Audience publique tenue le lundi 28 septembre 2009, à 15 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Tomka, vice-président, faisant fonction de président en l'affaire relative à des Usines

Document Number
135-20090928-ORA-01-00-BI
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Number (Press Release, Order, etc)
2009/20
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Non-Corrigé
Uncorrected

CR 2009/20

Cour internationale International Court
de Justice of Justice

LAAYE THHEGUE

ANNÉE 2009

Audience publique

tenue le lundi 28 septembre 2009, à 15 h 45, au Palais de la Paix,

sous la présidence de M. Tomka, vice-président,
faisant fonction de président

en l’affaire relative à des Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay
(Argentine c. Uruguay)

________________

COMPTE RENDU
________________

YEAR 2009

Public sitting

held on Monday 28 September 2009, at 3.45 p.m., at the Peace Palace,

Vice-President Tomka, Acting President, presiding,

in the case concerning Pulp Mills on the River Uruguay
(Argentina v. Uruguay)

____________________

VERBATIM RECORD
____________________ - 2 -

Présents : M. Tomka, vice-président, faisant fonction de président en l’affaire
KoMroMa.

Al-Khasawneh
Simma
Abraham
Keith

Sepúlveda-Amor
Bennouna
Skotnikov
Crinçade

Yusuf
Grejugesood,
BeTroresz.
juiesesa, ad hoc

Cgoefferr,

⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -

Present: Vice-President Tomka, Acting President
Judges Koroma

Al-Khasawneh
Simma
Abraham
Keith

Sepúlveda-Amor
Bennouna
Skotnikov
Cançado Trindade

Yusuf
Greenwood
Judges ad hoc TorresBernárdez
Vinuesa

Registrar Couvreur

⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -

Le Gouvernement de la République argentine est représenté par :

S. Exc. Mme Susana Ruiz Cerutti, ambassadeur, conseiller juridique du ministère des relations
extérieures, du commerce international et du culte,

comme agent ;

S. Exc. M. Horacio A. Basabe, ambassadeur, directeur général de l’Institut du service extérieur de
la nation, ancien conseiller juridique du ministère des relations extérieures, du commerce
international et du culte, membre de la Cour permanente d’arbitrage,

S. Exc. M. Santos Goñi Marenco, ambassadeur de la République argentine auprès du Royaume des
Pays-Bas,

comme coagents ;

M.AlainPellet, professeur à l’Université Paris Ouest, Nanterre-La Défense, membre et ancien
président de la Commission du droit internatio nal, membre associé de l’Institut de droit
international,

M. Philippe Sands QC, professeur de droit internatio nal au University College de Londres, avocat,
Matrix Chambers, Londres,

M. Marcelo Kohen, professeur de droit internationa l à l’Institut de hautes études internationales et
du développement, Genève, membre associé de l’Institut de droit international,

Mme Laurence Boisson de Chazournes, professeur de droit international à l’Université de Genève,

M. Alan Béraud, ministre à l’ambassade de la République argentine auprès de l’Union européenne,
ancien conseiller juridique du ministère des affaires étrangères, du commerce international et du
culte,

M.DanielMüller, chercheur au Centre de droit in ternational de Nanterre (CEDIN), Université de
Paris Ouest, Nanterre-La Défense,

comme conseils et avocats ;

M. Homero Bibiloni, secrétaire d’Etat à l’environnement et au développement durable,

comme autorité gouvernementale ;

M. Esteban Lyons, directeur national du contrôle environnemental du secrétariat à l’environnement
et au développement durable,

M.HowardWheater, docteur en hydrologie de l’ Université de Bristol, professeur d’hydrologie à
l’Imperial College, directeur de l’Imperial College Environment Forum,

M. Juan Carlos Colombo, docteur en océanographie de l’Université de Québec, professeur à la

faculté des sciences et au musée de l’Université de La Plata, directeur du Laboratoire de chimie
environnementale et de biogéochimie de l’Université de La Plata,

M.NeilMcIntyre, docteur en ingénierie envir onnementale, maître de conférences à l’Imperial

College, Londres, - 5 -

The Government of the Republicof Argentina is represented by:

H.E. Ms Susana Ruiz Cerutti, Ambassador, Legal Adviser to the Ministry of Foreign Affairs,
International Trade and Worship,

as Agent;

H.E. Mr. Horacio A. Basabe, Ambassador, Director of the Argentine Institute for Foreign Service,
former Legal Adviser to the Ministry of Fore ign Affairs, International Trade and Worship,
Member of the Permanent Court of Arbitration,

H.E. Mr. Santos Goñi Marenco, Ambassador of the Argentine Republic to the Kingdom of the
Netherlands,

as Co-Agents;

Mr.AlainPellet, Professor at the University of Paris Ouest, Nanterre-La Défense, member and
former Chairman of the International Law Co mmission, associate member of the Institut de
droit international,

Mr. Philippe Sands QC, Professor of International Law at the University College London, Barrister
at Matrix Chambers, London,

Mr.MarceloKohen, Professor of International Law at the Graduate Institute of International and
Development Studies, Geneva, associate member of the Institut de droit international,

Ms Laurence Boisson de Chazournes, Professor of International Law at the University of Geneva,

Mr.AlanBéraud, Minister at the Embassy of the Argentine Republic to the European Union,
former Legal Adviser to the Ministry of Foreign Affairs, International Trade and Worship,

Mr. Daniel Müller, Researcher at the Centre de droit international de Nanterre (CEDIN), University

of Paris Ouest, Nanterre-La Défense,

as Counsel and Advocates;

Mr. Homero Bibiloni, Federal Secretary of Environment and Sustainable Development,

as Governmental Authority;

Mr.EstebanLyons, National Director of Environm ental Control, Secretariat of Environment and
Sustainable Development,

Mr. Howard Wheater, PhD in Hydrology at Bristol University, Professor of Hydrology at Imperial

College and Director of the Imperial College Environment Forum,

Mr. Juan Carlos Colombo, PhD in Oceanography at the University of Québec, Professor at the
Faculty of Sciences and Museum of the National University of La Plata, Director of the

Laboratory of Environmental Ch emistry and Biogeochemistry at the National University of
La Plata,

Mr.NeilMcIntyre, PhD in Environmental Engineering, Senior Lecturer in Hydrology at Imperial

College London, - 6 -

Mme Inés Camilloni, docteur en sciences atmosphériques, professeur de sciences atmosphériques à
la faculté des sciences de l’Université de Buenos Aires, maître de recherche au conseil national

de recherche (CONICET),

M.GabrielRaggio, docteur en sciences techni ques de l’Ecole polytechnique fédérale de
Zürich (ETHZ) (Suisse), consultant indépendant,

comme conseils et experts scientifiques ;

M.HolgerMartinsen, ministre au bureau du conseiller juridique du ministère des affaires

étrangères, du commerce international et du culte,

M. Mario Oyarzábal, conseiller d’ambassade, bureau du conseiller juridique du ministère des
affaires étrangères, du commerce international et du culte,

M.FernandoMarani, secrétaire d’ambassade, amb assade de la République argentine au Royaume
des Pays-Bas,

M.GabrielHerrera, secrétaire d’ambassade, bureau du conseiller juridique du ministère des

affaires étrangères, du commerce international et du culte,

MmeCynthiaMulville, secrétaire d’ambassade, bureau du conseiller juridique du ministère des
affaires étrangères, du commerce international et du culte,

Mme Kate Cook, avocat, Matrix Chambers, Londres, spécialisée en droit de l’environnement et en
droit du développement,

Mme Mara Tignino, docteur en droit, chercheur à l’Université de Genève,

M.MagnusJeskoLanger, assistant d’enseignement et de recherche, Institut de hautes études
internationales et du développement, Genève,

comme conseillers juridiques.

Le Gouvernement de l’Uruguay est représenté par :

S. Exc. M. Carlos Gianelli, ambassadeur de la République orientale de l’Uruguay auprès des

Etats-Unis d’Amérique,

comme agent ;

S. Exc. M. Carlos Mora Medero, ambassadeur de la République orientale de l’Uruguay auprès du

Royaume des Pays-Bas,

comme coagent ;

M.AlanBoyle, professeur de droit international à l’Université d’Edimbourg, membre du barreau
d’Angleterre,

M. Luigi Condorelli, professeur à la faculté de droit de l’Université de Florence,

M.LawrenceH.Martin, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau de la Cour suprême des
Etats-Unis d’Amérique, du barreau du district de Columbia et du barreau du Commonwealth du
Massachusetts, - 7 -

MsInésCamilloni, PhD in Atmospheric Sciences, Professor of Atmospheric Sciences at the
Faculty of Sciences of the University of Bue nos Aires, Senior Researcher at the National

Research Council (CONICET),

Mr.GabrielRaggio, Doctor in Technical Scienc es of the Swiss Federal Institute of Technology
Zurich (ETHZ) (Switzerland), Independent Consultant,

as Scientific Advisers and Experts;

Mr.HolgerMartinsen, Minister at the Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs,

International Trade and Worship,

Mr.MarioOyarzábal, Embassy Counsellor, Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign
Affairs, International Trade and Worship,

Mr. Fernando Marani, Embassy Secretary, Embassy of the Argentine Republic in the Kingdom of
the Netherlands,

Mr. Gabriel Herrera, Embassy Secretary, Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs,

International Trade and Worship,

Ms Cynthia Mulville, Embassy Secretary, Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs,
International Trade and Worship,

MsKateCook, Barrister at Matrix Chambers, London, specializing in environmental law and law
relating to development,

Ms Mara Tignino, PhD in Law, Researcher at the University of Geneva,

Mr.MagnusJesko Langer, teaching and research assistant, Graduate Institute of International and
Development Studies, Geneva,

as Legal Advisers.

The Government of Uruguay is represented by:

H.E. Mr. Carlos Gianelli, Ambassador of the Eastern Republic of Uruguay to the United States of

America,

as Agent;

H.E. Mr. Carlos Mora Medero, Ambassador of the Eastern Republic of Uruguay to the Kingdom of

the Netherlands,

as Co-Agent;

Mr.AlanBoyle, Professor of International Law at the University of Edinburgh, Member of the
English Bar,

Mr. Luigi Condorelli, Professor at the Faculty of Law, University of Florence,

Mr. Lawrence H. Martin, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the United States Supreme
Court, the District of Columbia and the Commonwealth of Massachusetts, - 8 -

M. Stephen C. McCaffrey, professeur à la McGeorge School of Law de l’Université du Pacifique,
Californie, ancien président de la Commission du droit international et rapporteur spécial aux

fins des travaux de la Commission relatifs aux cours d’eau internationaux,

M. Alberto Pérez Pérez, professeur à la faculté de droit de l’Université de la République,
Montevideo,

M.PaulS.Reichler, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau de la Cour suprême des

Etats-Unis d’Amérique et du barreau du district de Columbia,

comme conseils et avocats ;

M. Marcelo Cousillas, conseiller juridique à la direction nationale de l’environnement, ministère du
logement, de l’aménagement du territoire et de l’environnement de la République orientale de

l’Uruguay,

M. César Rodriguez Zavalla, chef de cabinet au ministère des affaires étrangères de la République
orientale de l’Uruguay,

M.CarlosMata, directeur adjoint des affaires juri diques au ministère des affaires étrangères de la

République orientale de l’Uruguay,

M. Marcelo Gerona, conseiller à l’ambassade de la République orientale de l’Uruguay au Royaume
des Pays-Bas,

M. Eduardo Jiménez de Aréchaga, avocat, admis au barreau de la République orientale de
l’Uruguay et membre du barreau de New York,

MA. damKahn, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau du Commonwealth du
Massachusetts,

M.AndrewLoewenstein, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau du Commonwealth du
Massachusetts,

MmeAnaliaGonzalez, LLM, cabinet Foley Hoag LLP, admise au barreau de la République
orientale de l’Uruguay,

Mme Clara E. Brillembourg, cabinet Foley Hoag LLP, membre des barreaux des districts de
Columbia et de New York,

MmeCicelyParseghian, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau du Commonwealth du
Massachusetts,

M. Pierre Harcourt, doctorant à l’Université d’Edimbourg,

M. Paolo Palchetti, professeur associé à la faculté de droit de l’Université de Macerata,

Mme Maria E. Milanes-Murcia, MA, LLM, JSD Candidate à la McGeorge School of Law de
l’Université du Pacifique, doctorante à l’Université de Murcia, admise au barreau d’Espagne,

comme conseils adjoints ;

Mme Alicia Torres, directrice nationale de l’environneme nt au ministère du logement, de
l’aménagement du territoire etde l’environnement de la République orientale de l’Uruguay,

M.EugenioLorenzo, conseiller technique à la direction de l’envir onnement du ministère du

logement, de l’aménagement du territoir e et de l’environnement de la Ré publique orientale de
l’Uruguay, - 9 -

Mr.StephenC.McCaffrey, Professor at the McGeorge School of Law, University of the Pacific,
California, former Chairman of the Interna tional Law Commission and Special Rapporteur for

the Commission’s work on international watercourses,

Mr.AlbertoPérezPérez, Professor at the Faculty of Law of the University of the Republic,
Montevideo,

Mr.PaulS.Reichler, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the United States Supreme Court

and the District of Columbia,

as Counsel and Advocates;

Mr. Marcelo Cousillas, Legal Counsel at the Nationa l Directorate for the Environment, Ministry of
Housing, Territorial Planning and Environment of the Eastern Republic of Uruguay,

Mr.CésarRodriguezZavalla, Chief of Cabinet, Ministry of Foreign Affairs of the Eastern
Republic of Uruguay,

Mr.CarlosMata, Deputy Director of Legal Affair s, Ministry of Foreign Affairs of the Eastern
Republic of Uruguay,

Mr.MarceloGerona, Counsellor of the Embassy of the Eastern Republic of Uruguay in the
Kingdom of the Netherlands,

Mr. Eduardo Jiménez de Aréchaga, Attorney at law, admitted to the Bar of the Eastern Republic of

Uruguay and Member of the Bar of New York,

Mr. Adam Kahn, Foley Hoag LLP, Member of the Bar of the Commonwealth of Massachusetts,

Mr.AndrewLoewenstein, Foley Hoag LLP, Member of the Bar of the Commonwealth of
Massachusetts,

MsAnaliaGonzalez, LLM, Foley Hoag LLP, adm itted to the Bar of the Eastern Republic of
Uruguay,

MsClaraE. Brillembourg, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the District of Columbia and
New York,

MsCicelyParseghian, Foley Hoag LLP, Me mber of the Bar of the Commonwealth of
Massachusetts,

Mr. Pierre Harcourt, PhD Candidate, University of Edinburgh,

Mr. Paolo Palchetti, Associate Professor at the School of Law, University of Macerata,

Ms Maria E. Milanes-Murcia, M.A., LLM; JSD Candidate, McGeorge School of Law, University
of the Pacific; PhD Candidate, University of Murcia; admitted to the Bar of Spain,

as Assistant Counsel;

Ms Alicia Torres, National Director for the Environment at the Ministry of Housing, Territorial

Planning and Environment of the Eastern Republic of Uruguay,

Mr.EugenioLorenzo, Technical Consultant for the National Directorate for the Environment,
Ministry of Housing, TerritorialPlanning and Environment ofthe Eastern Republic of Uruguay, - 10 -

M.CyroCroce, conseiller technique à la direction de l’environnement du ministère du logement, de

l’aménagement du territoire etde l’environnement de la République orientale de l’Uruguay,

Mme Raquel Piaggio, bureau de la gestion des eaux (O.S.E.), consultante technique à la direction de
l’environnement du ministère du logement, de l’aménagement du territoire et de l’environnement

de la République orientale de l’Uruguay,

M.CharlesA.Menzie, PhD., Principal Scientist et directeur d’EcoSciences Practice chez Exponent,
Inc., à Alexandria, Virginie,

st
M. Neil McCubbin, Eng., Bsc. (Eng), 1 Class Honours, Glasgow, Associate of the Royal College of
Science and Technology, Glasgow,

comme conseillers scientifiques et experts. - 11 -

Mr. Cyro Croce, Technical Consultant for the National Directorate for the Environment, Ministry of
Housing, Territorial Planning and Enviro nment of the Eastern Republic of Uruguay,

Ms Raquel Piaggio, Water Management Administration ⎯ O.S.E. ⎯ Technical Cons ultant for the
National Directorate for the Environment, Mini stry of Housing, Territorial Planning and
Environment of the Eastern Republic of Uruguay,

Mr. Charles A. Menzie, PhD., Principal Scientist and Director of the EcoSciences Practice at
Exponent, Inc., Alexandria, Virginia,

Mr. Neil McCubbin, Eng., BSc. (Eng), 1st Class Honours, Glasgow, Associate of the Royal College
of Science and Technology, Glasgow,

as Scientific Advisers and Experts. - 12 -

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président : Veuillez vous asseoir. L’audience est

ouverte. La Cour se réunit aujourd’hui pour entendre le second tour de plaidoiries de la

République argentine. Je voudrais indiquer que, pou r des raisons dignement expliquées à la Cour,

M. le juge Buergenthal ne pourra pas y assister.

Je dois également porter à votre connaissance que vendredi dernier, le 25septembre, dans

l’après-midi, le Gouvernement argentin a présenté à la Cour une demande d’admettre des nouveaux

documents au sens de l’article56, paragraphe2, du Règlement. Ce matin, le Gouvernement de

l’Uruguay a fait part à la Cour de son opposition à ce que ces documents soient produits dans la

présente affaire. La Cour s’est ensuite réunie afin de prendre une décision quant à la rece
vabilité

des nouveaux documents présentés par l’Argentine. La Cour n’a pas estimé que la production de

ces documents était nécessaire au sens de l’article 56, paragraphe2, du Règlement. Elle n’a pas

d’ailleurs identifié de circonstance exceptionnelle au sens du paragraphe3 de l’instruction de

procédure9 qui justifiait la production au stade présent ⎯ bien avancé ⎯ de la procédure. En

conséquence, les documents présentés par l’Argentine sont écartés des débats.

Je donne maintenant la parole à M. le professeu r Alain Pellet. Monsieur le professeur, vous

avez la parole.

M. PELLET : Merci beaucoup, Monsieur le président.

I.L ES ERREURS URUGUAYENNES ,LES MECANISMES STATUTAIRES

ET CERTAINS PROBLEMES RELATIFS A LA PREUVE

1. Monsieur le président, Messieurs les juges, en écoutant nos contradicteurs et amis la

semaine dernière, j’ai eu le sentiment constant qu’ ils se trompaient d’affaire. Ils n’ont pas plaidé

celle que l’Argentine vous a soumise par sa requê te du 4 mai 2006 et que j’avais essayé de cerner

lors du premier tour de nos plaidoiries orales 1, mais ils ont centré ⎯ exclusivement ⎯ toute leur

argumentation sur la seule question de savoir si l’usine Botnia a d’ores et déjà causé «un préjudice

sensible à la navigation, au régime du fleuve ou à la qualité de ses eaux» 2 ou est susceptible de le

faire. Ce faisant, ils ont «fait comme si» on en était toujours à se demander s’il fallait ou non

1
CR 2009/12, p. 28-30, par. 5-8.
2Statut du fleuve Uruguay de 1975, art. 7 ; voir aussi l’article 27. - 13 -

construire l’usine ⎯ ce qui est tout de même assez surréaliste même si M. Reichler ne semble pas

3
goûter cette école de peinture : Botnia est là ⎯aussi à sa place que le serait un tableau de

Magritte dans la galerie des glaces du château de Versailles! A cet égard, la seule question

possible dorénavant est de savoir si Botnia peut être là et si Botnia peut rester là.

2. Afin de rétablir une version que je crois moins biaisée de notre affaire je me propose, dans

un premier temps, de mettre en évidence les postu lats fragiles sur lesquels repose la thèse de

l’Uruguay. Puis, dans un second temps, je reviendrai ⎯ brièvement, rassurez-vous ⎯ sur l’analyse

que fait, à tort, le défendeur du mécanisme procédural mis en place par le statut.

I. Les faiblesses de la thèse uruguayenne

3. Avec votre permission, Monsieur le prési dent, je voudrais d’abord et d’emblée recentrer

l’affaire autour de ses fondamentaux, sur lesquels la Partie uruguayenne s’est adroitement

employée à jeter un rideau de fumée (tout aussi épaisse mais, heureusement, moins nauséabonde

que celle de Botnia). Ces «fondamentaux» me paraissent être au nombre de quatre :

⎯ premièrement, si les Parties ont, sans doute, le droit de déroger, par un accord exprès, aux

dispositions du statut de 1975, elles ne l’ont pas fait en l’espèce ; et,

⎯ deuxièmement, les arrangements auxquels elles ont pu aboutir ne sauraient avoir eu, et n’ont

pas eu, pour effet de passer du bilatéralisme ordonné voulu par les Parties dans le statut, à

l’unilatéralisme anarchique que défend aujourd’hui l’Uruguay ;

⎯ troisièmement, ce bilatéralisme ordonné et statutaire concerne les aspects à la fois procéduraux

et substantiels, que nos contradicteurs essaient de décomposer de manière totalement

artificielle ; et,

⎯ quatrièmement, le «triomphalisme » environnemental dont nos contradicteurs font preuve est

loin d’être justifié et une appréciation plus exacte et plus modeste des risques que Botnia fait

courir à l’écosystème du fleuve aurait dû ⎯ et doit ⎯ conduire à localiser ailleurs l’énorme

usine qu’ils s’efforcent, à tort, de faire passer pour un fait accompli.

En outre, la Partie uruguayenne utilise les moyens de preuve figurant au dossier de manière

singulière, sélective et partiale. Mes collègues reviendront sur tous ces points de manière plus

3
Cf. CR 2009/16, p. 40, par. 5 (Reichler). - 14 -

précise; mais il me paraît utile d’en dire quelques mots d’emblée au seuil de ce second tour de

plaidoiries, pour ne pas nous égarer dans les impasses dans lesquelles nos amis de l’autre côté de la

barre voudraient nous orienter ⎯ et la Cour avec nous.

A. Quatre piliers fragiles

4. Monsieur le président, les quatre postulats clés sur lesquels repose toute la thèse de

l’Uruguay ont en réalité, je crois, la fragilité de l’argile.

4
5. Premier «pilier» de l’argumentation: le statut n’est pas du jus cogens ⎯ assurément !

5
Les Parties pouvaient donc y déroger ⎯ voilà qui n’est pas davantage douteux ⎯ à condition que

ceci résulte d’un accord exprès et clair. Et c’est ce qui s’est produit, dit aussi l’Uruguay ⎯ ceci,

par contre, est faux malgré l’adresse et l’appare nte conviction avec lesquelles ceci a été affirmé.

Nous y reviendrons demain, mais l’énoncé ordonné de certains éléments factuels de l’affaire

devrait remettre les choses à leur place. Voilà cet énoncé :

6
⎯ le 9 octobre 2003, l’Uruguay délivre une autorisation pour la construction d’ENCE ; la CARU

n’avait pas été saisie malgré sa demande pressante de précisions et d’informations

7
complémentaires qui avait été adressée à l’Uruguay dès le 15 août 2003 ;

⎯ le 26novembre2003, M.Opertti, ministre uruguaye n des affaires étrangères, explique devant

le Sénat de son pays qu’il s’agit d’un projet relevant des compétences strictement nationales de

l’Uruguay et ne devant en aucune manière êt re soumis au respect du statut de1975 et à

l’appréciation de la CARU 8 ;

⎯ le 2mars2004, les deux ministres des affa ires étrangères se mettent d’accord pour que

l’Uruguay transmette les informations nécessai res et complètes concernant la construction

d’ENCE à travers la CARU tout en prévoyan t que cette dernière devrait entreprendre les

9
mesures de surveillance requises lo rs de l’opération de l’usine , ce qui n’implique en aucune

manière un accord à sa construction: il était convenu que la Commission recevrait de

4 CR 2009/18, p. 52, par. 13 (Martin).
5
Ibid.
6
Mémoire de l’Argentine (MA), annexes, livre VII, annexe 9.
7 MA, annexe, livre III, annexe 18.

8 MA, annexes, livre VII, annexe 4.

9 Contre-mémoire de l’Uruguay (CMU), annexes 47 et 99. - 15 -

l’Uruguay ⎯et je cite expressis verbis ⎯ «les plans de gestion environnementale pour la

construction et la mise en service de l’usine» et que la CARU les étudierait «dans le cadre de

10
ses compétences» ; il s’agit de procéder à une étude pr éparatoire à un accord éventuel en vue

de la construction, et nullement d’une suite donnée à un tel accord ;

⎯ le rapport du chef du conseil des ministres portant sur l’année2004 11 ⎯ toute l’année 2004,

mais seulement l’année2004 ⎯ fait état de cet arrangement mais ne pouvait évidemment pas

concerner Botnia dont l’autorisation unilatérale de la part des autorités uruguayennes n’est

intervenue que le 14 février 2005 ;

⎯ pour sa part, le vice-président de la délégation argentine à la CARU indique en avoir pris

connaissance, pour la première fois (et à travers les médias) le 11mars2005 12, un an après

l’arrangement ⎯ à la portée limitée ⎯ du 2 mars 2004 ; à la même occasion, le président de la

délégation uruguayenne a également précisé qu’il ne disposait d’aucune information à ce

13
sujet .

En d’autres termes, Monsieur le président, aucun prétendu accord antérieur (quand bien même il

aurait existé et aurait eu le contenu que nos contradicteurs lui prêtent ⎯ quod non), ne pouvait

concerner l’usine Botnia. Et d’accord postérieur, il n’y eut point.

6. Au début du mois de mai 2005, il est donc tout à fait clair qu’il n’existait aucun accord

entre les Parties quant à la construction ni d’ENCE ni de Botnia, mais que, tout au contraire, un

différend avait surgi concernant les violations du statut de1975 et le respect du mécanisme de

consultation préalable :

⎯ le 5mai2005, l’Argentine a demandé, par une lettr e de son ministre des affaires étrangères à

son homologue uruguayen, que les usines soient relocalisées, que davantage de documentation

soit fournie et que les travaux sur les deux us ines soient suspendus pour pouvoir évaluer de

façon complète l’impact que pourraient avoir les deux projets sur l’environnement du fleuve 14 ;

l’Uruguay n’a jamais répondu à ces demandes ;

10MA, annexes, livre III, annexe 24.
11
CMU, annexe 46.
12
MA, annexes, livre III, annexe 31.
13Ibid.

14MA, annexes, livre II, annexe 22. - 16 -

⎯ le lendemain, 6mai2005, le chef de la déléga tion argentine à la CARU proteste contre «la

violation du statut par rapport au mécanisme de consultation préalable (art. 7 et suiv.)» dont il

détaille les manifestations ; la réaction du chef de la délégation uruguayenne, M. Belvisi ? : «la

15
situation, …est conforme à ce que M. l’ambassadeur [argentin] a indiqué…» ; si c’est un

accord, il consiste à constater que l’Uruguay ne s’est pas acquitté de ses obligations ; c’est donc

un accord … sur l’existence d’un désaccord.

⎯ certes, le 31 mai 2005, les ministres des affaires étrangères ont créé le groupe de travail de haut

niveau (GTAN selon son sigle espagnol) et, cette fois, Botnia est concernée; mais par quoi,

Monsieur le président? Les Parties y c onviennent «de mener des études et analyses

complémentaires, d’échanger des informations et d’assurer un suivi afin d’étudier les

conséquences du fonctionnement des usines de cellulose en cours de construction sur le fleuve

Uruguay» 16; il ne s’agissait pas de renvoyer la ques tion à la CARU comme nos contradicteurs

17
nous le font dire , mais bien d’essayer de trouver une solution négociée, bilatérale, au

différend concernant le respect du statut du fleuve Uruguay ;

⎯ mais cette autre tentative échoua face aux refus constants de la Partie uruguayenne de fournir

l’information requise sur des aspects cruciaux des projets, en particulier l’emplacement des

usines, question qui, comme l’a rappelé avec vigue ur l’Uruguay dès la première réunion de ce

GTAN, relevait de sa souveraineté, et non des négociations : «la localisation des usines est déjà

un fait» résultant d’une «décision souveraine de l’Uruguay» 18, je vous rappelle que nous

sommes à la première séance du GTAN ;

⎯ et, le 14 décembre 2005, le secrétaire argentin a ux affaires étrangères a informé l’ambassadeur

uruguayen en Argentine de l’existence d’un différend au sens de l’article60 du statut

15MA, annexes, livre III, annexe 32.

16Duplique de l’Uruguay (DU), annexe R14 ⎯ [traduction du Greffe] ; («for complementary studies and
analysis, exchange of information and follow up on the effect s that the operation of the cellulose plants that are being
constructed in the Eastern Republic of Uruguay will have on the ecosystem of the shared Uruguay Riv⎯ traduction

anglaise fournie par l’Uruguay).
17CR 2009/18, p. 63, par. 48 (Martin).

18MA, annexes, livre IV, annexe 4. - 17 -

19
de 1975 , ce que confirme sa lettre à l’ambassadeur de l’Uruguay à Buenos Aires du

12 janvier 2006 20.

7. Comme je l’ai dit, mon collègue et ami Ma rcelo Kohen reprendra tout ceci plus en détail

demain; mais ce premier survol conduit déjà à une conclusion claire et nette: Monsieur le

président, Messieurs de la Cour, il n’y a pas eu d’accord entre l’Argentine et l’Uruguay en vue de

l’implantation d’ENCE à Fray Bentos, moins enco re de Botnia. Durant toute cette affaire,

l’Uruguay s’est laissé guider par la décision bien arrêtée de ne pas suivre, pour cause de

souveraineté, la procédure sommaire, énoncée fermement par M.Opertti, ministre uruguayen des

21
affaires étrangères devant le Sénat de son pays le 26 novembre 2003 et qui a constitué le principe

constamment suivi par l’Uruguay. Ainsi, un autre ministre des affaires étrangères de ce pays, dans

une note du 27décembre2005, constatant l’échec du GTAN proclamait «d’une façon claire et

nette» que la République oriental e de l’Uruguay «conserve sa volonté politique de réalisation des

ouvrages» 22⎯ quoi qu’il arrive.

8. C’est que, Monsieur le président, le deuxièm e pilier de la thèse de l’Uruguay (du reste lié

au précédent) est constitué par son ode à l’unilatéra
lisme ⎯ en contradiction flagrante avec l’esprit

même du statut de 1975. Ceci a constamment conduit l’Uruguay à invoquer sa souveraineté en vue

23
de mener seul une entreprise qua lifiée de purement «nationale» par le ministre Opertti ou à

l’appui de «ses programmes souverains de développement soutenable» selon la formule du

professeur Condorelli 2. Cette préférence pour l’unilatéra lisme s’est manifestée de multiples

manières.

9. Au plan procédural, il s’est traduit par la mise à l’écart, comme je l’ai dit, du bilatéralisme

ordonné et institutionnalisé (via la CARU) qu’envisage le stat ut, recours à un souverainisme

unilatéraliste qui est totalement étranger à l’esprit du statut. Car, quand bien même les deux Etats

se seraient mis d’accord pour court-circuiter la CARU et pour négocier directement sur

19MA, annexes, livre II, annexe 27.
20
CMU, annexe 59.
21
MA, annexes, livre VII, annexe 4 (voir aussi réplique de l’Argentine (RA), par. 1.73).
22MA, annexes, livre II, annexe 29.

23MA, annexes, livre VII, annexe 4.

24CR 2009/19, p. 47, par. 8 (Condorelli). - 18 -

l’appréciation des risques résultant de l’implantation des usines à l’emplacement prévu ⎯ ce qui

n’est pas le cas ⎯ à qui peut-on faire croire que l’Arge ntine aurait renoncé du même coup à toutes

les garanties que lui donne le statut; en particu lier à la garantie d’une évaluation impartiale par

votre haute juridiction de la po ssibilité de construire l’usine ⎯ou les usines? Evaluation

exemptée, cela va de soi, au titre de l’article 12.

10. Mais l’engouement de l’Uruguay pour l’unila téralisme ne s’arrête pas à la procédure : il

oublie complètement que le fleuve n’est pas sa ressource, qu’il ne lui appartient pas

souverainement, à lui seul; mais qu’il est une ressource partagée qui doit participer au

développement durable non seulement de sa population mais aussi de celle qui vit de l’autre côté

du fleuve et que c’est précisément cet objectif que poursuit le statut. Il le poursuit en liant

étroitement la procédure et la substance ⎯et la négation de cette indissociabilité entre les

deux aspects constitue la troisième fragilité majeure de la thèse uruguayenne.

11. Les précautions procédurales prises à travers les articles 7 à 12 du statut ont pour objectif

d’assurer «l’utilisation rationnelle et optimale du fleuve Uruguay» au même titre que les

dispositions relatives à l’utilisation de ses eaux, à la conservation, à l’utilisation et à l’exploitation

d’autres ressources naturelles, à la pollution ou à la recherche. Dans tous ces domaines, l’objectif

est le même : empêcher que l’utilisation du fleuve par l’un de ses riverains nuise à l’autre. Et ceci

implique aussi qu’aucun d’eux n’agisse unilatéralement et sans souci des utilisations antérieures ou

actuelles par l’autre Partie; ceci implique que chacune informe scrupuleusement l’autre de ses

projets, si ceux-ci sont susceptibles de porter atte inte au régime du fleuve, à la qualité de ses eaux

et, plus globalement, à son écosystème et à celui de ses zones d’influence.

12. C’est pour cette raison que le «message» (à peine subliminal) que l’Uruguay voudrait

faire passer n’est pas acceptable. En substance, nos contradicteurs voudraient vous faire croire (et

décider), Messieurs les juges, que puisque cet «exemple paradigmati que de développement

25
durable» («paradigmatic example of sustainable development» ), cette «installation splendide»

(«superb facility» 26), cette «remarquable réussite» 27 préserve parfaitement l’écosystème du fleuve,

25CR 2009/17, p. 58, par. 34 (McCaffrey).
26
Ibid., p. 45, par. 55 (McCubbin).
27CR 2009/19, p. 47-48, par. 8 (Condorelli). - 19 -

point n’est besoin de s’embarrasser d’arguties juridiques sur la procédure qui aurait dû être suivie :

l’usine est là ; elle ne pollue pas ⎯ pourquoi l’empêcherait-on de fonctionner ? Mais c’est inverser

indûment les choses, Monsieur le président, et c’est signer l’arrêt de mort du statut : si un Etat peut

réaliser n’importe quel ouvrage, malgré l’opposition décidée de l’autre Partie, au prétexte qu’il a la

«conviction» ⎯une conviction purement un ilatérale, qui s’est révélée infondée en l’espèce ⎯

28
«que la réalisation de l’ouvrage est parfaitement en règle avec le statut» à quoi bon la CARU ? à

quoi bon l’obligation d’informer, de notifier, de négocier ? à quoi bon la possibilité de recourir à

un tiers impartial? ⎯ surtout si c’est pour s’entendre di re, finalement, que l’ouvrage est

intouchable parce que la cessation de ses activités (à l’endroit de son implantation) «causerait [à

l’Uruguay] un dommage colossal» 29.

13. En outre et peut-être surtout ⎯ et c’est le quatrième pilier hasardeux de la thèse de

l’Uruguay, il n’est tout simplement pas exact que cette merveille d’«usine de pâte à papier du

XXI esiècle» («twenty-first century pulp mill» 30) «does not cause environmental harm, that is

31
consistent with the 1975 Statute, and that meets the highest international standards» . Les

évaluations scientifiques qui ont été invoquées par les deux Parties et qui reposent sur des rapports

d’experts savants et, parfois, compliqués sont très impressionnantes quoiqu’assez déséquilibrées:

pour sa part, l’Uruguay, plutôt que d’avancer ses propres preuves, préfère s’en tenir à un argument

d’autorité 32. Et je ne peux m’empêcher de paraphraser la remarque lancée par le

professeur Crawford à l’équipe camerounaise dans l’affaire de Bakassi : «I cannot resist saying that

they [Cameroon] might have traded in one or two of their large team of foreign counsel for a good

[hydrologist or specialist in rivers], had they been serious about their [scientific] claim.» 33 En tout

cas, après avoir lu les rapports d’experts, et éc outé avec attention les plaidoiries du premier tour,

même un aussi parfait ignorant que je le suis de ces choses, ne peut être que convaincu par :

28
Ibid., p. 25, par. 28 (Condorelli).
29Ibid., p. 47, par. 8 (Condorelli).

30CR 2009/17, p. 32, par. 3 (McCubbin).

31Ibid., p. 58, par. 34 (McCaffrey). Voir aussi CR 2009/16, p. 40, par. 6 (Reichler) ; ibid., p. 38, par. 67 (Boyle).
32
Voir par exemple : CR 2009/16, p. 13, par. 8-9 (Gianelli) ; ibid., p. 24, par. 19-21 (Boyle) ; ibid., p. 47, par. 25
(Reichler); CR2009/17, p. 31, par. 43 (Reichler), p33-34, par. 9-10 (McCubbin) ; CR 2009/19, p. 36-41, par. 10-20
(Reichler).
33
Cf. affaire de la Frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigéria (Cameroun c. Nigéria ; Guinée
équatoriale (intervenant)), CR 2002/20, p. 54, par. 16 (Crawford). - 20 -

[Projection n° 1 — soupe !]

⎯ premier exemple, l’explosion algaire du 4 févrie r 2009 ne peut pas être dépourvue de tout lien

avec les rejets de l’usine Botnia—sinon, on ne s’expliquerait pas comment on retrouve une

telle abondance de substances ligneuses dans la soupe verdâtre, peu appétissante, que le

34
professeur Colombo nous a présentée mercredi dernier et qui a laissé la Partie uruguayenne

sans voix… ;

[Fin de la projection n° 1 ; projection n° 2 : extrait du rapport d’EcoMetrix.]

⎯ il est clair ensuite —deuxième exemple— que les experts d’EcoMetrix avaient tout faux

lorsqu’ils écrivaient doctement que «[t]he reverse flow condition would not last for more than a

35
few hours…This situation is expected to o ccur a few times per year or less frequently » —

«a few times per year or less frequently»; durant les plaidoiries orales, les conseils de

36
l’Uruguay ont prudemment fait machine arrière ; il n’en reste pas moins que, ce faisant, la

Partie uruguayenne reconnaît l’e rreur des experts «indépendants» (je mets le mot entre

guillemets), aux dires desquels elle accorde cependant tant de poids ;

37
⎯ troisième exemple enfin: en dépit des protestations indignées (mais finalement hésitantes )

des avocats de l’Uruguay, le doute n’est plus guère possible quant à l’utilisation de

nonylphénols, cette substance hautement toxique pour l’environnement aquatique dont tout

donne à penser qu’ils ont été en tout cas massivement utilisés à Botnia.

[Fin de la projection n°2; projection n°3 : photographie des résultats de l’explosion du

29 janvier 2008.]

14. Ce ne sont, Monsieur le président, que quelques exemples parmi d’autres — sur lesquels

notre équipe scientifique reviendra tout à l’heure — mais ils me semblent suffisants à ce stade pour

établir que l’appréciation dithyrambique que nos contradicteurs portent sur les performances

environnementales de l’usine Botnia ne sont pas de mise —pour ne rien dire des «ratés»

34
Dossier de plaidoiries de l’Argentine, onglet n° 14.
35
EcoMetrix, Final Cumulative Impact Study, oct obre2006, p.4.48 (disponible sur http://www.ifc.org/
ifcext/lac.nsf/AttachmentsByTitle/Uruguay_CIS_Oct2006/$FILE/Uruguay_CIS_Oct2006.pdf).
36Voir notamment CR 2009/16, p. 41-46, par. 8-22.

37CR 2009/17, p. 24-25, par. 28. - 21 -

gravissimes que l’on a pu constater dans son fonctionnement, dont les explosions des

29 janvier 2008 et 27 février 2009 donnent d’inquiétants exemples 38.

[Fin de la projection n° 3.]

B. Remarques sur les moyens de preuve

15. Monsieur le président, j’ai été fort all éché lorsque le professeur Alan Boyle a annoncé, à

la fin de sa plaidoirie de mercredi dernier, qu’il a llait traiter de la charge de la preuve. J’avoue à

regret que l’intervention de mon amical contradicteur n’a pas répondu à mon attente ; il n’a dit que

deux choses, fort attendues: d’une part que c’est à la partie qui avance un fait d’en prouver la

39
réalité — c’est vrai ; d’autre part, que «the burden of proof on all these issues is on Argentina, but

Uruguay has more than proved its own case, while Argentina has not» 40 ; mais il n’est guère allé

au-delà de cette robuste affirmation 41.

16. Je vais essayer pourtant de pousser la réfl exion un peu plus loin. S’il est certainement

exact que chaque Partie doit établir le bien-fondé de ses allégations devant la Cour, il est contraire à

42
la logique profonde du statut de 1975 de prétendre que, par principe la charge de la preuve

incombe à l’Argentine sous prétexte qu’elle est le demandeur et qu’elle conteste l’implantation de

l’usine sur cette portion du fleuve: le statut impose aux deux Parties une obligation égale de

convaincre : l’une de l’innocuité de son projet, l’autre de sa nocivité, sans que l’une de ces charges

l’emporte en principe sur l’autre ou la précède, pour autant qu’elles se trouvent dans la même

situation.

17. Autant pour le droit. Mais il ne faut p as oublier les aspects factuels — et, à cet égard, les

Parties ne sont pas sur un pied d’égalité: Botnia est construite sur le te rritoire de la République

orientale de l’Uruguay, territoire sur lequel celle-ci bénéficie de la plénitude et de l’exclusivité des

38
Cf. New Documents Submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. III, Other Do cuments, Press Articles
(Explosion in Gas Pipeline at Botnia).
39
CR 2009/18, p.33, par.68, et note81 — selon un procédé discutable, les avocats de l’Uruguay utilisent
fréquemment les notes de bas de page pour ajouter des citations ou des précisions au texte de leurs plaidoiries.
40
Ibid., p. 35, par. 82.
41Voir ibid., p. 33-34, par. 69-70.

42Ibid., p. 33, par. 68. - 22 -

43
compétences étatiques , ce qui veut dire en clair que c’est ce pays qui bénéficie sinon de

l’exclusivité des preuves factuelles, du moins d’un accès très privilégié à celles-ci. Et je ne vous

e
cache pas, Monsieur le président, que j’ai so uri, la semaine dernière, en entendant M Reichler

affirmer sans ciller que «if, contrary to everyt hing Uruguay believes to be true, Botnia is using

nonylphenols, Uruguay will put a stop to it» 44 : mais, l’usine est située, que je sache, sur la rive

uruguayenne du fleuve et il ne tient qu’au défendeur de savoir ce qu’il en est! Il en va très

différemment de l’Argentine qui doit se fonder sur des expertises et procéder par déduction.

18. Ceci me conduit à amorcer notre réponse à la question posée par M.lejugeBennouna,

réponse que le professeur Sands complètera demain matin. Il s’agit d’une question fort importante

en ce qui nous concerne puisque, faute d’accès dir ect à l’usine et du fait de la parcimonie de

l’information communiquée par l’Uruguay sur s on fonctionnement, nous de vons nous en remettre

largement à des expertises. Sont-elles indépend antes? C’est le début de la question de

M. le juge Bennouna.

19. Dans la mesure où les experts qui nous fournissent les données sur lesquelles nous nous

appuyons sont mandatés par l’une des Parties, on peut envisager de répondre par la négative. Mais

ce n’est pas la fin de la question, car l’i ndépendance n’est pas seulement un problème de

rémunération, c’est aussi une question d’état d’esp rit. Philippe Sands reviendra plus précisément

sur les questions concrètes liées aux expertises a uxquelles nous avons eu rec ours. Mais permettez

moi d’ajouter tout de même que l’autorité d’une expertise doit s’évaluer non seulement en fonction

de l’«indépendance» de son auteur, mais aussi à l’aune de ses qualités intrinsèques : le sérieux et la

profondeur des analyses, l’exhaustivité, la pertin ence et la fiabilité des données sur lesquelles elle

s’appuie, la clarté et la cohérence de ses conclusions. A cette aune, il me semble que l’expertise de

l’équipe du professeur Colombo peut difficilement être mise en doute, ne fût-ce que parce que

durant le premier tour de ses plaidoiries orales l’Uruguay s’est fondé à peu près exclusivement sur

45 46
les rapports établis par cette équipe et lui a fréquemment rendu hommage .

43
Cf. la sentence arbitrale du 4 avril 1928, Souveraineté sur l’île de Palmas (ou Miangas) , RGDIP 1935, p.163
(et, RSA, vol. II, p. 838).
44CR 2009/17, p. 24, par. 28 (Reichler).

45Cf. toute la plaidoirie de M Reichler des 21 et 22 septembre, CR 2009/16, p. 39-63 et CR 2009/17, p. 12-32.

46 CR 2009/16, p. 39, par. 3-4 ; p. 51, par. 3 ; p. 56, par. 45 ; p. 59, par. 53 ; p. 59, par. 54 ; p. 61, par. 58 ;
CR 2009/17, p. 13, par. 2 ; p. 17-18, par. 13-14 ; p. 19, par. 15 ; p. 21, par. 17 ; p. 24, par. 27 ; p. 30, par. 39 (Reichler). - 23 -

II. Bref retour sur les mécanismes statutaires

20. J’en viens maintenant et pour terminer , Monsieur le président, à quelques brèves

considérations sur la mécanique procédurale telle qu’elle est prévue dans le chapitreII du statut

de 1975 — et plus précisément bien sûr par les ar ticles 7 et 12, qui constituent les deux extrémités

de la chaîne procédurale à suivre en cas de divergences entre les Parties sur les risques que présente

un projet pour le régime du fleuve et la qualité de ses eaux.

21. Tout commence, bien sûr, avec l’article 7, celui que l’Uruguay n’a pas respecté, bloquant

ainsi toute la procédure; celui que les Parties auraient pu écarter par un accord exprès pou
r

court-circuiter la CARU —ce qu’elles n’ont pas fait; celui qui, faute d’accord entre les Parties,

conditionne tout le reste de la procédure et qui, quoi qu’en aient dit nos contradicteurs 47, confère un

rôle clé à la CARU. Je relève à cet égard que, dans la première partie de sa plaidoirie de mercredi

dernier, M e Martin s’est employé à minimiser le rôle de celle-ci en omettant de souligner qu’elle

«détermine», fût-ce sommairement, si un projet peut causer un préjudice sensible à l’autre Partie 48.

Et le professeur McCaffrey s’est donné beaucoup de mal pour établir que cet organe — qu’il a tout

de même comparé à la Commission centrale pour la navigation du Rhin, qui n’est pas une obscure

institution dépourvue de compétences… — que la CARU donc, n’était jamais que l’instrument des

49
Etats parties . Ceci, à vrai dire, va de soi, mais ne suffit pas à permettre à l’un d’eux de

s’affranchir de l’obligation de la saisir et de di aloguer avec son partenaire, en son sein et par son

intermédiaire, en respectant les obligations statut aires d’information et de notification prévues par

le statut. Pacta sunt servanda.

22. Comme son collègue, M eMartin écarte d’un revers de main les obligations procédurales

imposées par le statut en expliquant que «[a]ll it means is that if both Parties agree that their

interests are best served by going straight to nego tiations — and skipping over the procedural steps

50
that normally precede and lead to such di rect dealings— they are free to do so» . «OK; fair

51
enough» dirait notre contradicteur ; mais quid si, comme c’est le cas, que ce soit au sein de la

47
Cf. CR 2009/18, p. 49-51, par. 3-10.
48
Ibid., p. 50, par. 4.
49 Ibid., p. 42-45, par. 20-32.

50 Ibid., p. 53, par. 18.

51 Ibid., p. 53, par. 16. - 24 -

CARU ou en dehors, il n’y a pas eu d’accord sur la question posée aux articles 7, 8 et 11, celle de

savoir si la mise en Œuvre du projet en cause peut af fecter la navigation, le régime du fleuve ou la

qualité de ses eaux et causer un préjudice sensible à l’autre Partie? Eh bien, dans ce cas, nous

dit-il benoîtement, «reference back to CARU at that point would have been an exercise in

52
futility» . C’eût, à vrai dire, été une solution tout à fait possible en dro
it ; mais si on l’écarte, que

peut-on faire ?

23. C’est le professeur Condorelli qui prend le relais pour donner la réponse. Elle est

53
brutale : on construit ! On construit d’abord et on voit ensuite ce qui se passe ⎯ exactement ce

que le statut a voulu éviter en mettant en place un mécanisme équilibré interdisant à l’Etat auteur

du projet de le mettre en Œuvre unilatéralement et en exigeant de lui une parfaite transparence tout

en enfermant les négociations dans des délais stricts et en faisant du tiers impartial par excellence

qu’est la Cour le décideur ultime.

24. Oh, je sais bien, Monsieur le présid ent, que Luigi Condorelli est un plaideur non

54
seulement «passionné» ⎯c’est vous qui l’avez dit ! ⎯ mais aussi un avocat adroit: une petite

phrase, une simple incidente, lui a suffi pour, peut-être, semer le doute dans les esprits : «[l]a thèse

de l’Argentine», a-t-il dit, «implique que le statut reconnaîtrait à chaque partie contractante un

véritable droit de veto … tant que votre Cour n’aura pas pris tout le temps (plusieurs années, nous

sommes bien placés pour le savoir !) qui lui est nécessaire pour se prononcer là-dessus en vertu de

55
la clause compromissoire de l’article 60» . Quatre remarques en style télégraphique sur ce qui

pourrait apparaître ⎯ honni soit qui mal y pense ⎯ comme une critique à peine voilée de la haute

juridiction :

1) mon ami et contradicteur se trompe de dispos ition : si la Cour est appelée à se prononcer en cas

de désaccord au sein de la CARU ou de négocia tions équivalentes menées après que les Parties

auraient expressément écarté cette institution, la Cour serait saisie sur la base de l’article 12, pas

de l’article 60 ;

52CR 2009/18, p. 63, par. 49 (Martin), voir aussi CR 2009/19, p. 23, par. 22 (Condorelli).
53
Voir CR 2009/19, p. 24-32, par. 24-39.
54Ibid., p. 20.

55Ibid., p. 25, par. 28. - 25 -

2) il est vrai que la précipitation n’est pas la car actéristique première de votre haute juridiction,

mais elle a montré, à plusieurs reprises, que lorsque les circonstances l’exigent et que les parties

sont diligentes, elle est capable de faire preuve de la célérité requise (et pas seulement

s’agissant de mesures conservatoires) ;

3) comme l’a relevé le professeur Kohen le 17septembre, si, au lieu d’atermoiements, de

faux-semblants et de mesures unilatérales, de promesses non tenues de communication des

informations, l’Uruguay avait saisi la Cour conf ormément aux prévisions de l’article12, la

56
question serait déjà tranchée et nous n’en serions pas là ;

4) en tout état de cause, le recours à votre juridi ction est ce que les Parties ont convenu et c’est le

prix à payer à la gestion conjointe qu’organ ise le statut et la seule manière d’assurer

l’appréciation objective et préalable qu’aucun dommage ou risque de dommage ne soit causé à

la ressource partagée que constitue le fleuve, san s les passions que les tentatives de l’Uruguay

de créer un fait accompli ont fait naître.

25. Moins de précipitation, moins d’unilatéralisme, moins de recherche du fait accompli, le

respect du statut en un mot, auraient sans aucun doute été de nature à atténuer cette tension.

Malheureusement, ce n’est pas la voie de sagesse qu’a suivie l’Ur uguay: il a autorisé; Botnia a

construit; l’usine fonctionne et pollue, et met en danger l’écosystème du fleuve et de ses zones

d’influence, tout en constituant une menace po ur la poursuite des utilisations (préalables)

touristiques et récréatives du fleuve sur la rive argentine. Et c’est ceci qui a conduit l’Argentine à

saisir la Cour. Ce fait, que l’Uruguay voudrait accompli et immuable, n’est conforme ni à

l’économie générale du chapitre II du statut, ni au texte limpide de l’article 9 qui, sauf décision de

la Cour au titre de l’article 12, n’envisage la réalisation de l’ouvrage que si la partie notifiée n’a pas

formulé d’objections ou n’a pas répondu dans le délai pr évu à l’article8 ⎯et mon contradicteur

m’excusera de ne pas répondre aux longs développe ments, très créatifs d’ailleurs, qu’il a consacrés

57
à l’article9 pour lui faire dire le contraire de ce qu’il dit : ce qu’il dit est trop évident et pacta

sunt servanda.

56
CR 2009/15, p. 59, par. 8 (Kohen).
57Ibid., p. 24-32, par. 24-39. - 26 -

26. Et c’est bien pour cela, Monsieur le président, que l’Argentine n’a pas saisi ⎯ et ne

pouvait pas saisir ⎯ la Cour de céans sur le fondement de l’article 12 : la saisine qu’autorise cette

disposition n’est que l’aboutissement de la procé dure prévue par les articles précédents en vue de

déterminer si un ouvrage peut être réalisé. Lors qu’il a été construit et fonctionne en violation du

statut (des articles7 à 12, mais aussi de ses dispos itions substantielles), c’est l’article60 (et lui

seul) qui constitue la base de votre compétence ⎯c’est aussi simple que cela et, tout en me

permettant de renvoyer à ce que nous avons d it et écrit à ce sujet auparavant sur ce point 58, et au

risque de décevoir mon ami Luigi Condorelli, je ne vous ennuierai pas davantage avec ceci,

Messieurs les juges, sauf à apporter trois précisions :

1) il me paraît normal et sans mystère que dans la requête, comme dans ses échanges

diplomatiques avec l’Uruguay ou dans ses pl aidoiries orales, l’Argentine ait mentionné

l’article 12 ⎯non pas comme base de compétence de la Cour mais comme l’une des

dispositions procédurales violées par le comportement de l’Uruguay ; car

59
2) contrairement à ce qu’a prétendu le défendeur , l’ultime délai de cent quatre-vingts jours laissé

aux Parties pour se mettre d’accord avant la saisine de la Cour sur le fondement de l’article 12

n’envisage pas de négociations autonomes avec les Parties: cette disposition est, je l’ai dit,

placée en fin de parcours et il ne peut faire de dou te que la saisine de la Cour sur cette base a

pour seul objet d’éviter la perpétuation indéfini e du blocage de la réalisation de l’ouvrage

résultant du désaccord entre les Parties sur les ri sques de préjudice qui en résulteraient; la

construction de Botnia nonobstant l’absence de saisine de votre juridiction est une violation

⎯ parmi d’autres, du chapitre II du statut ;

3) du reste, la requête ne laisse planer aucun doute ; il y est dit au paragraphe 3 : «Conformément

au paragraphe premier de l’article 36 du Statut de la Cour, la compétence de la Cour découle du

premier paragraphe de l’article 60 du statut de 1975.»

27. Cela me paraît, Monsieur le président, de nature à mettre un point final à la controverse

artificielle entretenue par la Partie uruguayenne sur l’objet de la requête et sur le fondement de la

compétence de la Cour, celle-ci est bien saisie sur la base de l’article 60 du st atut de 1975, et elle

58
MA, par. 1.1-1.16 ; RA, par. 0.14-0.19 ; CR 2009/12, p. 28-30, par. 5-8.
59CR 2009/18, p. 64, par. 50 (Martin) ; CR 2009/19, p. 14, par. 8. - 27 -

est saisie de l’ensemb le des violations commises par l’Uruguay, tant substantielles que

procédurales ⎯ y compris, concernant ces dernières, du contournement de l’ar ticle 12 puisque, par

son comportement, l’Uruguay a empêché la Cour de jouer le rôle que lui confère cette disposition.

28. Monsieur le président, Messieurs de la Cour, du même coup, ceci me permet de mettre

un point final à ma présentation. Je vous remercie de votre écoute et je vous prie, Monsieur le

président, de bien vouloir appeler à la barre ma collègue et amie Laurence Boisson de Chazournes.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président: Je vous remercie, Monsieur le

professeur, et je passe la parole à Mme le prof esseur Laurence Boisson de Chazournes. Vous avez

la parole, Madame.

Mme BOISSON de CHAZOURNES :

II.LE DROIT APPLICABLE ET LA VIOLATION PAR L ’U RUGUAY
DE SON OBLIGATION EN MATIERE D ’EIE

1. Monsieur le président, Messieurs les juges, on vous a conté l’histoire la semaine dernière

d’une usine qui serait soi-disant parfaite. Les conseils de l’Uruguay se sont efforcés d’en vanter les

mille mérites en présentant l’usine Botnia comme un exemple remarquable de développement

60
durable . Mais peut-on croire à l’histoire narrée pa r l’Uruguay? Le statut de1975 et le droit

international y tiennent le rôle de Cendrillon, ils sont maltraités. Et l’écosystème du fleuve

Uruguay et ses zones d’influence est véritablement un laissé-pour-compte de cette histoire.

Messieurs les juges, cette histoire sonne faux, et cela pour plusieurs raisons. Il me revient dans le

cadre de la présente plaidoirie de souligner les points de dissension qui persistent entre les deux

Etats, et notamment eu égard à la procédure d’évaluation environnementale du projet Botnia,

procédure qui a été faussée dès le départ. Un processus adéquat de décision n’a pas pu prendre

place.

2. Je reviendrai à titre liminaire sur certains aspects des contournements par l’Uruguay du

droit applicable (1), ainsi que sur le fait que le respect du statut imposait de prendre en compte les

60
CR 2009/17, p. 46, par. 1 (McCaffrey). - 28 -

conséquences de l’implantation de l’usine Botnia sur les utilisations existantes en Argentine, ce que

l’Uruguay n’a pas fait (2).

3. Le respect du traité imposait en outre que l’Uruguay exige une étude d’impact complète et

objective et transmette cette étude à l’Argentine en application du statut, et cela avant de délivrer

une autorisation de construction à l’usine Botnia. L’Uruguay ne l’a pas fait (3). Les populations

susceptibles d’être affectées auraient dû être consul tées ; elles ne l’ont pas été (4). L’Uruguay ne

peut pas excuser son comportement illicite par des références récurrentes à des rapports établis

pour le compte de la Société financière internationale (SFI) (5).

1) L’Uruguay n’a de cesse de déformer le droit applicable au présent différend pour
échapper à ses obligations

4. Monsieur le président, les conseils de l’Uruguay se sont contredits sur le champ

d’application du statut. Certains d’entre eux ont prétendu que les règles du statut ne couvriraient

61
que l’eau . D’autres conseils ont adopté une concep tion holistique de l’environnement faisant

mention de toutes les composantes de l’ environnement protégé, y compris l’air 6. Quoi qu’il en

soit, il est évident que les impacts de l’usine Botnia sur l’air sont couverts par le statut. Il ne

pourrait pas en être autrement, notamment au vu de toutes les évaluations environnementales

réalisées dans le cadre du projet Botnia. Ces évaluations auxquelles se réfère l’Uruguay de manière

intensive reposent toutes sur une approche écosy stémique, et cela même si certaines de ces

évaluations présentent de graves limitations.

5. Le droit applicable est par ailleurs on ne peut plus clair. Le digeste sur les utilisations du

fleuve Uruguay ⎯tant invoqué par les conseils de l’Uruguay 63 ⎯précise bien au titre de

l’interprétation de l’article56 du statut relatif à la prévention de la pollution que la pollution

industrielle comprend [projection n o1]: «celle produite par des émissions solides, liquides ou

gazeuses provenant d’activités industrielles y compris les minières et celles provenant de la

génération d’énergie» 64.

61
CR 2009/16, p. 31-32, par. 45-48 (Boyle) ; CR 2009/18, p. 13, par. 6 (Boyle) ; p. 37, par. 7 (McCaffrey).
62CR 2009/19, p. 18, par. 14 ; p. 51, par. 17 (Condorelli) ; ibid., p. 33, par. 2 (Reichler).

63CR2009/16, p.18, par.2; p.27, par.30-31; p.32-36, par.49-60 (Boyle) ; CR2009/18, p.13-16, par.6-14,
(Boyle).

64 Digeste, thèmeE3: Contamination, titre 1, chap.1, sect.2: Définitions, article1 b)1), MA, livre II,
annexe 12, p. 259, dossier de plaidoiries, onglet n°1. - 29 -

Les Parties sont donc liées par cette disposition et l’Uruguay ne saurait en faire fi. La protection de

l’air fait bel et bien partie des obligations qui s’imposent à l’Uruguay en vertu du statut de 1975 et

du droit international général 65. [Fin de la projection n 1.]

6. Un exemple emblématique du contournemen t des règles du statut par l’Uruguay a trait à

l’article 27 et aux obligations de notification au titre des articles 7 et 8 du statut. Je ne souhaite pas

ennuyer la Cour en rappelant le mot à mot de ces dispositions ; néanmoins, je me permets d’insister

sur le fait que l’Uruguay persiste dans son argumentation fallacieu se selon laquelle l’article 27 du

statut permettrait aux Parties de polluer un écosy stème fragile tel celui du fleuve Uruguay et ses

zones d’influence 66. Messieurs de la Cour, il n’existe pas un «droit de polluer» ni en vertu du statut

de1975, ni en vertu du droit international généra l. La stratégie dilatoire de l’Uruguay ne peut

occulter l’obligation de soumettre les utilisations industrielles du fleuve Uruguay au respect

préalable du chapitreII du statut. En application des articles7 et8 du statut, l’Uruguay avait

l’obligation de notifier le projet de l’usine Botnia à la CARU et à l’Argentine et selon l’article7,

paragraphe 3, du statut une telle notification aurait dû contenir :

«les aspects essentiels de l’ ouvrage et, le cas échéant, son mode de fonctionnement et
les autres données techniques permettant à la Partie à laquelle la notification est
adressée d’évaluer l’effet probable que l’ouvrage aura sur la navigation, sur le régime

du fleuve ou sur la qualité de ses eaux».

J’insiste sur la notion d’effet probable. L’Uruguay n’a pas communiqué à la CARU et à

l’Argentine l’information complète exigée par le statut.

7. Il y a d’autres points de dissension entre les deux Etats. Ainsi avec une obstination

certaine, tous les conseils de l’Uruguay, po ur tenter de dédouaner celui-ci d’une quelconque

violation, ont prétendu que le projet Botnia satisfaisait au respect des standards de la CARU. Outre

que cette assertion est erronée ainsi que l’expl iquera le professeurPhilippeSands, je tiens à

souligner que le respect des standards de la CARU n’épuise pas la question du droit applicable au

présent différend. Les standards de la CARU ne constituent pas un régime autosuffisant. Ils sont

un élément de l’ensemble du droit applicable qui e nglobe le statut et les obligations de droit

international auxquelles il renvoie.

65
Voir : affaire du Rhin de fer (Belgique c. Pays-Bas), décision du 24 mai 2005, p. 28, par. 58.
66CR 2009/17, p. 50, par. 10 (McCaffrey) ; CR 2009/18, par. 16, note 7 (Boyle). - 30 -

8. Les déclamations et les déclarations ont aussi été de mise. Les conseils de l’Uruguay ont

affirmé à de nombreuses reprises que l’usine Botnia constituerait un bon exemple de mise en Œuvre

de principes tels le principe de prévention, le principe de précaution, le principe du développement

durable ainsi que le principe de l’utilisation rationnelle et optimale des eaux du fleuve Uruguay 67.

Selon nos contradicteurs, l’Uruguay aurait respect é ces principes. Or, Monsieur le président,

Messieurs les juges, c’est une chose de proclamer le respect de principes de droit international, c’en

est une autre de les mettre en Œuvre effectivem ent dans le cadre de l’interprétation et de

l’application du statut de 1975. En l’espèce, dans le cadre du présent différend qui vous est soumis,

ces principes n’ont pas été respectés.

2) Le statut du fleuve Uruguay impose que les utilisations existantes soient prises en compte

9. Ainsi, le respect du principe du développeme nt durable et de l’utilisation rationnelle et

optimale du fleuve Uruguay imposait que les impact s environnementaux et sociaux ainsi que les

utilisations existantes soient tous pleinement pr is en compte et discutés dans le cadre des

procédures appropriées, avant qu’une quelconque décision ne soit prise 68. Les impacts sur le

69
tourisme auraient dû être pris en considér ation ainsi que la CARU l’a fait remarquer . Le rapport

70
de la DINAMA de2005 l’avait également requis . L’Uruguay a tout fait pour laisser dans

l’ombre les utilisations existantes du fleuve Uruguay 71. Les utilisations des eaux du fleuve à des

fins touristiques sont pourtant pa rticulièrement importantes et l’ implantation de l’usine Botnia a

porté atteinte à ces dernières.

10. Le droit applicable aux utilisations liées au tourisme et aux activités de récréation est lui

aussi clair. Le digeste de la CARU prévoit la protection des eaux destinées aux activités de

72
récréation . En outre, l’accord régional pour l’adoption d’un plan de protection environnementale

67CR2009/17, p.46, par.2; p.47, par.4; p.49-50, par. 10 ; p. 53, par. 19 ; p. 55, par. 22 (McCaffrey) ;
CR 2009/18, p. 19-22, par. 25-34 (Boyle).

68CR 2009/17, p. 56-57, par. 26-29 (McCaffrey).
69
CARU, note SET-10413-UR du 17 octobre 2002. MA, annexes, livre III, annexe 12, dossier de plaidoiries de
l’Argentine, 15 septembre 2009, onglet n 14.
70
Rapport DINAMA, division d’évaluation d’impact environneme ntal, réf. : installation d’usine de pâte à papier
et ouvrages connexes, février 2005 (MA, livre V, annexe 8, p. 401).
71
CR 2009/13, p. 16-17, par. 15-17 (Kohen).
72
Section E3, chap. 4, titre 2, seot.1, art.2, MA, annexe s, livreII, annexe12, p.276-277, dossier de plaidoiries
de l’Argentine, 15 septembre 2009, onglet n 10. MA, par. 3.153-3.157 ; RA, par. 4.49-4.50. - 31 -

du fleuve Uruguay de2002, élaboré par toutes les autorités locales riveraines des deux rives du

fleuveUruguay, souligne l’importance du fleuve pour les activités touristiques et de récréation 73.

Cet accord régional de2002 contient un plan de développement straté gique touristique du

fleuveUruguay. L’implantation de l’usine Botn ia empêche que ces instruments produisent leurs

effets, empêche que ces instruments puissent être mis en Œuvre comme ils devraient l’être.

11. La semaine dernière, l’Uruguay s’est très fugacement référé au tourisme, dans le cadre de

son analyse sur la notion de développement durable. Tout ce que l’Uruguay a trouvé à vous

présenter pour tenter de démontrer que l’usine Botnia n’affecte pas le tourisme est une coupure de

presse vantant l’excellent déroulement du ca rnaval de Gualeguaychú pendant l’été

austral 2008-2009. Pourtant, Messieurs les juges, tout ce que cet article prouve c’est que le conseil

mixte de tourisme de Gualeguaychú fait des efforts considérables pour maintenir l’activité

économique la plus importante de la ville, à savoi r le tourisme. Que ce conseil, pour contrecarrer

l’effet de la présence de Botnia, ait multiplié ses efforts et que ces efforts aient porté leurs fruits ne

signifie nullement que l’usine Botnia n’affecte pas le tourisme. Regardons de plus près la coupure

o
de presse présentée par l’Uruguay [projection n 2]. Elle précise: «L’une des enclaves

caractéristiques de Gualeguaychú est le fameux s ite balnéaire de Ñandubaysal. Les plages situées

au bord du fleuve Uruguay sont devenues fameuses parce qu’elles sont les plus affectées par

l’installation de l’usine Botnia.» 74 [Fin de la projection n 2.]

12. Ajoutons aussi que l’existence même du di fférend attire l’intérêt d’un grand nombre de

75
curieux . Ce n’est par ailleurs pas un phénomène exclusif à ce différend. Chacun de nous connaît

des exemples de situations malheureuses qui attirent la présence sur le urs lieux de nombreux

curieux. Lorsque le présent différend cessera, ce que je pense nous souhaitons tous, cette curiosité

passagère disparaîtra aussi.

73
Article 24) et 5) de l’accord régional pour l’adoption d’un «Plan de protection environnementale du fleuve
Uruguay» (29 octobre 2002) ; secteur 3 : Loisirs et tourisme, composante1: Plages susceptibles de devenir des
balnéaires, plan de développement stra tégique touristique du fleuve Uruguay. MA, livre2, annexe 9, p.163 et
p. 183-184.
74
«L’été à Gualeguaychú : la municipa lité inaugure la saison et présenteses produits à divers journalistes
invités», El País , 28 décembre 2008, http://www.mensajeroweb.c om.ar/index.php?x=nota/ 12781/1/verano-en-
gualeguaychu, dossier de plaidoiries, onglet n
75
«Le conflit pour usines de pâte à papier attire une grande quantité de touristes en Gualeguaychú»,
ZonaColon.com, 30 juillet 2007, http ://www.zonacolon.com/noticiasampliadas/0707/30a-zonacolon.htm. - 32 -

13. Ce qui est en jeu dans le présent différend, c’est le maintien d’une utilisation existante du

fleuve, à savoir le tourisme et les loisirs dans le cadre de l’application de principes de droit

international, et notamment le principe de «l’utilisation rationnelle et optimale du fleuve

76
Uruguay» . La population de Gualeguaychú souhaite poursuivre son activité touristique fondée

sur les beautés naturelles du site et sur ses activités culturelles et artistiques.

77
14. Mais, les mauvaises odeurs et le tourisme ne sont pas compatibles . L’on citera pour ce

faire un document officiel uruguayen qui précise: 71% des résidents de FrayBentos interrogés

lors d’un sondage avaient indiqué qu’ils cesseraien t leurs activités de loisir sur place en cas de

nuisance sonore prononcée, de pollution de l’eau et d’odeurs désagréables. C’est le rapport de la

DINAMA du 11 février 2005, évaluant l’étude d’imp act environnemental présentée par Botnia, qui

avance l’information que je viens de citer. Ce même rapport de la DINAMA indique que l’impact

sur le tourisme dans la zone d’influence du projet n’a pas été convenablement pris en compte dans

78
l’EIE produite par Botnia !

15. Messieurs les juges, ce n’est pas l’Arge ntine mais la CARU qui la première a attiré

l’attention sur les utilisations tour istiques du fleuve à l’endroit choi si, à l’époque, c’était pour la

79
construction de l’usine ENCE . L’Uruguay a constamment persisté dans son refus de discuter de

l’existence de sites alternatifs pour les usines. Une telle discussion pourtant aurait permis que le

site de l’usine soit choisi en conformité avec le principe de l’utilisation rationnelle et optimale du

fleuve Uruguay et en prenant en compte les utilisations existantes à l’endroit choisi par

l’usine Botnia.

16. Les utilisations existantes à des fins de tourisme et de loisirs sur les rives du fleuve

soulignent le caractère inapproprié du site d’emplac ement de l’usine Botnia et témoignent de la

contradiction de cette présence avec toute idée de développement durable d’une ressource naturelle

76Article premier du statut de 1975.

77«Gualeguaychú: Les odeurs de Botnia éloignent les touristes des balnéaires», DREF, Agencia Federal de
Noticias, 27 janvier 2009, http ://www.derf.com.ar/despachos.asp?cod_des=244930&ID_Seccion=42.

78Rapport DINAMA, division d’évaluation d’impact environneme ntal, réf. : installation d’usine de pâte à papier
et ouvrages connexes, 11 février 2005 (MA, livre V, annexe 8 ; CMU, vol. 2, annexe 20).

79CARU, note SET-10413-UR du 17 octobre 2002. MA, annexes, livre III, annexe 12, dossier de plaidoiries de
l’Argentine, 15 septembre 2009, onglet n4. - 33 -

partagée. Ces impacts auraient dû être pris en compte de manière appropriée dans le cadre de l’EIE

produite par Botnia.

3) La violation de l’obligation de conduire une EIE complète et objective

17. Venons-en à l’obligation de conduire une EIE complète et objective. L’Argentine se

réjouit du fait que l’Uruguay considère à présent que l’obligation de l’Uruguay de conduire une

EIE découle du statut de1975 et que cette EI E doit être conforme a ux prescriptions du droit

international 80. Mais là encore il est regrettable que les comportements de l’Uruguay n’aient pas

81
été conformes à ses engagements . Le non-respect par l’Uruguay de son obligation en matière

d’EIE est l’un des points centraux de désaccord entre les Parties.

18. Permettez-moi de rappeler qu’une étude d’impact environnemental devait être conduite

pour collecter sur une base objective les données envi ronnementales et sociales nécessaires afin de

permettre aux autorités concernées une décision raisonnée. L’étude d’impact devait permettre

d’appréhender tous les possibles impacts envir onnementaux et sociaux pour que l’Uruguay puisse

décider ⎯ cela bien sûr après avoir notifié la CARU et l’Argentine en application du statut ⎯ si le

projet devait ou non être conduit. Dans le cadre de l’étude d’impact de Botnia, les informations sur

la base desquelles devait prendre appui le pr ocessus de décision ont été mal collectées et

l’appréhension des possibles impacts et risques a été faussée. En outre, les procédures du statut

n’ont pas été respectées.

19. Beaucoup de manquements entachent la procédure d’étude d’impact conduite par Botnia.

La localisation de l’usine Botnia à Fray Bentos a été décidée en 2003 alors qu’aucune EIE n’avait

82
été initiée . L’évaluation environnementale de Botnia manque d’un élément fondamental, à savoir

une étude approfondie des options quant à la localisation du projet. Le précédent du

barrageGarabí discuté dans le ca dre de la CARU dans les années quatre-vingt est très évocateur.

[Problème de son.]

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président : Vous pouvez continuer.

80
CR 2009/17, p. 51, par. 13 ; p. 52, par. 15 (McCaffrey).
81
CR 2009/17, p. 50, par. 13 (McCaffrey) ; CR 2009/18, p. 24, par. 41 (Boyle).
82CR 2009/13, p. 17, par. 18 (Kohen) ; CR 2009/14, p. 25-27, par. 7-10 (Boisson de Chazournes). - 34 -

Mme BOISSON de CHAZOURNES: J’étais en train de parler de l’étude d’impact et je

rappelais le précédent du barrage Ga rabí, discuté dans le cadre de la CARU, qui est, je pense très

évocateur. L’évaluation environnementale rela tive à ce projet avait analysé «[d]e nombreux

83
emplacements pour les ouvrages envisagés» . C’est ce qui aurait dû se faire dans le cadre de

l’étude d’impact préparée par Botnia. Cela n’a p as été fait puisque le site a d’abord été choisi et

qu’ensuite une EIE a été initiée 84. L’EIE présentée par Botnia ne contient donc pas de solutions de

85
remplacement, au sens des exigences du droit international , solution de remplacement que

l’Uruguay aurait dû exiger.

20. Outre la question fondamentale de l’absence d’une étude des alternatives, permettez-moi,

Monsieur le président, de rappele r très brièvement que l’évalua tion environnementale soumise par

Botnia en2004 présentait de nombreuses insuffisances quant aux impacts environnementaux et

sociaux qui étaient susceptibles d’être causés par Botnia. Ces insuffisances ont d’ailleurs été

86.
soulignées par la DINAMA dans son rapport du 11 février 2005

21. L’une des nombreuses lacunes de l’EIE de Botnia de2004 a trait à la nature incertaine

des risques environnementaux liés aux activités de l’usineBotnia. L’incer titude scientifique joue

un rôle crucial pour ce qui est des estimations d’émis sion de substances polluantes. Au lieu d’être

négligée, l’incertitude scientifique requiert une attention spécifique pour ce qui est notamment des

87
prévisions dans le domaine de la qualité des eaux . En application des principes de prévention et

de précaution, l’étude d’impact devait prendre en compte les risques liés aux activités de Botnia.

83
PV de la CARU du 18 décembre 1981, MA, livre III, annexe 2, p.25. CR2009/13, p.14, par.7 (Kohen),
dossier de plaidoiries, 15 septembre 2009, onglet n°6.
84
Voir: «Cumulative Impact Study Uruguay Pulp M ills» - Hatfield Consultants LtD (27mars2006), MA,
livre V, annexe 9, p. 18.
85CR2009/14, p.26-27 par. 9 (Boisson de Chazournes). Voir: Principe 4 c) des buts et principes sur

l’évaluation de l’impact sur l’envir onnement adoptés par le conseil d’ad ministration du PNUE (décision14/25,
17 juin 1987), http ://www-penelope.drec.unilim.fr/Penelope/library/Libs/Int_nal/unep/unep.htm ; appendice II, par. b) de
la convention d’Espoo sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement dans un contexte transfrontière, 25 février1991,
http ://www.unece.org/env/eia/documents/legaltexts/conventiontextfrench.pdf ; SFI, OP 4.01, p,ar.
http ://www.ifc.org/ifcext/enviro.nsf/AttachmentsByTitle/pol_EnvAssessment/$FIL….
pdf. Voir aussi les lignes directrices ematière d’EIE adoptées par la conférence des parties de la convention sur la
biodiversité, décision VIII/28, 2006, par. 39, http ://www.cbd.int/doc/decisions/cop-08/full/cop-08-dec-fr.pdf.

86Rapport DINAMA, Division d’évaluation d’impact environnemental, réf. : installation d’usine de pâte à papier

et ouvrages connexes, février 2005 (MA, livre V, annexe 8, p. 398).
87Rapport «Review of the IFC Cumulative Final Cumulativ e Impacts Study for Botnia’s Uruguay Pulp Mill»,

Professeur Howard Wheater- Dr. Neil McIntyre (4 décembre 200 6), MA, annexes, livre V, annexe 5, p. 222 ; Professeur
Howard Wheater- Dr. Neil McIntyre «Technical Commentary on the Counter-Memorial of Uruguay Concerning Pulp
Mills on the River Uruguay», RA, livre III, annexe 44 ; RA, annexe 44, sect. 3.11, p. 51-52. - 35 -

Or les conseils de l’Uruguay ont prétendu que les risques de dommages sur le long terme ne

88
seraient que des hypothèses infondées et à rejeter . Pourtant, Messieurs les juges, le principe de

précaution impose une appréciation des risques de dommages importants et à long terme.

22. La Cour de céans l’a souligné dans son avis de 1996 relatif à la Licéité de la menace ou

de l’emploi d’armes nucléaires , l’environnement est «l’espace où vivent les êtres humains et dont

dépendent la qualité de leur vie et leur santé, y compris pour les générations à venir» (Licéité de la

menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, avis consultatif, C.I.J. Recueil 1996 (I) , p.241-242,

par.29). Une application effective des princip es de prévention et de précaution par l’Uruguay

aurait permis d’appréhender les risques de do mmages graves pour les générations présentes et

futures.

23. Partant, l’évaluation environnementale pr ésentée par Botnia, et sur la base de laquelle

l’Uruguay a pris la décision d’autoriser ladite usine, manquait d’éléments essentiels pour évaluer

89
ses impacts sur l’écosystème du fleuve Uruguay . Les informations nécessaires n’ont pas été

rassemblées.

24. Les conseils de l’Uruguay prétendent que l’Argentine n’était pas en droit de disposer

d’une EIE complète et objective en2005 avant que l’Uruguay donne son autorisation de

construction à l’usine Botnia. Ils ajoutent que cette prétention de l’Argentine défierait le bon

sens 90. L’Uruguay soutient également que même si l’évaluation environnementale était incomplète

au moment de l’autorisation de construction, il n’y a pas en l’espèce de violation consommée de

cette obligation. Une telle affirmation va bien en tendu à l’encontre des obligations contenues dans

le statut de 1975, et à vrai dire, du bon sens! Le statut impose des exigences particulières en

matière de notification et de consultation afin de protéger le fleuve Uruguay et ses zones

d’influence. L’Uruguay n’a jamais saisi la CARU ni notifié le projet Botnia à l’Argentine alors

qu’il en avait l’obligation. L’Uruguay n’a jamais transmis l’information complète qu’il devait

communiquer en application du statut. L’autorisation de construction donnée le 14 février 2005 à

88
CR 2009/17, p. 58, par. 32 (McCaffrey).
89
Professeur Howard Wheater-Dr. Neil McIntyre «Technical Commentary on the Counter-Memorial of Uruguay
Concerning Pulp Mills on the River Uruguay», RA, livre III, annexe 44.
90CR 2009/18, p. 25, par. 42 (Boyle). - 36 -

l’usine Botnia par l’Uruguay s’est faite sans que l’Argentine n’ait pu disposer d’une évaluation

environnementale complète pour exercer ses droits en vertu des articles 7 et suivants du statut 9.

25. Les conseils de l’Uruguay ont égalemen t soutenu que jusqu’en janvier2006 l’Uruguay

92
n’aurait pas octroyé une autorisation de construction . Une telle assertion est évidemment

contraire à la réalité. L’autorisation donnée le 14 février 2005 par le ministère de l’environnement

de l’Uruguay est bel et bien une autorisation défin itive. Le texte de l’autorisation de construction

93
est clair . Il autorise la construction. Après le 14février2005, l’Uruguay n’a adopté que des

plans de gestion de l’environnement (PGA) qui ne faisaient que consolider la décision initiale

94
d’autorisation . Remarquons aussi que le bon sens si cher au professeur Boyle se retourne contre

lui lorsqu’il nie qu’une autorisation de construction a été donnée en février 2005 95. Quel est

l’investisseur raisonnable qui se satisferait d’une autorisation provisoire alors que des sommes

énormes sont en jeu ? Messieurs les juges, le projet de l’usine Botnia a été autorisé en février 2005

sur la base d’une étude d’impact incomplète, su r la base d’une étude d’impact fondée sur des

estimations erronées et sur la base d’une étude d’ impact qui entraînait de nombreuses violations du

statut.

Si vous voulez que je m’interrompe à ce stade…

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de prési dent: Merci, Madame, mais je crois qu’il

serait préférable pour vous de continuer.

4)Les populations susceptibles d’être affectées par le projet Botnia auraient dû être
consultées

26. Lors de la conduite de l’étude d’impact , les populations riveraines susceptibles d’être

affectées par le projet Botnia auraient dû être cons ultées. Il est aussi, là encore, regrettable de

constater que pour justifier son manquement, l’Uruguay va jusqu’à nier que la consultation des

91
Voir Salman M. A. Salman, The World Bank Policy for Projects on International Watercourses. An Historical
and Legal Analysis, Washington D.C., The World Bank, 2009, p. 216.
92
CR 2009/16, p. 42, par. 14 (Reichler).
93 Résolution n 63/2005 du ministère du logement, de l’environnement et de l’aménagement du territoire
(14 février 2005), MA, livre VII, annexe 10, p. 187.

94 DU, par. 2.48.

95 CR 2009/18, p. 25, par. 42 (Boyle). - 37 -

populations riveraines argentines lors de la conduite d’une EIE ait un fondement juridique 96.

Pourtant l’Uruguay avait bien l’obligation de cons ulter les populations concernées par le projet de

l’usine Botnia, et cela des deux côtés du fleuve. La consultation du public lors de la conduite d’une

EIE pour des activités ayant des impacts transfrontières relève du droit international 97 ainsi que des

98
bonnes pratiques internationales mentionnées par le professeur McCaffrey . L’application du

droit n’est pas à géométrie variable. C’est le dr oit international et les meilleures pratiques qui

devaient et doivent trouver application et non le droit interne. L’Uruguay ne peut pas invoquer le

respect de son droit interne pour justifier ses manquements eu égard à la consultation des

99
populations affectées de la rive argentine du fleuve Uruguay . La jurisprudence de votre

juridiction est constante et uniforme quant à la relation entre l’exis tence d’une obligation

internationale et les dispositions de droit interne 100. Le respect du droit interne ne peut excuser la

violation d’une obligation internationale.

27. Les populations susceptibles d’être aff ectées par les impacts causés par l’usine Botnia

auraient dû être consultées de manière appropriée et non pas placées devant un fait accompli, selon

les termes employés par l’ Ombudsperson de la Société financière internationale (SFI) 101. Il n’est

point besoin de revenir sur les nombreux instru ments de droit international déjà évoqués par

l’Argentine pour asseoir l’obligation de consu lter les populations affectées par des impacts

transfrontières d’une activité projetée par un autre Etat 102. L’Uruguay soutient dans ce contexte

que la convention d’Espoo sur les études d’impacts transfrontières ne serait pas applicable au

96 CR 2009/18p. 27-29, par. 51-53 (Boyle).

97Principes 7 et 8 des buts et principe s de l’évaluation de l’impact sur l’e nvironnement; art.2.6 et 3.8 de la
convention d’Espoo ; art. 13 du projet d’articles, Annuaire de la CDI, 2001, p. 433.

98CR 2009/17, p. 46, par. 2 (McCaffrey).

99CR 2009/18, p. 28, par. 51 (Boyle).
100 o
«Communautés» gréco-bulgares, avis cons ultatif, 1930, C.P.J.I. sérieB n 17, p.32. Voir aussi, Vapeur
Wimbledon, arrêts, 1923, C.P.J.I. sérieA n o1, p. 29-30 ; Zones franches de la Haute- Savoie et du Pays de Gex,
ordonnance du 6décembre1930, C.P.J.I. sérieA n o24, p. 12 ; Zones franches de la Haute-Savoie et du Pays de Gex,
arrêt, 1932, C.P.J.I. sérieA/B n°46, p. 167 ;Traitement des nationaux polonais et des autres personnes d’origine ou de
o
langue polonaise dans le territoire de Dantzig, avis consultatif, 1932, C.P.J.I. série A/B n 44, p. 24.
101Rapport d’évaluation préliminaire, «Complaint regarding IFC’s Propose d Investment in Celulosas de

M’Bopicuá and Orion Projects» – Office of the Complianc e Advisor/Ombudsman, Interna tional Finance Corporation
/Multilateral Investment Guarantee Agency (11 novembre 2005), MA, annexes, livre V, annexe 10.
102
Principes 7 et 8 des buts et principe s de l’évaluation de l’impact sur l’environnement; art.2.6 et 3.8 de la
convention d’Espoo ; art. 13 du projet d’articles, Annuaire de la CDI, 2001, p. 433. - 38 -

103
présent différend . La Cour interaméricaine des droits de l’homme n’a pourtant pas hésité à se

référer à la convention d’Aarhus, véritable convention sŒur de la convention d’Espoo et qui porte

sur l’accès à l’information et la participation du public, pour interpréter les obligations relatives au

104
droit à l’information dans le cadre de la convention interaméricaine des droits de l’homme .

28. Messieurs les juges, les populations riverain es susceptibles d’être affectées par le projet

devaient être consultées de manière adéquate, et non délaissées comme elles l’ont été.

5) La portée relative des évaluations réalisées pour le compte de la SFI

29. Venons-en maintenant à l’insistance de l’Uruguay à vouloir sans cesse invoquer les

105
décisions de la Société financière internationa le pour excuser ses violations au statut de1975 .

Le portrait quelque peu lyrique qui a été fait de cette institution appe lle des remarques qui

permettront de lui donner un visage plus incarné et plus réaliste. Il a été prétendu que la Banque

106
mondiale, et donc la Société financière internationale, représentait la communauté internationale .

Sans doute l’institution de Washington a-t-elle tremblé devant cette envolée lui imposant une

responsabilité qu’elle n’est pas destinée à assumer. Institution aux compétences délimitées, la SFI

conduit des activités opérationnelles dans le domaine de la promotion de l’investissement privé.

Elle n’est pas dotée d’un pouvoir de qualification juridique. Votre juridiction a souligné que : «Les

organisations internationales sont régies par le «principe de spécialité», c’est-à-dire dotées par les

Etats qui les créent de compétences d’attribu tion dont les limites sont fonction des intérêts

communs que ceux-ci leur donnent pour mission de promouvoir.» ( Licéité de l’utilisation des

armes nucléaires par un Etat dans un conflit armé, avis consultatif, C.I.J.Recueil1996(I) , p.78,

par. 25.) C’est ainsi que les compétences de la SFI devaient être comprises à la lumière du principe

de spécialité.

30. Les conseils de l’Uruguay ont aussi i ndiqué, avec beaucoup d’emphase, que la Société

financière internationale décernait des gages de bon ne conduite et que de ce fait le projet Botnia

103
CR 2009/18, p. 28, par. 52 (Boyle).
104 Claude-Reyes et al. c. Chile , décision du 19 septembre 2006, série C n o151, par. 81,
http ://www.corteidh.or.cr/docs/casos/articulos/seriec_151_ing.pdf.

105 CR2009/17, p.31, par.44 (Reichler); p.52, par.16- 17 ; p. 53, par. 19, (McCaffrey) ; CR 2009/18, p. 31,
par. 64 (Boyle).

106CR 2009/17, p. 46, par. 2 (McCaffrey). - 39 -

107
serait un projet parfait, défiant toutes les critiques . Messieurs les juges, la SFI n’a pas de

compétences pour décerner des prix. Son activité est de nature opérationnelle et les opérations

menées sous ses auspices peuvent ne pas être exemptes de difficultés. L’Argentine a déjà

documenté dans ses écrits les nombreuses défaillanc es du processus d’évaluation relatif au projet

Botnia qui a été conduit pour le compte de la SFI. La question des courants inversés et les impacts

sur la qualité des eaux comptent parmi ces défaillances.

31. Remarquons aussi que le projet Botnia a donné lieu à une conception très particulière de

l’expertise. En effet, le même expert, M.Piedra Cueva a été expert tant pour l’entreprise Botnia

que pour la société de consultants EcoMetrix. Ven ons-en au fait : M. Piedra Cueva a été l’expert

hydrologique principal pour l’étude d’év aluation d’impact de Botnia de2004 108 et dans cette

capacité, il est l’auteur du modèle numérique de l’hydrodynamique du fleuve, modèle sur la base

duquel tout le processus subséquent de décision s’ est appuyé. Son modèle a en effet servi de

référence dans le cadre de l’étude d’impact cumulé de la Société financière internationale (SFI) de

109
décembre 2005 . Par la suite, M.PiedraCueva a ét é recruté comme consultant «indépendant»

par la société EcoMetrix, laquelle société a produ it le rapport qui a donné carte blanche au projet

Botnia en octobre2006 110. Malgré cette situation, M Reichler n’a pas hésité jeudi dernier à

affirmer qu’«EcoMetrix was selected from a group of «independent c onsulting firms having no

previous relationship with Botnia»» 11. Le cas de M.PiedraCueva bât bien évidement en brèche

cette assertion. Drôle de chaîne d’expertise et dr ôle de conception du rôle de l’expert que celles

décryptées dans le cas de M.PiedraCueva qui a travaillé tant pour Botnia que pour EcoMetrix.

Cela fait beaucoup de chapeaux pour le même homme ! Où est l’indépendance de l’expert?

L’Argentine a fait valoir par notes diplomatiques…

10Ibid., p. 31, par. 44 (Reichler) ; p. 52, par. 16-17 ; p.53, par.19, (McCaffrey); CR2009/18, p.31, par.64

(Boyle).
108CMU, vol. VII, annexe 164, p. 2576.

109Draft Cumulative Impact Study (part 2), décembre 2005, p. 47,
http://www.ifc.org/ifcext/lac.nsf/AttachmentsByTitle/Uruguay_PulpMills_….

110Rapport EcoMetrix, septembre 2006, p. 1.10,
http://www.ifc.org/ifcext/lac.nsf/Content/Uruguay_Pulp_Mills_CIS_Final.

111CR2009/19, p. 39-40, par. 15 (Reichler). - 40 -

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président : Excusez-moi, Madame le professeur,

je comprends que mes collègues n’ont pas la traduc tion vers l’anglais, un instant pour résoudre le

problème technique. Est-ce que nous sommes prêts pour continuer? Je demande aux interprètes

anglophones ? Vous pouvez continuer.

Mme BOISSON de CHAZOURNES: J’ai été prise par la fougue des propos de

e
M Reichler ! Donc, je m’interrogeais sur la chaîne d’expertise et la conception du rôle de l’expert

telles que décryptées dans le cas de M.Piedra Cueva qui a travaillé tant pour Botnia que pour

EcoMetrix.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président: Je m’excuse de nouveau, mais

apparemment on a un problème technique. Les interprètes traduisent mais mes collègues ne

peuvent suivre la traduction en anglais. Vous pouvez maintenant, Madame le professeur, continuer.

Mme BOISSON de CHAZOURNES: Je m’interrogeais sur le nombre de chapeaux que

portait M.PiedraCueva en tant qu’expert et je me demandais où est l’i ndépendance de l’expert.

L’Argentine a bien sûr fait valoir par notes diplomatiques ce problème de conflits d’intérêts à la

SFI mais cette institution ne semblait pas s’en être souciée, se bornant à reprocher à l’Argentine de

112
remettre en cause la crédibilité scientifique de ses experts !

e
M32. Reichler a également indiqué que les sta ndards opérationnels de la SFI incluent une

prise en compte des obligations qui découlent du droit international de l’environnement dans le

113
cadre de l’élaboration des projets financés par la SFI . Il voulait sans doute laisser entendre que

les obligations internationales de l’Uruguay avaient été prises en compte par la SFI dans le cadre du

projet Botnia. Il est vrai que les standards opérationnels de la SFI imposent de prendre en compte

les obligations internationales du pays concerné par un projet 114. Toutefois en l’espèce, le projet

d’usine Botnia ne satisfait pas à cette condition. Faisant fi du statut de1975 et appliquant la

méthode du «pick and choose», les e xperts de la SFI se sont limités à prendre en compte certains

112
Notes du secrétaire de l’environnement et du dé veloppement durable, 13 octobre 2006 et 13novembre2006,
MA, livre 2, annexe 17, par. 5 et annexe 18, par. 4.
113CR2009/19, p. 39, par, 14 (Reichler).

114Salman M. A. Salman, op. cit., p. 62. - 41 -

standards de la CARU, lesquels ai nsi qu’on le verra ne sont pas respectés. Le statut du fleuve

Uruguay quant à lui est passé aux oubliettes, avec ses obligations procédurales et substantielles.

33. Messieurs les juges, la SFI a indiqué à pl usieurs reprises que ses décisions et rapports

sont sans préjudice de l’affaire portée devant la Cour. Je cite par exemple la déclaration suivante :

«IFC and MIGA are not taking any position on the eventual outcome of the case brought by

Argentina pending with the International Court of Justice in The Hague.» 115 Cela est vrai, les

processus sont distincts. Cela entraine égalemen t, Messieurs les juges, que les conclusions de

l’institution financière n’ont pas lieu d’interférer avec le présent différend qui oppose l’Argentine à

l’Uruguay devant votre juridiction.

34. Je voudrais également souligner que les évaluations réalisées pour le compte de la SFI ne

revêtent pas au sens de la jurisprudence de la Cour une «valeur probante» (affaire des Activités

armées sur le territoire du Congo (République démocratique du Congo c.Ouganda), arrêt,

C.I.J. Recueil 2005, p.200, par.58) suffisante et autonome propre à apaiser les préoccupations de

l’Argentine quant aux effets induits par la construction et la mise en service de l’usine Botnia. La

Cour a bien indiqué qu’il fallait traiter «avec pr udence les éléments de pr euve … provenant d’une

source unique» (ibid., p. 201, par. 61). Telle doit être la situation en l’espèce. Pourtant, l’Uruguay

accorde une place excessive aux évaluations de la SFI. Les nombreux incidents qui se sont passés

depuis la mise en service de l’usine, la forma tion d’une tache blanche d’algues, l’explosion d’un

tuyau de l’usine contenant du gaz, l’émanation de fortes odeurs, les erreurs commises en matière

d’hydrologie et de qualité des eaux, et tant d’ autres problèmes encore, rappellent avec force la

nécessité de prendre en compte des preuves provenant de multiples sources.

35. Messieurs les juges, je ne résisterai p as à évoquer une dernière fo is l’allégorie du tango

pour rappeler que le tango se danse à deux et non à trois. Ce sont l’Uruguay et l’Argentine qui sont

parties au statut de 1975 et qui sont Parties au présent différend en raison des violations que

l’Uruguay a commises. L’Uruguay ne peut pas inviter un troisième acteur pour échapper à ses

responsabilités. Le tango ne se danse qu’à deux ; il ne peut pas se dan ser à trois, et il ne peut pas

non plus se danser seul comme, à d’autres points de vue, l’Uruguay s’y essaie…

11Communiqué de presse, 21 novembre 2006,
http://www.ifc.org/ifcext/media.nsf/content/SelectedPressRelease?OpenDo…

2D0058F472. - 42 -

Monsieur le président, Messieurs les juges, je vous remercie de votre attention. Puis-je vous

demander, Monsieur le président, de donner la parole au professeur Colombo.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président : Merci, Madame le professeur de votre

présentation. C’est le moment opportun maintenant de faire une pause. L’audience est suspendue

pour quinze minutes. Et j’invite les agents des deux Parties à venir me voir au cours de cette pause.

L’audience est suspendue.

L’audience est suspendue de 17 h 30 à 17 h 45.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président : L’audience est reprise, et je donne la

parole à M. le professeur Juan Carlos Colombo. Vous avez la parole, Monsieur.

Mr. COLOMBO: Thank you, Mr. President.

III. HE ENVIRONMENTAL EFFECT OF THE BOTNIA PLANT : ARGENTINA ’S
MONITORING RESULTS . M ETHODOLOGICAL CLARIFICATIONS ,
BLUE -GREEN ALGAL BLOOM AND NONYLPHENOLS

Introduction

1. Mr.President, Members of the Court, it is my honour to speak to you again today to

clarify aspects of our Environmental Surveilla nce Programme and also to provide a clearer

interpretation of the ecosystem processes, includi ng the blue-green algal bloom and nonylphenol

distribution in the Uruguay river.

Argentina’s Environmental Surveillance Programme

2. I begin with the Surveillance Programme and the question raised by Mr.Reichler on

Tuesday 116on the absence of current meter data. The Court will understand that equipment

deployed in the river for long periods is vulnera ble to damage, for example from floating debris,

collision with boats, vandalism, instrument failures and fouling by algae and other organisms. An

image of the instruments is included in the judges’ folder at tab 3. We have experienced all these

problems, which explain the data gaps that unfortuna tely appear. We have lost four instruments,

11CR 2009/17, p. 15. - 43 -

including one current meter. In contrast to our efforts, Uruguay’s limited monitoring did not

include any continuous measurements and was inca pable of characterizing even the major flow

characteristics, let alone the changes that have occurred.

3. The next issue that I would like to clarify is the interpretation of Mr. Reichler concerning

117
fish samples . The difference noted between the total fish collected and the number of analyses

reported is due to the pooling of similar fish. A figure of this procedure is included in the judges’

folder. This is a common scientific practice to keep the samples to a manageable number while

118
maintaining their representativeness . Thus we group equal amounts of muscle from three to six

fish of similar size and weight, captured on the sa me day, and perform a single analysis for each

group. This does not alter the final result, whic h is comparable to taking the mean value of

individual analyses. All the fish collected have been analysed and none has been eliminated. The

values reported are the concentrations of pooled samples.

4. Last in my clarification of the Surveilla nce Programme, I will turn now to the apparent

starving of clams suggested by Mr.Reichler 119. Using clams as indicators for water quality

evaluation has been common practice for 30 years, introduced as the Mussel Watch Programme 120.

Transplanting animals from clean to impacted sites is a useful tool to evaluate the effects of

pollution because clams filter 5-10litres of water perhour and are thus exposed to contaminants

121
dissolved in the water and attached to the particles they retain as food . This approach has been

used to evaluate the impact of numerous pollutant sources including pulp and paper mills, as is

shown on your screen 122. [Picture 1 on.] The work we have done in the Uruguay river includes the

determination of lipids or fat for four months ⎯ March to June2008 ⎯ shown by the bars, in

117
CR 2009/17, p. 20, para. 17.
118
Schecter, A., Cramer, P., Boggess, K., Stanley, J., Ols on, J., “Levels of dioxins, dibenzofurans, PCB and DDE
congeners in pooled food samples collected in 1995 at supermarkets acro ss the United States”, Chemosphere, 1997,
pp. 1437-1447.
119
CR 2009/17, p. 22.
120
Kimbrough, K. L., Johnson, W. E., La uenstein, G. G., Christensen, J. D. and Apeti, D. A., 2008. Mussel
Watch Programme, “An Assessment of two Decades of Contaminant Monito ring in the Nation’s Coastal Zona, National
Oceanic Atmospheric Administration”, NOAA Technical Memorandum NOS NCCOS 74, p. 105.
121
Colombo, J.C., Bilos, C., Campanaro, M., R.Presa, M.J., Catoggio, J.A., “Bioaccumulation of polychlorinated
biphenyls and chlorinated pesticides by the Asiatic Clam Corbicula fluminea: its use as sentinel organism in the Río de la
Plata estuary, Argentina”, Environmental Science Technology, Vol. 29, 1995, pp. 914-927.
122
Salazar, M.H., Salazar, S.M., “Using cag ed bivalves to characterize the e xposure and effects associated with
pulp and mill effluents”, Water Science and Technology, Vol. 35, 1997, pp. 213-220. - 44 -

clams transplanted from the coast to the buoys fixed in the Bay ⎯ station N5 ⎯ and river, close to

Botnia ⎯ U2 ⎯ and downstream ⎯ U3. The more distant sites ⎯ N5 and U3 ⎯ act as controls.

Despite the changes from their natural habitat, fat reserves were similar at N5 and U3 compared to

the coast. However, close to Botnia, fat reserves decreased over the four months, shown by the red

arrow, despite an increase in the food supply, which was measured as organic carbon collected in

the sediment traps also deployed in the buoys. The availability of food was in fact 18 to

123
65percent higher closer to Botnia, at U2, than at the other sites , as is shown on the screen

now ⎯ 2percent in the Bay, 2.8percent in U3 a nd 3.3percent in U2. These results contradict

124
Mr. Reichler’s suggestion that our stations were affected by industrial effluents from the

Gualeguaychú river at N5, and by FrayBentos sew age at U3; if this were true, organic carbon

should have been higher at both sites. In fact the data indicate exactly the opposite; the organic

load is higher closer to the mill where the clams are losing fat. Despite having more carbon to eat,

the clams lose their lipids. This is clear evidence of Botnia’s influence, a chronic effect of stress.

The blue-green algae bloom of 4 February 2009

5. Mr. President, Members of the Court, please excuse this technical detail, which has been

necessary to demonstrate the scientific integrity of our monitoring programme. I will next turn to

the ecosystem response, and in particular the blue-green algal bloom of 4 February 2009.

6. First, let me note that cyanobacteria ar e remarkable organisms combining properties of

125
algae and bacteria . A brief synthesis is included in the judges’ folder. One of the most striking

features is that they can produce their own food through photosynthesis from nutrients and light

using chlorophyll and other pigments, or cons ume dissolved organic matter and live in the

darkness. They are also one of the few organisms capable of fixing nitrogen from the air to use as

a nutrient. Blue-green algae are tolerant to extreme environmental c onditions and also produce

hazardous toxins. The environmental factors that promote the blooming of these species include

the presence of nutrients, high temperatures and low water velocities, such as the stagnant

123
New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scie ntific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.3,
table 10, Parameters determined in the settling material, pp. 222-223.
12CR 2009/16, p. 50.

12Whitton, B.A., Potts, M. (eds.), The Ecology of Cyanobacteria. Thei r Diversity in Time and Space , Kluwer
Academic Publishers, 2002, p. 667. - 45 -

conditions characteristic of the “lake behaviour” of the river. Let us analyse the environmental

conditions of the Uruguay river on 4February to understand better th e relationship between

nutrients and algae.

7. [Picture 2 on.] The image on your screen shows the nutrients of nitrogen ⎯ nitrates in

white ⎯ and phosphorus ⎯ total phosphorus, in orange ⎯ in the Uruguay river as average values

for three stations downstream of the International San Martin Bridge, in front of Botnia, Fray

Bentos and downstream, and the discharge of th e water from Salto Grande in light blue, from

126
December2007 to August2009 . We can see the variation of nitrates with peaks during

winter ⎯ June-July ⎯ and low values in summer ⎯ January-February; phosphorus follows a

similar but more attenuated pattern. These chang es are basically linked to the consumption of

nutrients by algae. This can be deduced by the pa ttern of temperature, in red, and chlorophyll, in

green, now seen on the screen. Both show patterns that are opposite to those of nutrients; in winter

the low temperatures slow algae growth, resulting in low chlorophyll and higher nutrient values

because they are not being consumed. In summer, algae growth is promoted by higher

temperatures with green and brown algae blooming first and cyanobacteria the last, thus taking up

nutrients and reducing their concentration in the river.

8. Having seen that interdependence, we can now turn to the event of 4February2009,

indicated now on the screen by a green arrow. Then, the water was very warm (26-28 oC) and

3
stagnant, with irregular flows of only 600-900m /sec. After low values in December, nutrients

were increasing. Low flow, high temperature, and nutrient availability provided optimal conditions

for green algae to bloom. At this moment any nutrient addition, even of a small proportion, could

trigger the bloom. In such conditions it is prudent to exclude the discharge of additional nutrients

to the system. This is why European Union legi slation prohibits additional nutrient discharges to

eutrophic environments.

9. Mr. President, Members of the Court, I will show the direct link to Botnia’s effluents and

we will see that the unprecedented intense bloom did not originate in the Ñandubaysal Bay or

upstream as claimed by Uruguay, but precisely in the area affected by Botnia. I will first analyse

12New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scientific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.3,
table 7 and table 8, pp. 202-206. - 46 -

the satellite image presented by Uruguay as apparent evidence to suggest that the Ñandubaysal Bay

was the origin of the bloom 127.

10. Mr.President, Uruguay’s analysis of that image is simply incorrect. The signal of

chlorophyll attributed to cyanobacteria is confused by the abundance of dissolved organic matter,

suspended sediments, and other algae in the Ba y. There are important methodological issues for

satellite images, of which the Court should be aware. [Picture 3 on.] In contrast to cleaner oceanic

waters which are dominated by algae, in turbid inland waters the optical properties are strongly

128,129
influenced by dissolved and suspended materials . These influences are particularly important

in the Ñandubaysal Bay which is very shallow, 1to3metres in depth and highly turbid, with

intense resuspension of bottom sediments. And ap art from these problems, there is also a question

of the reliability of the estimation regarding cyanobacteria 130. The chlorophyll concentrations

derived from satellite images include the pigments from all algae, including species that live on the

mud surface in shallow areas, diatoms that are normally resuspended in the Ñandubaysal Bay.

11. All these problems explain the erroneous interpretation of Uruguay of the image from

2February presented at the bottom right, suggesting higher chlorophyll in the Bay. It shows

intense red colour precisely in a sector which is the most turbid part of the Bay. The same image

without the digital filtering, that is, in true co lour, at the bottom left, shows clearly the turbid

condition of the Bay on that day. This is not unusual; in fact it is the normal condition for this area

of the Bay. This can be seen in the true colour LANDSAT satellite images included in the judges’

folder. The Bay appears loaded by high amounts of suspended sediments. This is important to

interpret Uruguay’s satellite image but also to expl ain the higher phosphorous levels of the Bay.

Bottom sediments are effectively the princi pal reservoir of phosphorus and hence their

resuspension in the shallow Bay in creases the concentration in the water. So the higher levels of

the Bay are not related to human discharges but to a well-known fact of the phosphorous cycle: its

127
CR 2009/17, p. 12.
128Morel, A., Prieur, L., “Analysis of variations in ocean colLimnology and Oceanography, Vol.22, 1977,
pp. 709-722.

129Sathyendranath, S. (ed.), “Remote sensing of ocean colour in coastal, and other optically complex, waters”,
Reports of the Intemational Ocean Colour Coordinating Group, 2000, No. 3, IOCCG, Dartmouth, Canada.

130Kutser, T., Metsamaa, L., Strombeck, N., Vahtmae, E., “Monitoring cyanobacterial blooms by satellite remote
sensing”, Estuarine, Coastal and Shelf Science, Vol. 67, 2006, pp. 303-312. - 47 -

association to particles. The mouth and north sect or of the Bay present a higher exchange with the

river, clearer waters and higher productivity.

12. Rather than considering Uruguay’s digitally-enhanced image, let us analyse the true

colour image from 4February2009, the day of the bloom which you have now on the screen.

[Picture 4 on.] There are several interesting points in this image: first, the white discolorations in

the river upstream of the bridge and in front of Botnia and Fray Bentos, indicating the algae

scum ⎯ encircled in green. Second, the Bay, comp letely turbid without any trace of the bloom.

Third, the downstream discharge of the Bay as a turbidity current flowing along the Argentine

coast indicated by the orange arrow. This flow is completely different to Mr. Reichler’s misleading

indication of a straight discharge of the Gualeguaychú river shown by a dotted arrow, affecting our

sampling sites 131.

13. To prove this point we will show a short video from a simulation carried out by

Dr. Raggio, present in the Court, with the hydrody namic model that uses local wind, tidal and flow

data. [Simulation on.] This is the same nu merical simulation that you saw in previous

132
presentations . We start on 2 February with a colour tracer that has a similar distribution to the

colour in the image shown by Uruguay. You can see how the colour patch is transported

downstream along the Argentine coast, similar to the turbidity pattern observed in the true colour

satellite image. This proves that the bloom fo und in front of Botnia does not originate in

Ñandubaysal Bay; this interpretation is ratified by lower cell abundance in the Bay relative to the

river that we will see next.

14. Mr.President, Members of the Court, given the calibration problems with satellite

images applied to the particular type of waters being studied here, comparison with “ground truth”,

field measurements of blue-green algae from the same days, is very important. Yet Uruguay failed

133
to provide this fundamental evidence. Let us consider the field data on cyanobacteria obtained

by our programme.

13CR 2009/16, p. 50, (judges’ folder, tab 12).

13CR 2009/14, p. 43.

13New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scie ntific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.4,
Phytoplankton and zooplankton from the lower Uruguay River: Comparative Study between the pre-operational and
operational periods of the Botnia Pulp Mill, p. 394. - 48 -

15. [Picture 5 on.] The slide on your screen shows cyanobacteria in cells per millilitre on the

left axis on a logarithmic scale ⎯ each unit is a tenfold increase ⎯ from September2006 to

January2009. The data correspond to average values of three sites in the Uruguay river

downstream of the International Bridge. The abundance of blue-green algae oscillates between less

than ten to about 1,000cells per millilitre for mo st of the samplings periods, below the World

Health Organization alert level1 134 shown by the yellow line. The values increase to 7,000cells

on 21 January 2009 ⎯ shown in white rectangle ⎯, two weeks before the bloom, exceeding the

World Health Organization alert level1. Ma ximum concentrations on this day reached

14,000 cells, similar to the highest histor ical values reported for the Uruguay river 135, indicated by

the blue arrow.

16. Let us now consider what happened in the Ñandubaysal Bay, represented by the orange

points now on your screen. The values fluctuate in a similar range to the river, below the World

alert level1 during most of the sampling periods, except in January2009 when it rises to about

3,000cells per millilitre. This is about half th e average from the Botnia-Fray Bentos area. The

average values are highlighted in the upper white box. These data therefore also contradict

Mr. Reichler’s 136conclusion that the bloom of 4February originated in the Bay; blue-green cell

abundance was already much higher in the river than in the Bay.

17. Having eliminated the Bay as a source, let us examine next the situation upstream, which

137
Uruguay claims to be the other source of the bloom . The blue points on your screen represent

the average blue-green algae cell abundances at two sites located at 2 and 6 km upstream of Botnia.

The abundance of blue-green alga e upstream is lower than in the Bay and in the Botnia area,

always below alert leve1 l. On 21 January the average upstream value was only

1,000cellspermillilitre as indicated now in the wh ite box, much lower than in the Botnia area.

This rules out the upstream origin of the bloom. And Uruguay’s suggestion of a double origin of

134
Guidelines for safe recreational water environments, Vol.1, Coastal and Fresh Waters, WHO, Geneva, 2003,
Chap. 8, http://www.unece.org/env/water/meetings/documents_TFIR.htm.
13CELA (Centro de Estudios Limnológicos Aplicados), 2006, Establecimiento de una línea de base de las

comunidades de fitoplancton, zooplancton y bentos en el río Uruguay (desde Nueva Berlín a Las Cañas). Río
Negro-Uruguay, Montevideo, Uruguay, 99 pages.
13CR 2009/17, p. 14.

13CR 2009/17, p. 17. - 49 -

the bloom, coming from the Bay and from upstream, is not tenable. According to this

interpretation, it would be necessary to invoke the upstream and downstream transport of the

bloom, in opposite directions at the same time, to the Botnia-Fray Bentos area. This explanation is

far from any reasonable understanding of the most elemental facts of the river, including flow

régime and biological data.

18. Mr.President, Members of the Court, all the data presented indicates that the bloom

indeed originated in the river downstream of the br idge. [Picture 7 on.] In addition, the matching

of the upstream distribution of blue-green algae scum with the flow reversal modelled for these

138
days and presented on Wednesday 16September , further supports Botnia’s influence on this

event. [Picture8 on.] The presence of effluent products 139 in the scum unambiguously

demonstrates that Botnia’s discharges played a central role in the eutrophication of the Uruguay

river. These included wood fibres, specifically id entified by their micro-structure as pertaining to

Eucalyptus globulus, the species used by the mill; high Klebsiella bacteria, characteristic of pulp

mills; nonylphenol contaminants identical to t hose in the pulp sample; and higher sodium and

adsorbable organic halogen ⎯ AOX ⎯ concentrations, which are good tracers of the mill’s

discharges. All this evidence demonstrates without any doubt at all a significant contribution of the

mill effluent to the scum.

19. This long and detailed discussion of the r esults to clarify the origin of the green-algae

bloom is further ratified by the evidence obtained from the scientific literature. [Picture 9 on.] The

140,141,142
recent articles presented now on your screen deal with the presence and degradation

capabilities of cyanobacteria in pulp and paper m ill waste-treatment systems. The evidence

indicates that they are able to decompose the complex organic compounds produced by these mills.

[Picture10 on.] We have even surprisingly fo und evidence that one bl ue-green algae species,

138CR 2009/14, p. 43.

139CR 2009/14, p. 45.
140
Kirkwood, A.E., Nalewajko, C., Fult horpe, R.R., “Physiological characteris tics of cyanobacteria in pulp and
paper waste-treatment systems”, Journal of Applied Phycology, Vol. 15, 2003, pp. 325-335.
141
Kirkwood, A.E., Nalewajko, C., Fulthorpe, R.R., “The impacts of cyanobacteria on pulp-and-paper
wastewater toxicity and biodegradation of wastewater contaminants”, Canadian Journal of Microbiology, Vol. 51, 2005,
p. 7.
142
Nagasathya, A., Thajuddin, N., “Decolourization of pa per mill effluent using hypersaline cyanobacterium”,
Research Journal of Environmental Sciences, Vol. 2, 2008, pp. 408-414. - 50 -

Microcystis aeruginosa, which was dominant in the bloom, can degrade toxic compounds like

143,144
nonylphenols and related substances . The scientific literature clearly shows the link between

cyanobacteria and pulp and paper effluents. The conc lusion is clear, in addition to the nutrients of

nitrogen and phosphorus discharged by the mill, th e waste itself provides a further nutrient source

for the blue-green algae.

20. Mr.President, Members of the Court, we have provided real data, reasonable

interpretations, irrefutable evidence of Botnia’s effluent products in the bloom, and literature

support for our findings. These prove the harmfu l impact of the mill on the river’s ecological

balance and unprecedented eutrophication. I will now continue with further evidence that proves

that the mill has contributed nonylphenols to the river.

Nonylphenols

21. Mr.President, Members of the Court, I will examine our nonylphenol data to show the

coupling of nonylphenol distributions with the flow dynamics of the river transporting these

products from Botnia several kilometres upstream a nd downstream. [Picture11 on.] The first

graph shows the concentrations of nonylphenols in wa ters in nanograms per litre on the left axis in

samples collected on 8August2008 and 16 March2009. The sampling stations are indicated on

the bottom axis as distance to Botnia in kilometres, from -20 upstream to 20 km downstream. On

both days we observe maximum concentrations downstream of Botnia, exceeding the European

Commission water quality standard shown by the red horizontal line. Now the current meter graph

at the right, of which you already have heard a lot in these last two weeks. I recall the colour code

for the current profiles: red for fast downstream , yellow for slow downstream, white for stagnant

and blue for reversal. The data for 8 August and then 16 March indicate that the flow of the river

was slow downstream ⎯ yellow ⎯ on both sampling days. The higher nonylphenol abundance

registered a few kilometres downstream of Botnia is consistent with their slow downstream

transport from the source.

143
Wang, J., Xie, P., “Antioxidant en zyme activities of Microcystis aerugi nosa in response to nonylphenols and
degradation of nonylphenols by M. aeruginosa”, Environmental Geochem. & Health, Vol. 29, 2007, pp. 375-383.
14Baptista, M. F., Stoichev, T., Basto, M., Vasconcelos, V., Vasconcelos, M. T., “Fate and effects of octylphenol
in a Microcystis aeruginosa culture medium”, Aquatic Toxicology, Vol. 92, 2009, pp. 59–64. - 51 -

22. The second graph in red from 17April2009 shows increasing nonylphenols

concentrations in waters collected more than 10km downstream of Botnia; whereas the third

graph in blue from 24April 2009 presents an opposite pattern with higher concentrations 10km

upstream of Botnia. These apparently contradict ory patterns result from very different

hydrodynamic conditions as indicated in the current profile graph at the right. Th
e downstream

increasing trend results from strong southward currents on 17April, shown in red, whereas the

opposite upstream increasing light blue pattern reflects a strong flow reversal registered on 24 April

shown by the blue arrow. These results illustrate the variability of the efflue nt transport related to

flow conditions of the river, several kilometres upstream or downstream, emphasizing the necessity

to fully characterize the flow dyna mics to assess the impact of the mill, an issue that has not been

addressed by Uruguay.

23. Mr.President, Members of the Court, the distribution of nonylphenol concentrations in

waters and settling particles, as well as the nonylphenol fingerprint I introduced in my pleading last

week, all these data evidence the utilization of these compounds by the mill. We have also studied

the change with distance to Botnia of nonylphenol composition as shown by the mass spectrometric

analysis. These results indicate fresh nonylphenol , similar to the commercial product, in the pulp

and particles collected at 4km from the mill (s tation U2), and a progressive degradation of the

signal with increasing distance from the source. This evidence, together with the higher

concentrations registered in the area of influen ce of the mill, indicate that Botnia discharges these

compounds that are banned in Europe.

24. Mr.President, Members of the Court, I w ould finally like to make a brief mention of

dioxins and furans. First, I address the question of the relevant samples to analyse these

compounds. As these persistent substances are almost insoluble in water, it is completely useless

to test waters for these compounds; results would not be detectable unless we analyse directly a

polluted effluent, or we filter hundreds of litres of water to pick up a minute signal. Instead, these

water-hating compounds attach to particles and accu mulate in sediments and organisms, which are

the samples we have been analysing. The conti nued analysis of samples over time allowed us to

evaluate the baseline levels and variability of these compounds in settling particles, sediments and

fish. We also evaluated their historic inputs, analysing sediments deposited before 1970. Our - 52 -

results indicate that dioxin and furan levels are low in the study area, below environmental quality

guidelines. However, the data also show the recu rrent presence of peaks, and increasing trends in

settling particles, sediments and biota. Th ese increasing values are associated with a higher

proportion of furans in the samples, with a similar chemical signature as observed in the pulp

samples. We are therefore concerned with the continuous build up of th ese persistent and toxic

compounds in the longer term, especially considering the long 40-year life cycle of the plant. This

is why we are now beginning to also study the presence of dioxins and furans in mothers’ milk

from nearby populations.

25. Mr.President, Members of the Court, th is brings me to the conclusions which are

straightforward:

1. our Scientific Monitoring Programme is intensive, comprehensive and scientifically sound; we

do not selectively eliminate samples or data, nor are our conclusions based on pure speculation;

the interpretations are based on real data, are reasonable in terms of actual knowledge and are

consistent with recent international literature;

2. the longer term, chronic effects of Botnia discharges appear to be the most reasonable

interpretation of the lipid loss in the clams 4 km downstream of the mill;

3. the cyanobacterial bloom of 4 February at the Botnia location was unprecedented, not only for

the study area but for the whole river basin;

4. the higher preceding abundance of blue-green algae in the river two weeks before the bloom,

the hydrodynamic conditions, the presence of distin ct effluent components of the mill in the

bloom, and the evidence found in the scientific lite rature, all indicate that the bloom has been

caused by Botnia’s discharges;

5. nonylphenols are widespread in the study area, have been found in high concentrations in

waters close to the mill and are being distributed several kilometres upstream and downstream

according to the river flow;

6. the detection of nonylphenols in pulp with an almost identical fingerprint to the environmental

samples confirms that the mill is the source of these compounds. The progressive change of

the nonylphenol signature in the particles with increasing distance from the mill indicates some - 53 -

alteration of the mixture and supports the interpretation of fresher compositions closer to

Botnia;

7. dioxin and furan concentrations in the study area are low, but increasing trends are observed in

sediments and fish. The higher abundance of furans is consistent with the composition

observed in the pulp. Given the high persistence of these compounds, there is a concern about

the rate of increase and accumulation in the environment along the life cycle of the plant.

Mr.President, Members of the Court, I thank you for your attention, particularly given the

technical details and complexity of these issues. I will now invite you to call my colleague

Professor Wheater. Thank you.

The VICE-PRESIDENT, Acting President: Thank you, ProfessorColombo for your

presentation and I pass the floor to Professor Howard Wheater. You have the floor, Sir.

Mr. WHEATER: Thank you very much.

IV. THE ENVIRONMENTAL EFFECT OF THE BOTNIA PLANT :
A RESPONSE TO U RUGUAY ’S ORAL PLEADINGS

1. Mr. President, Members of the Court, it is my honour to continue the scientific response of

Argentina to Uruguay’s presentations of last week. I am sorry to say that Uruguay’s counsel’s

presentations on science were very inaccurate: Prof essor Colombo has corrected some of the facts

to explain why the algae and water quality problems highlighted by Argentina can be attributed to

the pulp mill, as well as the observed ecological responses to Botnia’s emissions. I will discuss,

first, the sensitivity of the River Uruguay; secondly, the adequacy of Uruguay’s environmental

assessments; and thirdly, Uruguay’s monitoring. I will then turn to some specific issues raised by

Uruguay last week ⎯ related to air quality and reverse flows. I will briefly respond to some of the

water quality issues addressed by Mr.Reichler, w hose approach seems to suggest that he has not

benefited from the assistance of scientific expertise. I will conclude with Argentina’s response to

the questions of JudgeSimma. Tomorrow (CR 2009/21), ProfessorSands will address the legal

implications, including the failure by Botnia to meet the relevant standards. - 54 -

The sensitivity of the River Uruguay

2. I begin with a point of apparent agreement between the Parties that has emerged during

the oral hearings ⎯ namely, the sensitivity of the River Uruguay. This is now unequivocally

acknowledged by both Uruguay and Argentina. Faced with the unprecedented algal bloom of

4February2009, and the need to explain it away as a common occurrence, Mr.Boyle told the

Court on Monday of last week: “Uruguay, of course, recognizes that there is a long-standing

145
problem of algal blooms in the river” . And, he went on: “One conclusion from all of the

monitoring undertaken before the Botnia plant be gan operations is that phosphorous levels were

too high. Unsurprisingly, this is still the case.” 146 On Tuesday, Mr. McCubbin reinforced the point

147
that phosphorous loads in the river are extremely high . And Mr.Reichler told us of the

148
extensive historical evidence of algal blooms in the river , and indeed a helpful review of the

history of algal blooms was presented by Uruguay in the documents submitted to the Court during

149
the first week of these hearings . In fact, the situation was su mmarized by DINAMA at an early

stage in the environmental assessment of the Botn ia plant. In its commentary on Botnia’s 2004

environmental assessment, DINAMA 150 noted the history of eutrophication associated with the

loads of nitrogen and phosphorus, and continued:

“This situation has generated the frequent proliferation of algae, in
some cases
with an important degree of toxicity as a result of the proliferation of cyanobacteria.

These proliferations, which in recent years have shown an increase in both frequency
and intensity, constitute a health risk and result in important economic losses . . .”

3. Argentina concurs with these conclusions, but the implications are very substantial. The

European Union defines as sensitive 151, “natural freshwater lakes, other freshwater bodies,

estuaries and coastal waters which are found to be eutrophic or which in the near future may

become eutrophic if protective action is not taken”.

145
CR 2009/16, p. 29, para. 37.
146Ibid., p. 33, para. 52.

147CR 2009/17, p. 41.

148CR 2009/17, p. 17.
149
Cyanobacteria bloom in the Uruguay River, 4 Feb. 2009, p.12, Uruguay’s Submission of New Documents,
15 Sep. 2009.
150
Counter-Memorial of Uruguay (CMU), Vol. II, Ann. 20, p. 20.
151
Urban Wastewater Treatment Directive, Directive 91/271/ EEC, Ann.II, Criteria for identification of sensitive
and less sensitive areas. - 55 -

4. I have no doubt that under European Union law, the River Uruguay would be defined as a

sensitive water body on water quality grounds. And as my colleague Dr.McIntyre and I have

noted 152, given the acknowledged biodiversity va lue of the river and its environs 153, the site would

also have been considered sensitive on ecologi cal grounds. What are the implications under

European Union law? Under the Water Framework Directive 154, no additional discharge of

phosphorus would have been perm itted. And what did DINAMA say in 2005? It is in total

155
agreement with European Union policy , it said: “[I]t is not appropriate to authorize any waste

disposal that would increase any of the parameters that present critical values, even in cases in

which the increases are considered insignificant by the company.”

5. So Uruguay recognizes the sensitivity of the river, and its own environment agency

acknowledged that no additional discharges of phosphorus should be permitted. It is clear that this

was an unsuitable site for the proposed discharges. As we have seen graphically illustrated by the

algal bloom of February 2009, it is indeed an unacceptable site for Botnia’s discharges.

The inadequacy of Uruguay’s environmental assessments

6. Mr. President, Members of the Court, I turn now to the various environmental assessments

made by Botnia, DINAMA, and the IFC’s experts. Uruguay in its pleadings has presented a

wholly uncritical view of these, giving bl and assurances. ProfessorBoyle told you 156 that “the

suitability of the Fray Bentos site was comprehensively assessed . . . [It has] been subject to review

by Botnia, by DINAMA, and by expert consultants on behalf of the IFC”. Professor Boyle would

have us believe that these assessments were, appa rently, unchallenged, and indeed unchallengeable

157
by the Court. The assessments are discussed in the second Wheater report , to which I

respectfully direct the Court for further detail. Th is is not the occasion to rehearse the findings at

152RA, Vol. III, Ann. 44
153
E.g., CMU, Vol. II, Ann. 20, pp. 7, 8.
154
Council of the European Community Directive 2000/60/EC establishing a framework for Community action in
the field of water policy.
155CMU, Vol. II, Ann. 20, p. 21.

156CR 2009/18, p. 26, para. 47.

157RA, Vol. III, Ann. 44. - 56 -

length, but the Court should be reminded of th e discrepancy between Uruguay’s counsel’s account

and the true history of flawed assessments.

(1) In January 2005, the Botnia EIA, including the supplemental information provided up to that

date, was held by Uruguay’s own agency, DINAMA, to be inadequate; and the attitude of

Botnia to providing timely, coherent, releva nt and complete information was found to be

158
unsatisfactory .

159
(2)The MVOTMA initial environmental authorization for the Botnia plant overruled

recommendations of DINAMA 160.

(3) The specific conditions of the initial environmental authorization were not explicitly considered

in the rest of the EIA process 161.

(4) The information provided to GTAN during 2005 was inadequate for assessment to be made. In

162
the GTAN process, Uruguay was unable to provide key information to Argentina .

(5) In March2006, the draft CIS was found by independent review for the IFC ⎯ the Hatfield

163
report ⎯ to be inadequate in numerous major respects . Processes did not follow BAT and

were inadequately specified, pollutant disch arges had no independent assessment, baseline

environmental data were inadequate, environm ental concerns were glossed over, assessment

methods were inappropriate, issues such as tourism had been ignored. More than

50 recommendations were made for improvement.

7. This brings me to the Final Cumulative Im pact Study (FCIS) undertaken for the IFC. The

FCIS, despite the subsequent approval of Hatfie ld and endorsement by Mr.McCubbin, remained

seriously flawed. The independent scientific lite rature on the environmental impacts of modern

pulp mills was ignored. The simulations of air a nd river flows and pollutant transport were based

on inadequate data and predictions were simply incorrect. The Court will recall the assurances

given about the air pollutant transport and its e ffects on Gualeguaychú, and the statements about

158CMU, Vol. II, Ann. 20, pp. 1 and 19.
159
CMU, Vol. II, Ann. 21.
160
DINAMA Environmental Impact Assessm ent Report for the Botnia Plant, 11Feb.2005, CMU, Ann.20,
Sec. 8, p. 32, para. 13.
161See RA, Vol. III, Ann. 44, Sec. 2.3; CR 2009/15, p. 31, para. 24.

162See RA, Vol. III, Ann. 44, Sec. 2.4.

163CMU, Vol. VIII, Ann. 177. - 57 -

reverse flow in the river, to which I will return la ter. The sensitivity of the river was dismissed out

of hand in a manner which lacks credibility. Th e second Hatfield report, the report that finally

164
endorsed the FCIS, stated that “Fray Bentos is not an environmentally sensitive site” . But we

have seen, and Uruguay’s counsel have agreed, that clearly it is a sensitive site. And what does

EcoMetrix say now about the river water quality? As ProfessorBoyle told us on Monday of last

165
week , they said that: “The water quality of the Ri o Uruguay is considered to be of high quality

since the concentrations of indicator paramete rs are well below the most restrictive of the

applicable Uruguayan and CARU standards.” How can this be reconciled with the huge loads of

phosphorus in the river, and the long history of eutrophication that Uruguay’s counsel have been

telling us about? This typifies the superficial and uncritical assessments made by EcoMetrix, both

in the FCIS and their subsequent reports.

The inadequacies of the modelling which underpins the environmental assessments

8. Mr. President, Members of the Court, I turn now to the modelling of river flows which, in

the absence of measured data, was the tool on which all of Uruguay’s assessments of water quality

impacts depended. The hydrodynamic modelling was done in three stages in the EIA process: the

modelling done for Botnia, the modelling done within the draft CIS, and finally the modelling done

by EcoMetrix for the final CIS. What is surprisi ng is that more or less the same hydrodynamic

model and data were used at each of these stages. In fact, the IFC’s terms of reference were to use

166
the same model and data that Botnia had originally used . EcoMetrix even relied on the same

modelling expert as Botnia ⎯ as we heard earlier today ⎯, Professor Piedra-Cueva 167. There is no

significant difference between the hydrodynamic m odelling done for Botnia and that done for

168
EcoMetrix; Uruguay have explicitly agreed on this issue . And there is certainly no

independence in the EcoMetrix assessment: they used the same model and Botnia’s modellers. Let

us therefore focus on the modelling done by Botnia.

16CMU, Vol. VIII, Ann. 178, p. 2.
165
CR 2009/16, p. 19, para. 4.
166
EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. H, p. H3.9, CMU, Vol. VIII, Ann. 177.
16EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. D, p. D1.3, CMU, Vol. VIII, Ann. 176.

16CMU, Ann. 214, p. 8 and Ann. 217, p. 11. - 58 -

9. The study done for Botnia was perhaps a r easonable attempt at preliminary modelling. It

was done by ProfessorPiedra-Cueva, using a we ll-known hydrodynamic model, RMA-2. But it

169
suffered from a critical lack of data. As I reported previously , model results cannot be treated as

credible unless supported by sufficient measured data. This is clear in all good practice guidelines,

170 171
including those produced by the World Bank , in the Canadian guidelines for pulp mills , and

172
even within the RMA-2 users’ guide . The many deficiencies in the data and procedures used by

Botnia and by EcoMetrix are addressed in my previous report 173.

10. Let us consider three sets of missing da ta highlighted by ProfessorPiedra-Cueva in

November2004. First, he identified errors in the modelling that arose from lack of accurate

174
bathymetry data near Nuevo Berlin ; second, he said that the model’s accuracy at the pulp mill

site could not be verified due to absen ce of water level data near Fray Bentos 175; and third, he

highlighted that the water level data from January 2000 needed for the reverse flow analysis were

176
missing . These are all critical errors: the accuracy of Botnia’s model in the pulp mill influence

zone was unknown, and remains unknown today; and where the accu racy was tested, near Nuevo

Berlin, the model was at times so inaccurate that we do not know even if it gets the flow direction

177
correct ; and the analysis of reverse flow was meaningless because the necessary data were

missing.

11. Mr.President, a diligent environmental im pact assessment would have reacted to this

situation by arranging for the necessary data to be collected. But it was never done. Instead, the

178
reaction of Uruguay was to declare unreservedly the model to be accurate ; and even more

169
Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, Sec. 3.5.
17World Bank 1998. Pollution Prevention and Abatemen t Handbook 1998. Towards cleaner production, World

Bank Group, Washington D.C., p. 106.
171
Environment Canada 2005. Pulp and Paper Environmental Effects Monito ring Guidance Document, Chap. 2,
pp. 2-47.
172
Donnell,P.B. et al ., 2006, Users’ Guide for RMA2 Vers4i.o 5,
http://chl.erdc.usace.army.mil/chl.aspx?p=s&a=ARTICLES;480 (accessed 27 Sep. 2009).
173
Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, Sec. 3.5.
17EIA Additional Report 5, CMU, Vol. VIII, Ann. 164, p. 18.

17Ibid., p. 18.

17Ibid., p. 13.
177
This is explained in the Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, Sec. 3.6.
178
CMU, para. 6.7. - 59 -

179
incredibly the reaction of the IFC was to requi re its consultants to use exactly the same data .

Within an international impact assessment, the failure to collect basic necessary data is negligence,

and comes nowhere near the rigorous assessm ent which Uruguay repeatedly claims. And

180
EcoMetrix retained the services of Professor Piedra-Cueva . It seems he was retained to review

his own work.

12. I return briefly to the RMA-2 hydrodynamic model used by Botnia and EcoMetrix. This

is a well-known model and I would have nothing but praise for this model if it had been applied in

a diligent manner to a suitable task. Quite apart from the failure of Botnia and EcoMetrix to be

diligent in data collection, the RMA-2 model is not suitable for modelling the reverse flows present

in the River Uruguay. This is because it is a two-dimensional model. This means it assumes that

the flow does not significantly vary over the depth of the river. But the Court has seen that this is

not appropriate for the River Uruguay at this locat ion: Argentina’s measurements show that the

flow varies significantly over the depth, not only in magnitude, but also in direction: it frequently

flows downstream near the water surface while flow ing upstream nearer the river bed. In other

words, the RMA-2 model is not designed to assess complex reverse flow problems, yet Botnia

relied on it and the IFC required its consultants to continue to use the same model. EcoMetrix

make passing reference to a more sophisticated three-dimensional model 181 but there is no evidence

that it was applied and Uruguay have confirmed th at EcoMetrix used exac tly the same model as

previously used by Botnia 182. Mr.President, the inadequacy of both the data and the model is a

central point, because it is the inaccuracy of the model results that caused Uruguay to

underestimate the water quality problems caused by re verse flow and therefore fail to predict the

increased risk of algal blooms. I invite you to read my detailed critique of the hydrodynamic

modelling appended to the Argentine Reply which explains in more detail why the modelling is

unacceptable 183.

17EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. H, p. H3.9, CMU, Vol. VIII, Ann. 177.
180
EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. D, p. D1.3, CMU, Vol. VIII, Ann. 176.
181
EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. D, p. D5.3, CMU, Vol. VIII, Ann. 176.
18CMU, Vol. X, Ann. 214, p. 9.

18Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, Sec. 3.6. - 60 -

The inadequacies of Uruguay’s monitoring

13. Mr.President, Members of the Court, I turn next to the issues of monitoring. I do not

184
need to dwell on this at length. In my speech to the Court two weeks ago , I illustrated with

numerous examples that Uruguay’s monitoring was inadequate. It will not have escaped the

Court’s notice that Uruguay’s counsel made no atte mpt to address any of my detailed criticisms.

Mr.Boyle simply told us last Tuesday 185 that “the evidence is in the reports”. Indeed it is, as I

pointed out in detail in my speech. Botnia has failed to meet the requirements for monitoring and

reporting as specified by Uruguay, both within the FCIS and DINAMA’s authorization to operate,

and Uruguay’s monitoring reports have neglected and dismissed significant impacts and pollution

incidents. The Court has seen from Argen tina the monitoring required to understand the

functioning of the system and to detect the initial adverse effects of the pulp mill. Uruguay’s

monitoring is simply inadequate to do this.

14. It will also not have escaped the Court’s atte ntion that most of the data presented to the

Court by Uruguay’s counsel have been from Arge ntina. The Court may have noticed that

Mr.Reichler was happy to use Argentina’s data when it suited him, but, where it did not, he

186
attempted to cast doubts on the scientific integrity of the programme . He ascribed dark motives

to Argentina, of bias in the sampling locations, omissions in the reporting of chemical data, and

withholding flow data from a critical period. ProfessorColombo has just now addressed these

issues, but I would like to record the fact that, in my opinion, and to the best of my knowledge, the

highest principles of scientific integrity have been applied to the Argentinian science programme:

data have been fully and honestly reported, whether or not they support Argentina’s case.

Uruguay’s misrepresentations concerning air quality

15. Mr. President, Members of the Court, moving from generic issues, I now have to address

various specific issues of inaccuracy that arose from Uruguay’s oral pleadings. I begin with air

quality, and the remarks made by Mr.McCubbin on Tuesday last 187. Mr.McCubbin referred to

18CR 2009/15, pp. 22-36.
185
CR 2009/16, p. 26.
18CR 2009/16, pp. 39-63 and CR 2009/17, pp. 12-32.

18CR 2009/17, p. 43, para. 49. - 61 -

Argentina’s air quality monitoring and told the Court: “Whenever the equipment registered a

concentration of gas that was higher than the de tection threshold, Argentina automatically assumed

the fault was Botnia.” This is absolutely wrong. Argentina agrees that attribution of the source of

air pollution is critical. This is why Dr.InésCa milloni, who is in Court, has been working to

model the air flows and pollutant transport for these incidents. This is not only fully reported in

188
Argentina’s June2009 submission , but was also illustrated in court by ProfessorColombo on

Wednesday 16 September (CR 2009/14). Perhaps MrM . cCubbin failed to recall that

189
Professor Colombo showed a simulation in Court of one event . [Simulation 1 on.] Let me show

another, for 10February2009 190. As before, we can identify Botnia ⎯ in red ⎯ and

Gualeguaychú ⎯ in yellow ⎯ and track the Botnia plume as it passes over Argentina. So

Argentina does not automatically assume the fault was Botnia, rather it uses high quality science to

establish whether that was the case. In the eight events thus far investigated in detail by

Dr.Camilloni, Botnia was the source on each occasion. [Simulation1 off.] In contrast,

Mr.McCubbin relies on complete speculation, with no data support whatsoever, to suggest

alternatives. The Court will perhaps recall his colourful diagram of swamp gas 191. This can, under

certain circumstances, be emitted from wetlands, but only under highly anoxic conditions ⎯ which

are not those observed in Ñandubaysal Bay 192. And he mentions odour from sewage treatment.

Apart from the fact that these odours are distinct, it would be a strange coincidence if these smells

suddenly appeared for the first time after the co mmencement of Botnia’s operations, and from a

treatment works at Gualeguaychú that is downwind of the city under the prevailing winds.

Uruguay’s misrepresentation of flow reversals

16. Mr. President, Members of the Court, perhaps at this point I could turn from air to water,

and the issue of reverse flows. I am sure that, like me, you were impressed by the rhetorical flair of

188
New Documents Submitted by Argentina, Vol. I, Scientific and Technical Report, 30 June 2009, Chap. 1.
189
CR 2009/14, p. 40, para. 6.
19New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scientific and Technical Report, 30June 2009, Chap.1,
fig. 46.

19CR 2009/17, p. 44.

19New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scie ntific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.3,
figs. 2 and 3. - 62 -

193
Mr. Reichler as he addressed this issue on Monday last week . However, sadly, the quality of his

rhetoric was not matched by the substance of his arguments. This was no more apparent than in his

treatment of reverse flows. You will recall th at two weeks ago Professor Sands exposed the flaws

in Uruguay’s assumption that reverse flows are rare; Mr. Reichler then ridiculed this, claiming that

Uruguay had considered reverse flows occurring up to 29 per cent of the time.

17. Mr. Reichler helpfully provi ded the Court with his list of references to the occurrence of

reverse flow in the pleadings, which he presented in the judges’ folders. These references do not in

any way support Mr. Reichler’s argument. In f act, they fully support Professor Sands’s view that

Uruguay have always underestimated the importance of reverse flows. Let me take one example

from the list of references 194. This example is particularly relevant because it is a review of the

modelling of flows in the river by Uruguay and Argentina, undertaken in 2007 for Uruguay.

18. The authors of that review are unequivocal in their support for Uruguay’s position that

reverse flows are rare, as stated in the FCIS: “Under rare occasions (a few times a year or less), the

195
flow can even reverse direction and trav el upstream for short periods of time.” And they are

scathing in their criticism of the Argentine analys is, which was based on satellite observations as

well as modelling, that flow reversals may occur up to 23 per cent of the time. They conclude on

page12 that the Argentine report “significantly ov erstates the frequency and magnitude of flow

reversals”. In other words, they wholeheartedly endorsed Uruguay’s position, that flow reversals

are rare, of limited duration, and only occur dur ing extreme low flow periods. The authors even

specifically note how much reverse flow had been considered in Uruguay’s modelling, and I quote:

“the dilution model implementation simulated a low -flow, 1-hour duration flow reversal condition,

196
which provides a reasonable representation. .. during a flow reversal episode” . What Botnia

197
and EcoMetrix actually used was neither a low flow, nor a representative duration of flow

reversal, and was simulated using an inaccurate mo del based on inadequate data. It was not an

appropriate basis on which to assess the impacts of the mill’s pollution.

193
CR 2009/16, p. 41.
194
CMU, Vol. X, Ann. 214.
19EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. D, p. D3.3, CMU, Vol. VIII, Ann. 176.

19CMU, Vol. X, Ann. 214, p. 13.

19EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. D, p. D6.4. CMU, Vol. VIII, Ann. 176. - 63 -

19. Mr.President, Members of the Court, the environmental assessments of Uruguay and

EcoMetrix unequivocally state that they were based on these erroneous assumptions about reverse

flow. I have singled out just one reference for detailed comment. In the judges’ folders Argentina

lists Uruguay’s citations, more than 20 in Volume I of Uruguay’s Counter-Memorial alone, which

reiterate that position. So what do we make of Mr.Reichler’s claim that Uruguay based their

assessment on 29 per cent flow reversals? The figure of 29 per cent has no justification whatsoever

in Uruguay’s documentation. Uruguay’s own docu ments simply say it is “implicit” with no

198
explanation of where it came from . In any case all Uruguay’s previous conclusions about

environmental impacts and the IFC’s approval of the mill were based on the argument that flow

reversals were rare. If ProfessorPiedra-Cueva was fully aware of the extent of flow reversals,

which it seems he was 199, why, the Court may ask, was this so consistently refuted in the

environmental assessments?

Argentina’s flow data

20. Mr.President, I turn from the representation of reverse flows to Argentina’s flow data

200
that so clearly demonstrate this effect. As I stated in my speech two weeks ago , data are the key

to understanding the system response, and the development of models that can provide a realistic

representation of the key processes. Uruguay faile d to make the most basic of measurements,

which is one of the main reasons why its modelling and assessments, of both air and water, were so

wrong. It is therefore surprising to note the criticism by Uruguay’s counsel 201of a single period of

missing data from Argentina’s flow monitoring, when Uruguay had no comparable data for any

period.

21. Mr.Reichler also criticized the location of the velocity measurement station. But his

location was incorrect; the true location is shown on this diagram. [Figure1 on.] The diagram

also shows the correct bathymetry, unlike Mr. Reichler’s image. As I mentioned earlier, it is one of

many surprising omissions from Uruguay’s assessments that they did not bother to measure the

19RU, Vol. II, Ann. R11, p. 2/7, item 5.
199
EIA Additional Report 5, CMU, Vol. VIII, Ann. 164, p. 29.
20CR 2009/15, p. 24.

20CR 2009/17, p. 15. - 64 -

actual river bed profile. However, he was correct in stating that the measurement location was not

in the main channel. There is a good reason for this ⎯ it is not allowable, nor feasible, to maintain

permanent instrumentation in a navigation channel, for obvious reasons. The instrument is,

however, as reasonably close to the channel as is feasible. [Figure 1 off.]

22. Fortunately, Argentina has a reliable th ree-dimensional numerical model of the river

202
flow, which provided the simulation shown to the Court by ProfessorColombo . The model is

driven by the effects of wind speed and directi on, measured upstream flows from the Salto Grande

Dam, and measured downstream water levels, which include the tidal effect. It calculates the flow

in three dimensions, and thus, is able to repr esent the flow across the whole river, including its

vertical distribution, and to infill the flow response for the period of missing data. With the Court’s

permission I will replay the simulation of that critic al period. [Simulation2 on.] We can clearly

see the movement upstream of the reverse flow and the pollutant plume, during the period of

missing data.

23. The simulation also serves to clarify the re lationship between the flows in the river, and

flows in Ñandubaysal Bay, which may be a source of confusion. We can see that while there is not

a strong connection between the river flow and th e Bay, nevertheless, a connection exists, and

pollution from the mill will enter the Bay and be trapped in sediments deposited there.

Professor Colombo has already discussed the relationship between water quality in the Bay and in

the main river, earlier today. [Simulation 2 off.]

24. Argentina also noted that this is an area of significant sediment deposition, and

geomorphological change. The Court will recall ProfessorSands’s images of two weeks ago,

showing the dramatic changes that have taken place over the twentieth century 203. Uruguay has

wholly failed to account for the dynamic nature of this environment and provided no response to

this criticism in its pleadings.

202
CR 2009/14, p. 43, para. 13.
20CR 2009/12, p. 44. - 65 -

Water quality

25. Mr.President, Members of the Court, I conclude my remarks on science with a brief

comment on water quality, in the light of Mr. Reichler’s comments last Monday 204. I apologize for

the time he took to understand my observation that if pre-operational levels of soluble reactive

phosphorus (SRP) from Botnia’s data are compared with the recent record for Argentina’s adjacent

measurement sites, SRP levels have doubled. But perhaps if he had read my explanatory footnote,

he would have been less confused. This is hard ly comparing apples and oranges, as Mr. Reichler

colourfully put it, but rather the same variable measured at the closest available adjacent locations

before and after the operation of the mill.

Judge Simma’s questions

26. Mr. President, Members of the Court, to c onclude my pleading, I would like to respond

on behalf of Argentina to the questions asked by Judge Simma on 17 September (CR 2009/15). I

will respond briefly. As a preliminary observation, Argentina notes that it is Botnia, who built the

mill, and Uruguay, who authorized its construction and operation, who have complete details of the

plant; Argentina has only partial information. Hence Argentina will answer in general terms,

considering the type of mill and the sensitivity of the Uruguay river.

27. The first question related to the technology used in Botnia’s other pulp mills, specifically

whether they use the totally chlorine free (TCF ) process or the elemental free chlorine (ECF)

process. Botnia’s mills have used both TCF and ECF, although Botnia have recently closed their

TCF facility at Kaskinen. To the best of Argentina’s knowledge, all of Botnia’s mills currently use

ECF ⎯ and there is no evidence of any plans to convert to TCF.

28. Judge Simma’s second question was whethe r it was technically possible to convert the

pulp mill from ECF to TCF. The answer is yes, it is possible. The Court may wish to note that the

consensus in the scientific literature that modern pulp mills cause environmental harm extends to

205,206,207,208
both ECF and TCF mills .

204
CR 2009/16, p. 54.
20Altesor, A., Eguren, G., Mazzeo, N., Panario, D. & Rodrí guez, C., “La industria de la celulosa y sus efectos:
certezas e incertidumbres”, Ecologia Austral, Diciembre de 2008, pp. 291-303.

20Orn, S., Svenson, A., Viktor, T., Holbech, H., Norrgn, L. 2006, “Male-biased sex ratios and vitellogenin
induction in zebrafish exposed to effluent water from a Swedish pulp mill”, Archives of Environment Contaminant
Toxicology, 51, pp. 445–451 - 66 -

29. The third question related to the addition of tertiary effluent treatment to the Botnia mill,

specifically would it be possible and sensible fro m a technical and environmental viewpoint. The

addition of tertiary treatment would be technically possible. Indeed it is common practice to add a

tertiary stage to existing effluent treatment plan ts. Various levels of treatment are technically

feasible, ranging from simple filtration to full clarification using advanced treatment technology 209.

From an environmental viewpoint, because of the hi gh level of tertiary treatment that would be

needed to adequately protect the River Uruguay from further harm, and the potentially high carbon

emissions and other environmental impacts, it cannot easily be put forward as a sensible option. To

justify tertiary treatment, or to discount it, which would include the estimation of carbon emissions,

a diligent impact assessment would need to be done. This was not done, but it c ould have been

done by Uruguay and should have been. For example, as part of the impact assessment done for

210
the Gunns mill in Tasmania , the Australian Government published an extensive study into the

possibility of tertiary treatment, and a 51-page re port covered various op tions. To Argentina’s

knowledge, Uruguay conducted no assessment of tertiary treatment options for the Botnia plant.

The EcoMetrix report, issued almost two years after the authorization for the construction of the

mill, simply contained two-and-a-half pages of general review on this issue 21.

30. Judge Simma also asked whether Botnia’s ot her mills use a tertiary treatment stage. The

answer is no, they are not amongst the pulp mills which use tertiary treatment.

31. The final question which Judge Simma put to both Parties was whether technologies

exist which would minimize the alleged malodorous em issions. The answer is no, to the best of

our knowledge. Sulphurous emissions are inevita ble. This is a feature of Kraft pulp mills 212. The

site of the mill is a fundamental problem.

207Larsson, D.G.J., Förlin, L. 2002, “Male-biased sex ratios of fish embryos near a pulp mill: temporary recovery

after a short-term shutdown”, Environmental Health Perspectives, 110 (8), 739.
208McMaster, M.E., Hewitt, L.M., Parrott, J.L. 2006, “A decade of research on the environmental impacts of
pulp and paper mill effluents in Canada: field studies and mechanistic research”, Journal of Toxicology and

Environmental Health, Part B, 9, pp. 319–339.
209Consulting New South Global. Treatment and recyclin g options Bell Bay Pulp Mill Project, July2007.

http://www.environment.gov.au/epbc/notices/assessments/2007/3385/pubs/3… (accessed 26 Sep. 2009).
210Ibid.

211EcoMetrix FCIS, Sep. 2006, Ann. A, p. A8.13, CMU, Vol. VIII, Ann. 174.
212
IPPC 2001, Integrated Pollution Prevention and Cont rol (IPPC) Reference Document on Best Available
Techniques in the Pulp and Paper Industry, European Commission, Dec. 2001, p. 17, MA, Vol. V, Ann. 15. - 67 -

Mr. President, Members of the Court, that concludes my presentation, and I thank the Court

for their kind attention, particularly at this late hour in the day. I will be followed, tomorrow, by

my colleague Professor Sands, to conclude the discussion on science.

The VICE-PRESIDENT, Acting President: Thank you, Mr. Wheater. The Court now rises

and will resume tomorrow morning at 10 o’clock.

The Court rose at 6.55 p.m.

___________

Document Long Title

Audience publique tenue le lundi 28 septembre 2009, à 15 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Tomka, vice-président, faisant fonction de président en l'affaire relative à des Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay)

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