Audience publique tenue le jeudi 17 septembre 2009, à 10 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Tomka, vice-président, faisant fonction de président en l'affaire relative à des Usines

Document Number
135-20090917-ORA-01-00-BI
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Number (Press Release, Order, etc)
2009/15
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Non-Corrigé
Uncorrected

CR 2009/15

Cour internationale International Court
de Justice of Justice

LAAYE THAEGUE

ANNÉE 2009

Audience publique

tenue le jeudi 17 septembre 2009, à 10 heures, au Palais de la Paix,

sous la présidence de M. Tomka, vice-président,

faisant fonction de président

en l’affaire relative à des Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay
(Argentine c. Uruguay)

________________

COMPTE RENDU

________________

YEAR 2009

Public sitting

held on Thursday 17 September 2009, at 10 a.m., at the Peace Palace,

Vice-President Tomka, Acting President, presiding,

in the case concerning Pulp Mills on the River Uruguay
(Argentina v. Uruguay)

____________________

VERBATIM RECORD
____________________ - 2 -

Présents : M. Tomka, vice-président, faisant fonction de président en l’affaire
KoMroMa.

Al-Khasawneh
Buergenthal
Simma
Abraham

Keith
Sepúlveda-Amor
Bennouna
Skotnikov

Crinçade
Yusuf
Grejugesood,
BeTroresz.

juiesesa, ad hoc

Mme de Saint Phalle, greffier adjoint

⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -

Present: Vice-President Tomka, Acting President
Judges Koroma

Al-Khasawneh
Buergenthal
Simma
Abraham

Keith
Sepúlveda-Amor
Bennouna
Skotnikov

Cançado Trindade
Yusuf
Greenwood
Judges ad hoc TorresBernárdez

Vinuesa

Deputy-Registrar de Saint Phalle

⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -

Le Gouvernement de la République argentine est représenté par :

S. Exc. Mme Susana Ruiz Cerutti, ambassadeur, conseiller juridique du ministère des relations
extérieures, du commerce international et du culte,

comme agent ;

S. Exc. M. Horacio A. Basabe, ambassadeur, directeur général de l’Institut du service extérieur de
la nation, ancien conseiller juridique du ministère des relations extérieures, du commerce
international et du culte, membre de la Cour permanente d’arbitrage,

S. Exc. M. Santos Goñi Marenco, ambassadeur de la République argentine auprès du Royaume des
Pays-Bas,

comme coagents ;

M.AlainPellet, professeur à l’Université Paris Ouest, Nanterre-La Défense, membre et ancien
président de la Commission du droit internatio nal, membre associé de l’Institut de droit
international,

M. Philippe Sands QC, professeur de droit internatio nal au University College de Londres, avocat,
Matrix Chambers, Londres,

M. Marcelo Kohen, professeur de droit internationa l à l’Institut de hautes études internationales et
du développement, Genève, membre associé de l’Institut de droit international,

Mme Laurence Boisson de Chazournes, professeur de droit international à l’Université de Genève,

M. Alan Béraud, ministre à l’ambassade de la République argentine auprès de l’Union européenne,
ancien conseiller juridique du ministère des affaires étrangères, du commerce international et du
culte,

M.DanielMüller, chercheur au Centre de droit in ternational de Nanterre (CEDIN), Université de
Paris Ouest, Nanterre-La Défense,

comme conseils et avocats ;

M. Homero Bibiloni, secrétaire d’Etat à l’environnement et au développement durable,

comme autorité gouvernementale ;

M. Esteban Lyons, directeur national du contrôle environnemental du secrétariat à l’environnement
et au développement durable,

M.HowardWheater, docteur en hydrologie de l’ Université de Bristol, professeur d’hydrologie à
l’Imperial College, directeur de l’Imperial College Environment Forum,

M. Juan Carlos Colombo, docteur en océanographie de l’Université de Québec, professeur à la

faculté des sciences et au musée de l’Université de La Plata, directeur du Laboratoire de chimie
environnementale et de biogéochimie de l’Université de La Plata,

M.NeilMcIntyre, docteur en ingénierie envir onnementale, maître de conférences à l’Imperial

College, Londres, - 5 -

The Government of the Republicof Argentina is represented by:

H.E. Ms Susana Ruiz Cerutti, Ambassador, Legal Adviser to the Ministry of Foreign Affairs,
International Trade and Worship,

as Agent;

H.E. Mr. Horacio A. Basabe, Ambassador, Director of the Argentine Institute for Foreign Service,
former Legal Adviser to the Ministry of Fore ign Affairs, International Trade and Worship,
Member of the Permanent Court of Arbitration,

H.E. Mr. Santos Goñi Marenco, Ambassador of the Argentine Republic to the Kingdom of the
Netherlands,

as Co-Agents;

Mr.AlainPellet, Professor at the University of Paris Ouest, Nanterre-La Défense, member and
former Chairman of the International Law Co mmission, associate member of the Institut de
droit international,

Mr. Philippe Sands QC, Professor of International Law at the University College London, Barrister
at Matrix Chambers, London,

Mr.MarceloKohen, Professor of International Law at the Graduate Institute of International and
Development Studies, Geneva, associate member of the Institut de droit international,

Ms Laurence Boisson de Chazournes, Professor of International Law at the University of Geneva,

Mr.AlanBéraud, Minister at the Embassy of the Argentine Republic to the European Union,
former Legal Adviser to the Ministry of Foreign Affairs, International Trade and Worship,

Mr. Daniel Müller, Researcher at the Centre de droit international de Nanterre (CEDIN), University

of Paris Ouest, Nanterre-La Défense,

as Counsel and Advocates;

Mr. Homero Bibiloni, Federal Secretary of Environment and Sustainable Development,

as Governmental Authority;

Mr.EstebanLyons, National Director of Environm ental Control, Secretariat of Environment and
Sustainable Development,

Mr. Howard Wheater, PhD in Hydrology at Bristol University, Professor of Hydrology at Imperial

College and Director of the Imperial College Environment Forum,

Mr. Juan Carlos Colombo, PhD in Oceanography at the University of Québec, Professor at the
Faculty of Sciences and Museum of the National University of La Plata, Director of the

Laboratory of Environmental Ch emistry and Biogeochemistry at the National University of
La Plata,

Mr.NeilMcIntyre, PhD in Environmental Engineering, Senior Lecturer in Hydrology at Imperial

College London, - 6 -

Mme Inés Camilloni, docteur en sciences atmosphériques, professeur de sciences atmosphériques à
la faculté des sciences de l’Université de Buenos Aires, maître de recherche au conseil national

de recherche (CONICET),

M.GabrielRaggio, docteur en sciences techni ques de l’Ecole polytechnique fédérale de
Zürich (ETHZ) (Suisse), consultant indépendant,

comme conseils et experts scientifiques ;

M.HolgerMartinsen, ministre au bureau du conseiller juridique du ministère des affaires

étrangères, du commerce international et du culte,

M. Mario Oyarzábal, conseiller d’ambassade, bureau du conseiller juridique du ministère des
affaires étrangères, du commerce international et du culte,

M.FernandoMarani, secrétaire d’ambassade, amb assade de la République argentine au Royaume
des Pays-Bas,

M.GabrielHerrera, secrétaire d’ambassade, bureau du conseiller juridique du ministère des

affaires étrangères, du commerce international et du culte,

MmeCynthiaMulville, secrétaire d’ambassade, bureau du conseiller juridique du ministère des
affaires étrangères, du commerce international et du culte,

Mme Kate Cook, avocat, Matrix Chambers, Londres, spécialisée en droit de l’environnement et en
droit du développement,

Mme Mara Tignino, docteur en droit, chercheur à l’Université de Genève,

M.MagnusJeskoLanger, assistant d’enseignement et de recherche, Institut de hautes études
internationales et du développement, Genève,

comme conseillers juridiques.

Le Gouvernement de l’Uruguay est représenté par :

S. Exc. M. Carlos Gianelli, ambassadeur de la République orientale de l’Uruguay auprès des

Etats-Unis d’Amérique,

comme agent ;

S. Exc. M. Carlos Mora Medero, ambassadeur de la République orientale de l’Uruguay auprès du

Royaume des Pays-Bas,

comme coagent ;

M.AlanBoyle, professeur de droit international à l’Université d’Edimbourg, membre du barreau
d’Angleterre,

M. Luigi Condorelli, professeur à la faculté de droit de l’Université de Florence,

M.LawrenceH.Martin, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau de la Cour suprême des
Etats-Unis d’Amérique, du barreau du district de Columbia et du barreau du Commonwealth du
Massachusetts, - 7 -

MsInésCamilloni, PhD in Atmospheric Sciences, Professor of Atmospheric Sciences at the
Faculty of Sciences of the University of Bue nos Aires, Senior Researcher at the National

Research Council (CONICET),

Mr.GabrielRaggio, Doctor in Technical Scienc es of the Swiss Federal Institute of Technology
Zurich (ETHZ) (Switzerland), Independent Consultant,

as Scientific Advisers and Experts;

Mr.HolgerMartinsen, Minister at the Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs,

International Trade and Worship,

Mr.MarioOyarzábal, Embassy Counsellor, Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign
Affairs, International Trade and Worship,

Mr. Fernando Marani, Embassy Secretary, Embassy of the Argentine Republic in the Kingdom of
the Netherlands,

Mr. Gabriel Herrera, Embassy Secretary, Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs,

International Trade and Worship,

Ms Cynthia Mulville, Embassy Secretary, Office of the Legal Adviser, Ministry of Foreign Affairs,
International Trade and Worship,

MsKateCook, Barrister at Matrix Chambers, London, specializing in environmental law and law
relating to development,

Ms Mara Tignino, PhD in Law, Researcher at the University of Geneva,

Mr.MagnusJesko Langer, teaching and research assistant, Graduate Institute of International and
Development Studies, Geneva,

as Legal Advisers.

The Government of Uruguay is represented by:

H.E. Mr. Carlos Gianelli, Ambassador of the Eastern Republic of Uruguay to the United States of

America,

as Agent;

H.E. Mr. Carlos Mora Medero, Ambassador of the Eastern Republic of Uruguay to the Kingdom of

the Netherlands,

as Co-Agent;

Mr.AlanBoyle, Professor of International Law at the University of Edinburgh, Member of the
English Bar,

Mr. Luigi Condorelli, Professor at the Faculty of Law, University of Florence,

Mr. Lawrence H. Martin, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the United States Supreme
Court, the District of Columbia and the Commonwealth of Massachusetts, - 8 -

M. Stephen C. McCaffrey, professeur à la McGeorge School of Law de l’Université du Pacifique,
Californie, ancien président de la Commission du droit international et rapporteur spécial aux

fins des travaux de la Commission relatifs aux cours d’eau internationaux,

M. Alberto Pérez Pérez, professeur à la faculté de droit de l’Université de la République,
Montevideo,

M.PaulS.Reichler, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau de la Cour suprême des
Etats-Unis d’Amérique et du barreau du district de Columbia,

comme conseils et avocats ;

M. Marcelo Cousillas, conseiller juridique à la direction nationale de l’environnement, ministère du
logement, de l’aménagement du territoire et de l’environnement de la République orientale de
l’Uruguay,

M. César Rodriguez Zavalla, chef de cabinet au ministère des affaires étrangères de la République
orientale de l’Uruguay,

M.CarlosMata, directeur adjoint des affaires juri diques au ministère des affaires étrangères de la
République orientale de l’Uruguay,

M. Marcelo Gerona, conseiller à l’ambassade de la République orientale de l’Uruguay au Royaume

des Pays-Bas,

M. Eduardo Jiménez de Aréchaga, avocat, admis au barreau de la République orientale de
l’Uruguay et membre du barreau de New York,

MA. damKahn, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau du Commonwealth du
Massachusetts,

M.AndrewLoewenstein, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau du Commonwealth du
Massachusetts,

MmeAnaliaGonzalez, LLM, cabinet Foley Hoag LLP, admise au barreau de la République

orientale de l’Uruguay,

Mme Clara E. Brillembourg, cabinet Foley Hoag LLP, membre des barreaux des districts de
Columbia et de New York,

MmeCicelyParseghian, cabinet Foley Hoag LLP, membre du barreau du Commonwealth du
Massachusetts,

M. Pierre Harcourt, doctorant à l’Université d’Edimbourg,

M. Paolo Palchetti, professeur associé à la faculté de droit de l’Université de Macerata,

comme conseils adjoints ;

Mme Alicia Torres, directrice nationale de l’environneme nt au ministère du logement, de
l’aménagement du territoire etde l’environnement de la République orientale de l’Uruguay,

M.EugenioLorenzo, conseiller technique à la direction de l’envir onnement du ministère du
logement, de l’aménagement du territoir e et de l’environnement de la Ré publique orientale de
l’Uruguay, - 9 -

Mr.StephenC.McCaffrey, Professor at the McGeorge School of Law, University of the Pacific,
California, former Chairman of the Interna tional Law Commission and Special Rapporteur for

the Commission’s work on international watercourses,

Mr.AlbertoPérezPérez, Professor at the Faculty of Law of the University of the Republic,
Montevideo,

Mr.PaulS.Reichler, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the United States Supreme Court
and the District of Columbia,

as Counsel and Advocates;

Mr. Marcelo Cousillas, Legal Counsel at the Nationa l Directorate for the Environment, Ministry of
Housing, Territorial Planning and Environment of the Eastern Republic of Uruguay,

Mr.CésarRodriguezZavalla, Chief of Cabinet, Ministry of Foreign Affairs of the Eastern
Republic of Uruguay,

Mr.CarlosMata, Deputy Director of Legal Affair s, Ministry of Foreign Affairs of the Eastern

Republic of Uruguay,

Mr.MarceloGerona, Counsellor of the Embassy of the Eastern Republic of Uruguay in the
Kingdom of the Netherlands,

Mr. Eduardo Jiménez de Aréchaga, Attorney at law, admitted to the Bar of the Eastern Republic of
Uruguay and Member of the Bar of New York,

Mr. Adam Kahn, Foley Hoag LLP, Member of the Bar of the Commonwealth of Massachusetts,

Mr.AndrewLoewenstein, Foley Hoag LLP, Member of the Bar of the Commonwealth of
Massachusetts,

MsAnaliaGonzalez, LLM, Foley Hoag LLP, adm itted to the Bar of the Eastern Republic of
Uruguay,

MsClaraE. Brillembourg, Foley Hoag LLP, Member of the Bars of the District of Columbia and

New York,

MsCicelyParseghian, Foley Hoag LLP, Me mber of the Bar of the Commonwealth of
Massachusetts,

Mr. Pierre Harcourt, PhD Candidate, University of Edinburgh,

Mr. Paolo Palchetti, Associate Professor at the School of Law, University of Macerata,

as Assistant Counsel;

Ms Alicia Torres, National Director for the Environment at the Ministry of Housing, Territorial

Planning and Environment of the Eastern Republic of Uruguay,

Mr.EugenioLorenzo, Technical Consultant for the National Directorate for the Environment,
Ministry of Housing, TerritorialPlanning and Environment ofthe Eastern Republic of Uruguay, - 10 -

M.CyroCroce, conseiller technique à la direction de l’environnement du ministère du logement, de

l’aménagement du territoire etde l’environnement de la République orientale de l’Uruguay,

Mme Raquel Piaggio, bureau de la gestion des eaux (O.S.E.), consultante technique à la direction de
l’environnement du ministère du logement, de l’aménagement du territoire et de l’environnement

de la République orientale de l’Uruguay,

M.CharlesA.Menzie, PhD., Principal Scientist et directeur d’EcoSciences Practice chez Exponent,
Inc., à Alexandria, Virginie,

st
M. Neil McCubbin, Eng., Bsc. (Eng), 1 Class Honours, Glasgow, Associate of the Royal College of
Science and Technology, Glasgow,

comme conseillers scientifiques et experts. - 11 -

Mr. Cyro Croce, Technical Consultant for the National Directorate for the Environment, Ministry of
Housing, Territorial Planning and Enviro nment of the Eastern Republic of Uruguay,

Ms Raquel Piaggio, Water Management Administration ⎯ O.S.E. ⎯ Technical Cons ultant for the
National Directorate for the Environment, Mini stry of Housing, Territorial Planning and
Environment of the Eastern Republic of Uruguay,

Mr. Charles A. Menzie, PhD., Principal Scientist and Director of the EcoSciences Practice at
Exponent, Inc., Alexandria, Virginia,

Mr. Neil McCubbin, Eng., BSc. (Eng), 1st Class Honours, Glasgow, Associate of the Royal College
of Science and Technology, Glasgow,

as Scientific Advisers and Experts. - 12 -

The VICE-PRESIDENT, Acting President: Please be seated. The sitting is open, and I pass

the floor to Professor Sands to continue his pleading. You have the floor, Sir.

SMAr.DS:

XIV. U RUGUAY HAS BREACHED ITS OBLIGATIONS TO PREVENT POLLUTION

(A RTICLES 1, 36 AND 41 OF THE STATUTE )
P ART 2

IV. Uruguay has violated Articles 1, 36 and 41

1. Mr.President, Members of the Court, yesterday I addressed the facts pertinent to an

assessment of whether Uruguay has met its obligati ons in relation to Articles1, 36 and 41 of the

Statute. Today, I turn to the law, to Uruguay’s violations of these provisions which arise in distinct

ways. These have been fully pleaded by both sides 1. I am going to deal with three preliminaries

and then focus on five core legal submissions.

2. First preliminary: this Botnia plant is recognized in international law as being inherently

2
risky, contrary to what Uruguay says . Pulp and paper plants are listed on a number of

international instruments ⎯ such as the Persistent Organic Pollutants (POPs) Convention and

others ⎯ as having characteristics that require them to be subject to intense regulatory and

3
environmental scrutiny . This implies that Uruguay has a stringent duty to act with vigilance and

care and precaution.

3. Second preliminary: Uruguay has adopted a well-trodden path. It has sought to rewrite

our case, attributing to Argentina claims that we have not made and then seeking to shoot them

down. Uruguay argues that Argentina’s case rests on what it calls “the single factual premise” that

the volume of pollution emanating from Botnia is so great and so harmful that it is per se prohibited

4
by the 1975 Statute . That is not Argentina’s case. There is no a priori objection to a large pulp

1
MA, paras. 5.20-5.83; RA, paras. 4.149-4.184.
2CMU, paras. 409-411 and figures cited, based on the report of Dr. Thomas Deardorff, 8 July 2007, CMU, Anns.,
Vol. X, Ann. 215.

3See, e.g., the 1991 UN/ECE Espoo Convention on Envionmental Impact Assessment in a transboundary
context, App.I; the 1998 UN/ECE Aarhus Convention on Accss to Information, Public Participation in Decision-
making and Access to Justice in Envi ronmental Matters, Ann.I; 1999 Protoc ol to the 1979 Convention on Long Range
Transboundary Air Pollution to Abate Acidification, Eutrophication and Ground-level Ozone, Ann. IV.2.

4CMU, para. 4.3. - 13 -

mill. A plant such as this that discharged into an ocean, for example, would raise altogether

different legal considerations. However, having chosen to locate this plant at this site, Uruguay

should expect the Statute to be strictly construed.

4. Third preliminary: Uruguay argues that the plant is meeting the requirements of

Articles1, 36 and 41 because (a) concentrations of pollutants w ithin the effluent discharges are

generally within regulatory limits, and (b) concentrations of most ⎯ but not all ⎯ contaminants in

the water are generally within the limits set by CARU or by Uruguayan law, or, says Uruguay,

there are no such limits. This, we say, is an unha ppy argument. The level of concentrations in

discharges are irrelevant where the capacity of the receiving environment has not been properly

assessed. Maybe the plant is, as some on behalf of Uruguay have said, amongst the top five in the

world for contaminants produced per tonne of paper but no European Union State could have

authorized such large discharges how ever efficient they were, into a location such as this. As to

standards for concentrations in the water, for some ⎯ like phosphorus ⎯ these are plainly not

being met. But even if they were being met, th e key question is whether there has been ecological

change or harmful pollution, not whether particular standards have or have not been met. That is

not the language of the Statute. The algal bl oom reflects the presence of ecological change and

harmful pollution. Articles 1, 36 and 41 are concerned with substance, not with form.

5. I turn now to my five main points.

(A) Uruguay failed to provide sufficient baseline data

6. First, we say that Uruguay has violated Articles36 and 41 of the Statute by failing to

obtain the baseline data necessary to assess the polluting impact of the Botnia plant. Without such

a baseline, Uruguay has, in effect, disabled itself from being able to prevent harmful pollution or to

avoid ecological change. Uruguay has had ample opportunity to identify baseline data, and to

understand the specific character of this receiving environment. And it has done neither. How can

Uruguay meet its preventive obligations if it is acting on the basis of inadequate and wrong

baseline assumptions? Uruguay got the flow of the river wrong and it got wind direction wrong.

With those errors, it cannot meet its substantive ob ligations. Uruguay began to obtain elements of

baseline data ⎯ and then only on an inade quate and incomplete basis ⎯ just five months before - 14 -

construction began. That is years after the site was chosen and the plant designed 5. No account

was taken of baseline data in choosing the site. Uruguay has violated its obligation to prevent

pollution and to avoid ecological change because it di d not put itself in a position to know what all

the consequences of its actions would be.

(B) Uruguay failed to measure the impacts of the effluent

7. The second way in which Uruguay has breached these provisions is by failing to ensure

that the impacts of the plant’s pollution would be measured and assessed and monitored accurately

and completely. ProfessorWheater is going to fo llow and say more about this shortly. But

Uruguay’s monitoring and measurement are inadequa te. It has not identified all the relevant

pollutants and it is not monitoring on a sufficient or timely or regular basis the situation. Uruguay

is unable to avoid any changes to the ecological balance or to prevent pollution because it is not

measuring the impacts on the river appropriately. If, for example, it had been monitoring reverse

flow, it might have been in a position to stop the discharges and prevent February’s events. But it

was not monitoring flow or direction. And the failure to monitor properly has caused ecological

change and harmful pollution in violation of the Statute.

(C) Uruguay has caused ecological change in violation of Article 36

8. Turning to the third broad head of viola tion: under Article 36, Uruguay has an obligation

to co-ordinate with Argentina th rough the Commission. It has manifestly failed to meet that

obligation. Having chosen to bypass CARU, Ur uguay has not only violated its procedural

obligations but it has also put itself in breach of Article36 for this simple reason. How can you

co-ordinate, as Article 36 requires, through a body you have decided to avoid?

9. Co-ordination on the issue of nutrients would have been particularly useful before

Uruguay chose the site or authorized the plant. Nutrients and other pollutants are closely connected

to ecological change. Uruguay is authorizing ma ssive discharges of nutrients into an already

eutrophic river. It wrongly believed that the flow of the river would take care of all these

nutrients ⎯ take them downstream. In the summer the flows dropped, the waters warmed, they

5
RA, Anns., Vol. III, Ann. 44, Second Wheater Report, Sec. 3.12. - 15 -

stagnated, but the discharges continued. In February these factors combined to create an

unprecedented algal bloom in the area around the Botnia plant, then moving upstream for a

distance of 25km or more. That algal bloom was caused by nutrients, and it is an indicator of

ecological change. In authorizing the project, what steps did Uruguay take to co-ordinate with

Argentina through CARU as Article 36 requires? None. It avoided CARU for this project.

10. Now ProfessorColombo gave you compelling evidence on the link between the plant

and the algal bloom. Argentina was surprised that in its 30 June 2009 f iling, Uruguay had nothing

to say about this incident. It had only a little mo re to say in the respon se documents submitted on

15 July 2009. It claimed that the algal bloom had nothing to do with the plant and was “consistent

6
with blooms throughout the river that have been observed for decades” . Curious then, that none

of Botnia’s environmental assessments, none of Uruguay’s work before the decision to authorize

the plant, make any mention of any of these algal blooms in the area. Uruguay cannot have it both

ways. If algal blooms are a feature of the waters off Botnia in this extent, then plainly the

environmental assessments are deficient for not having picked that up. But if the algal blooms of

this kind or scale are not a feature of these waters, then Uruguay’s argument that this is a typical

event falls apart. Either way, by dischargi ng nutrients on this scale Uruguay has failed to

“control... harmful factors in the river”, and it has failed to meet its obligation to “avoid any

ecological change”.

11. Mr. President, there is a related point here . Uruguay has made much of the claim that it

meets the highest environmental standards, including those of the European Union. Uruguay is not

7
meeting those standards . For example, the 1991 EU Urban Waste Water Treatment Directive

(Directive 91/271) fixes concentration values for phosphorus in waters that are subject to

eutrophication. And the Directive requires that a freshwater body must be identified as a sensitive

area if it is “eutrophic or... in the near future may become eutrophic if protective action is not

taken”. Well, these receiving waters in the River Uruguay are eutrophic, DINAMA has recognized

that. So EU law would require discharges of phosphorus to be reduced. But the Botnia plant

6Uruguay’s Comments on New Documents Submitted by Argen tina, 15 July 2009, Introduction, para.1.8. See

also Ann.C2, Lizet De Leon, “Bloom of Potentially Toxic Cyanobacteria off th e Coast of the City of Fray Bentos
(4 February 2009)”, 5 Feb. 2009.
7RA, paras. 3.97 and 4.168. - 16 -

increases those discharges, it does not reduce them. Siting the plant at this location on the Uruguay

river is plainly inconsistent with the applicable EU standard. Faced with this reality, what is

Uruguay’s response? It says, in this case, the EU standard is “artificially low” 8. Again, Uruguay

cannot have it both ways: either it does meet the EU standards or it does not meet. You cannot

pick and choose. We look forward to hearing, next week, Uruguay’s latest and evading position as

to whether or not it claims to meet EU standards.

12. Which brings us back to the issue of nonylphenols, banned for use in the wood pulp

industry in the European Union and other places, and now to be found in significant levels in

9
samples of water, and sediment and clams in close proximity to Botnia’s discharge pipe . And it is

found also in Botnia’s pulp 1. The nonylphenol issue has emerged late in this case. Argentina only

became aware of the issue, to this extent, in late June, when ProfessorColombo reported his

findings. The March 2009 EcoMetrix Report, interestingly, is consistent: it shows a large increase

in phenolic substances in the river water, but curiously EcoMetrix’s commentary does not address

11
the point . Nonylphenol ethoxylates ⎯ or NPE ⎯ are used as industrial cleaners, or surfactants.

In the wood pulp industry they are associated with the cleaning of wood chips and of the insides of

pulp mills. Argentina put new material before th e Court on this issue because it raises issues of

compliance with the EU standards to which Ur uguay has professed such attachment, and because

Uruguay’s lack of transparency on this issue raises fears that Uruguay is allowing seriously

hazardous chemicals to pollute the river and harm living organisms. Since 2005, Argentina has

been asking for detailed information from Uruguay a bout all the chemicals th at are being used at

the plant. Uruguay has never disclosed the identity of the “dispersing agents” that are used to clean

12
the eucalyptus chips or the plant . We cannot find information on the identity of the cleaning

chemicals and that stokes our fears that the plant is using ⎯ or has used ⎯ banned nonylphenols.

8RU, para. 4.89.

9CR 2009/12, pp. 48-49 (Sands).

10Available at http://mrecic.gov.ar/public documents.
11
New Documents Submitted by Uruguay, 30 June 2009, Ann.S7 Botnia SA, Orion Pulp Mill, Uruguay,
Independent Performance Monitoring as Require d by the International Finance Corporation ⎯ Phase 3: Environmental
Performance Review, 2008, Monitoring Year (March 2009_, table 4.4, p. 4.10.
12
First Meeting of the Argentine-Uruguay Technical group(GTAN) (3 Aug.2005), CMU, Ann.127, item2.2;
and GTAN/DU/9/14-9-05, CMU, Ann. 130. - 17 -

13. In response to our evidence on nonylp henols, Uruguay submitted an affidavit dated

13July2009, prepared by EngineerTorres, the National Director for the Environment at

DINAMA. She is a member of Uruguay’s delegati on here as a scientific adviser and expert but,

obviously, not as counsel. Her affidavit is very lim ited in scope, and most notable for what it does

not say. Recognizing that nonylphenols are used in cleaning processes, of eucalyptus wood chips

or of the pulp mill, one would have expected Engineer Torres to provide a detailed account of how

the wood chips are cleaned at Botnia and detailed in formation as to the chemicals that are used.

One would have expected her to positively affirm that nonylphenols are not used in any cleaning

processes. She does not say anything at all about cleaning processes. What does she say?

[PlateXV:1 on.] At paragraph4 she says that: “The use of etoxilated nonylphenol in the paper

manufacture industry can be identified, but it is not directly identified with the wood pulp

industry.” Well, if this is intended to suggest th at the use of NPE is not associated with the wood

pulp industry then it is inaccurate, as the European Union law, Directive 2003/53, makes clear.

There is no doubt that nonylphenols ⎯ NPEs also ⎯ are used extensively in the production of

wood pulp, particularly in hardwoods like eucalypt us, which contain a great deal of fact or

lipophilic material which has to be removed to increase the commercial value of the pulp.

[Plate XV:1 off.] [Plate XV:2 on.] At paragra ph 1, Engineer Torres states that “[n]onylphenol and

its ethoxylates are not inherent elements in wo od pulp manufacture processes by the Kraft method

or its bleaching by ECF (elementary chlorine free)”. Again, the statement is ambiguous: if it is

intended to convey the sense that NPE is not used extensively in these activities all over the world,

then it is wrong. Also at paragraph 1, Engineer To rres states that “the plant of Botnia . . . does not

use nonylphenol nor its derivative etholixates in any of its production and wood pulp bleaching

processes”. This is a very curious statement. As I have already explained, NPEs are used in the

cleaning process, not in the bleaching process, and the cleaning process of the wood chips is often

treated as distinct from the “productions... pr ocesses”. Her formulation does not, in any event,

encompass the internal cleaning of the plant. [Pla te XV:2 off.] [Plate XV:3 on.] At paragraph 2,

she states that the Botnia plant “does not genera te nonylphenol nor its etholixate derivatives in any

of its processes”. Again, the wording is ambiguous. The cleaning process of the wood chips or of

the plant would never “generate” NPEs: such pr ocesses use products that contain NPEs which are - 18 -

then discharged into the effluent. [Plate XV:3 off.] It is also striking that Engineer Torres does not

indicate on what basis she expresses even these limited views. She does not claim to have direct

personal knowledge or experience of these particular technical matters; she does not work at the

Botnia plant. One can only assume that she must have been in communication with people at the

Botnia plant who are directly involved, on whose views she may have relied. But why does she not

say that in her affidavit? Who did she communicat e with to obtain this limited information? Why

did she not settle the issue once and for all by pr oviding a detailed account of the various cleaning

processes and a full list and complete details of each and every chemical in all quantities and in all

preparations used in the cleaning activities, at all times, since November 2007? Her affidavit raises

far more questions than it answers.

14. In any event, given the statement and its ambiguities, Argentina asked

Professor Colombo to review his findings and to carry out further assessments, which he has done.

He has told you that he confirms his earlier findings, and we rely on his findings. They provide, we

say, compelling evidence that NPEs have been discharged into the river by Botnia, in contradiction

to the assurances on EU law that were given to the Court back in 2006. We note that Uruguay will

not be calling EngineerTorres as a witness, as it has not availed itself of the right it had ⎯ “in

sufficient time before the opening of the oral proceedings”, as Article 57 of the Rules puts it ⎯ to

call her, the right to call her as a witness. Maybe we will hear from counsel for Uruguay next week

on the subject of nonylphenols. In the meantime, Ar gentina has taken steps to identify an expert in

nonylphenols ⎯ not an easy task ⎯ to obtain an independent report which can assist in getting to

the truth on this issue.

15. While I am on the subject of witnesses and Article57, you will see that

Mr.NeilMcCubbin is listed as a member of the Uruguay delegation as a scientific adviser and

expert. We were surprised to see his name so lis ted, because he was retained by the International

Finance Corporation to provide independent ⎯ independent ⎯ expertise to that international

organization on issues relating to the authorization of the plant, that are now in dispute. He, too,

has not been called as a witness by Uruguay. Given the role that he has played working with the

International Finance Corporation on matters directly before you, we assume that it is not intended - 19 -

that he will take the floor before the Court next week, wearing a different hat from the one that he

wore in relation to his work as an independent expert at the IFC.

16. Now on the basis of the ev idence available, we invite the Court to conclude that the

increased concentrations of nonylphenols in the river ⎯ together with other pollutants ⎯ are due

to discharges from Botnia and in violation of Artic le36 of the Statute. By taking steps to bypass

CARU, by failing to engage with its obligation to co-ordinate with Argentina, to avoid changes to

the ecological balance and to control harmful effe cts, and by failing to provide information to

Argentina or CARU as part of a co-ordination pr ocess in relation to these and other of its polluting

discharges, Uruguay, we say, has violated its Article 36 obligations.

(D) Uruguay has failed to prevent pollution, in violation of Article 41

17. I turn now to Article 41, the obligation to prevent pollution, my fourth core argument. If

a decision to allow the discharge of additional nutrients on such a scale into a river that is eutrophic

and suffers from reverse flow and stagnation is no t a violation of the obligation to “protect and

preserve the aquatic environment”, then it is difficu lt to see what would be such a violation. By

authorizing such discharges, for example, of nitrogen and phosphorus, Uruguay is not preventing

pollution: it has failed to prescribe appropriate meas ures in relation to the plant, it has failed to

13
meet applicable international environmental agreements . It has failed to act “in keeping with the

guidelines and recommendations of international technical bodies”, like the EU standards which it

unilaterally declared it would comply with and which declaration Argentina is entitled to rely on,

having regard to the jurisprudence of this Court.

18. The failure to respect the obligation to “p rotect and preserve the aquatic environment” is

not limited to large-scale discharges of nutrients . Argentina is equally concerned about the

discharge of other pollutants that are contained in significant quantities of Botnia’s effluents.

Previous mention has been made of nonylphenols. Iron, copper, chrome, zinc and arsenic are also

being discharged into a body of water that al ready suffers from elevated levels of these

contaminants in this stretch of the river, includi ng in the sediment. The fact that these pollutants

are often not dispersed downstream, particularly in the summer months, means that in the case of

1Including under the 1992 Biodiversity Convention, see paras.3.216-3.219 and the 1971Convention on

Wetlands of International Importance (the Ramsar Convention), see MA, paras. 3.211-3.213. - 20 -

iron, for example, they continue to build up. And that is already happening in measurable

14
quantities . Uruguay’s claim that the operation of the plant has had “no measurable impact” is

simply untenable 15. The presence of contaminants in elevated quantities indicates that Uruguay is

violating several standards 16. And ProfessorWheater’s Second Report noted for example that

upper limits in concentrations of arsenic that we re predicted in the FCIS are “alarmingly high” as

compared with Uruguay’s standards in its own laws, and already exceed standards for

concentrations in sediment, according to DINAMA data 17. Argentina’s more recent monitoring

18
indicates persistently high levels of iron in water and sediment . And the evidence indicates that

this is a direct result of discharges from Botn ia. As you heard from Professor Colombo, increased

concentrations of dioxins and fu rans are being observed in the important Sabalo fish species, as

19
well as in data on sediments, water quality and clams . Now whilst these have been at relatively

low level, the warning signs are there to indicate a rapid and progressive accumulation in sediments

and biomass.

19. As regards air pollution, we submit that the emissions into the atmosphere are covered by

the obligations imposed in Article 41. The plant is discharging measurable quantities of furans and

dioxins and other airborne pollutants that are being deposited directly into the river. The regular

20
and repeated incidents causing hydrogen sulphides to be present in detectable levels in Argentina

interferes with the recreational uses of the river, which is covered by the Statute.

20. Finally in relation to Article41, Uruguay is violating its obligations in relation to the

protection of biodiversity. The pollution impacts on the Ramsar site, on fish and on rotifers,

amongst others, all give rise to violations of th e Statute. We remind the Court that DINAMA

14New Documents Submitted by Argentina, 30June2009, Vol. I, Executive Summary, para.6 of “Results” and

Sec. 4.3.2.2.
15RU, para. 1.2.

16RA, para. 4.166, and Anns., Vol. III, Ann. 44, the Second Wheater Report.

17RA, para. 3.96.
18
New Documents Submitted by Argentina, 30June2009, Vo l.I, Executive Summary, pa ra.6 of “Results” and
Sec. 4.3.2.2.
19
Ibid., Chap. 3, Executive Summary, paras. 7 and 8, and in particular Secs. 2.2 and 3.6.
20
See New Documents Submitted by Argentina on 30 June 2009, Executive Summary, subpara. 1 and Chap. 1, in
particular Secs. 2.1, 2.3, 2.4, 3.2, and 4.3.2. - 21 -

expressed serious concerns about the plant’s impact on fish, back in 2005 21. The evidence now

shows that DINAMA was right. But, once again, DINAMA was ignored.

(E) Uruguay has violated Article 1

21. Finally, I can say something briefly on Article1. It requires Uruguay to contribute to

“the optimum and rational utilization of the Rive r Uruguay”, strictly observing its obligations

arising from treaties and other international agreemen ts in force for it. By failing to co-ordinate

with Argentina on measures necessary to avoid ecological change, and by failing to take the

measures necessary to prevent pollution, Uruguay has also embarked on a path that necessarily

means that it cannot meet its obligation of contributing to the “optimum and rational utilization” of

the river.

V. C ONCLUSIONS

22. I will now conclude. This Court is the final arbiter of the meaning and effect of

Articles1, 36 and 41 of the Statute. That imposes a particular responsibility to be exercised of

course in the context of the Court’s important ju risprudence on these kinds of issues. It does

requires the Court to get involved with issues and with facts that are not altogether free from

technical complexity. But when all is said and do ne, there is an essential truth that weaves its way

through these statutory obligations. Their drafte rs wanted to protect and preserve the aquatic

environment of the River Uruguay, and to preven t the pollution of the River Uruguay in harmful

quantities. They wanted to avoid any ecological change to the river. And they wanted to ensure its

rational and optimal utilization. Both Uruguay and Argentina accepted these commitments as

international legal obligations, and for more than 30 years the system that was put in place worked

reasonably well, even if it did not work perfectly. It seems clear, on the basis of the evidence, that

allowing the plant to continue to operate and dischar ge at this location, to make discharges on this

scale at this place, will fundamentally and irreversibly change the character of the river. The issue

of reverse flows and stagnation, on which Dr.Raggio has done such admirable work, cannot be

solved by quick, technical fixes. And so it seems that the Court is at something of a crossroads.

21
CMU, Anns., Vol. II, Ann. 20, p. 25. - 22 -

Faced with a far-reaching environmental case, where, as our American friends would put it, “the

rubber really hits the road”. Argentina trusts th at the Court will fulfil its mandate and protect the

river. Argentina invites the Court to rule that Uruguay has violated Articles1, 36 and 41 of the

Statute and to draw all the necessary consequences.

23. Mr.President, Members of the Court, I am deeply grateful for your kind attention, and

invite you to call Professor Wheater to the Bar.

The VICE-PRESIDENT, Acting President: Thank you, ProfessorSands. And I invite

Professor Wheater to address the Court. You have the floor, Sir.

Mr. WHEATER: Thank you, Mr. President.

XV. T HE MANIFEST INADEQUACY OF U RUGUAY S MONITORING
AND ENVIRONMENTALIMPACT ASSESSMENT

Opening statements

1. Mr.President, Members of the Court, you heard yesterday from ProfessorColombo

(CR2009/14) the key results of Argentina’s comp rehensive monitoring programme. I hope that,

like me, you were impressed with the scope of th is work, its scientific quality, and the power of

modern forensic science to identify the beginning s of long-term damage, as well as the immediate

gross effects of pollution. From my experience of providing advice on major river and

water-related environmental issues to the British and other governments, States, the United States,

and international bodies such as Unesco, I can say, without reservation, that this is work of the

highest international quality and unprecedented in its comprehensive approach.

2. However, despite the sophistication of the science, the basic messag es are rather simple.

To undertake an adequate environmental impact assessment, or to design an appropriate monitoring

programme, it is necessary to build on a proper understanding of the natural system. Argentina’s

science programme has shown clearly a set of th e most basic flaws in Uruguay’s appreciation of

the functioning of the natural system. These ar e not points of detail on which reasonable people

can disagree. And the most simple and elementary measurements, which should have been part of

any credible assessment, would have shown the error in these fundamental underlying assumptions. - 23 -

I turn first to the environmental assessments made by Botnia and Uruguay, and then move to

Uruguay’s monitoring programme.

The inadequacies of Uruguay’s environmental assessment

3. I begin with environmental assessment and with air. I remind the Court of the assurances

given by Botnia and the World Bank. The draft CIS states: “Wind data from

Gualequaychu . . . suggest winds are predominantly from the north or north-east, with winds of

secondary importance from the south-east and south.” 22 The clear implication is that prevailing

winds will take any air pollution away from Arge ntina. We recall Argentina’s measurements ⎯

23
the prevailing winds are towards Argentina for 72 per cent of the time . I return to the monitoring

implications later.

4. Air quality impact assessment depends on wind and, as ProfessorColombo has shown,

also on atmospheric mixing. I remind the C ourt of the assurances from the World Bank’s

consultants. The CIS concluded that:

“The predicted change in air quality at the city of Gualeguaychú, for all
parameters, is predicted to be far below the respective am bient air quality, indicating
no potential for human health effects or odour-re lated effects . . . This change will be
24
imperceptible to the residents of Gualeguaychú.”

The Court has heard from ProfessorColombo of the repeated observations of odour and other air

25
pollution at Gualeguaychú and its surroundings , and of the impacts on the city’s residents. These

effects should have been appare nt from proper meteorological studies with appropriate data

support. The effects are clearly totally unacceptable to the residents and their tourist industry. So

much for Uruguay’s assurances regarding air quality.

5. I turn now to the river. As we have heard from Professor Sands and Professor Colombo, a

critical issue is the river flow régime and, in pa rticular, the interaction between the flow and wind

and tidal effects. The draft CIS noted

“On rare occasions, reverse flows of surface waters have been briefly recorded
at Fray Bentos. These flows occur when flows in the RiverUruguay are extremely

2Malcolm Pirnie, Cumulative Impacts Study, Dec. 2005, p. 21.
23
New Documents Submitted by Argentina, Vol. I, Scientific and Technical Report, 30 June 2009, Chap. 1, p. 10.
2EcoMetrix Cumulative Impacts Study, Sep. 2006, para. 4.39.

2New Documents Submitted by Argentina, Vol. I, Scientific and Technical Report, 30 June 2009, Chap. 1, p. 47. - 24 -

low, spring high tides are present in Rio de la Plata, and winds are blowing strongly
from the south or south-west . . . these rare events of reverse flow last only for a few
hours.” 26

Argentina has consistently pointed out that this is incorrect and clearly demonstrated with

observations the high frequency of flow reversals 27. A simple measurement of velocity, including

flow direction, is not a complicated issue ⎯ Uruguay needed only to install basic monitoring

28
equipment to show the effects that Argentina has observed .

6. In fact, the environmental impact assessme nts carried out by Botnia and the IFC relied on

modelling the flow ⎯ and the same modelling in both assessments. This is not the time to enter

into a detailed critique of that work; that can be found in the second report by Dr.McIntyre and

29
myself . Suffice it to say that the EIA relied on uncr itical modelling with inadequate data. No

attempt was made to measure the most basic information, including the bathymetry. It is not

therefore surprising that the model was grossly inaccurate and inappropriate to represent the effects

of flow reversals.

7. The implications of this fundamental error are severe. As you have heard, the river is

vulnerable to the huge volumes of pollution discharge d by the mill, and for significant periods of

time, precisely when the river is particularly vulnerable due to low flows, the dilutions predicted by

Uruguay do not occur. We have seen multiple strands of evidence from ProfessorColombo that

show the accumulation of Botn ia’s effluent during February 2009, and the unprecedented

consequences in terms of eutrophication 30. These include the presence in the bloom of processed

eucalyptus wood fibres, of the klebsiella bacteria, which are a characteristic of wood pulp, elevated

nonylphenol levels, and high sodium and AOX.

8. It is not only the present flow conditions that have been misinterpreted. Professor Sands

has shown the Court the magnitude of the chang es that have taken place to the river morphology

26
Malcolm Pirnie, Cumulative Impacts Study, Dec. 2005, p. 24.
27
New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scien tific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.2,
pp. 5/20-12/20.
28First Wheater Report, MA, Ann. 5, Vol. 5, p. 226.

29Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, Sec. 3.6.

30New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scien tific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.4,
p. 115. - 25 -

31
over recent decades . It should be obvious to any informed scientist that rivers can change their

form, and that for this type of environment, such changes can be rapid, certainly over the lifetime

of a major investment such as the Botnia mill. This may be 40 years of operation followed by its

legacy of pollution. Why does this matter? Firs tly, because changes of form of the main river and

the Bay affect flow velocities and hence effluent dilution. Secondly, because they arise due to

changing patterns of sediments ⎯ through erosion and deposition. And pollutants from the mill

are occurring and will continue to accumulate in the sediments.

32
9. As my colleague Dr.McIntyre and I noted in our earlier report , the treatment of

sediments and the associated accumulation of pollutant s have been almost totally neglected in the

various environmental assessments by Botnia and Uruguay. ProfessorColombo on Wednesday

(CR2009/14) has shown the early evidence of the accumulation of nonylphenols in river

sediments. However, Argentina’s science report of June 2009 gives much more detail, including

33
results for dioxins and furans .

10. And finally, we have seen from Professor Co lombo the first signs of impacts on the river

ecology, on fish, zooplankton and clams. Such effects should have been predicted from the

extensive independent scientific literature on the international experience of pulp mills, some of

which I cited in my speech on Monday (CR 2009/12). DINAMA recognized the potential for

34
harm . Botnia and the World Bank’s consultants chose to ignore it, or to rely on monitoring to

detect these effects. Which brings me to the subject of Uruguay’s monitoring programme.

The inadequacies of Uruguay’s monitoring

11. Mr. President, Members of the Court, you heard yesterday from Professor Colombo what

Argentina’s comprehensive monitoring programme , based on state-of-the-art scientific methods,

has revealed. It is now my honour to speak to you about Uruguay’s monitoring. Monitoring is of

central importance to Uruguay’s case. Uruguay ha s consistently argued that its monitoring has

31New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scien tific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.2,

p. 2/20.
32Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, Sec. 3.10.

33New Documents Submitted by Argentina, Vol.I, Scien tific and Technical Report, 30 June 2009, Chap.3,
pp. 42-43.

34DINAMA Environmental Impact Assessment Report for the Botnia Plan t (11 Feb. 2005), e.g., p.20, p.25.
CMU, Vol. 2, Ann. 20. - 26 -

been “comprehensive” , that monitoring can be relied on to indicate any adverse effects, and,

36
based on the monitoring results, that no adverse effects have been observed . We now know that

Uruguay’s position on each of these aspects is wrong and that adverse effects do exist;

examination of Uruguay’s monitoring reveals that its conclusions are fundamentally flawed.

12. Firstly, Uruguay’s monitoring is totally inad equate in terms of parameters measured, and

the frequency and location of sampling. This failu re means that Uruguay’s results cannot be used

to contest the much more comprehensive Ar gentinian results which ProfessorColombo has

summarized. Secondly, Botnia has failed to meet the monitoring recommendations and

commitments made in the Cumulative Impacts Study and the DINAMA authorization to operate,

and Uruguay has condoned this. And thirdly, Urugua y’s reporting of results is misrepresentative,

concealing significant adverse impacts which its limited programme has nevertheless detected.

13. Focusing on these critical scientific and pro cedural failures, I will demonstrate now that,

in the context of good scientific practice and in ternational impact assessment, Uruguay’s pre- and

post-operational monitoring cannot be considered anything other than manifestly inadequate.

Uruguay’s monitoring is not capable of detecting the initial adverse impacts of the pulp mill

14. I turn first to the inadequacy of Urugua y’s monitoring to detect the initial adverse

impacts of the pulp mill. The success of any e nvironmental monitoring programme depends on its

ability to detect significant impacts if they are presen t. In the case of the pulp mill, initial harmful

effects of a growing pollution problem can only be detected by a well-designed monitoring

programme, based on an appropriate understanding of the system to be observed. I will now

provide specific examples to illustrate why Uruguay’s monitoring is wr ongly designed and cannot

be relied upon to detect the harmful impacts of Botnia.

15. Initial impacts from pulp mills often occur in episodes, lasting from hours to days, for

example, in periods of high emissions. It is obvious that monitoring only once every two months

as Uruguay has typically done for water quality will have negligible chance of detecting such

impacts. Argentina has undertaken intensive sa mpling, including continuous monitoring of the

35
E.g., CMU, para. 4.46.
3RU, para. 4.59. - 27 -

37
river water quality . Uruguay has never, at any point in the impacts assessment procedure,

invested in such extensive monitoring of the rive r and, as a consequence, not only has it failed to

detect episodic impacts, it has failed to develop the understanding of how the river behaves that is

necessary to assess the risks posed by the pulp mill.

16. Harmful impacts of the pulp mill may be very noticeable in some locations, but not

apparent in others. In this case, multiple or m obile monitoring stations are required. There are

38
many examples of Uruguay’s failure in this respect . The most obvious is the air quality

monitoring, for which Uruguay has just two fixed sites which only measure pollution from west or

north-west winds. In contrast, Argentina has measured air quality at an array of points in Argentina

39 40
using portable equipment , and supplemented by simulation modelling . These not only give the

full distribution of air quality impacts in Argentina, but also allow for the attribution of pollution to

the Botnia source.

17. Furthermore, the Botnia pulp mill has negative impacts on the ecosystem which have not

been measured and therefore not detected by Uruguay. The failure of Uruguay to measure

nonylphenols and other toxic substances associated with pulp mills has already been highlighted by

ProfessorColombo. Without this information, Uruguay cannot adequately evaluate the impact of

the mill on the ecosystem. Another basic flaw in Uruguay’s monitoring is the failure to measure

soluble reactive phosphorus (SRP) after the mill st arted operating, because SRP is the main cause

41
of algal blooms in this and most other vulnerable rivers . Without monitoring this nutrient,

Uruguay has not detected the increasing concentrations, and has not therefore assessed the impact

of the mill on eutrophication risk. Fortunate ly, Argentina has monitored soluble reactive

42 43
phosphorus levels , finding them to have doubled in the region of the mill’s discharge site .

37
New documents submitted by Argentina, 30 June 2009, Vol. I, Scientific and Technical Report, Chap. 3, p. 2.
38See the Second Wheater Report, RA, Vol. 3, Ann. 44, para. 3.13.

39New documents submitted by Argentina, 30June2009, Vo l.I, Scientific and Technical Report, Chap.1,
pp. 16-27.

40Ibid., pp. 43-59.

41For example, see: Jarvie, H.P., Neal, C., Withers, P.J.A. “Sewage-effluent phosphorus: A greater risk to river
eutrophication than agricultural phosphorous?”, Science of the Total Environment, 2006, 360 (1-3), pp. 246-253.

42New documents submitted by Argentina, 30 June 2009, Chap. 3, p. 30.
43
Ibid.; compare with pre-operational data in New docum ents submitted by Uruguay, 30June2009, Ann.S7,
App. A, TA.4. - 28 -

18. Another reason why Uruguay has not detected impacts is because they do not have an

integrated monitoring programme in which water quality sampling is coincident with sampling the

food chain ⎯ algae, zooplankton, benthic biota, fish, and amphibians. This is called an

44
‘ecosystematic’ approach and was recommended by DINAMA early in the EIA process .

Argentina adopted the recommendation, but Uruguay ignored it. For example Argentina’s

monitoring has identified the dependency of pla nkton populations on temperature and nutrients,

45
and the dependency of fish health on the plankton abundance and toxicity . In contrast, Uruguay

has not attempted to look for connections be tween the deteriorating water quality and the

ecosystem impacts. The limited bi-annual fish monitoring programme is inadequate to characterize

the natural variability in the system 46, let alone the effects of the mill. We note no mention by

Uruguay of the stress observed in fish, due to the algal bloom of February2009, reported by

47 48
Argentina . We also note that Uruguay’s recent conclusions of no harmful effects on fish are

based on detailed analysis of only two species (a small catfish, and a small lagoon predator) which

are of marginal relevance. Neither are dominant in the main channel, or feed on organic detritus, as

does the sabalo. Curiously, while the sabalo has been sampled by Uruguay in all campaigns, and

the baseline reports include data for dioxins in sabalo, the latest reports include no such

information, despite the fact that detailed analysis of bile has been carried out for these fish.

19. In some cases, Uruguay has detected dete riorations in water quality but asserted that

these are not linked to the pulp mill, without providing any supporting evidence. For example,

Uruguay has argued that the algae bloom observe d in February2009 was not due to the mill,

speculating that the mill effluent could not travel so far upstream, without providing any significant

49
evidence to support this speculation . In contrast, Argentina’s argument ⎯ that the unprecedented

magnitude of the algal bloom in the vicinity of Botnia is associated with the mill ⎯ is supported by

44
CMU, Ann. 20, Sec. 6.6.
45New documents submitted by Argentina, 30June2009, Vol. I, Scientific and Technical Report, Chaps.3, 4

and 5.
46Uruguay’s Comments on New Documents Submitted by Ar gentina, 15July2009, Ann.C8, see sampling

variability illustrated in figures 5, 6.
47New documents submitted by Argentina, 30 June 2009, Vol. I, Scientific and Technical Report.

48New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, Ann. C8, 8.
49
For example, Uruguay’s Comments on New Documents S ubmitted by Argentina, 15July2009, Part1,
para. 1.8. - 29 -

hydrodynamic studies and the measurement of chemical and biochemical indicators of pulp mill

50
effluent within the algal bloom . On this point, and many others, Uruguay finds itself with no data

to contest Argentina’s conclusions.

20. Mr.President and Members of the Court, my assessment of the monitoring of Uruguay

and Argentina leads me to conclude that Arge ntina’s programme is capable of detecting the

impacts expected in almost two years of opera tion, but Uruguay’s measures are not, because they

were not designed to do so. [Figure1on.] This is clear not only from the detail in the technical

documents, but also from this summary comparison between the monitoring of Uruguay and

Argentina, which reveals that all aspects of Uruguay’s measures, including those done by Botnia,

are minimal compared to the Argentinian efforts. This summary may be seen in your folder.

[Figure 1 off.]

Uruguay has condoned Botnia’s neglect of the recommendations and requirements for
monitoring made within the cumulative impacts studies and

DINAMA’s authorization to operate

21. I will now move on from the inadequacy of Uruguay’s monitoring to detect impacts, to

consider Uruguay’s failure to follow even the recommendations and commitments to monitoring

that were made within the environmental impact s assessment. I will consider in particular the

Cumulative Impacts Study by EcoMetrix and DI NAMA’s authorization to operate. Let us

remember that the IFC has approved the financing of the pulp mill on the basis of the content of

these documents. There are three elements to the monitoring, namely, emissions monitoring,

pre-operational environmental monitoring, and post-operational monitoring.

22. To satisfy the Uruguayan legal requirements for emissions monitoring, continuous

monitoring is required. I quote from EcoMetrix, “Because DINAMA is resp onsible for requiring

four-hour maximum concentration values, con tinuous monitoring techniques should be used

51
wherever possible for the effluent” . This statement from EcoMetrix has two important

implications. Firstly, the effluent quality sta ndards are four-hour maxima, in other words the

50
New documents submitted by Argentina, 30 June 2009, Vol. I, Scientific and Technical Report, Executive
Summary.
5EcoMetrix Cumulative Impacts Study, Se p. 2006, Ann. A, p. A11.4. Also see Ann.D, p.D2.3. Also see
Decree 253/79, Art. 11, CMU, Ann. 6, p. 9. - 30 -

average concentrations over any four-hour period are not allowed to exceed the limit values.

Secondly, to ensure compliance with the regulations, Uruguay needs to take samples every hour or

even more frequently. This is what is meant by continuous monitoring. Uruguay has neglected the

recommendation and failed to make any attempt to assess compliance with the four-hour maximum

regulation for the range of parameters specified by the regulations. Instead, Botnia’s samples are

52
compounded to daily, weekly or monthly averages . DINAMA’s own emissions sampling was

53
even less adequate, reducing from bi-weekly to monthly sampling . In other words, Uruguay’s

emissions data are totally useless for assessing co mpliance with the four-hour maxima requirement

or for identifying pollution incidents. We must therefore be sceptical of Uruguay’s claims

concerning pollution emissions from the mill. The m onitoring of emissions is totally inadequate to

detect it.

23. After Uruguay neglected the requirements which were specifically stated in the

Cumulative Impacts Study, the Court might have expected EcoMetrix to highlight these failures in

their performance reviews. On the contrary, EcoMetrix omitted mention of the four-hour

maximum limits, which they had previously emphasized so much, from their recent reports;

instead they present the requirements as daily maxima limits 54. [Figure 2 on.] The Court can see

in this image that in September2006, EcoMetrix emphasized the four-hourly maximum

requirements and then, after Uruguay failed to ensure compliance, in July 2008 EcoMetrix changed

the presentation of the requirement to a daily average maximum. [Figure 2 off].

24. Having considered methodology and sampling frequency, I now turn to what substances

have been measured in the emissions. In this respect, the adequacy of the monitoring is also

55
questionable. For example, the emissions data reported by EcoMetrix neither cover all the

56
contaminants stipulated by DINAMA in the authorization to operate , nor all those which Botnia

52New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, Ann.S2, Emission Control and Environmental

Performance, p. 11/33.
53Ibid., p. 4/33.

54New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, Ann.S7, EcoMetrix Environmental Performance
Review 2008 Monitoring Year, March 2009, T3.1.

55Ibid.
56
Decree 253/79, Art. 11; CMU, Ann. 6, Art. 11, pp. 7-9; MVOTMA Initial Environmental Authorisation for the
Botnia Plant (14 Feb. 2005), CMU, Ann. 21, paras. y and z. - 31 -

57
committed to monitor before they started operations . For example, lindane is one of the toxic

chemicals which must be monitored in order to demonstrate compliance with the authorization to

58
operate . As you heard from ProfessorColombo, lindane is present in samples of the pulp from

the Botnia mill, and therefore it is reasonable to assume that lindane is present in the wastewater

emissions and that it is having toxic effects in the River Uruguay. Uruguay has no data to contest

this because it has failed to fully implement the re quirements of the authorization to operate. This

failure extends to a list of 14toxic organic compounds which may be present in the pulp mill

59
waste . Botnia committed to monitoring more than 47effluent water quality parameters, but

only 34 are reported. The inadequacy of the emis sions monitoring extends to air emissions. For

example, DINAMA stated that monitoring of polych lorinated biphenyls is the responsibility of the

60
developer , but there is no evidence that Botnia has met this requirement.

25. I turn next to Uruguay’s failure to impl ement credible pre-operational monitoring of the

environment. Pre-operational monitoring is important because, alongside the impact of the mill,

the water quality of the River Uruguay will vary depending on a range of environmental factors,

including the flow rate and direction, the temperature, and pollution from agriculture, people and

industry. Adequate pre-operational monitoring would allow these background influences to be

measured first, so that the impact of the mill can easily be distinguished. However, this basic

prerequisite was not provided by Uruguay.

26. Both DINAMA and the Hatfield Report cr iticized Botnia’s pre-operational monitoring

plans, calling for significant additional work. In February 2005, DINAMA concluded:

“The monitoring activities established in the approved monitoring and
follow-up plan shall begin with a period of time sufficient to have at least one year of
61
implementation of the measures before the beginning of the construction stage.”

But this would have delayed the start of the construction of the mill, and the recommendation was

overruled by the Uruguay Government: the requirement was reduced to 12months before

57
EcoMetrix Pre-Commissioning Review, Nov. 2007, T10.2.
58
Decree 253/79, Art. 11, CMU, Ann. 6, Art. 11, pp. 7-9; MVOTMA Initial Environmental Authorisation for the
Botnia Plant (14 Feb. 2005), CMU, Ann. 21, paras. y and z.
59Ibid.

60DINAMA Monitoring Plan for Cellulose Plants in Fray Bentos (May 2007), TF2. CMU, Ann. 39.

61DINAMA Environmental Impact Assess ment Report for the Botnia Plant (11Feb.2005), CMU, Ann.20,
Sec. 8, p. 3, para. 13. 2. - 32 -

62
beginning of operations . The Court can see that it is not only Argentina who thinks that the

construction was rushed into without adequate environmental data: Ur uguay’s own environment

agency thought so too.

27. Even Botnia’s own monitoring contractors, CELA, called for more extensive

pre-operational monitoring: “It must be extended in an adequate temporal scale to register the

processes that regulate the dynamics of the biologi cal communities, in order to compare it with the

63
later monitoring information.” Unfortunately the Court does not know the details of CELA’s

recommendations for extending the monitoring, as the subsequent pages have been deleted from

Uruguay’s documents as included at Annex 31 of the Rejoinder 64. Nevertheless, clearly the more

extensive sampling of biological communities recommended by CELA was not done: Uruguay

now admits that it cannot interpret recent data due to the inadequacies of the pre-operational

monitoring 65.

28. The inadequacy of the post -operational monitoring is also a common theme throughout

the documentation before the Court. Botnia’s proposals for monitoring the River Uruguay water

quality and ecosystem came under criticism as inadequate from both DINAMA and the IFC

66
consultants . In light of the various inadequacies, EcoMetrix recommended water quality

monitoring to be done by Botnia 6. These recommendations were not followed ⎯ the monitoring

of water and sediment quality eventually committed to by Botnia was approximately half of that

68
recommended . Botnia then failed to meet its minimalist commitments. It committed to

monitoring 72 water quality parameters 6. [Figure3on.] This commitment is explicit in the

EcoMetrix report as shown in the figure before you. In fact, Botnia has reported only six water

62
MVOTMA Initial Environmental Authorisation, para. m, CMU, Ann. 21, p. 5.
63CELA Report “Establishment of a baseline for phytopl ankton, zooplankton and benthic communities in the

Uruguay River (from Nuevo Berlín to Las Cañas) Río Negro ⎯ Uruguay”, RU, Ann. 31.
64Ibid., pp. 14-19 are missing from the report.

65New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of
Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, p. 14.

66DINAMA Environmental Impact Assessment Report for the Botnia Plant (11 Feb. 2005), CMU, Ann. 20, p. 20;
also Second Hatfield Report, pp. 2, 18, 19, 22, 23, 24.

67EcoMetrix Cumulative Impact Study, Sep. 2007, Ann. D, pp. D7.1-7.17.

68EcoMetrix Pre-Commissioning Review, Nov. 2007, T10.4. Also Second Wheater Report, RA, Vol.III,
Ann. 44, para. 3.13.
69
EcoMetrix Pre-Commissioning Review, Nov. 2007, T10.4. - 33 -

70
quality parameters . [Figure 3 off.] DINAMA has also failed to deliver on its commitments, for

71,72
example, implementing only one half of the sediment quality monitoring originally proposed .

Furthermore, Hatfield’s requirements for a “detailed air-monitoring programme” has been

completely disregarded ⎯ the two air quality sites established by Uruguay are clearly ineffective at

sampling the areas exposed to the mill’s plumes.

Uruguay’s monitoring reports have neglected and dismissed
significant impacts and pollution incidents

29. Mr.President, Members of the Court, I demonstrated that Uruguay’s monitoring is

inadequate on the basis of its objectives and its design. Then I demonstrated that Uruguay has

failed to follow even the recommendations and commitments made in the Cumulative Impacts

Study and the DINAMA authorization to operate. I will now demonstrate that Uruguay’s reporting

of results, by omission and misrepresentation, conceals the significant adverse impacts which exist.

There are many serious deficiencies in Uruguay’s reports ⎯ here I can cover just a few.

30. To start with, let us consider the massiv e chlorate pollution incident which started in

November2007. In 2005, Uruguay had predicted th at chlorate concentrations in the pulp mill

73
effluent would never exceed 3mg per litre, 3mg per litre . [Figure4on.] However, following

inadequate wastewater treatment, the maximum value of chlorates measured in the emissions by

DINAMA was actually 109mg per litre 74, more than 35times higher than promised by Uruguay.

75
DINAMA’s own data show that this pollution spill continued for ten weeks . Why has neither

EcoMetrix nor DINAMA commented on this astoundi ng pollution incident? Safe environmental

limits for chlorate are around 0.015 mg per litre according to Uruguay 76. Even if we assume a very

70The post-operational river water quality data presented by Uruguay in the New documents of 30 June 2009 are

DINAMA and OSE data. Botnia’s post-ope rational data (6 parameters) are repo rted in “Uruguay river monitoring 2009
Botnia, Fray Bentos mill Uruguay”www.botnia.com/en/default.asp?path=204;1490;2203;2232 (accessed 17 Aug. 2009).
71DINAMA Monitoring Plan for Cellulose Plants in Fray Bentos (May 2007), TF2. CMU, Ann.39, App.B,

para. B3.
72New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of

Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, p. 1/4.
73GTAN document GTAN/DU/20/04-11-05, CMU, Ann. 139.

74New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of
Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, T4, p. 19/33.

75Ibid., Graph 11, p. 14/33.
76
GTAN document GTAN/DU/20/04-11-05, CMU, Ann. 139. - 34 -

large dilution in the river of 1:1000, which our colleagues from Uruguay would prefer, the

concentration of chlorate in the River Uruguay during the peak of the incident would still have

been seven times higher than the safe levels. [Figure 4 off.]

31. There are many equally serious deficiencies in Uruguay’s reporting. The Court may

recall that AOX is the parameter used internationally to monitor the persistent organic pollutants

associated with pulp mills. After the Botnia plant began operating, a large number of AOX

measurements were astoundingly high and exceeded water quality targets. These are irrationally

77
treated as “extreme values” by DINAMA and then discarded from assessment . Let us consider

what information DINAMA has discarded. [Figure5on.] Concentrations of AOX after the pulp

78
mill began operations have been as high as 11mg per litre whereas the pre-operational levels

were up to a maximum of only 0.022 mg per litre according to DINAMA 79 and only

0.012 mg per litre according to EcoMetrix 80. In other words, the ev idence shows that peak

concentrations of persistent organic pollu tants are 500 to 1,000times higher than the

pre-operational levels. Why has Uruguay decided to discard these data? [Figure 5 off.]

32. Furthermore, the levels of AOX increased substantially in the Fray Bentos treated

81
drinking water, coinciding with consistent increases in AOX in the upstream river water and large

increases in the associated sediment parameter, EOX 82. This potentially serious health hazard is

neither mentioned in the EcoMetrix report nor in the DINAMA report.

77New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of
Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, p. 38/54.

78New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of
Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, p. 25/54.
79
“La Calidad del agua del Rio Urugua y”, DINAMA, S2e0p0.7,16p..
www.mvotma.gub.uy/dinama/index.php?option=com_docman&task=doc_download&… (accessed
18 Aug. 2009).

80EcoMetrix Cumulative Impacts Study, Sep. 2006, Ann. D, p. D6.10.
81
New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, Ann.S7, EcoMetrix Environmental Performance
Review, 2008 Monitoring Year, Mar. 2009, table 4.4 and fig. 4.2.
82
New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of
Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, fig. 3/48, p. 33/54. - 35 -

83
33. DINAMA’s pre-operational monitoring det ected no EOX in the sediments at all , but

the post-operational monitoring detected EOX co ntamination at all sites with the highest

concentrations near the pulp mill 84. This is clear evidence of the harmful effects of the pulp mill,

and the Court may not be surprised to hear that Uruguay has again suppressed this from the

conclusions of its reports.

34. On two isolated occasions where Uruguay h as recognized that the mill has failed to meet

emissions targets, Uruguay dismisses this as being unimportant, and fails to offer any explanation

about why it happened or if corrective measures were put in place. For example, when a pollution

incident occurred in April 2008 and the mill effluent failed to meet the regulations, this was

reported as being “due to a contingency” 85with no other information provided. Where air

emissions have failed the requirements of the authorization to operate, which they have done for

nitrogen oxides, Uruguay’s report dismisses this as being irrelevant because the monitoring station

at LasCa ňas could not detect any pollution at that time 86. But the station at LasCa ňas is not

capable of detecting more than a small fraction of air pollution incidents and therefore its failure to

do so on this occasion does not mean that the incide nt was not serious. Uruguay’s dismissal of the

incident is a deeply unsatisfactory response to a regulatory failure. Furthermore, instead of

requiring any corrective action, Uruguay tried to convince the Court that these particular

requirements of the authorization to operate do not need to be taken seriously 87.

35. I could continue at length exposing further omissions and misrepresentations in

Uruguay’s reporting of the monitoring results. But I think the inadequacy of Uruguay’s reporting

has been adequately demonstrated.

83“La Calidad del agua del Rio Uruguay”, DINAMA, Se2p0.07, 1p6., “no se
detectaron EOX en ninguna de las estaciones monitoreadas”

www.mvotma.gub.uy/dinama/index.php?option=com_docman&task=doc_download&… (accessed
18 Aug. 2009).
84
New documents submitted by Uruguay, 30 June 2009, A nn.S2, Performance Report for the First Year of
Operation of the Botnia Plant and the Environmental Quality of the Area of Influence, fig. 3/48, p. 33/54.
85Ibid., p. 29/33.

86Ibid.

87Ibid. - 36 -

Concluding statements

36. Mr.President and Members of the Court, I now come to the end of my pleading with

these conclusions.

37. Neither the environmental assessments of Botnia and CIS nor the monitoring programme

of Uruguay has been based on an appropriate level of understanding of the natural system into

which Botnia discharges its massive pollutant load . As ProfessorColombo explained yesterday,

this has led to the most basic errors in characterization of the movement of pollutants in both the air

and water environments. Flawed environmental assessments, based on inadequate information, led

to gross errors in the predicted effects of air and water pollution.

38. The emissions and environmental m onitoring programme provided by Uruguay has

serious scientific and procedural flaws. On monitoring emissions, the evidence shows that

Uruguay’s monitoring is inadequate for detecti on of most pollution incidents, and Uruguay has

condoned Botnia’s failure to meet the requirements of the authorization to operate and

commitments which were made prior to operations . On monitoring the environment, Uruguay’s

pre-operational monitoring was totally inadequa te to characterize the baseline conditions and

Uruguay now finds itself unable to interpret much of its post-operational data. Knowing from the

international experience that harmful impacts were inevitable, Uruguay designed a post-operational

monitoring programme which does not attempt to obser ve those impacts. It is not surprising that

Uruguay has missed the impacts detected by the much more comprehensive Argentine monitoring

programme. And where Uruguay’s monitoring has detected negative impacts, its reports attempt to

conceal this by omission and misrepresentation.

39. With this evidence, I submit to the Court that Uruguay’s monitoring, within the context

of an international impacts assessment, cannot be considered anything other than manifestly

inadequate. Such is its inadequacy that Uruguay is now left with no credible arguments to contest

the fact that the pulp mill has caused significant adverse environmental impacts.

Mr. President, thank you very much for your attention. With your permission, I would like

to invite my colleague, Mr. Daniel Müller, to take the floor.

The VICE-PRESIDENT, Acting President: Thank you, ProfessorWheater. Je passe la

parole à M. Daniel Müller. Vous avez la parole, Monsieur. - 37 -

M. MÜLLER :

XVI. L ES MESURES DE MONITORING PROPOSEES PAR L ’URUGUAY NE PEUVENT PAS
L’EXONERER DE SA RESPONSABILITE INTERNATIONALE

1. Monsieur le président, Messieurs les juges, c’est un honneur et un plaisir de se présenter

devant la Cour mondiale. Il me revient à présent de démontrer que les mesures de monitoring

actuellement entreprises par l’Uruguay, ou par Botn ia elle-même, ne sauraient dégager la Partie

défenderesse de sa responsabilité ou mettre fin, par miracle, aux violations du statut de1975.

L’Uruguay n’a pas notifié la Par tie argentine des projets d’usines de pâte à papier à travers la

CARU et n’a pas non plus transmis toute l’info rmation requise conformément aux obligations qui

lui incombent en vertu des articles 7 et 8 du statut du fleuve 88. Le professeur Sands vient de vous

démontrer que l’Uruguay a également violé ses obligati ons de prévenir toute pollution du fleuve et

toute modification de son équilibre écologique.

2. L’Uruguay a beau répéter sans cesse qu’il «has an obvious interest and responsibility to

ensure that the plant continues to operate to the highest environmental standards [and that i]t will

therefore continue vigorously to monitor all aspects of the plant’s operations…» 89. Bien sûr la

Partie défenderesse a l’obligation de surveiller le fonctionnement de l’usine dont elle a autorisé

illicitement la construction et la mise en service. Néanmoins, on ne peut que rester perplexe, pour

dire le moins, face aux soi-disant assurances de la Partie uruguayenne selon lesquelles elle

«will not hesitate to use the full authority available to it under its stringent
environmental laws and regul ations, and the strict conditions of the permits and
licences issued to Botnia, to ensure Botnia’s full compliance with those laws,
90
regulations and conditions» .

3. Cela, Messieurs de la Cour, est la moindr e des choses. Il s’agit là d’une obligation qui

incombe à la Partie uruguayenne conformément aux articlespremier, 35, 36 et41 du statut

de1975: prendre les mesures nécessaires pour prév enir toute pollution du fleuve et de ses zones

d’influence. Cette obligation, vous le savez, n’a pas été et n’est pas respectée. Comme le

professeurWheater vient de vous l’expliquer, les mesures de surveillance et de monitoring

88
Voir CR 2009/13, p. 50-62 (Boisson de Chazournes).
89
DU, par. 1.8 et par. 7.23. Voir aussi CMU, par. 7.43-7.44.
90DU, par. 1.8. - 38 -

adoptées par l’Uruguay sont tout à fait insatisfaisan tes et incapables de détecter les pollutions qui

sont causées par l’activité de l’usine. La preuve indiscutable en a été apportée par les résultats du

programme de monitoring entrepris par l’Argentin e pendant un peu plus d’un an. Ces résultats

montrent clairement que l’usine a d’ores et déjà causé des dommages à la qualité des eaux du

fleuve et à son écosystème, dommages qui n’ont pas été décelés par les mesures de surveillance

uruguayennes. Ce n’est guère étonnant étant donné que ces mesures de monitoring ne satisfont pas

les règles de l’art (par rapport aux lieux, à la fré quence et à la méthodologie des prélèvements et

par rapport aux paramètres et substances mesurés) et que ces mesures n’ont même pas pris en

compte les exigences imposées dans l’autorisation de mise en service accordée à Botnia.

4. Contrairement à ses affirmations, l’Ur uguay n’est donc pas en mesure de détecter

suffisamment à l’avance toutes les formes de pollu tion engendrées par l’usine et encore moins d’y

réagir d’une façon appropriée, contrairement aux obligations internationales découlant du statut

91
de 1975 .

5. Ceci étant dit, Monsieur le président, même une surveillance et un monitoring dignes de

ce nom et conformes aux règles de l’art en la ma tière ne peuvent, de quel que manière que ce soit,

exclure l’illicéité commise à l’encontre du statut ou en réparer les conséquenc es. A en croire ses

écritures, l’Uruguay semble être convaincu, ou essaie de faire croire, qu’un monitoring de la qualité

des eaux du fleuve dans les environs de l’usine Bo tnia peut remédier à l’ensemble des violations

commises ou le dégager de toute responsabilité pour ses faits internationalement illicites ⎯ alors

même que, je vous le rappelle, l’Uruguay doit adopter de toute façon de telles mesures. Avec tout

le respect que je leur dois, nos contradicteurs commettent deux erreurs capitales :

⎯ premièrement, l’objet et le but du statut de 1975 ne consistent pas seulement à réagir à des

dangers pour l’écosystème du fleuve et ses zones d’influence ⎯ comme l’Uruguay essaie de

vous le faire croire, mais surtout à les prévenir ; et

⎯ deuxièmement, un monitoring, même techniquement convenable, ne peut pas effacer, et encore

moins mettre en Œuvre, les obligations découlant de l’illicéité. Ce n’est pas en surveillant un

91
Voir aussi CR 2009/14, p. 35, par. 29-30 (Boisson de Chazournes). - 39 -

fait créé par un acte illicite que l’illicéité s’efface ⎯et c’est ceci la fonction de la

responsabilité en général et de la réparation en particulier 92.

6. Permettez-moi, Monsieur le président, de reprendre ces deux points rapidement et dans cet

ordre.

I. L’Uruguay méconnaît l’objet du statut du fleuve Uruguay

7. La première erreur de raisonnement de l’Uruguay consiste en effet à méconnaître de façon

flagrante l’objectif du statut de1975 en ce qui c oncerne l’utilisation du fleuve et la protection de

son environnement au sens large. Les Parties ne se sont pas seulement engagées à contrôler la

pollution du fleuve résultant de l’utilisation de ses eaux ou de la construction d’ouvrages sur ses

rives et dans ses zones d’influence, mais également, et surtout, à prévenir toute pollution du fleuve.

8. Cet objectif imprègne l’ensemble des instruments juridiques relatifs à la ressource

partagée qui est le fleuve Uruguay. Le professeu r BoissondeChazournes vous en a déjà parlé

93
lundi dernier . Les obligations qui découlent du statut le réaffirment tout autant : il faut informer

et notifier l’autre partie de tout projet suscep tible de causer un dommage à l’environnement, à

travers la CARU; il faut transmettre l’inform ation nécessaire à l’autre partie pour que celle-ci

puisse évaluer l’impact probable du projet sur l’environnement du fleuve ; et il faut prendre toutes

les mesures nécessaires afin de prévenir toute pollution de l’eau et de l’écosystème du fleuve.

9. Les Parties ont donc établi un régime co mplet et novateur caractérisé par des normes

procédurales et matérielles qui donnent à la pr éservation de l’environneme nt du fleuve une place

tout à fait primordiale et cet objectif est loin de se réduire au seul monitoring. L’identification

a priori de tout risque de pollution, nécessaire à l’élimination de toute pollution future, constitue

l’objectif principal de la procédure d’informati on, de notification et de consultation préalables

définie aux articles 7 à 12 du statut. L’Uruguay ne peut pas se délier de ce système très ambitieux

en soutenant lapidairement, dans sa duplique, que «[e]ven perfect procedural compliance in every

94
case is no guarantee that no pollution will ever be introduced into the aquatic environment» and

92 o
Usine de Chorzów,efond, arrêt, 1928, C.P.J.I., série A n 17, p. 47. Voir Annuaire de la Commission du droit
international, 2001, vol. II, 2tie, p. 97, par. 2) du commentaire de l’article 31 (Réparation).
93CR 2009/12, p. 65, par. 5 (Boisson de Chazournes).

94DU, par. 7.26. - 40 -

95
that «[f]or reasons as diverse as life, the unexpected happens» . Mais ce n’est pas la question ! La

procédure prévue dans les articles 7 à 12 du statut n’est pas seulement obligatoire tout comme les

obligations substantielles du statut ; elle permet justement aux deux parties d’évaluer conjointement

les risques qui sont prévisibles pour les éliminer ou les réduire avant qu’ils puissent se réaliser.

10. L’Uruguay ne peut donc pas simplement au toriser, construire et mettre en service une

installation aussi importante que l’usine Botnia sans respecter les mécanismes du statut en

remplaçant ⎯ mal, très mal même comme les résultats du programme de monitoring argentin l’ont

révélé ⎯ les obligations qui lui incombent par le seul engagement d’un monitoring futur. Même si

les mesures de surveillance avaien t été préparées et mises en place d’une façon satisfaisante, agir

de la sorte, Monsieur le président, ce n’est pas la gestion commune du fleuve à laquelle les parties

au statut ont souscrites 96.

11. Messieurs de la Cour, je ne suis pas en train de suggérer que le monitoring ne sert à rien ;

loin de là. L’Argentine reste attachée à une surv eillance aussi complète que possible des effets des

activités humaines sur l’écosystème du fleuve so us condition que ce monitoring soit adapté,

adéquat et conçu pour remplir cet objectif, ce qui, de toute évidence, n’est pas le cas des mesures

mises en place par l’Uruguay. Comme nous l’avons expliqué dans la réplique, l’Argentine a

proposé des modifications nécessaires au système de monitoring institué en 1987 (PROCON) afin

de le remplacer par un programme intégral de contrôle de la qualité environnementale plus

97
adapté . Ce que l’Argentine ne peut pas accepter et la raison pour laquelle elle a refusé de

participer au monitoring des seules eaux dans les environs de l’usine, c’est de se voir imposer une

interprétation trop restrictive du statut de 1975, d’êt re mise devant une tentative de fait accompli et

de voir sa place dans la gestion commune du fleuve réduite au seul contrôle ex post d’une

installation autorisée, construite et mise en service en violation flagrante du mécanisme prévu à cet

98
effet par le statut . Ce n’est pas de la gestion commune , Monsieur le président, c’est tout

simplement sa fin.

95Ibid.
96
Voir article premier du statut du fleuve Uruguay.
97RA, par. 5.17.

98Ibid., par. 5.15-5.20. - 41 -

12. Et ceci me mène au deuxième point de ma plaidoirie.

II. Le monitoring ne peut pas remplacer ou mettre en Œuvre les obligations

découlant des faits internationalement illicites de l’Uruguay

13. La Partie uruguayenne a cru suffisant de soutenir dans sa duplique qu’elle «has never

99
claimed ... that monitoring can be considered a form of remedy» . C’est d’ailleurs certainement le

cas de ses mesures de monitoring qui, contrairement à ses propres affirmations 100, n’ont pas permis

de détecter suffisamment à l’av ance les risques de dommages pour y pallier, comme les incidents

de cet été ⎯ l’été de l’hémisphère Sud, j’entends ⎯ l’ont nettement (et malheureusement) montré.

14. En tout état de cause, le simple fait que l’Uruguay s’engage à détecter tout

dysfonctionnement à l’avenir ⎯ obligation qui lui incombe de toute manière en vertu du statut ⎯

ne le dégage aucunement et ne peut pas te nir lieu de réparation des conséquences des faits

internationalement illicites ⎯le non-respect de ses obligations procédurales et substantielles. Et

pourtant, c’est bien cela que l’Uruguay cherche à établir: le droit de violer ses obligations

d’information et de consultation préalables et son obligation de prévenir la pollution du fleuve et de

son écosystème sous la simple condition que tout dommage causé par l’ouvrage construit

illicitement serait détecté et, s’il le faut, indemnisé conformément aux dispositions des articles42

et 43 du statut de 1975. Mais ce n’est pas ains i que fonctionne la responsabilité internationale pour

les faits internationalement illicites commi s par, et attribuables à, l’Uruguay 101 ; les articles 42

et 43 du statut ne trouvent pas application en ces circonstances.

15. Ces dispositions ⎯ les articles 42 et 43 ⎯ n’établissent qu’un système de responsabilité

objective, «pour dommage» ⎯de «liability» pour utiliser le terme anglais qui montre plus

clairement la différence avec la «responsibility». Il s’agit d’un mécanisme compensatoire pour des

dommages «résultant de la pollution causée par [l es] activités [d’une des parties] ou par celles

menées sur son territoire par des personnes phys iques ou morales», pour utiliser les termes de

l’article42. Même dans le cas où une partie a scrupuleusement respecté les obligations qui lui

incombent, elle reste responsable ⎯ «liable» ⎯ pour les dommages que l’ouvrage cause à l’autre

99DU, par. 7.24.
100
Ibid., par. 7.23-7.24.
101RA, par. 5.24. - 42 -

partie. Pour emprunter les mots du commentaire de la Commission du droit international joint à

son projet de principes sur la réparation des pe rtes en cas de dommage transfrontière découlant

d’activités dangereuses adopté en 2006 :

«[M]ême si l’Etat concerné s’acquitte pleinement des obligations de prévention
qui lui incombent en vertu du droit intern ational, des accidents ou d’autres incidents

peuvent néanmoins se produire et avoir d es conséquences transfrontières entraînant
des dommages et de graves pertes pour d’autres Etats ou leurs ressortissants.

Il importe…que ceux qui ont subi des dommages ou des pertes par suite
d’incidents survenant à l’occasion d’activ ités dangereuses ne soient pas seuls à
assumer ces pertes et qu’ils puissent obtenir une indemnisation prompte et
102
adéquate.»

C’est cela l’objet des articles 42 et 43 du statut du fleuve.

16. Mais, Messieurs de la Cour, l’Uruguay ne peut pas se cacher derrière ce mécanisme

compensatoire. L’Argentine ne cherche pas à ét ablir la «liability» de son voisin, mais sa

responsabilité internationale. Ce tte responsabilité pour fait intern ationalement illicite, c’est-à-dire

pour les violations des obligations incombant à la Partie uruguayenne en vertu du statut, est

fondamentalement différente de la «liability» envisagée par les articles 42 et 43 et ne se contente ni

de la surveillance du fait illicite, ni de la si mple compensation des dommages «éventuellement»

causés ⎯éventualité qui, comme cela a été démontré hier, s’est d’ores et déjà réalisée 103. La

responsabilité internationale assure le retour à la légalité
et ne se limite aucunement à la

compensation.

Le commentaire des articles sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite

précise à cet égard que «[l]a cessation [en tant qu’obligation résultant du fait internationalement

illicite] a pour fonction de mettre fin à la violation du droit international et de préserver la validité

104
et l’efficacité de la règle primaire sous-jacente» . Faire perdurer l’illicéité parce que, soi-disant,

on est préparé à réagir à tout préjudice futur, ne satisfait assurément pas cet objectif essentiel de la

105
responsabilité qui est de «préserver l’état de droit et [de] s’appuyer sur lui» .

102NationsUnies, Documents officiels de l’Assemblée générale, soixante et unième session , supplément n 10,
er
rapport de la Commission du droit international, cinquante-huitième session , 1 mai-9 juin et 3 juillet-11 août 2006,
doc. A/61/10, p. 114, par. 2 et 3 du commentaire général.
103Voir CR 2009/14, p. 37-53 (Colombo).

104 Annuaire de la Commission du droit international , 2001, vol. II, 2 partie, p.95, par.5) du commentaire de
l’article 30.

105Ibid. - 43 -

17. La mise en place d’un système de monitoring, quand bien même il serait techniquement

approprié et correctement exécuté, ne peut pas remplacer les obligations nouvelles qui sont nées

des faits internationalement illicites attribuables à l’Uruguay. Il ne remplace ni l’obligation du

maintien du devoir d’exécuter l’obligation violée (prévue à l’article29 des articles sur la

responsabilité de l’Etat) 106, ni l’obligation de mettre fin au fait illicite (telle qu’énoncée à

l’article30) et encore moins l’obligation de «réparer intégralement le préjudice causé par le fait

internationalement illicite» de l’article 31.

Monsieur le président, Messieurs de la C our, je vous remercie de votre bienveillante

attention et je vous prie, Mons ieur le président, de bien vouloir donner la parole au

professeur Pellet, mais très probablement après la pause café.

Le VICE-PRÉSIDENT, faisant fonction de prési dent: Je vous remercie, MonsieurMüller.

Et c’est vraiment le moment opportun de prendre une pause café. L’audience est suspendue pour

quinze minutes.

L’audience est suspendue de 11 h 25 à 11 h 45.

Le VICE-PRÉSIDENT, faisant fonction de président : Veuillez vous asseoir. L’audience est

reprise. Je donne la parole immédiatement à Monsieur le professeur Pellet. Vous avez la parole,

Monsieur.

M. PELLET : Merci beaucoup, Monsieur le président.

XVII. L A REPARATION

1. Monsieur le président, Messieurs les juges, DanielMüller l’a montré avant la pause, le

monitoring ni sous sa forme actuelle, partielle et pa rtiale, que pratique l’Uruguay ni même s’il était

considérablement amélioré et réa lisait une surveillance effective des effets de Botnia sur le fleuve

et ses zones d’influence, un tel monitoring même ne saurait constituer la réparation appropriée des

dommages résultant des nombreuses violations du statut de1975, attribuables à l’Uruguay. Et

pourtant, Monsieur le président, dès lors qu’un ou des faits internationalement illicites sont

106
Résolution 56/83 de l’Assemblée générale, 12 décembre 2001 (A/RES/56/83), annexe. - 44 -

107
attribuables à un Etat, sa responsabilité est engagée et une réparation est due pour les dommages

108 109
qui en ont résulté . L’Uruguay ne le conteste pas en principe , mais :

⎯ sans surprise, il se défend d’avoir commis de tels faits 110, je ne pense pas, Monsieur le

président, qu’il soit utile d’y revenir à ce stade : nous l’avons montré, la République orientale

d’Uruguay a violé de multiples façons le statut de 1975 (aussi bien ses obligations procédurales

que ses obligations substantielles) ;

⎯ plus curieusement, l’Uruguay affirme que les préjudices invoqués par l’Argentine ne sont pas

111
la conséquence directe des faits internationalement illicites dont il est l’auteur , qu’il s’agisse

des dommages causés au régime du fleuve et à la qualité de ses eaux et des atteintes

corrélatives en résultant pour son écosystème et ses zones d’influence, qu’il s’agisse des

menaces pesant sur la poursuite des utilisations antérieures dans la région de Gualeguaychú,

des effets sur la santé des riverains ou de la gê ne occasionnée pour les habitants et les touristes

112
par l’activité de l’usine Botnia . Cette position n’est pas tenable, mais, comme l’Uruguay

reconnaît que cette question peut être trait ée dans la phase ultérieure de l’affaire ⎯ lorsque la

Cour se prononcera sur le quantum de l’indemnité due à l’Argent ine, je ne m’y arrêterai pas

non plus.

2. Je me concentrerai donc sur les deux points qu’aborde le chapitre 7 de la duplique

uruguayenne et je montrerai :

⎯ dans un premier temps, que les modalités de la réparation (les «remèdes» en franglais) que

demande l’Argentine sont parfaitement appropriées (I) et,

⎯ dans un second temps, qu’en revanche l’Uruguay ne saurait à l’évidence obtenir de la Cour une

déclaration autorisant la continuation de l’exploitation de Botnia (II).

107
Voir les articles premier et 2 des articles de la CDI sur la responsabilité del’Etat (Résolution 56/83 de
l’Assemblée générale, 12 décembre 2001, annexe).
108
Voir l’art. 31, ibid.
109
CMU, p. 478, par. 7.53 ; DU, p. 333, par. 7.26 et p. 400, par. 7.29.
110Voir CMU, p. 478, par. 7.53 ; DU, p. 400, par. 7.29.

111Voir DU, p. 400, par. 7.29.
112
Voir note. MA, p. 361-362, par. 8.29. - 45 -

I. L ES MODALITES DE LA REPARATION DEMANDEE PAR L ’A RGENTINE SONT APPROPRIEES

3. Monsieur le président, les conséquences juridiques d’un fait internationalement illicite,

telles qu’elles sont énumérées par les articles de la CDI sur la responsabilité de l’Etat incluent :

113
⎯ la cessation du fait en question ;

114
⎯ la reprise de l’exécution de l’obligation violée ;

⎯ les garanties de non-répétition 115 ; et, bien sûr,

116
⎯ la réparation intégrale du préjudice causé sous la forme privilégiée de la restitutio in

117 118 119
integrum et, subsidiairement, par une indemnisation ou une satisfaction , lorsque la

restitution est impraticable ou insuffisante.

A. La restitutio in integrum est le remède de principe en cas de violation d’une
obligation internationale

4. Un seul aspect des conclusions argentines ⎯fondamental, il est vrai ⎯ a retenu

l’attention de la Partie urugua yenne: la demande tendant à la restitutio in integrum , qui suscite

120
l’indignation (évidemment fein te) de nos amis uruguayens . La restitution ⎯ c’est-à-dire «le

rétablissement de la situation qui exista it avant que le fait illicite ne soit commis» 121 ⎯ est

cependant le mode de réparation de principe en cas de violation d’une obligation internationale et

elle est, en l’espèce, parfaitement appropriée.

5. Cette primauté de la restitutio est la conséquence logique et inéluctable du principe

fondamental, énoncé par la Cour permanente dans l’affaire de l’Usine de Chorzów, selon lequel «la

réparation doit, autant que possible, effacer toutes les conséquences de l’acte illicite et rétablir l’état

qui aurait vraisemblablement existé si ledit acte n’avait pas été commis» ( Usine de Chorzów, fond,

arrêt n o 13, 1928, C.P.J.I. sérieA n o 17, p.47). Ce principe fondamental est repris à l’article 31

113Art. 30 a).

114Art. 29.
115
Art. 30 b).
116
Art. 31, par. 1.
117
Art. 35.
118Art. 36.

119Art. 37.

120CMU, p. 26, par. 1.41, p. 478, par. 7.53, p. 479-480, par. 7.56 ; DU, p. 385, par. 7.5, p. 386-400, par. 7.29.
121
Art. 35 des articles de la CDI sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite, préc. note 1. - 46 -

des articles de la CDI de 2001. Au surplus, les articles 36 et37, consacrés respectivement à

l’indemnisation et à la satisfaction, établissent cl airement que ce n’est que «dans la mesure où [le]

dommage n’est pas [ou ne peut pas être] réparé par la restitution» que l’ on recourt à ces autres

modes de réparation. Comme l’a écrit la CDI dans son commentaire de l’article35 (sur la

restitution) :

«la restitution est le mode de réparation le plus conforme au principe général selon
lequel l’Etat responsable est tenu d’«effacer» les conséquences juridiques et

matérielles de son fait illicite en rétablissan t la situation qui aurait existé si ce fait
n’avait pas été commis ; à ce titre, elle prime tout autre mode de réparation» 122.

6. Ce n’est que dans la mesure où la restitutio in integrum s’avère matériellement impossible

ou «hors de toute proportion avec l’avantage qui résulterait de la restitution plutôt que de

123
l’indemnisation» , que la réparation peut prendre la form e d’une indemnité se traduisant par le

«paiement d’une somme correspondant à la va leur qu’aurait la restitution en nature» (Usine de

o o
Chorzów, fond, arrêt n 13, 1928, C.P.J.I. série A n 17, p. 47), comme le disait la Cour permanente

dans l’affaire de l’Usine de Chorzów . Or, quoi qu’en dise le défendeur, le démantèlement de

l’usine Botnia ou, en tout cas, la cessation de ses activités, n’est, dans notre affaire, ni

matériellement impossible, ni disproportionné.

B. La restitutio in integrum n’est pas disproportionnée dans le cas d’espèce

7. Pour s’opposer à ce que la Cour décide le démantèlement de l’usine, la Partie uruguayenne

se fonde pesamment sur la distinction rigide qui existerait entre les m odalités de réparation des

violations procédurales du statut d’une part, et de ses violations substantielles d’autre part. Selon

124
elle, les premières ne se prêteraient pas, par principe, à la restitutio , alors que les secondes ne s’y

125
prêteraient pas non plus ⎯mais seulement «dans les circonstances de l’espèce» . Cette

distinction, dans son essence même, n’a pas lieu d’être.

122 e
Rapport de la CDI sur les travaux de sa 53 session, Annuaire de la CDI 2001, p. 103, par. 3) du commentaire
de l’article 35.
123Articles de la Commission du droit international, art. 35 b).

124DU, «Dismantling the Botnia Plant Is Not an Appropriate Remedy for a Procedural Violation of the 1975
Statute», p. 386-394.

125Ibid., p. 394-400. - 47 -

8. L’un des arguments qui justifie la primauté de la restitutio sur toute autre forme de

réparation ⎯ le plus fondamental sans doute ⎯ est que, comme vient de le rappeler Daniel Müller,

l’on ne saurait admettre qu’un Etat responsab le «achète» le droit de commettre un fait

internationalement illicite en paya nt une indemnité au lieu de remettre les choses en l’état. Cette

considération joue aussi bien pour les viola tions d’obligations procédurales que pour celles

présentant un caractère substantiel, les unes et les autres étant d’ailleurs largement

interdépendantes : comme l’a relevé la Cour elle-même, «le mécanisme d’ordre procédural mis en

place aux termes du statut de1975 occupe une place très importante dans le régime de ce traité»

(Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (A rgentine c.Uruguay), mesures conservatoires,

ordonnance du 13juillet2006, C.I.J.Recueil2006, p.133-134, par.81) et il a été contourné

massivement et systématiquement par le défendeur.

9. En premier lieu, le démantèlement doit être la réparation commune des violations du statut

tant procédurales que substantielles, qu’il n’est pas possible encore une fois de dissocier: ce sont

les premières ⎯qui n’ont rien d’«incidentes» 126 (incidental) ⎯ qui ont permis et causé les

secondes. Si l’Uruguay avait suivi les prescriptions procédurales du statut, nous n’en serions pas

là, Monsieur le président : les Parties (ou, en dern ière éventualité, la Cour elle-même dans le cadre

de l’article12) auraient pu apprécier les da ngers excessifs que l’implantation de l’usine à

FrayBentos fait courir à l’environnement du fleuve et à ses zones d’influe nce et l’usine n’aurait

sûrement pas été construite à son emplacement actu el. Car, il ne faut pas l’oublier, même si ces

risques sont d’ores et déjà concrétisés, comme nous l’avons montré, ils persistent à un degré encore

bien supérieur pour l’avenir.

10. En second lieu, il convient de garder très présent à l’esprit le contexte dans lequel le

problème se pose ⎯contexte que l’Uruguay s’emploie à escamoter par un brouillamini de

développements sans rapport avec la question qui nous occupe. L’essentiel, qui s’applique à

l’ensemble des violations du statut commises par l’Uruguay, qu’on les considère comme un tout ou

isolément, qu’elles soient substantielles ou procédur ales, c’est cela : lorsque l’Argentine a fait part

à l’Uruguay de sa prévention à l’encontre du projet, cel ui-ci n’existait encore que sur le papier ; et

126Cf. la citation extraite d’une interven tion de J.Crawford devant la CDI ( Annuaire de la CDI 2000, vol.I,
e
2634 session, 8 juin 2008, p. 183, par. 5)) citée in DU, p. 390, par. 7.11. - 48 -

lorsqu’elle a saisi la Cour, concrètement, les travaux de construction de l’usine Botnia en étaient

encore à leurs débuts, comme l’indiquait l’Uruguay lui-même dans ses observations sur la demande

argentine en indication de mesures conservatoires, «[c]onsiderable construc tion [remained] to be

completed» 127 («il [fallait] encore effectuer des travaux de construction considérables»).

L’Uruguay prétend même qu’à ce moment-là les autorisations nécessaires à la construction (et, à

plus forte raison, à l’exploitation) de l’usine Botnia n’avaient toujours pas été données 128. C’est

donc, Monsieur le président, par rapport à la situation existant à ce moment-là (et non à celle que

l’Uruguay veut faire passer pour un fait accompli) qu’il faut se placer pour apprécier la

proportionnalité de la réparation que demande l’Argentine.

11. Car il ne peut pas faire de doute qu’au moment où il a autorisé les travaux de Botnia,

l’Uruguay était pleinement conscient que l’Argentine contestait la licéité de sa conduite : à vrai dire

il l’était depuis2003 lorsque la Partie argentine av ait fermement protesté contre le projet ENCE.

Et comme l’a rappelé le professeurKohen hier matin, l’Argentine a demandé la suspension des

travaux de Botnia, à peine ceux-ci entamés, dès le 5 mai 2005. L’Uruguay était à plus forte raison

conscient de cela après le dépôt de la requête deva nt la Cour, dans laquelle l’Argentine ne faisait

pas mystère de son intention de demander le rétablissement de la situation antérieure 12. C’est

donc au plus tard à ce moment-là (au moment du dépôt de la requête) qu’il faut se poser la question

de savoir si la restitutio eût été disproportionnée ⎯pas à la date d’aujourd’hui, après que

l’Uruguay, dûment averti des inte ntions de l’Argentine, a délibér ément pris le risque de faire

construire l’usine Botnia et de la laisser fonctionner.

12. L’Uruguay ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque en réponse à nos mises en garde au

130
cours des plaidoiries orales du 8 juin 2006 , son avocat a proclamé :

«it should be for Uruguay to decide whether to risk proceeding with the construction

of the plants in light of Argentina’s claim. If the Court, at the conclusion of the merits

127
Voir les observations de l’Uruguay sur la demande en indication de mesures conservatoires, 8-9 juin2006,
Exhibit 1, p. 10-11.
128
Voir CMU, p. 155-157, par. 3.9-3.13 ; DU, p. 11, par. 1.18, p. 55-58, par. 2.47-2.49. Voir aussi CR 2006/47,
p. 21-22, par. 13-15 (Boyle).
129Voir le paragraphe 25 de la requête et la demande en indication de mesures conservatoires du même jour.

130CR 2006/46, p. 47, par. 32 (Kohen) ou p. 68, par. 27 (Pellet). - 49 -

phase, were to order the plants closed, or dismantled, Uruguay would have to live with
131
that result.»

Et la Cour a donné acte à la Partie défenderes se de ces déclarations dans son ordonnance du

13 juillet 2006 :

«l’Uruguay a encore souligné que la cons truction des usines ne reviendrait pas à

constituer un fait accompli susceptible de porter préjudice aux droits de l’Argentine, et
que la décision de poursuivre les travaux et de prendre ainsi le risque de devoir
démanteler les usines en cas de décision défavorable de la Cour relevait de sa seule

responsabilité» ( Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine
Uc.uguay), mesures conservatoires, ordonnance du j1 uill0t06,
C.I.J. Recueil 2006, p. 125, par. 47).

Et la Cour de conclure (en renvoyant à son ordonnance du 29 juillet1991 dans l’affaire du

Grand-Belt 13) : «que, en maintenant l’autorisation et en permettant la poursuite de la construction

de l’usine, l’Uruguay assume nécessairement l’ensem ble des risques liés à toute décision au fond

que la Cour pourrait rendre à un stade ultérieur» ( Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay

(ArgentineU c.ruguay), mesures con servatoires, ordonnance du 1 j3ile0t06,

C.I.J. Recueil 2006, p. 133, par. 78).

13. Dans ces conditions, Monsieur le président, il serait inacceptable que l’Uruguay prétende

placer la Cour et l’Argentine devant un fait qui n’était pas accompli en juillet 2006 13, mais qui le

serait devenu deuxans plus tard. C’est donc la charge qu’impose à l’Uruguay le retour à la

situation préexistant au début des travaux par rapport à celle existant avant le commencement des

travaux (qui n’auraient pas dû être entrepris dans les circonstances où ils l’ont été) ou, en tout cas,

au plus tard en juillet 2006 (et non par rapport à la situation actue lle), qui constitue la mesure de la

proportionnalité. Ou plutôt la mesure de l’absence de toute proportion ⎯ qui, avec l’impossibilité

matérielle, constitue le seul motif recevable pouvant justifier le recours à un mode de réparation

autre que la restitutio in integrum.

14. Aucun de ces deux motifs n’existe en l’espèce :

131
CR 2006/47, p. 50, par. 26 (Reichler).
132Passage par le Grand-Belt (Finlande c.Danemark), mesures conservatoires, ordonnance du 29juillet1991,

C.I.J. Recueil 1991, p. 19, par. 31.
133Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c.Uruguay), mesures conservatoires, ordonnance
du 13 juillet 2006, C.I.J. Recueil 2006. - 50 -

⎯ il est toujours possible de démanteler une usine ; l’Uruguay ne prétend pas le contraire; et,

134
comme elle l’a indiqué dans son mémoire et dans sa réplique , l’Argentine se satisferait d’une

réaffectation du bâtiment à d’autres fins qui ne seraient pas préjudiciables pour

l’environnement du fleuve Uruguay et de ses zones d’influence (quant aux machines, il n’est ni

difficile ni très couteux de les affecter à une autre usine dont l’emplacement serait moins

inacceptable) ;

⎯ et la proportionnalité ou, plutôt, l’absence de disproportion manifeste ⎯ l’article 35 b) des

articles de la CDI indique que la charge ne doit pas être «hors de toute proportion avec

l’avantage qui dériverait de la restitu tion plutôt que de l’indemnisation» ⎯ cette

«non-disproportionnalité» donc, est tout aussi indiscutable si, au lieu d’affirmations faussement

indignées 135, on prend la juste mesure des faits. Ce lle-ci impose que l’on mette en balance

d’un côté la gravité des violations du stat ut commises par l’Uruguay et des préjudices en

résultant pour l’Argentine et, de l’autre la charge qui serait résultée pour le défendeur de

l’abandon des travaux hâtivement commencés au printemps 2005 et qu’il ne tenait qu’à lui de

ne pas poursuivre ⎯ alors qu’il les a menés à marche forcée.

15. Je ne reviens pas sur les premiers (les violations uruguayennes et les dommages subis par

l’Argentine) qui ont fait l’objet, durant toute ce tte semaine, de démonstrations éloquentes, sinon

pour souligner le caractère massif, cumulatif, délibéré et continu des unes et des autres. L’Uruguay

a sciemment violé les dispositions des articles 7 à 12 du statut de 1975 et sciemment pris le risque

d’atteintes graves à l’environnement du fleuve Uruguay et de ses zones d’influe nce et à la santé et

aux conditions de vie des populations concernées, atteintes qui se sont d’ores et déjà produites et

qui ne peuvent que s’aggraver. Et il a tout fait ensuite pour placer l’Argentine (et la Cour) devant

le fait accompli d’une usine qui, soi-disant, ne pourrait plus être démantelée. Monsieur le

président, il est clair que, pour apprécier la charge qui pèsera sur l’Uruguay du fait du

démantèlement ou de la réaffectation de l’us ine Botnia, il faut se replacer au moment où

l’Argentine l’a alerté sur son refus d’être placée devant le fait accompli et au plus tard à celui du

dépôt de la requête ⎯ toute la période postérieure doit être mise entre parenthèses.

134
Voir MA, p. 359-360, par. 8.24, ou RA, p. 483, par. 5.3 et p. 498, par. 5.28.
135Voir note 120 ci-dessus. - 51 -

16. Quelle est cette charge, que l’Uruguay nous présente comme «grossly disproportionate,

136
and inconsistent with notions of equity and reasonableness» («tout à fait disproportionné[e], et

en contradiction avec les notions d’équité et d’acceptabilité») ? Cette charge se borne :

⎯ d’abord à l’obligation de ne pas poursuivre la construction d’une usine qui, virtuellement (et

juridiquement) doit être réputée n’en être qu’à son tout premier stade, celui de la préparation du

terrain sur lequel elle sera implantée ; il faut mettre la suite du temps entre parenthèses ; et

⎯ par ailleurs à l’obligation de ne pas construire cette usine à l’emplacement arbitrairement choisi

(mais presque aussi néfaste pour l’Uruguay lu i-même que pour son voisin), cette obligation

laissant ouverte la possibilité d’implanter une usine techniquement acceptable dans tout autre

endroit convenable.

Et c’est tout, Monsieur le président. C’est à cette aune, et à cette aune seulement que la

non-disproportionnalité grossière doit être appréciée.

17. Car, Messieurs de la Cour, vous ne sauri ez vous laisser abuser par les affirmations de

l’autre Partie selon lesquelles «[a]n order to dism antle the plant which is expected to generate

over8,000 new jobs and contribute more than US$270 million to the Uruguayan economy would

137
impose heavy costs on Uruguay...» . En réalité, d’après les informations récentes, les

pharamineuses estimations de 8000 créations d’emplois 138 se sont révélées complètement fausses :

selon les chiffres les plus dignes de foi, le fonctio nnement à plein de l’usine Botnia devrait générer

139
à peine 560emplois au total , et 40en tout et pour tout profitent directement à des habitants de

Fray Bentos 140. Au demeurant, comme l’a expliqué le professeur MarceloKohen mardi matin 141,

136DU, p. 389-390, par. 7.14.

137DU, p. 391, par. 7.14.

138CMU, p. 479, par. 7.56.
139
«UPM and Metsäliitto sign a letter of intent on ne w ownership structure of Botnia», UPM; Helsinki,
15 juillet 2009 (disponible sur : http ://w3.upm-kymmene.com/upm/internet/cms/upmcms.nsf/ $all/
97f7495329b69288c22575f500244019?OpenDocument&qm=menu,0,0,0. Voir également: «Cayendo en la realidad.
Botnia desmiente a Botnia», disponible sur : http ://www.guayubira.org.uy/celulosa/ desmiente.html.

140New Documents submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. II, Press Articles : «La planta de Botnia está que
explota», El País , Montevideo, 28 février 2009 ; «District Attorney Enrique Viana: «Botnia is inconsistent with
Uruguays Environmental Status»», 20 avril 2009 ; «A media máquina» («A rythme ralenti»), El País, Montevideo,

19avril 2008, disponible sur: http: //www.elpais.com.uy/Suple/ QuePasa/08/04/19/quepasa_341882.asp ; «La pregunta
del millón: ¿Cuántos fraybenti nos trabajan en Botnia?», Zona Oeste , FrayBentos, 6 mai 2008, disponible sur:
http ://mrecic.gov.ar/publicdocuments ; «Los empleos invisibles de Botnia en Río Negro: que al menos sirvan de
experiencia», communiqué de Guayubira, Montevideo, 28 mai 2008, disponible sur : http ://www.guayubira.org.uy. Voir
aussi CR 2009/13, p. 23, par. 32 (Kohen).
141
Ibid., p. 25, par. 35-36 (Kohen). - 52 -

les quelques avantages économiques liés aux activités de l’usine Botn ia se retrouveront tout autant

si l’usine est relocalisée à un endroit plus approprié avec le bénéfice supplémentaire d’une

contribution au développement durable du pays et av ec le grand mérite de ne pas affecter celui de

l’Argentine.

18. Deux autres remarques pour surplus de droit, Monsieur le président :

⎯ en premier lieu, la question n’est pas, contrairement à ce que laisse entendre l’Uruguay, de

savoir s’il existe d’autres moyens possibles de réparation : non seulement, comme je l’ai dit, on

ne saurait admettre qu’un Etat «achète» une illicéité, mais encore, comme l’a précisé la CDI, il

convient d’admettre «une préférence pour la position de l’Etat lésé chaque fois que le

processus de mise en balance ne penche pas clairement en faveur de l’indemnisation plutôt que

142
de la restitution» ; en l’espèce, l’Argentine lésée insiste pour la restitutio et je souligne à

nouveau qu’aucune des deux seules raisons qui , juridiquement, pourraient s’y opposer

(l’impossibilité matérielle ou la disproportion manifeste) ne peut être invoquée par l’Etat

responsable des manquements ;

⎯ en second lieu, l’insistance mise par l’Uruguay su r le «précédent» que constituerait votre arrêt

de 1997 dans l’affaire du Projet Gabčíkovo-Nagymaros n’a pas lieu d’être : certes, dans ce cas,

«rather than order the works destroyed, … the Court in Gabčikovo refused to do so and ordered

the parties to resume co-operation instead» 143 ; mais ⎯ et c’est une immense différence ⎯ en

l’occurrence dans Gabčíkovo, il s’agissait de mettre en Œuvre le traité de 1977 entre la Hongrie

et la Tchécoslovaquie (qui prévoyait expresséme nt la construction conjointe d’un système de

barrages); dans la présente espèce, non seulement le statut du fleuve Uruguay ne prévoit

nullement la construction de l’usine Botnia mais , telle qu’elle est conçue et là où elle est

implantée, le statut l’exclut absolument. Il n’appartient évidemment pas à la Cour de donner sa

bénédiction aux graves violations qui sont à l’origine de cette construction et de cette

implantation.

19. Dans l’affaire du Projet Gabčíkovo-Nagymaros justement, vous avez considéré que :

142Rapport de la CDI sur les travaux de sa 53 session, Annuaire de la CDI 2001, p. 105, par. 11) du commentaire

de l’article 35.
143DU, p. 391, par. 7.14 (voir Projet Gabčíkovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt, C.I.J.Recueil1997 ,
p. 80, par. 150). - 53 -

«[l]a Cour établirait un précédent aux e ffets perturbateurs pour les relations
conventionnelles et l’intégrité de la règle pacta sunt servanda si elle devait conclure

qu’il peut être unilatéralement mis fin, au motif de manquements réciproques, à un
traité en vigueur entre Etats, que les parties ont exécuté dans une très large mesure et à
un coût considérable pendant des années. Il en serait à l’évidence autrement si les

parties décidaient de mettre fin au traité d’un commun accord. Mais, en l’espèce, si la
Hongrie a prétendu mettre fin au traité, la Tchécoslovaquie s’est constamment
opposée à cette terminaison, déclarant qu’un tel acte serait dénué de tout effet
juridique.» ( Projet Gab číkovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt,

C.I.J. Recueil 1997, p. 68, par. 114.)

Dans notre espèce, je ne sais si l’Uruguay cherche en réalité à mettre fin au statut de 1975 ; en tout

cas, il se comporte comme si cet instrument n’existait pas alors que l’Argentine y demeure

fondamentalement attachée. Et c’est en ne sanctionnant pas ses errements ⎯ les errements

uruguayens ⎯ que vous établiriez, Messieurs les juges, «un précédent aux effets perturbateurs pour

les relations conventionnelles et l’intégrité de la règle pacta sunt servanda».

C. Les autres formes de la réparation due à l’Argentine

20. Au demeurant, Monsieur le président, si le démantèlement ou la réaffectation de l’usine

Botnia s’impose, il ne suffit pas à assurer la réparation intégrale des dommages subis par

l’Argentine du fait des nombreuses violations du statut de 1975 commises par l’Uruguay. Dans les

circonstances présentes, la restitutio doit être complétée par les autres formes de réparation que

connaît le droit international et, en particulier, par une indemnisation et par une satisfaction.

21. Comme le précise le premier paragraphe de l’article 36 des articles de la CDI sur la

responsabilité de l’Etat: «L’Etat responsable du fait internationalement illicite est tenu

d’indemniser le dommage causé par ce fait dans la mesure où ce dommage n’est pas réparé par la

restitution.» Or il est bien évident que le déma ntèlement ou la réaffectation de l’usine Botnia

écartent les risques de dommage pour l’avenir ⎯ce qui est essentiel ⎯ mais ne réparent pas les

préjudices d’ores et déjà subis par l’Argentine et par ses ressortissants.

22. C’est pourquoi l’Argentine demande à la Cour de décider qu’une indemnité lui est due à

ce titre, étant entendu que le quantum en sera fixé ultérieurement ⎯ point sur lequel les Parties sont

d’accord 144.

23. L’Uruguay convient également que la satisfaction peut cons tituer une réparation

appropriée pour certains types de dommages 145. Mais c’est à tort qu’il s’efforce de convaincre la - 54 -

Cour qu’elle doit, dans notre affaire, constituer l’alpha et l’oméga de la réparation: elle n’est

appropriée que «dans la mesure où [le préjudice] ne peut pas être réparé par la restitution ou

l’indemnisation» 146. Tel est le cas, en l’occurrence, de l’autorisation initialement donnée à la

construction de l’usine ENCE au mépris des exigences procédurales découlant des articles7 à12

du statut de 1975. Et peu importe à cet égard, M onsieur le président, que, finalement, l’usine n’ait

pas été construite à l’emplaceme nt initialement envisagé: par son mépris systématique de ses

obligations conventionnelles, par son refus assu mé et cynique (je pense en particulier aux

déclarations du ministre Opertti du 26 novembre 2003 147 réitérées l’an dernier 148) d’en reconnaître

l’existence même, par l’ absence de tout regret et de la moindre excuse, l’Uruguay a gravement

violé le statut et il est important aux yeux de l’Argentine que ces violations soient reconnues.

Comme nous l’avons écrit 149, au-delà même des péripéties de la présente affaire, pour graves qu’en

soient les conséquences immédiates, ce que rech erche l’Etat demandeur c’est la réhabilitation du

statut du fleuve Uruguay, si gravement mis en péril par l’attitude du défendeur.

24. Et c’est pour cette raison que l’Argentine réitère aussi formellement, et de la manière la

plus ferme, sa demande visant à ce que la Cour ordonne à l’Uruguay de donner des garanties

adéquates qu’il «s’abstiendra à l’avenir d’emp êcher l’application du statut du fleuve Uruguay

150
de 1975 et, en particulier, du mécanisme de consultation institué par le chapitre II de ce traité» .

25. Je suis évidemment conscient, Monsieur le président, que comme elle l’a déclaré

récemment, «si la Cour peut, comme il lui est arrivé de le faire, ordonner à l’Etat responsable d’un

comportement internationalement illicite d’offrir à l’Etat lésé des assurances et des garanties de

non-répétition, c’est seulement si les circonstances le justifient, ce qu’il lui appartient d’apprécier»

et que, «[e]n règle générale, il n’y a pas lieu de supposer que l’Etat dont un acte ou un

comportement a été déclaré illicite par la Cour ré pétera à l’avenir cet acte ou ce comportement,

144Voir DU, p. 400, par. 7.29.
145
Ibid., p. 393, par. 7.17.
146
Art. 37, par. 1, des articles de la CDI sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite.
147MA, annexes, livre VII, annexe 4.

148Nouvelle documentation présentée par l’Argentine, 30ju in 2009, vol. II ; Radio Sarandi, Interview given by
Former Uruguayan Minister Didier Opertti: «Opertti stated that Uruguay needs no permission to establish cellulose
plants» (28 mai 2008).

149Voir note RA, p. 14, par. 0.13 ; voir aussi CR 2009/12, p. 34-35, par. 18 (Pellet).

150RA, conclusions, p. 509, par. 6.1.2. Voir MA, p. 363-366, par. 8.32-8.39, et RA, p. 481, par. 5.1. - 55 -

puisque sa bonne foi doit être présumée…» ( Différend relatif à des droits de navigation et des

droits connexes (CostaRica c.Nicaragua) , arrêt du 13juillet2009, par.150) 15. Mais justement,

les circonstances de l’espèce justifient amplement que la Cour fasse droit à la demande de

l’Argentine: le caractère répété, systématique et assumé des violations du statut commises par

l’Uruguay, l’impose sans aucun doute, sauf, encore une fois, à signer l’arrêt de mort de ce traité

indispensable.

II.L A DEMANDE DE L ’U RUGUAY D ’UNE DECLARATION DE LA C OUR L ’AUTORISANT A
CONTINUER L ’EXPLOITATION DE L ’USINE B OTNIA DOIT ETRE REJETEE

26. Et c’est aussi pour cela, Monsieur le président, Messieurs les juges, que vous ne sauriez,

évidemment, faire droit à la curieuse demande de l’Uruguay qui vous prie de faire «a declaration

making clear the Parties are obligated to ensure full respect for all the rights in dispute in this case,

including Uruguay’s right to continue operating the Botnia plant in conformity with the provisions

152
of the 1975 statute» .

27. Si, comme tout le donne à penser, il s’agit d’une demande reconventionnelle qui ne veut

pas dire son nom, elle est irrecevable puisqu’elle a été formulée pour la première fois dans la

duplique, et non dans le contre-mémoire comme l’exige l’article 80 du Règlement afin de préserver

«[l]e droit qu’a l’autre partie d’exprimer ses vues par écrit…dans une pièce de procédure

additionnelle». En outre, puisque (à juste titr e), la Partie uruguayenne ne se plaint d’aucun

manquement au statut de 1975 en liaison avec l’affaire en examen, on se demande sur quel

fondement la Cour pourrait prendre une décisi on de ce genre. Sa mission est de «régler

conformément au droit international les différe nds qui lui sont soumis», pas de faire des

déclarations sur des problèmes parfaitement hypothétiques qui pourraient surgir à l’avenir.

28. En outre et de toute manière, sur le fond, une telle déclaration est évidemment

impossible : comme l’équipe de plaidoirie de l’Argentine l’a établi durant ces quatre audiences, en

construisant cette usine l’Uruguay a gravement violé de nombreuses obligations (procédurales et

15Voir aussi, Usine de Chorzów, fond, arrêt 13, 1928, C.P.J.I. sérieA n17, p. 63 ; Essais nucléaires
(Australie c. France), arrêt, C.I.J.Recueil1974 , p. 272, par. 60 ; Essais nucléaires (Nouvelle-Zélande c.France), arrêt,
C.I.J. Recueil 1974, p. 477, par. 63 ; ou Activités militaires et paramilau Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. Etats-Unis d’Amérique), compétence et recevabilité, arrêt, C.I.J. Recueil 1984, p. 437, par. 101).

15DU, p. 407, par. 7.41 g) ; voir aussi conclusions, p. 409. - 56 -

substantielles) lui incombant en vertu du statut , et la Cour ne saurait couvrir ces manquements de

son autorité ⎯ ni pour le passé, ni, bien sûr, pour l’av enir. Non seulement, comme l’Argentine l’a

demandé dans ses conclusions, l’usine doit cess er immédiatement ses activités illicites et être

démantelée (ou, à défaut, réaffectée) de façon à ce qu’il soit garanti qu’elles ne seront pas reprises,

mais encore l’Uruguay doit donner des assurances en ce sens ⎯tant son mépris systématique du

statut de 1975 fait craindre pour la pérennité de celui-ci et de la gestion rationnelle et optimale de la

ressource naturelle partagée qu’il établit.

29. Monsieur le président, Messieurs les juges, je vous remercie à nouveau de votre attention

et je vous prie, Monsieur le président, de bien vouloir donner la parole à mon collègue

MarceloKohen, pour des remarques conclusives de ce premier tour des plaidoiries orales de la

République argentine.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de pr ésident: Je vous remercie Monsieur le

professeur, et je demande à M.MarcelloKohen de nous présenter les conclusions des plaidoiries

du premier tour de la République argentine. Vous avez la parole, Monsieur.

M. KOHEN :

XVIII. CONCLUSIONS DU PREMIER TOUR DES PLAIDOIRIES DE LA R EPUBLIQUE ARGENTINE

1. Monsieur le président, Messieurs les jug es, il m’appartient de faire quelques remarques

conclusives du premier tour des plaidoiries de la Partie argentine. Au long de ces quatre jours,

nous avons montré en fait et en droit que le comportement uruguayen témoigne de graves

violations du statut du fleuve Uruguay, et porteatteinte à l’environnement du fleuve et ses zones

d’influence, à la vie quotidienne de ses populations riveraines ainsi qu’aux relations traditionnelles

de fraternité et de confiance entre les deux pays.

2. Un résumé des faits en dix points permet le constat suivant :

1) L’Uruguay a décidé à l’avance de ne pas respecter la procédure du statut de 1975 à propos des

deux projets industriels les plus importants jamais envisagés sur le fleuveUruguay et

effectivement il ne l’a pas respectée.

2) Le but était de tenter d’imposer à l’Argentine un fait accompli. - 57 -

3) L’Uruguay ne disposait pas d’une étude d’impact environnemental complète et objective avant

de délivrer les autorisations de construction des usines.

4) A fortiori , l’Uruguay ne disposait pas d’une étude relative à l’emplacement des usines, et

encore moins d’une analyse de la possibilité de sites alternatifs.

5) En voulant faire jouer à un monitoring de la CARU le rôle d’une acceptation des projets qu’il

ne lui a jamais soumis, et en rejetant la proposition argentine d’un monitoring intégral,

l’Uruguay a empêché une action commune visant à connaître effectivement la capacité de

l’écosystème à recevoir les effluents et les émissions des usines de pâte à papier projetés.

6) Le monitoring entrepris par l’Uruguay est manifestement inadéquat pour établir l’impact de

l’usine sur le fleuve et ses zones d’influence, et ceci est vrai aussi bien avant qu’après la mise

en service de Botnia.

7) Une usine de telle taille, dans un endroit semblable et avec la technologie qu’elle utilise

n’aurait jamais été autorisée en Europe.

8) Depuis sa mise en service en 2007, l’usine Bo tnia a déjà causé des dommages à l’écosystème

du fleuve et ses zones d’influence ; l’aggravation de l’eutrophisation de l’eau dont la floraison

d’algues; l’augmentation de la présence de polluants toxiques comme les nonylphénols, les

dioxines et furanes ; la pollution atmosphérique ; l’effet néfaste des effluents sur la biodiversité

du fleuve et notamment sur les poissons et autr es organismes aquatiques, en sont la preuve.

Ces effets ne peuvent que s’aggraver sérieusement avec le temps si Botnia continue son activité

à l’endroit où elle est actuellement.

9) Cette situation offre un démenti cuisant aux pronostics optimistes mais erronés de Botnia, de

l’Uruguay et d’EcoMetrix, qui ne sont pas fondés sur des données et des études appropriées.

10)L’usine Botnia a affecté la qualité de vie des populations concernées et porté atteinte aux

utilisations préalables du fleuve dans la zone d’implantation de l’usine, notamment au tourisme.

A. Le droit applicable et les tentatives uruguayennes de réduire la portée des
obligations qui en découlent

3. Permettez-moi, Monsieur le président, quelques commentaires sur le droit applicable et les

tentatives uruguayennes de réduire la portée des obliga tions qui en découlent. Messieurs les juges,

vous êtes ici devant un régime conventionnel particulier qui est plus développé que le droit - 58 -

international général relatif aux cours d’eau internationaux. Comme vous venez de le faire il y a

deux mois dans l’affaire Costa Rica c. Nicaragua 153, il vous appartient ici aussi d’appliquer avant

tout un traité bilatéral : le statut de 1975. Mais à la différence de la situation du fleuve San Juan et

du traité qui le régit, vous pouvez vous fonder ici su r des renvois à des conventions et autres règles

154
et instruments de caractère général .

4. Dans ses écritures, l’Uruguay a tenté par tous les moyens de minimiser la portée des

obligations environnementales, découlant tant du statut que du droit international général. De

même, il a complètement sous-évalué les vulnérabilités de l’écosystème du fleuve Uruguay et, plus

particulièrement, du tronçon sur lequel l’usine est implantée. Le but est clair: baisser le plus

possible le niveau d’exigence normatif pour pouvoir justifier des niveaux de pollution plus élevés.

5. A travers le statut de1975, ce sont l es deux Parties qui ont souverainement convenu de

s’autolimiter pour préserver le fleuve Uruguay d’industries polluantes. C’est l’Uruguay qui a

insisté pour inclure la référence aux utilisations «ind ustrielles» à l’article 27 du statut. Les Parties

se sont même mises d’accord, à l’article13, pour l’application à l’Argentine des obligations

découlant du statut et de la compétence de la CARU à son égard, à propos du tronçon

argentino-brésilien du fleuve 15. L’Argentine a accepté ces e ngagements conventionnels qu’elle

approuve pleinement et respecte, mais elle souhaite que l’autre Partie fasse de même.

6. Dans sa sagesse, le statut de 1975 ne laisse de place ni à la doctrine Harmon, ni à un droit

de veto. Des ouvrages comme ceux que l’Uruguay a approuvés doivent passer par le mécanisme

bilatéral du chapitre II du statut. Il n’y a pas de place pour l’unilatéralisme. Ni pour autoriser ou

construire de tels ouvrages, ni pour bloquer de te ls projets, étant entendu qu’il y a toujours une

issue obligatoire s’imposant aux deux Parties si un différend s’élève entre elles.

7. L’Uruguay critique devant votre Cour aujourd’hui ce qu’il a conclu avec l’Argentine il y a

presque trente-cinq ans, en disant que s’il devait a ttendre la fin du déroulement de la procédure des

153 Différend relatif à des droits de navigation et des droits connexes (Costa Rica c. Nicaragua), arrêt du

13 juillet 2009, par. 34-36.
154Articles 1 et 41a) du statut du fleuve Uruguay (1975). MA, livre II, annexe 2 ; CMU, vol. II, annexe 4.

155CR 2009/12, p. 65, par. 7 (Boisson de Chazournes) ; note qui accompagne l’approbation du statut de 1975 par
le Congrès uruguayen (4 mai 1976), MA, livre II, annexe 3. - 59 -

articles7 à12, il n’y aurait jamais d’ouvrages 156. C’est non seulement contraire à la lettre et à

l’esprit du traité qui le lie, mais aussi à la réalité du droit et des faits.

8. La procédure dans cette affaire est différente de celle qui aurait été suivie si l’on était

devant vous en vertu de l’article12. Si enoc tobre2003, au lieu d’autoriser la construction de

l’usine ENCE, l’Uruguay avait saisi la CARU et si la procédure des articles 7 à 11 avait été suivie

sans succès, le différend aurait pu être porté devant votre Cour en vertu de l’article12 vers la

fin2004. La Cour aurait dû se borner à établir si l’ouvrage pouvait ou non causer un préjudice

sensible. C’est tout. Une procédure accélérée devant votre Cour aurait certainement pu être

décidée, et donc on peut estimer, même avec une certaine marge, que l’affa ire aurait pu se terminer

fin 2006.

9. Mais l’Uruguay a décidé d’agir autrement. Le résultat est que l’Argentine a dû saisir la

Cour au titre de l’article 60. Du coup, fin 2006, l’Uruguay demandait des mesures conservatoires

que vous avez rejetées, alors que l’Argentine s’apprêtait à déposer son mémoire devant votre Cour.

Il n’en demeure pas moins que si l’Uruguay ava it disposé d’une étude d’impact complète et

objective comprenant une évaluation de sites altern atifs, il n’aurait jamais autorisé la construction

des deux usines dans la région de Fray Bentos/Gualeguaychú et ce différend n’aurait jamais existé.

10. Le professeur PhilippeSands vous a exposé les violations des obligations substantielles

découlant du statut 157. Le mépris uruguayen pour les impa cts environnementaux de l’usine à

l’endroit choisi par Botnia se double de son mépris pour les utilisations existantes dans cette zone,

alors que la pratique de la CARU va dans le sens de privilégier les utilisations existantes 158. C’est

la manière de la CARU de concevoir l’utilisatio n optimale et rationnelle à laquelle se réfère le

statut en son articlepremier. Que la partie défenderesse n’ait pas répondu au souci de la CARU

⎯ qui a attiré l’attention de l’Urug uay sur le fait que l’endroit choisi était déjà un site utilisé à des

fins touristiques ⎯, qu’elle ait donné les autorisations sans passer par la procédure

conventionnelle, qu’elle ait, pour tout dire, installé les usines à cet endroit du fleuve Uruguay, n’est

156CMU, par. 3.125-3.127 ; DU, par. 3.116.
157
CR 2009/14, par. 4-8 (Sands) ; CR 2009/15 (Sands).
158CR 2009/13, p. 16-17, par. 15-17 (Kohen). - 60 -

pas raisonnable, n’est pas rationnel, n’est pas équitable. Ce n’est pas la manière adéquate de

procéder à une utilisation optimale du fleuve non plus.

B. «L’environnement n’est pas une abstraction»

11. Monsieur le président, l’ arrêt que votre Cour rendra sera crucial pour l’avenir du fleuve

Uruguay et du droit conventionnel qui le régit. En déterminant la portée des obligations des

Parties, il constituera aussi un guide pour les politiques environnementales à venir. Si cette affaire

retient l’attention au-delà des seules Parties, c’est parce que votre arrêt portera un message de

portée générale en matière de protection de l’e nvironnement. Comme la Cour l’a déjà affirmé,

«l’environnement n’est pas une abstraction, mais bien l’espace où vivent les êtres humains et dont

dépendent la qualité de leur vie et leur santé, y compris pour les générations à venir» ( Licéité de la

menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, avis consultatif, C.I.J. Recueil 1996, p.241-242,

par. 29 ; Projet Gabcíkovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt, C.I.J. Recueil 1997, p. 41 et 68,

par. 53 et 112).

12. La Cour interaméricaine des droits de l’homme a récemment eu l’occasion de réitérer

l’existence de la relation indéniable qui existe entre la protection de l’environnement et la

159
réalisation des autres droits humains . Du reste, le protocole additionnel à la convention

interaméricaine des droits de l’homme relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

reconnaît dans son article11 que «[t]oute personn e a le droit de vivre dans un environnement

160 161
salubre» . L’Argentine et l’Uruguay y sont parties .

13. Le professeur LaurenceBoissondeChaz ournes vous a rappelé hier l’obligation de

procéder à une consultation des populations concernées dans toute véritable étude d’impact

environnemental et a souligné la parodie de ce tte consultation entreprise à propos des usines de

pâte à papier objet de ce différend 162. La dimension humaine liée au choix du site n’a pas, de toute

159 Kawas-Fernández c. Honduras, fond, réparations et coûts , arrêt du 3 avril 2009, sérieC n196, disponible
sur : http ://www.corteidh.or.cr/docs/casos/articulos/seriec_196_esp.pdf

160Protocole additionnel à la convention américaine re lative aux droits de l’homme traitant des droits
économiques, sociaux et culturels (protocole de San Salvador), adopté à San Salvador, El Salvador le 17 novembre 1988
à la dix-huitième session ordinaire de l’Assemb lée générale, ar. , a1l.. Disponib:r su
http ://www.cidh.oas.org/Basicos/French/e.sansalvador.htm. Version anglaise : «Everyone shall have the right to live in

a healthy environment».
161Voir : http ://www.oas.org/fr/pays/etats_membres.asp

162CR 2009/14, par. 16-18 (Boisson de Chazournes). - 61 -

évidence, été prise en considération. Les préo ccupations légitimes des populations concernées ont

été ignorées. Ceci est aussi un autre élément fondamental de cette affaire.

14. Oui, Monsieur le président, les destinat aires des engagements pris par l’Argentine et

l’Uruguay sont aussi les personnes qui habitent autour du fleuve Uruguay. Les populations

riveraines proches du site choisi par Botnia et autorisé par l’Uruguay seront en fait les premières

concernées par votre décision.

15. L’Uruguay a reconnu qu’en cas de preuve de l’existence d’un risque de préjudice que

l’usine Botnia ferait peser sur le fleuve Uruguay ou sur l’Argentine, cette dernière pourrait obtenir

de la Cour la fermeture de l’usine 163. Messieurs les juges, l’Argentine vient de prouver plus qu’un

risque de préjudice : ce préjudice, au fleuve et à l’Argentine, existe déjà et il ne peut que s’aggraver

si l’usine Botnia continue à fonctionner à l’endroit où elle est 164.

16. Il devient de plus en plus difficile pour Botnia et pour l’Uruguay de poursuivre leur

politique du prétendu «tout va bien». Il y a des émanations de souffre ? «C’est un petit accident

sans conséquences» nous disent-ils 165. Des explosions qui cassent les vitres des maisons à

FrayBentos et mettent sa population en état de choc? Encore un autre petit accident… 166 Des

167
mauvaises odeurs? «Cela peut arriver, ma is il n’y a rien de grave» renchérissent-ils . Des

enfants ou d’autres personnes qui subissent des ma laises ou des problèmes respiratoires ? «Aucun

souci ! Pas de risques pour la san té ! C’est dans les limites de ce qui est prévu !» vous lancent-ils,

168
avec un ton rassurant . Une floraison gigantesque d’algues dans des zones touchées par les

163DU, par. 2.138.
164
CR 2009/14, par. 4-6 (Sands) ; CR 2009/14 (Sands).
165
Propos du ministre uruguayen de l’environnement, CarlosColacce . Voir: «Mal olor y tensión por Botnia.
Urribari calificó de ’grave’ el hecho; Uruguay dice que no hay peligro», La Nación, 28janvier2009, disponible sur:
http ://www.lanacion.com.ar/nota.asp?nota_id=1094106 ; «Botnia : después del escape de gases, refuerzan los controles»,
Clarín, 28 janvier 2009, New Documents Submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. II.

166«Explosión en caño de gas de Botnia causó alarma», El País, 28 février 2009, New Documents Submitted by
Argentina, 30 June 2009, vol. II ; «Explosión en Botnia», El País , 28février2009, New Documents Submitted by
Argentina, 30June2009, vol.II; «Explosión en una cañería de Botnia», La Nación, 28février2009, New Documents
Submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. II ; «La ex plosión causó rotura de vidrios en casas vecinas ⎯ Conmoción en

Gualeguaychú por explosión en Botnia», Diario Popular, 28février2009, New Documents Submitted by Argentina,
30 June 2009, vol. II ; «Explosión en línea de recuperación de gases olorosos generó daños en viviendas y preocupación a
varios vecinos», El Ojo de la Razón, 27 février 2009, New Documents Submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. II.
167
«Episodio de olor de Botn ia llegó hasta Gualeguaychú», La República, 27 janvier 2009, New Documents
Submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. II.
168
«Botnia présente des excuses en raison des odeurs», El País, 22novembre2007, RA, livreIII, annexe52;
«Botnia: Oler o no oler, esa es la cuestión», Guayubira, 28janvier 2009, New Documents Submitted by Argentina,
30 June 2009, vol. II. - 62 -

effluents de Botnia? «Mais non, ce sont des choses normales pour le fleuve Uruguay!» nous

169
disent-ils encore sans rougir .

17. Je vous invite respectueusement, Messieu rs les juges, à comparer ce que Botnia et

l’Uruguay disaient avant et ce qui se passe aujourd’ hui. A titre d’exemple, je reviens sur la

question de la pollution de l’air. Ils disaien t que jamais cette pollution ne pouvait atteindre

l’Argentine 170. Quelle est la réalité? Qu’elle atteint surtout l’Argentine 171. Ils disaient que cela

172
pouvait intervenir tout au plus dix fois par année . Quelle est la réalité ? Qu’à peine inaugurée, il

173
y a eu cinq incidents d’émanations toxiques en deux mois . Soixante-dix-huit entre juillet 2008 et

mars2009, dont vingt-quatre pendant le seul mois d’août2008 17. La première fois, Botnia a

présenté des excuses pour les mauvaises odeurs ayant occasionné des problèmes de santé à

certaines personnes 175. Maintenant que cela est devenu une affaire récurrente, plus d’excuses.

C. La valeur de la preuve scientifique soumise par les Parties

18. Messieurs les juges, vous bénéficiez dans cette affaire d’un certain nombre d’expertises

techniques. Comme toute expertise, elles valent en fonction de leurs vertus intrinsèques et c’est

seulement à l’aune de ce critère qu’elles devraient être mesurées.

19. Le programme de surveillance du fleuve Uruguay dirigé par le professeurColombo

constitue l’étude la plus complète et la plus systém atique pour détecter l’impact de l’usine Botnia.

Il est fondé sur une approche écosystémique à partir de données recueillies dans un cadre temporel

et spatial approprié. Nous avons la conviction que le rapport scientifique produit par l’Argentine

le30juin ainsi que les exposés des professeursColombo et Wheater de cette semaine démontrent

de manière concrète quels sont les dommages à l’ environnement générés par l’usine Botnia; la

169«La Commission de suivi de Botnia assure que la pe rformance environnementale de l’entreprise est correcte»,

Cronicas, 11 août 2009, disponible sur : http ://mrecic.gov.ar/publicdocuments.
170CMU, par. 5.76 ; DU, par. 6.83 ; CIS EcoMetrix, CMU, annexes, vol. VIII, annexe 173, p. 4.85 et 5.2.

171New Documents Submitted by Argentina, 30June 2009, vol.I, p.13-15 and 63; CR2009/14, par.5
(Colombo).

172Cumulative Impact Study ⎯ Uruguay Pulp Mills (septembre 2006 ⎯ version finale), MA, livre V, annexe 6.

173«Chez Botnia on arrête la production et la phobie des mauvaises odeurs reprend», La Nación, 5 janvier 2008,
RA, livre III, annexe 54.

174New Documents submitted by Argentina, 30June 2009, vol. I, chap. 3, fig. 28 ; CR 2009/14, par. 6
(Colombo).
175
«Botnia présente des excuses en raison des odeurs» (El País, 22 novembre 2007), RA, livre III, annexe 52. - 63 -

176
situation ne peut que s’aggraver à l’avenir . Ils révèlent aussi et de manière accablante les

insuffisances et erreurs, voire l’absence de toute analyse là où elle était indispensable, dans les

rapports de Botnia, de l’Uruguay et d’EcoMetrix 177. Comme le professeur Sands vous l’a indiqué

hier, le principe de précaution impose à l’Uruguay de démontrer que l’usine Botnia, à l’endroit où

elle est et avec la technologie employée, n’affecte pas l’écosystème du fleuve Uruguay et ses zones

178
d’influence . Par ailleurs, les principes de base en matière de preuve imposent à chaque Partie de

prouver ce qu’elle allègue.

D. Cette affaire n’oppose pas le droit à un environnement sain et le droit
au développement économique

20. Messieurs les juges, contrairement aux e fforts uruguayens pour le faire croire, cette

affaire n’oppose pas environnement et développe ment économique. Elle n’oppose pas non plus

l’interdiction de dommages trans frontières à l’utilisation rationnelle et optimale, équitable et

raisonnable, d’un cours d’eau international. Ici, il y a certainement atteinte à l’environnement,

mais il n’y a même pas de développement économique. Il y a dommage transfrontière, mais il n’y

a ni utilisation raisonnable et équitable ni utilisatio n rationnelle et optimale du fleuve. Au fond, la

preuve la plus simple de l’aveu uruguayen que son utilisation ne revêt pas ces caractéristiques est le

refus obstiné de l’Uruguay de suivre la procédure du statut de 1975 pour les deux projets industriels

de loin les plus importants dans toute l’histoire du fleuve Uruguay.

21. Le seul intérêt qui a compté a été celui de l’entreprise. Celui d’une entreprise qui

s’installe, qui choisit le site qui sert le mieux ses intérêts et qui demande et obtient le bénéfice du

statut de zone franche, avec toutes les exemptions fiscales et autres avantages que cela comporte 179.

22. Nous avons mentionné que le taux de chôm age a, en réalité, augmenté à Fray Bentos et

180
dans le département de RioNegro après la mise en service de Botnia . Clairement, Botnia a

176New Documents Submitted by Argentina, 30 June 2009, vol. I ; CR 2009/12, p. 61-63, par. 24-28 (Wheater) ;

CR 2009/14, par. 10 (Sands).
177CR 2009/14, p.28, par.12-13, p.33-35, par.26-28 (Boisson de Chazournes); CR2009/12, p.60, par.19

(Wheater).
178CR 2009/14, p. 58, par. 8 et p. 65, par. 18 (Sands).

179Résolution adoptée en accord avec la loi 15/10/2004 en vertu de la loi numéro 15921 du 17 décembre 1987 et
son règlement, modifié par la résolution 18/4/2006 et par la résolution 21/2/2007.

180CR 2009/13, p. 23, par. 32 (Kohen). - 64 -

181
menti quant aux chiffres . Même si l’on compare les prétendus 8000emplois indirects que

100 000 hectares de plantations génèrent selon Botnia avec ce que n’importe quelle autre utilisation

potentielle de ces terres pourrait générer, le résultat est évident : l’activité forestière génère moins

d’emplois que n’importe quelle activité agricole, ce à quoi s’ajoute la perte d’emplois liés au

tourisme du fait de la présence de Botnia.

23. La réalité saute donc aux yeux. Botnia ne génère pas du déve loppement économique.

En revanche, elle pollue le fleuve Uruguay et ses zones d’influence, tout comme elle empoisonne

les relations fraternelles entre Uruguayens et Argentins. Pour employer les mots de ce grand

écrivain uruguayen qu’est EduardoGaleano, il s’ag it de «vastes plantations artificielles appelées

des forêts, mais transformées en pâte à papier pa r un procédé industriel qui décharge ses effluents

chimiques dans les rivières et rend l’air impossible à respirer» 182.

24. En fin de compte, il s’agit de mettre en Œ uvre le principe du développement durable : le

développement économique de nos deux pays doit se poursuivre à travers l’utilisation rationnelle et

équitable des ressources naturelles partagées, ce qui im plique de tenir compte de la protection de

l’environnement. La lettre et l’esprit du statut de1975 visent précisément à atteindre cet objectif

que votre Cour a pertinemme nt exprimé dans l’affaire Gabčíkovo-Nagymaros, et qui est de

183
concilier les intérêts économiques avec la protection de l’environnement .

E. Le démantèlement, la réaffectation ou la relocalisation de Botnia est possible et juste

25. Depuis quelques années, les grandes entr eprises du papier ferment définitivement,

suspendent leur activité ou reloca lisent un grand nombre de leurs usines. On dénombre plus de

181CR 2009/13, p. 23, par. 32 (Kohen).
182
(Ma traduction) Cité dans: «Uruguay: The Botnia pul p mill project intends to profit from climate change»,
World Rainforest Movement, Bulleti n 109, August 2 ;00i6sponible: sur
http ://www.wrm.org.uy/bulletin/109/Uruguay.html. Version anglaise: «vast arti ficial plantations that they call forests,
converted into pulp in an industrial process that dumps chemical waste into rivers a nd makes the air impossible to
breathe».

183 Projet Gab číkovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaqui e), arrêt, C.I.J. Recueil 1997 , p.78, par.140. Cf. MA,
par.3.177-3.187; RA, par.4.32-4.40; CR 2009/14, p.31, par. 19 (Boisson de Chazournes); CR 2009/14, p.55, par.3
(Sands). - 65 -

184
quarante fermetures ces derniers quatre ans en Europe et en Amérique du Nord . Botnia a, quant

à elle, fermé en mars2009 son usine de Kaskinen en Finlande et suspendu il y a quelques jours

l’activité de son usine de Kemi 185, pour des raisons économiques.

26. Toute autre est sa politique à Fray Bentos.

27. Je passe maintenant à quelques commentaires su r la demande principale de l’Argentine.

L’Uruguay, on le sait, ne s’est pas acquitté de ses obligations tant procé durales que substantielles

découlant du statut de1975. La position de la Partie argentine, présentée il y a quelques instants

par mon collègue AlainPellet, est que la restitutio in integrum n’est pas du tout disproportionnée

dans les présentes circonstances. Votre Cour a cl airement exprimé la possibilité d’ordonner la

fermeture ou le démantèlement de l’usine Botnia. L’Uruguay l’a par ailleurs expressément

reconnu, même s’il a ensuite caricaturé la position argentine en parlant dans son contre-mémoire de

la demande de «démolition» de l’usine 186, une expression que l’Argentine n’a pas utilisée.

28. Messieurs les juges, le démantèlement, la réaffectation ou la relocalisation de Botnia ne

sera certainement pas la première du genre. Les juridictions nationales, confrontées à des

184«Catalyst to permanently close Elk Falls pulp mill», 7 juillet 2008, disponible su:r

http ://www.reuters.com/article/pressRelease/idUS208712+07-Jul-2008+PRN20080707 ; «Domtar to permanently close
Lebel-sur-Quevillon pulp mill», 18 décembre 2008, disponibl:e sur
http ://news.paperindex.com/NewProjects_MillClosures/Domtar_to_Permanently_Close_Lebel-sur-Quevillon_Pulp_Mill
; /Wausau Paper announces pulp mill closure», 6 juillet 2005, disponible s:ur
http ://www.allbusiness.com/company-activities-management/company-locations-fac… ; «Botnia
considering stopping production at Kaskinen mill», 5 novembre 2008, disponible s:ur
http ://www.botnia.com/en/default.asp?path=204,210,211,2010,2593 ; «Impacts of Botnia’s Kaskinen Pulp Mill Closure

to UPM», 13 janvier 2009, disponible sur :
http ://w3.upm-kymmene.com/upm/internet/cms/upmcms.nsf/prv/Impacts_of_Botnia’s_Kaskinen_pulp_mill_closure_to_
UPM?OpenDocument ; «Shutdown of Kaskinen this week – permanent job found for 56 persons», mars 2009, disponible
sur : http ://www.metsabotnia.com/en/?path=204;210;211;2672;2793 ; «Stora Enso to shut down two factories in Finland
and one in Sweden», disponible sur :
http ://www.hs.fi/english/article/Stora+Enso+to+shut+down+two+factories+in+Finl…
jobs+to+go/1135231298578 ; «UPM to close Kajaani paper mill a nd Tervasaari pulp mill in Finland by the end of the

year», 6 novembre 2008, disponible sur :
http ://news.paperindex.com/NewProjects_MillClosures/UPM_to_Close_Kajaani_Paper_Mndl_and_Tervasaari_Pulp_Mill
_in_Finland_by_the_End_of_the_Year/ ; «Rottneros to close Utansjö pulp mill in 2 quarter», 9 janvier 2008, disponible
sur : http ://www.paperage.com/2008news/01_09_2008rottneros.html ; «Rippleeff ect felt from Maine mill closure», 6
mai 2009, disponible sur: http://www.seacoastonlin e.com/articles/20090506-NEWS-90506032; «Crofton pulp mill
closure prompts calls for industry aid», 26 février 2009, disponible:sur
http ://www.canada.com/vancouversun/news/business/story.html?id=038535cf-9899-4…

; «Pulp and papewr oes reach far and wides», last updated September 1, 2009, disponible su:r
http ://www.cbc.ca/money/story/2009/09/01/f-forestry-backgrounder.html?ref=rss ; «StoraEnso cutbacks spark strong
backlash», Helsingin Sanomat, 20 août 2009, disponib:le sur
http ://www.hs.fi/english/article/Stora+Enso+cutbacks+spark+strong+backlash/113… ;
185
«Shutdown of Kaskinen this week – permanent jo b found for 56 persons», mars 2009, disponible sur:
http ://www.metsabotnia.com/en/?path=204;210;211;2672;2793 ; Botnia Pre ss Release, 2 September 2009, disponible
sur : http ://www.metsabotnia.com/default.asp?path=1,79,1643,2826,3056
186
CMU, par.1.41, 7.53, 7.56, et 7.63. - 66 -

problèmes semblables à celui de cette affaire, ont à de nombreuses reprises ordonné la fermeture ou

la relocalisation des usines de pâte à papier ou d’ autres industries. En Inde, la Cour suprême a

clairement exprimé en 2003 son intention de fermer toutes les usines ⎯ grandes ou petites, privées

ou publiques, locales ou étrangères ⎯ qui polluent les fleuves, notamment dans les centres

densément peuplés 187.

29. En Chine, les autorités administratives et judiciaires n’hésitent pas à assainir les fleuves

188
principaux en ordonnant la fermeture des usines polluantes . Encore en 2007, le Gouvernement

chinois annonçait son intention de fermer plusieurs milliers d’usin es de pâte à papier polluantes,

189
équivalant à une production annuelle de 3 millions de tonnes .

30. De même, le démantèlement d’une usine qui ne respecte pas la loi est loin d’être un fait

inconnu ou même exceptionnel. Je citerai comme exemple une décision de1988 du tribunal

fédéral administratif allemand, et confirmée en1998, qui a ordonné la fermeture et le

démantèlement de la centrale nucléaire de Mülh eim-Kärlich, pour des vices dans la procédure

190
d’autorisation . Cette usine avait été en service pendant plus d’un an et demi, et son coût

d’investissement supérieur à 3,5 milliards d’euros n’a pas découragé le tribunal à appliquer la loi.

31. La réaffectation des usines de pâte à papier est aussi un phénomène qui découle des

cessations d’activités décidées pa r les entreprises elles-mêmes. Pour vous donner un exemple,

187
Noronha, Frederick, «India’s Supreme Court Pane l cracks down on hazardous waste», 19 novembre 2004,
disponsible sur: http://www.ens-ne wswire.com/ens/nov2004/2004-11-19-01.asp ; Sharma, Dinesh C., «By Order of the
: ECnvirtnmental Cleanup in India», dispon:ible sur
http ://www.pubmedcentral.nih.gov/articlerender.fcgi?artid=1257623 ; Surendranath, C., «Burn-and-dump in Kerala»,
dans http://infochangeindia.org/200412015597/Agenda/Industria l-Pollution/Burn-and-dump-in-Kerala.html ; Supreme
Court of India, T.N. Godavarman Thirumulpad v. Union of India (UOI) and Ors. , decided on 15 December 2006,

disponible sur: www.ielrc.org/content/e 0612.pdf ; Maharashtra Pollution Control Board, «Important High Court /
Supreme Court Orders ⎯(2) M/s. Mangalam Laborat ories Pvt.Ltd.V/s M.P.C. Board», disponible su:r
http ://mpcb.gov.in/legal/imphighcourt2.php
188
Letovsky, R., Ramazani, R., et Murphy, D., «Envi ronmental Protection and Economic Development: The
Case of the Huaihe River Basin Cleanup Plan», The William Davidson Institute, Working paper Number 147, June 1998,
p.8, disponible sur: http://deepblue.lib.umich.edu/bitstream/2027.42/39536/3/wp147.pdf ; Barr, C., et Cossalter, C.,
«China’s development of a plantation-based wood pulp industry: government policies, financial incentives, and
investment trends», International forestry Review, Vol. 6 (3-4), 2004, p. 268 ; «China to close small mills», juillet 2007,
disponible sur : http ://findarticles.com/p/articles/mi_qa5371/is_/ai_n21292426?tag=artBody;col1

189 «China to close small mills», juillet 2007, dans
http ://findarticles.com/p/articles/mi_qa5371/is_/ai_n21292426?tag=artBody;col1 ; GLG News, «Can China alone keep
the pulp market ti?ghtWhat about In»i,a12 février 2008, dans

http ://www.glgroup.com/News/Can-China-alone-keep-the-pulp-market-tight---What-…
190Entscheidungen des Bundesverwaltungsgerichts ⎯ Urteil des 7. Senats vom 9. September 1988 – BVerwG 7

C 3.86, BVerwGE Bd. 80, 1989, Carl Heym anns Verlag KG Berlin, p.207-223 ; Urteil des 11. Senats com 14. Januar
1998 ⎯ BverwG 11 C 11.96, BVerwGE 106, 1999, p. 115-129. Voir aussi : Rhein-Zeitung (RZ-Online) «Atomkraftwerk
Mülheim-Kä:rlicentner legte Reaktor lahm», 5 septembre 2008, dans
http ://rhein-zeitung.de/on/08/09/05/rlp/t/rzo471393.html - 67 -

l’usine de la compagnie Stora Enso à Hamina (F inlande), fermée en janvier 2008, a été achetée au

191
début de cette année par Google pour y installer un centre de données informatiques .

32. Aux considérations économiques et soci ales s’intègrent bien entendu les vulnérabilités

spécifiques du fleuve Uruguay à l’endroit choisi par Botnia. Vous l’aurez bien compris, Messieurs

les juges, le problème clé de ce différend c’est l’emplacement de cette usine géante qui aurait pu et

dû être installée ailleurs.

33. Messieurs les juges, vous avez la possibilité de protéger l’environnement fragile du

fleuve Uruguay, de sauver le statut de 1975, et de créer les conditions pour que tout nouveau projet

suive dorénavant la voie tracée par son chapitr eII et respecte pleinement ses dispositions

substantielles. De rétablir les liens qui unissen t les deux peuples dans toute leur étendue. De

régler ce différend et d’en éviter de nouveaux. En un mot, tout simplement, d’appliquer le droit et

de rendre stricte justice. Ce seront les deux pays qui en bénéficieront.

34. Monsieur le président, Messieurs les juges, au nom de l’ensemble de la délégation

argentine, je vous remercie de l’attention que vous avez bien voulu nous prêter durant ce premier

tour de plaidoiries.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président: Je vous remercie, Monsieur le

professeur, de votre présentation. M. le juge Si mma a plusieurs questions à poser aux Parties.

Monsieur le juge Simma, vous avez la parole.

Judge SIMMA: Thank you Mr.Vice-President. I have a number of questions which are,

with one exception, directed to both Parties.

Questions directed to both Parties

1. With regard to emissions of chlorine into the waters of the River Uruguay, the Court has

been told that the Botnia mill uses elemental-chlorine-free (ECF) technology, which is said to still

produce significant quantities of persistent organic pollutants, like dioxins and furans. We have

also been told that modern mills are capable of eliminating production of those toxins by

employing totally-chlorine-free (TCF) technology.

191«Google Buy?s A Paper Mil?l», Washi ngton Post, 12 February 2009, disponible su:r

http ://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/02/12/AR200902120058… - 68 -

From this, two questions arise:

(a) Which of the technologies just mentioned is being, or will be, used by Botnia mills located in

European Community Member States, particularly in Finland and particularly by the most

recently established mills or mills that are curre ntly being built or projected and emit their

effluents into rivers?

(b) Would it be technically (I repeat: technically) possible to convert the technology used in the

Fray Bentos mill from the ECF to the TCF technology?

2. The Court has also been told that emissions by pulp mills of persistent organic pollutants

as well as of nutrients, in particular of nitrogen an d phosphorus, can be adequately controlled if a

wastewater treatment system comprising a tertiary treatment stage is being used. The Court has

further been told that the wastewater at the Botnia mill under consideration is only subjected to a

primary and a secondary stage of treatment.

This leads to the following questions:

(a) From a technical and environmental viewpoint, would it be possible, and would it make sense,

to add facilities for tertiary treatment to the wastewater treatment plant of the Botnia mill, or

would the carbon emissions involved in the production of the energy necessary for such tertiary

treatment undo the advantages of adding this third stage?

(b) Does wastewater treatment at the Botnia mills referred to in question (1) (a) above ⎯ i.e., mills

in the EU countries, etc., etc. ⎯ comprise a tertiary treatment stage?

Those are the first two questions. Now comes the third question.

3. Do technologies exist which would minimize the alleged malodorous emissions (caused

by sulphur) of the Botnia plant?

And last there is a question directed to Uruguay only. The question is very simple.

Question directed to Uruguay

4. Does the Botnia plant use chlorinated lindane as a pesticide for wood preservation?

Thank you very much.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président: Je vous remercie, Monsieur le

juge Simma. Le texte précis de cette question sera communiqué aux Parties sous forme écrite dès - 69 -

que possible. Conformément à l’usage, les Parties sont invitées à répondre à ces questions lors des

audiences à venir. L’Uruguay pourrait y répondre durant son premier tour de plaidoiries, tandis

que l’Argentine aura l’occasion de le faire lors du second tour.

Voilà qui met un terme au premier tour de plaidoiries de la République argentine. La Cour

se réunira de nouveau le lundi21septembre2009 à 10heures pour entendre la République

orientale de l’Uruguay en son premier tour de plaidoiries. L’audience consacrée au premier tour de

plaidoiries de la République argentine est levée.

L’audience est levée à 12 h 55.

___________

Document Long Title

Audience publique tenue le jeudi 17 septembre 2009, à 10 heures, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Tomka, vice-président, faisant fonction de président en l'affaire relative à des Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay)

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