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CR2000/14(traduction)
CR2000/14(translation)
Mardi13juin 20à015heures
Tuesday 13June 2003p.m.008 The PRESIDENT : Please be seated. The Sitting is open and 1 give the floor to
Sir ElihuLauterpachtinterveningon behalf ofBahrain.
Sir Elihu LAUTERPACHT :Merci, Monsieur le président, Madameet Messieurs de la
Cour.
LES CARTES
1. Il m'appartient de répondreaux arguments de Qatar concernant les cartes. Je serai
relativement bref. Il est vrai que Bahreïn n'a pas présentébeaucoup de cartes à la Cour
contrairement àQatar,qui a produitun bel atlas, peut-êtplus éléganq tue probant, contenant cent
deux cartes. L'explication estque Bahreïn n'a pas vraiment besoin decartes pour étayer sathèse,
alors que Qatar doit rassemblertoutes les bribes de preuves qu'il peut produire pour appuyer la
sienne.
2. Il y a, dans la partie de l'affaire qui concerne les questions territoriales, deux questions
pour lesquelles, selon Qatar, les preuves cartographiquespourraient êtrepertinentes. Ces deux
questions sont énoncéesdans une mêmephrase de l'exposé fait par M. Bundy le 31 mai
(CR200017,p. 23, par. 69):
«Les cartes ont un rôle importantàjouer en l'espèce dansla mesure où elles
confirment sur le plan historique qu'il était largementreconnu, ou qu'il étaiten
somme de commune renommée,que l'entitépolitique de Qatarcouvrait la totalitéde
lapéninsule qatarienney comprislesîles Hawar etZubarah.))
Ces deux questions sont donc les suivantes : premièrement, le statut politique de Qatar;
deuxièmement,le point de savoir si les îles Hawar étaient considérées comme faisap ntrtie de
Bahreïn oude Qatar.
3. Au sujet de ces deux questions,j'aimerais rappeler l'observation éminemment pertinente
de M. Huberdans l'affairede l'llede Palmas :
«Lorsque l'arbitre estconvaincude l'existencede faitsjuridiques déterminants
qui contredisent les affirmations de cartographes dont les sources d'information ne
sont pas connues, il est librede n'attacher aucunevaleur aux cartes, si nombreuseset
appréciées qu'ellespuissent être»(RGDIP, tome XLII, 1935, p. 180; dossier des
juges, cote 1,page 853,enhaut). 4. Cette considération estaussi implicite dans les fameuses observations faites par la
Chambre de la Cour chargée de connaître de l'affaire du Dzfférendfrontalier
Burkina Faso/Républiqud eu Mali(C.I.J. Recueil1986,p. 582 et 583,par. 54 et 56),que la Cour a
récemment rappelées dans leur ensemble dans l'affaire de l'lle de Kasikili/Sedudu
(BotswanaiNamibieC , .I.J.Recueil1999,par. 84).
5. Selon Bahreïn, il a dans cette espèce bien assez defaitsjuridiquement pertinents pour
établir le titrede Bahreïn, et le défautde titre de Qatar, surles îles Hawar,sans qu'ilsoitnécessaire
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de recourir aux cartes. Et rien dans les faits ne confirme non plus que Qatar ait eu, comme il le
prétend,un quelconque statut d'«entitépolitique))auXEe siècleet au débutdu XXesiècle. En
conséquence,mêmesi l'on reconnaît aux cartes une pertinence et une qualité qu'elles n'ontpas,
ellesne sauraientpriver Bahreïndutitre qu'il a surles îles Hawar depuis leiesiècle,et qu'il a
toujours conservépar la possession et par l'exercicedu contrôle. En ce qui concernele statut de
Qatar, un grand nombre des cartes produites par Qatar non seulement ne confument pas sa
position, mais lacontredisentpurementet simplement.
6. Avant de poursuivre,je tiens répondre à une affirmationextrêmementcontestable faite
par M. Bundy dans ses remarques liminaires. Il mentionne l'année 1868,((époque à laquelle»,
ajoute-t-il,esentités distinctesde Qatar etde Bahreïn ontété reconnues». Cettaffirmationtend
semble-t-ilà donner l'impression que,d'une certaine manière,àpartir de 1868,Bahreïn et Qatar
étaient des entitésjouissant d'statut égal.Mes collèguesont déjàdit qu'il a làuneexagération
flagrante de ce qu'étaitQatar au XIXesiècle,mais puisque l'affirmation a étérépétée, ie lst
nécessairede la réfuter nouveau. En 1868,Qatarn'étaiten rien une entitécomparableàBahreïn.
Bahreïn étaitune entitépolitique établie, avec laquelle la Grande-Bretagne,sept ans plus tôt,
en 1861, avait conclu un traité d'amitiet dont la Grande-Bretagneavait politiquement reconnu
l'autoritéenitoriale en s'engageantà aider son chef à maintenir la sécuritéde ses possessions.
Qatar, au contraire,n'était pasune entitémais,au mieux, une zonegéographiquedontla dimension
variait selon les cartes consultées.Le traité quela Grande-Bretagne aconclu en 1868avec le chef
d'El Katr et dont Qatar veut aujourd'hui fairele fondement de la reconnaissance de son statut dYEtatindépendant n'aguèred'autre effet que dedire au chef de retourner à Doha et de résider
pacifiquement dans ce port. Il ne lui reconnaît aucun droit de se déplacer librementdans la
péninsule :((Rentrecheztoi etrestes-y», voilàcequ'il signifieréellement. q
7. Je dois aussi relever à titre préliminaireque presque toutes les cartes commerciales
produites par Qatar, mêmeles cartes officielles,sontà trèspetite échelle. Alors que les cartes
produites dans les différendsterritoriaux et frontaliers sont généralemet es cartes de grande
échelle,allant de 115000à 1150000, la quasi-totalitédes cartes de l'atlas annàxla réplique de
Qatar vontde 114000 000 à 116000 000. Cetteéchelleestsipetite que quatrevingt une cartes sur
les cent deux que contient i'atlas-demandent êtreagrandies considérablementpour que l'Œildu
juge, aussi perçant qu'il soit, puisse identifier leur contenu présumépertinent; et cet
agrandissement peut entraînerune déformationdes couleurs qui enlève aux cartes toute leur
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fiabilité. Avec lest techniques informatiques que l'on utilise aujourd'hui pour réaliser des
agrandissements,il estàpeuprèsinévitable que lescouleurs se modifientdemanièreimperceptible
lorsqu'on agrandit lescarteS.ouqu'on les copie. Je reviendrai sur cette questiàla fin de mon
exposéet me contenterai ici de rappeler que, dans l'affaire Elythréeflémen,le tribunal arbitral a
jugéutile d'émettreune réserve concernant l'appréciatione la couleur descartes (sentencerendue
dansla premièrephasede l'affaire ErythréeRémenp ,ar. 370).
8. En établissantces cartesune trèspetite échelle,il est extrêmemenitmprobableque les
cartographes, commerciaux ou officiels, aient recherchéou trouvé des informations suffisantes
pour les amener à étudierprécisémenlta questiondu titre sur les îles Hawar. La seule exception
pourrait venir des cartographes ottomanset britanniques. Des cartographes ottomans, Qatar ne
présente qu'une cartede grande échelle, quis'est révéléê e tre unfaux. Bahreïn de son côté a
produit la carte'Izzet de 1878(mémoire de Bahreïn, vol. 1p,. 6-7),dontM. Paulsson a examiné
vendredi dernier la valeurprobante. L'autre carte degrande échelledéjà présentéela Courest la
carte de la concession pétrolièrede 1935, dont l'effet a aussi étéexpliquéà la Cour vendredi
dernierpar M. Paulsson.
9. Cela dit, je peux maintenant passerà certaines des cartes évoquéespar M. Bundy le
3 1mai. Comme vous le verrez, la plupart d'entre elles, loin de représenter une entipolitique
dénomméeQatar, représentent seulementen fait, sous des noms divers, la zone géographiquecorrespondant à la péninsule aujourd'huiappelée ((Qatan), et qui prolonge à l'ouest et au
nord-ouestune zone dénommée «Oman».
10. Voyons la première carte produite par Qatar, celle qu'a publiée en 1875
l'InstitutustusPerthes, et quiaurait étédessinéeparugustus Petermann (répliquede Qatar,atlas
cartographique,no5). Cette carte a étéproduite pour corroborer la thèse selon laquelleQatar et
Bahreïn étaientdes «entitésdistinctes))(CR200017, p.11,par. 18-22), Qatar étantreprésenté par
une couleur qui englobe la totalitéde la péninsule,y compris les îles Hawar. C'est peut-êtreen
effet ce que montre la carte mais,'échelle117500000, elle ne peut en soi avoir une importance
particulière. Et l'importancequ'ellepourrait avoir se trouve considérablementréduitelorsqu'onla
compareavec la carteprésentée ensuite par Qatar, la mêmeéchelle,qui est, elle aussi, attriàuée
la main experted'AugustusPetermann. M.Bundy dans son exposé indique quecette carte date
de 1884,seize ans aprèsque Qatar eut prétendumentété promu au rang dYEtat. M. Bundy n'ena
pas donnéla référencem , ais il s'agit probablementde la seule carte de cette date qui figure dans
l'atlas qatarien,autrementdit le no11de l'atlas. Je ne contestepas que cette carte aussi représente
Bahreïn et une péninsuleportant dans sa partie méridionalela mention «Katm. Mais ce que
montre cette carte, et que la précédente ne montratas, c'est le mot inscritjuste en dessousde
«Katar», en lettres majuscules, c'est-à-dire«OMAN». Aucune frontièren'est figuréeentre les
mots «Oman» et «Katan). La conclusion qui s'imposeest que, auxyeux de Augustus Petermann,
«Katan)n'était qu'une partie d'une entitéplus largedénommée «Oman». Cela, manifestement,ne
confirmepas comme un fait de commune renomméeque Qatar soit issu du traitéde 1868en tant
quYEtatdistinctet reconnu.
11.La situationparaît encoreplus sombrepour Qatar lorsquenous examinons lacarte qu'ila
ensuite invoquée,l'éditionde 1890 de l'Atlas de GéographieModernepublié par laLibrairie
Hachette de Paris, décritepar Qatar comme une maison jouissant d'une grande renommée -
description que nous n'avons aucune bonne raison de contredire. Il s'agit de la carteno13 de
l'atlas deQatar. Celle-ci encoreest l'échelleminuscule 1175000000. Et ce que vous avezsous
lesyeux, bien sûr,ce n'estpas lacarte originale,mais l'agrandissementqui figurenormalementsur
la page de gauche de l'atlas lorsqu'il est ouvert. Qatar dit que les îles Hawar y sont représentées
dans le mêmevert que Qatar,alorsque Bahrein est coloréen gris. J'avoue queje ne voispascette différence dans la version non agrandie de la carte qui se trouve dans l'atlas. Quant a
l'agrandissement quifigureen regard,il laisseune largeplàcl'imagination. Qatarn'a pasdonné
d'explication concernant la touche de jaune qui semble s'êtreinfiltréele long de la partie
méridionalede la côteouestde la péninsule qatarienne.
12.Mais la couleurn'est pas la seule chose qui compteici.e qui retient l'attention,c'est
que, comme la carte s'étendbeaucoupplus au sud que celle deeterrnannde 1884,elle représente
beaucoup plus clairement encore ((Katan)comme faisant partieintégranted'«Oman». De plus,il
est intéressantde lire la légendeesCapitalesd'Etat sontsoulignéesdeux fois. Les chefs-lieux
de province une fois.))e n'y vois pas Doha soulignée. «El Bidda))- parfois confondue avec
Doha - n'est pas soulignéenonplus. Donc Doha, ou El Bidda,n'est niune capitaled'Etat,niun
chef-lieu de province. Etpourtant, selonM. Bundy,Qatarétaitdevenuun Etat vingt-deuxansplus
tôt etohaétaitsa capitale.
13.Il est vrai que, en ce qui concerne Bahreïn,Manama n'est pas soulignéenon plus. Il
semble donc que, aux yeux de la Librairie Hachette,Manama n'ait pas été plusimportante que
El Bidda. Iy a néanmoins deux différences entre Bahreïet Katar. D'unepart, Bahreïn,pour une
raison qui n'est pasindiquée, asa propre couleur,qui ne se distinguepas trèsvisiblementde celle
des îles Hawar. D'autrepart, et c'est plusimportant,le faitmêmeque Bahreïnsoit distinguépar sa
couleurà la fois de la péninsulede Qatar et du temtoire sitàél'ouest indiqué(avec une faute
d'orthographe) comme«El-Ahsa)),prouvebien quel'on reconnaissait àBahreïn un statuttout àfait
9 1 2 distinct et indépendantde Qatar, représenté i nouveaucommeune partie d'Oman. Il n'y avait
pas d'égalitde statut entre Bahreïnet Qatar. Le fait quearnane soit pas soulignéene ravale
pas Manama au niveau de El Bidda, il prouve seulement que le cartographe méconnaissaitles
détails politiquesde la région.
14.La carte suivante présentéear Qatar est la carte russede 1894,l'échelle113600 000
(CR 200017, p. 13, par. 28; réplique de Qatar, atlas cartographiq,o 20). M. Bundy donne à
entendre que «les responsables russes de l'époque reconnaissaient que Qatar et Bahreïn
constituaient des entités politiques distinctesetque letoirede Qatar correspondaiàcelui qui
est indiquédans les écritures decedernien). Que Bahreïnsoit distinct de Qatar, cela est bien
évident,mais l'idée queQatar étaitune entitépolitiqueetqueson étenduetemtoriale correspondaità ce qui est indiquédans les écrituresde Qatar est manifestement erronée. Les mots désignant
Qatar en russe ont été traduitssur l'agrandissement,non pas par((Qatan),mais par ((péninsulde
Qatar))ce qui est,detoute évidence,une dénomination géographique et nonpolitique. La situation
politique, telle quel'a comprise le cartographe, ressort dela manière dont lapéninsule estfigurée,
une fois de plus, comme prolongeant Oman à l'ouest. La couleur de Bahreïn est difficile à
distinguerde celle desîles Hawar.
15. La carte invoquéeensuite par Qatar est une carte polonaise de 1904, au 118millions
(CR200017, p. 14,par. 30; réplique de Qatar,atlascartographique,no32). Sur cette carte, Bahreïn
est représentéen couleur alors que lesHawar sonten blanc, maisl'élémenitmportantest que, une
foisde plus, Qatarconstitue leprolongementd'Oman vers l'ouest.
16. Qatar citeensuite une carte anglaise de GeorgePhilip,établie l'échellede 69,16 miles
pour un degré,ce qui correspond à une échelle114000 000. Bien qu'il yait une différencede
couleur entre Bahreïn et les Hawar, cette carte contredit la thèse de Qatar pour deux raisons.
Premièrement,Qatar y est une fois de plus représentécomme leprolongement d'Oman à l'ouest.
Deuxièmement, lesîles Hawar y sont dénommées "WardensIslands". Or, la source la plus
ancienne dans laquelle Philip aurait pu trouver ce nom pour désigner lesîles est le rapport du
lieutenant de vaisseau Brucks avec sa carte marine de 1829 où, on s'en souviendra, Brucks
déclaraitquelesîles faisaientpartiede Bahreïn. Ainsi, interpréteorrectement,cette carteindique
implicitementque lesîles Hawar faisaientpartie de Bahreïn.
17. M. Bundyest ensuite passéaux cartes officielles,en accordantune attentionparticulière
àune carte qui, a-t-ilprécis,ccompagnaitun mémorandum rédigé e1 n920par le ForeignOfice.
Il est indiqué surcette carte qu'elle est extraite de la carte marineno748-8 de 1917 (réplique de
Qatar, annexes, vol.3, annexe 111.38,. 215; réplique de Qatar,atlas cartographique,carte no58,
échelle: 20 milles marinspour 1pouce). Vousvoyezmaintenantcette cartesur l'écran. M. Bundy
l'a utiliséepour étayer l'affirmation selon laqueeles îles Hawar...se trouvaient en deçà de [la]
ligne [rouge] et qu'elles étaientdoncréputéeappartenirà la péninsule)- autrementdit, à Qatar.
Il apoursuivi en cestermes : «Bahreïn, on le voit clairement sur la carte, était soigneusement et
spécifiquementexclude cette définitiondu fait qu'il se trouvaitnettementenclavépar
une ligne rouge distincte qui ne faisait pasle tour des îles Hawar, et cela est souligné,
au sens propre, par le trait rouge, bien que peu visible, sous le nom de «Bahreiii»,ici
sur la carte. Il ne peut donc y avoir aucun douteLiecite toujoM.sBundy] sur le fait
quepour la Grande-Bretagne,lesîles Hawaret Zubarahfaisaientpartie du territoirede
Qatar à l'époque.»(CR200017,p. 16,par. 40 et 41 .)
18. Je demanderai ici à la Cour de faire preuve de patience, car je voudrais entrer
suffisamment dans le détail pour prouver qu'il est très douteux que cette carte autorise
l'interprétation qu'ea donnée M. Bundy,oumêmequ'elle ait été censéele faire.
19.Il est nécessaired'examiner cettecarte en relation avec le mémorandum duForeign
Officeauquel elle serapportaitprétendument(répliquedeQatar, annexe111.38v , ol. 3,p. 217).
20. Je dirai en passant que l'affirmation de M. Bundy (CR200017,p. 16, par. 38) selon
laquelle le mémorandum enquestion étaitaccompagné d'une carte n'est, si je ne m'abuse,
nullement confirméepar le texte mêmedumémorandum.Celui-ci comporte,en annexe, un projet
de traitéréglantla question de lapéninsulearabique, dontl'article 2 renvoieifférentescartesde
l'amirauté pourdécrire laligne qui est dite délimiter l'Arabie.Cependant, les numérosde ces
cartes marines ne correspondent pas au no748-B qui figure sur la carte n058 de
l'atlas cartographiquede Qataret sur la carteo36 du dossier d'audience qatarien. L'originaln'a
pas nonplus été déposé au Greffe.
21. Mais je reviens maintenant au mémorandum du ForeignOffice qui, selon M. Bundy,
accompagnait la carte (réplique de Qatar, annexeIiI.38, vol. 3, p. 75; dossier d'audience de
Bahreïn, cote 61).Il existe un documentintitulé«Mémorandumdu Foreign Officesur la politique
en Arabie». Bien que ce document ne soitpas daté, la datesuggérée par Qatar, 1920,semble
compatible avec son contenu. Le professeur Reisman adéjà dit l'importanceque revêt,quant au
fond, unepartie de ce contenu(CR 2000112,p. 49, par. 17). Maisje voudrais examinermaintenant
ce document pour essayer d'y trouver, à propos du cercle tracé autour des principalesîles de I
Bahreïn,une explicationqui puisse confirmerl'hypothèsede M. Bundy, qui supposeque ce cercle
séparedélibérémentles principalesîld eeBahreïndesîles Hawar,etrattache cesdernières àQatar. 22. Comme la Cour le constatera, le mémorandum commencepar indiquer qu'une
descriptionplus détailléede cqu'il faut entendre parpéninsulearabiquefigure dans son annexeA
(ibi dar, 1). Commeje l'ai déjàdit, le mémorandumproprement dit donne ensuite une listedes
dix principales sous-divisions deArabie. Bahreïn est cité dansla liste, et il est indiquéque la
personne avec qui traiter à Bahreïn est le cheikh de Bahreïn. La liste ne mentionne pas
nommément Qatar. Peut-être Qata értait-ilconsidécomme relevant de la rubrique((côtede la
Trêve)), pourlaquelle il n'étaitpas désigné d'interlocuteur individuel, maisqui comportait un
renvoi généraalux ((chefslocaux)). Et ce mémorandum,ne l'oublionspas, a été rédin 1920,au
Foreign Office,alors que le conseilde Qatarvoudraitnous fairecroire que,tte date, Qatar était
depuis cinquante-deuxans un Etat indépendant,d'unstatutégalcelui de Bahreïn.
23. Etait joint en annexe (l'annexe A)à ce mémorandumun projet de traitéréglantla
question de la péninsulearabique. L'article2 de ce traité disposaitdansle cadre du traité,la
péninsule arabique inclut, 1) tous les territoires autres que ceux du royaume du Hedjaz et du
protectorat britannique sur Aden et les temtoires qui l'entourent; et 2) les îles, qu'elles aient été
précédemmentturques*ou pas, situéesà l'intérieurdela ligne définieci-dessous)).
24. Suit alors une description de laligne en six segments, définis parsept points identifiés
par les coordonnéesqu'indiquent les cartes marines de l'amirauté. Aucune de ces cartesn'a le
numéroqui figuresur la carteqatarienneo58. Il n'est pas questiond'une ligne entourantBahreïn,
et l'on ne trouve aucune explication concernant cetteligne, ni dans le projet de traité,ni dansle
mémorandum auquel ilest annexé.
25. Je n'ai pasl'intention deme livrerdes conjectures sur ce que peut signifier ce cercle
tracé autourdeBahreïn. IIn'est même pas certainqu'il soitde la mêmépoque, dela même main
ou de la même plume quela ligne qui délimitel'Arabie. Ce qui est sûr, c'est que rienne justifie
l'affirmation deQatar selon laquelle les îles Hawar, étant séparéepsar le cercle de l'île principale
de Bahreïn et situées à l'intérieur des lignesdéfmies,((étaient doncréputéesappartenirà la
péninsule- autrement dit,àQatar)). La seule mentiond'îles adjacentesque l'on trouve dans le
projet de traité est cellequi figure dans le dernier paragraphe de la description de l'Arabie,
Lemot ((British))qui figuredans le compterendu originalest manifestementerroné.(N.d.T.)O 1 5 l'article 2. Cettedescriptionse terminepar laphrase suivan:«Lesîles de la merRougeplacées à
,l'intérieur de cette ligne seront soumisesàla souveraineté deschefs indépendants de la péninsule,
I
sousréservedes dispositionsde l'article.» (Les italiques sontde nous.) L'absencede disposition
expresseanalogueconcernantles îles du golfePersique(jereprendsles noms qui sontutiliséssurla
carte) donne à penser que le rédacteura considéré que l'attribution de la souveraineté surces
îles- et elles étaientnombreuses- était peut-êtene questiontrop complexe pourpouvoir être
régléepar une formuleaussi simple.
26. J'ai encore une remarque à faire concernant cette carte, qui illustre les méthodes
étranges, sinon trompeuses, utilisées par Qarour l'étude des cartesen général.Qatar a dita la
COL.qu'«un autre aspect important de cette cartesouligne,je crois (c'est leconseil de Qatar qui
parle), sa signification en l'espèce»(CR2000/7, p. 17,par. 42). Cet autre aspect important était
que la même carteavait étéfournie au tribunal arbitral dans l'instance Etythrée/Yérnen.Ce
tribunal, nous a-t-on dit, paraît avoir tenu compte de la ligne rouge pour attribuerles îles situées
l'est de cette ligne auYémen, qui étaiatlors la chefferie localQatar fait alors valoir que «la
situationest exactementla même icien ce qui concernelesîles Hawam.
27. Mais le conseil de Qatar a omis de signaler le paragraphe qui accompagnait la
description de la ligne rouge dans le projet de traitéde 1920 que je viens de vous lire, et qui
précise,en ce qui concerne la mer Rouge, que «les îles de la mer Rouge placéesà l'intérieurde
cette ligne seront soumises à la souverainetédes chefs indépendantsdela péninsule,sous réserve
des dispositionsde l'article)) Le projetne contient pas de disposition comparable concernant les
îles du golfe Persique, et il n'y a donc rien qui autorise Qatar à assimiler valablement les
deux situation- du moins sans ajouter d'explications et signaler les limites probables de la
validité desa conclusion.
28. De manière générale , onsieurle président,cettecarteo58 a quelque chose de bizarre,
*
en particulier ce cercle non signaléet inexpliquéqui entoure Bahrein, et le fait que les numéros
indiqués surla carte ne correspondent pas à ceux qui sont indiqués dans leprojet de traitédu ,
Foreign Office. J'espère que leconseil de Qatar pourra, dans sa réponse, apporter quelques
éclaircissementsàla Cour surces points. 29. Qatar n'a pas cité d'autrecarte officielle qui nous en dise plus que celles quej'ai déjà
examinées.
LES CARTES DEBAHREÏN
30. Je vais donc parler maintenantdes cartes produites par Bahreïnà l'appui de sa thèse.
Comme je l'ai déjàdit, Bahrein n'a besoin d'aucune carte pour appuyer sa thèse. M. Bundy,
relevant que Bahreïnaffme que l'autorité qu'il a exercée sules îles Hawar et Zubarah après les
accords de 1868 est «bien documentée)e )t que l'on entrouve desqreuves nombreuses)), conclut
que l'«on pourrait attendred'affirmations aussi ambitieusesqu'elles s'appuientsur des preuves
cartographiques» (CR200017, p.19, par. 52). Et pourquoi donc ? M. Bundy ne l'explique pas.
Dans lespièces soumisesparBahrein,les faitsparlent d'eux-mêmes. L'accumulation dc eartesn'y
changerien, pas plus d'ailleursqueleur absence.
31.Mais il y a encoreune autrecarte,présentanttoutesles qualités que doitavoir une carte,
que nous produisons à l'appui d'unerevendication de titre. C'est une carte marine de grande
échelle, qu'un ingénieuh rydrographe qualifié,compétentet expérimenté, George Brucks, alors
lieutenant de vaisseau du East India CompanyMarine Service, et devenu ensuite capitaine de
vaisseau de la British Indian Navy, a établie à partir d'informations qu'il avaitrecueillies
directement. Lemémoiredescriptif du capitaineBrucks a été mentionné à deux reprises dans le
mémoire de Bahrein(par. 116 et 415), et par M. Paulsson le 9juin, en particulier les notes de
Brucks concernant les îles Hawar, dont il a encore été question aujourd'hui. Les passages
pertinents de ce mémoiredescriptif sont reproduits dans les annexes du mémoirede Bahrein
(annexe7, vol. 2, p.101)'ainsi que sous les cotes 6 et 27 du dossier d'audience de Bahreïn. En
1829,Brucksplace le nom «îles Warden))àcôtédesîles Hawar. Il décritles îleset déclare qu'elles
font partie deBahreïn. En raison d'un oubli,que Bahreïnvous prie d'excuser, la carte établiepar
Brucks n'était pas reproduitedans les écrituresde Bahreïn. Mais elle peut parfaitement être
produiteaujourd'hui, puisqu'il s'agit d'undocumentpublicqui a été réimprimé daunnse collection
d'accèsfacile et qui, selon toute vraisemblance,est déjàconnu de Qatar, dont nous savons la
diligence. Cette collection s'intitule "Histoncal Maps of Bahrain 18-1890", et est publiéeaux
éditionsArchive. Un extrait de la carte, dans son échelleoriginale, se trouve dans le dossier des juges, sous la cote62. Une copie de la carte a étédéposéau Greffe vendredi et, par courtoisie,
envoyéeen même temps àl'agent de Qatar.
I
32. Comme la Cour le constatera immédiatement,cette carte est un superbe exemple de
cartographiemarine du début duXIXe siècle. Elle a été étabepartir del'étudedirecte,sur tous
les plans, de la zone représenté, t notamment d'un grand nombre de sondages de profondeur.
Vers l'angle sud-est, elle montre les principales îles Hawar, avec Janan, à côté du nom
((îlesWarden)). Comme on l'a déjà dit,Brucks a expressémentattribué les îlesWardeà Bahreïn.
O 1 7
Mêmesi l'ontient comptedu fait que cette carten'accompagnait pasle mémoirede Bahreïn, il faut
relever que la description deucks a reçu dans le contre-mémoire de Qatar un traitement plutôt
péremptoire.Qatar l'a balayéeen alléguantsans la moindrepreuve qu'elle n'étaitque l'une«de[s]
nombreuses étudesbritanniques [qui] se sont révéléeismprécises voire inexactes)t a prétendu,
sans citer aucune source, qu'elle était contredite par ((Lorimer et d'autres spécialistes
britanniques...[et]aussi par d'innombrables étudesottomanes)) (contre-mémoirede Qatar,
par. 3.122). L'identitéde ces autres étudesn'ajamais précisée.La Courpeut voir aujourd'hui
àquelpoint ces commentairesétaientinexactset injustes.
33. Comme je l'ai indiquéen commençant, Bahreïn n'a pas assailli la Cour de cartes
commercialesouofficiellespour étayersaposition. M.Bundya déclaré qu« eQatartient àpréciser
très clairement qu'ilne tient pas les élémentereuve cartographiques pourcréateursde sontitre
de souverainetésur les îles Hawar et surubarah.» Et il a bien fait de le préciser,parce queles
élémentsde preuve qu'ila produits n'appuieraient certainementpas cetteprétention. La notion de
«reconnaissancegénérale ou commune renommée»sur laquelle se fonde Qatar (CR200017,p. 23,
par.69) est une notion de portée trèslimitée. Mêmsei elle a reçu un certain appui dela part de
sir Geralditzmauriceet si elle est mentionnéedans la sentencerendue dans l'affaire du Canalde
Beagle, il faut rappeler que les cartes auxquellesles parties ont eu recours dans d'autres affaires
avaient été établiespar des Etats ayutn intérêstpécifiquepour la questionet l'étudeet, surtout, t
étaienta une échelle suffisante pourindiquer que ceux qui les avaient établies l'avaient faiten
pensant à une question préciseet avaient cherché à représenter,sur la base de connaissances
effectives, ce qu'ils considéraientobjectivement commela solution exacte. De cettedémarche
intellectuelle,pas une seule des cartes produitespar Qatar ne peut être citéceomme exemple. La «commune renommée)), commel'a pleinement reconnu sirGeraldFitmiaurice, ne peut jamais
remplacer desélémentsconcretsrecueillis surle terrain.
34. Permettez-moi de conclure cet examendes cartes, Monsieurle président,par ce queje
pourrais appelerunenote de bas de page s'ajoutantaux quelquesmotsquej'ai ditsil y aun instant
au sujetde la couleurdes cartes.
35. La Cour se rappelle que, pour quasiment la totalitédes cartes qu'il a montrées, Qatar a
insisté sur lefait que les différencesde couleur montraient queles îles Hawar faisaient partie de
Qatar et non pas de Bahreïn. Il me faut mettre en garde laCourcontre le danger qu'il y auraitàse
018 fier àla couleurà cette fin. Les couleurs sont trèsnettementdéforméepsar le processus de copie,
d'agrandissementou de réductiondescartes, selonle cas. Jevaisvous en donnerquatreexemples.
36. Prenez d'abord la carte de 1890de la LibrairieHachette,no13de l'atlas cartographique
de Qatar. Dansl'agrandissement quien est donnésurla page de gauche,le bleu de la mer est plus
clair que sur la carte de la page de droite. Mais, lorsqu'on utilise l'ordinrour rapprocherle
bleu de l'agrandissementdu bleu de la carteàpetite échelle,le résultatest que les îles Hawar ont
une couleurplusproche de cellede Bahreïn quede celle de Qatar.
37. Prenons un autre exemple, celui de la carte portant lacote no34 dans le dossier
d'audiencede Qatar,qui correspondnous dit-on à la carteno49 (1919)de l'atlas cartographiquede
la répliquede Qatar. Les différencesde couleur entre la carte qui se trouvedans le dossier des
juges et les deux cartes qui se trouvent dans l'atlas sautent aux yeux. Quelle est l'explicat?on
C'est que, lorsqu'on copie les différentes versionsde la carte, et en particulier lorsqu'on les
agrandit- et n'oubliez pas l'énormité de l'agrandissementnécessaire - il peut se produire de
subtilesvariationsdans les couleurs ou dans leur intensité. Ainsi,les différencesd'intensitéde la
couleur dans les frontièresde El-Hasa et ElKatar sont beaucoupplus prononcéesdans le dossier
desjuges que dans la version de l'atlas. Quantà la versionnon agrandie,elle està une échellesi
petite qu'il est impossible dedéterminer de façon certaine quelest la couleur des îles Hawar et
celle de Bahreïn,et s'il existevraimentunedifférenceentre elles.
38. Prenons comme troisième exemple la carte de l'Arabie de 1919, qui constitue la
carteno8 du mémoirede Qatar, en regard de la page 71. Comparons-la avec laversion quiest
reproduite sous le no62 dans l'atlas cartographiquede Qatar. Toutes deux sont indiquées comme ayant été publiéàsl'origine parGeographiaLtd. Sur la cartereproduite dans le mémoire, lamer
estjaune-vert. Sur celle de l'atlas,elleest bleue. Dans le mémoire, lacouleurde Bahreïnest d'un
rouge intense,en contraste apparentavec les îles Hawar, tandis quedans la version de l'atlas
carte àplus petite échelle- Bahreïnestfigenrose. Il est évident,si l'on comparele reste de la
b
carte au code des couleursindiquédans le coin inférieur gauche,que les couleurs n'ont pastoutes
été reproduitde façon uniforme. Defait, dans la reproductionde la carte entière, surla page de
droite de l'atlas, l'ensembledu temtoire d'Oman, dont Qatarest repcomme unepartie, ne
paraîtpas être d'une coulrifférentede celle de Bahreïn.
39. Mon dernier exemple est celui de la carte no41 de l'atlas cartographique de Qatar.
Comme la Cour peut le constatermaintenant surcet agrandissement, Qataret les îles Warden sont
O 1 9 recouverts des mêmes pointsrouges, ce qui donàepenser que les îles Warden appartiennentà
Qatar. Je vais vous montrer maintenant le mêmeagrandissement,produit de façon toàtfait
normale surun ordinateurde Bahre-n plus de points rouges,etune couleurtrès semblàcelle
de Bahreïn. Est-ce de lamagie, ou autrechose
40. En résuméM, onsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour, je me permets de
conclure que, sans les originaux des cartes sur lesquelles Qatar s'appuie si fortement, vous ne
devez prêter aucune attentions cartes. Et,mêmesi les originaux sontproduits, Bahreïn estime
qu'ils ne changeronten àl'affaire.
41. Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour,je termine ici mon exposé sur
les cartes. Je vous remercie de votre attentionet vous seraisreconnaissant,Monsieurle président,
de bien vouloirdonner laparole.Paulsson.
The PRESIDENT: Merci beaucoup,sir Elihu. 1nowgivethe floorto Mr. JanPaulsson.
Mr. PAULSSON: Thankyoy Mr. President.
PETROLEU M APS
1
1. It falls to me today to deal with a sub-categoryof cartographic evidence, namely the
maps - some of them little more, if 1 may Say so, than sketches scribbled on the backs of envelopes- which figured here and there in the negotiations between Bahrain, Qatar and those
who wereexploringforoil.
2. What wouldthe relevance be ofthese maps, or sketches? The question is, whetherthey
reflect any understanding of the geographicalent of the sovereignty of Bahrain or of that of
Qatar. Arid though this subjectmay seem, in our present -aseas you will see-it conceals a
fewsurprises.
3.1therefore propose once again, with your permission, to take you on a journey through
time, lasting perhaps half an hour, iner to review the way in which the two competing oil
groups positioned themselvesuringthisperiod.
My statement is divided- obviously divided,1was about to Say- into two parts: the
1920sandthe 1930s.
020 THE EXTENTOFTHE RIGHTS CEDEDBY BAHRAI INTHE PERIODUPTO 1930
4. Let us recall that amazing and highly colourful individual Major Frank Holmes, a New
Zealander who waseventually nicknamed "Abu ad Naft" - Father Oil. His Company,Eastern &
General Syndicate, obtained its concession in 1925 fiom Sheikh Hamad of Bahrain. Under the
terms of this concession, East&rnGeneral had the right to expl[Il"throughoutthe whole of
the temtories under his control"[((partoutsur le territoiresousson contrôle)))(Art.1,BahrainOil
Concession, Memorial of Bahrain, Vol.Ann. 90).
5.This documentmakesnoreferenceto anymap.
6. You will recall that the British authorities looked askance at Major Holmes. He was
scornedby the financiersin London. Hefailedto persuade theAnglo-PersianOil Companytotake
a share in his enterprise, which explains why Standard Oil of California arrived on the scene
throughits wholly-owned subsidiarythe BahrainPetroleumCompany(BAPCO).
7.BAPCO- let us remember - thereforerepresentsArnericaninterests 100per cent.
8. To digress, for a moment, Sir Charles Belgrave, the adviser to the Rulers of Bahrainfor
31years, arrived in Bahrain in 1926. What was his attitude with regard to the competing
influencesin this new oil industry? Hismemoirs leaveno doubt on this point: "Thehistoryof theoil concessionsin the Persic Gulf is, fiom a British perspective, asad story." [((L'histoiredes
concessionspétrolières dan s golfePersique est,dupointde vuede la Grande-Bretagne,untriste
récit.^]CharlesBelgrave,Persona1Column,p. 79(1960)).
9. Belgravewas aware of the refusal of the Anglo-Persian Oil Company to associateitself
with Major Holmes. He writes: "Holmes was frequentlytreated as persona non grata by the
British"[((Holmes fut souvent traitécommepersonanon gratapar lesBritanniques))]a , nd thathe,
Belgrave, had never heard a convincing explanationas to why the British oil interests were so
disinclinedto participate.
10. In 1936 Sheikh Hamad of Bahrain made an official trip to England. He met
LordCadrnan, Chairman of the Anglo-Persian Oil Company - the big British oil company in
which the Govemmentheld 51percentofthe sharesandwhich waslaterto berenamedthe British
Petroleum Company. Belgrave was present at the meeting. Cadman delivered a "non-stop
monologue" [((monologue ininterrompu))f]or a whole hour about thereasons why his company
was not interestedin the Bahrain concession;this, as Belgravewas laterto write,was "certainlya
very dificult matter to explain" [((certainementune chose biendificile à expliquer))](ibid.,
p. 108).
11. The Sheikh took leave of LordCadrnanwith a mischievousremark- again 1quote
Belgrave - "with almosta wink to me: 'some day you must tell me why your company didnot
compete for theBahrain concession"'[((unjour vous devriezabsolumentme direpourquoi votre
sociétén'apas postulépour la concession deBahreïn))](ibid.)
12. As weshall see, Anglo-Persianpreferredto ally itselfwiththe consortium whichat the
time was the most powerful in the world, the Iraq Petroleum Companyw , hich opted insteadfor
Qatar.
13.So muchfor my digression.
14. Until 1932, when BAPCO, contrary to many specialists'expectations, made the frst
discovery of oil on the Arabian side of the Gulf, the activities of Bahrain's Arnerican
concessionairewereconfinedto exploration. 15. The 1925 concession governing BAPCO's exploration activities provided for the
conversion ofthe concessioninto a mining lease, subject tothe concessionairerestricting itself to
an area of 100,000acres(whichwasto be selectedby theCompanyitself).
16.Ouropponentshave invoked two draftmaps, drawnbefore the negotiation ofthe Bahrain
concession,with the aim of persuadingus that the HawarIslandswerenot regarded as formingpart
of Bahrain.
17.Before going further,1shallexpresstwoseriousreservationsonBahrain'sbehalf.
18.First, the Courtcannotfailto be stnickby the unusualnature of Qatar'sreasoningon this
point.
19.Aman comes alongwith a drafi agreement, including amap of the area on which he has
designs. Counsel for Qatar saw fitto observe - as though it was of the slightest intere-t that,
unilaterally, therafi agreement was "duly signedby FrankHolmes and his signature witnessed"
(CR 200016,p. 21,para. 30).
20. The important point, though,is that the draft was not accepted by the Ruler of Bahrain.
Years passed, decades too, and 77 years later we are told that this draft agreement, drawn up
unilaterally by a New Zealander- to whom it is no insult to Say that his sole motive was
commercial - we are told, then, that weight shouldbe given to this faded proposal, of which no
accountwas taken in the determinationof the extentof theboundaries of a modem Arabnation. If
you will pardonan understatement, 1would cal1this a littledisconcerting.
21. Second, oilmen have never had the reputation of being saints. Rather judge for
yourselves the state of mind ofthe famous Major Holmes whenhe wrote to a potentialAmerican
investor. The question was whether the British authorities would approve a new concessionin
Bahrain larger than 100,000acres. The Americansdid not wish to showtheir maps to the British
authorities. Holmes expressedhis disagreementas follows:
"1 find it preferable to be perfectly f?ank in our dealings with the Political
Resident in the Persian Gulf so as to avoid any suggestionthat we are concealingour
hand, or that we have somethingto hide; it is as well to remember that these officials
are not technicians and maps mean very little to them. This is why 1did not try to
keep the maps of Bahrain secret." (Letter of 20April 1928, cited in T. E.Ward,
Negotiations for Oil Concessions in Bahrain,El Hasa, TheNeutra1Zone, Qatarand
Kuwait, p. 65 (1960), Bahrain Supplemental Documents submitted 1March2000,
p. 166.) [Translationby theRegistry.] 22. Inshort, letthem see ourmaps; theywill meannothingto them.
23. My point is totally serious.Can one imagine for a secondthat the sovereigntyof the
State of Bahrain should depend on documents which have remained a dead letter, prepared by
businessmento whom,it would seem,elegantimpenetrability comessecondnature - businessmen
Z
who were totally unqualifiedto settle boundary issues? The question is quite clearly a rhetorical
one.
24. With these reservations, let us nevertheless continue theanalysis of what Qatartries to
make us believe.
25. The first draftrnaphownto you on 30May last (CR200016,p. 21,para. 30) is attached
to a draft concessionof 1923. Hereit is. Youwill also findit in thejudges' folders(No.67).
26. Accordingto Qatar, theproposedconcessionarea,as colouredon the map, indicates that
the Hawar Islandsdo not belongtoBahrain.
27. Far from it. Article 1 of the draft concession, reproducedin your folders, explains that
the purpose of the colouring was to define an area called "The Bahrain Islands" [((Lesîles de
Bahreïn,)]. There is nothing to prove thatthe Hawar Islandshad even crossed Holmes'smind; it
wouldbe absurdto maintainthathe had anypreciseidea about whomthey belongedto.
28. Second, Qatar refers to an almost identical rnap entitled "Map prepared by
MajorHolmes" [((Carteétabliepar leMajorHolmes))]. You will find a copy of it in the judges'
folders (No. 68). Once again, al1that this rnap shows is the limits of a potential concession over
partof the territory of the Ruler of Bahrain. Its purpose was not to indicate the territoriallimits of
Bahrain - and its authorcertainlyhadno authorityto embarkonthat course.
29. But there is somethingfar more serious. Counselfor Qatar told the Court that thisrnap
was "prepared by Holmes five years later" than the first rnap "in 1928" (CR 200016,p. 22,
para.31).
.
30. Since, according to Qatar, the two maps are identical (ibid.), this is taken to be
confirmation that the geographicalxtent of Bahrain was understood,beforeandafterthesigning
of the concessionagreementin 1925,as excludingthe Hawar Islands. 31.1regret to tell the Court that Qatar'sassertion is untrue. This secondrnap did not come
after the signing of the concession in 1925,but well before; the fact is that, like the first map, it
dates fiom 1923. Inhis workArabia LFrontiers(1991),W. Wilkinson setsout the truth in a very
clear and very simple way. The rnap in question appearedin a book published in 1928 (judges'
folders, No. 69) (A.Rihani, Ibn Sa'oudof Arabia (1)),but with an explicitmention that it dated
fiom 1923. Qatar thus misleadingly presents the date of publication as being the date of origin.
This is not, let it be said,very serious. In anyevent, as we havejust seen,neither onenor the other
of these mapsindicatesthat the Hawar Islandsarenot partofBahrain.
32. If Qatar is totallyable to prove that the signatories of the 1925concession had it in
Q 2 4 mindthat the HawarIslands didnot belong toBahrain,Bahrain,for its part,is inthe happy position
ofbeing able to provethe opposite,thanksto a document whichis absolutelydecisive.
33. This is athird map, which Qatar took care not to show you- the rnap reproducedin a
book published in 1965by Mr. ThomasWard under the title Negotiationsfor Oil Concessions in
Bahrain, ElHasa (SaudiArabia), The Neutral Zone, Qatar and Kuwai(tBahrain Supplemental
Documents submitted 1March 2000, p. 166). Mr. Ward was a close associate of MajorHolmes
fromthe 1920sonwards. In particularhe representedhim in the negotiationswith the Amencan oil
companies which eventually bought out his concession. Mr.Ward's book, which nuis to
296pages, showsthathis collaborationwithMajor Holmeswas a close andlong-lastingone. What
is more, W. Ward himself was a leading American industrialist, as evidencedby the fact that he
was elected amember of the Council on Foreign Relationsin the United Statesand the Amencan
Petroleum Institute. But what interests me the most is that he was also a Fellow of the Royal
GeographicalSocietyin England, abody in whichArnericanshave seldomfigured. As forthe rnap
which appearsat the verybeginning of his book, youcan seeit here (and alsoin thejudges'folders
(No. 70)). Whereas the two previous maps indicated only that the Hawar Islands were notto be
part of the proposed concession, this rnapcIearIyconsiders thatthe HawarIslands arepart of
Bahrain. Anote onthe rnapexplainsas follows:
"This is a copy of the original rnap used in the course of negotiating the
Bahrain, Hasa (Saudi Arabia), the Neutral Zone and Kuwait oil concessions."
(Emphasisadded.) [((Ceciest unecopie de la carteoriginaleutiliséeau coursde la négociation des
concessions pétrolièresà Bahreïn, à Hasa (Arabie saoudite), laZone Neutre, et le
Koweït.))] (Lesitaliques sont demoi.)
34. Hereis a manifest intentionto indicatethe ownershipofthe Hawar Islands. Theyappear
indisputablyas part ofBahrain; withoutthe slightestpossible doubttheyare shownas formingpart
b
of a potential concessiongrantedby Bahrain. You willhave notedthe contrastbetweenthe Hawar
Islands andthe Qatarpeninsula.
35.As Ouropponentsthemselves acknowledge:
"Holmeswas intimately familiar withthe area as a result of his work in the oil
sector, and his views therefore have considerable weight." (Reply of Qatar,
para. 4.105.)
[((Holmesconnaissait intimementla région à cause de son activitédans le
secteur pétrolier, et son opinion a par conséquentun poids considérable.))]
[Translationofcounsel.]
36. It is hardly necessary to emphasizethe desirabilityof setting greater storeby what was
before the two Parties when they concluded the definitive concession- that of 1925, the
concession which was the comerstone of the entirepetroleum industryof Bahrain- than by what
MajorHolmes alone might have thought or might not have known earlier, before negotiatingthe
concession.
37. Onemore slightdigression,but onewhichis of capitalimportance.
38. Qatar saw fit to assert that Bahrain only conceived theidea of claiming the Hawar
Islands as a result of the ill-intentioned manoeuvresof Sir Charleslgrave in the mid-1930s. Yet
you have just seen the evidence that the Hawar Islands were definitely considered as part of
Bahrain 10years earlier,at a timewhenthe youngBelgravehad noteven set foot onBahrain.
39. We are thus confronted with three maps which lead us to this unsurprising conclusion:
the areas of an oilconcessiondonot necessarilycorrespondwith thelimits ofthe nationaltenitory.
40. Conversely,when those who are "intimatelyfamiliar" with an area negotiate, having in
.c
mind that a veq distinct group of islands - the Hawar Islands - can form part of a concession,
what we have is an explicit acknowledgementthat the authoriw which proposes to grant the
concessionis the undoubted master of the area. LESSONSOFTHENEGOTIATIONS OFTHE 1930s
41. The spectaculardiscoveryof 1932- in the centre of Bahrain's main island-obviously
sharpenedmany appetites. Everyoneunderstoodthat there were two areaswhere new concessions
mightbe imagined:
- on the one hand, of course, on the Qatar peninsula, where Sheikh AbdullahAl-Thani rapidly
foundhimself involvedin discussionswith a newlyattentiveAnglo-PersianOil Company;
- on the other hand, however, therewas also an interestingopportunity in Bahrain itself, since
the concession awarded to Major Holmes in 1925, then assigned to BAPCO, did not cover
Bahrain in its entirety; the appointedconcessionairehad to choose its 100,000acres, leaving
available the remainder of the national tenitory, which everyone ended up calling "the
unallotted area"[((lesecteurnonattribué))( ]it shouldbe noted that Bahrain's main island itself
representsa surfaceareaof 142,000acres).
42. This is wherewe see the entranceof the Anglo-Persian Oil Company which"wastedno
more time". In the months immediately following BAPCO'sstupendous discovery in Bahrain,
Anglo-Persian obtained exclusive workingrights fiom Sheikh Abdullah ofQatar. Anglo-Persian's
staff were not over-concerned aboutthe nuances of fiontiers. The British Political Agent[agent
politique]noted that:
"the explorers of...Anglo-Persian ... in Qatar have examinedplaces to which the
ruler of Qatar had no right to allow them to go" [((les explorateurs de la
Anglo-Persianau Qatar ont examinédes endroito sùle cheikhde Qatar n'avait aucun
droitde les laisseraller),]
since,ashenoted,
"it is said that as late as last year (1932) the Ruler of Qatar admitted in public that
certain areas on the Qatar coast pertain to Bahrain" [((ilest ditquepas plus tardque
Irandernier(1932)le cheikhde Qatara admispubliquement que certaines régions sur
la côtede Qatar appartiennentàBahreïn~](Counter-Memonalof Bahrain, para. 215;
ibid.,Vol. 2, Ann.59).
43. As for Bahrain's"unallotted area" [«le secteur non attribué))] SheikhHamed opened
negotiationswith BAPCO. However,in June 1933 the Anglo-PersianOil Company alsoexpressed
the wishtobid forthisareaavailablein Bahrain. 44. It was inBritain'sinterestfortheextensionof BAPCO'srightstobe confmedto as smallan
area as possible. One way of restricting the Arnerican-owned BAPCO was to exclude the
HawarIslandsfi-omtheextension itenvisaged.
45. Sheikh Hamadof Bahrain acceptedthe idea of excludingBAPCO fi-omthe Hawar Islands
but left mattersin no doubtwhenhe toldthe Acting PoliticalAgent [agentpolitiquepar intérim] that
"these islands are the dependenciesof Bahrain" [((ces îles sont des dépendancesde Bahrein))]
(despatchof 30July 1933,MemorialofQatar,Am. 111.86V , ol.6,p. 445).
46. At the time nobody asked Bahrainto confirmits title. It did not occurto anyonethat the
Al-Thani régimein Doha might claim the islands, even though the Anglo-Persian Oil Company
wouldhave found sucha claim desirable. After all, it waspoisedto acquirerights overthe totalityof
the Al-Thanitemtory. It was thereforein its interestto securerecognitionof a maximumarea on
Qatar's side- ratherthan being dependenton uncertain negotiationson Bahrain'sside, whereit had
a competitor.
47. This brings us to the end of 1933. Bahrain had signedneither with BAPCO nor with
Anglo-Persianin respectof the "unallottedarea"[((secteurnonattribué))].ThusBahrainhadnotyet
awardedany rightsoverthe HawarIslands.
48. At this juncture, BAPCO exercised its option under the initial concession- the 1925
one - and chose 100,000acres, unsurprisingly, onthe main islandof Bahrain, whereit alreadyhad
an oilfield. The area chosen by BAPCOwas this one, whichyou will also seeunder No. 71 of the
judges' folders.Theremainder of themainislandwas still available,as an "unallottedarea"((secteur
non attribué))]- but this was also and above al1 true of Bahrain's other land and maritime
dependencies,includingthe HawarIslands.
49. In 1935,the Anglo-PersianOilCompany,whichhadbeenworlung in Qatar fortwoyears,
formalized its concession with SheikhAbdullah Al-Thani of Doha. It is instructive to put this
concessionin its geographicalcontext. 1would drawthe Court'sattentionto a memorandumwritten
by Mx.Rende1of the Foreign Office in 1934 (21February 1934, Counter-Memorial of Bahrain,
Ann.67, Vol.2,p. 220),whichyouwill fmdunderNo. 72 of thejudges'folders.
50. First, on page221, we see that this was "APOC acting for the IPC" (Iraq Petroleurn
Company). 51. Second, on this sarne page 221, in paragraph4, Mr.Rende1noted that the only dangers
would comefiomeitherIbnSaudorthetribesof thehinterland.
52. Third, on page222, reviewing the possible consequenceswere Britain not to offer its
protectionto SheikhAbdullah,Mr. Rende1wrote:
"it will in practice be impossible for him [SheikhAbdullah] to afford the [oil]
Company effective protection unless we agree to his establishing far more effective
forces than he at present possesses. This would probably in anycase be impossible,
since ouraccountsofthe Sheikharethat he is littlemore than a largemerchantandhis
temtory is very sparsely inhabitedby tribesmen over whom heappears to exercise a
very loose control."
53. It was not Bahrain who said it- it was Mr. Rendel. hd the description does not date
fiom the nineteenth centurybut fiom 1934. Be that as it may, the conclusionis found atthe end of
the memorandum:
"in al1the circurnstances[((dansl'ensembledes circonstances))] the best course is to
authorize the Political Resident [résident politique]in the Persian Gulf to offer the
Sheikh full protection in return for the grant of the concession to the IPC Faq
PetroleumCompany]as originallyproposed".
54. That was the condition under which Qatar signed in 1935. However, the agreement
goveming the concessionwas not limited to any specificarea but referredto "the whole area over
which the Shaikhrules and which is marked on the north of the line drawn on the map attached to
this Agreement" [((l'ensemblede la zone sous l'autoritédu cheikhainsi qu'indiqué au nordde la
ligne tracéesur la carte annexée au présen ctontrat))]Memorial of Bahrain, Vol. 3, Anns. 104
and 105).
55. Here is the attachedmap, whichyou have already seen morethan once. It is noteworthy
on two counts. First, the only fkontiershown is that drawn south of the peninsula. That fkontier
alonehad been negotiatedbetween Britainand the Al-Thani,to whomthe British Govemmenthad
promised its protection against any attack by Ibn Saud in return- precisely- for choosing a
British concession-holder.
56. To thenorth of this line, the concession wasdefinedas coveringthe "areaover which the
Shaikh rules" [((zonesous l'autoritéducheikh))].So far as 1know, the Al-Thani were notmasters
of Kuwait, nor of the main island of Bahrain - and yet both are north of this line- nor of the
Hawar Islands. This observationwas also made by Mr.Rende1of the India Office in replying to Mr.John Skliros, the general manager [directeurgénéral]of the British concessionaire,when in
1936 the latter endeavoured to secure recognition that the HawarIslands were part of his
concessionin Qatar. LastFriday,1readout Mr. Rendel'sdismissive reply:
"its object [of the map attached to the Qatar Concession] was todefine the southern
boundary of the Concession. Incidentally it marks the BahrainIslands as well as
Hawar"[((elle[la cartejointe enannexe à la concessionde Qatar] avaitpour objetde
définirlafrontièresud de la concession. D'ailleur,llefigure les flesde Bahreïn,de
même queHawar))](Memorial ofBahrain, Ann. 248, Vol.5,p. 1076).
57. The second noteworthy aspect of this map is that the road network shown clearly
confirms that the inhabited part of Qatar was concentrated on the east coast, far away from
Zubarah,far away fromthe Hawar Islands.
58. The Anglo-Persian Oil Company almost immediately assigned its concession to a
subsidiary of thepowerful Iraq Petroleum Company- based in London - bringing together
mainly the Anglo-Persian Oil Company itself, together with Royal Dutch Shell, Compagnie
Françaisede Pétroles, andanAmericangroup. The subsidiary ofthe IraqPetroleumCompanywas
9 29 to be calledPetroleumConcessionsLtd. (or PCL), and thereforethe abbreviationPCLis very often
found in the documentsfiom 1935onwards.
59. It will be recalled that the only British holdingswere on the PCLde, BAPCO being
100per centAmerican-owned.
60. To judge by contemporary documents, Mr. Skliros, the general manager [directeur
général] of PCL, must have beenawashwith energy, for heseemsto have croppedup everywhere
promoting the interests of the company. No sooner had he obtained the concession on Qatar's
side - or let us Sayon the Al-Thani side- than he was bidding for Bahrain's"unallotted area"
[tcsecteurnonattribué))]i,ncludingthereforethe HawarIslands.
61. In that context, it behoved Bahrain to exerciseextreme caution. For, in bidding for
Bahrain's"unallotted"area [((secteurnonattribué)), r. Sklirosdid not lose his bearings,if 1may
Say so; without being a historian, without being "intimately familiar" with the region, without
having read the reportsby CaptainBrucks(in 1829)andthe PoliticalResident [résident politique]
Mr.Prideau (in 1909)followingtheirvisits to the HawarIslands,withoutthe slightestsign thathe
had been there himself,Mr. Skliros declared,in the letter we saw last Fnday (Memorial ofQatar,
Ann. III.104, Vol. 7, p. 21), that he and his company were of the opinion that the Hawar Islandsbelonged to the Sheikhof Qatar. This would haveimmediatelyput PCL in the position of having
al1rights over Hawar, therefore without having toworryabout competitionfiom BAPCO- unlike
the situationin theareasbelongingto Bahrain.
62. The local Political Agent [agent politique] and the Political Resident [résident
politique], i.e., the hghest British officia1 inthe Gulf, consideredthe question. They concluded
that the successive rulers of Bahrain had "exercised activejurisdiction" [((ont exercé,de façon
active, leur autorité))]over the Hawar Islands "down to the present day" (Counter-Mernorialof
Bahrain, para. 246). The British Govemment accepted theanalysis of its representatives and
informed Mr. Skliros, who hadraised the question,that Bahrain had sovereignty over the Hawar
Islands (Counter-MemonalofBahrain,para. 253). At the sametime,Britaintook theprecaution of
pointing out that itsecisionwas limited in nature, in that it might be modified if a claimant were
able to prove his rights over the islandsletter fiom the India Office to PCL, 14September 1936,
Counter-Memorialof Bahrain,Ann.79). It was a way of tellingMr. Sklirosthat it wasnot for him
to volunteerto claimrights onbehalf of a sheikhwho hadnot yet come forward.
63.During the three years which followed, PCL found itself obliged to deal with Bahrain,
and to do so in competitionwithBAPCO. Throughoutthe negotiations,the HawarIslands as well
as the other islands, reefs and waters of the Gulf of Bahrainwere considered by everyone- by
Bahrain,by Britain andby the twooil groups- aspart of Bahrain. Threeillustrationswill suffice:
- In 1937and 1938,the idea was mooted that the "unallottedarea" [((secteur non attribué))]be
sharedbetweenBAPCO andPCL. BAPCO, foritspart, wouldbe awardedthe areas,described
under No. 73 of the judges' folders,on and around the main island of Bahrah. They are
highlighted on this map preparedby BAPCO in 1938,which is also to be foundunder No. 74
of thejudges' folders.As for PCL,its rights would includethe areasdescribedunder No. 75 of
thejudges'folderswhich - asyou see on the screen- extendedfiom Janan,the southemmost
of the Hawar Islands, to cover Fashtal Dibal and the totality of the islands, reefs and waters
fallingwithin theperimeter constitutedby the linedrawnthroughpoints (a) to (i).
- Second, together with its draft lease [projet de licence] proposed to the Sheikh of Bahrain
(letter from the India Office to the Political Agent [agent politique], 28 April 1938,to which
are appended PCL'sdraft lease and two maps; Memorialof Bahrain, Vol. 6, Ann. 337), PCL submitted the two maps you will find under No. 76 in the judges' folders as well as on the
screen behindme. EffectivelyPCL now proposed two areas,the first to the north of themain
island of Bahrain, the second in the Gulf of Bahrain. The second area coveredthe Hawar
Islands, includingJanan,Fasht alDibal,and obviouslyQit'atJaradah,to the Westof Dibal.
- Third, here is another proposa1fromPCL, this one entitled "1939; TheLeasedArea; Hawar
Islands"[((1939 . La zone concédée. Les îlesHawar))]. You will find a copy of the map
appended to this proposa1under No. 77 in the judges' folders. Article 1 of the drafî lease
defines the proposed area of Bahrain'sconcession as including the Hawar Islands, Janan
included. You will see fi-omthe map that Janan is shown, unquestionably,in the area tobe
leased (Counter-Memorial of Bahrain, Vol.2, Ann. 104).
64. The negotiations between Bahrain and the two competitors, BAPCO and PCL,
concerningthe unallottedarea[secteurnonattribué],includingthe HawarIslands, werepursuedat
the sametime asthe investigationby theBritishauthorities ofthe claim lodgedby SheikhAbdullah
of Qatarin May 1938.
65. In February 1939, Bahrain decidedthat BAPCO'sproposa1covering the totality of the
unallotted area [secteur non attribué]was the more advantageous one (Counter-Memorial of
Bahrain,para. 279).
66.Takingnote of that decision,theBritish Govemmenttook theprecautionof informingal1
those concemed that the question as to whether the Hawar Islands were part of Bahrain's
concessionwouldbe subjectto the outcome ofthe proceedings conceming sovereigntyoverthese
islands (Counter-Memorialof Bahrain, paras. 281-287). It must be recalled that, had the British
Governmenthadthe cynicalintentionof determiningsovereigntyover the HawarIslandsinlightof
its own interests, it would logically have awarded them to Sheikh Abdullah of Qatar, who had
alreadygranteda British Companyan exclusiveconcessioncoveringthetotalityof his temtory.
67. The BritishdecisionrecognizingBahrain's sovereigntyover the Hawar Islandswastaken
in July 1939. Eleven months later, in June 1940,the discussions between BAPCOand Bahrain were concluded and BAPCO's concession was modified so that, fiom that time forwards, the
American Companyhad rights over the whole of Bahrain'stemtories, obviously including the
Hawar Islands.
68. A few words in conclusion on the subject of the oil operations on site in the Hawar
Islands.
69.BAPCO'sexplorationsin the 1940s,until 1949,includingdrilling,revealed no structures
of geologicalinterest.
70. The disappointing results put a stop to exploratory activity until 1961, when drilling
resumed. A detailed Geological Programme [programme géologique] was established. The
drilling sitewas set up on Sawad Shamaliyah.
71. Conoco and Superior Oil were invited to take part but also failed to find any promising
signs. Research hascontinueduntil thepresent day,in the hopethat new technologyin geophysics
will modiij the data, but for the timebeingthere isno signthat a resumption of expensivedrilling
operationswouldbejustified.
72. Although the Hawar Islands are explicitly mentioned in the areas covered by the
concessions awarded by Bahrain, it seemsjust as significant that these islands, including Janan,
have been equally explicitlyexcludedfromthe concessionssignedby Qatar sincethe British award
of 1939.
73. For example, the concession grantedto the South East Asia Oil and Gas Company in
1970, 1reiterate 1970 (Qatar Supplemental Document30), excludesthe "Hawar Area" [((zonede
Hawar))]. An enlargementof the area ofthe concessionaround the HawarIslands is shownunder
No. 78 of thejudges' folder. Exhibit B [annexe B] of the concessionStatesthat the boundariesof
the Hawar Area [zone de Hawar] are approximate, "Pending Final Agreement with Bahrain
Govemrnent"[((dansl'attented'unaccord définiti afvec le Gouvernemend t e Bahreïn))].You will
findthis extractunderNo. 79 in thejudges'folder. 74. Qatar proceeded in exactly the same manner in a further concession, this time in 1973.
Once againthe HawarArea [zonede Hawar] is excluded "PendingFinal Agreementwith Bahrain
Government" [((dansl'attented'unaccorddéfinitifavecle Gouvernementde Bahreïn),](Memorial
of Qatar, Vol. 5, Annex 11.66). This enlargement is shown under No. 80 in the judges' folder.
Exhibit B [annexe B] echoes the wording we have just seen; you will find this extract under
No. 81of thejudges'folder.
OIL WPS - CONCLUSIONS
Mr. President,Membersof the Court,
- since the 1920s,the Hawar Islands havebeen considered an integral part of Bahrain, both
duringthe negotiationswiththe oilcompaniesandin the concessionagreementssigned.
- Jananhas alwaysbeen consideredan integralpartof the Hawar Islands.
- At least fromthe 1930sonwards,the islands and reefs of the Gulf of Bahrain,includingFasht
alDibal and Qit'atJaradah,havebeen consideredan integralpart of Bahrain.
75. This brings us,Mr. President,to the end of ourexplanationsconcemingthe landasin
disputein this case.
76. It so happensthat the question of theoil maps whichvejust reviewed offers a good
transition, since oil operations also take place, of course, in maritime areas. They also have
implicationsfor Fasht alibal and Qit'atJaradah. 1thankyou for your kind attention andwould
ask you to give the floor whenever it suits you, perhapsier the break, to Professor Michael
Reisman.
The PRESIDENT: Thank you, Mr. Paulsson. The Court will adjoum for a quarter of an
hour.
TheCourtadjournedfrom 4.20p.m. to 4.45p.m.
The PRESIDENT: Please be seated. The Sitting is resumed and 1 give the floor to
ProfessorReisman. M. REISMAN :
LES QUESTIONS MARITIMES - PREMIEREPARTIE
1.Merci Monsieurle président, Madameet Messieurs de la Cour. Bahreïnaborde àprésent
l'exposé des partiesde son argumentationqui sont consacréesau questions maritimes. J'ai été
chargéde faire le point sur la géographiephysiqueet politique de Bahreïn, sur la façon dont il faut
la qualifier selon le droit internationalde la délimitationmaritime ainsi que sur diverses questions
de souveraineté.Mon collègue,M.Weil, développeraensuite les règlesde droit général régissant
ce volet du différend et leurapplication particulière auxéléments inhabitde la présenteaffaire
et il exposeraassez en détail les critiquesquenous formulonsl'encontre dela thèsede Qatar. A
la suitede M. Weil,j'exposerai brièvement,si la Cour me le permet, les conclusionsde Bahreïnau
sujet de lafrontièremaritime.
Elémentsparticuliersde la présente affaire
2. Laprésenteaffaireest inhabituellà plusieurstitre:
a) La Cour doit délimiter unefrontière entreun Etat continental et un Etat pluri-insulaire (ou,
comme on l'appelle aujourd'hui, un Etat archipel) quand leurs côtes se font face et sont
adjacentes. Bien que les Parties ne s'accordent pas sur le point de savoir si certaines
formationsmaritimes sont des îles ou parties d'îles et font ainsi partie de Bahreïn,le fait que
Bahreïn soit concrètementun archipel et Qatar un Etat continental ne peut guèreprêter a
controverse.
O3 4 b) La distance entre les deux Etats dans la moitié méridionaleou inférieurede la zone de
délimitationest inscritedansles eauxerritorialeset est en outre trèsréduite.Aussi, la Cour,a
la différencede la plupart desaffaires antérieures,ne dispose que d'une toute petite marge de
manŒuvre pour procéder à des ajustements. Tout léger ajustementde la ligne médiane
véritablevers l'estreviendraitmpiéterdavantagesur les eaux territorialesrevendiquéespar
Qatar; tout léger ajustement vers l'ouestaboutirait à empiéter davantage sur les eaux
territorialesrevendiquéespar Bahreïn, voire sur sonterritoire insulaire.c) La troisièmesingularité, ce sontles lettres de 1947 dont l'ombre plane sur toute l'affaire.
Mêmesi ces lettres ne constituent pasune sentence arbitraleet mêmesi aucune des Parties ne
les ajamais sollicitées ni acceptée, atar les invoque de tempsautre de différentesfaçons;
M. Salmon semble leur avoir attribuéune importance particulière dans l'exposéde son i
argumentation.
d) Quatrièmement,la décisionde la Cour sur les questions territoriales -les îles Hawar et
Zubarah- aura une incidence significative sur la frontièremaritime étantdonné quele
principe fondamental de droit internationalapplicable en l'espèceest que la terre domine la
mer. Jusqu'à ce que laCourdécide à qui appartiennentlesterritoiresterrestres,il nous faudra
formuler nos conclusions sous forme de variantes, chaqueconclusionvariant en fonctiondes
diverses décisionsterritoriales que la Cour pourrait rendre. Si la Cour restitue Zubaraà
Bahreïn, la façade côtière globalede Bahreïn par rapport à Qatar dicterait une délimitation
maritime particulière dans le secteur sud. Mais si la Cour décide de ne paslui restituer
Zubarah, Bahreïn, privé alors de sespossessions sur le continent,pourrait, s'il leveut,êtreun
archipel au sens de la partieV de la convention de 1982sur le droit de la mer ou, à titre
subsidiaire, si Bahreïn choisit de ne pas invoquer les dispositions de la partie IV, être
simplementun Etat archipel de fait dotéde lignes de base normales. Chacunede ces options
oblige à procéder à l'examen de questions juridiques différentesqui, nous nous rendons
compte, peuvent êtrecomplexes. Noustenterons d'êtreaussiclairs que possible et nousnous
excusons d'avance de l'effort quenousimposons.
Les côtesà retenir
3. Une question fondamentale en l'espèce est celledes côtes à retenir ou, comme le dit
M. Quéneudec, cellede «l'identification des côtespertinentes»'. La solution qui sera donnée à
cette question ainsi qu'à celle des bancs d'huîtres perlièresdétermineradans une large mesure
l'emplacement dela ligne médiane. Les principesjuridiques applicables encette matière ne sont
pas ceux queQatar avance. 4. Qatar,je l'ai dit,est un Etatcontinental. Comptetenu de sa configurationgéographique,il
est assez simple de déterminerl'élémen ntécessaire pourdélimiterles zones maritimes au largede
sa côte occidentale. C'est, en vertu l'article 5 de la conventionde 1982et en vertudes dispositions
antérieuresde la convention de 1958,la laisse de basse merle long dela côte. Toutefois,dans son
exposé consacréaux questions maritimes, Qatar a remplacécette ligne par celle de la marée
astronomiquela plus hautepour définirsesproprescôtes. Commela Cour le sait,cette solutionn'a
jamais été retenueauparavant pour ce genre d'opérationde délimitationet ne trouve aucun
fondementdansl'article5 de la conventionde1982.
5. Certes, le droit international permetà un Etat, quand celui-ci déterminele tracé de sa
propre ligne de côte,derenoncer àla laissede basse meret, s'il leveut, de retenir la laisse de haute
mer pour ligne de côte. Bahreïn ne trouve rien à redire en principeà la méthode inhabituelle que
Qatar a choisi d'utiliser pour définirsaropre côte. Mais Bahreïn doit bienici faire observer à la
Cour que la doctrine qui, selon Qatar, très ferme à ce sujet, prescrit le recours à la marée
astronomique la plus haute est dépourvuede fondement en droit international et contredit
expressément lesdécisions de laCour. M. Quéneudecaffirme, sans citer aucune source faisant
autorité,que«là oùn'existe pasde laissedepleinemer, ilne sauraitêtre question de parler de ligne
de côte)? :pas de laissede pleine mer, pas deligne de côte. Dansl'affaire desPêcheries opposant
la Grande-Bretagne à la Norvège, laCoura déclaré :«Ce qui importe,ce qui constitueréellement
la côte norvégienne,c'est la ligne extérieuredu «~kjaer~aard».»~ Si M. Quéneudec a raison,
pareille ligne extérieureseraitune impossibilité. La tactiquede Qatar à cet égardsaute aux yeux :
il fautrepousser la côtede Bahreïn aussi loinvers l'est que possible. Mais cette thèse deQatarest
dépourvue defondementjuridique. C'est l'article5 qui s'applique. La laisse de bassemer est
l'élément déterminant.
6. Bahreïn, je l'ai dit, est un Etat pluri-insulaire ou, comme on dit aujourd'hui, un Etat
archipel, c'est-à-dire un ensemble d'îles,y compris des parties d'îles, les eauxattenantes et les
autres élémentsnaturels qui ont les uns avec les autres des rapports si étroits qu'ilsforment
intrinsèquement un tout géographique, économique et politique, ou qui sont historiquement
Ibid.,40,par.18.
Pêcheries,rrêt, .I.J.Recueil1951127.considérés commetels. Comme la Cour le saitbien, la définitionque donne le droit international
d'un Etatpluri-insulaire ou d'un archipel et du nouveau régimejuridique de l'«Etat archipel))a
évoluédepuis les annéesvingt au fil des travaux de l'Institut de droit international, de
l'InternationalLawAssociation,de I'AmericanLawInstitute,de la Conférencepourla codification
I
du droit internationalde La Haye en 1930et de la Commissiondu droit international4. La notiona
été remodelép ear le tribunal arbitral dansl'affaire de11dee Palmas et par la Cour internationale
de Justice dans l'affaire desPêcheries et elle a finalementété consacrép ear un régimefacultatif
spécialdont elle faitl'objet dansla conventionde 1982surle droit de la mer. Au moment oùs'est
tenue la troisièmeconférence surle droitdelamer, la notionfondamentaled7Etatarchipelavaitété
acceptée
((c'estunensembled'Îles,y comprisdesparties d'îles,les eauxattenanteset les autres
éléments naturelq sui ont les unsavec les autresdes rapportssi étroits qu'ils forment
intrinsèquementun tout géographique, économiqueet politique, ou qui sont
historiquementconsidéréc sommetels)?.
7. L'élémenn tovateur de laconventionde1982 étaitnon pas qu'elle reconnaissaitla réalité
fondamentale et les besoins juridiques particuliers des Etats pluri-insulaires, car elle faisait déjà
partie de l'acquis, mais plutôt qu'elle prévoyaitqu'un Etat pluri-insulaire de grande taille ou
s'étendant surune grande superficiepourraitfermerde grandspans de ce quirelevait auparavantde
la haute mer par ce qui allait s'appelerdes lignes de base «archipélagiques»que ledit Etat pourrait
revendiquer. Rappelez-vous :les eaux situéesen deçà des lignes de base droites ou normales sont
des eaux intérieures, soumises àla souverainetéeffectivede 17Etatet soustraites à tout droitd'usage
Par conséquent,lYEtatpluri-insulaire s'étendantsur une grande
international, quel qu'il soit.
superficie pouvait, en transformant en eaux intérieuresde vastes zones maritimes qui jusqu'alors
faisaient partie de la haute mer ou demeuraient assujetties à d'importants droits d'usage
internationaux, mettreen péril l'application d'autresprincipes générauxtout aussi importantsdu
droit de la mer en matière de transit. Le régimefacultatif de la partie IV de la convention
représenteun compromis :lYEtatqui est un archipel au sens géographique peutse déclarerEtat
Voir Certains aspects juridiques dela question ràlla délimitationdes eaux temtonales des archipels
(AJCONF. 13/18 (1957), première conférence des Nations Uniesle droit de la mer, documents officiels,vol.1,
p. 290); voir aussi Etats arc:iGenèsede la partieIV de la conventiondes Nations Unies sur ledroit de la mer
(1990).
Article46 de laconvention desNations Uniesde 1982sur ledroitde la mer. archipel, auquel cas il peut tracer deslignes de base droites de 100milles marins de long, étant
entendu que 3 % de celles-cipeuventavoir une longueur maximalede 125millesmarins et il peut
englober de vastes espaces océaniques,le rapport de la superficiedes eauxelle des terres étant
extrêmement généreud xe, 9 1,mais -et il s'agit-là d'un«mais» extrêmementimportant- les
eaux ainsi englobées ne sontas des eaux intérieursoumises àla souverainetépleineet entièrede
1'Etatcôtier. Les eaux englobées demeurenatssujettiesau droit de passage inoffensifet au droitde
passage archipélagique pour les usagers internationauet la souveraineté surces eaux demeure
régiepar les clauses de la conventionde 1982. C'est ainsi que quelques Etats pluri-insulairesqui
pourraient devenir des(Etatsarchipels))au sens de la conventionde 1982en viennentà constater
0 3 7 qu'ils peuventexercerune maîtriseplus grande sur leurs propres eaux simplementdu fait de leur
configuration géographique, sans seprévaloirde la facultéque leur offre la partie IV de la
convention; exercercette facultéréduirait d'ailleurs effectivemenlteur pouvoir et leur imposerait
des obligations internationales bien plus importantes. Un Etat pluri-insulaire qui pourrait se
déclarermais ne se déclare pasEtat archipel en vertu de la partieIV ne perd pas pour autant son
caractère archipélagique. La condition d'archipel est un fait géographiqueavec lequel 1'Etat
lui-mêmetout comme le reste du monde doiventvivre. Mais alors ledit Etat ne peut pas, pour
délimiterses zones maritimes, se servirde lignes de base archipélagiques;il doit utiliser ce que la
convention de 1982appelleen sonarticle5 des«lignesde base normales)).
8.La côte ((juridique))d'unEtat pluri-insulaire se composedes lignesreliant sesîles et autres
éléments naturels leslus éloignés.C'est ce périmètre externequi est sa côte ((juridique)). Les
lignes qui constituentce périmètreexterne donneront les lignes de base servantlimiterla mer
territoriale. Les points de base pertinents de la mer territoriale de 1'Etatpluri-insulaire sont
égalementétablisàpartir de la côte (juridique))pour définirla ligne médiane parrapport àun Etat
limitrophe ouun Etat lui faisantface. Je soulignequ'ils'agit de«lignesde base normales))au sens
de l'article et non pas de lignes debase facultativesallant de 1à0125milles marins que seul
pourrait invoquer un Etat pluri-insulaire qui s'est déclaréEtat archipel en application de la
partieIVde la convention. Ces lignes de base normales peuvent donc êtreinvoquéespar un Etat
pluri-insulaire ou par ceque Qatar aqualifiéd'archipelde faitqui s'est abstenude se déclarer archipel» au sens de la partieTV de la convention. Il faut donc recourir à ces lignes de base
normales,prévuesàl'article 5,pour déterminerla côte «juridique»d'unEtat pluri-insulaireoud'un
Etatarchipel de fait.
Les objectionsformulées par Qataràl'encontredurégimeet descaractéristiques
archipélagiques de Bahreïn
9. Par la suite,Monsieur le président, Madameet Messieurs de la Cour, la question critique
qui se pose quand on veut définirla côte de Bahreïn par rapport Qatar est celle de savoir quels
sont ses points de base. Mais avant que nous examinionsles éléments deBahreïn qui constituent
l'archipel de fait qu'il est-pour reprendreà nouveau l'expression utiliséepar Qatar- et qui
servent de points de base pour son temtoire, permettez-moi de comger une inexactitude dans ce
que Qatar dit au sujet du statutEtatpluri-insulaire, oud7Etatarchipel de fait, de Bahreïn. Dans
son contre-mémoire,Qatar a reconnu que Bahreïnest un archipelde fait,mais soutient que lesîles
Hawarn'en font paspartie. Orl'intégration démographiqu et socio-politiquedes îles Hawardans
17Etatde Bahreïn est une réalide fait commede droit. Bahre'ïnfonde sontitre sur les îles Hawar
O3 8 sur la sentence de 1939, sur l'exerciceprolongéet exclusif de sa souveraineté qui a préccette
décision, qui l'expliqueet qui s'est poursuivi jusqu'à nos jours; Bahreïn se fonde aussi sur
l'intangibilitédes frontièreshéritées del'époquecoloniale, le principe de'uti possidetisjuris.
L'affirmation de Qatar selon laquelle «[d]'un point de vue géographique, il est donc
impossible ..d'inclure les îles Hawar dans l'«archipel de ~ahreïm~ est inexacte mais elle est
surtout dépourvue depertinence juridique. Que les îles Hawar fassent partie de l'archipel de
Bahreïnou soient un archipel distinctn'a absolument aucun effetsur le caractèrearchipélagique de
1'Etat de Bahreïn. Un Etat pluri-insulaire peut se composer de plusieurs archipels ainsi que
l'indique expressément l'alinéaa) de l'article46 de la convention. Donc, 1'Etat de Bahreïn
englobe les îles Hawar, que celles-ci fassentpartie de l'archipel de Bahreïn ou constituentun
archipeldistinctrelevant de Bahreïn, parcequeahreeïny exercesa souverainetédepuislongtemps,
en vertu de l'autoritéde la chose jugée qui s'attacheà une sentence arbitrale ou en raison du
principeconférantun caractèredéfinitiàdesdécisionsterritoriales antérieures.
Contre-mémoirde Qatar,par.6.61 (lesitaliquessontdenous). 10.Monsieurle président,Madame etMessieurslesjuges, le postulatjuridique fondamental
est que la terre domine la mer comme mon ami, M. Weil, l'exposera demain. La démarche
juridiqueà suivre consiste donà déteminer les élémentscomposant l'archipel deBahreïn avant
de procéderà la délimitationentre un Etat pluri-insulaireou un Etat archipel de fait, d'unepart, et,
de l'autre,un Etat continental. Je vais par conséquent, si vous permettez,passer en revue les
éléments insulairesqui composentensemble1'Etatde Bahreïn sans m'arrêter pour l'instant sulres
effets de sa composantecontinentale,Zubarah.
Lesîies etles hauts-fondsdécouvrantspertinents de Bahreïn
11.La Courvoit ici la plus grandeîle de Bahreïn,tantôt appelée Al Awalet tantôt Bahreïn,
ainsi queles îles immédiatementcontiguës de Sitrahet d'AlMuharraq. En outre, il existe d'autres
îles, y compris les Hawar et plus de2 hauts-fonds découvrantsnon négligeables. J'aimeraisà
présent attirerl'attention de la Cour surcertaines des îles et des autres formations maritimes qui
sontimportantespour la déterminationdeslignesde basenormales d'unEtat multi-insulaire.
039 A. Fasht alAzm
12.Tout d'abord, Fashtal Azrn,qui doit être caractérommeune partie de l'îlede Sitrah
ou comme un haut-fond découvrantaux fins de la déterminationde la ligne de base de Bahreïn.
En 1982, Bahreïn acreusépar dragage une voie navigablequi traverse Fasht alAzm. Les deux
Parties conviennent, j'imagine,que cette opérationn'a eu aucun effet sur le statut juridique du
Fasht, pas plus que le canal de Kiel ne transforme désormais enîle ou en une autre formation
maritimedistinctelesbandes de terre donnantsur la mer quirésultentde cet exploit des ingénieurs.
Je suppose que les deux Parties conviennent aussi que la question précise quiconditionne la
solutiondu problème dustatutjuridique de Fashtalzm est la suivante:existait-il,dans une zone
qui étaitdécouverte, compris en 1982,et qui se situà l'ouest du nouveau chenal artificiel,une
voie naturellementnavigable en permanence entre Sitrah et Fasht al qui ne soit pas a sàc
marée basse ? La photographie que vous voyez à présentet qui date de 1958 montre clairement
qu'iln'yavaitpas de voiequi soitnavigableenpermanence àl'époque.La deuxièmephotographie,
qui date de 1983,faitnettement apparaîtrele chenal creusépar dragage. 13. Si, avant1982, il n'existait pas de voie naturellement navigable en permanence,
Fasht alAmi faisaitet fait toujours,juridiquement, partie de l'îlede Sitrah. A l'inverse,s'ilexistait
entre Sitrahet Fashtal An, mêmesi elle a étécombléeen 1982,une voie naturellement navigable
en permanence quine s'asséchaitpas à maréebasse, l'îlede Sitrah,juridiquement, se termine à
E
environ 50"38'et non à 50' 55'de longitude et, dansla mesure où Fasht Ami joue un rôle dans
la délimitation de lafrontièremaritime, c'est en tant que haut-fond découvrantet non en tant que
partie de l'île de Sitrah.
14.Nous estimons qu'il est trèimportant d'êtrici bien clair sur les questionsde fait et de
droit.Il ne s'agitpas de savoir si FashtAzm est une île àpart entièredont une partie émeàge
maréehaute. La laisse de pleine mer est pertinentepour déterminersi une formation maritimeest
une île; si c'estle cas, elle a rempli sa fonction et est remplacéeparla laisse de basse mer, qui est
alors utiliséepour déterminerla ligne de côte de l'île en question ou l'existence d'un haut-fond
découvrant qui,en vertu du droit international, peut être priscomme point de base pour la
déterminationdela côte. Bahreïn soutientnon pas queFasht al Azm est une île en soi mais qu'il
fait partie de l'île deSitrah. Du point de vue opérationnel, la question qui sepose est celle de
savoirsi Fasht alzm est séparde Sitrahàmarée basse parun chenalnaturel, et nonpas s'ilexiste
sur le Fasht un chenalou des chenauxnaturels qui,en théorie,sontfranchissablespar desbateauxà
faible tirant d'eàudiverses autres hauteurs de marée, mêmsei les chenaux s'assèchentà marée
basse. Si Fasht alAzm ne fait pas partie de Sitrah, il s'agitdhaut-fond découvrantqui, par
0 4 0 définition, estrecouvert par l'eauà marée haute. Il peut, bien sûr, exister des chenaux sur
Fasht alAni à diverseshauteurs de maréecomme c'estprobablement le cas surnombre de hauts-
fonds découvrants,mais cespetits «chenaux» s'assèchent maréebasse et cessentalors d'êtredes
chenaux : Fasht aAni n'estpas une formationlisse. Le conseil de Qatar a, sans que ce soit,j'en
suis sûr, de propos délibére,mbrouilléla question en adoptant volontairementla laisse de pleine
mer pour la déterminationdela lignede côte de Qatar.Commeje l'ai dit,Qatar est librede le faire
pour ce qui le concerne,mais il ne peut modifier le droit internationalen ce qui concernen.
C'estle niveau de la maréebasse qui est la référencessentielle ici.l s'agitdonc de savoir s'il
existait, avant 1982,entre l'île de Sitrah et Fasht alun chenal ininterrompuet permanent à
marée bass e un chenal quine s'asséchaitàmarée basse enaucunpoint de sonparcours. -37-
15.Il s'agitlà d'unequestion de fait qui doitêtreréeumoyen de preuves géographiques
et historiquesantérieures la construction duchenalartificiel et au comblement du chenal naturel
allégué. Il faut se fier aux cartes ancienneset, si possible, au témoignage de personnes encore
vie. Les cartesmarines sontparticulièrement importantesellesfournissentdes indicationà ceux
qui parcourent la mer en bateau et dont la vie dépend de leur précision.C'est pourquoi le
commandantCarleton, chef de la divisiondu droitde la mer des servicesde conseill'amirautédu
bureau hydrographique du Royaume-Uni, a étéchargé d'établir un rapporstcientifique sur la
question. L'étudedu bureau hydrographiquedu Royaume-Uni a conclu,sur la base d'uncertain
nombre de sources dont les plus importantes sontles cartes ancienneset les guides de navigation,
que Fasht al Azm fait historiquement partie de l'île de Sitrah et qu'il n'existait pas avantle
creusement de 1982, à marée basse,de chenal permanent entre l'île de Sitrah et Fasht al Azm.
Bref, Fasht al Azm fait partie de l'îlede Sitrah. Cettepiècefiguredans le dossier de l'affaire etla
Cour l'a sansdoute déjàexaminée.Iln'y en a quedes extraitsdans votredossier. Bahrein soutient
qu'avec cettepièce, ilatransférlachargede la preuveàQatar.
16.Lesconclusionsde l'étudedubureau hydrographiqueduRoyaume-Uniont été contestées
par M. ThomasRabenhorst, dont le rapport aété présentp ar Qatar. M. Quéneudec a donné de
l'étude deM.Rabenhorstun résumé vivantet amusant,mais il s'agitde questionsscientifiquesetje
propose donc d'examiner directementl'étude deM.Rabenhorst plutôt que les observations qu'à
faitesà son sujet M. Quéneudec. Mon ami, M. Quéneudec, sait queje n'entends pas ainsilui
manquer derespect.
17. M. Rabenhorst se fonde pour une large part sur une sériede cartes publiées en 1977.Il
s'agit d'unesériede cartes terrestres et non pas marines. Pardonnez-moi de rappelerce qui est
l'évidencemême:les cartes sont la représentation graphique d'informationstiles, voire vitales,
pour leurs utilisateurs. Les cartes terrestres et marines ont des fonctionstotalement différenteset
s'attachentdoncà rassembler,vérifieretprésenterdesmes différentsderenseignementsdestinés à
des publics et à des utilisateurs extrêmemedifférents. Les cartes terrestres sont destiàéun
usage terrestreet se concentrent sur ce qui est importantpour leursutilisateurs. Elles représentent
couramment, pou. être complètes,ce que leurs auteurs appellent une laisse de basse mer
«approximative»mais celle-ci n'estpas -et ne doit pas êtr- présentée comme une indicationexacte de la laisse de basse mer, ce qui seraitle cas, par exemple, sur les cartes marines, dontla
valeur dépend essentiellementdu haut degréde précisiondes indications bathymétriques. Comme
je l'expliquerai dansun moment, d'autresdonnéesfacilementaccessiblesmontrent que la laisse de
basse mer approximative indiquéesur les cartes terrestres qui ont étéprésentées est,et je suis
indulgent, une approximationtrèsgrossière. Par conséquent, l'argumentation de M. Rabenhorst,
fondée surces cartes plutôt que sur des cartes marines est-c'est le moins que l'on puisse
dire-curieuse, comme si on se servait d'un dictionnaire tout en chinois pour vérifier
l'orthographed'unmot anglais ou si on cherchait un concept confùcéendans la Bible et, ne l'y
trouvantpas, concluaitqu'il n'existepasnonplus dansle confucianisme.
18. En regardant les cartes terrestres de77, M. Rabenhorst trouve un «chenal». Mais,
commeje l'aidit, Fasht alAmi n'estpas une formationlisse. Elle est en quelque sorte <aidée»,t
comportedes parties qui s'assèchentlors de la plus faiblemarée astronomique.A l'instar de ce qui
se passe dans de nombreuses zones des maréesque les membres dela Cour connaissent bien, un
chenalqui pouvaitêtre fianchipar de petitesembarcationsà maréehaute et étaitreprésentcomme
tel n'est pas nécessairementun chenal navigable en permanence, c'est-à-dire un chenal qui ne
s'assèchepas àmaréebasse. Enréalitéa ,ucunedes cartesdes guidesou de l'amirauténe mentionne
la possibilitéde passage à travers un chenal permanent et ce, depuis la date de leur première
publication en 1862jusqu'en 1982 - pas une seule mention surl'une des cartesou sur un des
guides de l'amirauté- alors que naturellementles auteurs de cartesrecherchaient des chenaux et
ont doncreprésenté le chenal quirelie Sitrahl-Awal.
19.Mais les donnéesde M.Rabenhorst présententun défautbeaucoup plus grave et, à mon
sens, rédhibitoire. La Course souviendraque la donnée essentiellequi permet de déterminersi,
avant 1982, l'île de Sitrahet Fasht ali étaient séparép sar un chenal qui ne s'asséchaitpas a
marée basse estla laisse de basse mer. Elle est le critèredécisif,en droit international, pour
déterminerle périmètre côtierd'uneîle. Le fait qu'unchenal puisse, de manière intermittente,se
créer-voire êtrenavigable- àmaréehaute n'a aucun intérê ptour trancher cette question. Or,
M. Rabenhorstdéclarequel'imagede Landsatqu'ila choisiepour l'analyser aété prise le 9 février 1979 à 6:29heuresGMT'. Il poursuit :«Lestables des marées pourcette zone indiquentqu'àcette
date et à cette heure, le niveau de la maréeétait à quelques centimètrespar-dessus, au plus, la
marée basse.»* Toutefois, si on fait appel à Tidecalc, logiciel mis au point par le bureau
hydrographiquedu Royaume-Uniet largement utilisé parles océanographeset les navigateurspour
déterminerla hauteur des marées dans certaines zones et à certains moments précis9,on constate
que la hauteur Tidecalcpour l'îlede Sitrah à6 h 29 GMT lejouren question est de 0,81mètre,non
pas quelques centimètres mais 0,81 mètre ou 2,8 pieds au-dessusde la plus faible marée
astronomiqueminimale. C'estbeaucoup plus, Monsieurle président, Madame etMessieurs de la
Cour, que les ((quelques centimètres))que mentionne M. Rabenhorst. En d'autres termes, les
donnéesde M. Rabenhorst - même en supposant qu'ialit choisi les bonnes données - concernent
non pas la maréebasse mais la demi-marée. Mais indépendammentde cela, M. Rabenhorst
utilisait-il les bonnes données? Il oublie de dire qu'ila utilisé lamarée demortes-eaux et non la
marée de vives-eaux, niveau que l'on retiendrait normalement sur les images satellites pour
déterminerla vraie laisse de basse mer. Par conséquent, Monsieurle président,Madame et
Messieurs de la Cour, est-il surprenant qu'avec detelles données,M. Rabenhorst aitpu trouverdes
'RapportRabenhorst,p. 3.
Ibid.
«TIDECALC est une version du logiciel de prévision des marées utiliéar le bureau
hydrographiquedu Royaume-Uni pourétablir les prévisions quotidees marées publiées danlses
tablesde l'amirauté.Il a étéadaptéutrilisation surunPCIBMet est appliquédansle mondeentier.
Ce logiciel secompose d'unedisquette-programme158) et d'une sériede 13 disquettes de
zone (NP158A1 à 13). Les disquettes Al à A12 contiennent chacune les constantes harmoniques
d'environ 350à 400 ports, tandis que la disqueite A13 contient les constantes harmoniques de
161endroitssituésau large, surle plateaucontinentaldu Royaume-Uni. Le programme est disponible
sur disquettede 3,5 pouces de1,4Mo etestcompatibleavecla version4.0 ou les versions ultérieures de
MS-DOS. Leprogramme s'exécute suurn ordinateur compatibleIBM 286 aumoins.l requiert 640Ko
demémoire au minimum.
TIDECALC comporteun certainnombrede fonctionnalitésutiles pour complétlearprésentation
classiquedes heureset desniveauxdesmaréeshaute etbasse.s'agitnotamment du choix del'udeté
mesure pourlahauteur (mètresoupieds); delapossibilitéde tenir compte del'heured'étép,ar exemple le
BST (BritishSumrnrnerTime); d'uneindicationdes périodesde lumière diurne etde crépuscule;de la
possibilitédintroduireletirant d'eaudunavire;etde lacapacitéd'afficher ades moments età
des intervallesprécis.
Les prévisions sont également affichées sous forme graphique en courbe continue
hauteurheure.)) [The UnitedKingdom HydrographieOflce, Admiralty Charts and Publications,
Taunton,Somerset,TAIZDN. UnitedKingdom,Tidecalc,A PC based TidalPrediction System,H367A
(revisi11/98).] «chenaux» que personne d'autren'a vu dans les indicateurs et sur les cartes de l'amirautéétablis
pour cette zone depuis 1862 ?Est-il surprenantqu'il puisseaffirmer, en se basant sur ses preuves,
qu'«il y a manifestementde grandes étendues d'eauqui sontininterrompuesentre 191ede Sitrahet
Fasht alAzm»'".
T
043 20. M. Rabenhorst trouve également des marques blanches sur la carte de1977.
M. Quéneudecsuggère assez hardiment que ces marques seraient des ((marquesd'alignement))
d'unchenal.Bahreïnn'a pas pu déterminerqui avait érigécespoteauxmarqueurset pourquoi,mais
nous pensons qu'ils indiquaientprobablement un chenal permettant, à maréehaute, aux petites
barges d'accéderaux travaux de remblailiés àla raffinerie.Ce qui selonnous,est significatif,c'est
que le «chenal» découvert par M. Rabenhorst n'aurait pas pu se prêter à une navigation
permanente,même pour de petits bateaux,parce qu'iln'ajamais figuré surles cartesdeBahreïnou
de l'amirauté.
21. Pour son étude,le bureau hydrographique du Royaume-Uni s'estservi des cartes de
l'amirautéafin d'établir l'absence dechenal permanent entrel'île de Sitrah et Fasht alAzm, à
l'époque considérés ei,bien que Fasht alAzm faisait partie de SitraM. Rabenhorst ne présente
pas d'autre cartemais, aprèsexamen decelles de l'amirauté, il déclare queelles-ci ne fournissent
aucune (preuve définitive)).Examinons pourtant, si vous le permettez, la substance de ses
critiques:
- «il est clair que les carte...laissent ouverte la possibilitéqu'une voie de passage ait pu
exister»".
- «où il n'y a pas de sondages, des lignes figurant en pointillés correspondraient très
certainement à une «meilleureestimation))maissansconfirmation»'2.
- «à cette distance, il aurait étéfacile de ne pas se rendre compte de l'existence d'un chenal
naturel»13.
'Rapport Rabenhorst,p. 6 (documents supplémede Qatar).
"Ibid.,p. 3.
'Rapport Rabenhorst (Documentssupplémentairedse Qatar),p. 3.
lIbid.,p.4. - «il n'y arien dans ces cartesquipuisse exclure demanièredéfinitivel'existenced'un chenal
naturel depêcheurs...»14.
- «il n'y a rien quipuisse exclur...l'existenced'unchenalnaturel ...avant l'exécutiondes
travauxderemblai.. 3''.
22. Ces remarques assez tendancieuses et faites au conditionnel sur toute une sériede
possibilités constituent-elles une réfutation des cartes de Bahreïn et de l'amirauté ? Ni
M. Rabenhorst,ni Qatar n'ont produit d'autres cartescontemporaines pourréfuter lesimplications
nettementfavorablesà la thèse deBahreïndes cartes établiesparBahreületpar l'amirauté.Au lieu
O 4 4 de cela, M. Rabenhorst tente, tout commeM. Quéneudec,de les dénigreren posant des questions.
Mais tout ce que M. Rabenhorst peut dire,c'est que les multiples études faites de nosjours en
s'efforçant activementde trouverun chenal,(qui aurait été tsconomiqueet trèsutile), étudequi
ont étélargement signalées etdiffusées, sebasaient sur des observationsdu terrain, se recoupaient
entre elles et ont étéutiliséesavecconflance par des générationsde marins, auraientpu être
erronées.Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour, ce n'est tout simplementpas
vraisemblable. Leslevéshydrographiquessur lesquels ces cartes s'appuyaientont dû êtreeffectués
par de petits bateaux navigant prèsdu récif. Comment, sinon,aurait-on identifiéle petit chenalen
voie d'assèchementqui se trouve à l'ouest de l'île de Sitrah, est mentionnédans les guides de
navigation et figure sur les cartesourquoi aucun chenal n'est-il mentionnà l'est del'îl? Il
est hautement improbable qu'un chenal permanent utilisé par lesnavires locaux, s'il avaitexisté,
auraitpu ne pas être signalépar lsersonneschargéesdes opérations cartographiques.
23. Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour, Bahreïn a établi qu'aucun
chenal naturel n'existait dans le passé enrecourant au meilleur et au seul élément depreuve
existant les cartes officielles, celles-là mêmesqui sont exigéesen vertu de l'article 5 de la
conventionde 1982sur le droit de la mer. Etafin que nulne soupçonne,même un seul instant,que
ces cartesne reposaient pas sur des observationsminutieuseset précises,je me permets d'indiquer
que leurs indications sont confirméespar les cartes de l'amirautébritannique. Les cartes sur
lesquelles l'étude du bureauhydrographiquedu RoyaumeUni s'est baséeont été établies pad res
lIbid .4-5.
lIbid .,6.hydrographes britanniques au cours d'une période qui s'étend sur plusieurs décennies. Elles
représentaient cequi se faisait de mieuxà l'époque. Aucun de ces hydrographesn'avait intérê t
favoriserune position plutôt qu'une autre.Pendantdes décennies,c'est à ces cartesque se sontfiés
des marins, des navigateursqui n'auraient pas manquéde signalertoute divergenceentre les cartes
publiéeset leurs propres observations puisqueleur vie et celle de leurs collèguesdépendait de
l'exactitude de ces cartes. Rien n'indiquequ'ils aientjamais demandéque telle ou telle carte soit
corrigée. Et Qatar n'a jamais rien fait valoir qui l'atteste. Il est certain que Bahreïn, en
rassemblant les meilleurs élémentsde preuve disponibles, a maintenantétabli qu'aucunchenal
naturel n'a jamais existé entreSitrahet Fasht alzm, et que ce dernier,juridiquement, fait depuis
toujours partie de Sitrah. Tout ce que peut dire Qatar, c'est que différents hydrographes,qui ont
travaillé sansse concerterà cette époquerévolue depuisdéjà un certaintemps et sontparvenus à
des résultatsconcordants,ontpeut-être eutort, auraientpuavoir tort.
24. M. Quéneudecformulel'hypothèseque Fasht al Azm correspondpeut-être, en fait,àune
accumulation de hauts-fonds découvrantsdifférents. Mais il ne dit rien qui soit susceptible dele
confirmer. Fasht al Azm a;je l'ai dit, une surface qui n'est pas lisse mais ridée; orla surface des
hauts-fonds découvrants peut avoir l'une ou l'autre de ces caractéristiques. Mais, pendant des
siècles, les Bahreïnites l'ontconsidéré comme constituanutne seule entitéet c'est ainsi qu'il est
représenté surles cartesue, de soncôtél'amirautéa établies.
25. Monsieurle président,Madameet Messieurs les Membres de la Cour, Bahreeinmaintient
respectueusementqu'ila amplementmontréqueFasht al Ani fait partiede l'île de Sitrah.
B. Qit'atJaradah
26. Le droit applicable à cette question est clair.Le paragraphe 1 de l'article 121 de la
conventionde 1982définit uneîle comme aune étenduenaturellede terreentouréed'eau qui reste
découverte à maréehaute»16.Commede nombreuxjuges ayant participé àla troisièmeconférence
sur le droit de la mer le savent,la rédaction de cettedisposition fondamentale afait l'objet du plus
*
grand soin et, ajouterai-je si vous me le permettez, elle a, contrairement à d'autres parties de
l'article 121,le mêmesens dans les textesanglais et fiançais.. Quéneudec,dansla partie de son
''Article 121(l), conventiondes~ations~nies sur le droitdelamer, 1982. exposé consacréeà Qit'at Jaradah, nous a diverti en mentionnant des adjectifs et des qualificatifs
qui seraient implicites dans le paragraphe 1 de l'article 1, alors que leur absence est tout
voulue. La disposition spécifique relativeaux «rochers», soumis, quanà eux, à une condition
d'habitationhumaineet de vie économiquepropre, montrebien a contrario que ces qualifications
ne s'appliquentpas au paragraphe 1de l'article 121. Peuimporteque la zone quireste découverte
à maréehaute soit peu étendue. Il s'agit simplement desavoir si unezone de terre entourée d'eau
reste découverteàmarée haute.
27. C'est donc toutsimplementune questionde fait :Qit'atJaradah est-il découveàtmarée
haute? Pour fournir une réponse scientifique à cette question, Bahreïn a chargé
M. Lewis Alexander, l'ancien directeur du service géographique du département d7Etat des
Etats-Unis, d'examiner et de vérifierun levéde Qit'atJaradah sur le terrain. La méthodologie
employéepar M. Alexanderest exposéedans sonrapport, que la Cour aura déjàétudié et dontdes
extraits figurent dans le dossier desjuges. Au cours de six visites, échelondans le temps de
manière à engloberdifférentespériodes de l'année M, . Alexander aconfirméla présence desable
sec au sommetde Jaradahpendant les différentsstadesde la pleine merde vive eauqui constituele
critèreapproprié enl'occurrence.M. Alexanderconclut :
«L'article 121(1) de la conventionde 1982 [surle droit de la mer] prévoittrois
critèrespou qu'une structure soit reconnue commeune île. Le premier est qu'elle
doit constituer une zone de terre de formation naturelle.radah correspond àcette
046 description:il s'agit en effet d'une caye, c'est-à-direun banc de sable surmontantun
récifcorallien. Selon le deuxièmecritère, une île doit êtreentourée d'eau. Mes
observationsconfirmentque Jaradah correspondbien à cette description. Letroisième
et dernier critère exige que la structure émerge marée haute. Mes observations
confirmentque les zonesles plus élevéesde Qit'atJaradahémergentaux pleinesmers
de vive eau chaque mois. Par conséquent,Jaradah correspondà la descriptiond'une
îleau titre de l'article 121(1).»".
Voilà ce quenous dit M. LewisAlexander.
28. Conire cet élémendte preuve, Qatar a soumis dans ses conclusions du le*mars 2000 un
. rapportde vingt-septpagesrédigé pour lui par BrianMurphy et VictorPrescott. Puisqu'ils'agit,je
le répète, d'une question scientifiquej,e me propose de passer directement aux conclusionsdes
experts de Qatar et de n'examiner que les nouveaux élémentsde preuve ou allégations
éventuellementprésentép sarM. Quéneudecdans sonexposé.
" Répliquede Bahrein, annexe13,p. 77. 29. La Courauranoté que75 % du rapport Murphy-Prescottest dépourvude pertinence :il
s'agit d'unelonguedigression surles techniques permettantd'établir leniveaude lapleinemerde
vive eau et d'une dissertationencoreplus longuesur les cayes sablonneuses.Murphy et Prescott
n'apportent aucunélémend te preuve qui leur soitpropre, se contentantde commenterle rapportde
1
M. Alexander et de soulever un certain nombre d'objections concernant sa méthodologie.
Permettez-moid'aborder directemenc tespoints.
- Premièrement,Murphy et Prescottfont remarquer que lescartes de l'amirautébritanniquene
définissent pas Qit'ataradahcommeune île. C'estexact. Les rapports neconcordentpas au
sujet du statut de Qit'at Jaradah, en raison, présumons-nous, du manque de clarté dela
définition juridiquedes îles et, bien entendu,de la décapitationde l'île en 1986. C'est
pourquoi Bahreïn a commandé une étude.Nous disposons donc maintenant de preuves
scientifiquesetlescartesindiqueront dorénavant que Qit'aJaradahestuneîle.
- Deuxièmement,Murphyet Prescott se demandentsi M.Alexanderétait endroit de se fieraux
tables desmaréesofficiellesparce qu'elles sont mesurées àMinaSalmanet que le momentet
l'amplitude desplus grandes marées peuvent, supposent-ils v,arier à Qit'at Jaradah. Je ferai
respectueusement remarquer que cette supposition, tellequ'elle est exprimée, estpeu
convaincante. Les deux sites sont distants de15,4milles marins. Ilest trèsimprobableque
cette distance se traduisepar une différence significatieour ce qui est du moment ou une
différencequelconquepour ce qui est de l'amplitude. En admettantque le momentdes plus
grandes maréesne soit pas exactement le mêmedans ces deux endroits, il reste que
M.Alexander,commetout scientifiquerigoureuxse livrantàune activitéde ce type, aeu soin
d'arriver à Qit'at Jaradah environ une heure avant le moment indiqué dansles tables des
maréeset de rester là quelquetemps après celui-ci. Quantaux différences d'amplitude, elles
sont non seulementtrèsimprobablesmais dépourvuesde pertinence pour le point considéré,
celui de savoir si Qit'at Jaradah reste découvert quelleque soit la maréetelle qu'elle se
présente à cet endroit. Que cette maréesoit plus haute ou plus basse que la marée haute à
Mina Salman ouqu'elle ait lemême niveau n'a aucune importance.- Troisièmement,Murphy et Prescottcontestentle levé effectué en octobre 1998 àQit'atJaradah
parce que le responsable de l'opération,M. G.C. Lindsay, a décritla marée haute comme«la
laisse de pleine mer apparente)) sans expliquer, disent Murphy et Prescott, comment il est
parvenu à cela. La réponseà cette question est des plus simples :M. Lindsay a bel et bien
expliqué, dansle texte qu'il ajoint, que «la hauteur maximale observée àJaradah pendant le
levé .. est de0'4 mètresau-dessus de laplus grande maréeastronomiquecalculée surla base
des observations marégraphiqueseffectuées dans la zone». Le chiffre d'octobre 1998 étant
encore plus élevéque celui de la carte officielle, M. Lindsay, avec la précisionscientifique
voulue, l'adésigné souslenom de «laisse depleinemer apparente)). Si Qatar tient àse fonder
surla carteofficielle, Qit'atradahétaitencoreplusexposé àmaréehaute quene l'ont indiqué
M. Lindsayet M. Alexander.
- Quatrièmement, Murphyet Prescott constatent qu'aucune indication de date et d'heure ne
figure surles photographiesprisespar un photographebahreïnite officiel. C'est exact. Aucun
appareil dotéde cette fonction n'était disponible à l'époque où les observations ont été
effectuées. Mais M. Alexander a soigneusement noté ladate et l'heure exactes de chaque
photographie et il est disposé les produire ou à les déposer pour répondre à toute question
éventuellesurce point. L'Etatde Bahreïnn'a guèrebesoin de certifierl'honnêteté e lt bonne
foi de M.Alexander,personnalitébien connue dans le mondeentier, coauteurd'unouvrage qui
fait autorité enla matière,ternationalMaritime Boundariese ,t scientifiquedont la réputation
est incontestée.C'est letémoignagecontenudansle rapport de M. Alexander quiest soumiset
il est valableavec ou sanslesphotographies.
- Enfin, Murphy et Prescott se demandents'il restera suffisammentde sédimentssableux pour
que Qit'at Jaradah demeure une île. La question qui nous occupe est la situation de Qit'at
Jaradah maintenant et non dans 20 ou 30 ans, car d'ici là de nombreuxfacteurs risquent de
précipiterde nombreuxeffets imprévisiblesdans de nombreusesîles et de nombreuses régions
côtières. Personnene peutprévoirl'avenirmais l'on peut affirmer sansprendre trop de risques
que la régionne manquera pas de sable. Que MM. Murphy et Prescott soient rassurés su ce
point. 30.Ainsi'Monsieur le président,Madame et Messieurs les Membres de la Cour, l'examen
rigoureux des problèmesque Murphy et Prescott prétendent trouverdans le rapport Alexander
révèlequ'ils sont faux et artificiels. La méthodologie était conforme aux normed se la profession
et les résultatsdes observations d'Alexander ne sauraient êtreremis en question. Quant aux
I
hypothèses de Murphy et Prescott selon lesquelles d'autres explications géologiques ou
géomorphologiquespourraient expliquer le caractère insulaire dQ eit'atJaradah,ces réflexions sont
peut-êtreintéressantes du point devue scientifique maiselles sont dépourvuesde pertinence ici. Il
s'agit simplement de savoir si Qit'at Jaradah est une île au sens conféréà ce terme par le droit
international et la réponsedépendd'une étudescientifique : l'île est-elle découverte à marée
haute ? Elle l'est, comme l'établitle rapport Alexander que Qatar n'estpas en mesure de réfuter.
Aucun des documents invoqués par Qatarn'étaitbasésur un levé systématique effectuéchaque
mois aux pleines mers de vive eau, comme l'étudede M. Alexander. Permettez-moi d'ajouter
incidemment que pour étayer sa position, tout ce dont Qatar aurait besoin est d'une seule
photographie de Qit'at Jaradah prise a n'importe quel momentet montrant qu'elle est recouverte
par lamarée. Cettepreuven'a aucunementété fournie.
31. Bahreïn conclut, Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour, que des
élémentsde preuve scientifiques permettent de réfuter de façon concluanteles observations
partielles effectuéespar Qatar pour essayer de prouver que Qit'at Jaradah n'est pas découvert à
marée haute.C'estuneîle en droit international.
32. Qit'atJaradah étantune île, reste a savoir qui a souverainetésur elle. Les pièces écrites
de Bahreïn énumèrentles nombreux actes de souverainetéque Bahreïn a accomplis sur Qit'at
Jaradah tout au long de l'histoire. Si Qatar a épargné àla Cour l'énumération d'effectivitéc s',est
parce qu'il n'en a aucune à faire valoir. En revanche, Bahreïn peut exciper d'innombrables
effectivités etje crains que la Cour ne soit proche du point de saturation à ce sujet. Avec votre
permission,je me bornerai donc àénumérer les effectivité lss plus pertinentes, qui sont exposées
en détail dans lespiècesécrites.Les actesde souverainetécomprennent :
- la réalisationde levéset l'octroide concessionspétrolières couvranQ t it'at~aradahl*;
--
'aMémoiredeBahrein,par.576. - laconstructiond'unebaliseàQit'atJaradahen 1939";
- l'ordre donnéde forerunpuits artésien à Qit'atJaradahen 1940~';
- lespatrouillesdes garde-côtesdansles paragesde Qit'at ~aradah~';
O 4 9 - les activitésdespêcheurs bahreïnitesdanslesparages de Qit'at~aradah~~;
- l'utilisation de Qit'at Jaradah à des fins de détente23. (Incidemment, je ne ferai pas
d'observationsur le sous-entendu selon lequelle Gouvernementde Bahreïn aurait organisé le
rassemblement à Qit'at Jaradah d'une flottede bateaux de plaisance en vue de prendre une
photographie qui aurait donnél'impression qu'il s'agissait d'une zonede loisir. Que cela
plaise àQatar ou non, c'est ce quise passe effectivement laplupart des fins de semaine :les
bateaux se rassemblent autourde Qit'at Jaradah.)
33.La Cour constateraqueFasht ad Dibal se situeapproximativement à50"55' de latitudeet
26"46'de longitude. Fasht ad Dibal est un haut-fond découvrant, distant dequelque2,8milles
marins de l'île de Qit'at Jaradah. C'est là un fait géographique qui aura des répercussions
importantespour la déterminationdes points de base conformément àl'article 13de la convention
de 1982, question sur laquelle nous reviendrons. Mis à part son statut et son rôle potentiel en
matière de délimitation defrontière en tant que haut-fond découvrant, Fasht ad Dibal a
traditionnellementété considéré par les Etats politiquement actifs dans la région,y comprispar le
souverain de Qatar, comme susceptible de faire l'objet d'une acquisitionen tant que temtoire
souverain. Le 14août 1937, Belgrave a écrit à l'agent politique pour lui signaler que
Fasht adDibal, entre autres hauts-fonds découvrants,faisait partie de Bahreïn. Ce document
importantse trouvantdansvotredossier,je n'en parleraipas ici.
34. Une liste établiepar le département de l'aménagemend tu temtoire pour une période
allantjusqu'en 1939fait apparaîtreque des piliers ont été érigésplaer Gouvernementde Bahreüi,
notamment sur Al Mu'tarid,Mashtan, Noon, Tighaylib, Al Hul, Qit'at Jaradah, Fasht ad Dibal et
l9Mémoire deBahreïn,par. 586.
20Mémoirede Bahreïn, par.584et 586.
''Mémoirede Bahreïn, par. 598-599. Rapt es garde-côtesde Bahreïn,annexe 24,vol. 2,p. 148-151.
22Mémoire de Bahreï, ar. 597.
23Répliquede Bahreïn,par. 336.Fasht al hZ4. Le 18juin 1946,Belgrave a de nouveau écrità l'agent politique dans les termes
suivants :
«Aucours de l'année1936,le Gouvemementde Bahreïn aconstruitdes balises.
L'une d'elles a étéérigéesur le rocher situéau nord du Fasht qui est émergé.Le
dernier souverain, SonAltesse le cheikh Hamad, et le souverain actuel ont toujours
considéréce fasht comme étant dela propriétéde Bahreïn. Cet ancrage est
exclusivementutilisépar les marinset lespêcheursde Bahreïn et le fashtest considéré
comme appartenant à~ahreïn.»~~
35. Enjuillet 1946,l'agentpolitique a écritaux souverainsde Bahreïn et de Qatar pourleur
demanders'ils considéraientqueFasht ad Dibalet Qit'atJaradah faisaientpartie de leursterritoires
respectifs. Au cas où ils répondraientpar l'affirmative, les souverainsétaientpriésd'énoncerles
motifs fondant leurrevendicationde souverainetéz6. A l'appui desa revendication,le souverainde
Bahreïn a invoquéàla fois l'exercicetraditionnel par Bahreïnde la souverainetésur l'ensemblede
la péninsulede Qataret sur les îles et autres formationsmaritimes se trouvant entre la péninsuleet
Bahreïn, et des actes de souverainetéaccomplis par Bahreïn en ce qui concerne ces formations
maritimes. Pour étayer sa revendicationde souveraineté, Bahreïn a expressément évoqué la
Dibal et Qit'at Jaradah et a annexéune liste de cairns
construction de puits artésiens sur Fashtad
qu'il avait faitérigerau cours des années 1930".
36.Dans larevendicationqu'il a formuléesur Fasht ad Dibal et Qit'at Jaradah., le souverain
de Qatar a admis que, sans aucun doute, ces deux formations pouvaient êtresoumises à la
souveraineténationale. Mais il a fondé sarevendication sulre fait qu'elles étaientsituéesplusprès
de Qatar et qu'il devait les obtenir comme lot de consolation puisqu'il n'avait pasobtenu les
îles~awa?' !
Liste despiliersérien 1938-1939établiepar ledépartemente l'aménagemendtu temtoire, Gouvemement
de Bahreïn,1938-1939,mémoirede Bahreïn,annexe 336,vol. 6,p. 1457.
25 Lettre du 18juin 1946 adresséeà l'agent politique britannique par Charles Belgrave, conseiller du
Gouvemementde Bahreïn,mémoirede Bahreïn,annexe340, vol.6,p. 1470.
26Voir par exemplela lettredu 9juillet 1946adresséeau souverainde Qatar par l'agent politique britannique,
annexe 341,vol. 6,p. 1471.
" Lettre du10juillet 1946 adressael'agent politiquepar Charles Belgrave, conseillerdu Gouvemementde
Bahreïn,mémoirede Bahreïn, annexe342,vol.6,p. 1473et 1474.
Lettre du 18juillet 1946 adresséeà l'agent politique britanniquepar le souverain de Qatar, mémoirede
Bahreïn,annexe343, vol.6, p. 1476. ((Bahrein ..n'a pas de dépendances, à la différencede Qatar qui est un
temtoire importantet a des dépendancesd, es côtes et desîles. Si nous examinonsles
choses du point de vue de l'égalité,il convient que Qatar se voie attribuer les
Fashts Deebilet Jaradah qui sont situés entreQatar et Bahreïn. Ils sont plus proches
de Qatar. Vous voyezque Qatara été traitéde manière injustepour ce qui est de son
droit évident sur les îles Hawar. J'en revendique encore de manière tenace la
propriétéc,ommeje le fais pour lesautre!n2'
Monsieur le président,la journée aététrèslongue et les conseils de Bahreïn savent tout
particulièrementgréà la Cour de sonattention soutenue. Maisje me demandesi nous ne pourrions
pas nous arrêterici etreprendrenos exposés demainmatin.
O51 The PRESIDENT :Whatever suits you best. It depends how much time you require
tomorrowmoming. If you are able, tomorrowmoming, to Saywhat you have to Sayin the course
of themoming, there is no objectiontothe Courtadjourningnow.
M. REISMAN :Puis-je consultermes collèguesun instant,Monsieurle présiden?
Le PRESIDENT :Je vous enprie.
M. REISMAN :Merci de m'avoir donné lapossibilitéde consulter mes collègues. Ils sont
tout àfait d'accord pour lever la séancemaintenant. Et nous souhaitonà la Cour un repos bien
mérité aprèslestravauxd'aujourd'hui. Je vousremercie,Monsieurleprésident.
The PRESIDENT : Thank you very much for your kind attention. The Court stands
adjowned. The Sittingwilbe resurnedtomorrowmoming at 10a.m.
TheCourtrose at5.40p.m.
29Zbid. qu'il avait adressé à l'agent politique britannique le 14août 1937, Belgrave qualifiait
Qit'at Jaradah d'«<île»16.Neuf autres rapports et communications s'étalant de 1940 à 1959
confirment son statut d'île. Ces documents se trouvent dans vos dossiers, je ne les passerai
donc pas en revue maintenant. Il y a toutefois un petit nombre de documents dont les
conclusions ne concordent pas avec la majorité des observations. La cristallisation en droit
international de la notion d'ne n'est intervenue qu'en 1982. De plus, après 1986,lorsque les
bulldozers ont fait disparaître la partie de Qit'at Jaradah qui restait découverte à marée
haute, la formation qui demeurait a certainement cesséd'êtreune île et aurait été indiquée
comme un haut-fond découvrant peu après 1986.
27. Le droit applicableà cette question est clair. Le paragraphe 1 de l'article 121 de la
conventionde 1982définitune îlecomme «uneétenduenaturelle deterre entourée d'eauquireste
découverte àmaréehaute»". Commede nombreuxjuges ayant participé à la troisième conférence
sur le droit de lamer le savent,larédactionde cette dispositionfondamentalea fait l'objetdu plus
grand soin et, ajouterai-je si vous me lepermettez, elle a, contrairementà d'autres parties de
l'article 121,le même sensdans lestextes anglaiset français.. Quéneudec,dans la partie de son
exposéconsacrée à Qit'at Jaradah, nous a diverti en mentionnant desadjectifs et des qualificatifs
qui seraient implicites dans le paragraphe 1 de l'article 1, alors que leur absence est toutit
voulue. La disposition spécifiquerelative aux «rochers», soumis,quant à eux, à une condition
d'habitationhumaine et de vie économiquepropre,montre bien a contrarioque ces qualifications
0 4 6 ne s'appliquentpas au paragraphe 1de l'article 121. Peu importeque la zone qui reste découverte
àmaréehaute soitpeu étendue.Il s'agit simplementde savoir si une zone de terre entouréed'eau
reste découverteàmaréehaute.
28. C'estdonc tout simplementune question defait :Qit'atJaradah est-il découverà marée
haute ? Pour fournir une réponse scientifique à cette question, Bahre'in a chargé
M. LewisAlexander, l'ancien directeur du service géographique du départemend t 'Etat des
Etats-Unis, d'examiner et de vérifier un levé dQit'at Jaradah sur le terrain. La méthodologie
employéepar M. Alexander est exposée dans son rapport, que la Cour aura déjàétudiéet dontdes
--
l6Memoire deBahreïn, pa581.
" Article 121(l), convention des Nations Unies surle droit de la mer, 1982.extraits figurent dans le dossier desjuges. Au cours de six visites, échelonnéesans le temps de
manièreàenglober différentespériodes de l'année, M. Alexanda erconfirméla présencede sable
secau sommetde Jaradahpendant les différentsstades delapleinemer de vive eauqui constituele
critèreappropriéen l'occurrence. M. Alexander conclut :
«L'article 121(1) de la conventionde 1982 [surle droit de la mer]prévoit trois
critères pour qu'une structure soitreconnue commeune île. Le premier est qu'elle
doit constituer une zone de terre de formation naturelle. Jaradah correspondà cette
description :il s'agit en effet d'une caye, c'est-à-direun banc de sable surmontantun
récif corallien. Selon le deuxième critère, uneîle doit êtreentouréed'eau. Mes
observations confirmentque Jaradahcorrespond bien àcette description. Le troisième
et dernier critère exige que la structure émerge à maréehaute. Mes observations
confirment que les zones les plus élevéede Qit'atJaradahémergentauxpleines mers
de vive eau chaque mois. Par conséquent, Jaradah correspond à la descriptiond'une
île au titre de l'article 121.»ls.
Voilà ce quenous dit M. Lewis Alexander.
29. Contre cet élément de preuve, Qatara soumisdans ses conclusionsdu 1" mars 2000 un
rapportde vingt-sept pagesrédigé pour luipar BrianMurphyet VictorPrescott. Puisqu'il s'agit,je
le répète, d'unequestion scientifique,je me propose de passer directementaux conclusions des
experts de Qatar et de n'examiner que les nouveaux élémentsde preuve ou allégations
éventuellementprésentéspa Mr . Quéneudecdanssonexposé.
30. La Cour auranotéque 75 % du rapport Murphy-Prescottest dépourvude pertinence :il
s'agit d'une longue digressionsur lestechniques permettantd'établir leniveau de la pleine mer de
vive eau et d'une dissertation encore plus longue sur les cayes sablonneuses. Murphyet Prescott
n'apportent aucun élémentde preuvq eui leur soitpropre, secontentantde commenterle rapportde
M.Alexander et de soulever un certain nombre d'objections concernant sa méthodologie.
Permettez-moid'aborder directementcespoints.
- Premièrement,Murphy et Prescott font remarquer queles cartes de l'amirauté britanniquene
définissent pas Qit'ataradah commeune île. C'est exact. Les rapportsne concordentpas au
sujet du statut de Qit'at Jaradah, en raison, présumons-nous, du manquede clarté dela
définition juridique des îles et,bien entendu, de la décapitation del'île en 1986. C'est
pourquoi Bahreïn a commandéune étude. Nous disposons donc maintenant depreuves
scientifiqueset les cartes indiqueront dorénavat ue Qit'ataradahest uneîle.
RépliquedeBahreïn,annexe13,p. 77. Deuxièmement,Murphy et Prescott sedemandent si M. Alexander était endroit de se fier aux
tables des maréesofficiellesparce qu'elles sontmesuréesàMina Salmanet que le momentet
l'amplitude desplus grandes maréespeuvent, supposent-ils,varier à Qit'at Jaradah. Je ferai
respectueusement remarquer que cette supposition, telle qu'elle est exprimée,est peu
convaincante. Les deux sites sont distants de 15,4milles marins. Il est trèsimprobableque
cette distance se traduise par une différencesignificativepour ce qui est du moment ou une
différencequelconque pour cequi est de l'amplitude. En admettant que le moment des plus
grandes marées ne soit pas exactement le mêmedans ces deux endroits, il reste que
M. Alexander, commetout scientifiquerigoureux se livrant à une activité dece type, a eu soin
d'arriver à Qit'at Jaradah environ une heure avant le moment indiquédans les tables des
marées etde rester là quelque temps aprèscelui-ci. Quant aux différences d'amplitude, elles
sont non seulementtrèsimprobablesmais dépourvuesde pertinence pour le point considéré,
celui de savoir si Qit'atJaradah reste découvertquelle que soit la maréetelle qu'elle se
présente à cet endroit. Que cette maréesoit plus haute ou plus basse que la maréehaute à
Mina Salman ouqu'elle ait lemême niveaun'a aucuneimportance.
Troisièmement,Murphyet Prescottcontestentle levéeffectué enoctobre 1998 à Qit'atJaradah
parce que le responsable de l'opération,M. G. C.Lindsay, a décritla marée hautecomme «la
laisse de pleine mer apparente))sans expliquer, disent Murphy et Prescott, comment il est
parvenu à cela. La réponseà cette question est des plus simples:M. Lindsay a bel et bien
expliqué, dansle texte qu'il ajoint, que «la hauteur maximale observéeàJaradah pendant le
levé ...est de 0,4mètres au-dessusde la plus grande maréeastronomiquecalculéesur la base
des observations marégraphiqueseffectuées dansla zone)). Le chiffre d'octobre 1998 étant
encore plus élevéque celui de la carte officielle,. Lindsay, avec la précisionscientifique
voulue, l'a désignésous le nom de «laissede pleine mer apparente)). Si Qatar tient fonder
sur la carte officielle,Qit'atadahétaitencoreplus exposéàmaréehauteque ne l'ontindiqué
M. Lindsay et M.Alexander.
Quatrièmement,Murphy et Prescott constatent qu'aucune indicationde date et d'heure ne
figure sur les photographies prises par un photographehre'initeofficiel. C'est exact. Aucun
appareil doté de cette fonction n'était disponibleà l'époque où les observations ont été effectuées. Mais M.Alexander a soigneusement noté la dateet l'heure exactes de chaque
photographie et il est disposéà les produire ou à les déposerpour répondre à toute question
éventuelle sur ce point.L'Etatde Bahreïnn'a guèrebesoin de certifierl'honnêteté e lt bonne
foi de M. Alexander,personnalitébien connuedanslemonde entier,coauteurd'un ouvrage qui
fait autoritéen lamatière,International MaritimeBoundaries, et scientifiquedont la réputation
est incontestée. C'est letémoignagecontenudanslerapport deM. Alexanderqui est soumiset
il est valable avec ou sans lesphotographies.
- Enfui, Murphy et Prescott se demandent s'il restera suffisammentde sédiments sableuxpour
que Qit'at Jaradah demeure une île. La question qui nous occupe est la situation de Qit'at
Jaradah maintenant et non dans 20 ou 30ans, car d'ici là de nombreux facteurs risquent de
précipiter denombreuxeffets imprévisiblesdansde nombreusesîles et de nombreuses régions
côtières. Personnene peutprévoirl'avenir maisl'onpeut affmer sansprendre trop de risques
que la région ne manquera pasde sable. Que MM.Murphy et Prescott soientrassuréssur ce
point.
31. Ainsi, Monsieur le président, Madameet Messieurs les Membres de la Cour, l'examen
rigoureux des problèmes queMurphy et Prescott prétendent trouverdans le rapport Alexander
révèle qu'ilssont faux et artificiels. La méthodologie étaictonformeaux normes de la profession
et les résultats des observations d'Alexanderne sauraient êtreremis en question. Quant aux
hypothèses de Murphy et Prescott selon lesquelles d'autres explications géologiques ou
géomorphologiquespourraientexpliquerle caractère insulaire deQit'atJaradah,ces réflexions sont
peut-êtreintéressantesdu point de vue scientifiquemais elles sont dépourvues de pertinence ici.l
s'agit simplementde savoir si Qit'at Jaradah est une île au sens conféré à ce terme par le droit
international et la réponse dépendd'une étude scientifique : l'île est-elle découvertà marée
haute ? Elle l'est, comme l'établitle rapport Alexanderque Qatar n'est pas en mesure de réfuter.
Aucun des documents invoqués par Qatar n'étaib t asé surun levé systématique effectué chaque
mois aux pleines mers de vive eau, comme l'étudede M. Alexander. Permettez-moi d'ajouter
incidemment que pour étayer sa position, tout ce dont Qatar aurait besoin est d'une seule
photographie de Qit'at Jaradah prise à n'importe quel moment et montrant qu'elle estrecouverte
par la marée. Cettepreuven'a aucunementété fournie. 32. Bahreïn conclut, Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour, que des
élémentsde preuve scientifiques permettent de réfuter de façon concluante les observations
partielles effectuéespar Qatar pour essayer de prouver que Qit'at Jaradah n'est pas découvert à
maréehaute. C'est uneîle endroit international.
33. Qit'at Jaradah étantune île, restà savoirqui a souverainetésur elle. Lespiècesécrites
de Bahreïn énumèrentles nombreux actes de souverainetéque Bahreïn a accomplis sur Qit'at
Jaradah tout au long de l'histoire. Si Qatar a épargné à la Cour l'énumération d'effectivités, c'est
parce qu'il n'en aaucune à faire valoir. En revanche, Bahreïn peut exciper d'innombrables
effectivitésetje crains que la Cour ne soit proche dupoint de saturation à ce sujet. Avec votre
permission,je me bornerai donc àénumérer lee sffectivitéslesplus pertinentes, qui sont exposées
en détaildans les pièces écrites.Les actesde souverainetécomprennent :
- laréalisationde levéset l'octroi deconcessionspétrolièrescouvrant Qit'at~aradah'~;
- la constructiond'unebalise à Qit'atJaradahen 193g20;
- l'ordre donné deforerunpuits artésien à Qit'atJaradahen 1940~';
- lespatrouilles des garde-côtesdansles paragesde Qit'at ~aradah'~;
- les activitésdes pêcheurs bahreïnitesdanslesparagesde Qit'at~aradah~~;
- l'utilisation de Qit'at Jaradah à des fins de détente24. (Incidemment, je ne ferai pas
d'observation surle sous-entendu selonlequel le Gouvernementde Bahreïn aurait organiséle
rassemblement à Qit'at Jaradah d'une flotte de bateaux de plaisance en vue de prendre une
photographie qui aurait donnél'impression qu'il s'agissait d'une zonede loisir. Que cela
plaise à Qatar ou non, c'est ce qui se passe effectivementla plupart des fins de semaine : les
bateauxse rassemblentautourde Qit'atJaradah.)
lMémoirede Bahreïn, par.576.
'Mémoirede Bahreïn, par.586.
'Mémoirede Bahreïn, par.584 et 586.
'Mémoirede Bahreïn,par. 598-599. Rapportdesgarde-côtesde Bahreïn,annexe24, vol.2,p. 148-151.
2Mémoirede Bahreïn,par. 597.
2Répliquede Bahreïn, par.336. 34. La Cour constateraque Fashtad Dibal se situeapproximativement à 50"55' de latitudeet
26" 46'de longitude. Fasht ad Dibal est un haut-fond découvrant, distantde quelque2'8milles
marins de l'île de Qit'at Jaradah. C'est là un fait géographiquequi aura des répercussions
importantespour la déterminationdes points de base conformément àl'article 13 de la convention
de 1982, question sur laquelle nous reviendrons. Mis à part son statut et son rôle potentiel en
matière de délimitationde frontière en tant que haut-fond découvrant, Fasht ad Dibal a
traditionnellementété considéré par les Etats politiquementactifs dans la région, compris par le
souverain de Qatar, comme susceptible de faire l'objet d'une acquisition en tant que temtoire
souverain. Le 14août 1937, Belgrave a écrit à l'agent politique pour lui signaler que
Fashtad Dibal, entre autres hauts-fonds découvrants, faisaitpartie de Bahreïn. Ce document
importantse trouvantdansvotre dossier,je n'en parleraipasici.
35. Une liste établiepar le départementde l'aménagement duterritoire pour une période
allantjusqu'en 1939fait apparaître que des piliers ont étérigéspar le Gouvernementde Bahreïn,
notamment sur Al Mu'tarid, Mashtan, Noon, Tighaylib, Al Hul, Qit'at Jaradah, Fasht ad Dibal et
Fasht alA2m2'. Le 18juin 1946, Belgrave a de nouveau écrit à l'agent politique dans lestermes
suivants
«Au cours del'année1936,le GouvernementdeBahreïn a construitdes balises.
L'une d'elles a été érigé ser le rocher situéau nord du Fasht qui est émergé. Le
dernier souverain, Son Altessele cheikh Hamad, et le souverain actuel ont toujours
considéré cefasht comme étant de la propriétéde Bahreïn. Cet ancrage est
exclusivementutilisépar les marinset lespêcheurs de Bahreïn et le fashtest considéré
comme appartenant à~ahreïn.»~~
36. En juillet 1946,l'agent politiquea écritaux souverainsde Bahreüi et de Qatar pour leur
demanders'ils considéraientque Fashtad Dibal et Qit'atJaradahfaisaientpartie de leurs territoires
respectifs. Au cas où ils répondraientpar l'affirmative,les souverains étaientpriés d'énoncelres
motifsfondant leurrevendicationde souveraineté2'.A l'appui desa revendication,le souverain de
25Liste des pilierséen 1938-1939établiepar le départementde l'aménagement dutemtoire, Gouvemement
deBahreïn, 1938-1939,mémoirede Bahreïn,annexe336,vol.6,p. 1457.
26 Lettre du 18juin 1946 adressàeI'agent politique britannique par Charles Belgrave, conseillerdu
Gouvemementde Bahreïn,mémoirede Bahreïn,annexe340,vol.6,p. 1470.
27Voir par exemplela lettre du 9juillet 1946adresséeau souverainde Qatar par l'agent politique britannique,
annexe341, vol. 6, 1471.Bahreïna invoqué àla fois l'exercicetraditionnelpar Bahreïn dela souverainetésur l'ensemblede
lapéninsule deQataret sur les îles et autresformationsmaritimes se trouvant entre la péninsuleet
Bahreïn, et des actes de souverainetéaccomplis par Bahreïn en ce qui concerne ces formations
maritimes. Pour étayer sa revendicationde souveraineté, Bahreïna expressémentévoquéla
constructionde puits artésiens surFasht ad Dibal et Qit'at Jaradah et a annexéune liste de cairns
qu'ilavait fait érigeraucours desannées 1930~~.
37. Dans larevendicationqu'il aformulée sur Fashtad Dibal et Qit'at Jaradah.,le souverain
de Qatar a admis que, sans aucun doute, ces deux formations pouvaient êtresoumises à la
souveraineténationale. Mais il a fondésarevendicationsur le fait qu'elles étaientsituéesplup srès
de Qatar et qu'il devait les obtenir comme lot de consolation puisqu'il n'avait pas obtenu les
îles~awar~~ !
«Bahreïn ...n'a pas de dépendances, à la différence de Qatarqui est un
territoire importantet a des dépendances, des côteset des îles. Si nous examinons les
choses du point de vue de l'égalité,il convient que Qatar se voie attribuer les
Fashts Deebilet Jaradah qui sont situésentre Qatar et Bahreïn. Ils sont plusproches
de Qatar. Vousvoyez que Qatara été traité de manière injustepour ce qui estde son
droit évident surles îles Hawar. J'en revendique encore de manière tenace la
propriétéc,ommeje le faispour lesautres !)?O
Monsieur le président,la journéea été très longue et les conseils de Bahreïn savent tout
particulièrement gréà la Cour de sonattentionsoutenue. Maisje me demande sinousne pounions
pasnous arrêtericietreprendrenos exposés demainmatin.
The PRESIDENT :Whatever suits you best. Itdepends how much time you require
tomorrowmoming. If you are able, tomorrow morning, toSaywhat you have to Sayin the course
ofthemoming, there isno objectionto the Court adjoumingnow.
M. REISMAN :Puis-je consultermes collèguesun instant,Monsieur leprésident ?
Le PRESIDENT :Je vous en prie.
28Lettre du IOjuillet 1946 adresséeà l'agent politiquepar Charles Belgrave, conseillerdu Gouvernementde
Bahreïn,mémoirede Bahreïn,annexe342,vol.6,p. 1473et 1474.
29 Lettre du 18juillet 1946 adràsl'agent politique britannique par le sode Qatar, mémoirede
Bahreïn,annexe 343,vol.6,p. 1476.
'OIbid. M. REISMAN :Merci de m'avoir donnéla possibilitéde consultermes collègues. Ilssont
toutà fait d'accordpour lever la séance maintenant. Et nous souhaitoàsla Cour unrepos bien
mérité aprèsles travauxd'aujourd'hui. Je vousremercie,Monsieurleprésident.
The PRESIDENT :Thank you very much for your kind attention. The Court stands
adjourned. The sittingwil be resumedtomorrowmoming at 10a.m.
TheCourtrose at 5.40p.m.Non- Corrigé Traduction
Uncorrected Translation
CR 2000/14Corr.(traduction)
CR 2000/14Corr.(translation)
Mardi 13juin 2000 15heures
Tuesday 13June 2000 at 3p.m. @n problème techniquea fait qu'un paragraphe (aprèsl'intitulé«B. Qit'atJaradah>)a été
omis par erreur à cette page. Les pages45 à 51 de l'originaldu présentcorrigendumremplacent
les pages correspondantesdu CR2000114distribué ultérieurement.]
hydrographes britanniques au cours d'une périodequi s'étend sur plusieursdécennies. Elles
représentaient cequi se faisait de mieux à l'époque. Aucun de ces hydrographesn'avait intérêt
favoriseruneposition plutôt qu'une autre. Pendantdes décennies,c'esà ces cartesquese sont fiés
des marins,des navigateurs qui n'auraientpas manquéde signalertoute divergenceentre les cartes
publiées et leurs propresobservations puisque leur vie et celle de leurs collèguesdépendaitde
l'exactitude deces cartes. Rien n'indique qu'ilsaientjamais demandé quetelle ou telle carte soit
corrigée. Et Qatar n'a jamais rien fait valoir qui l'atteste. Il est certain que Bahreein,en
rassemblant lesmeilleurs élémentsde preuve disponibles, a maintenant établi qu'aucunchenal
naturel n'ajamais existé entreSitrahet Fasht alzm,et quece dernier,juridiquement,fait depuis
toujours partie de Sitrah. Tout ce que peut dire Qatar,c'est que différentshydrographes,qui ont
travaillé sans se concertercette époquerévolue depuisdéjàun certain temps et sontparvenus à
des résultatsconcordants,ontpeut-êtreeu tort, auraiepntavoirtort.
24. M. Quéneudecformulel'hypothèsequeFashtal Azm correspondpeut-êtree ,n faitàune
accumulationde hauts-fonds découvrants différents. Maiisl ne dit rien qui soit susceptible dele
confirmer. Fasht al Azrna,je l'ai dit, une surfacequi n'est pas lisse mais ridée;or la surface des
hauts-fonds découvrantspeut avoir l'une ou l'autre de ces caractéristiques. Mais, pendant des
siècles, les Bahreïnites l'ontconsidéré comme constituanutne seule entitéet c'est ainsi qu'il est
représenté sur les cartque, desoncôté l'amirauté a établies.
25. Monsieur le président, Madameet Messieurs les Membresde la Cour, Bahreïnmaintient
respectueusementqu'il a amplementmontréqueFashtal An faitpartie de l'île de Sitrah.
B. Qit'atJaradah
26. En-dessous du haut-fond découvrant de Fasht adDibal, situéà50'55' de latitude
nord et 26' 10' de longitude est environ, la Cour remarquera la présence de l'îlede
Qit'at Jaradah, qui est reconnuedepuis longtempscomme une îie. Dans un aide-mémoire qu'il avait adressé à l'agent politique britannique le 14août 1937, Belgrave qualifiait
Qit'at Jaradah d'««8e»I6.Neuf autres rapports et communications s'étalant de 1940 à 1959
confirment son statut d'îie. Ces documents se trouvent dans vos dossiers, je ne les passerai
donc pas en revue maintenant. Ily a toutefois un petit nombre de documents dont les
conclusions ne concordent pas avec la majorité des observations. La cristallisation en droit
international de la notiond'ne n'est intervenue qu'en 1982. De plus, après 1986,lorsque les
bulldozers ont fait disparaître la partie de Qit'atJaradah qui restait découverte à marée
haute, la formation qui demeurait a certainement cesséd'être une îie et aurait été indiquée
comme un haut-fond découvrant peu après 1986.
27.Le droit applicable à cette question est clair. Le paragraphe 1 de l'article 121 de la
conventionde 1982définitune île comme «uneétenduenaturelle deterre entourée d'eauquireste
découverteà maréehaute»". Commede nombreuxjuges ayant participé à la troisième conférence
sur le droitde la mer le savent,larédaction decette dispositionfondamentalea fait l'objetdu plus
grand soin et, ajouterai-je si vous me le permettez, elle a, contrairement'autres parties de
l'article 121,le mêmesens dans lestextes anglaiset fiançais.Quéneudec,dans la partie de son
exposéconsacrée à Qit7atJaradah, nous a diverti en mentionnant desadjectifs et des qualificatifs
qui seraient implicites dans le paragraphe 1 de l'article 1, alors que leur absence est tout
voulue. La disposition spécifiquerelative aux «rochers», soumis,quant à eux,à une condition
d'habitationhumaine et de vie économiquepropre,montre bien a contrarq iue ces qualifications
O4 6 ne s'appliquentpas au paragraphe 1de l'article 121. Peu importeque la zone qui reste découverte
àmarée hautesoitpeu étendue.Il s'agit simplementde savoir si une zone de terre entouréed'eau
reste découverteà marée haute.
28. C'estdonc tout simplementune question defait:Qit'atJaradah est-il découveràmarée
haute? Pour fournir une réponse scientifique à cette question, Bahreüi a chargé
M. LewisAlexander, l'ancien directeur du service géographique dudépartement d'Etat des
Etats-Unis, d'examiner et de vérifierun levé deQit'ataradah sur le terrain.La méthodologie
employée par M.Alexander est exposéedans sonrapport, que la Cour aura déjàétudié et dontdes
IMémoirede Bahrein,par.581.
"Article 121(l), convention des Natisur le droitde la mer, 1982. extraits figurent dans le dossier des juges. Au cours de six visites, échelonnsans le temps de
manière àenglober différentespériodes del'année, M.Alexandera confirméla présencede sable
secau sommetde Jaradahpendant les différentsstades de la pleinemer de vive eauqui constituele
critèreapproprié en l'occurrence.M. Alexander conclut
((L'article121(1) de la conventionde 1982 [surle droit de la mer]prévoit trois
critères pour qu'une structure soitreconnue commeune île. Le premier est qu'elle
doit constituer une zone de terre de formation naturelle.Jaradah correspond à cette
description :il s'agit en effet d'une caye,c'est-à-direun banc de sable surmontantun
récif corallien. Selon ledeuxième critère,une île doit êtreentouréed'eau. Mes
observationsconfirmentque Jaradahcorrespond bien à cette description. Le troisième
et dernier critère exige que la structure émerge à marée haute. Mes observations
confirmentque les zones les plus élevées de Qit'atJaradahémergentauxpleines mers
de vive eau chaque mois. Par conséquent,Jaradah correspond à la descriptiond'une
île au titre de l'article (l).»ls
Voilà ce quenous ditM. Lewis Alexander.
29. Contre cet élément de preuve, Qatara soumisdans ses conclusionsdu 1" mars 2000 un
rapportde vingt-septpages rédigé pour luipar BrianMurphyet Victor Prescott. Puisqu'il s'agit,je
le répète, d'unequestion scientifique,je me propose de passer directement aux conclusions des
experts de Qatar et de n'examiner que les nouveaux élémentsde preuve ou allégations
éventuellementprésentéspaM r . Quéneudecdansson exposé.
30. La Cour auranotéque 75 % du rapport Murphy-Prescottest dépourvude pertinence :il
s'agitd'une longue digressionsur les techniques permettantd'établirle niveau de la pleine mer de
vive eau et d'une dissertation encore plus longue sur les cayes sablonneuses. Murphyet Prescott
n'apportentaucun élémentdepreuve qui leur soitpropre, se contentantde commenterlerapport de
M.Alexander et de soulever un certain nombre d'objections concernant sa méthodologie.
Permettez-moid'aborder directementcespoints.
- Premièrement,Murphy et Prescott font remarquer que les cartes de l'amirautébritanniquene
définissentpas Qit'atJaradah commeune île. C'est exact. Les rapports ne concordentpas au
047 sujet du statut de Qit'at Jaradah, en raison, présumons-nous, du manquede clarté dela
définition juridique des îles et,bien entendu, de la décapitation del'île en 1986. C'est
pourquoi Bahre'ina commandéune étude. Nous disposons donc maintenant de preuves
scientifiqueset les cartes indiqueront dorénavatue Qit'atJaradahest uneîle.
lsRépliquedeBahreïn,annexe13,p. 77.Deuxièmement,Murphy et Prescott sedemandentsi M. Alexander était endroit de se fieraux
tables des maréesofficiellesparce qu'elles sont mesuréesMina Salmanet que le momentet
l'amplitude desplus grandes maréespeuvent, supposent-ils, varierà Qit'at Jaradah. Je ferai
respectueusement remarquer que cette supposition, telle qu'elle est exprimée, est peu
convaincante. Les deux sites sont distants de 15,4milles marins. Il est trèsimprobableque
cette distance se traduise par une différence significativepour ce qui est du moment ou une
différencequelconquepour ce qui est de l'amplitude. En admettantque le moment des plus
grandes marées ne soit pas exactement le mêmedans ces deux endroits, il reste que
M. Alexander, commetout scientifiquerigoureux se livrantà une activité dece type, a eu soin
d'arriver à Qit'at Jaradah environ une heure avant le moment indiquédans les tables des
maréeset de rester là quelque temps aprèscelui-ci. Quantaux différencesd'amplitude,elles
sont non seulementtrèsimprobablesmais dépourvues depertinence pour le point considéré,
celui de savoir si Qit'atJaradah reste découvertquelle que soit la maréetelle qu'elle se
présente à cet endroit. Que cette marée soit plus hauteou plus basse que la marée hauteà
Mina Salmanou qu'elle ait lemême niveaun'a aucuneimportance.
Troisièmement, Mqhy et Prescottcontestentle levéeffectuéen octobre 1998 àQit'atJaradah
parce que le responsable de l'opératio, . G.C. Lindsay,a décritla maréehaute comme«la
laisse de pleine mer apparente))sans expliquer, disent Murphy et Prescott, comment il est
parvenu à cela. La réponseà cette question est des plus simple: M. Lindsay a bel et bien
expliqué, dansle texte qu'il ajoint, que «la hauteur maximale observéà Jaradah pendant le
levé ...est de 0,4mètresau-dessusde la plus grande maréeastronomiquecalculéesur la base
des observations marégraphiqueseffectuées dansla zone». Le chiffre d'octobre 1998 étant
encore plus élevé quecelui de la carte officiellM. Lindsay, avec la précisionscientifique
voulue, l'a désigné soulse nom de «laisse depleine mer apparente)). Si Qatar tient fonder
sur la carte officielle,Qit'atdahétaitencoreplus exposé à maréehauteque ne l'ontindiqué
M. Lindsay et M. Alexander.
Quatrièmement,Murphy et Prescott constatent qu'aucune indicationde date et d'heure ne
figure sur les photographies prises parun photographebahreïnite officiel. C'est exact. Aucun
appareil doté de cette fonction n'était disponibleà l'époque où les observations ont été effectuées. MaisM. Alexander a soigneusement noté la dateet l'heure exactes de chaque
O48 photographie et il est disposà les produire ou à les déposerpour répondre à toute question
éventuelle sur ce point. L'Etat de Bahre'inn'a guèrebesoin decertifierl'honnêteet la bonne
foi deM. Alexander,personnalitébien connue dans lemonde entier,coauteurd'unouvragequi
fait autorité enla matière,International MaritimeBoundaries, et scientifiquedont laréputation
est incontestée. C'estle témoignagecontenudanslerapport de M. Alexanderqui est soumiset
il est valable avec ou sans les photographies.
- Enfin, Murphy et Prescott se demandent s'il restera suffisammentde sédiments sableuxpour
que Qit'at Jaradah demeure une île. La question qui nous occupe est la situation de Qit'at
Jaradah maintenant et non dans 20 ou 30ans, car d'ici là de nombreux facteurs risquent de
précipiter denombreuxeffets imprévisiblesdans de nombreusesîles et de nombreuses régions
côtières. Personnene peut prévoirl'avenirmais l'onpeut affirmersansprendre trop de risques
que la région ne manquerapas de sable. Que MM.Murphy et Prescott soientrassuréssur ce
point.
31. Ainsi, Monsieur le président,Madame et Messieurs les Membresde la Cour, l'examen
rigoureux des problèmes queMurphy et Prescott prétendent trouverdans le rapport Alexander
révèle qu'ils sont fauet artificiels. La méthodologie étaictonforme aux normes de la profession
et les résultats des observations d'Alexanderne sauraient être remisen question. Quant aux
hypothèses de Murphy et Prescott selon lesquelles d'autres explications géologiques ou
géomorphologiquespourraientexpliquerle caractèreinsulairede Qit'atJaradah,cesréflexionssont
peut-êtreintéressantesdu point de vue scientifiquemaiselles sont dépourvues de pertinenici.Il
s'agit simplementde savoir si Qit'at Jaradah est une île au sens conféàéce terme par le droit
international et la réponse dépendd'une étude scientifique: l'île est-elle découvertà marée
haute ? Elle l'est, comme l'établitle rapport Alexanderque Qatar n'est pasen mesure deréfuter.
Aucun des documents invoqués par Qatar n'étaib tasé sur un levé systématique effectué chaque
mois aux pleines mers de vive eau, comme l'étudede M. Alexander. Permettez-moi d'ajouter
incidemment que pour étayer sa position, tout ce dont Qatar aurait besoin est d'une seule
photographie de Qit'at Jaradah prise àn'importe quel moment et montrant qu'elle estrecouverte
par lamarée. Cettepreuven'a aucunementété fournie. 32. Bahreïn conclut, Monsieur le président,Madame et Messieurs de la Cour, que des
élémentsde preuve scientifiques permettent de réfuter de façon concluante les observations
partielles effectuéespar Qatar pour essayer de prouver que Qit'at Jaradah n'est pas découvert à
maréehaute. C'est une îleen droit international.
33. Qit'at Jaradah étantune île, resteàsavoirqui a souverainetésur elle. Lespièces écrites
de Bahreïn énumèrent les nombreuxactes de souverainetéque Bahreïn a accomplis sur Qit'at
Jaradah tout au long de l'histoire. SiQatar a épargné à la Cour l'énumération d'effectivités, c'est
parce qu'il n'en aaucune à faire valoir. En revanche, Bahreïn peut exciper d'innombrables
effectivitéset je crains que la Cour ne soit proche du point de saturation à ce sujet. Avec votre
permission,je me bornerai donc à énumérer lee sffectivitéslesplus pertinentes, qui sont exposées
en détaildans les piècesécrites. Lesactesde souverainetécomprennent :
- laréalisationde levéset l'octroi deconcessionspétrolièrescouvrant Qit'at~aradah'~;
- la constructiond'unebalise à Qit'atJaradahen 193920;
- l'ordre donné deforerunpuits artésien àQit'atJaradahen 1940~';
- lespatrouilles des garde-côtesdansles parages deQit'at ~aradah~~;
- les activitésdes pêcheurs bahreïnitesdans lesparages de Qit'at~aradah~~;
- l'utilisation de Qit'at Jaradah à des fins de détente24. (Incidemment, je ne ferai pas
d'observation surle sous-entendu selonlequel leGouvernementde Bahreïn aurait organiséle
rassemblement à Qit'at Jaradah d'une flotte de bateaux de plaisance en vue de prendre une
photographie qui aurait donnél'impression qu'il s'agissait d'une zonede loisir. Que cela
plaise à Qatar ou non, c'est ce qui se passe effectivementla plupart des fins de semaine : les
bateauxse rassemblentautourde Qit'atJaradah.)
l9Mémoirede Bahreïn,par. 576.
20Mémoirede Bahreïn,par. 586.
2'Mémoirede Bahreïn,par. 584et 586.
22Mémoirede Bahreïn,par.598-599. Rapportdes garde-côtesde Bahreïn,annexe24, vol. 2,p. 148-151
23Mémoirede Bahreïn,par.597.
24Répliquede Bahreïn,par. 336. 34. La Courconstateraque Fashtad Dibal se situeapproximativement à 50"55' de latitudeet
26" 46'de longitude. Fasht ad Dibal est un haut-fond découvrant, distantde quelque2,8 milles
marins de l'île de Qit'at Jaradah. C'est là un fait géographique qui aurades répercussions
importantes pourla déterminationdespoints de base conformément à l'article 13 de la convention
de 1982, question sur laquelle nous reviendrons. Mis à part son statut et son rôle potentiel en
matière de délimitationde frontière en tant que haut-fond découvrant, Fasht ad Dibal a
traditionnellementété considéré parles Etats politiquementactifs dans la région,y compris par le
souverain de Qatar, comme susceptible de fairel'objet d'une acquisition en tant que territoire
souverain. Le 14août 1937, Belgrave a écrit à l'agent politique pour lui signaler que
Fashtad Dibal, entre autres hauts-fonds découvrants, faisaitpartie de Bahreïn. Ce document
importantse trouvantdansvotre dossier,je n'enparleraipas ici.
35. Une liste établiepar le département de l'aménagement dtu emtoire pour une période
allantjusqu'en 1939faitapparaître que des piliers ont étéérigés par le Gouvernement de Bahreïn,
notamment sur AlMu'tarid, Mashtan, Noon, Tighaylib,Al Hul, Qit'at Jaradah, Fasht ad Dibal et
Fasht al hm2'. Le 18juin.1946, Belgrave a de nouveau écrit à l'agent politique dans les termes
suivants :
«Au coursde l'année1936,le Gouvemement deBahreïn a construitdes balises.
L'une d'ellesa été érigé sur le rocher situéau nord du Fasht qui est émergé. Le
dernier souverain, Son Altessele cheikh Hamad, et le souverain actuel ont toujours
considéréce fasht comme étant de la propriétéde Bahreïn. Cet ancrage est
exclusivementutilisépar les marinset les pêcheurs deBahreïn et le fashtest considéré
comme appartenant à ~ahreïn.))'~
36. Enjuillet 1946,l'agent politique aécritaux souverainsde Bahreïn et de Qatar pour leur
demanders'ils considéraientque Fashtad Dibal et Qit'atJaradahfaisaientpartie de leurs temtoires
respectifs. Au cas où ils répondraientpar l'affirmative,les souverains étaientpriés d'énoncelres
motifsfondant leurrevendicationde souveraineté2'.A l'appuide sa revendication,le souverain de
''Liste des piliersérigésen1938-1939établiepar le départemendte l'aménagementdu temtoire, Gouvernement
de Bahreïn, 1938-1939,mémoirede Bahreïn,annexe336, vol. 6,p. 1457.
26 Lettre du 18juin 1946 adressée à l'agent politique britannique par Charles Belgrave, conseiller du
Gouvemementde Bahreïn,mémoirede Bahreïn,annexe340,vol. 6,p. 1470.
27Voir par exemplela lettre du 9juillet 1946adresséeau souverainde Qatar par l'agent politiquebritannique,
annexe341, vol. 6,p. 1471.Bahreïna invoqué à la fois l'exercicetraditionnelpar Bahreïn dela souverainetésu l'ensemblede
lapéninsule deQataret sur les îles et autres formationsmaritimes se trouvant entre la péninsuleet
Bahreïn, et des actes de souverainetéaccomplis par Bahreïnen ce qui concerne ces formations
maritimes. Pour étayer sa revendicationde souveraineté, Bahreïna expressémentévoquéla
constructionde puits artésiens surFasht ad Dibal et Qit'at Jaradah et a annexéune liste de cairns
qu'ilavait faitériger aucours des années 1930~'.
37. Dans la revendicationqu'il a formulée surFasht ad Dibal et Qit'at Jaradah.,le souverain
de Qatar a admis que, sans aucun doute, ces deux formations pouvaient être soumises à la
souveraineténationale. Mais il a fondé sarevendicationsur le fait qu'elles étaient situéesplupsrès
de Qatar et qu'il devait les obtenir comme lot de consolation puisqu'il n'avaitpas obtenu les
îles~awar~~ !
aBahre'in...n'a pas de dépendances,à la différence de Qatar qui est un
territoire importantet a des dépendances, descôtes et des îles. Si nous examinonsles
choses du point de vue de l'égalité,il convient que Qatar se voie attribuer les
Fashts Deebilet Jaradah qui sont situésentre Qatar et Bahreïn. Ils sont plusproches
de Qatar. Vousvoyez que Qatara été traité de manièreinjustepour ce qui est de son
droit évident surles îles Hawar. J'en revendique encore de manière tenace la
propriétéc ,ommeje le faispour les autres !»30
Monsieur le président, la journée a ététrès longueet les conseils de Bahreïn savent tout
particulièrement gréà la Cour de son attention soutenue. Maisje me demande sinousne pourrions
pasnous arrêtericietreprendrenos exposés demainmatin.
The PRESIDENT :Whatever suits you best. It depends how much time you require
tomorrowmoming. If you are able, tomorrowmoming, to Saywhat you have to Sayin the course
ofthe morning, thereisno objectionto the Courtadjourningnow.
M. REISMAN :Puis-je consulter mes collègues un instant,Monsieur le président ?
Le PRESIDENT : Je vous en prie.
Lettredu 10juillet 1946adresà l'agent politiparCharlesBelgrave, conseillerdu Gouvernementde
Bahreïn,mémoirede Bahreïn,nnexe342, vol.6,p. 1473et 1474.
29 Lettredu 18juillet 1946adressàl'agentpolitiquebritanniquepar le souverainde Qatar,mémoirede
Bahreïn,annexe343,vol.6,p. 1476.
30Ibid. M. REISMAN :Merci de m'avoir donnéla possibilitéde consultermes collègues. Ils sont
tout àfait d'accord pourlever la séancemaintenant. Et nous souhaitonà la Cour un repos bien
mérité aprèsles travauxd'aujourd'hui.evousremercie,Monsieurleprésident.
The PRESIDENT :Thank you very much for your kind attention. The Court stands
adjoumed. The Sittingwil be resumedtomorrowmorningat 10a.m.
TheCourtrose at5.40p.m.
Translation