Audience publique tenu le lundi 10 mai 1999, à 17 h 10, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Weeramantry, vice-président, faisant fonction de président

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107-19990510-ORA-02-00-BI
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Incidental Proceedings
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1999/17
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Uncorrected

International Court Cour internationale
of Justice de Justice

THE HAGUE LA HAYE

YEAR 1999

Public sitting

held on Monday 10 May 1999, at 5.10p.m., at the Peace Palace,

Vice-PresidentWeeramantry,Acting President,presiding

in the case concerningegality of Use of Force

(Yugoslavia v. France)

Request for the indication of provisional measures

VERBATIM RECORD

ANNEE 1999

Audience publique

tenue le lundi 10 mai 1999à17 h 10, au Palais de la Paix,

sous laprésidencede M. Weeramantry, vice-président
faisant fonction deprésident

dans l'affaire relativea Licéitéde l'emploi de laforce

(Yougoslavie c. France)

Demande en indication de mesure conservatoire

COMPTE RENDUPresent: Vice-President Weeramantry, Acting President
President Schwebel
Judges Oda

Bedjaoui
Guillaume
Ranjeva
Herczegh
Shi
Fleischhauer

Koroma
Vereshchetin
Higgins
Parra-Aranguren

Kooijmans
Rezek
Judge ad hoc KreCa

Registrar Valencia-OspinaPrésents: M. Weeramantry, vice-président, faisant fonction de président en l'affaire
M. Schwebei, président de la Cour
MM. Oda

Bedjaoui
Guillaume
Ranjeva
Herczegh
Shi

Fleischhauer
Koroma
Vereshchetin
Mme Higgins
MM. Parra-Aranguren

Kooijmans
Rezek, juges
KreEa,juge ad hoc

M. Valencia-Ospina, greffierThe Government of the Federal Republic of Yugoslavia is represented by:

Mr. Rodoljub Etinski, Chief Legal Adviser in the Ministry of Foreign Affairs, Professor of
International Law, Novi Sad University,

as Agent;

H. E. Mr. Milan Grubié,Ambassador of the Federal Republic of Yugoslavia to the Netherlands,

as Co-Agent;

Mr. Ian Brownlie, C.B.E., Q.C., Chichele Professor of Public International Law, Oxford,

Mr. Carlos Casillas Velez, Vice-President of the Mexican Academy of International Law and

Professor of Law at UNAM University,

Mr. Olivier Corten, Lecturer at the Faculty of Law of the Free University of Brussels,

Mr. Stevan Djordjevik, Professor of International Law, Belgrade University,

Mr. Pierre Klein, Lecturer at the Faculty of Law of the Free University of Brussels,

Mr. Miodrag Mitié, Assistant Federal Minister for Foreign Affairs of the Federal Republic of
Yugoslavia (Ret.),

Mr. Eric Suy, Professor at the Catholic University of Leuven, former Under-Secretary-General and
Legal Counsel of the United Nations,

Mr. Paul J. 1.M. de Waart, Professor emeritus of International Law, Free University of Amsterdam,

as Counsel and Advocates;

Mrs. Sanja MilinkoviC,

as Assistant.

The Government of the Republic of France is represented by:

Mr. Ronny Abraham, Director of Legal Affairs of the Ministry of Foreign Affairs,

as Agent;

Mr. Alain Pellet,

as Counsel and Advocate;

Mr. Jean-Michel Favre, Department of Legal Affairs of the Ministry of Foreign Affairs,

Mr. Guillaume Etienne, Department of Legal Affairs of the Ministry of Defence,

as Counsellors.Le Gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie est représentépa :r

M. Rodoljub Etinski, conseiller juridique principal au ministère des affaires étrangèresde la
République fédérale dY e ougoslavie et professeur de droit international à l'universitéde Novi
Sad,

comme agent;

S. Exc. M. Milan Grubié,ambassadeur de la République fédérale de Yougoslavie aux Pays-Bas,

comme coagent;

M. Ian Brownlie, C.B.E., membre du barreau d'Angleterre,professeur de droit international public,
titulaire de la chaire Chichele à l'université d'Oxford,

M. Carlos Casillas Velez, vice-président de 1'AcademiaMexicana de Derecho International et
professeur de droit international à l'université nationale autonome du Mexique (UNAM),

M. Olivier Corten, maître de conférences à la faculté dedroit de l'université libre de Bruxelles,

M. Stevan DjordjeviC, professeur de droit international à l'université de Belgrade,

M. Pierre Klein, maître de conférences à la facultéde droit de l'université libre de Bruxelles,

M. Miodrag MitiC,ancien ministre fédéral adjointdes affaires étrangèresde la Républiquefédérale
de Yougoslavie,

M. Eric Suy, professeur à l'université catholique de Louvain (K. U. Leuven), ancien Secrétaire

généraladjoint et conseiller juridique de l'organisation des Nations Unies,

M. Paul J.1.M. de Waart, professeur émérite de droit international à la Vrije Universiteit
d'Amsterdam,

comme conseil et avocats;

Mme Sanja MilinkoviC,

comme assistante.

Le Gouvernement de la République française est représenté par :

M. Ronny Abraham, directeur des affaires juridiques au ministère des affaires étrangères,

comme agent;

M. Alain Pellet,

comme conseil et avocat;

M. Jean-Michel Favre, direction des affaires juridiques du ministère des affaires étrangères,

M. Guillaume Etienne, direction des affaires juridiques du ministère de la défense,

comme conseillers. -6-

The VICE-PRESIDENT, acting President: Please be seated. The Court meets now to hear

the submissions of France in the case of Yugoslavia against France, and much pleasure in

calling upon the distinguished Agent of the Govemment of France, Mr. Abraham.

M. ABRAHAM :

Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour,

La France, quej'ai le grand honneur de représenter devant vous aujourd'hui,est mise en cause

par la République fédéralede Yougoslavie pour «violation de l'obligation de ne pas recourir

l'emploi de la force» (intituléde la requêteintroduite le 29 avril 1999).

C'est par respect pour la Cour internationale de Justice que la République française se

présente, en ma personne, dans ce prétoire. Mais je regrette d'avoir à dire que ce respect ne me

paraît pas également partagé parla Partie adverse, tant il est évident d'embléeque la requête dela

République fédérale de Yougoslavie contrela France échappela compétencede la Cour, qu'elle

est vouée pour cette raison un rejet inéluctable, et que 1'Etatrequérant ne peut pas l'ignorer.

Pourquoi, alors, cette requête

J'ai bien l'impression, Monsieur le président, quela Yougoslavie souhaite, en réalité, utiliser

la Cour comme un forum politique, et non pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un organe judiciaire

indispensable, chargéde régler, conformémentau droit international, les différends qui lui sont

soumis, comme le précise l'article 38 de son Statut, et dans les limites de sa compétence.
-
Cette actionjudiciaire vouéeàl'échec etintroduite àdes fins grossièrement étrangèresàcelles

d'unebonne justice constitue, peut-êtreet tout au plus, pour le défendeur,un désagrément,mais

surtout et certainement, pour la Cour, une injure.

Il est inutile de consacrer de longs développements auxévénementsqui sont à l'originede

cette affaire,savoir ce que l'on doit appeler «la crise du Kosovo», car elle est connue de tous.

Comme l'ont soulignéles chefsd'Etat et de gouvernement participanla réuniondu Conseil de

l'Atlantique Nord, qui s'est tenue à Washington les 23 et 24 avril dernier, cette crise remet

fondamentalement en cause des valeurs que les Etats participant aux opérations militaires de

l'OTAN et viséspar les requêtes dela Yougoslavie défendent démocratie, lesdroits de l'hommeet la primauté du droit. Cette crise est :«l'aboutissement d'une politique délibérée d'oppression,de

nettoyage ethnique et de violence conduite par le régimede Belgrade» (((déclarationsur le Kosovo»

adoptée à l'issue du Sommet de Washington). Cette déclaration précise que

((l'actionmilitaire de l'OTAN contre la République fédéralede Yougoslavie est menée
à l'appui des objectifs politiques de la Communauté internationale, réaffirmésdans les

déclarations récentes faites par le Secrétaire générad l es Nations Unies et par l'Union
Européenne :paix, multiethnicité et démocratie pour un Kosovo oii le peuple tout
entier puisse vivre en securitéetjouir des libertés etdes droits de l'homme universels
sur une base d'égalité».

La France n'entend pas entrer, de quelque manière que ce soit,dans une discussion sur le fond

du prétendudifférendque la requête auraitpour objet de faire trancher. Elle se limitera àdémontrer

l'absence de compétence de la.Cour pour connaître de cette requête. Elleest pleinement solidaire

des argumentations tendant aux mêmesfins qui ont et qui seront développées devant vous par les

défendeurs aux autres requêtesinscrites à l'ordre du jour des présentes audiences.

Monsieur le président,la Républiquefédéralede Yougoslavie invoque, dans sarequêtecontre

la France, deux bases de compétence : l'articlIX de la convention de 1948 pour la prévention et

1.arépression du crime de génocide, et l'article 38, paragraphe 5, du Règlement de la Cour. Ces

deux bases de compétence sont totalement inopérantes, mais pour des raisons différentes.

a) L'article 38, paragraphe 5,du Règlement de la Cour se lit comme suit

((Lorsque le demandeur entend fonder la compétence de la Cour sur un
consentement non encore donné ou manifesté par 1'Etatcontre lequel la requêteest
formée, la requête est transmise à cet Etat. Toutefois elle n'est pas inscrite au rôle
généralde la Cour et aucun acte de procédure n'est effectué tant que 1'Etatcontre

lequel la requêteest formée n'a pas accepté la compétence de la Cour aux fins de
l'affaire.»

Cette disposition correspond, comme on le sait, à une offre de règlement judiciaire que 1'Etatvisé

par la requêtepeut ou non accepter. La saisine et la compétencede la Cour sont, je n'insisterai pas

sur ce point, subordonnées à l'existence d'un consentement du défendeur. Votre jurisprudence est

assez abondante sur cette question. On peut, notamment, faire référence à l'affaire du Traitement

en Hongrie d'un avion des Etats-Unis d'Amérique etde son équipage (Etats-Unis d'Amérique c.

Hongrie). La Cour a explique, dans son ordonnance du 12juillet 1954,qu'elle «ne pouvait donner

suite» à la requête introduite par les Etats-Unis d'Amérique en l'absence d'une ((acceptationpar le

Gouvernement de la République populaire de Hongrie de la juridiction de la Cour pour connaître -8-

du différend faisant l'objet de la requête)) (C.I.J.Recueil 1954, p. 101). Le raisonnement a été

identique dans l'affaire de l'Incident aérien du7 octobre 1952 (C.I.J. Recueil 1956, p. 1 l), dans

l'affaire del'Antarctique (Royaume-Uni c. Argentine) (C.I.J. Recueil 1956, p. 14), dans l'affaire

relative à l'Incident aérien du 7 novembre 1954 (C.I.J. Recueil 1959, p. 278), etc., inutile de

multiplier les exemples.

L'article38, paragraphe 5, du Règlement de la Cour est inopéranttout simplement parce que

la France n'accepte pas, en l'espèce, la compétence de la Cour. Il est bien entendu que sa

participation àla phase actuelle de l'instance introduitepar la requêtede la Yougoslavie ne constitue

pas une acceptation de la compétencede la Cour en vertu de cet article. Au demeurant, nul n'ignore
w
que la doctrine duforum prorogatum ne peut trouver application en pareille circonstance. Dans son

ordonnance du 13 septembre 1993, rendue dans l'affaire relative à l'Application de la convention

pour la prévention etla répressiondu crime de génocide (Bosnie-Herzégovinec. Yougoslavie),la

Cour insiste sur le fait que le «défendeura constamment contestéque la Cour ait compétencepour

connaître du différend, sur labase de cette convention (celle de 1948) ou sur toute autre base». Et

elle relèveque, dans ces conditions, la présencede 1'Etatdéfendeur (laYougoslavie) et les mesures

qu'il sollicitait ne pouvaient êtreregardées, mêmeprima facie, comme une ((manifestation non

équivoque))de la volontéde cet Etat d'accepter demanière((volontaire,indiscutable))la compétence

de la Cour (C.I.J. Recueil 1993, par. 34).

Faute de consentement de la France sur la base de l'article 38, paragraphe 5,la requêtede la #

Yougoslavie ne pourrait, sur cette base, êtreinscrite au rôle généralde la Cour et aucun acte de

procédurene pourrait êtreeffectué.

Aussi 1'Etatrequérant,qui ne peut bien évidemment ignorer ce qui précède,a-t-il cru habile

d'invoquer uneautre base de compétence pour la saisine de la Cour :l'articlIX de la convention

de 1948 pour la prévention et la répressiondu crime de génocide. - 9 -

b) Mais cette disposition n'est pas non plus une base de compétence pertinente, et cela de

façon absolument manifeste. Au demeurant, si la République fédéralede Yougoslavie avait

réellement pensé que l'article IX de la convention de 1948 fournissait une base juridique aux

prétentions qu'elle entend soumettre à la Cour, elle n'eût pas invoqué égalementl'article 38,

paragraphe 5, du Règlement de la Cour.

Le professeur Alain Pellet démontreradans un instant, avec votre permission, Monsieur le

président, quela convention de 1948ne comporte aucun lien de rattachement avec les arguments

et les conclusions que développe la requête.

Nous sommes ici en présence d'unpur artifice qui ne peut abuser personne.

La Cour permettra-t-elle que cet artifice ait une quelconque efficacité,qu'ilproduise quelque

effet que ce soit, mêmed'un point de vue purement procédural ? Je ne le pense et ne le souhaite

pas.

Le principe fondamental du respect dû au juge, et tout spécialement a l'organe judiciaire

principal desNations Unies, implique qu'unepartie ne puisse tirer aucunbénéfice,si minime soit-il,

d'un artifice de procédure.

C'estpourquoi la Républiquefrançaise demandera à la Cour, pour des raisons de droit que

je développerai dans quelques minutes, d'ordonner purement et simplement la radiation du rôle

généralde la requêtede la République fédérale de Yougoslavie contre la France.

Mais auparavant, si vousvoulezbien lui donner laparole, Monsieur leprésident,leprofesseur

Alain Pellet démontrera l'absence de compétence prima facie de la Cour pour connaître de cette

requête.

Je vous en remercie.

The VICE-PRESIDENT, acting President: 1give the floor to Professor Pellet.

M. PELLET : Monsieur le président,Madame et Messieurs les juges,

1. C'est,pour moi, un honneur de me présenterànouveau devant vous au nom de mon pays,

mêmesi j'eusse préféré le faire en d'autres circonstances, tant est manifeste l'incompétencede laCour et injurieux le fondement, totalement artificiel, sur lequel la République fédérale de

Yougoslavie prétend fonder sa juridiction : l'article IX de la Convention sur le génocidede 1948.

M. Ronny Abraham vient d'exposer les grandes lignes de la position de la France. Il

m'appartient de montrer que la Cour n'a pas lacompétenceprimafacie nécessairepour indiquer des

mesures conservatoires au titre de l'article 41 de son Statut.

2.Conformémentàvotre jurisprudence, maintenant bien établie,l'indication detelles mesures

est subordonnée à la réunion de trois conditions :

- une atteinte irréparabledoit êtreportée auxdroits - pas aux intérêtsM , onsieur le président,

aux droits - des Parties, dans le cadre du différend soumis à la Cour;

- l'indication des mesures demandées doit être urgente;

- la Cour doit avoir compétence au moins prima facie pour connaître du litige principal.

Je ne m'attarderai pas sur les deux premières de ces conditions, tant la troisième fait

manifestement défaut,ce qui rend superflu, et àvrai dire impossible, l'examen des deux autres, car

il est bien évident que la compétence est la condition préalable à toute entrée en matière.

3. Monsieur le président, la Cour permanente avait déjàmis en garde contre l'idéequ'une

requêtesuffit à créerun litige justiciable, ceci en énonçantune règlequi est d'ailleurs une règle de

bon sens, je cite la CPJI :

«il est évident [disait-elle] que la compétencede la Cour ne saurait dépendre seulement
de la manière dont la requête est formulée ...la Cour doit en première ligne
examiner ..si les dispositions auxquelles il faut recourir pour décider surla requête
sont parmi celles au sujet desquelles la compétence de la Cour est établie» (affaire
relative a Certains intérêtsallemands en Haute Silésie polonaise, arrêt du
25 août 1925, C.P.J.I. série A no 6,p. 15).

La Cour doit donc s'assurer que le différendqui lui est soumis entre bien parmi ceux qui

correspondent à la base de compétence invoquée. Elle l'a répété récemmend tans l'arrêtdu

12 décembre 1996 dans l'affaire des Plates-formes pétrolières :

«la Cour ne peut se borner à constater que l'une des Parties soutient qu'il existe un tel
différend[en l'espèceil étaitrelatif àl'interprétationou àl'application du traité d'amitié
de 1955 entre les Etats-Unis et l'Iran] et que l'autre le nie. Elle doit rechercher si les
violations du traitéde 1955 alléguéespar l'Iran entrent ou non dans les prévisions de
ce traité et si, par suite, le différend estde ceux dont la Cour est compétente pour

connaître ratione materiae par application de la clause compromissoire figurant dans
le traité.)) (C.I.J.Recueil 1996, p. 810, par. 16.) - 11 -

Cela rejoint les positions que la Cour a prises plus précisémenten matière de mesures

conservatoires :d'unepart, les mesures conservatoires demandkes doivent coïncider avec l'objet du

litige tel qu'il estdéfinidans la requête- vous l'avez rappelédans l'ordonnance du2 mars 1990,

rendue dans l'affairerelative àla Sentencearbitrale du 31 juillet 1989 (C.I.J.Recueil 1990, p. 70,

par. 26); d'autrepart, vous vous êtes toujoursrefusés à faire droit à des demandes en indication de

mesures conservatoires sortant du cadre de l'instrument invoquépour fonder votre compétence(voir

ibid. et les ordonnances du 8 avril et du 13 septembre 1993 dans l'affaire relative à l'Application

de la conventionpour la prévention etla répressiondu crime de génocide).

4. La République fédérale deYougoslavie dit fonder lacompétencede la Cour sur l'article 38,

paragraphe 5, du Règlement -- ce qui est une manière dereconnaître que la haute juridiction est

incompétente - et aussi sur l'article IX de la convention de 1948 sur le génocide - ce qui est

peut-êtreune autre manière de reconnaître la mêmechose, tant est absurde l'allégation que ceci

implique nécessairement selon laquelle la France serait en train de commettre un génocide.

La convention est expressémentmentionnée à deux reprises dans la requêteyougoslave, une

fois en tant que base de compétencede la Cour (p. 2 de la requête);une autre fois parmi les moyens

de droit sur lesquels la demande repose (p. 5). Elle y est citée enmême tempsque divers principes,

ou prétendusprincipes, de droit coutumier et en même temps quedes traités auxquels la France

n'est d'ailleurspas toujours partie comme le protocole 1de 1977aux conventions de Genèveou la

convention sur le Danube de 1948. La convention sur le génociden'est pas mentionnée une seule

fois dans la demande en indication de mesures conservatoires.

Tout au plus celle-ci indique-t-elle, parmi les «motifs» de la demande, le fait que les actes

imputés à la France seraient de nature telle que "theYugoslavpopulation is deliberately imposed

conditions of Ife calculated to bring aboutphysical destruction of the group, in whole or inpart"

(p. 16). Auparavant le demandeur avait utilisé lamême expression, mais au sujet non pas d'un

groupe, mais d'ethnicgroups, au pluriel (p. 1). Même procédé dans la requêteelle-mêmeoù, par

deux fois, la Républiquefédérale de Yougoslavie paraphrase,sans le citer, l'article II,alinéac), de

la convention sur le génocide qui inclut dans la définition de ce crime la «soumission - 12 -

intentionnelle))d'ungroupe national, ethnique, racial ou religieux, dans l'intention de ledétruire,«à

des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle)) (p. 3 et 4).

L'agent de la Yougoslavie a aussi procédéde cette manière ce matin.

5. On comprend, Monsieur le président, que 1'Etat demandeur hésite à utiliser le mot

«génocide» :son usage ne ferait que souligner l'incongruitéde sa requête,dont le titre mêmequ'il

a choisi de lui donner souligne qu'elle n'arien à voir avec un quelconque génocide. Vous-mêmes,

Madame et Messieurs de la Cour, ne vous y êtes pastrompés,en intitulant cette affaire Licéitéde

l'emploi de laforce.

Ce titre correspond du reste à celui retenu par le requérant : "Application of the Federal
w
Republic of Yugoslavia against the Republic of France for Violation of the Obligation not to Use

Force" - pas "...for Violation of the Obligation not to Commit Genocide", non : pour la prétendue

violation de l'obligation de ne pas recourir à laforce.

Cet objectif unique est confirmépar la conclusion, unique aussi, de la demande en indication

de mesures conservatoires. Sa rédactionne laisse aucun doute sur son objet :

"The Republic of France shall cease immediately its acts of use of force and
shall refrain from any act of threat or use of force against the Federal Republic of
Yugoslavia." (P. 17.)

Du reste, la requêteet la demande en indication demesures conservatoires dans leur ensemble

portent exclusivement sur les pertes et destructions entraînéespar les actes liésau conflit arméen

1
cours, alors que pas une fois la République fédérale de Yougoslavie ne fait la moindre allusion à

une quelconque ((intention génocidaire))de la part des autorités de la République française.Il en

est alléde même d'ailleursdes plaidoiries que nous avons entendues ce matin, à la seule exception

de celle de M. MitiC,qui s'estbornéà une affirmation isolée,pure et simple, sans même l'assortir

de la moindre ébauche de démonstration.

6. Or, le génocide,tel que le définitla convention de 1948 comporte deux éléments.L'un

objectif :la destruction en tout ou en partie d'un groupe national ou religieux comme tel. L'autre

subjectif : l'intention d'aboutirà ce résultat qui est contraire,comme vous l'avezdit dans votre avis

de 1951, aux ((principes de morale les plus élémentaires)) (C.I.J., avis consultatif du 28 mai 1951,Réserves à la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide,

C.I.J. Recueil 1951, p.23). On chercherait en vain, Monsieur le-président,trace de l'unou de l'autre

de ces élémentsen la présenteespèce.

En ce qui concerne le premier, l'élémeno t bjectif, la République fédéralede Yougoslavie

n'invoque, comme je l'aidit, que - mais c'estdéjàbeaucoup trop - l'alinéac) de l'article IIde la

convention, la «soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner

sa destruction physique totale ou partielle)). Et elle précise (si l'on peutdire) cette accusation en

reprochant àla France de causer «un énorme dommageàl'environnement» et d'utiliser de l'uranium

affaibli (requête,p. 3).

Ces allégations, Monsieur le président,manquent entièrement en fait

- les forces de l'OTAN prennent le maximum de précautions pour causer à l'environnement le

moins de dommages possibles et s'efforcent de ne causer aucun mal superflu aux populations

civiles;

- quant à l'allégation d'utilisation d'uraniumaffaibli, elle est parfaitement dépourvue de

fondement, les forces armées françaises n'étant dotées d'aucunearme de ce type. Au

demeurant, l'utilisationde telle ou telle arme, surtout quand elle n'estnullement illicite, est sans

rapport aucun avec la définition du génocide,mêmeenvisagée sous l'angle de son élément

objectif.

7. Monsieur le président, l'élément intentionnel n'esté , videmment, pas davantage présent.

Comme la Cour a eu l'occasion de le rappeler avec force récemment dans une affaire qui, déjà,

mettait en cause la République fédéralede Yougoslavie :

((d'aprèsla définition du génocide figurantà l'article II de la convention sur le
génocide ...la caractéristiqueessentielle du génocideest la destruction intentionnelle
d'un «groupe national, ethnique, racial ou religieux)) .». (Ordonnance du

13 septembre 1993, par. 42; C.I.J. Recueil 1993, p. 345.)

L'usage de la force armée n'entrepas en tant que tel dans les prévisionsde la convention de 1948

sur laquelle la Républiquefédéralede Yougoslavie accepte de se fonder.

On ne peut, à cet égard, que partager l'interprétationque les Etats-Unis ont donnée de

l'article II) de cet instrument lorsqu'ils l'ontratifiéen 1988 : «Les actes commis au cours de conflits arméssans l'intention expresseénoncée
à l'article II ne sont pas suffisants pour constituer un génocideau sens de la présente
convention.)) (Cité dans Traités multilatérauxdéposés auprès du Secrétaire
général - Etat au 31 décembre1997, ST/LEG/SER.E/16, p. 93.)

Il est du reste révélateurque cette déclaration interprétative ntuscitéaucune objection ni aucune

réaction négative, y compris de la part de la Yougoslavie. Le contraire eût d'ailleurs été fort

surprenant : il suffit de lire l'article II de la convention de 1948 pour constater que l'intention de

détruireun groupe humain comme tel constitue le cŒurmêmede la définition du génocide. Je

remarque au surplus au passage que cet élément intentionnee lst doublement présentdans l'alinéa c)

de l'article I:l'auteur du génocide doit avoirl'intentionde détruirele groupe et il doit le soumettre

intentionnellement aussi à des conditions d'existence devant entraîner cette destruction. '4

8. La Cour a étéparticulièrement claire à cet égarddans son ordonnance en indication de

mesures conservatoires du 13septembre 1993dans l'affairerelative àl'Applicationde la convention

pour la prévention et larépression du crime de génocide. Elle a considéré que,de tous les droits

dont la Bosnie-Herzégovine reprochait la violation à la Yougoslavie (Serbie et Monténégro),seul

celui du peuple et de 1'Etatde Bosnie-Herzégovine d'êtrp erotégés contreles actes de génocide et

autres actes assimilablesperpétréspar le défendeuragissant de concert avec ses agents et auxiliaires

en Bosnie et ailleurs était «tel que, par sa nature, il [pouvait] dans une certaine mesure relever

prima facie des droits conféréspar la convention sur le génocide)) (par. 39, C.I.J.Recueil 1993,

p. 344).
w

En revanche, la Cour a considéréqu'aucunedes autres demandes bosniaques n'entrait «dans

le champ d'application de la convention sur le génocide))(ordonnance du 8 avril 1993, par. 35,

C.I.J. Recueil 1993, p. 19). En particulier, elle a estiméque les mesures sollicitées par 1'Etat

demandeur visant la légitime défensene relevaient pas «de la compétence que lui confère

l'articleIX de la convention sur le génocide* (ordonnance du 13 septembre 1993, par. 41,

C.I.J.Recueil 1993,p. 345) et elle a écartéles demandes qui avaient pour objet de préserver«le

droit pour le peuple et 1'Etatde Bosnie-Herzégovine d'être àtout moment protégéscontre l'emploi

ou la menace de la force perpétrés contreeux par la Yougoslavie (Serbie et Monténégro))) (ibid.,

par. 38, p. 343). - 15 -

9. Or , Madame et Messieurs de la Cour, c'est très exactement ce que vous demande la

République fédérald ee Yougoslavie dans la présente affaire;et c'estseulement ce qu'elle réclame.

Elle ne vous demande - et je cite à nouveau le texte même deson unique conclusion, cette fois

en français - elle ne vous demande rien de plus que d'indiquer que «la République françaisedoit

cesser immédiatement ses actes d'emploi ou de menace de la force contre la Républiquefédérale

de Yougoslavie)). Elle se fonde sur les mots mêmesutilisésnaguère par la Bosnie-Herzégovine,

dont vous aviez clairement rejeté les demandes en 1993 aprèsavoir constaté que ces demandes ne

relevaient pas, fût-ce prima fucie de la compétencede la Cour au titre de la convention de 1948.

Il n'existe, Monsieur le président, aucune raison pour que la Cour se déjugeen 1999. Et la

République fédérale de Yougoslavie n'en avance aucune.

La France a donc la ferme conviction que la Cour ne peut indiquer une mesure conservatoire

quelconque dans l'affaire que cet Etat a introduite contre elle, faute de compétenceprima facie.

Mais elle croit aussi qu'il faut aller plus loin. La Cour n'a pas compétence prima facie; mais plus

encore, il est d'ores etjàévidentque la requêtede laYougoslavie est manifestement insusceptible

de se rattacher à un chef quelconque de compétence de la Cour selon les dispositions du Statut.

Cela devrait conduire lahaute juridiction, non pas seulement àrejeter la demande de la République

fédérale de Yougoslavie en indication de mesures conservatoires, mais aussi àrayer dèsmaintenant

l'affaire de son rôle.

C'est ce que M. Ronny Abraham va maintenant montrer, Monsieur le président, si vous

voulez bien lui donner la parole pour une brève intervention.

Monsieur le président, Madameet Messieurs de la Cour, je vous remercie très vivement de

votre attention.

The VICE-PRESIDENT, acting President: Thank you very much, Mr. Pellet. Mr. Abraham,

please. M. ABRAHAM : Monsieur le président, jesouhaiterais,pour terminer, rappeler brièvement

les conclusions auxquelles MM. Badawi et Winiarski sont amvés dans leur opinion jointe à

l'ordonnance rendue par la Cour le 5 juillet 1951 dans l'affaire de 1'Anglo-Iranian Oil Co., qui

reflètent bien l'étatactuel de votre jurisprudence, et qui me semblent fort pertinentes s'agissant de

l'affaire qui nous intéresseaujourd'hui :

«en droit interne, ily a toujours un tribunal qui est compétent. En droit international,
c'est le consentement des parties qui confère juridiction a la Cour; la Cour n'a
compétence que dans la mesure où sa juridiction a étéacceptéepar les parties. Le

pouvoir donnéà la Cour par l'article 41 n'est pas inconditionnel; il luiest donnéaux
fins du procès, dans les limites du procès. Pas de compétence au fond, pas de
compétence pour indiquer des mesures conservatoires.))

Les deux juges poursuivaient en expliquant :

«s'il existe de fortes raisons en faveur de la compétence contestée, la Cour peut
indiquer des mesures conservatoires; s'ilexiste des doutes sérieuxou de fortes raisons
contre cette compétence, elle ne peut pas les accorder» (C.I.J. Recueil 1951, p. 97).

Et comme l'a souligné, d'autrepart, sir Hersch Lauterpacht dans son opinion individuelle

jointe à l'ordonnance de la Cour du 24 octobre 1957 dans l'affaire de l'lnterhandel :

«c'est une chose de dire que les mesures prises par la Cour en vertu de l'article41 du

Statut ne préjugent en rien la question de sa compétenceau fond et que la Cour n'a
pas, au stade actuel,a s'assurer qu'ellea compétence surle fond ou que sa compétence
est probable; et c'est autre chose que d'affirmer que la Cour peut agir en vertu de
l'article41 sans tenir compte de sa compétenceau fond et que cette dernièrequestion
ne se pose aucunement à propos d'une demande en indication de mesures

conservatoires)) (C.I.J. Recueil 1957, p. 118-119).

Monsieur le président,j'insiste sur le fait que, pour indiquer des mesures conservatoires, la
Irr
Cour ne peut pas négliger la question de sa compétenceau fond. La France a le droit d'escompter

que la Cour n'agira pas en vertu de l'article 41, puisque son absence de compétenceau fond est

manifeste. J'ajouterai qu'il convient de ne pas décourager lesEtats d'accepter des obligations

judiciaires - etje cite à nouveau sir Hersch Lauterpacht -

«en raison de la crainte justifiée qu'enles acceptant ils risqueraient de s'exposer à la
gêne,aux vexations et aux pertes pouvant résulterde mesures conservatoires dans le
cas où il n'existe aucune possibilitéraisonnable de compétenceau fond vérifiéepar la

Cour prima facie» (ibid).

Mais il fautpousser le raisonnement plus loin, et tirer les conséquencesultimesde la situation

qui se présenteaujourd'hui à vous. -17 -

Non seulement il existe en l'espèce, pour reprendre l'expression utiliséepar MM. Badawi et

Winiarski, «des doutes sérieux ou de fortes raisons contre (la) compétence» de la Cour, ce qui

suffirait àjustifier le rejet de la demande en indication de mesures conservatoires présentée par le

requérant, mais on peut affirmer d'ores et déjàqu'il existe une absence de doute raisonnable quant

à l'incompétencede la Cour, ou, si l'on préfère, une incompétence manifeste.

La base de compétence invoquéepar la partie adverse estplus qu'erronée :elle est inexistante,

puisqu'elle est purement artificielle.

Il me semble qu'enpareil cas il y a lieu de raisonner comme si 1'Etatrequérant n'avait fondé

son action que sur le seul article 38, paragraphe 5, du Règlement de la Cour, en neutralisant, en

effaçant, en tenant pour nulle et non avenue l'invocation, faite de mauvaise foi, de l'articlIX de

la convention de 1948.

Que se serait-il produit si la République fédéralede Yougoslavie n'avait invoqué,ce qu'elle

aurait fait si elle avait étéde bonne foi, que l'article 38, paragraphe 5, du Règlement ? En

application de cette disposition, la requête n'auraitpas étéinscrite au rôle généralde la Cour, et

aucune procédure n'aurait été effectuée tant que le défendeur n'aurait pas donné son

consentement - et il ne le donne pas - à la compétence de la Cour aux fins de l'examen de

l'affaire. C'est d'ailleurs exactement ce qui s'est passé lorsqu'une première fois, en 1994, la

République fédérale de Yougoslavie a formé une requête contrela France aux mêmesfins que la

présente action.

Cette fois-ci, 1'Etatrequérant ayant indiqué danssa requête uneautre base de compétence, le

Greffe de la Cour ne pouvait sans doute qu'inscrire l'affaire au rôle, et la Cour ne pouvait que

décider de tenir la présente audience sur la demande de mesures conservatoires. Mais une fois

démontré que cette base de compétence est manifestement inexistante, force est de constater que

l'on revient à la situation de droit qui aurait prévalu si la requêtene s'étaitréférqu'à l'article38,

paragraphe 5, du Règlement. Il faut alors en tirerla conséquence logique :la requêtedoit êtreradiée

du rôle, et la procédure ne doit pas se poursuivre davantage. Tel est exactement le raisonnement

que la Cour a adopté dans l'affaire relative à la Demande d'examen dela situation au titre du

paragraphe 63 de I'arrétrendu par la Cour le 20 décembre1974 dans l'affaire des Essais nucléaires (Nouvelle-Zélandec. France), qui opposait la Nouvelle-Zélande à la France et qui a

donné lieu à l'ordonnance du 22 septembre 1995. La Nouvelle-Zélande ayant invoqué,dans sa

requête,une base de compétenceautre que l'article 38, paragraphe 5, du Règlement (il s'agissait en

l'espèce d'une dispositiontiréed'un précédenatrrêtde la Cour et non d'untexte conventionnel, mais

peu importe), la requête dela Nouvelle-Zélandea été - je cite l'ordonnance- ((inscrite au rôle

général dela Cour à seule fin de perinettre à celle-ci de déterminer si les conditionsfixéespar ce

texte sont en l'espèce remplies»,puis, la Cour ayant constatéqu'elles ne l'étaient as, il a été donné

instruction au greffier: «de procéder a la radiation de cette demande du rôle généralà compter du

22 septembre 1995», soit la date mêmede l'ordonnance (C.I.J. Recueil 1995, par. 66).

w
De même,dans les affaires que j'ai eu l'occasion de citer tout à l'heure (celle du Traitement

en Hongrie d'un avion des Etats-Unis d'Amériqueet de son équipage, celles des Incident(s)

aérien(s) du 7 octobre 1952 et du 7 novembre 1954, ou encore celle de l'Antarctique), la Cour a,

après avoir constaté qu'elle n'étaiten présence d'aucune basede compétence susceptible de lui

permettre de donner suite à la requêteintroduite par 1'Etatdemandeur, décidéde rayer les affaires

en question du rôle généralde la Cour.

La mêmesolution s'impose ici.

Monsieur le président, Madame et Messieurs de la Cour, j'insiste une dernière fois : la

mauvaise foi, l'artifice ne doivent être d'aucunrapport, d'aucun avantage à celui qui en use.

Permettre à la procédurede se poursuivre au-delà de l'ordonnance quevous rendrez àl'issue 1

de la présente audience serait déjàconsentir un avantage, fût-il symbolique, a 1'Etatqui cherche

scandaleusement à abuser des règles qui définissent et qui limitent les conditions de l'action

judiciaire.

Et de quelle utilitéserait une telle poursuite de la procédure,s'ilest d'ores etdéjàcertain que

la Cour ne dispose d'aucune base de compétence ? -19 -

Monsieur le président, Madameet Messieurs de la Cour, en conclusion, la France estime que

la Cour ne peut donner suite a la requêtede la République fédérale de Yougoslavie. Aucune des

deux bases de compétence invoquéesn'étantpertinente. Ni l'une ni l'autre ne saurait fonder la

compétence dela Cour en l'espèce.Cette affaire devrait, de l'avis de la France et pour les raisons

que nous venons d'exposer, être rayée du rôle général dela Cour.

Je vous remercie, Monsieur le président, ainsi que les autres membres de la Cour, de

l'attention que vous avez bien voulu porter aux observations de la France.

The VICE-PRESIDENT, acting President : Thank you, Mr. Abraham. This brings to a

conclusion the Court's session for today. The Court will resume tomorrow morning at 10 o'clock.

The Court rose ut 5.55 p.m.Non-Corrigé Traduction

Uncorrected Translation

CR 99/17 (traduction)

CR 99/17 (translation)

Lundi 10mai 1999à 17 h 10

Monday 10May 1999 at5.10 p.m. -2-

Le VICE-PRESIDENT,faisant fonction de présiden:Veuillez vous asseoir. La Cour se

réunit maintenant afin d'entendre les conclusions de la France dans i'affaire portéepar la
Yougoslavie contre la France,etj'ai le plaisir de donner la paroleu gouvernementde la

France, MonsieurAbraham.

Mr. RONNYABRAHAM: Mr. President,Membersof the Court, France,whom 1have the

great honourto represent before youtoday, is brought beforethe Courtby the FederalRepublicof

Yugoslavia for "violation of the obligation not to use force" (title of the Application

29 April 1999).

It isout ofrespect fortheInternationalCourt of JusticethattheFrench Republic,represwnted

by myself, makesthis submissionto you today. Bu1have to Say,with regret, that this respect
seemsnot be sharedby the opposing party,so evident is itthe outset that the Applicationof

the Federal Republic of Yugoslavia against France fallse the Court'sjurisdiction, that the

Court is inevitably bound in consequence to reject it, and that the Applicant State cannot be

unaware ofthis. Why then make the Application in the first place?

1have the clear impression,Mr.President,that Yugoslavia in reality seeksto usethe Court

as a political forum, rather as what it is, an essentialjudicial institution,chargedpursuant to

Article38 of its Statutewiththetaskof resolving,in conformitywithinternationallaw,thedisputes

submitted to it, subject to the limits of itsjurisdiction. -
For the Respondent,this case, doomedas it is to failure and institutedfor ends flagrantlyat

odds withthose of truejustice, is perhaps no more than an annoyance; but forthe Court it is most

certainly an insult.

It isnnecessary to recite at length the events which led up to this case, narnelywhat the

world knows as the "Kosovo crisis". As the Heads of State and of Government attending the

meeting of the North Atlanticncil in Washington on 23 and 24 April 1999emphasized,this

crisis poses a fundamentalchallengeto the valuesdefendedby those Stateswhichare participating

O7 inNATO'smilitaryoperationsandwhich arethe Respondentsto theseproceedingsbyYugoslavia:

democracy,humanrights and therule of law. This crisis is "theculminationof a deliberate policyof oppression,ethnic cleansingand violence pursuedby the Belgrade régime ..." (Declarationon

Kosovo, adopted at the conclusion of the Washington Summit). The DeclarationStatesthat:

"NATO's militaryactionagainsttheFederalRepublicofYugoslaviasupportsthe
political aims of the international community, which were reaffirmed in recent
statementsby the UN Secretary-Generaland the European Union: a peaceful, multi-
ethnic and democratic Kosovo where al1 its people can live in security and enjoy
universal human rights and freedoms on an equal basis."

France does not seekto enter in any way whatever into a discussionon the substanceof the

alleged disputewhich the Application aims to resolve. Instead, she willlimit herself to showing

that the Court has no jurisdiction to entertainthat Application. She associates herselfcompletely

with the arguments in this sense which have been and will be developed before you by the

Respondents in the other cases to be considered by the Court atthese hearings.

Mr. President, in its Application against France, the Federal Republic of Yugoslavia relies

on two bases ofjurisdiction: Article IX ofthe 1948Conventionon the PreventionandPunishment

of the Crimeof Genocide and Article 38, paragraph 5, of theRules of Court. Both ofthese bases

of jurisdiction are totally inapplicable, but for different reasons.

(a) Article 38, paragraph 5, of'the Rules of Court reads as follows:

"Whenthe applicant State proposesto found thejurisdiction of the Court upon
a consent thereto yet to be given or manifested by the State against which such
application is made, the application shall be transmitted to that State. It shall not
howeverbe entered inthe GeneralList,nor anyactiontaken inthe proceedings, unless
and until the State against which such application is made consents to the Court's
jurisdiction for theurposes of the case."

Thisprovisionrepresents,asyou know,anoffertoresolvea disputebyjudicial means,which

the Stateagainstwhom theApplicationismade isfreeto acceptor to reject. Seisinandjurisdiction

of the Court both depend - and 1need not dwell on the point - on the existence of consent by

the Respondent. Your case-law is quite extensive on this point: see, for exarnple, the case

conceming TreatmentinHungaryofAireraftand Crewof UnitedStatesofAmerica(UnitedStates

ofAmerica v.HungarianPeople'sRepublic). The Courtexplains, in its Orderof 12July 1954,that

it "can take no further steps" on the Application filed by the United States of America in the

absenceofan "acceptancebytheGovernmentoftheHungarianPeople'sRepublicofthejurisdiction - 4 -

0 8 of the Court to deal with the dispute which isthe subject of the ..."(I.C.J.Reports

1954,p. 101). The Court's reasoning was identicalin the case of the Aerial Incidentof October

7th,1952 (UnitedStates ofAmericav. Unionof Soviet SocialistRepublics)(I.C.J.Reports 1956,
p. 9),inthentarcticacase (UnitedKingdomv.Argentina)(C.J .eports 1954,p. 14)and inthe

case concerningheAerial Incidentof 7November 1954 (United States of America v. Unionof

SovietSocialist Republics)(I.C.J.Reports,p. 278), etc. 1need not burden youwith further

examples.

Article 38, paragraphof the Rules of Court does not apply quite simplybecause, in this

case,Francedoes not acceptthe Court'sjurisdiction. It is clearlyunderstoodthat her participation
-
in thepresent phase of the proceedings institutedby Yugoslavia'sApplication does not constitute

an acceptance of thejurisdiction of the Court under that Article. Moreover, no one can fail to be

awarethat theorumprorogatum doctrine can have no applicationin such circumstaIn its

Orderof 13 September 1993inthecaseconcerningApplicationoftheConventiononthePrevention
and Punishmentof the Crime of Genocide (Bosniaand Herzegovinav. Yugoslavia),the Court

stressedthat "theRespondenthas constantlydenied that the Court hasjurisdiction to entertainthe

dispute,on the basis of that Convention [Genocide]or on anysis". The Court went on to

hold that, in this context, the presence before it of the respondent State (Yugoslavia) and the

measuresrequestedby it could notben,evenprima facie, as an "unequivocalindication"ofthat

State'swish to acceptin a "voluntaryand indisputableway" the Court'sjurisdiction (I.C.J.Reports

1993,p. 325, para. 34).

Inthe absenceof consentbyFranceunderArticle 38,paragraph 5, oftheRulesof Court,the

Applicationby Yugoslaviacannotbe enteredon that basis in the General List ofthe Court and no

actionmay be taken in the proceedings.

Accordingly, the applicant State, which cannot be unaware of these considerations, has
resortedto the ploy of invoking an additionalbasis ofjurisdiction forthe Court: Article

1948Convention on the Prevention and Punishment ofthe Crime of Genocide.

(b) However, this provision is not a valid basis ofjurisdiction either, and this is absolutely
2 9
manifest. Moreover,if the Federal Republic ofYugoslavia had really thought that Article IX of -5 -

the Convention of 1948provided a legal basis for the claims which it seeks to bring before the

Court, it would not also have invoked Article38, paragraph; of the Rules of Court.

With your permission,Mr. President,in a momentProfessor AlainPelletwill showyou that

the Convention of 1948has no connection withthe arguments and submissionscontained in the

Application.

What we are dealing with here is no more than a device, by which no one should be

deceived.

Will the Court allow thisdevice to have any impact, any effect whatever, even in purely

procedural terms? 1believe and hope not.

It follows fiom the basïc principle of the respect due to a court, and in particular to the

principal judicial organ of the United Nations, that norty may derive any benefit, however

minimal, from a procedural device.

This iswhy the French Republicis askingthe Court, forreasons of lawwhich 1will explain

a little later, purely andsimplyto orderthatthe Applicationof the FederalRepublicof Yugoslavia

against France be removed fiom the General List.

But before that, withyour permission,Mr.President,ProfessorAlain Pelletwill demonstrate

to you that the Court has no prima faciejurisdiction to entertain that Application.

Thank you for your attention.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonctionde président :Je donne laparoleà Monsieur Pellet.

Mr. PELLET: Mr.President, Members of the Court,

1. It is an honour for me to speak before you again on behalf of my country, even though

1would have preferredto do so under different circumstances, so manifest is the Court's lack of
1 O
jurisdiction, and so insulting is the wholly artificial ground on which the Federal Republic of

Yugoslavia claims to base the Court'sjurisdiction, narnely Article IX of the 1948 Genocide

Convention. Mr. RonnyAbraham hasjust sketched outthe position of France. It fallsto me to showthat

the Court does not have the prima facie jurisdiction which-is necessary for the indication of

provisional measuresunder Article 41 of the Statute.

2. In accordancewith yournow well-establishedjurisprudence,the indicationof provisional

measures is subjectto three conditions:

- irreparabledamage must havebeen causedto the rights - not to the interests, Mr. President,

but to the rights - of the Parties, in the context of the dispute before the Court;

- indication of the provisional measures requested must be a matter of urgency;

- the Court must have at least prima faciejurisdiction to hear the principal dispute.
I
1shall not dwell on the first two conditions,since the third is so manifestly absent, making

considerationof the other two superfluousand truth to tell impossible; for itis abundantlyclear

thatjurisdiction is the preliminary condition for any consideration ofthe matter.

3. Mr. President, longago the PermanentCourt of Intemational Justice wmed againstthe

ideathat an application was enough to create ajusticiable dispute, establishing a common-sense

"It is clear that the Court's jurisdictioncannot dependsolely on the wording of
the Application; . .. The Court must, in the first place, consider ... whether the
clauses uponwhich the decisionon the Application mustbe based, are amongstthose
in regard to which the Court's jurisdictionis established." (P.C.I.J., case conceming
Certain German Interests in Polish Upper Silesia, Judgment of 25 August 1925,
Series A, No. 6, p. 15).

The Court must therefore assure itself thatthe dispute broughtbefore it indeed falls within

the category of disputes correspondingto the basis of jurisdiction invoked. The Court recently

repeated this in itsJudgment of 12 December 1996 in the Oil Platforms case:

"the Courtcannot limit itself to notingthat one of the Parties maintains that such a
dispute exists [in the case concemed the dispute related to the interpretation or
applicationof the 1955 Treaiy of Amitybetween the United States and Iran], andthe
other deniesit. It must ascertainwhetherthe violationsof the Treaty of 1955pleaded
by Iran do or do not fa11within the provisions of the Treaty and whether, as a
consequence,the dispute is one which the Court hasjurisdiction ratione materiaeto
entertain, pursuant to" the compromissory clause contained in the Treaty (I.C.J.
Reports 1996, p. 810,para. 16). This echoes the positions which the Court has adopted more specifically with regard to

provisionalmeasures: on the one hand,the provisionalmeasures requested must coincidewith the

subject-matterof the dispute as defined in the Application - as the Court recalledin its Order of

2 March 1990, in the case concerningthe Arbitral Awardof 31 JuZy1989 (I.C.J.Reports 1990,

p. 70, para. 26); on the other hand, the Court has always rejected requests for the indication of

provisionalmeasuresfalling outsidethe scopeof the instrument invokedas the basis of the Court's

jurisdiction (seeibidemand the Orders of 8 April and 13September 1993in the case concerning

Applicationof the Conventionon thePreventionandPunishmentof theCrimeof Genocide).

4. TheFederalRepublicof Yugoslaviaclaimsto foundthe Court'sjurisdiction onArticle 38,

paragraph 5, of the Rules of Court - which is one way of recognizing that your distinguished

Court has no jurisdiction - and on Article IX of the 1948 Genocide Convention- which is

perhaps anotherway of recognizingthe same thing, soabsurd is the impliedallegationthat France

is committing genocide.

The Conventionis expresslymentioned twice intheYugoslav Application,onceasthe basis

of the Court'sjurisdiction (page 2); and again amongthe legal grounds on which the Application

isbased (page 5). It iscited intheApplicationalongsidevarious principles,or so-called principles,

of customary law andalongsidetreatiesto which in somecases France is not even a party, such as

the 1977 ProtocolI to the Geneva Conventions or the 1948Danube Convention. TheGenocide

Convention is not once mentioned in the request for the indication of provisional measures.

The most that can be said isthat Yugoslaviarefers,among the "legal grounds"on which the

Application is based, to the fact that the acts imputed to France are such that "the Yugoslav

population is deliberatelyimposedconditions of life calculatedto bringabout physicaldestruction

of the group, in whole or in part" (p.6). The Applicanthad previously usedthe sameexpression,

with regard notto a group, butto ethnicgroups in the plural (p. 1). The procedureis the same in

the Application itself in which, intwo places, the FederalRepublic of Yugoslaviaparaphrases but

doesnot quoteArticle II(c)ofthe GenocideConvention,which extendsthe definitionofthis crime

to "deliberatelyinflicting"on a national, ethnic, racialor religious group,withintentto destroy it, -8-

12 "conditionsof life calculatedto bring about its physical destructionin whole or in part" (pp. 3 and
-
4). The Agent for Yugoslavia did the samethis morning.

5. It is understandable, Mr. President, thatthe applicant State hesitates to use the word

"genocide": use of the word would merelyemphasize the incongruityof its Application, whose

very title, the title which the applicant State choseto give it, showsthatothingwhatever to

do with genocide. Moreover,Members ofthe Court,you didnot mistakethe matterwhenyou gave

this case the title Legality of Use of Force.

Thistitle correspondsto that chosen bytheApplicant: "Applicationof the FederalRepublic

of Yugoslavia against the Republic of France for Violation of the Obligation not to Use

w
Force" - not " ...for Violationofthe Obligationnotto CommitGenocide". No: forthe alleged

violation of the obligationt to useforce.

This sole objective is confirmedby the submission,alsoa sole submission,whichcloses the

request for the indication of provisional measures. Its wording leavesno doubt as to its object:

"The Republic of France shall cease imrnediately its acts of use of force and
shall refrain from any act of threat or use of force against the Federal Republic of
Yugoslavia" (p. 17).

Moreover, the Applicationand the requestfor the indicationof provisional measures,taken

as a whole, concem exclusivelythe loss anddestructioncausedby acts relatedto the currentarmed

conflict,whereasnot oncehastheFederalRepublicofYugoslavia madethe slightestallusiontoany w

"genocidal intention" on the part of the authoritiesof the FrenchRepublic. The samecan be said

aboutthe oral argumentswhichwe have heardthismoming, theonlyexceptionbeingthe statement

by Mr. MitiC,who restrictedhimselfto an isolatedaffirmationwithoutmakingany attemptto back

it up by argument.

6. Now, Genocide, as defined by the 1948Convention,hastwo elements. One is objective:

the destruction of al1or part of a national or religious group as such. The other is subjective: an

intention to achieve this result, which is in conflict, as youn your 1951 Opinion, with "the

most elementary principles of morality" (I.C.J.,Advisory Opinionof 28 May 1951,Reservations2 3 to the Conventionon the Preventionand Punishmentof theCrime of Genocide,p. 23). There is

no trace of either ofhese elements in the present case.

With regardto the first of the two, the Federal Republicof Yugoslavia invokes,as 1have

said, only - but this is alreadygoing far too far -Article II(c) of the Convention, "deliberately

inflictingon the group conditionsoflife calculatedto bringabout its physicaldestruction inwhole

or in part" and it "substantiates" the allegation by accusing France of causing "enonnous

environmental damage" and of using depleted uranium(Application,p. 3).

Mr. President,these allegations have no basis in fact:

- the NATO forces are taking every precaution to cause as little damage as possible to the

environmentand are makingal1effortsto ensurethatthecivilianpopulationsuffersnoneedless

harm;

- as to the allegation of the use of depleted uranium, it is completely groundless, as French

armed forces have no weapons of this kind. Also the use of any given weapon, especially

when theweapon is innoway illegal, hasno relationshipwith the definitionof genocide, even

when viewed interms of its objective element.

7. It goeswithout saying, Mr. President,that the elementof intent is also entirely absent,as

the Court recently stressed forcefully in a case which itself involved the Federal Republic of

Yugoslavia:

"itappearsto the Court from the definitionof genocidein Article IIof the Genocide
Convention, (. ..) that its essential characteristic is the intended destruction of 'a
nationalethnical, racial or religious group'."(Order of 13 September 1993, para.42,
I.C.J. Reports 1993, p. 345).

The use of armed force is not covered assuch in the provisions of the 1948Conventionon

which the Federal Republic of Yugoslavia claims to found its Application.

Inthis connection we can only agree with the interpretation given toArticle II(c) by the

United States when it ratified in 1988:

"Thatacts inthe courseof armedconflictscommittedwithoutthe specific intent
i 4 required by Article II are not suficient to constitute genocide as defined by this

Convention"(in MultilateralTreatiesDeposited withtheSecretary-General- Status
as at 31 December 1997, ST/LEG/SER.E/16,p. 88). - 10-

It is also revealing that there were no objections or negative reactions to this interpretative

declaration fromother countries, notably Yugoslavia. Itwould have been very surprising if there

had been: a straightreading of Article II of the 1948Convention showsclearly that the intention
to destroy auman groupas such lies at the very heart ofthe definition ofgenocide. 1would add,

in passing, that the concept of deliberatet is doublypresent in Article II(c): the perpetrator

of the genocidemusthavethe intentionto destroythe groupand he mustdeliberately inflicton the

group conditions of life calculated to bring about its physical destruction.

8. The Court was particularlyear in this connection in its Order of 13 September 1993

indicating provisional measures in the case concemingpplication of the Convention onthe
1
PreventionandPunishmentoftheCrime of Genocide.Ittook the viewthat, of al1the rights which

Bosnia-Herzegovina claimedwere violated by Yugoslavia(Serbiamontenegro), only the right of

the people and of the State of Bosnia-Herzegovinato be protected against acts of genocide and

other acts equivalent thereto,petrated by the Respondent acting in concert with its agents or
surrogatesin Bosnia andelsewherewas "suchthat it [might]prima facieto some extentfa11within

the rights arisingder the Genocide Convention" (1C.J Reports 1993,p. 344, para. 39).

Onthe otherhand,the Courtconsideredthat noneof the other Bosnianrequests "fell within

the scope of the Genocide Convention" (Order of 8 April 1993, 1C.J Reports 1993, p. 19,

para. 35). In particular, it found that the measures requested by the applicant State in respect of

legitimate defence did not come within the scope of "the jurisdiction under Article IX of the -

Genocide Convention" (Order of 13 Sept. 1993,1C.J. Reports 1993,p. 345, para. 41). And the

Court rejected requeststhe object of which was to conserve "the right of the people and State of

BosniaandHerzegovinato be freeat al1times fromtheuseor threat of forcedirectedagainstthem"

by Yugoslavia (Serbia/Montenegro)(ibid., p. 343, para. 38).

9. Now, Members of the Court, this is exactlywhat the Federal Republic of Yugoslavia is
asking for in this case, and this is al1that it is asking for. It is askand 1quote once

againtheactual textof its solesubmission,this time in F-enpurelyandsimplyto indicatethat

"laRépublique fiançaise doit cesser immédiatemenstes actes d'emploiou de menacede laforce

contrela Républiquefédéralede Yougoslavie"("The Republic of France shall cease immediately - 11 -

its acts of use of force and shall refrain fiom any act of threat or use offorce against the Federal

Republic of Yugoslavia"). It takes as its basis the very words used at the time by

Bosnia-Herzegovina, whoserequestsyouunequivocallyrefused in 1993,having foundthatthey did

not come, even prima facie, within thejurisdiction of the Court under the 1948 Convention.

There is no reason, Mr. President, why youshouldchange your view in 1999. Nor doesthe

Federal Republic of Yugoslavia offer one.

France is thereforefirmly convincedthat the Courtcannot indicatea provisional measure of

any kind in the proceedings instituted against it by Yugoslavia, there being no prima facie

jurisdiction. But France also believes that we must go further. The Court has no prima facie

jurisdiction; but, over and above this, it is already quite clear that Yugoslavia's Applicationis

manifestly incapableof coming within any of the heads of jurisdiction of the Court under the

provisionsof the Statute. That should leadthe Court not only to reject the request of the Federal

Republicof Yugoslavia for the indication of provisionalmeasures but also, as of now, toremove

the case fiom its List.

This is what Mr. Ronny Abraham will now show,Mr.President, if you would be so good

as to hear him briefly.

Mr. President, Members of the Court, 1thank you most kindly for yourattention.

Le VICE-PRESIDENT, faisant fonction de président :Je vous remercie, MonsieurPellet.

MonsieurAbraham, s'il vousplaît.

r 3 6
Mr.ABRAHAM: Mr. President,1shouldliketoendbyrecallingbrieflywhatJudges Badawi

and Winiarski said in their opinion appended to the Court's Order of 5 July 1951 in the case

concerning the Anglo-Iranian Oil Company (United Kingdom v. Iran), which well reflects the

currentstate of yourjurisprudence, and whichappearsto me to be highly pertinentto the casewith

which we are concemed today:

"(...in municipal law, there is always some tribunal which hasjurisdiction.

In internationallaw it isthe consentof the parties whichonfersjurisdiction on

the Court; the Court has jurisdiction only in so far as that jurisdiction has been
accepted by the parties. The power given to the Court by Article 41 is not unconditional; it is given for the purposesof the proceedings and islimited to those
proceedings. If there is nojurisdiction as to the merits,there can benojurisdiction to
indicate interim measures of protection."

The two Judges went on to explain that:

"if there exist weighty arguments in favour of the challengedjurisdiction, the Court

may indicate interimmeasures of protection; if there existserious doubtsor weighty
argumentsagainstthisjurisdiction, suchmeasurescannotbe indicated"(I.C.J.Reports
1951, p. 97).

Furthermore,as Sir Hersch Lauterpachtemphasizedin his separate opinion appendedto the

Court's Order of 24 October 1957 in the Interhandelcase:

"it is onething toSaythat actionof the Courtunder Article41 of the Statutedoesnot in any
way prejudgethe questionof itscompetenceon the meritsand that the Courtneed notatthat
stage satise itselfthat ithasjurisdiction onthe meritsoreventhat itsjurisdictionisprobable; W
it is anotherthing to aff~rmthat the Court can act underArticl41 withoutany regardto the

prospects of itsjurisdiction on the merits and that the latter question not arise at al1in
connectionwith a request for interimmeasures of protection" (I.C.J.Reports 1957, p.118).

Mr. President,1must stress that, in orderto indicateprovisional measures,the Court cannot

ignore theissueof itsjurisdiction onthe merits. France isentitledto expectthatthe Courtwilltake

noactionunderArticle41, since its lackofjurisdiction onthemerits is manifest. Moreover - and

1 again cite Sir Hersch Lauterpacht - States must not be discouraged from accepting judicial

obligations

"asthe result ofanyjustifiable apprehensionthat by acceptingthem they may become
exposed to the embarrassment, vexation and loss,possibly following upon interim
measures, in cases in which there is noreasonablepossibilityprimafacie ascertained
by the Court, of jurisdiction on the merits" (ibid.).

However,we shouldtake this reasoningstillfürther,andfollowthe situationpresentedto you

todayto its logical conclusion.
-
i 7
Not only are there in this case, to repeat the phrase used by Judges Badawi and Winiarski,

"seriousdoubts or weighty arguments against thejurisdiction" of the Court,which would suffice

to justiSl rejection of the request for the indication of provisional measures submitted by the

Applicant, but we are entitled toassert here and now that there is no reasonabledoubt as to the

Court'slack of jurisdiction; or, if you prefert, the Court's lackof jurisdiction is manifest. - 13 -

The basis ofjurisdiction invoked by Ouropponents is more than just erroneous: it is non-

existent, for it is purely artificial.

It seems to me that inthese circumstanceswe should reason as if the applicant State had

founded its case solely on Article 38, paragraph 5, oftheles of Court, and disregard, ignoreor

deem nul1and void its reliance, made in bad faith, on Article IX of the 1948 Convention.

What would have beenthe sitùation if the Federal Republic of Yugoslavia had relie- as

it would have done had it been acting in good faith- solely on Article 38, paragraph 5, ofthe

Rulesof Court? Underthat provision,the Applicationwould not havebeenentered inthe General

List, and no action would havebeen taken in the proceedings, untilsuch time as the Respondent

had given its consent- which it does not do - to the Court'sjurisdiction to entertain the case.

And indeed this is exactly what happened when previously, in 1994, the Federal Republic of

YugoslavialodgedanapplicationagainstFranceforthe samepurposesasthesepresentproceedings.

This time, since the applicant State .had indicated a different basis of jurisdiction in its

Application,the Registryof the Court doubtlesshadno option but to enterthe case in the List, and

the Court felt itself obliged to decide to hold the present hearings on the request for provisional

measures. However,once it has been shown that this basis of jurisdiction manifestly does not

exist,we necessarilyrevert to the legal positionwhichwould have obtained if the Application had

relied only on Article 38, paragraph 5, of the Rules. We are then bound to draw the logical

consequence: the Application must be removed fiom the List and the proceedings must go no

further. This is exactlythe reasoning adopted by the Court in the case conceming the Requestfor

$ Q an Examinationof the SituationinAccordance withParagraph63 of the Court'sJudgmentof

20 December1974intheNuclear TestsCasebetweenNew Zealand and France, whichresulted in

the Order of 22 September 1995. SinceNew Zealand'sRequest relied on a basis of jurisdiction

otherthan Article 38, paragraph 5, of the Rules (the provision relied on in that case was in fact

drawn from a previous decision of the Court and not fiom a treaty text, but that makes no

difference here), theRequest had been- and 1 quotethe Order - "entered in the General List of

theCourt for the soleurpose of allowingthe Courtto determinewhetherthe conditions laid down

in thattext have been fulfilled in the present case"; then, once the Court had found that such was - 14 -

not the case, it instructedthe Registr-r and again 1quote- "to removethat Request from the

General List as of22 September 1995,i.e. the date of the Order (1C.J Reports 1995, para. 66).

Similarly,in the caseswhich 1had occasionto citeearlier(TreatmentinHungaryofAircraft

and Crew of United States of America (UnitedStates of America v. Hungaryl, and the cases

concerningthe Aerial Incidentrs]of 1952and7November 1954,or againtheAntarcticacase),the

Court, havingfound that there was no basis ofjurisdiction capable of enabling itto accedeto the

applicant State's Request, decidedtoremove the cases in question from its General List.

The same solution must apply in this case.

Mr. President, Membersof the Court, 1will Sayit onelasttime: a party whichemploysbad

faith and artifice may notderive anygain or benefit therefrom.

To permit the proceedingsto continuebeyond the orderwhich youwill make on conclusion

of the presenthearings wouldbeto allow a benefit- albeitthat it mightbe symboli- to a State

which seeks flagrantly to abuse the rules defining and limiting the conditions for judicial

proceedings.

And what would be the point of thus continuing withthe proceedings,if it is already clear

at this stage that the Court has no basis of jurisdiction?

Mr. President, Members ofthe Court, in conclusion,France considersthat the Court cannot

proceeduponthe Applicationfiled by the FederalRepublicofYugoslavia, sinceneitherof the two

bases ofjurisdiction relied upon is pertinent. Neither of them is capable of constitutinga basis for w

the jurisdiction of the Court in this case. In France'sview, for the reasons which 1 have just

explainedto you, this case should be removed from the General List of the Court.

Thankyou, Mr. President, Members of the Court, for being kind enough to hear France's

observations.

Le VICE-PRESIDENT,faisantfonctiondeprésident :Jevous remercie,Monsieur Abraham.

La séance d'aujourd'hue ist close. Les audiencesreprendront demain, à 10heures.

L'audienceest levée à 17.55.

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Audience publique tenu le lundi 10 mai 1999, à 17 h 10, au Palais de la Paix, sous la présidence de M. Weeramantry, vice-président, faisant fonction de président

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