INTERNATIONAL COURT OF JUSTICE
APPLICATION
INSTITUTING PROCEEDINGS
filed in the Registry of the Court
on 23 December 2008
JURISDICTIONAL
ImmUNITIES OF ThE STATE
(GERmANy v. ITALy)
COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
REQUÊTE
INTRODUCTIVE D’INSTANCE
enregistrée au Greffe de la Cour
le 23 décembre 2008
ImmUNITéS JURIDICTIONNELLES
DE L’éTAT
(ALLEmAGNE c. ITALIE) 2
2008
General List
No. 143
I. LETTER FROm ThE AmBASSADOR
OF ThE FEDERAL REPUBLIC OF GERmANy
TO ThE NEThERLANDS TO ThE REGISTRAR
OF ThE INTERNATIONAL COURT OF JUSTICE
german embassy,
the hague, the netherolands
The hague, 22 December 2008.
Excellency,
Upon instruction of my Government, I have the honour to submit herewith
an Application of the Federal Republic of Germany against the Italian Reopublic.
The agents of the Federal Republic of Germany would be ready to attend a
meeting of the Parties pursuant to Article 31 of the Rules of the Court at the
Court’s earliest convenience.
Please accept, Excellency, the expression of my highest consideration.
(Signed) Thomas Läufer,
(Signed) Ambassador of the Federal
(Signed) Republic of Germany. 3
2008
Rôle général
n 143
I. LETTRE ADRESSéE AU GREFFIER
DE LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE
PAR L’AmBASSADEUR DE LA RéPUBLIQUE FéDéRALE
D’ALLEmAGNE
[Traduction]
ambassade d’allemagone,
la haye, pays-bas
La haye, le 22 décembre 2008.
Excellence,
D’ordre de mon gouvernement, j’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint une
requête de la République fédérale d’Allemagne introduisant une instance contre la
République italienne.
Les agents de la République fédérale d’Allemagne se tiennent à la disposition
de la Cour pour assister, dès qu’il lui conviendra, à la réunion des Parties qui est
prévue à l’article 31 de son Règlement.
Veuillez agréer, etc.
(Signé) L’ambassadeur de la République
(Signé) fédérale d’Allemagne,
(Signé) Thomas Läufer. 4
II. APPLICATION INSTITUTING PROCEEDINGS
Subject of the Dispute
The Federal Republic of Germany (hereinafter: Germany) hereby institutes
proceedings against the Italian Republic (hereinafter: Italy) before the Interna-
tional Court of Justice. In recent years, Italian judicial bodies have repeatedly dis-
regarded the jurisdictional immunity of Germany as a sovereign State. The critical
stage of that development was reached by the judgment of the Corte di Cassazione
of 11 march 2004 in the Ferrini case , where the Corte di Cassazione declared
that Italy held jurisdiction with regard to a claim (proceedings initiated in 1998)
brought by a person who during World War II had been deported to Germany to
perform forced labour in the armaments industry. After this judgment had been
rendered, numerous other proceedings were instituted against Germany before
Italian courts by persons who had also suffered injury as a consequence of the
armed conflict. All of these claims should be dismissed since Italy lacks jurisdiction
in respect of acts jure imperii performed by the authorities of the Third Reich for
which present-day Germany has to assume international responsibility. however,
the Corte di Cassazione has recently confirmed its earlier findings in a series of
decisions delivered on 29 may 2008 and in a further judgment of 21 October 2008.
Germany is concerned that hundreds of additional cases may be brought against it.
Repeated representations with the Italian Government have been of no avail.
Recourse to the International Court of Justice (hereinafter: the Court) is accord-
ingly the only remedy available to Germany in its quest to put a halt to the unlaw-
ful practice of the Italian courts, which infringes its sovereign rights. The Italian
Government has publicly stated that it “respects” the German decision to submit
the dispute for final determination to the World Court. Also on its part, it is of the
view that a decisio2 by the Court on State immunity will be helpful for clarifying
this complex issue .
Representation of Germaony before the Internatoional Court of Justice
Germany has appointed as its Agents:
(1) ministerialdirektor Dr. Georg Witschel, Auswärtiges Amt, Werderscher
markt 1, 10117 Berlin,
1 Judgment No. 5044/2044, 11 march 2004, Rivista di diritto internazionale 87 (2004),
p. 539; English translation: International Law Reports (ILR), Vol. 128, p. 659.
2 See joint declaration, adopted on the occasion of German-Italian Governmental
Consultations, held on 18 November 2008 in Trieste, Annex: “L’Italia rispetta la decisione
tedesca di rivolgersi alla Corte Internazionale di Giustizia per una pronuncia sul principio
dell’immunità dello Stato. L’Italia, anche come parte contraente, come la Germania, della
Convenzione Europea sulla composizione pacifica delle controversie del 1957, e come Paese
che fa del rispetto del diritto internazionale un cardine della propria condotta, considera che
la pronuncia della Corte Internazionale sull’immunità dello Stato sia utile al chiarimento di
una complessa questione.” 5
II. REQUÊTE INTRODUCTIVE D’INSTANCE
[Traduction]
Objet du différend
La République fédérale d’Allemagne (dénommée ci-après l’«Allemagne») intro-
duit par la présente devant la Cour internationale de Justice une instance contre
la République italienne (dénommée ci-après l’«Italie»). Ces dernières années, la
justice italienne a méconnu à plusieurs reprises l’immunité de juridiction de l’Al-
lemagne en tant qu’Etat souverain. Cette situation a atteint un point critique avec
la décision rendue le 11 mars 2004 en l’affaire Ferrini 1par la Corte di Cassazione,
celle-ci ayant déclaré que l’Italie pouvait exercer son pouvoir de juridiction à
l’égard d’une demande (datant de 1998) soumise par une personne qui, pendant la
seconde guerre mondiale, avait été déportée en Allemagne pour y effectuer du tra-
vail forcé dans l’industrie de l’armement. A la suite de cet arrêt, les juridictions ita-
liennes ont été saisies de nombreuses autres affaires introduites contre l’Allemagne
par des personnes ayant, elles aussi, subi un préjudice en conséquence du conflit
armé. Toutes ces demandes devraient être rejetées, puisque l’Italie est sans poevoir
de juridiction à l’égard d’actes jure imperii perpétrés par les autorités du III Reich,
dont il incombe à l’Allemagne d’aujourd’hui d’assumer la responsabilité à l’échelle
internationale. Toutefois, la Corte di Cassazione a récemment confirmé ses conclu-
sions antérieures dans une série de décisions rendues le 29 mai 2008 et dans un
nouvel arrêt du 21 octobre 2008. L’Allemagne est préoccupée par la possibilité que
des centaines de nouvelles affaires puissent être introduites à oson encontre.
Les démarches réitérées effectuées auprès du Gouvernement italien sont restées
vaines. La saisine de la Cour internationale de Justice (dénommée ci-après la
«Cour») constitue donc la seule voie de recours dont l’Allemagne dispose pour
tenterdemettreuntermeàcettepratiqueillicitedesjuridictionsitaliennes,quiporte
atteinte à ses droits souverains. Le Gouvernement italien a publiquement déclaré
«respecte[r]» la décision allemande de soumettre le différend à la Cour pour que
celle-ci le règle de manière définitive. Il a également affirmé qu’une décision de la
Coursurl’immunitédel’Etataideraitselonluiàéclaircircettequestioncomplexe 2.
Représentation de l’Alloemagne devant la Cour ionternationale de Justioce
L’Allemagne a désigné, en qualité d’agents:
1) m. Georg Witschel, ministerialdirektor, Auswärtiges Amt, Werderscher
markt 1, 10117 Berlin,
1Arrêt n 5044/2044, 11 mars 2004, Rivista di diritto internazionale, vol. 87 (2004), p. 539
(traduction anglaise: International Law Reports, vol. 128, p. 659).
2Voir, en annexe, la déclaration conjointe adoptée à l’occasion des consultations tenues
entre les Gouvernements allemand et italien à Trieste le 18 novembre 2008: «L’Italia
rispetta la decisione tedesca di rivolgersi alla Corte Internazionale di Giustizia per una
pronuncia sul principio dell’immunità dello Stato. L’Italia, anche come parte contraente,
come la Germania, della Convenzione Europea sulla composizione pacifica delle contro-
versie del 1957, e come Paese che fa del rispetto del diritto internazionale un cardine della
propria condotta, considera che la pronuncia della Corte Internazionale sull’immunità dello
Stato sia utile al chiarimento di una complessa questione.» 6
(2) Professor Dr. Dr. h.c. Christian Tomuschat, Odilostrasse 25a, 13467 Berlin.
The address for service to which all communications concerning the case should
be sent is the Embassy of the Federal Republic of Germany in the Netherlands,
Groot hertoginnelaan 18-20, 2517 EG Den haag. 7
2) m. Christian Tomuschat, professeur, Odilostrasse 25a, 13467 Berlin.
Toutes les communications relatives à l’affaire sont à adresser à l’ambassade de
la République fédérale d’Allemagne aux Pays-Bas, Groot hertoginnelaan 18-20,
2517 EG Den haag. 8
OUTLINE OF ARGUmENT
Paragraphs
I. Jurisdiction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1-3 . . . . . . . . . . . . . .
II. Issues of admissibility. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4-6. . . . . . . . . . . .
1. No need for exhaustion of local remedies. . . . . . . . . . . . . . . . . .4. . . .
2. No need for prior exhaustion of diplomatic negotiations . . . . . . . . . 5
3. No jurisdiction of the Court of Justice of the European Communities 6
III. The facts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-12. . . . . . . . . . . . . . .
Judicial proceedings against Germany
IV. The claims of the Federal Republic of Germany . . . . . . . . . . . . . . . . 13.
V. Requests . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14-15
Annex 9
PLAN DE L’ARGUmENTATION
Paragraphes
I. Compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1-3. . . . . . . . . . . . .
II. Questions de recevabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-6 . . . . . . . . . .
1) Nul besoin d’épuiser les voies de recours internes . . . . . . . . . . . . .4. .
2) Nul besoin d’épuiser au préalable les négociations diplomatioques . . 5
3) Défaut de compétence de la Cour de justice des Communautés euro-
péennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 . . . . . . . . . . . . .
III. Les faits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-12. . . . . . . . . . . . . . . .
Les procédures judiciaires intentées contre l’Allemagne
IV. Les griefs de la République fédérale d’Allemagne. . . . . . . . . . . . . . . 13. .
V. Demandes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14-15
Annexe 10
I. Jurisdiction
1. The Application is brought under the terms of the European Convention
for the Peace3ul Settlement of Disputes of 29 April 1957 (hereinafter: European
Convention) . Italy ratified that Convention on 29 January 1960, Germany did so
on 18 April 1961. None of the two Parties has denounced it.
2. Article 1 of the European Convention provides:
“The high Contracting Parties shall submit to the judgment of the Inter-
national Court of Justice all international legal disputes which may arise
between them including, in particular, those concerning:
(a) the interpretation of a treaty;
(b) any question of international law;
(c) the existence of any fact which, if established, would constitute a breach
of an international obligation;
(d) the nature or extent of the reparation to be made for the breach of an
international obligation.”
In the instant case, the dispute concerns in particular the existence, under cus-
tomary international law, of the rule that protects sovereign States from being
sued before the civil courts of another State. Accordingly, the claim falls ratione
materiae within the scope of application of the European Convention.
3. The applicability of the European Convention is not excluded by the pro-
visions of Article 27, which enunciates certain time-limits. In fact, as stipulated
there:
“The provisions of this Convention shall not apply to:
(a) disputes relating to facts or situations prior to the entry into force of
this Convention as between the parties to the dispute;
(b) disputes concerning questions which by international law are solely
within the domestic jurisdiction of States.”
As already indicated when specifying the subject of the dispute, all the claims
which have been introduced against Germany before Italian courts relate to occur-
rences of World War II, where German troops committed grave violations of
international humanitarian law. however, the proceedings instituted against Italy
do not deal with the substance of those claims. Germany’s only objective is to
obtain a finding from the Court that to declare claims based on those occurrences
as falling within the domestic jurisdiction of Italian courts, constitutes a breach of
international law. The time when that objectionable judicial practice began can
be accurately specified. It is the judgment of the Corte di Cassazione in the Fer‑
rini case of 11 march 2004 which opened the gates for claims seeking reparation
for injury sustained as a consequence of events situated within the framework of
World War II. The date of 11 march 2004 and the years subsequent thereto are
clearly within the scope ratione temporis of the European Convention.
3 Council of Europe Treaty Series (CETS), No. 23. 11
I. Compétence
1. La requête est déposée en application de la convention européenne du
29 avril 1957 pour le règlement p3cifique des différends (dénommée ci-après
la «convention européenne») , ratifiée par l’Italie le 29 janvier 1960 et
par l’Allemagne le 18 avril 1961. Aucune des Parties n’a dénoncé cet instru-
ment.
2. L’article premier de la convention européenne est ainsi libelléo:
«Les hautes parties contractantes soumettront pour jugement à la Cour
internationale de Justice tous les différends juridiques relevant du droit
international qui s’élèveraient entre elles et notamment ceux ayant pour
objet:
a) l’interprétation d’un traité;
b) tout point de droit international;
c) la réalité de tout fait qui, s’il était établi, constituerait la violation d’une
obligation internationale;
d) la nature ou l’étendue de la réparation due pour rupture d’une obligation
internationale.»
Dans la présente instance, le différend concerne en particulier l’existence,
en droit international coutumier, de la règle qui protège un Etat souverain
contre des poursuites devant les juridictions civiles d’un autre Etat. Dès lors, la
demande s’inscrit ratione materiae dans le champ d’application de la convention
européenne.
3. L’application de la convention européenne n’est pas exclue par les disposi-
tions de l’article 27, qui énonce certaines limites d’ordre temporel. En fait, ainsi
qu’exposé dans cet article,
«Les dispositions de la présente convention ne s’appliquent pas:
a) aux différends concernant des faits ou situations antérieurs à l’entrée en
vigueur de la présente convention entre les parties au différend;
b) aux différends portant sur des questions que le droit international laisse
à la compétence exclusive des Etats.»
Comme il a déjà été indiqué lorsque l’objet du différend a été précisé, les
actions engagées contre l’Allemagne devant des juridictions italiennes se rap-
portent toutes à des faits remontant à la seconde guerre mondiale, lorsque des
soldats allemands commirent de graves violations du droit international huma-
nitaire. Cela étant, l’instance introduite ici contre l’Italie ne porte pas sur le fond
de ces actions en justice. L’Allemagne prie seulement la Cour de conclure que
regarder des griefs fondés sur ces faits comme relevant de la juridiction interne
des tribunaux italiens constitue une violation du droit international. Le moment
où cette pratique judiciaire contestable a débuté peut être daté avec précision. Il
s’agit du 11 mars 2004, jour du prononcé par la Corte di Cassazione de sa déci-
sion en l’affaire Ferrini, qui a ouvert la voie aux demandes de réparation fondées
sur un préjudice découlant d’événements ayant eu lieu dans le cadre de la seconde
guerre mondiale. Cette date du 11 mars 2004 et les années qui suivent entrent
manifestement dans le champ d’application ratione temporis de la convention
européenne.
3 Série des traités européens (STE), n 23. 12
II. Issues of Admissibility
1. No need for exhaustion of local remedies
4. Germany does not act in the exercise of its right of diplomatic protection in
favour of German nationals. It acts on its own behalf. Its sovereign rights have
been — and continue to be — directly infringed by the jurisprudence of the high-
est Italian courts that denies Germany its right of sovereign immunity. The claims
that have been adjudicated by Italian courts and are still pending before them are
directed against the German State as a legal entity, not against German nationals.
Accordingly, there is no legal requirement for Germany to exhaust local remedies.
On the other hand, if such a requirement existed, it would have been fully com-
plied with since it is the Corte di Cassazione, the highest court in civil matters, that
has developed the contested doctrine of non-invokability of sovereign immunity in
cases of grave violations of human rights and humanitarian law.
2. No need for prior exhaustion of diplomatic negotiations
5. Article 33 of the United Nations Charter does not require States to find solu-
tions to an actual dispute by all the methods listed therein before turning to the
Court. In the Oil Platforms (Islamic Republic of Iran v. United States of America)
case,thispropositionwasrecentlyconfirmed 4.NordoestheEuropeanConvention
establish any requirement to that effect. In any event, however, since the delivery
of the Ferrini judgment by the Corte di Cassazione, Germany has been in constant
contact with the Italian authorities, urging them to see to it that the erroneous
course followed by the Italian judiciary be halted. Germany is aware of othe efforts
undertaken by the Italian Government with a view to informing its judicial branch
about Italy’s obligations under the rules of general international law which, in
principle, are of direct applicability within the Italian legal order according to
Article 10 (1) of the Italian Constitution. Of course, as in all the countries parties
to the European Convention on human Rights, Italian judges are independent
and are not subject to any instructions imparted to them by their Government.
Nonetheless, Italy as a whole must shoulder responsibility for the acts of all its
State organs, whatever their nature. Article 4 (1) of the Articles on Responsibility
of States for Internationally Wrongful Acts, elaborated by the International Law
Commission (ILC) and taken note of by General Assembly resolution 56/83 of
12 December 2001, states unequivocally that conduct capable of entailing respon-
sibility may emanate from any organ that “exercises legislative, executive, judicial
or any other functions”.
This proposition reflects a rule of customary law. No voices can be found that
would argue that the judiciary does not belong to the institutional elements for
whose actions a State can be made accountable. The commentary of the ILC on
5refers to a rich array of relevant precedents. It is left to every State to
Article 4 (1)
organize its entire machinery in such a way that violations of international law to
the detriment of other States do not occur.
4I.C.J. Reports 2003, pp. 161, 210, para. 107. For further references see Christian Tomus-
chat; comments on Art. 36, in: Zimmermann/Tomuschat/Oellers-Frahm, The Statute of the
International Court of Justice. A Commentary, 2006, p. 649, margin note 115; Anne Peters,
“International Dispute Settlement: A Network of Cooperational Duties”, 14 (2003) Euro‑
pean Journal of International Law 1, at p. 14.
5See James Crawford, The International Law Commission’s Articles on State Responsibi‑
lity (2002), p. 95, para. 6. 13
II. Questions de recevabiloité
1) Nul besoin d’épuiser les voies de recours internes
4. L’Allemagne n’agit pas dans l’exercice de son droit de protection diploma-
tique à l’égard de ressortissants allemands. C’est en son nom propre qu’elle agit.
Ses droits souverains ont été et continuent d’être directement atteints par les déci-
sions des plus hautes juridictions italiennes, qui lui dénient son droit à l’immu-
nité souveraine. Les demandes sur lesquelles la justice italienne a statué et celles
qui demeurent pendantes devant elle sont dirigées contre l’Etat allemand en tant
qu’entité juridique, non contre des ressortissants allemands. En conséquence, l’Al-
lemagne n’est pas tenue en droit d’épuiser les voies de recours internes. D’ailleurs,
quand bien même une telle obligation existerait, il y aurait été pleinement satisfait
puisque c’est de la Corte di Cassazione, la plus haute instance judiciaire en matière
civile, qu’émane la théorie contestée de l’inopposabilité de l’immunité souveraine
en cas de violations graves des droits de l’homme et du droit humanitoaire.
2) Nul besoin d’épuiser au préalable les négociations diplo▯matiques
5. L’article 33 de la Charte des NationsUnies n’impose pas aux Etats d’avoir
épuisé, avant de s’adresser à la Cour, tous les moyens y énoncés pour régler un diff-é
rend dont l’existence est établie. Ce principe a été récemment confirmé dans l’affaire
desPlates‑formespétrolières(Républiqueislamiqued’Iranc.Etats‑Unisd’Amérique) 4.
La convention européenne ne pose elle non plus aucune condition en ce sens. Quoi
qu’ilensoit,cependant,depuisquelaCortediCassazionearendul’arrêtFerrini,l’Al-
lemagne a été constamment en contact avec les autorités italiennes pour les presser
de faire en sorte que le pouvoir judiciaire italien mette un terme à sa pratique err-o
née.L’AllemagneestconscientedeseffortsdéployésparleGouvernementitalienpour
rappeler ses instances judiciaires aux obligations qu’imposent à l’Italie les règles du
droit international général, lesquelles, conformément au paragraphe1 de l’article10
de la Constitution italienne, sont en principe d’applicabilité directe au sein de l’ordre
juridiqueitalien.Naturellement,commeleurshomologuesdetouslesEtatspartiesàla
convention européenne des droits de l’homme, les juges italiens sont indépendants et
n’ontàseplieràaucuneinstructionédictéeparleurgouvernement.Néanmoins,l’Italie
doitentantqu’Etatendosserlaresponsabilitédesactesdetoussesorganes,quelleque
soit la nature de ces derniers. En effet, le paragraphe1 du quatrième des articles sur la
responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite, lesquels ont été élaborés
par la Commission du droit international (CDI) et dont l’Assemblée générale a pris
notedanssarésolution56/83du12décembre2001,indiquesansambiguïtéqu’uncom-
portement susceptible d’entraîner l’imputation d’une responsabilité peut être le fait
detoutorganequi«exercedesfonctionslégislative,exécutive,judiciaireouautres ».
Cette disposition traduit une règle du droit coutumier. Nul ne contestera que
le pouvoir judiciaire fait partie des organes institutionnels dont les actes peuvent
engager la responsabilité de l’Etat. Le commentaire du paragraphe 1 de l’article 4
de la CDI 5 renvoie à toute une série de précédents pertinents. Il appartient à
chaque Etat d’organiser l’ensemble de son appareil étatique de façon à empêcher
toute violation du droit international au détriment d’autres Etatso.
4C.I.J. Recueil 2003, p. 161 et 210, par. 107. Pour plus de détails, voir les observations
de Christian Tomuschat sur l’article 36, The Statute of the International Court of Justice.
A Commentary, dans Zimmermann, Tomuschat et Oellers-Frahm (2006), p. 649, note 115
en marge; Anne Peters, «International Dispute Settlement: A Network of Cooperational
Duties», European Journal of International Law, vol. 14 (2003), p. 14.
5Voir James Crawford, The International Law Commission’s Articles on State Responsi‑
bility (2002), p. 95, par. 6. 14
3. No jurisdiction of the Court of Justice of the European Communities
6. The present dispute is not covered by any of the jurisdictional clauses of the
Treaty of Nice (Art. 227 EC). Although disturbances of the proper functioning
of the internal market under the Treaty of Nice — and later of the Treaty of Lis-
bon — may result from the contested practice of the Italian courts, it has no direct
link with the operation of the European market régime. The general relationship
between the European nations continues to be governed by general international
law. Every member State of the European Community/European Union is obli-
gated to respect the general rules of international law vis-à-vis the other members
unless specific derogations from the régime have been stipulated. In respect of the
dispute in the instant case, however, no such derogation has been agreed upon.
Jurisdictional immunity belongs to the core elements of the relationship between
sovereign States. Outside the specific framework established by the treaties on
European integration, the 27 European nations concerned continue to live with
one another under the régime of general international law. It should be added, in
this connection, that the special framework of judicial co-operation that enables
individuals to obtain the execution of judgments rendered in one member State of
the European Union in other member States of the Union does not comprise legal
actions claiming compensation for loss or damage suffered as a consequence of
acts of warfare 6.
III. The Facts
Judicial proceedings against Germany
7. As already hinted in the introduction, Germany is currently faced with a
growing number of disputes before Italian courts where claimants who suffered
injury during World War II, when Italy was under German occupation after it had
terminated its alliance with Germany on 8-9 September 1943 and joined the Allied
Powers, have instituted proceedings seeking financial compensation for that harm.
Three main groups of claimants may be distinguished. In the first group there are
claimants, mostly young men at the time, who were arrested on Italian soil and
sent to Germany to perform forced labour. The second group is constituted of
members of the Italian armed forces who, after the events of September 1943, were
taken prisoner by the German armed forces and were soon thereafter factu7lly
deprived by the Nazi authorities of their status as prisoners of war , with a view
to using them as forced labourers as well. The third group comprises victims of
massacres perpetrated by German forces during the last months of World War II.
Using barbarous strategies in order to deter resistance fighters, those units on some
occasions assassinated hundreds of civilians, including women and children, after
attacks had been launched by such fighters against members of the occupation
forces. In many of those cases, there was a gross quantitative disproportionality
between the numbers of the German and the Italian victims.
8. Since the relevant events go back more than 60 years, in many instances
6 See Court of Justice of the European Communities, Lechouritou, Case C-292/05,
15 February 2007, para. 46.
7 It stands to reason that in an armed conflict none of the two belligerent parties may
deprive combatants made prisoners of war unilaterally of that status. The status of prisoner
of war is regulated by rules of international law over which no party can dispose at its own
free will. 15
3) Défaut de compétence de la Cour de justice des Communautés ▯européennes
6. Le présent différend n’entre dans les prévisions d’aucune des clauses juridic-
tionnelles du traité de Nice (article 227 du traité CE). Bien qu’elle risque d’entraver
le bon fonctionnement du marché intérieur visé par le traité de Nice — puis par
le traité de Lisbonne —, la pratique contestée des juridictions italiennes ne touche
pas directement au fonctionnement du régime gouvernant le marché européen.
Les relations courantes entre les différentes nations européennes demeurent régies
par le droit international général. Chaque Etat membre de la Communauté euro-
péenne ou de l’Union européenne est tenu, sauf dérogation expresse, de respecter
les règles générales du droit international envers les autres membres. Or, en ce qui
concerne le différend objet de la présente requête, aucune dérogation n’a été ainsi
convenue. L’immunité de juridiction fait partie des éléments qui sont au cœur de la
relation entre Etats souverains. En dehors du cadre spécifique défini par les traités
relatifs à l’intégration européenne, le régime du droit international général conti-
nue de s’appliquer aux relations entre les vingt-sept Etats européens concernés. Il
convient d’ajouter à cet égard que le cadre spécial de coopération judiciaire qui
permet à une personne physique de faire exécuter dans un Etat membre de l’Union
européenne une décision rendue dans un autre Etat membre ne s’étend pas aux
actions en justice visant à obtenir réparation à raison d’une perte ou d’un préjudice
subis en conséquence d’actes de guerre 6.
III. Les faits
Les procédures judiciaires intentées contre l’Allemagne
7. Ainsi qu’indiqué brièvement en introduction, l’Allemagne fait actuellement
l’objet d’un nombre croissant d’actions intentées devant les juridictions italiennes
et dans lesquelles les demandeurs, victimes d’un préjudice au cours de la seconde
guerre mondiale — alors que l’Italie était occupée par l’Allemagne après avoir
rompu son alliance avec celle-ci les 8 et 9 septembre 1943 et rejoint les puissances
alliées —, ont engagé des poursuites afin d’être indemnisés à raison de ce préju-
dice. Les demandeurs peuvent être en gros répartis en trois groupes. Le premier
est constitué d’hommes, pour la plupart jeunes à l’époque, qui furent arrêtés
sur le sol italien et envoyés en Allemagne pour y être astreints au travail forcé.
Le deuxième groupe est celui des membres des forces armées italiennes qui, à la
suite des événements de septembre 1943, furent capturés par l’armée allemande
et que les autorités nazies privèrent de fait peu après de leur statut de prisonniers
de guerre 7, là encore pour les soumettre au travail forcé. Le troisième groupe
comprend des victimes de massacres perpétrés par des unités allemandes au cours
des derniers mois de la seconde guerre mondiale; usant de stratégies barbares
pour dissuader les résistants, ces unités tuèrent parfois des centaines de civils,
parmi lesquels des femmes et des enfants, en représailles des attaques lancées par
la résistance contre les forces d’occupation. Bien souvent, le nombre des victimes
italiennes était sans commune mesure avec celui des victimes allemandoes.
8. Les faits incriminés remontant à plus de soixante ans, les demandeurs sont
6Voir Cour de justice des Communautés européennes, affaire Lechouritou, n C-292/05,
15 février 2007, par. 46.
7Il va de soi que, dans le cadre d’un conflit armé, aucune des deux parties belligérantes
ne peut priver unilatéralement de ce statut les combattants faits prisonniers. Le statut de
prisonnier de guerre est régi par des règles du droit international dont aucune partie ne peut
s’affranchir à son gré. 16
the claimants are the heirs of the victims proper; either the children or the
widows.
9. The democratic Germany which emerged after the end of the Nazi dicta-
torship has consistently expressed its deepest regrets over the egregious viola-
tions of international humanitarian law perpetrated by German forces during the
period from 8-9 September 1943 until the liberation of Italy. On many occasions,
Germany has already made additional symbolic gestures to commemorate those
Italian citizens who became victims of barbarous strategies in an aggressive war,
and is prepared to do so in the future. On behalf of the German Government,
Foreign minister Frank-Walter Steinmeier just recently confirmed that Germany
fully acknowledges the untold suffering inflicted on Italian men and women in par-
ticular during massacres, and on former Italian military internees, when he visited,
together with his Italian colleague Franco Frattini, the memorial site “La Risiera
di San Sabba” close to Trieste which during the German occupation had served as
a concentration camp. A joint conference of German and Italian historians will be
held in 2009 at the centre for cultural encounters Villa Vigoni to look into the com-
mon history of both countries during the period when they were both governed
by totalitarian régimes, giving special attention to those who suffered from war
crimes, including those Italian soldiers whom the authorities of the Third Reich
abusively used as forced labourers (“military internees”).
10. A fourth group of disputes must be mentioned separately, namely the dis-
putes arising from the attempts by Greek nationals to enforce in Italy a judgment
obtained in Greece on account of a similar massacre committed by German mili-
tary units during their withdrawal in 1944 (Distomo case).
11. In one case, measures of constraint were already taken against German
assets in Italy. A judicial mortgage (“ipoteca giudiziale”) was inscribed in the land
register covering Villa Vigoni, the German-Italian centre of cultural encounters
mentioned above (para. 9). Accordingly, Germany must expect that other such
measures may be taken against real estate that serves public purposes of Germany
in Italy.
12. At the present stage of the proceedings, Germany does not deem it neces-
sary to describe in detail all the cases that are currently pending before Italian
judges. Since 2004, the numbers have continually increased. Currently, roughly
250 claimants have introduced civil actions against Germany, which are pending
before 24 regional courts (“Tribunali”) and two courts of appeal. It stands to rea-
son that Germany is thus involved in a continual confrontation which requires a
huge amount of financial and intellectual expenditure. A special task force of law-
yers had to be set up to follow the developments with their manifold ramifications.
having to observe the judicial practice of the Italian judges in the relevant cases,
and to respond to it in an appropriate manner, has grown into a serious stumbling
block adversely affecting the bilateral relationships between the two nations.
IV. The Claims of the Federaol Republic of Germany
13. Through its judicial practice, as summarily described above, Italy has
infringed and continues to infringe its obligations towards Germany under inter-
national law. Italy is bound to abide by the principle of sovereign immunity which
debars private parties from bringing suits against another State before the courts
of the forum State. Italy cannot rely on any justification for disregarding the juris-
dictional immunity which Germany enjoys under that principle. In particular,
in the Ferrini case and in subsequent cases, the Corte di Cassazione has openly 17
dans de nombreux cas les héritiers des victimes elles-mêmes, descendants directs
ou conjoints survivants.
9. L’Allemagne démocratique qui a vu le jour après la chute de la dictature
nazie n’a pas laissé d’exprimer ses regrets les plus profonds pour les violations
massives du droit international humanitaire perpétrées par les forces allemandes à
partir des 8 et 9 septembre 1943 et ce, jusqu’à la libération de l’Italie. L’Allemagne
a déjà fait maints autres gestes symboliques pour honorer la mémoire des citoyens
italiens victimes de stratégies barbares dans le cadre de cette guerroe d’agression, et
elle est prête à en faire autant dans l’avenir. Tout récemment encore, le ministre
des affaires étrangères, m. Frank-Walter Steinmeier, lorsqu’il a visité avec son
homologue italien, m. Franco Frattini, le site commémoratif de la «Risiera di
San Sabba», qui, situé près de Trieste, servit de camp de concentration pendant
l’occupation allemande, a réaffirmé au nom du Gouvernement allemand que l’Al-
lemagne reconnaissait pleinement les souffrances indicibles infligées aux hommes
et aux femmes d’Italie, en particulier lors des massacres, ainsi qu’aux anciens inter-
nés militaires italiens. Une conférence conjointe d’historiens allemands et italiens
se tiendra en 2009 au centre d’échanges culturels de la Villa Vigoni pour revenir
sur l’histoire commune des deux pays pendant la période où l’un et l’autre étaient
sous la coupe d’un régime totalitaire, en prêtant une attention spéciale aux victimes
de crimes de guerre, notamment aux soldats italiens que les autorités du III eReich
utilisèrent abusivement pour le travail forcé (les «internés militaires»).
10. Un quatrième type d’action doit être évoqué séparément: il s’agit de tenta-
tives de ressortissants grecs visant à faire exécuter en Italie une décision rendue en
Grèce à raison d’un massacre similaire perpétré en 1944 par des unités de l’armée
allemande pendant leur retraite (l’affaire Distomo).
11. Dans un cas, des mesures d’exécution forcée ont déjà été prises contre des
biens allemands en Italie. En effet, une «hypothèque judiciaire» («ipoteca giudi-
ziale») visant la Villa Vigoni, le centre germano-italien d’échanges culturels men-
tionné ci-dessus (par. 9), a été inscrite au cadastre. Aussi l’Allemagne doit-elle s’at-
tendre à ce que d’autres mesures de ce type visent des biens immobiliers utilisés
pour servir ses intérêts publics en Italie.
12. A ce stade de l’instance, l’Allemagne n’estime pas nécessaire de relater en
détail l’ensemble des affaires qui sont actuellement pendantes devant la justice ita-
lienne. Depuis 2004, leur nombre n’a cessé de croître. A ce jour, environ deux cent
cinquantedemandeursontintentécontrel’Allemagnedesactionscivilesquisonten
instancedevantvingt-quatretribunauxrégionaux(«tribunali»)etdeuxcoursd’ap-
pel. L’Allemagne est donc ainsi constamment en procès, ce qui l’oblige à mobiliser
des ressources considérables sur les plans financier et intellectuel. Une équipe spé-
cialedejuristes,chargéedesuivrel’évolutiondelasituationavecsesmultiplesrami-
fications, a dû être mise en place. Cette nécessité de suivre la façon de procéder des
magistrats italiens dans les affaires en question et d’y répondre de manière appro-
priéeenestvenueàpeserlourdementsurlesrelationsbilatéralesentrelesdeuxEtats.
IV. Les griefs de la Républoique fédérale d’Allemoagne
13. Par sa pratique judiciaire, telle qu’exposée succinctement ci-dessus, l’Italie a
manqué et continue de manquer à ses obligations envers l’Allemagne en vertu du
droit international. L’Italie est tenue de respecter le principe de l’immunité sou-
veraine qui empêche les personnes physiques d’engager devant les juridictions de
l’Etat du for des poursuites contre un autre Etat. Rien ne justifie qu’elle mécon-
naisse l’immunité de juridiction de l’Allemagne en vertu de ce principe. Dans l’af-
faire Ferrini en particulier, puis dans d’autres, la Corte di Cassazione a ouver- 18
acknowledged that it did not apply international law as currently in force, but that
it wished to develop the law, basing itself on a rule “in formation”, a rule which
does not exist as a norm of positive international law. Through its own formula-
tions, it has thus admitted that by its restrictive interpretation of jurisdictional
immunity, i.e., by expanding Italy’s jurisdiction, it is violating the rights which
Germany derives from the basic principle of sovereign equality.
V. Requests
14. On the basis of the preceding submissions, Germany prays the Court to
adjudge and declare that the Italian Republic:
(1) by allowing civil claims based on violations of international humanitarian
law by the German Reich during World War II from September 1943 to
may 1945, to be brought against the Federal Republic of Germany, commit-
ted violations of obligations under international law in that it has failed to
respect the jurisdictional immunity which the Federal Republic of Germany
enjoys under international law;
(2) by taking measures of constraint against “Villa Vigoni”, German State prop-
erty used for government non-commercial purposes, also committed viola-
tions of Germany’s jurisdictional immunity;
(3) by declaring Greek judgments based on occurrences similar to those defined
above in request No. 1 enforceable in Italy, committed a further breach of
Germany’s jurisdictional immunity.
Accordingly, the Federal Republic of Germany prays the Court to adjudge and
declare that:
(4) the Italian Republic’s international responsibility is engaged;
(5) the Italian Republic must, by means of its own choosing, take any and all
steps to ensure that all the decisions of its courts and other judicial authorities
infringing Germany’s sovereign immunity become unenforceable;
(6) the Italian Republic must take any and all steps to ensure that in the future
Italian courts do not entertain legal actions against Germany founded on the
occurrences described in request No. 1 above.
15. Germany reserves the right to request the Court to indicate provisional
measures in accordance with Article 41 of the Statute should measures of con-
straint be taken by Italian authorities against German State assets, in particular
diplomatic and other premises that enjoy protection against such measures pursu-
ant to general rules of international law.
The hague, 22 December 2008.
(Signed) Dr. Thomas Läufer,
(Signed) Ambassador of the Federal
` (Signed) Republic of Germany. 19
tement reconnu qu’elle n’appliquait pas le droit international actuellement en
vigueur mais tenait à le développer en se fondant sur une règle «en voie de consti-
tution», règle qui n’existe pas en tant que norme de droit international positif. De
par ses propres termes, elle a donc admis que, en interprétant ainsi de manière res-
trictive l’immunité de juridiction, c’est-à-dire en étendant le pouvoir de juridiction
de l’Italie, elle portait atteinte aux droits qui sont ceux de l’Allemagne en vertu du
principe fondamental de l’égalité souveraine.
V. Demandes
14. Sur la base des éléments qui précèdent, l’Allemagne prie la Cour de dire et
juger que:
1) enpermettantquesoientintentéesàsonencontredesactionscivilesfondéessur
des violations du droit international humanitaire commises par le Reich alle-
mand au cours de la seconde guerre mondiale de septembre 1943 à mai 1945,
la République italienne a commis des violations de ses obligations juridiques
internationales en ne respectant pas l’immunité de juridiction reconnue à la
République fédérale d’Allemagne par le droit international;
2) en prenant des mesures d’exécution forcée visant la «Villa Vigoni», propriété
de l’Etat allemand utilisée par le gouvernement de ce dernier à des fins non
commerciales, la République italienne a également violé l’immunité de juridic-
tion de l’Allemagne;
3) en déclarant exécutoires sur le sol italien des décisions judiciaires grecques fon-
dées sur des faits comparables à ceux qui sont mentionnés au point 1 ci-dessus,
la République italienne a commis une autre violation de l’immunité de juridic-
tion de l’Allemagne.
En conséquence, la République fédérale d’Allemagne prie la Cour de dire et
juger que:
4) la responsabilité internationale de la République italienne est enogagée ;
5) laRépubliqueitalienneprendra,parlesmoyensdesonchoix,touteslesmesures
nécessaires pour faire en sorte que l’ensemble des décisions de ses juridictions
et d’autres autorités judiciaires qui contreviennent à l’immunité souveraine de
l’Allemagne soient privées d’effet;
6) la République italienne prendra toutes les mesures nécessaires pour faire en
sorte que ses juridictions s’abstiennent à l’avenir de connaître d’actions inten-
tées contre l’Allemagne à raison des faits mentionnés au poiont 1 ci-dessus.
15. L’Allemagne se réserve le droit de demander à la Cour d’indiquer, confor-
mément à l’article 41 de son Statut, des mesures conservatoires si les autorités
italiennes devaient prendre des mesures d’exécution forcée à l’encontre de biens
appartenant à l’Etat allemand, en particulier de locaux, diplomatiques ou autres,
qui, en vertu des règles générales du droit international, bénéficient d’une protec-
tion contre de telles mesures.
La haye, le 22 décembre 2008.
(Signé) L’ambassadeur de la République
(Signé) fédérale d’Allemagne,
(Signé) D rThomas Läufer. 20
Annex
Joint Declaration, Adoptedo on the Occasion of Germano-Italian
Governmental Consultatoions, Trieste,
18 November 2008
[Translation from the German/Italian original]
Italy and Germany share the ideals of reconciliation, solidarity and integration,
which form the basis of the European construction that both countries have con-
tributed to with conviction, will continue to contribute to and drive forward.
In this spirit of co-operation they also jointly address the painful experiences
of World War II; together with Italy, Germany fully acknowledges the untold
suffering inflicted on Italian men and women in particular during massacres and
on former Italian military internees, and keeps alive the memory of these terrible
events.
With this in mind, Deputy Chancellor and Federal minister for Foreign Affairs
Frank-Walter Steinmeier, accompanied by Foreign minister Franco Frattini, vis-
ited the Risiera di San Sabba in what can be considered a gesture of great moral
and humanitarian value to pay tribute to the Italian military internees who were
kept in this transit camp before being deported to Germany, as well as to all the
victims for whom this place stands.
Italy respects Germany’s decision to apply to the International Court of Justice
for a ruling on the principle of State immunity. Italy, like Germany, is a State party
to the European Convention of 1957 for the Peaceful Settlement of Disputes and
considers international law to be a guiding principle of its actions. Italy is thus of
the view that the ICJ’s ruling on State immunity will help to clarify this complex
issue. 21
Annexe
Déclaration conjointe adooptée à l’occasion des coonsultations
tenues entre les Gouveornements allemand eto italien à Trieste
le 18 novembre 2008
[Traduction française établie par le Greffe à partir de la traduction anglaise fournie
par l’Allemagne de l’original rédigé en allemand et en itali▯en]
L’Italie et l’Allemagne déclarent partager les idéaux de réconciliation, de solida-
rité et d’intégration qui forment la base de la construction européenne, à laquelle
les deux Etats ont contribué avec conviction, à laquelle ils continueront de contri-
buer et dont ils ne cesseront de favoriser le développement.
C’est dans ce même esprit de coopération qu’ils entendent revenir ensemble sur
les douloureuses expériences de la seconde guerre mondiale; se joignant à l’Ita-
lie, l’Allemagne prend pleinement et solennellement acte des souffrances indicibles
infligées aux hommes et aux femmes d’Italie, en particulier lors des massacres,
ainsi qu’aux anciens internés militaires italiens, et œuvre pour que soit conservée la
mémoire de ces événements tragiques.
Dans cette optique, m. Frank-Walter Steinmeier, vice-chancelier et ministre
fédéral des affaires étrangères, a, en un geste d’une grande portée morale et huma-
nitaire, visité en compagnie de son homologue m. Franco Frattini la «Risiera di
San Sabba», ce afin de rendre hommage aux internés militaires italiens qui furent
détenus dans ce camp de transit avant d’être déportés en Allemagne ainsi qu’à
toutes les victimes dont ce lieu vise à honorer la mémoire.
L’Italie respecte la décision de l’Allemagne de s’adresser à la Cour internationale
deJustice pour obtenir une décision sur le principe de l’immunité de l’Etat. Comme
l’Allemagne, elle est partie à la convention européenne de 1957 pour le règlement
pacifique des différends et se laisse toujours guider dans son action par le droit
international. L’Italie estime dès lors que pareille décision contribuera à faire la
lumière sur cette question complexe.ImPRImé EN FRANCE – PRINTED IN FRANCE
Application Instituting Proceedings