Requête introductive d'instance

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9303
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INTERNATiONAL COURT OF JUSTICE

PLEADINGS, ORAL ARGUMENTS, DOCUMENTS

CASE CONCERNING

THE NORTHERN CAMEROONS
(CAMEROON v.UNITED KINGDOM)

COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE

MEMOIRES, PLAIDOIRIES ET DOCUMENTS

AFFAIRE DU

CAMEROUN SEPTENTRIONAL
(CAMEROUN C.ROYAUME-UNI) Abbreviated reference :

I.C. J. Plendings,NorthernCa~neroons

Référenceabrégée:

C.I.J. A4émoiresC . a~nerotinsefitentrionnl

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NO de vente : CASE CONCERNING

THE NORTHERN CAMEROONS
(CAMEROON v.UNITED KINGDOM)

AFFAIRE DU

CAMEROUN SEPTENTRIONAL
(CAMEROUN c.ROYAUME-UNI) INTERNATIONAL COURT OF JUSTICE

PLEADINGS, ORAL ARGUMENTS, DOCUMENTS

CASE CONCERNING

THE NORTHERN CAMEROONS

(CAMEROON v.UNITED KINGDOM)

COUR INTERNATIONADEJUSTICE

MEMOIRES, PLAIDOIRIES ET DOCUMENTS

AFFAIRE DU

CAMEROUN SEPTENTRIONAL

(CAMEROUN C.ROYAUME-UNI) The present volume contains the record in the case concerning
the A'orthernCameroons, which was entered, as No. 48, on the
Court's General List on 30 May 1961, and in which a Judgment
was delivered on 2 December 1963(NorthernCameroons,Jttdgment,
I.C.J. Reports1963, p. 15).
The page references originally appearing in the pleadings and
speeches have been altered to correspond with the pagination of
the present edition.
The Hague, 1965.

Le présent volume reproduit le dossier de l'affaire duCamerotbn
se+!entrional.Cette affaire, inscrite au rôle généralde lCour sous
le no48le 30 mai 1961, a fait l'objet d'un arrêtrendu le z décembre
1963 (Cameroun septentrional, arrêC t,.J. Reci~eil1963, p. 15).
Les renvois d'un mémoire ou d'une plaidoirie à i'autre ont été
modifiéspour tenir compte de la pagination de la présenteédition.

La Haye, 1965. CONTENTS - TAULE DES MATIÈRES

PART 1. APPLICATION INSTITUTING PR0CEEI)INGC; .4NU
I'LEADINGS

SECTIOX A. i\l'l'LICATION IXSTITUTISG PROCEEDINGS

SECTIOS A. REQUÊTE INTRODUCTIVE D'INSTANCE
I'age
Requête introductive d'instance
Application instituting i'roceedings

1. The facts .fa. . . . . . . . . . ., , ,. . . . . .. . . . . . 5

II. The Law. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . .. . 17
A. En ce qui concerne la conipéterice . . . . . . . . . . . 16
As to Juriscliction . .. . . . . . . . . . . . . . . . 17
B. En ce qui concerne le foiid . . . . . . . . .. .. . . 16
As to the Alerits. . . .. . . . . . . . . . . . . . . 17

SECTION B.PLEADINGS

I. Mémoiredu Gouvernement de la République fédérald eu Cameroun

1. Caractères jiiridiqiies du différen. . . . . . . . . . . .
II. L'unitédu régimede tutelle et sa violation par le lioyaume-
Uni .........................
III. Le déroulementdes opérationsde plébiscite . . . . . . . .
A. La préparation du plébiscite . . . . .. . . . . . . .
a) L'établissement deslistesélectorales . . . . . . .
b) Distribution des cartes électoralespar des agents de la.
force publique nigérienne . , . . . . . . . . . . .
c) Climat psycliologique défavorable à une saine consiil-
tation . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . .
B. Irrégularitéset absence de garanties pendant la campagne
du plébiscite . . . . . . . , . . . . .. . . . . . . NOHTHEHN CANEROOSS
I'age
a) hlesures discriminatoires . . . . . . . . . . . . . 41
b) Entraves la circulation des personnes . . . . . . . 4'
cj Participation active des autorités et des fonctionnaires
en faveur dela Nigéria . . . . , , , , . . . . . . 42
C. Irrégularitéset absence de garanties dans le déroulement
du plébiscite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
a) Présidence des bureaux de vote par des Nigériensou
des seuls pro-Nigériens . . . . . .. . . . . . . . 44
b) Le secret du vote n'a pas étérespecté . . .. . . . 44
cj Absence de procès-verbaux des opérationsde vote . . 45
d) Interventions constantes des pro-Nigériens . . . . . 45
e) Incidents et brimades . . . . . . . . . . . . . . 45
fj La garde des urnes et leur fermeture n'offraient pas de
garanties d'inviolabilité. . . . . . . . . . . . . . 46
D. Irrégularitéset absence de garanties dans le dépouillement 46
a) Transport et surveillance des urnes. . . . . . . . . 46
b) Uépouillemcnt. . . . . . . . . . '. . . . . . . . 47
c) La proclamatioii des résultats . . . . . . . . . . . 47

Ani8exesau &moire du Goauen~emeir dtclu
Ripzrbliqtrefédéraledu Cameroun

I. Note du ministre des Affaires étrangèresde la République dii
Cameroun au Foreign Office, termai 1961. . . . . . . . . . 50
2. Note de l'ambassade du Royaume-Uni à Parisà l'ambassade de
I:iRépubliquedu Cameroun à Paris, 26 mai 1961 . . . . . . 52
2. Counter-Memorial submitted by the Government of the United
Kingdom of Great Britain and Northern Ireland
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

l'art1. The jurisdiction of the Court
A. Provisions of the Statute of the Court, the Charter and the
TmsteeshipAgreement . . . . . . . . . . : . . . . . 56
13. The effect of Article 19of the Trusteeship Agreement . . . 59
C. The Cameroon complaints donot fall within Article 19of the
Trusteeship Agreement . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Il. The Application and the Mernorial do not nieet the require-
ments of the Rules of Court . . . . . . . . . . . . . ., 66
E. Conciusion. . . . . .. . , . . . .. . . . . . . . . 66
Part II. The legality of the United Kingdom Administration of the
Trust Territoxy

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
A. Allegation concerning the administration of the Northern
Cameroons asan integral part of Nigeria. . . . . . . . . 67 COSTENTS XI
I'age
i3. Aiiegatioii concerning the division ofthe Trust Territory iiito
the Northern and Southern Cameroous .........
O9
C . Trusteeshipco.....................lfd the objectives of the 7O

Part III.The course of the plebiscite operations

Introduction ....................... 72
A . The preparation of the plebiscit............ 72
(a) Concluct of registration.............. 72
(b) Distribution of voting püper............ 74
(c) Psychological climate ............... 75
B . Irregularities and lack of safegunrds [luring the plebiscite
campaign ...................... 77
(u) Alleged discriminatory mensures .......... 77
(b) Alleged restrictions on movement .......... 78
(c) Alleged active participation of authorities and officiais
in favour of Nigeria................ 79
C . Irreg.ula.rities and lack of safeguards in the conduct of the
plebiscite ...................... 81
(a) ~residi'ngofficersat polling statio......... SI
(b) The secrecy of the ballo.............. Sr
(c) Lack of minutes of the polling ........... Sz
(d) Alleged interventions of pro-Nigerians........ 82
(e) Alleged incidents and victimization ......... 83
(1) Allegations that the custody of the ballot boxes and their
closing àid not offer guarantees of saf....... 84
D . Irregularities and lack of safeguards in the counting of vot8.1
(a) Transport and supervision of hallot boxes ...... 84
(b) Counting ..................... 85

(c) The proclamation of the results ........... 55
E . Summary ....................... 85
Part IV. Concliisioii.................... 86

Annexes tutheCounler-Memorialst~bmilledby theGouernmenl
of the Uded Icingdomof GreutUriluin and NortherltIrelattd

1. Trusteeship Agreement for the Territory of the Cameroons
under United Kingdom administration ........... 87
II. The geographic .ethnic and historical background of the
Trust Territory .................... 92
A . Geographic background ............... 92
R . Ethnic background .................
93
C. Historical background ............... 94III. Administration under the International 'Trusteeship System
A. The situation existiiig in 1946 ............

B. Constitutional developments ............
The 1951 Constitution ...............
Tlie 1954Constitution ...............
The 195s Coiistitution ...............
C. Administration under United Xatioiis supervisioii ...
D. Deteriniiiiiig tlie future of the Trust 'Territor.....
IL'. Mandate conferred on His Britanuic àlajesty in respect of the
Cameroons ......................
V. Kesolutions of the General Assembly and of tlie 'i'rusteeship
Council of the United Nations. ............. 121
(1)-(42)General Assembly liesolutions .......... 121
(43)-(65)Trusteesliip Council Resolutions. ........ IGO

VI. tion (Political)[A'ot reproducedin this edition]stra-

\'II. àfap of the CarneroonsunderUnited Kingdorn Adiniiiistration
(Physical)[Nol ~eproducediuthis edition]
3. Observations et conclusions du Couvernement de la Képuhlique
fédbraledu Cameroun sur l'exceptionprdiminaire du Gouverne-
ment du Royaume-Uni
Premièrepartie. L'exception préliminairerelative à l'incompétence
delacour. ....................... 187
Première branche de l'exception d'incompétencesoulevke par le
Gouvernement du Royaume-Uni: «La Cour n'est pas saisie
d'un différend remplissant les conditions requises par I'ar-
ticle rg de l'accord de tutelue.............. 188

A. Il existe un ((différen» ............... 188
B. Le différends'est élevé<<entrel'Autorité chargéede I'ad-
ministration et un autre Membre des Nations Unies 0 . . 137
C. Le différend s'est élevé«relativement & l'interprétation
ou & l'application des dispositionsn de raccord de tutelle 210

"
Troisième branche de l'exception d'incompétence soulevéepar
le Gouvernement du Royaume-Uni: la République du Came-
roun cne poursuit aucun recours o. ne recherche pas une déci-
sion quelconque de la Cour n,mais visecà obtenir de la Cour un
avis consultatif sur I'ex6cution de l'accord de tiitellea... 228
Deuxièmepartie. L'exception préliminairerelative à l'irrecevabilité
de la requêteet du mémoire. ............... 236

Conclusions ........................ 238
Annexesazrxobservationset coitcl~csiondsu Gouvernement
de lu Rwblique fédérald eu Cameroun
[uon reproduites] CONTENTS

PART 11 .ORAL ARGUMENTS

I)EUXIÈME I'ARTIE . PLAIDOIRIES
MINUTES .PROCES-VERNAUX
f'age
Public hearings held from rg September to 3 Octobcr 1963 ... 242
Audiences publiques tenues du 19 septembre au 3 octobre 1963 . 243
Public hearing held on2 December 1963 ........... 252

Audience publique tenue le2 dtccmbre 1963 .......... zj3
AKKEXES TO THE BIINUTES .ANNEXES AUX PROCÈS-VERBAUX

I. Statemeut by Sir Francis Vallat (United Kingdom) .19 rx 63 257
2. Argument of Sir John Hobson [United Kingdom) .19-23ix 63 258
General considerations.................. 259
Nature of the cornplaints made in the Applicatio...... 263
Historical background to the case............. 265
Legal nature and operation of the Tmsteeship Agreement . . 273
Termination of the Trusteeship Agreement ......... 279
First submission........................ 281
Second submission .................... 284
Third submission .................... 288
Fourth submission .................... 289
Fifth submission .................... 291
Sixth subrnission .................... 293
Seventh submission ................... 294
Ninth submissionn .................... 300

3. Déclaration de A. Ahanda (Cameroun). 25 IX63 ...... 312
4. Argument of Mr . Engo (Cameroon). zj IX 63 ........ 314
General aspects of the case................ 314
5. Plaidoirie de M. Weil (Cameroun). 25-27IX63 ........ 320
Exceptions préliminaires ................. 320
1. Conditions requises par l'article 19de l'accord de tutelle3-23
Existence d'un différend ............... 323
Différend relatifà l'interprétation ouà l'application de
l'accord de tutelle................. 326
Règlement par négociationsou un autre moyen ..... 331
Facteurs d'ordre temporel............... 333
II . Xature de la mission de protection judiciaire de la . .r 342
Intérêtdu Cameroun à déclencherla protection judiciaire 343
Ribléegénéraleet du Conseil de tutelle et la protectionm-
judiciaire de la Cour................ 351
Utilitéde l'exercice de la protection judici...... 366
6 .Reply of Sir Francis Vnllat (United Kingdom).30 ~x63 ... 374
Settlement by negotiation or other means ......... 374XIV NORTHERN CAMEROONS
Page
7. Reply of Sir John Hobsoii (UnitedKingdom), 30 ix 63 . . . 381
Burden of establishing lack of jurisdicti. . . . . . . . . 383
Iiiterpretation of jurisdictional clau. . . . . . . . . . 383
Judicial protection. . . . . . . . . . . . . . . . . .. 385
Meaningof the word "dispute" . . . . . . . . . . . . . 388
Nature of the dispute raised in thepp1:cation. . . . . . . 390
Interest of Cameroon in calling for judicial protectio. . ,. 392
Court asked to give an advisory opinion ortostageanacademic
debate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397
8. Statement by Sir Fraticis Vallat (United Kingdom),I x63. . 400
Submissions . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . 400
9. Duplique de M.Weil (Cameroun),3 x 63 . . . . . . . . . 401
Date de naissance du différend. . . . . . . . . . . . . . 401
Existence du différend . . . . . . . . . . . .. . . . . 403
Difiérendrelatifàl'interprétationoui l'applicationde l'accord
Reglement par négociationsou un autre moyen. . . .. . . . . 405
Facteurs d'ordre temporel . . . . . . . . . . . . . . . . 410
Protection judiciaire etintérétdu Cameroun Bla déclencher 412
Jugement déclaratoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . 416
IO. Déclarationde M. Ahanda (Cameroun).3 x 63 . .. . . . . 426
Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 426
PART III. DOCUMENTS SUBMITTED TO THE COURT

AFTER THE CLOSURE OF THE \VRITTEN PROCEEDINGS
TROISIÈME PARTIE. DOCUMENTS PRÉSENTÉS A LA COUR
APRÈS LA FIN DE LA PROCEDURE ÉCRITE
SECTION A. DOCUMENT FILED BY THE AGENT FOR THE
GOL'ERNYENT OF THE FEDERAL REPUBI.IC OF CAhlEROON

SECTION A. DOCUMEXT DÉPOSO PAR L'AGEXT DU
GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE FÉDERALE DU CAMEROUN
Xations Unies, Documents officielsde l'Assembléegénérale,quin-
zikine session (seconde partie), Quatrième Commission, tutelle.
Comptes rendus analytiques des séances, 18-19avril 1961 . . . 430
SECTION B. DOCUMENT FILED BY THE AGENT FOR THE GOVERNMENT
OF THE UNITED KINGDOM OF GREAT BRITAIS AND NORTHERN IRELAND
SECTION B. DOCUMENT DÉPOSÉ PAR L'AGEST DU GOUVERNEMENT
DU ROYAUME-UNI DE GRASDE-BRETAGNE ET D'IRLAXDE DU SORD
United Nations, Trusteeship Conncil, Officia1Records. twenty-
eighth session, 1178th meeting,II January 1962 . . . . . . . 436

PART IV. CORRESPONDENCE,
QUATRIEME PARTIE. CORRESPONDANCE
Nos. 1-17. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 446 PART 1

APPLICATION INSTITUTING PROCEEDINGS
AND PLEADINGS

PREMIÈRE PARTIE

REQUÊTE INTRODUCTIVE D'INSTANCE
ET MÉMOIRES SECTIONA

APPLICATION INSTITUTING PROCEEDINGS

SECTIONA

REQUÊTE INTRODUCTIVE D'INSTANCEREQUETE INTRODUCTIVE D'INSTANC DEEVANT LA COUR

INTERNATIONALE DE JUSTICE '

A Monsieur le Président,
A Rlessieurs les Juges de la Cour internationale de Justice,

Le souçsigné,dûment autorisé par le Gouvernement de la Répu-
blique du Cameroun, élisant domicile au siège de l'ambassade de
France à La Haye,
Vu la Charte et notamment les articles z et 33,

Vu le Statut et le Règlement de la Cour,
Vu l'accord de tutelle pour le territoire du Cameroun sous
administration britannique approuvé par 1'Assembléegénérale des
Xations Unies le 13 décembre 1946.

A l'honneur de vous adresser la requêtesuivante:

1.- Exposé desfaits

Lorsque éclate, en 1914, la première guerre mondiale, le Came-
roun est, depuis 1884. un iiprotectoraIallemand.
En 1916, sous l'action conjuguée des armées française et britan-
nique, les forces allemandes doivent capituler et les Alliésdécident
un partage en zones d'influence, qui laisse à la Grande-Bretagne
la région de plantations du mont Cameroun avec le port de Vic-
toria et le centre de Bouéa,une bande étroite le long de la frontière
de Xigériaet le Sultanat de Dikwa.
Par l'article119 du traité de Versailles, l'Allemagne renonce
à tous ses droits et ses titres en faveur des AUiéssur ses possessions
d'outre-mer.

Le partage du territoire camerounais est, après quelques recti-
fications defroiitièrcs intervenues en 19zo. maintenu en 1922 par
la Sociétédes Nations. La France et la Grande-Bretagne se voient
conférer respectivement le cimandat ii d'administrer, conformé-
ment à l'articl22 du Pacte de la Société des Nations, leur zone
d'influence.
Le régime du mandat dure jusqu'à la fin de la deuxième guerre
mondiale. Quand la Charte des Xations Unies institue un régime
international de tutelle et prévoit la possibilité de l'appliquer
aux territoires sous mandat, les Gouvernements de la France et
du Royaume-Uni demandent que la partie du territoire camerou-
nais qui leur était confiéesoit placée sous ce régime. C'est ainsi
qu'est conclu et approuvé par l'Assemblée généraledes Nations

Voir p446.APPLICATION INSTITUTWG PROCEEDINGSBEFORE THE

INTERNATIONALCOURTOF JUSTICE l
[Translation]
To the President,

And Members of the International Court of Justice,
1, the undersigned, duly authorized by the Government of the
Republic of Cameroun, selecting as address for service the French

Embassy at The Hague,
Having regard to the Charter and in particular to Articles z
and 33.
Having regard to the Statute and the Rules of Court,

Having regard to the Trusteeship Agreement for the Territory
of the Cameroons under British Administration, approved by the
General Assembly of the United Nations on 13 Ilecember 1946,
Have the honour to address to you the following Application:

1.-The hcts

\men the First \\'orld \Var broke out in 1914, the Cameroons
had since 1884 been a German "protectorate".
In 1916, before the combined action of the French and British

armies, the German forces were obliged to capitulate and the
Aiiies decided upon a division into zones of influence, which gave
to Great Britain the plantations around Mount Cameroon, with
the Port of Victoria and the centre of Buea, a narrow strip along
the frontier of Nigeria and the Sultanate of Dikwa.
Under Article 119 of the Treaty of Versailles, Germany gave
up al1 its rights and titlcs over its overseas possessions in favour
of the Allies.
This division of the Territory of the Cameroons, after certain
frontier rectifications in 1920,\vasmaintained by the League of
Nations in 1922. France and Great Britain had respectively con-
ferred upon them a "mandate" to administer their zones of in-
fluence in accordance with Article 22 of the Covenant of the
League of Nations.

The mandate systcm continued until the end of the Second
\fTorld War. When the Charter of the United Nations instituted
an International Trusteeship System and made provision for its
application to territories held under mandate, the Governments
of France and of the United Kingdom rcquested that those portions
of the Territory of the Cameroons which had been entmsted to
them should be placed under that system. There was thus con-
'See p.446.6 REQUÊTE

Unies le 13 décembre 1946 l'accord de tutelle pour le territoire
du Cameroun sous administration britannique '.

L'article 5 de cet accord dispose:

rtPour la réalisation des buts précitéset à toutes les fins
nécessaires du présent Accord, l'Autorité chargée de l'admi-
nistration:
a) Aura pleins pouvoirs de législation, d'administration et
de juridiction sur le Territoire et l'administrera conformément
à sa propre législation, comme partie intégrante de son terri-
toire, avec les modifications que pourraient exiger les condi-
tions locales et sous réserve des dispositions de la Charte des
Nations Unies et du présent Accord;
b) Sera autorisée à faire entrer le Territoire dans une union

ou fédération douanière, fiscale ou administrative, constituée
avec les territoires adjacents placéssous sa souveraineté ou sa
régie et à établir des services administratifs communs à ces
temtoires et au Territoire quand ces mesures seront compa-
tibles avec les fins essentielles du Régime international de
tutelle et avec les clauses du présent Accord. II
Cet article définit le cadre dans lequel doit s'exercer l'action de

la puissance administrante et les principes qui doivent la guider.

Mais, deux ans après l'établissement du régime de tutelle, rien
n'est changé dans la zone britannique à la pratique instituée dès
la créationdu Mandat en 1922. La situation politique et administra-
tive est décrite en ces termes par le premier rapport du Conseil de
tutelle sur le Cameroun sous administration britannique 2:

cAdministration générale.

Le Territoire est administré comme une partie intégrante du
protectorat de la Nigéria. C'est le Gouverneur de la Nigéria
qui est le chef de l'administration du Territoire.
De même, l'organisation législative, judiciaire et budgétaire
se confond avec celle de la Nigéria. Il y a un seul Conseil exé-
cutif et un seul Conseil législatifpour l'ensemble de la Nigéria
et du Territoire sous tutelle. Le sièg-du Gouvernement est à
Lagos, en Nigéria.
Le Gouverneur est assisté,à titre consultatif, par un Conseil
exécutif composé de sept membres fonctionnaires et quatre
membres non fonctionnaires nommés par l'administration.
Aucun indigène du Cameroun n'est membre du Conseilexécutif.
. . . . . . . .....

' Nations Unies -Recueildes Traitéso 118,vol.8,p.~rg.
Rapport du Conseil de tutelle sesquatrieme et cinquihme session6août
1948-2j2uillet 194A1933-juillet 1949,p. 3 et 4. APPLICATIOX 7
cluded and approved by the General Assembly of the United
Xations on 13 December 1946 the Tmsteeship Agreement for the
Territory of the Cameroons under British Administration '.

Article 5 of the Agreement provides:
"For the above-mentioned purposes and for ail purposes
of this Agreement, as may be necessary, the Administering
Authority :
(a) Shail have fuil powers of legislation, administration and
jurisdiction in the Territory and shall administcr it in accord-

ance with the authority's own laws as an integral part of its
territory with such modification as may be required by local
conditions and subject to the provisions of the United Xations
Charter and of this Agreement;
(b) Shail be entitled to constitute the Territory into a
customs, fiscal or administrative union or federation with
adjacent territories under its sovereignty or control, and to
establish common services between such territories and the
Tcrritory where such measures are not inconsistent with the

basic objectives of the International Trusteeship System and
with the terms of this Agreement."
This article defines the ambit within which action by the Ad-
ministerinr Autliority is to be esercised and the principles which

must guidi it.
However. two vears after the establishment of the Tmsteeshi~
System, thére had heen no change in the British zone iii thé
practice instituted at the time of the creation of the Mandate
in 1922. The political and administrative situation is thus described
in the first lieport of the Tmsteeship Council on the Cameroons
under British Administration 2:

"General administration.
The Territory is administered as an integral part of the
Protectorate of Nigeria. The Government of Nigeria is the
head of the Tcrritory's Administration.
The Territory also shares with Nigeria a common legislative,
judicial and budgetary system. There is one Executive Council
and one Legislative Council for the whole of Xigeria and the
Tmst Territory. The sent of government is in Lagos, Xigeria.

The Governor is assistetl by an advisory Executive Council
consisting of seven official members and four appointecl
iinofficial members. Xo indigcnous inhabitant of the Came-
roons is a member of the Executive Council.
..................... .

' United Sations-TrealySeries, No118.Vol.S.p. iiy.
6 Augustr1948-22 July 1949. Alg33-Jul'949.pp.t3and 4.liand Filtli Sessions. Administrativement, le Territoire forme un tout avec les

régionslimitrophes du protectorat de la Nigéria. Avec celles-ci,
il fait partie de la régionnord et de la régionest. Dans chaque
région la haute autorité exécutive appartient aux commis-
saires principaux(Chie/ Commissioner qsui)résidenten Nigéria
et qui dépendent du Gouverneur. I>

Le Conseil de Tutelle est déjà i<préoccupé des difficultés qu'il
rencontre dans l'exercice de ses fonctions de contrôle à l'égarddu
Territoire sous tutelle, du fait que ce Territoire a étéincorporé
administrativement i diverses divisions et services administratifs
du Protectorat britannique de la Nigéria,et du fait que cette in-
corporation a étéréaliséede telle manière que, mêmeaux échelons
les moins blevésde l'administration, certaines parties du Territoire
soustutelle sont administréespar des autorités indigènesayant leur

siège en dehors du Territoire, d'où il résulte que le Territoire ne
jouit d'aucune autonomie, ni législative, ni judiciaire, ni hudgé-
taire o'.
En quinze ans, cette situation ne devait guère évolueren ce qui
concerne la partie nord du temtoire.
En effet, les réformesconstitutionnelles et administratives inter-
venues en 1949, en 1951, en 1954 surtout et en 1957 dans le cadre
des institutions de la Nigériatendaient, malgrélesréservesexprimées
chaque année par de nombreuses délégations,d'une part à intégrer
purement et simplement le nord du pays dans le système adminis-

tratif de la régionnord de la Nigéria,d'autre part à en séparer le
sud du pays, devenu sous le nom de Cameroun méridional une
régionquasi autonome de la Fédérationde la Nigéria.

Xi cette incorporation du Cameroun septentrional dans la région
nord de la Xigériani cet éclatement du territoire un et indivisible
confié à l'administration du Royaume-Uni n'étaient conformes à
l'accord de tutelle et à la Charte des Nations Unies.

La différenciation qui a marqué l'évolutiondivergente des deux

parties du territoire a eu pour effet de priver le Cameroun septen-
trional d'institutions politiques cohérentes qui lui soient propres,
de cadres et jusqu'en 1959de partis politiques autres que nigériens.
Le suffrage indirect à main levéeet pour les hommes seulement a
prévalujusqu'en 1959. Le suffrage universel n'a étéappliqué qu'en
1961 à la demande expresse de l'Assembléegénérale desNations
Unies. L'absence d'autonomie budgétaire, l'insuffisancedu dévelop-
pement social, le taux d'analphabétisme qui était encore en 1961
de 97 pour cent 2. l'inexistence de fonctionnaires autochtones, le

Ibid.p. 9.
Rapport du Commissaire deNationsUnies surles plçbiscites. TI§ 351. APPLICATIOS 9
For administrative purposes the Territory is integrated
with the administration of the adjoining areas of the Pro-
tectorate of Nigeria. It forms part, with adjoining areas of

Nigeria, of the Xorthern Region and the Eastern Region.
Chief Commissioners, residing in Nigeria, are the principal
executive authorities of each Region responsible to the
Governor."

The Trusteeship Council was already "concerned oirer the
difficulty in performing its supervisory functions with respect to
the Trust Temtory, arising from the fact that the Territory had
been integrated for administrative purposes into different ad-
ministrative divisions and sub-divisions of the British Protectorate
of Nigeria and from the fact that the integration is so carried out
that even on the lowest levels of administration certain portions
of the Trust Territory are heing administercd by Native Authorities
with seats outside the Territory, with the result that there is
no legislative, judicial or budgetary autonomy in the Territory" '.

In fifteen years there was practically no improvement in this
situation in the northern part of the Temtory.
Indeed, the constitutional and administrative reforms which
occurred in 1949, in 1951, in 1954 particularly, and in 1957 ~vithin
the framework of Nigerian institutions tended, despite the reser-
vations expressed each year by numerous delegations, on the
one hand, simply to integrate the northern part of the country
within the administrative system of the Northern Region of
Nigeria and, on the other hand, to separate the south of the
country which, under the name of the Sonthern Cameroons,
became a quasi-autonomous region of the Federation of Nigeria.
Neither this incorporation of the Northern Cameroons in the

Northern Region of Nigeria nor this split-up of the single and
indivisible Territory entrusted to the administration of the United
Kingdom \vas in conformity with the Trusteeship Agreement and
the Charter of the United Nations.
The differentiation marked by the separate courses follo\\,ed by
the two parts of the Territory had the effect of depriving the
Northern Cameroons of its own cohesive political institutions, of
political cadres and, until 1959, of political parties other than
Nigerian. Indirect suffrage by show of hands and for men only
prevailed until 1959. Universal suffrage was only applied in 1961
at the express request of the General Assembly of the United
Nations. The absence of any budgetary autonomy, the inaclequacy

of social advancement, the percentage of illiteracy which in 1961
still amounted to 97 per cent. Z, the lack of any indigenous officials,

' Ibid.p. 8.
351.Reportofthe United Nations Cornmissioner for the Plebiscites..ara.5GpIO REQUETE
système de l'administration indirecte. témoignent, entre autres, des
manquements de l'autorité administrante à l'article 6 de l'accord
de tutelie qui prescrivait: IL'Autorité chargée de l'administration

favorisera le développement d'institutions politiques libres conve-
nant au Territoire. A cette fin, eile assurerà ses habitants une part
progressivement croissante dans les services administratifs et autres
du Territoire; eile élargira leur représentation dans les corps
consultatifs et législatifs et leur participatioau gouvernement du
Territoire, aussi bien central que local, compte tenu des conditions
particulières au Territoire et à ses populations; et prendra toutes
autres mesures appropriées en vue d'assurer l'évolution politique
des habitants du Territoire conformément à l'Article 76 b de la
Charte des Nations Unies. Lors de l'étude des mesures à prendre
en vertu de cet Article, l'Autoritéchargéede l'administration tiendra
particulikement compte, dans l'intérêtdes habitants, des disposi-

tions de l'article5 a) du présent Accord. »

Aussi, si l'évolution s'accentue à partir de juin 1957, ce n'est
pas parce que l'autorité administrante a accompli la mission que
l'organisation des Nations Unies lui avait confiée,mais parce que
la Fédérationde la Xigériava devenir indépendante.

D'après le rapport du Conseil de tutelle, la mission de visite
de 1958 déclarait dans son rapport que la question de l'avenir
des populations du Cameroun sous administration britannique était
devenue une question urgente, non pas tant cn raison des progrès
faits vers l'accomplissement des fins du régime de tutelle qu'en

raison de l'accession imminente à l'indépendance des deux terri-
toires voisins beaucoup plus grands: la Fédération nigérienne qui
comptait accéder à l'indépendance le ler octobre 1960, et le
territoire sous tutelle du Cameroun sous administration française
qui comptait y accéderle rer janvier 1960.
Elle rappelait les circonstances qui ont conduit le Cameroun
septentrional à être administré en tant que partie intégrante de
la région nord de la Nigéria et le Cameroun méridional à suivre
une autre voie '.
Elle émettait l'avis que les vŒux des populations septentrionale
et méridionale du territoire sous tutelle doivent êtredéterminés
séparément. Eile déclarait que l'avis des populations du nord dans

leur ensemble était manifestement, pour autant que cet avis puisse
êtreindiqué pour le moment et dans un avenir prévisible, qu'il
fallait que leur région devienne à titre définitif une partie de la
région du nord de la Fédération nigérienne lorsque la Xigéria
deviendrait indépendante. Elle en concluait que si l'Assemblée
généraleacceptait cette union comme base pour la levée de la

' Rapport du Conseil de tut2laoiit igjS-6 aoiit 1959. Ap. 90. APPLlCATIOS II
the system of indirect administration, der alia, bear witness to
the failure of the Administering Authority to comply with Article 6
of the Trusteeship Agreement which provided: "The Administering
Authority shall promote the development of free political in-
stitutions suited to the Territory. To this end the Administering

Authority shall assure to the inhabitants of the Territory a pro-
gressivelqrincreasing share in the adniinistrative and otherservices
of the Territory; shall develop the participation ofthe inhabitants
of the Territory in advisory and legiskative bodies and in the
government of the Territory, both central and local, as may be
appropriate to the particular circurnstances of the Territory and
its people; and shall take al1 other appropriate measures with a
view to the political advancement of the inhabitants of the Ter-
ritory in accordance with Article 76 b of the United Kat'ions
Charter. In considering the mensures to be taken under this
article the Administenng Authority shall, in the interests of the
inhabitants, have special regard to the provisions of article 5 ((1)
of this Agreement."
Moreover, if the advance became more marked as from June 1957,
this was so not because the Administering .4uthonty had accom-
plished the mission \\<th xvhich the United Xations had entrusted
it. but because the Federation of Xiceria \\,as about to attain in-
dependence. -
According to the Report of the Trusteeship Council, the Visiting

Rlission of 1958 reported that the question of the future of the
Territorv hatl assumed immediacv not so much because of its own
progres; townrds the objectives of triisteeship, as because of the
imminent attainment of independence by both of its much larger
neighbours: the Federation of Nigeria, mhich expected to become
independent on I October 1960, and the Caineroons under French
administration, which expected independence on I January 1960.

It recalled the circumstances which had led the Korthern Came-
roons to be administered as a part of the Xorthern Region of Xigeria
and the Southern Cameroons to follow a separate course '.

It submitted its opinion that the wishes of the northern arid
southern peoples of the Tnist Tcrritory should be determincd
separately. Itbelieved it to be manifestly the opinion of the northern
population as a whole, as far as it could be expressed at that time
and in the foreseeable future, that it should become permanently
a part of the Xorthern Region of the Federation of Nigeria when
the latter attained independence. It drew the conclusion that, if

the General Assembly accepted such a union as the basis for the
tennination of the Trusteeship Agreement, no further consulta t'ion

' Report of tTrustershiCouncil2,August 1958-August1959,h/4r00,p. 90.12 REQUETE
tutelle, il ne serait nécessairede procéderà aucune nouvelle consul-
tation. La mission constatait enfin qu'au Cameroun méridional il
existait deux courants d'opinions contraires touchant l'avenir du

territoire. Seule une consultation au suffrage universel de la popu-
lation du Cameroun méridional permettrait de déterminer où se
trouvait la majorité.
Entre le moment où la mission a quitté le territoire et celui
où elle a achevé sonrapport, les électionsà la Chambre d'assemblée
du Cameroun méridional portaient au pouvoir le parti qui préco-
nisait la séparation d'avec la Nigéria. La mission estimait alors
que lcs élections avaient crééune situation politique nouvelle à
laquelle il failait laisser le temps d'évoluer.
L'Assemblée générale,à sa reprise de session en mars 1959,
admit le principe de plébiscites séparés,sous la surveillance des

Xations Unies, dans le nord et le sud du Cameroun sous tutelle
britannique.
Pour le Cameroun méridional, elle renvoya l'examen de ses
modalités à sa quatorzième session tout en en fixant la date au
premier trimestre 1960.
Pour le Cameroun septentrional, elle recommanda que le plé-
biscite eût lieu vers la mi-novembre 1959 et que les questions
suivantes fussent posées à la population:

na) Désirez-vousque le Cameroun septentrional fasse partie de
la régiondu nord de la Nigéria lorsque la Fédérationnigérienne
accéderaà l'indépendance?
b) Préférez-vousque l'avenir du Cameroun septentrional soit
décidé plustard? I>

Les résultats du plébiscite ont constitué une surprise pour la
plupart des délégationsà l'Assemblée généralr eéunie en sa qua-
torzieme session. En effet, sur 113859 suffrages exprimés, 70 546
allaient à la deuxième solution. 42 788 seulement se prononçaient
pour l'incorporation dans la régionnord de la Nigéria.
Le plébisciteentraîna deux conséquences:

- report au début de 1961 du plébiscite au Cameroun méri-
dional:
- décisionde l'Assembléegénéralede faire un certain nombre
de recommandations pour le deuxième plébiscite au Cameroun
septentrional: ce plébisciteaura lieuà la mêmeépoque,au suffrage

universel des adultes, et les deux questions poséesseront les mêmes
que dans le Cameroun méridional:

{ta)Désirez-vous accéderà l'indépendance en vous unissant à
la République camerounaise indépendante?

b) Désirez-vous accéderà l'indépendance en vous unissant à la
Fédérationnigérienneindépendante? »need be held. FinaUy, the Rlission found opinion in the Southern
Region to be divided between two contrary points of view about
the future. Only the people of the Southern Cameroons, consulted
by means of universal suffrage, could determine where the majority
lay.

Between the Mission's visit and the completion of its report,
elections to the Southern Cameroons House of Assembly brought

to power the party favouring separation from Nigeria. The Mission
then considered that the elections had created a new political
situation which must be given the time necessary to evolve further.

The General Assembly, at its resumed session in March 1959,
accepted the principle of separate plebiscites, under the supervision
of the United Nations, in the northern and southern parts of the
Cameroons under United Kingdom administration.
With respect to the Southern Caineroons, it adjourned to its
fourteenth session consideration of tlie arrangements to be made,
while fixing the date in the first quarter of 1960.
With respect to the Northern Cameroons. it recommended that
the plebiscite should take place about the middle of November 1959
and that the following questions should be put to the people:

"(a) Do you wish the Northern Cameroons to be part of the
Northern Kegion of Nigeria when the 1:ederation of Nigeria be-
comes independent ?
(b) Are you in favour of deciding the future of the Northern
Cameroons at a later date?"

The results of the plebiscite weren surprise to most of the dele-
gations at the General Assembly at its fourteenth session. Out of
113,859 votes cast, 70,546 were in favour of the second alternative,
Only 42.788 were in favour of incorporation in the Northern Region
of Nigeria.
The plebiscite had two consecluences:

-the postponement until the beginning of 1961 of the plebiscite
in the Southern Cameroons;
-the decision of the General Assembly to make a number of re-
commendations with regard to the second plebiscite in the Northern
Cameroons: this plebiscite should take place in the same period, it
should be coiiducted on the basis of universal adult suffrage, the
two questions to be put should be the same as in the case of the
Southern Cameroons:

"(a) Do you wish ta achieve independence by joining the in-
dependent Republic of the Cameroons?

(b) Do you wish to achieve independence by joining the inde-
pendent Federation of Nigeria?"14 REQU~TE

Mais surtout, à la lumière des enseignements du premier plébis-
cite, l'assemblée :
(16) Kecomn~nnde que les mesures voulues soient prises sans
retard en vue d'une plus ample décentralisation des pouvoirs
administratifs et de la démocratisation effective du système
d'administration locale dans la partie septentrionale du Ter-

ritoire sous tutelle.
7) Recoiiz~~aitde que l'Autorité administrante prenne sans
retard des mesures pour effectuer la séparation administrative
du Cameroun septentrional et de la Nigéria, et que cette
séparation soit achevéele leroctobre 1960 '.II

L'autorité administrante avait huit mois pour mettre en Œuvre
les recommandations de l'Assemblée générale et prendre les mesures
de démocratisation et de séparation exigées.
Mais dans le mois de mai 1960, le Gouvernement de la Répu-
blique du Cameroun, qui n'était pas encore à cette date membre
des Xations Unies, fit connaître au Conseil de tutelle, par I'inter-
médiaire de la délégation française, son inquiétude et ses réserves
à propos de la lenteur et de i'insuffisance des réformes entreprises
par le Royaume-Uni. Ces réserves furent réitérées dela manière

la plus formelle par un communiqué en date du 31 décembre 1960,
dont le texte a ététransmis par note verbale de la mêmedate à
l'ambassade de Grande-Bretagne à Yaoundé Z.
Il apparaît, en effet, qu'à part la nomination d'un adminis-
trateur du Cameroun septentrional, sir Percy IVynn Harris, arrivé
dans le territoire à la date limite du rer octobre 1960, I'adminis-
tration était demeurée nigérienne ou assurée par des fonction-
naires nigériens en position de détachement. La police, la justice
gardaient le mêmecaractère.
Dans un tel contexte politique, social et administratif, de mul-
tiples pressions furent exercées pour renverser les résultats du

référendumde 1959. Le rapport du commissaire au plébiscite fait
état des obstacles qui s'opposaient à l'exercice des droits politiques
de tous les intéresséset qui n'ont étésouvent que très tardivement
supprimés.
Les conditions d'établissement des listes électorales et les opé-
rations électorales elles-mêmes,l'absence de décompte public des
bulletins par bureau de vote, par exemple, entachent le scrutin
d'irrégularité.
Le Gouvernement camerounais, avant méme le dépouillement
des résultats, a fait connaître au commissaire des Nations Unies

qu'il contestait formellement la régularitédu plébiscite.
En dépit de ces pressions et de ces irrégularités, sur 243 935
suffrages, 97 659, soit 40.03 pour cent, sont allés à la solution de

' Rapport du Commissaire des rations UnieA14727Ap. 56.592. et 57,593. APPLICATIOS I5
But in particular, in the light of the experience of the first
plebiscite, the Assembly:

"6. Recoitzwte?zds that the necessary measures should be
taken \vithout delay for the furthe,r decentralization of govern-
mental functions and the effective democratization of the
system of local government in the northern part of the Trust
Territory.

7. Kecommends that the Administering Authority should
initiate without delay the separatiori of the administration of
the Northern Cameroons from that of Nigeria and that this
process should be completed hy I October 1960 '."
The Administering Authority had eight months to implement the
recommendations of the General Assenibly and to take the measures
of democratization and separation cailed for.

But in May 1960, the Government of the Republic of Cameroun,
which was not yet a member of the United Nations, informed the
Trusteeship Council, through the French Delegation, of its concern
and its reservations in connection with the slowness and the in-
adequacy of the reforms undertaken hy the United Kingdom.
These reservations were reiterated in the most formal way in a
Communiquédated 31 December 1960, the text of which was trans-
mitted with a Note Verbale of the same date to the British Em-
bassy at Yaoundé 2.
It is clear, indeed, that apart from the appointment of an Ad-
ministrator for the Northern Cameroons, Sir Percy Wynn Harris,

who arrived in the Territory at the last moment on I Octoher 1960,
the administration had remained Nigcrian or had been carried on
hy seconded Nigerian officials.The police andthe judiciary preserved
the same character.
In this political, social and administrative context, various kinds
of pressure were brought to bear to reverse the results of the 1959
referendum. The Report of the Plebiscite Commissioner reveals the
obstacles placed in the way of the exercise of political rights by al1
those concemed, which were, in many cases, only very belatedly
removed.
The circumstances in which electoral lists were prepared and the
elections themselves, the absence of any public counting of votes at

voting stations, for instance, vitiate the scrutiny as irregular.

The Government of Cameroun, even before the analysis of the
results,informed the Ijnited Nations Commissioner that it formally
challenged the reylarity of the plebiscite.
In spite of this pressure and tliese irregularities, of 243.935 votes
cast, 97.659 or 40.03 per cent. were in favour of union with the

' Rcsolutions adopted by the General Assembly, A14354 p. 39.
Report of the United Nations CommissioAj4727.p. 56 para. qz,and p. 57,
1,"'"93.l'union à la République camerounaise, alors que la solution du
rattachement à la Fédération nigérienne a, cette fois, recueilli
146 296 voix, soit 59.97 pour cent du total.

Les manquements de l'autorité administrante tant à l'accord
de tutelle et à la Charte des Xations Unies qu'à la résolution
1473 (XIV) de l'Assembléegénéraleont faussé le déroulement et
le sens de la consultation des populations de la partie septen-
trionale du Cameroun sous administration du Royaume-Uni.

II. -Exposé de droit

A) Eiz ce qtciconcernela coitzpéteitce:
L'article 19 de l'accord de tutelle sur le Cameroun sous admi-
nistration britannique est ainsi rédigé:

rArticle 19. - Tout différend, quel qu'il soit, qui vien-
drait à s'éleverentre YAutoritéchargée de l'administration et
tout autre Membre des Nations Unies relativement à l'inter-
prétation ou à l'application des dispositions du présentAccord,
sera, s'il ne peut être réglépar négociations ou un autre
moyen, soumis à la Cour internationale de Justice, prévue
au Chapitre XI\' de la Charte des Nations Unies. »

La République du Cameroun a étéadmise à l'organisation des
Nations Unies le 20 septembre 1960. En sa qualité d'Etat Membre,
la République du Cameroun peut donc invoquer l'accord et saisir
la Cour d'une requête concernant l'application dudit accord, sur
la base de l'article 19.
Les faits indiqués ci-dessus et les griefs qui en découlent, tels
qu'ils sont articulés plus loin, sont relatifs à l'interprétation ou
à l'application cles dispositions de l'accord de tutelle. En effet,

ils mettent notamment en cause les différentesmesures qui doivent
permettre conformément à l'article5 de l'accord de permettre
aux populations dc se prononcer librement sur leur régimepolitique.
Lcs griefs du Gouvernement de In République du Cameroun
ont été exprimés depuisl'origine et renoiivelés formellement par
la note du 2 mai 1961 adressée au Gouvernement britannique.
Dans sa réponse du 26 mai 1961, le Gouvernement du Royaume-
Uni a contesté d'une manière définitive les thèses présentéespar
le Gouvernement de la République du Cameroun dans ladite note.
La Cour est donc compétente pour trancher ce différend.

B) En ce qui concernele tond:
La République du Cameroun est en droit d'utiliser la procédure

qui lui est ouverte par l'accord de tutelle pour tout ce qui se
rattache à l'exécution dudit accord et saisit la Cour par la présente
requète des griefs suivants: APPLICATION '7
Republic of Cameroun, whereas the alternative of joining the
Federation of Nigeria on this occasion gained 146,296 votes, or

59.97 per cent. of the total votes cast.
The failure of the Administering Authority to comply either with
the Trusteeship Agreement and the Charter of the United Nations
or Resolution 1473 (XIV) of the Gcneral Assembly, falsified the
course and the significance of the consultation of the people of the
northern part.of the Cameroons under United Kingdom adminis-
tration.

11.-The Law

(A) As toJzwisdiction:
Article rg of the Trusteeship Agreement for the Territory of the
Cameroons uiider British Administration is in the following terms:

"Article 19.-If any dispute whatever should arise between
the Administering Authority and another Member of the
United Nations relating to the interpretation or application of
the provisions of this Agreement, such dispute, if it cannot be
settled by negotiation or otlier means, shall be submitted to the
International Court of Justice, providecl for in Chapter XIV
of the United Nations Charter."

The Republic of Cameroun was admitted to the United Nations
on zo September 1g60. In its capacity as a Member State, the
Republic of Cameroun is thereforc entitled to invoke the Agreement
and to submit to the Court an Application relating to the application
of that Agreement on the basis of Article 19.
The facts sct out above and the coinplaints arising out of them
which are hereinafter set forth relate to the interpretation or appli-
cation of the provisions of the Trusteeship Agreement. In particular,
they put in issue the various measures which, in accordance with
Article 5 of the Agreement, sliould make it possible to enable the
people freely to express their views asto their political system.
The complaints of the Government of the Republic of Cameroiin
were expressed from the beginning and formally reiterated in the
Note of z May 1961 addressed to the British Government. In its
reply of26 Rfay 1961, the United Kingdom Government definitively
contested the arguments advancçd hy the Government of the
Rcpublic of Cameroun in that Note.
The Court therefore has jurisdiction to hear and determine this

dispute.
(B) As to the iMerits:

The Republic of Cameroun is entitled to utilize the procedure
made available to it by the Trusteeship Agreement in respect of
ali matters relnting to the execution of that Agreement and hereby
lays before the Court the following complaints:18 REQUÊTE
a) Le Cameroun Nord n'a pas été administré, malgré le texte
de l'article 5, § B, de l'accord de tutelle, comme un territoire
distinct au sein d'une union administrative, mais comme une
partie intégrante de la Nigéria.

bJ L'article6 de l'accord de tutelle fixait comme objectifs le
développement d'institutions politiques libres, une part progres-
sivement croissante pour les habitants du territoire dans les services
administratifs, leur représentation dans le corps .consultatif et
législatif et leur participationau gouvernement du territoire. Ces
objectifs, de l'avis de la République du Cameroun, n'ont pas été
atteints.
C)L'accord de tutelle n'autorisait pas la puissance adminis-

trante à administrer le territoire, contrairement à la règle de
l'unité, comme deux parties distinctes selon deux régimesadminis-
tratifs, et avec deux évolutions politiques distinctes.
d)Les dispositions du 3 7 de la résolution 1473 relativesà la
séparation administrative du Cameroun septentrional et de la
Nigéria n'ont pas étésuivies.
E)Les mesures prévues au § 6 de la mêmerésolution en vue
d'obtenir une plus ample décentralisation des pouvoirs administra-

tifs et de la démocratisation effective du système d'administration
locale n'ont pas étémises en Œuvre.
f) Les conditions fixéespar le § 4 de la mêmerésolution pour
l'établissement des listes électoralesont étéinterprétéesde manière
discriminatoire, en entendant d'une manière abusive la notion de
résidence habituelle.
g) Des pratiques, actions ou inactions des autorités locales de
tutelle pendant la période précédant le plébiscite et durant les

opérations électorales ont modifié le déroulement normal de la
consultation et ont entrain6 des suites contraires à l'accord de
tutelle.
Tels étant les faits et le droit et sous réserve de tous mémoire,
contre-mémoire et en général detous moyens et preuves à présenter
ultérieurement à la Cour,

Plaise à la Cour;
Donner acte à l'Agent du Gouvernement de la République du
Cameroun que, pour toutes notifications et communications rela-

tives à la présente affaire, il élit domicàll'ambassade de France
à La Haye;
notifier la présente requête conformément à l'article 40, para-
graphe 2, du Statut de la Cour au Gouvernement du Royaume-Uni;

dire et juger, tant en l'absence qu'en présence dudit Gouverne-
ment et après tels délais qu'il appartiendraà la Cour de fixer: que

le Royaume-Uni, dans l'application de l'Accord de Tutelle du APPLICATION '9

(a) The Northern Cameroons have not, in spite of the text of
Article 5, $B, of the Trusteeship Agreement, been administered as
a separate territory within an administrative union, but as an
integral part of Nigeria.
(b) Article 6 of the Trusteeship Agreement laid down as ob-
jectives the development of free politicalinstitutions, a progressively
increasing share for the inhabitants of the Territory in the ad-
ministrative services, their participation in advisory and legislative
bodies and in the government of the Territory. These objectives,
in the opinion of the Republic of Cameroun, havenot been attained.

(c) The Trusteeship Agreement did not authorize the Adminis-
tering Power to administer the Temtory as two separate parts,
contrary to the de of unity, in accordance with two administrative
systems and following separate courses of political development.
(4 The provisions of $ 7 of Resolution 1473 relating to the se-
paration of the administration of the Northern Cameroons from
that of Nigeria have not been followed.
(e) The measures provided for in § 6 of the same Resolution in
order to achieve further decentralization of governmental functions

and the effective democratization of the system of local government
have not been implemented.
(/) The conditions laid down by 3 4 of the Resolution for the
drawing up of electoral lists were interpreted in a discriminatory
manner, by giving an improper interpretation to the qualification
of ordinary residence.
(g) Practices, acts or omissionsof the localTrusteeshipauthorities
during the period preceding the plebiscite and during the elections
themselves altered the normal course of the consultation and in-
volved consequences in conflict with the Trusteeship Agreement.

Such being the facts and the law, and subject to the subsequent
submission to the Court of a Memorial, Counter-Memorial and, in
general, of any arguments and evidence,

May itfileasthe Cotirt :
To take note that for the purpose of aii notifications and com-
munications relating to the present case, the Agent for the Govern-
ment of the Republic of Cameroun selects as his address for service
the French Embassy at The Hague;
to notify the present Application, in accordance with Article 40,
paragraph 2, of the Statute of the Court to the Government of the

United Kingdom ;
to adjudge and declare, whether the Government of the United
Kingdom appears or not, and after such time-limits as the Court
may fix: that the United Kingdom has, in the application of the
313 décembre 1946 n'a pas respecté certaines obligations qui en
découlent directement ou indirectement sur les divers points relevés
cidessus.

Ce 30 mai 1961.

(Signq KUOKMOUKOURI,
Ambassadeur du Cameroun en France,
Agent du Gouvernement
dela Républiquedu Cameroun. SECTIONB

PLEADINGS

SECTION B

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Requête introductive d'instance

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