Non- Corrige Traduction
1 Uncorrected Translation
CR200013(traduction)*
CR 20003 (translation)
Mardi 13juin à10heures
Tuesday 13e 2000at 10a.m.
*Nouveautiragepourraisons techniques008 The PRESIDENT: Please be seated. Thesitting isopen andwe will hemthe continuationof
the State of Bahrain'sstatement.wgivethe floor to Mr.Robert Volterra.
M. VOLTERRA :
1.Monsieur leprésident,Madame etMessieursde laCour,c'estun honneur pourmoiquede
me présenterdevantvous.
LA SOUVERAINETEININTERROMPUD EEBAHREI NURLESILES HAWAR T,ELLEQU'ELLE
RESSORTDESEFFECTIVITESETDUCOMPORTEMENT DES RESIDENT SE HAWAR
Introduction
2. Bahreïn m'a chargé deprésenter sesarguments relatàfla souverainetéininterrompue
que Qatara exercéesurles îles Hawar,telle qu'elleressort deseffectivitésetdu comportementdes
habitantsdes îles. Vendredi,sir ElihuLauterpacht a parlédesprincipesjuridiques applicablespour
trancher les questions de titres temtoriaux et mon exposédonne un cadre concretplication
desprincipesqu'il aexpliqués.
3. Ce matin, j'examinerai les élémende preuve relatifs aux effectivitésde Bahreïn, le
comportementqui a étécelui de Bahreïnsur lesîles Hawar et qui présente les caractéd'uniques
comportement àtitre de souverain[en français dans l'original],le fait que les tiers considéraient
que les îles appartenaientahreïn ainsique le contexte général, so,olitique et économique
de l'appartenancedes îles a Bahreïn pendantdes siècles. Je conclurai mon exposéen examinant
commentQatar analyseces élémentd sepreuve.
Qatar contreBahreïn :la géographiephysique contrel'histoire humaine
4. S'agissantde la question du titre sur les îles Hawardont la Courest saisie,la géographie
I
physique s'opposeà l'histoirehumaine. Lesîles se situentbien au large de la côte de la péninsule
de Qatar, maisahreïn dispose d'éléments dereuve historiques qui établissentque ces îles lui
appartiennent depuis de nombreuses générations. Qatar ne sautier qu'il ressort du dossier
historiqueque Bahreïn amenédes activitéssurlesîles Hawaret que Qatarn'en amenécune. 5. La Cour n'a évidemmentpasmanquéde constaterque Qatara consacréune grandepartie
de son premier tour de plaidoiries expliquer que les îles Hawar sontsituéesjuste aularge de la
péninsulede Qatar. Qatar voudrait vous faire croire que les îles Hawarn'ont pas étfréquentées
0 0 9 jusqu'en 1936,ni par des Bahreïnites ni par quiconque, à l'exception peut-êtrede quelques
pêcheurs itinérants. Par exemple,sur les photosprisespar satellitemontréespar l'émineatgentde
Qatarpour illustrerlesrécentes constructionsmilitaireset civilesérigées sur es par Bahreïn,il
est frappant que rien n'indique ce que sont les bâtimentset les ruines qui existent toujourssur les
îles etqui sont antérieursde plusieursdécennies'arbitrage de1938-1939.
6. Qatar s'est attardà évoquer devant la Courla géomorphologiedes îles, qui - soit dit
incidemment - est la même que cellede Bahreïnet de la côtede Hasa de l'Arabiesaoudite. Mais
il garde le silence sur la présencede six cimetières sur les îles, six, pas moins. Qatarprétendque
personne ne s'était installé sur les îles, maisil n'explique pas l'existence de deux villages
permanentssur les îles,laquelle est constamment signaléedès1820. Qatarprétend qu'iln'y a pas
d'eausur lesîles mais,une fois encore,il s'est abstenude relever l'existencesur ces îles deciternes
d'eau. Qatarprétendque sa souverainetésur les îles Hawar, quidécouleraitde l'autoritéqu'il est
censé exercersur la péninsule de Qatar,a été reconnue jusqu'en1936. Mais Qatar ne peut faire
que desdéductions àpartir de spéculationsfondées elles-mêmesur des documentsqui,àdirevrai,
restentmuetssur la question.
7. Cette diapositivemontre les élémentsde preuveprésentéspar d lesux Partiesàl'appuide
leurs revendicationsde souverainetésur les îles Hawar. A tout le moins, les éléments dpreuve
tels qu'ils auraientpu se présenter. Mais Qatara dû retirer ses quatre-vingtdeux faux documents.
Et il reconnaît que les cartes n'établissent pasde titre juridique. Voilà doncuoi se réduitla
cause de Qatar. C'est ainsi que Qatar n'a pas été en mesur dee fournir un seul exemple de
l'autorité qu'ilaurait exercée sur lesîles. Il n'a pas davantage éen mesure d'établir quedes
Qatariens ont mené desactivitéssur les îles, encore moins qu'ils l'ont fait sousl'autoritédes
souverainsdeQatar.
8. En revanche, les écritures de Bahreïn contiennent plus de quatre-vingt exemples
documentésd'activités bahreïnite sur les îles Hawar. 9. Il est denotoriépubliqueque les îles Hawarfont partie intégrantede l'économiesociale
et politique de Bahreïn depuis plus de deux siècles. Les archives britanniques confirment quela
Grande-Bretagne,ses représentantset leursdossiersont invariablement considéré,rtir de 1820,
que les îles Hawar appartenaient Bahreïn. Qatar a tout simplement choisi de ne tenir aucun
comptede tous cesdocuments, à l'exceptiond'unedouzained'entre eux.
oao 10. La revendication de Qatarsur les îles Hawar, formuléepour la premièrefois en 1938
puis exprimée ànouveau après des décennies dseilence,ne correspondtout au plus qu'à un calcul
de la part de Qatar: celui-ci se dit qu'iln'a rienperdre à la présenteret cette revendication
pourrait en quelquesorte faire contrepoidsla revendicationtrèssérieusedeBahreïn sur la région
de Zubarah.
11. Si Qatarn'obtientrien enl'espèce,iln'aurarienperdu. Si Qatar acquiertd'unefaçonou
d'une autre ne serait-ceque l'île deJanan, sansparler deal,Jaradah, FashtAl Azm ou d'autres
territoires, ilverrases spéculationset son comportementrécompensés.
12. Comme je l'ai dit,Bahreïn a soumis dans ses écritures plus dequatre-vingt exemples
d'activitésqu'ila menées surles îles Hawar. Il figure une liste de soixante-dixd'entre eux aux
paragraphes28 à 30 de la répliquede Bahreïn et dix autres documents sont présentés danlses
documents supplémentaires. Je n'ai pas l'intention de les passer tous en revue. Mais je vais
évoquercertainsexemplesen lessituantdans leurcontexte socialet historique.
13. La manièrela plus efficace de procéder estde subdiviser mon exposé en périodes.
Premièrement,je passerai en revue les effectivités de Bahreïnsur les îles Hawar au cours
desXVIIIeet XIXesiècles. J'évoquerai ensuite les deux premières décennidesXXesiècle. Puis
les annéesvingt. Après quoi j'évoquerailes années trente. Enfin, je rappelleraila Cour les
effectivités deBahreïn au cours des décennies qui ont suivil'arbitrage de 1938-1939.
Ces
dernièresmontrent, bien entendu, que Bahreïn n'a cessé d'exercersa souverainetésur les îles
depuis l'arbitrage. Passer ainsi en revue les effectivités etles activités deBahreïn permet de
constaterqu'à compterde 1783etjusqu'à aujourd'hui,l'autorité queBahreïnexercesur cesîles est
établiepar une masse considérable d'élémend te preuve librement accessibles, authentiqueset
- ce qui est peut-êtle plus importan- non réfutés. 14.A toutes lespériodes de l'histoiredes îles Hawar,les élémse preuve établissentque
Bahreïn y a menédes activités,y comprisbien avant que le souverainde Qatar ne formulepour la
première fois sa revendication sur les îles en 1938. D'ailleurs, sur les quatre-vingt exemples
qu'apporte Bahreïn dans ses écritures, unesoixantaine sont antérieursà l'arbitrage britannique
de 1938-1939. Parmiceux-là, quarante-sixdatentd'avant 1936.
Lesélément sui prouventleseffectivitéde Bahreïnsurles îlesHawar
aucoursdesXVIIIeet XIXe siècles
15. En 1783,les Al-Khalifa vainquirentla garnison perse sur la grande île de Bahreïn et
étendirent leurdomination au-delàde la péninsule de Qataraux îles du golfe de Bahreïn. Peu
après, une branche voisine de la tribudes Dowasir adressa une pétitionau souverain de Bahreïn
O 1 1
afin qu'il l'autoriàs'établir dansles îles Hawar. Le cadi de Zubarah, leplus haut responsable
judiciaire etreligieuxdu gouvernementdes Al-Khalifa, nommé palre souverainde Bahreïn,accéda
àleurdemandeet lesDowasir s'établirent dans lesîles'.
16.Dansune lettreadresséele 4avril 1909au résidentpolitique,le capitainePrideaux, agent
politique britannique, confirmait la permission accordéepar les Al-Khalifa et précisait que
l'autorisationécriteduadiavaitétéconservée2.
17. Mais j'anticipe sur les événements.Il était expressémenrteconnu dèsles années1820
que les îles Hawar appartenaienà Bahreïn. Le capitaine George Brucks de la marine des Indes
britanniques fut chargéde 1821à 1829de mener une étude détailléeet minutieuse de la côte du
golfe ~rabi~ue~.Lerapport qu'il aétabliàl'issuede cette étude, inti"ArabianCoast Suwey",
fait autorité ence quiconcernela configurationpolitique du Golfependant les cinquantepremières
annéesdu XIXesiècle. M. Paulssona portéce document à l'attention dela Cour vendredidernier.
Il faut souligner qu'il s'agissaitlà d'une entrepriseambitieuseet de grande:vous trouverez
l'extrait pertinentde ce rapport sous lacote 27de votre dossier;si vous vousràpla page 93
'Lettre adresséepar le capitainePrideauxau résident politi4avril 1909,mémoirede Bahreïn,
annexe236,vol. 5,p. 1039-1041.
Ibid.
CapitaineG.Bnicksde la marinedes Indesbritanniques"MemorialDescriptiveofthe Navigation oftheGulfof
Persia 1821-1829",mémoirede Bahreïn,annexe7,vol.2, p. 92-109. (le numéro est indiquéen bas à droitedes pages)et si vous lisezle dernieralinéa,vous constaterez
le soin avec lequelle capitaineBrucksa menéson enquête pendant neuf ans. Voici commentil
décrivaitlaméthode àlaquelleil avaiteu recours :
«Pour obtenirles renseignementsquej'ai recueillis,je m'ysuis pris de la façon
suivante :j'ai poséau chefcertainesquestionsconcernantles tribus,les localités, leurs
revenus, leur commerce,etc.,questionsquej'ai transcrites avec lesréponsesqui ont
été faites.u4
18. Dans l'alinéasuivant de ses remarques liminaires,le capitaineBrucks décritla façon
dontil a recoupéetvérifié ses informations.
012 19. Au sujet des îles Hawar que les Européens appelaien t l'époque lesWarden,Bmcks
observe - et cettecitation peutêtrégalement trouvéeautableau 27,page 101,troisièmealinéa :
«Les Warden constituentun groupe de huit ou neuf îles et rochers.. . L'île
principale est appeléeA1Howahk et elle mesure environ 4 miles [6kilomètreset
demi] de long. Il s'y trouvedeuxvillagesdepêcheurs et elleappartientà~ahreïn.))'
20. Donc, un officierde la marinebritanniquefit en 1820cette constatationtoutesimple :il
y adeux villagesde pêcheurssurleîs les Hawaret cesîlesappartiennent àBahreïn.
21. Onpeutdoncdire quequelquecent vingt ansavantl'arbitrage britanniquede 1938-1939,
une étude détailléd ei,gnede foi et neutre,mentionnaitau sujetdes îlesHawardeuxfaitsimportants
qui contredisententièrement ladernièrethéoriede Qatar :ces îles étaientbel et bien habitées;le
capitaineBrucksconstata,et c'estlepremier fait,qu'il s'ytrouvaitpas moinsde deuxvillages. Le
secondfaitétait quecesîles appartenaientàBahreïn.
22. Il est difficile de concilier les constatationsdu capitaine Brucks avec l'image que
voudrait donner Qatar d'un groupe d'îles inhabitées, dont laGrande-Bretagneaurait toujours
reconnul'appartenance àQatarjusqu'à unretournementsoudaindepolitique intervenuen 1936. Il
n'est pas sans intérêt de constatqeredans sespièces deprocédureQatar netente pasde résoudre
cette contradiction.
23. Qatarn'aprésenté aucun élémte entdantà prouverqu'il seraitsurvenuentre l'époque du
rapportdu capitaineBrucksen1820etcellede l'arbitrage britanniqueen 1938-1939 unévénement
quelconquede nature à modifierlestatutde ces îles.
Mémoirede Bahreïn,annexe7,vol.2p.93.
Mémoirede Bahreïn,annexe 7,vol.2101. 24. Le Gazeeter de Lorimer, auquel se sont référéelses deux Parties et qui a été publié
en 1908 - c'est-à-direplusieurs dizainesd'années avantlapremière revendication deQatarsur les
îles- rappelle quele souverainde Bahreïnavait invité la branchevoisine des Dowasiràs'établir
aussisur l'île principale de Bahreïnen 1845. C'est ce quefirent les~owasir~. Cet acte confirmait
et renforçait la relation politique qui existait entre la branche bahreïnite des Dowasir et les
souverains de Bahreïn. Les Dowasirde Bahreïn ont continué d'habiterles îles Hawarmême après
s'être établis BudaiyaetZellaqsurl'îleprincipalede Bahreïn commele confirme l'extrait suivant
de Lorimer :
(([L'îleprincipalede Hawar]a environ 10miles [16kilomètres]de longdunord
au sud et est en grosparallèlà lacôte de Qatar. Il n'y a pas de puits mais ony trouve
une citerne pour conserver l'eaude pluie, construite par les Dowasir de Zellaq à
Bahreïnquipossèdentdes maisonsen deux endroitsde l'île etqui les utilisentenhiver
commepavillonsde chasse.a7
25. Prèsd'un siècleaprèsle capitaine Brucks,Lorimerfaisaitquasimentle même constat.
26. Après avoirété invitésen 1845às'établir sur l'îleprincipalede Bahreïn,les insulairesde
Hawar ont adoptéun mode de vie régulier.Ils réglaientleur existence en fonction des saisonset
des ressources du Golfe, passant cinq moisde l'année sur l'île principale de Bahreïn pendantla
saison de la pêchedes perles et le reste de l'année dansles villages des îles Hawar, en occupant
leursdemeureshabituelles.
27. La Cour aura noté quele Qatar, dans son premier tour de plaidoiries, a reconnu
l'importancedu témoignage oral dans la((cultureorale arabe))pour utiliser les propres termes de
~atar*. Celarappellera sûrementàla Courdes affidavitsqui ont étéprésenté psr Bahreïndansses
écritureset dans lesquels on peut lire les témoignagesde Bahreïnites qui ont grandi dans les
îles Hawar pendantles annéesvingt et trente. L'un deceux-ci, Hamoudbin Muhannaal Dosari,né
en 1920,qui a grandi dans le village septentrionalde Hawar sous le règnedu cheikh Isa bin Ali
(décédé en 1932)' a décrit le mode de vie qu'ont connu ces insulaires pendant plusieurs
générations.On peut trouver ces témoignages sous la coteno28 du dossier desjuges, page 1363,
auparagraphe 5 :
Lorimer,Gazeeter of the Persian Gulf; Oman and Central Arabia, vol. II (1908), mémoirede Bahreïn,
annexe74,vol. 3,p. 378.
' MémoirdeeBahreïn,annexe74,vol.3,p. 399.
CR2000/5,p.48, par10. «Tous vivaient sur les îles avec leur famille,leur bétailet leurs biens. Ils
amvaient de Zellaq tous les ans avec leur famille,leurs serviteurs et toutes leurs
affairesaprès lasaisondelapêche desperles.))
Ilpoursuivaitainsi:
«Je ne sais pas exactement depuis combien de tempsles Dowasirhabitaientles
îles Hawar. Lorsquej'étais enfanjt, servaislecafédans lesMajlis(places devillage)
à des personnes qui étaientâgées de80 et 90 ans. Ellesnous racontaient des
anecdotestiréesde leurjeunesse danslesîles ~awar.»~
Hamoudbin Muhannaal Dosaridontje viensde lire letémoignage - au moinsdanssa traduction
anglaise- est maintenantâgéde 80ans. Etantdonnéqu'il relataitdessouvenirsdatantdesannées
vingtet du début des annéetsrente,il n'estpas douteuxqu'en luiracontantdes épisodesde leurvie
sur les îlesHawar, lesanciensévoquaienu tneépoqueremontantjusqu'à la moitd iuXIXesiècle.
014 28. Dans leurtémoignage,leshabitantsdesHawarévoquent tousleur migration saisonnière
régulièreentre Hawaret I'île principale de Bahreïn.Ainsi, un autre ancien habitant de Hawar,
Abdallahbin Ali bin ThamirAl Dosariqui estnésur lesîles Hawaren 1924 et qui vit maintenant
sur I'îleprincipalede Bahreïnraconte ainsilavie desinsulairesdesHawar :«Nous passions l'hiver
à Hawar et l'été à Zellaq parce qu'il n'y avait pas d'eau Hawar. Nous étions unefamille de
pêcheurs deperles. Pendantlasaisonnousallions àZellaqetensuitenousrevenions à ~awar.))"
29. Le témoignage desanciens habitantsde Hawar montre aussi que les Al-Thani et les
centres de peuplement de Doha étaient très éloignés des îH lswar. Il suffit de considérer la
géographie hi; :ine de Qatar pour s'en convaincre. En quittant Doha vers l'ouest, on doit
traverser tout l'intérieur arde lapéninsulede Qatar avant d'arriveràla côte occidentalequifait
face aux îles Hawar. On ne va pas rencontrerun seul établissementhumain permanent sur ce
parcours. Commel'anotéle conseilde Qatar, aucun souverain de Qatarne s'étaitjamais ne fût-ce
qu'approché des îles Hawar avant 1938, année pendant laquelllee cheikh Abdullahs'est renduà
Zeknt, àl'ouest delapéninsuledeQatar poury inspecterlesnouveauxchantierspétroliers1'.Iln'y
Déclarationde Hamoud bin Muhannabin Hamadal Dosari, 7 septembre1996, mémoirede Bahreiin,
annexe313a),vol..p. 1363-1364.
'Dépositiond'AbdallahbinAlBinThamirAlDosari,5mai1999,répliqeeBahreïn,annexe23a)p. 145.
" CR2000/5,p.61,par.82.a aucunetrace de contactentre leshabitantsdesHawar etlapopulationde Doha. Les habitantsdes
Hawar nientqu'il yen aitjamais eui2.
30. En revanche, les centres commerciauxfortement peupléset relativement riches de
Manama, Riffa, Budaya, Zellaq et les autres villes situées surMuharraq et sur l'île principalede
Bahreïn étaienttrès proches. L'îleprincipale de Bahreïn ne se trouve qu'à 11milles marins. La
courte traverséedes eaux peu profondes dugolfede Bahreïn étaitfacilement accompliedans l'un
des dhows qui faisaient lanavette,transportantdugypse et du poisson à partir des îles Hawaret en
revenantchargésde denréeset defournitures.
31. Il semble que la vie des insulairesn'ait guèrechangéentre 1845et les années quarante
où l'èredu pétrole a transforméla société bahreïnite. Jusque-là, les habitantsdes îles pratiquaient
la pêche -avec une autorisationaccordéepar le souverain de Bahreïni3- ils cherchaientdes
perles - avec une licence accordéepar le Gouvernement de ~ahreïn'~- ils construisaientdes
citernes, s'occupaient de leur bétail,extrayaient du gypse-avec une licence accordéepar le
Gouvernementde Bahreïn - et faisaientducommerceavec d'autresrégionsde Bahreïn".
32. L'ancienneté,la stabilitéet la permanence du peuplement sur les îles Hawar sont
attestées par destémoignagesmatérielsi6. M.Paolo Costa de l'université de Cologne a publié
en 1995un rapport surles travauxqu'il amenésdans les îles Hawar. Bahreïnaprésenté cerapport
dans son mémoireet je n'y reviendrai pas en détail1'. M. Costa a constaté l'existencede trois
villages et de maisons remontant à une époqueéloigné- e vous trouverezdes photos sous la cote
no30 de votre dossier. Il a égalementconstaté l'existence de six cimetièresdontun cimetièrepour
enfants. Il a trouvéde nombreuxbarrages et citernes,des moulins à traction animale, destessons
l2Déclarations d'ancienshabitantsdes Hawar. Mémoirede Bahreïn, p. 188, par. 420, mémoirede Bahreïn,
annexes 313-136,vol. 6,p. 1363-1413.
l3Lettre de Belgrave à Packer, directeur de PCL, 31janvier 1938,mémoire deBahreïn, annexe250,5,ol.
p. 1078.
l4Lettre de C. BelgraàeH. Weightman,22 décembre1938 (demandereconventionnellede Bahreïn), mémoire
de Bahreïn, annexe274, vol.5, p. 1132-1133; dépositionsd'anciens habitants des Hawar, mémoire deBahreïn,
annexe 313a) et 31a),vol. 6, p. 1367,par.20-21et p. 1405-1406,par. 23.
l5Dépositionsd'ancienshabitants desHawar,mémoirede Bahreïn,annexe 313-316,vol. 6,p. 1363-1406.
l6Récapitulatif des dépenssu Gouvernementde Bahreïn pour l'année1358de l'hégire(1939), mémoirede
Bahreïn, annexe 293, vol.5, p. 1200-1201;déclarationde Hamoud bin Muhanna bin Hamad al Dosari, mémoirede
Bahreïn,annexe 313a),vol. 6, p. 1634,par.9.
l7Rapport deM.P. Costa relatifauxrecherches archéologiquessur les îlesHawar, 17janvier 1995,mémoirede
Bahreïn,annexe 310,vol. 6,p. 1332-1351. de poterie et des animaux sculptés dansla roche; il a égalementdécouvertdes carrièresdegypse,
d'anciennes mosquéeset murs de prières,et des pâturages utilisés parles insulaires de Hawar;
M.Costa concluaitainsi : «Tous les résultats demes recherches me portent à croire que l'on est
assurément enprésenced'un peuple sédentaireet non pas de pêcheursnomades ou de visiteurs
occasionnels.»'*
33. Fiersetàl'espritindépendant,lesDowasir de Bahreïnn'en étaientpas moinsplacéssous
l'autoritédes souverains bahreïnites. La Grande-Bretagnereconnaissait qu'ils étaientsoumis aux
lois de Bahreïn. Dans une lettre adressée«au chef et aux membres de la tribu des Dowasir à
Budaiyaet Zellaq))en datedu 21novembre 1869,le résidentpolitique britanniqueexigeaitque les
Dowasir de Bahreïn respectent l'interdiction de la contrebandequi s'appliquait à tous les
~ahreïnites'~.
34. Il est attesté quelessouverainsde Bahreïn ontrendutous les ans visite aux habitants des
Hawardès le XIXesiècle20.En 1873,le cheikh Isabin Ali, souverain de Bahreïn, rendait visite à
des parents dans les îles lorsqu'un groupede soldats ottomanss'échoua surla côte àla suite d'un
O1 6 naufrage. Le souverain aidaàsauvercessoldatsetles fit transportersur l'île principalede Bahreïn
puisde là vers leur destinationpremière21.
35. L'Empire ottomansavait parfaitement que les îles appartenaient à Bahreïn et que les
Al-Thani et Doha en étaientséparés et situésbien plus a l'est. La Cour se rappellera sans aucun
doute la carte politique turque dresséepar le capitaine Izzet de la marine ottomane. Il suffit de
noter que cettecarte étaitconforme à cellequi est projetéesur l'écran et que vouspouvez trouver
sous la cote no31 dans votre dossier. Cette carte a été établiepalre capitaine E. L. Durandpour
illustrer le rapport qu'il a rédigésur Bahreïn en 1879-un an après le capitaineIzzet. Vous
pouvez voir sur la carte du capitaine Durand que Doha est très éloignée sulra côte sud-est de la
péninsulede Qatar. La péninsuleelle-mêmeM , onsieur le président,Madame et Messieursde la
l8MémoiredeBahreïn,annexe 310, vol6,p.1351.
'' Lettre du résidentpolitique britanniqueà la tribu des DoàaBudaiya et Zellaq21novembre1869,
contre-mémoiredeBahreïn,annexe7,vol2,p. 14-15.
LettredeBelgraveàWeightman, 22décembre 1938,mémoiredeBahreïn, annexe247,vol.5,p.1134.
MémoiredeBahreïn,annexe 274, vol5,p.1134.Cour, porte la dénomination«El-Bahrein»,ce qui ne permetvraiment pas a Qatar dese proclamer
tout a coup souveraind'une côte àl'autre jusqu'auxîles Hawar.
La preuve des effectivités deBahreïn surlesîles Hawar au début du XXesiècle
36. Les documents publics font encore étatau débutdu XXe sièclede l'administration
exercéede façon continue par Bahreïn sur les îles Hawar, ainsique de l'occupationcontinue des
îles par les Dowasir de Bahreïnplacéssous l'autoritédes souverains de Bahreïn. Ces archives
parlent d'affaires portées devant des tribunaux, d'activités de polic et de directives émanantdu
37. Il existe des décisionsdes tribunauxde Bahreïn datant de 1909et 1910 qui concernent
des droits foncierset des droits depêche sul res îlesawa?~. Lejugement de 1909a été rendu par
le cadi du tribunal islamiquede Bahreïn. Lejuge étaitun représentantdu souverain de Bahreïn,
agissant sous son autorité. Cettedécisionfigure sous la cote 32 du dossier des juges et déclare
notammentceci :
((Attenduque Ahmad bin Shahin Dosari,Bati bin Salman et Jabrbin Muhanna
et Hamad bin Saeed ont comparudevantmoi et m'ont soumisun litigeportant surdes
biens terrestres et maritimes à Hawar. Ahmadbin Shahin a prétenduque ces biens
étaientsa propriétéh , éritéede ses aïeux et de ses ancêtres, queJabr et Bati les ont
revendiqués comme étant leur propriétée ,n soutenant qu'ils possédaientun
document.. .»24
38.Et lejugement continuedonc.
39. En 1910,le tribunalde Bahreïna décritle pouvoirque le GouvernementdeBahreïn avait
de citerà comparaîtredes résidentsdesîles Hawar - ce documentfiguresousla cote 33du dossier
des juges. Le jugement rendu par le tribunal cette année-làcommence ainsi : «Par ordre du
cheikh Abdullahbin Isa Al-Khalifa, ont comparu devant moi Ahmad binShahinDosari et
Isabin Ahmad Dosari au sujet d'un litige concernant des biens terrestres et maritimes a
Hawar ...»25
22Contre-mémoirede Bahreïn, ar. 159
23Jugementrendupar SharafbinAhmad,le cadidu tribunal islamide Bahreïn,année1327 de l'hég(1909),
mémoirede Bahreïn, annexe235, vol.5,p. 1049. Mémoire de Bahr,ar.434;Jugement rédigpar Sharafbin Ahmad,
lecadi du tribunal islamique,enl'an 1328de l'hégire(1910),mémoiredeBahreïn,annexe238A, vol. 5,p. 1049a).
24Mémoirede Bahreïn,annexe235,vol. 5,p. 1049,mémoire de Bahreïnp,ar. 434.
25Mémoirede Bahreïn,annexe238 A,vol.5,p. 1049a). 40. Lejugement est signépar le souveraindeBahreïnetporte son sceau.
41. Pour contester les preuves de l'exercice de l'autorité judiciairede Bahreïn sur les îles
Hawar, Qatar a attirél'attention de la Cour sur d'abstraites théories concernanlta compétence
générale des cadisen droit islamique. Qatarespéraitainsidémontrerque le faitque des différends
portant sur des propriétéaux îlesHawar étaient portéd sevant des tribunaux de Bahreïn étaitsans
pertinence26.Monsieurle président,Madameet Messieursles Membresde la Cour,le souverainde
Qatar avait tentéde recourir au mêmeargument en 1939. La réponse des fonctionnaires
britanniques à l'époqueest encore valable aujourd'hui (ellefigure sous la cote à4la page 1170,
en commençant àla dernièrephrase) :
((Cetteaffirmation est bien évidemment exactej,usqu'à un certain point, dans
les affaires«privées»,maisle cheikh deQatar seraitle premieà nier qu'uncadinejdi
(saoudien),par exemple, aurait la possibilité de réglerdifférend entredeux sujets
qatariensàl'égardde biensfoncierssitués à~oha.»~~(Les italiquessontde nous.)
42. Pendantson exposésurce point, Qatar a concédé que :
((Toutessujettesà caution qu'elles soient, les dépositiose témoins Dowasir
citésparBahreïnlui-même signalent qu'encas de différend,lesDowasir s'adressaient
aux anciensde la tribu..[etqu'ils]ne s'adressaientau souverainde Bahreïn ou à ses
descendants,vraisemblablementen qualitéd'arbitres,que lorsqu'ilsétaientincapables
de régleruneaffaire entreeux.»28
43 Bahreïn neparvient pas àdiscernerdans cette argumentationde Qatar autre chose que la
preuveque c'est Bahreïn quiexerce l'autorité judiciaire sesrîles Hawar.
44. Les archives britanniquesde 1911 montrent quele souverain de Bahreïn est en mesure
d'exercer son autoritésur les îles Hawar et leurs habitantsz9. L'agent politique britannique a
O 1 8 demandéau souverainde faire venir un individudes îles Hawar sur l'île principale de Bahreïn«à
propos de l'affaire concernant Rajab bin Abbas et Isa bin Ahmad al-Dosari)). Il n'y a paslà
seulement un exemplede l'autoritédes souverains de Bahreïnsur les îles Hawar et leurshabitants,
mais c'est aussi une nouvelle preuve confirmant que la Grande-Bretagne a constammentreconnu
que lesîles étaientsous lajuridiction et lecontrôlede Bahreïn.
2CR200018, p. 6, par.34-36
2RapportdeH.Weightman, 22 avri1l939,mémoiee Bahreï,nnexe281,vol. 5,p. 1170-1171.
2CR200018, p. 8, par.28.
LettredusouveraindeBahreïnaumajorCox,le 15janvier1911,mémoide Bahreïn, annee39a), vol. 5,
p. 1050. 45. Les Ottomans et les Britanniquesont toujours admis que les îles Hawar relevaient,au
cours de cette période, de la juridictionde Bahreïn, ainsique le confirmentleurs réactions lorsde
l'incidentdeZakhnuniyah,en 1909.
46. Au printemps 1909, lesTurcs ont envoyédes soldats occuper Zakhnuniyah,une île du
golfe de Bahreïnjuste au large de ce qui est aujourd'hui l'Arabie saoudite. Les Dowasir quise
trouvaientsur l'île et qui faisaientpartie de la branche bahreïnite de cette tribu ontimmédiatement
protesté contre les actes des Ottomansauprèsdu souverainde Bahreïn. Ils ont refusé decoopérer
avec lesTurcsen alléguantqu'ils étaient - euxet lesîles - bahreïnites.
47. Bahreïnet laGrande-Bretagneontcherché à réglercette affaireavecles Ottomans.
48. Un certain nombre de documents importants qui ont étéproduits à l'occasion decet
incident sont longuement étudiés dans les pièces écritesde ~ahreïn~'et leurs références sont
indiquées dans les notesde bas de page de mon exposé. Je me contente de releverici six points
importantsquel'onpeut tirer de cesdocuments :
1) Bahreïn et la Grande-Bretagne ont invoqué,pour protester contre l'action des Turcs, la
souveraineté exercée par l'émirde Bahreïnsur l'île de Zakhnuniyah. Pour Bahreïn etpour la
Grande-Bretagne,cette souveraineté existaiten vertude l'utilisationsaisonnièrequeles Dowasir
bahreïnites, soumisà l'autoritde Bahreïn,faisaient régulièremen dte l'île3'.
2) Finalement, les Ottomansse sont retirés. Ce qui revenait de leur part à reconnaître que les
Dowasirbahreïnites étaientdes sujetsde~ahreïn~'.
3) La Grande-Bretagne a étudié la situation«sur le terrain))en ce qui concerne les Dowasirde
019
Bahreïn, y compris leurrelation à l'égarddu souverainde Bahreïn et des îles Hawar. L'agent
politique britannique, le capitainePrideaux,s'estrendu dans les îles en 1909. Dansune lettre
du 20 mars 1909, qui se trouve sous la cote 35 du dossier des juges, il écritau résident
politique:
30Mémoirede Bahreïn, annexe236, vol. 4, p. 1041-1042;mémoirede Bahreïn,annexe 235, vol. 4, p. 1034,
1037-1038;AdministrationReportfor Bahrainfor theyear 1909,mémoire de Bahreïnxe7,vol.4, p. 1044.
31
Deux lettres adresséespar le capitainePndeaux au résidentpolitique britanniquele20mars1909 et
le4 avxil1909,mémoiredeahreïn,annexes235et236,vol. 5,p. 1034et 1039.
3Ibid. «Le fait est que les Dowasirde Budaiyaet de Zellaq,au nord de la côte ouest de
Bahreïn,ont pour habitudede migrer partiellementchaque hiver àZakhnuniyahet aux
îles Hawarpour y pêcher ...etpratiquerla chasseau faucon.»33
Le capitainePrideauxrapporteégalementqueles DowasirdeBahreïnavaient deuxvillagessur
les îles. 11précise qu'ila trouvédans un des villages (an ensemble de quarante grandes
cabanes placésous l'autoritéd'un cousin du principal cheikh de la tribu. Cette personne
est...alliéepar mariageau[souverainde ~ahreïn].))~~
11n'est passans intérê dtenoter que le chef desDowasir étaitalliépar mariageau souverainde
Bahreïn. A cette époque - et peut-êtremêmeencore aujourd'hui - le mariage était
fréquemmentutilisépour afficherdes liens politiques.
4) Le rapport du capitaine Prideaux ne faisait pas que refléter la réalité historique,c'est
égalementun relevédes faits dont la Grande-Bretagnes'est servi pour réagirpolitiquement
face aux Ottomans en 1909. La Grande-Bretagne a ainsi confirmé qu'elle reconnaissaitque
lesîles Hawar appartenaient àBahreïn.
En cherchant comment ils devaientréagirfaceaux Ottomans,les fonctionnaires britanniques
5)
ont noté quesi Bahreïn n'affirmaitpas sa souveraineté incontestée sur leîles Hawar, il leur
serait difficile de soutenir la revendicationde Bahreïn sur Zakhnuniyahdans la mesure ou les
deux souverainetés étaientfondéessur les liens avec les Dowasir de Bahreïn. L'agent
politiquebritanniqueécritque «si le cheikhEsa(le souverainde Bahreïn)ne veutpas ou n'ose
pas affirmer sa souveraineté sur les îles Hawar, nous serons dans une situation assez
La Cour remarquera que le débat, en l'occurrence, porten ,on pas sur le point de savoir si la
souverainetédel'émirexiste,mais sur celuide savoirsi l'émir l'affirmera. Il est vrai qu'iln'y
a pas trace dans les archives de la réponsedu souverain sur ce point. Le seul documentdont
on dispose est la réponsedu souverain de Bahreïn à la revendication des Ottomans sur
Zakhnuniyah(il rejettela revendicationen déclarantqu'il exerce sa souverainetésur ces îles).
9 2 O L'Empire ottomann'a pas formulépareillerevendicationsurles îles Hawar :Bahreïnn'a donc
pas répondu à une revendication qui n'existait pas.Commeje l'ai indiqué, les Ottomans se
3Mémoire dB eahreïn,annexe235,vol.5, p. 1035.
3Mémoire dB eahreïn,annexe236,vol.5,p. 1041-1042.
3Mémoire dB eahreïn,annexe235,vol.5,p. 1038. sont retirés de Zakhnuniyah aprèsu'onleur eutdémontré l'autorité deBahreïnsur le lieu, qui
découlait de l'autoridu souverainsur les Dowasir bahreïnites. La seule déduction quel'on
peut faire est que les Ottomans ont reconnuque les Dowasirde Bahreïn étaientdes sujetsdu
souverain de Bahreïn.La même déductios ne serait logiquementappliquéà n'importequelle
revendicationsur lesîles Hawar.
6) Enfin, cet épisode confirmeque les Dowasir bahreïnites reconnaissaient l'autoritédu
souverainde Bahreïn.
49. En 191 1, des fonctionnaires britanniquesonà nouveau étudiéla situation des Dowasir
bahreïniteset de l'île dekhnuniyah. Leurrapport,publiédans lesBritish Administration Reports
for thePersian Gulf of 1911, a confirméque la situation restaitinchangéeet que les Dowasir
bahreïnites continuaientde manifesterleurallégeanceau souveraindeBahreïn,notamment en battant
sonpavillon36.
50.La Cour aurasans aucun doute constatéqu'aucun des documentsdisponibles daln esdossier
historiqueà cette date ne mentionneun lienquelconque entreles îles Hawaret les Al-Thaniou les
habitantsde la péninsule deQatar. De fait, aucun dossierne donnerajamais la moindre trace d'un
lien deceme.
Lapreuvedes effectivitésde Bahreïnsur lesîles Hawarpendant les annéesvingt
51. C'est dans les annéesvingt qu'on commence à manifester un intérêstoutenu pour
l'exploitation pétrolière dansle Golfe. M. Paulsson fera cet après-midi l'historique des
négociations relativesaux concessions pétrolières. ne vais doncpas m'y attarder pour l'instant
si cen'est pour relever que ces négociationsindiquetuetous les intéressécomprenaient que les
îles Hawarappartenaientà Bahreïn.
52. Au milieu des annéesvingt, certains, mais certainementpas la totalité, des Dowasir
bahreïnites quittèrent Bahreïn sousl'effet d'un différendavec le gouvernementqui portait sur la
fiscalitéet certainsprivilèges. La plupartde ceux qui sontpartis restèrenthorsde Bahreïnpendant
environtrois ans et demi, même si quelquefsamilles se tinrent éloignéespendant quelquesnnées
deplus.
p.1054.Administration ReportforBahrainPoliticalAgencyfor theyear 1911,mémoirede Bahreïn,annexe240, vol.5,021 53. Qatar a essayéde voir dans cet épisode la preuveque les Dowasirbahreïnitesn'étaient
pas soumis à l'autorité dessouverainsde ~ahreïn~'. L'analyse historiquede l'affaire montre que
c'est exactementl'inversequi est vrai.
54. Peu aprèsleurdépart,les Dowasirqui avaient quitté Bahreïn commencèren àt supplierle
souverain de cet émiratpour qu'il les autorise à revenir. Un dossier de 1'IndiaOffice, intitulé
"Desire of Dowasir tribe to return to Bahrain"daté du 7juillet 1927~~en fait foi : il est
suffisamment décritdansle contre-mémoirede Bahreïn (par. 190et suiv.)pour queje n'y revienne
pas ici.
55. Lorsque les Dowasir qui étaientpartis rentrèrent à Bahreïn, pour la plupart au
printemps 1927, le Gouvernement bahreïnite leur imposa des conditions revenant
incontestablementpour les intéressés à reconnaître en toute humilité l'autoritédu souverain de
Bahreïn. Il s'agissait d'unereconnaissancetotale. Les conditions leur imposaientnotammentde
continuer à reconnaître l'autoritéde la police et des tribunaux bahreïnites, d'acquitter l'impôt,
d'accepter que le souverain de Bahreïn désigne ou révoque les chefa sppelés à les représenter
officiellementet de renoncer àrevendiquertout statut privilégiésur le temtoire de ~ahreïn'~. Ces
dispositionsexplicitessontmême évoquéd esnslepropre mémoire de ~atar~'.
56. Les Dowasir qui avaient quittéBahreïn furent sommés d'accepterexpressémentet
publiquement ces conditions avant d'être autorisés à revenir. Le 27mars 1927, le résident
politique britannique, le lieutenant-colonel Haworth, décrivitsa réunionavec les représentants
Dowasir, dans une dépêche adressée au secrétaire d'Etat pour les Indes, tellequ'elle figuresousla
cote 37, dans le troisièmefeuillet,page 387 (dans le second paragrapheentier). Je cite la seconde
phrase :
3Réplique dQe at, ar.4.160-4.164.
3IOR,371112;undocumentdecedossierfigure dalecontre-mémoiredQeataà l'annexeIII31.
3Contre-mémoid reBahreïn,par.193.
Mémoird eeQatar,par.6.54. «Je les informai sans ambages que la solution dépendaitentièrementde leur
acceptation des lois du pays, et que, tant qu'ils comprendraientqu'ils étaientautant
soumis à la loi que toute autre personne vivant à Bahreïn et qu'ils ne détenaient
aucuneposition privilégiéel,e cheikhHamad serait évidemmene tnchanté deles voir
revenirsur l'île. Ilsacceptèrent la condition sans réseet l'entretiense terminadans
uneatmosphèreamicale.»41
Les Dowasirbahreïnites candidats au retour acceptèrent ainside rentrer aux conditions imposées
par le souverain. Je vous rappelle que le passage que j'ai citéfigure sous la cote 37, dans le
troisième feuillet, page387(dansle secondparagraphe entier).
57. Qatar donne pour la première fois à la Cour ses conclusions sur cet incident dans sa
réplique,aux paragraphes4.160 à4.164, aprèsavoir dû abandonnerune argumentation baséesur
les faux. Qatara soutenu ceci:
«Dans l'affaire du Sahara occidental, la Cour a considéré que les allégeances
tribales devaient êtreeffectives et se manifester par des actes témoignant de
l'acceptation del'autoritépolitique pour étayerune revendication de souveraineté.
Aucunepreuvede ce type n'estproduitepar Bahreïnpour lapériode antérieure à 1936
en cequi concerne les Dowasirquivenaienten hiversur les îles~awar.))~'
58. Bahrein ne comprend pas commentQatar parvient à concilier cette déclarationavec la
preuve de la relation entre les Dowasir de Bahreïn et le souverain de ce pays, telle qu'elle a été
produitepar Bahreïn. La dépêchd eu lieutenant-colonelHaworth - queje viens de mentionneret
qui décritla réaffirmation expresse,en 1927,par les Dowasirayant quittéBahreïn de l'autoritédu
souverain de Bahreïn-est incontestablement lapreuve d'un acte par lequel les Dowasir
acceptaient l'autorité politiquedudit souverain. On pourrait difficilement trouver une forme
d'acceptation plus concrète et plus explicite. L'affirmation de Qatar ne tient pas face à ces
élémentd sepreuve.
59. Comme Qatar l'a fait remarquer dans son contre-mémoire,les principaux documents
relatifs au bref épisode au cours duquelcertains Dowasir bahreïnites quittèrent Bahreïn pour
quelques années sontclassés dansun dossierspécialde 1'IndiaOffice intitulé"TheDowasir tribe
4' Dépêch deu 27mars1927 adresséearle résident politeritanniqueau secrétd'Etatpourles Indes,
mémoire deQatar,annexe111.7,ol.,p. 383.
4RépliqudeeQatar,par.4.160.and their removalfrom Bahrain;theirretum and retrievalof theirproperv'A3. Ce dossierporte
sur la période1922-1928 et Bahreïn en a extrait certains documents pertinents pour étayes res
conclusions écrites44.
60. Je ne me propose pas de reprendre devant la Cour tout ce que contient le dossier.
CommeBahreïn l'aclairementdémontré dans ses écritures,lesdocumentsduditdossierconfirment
intégralement sadescriptiondes événemente st infirmenttotalement l'hypothèseqatarienne.
61. La thèsede Qatar accorde aux Dowasir un degré d'indépendancq eui les soustraità
l'autorité deBahreïnou de toute autre entité politique. Qatreut-ilprétendredevantla Courqu'il
existait unEtat indépendant desDowasir? Les Dowasir vivant à Zellaq et sur les îles Hawar
étaient-ils indépendantdse Bahreïn maissoumis à un certain degré au chefde Doha de l'autre côté
du désert ? Ou bien Qatar veut-il fairecroireà la Courque les membresde cette tribu étaientdes
citoyens bahreïnitesàtempspartiel ?
62. L'authentique conclusion sur cette question, c'est dans le rapport adressé le
13juillet 1922par le commandant Daly, l'agent politique britannique,au résident politique,qu'on
la trouve, plus d'un an avant le départtemporaire des Dowasir et seize ans avant la première
revendicationde Qatar sur les îles Hawar, en 1938. Le commandant Daly dit ceci : «LesDowasir
sont installésdepuis tellement longtemps à Bahreïn qu'ils sont reconnus comme des sujets
bahreïnites.~~~Conclusiontrès simple,Monsieur leprésident.
63. Qatar a tenté,lors de la procédureorale, de prétendreque Bahreïn avait étéen quelque
sortecontraintde modifier sa description du peuplementdes îles Hawar. C'est ainsique leconseil
de Qatar a déclaré lasemaine dernière :«En réalitéB, ahreïn lui-même reconnaîtàprésentque les
Dowasir vivaientàBuddaiya ou à Zellaq, sur l'île principale de Bahreïn,et que leurs séjoursaux
îles Hawar n'étaienqt ue saisonniers,des fins de chasseet depêche.»46
43PRO R/15/2/87.
" Mémoirede Bahreïn, annexe49, vol.2, p. 155-158;mémoirede Bahreïn, anne0, vol.2, p.159-161;
mémoird eeBahreïn, nnexe53,vol.2, p. 170-172.
45Note adresséear l'agentpolitiquebritanniqueau résident pberitanniqueinti((BahraiAffairsn,
13juillet1922,p.3,mémoirdeBahreïn, annee9, vol. 2,p. 155-158.
CR 200018,p.19,par.9. 64. Cependant,si onse reporteau texte dumémoirede Bahreïn cité à desseinpar Qatar pour
corroborer sa proposition, force est de constaterque ce texte confirme ce que Bahreïn a toujours
prétendu. Le mémoire ne parle pas d'aller sur les îles Hawar en visite, mais d'y vivre.
Permettez-moide vous imposerune nouvelle lecturedu paragraphe cité parQatar, bien qu'il vous
soitdéjàfamilier:
«Un grand nombre de Dowasirqui vivaient sur l'île principale de Bahreïn y
passaientcinq mois,pendant lasaison delapêche aux perles, et le reste de l'annéesur
les îles Hawar. Bien que la présence de certainshabitants des îles Hawar fût
saisonnière,leur établissementétaitnéanmoins permanent(voir les paragraphes458 à
465). Les ruines de vieilles mosquéeset les sixcimetièresqui se trouventsur les îles
Hawar, dont un cimetière d'enfants,montrent la stabilitéde la communauté qui y
vivait (voirles paragraphes463 et464).~~~
Bahreïn ne voit pas là le moindre changementde position de sa part, et rien qui contredise une
pièce quelconque.
65. Le fait incontownable, attestépar les archives publiques depuis 1820, est qu'une
communautéstable de Dowasir de Bahreïn vivait à Zellaq pendant cinq mois de l'année
(c'est-à-dire pendantl'été) et sulres Hawar pendant les sept mois restants (c'est-à-dire pendant
l'hiver). Ce n'était pasun peuplement nomadique, éphémère oau léatoire,mais saisonnier,annuel
O 2 4 et stable. D'aprèsles documents,des familles entières sedéplaçaientainsi avec leurs enfants, leur
bétailet leurs biens. Les liens entre les insulaires deHawar et le reste de Bahreïnn'étaientpas
coupésni suspendus pendant l'hiver, quand ils résidaient danlses îles Hawar. Les insulaires ne
partaientpas sur la lune ouàDoha, mais effectuaient unecourte traverséea bord de bateaux. Le
tout sousl'autorité dessouverainsdeBahreïn.
66. Les témoignagesd'anciens résidentsde Hawar, soumis par Bahreïn sous forme de
déclarationssous serment dans ses écritures,confirment la conclusion a laquelle étaitarrivéle
commandantDaly dès1922, àsavoir queces résidents étaienbtahreïnites et montrent commentle
souverain de Bahreïn exerce son autorité surles îles pendant cette période. Parmi ces anciens
résidents figureNasr bin Makkial Dosari,nésur lesîles Hawarvers 1922,dontla dépositionfigure
sous la cote39 dans le dossier des juges. Il se rappelle qu'enfant il avait l'habitude d'aider les
gardes désignép sar le souverain de Bahreïnpourmaintenirl'ordresur lesîles Hawar:
47Mémoirede Bahreïn,pa419. ((Quandj'étaisjeune, j'avais l'habituded'aider lesgardes des îles avant la
construction du fort de police. Nous agissions sous l'autorité du cheikh Hamad, le
souverain de Bahreïn. Nous utilisionsune petite hutte en paille, situéesur le littoral,
juste au norddu village Nord. Nous vérifions quelestailleursde gypse originaires de
l'île principalede Bahreïn disposaientd'un permisvalide délivrépar le Gouvemement
de Bahreïn. Les autres gardes étaientRahma bin Rashid, MuhannabinHazeem,
Abdullah binHazeem, Hazeem binMuhanna, HamadbinMohammed, Mohammed
bin Irharna,Afoor et son père,ainsi que Faris et mon pèreMakki. Rahrnapossédait
un bateau arméd'un canon qu'il utilisaitpour garder les îles. Lorsque je suis
récemment retourné sur l'île principale dHe awar,j'ai reconnul'endroitoù étaitbâtie
notre hutte. Je pouvais dire avec précisionoù nous faisionsla cuisine,àproximité de
la hutte. Nousavions l'habitudede fairegrillerlespoissons quenouspêchions prèsde
l'île Rabad (une autre île du groupe des Hawar situéeau nord de l'île principale)ou
que nous attrapionsdansnospièges.»48
67. Un autre ancien insulaire, Hamound bin Muhanna al Dosari (que j'ai déjàcité), vint
habiter dans les îles en 1938à l'âge de huit ans. Son témoignagefigure sous la cote 38 dans le
dossierdesjuges. Voicice qu'ildit au paragraphe10de sa déclaration (p. 1364) :
«Le souverain de Bahreïn a chargéles gardes du lieu de surveiller la côte. Ils
ont occupéun poste de garde sur la côtejusqu'à ceque le Gouvemement de Bahreïn
ne construise le fort de police juste à la sortie du village nord. J'avais peut-être
quinze ans lorsqu'ila été construit.Je me souviens d'un policier qui a passéplus de
quarante ans sur Hawar. Il s'appelait Juma. C'étaitun Baluchi. Il gardait aussi les
nasses àpoissonssur la pointeBraiberavec les gensduvillagenord.»49
025 68. Les ancienshabitants des îles Hawaront également confirmé dans leursdéclarationsque
les insulaires continuèrentà porter leur différenddevant le souverain de Bahreïn pendant cette
période,commeje l'ai dit déjà et commel'a signaléle conseil de Qatar lasemainedernière. C'est
ainsique HamoudbinMuhannaalDosari se souvient :
«Si deux hommes de la tribu Dowasir avaient un différendquand ils étaient
dans les îles Hawar,ils serendaientchezl'ancien dela tribupour le résoudre.Mais si
l'ancien n'y parvenait pas,ils en appelaienta notre souverain,le cheikh Isabin Ali, ou
à ses descendants et lui demandaient de le résoudre. Les différends portaient
habituellementsur des droitsdepêcheet surdespièges à poissons.»50
69. Un autre ancien résidentde Hawar, Salmanbin Isa bin Ahmad bin Saad al-Dosari,né
en 1916, a égalementtémoigné.Bahreïn a communiquésa dépositionqui est dans votre dossier
sous la cote40 et je vais citer le paragraphe 9 de ce document, tel qu'il figure à la page 1394.
Salmanbin Isa évoquesesjeunes annéessurlesîles
48DéclaratiodeNasrbinMakkibin Ali al Dosari,16septembre1996. Mémoirede Bahreïn,annexe314a),
vol. 6,p. 1383-1384.HamoudbinMuhannabinHamadal Dosanse rappelle le poste de précédalnatconstruction
dufortdepolice voirleparagraphe 0esadéclaratiom,émoiredeBahreïna, nnexe31a),vol6,p. 1364-1365.
49Mémoire deBahreïn,annexe313a)vol. 6,par.10,p. 1364-1365.
'OMémoire deBahreïn,annexe313a)vol.6,p. 1368,par.24. «Lorsqu5undifférend surgissait surles îles Hawar, par exemple à propos de
pièges à poissons ou de droits de pêche, lesparties s'en remettaientaux anciens du
village. Mon père était l'un de ces ancien et il écoutaitles arguments desparties...
Les Dowasirpréféraient régler leurs querelle estre eux. Cependant, lorsque l'affaire
étaitsérieuse etqu'il étaitimpossible de la régler localemente,lle étaitportéedevant
le souverain de Bahreïn, le cheikhHamad et avant lui, c'était son père, le
cheikh sa.»''
70. La Cour se rappellera que le cheikhIsa, celui qu'évoquece dernier témoin,mourut
en 1932-de sortequelapériodedont il parle est largement antérieure à l'arbitrage de 1938-1939.
71. Permettez-moi de citer encore un autre témoin, Ibrahim bin Salman bin Ahmed
Al-Ghattarn, dont la déposition figuresous la cote41. Je vais citer le paragraphe 15 de ce
document, tel qu'il figure page 1403. Notons que M. Al-Ghattam n'étaitpas membre de la
tribu Dowasir et qu'il commença à se rendre sur les îles Hawar avec sa famille avant les
années vingt;voici ce qu'il dit
((Lorsqu'undifférend opposaitdes insulaires de Hawar, ils commençaientpar
aller voir les anciens duvillage et, en cas d'échec dela procédure,ils s'en remettaient
aux tribunaux de Bahreïn. Cesdifférendsportaient sur des questions banales ou,
parfois, sur des droits de pêche. Lorsqu'on subodorait un crime, un policier était
dépêchd éans les îles pour appréhenderle suspect et l'amener devant le chef de la
police, le cheikh Khalifa,au fort de Manama. Personnen'estjamais allé à Dohapour
un règlement judiciaire. Dans notre vie,nous n'avions aucun lien avec Doha. La
plupartd'entrenousne savaient même pas où se trouvait cetteville.»52
72. Le témoignage deces anciens résidentsde l'île Hawar recoupe les élémentd se preuve
qui sont de notoriétépublique et attestent que,bien avant l'arbitragebritanniquede 1938-1939,le
O2 6 Gouvernementde Bahreïnrendait lajustice sur les îles, délivrait despermis aux tailleurs de gypse
locauxet veillait au maintiende l'ordre, enrecrutantdes gardesparmi les résidentset en envoyant
des patrouillesde la police nationale.
73. En outre, les anciens insulaires de Hawar ont affirmé,lors de leurs dépositions, quele
drapeau de Bahreïn était traditionnellement hissé par les habitants pour les occasions spéciales,
telle que lafete de 1'~id~~C. es témoignages,là encore, recoupent parfaitement ceuxque l'on peut
tirer d'un rapport britanniquede 1911dont j'ai déjàparléet qui signaleque les Dowasir bahreïnites
" Déclaration de Salman bIia bin Ahamadbin Saadal Dosari, 15septembre1996,mémoire dBahreiin,
annexe315a),vol..6,p. 1394,par.9.
52Déclarationd'Ibrahimbin Salam bin Ahmed Al Ghattarn,15septembre1996, mémoire deBahreïn,
annexe316a), vol. 6,p. 1403-1404,par.15.
53MémoirdeeBahreïn,par.475. de l'île de Zakhnuniya arboraient les couleurs de BahreïnS4.Ibrahimbin Salman,néen 1914, se
rappelle la célébratione la fêtde 1'Eiddans les îles Hawar, alorsqu'il n'étaitencore qu'un jeune
garçon. Sa déposition se trouve dans votredossier sous la cote 41 et je vais citer son
paragraphe 11 :
«Je me suis également souvent beaucoupamusépendant la célébration de la
fêtede 1'Eidsur Hawar. Pendant la fête, nous hissions le drapeau de Bahreïn au mât
du boutre et sur le toit des maisons, tandis que les jeunes enfants arboraient un
poignardetdéfilaientau son du tambour.»"
74. C'est le souverainde Bahreïn qui initialement, octroyait aux habitantsde Hawar leurs
droits depêche56A . ce stade,qu'il me soit permis de faire en passant une observationsur la thèse
de Qatar,pour qui les îles Hawar étaient fréquentées par toute sortes de pêcheurset non pas
uniquementpar des Bahreïnites5'
75. Qatar ne dispose d'aucune preuve sérieuse pour étayer cetteaffirmation. Sa thèse
reposait précédemment sur les faux et semblerait maintenant s'appuyer sur les conclusions
formulées parle souverain deQatar lors de l'arbitragede 1938-193g5*.
76. Les conclusions en question étaient évidemmenp turement rhétoriqueset ne citaient
aucune preuve ni fait matériel. Qatar invoquea présentun document qu'il aurait soumis au
Royaume-Unien 1939et qu'il prétend être une déclaration éman daentêcheurs qatarien?'. Qatar
omet simplement de préciserque ce document fut en fait rejeté par Bahreïn au cours de la
procédured'arbitrage6'. En 1939, HughWeightman, à l'époquel'agent politique britannique,
écrivaitqu'on ne saurait se prévaloirdudit document parce :«les signatures... sont toutes de la
mêmeécriture ... que le document ne comporte aucune description des signataires allégués,
n'indique pas leur adresse et ne dit pas pourquoi ceux-ci connaissent spécialemenb tien les îles
O 2 7 Hawar...» Avantde concluresurcette prétendue déclaration dp eêcheursqatariensen disant :«elle
" Mémoire deBahreïn,par.429.
" Mémoire deBahreïn, anne316a),vol.6,par.11, p. 1403.
56Mémoire deBahreïn, anne250, vol.5,p. 1078.
" Parexemple,CR2000/8,p.37,par.5 etp. 33,par.46. Réplique atar, p..173d),p. 152.
Mémoire deQatar,annexeIII.157,vol. 7,p.285etmémodeQatar,annexe111.192,ol. 7,p.453.
'9RépliquedeQatar,par.4.173d),p. 152.
Rapport de.Weightmann2 ,2 avril1939,mémoire de Bahren,nexe281, vol.5,p. 1166-1167.est àmes yeux dépourvue detoute val eu^)^'.Qatar est en fait incapable d'appuyer surdes faits
matériels lesconjectures qu'il hasarde commodémentsur l'utilisation des îles Hawar par des
pêcheurs non bahreïnites.
77. Les déclarations sous sermentdes anciens résidentsde Hawar confirment le fait que,
dans l'exercicede leurs droits de pêche,ceux-ci traitaient l'île de Janan comme l'une des îles du
groupe des Hawar. C'est ce qui ressort aussi du témoignagede Hamound bin Muhanna. Sa
dépositionsetrouvesous la cote28 etje vaisciter sonparagraphe26,page 1368 :
((Indépendammend te laprincipaledes îles Hawar,iy avaitbeaucoupde pièges
à poissons sur les autresîles. Juste au nord de l'île deJanan, ily avait de nombreux
récifs qui étaientdangereux pour les dhows de pêche. Un conduit y avait par
conséquentété construip tar le GouvernementdeBahreïnpour éloigner les dhowsdes
récifs.Je mesouviensqu'unpêcheur de Muharraqavait paraccidentheurté le conduit
et détruitson dhow. 11a étéindemnisé par legouvernement de Bahreïn, par le
cheikh ~a1rnan.n~~
78. Nasr bin Makki, qui commeje l'ai déjà dit,est né surles îles Hawar en 1922, fut en
mesure d'identifier le nom et l'emplacement de nombreux pièges à poissons placéspar les
insulairesautourde l'île principale.1ajoutalors de sa déclaratio:«Il y avaitbeaucoup depièges
à poissonqui appartenaientauxinsulairesdeHawar sur lesautres îles,dontJanan, Sawad,Ajirahet
79. Salmanbin Isa Saadal Dosari, dont vous trouverezla déposition sousla cote40, est né
en 1916 et vécut surles îles pendant son enfance. Il évoque luiaussi, dans son témoignage,les
méthodesemployées à l'époque parles pêcheurs résidan stur les îles principales du groupe des
Hawar :
«Nombreuxétaient les insulaires de Hawar qui avaient égalementdes pièges à
poissons sur les autres îles. Ils s'y rendaienten bateau pour inspecterles pièges et
érigerdes abrisrudimentairescontrele soleil. Les abordsdes îles deJanan et de Hadd
étaientparticulièrement poissonneuxet beaucoup d'insulairesde Hawar, dont mon
pèreetMuhannabin Hazeemdu villagesud,y avaient despièges.»64
6'Mémoird eeBahreïn,annexe281,vol. 5,p. 1165-1167
Mémoird eeBahreïn,annex313a),vol. 6,p.6,p. 1368-1369.
63Mémoird eeBahreïn,annex314a),vol. 6,pa16,p. 1382-1383.
64Déclaratiode Salmanbin Isabin Ahmadbin Saadal Dosari,par.7, mémoirede Bahreïn, an315a),
vol. 6,p. 1393. 80. Le témoignagede ces anciens résidentsde l'île de Hawar, quivivent tous désormaissur
l'île principale deBahreïn, confirme que leuvernementde Bahrein réglementaitégalementla
pêchedes perles,y compris l'enregistrementdesbateaux et la tenue de livresde bord etde carnets
deplongée(parles capitaineset les plongeurse~~ectivement)~~.
028 81.Monsieur le président,pour corroborerses argumentssur les Hawar, Qatar essaiede les
fairepasserpour desîlesvides et inhabitées.
82. La réalitéest toute différente. Les îles Hawar n'étaientpas vides et elles ne sont pas
aussiproches de la péninsule qatarienne que Qatroudrait vous le fairecroire. Pour décrirecette
réalité aussi brièvement qpossible, Bahreïna préparéune courte présentation vidéo l'attention
de la Cour. Elle se compose d'images soumisepar Bahreïndans ses écritures.La narrationest en
français,mais une versionanglaise est disponiblesur vos casques. Je me permets de vousprier de
regarderà présentl'écran.
PRESENTATI OIDE0 - LES ILES HAWAR
(Bande-soncommuniquéepar Bahrein)
1.Les Al-Thani n'ont jamais pu concurrencer l'emprise de Bahreïn sur ces eaux -que
toutes les cartes du monde appellent le «golfe dehreïn»~~.Cela est particulièrementvrai pour
lesîles Hawar.
II. Vers la période oùles Al-Khalifaconquirent Bahreïn,les Dowasir,une tribu dela région
deAl Hasa, en Arabiecontinentale,obtiennentd'euxla permissionde s'installer surlesîlesHawar.
IIIAu milieu du XIXesiècle,les Dowasiront renforcéleurs liensavec Bahreïn. L'émirde
Barheïn les invitaà s'installer sur l'île principale,où ils établirentles villes de Budaiya et de
Zellaq, sur la côteouest.
IV. La plupart desDowasir portent le nom de «Al-Dosari)). C'estsimplement le singulier,
en arabe,pour les Dowasir.
''Déclarationsd'anciensrésidents des îl, émoirede Bahreïn, annexesa),314a), 31a)vol.6,
p. 1367,1384, 1405-1406.
66FastBuThur, voir documentssupplémendeBahreïn, p. 151e). V. Les Dowasir vont et viennent librement entre Hawar et leurs villes de Budaiya et de
Zellaq, sur Bahreïn. Dans le climat du golfe,l'eau permet de circuler facilement6', mais lesable
beaucoup moins.
VI. L'intérieurde ~atar~~que vous voyez ici n'est pas un endroit très agréable. Dans une
contréeoù le chameau était le seul mode de transport -à condition de retrouver la piste
fréquemment effacée par les tempêtdeessable - la traverséede la péninsuleétaitdifficile, voire
dangereuse. Cela explique certainementl'absence totalede contactentre leshabitantsde Hawar et
les gens de Qatar, si loin. La même explicationest tout aussi valable pour comprendrele peu
d'attention queles Qatariens portèrent à ces îles isolées,et tout aussi loin d'eux. Vous voyez ici
une imagedesîles Hawarprise depuisla péninsulede Qatar.
029 VII. En revanche, la mer a toujours permis des relations régulièreset faciles entre l'île
principale et l'archipeldes Hawar situé à moins de 20 kilomètres, à peine une courte traverséeen
bateau6'.
VIII. Depuis qu'ils obtinrent du souverainde Bahreïn le droit de s'installer dans les îles
Hawar, aux environs desannées 1800,de nombreux habitantsde ces îles sont devenus des figures
de l'histoirede ~ahreïn~'.Ainsi,dans le villagesud de Hawar,se trouventencoreles vestiges dela
maison dupère deYusufbin Rahrnahqui fut unéminentet trèsrespecténotablede la vie publique
de l'émirat. Pendant trente ansi,l a été l'administrateud re la cour de l'émir,dirigeantet gérant, à
ce titre, tout lepersonnel du cheikhIsa bin Salman,le défunt émir. Yusub fin Rahrnah, décédeé n
octobre 1995, vivait sur l'île de Hawar pendant sa jeunesse7'. Certainsde ses amis d'enfance
- des hommesâgés aujourd'hu i viventtoujours72.
67Bateaude pêche, vorocumentssupplémentairesde Bahreïn,. 135.
Voirdocumentssupplémentairese Bahreïn,p. 141.
69HawarIslandsExpress, voirdocumentssupplémentairesdeBahreïn,p. 118-120.
70Piègeàpoissons, voirdocumentssupplémentairesde Bahre,. 132.
71Cimetières,voirdocumentssupplémentairesde Bahre, . 130-131
72Voir déclarationdeHamoudbinMuhannaal Dosan, par. 11et 12,mémoire de Bahreïn,annexe 3a),vol. 6,
p. 1365et déclarationdeNasrbin Makkial Dosari,par. 1et 25,mémoiredeBahreïn,annexe3a)vol.6, p. 1379. IX. La vie de village sur les îlesHawara perduréjusquedans les annéessoixante-dix,quand
le plus gros de la population commença à s'installer sur lagrande île de Bahreïn ou ils trouvaient
du travail pour eux et des écoles pourles enfants. Les villes de Budaiya et de Zellaq restent
aujourd'hui des villes dowasirs. Il n'est que de voir la fréquencedes noms dowasirs sur les
devantureset enseignesdes commerces etentreprises73.
X. De nombreux Dowasir rendirentleurderniersoupirsur~awar~~.
XI. Il y a beaucoup de cimetières sur l'île,comme celui que vous voyez ici :le cimetière
nord7',le cimetière ~irculaire~~au sudde l'île,mais sûrementriend'aussipoignant quele cimetière
des enfants77,au sud.
XII. Les cimetièrestémoignent dela rude existencesur ces îles. La vie s'écoulait à travers
lesaléasdu commercede la perle, delapêche ed te l'extractiondu gypse78.
0 3 (b XIII. Afin dese garantirle minimumnécessaire à la vie humaine, l'eau, de grandes citerne^'^
furentconstruitespartout sur Hawar afinde capter etde stocker l'eaude la saisondespluies ou des
aversespassagères. L'ingéniosité dehsabitantsde Hawar dans le captage du précieux liquideest
évidentdans la construction de cette citernes0qui permet de filtrer l'eau par débordemene tt de la
conserver pour la consommation dans une partie couverte, pour diminuer l'évaporation. Chaque
fois qu'une dépression permettaità l'eau de s'écouler,on trouvait au bout une citerne. Les
insulairesconstruisirentmême un barrage8'pour contrôleret dirigerl'eau commedans cevallondu
point leplus méridionalde l'île principaledeHawar.
73Voir documentssupplémentairede Bahreïn,p. 137.
74
Voir documentssupplémentairede Bahreïn,p. 129-132.
75Voir documentssupplémentairesdeBahrein,p. 126.
76Voir documentssupplémentairede Bahreïn,p. 130.
77Voir documentssupplémentairede Bahreïn, p.133.
78Voir documentssupplémentairede Bahreïn,p. 135.
''Voir documentssupplémentairesde Bahreïn,p. 12511et 134.
Voir documentssupplémentairesdeBahreïn,p. 125.
Voir documentssupplémentairesdeBahreïn,p. 132. XIV. Mais les habitantsdes îles Hawarne tiraient pas leur subsistanceque de la mer82. Le
gypse de Hawar étaitdes plus appréciés poursa qualité. Il étaitvendu au meilleur prix sur les
marchéset dansles bazarsde l'île principale deBahreïn.
XV. Voici Son Altessele cheikh Hamadbin Isa Al-Khalifa,l'émir de Bahreïn, filmé devant
son palais sur la grande île de Hawar. Comme beaucoupde maisons traditionnelles àBahreïn,ce
palais utilise pour la finitiondu gypse de Hawar. En voiciun morceau ici. Le Gouvernementde
Bahreïn a délivré des permis d'extraction dugypse sur les îles Hawar dèsla première partiedu
XX2iècle.
XVI. Le gypse de Hawar était ramené sur l'île principald ee Bahreïn et utilisé dansles
maisons traditionnelleset les palais. De trèsbelles finitions de gypse peuvent encore êtrevues
dans le palais du cheikh Isa bin Alià Muharraq, qui fut construit vers le milieudu XIXe siècles3,
tout comme dans la belle demeuredeBeit Seyadi,touteproche.
XVII. Le palais de Abdullah bin Jabor Al Dosari, le fameux secrétaire dowasir de
l'amère-grand-pèrede l'émir, montre égalemen dte telles finitions. Cen'estpas surprenantcompte
tenu des liens que Abdullah bin Jabor Al Dosari entretenait avec les îles. Son pèrepossédaitun
piège àpoissonsprèsduvillage sud deHawar.
031 XVIII. D'autres vestiges témoignentde la vie quotidienne et des coutumes des habitants.
Dans le village sud-est subsistent les ruines d'un murde prière84,ainsi qu'une meule de belle
taille85et les fondationsd'un
XIX. Lesgens de lapéninsule de Qatarne montrèrentaucun intérêtpour ces îles situév esrs
l'ouest, trèsloinde leur habitat,elles étaientd'ailleurs le terrieesDowasirdeBahreïn.
82Pêcheursde perle,oirdocumentssupplémentairesdeBahreïn,p. 135.
83Voir documentssupplémentairdeBahrein,p. 138.
84Voir documentssupplémentairesde Bahre,. 133.
85Voir documentssupplémentairesde Bahre,. 128.
Voir documentssupplémentairesdeBahreïn,p. 128. XX. Mais, après l'attaque deZubarah en 1937, Bahreïn a évidemmenteu peur que les
Al-Thani de Qatar à Doha risquent de chercher à prendre Hawar deforce. Un fort8'îut donc
construit sur l'île en38~~.Malheureusement,depuis ce temps, Bahreïnn'a cessé dese trouver
obligé de s'armer pour répondr aux menacesqatariennesen installantdes défensessur Hawar.
Elles ont encoreté renforcéesdepuis l'attaquearméecontre Fashtad Dibal,il y a quatorzeans,en
XXI. Le cheikhSalman,grand-père del'émiractuel, quirégna àpartir de 1942, construisit
une résidenceà ~awar~~ et même un simple garagepour lapremière automobile introduitseur ces
îles.
XXII.LesîlesHawarne sontpas aussi prochesde lapéninsuledeQatar quecelui-civoudrait
bien le fairecroire.
XXIII. Les cartes soumises par Qatar à la Cour internationale de Justice montrent
invariablementle sud de Hawar commeétantune trèslonguepointe qui pratiquementtouchela
côte qatarienne. Toutesces cartes semblentprovenir de la carteo5 déposée avelce mémoire de
Qatar. Cettecarte s'intitule((ProximidesîlesHawarau Qatan). Ellevise àmontrer l'étendudee
la masseterrestrede Hawaraux marées hautes et basses,lescontoursà marée basse étan itdiqués
par Qatar par une couleurjaune orange plus soutenue.Seloncette carte(no5) de Qatar,même à
maréehaute-lorsque la mertendnormalement à recouvrirlaterre- lapointe del'îleprincipale
s'étendrait suun peuplus de 7 kilomètres depuis la terre fermejusqueans les 250mètresde la
côteqatarienne.
032
XXIV. Onne peut que se demander comment cettecarte a pu être établie et même slie
cartographeajamais été danlsesparages, carvoicice qu'ilenestvraiment.
XXV. Quandon descend le long de la côte orientale de Hawar, lapointe apparaîtd'abord
commeun large croissant. En arrivant à sa base,on s'aperçoitqu'elle s'étenen ligne droite vers
le large. Cette image a étéprise, par hélicoptèree,ntre les marées, tard dansl'après-mididu
- -
''Voir documentssupplémentade Bahreïn,p. 122.
88Note:la date devraitêtre1938et non 1838.
89Voir documentssupplémentairesdeBahreïn,p. 102. 13février2000,une journée particulièremenc tlaire pour la saison. La pointeg0sort, en fait, de
quelque2 kilomètres, c'est-à-dire de moins d'un tiers par rapportà ce qu'indiquela carte de Qatar.
Commeon peut levoirnettement,lacôteqatarienne,elle, estdistantedeplus de 4 kilomètres.
XXVI. Afin d'appréhenderla situation à marée basse, cesimagesont été prises au niveau de
lamer tôt au matindu 13février2000. Lapointe s'étendsur 1,5kilomètredeplusdans la direction
de Qatar. Certainesobservations sontalors évidentes.Lapartie de lapointe de Hawarqui émerge
lorsque lamaréeestbasseest étroiteet interrompuede chenauxet de cassures. C'estun vieux récif
calcaireg'qui n'offreaucun passage facile. Enfin,et ce n'est pas le moindre des arguments,son
bout reste àune distancerespectablede la côtede Qatar.
XXVII. Comment voit-on la pointe lorsqu'on la regarde depuis Qatar? Les images qui
suiventont été prisesdetrois différentspointsde la côteqatarienne. Primo, du nordde ce quenous
appelleronspar commodité la péninsuld ee Dukhan. Voici l'angle de vision tel que rendu sur la
carte no8 du mémoirede Bahreïn. La pointe de Hawar, très basse sur l'eau, est purement et
simplement invisible, alors même que les falaisesde Hawar, quoiqueplus éloignées, apparaissent
très clairementg2. Secundo, du point le plus occidental que nous appellerons, toujours par
commodité,la péninsulede Zekreet. Voici ce que l'on voitg3. Tertio,du point queQatar indique
comme se trouvant à 250mètresde lapointe de Hawar. Voici ceque la carte no5 du mémoirede
Qatar montre. Et, àpartirde cepoint, voiciceque l'onpeutvoir enréalité94.
XXVIII. La cartede Qatar est clairementerronée.Elle indiquequ'elle est compiléeàpartir
de la feuille3 de la carte bahreïniteau 1/50000. Cependant,les cartographesde Qatar ont utilisé
O 3 3 une version désuète de la carte, dessinéeavant qu'un relevéde la pointe de Hawar n'ait eu lieu.
Depuis 1988, différentesversions de cette carteg5montrent régulièrement la longueu éellede la
pointe de Hawar.
-
goVoir documentssupplémentairesdeBahreïn,p. 143-144.
9'Voir documentssupplémentairesde Bahreïn,p. 143-144.
92Voir documentssupplémentairesde Bahreïn,p. 146.
93Voir documentssupplémentairesde Bahreïn,p. 147-148.
" Voir documentssupplémentairesde Bahreïn,p. 138.
95Les îles Hawar, 1/50000, feuillet3, 1997,documentssupplémentairesdeBahreïn,p. 175. XXIX. La carte de Qatar est également trompeuse parcequ'elle présente les étendues
sous-marines demaréehaute comme étantautant de terres fermes,donnant l'impressionque toute
la zone est pratiquement solideet sèche, simplement traversée par quelques chenaux. Cependant,
commele montrela cartebahreïnite,degrandes étendues d'eauséparentlesîles Hawar de Qatar.
XXX. Ce que l'Œilperçoit confirmela carte de Bahreïn. Prenons par exemple Suad Al
Janubiyah,la seconde île des Hawarpar la taille et la plus proche de Qatar. Si vous la regardezde
cepoint de lacôte qatarienne,leplusproche,voicice quevous verrezg6.
XXXI.D'importantesinfrastructuresont été mises en place sur les îles Hawar. Ces îles sont
toujourspartieintégranteetrégulière de lavie de Bahreïnd'aujourd'hui9'.
XXXII.Le week-end, des centainesd'enthousiastespêcheurs bahreïnites profitent dee saux
de Hawar,avecleur proprebateau. Desmanifestations sontorganiséessurlesîlespour meublerles
loisirs de la population bahreïnite. Le transfert quotidien parlespopulaire Hawar ~x~ress~'se
faiten une bonnetrentainede minutes. Leweek-end, ilfaitplusieursrotations.
XXXIII.La construction des habitationset des bâtiments, autour du Hawar Resort ~otel~',
dont vous venez de voir des images, et, encore plus au village nord, que vous voyez à présent,a
transformé l'île.
XXXIV.D'importants projetsseréalisentsur les îles Hawar. Un plan structurédivisera l'île
en deux, de part et d'autre d'une ligneord~sud'~~L . a côte ouest a de belles plages. C'està cet
endroit que toutes les infrastructures pourles touristes et les résidentslocaux seront concentrées.
Tous les bâtiments doivent respecterdesrèglesde constructiontrès strictes. Sur la côte orientale,
caractériséepar des falaises blanches et des baies d'une beauté incomparable, ainsi quepar la
O 3 4 présenced'un nombre remarquable d'oiseaux,aucun immeuble ne sera construit et il n'y aura
aucun véhicule à moteur. Lorsque les relations avec Qatarseront redevenues normales,Bahreïn
espère démantelelres grandes fortificationset les infrastructuresdestinéesa défense qu'elle avait
dû installeraprèsl'attaquearmée de Qataren 1986.
% Voirdocuments supplémentaide Bahreïn,p. 1a).
''Voirdocuments supplémentaide Bahreïn,p. -120.
98Voirdocuments supplémentaide Bahreïn,p. 118-120.
99Voirdocuments supplémentaide Bahreïn,p. 101-117.
'ORépliquede Bahreïn,section2.11.Voilàquiterminelaprésentationvidéo.
83. Le conseil de Qatar a commentéles photographies soumises par Bahreïn dans ses
documents supplémentaires (p.143-151 a)) en ces termes : ((Toutes ces photographies ont été
manifestementprises àmaréehaute plutôt qu'à marée basse de sorte que les distances qu'elles
indiquent...sonttoujoursexagérées»lO C'ette affirmationne fait l'objet d'aucuneexplication. Le
conseil de Qatar apeut-êtretellementpris l'habitudede répétque les Hawar ne sont distantesde
Qatar que de 150 ou 250 mètresqu'il crie à la supercherie «manifeste» lorsqu'onlui apportela
preuve du contraire.Il s'agit simplementd'une photographie prise depuis l'extrémité aequeue
de l'île Hawar qui, sur les cartes deQatar, est indiquée comme distante de 250 mètresde la
péninsuleqatarienne,même à maréebasse.
84. Or, comme vous le voyez, même à maréebasse, Qatar est au loin,à bonne distance.
Pour mémoire,la photographie a étéprise, comme vous venez de l'entendre, le13février decette
année. Le conseilde Qatar a sans doute oubliéque Bahreïn déposé, à la page 153 de ses
documentssupplémentaires,l'extraitpertinentde la tabledes maréesqui confirme que nousavions
ce jour-là une maréebasse. Vous pourrezdonc constater que, même à maréebasse, la distance
entre cette partie de l'île et le point le plus proche de Qatar, tel qu'on le devinepeine à
l'arrière-plan,estpresque de 3kilomètres.
85.Monsieurleprésident,jeme demandesi lemomentne seraitpas venu de fairela pause ?
The PRESIDENT: Thankyou. TheCourtwill nowadjoum fora quarter of an hour..
TheCourtadjoumedfrom 11.20a.m.to 11.40 a.m.
The PRESIDENT : Please be seated. The Sittingis resumed and1 give the floor again to
Mr. Robert Volterra.
'O1CR200016,p. 33,pa1. 86. Monsieur le président,j'espèreque la présentation vidéo projepear Bahreïn peu de
temps avant la pause auraermis àMadameet MessieurslesMembresde la Cour d'avoirune idée
de la réalité desîles Hawar. Si les membresde la Cour s'étaient rendus eux-mêmessr les îles
pour saisir directement cette réalité,quel aurait été lemoyen de transport le plus àaleur
disposition La réponseest nett:unhélicoptère depuis Bahreïn. Entrleemoment oùle voyageur
quitte les rivages de l'île principale de Bahreïn et celui où il atteint l'île principale deHawar, il
Le voyagedepuis Doha prendrait beaucoupplus longtemps. Et où
s'écouleà peine six minutes.
dormiriez-voussi vousdécidiezde ne pas passer la nuit surles îles ni dans le charmant hôtelpour
touristes de l'île Hawar, le Hawar Resort Ho?elLe fait est que les hôtels les plus proches des
Hawarsont àManama,àBahreïn.
87. En termes de géographiehumaine,Manama, Muharraq, Zellaqet Budaiya ont toujours
été plus proches des îles Hawarque Doha. Cette constatationaideà mieux comprendrele lien
étroit quiunit les insulairesau reste deBahreïn.
LES ELEMENTSDEPREUVEDESEFFECTIVITES DEBAHREÏNSURLESILESHAWARAUCOURS
DES ANNEES TRENTE ETL'ARBITRAGE BRITANNIQUD EE 1938-1939
88. Il importe de noter que c'estseulementàce stade de mon exposéque nous en arrivons
aux annéestrente. Le rythme du développement économique de Bahreïn s'est accélé arec la
découvertedupétrole,suivie d'unebrèvepériode de production,à partir de 1932. Chose qui n'a
rien de surprenant, les activités du Gouvernement de Bahreïn se sont également accrues,en
général,àpartir du milieudes annéestrentà,l'instarde cellesdes gouvernementsdes pays voisins
lorsque ceux-ci commencèrent à percevoir les revenusdu pétrole.Dans le cas de Bahreïn, cet
accroissement des activités a concernés,ans toutefois s'y limiter, celles du gouvernement surles
îles Hawar. L'émir,le cheikh Issa, mourut en 1932 et le cheikh Hamad lui succéda. Comme
auparavant, les souverainsde Bahreïn continuèrentàserendre régulièremenstur les îles Hawar. 89.Tout au longdes annéestrente,Bahreïn continua à réglementer l'extractiondu gypse sur
les îles, notamment par la délivrancede permis'02.
Toujours au cours des annéestrente, le
gouvernementcontinua à superviserlesactivitésdepêchedesrésidentsdesîles Hawaret à trancher
les différends qu'elles entraînaientn,otammenten ce qui concernel'îlede ~anan'O~L -es tribunaux
de Bahreïnont continué àconnaîtrede litiges concernant les îles Hawaret leurshabitants.
90. On peut citer,par exemple,les dossiersde deux affaires remontant à 1932et concernant
des habitantsdes îles Hawar, dontontété saisied sesjuridictions bahreïnites.
91. La première concernait un habitant des îles Hawar cité à comparaître devant les
tribunauxde Bahreïn. Letribunal convoquale défendeur,qui résidaidtans les îles Hawar. Celui-ci
ayant fait défaut,le tribunal s'adressaau souverainde Bahreïn pour ((l'informerde l'affaireet lui
demander d'ordonner à son serviteur de faire comparaître[le] défendeur de Hawan). Une
ordonnancefut rendue et finalement,des instructionsfurent données à la police bahreïniteen vue
de la comparution de ce défendeur résidantdans les îles ~awar"~. L'autreaffaire datant de 1932
étaitun différenden matièredepêche quo ipposaitdes habitantsdesîles ~awar"'.
92. On trouve un document de la direction de la police de Bahreïn portant devant les
tribunaux de Bahreïn encore un autre différent,violent,au sujet de pièges àpoissons, qui a surgi
dans les îles Hawar en avril 1936'06.L'analyseque fait Bahreïnde ce document se trouvedans ses
écritures:je l'examineraiplus en détaillorsquej'aborderai lesattaquesde Qatar contre les preuves
historiques,vers la fin de mes observations.
93. Vous vous souviendrez peut-êtrequ'en commençant aujourd'hui,j'ai donnéquelques
chiffres relatifs aux éléments depreuve de la souveraineté de Bahreïn sur les îles Hawar. Sur les
quatre-vingteffectivitésqu'énumère Bahreïn dansses écritures,une soixantainesontantérieuresau
'O2Documents supplémentairesde Bahreïn, annexe 6, p.à781, 83, 84, 86 et 87; mémoirede Bahreïn,
annexe261,vol.. 5,p. 1107; mémoiredeBahreïn,annexe313,vol.6,p. 1367et 1368.
'OMémoirede Bahreïn,,vol.. 5, annexe274,p. 1129;mémoirede Bahreïn, vol.5, annexe 281,p. 1165;mémoire
de Bahreïn,vol.6, annexes313)-316a),p. 1363, 1392, 1379et 1400.
'0Précisions sur les diffésntresujets de Bahreïn résidanta Hawar qui ont étéportésdevantle tribunalde
Bahreïn- affaireno24611351(1932). Mémoirede Bahreïn,annexe242,vol. 5,p. 1065.
'OArchivesjudiciairesde Bahreïn,affaire6/1351. Mémoirede Bahreïn, vol.5, annexe243,p. 1066.
'"Lettre de la directionde la policeau tribunal de Bahrein, 14 avril 193ee Bahrein,annexe245,
vol.5, p. 1070.processus d'arbitrage britannique,engagéen 1938,et pas moins de quarante-sixsont intervenues
avantladate (1936)que Qatara retenuecommesa date critiquepréférée.
94. Je n'ai pas, jusqu'ici, cité uneseule des quatorze effectivitéspostérieures à 1936 et
antérieures à 1939. Le conseilde Qatar n'apas niél'existencede ces activités postérieures à 1936
et n'a proposéqu'ellessoient exclues qu'en sefondant sur la théoriede Qatar concernant la date
critique'07.
95. En l'absence de toute controversesur les faits en cause,je me bornerai à les énumérer
brièvement :
- Négociationsrelatives à la concessionpétrolièreq ,ui ont débuté en 19361°*.
- ~evés"~.
- Erectionet entretien de balises maritimessur les îles et auxabords de celles-ci,tout en notant
queQatarcontestela pertinencede ces activité^"^.
- Entretienetrénovationdesciternes à eausur les îles.
- Foragedepuitspour l'alimentationen eau."'.
- Organisationdevisites régulières du chefde la police de~ahreïn"~.
- Remplacementde l'ancien postede police par le nouveaufort de police à la suite de l'attaque
arméede Qatarcontre Zubarahen 1937113.
- Réglementationde l'immigration et délivrancede passeports bahreïnites aux habitants des
îles114.
'OCR2000/8,p. 38 a42, par. 7-18.
'OLettre du4 janvier 1936de T.C. FowàeM.J.Clauson,de i'indiaOfice. Mémoire de Bahreï,nnexe71,
vol. 2p.232.
Lettre du 10août1941deFnpp (BAPCO) àBelgrave,mémoirede Bahreïn, annexe 295,vol. 5, p 1204;lettre
du 30juin 1939de PCLau sous-secrétaid'Etatpour les Indes, mémoire de Bahreïann,nexe285,vol. 5, p. 1179;lettre
du 8octobre1939deBlack(BAPCO) à Belgrave,mémoirede Bahreïn,annexe290,vol. 5,p.87.
"OMémoiredeBahreïn, par. 487.
'" Lettre du 15mai 1938 de Weightmana Fowle,mémoirede Bahreïn,annexe 257,vol. 5, p. 1096; notedu
29mai 1938de Belgraveintitulée«Lesîles Hawan),mémoire deBahreïn,annexe 261, vol.4, p. 1107; mémoide
Bahreïn,annexe 295,vol.5p. 1204.
'1~émoirede Bahreïn, annexe316 a), vol.p. 1404-1405.
"' Lettrdu 19août 1937de Weightmanau capitaineHickinbotham,mémoirede Bahreïn, annexe158,vol.3,
p. 729et 730; rapportannueldu GouvernementdeBahreïnpour l'année1356(mars 19à7février1938),mémoirede
Bahreïn,annexe253,vol.5, p. 1086;arrêdse policedu Gouvernementde Bahreïn,24 mai 1938,mémoirede Bahreïn,
annexe259,vol. 5,p. 1101.
Lettredu 10novembre1937duconseillerduGouvernementde Bahreïn auchef desNaturs(officierdepolice)
surI'îleHawar. Mémoiree Bahreïn, annexe249,vol.5,p. 1077. - Constructiond'unembarcadèreen 1937''~.
- Constructiond'une nouvellemosquée à la demandedes habitantsdes îles, en remplacement de
l'ancienne qui s'étaitfondrée'I6.
- Remplacementde maisons endommagéesdans lesvillagesdel'île.
- Promulgationet applicationde loisbahreïnites"'.
- Organisation de l'affichagepublic desproclamationo sfficielles"*.
O3 $
- Et représentation,enjanvier 1938,des intérêtd ses habitants des îles Hawar dansun différend
relatifà des atteintesà leurs intérêtesn matièrede pêcheet de pièges à poissons, qui les
opposaitau concessio~aire pétrolierde ~atar"~.
96. Souvenez-vousque Qatar ne contestepas que ces activitésont eu lieu. L'uniquemotif
qu'ilinvoque pour soutenir qu'iln'y a pas à les prendre en compte est qu'elles sont intervenues
aprèsla date dont Qatar laisse à présent entendre qu'elle doit êtlre date critique en l'espèce.
Bahreïna réfuté cet argumenlta semainedernière,etje ne vaispasaborder celamaintenant.
97. Qatara revendiqué les îlesHawarpour lapremière fois en 1938. Cetterevendicationfut
à l'originede l'arbitragebritannique de 1938-1939. Par conséquent,il pourrait être utilede faire
l'inventairedes éléments de preuve relatifs aux activités dBahreïn dans les îles Hawarjusqu'à
cettedate.
Avantla sentencede 1939,tous lesacteursintéresséson rteconnu
quelesîles HawarfaisaientpartiedeBahreïn
98. Une des manières de dresser l'inventaire de ces effectivitbahreïnitesconsisteà passer
en revue l'opinion des acteursintéressés au sujet de la souverainetésur les îles Hawarjusqu'à
l'arbitragede 1938-1939. Les documentshistoriquesmontrent qu'avant la sentence d1 e939,ils ont
tous reconnu que les îles Hawar faisaientpartie de Bahreïn. Je me bornerai à ce sujet àquelques
points marquants.
Mémoire de Bahreïn,annexe253,vol.5,p. 1086et 1087.
IlRelevé succinct des dépesu Gouvernementde Bahreïn pourl'année1358de l'(1939). Mémoire de
Bahreïn,annexe 293,vol. 5,p. 1201.
IlMémoirede Bahreïn, annexe274,vol. 5,p. 1133;mémoirede Bahreïn,annexe 261,vol. 5, p. 1108; lettredu
28 avril 1936de BelgràvLoch. Mémoirede Bahreïn,annexe246,vol. 5, p. 1072et 1073.
IlLettre du 31janvier 1938deBelgàPacker(PCL) mémoire de Bahreï,nnexe250,vol. 5,p. 1078. Les souverainsde Bahreïn
99. Les souverains de Bahreïn ont toujours considéré que les îles Hawar appartenaient à
Bahreïn. Celaressortdes faits suivants :
- Ce sont eux qui, initialement, ont accordéaux Dowasir, par l'intermédiaired'un de leurs
fonctionnaires, l'autorisatid'habiterlesîles~awar'~'.
- Ils ont invitéleshabitantsdesîles Hawar à s'installerégalementsur l'île principale deBahreïn
en 1845.
- Ils ont exercéleurautoritésur la branchebahreïnite desDowasir,qui leur ont été fidèleset leur
ont fait allégeance.
- Ils se sontrégulièremenrtendusdans les îles.
- Ilsont financélaconstructionde logementset d'une nouvellemosquée.
O3 9 - Ils ont réglé des différends.
Le Gouvernementde Bahreïn
100.Le Gouvernementde Bahreïn, lorsqu'ils'est dissociéde la personne des souverainsau
coursde l'évolutiondeBahreïn, amontrélui aussiqu'il considéraiq tue lesîles Hawar appartenaient
à Bahreïn :
- Le gouvernement a réglementé les activités économiquessur les îles, notamment la pêchedu
poissonet des huîtresperlièreset l'extractiondu gypse.
- Il a dotéles îles d'une forcedepolice et d'uneadministrationcivile.
- Il a exercédes fonctions législatives, exécutivetjudiciaires.
- Il a réalisdes travaux d'infrastructure,effectué desforagespour trouver de l'eau,et négocié
des concessionspétrolières.
- Il a réglementé l'immigratio et délivrdespasseports.
LesDowasirde Bahreïn
101. Les Dowasir de Bahreïn considéraientque les îles Hawar appartenaient à Bahreïn,
commel'attestentlesfaits suivants :
Les référencesdéàdiquéesci-dessusne sontpas reproduitesici. - Ils ont sollicitéde fonctionnairesdes Al Khalifa l'autorisationinitiale de résidersur les îles
Hawar.
- Ils se sont égalementinstalléssur l'île principalede Bahreïn en 1845et, au grédes saisons,ont
fait des alléeset venues entre Bahreïn et les îles Hawar pendant un siècleavant l'arbitrage
britannique. Les fonctionnaires britanniquesont rapportéque les habitants des îles allaient
jusqu'à transférerleur bétailsur l'îleprincipalede Bahreïn lorsque l'eauanquait'2'. Ils ont
fait appel à l'aide des souverains de Bahreïn quand ils étaient confrontés à des menaces
extérieures, parexemple lors de l'incident de Zakhnuniyade 1909 et lors de leur différendde
1938avecla société pétrolièreCLau sujetdespièges à poissons.
- Ils ont déclaréeux-mêmes à maintes reprises qu'ilsrelevaient de l'autorité du souveraide
Bahreïn. Cela concerne égalementles Dowasir du Bahreïn qui ont quittéBahreïn pendant
plusieursannéesau milieu desannées 1920.
- Ils ont indiqué à maintes reprises qu'ils continuaientà faire allégeanceaux souverains de
Bahreïn.
- Ils ontfait flotterle drapeaubahreïnite surlesîles.
O 4 - Ils ont fait appeàl'aide des souverainsde Bahreïn pour la reconstruction de leurs habitations
et de leursmosquéeset pour lecontrôledes travailleurs quiextrayaientdu gypsesur les îles.
LesautresBahreïnites
102. D'autres Bahreïnites ont égalementconsidéré que lesîles Hawar appartenaient à
Bahreïn:
- Aux côtésdes Dowasir, d'autres Bahreïnites ontrésidé sur les îles~awar'". Les dépositions
des témoins confirment que des marchands venant des autres îles de Bahreïn faisaient
régulièrement commerce avelceshabitantsdesîles Hawar.
- Les autrestailleursde gypse bahreïnites qui travaillaientdans les îles Hawardevaient solliciter
un permisdu GouvernementdeBahreïn.
'"Rapportde Weightman,mémoire deBahreïn,annexe281, vol. 5,p. 1169.
"'~érnoire deBahreïn,annexe3a)vol. 6,p. 1406,par. 25. LaGrande-Bretagne
103. La Grande-Bretagne considéraitque les Dowasir bahreïnites qui habitaient sur les
îlesHawar étaientdes sujetsdusouverainde Bahreïn. Celaest notamment confirmé par :
- Le décretde 1869interdisant la contrebande.
- Les rapportsdu capitainePndeaux lorsde l'incidentde Zakhnuniyade 1909.
- Les comptesrendus des fonctionnairesbritanniques figurantdans lesrapportsadministratifsde
1911.
- Lesrapportsde 1915et 1916de l'arnira~té'~~.
- Le rapport de 1922du commandantDaly.
- Les positions prises par des fonctionnaires britanniques en ce qui concerne les Dowasir
bahreïnitesqui ontquittélesîles Hawarentre 1923et 1927.
- Sans parler, bien sûr, des enquêtesdes fonctionnaires britanniquessur lesquelles des rapports
ont étéétablislors de l'arbitragede 1938-1939.
104. La Grande-Bretagne a également toujours reconnu - et cela a étéindiqué dansles
échangesde vuesentre hauts fonctionnaires,les rapports publiéset lesprotestationsadresséesdes
tiers- que les îlesHawar appartenaientà Bahreïn. Celaestnotamment confirmé par :
O 4 1 - Le rapportde Bruck desannées 1820.
- La carte ducapitaine Durrandétablieen 1879.
- Le comportementde la Grande-Bretagneet les élémentd se preuveraaembléslors de l'incident
de Zakhnuniyade 1909.
- La demande de citation àcomparaîtred'un habitant des îles Hawar adressée en1911par des
fonctionnairesbritanniquesau souverainde Bahreïn.
- Le déroulementdes négociationspétrolières danslesannéesvingtet trente.
- Et, bien sûr,l'arbitragede 1938-1939.
Les Ottomans
105. Les Ottomans ont reconnu que les îles Hawar appartenaient à Bahreïn. Cela est
notamment confirmé par :
Iz3<CCollectionof First World WarMilitav Handbooks of Arabia1913-1917»,vol«AIHandbookof
Arabia,vol.1,General,1916,ArchiveEditions(1988),p. 326.~ deQatarannexe111.29,ol. 8,p. 485. - Lacarte de 1870du capitaineIzzet.
- Et la réactiondes Ottomansaux preuves fondéessur lesDowasirbahreïnitesde la souveraineté
bahreïnitesurl'îlede Zakhnuniya lors del'incidentde Zakhnuniyade 1909.
Les souverainsde Qatar
106. Les souverains de Qatar ont également reconnuque les îles Hawar appartenaient à
Bahreïn. Les constatationssuivantes,notamment,lemontrent
- Le fait que les souverains de Qatar n'ontjamais revendiqué lesîles Hawar avant 1938,même
dansle contextedes négociationspétrolières,comm le montreraM.Paulsson.
- De même, jusqu'en1938, Qatar n'ajamais élevé deprotestation contre aucune des activités
bahreïnitesqui s'y dér~ulaient'~~.
- Au moment de l'arbitrage,le souverain ne savait pas que les îles ou les deux villages qui s'y
trouvaientétaientrégulièrement habitéest ignorait l'existencedetoutce que vousvenez devoir
avantla suspensionde séance danslavidéoprojetéeet sur les photographies.
- En réalitél,e souverain de Qatar areconnua diversesreprisesla souverainetéet la compétence
de Bahreïnsurles îles Hawar, même après que Qatar eut formulsé apremièrerevendicationsur
O 4 2 les îles. Cela est attesté par un document transmisen 1938aux autorités britanniquespar le
souverainde Qatar que vous trouverez sousla cote 45. Ce documentconcernaitdeuxincidents
survenus en 1938et ayant trait à l'arrestationet au transfert sur l'îleprincipale de Bahreïnde
citoyens qatariensqui avaient débarqué sur les îles Hawar. Le souverain de Qatar adressa à
l'agent politique britannique une plainte dans laquelle il s'élevaitcontre la manière dont
Bahreïn avaitexercésa compétence sur lesîles. Le souverainn'aformulé aucuneobjection
quant à la compétence elle-même.Dans sa lettre, le souverainde Qatar soulevaitla question
théoriquede ce qui se passerait si des navires bahreïnites cherchant refuge sur la côte
qatarienneétaienttraités de manièreanalogue. Par cettecomparaisonentre l'incidentet ce qui
aurait pu se passer s'il s'était produit un endroit relevant de la compétence deQatar, le
124Lettre du 6 ma1936du lieutenant-colonel GordonLoch, agent politique bntannique, au résident politique
britannique.émoirede Bahreïn, annexe 247,vol. 5, p1074. Lettre d8 juille1938du souverain de Qataà
Hugh Weightman, agent politique britannique.rede Bahreïn, annexe265, vol.5, 1118.Lettre du12juillet
1938du souverain de QatàrHugh Weightman, agent politique britannique,mémoirede Bahreïn, annexe266, vol. 5,
p. 1119. souveraina admis et reconnuque lesîles Hawar relevaient decelle de ~ahreïn'~'. Je le répète,
cela se passait en 1938.
107. M. Paulsson dira plus tard aujourd'hui commenltesparties aux négociationspétrolières
ont toutes reconnuque lesîlesHawar appartenaientàBahreïn.
Les tentativesde réfutation parQatar deslesélémentd sepreuve
deseffectivitésdeBahreïndanslesîles Hawar
108. Qatar n'a paspu citer un seul exemple d'un exerciced'autorité surles îles Hawar.
Bahreïn soutient que Qatar n'a pas réussi à réfuterles élémentsde preuve des effectivitésde
Bahreïn. Dans sa réplique, Qatar tente,en seulement vingt et une pages sur un total de
trois cent soixante, de traiterla question des élémse preuve des effectivitéset des activitésde
Bahreïn dans les îles Hawar. Lesarguments présentés par Qatalrors de ses plaidoiries n'ont pas
étéplus convaincants.
109. Qatar se fonde sur deux considérations principalsour contester les liens de Bahreïn
avec les îles Hawar. Il fait valoir, premièrement,que la branche bahreïnite des Dowasir était
constituéede nomades ne relevantpas de l'autoritéde Bahreïn et que les pêcheurs decette tribu
faisaientde petits séjoursoccasionnelsdans les îles Hawar.
110. Les archives montrent clairementle contraire; Il ne s'agissait pas de cas isoléset
invérifiablesde naufragésoude pêcheurs cherchantàs'abriterd'une tempêta evant de repartir sans
laisser de trace -ce qui étaitle cas pour toutes les îles du différendthréeh'émenc ,omme
l'indique la sentence rendue dans la première phase de l'affaire. Les Dowasir bahreïnites
pratiquaient une migration saisonnière annuelleréguliè-une transhumance,si vous voulez -
entre l'île principalede Bahreïnet les îles Hawarcent ans avantla sentencede 1939. Ce n'étaient
Q 4 3 pas des nomades. Ils vivaientdans les îles avecleur famille,comme en témoignent lvestiges de
leursvillages quevous avezvus. Les cimetières,y comprisceluides enfants,l'attestent aussi. Les
Dowasir bahreïnites ne faisaient pas le voyage de Zellaqà Hawar avec les dépouilles deleurs
enfantsafin deles enterrerdansle cimetièredesenfants desîles Hawar. Ils étaient enterpsrèsde
chez eux - à Hawar.
12'Lettredu 12juillet 1938du souverainde Qatara Hugh Weightman,agent politique britannique,mémoirede
Bahreïn,annexe2666, vol..1119. 111.Deuxièmement,Qataravanceque Bahreïn n'exerçait aucuneautoritésur les îlesHawar
et que les habitants de ces îles sont devenus en quelque sorte autonomes vis-à-visde Bahreïn en
quittant l'île principale pour aller dans les îles Hawar. Les activités sur lesquellesj'ai appelé
l'attention de la Cour en me fondant sur des documents d'archives contredisenttotalement les
assertions gratuitesde Qatar surcepoint.
112.Dans sonpremier tour de plaidoiries,leconseil de Qatara évoqué la listed'exemplesde
l'exercice d'autorité parBahreïn sur les îles Hawar qui figure dans la répliquede Bahreïn. Il a
déclaré :«Je me permets toutefois de dire que la grande majorité de ces«puces» énoncentde
simples affirmations, sans aucune preuve à l'appui, et ne méritent doncpas d'être examinées
série~sement.))'~~
113. Maisla Cour pourra se convaincre elle-mêmq eue c'estjustement cette déclarationde
Qatar qui est elle-mêmeune ((simpleaffirmation)). Elle ne s'appus iur aucunecitation. Qatarn'a
d'ailleursni développén ,i étayé cet argument.Il ne le peut pas. Commele sait la Cour, la «lisàe
puces))de la répliquede Bahrein résumait à l'intentiondu lecteur les éléments depreuve exposés
par Bahreïn dans son mémoireet son contre-mémoire. Chaquepoint de la liste renvoie à
l'argumentationdétaillée figurant ailleursdans les écritures,qui se réfêe son tour aux éléments
depreuvecités à l'appui. Monsieurleprésident, lesécrituresparlent d'elles-mêmes. Les exemples
de Bahreïn -les quatre-vingts exemples-sont bien confirméspar des preuves et ((méritent
donc ..d'être examiné sérieusement)).Qatar a choiside les ignorer.
114. Qatar affirme ensuite:((aucune[des activités de Bahreïn sur les îles Hawarcitéesen
exemples]ne constitueun acte accomplipar Bahreïn ou ensonnom àtitre de souverain»'27.
044 115. Voilà une affirmation bien catégorique,mais fort révélatrice. Elle nous montre que
Qatar comprend quela barre a été placéetrèshaut. Qatar comprend qu'il doit annihiler un àun
tousles exemplesdonnésau sujetdes activitésdeBahreïnsurles îles Hawar.
116.Pourtant,surcette liste de quatre-vingtspoints, Qatarn'en a abordéquetrois.
lZCR2000/8,p. 17par.4.
12CR2000/8,p. 17par.4. 117.Ou plutôt, en fait, ce que Qatar a choisid'appelerles «trois»effectivités, parce qu'elles
serapportenten réalité àun bienplus grand nombre dedocumentsqui, dansleur globalité,donnent
unebonne idéedu contrôleexercépar Bahreïnsur les îles Hawardu XVIIIe sièclejusqu'en 1936.
118. La premièrede cettesérie de «troiseffectivités)évoquéep sar le conseilde Qatar estla
permission que les Al-Khalifa,au XVIIIesiècle,ont accordéeaux Dowasirde s'installer dansles
îles~awar'~'. Pour confirmer cet événemenh tistorique, Bahreïn a présentéun certainnombrede
documents d'archives publiques qui datent d'une époque bien antérieure à tout différend
concernant les îles Hawar. Qatar répond essentiellementque les Dowasir qui vivaient à Zellaq et
dansles îles Hawar n'étaient peut-être pas vraimentbahreïnite~'~~C. ette hypothèse est directement
réfutéepar les élémentd se preuvequej'ai exposésce matin.
119.Qatar tenteaussi de s'attaquerauxpièces d'archivesbritanniques qui rapportentque le
cadi de Zubarah avait autoriséles Dowasir a résider dansles îles Hawar. Le conseil de Qatar a
soutenu que cet élément de preuve devaê it trerejeté. Sur quoi est-ce fondé? Sur la fait que
l'information avait été recueillie parla Grande Bretagne en réaction à une menace de l'Empire
ottomancontre Bahreïnau cours de l'incident deZakhnuniyaen 1909. Bahreïnne voitpas en quoi
celadiminuesa valeurprobante.
120. En développantson argumentationsur ce point, le conseil de Qatar s'est demandéce
quele capitainePrideaux voulait direen 1909lorsqu'ilécrivaitau résidentpolitique :
«comme le Khazi [cadi] de Zubarah étaita l'époque un fonctionnaire relevand tes
Al-Khalifa, l'île [Hawar]semblerait être une dépendancede 1'Etatcontinental,que le
cheikhde Bahreïn revendique encore surleplan moralet théorique»'30.
121.Pour Bahreïn, le sensde ce passageest clair. Prideaux voulait-ildire que les îlesHawar
étaientdes dépendancesdes Al-Khalifaou des Al-Thani ? Les Al-Thanine sont pas mentionnés.
Le contexte ne laisseaucune place au doute : il se demandait si les Dowasirétaientindépendants,
ou s'ils relevaientde quelque autre autoriténon locale. La réponse étaitafirmative :l'île estune
dépendance. Et le capitaine Prideaux anoté queles Dowasir étaientprésentsdans les îles Hawar
en vertu des actesd'un «fonctionnairerelevantdes Al-Khalifa»- ce sontses termes - et queces
12CR2000/8,p. 17,par5.
CR2000/8,p. 18-19,par.à9.
Mémoire deBahreïnannexe236,vol.5,p. 1042.îles étaientune dépendancede 1'Etatcontinental, puisque les Al-Khalifale revendiquaienttoujours.
La permission accordéeaux Dowasir n'a pasété donnép ear un ((fonctionnairedes Al-Thani» ou
par un fonctionnaire«qatarien»agissantde sapropre autorité.
122. En outre, Qatar déformepurement et simplement les termes utilisés parPrideauxdans
ces documents de 1909. Ainsi, un rapport de Prideaux signale la permission accordéepar lecadi
de Zubarah aux Dowasir et ajoute que le cadi de Zubarah ((était à l'évidence un fonctionnaire
relevant des~l-~halifa»'~'. Le conseil de Qatar,sans doute conscientdu poids de cette indication
qui affaiblit sa thèse,prétend que lerapport queje viens de citer ((signalebien que leKasi [cadi],
plus de cent ans auparavant,étaitprobablementun fonctionnairerelevant des~l-~halifa))'~~.C'est
làplus qu'unlapsus.
123. La deuxième des trois sériesde documents attaqués par Qatar consisteen pièces
d'archives du tribunal de Bahreïn datant de la première décennie du XXesiècle. Comme l'a
indiquéle conseil de Qatar, ces piècessont au nombre de deux'33.Qatar a choisi d'en contester
l'authenticitéà ce stade de la procédureorale dans les termes suivants : ((C'estpourquoi, en tout
cas, Monsieur le président, l'authenticitédes deux jugements ...doit être sérieusemenm t ise en
doute.»'34
124. «En tout cas». Il est inadmissible que de telles affirmations soient proférées pour
l'unique raison qu'un document ne sert pas sa cause ou qu'il est produit par son adversaire.
LorsqueBahreïn a lu le mémoirede Qatar et a trouvéles faux,il a passé un an et demi, de concert
avec plus d'une douzaine d'experts deréputation mondiale-historiens, scientifiques, experts
judiciaires en authentification des documents- à examiner ces documents avec la plus grande
minutie et la plus grande rigueur. Ces experts ont rédigé des rapports décrivant le nsombreuses
méthodesqui permettaient d'établir que lesquatre-vingt-deux documents présentéspar Qatar
étaient des faux. Bahreïn a présentéces rapports à la Cour parallèlementa sa propre analyse
approfondie.
13Mémoire deBahreïn,annexe235, vol.5,p. 1037.
CR200018,p.21,par.15.
13CR2000/8,p.27,par.28.
'3CR2000/8,p.28,par.28.046 125.Qatar lui-mêmed , evant les éléments depreuve de ces faux, a rédigé lui-mêm quatre
rapports sur ces documents avant de présenterses excuses et en fait de les retirer. La Cour se
souviendrasans doute que sur ces quatre documents qatariens, deux corroboraientles conclusions
de Bahreïn; l'un des rapports de Qatar relevait mêmed'autres élémentsde preuve de leur
falsification,que Bahreïnne s'étaitpas donnélapeine de présenter. Surlesdeux autres rapportsde
Qatar, l'un faisait des observationssans pertinence sur l'écriture cursarabeet unseulmarquait
un désaccordavec unepartie de l'analyse deBahreïn. Même à ce compte, aucun des rapports
d'expert produitparQatarne pouvait conclureàl'authenticité desdocuments.
126.Voyons maintenantce que sontles circonstancesqui conduisentQatar a contester«en
tout cas» les élémentsde preuve de l'exercice parBahreïn de sa compétence judiciaire sur les îles
Hawar, éléments depreuve,je le rappelle à la Cour, qui sont du domaine public depuisplus de
soixanteans. Quelle est labasede cettetrèsgraveaccusation ?
127. Ehbien, Qatarconteste ces élémentd se preuveparce que Bahreïnne disposaitpas d'un
systèmehabituel d'archivagependantla premièredécenniedu XX' siècle'35.
128. Le passage pertinent du document de 1938 surlequel se fonde Qatar pour contester
l'authenticitéde l'élémentde preuve se trouve dans votre dossier d'audience sous la cote 46,
page 1133,paragraphe 11. La Cour constatera qu'il s'agit enfait d'une lettre du conseiller du
Gouvernementbahreïnite expliquant auxfonctionnairesbritanniques pourquoiBahreïnne pouvait
pas fournirdavantagede textesd'arrêts au coursde l'arbitragede 1938-1939 :
«Les détails relatifs aux affaires jugées dans les tribunaux bahreïnites
concernant des différendsentre les gens de Hawar au sujet de biens meubles et
immeubles figurentdans la note jointe à la présentelettre. Vous comprendrezque
sous le régime actuel [c'est-à-dire jusqu'après que Charles Belgrave soit devenu
conseiller du Gouvernement de Bahreïn] il n'existait aucun systèmerégulierde
classement ou d'archivage,et une recherche d'affaires anciennesconcernant les îles
Hawara été vaineetn'a produit que deuxjugements datésde 1327et 1328de l'hégire
[1909et 19101.))'~~
129. Voilà les circonstances sur lesquelles Qatar fonde «en tout cas» ses allégations
d'inauthenticité: l'explication donnéepar Bahreïn, en 1938, des raisons pour lesquelles une
recherchemenée dansles archivesdu Gouvernementn'avait permis detrouverque deuxjugements
'"CR2000f8, p.28b. 24dutexte françai,ar.28.
'3Demande reconventionnelledeahreïndans l'arbitree 1938-1939sousla forme d'une leaedressàe
l'agentpolitique britanendatedu 22décembr1 e938. MémoirdeeBahreïn,annex274,vol.5, p. 1133.O 4 7 de cettenature concernant lesîles Hawar. Qatarn'expliquepasdavantagesonraisonnement. Iln'a
pas non plus présentéd'élémentsde preuve sur lesquels on pourrait sérieusement fonder une
allégationd'inauthenticité. Selon Bahreïn, Qatardoit, soit fournir les élémense preuve de son
affirmation, soitla retirer.
130. La troisièmeet dernièresérie d'effectivitésévoquée par Qatar se rapporte, en fait,
l'exercice de pouvoirs judiciaires et quasi-judiciaires par les autoritésde Bahreïn dans les îles
~awar'~'. Qatar se contente d'affirmer que les documentsne prouvent pas ce que Bahreïn dit
qu'ils prouvent:l'autoritéexercéepar Bahrein sur les îles Hawar. Les documentssont devant la
Cour. Il ne semble guère utile que lesParties discutent de ce que les textes disent effectivement.
Je ne parlerai que de la manière dont Qatara traité lepremier document de cette catégorie,qui
illustre lafaçondont il considèrelesautres.l s'agird'un dossierde police datantdu 14avril 1936.
Vous vous souvenezpeut-être que j'en ai déjàparlé. Que signifiece document, selon Bahrein ?
Dans son mémoire, ilécrivait à ce sujet:«Un dossier montre qu'en 1936,la police de Bahreïn a
saisi les tribunauxde Bahreïn d'un violentdifférend concernant depiègesà poissons dans les îles
~awar.))'~~
131.Le document de 1936en questionest adressé parla directionde lapolice autribunalde
Bahreïn. Il décritles faits qui font l'objet du différend,une altercation entre habitants de l'île
Hawar. Le mémode la direction de la police conclut:«Vous ayant ainsi informé,nous vous
transmettonsl'affaire. Hajj Abbas, chef de la police.))
132.La conclusioninitialede Bahreïn,selon laquelleil s'agitd'un dossierde la direction de
sa police saisissantses tribunaux d'un violent différend concernates piègesà poissons dans les
îles Hawar,n'est pas contestée.D'ailleurs,unpost scriptumajouté aubas du mémodu chef de la
police de Bahreïnprécise:
«Lesdeuxparties étaient présenteest nous les avons informées que les zones de
pêchene leur revenaient pascette année.Nous leur avons dit que si elles troublaient
l'ordrepublic, la cour les mettraiten prison, et que si l'uned'elles avaitune demande
à formuler,elledevait la soumettrà la cour, qui l'examinerait.
[Signaturespar empreintes digitales.]
"'CR200018,p.30,par.37.
'jLettredeladirectiondelapoliceadreeutribunaldeBahreïnle 14avril1936,annexe245,vol.5,p. 1070. Sabah binSaqr etRahmabin Rashidal-~osari.))'~~
048 133. Assurément,cela confirme encore davantage le point de vue de Bahreïn sur ce
document.
134. Quant au reste des moyens de preuve de Bahreïn, la seule réponse que Qatar puisse
apparemment donner est qu'à son avis ils «ne méritent guère d'être examinés
Déclarerqu'un élémend te preuve«n'esten réalité absolumen ptas crédible),ommele fait Qatar,
estune affirmationuniquement dictéeparle souci deses intérêts14'.
135. Commela Cour peut leconstater,la réponsede Qatar aux moyens de preuve présentés
par Bahreïn au sujet de son activité dans les îlesHawar pendant que se succédaient plusieurs
générations se réduit à peu près à affirmer effrontément, et à tort, que sur les
quatre-vingtsexemplesde cette activité cités par Bahreïn,ois seulement méritentun examenplus
approfondi'42.
136. Le conseil de Qatar, comme je l'ai déjà indiqué, aparlé de trois exemples du
comportementde Bahreïn, maisen fait il n'en a cité pas moins de vingtlorsqu'ila tentéde réfuter
ces éléments depreuve. Il a en effet mentionné quatraffairessoumises aux tribunauxde Bahreïn,
trois exemples de l'exercicepar Bahreïn d'activités de policeou quasi judiciaires, les migrations
saisonnièresrégulièresdes Dowasir bahreïnites en direction ou en provenance des îles Hawar,
l'existence, depuis des siècles,de deuxvillages bahreïnitessur les îles, la permission accordéeil y
a longtemps par lecadi de Zubarah, l'invitation adresséen 1845parle souverain de Bahreïnaux
Dowasir, les activitésdes Dowasir sur les îles Hawar, la fidélitédes Dowasir à Bahreïn, les
rapports de fonctionnaires britanniques faisantétat,etje cite l'un de ces rapports britanniquestel
quementionnépar Qatar,de «sa souveraineté[celledu souverain de Bahreïn] sur~awan)'~~.
137.Monsieurle président,je pourrais continuerd'énumérelres activitésdeBahreïn dontle
conseilde Qatar n'apas pu éviterdefaire état.Leconseilde Qatar asans doutesesraisonsde dire
qu'iln'y en a quetrois.
13Mémoire deBahreïn,annexe245,vol.5,p. 1070.
''CR 2000/8,p. 33,par.45.
14CR 2000/8,p. 34,par.52.
14CR 2000/8,p.17par.5.
14CR 2000/8,p.17a34. 138. Qatar cherche donc à réfuterdes éléments de preuve bien précisen exposant des
théoriesgénérales fondée sur des extrapolationsde documents que la teneur de ces derniers ne
justifie pas. Les plaidoiriesdu conseilde Qatar sontémailléesd'expressiontselles que, etje cite
O4 9 «il sembledèslors que »'44((end'autrestermes»'45,«il semble que [Bahreïn]ait supposéque»'46,
«ne suggéraitrien de et «iln'estpas concevable,Monsieurleprésident,que»'48.
139.De mêmequ'il qualifie de partialou de corromputout fonctionnairebritanniquequi ne
souscrit pas à l'interprétationdonnéeaujourd'hui par lui et qu'il s'efforce deréfuter,en les
qualifiant d'erronés,tous les documents historiques montrantque ses théoriessont fausses, Qatar
sembleincapablede concevoirqu'ilpourrait setromper,et il écartedoncsans les examinertousles
élémentd se preuve quicontredisentses argumentsenlequalifiantd'inconcevables.
140.Qatar en reste là dans sa tentativede mise en question des éléments dpreuve soumis
par Bahreïn.
LES ELEMENTSDEPREUVEDESEFFECTIVITES DEBAHREINDEPUIS
L' ARBITRAGE BRITANNIQUE DE 1939
141. Monsieur le président, lesdeux Parties ont passé en revueles effectivitésde Bahreïn
dans les îles Hawar depuis la sentence arbitrale britanniquede 1939. Ces activités confirmentle
titre de Bahreïn. Elles ont été minutieusemenett complètement examinées dans les écrituresde
Bahreïn,aussi me bomerai-je maintenant àlesporter àvotre attention. Elles confirment totalement
la souverainetéetlesactes d'autoritde Bahreïnsurles îlesHawar.
CONCLUSION
142. Pour conclure, Monsieur le président, puis-je rappeler à la Cour l'affaire du
Groenlandoriental que sir Elihuaanalyséelasemainepassée.
'" CR 200018,p. 21 [P. 16dutextefrançais],par.15.
14'CR 200018,p.21 [P.17dutextefrançais],par.17.
14'CR 200018,p. 22[P. 18dutextefrançais],par.18.
14'CR 200018,p22 [P. 18dutextefrançais].8.r1
14CR 200018,p. 25 [P.21 dutextefrançais],par.25. 143. Dans cette affaire, comme dans celle qui nous occupe, la partie en possession du
territoirese trouvaitconfrontéela revendicationfondéesur des données conjecturalesd'un voisin
rapacequi ne disposaitd'aucun élémentde preuve réelàl'appuide cetterevendication. En réalité,
dans l'affaire duroenland oriental,la Norvègepouvait faire valoir au moins certainséléments
attestantl'exercice deson autorité,mêmes'ils étaient tous récents.La Cour n'a pas décerdans
cette affaire de prix de consolationla Norvègepour avoir tenté de s'emparerd'une partiedu
territoiredu Danemark avecdes argumentsaussipeu solides.
144. Commeje l'ai indiquéen commençant mon exposé, laquestion du titre sur les îles
Hawarne revientpas à mettre en balanceles élémentsde preuve respectifs étayantles effectivités
des deux Parties. Bahreïn a présenté une grande quantité depièces d'archivespubliques qui
0 5 0 confirment le fait historique que les îles Hawaront, pendant plus de deux cent ans, fait partie de
sontissusocia etpolitiqu Qeatar se retrouve aujourd'hàicourt d'argumentset ne peut fonder sa
revendicationque sur la proximitégéographique, exactement comme lors de l'arbitrageprécédent,
en 1938-1939. Ayant effectivement renoncé à invoquer lesquatre-vingt-deuxfaux, Qatar ne peut
mêmeplus prétendrequ'il yaitjamais eu des effectivitésqatariennesaux îles. Il ne reste dèslors
pour Bahreïnrienà réfuter.
145.Je termineraimesobservations en rappelant l'analyse del'un desjurisconsultes adjoints
du Foreign Office,M. H.G. Darwin, qui figure sous la cote47. Vous trouverez ses observations
manuscritesà la page 4. En 1964,prévoyantla réactivationpar Qatar de sesrevendicationssur les
îles Hawar, M. Darwin a prié leForeign Office d'entreprendreune étudede la question de la
souverainetésur les îles Hawar. Le 13mai 1964, M. Darwin a reçu le document exposant les
résultatsde l'étude, surlequelil a consises conclusions dansles termes suivants
«Il sembleà la lecture de l'étude que Bahreïn peutinvoquer à l'appui de sa
revendication les liens tribaux existant avec les habitants ainsi que des actes
d'administration accomplis par le Gouvernement de Bahreïn alors que le seul
argument que puisse invoquer Qatar est celui de la proximitégéographiquequi dans
l'ensemblen'est pas très solide. [En 1964,lejurisconsulte adjoint concl:Bahreïn
l'emportedèslorshaut la main.»149(Sanslesrenvois.)
146. Monsieur le président, puis-je vous prier de demander à M. Fathi Kemicha de
poursuivre l'exposéde Bahreïn.
14Procès-verbdlu15juin1964duForeignOffice(répleeBahreïn, nnex2,vol.2, p.2). Le PRESIDENT :Merci beaucoup,M. Volterra. 1give the floornow toMr FathiKemicha.
Mr. KEMICHA:
1.Mr. President,Membersof the Court, itisan honour andprivilege formeto appear before
your distinguishedCourttoday on behalfof the Stateof Bahrain.
UTIPOSSZDETIS
2. My task is to set forth the position that theprinciple of the intangibilityof fiontiers, one
formulation of which isthe phrase utipossidetis,should apply to the dispute between the Stateof
Bahrain andthe Stateof Qatar.
051 3. Uti possidetis is the principle that the colonial frontiers inherited by new States on
independencemust be respectedandmaintained as theyare.
4. In itsJudgment of 22 December1986,the Chamber of the Court, formedto deal withthe
case conceming Frontier Dispute (BurkinaFaso/Mali),held that utipossidetis:
"is a general principle, whichis logically connected with the phenomenon of the
obtaining of independence, whereverit occurs. Its obvious purpose is to prevent the
independence and stability of new States being endangered by fiatricidal struggles
provoked by the challenging of frontiers following the withdrawal of the
administeringpower." (I.C.J.Reports1986,p. 565,para. 20.)
5. The only limit to the application of the principle of uti possidetis in the context of
decolonization is that it mustnotinfringethe right of peoples to self-determination,which,asthe
Court recalled in the case concemingEast Timor (Portugalv. Australia), is "oneof the essential
principles of contemporary international law" (I.C.J. Reports 1995,p. 102, para. 29; emphasis
added).
6. There is no such restriction on the application of utipossidetis in the case of the Hawar
Islands. Sofar aswe know,no groupor ethnicminoritylays claimto these islands.
7. Even so, we might have Ourdoubts on hearing Mr. Shankardass,not unmischievously,
quote a letterwrittenby Prideaux,thePoliticalAgent!
8. Inthis letter of 20 March 1909,which has been quoted to the Court on severaloccasions,
CaptainPrideauxnoted, relyingonwhataninhabitantof the islandsupposedlytold him,that: 17.Second,we shall considerthe relationshipsbetweentitle and efectivitésin the context of
utipossidetis as applicableto the Hawar Islands.
18.Bahrain willcontendthat, on the onehand:
- the 1939decision constitutesa title which relies on the previous efectivités,and that on the
other hand:
0 5 3 - the effectivit,ost-1939,confirmthe sametitle constitutedby the Britishdecisionof 1939.
19.Before dealingwith these two questionshowever, we find ourselves obliged,in view of
Qatar's position, to establish the obvious, namely that Bahrainand Qatar are former British
protectoratesandthat, asch,utipossidetis was applicableto themon independence.
1.BAHRAI N ND QATAR ARE FORMERBRITISH PROTECTORATES AND, AS SUCH,
UT1POSSZDETZS WASAPPLICABLETO THEMONINDEPENDENCE
20. Bahrain and Qatar are both States which derive their existence from decolonization,
being former British protectorates which proclaimedtheir independence in 1971 (Bahrain on
15August andQataron 3 September).
21.Thishistoricaltruth, itwould seem,is not acceptedby Qatar.
22. Professor Salmonindeed stated in his oral argument that: "the two Sheikhdomswere
neithercoloniesnorunder a UnitedKingdomprotectorate"(CR200015, p.29,para. 6).
23. If Bahrain and Qatar were neither colonies nor under a protectorate, why did they
proclaim their independencein 19?1
24. We shall show that:
- the declarations of independence of Bahrain and ofQatar established their status as British
protectorates; andthat
- the relative autonomyin domestic matters enjoyedby Bahrain and Qatar didnot in any way
affecttheir statusasprotected States.
25. Withthe seeds of doubt in my mind, 1took good care to consultBahrain's proclamation
of independencedated 15August 1971,constitutedby an exchange of lettersbetween the British
PoliticalResidentand the Ruler of Bahrain. 26. This agreementconcemingthe termination of specialtreaty relationswas registered with
the United Nations on 10February 1972,on the initiative of the UnitedKingdom [this document
appearsin thejudges' foldersasNo. 481.
27. The first letterconstitutingthis agreementwas addressedby the PoliticalResident tothe
Ruler.
054 28. Allow me, Mr. President, to read out an extract fromthis letter (Dr. Kemicha read outa
translationintoFrenchprovided by the United Nations).
"1have the honour to refer to the discussionswhich have taken place between
Your Highness and myself conceming the termination ofthe special treaty relations
between the United Kingdom of Great Britain and NorthemIreland and the State of
Bahrainand its Dependenciesand to the desire of Your Highness'sGovemment that
the Stateof Bahrain should resumefull intemational responsibilityas a sovereign and
independentState." (Emphasisadded).
Wenote thatthewordingof the Englishoriginal, alsoshownonthe screen,is:
"thatthe Stateof Bahrain shouldresumefull internationalresponsibilityas a sovereign
and independent State" (emphasis added)[«de voir llEtatde Bahreïnassumerune
entière responsabilité, sur le plan international en tant qulEtat souverain et
indépendant))].
29. To returnnow to the text of theletter:
"On behalfof the Govemmentof theUnitedKingdom1nowpropose that:
(1) The special treaty relations between the United Kingdom and the State of
Bahrain, which are inconsistent with full international responsibility as a
sovereignand independentState,shallterminatewith effectfromtoday's date.
(2) Theexclusive agreementsof 22 December1880 and of13March1892 and al1
other agreements, engagements, undertakings and arrangements between the
United Kingdom and the State of Bahrain flowing from the special treaty
relations between the two States shallteminate with effect from the sarne date."
(United NationsTreaty Series,1972,No. 11586; emphasisadded.)
30. The reply by the Ruler of Bahrain confirminghis Govemment'sassent is appendedto the
31. The exchange of letters of 3 September of the same year, 1971, between the Ruler of
Qatar and Great Britainwas framed in almost exactly thesameterms [thisexchangeappearsin the
judges'foldersas No. 491. 32. As in the agreementconcluded with Bahrain, the British PoliticalResidentaddressed a
letterto the Ruler of Qatar. Allow me,Mr. President, toread out a brief extract fromthis letter,at
the risk of repeatingmyselfDr.Kemichaagainreadout aFrenchtranslation):
"1have the honourto refer to the discussionswhich have taken place between
Your Highness and myself conceming the termination ofthe special treatyrelations
between the United Kingdom of Great Britain and NorthemIreland and the State of
Qatar [thereis no mention of dependencieshere] and tothe desire of Your Highness's
Govemment that the State of Qatarshould resumefull intemationalresponsibilityas a
sovereignand independent State."
Theoriginal Englishwordingis:
055 "that the State of Qatar shouldresume full international responsibilityas a sovereign
and independent State" (emphasis added)[((de voir 1'Etatde Qatar reprendre les
pleines responsabilitésinternationaleesntantqulEtatsouverainet indépendant))].
33. To continuewiththe text:
"Thefollowingconclusionswerereached inthe courseof these discussions:
(1) The special treaty relationsbetween the UnitedKingdom and the Stateof Qatar,
which are inconsistent with full intemational responsibilityas a sovereign and
independent State,shallterminatewitheffectfromtoday's date.
(2) The General Treaty of the 3rd ofNovember 1916 and the treaties and
engagements which the State of Qatar accepted thereunder and al1 other
agreements, engagements,undertakings and arrangements between the United
Kingdomandthe State of Qatarflowing from thespecialtreaty relations between
the two Statesshall terminatewith effect from thesame date." (UnitedNations
Treaty Series, 1972,No. 11811 .)
34. In tum, the Ruler of Qatar confirmed to the Political Resident that "the proposals
contained in [your note] accurately representthe agreement reached during my discussions with
you".
35. It appearsthus, and on reading these two letters, that until the proclamation of their
independencein 1971Bahrainand Qatarwere Britishprotectorates.
36. Should howeverany doubt remain, examinationofthe legal instrumentsreferred tointhe
exchanges of letters betweenBahrain and Qatar on the one hand and the United Kingdom on the
other would alone sufficeto establishthe subordinationof thesetwo Stateentitiesto the protecting
State. 37. The Treatiesof 22 December 1880and of 13March 1892in respect of Bahrain andthe
Treatyof 3 November 1916 in respect ofQatarhave been includedin thejudges'folders [Nos.50,
51and 521. We shallreturn to them later.
38. Admittedly, the nature and extent of the powers of the protecting State are open to
discussion. Are the protecting State's prerogatives limited to international representor do
they,on the contrary,encompassthe managementof domesticaffairsand the exercise of territorial
jurisdiction?
39. It will be shown that the relative autonomy enjoyedby Bahrain and Qatar prior to the
proclamation oftheirindependencehas no effecton their statusasprotected States.
A. The relative interna1autonomy ofBahrain and Qatar has no effect on
their status as protected States
40. The Permanent Courtof International Justicehad occasion to examine the protectorate
régime inits Advisory Opinionof 7 February 1923regarding the NationalityDecrees issuedin
TunisandMorocco(Frenchzone).
41.The Courtpointed out that:
"The extent of the powers of a protecting Statein the temtory of a protected
State depends, first, upon the Treaties between the protecting State and the protected
State establishingthe Protectorate, and, secondly,upon the conditionsunderwhich the
Protectorate has been recognised by third Powers as against whom there is an
intention to rely on the provisions of these Treaties. In spite of common features
possessed by Protectorates under international law, they have individual legal
characteristicsresulting from the special conditionsunder which they were created,
and the stage of their development." (Advisory Opinion, 1923, P.C.I. Sen.,sB,
No. 4,p. 27.)
42. ProfessorSalmon sawfit to remark:
"True, the United Kingdom had a monopoly on the exercise of both States'
foreign relations,but it did not have the power to dispose of their rights of territorial
sovereignty without theirconsent" (CR 2000/5, p. 29, para. 6; emphasis in the
original).
,
43. This assertiontends to createthe impression thatthe two States enjoyed a wide measure
of intemal autonomy,such as to precludethemfrom being colonies.
44. One isboundto pointoutthat iftherewas autonomy, itcan only have been quiterelative.
45. Inthe caseconcerningLighthousesinCreteandSamos,the PermanentCourtobservedin
itsJudgrnentof 8November 1937that: "Notwithstanding its autonomy, Crete had not ceased to be a part of the
Ottoman Empire. Even though the Sultan had been obliged to accept important
restrictions on the exercise of hishts of sovereigntyin Crete, that sovereigntyhad
not ceased to belong to him, however it might be qualt)3edfrom ajuridical point of
view." (P.C.I.J.SeriesA/B No. 71, p. 103; emphasisadded.)
46. Qatar hasunwittinglygivenus a clear indication of thekind of linkswhich Great Britain
maintainedwith the two Sheikhdoms. Itis containedin an annex to Qatar'sReply, which appears
inthejudges'folders(No.53).
47. The document in question, which to Qatar is of cartographical interest,is a note dated
5 January 1933 drawnup by a Foreign Office official,Rendel,in which he describesas followsthe
statusofthe Gulf Statescoveredby specialtreatyrelations:
057
"The other Persian Gulf States have a peculiar status, since, while they are
technically sovereign and independent principalities, they are in special treaty
relationswithHisMajesty's Govemment,withthe resultthat they arepracticallyin the
position of protected States. Generally speaking under these treaties the States
concemed undertake not to cede any of their temtory except to His Majesty's
Govemment, not to have any negotiations with, or to receive the representatives of
any foreign power other than His Majesty'sGovemment and not to give any oil,
pearling or sponge-fishing concessions without thepermission of His Majesty's
Govemment; who, in retum, undertake to give themprotection ..." (Reply ofQatar,
Ann.111.41V , ol.3,p. 246-247.)
48. Professor Salmon himself has givenus the best illustration of this description of the
situationinhis most recentstatementon maritimedelimitation.
49. His aim at that point was to demonstrate the role of the United Kingdom in the
apportionmentof oilconcessions:
"the oil companies'operations were subject to twofold control by His Majesty's
Govemment. First, any concessiongranted by the two States concemed had to be
approved in principle by His Majesty's Government by virtueof the agreements
referredto earlierentered into witheachsheikhdom (third conditionof the Agreement
of 13March 1892 between Bahrain and the United Kingdom and ArticleIV of the
Treatyof 3 November1916 between Qatarand the UnitedKingdom). Second- and
this is what was new- the concessionaires themselves hadto enter into 'political'
agreements (accords ((politiques)))with His Majesty'sGovemment which imposed
upon them safeareaswhere drillingor exploitationcouldbe undertaken only with the
authorizationofthatGovemment." (CR2000/10,p. 29,para. 15; emphasisadded.)
50.What do thesetwo articlesreferredto by ProfessorSalmonsay?
51. The third condition of the Agreement of 13March 1892, which you will find in the
judges'folders(No.5 l), is an undertakingby theSheikhof Bahrain,and reads as follows: "That1will on no account cede,sell, mortgageor otherwise givefor occupation
any part of my temtory Saveto the British." [((Enaucuncas nous ne céderons,ne
vendrons,n'hypothéquerons, nn ie remettronspour occupation à un titre quelconque
aucunepartie de notre territoire,sauf au Gouvernementbritannique.))] [Translation
by theRegistry.]
52. In regard to Article IV of the Treaty of 3 November1916 between Qatar and Great
Britain (which appears in thejudges' foldersas No. 52), it contains the following undertakingby
ShaikhAbdullahbin Jasim bin Thani:
"neither will1,without such consent, cede to any other Power or its subjects, land
either on lease, sale, transfer, gift, or in any other way whatsoever". [((sansun tel
consentement,je ne céderaipas nonplus de terres à aucuneautrepuissanceni à ses
sujets, que cesoit en lesflermant,en les vendant,en les transférant,en les donnant
ou de touteautre manière)).][Translationby theRegistry.]
53. Thus the situationwe now haveisthe doctrinalone,namelythat:
"Temtorial jurisdiction may itself belong to a State in a space which is not
properly speakingits own and overwhich it has no temtorial 'title"'(J. Cambacau and
S. Sur, Droit international public, 3rd edition, Montchrestien, 1997, p. 395).
[Translationby theRegistry.]
54. The relationship which existeduntil 1971 betweenBahrain and Qataron the one hand
and Great Britain on the other is indisputably a relationship between aprotecting State and a
protected State,ofa kind which existedinAfiica and Asiaduringthe last century.
55. With so many elements before our eyes which demonstratethat a colonial situation
existed, we cannot help wondering whether Ouropponents themselves believein the fiction that
"thetwoSheikhdomswere neithercoloniesnorundera UnitedKingdomprotectorate".
56. This does not seem to be so in the case of ProfessorDavid, who,in the course of a
sentence, referred to the position of "even... the protecting Power,i.e., Britain"(CR 200019,
p. 25,para. 55; emphasisadded).
57. In whatever manner the nature of these "specialties" is characterized, it cannotbe
claimed that Bahrain and Qatar possessed at that time the full, exclusive intemal and external
powerswhich are theattributesof sovereignty.
58. In denyingthe fact of colonial status, Qatar'ssoleaim is to place obstaclesin the way of
the applicationofutipossidetis. 59. 1trust 1have thus re-established the historicaltruth. If you will permit, Mr.President, let
us get back to theheart of the matter, namely the applicationof uti possidetis to the dispute
betweenBahrain and Qatar.
II. THEGENERALSCOPEOFTHEPRINCIPLEOF UTIPOSSIDETISANDITSAPPLICABILITY
TOTHEDISPUTE BETWEEN BAHRAI NND QATAR
60. Mr. President,
61.Membersof the Court,
62. It is undeniable in the present day that utipossidetis is a rule applicable to States which
derive their existence from decolonizationwherever it occurs,and regardless of whether it stems
fromone or more colonialPowers.
63. 1thinkshould remind you that theChamberof the Court explicitly gave this principle
universalscope by describing it, in its Judgrnentof 22 December 1986in the case conceming the
Frontier Dispute (BurkinaFaso/Republicof Mali), as "a general principle, which is logically
O 5 9
connected with the phenomenon of the obtaining of independence, wherever it occurs".J.
Reports1986,p. 565,para. 20).
64.Utipossidetis,in Ouropinion,isfullyapplicableinthis disputebetweentwo Stateswhich
derivetheir existence fromhavingbeen Britishcolonies.
65. In the light of Qatar's silence, wenow need to examine two arguments which will
inevitablyberaised bythose opposedto asolution based onutipossidetis.
66. First, in their view, this principle is nothing more than a customary rule of regional
scope. We shall showthe contraryto be the case.
A. Utipossidetis is a ruleof universal scopeandapplicable,inthepresent case,
to Bahrainand Qatar
67. Although Latin American in origin, utipossidetisfound recognitionlater in Afiica, and
in particular was embodied in the resolution adoptedat thet session of the Conference of
AfricanHeads of Statein Cairoin 1964. The Conferenceproclaimed thefollowing: "Considering further that the borders of Afiican States, on the day of their
independence, constitutea tangible realit... [the Conference of Afiican Heads of
State] solemnly declares that al1 Member States pledge themselves to respect the
fiontiers existingon their achievement of national independence."(AGH Res. 16(1)
of 21July 1964.)
68. The attachmentof the Afncan continent to the intangibilityof frontiers was reaffimed
again quite recently at the last Summitof the Heads ofAfrican States,held at Algiers between 12
and 14July 1999.
69.The pnnciple of utipossidetis has also beenappliedin situationswhere a federal Stateis
dismantled.
70. The Arbitration Commission of thePeace Conference on Yugoslavia, for exarnple,
considered that: "the pnnciple of uti possidetisjuris...though initially recognized in settling
decolonization issues in America and Afiica, is today a general principle." (Opinion No.3,
11January 1992,RGDIP1992,p. 268.) [TranslationbytheRegistry.]
71.The Commission,underthe presidencyof Mr. Badinter,wasalsostronglyof the view,in
the caseof Yugoslavia, that:
8 6 0
"exceptwhere otherwiseagreed,the formerboundariesbecome frontiersprotectedby
intemationallawin accordancewith thepnnciple ofutipossidetisjuris"; andthat "the
alterationof existing frontiersor boundariesby forceis not capableof producing any
legal effect" (Opinion No. 3, 11January 1992, RGDIP 1992, pp. 268-269).
[TranslationbytheRegistry.]
72. Although recoursehasbeenhad to thisprincipleinvarious partsof the world,as wehave
just pointed out, there are those who continue to try to limit the sphere of application of uti
possidetisto LatinAmenca.
73. Their main argumentconsistsin anunwonted attachment tothe Latin American originof
the pnnciple.
74. Some believe they have confirmation of their view in the Court's Judgment of
11September 1992 in the case conceming the Land,Island and Maritime Frontier Dispute
(ElSalvador/Honduras).
75.Thepassagein questionreads as follows: 76. "There can be no doubt about the importanceof the utipossidetisjuris principle as one
whichhas, in general, resultedin certain and stablefrontiersthroughout mostof Central and South
America." (I.C.J.Reports 1992,para. 41,p. 386.)
77. No one would denythat this principlehas enjoyedthe greatestacceptancein this part of
the world, which, as the Court rightlyStatesin that Judgment of 1992,has shown, and 1quote, a
"firmand consistent attachment ...to the principleof the utipossidetisjuris" (I.C.J.Reports1992,
p. 569,para. 355).
78. Furthermore, it is hardly necessary to point out that, although mentioning the
Spanish-Arnericanrepublics, the Chamber made fiequent reference in its 1992 Judgment to its
predecessorinthe BurkinaFaso/RepublicofMalicaseof 1986.
79. Moreover, the Court had no need to reaffirm the universality of the principle,having
already done so in eloquent fashion, precisely in its Judgment of 22December 1986in the case
conceming the Frontier Dispute (BurkinaFaso/Republicof Mali), in which it pronounced its now
celebrateddictum:
"The fact that the new Afiican States have respected the administrative
boundaries and fiontiers establishedby the colonialpowersmust beseennot as a mere
practice contributing to the gradua1 emergence of a principle of customary
intemational law, limited in its impact to the African continent as it had previously
061 been to Spanish America, but asthe applicationinAfrica of a rule of generalscope"
(I.C.J. Reports1986,p. 565,para. 21; emphasis added).
80. There is accordingly no obstacle,inOurview, to the applicationof utipossidetisto two
Arab Stateswhich came into existenceupon decolonization.
81.The principle remains one ofgeneral scope. The Arabworldis no exception.
82. The other argument which wemust nowrefute is thatwhich contendsthat utipossidetis
is amatter of treaty law.
83. We believe quite the opposite.
B. Utipossidetis is a principleof customarylaw applicablein the absenceof anytreaty
provisionsto the contrary
84. Those who would characterizeutipossidetisas a rule of treaty law alone considerthat
theprinciple applies onlyin sofar as theparties accept itin orderto determinetheir frontiers. 85. The best illustrationof this, forthose who hold fastto this view, is the very existenceof
treatieswhich departfromthe principleof utipossidetis in determiningfiontiers.
86. We cannot accept this reasoning since, as one author so rightly stated in a recent,
well-sourcedwork:
"Theexistenceof many treaties which drawthe fiontiersconcernedby applying
cnteria otherthan the pnnciple of utipossidetis reflectsthe doctrineof the fieewill of
the Partiesand not necessarilya rejection of the principle. To sumup, utipossidetis is
merely a non-peremptoryrule, which Statesmay replaceby other rules." (MarceloG.
Kohen, Possession contestéeet souveraineté territoriale, PUF 1997, p. 453.)
[TranslationbytheRegist~y.]
87. Utipossidetis thus constitutesa customarynom of internationallaw, non-peremptoryin
nature, which is applied in the absence of any countervailing will on the part of the parties
concemed.
88.If the frontiershavebeen delimitedby treaty, recourseto utipossidetis willbe pointless.
89. This was so in the case concerning the territorialdispute between Chad and Libya, in
whichthe Court,in its Judgrnentof3 February 1994,held thatthere wasno need forthe Court:
"to explorematters which havebeen discussedat lengthbefore it such as the principle
of utipossidetis and the applicability of the Declaration adoptedby the Organization
of Afiican Unity at Cairo in 1964" (Territorial Dispute (Libyan Arab
JamahiriyaKhad),Judgment,I.C.J.Reports1994,p. 38,para. 75),
since
"The 1955 Treaty completely deterrninedthe boundary between Libya and
Chad." (I.C.J.Reports1994,p. 40, para. 76.)
90. Thus there is nothing to prevent the States concernedfiom agreeing to depart from the
principle of uti possidetis and to determine their respective boundariesby means of different
noms: however, so long as they have not done so, the application of utipossidetis remains the
91.An explicitagreementis thereforerequired for anymodificationof a territorial situation
resultingfromutipossidetis.
92. Therehasnever been any suchagreementbetweenBahrainandQatar.
93. Having thus set forththe reasonsforwhichwe believeit appropriateto disregardthe two
argumentsagainstthe applicationof utipossidetis in the casebeforeyou,1wouldnow iike, 94. Mr.President, Membersof the Court, to invite you to consider, in a third and last part,
the relationships betweenthetitle and the effectivin the context ofutipossidetis asapplicableto
the disputebetweenBahrainand Qatar.
111.THE RELATIONSHIPS BETWEEN THE TITLE ANT DHEEFFECTZVZTES INTHECONTEXTOF
UTZPOSSZDETZA SS APPLICABLETOTHE HAWAR ISLANDS
95. Bahrain respectfully invites the Court to consider the legal relationship between the
effectivitéand thetitle onwhichthe implementationofutipossidetis is grounded.
96. The Chamberof the Court, formed todeal with the case conceming the frontierdispute
between Burkina Faso and the Republic of Mali, adopted an approach which consisted in
distinguishingbetween severalsituations,whichitdescribedin its Judgmentof 22 December1986.
97. The passage in question appearson the screen in front of you, this time in itsirety:
allow meto re-read it:
- "Where the act corresponds exactly to law, whereeffective administration is
additional to the utipossidetisjuris, the only role ofeffectivitéis to confirm the
exerciseof the right derivedfroma legaltitle."
- "Where the act does not correspondto the law, where the temtory which is the
subject of the dispute is effectively adrninistered bya State other than the one
possessingthe legaltitle, preference shouldbe givento the holderof the title."
063 - "In the event that the effectivitédoes not CO-existwith any legal title, it must
invariablybe takeninto consideration."
- "Finally,there are caseswherethe legaltitle is not capable ofshowing exactly the
territorial expanse to which it relates. Theeffectivitéscan then play an essential
role in showing how the title is interpreted in practice." (Frontier Dispute
(Burkina Faso/Republic of Mali), Judgment, I.C.J. Reports 1986, pp. 586-587,
para. 63.)
98. Were weto applythese fourhypotheses,as a test, to the twoStates claiming sovereignty
over the Hawar Islands, we wouldrapidly acknowledge thefact that of the two States, Bahrainis
the one which bothholds a legally valid title and, at the same time, is able to claim the effective
exercise of sovereignty over thetemtory concemed.
99. Of the four situations described,only therst would appear to apply to Ourcase, and 1
will onceagainreadthe correspondingparagraph:
"[where]effective administrationis additional to theutipossidetis juris, the only role
of effectivitéis to confirm the exercise of the right derived from a legal title"
(I.C.J.Reports 1986,p. 586, para.63). 100. What we have here is an ideal situation in which the facts match the law exactly:
precisely the case of Bahrein's sovereignty over the Hawar Islands, where an effective
administration quitenaturally confirms alegaltitle.
101. Effectivitécomes into play here only in order to confirm the exercise of the right
denved from a legaltitle.
102.Allow me at this juncture respectfullyto draw the Court'sattentionto the fact that the
efictivités Bahrain relies on today, which have just been set forth by my colleague,
Robert Volterra,aredistinguishedby theirpermanency.
103. To a large extent they pre-date the 1939 decision and even constituted the basis on
which sovereignty over the Hawar Islands was awarded to Bahrain under the British decisionof
1939.
104.1shallnow establishthat, on the onehand:
- the 1939decisionconstitutesatitlebased onprevious effectivitésa ,nd thatonthe otherhand;
- the efectivitiés,post-1939, confirmthe sametitle constitutedby the Britishdecisionof 1939.
064 A. The1939decisionconstitutesatitle whichis basedon prioreffectivités
105. My friend and colleague, Professor MichaelReisman,has explained to youBahrain's
position that the decision of 11July 1939is definitely a title on which Bahrainbases its claimto
sovereigntyovertheHawar Islands.
106. Itis of little importance whether this decision was an arbitral award or a political
decisionor even anadministrativeone. Whatwehave here is a legaltitle.
107.It is important to rememberthe importanceof titleinthenotion of utipossidetis itself.
108. The Chamber of the Court observed in its 1986 Judgrnent that "the first aspect,
emphasized by the Latin genitivejuris, is found in the pre-eminence accorded to legal title over
effective possessionas a basis ofovereig~". It went on to Say:
"However, there is more to the principle of utipossidetis than this particular
aspect. The essence of the principle lies in its primary aim ofsecuringrespectfor the
temtorial boundaries at the moment when independenceis achieved." (I.C.J.Reports
1986,p. 566,para. 23.) 109. Within the fiamework of uti possidetis juris, and thus of a boundary inherited from
colonization,the titlerelied on mayerive froman earlierarbitration,as intheLaguna delDesierto
case between Argentina and Chile (RGDIP 1996- 2, pp. 520-597); and it may also derive from
legislation establishingtheboundaries between different administrativeentities belonging to the
samecolonial empire(caseconcemingFrontier Dispute,op. cit.,p. 568).
110. Whatever its legal nature, the 1939 decision is indisputably an integral part of the
colonial legacy.
111. This decision, it must be remembered, was taken on the basis of effectivitéswhose
existencehad been demonstratedby Bahrain in connection with arbitration proceedings instituted
by Qatar.
112. Turning now to the effectivitésrecorded by Bahrain after 1939, Qatar has done its
utmost to deny them any legal validity. We believe just the opposite: that the post-1939
effectivitéconfirm thelegaltitle whichis constitutedby the Britishdecisionof 1939.
a;6 5, B. Thepost-1939effectivc otnfrm the legaltitle constitutedby the
British decision of 1939
113.Bahrain hasin fact demonstratedthat the effectivitésubsequent tothe British decision
have merely lent supportto thetitle confirmedby the 1939decision.
114. The independence gained in 1971 integrated this decision into an all-embracing
unity- precisely,utipossidetis.
115. We are aware that in regard to uti possidetis, argument exists about the status of
post-colonial effectivités.
116. The Chamber of the Court, in its Judgrnent of 11September 1992 in the
El Salvador/Honduras case, settled this argument by according these post-colonial effectivités a
confirmatoryeffect.
117. It first expressed the view that its predecessor in the Burkinao/Republic of Mali
case of 1986 "hadpost-colonial effectivitésalso in mind" (I.C.J. Reports 1992, p. 398, para.61;
emphasis added).
118.The Chamberlaterconsidered that: "[Tlheeffective possessionby oneof the Gulf States of any island of the Gulf
[this was obviously the Gulf of Fonseca] could constitute an eflectivité,though a
post-colonial one, throwing light on the contemporary appreciation of the legal
situation. Possessionbackedby the exercise of sovereignty maybe taken as evidence
confimting the uti possidetis juris title." (I.C.J. Reports 1992, p. 566, para. 347;
emphasis added.)
119.This is precisely the situationinOurown case: a State,Bahrain,upon the proclamation
of its independence,inherits an utipossidetis of which an integralpart is a decision taken by the
colonial authorityexplicitly recognizingBahrain'ssovereignty overthe Hawar Islands on the basis
ofproven, established effectivités.
120. Since the effectivitésrelied on by Bahrain cover both the colonial period and the
post-colonial period,the 1939Britishdecisionformspart of an unbrokensequence ofeffectivités
and is based on more than 60years of continuous,prolonged,peaceful and efective exerciseof
Statefunctions bytheState ofBahrain.
121.Mr.President,
122.Membersof the Court,
066 123. 1 should like in conclusion to point out that the rejection of the principle of uti
possidetis cannot do other than favou the "clean slate" principle; and this cannot do other than
provokethe temptationto alterfiontiersby force.
124. We are al1aware that the "cleanslate" principle was implemented in.the region when
Iraq decided on 8August 1990tooccupyKuwait.
125. We for Ourpart are convincedthat the Arab Gulf States,far fiom subscribing to the
"cleanslate" principle,are more than everattachedto the principle ofthe intangibilityand stability
of fiontiers.
126. In this context,1should likeyou to ponderthis dicturnof the Chamberof the Courtin
its1986Judgment:
"the maintenance of the temtorial status quo in Afiica is often seen as the wisest
course, to preserve what has been achievedby peoples who have struggled for their
independence, and to avoid a disruption which would depnve the continent of the
gains achieved by much sacrifice. The essential requirementof stability in order to
survive, to develop and graduallyto consolidate their independencein al1fields, has
induced Afiican Statesjudiciously to consent to the respectingof colonial fiontiers."
(I.C.J. Reports1986,p. 567, para.25; emphasisadded.) 127. We have no reason to believe that this "essentialrequirementof stability in order to
survive, to develop and gradually to consolidatetheir independence"referred to by the Court
cannotbe sharedby al1the GulfArab States,includingthe Stateof Qatar.
128.1 can assure you thatBahrain,for its part,wishes fornothingmore than to liveinpeace,
shelteredfrom any threat, within boundaries founded oninternational law, boundaries which we
are confidentthe Court will endowwith its augustauthority.
129.1thusreachthe conclusionof mypresentation. It only remainsto me to expressto you,
130. Mr. President, Members of the Court, my warm and sincere appreciation of your
patience andyourindulgence.
131. To end, 1 hope the Court will be kind enough, at its convenience, to cal1 on
Sir Elihu Lauterpacht.
0.6 7 The PRESIDENT: Thank you, Maître Kemicha. This brings to an end Our sitting this
morning. TheCourt will resumethis afiemoonat 3p.m. The Courtis adjourned.
TheCourtroseat 1 p.m.
Translation