Public sitting held on Friday 17 October 1997, at 3 p.m., at the Peace Palace, Vice-President Weeramantry, Acting President, presiding

Document Number
089-19971017-ORA-02-00-BI
Document Type
Incidental Proceedings
Number (Press Release, Order, etc)
1997/21
Date of the Document
Bilingual Document File
Bilingual Content

Non-Corrigé

Uncorrected

y- i:Pm-% .-.*--m---.
InternationalCourt
of Justice

THE HAGUE L, ,-, ..,.,,-,*-.,*- LA HAYE

Publicsitting

held on Friday17 October1997,at 3 p-m., at the PeacePalace,

Vice--siden t Weeramantry,Acting Presiden t,presiding

in the case concezdng Questions ofIntezpretation and Applicationof the

1971MontrealConventionarisingfrrnntheAerial Incident atLockerbie
(Li- Arab Jamahiriyav. UnitedKin-)

and

in the case conceming Questions ofInterpretation and Applicationof the

1971MontrealConventionarisingfm theAerial Incidentat IJockexbie
(Li- Arab Jamahiriya v. United Statesof Anmerica)

PreliminaryObjections

VERBATiM RECORD

Audience publique

tenuele vendredi 17 octobre 1997,à 15 heures,au Palaisde la Paix,

sous la présidencede M. Wenmantry, vice-président,
faisant fonction de président

en l'affairerelative à Questionsd'interprétation et d'applicatd ieonla
conventionde hbrtréalde 1971 résultantde 1'incident aériende
Lockerbie(Jamahiriya arabelibyennec. Royaume-Uni)

en 1'affairerelative à Questionsd'interprétation et d'application de la
convention de Montréalde 1971 résultantde 1'incident aérien de

Lockerbie(Jamahiriya arabelibyennec. Etats-Unis d'Amérique)

Exceptions préliminairesPresent: Vice-PresidentWeeramantryA ,cting President
President Schwebel
Judges Oda
Bedjaoui
Guillaume
Ranjeva
Herczegh
Shi
Fleischhauer
Korm
Vereshchetin
Parra-Aranguren
Kcmijmans

Rezek
Judgesad hoc SirRobertJennings
El-Kosheri

Registrar Valencia-OspinaPrésents : M. Weeramantry,vice-présidentf,aisantfonctionde

présidenten l'affaire
M. Schwebel,présidentde la Cour
MM. Oda
Bedjaoui
Guillaume
Ranjeva
Herczegh
Shi
Fleischhauer
Koroma

Vereshchetin
Panca-Aranguren
Kooijmans
Rezek,juges
Sir RobertJennings
M. El-Kosheri,jugesad hoc

M. Valencia-Ospinag,reffierThe Gbvernmentof the LibyanArab Jamahiriyais representedby:

H. E. Mr. HamedAhmedElhouderi, Ambassador, Secretaryof the People's
Officeof the Great Socialist PeopleL 'sbyanArab Jamahiriyato
theNetherlands,

as Agent;

Mr. MohamedA. Aljady,

Mr.Abdulhamid Raeid,

as Counsel;

Mr.Abdelrazeg El-Murtadi Suleiman, Professoofr PublicIntemational

Law,Facultyof Law,University of Benghazi,

Mr. IanBrownlie, C.B.E., Q.C., F.B.A. ,hicheleProfessor of Public
InternationaLlaw,University of Oxford,

Mr. JeanSalmon,Professor of Law emeritusUniversité librede
Bruxelles,

Mr. EricSuy, Professor of IntemationalLaw,Catholic Universityof
Louvain (K.U.Leuven),

Mr. EricDavid,Professor of Law,Université librede Bruxelles,

as Counseland Advocaces;

Mr.NicolasAngelet,Principal Assistant, Facultyof Law,Catholic
Universityof Louvain(K.U.Leuven),

Mrs. Barbara Delcourt Assistant,Facultyof Social,Political and
EconomicSciences, Universitélibrede Bruxelles;Research Fellow,
Centreof International La and Institute of EuropeanStudies,
Universitélibrede Bruxelles,

Mr. MohamedAwad,

The -t of the &ted Kingdan of GkeatBritain and

BbrthernIrelandis representedby:

Sir FranklinBermanK.C.M.G., Q.C.,Legalmiser to the Foreign
and CommonwealtOhffice,

as Agent andCounsel;

The RightHonourable theLord Hardie Q.C.,The Lord Admcate
for Scotland,Le Gowern-t de la Jamahiriyaarabe libyennesera représenté par :

S. Exc.M. HamedAhrned Elhouderi, ambassadeus re,crétaire du bureau
populairede la Grande Jamahiriyaarabelibyenne populaire socialiste
aux Pays-Bas,

cme agent;

M. MohamedA. Aljady,

M. Abdulhamid Raied,

cme conseils;

M. Abdelrazeg El-Murtadi Suleiman,professeur de droitinternational
public à la facultéde droit de l'université de Benghazi,

M. Ian Brownlie, C.B.E.,Q.C.,F.B.A., professeud re droit international
public,titulairede la chaire Chichele à l'Université d'Oxford,

M. Jean Salmon, professeué rméritede droit à l'université libre de
Bruxelles,

M. Eric Suy,professeur de droitinternationa l l'université catholique
de Louvain (K U. Leuven),

M. EricDavid,professeur de droit à l'université librede Bruxelles,

cm conseilset avocats;

M. NicolasAngelet,premier assistan àt la facultéde droitde
l'université catholiquede Louvain(K.U.Leuven),

PlneBarbaraDelcourt,assistante à la faculté des sciences sociales,
politiques et économiquesde l'universitl éibrede Bruxelles,
collaboratrics ecientifiqueau Centre de droit internatioe nal

à l'Institut d'étudeseuropéennes de llih-iiversi libre deBruxelles,

M. MohamedAwad,

cm consei1ers.

Le Gowernerraent duRoyaume-ünisera représenté par :

Sir FranklinBerman,K.C.M.G., Q.C.,conseiller juridiqu du Foreign
and Commonwealt hffice,

cm agent et conseil;

le trèshonorable LordHardie, Q.C., procureur générad llEcosse, Professor Christophe Greenwd, Barrister,Professorof International
Law atthe London Schml of Economics,

Mr. Daniel Bethlehem, Barrister, Lond Sochoolof Economics,

as Counsel;

Mr. AnthonyAust C.M.G.,

as Deputy Agent;

Mr. PatrickLayden T.D.,

Mr .NormanMcFadyen,

Ms Sarah Moore,

Ms SusanHulton,

as Advisers,

Ms MargaretMcKie,

as secret-.

The Ghemment of the UPited Statesof America is represented by:

Mr. David R. Andrews, LegalAdviser,U.S.Department of State,

as Agent;

Mr. MichaelJ. Matheson, Principal DepuL tygalAdviser,
U.S. Departmentof State,

Mr. John R. Crmk, Assistant LegaA ldviser,U.S. Department of State,

Mr. Sean D. Murphy,Counselorfor LegalMfairs, U.S. Ehbassy,The Hague,

Mr. OscarSchachter, Professorat the ColumbiaUniversitySchoolof Law,

Ms ElisabethZoller,Professorat the University of ParisII,

as Counsel and Aàvocates;

Mr. John J. Kim,Officeof the LegalAdviser,Departmentof State,

Mr. BrianMurtagh,U.S. Department of Justice,

as Counsel.M. Qlristopher Greenwood,Barrister, professeurde droitinternational
à la London School of Economics,

M. Daniel BethlehemB ,arrister, London School of Economics,

cm conseils;

M. AnthonyAust,C.M.G.,

cm agent adjoint;

M. PatrickLayden,T.D.,

M. NormanMcFadyen,

Mme Sarah Moore,

Mme SusanHulton,

canne conseillers,

Mme MargaretMcKie ,

came secré taire.

Le Goumnzement des Etats-Chis d'A&ique sera représenté par :

M. David R. Andrews,conseiller juridiqu du département d1Etat
des Etats-Unis,

cme agent;

M. MichaelJ. Matheson,conseiller juridiqu adjointprincipal
du département
dtEtatdes Etats-Unis,

camne coagent;

M. John R. Crook, conseillej ruridiqueadjoint dudépartement dlEtat
des Etats-Unis,

M. Sean D. Murphy, conseiller chargédes affaires juridique s
l'ambassade des Etats-Unis aux Pays-Bas,

M. Oscar Schachterp ,rofesseur à la facultéde droit del'Université
de Columbia,

Mme ElisabethZoller,professeur à l'Université de Paris II,

came conseils et avocats;

M. John J. Kim,du bureaudu conseiller juridique du départemd enttat
des Etats-Unis,

M. BrianMurtagh,du département de la justice des Etats-Unis,

cme conseils. -8-

TheACTING PRESIDENT: Pleasebe seated. Wenow resumeOurhearingsinthetwo cases

concerning Questions of Interpretation andApplication of the 1971 Montreal Convention arising

from the AeriaI Incident ut Lockerbie.1 now give the floor to Professor Suy.

M. SUY :

L'incidencedes résolutions731, 748 et 883du Conseilde sécurité

5.1.Monsieur le Président,Messieursles Juges, c'estpour moi un grand honneur depouvoir

apparaître une nouvelle fois devant vous.

Commevous l'aannoncé M. l'agent,je traiterai de l'incidencedes résolutions731,748 et 883

du Conseilde sécuritésur la compétenc dee la Cour et sur larecevabilitéde larequêtede la Libye.
w
En abordant cette question, nous rencontrerons lesargumentsdéveloppés par les Etats-Unis

et leRoyaume-Uni, quifontdu contrôlejudiciaire des résolutionsduConseilde sécuritéleuc rheval

de bataille, ou plutôt, se sont attachésn faire leur cheval de Troie.

J'aimeraisvous montrer qu'ils'agitlà d'un débatqui a été introduit par les Etats-Unis et le

Royaume-Uni, dans le but d'empêcher la Cour d'exercersa fonctionjudiciaire; j'aimerais aussi

montrer que ce débatn'épuise pasla question de la recevabilitéde la requêtelibyenne.

Jerappelleraid'abordlesantécédentd se l'affaire. J'expliqueraiensuiteque lesrésolutions731

et suivantesn'affectent pas la compétencdee la Cour. Je montreraienfin, que la recevabilitéde la

requête libyennepeut être conçuede trois différentesfaçons.

1) Les antécédents

5.2.Permettez-moi,Monsieur lePrésident,de rappelertrèsbrièvementles grandes lignes de

l'activitédu Conseil de sécurité.

Le 21 janvier 1992, le Conseil a adopté larésolution731 (1992). Dans cette résolution,

adoptéeen vertu du chapitre VI de la Charte des Nations Unies,le Conseil :

«3. Déplorevivement le fait que le Gouvernement libyen n'ait pas répondu
effectivement à ce jour aux demandes [il s'agitici des demandes des Etats-Unis, du

Royaume-Uni et de la France] de coopérer pleinement pour l'établissementdes
responsabilitésdans les actesterroriste..contre les vols 103de la Pan Amet 772 de
I'UTA,

CR 97/21 LUK-LUS 4. Demande instammentaux autoritéslibyennesd'apporterimmédiatementune

réponsecomplèteet effective à ces demandes afin de contribuer à l'éliminationdu
terrorisme international.))

Le 3 mars 1992, la Libye a introduit ses requêtes devantla Cour, conformément à la

convention de Montréal. Elle a introduit égalementune demande en indication demesures

conservatoires.

C'estaprèsles plaidoiries sur les mesures conservatoires, mais avant que la Cour ne rende

son ordonnance, que le Conseil de sécurité a adopté, sur instigation des Etats-Unis et du

Royaume-Uni, la résolution748 (1992). Adoptée,cette fois-ci, en vertu du chapitre VI1de la

Charte, cette résolutiondécideque la Libye doit appliquer sans délai le paragraphe 3 de la

résolution731 que nous venons de citer.

Le Conseil a encore, par la suite, adoptéla résolution883 (1993), qui comporte quelques

précisions sur lesquellesje reviendrai.

Pour l'instant,je me borneà relever que cette séquence desévénements, jusqu'à l'adoption

de la résolution748, révélait amplementl'intentiondes Etats-Unis et du Royaume-Uni de faire

obstructionà la procédurejudiciaire.

C'estbien àtortque lesdéfendeursfontvaloir àl'encontrede cette constatation,quelaLibye

ne se serait adresséà la Cour en application de la convention de Montréal qu'aumoment où les

défendeursavaientdéjàsaisi le Conseil de sécurité(voir M. Bethlehem, par.3.3 et 3.42). L'article

36, paragraphe 3 de la Charte prévoiten effet:

«En faisant les recommandations prévues au présena trticle, le Conseil de
sécurité doit aussi tenir comptedu fait que, d'unemanière généralel,es différends
d'ordrejuridique devraientêtresoumip sar lespartieslaCourinternationaledeJustice
conformément aux dispositionsdu Statut de la Cour.))

Cet article supposeclairementque laCour soit saisie aprèsle Conseilde sécurité. n procédant de

la sorte, laLibye ne faisait quetémoignerde sa confiancedans le Conseilautant que dans laCour.

5.3. Et voilà qu'àprésent,les Etats-Unis et le Royaume-Unifont valoir que ces résolutions

feraient obstacleà la compétence dela Cour et à la recevabilitéde la requête libyenneC. ette

analyse, comme nous le verrons, est non seulement erronée, elle fait aussi éclatau grandjour

l'intentiondes Etats-Uniset du Royaume-Uni, d'empêchelra Cour d'exercer sa fonctionjudiciaire.

CR 97/21 LUK-LUS - 10-

2) Les résolutions 731, 748 et 883 n'affectent pas la compétencede la Cour

5.4. Tout d'abord, les résolutions731 et suivantes ne peuvent pas faire obstacle à la

compétence dela Cour. Je voudrais à cet égardattirer l'attentionde la Cour sur les trois points

suivants.

5.5.En premier lieu,lefait que le Conseil desécuritest saisi d'uneaffaire ne porte pas, en

soi, atteinte la compétence delaCour. L'article12de la Charte, commel'asoulignéla Courdans

l'affaireduPersonnel diplomatique et consulairdees Etats-Unisà Téhéran a,insi quedans l'affaire

des Activités militairstparamilitairesauNicaragua et contrecelui-ci(compétence et recevabilité)

a trait uniquement aux relations entre l'Assembléegénéraledes Nations Unies, et le Conseil de

sécurité(Personneldiplomatique et consulairedesEtats-Unis à Téhéran a,rêt,C.I.J.Recueil1980, u

p. 22, par. 40).

5.6. En deuxième lieu, l'article 103de la Charte, dont se prévalentles Etats-Unis et le

Royaume-Uni, suppose un conjlit,et plus précisémentu ,n conflit entreune obligation en vertu de

la Charte, et une obligation en vertu d'unautre traité.

Pour que les résolutionsdu Conseil de sécuritépuissent porter atteintela compétence de

laCour, il faudraitdoncà tout lemoinsqu'ellesénoncentuneobligation àcharge d'uneouplusieurs

Parties au présent litige, qui seraitincompatibleavec l'article14de laconvention deMontréal,qui

fonde la compétence dela Cour

Or, il n'en est rien. Les résolutions ne contiennent aucune disposition de nature J

juridictionnelle. Elles n'entrent doncpas en conflit avec l'article14de la convention de Montréal.

Cette constatation, Monsieur le Président,Messieurs lesjuges, n'estpas modifiée parle fait

que le Conseil de sécuritéa confiéun rôle d'enquête ou dceonciliationau Secrétairegénérad les

Nations Unies. Lajurisprudence de la Cour dans l'affaireduPersonnel diplomatique et consulaire

des Etats-Unisà Téhérae nst, sur ce point, très éclairante.La Cour envisagea, et rejeta l'argument, #,

selon lequel les activités déployées palre Secrétaire générdles Nations Unies pourraient faire

obstacle à la compétence de la Cour (Personnel diplomatique et consulaire des Etats-Un àis

Téhéran, arrê Ct.,IJ Recueil 1980, p. 23, par. 43).

CR 97/21 LUK-LUS - 11 -

En tout état de cause, les décisiondu Conseil de sécuriténe pourraientpas porter atteinte

à la juridiction de la Cour, qui trouve sa source dans le Statut de la Cour, qui fait partie de la

Charte. Une décisiondu Conseil qui porterait atteinteà lajuridiction de la Cour ne pourrait lier

ni la Cour, ni la Libye. Et mon collèguele Professeur Brownlie, qui parlera aprèsmoi, appro-

fondira cette question du caractère obligatoiredes décisionsdu Conseil de sécurité.

5.7. En troisième lieu, même à supposer que les résolutions du Conseil de sécurité

évinceraientla conventionde Montréaldansson ensemble,quod non, ellesne pourraient pas porter

atteinteà sa clause juridictionnelle. L'autonomiedes clauses juridictionnelles est un principe

général de droit; elle impliqueque la nullitéou l'inapplicaballéguée d'uneconvention n'affecte

pas la validitéde sa clause de juridiction. Il appartientà la Cour, qui a la compétencede la

compétence,de juger de l'applicabilitéde la convention de Montréal sans aucune restriction.

Contrairement à ce qu'affirmentles Etats-Unis et le Royaume-Uni, la Cour ne doit, et ne peut

aucunementse limiter à«constater» l'inapplicabilité la convention de Montréal. Autrement, ce

serait le Conseil de sécurité qui décideraite l'inapplicabilitéde la convention, et par la même

occasion,de la compétencede la Cour. La thèse développé par les Etats-Uniset le Royaume-Uni

vise donc àpriver la Cour de sa compétencede la compétence.La Cour n'entreracertainementpas

dans un tel jeu.

5.8. En conclusion, les résolutions731 et suivantes ne portent aucunement atteinte à la

compétence dela Cour. Et j'en viens maintenant à la question de la recevabilité dela requête

libyenne, compte tenu des résolutions adoptéespar le Conseil de sécurité.

3) Les résolutions 731, 748et 883 n'affectentpas la recevabilitéde la requête libyenne

5.9. Cette recevabilitéde la requêtelibyenne peut êtrefondéesur trois bases distincte:

- en premier lieu, la Cour pourrait rendre un arrêtsans prendre en compte les résolutionsdu

Conseil. Si la Libye, dans l'étatactuel des choses, n'entend pas se limàtcette approche, il

importe de montrer qu'elleest et qu'elledemeure possible. En niant cette possibilité,les

Etats-Unis et le Royaume-Uni trahissent leur intention de faire obstacle l'exercice, parla

CR 97/21 LUK-LUS Cour, de sa fonctionjudiciaire;

- en deuxième lieu, laCour peut interpréter les résolutdu Conseil de sécurité.La Cour est

appeléeà interpréterces résolutionsau regard de la Charte,et des limites qu'imposela Charte

aux pouvoirs du Conseil de sécurité;

- en troisièmelieu, la Cour est en droit de contrôler la légalides décisionsdu Conseil de

sécurité. Et encore le professer rownlie,qui parlera aprèsmoi,approfondiracette question.

3.1. La Courpourrait rendre un arrêtsans se prononcer sur les résolutionsdu Conseil

5.10.En premier lieu,je voudrais,Monsieur lePrésident,Messieurs de laCour,vousmontrer

que la Courpourrait se prononcer dans la présenteaffaire,en faisant abstractiondes résolutionsdu
w
Conseil de sécurité. En abordant cette questionj,e répondraidonàl'affirmationdes conseilsdes

défendeurs,quelajurisprudence de la Courdans l'affaire duCamerounseptentrionaltrouverait ici

application (voir M. Greenwood, par.4.15 et M. Crook, par.3.84 et suiv.).

Il est utile, pourrépondàecet argument,de retournerunefois de plus, sivous le voulez, au

moment de l'introduction de la requête libyennele21 janvier 1992. Ce jour là, le conseil avait

adopté la résolutio731, qui demandait à la Cour de donner une réponseeffective aux demandes

desEtats-Unis et du Royaume-Uniet de laFrance. Cette résolution n'étapitas formuléeentermes

obligatoires, et ne précisait pasnon plus et nous y reviendrons- que la «réponse» libyenne

supposait que la Libye livre les suspects aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.

*
Rien ne s'opposait, bien sûr,ce que la Libye demandâtà la Cour de dire, entre autres,que

la convention de Montréals'appliqueaux demandes des Etats-Uniset du Royaume-Uni,visant à

obtenir la livraison des deux nationaux libyens accusés dansl'affaireLockerbiCeci revenaità

demander à la Cour de se prononcer sur certains aspectsjuridiques d'uneaffaire que le Conseilde

sécurité traitait également. L'artie2 de la Charte et lajurisprudence de la Cour, commenous

l'avonsvu, confirment cette possibilité.

5.11.Monsieur le Président,les questionsjuridiquesjouaient un rôle capitaldans lesdébats

au sein du Conseil de sécurité menant à l'adoption de la résolution731. Il s'agit là d'une

CR 97121LUK-LUSconstatationtrès importantequeje voudrais illustrer. Avant l'adoption de larésolution731,lorsde

la 3033' séancedu Conseilde sécuritél,a Libye a fait valoir que son différend avecles Etats-Unis

et le Royaume-Uni devait êtreréglé surbase de la convention de Montréal (S/PV 3033

du 21 janvier 1992, p. 12 du texte français. Doc. Libye no 83). Mais les Etats-Unis et le

Royaume-Unieux aussi, ont avancé nombrede thèseset argumentsjuridiques.

Ainsi le représentant desEtats-Unis a déclaré que :

((l'objectifrecherché par le Conseil estde faire en sorte que les accuséssoientjugés
promptement conformémentaux principes du droit international))(SRV 3033,
p. 78-80).

et encore :

«La résolution731 stipule que les personnes accusées soient simplementet

directement remises aux autorités judiciaires des gouvernements qui, en droit
international,sont compétents pour lesjuger.)) (Ibid.;les italiquessont de moi.)

LesEtats-Unisprétendentdoncfonderl'actionduConseildesécuritésurledroitinternational.

Dans toute la mesure où ceci les mène à affirmer que la Libye doit livrer leurs nationaux, leur

analyse du droit international n'estcertainementpas «traditionnelle». La règlepertinente du droit

international,est qu'enl'absenced'unengagementconventionnel à cet effet, aucun Etat n'estobligé

de livrer ses nationaux àun Etat tiers. Cette règle estégalementconsacréepar le principe aut

dedere autjudicare inscrit dans la convention de Montréal. Devantle Conseil de sécurité,les

Etats-Unis ont tentéd'échapper à cette constatation,en avançantun argument où s'entremêlenltes

questions de fait et de droi:

«ni la Libye ni en fait aucun autre Etat ne peut chercherà dissimuler son appui au
terrorisme internationalderrièreles principestraditionnelsdu droit internatio...Le
Conseil s'est trouvé devantun cas qui implique clairement la participation d'un
gouvernement à des activités terroristeset pour lequel il n'existepas de pouvoir
judiciaire indépendant dans 1'Etatincriminé.))(SPV 3033, p. 78-80.)

En clair,cela signifieque ledroit internationaldit «traditionnel»,dont bien sûr laconvention

de Montréal,ne s'appliquepas lorsque le gouvernement de l'Etatrequis a participà des activités

terroristes,et ne disposepas d'un pouvoirjudiciaire indépendant;oualternativement,eten plusclair

encore,que laconventionde Montréal ne s'applique pas, lorsque1'Etatrequérantaccuse1'Etatrequis

de terrorisme, et prétendque 1'Etatrequis ne dispose pas dejuges indépendants.

CR 97121 LUK-LUS - 14 -

Le représentantdu Royaume-Uni s'est prononcé, lors dc eette mêmeséance, dansle même

sens. D'abord,le représentant britanniqueaffirmeque:«c'estcette circonstanceexceptionnellede

la participation d'un gouvernementqui a justifié l'adoption parle Conseil d'une résolution))

(Sm 3033,p. 102-105). Maiscecin'empêchp easlereprésentantbritanniquede déclarerplustard,

avec un souci minime de logique que :«nous n'affirmonspas que ces personnes sont coupables

avant qu'ellessoientjugées...))(p. 103).

Comment peut-on, Monsieurle Président,d'unepart, consacrer la présomptiond'innocence

des accusés,et d'autrepart affirmer que le Gouvernement libyena participé l'attent?tPeut-on

réellement,pour écarterleprincipeautdedere autjudicare consacrépar laconvention deMontréal,

affirmer la complicité de l'Etat requis, sans avoir établi la culpabilité des individus qui ont T

prétendumentagi en son nom ? C'est assurémentune question juridique qui ne manquera pas

d'intéresser la Cour.

Le représentantbritanniqueaffirme ensuite que «dans ces circonstancesparticulières,on ne

peut avoir confiance dans l'impartialitédes tribunaux libyens))(p. 104).

Si des circonstances exceptionnelles ou particulières permettent de mettre en doute

l'impartialitédes juges de'Etatrequis, afin d'écarterla convention de Montréalet les principes

généraux dudroit de l'extradition, ils'agitsûrementd'unequestionjuridique, qui atrait,entreautres,

à l'interprétationeà l'applicationde la convention de Montréal.

Et le représentant britannique souligne encore pendant cette même séance :
*
((Nous comprenons la position des pays dont les propres lois empêchent
l'extradition de leurs propres ressortissants. Mais ilya pas de règle de droit
internationalquiexclutl'extraditionde ressortissants,et en fait de nombreuxpays ne
s'yopposent pas et livrent régulièrementpar extradition leurs propres ressortissants.
C'est lecas du Royaume-Uni,des Etats-Unis et de bien d'autrespays.)) (p. 105; les
italiques sont de moi.)

On voit, donc une fois de plus, que le représentant britannique se prévaut du droit

international pourjustifier l'actiondu Conseil. Mais suffit-il vraiment, pourécarterla convention

de Montréal,de constater que le droit internationaln'interditpas l'extraditiondes nationaux

faut-il pas plutôt soulignerque le droit internationalne les y oblige pasêtrele représentant

CR 97/21 LUK-LUS - 15-

britannique a-t-il voulu dire que la Libye doit livrer ses nationaux parce que les Etats-Unis et le

Royaume-Uni,quant àeux, ne s'opposent pasàl'extradition deleurs propres nationaux.Leprincipe

((jugerou extraden)inscritdans la convention deMontréalsetransformeraitainsien une obligation

d'extraderlorsque 1'Etatrequérant ne s'oppose pasà l'extraditionde ses propres nationaux. Voilà

encoreunetrèscurieusepositionqui soulèveunequestionrelative à l'interprétatietàl'application

de la convention de Montréal.

Je m'arrêterailà pour conclure,que laposition desEtats-Uniset duRoyaume-UniauConseil

de sécuritéprocèded'uneinterprétation desprincipes consacrés par la conventionde Montréal et

dequestionsde droit internationalconnexes. Et detoute évidence,ils invoquentdesargumentsdans

le cadre d'undifférend relatifà l'applicationde la conventionde Montréal.

Il en est alléde même,Monsieur le Président,Messieurs les Juges, lors del'adoptionde la

résolution 748 : d'une part, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se sont encore prévalusde la

prétendue culpabilitéde 1'Etatlibyen :je me réfêre au procès-verbal de la3063' session (p. 66,

69/70 et 71de la versionfrançaise);d'autrepart, larésolution748 renvoià la résolution731- j'y

reviendrai dans un instant. Elle procèdedonc (la résolution748) de la mêmelogique.

5.12. 11étaitdonc parfaitementjustifiéque la Libye introduise une requêtedevant la Cour,

afin d'obtenirdes éclaircissementssur le bien-fondédes argumentsjuridiques développés par les

Etats-Unis et par le Royaume-Uniau Conseil de sécurité.Et il n'estpas discutable que, sous cet

angle, la requêtelibyennereste entièrement recevablemêmeaprès l'adoptiondes résolutions748

(1992) et 883 (1993).

Compte tenu des arguments susmentionnés quiont été développé lsrs de l'adoption des

résolutionsen cause, un arrêt dela Cour pourrait obliger les Etats-Unis et le Royaume-Uni à

modifier leur position au Conseil.

Cecine manqueraitpas- faut-illepréciser ?- d'influencerlapositiondesautresmembres

du Conseil de sécurité. LesEtats-Uniset le Royaume-Uni ontfait valoir ces argumentsjuridiques

afin de convaincre les autres Etats membres duConseil du bien-fondé de leur initiativeIst donc

tout au moinspossible,et en réalitprobable,que les autresmembres duConseilde sécuritése sont

CR 97/21 LUK-LUS - 16-

laissésguider partoutes ces considératiojuridiques queje viensd'énuméréeD s.ans cecas, ilfaut

présumeraussi qu'ilsont voulu fonder les résolutionsen cause sur une interprétationcorrecte du

droit international, en ce comprisla conventionde Montréal.

Les autresmembresduConseilde sécuritépourraient donc être ame ànresoirleurposition

enfonction des enseignements qu'apporteraitun arrêtde la Cour dans la présente affaire.

Contrairement à ce que prétendent les défendeurs, l'arrêt qruendrait la Cour serait donc bien

susceptibled'avoirdes effetspratiques; ilne selimiteraitaucunementun exerciceacadémique,tout

au contraire.

Qui plus est, il s'agiraitbien là, de la "hitful interaction" entre la Cour et le Conseil,

qu'appelaitde ses vŒux feu le Juge Manfred Lachs, cité plusieurs fois icipendant les journées 1

précédentes (M.Beman, par. 1.17et M. Hardie,par, 5.9). Cette interactionseraitassurémentplus

mictueuse que celle voulue par les défendeurs,qui voudraient que la Cour s'inclinedevant le

Conseil, et pour tout dire:que la Cour se taise. Ceci reviendraità fonder l'apportdu droit au

maintien de la paix, sur une conversation entre le bègueet la muette.

5.13. Enfin,il ne s'agitpas seulementde contester le bien-fondédes argumentsjuridiques du

Royaume-Uni et des Etats-Unis. Leur caractèretout àfait déraisonnablesaute aux yeux.

C'est lecas,d'abord,desthèsesanglo-américaines concernantl'interprétatiode laconvention

de Montréal,que nous avons parcourues il y a un instant. mais c'est aussi le cas des règles de

l'exigencede la preuve, que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ignorent totalement. Donnons-en
r.
quelques exemples:

- primo, nous avons vu que les Etats-Unis et le Royaume-Uni se réfèrent à la présomption

d'innocence des accusés;mais en mêmetemps, ils condamnent I'Etat libyen, qu'ils disent

responsable des agissements des accusés. Ce raisonnement, Monsieur le

Président, Messieursles Juges, bafoue lesrègles del'exigencede la preuve d'undouble point

de vue : d'abord,la présomption d'innocence des accusés exclutqu'on puisse d'ores et déjà

condamner 1'Etatlibyen; ensuite, àsupposer même que les accusés soientdéclaréscoupables,

on ne pourrait conclureà la responsabilitédela Libye que s'ilétaitdémontrque ces individus

CR 97/21 LUK-LUS - 17 -

ont agi pour le compte de cet Etat.

- secundo,le Royaume-Uni et les Etats-Unis déclarentaussi que

«le GouvernementLibyen doit :

-
divulguer tous les renseignementsen sa possession sur ce crime, y compris les
noms de tous les responsables, et permettre le libre accès à tous les témoins,
documentset autres preuvesmatérielles,ycompristous les dispositifsd'horlogerie
restants)).

Cetteexigencesupposebiensûrque laLibyeaiteffectivementparticipé à l'organisation del'attentat

de Lockerbie; laLibye est incapablede divulguerles renseignementsrequis si, étant innocente,elle

ne les possèdepas.

Cette exigence anglo-américaines'avèreainsi des plus perfides: lorsque la Libyedéclarene

pas disposer d'informations surl'attentat, lesEtats-Unis et leRoyaume-Uni en déduisentun refus

de coopérer,qui constituerait lui-même lapreuve de la culpabilitélibyenne !

On voit donc comment des exigences contraires aux règlesde l'administrationde la preuve

permettent de tourner l'innocencelibyenne en une prétenduepreuve de culpabilité.

En lardant leur politique de force d'argumentsjuridiquesde ce genre, les Etats-Unis et le

Royaume-Uni portent atteinteà l'autoritdudroit international.Ils sapent les fondements mêmes

de l'ordrejuridique international, que cette Cour internationalede Justice a pour mission de

sauvegarder. Sur ce plan également,l'arrêt de la Cour serait tout sauf un exercice académique.

5.14.Je conclus donc que larequêtelibyenneest recevable, ence que la Cour peututilement

se prononcer sur l'interprétationet l'applicationde la conventionde Montréalet sur les questions

de droit international connexes, indépendammend tes effetsjuridiques des résolutions748 (1992)

et 883 (1993). Ceci,je le répète,sejustifie d'untriple point de vue :

- premièrement, l'arrê dte la Cour pourrait- et devrait - amener le Royaume-Uni et les

Etats-Unis, et par conséquent le Conseil de sécurité, à revoir leur position, qui est

manifestement argumentéepar des considérationsjuridiques;

- deuxièmement, en s'opposan t ce que la Cour se prononce en ce sens, les Etats-Unis et le

Royaume-Uni veulent manifestement empêcherla Cour d'exercersa fonctionjudiciaire; et

CR 97/21 LUK-LUS- troisièmement,le caractère déraisonnable desargumentsjuridiques anglo-américainsporte

atteinte l'autoritédu droit international, que la Cour a pour mission de sauvegarder.

3.2. Le pouvoir de la Cour d'interpréterles résolutions auregard de la Charte

5.15.J'en viens maintenant à une deuxième façon dont on peut, et doit, concevoir la

recevabilité dela requêtelibyenne: il s'agitdu pouvoir de la Cour d'interpréterles résolutionsdu

Conseil de sécurité qui,selon une ou plusieurs Parties, détermineraientissuedu différendporté

devant la Cour

3.2.1.La Cour est appelée à se prononcer sur l'effet des résolutionsdu Conseil

sur l'applicabilité dela convention de Montréal; à cette fin,
la Cour doit interprétercesrésolutions j

5.16. Permettez-moide montrer d'abordque la Cour peut interpréter les résolutions 731 et

suivantes, de déterminer leur effet sur les droitset les obligations des Parties au présent

différend.Je partirai, sur ce point aussi, de la position des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Ces

Etats soulèventune exception d'irrecevabilité, amotif que les résolutions748 et883 priveraient

la Libye de ses droits en vertu de la convention de Montréalet du droit internationalgénéral.

5.17. Ceci signifieque lesEtats-Uniset le Royaume-Uni invoquent lesrésolutionsdu Conseil

de sécurité devan la Cour. Il en ressort deux constatations intéressantes.

D'abord,ce sont cesdeux Etats qui, les premiers,ont introduitles résolutions duConseil de

sécurité dansla présenteaffaire. Qu'onne reproche donc pas à la Libye de mettre en avant la
rll
convention de Montréal afinde soumettreces résolutionsau contrôle de la Cour internationale de

Justice !

Ensuite, l'exceptiond'irrecevabilité soulevéear les Etats-Unis et le Royaume-Unisuppose

que la Courprocède à l'interprétatiodes résolutionsdu Conseil. La Cour ne pourrait, sans

procéder à une telle interprétation,seprononcer sur le bien-fondéde l'exceptionpréliminaire. Le

pouvoir de la Cour d'interpréter la Chareu une résolutionde ses organes ne fait d'ailleursaucun

doute. Permettez-moi de revenir en arrière, en 1945, et de vous citer la déclaration sur

l'interprétation de la Charte adoptée à la Conférence de San Francisco:

CR 97/21 LUK-LUS «Il se peut..que deux organes aient des points de vue différentset qu'ils les

expriment ou même qu'ils s'eninspirentdans leurs actes. Sousun régimeunitaire de
gouvernement national, le soin de déterminer une telle question d'une manière
définitivepeut être laissél'instancejudiciaire la plus hauteàotoute autre autorité
nationale. Toutefoislecaractèredel'Organisationet de son fonctionnementne semble
pas être de nature à favoriser l'incorporation dans la Charte de dispositions
semblables.))

A ce stade, Monsieurle Président,Messieurslesjuges, vous croirezqueje viens de changer

de camp, pour plaider la cause du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Je manque toutefois de la

souplesse indispensableàun tel exercice de gymnastique,qui serait d'ailleurspeu conforàmes

convictions. Lisons donc plutôt la suite de cette déclaration de19:5

«Si deux Etats membres ne parviennent pas à se mettre d'accorden ce qui
concerne l'interprétationexacte de la Charte, ils ont naturellement toute libertéde
soumettre leurs différends la Cour internationalede Justice, comme s'ils'agissaitde
tout autre traité.)) (Conférence des Nations Unies surl'Organisationinternationale,

doc. 933, IV12142(2) du 12juin 1945,Documents,vol. 13, p. 719.)

C'estexactement le scénarioqui se dérouleaujourd'huidevant vous, alors que trois Etats

débattent dela portéede la Charte, et que contrairement ce qu'affirmeMme Zoller, il ne s'agit

aucunement d'annulerune décisiondu Conseil de sécurité.

Jerelèveencorequ'aprèsavoir énumérd é'autresméthodesd'interprétation,comm ledemande

d'unavis consultatif, la déclaration deSan Francisco concl:t

«Bref, les membres ou les organes de l'organisation pourraient avoir recàurs
diversmoyensafin d'obtenir uneinterprétationappropriéeleursbesoins. Il semblerait
qu'il ne soit ni nécessaireni opportun de donner dans la Charte la liste ou la
description des diverses méthodesutilisables.(Ibid p..,20.)

C'est doncà tort, Monsieur le Président,que le conseil du Royaume-Uniaffirme que si les

auteursde la Charteavaientvoulu permettreuneprocéduretelle quecellequiest aujourd'huidevant

vous, ils l'auraientprévue explicitement dansla Charte (M. Hardie, par. 5.15). Càetort aussi,

que Madame Zoller (par. 5.3 et suiv.) a insistémercredi sur les différencesqu'ilrait entre la

demande d'un avis consultatif, et l'application de la Charte dans une procédurecontentieuse.

L'extraitprécité de aonférencedeSanFranciscomontretout aucontraire,quelesdeuxprocédures

constituentdesmoyensdifférentsquipermettentéventuellementdepoursuivreunrésultatanalogue.

CR 97/21 LUK-LUS - 20 -

Mme Zoller ne nous a rien dit qui permettrait d'infirmer cette distinction,élémentairee ,ntre le

moyen et le résultat.

5.18. Je conclus donc que, compte tenu de l'exceptionpréliminaire desEtats-Unis et du

Royaume-Uni, 1) la Cour est appelée à se prononcer sur l'incidence desrésolutions sur les droits

et obligations de la Libye en vertu de la conventionde Montréal,et 2) qu'àcette fin, la Cour est

appeléea interprételresrésolutions.Commel'admetleProfesseurSchachter,cecin'estaucunement

contraire àla structure constitutionnelledesNations Unies (par. 4.12 et 4.16). J'yajouteraimême

que la Cour et le Conseil poursuivraient,dans ce cas, exactement le mêmeobjectif, c'est-à-direle

maintien de la paix dans le respect de la Charte. Pouremployer les termes de Mme Zoller : leur

actionseraitnon seulementsimultanée,puisqueleConseilcontinued'êtrs eaisiede l'affairelibyenne J

en ce moment; l'actiondu Conseil et de la Cour serait aussi complémentaire,etparallèle.

Voyons donc maintenant quelle serait l'interprétationque la Cour pourrait donner aux

résolutionsen cause. Ceci me conduit à développer deux thèses

- la premièrese concentre sur larédaction des résolutions31,748 et 883 :laLibye soutientque

le Conseilde sécuritén'ajamais exigédela Libye qu'elle livre sesnationauxaux Etats-Unisou

au Royaume-Uni.

- la deuxièmese concentre sur les pouvoirs du Conseilde sécurité en vertu de la Charte. Il en

résulteque le Conseil ne pourrait, sans violer la Charte, exiger de la Libye qu'ellelivre ses

nationaux aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Les résolutions doivent donc être interprétées
I
de façon a éviter cetteviolation de la Charte.

3.2.2. Les résolutions731, 748 et 883 n'exigent pas de la Libye qu'elle livre

ses nationauxaux Etats-Unis ouau Royaume-Uni

5.19. Tout d'abord, il ressortdes termes mêmesdes résolutions731 et suivantes que le

Conseil, commeje l'aidit, n'ajamais exigé quela Libye livre ses nationauxaux Etats-Unisou au

Royaume-Uni.

Cet argument a été développé in extensodans le mémoirelibyen du 20 décembre1993,et

n'apas été repris, par souci d'économie, ans l'exposéde la Libye sur les exceptionspréliminaires.

CR 97121 LUK-LUSIl m'asemblé,lors des plaidoiries des défendeurs,que ceci a pu porter quelque peu à confusion.

J'insistedoncpourdirequeles observationslibyennessurlesexceptionspréliminaires,quirenvoient

systématiquementau mémoirelibyende 1993,doivent êtrelues en combinaisonavecce mémoire,

et n'yportent en rien atteinte. La thèse principalede la Libye est toujours que les résolutionsdu

Conseil de sécurité n'exigentpas de la Libye qu'elle livre les accusés auxEtats-Unis ou au

Royaume-Uni. Et maintenantje mepermetsde retracer les grandes lignes de cette argumentation.

5.20.La Cour se rappelleraque larésolution731n'aaucunementexigéque la Libyelivreses

nationaux aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Reprenons les paragraphes pertinents de la

résolution :

- au sixièmeparagraphe du préambule de larésolution731, le Conseil de sécurité ne fait que

renvoyer aux demandes anglo-américaineset fiançaises, sans en reprendre le contenu : le

Conseil se dit:

((Profondément préoccupé par ce qui résulte des enquêtesimpliquant des

fonctionnairesdu Gouvernementlibyenetqui est mentionnédans les documentsduConseil
de sécuritéqui font étatdes demandesadresséesaux autorités libyennespar les Etats-Unis
d'Amérique ...laFrance ..et leRoyaume-UnideGrande-Bretagneet d'IrlandeduNord ..»,

- au 2' paragraphe du dispositif, le Conseil reformule les demandes anglo-américaines.Il

((2.Déplore vivement le fait que le Gouvernement libyen n'ait pas répondu
effectivement àcejour aux demandesci-dessusde coopérerpleinementpourl'établissement
des responsabilitésdans les actesterroristessusmentionnés...;))(Les italiquessontde moi.)

Il s'agitdonc, Monsieur le Président,Messieurs de la Cour, pour la Libye,de coopérer

avec le Royaume-Uniet les Etats-Unis,ce qui suggèreune relation d'égal àégal;et il s'agitde

coopérer afin,et à la seule fin, d'établirles responsabilitésdans les actes terroristes. Ceci

suppose assurémentqueles accusés soientjugés defaçon indépendante etimpartiale,comme

i'asoulignéSir FranklinBerman lundidernier(par. 1.8et 1.9). Mais le Conseilne dit pas que

cet objectif doit êtreatteint par la livraison des accusés aux Etats-Unisou au Royaume-Uni.

- le troisièmeparagraphe du dispositif confirmecette analyse. Le Conseil

((3. Demande instamment aux autorités libyennes d'apporterimmédiatement une
réponsecomplèteeteffective àcesdemandesafinde contribuer à l'éliminationduterrorisme
international.))

CR 97/21 LUK-LUS - 22 -

La formule «apporter une réponse)) n'équivauptas à dire que la Libye doit satisfaire

auxdites demandes. Alors que le terme «satisfaire» implique la soumission,il n'en vapas de

mêmede l'expression((donnerune réponse)).Je me réfèreici au sens ordinaire de ces termes

figurant au Petit Robert :((satisfaire))signifie «faire pour quelqu'unce qu'il demande)); la

significationpremièreduverbe«répondre»estenrevanche : «faireconnaîtreenretour sapensée

à quelqu'un qui s'adresse à vous)).

Il en va de mêmeen anglais. Citons le Longman Concise EnglishDictiona~ : la

significationpremièrede «to respond))est :«to write or speak in reply; make an answen). En

revanche, «to comply with))veut dire : «to conform or adapt one'sactions to another's wishes

or to arule));et «to satisfy))signifi:«to discharge; cany out; to meet a financial obligation;

to meet the requirements of», et ainsi de suite.

En demandantune «réponse» auxdemandes anglo-américaines,le Conseil n'exige donc

pas que la Libye s'enremette purement et simplement à la volontédu Royaume-Uniet des

Etats-Unis. Tout aucontraire, le Conseil permet à la Libye de faire des contre-propositions.

- enfin, prenons le quatrièmeparagraphe du dispositif de la résolution731. Le Conseil

((4.Prie le Secrétairegénéra dle rechercher la coopérationdu Gouvernementlibyen
en vue d'apporterune réponse complèteet effective à ces demandes.))

En assumantcette tâche le Secrétairegénéral des NationU snies a lui-mêmeinterprété la

résolution73 1 comme laissant une marge de manoeuvre par rapport aux demandes

anglo-américaineset françaises. Dans sa lettre du 23janvier 1992 au Colonel Khadafi, le

Secrétaire général dietn effet :

((took the initiative for sending a special envoy...to discuss several points and
presenting certain ideas as well as knowing your views and proposals regarding the
manner of implementingthe said Resolution.)) (Lettre du 23janvier 1992,doc. Libye
no 86.)

C'estbien une «réponse», au sens ordinairedu terme, que le Secrétairegénéral attendait

de la Libye.

Cette analyse est confirmée parles travaux préparatoiresde la résolution,tels qu'ils

ressortentdes déclarationsfaites par desMembresdu Conseil de sécurité lorsde son adoption.

CR 97121 LUK-LUS Diverses déclarations fontétatd'un avant-projetde résolutionqui avait été amendé lors des

entrevues précédantla séancepublique du Conseil. Cet amendement visait à permettre un

règlementdudifférenddecommunaccordentrelesPartiesconformémentaudroit international,

età faire intervenir le Secrétairegénéral cette fin. Soit, l'amendementvisaià dissocier la

position du Conseil de sécurité dedemandes anglo-américaines.

Je me réfèresur ce point aux déclarationsfaitesau Conseil de sécurità ce momentpar la

Chine (SPV. 3033, p. 86-87), le Maroc (p. 58-60), leZimbabwe (p. 71), 1'Equateur(p. 73), le

Cap-Vert (p. 77), l'Inde (p. 96-97),et le Venezuela (p. 102), qui ont étécitées dansle mémoire

libyen du 20 décembre1993,aux pages 159et suivantes.

Il s'agitlà, Monsieur le Président,sept membresdu Conseil, dontun membre permanent.

Indépendammentdu droit de veto chinois, ces sept Etats disposaient ensemble d'une minoritéde

blocage, oude ce que l'onappelleun veto collectif. Si ces Etats onttous émisun vote positif, c'est

que leursexigencesont été satisfaites. estdonc parfaitementclairqu'enadoptantla résolution731,

le Conseil n'apas fait siennes les exigences anglo-américainesd'origine.

C'est doncbien àtort, MonsieurlePrésident, queleconseil duRoyaume-Unia faitvaloirque

l'adoption unanime de la résolution 731 montrait que tous les membres du Conseil étaient

entièrement associésa la position des défendeurs (M.Bethlehem, par. 3.24). Bien au contraire,

l'unanimitén'apu être obtenuequ'en raison dufait que le Conseil de sécuritén'a pas repris les

demandes anglo-américaines.

5.21. L'analysede la résolution748 confirmeentièrementcequeje viens de dire. Rappelons

les paragraphes pertinents:

- Au premierparagraphedu dispositif,le Conseil,agissanten vertudu chapitre VI1de laCharte,

«1.DécidequeleGouvernementlibyendoitdésormaisappliquersanslemoindre
délaile paragraphe 3 de la résolution731 (1992)concernant les demandes contenues
dans les documents Sl23306, SI23308et Sl23309;))

Le Conseil dans la résolution 748 renvoie donc au paragraphe 3 de la résolution731. Le

paragraphe quenousvenons de citer signifiedonc que la Libye doit ((donneruneréponse complète

et effective))aux demandes anglo-américaines((afinde contribuer à l'éliminationdu terrorisme

CR 9712 1 LUK-LUS -24 -

international)).La résolution748 n'oblige donc nullement laLibye à ((satisfaire))aux demandes

anglo-américaines;tout comme la résolution731,la résolution 748permet à la Libye de faire des

contre-propositions. En d'autres termes, la résolution748 ne fait que confirmer l'obligation de

négocier, qui s'impose à la Libye en vertu du droit international général.

- Ceci est d'autantplus évidentsi l'onse réfëreau deuxième paragraphedu dispositif, où le

Conseildécide «quele Gouvernementlibyendoit s'engager à cesserdemanièredéfinitivetoute

forme d'actionterroriste et toute assistance aux groupes terroristes».

Sur ce point, le Conseil ne procèdeaucunement àun renvoi. Il reprend expressément les

termesde ladéclarationtripartite desGouvernementsaméricain,françaisetanglaisdu31 décembre

1991 concernant le terrorisme. Ceci confirme a contrario qu'en renvoyant simplement aux .*)

demandesanglo-américainesconcernantla livraisondessuspects,leConseil nese lesappropriepas.

Je pourrais relever d'autres points encore, quiont étémentionnésdans le mémoire libyen.

Je me borne toutefois à conclure que, pas plus que la résolution731,la résolution748 n'exige que

la Libye livre ses nationaux aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.

5.22. La résolution883 (1993), enfin, confirme encore cette analyse :

- au troisième paragraphe du préambulede la résolution 883,le Conseil de sécurité sedit

((convaincuque les responsablesd'actes de terrorismedoivent être traduitsenjustice));il s'agit

là d'une formule très large.

On remarquera que ce paragraphe ne figurait pas dans le projet initial. Je renvoie sur ce
iirr
point au mémoirelibyen (p. 236, et annexe 190).

- au septièmeparagraphe du préambulede la résolution 883,le Conseil prend notede ce que la

Libye a affirméson intention d'encouragerles suspectsde l'attentatcontre le vol Pan Am 103

àse présenterpourjugement en Ecosse. 11s'agit ici desefforts de laLibye pour convaincreles

accusésde se présenter volontairementen Ecosse. Il serait curieux que le Conseil de sécurité

prenne note de ces efforts s'ilentendait obliger la Libàelivrer les accusés.Une fois de plus,

ce paragraphe ne figurait pas dans le projet initial.

CR 97/21 LUK-LUS -25 -

The ACTINGPRESIDENT: It may benecessary for us to take a short break at this stage.

Perhaps we could adjourn for a little while.

Mr. SUY: 1am in your hands, Mr.President.

The ACTING PRESIDENT: Thank you.

L'audienceest suspenduede 16 heures à 16 heures.

TheACTING PRESIDENT: Pleasebe seated. Professor Suy, 1am sorryto have intempted

you. A Member of the Court was feeling indisposed. You may resume now.

M. SUY: Thank you, Mr. President. Please convey Our very best wishes to

Judge Kooijmans.

Monsieur lePrésident,j'enétais arrivà I'analysede la résolution883 de laquellej'avais dit

qu'elleconfirmaitl'analyse quej'avais faitedesdeux résolutionsprécédentes.ffectivement,j'avais

cité le septièmparagraphedu préambule decette résolution, paragraphedans lequel le Conseilde

sécuritéprend note de ce que la Libye a affirméson intention d'encouragerles suspects de se

présenter pourjugement en Ecosse. J'avais conclu endisant :il s'agitici des efforts de la Libye

pour convaindre les accusés de seprésentervolontairement un Ecosse, et il serait curieux que le

Conseil prenne note de ces efforts s'il entendait obligerla Libyeivrer les accusés.

- Enfin, Monsieurle Président, Messieursde la Cour, auseizièmeparagraphe dudispositifde la

résolution883, le Conseil

«se déclaredisposé à procéder àla révision des mesures..afin de les suspendre
immédiatement si le Secrétaire générarlend compte au Conseil que le
Gouvernementlibyena assuréla comparutiondes suspects ..devant untribunal
américainou britannique compétent...))

Ce paragraphe, qui apporte une précisionpar rapport aux résolutionsantérieures, appelle

deux commentaires.

D'abord, leprojet de résolution seréféraitàla livraison des suspects, comme le font les

demandes anglo-américaines. Ce terme ne figure plus dansle texte définitif adopté parle

CR 97/21 LUK-LUS - 26 -

Conseil. Le texte de la résolutionse réfere à l'hypothèseoù la Libye aurait ((assuréla

comparution des suspects)),en anglais: chas ensured the appearancen. La résolutionne vise

donc pas expressémentl'hypothèso eù laLibyeprocéderaitde force à la livraisondes suspects.

Or, c'est bien à une exécution forcéeque devrait donner lieu la résolutionsi, comme le

prétendent les Etats-Uniset le Royaume-Uni,elle imposaità la Libye une obligation delivrer

les suspects!

Ensuite, on remarquera que le Conseil s'engage à suspendre les mesures si les accusés

comparaissent devant un tribunal écossaisou américain. 11ne dit pas que la Libye ne peut

remplir les objectifs du Conseil de sécurqu'enlivrant les deuxaccusésau Royaume-Uniou

aux Etats-Unis. Le Conseil formule plutôt une hypothèseprivilégiée, à laquelle il relieune i3r

levéeautomatiquedes mesures coercitives. Il n'est nullement excluque les mesures puissent

êtrelevées dansd'autres hypothèses.

5.23.Monsieur lePrésident,Messieursde la Cour, une analysetextuelle des résolutions731

et suivantes,ainsi que destravaux préparatoires,ne montre donc aucunementque leConseil aurait

obligéla Libye à livrer ses nationaux aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Bien au contraire, il

apparaît qu'afind'obtenirune majoritéau Conseilde sécuritél,es Etats-Uniset le Royaume-Uni ont

dû renoncer à attribuer leurs exigences au Conseil.

En réalitée,n soulevantleur exceptionpréliminaire,es Etats-Unis etleRoyaume-Unitentent
w

defaire consacrer parla Cour une interprétation des résolutionsqui ne correspondpas au texte

adopté parle Conseilde sécurité.

Je terminerai en citant la déclarationdu Brésil lorsde l'adoptionde la résolution883. Le

représentant brésilien a fait valoirque

((effortsto combatand prevent acts of internationalterrorismmust be basedon strong

and effective international cooperation on the basis of the relevant principles of
international law and the existing international conventions relating to therious
aspects of the problem of internationalterroris. ..

As provided in Article 24 (2) of the Charter, the Security Council is boundto
discharge its responsibilities in accordanceh the purposesandthe principlesof the

CR 97/21 LUK-LUS - 27 -

United Nations. That means also that decisions taken by the Council, including
decisions under Chapter VI4 have to be consirued in the light of those purposes,

which, inter alia, requirerespectfor theprinciples ofjustice and international1a-w.))
(S/PV.3312,p. 48-49; emphasis added.)

Comme l'asoulignél'autrejour M.Crook,leBrésila émis unvotepositif lorsde l'adoption de cette

résolution 883. Son opinion n'estdonc aucunementdissidente.

Ceci me mène à mon point suivant : l'interprétation desrésolutions que nous avons

développée jusqu'ici s'impose d'autantlus qu'elleest la seule qui soit compatible avec la Charte

des Nations Unies.

3.2.3. La Cour doit interpréter les résolutions du Conseieln conformité avecla Charte, qui
détermine leur validité. La Charte interdit au Conseil d'obliger la Libyeà livrer ses
nationauxaux Etats-Unisou au Royaume-Uni

5.24. Si, comme nous l'avons vu, laCour est appelée a interpréter les résolutions31 et

suivantes, elle est également appeléàles interpréterau regard de la Charte.

Comme l'asoulignémonéminent collègue le professeurSchachter,le Conseilde sécuritétire

sespouvoirs,et sesrésolutionstirentleur validité,de laChartedesNations Unies.l estaprésumer

que le Conseil entend s'yconformer, et qu'il entendadopter des résolutions valides. Il faut donc

présumeraussi que les résolutionsdu Conseil de sécurité sont conformesà la Charte.

Ceci expliqueque lajurisprudence de laCour confèreauxrésolutionsdesNationsUniesune

présomption- fût-ellejuris tantum- de constitutionnalité.Je me réfêrsur ce poinà l'avis de

laCourde 1971sur laNamibie(C.I.J.Recueil1971,p.22), ainsiqu'àl'ordonnance delaCour dans

la présente affaireen 1992(Libyec. Etats-Unis,C.I.J.Recueil1992,par. 42). Cetteprésomption

de constitutionnalitva de pair avec uneobligationpour la Courd'interpréterces résolutionsen

conformitéavec la Charte.

5.25. Or, en l'occurrence,le Conseil de sécurité violeraitla Charte des Nations Unies en

exigeant de la Libye qu'ellelivre ses nationaux aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. LaLibye l'a

montré in extensodans son mémoiredu 20 décembre1993 (p. 193 et suiv.), ainsi que dans ses

observations et conclusions sur les exceptionspréliminairesdes Etats-Unis et du Royaume-Uni

(chap.4). Analysons brièvement les pointsessentiels.

CR 97121 LUK-LUS Tout d'abord,il importe de souligner que les pouvoirs du Conseil de sécuriténe sont pas

illimités. L'article24, paragraphee la Charte le souligne, en prévoyant que

«Dans l'accomplissement de ces devoirs, le Conseil de sécurité agit
conformément aux Butset Principes des Nations Unies. Les pouvoirs spécifiques
accordésau Conseil de sécuritépour lui permettre d'accomplir lesditsdevoirs sont
définisaux Chapitres VI, VII, VI11et XII.))
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont admis dans leurs plaidoiries que le Conseil dispose

ainsi de pouvoirs spécifiques,et qu'il doit en tout cas se conformer aux buts et principes des

Nations Unies (M. Hardie, par. 5.7; M. Schachter, par. 4.3). C'est plutôtla portéeexacte de ces

limitesqui est contestéepar les défendeurs. Sur cepoint, la questionest de savoirsi le Conseil de

sécurité estlié, plusgénéralement,parles principes de lajustice et du droit international lorsqu'il
.Crr
agit en vertu du chapitre VI1de laCharte. Le professeur Schachtera analysémercredi, la portée

de l'article 1, paragraphe 1, de la Charte.ous a rappeléque cette disposition soumet aux
principesde lajustice et du droit internationalle règlement pacifique dst l'ajustement

des situations,maisnon lesmesures coercitives(par.4.17). LaLibyene le contestepas,lle

a amplement abordécette question dans son mémoirede 1993 (p. 193 et suiv.). Mais il faut

apprécier cetterègle sa juste portée.Les travaux préparatoiresinvoquéspar le professeur

Schachter,montrent bien que cette règle comprenaitaussiune garantie certaine pour l'application

des principes de lajustice et du droit internationalpar le Conseil de sécurité. Pour les auteurs de

la Charte, lorsqu'ilagit en vertu du chapitre VII, le Conseil ne peut pas prendre de décision sur le
fond d'un différen, u régler une situationde façon obligatoire. Ceci relèvedu chapitre VI, et

donc des principes de la justice et du droit international. A San Francisco, les Etats-Unis et le

Royaume-Uniont fait des déclarations qui éclatarfaitementcette pensée. Ils se sont référés

"the illustrationof the policemanor the gendarmewho is concernedwith dealing with
a wrongthat he sees arising. He does not stopat the outsetof what hedoesto inquire
where exactlylies the precise balance ofjustice in their quarrel. He stopsit, and then,
in order to make adjustment and settlement, justice cornes into its own." (WCIO,
ibid p. 18-19,pour la déclaration analogue desEtats-Unis.)ZO,vol. 6,p. 29-30;

CR 97121 LUK-LUS -29 -

Il résulte detout ceci que les pouvoirs du Conseil de sécuritéen vertu du chapitre VI1

peuventêtreconçusdedeux façons :soit l'onadmetcommelesauteurs de laCharte,que le Conseil

ne peut pas trancher, en vertu du chapitre VII, un différendcomme celui qui oppose la Libye aux

défendeurs, soitl'onadmet que le Conseil de sécurité peut, en vertu du chapitre VII, trancher le

fond d'undifférend,ouajuster unesituation. Maisdansce cas,l'article1paragraphe 1suppose que,

ce faisant, le Conseil de sécurité respecteles principes dejustice et de droit international.

Ceci sejustifie d'undouble point de vue.

D'abord, il fautrappeler quecette règle a été conçear lesauteurs de la Charteafin d'éviter

que ne se reproduise le scénario des accords deMunich, qui avaient sacrifié les droits d'unpetit

pays à la faveurdes intérêtses grandesPuissanceset, prétendument, du maintien de lapaix. Ceci

n'estpas sans importancedans la présente affaire.

Ensuite, commel'ontsouligné lesdéfendeurs,l'activitépolicièreen vertu du chapitreVI1ne

devaitpas se conformerau droit international,en raisonde l'urgencequi caractériseunetelle action

(M. Crook, par. 3.50-3.51;M. Hardie, par. 5.45). Cette urgencefait défautlorsque le Conseil de

sécuritése prononce surle fond d'undifférend.

Toutceci, Monsieurle Président,MessieurslesJuges, estréellementau coeurdeschecksand

balances, de l'économiefondamentale de la Charte des Nations Unies. Ces principes sont

absolument primordiaux.

Et quelles en sont les conséquences dansla présenteaffaire?

Il est bien clair qu'endécidant quela Libye doit livrer ses accusés aux Etats-Unisou au

Royaume-Uni,le Conseil de sécurité se prononceraitsur le fondde l'affairequi oppose ces Etats.

Il doit donc, en tout étatde cause, respecter les principes de lajustice et du droit international.Et

que ceci nous apprend-il sur l'interprétationqu'ilconvient de donnàrces résolutions?

-
d'abord,les principes de l'administration dela preuve sont au centre des principes de la

justice et du droit international. Si le Conseilpeut être appelé baser sur des prévisions

lorsqu'il entreprendune action urgente et policière,commeM. Crook l'adit àjuste titre, il

CR 97121 LUK-LUS - 30 -

n'en vapas de même lorsqu'is le prononce sur le fond d'undifférend.

Or, nous l'avons vu, les Etats-Unis et le Royaume-Uni négligent entièrementles

principes de l'exigencede la preuve, qui font partie intégrante desprincipes d'une bonne

administrationde lajustice. Le Conseil de sécuriténe pourrait faire siennes les exigences

anglo-américaines,sansvioler ces principes,et ainsi, les butset principesdesNationsUnies.

Le Conseil peutd'autant moins reprendre les exigencesanglo-américainesq , u'aucune

preuve ne lui a étésoumise à cette fin.Les membres du Conseil de sécuritéont pris

connaissance uniquement des actes d'accusationbritannique et américain. 11s'agit là de

simplesallégations,et non de preuves matérielles.Quiplus est, cesallégationsémanendtes

Etats-Unis et du Royaume-Uni, c'est-à-dired'une Partie seulementau différendqui oppose *

ces Etats àlaLibye. En exigeant la livraisondes suspects,le Conseil attribueraitplus de foi

à laparoledesEtats-Uniset du Royaume-Uni,qu'àcellede la Libye. Ceciest nonseulement

contraireaux principesde l'exigencede lapreuve, maisaussi à l'égalité souveraidees Etats,

consacréepar l'article2, paragraphe 1 de la Charte.

En d'autrestermes,uneinterprétationdesrésolutiond suConseil de sécuritécompatible

avec les buts et les principes de la Charte et deONU,doit mener à la conclusion quele

Conseiln'exigepas de la Libye qu'elle livreles accusésauxEtats-Unis ou auRoyaume-Uni.

- Ensuite,en exigeantde la Libyequ'ellelivrelesaccusésauxEtats-Unis ou au Royaume-Uni,

le Conseil de sécurité violerait leurs libertés individuellesfondamentales.

La Libye a montré dans sonmémoireque les accusésne peuvent pas bénéficied r'un

procèséquitableaux Etats-Unis ou au Royaume-Uni(p. 132 et suiv.). C'estbien à tort,

naturellement,que les Etats-Unis font valoir que le Conseil de sécuritétéd'unautre avis

(M. Hardie, par. 5.27). La question si les conditions d'unprocès équitablesontréunies,est

une question intrinsèquementjuridique. Il est totalement exclu que l'opiniondu Conseil

- qui en réalitén'apas abordé laquestion - puisse lier la Cour internationalede Justice.

- Enfin, en se prononçant sur le fond du différenden vertu du chapitreVI1de la Charte, le

Conseil doit respecter le droit international. 11ne peut pas créerde nouvelles obligatàons

CR 97/21 LUK-LUS - 31 -

la charge dun Etat membre.

Je tiens icià marquer la différenceentre les résolutions731 et suivantes, et les

résolutions adoptéedsans l'affaire soudanaise. Contrairemeàtce qu'ontaffirméles conseils

des défendeurs(M. Hardie, par. 5.61), ces résolutionssont entièrement différentes. Dans

l'affaire soudanaise,en effet, le Conseil de sécurité décide qulee Soudan doit extrader les

accusés- qui étaientdes Egyptiens,et non des nationaux soudanais- sur base d'untraité

d'extraditionqui lie le Soudan llEthiopie. Je cite leparagraphe 4 a) de la résolution1044

(1996), où le Conseil demande que le Soudan

{(Undertakeimmediateaction to extradite to Ethiopia for prosecution the three
suspects shelteringinthe Sudan .on the basis of the 1964extraditiontreaty between
Ethiopia andthe Sudan.))

Cetteexigenceest parfaitementconformeau droit international!LereprésentantdelaFrance

au Conseil a d'ailleurssouligné

K...Sudanis requiredto worktowardsthe extraditionof these individualsifthey

are indeed within its territory. To ask more of it would not be in accordance with
internationallaw onextradition,nor isthe resolution intendedto do so.» (SPV. 3660,
p. 20.)

C'estégalement àtortque lesdéfendeurssesont prévalusde l'existencedestribunauxpénaux

internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. Cette question a été abordée dans les

observations de la Libye sur les exceptions préliminaires(Libye c. Etats-Unis, p. 92). Je relève

seulement que lestribunaux internationauxpoursuivent des individusaccusésde violation du droit

international. La création destribunaux sejustifie donc en tant que mesure de mise en oeuvredu

droit international. Dans l'affairequinous occupeici, les défendeursveulentpoursuivrelesaccusés

sur la base de leur loinationale, commel'arappeléM. Murphy. Le Chapitre VI1de la Charte n'a

pas étéconçu, Monsieurle Président, Messieursde la Cour, pour mettreen oeuvre le droit interne

de certains membres permanents du Conseil de sécurité.

Dansces circonstances,la Cour est appelée,dans la mesure où le texte des résolutions731

et suivantes le perme- etnous avonsvu qu'il lepermet - à juger que ces résolutionsn'obligent

pas la Libyeà livrerses ressortissantsaux Etats-Unisou au Royaume-Uni. Contrairement à ce que

CR 97121 LUK-LUS - 32 -

prétendent les défendeurs, cecine suppose pas que la Cour se prononce sur les appréciations

subjectives du Conseil. Ces questionsonttrait aux limites,entièrementobjectives,despouvoirsdu

Conseil de sécurité.

3.2.4.Conclusion

5.26.En tout étatde cause,il est bienclair que larequêtelibyenneest recevable, sousl'angle

du pouvoir de la Cour d'interpréterles résolutionsdu Conseil de sécurité. Je récapitu:e

-
l'exceptiond'irrecevabilité des Etats-Uniset du Royaume-Uniappelle la Cour à trancher le

différend relatià la Convention de Montréalqui oppose ces Etats à la Libye, en faisant

application des résolutions731 et suivantes. w

Ce faisant, les Etats-Unis et le Royaume-Uni demandentbien à la Cour de se prononcersur

lefond du différend,notammentcelui relatif à l'application de la conventionde Montréal;et dans

ce but, ils demandent à la Cour d'interpréterles résolutionsen question.

Or, letexte desrésolutionsmontre,et lestravauxpréparatoires confirment,u'ellesn'obligent

pasla Libye à livrer sesressortissantsauxEtats-UnisouauRoyaume-Uni. LaLibye amontréaussi

que cette interprétation estla seule compatible avec la Charte des Nations Unies.

L'incidence des résolutions731et suivantes sur l'applicabilde la convention de Montréal

doit donc être renvoyéa eu fond de l'affaire.

r'
3.3. Afin de trancher un différendqui lui est soumis, la Cour doit vérzjierla légalité d'une
décisiondu Conseildesécurité quiestinvoquée par une desPartiespour déterminerl'issue
de ce diffend, et dont la légalitest contestée

5.27.J'en viensmaintenant, MonsieurlePrésident,Messieursde laCour, à mondernierpoint,

qui sera extrêmement bref et a trait au pouvoir de la Cour de vérifierla régularité des résolutions

du Conseil de sécurité. La Libye a traité de ce pouvoir dans son mémoire,ainsi que dans ses

observations et conclusions sur les exceptions préliminaires. J'ai déjàeu l'occasion d'aborder

certains des aspects de cette question, et le professeur Brownlie en parlera aprèsmoi.

5.28. J'aborderai donc seulement la thèse du Royaume-Uni (p. 93, par.4.60 de son acte

CR 97/21 LUK-LUS - 33 -

introductif),qui admet que la Cour peut vérifierle respect des conditions formelles d'adoption des

résolutions,mais soutientquece pouvoir nes'appliqueraitpasaux conditionsmatériellesdevalidité

des résolutions.

Or, c'est bien inutilementue leRoyaume-Unf iait unedistinctionentrela validité matérielle

et la validité procéduraledes résolutions,et prétend quela Cour ne pourrait pas vérifierleur

validité matérielle. Cette distinction est dépourvuee tout fondement logique oujuridique : elle

est sans lien aucun avec les pouvoirs du Conseilde sécuritéq ,ui sont délimitésratione materiae

autant que par des règles deprocédure.

5.30.11résulte de ce qui précède que la Cour a le pouvoir, et mêmele devoir, de vérifierla

légalitéd'unedécisiondu Conseil de sécurité qui estinvoquéepour déterminerl'issue d'un litige,

lorsque cette légalité est contestée.

Monsieur le Président,Messieurs de la Cour, ceci termine mon exposé. Puis-jevous prier

maintenant de passer la parole à mon collègue,le Professeur Brownlie ?

The ACTING PRESIDENT: Thankyou, Professor Suy. Professor Brownlie, you have the

floor.

Mr. BROWNLIE: Thank you, Mr. President.

1.Mr. President, distinguishedMembers ofthe Court, it is my task to examine certain issues

of admissibility presented withinthe Preliminary Objections of the two Respondent States.

2. Broadly speaking,1shall be advancing two propositions:

First: that there are no grounds for limiting the exercise of the judicial function in the

present cases; and

Secondly: that the Preliminary Objections formulated by the Respondent States do not

possess an exclusively preliminary character.

In a third sectorof my speech 1shall address the question of the threat of force.

CR 97/21 LUK-LUS - 34 -

3. The pleadingsof the United Kingdomwill be examinedwithreferenceto the firstofthese

two questions, followed by an examination of the United States pleadings but subject to the

avoidance of repetition.

1. The United Kingdom argument that there is no general power of the Court to review
decisions of the political organs

4. The arguments of the United Kingdom consists of an exposition of the point that the

Charter does not confer on the Court a general powerto review decisions of the political organs

(paras. 4.17-4.29).

5.Mr. President,this view of the legal positionis of courseacceptablebut it leavesasidethe

critical issue. The Libyan Governrnentdoes not contend that individual Stateshave a right, by I

virtue of the provisions of the Charter, to seek judicial review ofthe legal determinations of the

politicalorgans. TheadmissibilityofLibya's claims issimplynot relatedtothisacademicquestion.

The critical issue is whether an application based on normal legal grounds must be rejected by

reason of an alleged immunity of the decisions of the political organs fromjudicial scrutiny.

6. The repetitive and vague formulation of the issues in the PreliminaryObjections of the

Respondent State tends to obscure the real issues. The key issues concernthe interpretationand

application of the Montreal Convention. As a matter of international law, the Respondent State

argues that certain resolutions of the Security Council, which are "binding", provide legal

justification for the failure to implementthe provisions of the Montreal Convention.

7. Indeed, as the argument of the United Kingdom develops, a different, and more

peremptory, version of the argument emerges (see United Kingdom Preliminary Objections,

paras. 4.30-4.66).

8. This is the argument, Mr.President, that the Court has no power to make a legal

determination regarding "the essential cornpetences relating to international peace and security

reserved to the Security Council . . .(ibid, para. 4.31).

9. This position is presented in a confüsing way. The apparent intention is to present an

argument of immunity fromjudicial examination of any kind. This formof the argument is not

CR 97/21 LUK-LUSformulated in unambiguous terms, perhapsbecause its ambition and lack of sophisticationwould

then be al1too apparent.

10. Thedifficulties arisingiom this extension of the argumentwere obviously foreseen by

the United Kingdom's advisersand a solution is proposedbased on the idea of the compétence de

la compétence.In the words of the pleading:

"4.55. Thatrole - respect forbindingdecisionsof the SecurityCouncilas part
of the vocation of applyinginternational lawwithin the UnitedNations - rnayentai1
certainfunctions of a properlyjudicial character for the Court. It rnaynot be entirely
clear what the SecurityCouncil has decided: in an appropriate case the Court rnay
have to interpret the meaning of particular resolutions andclariw the obligations to

which they give rise. Again, an issuernay arise as to whether a particular resolution
is binding.

4.56. In the present case, the Court rnay interpret Security Council
resolutions 731,748 and 883as partof its compétence de lacompétence - thoughthe
need for Libya to show relevant jurisdiction over a dispute within Article 14 of the
MontrealConvention precludesthe Court in this case from exercising a more general
competenceto interpretthe resolutions. Andherethe Court canreadily detemine that
it has before it 'binding decisions', it being entirely clear that Security Council
resolutions 748 and 883were adopted under Chapter VI1ofthe Charterand expressed
in mandatory terms." (Preliminary Objections of the United Kingdom.)

11. But, Mr. President, this qualification - this reliance upon the compétencede la

compétence - somewhat destroys the integrity of the argument because it accepts that there are

certain forms of legal activity which the Court must be permitted inal1circumstances.

12.In particular,this passage,alongwith muchof the United Kingdompleading,rests upon

a major logicalflaw. Theresolutionsof the political organs are not isolated legal artefacts but are

adoptedwithin a matrix of legalinstrumentsand rulesof generalinternationallaw. And it is legally

impossible to limit thejudicial function to the issue of the forma1validity of resolutions.

13. The compétencede la compétenceanalogy is indeed very revealing. According to this

analogy,the Court is allowed tocheck whetherthe political organ hasmade a determinationwhich

is prima facie valid and at that point must, so to speak, withdraw (ibid., paras. 4.54-4.58). Of

course, the analogy is with the principle ofjurisdiction and also the principle of immunity. And

perhaps it isimmunitywhichprovidesthe more appropriateanalogy. The Court, it is argued, rnay

CR 97/21 LUK-LUSapproach close enough to read the warning notices but the claim to immunity must then be

accepted.

14.Mr.President,Members ofthe Court,this is an argument inimicalto the Ruleof lawand

it has received no recognition in the decisionsof the Court. In any event, the immunitythesis is

incompatible with other parts of the United Kingdom'spleading.

15.Thetext oftheUnited KingdomPreliminaryObjectionsrecognizesthenecessaryexercise

ofthe Court'sfunctionin severalpassages. Thus,in paragraphs 4.18 and 4.19the followingappears

(itstarts with reference to the San Francisco conference):

"4.18.A laterproposal,for a Committeeon LegalProblemsto be establishedas
an interpretative organ for certain parts ofe Charter,was also rejected. The clear
view was that the Charter requirementsthemselves, the ability of the major organsto

request advisoryopinions,andthe entitlementof Statesto resolvetheir disputes before
the Court, providedsufficientguaranteesofprotection of sovereignrightsby reference
to international law. It is thusclear that,in contentiouslitigation,judicial scrutinyof
a resolution can onIybe incidentalto thedeterminationof the issue to be resolved.

4.19. By contrast, in an advisory opinion a resolution may necessarily assume
a more central place in the Court's scrutiny. Certain organs of the United Nations or
specialized agenciesmay,through a request for an advisoryopinion, themselves seek

advice as to whatcourse ofaction theymaylegally takein the executionoftheirtasks.
This rnay entail the scrutiny of a resolution or resolutions already adopted as a
necessarycomponentelementinprovidingsuch legaladvice. The ExpensesCase and
the Namibia case afford examples." (Emphasis added.)

16. Thus in paragraph 4.18 the final sentence recognizes that "judicial scrutiny of a

resolution"may occur "in contentiouslitigation". Paragraph 4.19 in essencemakesthe sarnepoint

but distinguishes advisory opinions, apparently on the basis that they do not count for present

purposes. And the same point has been made in these hearings this week. But, of course Mr.

President,advisoryopinionsmustcount. Theadvisory opinionjurisdiction constitutesa significant

department of the judicial function, and it is surely an elementary error of law to assume that

advisory opinions haveno legaleffects. Writingin 1952, Sir Gerald Fitzmauricepointed outthat:

"(i)Advisov opinions, though not binding, nevertheless have authoriv as
statementsof law. Though notbindinginthe sense ofbeing mandatoryor compulsive
as regards the action which the opinion points to, it isnone the less the case that
advisory opinionsare authoritative in the sense that their legal correctness cannot be
officially or formallyquestionedby the organ to whichthey are rendered,acting in its
corporate capacity.This followsinevitablyfrom the characterofthe respectiveentities
involved, andthe circumstancesin whichrequests foradvisory opinionsareaddressed

CR 97121 LUK-LUS to the Court. An organ such as, for instance, the General Assembly, is not itself a
juridical body. It asks the Court for an opinion precisely in order to obtain an
authoritative statement of the law in cases where the Assembly is itself in doubt,and

because the Court is, in the words of Article 92 of the Charter, 'the principaljudicial
organ of the United Nations'.There would accordingly be no point in the Assembly
attempting to review or evaluatethe opinion of the Court from a legal point of view,
even if, as a body, ithad the qualificationsfor so doing. Individual Member States,or
jurists representing them in the United Nations or elsewhere,may indeed criticizethe
opinion as an individual or persona1view, but it is not open to the organ which
requestedthe opinion, and acting in its corporatecapacity,to disagreewith it on legal
grounds, or expressly to base a refusa1to follow it on such disagreement.The organ
concemed need not infact follow the opinion (subject to the point dealt with in the
next subsection) since it is not 'binding';but that is another matter, and there are of
course almost always other factors, of a political, economic,or technical character,
which must play a part in determiningthe action finally to be taken. The legal aspect

is normally only one of those involved.

(ii)Negative force ofadvisory opinions.Although advisory opinions are not
binding, there are two cases in which they would appear to be in practice negatively
binding, i.e. to have prohibitory force, narnely,first, where the opinion indicatesthat
a certain course of action would be contrary to international law or to the Charter or
to someother internationalinstrument -in sucha case it wouldbe virtually impossible
for the requesting organto followthat course, anddifficultfor any individual Member
state to do so; second,where the opinion indicatesthat, of various possible courses,
only one is the correct course legally here again, if anything is done at all, it would
appear difficult in practice not to follow the course advocated by the Court." (YILC,
Vol. 29 (1952), pp. 54-55.)

17. TheUnited KingdomPreliminaryObjectionsalsorecognizethenecessaryfunctionofthe

Court in paragraph 4.28:

"The startingpoint musttherefore be to identifi what is essentialto the exercise
of the powers of the Court; and what is essential to the powers of the Security
Council. The Court is the principaljudicial organ of the United Nations (Article92).
It is for the Court to concern itself with issues of legality in relation to Securiîy
Councilresolutions,insofaras thoseare germaneto thedisposalof litigationbrought
before it. But it is for the Security Council to exercise the political judgments

allocated to itunder the Charter. This leads inescapably to the conclusion thatthe
Court is concerned with constitutional legality (that is, compliancewith the Charter
requirementsof forma1validity),andthe SecurityCouncilwiththe exerciseofpolitical
judgment. When scrutinizingresolutionsthe Courtwill eschewal1matters relatingto
politicaljudgment." (Emphasis added.)

18. Hereandelsewhere(paras. 4.29-4.61)theUnited Kingdomassertsa divisionoffunctions

between the Security Council and the Court which is, in our submission entirely, artificial and

self-serving. However, for present purposes it will be sufficientto point out that, in pursuing the

particularities of the division of functions alleged to exist, these passages acknowledge the

justiciabilig asa matter ofprinciple of the actionsof thepolitical organs.

CR 9712 1 LUK-LUS 19. The proposition that the Court has no competence to examine the legal aspects of the

determinations of the political organs finds no support in the jurisprudence of the Court. this

context the United Kingdom (para. 4.41) invokes certain passages from the Judgment in the

Northern Cameroons case, as follows:

"Whateverthe motivation of the GeneralAssembly in reaching the conclusions
contained in those paragraphs, whetheror not it was acting wholly on the political
plane and without the Court finding it necessary to consider here whether or not the
General Assembly based its action on a correct interpretation of the Trusteeship
Agreement, there is no doubt. .. that the resolution had definitive legal effect."
(Northern CameroonsI ,.C.J.Reports 1963, p. 32.)

Further: "It mustbe assumedthat the GeneralAssemblywasmindfül of the generalinterest

when, actingwithin its competence, it decidedon the terminationofthe Trust." (Ibid.,p. 36.) End

of the two quotations fiom the Judgment of the Court.

20. Mr.President,these passages inno way confirmthe broadpropositionof lawwhich they

are saidto support. The outcomeof theNorthernCameroonscasewasnot relatedto anyreluctance

on the part of the Courtto evaluatethe legal implicationsof the determinations ofpolitical organs.

The passages quoted by the United Kingdom form part of a long sequence in which the Court

examinestheprocessbywhichtheTrusteeshipAgreementwasterminatedandNorthern Cameroons

was united with Nigeria; the Court may wish to refer to pages 32 to 34 of the Judgrnent. In the

passages quoted by the United Kingdom, the Court is simply stating that the decision of the

General Assembly "haddefinitivelegaleffect". TheCourtdid not Saythat thiswasa subject-matter

which was immune fiom examination.

21. Thejurisprudence of the Court, includingAdvisory Opinions, showsthat the Court has

consistently resisted accepting a principle of subject-matterimmunitywith respectto the political

organs of the United Nations.

22. The relevant cases includethe Advisory Opinionon Conditions of Admission ofa State

to Membershipin the UnitedNations (I.C.J Reports 1947-1948,p. 57).

CR 97/21 LUK-LUS 23. In this Advisory Opinion the Court was directly concerned with the legal arnbit of the

powers of the Security Council in relation to what was then a central issue in the United Nations

and its affairs.

24. The position has been analysed recently by Professor Skubiszewski. He says:

"When the Court interpretsthe Charter provisions relating to the functions and
powers of the Security Council, it cannot avoid the issue of legality of the Council's
action, be it implicitly. Advisoryjurisdiction opens up a road here. It need not be a
direct question raising the problem of lawfulness with regardto the Council.

The latter point is illustrated by the Admissionto Membership case. Here the
Court saidwhat a United Nations member State could notdo when pronouncing itself

by its vote under Article 4, paragraph 1,of the Charter. As individualvotes that are
being cast in the SecurityCouncil lead to the creation of the act of that organ, in this
instance a recommendation to admit a candidate country to the Organization, the
Court'sAdvisory Opinion, by explaining the limits of action under that provision,
equally and actually concern the conformity of the conduct of the Security Council
with the Charter. This is a method whereby the Court reaches the Council by
elucidatingwhat is lawful for the Council Members when theyvote on the Council's
act. In fact, the Soviet veto and the resulting practice of the Council of
non-recommending the admission of several candidates in 1946-1947 caused the
General Assembly to turn to the Court. Notwithstanding the Court'sexplanations
(which are true) on the meaning of the question put to it, and notwithstanding the

abstract terms in which the question was couched, the Court - by interpreting the
Charter - resolve the issue of whether the Council acted within the bounds of the
powers conferred upon it." (Essays in Honour of Sir Robert Jennings, ed. by
Vaughan Lowe and Malgosia Fitzmaurice, Cambridge, 1996, p. 626; footnotes
omitted.)

25. In a farnous passage fiom the Advisory Opinion on Certain Expenses the Court

formulatedthe position in the form notof an immunity ofthe political organs butof a presumption

and that quotation will stand in the transcript when the point was made by my colleague,

Professor Suy:

"The primary place ascribedto internationalpeace and security is natural, since
the fulfilmentofthe otherpurposeswill be dependentuponthe attainmentofthat basic
condition. Thesepurposesarebroad indeed,but neitherthey northe powersconferred
to effectuatethem are unlimited. Saveas they have entrusted the Organization with
the attainment of these common ends, the Member States retain their fieedom of
action. But whenthe Organization takes action whichwarrantsthe assertionthat itwas
appropriatefor the fulfilment of one of the stated purposes of the UnitedNations, the
presumption is that such action is not ultra vires the Organization." (I.C.J. Reports
1962, p. 168.)

CR 9712 1LUK-LUS 26. The Advisory Opinion conceming Namibia is of considerable significance. The Court

there showed no awarenessof improprietyor inherentdifficultyin exarniningthe legalbasis of the

relevant resolution (C.J. Reports 1971, p. 52, para. 110).

27. It was in the context of the Namibia case that Judge Fitzmaurice made it clear that the

Security Council does not have a discretionary power by virtue of Article 24. In his words:

"1am unable to agreewith the extremelywide interpretation whichthe Opinion
of the Court places on this provision. No doubt it does not limit the occasions on
whichthe SecurityCouncilcan act in the preservation ofpeaceand security,provided
the threatsaid to be involvedis not a mere figmentor pretext. What it does do is to
limit the type of action the Council can take in the discharge of its peace-keeping
responsibilities,- for the second paragraph of Article 24 states in terms that the
specifc powersgrantedto theCouncil forthese purposesarelaiddown inthe indicated
Chapters (VI, VII, VI11and XII). According to normal canonsof interpretationthis
means that so far as peace-keeping is concemed, they are not to be foundanywhere
else, and are exercisable only as those Chapters allow. It is therefore to them that

recourse must be had in orderto ascertain whatthe spec$c peace-keeping powersof
the Security Council are,includingthepower to bind. If this is done, it will befound
that only when the Council is acting under Chapter VII, or possibly in certain cases
under Chapter VIII, will its resolutions be bindingon member States. In other cases
their effect would be recommendatory or hortatov only." (Dissenting opinion,
I.C.J. Reports 1971, p. 293, para. 112.)

28. Judge Fiaaurice clearly did not consider for one moment that Security Council

resolutionswere non-justiciable,andindeed in a subsequentpassage he obsewed that "thequestion

whether any given resolution of the Security Council is binding or merely recommendatory in

effect, mustbe a matter for objectivedeterrnination ineach individualcase ..." (ibid.,para. 114).

29. The relevant cases includetwo other decisionsof the Court, in each of whichthe Court

avoided any recognition of a principle of immunity or non-justiciability.

30. In the jurisdiction and admissibility phase of the Nicaragua case the United States had

expresslyinvoked anallegedprincipleof subject-matterimmunityinfavouroftheSecurity Council,

on the ground that the assessments of the decision of the SecurityCouncil on Nicaragua's

complaints of the illegal use of force by the United States was a matter exclusively for the

Security Council. The Court rejected the admissibility argument and in doing so made

characterizationsofthe legalcontextinwhichthe SecurityCouncilexercisesitsresponsibilityunder

the Charter (1C.J Reports 1984, pp. 432-436, paras. 91-98).

CR 97/21 LUK-LUS The Court was not, in that case, deterred by the insistence of the United States that the

proceedingswere in effectan appealto the Court fiom an adverse decisionofthe Security Council

(ibid., p. 436, para. 98).

31.In the case conceming Certain Phosphate Lands in Nauru at the PreliminaryObjections

phase the Court was required to deal with Australia'sthird objection that Nauru's claim was

"inadmissible on the ground that termination ofthe Trusteeship by the UnitedNations precludes

allegations of breaches of the TrusteeshipAgreement from now being exarninedby the Court".

32. In response the Court carefullyexaminedthe sequenceof General Assemblyresolutions

andconcluded thatthe keyresolutionwas not intendedto prejudicethe rightsofNauru with respect

to the rehabilitation of the phosphate lands worked out before the terminationof the Trusteeship.

33. The key passage in the Judgment involves the interpretation of the General Assembly

resolution and a conclusionas to its effects in relation toaatter on whichthe resolution was in

fact silent:

"29. The final resolution of the General Assembly of 19 December1967, by

which it decided, in agreement with the Administering Authority, to terminate the
Trusteeship, doesnot, unlikethe earlierresolutions,contain any provisioninvitingthe
AdministeringAuthorityto rehabilitatethe lands. Theresolutionhoweverrecalls those
earlier resolutions in its prearnble.

30. The facts set out above show that, when, on the recommendation of the
Trusteeship Council,the GeneralAssembly terminatedthe Trusteeshipover Nauru in
agreement with the Administering Authority, everyone was aware of subsisting
differences of opinion between the Nauru Local Govemment Council and the
Administering Authority with regardto rehabilitationof the phosphate lands worked

out before 1 July 1967. Accordingly, though General Assembly resolution 2347
(XXII) didnot expresslyreserveanyrightswhichNaurumighthavehadinthat regard,
the Court cannot view that resolution as giving a discharge to the Administering
Authority with respect to such rights. In the opinion of the Court, the rights Nauru
might have had in connection with rehabilitation of the lands remained unaffected.
Regard being hadtothe particularcircumstancesofthe case, Australia'sthird objection
must in consequencebe rejected." (1C.J Reports 1992, p. 253.)

34. The Court will appreciate that in the Nauru case, as in the present case, the forma1

validityof the resolutionof a political organdoes not precludethe exerciseofthejudicial function

in discovering the legal effects of a resolution.

CR 97/21 LUK-LUS 35. The Order of the Courtrelatingto the Request for the Indication of Interim Measuresin

the present casealso assumes that there is no obstacle tojusticiability. The relevant passages are

as follows:

"40. Whereas the Court, while thus not at this stage called upon to determine
definitivelythe legal effectof SecurityCouncilresolution 748(1992), considersthat,
whatever the situation previousto the adoption of that resolution,the rights claimed
by Libya underthe Montreal Conventioncannot now be regarded as appropriate for
protection by the indication of provisional measures;

4 1. Whereas, furthermore,an indication of the measures requested by Libya
would be likelyto impair the rights which appear prima facie to be enjoyed by the
United Kingdomby virtueof SecurityCouncilresolution 748(1992)." (I.C.J.Reports

1992, p. 15.)

36. The wording of the Order refers to rights which exist prima facie by virtue of
w
resolution 748and the Court isclearlyassumingthat the issuesare subjecttojudicial examination.

The views of the Members of the Court producing separate or dissenting opinions contain no

element of reliance on the concept of immunity or non-justiciability (see, in particular,

Judge Shahabuddeen, sep. op., 1C.X Reports 1992, p. 32; Judge Bedjaoui, diss. op., ibid.,

pp. 41-47,paras. 18-30; Judge Weeramantry,diss. op., ibid.,pp. 56-60; Judge Ranjeva,diss. op.,

ibid., pp. 76-77, paras. 11-12;udge Ajibola, diss. op., ibid., pp. 87-88; and Judge El-Kosheri,

diss. op., ibid.,pp. 97-107, paras. 10-47).

II. The Normal Exercise of the Judicial Function is not Excluded in Relation to
Chapter VI1

37. Mr.President, the United Kingdom pleading adduces no convincing authority for its w

contentionthat as suchthe exerciseof powersunderChapter VI1of the Charterare notjusticiable.

38. The essential question is whether the operation ofthe Montreal Convention is affected

as a consequence of the provisions of Articles 25 and 103 of the Charter. This is surely a

justiciable issue of international law. The fact that the Security Council has adopted certain

resolutions which are prima facie "binding"does not affect the matteThe resolutions can only

be binding in concret0 if they are in accordancewith the purposes and principles of the

CR 97/21 LUK-LUS - 43 -

United Nations (Art. 24, para. 2). This leadsback to the application of Article 103 in relation to

the Montreal Convention and that is clearly ajusticiable issue.

39. The central proposition here is that it is an unjustifiable elision to substitute for the

proposition:

the provisionsofthe United Nations Charterhavepriorityoverthe MontrealConvention,the

proposition that

- resolutions under Chapter VI1 involve the priority of obligations in accordance with

Article 103.

40. The fact that certain Security Councilresolutionshave been adopted does not make the

issue(the relation of Art. 103andthe MontrealConvention)non-justiciable. The existence of the

resolutionsbegs the legalquestion, whichwasnot consideredvery closely by the Security Council

in any event.

41. For presentpurposesit is difficultto seewhythe involvementof Chapter VII, as opposed

to any other part of the Charter, should make any legal difference.

42. Mr. President, 1move now to:

The United States Argument that the Determinations of the Security Council under
Chapter MI are not justiciable

43. In severalpassagesthe United Statespleadingmakesthe assertionthat determinationsby

the Security Council are not justiciable (paras. 4.03-4.04; 4.37-4.38; 5.01-5.06).

44. As a matter of principle, it is surely not an attractive proposition to assert that a

determination underArticle 39 isentirelywithinthe discretion ofthe Council. It isworth recalling

that in the Security Council debate on resolution 687 relating to Iraq, several representatives

expressed the opinion that the resolution could not provide a basis for the determination of a

boundary between Iraq and Kuwait (SlPV.2981passim). To allow Chapter VI1to be used as an

umbrella for the pursuance of a wide agenda outside the ambit of the law would obviously open

the door to extensive abuses of power.

CR 97/21 LUK-LUS - 44 -

45. The United States pleading is unable to invoke the support of a single judgment or

advisory opinion of the Court, and, indeed the jurisprudence of the Court flatly contradicts the

argument of the United States. Thejurisprudence always assumesthat the principle ofltr aires

is relevant and no reference is made to a principle of immunityor non-justiciability.

46. In general, the criticism of the argument ofthe United Kingdom in this respect applies

also to the arguments of the United States.

47.1 canthus advanceto the second version ofthe non-justiciabilityargument offeredby the

United States.

The United States Argument that any Judgment by the Court "wouldbe without practical
effect and would embroil the Court in a political dispute' v

48. The United States seeksto raise the issue ofjudicial propriety. The argumentis that any

Judgmentwhichthe Courtmightrenderwouldbe inconsistentwithitsjudicial functionandreliance

here also is placed uponthe Judgrnentin theorthemCameroonscase(see paras. 4.05-4.09of the

United States pleading).

49. The relevance of the Northern Cameroons case is not really explained by the

United Statesbutthe relevant passagescontaintwo distinctarguments. Thefirst istothe effectthat

the Court'sdecision "cm only be of academic interest"on the groundthat the decision would not

be binding on the Security Council (paras. 4.07-4.08).

50. Inthe first place it mustbe pointedoutthatthis argumentrestsupon the unsoundpremise
w
that the Court has no power to assessthe legal validity of decisionsof the Security Councilunder

Chapter VII.

51.Secondly,the argumentitselfiscompletelyquestion-beggingandcircular. Theconclusion

(that the Court's decision would be of no effect) presupposes that the Court cannot assess the

legality of the actions of the Security Council because this "wouldgo beyond an interpretationor

application of the Montreal Convention" (para. 4.08).

CR 97/21 LUK-LUS - 45 -

52.TheUnited Statespleading assumesthattheexistenceofthe Security Councilresolutions

is decisive because such resolutions cannot be examinedby the Court. This mode of reasoning is

unsatisfactory becauseit seeksto usethe "nojudicial review" positionsimplyto precludethe issues

of merits.

53. The second argument proposed in this part of the United States pleading is that an

acceptance of jurisdiction by the Court in this case "risks moving the Court beyond its judicial

function and ont0 the political plane" (para. 4.09).

54. It appears to be common ground that, providing a "question of actual legal rights" is

involved, the existence of possible political implications would not involve going beyond the

judicial function. Asthepassage fromtheNorthem Cameroons Judgment quotedinparagraph 4.09

of the United States pleading puts the matter: "it is not the function of a court merelyto provide

a basis for political action if no question of actual legal rights is involved" (emphasis supplied).

55. Mr. President, in the present proceedingsa "question of actual legalrights" is involved.

The provisions of the Montreal Convention remain in issue and there is a continuing dispute

concerning the interpretation and application of its provisions.

56. In this context the United States also invokesthe Judgment in theNorthern Cameroons

case (paras. 4.06-4.09), but without explaining its precise relevance to the present proceedings.

57. Whenthe reasoning of the Court in the Northem Cameroonsis examined itcan be seen

that the situation in that case had no similaritieswith the disputeprevailing between Libya andthe

two Respondent States.

58. The considerations invokedin the Judgmentindicatethat a major aspectof the casewas

the natureof the rernedyrequestedfrom theCourt(I.C.J.Reports 1963,pp. 33-34). This took the

form of a request for a declaration as to the existence or not of certain alleged violations of the

Trusteeship Agreement by the United Kingdom in the conduct of the plebiscite in

Northern Carneroons. This request was not related to any practical outcome such as a challenge

CR 97/21 LUK-LUS -46 -

to the validity of the dispositions which resultedfiom the plebiscite. And there was no claim for

reparation nor for any declarationas to the validity of acquired rights.

59. And so the circumstancesin the present case are in no way comparable: firstly, specific

remedies have been requested in this case by the Applicant State; secondly, no irreversible

dispositionshave been made by the organs of the United Nations; thirdly,the legalconsequences

ofthe determinationsofthe Security Councilarecontestedbythe ApplicantState; and lastly, there

is a continuing dispute about the interpretation and application of theal Convention.

The United States Argument that "the Court should decline to exercise jurisdiction in this
proceedingto avoidunderminingthe abilityofthe SecurityCouncil to maintainand restore
international peace andsecurity"
w
Mr.President,1shallnowexaminethe United Statesargumentthat "theCourt shoulddecline

to exercisejurisdiction in this proceedingto avoid underminingthe abilityof the Security Council

to maintain and restore international peace andsecurity".

60. This is a second version of the argument baseduponjudicial propriety. The materials

adduced to support this argument will be found to relate to collateral matters. In general the

quotations included in the pleading makethe obvious point that the Court shouldcollaboratewith

other organs in serving the purposes of the Organization.

61. ThecontentoftheUnited StatesPreliminaryObjectionsinthisrespectisvagueand above

al1begs the importantquestions. Whena politicalorgan oftheUnitedNationspurportsto lay aside

W
a major multilateral convention, together with the normal human rights standards affecting

extradition, major issuesof legality are at stake and reference to the duty of organs to collaborate

cannot be invoked to give an automatic priority to the political organ as opposed to the judicial

organ.

62. 1have now completedmy examinationof the variousformsof non-justiciabilityasserted

by the Respondent States. In my submissionthere are nogrounds for limiting the exercise of the

judicial fünction in the present cases.

CR 97121 LUK-LUS 63.1 nowmoveonto mysecondproposition: thatthePreliminary Objectionf sormulatedby

the RespondentStates do not possess an exclusivelypreliminary character, for the purposes of

Rule 79, paragraph 7, of the Rules of Court.

For present purposes,the objectionsof the two Respondent Statescm be treated alongside

each other.

1. The First Objection is that there is no Dispute concerning the Interpretation or
Application of the Montreal Convention

64. Sothefirstobjectionisthatthere isnodisputeconcerningthe interpretationorapplication

ofthe MontrealConvention. Theexistenceof a dispute is clearlyan issuewhichcm be approached

as a preliminary issue in proceedings. However,in certain circumstancesthe nature and extent of

the dispute are clearly controverted and it would be inappropriateto make a determinationat the

phase of jurisdiction and admissibility.

65. Mr. President, such circumstancesare present inthis case. Thecontentof Part III ofthe

United States pleading reveals the issues of merits which are relevant to the identification of the

disputebetweentheApplicantStateandthe United States. Inparticular,thetext ofparagraphs 3.O1

to 3.21 reveals that the nature of the dispute is inextricably bound up with the various issues of

substance concerning the powers of the Security Council. Such issues do not cease to concern

matters of substance simply because they relate to the Security Council.

66. In thesamewaythe contentof Part 3 of the United Kingdompleadingrevealsthe issues

of merits whichare relevantto the identificationof the disputebetweenthe Applicant Stateand the

United Kingdom.

67. The extent to which the question relates to issues of substance is underlined by the

content of the closing paragraph of the introduction to Part III of the United States Preliminary

Objections:

"The United States has never invokedthe MontrealConvention in its efforts to
obtain the surrender of the two Libyan nationals accused of participating in the

bombingof Pan Am 103. Moreover,assumingarguendothatthe MontrealConvention
could be construed to provide Libya a right to refuse to surrender the two accused
Libyans, such a right could no longer be asserted following the adoption of
resolution 748. Resolutions748and 883 establish a legal obligationfor Libya which

CR 97121 LUK-LUS is entirely independentof, and whichsupercedes,any related rightsof Libya underthe
Montreal Convention. If Libya objectsto the obligationto surrenderthe two accused
persons, its objectionsmust be directed solely to theriv Council and not to this
Court." (Para.3.21.)

II. The second Objection: even if a Dispute existed, it would be Inadmissible as a
Consequence of Certain Limitationson the Judicial Function

68. The second objection ofthe United Kingdom is that even if a dispute existed, it would

be inadmissible as a consequenceof certain limitationson thejudicial function(paras. 4.5, 4.66).

The United Kingdom contends that even if a dispute existed it would be inadmissible. In this

respect the UnitedKingdompleading rests on two bases. Thefirst is the assertion that the Court

has no power to review determinations of the political organs (paras. 4.17-29; 4.55-61). The
w
secondbasis isthe argumentthat the SecurityCouncilhas, inany event, an exclusivediscretion in

relation to ChapterVI1(paras. 4.30-53). Andclearly, the two bases are to a considerable extent

related.

69. The structure is capped by the proposition that the Court cannot go beyond an initial

determinationthat a decisionofthe SecurityCouncilis "binding": oncethat determinationhas been

made,it issaid,(para. 4.56)no issueonthe merits regardingthe MontrealConventioncan aise for

the consideration of the Court (paras. 4.62-4.66).

70. The intentionappearsto betodrawa distinctionbetweenthe forma1statusof aresolution

as "binding"for thepurposesof the Charter,and issuesof substantivevalidity which, itis argued,

the Court cannot approach. e

71. There is no legaljustification, in Oursubmission,for the limitationof the concept of a

"binding"resolution in this way. The term is question-begging,not leastuseArticle 24of the

Charterprovidesthat the Security Council"shallact inaccordancewiththePurposesandPrinciples

of the United Nations"; and Article 25rovidesthat: "TheMembers ofthe UnitedNations agree

to accept and carry out the decisions of the Security Council in accordance with the present

Charter" (emphasis added).

CR 97121 LUK-LUS 72. The discussion in paragraphs 4.54 to 4.61of the United Kingdom pleading reveals the

substantive nature of the arguments al1 of which are related to the interpretation of the

United NationsCharter,which is, ofcourse,a legal instrument. An exampleofthe characterofthe

exposition appears in the first two paragraphs, as follows:

"4.54 J.dge Lachs stated:

'Whilethe Court has the vocation of applyinginternational law as a universal
law, operating both within andoutside the United Nations, it is boundto respect, as
part of that law, the binding decisions of the SecurityCouncil."'

And the United Kingdom continues,

"4.55 T.hatrole- respectforbinding decisionsof the SecurityCouncilas part
of the vocation of applying internationallawwithinthe United Nations - may entai1
certain functions of a properlyjudicial character for the Court. It may not beentirely
clear what the Security Council has decided: in an appropriate case the Court may
have to interpret the meaning of particular resolutions andclariQ the obligations to
which they give rise. Again, an issue may arise as to whether a particular resolution
is binding."

My colleague,Professor Suy,has shownvery successfullythe way in which these issues can arise

in the context ofthese proceedings.

73. The foundation of the entire United Kingdomposition is that the non-applicationof the

Montreal Convention of which the Applicant State cornplains,can bejustified by the existenceof

certain resolutionsof the Security Council. Mr. President, theissue ofjustification of breaches of

treaty provisions is clearlya question of merits. The fact thatthisvolvesreference to the lawof

the United Nations Charter can surely make no difference in this respect.

74. The nature of the United Statesargument closely parallels that of the UnitedKingdom.

75. Thus the merits aspect of the "PreliminaryObjections"advancedby the United Statesis

obvious in the following passage of its pleading which clearlyinvolvesan appreciation of the law

of the Charter. The United States says,

"Pursuant to Article 24 of the Charter, Member States, including Libya,
conferred on the Security Council the primary responsibility of maintaining and
restoring international peace and security and agreed that in carrying out its duties
under this responsibility, the Council acts on their behalf. Article 39 of the Charter
providesthat the Council shall determinethe existenceof any threat to the peace and

make recommendationsor decide what measures shallbe taken to maintain or restore
international peace and security. Under Article 25, Libya, as a Member of the

CR 97/21 LUK-LUS United Nations,isboundto cary outthe decisionsofthe Security Council. Moreover,
in accordancewith Article 103of the Charter, the obligation of States to accept and
carry out decisions of the Security Council under Article 25 prevail over the
obligations of such States under any other international agreement, including the
Montreal Convention. Libya is required to surrenderthe two accused for trial in the
United States or Unitedngdom, and other States are required to implement the
sanctionsimposedon Libyaunderthose resolutions." (Para.3.25.; footnotesomitted.)
76. The United States seeks to hedge its bets by employing the argument that, even if

jurisdiction exists, considerations of judicial policy require the Court to decline jurisdiction

(paras. 4.01- 19).owever, this reasoning is mingled with the principal elements in the

United States argument,which is the assertion of the exclusivediscretion of theuncil

in relation to Chapter(see para. 4.17).
-
77. Thusthe frarnework overallofthe United Statesargumentremainsthat of the existence
of "binding" resolutions and this question is essentially a question of merits. the

resolutionsarepleadedbywayofjustification for breachesofthe MontrealConvention. As pointed

out earlier, the fact that this justificationreference to the law of the Charter makes no

difference.

Conclusions

78. And sothenatureofthe "Preliminary Objections"advancedbytheRespondentStatesand
the substance of the argumentspresented in support leadsto the conclusionthat the objectionsdo

not inanyeventpossess anexclusivelypreliminarycharacterfortheosesofthe Rulesof Court.

79. The preponderanceof the "PreliminaryObjections"is directly related to the role of the

SecurityCouncil resolutions as a justification for the non-application of the provisions of the

MontrealConvention. The argumentationbased uponthe provisionsof the Charterinvolvesissues

which are not in any sensepreliminary. The legal basis of the arguments is the need to justifi

violationsoftheMontrealConvention,andthe modalitiesofjustification relateto the interpretation
and application of the provisions of another multilateral convention,the United Nations Charter.

And thus both the causa and the modalities of justification relate to the questions exclusively

concerned withthe merits.

CR 97/21 LUK-LUS - 51 -

80. Mr. President,1 now turn to the third sector of my speech, whichconcerns the use of

threats of force on the part of the Respondent States. In his statements on Monday morning

Sir Franklin Berman referred to the question of resort to force.

in his words:

"In 1992, at the time of the hearings on the Libyan request for provisional
measuresof protection,the air wasthick withdire predictionsthattheUnitedKingdom
was threatening the imminent resort to force in pursuit of its objectives over the
Lockerbieaffair. The accusation was totally without foundationthen, and the course
of events in the five or so years sincethen has provedthis beyondany doubt. Andyet
Ouropponents continue doggedly to trot it out: in the Libyan Memorialof 1993 and
yet again in the Libyan Response at the end of 1995." (CR 97/16, p. 19,para. 1.15.)

They are my distinguished adversary's words lastMonday.

81. The United Stateshas remained silent on the subject in these present hearings.

82. The response of the Libyan Arab Jarnahiriyato the British statementis twofold. In the

firstplace, itnaturallywelcomeswhat is,in effect,an assuranceonthe partoftheUnited Kingdom.

And the significance of such an assurance should not be underestimated.

83. But Mx- P.resident, the Applicant State cannot accept the implication of Sir Franklin's

statementthat the threat of the use of force is irrelevantto this case. Theuse of a pattern ofthreats

of force to coerce Libya intowaiving the rights deriving from the Montreal Convention is central

to this case. It was the threats of force, against a background which includedthe bombing of

Libyan cities in 1986, which constituted the principal mechanism of the violations of the

Convention.

84. And at this stage it is unfortunately necessary to remind the Court, the composition of

which has significantlychanged in the last five years, that a pattern of threats did emerge in 1991

and 1992 and more importantly that a proportion of such threats antedated the Security Council

resolutions by a period of two to three months.

85. If1may present as least some of the relevant episodes in chronologicalorder:

First: In the courseof State Departmentbriefingon 14November 1991thebriefingofficial,

Mr. Richard Boucher, statedthat "we're exploring a fullrange of options"; and further, that: "at

this point, I'mafiaid 1just have to tell you that we're discussinga full range of options, we're

CR 97/21 LUK-LUSconsidering a full range of options" (Libyan Memorial, Ann. 11,p. 9).

86. Secondly: At a press conference on 19 November 1991President Bushmade clear that

the use of force was not ruied out. In answerto a questionabout the options being considered,he

made the followingobservations(amongothers): "Third,we've not ruled out anything, we'venot

ruled it in, any option in or out." And, Mr.President, Members ofthe Court,1would like you to

bear in mind the phrasing,the precise phrasing,because it will continueto be significant: "Third,

we've not ruied out anything,we've not ruledit in, any option in or out. We mustkeep Ouroptions

open in responding to the incident, buthope you can appreciate the importance of keeping Our

options secret, as well. 1don't want totelegraph what we might do."

And Mr. Bush also said: "So, withrespect to your question, 1hope you will forgive me if

1don't showmy hand, if 1don't gointo more detail on what options are available."

And then later on he said:

"I'msureyou'vereadabouteconomicsanctions,and I'msureyou'vereadabout
retaliation, but beyond mentioning broadcategories,would simply emphasizethat 1
will continueto consult with Ourallies, people whose citizens were also killed in this
horrible act of terrorism, and then we'll make a prudent decision on behalf of the
United Statesof America. And 1amconfident [Mr.Bush says]that whenthat is done,
the American people will be supportive of the President in this instance." (Libyan
Memorial, Ann. 33.)

87. The third item is a statementmade bythe Secretaryof Defence of the United States on

15December 1991. Mr. Cheney was askedthe question: "Mr. Secretary,wejust have less than

a minute. Libya has still not turned over the two alleged bombers of Pan Am 103", and the

question continues"1smilitaryretaliationagainstLibya arealoption?"andMr. Cheney'sreply was

"Wehave never ruled any option in or any option out", andthat is the fonnula yet again repeated.

Mr. Cheney continues: "Obviously we have continued to pursue that. As the President has

indicated, wecare very much about bringingtojustice those people who were responsiblefor the

bombing of Pan Am 103." (Libyan Memorial, Ann.62.)

88. Fourthly: In the British House of Commons on 20 January 1992 the then Minister of

State,Mr. Douglas Hogg, responded toa question from Mr.Tam Dalyell.

LUK-LUS The question and answer were as follows:

"Mr. Dalyell: WilltheMinisteranswerthe question putby Dr. Jim Swireabout
how one avoids a cycle of violence being unleashed? If military action is not ruled
out - and 1get the impressionfromwhat the Minister said that it is not ruled o-t
what doesthe Minister expect but tit for tat? Shouldwe not recognizethat the whole
strategy startedwith the bombingof Tripoli,with the bombing ofthe civilian areas of
Benghazi and withthe shooting downby the Vincennes, now discoveredto havebeen
an Iranian territorial waters, of the Iranian airline?"

That was the question.

1 read that, Mr. President, because that was the way the question was phrased. And

Mr. Hogg's reply was:

"1have never made any reference to the use of force. 1 have said here and
elsewhere that we seek to persuade the Government of Libya to comply with Our
request that the two people should be brought to trial before the courts either of
Scotland or of the United States."

And Mr. Hogg continues:

"We hopethat we shall secure a United Nations resolution underpinning that
request. We hope that the Governmentof Libya will comply. Clearly, if they do not,
we shall have toconsider Ournext step. 1have not suggestedforce."

andhe continues,and then he usesthis phrasewe hear so much: "1have ruled nothingin and 1rule

nothing out" (Libyan Memorial, Ann. 80).

89. And so the formula is repeated, Mr. President, yet again - this time by a

United Kingdom official.

90. This statementby the Minister of State, in my submission,clearly retains the use of the

forceas a means of enforcing the so-calledrequest. It maynot bean unconditional promiseto use

forcebut a statementthat force maybe used if it proves necessary. It is, in my submission,in fact,

and in law, a threat of force.

91. Thefifth example: On 10Februarythe United StatesVice-Presidentwas interviewedon

the BBC television programme 'Wewsnight". And during that exchange Mr. Quayle stated:

"Qaddafihad better realize we are serious. You just have to look at the past to see that we have

the political will toke these kinds of requests happen." (Libyan Memorial, Ann. 98.)

CR 97/21 LUK-LUS -54 -

And inOursubmissionthat isa cold-bloodedreferencetotheairstrikesof 1986whichcaused

quite a number of civilian deaths and other casualties, and it is not simply the Applicant State's

construction because the media at the time understoodthe remarks also as an invocationof force

(see The Washington Times Report, Libyan Memorial,Ann. 91).

And lastly: On 18 February 1992in London, a Foreign Office spokeswoman warned that

"nothing would be ruled out" (Libyan Memorial, Ann. 97).

92. And so,Mr. President, Members of the Court, it is my contentionthat there is a pattern

of threats, the phraseology is repetitive consistent. There may have been a briefing document

onwhich the repeated phraseologywas based, whetheror not that matters 1do not know, butthere

isaconsistent patternof phraseologyby officialpersonsfrom Mr. Bushdownto theForeignOffice

Spokeswoman. The period covered by these statements is three months. The first statement 1

quoted usingthat phraseologywas on 19November- the statementby Mr. Bush - and the last

statement in the chronologywas by the Foreign OfficeSpokeswomanon 18February; and so, as

a matter of fact, there appears to have been a concerted strategy in the offering of threats.

Mr.President, Members of the Court, these bilateral threats had nothing to do with the

SecurityCouncil. Thesebilateralthreatsto a considerableextentantedatedthe adoptionof thefirst

ofthe Security Councilresolutions,on 21 January 1992and the firstofthe Chapter VI1resolutions

on 31 March 1992. And itis also importantto note that there is no evidence that the resolutions

were retroactive in effect or could havethe effect of validating the threats in any case. Andthus

the whole issue of the threats of force formspart of anentirely properjudicial task of appreciating

the legal consequencesof the Security Council resolutions and the related events, ify there bey

in relation to the use of forcMr. President, none of these issuescan be said to be moot or sans

objet. Sanctions may be lifted. Things change. Security Council resolutions are not permanent

and they are certainly not permanently dispositive.

And this issue is therefore central to the issue of the merits of the case brought by the

Applicant State.

CR 97/21 LUK-LUS -55 -

Mr. President,1would liketothank youand yourcolleaguesfortheir customarypatienceand

courtesy. That concludesthe arguments inthe first round onbehalfofthe Libyan Arab Jamahiriya.

Thank you.

The ACTING PRESIDENT: Thank you, Professor Brownlie. The first round of oral

submissions having been completed, the Court will hear the second round of oral submissions by

the UnitedKingdom and the United States on Monday. The Court stands adjourned until 10 a.m.

on Monday.

TheCourt roseut5.45p.m.

CR 97/21 LUK-LUS

Document Long Title

Public sitting held on Friday 17 October 1997, at 3 p.m., at the Peace Palace, Vice-President Weeramantry, Acting President, presiding

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