Non-Corrigé
Uncorrected
CR 2008/29
International Court Cour internationale
of Justice de Justice
THHEAGUE LAAYE
YEAR 2008
Public sitting
held on Friday 12 September 2008, at 10 a.m., at the Peace Palace,
President Higgins presiding,
in the case concerning Maritime Delimitation in the Black Sea
(Romania v. Ukraine)
________________
VERBATIM RECORD
________________
ANNÉE 2008
Audience publique
tenue le vendredi 12 septembre 2008, à 10 heures, au Palais de la Paix,
sous la présidence de Mme Higgins, président,
en l’affaire relative à la Délimitation maritime en mer Noire
(Roumanie c. Ukraine)
____________________
COMPTE RENDU
____________________ - 2 -
Present: Presieitgins
Vice-PresiKntasawneh
Judges Ranjeva
Shi
Koroma
Buergenthal
Owada
Tomka
Abraham
Keith
Sepúlveda-Amor
Bennouna
Skotnikov
Judges ad hoc Cot
Oxman
Registrar Couvreur
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -
Présents : Mme Higgins,président
Al-Kh.vce-prh,ident
RanMjv.
Shi
Koroma
Buergenthal
Owada
Tomka
Abraham
Keith
Sepúlveda-Amor
Bennouna
Skoteiskov,
CotMM.
jOges an, ad hoc
Cgoefferr,
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -
The Government of Romania is represented by:
Mr. Bogdan Aurescu, Director General, Ministry of Foreign Affairs of Romania, Professor
Lecturer, Faculty of Law, University of Buchar est, President of the Romanian Branch of the
International Law Association, member of th e Permanent Court of Arbitration, substitute
member of the Venice Commission,
as Agent, Counsel and Advocate;
Mr. Cosmin Dinescu, Director General for Legal Affairs, Ministry of Foreign Affairs of Romania,
as Co-Agent, Counsel and Advocate;
H.E Mr. Călin Fabian, Ambassador of Romania to the Kingdom of the Netherlands,
As Co-Agent;
Mr. James Crawford, S.C., F.B.A., Whewell Prof essor of International Law, University of
Cambridge, member of the Institut de droit international, Barrister, Matrix Chambers,
Mr. Vaughan Lowe, Q.C., Chichele Professor of Inte rnational Law, University of Oxford, member
of the English Bar, associate member of the Institut de droit international,
Mr. Alain Pellet, Professor at the University Paris Ouest, Nanterre-La Défense, member and former
Chairman of the International Law Commission, associate member of the Institut de droit
international,
a s Senior Counsel and Advocates;
Mr. Daniel Müller, Researcher at the Centre de droit international de Nanterre (CEDIN), University
of Paris Ouest, Nanterre-La Défense,
as Counsel and Advocate;
Mr. Simon Olleson, member of the English Bar, 13 Old Square Chambers,
as Counsel;
Mr. Gicu Boroşi, Director General, National Agency for Mineral Resources,
Mr. Mihai German, Deputy Director General, Nati onal Agency for Mineral Resources, member of
the United Nations Commission on the Limits of the Continental Shelf,
Mr. Eugen Laurian, Counter-Admiral (retired),
Mr. Octavian Buzatu, Lieutenant Commander (retired),
Mr. Ovidiu Neghiu, Captain, Ministry of Defence of Romania,
as Technical and Cartographic Experts;
Mr. Liviu Dumitru, Head of the Borders and Maritime Delimitation Unit, Ministry of Foreign
Affairs of Romania, - 5 -
Le Gouvernement de la Roumanie est représenté par :
M. Bogdan Aurescu, directeur général au ministère roumain des affaires étrangères, chargé de
cours à la faculté de droit de l’Université de Bucarest, président de la section roumaine de
l’Association de droit international, membre de la Cour permanente d’arbitrage, membre
suppléant de la Commission de Venise,
comme agent, conseil et avocat ;
M.CosminDinescu, directeur général des affair es juridiques du ministère roumain des affaires
étrangères,
comme coagent, conseil et avocat ;
S. Exc. M. Călin Fabian, ambassadeur de Roumanie auprès du Royaume des Pays-Bas,
comme coagent ;
M. James Crawford, S.C., F.B.A., professeur de dr oit international à l’Université de Cambridge,
titulaire de la chaire Whewell, membre de l’Institut de droit international, avocat, Matrix
Chambers,
M. Vaughan Lowe, Q.C., professeur de droit internati onal à l’Université d’Oxford, titulaire de la
chaire Chichele, membre du barreau d’Anglet erre, membre associé de l’Institut de droit
international,
M. Alain Pellet, professeur à l’Université de Pari s Ouest, Nanterre-La Défense, membre et ancien
président de la Commission du droit internatio nal, membre associé de l’Institut de droit
international,
comme conseils principaux et avocats ;
M. Daniel Müller, chercheur au Centre de droit in ternational de Nanterre (CEDIN), Université de
Paris Ouest, Nanterre-La Défense,
comme conseil et avocat ;
M. Simon Olleson, membre du barreau d’Angleterre, 13 Old Square Chambers,
comme conseil ;
M. Gicu Boroşi, directeur général de l’agence nationale des ressources minières,
M. Mihai German, directeur général adjoint de l’agence nationale des ressources minières, membre
de la Commission des limites du plateau continental de l’ONU,
M. Eugen Laurian, contre-amiral (en retraite),
M. Octavian Buzatu, capitaine de corvette (en retraite),
M. Ovidiu Neghiu, capitaine, ministère roumain de la défense,
comme experts techniques et cartographes ;
M. Liviu Dumitru, chef de l’unité frontières et délimitation maritime du ministère roumain des
affaires étrangères, - 6 -
Ms Irina Ni ţă, Second Secretary, Legal Adviser, Embassy of Romania in the Kingdom of the
Netherlands,
Ms Catrinel Brumar, Third Secretary, Borders and Maritime Delimitation Unit, Ministry of Foreign
Affairs of Romania,
Ms Mirela Pascaru, Third Secretary, Borders and Maritime Delimitation Unit, Ministry of Foreign
Affairs of Romania,
Ms Ioana Preda, Third Secretary, Borders and Maritime Delimitation Unit, Ministry of Foreign
Affairs of Romania,
Ms Olivia Horvath, Desk Officer, Public Diplom acy Department, Ministry of Foreign Affairs of
Romania,
as Advisers.
The Government of Ukraine is represented by:
H.E. Mr. Volodymyr A. Vassylenko, Adviser to th e Minister for Foreign Affairs of Ukraine,
Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary of Ukraine, Professor of International Law,
National University of Kyiv Mohyla Academy,
as Agent;
H.E. Mr. Oleksandr M. Kupchyshyn, Deputy Foreign Minister of Ukraine,
Mr. Volodymyr G. Krokhmal, Director of the Lega l and Treaty Department of the Ministry of
Foreign Affairs of Ukraine,
as Co-Agents;
Mr. Rodman R. Bundy, avocat à la Cour d’appel de Paris , Member of the New York Bar,
Eversheds LLP, Paris,
Mr. Jean-Pierre Quéneudec, Professor emeritus of International Law at the University of ParisI
(Panthéon-Sorbonne),
Sir Michael Wood, K.C.M.G., Member of the English Bar, Member of the International Law
Commission,
Ms Loretta Malintoppi, avocat à la Cour d’appel de Paris , Member of the Rome Bar,
Eversheds LLP, Paris,
as Counsel and Advocates;
H.E. Mr. Vasyl G. Korzachenko, Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary of Ukraine,
Ms Cheryl Dunn, Member of the State Bar of California, Eversheds LLP, Paris,
Mr. Nick Minogue, Solicitor of the Supreme Court of England and Wales,
Mr. Oleksii V. Ivaschenko, Acting Head of International Law Division, Legal and Treaty
Department of the Ministry of Foreign Affairs of Ukraine, - 7 -
Mme Irina Niţă, deuxième secrétaire, conseiller juridique à l’ambassade de Roumanie au Royaume
des Pays-Bas,
Mme Catrinel Brumar, troisième secrétaire, unité frontières et délimitation maritime du ministère
roumain des affaires étrangères,
Mme Mirela Pascaru, troisième secrétaire, unité frontières et délimitation maritime du ministère
roumain des affaires étrangères,
Mme Ioana Preda, troisième secrétaire, unité frontières et délimitation maritime du ministère
roumain des affaires étrangères,
Mme Olivia Horvath, responsable du départem ent des relations diplomatiques du ministère
roumain des affaires étrangères,
commceonseillers.
Le Gouvernement de l’Ukraine est représenté par :
S. Exc. M. Volodymyr A. Vassylenko, conseiller du ministre des affaires étrangères de l’Ukraine,
ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Ukraine, professeur de droit international à
l’Académie Mohyla (Université nationale de Kiev),
comme agent ;
S. Exc. M. Oleksandr M. Kupchyshyn, vice-ministre des affaires étrangères de l’Ukraine,
M. Volodymyr G. Krokhmal, directeur du départem ent des affaires juridiques et des traités du
ministère des affaires étrangères de l’Ukraine,
comme coagents ;
M. Rodman R. Bundy, avocat à la cour d’appel de Paris, membre du barreau de New York, cabinet
Eversheds LLP, Paris,
M. Jean-Pierre Quéneudec, professeur émérite de dr oit international à l’Université de ParisI
(Panthéon-Sorbonne),
sir Michael Wood, K.C.M.G., membre du barreau d’Angleterre, membre de la Commission du
droit international,
Mme Loretta Malintoppi, avocat à la cour d’appel de Paris, membre du barreau de Rome, cabinet
Eversheds LLP, Paris,
comme conseils et avocats ;
S. Exc. M. Vasyl G. Korzachenko, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Ukraine,
Mme Cheryl Dunn, membre du barreau de Californie, cabinet Eversheds LLP, Paris,
M. Nick Minogue, Solicitor à la Cour suprême d’Angleterre et du pays de Galles,
M. Oleksii V. Ivaschenko, directeur par intérim de la division du droit international, département
des affaires juridiques et des traités du ministère des affaires étrangères de l’Ukraine, - 8 -
Mr. Maxime O. Kononenko, First Secretary of the Embassy of Ukraine in the French Republic,
Ms Mariana O. Betsa, Second Secretary of th e Embassy of Ukraine in the Kingdom of the
Netherlands,
as Legal Advisers;
Mr. Robin Cleverly, M.A., D. Phil, C. Geol, F.G.S., Law of the Sea Consultant, Admiralty
Consultancy Services,
Major General Borys D. Tregubov, Assistant to the Head of the State Border Protection Service of
Ukraine,
as Technical Advisers. - 9 -
M. Maxime O. Kononenko, premier secrétaire à l’ambassade d’Ukraine en France,
Mme Mariana O. Betsa, deuxième secrétaire à l’ambassade d’Ukraine au Royaume des Pays-Bas,
comme conseillers juridiques ;
M. Robin Cleverly, M.A., D. Phil., C. Geol., F.G.S., consultant en droit de la mer, Admiralty
Consultancy Services,
M. Borys D. Tregubov, général de division, assistant du chef du service de protection des frontières
d’Etat de l’Ukraine,
comme conseillers techniques. - 10 -
The PRESIDENT: Please be seated. We meet today for the continuation of the
presentations of Ukraine and, Ms Malintoppi; I understand you are to begin.
Ms MALINTOPPI: Thank you, Madam President.
IX. R OMANIA ’S IRRELEVANT CIRCUMSTANCES :THE B LACK SEA AS AN ENCLOSED
OR SEMI -ENCLOSED SEA ,DELIMITATION AGREEMENTS THEREIN
AND THE SIGNIFICANCEOF SERPENTS ’ ISLAND
(CONTINUED )
D. The significance of Serpents’ Island
27. Madam President, Members of the Court, in the remaining part of this speech, I will deal
with the significance of Serpents’ Island. In a pproaching this subject, which has attracted an
inordinate amount of attention during Romania’s first round presentation, I would like to preface
what is to follow with an assurance that I shall be brief.
28. Madam President, last week my friend, Pr ofessorPellet, reminded us of LaFontaine’s
story of “La grenouille qui veut se faire aussi gro sse que le bŒuf”. Actually, Romania’s treatment
of Serpents’ Island reminds me of a more ancient fa ble, by Aesop, that of the fox and the grapes,
the moral of which was: it is easy to denigr ate what you do not have. Madam President, Members
of the Court, all the efforts spent by Romania in order to belittle Serpents’ Island’s importance and
to deny it any role in the delimitation have had the effect of putting the Island at centre stage.
Among the relevant circumstances said by Romania to characterize the present delimitation, the
presence of Serpents’ Island now occupies a place of honour. The irony of this will not be lost on
the Court, since ⎯ as it has become evident during these oral proceedings ⎯ Romania is otherwise
intent on minimizing and ridiculing the importance of this Island and its legal status, in an attempt
to nullify the effect it can have on the delimitation.
29. It is undisputed that, being a prominent island in the Black Sea at the crossroads of
civilizations, Serpents’ Island captured the imagina tion and the attention of ancient travellers and
historians, who devoted a number of accounts to its history and the legends it inspired. As shown
by the maps produced by both Parties, a great number of maps have represented the Island since the - 11 -
sixteenthcentury as a prominent feature and map makers have consistently referred to it as an
island 1.
30. While recognizing Serpents’ Island’s history and strategic importance 2, Romania
maintains that it cannot have a continental shelf or exclusive economic zone of its own because it is
nothing more that an insignificant, uninhabite d and inhospitable rock that lacks water and
vegetation. Indeed, as Ukraine has shown, Se rpents’ Island is capable of sustaining human
3
habitation. It has water and it has vegetation . It should also be noted that in the 1997 Exchange of
Notes, at Romania’s insistence, reference was made to Ukrain e’s undertaking not to deploy
offensive weapons on Serpents’ Island. Evidently, Romania did not view Serpents’ Island as a
barren rock then, if it thought that it could accommodate offensive weapons.
31. According to Romania, given Serpents’ Is land’s “potential to distort the delimitation
line”, the Island should be granted at most a 12-nau tical-mile band of territorial sea, and should not
even be used as a base point for the constructi on of the provisional equidistance line, something
4
which Romania does not hesitate to do for a man-made feature such as Sulina dyke .
32. A number of black and white pictures showing details of rocks and boulders have been
produced with Romania’s Memorial ostensibly in order to show what Romania dubs “the desolate
5
appearance of Serpents’ Island” . Similar pictures were displayed again last week.
33. However, there are other pictures that Ro mania has not displayed. One example is now
appearing on the screen and is under tab 62 of the judges’ folders 6. This is followed by pictures of
the lighthouse before and after its renovation, and another picture of the Island from Google Earth,
which is also at tab62. More photographs of the Island have been reproduced with Ukraine’s
written pleadings.
1CMU, pp. 187-188, para. 7.55, and Romania’s map atlas.
2
RR, p. 128, para. 5.4.
3
CMU, pp. 114-119, paras. 6.57-6.72 and Anns. 9, 85 and 86.
4MR, pp.113-128 and 214-215, paras.8.86-8.123 and 11.46-11.50 and RR, pp.197-198 , paras.6.26-6.28;
CR 2008/20, pp. 31-38, paras. 50-60 (Pellet).
5MR, p. 154, para. 10.29; pp. 147, 149 and 153, figs. 13-17; and , p. 158, figs. 19-20.
6CMU, photo A. - 12 -
1. Romania’s arguments that Ukraine violated the principle of good faith
34. Romania has complained th at Ukraine has attempted to m odify the Island’s appearance
and has turned it into an “artificial island” by engaging in a programme aimed at transforming it for
7
the purposes of this case . Romania contends that the ac tivities carried out by Ukraine on
8
Serpents’ Island represent a violation of the prin ciple of good faith–– or, an “abus de droit” ––
and that they amount to “admissions against interest” by Ukraine 9. These accusations are
fundamentally misplaced.
35. Madam President, Ukraine has done nothi ng to change Serpents’ Island’s physical
structure or to increase its surface. None of Uk raine’s plans to modernize the infrastructure of
10
Serpents’ Island ⎯ which incidentally did not spring up overnight, but date back to 1995 ⎯
foresaw changing the Island’s physical appearance by adding land to it, or building structures to
widen its acreage 11. Serpents’ Island is clearly not a rock. It can ⎯ and it always could ⎯ sustain
human habitation. If there are structures and bui ldings on the Island now, it is because the Island
can accommodate them, as it always could. Habitation on the Island is not of recent vintage. It is
reported that Serpents’ Island w as inhabited during ancient times, and archaeological ruins testify
12
to that effect . There was no need for Ukra ine to resort to artifice in order to renovate, or build
ex novo buildings and installations, and set up villa ges on Serpents’ Island to show that it can
sustain human habitation.
36. During the nineteenth century and up until the First World War, Russian troops were
13
stationed on the island . The Agent of Romania acknowledged, during his first presentation last
Tuesday, that Serpents’ Island included a military post under the direct control of the military
14
authorities in Moscow for some 43 years .
7
RR, paras. 5.94-5.107; CR 2008/20, pp. 54-66 (Aurescu).
8
RR, para. 5.106 and Ann. 23; CR 2008/20, p. 64, paras. 27-28 (Aurescu).
9
CR 2008/20, pp. 63-64, paras. 24-28 (Aurescu).
10CMU, para. 7.72.
11See Ukraine’s laws produced by Ukraine with its Count er-Memorial at Anns.67-74, 76-80, 84, 86, 87, 89, 93
and 95.
12RU, pp. 117-118, para. 6.71.
13MR, p. 25, para. 3.14; CMU, p. 190, para. 7.62.
14
CR 2008/18, p. 22, para. 23 (Aurescu). - 13 -
37. According to Romanian sources, in the period between the two World Wars, when the
island was under Romanian rule, Romania itself ha rboured hopes of developing the island that
15
included plans to build a hospital, a chapel, a monastery and a penitentiary . These plans were
eventually not implemented, but what matters is that, obviously, Romania believed ⎯ at least at the
time ⎯ that it was appropriate and useful to erect the buildings and structures it envisaged and that
the Island could sustain human habitation and economic life.
38. Moreover, the record belies Romania’s th eory that Ukraine’s administrative measures
have been undertaken as part of a plan to modify Serpents’ Island’s legal status with this case in
mind. These measures are part of an ongoing prog ramme of modernization and development of
Serpents’ Island’s infrastructure that began shortly after Ukraine regained its independence.
39. There can be no question of an “abus de droit” in the present case because Ukraine is
under no obligation to refrain from fostering the development of an island that forms part of its
territory. As the Court noted in the Nicaragua v. Honduras case, the principle of good faith “is
not . . . a source of obligation where none would otherwise exist” ( Border and Transborder Armed
Actions (Nicaragua v. Honduras), Jurisdiction and Admissibility, Judgment, I.C.J.Reports1988 ,
p. 105, para. 94). Ukraine’s activities on Serpents ’ Island are no more than the continuation of its
exercise of sovereign authority on the Island ⎯ a sovereignty that Romania does not dispute.
40. An abuse of a State’s rights cannot be presumed, but must be strictly proved by the party
alleging it ( Certain German Interests in Polish Upper S ilesia, Merits, Judgment No. 7, 1926,
P.C.I.J., Series A, No. 7, p. 30). Not only has no proof of abuse of rights been adduced by Romania
in this case but also no abuse of rights can occur in a situation, such as this one, where a State has
performed legitimate sovereign activities over its territory.
41. In order to provide substance to its alle gations that Ukraine embarked upon a project of
artificial transformation of Serpents’ Island, Ro mania resorts to a distortion of the titles of
Ukraine’s acts and a misinterpretation of their scope and purpose. A good example is the
resolution of the Ukrainian Cabinet of Minist ers No.1009 of 18December1995, which Ukraine
filed as Annex 67 to its Counter-Memorial, and whic h we have reproduced in full at tab 63 of your
15
CMU, para. 7.64; RR, Anns. 16 and 17. - 14 -
folders. There may well have been a misunderstanding because of a poor translation of
paragraph 5 of the resolution. Translated literally, this should read:
“5. The Ministry of Foreign Affairs shall continue with a set of measures
regarding the treaty-legal formalization of the State border with the Republic of
Romania, proceeding from there fact that the Island in accordance with the United
Nations Convention on the Law of the Sea, has its own exclusive (maritime) economic
zone and continental shelf.”
42. As you will see, this paragraph was simply an instruction to the Foreign Ministry to
negotiate the State border treaty with Romania (at a time when Romania did not accept the
agreements with the Soviet Union). This pa ragraph is quite separate from the other measures
covered by the resolution and was not aimed at modifying the island’s status for purposes of this
delimitation.
43. Similarly, resolution No.713 of 31May2002, referred to by Romania’s Agent as a
“‘Comprehensive Programme’ for transforming the island”, actually bears the title:
“Comprehensive Programme of the Further Development of Infrastructure and Conduct of the
16
Economic Activity on Zmiinyi Island and on the Continental Shelf” . The full text of this
resolution is in your folders, at tab64. As you will see from Article1, quite aside from the
difference in title, which in itself is representative of Romania’s misrepresentations, this resolution
concerns the “documentary legitimation of the Is land status as an administrative and territorial
formation”. In other words, it relates to the inclusion of Serpents’ Island in the Odessa
administrative region and to the attribution of the settlement on the island of the administrative
name of “Bile”.
44. Apart from this inaccurate presentation of Ukraine’s Government resolutions, Romania
relies on a variety of press clippings where journalistic interpretations of Ukraine’s laws and
regulations are provided without any indication of the sources used or the technical or legal
expertise of the authors of these articles. These press reports cannot be considered reliable sources
and their probative value is nil. In the Nicaragua v. United States of America case, the Court stated
that press articles should not by themselves be trea ted as evidence for judicial purposes. It noted
that:
16
CMU, Ann. 74. - 15 -
“[T]he Court has been careful to treat th em with great caution; even if they
seem to meet high standards of objectivity, the Court regards them not as evidence
capable of proving facts, but as material which can nevertheless contribute, in some
circumstances, to corroborating the existence of a fact, i.e., as illustrative material
additional to other sources of evidence.” ( Military and Paramilitary Activities in and
against Nicaragua (Nicaragua v. United States of America), Merits, Judgment, I.C.J.
Reports 1986, p. 40, para. 62.)
45. Another example of Romania’s misleading approach to this part of this case is provided
by the reference made by the Agent of Romani a last Thursday to a statement given to the
Romanian press agency by a Mr.Oleksander Sushko, whose qualifications are said to be:
“member of the Civil Council of Ukra ine’s Ministry of Foreign Affairs” 17. Mr. Sushko is reported
to have stated that it is impossible to “transform Serpents’ Island into an island”, but that Ukraine
was trying “to strengthen the arguments” in its favour. Mr. Sushko is entitled to his opinions, but
they in no way engage the Government of Ukrain e because this gentleman has no official capacity
within the Foreign Ministry of Ukraine. He is merely a political analyst with the unofficial body
called the “Civil Council”. And while the Council collaborates with the Ministry of Foreign
Affairs, it is not part of the Government.
46. In these circumstances, Romania’s referenc e to “admissions against interest” by Ukraine
is misplaced. None of these press reports and stat ements can be attributed to Ukraine but, even if
they could, quod non, they do not represent express statements of fact which are adverse to
Ukraine’s case.
2. Article 121 (3) of the Law of the Sea Convention
47. When it comes to legal definitions, the Par ties in any event agree that Serpents’ Island is
clearly an island within the meaning of Article 121 (1 ) of the United Nations Convention. It is “a
naturally formed area of land, surrounded by wate r, which is above water at high tide”. As the
Court can appreciate from the pictures that I have shown earlier, Serpents’ Island is clearly equally
not a rock within the meaning of Article 121 (3).
48. By contrast, the pictures that now appear on the screen ⎯ and are also at tab 62 ⎯ show
the kind of features that the drafters of the Law of the Sea Convention had in mind when they
included paragraph3 of Article121 of the Convention: a tiny rock, located in the middle of the
17
CR 2008/20, p. 65, para. 29 (Aurescu). - 16 -
ocean at a considerable distance from any coast. This, Madam President, is Rockall, the paradigm
example of an Article121(3) rock: tiny, barren, isolated and clearly unable to sustain human
habitation or economic life of its own.
49. Last week, Professor Lowe focused on the criteria set forth in Article 121 (3): first that
the feature in question has to be a “rock”, and sec ond, that it must be “capable of sustaining human
18
habitation or economic life of its own” . ProfessorLowe offered Romania’s interpretation of
these terms. In order to fulfil the criterion of “human habitation,” he stated, “there must be
sustained settlement. It may be occ upied seasonally, but it must be stable.” 19He added that the
criterion of human habitation is not met if peopl e are “ordered” to go to the island by their
employers 20. As to the requirement of an “economic life of its own”, he stated that Serpents’
Island has no economic life of its own, but is simply “an entirely government-funded project” 21.
22
50. In actual fact, Article121(3) does not provide a definition of what a “rock” is . Nor
does it elaborate as to the kind of human habitation, or the number of inhabitants or even whether
their presence should be permanent or temporary. It makes no reference to a “population”, or even
23
to natural or agricultural resources, to use expressions employed by Romania . Indeed,
paragraph 3 does not refer to actual habitati on or actual economic life. It refers to the capacity to
sustain human habitation or economic life. In an y event, Madam President, where there is human
life, economic life is likely to follow, and the reverse is also true: where there is economic
potential, human life is likely to follow. This is clear, and it is clear that both human habitation on
Serpents’ Island and economic potential exist. It is an island which is quite different from the rock
on the screen.
51. Even a feature that has never been inhabited would not necessarily fall within
Article 121 (3). This provision does not specify th at the ability for rocks to have an economic life
of their own means that, if they have little in the way of economic resources, they are not entitled to
18CR 2008/20, pp. 39-54.
19
CR 2008/20, p. 45, para. 30.
20
CR 2008/20, p. 45, para. 32.
21CR 2008/20, p. 48, para. 46.
22See R.R. Churchill and A.V. Lowe, The Law of the Sea, Manchester University Press, 1999, pp. 49-50.
23CR 2008/19, p. 67, para. 45 (Aurescu). - 17 -
a continental shelf or exclusive economic zone. Surely, the fact that an island depends on the
mainland for basic resources is quite common and the terms “economic life of its own” cannot
mean complete self-sufficiency, since such a r estrictive interpretation would rule out a great
number of small islands around the world.
52. Article 121 (3) of the Convention was inte nded to cover a handful of exceptionally small
features. Rockall was the paradigm case. This provision was never intended to cover islands of the
size of Serpents’ Island, of which there must be many examples all over the world. This is why
proposals ⎯ advanced during the Conference leading up to the conclusion of the Convention, such
as those of Romania to expand the class of features covered by the paragraph to include “islets”
and small islands similar to islets ⎯ were rejected. This is borne out by the subsequent practice of
parties to UNCLOS. The United Kingdom is alone, or virtually alone, in having amended its law,
24
with respect to Rockall, because of Article 121 (3) .
3. Romania’s proposals at the Third United Nations Conference on the Law of the Sea
and Romania’s declaration
53. On the subject of Article121(3), it is telling that not a word was said by Romania last
week about the position it advocated with respect to this Article during the Third United Nations
Conference on the Law of the Sea. This silence is particularly surprising in light of the fact that
ProfessorLowe devoted an entire speech to th e subject of “Serpents’ Island under the
1982Convention”, dealt at length with Article121 and quoted some of the proposals and
submissions made by certain other States during the Conference 25.
54. Romania’s omission in this respect is striking given that, at the time, it sought to carve
out a special régime for small islands or islets, quite separate from Article121(3), which should
also be ignored for the purposes of the delimitation of the continental shelf and exclusive economic
zone 26. Needless to say, Romania’s proposals were o bviously formulated with Serpents’ Island in
mind. But they were ultimately rejected. It is therefore important to go through the evolution of
24See R.R. Churchill and A.V Lowe, The Law of the Sea, Manchester University Press, 1999, pp. 163-164.
25
CR 2008/20, pp. 40-42, paras. 8-19.
26A detailed discussion of this topic is contained in Romania's Memorial, pp. 84-90, paras. 8.6-8.19. - 18 -
Romania’s position as expressed at the Conference on the Law of the Sea, and to draw some
conclusions from these discussions.
55. In 1974, at the second session of the Conference on the Law of the Sea, Romania
presented a document entitled: “Draft articles on delimitation of marine and ocean space between
adjacent and opposite neighbouring States and various aspects involved”. Article2, paragraph3,
of these articles ⎯ which is reproduced at tab65 of the judges’ folders ⎯ provided, in relevant
part, that:
“islets or islands similar to islets (of small size, uninhabited and without economic
life) which are situated outside the territorial waters off the coast and which constitute
eminences on the continental shelf... sha ll not be taken into consi27ration in the
delimitation of marine or ocean space between neighbouring States” .
56. A later proposal, also advanced in 1974, and reproduced at tab66, focused on the
28
“definition of and régime applicable to islets and islands similar to islets” . This time, the
definition of islets focused on the size of these feat ures (less that 1 sq km), while an island similar
to an islet was defined as: “a naturally formed elevation of land” that “is not or cannot be inhabited
29
(permanently) or which does not or cannot have its own economic life” . The proposal further
stated that, “in principle”, a State cannot invoke the existence of such features “for the purpose of
extending the marine spaces which belong to its coasts” but, when islets, or islands similar to islets,
were situated beyond the territorial sea, on the continental shelf or the economic zone of that State,
it could draw around them security areas or territorial waters “in so far as this is without prejudice
to the marine spaces which belong to the coasts of the neighbouring State or States”.
57. At the Eleventh Session, and at the eleventh hour, one might add, in 1982, Romania
formally proposed the inclusion of a new paragra ph 4 at the end of draft Article 121 providing that
“Uninhabited islets should not have any effects on the maritime spaces belonging to the main
coasts of the States concerned” (this proposal is at tab 67).
58. It is no secret that these proposals were aimed at Serpents’ Island, and Romania admits
30
as much in its Memorial . However, in spite of Romania’ s efforts, these proposals were not
27Doc. A/CONF.62/C.2/L.18.
28
Doc. A/CONF.62/C.2/L.53, Art. 2, paras. 1 and 4, UNCLOS Official Records, Vol. III, p. 228.
29Doc. A/CONF.62/C.2/L.53, Art. 1, UNCLOS Official Records, Vol. III, p. 228.
30P. 85, para. 8.8. - 19 -
accepted and were in no way reflected in the final te xt of Article 121. The position articulated by
Romania at the Law of the Sea Conference, and th e final outcome of the discussion in this respect,
fundamentally undermine Romania’s arguments as to the scope and meaning of Article121,
including Article 121 (3).
59. The first obvious consideration that can be made in this respect is that Romania itself did
not consider Serpents’ Island as a rock within the meaning of Article121(3), since it felt it
necessary to add a paragraph4 to Article121 crea ting a special category of “islets or islands
similar to islets”, ostensibly to deal with the presence of Serpents’ Island in the Black Sea.
60. Second, given that Romania’s proposed dr aft articles on islets, a nd islands similar to
islets, and their purported effect on the maritime zones of the coastal States, were not included in
the final agreed text of Article 121, the significance of the Convention’s travaux is not, as Romania
suggests, “to show that the intention of the parties was not to limit the effect of Article 121 (3) to
what can be strictly understood by ‘rocks’” 31. In fact, the significance of the travaux is quite the
opposite: in spite of the efforts of Romania to expand the scope of this Article ⎯ and even to add a
fourth paragraph to Article121 ⎯ the text that was eventually adopted by the Conference only
referred to paragraph3 “rocks”. Clearly, the intention of the negotiating States was to limit
Article 121 (3) to rocks, as its plain terms indicate, not to small islands or islets.
61. A review of the travaux of the Convention also assists in understanding the background
of the declaration made by Romania upon si gnature and ratification of the Convention ⎯ which
has been evoked on a number of occasions by our distinguished opponents last week. With this
32
declaration, Romania sought to reintrodu ce its own interpretation of Article121(3) . There can
be no question ⎯ and the Parties agree as much ⎯ that this was indeed a declaration and not a
reservation, since reservations, or exceptions, are not permitted under Article 309 of the Law of the
Sea Convention. The full text of Romania’s declaration is at tab 68. It reads as follows, in relevant
part:
“[A]ccording to the requirements of equity ⎯ as it results from articles74
and83 of the Convention on the Law of the Sea ⎯ the uninhabited islands without
31
MR, p. 89, para. 8.15,.
3The declaration is discussed in Romania's Memorial, pp. 91-94, paras. 8.20-8.30; see, also, CR 2008/18, p. 28,
paras. 39-41 (Aurescu), CR 2008/20, pp. 53-54, paras. 73-79 (Lowe), and tab I-7 of Romania’s folders. - 20 -
economic life can in no way affect the delim itation of the maritime spaces belonging
to the mainland coasts of the coastal States.”
62. This statement is merely a repetition of Romania’s position regarding the effect of
uninhabited islands with no economic life on ma ritime delimitations advanced during the
negotiations. It cannot result in a modification of the legal effect of Article121(3), since
Article310 of the Convention specifically provides that declarations or statements under
Article 309 must, and I quote Article 310, “not purpor t to exclude or modify the legal effect of the
provisions of this Convention in their application to that State”.
63. Romania states that this is an interpreta tive declaration and argues that Ukraine’s failure
to object to the declaration amounts to consent to Romania’s interpretation of Article121(3).
However, silence by Ukraine, or by any other State, in the presence of an interpretative declaration,
cannot be taken as consent because there is no legal obligation to react to such a declaration.
64. The question is presently being debated by the International Law Commission within the
discussion of the topic “The law and practice relating to reservations to treaties”. A section of the
thirteenth report on this subject is devoted to the silence of States in relation to interpretative
33
declarations . The Special Rapporteur introduces the section by stating that express positive or
negative reactions to interpretative declarations are extremely rare. He then asks the question
whether “this pervasive silence”— “ce silence envahissant”— can amount to consent to the
interpretation proposed by the State that formulated the interpretative declaration 34.
65. And while in the case of reservations, the Special Rapporteur has no hesitation to answer
the question in the affirmative, in the case of in terpretative declarations, he acknowledges that the
matter is not as straightforward. Having reviewed case law and doctrine, he concludes that it is not
possible to provide guidelines to determine whethe r a State has, by its silence, acquiesced in a
certain position expressed in an interpretative declara tion, but that this may only be determined on
a case-by-case basis 35.
66. The Rapporteur does, however, express a view on the matter. His report reads as
follows:
33A/CN 4/600, pp. 14-20, paras. 307-316.
34
Ibid., pp. 14-15, para. 307.
35Ibid., p. 17, para. 315. - 21 -
“[T]he issue of whether, in the absence of an express reaction, there is a
presumption of approval or of opposition to interpretative declarations remains
unresolved. In truth, however, this question can only be answered in the negative. It
is indeed inconceivable that silence, in itself, could produce such a legal effect.”36
67. In the present circumstances, not only was Ukraine under no legal obligation to object to
a declaration, but there was nothing to object to since Romania’s reformulation— which, in any
event, was in general terms, and did not mention Serpents’ Island — of a well-known stance, which
ultimately had not been endorsed in the final text of the Convention, was without consequences for
Ukraine’s rights.
68. Moreover, Ukraine was not alone in its sile nce. No other State had anything to say in
reaction to Romania’s declaration. Should we in fer from this general absence of comment that all
Contracting States to the Convention agreed with Romania’s position as formulated in the
declaration? The unreality of an affirmative answer to this rhetorical question is obvious.
69. One last point warrants to be made in connection with the position expressed by
Romania during the negotiations of the Convention. If it is true, as Romania contends, that there
was a pre-existing agreement between the Par ties regarding a so-called “all purpose” boundary
around Serpents’ Island, then why did Romania advocate with such force a special régime for small
islands or islets at the Conference? And why did it find it necessary to issue a declaration, which it
now says was aimed at Serpents’ Island? Evidently, because no such agreement existed.
G. Conclusion
70. In conclusion, Madam President, Member s of the Court, the elements included by
Romania as relevant circumstances to be taken into account in the present delimitation have no
such exalted status.
71. First, there is no specific régime governing boundary delimitations occurring in enclosed
or semi-enclosed seas. The rules embodied in the Law of the Sea Convention and developed by the
Court’s jurisprudence, apply to all maritime delimitations, whether they take place in enclosed seas
or not.
72. Second, existing maritime delimitation agreements in the Black Sea in no way dictate the
method to be employed as between Ukraine and Romania.
36
Ibid., p. 15, para. 310. - 22 -
73. Third, when it comes to the role to be assigned to Serpents’ Island, Romania’s distorted
approach cannot detract from the fact that this case concerns the Parties’ overall maritime
delimitation. Serpents’ Island’s role in that exer cise has to be assessed in the light of the entire
geographical context, including the large disparity th at exists in the length of the Parties’ mainland
coasts abutting the delimitation area. Given its geographical position in relation to the Parties’
coasts, and notably its proximity to the Ukrain ian mainland, Serpents’ Island should clearly be
taken into account as one of the relevant base points for the construction of the provisional
equidistance line.
74. What truly matters at the end of the day is that the delimitation has to be effected in light
of all the relevant circumstances that should be examined and weighed in order to lead to an
equitable result.
75. Madam President, Members of the Court, I thank you for your patience and kind
attention, and I would ask you to give the floor to Professor Quéneudec to continue with Ukraine’s
presentation.
The PRESIDENT: Thank you, Ms Malintoppi. I now call Professor Quéneudec.
M. QUENEUDEC :
X. LA LIGNE DE DÉLIMITATION MARITIME ENTRE L ’U KRAINE ET LA R OUMANIE
Introduction
1. Madame le président, Messieurs les juges, la zone pertinente et les côtes pertinentes
concernées par la présente affaire ont été nettement identifiées lors de la présentation du contexte
géographique qui vous a été faite lors de l’audien ce de mercredi. Il a ensuite été établi qu’aucune
frontière maritime n’existait à ce jour entre lesParties au-delà du point de jonction des limites
extérieures de leurs mers territoriales respectives, te l qu’il a été fixé par le traité de 2003 relatif au
régime de la frontière d’Etat. De même, a- t-il été démontré que la ligne de délimitation
revendiquée par la Roumanie était totalement injus tifiée et que les considérations invoquées par la
Partie adverse à l’appui de sa prétention étaient, de surcroît, dépourvues de toute pertinence. - 23 -
2. Madame le président, il m’incombe maintenant de vous exposer la manière dont l’Ukraine
entend faire application du droit de la délimita tion aux faits de l’espèce. Pour ce faire, ma
présentation suivra les deux étapes du processus prescrit par le droit international, tel qu’il m’a été
donné de l’envisager dans une précédente intervention.
3. Par conséquent, nous allons, en premier lie u, voir comment peut être établie une ligne
provisoire d’équidistance. Dans un deuxième temps, il nous faudra ensuite examiner les
circonstances géographiques qui sont de nature à influer sur le tracé définitif de la ligne de
délimitation. On ne doit pas, en effet, perdre de vue le fait que la frontière maritime définitive sera
nécessairement «the outcome of various checks made in connection with the provisional line in the
light of the specific circumstances that are rele vant to the disposition of the dispute», selon la
formule utilisée par le tribunal arbitral Barbade/Trinité-et-Tobago dans sa sentence du
37
11 avril 2006 . C’est pourquoi, tirant les conséquences de l’évaluation des circonstances
pertinentes, nous terminerons par la présentation de la ligne de délimitation proposée par l’Ukraine.
I. L’établissement de la ligne d’équidistance provisoire
4. La ligne provisoire qu’il convient de tracer est une ligne de départ, qui a pu être présentée
38
par un éminent auteur comme une «équidistance de premier pas» . A ce titre, elle repose
nécessairement sur une application stricte du principe de l’équidistance.
5. En effet, à ce stade, qui ⎯faut-il le rappeler? ⎯ est tout à fait préliminaire dans
l’opération de délimitation, le tracé de la ligne obéit exclusivement à des considérations techniques.
Pour ce tracé, seul entre en compte le calcul de la plus grande proximité des points remarquables
sur les lignes de base de chacune des côtes. Ce n’est qu’à un stade ultérieur que la ligne ainsi
produite pourra éventuellement faire l’objet d’un aménagement ou d’une adaptation. La ligne de
départ établie à titre provisoire est donc bien ce qu’il est convenu d’appeler une «ligne
d’équidistance stricte».
6. Aux yeux de l’Ukraine, comme l’a expliqué hier M e Bundy, la Roumanie n’a pas présenté
de véritable ligne provisoire d’équidistance. Pl us précisément, la prétendue ligne d’équidistance
37
International Legal Materials, vol. 45, p. 798, par. 317.
38P. Weil, Perspectives du droit de la délimitation maritime, édition Pedone, Paris, 1988, p. 220 et 221. - 24 -
qu’elle a soumise à la Cour n’apparaît nullement comme une ligne provisoire de départ. C’est en
réalité une ligne d’aboutissement établie sur la base de plusieurs à priori et préjugés.
7. Ces à priori et ces préjugés sont dus pour une large part au fait que la Partie adverse a fait,
selon nous, une application incorrecte du processu s normal en deux étapes prescrit par le droit
international. Elle reconnaît pourtant que c’est ce processus en deux étapes qui est applicable en
l’espèce.
8. Toutefois la Roumanie feint d’ignorer que la ligne provisoire tracée en application du
principe de l’équidistance, qui sert de pointde départ pour un examen ultérieur des circonstances
pertinentes, cette ligne doit être établie de mani ère objective et neutre sans se préoccuper de ce qui
peut apparaître comme une circonstance spéciale ou pe rtinente. On ne doit pas perdre de vue que
c’est seulement à l’issue de cet examen que l’on peut être conduit soit à limiter l’effet d’un élément
ayant servi à la construction de la ligne provi soire, soit à ajuster ou à déplacer cette ligne
d’équidistance, et ceci afin de satisfaire à l’exigence du résultat équitable.
9. Aussi est-il plus que jamais nécessaire de rappeler et de préciser comment doit être établi,
selon nous, un tracé aussi objectif et neutre que possible de la ligne provisoire d’équidistance de
premier pas dans la présente affaire.
10. La Partie roumaine a distingué artif iciellement deux secteurs dans la zone de
délimitation, en fonction du rapport d’adjacence ou d’opposition existant entre les côtes des Parties.
Cette zone ne se prête pourtant pas à une telle division en raison de sa configuration générale.
C’est pourquoi la ligne d’équidistance provisoire est tracée par l’Ukraine dans l’ensemble de la
zone considérée comme formant une seule entité géographique.
Madame le président, je vais donc dire quelques mots de l’impossibilité de distinguer entre
un secteur de côtes adjacentes et un secteur de côtes se faisant face dans la présente affaire.
A.Impossibilité de distinguer entre un secteur de côtes adjacentes et un secteur de côtes
se faisant face
11. Selon la Roumanie, il serait possible d’id entifier, d’une part, un secteur dans lequel les
côtes des deux Etats seraient adjacentes et, d’autre part, un secteur où l’on se trouverait en présence
d’une situation de côtes se faisant face. - 25 -
12. La semaine dernière, afin de prouver que la côte roumaine était à la fois adjacente et
opposée aux côtes ukrainiennes et qu’elle pouvait donc être comptée deux fois, le
professeurCrawford a pris l’exemple de la côte libyenne dans les affaires Tunisie/Libye et
39
Libye/Malte . Mais même en formulant l’hypothèse qui a été avancée par le conseil de la
Roumanie, selon laquelle les côtes maltaise et tuni sienne relèveraient du même Etat, même dans
cette hypothèse, la situation géographique de ces précédentes affaires ne saurait être comparée à
celle qui prévaut dans le cas présent.
13. C’est pourquoi nous prétendons que la présentation roumaine des deux secteurs ne prend
pas en compte la situation réelle des espaces maritimes dans la présente affaire.
14. Quelle est la réalité de la situation dans la zone pertinente?
15. Il y a bien un rapport d’adjacence et un rapp ort d’opposition entre la côte roumaine et les
côtes ukrainiennes. Ceci est incontestable. En core convient-il de préciser cet aspect de la
configuration côtière.
16. On a, d’une part, deux côtes continentales adjacentes de part et d’autre du
pointd’aboutissement à la mer de la frontière te rrestre entre les deux Etats. Mais on est, d’autre
part, en présence de côtes se fais ant face lorsqu’on envisage les rapports qu’entretient la côte
roumaine non seulement avec la côte occidentale de la péninsule de Crimée, mais aussi avec la côte
sud de l’île des Serpents, que l’on désigne aussi parfois en français sous le nom d’île aux Serpents ;
car cette côte insulaire fait partie, qu’on le veuille ou non, de la configuration côtière.
17. Qui plus est, on ne peut pas oublier que le poi nt de départ de la ligne de délimitation (qui
a été appelé «point F») est situé au sud-sud-ouest de l’île des Serpents. Quelle que soit la direction
que suivra la ligne de délimitation à partir de ce point F, cette ligne sera tracée dans une région dont
il est difficile de dire si elle est située au large de deux côte adjacentes, ou bien si elle est comprise
entre deux côtes se faisant face. En fait, cette région sera les deux à la fois. [Carte JPQ 1.]
18. Prenons deux hypothèses extrêmes: à partir du pointF, la ligne pourrait suivre une
direction plein est ou bien une direction plein sud. Ces deux lignes hypothétiques extrêmes ont été
reportées sur l’écran et figurent à l’onglet 69 du dossier des juges. [CarteJPQ1 bis.] Ces deux
39
CR 2008/19, p. 13, par. 10 (Crawford). - 26 -
lignes hypothétiques encadrent une région dans laque lle n’importe quel point peut être réputé situé
en même temps au large de côtes adjacentes et entre des côtes se faisant face. C’est bien la preuve
qu’en l’espèce la zone à délimiter ne se prête pas à une division en deux secteurs distincts.
19. Ce n’est qu’en éliminant complètement la côte insulaire de l’île des Serpents, sous
prétexte qu’elle est de dimension réduite, que la Roumanie a pu distinguer un secteur de côtes
adjacentes et un secteur de côtes opposées. Mais cel a suppose de faire comme si l’île des Serpents
n’existait pas. De surcroît, la Roumanie a également fait comme s’il n’y avait aucune côte
ukrainienne au fond de cette sorte de golfe (entre le soi-disant pointS et le cap Tarkhankut). En
d’autres termes, la division en deux secteurs pr ônée par la Roumanie n’est concevable qu’à la
condition de commencer par refaire totalement la géographie.
20. Il faut, d’autre part, tenir compte d’un autre élément qui est important. La zone maritime
dans laquelle doit intervenir la délimitation est quasi entièrement bordée par des côtes ukrainiennes
sauf dans sa partie méridionale.
21. Cela signifie que, dans cette zone, on ne trouve pas, d’un côté, un espace maritime
enserré entre les littoraux des deux Etats et, d’un autre côté, un espace maritime ouvert sur le large,
comme c’était le cas, par exemple, dans l’arbitrage relatif au Plateau continental
franco-britannique [carteJPQ2], où le secteur de la Manche était compris entre deux côtes se
faisant face et de longueurs sensiblement égales, tandis que le secteur Atlantique se trouvait au
large de deux côtes qui n’étaient pas véritablemen t adjacentes. La carte actuellement à l’écran
illustre parfaitement ce fait. (Onglet 70 du dossier des juges.)
22. De même, dans l’affaire Qatar c.Bahreïn [carteJPQ3], la Cour avait d’autant plus
facilement distingué les deux secteurs que la rela tion géographique entre les côtes n’était pas seule
en cause : les espaces maritimes concernés n’étaient pas les mêmes dans ces deux secteurs. Dans le
secteur sud, il s’agissait de délimiter les mers territo riales entre côtes se faisant face. Et au nord,
c’était une délimitation de plateau continenta l et de zones économiques exclusives qui était
principalement en cause. On le voit ici encore en jetant un coup d’Œil sur la carte. (Onglet 71.)
23. Il n’est pas davantage possible de comparer la situation géographique qui caractérise le
cas présent avec la situation qui prévalait dans l’affaire Tunisie/Libye. Dans cette précédente
affaire, la distinction de deux secteurs ⎯l’un proche des côtes, et l’autre plus au large ⎯ cette - 27 -
distinction avait été faite par la Cour en raison du changement radical de direction de la côte
tunisienne, qui était le principal fait marquant de la géographie côtière.
24. Mais la côte tunisienne ne bordait pas la zone de délimitation sur trois côtés comme le
font les côtes de l’Ukraine dans la présente affaire. [CarteJPQ4.] Il suffit, ici encore ⎯ c’est à
l’onglet72 du dossier des juges ⎯ de regarder la carte de la ré gion concernée par la délimitation
tuniso-libyenne. Et, afin de mieux souligner la différence avec la présente affaire, on a fait subir à
cette carte une rotation de 90° dans le sens des aiguilles d’une montre, plaçant le fond du golfe de
Gabès en haut de la carte.
25. Dans ces conditions, Madame le président , Messieurs les juges, il ne paraît donc pas
justifié d’entamer le processus de délimitation en partant d’une distinction entre un secteur où les
côtes sont adjacentes et un secteur où les côtes se font face.
26. On notera de surcroît que, lorsque l’on est amené à faire une telle distinction, c’est
généralement en vue d’appliquer à chaque secteur des critères différents, comme l’a souligné
récemment la sentence du tribunal arbitral Barbade/Trinité-et-Tobago (par.315). Or, la situation
de la zone pertinente et des côtes pertinentes n’ empêche pas l’application dans la présente espèce
de l’équidistance de premier pas et n’impose donc pas de recourir à une autre méthode.
27. Qui plus est, le droit applicable est le même dans les deux cas. Les articles 74 et 83 de la
convention des NationsUnies sur le droit de la mer ne font pas de la distinction entre côtes
adjacentes et côtes se faisant face un critère de différenciation des règles applicables.
28. En outre, la Roumanie elle-même n’a pas revendiqué l’a pplication de critères différents
dans les deux secteurs qu’elle a voulu distinguer. Elle a simplement prétendu que, dans ce qu’elle
a appelé le premier secteur, une frontière maritime aurait préexisté ; ce qui est inexact, comme il a
été déjà démontré.
29. On est donc amené à conclure que, dans les circonstances de la présente espèce, il est
tout bonnement impossible de distinguer entre une zone maritime bordée par des côtes adjacentes
et une zone maritime comprise entre des côtes se fa isant face. Aux yeux de l’Ukraine, la ligne
d’équidistance provisoire doit être tracée sans se préoccuper d’une division en secteurs de l’espace
maritime en cause. - 28 -
30. La seule question à laquelle il faut répondre est alors de savoir quels sont les points de
base contrôlant cette ligne provisoire.
B. Identification des points de base
31. Dans ses écritures, l’Ukraine a identifié su r chaque côte les points de base qui sont les
40
plus pertinents pour tracer une ligne d’équidistance provisoire .
32. Il n’est peut-être pas tout à fait inutile de les expliciter à nouveau, eu égard à ce qui a été
dit la semaine dernière par les conseils de la Roumanie. Alors, on envisagera d’abord les points de
base se trouvant sur les côtes ukrainiennes. On ex aminera ensuite les points de base situés sur la
côte roumaine.
1) Les points de base pertinents sur les côtes de l’Ukraine
e
33. Comme l’a montré mon collègue M RodmanBundy en décrivant le contexte
géographique de l’affaire, les côtes pertinentes de l’Ukraine sont constituées non seulement par les
trois façades côtières continentales qui bordent l’ensemble de la zone maritime en cause, mais aussi
par la côte méridionale de l’île des Serpents, qui fa it face à la zone concernée par la délimitation.
C’est donc sur ces côtes que doivent être choisis les points de base pertinents.
34. Sans doute, la Roumanie dénie-t-elle toute possibilité d’utiliser l’île aux Serpents pour y
établir des points de base. Elle a invoqué diffé rents arguments dans ce sens. Ces arguments ont
déjà fait l’objet d’une réfutation détaillée de la part de l’Ukraine. On se bornera donc ici à
quelques observations supplémentaires qui feront appel à quelques données élémentaires.
35. Nous sommes ici en présence d’une île qui est certes de dimensions relativement
modestes. Nul ne le conteste. Mais il s’agit d’une île qui est aussi relativement proche de la côte
continentale ukrainienne. Elle est située à 19 milles marins de la côte continentale ukrainienne, soit
un peu plus de 35 kilomètres.
36. Dans la description qu’il en a donnée à l’audience du 2 septembre, M. Dinescu a fourni
un chiffre différent et indiqué que l’île était à 20 milles des côtes, soit 37 kilomètres environ, mais
40Contre-mémoire de l’Ukraine (CMU), par. 7.89 à 7.92 ; duplique de l’Ukraine (DU), par. 5.4 à 5.17. - 29 -
en se fondant vraisemblablement sur la distance mesurée depuis le point d’aboutissement à la mer
41
de la frontière terrestre roumano-ukrainienne .
37. Aussi quelle n’a pas été notre surprise lors que, deux jours plus tard, nous avons appris
que cette île n’était pas seulement une petite île inhospitalière dont les occupants étaient, paraît-il,
exposés à différentes formes de névrose, mais qu’elle était en outre affectée d’un mouvement de
dérive l’éloignant de plus en pl us vers le large, alors que, semble-t-il, c’est plutôt la côte
continentale qui a tendance à se rapprocher de l’ île par suite de phénomènes alluvionnaires aux
débouchés du delta du Danube. A l’audience du 4 sep tembre, en effet, le professeur Pellet a situé
l’île des Serpents à 46kilomètres et demi de la côte la plus proche 42. Ce qui représente une
distance de 25 milles marins.
38. Ce chiffre est manifestement erroné et nous pensons que notre éminent ami a commis,
bien évidemment, une involontaire erreur de calcul dans l’opération de conversion des milles
marins en kilomètres. Du moins, cette erreur a- t-elle à mes yeux le mérite de nous amener à nous
interroger sur ce qu’est vraiment une île côtière ⎯ «a coastal island» ⎯, par opposition à d’autres
îles situées au large, plus au large, très au large.
39. La question est de savoir jusqu’à quelle di stance de la côte une île mérite-t-elle d’être
qualifiée d’île côtière. Ou si l’on préfère poser la question autrement, à partir de quelle distance de
la côte une île cesse-t-elle d’être une île côtière ?
40. La sentence du 14 févrie r 1985 dans l’affaire de la Délimitation de la frontière maritime
entre la Guinée et la Guinée-Bissau avait identifié deux sortes d’îles côtières : d’une part, les îles
qui devaient être considérées comme partie inté grante du continent, parce qu’elles n’étaient
séparées de celui-ci que par des bras de mer et qu’elles lui étaient souvent reliées à marée basse ; et
d’autre part, les îles formant l’archipel des Bijagos, dont la distance du continent variait de2 à
37 milles marins, mais qui n’étaient jamais séparées entre elles par plus de 5 milles et dont surtout
43
les eaux territoriales étaient liées à celles du continent .
41CR 2008/18, p. 54, par. 17 (Dinescu).
42
CR 2008/20, p. 10, par. 2 (Pellet).
43RSA, vol. XIX, p. 149 (voir p. 183-184, par. 95). - 30 -
41. En s’inspirant de ce précédent, il semble donc possible de dégager un critère en se
fondant sur le chevauchement entre la mer territoriale du continent et la mer territoriale engendrée
par l’île. Quand il y a chevauchement des deux me rs territoriales, on est en présence d’une île
côtière. [CarteJPQ5.] C’est d’ ailleurs ce critère de distance par rapport à la côte principale que
l’article13 de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer applique, mutatis mutandis,
pour déterminer si un haut-fond découvrant peut ser vir à la fixation des lignes de base de la mer
territoriale; l’article13 dit en effet: «Lor sque des hauts-fonds découvrants se trouvent,
entièrement ou en partie, à une distance du continen t ou d’une île ne dépassant pas la largeur de la
mer territoriale, la laisse de basse mer sur ces hauts-fonds peut être prise comme ligne de base pour
mesurer la largeur de la mer territoriale.»
42. Dans le cas de l’île aux Serpents, la ceinture d’eaux territoriales qui l’entoure se confond
en partie avec la zone de mer territoriale borda nt le territoire continental ukrainien, comme on le
voit sur la carte. (Onglet 73.) De ce fait, cette île représente ce qu’il est convenu d’appeler une île
côtière; il ne s’agit pas d’une île isolée située au large, à une grande distance de toute côte
continentale.
43. De plus, si l’on regarde la localisation de cette île dans l’ensemble de la zone maritime
formée par la partie nord-ouest de la mer Noire [car te JPQ 6], on constate qu’elle s’intègre plus ou
moins à la configuration générale de cet ensemble . (Onglet 74.) Elle n’apparaît pas véritablement
comme une anomalie et ne saurait être regard ée comme constituant une aberration géographique
par rapport à l’ensemble des côtes ukrainiennes bordant cette zone maritime.
44. Le fait que cette île côtière soit détachée, mais non très éloignée, de la côte occidentale
de l’Ukraine amène, d’un strict point de vue technique, à l’assimiler à l’un des points saillants de la
côte ukrainienne dans la région. Toutes proporti ons gardées, le saillant que représenterait cette île
côtière serait assez comparable au saillant que fo rment les caps Tarkhankut et Khersones sur la
péninsule de Crimée. On pourrait d’ailleurs tout aussi bien prétendre que, au regard de la technique
de sélection des points de base, l’île des Serp ents est, par rapport à l’ensemble des côtes
continentales ukrainiennes, mutatis mutandis ici encore, dans la même situation que la petite
péninsule sablonneuse de Sacalin par rapport aux autres portions de la côte roumaine. - 31 -
45. Or, ce sont précisément les points saillants d’une côte qui seuls peuvent se répercuter sur
le tracé d’une ligne d’équidistance et contrôler le tracé de cette ligne. C’est pourquoi, d’un strict
point de vue technique, l’île des Serpents se prêt e parfaitement à l’établissement de points de base
pour la construction de la ligne provisoire d’équidistance, cont rairement à ce qu’a prétendu la
Partie adverse.
46. On peut d’ailleurs s’étonner que la Roum anie nie la possibilité de sélectionner des points
de base sur cette île pour construire la ligne d’équidistance provisoire. N’a-t-elle pas
antérieurement accepté que l’île soit utilisée comme poi ntde base, lorsqu’il s’est agi de fixer le
pointterminal en mer de la frontière d’Etat roumano-ukrainienne? Du moins n’est-ce pas ce qui
est impliqué par la phrase par laquelle s’achève la d escription de ladite frontière à l’article premier
du traité du 17 juin 2003 ? Il y est dit, en effet :
«La frontière…continue, depuis la borne1439 (bouée) indiquant la limite
extérieure de la mer territoriale de l’Ukra ine autour de l’île aux Serpents, jusqu’au
pointsitué à 45º05'21" de latitude nord et 30º02'27" de longitude est, qui est le
pointde jonction avec la frontière d’Etat de la Roumanie à la limite extérieure de sa
mer territoriale. Les mers territoriales des parties contractantes mesurées à partir des
lignes de base auront toujours, au pointde jonction de leurs limites extérieures, une
largeur de 12 milles marins.» 44
47. Il en ressort que la Roumanie se trouve au jourd’hui, vis-à-vis de la ligne de base et des
points de base sur l’île aux Serpents, dans une situation analogue à celle où se trouvait la France
vis-à-vis de Eddystone Rock dans l’arbitrage franc o-britannique de 1977 sur le plateau continental.
Dans cette affaire, le tribunal arbitral ava it estimé que EddystoneRock, qui mesurait à peine
quelques mètres-carrés et dont la qualité d’île av ait été contestée, EddystoneRock pouvait être
utilisé comme point de base intervenant dans la dé termination de la limite du plateau continental
dans la Manche, parce que le Gouvernement français avait antéri eurement accepté son utilisation
comme point de base pour la fixation des limites de pêche britanniques. Or l’étendue de ces zones
de pêche était fixée à partir des lignes de base de la mer territoriale, lesquelles étaient établies en
prenant appui sur Eddystone Rock 45.
44Mémoire de la Roumanie (MR), vol.II, annexe MR3 [p.14 de la traduction du Greffe]; CMU, vol.II,
annexe 3 [p. 13 de la traduction du Greffe].
45Délimitation du plateau continental (France/Royaume-Uni) , sentence du 30juin1977, par.140 et144,RSA,
vol. XVIII, p. 205-206 et 207. - 32 -
48. Sur l’île aux Serpents, trois points de base peuvent donc être identifiés sur la laisse de
basse mer de la côte sud de l’île. L’identification de trois points de base distincts, situés à faible
distance les uns des autres, est due à la légère c ourbure de cette côte méridionale de l’île faisant
face à la zone de délimitation, ainsi qu’à la précision des calculs mathématiques et géométriques
que l’on peut faire désormais à l’aide de moyens informatiques.
49. Sur la carte qui apparaît à l’écran [carteJPQ7] (onglet75), ces trois points sont en fait
situés sur la ligne de côte elle-même ; car le caractère relativement escarpé de la côte ne permet pas
de reproduire sur une carte la différence entre la laisse de basse mer et la laisse de haute mer. Cette
différence est d’ailleurs minime, eu égard à la fa ible amplitude du marnage en mer Noire, où les
coefficients de marée font que cette amplit ude excède rarement 10cm dans des conditions
météorologiques normales.
50. Ces points de base numérotés 1, 2 et 3, en a llant d’ouest en est sur la carte, sont définis
par des coordonnées géographiques précises 46. La précision obtenue ne doit évidemment pas
cacher que les différences entre ces points sont né gligeables, puisqu’ils ne sont séparés que de
350 mètres (entre le point 1 et le point 3).
51. Un quatrième point de base se trouve sur la côte de Crimée, à l’extrémité du cap
o
Khersones [carteJPQ8]. Ce quatrième pointde référence est constitué par le pointn 19 du
système de lignes de base droites que l’Ukraine avait notifié au Secrétariat des NationsUnies
en 1992 en application de l’article 16 de la convention sur le droit de la mer 47. Ce point, que l’on
peut voir sur la carte ⎯ la flèche ⎯, a pour références les coordonnées géographiques qui avaient
été communiquées aux Nations Unies en 1992 48.
52. Il n’est nul besoin, pour déterminer le tracé de la ligne d’équidistance provisoire, de
retenir d’autres points d’appui sur les côtes pertinen tes de l’Ukraine. On ne doit pas oublier, en
effet, que seuls certains points de la côte contrô lent la construction d’une telle ligne. Ce qui
signifie que d’autres points pourtant remarquables de la côte ne sont pas pris en compte.
46 N o1 : 45° 15' 9.8 N ; 30° 12' 12.00 E ; n 2 : 45° 15' 8.9 N ; 30° 12' 23.9 E ; n 3 : 45° 15' 1.02 N ;
30° 12' 27.7 E.
47Law of the Sea Bulletin n 36, 1998, p. 49-50.
4844° 35' 04" N ; 33° 22' 48" E. - 33 -
53. Dans le cas présent, on constate, par exemple, que le capTarkhankut n’a aucune
incidence sur le tracé de la ligne prov isoire d’équidistance [carte JPQ 6 à nouveau]. Il s’agit
pourtant d’un promontoire important par ses dimens ions. C’est même la plus grande avancée en
mer de la côte ukrainienne dans toute la région, comme l’avait d’ailleurs souligné le
contre-mémoire de l’Ukraine 49.
54. Toutefois, cette protubérance significative de la côte pertinente ukrainienne ne peut
techniquement fournir aucun point de base pour constr uire la ligne provisoire d’équidistance. Et il
en est ainsi eu égard à la position des autres points de contrôle, qui sont situés de telle manière
qu’ils sont seuls à satisfaire au critère de pr oximité que nous avons évoqué dans notre précédente
intervention.
55. On ajoutera simplement la précision suiv ante. Le fait que le capTarkhankut soit en
quelque sorte «perdu», si l’on peut dire, en tant que pointde base n’entr aîne aucune conséquence
juridique. En particulier, le fait que ce promontoire ne serve pas de point d’appui pour construire la
ligne provisoire n’a évidemment pas pour conséquence de lui faire perdre sa qualité de côte
pertinente dans le cadre de la présente délim itation, comme nous avons eu également l’occasion de
le souligner à l’occasion de notre plaidoirie sur le droit applicable.
56. Cette observation concernant le cap Tar khankut vaut aussi, bien entendu, pour toutes les
autres côtes ukrainiennes qui font face à la zone de délimitation et qui ne peuvent, techniquement,
fournir des points de base pour le calcul d’une ligne d’équidistance. C’est en particulier le cas pour
toute la partie de la côte ukrainienne que la Roumanie a cherché à éliminer en tant que côte
pertinente aux fins de la présente délimitation. Ai-je besoin d’ajouter que c’est aussi le cas,
naturellement, de la partie de la côte roumaine qui s’étend au sud de la presqu’île de Sacalin.
57. Cette dernière remarque va nous amener à examiner les points de base qui peuvent être
sélectionnés sur la côte de Roumanie.
Maybe, Madam President, it would be the right time for a break ?
The PRESIDENT: Yes, we will take the break now. The Court will briefly rise.
49
CMU, p. 205, par. 8.17. - 34 -
The Court adjourned from 11.20 to 11.40 a.m.
The PRESIDENT: Please be seated. Yes, Professor Quéneudec.
M. QUENEUDEC : Thank you, Madam President.
2) Les points de base pertinents sur la côte de la Roumanie
58. Madame le président, Messieurs les juges, j’en suis donc arrivé à l’examen des points de
base pertinents sur les côtes de la Roumanie. Les mêmes considérations techniques que celles qui
président à la détermination des points de base pertinents sur les côtes ukrainiennes conduisent à
retenir un nombre limité de points de référence su r la côte roumaine. Ceux-ci doivent également
être sélectionnés sur les lignes de base de la mer te rritoriale, qui sont ici constituées par les lignes
de base droites que la Roumanie a établies en 1990 et dont les coordonnées ont été notifiées au
Secrétariat des Nations Unies en 1997. [Carte JPQ 9.] (Onglet 77.)
59. Le premier de ces points de base est situé à l’extrémité de la double digue qui a été
construite à l’entrée d’un des bras du Danube, et qui a été désignée sous le nom de Sulina Dyke
dans les pièces écrites. Il s’agit là d’un ouvrag e constitué de deux jetées parallèles qui s’avancent
assez loin en mer, de façon plus ou moins perpendi culaire à la direction générale de la côte, pour
former un chenal permettant aux navires de franch ir la zone des bancs de sable de Sulina. Ces
e
jetées, dont la construction avait été entreprise au XIX siècle sous l’égide de la Commission
européenne du Danube, ont été allongées à diverses reprises. Leur longueur totale, qui était de
4kilomètres en1930, a ainsi été portée à plus de 5kilomètres en1956 et à près de 8kilomètres
en1983. Ce qu’il y a surtout de remarquable, c’est que l’ouvrage ainsi constitué se projette
aujourd’hui en mer sur plusieurs kilomètres à partir du point le plus avancé de la côte proprement
dite. [Projection photo digue de Sulina.]
60. La Roumanie a considéré que l’ouvrage formé par cette double jetée et ce chenal était
assimilable à une installation faisant partie d’un sy stème portuaire. Elle a donc pris appui sur cet
ouvrage artificiel pour l’établissement des lignes de base servant à mesurer la largeur de sa mer
territoriale. - 35 -
61. L’article11 de la convention des NationsUn ies sur le droit de la mer permet, en effet,
pour la fixation de la limite extérieure de la mer territoriale, de considérer comme des éléments de
la côte proprement dite «les installations perm anentes faisant partie intégrante d’un système
portuaire qui s’avancent le plus vers le larg e». Cet article11 prévoit cependant une double
exception: il exclut de la catégorie des installations portuaires permanentes ce qu’il appelle, sans
toutefois les définir, des «installations situées au large des côtes», ainsi que les îles artificielles.
62. La digue de Sulina ne répond peut-être pas t out à fait à la définition de cet article 11, car
elle constitue un ouvrage qui est davantage lié à l’exigence de
la navigation tout au long d’un des
bras du delta danubien, plus qu’à un ensemble d’ installations appartenant à un port maritime.
Cependant, au stade de l’établissement d’une li gne d’équidistance provisoire, il n’y a pas lieu
d’ouvrir un débat sur le point de savoir s’il est justifié ou non de faire entrer la digue de Sulina dans
la catégorie des installations portuaires permanentes, pas plus qu’il n’est besoin de vérifier si cette
digue faisait partie des ouvrages portuaires du fameux «Porto Franco» des annéesvingt que
décrivait, dans son roman Europolis, cet auteur roumain, admirateur d’un célèbre corsaire français
et qui se faisait appeler Jean Bart. Pour le mome nt, il suffit de constater que la Roumanie a utilisé
ce point pour la définition de ses lignes de base droites et c’est pourquoi l’Ukraine a décidé de s’en
servir comme point de référence pour la construction de la ligne d’équidistance provisoire. Il s’agit
o 50
du point n 2 de la liste notifiée en 1997 aux Nations Unies . [Carte JPQ 9 à nouveau.]
63. Un autre point de base pertinent sur la côte roumaine est formé par le point le plus à l’est
de l’étroite mais longue langue de sable qui s’avan ce en mer au sud de Saint-George et que l’on
appelle la péninsule ou la presqu’ île de Sacalin. Il s’agit également d’un point qui a été utilisé par
o
la Roumanie pour la définition de ses lign es de base droites. Ce point porte le n 3 sur la liste
communiquée aux Nations Unies en 1997, comme on le voit sur la carte 51.
64. Ajoutons que la courbure de la péni nsule de Sacalin conduit à calculer avec précision
quelques points de référence supplémentaires au sud de ce point n o 3, comme on l’a fait en ce qui
concerne l’île des Serpents.
50
Coordonnées géographiques : 45º 08' 42" N ; 29º 46' 20" E.
51Coordonnées : 44º 50' 23" N ; 29º 36' 52" E. - 36 -
65. Ayant ainsi identifié les points de base per tinents sur chacune des deux côtes, il ne reste
plus qu’à déterminer le tracé de la ligne d’équidistance provisoire.
C. Le tracé de la ligne d’équidistance provisoire
66. Avec la permission de la Cour, je crois devoir rappeler ce que mes collègues
M e Rodman Bundy et sir Michael Wood ont déjà indiqué concernant le point de départ de la ligne
de délimitation.
67. Le point à partir duquel doit être tracée la ligne de délimitation demandée à la Cour est le
point de jonction des limites extérieures d es deux mers territoriales. Les coordonnées
géographiques de ce point ont été précisées à l’article premier du traité de 2003 sur le régime de la
frontière d’Etat entre les deux pays. Il y a accord complet des Parties à ce sujet. La ligne
d’équidistance provisoire doit donc être tracée à pa rtir de ce point que la Roumanie a désigné
comme étant le «pointF» et que nous-mêmes avons désigné comme étant le «pointA» pour le
tracé de la ligne provisoire, comme on le voit sur la carte qui apparaît à l’écran. [CarteJPQ10.]
(Onglet 78.)
o
68. Ce point A est équidistant du point de base n 1 sur l’île des Serpents et du point de base
roumain situé à l’extrémité de l’ouvrage constitué par la digue de Sulina.
69. A partir du pointA, la ligne d’équidistance est tracée dans une direction sud-sud-est
jusqu’à un point B, équidistant du point de base n o2 sur l’île des Serpents et de deux points de base
roumains situés respectivement sur la digue de Suli na et la péninsule de Sacalin. Puis, la ligne
s’infléchit en direction du sud-est jusqu’à un pointC, équidistant, d’une part, de deux points de
o
base sur la côte ukrainienne, à savoir le pointn 3 sur l’île des Serpents et le point situé sur le
capKhersones, et, d’autre part, d’un point de base situé sur la côte roumaine de la péninsule de
Sacalin.
70. Au-delà du point C, la ligne d’équidistance provisoire se prolonge en direction du sud et
son tracé est alors commandé par les points de base établis sur le cap Khersones du côté ukrainien
et sur la péninsule de Sacalin du côté roumain.
71. Comme le montre la carte à l’écran, à partir du pointA, qui est un pointconvenu entre
les Parties, la ligne provisoire d’équidistance c onnaît deux changements de direction, les pointsB - 37 -
etC étant ce qu’on nomme généralement des «turni ng points». Sur la carte ont été reportées les
coordonnées géographiques de chacun des trois points A, B et C.
72. En présence de cette ligne d’équidistance provisoire, la question qui se pose est celle de
savoir si l’examen des circonstances pertinentes conduit à remettre en cause tout ou partie de son
tracé afin de satisfaire à l’exigence du résultat équitable.
73. Il convient donc d’aborder maintenant le deuxième temps de l’opéra tion de délimitation
et de procéder à l’examen des circonstances géographiques pertinentes, afin de voir quelles
conséquences pourront en être tirées quant au tracé définitif de la ligne de délimitation.
II. Les circonstances géographiques pertinentes
74. Madame le président, Messieurs les juges, c’est désormais un principe bien établi que la
géographie est le facteur essentiel à prendre en compte pour toute délimitation maritime. Il s’agit
bien entendu, avant tout, de géographie physique.
75. Notons toutefois que, dans le cas présen t, il existe une considération tirée de la
géographie politique qui présente un haut degré de pertinence. Il s’agit de l’accord des deux
Parties quant au pointterminal de la frontière d’Etat entre leurs eaux territoriales. Comme nous
l’avons vu précédemment, ce point de rencontre de la limite extérieure des deux mers territoriales,
ce point de rencontre est aussi le point de départ de la ligne de délimitation. Il y a accord complet
des Parties à ce sujet et il n’est en conséquence pas besoin de s’y attarder.
76. Nous allons donc nous en tenir aux données de la géographie physique. Et après avoir
rappelé quelles sont, aux yeux de l’Ukraine, l es caractéristiques géographiques essentielles de la
zone concernée par la délimitation, nous nous attacherons à une appréciation de ces
caractéristiques, de manière à mesurer, autant que faire se peut, leur poids respectif.
77. C’est, en effet, un véritable travail d’épic ier qu’il convient d’entreprendre, puisqu’il faut
mettre dans la balance toutes les circonstances pertinentes et voir s’il existe entre elles un certain
équilibre ou bien si, au contraire, l’une d’entre elles présente un tel poids spécifique qu’elle occulte
ou anéantit l’incidence des autres circonstances. Cette délicate opération de pesée nous conduira à
évaluer la ligne provisoire d’équidistance au regard de la norme fondamentale de la solution
équitable. - 38 -
A. Le rappel des caractéristiques géographiques de la zone
78. Il existe ici deux données qui sont absolume nt essentielles. Il s’agit, d’une part, de la
configuration générale de la zone maritime en cause. Il s’agit, d’autre part, de la grande disparité
qui caractérise les longueurs des côtes respectives des deux Etats. Ces données de la géographie
ont déjà fait l’objet d’une présentation détaillée de la part de l’Ukraine, tant à l’occasion de la
procédure écrite que dans les interventions oral es précédentes. Leur examen pourra donc être
relativement bref.
1) La configuration générale de la zone concernée
79. La première chose qui saute aux yeux lorsque l’on regarde une carte de la zone
nord-ouest de la mer Noire, c’est la physionomie particulière de cet espace. [CarteJPQ-11.]
(Onglet 79.) Il s’agit, en effet, d’un espace mariti me qui est entouré de côtes sur trois cotés et qui
se présente donc sous la forme d’un golfe. Qui plus est, les côtes qui le bordent sont, dans leur
majeure partie, des côtes ukrainiennes.
80. De ce fait même, les projections maritimes des côtes ukrainiennes convergent et
s’entrecroisent dans la totalité de la zone, alors que la projection de la côte roumaine est nettement
plus limitée, comme on le voit sur ces deux cartes à l’écran et qui ont déjà été présentées par
e
M Bundy [cartes JPQ-12 et JPQ-13] (onglets 80 et 81).
81. C’est la raison pour laquelle on a pu parler de la prédominance géographique et côtière
de l’Ukraine dans la région considérée 52. De cette prédominance géographique découle une
certaine prépondérance des intérêts ukrainiens dans la majeure partie de la zone, tant en ce qui
concerne les questions de sécu rité que dans des domaines conne xes, comme la sûreté de la
navigation ou la protection de l’environnement marin.
82. La prise en compte de ces intérêts peut n’être pas totalement étrangère à une opération de
délimitation maritime, comme l’a assez bien montré l’exemple de l’arbitrage franco-britannique sur
la Délimitation du plateau continental.
83. Dans cet arbitrage, les parties avaient invoq ué dans cette affaire di verses considérations
au sujet de leurs intérêts respectifs dans la ré gion de la Manche, en ma tière de navigation, de
52
CMU, par.8.20-8.27 ; DU, par. 6.49-6.50. - 39 -
défense et de sécurité. Dans sa sentence, le tri bunal arbitral avait estimé que «dans cette zone, le
poids de ce genre de considérations [était] … quelque peu amoindri par le caractère très particulier
de la Manche, principale voie de navigation maritime internationale au service de ports situés en
53
dehors des territoires de l’une et l’autre des Parties» . Et le tribunal avait donc estimé que ces
considérations ne pouvaient pas, en l’espèce, exer cer une influence décisive sur le tracé de la ligne
de délimitation et qu’elles pouvaient seulement ét ayer et renforcer les conclusions déduites des
autres circonstances pertinentes. Et il avait ajouté dans sa sentence :
«Quant à la conclusion à tirer de ce s considérations pour ce qui est de la
délimitation du plateau continental, le Tri bunal estime suffisant de dire qu’à son avis
elles tendent à montrer à l’évidence l’intérê t 54édominant de la République française
dans les zones méridionales de la Manche.»
84. C’est donc en se fondant sur le caractère particulier de la Manche en tant que voie de
communication maritime desservant des ports de pays tiers que le tribunal franco-britannique avait,
non pointécarté, mais réduit et atténué l’influence des considérations ayant trait aux intérêts de
sécurité entendus au sens large. Il est donc possible a contrario de prétendre que l’influence de
semblables considérations ne saurait être minorée ou réduite lorsque la région en cause n’est pas
une voie de navigation internationale majeure comme la Manche. Tel est précisément le cas de la
région en forme de golfe que constitue la zone concernée par la présente délimitation.
85. Dans la présente affaire, la solution que retiendra la Cour ne devrait donc à nos yeux ni
aller à l’encontre de ce genre de considérations, ni en amoindrir le poids. Elle devrait, au contraire,
faire une place à cet élément, qui découle purement et simplement de la géographie de la région
considérée.
2) La disparité des longueurs côtières
86. Parmi les circonstances géographiques à prendre en considération, il en est une autre qui
est de la plus haute pertinence, si l’on veut bien tenir compte de la jurisprudence internationale la
mieux établie en matière de délimitation maritime . Il s’agit de la différence importante des
longueurs côtières.
53
RSA, vol. XVIII, p. 130, par. 188.
54Ibid. - 40 -
87. Mentionnons simplement pour mémoire ce qu ’en a dit la Cour dans les affaires du
Plateau continental de la mer du Nord et ce qu’elle en a fait dans l’affaire de la Délimitation
maritime dans la région du golfe du Maine, dans l’affaire du Plateau continental Libye/Malte , et
dans l’affaire de la Délimitation maritime dans la région entre le Groenland et Jan Mayen.
88. Comme M.Bundy l’a expliqué hier, et c ontrairement à ce qui a été affirmé la semaine
dernière de l’autre côté de la barre, la disproportion entre les longueurs côtières n’intervient pas
55
seulement in fine lorsqu’il s’agit de tester le carac tère équitable de la solution adoptée . C’est
aussi un facteur qui est pris en considération en tant que circonstance pertinente pour modifier au
besoin le tracé de la ligne provisoire d’équidistance.
89. Il suffit de rappeler la distinction importa nte sur laquelle la Cour avait attiré l’attention
dans l’arrêt Libye/Malte. Elle avait nettement distingué entr e le rôle des longueurs de côte comme
circonstance pertinente et leur utilisation pour ap précier les rapports de proportionnalité. La Cour
disait :
«se livrer à des calculs de proportionnalité pour vérifier un résultat est une chose ; c’en
est une autre que de prendre acte, durant l’opération de délimitation, de l’existence
d’une très forte différence de longueur des littoraux et d’attribuer à cette relation entre
les côtes l’importance qu’elle mérite, sans chercher à la quantifier, ce qui ne serait
approprié que pour évaluer à posteriori les rapports entre les côtes et les surfaces. Les
deux opérations ne s’excluent pas mutuellement, pas plus qu’elles ne se confondent au
point que l’une rendrait forcément l’autre superflue.» ( Plateau continental
(Jamahiriya arabe libyenne/Malte), arrêt, C.I.J. Recueil 1985, p. 49, par. 66.)
90. Cette citation se passe de tout commentaire. Elle est la meilleure réponse que l’on puisse
faire à nos adversaires.
91. La très grande disparité que l’on consta te entre les longueurs des côtes pertinentes de
l’Ukraine et de la Roumanie est, peut-on dire, la principale circonstance géographique pertinente.
Cette disparité est indéniable, quel que soit le m ode selon lequel on mesure ces longueurs côtières.
Les côtes ukrainiennes donnant sur la zone pertinen te sont trois à quatre fois plus longues que la
côte roumaine.
92. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un coup d’Œil au tableau, qui a déjà été présenté à
la Cour --mais en anglais ⎯ et qui donne les comparaisons entre les longueurs de côte selon
différents critères [JPQ-14] ⎯tableau qui figure également à l’onglet82 du dossier des juges.
55
CR 2008/20, p. 29, par. 44 et p. 37, par. 60 (Pellet). - 41 -
Cette disparité est tellement flagrante et tellement évidente qu’il ne nous semble pas utile de nous y
appesantir, d’autant plus que l’Ukraine a déjà fourni à la Cour toutes indications à ce sujet.
93. Il reste alors à mettre en balance les différentes circonstances pertinentes.
B. La balance entre les différentes circonstances pertinentes
94. La mise en balance des circonstances per tinentes que nous venons de rappeler est sans
doute l’une des opérations les plus délicates da ns le processus de délimitation. C’est ici ⎯ a-t-on
pu dire ⎯ que le juge en arrive à éprouver, comme Ve rlaine, «l’extase et la terreur de celui qui a
été choisi», et ce pour la simple raison qu’«il n’existe pas de règles rigides quant au poids exact à
attribuer à chaque élément de l’espèce», comme l’a reconnu la Cour dans l’arrêt Tunisie/Libye
(Plateau continental (Tunisie/Jamahiriya arabe libyenne), arrêt, C.I.J.Recueil1982 , p.60,
par.71). Dans certains cas en effet, plutôt que d’une balance d’épicier, c’est d’un trébuchet
d’orfèvre dont on a besoin pour cette opération, tant les dosages à établir peuvent parfois être
infimes.
95. Dans le cas présent, la configuration géographique générale et la très grande
disproportion des façades côtières sont, à coup sûr, des facteurs de poids. Point n’est besoin de
trébuchet ni même de balance: une bascule suff it. L’établissement, par l’Ukraine, d’une ligne
d’équidistance provisoire s’est fait sans tenir comp te de ce type de facteurs, mais en prenant
simplement appui sur un certain nombre de points de base considérés comme techniquement
pertinents.
96. Or, la Roumanie ⎯on s’en souvient ⎯ a dénié toute possibilité d’utiliser l’île aux
Serpents pour la sélection de ces points de base. Dans le cadre d’une stratégie visant à faire
accroire que cette île était le seul élément autour duquel devrait se dérouler la présente instance,
que nous a-t-on dit, en effet, de l’autre côté de la barre ?
97. On nous a dit que la situation géographique était «simple», que l’île aux Serpents était un
élément perturbateur et qu’il conve nait donc de faire comme si cette île côtière n’existait pas. En
somme, à en croire nos amis Roumains, il faudrait refaire la géographie !
98. La réalité géographique est ce qu’elle est : il existe, qu’on le veuille ou non, en avant de
la côte ukrainienne une île qui n’est certes pas grande, mais qui n’est pas une île isolée au milieu de - 42 -
la zone de délimitation, comme tente de le faire croire la Partie adver se. Cette île n’est pas
davantage une île dont on pourrait dire qu’elle est située du «mauvais côté» d’une ligne médiane.
99. Replacée dans le cadre général de la c onfiguration côtière, l’île des Serpents apparaît
plutôt assimilable aux autres avancées côtières de la région, comme nous avons eu l’occasion de le
dire tout à l’heure et comme on le voit à nouveau sur la carte à l’écran. [Carte JPQ-6 à nouveau.]
100. La localisation de cette île côtière n’est en quelque sorte qu’un des éléments de la
situation géographique d’ensemble. L’effet susceptible de lui être attribué dans le tracé définitif de
la ligne de délimitation maritime ne peut donc être apprécié que par rapport à cet ensemble.
101. Ce qui domine, nous semble-t-il, la situation d’ensemble dans le cas présent, nous
l’avons dit à l’instant, c’est la prépondérance gé ographique de l’Ukraine dans toute la zone en
raison de la configuration et de la très grande longueur de ses côtes autour de la zone concernée par
la délimitation. Alors peut-on dire que la ligne d’équidistance provisoire tracée par l’Ukraine en
donnant plein effet à la fois à l’île des Serpents et à la digue de Sulina reflète la situation
géographique d’ensemble ? Ou bien, convient-il d’aménager le tracé de cette ligne afin de parvenir
à un résultat qui soit globalement équitable ? Telle est, au fond, la question essentielle.
III. La ligne de délimitation proposée
102. Dans votre arrêt de1982 en l’affaire du Plateau continental Tunisie/Libye, vous aviez
souligné ce qu’il y avait d’essentiel dans l’objectif du résultat équitable : «Ce qui est raisonnable et
équitable dans un cas donné dépend forcément des circonstances, et à coup sûr il est virtuellement
impossible, dans une délimitation, d’aboutir à une solution é quitable en méconnaissant les
circonstances propres à la région.» (Plateau continental (Tunisie /Jamahiriya arabe libyenne) ,
arrêt, C.I.J. Recueil 1982, p. 60, par. 72.)
103. Les circonstances propres à la région concernée par la délimitation maritime entre
l’Ukraine et la Roumanie sont dominées, répétons-le, par la très importante disproportion constatée
entre les longueurs des côtes respectives des de ux Etats. Or, on s’accorde généralement pour
reconnaître qu’une longueur côtière marque l’amplitude du contact avec la mer. Dans le cas
présent, il est indéniable que le contact de l’Ukraine avec la mer dans cette région est trois à
quatre fois plus ample que celui de la Roumanie. - 43 -
104. De surcroît, cette plus grande amplit ude se manifeste dans un cadre géographique qui
présente une configuration telle que la projection des côtes de l’Ukraine se concentre vers la zone à
délimiter. De telle sorte qu’il est sans doute possible d’affirmer qu’à l’amplitude du contact avec la
mer s’ajoute ici l’intensité de la projection côtière.
105. Or, la ligne d’équidistance provisoire, mê me en donnant plein effet à l’île aux Serpents,
ne traduit pas suffisamment ou traduit imparfaitement la conjonction de ces deux facteurs. Et c’est
la raison pour laquelle l’Ukraine a considéré que cette ligne provisoir e devait être ajustée, afin de
mieux refléter le cadre géographique d’ensemble.
106. L’un des moyens de prendre en compte, selon une formule souple et pratique,
l’ensemble des circonstances pertinentes consiste à faire subir à la ligne d’équidistance provisoire
un glissement vers l’ouest à partir du pointB, afin de parvenir à un tracé qui tienne pleinement
compte de la très grande disproportion de longueur des côtes.
107. Dans ce mouvement de glissement de la ligne provisoire, il est suggéré d’éliminer le
saillant constitué par le pointC, de sorte qu’a u-delà du pointB la ligne de délimitation soit
constituée par une ligne droite suivant l’azimuth de 156°. [CarteJPQ15.] (Onglet83 du dossier
des juges.)
108. Ce glissement de la ligne d’équidistance en direction de la côte de la Roumanie ne
correspond à aucun ratio mathématique. Il représen te un ajustement d’une certaine importance,
sans doute; mais il n’est entouré d’aucun «mystère », contrairement à ce qu’en a dit la Partie
roumaine. En alignant ainsi la ligne provisoire d’équidistance sur une ligne droite, l’Ukraine a été
mue par un souci de simplification, en même temps que par un désir de parvenir à un tracé
présentant un intérêt pratique.
109. La ligne ainsi proposée est naturellement liv rée à l’appréciation de la Cour, puisque les
deux Etats sont convenus de lui demander de se prononcer sur le tracé de la ligne de délimitation
séparant leurs zones respectives de plateau continental et leurs zones économiques exclusives en
mer Noire.
110. Le caractère équitable de la ligne de délimitation proposée par l’Ukraine se vérifie
lorsque l’on fait application du test de proportionnal ité. C’est ce qui va ma intenant être fait pour - 44 -
clore ce premier tour des plaidoiries ukrainiennes. M Bundy va reprendre la parole à cette fin et il
conviendrait donc de l’appeler à la barre.
Madame le président, Messieurs les juges, je vous remercie de votre attention.
Madam President, could you please give the floor to Mr. Bundy.
The PRESIDENT: Thank you, Professor Quéneudec. I now call Mr. Bundy.
Mr. BUNDY: Thank you, Madam President, Members of the Court.
XI.T HE EQUITABLE CHARACTER OF U KRAINE ’S LINE AND
INEQUITABLE CHARACTER OF ROMANIA ’S LINE
1. In this final presentation of Ukraine’s firs t round pleading, it falls to me to address the
equitable character of the delimitation lines the Parties have put before you. Both Parties agree that
the overall aim of maritime delimitation is to achieve an equitable solution, as provided for in
Articles 74 and 83 of the Law of the Sea Convention and as referred to consistently in the Court’s
jurisprudence.
2. In taking up this aspect of the case, I shall first deal with the question of security interests.
Professor Lowe mentioned these last week, but his re marks were very brief on the issue, and mine
can be too. I shall then deal with the two main issues on which the Parties remain divided: these
are, first of all, the application of the proportionality test to the claims of the Parties; and, secondly,
whether those claims result in any undue “cut-off” effect on the projection from either Party’s coast
in contravention of the doctrine of non-encroachment.
1. Security
3. So a brief word, then, about security interests first. Professor Lowe’s only submission last
Friday on this point was to assert that there is no evidence that Romania’s claim would adversely
affect Ukraine’s security or lead to any catastrophic consequences (CR 2008/21, p. 46, para. 73).
4. There are two brief points that I would raise in response.
5. First, ProfessorQuéneudec, a few moment s ago, described in his last presentation the
predominant interest Ukraine has for security a nd other matters as a function of its geographical
position along this part of the Black Sea on three sides of the coast. And for her part, - 45 -
Ms Malintoppi demonstrated yesterday that Ukrain e has been the only party to police the area and
to prevent illegal fishing and other activities in that area. Ukraine’s claim is consistent with this
aspect of the conduct of the Parties, Romania’s claim is not.
2. Application of the proportionality test
6. Let me now turn to the application of the proportionality test. It is by now well
established in the case law that the purpose of the proportionality test, at the third and final stage of
the delimitation process, is to determine whethe r the line resulting from the application of the
equitable principles/relevant circumstances rule produces a result which is broadly proportionate in
terms of coastal lengths and maritime areas appertaining to those coasts.
7. The application of the proportionality test at this stage is thus an ex post facto test quite
distinct, as ProfessorQuéneudec has noted, from th e question whether, and to what extent, the
relevant circumstances ⎯ such as a significant disparity in th e lengths of the coasts of the Parties
abutting the area to be delimited ⎯ constitute a factor justifying the shifting of the provisional
equidistance line. As Professor Lowe himself stated last week:
“It is common ground that it is neces sary to decide whether the provisional
equidistance line, after its adjustment to take account of the relevant circumstances,
has ⎯ or has not ⎯ produced an unacceptable disproportionality between the
resulting sea areas attaching to each of the Parties.” (CR 2008/21, p. 53, para. 3.)
8. Having listened attentively to my distingui shed colleague’s presentation on this issue last
Friday, it is apparent that the Parties agree that the application of the proportionality test is a
function primarily of two main elements, the: (i) identification of the relevant coasts of the Parties
and (ii) identification of the relevant area.
9. Quite clearly, these are two matters on which the Parties continue to have basic
differences. They are also two matters as to whic h the Court has heard a considerable amount of
debate during the first round of oral pleadings.
10. I do not intend to rehearse these arguments again; I would simply summarize briefly
Ukraine’s position. - 46 -
A. The relevant coasts
11. As for the relevant coasts, Ukraine believes that it has shown in its written pleadings and
again this week why it is the whole coast borderi ng the north-west corner of the Black Sea that
should be considered to be a “relevant coast” both for delimitation purposes and for purposes of
applying the test of proportionality.
12. With respect to Romania’s coast, Ukraine has applied the same principles. Ukraine’s
proportionality calculations are based on the assumption that, just like Ukraine’s coast, all of
Romania’s coast should be treated as a relevant coast. In short, Ukraine ⎯ unlike our colleagues
on the other side ⎯ has compared “like with like”. Whic hever method is used for measuring the
coasts, we have demonstrated that a comparison of the coastal lengths of the Parties fronting on this
corner of the Black Sea stands in a relationship which averages 3.7 to 1 in Ukraine’s favour.
B. The relevant area
13. As for the relevant area. Again, I can be brief given that I addressed the matter on
Wednesday.
[Fig. 4-11 to Ukraine’s Rejoinder]
14. Now displayed on the screen, which was ea rlier tab35 in your folders, is a map that
highlights the differences between the Parties with resp ect to the extent of the relevant area. It is a
map you have seen before on Wednesday.
15. One of these differences between the Parties ⎯ the green-hatched area in the north on
the screen ⎯ is a result of the different positions the Par ties take with respect to the relevant coast
of Ukraine. The other important difference is represented by the red-hatched area in the east. That
difference has arisen as a consequence of the way in which the Parties treat the significance of a
pre-existing boundary agreement between Ukraine ⎯ formerly the Soviet Union ⎯ and Turkey.
The third area where the positions of the Parties diverge with respect to the relevant area is the light
green area in the south. But because that is really de minimus, I will not add to anything I said on
that area that I discussed on Wednesday.
16. With respect to the green-hatched area in the north, Romania seeks to exclude this area
from the relevant area for the same reason it seeks to eliminate Ukraine’s south-facing coast from
consideration as a relevant coast. I think Ukraine has amply explained why this stretch of its coast - 47 -
should not be excluded in the present delimitation a nd, by the same token, the areas lying off that
coast should not be excluded from the relevant area either.
17. As for the red-hatched area in the east, this forms part of an area that has previously been
delimited between Ukraine and Turkey. The Ukra ine-Turkey delimitation line extends right up to
the south-western point of the red-hatched triangle, thus delimiting the area between Turkey’s coast
and Ukraine’s coast from Cape Sarych eastwards.
18. There is no evidence that Romania ever tried to negotiate with Turkey, the Soviet Union
or Ukraine with respect to this red-hatched area. Nor did Romania ever protest the Ukraine-Turkey
agreement or indicate that Turkey and Ukraine we re delimiting an area that was relevant to, or
trespassing on, the area to be delimited between itself, Romania, and Ukraine.
19. There is no reason, therefore, to consider this red triangle as part of the relevant area in
this case. The only reason why Romania has include d it is to “add” additional maritime areas to
the Ukrainian side of the proportionality calculation, without adding any more Ukrainian coast. In
this way, Romania attempts to make its own proportionality calculations look more reasonable.
But, the artifice does not work, and it is not justified.
[Map of Ukraine’s relevant area - fig. 9-10 to Ukraine’s Rejoinder]
C. The proportionality calculations
20. This brings me to the application of the proportionality test itself and the map on the
screen depicts what Ukraine considers the relevant area to be in the case (tab 84).
21. If we now superimpose Ukraine’s delimitation line on this area, it can be seen that the
resulting ratio of the maritime areas appertaining to each of the Parties stands in a relationship of
3.1 to 1. At the same time, the length of the re levant coasts of the Parties has a ratio varying from
about 4.1 to 1, if the coast is measured according to its natural course, to a ratio of 3.3 to 1, if the
coasts of the Parties are measured taking into account the system of straight baselines that each
Party has enacted. The average is a ratio of coastal lengths in the order of 3.7 to 1.
22. There clearly does not need to be an exact correlation between coastal lengths and
maritime areas appertaining to t hose coasts. One is looking at a broad comparison to ensure that - 48 -
there is no “gross disproportion” in the result. Here, there is none. Ukraine’s delimitation line
more than satisfies the test of proportionality.
23. As Ukraine pointed out in its Rejoinder (paras.8.12-8.14), there is another way of
confirming the fact that Ukraine’s delimitation line meets the proportionality test. That involves
examining the position that would result if quod non the relevant areas advanced by each of the
Parties are combined ⎯ in other words, if the area off Ukraine’s south-facing coast and the
red-hatched triangle relevant to the delimitation with Turkey are both taken into account. This is
under tab85 of your folders. Even under this scenario, as the figure on the screen shows,
Ukraine’s line would still comfortably meet the proportionality test, given that the area ratio would
now be 3.7 to 1 ⎯ which is the same as the average ratio between the lengths of the Parties’ coasts.
24. Romania’s claim, in contrast, fails to sa tisfy the same criteria. Romania has argued that
the lengths of the relevant coasts of the Parties st and in a ratio of approximately 1.4 to 1. And
Romania claims last Friday that its line results in a division of the maritime area between Ukraine
and Romania in a ratio of 1.7 to 1 (CR 2008/21, pp. 64-65, paras. 63-65). And Romania, based on
those premises, considers that the result is “not disproportionate” (ibid.).
25. The problem is that these calculations are advanced at the expense of manipulating both
the length of Ukraine’s relevant coast ⎯ over 600 km of which Romania suppresses ⎯ and the
extent of the relevant area ⎯ to which, as I have just shown, Romania adds a large triangle to
Ukraine’s side of the equation that has already been delimited between Ukraine and Turkey.
26. A claim line that produces a ratio of 1.7 to 1 in terms of area, when the actual coastal
relationship of the Parties is more in the order of 3.7 to 1, does not come close to satisfying the test
of proportionality. And while the equitableness of any particular delimitation does not depend on a
strict mathematical ratio of maritime areas in proportion to the lengths of the parties’ coast, a
discrepancy of the magnitude posited by Romania cannot, in Ukraine’s submission, be viewed as
achieving an equitable result.
3. The issue of non-encroachment
27. That leads me to my final subject, Ma dam President, and, that is, the issue of
non-encroachment ⎯ the principle that, in so far as possible and in light of the actual geographic - 49 -
facts in the case, an equitable delimitation should avoid any undue encroachment on the projection
of one or the other party’s coast.
[Last tab to Lowe’s presentation]
28. At the end of his presentation last Friday , Professor Lowe projected this figure that you
now see on the screen. And he did this in an e ffort to argue that Ukraine’s delimitation line
encroaches upon Romania’s entitlement (CR 2008/21, p. 67, paras. 78-79).
29. But, Madam President, Members of the Court, this figure is seriously misleading. And it
is one more example of Romania’s tendency not to compare “like with like”. It is not Ukraine’s
Crimean coast which is the proper coast on which to base such a comparison ⎯ and I would note,
in passing, that Romania’s figure has been very caref ully constructed so as to join up its horizontal
line with the very deepest part of the Crimean coas t, the part of the coast, the furthest away to
maximize the impression. [New map] But it is not Ukraine’s Crimean coast which is the proper
coast to base such a comparison, it is the much closer mainland coast of Ukraine which should be
used for comparison purposes, as well as Serpents ’ Island as you can now see on the screen. If the
appropriate Ukrainian coasts are taken into account, it will be seen that the relevant distances are
practically the same, and that there is no encroachment caused by Ukraine’s line (this is at tab 86 of
your folders).
30. On the other hand, what does produce a significant cut-off effect, is the lateral portion of
Romania’s own claim line which you can see on the screen and at tab87 [new map]. As can be
seen, Romania’s claim line accords to Romania’s co ast between the land boundary with Ukraine
and the Sacalin peninsula a full projection to the east, with the exception of the 12-mile territorial
sea arc that Romania allocates to Serpents’ Island. But the projection of Ukraine’s much longer
coastal front lying north of the land boundary is severely amputated: it does not get its projection.
Why a longer coast, and a stretch of the coast that even Romania considers to be a relevant coast,
should be the victim of this “cut-off” effect –– and why Ukraine’s south-facing coast should also be
a victim of this cut-off effect which passes in fr ont of that coast –– while Romania’s much shorter
coast is not goes unexplained by our opponents. - 50 -
31. The misleading nature of Romania’s figur e can also be demonstrated when Romania’s
southern coast is taken into account, that is th e coast below the Sacalin peninsula extending down
to Bulgaria.
32. On the map that is now displayed on the screen (which is at tab 88), Ukraine has drawn a
closing line between Romania’s southern coast near the boundary with Bulgaria and Cape Sarych
on the Ukrainian side. This “closing line” is simila r to the closing line that the Chamber drew in
the Gulf of Maine case between Cape Cod and the coast of Nova Scotia.
I33. Gulf of Maine , the Chamber adjusted the equidist ance line so that it crossed the
closing line at a point that was 1.32 times closer to the Canadian coast than to the American coast.
And this, as we have explained, was to take account of the fact that the relevant United States coast
was 1.38 times longer than the relevant coast of Canada ⎯ the 1.38 figure being reduced to 1.32 to
give a reduced effect to Seal Island.
34. If we examine Romania’s claim line, which has been drawn on this figure (which I think
is at tab 89), the Court will observe that Romani a’s line crosses the closing line at a point which is
actually closer, over 40 km closer, to Ukraine’s coast than to its own. Yet it is Ukraine that has by
far the longer coast abutting the delimitation area. How, in these circumstances, Romania’s line
can be categorized as “reasonable and realistic”, as ProfessorLowe asserted on Friday, is a
mystery.
35. On the other hand, if Ukraine’s delimitati on line is superimposed on the same map, as is
now being done, it can be seen that that line falls somewhat closer to Romania’s coast but only by a
factor of about 1.43 to 1 (243 km to 170 km). Perm it me to recall that the closing line ratio in the
Gulf of Maine case was 1.32 to 1. But in contrast, the di sparity between the lengths of the Parties’
coasts in this case is of a much greater magnitude than was the disparity between the United States
and the Canadian coasts in the Gulf of Maine case.
36. In the light of these factors, Professor Lowe’s assertion at the end of Romania’s first
round last week that “there is no basis upon which Ukraine can even start to build a case” is plainly
untenable (CR 2008/21, p. 68, para. 81). - 51 -
4. Conclusions
37. Madam President, Members of the Court: I have come to the end of my intervention and
the end of Ukraine’s first round presentation. I do not believe that it is necessary, at this stage, for
me to summarize Ukraine’s case. The presentations you have heard this week speak for
themselves. And a summary will be done, as n ecessary, at the end of Ukraine’s second round
pleading next week.
38. So it remains to me on behalf of the entire Ukrainian delegation to thank the Court for its
kind attention over the past week. Madam Pres ident, that concludes Ukraine’s first round
presentation.
The PRESIDENT: Thank you, Mr.Bundy. As you have explained, Ukraine’s first round
pleadings are now concluded. Judge Oxman has questions for the Parties. Judge Oxman.
Judge OXMAN: Thank you, Madam President.
Question for both Parties
Does paragraph3 of Article121 of the United Nations Convention on the Law of the Sea
apply to marine areas that are in any event within the limits of the EEZ and continental shelf of the
same State, such as marine areas within 200 nautical miles of the mainland of that State?
Question for Romania
In light of the fact that reference is made to the contiguous zone in Article121 of the
UnitedNations Convention on the Law of the Sea so lely in paragraph2 thereof, what is the
relevance of Articles33 and 303 of that Conve ntion to the maritime boundary around Serpents’
Island that is advocated by Romania; and, upon entr y into force for the Parties, of Article 8 of the
Convention on the Protection of the Underwater Cultural Heritage?
Thank you, Madam President.
The PRESIDENT: Thank you, JudgeOxman. The written text of these questions will be
sent to the Parties as soon as possible. It will be helpful to the Court if the Parties are able to
respond to the questions during the second round of oral argument.
So, this does mark the end of today’s sitting. I wish to thank each of the Parties for the
statements presented in the course of this first r ound of oral argument. The Court will meet again - 52 -
on Monday 15September from 10a.m. to 1p.m. and on Tuesday 16September from 10a.m. to
1 p.m. to hear the second round of oral argument of Romania. At the end of the sitting on Tuesday,
Romania will present its final submissions.
Ukraine will then present its oral reply on Thursday 18September 2008, from 3p.m. to
6p.m., and on Friday 19September 2008 from 3p.m. to 6p.m: and at the end of the sitting on
Friday, Ukraine will present its final submissions.
Therefore, each Party has at its disposal a total of two full sessions of three hours for its
second round oral reply. Let me once again recall th at, pursuant to Article 60, paragraph 1, of the
Rules of Court, the oral presentations should be as succinct as possible. The purpose of the second
round of oral argument is to enable each of the Parties to reply to the arguments advanced orally by
the other Party, and the Parties will use as much of the allocated time as they feel necessary for this
purpose. The second round must not constitute a repetition of earlier statements.
Thank you very much for the help given thus far to the Court, and the Court now rises.
The Court rose 12.45 p.m.
___________
Public sitting held on Friday 12 September 2008, at 10 a.m., at the Peace Palace, President Higgins presiding, in the case concerning Maritime Delimitation in the Black Sea (Romania v. Ukraine)