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CR 93/18 (traduction)
CR 93/18 (translation)

Vendredi18 juin 1993
Friday 18 June 1993.0
r 1 O-. Le PRESIDENT : Veuillez vous asseoir je donne la paroleà
-- -
sir IanSinclair.

Sir Ian SINCLAIR :M. Condorelli a examin hier le règlemend te 1935

C
et la période quil'a suivi. Il a également analysé les dispositions

pertinentes du traitéde paix avecl'Italiede 1947. Ma tâche cematin

serade retracer l'historiquede la question à une époque plus récent en

donnantun aperçu des délibératiod ns la commissiondes

quatre puissances e n948-1949et des divers débatsà l'ONUqui ont

abouti à l'adoption de la résolution 39(2V) de l'Assembléegénérale.

J'en profiterai pou fairele pointde la situation concernan la

frontière telle qu'ellese présentait à la datecritique. Enfin,je

voudrais faire quelques observations au s dejetllégations selon

lesquelles la conduite antérieureà 1951peut constituer un acquiescement

à une frontièrequi aurait liéla Libye lors de son accession à

l'indépendance.

Ma tâcheest simplifiée par le faitque, dansmon premier exposé

devant la Cour mardi derni aursujet de l'interprétatid onl'article 3

du traité de 1955j ,'ai examinéles travauxde la commission des

quatre puissances e 1n948-1949et les débats consacré par l'ONUà la

question libyenne e 1n950-1951.Je n'y reviendraidonc pas en détail.

La Course souviendra, bien sûr que l'occupation militaire des

confinsLibye-Tchad et même du Fezzan par la Frances'estpoursuivie

de 1943 à la finde 1956, lorsqueles militaires
françaisont évacué le

Fezzan. C'estla raisonpour laquelleon n'a exercé sur la Franc que

peu ou pas de pressionpour l'inciter à définirou délimiter celled se

ses frontières avec le territoirelibyenquine l'avaient pas encore

été. A la date de l'indépendancd ee la Libyeen 1951, la Francen'avait

pas l'intentiod ne quitterle Fezzanet moins encore les confins

Libye-Tchad.Ainsi,du pointde vue de la France, la questio de savoir - s'il existaitune frontière méridionalseéparant la Libydee l'Afrique

équatoriale française et, da l'affirmative,quel en étaitle tracé,
...
étaitd'une importance mineure e, du pointde vue de la Libye, la
1 1
questionne se posait pasde façonimmédiate étand tonnéle maintiende

la présencedes forcesfrançaises au Fezzan même aprè s'accessionde la

Libyeà l'indépendance.

Le faitque lesquatre puissance n'aientpu s'entendre sur le sort

définitifde la Libyeconformément à l'article23 du traitéde paix avec

l'Italiesignifiait, commn eous le savons, que la question libyenne

devait être soumiseà l'Assembléegénéraledes NationsUniesà la finde

1948. A cetteépoque,les avisétaient profondémen dtivisés au sujet de

l'avenirde la Libye. La Grande-Bretagne étah itstileà toute

propositionqui accorderaità l'Italiela tutelle sur un territoire

occupépar lestribus Senousse in raisond'unepromesseexpressequ'avait

faiteaux Senoussi le8 janvier 1942celuiqui étaitalors le secrétaire

aux affairesétrangèresde Grande-Bretagne. Les Gouvernements

britanniqueet françaisavaientde sérieuses réserves au suj det

l'octroià bref délaide l'indépendanc e la Libyeen raisondes doutes

qui existaient quant son autosuffisancéeconomique.Par ailleurs,

l'opinion libyennéetaitnettement enfaveurde l'indépendance complète

d'uneLibyeunie.

La questionlibyennefut finalement déférée à une autre

sous-commissiodne la premièrecommission, appelée lsous-commissio1n7.

Celle-ciprésentason rapport le lernovembre1949. Le document

recommandait qulea Libye soitconstituéeen un Etat indépendanet

souverainet que cetteindépendance prenne eff dèts que possiblet au

plus tardle ler janvier1952. Ce fut la basde la résolution 289(IV)

de l'Assemblée généraldu 21novembre1949. 11 convient de noteq rue la

France s'est abstenue vdetersur l'ensemblede la résolution maisa -- déclaréqu'elleacceptaitle verdictde l'ONUet s'est engagée à apporter

toutel'assistancerequise en vuede son application.La section C de la

résolution289 (IV)de l'Assembléegénéraleportaitsur la question des

frontièresde la Libyeet invitaitla commission intérimaid re
. .
l'Assemblée généraleà examinerla procédureà adopter pour délimiterles
, 1 2
_-- frontières des anciennescolonies italiennespour autant qu'ellesne se

trouvent pas déjà fixép esr des arrangementsinternationauxe,t à

présenterà la cinquième session ordinai rel'Assemblée généraleun

rapport accompagnd ée conclusions.

Les Partiess'accordent à reconnaîtreque la première mesure prise

par la commissionintérimaire fudte demander au Secrétarid atfaire

exécuterune étude, les membred se la commission avouant leur ignorance

des diverses questions encauseen matièrede frontières.L'étudedu

Secrétariat du27 janvier1950 (pièce no 62jointe au mémoire de la

Libye)est un document capital danl'affairequinous occupe. Dans

l'introductionà l'étude,il est dit à justetitreque c'est à la

commission intérimair elle-mêmequ'il appartiendte décidersi des

frontières déterminées so" ntéjàfixéespar des arrangements

internationaux". L'étupasseensuite à l'examendes "accords

internationauexxistantsen ce qui concerneles frontières des anciennes w

coloniesitaliennes".Des cartesschématiques étaientjointesà titre

d'illustration, don l'uneconcernait les frontièresde la Libye. Je

n'ai pas besoinde reproduire cette cars tehématique, que la Coaurra

déjàvue et qui est la carteno 6 du dossier desjuges.

C'estévidemment au sujetde la frontièreméridionalede la Libye

que l'étudedu Secrétariat dénotlea plusgrande incertitude,et nous

savonspourquoi. Le traitéde Romede 1935entrel'Italieet la France

avait établi,pour la premièrefois, une frontière conventionne llere

Toummoet la frontière soudanaise. Cette frontière avaitté reproduite surun certain nombrede cartes- britanniques,italiennes et

françaises- au coursde la période1935-1938. Jusqu'àla fin de 1938,

on s'attendait généralementà ce que letraitéde 1935 soit ratifipéar

les deuxparties,mais cette attentene s'estévidemment pas matérialisée

pour les raisons données hieprarM. Condorelli.

L'étudedu Secrétariat résumai aussi lescinq questionsqui avaient

été soulevées au sujet desfrontières, dondteux concernaienla Libye.

Il s'agissait de la questionde la frontière entrea Libyeet ltEgypte,

et de la questionde la frontière méridionalde la Libye.

Au sujetde la frontière méridional de la Libye,l'étudefait

observerce qui suit :

"Onne saitpas exactemend tans quelle mesure cette
frontièrea été délimitée.La Commission intérimair aura
besoinde renseignements complémentaires pour pouvoir
déterminersi lafrontière est fixée, au sensde la résolution
de l'Assembléegénérale[c'est-à-dirl ea résolution 289(IV)de
l'Assemblée]et, dans la négative, poé urudierla procédurede

délimitation."

L'incertitudequi persistait ains i'a pas étédissipéepar les

événements ultérieurs. J'ai déjàpasséen revue, dans mon exposéde

mardidernierdevant laCour, lesévénements ultérieurs qui ont conduità

l'adoption de la résolutio392 (V) de l'Assemblée.

Je voudrais simplement rappel que,à la séancetenuele

13 décembre 1950par la commission politiqs ueéciale,le représentandte

la France (M.Naudy)a précisé clairemen àttoutesles délégationq sue la

demandefrançaise de modification dela frontièreLibye/Algériedans la

régionde Ghat et Gerdelesétaitune demande de rectificationde la

frontière qui sortait duchamp d'applicatiodu projetde résolution.La

Cour constatera évidemme qute,à ce stade,la délégationfrançaise ne

souleva aucune questio au sujetdu tracéde la ligne frontièr entre

Ghadamèset Ghat. Celaallait être faitplus tard - lorsdes derniers- mois de 1955 après la signatud re traitéde 1955 et, commn eous le

savons, ilen résultal'échange de lettresentrela Franceet la Libyedu

26 décembre1956.

Ce fut à cette même séancdee la commission politique spécia due

13 décembre1950que M. Naudyintervint pour rectifierle renseignement

erroné communiqué par la Franceà la commissiondes quatrepuissances au

sujetde la base juridiqud ee ce qui constituait,selonles allégations

de la France,la frontière sud de la Libye. M, Naudya postulé

l'existence d'une frontièreà l'estde Toummo dans l'accord

franco-italied nu lernovembre 1902 :

"Aux termesde l'accordde 1902,la frontière dont il
s'agitétaitla frontière de la Tripolitaine indiqup éer la
carte annexéeà la déclaratiod nu 21 mars 1899, additionnelàle
la conventionfranco-britanniqu deu 14 juin 1898. Cette
déclaration additionnela leétécomplétée par une convention
franco-britannique supplémenta sirgnée le8 septembre 1919
ainsi quepar une déclaration franco-britanniqu du
21 janvier1924 relative à un protocoledu 10 janvierde la
même année. C'estdonc l'ensemble des textes qui viennent
d'êtrecitésqui règleactuellement la matière."

Il arriverarementqu'unedéclaration qui est censée être destiné àe

corrigerdes erreurset tirer au clail ra situation réussiss àesusciter

tantde confusionsupplémentaire.Car,à l'évidence, "la frontièrede la

Tripolitaine"n'étaitrien deplus qu'une limite théorique; il n'y avait
r
pas de carte jointeà la déclaration additionnel due21 mars 1899et la

prétendue"frontière de la Tripolitaine" n'avait rienà voir avecla

lignesud-estindiquéeà l'article3 de la déclaration additionnelle

de 1899. M. Sohiera déjà amplementdémontrétoutcela cettesemaine.

Le Tchadvoudrait fairc eroireà la Courque ladéclaration

rectificative deM. Naudydevant la commission politique spécia ale

remédié àtous les défautd se l'explicationfrançaise. Or, comment cela

se pourrait-il? Commentpourrait-on identifier la "frontièrede la

Tripolitaine" théoriqueà la lignesud-estdéfinieà l'article3 de la

déclaration additionneld le1899 ? Comment pourrait-on plausiblement - -
soutenirqu'unefrontièreinternationalo epposableà la Libye soit

résultéedu mélanged'instruments conventionnm elstionnépar

M. Naudy ? Comment un accordconclu en 1902entrela Franceet l'Italie

pourrait-ilobligerle successeur de l'Italie,au bout d'environ

cinquanteans, à accepterune lignefrontière présentée commeissue

notammentd'uneconvention franco-britanniqu de 1919 ? Ce sont là des

questionssans fin, rienne saurait comblelres lacunesde

l'argumentation. On peutpeut-êtreadmirerl'ingéniosité et, pourrait-on

dire,le panache avec lesquel on tented'édifierune argumentation

logiquementsatisfaisantepour établir qule'article3 du traitéde 1955

confirmel'existence d'unefrontière entrlea Libyeet le Tchad à l'est

de Toummoau sens dela lignede 1919. Mais cet effort esvtoué à

l'échec. Le châteaude cartes commenc àe s'effondredès le premier coup

de vent. Il en fautdavantage, pour étayerla première théori eu Tchad,

qu'unesimple répétitiod n'argumentdont les failles son irrémédiables.

Nous arrivonsainsià la résolution392 (V). Commentle Tchad

répond-il,commentpeut-ilrépondre àla questionde savoir ce que

signifie la mention, dalns résolution392 (V),des parties de la

frontièrede la Libyeavecles territoires françaisqui ne se trouvent

pas déjà délimitéepsar des arrangementinternationaux? Eh bien, le

Tchad ditque letextede la résolution 392 (V)ne stipulepas

expressémentque lafrontière sudde la Libyen'a pas étédélimitée.

Selonle Tchad,la résolution s'abstientde déclarer dans quellmeesure
< 16
-
la frontièreentre laLibyeet les possessions françaisesd'Afriqueest

ou n'estpas délimitée(réplique du Tchad,par. 5.19). Même si l'on

admetque celasoit vrai en principe, commen te Tchadpeut-il,par ses

explications,se déroberdevant le fait qu e'Assembléegénéralea

expressémentdécidéqu'il existaitune partiede la frontière dela

Libyeavec les territoiresfrançais(certesune partienon précisée) qui -. ne se trouvait pas délimitée par des arrangements internat ionaux

Commentle Tchadpeut-ilcontester que cette partineon préciséede la

frontièrede la Libye doiveêtrela frontièreà l'estde Toummo ?

La résolution392 (V)est un autreinstrument clé dansl'histoire du

présentdifférend. Elle a sans aucun doutefaitcroire que, lordse

l'accessionde la Libye àl'indépendancei ,l s'ensuivraides pourparlers

sur le fondentrela Franceet la Libyepour régler et même délimitc ers

partiesde la frontièrelibyenneavec les possessions françaises qui

n'avaientpas encoreété délimitées par des arrangements internationaux

et, en particulier,la frontièrede la Libyeavec ce qui constitue

maintenantle Tchad.

Il s'agità l'évidenced'un aspect surprenandte l'affaireque la

France ait voté,à l'bssembléegénérale, en faveur de la

résolution392 (V). Malgré les argumentdu Tchad dansses exposés

écrits, malgréles protestationsde la Francequi allégua, juste aprè la

signaturedu traitéde 1955,que tous les problèmes frontalier entre

elle-même etla Libyeavaient été résolus, la Francea admis, en 1950,

qu'ilexistaitune partiede la frontière de la Libye avec les

possessions françaisqesi ne se trouvaitpas déjàdélimitée.

J'aborde maintenan la deuxièmepartiede monexposéde ce matin,

qui estconsacrée à un résumé dela situationfrontalièreà la date

critique,c'est-à-direle 24 décembre1951. J'affronte ici un problème

de premierordre. Commentuis-jeexpliqueren quoi consiste, selon la

Libye, le statu quofrontalier à cette date,c'est-à-direl'absencede

frontièreconventionnelldeans le secteur de la frontière libyenne
- -
compris entre Toumm et la frontièredu Soudan ? Dans sa plaidoirie
... - 17
d'hier,M. Condorelli a profitéde l'occasion pourprésenteret expliquer

devant vous toutu ene sériede cartes italiennes publiépesr le

ministèredes affairesétrangères italienà partirde 1906. Je n'ai aucunement l'intentid on répéterla démonstratiodne M. Condorelli.En

particulier,je m'abstiendraide montrerde nouveau les cartei staliennes

de 1906, 1912, 1926, 193 et 1939. En revanche, la carte italienne

de 1941, publiéepar le ministèreitaliendes affaires étrangère cette

année-làapparaîtmaintenantsur l'écran. Je vous le montre, car il

s'agitde la carteitalienne la plusproche,du pointde vue

chronologiqued,e la date critiquedu 24 décembre1951. On le voit,la

cartede 1941n'indique aucunf erontièrà l'estde Toummo. Comme

M. Condorellil'a démontréde façonsi convaincante, aucune carte

officielle publiée entre1906et 1951, sauf la cart ee 1937,sur

laquellefigurait la ligne de 1935n,'indiquaitune ligneà l'estde

Toummo.

M. Condorelli a aussi analysé l'incid dentla carte scolaire
18
italienne".Je ne voudrais ajouteq ru'une seule observation au sudjeet

cet incident. La Course souviendra qulee mémorandum del'ambassadede

France à Romedu 12 décembre1930,qui se plaignaitpolimentde la

représentatiodne la totalitédu Tibestien couleurverte,contenaitla

phrasesuivante :

"Siune ligne trèsnettede démarcation ne sépare les
territoiresfrançaiset italiens quejusqulàToummo, l'identité
de couleur(verte)entre laLibyeet les territoires à l'estet

au sud-estde Toummo,qualifiés :Tibesti,tend à fairecroire
que cettedernièrerégionest comprisedans la zone
italienne." (MémoireldaeLibye,"Archives italiennes",
annexe,p. 93.)

L'observationsupplémentairqeue je voudrais présenter,'estque

cet extraitdu mémorandumde l'ambassadede Francedu 12 décembre 1930

partnaturellement de l'hypothèsequ'uneligne de démarcatio très

précisene sépare lesterritoires françai et italien quejusqu'à

Toummo. Cela contredic tertestout à fait la thèsfrançaise selon

laquelle,en 1930, unedélimitation précis avait étéeffectuéejusqu'à

la frontièredu Soudan. - La Libye invoque lestermesde la résolution 392 (V) de 1'~ssemblée

générale, car ilisndiquenten quoi consistail te statu quofrontalier

à la date critique. Cette résolution, adoptée juste pd lusn an avant

la date critique,postulaitelleaussi qu'ilexistaitune partie de la

frontièrede la Libye avec les territoires françq aisne se trouvait

pas déjà délimitéepar des arrangementsinternationaux. La résolution

n'avaitpas déterminé expressémentquelle était cette partim e,is la

conclusion suivant s'impose : la partiede la frontièrede la Libyequi

n'avaitpas été ainsi délimitééetaitla frontière entre Toumm et la

frontièredu Soudan.

Il y a un autrefacteur -je l'aidéjà brièvement évoqu -éen raison

duquelil est assez difficild ee présentersous forme visuellela

situation frontalière,à la date critiquee,ntrela Libyeet ce qui est

maintenantle Tchad. A cette date les forces françaises occupaient, en
19
fait,non seulement les confins, maa isssile Fezzan. Il n'étaitdonc

pas alors nécessair d'établirune distinction tranche éetrele

territoire soumis a pouvoiradministratif d'un Eta et le territoire

soumis aupouvoir administratd ifun autre. C'étaitles militaires

françaisqui constituaien tes forcesd'occupationde factodans les

confinset aussi auFezzan.

La "photographied "e la situationà la date critiqueest donc, selon

toutes les apparences, up neotographiedu pouvoirmilitairefrançais

de facto surla totalitédu territoire maintenan en litigeentrela

Libyeet le Tchad. Cependant, cettpehotographiene représente pasavec

exactitude la situation frontalir èreelle.

La situationfrontalière réelledoit exprimer l'absend ce toute

frontière convenueentre laFranceet l'Italiesusceptible d'êtredevenue

obligatoire pour la Libye,pour la partiede la frontière située entre

Toummoet la frontière du Soudan. En d'autrestermes,on se servirait d'unemétaphore pluslumineuseen l'occurrence si on tentaitd'obtenir

une "radiographie" plutô qu'unesimpleimage àdeux dimensions.

J'en viens maintenantà la troisièmepartiede mon exposéde ce

matin. Il a pourobjet la questiod ne savoirsi la conduited'unEtat

quelconqueavant l'accessio ne la Libyeà l'indépendanceen 1951a pu

avoir pour effet l'établissement,l'estde Toummo,d'unefrontière qui

serait,ou aurait été opposableà la Libye. Le Tchad s'estefforcéde

soutenir notamment qula Francea réussià consolider son titresur les

confinslitigieuxparceque l'Italiea acquiescé à la lignede 1919 et

l'a reconnue comme larontière séparan ta Libyede l'Afrique

équatorialefrançaise. La Libyeaffirmequ'un argument de ce genreest

tout à fait indéfendable en dro et, detoutemanière,contredit par les

faits.

Commençonspar analyserle pointde droit. En principe, la Libye

n'a rien à direà la proposition selo naquelle l'acquiesceme peut

confirmer une frontière revendiquéoe,même parfaire un titre revendiqué

sur un territoire.Dans cette perspective l,a Libyeprendraità son

comptel'analysesuivantefaitepar la Chambre de la Couren l'affaire du

Golfe du Maine :

"La Chambre constate etoutcas que les notions

d'acquiescemenett d'estoppel,quel quesoit le statutque
leurréservele droit international, découl enutes deux des
principesfondamen.taude la bonnefoi et de l'équité. Elles
procèdentcependant de raisonnementsuridiques différents,
l'acquiescemenétquivalantà une reconnaissancteacite
manifestéepar un comportement unilatérqale l'autrepartie
peut interpréter commun consentement; l'estoppel étant par
contre liéà l'idéede forclusion. D'aprèsune certaine façon
de voir, laforclusion serait d'ailleu l'aspectprocédural et
l'estoppell'aspectde fonddu mêmeprincipe."
(C.I.J.Recueil 1984,p. 305,par. 130.)

Si, en vérité,l'acquiescement équivaut une reconnaissanc eacite

manifestéepar une conduite unilatérale ql ueautrepartiepeut

interpréter comm en consentement, alorisl devient trèdifficile de

voir comment,avantmême d'accéder à l'indépendance,la Libyeaurait pu --
"reconnaîtretacitement1'par sa "conduiteunilatérale",la frontière

dont le Tchadprétendqu'elleexistait à l'estde Toummo. La Libyefera

valoirqu'endroit les notiond s'acquiescemenett d'estoppelne peuvent

être invoquées que lorsquelEtatdont la conduiteest en questionest

celui-làmême qui estcenséavoiracceptéune certaine situatio onu être

empêché juridiquemen de nierune certaineconclusion.Autrement dit, il

ne peuty avoirde succession d'Etatspour ce qui concerneune conduite

susceptiblede justifier uneexceptiond'acquiescemenotu d'estoppel.

Les raisonsqu'ily a de limiter ainsile champd'application

opérationneldes notionsd'acquiescemenotu d'estoppelsont évidentes.

En premier lieu,le principede la bonnefoi dont, comme la Coul'a

indiqué, dérivent les notio d'acquiescemenettd'estoppel, prévoit

qu'unEtat successeun re doit pas avoir supporter lesconséquences

négativesde la conduitede 1'Etatqui l'a précédé. En deuxième lieu,
-.
les notions mêmeds'acquiescementet d'estoppel présupposeqnte la
2 1
conduite donton soutientqu'elleconstitue un acquiescementou qu'ellea

entraînéun estoppelest la conduitede 1'Etatdéfendeuren l'espèce,

et non pas la conduited'un autreEtat. En troisièmelieu, dansla

mesure où les notiond'acquiescemenett d'estoppelreflètentl'intérêt

généralde la communautéinternationalqeui estde décourager les Etats

de souffleralternativement l ehaudet le froiddans certainesaffaires,

ellesne sauraients'appliquer lorsque1'Etatqui a souffléle chaud à un

momentn'estpas celui-làmême qui a soufflé le froid, dans la même

affaireà un autremoment. A cela,nous pouvonsajouterl'argument

suivant. Un traité frontalieerntredeuxEtats voisins est destinéà

créer des droitrséels. Mais laconduitevis-à-visd'un autre Etat,

fût-ceune conduitesusceptibled'êtreprésentéecomme marquant

l'acquiescementàune certaineligne comme ligne frontalièn re,saurait

guère créer des droitréels. En revanche,elle peut,et c'estde fait. - ce qui se produitsouvent, créera,vecl'autreEtat, un lien suffisant

pourjustifier une exceptid onacquiescemeno tu d'estoppelsi,

ultérieurement,dans uneprocédure entrl ees deuxEtats,la conduite est

invoquée commeayantdonné naissance à une croyancesur laquellel'autre

Etat s'estfondé. Mais unetelleexception n'est,selonla Libye,

recevablequ'interpartes - autrement ditdans les relationsentre

1'Etatayant, par sa conduite,donné naissanceà cette croyanceet 1'Etat

en faveurde qui ellea été créée.

Nous savons que l'argumentde l'acquiescemendtont le Tchadse

prévaut,pour autant qu'ilse rapporte àune conduite antérieur àela

date critique, repose sur'acquiescemene tt la reconnaissance tacipter

l'Italiedu titrefrançaissur lesconfinset, par conséquent, de la

ligne ditede 1919 comme frontière entlrae Libyeet ce qui est

aujourd'huile Tchad. Mais par quel tourde passe-passe la conduitede

l'Italieentre1900et 1951peut-elleêtre imputée à une Libye

indépendante?

Naturellement, il est bien établien droit- et la Libyene le

conteste pas- que la Franceet l'Italieauraientpu conclure un traité

qui aurait fixé lafrontière entrlea Libyeet ce qui estaujourd'hui le

Tchad,et que cette frontièrsee serait alorsimposéeipsojure à la

Libye, aumomentde son accession à l'indépendance.C'est, en effet,

exactementce qui se seraitproduitsi la France et l'Italieavaient

échangéles instrumentsde ratificationdu traitéde 1935, carla ligne

viséepar ledittraité aurait alorsconstituéla frontière entrela Libye

et ce qui deviendrait plusardle Tchad. Mais cela ne s'estpas

produit. Or c'estune choseque d'appliquer un principe reconndue droit

international prévoyaunte successiond'Etatsen ce qui concerne les

frontières établiepar traité,et c'enest une autre, bien différente,

que d'imputer à un Etatnouvellement indépenda ntconduitede la puissance colonial eui la précédé pouraffirmerqu'elleinstitue une

frontièrepar acquiescement. La conduitequi peutjustifierune

exceptiond'acquiescemend toit,de l'avisde la Libye,être la conduite

particulièrede 1'Etatdont on soutientqu'ila acquiescéà une situation

considérée.Or, comme la Cour le sait il ne peut yavoirde succession

-de succession automatiqu -een cequi concerne les droitpsersonnels.

Cela est confirmé pal r'importancedonnéeà la connaissancd ees

faits par1'Etatdont on soutientqu'ila acquiescéaux droits ou titre

revendiqués par l'autErteat. Un élémentdéterminant, dans toute

exceptiond'acquiescemente ,st que1'Etatconcerné auraid tû avoir

connaissancedes droits oudu titre revendiqués. La Cour se rappellera

que dansl'arrêtqu'ellea rendu dansl'affairedes Pêcheries

(Royaume-Unic. Norvège),elle anotamment invoqu" élanotoriétédes

faits"commeconstituant un facteurqui pouvait prouver l'acceptatp iorn

du Royaume-Uni du système norvégien deslignes droitesde base

(C.I.J.Recueil 1951,p. 139). De même, laCourse rappellera que,

dans le droit des traités,la connaissancd ees faitsest présentéecomme

une exigenceessentielle dans touteexception d'acquiescement.C'est

ainsi quel'article 45 de la convention de Viens ner le droitdes

traités stipule, dan ssa partie pertinente:

"UnEtatne peutplus invoqueu rne causede nullité d'un
traité ouun motif d'ymettrefin,de s'en retirer ou d'en
suspendrel'application en verd tus articles46 à 50 ou des
articles 60 et62 si, après avoir eu connaissan des faits,
cet Etat :

doit, à raison desa conduite, être considéc rémme ayant
acquiescé, selolne cas, à la validitédu traitéou àson
maintien envigueur ou en application."

Dans la présente affairec,omment pourrait-o affirmerqu'avantmême

d'accéderà l'indépendance, la Liby aurait euconnaissance des faitsqui

permettraientde dire que l'Italieauraitacquiescéà la ligne ditede 1919 commeconstituant la frontière entrlea Libyeet ce qui est

aujourd'hui le Tchad? Même s'ily a une place,en droit international,

pourune connaissance établie pd aérduction(paroppositionà une

connaissance directe),la chargen'en incombe pas moins au Tchad

d'établirque la Libyeétait effectivemen itnforméede la revendication

de titrepar les Français (et,plus tard, parles Tchadiens),ainsi que

de la ligne frontièrperéciseque leTchad défend aujourd'hui.Maisnous

savonsqu'à la fin de 1951,la connaissancd eirecte quela Libyeavaitde

l'histoire complexede sa prétendue frontière sud était extrêmement

limitéeet reposait, pour l'essentiel,sur l'étudedes frontièresétablie

par le Secrétariatde .l'ONU,n janvier 1950. Cette étudede frontières,

lue conjointement ave ca résolution392 (V)de l'Assembléegénérale,

auraitassurément donné lesentiment quela frontière sud de la Libye

restait à délimiterpar voiede négociation entrlea Franceet la Libye.

Par conséquent,sur un plan strictemenjuridique, la Libyeestime

que laconduitede l'Italieavant1951ne peut êtrevalablement imputéeà

la Libyepour affirmer qu'elledoit êtreprésuméeavoir acquiesc é la

lignede 1919 comme constituant la frontière entre Lilbyeet ce qui est

aujourd'huile Tchad.

Quoi qu'ilen soit,commeje l'aidéjà indiqué,l'argument du Tchad,

dans la mesure oiùl estfondésur la thèsed'un acquiescement de

l'Italieavant1951 en ce quiconcernela lignede 1919,est

complètement indéfendab duepointde vue des faits. En réalité,il est

quelque peudifficiled'extraire des pièces écritedsu Tchad lesraisons

sur lesquelleesst fondée cette affirmati o'un acquiescemen te

l'Italie. C'esttoutun richemélanged'arguments qui estavancé.

Chacund'eux,sans exception, est sans fondement, comme ialété plus que

largementdémontré dans lepsaragraphes4.73 à 4.149du contre-mémoirdee

la Libye,complétés par les paragraphe6.42 à 6.66de la répliquede laLibye. Ainsi,il n'y a aucune substanc eans lesaffirmations du Tchad

selon lesquelles, en vertu des accordfsranco-italiendse 1900et 1902 :

a) l'Italieavait reconnu une zoned'influence français s'étendant

jusqu'àla frontière tripolitaine;

b) l'Italieavait accepté la lignesud-estde 1899 qui est indiqué seur

la cartenon jointeen annexe;

C) l'Italieavait accepté la frontière tripolitaine e;

d) l'Italieavait renoncé aux droits de l'Empireottoman.

Ensuitenous avonscet argument avanc déans le contre-mémoireu

Tchad : quellequ'aitpu êtrela situationen conséquence de l'accord

franco-italied ne 1902- dit le Tchad -, l'Italieavaitde toute manière

renoncé définitivementà son droitd'invoquer les prétentions ottomanes

par voie de successioe nn se fondantexclusivementsur l'article13 du

traitéde Londresde 1915et sur ses protestations contr la convention

franco-britanniqu de 1919 en négociant avela France ausujetde la

frontière méridional dee laLibyeentre1920 et 1934. La faiblesse de

cet argument saute auxyeux. Invoqueurne disposition conventionnelle

particulière comm bease pourdes négociationsn'impliqueen aucune façon

l'abandond'autresraisons d'affirme urn titreterritorial.Comme

M. Cahierl'a plus que largement démontré,ei st de toute manière

incontestable que l'Italien'a jamaisfait preuve d'aucune inclinatio àn

renoncer à son héritageottoman. Je feraisimplement observe que, dans

le cadredes négociations de 193a 4vec la Grande-Bretagne, pe aremple,

l'Italies'estexpressément fondé sur son héritageottomancomme

fournissant la base juridique dsea revendicationsur leterritoire

comprisdans le trianglede Sarra(voirle mémoirede la Libye,

par. 5.291). Il est d'autrepart clairement prouvq éu'aucoursdes

discussions entre l'ambassadeurBeaumarchaiset Mussolinien 1928 *
et 1929, Mussolinia expressément invoql ués droits territoriaux

concernant la Libye quel'Italieavaithéritésde l'Empireottoman(voir

lesnotes del'ambassadeur Beaumarchais concernal nt séancedu

31 mai 1929, reproduitesen tantqu'annexecomplémentaireno 5.4 à la

répliquede la Libye).

Le Tchad invoque aussie quel'onappellel'incident de "Jef-Jef",

survenuen 1938, commemontrantque l'Italieacceptait la revendication

de souverainetéde la Francesur la dénomméebanded'Aouzouet

reconnaissaitla lignede 1919comme une frontière à unmomentoù l'une

et l'autre parties savaient qula frontièredu traitéde 1935ne

deviendrait paseffective. M. Condorellia déjàmis au jour toutes les

failleset inexactituded se la manière donle Tchadrend comptede cet

incidenttrès mineur, de sorteque je n'ai pas besoin de revenir

là-dessus.

Enfin,nous avons lesallégations répétée du Tchad selonlesquelles

l'Italieet à vrai dire la Libyedoiventêtreconsidérées comme ayant

acquiescé àla frontière revendiqup éer le Tchadétantdonné queni

l'Italieni la Libyen'ontréagi,que ce soit à l'organisatiodnes

Nations Uniesou en dehors del'organisation, deval nts déclarationpsar

lesquelles,entre 1949 et 1952,la Franceavaitaffirmé ouclairement

laisséentendre que la frontière méridiod nalea Libyeavec le

territoirefrançaiscorrespondait à la lignede 1919. C'estdans le

chapitreV du mémoiredu Tchad (par. 97-104q)ue ces allégations sont

formuléesavec le plusde force. La vérité toute simpleest qu'elles

sont manifestement ma fondées. En premier lieu, elles procèdd ent

l'hypothèseque la France,au cours des débatqsui se sont déroulés

l'organisation deNsationsUnies sur la questio des frontièresde la

2 6 Libye, avait avancé unpositionclaireet cohérente au sujetdu tracéde
- - - la frontière méridionalde la Libyeà l'estde Toummo. Or cette

hypothèse, comme la Libl yea déjà démontré,estmal avisée. Les pièces

écrites démontrenitndubitablement qules représentant de la France à

la commissiondes Quatre,au comité desDix-sept et à la commission #

politique spéciale avaie ntsans aucun doutàe la suitedes instructions

séried'erreursflagrantes lorsqu'ils
reçuesde Paris - commisune

avaient exposéla positionde la Francesur les frontièred se la Libye.
. .
Ce n'est pas seulement ql ue France avait fourn ies renseignements
27
erronésà la commissiondes Quatre,puis à l'Assembléegénérale, quantà

l'existenced'un protocole franco-itali signéen 1924; elle avaia tussi
w
répétéà l'Assembléegénérale l'affirmatie ontièrementfausse selon

laquelle une cartéetaitjointe en annex e la déclarationadditionnelle

franco-britanniqudee 1899. En outre, la Francperésentaitune version

totalementtrompeusede la portée géographiqu et de l'effet juridique de

l'accordfranco-italied ne 1902. Certes, le représentantde la Franceà

la commissionpolitiquespécialeavait cherché à corriger les

informations fausseantérieurement fourniessa ujetdu mythique

protocolefranco-italied ne 1924; maisce faisantil avaitréussià

répéterquelques-unes des autres déclarationserronées. En conséquence,

la prémisse sur laquelle T lehad fondeses griefs relatifs au xrétendus

silencesde l'Italieet de la Libyeau cours des débats dl e'ONU -à

savoir que la Franc avait énoncé clairemee ntsans équivoquesa

positionsur la frontière méridionalede la Libye- est faussée à la base.

Même s'iln'en était pas ainsi,l'argumentdu Tchadn'auraitencore

pas de quoipersuader. Le Tchadsemblepenser qu'entr1 e948et la fin

de 1951, la place qu'occupaient'Italieet la Libyeaux Nations Unies

étaitéquivalente à cellede la France. Or, à l'époque,comme

aujourd'huiévidemment, la FranceétaitMembrepermanentdu Conseilde sécurité,jouissantdes privilèges et du prestige qus'attachentà cette

qualité. L'Italin'étaitmême pas Membrdee l'organisatiodnes

NationsUnies. Elle étaitun Etat ex-ennemi, pour évoquerles termes

employésà l'ONU. Peut-être jouissait-el lestatutd'observateur et

avait-ellele droitde participerà des débatsaux NationsUnies. Mais

il fautse rappelerqu'elleavait étéforcée, àcette époque,en vertude

l'article23 du traitéde paixavec l'Italiede 1947, derenoncerà tous

droitset titres concernant les anciennes possessions territoriales

italiennesd'Afrique,y comprisla Libye. Ainsila délégation des

observateurs italiens New Yorkne voyait-ellenullement lanécessité de

contesterles déclarations faitepar les Françaisau sujetde la

2 8 frontière méridionalde laLibye. Sans aucun doute,cettenécessité
-
n'était nullement ressent duepointde vue de laprotectiondes intérêts

italiens. Et lorsquele Tchadse plaintdes silences, allégué par lui,

des représentantdse la Libye,il est encoremoinsconvainquant.Car

évidemment,entre1948et 1951,la Libyeétaitencoresoumise à

l'occupationet à l'administratiomilitairesétrangères.Ainsielle

n'était pas,et n'auraitpas pu être,directement représentée

New York. Ellen'étaitdonc pasen mesurede contesterles déclarations

de la France. C'estpeut-êtrepour cette raisonque le Tchadessaiede

se fondersur les prétendussilencesdu commissairedes Nations Unies

pour la Libyedans lespremieret deuxième rapports adress par celui-ci

à l'Assemblée généraldes Nations Unies e1n950 et 1951respectivement.

La raisonpour laquelleon devrait accorder lmoindre importanceà ces

rapportsdans le présent contextn'apparaîtpas clairement,étantdonné

que le Tchad reconnaîtuvertementque "lesquestionsde frontières

n'entraient padsans lecadredu mandatdu commissaire"(mémoiredu

Tchad,chap. V, p. 229,par. 87).-. Monsieurle Président, Messieurs les Membr desla Cour, iln'y a

donc aucune substance dal nsunquelconque des argumentsdu Tchad selon

lesquels la conduit des Italiens oudes Libyens avant la réalisati den

l'indépendancdee la Libyeen 1951a pu,comme suite à l'acquiescemend te

l'uneou l'autrede ces Puissances, abouti àrla fixation d'unefrontière

à l'estde Toummoentrela Libyeet ce qui estmaintenantle Tchad. Les

arguments sont imaginati ets ingénieux.Cependant, quandon lesmet à

l'épreuvedes faitset du droit, ilscommencent à se fissureret

finalement se désintègrent.Ils font penser à ce "grandspectacle

insubstantielq "ui, comme Shakespean reus le rappelledans La tempête,

se dissipe ensuitee ,n ne laissantderrière lui"mêmepas un nuage".

Monsieur le Président, Messieu lesMembresde la Cour,je vous

remercie beaucoud pe votreattention.M. Cahier va maintenan ptasseren

revue les relation sntrela Libyeet le Tchad à partirde l'année

soixante.

Le PRESIDENT :Je vous remercie. Je donnela parole àM. Cahier.

Mr. CAHIER: Mr. President, Membero sf the Court,thepurposeof my

statementtodayis to examinehow far the relations between Libyaand

Chad,from the timeof the latter's independenc can eitherconfirmOur

thesisthat therehas beenno boundarydelimitation or castnew lighton

the issueplacedbeforethe Court.

It is doubtlessno intention of mine to underestimate whatas done

duringthe colonialperiodand saidon the subject, but it seemsto me

that theway in which thesetwonew Statesassumedtheirheritage is al1

the more worthyof consideration sincetheyare directly concerned.

Theirconductis thereforean importantfactorwhen it comesto settling

the territorial disput submittedto you. Our honourable opponent have sought,wrongly,to examine the

relations between thtwo States Partiesto the present disputien the

lightof acquiescence. Accordingto them,on the onehand we have Libya,

which, faced with what is supposeto be a clear legal situation not

only remainssilentbut also is incapabl of expressingits claims

precisely; and thenwe have Chadwhich,on the contrary, is unwavering

in its conduct.

The truthis differentand less categorical.By carryingits

argumentation ont0 this terrainChadhas takenthe riskof seeing its

thesisreboundupon it, for if there is any inconsistenciyn the conduct

of the Parties,it is to be foundon the side of Chad and not Libya.

Let us forthwithdismissthree arguments develope by Chad in its

pleadings. Accordingo the first(MC,pp. 320-321; CMC,pp. 147

et seq.), if Libyahad claimsto the disputed zone,it should have

indicated themat the time of Chad'saccessionto independence and

admissionto the UnitedNations. As we have said and repeated, the
--.
accessionto independence of a new Stateis an occasion forrejoicingand
3 0
---
not for pickingquarrels. This is particularlyso whenit happensin the

African continentw,hichhas suffered so much from colonialism.To

criticizeLibya todayfor its attitude in 1960is singularlyungraceful.

True, Chadhas citedin its pleadings (CMC p,p. 155 etseq.) casesof

States having adopte dconverse attitude, bui tt has been incapable of

provingthe existence of a legal obligationto lodgean objectionat such

a time.

The second argumentadvanced byChad is that in the periodfrom

1960,the dateof Chad'sindependence, to 1966 Libyaought to have

asserted its claimssince it couldnot be unawareof the presenceof Chad

in the disputedregion. But what Chadpresencein the zone in question? The truthis that

what presence therweas inthe zoneat thattimewas French.

Under the 1960defence agreemen tetween Franceand Chad,French

troopsstayedon there. Chad'sindependence barelc yhangedthe

situation. For Libya, which, as we have seen,had not fared towell

with Franceandwhichwas a Young,scarcely developeS dtate,-therecould

be no questionof raisingits voice. So Chad tellsus, inits Reply

(p. 104,para. 4.30),that:

"a sovereignStatemust act in a responsiblweay; if it has
claimsitself,it must act accordingly and put them forward".

Act in a responsiblweay. Let us pausean instant over these

terms. WhileLibyain the 1960s was nodoubt asovereign Stated ,id

it for al1 that possesthemeansto act in a responsible way? With

thehandful ofjuristsavailableat thenationallevel,as described

to us by Mr. Maghur,did itreallyhave the resourcesto examinean

exceedingly complex legal situatio That inadequacyof resources

is acknowledged byFrancesince,as the Courtwill recall, when

explaining to Parliamentthe reason forthe delayin negotiatingthe

1956 Treaty, the FrenchSecretaryof State forForeignAffairssaid:

"Itwas in June thatOur expertswere meant to go to
Tripoli. What happened? What happenwas ... thatLibyahad
no expert,that it had to look for onin Switzerland andthat,
at the eleventhhour,that expert happenedto be unavailable."
(Translatedby Registryfrom RL, p. 269.)

In truth, independenc is not a magiccondition enabling States

overnightto becomefully self-reliant to acquire economics,ocialand

cultural development to be comparable,in short,at the timeof acceding

to independence,to Statesthathave been sovereigf nor centuries.

Independenceis but a greatopendoor leading out to a longroad thatthe

new Statemust travel, in most instances slowland with difficulty. Chad knows a thingor two aboutthis since it had on several

occasionsto cal1 in foreigntroops. So why is Libyachidedfor its

ignoranceof a highly complex casdatingback to 1899?

Let us moreovernot forget that foLribya,in any event, the 1955

Treaty had notdelimited the southernboundary, so that theissue

remainedopen sinceit couldonly be clearedup followingan examination

of the legalsituation. Without proprersources such an examinatiowas

bound to take time, and indeed aist gradually becammore familiarwith

the case Libya wasto specify itsclaims.

Chad'sthirdargument concernt she Accordon neighbourly relations

As we have had
and friendshipconcludedwith Libyaon 2 March 1966.

occasionto say in Our Memorial (ML,pp. 416-420),while that Accorduses

the term "frontière",it givesno definitionof the word; it does not

even referto Article 3of the 1955 Treatyof neighbourly relations
..
3 3 betweenFranceand Libya. Therewere no boundary negotiationi sn 1966,
- -
either before or afterthe conclusionof the Treaty.

The 1966Treaty hadan entirely practical purpose. In the absence

of a boundary delimitation therewas a needto allocatelaw-enforcement

tasksto the two countriesin specific regionsoverwhich rights were

uncertain,and to facilitatetravelfor the localpopulations.

In 1966,troublesbrokeout in Chad that ledto the establishment of

the "Frontde libération nationalt echadien"(Frolinat). Accordingto

the Memorialof Chad (p. 34, para.77):

"As from 1968,the central GovernmenitnChad,led atthe
time by FrançoisTombalbaye,lost controlof a substantialpart
of the B.E.T. In particular, arevoltby the Aozounomadic
guards,in March 1968,led to the permanentevacuationof the
outpostby the national Armyof Chad,which beganin September
of the sameyear."

Chadhas highlightedthe statementof its representative at

the twenty-sixthsessionof the UnitedNations General Assemblyon

6 October1971 (MC,pp. 323-324). One maywell wonderwhy. For if onereads it carefully,it can be seen to be essentially concernewith an

alleged instance of Libyaninterferencein Chad'sinternalaffairs,

claimedto have takenthe formof assistanceto the forcesof Frolinat

and aLibyandemandthat Chad break off its diplomatic relationsith

Israel.

None of that concernsLibya'ssouthernboundary. The representative

of Chadneverthelessalso accusedLibya ofharbouringexpansionist

intentions,as evidenced,in his view,by a roadmap printedand sold in

Italythat shiftedthe boundaryto Chad'sdetriment.

Let us leave asidethe replyof the Libyanrepresentative regarding
v
interferencein Chad'sinternal affairs(RL,pp. 281 and 282); the reply

and theissue are scarcelr yelevantto the settlementof Our dispute. As

to the map, 1 ask you, Gentlemen,how a touristmap, printed and solidn

Italywhat is more, couldconcernLibya. Its representative thus rightly

statedthat "sucha map in no way determinesthe bordersbetweenOur

countries." (Unite Nations,Officia1Recordsof the General Assembly,

Twenty-Sixth Session,Plenary Meetings,1963rdMeeting,12 October1971,

para. 208.)

And we are told today thatLibyahad a fine opportunity ther eo

argue its legal positio on the boundarybetweenthe two countries. But v

why that day at the Assembly? Therewas notthe slightest debate on

boundaries,but only amap of Italian origin forwhich Libya had

absolutelyno responsibility.

On the other hand,what is strangeis that duringthatmeetingthe

representativeof Chad did not alludeto theLibyanpresencein the

region. For whileit was only from1973 onwardsthat an administration

was established there,Chad, in a letterof 21 March 1983to the Security Council(Supplement S/15649),statedthatLibyantroops had already been

therein 1971. Therefore,if that Stateconsidered that the regionwas

under its sovereignty, how is it possiblethat it lodgedno protest?

But let us leaveasidethatyear 1971.

The year 1972 is distinctly moreinteresting. It was the year of

PresidentTombalbaye's letterand theconclusion ofa Treaty-between

Libya and Chad.

In its Reply (p. 271),Libya hasanalysedthe contentof that letter

of 28 November1972,addressedto the Presidentof Libya. It is a

significantlettersinceit says:

35 "In my capacityas legal President of Chad, 1 wish to
. - affirmto you that theAozou strip has been and will,without
any doubt, bean integralpart of Libyanterritory."
(Translated by Registry.)

Significant - 1 was saying- this letteris in two respects. First,

becauseChad'sHead of State acknowledget shat the1955 Treatywith

Francedid not establish a boundarybetweenLibya and Chad. For ifit

had, and in view ofChad'spresent-daycontentionthat on the basis of

the 1955 Treatythe st~rilies inChad territory, the Presidentwouldnot

have beenable to write: "hasbeen ... an integralpart of Libyan

territory".

The secondrespectin which the letteris significantis the fact

that it resultedin the abandonment of any future claimby Chad in the

region. Hence,even if Chadmighthave believedit had rights overthe

region,the Head of Staterenouncedany claimto them. This isquite

clear from the form of words in the letter: "will... be an integral

part of Libyanterritory".

Needlessto Say, such a declarationby a Head of Statecommitsthe

Statehe represents, whatevet rhe subsequent changes at the heo ad the

executive.- Understandably, that text is not to the likingof our honourable

opponents, who had alreademphasizedin theirMemorial that, in the

absenceof the original, there mightbe doubts as to the probativ velue

of that letter.

Today they returnto the attack byfilingin the Registryof the

Court,on 9 February 1993, under a publicinvestigation procedure a,

voluminous document mad up of testimoniesof peoplepresentedas having

been close associatesof formerPresidentTombalbaye.

Mr. President,distinguished Members ofthe Court,Mr. KamelMaghur

has alreadypresented a detailer deviewof thoseaffidavits and 1 do not

wish to revertto the matter,but 1 must say that 1 do have a great w

distrustof statementsby witnesses in generala ,nd al1 investigators

will tellyou that theyneed to be treatedwith a great deal of caution.

In the present case,as 1 express mydoubts, 1 do not wishto cast any

kind of aspersionupon the character of the witnesses. However,we al1

know thathumanmemory is fallible. Afteall,we are dealingwith

eventsthat took place20 years ago and 1 must admitthat 1 personally

wouldhave some difficulties in remembering,with exactitude,what

happened 20 years ago.

Having said as much, if onelooksat thecontentof the letter,its v

existenceis far from implausible.To begin with, when he recognizes

that theAozou stripbelongsto Libya, President Tombalbaye is in fact

doingno more than confirmthe PressCommuniquéof 7 January 1935(to

which reference was mad ey Mr. Condorelli yesterdaywhich indicated

that the territorieslocatedto the north ofthe line laid down in

Article 2 of the 1935 Treaty were"territoriesthus recognizedas

belongingto Libya". If thosetermshave any meaning,it is that,at

the time,one was dealingnot with accession buw tith a recognition of sovereignty. Thirty-sevyearslater,Mr. Tombalbayetooknote ofthat

-. and accepted the legaslituation.

- 37 For obvious reasons,he Presidentof Chad,furtherto the rupture
- -
of diplomatic relationsintendsto re-establish a soundrelationship

with Libya. On 28 November1972,a meetingof the Government and of

theNationalBureauof the ProgressivP eartytook placeand duringthat

meetingit was decidedto breakoff diplomatic relation with Israel,

whichwas a mattercloseto Libya's heart,as we have seenwhen we

reviewed the discussioinns the General Assemblyn 1971.

Accordingly, at thebeginningof thatletter,the Presidentof Chad

informedhis Libyancounterpart of thatnew situationand went on to say:

"Since1 amexpressing a desireto see CO-operation
develop,allow meto inviteyou to ceasethe supportthatyou
aregivingto the outlaws(theso-calledFrolinat)who have
takenup armsagainstthe legalauthorityof the countra ynd
are tryingto spreadrumoursthatour Government has ambitions
on Aozou, withthe aimof hampering arapprochementand

prejudicingOur CO-operation."

Everything seemt so hang together: we (theChadians)havedonewhat

you wantedandnow you (theLibyans) are aske to make a reciprocal

gestureand stopsupporting the rebels.The Presidentgoes on to Say

that,in any event,rumoursabouttheAozoustripare of no concem

whatsoeverto him. Let us be quiteclear about this, the Presidendoes

not Say thathe is ceding any territorto Libya,but merely recognizes

thathe doesnot contestLibya'srightsover that territory.

Two facts combineto make it seemlikely that thleetterwas written

by the ChadianPresident. In the firstplace, accordintgo statements

reportedin the documentfiledby Chad,it appearsthat,duringthe

meetingsbetween Chadand Libyain December1972,therewas no question

of theAozoustrip. -- The swornstatement made by Mr.Baroum Beb Jegglen, whowas a member

of the presidential delegatiw onichwent to Tripoliin December 1972,

reports that in the negotiationast thattime, threejointCommissions

were set up, coveringmatters of security policy,and economyand

finance. He went on to say that:
.-.
"1 chairedthe Commissionon generalpolicy, Neitherin
--- 38 the discussionbsetweenthe two delegations, nor in the final

conclusions,was there any questio of theAouzoustrip."

Mr. President, distinguished Membo ersthe Court,far be it forme

to invokestatements by witnesseswhen theyare favourable to us and

rejectothers whentheyrun counterto Our arguments, as both one and

the other needto be approachedwith circurnspection.

If 1 have referredto this latter testimon it is becausethereis a

logicallinkbetweenthehistoricalcircumstances.Indeed,why should

any reference have been mad eo theAouzoustripin the discussions that

tookplacein December1972, whensovereignty over that ar ead been

accepted byChadwhich had, in November,desistedfromcallingit into

question?

Let us not forgetthe testimonieswhichwill not beof any

assistanceto you in solvingthe dispute referret do the Court. Thereis

one international agreement- a fact- which servesto supportOur

thesis. 1 am referringto theAgreementof December1972whichbore the

titleof Treatyof Friendship, Co-operation andMutualAssistance. By

virtueof thatAgreement, Libyaand Chadundertookto encourageand

developtheirCO-operation invariousfields: economic, financial,

commercial, technical, cultue racl. That Treatycontainsno reference

to any problem relatin to the boundariesof the CO-signatories.
That

omission can onlybe explainedby Libya's havingbeen assuredof its rightsin the Aouzou stria pnd Chadshowed thatit had no claimin that

areaor that,if it had previously had oni e, had waivedit. The letter

from President Tombalbai yea logicallink in the chainof thoseevents.

However,as a hypothesis, leu ts suppose that thatletterhad never

existed. In that event,my learned friendo sn the othersideof the Bar

will have to explainhow it is possible - as accordingto themthe

1955 Treaty delimited the southern boundary be Libyanand Chad- that
-..
in December1972,when the Chadiansvent to Tripoli and had talksthere,
3 9
. -- in the Aouzou
(1)the Chadians raise no protestagainstLibya'spresence

strip; (2) that they signea d Treatyof Friendship, Co-operatia ond

MutualAssistance with a Statethatwas occupying theit rerritory?

Thesefactsprovidethe bestpossible way of stressingthe evident

contradiction between the attit ofdehad in 1972and that State's

attitudeat the present time, gentlemen, before C thirst.

However,as we move on to the subsequent events we shall seethat

the Government of Chad is not ableto explaincertain other

contradictions.

While there might be some doua btoutLibya'spresence from 1971,

(although iw tas Chadthatmade a statement to thateffectin 1983 in the

letterto the Security Counci to which reference had alrea beyenmade),

therewas surelyno longerany suchdoubtin 1973. At thatdate,as we

have seen,therewere nolongerjustsome troops there but an actual

civilianadministration.Chadrecognized this state of affairs before

the United Nations General Assem bl1977 (thirty-secons dession,

meetingof 7 October,para.45))whereit said: "TheLibyanauthorities

set up in the areaal1 the structures of thei administration."

That presence, gentlemen was ofa peaceful nature and arousedno

proteston the part of Chad. What is more,it was a matterof public

knowledge. 1see proofof thisin the testimony providedby -.
the Ambassadorof Francein Chad,who reportedin relationto 27 May 1974:

"Aouzou is now endowedwith a military garrison, without
thishaving ledto any actionby Mr. Tombalbaye'sGovernment."
(R.L. Touze, 370joursd'un ambassadeurau Tchad, Paris,
1989,p. 74)

This statement tendsto lend credenceto the existenceof the letter

dated 28 November1972. Why indeedshouldthe Governmentof Chad react

toLibya'spresenceas, one year previously, it had accepted the

sovereigntyof Libya over that territory?However, evenin the absence

of that letter,the 1972Treatyand thetotalabsenceof any protest

...
40 emanating fromChad in 1973and 1974 are evidenceof the acquiescenceof
- -
that State in the presenceof Libya. In supportof this conclusion,one W

can quotethe Chado-Libyancommuniquéof 7 March 1974,issuedto mark

the visit paid by ColonelKadhafito Fort-Lamy:

"PresidentN'GortaTombalbaye made a point of thanking
his Libyancolleagueand thepeopleof Libyafor their
effective assistanct eo promotethe developmentof Chad."

Such a joint communiquéis difficultto imagineif oneof the two

Statesconsidered thatthe military forcesof the otherwere unlawfully

occupying apart of its territory. This view might, howeverbe

countered bysayingthat thePresidentof Chad,concernedfor the

economicinterestof his countryand desirousof ensuringa continuation

of Libyan aid,preferrednot to raisethe matterof the frontiers. v

Howeverinternational law, just likemunicipallaw, does not concern

itselfwith the ulterior motivesof statesmenand onlytakes account of

their public declarations. Thosedeclarations are,moreover, borne out

by the treatyof 12 August1974 (ML,"International Accordsand

Agreements Annex",No. 35). There is a perfect continuity betwet ene

eventsof 1972 and thoseof 1974. That agreement, having stresse the

desireto reinforcethe bonds of friendship between the two countries,

went on to say, in its Article1: "Thetwo sidesemphasize their intentit onmaintainfull
CO-operationin the lightof thehistorical connectiob nstween
their fraternapleople",

and, in Article2:

"Thefrontiers between the two countr ises colonial
conceptionin whichthe two peoplea snd nationshad no hand,
and this mattershouldnot obstruct their CO-operati and
fraternalrelations."

This treatyis interesting fro mwo pointsof view. In the first

place itshowsthat Libya's presenc in the Aouzoustripwas once again

not contestedby Chad. One doesnot concludea treatyof friendship in

which onestresses the fraternal characo tethe relations between the

two States,when one of themis unlawfully occupying pao rtthe territory
- -
of the other. What is more, Articl 2eof thatAgreement showt shat there
- . 4 1
was stilla boundary problem between t two Statesand that thap troblem

derived froma colonialconcept. However,it shouldnot obstructthe

fraternal relations betweethem. Now, thisongoing probleo mf the

frontierscouldnot haveincluded the Aouzou stripas, sincetherewas a

Libyanadministratioi nn the area, ifChadhad laidany claimto that

territory, the treaty wou not have stressedthe fraternal character

of the relations betweetnhe two States.

Accordingly, if therewas a frontier problemi,t couldonly relate

to anothersector. What is more,the 1974Agreement only serve tso bear

outOur thesis,namelythat the twS otates recognizetdhat thesouthern

frontierremainedto be delimited, apartfrom the Aouzou stri which was

underLibyansovereign.ty and that thatdelimitation woulb de effectedin

a spiritof fraternity.

If you would allowme, Mr. President, perhaps thisis the right time

to takea break?

Le PRESIDENT : Merci beaucoup, MonsieC urhier.

The Court adjournedfrom 11.15 to11.35 a.m. Le PRESIDENT : MonsieurCahier.

Mr. CAHIER: 1 interruptedmy pleadingat 1974,and in examining

the period1971 to 1974 1 triedto show that theexistenceof the letter

from President Tombalbayweas quiteprobableand thatin any case, ifwe

are to go alongwith the present Chadian argument, the conclus ionthe

1972 and 1974Treaties is hardlycomprehensible, in view of the Libyan

presencein the Aozou strip.

The yearspassed - 1974, 1975, 1976- withoutany protestfrom Chad,

especiallyin the UnitedNations.

In 1977 and early1978, however, Chad reversed itsposition. Was

this due to thedemiseof PresidentTombalbayeand his replacement by

PresidentMalloum? Was it becauseChad continuedto be in a state of

turmoil,so that it waseasierto lay al1 its troublesat its neighbour's

door than to put itsown house in order?

Howeverthatmightbe, in July 1977 Chad broughtthe frontier

dispute before the Conferenceof Heads of Stateand Governmentof the

OAU, and this resulted in the establishment oafSub-Committee of Experts

"to study the frontieproblemin al1 its aspects".

1 stressthe words "the frontier problemin al1 its aspects",

sincethe problemis indeedone of definingthe frontierbetweenthe

two States. It is in no way limited to the Aozou strip, whichis not

expressly mentioned -somethingthat is scarcely comprehensibl if we

followthe Chadianargument. Indeed,the representatives of that State

were present andcouldhave insisted that theSub-Cornmittee' mandate

should relate exclusivel to the studyof the Libyanpresencein this

territory.

44 This Sub-Cornmittein fact did nothing for manyyears, ten years

to be precise,and Chad did nothingto advancematters. It statesin

its Memorial(p. 26) that thiswas becauseit was "weakenedby serious

0490C internalunrest",but in 1977, whenChad seized theOAU of the dispute,

was everythinggoingmuch betterin that State? This is doubtful,since

at the end of June 1977 Goukonilaunchedan offensive againthe

military postsin Tibesti heldby Governmenttroops.

In fact,the Chadianeffortto highlightthe role of the OAU inOur

disputeis absolutelyvain. In the 1970sand for a long time, this

Organization rightlpyursueda double aim, firstt,o bring about the

evacuationof foreignarmed forces fromChad,and secondlyand aboveall,

to reconcilethe different factions whicwere struggling fopower in

that State. Al1 thishad nothingto do with the Aozou strip or witthe

frontierbetween Libyaand Chad.

Later in 1977,duringa general debatein the United Nations

GeneralAssembly, Chad denouncedLibyaninterferencein its internal

affairsand thepresenceof Libyanadministration in the Aozou strip.

In earlyFebruary1978,more specificallyon 6 and 8 February

(Docs.S/12554and S/12555),Chad againdenouncedthe Libyan intervention

and theoccupationof Aozou,this timebeforethe Security Council,

invoking theinvalidityof the 1935Treaty.

And what was the LibyanGovernment'sreplyin its letterto the

Security Councilof of 14 February 1978Doc.S/12560)? It replied that

the frontier disputcouldbe settled through bilateral neogitations

within the OAU.

4 5 On 17 February1978, at a meetingof the Security Councilthe

Libyanrepresentative madtehe following statement:

"The representiveof Chad accusedus of having occupied
Aozou in 1973,but that is not true. We did not occupy
anything" (United Nations,OfficialRecordsof the
Security Council, 2060th meetin para.65),

and added:- - "If thereis a Libyanadministration now in Aozou, or

anywhereelse in Libya,thereis a simpleexplanation."
(Ibid.,para.66.)

It will beseen thatLibyais quiteopenaboutthisand considersthat

Aozou is Libyanterritory.That doesnot prevent it from being

conciliatoryh,owever,sinceit adds:

"If there is a frontier problemw,e wouldbe very pleased
to discussit with you. We saywe are in Our country,you Say
we are in yours. You say it is Chad,we say it is Libya. This
is a classicfrontierproblem." (Ibid.,para.67.)

Itis true thatLibyadid not develop any legal argumen itssupport

of its claims, the tim been inappropriate,incethe Security Council

debatewas to go on for onlyone day; nor wasit the placeto do so,

sincethe Council is essentiallya politicalorgan. Both the timeand

the placewill be appropriatewhen the two Statesdiscussthis frontier

problem togethera,s Libyawishes.

Moreover, thiw sholeaffair before the Security Counciplrovedto be

a mere flashin the pan,sincefivedays later,on 22 February1978,the

ChadianGovernment sent aletterto the Councilinformingit of its

decision"not to pressfor considerationof its complaintby the

Security Council"(Doc.S/12572).

These eventsindeedshow thatChad doesnot seem to be interested in

W
the Aozou strip, orat least,if it is interested,that it barelyshows

its interest.

The two Statesresumed theid riplomatic relation and on

15 June 1980 concludeda Treatyof Friendshipand Alliance(ML, Vol. 2,

"InternationaAlccordsand AgreementsAnnex", No. 37).

In June 1980 the situation inthe territoryhad hardlychanged, for

Libyawas stillpresentin theAozoustrip. Yet the preambleto the

Agreement reaffirm tshe spiritual, cultural, economaind humanbonds

which link the two countries. With regardto its content,the Treaty providesfor a defensive alliance if on of the two Statesis subjected

to aggression,and enablesChad to cal1upon Libya ifits territorial

integrityor interna1securityis threatened.Finally,Chad undertakes

not to permit the presenco ef any foreign militaryase on its territory.

This Treatyis not irrelevantto the settlement of the present

dispute,since it showsonce againthat for Chad the Aozou stripis

indeed Libyan:otherwise, the Agreemen is incomprehensible, fin

view ofthe provision in the AgreementthatChad shall not permit the

presence of any foreign military baseon its territory,how can the

Libyanpresencein Aozoube explainedif not by the factthatAozou is

not in Chadianterritory? Anif Aozouis part of Chad,how can it be

explained that this Statconcludedin al1 freedoma Treatyof Friendship

and Alliancewith a Statewhich occupiespart of its territory?

1 use the term"concludedin al1 freedom"becausethe 1980Treaty

was not concludedunder threatof the useof force,and Chadhas never

alleged that thatwas so.

The Treatyof 6January1981betweenthe twoParties merely confirms

the Treatyof 1980. 1 shouldlikenow to quote two articlesof this

instrument.

Firstof all,Article 8 reads:

"The two Partiesexpress theirentiresatisfaction in
regardto CO-operation betweet nhe Socialist People'sibyan
Arab Jamahiriyaand Chad,whichhas effectively helped to bring
peaceand securityto the sisterRepublicof Chad."

And Article10 goes on to Say:

"The representativeosf Chadhave the highest
consideration fotrhe assistance providebdy the Jamahiriyato
the peopleof Chad,thanksto which a rebellionhas been
quelledand peaceand securityestablishedin the country."
(ML,"International Accord snd AgreementsAnnex", No. 38.)

Chad thus expresses itsentire satisfactionwith its CO-operation

with Libya and itshighest considerationfor the assistance providebdy

that Stateto Chad,and this at a timewhen, if we are to believe the . -. Chadianargumentin the present dispute,Libyawas illegally occupying
. -
the Aozou strip. ~ot onïy does this takeus far away from Chad1scharges
-- - 48
of Libyan interferencein its internal affairs, buthe treatiesof 1980

and 1981 prove irrefutably eithethat Chadnever thoughtthat it had any

rights atal1 to theAozou strip, or, if it had ever thoughtthat it had

such rights, that ithad renounced them longgo. It is easy to

understandwhy the Chadiansubmissions skimhastily overan analysis

of thesetwo treaties.

1 shallreturnin a momentto the legal consequences t be drawn

from this attitudoen the partof Chad,but such positiveacts of

acquiescence are rarel yo be foundin internationaljurisprudence.What w

is surprisingin al1 thesecasesis that Chad in its submissionsholds

thesetreaties against Libya, onthe groundsthat theydemonstrate

Libyalsfailureto raisethe frontierproblem. But it is self-evident

that itwas not for Libya toraisethatproblem,in view of its peaceful

presencein the region,but for Chad to protestagainst this presence,

insteadof expressing itsentiresatisfaction and highestconsideration.

In 1983,Chad reversed thepositionwhich it had clearlyexpressed

from 1971 to 1981.

Its new complaintto the Security Council, dated6 March 1983,was
.I
stillrelatedto the so-calledinterference by Libya in the internal

affairsof Chad. Indeed,thatwas what obviouslyconcernedthis country.

Accordingto the ChadMemorial(p. 309):

"In 1983the intensity of the fightingragingin Chad led
itsGovernmentto make two requestsfor theconveningof the
Security Councilto presentits case onceagainto the General
Assembly. Although mosof theseefforts focusedon the
military activitietshatLibya wasconductingdeep withinthe
territoryof Chad,the lattercontinuedto put forward its
complaintaboutAozou on theseocca~ions.~. .

49 a Thereis no doubtthatthe opposingPartyis fondof stressingthe

allegedLibyanmilitaryinterventions. Even if thesewere a reality,

theyhavenothingto do withthe present dispute. Theseargumentsare a

ploywhichdeceivesnobody,the aimbeingsimplyto createan atmosphere

unfavourable tL oibya. But if Libya werethe expansionist Statd eepicted

to us, how can it be explained thaLtibyaonly intervenedin Chadat the

requestof its Government and that it withdrew from that counti ry

November1981, assoonas Chadaskedit to?

But letus leave this questionasideand retum to the dispute which

concems us.

It is true that,in 1983,in a letterto the SecurityCouncil,Chad

fileda memorandum in whichit set out its legal argumeni tn detail

(Security Council,Doc..S/15649of 22 March1983). It is also truethat

Libyadid not, on thatoccasion, submia tny similarmemorandurn. But it

wouldbe inaccurate to say thatit didnot indicatesome of its claims.

In its letterto the SecurityCouncil of 17 March 1983(Doc.S/15646),

it stated thatit had no designson the territoryof other countries,

but added: "TheAouzou sector is an integralpart of Libyanterritory.

Its inhabitants are Libyans...". And beforethe SecurityCouncil,the

Libyandelegatewas to returnto thispoint,saying: "Thepeoplein

Aouzou are Libyana snd have representativesn the LibyanGeneral

People's Congress. Theywillnot acceptto be anything but Libyans."

He was to concludeby sayingthat: "Libya'sbordersduringthe Ottoman

era were at the cityof Faya." Lastly,the Security Councii lnstructed

the two Partiesto engagein negotiations and advised thetmo use the

appropriate machiner of the OAU.-..

5b The UnitedNations would continuf e,om1984 to 1987,to receive

complaints fromChad,principally related though notto the exclusioonf

the problemof the Aouzoustrip,to the interna1situation in Chad,which

scarcelyimproved.

But what did the OAU domeanwhile,sinceaccording to the Security

Council, itwas the taskof this organizatiotno seeka solutionto the

situationin Chad?

Nothingat al1 as regardsthe frontier disputbeetweenthe two

countries, that Saub-Committeeas to examine,as you will recall. Nor

can it be reproachefor thiseither. Two OAU reports,one of

28-29April1987,and theotherof 18May the sameyear,explainthe

reasonsfor this inaction. We have alreadyreferredto thisin Our

Reply. This inaction is dup eartlyto thedomesticdramain Chad,which

had stolenthe limelight from thefrontier disputea ,nd partlyalsoto

Libya'srefusa1to CO-operate (CMC Ann. 135).

The reportdoesnot specifically Say so, but itis clearthatthe

lackof CO-operation is merelythe consequenceof the domesticsituation

in Chad. But the Sub-Cornmitte (CMC,Ann. 136)also points to the

inadequacy of the textsit wasprovidedwith, indicating thattwo

Treatiesconcluded between Chad and Libyain 1966and 1972had not yet

been addedto the fileand - a significant pointin my view -that it

was the FrenchAmbassadorto Gabon whohad provided additionaldocuments.

Thismerely proves whaL tibya hasalways assertedn,amely,the

complexity of the legalfilein the territorial disput eetweenthe two

countries, a filewhich, moreover, haosnlybeen properly completedsince
a
the Courtwas seisedof the case.Lastly,the dialoguebetweenthe
- -
5 1 two Statesreally started at theOAU in 1988. You willfinda summaryof
- -
Reports 1 andII of the OAUAd Hoc Cornmitteoef13 and 14 April1988 in

Annex293 ofChad'sMemorial. Libya setout to thisCornmittet ehe broadoutlinesof the arguments

it has submittedto your distinguished Court namely:

(1) it is at once the successor Statof the Ottoman Empira end of

Italy,

(2) the Agreementsof 1898,1899and 1919 do not make a frontier

delimitation, but merely a tomset, in principle, thelimitsof the

French zones of influence,

(3) theTreatyof 1955 didnot delimit the frontier betwe Libya

and Chad,"It doesnot include any provisio or criterionof precise

delimitation and the documentsannexed to iatre of no relevanceas they

had no legalvalue."

The Memorialof Chad (p. 342) concludes its analysiosf the

relations betweeL nibyaand Chadaftertheirindependence, in particular

at the United Nations by sayingthat: "forat leasta decade,up to

1983,Libyadenied having occupit ed Aouzoustrip".

This is a surprisingassertion.Presentedthus,onehas the

impression that the frontier problem between the two cow untries

brought before the United Nations y eaach,whereas this happene on

only one occasion in 1978. Before the Security Council, L tiheyan

representative declared that Aouzou, like any otheo rfLibya,was

underLibyanadministration.In my view,Chadwould dowell to provide

us with a legal explanation of its behavi ouringthe period from1971

to 1983.
-.
Mr. President, Member sf the Court,1 havenow reachedthe final
52
. -
part of my oral argumentt,he purposeof which is preciselt yo draw the

legal consequence of Chad'sconductduringthese12 years. Thereare

only two possible explanatio onthe conduct 1 have just describedto

you: eitherChadwas ultimately not interested in the Aouzoustrip,or

it preferredto renounce any clai to it, awareas it was of the weakness of its legalclaims. There is no other explanation forits lack of

protestat the Libyanpresencein this territory and the conclusionof

varioustreatiesof friendship. In this inactionand thesepositive

acts,1 see proof of Chad'sacquiescenceto the Libyanclaims,

International case-lawattacheslegalsignificance to this silence,

which is deemed tobe a manifestationof the will of the State. In two

cases, inactionby a State,without the interventio of conclusiveacts,

has of itselfbeen deemedto constituteacquiescence.

In the case ofGrisbadarna, Swedishactivity - the placingof a

in the disputed area met with completeinaction
lightshipand buoys

fromNorway. This inaction was heldto be decisive(UnitedNations,

RSA, Vol. XI, pp. 161 et seq.).

This view is also foundin the ArbitralAwardhandeddown by

Max Huber in the Islandof Palmascase. Acts of sovereignty, whether

directlyor indirectly made by theNetherlands with respectto this

island, hadbeen occasionaland lacked force.Yet theseacts were

sufficientto establish Dutch sovereigntyas regards the the Spanish

title, since,on the part of Spain:

"no contestation orother actionwhatever orprotestagainst
the exerciseof territorial rightbsy the Netherlands overthe
Sanji Islesand theirdependencies(Mangiasincluded)has been
recorded"(UnitedNations,RSA, Vol. II, p. 868).

This lack ofprotestwas tantamount,in the view of Max Huber,to

acquiescencewhichwouldhave preventedSpain from relyingon any rights

stemming from previous treaties(ibid., p.869).

Your distinguishedCourthas also takeninactionby a Stateinto

considerationand, in ordernot to tireyou, 1 shallsimplyquoteyour

Judgmentof 1962 in the Templeof PreahVihear. The publication and

communicationto Thailandof the maps situatingthe templeon Cambodian

territorywas met by Siamese inaction wherea ss,ys the Court: "it is clearthatthe circumstance were suchas called for
some reaction,withina reasonable period on the partof the
Siameseauthorities, if they wishedto disagreewith themap or
had any seriousquestionto raisein regardto it. They did
not doso, either thenor for many years,and thereby mustbe
held to haveacquiesced." (I.C.J.Reports 1962,p. 23.)

Hence, the inactio of a Stateis equivalentto acquiescencewhen

anotherStatehas effective powea rs regardsits conductin threatening

the rights of thisState, whentheserightscan be apprehended.As

Mr. Alfarosays inthe Templecase:

llPassivenesin frontof given factsis the most general
formof acquiescence or tacitconsent. Failureof a Stateto
assertits right when that rightis only challengebdy another
State can onlymean abandonmentto thatright."
(I.C.J. Reports1962,p. 40.)

To returnto Our own casenow, theLibyanpresencein the Aouzou

sector begins,on Chad'sown admissioni ,n 1971and becomes complete

in 1973,when its administratio is firmly installetdhere. This

installationdoesnot result from theuse offorce. The Libyanpresence

is peacefuland is a matterof common knowledge, fo it is clearthatone

can only acquiescein a situation oneis awareof.

Confrontedthuswith thisLibyan presenco en a territorythat is

allegedly Chadian how does Chadreact? It failsto do so. It remains

silent. Yet inDecember 1972 President Tombalbaye tra toelsipoliat

the headof a numerousdelegation;thatwas the time to protest,but he

doesnothingof the sort.

The attitudeof Chadcan be comparedto thatof Francein the

Island of Clippertoncase. On 13 December1897Mexicosenta gunboat

to the island andit was on8 January 1898thatFrancelodgeda protest.

Chad,for its part,filed aprotestwith the Security Council only in

1978,six yearsafter theevent. Moreover its protestwas maintained

for onlya few days,sinceChad immediately withdrew it, reintroducing

it in 1983. This despitethe fact thatthe annualsessionsof - -
the United Nations General Assembly prov andedpropriate forum for

the reiteratioo nfChad'sprotests. Chaddid not avail itself of that

possibility.

Chad'ssilencecan be fully appreciated onl if it is seen in the

lightof what 1 would cal1positive actsof acquiescence.

I
For, eventhougha number of authors,suchas MacGibbonin the 1954

and 1957 British Year Books of InternationalLaw,Bowett andJohnson in

the 1957and 1950 issuesof the same Year Book, respectively, and

Sperdutiin the 1961 Rivista di diritto internazionale,appearto limit

acquiescence to instancesof passive conductt,o silence,to an absence

of protest,1, formy part,findmoremerit in the view put forward by

Baralein an article publishei dn the 1965Annuaire français de droit

international. Accordingto thatauthor(p. 393):

"Acquiescencea,s characterizedin the international
case-law,usually takes the formof a complexphenomenon.For
it is, in the first place, rare forudgesand arbitrators to
base the acquiescencoef a Stateon a singleact, on a single
attitude; each instanoceacquiescence generally arises from
the conjunctionof variousdifferent indici ahat together make
up an overall patteronf conduct."

In subscribingto this view,1 intendin no way to underestimate the
55
significance of silenceas anelementof acquiescence;thatsignificance

has been too oftenunderlined by case-law anedminent authors.

Nevertheless ther can be no doubtthatChad'ssilence takes on far

greater significance ifChad'sactiveconductis takenintoaccount.

Internationalcase-lawhas, on variousoccasions, had regar to

positive actsof acquiescence on the part of a State. As1 do not wish

to overtax the patienc of the Court,1 shalllimitmyselfto citingonly
i
the Judgmentof the Permanent Cour of InternationaJlustice in the

Eastern Greenlandcase, the Judgmen of the International Couo rt

Justicein the Arbitral Award Made by the King of Spaicase and,

needlessto Say, the Judgment in theTemple of Preah Vihearcase. We have, in the first place,the letterfromPresident Tombalbaye,

which can be usefullycomparedto the statementof NorwegianForeign

MinisterIhlenin the Eastern GreenZandcase. That letterconstitutes

an unquestionable recognitio on Libyansovereigntyover the Aouzou

strip, which,as statedin the letter,"was and will ... be an integral

part of Libyanterritory".

1 know fullwell that our adversariescontestthe authenticity of

the letter,but - as 1 have soughtto show - even in the absenceof its

original the existenceof the letteris plausible and explainsChad's

subsequentconduct.

That conduct should be analysedin the lightof the contention now

put forwardby Chad thatLibya illegallyoccupiedthe Aouzoustrip.

If this contentionis well-founded,Chad'sconductis altogether

incomprehensible.On the other handeverythingbecomes clear if one

admitsthat Chad has recognizedLibya's rights to the region.

Instating,followingColonelKadhafi's visit to Fort-Lamt y,at

PresidentTombalbaye"hadwishedto thankhis Libyancolleagueand the

. . peopleof Libya for their effectiveassistanceto the developmentof

- 56 Chad",the joint communiquo éf 7 March 1974was notquotingthe words of

a Head of Statepart of whose territoryis occupiedby foreigntroops.

What we have here is,on the contrary, a statement showit ngat thereis

no problemon this score between Liby and Chad.

This episode reminds me of the visit that Prince DamrongPresident

of the Royal Instituteof Siam,made in 1930 to the Templeof

Preah Vihear, wherehe was receivedby theFrenchauthorities.

"It demandeda reaction. Thailanddid nothing", the Cour observed

in1962.

And one couldsay today: "Thisvisitby Colonel Kadhafi demanded a

reaction,and Chad did nothing." Now,not onlywas thereno reactionto the Libyan presence it nhe

Aouzou strip, butthankswere extendedto the Libyan people for the

effective aidChadhad received.

1 might addthat it was notonlyTombalbaye who expressedgratitude,

sincesix years laterMt. GoukouniOueddi,on the occasion of a tripto

Tripoli in1980,mentioned the "gratefulnesso"f "theChadianparty"

towards Libya for the assistap ncevidedto "mitigatethe harminflicted

by thewar and the destructio causedon variousfronts bythe rebellion"

(ChristianeAlibert, "L'Affairedu Tchad,1980-1985",Revue généralede

droit international public1986,p. 353).

Neverthelessthere hadbeenno changeon the localscene: the

Libyanadministratiow nas stillin Aouzou.

Let us continueOur analysis,sinceacquiescenceis made up of a

seriesof acts.

Mr. President, honourable Members of the Court,ish to reassure

you that 1willnot not embarkon a renewedanalysisof the various

treatiesconcludedbetweenthe two Partiesto thiscase,an analysisto

be foundin our Replyand in Libya'soralargument.

What 1still wishto emphasizeis thatno fewerthan fourtreaties

were entered intoin the periodfrom1972to 1982,that is to say, over a
w

spanof 11years. Each of thesetreatiesunderlines the friendship

between thetwo peoples. 23 December1972: Agreementon Friendship and

Co-operation,Article 2: "Thetwo contractinp garties shallwork toward

strengtheningtheirfraternal relations."

12 August1974: Article1: "Thetwo sidesemphasize their

intention tomaintainfullCO-operation in the lightof the historical

connections betweetnheir fraternapleople." 15 June 1980: "Treatyof Friendship and Alliance"between Libyaand

Chad. And you will recallthatin Article7 this treaty provide that

Chadwas notto permit the presenc on its territoryof foreign military

bases. But thenwhat about thLeibyanbasesin Aouzouif Aouzou belongs

toChad? Finally,6 January 1981, a new agreement, Articl1e0 of which

mentions Chad's"highestconsiderationf "or the assistance providbed

Libya.
.-.
It is conceivablethat atreatyof friendship may be concluded with
5 8
- -
a Statethat wrongfullaydministerspartof your territory, particularly

when,as is the casehere,the States concerned as a resultof their

recent accessiotno independence, lack qualificadres. But that four

treatiesof friendship shoulbe concluded overa periodof 11 years,

thatis really toomuch and it is unthinkablthatChad should have

considered thaitt possesserightsto the Aouzou strip. Such a thing

has neverbeen seen.

In the Templeof PreahVihear case, the Court heldthatThailand

should,when it negotiated with France the treat ofes925and 1937,

have raised the proble mf sovereignty over the area where the Temple

located. The conclusion of theseagreementswas consideredby the Court

as additional evidenc of Thailand'sacquiescence.

No doubtChadshould,on the occasionsto which 1have referred,

have raised thperoblemof theLibyanpresencein theAouzoustrip, but

if one goesno furtherthanthiswe have an instanceof inaction, of

silence. In actual fact, regard beinghad to its having concluded four

treatiesof friendship underlinin the fraternalside of the relations

between the two countriesand to its havingon variousoccasionsthanked

Libya for its assistance,Chad'sattitudecanno longer be analyse ds

inaction, buthas to be viewedas an unquestionable recogniti ofn

Libya'ssovereignty ovet rhatterritory.It may be that originally Chad - - thoughtit had certain rightsin the region,but either becauseit felt

thattheywere veryweak,or becauseit considered that it was not

worthwhileto make the corresponding claims the resultis the same.

Acquiescence tookplace, resultina gs it did, at thesame time, from

the silence, the inactionof Chad,and, finally, its unquestionable

recognition of Libya'srights. It follows that,as from1983, Chadwas

not entitledto go back on that acquiescence.

1 beganmy statement by quotin tghe passagein Chad'sReply (p. 104)

- - where it is stated: "A sovereignState mustact in a responsiblw eay, if

it has claimsitself, it must act accordingly ap ndt them forward."

The questionthusarises: whichis the Statethat in thiscasehas

not behavedin a responsible way?1s it Libya, which, in the 19609,

disregarding its potential legal caseand faced with the Frenchmilitary

presencein the region,observesprudentsilenceup until1965, oris it

Chad,which,althoughit was awarethatthe LibyanAdministratioh nad

installed itseli fn the Aozoustrip, whichit now claimsas belongingto

it, lodgedno protest,but on the contrary multiplied statement by which

it thankedLibya for its assistanceand concluded with Libyano fewer

than four treatiesof friendshipand alliance?

The timehas now cometo concludemy statement.An analysisof the

relationsbetween Libya and Chad followingtheir respective accessio tos

independenceshows withthe greatestclaritythat: in the first place,

even if originallyChad couldimaginethat it had certain rightsto the

Aozou strip,it subsequently waivet dhem andrecognizedLibya's

sovereignty ovetrhat territory. In the second place,Libyareserved its

rightas successorto theOttomanEmpire. It did so in1983 in the

UnitedNations,
and in greaterdetailin 1988,in the OAU.

1 thankyou foryour patientattentionand requestyou to be so kind

as to give the floorto ProfessorBowett. 60 - Le PRESIDENT: Merci,MonsieurCahier. Je donne la parole à
-
M. Bowett.

M. BOWETT:

La missionde la Cour

Monsieurle Président, Messieurs le Membr deesla Cour,nous en

venons maintenantà une phasetout à faitdifférente de l'affaire. La

Coura entenduretracerl'histoire complexedes traités relatif s cette

régionet elle aura vu que rien, danscettehistoire - ni les traités

eux-mêmes,ni la conduitedes Parties - n'établitune frontière

conventionnelle. Il s'ensuitque laCourdoit déterminel ra frontière,

non pas sur la based'un traité,mais sur la basdees règlesde droit

international régissal ntattributiodne territoire.Mon rôle, ce matin,

consisteraà analyser lamission dela Couret mon objectifest de

montrer quese prononcersur l'attributiod n'un territoireet déterminer

les limitesdu territoire àattribuerà chaquePartie sont des missions

judiciairestraditionnelles. C'est,en outre, une missioq nui relève

clairementde la compétencede la Courdans cetteaffaire. Les Parties

se trouvant devanlta Cour en vertu d'uncompromis- l'accord-cadrdeu

31 août 1989- toutexamende la compétencd ee la Cour doit, bien

évidemment,partirde cecompromis.

1. L'accord-cadre

Le titrede l'accord fait référena ce "différendterritorial".

Cette même expressio se trouvedans lepréambulepuis, à trois reprises,

aux articles1 et 2; et l'article2 b) faitmentionde "la région

litigieuse".

La simple lecture dceet accorddonne donc à penser que la Coue rst

saisied'un différend territorie al qu'ily a une régionlitigieuse.. .
Or, selonle Tchad,il n'en est pas ainsi : le différend serait d'un
6'1
--. caractère beaucoup pll uismité. Il s'agirait, non pas d'un différend

territorial,mais d'un différend frontalier qus i,r le plan

géographique, se limiteraità la bandedlAouzou. De fait,dans son

mémoire, le Tchaddonne l'impression que la missionde la Cour serait

0
plus limitée encore :il s'agiraitde choisir entre deux lignes résultant

de traités : soit laligne dite de 1899-1919, soit lalignede 1935.

Naturellement,on peut comprendrl ee désirdu Tchadd'exposer

l'affairedans ses propres termes, surtos ut celalui permetde la

présenterd'unefaçonqui l'aide à faire admettre sa thèse. Mais,la

raisond'êtrefondamentale d'un accord-cadre es te permettreà chaque

Partied'exposersa position dans ses propres termes, pa dse limiter les

questions à examinerpar avance de manièr e favoriser l'undees Parties.

Par conséquent,pour interpréter le compromis- l'accord-cadr e la

Cour est fondéeà appliquer les règles ordinaires d'interprétd ation

traités,la règle fondamental en lamatièreétantque les Parties

doivent être censées avoir donnéauxmots leursens évidentet

ordinaire. Or je prétends que ls eensde l'expression "différend

territorial"est parfaitement clair. Mais la Cour est aussi fondée à

garder présent s l'espritl'"objetwet le "but"de l'accord, pour

reprendre les terme de l'article 31 de la conventionde Viennesur le

droitdes traités.

Si l'objetet le but de l'accordsontde permettreaux deuxParties

d'exposer l'affaire à la Cour chacune dan sses propres termes,commeelle

l'entend,il n'estpas admissible de limiter l'interpréta deionaccord

de manière à ne prendre en considération q lues revendicationds'une

seulePartie. Je ne veux pas direque chaquePartieait carte blanche, en ce sens

qu'elleserait libre de formulern'importequellerevendication.Les

termesdu compromiss'imposent aux deux Parties,qui doivent donc exposer

leur argumentation dans c lentextegénérald'un "différend

territorial".En revanche, on ne sauraitdire sérieusement qu les

revendicationdse la Libyene concernent pasun problèmede-"différend

territorial".

...
i) L'argumentdu Tchad selonlequelle "contexte" limitela portéedu
62 différend
- -
Ce quele Tchad essaievéritablement de fairec'estde réfuterle

sens évident, ordinaired,e l'expression"différendterritorial' pourne

lui donner que le sens trr èsstrictifde différend"frontalier"d,e

sortequ'ils'agiraitalorsde choisir entrd eeux lignes. Le procédé

employé parle Tchadconsiste à soutenir quel'accord-cadrd eoit être

compris"dansson contexte"(contre-mémoird eu Tchad,par. 2.82). Cette

attitude,en soit, n'appelleaucuneobjection :l'article31 de la

conventionde Vienneévoque"le sens ordinaire à attribuer aux termesdu

traitédans leurcontexte...".

Mais, naturellement, l "contexte" évoqu ainsi à l'article31 est

le contextedu traitédans son ensemble. Celasignifie simplement qu'on

ne peutpas extraireun mot ou une expressioe nt l'isolerdu reste du

traité: il faut interprétel res mots dans leurontexte.

C'estainsiqu'ila été fait référencd e,nsde nombreuses affaires,

au préambuled'un traité, pour élucidl er sensd'unedisposition de

fond: on peut citerà cet égardl'affaire des Droits des ressortissants

des Etats-Unis d'Amérique au Maroc(C.I.J. Recueil1952, p. 196)ou la

sentence arbitrale dan l'affaire du Canal de Beagle (ILRvol. 52,

p. 93). Mais le"contexte" peut s'entendrede façon pluslarge. Ainsi

que le paragraph2 e de l'article31 le prévoit,le contextepeut aussi -
englober les annexe au traité,ainsique toutaccordintervenu à

l'occasionde la conclusion du traité,ou tout instrument étabà li

l'occasionde la conclusion dutraitéet acceptépar toutes les parties

en tant qu'instrumen ayantrapportau traité. Par conséquent, il est

clair quedes déclarations unilatéraln espeuventfairepartiedu

contexte :ce qui estvisé, ce sont des instruments accep pars toutes

les parties. Et, en tout étatde cause,l'instrument doit être en

rapport avecla conclusiondu traité.
,..
De ce pointde vue, ce que le Tchadconsidèrecommeétant"le
63
.. - contexte"de l'accord-cadrn ee l'estsimplementpas. Le Tchads'appuie

sur des déclarations unilatérales faip tes la Libye devantl'OUA

entre 1977et 1987 - soitavantque l'accord-cadra eit été conclu -,sur

des déclarationésmanantde tiers, non partiesà l'affaire, et sur des

déclarations faite sevant l'organisatid ons NationsUniesen 1983

et 1984 (contre-mémoirdeu Tchad,par. 2.28-2.56).

Ces déclarationn se peuventnullementêtreconsidérées commefaisant

partiedu "contextew de l'accord-cadre. En fait, ellesne pourraientpas

même être considérées comf meisant partidees travaux préparatoirq esi

permettraientde levercertainesambiguïtés si l'expression"différend

territorial"devaitêtrejugée ambiguë, ce qu'ellen'estpas.

En effet,il pourrait difficilement ê enreautrement. Dans la

naturedes choses,les différends entrE
etatsont souvent une longue

histoire et, au fil des an un,grandnombre de déclarations unilatérales

sont faitespar les partiesadversesà ce sujet. Exception faite du cas

de l'estoppel - qui ne se pose pasici - il ne serait pas justdee

permettre que ces déclaratio prennentle pas sur cequi a fait

finalement l'objetd'un accorddansun compromisentreles deux

Parties,des annéesplus tard. Ellespeuvent pour de bonnes raisonsn,e

tenir aucun compte des déclarations antérieures auds eujetnaturedu différend, soiptarceque les auteurd ses déclarationsétaientmal

informés, soit parce que les Part ietsdécidé,quellesqu'aientété les

déclarations antérieured s,définir ledifférendd'unecertainefaçon.

Qu'ellesle fassenten termes plus générauxou plus restrictifs, c eui

comptec'estle texte sur lequel les Parti s'entendent effectivement

lorsqu'ellesdéfinissent finalementla missiond'unecourou d'un

tribunal.

Nous pouvonsdonc écarter ave cne certitude absolue'idéeavancée

par le Tchad quele "contexte"de l'accord-cadrperouve que lesparties

avaient à l'espritun différend frontalielimité à la bandedlAouzou.

.-.
ii)L'argument du Tchadselonlequella conception que se faitla Libye
6 4 de l'accord-cadrteransformele rôle judiciairdee la Couren celui
- - d'un "aimablecompositeur*'

Le deuxième argument du Tchad, savoirque la Libyevoudraitque la

Couragisseen tantqu'"aimable compositeur",est difficileà prendre au

sérieux.

On ne sauraitcertainement pas souten que latâche consistant à

déterminerun titresur un territoire, àtraiterde I'attribution

plutôtque de la délimitation, n'es pas une tâche judiciaire.Dans son

contre-mémoir(epar.2.27-2.45)la Libye citetouteune séried'affaires

pourmontrerqu'ilne saurait enêtreainsi. Nous pouvons maintenant

ajouter à cettelistel'arrêtdans l'affair el Salvador/Hondurasdu

11 septembre1992.

On ne sauraitnon plus prétendreu'un titre fondésur le droit

coutumier plutôt qu sur un traité devienen quelque sortuen titreex

aequo et bono. Ces mêmesaffaires suffisen àtréfuter cetteidée. En

effet, siun titre dérivait exclusivemd entn traité, il seraittoujours

acquisindirectement et la notionde titre"original" n'aurai pas de

placeen droit. Par conséquent, cet argumentn'estcertainement pas

exact. - Le Tchad semble donc dir deux choses différente :ssoit que la

Libye invitela Cour à "scinderle différend", indépendammendtes droits

des Parties,soit que lescritèressuggéréspar la Libye comme étant

applicablesà l'attributionne sont pasdes critères juridiques mai font

appel à une vague formed'"équité".
i
En ce qui concerne lapremièrehypothèse(voir,par exemple,

contre-mémoirdeu Tchad,par. 12.25-12.27), la réponseest tout

simplement quela Cour est seule maîtressdee son arrêt,de sorte que,

même sila Libye l'invitaità "scinder le différendc ",lan'imposerait

pas àla Cour la façon dontelledoit s'acquitted re sa tâche. En tant

que tribunal,la Cour refuseraittoutsimplement de le faire. Elle

attribueraitle territoireet tracerait la frontièreen se fondantsur

les droitsdes Parties.

Mais en fait, la Libyen'invitepas laCour à procéderainsi. Rien

dans les conclusion de la Libye,ni d'ailleursdans l'ensembld ee ses

55 écritures,ne vient confirmeurne telle interprétationD .ans ses

conclusions, la Libye demande la Courde juger "en l'application des

principeset règlesdu droitinternational".

J'ai le sentiment quceet argumentdu Tchad repose sul ra craintede

celui-cide voir la demande dela Libyeporterau-delàde la ligne

de 1935. C'est cequi a conduit le Tchadà supposer que la Liby réclame

beaucouppour obtenirun peu, dans une sort de stratégie judiciaire

consistant à réclamertoutdans l'espoir d'obtenirla moitié.

Mais s'il a étésurprisou consterné pal res demandes de la Libye,

le Tchadn'a qu'à s'enprendre à lui-même. Si le Tchads'étaitbien

préparéet avaitétudié à fond l'historiqu du différend, il aurait

compris que, lorsqueMussolini acceptai la lignede 1935, il concédait

un certainterritoire à la France. Mussolinai faitcette concessioàn

la Franceen échangede la promessede l'appuifrançais àla conquête de l'Abyssiniepar l'Italie. Et commeon vous l'a déjà dit,c'estle refus

de la Francede tenircettepromesse qui a conduit l'Italieà refuser de

ratifierle traitéde 1935.

Considérons lepsremières demande ottomanes. Considérons les

demandesde l'Italie,fondées sur sa succession à l'Empireottomanet

formulées lors des négociatio avecla Franceau coursde la

période1920-1934. Par rapport à ces critères,on ne voit rien

actuellesde la Libye et donc rieqnui vienne
d'exorbitant aux demandes

justifierle soupçondu Tchadque la Libye présente une demandetrop

étendue par simple stratégidee procédure.

Au sujetde l'autrehypothèsedu Tchad - à savoir quela Libye

invitela Courà s'acquitter de la tâched'attributionde territoires en

se fondantsur lescritères ex aequo et bon0- je voudrais dire cqeui

suit.

En deux mots, laréponseest que,s'il en étaitainsi, la Cour

pourrait simplemen ne pas tenircomptede ces critèreset ne retenirque

les critères fermement établis edroit.

Mais en fait, iln'en est pasainsiet, si vous le permettej z,

rappellerai à la Courles critèresqui, auxyeux de la Libye, sont

applicables en l'espèce. Ils ont été décrits assez longuement dales

contre-mémoird ee la Libye,à la neuvième partie,i bien queje me

contenteraide les examiner brièvement pol urinstant.

Nous estimonsque laCour doit partid ru pointde savoirs'il existe

un titreantérieursur le territoire, antérieurà l'arrivéedes

Français. Celanous amène àtoute laquestionde la nature juridiqu du

territoire- s'agissait-il d'uneterra nulliusou, dansla négative,

qui détenait letitre ? M.Crawforden traiteralonguement plus tard.

De toute évidencei,l s'agitd'unequestion juridiquq eui n'oblige

nullement laCour à recourirà l'équité praeter legem. -.
En conséquence,et selon la réponse que la Cour donneracette

première question,la Cour auraà choisirles critères sur la base

desquels elle juger ai la Francea pu acquérirun titre. Si le

territoire était terranullius,c'estl'occupation qui es le fondement

de tout titre français et il fautalorsse demandersi une présence
67
militaire très limité de la Francepouvait constitue une occupation

effectivede ces vastescontrées. Une fois encore, il s'agitici d'une

questionde droittraditionnelle et simple.

Si le territoiren'étaitpas terranullius, alors la question

revient à savoirsi la Francea acquisle titrepar un droitde

conquête. La questiondevientalorsplus complexe, car nous nous

trouvonsnon seulement devant larestriction traditionnel qui veut

qu'unepuissanceoccupanteet belligérante n'acquière pas la souveraineté

par l'occupatio nilitaire, maisaussi devantla restriction nouvelle

énoncéedans le Pactede la Société des nation et le Pacte de Parisq,ui

interditl'acquisitiod n'un titre parla guerre. Nous introduisonisci

un élémentnouveau ettemporelbien que les questionsà examiner

paraissentsans contestede caractère juridique.

Selonun autre critère,il fautse demanders'il est possiblede

remédier aux vices d'unreéclamationinfondéed'un titrepar la France

par la reconnaissance dcee titre parla communautéinternationaloeu

l'acquiescemendte celle-cià ce titre. Il s'agitune foisencored'une

question juridiquteoutà fait respectable.

En fait, cen'estque lorsqu'ons'éloignede la question du titre

pour examiner les limitgeésographiquede ce titre- en bref sil'on

passeà la questiond'une frontière effecti veque l'on en vienà des

critèresqui contiennenmtême un soupçond"'équitén.

Mais ilfaut ici évitel re piègequi consisteà présumer quetoutes

les considération s'équitésont praeter legem ,t exigent doncde la Cour qu'elleabandonnesa fonction judiciaire et agisseex aequo

et bono, ou comme "aimablecompositeur". Il n'en est tout simplement

pas ainsi.

Dans le droit relatif à la délimitation maritime, la Cour connaît

bien le rôledes considérations d'équité,expliquéesinfra legem et non

contralegem. Mais la mêmechose est vraie des frontières terrestres,

et dans le contre-mémoirede la Libye (par. 9.38-9.45)nous avons cité

-..
68 touteune sériede précédents : l'affairedu Rann de Kutch, l'affaire

du Groenlandoriental,les sentences arbitrales ~olivie/Pérouet

Guaternala/Honduras.

De plus, récemment, la Coura fait appel à l'équitéinfra legem

dans le contexte de frontièret serrestres. Dans l'affairedu ~ifférend

frontalierentre le Burkina Faso et le Mali, la Cour, dans l'arrêtdu

22 décembre1986, a admis qu'ellen'avaitpas le pouvoirde statuer

ex aequo et bono, maiselle a fait une nette distinction entre ce

pourvoirde l'équitéinfra legem(par. 28);et ainsi,par exemple,elle

a conclu que la ligne devait diviserml aare frontière deSoum "de façon

équitable"(par. 150), c'est-à-direen parts égales.

La même approchea été adoptéepar la Chambredans l'affaire

El Salvador/Honduras, dans l'arrêtdu 11 septembre1992. Dans cette

affaire,la Chambre,citanttout en l'approuvant l'arrêd tans l'affaire

Burkina Faso/Mali,a déclaréce qui suit :

"considérantcomme établique la lignede l'utipossidetis
dans cettezone s'avère impossibl àe déterminer,la Chambre
estime qu'il y a lieu de s'appuyersur l'équitéinfra
legem..." (C.I.J. Recueil1992, p. 167, par. 262).

Ainsi laquestionqui se pose est de savoir siles critèresou

considérations avancés par la Libye doiventlégitimementêtre considérés

dans le cadredu droit,dans une situationoù il n'existeaucune frontière

conventionnelle et où le territoireest faiblementpeuplé, tandisque

les preuvesconcrètesd'actesd'administration sont, elles aussi,rares. La Libyea parléde la conduitedes parties intéresséey s,compris

leur position dans lenégociations. Il ne faitguèrede doute quecela

apportedes élémentsde preuvevalables sur lesquels la Co peut se

fonder.
Dans l'arrêtdans l'affaireBurkinaFaso/~é~ubliqud eu Mali,la

Coura prisnote de certains accordr sésultantde négociationsayant eu

lieu au seind'unecommission paritairepermanente, accords qui, bien que

n'ayantjamais été approuvé de façon à acquérirforce obligatoire,

donnaient néanmoin ses indicationssur la manièrede voir des

fonctionnairedses districts limitrophe (lescommandantsde "cercle")à

l'époqueconsidérée (C.I.J.Recueil 1986,par. 147).

Le recoursaux élémentsde preuve résultandte négociationsa été

encore plus marqué dan l'affaireEl Salvador/Hondurasqui a fait

l'objetd'unedécisionl'année derniére. En ce qui concerne lepremier

secteuren litigede la frontière terrestre, C laambrea rappelé les

négociationsde 1881et 1884. Or ce n'étaitpas dans lebut de lier

une partie àdes concessions faite au coursde négociations- car la

Chambres'estconstamment refusée à tenircomptede propositions faites

sous toutes réservepsour faciliteurn compromis- mais bienparceque la

Chambre"peut à bon droit tenir compt de l'opinionque partageaienles -

Partiesen 1881et en 1884quant à la baseet à la portéede leur

différend"'(c.1.3 .ecueil1992,p. 59, par.73). De même,en ce qui

concerne le quatrième secteur,Ch lambre a tencuomptedes négociations

de 1869(par. 263), et, pour le dernier secteur,es négociations

de 1972. En un sens,l'intérêt des élémentsde preuvetirés des

négociationsest qu'ilsrévèlent la continuité- ou l'absencede

continuité- des positions depsarties. A condition quel'onpuisse

laisserde côté lespropositions visant pureme autcompromis, ceu'une

partie croyaitvraiment êtrede sa partune revendication juridique

légitimeest souvent révélé dans lnesgociations. Dans la présente affaire nous avons des négociationdse ce genre,à

savoirles négociations détaillées entrl ea France etl'Italieentre 1920

et 1934 : peut-êtreles seules négociation qsi aientréellement eu lieu

au sujetde cettefrontière.

La validité de ce critère t enntque critère juridiqueest donc
70
bien établie : il ne peut êtrequestionde dire que celaa entraîné la

Cour dansdes domaines extra legem.

Qu'en est-ildes considérationgséographiques, autre critè proposé

par la Libye ? Entraînent-elles la Coe urdehorsdu droit ? La chose

n'estpas plausible à premièrevue. Certes, toutes les commissionsde

démarcationdisposentdu pouvoir intrinsèqu d'adapterla lignequ'elles

considèrent- c'est-à-dire lesmarquesphysiquesde la ligne dont il a

été convenu,tellesque lespiliersou les monuments - aux

caractéristiques géographiqu dusterrain. L'idéeque la Cour

internationaldee Justicea moinsde pouvoirdiscrétionnairq eu'une

commission de démarcationest en principepeu séduisante.Et il est

clairqu'ellen'estpas admise parla jurisprudence.Pourne donner

qu'unseul exemplerécent, dans l'affaire El Salvador/Hondurasla

Chambrese trouvait devanu tn problème, celudi'avoirà établir uneligne

sur des distancetsrès considérables en terrain difficile et le bon

sens luia dicté detenir compte de la géographie :

"Aussilorsque la Chambr aeconstatéque les très nombreux
instruments cités,,mêm aprèsun examenminutieux, ne donnent
aucune indicatiocnlaireet dépourvue d'ambiguïte é,lea jugé
légitimede tenircompte dans une certainemesurede l'aptitude
de certainescaractéristiques topographiques définir une
frontière identifiabe le commode." (C.I.J.Recueil 1992,
p. 43, par. 46.)

La Chambrea adopté la même faço de voir lorsqu'ellea suivi la lignede

partagedes eaux,dans lepremiersecteur(par.101). Ainsi, une foid se

plus, lecritère est parfaitemel ntgitime, selon leroit. -.
Peut-ondire la même chose des considérations humaine et

économiques, invoquée psar la Libye? On se souviendra quela Libyea

fortement mis l'accentsur le faitque les habitantd ses confinssontdes

Libyens,des tribus senoussiqui ont de longue datedes liens sociauxet

économiques avel ce nord. Ici la Cour ale choix. Elle peut suivre une
I.
pratique courante -maisnullement invariabl -edes siècles écoulés qui

consisteà considérer la délimitation cou mmee activité portanstur un

territoire : ainsi cette activit aéun caractère essentiellement

politiqueou géographique, qui utilise les cartes comm instrument
7 1
essentiel, et l'on trace les lignes appropriées sans tenir co deste

intérêtsde ceuxqui habitent le territoire.Ou bien elle peut tenir

comptedu fait qu'à l'époquecontemporainel'accentest mis sur les

populations, faiq tui se reflète dans lesrincipesjuridiques relatifs

aux droitsde l'hommeet dans ledroitdes peuples à disposer

d'eux-mêmes.Et ce faisant à considérerla délimitation comm étant

davantagequ'uneactivité abstraite d,e caractèrecartographique,

c'est-à-dire à la considérer commuen effort visantà obtenirdes

frontières stables qui, dal ns mesureoù ellestiennentcompte des

intérêtsde la population du territoire,offrentdes perspectives

raisonnablesde stabilitéet reflètentles voeuxde la population.

Les considérationdse stabilité,de paix et de sécurité- que la

Libye meten avant à titrede critère supplémentai resont similaires.

Il est difficilede voir comment lC aour,organedes Nations Unies,

pourraitne teniraucun compte de ces considérations qui figurent parmi

les buts principau de l'organisation, apuaragraphe 1de l'article1 de

la Chartedes NationsUnies.
Cela est d'autantplus vrai lorsque

l'objectifde la délimitatioe nst d'assurer la stabilité long terne. Dans lescirconstances de la présente affai one,eutdire que la

nécessité pourla Courde tenir compte de ces considérations résulte

directement du traitéde paixde 1947 avecl'Italie(mémoirede la Libye,

annexes,vol. 2, annexe26). La déclaration des quatre puissances ,ui

formel'annexeXI à ce traité,engageaitles quatre puissance àsrégler

le sortdéfinitifdes colonies italiennes "en tenant com dese

aspirations et du bien-êtredes habitants, ainsiue des exigencesde la

paix et de lasécurité1'.Si ces considérations étaient pertinentes pour

la tâchedes quatre puissances, elll esétaienttout autant lorsque

l'organisatiodnes NationsUniesa assumé cette même tâche. Et dans la

mesureoù la Coura maintenant à accomplirle stade finalde cette même

tâche,cesmêmes considérations reste aptplicables.

Celadit,de quelque façon qu'onenvisageces questions, l'argument
72
du Tchadselonlequella conception libyenn de la tâchede la Cour

obligecelle-ci à s'écarterdu droitet à statuer ex aequo et bondoit

êtreerroné. Car, en dernière analyse, la Coe urt libre d'accepteoru

de rejeterles critères proposépsar la Libye. Etsi laCour décide que

les critères proposépsar la Libye dépassent cqu'autorisele droit,

elleles rejetterasansdoute. La situation ne diffère pasde ce qui se

passedans unedélimitation maritime quandl'unedes Parties soutient

qu'unfacteur déterminé impor teuraboutir à un résultatéquitable.La

Cour peutbienne pas être d'accord et ne pas tenir comptee ce

facteur. Ce ne signifie paspour autant quela Partieait demandé àla

Courd'agir ex aequo et bono. De plus,toutcelan'a vraimentaucun

rapport avecla question de savoir s'il existe dans cette af unaire

différendufrontalier"o,u un différend"territorial"o,u si latâche de

la Course limite à choisirentredeux lignes,ou même si le différend

est restreintà la région géographique appel laebandedlAouzou. -. Toutes ces questions sod nt cellessur lesquelles la Coupreut

statuer dansle cadrede sa fonctionjudiciaire. Le faitqu'à propos de

telles questionlsa Libye adopteun pointde vue différendte celuidu

Tchadne signifie pas que la Libye demandà la Courd'outrepasser la

fonction judiciair eui est la sienne.

Enfinje voudraisformulerdeux observations sur la-positiondu

Tchadlui-même. Le fait estque le Tchadne s'estopposé à

l'argumentatiodne la Libyeni pourdes raisonsde compétence, ni pour

des raisonsde recevabilité. Il seraitdonc erronéd'accueillir des

argumentsdu Tchadqui tendent à placercelui-cidansune positionaussi
w
favorable ques'il l'avaitfait. Si leTchadavait réellement cru que

les demandesde la Libyeoutrepassaienlta compétenceconférée par

l'accord-cadreo,u étaient irrecevables po urelque raisonque ce soit,

il avait toutepossibilitéde présenterces exceptions.Or il ne l'a pas

fait. Il seraittout à fait critiquable d'arriv aeurmême résultatlors

de la procédure sur lfeonden permettant auTchad d'invoquer ces
7bJ
argumentsextraordinairesselon lesquelsles demandesde la Libye

entraînentla Cour en dehors d ea fonction judiciairpropre.

Voici la secondoebservation.La "troisième théorie du Tchad,

élaboréeau stadedu contre-mémoire,rend réellemenatbsurdes les

objections soulevéesar le Tchad. La Cour s'ensouvient, il s'agit de

la théorieselonlaquelle, même soin concèdequ'iln'existe pas de

frontièreconventionnelle, la lig dee1899-1919ainsi dénomméeest

devenue une frontièr conventionnellpear l'effet deseffectivités

françaises : ce que leTchad appelle l'occupation.

A l'évidence,cette théorieest tout à faitincompatibleavec la

thèseselonlaquellela Courn'a à connaître qued'un différend

"frontalier",d'un choixentrela lignede 1899-1919 et la lignede 1935;

ou même lathèseselonlaquellele différendse limitegéographiquement à la bandedlAouzou. En effet, toute demandefondéesur leseffectivités

ou l'occupation es d'abordet avant tout une revendicatio de titreet

le titreportesur le territoirep ,as seulementsur la ligne. La ligne

n'estque la limite jusqu'àlaquellele titres'étend.

Or s'il en va de la sorte,il en résulte quela questionne saurait
74
- - être formuléeen termesd'un choixentreles deux lignes, car le Tchad

doit prouver que la Franceoccupaitde façon effective et légitime la

Et pour la même
totalitédu territoire jusqu'àla lignequ'ildemande.

raisonle différend ne sauraitêtrerestreint de façon arbitraireà la

bande d'bouzou. Un titre français sur la banded'bouzoudoit

présupposerun titre français sur lesconfinsvers le sud. Pourquoi

faudrait-il le présupposer? Où trouve-t-on,dans l'accord-cadre, quoi

que ce soit qui puissejustifier unetellesupposition ?

La réponsedoit êtrecelle-ci :le Tchadne peutpas invoquer des

suppositionsde cette nature.Le Tchaddoitprouverque la France avait

un titrevalide sur la totalitédu territoire au sudde la lignequ'il

demande maintenant, dans m lasure oùl'Empireottoman,l'Italieet

maintenantla Libyecontestent ce titre. Quantaux revendication de la

Libye,il convientde statuerà leursujet selon leurm sérites. Telle

est la tâche de laCouret il n'existe aucuneraisond'empêcher la Cour

d'accomplir cette tâche judicia quieentredans le cadrede ses

fonctions.

Selonla Libye, laCour a pour tâchede tracerune lignefrontière

qui séparele territoire susceptib d'êtreattribuéau Tchaddu

territoiresusceptible de l'êtreà la Libye. Les conclusions de la Libye

ont étérédigées en vue de cettefin,non pas seulement parcq eu'une

telletâche relève directementde lacompétence de la Cour,tellequ'elle

est définie dansl'accord-cadrem,ais aussiparce quec'est là le seul

moyende régler leprésent différen de façondéfinitive. -.
Il n'y a pas de douteque la tâche ne soit plusexigeanteque celle

d'un simple choix entredeux lignes. Il s'agitpourtantd'une tâchetout

à faitpossibleet, à un stadeultérieur des plaidoiries dela Libye,

quandtoutesles considérations pertinentes auré otnt entièrement

exposées à la Cour,je reprendrai la parole pourindiquer comments ,elon

la Libye,on peut appliqueret harmoniser ces considérations diverses

pour aboutirà un tracé effectif dl ea frontière.

75 Monsieurle Président, ainsis'achèvemon exposé. Je remercie

la Cour de son attention.

Le PRESIDENT :Je vous remercie beaucoup Monsie Bowett. Nous

continuerons lundimatin à 10 heureset nous entendrons M. Crawford.

L'audience est levée à12 h 45. .,. . , ..*irSIiPI-..-
; ' " ? Y . sI r.-r .-é9
Ii..,.::' . , $'.a Traduction
' L , .J u
Uncorrecte 7 - . -' - i . -**rrS-.-d I Translation

CR 93/18(traduction)/Corr.
Le 5 juillet1993
(Français seulement)

Rectificatif au compte rendu CR 93/18 (traduction)

Page 52, deuxièmeet neuvième lignes : au lieu de "scinderle différend",

lire "partagerla zoneen litige".

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