CR 2005/13
Cour internationale International Court
de Justice of Justice
LAAYE THAEGUE
ANNÉE 2005
Audience publique
tenue le lundi 25 avril 2005, à 15 heures, au Palais de la Paix,
sous la présidence de M. Shi, président,
en l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo
(République démocratique du Congo c. Ouganda)
________________
COMPTE RENDU
________________
YEAR 2005
Public sitting
held on Monday 25 April 2005, at 3 p.m., at the Peace Palace,
President Shi presiding,
in the case concerning Armed Activities on the Territory of the Congo
(Democratic Republic of the Congo v. Uganda)
____________________
VERBATIM RECORD
____________________ - 2 -
Présents : M. Shi,président
Ricepra,ident
KorMoMa.
Vereshchetin
Higgimse
Parra-A.anguren
Kooijmans
Rezek
Al-Khasawneh
Buergenthal
Elaraby
Owada
Simma
Tomka
Ajbresam,
VerhoMev.en,
jugetseka, ad hoc
Cgoefferr,
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 3 -
Present: Presienit
Vice-Presideetva
Judges Koroma
Vereshchetin
Higgins
Parra-Aranguren
Kooijmans
Rezek
Al-Khasawneh
Buergenthal
Elaraby
Owada
Simma
Tomka
Abraham
Judges ad hoc Verhoeven
Kateka
Registrar Couvreur
⎯⎯⎯⎯⎯⎯ - 4 -
Le Gouvernement de la République du Congo est représenté par :
S. Exc. M. Honorius Kisimba Ngoy Ndalewe, ministre de la justice et garde des sceaux de la
République démocratique du Congo,
comme chef de la délégation;
S.Exc. M.Jacques Masangu-a-Mwanza, ambassadeu r extraordinaire et plénipotentiaire auprès du
Royaume des Pays-Bas,
coagment;
M. Tshibangu Kalala, avocat aux barreaux de Kinshasa et de Bruxelles,
comme coagent et avocat;
M. Olivier Corten, professeur de droit international à l’Université libre de Bruxelles,
M. Pierre Klein, professeur de droit internationa l, directeur du centre de droit international de
l’Université libre de Bruxelles,
M. Jean Salmon, professeur émérite à l’Université lib re de Bruxelles, membre de l’Institut de droit
international et de la Cour permanente d’arbitrage,
M. Philippe Sands, Q.C., professeur de droit, dire cteur du Centre for International Courts and
Tribunals, University College London,
comme conseils et avocats;
M. Ilunga Lwanza, directeur de cabinet adjoint et conseiller juridique au cabinet du ministre de la
justice et garde des sceaux,
M. Yambu A Ngoyi, conseiller principal à la vice-présidence de la République,
M. Mutumbe Mbuya, conseiller juridique au cabinet du ministre de la justice,
M. Victor Musompo Kasongo, secrétaire particulier du ministre de la justice et garde des sceaux,
M. Nsingi-zi-Mayemba, premier conseiller d’am bassade de la République démocratique du Congo
auprès du Royaume des Pays-Bas,
Mme Marceline Masele, deuxième conseillère d’ ambassade de la République démocratique du
Congo auprès du Royaume des Pays-Bas,
commceonseillers;
M. Mbambu wa Cizubu, avocat au barreau de Kinshasa (cabinet Tshibangu et associés),
M. François Dubuisson, chargé d’enseignement à l’Université libre de Bruxelles,
M. Kikangala Ngoie, avocat au barreau de Bruxelles, - 5 -
The Government of the Democratic Republic of the Congo is represented by:
His Excellency Mr. Honorius Kisimba Ngoy Ndalewe, Minister of Jus tice, Keeper of the Seals of
the Democratic Republic of the Congo,
as Head of Delegation;
His Excellency Mr. Jacques Masangu-a-Mwanza, Amb assador Extraordinary and Plenipotentiary
to the Kingdom of the Netherlands,
as Agent;
Maître Tshibangu Kalala, member of the Kinshasa and Brussels Bars,
as Co-Agent and Advocate;
Mr. Olivier Corten, Professor of International Law, Université libre de Bruxelles,
Mr. Pierre Klein, Professor of International Law, Director of the Centre for International Law,
Université libre de Bruxelles,
Mr. Jean Salmon, Professor Emeritus, Université libre de Bruxelles, member of the Institut de droit
international and of the Permanent Court of Arbitration,
Mr. Philippe Sands, Q.C., Professor of Law, Director of the Centre for International Courts and
Tribunals, University College London,
as Counsel and Advocates;
Maître Ilunga Lwanza, Deputy Directeur de cabinet and Legal Adviser, cabinet of the Minister of
Justice, Keeper of the Seals,
Mr. Yambu A. Ngoyi, Chief Adviser to the Vice-Presidency of the Republic,
Mr. Mutumbe Mbuya, Legal Adviser, cabinet of the Minister of Justice,
Mr. Victor Musompo Kasongo, Private Secretary to the Minister of Justice, Keeper of the Seals,
Mr. Nsingi-zi-Mayemba, First Counsellor, Embassy of the Democratic Republic of the Congo in
the Kingdom of the Netherlands,
Ms Marceline Masele, Second Counsellor, Embassy of the Democratic Republic of the Congo in
the Kingdom of the Netherlands,
as Advisers;
Maître Mbambu wa Cizubu, member of the Kinshasa Bar (law firm of Tshibangu and Partners),
Mr. François Dubuisson, Lecturer, Université libre de Bruxelles,
Maître Kikangala Ngoie, member of the Brussels Bar, - 6 -
Mme Anne Lagerwall, assistante à l’Université libre de Bruxelles,
Mme Anjolie Singh, assistante à l’University College London, membre du barreau de l’Inde,
comme assistants.
Le Gouvernement de l’Ouganda est représenté par :
S. Exc. E. Khiddu Makubuya, S.C., M.P., Attorney General de la République de l’Ouganda,
comme agent, conseil et avocat;
M. Lucian Tibaruha, Solicitor General de la République de l’Ouganda,
comme coagent, conseil et avocat;
M. Ian Brownlie, C.B.E., Q.C., F.B.A., membre du barreau d’Angleterre, membre de la
Commission du droit international, professeur émérite de droit international public à
l’Université d’Oxford et ancien titulaire de la chaire Chichele , membre de l’Institut de droit
international,
M. Paul S. Reichler, membre du cabinet Foley Hoag, LLP, à Washington D.C., avocat à la Cour
suprême des Etats-Unis, membre du barreau du district de Columbia,
M. Eric Suy, professeur émérite à l’Université cat holique de Leuven, ancien Secrétaire général
adjoint et conseiller juridique de l’Organisation des Nations Unies, membre de l’Institut de droit
international,
S. Exc. l’honorable Amama Mbabazi, ministre de la défense de la République de l’Ouganda,
M. Katumba Wamala, (PSC), (USA WC), général de division, inspecteur général de la police de la
République de l’Ouganda,
comme conseils et avocats;
M. Theodore Christakis, professeur de droit in ternational à l’Université de Grenoble II
(Pierre Mendès France),
M. Lawrence H. Martin, membre du cabinet Foley Hoag, LLP, à Washington D.C., membre du
barreau du district de Columbia,
commceonseils;
M. Timothy Kanyogongya, capitaine des forces de défense du peuple ougandais,
comme conseiller. - 7 -
Ms Anne Lagerwall, Assistant, Université libre de Bruxelles,
Ms Anjolie Singh, Assistant, University College London, member of the Indian Bar,
as Assistants.
The Government of Uganda is represented by:
H.E. the Honourable Mr. E. Khiddu Makubuya S.C., M.P., Attorney General of the Republic of
Uganda,
as Agent, Counsel and Advocate;
Mr. Lucian Tibaruha, Solicitor General of the Republic of Uganda,
as Co-Agent, Counsel and Advocate;
Mr. Ian Brownlie, C.B.E, Q.C., F.B.A., member of the English Bar, member of the International
Law Commission, Emeritus Chichele Professor of Public International Law, University of
Oxford, member of the Institut de droit international,
Mr. Paul S. Reichler, Foley Hoag LLP, Washington D.C., member of the Bar of the United States
Supreme Court, member of the Bar of the District of Columbia,
Mr. Eric Suy, Emeritus Professor, Catholic University of Leuven, former Under Secretary-General
and Legal Counsel of the United Nations, member of the Institut de droit international,
H.E. the Honourable Amama Mbabazi, Minister of Defence of the Republic of Uganda,
Major General Katumba Wamala, (PSC), (USA WC), Inspector General of Police of the Republic
of Uganda,
as Counsel and Advocates;
Mr. Theodore Christakis, Professor of International Law, University of Grenoble II (Pierre Mendes
France),
Mr. Lawrence H. Martin, Foley Hoag LLP, Washington D.C., member of the Bar of the District of
Columbia,
as Counsel;
Captain Timothy Kanyogonya, Uganda People’s Defence Forces,
as Adviser. - 8 -
The PRESIDENT: Please, be seated. The sitting is open. Mr. Kalala, please continue.
M.KALALA: Monsieur le président, Madame , Messieurs les juges, je vais aborder
maintenant la deuxième partie de ma plaidoirie, consacrée à l’existence de nombreux éléments de
preuve établissant de manière irréfutable la responsabilité des forces ougandaises dans des
violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
II. Les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises en
RDC par les forces ougandaises sont établies de manière irréfutable par de
nombreux éléments de preuve
17. Comme je l’ai déjà indiqué, l’Ouganda s’est abstenu de toute réponse aux nombreux
éléments de preuve avancés par la RDC dans ses écritures et dans ses plaidoiries, éléments qui
démontrent de façon claire l’attribution direct e d’actes constituant des violations flagrantes des
droits de la personne. Le professeur Brownlie s’est, à cet égard, limité à des remarques très
générales sur la charge de la preuve pesant su r l’Etat demandeur, ou sur la prétendue «méthode
1
excentrique» suivie par le Congo. Il a aussi évité so igneusement d’aborder de front les différents
cas où l’Ouganda est clairement désigné, par des ra pports internationaux fiables et concordants,
comme coupable de violations des droits de l’ homme et du droit international humanitaire en
République démocratique du Congo.
Dans ces conditions, Monsieur le président, Madame et Messieurs de la Cour, permettez-moi
de rappeler très brièvement les principales viol ations des droits de l’homme attribuables à
l’Ouganda dont la RDC a fait dernièrement état dans ses plaidoiries, violations attestées par de
nombreux rapports internationaux émanant de la Mission d’observation des NationsUnies au
Congo (MONUC), du Secrétaire général des Nations Unies, de la Commission des droits de
l’homme de l’ONU, ou encore de l’UNICEF.
Il s’agit de faits ci-après :
1
Plaidoirie de M. Brownlie, 20 avril 2005, CR 2005/10, p. 22, conclusions. - 9 -
⎯ les forces ougandaises ont fourni un soutien et un entraînement militaires aux Hema dans le
2
conflit les opposant aux Lendu, ainsi qu’à d’autres factions ou groupes armés opérant en Ituri ;
⎯ entre février et avril 2002, les forces ougandaises basées à Gety, en compagnie de milices hema
et bira, ont mené des opérations de grande envergure contre les villages lendu des groupements
de Boloma, Bukiringi, Zadhu, Baviba et Bamuko, tous situés dans la collectivité des Walendu
Bindi, dans le territoire d’Irumu, opérations qui ont fait de nombreuses victimes parmi la
population civile 3 ;
⎯ en août 2003, l’armée ougandaise, accompagnée de l’UPC et de milices ngiti/lendu a tué des
civils qui ont été agressés en raison de leur appartenance ethnique 4;
⎯ en octobre 2002, l’UPDF, avec ses alliés hema, a attaqué la localité de Zumbe, en Ituri et
5
incendié tous les villages voisins, tuant environ cent vingt-cinq civils ; au total, plusieurs
centaines de villages lendu ont ét é complètement détruits avec l’aide d’hélicoptères de l’armée
ougandaise;
⎯ l’UPC et l’armée ougandaise se sont livrés à des pi llages de grande envergure dans la ville de
6
Bunia, en août 2002 ;
⎯ l’UPDF a pilonné à l’arme lourde la résidence du gouverneur de l’Ituri, à Bunia, en août 2002,
7
en prenant délibérément pour cibles des civils ;
⎯ l’UPDF s’est rendue responsable de violations systématiques du droit international humanitaire
et des droits de l’homme dans la ville de Kisa ngani, lors des affrontements qui l’ont opposé au
Rwanda en 1999 et en 2000. Je rappelle d’ailleurs une nouvelle fois à l’Ouganda que le
Conseil de sécurité a, dans sa résolution 1304, dé ploré à cet égard «les pertes en vies civiles,
2Septième rapport la Commi ssion des droits de l’ho mme, doc. E/CN.4/2001/40, 1 erfévrier 2001, par.31
(réplique du Congo, annexe 82); rapport de la MONUC, annexe à la lettre du Secrétaire général de l’ONU au président du
Conseil de sécurité, 16 juillet 2004, doc . S/2004/573, p. 6, par. 4; p. 14-15,par. 27; deuxième ra pport spécial sur la
MONUC, mai 2003, doc. S/2003/566, p. 28-29, par. 95.
3Rapport de la MONUC, annexe à la lett re du Secrétaire général de l’ONU au président du Conseil de sécurité,
16 juillet 2004, doc. S/2004/573, p. 19, par. 42; les chiffres des principaux massacres sont donnés par localité en note 21.
4Ibid., p. 20, par. 46.
5Ibid., p. 25, par. 63.
6Loc. cit., p. 21, par. 49.
7
Voir entre autres le rapport précité de la MONUC de 2004, p. 21, par. 49. - 10 -
les risques pour la population civile et l es dommages matériels infligés à la population
congolaise par les forces de l’Ouganda et du Rwanda» 8;
⎯ de nombreux enfants congolais ont été enlevés en août 2000 dans les zones de Bunia, Beni et
Butembo et conduits en Ouganda pour y subir un entraînement militaire dans le camp de
Kyankwanzi 9.
18. Monsieur le président, au cune dénégation claire n’a, à ce stade de la procédure, été
apportée par l’Etat défendeur à toutes ces graves acc usations qui peuvent dès lors être considérées
comme admises. La RDC rappelle le fait que l’Etat défendeur s’est abstenu de tout commentaire
sur les événements de Kisangani de 1999 et 2000, à propos desquels il s’est montré très peu
loquace dans ses plaidoiries, se bornant à dénier à la Cour la compétence d’examiner cet aspect du
litige. Ce comportement ne doit pas étonner puis que, les combats menés à Kisangani, qui se sont
révélés désastreux pour la population civile, cadrent mal avec l’image de pacificateur que tente de
faire passer l’Ouganda quant à sa présence en RDC. J’ai eu l’occasion de présenter, lors de ma
précédente plaidoirie sur le sujet, les nombreuse s violations du droit international humanitaire
attribuables aux forces de l’UPDF lors des combats de Kisangani. Ces violations sont attestées par
10
une importante documentation, parmi laque lle on trouve des rapports de la MONUC et de la
mission d’évaluation interinstitutions des Nations Unies 11.
19. Monsieur le président, Madame et Messieu rs de la Cour, le silence observé dans ses
plaidoiries orales par l’Ouganda au sujet de l’ensem ble de ces graves violations des droits de la
personne qui lui sont attribuées est véritablem ent assourdissant. Mais, ce silence est surtout
extrêmement révélateur.
8
Rés. 1304 (2000), huitième paragraphe du préambule, mémoire du Congo, annexe 6.
9 Cinquième rapport sur la MONUC, doc. S/2000/1156, 6 décembre 2000, par. 75, réplique du Congo, annexe 30;
septième rapport sur la MONUC, doc. S/2001/373, 17 avril 2001, par. 85, réplique du Congo, annexe 32; rapport de la
MONUC de 2004, précité, p. 46, par. 145 et p. 47, par.148; «First Group of Congolese Children Returned Home from
Uganda», communiqué de presse de l’UNICEF du 5 juillet 2001, http://www.unicef.org/newsline/01prbunia1.htm;
«UNICEF applauds agreement with Uganda on child soldie rs», communiqué de presse de l’UNICEF du 9 février 2001,
http://www.unicef.org/newsline/01pr12.htm. Voir aussi, en termes généraux, le quatrième rapport préliminaire présenté à
l’Assemblée générale des Nati ons Unies par le rapporteur spécial des Nati ons Unies sur la situation des droits de
l’homme en République démocratique du Congo, doc. A/55/403, 20 septembre 2000 et le rapport d’Amnesty
International intitulé «RDC ⎯ La dignité humaine réduite à néant», mai 2000, point 5.2, réplique du Congo, annexe 89.
10 United Nations Observer Mission in the Democratic Re public of the Congo, «Historic Record of Kisangani
Cease-Fire Operation», Lt Col. Danilo Paiva, 19 juin 2000; réplique du Congo, annexe 84.
11 Doc. S/2000/1153, 4 décembre 2000, par. 16; réplique du Congo, annexe 38. - 11 -
20. L’Ouganda n’hésite pas à renvoyer les faits d’un revers de la main lorsqu’ils sont
dénoncés par des rapports d’ONG congolaises, en pos tulant par principe que ces rapports sont
12
nécessairement biaisés ou peu crédibles . Mais, cette stratégie n’est absolument plus tenable
lorsque l’existence de nombreuses violations d es droits de l’homme et du droit international
humanitaire par l’Ouganda est établie de manière irréfutable par de nombreux rapports émanant du
Secrétaire général ou d’autres organes des Nations Unies. Dans ces conditions, il devient difficile
et insoutenable pour l’Ouganda de prétendre que ce genre de documents serait biaisé, ou partial, ou
peu fiable. La Partie adverse n’a d’ailleurs p as manqué de se référer elle-même à des documents
provenant des mêmes organes de l’ONU à l’appui de certaines de ses prétentions, et n’a pas mis en
doute ni critiqué la fiabilité du rapport de la MONU C concernant les violations des droits de
l’homme en Ituri 13.
21. Dans l’affaire des Conséquences juridiques de l’édifica tion d’un mur dans le territoire
palestinien occupé, la Cour a souligné la très haute va leur probante qu’il convenait de reconnaître
aux rapports du Secrétaire général et aux rapports émanant des rapporteurs spéciaux et des organes
compétents des Nations Unies. Dans cette affaire, certains Etats avaient soulevé l’objection selon
laquelle la Cour ne disposerait pas des éléments de fait et de preuve l’autorisant à formuler des
conclusions dans le cas qui lui était soumis. La Cour a répondu à cette objection que les rapports
rendus par les différents organes des Nations Unies lui permettaient de disposer «de
14
renseignements et d’éléments de preuve suffisants» pour rendre sa décision . C’est dès lors en se
fondant sur les rapports établis par le Secrétaire général et par d’autres or ganes des Nations Unies
que la Cour a pu conclure qu’Israël avait commis de multiples violations des droits de l’homme et
15
du droit humanitaire et décidé que cet Etat devait assurer la réparation des préjudices causés par
ses violations du droit international. Dans la présen te affaire, c’est également en grande partie sur
des rapports émanant des Nations Unies que la RDC se fonde pour établir de façon claire et précise
que l’Ouganda s’est rendu coupable de violations massives et répétées des droits de l’homme et du
12
Plaidoirie de M. Brownlie, 20 avril 2005, CR 2005/10, p. 16, par. 42.
13
Ibid., p. 21, par. 61.
14Affaire des Conséquences juridiques de l’édification d’ un mur dans le territoire palestinien occupé , avis du
9 juillet 2004, par. 57-58.
15Ibid., par. 132-134. - 12 -
droit humanitaire en territoire congolais. Ces rapports ne disent d’ailleurs pas autre chose que les
nombreuses autres sources ⎯témoignages, rapports d’ONG intern ationales et nationales, articles
de presse, etc. ⎯ citées par la RDC dans ses écritures et ses plaidoiries à l’appui de ces
affirmations.
22. Le dernier argument, avancé à plusieurs reprises par l’Etat défendeur, pour tenter
désespérément d’échapper à sa responsabilité pour l es faits établis par l’ensemble des sources
concordantes consiste à soutenir qu’il serait pa r principe impossible —ou presque— d’identifier
les soldats ougandais comme auteurs de diverses exactions, en raison de la difficulté de les
distinguer des miliciens congolais appartenan t aux mouvements rebelles alliés à l’Ouganda 1. Cet
argument ne saurait convaincre la Cour, pas plus qu’il n’est de nature à diminuer la portée probante
des documents identifiant clairement les forces ougandaises comme coupables d’atteintes aux
droits de la personne.
23. La RDC signale à la Cour que, dans la plupart des régions où les mouvements rebelles
congolais étaient implantés, leurs effectifs prove naient, pour l’essentiel, de recrues locales. Bon
nombre de ces miliciens étaient donc connus des popu lations locales, et identifiés comme tels. Il
convient d’ajouter à ce premier élément le fait que l’armée ougandaise disposait de moyens de
transport et d’armements dont ne bénéficiai ent pas les membres des mouvements rebelles
congolais. Enfin, nul ne niera que les soldats ougandais et les miliciens congolais ne
communiquaient pas dans les mêmes langues. On comprend mieux, en additionnant ces différents
éléments de différenciation, que les difficult és de distinguer entre les membres de l’armée
ougandaise et ceux des mouvements rebelles congol ais, dont l’Ouganda essaye de tirer argument
pour échapper à sa responsabilité, s’avèrent en réalité bien théoriques et ne correspondent pas aux
réalités du terrain. Il ne serait par exemple guè re sérieux de soutenir que lorsque la MONUC
identifie clairement l’UPDF comme l’auteur d’exactions, on puisse penser qu’elle ait pu opérer une
confusion avec des faits perpétrés par des mouvement s rebelles. Il convient de remarquer que le
rapport établi par la MONUC se fonde sur une méthodologie particulière rigoureuse soigneusement
17
décrite aux paragraphes32 à34 du rapport . Pour établir son rapport, la MONUC a mené pas
16
Plaidoirie de M. Brownlie, 20 avril 2005, CR 2005/10, par. 40, citant la duplique de l’Ouganda, p. 256-257.
17Rapport MONUC précité, S/2004/573, par. 32-34. - 13 -
moins de neuf enquêtes de terrain et interviewé plus de millesixcents personnes, y compris des
victimes, des témoins, des dirigeants communautaire s, des intellectuels, des agents des services de
santé et des enfants associés aux groupes armés 18. Comme le précise, en outre, le rapport :
«des témoignages écrits ont été reçus de témoins oculaires et de victimes par
l’intermédiaire d’ONG locales. Des témoins et d’autres personnes ont été entendus en
privé afin que leurs témoignages restent confidentiels et qu’ils ne risquent pas de faire
l’objet de représailles. Chaque fois que possible, les auteurs présumés d’actes
criminels et les chefs de groupes armés ont été confrontés aux allégations portées
19
contre eux.»
24. En conclusion, Monsieur le président, aucune des objections avancées par l’Ouganda à
l’encontre des documents sur lesquels la Répub lique démocratique du Congo étaye ses accusations
pertinentes contre l’armée ougandaise ne permet de remettre en cause le bien-fondé de ces
accusations. Je vais entamer à présent la troisième pa rtie de ma plaidoirie pour réfuter le prétendu
rôle de pacificateur dans la région de l’Ituri que l’Etat défendeur se reconnaît lui-même.
III. Les allégations de l’Ouganda selon lesquelles il n’a pas violé son obligations de diligence
due en raison de la reconnaissance de son rôle pacificateur dans la région de l’Ituri
sont dépourvues de tout fondement
25. Dans sa plaidoirie de mercredi 20avril dernier, mon collègue PierreKlein a montré
comment l’Ouganda avait manqué à son obligation de diligence due lui incombant en tant que
puissance occupante, en restant passif face aux violations des droits de l’homme perpétrées par des
groupes rebelles dans les zones soumises à son contrô le, voire en attisant les conflits existants dans
ces zones. Le manquement à cette obligation de vi gilance a été particulière ment patent dans la
région de l’Ituri, dont le cas a été exposé par le Congo à titre emblématique. Comme mon collègue
OlivierCorten vous l’a expliqué ce matin, l’O uganda doit être tenu comme puissance occupante
dans les zones de la RDC qui étaient soumises à son contrôle, en ce compris la région de l’Ituri.
Cela signifie qu’il lui incomba it une obligation de vigilance, lui imposant de veiller à faire
respecter les droits de l’homme et le droit inte rnational humanitaire dans les régions occupées,
obligation qu’il n’a certainement pas respectée.
26. Pourtant, et c’est le dernier point que je voudrais aborder dans le cadre de cette
plaidoirie, en dépit des agissements criminels de ses troupes, l’Ouganda a tenté à diverses reprises,
18
Ibid., par. 32.
19Ibid., par. 32. - 14 -
20
dans ses dernières écritures comme dans ses plaidoiries orales , de se faire passer pour un véritable
bienfaiteur de la région de l’Ituri. Il s’agit là , Monsieur le président, Madame et Messieurs les
juges, d’un argument qui pousse le cynisme politique à son paroxysme. L’Etat défendeur n’a ainsi
pas hésité à affirmer, dans ses écritures, que la République démocra tique du Congo elle-même
aurait reconnu «le rôle de l’Ouganda en tant que gardien de la paix dans les disputes tribales dans la
région de l’Ituri» (Uganda’s role as a peacekeeper in the tribal disputes in the Ituri region) 21. A ce
sujet, l’Ouganda sefonde, entre autres, sur sa pa rticipation à la commission de pacification de
l’Ituri.
27. La participation de l’Ouganda dans la commission de pacification de l’Ituri, à laquelle le
professeur Ian Brownlie a fait allusion dans sa plaidoirie, s’explique simplement du fait de
l’influence considérable que continuaient à ex ercer les autorités ougandaises sur les différents
22
groupes rebelles de la région . Tenter d’y rétablir la paix en laissant l’Ouganda à l’écart du
processus ⎯et donc libre d’exercer pleinement son pouvoir de nuisance, déjà très largement
démontré ⎯ c’était assurément courir à l’échec. Ce n’est donc pas en reconnaissance des bénéfices
de son action passée, mais beaucoup plus pour évite r qu’il saborde le processus de pacification de
l’extérieur que l’Etat défendeur a été associé à ce processus. Monsieur le président, Madame et
Messieurs les juges, en tout état de cause, il n’était que normal que le pyromane soit obligé
d’éteindre lui-même l’incendie qu’il avait allumé, avec un cynisme rare, dans la région de l’Ituri.
28. L’Etat défendeur ajoute également que son rôle positif dans la région de l’Ituri aurait été
reconnu par l’Organisation des Nations Unies elle-même 23. Dans sa plaidoirie du 20 avril dernier,
le professeur Brownlie a déclaré que le Secrét aire général de l’ONU a, dans une lettre du
4 mai 2001, imploré le président Museveni de ne pas retirer les troupes ougandaises du Congo («a
letter in which the Secretary-General implores the Ugandan leader not to withdraw Ugandan
24
forces») . Monsieur le président, cette affirmation n’ est pas conforme à la r éalité dans la mesure
où elle est directement contredite par les termes mêmes de la lettre du Secrétaire général des
20Ibid., p. 17-20, par. 48-58.
21Duplique de l’Ouganda, p. 267, par. 570.
22
Voir ci-dessus, par. 12-13.
23Plaidoirie de M. Brownlie, 20 avril 2005, CR 2005/10, p. 17, par. 48.
24Ibid., p. 17-18, par. 48-50; duplique de l’Ouganda, p. 278, par. 597. - 15 -
Nations Unies. La vérité est que le Secrétaire général insiste dans cette lettre pour que l’Ouganda
continue à participer au processus de désengagement des forces étrangères présentes en République
25
démocratique du Congo, en conformité avec l’accord de Lusaka . L’essentiel de la demande que
le Secrétaire général adresse au président ougandais apparaît clairement, dans les termes suivants :
«Je souhaite vous encourager à poursuivre le re trait des troupes ougandaises dans le cadre du
processus de désengagement» (I wish to encourage you to continue with the withdrawal of
26
Ugandan troops in the context of the disengagement process) . Il est clair, Monsieur le président,
Madame et Messieurs les Membres de la C our, que cela ne ressemble pas à une quelconque
supplique de continuer à administrer la province de l’Ituri, pas plus qu’à l’expression d’une
quelconque gratitude pour y avoir maintenu la loi et l’ordre.
29. La thèse ougandaise s’effondre définitivemen t lorsque l’on consulte d’autres documents
de l’ONU, qui ont mis en évidence les graves manquements dont s’est rendue responsable l’armée
ougandaise, entre autres, dans le contexte d es massacres survenus à Bunia en janvier2001 27. A
titre d’exemple, les spécialistes en matière de droits de l’homme de la MONUC ont conclu un
rapport produit en 2001 sur la situation dans la région par ces mots : «pour mettre fin à ce cycle de
violence dans la région de Bunia, il faut que l es forces ougandaises se retirent et que soient créées
28
de solides structures administratives locales» . La Cour notera que ce constat, dressé par des
spécialistes neutres présents sur le terrain, est sans appel. Ainsi, l’argument selon lequel l’ONU
aurait reconnu le rôle pacificateur de l’Ouganda da ns la région de l’Ituri relève donc, une fois
encore, d’une étonnante tentative de réécriture de l’histoire.
30. Les diverses tentatives de l’Ouganda, visant à se présenter comme un facteur
d’apaisement en Ituri, n’ont, à vrai dire, conva incu aucun des observateurs extérieurs. On
mentionnera, à titre d’exemple, que dès février 2001, l’Union européenne concluait que «la
présence militaire de l’armée ougandaise dans cette pa rtie de la RDC [l’Ituri] … entrave les efforts
25
Duplique de l’Ouganda, annexe 56.
26
Ibid.
27Voir supra, par. 10 et 15.
28Rapport cité dans le septième rapport du Secrétaire général sur la MONUC, doc. S/2001/373, 17 avril 2001,
par. 81 (réplique du Congo, annexe 32). - 16 -
29
pour y rétablir la paix» . De nombreuses organisations de protection des droits de la personne ont
pareillement mis en évidence les manŒuvres de l’Ouganda dans la région, en qualifiant ses forces
armées de «pompier pyromane», dès lors qu’elles alimentaient en sous-main les foyers de discorde
30
et de haine contre lesquels elles prétendaient lutter . Comme l’a exposé le groupe d’experts des
Nations Unies sur l’exploitation illégale des ress ources naturelles du Congo, dans son rapport final
d’octobre 2002, le but poursuivi par l’Ouganda était clair : continuer à justifier la présence militaire
de l’Ouganda dans la région, afin d’en poursuiv re l’exploitation illicite des ressources naturelles et
31
d’en assurer le contrôle politique . Monsieur le président, les faits parlent d’ailleurs d’eux-mêmes
sur ce point. Pendant toute la période où l’occupation ougandaise s’est maintenue, des massacres
ont été régulièrement perpétrés dans la région, dans certains cas avec la complicité ouverte de
l’UPDF 32. A tous les égards, l’argumentation selon laquelle l’UPDF aurait joué un rôle
pacificateur dans cette région, et selon laquelle ce rôle aurait été reconnu et salué par des Etats
tiers, par l’ONU ou par la RDC elle-même est donc contredite de façon cinglante par les faits. Bien
au contraire, les documents cités montrent que l’UPDF a joué en Ituri un rôle de pompier
pyromane.
31. L’Ouganda, dans ses plaidoiries orales, reproche au Congo de ne pas expliquer quel
serait l’intérêt de l’UPDF à s’impliquer dans les conflits civils se déroulant en Ituri 33. Pour l’Etat
défendeur, les prétentions de la RDC sont c ontradictoires sur ce point. Comment, demande
l’Ouganda, ses troupes auraient-elles apporté un soutien aux Lendu si, comme l’affirmaient
plusieurs rapports, l’UPDF avait ouvertement pris le parti des Hema 34 ? Monsieur le président, cet
argument aurait été convaincant si les politiques su ivies par les autorités militaires ougandaises
29
Déclaration de la présidence, au nom de l’Union europ éenne, sur le conflit entre les Hema et les Lendu dans le
nord-est de la République démocratique du Congo de l’Union européenne sur l’Ituri, 1 erfévrier 2001, Bulletin UE
1/2-2001, 1.6.33 (http ://europa.eu.int/abc/doc/off/bull/fr/200101/p106033.htm).
30 Voir, entre autres, International Crisis Group, «Congo Crisis : Military Intervention in Ituri», 13 juin 2003, p. 4.
31
Rapport final du groupe d’experts sur l’exploitation illgale des ressources naturelle s et autres formes de
richesse de la République démocratique du Congo, doc. S/2002/1146, 8 octobre 2002, par. 14; voir aussi International
Crisis Group, rapport précité, p. 10.
32
Deuxième rapport de la rapporteuse spéciale de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies sur la
situation des droits de l’homme en République démocratiq ue du Congo, doc. E/CN.4/2003/43, 15 avril 2003, par. 27 et
suiv. (http://www.unhchr.ch/Huridocda/Huri doca.nsf/0/2da0b8ab4c555976c1256d42005483e8/$FILE/G0314193.doc;
Human Rights Watch, rapport intitulé «Ituri : couvert de sang», loc. cit., p. 24-50.
33 Plaidoirie de M. Brownlie, 20 avril 2005, CR 2005/10, p. 17, par. 47.
34
Duplique de l’Ouganda, p. 266, par. 569. - 17 -
dans la région avaient été marquées par une cer taine constance dans leurs alliances avec les
factions armées locales. Mais c’est tout le contra ire qui s’est produit. L’implication de l’Ouganda
dans ce conflit s’est en effet traduite par des renve rsements constants d’alliances, dont le seul but
paraît en fin de compte être d’entretenir le chaos et, par ce biais, d’asseoir le pouvoir de l’armée
ougandaise comme arbitre ultime des conflits locaux.
32. Plusieurs rapports récents expliquent comment l’Ouganda s’est trouvé impliqué dans la
création de la presque totalité des mouvements politi co-militaires dans la région de l’Ituri, qu’il a
soutenus, puis abandonnés les uns après les autres au gré de ses intérêts politiques 35. Cette
politique a continué jusque dans les derniers moments de la présence des troupes ougandaises en
Ituri, et même au-delà. Ainsi, Amnesty Intern ational et International Crisis Group rapportent que
c’est avec le soutien ougandais qu’a vu le jo ur, en mars 2002, l’un des groupes rebelles qui est
36
demeuré parmi les plus actifs en Ituri, l’Union des patriotes congolais (UPC) . Cet appui a
d’ailleurs été reconnu explicitement par le chef de ce mouvement, M. Thomas Lubanga 37. C’est
ensuite de la scission de l’UPC, qui s’était trop écarté des positions ougandaises, qu’est né un autre
mouvement armé, le FIPI (Front pour l’intégration et la paix en Ituri). La formation de ce nouveau
mouvement a d’ailleurs été annoncée ⎯mais c’est certainement un hasard ⎯ dans la capitale
38
ougandaise, Kampala, en février 2003 . C’est aux côtés des forces du FIPI, selon la MONUC, que
les troupes ougandaises ont combattu en mars 2003 à Bunia, lorsqu’il s’est agi de chasser de la ville
les alliés d’hier ⎯ c’est-à-dire les mili ciens de l’Union des patriotes congolais 39. A la fin mai
2003, soit après le retrait officiel des troupes ougandaises du territoire congolais, c’est à nouveau
accompagné d’une escorte de soldats ougandais, signale Amnesty International, que le
commandant d’une autre milice locale, les Forces armées pour le peuple congolais (FAPC), a fait
35Voir, entre autres, ibid. et Amnesty International, rapport précité, p. 5.
36
Ibid., p. 6; International Crisis Group, rapport précité, p. 1; rapport sur la situation des droits de l’homme en
République démocratique du Congo présenté au Conseil de sécurité par le Ha ut Commissaire des Nations Unies aux
droits de l’homme, doc. S/2003/216, 13 février 2003, p. 10 (liste des acronymes).
37
Entrevue citée in «Chaos and cannibalism under Congo’s bloody skies», The Observer , 17 août 2003
(http ://observer.guardian.co.uk/international/story/0,6903,1020315,00.html).
38
Amnesty International, «République démocratique du Congo: «Nos frère s qui les aident à nous tuer…» -
Exploitation économique et atteintes aux droits humains dans l’est du pays», avril 2003, p. 4
(http ://web.amnesty.org/library/index/fraafr620102003); Justice Plus, «Ituri: La violence au-delà du clivage ethnique»,
juillet 2003, p. 2 (http ://www.nkolo-mboka.com/Rapport-synthese-sur-l-Ituri.doc).
39Voir en dernier lieu le rapport précité de la MONUC (2004), p. 52. - 18 -
son entrée dans la ville d’Aru, pour poursuivre l es auteurs d’une tentative de putsch interne à son
mouvement 40. Cet appui de l’Ouganda aux FAPC s’est d’ailleurs poursuivi jusque récemment en
2004, d’après le groupe d’experts des Nations Uni es sur la RDC créé par la résolution 1533 (2004)
du Conseil de sécurité, y compris sous la form e d’une présence militaire ougandaise en territoire
congolais 41.
33. C’est dire, Monsieur le président, Madame et Messieurs les juges, que les forces armées
ougandaises ont noué des alliances pour le moins ch angeantes avec les groupes armés de l’est du
Congo et que leur soutien parallèle aux Hema et aux Lendu n’a rien de particulièrement surprenant.
Cette logique d’alliances multiples et changeantes s’inscrit d’ailleurs dans le droit fil de la pratique
développée antérieurement par l’Ouganda à l’égard des mouvements rebelles congolais. La RDC a
décrit cette pratique de manière très détaillée dans ses différentes écritures, et je me permettrai donc
d’y renvoyer à ce stade 42. La persistance de cette implicati on de l’Ouganda dans les activités de
mouvements rebelles congolais a d’ailleurs été r econnue par le Conseil de sécurité lui-même, y
compris après le retrait des forces armées ougandaises du territoire congolais. Dans sa
résolution1493 du 28 juillet 2003, le Conseil de sécurité reconnaît ainsi explicitement que
l’Ouganda exerce «une influence sur les mouvements et groupes armés opérant dans le territoire de
la RDC», et invite l’Etat défendeur à user de cette influence pour modérer les groupes en
43
question . Et en juin 2004 encore, c’est-à-dire l’année passée, plus d’un an après la fin formelle
de l’occupation, le Conseil de sécurité «rappelle à l’Ouganda qu’il ne doit pas s’ingérer en
République démocratique du Congo, y compris pa r le biais d’un soutien militaire à des groupes
44
armés» . L’Ouganda entend-il encore nier, dans ces circonstances, ses interférences dans les
affaires de l’Ituri, en particulier par le biais de l’appui qu’il a apporté, à une époque ou à une autre,
à la quasi-totalité des groupes armés locaux ?
40
Amnesty International, 23 mai 2003.
41
Voir le rapport du groupe d’experts sur la RDC créé par la résolution 1533 (2004) du Conseil de sécurité,
annexé à la lettre datée du 9 juillet 2004 adressée au président du Conseil de sé curité, doc. S/2004/551, p. 14, deuxième
paragraphe de l’encadré.
42
Réplique du Congo, p. 106-136.
43S/RES/1493, 28 juillet 2003, par. 24.
44Déclaration du président du Conseil de sécurité, 22 juin 2004, doc. S/PRST/2004/21. - 19 -
34. Monsieur le président, Madame et Messieu rs les juges, la RDC a produit de nombreuses
preuves de violations des droits de l’homme imputables à l’Ouganda, fondées sur des sources
fiables, variées et concordantes, auxquelles l’O uganda n’a répondu que par des arguments d’ordre
procédural. La RDC espère que l’Ouganda répondra su r le fond à tous ces éléments de preuve au
cours de sa plaidoirie de mercredi prochain.
35. Monsieur le président, Madame et Messi eurs les juges, la C our pourrait se poser la
question de savoir qui a mis le feu aux poudres en RDC et, en particulier, dans la région de l’Ituri,
qui a créé des groupes armés en RDC et distribué des armes à ces groupes, qui a donné la formation
militaire aux jeunes Congolais en Ituri pour leur apprendre à tuer, bref, qui est donc responsable
des violations des droits de l’homme en Ituri et ailleurs en RDC?
36. Dans son discours prononcé le 28 mai 2000 devant le Parlement ougandais, dont la copie
a été versée au dossier par la Partie ougandaise e lle-même, discours consacré au rôle de l’Ouganda
en RDC, le président ougandais, Yoweri Museveni répond à cette question de manière directe:
«The UPDF has imparted military skills to the (Congolese) population to be used as pressure on all
45
the political actors to seek a political pe aceful solution to their political problems.» Monsieur le
président, Madame et Messieurs les juges, avez-vous encore besoin de chercher à connaître l’auteur
des violations des droits de l’homme en Ituri et ailleurs en RDC ? Mais vous avez maintenant la
réponse sous vos yeux. Les masques sont tombés. On est même très très loin de la thèse de la
légitime défense développée par l’Ouganda tout au long de ses plaidoiries.
37. Le président ougandais reconnaît ainsi, de vant le parlement de son pays, avoir conduit
une politique meurtrière à l’égard de la RDC cons istant à dispenser une formation militaire à la
population congolaise et à distribuer des armes pour permettre à cette population «d’avoir un
moyen de pression sur les dirigeants politiques afin de résoudre leurs problèmes». Dans ces
conditions, l’Ouganda peut-il conti nuer à nier devant la Cour sa responsabilité pour des violations
massives des droits de l’homme consécutives à cette politique de cynisme. Monsieur le président,
Madame et Messieurs les juges, la déclaration du président ougandais que je viens de vous lire met
radicalement fin à tout discours sur le rôle pacifica teur de l’Ouganda en Ituri, met radicalement fin
45
Contre-mémoire de l’Ouganda, annexe 66, p. 13. - 20 -
à la thèse de la légitime défense et met fin à la question de savoir qui a créé les milices tribales et
les groupes armés en Ituri, et donc qui est res ponsable des violations massives des droits de
l’homme présentées à la Cour par la RDC. La Cour connaît maintenant le pyromane.
L’ambassadeur Masangu-a-Mwanza, en sa qualité d’agent de la RDC, va en tirer, au cours de son
intervention de cet après-midi, les conclusions qui s’imposent sur le plan juridique.
38. Monsieur le président, Madame et Messi eurs les juges, je remercie la Cour pour sa
bienveillante attention et vous prie d’accorder la parole au professeur Sands.
The PRESIDENT: Thank you, Mr. Kalala. I now give the floor to Professor Sands.
SMAr.DS:
EVIDENCE AND NATURAL RESOURCES
1. Mr.President, Members of the Court, I will now respond to the arguments of Uganda
concerning the exploitation of the natural resources of the Democratic Republic of the Congo. And
I should make clear that, as with my colleagues, the DRC maintains all the arguments it has
adopted, and that any silence on any points is a re flection only of the limited time available and is
not be taken as tacit acceptance, on our part, of any argument put by Uganda. Before turning to the
facts, it is appropriate to return to some issues of evidence, since both ProfessorSuy and
Mr. Brownlie have addressed these issues. Our additional comments can be put very briefly.
I. Evidence
2. As regards the establishment of the facts, the evidence concerning the illegal exploitation
of natural resources, the Parties are in agreement as to the standard which is to be applied: as
ProfessorSuy put it, “les faits doivent être établis de manière qui ne laisse place ‘à aucun doute
46
raisonnable’” . The issue that divides the Parties concer ns the question: what are the facts that
have to be established at this stage?
3. Uganda’s argument seems to be that the DRC fails if it cannot establish on direct evidence
that President Museveni himself personally ordered the plunder of the natural resources of the DRC
46
See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 10, para. 6. - 21 -
as part of a systematic policy aimed at the enrichment of Uganda. We disagree. For its part, the
DRC has consistently maintained that it succeed s if it can prove conduct (whether by act or
omission) which is attributable to Uganda and which constitutes a breach of an international
obligation of Uganda. As I will explain shortly, these requirements are, in our view, amply met to
a standard on which there can be no reasonable doubt.
4. A few brief points on evidence. In respon se to Mr.Brownlie, it is not the case that the
DRC’s interest in evidence and standard of proof is, as he put it, “a late development” 47. We dealt
very fully with these issues in our Reply; I refer you in particular to paragraphs 4.39 to 4.49 of that
document. Also in response to Mr.Brownlie, it is not the case that the DRC’s mode of
presentation is, as he rather colourfully claimed, contrary to the appropriate standards of the
administration of justice or incompatible with the necessary functions of written pleadings, and it is
48
certainly not in breach of the Rules of Court . I shall resist the very real temptation to fight epithet
with epithet, that is not our style and we prefer to stick to law and facts in this courtroom. But I
will say this: in light of the presentational issues which caused the President to intervene last week
it is not immediately clear to me that Mr.Brow nlie is particularly well placed to make such
accusations. In any event, they are without foundation, and we trust in the Court’s judgment and
approach.
5. It also seems to be Uganda’s case that the DRC is required at this stage to tender evidence
which shows each and every act in respect of whic h a later claim for reparation might be made.
That cannot be right. The approach this Court adopted in Military and Paramilitary Activities is
surely correct, both on legal and on policy grounds. The DRC has the burden of establishing
conduct attributable to Uganda which establishes breaches, for example, of the obligations under
the relevant provisions of the Ha gue Regulations and the Geneva Conventions and ProtocolI and
customary law, including the principle of permanent sovereignty. That conduct includes the action
of failing to take measures to rein in its most seni or military officer in the DRC (Brigadier Kazini).
To paraphrase the Court in Military and Paramilitary Activities , at the next stage of these
proceedings, the opportunity can be afforded th e DRC to demonstrate and prove exactly what
47
See pleading of Prof. Brownlie, CR 2005/10, p. 10, para. 12.
4See pleading of Prof. Brownlie, CR 2005/10, p. 9, para. 10. - 22 -
injury was suffered as a result of such failure as the Court finds to be contrary to international law.
On this, and on all other matters, we find that the Court’s approach in the past provides a sensible
basis for decision making in the present case. St ates, like any litigants, appreciate a decent degree
of certainty and predictability in the case law of th eir judicial institutions, and in particular the
“principal judicial organ of the United Nations” since its jurisprudence is likely to command the
very highest respect before other international c ourts, as well as national courts. In this regard, I
noted with great interest Mr.Brownlie’s somewh at defensive suggestion that the Court was not
precluded from abandoning its previous approach as reflected in aspects of Military and
Paramilitary Activities 49.
6. Beyond this last-mentioned point, there really is not much to divide the Parties on the
evidentiary requirements at this stage. So I shall now move on to deal with the evidence that is in
fact before you.
II. Natural resources
7. The Parties agree that this is the very first time the subject of natural resources ⎯ and the
responsibility of an occupying State under interna tional law for the acts of its armed forces which
50
amount to illegal exploitation ⎯ has been addressed by this Court . They agree also, I am sure,
that this is an issue of the very greatest importance and one in respect of which this Court has a
singularly important role to play in identifying the relevant rules of international law and then
applying them to the facts of this case.
A. The facts
8. I have tried to be as attentive as possible to Professor Suy’s pleading of Wednesday last, to
what he said, but, more significantly, also to what he did not say. He spent a great deal of time on
the differences between the first re port of the United Nations Expert Panel and that of the Porter
Commission. I fear he did not make a great deal of progress. I noticed in particular that he avoided
referring and did not try explaining page 198 of the Porter Report, which contains a section entitled
“Agreement in General”, and states that “in general this Commission and the reconstituted panel
49
See pleading of Prof. Brownlie, CR 2005/7, p. 29, para. 75.
50See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 8, para. 1. - 23 -
are not so far apart”. I can understand entirel y why ProfessorSuy would have focused on those
matters in respect of which there may have been differences. In his place, no doubt, I would have
done exactly the same thing, faced with the inev itable implications of the Porter Commission in
totally undermining the arguments which Uganda put forward in its last round of written pleadings.
51
9. Professor Suy identified 15 supposed differences between the first United Nations report
and the Porter Report. I have gone through each of these very carefully, and no doubt the Court
will go through the same exercise. It is an instru ctive exercise. The differences related to certain
individual cases relating to forest products, to coffee, to the pillage of certain factories and to the
theft of cars. The issues related to political control and direction. In some cases cited by
ProfessorSuy the Porter Commission did not in fact conclude that the United Nations panel was
52
wrong, it merely found that the evidence before it did not “establish” the facts . In other cases
ProfessorSuy was rather selective in his u se of extracts from the United Nations reports 53. But I
cannot have been the only person present in the room on Wednesday who noted that not one of the
differences identified by ProfessorSuy ⎯ not one ⎯ related to the plunderous activities of
members of the UPDF in relation to those most valuable of mineral resources, namely diamonds,
gold and coltan.
10. In respect of these products there are countless examples of commonality between the
United Nations reports and the Porter Report. ProfessorSuy studiously ignored these areas of
agreement. He made no denials of the established facts in respect of gold. No denials in respect of
diamonds. No denials in respect of coltan. And, most tellingly, no denials on the commonalities
between the United Nations Panel reports and the Porter Report on the direct involvement of the
highest ranking members of UPDF present on the territory of the DRC. On all of those subjects
51See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, pp. 16-19, para. 23.
52Ibid., for e.g. with reference to timber looting by the company La Forestière; the looting of coffee and elephant
tusks. The investigation regarding elephant tusks was singled out by the Porter Commission to demonstrate poor
investigation. Upon receiving the testimony of Uganda’s Chief of Military Intelligence the report (at p. 109) states:
“The conclusion, after listening to him, is tthe Military Intelligence’s investigations are not
good enough, nor concentrated on misbehaviour of officer s and soldiers in the field. In some cases
investigations were made long after the incident. Th is Commission refers, in particular, to the allegation
in paragraph2 of UN Report that in August, 2000UPDF Col.Mugenyi and a crew of his soldiers were
discovered with 800 kg of elephant tusks in their car near Garambwa Park.”
53See e.g. his pleading at CR2005/9, para.49, which omits reference to material prts of the United Nations
Report as cited at paragraph 4.25 of the Reply of the Democratic Republic of the Congo. - 24 -
Professor Suy was silent. There was no denial of the involvement of the UPDF’s Chief of Staff,
Brigadier Kazini, in smuggling these resources. Th ose facts are established, not only beyond any
reasonable doubt ⎯ Professor Suy’s standard ⎯ but beyond any doubt whatsoever. And it cannot
be said that the evidence is general and unsubstantiated.
11. Let me turn now to some specific examples. No denial by Uganda of the fact that from
the early days of the occupation the highest levels of the UPDF were aware that illegal exploitation
of natural resources was underway. For example, at tab 42 of the judges’ folder and now on the
screen, you will see a copy of a message from the Chief of Staff ⎯ that is CoS in the top left-hand
corner ⎯ to Major Kagezi, and it is dated December 1998. It is a very early date:
“Your soldiers and detach commanders are writing chits for gold mining and
smuggling. You should stop this imm.” which I assume means immediately “and
inform me of the steps taken. You will be held responsible for breach of standing
orders.” 54
So here you have direct evidence establishing knowledge of “gold mining” and “smuggling”. I
assume that Professor Suy will not try to deny that such activity is illegal activity. The additional
documents we submitted in January2005 include d numerous other examples confirming direct
knowledge on the part of the UPDF in respect of plundering, as early as December1998 and
55
continuously thereafter through the conflict . You also have a clear indication of recognition that
such activity must stop and must be prevented. But as we know, as I shall show momentarily, it
56
did not stop . Whatever instruction he may have given ⎯ whether for the record or otherwise ⎯
Brigadier Kazini ⎯ Chief of Staff ⎯ himself was directly involved in this activity. On this
material, as on so much, Professor Suy and his co lleagues on the Ugandan de legation were totally
54
This document was filed with the Court by the De mocratic Republic of the Congo in January 2005 as
document 6.
55Ibid. These documents concern various army instructions/messages during Operation Safe Haven. See also the
documents at tabs 5, 7 and 9-11
56On a related note, the Porter Report states at pp. 202-203, para. 43.2.2 that:
“This Commission’s investigations... reveal that there is no doubt that both RCD and UPDF
soldiers were imposing a gold tax, and that it is very likely that UPDF soldiers were involved in at least
one mining accident. Unfortunately investigations conducted by the UPDF were so compromised as to be
useless.”
With respect to the allegations in the First United Ntions report regarding soldiers imposing gold tax, the
Commission found, at p. 72 that:
“investigations have been so poorly conducted, either purposely or through incompetence, that no court
properly directed could convict on th e evidence available. It is th is Commission’s recommendation that
the whole question of inquiry into complaints against the officers of the UPDF be looked at carefully.” - 25 -
silent. There is no comment, for example, on th e Porter findings: “In the case of gold, there is
clear evidence of occupation of gold-producing areas... and the subsequent armed interference
57
with artisanal production” , a conclusion from Porter which confirms both occupation and illegal
activity on the part of the UPDF.
12. What did Uganda say about this and these in controvertible facts? It returned to its
arguments that the activities were carried out by a small number of individuals, acting in a private
capacity, and for the benefit of the local population. In the light of the evidence before you those
claims are, in my respectful submission, totally un sustainable. Equally unsustainable is the claim,
put by Professor Suy that: “l’Ouganda considère qu’il a exercé . . . un haut degré de surveillance
destinée à faire en sorte que ses ressortissants ne provoquaient pas, pa r leurs agissements, un
58
dommage au droit du peuple congolais sur ses ressources naturelles” . Now, Uganda may well
honestly believe that it exercised due diligence, but that is not the standard for the test to be applied
and no one else who looks at the evidence can honestly share that conclusion.
13. Uganda frequently claims that the DRC deals only in generalities and not in details. So
let us look at some details, details in relation to the smuggling of diamonds and gold and coffee. In
this case, as with many other examples, the material before this Court is not indirect or secondary,
it is direct evidence: and it was relied upon both by the United Nations Panel and by the Porter
Commission.
14. At tab 43 of your folder you will find two documents. These were submitted by the DRC
59
to this Court in January 2005 . They formed part of the dossier annexed to the Report of the
Porter Commission; just two pages from the thous ands which you can find on the CD-roms of the
Porter Commission materials, which are presumably available to you.
15. The first document is dated July 1999 ⎯ and I have put it up on the screen. It is a letter
from Brigadier James Kazini and it is addressed to th e Governor of Kisangani. It is copied to the
Chairman of the MLC, Mr. Bemba, and also to a company known as La Société Victoria. You will
note in particular that the document carries the letterhead of the UPDF, and that it is sent from the
57
The Porter Report, p. 181.
58
CR 2005/9, p. 28, para. 48 (Prof. Suy).
5See document 4 filed with the Court by the Democratic Republic of the Congo in January 2005. - 26 -
Tactical Headquarters of Operation Safe Haven, THQ-OSH, at Kisangani. So much for the claim
60
of ProfessorSuy that the activities of the DRC were “private” in character . So much for the
suggestion that the activities concerned just a sma ll number of soldiers. The letter you have just
seen comes from the very highest-ranking officer of the UPDF in the territory of the DRC. This is
what the letter says about La Société Victoria:
“A. Communication from Chairman of MLC hereby attached.
B. My comments on the same document.
1. Please be informed that VICTORIA has officially cleared taxes with MLC
authorities and MLC is a recognized organization by all Congolese and allies.
2. By copy of the references attached, you are asked to leave VICTORIA do his
business and he will continue to pay taxes to MLC to back up the effort in the armed
struggle.
3. Let me hope that I have been understood correctly.”
So here we have a letter signed by BrigadierKazini concerning commercial activity and the
payment of taxes not to the Government of the DRC, or into an Iraqi-style fund for the long-term
benefit of the population, but to the account of a rebel group supported by the Ugandan
Government. To what “business” is BrigadierKa zini referring? That becomes clear from the
second document, to which the first refers and to which it is attached. That document is dated
26June 1999. It is from Mr.Bemba of the MLC addressed to “toutes les autorités civiles et
militaires”. And just to pause there, here you have confirmation that the UPDF was treated as une
autorité militaire. Now, what does the letter say: “la société VICTORIA est autorisée à procéder
aux achats d’or, de café, de diamants dans les villes suivantes: ISIRO, BUNIA, BO
NDO, BUTA,
KISANGANI, BENI. Toutes les taxes seront payées au MLC.” And then below that is a
handwritten note from BrigadierKazini, dated 26 June1999 also, and emanating once again from
the Tactical Headquarters of Operation Safe Haven. It says:
“This is to inform you that La Société VICTORIA has been granted permission
to do business in coffee, diamonds, gold... take note that he has cleared [them] to
pay taxes with the President of MLC, therefore he should do his business
uninterrupted by anybody. Anything to do with payment to you in form of security
funding, it will be done through OSH-TAC HQs.”
16. You may ask, what is the relevance of this material? The Porter Commission found that
60
See, for example, the pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 20, para. 26. - 27 -
“one cannot resist the conclusion that [General Kazini] has so me interest in the
Company, though this Commission has no conclusive evidence to prove it. It is clear,
however” says Porter “that the steps he took to facilitate the interests of the Company
were above and beyond the call of duty, and further, inappropriate to UPDF’s role of
providing security.” 61
And I refer you to pages 122 and 123 of the Porter Report for further views of the Porter Inquiry as
to the significance of the material. For our part , we see the documents as the clearest example of
62
agreement between Porter a nd the United Nations reports . It is again on this material
ProfessorSuy and his colleagues chose to remain s ilent. In the face of such compelling direct
evidence it is difficult to know what they can say. These documents support the following six
points:
1. They establish the fact of diamond smuggling.
2. They establish the fact of the UPDF’s involvement in that activity.
3. They establish also the fact of UPDF admi nistration in association with the MLC. These
documents fly in the face of Professor Suy’s improbable and hopeless claim that “l’Ouganda
n’était pas non plus une puissance ‘administrant’ le territoire congolais” 6.
4. These documents establish that the senior m ilitary officer who wrote to Major Kagezi ⎯ the
document I showed you a little earlier ⎯ to bring a halt to mining and smuggling was himself
involved in the very same activity.
5. They established that the funds raised from illegal exploitation were being used “to back up the
effort in the armed struggle”. This undermines Professor Suy’s assertion that “l’accusation
selon l’Ouganda a utilisé de telles ressources pour ‘financer la guerre’ est complètement
64
dénuée de toute fondement” . Directly contradicted. And, most significantly,
6. It establishes that Uganda cannot possibly have been acting in accordance with a due diligence
standard, since the most senior military officer in charge of Safe Haven was engaged in the
very activity that international law obliged him to take steps to prevent and to punish.
61
Porter Report, p. 84.
62With regard to Kazini and Vi ctoria the Porter Report found inter alia that Kazini was at “the beginning of a
chain as an active supporter in the [D RC] of Victoria, an organization engaged in smuggling diamonds through Uganda”
and it is difficult to believe that he was not profiting for hi mself from the operation. (Porter Report, p. 124.) It “found a
number of areas in which the allegations of the original Panel against General Ka zini [were] soundly based in evidence”
(Porter Report, p. 204, para. 43.4).
63See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 26, para. 41.
64See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 20, para. 26. - 28 -
17. Against this background, it is appropriate to recall a part of my presentation last week, in
which I referred you to one passage from the Porter Report. Just as Porter described a picture of
65
what he called “deliberate and persistent indiscipline by commanders in the field” , so you will
understand if we, on this side of the room, were a little surprised when, on Wednesday afternoon
last, we heard Mr.Brownlie restate Uganda’s claim that “the UPDF is singularly well
66
disciplined” . He actually read that out directly from the Ugandan Rejoinder, which of course was
completed before the Porter Report became av ailable to us. But once the Porter Report
authoritatively has come to a different conclusi on it is untenable in our view for Uganda to
maintain that claim as written in its written pleadings . You have before you two flatly inconsistent
descriptions. You can believe Justice Porter, or you can believe Mr. Brownlie. Our distinguished
opponents may not like what is in the Porter Report, but they do have a duty to this Court to fairly
take account of its contents. They cannot ignore it. And I would remind the Court that contrary to
what was said, it was indeed the DRC and not Uganda which brought the annexures which are
before you to the Porter Report to the Court’s atte ntion in the form of material to be relied upon
before the Court.
18. The Porter Report confirms the failure of Uganda to prevent its own military officers
from engaging in the plundering of the natural resources of the DRC. The Report recommended in
terms that steps be taken to investigate and punish those individuals of the UPDF who had “shamed
Uganda on the International Scene” 6. And, as Professor Suy mentioned last Wednesday, the
Ugandan Government in its White Paper in response “s’est engagé à donner suite aux
recommandations de la ‘commission Porter’ et à engager toutes les actions nécessaires,
disciplinaires, judiciaires et autres, afin d’enquêter et de punir les personnes responsables” 68. He
69
referred to President Museveni’s comments on the BBC, adding: “Cet engagement reste entier.”
One would assume, therefore, that in the more th an two years that have now passed since Justice
Porte reported there would have been investigations, indictments, prosecutions, convictions. But
65See pleading of Prof. Sands, CR 2005/3, p. 8, para. 14, citing the Porter Report at p. 23.
66
See pleading of Prof. Brownlie, CR 2005/9, p. 15, para. 40.
67
The Porter Report, p. 203.
68See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 37, para. 71.
69See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 38, para. 72. - 29 -
no. There is no evidence before this Court, no evidence whatsoever, that a single person has been
punished under the criminal law of Uganda for an y of the acts documented in the UnitedNations
report and the Porter Report.
19. To the contrary. As you will see at tab 44 of your folder, on 21 January 2004 a Ugandan
newspaper, The Monitor, reported that the original documents that provided evidence in Justice
Porter’s report had gone missing from the Ministry of Foreign Affairs. The Permanent Secretary in
the Ministry, Mr. Julius Onen, is quoted as saying: “I did submit both the evidence and the report
to the Foreign Ministry but I have no idea where they are now.”
20. Little surprise then, that just eight weeks ago, on 22 February 2005, The New Vision
newspaper reported, as you will see on the screen and at tab 44 of your folder the following
quotation: “The Police have closed all files opened in response to the recommendations of the
Justice David Porter Commission of Inquiry into the plunder of the DR Congo’s mineral resources
and other wealth during the UPDF operations in the area.” The Deputy Inspector General of the
Police/CID, Mr.Edison Mbiringi, is reported as sayi ng: “We have closed all the files relating to
70
UPDF operations in Congo.” I repeat: “We have closed all the files relating to UPDF operations
in Congo.”
21. Against this background Uganda’s claims concerning the punishment of perpetrators is
simply not credible. No real steps were taken to prevent the plunder. No real steps have been
taken to punish the plunderers. Impunity reigns.
22. In conclusion on the facts, it is establishe d that the UPDF were located on the eastern
territory of the DRC. It is established that illegal exploitation of the natural resources occurred in
those areas, and that senior officers of the UP DF had knowledge of those activities and were
71
directly involved in them . It is established also that these officers failed to prevent those
activities and Uganda has put no evidence before the Court to show that steps have been taken to
70“Police close Congo Plunder files”, New Vision, 22 February 2005.
71
The illegal activities of the UPDF ar e well documented in the Porter Report. It found that exploitation was
carried out by “senior army officers” and “by individual soldiers taking advantage of their postings”(p.201,
para. 43.1.1.). It found “generally true” the assertion of the First United Nations Report, that “ top officers of the UPDF
were planning... to do business in C ongo;” that “Commanders in business partne rship with Ugandans were trading in
the Congo about which General Kazini took no action” and that military aircraft were misused for carrying businessmen
and cargo (see pp.18-20). At p.172, the Commission agreed with the Second United Nations Report that “some top
military commanders and civilians have been enriched from the exploitation”. - 30 -
punish anyone in respect of these activities. To the contrary, the material shows that the Porter
recommendations to that end have not been follo wed and the investigations are closed. The
question of President Museveni’s direct involvement is simply not relevant, and nor is it necessary
for the DRC to show that the activities were the result of any official policy, instructions or order.
These two points become clear on the basis of the applicable law, to which I now turn.
B. Thelaw
23. Until Wednesday Uganda had been silent on the law in relation to the claims concerning
natural resources. In its written proceedings Uga nda had proceeded on the basis that this was a
matter which could be ignored entirely. Not any more. Finally, after five years, Uganda has
spoken. And I make three points in respect of what Professor Suy said and did not say.
24. The first point is that Uganda maintains its unwillingness to engage at all on the issues
relating to the application and effect of international humanitarian law. Professor Suy responded to
some of the arguments put forward in the DRC’s written pleadings. But he said nothing ⎯ literally
not a word ⎯ about that part of the written pleadings and my arguments last week which dealt with
the rules of international humanitarian law.
25. Instead, Uganda maintains the fiction that it was not an occupying Power and, by that
curious logic, that somehow it therefore was not s ubject to the rules of international humanitarian
law. So Professor Suy on that logic could be silent about the Hague Regulations, the Geneva
Conventions, the Geneva Protocol, customary intern ational law which we say Uganda has violated
but which they say should not detain this Court. This is, if I may say, a high-risk strategy. It flies
in the face of the Lusak a Ceasefire Agreement of 10 July 1999. The Preamble to that Agreement
confirms in terms the determination of the par ties to the Lusaka Agreemen t “to ensure respect, by
all Parties signatory to this Agreement, for the Geneva Conventions of 1949 and the Additional
Protocols of 1977”. President Museveni persona lly signed the Lusaka Agreement on behalf of
Uganda. In so doing he accepted the application of those rules of international humanitarian law
and also the relevant rules of customary internatio nal law. He closed the door completely to any
possible argument that humanitarian law was not applicable. - 31 -
26. Lest there be any doubt on this point ⎯ the application of humanitarian rules to this
conflict ⎯ the Security Council has expressed its view without any hint of ambiguity on no less
than nine occasions, beginning with the very first resolution ⎯ resolution 1234 of 9 April 1999 ⎯
when the Council called on all parties to respect in ternational humanitarian law. And Mr. Corten
has taken you to other examples. Yet Uganda maintains this fiction.
27. And as a consequence of its silence, it has expressed no objection to the DRC’s
arguments on the requirements of international human itarian law in respect of any of the activities
of pillage or plunder, the smuggling of diamonds or other natural resources of the DRC. It has
expressed no disagreement with what the DRC has said as to the nature and effect of the
obligations reflected, for example, in Articles 46 an d 52 to 56 of the Hague Regulations. Nor has
Uganda said anything about ⎯ never mind disputed or challenged ⎯ the DRC’s understanding of
the effect of Article 3 of the Hague Convention (IV) or Article 91 of the first Additional Protocol to
the Geneva Conventions, with re spect to the responsibility of th e occupying State. If Uganda
disagreed with our approach, its counsel would, pr esumably, have said so. They have not said so.
And we take it from this silence that they accept that if they are wrong on the non-applicability of
international humanitarian law, then they do not disagree that these are the pertinent provisions to
be looked at. And having said nothing ⎯ nothing ⎯ in two rounds of written pleadings, or in their
first round of oral arguments, it would, we subm it, now be most unfair for them to address the
subject next Wednesday, since we would have no opportunity to respond. May I express the
personal hope that will not happen. It would be most unfortunate.
28. The second point I make in response concerns what ProfessorSuy had to say about the
responsibility of Uganda for the pillage of th e DRC’s natural resources. His comments were
addressed entirely to the question of due diligence and he raised five issues, which require brief
response. First , he denied that Uganda had an obliga tion of due diligence with respect to the
activities of rebel groups, such as the MLC 72. This is wrong, for the reasons already pointed out by
Professor Salmon and my other colleagues, both in the first and second rounds. I have taken you,
just now, to documents showing the degree of collusion between the UPDF and the MLC, in
72
See pleading of Prof. Suy, CR 2005/9, p. 28, para. 48. - 32 -
relation to the diamond smuggling activities of La Société Victoria, the MLC was to be paid taxes
and the UPDF would provide security. The docum ents provide incontrovertible evidence of
UPDF’s direct support for the activities of that rebel group. That has to constitute, in our view, a
failure to meet a due diligence standard.
29. Second, Professor Suy said that Uganda exercised “un haut degré de surveillance” 73.
The documents to which I have directed you say otherwise. They speak for themselves and in light
of this material his claim is audacious, to say the least.
30. Third, he dealt at length with the argument th at the DRC’s claim amounted to no more
than the allegation that Uganda had failed to ban trade between the two countries, and that this was
not required under international law 74. Of course the DRC is not saying that all economic activity
or exploitation has to cease during a time of conflict or occupation, or that all trade has to come to
an end, or that all the trade was necessarily illega l. The views of the representative of China, for
example, to which ProfessorSuy took you last week, are entirely consistent with the approach of
the DRC: it is indeed necessary to distinguish between illegal exploitation, on the one hand and
75
essential activities of the local populations on the other . This is precisely the approach I adopted
in my presentation on Wednesday of the first week 76. The principles I identified in relation to the
applicable law are now treated at length in the important new book published last week by the
ICRC on Customary International Humanitarian Law, where they are addressed in the
ICRC Rules 50, 51 and 52 77. These are the international standard s which we say were applicable;
these are the standards which we say were violat ed by BrigadierKazini and colleagues, with
impunity.
73CR 2005/9, p. 28, para. 48 (Prof. Suy).
74
CR 2005/9, p. 29, paras. 49 et seq. (Prof. Suy).
75
CR 2005/9, p. 32, para. 58 (Prof. Suy).
76CR 2005/3, paras. 13 et seq. (addressing Articles 46 and 52 to 56 of the Hague Regulations) (Prof. Sands).
77Jean-Marie Henckaerts and Louise Doswald-Beck, Customary International Humanitarian Law, Volume I:
Rules, (Cambridge, 2005).
Rule 50 states: “The destruction or seizure of the property of an adversary is prohibited, unless required
by imperative military necessity.”
Rule 51 states: “In occupied territory: (a) movable public property that can be used for military
operations may be confiscated; (b) immovable public property must be administered according to the usufruct;
(c) private property must be respected and may not be confiscated.”
Rule 52 states: “Pillage is prohibited.” - 33 -
31. Fourth, ProfessorSuy repeatedly stres sed that the acts which occurred ⎯ and it is
important to note that there is no denial that they did occur ⎯ were “individuels et contraires aux
ordres” 78. Aside from the fact that this is not a true and accurate statement ⎯ as the interplay
between BrigadierKazini of the UPDF and Mr.Bemba of the MLC shows ⎯ it is wholly
irrelevant. For example, Article8 of the Elemen ts of Crime of the Statute of the International
Criminal Court makes clear that pillage and plunde r, appropriation are acts by definition which are
done “for private or personal use”. Uganda had an obligation under international law to prevent or
punish these acts and it did neither.
32. Fifth, Professor Suy argued, in effect, that the DRC’s approach would have caused mines
79
to close and miners to lose their lives . Again, the DRC has never said that all activity should
have ceased. Our claim is simply that Uganda should have taken steps to prevent Brigadier Kazini
and other officers in the UPDF from benefiting from those mining activities, or supporting such
activities in any way which was inconsistent with the requirements of international humanitarian
law. Uganda did not do so. This, too, engages Uganda’s responsibility, as well as its failure to
punish.
33. I move now on to a third important subject, namely the principles to be applied in
relation to the attribution of acts to Uganda such that her responsibility is engaged. And I do not
need to detain you for long on this. Professor Suy had nothing to say about our argument that the
relevant rules ⎯ reflected in Article3 of the Hague Regulations (IV) and Article91 of the
Additional Protocol I ⎯ mean that Uganda’s responsibility is engaged by “all” acts committed by
its armed forces, whether they were consistent with or contrary to orders. Article7 of the ILC
Articles has precisely the same result. ProfessorSu y raised the hypothetical of a Belgian soldier
80
engaged in internationally illegal acts on the territory of a third State . If Belgium was an
occupying Power, then that act would indeed engage the responsibility of Belgium. If he was part
of a United Nations peacekeeping operation then, in principle, the responsibility of the United
7CR 2005/9, p. 27, para. 43 (Prof. Suy).
79
CR 2005/9, p. 33, para. 58 (Prof. Suy).
8CR 2005/9, p. 27, para. 45 (Prof. Suy). - 34 -
Nations could be engaged. In such cases, the fact that the act went beyond orders would not be a
defence under international law.
34. Relatedly, we had, from ProfessorSuy, the benefit of an exposition on the distinction
81
between acts which were “illégal” and acts which were “ illicite” . Interesting, but, in our
submission, totally irrelevant. The DRC’s claim is that the acts of Brigadier Kazini and the UPDF
and the rebel groups which were sustained by Ugan da in relation to natural resources were illegal
under international law: that includes illegality by referenc e to the international obligations which
Professor Suy dared not mention ⎯ the humanitarian law obligations. And it is these, the violation
of these which engages the responsibility of Uganda.
35. Similarly, ProfessorSuy presented a most interesting account of the principle of
permanent sovereignty over natural resources. But at no point ⎯ at no point ⎯ did he engage with
the central part of my presentation in the first week, namely that international practice confirms that
the principle applies also in times of war and arme d conflict, and that the principle informed the
resolutions of the Security Council in relation to natural resources in this conflict. On that, too,
Uganda was silent.
36. Finally, in relation to responsibility, Professor Suy made the argument that Uganda could
not be responsible in respect of violations of natural resources obligations unless the DRC had also
established damage. In support of that proposition he cited a small number of very distinguished
authors. Whatever the merits of that view may ha ve been in the past, it is not reflected in the
approach adopted by the ILC. Their Articles state in Article 1 that “Every internationally wrongful
act of a State entails the international responsibility of a State”, and in Article2, that there is an
internationally wrongful act when an act or omission is (a)attributable to the State under
international law, and (b) it constitutes a breach of international law. The notion of damage, or
“injury”, only arises in relation to the obligatio n of reparation, as Article31 of the ILCArticles
makes clear. In any event, Mr.Brownlie, too, seems to disagree with ProfessorSuy and to agree
with us, since he did not repeat the argument of Professor Suy and stated clearly, “reparation is
82
conditional upon a prior finding of responsibility for a violation of an obligation” . We agree.
81
CR 2005/9, p. 21, para. 31 (Prof. Suy).
8CR 2005/10, p. 9, para. 8. (Prof. Brownlie). - 35 -
37. It follows from this that the DRC is not required, at this stage of the proceedings, to
particularize the extent of the injury it has suffe red as a result of the acts and omissions which are
attributable to Uganda and which breach international law. It may indeed have to engage in this
task at a later stage of the proceedings. For presen t purposes, however, all that needs to be done is
to identify the relevant conduct, satisfy the Court that it is attributable to Uganda, and establish that
it is contrary to what international law requires.
38. By way of conclusion, in relation to natural resources, I can illustrate the application of
these principles to the acts of Brigadier Kazini with which I began. We say that international law
imposed an obligation on Uganda to ensure that its forces present in the DRC did not engage in acts
which allowed the exploitation of the natural resources of the DRC, other than for the benefit of the
people of the DRC. We say that Brigadier Kazini, amongst others, acted contrary to that obligation
by entering into an agreement with the leader of a rebel group (the MLC) which established
arrangements which were designed to allow a private company to smuggle diamonds, gold and
coffee out of the DRC in a manner which was plainly not intended to benefit the people of the
DRC. In this way humanitarian law and the pr inciples of permanent sovereignty over natural
resources were violated. We say that Brigadier Kazini’s actions were cloaked with official
authority, and as such they are plainly attributable to Uganda. But even if they were not, even if
they were private acts, they were attributable to Uganda in accordance with the applicable rules of
humanitarian law and general international law. We say that it is self-evident.
39. What the DRC seeks is a declaration that Uganda has violated its obligations to the DRC
under international law. In light of the direc tion which the case has taken since the Application
was originally filed in 1999, it is appropriate for the DRC to modify the declaration it seeks from
the Court, as it reserved its right to do. This will make clear that in respect of natural resources the
finding should encompass also violations of international humanitarian law and the failure to
punish the perpetrators of illegal acts. The DRC’s Agent will, in due course, read out the modified
submission. - 36 -
III. Conclusion
40. To conclude. We say that there can be no reasonable doubt on the evidence before this
Court that Uganda failed to take the steps necess ary to prevent the plunder of the natural resources
of the DRC ⎯ including by its own military officers ⎯ as it was required to do by general
principles of international law and by internati onal humanitarian law. There have been times
during Uganda’s presentation when I wondered whether I had somehow entered the wrong
courtroom. One such moment was when Professor Suy waxed lyrically about the production of
coffee, as though the matter before you concerne d a minor dispute between two neighbours over
their agrarian fields or the height of their gard en fence. I am sure that this Court needs no
reminding of the full extent of the horror of this conflict, and the fact ⎯ the simple fact ⎯ that
access to diamonds, gold and other natural resources lay at its very heart. Those two facts impose a
particular responsibility on Bar and on Bench in this case.
41. Mr.President, Members of the Court, th at concludes my presentation, and I thank you
for your kind attention. With your permission, I would invite you to call to the Bar His Excellency
Jacques Masangu-a-Mwanza, the Agent of the Democratic Republic of the Congo, in order to read
out the final concluding submissions of the DRC.
The PRESIDENT: Thank you, Professor Sands. I now give the floor to His Excellency
Mr. Jacques Masangu-a-Mwanza, Agent of the Democratic Republic of the Congo.
M. MASANGU-a-MWANZA : Monsieur le président, Madame et Messieurs les Membres
de la Cour, l’honneur m’échoit enfin de vous pr ésenter, après les deux tours de plaidoiries des
éminents conseils et avocats, les conclusions en ma qualité d’ambassad eur extraordinaire et
plénipotentiaire de la République démocrati que du Congo auprès du Royaume des Pays-Bas et
surtout comme agent près la Cour internationale de Justice.
Conclusions de la République démocratique
du Congo
La République démocratique du Congo prie la Cour de dire et juger :
1. Que la République de l’Ouganda, en se liv rant à des actions militaires et paramilitaires à
l’encontre de la République démocratique du Congo, en occupant s on territoire, et en soutenant - 37 -
activement, sur les plans militaire, logistique, économique et financier des forces irrégulières
qui y opèrent et qui y opéraient, a violé les principes conventionnels et coutumiers suivants :
⎯ le principe du non-recours à la force dans les re lations internationales, y compris l’interdiction
de l’agression;
⎯ l’obligation de régler les différends internationaux exclusivement par des moyens pacifiques de
telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en
danger;
⎯ le respect de la souveraineté des Etats et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et donc
de choisir librement et sans ingérence extérieure leur régime politique et économique;
⎯ le principe de non-intervention dans les affaires qui relèvent de la co mpétence nationale des
Etats, y compris en s’abstenant de toute assistance aux parties à une guerre civile opérant sur le
territoire d’un autre Etat.
2. Que la République de l’Ouganda, en se livrant à des exactions à l’encontre des ressortissants de
la République démocratique du Congo, en tuan t, blessant, ou spoliant ces ressortissants, en
s’abstenant de prendre les mesures adéquates permettant de prévenir les violations des droits de
l’homme en RDC par des personnes se trouvant so us sa juridiction ou sous son contrôle, et/ou
en s’abstenant de punir les personnes se trouvant sous sa juridiction ou son contrôle s’étant
engagées dans les actes susmentionnés, a violé les principes conventionnels et coutumiers
suivants :
⎯ le principe conventionnel et coutumier qui impos e de respecter et fair e respecter les droits
fondamentaux de la personne, y compris en période de conflit armé, conformément au droit
international humanitaire;
⎯ le principe conventionnel et coutumier qui impo se d’opérer en tout temps une distinction entre
objets civils et objectifs militaires dans le cadre d’un conflit armé;
⎯ les droits des ressortissants congolais à bénéficier des droits les plus élémentaires en matière
civile et politique, comme en matière économique, sociale et culturelle.
3. Que la République de l’Ouganda, en se livra nt à une exploitation illégale des ressources
naturelles congolaises, en spoliant ses biens et ses richesses, en s’abstenant de prendre les
mesures adéquates permettant de prévenir l’ex ploitation illicite des ressources de la RDC par - 38 -
des personnes se trouvant sous sa juridiction ou sous son contrôle, et/ou en s’abstenant de punir
les personnes se trouvant sous sa juridiction ou son contrôle s’étant engagées dans les actes
susmentionnés, a violé les principes conventionnels et coutumiers suivants :
⎯ les règles applicables du droit international humanitaire;
⎯ le respect de la souveraineté des Etats, y compris leurs ressources naturelles;
⎯ le devoir de favoriser la réalisation du princi pe de l’égalité des peuples et de leur droit à
disposer d’eux-mêmes, et par conséquent de ne pas soumettre des peuples à la subjugation, à la
domination ou à l’exploitation étrangères;
⎯ le principe de non-intervention dans les affaires qui relèvent de la co mpétence nationale des
Etats, y compris dans le domaine économique.
4. a) Que les violations du droit international é numérées aux conclusions numéros 1, 2 et 3
constituent des faits illicites imputables à l’Ouganda qui engagent sa responsabilité
internationale;
b)que la République d’Ouganda est tenue de cesser immédiatement tout fait
internationalement illicite qui se poursuit de faç on continue, et en particulier son soutien à
des forces irrégulières opérant en RDC et son exploitation des ressources naturel
les et des
richesses congolaises;
c) que la République d’Ouganda est tenue de fournir des garanties et assurances spécifiques
de non-répétition des faits illicites dénoncés;
d) que la République d’Ouganda est tenue envers la Républiq ue démocratique du Congo de
l’obligation de réparer tout préjudice causé à celle-ci par la violation des obligations
imposées par le droit international et énumérées dans les conclusions numéros1, 2 et 3
ci-dessus;
e) que la nature, les formes et le montant de la réparation seront déte rminés par la Cour, au
cas où les Parties ne pourraient se mettre d’accord à ce sujet, et qu’elle réserve à cet effet
la suite de la procédure.
5. Que la République de l’Ouganda a violé l’ordonnance de la Cour sur les mesures conservatoires
er
en date du 1 juillet 2000 en ce qu’elle n’a pas observé les mesures conservatoires suivantes : - 39 -
«1) les deux Parties doivent, immédiatement, prév enir et s’abstenir de tout acte, et en
particulier de toute action armée, qui ris querait de porter attein te aux droits de
l’autre Partie au regard de tout arrêt que la Cour pourrait rendre en l’affaire, ou qui
risquerait d’aggraver ou d’étendre le différe nd porté devant elle ou d’en rendre la
solution plus difficile;
2) les deux Parties doivent, immédiatemen t, prendre toutes mesures nécessaires pour
se conformer à toutes leurs obligations en vertu du droit international, en
particulier en vertu de la Charte d es Nations Unies et de la Charte de
l’Organisation de l’unité africaine, ainsi qu’à la résolution 1304 (2000) du Conseil
de sécurité des Nations Unies en date du 16 juin 2000;
3) les deux Parties doivent, immédiatemen t, prendre toutes mesures nécessaires pour
assurer, dans la zone de conflit, le pl ein respect des droits fondamentaux de
l’homme, ainsi que des règles applicables du droit humanitaire.»
Je vous remercie, Monsieur le président.
The PRESIDENT: Thank you very much, Your Excellency. The Court takes note of the
final submissions which you have now read on behalf of the Democratic Republic of the Congo
with respect to the Congo’s claims.
Oral arguments will resume on Wednesday 27 April, from 10 a.m. to 1 p.m., and from 3 p.m.
to 6p.m., in order for Uganda to be heard both on the claims of the Congo and on its own
counter-claims. I would also remind you that th e Congo will conclude its second round of oral
argument with respect to the counter-claims of Uganda on Friday 29Aprilfrom 10a.m. to
11.30 a.m.
The sitting is closed.
The Court rose at 4.35 p.m.
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Public sitting held on Monday 25 April 2005, at 3 p.m., at the Peace Palace, President Shi presiding