï

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE
AU MINISTRE DE FRANCE A TANGER,
EN DATEDU 19NOVEMBRE1882

Parvoslettres, endate du 28juillet etdu 20 août derniers,vousavezbien voulu
me faire connaître I'insuccésdela missiSiAbd elKenm Brichachargépar
Sa Majesté chérifiennede négociAMadrid le rachat desdroiàsl'Espagne...
sur le territoire de SCruz de Mar Peqüefia.
Vous m'avezégalemententretenu des démarchesfaitespar le Gouvernement
de Sa MajestéchérifiennAl'effetd'obtenir commecompensation unebande de
territoire sur la côte de la Méditerranéeentre Ceuta et Melilla, plutôt qu'une
indemnité pécuniaire blessante pour l'amour-propre espagnol et vous m'avez
rendu compte de l'impression produi3Tanger par lanouvelle politique que
l'Espagne paraissait vouloir adopter dans ses relations avec le Maroc.
J'ai suivi avec intérêtles différentesphases des nkgociations que vous me
signaliezetsur lesquellesleministre des affaires étrangèresde France AMadrid
me donnait des renseignements analogues aux vôtres.
M. Gérard, dans un rapport dont j'ai l'honneur de vous envoyer, ci-joint,
copie, vient de me faire savoir que le cdeiMadrid est revena l'idéede

demander la stricte exécutiondu traitéde Tétouan.
La question serait donc ainsi rdans le sensque nous devrions désirerde
faire prévaloir.Il nouseût en étédifficilede ne pas nous préoccuperd'une
sessionde territoire par le Maroc dans levoisinagedenotre frontièrealgérienne,
tandis qu'une colonie espagnole établie sur la côtede l'Atlantique ne saurait
présenterpour nous les mêmes inconvénients.
Je vous seraistoutefois obligéde vouloir bien conme tenir au courant
des incidents qui pourront se produire avant la conclusion définitivede cette
affaire. SAHARA OCCIDENTAL

Annexelû8

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRES ÉTRANG~RES DE FRANCE,
EN DATE DU 18NOVEMBRE 1882

Par mes lettres des16et 28juillet et 20août derniers, j'ai déjàentretenu le
département des négociations engagéeesntre le cabinet de Madrid et le Gou-
vernement chérifienau sujet de la clause du traité de 1860qui concède à
l'Espagne une pêcheriesur la côte occidentale du Maroc.
Lesjournaux espagnols viennent d'annoncer i'embarquement ACadix, pour
Sainte-Croix de Ténériffe,d'un détachement d'infanteriede marine qui serait
chargéde prendre possession de SantaCniz de Mar Pequefia.
J'ignoresila nouvellepubliéepar lesjournaux dela péninsuleest exacte, mais
le ministre des affaires étrangeresde Sa Majesté chérifienne m'assure n'avoir

reçu aucun aviiicesujet.Dans tous les cas, la pnse de possession dont il s'agit
me paraît encore fort problématique.
La question en est restéeau point que j'ai précédemmentindiqué; les pro-
positions de rachat faites AMadrid par lesenvoyésmarocains n'ont abouti qu'A
une fin de non-recevoir. Assurément,il y avait pour le budget espagnol une
sérieusetentation dans l'offred'uneredevanceconsidérablepayéeen échangede
la renonciation du cabinet de Madrid aux droits que lui confkrele traite de Wad
Bas,maiscet appât n'apu contrebalancer la perspectivedesavantagespolitiques
et commerciaux que l'Espagne compte retirer d'un établissementsur la côte
occidentale du Maroc. On fait miroiter aux yeux du public les richesses du
Soudan trouvant un débouchéen face des îles Canaries et donnant un nouvel
essort21la prospéritéde l'archipel, dont la métropoledeplore aujourd'hui la
décadenceet l'épuisement. Mais ily a, au préalablune difficulté sérieiie

résoudre,c'esde déterminerl'ancien emplacementde la pecherie désignésous
le nom de Santa Cm de Mar Pequefia.
Les donnéesfournies par ies documents historiques sont fort vagueset n'ont
soulevéque des discussions contradictoires. Si,d'apréstoutes lesprobabilités,il
faut placer SantCruz sur les ruines d'un ancien fort qui s'élevaijtadis vis-&vis
de Lanzarote, des investigations récentesont fait reconnaître cet emplacement
comme impraticable pour toute opération maritime. Tout récemment encore,
une compagnie espanole s'est constituéà Sainte-Croixde Ténériffe,pour
exploiter des pêcheriessur lacbte afric;ella di3constater l'impossibilitéde
fonderaucun établissementdans leprétenduportdeSanta Cruz. Par suite d'une
confusion denoms,on aurait attribuéASaniaCruzdeMar Pequefialesavantages
qui appartiennent au port dSanta Cruz d'Agadir.
Sije doisen croire lesassertions du cornmantdu vapeur français l'Amélie,

qui a récemment visitécesparages, inl'ya sur tout celittoral qu'un seulpoint qui
offretoutes lesconditions de sécurité vopour lesopérationsmaritimes, c'est
Agadir. La rade d'Agadir réunirait touslesavantagesqui font daMogador,
Saffi, Rabat et Casablanc;une fois aménagée, elserait appeléA centraliser
tout le trafic de cette paduilittoral africain.
Agadir peut donc, ajuste titre, exciterlesconvoitisesdes puissancesquiépient
le moment de se partager les dépouillesde l'Empire du Maroc, et si l'Espagne
continue de réservertous sesdroits pour se ménagerun terrain de discussion ausujet de l'interprétatioà donner h l'articl8 du traitéde 1860, peut-étreses
réticencesne tendent-ellesqu'Adéguisersesviséessecrktessur lemeilleurport de
la côte marocaine ?
Tout indiqueque Iesult:~ Mouley Hassan s'estpréoccupé de cette périlleuse

éventuaiitélorsque,dans lecours desa récenteexpéditiondans leSous,ilavoulu
faireactede présence solennellehAgadir,etj'ai récemmentcommu~qué A Votre
Excellence, sous le timbre de la directides uffuirescornrnerciulel,s disposi-
tions prises par le Gouvernement chérifienpour installer Agadir <(une admi-
nistrationdouaniéreet ouvrir ce port au commerce étranger )).

P.-S. - Dois-je mentionner un conflit qui vient de se produire entre nos
colleguesd'Allemagneet d'Italie ?A lasuited'une longuecontestation litigieuse
entre un sujet italien et un protégéallemand, la légation d'Allemagnea fait
reviser unjugement qui donnait d'abord gain de cause au sujet italien. Lebruit

s'estrépandu queledrogrnan de la légation d'Allemagne n'étap itasdésintéressé
dans cette affaire, et le ministre d'Allemagaereproché A celui d'Italie d'avoir
propagéce bruit. M. Weber a exigé unerétractation de M. Scovassoet, sur le
refusdecedernier, mesdeuxcolléguesont rompu toutesrelations pour enréférer
chacun de leur côté 12Rome et BBerlin. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 109

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRESÉTRANGERES DE FRANCE,
EN DATE DU 30 MARS 1883

Sai plus d'une fois signalé audépartementles tentatives faites par des étran-
gers pour prendre pied sur la côte occidentale du Sous ; l'établissementde
l'Anglais Mackenzieau cap Juby est aujourd'hui un fait accompli et accepté,
malgré les désaveuxapparents du Gouvernement britanmque. Au point de
vuefinancier,l'entreprise n'aencoredonnéquedesrésultats négatifs, maiisln'en
estpas moins constantqueM. Mackenzieaprispossessiond'unpoint du littoral
qui estsouslasouveraineténominaledu Sultan :ils'yestétablietils'ymaintient
en dehors de toute juridiction territo:c'est du moins ce qui résultedes
renseignements assez vagues qui m'ont ététransmis de Mogador.
ust te m ém utde ceprécédent dangereux,SaMajestéchérifienneaprotesté
et, pour faire droit a sesprotestations, mon collegue d'Angleterrea fait publier
dans lesjournaux de Londres des avisinterdisaux sujets britanniques toute
installation surlacôte du Sous,souspeinedeperdre lanationalitéanglaise.Cette

interdiction ne cachait-elle qu'unjeu deàtdéclinerla responsabilitéd'en-
treprises individuelles qui risquent de ne pas aboutir?
Quoi qu'ilen soit, une nouvelle tentative vient de se produire dans les mêmes
parages et dansdes conditions analogues. Un ancien négwjant anglais de
Mogador, M. James Curtis, aprésavoir trouvé desbailleursde fàLondres,
est revenu au Maroc dans le courant de l'automne dernier et s'estdirige vers le
Sous pour s'yfixeraux environs d'Ifàproximitédu Littoral.11n'existesur ce
point aucune administration douanière et tout récemmentM. Curtis se faisait
expédierde Londres un bateau à vapeur qui, du 10 au 15 de ce mois, aurait
débarquéau-dessous d'Ifniun chargement considérablederizet autresmar-
chandises. Mais l'opérationaurait étéinterrompuepar l'opposition d'un cheik
fidkleau Sultan, et M. Curtis s'esthâtéde s'embarquer sur lebâliment qui s'est
immédiatement mis en route pour Londres. II est accompagné,dit-ond'un
marabout influent qu'ilaurait gaàsacause.On attribue lesdifficultésquiont
arr2téles opérationsdu vapeur anglais aux instigations du consul d'Espagne

à Mogador, qui aurait dénoncé aux autorités marocaines cette tentative de
contrebande. Le Sultan a, d'ailleurs, envoyé unchérifBIfni, avec mission d'y
faire une enquête.
L'Espagne, de son côté, ne cesse de poursuivre aupdusGouvernement
chérifienla cession dSanta Cruz de Mar Pequeiia. Comme il n'existe plus
aujourd'hui aucune trace de cette ancienne pêcherie, l'Espagnese réservede
choisir sura côte méridionale un point propàcI'ouverture d'un port dont
elle réclame la cession,en compensation des droitsque lui attribuent les stipu-
lations du traité de WaRas. Les commissaires déléguépsar les deux gou-
vernements partiront incessamment de Mogador, à bord de l'avisode la
manne de guerre, la Ligera, pour se rendre sur la côte des Ait Bou Amaran et
y choisir l'emplacement du port où l'Espagne compte fonder un établissement
maritime. Si le littoral méditerranéenMarocest un terraincommun sur lequel les
agentsactuelsde l'Angleterreet de l'Espagnesemblent dispoAés'unirpoury
entraverlesprogresde notreinfluence,ileiiprévoirqueles deuxpuissancesse
jalouserontBleurtour sur lacôte del'Atlantique,dontl'uneetl'autreconvoitent
la possession. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 110

LE'ITRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGGRE DE FRANCE,
EN DATE DU 9 SEPTEMBRE 1889

La Commission hispano-marocaine chargéede rechercher l'emplacementde
Santa Cruzde Mar Pequefiaest rentréeAMogador le 1 septembre, aprésavoir
parcouru tout le littoral s'étendant d'Agacap Juby.
Contrairement A ce qui avait étéd'abord décidé, les délégué'snt pas
accompli exclusivementpar terreleur voyaged'exploration. AraAsaka, ils
ont repris la corvette ConrueIopour aller visiter Puerto Cansado, but de leur
mission;maislemauvaisétatdelamer ne leurapas permis dedébarquer,Ilsont
pu néanmoins, dubateau m&rne,examiner dans tous leurs détailsles ruines de
l'ancienne pechene qui, paraît-il, est complétement envahiepar les sables et
difficilement accessible du côtéde la mer.
IIest prksumer que, dans ces conditions, le Gouvernement de Sa Majesté
Catholique se refuserà accepter la cession dPuertoCansado. D'ailleurs,
durant leur excursion, lescommissaires espagnolsont relevéavecun soin minu-
tieux lesprincipaux points de la côte et dresséun plan topographique de toutes
les ansesoùla construction éventuellede ports leur a paruprésenter lemoinsde
difficultés.Cette carte est probablement destiAéaider le Gouvernement

espagnol A rechercher, entre Agadir et Puerto Cansado, une autre rade Asa
convenance, dont il se réserveraitde réclamerla cession. Ce projet ne saurait
recevoir la sanction de Sa Majesté chérifiennequi,cenmoment, s'efforce
d'exclurel'&lément trangerdulittoral del'Atlantique,pour ymonopoAison,
profit exclusif, le trafic des provinces sahariennes.
Leréglernentdelaquestion deSanta Cruzestdonc loind'2treun fait accompli.
On étaitcependant en droitde supposer,en voyant dans quelle mesMaroc
s'était assocaux efforts tentéspar I'Espagneen vde retrouver l'ancienne
pêcherie, ue lesdeux gouvernementsmanifestaient d'undésirsincèred'arBiver
un arrangement et de mettre fin Ala sériede difficultés auxquelles neexécutiod
l'article 8 du traitéde ouad Bas a déjidonnélieu.
Les nkgociations que vont reprendre le cabinet de Madrid et la cour de Fez
porteront vraisemblablement sur les deux propositions qui ont fait l'objet des
pourparlers engagésl'année dernièAeMadrid, entre marqui dselaVergade
Arrnijo et Hadj Abdel Kerim Brischa, et dont l'une consàdonner l'Es-

pagne une compensation pécuniairede quinze millions,et l'autrenger la
pOcheriede SantaCnizcontre un port slacôteméditerranéennedei'Empireou
une bande de territoire autour de la place de Ceuta.
A enjuger par l'accueilqui a &tefait désleprincipe par lapresse madnlkne i la
première combinaison, il semble difficile que les susceptibilitésde l'amour-
propre espagnol s'accommodentjamais d'une compensation en numéraire.Par
contre, la seconde combinaison est celle dont la réalisation répondraitle plus
exactement aux aspirationsde l'opinion dansla Péninsule,où l'armée,la presse
et le commerce prennent si hautement àcŒurle développementde l'influence
espagnole auMaroc. Aussi est-il permis de prévoirqu'on nemanquerait Bas,
Madrid, de semontrer accessible des ouverturesfaites dans cesens. L'Espagne
regrette trop aujourd'hui la stde sa campagne de 1860pour laisser échap-per uneoccasion,soit de s'assurerune solidebase d'opérationsdans ledétroit,en
facede Gibraltar, en agrandissantjuàqSierraBullones, saposession deCeuta,
soit d'étendresulacôteafricaine sespositionsstratégiques,qui contribueraient
A rendre plus prompte et moinscoûteuse toute action éventuelledeontre le
Maroc.
Reprise surcette derniebase,lasolution delaquestion deSanCm de Mar
Pequefia solliciterait toute notre attentioyaurait un intérêt évideten
pressentir les solutions probables. SAHARA OCCIDENïAL

Annexe 111

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGER DEESFRANCE,
EN DATE DU 4 SEPTEMBRE 1885

Par sa dépéchedu 21juillet dernier, Votre Evcellencea bien voulu me com-
muniquer une lettrede M. Tirman, relativeaux offres que le nom<Moham-

med Ben Ahmed »,se disant cheik de Tiznit et d'Aglou, aurait étéchargéde
porter au Gouvernement de la République,(de la part des tribus berbéresdu
Sous )>.
Cetindividu n'estpas un inconnu pour lalégation,bien qu'ilprétenden'avoir
pas oséparlerdesa missionau représentantdelaFranceà Tangerde crainteque
le Gouvernement chérifienn'enpénétrâtle but. Au mois dmai 1884,pendant
un voyage de M. Ordéga à Paris, il eut une entrewe avec M. Montfraix, alors
chargé d'affaires, auquel il s'ouvrit longuement de ses proMons.premier
secrétaire,neprêtantqu'unefoi médiocreaux assertionsdu délégsoussi,dont
aucun titre ne permettait, d'ailleurs, de constater la qualitéet les pouvoirs, lui
conseillad'attendrleretour du ministrede Francepour l'entretenir directement
de cette affaire.

Votre Excellencetrouvera ci-joint le texteonginai et la traductionde la lettre
qu'il adressait, le lerjuin 18à4mon prédécesseur ;elle a étéécritepar le
secrétairearabede la légationetsignéeseulementpar lecheik,qui àpeu près
illettré. M. Ordéga le garda quelque temps auprès de lui et pourvut a son
entretien par des secours périodiques, inscrits au registre des dépensesde la
chancellerie.
Avant de tenter des démarchesauprèsdelalégation,MohammedBenAhmed
avait fait, à diverses personnes de Tanger, des confidencesqui rédàleurt
vraie valeur le caractère d'authenticiiéde la mission sendit investi. Il en
ressort qu'aprèsavoir étédestituéet dépoude sesbiens par lesgens mêmede

satribu, ilestpartipourTanger, menaçant sescompatriotesd'user dereprésailles
contre eux et dene rentrer au Sous qu'accompagnéde chrétiens,qui s'empare-
raientdu pays.
Dans leprincipe, il ne spécifiaitpas toutefois quelleserait la nation appelée a
se~r ses vues. Son choix ne s'est fixéque plus tard sur la France et, si mes
présomptionsne s'égarentpas, il lui a été certainement inpar lejuif Friza
Ben Haïoum qui, escomptant déjlile succèsde la mission du Soussi et les
bénéfices qu'ielspéraiten retirer, luifacilitait les moyensde quitter secrètement
Tanger et l'amenait avec lui en Algérie.
D'ailleurs,en admettant que Mohammed BenAhrned ait étéréellement délé-
guéparses compatriotes pour nousoffrir d'occuperleSous,pourrions-nous nous

montrer accessibleàsesouvertures,et préternotre concouàsun projet dontla
réalisationne manquerait pas de soulever les plus énergiquesprotestations du
Gouvernement marocain ? Jusqu'h l'avénementde Mouley Hassan, les chérifs
n'ont, il est vrai, exercésur le Sous, dont l'étatest assiàcelui du Rif,
qu'uneautoritépurement nominale ;maisleSultan actuela réussi,ala suitedesa
demiérecampagne dans le sud de l'EmpireBétendre eà affirmer sa suzeraineté
dans cette régionqu'il semble avoir choisie commeson terrain d'électionpour opposerunebarrièreauxempiétementsdel'Angleterreetde l'Espagnesurlacôte

occidentale du Maroc.
Pour prouver QVotre Excellencel'intérêttout particulier que Mouley Hassan
porte ii l'avenir commercial du littoral de l'Atlantique, il me suffirade lui
rappeler la lettre,en date du 12septembre 1883,par laquelle lechargéd'affaires
de France, en rendant compte des résultatsde l'exploration de la commission
hispano-macoraine, envoyéeASanta Cruz de Mar Pequefia,signalait au dépar-
tement les mesures mises en pratique par Sa Majesté chérifienne,en vue de
paralyser lesviséeseuropéennesdans leSousetde grouper plusetroitement sous
sa domination les tribus de cette région, notamment celles de Tiznit et
d'Aglou.

(Présde cinq cents ouvriers, disait M. Montfraix, travaillent actuellement A
mettre en étatde défensela villede Tirnit,lacasbah estdéjhconstruite et armée
en partie de son artillerie)>...
uLe Sultan a, de plus l'intention d'ouvrir unport de commerce en face de
Tiznit ; il vientA cet effet, d'envoyer sur la côte un amin de la douane de
Mogador, auquel il a adjoint deux pilotes etun ingénieur,chargésde rechercher
un point convenable pour la construction d'une ville maritime. e
L'emplacement choisi par les déléguéd su Sultan fut justement la baie
d'Agiou.

(Par.l'adoption de ces mesures, dont, ajoutait le chargé d'affaires,on sera
prochainement mêmed'apprécierl'efficacité,Sa Majesté chérifienne poursuit
un double but : donner d'abord satisfaction aux tribus fidélesdu sud, qui
réclamentl'établissementdans leurrégiond'uncentrecommercialmettant à leur
portéeun débouchépour les produits du pays, paralyser ensuite les viséesde
l'Angleterre par la création d'un portdans les parages mêmesou Curtis et
Mackenzie s'établissenten maîtres, et, du mémecoup, enlever il'Espagnetout
prétextede transformer en un port de commerce la pécherie qu'elleoffre de lui
céder à Puerto Cansado. t)

Ce sont précisémentces deux points d'Aglouet de Tiznit, objets de toute la
sollicitude du Sultan, dont on nous invite aujourd'huiiprendre possession. Les
faitsprotestent trop hautement contre lesallegationsde Mohammed BenAhmed
et leur donnent un démenti tropformel pour quela missiondont il sedit chargé
ait le moindre caractkre de vraisemblance.Dans mon opinion, cet individu n'est
qu'un vulgaireaventurierqui, se trouvant aujourd'hui sans ressourceset poussé
par les suggestions dujuif Ben Haïoum, met tout en Œuvre pour surprendre la
bonne foi des autoritésalgériennes,apréss'êtresen4 de sa mission d'emprunt
pour exploiter lalégationde France à Tanger. J'ail'honneurde retourner ci-joint
A Votre Excellence les deux pièces annexées a sa dép9chedu 21juillet der-

nier. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe112

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ~~~NGÊRES DE FRANCE,
EN DATE DU 10 JUIN 1886

L'artilledeelaplace tonneen cemoment enl'honneur d'une lettredu Sultan,
dontla lecture vient d'etre faite officiellement hla grande mosquée en présence
des notabilitésde la ville.
Sa Majestéchérifienneannoncedans sonmessage son arrivéh la ville de
c Aouguelmin )(voir la carte Baudouin) sur l'oued Noun, où areçu la
soumission,en même tempsque lestémoignages matérisevasselagede toutes
les populations de cette réSaocampagne dans le sud de l'Empire est donc
terminéesans la moindre hostilité. Le message annoeneoutre que pour

favoriser lecommerceet lesrelatentrelegens delbuedNounet le restede
l'Empire,un port seraouvert hl'embouchurede l'oued Assaker(embouchure de
l'oued Noun) et des travaux seront immédiatement entrepris sur ce point. Des
renseignements complémentaires nous fixeront bientôt sur l'importance du
nouveau port et dans quelles conditions les balimenls europyeseront
admis. Annexe 113

LETTRE DU CHEF DE LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE
AU MAROC AU MINISTRE DE FRANCE A TANGER,
EN DATE DU 26 MAI 1886

(Extrait.)

Nous sommesarrivéssamedidernier àAouguelminsur I'ouedNoun, étapequi
est considéréecommelepoint terminus de notre voyage,la régionsituéeau sud

ne présentant aucune ressource suffisante en eaupour la colonne du Suitan.
Depuis ma dernikre dépécheno39, datée dela casbah des Olit Bou Amran,
notre voyages'estpoursuivi sans encombre àtpetitesjournéesjusqu'ici. NOUS
avons fait un assez long détour pour nous rapprocherde la&te, le Suitan
désirantvoirpar lui-mémela position exacte de la baie d'Aksis(Kchich de la
carte) et ced'AssakaA l'embouchurede l'ouedNoun, positions qui avaientété
étudiéespar la commission espagnole chargée en1883de rechercher lepoint de
SantaCruzde Mar Pequefia.Cette commissiona faitàsonretour un rapport trks
complet auquel est joint un album comprenant levésde tous les mouillages
importantsdepuis lecap Guer(Ras Yrir')jusqu'Bl'oued Draa. Cetalbum avait
étéemportéet le Sultan m'afait venir17à la baie d'*sis et lelendemain 18A
Assaka pour luidonner lesexplications nécessaires etvérifielreplan sur les lieux
memes,son intention ktant dechoisir l'undeces deuxpoints poyrinstaller une
casbah avecunegarnison. Lemouillaged'Aksis étroit etouveAtouslesventsne

pouvait convenir,bien qu'ilaitutilisévers1880par lesieurCurtisqui, avecla
protection de SielHaoussin s'yétaitinstallépour commercer aveclesSoussiens;
L'impuza,qui n'appartenait pas encorelacompagnie Forwood avait étéfrttee
àcetteoccasion, mais lemaghzeninformévint arr@tercesessaiscommerciauxen
ramenant &Mogador lesieurCurtis et leremettant entre lesmains de son consul
qui, àcette époque, était lefilsde sir John Hay. On voit encore sur la falaise les
restesde l'établissementde Curt;c'estd'ailleurssurcepoint que récemmentles
Allemandsnaufragés ont pris terre et qu'ilsontarrétéspar les gensdu cheik
Beyrouk, ou plus exactement de son fils Hammon Abdallah Ou Salem qui lui a
succédédans le commandement de l'oued Noun.
La baie d'Assaka, Al'embouchure de l'oued Noun, paraît meilleure, elleest
plus vaste, maiscomme la précédenteelle est ouverte aux ventsde nord-ouest ;

son fond est peut-être bon,maisj'en doute, car la petite plage qui se trouve A
l'estuairede la rivikreestplutôt rocheuseque sablonneuse.Toutefois le Sultana
fixésonchoix sur ce point, nous avons mesurésur le terrain mOmeavec Mouley
Ahmed Souhen et indiquépar desjalons l'emplacement du bordj futur dontla
constructionva commencer souspeu ;l'eau nécessairpourraêtrefournie par la
riviére,au moyen d'une prise d'eau 5ifaireà un kilomktre et demi en aval.
L'intention du Sultan est-elle de créerIAun port pour y attirer le commerce
étranger? On ledit, maisje seraisplutbt dispApenser que cetteoccupation a
pour but de mettre un termeaux tentatives isoléesdesEuropéensqui,soit sousla
protection de lfamillede Beyrouk soit soucellede Sidi Escham, pourraient
venircommercer sur cette côt1il'insudu Gouvernement marocain et sans qu'il
rentre un centime dans ses caisses. Dans tous les cas, les dispositions prises
jusqu'h présentpar Mouley Hassan ont évidemmentpour but d'arriver Bune402 SAHAM OCCIDENTAL

occupation aussi complete que possibldu Sous; depuis Agadir,des postes
occupésparsestroupessont échelonné surlespointssuivants:Tiznit, Kasbah
Aït BouAmran; une casbah va se construiàeAssakaet uneautre aAouguel-
min ; millehommesd'infanterieet une cinquantained'artilleurssont désignés

pouroccuperces deux dernierspostes. Annexe 114

LETTREDU CHEF DE LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE
AU MAROC AU MINISTRE DE FRANCE À TANGER,
EN DATEDU 29MAI 1886

(Extraits.)

Aussitôt notre retour au Maroc,je mettrai mes notes en ordre et je ferai un
rapport complet surnotre expéditionquisera surtoutintéressantaupoint devue

géographique,d'autant plus qu'il estprobable que pour le retour nous suivrons
un itinéraire différentdu moins sur une bonne partie du parcours. Je crains
toutefois que ce retour ne soit ajourné encore,car nous sommes encarGou-
limine, il n'est pas encore question de départ et l'Aïd Seghir a lieu vers le
lerjuillet. Je suis portéa conclure que nous pourrons bien la faire en route B
Taroudant peut-être.Dans ce dernier cas, il est certain que le Sultan ne se
pressera pas pourrentrerau Maroc etque nousnerentrerons pas avantlemoisde
septembre ou la fin d'ao0t. Il est vrai que tout cela ne sont que des conjectures,
car desévénementsqu'onnepeut prévoirpeuvent raccourcirouprolonger notre
séjour dans le Sous. Je ne suis pas bien sûr que le Sultan lui-mêmesache
exactement ce qu'il fera dans un moi...
Ma dépCche no40, quand ellevous parviendra, pourra vous êtred'un certain
intérétet vouspermettrade démentir hardimentlesintrigues deMa elHadj Abd
el Kerim Bey dont vous m'entretenez dans votre dernière lettre du 12mai.

Lesrenseignements queje donne et qui ne sontque lerésultatde cequej'ai vu
de mes yeux établissent d'unefaçon probante que le Sultan, misen éveilpar les
tentatives que divers Européensont faites Adiverses époquespour s'établirau
Sous et y faire du commerce, a entrepris la campagne de 1882,et celle actuel-
lement en cours d'exécution,la premiéren'ayant pu aboutir, a entrepris, dis-je,
cette campagne Ala foispolitiqueet militaire pourmettre leSousdans samain et
y établirson autoritéd'une façon plus efficace. Lesgarnisons qu'ily installe, les
tentatives diverses faites auprèsdes gensinfluents du pays pour seles attacher,
lesefforts tentés pouramoindrir l'influencedeceuxd'entre euxqui se tiennent A
l'écartet semontrent récalcitrants,tenun motvise au mtmebut qui serasans
douteatteint avecun peudepersévérance etdesuitedanslesidées.Ilsepeut faire
que quelques mécontents parmi les Soussiens aillent offrir leur paAsune
puissance européenne quelconque,maiscenesera jamais qu'un leurreauquelles

naïfs seuls pourront se laisser prendre. Jeàpce sujet citer un fait qui m'est
personnel. 'Vers le mois de mai de i'annéedernière, lorsque j'étaisOran
directeur desaffairesarabes, un indigdueSous,disant senommer Ahmed Ben
Ahmed el Ben Cheik de Tiznit se présentà la direction et,introduit auprhs de
moi, mefit desouvertures de cette nature en vantant la richesseet les ressources
de son pays. Jeprofitai de sa présencepour faireprendre des renseignements de
toutes natures sur le Sous,cequi fit l'objetd'un rapport envoyéa ;dans ce
rapport, il était également question,mais sans y appuyer, des offres faites par
ledit Soussien.Aprésun assezlongsejourAOran, Ahmed BenAhmed demanda 2i
se rendre à Alger, ce qui lui fut accordé etje n'en entendis plus parler.
Deniiérernent, lors de notre séjourATiznit, j'ai eu l'idéede demander des
nouvelles de Ahmed Ben Ahmed ;il y était parfaitement connu, y avait encore404 SAHARA OCCIDENTAL

unefemme etdesenfants, maisj'appris qu'iila suited'unvoidont ilétaitaccuseet
d'unerixeàlaquelleilavaitprisunepart certaine, ilavaitdû quitterbrusquement
le pays et que, depuis, on n'en avait plus eu de nouvelles.
Ce simple fait établit d'une manière péremptoireque ce prétendu délégué
pouvait avoir l'imagination fertile en expédientspserfaire bien recevoir

partout, mais qu'il était tout simplement un aimable farceur.

Annexe 115

RAPPORT DU CONSUL DE FRANCE A MOGADOR

AU MINISTRE DE FRANCE À TANGER,
EN DATE DU 7JUIN 1886

L'expéditiondu sultan Mouley Hassan dans le Sous peut êtreconsidérée
comme entiérementterminée.Ce n'a été qu'unemarche triomphale. Toutes les
tribus se sont soumiseset lui ontjuréfidélitéI.l n'estpasjusqu'aux nomades du
Saharaqui n'aient tenu hlui apporterdes méhatluioffrirleurconcours pour
laguerre sainte.
Je neme sersdecette expressionqu'abon escient. Lerésultatleplus clair dela
visitedu Sultan dans le Sousaura étédesurexciter lefanatisme musulman et de
fermer plus hermétiquementquejamais ce pays a l'émigrationet au commerce
européens. QuandSa Majestéchérifiennea demandé Aces populations si elles
étaient disposéeà accepter l'exportation de leurs céréales, récpear les

puissances étrangkres,elles ont répondu unanimement par un cri de guerre,
persuadees qu'ellesétaientque les puissances en demandant cette exportation
n'avaientd'autre but que delesaffameretje doisdire quel'entouragedu Sultana
IaissévoIontiers se propager cette calomnie qui sert si bien la politique de
compression de la Cour du Maroc.
L'aventure récentedu Gottorp,le navire allemand dont j'ai signalé les agisse-
ments fort singulidans mesdépêchedses 9et 15avrilet6maiderniers, n'apas
peu contribuéAsemerdans cespopulations des idéesde méfiancesurdes projets
d'occupation et lehainecontre lesétrangerss'estaccàuun telpoint que l'on
a ici les plus grandes inquiétudes au sujet de la sécuritéde la petite colonie
anglaise du cap Juby. Je m'attends h apprendre un jour ou l'autre que leurs
établissementsont étéincendiéestquelesmembresdelacoloniesont prisonniers
Atout Ie moins... Annexe 116

MESSAGE DU SULTAN MOULEY HASSAN À SON PEUPLE
RELATIVEMENT A LA REVISION DU TUITÉ DE COMMERCE
PROPOSÉE PAR LES REPRl?SENTANTS D'ALLEMAGNE,
DE FRANCE ET DE GRANDE-BRETAGNE

Plusieursreprésentants étrangersont demandéd'unemanièreessentiellement
amicale, il y a quelques annéesdéjà,le renouvellement des traitésde commerce
conclusprécédemment,dans l'intention dfairrapporter laprohibition relative
à l'exportation des céréales,du bétail,des bêtesde somme et autres animaux
semblables,et d'abaisser les droits de sortieen donnant comme raison de cette
mesurelegrandintérêq tui en ressortipour le trésorpublic et leshabitants de
cepays. Depuis cinq ans, nous nous sommesopposéà cedésiret nous avons eu
recours àtous les moyens pour empêchersa réalisation.

Notre illustreProphéte aditqu'unjour viendraoù levivantdiraau mortJe
voudrais êtreAvotre lieu et placee Je ne puis donc pas vouloir pour les
musulmans quelque chose qui soit en opposition avec leur bien-être et leur
intérêt,car c'est de Dieu que je tiens mes pouvoirs de Sultan. Notre illustre
Prophéten'a-t-ilpas ditenco:<(Vousêtestousdespasteurs et touslespasteurs
doivent veillArleur troupeau)Dieu m'afait aussipasteur etje suiscomptable
vis-à-vis de lui du bonheur de mes sujets.
Qu'ont fait les représentants étrangers? Ils ont parlédans le dences
derniéres paroles du Prophète ! Leurs conseil1itous ont étéentièrement
concordants et ils ont insistéd'un commun accoJ'acru devoir prendrA ce
sujet l'avis des personnages de mon gouvernement considérés comme plus
intelligentetlesplus capables. Aprèss'êtreconcertétous m'ont réponduB
l'unanirnite, en ce qui regarde l'exportation descet des bestiaux, que les
demandes despuissances etaient enopposition avecl'intérêt etle biednu pays et

m'ont déclaréque ce serait la ruine de tous les habitants musulmans. En ce qui
concerne l'abaissementdes droits, il en résultera,ont-ilsdit, une diminution des
rentrées dans les caisses publiques qui seràealimenter et A entretenir le
gouvernement, l'administration et l'armée.Ils ne peuvent donc, ont-ils ajouté,
consentirCivoir s'affaiblir les éléments constitutifsde l'organisation de notre
peuple.
En présencede ces affirmations contradictoires,je pense qu'il est sage de
soumettre leprojedesreprésentants étrangeàune épreuvequiseraconcluante
en cequi regardel'exportation du bléet de l'orge,desbŒufsetdesmoutons, des
boucs et des ânes. Cette épreuve serafixéeAune périodede trois ans seulement
durant un laps de trois mois chacune de ces trois années,Acondition toutefois
qu'iln'yait pas eudemortalité surlesbestiaux,etquelesrécoltesdel'annéeaient
étéabondantes. C'estàvous musulmans dejuger ce qui vous semblepréférable

en la circonstance : Que vous consentIce queje vous propose ou que vous
pensiezne pas pouvoir L'acceptArcause du dommage qui en résulteraitpour
vous,faites-Ie-moisavoiren toute franchise etliberté.Et sachezquevotre Sultan
n'est qu'un musulman comme quiconque des musulmans de ce pays ! SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 117

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE À TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 28MAI 1886

Je reçoiA l'instant du commandant de notre mission militaire au Maroc un
courrier spécialvenant du sud. Ses renseignements sur la marche en adunt
Sultan et de son arméeet relativement auxnaufragésou prétendusnaufragésdu
navire allemand le Gorrorpseront de natuàeintéresserVotreExcellence.

S.M. MouleyHassan aparticulitremenàcŒurdes'enfoncerplus en avant au
sud dans la direction d«Noun I)Elle ne reviendra pas au Maroc, comme le
bruit en avait couru afin d'y accomplir les pratiques religieuses du mois de
Ramadan, et personne ne sait encore A quelle époqueelle a l'intention d'y
rentrer.
Le commandant de Breuille n'attribue pas tous ces atermoiements àdes
raisons de politique intérieure,mais plàtla répugnance etàl'embarras du
Sultan en présencedes demandes de réformes commercialesformuléespar les
puissances.M. de Breuille a pleinement raison ! San appréciationrepose d'ail-
leurs sur certains propostenus par lesprincipaux personnages enàflacour
chérifienne.
Le Sultan et ses conseillers espèrent en effet fatleseplénipotentiaires

européensen faisant traîner la négociationen longueur et avoir raison de leur
insistancen leur opposant lefanatisme et lesdispositions peu bienveillantesde
tous lesmusulmans de l'Empire.
Ils comptent en un motlesvoir(se refroidir +la long>)C'est l'expression
textuelle dont ils se sont servis pour caractériserla situation. Annexe 1U

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRES ETRANGGR DEESFRANCE,
EN DATE DU 27 MAI 1886

(Extrait.)

Depuis lerapport quej'ai eu l'honneur d'adresserAVotre Excelàeladate
du 19decemois,directionpolitique, no131,pour l'informerdequellemanièrele
sultan du Maroc espéraitécarterlesdemandesd'améliorationsformuléesparles
puissances en faveur du commerce. il s'est produit, du côtéde la population
marocaine,desmanifestations dont lecaractèred'intransigeaàl'encontredes
intentions européennes répond admirablementBl'esprit du message dont le
Sultan a fait donner lecture àsessujets dans toutes lesmosquéesdes différentes

localitésde son Empire.
En témoignant tout d'abordde leur respectet de leur obéisàl'égarddes
volontésde leursouverain ei en lelaissant seuljuge de la situation, lesMarocains
n'ont fait que se conformeà <ila formule habituel0,que résume l'idéede
vasselage et constitue purement et simplementmiseen sckne.
Maislesensdelapéroraisondu messageimpérialneleur apaséchappéun seul
instant :
(Leshabitants du Sous,disait le messageen terminant, ont étéavisésde

tout cela, mais ils n'ont pas accepté etils ont ajoutésqu'ils sont prCts A
sacrifier leurs personnes et leurs biens pour la guerre sainte. Vous autres !
Répondez-moi ce quivous paraît devoir êtrei)
Groupés autour de leurs mollahset inspires par eux, les sujets marocains
expriment à l'heure présenteun sentiment qu'ils saventconforaela pensée

intime de leur seigneur et maître.
Notre agent consulaire Fez et le directedel'écoleisraélitede cette ville,
M. Ben Oliel, me font savoir en effet que les protestations les plus virulentes se
sont produitesA la suite de la lecture du message impérialdans la Grande
Mosquée :
Leschrétiens,a-t-ilédit, nedoiventpas pénétrerhl'intérieurde notre
pays, lecommerce doit continuer a se faire dans les seuls ports où les
douanes impérialessont installées,et rien nedoitêtrecauxrèglements

qui le régissentdéjr.
En un mot, nous nous trouvons en face d'une reproduction photographique
des déclaraiions faitesparledélég«Bennani Bau cours d'unedenos séances,
dont il a remis copie aux plénipotentiaires des trois puissances et que j'ai
adresséesinextensoAVotre Excellencedans ma dépechedu 6 avrildernier, sous
le timbre de la direction des consulats, no 15.

Ces résolutions de la population marocaine ont étéconsignéesdans une
réponse écriteque les mollahs de Fez ont envoyée auSultan au nom de tous.
Le sultan Mouley Hassan ne s'est pas compromis. II a eu soin de passer son
message à l'alambic de maniéreAne pas provoquer la mauvaise humeur des
puissances. Iljoue au souveraindébonnaire,désireuxdecontenter tout lemonde.408 SAHARA OCCIDENTAL

maisqui setrouve menaced'unerkvolutionen allant A l'encontredes volontésde
son peuple. 11espére ainsicontenir lesprétentionde l'Européen, l'effrayant ar
laperspective d'un soulévementqui compromettrait le pouvoir local existant,
détruirait completement lasécuritédans le pays et ouvrirait la port?îtoutes
sortes de complications.
Sansdoute lefanatisme estpour beaucoup dans cequisepasse,et lesultan du
Maroc, effrayedes conséquences de l'ingérenceeuropéenneen Turquie et en
Egypte,mettra tout enŒuvrepours'opposer tiI'établissementdesétrangersdans
sonpays ... DOCUMENTS COMPL~MENTAIRES DU MAROC

Annexe119

LETTREDU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ~TRANG~RESDE FRANCE,
EN DATE DU 17MAI 1886

Ainsi qu'ilétaitaiséde leprévoir,SaMajestéchkrifieme, vivement iila
nouvelle du débarquementopértil yaquelques semaines sur la côte de l'oued
Noun pardesoi-disant négociantsallemands,npascm devoirgarder lesilence
devant l'audacieuse tentativedu docteurnach.
Parl'intermédiairede son ministre des affaires étrangeres,elle vient de pro-
testert de fairenotifier au corps diplomatique la lecirculaire doj'ai
l'honneur d'envoyer ci-joint la traductVotre Excellence.
A mon avis,cette circulaire ne visepas seulement les Allemands, mais aussi
l'installation deslais Mackenzieet Curtis au capjuby et celle que les Es-

pagnolsseproposent. assure-t-odecréerauRio Oro dans lesmemes parages.
Bienque l'incidentdu navire allemand Gottorpait déjàfait l'objetde plusieurs
de mes précédentescommunications, Votre Excellence tiendra sans doute A
conndtre lenouveau rapport quem'adresseAcesujetM. Lacoste,notre consAl
Mogador, et que je m'empresse delui transmettre.

LE GRAND VIZIR DU SULTAN DU MAROC ÀM.FkFUUD,
MINISTRE DE LA PUBLIQUE FRANCAISE À TANGER

SaMajestéa étéinformkequecertains naviresde certainesnationssont venus
ces temps derniers sur les côtesl'o( ed Noun ficharges de diversemar-

chandisesavecl'intention d'opérerdestransactions commercialesavecleshabi-
tants de ces régions.Les gouverneurs ces localitésayant porté ce f1la
connaissance de Sa Majesté,Sa Majestleura ordonne de s'opposeaudébar-
quementdes personnes setrouvant Abord de cesnaviresetelleaenvoyéavecson
ministre le feki Seid Ali el Mesfeonile caïd Moubarek Ben Chelia, escortésde
centcavaliers. en leur do~ant mission de sinnifcesétrangersd'avoirAse
réembarqueret t~quitter ces localitésoil;risquent de compromettre leurs
intérêtstd'ex~oserleurvie.cauiseraide nature Aentraîner descomnlications
fâcheusespu; le ~ouvern~me~t marocain.
En conséquencede cequi précédeS, aMajesténous a chargéde faire savoiret
denotifier aux reprksentantsdespuissancesqu'Al'avenirlesnaviresétrangersqui
viendraient commercer sur cette côte ou toute autre localitéque les ports
reconnus parle gouvemement et ou les transactions commercialesont lieu avec

les étrangers, le feraient entiéremeleurs risques etrils et sans que le
Gouvernement marocain puisse êtrerenduenquoi que sesoit et par quiconque
res~onsabie des dommages ou des malheurs dont ils auraient étévictimes.
NOUS vous prions en outre, au nom de SaMajesté,de bien vouloirfairi~part
votre gouvemement de la présente communication et de nous répondrB ce
sujet.
12Chaabane 1303(correspondant au 16mai 1886). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 1M

COPIED'UN RAPPORT EN DATE DU 6 MAI 1886
ADRESSÉ PAR LE CONSUL DE FRANCE À MOGADOR
AU MINISTRE DE FRANCE A TANGER

Les Allemands naufragéssur la côte de l'oued Draa, au sujet desquelsj'aieu
l'honneur de vous adresser une communication en date du 15avril dernier, sont
arrivés,il y a troisjoArMogador et ont été embarqués immédiatement sur le
Gottorpqui les attendait ici depuis plus d'une semaine.
Sinous nesommespas mieuxfixésqu'auparavant surlemobilequi apousséle
directeur de l'entreprAseffectuer une descente sur cette côte inhospitalière,
nous avons tout au moins des détailssur les déplorables aventuresde ces mal-
heureux quiont cruellement expiéleurimprudenc;ainsiqueje vousl'aisignalé,
deux d'entre euxont énoyéslorsdu débarquement -débarquementquin'aété
effectuéque sur lesordres précisdu directeur de l'entrepriseet malgré l'opinion
unanime du reste de l'expéditionet du captitaine du Gottorp.A peine arrivéssur
la plage, ils ont reconnu l'impossibilitéoù ils se trouvaient de recevoir aucun
secours duGorrorpet ilont résolude pénétrerdans Iïntérieur. Ils comptaient
rencontrer quelques villagesou tout au moins quelques douars ou ilspourraient
trouver des ressources. Pendant trois jours, ils ont marché,se nourrissant des
fruits des cactus sauvageset prenant lesfeuillescharnues de cesarbustes pour en

exprimer un breuvage qui trompa leur soif. Au bout de ces troisjours, le hasard
leur fit apercevoir un chameau qui venait s'abreuàeune sourcea peu prés
desséchée. Ily burent avidemment et furent alors faits prisonniers, par des
Arabes campésdans le voisinage.Dépouillésde tout ce qu'ilsavaient, ils furent
enfermés sous une tente et, avec d'horribles menaces, on leur fit comprendre
qu'au moindre signe de résistanceils seraient Aimort.
Le directeur ayant voulu repousser ceuxqui le fouillaient fut frappé detrois
coupsde couteau dont il porte encoretrace.Ils sonrestesdanscette affreuse
situation pendant plus de quinzejours, insuàtchaque moment et croyant B
toute heure ou qu'ils allaientétrevendus comme esclavesdans l'intérieurde
l'Afrique ou qu'ilsallaient étresacrifiéspar la stupide de cespeuplades.
D'aprks leur dire, ces populations de l'oued Draa peuvent &trecomparéesaux
plus sauvages habitants du Dahomey. Eiles n'ont absolument aucune culture
intellectuelle et semblent au contraire douéesd'un inraffinede barbarie.
On les fouillait plusieurs foispar jour et on les maltraitait systématiquementen

les fouillant, avec l'intention bienmêtéede les brutaliser et de les humilier.
Si cette situation se fut prolongée quelquesjours encore, ils étaientrésolus,
assurent-ils, de se donner mutuellement la mort.
Heureusement poureux, lebruitdeleurcapture avaittranspiréel lefilcaïd
Dahaman,qui commande Agiimim,dans l'ouedNoun, au nom du Sultan, est
venu à temps pour faire cesser leurs souffrances. Sans avoir la possibilitéde les
faire mettre immédiatement en liberté, lefils du caïd a eu cependant aSSQ
d'autoritésur cessauvagespour leur inspirerunecrainte sulutaire. IIlesarendus
responsables des mauvais traitements infligàsces malheureux, leur faisant
comprendre que le Sultan était proche et qu'il leur infligerait une punition
sanglante s'ilscontinuaieàmaltraiterles prisonnieAsdater decette heure, ils
sesont sentis renaître Bl'espéranceet ont ététipeu présbien so.u bout dequelques jours, le caïd Dahaman Ben Beyrouk payait Aceux qui les avaient
capturésune rançon qu'on dit avoir étéde dix piastres par homm- cinquante
francs- et lesemmenait aveclui. Ilsétaient maintenaàtl'abride tout danger.
Bientôt aprés,ils étaient présentéau Sultan qui les a reçus avec beaucoup
d'affabilité,leur a fait donner des vêtements,des chaussures, des animaux pour
les transporter et cinquante fraichacun pour leurs provisions de route. Ilsse
louent infiniment de l'accueilde Moulay Hassan. Je suppose que de son côté
l'Empereur ne seraitpasfâchéque l'incident fut clos et qu'on ne parlât plus de
l'affaire.
Les prisonniers ont donnéici quelques renseignements sur la petite colonie
européenne installée aucap Juby, sous la direction de M. Mackenzie, sujet
anglais.Ils la croient trés menacée et ilssupposent que l'intentionde l'Empereur

est de la balayer en faisant attaquer lesquelques colons qui lacomposent par les
Kabyles qui l'environnent. Le Sultan ne veuA aucun prix que les Européens
pénétrentdans ses possessions du sud. Peut-êtrese résignera-t-itouvrir au
commerce un port sur la côte a Agadir ou à Aglou, mais il s'opposera très
certainement Atout établissemenitposte fixeen dehorsdespoints spkcialement
désignés. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 121

COPIE D'UN RAPPORT EN DATE DU 7 MAI 1886
ADRESSE PAR LE CONSUL DE FRANCE A MOGADOR
AU MINISTRE DE FRANCE A TANGER

J'écrivaisl21 avrildernier au ministéredesaffairesétrangèresqu'il sefaisait
en ce moment-ci une sortede plébiscitsur laquestion de savoir si le Sultan
devait accéder auxdemandes des puissances pour l'exportation des céréalet
des animaux. On a convoquéles notables musulmans dans les mosquéeset on

leur a pose cette question de la part de Sa Majesté chérifienne.
Mais la consultation n'a certainement paç eu lieu de la meme façon dans
l'intérieuret sur la côte. Dans lesports ou l'élémeneturopPenestreprésentéetou
les Arabes eux-mémes peuvent serendre compte de I'intér9tqu'ils auraieAt
developper les relations commerciales avec l'étranger,le Sultan a demandéaux
populations leur sentiment mais en prenant soin de laisser entendre que cette
mesure serait évidemmentavantageusepour son trésor. C'étaiticter en quelque
sorte une réponseaffirmative.
Voici que je reçois Al'instant de mon correspondant Maroc les renseigne-
ments suivants au sujet de la consultation faite dans cette capitale.
Je traduismot pour mot lalettre quim'est écpar un hommedontje garantis
la véracité:

(Il dit (le Sultan:Je vous informe que voilii cinq ans que toutes les
puissances medemandent d'accorder l'exportationdesgrains(blésetorges)
et des animaux mâles et femelles, bŒufs, chévres, chevaux.Depuis cette
epoque jusqu'h ce jour, cinq ans se sont écoules.Je les faisais attendre.
Aujourd'hui, lespuissances me pressent. J'aiconvenu avecellesqueje leur
répondrai dans trois mois. Je vous avise de tout cela. Considéra-moi

comme un des vbtres et faites-moi connaître votre opinion. Quant aux
habitants du Sous,je lesaiavisésdecelaetils n'ontpas acce;ilsajoutent
qu'ils sacrifient leurs personnes et leurs bienslaguerre sainte. Vous
autres répondez-moice qui vous paraît devoir 2tr>)
Cesparoles sont graves non seulement ence qu'ellesprouvent clairement que
leSultanjoueun doublejeu.mais surtout en cesensqu'ellessont uneexcitation

lahaine contre l'étrangeret faites pour exalter le fanatisme des indigénes.
Ilest d'autre part évidentque,consultésde lasorte. leshabitants du Maroc ne
pouvaient répondreque ce qu'ilsont réponduAsavoir :(Nous sommes dans ta
main, ceque tu feras sera bien faet. Annexe 122

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE A MOGADOR
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGER DE FRANCE,
EN DATE DU 21MARS 1883

J'ail'honneur de faire saviVotre Exceliencequ'aucommencementde ce
mois on signalait sur la côte du Sousun bateau Bvapeur anglaiscroisantentre
Ifniet Sboniaet cherchant Adébarquerdes grains ainsi que des marchandises
diverses dont se composait son chargement.
Une tentativeecegenrefaitedans lesmemes parages,iy aprèsde deuxans
par le vapeur françai1'Anjoq avait wmplktement échoué.Les Bou-Amhi
manifestérenten cette circonstancede grandes appréhensions.ils se déclaraient
independants et n'osérentcependant blesser le Sultan en permettant le débar-
quement des marchandises del'Anjuu
Ceuxqui sont latetede la nouvelleentreprise,sentant qu'unedesconditions
essentielles pour réussirédese ménager desintelligencesdans la province,
ont chargéde cesoin M.James Curtis, ancien négociantde Mogador,et se sont
inspirésdesconseilsquesaparfaitennaissancede cepayslemettaiimtme de
leur donner.
Depuis présde trois ans, ce sujet anglais,convaincu desavantages de l'ou-
vertured'unport de commercesurlac6tedu Sous,avaitquittéMogadoret s'était
rendu iLondres avecle projed'yformer une sociktéayant pour objet l'exploi-
tation du commercede cettecontrée.aurait émal servipar lescirconstances.
Versla mémeépoqueun autre anglais,M. Mackenzie,s'établissaitau cap Jubi.
Ce n'étaitpoint, comme ille disait, pour y faire du commerceseulement,mais
dans le but évident d'enprendre possession anom de son gouvernement.

M. Mackenzieeut sansdoute àsurmonter bien desdifficultés,m1iprésent le
fait accompli semble s'étreimposéparaît2tre accepte.
M. Curtisfut donc sacrifiépar leGouvemement anglIIfailaitpour assurer
lesuccésde son projet s'établila cBt1ipeu de distancede M. Mackenzie,y
ouvrir un port et criiterre des abriset des entrepats pour les marchandises,
toutes choses dont le pays estolument dépourvu.
Le Sultan, informe des entreprisesde la nouvellecompagaiadresséune
lettre la légatioritanniqueBTanger vrotestant contre les tentadetous
genresqui surraient 2trefaitesdans&id des Etats.SirJohn Waypartagea les
vuesdu Gouvemement marocainet fit~ublierdanslesiourneauxdeLondresdes
avis interdisant toute entreprise w&ercisur laidte du Sous, sous peine,
pour ceux quicontreviendraieniicette défensede perdre Ia nationnaan-é
glaise;mais M. Curtis sans s'arreter aux menaces du ministre de Sa Majesté
britannique à Tanger, et pour donner suison ancien projet, est reveAu
Mogador au mois d'aofitdernier et trois mois plus tard il s'acheminaitvers le
Sousetsefixaiauxenvironsd'ifni,Aproximjtkdlamer.Aprésavoirprtparéles
esprits, il sefit expdeLondreslebateau Avapeuren question lequel,du 10
au 15 mars, avait dkbarquéentre Imistiten et Sbonia, au-deil d'Ifni, environ
quatre de sacsde rizformantàpeu présla moititideson chargement ; l'autre
moitién'a pu, paraît-il, &tredébarquée causedes intriguesfaites àla dernikre
heure par le cheik Mohammad Ould Hassan.
Aux prises avec des difficultks qu'il npasprévues,M. Curtis apris414 SAHARA OCCIDENTAL

immédiatementla résolutionde quitter son posteIis'estembarqué le vendredi
16mars courant et le memejour le bateau àvapeur se mettait en route pour
Londres. On m'assure que Sid Moday Hassan Haï,fils d'un marabout vénéré
dans toute la region du Sous, accompagneM. Curtis dans ce voyage.
Ces événements ont fort contrarie mon collégued'Espagne quine seraitpas
étrangerauxdifficultéssuscitéesu vapeur anglaisar lecheikMoharnmadOu1
Hassan. Ce dernier est un des chefs influents du Sous gagnéA lacause des
Espagnols dont ilest l'agent etle correspondancier.
En m&metemps que les Anglais tentent de prendre pied dans Ie Sous, les
Espagnols de leurc8tépoursuivent activementauprésdu Gouvernement mare

cain la question de la cession de l'ancienne pécheriede SantCruz de Mar
Pequefia,cessionqui leura été faite parlesstipulationsdu traité de Madrid en
1861.
D'accord avec le Sultan, les Espagnols préparent une nouvelle expédition
pacifiquedans lesudA l'effetd'ychoisirun point propiBl'ouvertured'unport
et qu'ilsgarderont en compensation la pécheriede SantCruz dont il n'existe
plus de trace aujourd'hui.
Desagentsarabes du consulatd'Espagneserontdépéché dsans lecourant dla
semaineprochaineversleskabylesd'AitBaAmaran avecordred'attendrelsur la
côte leconsul qui partirar voiede merprenant passagesurlebateau Avapeur
du sultan le Mouley-Hassan. Ce vapeur qui est prochainement attendu ici,
apportera de Tanger lesinstructions du Gouvernement marocainetcellesde la
légation d'Espagneet se dirigera vele sud.
On suppose que la Ligeru,avisodela marineespagnole,actuellementauxîles
Canaries, accompagnera le Moulty-Hassandans cette excursion. DOCUMENTSCOMPL~MENTAIRES DU MAROC

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE A MOGADOR

AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANGGRES DE FRANCE,
EN DATE DU 14MAI 1883

Comme suite ma lettre du 21mars dernier, je m'empressede porter Ala
connaissance de Votre Excellence lesfaits concernant le retour &Mogdeor
M. James Curtis, sujet britannique, dont j'ai eu l'honneur de l'entretenir.
Mesrenseignements,quoiquerecueillisavecsoin,n'&aientcependantpas tous
exacts.Vous le savez,Monsieur le Ministre,s un pays essentiellemebar-
bare, rebelle htous lesprogrésdela civilisation,nous manquons absolumentde
moyens depublicit; et nous sommescondamnésAattendre longtempsencore
l'heureAlaquelle on y verra fonder et pubiier unjournal, comme Taen a
donnél'exemple ily a peine quelques mois.
Relégués Al'extrémitsud du Maroc,nousen sommes réduitsaux renseigne-
ments qui nous sont fournis par desmers et par quelquesindigénesdont le
bon vouloir est souvent mis en défaut, ou bien dont le faux zéleparfois

s'égare.
M. Curtis n'avaitpoint quittSouspour rentrer hLondres,commeon l'avait
affinné.Profitant d'un voyageque le vapeur allait faire aux îles Canaries, si
prochesde cettecôte, dans le but de renouveler ses provisionsetserdes
marchandises,ils'&aitembarquémaispour revenirbientbt Asesoccupationsàt
ses operations de commerce.
Sur cesentrefaites, le Sultan,qui deuxnviron auparavant avaitrépondu
par unsimpleprorèn àl'établissementdM. Mackenzieau cap Juby, sesentant
cettefoisplusdirectementatteint parles agissementsdeM. Curtis, a pris un rôle
plus actif et a fait partir pour lequelques compagnies de soldats, avec
consignede s'emparerdenotre aventureux trafiquantet del'ameAMogador.
En mCmetempscessoldatsavaientordrede sequestrerlesmarchandisesetdeles
garder attendant la décision ultéride Sa Majesté chérifienne.
M. Curtis, prisonnier, arriAaMogador le 9 mai courant, escortévingt-
neuf hommes ; il descendait dans une maisonnettede la casbah ancienne,sorte
de prison que lui imposait l'autoritélocale.
Ce fait fun ~Pntableevénementenville.Iavait excilacuriositket l'intérêt

de toute la populatioIidéfrayait toutesles conversati;c'étaiàqui don-
nerait soncommentaire. On attendait, surtout, l'interventiondu cd'An-
gieterre.Augrandétonnementdesindigeneset surtout dela colonieeuropéenne,
mon collegue ne fit aucune démarche.
En présenced'uneattitude aussipassivedelapartceefonctionnaire,lessais
de l'intkressantCurtiss'émurentet setraiisportèrentAsondomicilesus-indiqué,
ayant A leur tetM. Brauer vice-consul d'Allemagneen cette résidence.as
réclamkrentM. Curtis à ses geblierset n'obtinrent d'abordqu'un refus.Mais
enfin gagnéspar les instancesM.eBrauer lessoldats consentireiconduire
leur prisonnierjusqu'au prétoiredu caïd ou ses amisle suivirent.
il étaithuit heures du soir. Tous les habitants de la casbah, répandussurla
placepublique, s'interrogeaientaunesorted'anxiétk.n voulait voirlafinde
cettescène.On seporta enfouleversegouvernorat.Quelallait&irelerésultatde
l'entrevue avecle vice-consuld'Aiiemag?e416 SAHARA OCCIDENTAL

Le moment siimpatiemment attendu arriva, et vers neuf heureM. Curtis
sortait du prétoire,libre sur paravecla caution dsonami M. Brauer.C'est

que dans les ordres du Sultan rien n'indiquait et ne légitimait letraitement
rigoureux qu'on avait commencé lui infliger. Du reste, la conduite du vice-
consuld'Allemagnenetardapoint à Otrepleinementjustifiéeet dèslelendemain
un courrier deMarocportait desinstructions aucdd, lui enjoignantde remettre
cet homme Bla disposition de son consul.
Cettemesuren'était,pour ainsidire,qu'unetrévedont laduréedevaitétrefort
courte. Deuxjours plustard on apprenait en villeque les marchandisesséques-
tréeset gardées Ifni,comme je l'aiindiquéplushaut,venaientd'êtrpilléespar
les hordes insoumisesd'Ait BaAtnaran.
Comment et !l'instigation de qui ce pillage a-t-il é?éfait
On soupçonnefortement lesEspagnolsd'enCtrelespromoteurs. La présence
d'unnégociant anglais,quilesadevancéssurlacôte du Sous,étaitpour euxune
source de plaintes continuelles et de manŒuvressecrètesdontj'ai fait mention
dans ma précédente dépêche.
Quoi qu'ilen soit, l'aventureuxAnglais,frappépar ce coude ruine si inat-
tendu,prenait immédiatementsesdispositionsetpartait pourMaroc où ilespère
obtenir uneaudiencedu Sultan. Aucunsoldat nel'accompagne dans cevoyage ;
les autoritéslui ont mêmerefuséle soldat réglementaire.

LespéripétieisntéressantesdelacaptivitédeM. Curtis avaientfait oubliun
instant les Espagnolset la commissionhispano-marocaine pourla cessionde la
pgcherie de SantaCm de Mar Pequeiia. Voiciou en est cette questi:n
L'accord n'est point présde se faire entre les deux parties adverses. Des
difficultésont étésoulevéesans les réunionsprélinllnaires,Al'occasionde la
vérificationdes pouvoirs. MouleyAhmed Souën, commissairedu Sultan,était
porteur d'instructions etuni de pouvoirs jugésinsuffisants, incomplets et
inacceptablespar leonsuld'Espagne, quil'amis endemeuredefaire renouveler
ses pouvoirs.
La reponse du Sultan n'estpas encore connue, mais on sait bien que ce
souverain voudrait reléguerles chrétiensdans le désertqui confine l'oued
Noun, surunpoint leplusextr2mede sesEtats,et leplusvoisinducapJuby,dans
ledoublebut desedébarrasserd'eu d'abordetdes'enfaire,enmémetemps,une
sorte de barrikre entre lui et l'anglaisM. Mackenzie.
Cette combinaison estloind'êtregoatéepar Ies Espagnob. Ils ontjeté leur
dévolusur un autre point plus favorable leursprojets en faisant faceîles.

On dit m&mequ'ilsélkventdes prétentionssur Agadir.
Dans ces conditions, comment arriveA uneentente ?
Des bruits divers circulenten ville.J'aimemeentendu affirmerque le Sultan
propose, pour régleret terminer l'affaire,une assezforte somme d'argeaux
Espagnols. Ces derniers, de leur côté,paraissentvouloir s'enteaux stipula-
tions du traitéde 1860,et exigent SantCm. C'estleur droit indéniableet le
Sultan ne saurait, sanscompromettresa cause, se retranchepluslongtemps A
l'abri deson systémede temporisationet de finsde non-recevoir.LesEspagnols
auront Santa Cruz et c'estce qui préoccupeici tous les esprits.
La prise de possession, par une nation chrétienne,d'une portion, quelque
minime qu'elle puisse être, du territoiremarocain, est un fait notable et qui
portera ses conséquencespolitiques etcommerciales.
il marquera l'heure du premier démembrementd'un fétiched'un empire
vermoulu sur lequel personne n'osait mettrla main et cet empire, dont la
décadence s'accentuechaquejour et dont l'existencese pose comme unesorte
d'énigme, demande êtrerégénére ét à revivre. Les populations affaiblies,découragée sar un régimearbitraire et ruineespar la rapacitkbrutale de leurs
chefs,réclamentd'autres loisetun autre gouvernement.Aquiincomberacerble
de régénérateur?S'il n'est pas réserveAl'Espagne, cette nation, du moins,
ouvrira les voies.
Sansnous occuper de cetavenir plusou moins prochain,je dirai que l'éta-
blissementdesEspagnolssurlac6teachèverala ruinedu commercede Mogador.
La dernikre ressource de cette place étaitdasesrelations d'khange avec le
Sous.Or cette contrée ayantA sa portéeun autre port pour son trafic oubliera,
certainement, le chemin de Mogador dont l'importance deviendra bientat
ndie.
Ii me resteà signaleriVotre Excellenceune autre combinaison marocaine.

Elle est d'un grandintkr0t. Je la tiesu commissairedu Sultan. Sa Majesté
chérifienne auraitrésolu d'ouvrirun port de commerceBAssaka et d'yfonder
une ville.eut-Strel'Empereurespére-t-il,en publiant ce projet, échappaux
rkclamationsdes Espagnolssur le territoired'Ifnien compensatiodu point X,
nonuné Santa Cruzdans le traité de 1860,etdont on cherche encore les
traces?
Ilestbon denoter quelepoint précisépar leSultan,situéàl'embouchuredela
riviered'Assaka,surlalignefrontikredespaysdu Sousetde l'ouedNoun, parait
merveilleusementchoisipour i'etablissementd'unevilleeti'accomplissementde
son projet.Il fallait ménagerBla fois la susceptibilité des Arabes, peuplades
nomades de l'ouedNoun, et en mêmetemps celle des Berbères fixés dans les
montagnes dessinant lesderniers plis de'Atlasqui recouvrentle pays de Sous.
Arabes et Kabylesvoudraientchacunavoirsurleur temtoire lechemindela ville
sans avoirtemprunter sur celuide sonvoisin.LeursvŒux se trouveraientdonc
pleinement réalisést du restel'avenirtme du nouvelétablissementexigerait
qu'il enfûtainsicar cespeuplades encoreBdemi sauvagessaisissentlemoindre
prétexte poursefairela guerre.Dans cesconditions,laneutralitédu port projeté

sera la garantieEmede sa prospéritket de sa sécurité.
En résumél,a question hispano-marocaine,qui semblait d'abord devoir tou-
cher iune solution prochaine, ianguitet se complique.Pendant que lSultan
cherche tsedébarrasserde sesadversairesenlesreléguantversledésert,et qu'il
contrecarre leursviséesen publiant hautement sa volontéde fonder une vilàe
Assaka,ceux-cifont sonner plus haut leurs droits et élévt'autantplusleurs
prétentions.
Iiest difficile maintenant de prévoirquels seront les résultacedconflit. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 124

LETïlU2 DU CONSUL DE FRANCE A MOGADOR
AU MINISTRE DES AFFAIRES GTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 15 AVRIL 1886

(Extrait.)

J'ail'honneur de transmettre AVotre Excellencequelques renseignements
complémentairesau sujet de l'incidentqui a fait l'objet de ma dép2che la
direction politique en date du avril. J'ai reçu des nouvellesdu Sous j'ai
recueillid'autrepart quelquesdétailsdontje puisgarantirl'authenticitéetquime
paraissent mériterquelque attention.
Le capitainedu vapeur allemand, le Gotrorp - affrêtépar la Sociétéde
géographie commercialede Berlin -, étaitsincéredans les explications qu'ila
domées ici mêmeet dont j'ai relatéles termes dans mon rapport.
Il y abien eu, sur un point dela côte sud-ouestau-dessous de l'ouedNoun et
dans le voisinage de Draa, un débarquementeffectuépar neuf hommes dont

quatre aumoinsallemands.Lecanot quilestransportaita bienétéchavirépar les
vagues,mais deux hommes seulement,européenstous les deux, ont éténoyés.
Les sept survivantsont abordésur le rivage qu'oncroyait désert etse sont
soudainement entouréspar une vingtainedebergersqui lessurveillaientde loin
a les ont faits prisonniers. Peu aprh arrivaient des nomades campésdans le
voisinagequi achetaient leurprise au bergersafin dela revendreaussicher que
possibleau caïd leplus voisin.Leur spéculationn'était mauvaise; ilsont en
effetréussilivendreleursseptprisonniersacaïd del'ouedNoun, Dahamen Ben
Beyrouk,pour la somme de sept centspias-es, soittrois millecinq cents francs.
Des que le caïd a eu les naufragésen sa possession,il a fait partir un courrier
qui a rencontréle Sultan riSaffien route pour le Sous. Dans l'intervalle,le
Gortorp,aprésavoirtouchébarres hMogadoroù nousl'avonsvu, étairetournéB

Tanger où le capitaine avait conféavecle ministre d'Allemagneet il rentrait
dansnotreport le9 avril,ainsiqueje lesignaledans madépêchdeumemejour, in
fine, porteur d'unlettrede Testa pourSa Majestéchérifienne.
Dans cettelettre, le ministre d'Allemagnecherchait sansdoAprésenterla
descente des Allemands comme une exploration géographique et ilpriait le
Sultandevouloirbiendonner desordrespour quelesprisonnierssoientrapatriés
par le même Goitorpqui les avait amenés.
Le Sultan,après avoir fait attendre sa réponsependant deuxjours, a dit en
substance : quelesprisonniers étaientbien traitéset lecaïd Dahaman Ben
Beyrouk,quicommandepour ludans l'ouedNoun Aglimim, repondait deleur
sécurité; que tes survivantsseraient renauministre d'Aiiemagne,mais qu'il
ne pouvait préciser exactementiquelle époque,se réservant sansdoute de les
faireinterroger en personnIltenait d'alleurs fairesavoirqu'onavait dûpayer
une rançon pour garantir la viedes prisonniers et que cette rançon devrait Etre

rembourséepar l'Allemagne.
Cette lettre est, paraît-il, coenutermes assa vifs et Sa Majesté insiste
notammentsur cefait quedesAllemandssontvenuscontre toutdroit essayerde
fairedela {contrebande ))sursonterritoire.11n'estmémepas fait allusàoune
tentative derise de possession. Annexe 125

LETTRE DU CONSULDE FRANCE A MOGADOR
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 26MAI 1886

J'ail'honneur d'informer VotreExcellence qu'Ala date du 22 de ce mois
communication a étédonnéedans la principamosquée de Mogador d'une
lettre du Sultan. Elle porte en substance que Sa Majesté estarrivéeavec sa
mehdla dans le Sous ; que toutes les tribus jusqu'à cejour insoumises sont
venuesluijurer obéissanceet lui apporter les cadeaux d'usage.Le Sultan les a
bien accueillieset son intention est d'ouvrirun port hAssaka. SaMajestéajoute
quedans lcasoùcepaysneréunirapaslesconditionsvouluespour lasécdeité
la navigation, ellechoisirait dans le voisinageun emplacementqui lui paraîtrait
plus favorable.
LeSultancontinueson expéditiondans leettout mefait supposerqu'ilne
rencontrera aucune résistance.
LecheikHousseinqui,ily aquelquesannées,pouvaitOtreconsicommele
maître du Sous,s'estenfui dans lesmontagnes ; ila refuséjusqu'iicejour d'obtir
A l'invitation du Sultan qui l'appelait auprks de lui et je ne suppose pas qu'il
change de résolution. Mouley eHassan aurait déclaréaux fils du cheik
Houssein que sileur pérepersAne pas vouloseprésenteril serait traite en
révolte. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 126

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRES ÉTRANG~RES DE FRANCE,

EN DATE DU 10NOVEMBRE 1898

La presse espagnolekne grandbruitautour de nouvelles récemment reçues
du Rio de Oro et d'aprks lesquellun nombre considérablede Marocains -
quatre ou cinqmille- s'approcheraienavec une attitudagressive deladite
factorerie.
Le Gouvernement de Madrid s'est empresséd'adopter certaines dispositions
eta donnédesinstructions en vue de faireconduaux Canaries par lecroiseur
Rupido deux compagnies d'infanterie dmarine quidevront se tenir pretes à
débarquer, au premier signal, sur le continent africain.
Plutôt qued'ajouter trop decréanceBcetteprétenduehostilitédes Marocains,
on doit rechercher dans les télégramsxpédiédses Canaries un symptôme du
courant actuel de l'opinion publiAuMadrid,QU l'onconsidérel'extensionde

l'influenceespagnole aMaroc ,oire même la mainmissur quelquespoints du
pays comme un palliatif nécessaiaux revers de ces derniers temps.
La visite récemmentfaite pM. de Ojeda BSanta Cruz de Mar Pequefiaet
interrompue lors de son brusque départpour Paris semble avoirétéla premiére
manifestation de cette politiqactive aMar&.
Quelque légitimeque puisse paraître, d'ailleurs,ledésirde tout bon Espagnol
d'accroitrelesinterPmoraux et matérielsde sa vatriedans I'Emuirechérifien.il
semble toutefois que l'Espagnecommettrait uni grave imprudence en suscitant
actuellement en cepays une difficulté, quelle qu'elle soits,usceptible de donner
I'eveilaux autres puissances.
Le siaiu quo marocain est respectépar un accord tacite des Gouvernements
européensdont les intér2tscontraires ont jusqu'à cejour maintenu un équilibre
nécessaire;mais la plus légéincartade d'une nation quelconque ayant ici des
intérêtismportants risquerait de souleverincontine<question d'Occidenfi
qui serait décisivepour l'avenir du Maroc, et l'Espagne n'aurait certes pas A

gagner A l'étatde choses qui en résulterait. DOCUMENTSCOMPL~MENTAIRESDU MAROC

Annexe 127

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER

AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANGERES DE FRANCE,
EN DATE DU IO JUILLET 1895

(Extrait.}

Je vous avaisannoncédans mon rapportno95différents documents concer-
nant l'attitude adoptéepar les gouvernements étrangersdans la question du
vice-consulat. Ils m'ont étédepuis, et hplusieurs reprises,promis dBun instant
l'autre, sans qu'ils m'aientjamais été communiqués.
De même en ce qui touche le cap Juby, Si AhmeA,la suite de plusieurs
conversations,devait mettresous mesyeuxletexte angllaconvention, mais

il ne s'estpas non plus exéc. e grand vizir affirme cependant qu'il n'a pris
d'engagement vis-&vis de la Grande-Bretagne que sur I'éiablissementméme
fondépar les Anglais, et que le passage du premier paragraphe doit se lire
ainsi:
« il n'y aura plus de discussion de la part de quiconque au sujet des terri-

toires situésde I'ouedDraa au cap Bojador,connus souslenom de Tarfaya,
susmentionnés,et de méme au sujetde ce qui se trouuu-dessude cet
endroit en fait de territoires, car tout cela fait partie du territoire maro-
caini).
On a voulu désignernon pas lesterritoiresqui s'étendentdel'ouedDraa versle

cap Spartel au nord, mais bien ceuxqui se trouvent au sud du cap Bojador. Les
mots (au-dessusi)auraient pour significaenarabe lacôteafricaine au Sud
marocain d'une façonillimitée,pour poser enprincipe de cecôtéla domination
du Sultan. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 128

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 7 JUILLET 1895

Si Ahmed s'estenfin décidéAme communiquer le texte anglaisde la conven-
tion du cap Juby;j'aipriscopiedevant lui du passagequi nous intéresseet il est
ainsi conçu :

«(1st clause) no one will have any claim to the lands that are between
Wad-Draa and Cape Boïador, and whichare called Tarfaya, above named,
and al1 the lands behind if,because al1 this belongs to the territory of
Morocco w.

Le sens des mots (ibehind it>)peut s'appliquer comme les Marocains le
prétendent aux territoires arrièredu cap Bojador,ou bien ils désignen- ce
qui n'est pas trop présumerpeut-2tre de l'intention du négociateur angla-s
l'hinterlandes territoires englobéssous lenom de Tarfaya, c'est-Q-direceuxqui
s'étendentàl'estversleSahara etleSoudan. Maisilsemblequ'enaucuncason ne
pourrait interpréter le premier paragraphe du traité comme s'adaptant aux
possessions le l'Empire marocain au-dessus de I'oued Draa, par conséquentau
Sous et al'ensembledes territoires prétenduschérifiens.Ceci parait désormais
hors de doute.

D'un autre côté,tandis que Si Ahmed assure n'avoir concédé à la Grande-
Bretagne de droit de veto que sur la factorerie et les établissementsabandonnés
par elle, il est difficile de ne pas reconnaître que le but poursuivi par les négo-
ciateurs a étéde rendre impossible aux Marocains l'aliénationd'une parcelle
quelconque du territoirecompris entre l'ouedDraa, lecap Rojador,-tbehindir -
- «witholrt the concurrence or England>)(tels sont les termes de la seconde
clause).M. Satow seserait,paraît-il,appuyé surune carte anglaisepour démon-
trer que les possessions du Maroc s'arrstaiena l'oued Draa et que l'espace
compris entre ce point et le cap Juby faisait partie de la sphéred'influence
anglaise.
L'Angleterres'estainsi, en sedépouillant,octroyéun droit imaginaire sur une

partie de la côte qu'elle ne possédaitpas ; de mêmealconcédé au Sultan des
droits fictifssur des territoires non dé;mais il importe de constater que la
convention ne touche pasA l'Empiredes chérifsdont Sakiet el Hamra, avant la
convention britannique, étaitla limiteconventionnellegénéralementadmisepar
les géographes. DOCUMENTS COMPL~MENTAIRESDU MAROC

Annexe129

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DE FRANCE,
EN DATE DU 5 D~CEMBRE 1895

La cession du comptoir anglais du cap Juby s'est effectuée, commej'ai eu
l'honneur de vous le télégraphier h,ontre une somme de cinquante mille
livressterling, dont le Sultan devra opérerleversement en deux échéances, l'une
au comptant de vingt-cinq mille livres,et l'autre d'une valeur égale aumoisde
Mouloud prochain, c'est-&dire entre le 22 août et le 19septembre 1895.
Abd elAziz s'engage, enoutre, Btenir leport ouvert au commerceétàynger,
entretenir un gouverneur et des offidedouane, à faciliter enfin aux Euro-
peens qui voudraient s'instaàTarfayales moyensde seprocurer des terrains
et de construire leurs habitations. Les établissementsde l'ancienne factorerie
deviennent la propriétédu maghzen.
Le docteur Linares reproche assez vivement 3.Ba Ahmed d'avoir consenti
quelques-unes decesobligations malgrél'avisdesonentourage. Ellesne peuvent
manquer, suivant lui, de devenir la cause d'assezlourdes charges pour le Maroc,
sans compter qu'en ouvrantB l'extrême limitde l'Empire, un port dont la
surveillance serait difficile, beaucoup de chances existent pour qu'il devienne
l'entrepôt d'uncommerce illicite,particulièrementde la contrebande des armes.

De plus, si, malgrédes obstacles naturels, telsque lemanque d'eau potabledont,
pour venirQbout, de grossesdépensesseront nécessaires,lJubyprenaitun
développementréel,ce serait au détrimentde Mogador, déjàdélaissépar les
caravanes venant de I'extrémesud, et notre agent entrevoit là une pcrspective
dont, Ason gré,le granvizirne s'estpas suffisamment préoccupé.
Quoi qu'il en soit des conséquencesqui pourront découlerde la convention
signéeà FPs te 12mars dernier, poucertainports de l'Atlantiquilest un
résultatqui paraît acquis, désAprésent,et al'avantageduMaroc .ous la
signature de l'Angleterre, le point le plus éloigné del'Empire des chérifs est
officiellement reconnu, et tous les territoires dont la domination restait incer-
taine, depuis l'ouedSousjusqu'au cap Juby, se trouvent aujourd'hui définitive-
ment garantis ladynastie hassani pârlefdetlastipulation nouvelCen'est
pas un événementde médiocreimportance. SAHARA OCClDENTAL

Annexe 130

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGGRE DES FRANCE,

EN DATE DU 5 DÉCEMBRE 1899

Le lieutenant de Segonzac, dont la présence auMaroca fait dernièrement
l'objet de correspondances entre le départementet cette légation, apassé hierA
Tanger, rentrant en France par le bateau de Marseille.
Votre Excellencese souviendra que, dèsla reception de la lettre du départe-
ment no 114en date du 23 octobre, M. de Monbel avait prescrit a Merakech au
commandant Burckhardt de faire revenir M. de Segonzac.Il n'apparaît pas que
cette invitation ait pu toucher en temps utile le voy;gaussi biej'aipu
m'entretenir avec lui sur la route qu'il vientde parcourir dans l'Atlaset dans la
province du Sous, etje m'empressed'en iransmettre un resumé Voire Excel-
lente.
Notre compatriote,aprèsavoirgagnelarésidencedelacour marocaine,yreçut
un accueil empresséde notre mission militaire et commença les préparatifsdu

voyagequ'il projetait et qu'il a pu effectuer. Il se loue tout particulièrementdes
conseils éclairsue luiprodigua ledocteur Linares. C'estainsi qu'ilput, grâce h
lui,obtenirunelettre duSultanpourrentrerh Mogador,instrument précieuxdont
il paraît avoir tirétout leparti possible en l'invoquaeans les régionsoù
elle ne lui donnait pas accks.Muni de ce document, M. de Segonzac revêtit le
costume indigene, s'équipaen conséquenceet, accompagnéd'un guide expéri-
menté, réussiiifranchir le col d'lmjntanoutpour se rendrTuoudant ou le
pacha l'hospitalisa. L'tolitique de toute la régiondu Sausétaittranquille, le
voyageurrencontra decefait peudedifficultés.Aprésavoir passéquatrejournées
en cettevilleque seulement deuxou troisEuropéensavaientréuàvisiteravant
lui. M. de Segonzacdescendit la riche valléede l'ouad Sous, il y découvrit des
ruines romaines, vestiges intéressantset jusqu'alors ignorésde la domination
impérialeen ces contréeséloignéedu nord de la Tingitane.

De l'embouchure de i'ouad Sous,notre compatriote s'attacha par une pointe
dans le suda gagner la région peuconnue du Tazeroualt, où-résideun puissant
chérifa lavéritéi,ndépendantet qui forme un obstachla politiqued'absorp-
tion et d'expansion du Sultan marocain dans cette meme direction.
MaisarrivéchezlesAitMellout, au pieddu massifmontagneux du Tazeroualt,
le voyageur seheurta au caïd El Guelouli,représentantdu maghzen marocain et
dont l'activitéautant que l'habileté servent dela Cour chérifienne.On se
souvient que c'est grâàelui que la tentative des flibustiers anglo-belgesde la
Tourmaline échouacornplktement. Montant la garde aux alentours du Taze-
rouait qu'ila pour mission d'isoler,établissantla domination de son mailtreAbd
el Aziz dans les alentours, El Guelouli se relusa B laisser M. de Segonzac
poursuivre sa route. Cedernier heureux, en somme, d'avoiratteint sansincidents
une région reculée,rentra directement B Mogador en passant par Tiznit,

Errbalou. localité sitAquelqueskilomktresdel'embouchuredeI'ouad Massa,
etenfin Agadir.
M. de Segonzac rapporte un itinérairetrès soigneusementétablidurant sept
semainesde route, avecdesobservations précieuses.Il a parcouru des régionsde
réputationdifficiles,dangereuses meme ;quelques-unesdes localitésavuesne l'avaientétque par Lenz ou de ~oucaddt. ce qu'ilen rapporte semble avoir
étéinfiniment mieux vuet scientifiquement relevémêmeque par leseconddeces
voyageurs qui a cependant marqué brillamment dans la géographiede cette
partiedu nord de 1'Afnqi.c.
On peut se réjouirque cevoyagen'aitdonnélieu Aaucun incident fâcheux.La
causeenestévidemmentAl'étatd'apaisement,encemoment,despopulations du
Sous marocain, autant qu'au sang-froid et aux aptitudes dM. de Segonzac.
IIsepeut neanmoins que leGouvernement chérifien,dont l'espritfanatique de
défianceest toujours en éveil, ne conçoivequelque imtation lorsque l'on y
connaitra par lasuitelesdimensions quenotre compatriote acru devoirdonnea
son voyage ; nous poumons alorsnous attendreArecevoir uneplaintequiserait
surtout une sorte de récrimination contre les dangers qu'aurait pu courir ce

voyageur. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 131

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE À TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES GTRANGÊRES DE FRANCE,
EN DATE DU 9 AVRIL 1900
(Extrait.)

Leministre d'kpagne qui s'embarquera aujourd'huiou demain, si la tempête
qui sévitdepuisplusieursjours dans ledétroitlepermet, m'a,hier,aucoursd'une
conversation,confirmésonintentionde traitera fond laquestion despossessions
espagnoles le long de la côte Atlantique du Sahara occidental.
Malgréles difficultés qu'ils'attenA rencontrerà ce sujet, M. de Ojeda m'a

confiéque son gouvernement détenait un engagement du sultan Moulay el
Hassan, spécifiantqueSanta Cruz de Mar Pequefiaétaitassimiléeau petit port
d'Ifni,dont lacessionavaitdUmentété consentiepar lemakhzen,etqu iln'yavait
plus qu'à mettre en demeure SM. MoulayAbd elAzizd'exécuter laconvention
signéepar son père.
Sur ce point, M. de Ojeda m'a assuré qu'iln'admettrait aucune transaction,
non plus que pour obtenir de la cour chérifienne certaines améliorationsaux
conditionsdes établissementsdu Rio deOro. L'Espagneentretiendrait. selonlui,
à cetendroit, unecentaine de soldatsqui,en réali, ènentsurcettecôte déserte
et quoi qu'ait pu m'endire lechef de lalégation espagnole, laplus misérabledes

existences.
Aussibien, et sij'en crois mesinformations particulières,lesrelations de cette
ombre de garnison avec les tribus de l'intérieurn'existeraient pas, et quant aux
améliorations économiquesou autres que les ardents africanistes de Madrid
rsvent, elles me semblent pratiquement irréalisables.Je vois mal égalementce
que pourrait y faire le makhzen.
Le ministre d'Espagnem'aensuite et incidemment parlé desévénementsd'In
Salah,m'entretenant de cequiexistait entre cetteoasis etTombouctou,vantant a
ce point de vue spécial lesavantages de I'hinierlandque donne l'Espagne la
possession de la côtedu Rio de Oro.
IIparait en effet probable que ['établissementd'unedomination étrangér,i

légeresoit-elle, que nous avons jadis consentie de la baie du Lévrierau cap
Bojador. est susceptible de gênerl'extension de notre influence au nord du
Soudan, et principaiement l'installation de cette province dite de Mauritanie
occidentaledont lesjournaux ont appriiicettelégationlanaissanceau ministère
descolonies. On peut toutefoisremarquerà cesujet que depuis la cessionducap
Juby au makhzen parla légation britannique,la véritable limite méridionade
l'Empire chérifien aétéreportéeet garantie ipfacto par l'Angleterre jusqu'au
cap Rojador.
M. de Ojeda, queje me suisborné aécouter,m'asemble peu au courant de
toutescesquestions ;illes traite avecune apparence decompétencesuperficielle

qu'ila évidemmentacquise tout fraîchement, depuisque sont débarquésici les
officiers qui doivent l'accompagner en son voyage.
Ce représentantm'a égalementlaisséentendre qu'iloffrait, lecas échéantt,e
concours de la marine royale auSultan pour réprimerlacontrebande desarmes,
trèsactive, selon lui, le long de la cbte marocaine du sud. DOCUMENTS COMPLEMEN'I-AIRESDU MAROC

Annexe 132

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DSE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A LONDRES,
EN DATE DU 30 DECEMBRE 1902

Ainsi que vous leverrezpar les télégrade notre ministràTanger et par

un rapport du commandant de notre mission militaire dont vous trouvera
ci-joint la copie, lasituation déjiifort troubléede l'Empirechérifienparaît s'être
trèssérieusementaggravée,depuisquelquesjours, par suite des revers subispar
les troupes du Sultan dans les environs de Taza. Notre agent constate que le
prétendant gagnedu terrain, que les troupes du Sultan sont démoralisées, qu'on
peut dans un avenir prochain êtreamenéàenvisager une déposition d'Abdel
Aziz et qu'il a lieu de se préoccuper,notamment dans la régionde Fa, de
prendre des mesures pour garantir la secuntédes ressortissants européens.
J'ai cru devoir exposer cette situation au conseil des ministres et signaler la
nécessitéou nous sommes de prendre d'urgence toutes les précautions que
comportent lescirconstances. Le consaidécidéque des ordres seront envoyés
d'urgence àToulon pour qu'une division navale soit p1iprendre la mer au
premier signal.A partir du lerjanvier,leseffectifsdel'escadrede la Méditerranée
seront complétés,et cette force navale sera ainsi préparéea tout événement.
D'autre part, le ministre de la guerre donne au commandadu XIXe corps

d'armée, l'ordrede renforcer les effectifs de nos garnisons sur la frontière
marocaine et de prendre discrètement les dispositinécessairepour leur
permettre de se mobiliser s'ialieu.
Toutes cesmesuresont d'abord pourobjet,jAapeinebesoindelerappeler, de
maintenir si, comme nous voulons l'espérer, cetncore possible, lesraruquo
dans l'Empire chérifien.Mais elles doivent aussi nous permettre de pàrer
certaines éventualités menaçantespour nos intérgénéraux.
Votre rapport du 17de ce mois, no298,m'arendu compte d'unentretien que
vous veniez.d'avoir avec lord Lansdowne au sujet du Maroc et m'a permis de
constater que le secrétaired'Etat britannique appréciait personnellement tout
l'intérêt qu'ilouvaiy avoir pour la France et l'AngleAeprévenir,par des
échangesde vues, des complications d'ordre internationai au Maroc. Vous
pouniez, en vous référaàtcette conversation, marquer au secrétaired'Etat de
Sa Majestébritannique notre sincèredésirde voir la crise actuelle se terminer
sans qu'aucune puissance soit amenéea sortde l'attitude d'observation que
nous avons nous-mêmesintention de garder. Je me plais 3 espérerque ces

explications provoqueront, de la part du ministre britannique, des assurances
analogues dont vousauriezBprendre acte. Silord Lansdowneprésentaitquelque
observation ou, par exemple, faisait allusion aux échangesde vues que nous
avons eus ces temps derniers avec l'Espagne,et dont il est difficilede supposer
qu'il n'ait paseuconnaissance,je ne verrais aucun inconvénientAceque vouslui
fournissiei~ce sujet quelques brèves explications.En présencede la situation
troubléede l'Empire chérifien,des intéret aspirations espagnols de l'autre
c6tCdu détroit, et des relations de bon voisinage que nous entretenons avec
l'Espagne,iétaitimpossible pour nous de paschercheriiprévenirdu c6téde
Madrid des défiancestrop faciles à faire naftre. De là certaines conversations
tendant àrechercher un terrain d'entente et de concessions réciproques, envue428 SAHARA OCCIDENTAL

de certaines éventualités,mais que n'a pas cesse un seul instant de dominer le
plus loyal désirde maintenir, autant qu'il sera possible, le quo.rr
Vous pourrez rappeler que vous avez vous-même signalé plusieurs fois au
Gouvernement britannique la situation précaire du Maroc el qu'il n'a pas
dépendude nous que lesfaits qui, malheureusement, se réalisent aujourd'hui,ne
nous aient trouvés, lesunset lesautres,préparéscontre toutes surprises. Comme
vous lesavez, ce fut une des constantes préoccupationsde cc département de
maintenir 1ila France une situation privilégidans l'Empire chérifienet dans

toutes les combinaisons que pourrait entraîner sa dissolution. 11est donca
souhaiter que l'entretien restelimitéBdes échangesde vues directs entre les
principaux intéressés, eje m'en remets à vous du soin d'éviter,dans votre
entrevue avec lord Lansdowne, tout ce qui pourrait êtrede naturA grossirles
incidents actuels eA ouvrir la porte Al'intervention des autres puissances.
Je vous serais trèsobligé de me rendre compte, aussitôt que possible, de
l'entretien que vousaurez sur cette question avec le secrétairede Sa Majesté
britannique pour les affaires étrangéres. Annexe 133

LETTRE DU MINISTREDESAFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A MADRID,
EN DATE DU 8 JANVIER1903

Monsieur l'ambassadeur, au moment OUvous alla prendre possessionde vos
fonctions auprks deS.M. le roi Alphonse XIII, les relations de la France avec

I'Espagne seprésentent,d'une rnaniéregénérales,ousunjour trésfavorable. Le
souvenir, toujours présent AMadrid, des senices que le Gouvernement de la
République,par votre entremise, a rendus, dans des circonstances douloureuses
pour elle, Ala nation espagnole, vous mettra sans doute plus que tout àutre
mémed'améliorer encore,s'ilest possible, cettesituation. Je crois donc pouvoir
me dispenser depasser avec vousen revue les dive~sesaffaires actuellement
pendantesentre les deuxpays edont lacorrespondance échangéederniérement
entre mon département et l'ambassade pourra vous donner une connaissance
suffisante.
Cependant, unedesquestionsdont nousnoussommesentretenussurtout dans
les derniers mois avec lecabinet de Madnd me paraît devoir vous Otreexposée
avec quelque détail.Ainsi que vous le savez,certaines initiatives prises par le
sultan duMaroc et les troubles qui se sontproduits avec une persistance et une
intensité inquiétantessur différentspoints de l'Empirechérifienont attirél'at-
tention des puissances. Parmi les plus directement intéresséesse trouvaient la
France et l'Espagne.Notre situation dans le nord de l'Afriqueet dans lebassin
occidental de la Méditerranéedoit nous assurer, au premier rang, une place

privilégiéparmi lesnationsque préoccupel'avenirdu Maroc.Nous ne saurions
toutefoioublierlesintérêtst lesaspirations espagndel'autrecbtédu détroit,
et l'on sait que ces aspirations ont étéencore avivpar suitedes récents
maiheurs qui ont frappé l'Espagne dans son domaine colonial. Nos bonnes
relations avec la Cour de Madnd nous faisaient, dans ces circonstances, un
devoir de saisir l'occasionde prévenirdececBtédes défiancestrop faciles faire
naitre. C'est ainsi que, sur le désirplusieurs fois exprimépar l'ambassadeur
d'Espagne, nous avons étéamenésà rechercher,dans des conversations intimes
et fréquentes, un terrain d'entente et de concessions réciproques en vuede
certaines éventualités. sourparlers, quedominait toujours d'ailleurs,de part
ci d'autre, le sincèredesimainteniraussilongtemps que possible lesrpoü
au Maroc, n'ontpas abouti Adesarrangementsfermes; mais ilsnous ont permis
de constater qu'il ne serait pas impossible, le moment venu, pour nos deux
gouvernements,d'arriveratrouver lestermesd'unaccord égalementsatisfaisant
pour les deux parties.
Nous avons toujoursjugéqu'il serait prudent de prépareravec l'Espagne,la

principale intéressaprèsnous,lasolutiondu problèmetemtorial que peuvent,
d'unjour à l'autre, poser les événemeau Maroc. Aprésavoir paru partager
d'abord notre sentimenà cet égard,lecabinet de Madnd semble avoirredouté
apréscoup lemécontentementde I'Aageleterre;et, craignant pour lesCanaries,
pour les Baléares,pour Algésirasquelque tentative qu'ifne sent pas la force de
repousser, il s'estrn~ndésireuxd'uneentente avecelle.Jusqu'ences derniers
temps, il ne s'étaitjamais préoccupede 1'Allemagne.M. de Leby Castillo a
mémeémis l'opinion que l'Allemagnen'avait Maroc aucune viséepolitique.430 SAHARA OCCIDENTAL

Pourtant nous avonsdebo~es raisonsdecroireque lesprogrésde l'insurrection
marocaine ont amené lenouveau ministre des affaires étrangeresApenser que
i'Espagne, au moins en ce moment, doit défendre lestatu quo avec la France,
l'Angleterreet l'Allemagne.Cesdiversesconstations nous commandent,pour le
moment, une trésgrande circonspection.
Les nouvelles qui venaient dFez ayant, cesjours derniers, fait paraunee
criseau Maroc comme tout à fait imminente, j'ai dOme préoccuper,sans plus
tarder, de sonder les dispositions du cabinet de Londres dont les agents officiels

ou officieuxA la Cour du sultan avaient une attitude singulikrement compro-
mettante et qui, nous les savions, avait notammenAGibraltar ordonné htout
événement despréparatifs d'ordre militaire. J'ai l'honneur de vous adresser,
ci-joint1ititre d'information personnelle, copie des instructions par lesquelles
j'aiprescrit ànotre ambassadeur Londres de provoquer Bcesujet un entretien
avec le secrétairedlEtat britannique des affaires étrangéres.Vous trouverez
également ci-annexée copiede la dépechepar laquelle M. Paul Cambon m'a
rendu compte de son entrevue avec lord Lansdowne. Ces deux documents vous
permettront d'apprécier exactementles conditions dans lesquelles nous avons
abordé,dans ces temps derniers, avec le cabinet de Londres l'examen de la
situation au Maroc. Je crois devoir ajouter queM. Paul Cambon a dans le
courantdes deuxdemiéresannéescauséAdiverses reprisesdeschosesdu Maroc

avec lord Lansdowne, sans obtenir de lui un exposénet et précisdes vues du
Gouvernement du Roi.
Quant au Gouvernement espagnol, s'ilinclineàpenser aujourd'hui que d'au-
tres puissances doivent Stre entendues dans les affaires marocaines. la cause
principale en estcertainement laconviction qu'on adû sefaiàMadrid del'état
d'impuissance où se trouverait actuellement l'Espagned'effectuerune interven-
tion militaire, qui répondrait cependant Ases rêveset A ses ambitions. Ce
sentiment qui apercéici dans le langage du marquis del Muni et la détenqui
paraît se produire depuis quelquesjours dans la situation du maghzen contri-
bueront peut-?tre faire ajourner, pendant quelque temps, des entretiensentre
nous et le Gouvernement espagnol sur la question marocaine. Pour nous, nous
devons attendre des ouvenures, ayant tout intérDta ce que nos voisins restent

demandeurs. Iln'ya paslieu de supposercependant que l'Espagnerenonceà ses
aspirations de l'autre cbté du détroit. Quelques hommes d'Etat et certains
groupes politiques dans la péninsule ne peuventmanquer de revenià l'idéede
rechercher avec nous. Acet effet, un rapprochement qui, pour quelques-uns,
devrait mêmerevetir le caractéred'une alliance plus générale; et la perspective
d'un semblable éventualitedeviendrait, enjuger par certaines manifestations
de l'opinion, assez facilement populaire au-delà des Pyrénée. omme i'indi-
quaient trois dépêchecsonfidentielles de votre prédécesseurdate des 22 avril
et 10mai 1899et du 7juillet 1902,auxquellesje vous serai obligéde vouloir bien
vous reporter, le président actuel du conseil des ministres d'Espagne a déj8
lui-même, en diversescirconstances, proclamé son penchant pour l'alliance
française, notamment en vue d'une action commune au Maroc. 11a affirméde
nouveau sessentiments le 17novembre dernier Ala veille mémede reprendre le

pouvoir (dépêchedu 18novembre).II n'yaurait donc pas lieu d'êtresurpris si
vousétiezprochainement saiside sollicitationsplusou moinsdirectes, tendant A
reprendre les conversations précédemmentinterrompues.
Notre intérêt évidenntous commande d'encourager en Espagne lecourant de
sympathies françaises qui y a pris naissance depuis quelques années.Il ne nous
est pas interdit d'entiunrjour parti, notamment pour régler, d'accord avecnos
voisins,l'avenirdu Maroc. Cependant, nous ne devonspasoublier lesdéceptionsque nous ont,fdiversesreprisecausée de,puiprksde deuxsiécles,aplupart
des entreprises poursuivies par nous sur terre ou sur mercommun avec
l'Espagne,nilesdangers auxquelsnousexposeraitparticuliérementaujourd'hui
une alliance conclue avec une nation donts forces navales et militairessont
complttement desorganisées.Leshésitations encoretoutes récentesdesa diplo-
matiedans unequestion quilui tient cependanitcŒurdoivent nous mettreen
garde contre toute illusion.
Je ne saurais en conséquencetrop vous recommander, dans cet ordrede
questions. tout au moins au début devotreséjou r Madrid, la plus grande
circonspection vis-8-visdes hommes d'Etatde la Péninsuletout en leur mani-

festant d'une rnaniéréenéralbeaucoup de cordialité. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe134

LETTRE DE L'AMBASSADEUR DE FRANCE A MADRID
AU MINISTRE DES AFFAIRES BTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 23 AVRIL 1904

Dans cette Espagneoù il n'yapasd'autre politique que celledes personnes,le
convenioanglo-français devait donner liaux polémiquesque jevous aisigna-
léesdans une autre dépêche de cejour ; mais il eût étéextraordinaire que les
hommes politiques qui n'appartiennent pas au parti conservateur n'essayassent
pas d'en tjrer parti contre leurs adversaires. On a donc rejetésur ces derniers
toute laresponsabifitédes conséquencesqu'aurapour l'Espagne ladéclaration
de Londres du 8 avril.

Desle 19avril,le fieraldodeMadrid,journal de M. Canalyas,racontait,dans
un extrait que je joins Acette lettre (no l), que le dernier cabinet libéralau
pouvoir avait négocié avec lFrance au sujet duMaroc ; que ces négociations
avaient été surlepoint d'aboutir ; que, le cabinet étanttoM.éde Abarzuza,
ministre d'Etat du cabinet Silvela,s'était Blespoursuivre, croyant qu'elles
devaient aboutirA une conquêtemilitaire ; que M. Leon y Castille, par une
faiblesseincroyable, consentitsuivrecette nouvellepolitique que c'estalors
que comrnencérent lesnégociationsentre la Franceet l'Angleterrequi ont ruiné
les légitimes espérancesde l'Espagne.
Hier soir22 avril,le Diario universalj,ournal de M.Moret, publia (pièceno 2)
que le duc de Almodovar avait négociéen 1902avecla France et qu'un arran-
gementavaitétéconvenu quidevaitétresignéle 11novembre 1902.Quelétaitcet
arrangement ? Etait-ce celuipubliépar le correspondant ?SirGibson Bordesle

connaît-il?On ne sait, mais ennovembrele cabinet libéral tomba,et la légéreté
de M. Silvelanon moins que l'inaptitude dM. de Abartuza prétendirentqu'il
n'y avait pas lieu de traiter seulement avec la France,aussi avec l'Angle-
terre. QuandM. Delcasséfut instruit decetteattitude. ilfitentrer leMarocdans
lesnégociationsqu'il suivaitavecla Grande-Bretagne etput répondreau cabinet
conservateur qui lui demandait de conclure(Vousavezperdu l'occasion ; moi
pas.e
Enfi ne Nationalhier soir(pikceno 3)publiele mêmerécit,maisajoute qu'en
1902l'ambassadeur d'AngleterreallatrouverM.deAbanuza etlui demandades
explications.Celui-ci,saisid'une timiditéinexplicable,l'assura quei'EEpagnene
feraitrien sans i'hgleterre, annulaainsitout le travail du cabinet libéral.La
Grande-Bretagne avait atteint lebut verslequelelletendait et l'Espagnen'avait
plus entre les mains qu'un papieruipeut servirde baseà ses futures revendi-

cations.
J'aicm nécessaire devoussignalercettepolémique.Elleannoncela nature du
débatqui s'ouvrira aux Cortes quand elles seront rentrées etelle explique les
inquiétudesde M. SanPedro. M.leducde Almodovaret M.deAbarzuza nesont
pas moins préoccupés, car tousdeux probablement sortiront blessés de la ren-
contre. Nos relations mCmesavec ce pays pourront en être atteintes.
Si,commeje l'espérel,'entente AlaquelleVotre Excellencacanviél'Espagne
se fait, tout ce nuage se dissipera. Il faut espérerqu'enhaut lieu on comprendra
l'intérêtu'il y a Ane pas laisser des querelles de personnes compromettre les
intér2tsqui les dépassent. Annexe 135

LETTREDE L'AMBASSADEURDE FMNCE ALONDRES
AU MINISTREDES AFFAIRES~~'~RANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 1erMAI 1904

' (Extrait.)

J'ai fait connaîtilVotre Excellenceau cours des négociations relatives aux
derniers arrangements franco-anglais les observations j'avais présentées au
mara.as-.. --nsdownesur letraitéconclu en 1895entre laGrande-Bretame etle
Gouvernement chérifien relativementAla cbte marocaine entre l'ou~ka et le
cap Bojador.
J'avaisdemandéau principalsecrétaired'Etat pour lesaffairesétrangéreune
déclaration impliquantque le traiténe pourrait pas devenirpour la France une
source d'embarras. Plusieurs projets de lettres m'avaient étésoumis sans qu'il
m'eut paru ~ossibledeles accepter. Enfin lors de notre derniéreentrevue, lord
Lansdowne m'aremislememoraudurn dontje vousenvoie,ci-joint,copie etque
j'ai trouvé satisfaisant.

Aux termes de cette déclaration,l'Angleterre renonceBse prévaloircontre
nous des dispositions du traité de 1895; cette renonciation est généraleet
independante de nos arrangements avec l'Espagne. Cependant le secrétaire
d'Etat a cru devoir mentionner l'éventualitkd'un abandon Bcette puissance des
territoires visésdans le traité angic-marocainet a donnépar avance assen-
timent Acette cession.
En me remettant son mémorandum, le marquis de Lansdowne m'a dit qu'il
avait reçu la visite de mon collbgued'Espagne ctécoutéses doléances.Le duc
de Mandas luia racontéà sa façon lesconversations de 1902entre Votre Excel-
lence et M. Leon y Castill;il a dit qu'il n'y avait pas eu d'échangede signa-
tures, mais qu'un accord s'étaitétabli pour la concession
iil'Espagne d'une
zone d'influence s'étendant, au nord, de la Moulouya à l'oued Sebou, et
englobant Fes, et au sud de l'oued Sous aucap Bojador. il a fait remarquer ta
réduction considérable de vos propositions actuelles et ia insisté sur la
mauvaise impression que ne manquera pas de produire en Espagne un
projet qui ne respecte mêmepas l'hinterland des présides etqui laisseà la
France la côte s'étendant entre la Moulouya et Melilla en face des îles
Chaffarines.
Lord Lansdowne n'a rien répondu A ces plaintes, il s'est mêmeabstenu
d'exprimer une opinion ou une espérance, mais, Atitre personnel, il m'a dit
qu'à son avis la cession de la côte entre la Moulouya et Melilla était une

satisfaction qui ferait grand plaisir aux Espagnols et que la situation des îles
Chaffarines rendait presque nécessaire que l'ambassadeur d'Angleterre A
Madrid s'exprimât très nettement àce sujet et que si vous pouviez complé-
ter vos propositions de ce côté vous faciliteriez singulièrement votre négo-
ciation.
Je n'avaispasimeprononcer sur cesujet etj'ai kcoutélesecrétaired'Etat sans
rien dire, maijedois reconnaître qu'ilest difficilede refuser aux Espagnols la
frontiéredela Moulouya.Jesaisque nosautoritésmilitaires veulent seréserverla
côte ouest de cette riviérepour lecaséventuelou la France desirerait y tlever des434 SAHARA OCCIDENTAL

fortificationmaislesautorites militaisontinsatiablesetlefaitquidomineen
la circonstance est la situation des îles Chaffarines : il y aurait quelque chose
d'excessif,d'injusAcontesterLIl'Espagnele droit d'exercersonaction sur une
cBtequi regarde sespossessions.La Moulouya a toujoursétéconsidérée comme
la Erontiérenaturelle de l'Algérie; lespublications géographiques, lescartes, les

tracésplusou moins fantaisistes des zones d'infiuence fixent à i'e...aire

Annexe 136

MÉMORANDUM SECRET RELATIF À L'ACCORD ANGLO-MARO-
CAIN DU 13MARS 1895,REMIS PAR LORD LANSDOWNEÀ L'AMBAS-
SADEUR DE FRANCE À LONDRES LE27 AVRIL 1904

In the course of the discussions between Lord Lansdowne and the French
Ambassador respecting the Declaration with regard to Morocco, signedon the
8th of Apnl,theFrench Ambassador drew attention to the agreement between
the Britisand Moorish Govemments of the 13th ofMarch 1895,in which His
Majesty's Government have recognized the temtory in the neighbourhood of
Cape Juby as belonging to Morocco on condition that no portion of it shall be
alienated without their concurrence.
Lord Lansdowne assured HisExcellencythatHis Majesty'sGovernment have
no intention of clairningfor Great Bntain, in consideration of that agreement,
any special positior influence in the terntory in question, and that they will
not oppose any arrangements in regard to it, which may be found desirable in
furtherance of the objects descnbed in the Declaration.
He added that His Majesty'sGovernment made this declaration with the less

hesitation because they understood that the French Government are negotiating
with the Spanish Government on the bais that this territory shallfall within the
sphere of infiuence of Spain should the Sultan ever cease to exercise authonty
over it.
To such an arrangement His Majesty'sGovernent wouId givetheir cordial
approval.

Foreign Office,
April 27th, 1904. Annexe 137

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ~TRANGÈRES DE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A MADRID,
EN DATE DU 6 MAI 1904

Au cours des négociations relativesauxderniersarrangementsfranco-anglais,
notre ambassadeuà Londres avait, suivant mes instructions, demandéBlord
Lansdowne quel'Angleterreprît l'engagementde nepas seprévaloircontre nous
d'une convention conclueen 1895entre la Grande-Bretagne etleGouvernement
chérifien relativeàela côte marocaine entre l'ouedDraa et le cap Bojador.
Cet accord, dont votre ambassadeur a reçu communication sous la date du
11avril 1895etleno45,garantissait leGouvernementbritannique, en échangede
l'abandon du comptoir du capJuby, contre toute cession àune autre puissance
des territoires situésau nord du cap Bojador. échangede vues assez
laborieux, leprincipalsecrétaired'Etat britanniàunotre ambassadeur

un mémorandum aux termesduquel l'Angleterre reàinvoquercontrenous
la convention de 1895.Cette renonciation est générale eitndépendante de nos
projets d'arrangement avec l'Espagne. Cependant le secrétaired'Etat a cm
devoir mentionner l'éventud'un abandonficette puissance des territoires
visésdans ltraitéanglo-marocain.

Annexe138

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGER EESFRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE À MADRID,

EN DATE DU 10 MAI 1904

Pour faire suAma lettre du 6 de ce mois, no42,j'ail'honneurde vous faire
parvenir ci-joint en copie le texte autdumémorandumpar lequel le
Gouvernement anglais s'engànepasseprévaloircontrenousdes dispositions
du traitéquaiconclu avecle Maroc en 1895relativement a la côte situéeentre
l'oued Draa et le cap Bojador.
Enremettantcedocument à notre ambassadeàrLondres, lord Lansdowne
s'est entretenu avec lui de la situation crééeAl'Espagne par l'accord franco-
anglaiset desconcessions que nous pourrions étreamenéshfaire cepaysdans
certaines régionsdeEmpire chérifien.
Jecrois utile devouscommuniquer égalementci-joint,pour votre information
confidentielle, copie du rapport que M. Paul Cambon m'a adresséi ce sujet. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 139

TÉLÉGRAMMEDE L'AMBASSADEUR DE FRANCE À MADRID
AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATEDU 22 MAI 1904

Je me suis rendu aujourd'auiministtre des affaires étrangères. Touten
désirant que l'instrument de l'accord soit établi aussitôt qon yossible,
partage les vues de Votre Excellencesur l'importance de ménagerles suscepti-
bilitésdu Sultan et des populations marocaines, ainsi que sur la nécessitédu
secret.
Comme j'avais cru pouvoir vous l'indiquer précédemment,l'action de
M. Maura a étéici prépondéranenfaveur de l'accord.

Annexe 140

TI?LÉGRAMMEDU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
DE FRANCE À L'AMBASSADEURDE FRANCE A MADRID,
EN DATE DU 7 JUIN 1904

M. de Leon yCastiIlom'adit hierqueson gouvernement insistesur lanécessité

de soumettre auxCortésl'accordArédiger.J'airéponduen demandant comment
le Gouvernement espagnol envisage l'effetde cette publication sur le Sultan et
sur les populations marocaines et comment il compfaceauxdifficultés
quisurgiront infailliblement, et tout d'abord dans levoisinagede sespossessions
actuelles.
Il importeen effet de livrerle moinsauhasard,qui sefait toujours la
place assez large.
M. de Leon y Castillo a dit qu'il allait télégraphierau ministre d'Etat cette
questionàlaquelle il n'est pas en mesure de répondre. Annexe 141

TELEGRAMME DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRESÉTRANGÈRES DE FRANCE.

EN DATE DU 8 JUIN 1904

JeremercieVotreExcellencedem'avoirlait connaitrel'etat de nospourparlers
avecl'Espagne;comme elleveut bim'yinviter,je luiexposerai mes réflexions
sur l'ensemblede la question aprés avoirrequ les documenzla valise.
Des Aprésent,je crois devoir lui soumettre les vues suivantes :

Ainsi que lemontre un rapport du comte de Saint-Aulaire dont vous recevrez
prochainement copie, c'Agrand'peine qu'il a étépossible d'apaiser chez le
Sultan l'irritation que lui a inspiréel'accord franco-anglais. Le bon résultat
obtenu Acet égard reste encore bien précaire.Pour ne pas le compromettre
irrémédiablement,il serait nécessaire,quelque anodin que soit l'accord qui
pourra intervenir entre nousetI'Espagne,que lemoment venuetpréalablement3.
toute publication je sois mis en mesure de fAiFeztles commentaires
hostiles et de prévenir les froissementsd'amour-propre.
Moyennant cette précaution préalable,jepense avec Votre Excellence qu'il
serait possible de présenterau secrétaire sousun jour favorable la disposition
excellente indiquée comme devant formerl'article premier.
L'article II ne présenteraitégalementque des avantages.
En ceaui concerne l'articleIII, mon télno60amdéjàindiquéAVotre
~xcellenie les alarmes trésvquesrn9iGpirerait toute dilimitation précise
d'unezoned'intérêsspagnols(et)je mepermets de luiprésenterdans toute leur
force les objections que j'y vois. (A suivre.) SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 142

TELÉGRAMME DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 8 JUIN 1904

[Déchiffrement.]

Les principes inscrits dans la déclaration franco-anglaise et qui seraient
reconnus par l'Espagnedans l'articleIIdu projet nous réserventau Maroc envue
de la tranquillitéde ce pays et des réformesdont il a besoin un rôle actif qui,
d'après les termes employés'étendsans distinction de zone a tout le territoire
chérifien.Nous pouvons sans porter aucune atteincesprincipesnous prêterA
ceque 1'F!spagneéveloppedansla mesurela pluslarge sesintérês cuno-&iques

dans telle ou telle région,notamment dans celle qui avoisine ses possessions.
Mais il y a lieu de craindre que la délimitation parÜneligne prkcise-d'unezone
d'intérêtsespagnols n'impose(ànotre) Œuvre locale des obstacles insurmon-
tables.
Sinotre coopérationaveclemaghzenen vuedes réformes à poursuivre et dela
tranquillitéétablir devaits'arrêter cette ligne,il neparaît pas douteux que le
Sultan ne se refuseobstinémenti'accepterou a la subEtje nepensepas qu'il
soit possibla la France eàl'Espagne d'établirautrement que par une double
conquéteet au prix d'un bouleversement complet du pays le double régime
qu'elles auraient Ainstituer.
Mémesi la délimitation ne portait atteinte aux principes poséset si par
conséquentaunord comme au suddela ligne tracéenotre actiondevait s'exercer
indifféremment, cetteligne, dont la signification deviendrait assez obscure, ne

serait-ellepas tout au moinsunecaude malentendus redoutables ?Endépitde
nosexplicationsrassurantes leSultanetlemaghzennemanqueraient pasd'y voir
la lignede partage convenu Al'avanceet suivant laquelle devrait s'accomplirun
jour le démembrementdu pays.
Telle que la déclaration anglo-française du 8 avril l'a définieen termes si
heureux, notre tâche au Maroc présentesansdoute desdifficultés sérieusesmais
qui sont inhérentea la nature des choseset dont la politique locale dirigéepar
VotreExcellenceavec un succèsconstantdoit, avecletemps,veniàbout par des
moyens pacifiques. Me plaçant au point de vuede cette Œuvre locale et des
conditionsde son avenir,je ne saurais trop appeler l'attention de Votre Excel-
lence sur le dangerque je crois voir a délimiterpar une ligne précisela zone des
intérêts espagnols êmes'ilétaitadmis que cette lignedût pas marquer une
limite1 notre action réformativeea notre tâche de police. Annexe 143

TGLGGRAMME DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
DE FRANCE AU MINISTRE DE FRANCE A TANGER,
EN DATE DU 14 JUIN 1904

JerépondsA votretélégrammeno 90.
Veuillezfaire dire au maghzen par Saint-Aulaire que l'arrnousment que
pouvons êtreamenéA conclure avec l'Espagne visera uniqnotrsitua-
tion respective telle que la définitl'accord du 8avril et que la condition essen-

tielle en doit 2tre le maintien de duiterritoire marocain, la garantie
contretout morcellemelrespect et leraffermissementde l'autoritédu Sultan.
Je tienA faire cette déclaration préauamaghzen qui en trouvera la
confirmatiodansI'arrangement si l'arrangeesconclu. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 144

TÉLÉGRAMME DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGERES DE FRANCE,
EN DATE DU 21JUIN 1904

Je soumets A Votre Exceilence les reflexions suivantes sur son télégramme
no63 et sa dépêcheno 100.
Si les dispositions de l'article1 et celles de l'artiAlmon avis très
satisfaisantes, c'estparce qu'eIJesconstitueraient la reconnaissance par 1'Espa-
gne de deux principes ou je vois les conditions nécessaires aude notre
Œuvre : 1)intégralitéde !'Empimarocain; 2)unitéde l'action pacificatriceet
réformatriceque nous réserve l'accord franco-angDésslors, les concessions
(àfaire)Al'Espagne pour en obtenir s'ilse peut cette reconnaissance devraient
êtrede nature A ne porter aucune atteinte aux deux principes qu'il s'agitde
sauvegarder et de pratiquer. Or nous ne pouvons nous dissimuler que la déli-
mitation d'(motpassé)Espagnol menacerait ostensiblement l'intégritéterrito-
riale et qu'elle briserait l'unitéd'action. Je ne puis m'emp0cherde dire qu'une
telle solution obligerait le maghzànse refuser de toutes ses forhenos
directions et que, en outre, elle rendrait éminemmentimpossible le maintien de
nos bonnes relations avecl'Espagne.L'Espagne possédelelongde lacôtRif
quelques îlots négligeableset,sur la côte méme,deux établissementsmilitaires

(d'ou) elle ne peut exerniexpansion ni influence. Les dro(imprescripti-
bles» qu'elleinvoque ne sont qlesouvenir d'uneluite acharnéeet séculaire et
ledésirde (faire) sentiraux Mauresque, de cettelutte, ilssont définitivementles
vaincus. Lemaghzen qui ne (s'y) trompe pas (détestel'%pagne) mais sans la
(redouter) parce qu'il lasait impuissante. Par suitela seuleidéed'un accordentre
nous et l'Espagneestpropriixciterchezluides défiancesque Votre Excellence
voit déjhse produire et qu'ellese préoccupe d'apaiser.Dans ces conditions c'est
bien prendre en particulière considération, comme nous l'avons promis, les
intérétsde l'Espagneau Maroc, que de lui réserverdes satisfactions d'ordre
économiquede la nature de cellesqu'envisageait mon télégramno60.(Je ne
pense pas)que nous puissions sans trop de dangerailejusqu'à délimiterla
sphkre diinterets ainsi constitube. (A suivre.) DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES DU MAROC

Annexe 145

TELEGRAMM DUE MlNISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANG~RES DE FRANCE,
EN DATE DU 21 JUIN 1904 (SUITE)

Sansdoute,pour réconcilierleSultan avecl'idéed'unaccord franco-espagnol,
lui dire que la condition essentielle de cet accord doit êtrele maintien de
l'intégritédu (territoire) marocain, la garantie contre tout morcellement, le
raffermissement de son autoritésouveraine. Maispouvons-nous en même temps
ruineràsesyeuxcesprincipespar l'interprétationdefaitque nousydonnerion?
Pouvons-nous réserverde déléguerii ses pires ennemis, sur une importante
portion de son Empire, portion délimitée endehors de lui, l'exerciceplus ou

moins complet d'un mandat qu'ilest encore bien éloide vouloirnous recon-
naîtreiinous-rnémes ? Loin de désarmerses résistances,une telle perspective
paraît de natureà le raidir contre nous dans une attitude d'hostilitédétermi-
née.
Sion admet pourtant contre toute vraisemblance que, dans cesconditions, le
Sultan ne repoussera pas de parti pris nos conseils, nousaurons hlui faire créer,
avec notre concours, divers services géneraux (armée, gardes-côt,ontrôle
administratif) ou devront entrer quelques élémentsfranqais et des éléments
algériens enplus grand nombre.
L'action de ces organismes s'arrêtera-ttila lignede demarcatio?Si oui,
c'est le futur démembrement quise dessine. C'est pour notre empire africain le
dangereux voisinage d'une régon vouéeau désordre, où1'~s~agneexcitera le
fanatisme musulman contre elle-mêmeet contre la Franc;où. incapable d'as-

sumerla protection desintérêts étrangerse,llejustifiera bientôt, par ion impuis-
sance, des interventions redoutables pournous, auxquelles nous pouvons,
aujourd'hui, avecle consentement générai, fermer définitivelat porte. C'est
aussi, dans notre zone mgme, l'avortement inévitablede notre Œuvre réîorma-
trice dont, par exemple, le servicedes gardes-côtes,conditions nécessairede la
pacification, est condamnéAOtrepartout inefficace si, hormis Ceuta et Melilla,
qui motiveront des précautions spéciales, il ne s'exercepas, par nos soins, sur
toutes les côtes dMaroc.
Notre action dépassera-t-elleau contrairelignetracke?Il le faudra bien.
Maisalors pourquoi cette lignequi,toujours odieuse aumaghcomme présage
de morcellement, ne sera plus entre nous et l'Espagne qu'une cause de malen-
tendus ?Faudra-t-il qu'au-del8 de la ligne notre action s'exerce parl'intermt-
diaired'agents espagnols?Mais les Espagnols ne disposent pas comme nous

d'auxiliaires musulmans B peine ont-ils quelques interprétesparlant un peu
l'arabe. Même slie Sultan les acceptait dans une administration chérifienne,ils
ne saurontjamais obtenir I'obéissancedesMarocains. Surtout, ilsnesauront pas,
et pour cause, contribuer utilemendes réformes....force nous serait d'em-
ployer surtout deFrançaiset des Algériens,m@meau-dela de la ligne adoptée.
Maisleur action y serait considécomme un empiétement.Nous aurions créé
entre nous et l'Espagneune cause permanente de conflit sans cesse renais-
sant.442 SAHARA OCCIDENTAL

Dans l'unecomme dans I'autrede ces hypotheses,alLieude craindre que
toute délimitationde zone incompatible avecle succèsdevrepacificatrice
définidans ladéclaratiode Londresnenousréduise Alanecessitéd'accomplir
la wnquCte du Marocetcela aurisquedefaire entrer envigueur lesdispositions
secrétesqui nous kvinceraientde la côte septentrionale,et d'arrparrlainsi
guerreB un résultatfinal beaucoup moins satisfaisant que ouil nous est
permis d'atteindre par paix(A suivre.)

Annexe 146

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A TANGER

Je répondsAvos télégrammes 104, 104bis et 104ter.
Il nevousasans doutepas échappequeles articlesdelaconventionsecrètedu
8 avrilstipulentqu'en exécutdel'article8deladéclarationdu mêmjeour une
part doittrefaite l'Espagne,dont l'Espagnenepourraprendre possessionque
dans le cas oii I'Etat politiqueMaroc et le Gouvernement chérifienne
pourraient plus subsister. Il en résulte fort ne délimitation.Mais cette
délimitation, dont vous redoutez l'effet ence moment, doit demeureréte

comme l'arrangementlui-meme,tant que,d'un commun accord, les deux gou-
vernements n'enauront décidlapublication. Celaest EormeIlementconvenuet
feral'objetd'uneclausedel'arrangement,dontla réalisation,d'ai,ncequi
touche la partie réservéei'infiuence espagnolne peut mémeétreprévue
aujourd'hui. Jusque-là l'autorité politique et adminieu Sultan sur tout
l'Empires'exercera pleinementsansnotre influence.Seuleslesentreprisesd'or-
dre économiquepeuvent Ptre exploiteparles sociétés franco-espagnoles.
Lesdeux gouvernementsseborneront 21publier une déclarationqui pourrait
êtreainsi conçue:

<Communication ayant étéfaitepar le Gouvernementdela République
française au Gouvernement de S.M. le roi d'Espagne de la déclaration
franco-anglaise du8avril 1904relative Maroc etA 13Egypte,les deux
gouvernements, aprésavoir d'un commun accord déterminéla nature et
l'étenduedesintkrêtsqui résultentpour la Francesespossessionsalgé-
riennesetpour l'Espagnedesespossessionssur lacdtedu Maroc, déclarent
que, fermement attachésàl'intégride l'Empiremarocain souslasouve-
rainetédu Sultan, ils ne se préterAaucun morcellementde sontem-
toiren DOCUMENTS COMPL~MENTAIRESDU MAROC

Annexe 147

TÉLÈGRAMME DU MiNISTREDES AFFAIRES ETRANGERES
DE FRANCE AU MINISTREDE FRANCE A TANGER,
EN DATE DU 6 OCTOBRE 1904

L'accordfranco-espagnolprévudans la déclarationfranco-mglaisedu 8 avril
dernier est conclu. Il consiste dans la déclaration s:ivante

<Le Gouvernement de la République françaiseet le Gouvernement de
S. M. lerod'Espagn s&tantmisd'accord pourfixerretendue desdroits et
la garantie des intérêtsqui résultent polaFrance de ses possessions
algériennesetpour l'Espagnede ses possessionssurla cBteMaroc, et le
Gouvernement de S.M. le roi d'Espagne ayant en conséquencedonne son
adhesion àla déclarationfranco-anglaise8uavril 1904relativeMaroc
età I'Egypte,dont communicationlui avaitétéfaitepalreGouvernement de
la Républiquefrançaise,
Déclarentqu'ilsdemeurent fermement attachésàl'intégrité dle'Empire
marocain sous la souveraineté duSultan.

Veuilleznotifier sans retard cette déclaration au ministre des affaires étran-
géresdu Sultan pour quele Gouvernement chérifienen ait connaissparnos
soins.
Il serendra compte qu'en signantavecl'Espagneun accord ainsiconçu, nous
nous sommes préoccupés avanttout d'engagersolennellement dans les mêmes
promessesquenous-mêmesq ,uant au respect delasouverainetéchérifietde
IiintCgritéterritoriale du Maroc, la puissance qui posskde plusieurs établisse-

ments militaires sur la côte septentrionale de ce pays.
Vous voudra bien fairedonnerà BenSliman,par l'entremisedM. Gaillard,
des indications verbales dans ce sens. Elles préviendrontles incertitudes que
pourraient faireitre chezlesmembresdu magbzenlesrumeurscontradictoires
répandues par la presse et qui ne sauraient avoir aucune valeur. Notre agent
devra ajouter que nous verrons avec une vivesatisfaction le maghzentravailler
activementà consoliderson autoritépartout, notamment dans lenord1'Em-
pire OUnotre aideluidemeure acquiseAceteffetdanstoute lamesureoù iljugera
utile d'yrecourir. M. Saint-RenéTaillandier serad'ailleursen mesure, au cours
de ça prochaine missionFez d,e compléterces assurances àla satisfaction du
Gouvernement chérifien. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe148

LETTRE DE L'AMBASSADEURDE FRANCE A MADRID

AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE SE FRANCE,
EN DATE DU 22 NOVEMBRE 1904

Dans son numérodu 19de ce mois, La Espufiaa publiéun important article
dans lequel elle a rendu hommageà l'esprit de modération qui présideBla
politique extérieurede la FranceAel'attitude de votre excellencequi est une
garantie de paix pour le monde.
Ace propos et tout naturellement, l'auteur de l'article cite comme exemplede
la prudence de notre gouvernement l'arrangement qu'ila fait avecl'Espagneau
sujet du Maroc, arrangement dont il attribue tout l'honneur A la hautaine
pression de l'Angleterre larFrance.
J'aisouventadmirédans lepassécommel'Angleterreparle moyendesapresse
sait agir sur l'espritpublic et se donner Icdes événementsqu'ellea tout
fait pour contrarier. Sans rappeler l'exemplede l'Italie, convaincue ajourd'hui
qu'elledoit plus lapolitique delord Palmerston qu'auxsoldatsde Solferino,j'ai

ététémoinde lavoIte-facede l'AngleterreIorsde Iaguerredes Etats-Unis contre
l'Espagne,et des polémiquessans scrupule que sa presse a entretenues contre la
presse allemande pour persuader les Etats-Unis qu'elle les avaitseule soutenus,
contre l'Europe prêtA se coaliser.
Il en va de même aujourd'h:l'Angleterres'estplutôt détachdes intér2ts
de l'EspagneauMaroc et sicelle-ciestétonnéedela placequi lui est laissée,elle
devrait savoirqu'elleledoit Blagénérode la France eàlalargeur de vuesde
Votre Excellence,plus préoccupéede la soliditéde son Œuvredans l'avenirque
de l'éclatd'un succéssans partage dans le présent.
Or, quelque bons que soient actuellement nos rapports avec la Grande-Bre-
tagne, il n'en estpas moins vrai qu'ellecontinue ici, passa-moi la vulgaritéde
l'expression,depousser sapointe, et sicommeon ledit leroid'Espagneépousela
filledu duc de Connaught, tout cela fera une sorte d'ensembleet, sans qu'on le
veuille, entraînera un peu l'Espagne dans les voies où le Portugal est engagé
depuis tant d'années.

L'articledeLo Espnîian'ad'importance que parce qu'il estpublie dans leseul
journal avec lequel M. Maura ait quelques rapports. Or ses assertions sont
radicalement inexactes. Je crois devoir les sigaaVotre Excellence. Elle
jugera, si sans manquAdesengagementsplusou moinssoupçonnés,il ne serait
pas àproposde nepas laisser trop s'accréditerdeserreurs aussidommageàbles
notre situation en Espagne. Annexe149
1
TÉLGGRAMME DU GOUVERNEURGÉNÉRAL DE L'AOF
AU MINISTREDES COLONIES DE FRANCE,
EN DATEDU 2 JANVIER1906

2. De communications diversesqui mesont adresséesi,l résulteque Ould
Aïda, émirAdrar,seraitpartiduTagaravectroicentschameauxporteurs,se
rendantcap Jubychercherarmes et munitions donnéesar SultanMaroc.
Cetteinformation confirmemescommunicationprécédenterelativeaI'ac-
tion du Gouvernement chérifien dans troubesauritanie. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 150

TPLÉGRAMME DU MINISTRE DE FRAN A LANEGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES BTRANG~RE DE FRANCE,
EN DATE DU 17 SEPTEMBRE 1906

[Déchiffremef.]

Sauf au cas où nous serions résoàuappliquer sans délailes sanctions
necessaires,je ne pense pas qu'ily ait saisircette occasion pour appeler

l'attention du maghzen sur l'ensemblede nos griefs contre Ma el Haïnin tels
qu'ils sont indiqués dans diverses communications du gouvernement de
l'Afrique occidentale, notamment dans celles qui ont ététranamcette
légationl5juillet 1905(no267)le6 mars dernier (no63).Cen'estpas que ces
griefs ne soient très(fondés).Ilsdeviennent mêmechaquejour plus sérieux.Nul
doute en effet qun'yait partie liéeentre le maghzen et Ma el pourin
entraver nos progrésen Mauritanie, eà craindre que cette entente ne nous
exposeA de péniblessurprises. Mais dans les dispositions ou se trouve actuel-
lement le Gouvernement marocain, nos avertissements, s'ilsne revêtentpas la
forme d'une sommation catégorique,dévoilerontAses yeux des viséelaur
régiondont ils'agitetnotre impuissancemoment1lesréaliser.Nous devons
donc nous attendrIle voir redoubler d'activitépour y faire acte d'autoritéet
nousy mettre en présencede faits accomplimêmee oute action destiàée
miner l'influence Ma el Haïnin ou a nous la concilier serait sans doute
dangereuse, si elle n'est décisive,car elle risquerait d'accroître l'intimitéde ce
personnage edu Gouvernement chérifien.
J'ajouterai que sinousjugions ie moment venude procéderAune action en ce
sens, on ne voit pas actuellement sur quoi lsemfonderait pour nous en
contester le droSestentativepourétablir son autoritédans la régionde la
Saguia n'ont encore pris aucune consistancAnoter que Ma el Haïnin est
reçu AFésnon comme un chef indigéne, mais avecle cérémonialrésauxé
personnages étrange;d'ailleurs, noustrouverions, ce me semble, un argument
péremptoire en notre faveur dans la clause des accords franco-marocains qui
nous attribue, sans restrictions, le droit d'établir notre autoritédans le Sahara et
obligele Gouvernement marocaiànous y aider de tout son pouvoir (article 1,
paragraphe 2,de l'accord complémentairedu protocole du 20juillet 1901).Les
territoires oh, avec le concours du maghzen, Ma el Haïnin intrigue contre nous
sont considérés commeune partie du Sahara.
L'extension de notre ifluedans le Sahara occidental devant inévitable-
ment nous entraîner Iidans ces régions,nous aurons tout it y exercer
nos droits avant que la connivence des chefs locaux et du maghzen ne nous y

mette auxprisesavecune nouvelle question du Touat. Annexe151

LEïTFtEIIU MINISTRE DES COLONIES DE FRANCE
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGER EESFRANCE,
EN DATE DU 7 JANVIER 1907

Par câblogramme d2janvier courant, dont copieaété adressée,.le
gouverneur générp. i. de l'Afrique occidentalefranqaise a tmonsmis
départementdivers renseignementsqui viennent parveniet d'aprèsles-
quelsOuld Aïda, kmir de l'Adrar, partidu Tagant avec trois cents cha-
meaux porteurs, serendant au cap Juby pour y chercher lesarmes et les muni-
tions envoyéespar le suduaMaroc.
Me référant mes précédentes communications relasi'actiondGou-
vernement chérifiendanospossessionsde l'Ouestafricain,j'ai l'honneurde
voussignaler toutrticuliérercesinformations qui démontrentune foisde
plus combienserainécessaire une intervention efficaceauprésduduultan
Maroc. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 152

LETTRE DU MINISTRE DES COLONIES DE FRANCE
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGER DEESFRANCE,
EN DATE DU 7JANVIER 1907

Me référanttimes diverses communications relatives aux agissements du
Maroc dans nos possessionsde'Afriqueoccidentaiefrançaise,j'ai l'honneurde
vous adresser ci-joint un extrait d'un rapport de M. le gouverneur gknéralde
l'Afrique occidentale française sur la situation politique du Haut-Sénégalet
Niger pendant le deuxikme trimestre 1906.
Ce document a traiitla présenceconstatéedans l'Adrar d'un émissairedu
sultan duMaroc.

{fitraidu rapport.)

Voicilesrenseignements lesplusprécisquiont pu etrerecueillish:Sidiet
Ould Banaï,oncledu chefdes SidiMahmoud, accompagnéde SidiMoktar Ould
Mohamed, Ould SemidAhmed,cousindu chefdesJasnïchCheralhit, et de Ould

Ahrned Taleb, neveu du frkre de SidiMoktar, seraient allésensemble ou sépa-
rémentdans lecourant de i'annéederniéreauprésde cheik Ma el Aïnin dansla
SaguietelHamra.SidiOuld Banaïet lescinquante Mauresde sasuiteen seraient
revenusà la findejuin, armésde fusilsperfectionnés qui leuraraient étkdonnes
par ce représentantdu Sultan, par l'interméddeicheik Ma el Aïnin.
L'administrateurdeNioro aeul'occasiondevoirl'oncledeTalebDjidou,chef
d'une fraction des Lachlal qui venait directement de Chinguitifinjuin et y était
reste trente-sixjours. Il racontaOulduMoulaye Ismaïl, on rappelle aussi
khalifa (qui gouverne pour le Sultan), étaitvenu à'Chinguiti huit jours
aprésson arrivkedans cetteMlle.C'est,dit-il,un hommedetaillemoyenneayant
de grosos,maisassezmaigre,âgéenviron de cinquante-ciAsoixanteans. IIa
su que cet homme étaitaccompagnédu filde cheik Ma el Aïnin et de Ould
AhmetOuld Aïda,chefdesOuladYayiaBouOthmanqui estconsidérkcommele
chef de l'Adrar. 11déclareque la suite de Moulaye Ismail comprend vingt-six
personnes, parmi lesquellesdes marabouts, ildeux Marocainsblancsi)et

tous les autres, dit-il, sont des gens du Sultan. Il a demandéa plusieurs de ces
personnesce que pensait faire leur maître, et il lui a étéréponduqu'il venait
pacifier le pays et le gouverner, qu'ilirait trouver lesFrançais pour montrer ses
droits de propriétéet revendiquer le paysjusqu'auve.
Ledit Moulaye Ismail aurait commencéà faire preuve de son autoritéen
ordonnant aux incorrigibles pillards que sont les Regueibat et lesu
Sbah de vivre désormaisen paix. Mais il esà croire que ses ordres ne se
transmettentas trksvite,i'auteurdecesrenseignementsfut parlun parti de
Regueibat avant d'arrivArNioro.
Ainsidonc laprésencedecet envoyédu Sultandansl'Adrarparaît certaine ;il
y aurait été introduitet présparécheikMa el Aïnin.
Ses agissementssont surveilléspar nos agents politiques que ceux des tribus
maures qui lui ont envoyédes représentants,notamment les Sidi Mahmoud. DOCUMENTS COMPL~MENTAIRESDUMAROC

Annexe 153

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRESÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATEDU 8 JANVIER1907

Je n'aipas manquéde signBnotre consiFéslesfaits mentionnesdans
les depeches de votre excellencenon273 et 288 des 27novembre et 4 décembre
derniers, relaiila responsabilitk du rnaghzendans les seMau-entd
ritanie etj'ai iM.Gaillariiprotester énergiquementaupres du Gouver-
nement marocainontre une complicitéinadmissible avec nos adversairesdans
le sud.aégalementfait connaîAnotre représenAaFèslesfaits contenus
dans la dkpecheno324etje l'aipriéde provoquer de la part de BenSlimanune
répudiationfonneUe des relations du rnaghzen avec des agitateurs hostiles A
notre influence dans les regions qui nous sont reconnues pParles traités.
contre, j'ai cru préférablede ne pas mettredansnos réclamations
Moulay Hafidquiparaît désirer serapprocher denouset dont ilseraitpeut-être
possible d'acquérirleconcours.J'aifait connaitre mesvuesàVoaue Excellence
sujet de ce persornage dans ma dnoê1du Zjanvier courant.
Conformémentaux instructions du département,je ferai connaître directe-

ment àM. le ministre des colonies en méme tempsqu'AVotre Exlallence
réponsede M. GaiHarddèsqu'ellemesera parvenue.J'aviseaujourd'huimCme
M. Millés-Lacroixdes instrucquej'ai envoyBenotre consul tiFés.

Annexe154

TELEGRAMM DUE MINISTRE DE FRANCEA TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DESFRANCE,
EN DATE DU 16JANVIER 1907

[Déchiffrement,]

Notre ageàtLarache mefait savoirque lemagbzendoit faireparvenir par la
premiéroccasion1Mogadordes armeset des munitions destinées au cheikMa
elAïnin.
J'inviM.Jeannier hmerenseignerdesi'anicesarmeshMogadorsurla
destination qui auraétkdonnée. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 155

LETTREDU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTREDES AFFAIRES ETRANGERE DESFMNCE,
EN DATE DU 22JANVIER1907

Le Temps du 19janviea publiédans se(iDemiéresnouvelles une infor-
mation sur lamarche du colonelMichard contre lechériiMoulayldriss etsurles
résultatsobtenus par Ia présencede nos troupes dans la régionde Tagant.
Jeserais trèsoblàVotreExcellencedemecommuniquer lesrenseignements
quelui feraparvenir sur cette affaire M.leministredescoloniAdésirerait
en effetqu'un couptrèsfermeflitporte parles autoritésfrançaisesen Mauritanie
aux tribus qui sollioutacceptent lesconseilsd'émissairesmarocainsplus ou
moins autorisés.La capture de Ma el Aïnin ou de Moulay Idriss, si elle était

possible, auraiFésla répercussionla plus heureuse pour nos intéréts.

Annexe 156

LETTRE DU CONSUL DE FRANCE À FÈS AU MINISTRE DE FRANCE
À TANGER, EN DATE DU 24 FÉVRIER 1907

J'ai l'honneur de vous accuser réceptionde votre lettre du 12 de ce mois,

relative au vapeur allemFaroqui aembarque A Larache un chargement de
fusils et cartouches envBMas el Aïninparles Oumana de cette ville.
Conformément à vos instructions, j'ai signalécette expédition au ministre
chérifiendes aîfaires étrangèresen lui faisant remarquer la contradiction qui
existe entre l'attitumaghzen à l'égardde Ma el Aïnin et le désirde bonne
entente entre les deux pays que aoexposéBen Djelloun.
J'aisaisicette occasion pour insister de nouveau auprèsde SiAbdelkenm sur
l'obligation dans laqusetrouve le Gouvernement chérifiende répudier sin-
cèrementtoutecomplicitéavenos ennemis de la Mauritanie et luidemander la
réponseofficiellequ'il m'avait pràlasuitede notre entretien du lgjanvier,
ainsi queje vous en rendis compte parune lettre datéedu le;ilmeidit
« quele conseildes vizirss'occupait toujours dela))Comme depuisun
mois il me fait toujours cette réponse dérisoire, il meparaît évident que le
maghzen n'entend pas modifier la nature de ses relations avec Ma el Aïnin et

chercheA éviterd'avoi?faire, sur ce point, une déclaration catégorique.
Laconversation avecle ministre chérifiendes affaires étrangèresdontje vous
ai rendu compte par lettre du 19janvier ne laisse d'ailleurs aucundoute sur le
caractkre officielde la missionde Moulay Idriss et sur l'appui matenel et moral
que le rnaghzen entend fournir à nos ennemis de la Mauntanie. Annexe157

LETTRE DU MINISTRE DES COLONIES DE FRANCE
AU MlNISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE,
EN DATE DU 13 MARS 1907

Par une précédente communicationen date du 5 mars courant (no82),j'ai eu
l'honneur de signaler A votre attention la nature toute spécialedes troubles
qu'avait déterminésdans le Sahara mauritanien la présence d'un envoyé du
sultan du Maroc. Laqualitéorficiellede Mouleyldriss luiavait permis d'exercer
sur les tribus maures, autant qu'il étaitpossible de l'établir, l'ascendant moral
propre i~triompher de leurs habituelles dissensions etA les grouper dans un
sentiment commun d'hostilitécontre nous. Ilyavait loin. en réalités,elonmoi de

ce rble actifàla mission d'enquête plus oumoins officieuse dont, d'aprèsles
représentantsdu maghzen, il aurait étéchargé envue des négociationsfutures
avec le Gouvernement franqais.
Par lettre du 28 févrierdernier, M. le gouverneur génkraide l'Afrique occi-
dentale française vient de m'entretenir du même sujetdans les termes sui-
vants :
(iDes déclarationsfaites par SiAbdelkerim Ben Sliman a notre consul à
Fhs, il résulteraitque le chérifMouley Idriss avait étéchargé d'aller recon-
naître Iasituation politique des tribus mauritaniennes, son enquêtedevant
permettre au maghzen d'entameravecnotre gouvernementdesnégociations

en vue de délimiterles zones d'influence respectivedes deux pays.
Dans la réalitéla mission de Mouley Idriss n'ajamais eu, aux yeux des
chefs maures, ce caractére pacifique. Une lettre du cheik Amejad a cheik
Sidiaétaitsignificativicetégard.Je vousadrese aujourd'hui,souscepli, la
traduction de quatre documents Bla lecture desquels il ressort que leschefs
maures n'ontjamais considéré MouleyIdriss comme un envoyédiploma-
tique, maiscomme un chefchargépar le Sultan de grouper autour de lui les
musulmans et de coordonner,leurs efforts contre nous. Les dissentiments
qui séparent si profondémentles tribus maures rendaient celte tâche trés
difficileetsiMouleyIdrissya réussiunmoment,c'est en raisondu caractère
officieldont iétaitrevétuet del'autoritépolitique et religieusedu sultandu'

Maroc dont il se disait et dont il étaitréellement l'envoyé.
Ainsi queje vousl'aidéjiifaitconnaître, l'autorité moret leprestigedu
sultan du Maroc peuvent seuls, en l'étatactuel, grouper contre nous les
tribus maures.Il y aurait par suite le plus grand intért convaincre les
populations mauritaniennes que le Gouvernement chérifienn'ajamais eu
une pareille intention et que Ie chérif MouleyIdnss a agi de son propre
mouvement et sans y étreen aucune'manière autorisé parlui, que les rap-
ports amicaux qu'entretient laFrance avec le Maroc ne permettent pas de
supposerque leSultanapprouvejamais destentations semblablesacellesdu
chérifet que tout agitateur qui sedira, envoyépar lui fera abus de son nom.
Il serait a désirerque notre représentantau Maroc pilt obtenir du magh-

zen une déclaration de cette nature. Répandue dans la population par
l'intermédiairede chefs religieux d'autoritéincontestéeet notamment de
cheik Sidia,elle rassurerait les tribus maraboutiques qui, en génér,om-
prennent lesbieniaits qu'ellessont appeléesAretirer de notre établissement SAHARA OCCIDENTAL

et convaincrait les tribus guemkres que, si ellesentrent en lutte avecnous,
elles ne pourront compter sur aucun appui extérieOr.

Je ne doute pas que la diffusion d'une telle déclaration,si toutefois il est
possible à notre diplomatie de l'obtenir, ne contribue trésutilàmla paci-
fication du pays.
Je m'associeentièrementau desideratum expriméparM. legouverneur géné-
ral de l'Afriqueoccidentale françaiseet i'insistetout uarticulitrement auprèsde
vouspour qu'unedémarchedanile sens;ndiquépar lui soit faite,sivousenjugez
la possibilité,auprésdu maghzen.
Vous trouverez, ci-inclus, copie des quatre pikces anneBéla communica-
tion de M. Roume.

Post-scriptum.Au moment de clore cette lettre, je reçois un télégrammede
M. Roume en date du Il mars, télégrammedont j'ai eu l'honneur de vous
communiquer tout aussitôt letexte,etconcemantl'envoid'armesdestinéàMa el
Aïnin, que votre lettdu 14février avaitsignalàmon département.Ainsi que
vous aura pu le voir, M. Roume insiste pour que le Gouvernement marocain
s'oppose B la délivrancede ces armes A Ma el Aïnin conformément à l'acte
d'Algésiras,si l'on ne veut exposer le gouvernement généie I'Airique occi-
dentale françaisà une aggravation importante de sescharges militaires. Je me

voisdans l'obligation,encequimeconcerne,dedégagerla responsabilitédemon
départementaupoint devuedesconséquencesquel'appui moral etmatériea linsi
donnépar leGouvernement chérifien A MaelAïnin,s'iln'estpas immédiatement
paralysé,peut avoir pour la sécuritéde nos possessions de l'Afrique occiden-
tale.
Annexes

Louange ADieu qui a fait que la plume remplace lajambe pour parler de vive
voix. Salutations sublimes et brillantes.
De la part dlOusman Oould Bakar,Oould Souaïd Ahmed Cheik Sidia (que
Dieu le préservede tout malheur).
La lettre a pourbut de te faire savoirqueje conservel'amitiéet l'affectionqui
ont toujours existéentre nous.

Qu'il soit dans ton honorable connaissance que tous les musulmans se sont
groupésauprésdu khaiifa Moulay Idriss représentant et cousin de Moulaye
- Abdul Aziz (empereur sultan du Maroc).
LesEdouaïch, lesAhelSidiMahmoud, Laglai, Medehouf, Tadjakant ,daoua-
li,Tortoz, Messouma, Taghat, Idei-Roussat, etc., se sont tous entendus avecles
Oulad N'ahia Ben Oustman.
Aujourd'hui il faut qu'une ambassadevienne de chez toipour prêter serment
au descendant de Moulaye Ismail et que l'avis de tous les musulmans soit le
même.Rien autre que cela n'est pas digne de toi.

Ecnt sousla dictéediOusman Oould SoueïdAhmed, le2du moisde Chaouai
1324de l'hégire.
Saint-Louis. le 16février1907.

Pour truductionconforme,l'interprèteprincipal,

(Signé)Bou EL MOGDAD.
Pour copie conforme,le chef odjoint du cabinet,

(Signé)GIRAUD. Louange k Dieu.
De la part d'Ahmadou Oould SidiEiy3 Ould Ahmet Saloum Ould Brahim
Saloum salutations honorables et compl&tes.
Lebut de lalettre estde tefairesavoirqueje suiston frére,ton pèreet mêmeta
mére.
Nous sommes en paix et souhaitons qu'il soit de mêmepour vous.
Jet'avaisdéjàfait direpar Ould BrahimOuld Seicombienje m'intéressadsà
et combien notre affection était grande pour toi.
Aujourd'hui sache bien que tu es mon parent le plus proche, seulement je
voudrais que tu te trouves dans un mtme pays que moi pour que tout le monde

connaisse et constate notre parente.
Tu tetrouves dans un pays où il ne nous espaspossible de nous montrer
parents sanscelanous l'aurionfailpourque ks agentsélaignéset ceuxqui sont
prés sachentque nous sommes parents.
Maintenant, je voudrais que tu prennes des dispositions avecleschrétiensafin
que tu puisses étreavec moi dans un mCmepays.
Lameilleuredes parolesestlapluscourte et laplusprofitable etlemeilleurdes
actes est celui que l'on commence (bien)et que l'on termine (bien).
Ecritpar un Tadjakant sousla dictéed'Ahmedou, Ould Sidy Ely.

P.-S. Garmi, mérede Fatma, Ould Assas et moi saluons Fatma. Dis-lui que
nous sommes tels qu'ellele désire.
Elle a dû apprendre quiOuld Assas étaitblessé mais grâcehDieu sa blessure
est Iégéret il est merne guéri.
Etant 18oii elle se trouve, Fatma est comme si elle étaitchez nous, sans cela
nous lui aurions envoyé quelqu'unpour nous l'amener.
Qu'elle sache que nous sommes en paix, que nous avons toujours de ses
nouvelles.
Ecrit par le mêmeécrivain.

Saint-Louis, le6février1907.

Pourtraduction conforme,
I'intetprèleprincipal,
(Signé)BOU EL MOGDAD.

Pour copie conforme,
le chejadjoint du cabinet,
(Signé)GIRAUD.

Louange à Dieu.
Dela part d'Ousman BakarOold Soueld Ason frèrequi estenmêmetemps son
fils, Ahmet Saleum Oold Birahim Seuleim.
Salutations honorables et complétes.
La lettre a pour but de te faire savoir queje te considére commeun enfant

obéissant et soumisA son pére.II ne faut pas imaginer qu'on puisset'égaler
auprésde moi.
Jevoudrais que tu soisavecmoidansun mPmepaysou nouspourrons avoirles
mPmes sentiments pour aimer et haïr.
11faut que tu emploiesun moyenquelconquepour sortir du paysdeschrétiens.
Ton corps et le mien ne sont qu'un seulet mémecorps et quand une douleur en
atteint une partie, nous en souffrons tous deux.454 SAHARA OCCIDENTAL

Maintenant tous les Arabes suivant la religion musulmane et ayant de
l'amour-propre sesont alliéscontre leschrétiens,etpuisque tu en esunneepuis
être contentque lorsque tu te mettras avec eux.

II faut te dépêcheert faire vite.
Ecritpar un Tadjakant sous la dictéed'Ousman Oould Bakar.
Saint-Louis, le 16février1907.

Pour traductionconforme,
l'interprèterincipal,

(Signe) BOU EL MOGDAD.
Pour copieconjorme,
Le cheju4oini du cuhinet,

(Signi)GIRAUD.

Louange àDieu qui sait maintenir la véritéet annuler le mensonge (c'est-
a-dire, qui défendles causesjustes et combat cellesqui sont injustes), Dieu qui
prive de toute raison ceux qui font la guerre ainsi qu'k son envoyé(Maho-
met).
Que le salut soit sur Notre Seigneur quiasu diriger sur le chemin droit les
peuplesqui étaientinjustes;quelesalut soit aussisursescompagnons et surceux

de sa famille qui en exterminant aprés lui les arrneedes infidélespenchant
toujours au mal età l'injustice ont soutenula cause de la pure reUgionqui n'a
cesséde briller jusqu'a présent.
Salutations aussi brillantes que le soleilet la lune aussidouces que le meilleur
vin et enfin qui n'ont point d'égalesni de pareilles.
De la part de Mohamed el Moktar Ould et Hamed (que Dieu ne donne Lses
ennemis l'occasion de se réjouiret qu'il lui accorde une longue vie).
Au cheik tr&ssavant, célebre,expérimentée ,t doué d'unesprit vif connu de
tous par sa bonne réputation, son nom élevé et sa noblesse héréditaire,cheik
Sidia Ben Cheik Sidi Mouhammed (que Dieu lui accorde une longue vie et
répande sur nousses bénédictions).
L'homme dont les faveurs se répandent sur lemonde.

le viens te faire connaître que les troupeskhalifaMoulay Idriss, représen-
tant du sultan du Maroc (que par sa force Dieu remplisse les désertset les
habitations d'habitants), sont arrivéesjusqu'à cheminavec l'intention de faire
desfortifications, soitKçar elBarka,soitaEl Henouck ouB Moudjeria, maisl.
choix du chérif nes'est pas encore portédéfinitivement sur aucun point.
Cette fortification a pour but de démolircellesque les Français ont faites ou
auront Bfaire.
L'arméedu chérif estcomposéede groupes de musulmans appartenant 5ides
tribus différenteset commandéespar des chefs célèbres.
Ces tribus sont les suivantes :

1) Laghial, y compris leurs alliés,les vassaux et les chefs qui sont Ben Abd
Rahmane Kahalifa, Ben Baba,Ahmed Laghdaf BenCheik Ben elDjoud, Sidiel
Edjai'dBen el Ghoulas, Ben Khaira Ben Abdallah, Ouba Bouma Ben Hanoui,
Djidou BenAbdi BenEdjaïd et SidébenBenelaccompagnésdeplusde deuxcent
cinquante hommes de leurs sujets ei de leurs parents.
2) Machdouf ayant en têteBen Lenhaïmid accompagnésdes princip2ux
notables de sa tribu.

3) Les Tinaouadjiou sous les ordres des filde Mouhamed Sakhir. 4) Les Chorfa commandéspar Eeïdane Ben Ali Arbi accompagnésde ses
cousins les fils de Didi et de Mouhammed el Arbi.
5) Les Oulad Bou Sba(fraction des Ahel SidiAbdallah) commandés par Ben
el Nourakchi el Habib Ould Semoni et leur cousin.
6) Lesgens del'Adrar sans exceptionycomprislespillards, leshonnélesgens,
les nomades, les sédentaires,les Idou Ali et les Smacides.

Tout cemonde apréteserment au chérifetsemettant isonentiéredisposition
en s'abritant sousl'ombrede sonétendardet en consentant mémed'étresousses
souliers.
Maintenant occupe-toi serieusement de ton affaire et prépare-toien t'adres-
sant A Dieu qui seul pourra te délivrer.Tu agiras en montrant beaucoup de

familiaritéet d'affection pour cacher ton stratagème et ton arrikre-pensée.Dans
toutes mes affaires.je ne compte sur aucun autre appui que le tien, toute autre
personne que toi ne pkse pour moi l'aile d'un moustique et nepeut êtred'une
utilitégaie à la tienne.
Laseulechosequi m'avaitdéterminé à faire ma soumissionaux Françaisétait
l'espoir de t'avoir unjour ou l'autre pour que nous examinions la situation
ensemble et arrangions nos affaires.
Tu es mon frèreet nous devons marcher ensemble. Dieu assiste toujoursles
frères quand ils veulent s'aider entre eux. Tant que je serai vivant, je serai
toujours a ta disposition.
Je te préviensquej'aipr0téserment au Magnanime, A l'illustrechérif.Puisse
par nos effortsà nous deux et par ton concours Dieu faire triompher I'lslam.
Sois d'une résolutionferme et agisavec prudence pour ta délivrance.

S'ilt'est possiblede prévenirle cheik Mamadou Bamba, fais-lepour qu'il se
débarrassede soucis.
Ilfaut que tu tedépécheset que tu prennes vite tes résolutionscar ledrapeau
des infidéless'estélevau-dessus de celui des musulmans de sorte que lesort se
montre en faveur des méchants et que la religion londke par les meilleures
créaturesn'est point saluéepar personne.
En tout cas, ne publie rien et sois discret jusqu'a ce que l'occasion3 saisir se
présente.
Que le salut et les bénédictionsde Dieu soient sur vous tant que le ciel
durera.
Ecrit par Mohammed Ben Yahna sous la dictéede Mohammed el Mouk-
tar.

Saint-Louis, le 18février.

Pourtraduction conforme,
I'iri~erprtrincipal,
(Signé)BOU EL MOGDAD.

Pourcopie conforme,
Le chefadjointdu cabinet.

(Signé) GIRAUD. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 158

LETïRE DU MINISTREDES AFFAIRESÉTRANG~RES DE FRANCE
AU MINISTRE DES COLONIES DE FRANCE,
EN DATE DU 21 MARS 1907

J'ail'honneurdevousaccuserréceptiondevotre lettre endate19de cemois
relative aux affaires de Mauritanie.
Les appréciations du gouverneur généralde l'Afrique occidentalsur le
caractere de la missiondu chérifMoulay Idnss répondent exactàla réalité
et c'esten ce sens que sesont exprimésdnos agents aMaroc lorsqu'ilsont
formulé auprés du maghzen la protestation rapportée dansmes lettresdu
2l janvier et 16mars. D'autre part,je vous ai faitcoAplusieursreprises,
notamment aux dates du 27 novembre, du 13fkvrieret du 16de ce mois que les
dispositions du taboAl'égardde la Francene nous permettaient point d'at-
tendre aucun rksultat utile de nos réclamations.
En definitive, nous ne pouvons compter que sur notre action propre pour la
solution desdifficultésquenous rencontrons en Mauritanie. Ilest vraisemblable
que les armes destinéàsMa el Aïnin seront débarquéeau cap Juby. Si vous
croyez devoirproposer M. le ministre de la manne d'envoyer unbltiment de
guerre sur cepoint. j'appuierai volontiers votre suggestion, maissous la réserve
que cette croisiere aura essentiellement une missdensurveillance, qu'elle
n'arréterninevisiteraaucun bâtimentportant lepavilloneuropéenetqu'elle ne

pourra saisir que la contrebande d'armes transportéepar des bâtiments maro-
cains.
J'ajoute que je transmetànotre représentant aMaroc votre lettre et les
documents quiy étaientannexés.Ilyaurait intérst ceque notre coAFèseût
en main non point seulement les traductions mais les copies des lettres arabes
communiquéesà M. le gouvemeur généralde l'Afrique occidentale. Annexe159

LETTRE DU MINISTRE DES COLONIES DE FRANCE
AU MINISTRE DES AFFAIRES ~TRANGER DEESFRANCE,
EN DATE DU 28MARS 1907

Vous avez bien voulu me fairennaître à la date du 21 courant et sous le
no 108(direction des affaires politiques) que malgré noscertitudes sur la reç-
ponsabilitédu Gouvernement chérifiendans les troubles de Mauritanie, vous
estimiez que les dispositions du Sultan Iil'égardde la France ne nous pemet-
taient point d'attendre aucun résultadeunos réclamations.
Or, en raison des circonstances nouvelles qui ont amenéle cabinet Ii la
résolution d'appuyer par une démonstrationénergique nos revendicationsantk-
rieures,peut-êtrevousparaîtra-t-ilque l'attitude inamicaledu maghzenvis-8-vis

de notre établissementdans le Sahara occidentadeenatureA fournirun
appoint des plus importaàtl'ensemblede nos griefs et que, par suite, nous
sommes fondésh exiger de l'autorité chérifiennmeme temps que les di-
verses réparationsque vous aura jugées nécess,es garanties efficaces et
durables, proprAsdissiper les graves difficultés auxquelles nousnous heur-
tons en Mauritanie. Ainsi queje vous l'indiquaisdans ma eu 13mars,
I'effewescence des tribus maures ne saurait étre calméeque si elles cessent
d'être assurése l'appui matériel etmoral du maghzen-ou de ses agents.
11serait donc du plus grand intérêtque nous puissions obtenir une décla-
ration par laquelle le Gouvernement chérifien répudierait hautement les
intrigues du chérifMouleyIdris et désavparravance toute tentatived'agi-
tation se recommandant d'une attache quelconque avec le pouvoir centrd de
Fès.
En cequi concerne plusparticuliérementlaquestion de l'armementclandestin
des tribus, peut-?tre estimerez-vous que la surveillance serait plus active si le
Gouvernement espagnol voulait biennous prêter sonconcours.Ilestnotoire que
la contrebande d'armes s'exercedans les eaux canariennes ou desalle-res
mands, apréstransbordementà LasPalmas,conlient leur cargaiAodes gaé-
lettes qui font voile vers la cbte africaine. L'autorCanarieîssmble
donc en mesured'entraver lemouvementdecontrebande qui ason centresur son
territoire, et la saisie opportune de quelques-uns des boutres noliséspour le
transport de fusilssur les rivagessahariens, aurait sansdoute Acet égardla plus
grande efficaciM..Roume considèreque la surveillance dans les eaux mare
caines pourrait étreexercée utilementpar les fonctionnaires de la douane des

ports, si des indicateurs en relation avec nos consuls pouvaienAcesumir
agentslesélémentsd'interventauprésde l'administration desdouanes dont la
vigilance se trouverait ainsi stimulée.
M. Roume souhaiterait en outre une extension desdisposdela conven-
tion de Bruxelles qui limite au 20eparallele (soit Ala hauteur dulaap Blanc)
zone danslaquelle est prohibéle commerce des armes de guerre, de telle sorte
que nous soyons autorisésà surveiller le rivage marocain jusqu'au détroitde
Gibraltar.
Je meborne Avous transmettre cevŒudonlaréalisationmeparaît d'ailleurs
d'une moindre urgence que celle des deux points précédents.458 SAHARA OCCIDENTAL

P.-S.- Lalettre ci-dessusavaitéremise àma signature,cematin, avant mon
départ pour le conseil des ministres. Ultimatum dont vous avez donnélecture
donne toute satisfaction. Néanmoinj'aitenu Iienvoyer cette lettre, aprésque

vous vouliez bien me faire tenir la copie de l'extrait de votre ultimatum, qui
intéressela Mauritanie. Je m'empressede la communiquer AM. le gouverneur
général,pour le rassurer.

Annexe160

LETTRE DU MINISTRE DE FRANCE À TANGER
AU MINISTRE DES AFFAlRES ETRANGGRES DE FRANCE,
EN DATE DU 28 MARS 1907

Notre consulàFès, auquelj'avais prescràdifférentesreprises de demander
au rnaghzen qu'il désavouâtformellement l'usagefait au nom du Sultan par
Moulay Idriss et par Ma el Aïnin dans la Mauritanie et dans l'Adrar, n'avait
jusqu'ici obtenu de Ben Sliman d'autre réponseque celle-ci<Le conseil des
vizirss'enoccupe.a Dans cesconditionsj'avais adresQM. Gaillard le 13mars

une lettre destinéeau ministre des affaires étrangèreschérifiendans laquelleje
renouvelais entermes trésénergiques maprotestation. exigeant de recevoirde lui
une réponseécrite.
M. Gaillard vient de me faire connaître qu'ila remis maàeBenSlimanet
que celui-ci suivant sa formule habituelaedéclaré qu'il ltransmettrait au
conseil des vizirs. Sur les instances de notre agent qui lui signalait le danger
quecourrait lemaghzen en s'exposantfides représaillesde notre part, leministre
chérifiena affectéde déplorerI'attitudede sescolléguesAnotre ég:<Ceux-ci
ne cherchent qu'a flatter l'orgueil de leur maitre, en affectant d'exagérerla
sécuritédont jouit le Maroc vis-&visdes puissances étrangèreset surtout de la

France depuis la conférenced'Algésiras))D'après Ben Sliman, <ils ne con-
çoivent pas quela reconnaissance delasouverainetédu Sultan etde l'intkgritéde
ses Etats ne confkre paau Gouvernement chérifienune immunité A l'abri de
laquelle il puisse vivre insoucieuxde sesdevoirs internati».D'autre part,
<MoulayAbd el AzizposséderaitAun trop haut degrélavanitédson pouvoir et
de son indépendancepour écouter sansdéplaisir lelangagede la raison et même
celui de la prudenceb.
J'estimepour ma part qu'ily a lieude n'ajouter aucune crauxcprétendus
regretde Ben Siiman de ne pouvoir nousaccorder les réparationsque nous

jugeons nécessaires.Le ministre chérifiendes affaires étrangéres nousest d'au-
tant plus hostile qu'il a étépendant un temps suspecté d'avoirdes tendances
françaises, et il essaie de se laver de ce soupçon en se montrant en toutes
circonstances opposé nos revendications. Ainsiqueje l'aij8fait connaîtrà
Votre Excellencepar ma dépêchn eo 36du 24janvier dernier, la force seulenous
permettra d'obtenir raison det'inertievoudurnaghzen. L'assassinat tragique
du docteur Maucharnp et les décisions énergiquesde Votre Excellence nous
permettront de régler en méme tempsque nos autres réclamationsnos reven-
dications sahariennes. Annexe 161

LEïTRE DU MINISTRE DE FRANCE À TANGER
AU GOUVERNEUR GÉN~RAL DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE

FRANÇAISE, EN DATE DU 13MAI 1907

Conformémen ludésirque vous m'avezexprimébplusieurs reprises,je n'ai
rien négligpour amener le makhzen A désavouer le chérif MoulayIdriss et le
cheik Ma el Aïnin dont l'action dans l'Adrar et dans la Mauritanie a étési
pernicieuse pour notre influence. Mescommunications précédentes vousnt fait
connaître les réponsesdilatoires qui ont étéfaithsnotre consul 3 Fés.
J'ail'honneurde vousenvoyer ci-jointen annexe(1)letexted'unede ceslettres
en date du 25 mars en réponseh une communication en date du 15mars dont
vous trouverezégalementci-jointcopie(annexe II) et qui était,dans mon inten-
tion, destinéeAètre signéepar le Sultan. Une fois revêtuedu sceau de Moulay
Abd elAziz,elleaurait été répanduedans lestribus sahariennespar lessoins de
votre gouvernement général et auraitproduit d'heureux effets pour la pacifica-

tion des régions troublées.
L'assassinat du docteur Maucharnp hMarrakech nous ayant amené présen-
ter a nouveau au makhzen toutes nos revendications et l'occupation d'Oujda
nous fournissant un moyen de pression sur le Sultan, la question de nos diffi-
cultéssahariennes avec la cour de Fésa figuré enbonne place parmi cellesdont
nous exigeons le règlement.
Voiciletexte de nosréclamationsconcernant votre gouvernement généraqlui
a étéenvoyé iiFès àla date du 28 mars dernier:

((Sur un autre point des possessions françaises dans la Mauritanie et
l'Adrar,l'actiondu makhzen a soulevédegrandes difficultésdans lesquelles
des soldats français ont trouvéla mort. Le chérif MoulayIdriss, agent du
makhzen et chargéde mission par lui, ainsi que vous l'avezreconnu, devra
êtreofficiellement désavoupar deslettres chérifiennesconcertéesavec ma
légation et rappelé,afin qu'il ne continue pas,au nom de Sa Majesté
chérifienne,Asouleverdes rébellionarméec sontrelesFrançais. En outre,
des mesures sévéresseront prises pour réprimerla contrebande de guerre
que le makhzen entretient sur nosconfins par lesdons et lesenvois qu'ilfait
adresser ouvertement au cheik Ma el Aïnin. Le makhzen n'ignorepas que
ces armes et ces munitions sont employéescontre nos troupes1)

Une premiere réponsedu makhzen A nos réclamationsne contenait que des
protestations générales;de bonne volonté ;j'ai l'honneur de vous adresser
ci-joint (annexe III) lespassageslalettre datéedu 13avril(30Safar 1325)qui
visent nos réclamations sahariennes.
Plusieurs des passages de cette lettre ne sauraient ètre admje,n'ai pas
manque d'appeler par mon télégramme en date du20 avril l'attention du gou-
vernement sur les très gravesinconvénientsqu'il y auraiiprocéder ila déli-

mitation demandéepar le maichzendes tribus qui resteront marocaines et des
tribusqui deviendraient françaiseC'estàma connaissancelapremikrefoisque
le makhzen réclame officiellement des droits surles tribus voisines de nos
possessions de l'Afriqueoccidentaleet nous ne saurioAaucun degréadmettre
ses prétentions.460 SAHARA OCCIDENTAL

Par une communication en date dlermai,M. le ministre des affaires étran-
géresm'a fait connaître qu'il partageait mon sentiment et il m'a prescrit de
repousser nettement,sans mêmla discuter,la proposition du makhzenrel1iive
la création d'unecommission de délimitationentre le Maroc et le Sahara. J'ai
transmis ces instructions au ministre chérifiendes affaires étrangéresle même
jour lermai, en réclamantà nouveau l'exécutiondes satisfactions exigéesle
28 mars.

Je protestais en mémetemps contre lesexpéditionsd'armes fàiMogador
pour le compte du cheik Ma elAïnin que mes télégrammses 25avril 4mai
vous ont fait connaître. Le gouvernement avait presce sujet a la Jeanne-
d'Arc une mission sur la côte atlantique 0rd0~ant la saisie &êterre du
matPrielde guerre. L'état trode l'intérieurrendant nécessairela présencede
la Jeanne-d'Arc entre Mazagan et Casablanca a fait ajourner cette mission.
Quoiqu'ilen soit, la question desrappdu Maroc avec nos possessionsde
l'Afriqueoccidentale reste au premier plan despréoccupationsdecette légation
et je ne négligerai rienpour obtenir une solution.
Jevous transmettrai, désqu'elleme sera parvenue, la réponsedu ministre
chérifiendes affaires étrangères.

Annexe162

LETT'RE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DSU MAROC
AU MINISTRE DE FRANCE A TANGER,
EN DATE DU 25MARS 1907

J'ai bien reçu la lettre en date du 15mars courant par laquelle vous vous
plaigniezdes menéesde Moulay Driss BenAbderrahman et de sescompagnons,
les gens de la suite de Ma el Aïnin parmi des tribus sahariennes que vous
m'informez releverde lajuridiction de votre gouvernement.

J'aipris bonne note devotrelettre etl'aiàlaconnaissancede SaMajesté
chérifienne.Notre maître m'a ordonné devous répondreque les faits sont en
réalité ceux-:plusieurs tribus du Sahara avaient coutume de serendre auprés
desnoblesancétresdenotre maîtrepour prêterserment de fidiiSaMajestéet
ellesont encore en main des lettres chérifiennes. Cestribus étaient encoreatta-
chées Acette tradition du vivant de notre maître sanctifié (Moulayel Hasan).
Ces tribus avaient adressé leurs lettres avec un certain nombre no-leurs
tables&lacourdenotre maître victorieux(MoulayAbdelaziz)pour luidemander
d'envoyerde sapart un chérifdont ilsrecevraientlabénédidans leur payset
qui prendrait soin de recevoinouveau leur serinent de fidAlSa Majesté
cherifienne suivant la tradition suiviepar leursil'égarddesancCtresde
notre maître.
Sa Majesté chérifienneaccueillit leur demande et envoya avec ces notables

Moulay IdrisBenAbderrahman, et non paspour combattreni pour allumer le
feu de la révoltedans les tribus connues comme relevant de la juridiction
française.
Ei tout cas le makhzen a édicté desordres nécessairespour qu'un rapport
lui soit envoyésur ce qui se rapporte à cette questiolaréalité desfaits
afinde pouvoir vous répondre, avec l'aide de Dieu, d'une façon compléteet
définitive. Annexe lfi3

LETTRE DU MINISTREDE FRANCE A TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES BTRANGÈREsDU MAROC,
EN DATE DU 15MARS 1907

Notre consulA Fés a déjAattiréà plusieurs reprises l'attention de Votre
Excellencesur lesmenéeshostilesdeschérifsMoulayIdnss et MaelAïnindans
desrégionsde l'Adraret de la Mauritanie dont lespopulationsont demande et
obtenu depuis de longues annéesla protection française. Sedisant faussement
envoyéspar leSultanet abusant de son nom,cesimposteursontexcitécontreles
autorites françaisesdes populations ignorantes et des combatssanglantsont eu
lieu en plusieurs endroits, notammentjkidja etTiemelan. Notre consul
vousaura lu deslettresqui ne laissentaucundoute surla façon dont on a abusé
du nom vénérk deSa Majeste chérifienne.

M. Gaillard-chargepar nousde s'entreteniravecvouscettquestiodont
la solution est absolument nécessairedans l'tumaintien et du dévelop-
pement des bonnes relationsentre nosdeuxgouverneme-tnous afaisavoir
que vous lui avezdit quele conseildes vizirs s'mcupait toujours de la ques-
tion0.Les renseignements que vous avez demandésvous sont certainement
parvenusen cemomentetje vousseraiobligédemefairesavoirs'ilestwai quele
Gouvernement de SaMajestéchérifiennait autoriséMoulay IdrAsparler en
sonnomet Agrouperautour de lui cesfauteursdetroubleset dedésordresquine
cherchent qu'à semerla discorde entre les deux pays unis.
le nepuiscroirepour mapartuelemakhzendont lesintentions sontamicales
dans le nord de l'Empiresoit animéd'intentionsbelliqueusesdans des régions
qui sontsoumisesdepuis de longues annéAsla France.
11me sera trks agrkabled'avoirpromptemeparune lettre de Votre Excel-
lencelaconfirmation des intentions amicalesqui sont An'enpoint douter celles
de S.M. le Sultan. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe164

LETTRE DE L'AMBASSADEUR DE FRANCE A MADRID
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE SE FRANCE,
EN DATE DU 16 SEPTEMBRE 1911

Leministred'Etatest vencematin memontrer un télégramme de . Polode
Barnabérendant compte d'uneconversationqu'ila eue avecJules Cambon.
Au cours de cetentretien,notre ambassadeurrlin,aprkslui avoir manifesté
qu'il était satisfait de sa derniéreconversation avec M. de Kiderlen, lui avait
incidemment parléd'unarticle de la convention hintervenir entre la France et
l'Allemagne,fixant la LimitMaroc Ala frontiere Rio de Oro. M. Garcia
Pneto étaitassezpréoccupéde cette dkclaration, qui, B son avis, réglaitla
situationdesterritoires dans cetterégiond'uneifférentede cellefixéepar
l'arrangement franco-espagnol de 1904.

Jeluiaifait observerque ledernier paragraphe de l'article6de la convention
dont il s'agit s'applique rapports de la France et de l'Espagne et qu'un
arrangement entre l'Allemagneet la France peut trks bien déterminerd'autre
façon la situation de ces territoires. Le Gouvernement royalulement
fonde Adéclarerque c'estpour lresinter aiiacta.
Commeje nevoulaispas paraitre connaitre le détail du projet d'arrangement
franco-allemand,jee suisbornéAajouter qu'ilétaitfort possibleque dans le
traité projeté entrelescabinetsde Paris et de Berlinun article fixàt la frontiére
méridionaledu Maroc au Rio de Oro, c'est-&direau territoire espagnol.Le but
qu'on se proposerait sans doute dans cettehtse serait d'éviter que1'Alle-
magnepfit selivrerdans cette réAiune manifestation comme celled'Agadir,
maniîestation qu'ellechercheraithjustifier enfaisant observerqu'elle agissaiten
dehors du territoire marocain. Le Maroc allant, au regard de l'jus-magne,
qu'au Rio deOro et cette puissance renonqant &toute action au Maroc, une
pareilletentativeserait Al'avenirimpossibleAl'Espagne,ellerestedansla
situation antérieure.
M. Garcia Prieto a fait la m&medkmarcheaupres de l'ambassadeurd'Angle-
terrequi lui arépondudans lemêmsenset aavisétélégraphiquemenlteForeign
Office. Annexe165

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE FRANCE
AU CHARG E'AFFAIRES DE FRANCE A MADRID,
EN DATEDU 15NOVEMBRE 19 11

Un paragraphe de Yune des lettres annexes aux conventions franco-alle-
mandes du 4novembre 1911contient des dispositions que les deux gouverne-
mentssignataires nepublieront pas actuellement,mais qu'ilsommuniquées
verbalement A leurs parlements respectiititre confident:el

1){(Dans le cas où 1'Allemagqedésireraitacquérirdel'Espagnela Gui-
née espagnole, l'île Coriso et les îles Elobey, la France serait dispoçéeA
renonceren safaveur Bexercelesdroits depréférencqu'elletient du traité
du 27juin 1900 entre la France et i'Espagi>.
LaFrance renonce ainsi, pour une éventuadétermide, ii un avantageque
l'Espagne luia consenti en 1900.La France rend donA l'Espagne,dans une
certaine mesure, la liberté de disposer de certainsloires, si lejuge B

propos,mais la France ne confere aucun droi1'Allernagnesur ces temtoires.
L'Espagnese trouve dégagéevis-&visdela France surcepoint, sansétre,du fait
de laFrance, aucunement engagbevis-à-visde YAlLernague.
2) <iL'Allemagnerestera étrangéraux accordsparticuliers que la Fran-
ce et Espagne croiront devoir faire entre elles au suMaroc. ))

Cette clause dégageentiérementl'Espagnede I'hypothéquemise par ]'Alle-
magne sur leMaroc et purgéepar nous ; l'Espagnen'apas hcraindre l'intrusion
et la pression allemandes dans lestractations qu'elleconduira avecla Franceau
sujetdes affaires marocaines.

3) ((Etant convenu que lMaroc comprend toute la partie de l'Afrique
du Nord s'étendant entre I'Algkrie,l'Afrique occidentale françaiseet la
colonie espagnole du Rio de Oro.>

L'Espagne appréciera le soinmispar nou1excluresa coloniedu Rio de Oro
de la région marocaine.
Vous voudrez bien communiquer verbalementes clauses au Gouvernement
espagnole,n lescommentant et en insistsurleur caractkreconfidentiIIest
facilede comprendre lesinconvknientsqu'auraeus la publication prématurée
de ceparagraphe ;en lecommuniquant au cabinet de Madrid, noluidonnons
une preuve nouvellede confiance et de loyauté. SAHARAOCCIDENTAL

Annexe166

LETTRE DU CHARG E'AFFAIRES DE FRANCEA TANGER
AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGWE DSE FRANCE,
J3iDATE DU 30NOVEMBRE 1911

Guebbas rendcompteaurnakhzenqueleministrd'Espagnluianotifieque
son gouvernement ne peutonnerson adhésioA l'accord franwallernand
jusqu'hce(qu'aitprisldes~gageslreprésenllreositsdel'EspaMaroc,
tels qu'ilsrésultentd'accordsinternationaux anterieus.
Guebbas demandant indicationspour répoAdcette notification,j'ai sug-
gkrkaumakhzen dedéclarqueleSulrannereconnaîtAl'Espagnequelesdroits
à elle attribparles traites conclus aMarocet par i'acted'Algésiras.
Que,au cas OUEspagne prktendrait avoiracquisdesdroits ndufaitx
d'occuperdestemtoires récenSultanloinde reconnaîtrecesdroits, saisisse
cetteoccasiode renouveler les protestations causéesdkjl maiAces fois
sujet.
(Le Makhzen vous) prie de communiàuGuebbas ces indicationsdont il
recevra confirmation lettre.

Guebbasetait le représ$Tangerdusultandu Maroc. Annexe167

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DSE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A MADRID,
EN DATE DU 3 JUILLET 1904

Je rêpondsli vos télégrammeno'96et 97.
Bienqueje n'aiepas ledroit de l'exigerdes établissementsqui font l'emprunt
marocai ne,suis prhtm'employerpour que, dans deux sur trois des ports A
douane de la régionrkservéeBl'Espagne,les chefs des services,c'est-à-direles
déleguédseM. Regnault,représentantgénkraldesporteurs,soientde nationalité
espagnole.
Voilà pour la part d'administration de l'Espagne. Sa part économiqueest
spkdiée dans l'article8 du projet. Quant &saparticipation Bla police, elleest,
pour un tempsimpossiblàdéterminer,absolument irréalisaEnCrkte, c'estA
la demande du prince, en Macédoine,c'est avecla résignationmaussade du
Sultanquedesofficierétrangersontcoopérou coopérenïil'organisationde la
gendarmerie.Au Maroc, l'idéed'appelerdes officiersespagnolssoulkAlaait
foisle Sultan et lapopulation, entrainant une expéditionmilitaireet la conquête
que nous ferons tout pour éviter.
LeSultan acceptenotre assistance,maisnousmanŒuvronstoujourspour qu'il

nous la demande lui-meme.Il repousserait aujourd'huiaveckclatl'assistancede
l'Espagne. Ce n'est que lorsque nous aurons pris sur lui et sur les populations
l'autoritéui résultera du bien accompli que nous pourrons l'amenela
subir.
Il faut quM. San Pedro ouvre lesyeux Bla réa. our des considérations
supérieuresdepolitiquegénkralej,e résisAla pression redoubléedu parti
colonial et fàil'Espagneunepartplus grande que celle qui dewule de notre
convention avec'Angleterre.Avant qu'elle puisse rrettepart, je l'admets
à wUaborer dans l'administration des douanes et dans les entreprises éwne
miques,cequenestipulepas l'accordfranco-anglais.11nefaut pas medemander
plus nide compromettre notreŒuvre en ruinant du mêmecoup l'avenir de
l'Espagne.
Quant à la servitude de la &te, prévuepar l'article7 de la déclaration du
8 avril,je la faiscommencer à trente kilomktresau sud-estde Melillajustement
poury comprendrelelac de PorNovo. Cen'estqu'Qcetteconditioquej'aipu
consentir, sur votre demande et sur celle de notre ambassadeur BLondres, à
laisser la sphéreespagnole aller jusqu'li la Moulouya ; l'Espagne est libre de
fortifierlaequi estpresque troisfoisplus étenduequelapartie françaiseentre
laMoulouya et le Kiss. SAHARA OCCIDENTAL

LETTREDU PaSIDENT DU CONSEILDES MINISTRES DE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A BERLIN,
EN DATEDU 4 AOOT 1911

Je vous remerciede votre lettre et de l'aimable accueilque vous aveàréservé

M. Piétriauquel je dicte cette réponse.
Si vous le voulez bien, je vais sérier lesque:tions
1. QuestionduMaroc. - Vousapercevez,encequi concerne leMaroc,qu'ilest
indispensable quelaFrance ait,non pas seulementlesentiment, maislacertitude
que l'Empire chérifien luiappartiendra. A cet effet, et en mApart toute
question de formules,sur lesquellesvousvousentendrez avecledépartementdes
affaires étrangéres,il f:ut
a) quelasoliditédel'instrument diplomatiquesoit subordonnQl'adhésiondes
puissances signataires de l'acte d'Algésirasou, tout au moins, qu'il soit
entendu que l'acted'AIgésirassemodifipé arl'adhésiondelamajorhédes
puissances signataires. La formAtrouver est une question de dé;mais

vous entendez combien ia réalitéimport;
b] que l'Allemagnes'engage,sous tellesformesqu'ilappartiendànous laisser
réglerles difficultésqui, immanquablement, surgiront entre nous et i'Espa-
gne,en toutelibertsansadossercette puissance. Jen'ai,j'ai àpeinebesoinde
le dire, aucune intention de brutaliser l'Espagne ; maisj'entpasslui
faire de concessions exagérst être maîtrede lui imposer mon point de vue
qui est et sera raisonnable et mesuré.
Ün dernierpointavant d'enfinir avecMaroc :sirEdward Greyindiquequ'il
faut prendre toutes ses précautions au sujet d'Agadir etdu Sous, que les Alle-
mands, avec unebonne foipunique, pourraient prétendre ne pas rentrer dansle
Maroc. Jen'aipasbesoin de m'élevercontrecette absurdi:maisje précise qu'il
doit étre entendu qu'aussitôt la signature de l'accord, Agadir sera évacué.
2. Questiondescompemations. - D'apresvotre dépécheAM.de Selves,queje

viens de lire, vous envisageriezdeux systkmesd'accord, consisnerecevoir
que le<<Bec de Canard r)Al'exclusiondu Togo, Bdonner en échangepas mal
d%les,des bandes de territoires le long du Cameroun et un couloir d'acc&sau
Congo ou A l'Oubangui ; I'autreconsistAnse montrer beaucoup plus largesur
les concessions de territoires entre le Cameroun, la Sangha, le Col'Ou-t
bangui,itne donner en revanche que fort peu d%leset h recevoir le Togo.
Je vous demande de vous orienter de préférence,et autant que cela sera
possible, dans la seconde voie. Je vous demande surtout de donner le moins
possible endehors du Congo. Jesuisplusparticulierement hostileàlacessiondes
Comores. Pour vous exposer mon étatd'esprit, je vousdiraque je raisonne
comme suit :
En faisant des concessions disperséessur divers points du monde, nous
paraissons faire un marché, mettreau mont-de-piéténosbibelots de famEnle.
traitant sur le Congo seulement,nous procédonsAun kcbangede temtoires, qui

doit sansdoute 2treplusavantageux pour l'Allemagnequepour nous, maisquise
tient cependant dans ses grandes lignes. L'opinion publique le comprendra et
l'acceptera, si les charges que nous assumons ne pastexcessives. Annexe 169

LETTREDU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DE FRANCE
A L'AMBASSADEUR DE FRANCE A MADRID,
EN DATE DU 20 AO~T 1911

Dans l'entretien que vous avez eu samedi avec le ministre d'Etat, et proba-
blement dans desentretiensantérieursaM.cGarcia Pneto etd'autreshommes
dlEtat espagnols,vous avezparlésansdoute de l'application de l'accordfranco-
espagnol de 1904en des termes qui paraissent avoir émule Gouvernement
espagnol. M. PérezCaballero est en effet venu, en ailéguantdes paroles pro-

noncéespar vous, me demander hier si, malgrétous les événements récemment
survenus, nous voulions nous en tAnla lettre de l'article 11de cet accord et,
par conskqueat, exiger de 1'Espagneque,jusqu'en 191elln'exerceaucune
action dans sa zone,A moins de s'étrepréaiablement mise d'accord avec
nous.
J'arépondu AM. PérezCaballero que telle n'étaitpas votre pensée; nous
pensons, au contraire, Aune combinaison nouvelle, qui étendrait les droits de
Espagne dans sa zone et,parcontre, restreindrait ceux que l'accord de 1904
attribuela Francedanscette m&mezone, au-delCim&mede l'échéancee 1919.
Iy auraitlaai-jeditune amélioration considérablede la situation présentede
l'Espagne; àce propos, je vous approuve d'avofairemarquer au ministre
d'Etat que, sil'Espagnedevaitobtenir, par despourparlers où I'Allemagneserait
une des parties négociantes,l'améliorationde sa situaMaroc,uelle aurait
certainement à consentir des concessionsterritoriales Acette puissance. Mieux
vaut donc,pour l'Espagne, traiter avecnousseulsqui n'avonspas l'intention de
formuler de telles exigences.
A cet égard,aprèsavoirrepasséen revuetous lesincidentssurvenuMamc
entre les Espagnols et nous depuis six mois,j'aiconstatéque l'imprécisionde la
limiteétabliepar l'accordde 19041e,ntre noszonesrespectivesd'infiucôtédu
de l'Atlantique, avait contriAuBanaissanc etau dkveloppementde ces
incidents, D'aprés l'accord de 1904, la limite, Apartir du mont du Moulay

Bou Chta, doit courir en droiture vers le nord jusqu'a sa rencontre avec le
Loukkos, en longeant hune distance de 25kiloméàrl'estla route de AEl
Ksar par Ouevan ;puis elle doit descenleLoukkosjusqu'h une distance de
5 kilométresen avaldu passage dela rivièrepar la routepr,our gagnerde
liidirectement la merparallélemeàla Lignedu Tropique. Oryia deux routes
de Fés àEl Ksar par Ouevan et, comme de raison, les Espagnolsdisent que la
bonne, celle viséepar l'accord, est cellequi franchit le Loukkos le plus au sud,
tandisquenosagentsau Maroc soutiennent quec'estellequifranchit leLoukkos
le plus au nord. Pour coupercourtdes contestations de ce genre, unedélimi-
tation épousantdes lignes géographiques naturelles serait trésdésetalee,
Loukkos, malgréses sinuosités,aurait pu fournir clignejusqu'h la mer, si
Larache ne se trouvait sur sa rive gau;hmais en laissant Larache hors de
question avecun certain périmét, e croyez-vouspaslemoment opportunpour
réclamerla reconnaissance par l'Espagne de la fixation au cours du Loukkos
jusqu'à une certaine distance en aval d'El Ksar de la limite entre nos deux
zones ?
Au suddu Maroc, la vastezoned'influence reconpar nous Al'Espagneen468 SAHARA OCCIDENTAL

lm, et qui coupe notre Mauritanie de I'accéshla mer, est un autre sujet de
méditation.IImeparait difficilàmoinsd'un échange tenitonal, de reprendrà
l'Espagnesonétablissement d'Ifni;nouslelui avonsreconnuen 1904,enfixant
mêmeles limitesdu côtédu nord, etje n'aipas besoin devousrappeler que, au
mois de novembre dernier, nos bons offices n'ontpas étéétrangeAla conclu-
sion entreEl Mokri et lemarquid'Alhucemas du traitéqua fixélesconditions
de la remisepar learoc ?il'Espagnede cetétablissementd'Ifni.Mais,en raison
de lalibertéd'actionqu'obtienti'Espagnedans sazonedu nord, neconsentirait-

ellepasà abondonner sesdroitssursa zonedu sud, ouellen'a,depuis 1904,rien
tentéde faire, ou elle n'a rn&mej,e crois,jamais fait acte de pré?ence
Commevousleverrez parletexte duprojet quej'espkreêtreenmesuredevous
envoyer demain par le courrier, nous sommesprêtA accorderA l'Espagne,sauf
sur leterrain économiquesoigneusementgardé par touteslespuissances,la plus
grandelibertéd'action. Une faveurde cetteimportanceme paraît mériterquel-
que retour delapart del'Espagne.Je vousseraisobligéde vousexprimerdansce
sensdans votreprochainentretien avecle ministred'Etatet de m'informerde sa
réponse. Annexe 170

NOTE ADRESSEE AU MINISTRE DES AFFAIRES BTRANG~ES
DE FRANCE, EN DATE DU 27 MARS 1912

Le premier projet d'accord paraît êtrecelui du 31 août 1911.
La seule modification au tracéde 1904, dans la régionnord, consistAit
prendre expressémenpour limitle LoukkosBpartirde sonintersection avla
route orientale d'OuezzaE) Ksar etjusqu'h une distance de 10kilométresen
avaldu croisementdecetteivikreetdelaroute occidentaled'Ouetz1El Ksar,
de manièreAlaisser dans la zone espagnole la route de LaraEleKsar ;la

limite devait ensuite gagner parlign eroite la côte de l'Atlantique.
iln'étaitpas parléde la zone d'inîïuence espagnole dans le Maroc méridi*
nal.
M. Geoffray,sans remettre ce projet, fait connaître au Gouvernement espa-
gnol que la France demanderait la zone du sud comme compensation aux
sacrificesterritoriaux consentis B1'Allemagne(2 septM.bdeSelvestint le
m&melangage Al'ambassadeur d'Espagne.La discussionfut interrompue pres-
que aussitô; elle ne devait Etrereprise qu'au commencement de décembre.
Un second projet fut prépar1la date du 6 septembre, mais non remis. La
limite des zones quittait la Moulouyailomktres en aval de Mechra Klila,
gagnait par la ligne de faite Moulay Bou Chta,puis se dirigeait vers le nord
A 25kilomètres B l'est de la route orientale d'OuazanEl Ksar,jusqu'au
35eparaliéle,qu'elle suivaitjusqu'Bl'océan.
Nous réclamionstoute la zone d'influence espagnole du sud.
Un troisikme projet porte la date du 10octobre ; il maintenait, quant aux
zones, les dispositions du deuxiémetexte.
Un quatriémeprojet (20 octobre) reposait sur la ceAl'Espagnede ter-
ritoires marocains. La limitepartait de Mechrarla Moulouya;eilesuivait
la ligne de partdes eauxjusqu'l Fondouk Ain Qedida (Bégaledistance de
Tanger et de Tétouan;ellerejoignait ensuite la pointe d'Alkazar,sur ledétroit
de Gibraltar.ville et leterritoiredeTétouan,englobésdans lazoneespagnole,

devaient rester sous la souverainetédu Sultan et 2tre administréspar deux
hauts-commissaires espagnol et marocain.
Dans lesud,l'Espagnerecevaitun territoire comprisentrel'ouedBouLedraet
I'oued Kchich, la partie supérieurede l'oued Mou1el Achar et de l'oued Asif
Nbaga.
Leprojet du2dkcembrefut lepremier communiqué A l'Espagne.Il délimitait
les zones par une ligne partant de la Moulouyal'alignement des hauteurs
voisines de laive gauche de I'oued Defla, pseconfondant avecla lignede
partagedes eaux,entre lbassinsdu RifetlebassindeI'Ouergha,d'unepart,et
lesbassins de I'ouedInaouen et du Sebou,d'autre part ; Apartir de MoulayBou
Chta, euese dirigeaverslenord, B25kilométresB I'estde routed'Owuan,
jusqu'au Loukkos ;ellesuivaitcetterivierejusqu'à larencontre du paralléled'un
point situéA 10kilomètresau sud de Larache.
Nous réclamions lazone du sud. Mais nousn'écartionspas la cessiondAIfni
l'&pagne, avec un temtoire environnant, sous la condition d'un droide
préemption en faveur de la France.
Le 15février,M. Geoffray recevait l'instruction de proposer une limite par-470 SAHARAOCCIDENTAL

tant de la Moulouya hMechrSfa gagnant le djebel FizSidAhmed el Filali'
etledjebelBeniHassen,puislaligndefaîtejusqu'amassifdominant lasource
de I'Ouergha.Nous acceptions ensuite, Atitre de transaction, pour la partie
comprise entrEl Ksaretla mer, une frontiére, rapprochéede la rive gauche du
Loukkos, mais laissant dans la zone espagnole la route de ;Apartir de
Smid el Ma, la frontiére devaitgagner directement la mer. Nous demandions
égalementle cap de l'Eau.
Dans le sud, nous étions disposéAlaisser aux Espagnols Ifni, avec une
banlieue d'une dizaide kilométreset un territoire compris entre le prolonge-
ment de la frontiére0rientale.d~ Riode Orojusqu'iila SaguietelHamra,.et cette
riviérejusqu'h la mer.
Postérieurement, nous avons proposé, pourle marifain, la formule de la
lignede partage des eaux entre lesbassins cbtiers dela Méditerranée,d'unepart,
les bassins de la Moulouya et du Sebou, d'autre part.

Annexe 171

TELEGRAMM EE L'AMBASSADEUR DE FRANCE À MADRID
AU MINISTRE!DES AFFAIRES ETRANGERE DSE FRANCE,
EN DATE DU 10AVRIL 1912

Suite Iimon télégrammeno 134.
Le Gouvernement espagnol déféreraau demandes françaises en acceptant
que :

1) La ligne de démarcationdans le sud entre les deux zones d'influence soit
l'oued Draa.
2) Puisque Iaconvention de 1904fixeleslimitesd'Ifni seulementau nàrd et
l'est,la limite sud sera celle proposéepar la France, c'est-A-direla frontiérede
I'ouedSidi Oueneg. La lignequi devra relier lasource de cefleuve avec cellede
l'oued Tazeroualt sera aussi directe que possible.

Dans la zonenord la frontiérede la convention de 1904sera mainmaise,
l'Espagneseprêtera larectification ultérieurede màncequelarivegauche
de I'Ouerghapasse alazonefrançaise,jusqu'iiun point qui niau-dessous
du confluent avec l'oued Serniau-dessus de la longitude de Djemaa Xorfa
Taffraout. Cepoint et lemodele plus pratique pour le réajuster avecla limite de
l'accordde 1904,c'est-à-direaveclalignede partage des eauxentre lesbassins de
I'Ouerghaet du Kert et celui de llInnaouen, seront déterminéspar une commis-
sion mixte hispano-française, qui évaluerala superficie de la partie qui devrait
passer de la zone espagnoAla française et fixera les limites d'une superficie
équivalentequi devrait passer de la zone française Ala zone espagnole, soit du
côtédel'océanAtlantique au sud de Larache soitentre la Moulouyaet leMesun,
soit dans ces deux régions. Annexe ln

EXTRAIT D'UN ARTICLE DU LIEUTENANT COLONEL DE
CASTRIES :<(LE SAHARA MAROCAIN>>P ,ARU DANS LA REVUE
HESPÉR IS (NUMGR0 DU QUATRIÈME TRIMESTRE 1923)

Le <iSahara ou Grand Désert)),comme l'appelaient nos anciennescartes,
représentait beaucoup plusnotre ignorance qu'une réalitégéographique.On le
faisait commencer trésprésdu rivageméditerranéen eton le prolongeait au sud
jusqu'au cours mal défini du Niger. Une formule toute faite, «le sable du
désert ))était touce que l'on savait de la constitution de son sol. Lesexplora-

tions du XIXeet du XXe siécleont fait justice de ces notions grossièrement
erronées.La limitenord du Sahara s'estéloigneelaMéditerranéep ,endantque
sa limite sud étaitentaméeen plusieurs endroitspar la brousse tropicale. On
apprit que cette régionétait loinde présenter une structure et un aspect uni-
formes ; on y trouvait les sols les plus va:tables rocheuses, plateaux cail-
louteux, dunes, gour, des vallées etdes collines, voiredes montagnes dépassant
2000 mètresd'altitude. Le seulcaractère commun qui reste à l'ancien«Grand
Desert u est la rareté despluies.
De toutes les régionssahariennes, celle qui nous est restéele plus longtemps
inconnue est celle qui s'étenddu sud du Maroc jusqu'au paysdes Noirs. Et

cependant leSaharamarocain, leSaharaoccidental,est debeaucoup celuiquifut
le plus souvent traversé; il était parcouru non seulement par les caravanes
cornniercialesmais encorepar lesambassadesque s'envoyaientréciproquement
les souverains du Maroc et les émirsdu Soudan. Bien plus, nous verrons dans
cette étudequ'ilfut franchi, en 1591,par une arméede trois mille hommes avec
son immense convoiet de l'artillerie,puis par lesrenforts et lesdétachementsde
relévequi furent envoyésau Soudan pendant les quarante annéesque dura la
domination effectivedes chérifssur les rivesdu Niger. Il circulait bien quelques
légendesterrifiantes sur« le pays de l'aridité etde la désolati),mais elles
n'empêchaientpas les relationsde se maintenir entre lesdeux pays. Sansdoute,
comme nous ledémontrerons,c'étaitune chimèrede vouloirrattacher le Soudan
a l'Afriquedu Nord pardes liensd'allégeance; maiscette chiméreelle-mêmene

pouvait êtreconçue que par un souverain du Maroc, le seul Etat constituédu
Maghreb, si instable parfois qu'il nous paraisse.
Il étaitnécessaire d'insistersur cepoint. Si,de tout temps, lajonction entre le
Maroc et le Soudan s'estfaite par le Sahara occidental, si la circulation y a été
beaucoup plus active autrefois que dans les autres.parties du désert,cela tient
bien plus a cette cause toute politique qu'à une configuration du terrain en
rendant l'accésplus facile. Sile Maghreb el Oust, l'Algéried'aujourd'hui, avait
connu, comme le Maroc, un pouvoir central, au lieu d'êtreun groupement de
tribus disparates et plus ou moins indépendantes,il est très vraisemblableque
des relations politiques se seraient établiesentre cette partie du Maghreb et le
Soudan. Alors <<la rue de palmieri)constituéepar la Zouzlana, le Touat et le
Tidikelt aurait étéla voie la plus fréquentéede tout le désert,comme ellel'est

devenue aujourd'hui, depuis que, par notre occupation des oasis dsud, aété
réaliséela jonction du Maghreb el Oust et du Soudan. Quant au Sahara occi-
dental, que la situation encore troubléedu Sud marocain tient fermé,il n'a pu
êtreatteint que lateralement par des raids de nos méharistespartdu Sahara472 SAHARA OCCIDENTAL

algérien.S'ilest un peu wnnu aujourd'hui, c'est grlce aux nombreuses recon-
naissances exécutées de 1913 à 1916par le capitaine Augiéras.
La description géographique du Sahara occidental ne saurait rentrer dans le

cadre de cette étudehistorique. Nous nous bornerons à faire connaître trés
briévementles diverses régionsque traverse l'itinérairedu Draa au Niger. Ceux
qui désireraient des notions plus complétes pourront consulter l'excellent
mémoireque le capitaine Augiéras ajoint à sa carte du Sahara occidental.
Le Sahara marocuin commenceau suiide l'ouedDraa. Cefleuve,descendu des
hauts sommets du Deren, suit sensiblement la direction sud, au sortir de la
montagne, puis, rencontrant une falaise, il infléchitson lit vers l'ouest pour se
jeter dans l'Atlantiqu'.Cette falaiseest la bordure nord d'un plateau élequi
s'étendde la valléede l'oued Guir à l'océan.Le haut plateau du Draa une fois

dépassé,on chemine cinq ou six jours dans des terrains de hammada, avant
d'arriver hl'ergIguidi, hautes dunes, formes allongées,séparées par quelques
couloirs. L'erg Iguidifait partie d'une ceinture de dunes qui entoure un plateau
de faible altitude, hérisséde monticules rocheux appelésEglab. Au-delà de la
régiondes Eglab, on retrouve les dunes de ceinture qui prennent le nom d'erg
Ech-Chach ;on passeensuiteprésde l'immense sebkha,au fond de laquellesont
les salines de Taodeni. A partir de la cuvette de Taodeni, commence le Tanez-
rouft,prolongé i~'ouestpar leDjouf,c'estlapartielaplus difficiledu Sahara«le
désert maximum ));il impose aux caravanesune allure accéléréec,ar les étapes

de puits A puits sont de 80 kilomktres. Une brousse trks clairseméeapparaît
heureusement apréslapénibletraverséedu Tanezrouft, présageant lavégétation
tropicale et l'arrivéesur les bords du Niger.

1 IlestB remarquerqu'entrel'ouedDraa, àl'ouest,et sonsymétriquB, l'est,l'oued
Djedi (oued Mzi dans son cours supérieur), sontompris tousles grands thalwegs
descendantde l'Atlas sur le Saharqui sont, en allande l'oues21l'es: Daoura
(Gheris),Guir,Zouzfana,Namous,Gharbi, Seggueret Zergoun. Annexe 173

JXTKAITS DU LIVREEL WASYT, DE AHMEDBEN AL AMINE
(LECAIRE 1958)

Page513 :

Les gens decedialecte l'appellent parlerde Hassane. J'ignorel'identitkde ce
Hassane. Les hommesde l'autre dialecteledésignent souslesnomsde parler de
Hassane et de parler des Arabes. C'estun idiome dont la majeure partie est

manifestement d'essencearabe, etoiilesigne: (équivalent lavoyellefrançaise
efermé)indiqueque laconsonnefinale n'apasde motion (quidevrait etre,selon
lecas,remplacéepar lessignes -(= a),'(= O)ou-(= i)alorsque I?ktymologie
de lapartie mineure est inconnue et ne provient pas du berbére,car les voyelles
précedentes n'y figurent pas. Ce dernier dialecte varie suivant les langages
adoptéspar les aborigénesde regions géographiquementéloignees ...

Cescitations préctdentesnesouffrentpar d'interprétation.Nous avonsvuque
les récitantsde I'Egypt- qui encompte le plusgrand nombre parmi les pays
musulmans - ne prononcentpas Ala marocaine lej (fricativesonore),bien que
certains la transforment en g (consonne gutturale sonore). Cependant, cette
derniere tient plus au phénornénereprésentépar la ligatu4e qu'Ala fricative
marocaine, la gutturale g &tanplus prochedela ligaturede 4 que deceliede
ch.
Tous les habitants du Hedjaj, du Ykmen,du Nejd et de l'Iraq prononcent la
ligature4 Quant auxSyriens,ilsont une articulation médianeAlafoisbeaucoup
inférieureA la marocaine et différentede celle du Hedjaj.
En somme, la prononciation de la ligature dj une ortophonie,la fricative
sonore marocaine j en derive.La plupart des récitantsutilisent la précédente
orthophonie, sauf les marocains et les gens de l'dutdésertde Chenguite ... SAHARA OCClDENTAL

Annexe 174

LETTRE DE AHMED EL HIBAAU MINISTRE DES AFFAIRES
ETRANGGRE DU MAROC, EN DATE DU 17 SAFAR 1327
(CORRESPONDANT AU 10MARS 1909)

(Extraits.)

Notre cheiketsescompagnons seportent bi..11nous adépêchéauprèds Sa
Majesté, commandeur des croyants, pour lui transmettre, en son nom, les
importants problèmes qu'il faut traiter, communiquer et en informer, compte
tenu du devoir qui lui incodeeprévenir cquinuit secrétementet publique-
ment...
Voici sous la main une lettre qui vous est adresséepar lui...
Le cheikn'a pu voyager Acausedeshumbleset des pauvresmusulmansqui se
groupent autour de lui, de leur attachement et des besoins qu'ils ...sentent
Quant Amoi,je suistoujours sur la mêmelignede conduite,depuis leserment
que nous avons prêtéà Marrakech par son intermédiaire, si ce n'est davan-
tage...
Nous t'eninformonsà partir d'ouedNoun, afin que tu soistif.Nous ne
manquerons de t'adresser notre représentpourte contacte...
Passe le bonjour sonadjointEl Haj el Mokhia...

Annexe 175

LETTRE DE MA EL AININ AU MINISTRE DES AFFAIRES

ÉTRANG~RES DU MAROC, EN DATE DU ler SAFAR 1327
(CORRESPONDANT AU 22 F~VNER 1909)

(Extraits.)

Nous avons dépéchénotre filsAhmed elKib..auprèsdeSaMajesté,ennotre
nom,afin de communiquer verbalement les importants problémesqui nous
préoccupent etde nous transmettre ce que vous d..Nous espérons quesa
mission sera couronnéedu plein succéstant pour nous que pour ...s
Cequi nousempéchedevousrendre visiteestleregroupementd'humbles gens
autour de nous cette annéeetl'importance des taches qui nous incombent. C'est
pour cela que nousn'avons pu voyagerl'âme inquiètede ceque nouséprouvons
de difficult... Annexe 176

LETTRE DE MA EL AYNIN AU SULTAN MOULAY ABDELAZIZ,

EN DATE DU 24 RAJEB 1314
(CORRESPONDANT AU 29 DÉCEMBRE 1896)

Louange aDieu seul !
hisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed, sa famille et ses compagnons !

A notre consolation et au fruit de nos cŒurs,le commandeur des croyants
Moulay Abdelaziz. Puisse Dieu t'assister, te glorifieret perpétuerta victoire sur
les mécréantset parmi les musulmans. A vous salutation, miséricorde etbkné-
diction divines, tant quedure l'univers,dans sesmouvementset sesrepos. Après
ce préambule,

Lorsque vous m'ave zonoréde ce que vous m'avez gratifi- puisse Dieu
étendrevosbienfaits a sescréatur-sen léguant ladite zaouia,je l'ai acceptéet
accueilli avec bon cŒur en vous destinant mes prièreset invocations les plus
belles et les plus bénites.
Mevoilà en possession de l'écoleet de sadépendance.Je laissemes disyiples
célébrer entièrementacerémonie que vous désirezh.isse Dieu mieux vous en
récompenser.C'est luiquiprésideaux heureux dénouementset salut.

Ecrit le jour qui suit la date précitée, c'esle 24 Rajeb 1314 (corres-
pondant au 29 décembre 1896).

L'humble esclavede son maître, Ma el Aïnin,fils de son professeur lecheik
Mohamed Fade1 Ben Namine, puisse Dieu leur pardonner tous ainsi qu'à la
communautémusulmane. Amen. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 177

LETTRE DU SULTAN MOULAY ABDELAZIZ À MA EL ATNIN ;

EN DATE DU 23 RAJEB 1314
(CORRESPONDANTAU 28 DÉCEMBRE 1896)

Louange à Dieu seul.
Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed,sa famille et ses com-
pagnons.

(Grand sceau de S.M. Abdeluziz Benel Hassan BenMohamed.)

A notre professeur, notre exemple, notre intermédiaireauprès de Dieu, le
savant, le parfait, le saint, le vertueux Sidi Ma el Aïnin, fils du cheik Sidi
Moharned Fadel. hisse Dieu tegratifier desdons secrets,etnousranger tous les
deux dans l'élitedes bienfaiteurs. A toi, salutation, miséricordeet bénédiction
divines. Aprèsce préambule,

Parmilesdouxprésentsde Dieu et lesprodigesdivins magmfiques,ily ale fait
que Dieu - B qui on reconnaît ses amples bienfaits et on sait les abondantes
gratitudes- nousa facilitélaréalisationdenotrevŒud'instituer unezaouiapour
toi dans cette métropolede Marrakech.
Depuis que nous avons décidéd'honorer cet engagement et que I'élande la
pure amitié nous incite à la satisfaction de cette demande, nous ne cessons
d'implorer Dieu pour qu'il nous accorde lajustesse dans le choix de l'emplace-
ment propice lisaconstruction etconvenable au but recherchépour sacréation.
Nous ne lui avons élu - par la puissance divine- que l'endroit que tu as
auparavant désignéet que Ia volontédivine et éternellea assignéce sont le
caravansérail etl'atelier de tissage d'El Qannaria.
Celam'aréjouilecŒuretj'ai sualorsquec'estdû Alaprédilectiondivineetque

je ne saurais le bien accomplir si Dieu ne m'apas inspiré.Nous avons ordonné
d'en indemniserles fondations pieuses parmi nos biens les plus importants, les
très lucratifs et les trèsutiles. Nous leur avons fait une compensation légaleen
bonne et due forme.
Lorsqueaprèsl'échangenousdevenonspropriétairepaisibledecette hôtellerie
et ce tissaee. nous avons ~rescnt le commencement des travaux de la constnic-
tion deceke'écoleAfinancer denosdenierspropres et personnels. Effectivement
la construction en a commencé.
Nous avons légué cette zaouiaA ta personne la plus noble et la plus purifiee
dans le dessein d'yfaire accomplir les cinq prières et la célébration desoffices
d'appels àprière,de récitationsdes versets du Coran, de sermon et de rassem-
blement des élévesenvue des invocations des récitations et des exhortations
divines et en avons laissélajouissanca tes enfantsA leurs petits-fils et aux
générations suivantes tantqu'ils viventet pendant que leurs branches se rami-

fientjusqu'h ce que Dieuhéritelaterre et ses habitants, car c'estlui le meilleur
successeur..Nous avons donnél'ordre de rétribuerceux qui remplissent ces
cérémonies et de pourvoir auxdépensesd'entretiende cette école telles cellesde
l'huile d'éclairag,ebougies pour lachaire du sermon, de nattes, de propretéet
de réparationlecaséchéanta,finqu'ellesoittoujours enbonétatet revêteplus
belle image. Nous t'enavonsoffert la possessionet la gestiond'unefaçon totale, absolueet

générale. PuissleTrPs-Haut nousfaire tousdeuxaccéde?ila réalisatdentous
lesvŒux,leconsidérercommeungestedignede rétribution futureetcommeune
bonne action agrékeet pieuse, perpétuervotre bénédiction directementet indi-
rectement et faire profiter les créaturesde votre vie et de votre salut, car c'est
Dieu le généreux et le bienfaite. alut.

Le 23 Rajeb 1314 (correspondant au 28 décembre1896).

Annexe178

LETTRE DU SULTAN MOULAY ABDELAZIZ

AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGERES DU MAROC,
EN DATE DU 5 SAFAR 1318(CORRESPONDANT AU 2 JUIN 1900)

Louange BDieu seul !
Puisse Dieu bénir notreseigneur Mohamed et sa famille !

(Sceau deS. M. Abdelariz Benel Hossan.)

A notre serviteur agréable,ledeleguéEl Haj Moharned Torres. Puisse Dieu te
bien guider eiitoi salutation et miséricorde divines.Aprésce préambule,
Le Cheik béni, l'érudit vertueuxmonsieur Ma el Aïnin, a signaléque les
chrétiens,gensde N'dar, s'efforcent d'acquérirdes moyensdepréparation de la
guerre, telschmeaux et autresenvue d'envahirleSahara cesrégions-letque

la population musulmane localeen est restéestupéfaAttel point que certains
disent que ce Sahara appartient au maghzen et dans lequel des habitants ne
peuvent rien faire sans son autorisation et que d'autres sonàopposer la
guerre aux chrétienss'ilsviennent Bs'ymanifester.
Il est égalementparvenu hnotre connaissance chérifienneque les chrétiens
demandent souvent au cheik précitéde conclurun pacte avec eux, chosequ'il
refuse.
Une copie textuelle de sa lettre te parvient ci-joint.
Par conséquent, nous t'ordonnons de prendre l'attache de nos seniteurs
Bensaïd et Ghanname en vue d'élaborer, encommun, attentivement et après
réflexionla procédure appropriéAla rédaction partoi d'une lettre, sans indi-
cation de source d'information, que tu adresseras B l'ambassadedu pays
intéressé,ontrecette grave attitude par laquelle leschrétiensmultiplient d'une
part leurs empiètements sur les frontières sans considérerde clauses et sans se

conformer au droit et répbtentd'autre part leurs préparatifsen vuede perpétrer
cette violation considérable sibien que l'ensemblede l'Empire s'en effraie.
Ta correspondance, en l'objet,sera rédigée sous forme d'avertissemenctontre
l'éventualitépour les gens de N'dar de sortir de leurs positions, d'outrepasser
leurs frontiéreset de s'immiscerde ce qui ne les regarde pas.
Tului écriraspour qu'ilremettelalettre son gouvernementetpour qu'illesen
empéche.Tu rendras compte du résultat.
Nous avons donnénotre ordre chérifienhnos deux serviteurs précités, en les
avisant de la teneur de la présenteet salut. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe179

LETTRE DE MA EL AININ AU GRAND VIZIR,
EN DATE DU 7MOHARREM 1318
(CORRESPONDANT AU 3 MAI 190)

Louange a Dieu seul.

(Copied'unelettre du cheik Ma el Aininaujuristeetfeu vizir, dontsuile rexte
uprès l'exorde.)

Après préambule, i1est porté A votre noble connaissance que devant les
nouvelles subites que nous recevons,nous nejugeons nécessaireque de vousles

communiquer. Puisse Dieu vous préserverce que vous posséda.
C'est que les chrétiens,gens de N'dar - maudits par Dieu - sont, selon les
informations qui nous sont fréquemment pmenues, en train d'acquérir des
chameaux et des outres en vue de se précipitersur l'Adrar, dont lespopulations
restent stupéfaites de ce qu'il faut adoptera leur égard.D'aucuns disent que
<(nous sommes liéspar notre allégeance enversMouIay el Hassan et son fik
Moulay Abdelaziz et ce que nous ne pouvons rien fairejusqu'à ce que Moulay
Abdelaziz nous laisse les recommandations de ce qu'il faut faire 1).D'autres

déclarentque (is'ilsviennent cheznouset que nouspuissions lescombattre, nous
leur livrerions bataille, sinon nous les fuirioa.
En réalité, nounsesavonsriendesnouvellesdesgensdecette région.Toutefois
et selon ce que nous voyons, ils connaissent les nouvelles venues de votre
part.
Maintenant jugez-en, puisse Dieu vous garder et faitesle nécessaire:si vous
estimezopportun d'avertirleschrétiens ;par l'entremisede ceuxqui sont là aux
ports, que la région estla vôtre et quesa population vousest liéepar l'allégeance
afinde les éloignerde la régionet de seshabitants, qu'ainsi soit-il.Mais si vous

pensez ordonner auxguemers d'icide s'opposer àeux et de leur faire la guerre,
qu'il soit également ainsi.Et sivous décidezautrement, pas d'objection.
Car est meilleurvotre aviset estutile votre action. A Dieu nous demandonsde
nous bien guider verscequi requiert son agrémentet deprotéger la communauté
de son prophkte et des générationssuivantes.
Qu'ilsoitporté à votre noble connaissance qu'eux -puisse Dieu les maudire -
ils me demandaient souvent de pactiser aveceux, chose queje refusais de faire
sans votre autorisation.

Récemment,c'est-à-dire au moisdeHija, unelettre m'estvenue de notrefrère
le cheik Saad Bouh,parlaquelle il me demande de pactiser avec eux. Jelui aidis
que :je ne pactise que s'ils m'écrivent, et sIefont,je ne leferai que suivantle
pacte conclu par Mahomet -quelabénédiction etla salutation deDieusoient sur
lui- et par sescompagnons. J'entends par là que s'ilscorrespondent avecmoi,je
leurdiraique Dieule tréshaut etle trèsbéni adit :((ObéissezaDieu etobéissez a
son émissaireet A ceuxqui vouscommandent. » Notre commandeur ànous,c'est
lesultanque Dieu l'assiste.Je ne saurais conclurede pacte aveceux,que selonce

principe.
Mais s'ils n'envoient pas de lettre, il n'y a rien entre eux et moi.
Maintenant quelle estvotre décision ?J'aimeraisla connaître pour laleurdire s'ilsm'écrivent.Sinon pas de discussion avec eux de choses contraires Bce que
VOUS me recommandez.
Puisse Dieu vousgarder, vousassister, vousconsolideretnousguidertous vers
ce qu'il agréetotalement. Amicalemetsalut.

Annexe 180

LETTRE DU SULTANMOULAY ABDELAZIZ
AU CAID ABDALLAH BEN SAPD,
EN DATE DU 5 SAFAR 1318(CORRESPONDANT AU 4JUIN 1900)

Louange à Dieu seul !
PuisseDieu répandre sa bénédiction surnotre maître Mohamed et sur sa
famille !

(SceaudeS. M. AbdelazizBen elHassan.)

A notre serviteur agréable le caïd Abdellah Ben Sad, puisse Dieu te bien
guider, et B toi salutations et miséricordedivines. Aprésce préambule,
Nous avons par l'ordre chérifienci-joint, prescrit B notre seniteur El Haj
Mohamed Torres de convenir avec toi et avec le se~teur Bennacer Ghanname
sur la maniéreappropriée de rédigerune lettre de protestations adurés
representant diplomatique du pays intérATanger, au sujet des nouvelles

portésbnotre connaissance chérifienneet relativesauxpréparatifs deschrétiens
du N'dar d'envahir leSahara de notre Empire fortuné qui leur elimi-
trophe.
Une copie de notre correspondance Anotre serviteur Torres te parviendra
ci-joinalin quevoususezde touiceque vouspouvez d'effortsel d'attention
vigilante Al'élaboration d'unelettre impérieusepar laquelle vous réduisezau
silence l'adversaire qui pratique une politique indésirable.
En effet, Iemaghzenn'entend lesaffronter par unecampagne de querelles
oiseusemais chercheà prendre et à donner le droit.
Tu rendras compte du réisultatet salut.

Annexe 181

COPIED'UNE LFIITREDU SULTAN MOULAY ABDELAZIZ
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DUS MAROC,
EN DATE DU 5 SAFAR 131 8 (CORRESPONDANT AU 2 JUIN 1900)

[Voir ci-dessus, annexe,p.477.1 SAHARA OCCIDENTAL

Annexelû2

EXTRAIT DU LIVRE EL WASYT, FI TARAJIMI ODABAA CHEN-

QUITE (ESSAI DE BIOGRAPHIE DES HOMMES DE LE?TRES DE
CHENGUITE) PAR AHMED BEN EL AMINE ECH-CHENGUITI '

Le cheik Ma el Aïnin.
C'estun nom propre sous lequel il est devenu célèbreI.l s'appelleMustapha,
fils du cheik Mohamed Fadil Ben Maamaïne. Il est l'unique érudit.Il est versé
dans les disciplines religieuses, tels la tradition (hadith), l'eCoranedu
(tafsir), le droit musulman (fiqh) et autres.
En matiérede notoriété et d'audience populaires,jamais,aprésle cheik Sidi,

on ne vit de semblable rllui.Il accomplit son pèlerinagesous le règnedu sultan
Moulay Abderahmane - puisse Dieu avoirson âme, dans sa miséricorde! II
fréquentait le sultan Moulay Sidi Mohammed. Sa fortune sous le rkgne de
Moulay Hassan était plus grandequ'aux tempsde sonpéreet de songrand-père.
- Elle étaitencore plus importanmus Moulay Abdelazizque sous Moulay el
Hassan, si bien qu'il possédaitrl Marrakech des richesses rentables telles les
zaouias, les maisons, les fermes et les plantations.
Vertueux et généreux,echeik avait de bons caractéresdont personne n'avait
mieux.Aucours de ma route versle Hedjaz,je le rencontrai lorsqueje quittai la
villede Chenguiteàdestination de Marrakech. Jevis enlui cequi me stupéfiait.
Car j'estimais que ses compagnons de la valléed'Asmar, régionde la Saguia el
Hamra, étaientde l'ordrede dix millepersonnes dont desveuves,des vieillards,
des hommes valides et toutes sortes de gens.
Tous vivaient dans l'abondance. Le cheik leur donnait des vêtementset
mariait lescouples, en payant de sespropresdeniers dots et apports. Il leurétait
d'un commerce agréable et ne faisait pade distinction entre son fils et son
apparenté.

Ilnese passa aucunjour sans qu'il expédititune caravane Ala recherche des
approvisionnements et sans qu'une autre en arrivât chargée.
Si l'on s'approchait lui,on entendait la voix de ses adeptes récitant des
invocations divines et déclamant des priéresadressAeDieu.
Durant lesjours queje passaichezlui,je levoyaisnemanquer aucune prière en
commun déssa première échéancem , algréson %geavancéetla faiblessede son
corps. Aprhs la priéred'al-aasre (milieude I'aprks-midi),des disciples lui réci-
taient letextedestraditionsduProphétequ'ilécoutaitetleurenexpliquait ensuite
certains passages.
L'endroit qu'ilhabitait présentaitun site rigoureux et loin des circuits d'ap-
provisionnement, s'iln'yavaitpas toutefoisleport deLoubaka qui luiétaitutile.
Car le Sultan luienvoyait tous lesquatre ou sixmois un bateau chargéde vivres
qui yétaientdéchargés Le portétaithenviron quatrejours de marche de la cité
du cheik.Mais la plupart des provisions venaient d'Aguelmime(Goulimine) h
douzejours d,Adrar grésde vingjour st
dixjour semarche,de Lahnikate
du Sénégala ,ppeléN'dar, qui est 2iun mois.
Souvent, les brigands des bédouinsl'attaquaient, enpillant ses caravanes du

Caire(Egypte)2*ed., 1958,p365, 366367aet 368.,nieCherilPachaleGrand,Le DOCUMENTSCOMPL~MENTAIRE DSU MAROC 481

&tédu Souset d'ailleurs.Au fond, lecheikSidiétaitplusrespectédes Hasrne
que luicar les nomades voisinsdu cheikSidieurent des chefs obéis.iis furent
plus pieux et plus corrects que ceux qui étaientdans lacontréedu cheik Ma
Ainin.ilne cessait d'etre écouteaMaro usqu'au moment oij les troubles se
produisirent et les maux'envenimtrent.
Quand la France voulutoccuperChenguiteetson désertlecheikMaelAïnin
lesexcitait àla résistanceet leur promettait l'assistancedu SIlscroyaient
que le Sultanétaitplus fort que lesFrançais. Certainestribus leur firent la
maisd'autres leurcoupaient lchemiu et leurlivraientla guerrepardesattaques
nocturnes et autres.
Ensuite il leur envoya un chérifde Féset les informa qu'il etait le khalifa

sultaniendans leurcontrk. Ilsvenaientchezlui de toutesparts. Cechérifétaitun
administrateur résolu.ailivraux Françaisdes bataillesdont ilgagnacertaines
etperdit d'autreSilesFrançais n'avaientpas defaibleeffectifet silesdésertset
lesmontagnesn'étaientpas nombreux,lesnomadesseraientbattus Alapremière
rencontre. Et si f'armementdes Sahraouisn'étaitpas défectueuxets'ilsétaient
disciplinés,ilsrésisteraientdenombreusesannéesencore.r,I'mcupation fran-
çaisede l'Adrar n'ktait intervenue que plusieurs annéesapres celle deTijijekt,
quoiqueidentiquement lesmemes.S-s lespromessesfaites aux nomadespar le
cheik Ma elAïnin is auraient égaiementfait leur reddition.
Le recoursiil'expédienttraînait en longueur. Quand le chérifs'enaperçut du
manque d'utilitt, il regagna Fks.Car,voyant que ces accrochagesduraient, que
leur bétailétait déciméet qu'ils enduraient de nombreuses souffrances, les
nomades se réfugièrenaux Français et leur firent la paix.
Aprésquoi,lesdisciplesducheikMael Aïninet leursalliés,dant desisolésdes
tribuset despauvres,combattaient lesançaisjusqu'ileur occupationdesviiles
de l'Adrar. Alors, ilsabandonnérentla lutte.
Lecheik seréfugiaATiznitdelacontréeduSouset décéda - puisseDieuavoir
son âme dans sa miséricorde! - en l'an1328.

Son allégeanceenverslesultanMday Hafid

Le cheik Ma el Aïnin+nt de la Saguiaei Hamraavec de nombreux compa-
gnonspour procurer aux Sahariens lesarmeset lesmunitionsdu sultan Moulay
Abdel& qui fut alors2Rabat.
Arrive Marrakech, ilapprit que seshabitants pr8taient allégeanceAMoulay
Hafid et que les Marocains etaient mécontentsde son frére.Il offrit ses bons
officesentre lui et Moulay Abdelaziz mais il ne put que reconnaître Moulay
Hafid. Il alla BMarrakech avesa suiteetprésentason allégeance. e Sultanlui
réserYaun bon accueil et lui donna l'hospitalité.
Les communs parlaient de choses dont ils ignoraient la réalitéEn effet,
l'actuel sultan apaisait les troubles intérieursqui embrasaient le Maroc et ne
pouvait s'occuperd'autreschoses.11suffisait cheikMa elAïnin que le Sultan
ne lui contestlt aucune de ses propriktés.
Quant 1 l'ordre qu'lui donna de revenirde Fés,il ne procédaitpas d'une
arriére-penséem,aisparcequelesultan avaitbesoin dedemanderlesecoursdela
France qui vouait de l'animositécontre ledit cheik. Le Sultan s'attendait i la
venue des Français.S'ilentraientilFk, il serait placédevant un dilemmeDe
deux choses rune : ou bien, s'illes laissait cequ'ilsvoulaient du cheik,sa
viriliténe le lui permettrait jamais, ou bien encore cela attiserait des rancunes

entre eux et lui, cei lui serait pr~judiciabIllui a ainsi ordonné de quitter
Fés... SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 183

LETTRE CIRCULAIRE DU MINISTRE DES AFFAIRES
ETRANGERE DSU MAROC AU CORPS DIPLOMATIQUE,
EN DATE DU 20 DÉCEMBRE 1912

Louange à Dieu.
(Copiedesa correspondunca eu doyenducorpsdiplomatiquedontle texte suit,

aprèsintroduction.)

Nous avisons Votre Excellence respectableque les troubles qui se sont pro-
duits récemment dans l'Empire chénfien ont accaparé toute l'attention du
maghzen chérifien,a causede l'insécurité àlaquelle s'exposent lesétrangersdans
leur circulation et pendant leur séjourdans certaines régionsde ce Royaume
chérifien.
Enattendant l'occasionprochaine deremédiergénéralementetdéfinitivement
A cette situation regrettable, le Gouvernement chénfiense voit obligé d'avertir
votre personne et l'ensembledu corps diplomatique contre le grand dangerque
courent lesétrangers en circulant et en séjournantdans beaucoup de régionsde

l'Empire chérifien.
Cet avertissement prend en considération tant l'intérêtde leurs sujets et
protégés que laliberté descommerçantseuropéens quine sera totale que dans la
mesure où ils peuvent êtreen sécurité.
Voici la liste nominative desdites régions:

- le Rif, sauf Kabdana et les environs de Melilla ;
- Angera, sauf de Cebta a Tétouanet la route allant de Tétouan à Tanger ;
- les Ghomara et les tribus montagnardes situées al'estde la route allant d'El
Qsar à Tanger et dans la régionsud de Tétouan ;
- tribus de la régiond'ouezzane et les tribus des rives de I'Ouergha ;
- les Ouled Aïssa, les Chraga et les Hjaoua ;
- les tribus de l'oued Innaouene ;
- les régionsde Taza :les Tsoul, les Branés,les Ghiata, IesBeni Ouarayne et

toutes les tnbus montagnardes habitant le Moyen Atlas ;
- les tribus voisines de F&: Ait Youssi, les BeniM'Guild, les Beni M'Tir,les
Zemmour et les Guerrouane, sauf la partie voisinede Meknèscomprise dans
un rayon de 10kilomètres ;
- les Sehoul, les Zaïanet les Zaïr;
- les tribus çupérieuresde l'Oum Rbia et les rtigionsdu Tadla ;
- les tribus des Beni Amir et des Beni Moussa ;
- les tribus se trouvant au massif est de la Qasba de Beni-Mellal et de Dem-
nate ;

- les tribus limitrophes du Haut Moulouya et du Moyen Atlas ;
- les tribus des Glaoua, des Goundafa, des Ahar et des Haha sauf dans un
rayon de 10kilométresautour d'Es-Saouira ;
- les Chiadma, les M'Touga ;
- les tribus voisinesde Marrakech ;
- les tribus se trouvant au sud du Grand Atlas, c'est-à-dire les tnbus d'oued
Sous, d'oued Draa, d'oued Noun, de Saguia El Hamra ;- lesrégionssituéesentre Moulouya etoued Ghir et entreles Erontitresmaroco-
algériennesetla Méditerranée,sauf les BeniSnassen etlaplaine de Trilaet
route entre lesfrontiéresalgérienetesaourirt passant par Oujdalaroute
allant de Figuig a Boudnib.

En outre le maghzen chérifiencommuniquera au corps diplomatique respec-
table toute modification ultérieure intervenue dans cette liste, lorsque la tran-
quillite aura gagné l'ensemblede l'Empire.
Par conséquent,leschefsdelégationsetvotrepersormesont priésdenotifierce
qui précédeàceuxqui relèventdevotre autoritédans lesdites régionspour qu'ils
en soient au courant et de leur communiquer tout changement appoàladite
liste lorsque nous vous en aviserons.

Nous vous en informons, puisse Dieu perpétrervotre bonheur et salut.
Libelléà Tanger le 10Moharrem 133 1

Annexe 184

LE'TïRE DU MINISTRE D'ITALIE A TANGER
AU MINISTREDESAFFAIRES ÉTRANGÈRES DU MAROC,
EN DATE DU 25 MARS 1901

Louange à Dieu seul !

A l'ami respectableetestimé,ministredesaffalresétrangéres,MonsieuHajl
Mohamed Ben Larbi Torres. On ne cessede s'enquérirde tes nouvelleset de tes
rnaniéresd'êtredans l'espoirque tu seras toujours heureux et en bonne santé!
Aprésce préambule,

L'affaireno76 du registre de Marrakech concerne le pillagequi a eà Eleu
Aioun, de la régiondu Sous, au détrimentdu commerçant Aîriate.
Nous t'informons qu'il ressortde l'enquêteminutieuse menéepar nos soinset
par d'autres représentants des autrespays respectables que ce qui a étédit est
bien faux, que les commerçants ont bieninvitésAquitter El Aioun avecleurs
marchandises et qu'un délai leur aimpartipour sedéplacerA un endroit sûr.
La pure réalité estmaintenant bieétablieet vérifiée.
Par conséquent,et compte tenu decequi précéd,ousdemandons lasolution
de cette affaire et le paiement de la somme nécesainsique la solution des
affaires des commerçants des autres pays. Nous voila en attente de ta ré-

ponse.
Amicalement ! Libelléà la date sus-indiquéeet véripar le ministre pléni-
potentiaire de 1'Etatitalien.
(Suirunesign~lureillisible.)

P.-S.- Et àlafin de cette lettre,nous t'informonM.ulecadi d'Es-saouira
n'a pasencore authentifiéles actes du commerçant Afnateet que lemusulman,
entre lesmains duquel setrouvela maisondu commerçant, n'apasreçul'ordrede
se rendre a Tanger, bien que tu l'aiesordonné.

Vérifiépar: (suilaméme signurure). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe185

LETTRE DU SULTAN MOULAY ABDELAZIZ
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE DSU MAROC,
EN DATE DU 14RAJEB 1314(CORRESPONDANT

AU 19DÉCEMBRE 1896)

A notre serviteur agréable Elj Mohamed Ben LarbiTorres, Puisse Dieu
t'assister !àEtoi salutation et miséricorde divines! Aprèsce préambule,
Nous accusons réceptionde ta lettre par laquelle tu rends c:mpte

- des rumeurs répanduespar certaines compagniede commerçants anglais
selon lesquelles ellesauraient conclu un accord avec lesvoisinsdescôtes situées
au-del8del'ouedNoun, envued'agréer lesdimarchands àveniry installerleurs
commerces;
- de leur intention de s'yrendàcette fin ;
- et de leur déterminationde passer al'exécutionde leur plan, et ce,aprèsles
objections formuléespar qui de droit, tant par les démentisque par la démons-
tration de la faussetéde ces nouvelles, A tel point que les gens dans Ieurs
conversations commençaient A accorder une crédibilitéh ce qu'elles colpor-

taient.
Nous connaissons ce que tu as préconisétonne note en est prise.
Notre attention a éte appeléesur ces bavardages auxquels s'ajoutent les
assertions de ceux qui prktendent que le maghzen aurait délivreune permission
en ce sens.
Pour publier la dénégationnécessaireet adresser aux propagateurs les aver-

tissements qui s'imposent, nous attendions d'avoir la certitude absolue de la
fréquencede ces médisances.
En tout étatde cause,la présentelettre chérifienneainsi te parviendra
pour t'indiquer suffisammenIa marche suivre eà laquelle tu te tiendras.
Salut ! Annexe 186

LETTRE DU SULTAN MOULAY ABDELAZIZ
AU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE SU MAROC,
EN DATE DU 14RAJEB 1314(CORRESPONDANT
AU 19 D~EMBRE 1896)

Louange BDieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed et sa famille !

(Sceau de S.M. AbdeluzizBen el Hassan.)

A notre serviteur agréableEl Haj Mohamed Ben Larbi Torres.
Puisse Dieu t'assister !BEtoi salutation et miséricorde divines! Aprésce
préambule,

Le representant de l'Angleteràel'époque avaitfait parvenArNotre Majesté
chérifienneune premiérepuis une deuxièmelettre par lesquellesil signalait que
certains marchands anglais de Londres projetaient d'établir,poureux, un com-
merce dans la régionde la ville frontiérede Tarfaya, en en sollicitant I'autori-
sation.
11fut répondu à chacune de ses lettre:

- que lemakhzen était au courant de la clause d'achat du droit de zina de
Tarfaya, aprks l'ouverture de cette ville et le commencement des travaux de
son port ;
- que le Gouvernement chérifien dépensaitsa sollicituàela préparationdes
conditions dont il fallait considérerl'antériorité et la finitionde leur agence-
ment pour parvenir- grâceà cela- à la possibilitéd'ouvrir des commerces
dans ladite cit;
- et que, désque les travaux auront été terminéstui y sont en cours, on ne
manquerait pas de l'en aviser,

de tellesorte qu'iln'estpas permis Aquiconqued'aller danscette contréeavant la
fin de l'arrangement des dispositions fixéAsla possibilité du sewice et Ala
sécurité des commerçantset de leurs marchandises.
D'autre part, des nouvelles se succédentactuellementpar voie de gazetteset
d'autres,relatant quecertainescompagniesanglaises négociéret avecdes tiers
- de l'entreprendre hardiment et qu'elles eneurent l'intention apr&savoir ras-
semblé des marchandises B cettefin.
Elles propagérent qu'elles projetaient de suivre la mêmepolitique qu'elles

avaient pratiquéeATarfaya,enprétendant qu'elIesendétinrentlapermissiondu
makbzen etqu'ellesen conclurent aussiun accord aveclesvoisinsdecescôtes-IA,
à telleenseigneque cette assertiondevenaitconnue de tousleshommeset queles
inexpérimentésajoutaient foi B son exactitude ; ce qui pourrait amener des
commerçants qui ycrurent courirlerisque desdégâtsetdesperteset aboutirait
aux qu'en-dira-t-on avec les étrangers.
Un senskpourrait-il concevoirque le makhzen puisse délivrerune permission
en ce sens1 l'un de ces commerçants saris en aviser les représentants diploma-
tiques?486 SAHARA OCCIDENTAL

Oubien :comment peut-on authentifiercequeprétendaient lescolporteurs de
laconclusion d'un accord aveclesvoisinsde cescôtes-ll, en vued'accepter ceux

qui arriveraient ?
Cette région-liiest-elle anarchiq?e
Ou bien :est-ellA la disposition des siens?
Ou encore : ses habitants sont-ilshabilit1accepter ou Arefuser ceuxqui y
arrivent du côtéde la mer, alors qu'euxet leursdemeures sont sousl'autoritédu
makhzen et dans la poigne de l'interdiction totale,au mêmetitre que le reste des
provinces de Notre Empire Heureux ?
On ne saurait croire que les sagesreprésentants despuissances puissent s'ac-
corderavecl'aveudel'undescornmerqants,pour répandrecequi a é tépropagéet
a plus forte raison pour le commettre, parce que les chefs de légationsavent
parfaitement que c'est inconcevable et parce qu'ils n'ignorent pas ce qui en

découlerait,pour lescommerçants, de seprécipiterdans degros risques,,surtout
dans cette régiondont la population n'est pas familiéreavec la circulation des
marchandises dans ses territoires et dont elle ignore totalement les réglementa-
tions nécessaireà la sécurité des marchandises et desbiens, et où le mahkzen,
pour y habituer les habitants, doit se livàedes travaux pénibles,à des pré-
paratifs ettides précautionsnécessaires.
Par conséquent,dèsréceptionde laprésente, nous t'ordonnonsd'enécrireau
représentantanglais,enlui expliquant cequi précèdeet eninsistant auprèsdelui
pour qu'il notifie rapidement à son gouvernement que ce que prétend cette
compagnie est pure invention mensongére sans fondement, afin que ladite

compagnie et tous ceux qui la suivent cessent de répandreces nouvellesdontla
consécration déboucherait surd'affreuses difficultétour qu'on avertisse ceux
qui s'yrendraient, avant la publication d'une permission gouvernementaleen
l'objetde leur propre responsabilitk pleine et entière,sanspour autant y entraî-
ner celledu makhzen.
Tu rendras compte du résultatet saiut ! DOCUMENTS COMPLBMENTA DUREAROC

Annexe 187

LETTRE DU MINISTREDES AFFAIRES ETRANGER E S MAROC
AU GRAND VIZIR,EN DATE DU 25 SAFAR 1331(CORRESPONDANT
AU 3 FEVRIER1913)

Louange h Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mohamed et sa famille !
- Le vice-consu: Au frère le plus cher et agréable, lejuriste, le grand
78 757,25marks vizir,l'éminent etrespectable MonsieurEl HajMoha-
rned el Mokri.Puisse Dieu te garder, et Atoi salutation

- Gijorth(?) et miséricorde divines, grâceaux bienfaits de notre
Hninger : maître, puisse Dieu le fortifier. AprPsce préambule,
03006,90marks Qu'il te soit conn- puisse Dieu te gard-rque
l'ambassadeallemande nous avisepar écritquchar-
- 'On frère : gé deleurs affaires consulaires hMarrakech et les trois
l5 924r50marks
cornrnerqants. indiquésci-contre, réclament le paie-
- (?) : ment des sommes portéesen regardde chaque nom en
116réaux marks, sauf ledernier en réaux. titrede réparation des
préjudicesui leur ont étécauses par le fait du rebelle,
fils de Mad Aïnin,conformément Ala copie ci-jointe
de salettre qui vous parviendra.
Pour votre information, nous en avons avisél'arn-
bassade française et réponduI l'ambassade intéressée
que nous l'avonsportéila connaissance du makhzen
chérifien.
Puisse Dieu perpétuer la gloire de notre maitre

l'Imam et aider tous dans l'accomplissementdu service
chérifien.
Fraternellement et salut.
Le 25 Safar 1331(correspondnnau3{évrier1913). SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 188

LETTRE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERE SU MAROC
AU DÉLÉGUÉ DE SAMAJESTI? A TANGER, EN DATE DU 29 MOHAR-
REM 1322 (CORRESPONDANT AU 15AVRIL 1904)

Louange A Dieu seul!

Puisse Dieu bknir notre seigneur et maître Mohamed et sa famille !

A notre ami le plus cher, L'agréablel,e vénérablMonsieur El Hadj
Mohammed Torres. Puisse Dieu te tranquilliser! Et à toi salutations et miséri-
corde divines,grâce auxbienfaits de notre seigneur,que Dieu l'assiste! Aprèsce
préambule,
Est parvenue ta lettre concernant lesnouvelles diffuséespau sujetesse
de la fin des négociationsentre lesintéresseset selon lesquelleslesdeux paysen
question se sont désistésI'unen faveur de l'autre:

Bonne note ena étéprise, aprésen avoir rendu compSa Majesté.
C'estparce que lesinformations rapportéespar la presseiconfusion
que SaMajesté t'ordonnederecoupercesrumeurs,d'enquêsurcesnouvelles
partir des sources teconduisant connaissance de la vet de nous com-
muniquer sans délaiceui a étéconfirmé.
Puisse Dieu nous préservercequi préoccupe,perpPtuerla dignitéde cette
nation et dégagerles musulmans des embarrasmen !
Amicalement et salut !

Annexe 189

LETTREDE L'AMBASSADEURD'ESPAGNE AU DÉLÉGUÉ
DE SA MAJESTÉ A TANGER EN DATE DU 20 DGCEMBRE 1912

Aprks cet exorde,
A propos decequevousavezmentionnédans votrelettred'hierlaprésente
date,en réponseBnotre lettre, adressée2tVotreEminence,datéedu 11novembre
écouléet relativel'accord germano-françaissur la question marocaine, nous
jugeons nécessaire vous répondrequ'il ne nous est plus possible d'engager
longuement une discussion avec vàupropos de ce que vous avezmentionné
dans votre lettre précitéeduDou el Hijja.

En susde cela,et parcequenoussommessûrsecequelateneurdevotrelettre
n'influeen rien sur ce que notre Etat seiZfaire et sur ce qu'il aiiuie,
savoir un attachement Ases intérêtssesdroits et une lieutendans cet
Empire chérifien,nous ne voyons aucune utiliténsmettre votre missave
notre gouvernement.
Nous la considérons, avec tout cequ'ellecontient, comme nulleet non ave-
nue.
Puisse Dieu vousperpétuer unevie de bonheur, dejoie et de tranquillité. Annexe 190

DECLARATIC PINONONCB PAR L'AMBASSADEUR DU MAROC
DEVANT LE PAPE EN FÉVRIER 1888ET RÉPONSE DE CELUI-CI

Louange iiDieu !
Il ne saurait échapper A tous les Etats et aux autorités du clergéque notre
seigneur,le respectable sultan chérifieMaroc, glorifiépar Dieu et victorieux

par la prédilection divine accorde une grande importanceAl'institution de la
justice,àl'engagementsur sa voieet Ala répressionde l'iniquitédans l'ensemble
de son Empire.
De mPme,vous ne tolérezpas que I'onempiete sur les droits d'autrui et vous
n'acceptez pas que I'on sorte du chemin du droit et de la droiture.
Et comme taLibertédans les pays européensest généraledans l'étenduede
leurs territoires et permise par tous les Etats dans leurs royaumes, nous aussi,
aimons que notre pays et notre royaume soient A l'abri de toute agressionà
l'écartde cequi estsusceptible d'etreomis et loin de toute tentation dequitter la
voie du droit pour s'engager dans le chemin contraire.
Les correspondances entre les deux grandes parties seront les témoins des

marques d'amitiéet leur fréquence sera unepreuve de la parfaite cordialité.
C'estpour cela que SaMajesté,puisse Dieu la fortifier, désirevous écrireau
sujet de ce qu'il lui survient.
Elle souhaiterait votre appainotre cause et votre défensecontre tout ce qui
porte préjudiceà notrepays et ànous, afin que nos rapports soient régispar les
règlesde droit, sans dérangementet sans heurt avec les autres pays.
Sa Majesté aimeraitaussique vous l'informiezde cequi vous préoccupeet de
cequevous voudriez renseignerde vosaffaireset désireraitque l'on vousadresse
les lettres chkrifiennes, au sujet de ce qu'elle veut,sans intermédiaire etsans
tuteur.
Lorsque nous avons étéreçu en audience par le Pape pour la deuxieme foiset
nous lui avons donnélecture du message ci-dessus, il a répondu:

r(Dieu proclamele droit, nousa prescrit de lesuivre etde ne pas nous en
départir.
Votre pays a lesmemesdroits et lesmêmes devoirs qu'ont leasutres pays
de l'Europe, en matiérede Libertéet du respect des réglede droit.
Nous sommes heureux des circonstances dans lesquelles les correspon-
dances s'engagent entre les deux parties, que nous favorisons sans inter-
médiaire,sans tutelle et sans l'entremise des gouvernements étrangers.
Si vous voulez bien, notre intermédiaire sera le pére Joseou un autre.

Nous appuyons et interviendrons en votre faveur et nous serons trés heu-
reux.
Les chrétiensde Tange- qu-ttent-ils le bon chemin ? s'écartent-ilsdes
stipulations?)>
Nous lui répondonsque certains le font. A quoi ila répliqué:

(Ils ne doivent pas le faire dans le pays d'autrui. Si l'un d'euà leent
faire, qu'on nous écrive,sans l'intermédiairedes gouvernements étrangers,
pour parler d'eux et de leurs agissements jusqu'au rétablissement de la
légalité.>490 SAHARA OCCIDENTAL

11nous a interrogésur la date de la tenue de la réunionde Madrid. Nous lui
avons répondu quela date n'espasencore fixée etquand ellesera,nous ne
demandons pas mieux de le voir vous aider dans notre cause.
IIa réponduqu'il interviendrait, qu'il aiderqu'iferait son possible.

Annexe 191

LETTRE DU GGNÉRALBELFEKKAKAU MINISTRE
DE LA JUSTICE DU MAROC, EN DATE DU 10 CHAABANE 1307

(CORRESPONDANT AU lerAVRIL 1890)

Louange à Dieu seul !
Puisse Dieu Bénirnotre seigneur Mohamed et sa famille !

A notre ami leplus cheret agréable,serviteurde notre maître, lesatisfaisant et
lejuriste Monsieur Ali elMesfiPuisseDieu tebienguider,eà toi,salutation
et miséricorde divines.Aprksce préambule,

Ahrned, filsde Lahbib Ben Birouk, sedirigeait versdeTarfaya. Lecaïd
Dahmane BenBirouk nous en avisaet nousdonna l'odredecouràrsapoursuite.
Aprksenviron huit heures, nous I'arrétamesALabiéreet leramenâmes hLaqsabi
d'oùle caïdDahmane l'expédia versTiznit.
Nous saisimessurlu ies correspondances des chrétiensqui lui demandaient
de venir chez eux. Ceslettres vous parviendront.
Tel est i'objet de la présente.
Amicalement et salut. Annexe 192

LETTRE DU SULTAN MOULAY HAFID A DEUX CAJDS
DES TEKNA EN DATE DU 27 GAADA 1329(CORRESPONDANT
AU 19NOVEMBRE 1911)

Louange a Dieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur Moharned esa famille !

(Sceau deS. M. Abdel HafidBen elHasson.)

A nos deux serviteurs agréableslelettréAbdelmalek El M'Touguiet lepacha
caïd Driss Ou Mennou. Puisse Dieu vous bien guider eA vous salutatioet
miséricorde divines.Aprésce préambule,

Nous est parvenue votre lettre par laquelle vous avisezdes préjudices causés
aux Ait Jmel des Sellam el Arab par lcaïd Abdeslarn el Berbouchi vous
rapportez qu'iont coupédesjarrets deleursbetes devant nos seuils chérifiens
de Marrakech ensignede soumission,qu'ilsont demandéla désignationde Ben
el Aadhern àleur administration, qu'ils sont disAoaccomplir ce que vous
avezmentionnéetque vouslesavezpatientésjusqu'hlamanifestation, enl'objet,
d'un tel ordre chérifien.
Bonne note ena étéprise et nous examinerons cettequestion par lapuissance
divine et salut. SAHARA OCClDENTAL

Annexe 193

LETTRE DE S.A. R. LE PRINCE MOHAMED BEN ABDERRAHMAN
AU GRAND VIZIR EN DATE DU 7 CHAOUAL 1262
(CORRESPONDANT AU 28 SEPTEMBRE 1847)

Louange BDieu seul !

Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Mnhamed et sa famille !
A notre ami le plus cher, le secrétairede notre maître, l'agréable,lejuriste, le
lettré,l'intelligent, l'habileMonieur Mohamed BenDnss. PuisseDieu t'assister !

Et Atoi salutation et miséricorde divines, grâce auxbienfaits de Sa Majesté,que
Dieu le fortifie el'aid! Aprésce préambule,
Nous est parvenue ta lettre que nous connaissons en résuméet en détailet
savons :

- ceque tu asrapportésurlesHaha quiont été cernésde toutesparts ea deux
reprises par les colonnes victorieuses et répriméspar les bravoures de cha-
cun ;
- etque MoulayAhmed Es-Sbai etElM'touguiont déployé leursefforts sans
relâche, ainsi que Ben BoumehdielHouari qui s'estefforcé, s'estmontrésincère
et n'a pas failli 21son devoir. Que Dieu soit loué pour la victoire et la gloire
accordées!

Nous savons également :

- que l'affaire d'Obeïd Allah Ben Salem a connu une fin heureuse;
- que le mal de ce satana étéenrayé ;
- quesonfils,accompagnéd'unedélégation desleurs,s'estsoumisaSaMajesté
qui aaccepte sa demande d'envoyerquileferaitjurer sur le sacréCoran qu'il est
innocent de cette accusation ;
- quelefilsdesonfrèreSalahEs-ZineBenTelmoudi,lefilsdesonfrhe ElHaj
Admidnah, El Hosseine Ould Hachem, Ies Ait Baamrane et les Zouafet sont
arrivés;
- etqued'autreslessuivront,licausedelaconcurrence decestribus-liidanscet
élan.

Certes,MoulayAhmed Es-Sbaïnousa informéde celaet du soutien que tu lui
as donné ainsi que de l'attention que tu luias accordée.Il t'en a vivement
remercié!
Notre espoir n'a pas étédéqu,puisse Dieu te béniret récompenser!
Salut !

(Cachet de S.A. R MohamedBen Abderrahman.) Annexe 194

LEïTRE DU PRINCE MOULAY HAFID AU GRAND VIZIR,
EN DATE DU DERNIER JOUR DE JOUMADA L 1322
(CORRESPONDANT AU 21 AOUT 1905)

Louange BDieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur Moharned, sa fa-
mille et ses compagnons !

- Habitants A notre ami le plus cher, l'agréablejuristegrand
de Tassultantex vizirMonsieur Mohamed elM'feddelGhanite. Puisse
- Harbile Dieu te tranquillis! Et Atoi salutation et miséricorde
- Ahl Tazeggourte divines,grâceaw bienfaits de notre seigneur,que Dieu
- Ah1 Ah Dada l'assis! Aprésce préambule,
- ElGhnamma
- Ouled Yahya Il n'échappepas h ton espritlafaiblesse et dimi-
- Ah1Tanchechte nution quifrappent tellement l'heureusearméedu Sous
- Ah1Bouakkaz dans Ia citadelle d'El Menchia qu'elle frise l'anéantis-
sement, & cause de son dépouillement des tnbus qui
- Ah1Targa étaientpour ellele moyen de parvenir auxfins, par les
- Habitants missions confiéesBelle dans les charges imposées, les
d'El Ghouatime réclamations et la participation, avec les triàucer-
- Les Aroussiyine tains travaux tels les labours et autres, ce qui la ren-
- Les Tidrarin forçait dans l'accomplissement de son service chén-
- Ouled Yaala fien et augmentait ses effectifs, sa cavalerie et autres
- Souquat habitants choses.
d'El Houaz Elle est maintenant comme les oiseaux dans les
- Sebt Dar Jdida cages, n'ayant pas de pouvoir et ne connaissant pas de
- Chorfa Ah1 chemin, si bien qu'elle touche ou presqueal'extermi-
Sahbe Lahmar nation tant des racines que des branches.

Parmi les tribus Et puisque Sa Majesté - que Dieu rehausse son
du Din prestige ! décide d'enenrayer les obstacles et d'enbri-
serlesbarriéres,ilest nécessaired'appeler sonattention
- Frouga sur leretour hlasourcepar ma proposition de nommer
- Mejat le pacha de ladite citadelle le juristM. Moharned
- Tekna Benkabbour rlla tétedes collectivités,des fractions et
des tnbus ci-contre désignéesqui, depuis des temps
reculés,faisaient partie de la fortunée armée chéri-
fienne, aussi bien dans l'exercicedes commandements
et l'accomplissementdes missions imposées,que dans
la perception du traitement et dans bien des choses.
Nous voilh,entrant par laporte qu'ilfautemprunter,
t'écrivonsen vue de rapporter ASa Majesté - puisse
Dieu l'aider! - la réalitédes choses et de lui faire
comprendre la nécessité impérieusd ee déployer des
efforts pour larégenérationde l'heureuse armée,par
une mesure habituelle dont on ne se départait pas
comme l'ombre nequitte pas l'homme.On ne l'abau- SAHARA OCCIDENTAL

donne pas au moment où les possibilitéssont abon-
dantes et les circonstances favorables.
Nous sollicitonsdoncdcSa Majestéde bien vouloir
nommer ledit pachaà la tête des populationsprécitées
en marge conformémentAl'ancestraleet originelle tra-
dition qui n'a étérompue ou violéeque lors de la
survenance de cet événement.
Sa Majestéest la mieux placée etla plus habilitae
bien traiter ses serviteurs et esclaves. Puisse Dieu per-

pétuersonexistence et sa gloire aussi bien pour nous
que pour vous. Amen ! Amicalement et salut ! Annexe 195

DAHIR DE DISTINCTION ATTRIBUC PAR LE SULTAN MOULAY
HASSAN 1 À UN HABITANT DES OULED BOU SBA EN DATE
DU 3 JOUMADA 1 1307(CORRESPONDANT AU 26 DGCEMBRE 1889)

Louange à Dieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur et maître Moharned, sa famille et ses com-

pagnons !

(Sceaude S. M. El Hasan Ben Mohamed.)

Quel'onsache parlaprésent- puisseDieuleglorifiereten éleverla teneur,et
lever dans les cieuxdes mérsonsoleilbrillant et sapleine -uque, par la
puissance de Dieu et par ses pleines félicitéet grâce, nous avons revetu le
détenteur du présent dahir,le juriste et le venueux cheik Abdelmouati Ben
Ahmed Es-Sbaï, des habits de la vénération etdu respect, l'avonsépaulé surle
dos de la piétéet de la bienfaisance, l'avonslibéréde tout ce qui est exigédes
communs.
L'effetdelaprésentes'étenàtous sesfilsàtous ceuxqui àlui s'attachent et
aveclui se lient.
Nous l'avons autoriséBdépenser leurszakats, leurs achours au profit des

meritants de sazaouia et desdescendants d'Abdelmouati.et ce,enconsidération
de sa bonne conduite et de son abnégatiodans le domaine de l'enseigne-
ment.
Puisse Dieu lui accorder la justesse et le guider vers ce qu'il agrée!
Ordre estdonné a nos autoritésd'enprendre connaissance et d'encon-
séquence.Salut !

Décrétépar notre ordre glorifie par Dieu, le 3 Joumada 1 1307. SAHARA OCCIDENTAL

Annexe 1%

EXTRAITDES REGISTRES DU PALAISROYAL MAROCAIN

AU SUJET DE L'OUVERTURE DU PORT D'ASSAKA

Louange à Dieu !
Les csds des Ait Baarnrane se sont présentes(aux
seuilschérifiens).Il leura éténotifiéque notre seigneur
et maîtr- que Dieu l'assiste-!s'intéressAprocurer
aux Ait Baamrane avantages, biens et richesses et
que Sa Majesté chérifiennea décidé d'ouvrirle port

d'Assaka pour qu'ils s'y adonnent au commerce,
pour que les échanges se réalisent etour que, grâce
à cette ouverture, la convoitise des chrétiens soit
sapipée.
Sa Majestéa écritau délégué M. M'Hamed Bargach
en vue de discuter avec les ingénieursétrangers et des
commandants debateaux et de vapeurs de diversEtats
de la modalitéde l'ouvrir.
II aordonné aux responsables des ports fortunés
d'y envoyer des officiers de la marine et nombre de
maîtres maçons a bord de notre bateau pour le son-
der.
Mais voiciquele même délégu aéréponduqu'ilen a

discuté avecles ingénieurs étrangerset les comman-
dants de bateaux et de vapeurs de divers Etats. Ils lui
ont indiquéqu'ilne seprête niau mouillagedebateaux
et de vapeurs, ni aux chargement et déchargementpar
des embarcations, en raison de la rigueur de son site et
qu'il n'estabordable par bateaux et vapeurs que quinze
jours par an.
Ila étéannoncé(aux caïds des Ait Baarnrane) que
notre seigneur- puisse Dieu l'assister - envisage
d'expédier un vapeurauxports situésau-dellid'Assaka
pour lesfairesonder et faire dresser le relevé topogra-
phique des ports convenables parmi eux.
Interrogés surles autres ports, les caïds ont déclaré
1. Aglou qu'ilsn'ont fréquentque lesports indiquésci-contreet
2. SidiMoharned
Ben Abdailab. situésen-deçà d'Assaka. Quant ceuxsisau-delà de ce
3. ifni port, ils n'ont pasfréquentéde ports valables.
4. Sidi Warzak Concernant les bras de mer situésau sud dlAssaka,
5. Assaka lescaïds ont indiquéque seulslesmarins chretiens sont
capables de donner des indications précisessur leur
érectionen ports.
La mêmequestion a étéposée à El Habid Ould
Birouk.Ila réponduquelesendroits indiquésen marge
se trouvaient bieau sud d'Assakaet qu'ilssont abor-
dables.Assaka - Apréson trouve

1. Al-Beid: distant dlAssaka d'unjour environ.
2.Bohaid: un endroit situàl'embouchure d'ouedNoun. Distant d'El Beida
d'unjour.
3. Sehb el Harchu: Après Bohaid. Distant de ce dernier d'une demi-jour-
née.
4. Ech-Chbi kAaprèsSehb elHarcha, un endroit situéBl'embouchure d'un
oued se déversantà la mer. Distant d'une demi-journéede Sehb el Har-
cha.
5. Okhufunir:AprksEch-Chbika. Distant de ce dernier d'ujour.
6. Agoudirer-Jil:AprèsOkhafanir. A cinqjours moins le quart.
7.Tarfaya :Après Agoudir.A cinqjours moins le quart.

8. Tufruoutdela Saguia el Hamra. Situdtrois jours.
9.Agurir Doumuse trouve après,iiquinzejours.
10.Sétiégosle trouve aprésAgadià vingt jours.
Total 10.

Annexe 19'7

LETTRE DE MOULAY ABDELAZlZ A UN CAYDDU SUD,
EN DATE DU 28 SAFAR 1314(CORRESPONDANT AU 8 AOÛT 1896)

Louange 1iDieu seul !
Puisse Dieu bénirnotre seigneur Mohamed et sa famille !

(Sceaude S. M. AbdelazizBen elHarsan.)

A notre agréable le pachaEl Haj Mohamed OuidaEs-Soussi.
Puisse Dieu te garder !àetoi salutation et miséricorde div!Aprèsce

préambule,
Nous avonschargéI'aminlelettré MohamedBenSaidEr-Ribati, porteur de la '
présente, d'enquêtsur le différend qui opposaitles Ouled el JauxnOuled
Dlim au sujet des bovins et dont le chef de bataillon Ahmedoucb Ed-Dhoubali
avait étéchargéd'enquëter sans que ses conclusions eussent étéclaires.
Mohamed Ben SaÎddevra vérifiersi les Ouled el Jirane avaient frappéles

Ouled Dlimd'une taxe,d'oùl'appropriation poureuxdu bétail,ousicesbestiaux
avaient fuileurpâturage pour rentAeleur gîteou syavait eu autre chose.La
véritéapparaîtraA lasuite de cette enqutte, et salut ! On peut acquérirlespublicalions dela COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
auprésdcslibrairiespécialisédu monde entier. Pour tous renseignements,pridee

s'adresseA la Seclion & /Odistributionetdes ventes,Ofice des Notions Unies,1211
Genève10 (Srrisse)ou à la Sectiondesventes,NationUnies,New York,N.Y. J#I7
.(Etuts-Unis),
On peut acquérirles publicationde la COUR PERMANENTE DE JUSTICE
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